Première Commission: les États s’opposent toujours sur le processus de désarmement nucléaire
Certaines délégations soulignent à nouveau les conséquences humanitaires des armes nucléaires et en appellent à l’Assemblée générale
Au troisième jour du débat thématique sur les armes nucléaires, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entendu ce matin une trentaine de délégations. Le débat a fait ressortir un certain nombre de divergences, notamment sur la rapidité avec laquelle le processus de désarmement devait être mené. Certaines délégations, dont celle de la Lituanie, ont estimé qu’il n’était pas possible de progresser vers le désarmement nucléaire sans conditions préalables, telles que la confiance, la transparence, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’ouverture de négociations pour la conclusion d’un accord sur la production des matières fissiles. Pour sa part, le représentant japonais a affirmé que la confiance entre les États nucléaires constituait le fondement d’un accord multilatéral sur la réduction de leurs armes nucléaires. À défaut, le Japon a exhorté les États dotés à adopter unilatéralement des mesures de désarmement comme moyen de rétablir la confiance.
Les représentants de la Fédération de Russie et du Royaume-Uni, tous deux puissances nucléaires, ont, quant à elles, affirmé avoir réduit leurs arsenaux nucléaires: ceux de la Fédération de Russie de près de 90% par rapport aux années 1970, ceux du Royaume-Uni de 50% depuis la fin de la guerre froide. Forts de leur bilan positif dans ce domaine, ces deux pays se sont prononcés pour une démarche progressive en matière de désarmement nucléaire et mis en garde contre des attentes excessives. « Le génie de la lampe nucléaire ne rentrera pas à nouveau dans la lampe parce que l’on s’inquiète seulement des conséquences humanitaires des armes nucléaires », a affirmé le représentant de la Fédération de Russie, alors que le représentant britannique a estimé qu’une convention affaiblirait la portée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et créerait un monde moins sûr.
Cette argumentation s’est heurtée à la position d’un groupe d’États, beaucoup plus nombreux, notamment l’Égypte, le Koweït, l’Iraq et la Libye, qui ont déploré que depuis près de 40 ans, la communauté internationale n’ait pas été en mesure de mettre en œuvre l’article 6 du TNP, ni les 13 mesures agréées à la Conférence d’examen du TNP de 2000, ni même d’établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Pour leur part, les délégations du Guatemala et des Palaos ont affirmé que certains États utilisaient le consensus comme un droit de veto.
D’autres délégations ont fait remarquer que les avancées en matière de dénucléarisation militaire mises en avant par certains États dotés étaient insuffisantes. Il y a encore plus de 16 000 têtes nucléaires opérationnelles dans le monde et les neuf États nucléaires continuent d’investir dans la rénovation ou la modernisation de leurs arsenaux dans le but de les garder encore plus longtemps, a noté le représentant des Palaos. Dans ces conditions, comment s’étonner que la majorité des États considèrent que le TNP n’est pas leur traité, mais celui des États dotés, s’est interrogée la représentante de Cuba, précisant que l’approche « pas à pas » ne doit pas constituer un prétexte pour retarder le désarmement nucléaire.
D’autres délégations, comme celles de la Suède, de la Nouvelle-Zélande ou de l’Indonésie, préoccupées par les conséquences humanitaires de ces armes nucléaires, se sont prononcées en faveur de la création d’un groupe de travail à composition non limitée au sein de l’Assemblée générale, doté d’un mandat fort et chargé d’envisager la création d’un instrument international juridiquement contraignant interdisant les armes nucléaires. De l’avis du représentant du Maroc, il n’est pas normal que les armes nucléaires soient les seules armes non conventionnelles non interdites, alors que le représentant de l’Indonésie a déploré que certains pays préfèrent le statu quo. Pour le représentant de la Turquie, les moratoires dans ce domaine représentent des instruments de confiance mutuelle importants, mais ne sauraient se substituer durablement à des traités juridiquement contraignants.
De leur côté, la République de Corée, l’Espagne et la Lituanie ont souligné les risques que présente le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée. « La gravité et l’intensité des activités conduites sur le site de Yongyon ne doivent pas être sous-estimées par la communauté internationale », et la nucléarisation de l’Ukraine par la Fédération de Russie, avec le déploiement d’armes nucléaires en Crimée.
Intervenue par vidéoconférence, la Présidente de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, Mme Taous Feroukhi, a estimé que l’échec de ladite Conférence s’expliquait par les divergences entre États et le fossé entre les attentes et les réalités. À son avis, le TNP reste toutefois l’outil central du régime de non-prolifération qui doit être renforcé pour lui conférer une crédibilité accrue et lui permettre aussi d’ouvrir des perspectives économiques pour tous les États.
La Commission achèvera demain, jeudi 22 octobre à 10 heures, son débat thématique sur les armes nucléaires et entamera celui sur les armes de destruction massive.
DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION PRÉSENTÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Questions relatives aux armes nucléaires
Déclaration liminaire
Mme TAOUS FEROUKHI, Présidente de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 2015, a déclaré que cette Conférence s’est déroulée dans des circonstances particulières, avec de nombreuses attentes et divergences en matière de désarmement nucléaire. Le document final contenait également des points de vue différents, ainsi que des recommandations, demandant à l’Assemblée générale de prendre des mesures pour obliger les États nucléaires à se conformer à leurs obligations internationales, au titre de l’article 6 du TNP. Le document contenait également un projet de texte proposé par la Fédération de Russie invitant le Secrétaire général à prendre des mesures pour convoquer une conférence sur l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. C’est précisément cette proposition qui a conduit à l’échec de la Conférence d’examen, en raison des divergences sur cette question, a dit la Présidente.
Mme Feroukhi a cependant estimé que le TNP restait l’outil central pour le régime de non-prolifération. De nombreux États considèrent en outre que le Document final issu de la Conférence d’examen de 1995 restait crucial pour la suite des processus d’examen du TNP et que les consensus auxquels on a abouti préalablement devraient rester en vigueur. Même si la menace nucléaire n’est pas imminente, il faut combler le fossé entre les attentes et les réalités et tout faire pour conserver la crédibilité dudit Traité, a-t-elle estimé, soulignant qu’il fallait, par ailleurs, s’assurer que les États pourront utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
Déclarations
M. JOHN QUINN (Australie), au nom d’un groupe de pays, a souligné que l’attention croissante accordée à l’impact humanitaire des armes nucléaires avait relancé l’objectif de parvenir à un monde sans armes de ce type et avait permis de faire prendre conscience des risques éventuelles, catastrophiques, d’une détonation nucléaire ou d’une attaque terroriste utilisant du matériel fissile, a-t-il ajouté. M. Quin a invité les États, aux côtés de la société civile, à prolonger cet effort de sensibilisation du public et des politiques, qui doit accompagner les mesures concrètes de réduction du nombre de têtes nucléaires. Parmi les 16 000 têtes nucléaires encore déployées, nombreuses sont celles placées en état d’alerte, a-t-il constaté, déplorant en outre que des États dotés continuent de produire de nouvelles armes nucléaires. Exhortant ces États à honorer leurs engagements en matière de désarmement nucléaire, il a estimé que seule l’élimination des armes nucléaires constituerait une avancée décisive vers un monde exempt d’armes nucléaires. Il en a appelé à la volonté de la communauté internationale pour réunir les conditions d’une réduction supplémentaire et significative des arsenaux nucléaires placés en état d’alerte et demandé plus de transparence aux États dotés quant à l’ampleur réelle de leurs arsenaux. LE représentant a par ailleurs plaidé pour l’abandon des principes de dissuasion au cœur des doctrines de sécurité.
Mme DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a présenté un projet de résolution sur les zones exemptes d’armes nucléaires de l’hémisphère Sud et des zones adjacentes, texte coparrainé par son pays et le Brésil. Elle a souligné l’importance de la contribution de ces zones pour renforcer l’effort de désarmement nucléaire et de non-prolifération au plan régional. Aujourd’hui, a-t-elle rappelé, 115 États sont parties ou signataires à ces traités, ce qui reflète la confiance de la communauté internationale dans ces mesures régionales de paix et de sécurité que sont les zones exemptes. Ces zones nous rapprochent concrètement de la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, a estimé Mme Higgie.
M. TOSHIO SANO (Japon) a affirmé l’attachement de son pays aux principes de la Charte des Nations Unies, à la paix des nations, à la démocratie, à l’état de droit et aux droits de l’homme. Le Japon estime cependant que l’échec de la Conférence d’examen du TNP ne signifiait pas qu’il n’y ait pas d’accord ou de volonté politique sur le désarmement nucléaire. Cet échec signifie aussi que tout doit être fait pour renforcer le régime du TNP, notamment en mettant en œuvre le Plan d’action de 2010 et tous les autres accords conclus sur le sujet, a dit le représentant.
M. Sano a déclaré que la confiance entre les États-Unis et la Fédération de Russie était indispensable à la réduction de leurs arsenaux et stocks nucléaires, appelant ces deux pays à reprendre au plus vite les négociations sur le sujet. À son avis, cette confiance préalable est également nécessaire entre les cinq puissances nucléaires et doit constituer la base d’un accord multilatéral sur la réduction de leurs armes nucléaires. Le Japon les appelle toutefois, sur la base du volontariat, à prendre des mesures de désarmement unilatérales, afin de combler le manque de confiance, a dit le représentant, qui s’est par ailleurs prononcé pour l’entrée en vigueur rapide du TICEN, et pour la négociation d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles. Le Japon reste enfin préoccupé par le programme nucléaire nord-coréen, et dans ce contexte, appelle ce pays à abandonner le déploiement de ses missiles et à se conformer à ses obligations internationales, en revenant par exemple aux Pourparlers à Six.
Mme MARITZA CHAN (Costa Rica) a attiré l’attention sur l’existence de plus de 16 000 têtes nucléaires dans le monde, placées en alerte maximale et susceptibles d’être victimes de cyberattaque. Au lieu de les détruire, des milliards de dollars sont engloutis chaque année pour les moderniser, multipliant de fait la menace nucléaire, a estimé la représentante. En outre, a-t-elle signalé, de telles pratiques sont contraires aux obligations internationales en matière de désarmement nucléaire. Elle a indiqué que les réductions survenues dans les arsenaux nucléaires ces dernières années étaient minimes, ne concernant que les stocks non opérationnels ou plus actifs. C’est pourquoi le Costa Rica demande aux États nucléaires d’agir sur leurs arsenaux nucléaires opérationnels et d’en réduire les niveaux d’alerte, ainsi que leur disponibilité opérationnelle.
Mme Chan a, par ailleurs, déploré les blocages à la Conférence du désarmement. Le Costa Rica demande que des discussions se poursuivent pour parvenir à un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles, qui intègre des mesures de régulation des matières fissiles existantes, un mécanisme de vérification ainsi que des mesures de confiance. Elle a également demandé que des mesures soient prises pour éviter la prolifération nucléaire horizontale et verticale, notamment en soumettant toutes les installations au régime de vérification et de sauvegarde de l’AIEA. Le Costa Rica est en outre en faveur de l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et d’une autre qui inclurait le Nord-Est asiatique, l’Arctique et l’Europe, a conclu la représentante.
Mme IVIAN DEL SOL DOMINGUEZ (Cuba) a condamné l’approche sélective qui prévaut sur les questions nucléaires. L’accent est mis uniquement sur les dangers de la prolifération horizontale sans penser à la prolifération verticale et en niant le droit des États à utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, a-t-elle estimé, avant d’accuser les États dotés de ne pas se conformer à leurs obligations au regard de l’article 6 du TNP et de se contenter de faire des promesses. Les États opposés à l’adoption d’un document final à la dernière Conférence d’examen du TNP, sont les mêmes qui ont parrainé la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient, a-t-elle noté. Comment, dans ces conditions, s’étonner que des États considèrent que le TNP n’est pas leur traité, mais celui des États dotés, s’est-elle interrogée, ajoutant que l’approche « pas à pas » ne peut pas être un prétexte pour retarder le désarmement nucléaire, alors que plusieurs propositions ont été faites en ce sens.
Mme SOLEDAD URRUELA ARENALES (Guatemala) a déclaré que le respect du TNP était une obligation légale, ce qui ne permettait pas de reporter sans cesse le désarmement nucléaire. Du point de vue de sa délégation, la réduction des arsenaux n’est pas suffisante, car elle n’est que quantitative et non qualitative. Les États nucléaires continuent d’ailleurs d’investir des sommes faramineuses dans la modernisation quantitative de ces armes, a-t-elle observé, affirmant que les États non dotés ont de leur côté rempli leurs obligations. Il revient maintenant aux puissances nucléaires de faire de même, a-t-elle poursuivi. Le consensus ne doit pas être une fin en soi, mais juste un outil dans les négociations internationales. Il ne doit donc pas être considéré comme un droit de veto, a conclu la représentante.
Reprenant la parole, Mme HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a indiqué que, compte tenu du manque d’enthousiasme des États pour faire progresser le désarmement nucléaire dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, un groupe de travail à composition non limitée pourrait être un moyen alternatif efficace. Il faudrait conférer un mandat solide à un tel groupe, a-t-elle précisé, l’objectif restant de fournir à la communauté internationale un cadre propice à la prise de mesures efficaces en vue de l’élimination des armes nucléaires. Mme Higgie a par ailleurs appuyé le projet de résolution sur les impératifs éthiques liés à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, aspect, selon elle, essentiel du désarmement nucléaire.
M. YOUNG-MOO KIM (République de Corée) a notamment condamné les poursuites, par la République populaire démocratique de Corée, d’un programme d’armes nucléaires, source de périls pour les pays de la région. Il a déploré le refus des autorités de ce pays de reprendre les pourparlers sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne. « La gravité et l’intensité des activités conduites sur le site de Yongyon ne doivent pas être sous-estimées par la communauté internationale », a-t-il mis en garde, exhortant la République populaire démocratique de Corée à s’abstenir de toute nouvelle provocation et d’abandonner « de manière irréversible et vérifiable » l’ensemble de ses programmes nucléaires et balistiques.
Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a estimé qu’il fallait prendre des mesures de confiance et de transparence afin de parvenir à l’objectif commun du désarmement nucléaire. Les mesures vitales à prendre maintenant sont l’entrée en vigueur du TICEN et l’ouverture des négociations pour la conclusion d’un accord sur la production des matières fissiles, a dit la représentante. Elle a également affirmé que l’un des défis actuels est le déploiement d’armes nucléaires par la Fédération de Russie en Ukraine, en violation de tous les accords bilatéraux qui lient les deux pays, dont le Mémorandum de Budapest.
M. FERNANDO LUQUE MÁRQUEZ (Équateur) a estimé qu’il n’était pas possible d’accepter les arguments des États nucléaires et de leurs alliés militaires nucléaires selon lesquels les conditions ne sont pas réunies pour parvenir au désarmement nucléaire. L’existence de ces armes met en péril toute l’humanité, et affirmer que ces armes sont garantes de sécurité est une insulte à ceux qui réclament le désarmement nucléaire, a déclaré le représentant. Il a également rappelé le droit légitime de tout État d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques, précisant que son pays dans le plein respect de ses obligations internationales, avait signé un accord pour l’installation d’une station à infrasons et d’une autre à radionucléides dans les Îles Galápagos.
M. SANTIAGO ANTON (Espagne) a regretté que la Conférence d’examen du TNP de mai dernier n’ait pas pu aboutir à un accord sur un document final de consensus, et qu’il n’ait pas été possible de faire de progrès en vue d’un accord pour la convocation d’une conférence sur la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient. Il s’est vivement inquiété de l’évolution du programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée et a exhorté ce pays à abandonner définitivement son programme nucléaire et balistique. Après avoir exprimé son soutien à la Conférence du désarmement en tant qu’organe unique permanent de négociations des traités multilatéraux dans ce domaine, il a invité à prendre des mesures pour la revitaliser. Le représentant a aussi évoqué la stratégie de sécurité nationale de son pays qui s’est fixé comme priorité d’empêcher les groupes terroristes d’accéder aux armes de destruction massive. L’Espagne, a-t-il ajouté, travaille activement aux préparatifs de la prochaine Conférence sur la sécurité nucléaire prévue en 2016 et œuvre également à la mise en œuvre du Plan de travail approuvé à Washington en 2010. En outre, l’Espagne et le Maroc ont mis sur pied un plan d’action sur la sécurité nucléaire physique, a indiqué le représentant.
M. MUHAMMAD ALWAN (Iraq) a déclaré que l’interdiction des armes nucléaires était le seul moyen de progresser vers un monde exempt d’armes de ce type. Il a ainsi plaidé en faveur de la création d’un instrument juridiquement contraignant de sécurité négative. Le représentant a par ailleurs estimé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient était impossible en raison du refus d’un seul État, Israël, d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires « alors qu’elle possède des armes nucléaires ». Il s’est par ailleurs réjoui que l’Agence internationale de l’énergie atomique ait noté que son pays honorait ses obligations en vertu du Protocole additionnel de l’Agence auquel l’Iraq est partie. « L’Iraq salue tous les efforts destinés à sensibiliser aux conséquences humanitaires de l’utilisation des armes nucléaires », a conclu le délégué.
M. MOHAMMED AL HUWAILAH (Koweït) a réaffirmé la nécessité d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires partout dans le monde, y compris au Moyen-Orient, « où les efforts pour créer une telle zone sont gravement entravés par quelques pays ». « Israël doit adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et soumettre toutes ses activités nucléaires au régime de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique », a-t-il estimé. Le représentant a également déploré que la tenue d’une conférence destinée à consacrer l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ait été retardée « de manière unilatérale, sans consulter les États arabes qui ont été à l’origine, en 1995, de ce projet de paix et de sécurité soutenu par le Secrétaire général des Nations Unies ».
M. TRIYINO WIBOWO (Indonésie) a estimé qu’en dépit des efforts de coordination et de réduction des arsenaux nucléaires existants, la menace nucléaire persistait, en raison de l’existence de ses armes et de la place qu’elles occupent dans les doctrines nucléaires. Le seul moyen d’avancer sur le sujet est de parvenir à la conclusion d’une convention interdisant totalement ces armes. Certains États préfèrent le statut quo, au lieu de détailler les mesures à prendre pour parvenir au désarmement nucléaire, a déploré le représentant, ajoutant que les armes nucléaires ne sont pas une réponse aux problèmes du XXIe siècle. Les sommes qui leur sont consacrées sont par ailleurs « un affront à la communauté internationale », a-t-il ajouté.
M. SOULIKONE SAMOUNTY (République démocratique populaire lao) a affirmé que le TNP était la pierre de touche des efforts de désarmement et de non-prolifération nucléaire, avant de regretter que la dernière Conférence d’examen ne soit pas parvenue au consensus autour d’un document final. Le TNP doit être renforcé et pas affaibli, a-t-il dit, en exprimant l’espoir que cet échec ne se reproduirait pas. Soulignant la nécessité d’interdire toute utilisation des armes nucléaires, il a salué la tenue des Conférences d’Oslo, de Nayarit et de Vienne sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et a invité les États de l’annexe 2 à rejoindre le TICEN. En outre, la République démocratique populaire lao encourage les États dotés de l’arme nucléaire à accéder au Protocole du Traité établissant une telle zone en Asie du Sud-Est, a conclu le délégué.
M. MAUNG WAI (Myanmar) a présenté, au nom d’un groupe de pays, un projet de résolution sur le désarmement nucléaire. Ce texte présenté traditionnellement depuis 1995, contient cette année des mises à jour techniques ainsi que des mesures globales à prendre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, a précisé le représentant.
M. MAJID MOHAMMAD AL MUTAWA (Émirats arabes unis) a souligné qu’il est impératif pour la communauté internationale de prendre des mesures solides et crédibles pour réaliser les objectifs inhérents au désarmement nucléaire et renforcer le régime de non-prolifération. Il a estimé que la seule garantie de la non-utilisation ou de la menace d’utilisation des armes nucléaires serait l’abandon complet desdites armes. Il a aussi appelé tous les États qui ne l’auraient pas encore fait d’entamer la réduction de leur arsenal nucléaire. Il a en outre appelé les États de l’Annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires à le signer et ratifier afin qu’il puisse entrer en vigueur. Le représentant a également prôné le renforcement du Système d’information relatif aux garanties de l’AIEA et indiqué que les États dont le programme nucléaire prête à équivoque devraient coopérer avec l’AIEA afin de dissiper toute crainte. Dans ce contexte, M. Al Mutawa a salué l’accord intervenu sur le programme nucléaire iranien, invitant le pays à coopérer pleinement avec l’AIEA afin de dissiper toute crainte relative à son programme nucléaire et renforcer la confiance aux niveaux régional et international.
M. LOT DZONZI (Malawi) a déclaré qu’en tant qu’État partie au Traité de Pelindaba, son pays ne pouvait qu’appuyer la réalisation de l’objectif d’un monde sans armes nucléaires. Il a estimé que des rapports annuels devaient être publiés pour mesurer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des accords de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Il a indiqué, à cet égard, que son pays avait soumis, cette année, son premier rapport relatif à la mise en œuvre de la résolution 1540 du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive. Cette résolution complète d’autres traités multilatéraux auxquels nous sommes parties, dont le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et la Convention sur les armes chimique, a-t-il précisé.
M. ASAAD IBRAHIM (République arabe syrienne) a rappelé que son pays avait signé le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires dès 1968, « convaincu que la possession d’armes nucléaires constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales ». « Nous avons également présenté au Conseil de sécurité, en 2003, quand nous étions membre non permanent, un projet de résolution demandant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ». « Or ce projet avait été rejeté pour protéger Israël et ses têtes nucléaires », a-t-il déploré. Nous continuerons toutefois à réaffirmer la pertinence de la résolution de 1995 de l’Assemblée générale relative à une zone exempte au Moyen-Orient, a affirmé le délégué syrien. Exhortant Israël à adhérer au Traité de non-prolifération nucléaire, il a invité la communauté internationale à examiner les activités nucléaires de ce pays, qui représentent à son avis l’un des principaux périls pour la région du Moyen-Orient. Ceux qui aident Israël à développer des armes nucléaires violent la lettre du Traité de non-prolifération nucléaire, a-t-il déclaré, rappelant l’attachement de son pays à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. À cet égard, il a salué la conclusion de l’accord sur le programme nucléaire iranien du 14 juillet dernier.
Mme ANNIKA THUNBORG (Suède) a indiqué que sa délégation coparrainait la résolution présentée par l’Australie sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires. En raison des difficultés d’avancer sur cette question, il serait souhaitable que ce travail se poursuive à l’Assemblée générale avec la mise en place d’un groupe de travail à composition non limitée, doté d’un mandat fort qui lui permette de mener à bien sa tâche et de passer à l’étape suivante. La représentante a également estimé qu’il existait plusieurs moyens de parvenir aux objectifs de la communauté internationale, de nature unilatérale, bilatérale ou multilatérale.
M. VLADIMIR YERMAKOV (Fédération de Russie) a affirmé que son pays faisait preuve d’une responsabilité sans faille en matière de réduction de ses arsenaux nucléaires. Ceux-ci ont diminué de plus de 90% par rapport aux années 1970 et ont même été réduits de moitié au cours des cinq dernières années, a-t-il précisé. De par son histoire récente, son pays, qui a perdu 30 millions de ressortissants au cours de la Deuxième Guerre mondiale, est bien consciente des problèmes de sécurité et de survie et reconnaît ses obligations au regard des accords START et de l’article 6 du TNP, a-t-il précisé.
Un accord sur le désarmement nucléaire accélère le processus de dénucléarisation et toute divergence le ralentit, a poursuivi le représentant, invitant les délégations à déployer d’énormes efforts pour lever les blocages actuels. Par ailleurs, a-t-il estimé, il serait dangereux d’avoir des attentes excessives et irréalistes, ajoutant que le « génie de la lampe nucléaire ne rentrera pas à nouveau dans la lampe parce que l’on s’inquiète seulement des conséquences humanitaires des armes nucléaires ». Le représentant russe a pour sa part préconisé l’adoption de deux mesures: l’engagement de ne pas déployer en premier des armes nucléaires dans l’espace extra-atmosphérique et l’adoption d’une déclaration sur la stabilité stratégique. Ces mesures peuvent être prises ici, a précisé le représentant.
Mme CHARLENE ROOPNARINE (Trinité-et-Tobago) a souligné qu’une détonation nucléaire, accidentelle ou intentionnelle, aurait raison d’un petit État insulaire comme le sien. Se disant profondément préoccupé par les conséquences humanitaires d’une possible détonation nucléaire sur la santé et l’environnement, elle a appelé à l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur les garanties négatives de sécurité aux États non dotés d’armes nucléaires. Elle a indiqué que son pays appuierait tous les projets de résolution demandant l’ouverture sans délai de négociations sur un traité interdisant les armes nucléaires.
M. MATTHEW ROWLAND (Royaume-Uni) a réaffirmé l’attachement de son pays à une approche étape par étape en matière de désarmement nucléaire, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Il a indiqué que le Royaume-Uni avait réduit la taille de ses forces nucléaires de plus de 50% depuis la fin de la guerre froide. Cette année, nous avons ramené le nombre total de nos têtes nucléaires disponibles à 120, et nous ramènerons nos stocks d’armes nucléaires à 180 d’ici à 2020, a annoncé le délégué britannique. Le Royaume-Uni maintiendra une dissuasion nucléaire minimale et crédible tant que l’environnement sécuritaire international l’exigera, a déclaré M. Rowland. Concernant la création d’une convention sur les armes nucléaires, il a estimé qu’en l’état l’effort devait porter sur la pleine mise en œuvre de l’article VI du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
Une convention saperait la portée du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, créant un monde moins sûr où de nombreuses régions feraient face à un risque accru de prolifération et à l’incertitude des intentions des uns et des autres quant à leurs utilisations de l’énergie nucléaire, a estimé le représentant. S’agissant d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles, il a souligné la nécessité de progresser dans l’élaboration d’un régime de vérification solide. En conclusion, il a affirmé que l’initiative prise par les États-Unis de constituer un partenariat international pour la vérification du désarmement nucléaire pourrait être un cadre pertinent de discussion pour les cinq membres permanents du Conseil de sécurité.
M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a déploré qu’après près de 40 ans, la communauté internationale n’est toujours pas parvenue à mettre en œuvre l’article 6 du TNP, ni les 13 mesures agréées à la Conférence d’examen du TNP de 2000. Au contraire, les États nucléaires continuent d’investir et de moderniser leurs armes nucléaires, a-t-il regretté. De même, le représentant a observé que l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient n’est toujours pas une réalité, en raison de l’opposition du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis, pourtant coauteurs de la résolution de 1995 sur le Moyen-Orient.
M. HAMZA A. B. ALOKLY (Libye) a affirmé que seule l’éradication des armes nucléaires de la planète constitue une véritable garantie de leur non-utilisation. Pourtant, a-t-il déploré, cela ne risque pas de se produire dans un proche avenir. Mon pays, qui dans le passé a démantelé son programme et installations nucléaires avec l’aide de l’AIEA entend cependant, une fois la situation stabilisée, travailler de nouveau avec ses partenaires pour élaborer un programme nucléaire pacifique, pour la production d’électricité et pour des usages médicaux, a indiqué son représentant. Il a par ailleurs déploré l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, en raison de l’opposition de trois pays, auxquels il a demandé de revoir leur position sur le sujet.
M. RAUF ALP DENKTAŞ (Turquie) a estimé que la création de zones exemptes d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive constituait l’une des mesures de confiance les plus efficaces et pratiques. Le représentant a également souligné que la cessation de toutes les formes d’essais nucléaires consolidait la poursuite des objectifs multilatéraux de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Nous rappelons à cet égard la nécessité d’une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction des essais nucléaires, car si, en effet, les moratoires représentent des instruments de confiance mutuelle importants, ils ne sauraient se substituer durablement à des traités juridiquement contraignants, a conclu le représentant.
M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a salué toutes les initiatives en faveur de l’élimination des armes nucléaires. Selon lui, une convention pour interdire les armes nucléaires permettrait aux États de se doter d’une feuille de route et d’un calendrier concrets. Il s’est en outre réjoui de la tenue de réunions de haut niveau sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, ces conférences ayant entraîné une mobilisation pouvant contribuer à la réalisation de l’objectif final d’un monde débarrassé des armes de cette nature. Le représentant a appelé au renforcement du régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires par l’établissement de davantage de zones exemptes d’armes nucléaires, en particulier au Moyen-Orient.
M. CALEB OTTO (Palaos) a affirmé que la destruction et l’interdiction complète des armes nucléaires étaient les seules garanties contre leur utilisation. Pourtant, neuf États nucléaires continuent d’investir dans la rénovation ou la modernisation de leurs arsenaux dans le but de les garder encore pendant longtemps, a-t-il déploré. C’est le meilleur moyen d’alimenter leur prolifération, a souligné le représentant, ajoutant qu’il n’était pas possible d’arrêter le processus de désarmement nucléaire, au seul motif qu’une poignée d’États s’est opposée à l’adoption du document final de la Conférence d’examen de 2015, même si son pays reconnaît qu’un instrument interdisant les armes nucléaires ne les détruira pas « du jour au lendemain». Le représentant s’est également prononcé en faveur de la création d’un groupe de travail à composition non limitée chargé de réfléchir à un instrument interdisant ces armes, avec un mandat fort et des moyens de progression. Il est à espérer que les voix de ceux qui parlent de conséquences humanitaires des armes nucléaires soient entendues, a-t-il conclu.
M. MWABA P. KASESE-BOTA (Zambie) a lancé un appel à toutes les parties prenantes concernées, y compris la société civile, pour qu’elles multiplient les initiatives visant à réaliser le désarmement nucléaire complet. Les États dotés de l’arme nucléaire devraient s’engager pleinement en faveur de l’élimination définitive de ces armes, a-t-il insisté, soulignant qu’ils devraient se fixer des dates-butoirs spécifiques pour des réductions massives de leurs arsenaux respectifs. Le représentant a en outre salué les promesses de transparence faites par ces États, conformément aux demandes de la Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2010, au cours de laquelle l’accent avait été mis sur le désarmement multilatéral. Pour que le désarmement nucléaire « prenne racine », tous les États concernés, y compris ceux qui ne sont pas parties au TNP, devraient commencer par se plier aux exigences de la Conférence organisée pour faciliter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a affirmé M. Kasese-Bota. Son pays, a-t-il conclu, soutient par ailleurs l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires, se félicitant de constater que l’Afrique constitue la plus vaste de ces zones dans le monde.
M. BOUCHAIB ELOUMNI (Maroc) a affirmé qu’il n’était pas normal que les armes nucléaires soient les seules armes de destruction massive à ne pas être interdites dans le monde, y compris en raison de leurs conséquences humanitaires. Tout doit être fait pour avancer vers cet objectif, a estimé le représentant.
Mme LOURDES ORTIZ YPARRAGUIRRE (Philippines) a déclaré que son pays appuierait, cette année encore, le projet de résolution visant à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, aux fins de l’avènement définitif d’un monde sans armes nucléaires. Elle a en outre salué deux nouveaux projets de résolution, sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et sur la Promesse humanitaire pour l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a qualifié l’appel du Japon à son pays de renoncer à la dissuasion nucléaire, « d’affront à la justice et à la décence ». « Le Japon est en train de remobiliser ses forces militaires, 70 ans après sa lourde défaite. » « Il déguise sa quête de militarisme en prétendant embrasser le pacifisme », a-t-il ajouté, qualifiant cette quête de « dangereuse » pour la région.
Il a ensuite demandé à la République de Corée de regarder la réalité en face: « notre caractère d’État doté ne changera pas tant que ce statut ne nous garantira pas la paix, la sécurité et la prospérité », a-t-il dit.
Le représentant des États-Unis a répondu à l’Égypte que son pays n’avait pas pu adhérer au consensus sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. Le texte final des États arabes n’était pas fondé sur tous les aspects de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a-t-il expliqué, assurant que son pays soutenait cet objectif ambitieux « mais qui doit être le fruit d’un processus reposant sur le consensus et le dialogue régional avec toutes les parties concernées ».
Le représentant du Japon a répondu à la République populaire démocratique de Corée que son pays menait une politique de défense, respectueuse des principes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.
Le représentant de l’Égypte a répondu aux États-Unis que le document de travail des États arabes bénéficiait du soutien du Mouvement des non-alignés, « donc de la majorité des pays ». En vue de parvenir à l’universalité du document de travail sur une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, nous demandions au Secrétaire général de convoquer une conférence avec un calendrier précis pour lancer un processus en vue de conclure un instrument juridiquement contraignant, a rappelé le délégué égyptien.
Le représentant de la République de Corée a répondu à la République populaire démocratique de Corée que la Première Commission était le lieu de délibérations des voies et moyens de parvenir au désarmement nucléaire. Personne dans cette enceinte ne peut admettre ce que dit la République populaire démocratique de Corée sur notre pays, qui est respectueux de toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-il affirmé.
Dans un second droit de réponse, le représentant des États-Unis a répété que son pays n’appuyait pas par principe un texte qui ne bénéficie pas d’un consensus. Cela n’a pas été le cas à la dernière Conférence d’examen du TNP, a-t-il précisé.
Exerçant également un second droit de réponse, le représentant de la République populaire démocratique de Corée a appelé le Japon à « se placer du bon côté de l’Histoire, à réparer ces crimes et à assurer ses devoirs moraux ».