La Deuxième Commission examine l’impact de la promotion de politiques agricoles durables sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle
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Deuxième Commission
24e & 25e séances – matin & après-midi
LA DEUXIÈME COMMISSION EXAMINE L’IMPACT DE LA PROMOTION DE POLITIQUES AGRICOLES DURABLES
SUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE
Les délégations débattent également des moyens qui permettraient
d’encourager et de renforcer les partenariats mondiaux en faveur du développement
Le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition sont des dimensions essentielles du développement durable. C’est ce qu’ont réaffirmé, ce matin, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), en achevant un débat entamé hier et auquel ont pris part une cinquantaine d’intervenants. Dans l’après-midi, la Commission a examiné le point de son ordre du jour relatif aux partenariats mondiaux, une occasion pour ses membres de souligner que le développement durable dépendait de l’engagement actif du secteur privé et public dans la conception, le financement et l’exécution des projets et des politiques.
Alors que 868 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique à travers le monde, l’élimination de la faim demeure un grave défi à relever globalement. Cette question est directement liée à celle de la pauvreté, ont souligné les intervenants qui ont appelé à veiller à ce que la sécurité alimentaire et la nutrition demeurent au centre du programme de développement pour l’après-2015.
Les délégations ont examiné les progrès réalisés et les défis qu’il reste à relever pour instaurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle au niveau mondial. Elles ont mentionné l’impact positif que peuvent avoir, une fois mises en œuvre, les politiques agricoles durables adoptées en application du Document final de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 ».
Parmi les mesures recommandées au niveau national, des délégations ont mentionné l’importance de l’investissement dans le secteur de l’agriculture. Ce genre d’investissement est, en moyenne, deux fois plus efficace que ceux faits dans d’autres secteurs en termes de lutte contre la pauvreté, ont observé des intervenants. Beaucoup ont aussi conseillé de renforcer les exploitations familiales, car elles favorisent la production agricole et la création d’emplois. Ceci devrait aller de pair avec l’autonomisation des communautés locales et des femmes, ont argué des intervenants.
Les problèmes qui affectent l’agriculture proviennent aussi des marchés, a-t-il été relevé au cours du débat. Lutter contre l’instabilité des prix des aliments est donc une mesure indispensable. Des appels ont été lancés aux pays développés pour qu’ils mettent fin au versement de subventions agricoles à leurs agriculteurs, ces subventions créant des distorsions sur le marché et faussant les prix des produits agricoles, tout en inhibant le développement de l’agriculture dans les pays en développement.
La coopération internationale en faveur de la sécurité alimentaire et du développement agricole doit être placée au rang des priorités, ont d’autre part estimé un certain nombre d’États Membres. Dans un monde globalisé, la sécurité alimentaire ne peut être instaurée et garantie par les seuls gouvernements, ont fait remarquer les délégations. Elles ont souhaité que les pays en développement bénéficient d’une aide financière et technique, le transfert de technologies étant particulièrement utile dans le secteur agricole.
Plusieurs exemples de ce qui peut être fait au niveau international ou régional ont été présentés, comme le programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, et la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée en 2012 par les pays du G-8 afin de soutenir le financement du secteur de l’agriculture dans les pays africains. Le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans ce domaine a, en outre, été souligné par les délégations. À cet égard, elles ont été nombreuses à se féliciter du succès de l’initiative « Renforcer la nutrition », dans le cadre de laquelle 40 gouvernements se sont engagés à donner la priorité aux mesures favorables à la nutrition. Les intervenants ont également salué l’initiative « Défi Faim zéro » lancée par le Secrétaire général de l’ONU, à Rio, en 2012.
Au cours du débat de l’après-midi, la Deuxième Commission a entendu M. Georg Kell, Directeur exécutif du Pacte mondial, présenter le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et tous les partenaires concernés, qui propose notamment de créer un mécanisme des Nations Unies pour la promotion des partenariats. Parmi la dizaine d’intervenants à la discussion, plusieurs ont soulevé la question de la responsabilité sociale des entreprises et ont appelé les États et autres acteurs du développement à tirer parti des réseaux locaux du Pacte mondial.
La Deuxième Commission se réunira à nouveau demain, mercredi 30 octobre, à 10 heures, pour une réunion spéciale sur la réalisation des objectifs de la Convention sur la diversité biologique. Dans l’après-midi, la Commission examinera la question de la « souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles ».
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/C.2/68/3, A/68/73–E/2013/59 et A/68/311)
Suite et fin du débat général
Mme SHRUTI CHOUDHRY, Membre du Parlement de l’Inde, a appelé à veiller à ce que la sécurité alimentaire et la nutrition demeurent au centre du programme de développement pour l’après-2015. L’Inde a pris de nombreuses mesures pour accroître la sécurité alimentaire, a-t-elle dit, mentionnant la récente adoption d’une loi sur la question qui vise à garantir cette sécurité pour tous. Cette question est directement liée à celle de la pauvreté, a-t-elle souligné, invitant la Commission à examiner ces questions de manière connexe. Nous devons aussi tenir compte du problème de la malnutrition et de la sous-alimentation, a-t-elle préconisé. Elle a signalé que 26% des enfants du monde présentent des retards de croissance et que 2 milliards d’enfants souffrent de carences en micronutriments. Elle a ensuite souligné que, dans un monde globalisé, la sécurité alimentaire ne pouvait être instaurée par les seuls gouvernements.
Il faut lutter contre l’instabilité des prix des aliments, a recommandé Mme Choudhry. Elle a aussi demandé que soient résolus les problèmes que posent, à l’agriculture des pays en développement, les subventions agricoles versées aux agriculteurs dans les pays développés. Les agriculteurs des pays en développement doivent continuer à recevoir les ressources nécessaires pour pouvoir produire les quantités d’aliments nécessaires aux populations, a-t-elle souligné. Elle a aussi plaidé en faveur de l’utilisation des technologies nouvelles dans l’agriculture grâce au partage des connaissances. La représentante a, en outre, demandé d’apporter une réponse mondiale au gaspillage alimentaire, qui touche un tiers de la nourriture produite dans le monde, soit 100 kilogrammes d’aliments jetés par habitant et par an dans les pays développés. L’approche de la sécurité alimentaire doit aussi tenir compte de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes, a-t-elle ajouté.
Mme DIANA AL-HADID (Jordanie) a déclaré qu’environ 21% de la population de la Jordanie vivent dans les zones rurales. Cette population est très dépendante de l’importation de nourriture et de combustible, a-t-elle relevé. En outre, le défi que représente la réponse aux besoins de la population, en matière de nourriture et d’eau, est bien connu à tous les niveaux, a-t-elle indiqué. Il est d’autre part prévu que les changements climatiques auront des impacts significatifs sur l’approvisionnement en eau et sur la production agricole en Jordanie, a noté la représentante. Cependant, a-t-elle dit, une série de projets et initiatives de développement ont été lancés et donnent de bons résultats menant vers l’instauration d’une agriculture plus moderne et orientée vers l’exportation.
M. CHRIS BACK (Australie) a estimé que la croissance économique doit être la priorité de la communauté internationale, car de solides économies aident à sortir les populations de la pauvreté et leur permettent ainsi d’améliorer leur vie, a-t-il noté. Il a indiqué que, dans la région d’Asie et du Pacifique, 528 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire, mais, s’est-il félicité, le taux de pauvreté de la région est passé de 54% en 1990 à 22% aujourd’hui. Il a expliqué que ces progrès ont été rendus possibles grâce à des politiques économiques adéquates et une solide responsabilisation nationale dans des pays comme la Chine, l’Indonésie, les Philippines et le Viet Nam.
M. Back a ensuite relevé que le manque d’infrastructures est un frein qui empêche les pays en développement de se lancer dans le commerce international. Il a en outre noté que l’Asie seule a besoin de 750 milliards de dollars par an pour la prochaine décennie pour combler son retard en infrastructure, mais que le continent ne reçoit que 130 milliards chaque année pour la mise en place des infrastructures dans le cadre de l’aide publique au développement (APD). Il a indiqué que le secteur privé a les capacités de mobiliser les financements nécessaires pour ces investissements. Il a ensuite relevé que selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de nombreux pays font face à la fois au fléau de la malnutrition et au problème de l’obésité. Il a noté qu’en tant que président du G-20 en 2014, l’Australie compte mettre l’accent sur la question du développement agricole pour faire face à l’insécurité alimentaire.
Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a invité les États Membres à s’attaquer à l’instabilité des prix sur les marchés des produits de base, afin d’améliorer la sécurité alimentaire dans le monde. Elle a aussi conseillé de remédier à la perte en biodiversité et de lutter contre les changements climatiques. La production de biocarburant pose elle aussi des problèmes qu’il faut résoudre, a-t-elle ajouté. Il faut placer ces questions au cœur du futur programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle recommandé. La représentante a suggéré de perfectionner les mécanismes de gouvernance mondiale en matière de sécurité alimentaire. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) peuvent jouer des rôles très importants dans ce domaine, a-t-elle dit, avant de saluer l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro ». La représentante a ensuite donné plusieurs chiffres concernant les contributions que verse son pays en soutien aux efforts visant la sécurité alimentaire dans le monde. Entre 2011 et 2013, nous avons apporté 60 millions de dollars d’aide alimentaire à d’autres pays, dans le cadre du PAM, a ainsi indiqué Mme Medvedeva. Elle a également parlé de l’aide versée par la Fédération de Russie pour fournir des repas dans les écoles à des pays de la Communauté d’États indépendants (CEI), de l’Asie et de l’Afrique, à hauteur de 55 millions de dollars. Elle a, en outre, indiqué que, dans le cadre de l’initiative de L’Aquila sur la sécurité alimentaire mondiale, son pays avait fourni 330 millions de dollars.
Mme KYLA BROOKE (États-Unis) a dit que le Président américain, M. Barack Obama, avait indiqué que les États-Unis ont l’obligation morale de prendre la tête de la lutte contre la faim et la malnutrition dans le monde. Elle a relevé que c’est dans ce cadre que les États-Unis ont lancé, il y a quatre ans, le programme « Feed the future » visant à lutter contre la faim dans le monde. Elle a ensuite noté que de nombreux résultats positifs ont été atteints dans la lutte contre la faim et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Elle a néanmoins souligné que beaucoup reste à faire, notamment en ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015 qui devra être basé sur une approche holistique du développement agricole et dont les mesures devront être orientées vers la garantie de la sécurité alimentaire.
Mme Brooke a, par ailleurs, indiqué que les changements climatiques ont un impact sur la production agricole, et elle a ajouté que l’accroissement de la population mondiale requiert que la production agricole augmente d’au moins 60% d’ici à 2050. Pour faire face à ce défi, elle a déclaré que les États-Unis, en collaboration avec d’autres partenaires, ont lancé le projet « Climate-Smart Agriculture Alliance » en décembre dernier en Afrique du Sud, avec comme objectif d’établir des communautés plus résilientes en matière de changements climatiques à l’horizon 2030. Mme Brooke a, en outre, déploré le fait que les effets des changements climatiques viennent s’ajouter au phénomène du gaspillage alimentaire. Elle a rappelé que le tiers de la production agricole mondiale est perdue, notamment à cause du gaspillage alimentaire dans les pays développés, et par des pertes consécutives au transport et au mauvais stockage des aliments dans les pays en développement. Elle a plaidé pour que la recherche technologique aide à trouver des solutions face à ces pertes, notamment par le biais des transferts de connaissance et des échanges technologiques. Aucun pays ne peut gérer seul ces questions, a dit Mme Brooke. Elle a ajouté que la responsabilisation nationale est cruciale pour faire face à la malnutrition, tout en appelant à un partenariat international impliquant les donateurs, les organisations internationales, le secteur privé, la société civile et les petits exploitants agricoles.
M. CHARLES MSOSA (Malawi) a salué l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » qui a soutenu les efforts du Malawi en matière de sécurité alimentaire. Cette question et celle de la pauvreté sont au cœur des priorités du Gouvernement malawite, a-t-il indiqué. Si notre pays est riche en terres arables et en eau, ces ressources ne sont pas utilisées au mieux et de manière durable à cause du manque de technologies agricoles abordables et adaptées, a-t-il regretté. De plus, la population du Malawi a augmenté au cours de la dernière décennie, ce qui crée une pression sur les ressources naturelles. Malgré les efforts déployés au Malawi et en Afrique subsaharienne en général, la faim reste un grand défi à relever dans la région, a regretté M. Msosa. Il a parlé du plan de redressement économique du Malawi dont les priorités sont, entre autres, le secteur agricole qui est vu comme un moyen d’arriver à la sécurité alimentaire et comme un moteur de croissance. Certaines régions du Malawi vont de nouveau connaître des problèmes d’insécurité alimentaire, du fait de l’arrivée tardive des pluies ou de leurs insuffisances, a relevé M. Msosa. Il a ensuite vanté les mérites du programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, dont son pays a déjà appliqué les principes. Il a aussi apprécié que son pays bénéficie de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée par le G-8 en 2012.
M. MOHAMAD H. AL AJMI (Koweït) a déclaré que le Koweït a contribué au Fonds arabe pour le développement économique et social à hauteur de 198 milliards de dollars depuis sa mise en place en 1967. Le Koweït, a-t-il noté, a augmenté sa contribution volontaire au financement des agences onusiennes, notamment celles en charge de la lutte contre la pauvreté et la malnutrition. Le représentant a indiqué que les questions de malnutrition seront évoquées au cours du Sommet afro-arabe qui aura lieu le mois prochain au Koweït. Il a ensuite relevé que les changements climatiques réduisent la capacité des pays en développement à mettre en place une agriculture durable, tout en menaçant l’existence même de certains pays insulaires. Il a également souhaité que la question de la malnutrition soit parmi les priorités du futur programme de développement pour l’après-2015.
M. HAN WIN NAING (Myanmar) a noté le consensus qui a émergé au sein de la communauté internationale selon lequel garantir la sécurité alimentaire exige que des mesures soient prises sur divers plans. Il a apprécié que certains pays et organisations multilatérales aient adopté des programmes alignés sur l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro ». Le représentant a estimé que les problèmes de sécurité alimentaire et de développement agricole, y compris la nécessité d’augmenter la productivité agricole dans les pays en développement, étaient des questions à inclure dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Il a noté que l’agriculture était devenue un secteur influencée par les marchés plutôt que par les politiques, ce qui offre aux pays en développement des occasions d’investissement et de profits économiques. M. Naing a dès lors plaidé pour que les marchés soient ouverts aux produits agricoles des pays en développement, appelant à cet égard à conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha. Le Myanmar a la chance d’avoir des ressources naturelles, notamment de l’eau et des terres arables, a-t-il indiqué, ajoutant que le Gouvernement avait entrepris des réformes dans le domaine agricole. Il a aussi pris des mesures pour améliorer l’accès des exploitants agricoles au microfinancement.
Mme EDEL DWYER (Irlande) a relevé que mettre fin à la faim est le plus grand défi qui interpelle la communauté internationale, et que cette question est au cœur de la politique étrangère de l’Irlande. Elle a indiqué que la recherche de solutions à cette question nécessite la mise sur pied d’une approche intégrée et l’adoption de politiques solides sur les plans national et international. Elle a ensuite déclaré que l’Irlande a consacré 20% de son budget à la lutte contre la faim ces dernières années. De même, a-t-elle annoncé, l’Irlande compte doubler la part qu’elle consacre à la nutrition dans son budget d’aide d’ici à 2020. Elle a par ailleurs préconisé l’autonomisation des communautés locales pour faire face à la famine et à la malnutrition. La représentante a notamment suggéré que plus de soutien soit apporté aux petits exploitants agricoles, notamment des femmes, ainsi qu’à la lutte contre la malnutrition infantile et maternelle.
Mme DINA MARTINA (Ukraine) a indiqué que sa délégation appréciait les efforts menés par les organisations internationales, comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) pour aider les pays à parvenir à un monde exempt de la faim. Elle a aussi salué l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » et l’initiative « Renforcer la nutrition ». La représentante s’est en outre félicitée de la mise en place du système d’information sur les marchés agricoles (AMIS) du G-20, en ce qu’il a beaucoup amélioré la transparence des marchés agricoles. L’Ukraine a posé sa candidature à la présidence d’AMIS en 2014, a-t-elle annoncé. L’Ukraine est un des donateurs du PAM, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle avait aussi contribué aux activités de ce Programme en Afrique. Nous produisons 55 millions de tonnes de grains par an, dont la moitié est exportée, et ce chiffre devrait passer à 72 millions de tonnes d’ici à 2020, selon la FAO. Avec sa stratégie du développement agricole pour 2020, l’Ukraine espère donner à sa population une alimentation de qualité et à des prix abordables, a-t-elle précisé. La représentante a ensuite plaidé en faveur d’un commerce ouvert basé sur des marchés qui fonctionnent pour tous.
Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a relevé que la production agricole de la Jamaïque a baissé, et le pays dépend aujourd’hui de l’importation de produits alimentaires pour nourrir sa population. Elle a salué l’adoption, le 1er mai dernier, du programme jamaïcain de nutrition et de sécurité alimentaire. Le nouveau programme, a-t-elle expliqué, vise à assurer que toute la population a un accès continu à une nourriture saine, notamment en stimulant la production agricole nationale. Elle a également indiqué que la lutte contre la malnutrition et la faim dans le monde demande l’adoption de mesures visant à assurer la disponibilité alimentaire, ainsi que la mise en place d’une agriculture durable.
M. PENDAPALA NAANDA (Namibie) a parlé du plan de développement national de la Namibie (NDP4) pour l’application duquel le Gouvernement a lancé des programmes et projets visant la sécurité alimentaire. Pays vulnérable aux pénuries alimentaires, la Namibie dépend de l’agriculture pour faire vivre une majorité de sa population, a-t-il expliqué. Il a souligné les difficultés auxquelles son pays doit faire face du fait des effets des changements climatiques, de la rareté de l’eau, de la dégradation des terres et des sécheresses chroniques. Le Ministère de l’agriculture, de l’eau et des forêts de la Namibie promeut la diversification des pratiques et produits agricoles, la création d’emplois, une plus grande compétitivité, le développement des marchés, ainsi que la fourniture en eau potable et des services d’assainissement, a dit M. Naanda. Il a rappelé que la Namibie était un des pays les plus arides au monde, ce qui a des incidences négatives sur l’agriculture. Le représentant s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général « Défi Faim zéro » et a espéré que le programme de développement pour l’après-2015 ferait figurer en bonne place la question de la sécurité alimentaire. Le Ministre de la défense de la Namibie, M. Nahas Angula, est l’un des dirigeants mondiaux impliqués, en tant que membre du Groupe de direction, dans l’initiative « Renforcer la nutrition », a-t-il ajouté. Il a aussi souligné l’importance du transfert des technologies en matière d’agriculture et du rôle que jouent les femmes dans ce domaine.
M. EDJEOU ESSOHANAM (Togo) a relevé que l’agriculture reste le secteur prioritaire qui offre le plus de possibilités pour accélérer la croissance et assurer la sécurité alimentaire, accroître les revenus des couches les plus défavorisées, et contribuer à la création d’emplois et à l’amélioration de la balance commerciale. Il a indiqué que le Togo a mis en place une politique nationale de développement à moyen terme dénommée « Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi » (SCAPE). Il a noté que le Togo commence à bénéficier de cette stratégie comme le prouve les excédents céréaliers qu’il a connus ces derniers temps, notamment concernant la production nationale de maïs qui a connu un excédent de 500 000 tonnes à l’issue de la campagne agricole 2012-2013. Ceci permet au pays de constituer un filet de sécurité alimentaire en mettant en place des stocks céréaliers.
Pour stimuler davantage le secteur agricole, le représentant a dit que le Gouvernement togolais envisage de prendre des mesures telles que l’accroissement des superficies des exploitations agricoles, la mécanisation de l’agriculture, l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de l’agriculture togolaise, la réhabilitation des infrastructures de transport, la création d’opportunités pour l’exportation et la promotion de l’agro-industrie. M. Essohanam a souligné que la mise en place de toutes ces mesures demande des ressources financières et techniques que le Togo espère avoir grâce au soutien des partenaires au développement.
M. JEAN BENGALY (Burkina Faso) a expliqué que le Burkina Faso, pays en développement sans littoral situé dans la région du Sahel, était confronté à d’importants aléas climatiques qui ont des répercussions sur sa production agricole. Il a indiqué que le Gouvernement avait défini des politiques agricoles visant à créer les conditions propices aux investissements. Le pays s’est doté d’une politique nationale de sécurisation foncière avec l’appui de partenaires tels que les États-Unis, dont l’objectif est de contribuer de manière durable à la sécurité alimentaire et nutritionnelle, à une croissance économique forte et à la réduction de la pauvreté. M. Bengaly a mentionné plusieurs projets qui ont ainsi été lancés, comme l’« Opération 100 000 charrues », qui vise à soutenir les producteurs en les aidant à acquérir des équipements agricoles. Le Gouvernement burkinabé a aussi adopté le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) pour la période 2008-2015, qui vise à réduire d’un tiers, d’ici à 2015, la proportion de la population souffrant de la faim. D’autres mesures ont été prises pour faire face aux déficits céréaliers récurrents grâce à la constitution d’un stock national de céréales. M. Bengaly a ensuite plaidé en faveur de la coopération bilatérale et multilatérale, se félicitant notamment de la Nouvelle Alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition lancée par le G-8 en mai 2012 pour soutenir les pays africains en matière de financement du secteur de l’agriculture.
M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a estimé que les causes structurelles des problèmes majeurs que connaît le monde sont dues à l’ordre économique injuste actuellement en vigueur. Il a invité la communauté internationale à adopter des mesures adéquates pour lutter contre la faim, notamment en favorisant la création d’emplois, l’amélioration de la gestion des ressources naturelles, les innovations technologiques et le partage des technologies. Il est d’autre part important de mener une lutte efficace contre les changements climatiques. Le Nicaragua, a relevé le représentant, a mis en place des mesures pour assurer sa sécurité alimentaire, avec comme résultat probant la diminution de moitié du nombre de personnes souffrant de la malnutrition dans le pays. Il a également évoqué les mesures prises au Nicaragua en faveur des petits exploitants agricoles, notamment des femmes, qui bénéficient de microcrédits et d’autres mesures participant à leur autonomisation.
M. FRANÇOIS GAVE (France) a plaidé pour que le soutien aux agriculteurs et aux agricultrices soit au cœur de la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Il a souligné que, en matière de lutte contre la pauvreté, un investissement dans le secteur de l’agriculture est en moyenne deux fois plus efficace que dans d’autres secteurs. Il a appelé à renforcer les exploitations familiales, qui représentent les meilleurs potentiels de production et de création d’emplois. M. Gave a demandé la promotion d’une agriculture familiale et respectueuse des écosystèmes. Il a aussi invité la Commission et les États à contribuer à une dynamique mondiale vers un nouveau modèle agricole, une « révolution doublement verte » qui concerne aussi bien les agricultures conventionnelles hautement productives, comme l’agriculture européenne, que les agricultures familiales des pays en développement. Le représentant a également recommandé la réduction des pertes alimentaires.
Enfin, il a rappelé que la malnutrition maternelle et infantile constituait un obstacle au développement pour des sociétés entières. Notant le succès de l’initiative « Renforcer la nutrition », il a appelé à la soutenir. L’agriculture a, en outre, besoin d’investissements publics et privés, a ajouté le représentant. Il a demandé que l’on veille à ce que ces investissements améliorent effectivement la situation des petits agriculteurs. Les négociations en cours dans le cadre du Comité de la sécurité alimentaire mondiale pour élaborer des principes d’investissements agricoles responsables sont fondamentales, a-t-il estimé à cet égard. M. Gave a souligné le rôle essentiel que les Nations Unies doivent jouer dans ce domaine, exprimant en particulier le soutien de la France à l’initiative « Défi Faim zéro ».
M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a parlé des mesures que le Mozambique envisage de mettre en place pour lutter contre la malnutrition et la faim. Il a ainsi cité, entre autres, le renforcement de la sécurité alimentaire et de la gouvernance nutritionnelle, la stimulation de la recherche pour l’amélioration des semences, l’amélioration de l’accès à l’eau, une meilleure gestion de l’irrigation, et l’amélioration du stockage des produits agricoles. Pour faire face à ces défis, a-t-il noté, le Mozambique a adopté le plan stratégique de développement du secteur agraire pour la période 2011-2020. C’est un plan dont la mise en œuvre, a indiqué M. Gumende, produit des résultats probants tels que l’augmentation globale de la production agricole nationale, qui a connu une hausse de 6% au cours des deux dernières années. Le représentant a cependant déploré le fait que le Mozambique souffre toujours de la malnutrition, qui y touche 43% des enfants de moins de 5 ans. Il a suggéré qu’un soutien particulier soit accordé aux jeunes, aux femmes et aux communautés locales dans le cadre de la lutte contre la malnutrition.
M. MATEO ESTREME (Argentine) a invité la Commission à tenir compte du fait que les marchés agricoles sont, en soi, très volatiles. La solution à ce problème n’est pas une réduction artificielle des prix des produits de base, a-t-il dit. Il a estimé que la faim dans le monde était le résultat d’une distribution injuste des richesses. Le maintien de prix bas dans le cadre de mesures protectionnistes a été l’une des principales causes des crises qui ont touché les pays de certaines régions comme l’Amérique latine, décourageant les producteurs et exportateurs agricoles. Le problème de la spéculation financière doit aussi être traité, a demandé le représentant qui a invité à réglementer les marchés. La communauté internationale ne doit pas continuer à encourager des politiques injustes et arbitraires, a-t-il insisté.
L’Argentine lutte contre les mesures protectionnistes qui rendent difficile l’accès aux marchés, a assuré M. Estreme. Il a appelé la communauté internationale à achever les négociations agricoles menées dans le cadre du Cycle de négociations commerciales de Doha. À Bali, en décembre prochain, lors de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les membres de l’OMC devront commencer à mettre en œuvre le mandat agricole du Cycle de Doha, a-t-il soutenu. Il a aussi plaidé en faveur du transfert des technologies nouvelles pour que les exploitants agricoles de terres familiales puissent en bénéficier. Pour augmenter la productivité agricole, il a aussi conseillé de stimuler les investissements dans ce domaine.
M. FELIPE GARCÍA LANDA (Mexique) a souligné que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) est un partenaire stratégique des efforts de lutte contre la faim. Dans le but de réduire la volatilité des prix des produits agricoles, il a proposé le renforcement de la transparence des marchés financiers et la mise en place d’un système commercial plus ouvert et stable, et qui contribue véritablement à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté. Il a, en outre, déclaré que le Gouvernement du Mexique a mis en place une campagne nationale contre la faim qui vise à soulager 7,4 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans 400 municipalités mexicaines désignées. Il a noté que la sécurité alimentaire ne peut être garantie sans que des mesures soient prises dans des secteurs tels que le développement des infrastructures, la diversification des semences, une gestion durable des terres et de l’eau, ainsi que l’autonomisation des femmes. Il a également plaidé en faveur du renforcement de la coopération internationale en matière agricole, notamment dans le cadre de la coopération Sud-Sud.
M. CHITSAKA CHIPAZIWA (Zimbabwe) a indiqué que le Gouvernement zimbabwéen avait mis en place un système de mécanisation de l’agriculture. Nos efforts sont cependant entravés par plusieurs facteurs, a-t-il dit, citant entre autres les changements climatiques, des ressources financières limitées, les sanctions économiques qui pèsent sur son pays, ainsi que la sécheresse et les inondations. Il a exhorté tous les partenaires internationaux à respecter leurs engagements pour appuyer le développement durable dans les pays en développement. Cet appui doit être dépolitisé, a-t-il précisé. Il s’est ensuite plaint du maintien des subventions agricoles dans les pays développés et a espéré, à cet égard, que les négociations agricoles du Cycle de négociations commerciales de Doha allaient aboutir. Il faut supprimer les barrières douanières, a-t-il ajouté.
M. DO HUNG VIET (Viet Nam) a estimé que la sécurité alimentaire ne peut être atteinte que si les États investissent dans la recherche agricole et créent des mesures incitatives pour des investissements dans l’agriculture, notamment en faveur des petits agriculteurs. Il a ensuite souligné que l’accès à la nourriture est une question cruciale. Il a indiqué que le Viet Nam est en faveur de la mise en place d’un véritable système de distribution alimentaire, aux niveaux national et international, afin de permettre que les produits alimentaires parviennent effectivement à ceux qui en ont le plus besoin. M. Do a également proposé que des mesures soient prises dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et dans celui de l’amélioration du système commercial international. Il a indiqué que l’agriculture du Viet Nam fait face à des obstacles tels que la volatilité des prix des produits agricoles, et les mesures protectionnistes mises en place par certains pays développés. Le représentant a en outre relevé que près de 70% de la population du Viet Nam, soit 90 millions de personnes, vivent dans des zones rurales. Il a évoqué les mesures et politiques mises en place au Viet Nam, et qui ont contribué à faire que le pays passe d’une situation d’importateur à un statut d’exportateur de produits alimentaires.
M. TLHALEFO MADISA (Botswana) a estimé que les questions de développement agricole, de sécurité alimentaire et de nutrition devaient rester au cœur des initiatives de développement mondial, en particulier dans la phase actuelle d’élaboration du programme de développement pour l’après-2015. Le Botswana a toujours été tributaire de l’agriculture irriguée par les pluies, a-t-il indiqué. Ces pluies étant devenues plus irrégulières du fait des changements climatiques, il a expliqué que cela avait eu des conséquences sur la production agricole. Les changements climatiques ont aussi eu des effets sur les sources d’alimentation naturelle et traditionnelle, qui ont de grandes valeurs nutritionnelles et médicinales. En 2008, le Gouvernement du Botswana a lancé un programme de soutien au développement de l’agriculture, a-t-il dit, avant de parler d’un autre programme qui cible l’élevage. Nous avons besoin de l’aide internationale pour pouvoir poursuivre ces initiatives, a-t-il fait remarquer.
Mme ADRIANNA PACHECO (Bolivie) a appelé la communauté internationale à réduire le gaspillage alimentaire et à rendre meilleure la qualité de l’alimentation des populations, tout en améliorant la nutrition et l’éducation alimentaire pour réduire le nombre de personnes obèses. Il faut lutter contre la pauvreté rurale et promouvoir le développement à travers tout le territoire de chaque pays pour éviter que les campagnes ne se vident et que les villes ne suffoquent sous le poids des populations migrantes venues des zones rurales, a-t-elle ajouté. La Bolivie propose de prendre des mesures pour notamment renforcer le droit à l’alimentation, a indiqué la représentante. La Bolivie suggère aussi à chaque pays de garantir à sa population l’accès à des aliments de base, grâce au renforcement des systèmes économiques, productifs, sociaux, culturels, politiques et écologiques. Il faut encourager les producteurs agricoles, en mettant l’accent sur l’agriculture familiale et communautaire. Il faut en outre sanctionner la spéculation financière sur les produits alimentaires, a préconisé la représentante de la Bolivie. Elle s’est réjouie que l’année 2013 ait été déclarée Année internationale du quinoa, une céréale qui a une forte valeur nutritionnelle. Elle a aussi parlé des politiques menées par son pays pour assurer une alimentation saine à la population, notamment la création d’une « Banque du développement productif » et du « Fonds de développement pour les peuples autochtones originaires des zones rurales ».
M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué que l’augmentation de la malnutrition va de pair avec l’augmentation de la violence, des crimes et des troubles sociaux à travers le monde et au sein des différentes sociétés. Il a salué l’initiative « Défi Faim zéro » du Secrétaire général des Nations Unies qui vise l’élimination de la malnutrition infantile et préconise une meilleure gestion des ressources alimentaires, entre autres objectifs. M. Van Oosterom a en outre relevé que le renforcement des flux d’investissements privés, notamment dans le secteur de l’agro-industrie, est une étape majeure à franchir pour résoudre la question de l’insécurité alimentaire. Il a, dans ce cadre, proposé que la mise en place par le Gouvernement des Pays-Bas d’un partenariat dénommé « Approche en diamant des Pays-Bas », qui met en commun les efforts des gouvernements, du secteur privé, des universités et de la société civile serve d’exemple à de nouvelles initiatives. Il a relevé que cette approche a donné des résultats satisfaisants dans le secteur agricole et dans le domaine de la nutrition.
M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a indiqué que la promotion d’une agriculture durable et la mise en place de systèmes d’alimentation durables sont parmi les priorités stratégiques du Monténégro. Il a relevé que le pays a mis en place un certain nombre de mesures afin de permettre à son agriculture de s’aligner sur les normes et les standards en vigueur dans l’Union européenne. Il a ensuite déclaré que le Gouvernement du Monténégro, reconnaissant l’importance de l’agriculture organique, a mis en place un plan d’action national de la production organique pour la période 2012-2017, qui met l’accent sur une agriculture respectueuse des normes écologiques. M. Šćepanović a, en outre, souligné l’importance des petits exploitants agricoles dans la lutte contre l’insécurité alimentaire, et il a noté que l’agriculture et les questions relatives à la faim et à l’insécurité alimentaire devraient avoir une place centrale dans le futur programme de développement pour l’après-2015.
Mgr FRANCIS ASSISI CHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a rappelé que le droit à l’alimentation était un droit de l’homme fondamental, comme cela est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il a donc jugé important de promouvoir l’intégration pour arriver à éliminer la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Il a invité les États Membres et la communauté internationale à aborder ces questions sous l’angle des droits de l’homme, en s’assurant que les politiques agricoles respectent ces droits et la dignité de l’être humain. Soulignant que les niveaux actuels de production alimentaire suffiraient à nourrir la population de la planète, il a jugé important de garantir la sécurité alimentaire en changeant les structures sociales actuelles et en faisant preuve de plus de solidarité envers les populations souffrant de la faim. Il s’est ensuite élevé contre le gaspillage des denrées alimentaires qui reste très important dans le monde développé. Il a également fait le lien entre le problème de l’accès à l’alimentation et celui de la discrimination. Enfin, il a souligné l’utilité du principe de subsidiarité, qui recommande d’engager le plus de personnes possible à chaque niveau de responsabilité. Il a indiqué que le Saint-Siège préconisait l’implication des populations locales dans le processus de lutte contre l’insécurité alimentaire.
M. AJAY MADIWALE, de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge(FICR) a relevé que c’est un scandale moral de voir que le monde gaspille le tiers de sa production agricole. Il a estimé que les causes de l’insécurité alimentaire, au niveau mondial, sont le manque d’autonomisation économique et social des populations, la dégradation des ressources naturelles, la variabilité des conditions climatiques, les conflits et les catastrophes naturelles, ainsi que les insuffisances existant dans les systèmes commercial et financier internationaux. Pour résoudre ces problèmes, il a proposé qu’un soutien accru soit accordé aux petits exploitants agricoles, notamment les femmes. Il a également proposé qu’une attention particulière soit portée aux groupes les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire, notamment les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de handicaps. Il a en plus invité la communauté internationale à agir en amont, avant que les crises alimentaires ne se transforment en situation de famine.
M. ZACHARY BLEICHER, s’exprimant au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM), a noté les différences qui persistent entre les régions du monde en termes de progrès accomplis vers la réduction de la faim. L’Afrique sub-saharienne reste la région la plus touchée par la malnutrition, tandis que l’Asie occidentale n’a fait aucun progrès dans ce domaine. Les progrès accomplis par l’Asie du Sud et l’Afrique du Nord ont été faibles, a-t-il ajouté. En revanche, la majorité des pays de l’Asie de l’Est et du Sud, ainsi que de l’Amérique latine, ont vu le nombre de personnes souffrant de la faim être réduit de manière significative. M. Bleicher a expliqué que la hausse des prix alimentaires entraînait une baisse de la qualité des aliments consommés par les pauvres. Il faut également mettre en place un système qui résiste aux catastrophes naturelles, a-t-il dit, avant de parler de la nécessité de mettre en place des planchers de protection sociale. Comme mesures à prendre pour renforcer la sécurité alimentaire, il a suggéré d’augmenter les investissements et d’améliorer les politiques visant le renforcement de la productivité agricole.
M. Bleicher a également conseillé de s’attaquer aux autres formes de malnutrition, comme l’obésité, qui provient de déséquilibres alimentaires et s’accroît rapidement. Il a précisé que 1,4 milliard d’adultes soufrent de surpoids. Il a par ailleurs attiré l’attention sur l’importance de l’autonomisation des femmes dans les zones rurales, car elles jouent un rôle important de soutien aux ménages et à leurs communautés. Le représentant a ensuite parlé de ce qui est fait par les organisations onusiennes basées à Rome –le PAM, le FIDA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)- pour aider les gouvernements et les communautés à traiter de ces questions. Ces organisations soutiennent notamment les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID) en matière alimentaire et agricole. En ce qui concerne l’initiative « Renforcer la nutrition », il a indiqué que plus de 40 gouvernements se sont engagés à donner la priorité aux mesures favorables à la nutrition. Il a annoncé que la Conférence internationale sur la nutrition, qui se tiendra en 014, permettrait d’examiner les progrès enregistrés en la matière depuis 1992.
VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX
Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et tous les partenaires concernés, en particulier le secteur privé (A/68/326)
Dans ce rapport, le Secrétaire général note que l’Organisation des Nations Unies a fait des progrès considérables dans la réalisation d’objectifs organisationnels et de développement grâce à des partenariats avec le secteur privé. Le Secrétaire général relève aussi que l’Organisation devient plus habile à maîtriser les risques inhérents à des partenariats avec le secteur privé, en améliorant les mesures de diligence raisonnable et d’intégrité et en se servant de sa réputation et de ses capacités normatives pour amener le secteur privé à s’aligner sur ses valeurs.
En outre, l’expansion et l’évolution du Pacte mondial des Nations Unies et de ses réseaux locaux lui offrent de nouvelles possibilités de s’associer au secteur privé au niveau local. De plus, souligne M. Ban, les partenariats avec le secteur privé devenant plus courants et plus importants, il est indispensable que l’ONU adopte des mesures d’intégrité et améliore les mesures déjà existantes à toutes les interfaces principales avec ce secteur, afin de protéger sa marque et sa réputation, de promouvoir des pratiques responsables dans les entreprises et ses propres valeurs et d’assurer une plus grande cohésion entre ses propres agendas et ceux des entreprises.
Le rapport note, par ailleurs, qu’au vu de l’importance et l’accroissement du rôle que jouent les réseaux locaux du Pacte mondial pour favoriser de nouvelles relations entre l’Organisation et le secteur privé, il est nécessaire d’évaluer leurs progrès et les difficultés qu’ils rencontrent.
Le rapport rappelle aussi qu’en droite ligne des débats sur un cadre de développement pour l’après-2015, qui se poursuivent, l’accent a été mis à nouveau sur les partenariats. À cet égard, l’ONU est exceptionnellement bien placée pour nouer des liens avec divers secteurs, en particulier le secteur privé, et les inciter à contribuer à la réalisation des objectifs de développement.
L’ONU doit continuer à proposer des formes nouvelles, améliorées et diversifiées de collaboration avec le secteur privé pour obtenir des résultats durables et promouvoir ses objectifs, suggère le Secrétaire général. Cela suppose qu’elle tire profit des possibilités de partenariat à fort impact résultant de nouvelles tendances, ainsi que du rôle évolutif et de l’importance croissante des réseaux locaux du Pacte mondial au niveau national.
Le rapport conclut qu’afin de tirer pleinement avantage des possibilités qui s’offrent actuellement à elle de s’associer plus efficacement au secteur privé, l’ONU doit impérativement appliquer les meilleures pratiques et les enseignements de l’expérience de ses partenariats dans tout le système onusien.
Débat général
M. DELANO FRANK BART (Saint-Kitts-et-Nevis), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souhaité que la question des partenariats mondiaux soit intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015. Il a noté que les nouveaux partenariats conclus devraient être tournés vers l’instauration d’un nouvel esprit de solidarité, de coopération et de responsabilité mutuelle. Il a relevé que ces partenariats devraient impliquer les gouvernements et leurs partenaires de développement, mais également d’autres acteurs tels que les pauvres, les handicapés, les femmes, la société civile, le monde des affaires, le secteur académique, ainsi que les communautés locales et autochtones. Le représentant a souhaité qu’une évaluation des partenariats actuels soit menée, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Objectif du Millénaire pour le développement numéro 8, qui prescrivait le développement de systèmes commerciaux et financiers ouverts qui devraient permettre de gérer durablement la question de la dette des pays en développement. M. Bart a ensuite précisé que ces partenariats mondiaux devraient également prendre en compte la collaboration avec le secteur privé, afin de rendre disponibles aux populations les médicaments dont elles ont besoin, et de favoriser l’usage de nouvelles technologies, notamment dans le secteur médical, et dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC).
M. Bart a par ailleurs relevé qu’une décennie après l’adoption du Consensus de Monterrey en 2002, le monde fait face à un déficit de partenariat pour le développement. Il a ajouté qu’une meilleure collaboration est nécessaire afin d’augmenter le montant de l’aide publique au développement (APD), ainsi que pour améliorer l’accès aux marchés en faveur des produits des pays en développement. Il en est de même dans le domaine de la durabilité de la dette. Il a en outre appelé la communauté internationale à reconsidérer le paradigme concernant le classement des pays et définissant lesquels peuvent ou non bénéficier de l’APD. Il a regretté que le classement actuel soit basé sur la norme du produit national brut (PNB) par habitant, et ne tienne pas compte du fait qu’une région comme les Caraïbes est lourdement endettée, et que des millions de personne y vivent sous le seuil de pauvreté. M. Bart a également demandé qu’un terme soit mis aux 10 années d’impasse dans laquelle se trouve le Cycle de négociations commerciales de Doha. Le représentant a en outre appelé à la restructuration de la dette des pays des Caraïbes, et il a précisé que la question des partenariats sera à l’ordre du jour de la prochaine Conférence internationale de l’ONU sur les petits États insulaires en développement (PEID) qui aura lieu en 2014.
M. IOANNIS VRAILAS, de l’Union européenne, a dit que l’ONU était un partenaire unique pour la Communauté économique européenne, désireuse de contribuer au développement durable et à l’éradication de la pauvreté. Même si la notion de responsabilité sociale des entreprises a gagné du terrain, des incidents observés cette année nous montrent que cet objectif est encore loin de s’être imposé partout, a dit le représentant. Il a rappelé que le secteur privé avait d’importantes obligations et responsabilités envers les employés, les gouvernements et les communautés au sens large, notamment afin d’assurer que les partenariats dans lesquels il est impliqué bénéficient à tous. Le représentant de l’Union européenne a salué les progrès réalisés au cours des dernières années en matière de création de partenariats avec le secteur privé en citant la tenue, du 15 au 18 juin 2012, du Forum sur le développement durable des entreprises Rio+20, ainsi que les initiatives lancées par le Secrétaire général de l’ONU, comme celles nommées « Énergie durable pour tous », « Toutes les femmes, tous les enfants », « L’éducation avant tout », et « Défi Faim zéro ». Le représentant a indiqué que les États membres de l’Union européenne préparaient un projet de résolution intitulé « Vers des partenariats mondiaux » dont le but est d’encourager et renforcer des partenariats autour des objectifs de développement de la période pour l’après-2015.
M. THULAMI NYEMBE (Afrique du Sud) a demandé que l’appropriation nationale soit au cœur du partenariat mondial en faveur du développement. Il a lancé un appel pour que soient mis en œuvre de façon urgente tous les engagements pris dans le cadre de ce partenariat, de façon à pouvoir réaliser tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a dit que l’Afrique du Sud insiste pour que les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD) soient respectés. De son côté, l’ONU doit favoriser une coopération novatrice avec le secteur privé, a ajouté le représentant. Comme le souligne le Document final de Rio+20, l’ONU reste l’institution la plus à même d’impliquer le secteur privé dans les efforts de développement, a-t-il rappelé. Le représentant a ensuite placé beaucoup d’espoir dans le Pacte mondial et ses réseaux locaux, notant que ces réseaux avaient permis de soutenir les objectifs nationaux de développement, en favorisant notamment les échanges de meilleures pratiques. Il a appelé à élargir le rôle du Pacte mondial afin de le faire agir au niveau des pays par le biais de ses réseaux locaux.
Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KHAM-INH KHITCHADETH (République démocratique populaire lao) s’est dit persuadé que l’amélioration des partenariats entre les secteurs privé et public et de la collaboration entre l’ONU et le secteur privé, était de nature à favoriser la réalisation des OMD. Il a dit que les partenariats avec le secteur privé devaient se conclure dans le respect des priorités de développement. Dans ce contexte, il a salué le rôle assigné au Pacte mondial des Nations Unies et à la politique de responsabilité sociale des entreprises. Le représentant de l’ASEAN a salué la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme des Nations Unies pour la promotion des partenariats. Il a félicité l’équipe spéciale des Nations Unies chargée du programme de développement pour l’après-2015 pour la qualité de ses rapports.
M. Khitchadeth a, par ailleurs, dit que la mise en œuvre, d’ici à l’année 2015, des textes créant la Communauté économique de l’ASEAN permettra de promouvoir les partenariats entre les secteurs public et privé dans l’intérêt du développement. Il a ajouté que la contribution du secteur privé n’était pas seulement utile à la définition d’initiatives et stratégies régionales, mais aussi pour identifier les difficultés qui se posent à la réalisation de l’intégration régionale. Il a cité la tenue de réunions régulières entre les ministres de l’économie des pays de l’ASEAN et le Conseil consultatif des entreprises de l’Association. Il a également parlé du lancement en 2010 du réseau de la responsabilité sociale des entreprises de l’ASEAN et du développement de règles et procédures encadrant l’intervention du secteur privé.
M. ABDULLAH AHMED AlSHARRAH (Koweït) a salué les efforts consentis par le Groupe de haut niveau sur le financement du développement, qui vient de publier un rapport dont il a jugé le contenu « très pertinent » dans le cadre de l’éradication de la pauvreté et pour aller vers le développement durable. Le représentant a exprimé la disponibilité du Koweït à s’engager dans tout partenariat mondial, et il a rappelé que le Koweït participe au financement du Fonds arabe pour le développement économique et social. Il a ajouté que le Koweït apporte également son appui à des pays en développement dans d’autres continents que l’Asie. Le représentant a en outre souligné l’importance du secteur privé dans le partenariat mondial, et a dit que sa délégation souhaite qu’émerge un véritable partenariat mondial pour le développement. Il a indiqué que le Koweït est prêt à jouer un rôle majeur dans ce partenariat, notamment en matière d’assistance humanitaire et pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement(OMD).
Mme IRINA MEDVEDEVA (Fédération de Russie) a estimé que l’ONU était l’instance idéale pour nouer des partenariats multilatéraux, en toute transparence et dans le cadre de la responsabilisation. Toute innovation dans la manière dont sont conclus ces partenariats doit passer par une consultation des États Membres, afin de faire en sorte que les partenariats conclus répondent à leurs besoins, a-t-elle demandé. Coopérer avec le secteur privé est essentiel, a-t-elle ajouté, soulignant que ce secteur participait déjà pleinement au fonctionnement des relations internationales. La Fédération de Russie soutient la proposition faite par le Secrétaire général en matière de coopération avec le secteur privé, a dit la représentante. Elle a indiqué que sa délégation appréciait les initiatives menées dans le cadre du Pacte mondial et a invité les entreprises russes à l’utiliser pour mettre en place des pratiques plus efficaces, afin notamment de mieux lutter contre la corruption. Cela permettrait d’améliorer la réputation de ces entreprises, a-t-elle argué. Concernant la création d’un nouveau mécanisme de partenariat à l’ONU, elle a souhaité que cette question soit étudiée plus en profondeur, notamment pour en examiner les mécanismes de responsabilisation.
M. VITALY MACKAY (Bélarus) a souligné que ce n’est qu’en adoptant une approche inclusive que la communauté internationale pourra résoudre les problèmes qui l’interpellent, notamment celui de l’éradication de la pauvreté. Il a ensuite relevé que les partenariats entre les secteurs public et privé sont cruciaux dans l’optique du développement. Le représentant a également suggéré que les partenariats internationaux soutenant des programmes menés au niveau national soient respectueux des réalités et des priorités nationales des pays bénéficiaires. Il a relevé que les partenariats thématiques mondiaux peuvent devenir des outils très importants pour la réalisation des objectifs de développement internationalement agréés.
M. EMMANUEL OLUWADARE OGUNTUYI (Nigéria) a rappelé que, dans le Document final de Rio+20, les États Membres avaient réitéré leur engagement et leur foi envers les partenariats en faveur du développement. Le développement durable dépend de l’engagement actif du secteur privé et public, a-t-il observé. Ainsi, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) nécessite une participation active des gouvernements et des sociétés civiles. Les Nations Unies ont reconnu l’obligation de s’engager davantage avec le secteur privé pour atteindre les objectifs de développement, a constaté le représentant. Le Nigéria pense que l’ONU peut jouer un rôle essentiel dans le développement de partenariats visant à soutenir les stratégies de développement. Mais la volonté des pays bénéficiaires des actions de ces partenariats doit être respectée, a-t-il posé comme condition. En ce qui concerne le Pacte mondial, il a noté qu’il avait reçu un large appui. Le Pacte a joué le rôle de catalyseur dans la coopération avec le secteur privé, a-t-il souligné, remarquant aussi qu’il permettait de partager entre États et entre différents secteurs les meilleurs enseignements en termes de promotion du développement. Le représentant a enfin indiqué que le Nigéria voulait discuter de cette question dans le cadre des préparatifs concernant la définition du programme de développement pour l’après-2015.
M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a relevé que le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, appelé « Programme d’action d’Istanbul », est un document clef pour le développement des PMA. Il a précisé que le Programme d’action d’Istanbul vise essentiellement à créer dans les PMA une masse critique de capacités de production viables et compétitives dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et des services.
Il a noté que les PMA souhaitent que les partenaires au développement honorent leurs engagements au plus vite et de façon prévisible, notamment leur promesse de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut à l’aide publique au développement, dont une part irait aux PMA. Il a souligné que les nouvelles sources d’APD ne devraient pas altérer l’APD traditionnelle. Il a également souhaité que des aides régionales et internationales viennent accompagner les efforts des PMA afin qu’ils résistent mieux aux chocs économiques.
M. Zinsou a, par ailleurs, rappelé que les PMA se sont réunis le 27 septembre dernier à New York, et ont adopté une déclaration ministérielle dans laquelle il est dit qu’il est impératif de renforcer le partenariat mondial pour le développement en mobilisant tous les acteurs concernés, notamment les donateurs traditionnels, les pays du Sud, la société civile, le secteur privé et les fondations, entre autres acteurs. Le représentant a par la suite salué les initiatives prises par certains pays pour accorder un accès aux marchés en franchise de droits et hors quota à tous les produits en provenance de tous les pays les moins avancés, et il a dit que les PMA souhaitent la conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de Doha.
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