Le Conseil de sécurité crée une Équipe d’enquêteurs pour collecter les preuves des crimes contre l’humanité commis par Daech en Iraq

8052e séance – matin
CS/12998

Le Conseil de sécurité crée une Équipe d’enquêteurs pour collecter les preuves des crimes contre l’humanité commis par Daech en Iraq

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prié le Secrétaire général de créer une Équipe d’enquêteurs, dirigée par un Conseiller spécial, chargée de recueillir, de conserver et de stocker des éléments de preuve en Iraq d’« actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par le groupe terroriste » État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech) dans ce pays. 

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2379 (2017), le Conseil de sécurité a, en outre, chargé le Conseiller spécial d’encourager « dans le monde entier » le lancement de poursuites pour les crimes de Daech et de travailler aux côtés des survivants, « pour que soient pleinement reconnus leurs intérêts ». 

Aux termes de cette résolution, le Secrétaire général a 60 jours pour présenter au Conseil un mandat jugé acceptable par le Gouvernement iraquien.  L’Équipe d’enquêteurs devra notamment agir dans le respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa compétence concernant les infractions commises sur son territoire, tandis que des juges d’instruction iraquiens devront être nommés pour travailler aux côtés d’experts internationaux « sur un pied d’égalité ». 

Le Conseil précise que les preuves devront être utilisées dans le cadre de procédures pénales « justes et indépendantes » menées par des tribunaux compétents à l’échelle nationale, « les autorités iraquiennes étant les premiers destinataires de ces preuves ». 

L’Équipe devra être impartiale, indépendante et crédible et agir conformément à son mandat.  Elle sera financée par un fonds d’affectation spéciale destiné à recevoir des contributions volontaires. 

Le Conseil de sécurité souligne, en outre, que tout autre État Membre sur le territoire duquel Daech aurait commis des crimes similaires, pourra demander à l’Équipe de recueillir des éléments de preuve sur ces actes, « mais seulement avec l’approbation du Conseil ». 

Le Conseiller spécial devra achever le premier rapport sur les activités de l’Équipe dans les 90 jours suivant la date à laquelle elle commencera ses activités. 

Résumant les points de vue des délégations, le Ministre d’État pour le Moyen-Orient du Royaume-Uni, pays porte-plume de la résolution, M. Alistair Burt, a estimé, après le vote, que ce texte témoignait de l’unité de la communauté internationale afin que Daech rende compte de ses crimes.  Il a indiqué que son pays allait fournir un million de livres à l’Équipe d’enquêteurs et invité les autres États Membres à en faire de même.

De son côté, la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström, a souhaité que l’Équipe soit dotée des ressources nécessaires pour recueillir les preuves des crimes commis contre les femmes et les enfants, notamment la violence sexiste et sexuelle. 

À l’instar du Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Baptiste Lemoyne, elle s’est dite fermement opposée à la peine de mort et espéré que l’Équipe ne contribuerait pas à des procès pouvant aboutir à la peine capitale. 

Certains pays, dont la Bolivie, l’Égypte et la Fédération de Russie, ont tenu à rappeler que la résolution devait s’appliquer dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq.  « Ce texte s’inscrit dans le cadre du droit pénal, pas dans celui du droit international humanitaire », a rappelé le Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Gennadiy Mikhailovich Gatilov.

Un point de vue partagé par le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, M. Ibrahim Abdulkarim Al-Jafari, qui a souligné que cette résolution « historique » établissait un cadre clair, respectant la souveraineté de l’Iraq et l’indépendance de son système judiciaire.  « Nous allons faire de notre mieux pour faciliter les activités de l’Équipe d’enquêteurs, dans le respect de son mandat », a-t-il assuré. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Lettre datée du 14 août 2017, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Iraq auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/710)

Texte du projet de résolution (S/2017/788)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant ses résolutions 1265 (1999), 1325 (2000), 1368 (2001), 1373 (2001), 1624 (2005), 1894 (2009), 2106 (2013), 2150 (2014) 2170 (2014) 2178 (2014), 2199 (2015), 2242 (2015), 2249 (2015), 2253 (2015), 2322 (2016), 2331 (2016), 2341 (2017), 2347 (2017), 2354 (2017), 2367 (2017), 2368 (2017), 2370 (2017) et les déclarations pertinentes de son Président,

Réaffirmant son respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’indépendance et l’unité de l’Iraq, conformément aux buts et principes consacrés dans la Charte des Nations Unies,

Rappelant la menace mondiale que représente pour la paix et la sécurité internationales l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL, également connu sous le nom de Daech), par ses actes de terrorisme, son idéologie extrémiste violente, les attaques flagrantes, systématiques et généralisées qu’il continue de mener contre des civils, ses violations du droit international humanitaire et ses atteintes aux droits de l’homme, en particulier celles commises contre des femmes et des enfants, y compris pour des motifs religieux et ethniques, et son recrutement de combattants terroristes étrangers dont il assure la formation et qui font peser une menace sur toutes les régions et tous les États Membres,

Condamnant les actes de violence dont se rend coupable l’EIIL (Daech), en commettant notamment des meurtres, des enlèvements, des prises d’otages, des attentats-suicides à la bombe, et en se livrant à la réduction en esclavage, à la vente ou à d’autres pratiques aux fins du mariage forcé, à la traite des êtres humains, au viol, à l’esclavage sexuel et à d’autres formes de violence sexuelle, au recrutement et à l’utilisation d’enfants, à des attaques visant des infrastructures essentielles, ainsi qu’à la destruction du patrimoine culturel, y compris les sites archéologiques, et au trafic de biens culturels,

Conscient que la commission de tels actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide, fait partie intégrante de l’idéologie et des objectifs stratégiques de l’EIIL (Daech) et est utilisée par l’EIIL (Daech) comme une tactique terroriste, et qu’amener à répondre de leurs actes les membres de l’EIIL (Daech), en particulier ceux qui portent la responsabilité la plus lourde, notamment ceux qui dirigent les opérations, qui peuvent inclure des chefs régionaux ou chefs de rang intermédiaire, et ceux qui commandent et commettent des crimes, contribuera à exposer la situation et pourrait faciliter la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent qui peut mener au terrorisme, notamment en endiguant le financement du groupe terroriste EIIL (Daech) et l’afflux ininterrompu de recrues venues du monde entier dans ses rangs,

Saluant les efforts considérables que déploie le Gouvernement iraquien pour vaincre l’EIIL (Daech), et accueillant avec satisfaction sa lettre au Secrétaire général et au Conseil de sécurité, datée du 9 août 2017, dans laquelle il demandait l’aide de la communauté internationale pour s’assurer que les membres de l’EIIL (Daech) répondent des crimes qu’ils avaient commis en Iraq, y compris lorsque ces crimes étaient susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité (S/2017/710),

1.    Réitère sa condamnation de toutes les violations du droit international humanitaire, de toutes les violations du droit international des droits de l’homme et atteintes à ce droit, et de tous les actes de terrorisme et, ayant décidé de faire front commun pour vaincre le groupe terroriste EIIL (Daech), se déclare résolu à faire en sorte que ceux qui dans ce groupe se sont rendus coupable de tels actes, y compris d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide, aient à en répondre;

2.    Prie le Secrétaire général de constituer une Équipe d’enquêteurs, dirigée par un Conseiller spécial, à l’appui des efforts engagés à l’échelle nationale pour amener l’EIIL (Daech) à rendre des comptes, en recueillant, conservant et stockant des éléments de preuve en Iraq d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par le groupe terroriste EIIL (Daech) en Iraq, selon les critères les plus rigoureux, qui devraient être définis dans le mandat visé au paragraphe 4, pour que ces preuves puissent être utilisées le plus largement possible devant les tribunaux nationaux, et en complétant les enquêtes menées par les autorités iraquiennes, ou les enquêtes menées par les autorités de pays tiers à leur demande;

3.    Souligne que tout en évitant un redoublement inutile des tâches avec d’autres organes compétents des Nations Unies, le Conseiller spécial encouragera dans le monde entier le lancement de poursuites pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ou les crimes de génocide commis par l’EIIL (Daech) et travaillera aux côtés des survivants, d’une manière compatible avec les législations nationales pertinentes, pour que soient pleinement reconnus leurs intérêts, eu égard à la nécessité que l’EIIL (Daech) réponde de ses actes;

4.    Prie le Secrétaire général de lui présenter, dans un délai de 60 jours, un mandat dont les termes seraient acceptables pour le Gouvernement iraquien, de manière à ce que l’Équipe puisse le mener à bien, et conformes aux dispositions de la présente résolution, en particulier au paragraphe 6, concernant les activités de l’Équipe d’enquêteurs en Iraq;

5.    Souligne que l’Équipe d’enquêteurs doit agir dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq et de sa compétence concernant les infractions commises sur son territoire, et qu’il devrait être précisé dans son mandat que des juges d’instruction iraquiens et d’autres experts en droit pénal, y compris des membres expérimentés des services de poursuites, doivent être nommés en son sein pour travailler aux côtés d’experts internationaux sur un pied d’égalité, et souligne en outre que les éléments de preuve relatifs à des crimes recueillis et stockés par l’Équipe en Iraq devraient être utilisés dans le cadre de procédures pénales justes et indépendantes menées, conformément au droit international applicable, par des tribunaux compétents à l’échelle nationale, les autorités iraquiennes compétentes étant les premiers destinataires de ces preuves comme précisé dans le mandat et toute autre utilisation qui pourrait en être faite devant faire l’objet d’un accord avec le Gouvernement iraquien au cas par cas;

6.    Souligne que l’Équipe devrait être impartiale, indépendante et crédible et agir conformément à son mandat, à la Charte des Nations Unies et aux meilleures pratiques des Nations Unies, ainsi que dans le respect du droit international applicable, notamment le droit international des droits de l’homme;

7.    Demande, une fois qu’il aura approuvé un mandat dont le Gouvernement iraquien jugera les termes acceptables, que le Secrétaire général prenne sans tarder les mesures et dispositions nécessaires à la constitution rapide de l’Équipe et à son bon fonctionnement, conformément à son mandat, et lui notifie lorsque l’Équipe commencera ses travaux;

8.    Souligne que l’Équipe devrait veiller à ce que ceux de ses membres qui sont iraquiens tirent parti de l’expertise internationale en son sein et n’épargner aucun effort pour échanger des connaissances avec l’Iraq et lui prêter une assistance technique;

9.    Engage les États Membres et les organisations régionales et intergouvernementales à apporter au Gouvernement iraquien l’assistance juridique voulue et à lui donner les moyens de renforcer ses tribunaux et son système judiciaire;

10.   Invite tous les autres États à coopérer avec l’Équipe, notamment en concluant avec elle des accords d’entraide judiciaire, s’il y a lieu, et en particulier à lui communiquer toute information pertinente, le cas échéant, dont ils pourraient disposer et qui intéresserait son mandat découlant de la présente résolution;

11.   Souligne que tout autre État Membre sur le territoire duquel l’EIIL (Daech) aurait commis des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide, peut demander à l’Équipe de recueillir des éléments de preuve sur ces actes, mais seulement avec l’approbation du Conseil, qui pourra prier le Secrétaire général de présenter un mandat distinct concernant le fonctionnement de l’Équipe dans l’État en question;

12.   Prie l’Équipe de coopérer, s’il y a lieu, et conformément aux fonctions d’enquête qu’elle assumera en vertu du paragraphe 2, avec l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions créée par les résolutions 1526 (2004) et 2368 (2017) et avec les autres organes de surveillance, et de collaborer avec d’autres organes des Nations Unies dans le cadre de leurs mandats respectifs;

13.   Prie le Secrétaire général de créer, en complément des financements versés au titre des dépenses de l’Organisation, un fonds d’affectation spéciale destiné à recevoir les contributions volontaires aux fins de l’application de la présente résolution;

14.   Invite les États et les organisations régionales et intergouvernementales à verser des fonds et fournir du matériel et des services à l’Équipe, notamment les services d’experts, à l’appui de l’application de la présente résolution;

15.   Prie le Conseiller spécial d’achever le premier rapport sur les activités de l’Équipe dans les 90 jours suivant la date à laquelle elle commencera ses activités, comme notifié par le Secrétaire général, et d’établir par la suite des rapports tous les 180 jours, et prie le Conseiller spécial de lui présenter ces rapports;

16.   Décide d’examiner le mandat du Conseiller spécial et de son Équipe après une période de deux ans, et d’étudier la possibilité de le reconduire à la demande du Gouvernement iraquien ou de tout autre gouvernement qui prierait l’Équipe de recueillir des éléments de preuve concernant des actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide commis par l’EIIL (Daech) sur son territoire;

17.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

M. ALISTAIR BURT, Ministre d’État pour le Moyen-Orient du Royaume-Uni, a affirmé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité était un pas important en faveur de la responsabilité des crimes de Daech en Iraq.  Ce texte signifie que la communauté internationale est unie pour atteindre cet objectif, a-t-il dit. 

Le Ministre a ajouté que son pays allait contribuer à hauteur d’un million de livres sterling pour financer l’Équipe d’enquêteurs et a invité les États Membres à en faire de même.  Il a espéré que les preuves recueillies par l’Équipe permettront de déterminer le sort des victimes de Daech et de trouver les dépouilles de certaines d’entre elles. 

L’ONU doit faire tout son possible pour appuyer les efforts du Gouvernement iraquien afin que Daech rende des comptes pour ses crimes, a affirmé M. Burt.  Il a affirmé que la défaite de Daech ne signifiait pas que la paix et la stabilité reviendront en Iraq, avant de souligner la nécessité de mettre fin aux tensions sectaires dans ce pays. 

En conclusion, il a affirmé que la responsabilité des crimes de Daech en Iraq prendra du temps et a donc plaidé la patience.  M. Burt a espéré que cette résolution apportera la consolation de la justice à ceux qui ont trop souffert des actions de Daech. 

Se félicitant de l’adoption de cette résolution, M. ANGELINO ALFANO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de l’Italie, a déclaré qu’il s’agissait d’une étape importante pour contraindre Daech à répondre des crimes « épouvantables » que cette organisation terroriste a commis dans l’ancienne Mésopotamie. 

Mais faire en sorte que Daech puisse répondre de ses crimes signifie aussi de respecter l’état de droit et de renoncer à la vengeance, qui n’aidera pas « notre cause commune, qui est de préserver les libertés fondamentales ». 

Le chef de la diplomatie italienne s’est également placé du côté des victimes, « qui ont tant souffert ».  Son pays, a-t-il assuré, fera tout son possible pour appuyer l’Équipe d’enquêteurs et son Conseiller spécial, en s’appuyant sur son expertise juridique considérable. 

Aujourd’hui, a observé M. Alfano, la communauté internationale entre dans une nouvelle phase de coopération avec l’Iraq, dont le Gouvernement est en train de remporter la guerre sur le plan militaire. 

Mais cette victoire n’aura de bon sens que si elle s’accompagne d’une lutte contre l’impunité et du respect des droits de l’homme et de l’état de droit, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a salué l’adoption de la résolution, coparrainée par son pays, qui est une première étape vers la responsabilité de Daech pour les crimes qu’il a commis en Iraq. 

Elle a apprécié le rôle de défenseur au niveau mondial joué par le Conseiller spécial créé par ce texte et la possibilité pour les États Membres de demander l’assistance de l’Équipe d’enquêteurs avec l’accord du Conseil de sécurité.

Cette résolution est un exemple de la façon dont le Conseil de sécurité peut agir en vue d’appuyer la responsabilité pour les crimes commis, a-t-elle ajouté, rappelant que cela avait été difficile jusqu’à présent, notamment dans le dossier syrien.

Pour la Ministre, cette résolution constitue une victoire pour les femmes qui ont survécu aux crimes de Daech et qui les ont courageusement dénoncés pour que justice soit faite.  Elle a souhaité que l’Équipe d’enquêteurs soit dotée des ressources nécessaires pour recueillir les preuves des crimes commis contre les femmes et les enfants, notamment la violence sexiste et sexuelle. 

Mme Wallström a rappelé que la Suède avait été un des premiers pays à poursuivre en justice les auteurs présumés des crimes de guerre commis en Iraq et en Syrie.

Enfin, la Ministre a exhorté les autorités iraquiennes à mettre en place une législation nationale pour garantir que les auteurs des crimes internationaux soient jugés en Iraq. 

Rappelant que la Suède est fermement opposée à la peine de mort, elle a espéré que l’Équipe d’enquêteurs ne contribuerait pas à des procès pouvant aboutir à la peine capitale.  « Nous soutenons les travaux des Nations Unies au soutien des efforts des autorités iraquiennes pour réformer le secteur de la justice, renforcer l’état de droit et respecter les droits de l’homme », a-t-elle ajouté.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que la libération de Mossoul avait été accueillie avec soulagement, mais aussi tristesse eu égard aux pertes en vies humaines considérables.  Il a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution et a souhaité que Daech rende aussi des comptes pour les destructions de patrimoine que ce groupe terroriste a commises. 

Le Kazakhstan nourrit des attentes élevées à l’égard de l’Équipe d’enquêteurs, a–t-il dit, avant d’appeler tous les États Membres à soutenir l’Équipe.  Il a demandé la fourniture d’une aide économique pour l’Iraq et appelé de ses vœux une stratégie globale contre le terrorisme international. 

Pour son pays, il est essentiel d’empêcher que le terrorisme ne se propage en Asie centrale, a conclu le Ministre des affaires étrangères. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que, si les vies perdues ne pouvaient être remplacées, la lutte contre l’impunité peut rendre justice aux victimes et à leurs proches, et cicatriser les blessures, une entreprise à laquelle peut concourir, selon elle, cette « résolution phare ». 

La représentante a attiré l’attention sur les crimes commis à l’encontre de la communauté yézidie, en particulier les femmes et les filles, cibles privilégiées de la « barbarie » de Daech en Iraq. 

Plus largement, Mme Haley s’est prononcée en faveur d’une justice pour toutes les victimes du terrorisme à travers le monde, afin qu’aucun auteur de crimes similaires ne puisse se placer au-dessus des lois. 

M. GENNADIY MIKHAILOVICH GATILOV, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a salué les victoires remportées par le Gouvernement iraquien contre Daech.  La menace posée par Daech doit être éradiquée partout dans le monde et nous devons présenter un front uni en vue d’atteindre cet objectif, a-t-il affirmé. 

Il a souligné la nécessité de coopérer avec les pays hôtes et de respecter leur souveraineté dans l’appui qui leur est fourni.  Ce sont les paramètres de l’intervention aérienne russe en Syrie, a-t-il affirmé.  « Il faut éviter tout deux poids, deux mesures dans l’application de la justice. »

S’il s’est félicité de la bonne coopération avec l’Iraq dans l’élaboration de ce texte, il a dénoncé la création par l’Assemblée générale d’une structure de collecte de preuves analogue pour la République arabe syrienne, sans que Damas ait été consultée. 

La création de cette structure s’est faite en violation de la Charte des Nations Unies, a-t-il estimé.  Le Ministre adjoint a demandé que le châtiment des terroristes soit proportionnel aux crimes qu’ils ont commis. 

La résolution votée ce jour s’inscrit dans le cadre du droit pénal, non pas dans celui du droit international humanitaire, a conclu M. Gatilov. 

M. JEAN-BAPTISTE LEMOYNE, Secrétaire d’État auprès du Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, s’est félicité de cette contribution concrète du Conseil de sécurité à la justice, estimant que cela devait être une première étape, un signal que la consolidation de l’état de droit en Iraq est engagée. 

Il a réitéré l’appui de son pays au Gouvernement iraquien pour lutter contre l’impunité, souhaitant à cet égard que l’Iraq se dote d’institutions judiciaires indépendantes et impartiales, présentant toutes les garanties procédurales et de droits de l’homme.

Rappelant l’attachement de la France au respect des droits de l’homme et son refus inconditionnel de la peine de mort, M. Lemoyne a jugé essentiel que les preuves collectées par la future Équipe d’enquêteurs des Nations Unies puissent être utilisées dans le cadre de procédures respectant ces exigences. 

Il a appelé cette équipe à se coordonner étroitement avec la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), les mécanismes de justice pénale internationale pertinents et les juridictions nationales compétentes.

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a salué la résolution adoptée, qui apporte un soutien nécessaire à l’Iraq et met à la disposition de ce pays les mécanismes internationaux et régionaux de coopération judiciaire, tout en prévoyant une assistance technique pour enquêter sur les crimes terroristes et réunir les preuves avant que les auteurs ne puissent effacer celles-ci. 

Pour la mise en œuvre de ce texte, il a appelé l’Équipe d’enquêteurs à coopérer pleinement avec la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), les organisations gouvernementales internationales ou régionales et les organisations non gouvernementales qui peuvent aider à recueillir les preuves des crimes commis par Daech en Iraq. 

Le représentant a aussi encouragé le Gouvernement de l’Iraq à joindre ses efforts à ceux d’autres pays en partageant les preuves réunies par l’Équipe, « sans limites ni réserves », a-t-il précisé.  Ces preuves doivent être admissibles non seulement pas les tribunaux iraquiens mais aussi par d’autres États, ce qui obligera l’Équipe d’enquêteurs à travailler dans le respect des normes universellement reconnues en matière de collecte de preuves. 

Tous les responsables des crimes commis contre la population civile doivent être traduits en justice, sans condition, a-t-il exigé en appelant les autorités iraquiennes à respecter dûment les règles de procédure et les droits de l’homme.

M. WU HAITAO (Chine) a salué le Gouvernement iraquien pour ses avancées importantes en faveur de la réconciliation nationale, espérant que Bagdad sera en mesure d’étendre l’autorité de l’État à l’ensemble du pays. 

Le délégué a également souligné que le rôle de l’Équipe d’enquêteurs sera d’aider, dans le respect de sa souveraineté, l’Iraq à recueillir les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par Daech dans le pays, et ce, afin de rendre justice aux victimes.  

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a affirmé que la lutte du peuple iraquien contre Daech méritait l’appui de la communauté internationale.  Cette lutte est menée au nom de tous, a-t-il assuré. 

Il a demandé que cette résolution s’applique dans le plein respect de la souveraineté de l’Iraq et a espéré que le travail de l’Équipe d’enquêteurs permettra de rendre justice au peuple iraquien. 

Il a condamné tous les actes terroristes et appelé les États Membres à lutter contre le terrorisme.  La réconciliation veut dire droit à la justice et à la réparation, a-t-il conclu.

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est félicité de l’adoption de la résolution 2379 (2017), à l’appui de la responsabilité pour les crimes commis en Iraq, un texte qui ouvre en outre d’intéressantes perspectives de coopération avec les États Membres. 

Il a remercié la délégation du Royaume-Uni pour la manière dont elle a mené le processus de négociation, qui a permis d’aboutir à ce « résultat porteur d’espérances pour les victimes ».

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a déclaré que le fait de recueillir et conserver des preuves est essentiel si l’on veut que Daech rende compte de ses crimes commis en Iraq.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) s’est félicité de l’adoption de cette résolution, dans la mesure où ce texte constitue une contribution importante à la lutte contre l’impunité.  Le respect des droits de l’homme et la justice sont deux concepts intrinsèquement liés, a-t-il rappelé. 

Selon lui, la demande d’assistance internationale de l’Iraq pour recueillir et conserver les éléments de preuve d’actes susceptibles de constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide perpétrés par Daech en Iraq mérite l’attention et l’appui du Conseil de sécurité et de l’ONU. 

M. Rosselli a ajouté qu’un soutien similaire devra être accordé au moment où les auteurs des crimes en Iraq répondront de leurs actes, « car ce moment viendra ».

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK (Égypte) a dit que les crimes commis par Daech étaient, par leur gravité, sans précédent.  Tous ceux ayant participé aux crimes commis par Daech doivent être punis, a-t-il affirmé.  Il a demandé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité s’applique dans le respect de la souveraineté de l’Iraq et de l’indépendance de son système judiciaire. 

L’Iraq doit donner son accord à l’entame de chaque enquête, a-t-il assuré.  Le délégué a affirmé que l’Égypte attachait la plus grande importance à la lutte contre le terrorisme en Iraq.  Cette résolution envoie un signal clair aux terroristes et témoigne de la détermination de la communauté internationale, a déclaré le représentant. 

Enfin, il a invité le Conseil de sécurité à faire un suivi rigoureux de l’application de cette résolution.  L’Égypte demeurera en première ligne dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il conclu. 

M. WORKINEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité est une réponse appropriée à la demande d’assistance formulée par l’Iraq en vue de lutter contre l’impunité pour les crimes commis par Daech dans ce pays. 

S’il ne fait aucun doute que cette organisation terroriste continue de représenter une menace pour la paix et la sécurité internationales, il faut réunir dès à présent les informations concernant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les crimes de génocide commis par Daech. 

À cette fin, la collecte d’éléments de preuve sera de nature à renforcer la lutte contre l’impunité, a relevé le délégué.  Compte tenu de la gravité des crimes commis, l’Iraq aura besoin d’un appui technique et d’un renforcement de ses capacités, a-t-il estimé, se félicitant des dispositions de la résolution qui encourage les États à fournir une assistance juridictionnelle. 

M. IBRAHIM ABDULKARIM AL-JAFARI, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq, a indiqué que cette résolution « historique » du Conseil de sécurité avait été élaborée sur la base d’une coopération efficace entre l’Iraq et le Royaume-Uni. 

Ce texte établit un cadre clair, qui respecte la souveraineté de l’Iraq et l’indépendance de son système judiciaire, s’est-il réjoui.  M. Al-Jafari a remercié la communauté internationale pour avoir accédé, avec cette résolution, à la demande formulée par l’Iraq il y a un an. 

Cette résolution est une victoire pour l’humanité et envoie un signal clair aux parties qui financent Daech, a affirmé le Ministre.  Il a rappelé que le mandat de l’Équipe d’enquêteurs devait être accepté par son pays.  « Nous allons faire de notre mieux pour faciliter les activités de l’Équipe d’enquêteurs, dans le respect de son mandat », a poursuivi le Ministre. 

Enfin, M. Al-Jafari a déclaré que la victoire en Iraq était le fruit de l’unité de tous les Iraquiens. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires ouvert à la signature au Siège de l’ONU à New York

Cérémonie de signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires -
Matin
CD/3737-L/T/4461

Le Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires ouvert à la signature au Siège de l’ONU à New York

Plus de 70 ans après Hiroshima et Nagasaki, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a, dans un tonnerre d’applaudissements, ouvert, ce matin, à la signature le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, un accord « historique » et un « pas important » vers un monde exempt d’armes nucléaires.  Les représentants de 44 États ont apposé leur signature sur cet instrument juridiquement contraignant, dont l’objectif est de rendre illégales les dernières armes de destruction massive à ne pas faire l’objet d’une interdiction.

« C’est pour moi un honneur d’être présent à la cérémonie de signature de ce traité historique – le premier traité multilatéral sur le désarmement en plus de deux décennies », s’est réjoui le dépositaire du Traité, M. António Guterres, à l’entame de la manifestation, à laquelle les puissances nucléaires n’ont pas pris part.  « Ce Traité est un pas important vers l’objectif universellement partagé d’un monde exempt d’armes nucléaires. »

Durant cette cérémonie de signature, organisée en marge du débat général annuel de l’Assemblée générale, au Siège de l’ONU à New York, les chefs d’État et de gouvernement, ainsi que les représentants de 44 pays se sont succédé au podium de la salle du Conseil de tutelle, orné pour l’occasion d’une gerbe de lys blancs.

« La société civile a joué un rôle vital pour faire de ce Traité une réalité », a souligné à la suite de M. Guterres, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, en référence notamment à l’apport significatif des survivants d’Hiroshima et de Nagasaki – les « Hibakusha », dont le Traité reconnaît les souffrances. 

Entamées le 15 juin dernier dans le cadre d’une conférence, les négociations avaient été couronnées, le 7 juillet 2017, par l’adoption du Traité par 122 voix pour, l’opposition des Pays-Bas et l’abstention de Singapour, après trois semaines de discussions ardues que les puissances nucléaires ont boudées.  Les Pays-Bas arguent de la contradiction du Traité avec leurs obligations de membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), regrettant aussi que le nouveau Traité veuille supplanter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) plutôt que de le compléter.  Singapour refuse d’adhérer à un traité qui ne tient pas compte de ses amendements aux articles relatifs à la coopération et à l’assistance, et aux relations du Traité avec les autres accords. 

« Les armes nucléaires sont désormais interdites, non seulement leur emploi, mais également la menace de leur emploi », s’est félicité le Président du Costa Rica, M. Luis Guillermo Solís, compatriote de la Présidente des négociations, Mme Elayne Whyte Gómez. 

Le Président costaricien a toutefois regretté que les membres permanents du Conseil de sécurité se soient dissociés du processus.  « L’idée que la sécurité émane de la menace de l’emploi de ces armes est fausse », a-t-il insisté.

Le Secrétaire général de l’ONU n’a pas caché que beaucoup reste à faire pour parvenir à l’élimination totale des armes nucléaires.  « Il existe encore à ce jour 15 000 armes nucléaires », a-t-il rappelé, avant de conclure: « Nous ne pouvons pas laisser ces armes apocalyptiques mettre en danger notre monde et l’avenir de nos enfants ».

Le Traité entrera en vigueur 90 jours après le dépôt du cinquantième instrument de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’accession.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: catastrophes naturelles, dossier nucléaire iranien, crise nord-coréenne et terrorisme suscitent des interventions vigoureuses

Soixante-douzième session,
7e à 10e séances plénières, matin, après-midi & soir
AG/11949

Assemblée générale: catastrophes naturelles, dossier nucléaire iranien, crise nord-coréenne et terrorisme suscitent des interventions vigoureuses

Au deuxième jour du débat général annuel de l’Assemblée générale, une trentaine de chefs d’État et de gouvernement ont défendu leur vision du monde, dans le contexte des crises liées au climat, au nucléaire et au terrorisme international.  

La succession récente de catastrophes naturelles, comme les ouragans Harvey, Irma, José et Maria, en Amérique du Nord et dans les Caraïbes, et le tremblement de terre meurtrier qui a secoué le Mexique hier, pour la deuxième fois en 13 jours, ont conduit les délégations à mettre l’accent sur le défi des changements climatiques.  Le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a ouvert la séance en présentant ses condoléances au peuple et au Gouvernement mexicains.

Pour le Président du Panama, M. Juan Carlos Varela Rodríguez, les catastrophes naturelles sont un message clair: les États doivent s’aider les uns les autres et non pas s’affronter.  Les changements climatiques, a lancé à son tour le Président du Guyana, M. David Arthur Granger, ne sont ni une fiction ni l’invention d’une poignée d’extrémistes. « Nous devons prendre soin de notre maison commune, afin d’assurer la survie de notre planète », a renchéri le Président de l’Équateur, M. Lenin Moreno Garces, avant de préciser que ce sont les pays en développement qui payent le prix le plus fort.

Alors que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté le 7 juillet dernier, s’ouvrait à la signature, le Président de l’Iran profitait du débat général pour répondre aux propos prononcés hier par son homologue américain.

L’Iran ne sera pas le premier à violer le Plan d’action global commun de 2015 sur son programme nucléaire, a affirmé M. Hassan Rouhani.  Mais, a-t-il prévenu, mon pays réagira avec détermination à sa violation par l’une ou l’autre partie.  Entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité, cet accord « appartient à la communauté internationale dans son ensemble et pas seulement à un ou deux pays », a-t-il fait valoir.  Il serait regrettable, a-t-il poursuivi, qu’il vienne à être détruit par des « nouveaux venus sans scrupules » dans la politique car le monde perdrait une chance unique. 

En violant ses engagements internationaux, a fustigé le Président iranien, la nouvelle Administration américaine ne fait que détruire sa propre crédibilité et saper la confiance des autres qui auront du mal à négocier avec elle et à croire en ses paroles et en ses promesses.  Hier à l’Assemblée, le Président américain, M. Donald Trump, avait dénoncé l’accord comme l’« une des pires et des plus partiales transactions que les États-Unis aient jamais signées ».

À l’instar de nombreux dirigeants, le Président du Conseil des ministres de l’Italie, M. Paolo Gentiloni, a engagé la communauté internationale à veiller à ce que l’accord sur le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien demeure une « success story ».

La montée des tensions après les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques de la République populaire démocratique de Corée ont aussi été l’occasion pour plusieurs pays de rappeler l’importance du régime international de non-prolifération.  Pour le Premier Ministre du Japon, M. Shinzo Abe, la Corée du Nord n’a jamais eu l’intention de renoncer à son arsenal nucléaire.  Elle participait aux pourparlers à six pour gagner du temps.  Avec quel espoir de succès, devrions-nous aujourd’hui risquer un troisième échec? s’est-il alors impatienté.  Ce qu’il faut pour obtenir que la Corée du Nord renonce à tous ses programmes nucléaire et balistique de manière complète, vérifiable et irréversible, ce n’est pas un dialogue mais des pressions.  

Le Japon, a promis M. Abe, fera face à la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord, dans le cadre de son alliance avec les États-Unis et « dans l’unité ».  « Toutes les options sont sur la table », a-t-il dit, en paraphrasant le Président américain et en se félicitant une nouvelle fois de la dernière résolution du Conseil de sécurité qui « clarifie » l’intention de tous d’intensifier les pressions sur la Corée du Nord pour la forcer à changer fondamentalement sa politique. 

Mme Theresa May, Premier Ministre du Royaume-Uni, frappé à cinq reprises par le terrorisme cette année, a demandé au Secrétaire général de faire de la question de l’emploi d’Internet par les terroristes le thème central de l’Assemblée générale l’année prochaine pour « frapper un grand coup » car en dépit de tous ses efforts, la communauté internationale n’a pas encore trouvé le moyen d’affronter cet « enjeu majeur ».  Nous ne permettrons à personne de détruire notre mode de vie, a-t-elle prévenu, en déplorant les centaines de milliers d’innocents tués par le terrorisme, « une tragédie mondiale ».

Le Président du Conseil de l’Union européenne, M. Donal Tusk, a souhaité que l’Europe travaille de concert avec les pays africains.  Pour M. Alassane Ouattara, Président de la Côte d’Ivoire, qui accueillera en novembre prochain le Sommet Afrique-Europe, il est impératif de faire en sorte que « l’Afrique ne soit plus le ventre mou de la lutte antiterroriste mondiale ».  Il a demandé aux grandes puissances d’intensifier leur engagement en Afrique et de soutenir davantage le continent dans ce domaine, notamment le G5 Sahel.

La non-résolution du conflit israélo-palestinien a continué d’interpeller les dirigeants.  Que reste-t-il aujourd’hui de l’espoir suscité il y a 24 ans par les Accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens, a demandé le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas.  Il a promis que les Palestiniens allaient donner toutes les chances possibles aux efforts entrepris par le Président américain, le Quatuor et la communauté internationale pour arriver à la solution des deux États.  Mais, si jamais cette solution est détruite du fait de la réalité de l’existence d’un seul État et d’une politique d’apartheid, alors ni la communauté internationale ni les Palestiniens n’auraient d’autre choix que de continuer la lutte, a-t-il averti.

Le Vice-Président du Myanmar, M. Henry Van Thio, est revenu sur les propos prononcés hier par la Conseillère d’État, Daw Aung Suu Kyi, sur l’État rakhine, « une situation complexe » où les dernières attaques des terroristes d’ARSA ont été à l’origine d’une nouvelle vague de violence.  Le Vice-Président a annoncé la mise sur pied d’un comité chargé de mettre en application les recommandations de la Commission Kofi Annan, lequel comité est tenu de publier tous les quatre mois un rapport d’étape.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 21 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a salué d’emblée la volonté de réforme du Secrétaire général ainsi que l’accent que ce dernier place sur la prévention des conflits, la Finlande étant un fervent défenseur de la médiation pour régler les crises.  Donner une voix aux personnes et groupes marginalisés, comme les femmes et les enfants qui sont ceux qui paient le prix fort des conflits, est une autre priorité pour la Finlande qui a d’ailleurs contribué à la mise en place d’un réseau nordique de médiatrices dont l’objectif est de pérenniser la paix par une participation inclusive et réelle des femmes à toutes les étapes des processus de paix.

Ayant participé aux opérations de maintien de la paix depuis 1955 et significativement augmenté sa contribution depuis 2015, la Finlande soutient les efforts de réforme engagés par le Secrétaire général dans ce domaine, a précisé son Président qui a défendu la politique de tolérance zéro car il est inacceptable qu’un quelconque membre du personnel de l’ONU soit associé à la violence sexuelle ou à d’autres formes de mauvaise conduite. 

« Dans les guerres, il n’y a pas de vainqueurs et pourtant elles se poursuivent », a constaté le Président Niinistö qui a rappelé le chiffre actuel de 68 millions de réfugiés dans le monde, d’où son constat d’échec: « la communauté internationale n’a pas réussi à maintenir la paix.  À ce titre, il a abordé la situation tendue avec la Corée du Nord et a soutenu, d’une part, les sanctions et, d’autre part, un processus de négociation auquel le Gouvernement nord-coréen devrait, selon lui, participer sans conditions préalables.  Pour ce qui est du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il a demandé à tous les États nucléaires de prendre rapidement des mesures concrètes de désarmement et de participer à toutes les négociations. 

Abordant également la question de la lutte contre le terrorisme et de l’extrémisme violent, qui est une priorité pour tous, le Président a salué la mise en place du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Une autre priorité majeure est la sécurité en matière de santé, a-t-il poursuivi, en appelant à une collaboration multipartite pour pouvoir faire face aux prochaines pandémies et doter les pays des capacités requises.

Face à l’augmentation constante de la population mondiale, la Finlande, a-t-il dit, redoute les effets négatifs qui y sont souvent associés, notamment une urbanisation rapide qui, mal gérée, peut engendrer la radicalisation et le désespoir.  L’antidote requiert des opportunités économiques, le respect des droits de l’homme et l’accès à l’éducation et aux services de base.

« La mise en œuvre rapide de l’Accord de Paris est urgente », a souligné le Président, dont le pays préside actuellement le Conseil de l’Arctique.  Il s’est alarmé du fait que « nous ne sommes pas sur la bonne voie ».  Il faut redoubler d’efforts pour limiter l’augmentation de la température mondiale et les émissions de gaz à effet de serre.  « L’Arctique est au premier rang des changements climatiques puisqu’il se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde » et « si nous perdons l’Arctique, nous perdons le monde », a averti le Président qui a lancé un appel à des mesures déterminées pour réduire les émissions d’autant plus que les solutions technologiques sont là.

M. ALMAZBEK ATAMBAEV, Président du Kirghizistan, a évoqué les idéaux nationaux qui ont poussé le peuple kirghize à avancer sur le chemin de l’histoire depuis 1 000 ans.  Le pays, qui a obtenu sa souveraineté en 1991, s’est lancé sur la voie du développement durable, enregistrant un PIB à croissance stable, ces dernières années.

De grands projets d’infrastructures ont été mis en œuvre, sortant le pays de l’impasse pour devenir un pays en transition.  La pauvreté extrême a été réduite et le Gouvernement lutte systématiquement contre la corruption.  « Aujourd’hui, il n’y a plus de cercles de privilégiés et d’intouchables », s’est félicité le Président, avant d’annoncer que son pays a élaboré des objectifs stratégiques d’ici à 2040.  Il s’agit d’assurer à tous les citoyens un travail digne, des conditions de vie favorables, la sécurité, la prospérité, aidés par une société civile ouverte.

Le Kirghizistan accorde aussi une attention particulière à l’intégration régionale. « Le pays est devenu le premier et le seul de l’espace de l’ex-Union soviétique à mettre en place une démocratie parlementaire; c’est l’un des États les plus libres et les plus stables du continent eurasiatique », a déclaré M. Atambaev.  Les campagnes électorales y sont ouvertes et reconnues par tous les groupes politiques, a-t-il assuré, avant de rappeler que l’élection présidentielle aura lieu le 15 octobre prochain.

Le Président s’est enorgueilli de l’héritage culturel de la route de la soie.  Il a toutefois souligné que l’impact des changements climatiques représente une véritable menace pour tous les écosystèmes montagneux avec les coulées de boues, les glissements de terrain, les avalanches et les crues.  S’inquiétant de la fonte des glaciers, il a averti que d’ici à 2025 les glaciers du Kirghizistan pourraient diminuer de 30 à 40%, voire disparaitre à terme.  De même, la population des léopards des neiges a été divisée par 2, ce qui a conduit le pays à convoquer un forum mondial pour renforcer la protection de cette espèce.

« Dans un monde chaotique, nous devrions nous souvenir de ce qui nous unit plutôt que d’être divisés par des idées politiques », a affirmé le Chef d’État.  C’est dans cet esprit qu’il a lancé il y a deux ans « les jeux mondiaux nomades », reconnus par l’Assemblée générale comme une contribution au dialogue interculturel.  Il a en outre entrepris à travers diverses initiatives de faciliter les échanges entre les peuples de langue altaïque.  De plus, le pays organisera, à Bichkek, à la fin du mois de septembre, une réunion intitulée « L’islam dans un État laïc contemporain ». 

M. Atambaev a plaidé pour des mécanismes de gestion des ressources hydrauliques et énergétiques par le biais d’un dialogue ouvert et constructif.  Il a jugé « inadmissible que les organisations internationales et régionales exercent des pressions sur les pays d’Asie centrale » à ce sujet.  Préoccupé par les sites d’enfouissement des déchets d’uranium et de pollution radiologique en Asie centrale, il a également estimé qu’il faudra adopter une nouvelle résolution tenant compte des résultats déjà engrangés.

La communauté internationale ne doit ménager aucun effort pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a ajouté le Président.  Il a condamné toutes les violences contre des minorités ethniques du Myanmar et exhorté tous les pays à rester attachés à la non-prolifération des armes de destruction massive.  En conclusion, il s’est prononcé en faveur de l’adoption rapide de « mesures pour améliorer le Conseil de sécurité afin que les intérêts de la majorité des États soient pris en compte ».

M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a dénoncé l’occupation arménienne de plus de 25% de son pays, depuis plus de 25 ans.  Il a accusé l’Arménie d’y mener depuis une véritable « politique de nettoyage ethnique » et d’avoir commis un génocide contre la population azerbaïdjanaise, accusant même son Président actuel d’être l’un des criminels responsables de ces actes.  Il s’est indigné de l’impunité dont bénéficie l’Arménie en dépit du fait que des organismes comme l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Mouvement des non-alignés et le Conseil de l’Europe aient adopté des décisions exigeant le retrait de l’Arménie de ces territoires, sans oublier les résolutions adoptées en 24 ans par le Conseil de sécurité et qui n’ont jamais été mises en œuvre.  Pour le Président, il s’agit là d’une approche de deux poids, deux mesures.  Il a donc exigé des sanctions à l’encontre de l’Arménie à laquelle il a également reproché de « tout faire pour bloquer les négociations ». 

« Comment ce Gouvernement corrompu dirigé par un régime despote et médiéval peut se permettre d’enfreindre ainsi le droit international? », s’est emporté le Président qui, compte tenu de l’évolution récente de la situation dont les provocations militaires de l’Arménie, a réaffirmé le devoir de son gouvernement de défendre ses citoyens et de libérer ses territoires.  Il a exigé de la communauté internationale qu’elle mette fin à cette terreur et à « ce fascisme arménien », conformément au droit international et aux résolutions pertinentes. 

Le Président a ensuite passé en revue les progrès significatifs enregistrés par son pays en dépit de ce conflit, notamment son développement rapide et la consolidation d’une démocratie stable respectueuse des libertés fondamentales et fondée sur le multiculturalisme en tant que politique d’État, « contrairement à l’Arménie qui est un bloc monoethnique ».  La diversité culturelle et religieuse constitue un grand atout pour le pays qui est à l’origine du processus de Bakou dont le but est de renforcer le dialogue entre le monde musulman et l’Europe.  Depuis 2004, le pays a vu sa croissance économique multipliée par 3 et son niveau de pauvreté baisser pour se situer actuellement autour de 5%.  L’Azerbaïdjan a également misé sur le développement de son industrie spatiale, la lutte contre la corruption et les investissements dans les secteurs de l’éducation et de la santé. L’Azerbaïdjan a aussi modernisé les infrastructures liées à l’exploitation du pétrole.  Tous ces efforts se sont traduits par une augmentation considérable des salaires et des pensions, a affirmé le Président, en saluant le succès de l’indépendance du pays.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, s’est réjoui que le thème du débat général soit cette année centré sur l’être humain, à l’heure où le monde fait face à de nombreuses crises humanitaires graves.  Il a prévenu que la réalisation des objectifs de développement durable est obstruée par les violations des droits de l’homme, les migrations involontaires, les guerres et le terrorisme.  Le Président a souligné qu’une planète viable est « le patrimoine ultime de l’humanité ».  Les changements climatiques, a-t-il souligné, ne sont ni une fiction ni l’invention d’une poignée d’extrémistes.  Les petits États insulaires des Caraïbes et une partie de l’Amérique du Nord ont ressenti la furie dévastatrice d’une série d’ouragans dont la fréquence et la férocité ont été alimentées par une exploitation irréfléchie des ressources de la terre.  Le Guyana, qui dans les limites de ses ressources, aide les populations affectées des Caraïbes, renouvelle son engagement en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a dit le Président, qui a appelé les Nations Unies à contribuer à la protection et à la préservation du « Bouclier guyanais », un des derniers blocs mondiaux de forêt vierge et la source de 15% des réserves mondiales d’eau douce. 

Sur le chapitre de la paix, M. Granger est revenu sur le danger auquel sont exposées les frontières de son pays, compte tenu des revendications territoriales du Venezuela.  Le Guyana, a assuré le Président, veut que les Caraïbes soient « une zone de paix » mais cette zone est menacée aujourd’hui par le Venezuela.  Ce dernier, a-t-il rappelé, qui est quatre fois plus grand que le Guyana, continue de revendiquer deux tiers du territoire guyanais, y compris son espace maritime, et ce, après 51 ans d’indépendance.  Le Président a lancé au monde « une mise en garde »: la paix sera en jeu dans notre région, si la justice ne prend pas le dessus, non seulement au Venezuela mais aussi pour ce qui est du différend frontalier.  Le choix est simple: une solution juste et pacifique, conforme au droit international ou la guerre d’usure du Venezuela qui multiplie les fanfaronnades.  « Le statu quo est l’ennemi du règlement et l’allié du conflit », a prévenu le Président.  Il s’est donc réjoui que l’ancien Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, et son successeur, M. António Guterres, aient décidé qu’en vertu de l’Accord de Genève de 1966, si à la fin de cette année, aucun progrès significatif n’est fait dans le règlement de ce différend, la Cour internationale de Justice (CIJ) serait la prochaine étape, à moins que le Guyana et le Venezuela n’en décident autrement d’un commun accord.

M. DRAGAN COVIĆ, Président de la Présidence de la Bosnie-Herzégovine, préoccupé par les souffrances du peuple syrien, a appelé à une solution pacifique et politique à travers des négociations, sous l’égide des Nations Unies.  De même, il a estimé que les deux parties du conflit israélo-palestinien devaient respecter leurs obligations, le but étant la création de deux États.  Le terrorisme, a-t-il poursuivi, représente « le plus grand mal de notre temps » et la Bosnie-Herzégovine continuera de contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU et de lutter contre Daech.

La réalisation des objectifs de développement durable requiert davantage que la volonté politique, a poursuivi le Président, en rappelant que de nombreux États Membres de l’ONU ont besoin d’une assistance pour formuler des stratégies et des politiques, de transfert de technologies et de ressources financières.  Pour sa part, la Bosnie-Herzégovine a pleinement compris l’interdépendance entre les dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable, a-t-il assuré.  Le pays a ainsi ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques et met également l’accent sur la parité des sexes et la réduction du chômage des jeunes. 

La diplomatie préventive peut contribuer à faire taire les armes, a affirmé M. Cović.  Il s’est félicité de la participation de son pays aux missions de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud, à Chypre, en Afghanistan, en République démocratique du Congo (RDC) et au Mali.  « La Bosnie-Herzégovine a tiré les leçons de son passé difficile », a-t-il expliqué.  Elle a choisi la voie de l’Europe et de la coopération au lieu de la confrontation, et son engagement au sein des organisations régionales fait partie des priorités de sa politique étrangère.  « La Bosnie-Herzégovine fait tout ce qui est son pouvoir pour accélérer ses progrès, dans le cadre de la famille européenne dont elle partage les valeurs », a insisté le Président.  Il a espéré que le pays aura le statut de candidat à l’Union européenne au début de l’année prochaine.  Le pays devant amender sa législation électorale d’ici à la fin de l’année, conformément aux décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, il a dit compter sur l’appui de la communauté internationale.      

Pour M. JUAN CARLOS VARELA RODRÍGUEZ, Président du Panama, les dernières catastrophes naturelles comme les ouragans Irma, José, Harvey et Maria et les deux tremblements de terre au Mexique, sont un message clair: les États doivent s’aider les uns les autres et non pas s’affronter.  La paix, a-t-il argué, est une « construction humaine pour une coexistence dans le respect mutuel, la satisfaction des besoins élémentaires et la sauvegarde de notre planète commune ».  Pour y parvenir, il est essentiel de placer l’Homme au cœur de toutes les décisions et de toutes les politiques, une voie que le Panama poursuit depuis 39 mois.  Comme l’a souligné le pape François lors de sa visite en 2015, « la situation géographique du Panama au centre du continent américain en fait un point de rencontre entre le Nord et le Sud, entre le Pacifique et l’Atlantique et représente un appel à promouvoir un nouvel ordre mondial de paix, de justice et de solidarité, dans le respect de l’autonomie de chaque nation », a rappelé le Président qui tient à ce rôle de médiateur et de facilitateur de dialogue pour trouver des solutions communes aux problèmes de sa région. 

Après avoir salué la mise en œuvre de l’Accord de paix en Colombie, il a abordé le problème transfrontalier majeur auquel est confronté son continent à savoir l’augmentation de la production et du trafic de drogues.  Pour y faire face, il faut, selon lui, faire front commun. « Nous ne pouvons pas laisser le trafic de drogues nous voler une paix qui a été si difficile à trouver en Amérique centrale et en Colombie », a-t-il averti, exigeant une lutte commune avec des ressources suffisantes et demandant le soutien des pays producteurs et consommateurs.  Abordant aussi la crise au Venezuela, le Président a souhaité une feuille de route claire pour des élections libres et transparentes en 2018 et a estimé que ce serait une grande erreur que de vouloir imposer un modèle politique à parti unique. 

Il a condamné toutes les formes de terrorisme et a lancé un appel aux pays membres du Conseil de sécurité pour qu’ils trouvent des moyens concrets de parvenir à la paix en Syrie et en Iraq.  Il a aussi condamné les « dirigeants irresponsables » qui tentent de déstabiliser le monde, citant notamment la Corée du Nord.  Le Panama, a-t-il dit, soutient le processus de réforme préconisé par le Secrétaire général pour faire de l’ONU une organisation plus transparente et plus efficace.  Il a d’ailleurs défendu l’idée de créer un siège régional de l’ONU au Panama. 

Le Président a, en effet, fait état des derniers progrès enregistrés par son pays dont le moindre n’a pas été de récupérer des centaines de millions de dollars détournés et de rétablir l’honnêteté du Gouvernement.  Cela s’est accompagné d’une croissance économique soutenue qui profite à tous les Panaméens, comme en attestent l’augmentation des salaires et des pensions, les projets d’infrastructure et les investissements dans l’éducation, la santé, l’assainissement et les transports en commun. 

Le Président a également mis l’accent sur la transparence et la lutte contre la corruption dans la gestion des affaires publiques, au nom de l’intérêt général et du développement durable.  « Présider un gouvernement honnête qui répartit les richesses sur la base de la justice sociale et de l’équité est la voie à suivre pour la paix sociale, une vie digne et un monde juste où tous sont égaux », a affirmé le Président Varela Rodríguez, qui a insisté sur la responsabilité fiscale et la lutte contre l’évasion fiscale et la corruption dans la mesure où cela affecte directement les revenus publics et les capacités de l’État à servir le peuple et à œuvrer au développement durable pour tous.

M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a avoué le sentiment partagé, malgré le travail qu’elle effectue, que l’ONU ne répond ni à nos besoins ni à nos attentes.  Le Président a donc salué les deux « importantes » initiatives que le Secrétaire général a défendues cette semaine, à savoir, la réforme de l’ONU et la lutte contre les abus et l’exploitation sexuels.  Ces mesures vont « au cœur de la question », a estimé le Président qui a pointé le doigt sur « le déficit de confiance et de redevabilité ».  Pour véritablement offrir « une vie décente à tous », a-t-il estimé, l’ONU doit traiter tous les peuples qu’elle sert « avec impartialité et respect » et gérer « en bon père de famille » les biens qui lui sont confiés.  Les abus et les gaspillages ne sont pas des problèmes de relations publiques mais bien « une menace existentielle » qu’il faut affronter, a insisté le Président.

Nous avons, a-t-il poursuivi, les outils et les mandats pour relever les défis de notre temps, qu’il s’agisse des changements climatiques, de la consolidation de la paix, de l’égalité entre les hommes ou du développement.  Là où le bât blesse, c’est quand il faut lancer l’action, a-t-il constaté.  Une réforme institutionnelle, ce n’est pas comme appliquer une couche de peinture.  L’essence d’une réforme, s’est expliqué le Président, c’est un état d’esprit où l’on s’efforce constamment d’améliorer les performances et les produits, en se sentant responsable des échecs et des résultats.  Le Président s’est réjoui que l’esprit de la réforme ait commencé à s’enraciner aux Nations Unies et à l’Union africaine, mettant les deux organisations dans la position de travailler ensemble.  Des deux côtés, a-t-il prôné, des mesures concrètes doivent être prises pour améliorer la qualité de la coordination et des consultations.  L’ONU et l’UA peuvent faire plus et faire mieux, a tranché le Président, avant d’insister sur le fait que son pays tient aussi aux objectifs de développement durable, à l’Agenda 2063 et à l’émancipation des femmes.  Une collaboration plus étroite contribuera à combler le fossé numérique grâce à un accès universel à l’Internet de haut débit, qui permet de connecter les populations à des réseaux de « connaissances et de prospérité ».

Le Canada, le Rwanda et d’autres parties prenantes, a encore expliqué le Président, travaillent à sensibiliser l’opinion publique à l’énorme impact qu’on peut avoir tout de suite en ratifiant et en mettant en œuvre l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal.  C’est, a-t-il insisté, l’action la plus importante qu’un pays puisse lancer pour s’attaquer directement aux changements climatiques et réaffirmer son engagement à l’Accord de Paris.  Il faut moins de 15 ratifications pour que l’Amendement de Kigali entre en vigueur en 2019, a rappelé le Président.

M. HORACIO MANUEL CARTES JARA, Président du Paraguay, a voulu que l’on persiste dans les efforts visant à trouver un équilibre raisonnable entre tous les pays.  La pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues qui ronge les institutions démocratiques, ainsi que le terrorisme, doivent être abordés de manière collective.  Le Président a réaffirmé le ferme engagement de son pays en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a encouragé les autres États, particulièrement les plus grands pollueurs, à préserver notre planète par tous les moyens possibles.

Rappelant que la fin de son mandat présidentiel interviendra en août 2018, M. Cartes Jara a souligné qu’il s’adressait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale mais non sans avoir rappelé que son pays s’est doté d’une démocratie représentative, avec une réelle division des pouvoirs, un processus électoral au-dessus de tout soupçon et un État de droit valide.  Les politiques visant la réduction de la pauvreté, une croissance économique inclusive et l’intégration internationale du Paraguay ont permis de transformer une culture du clientélisme politique en un modèle de transparence et d’accès à l’information publique.

Le Président a aussi rappelé que son pays a été accepté à l’unanimité à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et qu’il est membre du Comité consultatif sur l’application des droits de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI).  Pour le Président, ce sont là les preuves de l’implication grandissante de son pays sur la scène internationale.

Le Président a aussi insisté sur le MERCOSUR, l’intégration régionale présentant des avantages « inégalables ».  Il s’est enorgueilli de la signature, avec les Présidents du Congrès et de la Cour Suprême, d’une déclaration reconnaissant l’engagement de son pays en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Paraguay, a affirmé le Président, vit un processus de transformation inédit, lequel met fin à des pratiques telles que la corruption qui a si longtemps retardé le développement économique et social.  Ces dernières années, la croissance économique a enregistré une moyenne annuelle de 5,2%, soit une des plus élevées d’Amérique du Sud.  Le Chef de l’État a mentionné différentes réformes dans les secteurs de l’éducation, des infrastructures et de la réduction de la pauvreté.

Il a conclu en réaffirmant l’attachement de son pays à la paix et à la sécurité internationales et à la promotion et à la protection efficace des droits de l’homme avant de finir par un mot sur la situation au Venezuela.  Il a ainsi réitéré son message de solidarité envers le peuple vénézuélien, aux victimes de persécutions politiques et de violations des droits de l’homme du pays, en espérant que « ce peuple frère » puisse trouver bientôt une solution pacifique à la profonde crise qu’il vit.

Il y a quatre mois, a rappelé M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, 73% des électeurs iraniens se sont rendus aux urnes pour élire leur douzième président et ont, une fois de plus, exprimé leur confiance dans son programme qui appelle à la modération, au respect des droits de l’homme, à la prospérité et à un engagement constructif dans le monde.  Le vote a représenté, selon lui, « un investissement politique de grande envergure ».  La quête de justice et de valeurs islamiques sont les exigences du peuple iranien, notamment depuis la révolution de 1979, a précisé M. Rouhani, et la promulgation de la Charte des droits des citoyens, lors de son premier mandat, a été conforme à ces exigences.

Le Président a déclaré que « la modération est l’aspiration et la voie choisie par le peuple iranien ».  La modération, a-t-il élaboré, ne veut pas dire isolement ou hégémonie, intransigeance ou indifférence, c’est la voie de la paix, mais une paix juste et inclusive, pas la paix pour une nation et la guerre et les troubles pour les autres.  La modération, c’est la liberté et la démocratie.  Ce n’est pas la promotion des libertés là-bas et l’appui aux dictatures ici.  C’est « la synergie des idées et pas la danse du sabre ».  En Iran, a insisté M. Rouhani, nous nous efforçons de rétablir la paix et de promouvoir les droits de l’homme et des peuples.  Nous condamnons la tyrannie et défendons-les sans voix.  « Nous ne menaçons personne et nous ne tolérons aucune menace », a-t-il lancé, ajoutant « nous sommes insensibles aux menaces et aux intimidations.  Nous croyons au dialogue et à la négociation sur un pied d’égalité et dans le respect mutuel ».

Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, il n’est pas possible qu’un régime raciste et félon foule aux pieds les droits fondamentaux des Palestiniens, et que les usurpateurs de cette terre vivent dans la sécurité, s’est indigné le Président.  Il est tout simplement impossible, s’est-il expliqué, d’aspirer à une stabilité à long terme, à la prospérité et au développement quand des Musulmans au Yémen, en Syrie, en Iraq, à Bahreïn, en Afghanistan, au Myanmar et ailleurs croupissent dans la misère, les guerres et la pauvreté.

Aujourd’hui, l’Iran qui a toujours défendu les opprimés, est aux premières lignes de la lutte contre la terreur et l’extrémisme religieux au Moyen-Orient et pas pour des raisons sectaires ou ethniques mais pour une raison éthique, humanitaire et stratégique, a souligné M. Rouhani.  L’Iran, a-t-il assuré, « ne cherche pas à restaurer son ancien empire, à imposer sa religion officielle à d’autres ou à exporter sa révolution par la force des armes ».  Pour promouvoir sa culture, sa civilisation, sa religion et sa révolution, l’Iran « entre dans les cœurs et parle aux esprits ».  Le Président a poursuivi: « Nos ambassadeurs sont nos poètes, nos mystiques, nos philosophes.  Nous avons atteint les rives de ce côté-ci de l’Atlantique grâce à Roumi et élargi notre influence grâce à Asia et à Saadi.  Nous avons déjà conquis le monde avec Hafez.  Nous n’avons pas besoin de nouvelles conquêtes ». 

L’Iran ne prêche pas la modération mais la pratique, a martelé le Président, en prenant pour exemple le Plan d’action global commun (JCPOA).  Cet accord, a-t-il rappelé, est le résultat de deux ans de négociations multilatérales intenses.  Il a été entériné par la résolution 2231 du Conseil de sécurité.  Par conséquent, « cet accord appartient à la communauté internationale dans son ensemble et pas seulement à un ou deux pays ».  Il peut devenir un nouveau modèle d’interactions internationales mais malheureusement certains se sont privés de cette chance unique.  « En réalité, ils n’ont imposé de sanctions qu’à eux-mêmes et maintenant ils se sentent trahis. »  « Nous n’avons pas été trompés et nous n’avons trompé personne », s’est défendu M. Rouhani.  « Nous n’avons jamais recherché la dissuasion par les armes nucléaires. »  Certains ont prétendu priver l’Iran d’armes qu’il n’a en fait jamais voulues, a-t-il assuré.  Le Président a donc jugé « répréhensible » qu’un régime sioniste félon, qui menace la sécurité régionale et internationale avec son arsenal nucléaire et qui n’est tenu par aucun instrument international, ait « l’audace » de faire des sermons à des nations pacifiques.  Je déclare devant vous, a-t-il dit, que l’Iran ne sera pas le premier à violer l’accord mais qu’il réagira avec détermination à sa violation par l’une ou l’autre partie.  Il serait regrettable, a-t-il poursuivi, que cet accord vienne à être détruit par des « des nouveaux venus sans scrupules » dans la politique car le monde perdrait une occasion énorme.  En violant ses engagements internationaux, a précisé le Président, la nouvelle Administration américaine ne fait que détruire sa propre crédibilité et saper la confiance des autres qui auront du mal à négocier avec elle et à croire en ses paroles et en ses promesses.

Il y a quatre ans, a rappelé M. Rouhani, l’Iran a parrainé l’initiative intitulée: Le monde en lutte contre la violence et l’extrémisme (WAVE).  D’après lui, « la rhétorique ignorante, absurde et haineuse », remplie d’allégations ridiculement infondées, qui a été prononcée hier dans cette enceinte non seulement ne méritait pas d’être entendue aux Nations Unies, siège de la promotion de la paix et du respect entre les nations, mais était en réalité en contradiction avec l’exigence de cet organe mondial de réunir les gouvernements contre la guerre et la terreur.

Or, l’instabilité et la violence extrémiste ont été exacerbées dans la région par les interventions militaires d’acteurs extérieurs, a affirmé le dirigeant iranien.  Les interventions étrangères et l’imposition d’un agenda étranger aux peuples de la région ne feront qu’approfondir et aggraver les crises, a-t-il averti.  Les crises en Syrie, au Yémen et à Bahreïn n’ont pas de solution militaire.  Elles ne peuvent être réglées que par la cessation des hostilités et l’acceptation de la volonté et des souhaits des populations. 

Le Gouvernement américain, a encore dit le Président, doit expliquer à son peuple pourquoi, après avoir dépensé les milliards de dollars dudit peuple et de notre région, au lieu de contribuer à la paix et à la stabilité, n’a répandu que guerre, misère, pauvreté et montée du terrorisme et de l’extrémisme.  En Iran, a assuré le Président, les sanctions économiques n’ont fait que renforcer la détermination du peuple à augmenter la production nationale.  En 20 ans, a-t-il estimé, l’Iran peut devenir la nouvelle économie émergente avec 1 000 milliards de dollars de croissance.  Avec les réserves de pétrole et de gaz les plus vastes du monde, le pays est prêt à entreprendre une coopération à long terme pour faire avancer la sécurité énergétique dans le monde entier.  J’invite tous les amoureux de la paix, de la sécurité et du progrès par le partenariat et la coopération à venir en Iran et à nous rejoindre dans l’édification d’un avenir d’espoir.

M. RUMEN RADEV, Président de la Bulgarie, a regretté que les conflits dans de nombreuses régions du monde affaiblissent la paix internationale, la sécurité et les valeurs fondamentales de l’humanité.  Il a souligné que les enfants étaient les personnes les plus affectées par les situations de crise et a appelé à mettre en œuvre pleinement les objectifs de développement durable pour que le Programme 2030 ne soit pas qu’une simple déclaration politique.

M. Radev s’est dit préoccupé par la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et a demandé que l’on ne perde pas de vue le processus de paix au Moyen-Orient.  Il a réitéré le soutien de son pays à la solution des deux États et a jugé essentiel de trouver une solution au conflit en Syrie, affirmant qu’un dialogue politique sous les auspices des Nations Unies est la seule voie possible.  Le Président s’est également dit inquiet de la situation dans l’est de l’Ukraine, qui demeure extrêmement volatile malgré les accords de cessez-le-feu. Il a voulu que les accords de Minsk soient pleinement mis en œuvre, soulignant qu’il n’y a pas d’autre alternative viable.  La Bulgarie, a-t-il ajouté, soutient les activités multilatérales, telles que le « Normandy Four » ou le Groupe de contact trilatéral de l’OSCE et considère qu’ils jouent un rôle clef dans la résolution du conflit.  M. Radev a indiqué que la Bulgarie s’engage pleinement à soutenir le processus de paix et de stabilisation en Afghanistan et considère la réconciliation comme une condition indispensable.

Concernant le désarmement, la non-prolifération et le contrôle des armes, piliers essentiels de la sécurité mondiale, il a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et a pointé la nécessité de prendre une série de mesures pour parvenir graduellement à un monde exempt d’armes nucléaires.  M. Radev a ensuite insisté sur l’importance historique du Plan d'action global commun sur le programme nucléaire iranien, essentiel pour la stabilité régionale et internationale.  Il a dûment condamné les essais nucléaires et les tirs de missiles de la République populaire démocratique de Corée, qui mènent à une escalade des tensions régionales.  Concernant le terrorisme, il a salué la mise en place du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, étape incontournable pour mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale de 2006 et une meilleure coordination.

M. Radev s’est particulièrement dit inquiet du trafic des biens culturels en Syrie, en Iraq, en Libye et dans d’autres pays en conflit.  Il a décrit ce phénomène comme une tactique de guerre et une source de financement du terrorisme et a appelé à la mise en œuvre de la législation existante au niveau des Nations Unies, de l’Union européenne et de l’UNESCO.

M. Radev a par ailleurs prôné une approche équilibrée de la question migratoire, rappelant que les États ont le droit et la responsabilité de contrôler leurs frontières pour assurer leur sécurité.  Sa priorité principale, a-t-il confié, est la gestion effective et le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne.  Après avoir assuré de l’engagement de son pays à respecter les Accords de Paris, M. Radev a terminé son intervention en mettant en évidence la question des droits de l’enfant.  « Comme Vice-Président du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable, et conformément aux objectifs de développement durable, la Bulgarie défend avec force l’intégration des enfants dans tous les processus intergouvernementaux majeures, car ils sont les vrais agents d’un changement social positif. »

M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a commencé par rappeler que son pays avait été élu au Conseil de sécurité pour la période 2018-2019 en tant que membre non permanent, un mandat pendant lequel il entend œuvrer à la promotion de compromis justes et pragmatiques dans le règlement de crises.  En dépit des évolutions encourageantes de l’architecture antiterroriste de l’ONU depuis 2001 et du succès des opérations antiterroristes menées par les grandes puissances au Moyen-Orient et dans une moindre mesure en Afrique, le monde peine à trouver une réponse collective satisfaisante contre le terrorisme, a regretté M. Ouattara.  Pour lui, il est impératif de faire en sorte que « l’Afrique ne soit plus le ventre mou de la lutte antiterroriste mondiale ».  Il a donc demandé aux grandes puissances d’intensifier leur engagement en Afrique et de soutenir davantage le continent dans ce domaine, notamment le G5 Sahel, affirmant qu’il s’agit là de l’une de ses priorités au sein du Conseil de sécurité.

Le réchauffement climatique constitue une autre réelle préoccupation, d’autant plus qu’aucun pays n’est à l’abri.  Par conséquent, a dit le Président, il faut agir vite et avec responsabilité « pour préserver nos cadres de vie et notre planète ».  Il s’est engagé à respecter l’Accord de Paris.  Dans la même dynamique, il a invité les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement de l’adaptation des économies des pays du Sud et de nombreux petits États insulaires aux effets du réchauffement climatique.  Pour M. Ouattara, « les changements climatiques sont une véritable menace à la paix et la sécurité internationales » et il est impératif de prendre des mesures adéquates notamment par le biais du pacte international sur l’environnement et le développement proposé par la France.

Constatant l’échec des mesures prises pour lutter contre l’immigration clandestine et le trafic des êtres humains, le Président Ouattara a même estimé qu’elles ont contribué à la fragilisation de la démocratie et à la montée de sentiments extrêmes, y compris dans les démocraties occidentales.  Pour mettre fin à ces migrations périlleuses, les pays développés, notamment ceux des régions d’accueil, doivent, selon lui, mobiliser les investissements et ressources nécessaires au financement du développement des pays d’origine et de transit, afin de leur permettre de créer des emplois et d’offrir des opportunités aux jeunes.  La lutte contre les passeurs devra également s’intensifier.  En Côte d’Ivoire, la riposte contre ce fléau privilégie la prévention par la sensibilisation et l’assistance au retour des candidats à l’immigration clandestine ainsi que par le démantèlement des réseaux de passeurs.  Dans le cadre de cette lutte, il ne faut cependant pas perdre de vue les obligations juridiques internationales qui garantissent les droits et libertés fondamentales des migrants, a encore estimé M. Ouattara.

Il a ensuite passé en revue les réalisations économiques de son pays et cela en dépit de la chute des cours du cacao.  À ce titre, la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de croissance de 9% en moyenne sur les cinq dernières années et s’attèle actuellement à en répartir les fruits efficacement et équitablement.  C’est là tout l’enjeu du Plan national de développement 2016-2020, a affirmé le Président Ouattara.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a appelé à une action collective robuste face aux menaces collectives auxquelles le monde est confronté, notamment la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent et la lutte contre le réchauffement climatique.  Les Nations Unies doivent être à l’avant-plan de ces efforts, a estimé le Président qui a soutenu le programme de réforme complet proposé par le Secrétaire général, et en particulier celle du Conseil de sécurité.  Rappelant que l’Ukraine reste pleinement attachée à la notion de souveraineté garantie et pleinement respectée, telle que stipulée dans la Charte des Nations Unies, le Président a répété que cette notion a été bafouée en Ukraine par l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité.  Depuis le début de l’agression russe, plus de 1 000 personnes ont perdu la vie, 7% du territoire est occupé et l’économie est détruite, a-t-il poursuivi.  La Crimée est devenue une terre de répression depuis son annexion comme en atteste le cas particulier de certains activistes, en dépit des appels du Haut-Commissaire aux droits de l’homme pour le déploiement d’une mission d’enquête.  Ce manque de coopération de la part de la Fédération de Russie exige, selon le Président, une réaction de la communauté internationale pour aider les Tatars de Crimée et prévenir la militarisation de la péninsule.  Dans le Donbass, la situation sécuritaire et celle des droits de l’homme est tout aussi inquiétante, a poursuivi le Président ukrainien qui a, de nouveau, donné des exemples concrets de la répression russe sur place.

« La Russie est le seul pays au monde qui a un conflit potentiel ou gelé avec la quasi-totalité de ses voisins », a fait observer M. Poroshenko, accusant cette dernière de vouloir échanger la paix contre la liberté, un choix inacceptable.  Le Président a ainsi critiqué la dernière proposition de paix faite par la Fédération de Russie.  Toute mission des Nations Unies doit couvrir l’intégralité du territoire occupé, y compris la zone frontalière avec la Russie.  Le personnel « de l’agresseur » ne saurait y participer, a déclaré le Président, en ajoutant qu’il y va de la paix au cœur même de l’Europe.

L’Ukraine reste déterminée à faire comparaître en justice les responsables de l’explosion en vol de l’avion de la Malaysia Airline, il y a trois ans.  Elle est favorable au désarmement nucléaire et soutient toute mesure permettant de mettre fin aux activités illégales de la Corée du Nord.  Pour ce qui est de la Syrie, M. Porochenko a appelé au plein respect de l’accord de Genève et s’est dit préoccupé par le fait que la Fédération de Russie utilise la « Crimée occupée » pour acheminer des armes en Syrie.

Que reste-t-il aujourd’hui de l’espoir suscité il y a 24 ans par les Accords d’Oslo entre Palestiniens et Israéliens? a demandé le Président de l’État de Palestine, M. MAHMOUD ABBAS.  Nous avons reconnu l’État d’Israël sur la base des frontières de 1967, a-t-il poursuivi, en regrettant le refus d’Israël de les reconnaître, mettant à mal le principe de la reconnaissance mutuelle agréé à Oslo en 1993.  Au lieu de faire face aux causes profondes du conflit, Israël a essayé d’orienter l’attention de la communauté internationale vers des sujets de moindre importance qui découlent de ses politiques coloniales, a-t-il dénoncé.  Il a accusé Israël de prétendre qu’il n’y a pas de partenaire palestinien, alors qu’il est conscient que l’occupation des terres palestiniennes conduit aux provocations et à la violence. 

Pour lui, si Israël est le premier à porter la honte de l’occupation, la communauté internationale doit aussi la porter.  Les Nations Unies, a-t-il rappelé, ont l’obligation légale, politique, morale et humanitaire de mettre fin à l’occupation et d’aider le peuple palestinien à vivre dans la liberté et la prospérité dans un État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, et dans les frontières du 4 juin 1967.  Le Président a expliqué que la fin de l’occupation coloniale des terres palestiniennes aura un impact positif sur la lutte contre le terrorisme, car elle ôtera aux terroristes l’un de leurs messages de ralliement qu’ils exploitent pour promouvoir leur idéologie répugnante.

M. Abbas a souligné que toutes les pistes ont été examinées et des efforts consentis pour arriver à la paix avec le voisin.  Il a cité l’adhésion au Plan de paix arabe, à la Feuille de route du Quatuor et à d’autres initiatives similaires comme la proposition française faite à la Conférence de Paris en début d’année, ou encore celle des Présidents chinois et russe et la dernière en date, celle du Président des États-Unis.  Il a invité le Premier Ministre israélien à prouver son engagement en faveur de la solution des deux États et à s’asseoir à la table des négociations pour délimiter les frontières entre les deux États, ce qui permettrait d’ouvrir la voie à des négociations concrètes visant à résoudre toutes les questions liées au statut final. 

Selon M. Abbas, Israël continue de bloquer les efforts de paix, assurant l’échec du processus par ses activités de colonisation qui sapent la perspective de la solution des deux États.  « Ces actions constituent une menace pour nos deux peuples, Palestiniens et Israéliens, et nous obligent à entreprendre un examen global et stratégique de tout le processus », a affirmé le Président Abbas, tout en annonçant dans un futur proche une réunion du Conseil national palestinien à cet effet.

Il a par ailleurs averti que les politiques israéliennes à Jérusalem-Est suscitaient des tensions religieuses et pourraient conduire à un conflit religieux violent.  Il a prévenu que « Jérusalem est une ville occupée et que les décisions qui y sont prises par Israël sont nulles et non avenues et complètement illégales ».  Il a indiqué que les tentatives d’Israël de changer le statut historique de Jérusalem, et notamment le statut et l’intégrité de la mosquée Al-Aqsa, s’apparentaient à « jouer avec le feu » et représentaient une violation des responsabilités palestiniennes et jordaniennes. 

« Nous ne pouvons continuer d’être une Autorité sans autorité », a-t-il lancé, ajoutant que les Palestiniens ne peuvent rester les bras croisés face à la menace sur leur existence nationale, politique et sociale et sur leurs terres.  Nous devons prendre des mesures différentes pour préserver notre existence nationale et laisser ouverts les horizons de paix et de sécurité.  Parmi ces mesures, il a rappelé que la Palestine a invité la Cour pénale internationale (CPI) à ouvrir une enquête et à poursuivre les autorités israéliennes impliquées dans les colonies de peuplement et les agressions contre le peuple palestinien.  Il a aussi indiqué que la Palestine va poursuivre son processus d’accession aux conventions, protocoles et organisations internationales, en droite ligne du statut d’Observateur qu’il a acquis auprès des Nations Unies.

Le Président a promis que les Palestiniens allaient donner toutes les chances possibles aux efforts entrepris par le Président Donald Trump et le Quatuor, ainsi que la communauté internationale pour arriver à la solution des deux États.  Mais, si jamais cette solution est détruite du fait de la réalité de l’existence d’un seul État et d’une politique d’apartheid, alors ni la communauté internationale ni les Palestiniens n’auraient d’autre choix que de continuer la lutte et d’arracher les mêmes droits pour tous les habitants de la « Palestine historique ».  « Ce n’est pas une menace, mais plutôt un avertissement sur les réalités qui sont le résultat de la politique israélienne qui sape gravement la solution des deux États », a-t-il précisé.  Dans un style direct, il a dit aux populations israéliennes que les Palestiniens veulent vivre en paix et leur a conseillé de ne pas écouter ceux qui veulent les convaincre que la paix entre les deux peuples n’est pas possible.  « Notre problème c’est l’occupation coloniale israélienne et non pas le judaïsme en tant que religion », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs relevé que depuis la division de 2007, l’Autorité palestinienne a continué à remplir ses obligations envers les populations de Gaza, insistant sur le fait que Gaza ne sera pas l’État palestinien, et qu’il n’y aura pas d’État palestinien sans Gaza.  Il a également rappelé que dans son discours devant l’Assemblée générale l’an dernier, il avait invité le Gouvernement britannique à rectifier la grave injustice faite au peuple palestinien du fait de la Déclaration Balfour de 1917 qui avait promis un territoire national aux juifs en Palestine, en dépit du fait que les Palestiniens y étaient installés et n’auraient pas dus être colonisés ni placés sous le mandat d’une grande puissance. 

Il a regretté que jusqu’à ce jour, le Gouvernement britannique n’ait pas pris de mesure pour corriger cette injustice historique, ni présenter des excuses au peuple palestinien et encore moins accorder des indemnisations ou reconnaître leur État.  La communauté internationale est-elle acquise à l’idée qu’Israël est un pays au-dessus des lois? a-t-il demandé, en s’interrogeant sur les raisons de ce double standard. 

Pour sauver le processus de paix et la solution des deux États, M. Abbas a proposé de mettre fin à l’occupation par Israël des territoires palestiniens « dans un délai donné », car il ne suffit plus de le clamer de manière générique sans donner de date limite.  Ensuite, il a appelé à des actions pour arrêter les activités de peuplement dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est.  Le Président de l’Autorité palestinienne a également demandé une protection internationale pour les territoires et le peuple palestiniens jusqu’à la fin de l’occupation.  Il faut aussi qu’Israël s’engage à respecter les frontières de 1967 comme base des deux États, a-t-il suggéré, tout en enjoignant les États ayant reconnu l’État d’Israël à préciser qu’ils l’ont fait en se basant sur les frontières de 1967 et ceci en droite ligne des résolutions internationales sur la question.  Il a aussi appelé les États qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine à le faire, par principe d’égalité, ce qui pourrait augmenter les chances de parvenir à la paix. 

Il a en outre invité le Conseil de sécurité à approuver la demande faite par la Palestine de devenir un membre à part entière des Nations Unies, arguant que tous ceux qui soutiennent la solution des deux États doivent de facto reconnaître l’autre État qui est celui de Palestine. 

Il a plaidé pour un soutien continu de la communauté internationale à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a mis en garde contre les tentatives de supprimer le point 7 du programme de travail du Conseil des droits de l’homme sur « la situation des droits de l’homme en Palestine et dans les autres territoires arabes occupés », ou encore ceux qui empêchent la publication de la liste des entreprises qui opèrent dans les colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens occupés. 

Il a annoncé que ces questions centrales pour la préservation de la solution des deux États seront contenues dans un projet de résolution qu’il a invité l’Assemblée générale à adopter. 

M. DONALD TUSK, Président du Conseil européen de l’Union européenne, s’est prononcé en faveur de la liberté et d’un ordre mondial fondé sur des règles, conditions sine qua non de la paix, de la stabilité et d’une économie qui profite à tous.  Les Nations Unies, a-t-il poursuivi, constituent le meilleur outil que nous avons pour faire face aux conflits, à la famine, aux déplacements forcés et à la menace nucléaire. 

Après avoir rappelé que les États membres de l’Union européenne fournissent le tiers du budget de l’ONU et des opérations de maintien de la paix, il a exprimé le souhait que les Nations Unies deviennent une organisation « plus énergique et moins bureaucratique ».  Les plans de réforme de l’ONU présentement à l’étude sont le « minimum requis », a déclaré M. Tusk.

Malgré un « déclin dans l’estime populaire » au cours des dernières années, l’ONU demeure un outil important de notre « volonté collective », a-t-il poursuivi, citant en exemple la décision du Conseil de sécurité d’imposer des sanctions à la République populaire démocratique de Corée à la suite de tests nucléaires, un signe de « vrai leadership et d’unité ».  « Mais ce n’est pas suffisant », a averti M. Tusk, appelant, avec le Japon et la République de Corée, à une dénucléarisation pacifique de la péninsule coréenne, ainsi qu’à la pleine mise en œuvre du Plan d’action global commun avec l’Iran, qui « renforce notre sécurité à tous ».

Se tournant vers l’Afrique, il a souhaité que l’Europe travaille de concert avec les pays africains sur les questions de sécurité, de lutte antiterroriste et de croissance économique.  Il s’est en outre réjoui de l’occasion de discuter de ces sujets au Sommet Afrique-Europe, qui se tiendra en novembre en Côte d’Ivoire.  M. Tusk a également souligné la participation de l’Union européenne aux opérations de maintien de la paix de l’ONU et à l’aide humanitaire en République centrafricaine, au Mali, au Soudan du Sud ainsi que dans le bassin du lac Tchad.  Cependant, a-t-il ajouté, nous devons faire plus avant qu’il ne soit « vraiment trop tard ». 

S’agissant de la crise mondiale des réfugiés, il a estimé que l’Europe « continue d’assumer ses responsabilités » en accueillant les réfugiés et en apportant une aide aux États situés à proximité des zones de conflit.  L’Union européenne appuie à cet égard le processus de développement par les Nations Unies d’un pacte mondial sur les réfugiés et la migration, et appelle la communauté internationale à accroître sa participation au financement de l’aide humanitaire et à la réinstallation des réfugiés et des déplacés.  Le Président du Conseil européen s’est par ailleurs félicité de la décision du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête pour crimes contre l’humanité contre les passeurs en Libye.

Malgré la défaite attendue de Daech « en tant qu’entité territoriale », la poursuite des attaques terroristes en Europe montre que la menace persiste, a poursuivi le Président du Conseil européen, appelant à un renforcement de la lutte mondiale contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Après avoir salué la mise sur pied du Forum mondial de l’Internet contre le terrorisme, en collaboration avec les Nations Unies, il a appelé les entreprises en ligne à effacer les contenus de nature extrémiste.  Il a aussi invité les leaders musulmans à dénoncer avec force l’extrémisme islamiste. 

En ce qui concerne les changements climatiques, le Président Tusk a réaffirmé la détermination de l’Union européenne à mettre en application, le plus rapidement possible, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, en tant que pierre angulaire des efforts internationaux visant à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le monde, a poursuivi M. Tusk, « louvoie entre l’espoir et la peur ».  Alors que l’économie et les échanges sont en expansion, les tensions sécuritaires sont à la hausse et la pertinence de la coopération internationale est remise en question.  Nous devons relever le défi de faire de l’action internationale un outil « robuste, crédible et transformatif », a-t-il insisté, rappelant que l’UE et l’ONU ont été créées en réponse aux « atrocités de la Seconde Guerre mondiale ».  Devant les situations en « noir et blanc », comme le chantage nucléaire nord-coréen, le terrorisme ou l’agression de l’Ukraine, l’ONU et l’Union européenne ne peuvent se montrer hésitantes.  Les Nations Unies ne doivent pas « lâchement chercher un compromis » avec le « mal », a-t-il conclu, mais plutôt mobiliser la communauté internationale pour le combattre.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a débuté son discours en reconnaissant que les problèmes auxquels le monde fait face aujourd’hui semblent écrasants: les attaques terroristes, les conflits au Myanmar, en Syrie, en Centrafrique et au Yémen, et les catastrophes naturelles qui ont touché les États-Unis et l’Asie, ainsi que les Caraïbes.  Mais il a tenu à affirmer qu’il y avait tout de même de la place pour l’optimisme.  Le monde d’aujourd’hui est un monde bien meilleur qu’au moment où les Nations Unies ont été créées, a-t-il dit en substance, en pointant les énormes progrès réalisés dans la lutte contre l’extrême pauvreté, la mortalité maternelle et infantile et l’éducation des enfants, qui pour 90% d’entre eux reçoivent une éducation primaire.  M. Rutte a insisté sur le rôle joué par les Nations Unies dans ces réussites, en rappelant également à quel point la coopération internationale était importante pour les Pays-Bas et ses partenaires de Curaçao, Aruba et Saint-Martin, mais aussi pour les victimes du vol MH17.  Changements climatiques, migration, sécurité alimentaire, terrorisme et cybercrime: les problèmes auxquels le monde est confronté aujourd’hui, a-t-il ajouté, sont par nature internationaux.

M. Rutte a indiqué que les Pays-Bas débuteront, en janvier 2018, un mandat d’un an au Conseil de sécurité, remplaçant à ce poste l’Italie, ce qui est pour lui un bon exemple de partenariat européen au sein des organisations internationales.  Les Pays-Bas ont fixé trois priorités et d’abord, la réforme et la modernisation des Nations Unies, pour laquelle ils apportent leur ferme soutien au Secrétaire général.  Le Premier Ministre a insisté sur la nécessité d’un effort de la part de tous les États Membres et a attiré l’attention sur quelques chantiers, comme une meilleure coopération entre les agences de l’ONU et le renforcement du rôle des coordinateurs résidents.  Comme deuxième priorité, il a cité la sécurité, avec un mot clef: la prévention.  « Nous n’avons pas accordé assez d’attention aux premières étapes des conflits. »  Il a ainsi salué le travail de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), à laquelle son pays participe et qu’il voit comme un modèle pour les futures missions.  Il a cependant souligné que la Mission a besoin de services de renseignement, de formation et d’équipements de pointe, ainsi que d’un mandat clair.  En matière de contre-terrorisme, M. Rutte a cité comme bon exemple le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont les Pays-Bas assurent la coprésidence avec le Maroc.  « Soixante pays et les Nations Unies collaborent maintenant avec Interpol au profilage des terroristes étrangers. »

M. Rutte a ensuite décrit la troisième priorité de son pays: la durabilité, qui est étroitement liée à la prévention de la violence et des conflits.  Il a rappelé, à cet égard, l’importance des objectifs de développement durable, que les Pays-Bas, avec ses partenaires de Curaçao, Aruba et Saint-Martin, travaillent à mettre en œuvre.  Il a longuement insisté sur la question de l’eau, un domaine dans lequel les Pays-Bas ont une grande expertise.  Rappelant les catastrophes qui ont touché New York, le Texas et l’Asie, il a insisté sur l’imbrication de la question climatique avec celle de l’eau.  Il a dit combien la population de Saint-Martin, dans la partie néerlandaise de l’île, lutte encore pour faire face aux dégâts provoqués par l’ouragan Irma.  En 2050, les Nations Unies prédisent que 200 millions de personnes seront déplacées à cause des changements climatiques, a-t-il ajouté, en précisant que les Pays-Bas déploient leur expertise dans le monde entier et sont membres du Groupe de haut niveau sur l’eau.  Après avoir réaffirmé son soutien aux réformes proposées par le Secrétaire général, M. Rutte a conclu en appelant le monde à regarder ce qu’il avait accompli dans les décennies précédentes et ce que ces résultats comportaient comme promesses pour le futur.

Après avoir annoncé l’organisation d’une conférence sur la couverture santé universelle à Tokyo, au Japon, en décembre 2017, M. SHINZO ABE, Premier Ministre du Japon, a déclaré: « ce que veut le Japon, c’est sauvegarder un ordre international libre, libéral, ouvert et des cadres multilatéraux ».  Le monde a des attentes élevées vis-à-vis de l'ONU en tant que porte-drapeau de ces idéaux.  C'est pourquoi le Conseil de sécurité devrait être réformé sans délai, en réponse aux exigences du temps.  Le Japon s'efforcera avec ses amis de réaliser ces réformes.  La détermination du Japon est de jouer un rôle actif pour la paix mondiale en tant que membre permanent du Conseil de sécurité.

Toutefois, a poursuivi M. Abe, « je n’ai pas d’autres choix que de me focaliser sur une seule question: la Corée du Nord » qui a effectué le 3 septembre dernier, un autre essai nucléaire.  Avant et après cela, soit le 29 août et le 15 septembre, sans attendre que l’encre de la résolution 2375 (2017) ne sèche, la Corée du Nord a lancé des missiles, chaque fois au-dessus du Japon, dans ce qui était une menace d’une gravité sans précédent et indiscutablement, une urgence.  La dernière crise est très différente de celles que nous avons vues quand un dictateur a tenté d’acquérir des armes de destruction massive.  Les armes nucléaires de la Corée du Nord sont déjà ou sont sur le point de devenir des bombes à hydrogène.  Leurs vecteurs seront tôt ou tard des missiles balistiques intercontinentaux.  

La situation actuelle n’est pas due à une absence de dialogue, a rappelé le Premier Ministre, soulignant que ce dialogue a commencé dans les années 90 et a même donné lieu à la création entre les États-Unis, le Japon et République de Corée ont créé l’Organisation pour le développement énergétique de la péninsule coréenne (KEDO).  Devant les trahisons répétées de la Corée du Nord, la Chine et la Fédération de Russie se sont jointes en 2003, aux membres du KEDO, qui avait entretemps suspendu leur Organisation, pour lancer les pourparlers à six.  En 2005, ils ont pu publier une déclaration commune aux termes de laquelle la Corée du Nord abandonnait armes et programmes nucléaires et réintégrait le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le système de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  En 2007, ils sont parvenus à un accord sur ce que chacun d’entre eux devait faire pour mettre en œuvre la déclaration conjointe.  Alors même qu’ils négociaient cet accord, la Corée du Nord déclarait être en possession d’armes nucléaires et effectuait dès octobre 2006, son premier essai nucléaire, suivi d’un deuxième en 2009, et la même année, de son retrait des pourparlers à six, sans compter ses tirs répétés de missiles balistiques.

La Corée du Nord n’a jamais eu l’intention de renoncer à son arsenal nucléaire.  Elle gagnait du temps, a dénoncé le Premier Ministre.  Avec quel espoir de succès devrions-nous, aujourd’hui, risquer un troisième échec? s’est-il impatienté.  Ce qu’il faut pour obtenir que la Corée du Nord renonce à tous ses programmes nucléaires et balistiques de manière complète, vérifiable et irréversible, ce n’est pas un dialogue mais des pressions.  Le Japon, a-t-il promis, fera face à la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord, dans le cadre de son alliance avec les États-Unis et « dans l’unité ».  « Toutes les options sont sur la table », a-t-il dit en paraphrasant le Président américain.  

M. Abe a dit avoir accueilli la résolution 2375 (2017) du Conseil de sécurité comme « une clarification » de l’intention de tous d’intensifier les pressions sur la Corée du Nord pour la forcer à changer fondamentalement sa politique.  La résolution n’est rien d’autre qu’un début, la Corée du Nord ayant déjà lancé un autre missile. 

Nous devons, a conclu le Premier Ministre, empêcher l’acheminement vers la Corée du Nord des biens, des fonds, des gens et de la technologie nécessaires au développement des armes nucléaires et des missiles.  Nous devons faire en sorte que la Corée du Nord respecte pleinement les multiples résolutions du Conseil de sécurité.  Tous les États doivent assurer la mise en œuvre stricte et complète de ces résolutions.  Ce qui est nécessaire, c’est l’action.  La fin des provocations de la Corée du Nord dépend de la solidarité de la communauté internationale.  Le temps presse, a alerté M. Shinzo Abe.  « Pour changer la politique nord-coréenne, nous devons renforcer notre unité. » 

M. ANTÓNIO LUÍS SANTOS DA COSTA, Premier Ministre du Portugal, a commencé par présenter ses condoléances et exprimer sa solidarité au peuple et au Gouvernement du Mexique, après les évènements tragiques d’hier.  Je suis profondément ému, a-t-il poursuivi, de m’adresser à cette Assemblée en présence du premier Secrétaire général de nationalité portugaise.

« Réformer l’architecture de la paix et de la sécurité de l’ONU est une absolue priorité », a-t-il déclaré.  À ce propos, il a attiré l’attention sur le monde lusophone, qui dénombrera, au milieu du siècle, plus de 400 millions de locuteurs et sur le fait que de nombreux pays membres de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) souhaitent que le portugais figure parmi les langues officielles des Nations Unies.

Promouvoir la paix et la sécurité va de pair avec la promotion du développement, a prévenu le Premier Ministre.  Les deux dimensions sont complémentaires et se renforcent l’une l’autre.  Pour cette raison, la médiation diplomatique sur laquelle le Secrétaire général met à juste titre l’accent, et les opérations de maintien de la paix dans les zones de conflit exigent aussi un appui humanitaire, une coopération au développement et le renforcement des capacités institutionnelles des pays et peuples affectés.  Une des priorités « les plus claires » de la politique étrangère du Portugal est la participation aux opérations de maintien de la paix et au renforcement des institutions dans le cadre des Nations Unies.  En tant que pays européen de l’Atlantique, qui a su préserver des liens culturels et historiques profonds avec l’Afrique, le Portugal accorde une attention particulière aux partenariats entre les deux continents. 

Le premier Sommet Union européenne (UE)/Afrique de 2000 a eu lieu sous la présidence portugaise, a rappelé le Premier Ministre.  Le cinquième Sommet, qui se tiendra en novembre 2017 à Abidjan, doit être l’occasion de définir aux mieux les priorités du Partenariat stratégique entre l’Afrique et l’Union européenne, et le thème choisi « la jeunesse », permettra de trouver l’approche intégrée tant recherchée pour s’attaquer aux questions de l’éducation, de l’emploi, des dynamiques démographiques, de la croissance économique, de l’égalité entre les sexes et de la participation civique.  Si le continent africain avance, il reste beaucoup d’obstacles à surmonter, a reconnu le Premier Ministre, avant de donner les exemples de la participation du Portugal aux efforts internationaux qu’il s’agisse des opérations de maintien de la paix, de la lutte contre la piraterie ou encore de la protection du commerce international. 

Le Premier Ministre a défendu une « diplomatie des droits de l’homme » et a attiré l’attention sur la Plateforme mondiale pour les étudiants syriens, une initiative de l’ancien Président du Portugal, M. Jorge Sampaio, pour garantir l’accès des jeunes syriens à l’enseignement supérieur, ce qui est « un droit universel ».  Il a invité tous les pays à rejoindre cette initiative et à appuyer le Mécanisme de réaction rapide pour l’enseignement supérieur.  Poursuivant sur les changements climatiques, le Premier Ministre a promis que son pays se conformera à l’engagement volontaire de l’Union européenne à réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et contribuera au Fond vert pour le climat. 

Si tous les 17 objectifs du Programme 2030 sont extrêmement importants, le Portugal, en raison de son histoire, est tout particulièrement attaché à l’objectif 14 sur la protection des océans.  La semaine dernière, le pays a d’ailleurs accueilli une autre « Réunion sur les océans » avec pour thème « L’océan et la santé humaine », après avoir été cofacilitateur, avec Singapour, des négociations sur le document final de la Conférence des Nations Unies sur les océans.  Le Premier Ministre a d’ailleurs réitéré l’intention de son pays d’accueillir la Conférence de suivi en 2020 et estimé que les Nations Unies devraient, dès 2018, lancer les négociations sur un nouvel instrument juridiquement contraignant pour la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.

Mme THERESA MAY, Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, a débuté son discours en présentant ses condoléances au peuple du Mexique, touché par un tremblement de terre et en exprimant sa sympathie aux victimes des ouragans.  Elle a ensuite abordé plusieurs défis qui mettent le Royaume-Uni et les citoyens du monde à l’épreuve et qui ne connaissent pas de frontières géographiques.  Le terrorisme, d’abord, qui a frappé son pays à cinq reprises cette année.  Elle a appelé à désamorcer cette menace et à s’attaquer à ceux qui propagent une idéologie de haine.  Les changements climatiques, ensuite, qui provoquent des déplacements massifs de population.  Mme May a également pointé l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, ainsi que la prolifération d’armes nucléaires en Corée du Nord.

Pour elle, la seule façon de répondre à cet éventail d’enjeux est de défendre l’ordre international que les États Membres se sont efforcés de créer.  Les valeurs d’équité, de justice et des droits de l’homme ont créé des causes communes entre les nations, a-t-elle rappelé.  « Ce ne sont pas des idéaux, ils sont au cœur de nos intérêts, pour assurer notre sécurité et notre prospérité. »  Mais elle a mis en garde: si le système international n’est plus capable d’affronter les défis d’aujourd’hui, il risque d’y avoir une crise de confiance qui nuira à l’intérêt des peuples.  Elle a donc appelé à la réforme des Nations Unies et du système international pour contribuer à relever les défis du XXIe siècle, et a insisté pour que ceux qui bafouent les règles répondent de leurs actes. 

Rappelant le rôle pionnier de son pays dans la création des Nations Unies, elle a souligné combien l’ONU avait, durant toute son histoire, souffert d’un écart entre la noblesse de ses objectifs et l’efficacité de ses actions.  Elle a également indiqué que le multilatéralisme pouvait être miné par les abus commis par des Casques bleus et par ceux qui espèrent l’aide qui ne vient pas dans les périodes les plus sombres.  Mme May a affirmé son soutien aux réformes proposées par le Secrétaire général et s’est félicitée de la création d’un Groupe de travail chargé de renforcer la réponse de l'Organisation aux cas d’exploitation et d’abus sexuels. Elle a rappelé que le Royaume-Uni consacrait une grande partie de son PIB au système international, mais qu’en retour, l’ONU devait se montrer digne de confiance.  Elle a précisé que dorénavant, son pays répartirait les fonds en fonction des résultats obtenus par les différents organismes.

Mme May a poursuivi en rappelant que dans cette même Assemblée, l’année dernière, les États s’étaient engagés à traiter des causes des migrations massives, à protéger les réfugiés et ceux qui les accueillent, mais qu’en dépit des efforts, ils n’avaient pas réussi à relever le défi.  « Les efforts ne suffiront pas si les populations qui migrent ne trouvent pas d’emplois.  Elles continueront à se tourner vers nous. »

Sur le chapitre du terrorisme, Mme May a indiqué que le pont de Londres avait retrouvé ses touristes et que les Londoniens prenaient à nouveau le métro.  « Nous ne permettrons à personne de détruire notre mode de vie », a-t-elle déclaré, en déplorant que des centaines de milliers d’innocents soient tués par le terrorisme, « une tragédie mondiale ».  Elle a salué au passage la mémoire de Bénazir Bhutto, assassinée il y a 10 ans parce qu’elle défendait la démocratie, la tolérance et parce que elle était une femme.  « Je pense aux amis, aux familles des victimes ravagés par ce mal.  Cela suffit! » a-t-elle tonné, assurant que le Royaume-Uni restera au premier rang des efforts pour lutter contre ce fléau.  L’emploi d’Internet par les terroristes est, selon elle, un enjeu majeur et elle s’est réjouie de la création du Forum mondial de l’Internet contre le terrorisme par le secteur privé.  « Il faut aller plus loin pour éliminer le contenu terroriste en ligne. »  Elle a remarqué qu’en dépit de tous ces efforts, la communauté internationale n’avait pas encore trouvé le moyen d’affronter cette menace.  Elle a ainsi demandé au Secrétaire général de faire de la lutte contre le terrorisme le thème central de l’Assemblée générale l’année prochaine, pour pouvoir frapper un grand coup mais dans le respect de l’équilibre entre la protection des peuples et le respect de leur liberté.

Enfin, elle a appelé à mettre fin aux violences dans le nord du Myanmar et demandé que soient mis en œuvre les accords humanitaires et les recommandations de la « Commission Annan ».  Mme May a terminé son intervention en dénonçant les États qui s’ingèrent dans les affaires des pays tiers via des intermédiaires.  Elle a mentionné le Hezbollah, le soutien aux séparatistes en Ukraine et les cyberattaques.  Ses derniers mots ont été pour Bashar Al-Assad qui, selon elle, déjoue les efforts des Nations Unies pour rétablir la paix et la prospérité en Syrie.  Elle a dénoncé l’utilisation d’armes chimiques contre le peuple syrien.  Soulignant la responsabilité particulière du Conseil de sécurité dans ce conflit, elle a fustigé l’attitude d’un pays membre qui « utilise abusivement son droit de veto pour empêcher les mesures contre un régime méprisable qui assassine son propre peuple avec des armes chimiques ».

M. PAOLO GENTILONI, Président du Conseil des ministres de l’Italie, a commencé par rappeler que, ces deux dernières années, l’Union européenne a été contrainte de faire face aux plus grands défis depuis l’après-guerre.  Mais aujourd’hui, j’ai la profonde conviction qu’un nouvel élan européen est là, porteur d’un projet qui renforce le rôle de l’Union dans le monde, inspiré par le multiculturalisme, le libre-échange et le respect de l’état de droit, a confié le Président.  Ce que l’Italie veut, a-t-il précisé, c’est de reconstruire une Europe qui peut, une nouvelle fois, offrir au monde un exemple de solidarité, de progrès, de prospérité et d’efficacité.  Pour l’Italie, le développement de l’intégration sociale, économique et politique et la lutte contre la pauvreté et la marginalisation veulent dire aussi, contribuer à une gestion plus efficace des migrations. 

Nous devons répondre avec compassion, intelligence et vision à la réalité des mouvements de populations considérables, a-t-il ajouté.  L’Italie est et entend rester un pays d’accueil, consciente du lien inévitable entre les principes de solidarité et la sécurité.  Mais, a prévenu le Président, pour consolider notre action, il nous faut une réponse globale au phénomène migratoire qui a commencé dans l’Union européenne et qui s’étend à la communauté internationale dans son ensemble.  Nous devons, a-t-il voulu, trouver des solutions à long terme à un défi qui, a-t-il affirmé, non seulement nous touche mais aussi chaque pays et les futures générations.

L’Italie participe donc activement aux négociations sur les futurs pactes mondiaux relatifs aux migrations et aux réfugiés.  La proposition italienne de traiter ensemble du phénomène migratoire se base sur trois piliers: investir, protéger et valoriser.  Il faut, s’est expliqué le Président, investir dans l’appui aux pays d’origine et de transit, protéger les migrants et les réfugiés les plus vulnérables et valoriser les aspects positifs et les opportunités de la migration.  L’Italie est déjà promotrice d’un vrai partenariat avec les pays africains car « l’avenir de l’Europe est en Afrique ».  C’est en investissant en Afrique que nous pourrons répondre aux causes profondes de la migration et surtout aux inégalités économiques et démographiques.

Compte tenu de sa géographie et de son histoire, l’accent que place l’Italie sur une gestion responsable et solidaire des mouvements des personnes s’accompagne d’un accent tout aussi important sur la sécurité, la stabilité, le développement durable et la croissance dans la région de la Méditerranée et sur le continent africain dans son ensemble.  C’est dans cette perspective que s’inscrit la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a expliqué M. Gentiloni.  L’Italie est un partenaire actif de la Coalition mondiale contre Daech mais la lutte contre le terrorisme exige une force multidimensionnelle tirant parti de chaque outil de la coopération internationale, dont les initiatives contre l’utilisation d’Internet et des médias sociaux par les terroristes et contre leur financement.

Personne ne peut y arriver seul, a prévenu le Président.  Il faut une collaboration entre les États et toutes les parties prenantes régionales.   La Libye, a-t-il poursuivi, est la clef pour rétablir la Méditerranée centrale dans son rôle historique de moteur de la civilisation, de la paix et de la sécurité.  Il a donc appuyé le Président Serraj et les institutions prévues par l’Accord politique libyen.  Il faut, a-t-il poursuivi, aider les communautés libyennes à se développer par des investissements qui offrent des alternatives aux trafics illicites.  Il faut travailler avec le HCR et l’OIM pour améliorer les processus d’enregistrement et de rapatriement des migrants. 

Le Président a aussi parlé de la Syrie et appuyé les efforts de l’Envoyé spécial, M. Staffan de Mistura.  Dans son tour du monde, il a voulu que le dossier sur le nucléaire iranien reste « une success story ».  Il a réitéré l’engagement de son pays en faveur du Programme 2030 et appuyé fermement les plans de réforme du Secrétaire général.

Le Président du Conseil des ministres a également parlé des changements climatiques, faisant savoir que l’Italie axera sa politique de coopération pour le développement sur des stratégies d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques.

M. LENIN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, s’est félicité de ce que le Président de cette Assemblée générale a choisi comme thème annuel « priorité à l’être humain », un thème qui coïncide avec notre philosophie de gouvernement dans le sens où nous nous occupons de nos citoyens toute la vie, du moment de leur conception, jusqu’à ce que Dieu décide de leur fermer les yeux.

Listant les différentes étapes de la vie d’un individu, le Président équatorien a souligné l’importance, dans le cadre de cette vision garantissant les droits de la personne tout au long de son existence, d’éradiquer toutes les formes de violence.  « L’humanité entière a le devoir moral et éthique de refuser que des milliers de femmes et de jeunes filles soient maltraitées ou assassinées », a-t-il martelé.

M. Moreno Garcés a ensuite expliqué que les Équatoriens avaient hérité des peuples autochtones l’idée d’un monde centré autour de l’être humain et de sa relation avec la nature, dont l’objectif est la satisfaction des besoins de tous dans le cadre d’une vie digne.  « Mes frères autochtones m’ont appris que nous naissons pour être heureux.  C’est conformément à ce principe que nous devons gouverner, vivre, administrer et agir », a-t-il commenté.

Au vu de la nécessité de nous engager au service de la paix, il a expliqué que l’Équateur avait signé aujourd’hui le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a, à ce propos, appelé tous les pays à signer ce traité « historique ».

Mentionnant les sanctions contre Cuba, M. Moreno Garcés a dit croire fermement que la paix et le développement se construisent avec le dialogue, insistant sur l’importance du respect de la souveraineté des États et du principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.

« Nous appelons au dialogue comme mécanisme de règlement des différends dans le monde, dans le respect du droit international.  Le militarisme n’est pas la réponse.  Il n’apporte que souffrance, douleur et mort », a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il soutient le dialogue qui continue en « République sœur » de Colombie entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale.  Le Président équatorien s’est d’ailleurs félicité de l’Accord de Quito, prévoyant un cessez-le-feu bilatéral et temporaire en Colombie.

Il a également signifié que la lutte contre la corruption passait par une plus grande culture de la transparence, notamment grâce à des mesures fiscales justes.  Il a mentionné l’exemple équatorien où, après consultation populaire, le pays a décidé d’interdire aux fonctionnaires le recours aux paradis fiscaux. 

M. Moreno Garcés s’est ensuite attardé sur la thématique des changements climatiques et de la crise migratoire.  Il a déploré les dégâts causés par les phénomènes climatiques de ces dernières semaines et a renouvelé l’expression de sa solidarité envers les peuples affectés.  « Nous devons prendre soin de notre maison commune, afin d’assurer la survie de notre planète », a-t-il proclamé, avant de préciser que ce sont les pays en développement qui en payent le prix le plus élevé.

Sur la question migratoire, il a insisté sur l’importance de la mobilité humaine qui « enrichit les peuples et contribue à combattre toutes les formes de discrimination et de xénophobie ».  Il a renouvelé son soutien à l’élaboration d’un pacte mondial sur les migrations car « fermer les frontières n’est pas la solution, cela ne l’a jamais été ».  « Au vu de l’échec du modèle de développement basé sur l’accumulation des richesses, les inégalités et la guerre, nous pouvons et nous devons promouvoir une société nouvelle, basée sur la construction du bien commun », a conclu le Président.

Mme GABRIELA MICHETTI, Vice-Présidente de l’Argentine, a indiqué que son gouvernement s’était fixé l’objectif d’avancer de façon déterminée vers l’élimination totale de la pauvreté.  L’Argentine a d’ailleurs présenté, en juillet 2017, son premier rapport d’examen volontaire sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

La création d’emploi et l’éducation pour tous sont des objectifs pour son pays qui cherche à consolider l’égalité des chances.  La Vice-Présidente a signalé à cet égard que l’Argentine accueillerait en novembre la quatrième Conférence mondiale sur le travail des enfants.

La promotion et la protection des droits de l’homme constituent en Argentine une politique d’État depuis la restauration de la démocratie en 1983, ce qui exige de travailler de concert avec les acteurs régionaux et internationaux.  Mme Michetti a rappelé au passage que son pays était candidat au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.

La Vice-Présidente a poursuivi en abordant le fléau du terrorisme, qui a touché son pays dans les années 1990.  L’attentat contre le siège de l’Association des mutuelles israéliennes argentines, en 1994, fait toujours l’objet d’une enquête, a-t-elle dit, en espérant que justice serait enfin rendue.  Elle a sollicité à cet effet la coopération de la communauté internationale pour appuyer sa demande d’entraide judiciaire à la République islamique d’Iran.

Pour démontrer la volonté de son pays de s’intégrer au monde, elle a indiqué que l’Argentine serait le siège de la onzième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre prochain et qu’elle assumerait en 2018 la présidence du G20.  « Le Marché commun du Sud (MERCOSUR) est notre principal instrument d’insertion internationale », a-t-elle aussi fait valoir.  Un des objectifs est de faire de l’Argentine un pays plus attirant pour les investissements étrangers.

La Vice-Présidente a ensuite réitéré « les droits légitimes et imprescriptibles de souveraineté sur les îles Malvinas, Géorgie du Sud, Sandwich du Sud et les espaces maritimes avoisinants », appelant à nouveau le Royaume-Uni à reprendre les négociations bilatérales pour trouver une solution pacifique et définitive respectueuse du mode de vie des insulaires et des résolutions de l’Assemblée générale et du Comité spécial de la décolonisation.  « Notre gouvernement a initié un nouveau climat dans sa relation avec le Royaume-Uni », a-t-elle assuré.

Mme Michetti a terminé son propos en voulant que l’on place les gens au centre des efforts de mise en œuvre du Programme 2030, plaidant en faveur de l’inclusion de tous, des femmes notamment, afin de parvenir à une société mondiale plus prospère et surtout plus juste.

M. DENIS SASSOU NGUESSO, Président du Congo, a rappelé que, chaque fois que les circonstances le permettent, le Congo s’emploie à défendre les idéaux de paix et de justice en Afrique et dans le reste du monde.  C’est dans ce cadre que le pays va accueillir, le 19 octobre prochain, le septième Sommet de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et la réunion de haut niveau du Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.  Relevant les crises en cours en Afrique, il a souligné que le soutien du Congo au Gouvernement et au peuple centrafricains est acquis, ajoutant que la mise en œuvre de la feuille de route pour la paix et la réconciliation en RCA devrait donner une nouvelle impulsion en vue de la stabilisation de ce pays.  Il a aussi relevé que la recherche de la paix en Libye progresse sous l’égide du Congo qui assure la présidence du Comité africain de haut niveau sur ce pays.  Il a exhorté la communauté internationale à appuyer les efforts du Congo en faveur de ces initiatives propices à un dénouement heureux de ces différentes crises.

Le Président a affirmé que la pauvreté constituera toujours un défi planétaire durable, tant que ne sera brisé le cycle de la dépendance et des contingences dramatiques imposées par l’évolution préoccupante des écosystèmes naturels.  Sur la question des migrations qui touche particulièrement l’Afrique, il a estimé que nous sommes tous interpelés et qu’il faut agir en profondeur, de manière solidaire et dans la compréhension mutuelle, pour contenir ces exodes vers l’incertitude et préserver la vie des milliers d’Africains.  Il a également exprimé sa compassion et sa solidarité à l’endroit des populations victimes des conséquences néfastes des changements climatiques, plaidant pour le respect des engagements issus de l’Accord de Paris.  Il a de ce fait rappelé que la protection de l’environnement est une obligation commune et incontournable.  C’est pour cette raison que le Congo a initié le Fonds bleu pour le bassin du Congo, un instrument financier visant à assurer une meilleure qualité de vie aux peuples et protéger les forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert du monde après l’Amazonie.

M. Sassou-Nguesso a en outre souligné que la vie décente pour tous passe également par une bonne santé des populations, s’inquiétant à ce propos de l’expansion du fléau des médicaments contrefaits et sous-standards, notamment dans les pays en développement.  Il a rappelé que selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 800 000 décès par an sont dus aux faux médicaments.  Il a invité l’Assemblée générale à définir une stratégie globale de lutte contre ce fléau.  Il a aussi assuré qu’en dépit de la conjoncture née de la chute drastique des cours pétroliers, le Congo poursuit sa marche résolue vers la consolidation de la démocratie, ajoutant que les forces vives de la nation exercent leurs prérogatives en totale liberté.

Mme MICHELLE BACHELET JERIA, Présidente du Chili, a constaté que la scène internationale était caractérisée par l’incertitude.  « Soit nous laissons chaque État essayer de s’imposer et tirer le plus d’avantages possibles de sa position, soit nous œuvrons en faveur de la stabilité et de la paix commune », grâce au renforcement des instruments multilatéraux et à la coopération.

« J’apporte aujourd’hui la voix du Chili, un pays qui a appris de son histoire. »  La Présidente a ainsi voulu transmettre un message d’optimisme réaliste en soulignant que l’on pouvait améliorer la vie des gens en agissant de concert et en mettant en commun les forces de tous.

Elle a indiqué que le Chili avait lancé son Plan d’action national sur les changements climatiques, dans la droite ligne de l’objectif 14 de développement durable relatif aux océans.  Elle a cité à cet égard un impôt vert sur les émissions de CO2 provenant de sources fixes, ainsi que la transformation du pays en matière énergétique.  Le Chili est en effet passé de 6,3% à 17% d’énergies renouvelables non conventionnelles, avec pour objectif d’atteindre le taux de 90% en 2050.

Le Chili, qui prend une part active à l’initiative « Notre océan », a créé de nouveaux parcs marins protégés.  Il faut encore s’attaquer au problème des plastiques, une autre menace aux écosystèmes marins, a signalé la Présidente en annonçant un projet de loi pour interdire leur utilisation dans les villes côtières, une première en Amérique.  Le Chili est en outre un des premiers pays à ratifier l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal.  Comme autres mesures écologiques, la Présidente a mentionné la création d’un réseau de parcs en Patagonie.

Passant aux progrès en matière de démocratie, Mme Bachelet Jeria a indiqué que son pays avait entrepris une profonde réforme du système électoral hérité de la dictature en fixant notamment un quota de 40% de candidatures féminines.  Elle a également souligné les efforts pour garantir les libertés individuelles, en citant l’accord d’union civile qui légalise l’union de personnes de même sexe.

En matière d’éducation, Mme Bachelet Jeria a parlé de la réforme menée pour offrir une éducation gratuite, en commençant par les familles à faible revenu.

Face à la crise que traverse le Venezuela, le Chili et 11 autres pays de la région ont lancé un appel au dialogue entre le Gouvernement et l’opposition, voulant jouer un rôle pour « arriver à des résultats concrets et restaurer pleinement la démocratie dans ce cher pays ».

La Présidente a exprimé ses préoccupations en ce qui concerne les menaces à la paix dans d’autres parties du monde et les actions de la République populaire démocratique de Corée.  Elle a dit avoir participé activement aux négociations sur le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires que le Chili a signé aujourd’hui.  S’agissant d’Haïti, elle a mentionné la participation du Chili au maintien de la paix et au développement dans ce pays, avant de parler aussi du rôle du Chili dans le processus de paix en Colombie.

Venant au Programme de développement durable à l’horizon 2030, Mme Bachelet Jeria a indiqué avoir lancé une initiative appelée « Resilient 20 » pour promouvoir la résilience des pays vulnérables de la région.  Enfin, elle a appuyé les propositions du Secrétaire général sur la gestion de l’ONU et fait remarquer que la réforme du Conseil de sécurité restait en suspens.

M. RAIMONDS VĒJONIS, Président de la Lettonie, a débuté son exposé en regrettant que les Nations Unies aient été trop souvent incapables d’empêcher les conflits, les atrocités.  Elles doivent regagner la confiance des États Membres, a-t-il estimé, avant de souligner la responsabilité particulière du Conseil de sécurité et d’appeler les membres dotés du droit de veto à dépasser leurs intérêts domestiques pour relever les défis globaux.  La confiance dans les Nations Unies continuera de s’éroder si le Conseil de sécurité ne fonctionne pas, a-t-il relevé tout en appelant à une réforme attendue depuis longtemps.

Sur le plan de la sécurité, M. Vējonis s’est inquiété de la prolifération des armes de destruction massive et de la menace des armes nucléaires.  Il a noté combien les actions de la République populaire démocratique de Corée avaient aggravé l’insécurité mondiale et a appelé ce pays à renouer le dialogue avec la communauté internationale.  Les États doivent mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il insisté, avant d’estimer que l’utilisation des armes chimiques en Syrie est une autre de préoccupations, « un crime déplorable sur lequel il faut enquêter et dont les auteurs doivent être tenus responsables ».  La Lettonie continuera à soutenir le peuple syrien et le processus politique mené par les Nations Unies pour parvenir au règlement pacifique d’un conflit sanglant qui dure depuis trop longtemps.  M. Vējonis a ensuite évoqué le terrorisme global et s’est félicité des efforts de la Coalition mondiale contre Daech, et particulièrement de la libération de Mossoul en Iraq.  Il a cependant souligné que la lutte n’était pas finie et qu’il fallait penser à de nouvelles stratégies.  Il s’est dit heureux que le Protocole de Riga sur les combattants terroristes étrangers soit entré en vigueur en juillet et a encouragé tous les États à adhérer à cet instrument.

Le Président a ensuite insisté sur le respect de l’intégrité territoriale des États indépendants, y compris par la Fédération de Russie.  Il a dénoncé l’agression russe dans l’est de l’Ukraine et l’annexion illégale de la Crimée et de Sébastopol.  M. Vējonis a appelé à soutenir les efforts pour résoudre la crise dans le cadre du « format Normandie » et du Groupe de contact trilatéral, ainsi que la mise en œuvre des accords de Minsk.  Les observateurs internationaux doivent pouvoir entrer en Crimée et les violations des droits de l’homme, particulièrement contre les Tatars, doivent cesser, a-t-il précisé.  Il a aussi demandé que les Nations Unies restent impliquées dans le règlement des conflits larvés en Nagorno-Karabakh, en Transnistrie, en Abkhazie et en Ossétie du Sud.

M. Vējonis a réitéré l’engagement de son pays à mettre en œuvre l’Accord de Paris.  La Lettonie présentera également de manière volontaire, l’année prochaine, un rapport sur ses avancées concernant le Programme 2030 au Groupe de haut niveau sur le développement durable.  M. Vējonis a terminé son intervention en attirant l’attention sur le problème de la désinformation et de la propagande menés par des acteurs étatiques et non étatiques et a déclaré qu’il soutenait, aux niveaux national et international, le développement d’une presse indépendante, professionnelle, transparente et objective.

Deux ans après l’adoption des objectifs de développement durable, beaucoup reste à faire pour promouvoir un ordre économique plus juste afin de réaliser tous les objectifs de développement durable, a noté M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud.  Il a estimé qu’une volonté et un engagement politiques des dirigeants du monde étaient nécessaires pour faire face aux défis et obstacles structurels de l’économie mondiale.  Il a déploré le fait que de nombreux pays développés continuent de profiter des ressources tirées du continent africain, un continent qui continue de perdre une bonne partie de ses ressources du fait des flux illicites de capitaux; des milliards de dollars qui auraient pu être utilisés pour le développement, l’éducation, la santé, le logement et autres services de base aux populations.  Le Président a estimé que le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la corruption et le prix des transferts de fonds des multinationales sont parmi les plus grands défis de la croissance économique et de la stabilité.  Dans ce contexte, il a affirmé que les pays développés ont l’obligation historique et morale de contribuer à l’avènement d’un environnement économique mondial juste et d’éradiquer le fléau des flux financiers illicites qui partent du continent africain.

Le Président a salué la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, particulièrement l’Union africaine (UA), dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales.  Il s’est félicité du soutien apporté par l’Organisation aux efforts de gestion des conflits de l’Union africaine à travers la promotion des « solutions africaines aux problèmes et défis africains ».  Il a déclaré que les Africains entendent faire taire les armes sur le continent d’ici à l’année 2020, en droite ligne de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Il a ainsi souhaité que le peuple libyen connaisse bientôt la paix et l’harmonie, rappelant qu’en 2011, l’UA avait appelé au dialogue pour résoudre la crise dans le pays, malheureusement « certains Membres de l’ONU ont opté pour la solution des armes et des bombes ».  Or aujourd’hui, ces mêmes pays font peu d’efforts pour promouvoir la stabilité en Libye, a-t-il déploré.  Il a relevé que le problème des flux de migrants en provenance d’Afrique et du Moyen-Orient n’est qu’un symptôme de la crise libyenne.  Une crise qui a largement contribué, a-t-il affirmé, à la déstabilisation du Sahel jusqu’en Afrique centrale, créant un corridor pour le commerce illicite d’armes et les activités terroristes.  Il a indiqué qu’en Libye comme en Syrie, l’Afrique du Sud a mis en garde contre l’idée de résoudre les défis internes d’États souverains en imposant des solutions externes par la voie militaire.

Au sujet de la crise dans la péninsule coréenne, M. Zuma a dit qu’en tant que pays ayant volontairement démantelé son programme d’armement nucléaire, l’Afrique du Sud assure qu’il ne peut y avoir de mains sûres quand il s’agit d’armes de destruction massive.  « La seule solution viable est de procéder à leur élimination totale comme cela est indiqué dans le récent Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il affirmé.  Il a du reste invité tous les États Membres à signer ce Traité.

Le Président a par ailleurs appelé à la réforme du Conseil de sécurité, cet organe essentiel des Nations Unies.  Il a argué qu’une absence de progrès sur cette question entacherait la légitimité de l’Organisation.  Il a aussi déclaré que tous les efforts doivent être axés sur la mobilisation des ressources requises pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Il a souligné que cette session de l’Assemblée générale coïncidait avec le centenaire d’Oliver Reginald Tambo qui a dirigé le mouvement de libération en Afrique du Sud, à l’African National Congress (ANC).  Il a saisi cette occasion pour remercier les Nations Unies et la communauté internationale pour le soutien apporté à la lutte de libération.  Il a laissé entendre que si Oliver Tambo était encore vivant, il aurait demandé à l’Assemblée générale de soutenir la lutte des Palestiniens et des populations du Sahara occidental.  Il a plaidé pour que l’Assemblée générale fasse montre de la même détermination qu’elle a eue dans le soutien à la lutte sud-africaine.  Il a aussi fait part de sa déception face à la décision de l’Administration américaine de faire machine arrière sur les progrès enregistrés ces deux dernières années sur la question de l’embargo contre Cuba.

Les Nations Unies doivent inclure davantage l’Afrique au plus haut niveau décisionnel de l’Organisation, a estimé M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie.  « Si elle n’y parvient pas, l'ONU risque de perdre sa respectabilité », a-t-il mis en garde.  À ses yeux, le moyen le plus sûr de « restaurer la confiance » dans les Nations Unies serait de réformer le Conseil de sécurité afin d’en faire une instance « plus ouverte ».

Pour le Président namibien, l’Afrique ne devrait pas seulement être perçue comme une « source précieuse de matières premières », mais bien comme un « partenaire important » qu’il faut traiter « sur un pied d’égalité avec le reste de la communauté internationale ».  Dans cette perspective, il s’est félicité de l’accord récemment conclu entre le Secrétaire général de l’ONU et le Président de la Commission de l’Union africaine (UA) pour renforcer la coordination entre les deux organisations. 

M. Geingob a également salué le « partenariat institutionnel » qui s’est forgé entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine pour le maintien de la paix et la sécurité internationales, comme en témoigne le fait que, sur 52 opérations de maintien de la paix et missions politiques spéciales des Nations Unies, 26 sont actuellement déployées sur le continent africain.  « Cela contribue à accroître non seulement la coopération entre les deux institutions, mais également la légitimité des décisions prises par le Conseil de sécurité en Afrique », a-t-il estimé.

La plus grande menace à la paix, a toutefois déclaré le Président, demeure les disparités grandissantes entre et à l’intérieur des nations.  Pour cette raison, a-t-il déclaré, la Namibie a fait du développement une priorité.  « Nous avons réalisé des progrès significatifs dans la lutte contre la pauvreté absolue et relative au cours des 27 dernières années », s’est-il enorgueilli, précisant que le taux de pauvreté du pays était passé de 70% en 1993 à 18% en 2015. 

Malgré ces progrès, M. Geingob a reconnu que, sur la même période, les inégalités de revenus n’avaient pas diminué à un rythme aussi soutenu que celui de la pauvreté.  Pour y parvenir, la Namibie a « déclaré une guerre totale » aux inégalités, qui consiste notamment à faire en sorte que les femmes ne soient pas exclues du développement.  C’est dans cette perspective, a-t-il expliqué, que le parti au pouvoir a instauré la parité électorale entre hommes et femmes, de sorte que l’Assemblée nationale du pays compte aujourd’hui 48% d’élues, soit l’un des cinq taux de représentation politique des femmes les plus élevés au monde.

M. FILIP VUJANOVIĆ, Président du Monténégro, a d’abord affirmé que son pays, devenu récemment État Membre de l’ONU, contribuait activement au maintien de la paix et de la sécurité internationales dans la région des Balkans et avait placé la coopération régionale et les bonnes relations de voisinage au cœur de sa politique étrangère.  Il a annoncé l’organisation, l’année prochaine, d’une conférence régionale pour tenter de dépasser les désaccords et de parvenir à une paix durable.  De même, engagé en faveur de la coopération internationale, le Monténégro considère comme un facteur très important sa récente entrée à l’Alliance de l’Atlantique Nord, ce qui lui permettra de renforcer sa coopération avec les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et de la stabilité.  De même, le Monténégro entend devenir un partenaire fiable de l’Union européenne. Les négociations d’accession ont d’ores et déjà apporté au pays d’importants avantages économiques, a ajouté M. Vujanović.

Face à des défis complexes, les Nations Unies doivent se réformer plus rapidement, a estimé le Président, qui a en outre estimé que ces dernières devaient assumer de nouvelles responsabilités, tout comme les organisations économiques régionales.  Il a préconisé une réforme non seulement des Nations Unies mais aussi du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale afin de garantir une croissance économique équitable.  Le Monténégro est notamment favorable au renforcement du rôle de l’Assemblée générale et à l’élargissement du Conseil de sécurité selon le principe de représentation géographique équitable.

M. Vujanović a également salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et a apporté un soutien sans équivoque à la non-prolifération nucléaire.  Il a condamné les essais nucléaires de la République populaire démocratique de Corée, appelé ce pays à respecter ses obligations internationales et a appuyé les efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions.

Le multilatéralisme est essentiel pour la paix, la croissance durable et le respect des droits de l'homme, a estimé le Président du Monténégro, pour qui le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques représentent une plateforme universelle pour la transformation et le progrès et doivent être intégralement mis en œuvre et dotés de ressources considérables.  Estimant que l’Accord de Paris est le fondement des futurs efforts pour préserver la stabilité à long terme du système climatique, il a rappelé que son pays apporte sa contribution au Fonds d’affectation spéciale du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Les droits de l’homme sont une condition préalable de la paix, de la stabilité et du développement, a aussi rappelé M. Vujanović, qui a dit attacher une importance particulière à l’éradication de la pauvreté et à la lutte contre les discriminations, ainsi qu’à la promotion des femmes et la protection des enfants, avant d’annoncer la candidature de son pays à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2022-2024.  Il a par ailleurs apporté son soutien aux projets de pactes mondiaux en faveur des réfugiés et des migrants.

M. KLAUS WERNER IOHANNIS, Président de la Roumanie, a estimé que, même si certains estiment que les Nations Unies ne gèrent pas bien la multitude des nouvelles crises, il n’existe pas de voie plus efficace que le multilatéralisme pour rechercher des solutions fiables aux défis mondiaux.  Le monde a plus que jamais besoin d’un système international fondé sur l’état de droit et les Nations Unies doivent être dotées des moyens nécessaires à leur efficacité.  En même temps, les États Membres doivent renforcer leur engagement en faveur des Nations Unies.

L’ordre du jour des Nations Unies ne concerne pas seulement les conflits et leur prévention, a rappelé M. Iohannis.  Il touche aussi au développement et aux droits de l'homme: il faut bâtir une vie décente pour chacun sur une planète durable.  La Roumanie, a rappelé son Président, a choisi d’associer tous les acteurs politiques, de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique à l’élaboration de politiques permettant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Elle se soumettra à son premier examen volontaire du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet 2018.

Quelle que soit la forme que prendra finalement le Conseil de sécurité réformé, nous avons besoin de Nations Unies dotées de solides capacités de planification et capables de projeter la vision d’une paix mondiale bien au-delà des vicissitudes présentes, a poursuivi M. Iohannis.  C’est pourquoi la Roumanie soutient les efforts de réforme du Secrétaire général et en particulier la création d’une structure institutionnelle intégrée permettant une approche holistique de la gestion des crises.  Elle appuie également le renforcement de l’efficacité des opérations de maintien de la paix et les priorités du Secrétaire général en matière de réforme: prévention des conflits, développement durable, réforme de la direction et refonte du Secrétariat.  Elle salue en outre la réforme de l’architecture de lutte contre le terrorisme et la création du Bureau de lutte contre le terrorisme. Par ailleurs, la Roumanie reste favorable, avec l’Espagne, à la création d’un tribunal international contre le terrorisme.  Enfin, elle appuie le renforcement de la dimension des droits de l'homme au sein de l’Organisation.

M. Iohannis a ensuite mis l’accent sur l’éducation pour la paix, estimant qu’une éducation de qualité est le seul moyen de lutter contre les tendances extrémistes qui menacent aujourd’hui la jeunesse.  Il a rappelé qu’il venait de présider un débat sur ce thème en marge du débat général de l’Assemblée générale.

Le Président roumain s’est enfin inquiété des conflits prolongés dans la région de la mer Noire, qui perturbent la coopération régionale alors même que la communauté internationale devrait stimuler ce type de coopération.  Rappelant que la Roumanie avait parrainé une résolution en ce sens au Conseil de sécurité en 2005 alors qu’elle en était membre non permanent, le Président a annoncé la candidature de son pays pour un cinquième mandat de deux ans au Conseil pour la période 2020-2021, en rappelant la contribution de son pays aux effort de paix et de sécurité des Nations Unies, y compris sa contribution depuis 26 ans aux opérations de maintien de la paix, dans lesquelles ont servi plus de 10 000 Casques bleus roumains dans 20 missions.

M. ARTHUR PETER MUTHARIKA, Président de la République du Malawi, a souligné que l’élimination de la pauvreté et la recherche de la prospérité dans le monde doivent se fonder sur l’élévation du potentiel des peuples.  Aucune communauté ne peut prendre de l’élan sur le plan socioéconomique sans que sa population soit autonomisée pour orienter son propre agenda pour le développement, d’où l’importance d’investir dans le capital humain, a-t-il indiqué.

Après avoir appelé à une action concertée de la part de tous les États Membres, M. Mutharika a insisté sur l’importance d’autonomiser les femmes, notamment en mettant l’accent sur la situation des jeunes filles.  Il a appelé à mettre un terme aux mariages précoces, précisant que le Malawi avait adopté une loi qui interdit le mariage de toute personne âgée de moins de 18 ans.  La législation du pays permet également aux jeunes filles de prendre des décisions informées concernant leur éducation et leur avenir.

Le Malawi a aussi pris des « mesures décisives » pour permettre aux jeunes qui ne peuvent pas se rendre à l’université d’obtenir une éducation technique et entrepreneuriale, ainsi que pour élargir l’accès à l’enseignement supérieur.  Le Malawi, a par ailleurs ajouté le Président, a également réalisé des progrès dans la lutte contre les attaques « brutales et irrationnelles » dont sont victimes les personnes atteintes d’albinisme.  Il fut un temps où ces attaques étaient répandues dans certaines parties du pays, mais aucune n’a été signalée au cours des six derniers mois, s’est-il félicité.

Tournant ensuite son attention sur la question du développement, le Président a indiqué que la majorité de la population du Malawi dépend de l’agriculture pour subvenir à ses besoins.  Alors que ce secteur fait face à de nombreux défis en raison des changements climatiques, le Malawi est en train de mettre en place des programmes de protection sociale afin de protéger les plus vulnérables, moyennant, notamment, des programmes de transfert de fonds ou de travail contre nourriture, ainsi que des programmes de cantines scolaires et de subventions agricoles.

Il a expliqué que dans son pays, où 85% de la population vit dans des communautés agraires, les mauvaises récoltes sont toujours une tragédie.  Le Malawi a été victime, pendant deux années consécutives, d’inondations et de sécheresse qui ont provoqué des pertes de récoltes et la famine.  Tout le monde, a-t-il souligné, doit ressentir le besoin urgent de procéder collectivement à la gestion durable de nos ressources naturelles.  Si cette planète meurt, a-t-il averti, nous périrons avec elle!

Le Président du Malawi a également abordé la question du nucléaire pour exprimer son « désaccord catégorique » avec la prolifération de la technologie des missiles balistiques.  Il a aussi appelé à la pleine représentation du continent africain au sein du Conseil de sécurité.  « Notre Afrique en ascension est toujours prête à jouer son rôle au sein de la communauté internationale », a-t-il lancé avant de conclure.

M. HERY MARTIAL RAJAONARIMAMPIANINA RAKOTOARIMANANA, Président de Madagascar, a estimé que le thème du débat général, « Priorité à l’être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée », fait écho « au sens même de la raison d’être de chaque État » d’assurer le bien-être de son peuple par les « voies et moyens » qui lui sont propres.  Le Président a noté que son pays, au terme d’une longue crise politique aggravée par l’imposition de sanctions internationales et un taux de pauvreté atteignant 92% de la population, a « franchi un cap et atteint une étape qui permet tous les espoirs ».

Depuis 2016, des investissements et l’octroi d’une aide internationale totalisant 6,4 milliards de dollars ont permis à Madagascar de réinvestir dans des secteurs clefs de son économie, s’est félicité le Président.  Les chantiers se multiplient à travers tout le pays, réduisant la pauvreté des populations les plus vulnérables.  Il a souligné que la création du Conseil de réconciliation nationale a permis au pays de parvenir à une « normalisation institutionnelle » et de faire des progrès en matière de gouvernance, en plus d’apaiser le climat politique.

En outre, a poursuivi le Président, la mise en œuvre du Plan national de développement a favorisé la mise en place d’infrastructures de base dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’énergie et de la pêche, ce qui a permis une « redynamisation » de l’économie et une « réelle valorisation de nos richesses ».  Nous comptons poursuivre dans cette voie en instaurant des zones économiques spéciales dans deux régions, a-t-il poursuivi, ajoutant que des projets de création d’une « ville pilote numérique » et d’accélération de la transition énergétique sont en cours. 

Par ailleurs, en assumant « haut la main » la présidence des sommets du Marché commun de l'Afrique de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA) et de l’Organisation internationale de la Francophonie, Madagascar a montré qu’il « peut jouer sa partition sur l’échiquier mondial », selon le Président. 

Dans le contexte des objectifs de développement durable, Madagascar a élaboré un plan sectoriel de l’éducation et réalisé des investissements importants dans un système de santé « réduit à néant pendant les années sous sanctions ».  Le Président s’est aussi réjoui de la mise en place d’un système de surveillance épidémiologique électronique, ajoutant que son gouvernement envisage la création d’une couverture de santé universelle. 

Madagascar a également investi dans son industrie touristique afin de créer des emplois et préserver sa biodiversité « unique et inestimable », a ajouté le Président, soulignant à cet égard l’importance d’assurer une gestion responsable des ressources naturelles et de lutter contre les changements climatiques. 

Concluant son intervention, le Président malgache a déclaré que l’Assemblée générale dispose des outils nécessaires pour relever les défis mondiaux relatifs à pérennisation de la paix, de la sécurité et de la réduction des inégalités.  Il s’agit maintenant de les renforcer, a-t-il conclu, en mettant l’accent sur la prévention et en mettant en place un « nouveau modèle » de développement durable répondant aux préoccupations et attentes des peuples.

« En ces temps de turbulence et d’incertitudes, l’idéal d’un monde meilleur pour tous se heurte aux urgences d’un monde de conflits et en conflit avec lui-même » a déclaré M. MACKY SALL, Président du Sénégal. Ce dernier s’est inquiété des urgences sécuritaires et humanitaires, alimentaires, environnementales, mais aussi éthiques et morales, pointant notamment du doigt les dérives extrémistes, racistes et xénophobes qui refont surface.  Rien, encore moins la religion, ne saurait justifier le fanatisme violent, a affirmé le Président qui a toutefois dit ne pouvoir accepter que l’islam soit assimilé à la violence et que les musulmans soient tenus pour responsables « d’une violence dont ils sont eux-mêmes victimes ».  Il a appelé à travailler ensemble à la recherche de solutions concertées contre le fléau du terrorisme, précisant que ce sera l’objet du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, dont la quatrième édition se tiendra les 13 et 14 novembre 2017.  Il a ensuite salué les efforts du G5 Sahel et des pays partenaires dans la lutte contre le terrorisme.

Poursuivant son intervention, M. Sall a averti que le monde ne peut être en paix avec lui-même tant qu’il reproduira un système d’échanges inégaux, « où ceux qui ont plus gagnent toujours plus, et ceux qui ont moins perdent toujours plus ».  Il a appelé à travailler à des échanges mutuellement bénéfiques, qui protègent l’investissement, rémunèrent au juste prix les matières premières et génèrent une prospérité partagée.  Au titre de la présidence en exercice du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), il a salué l’initiative Compact avec l’Afrique lancée par l’Allemagne pour stimuler l’investissement sur le continent.  Il a également annoncé que le Sénégal accueillera prochainement trois évènements majeurs de l’agenda international, à savoir le troisième Forum sur l’investissement en Afrique, du 25 au 27 septembre; la Conférence internationale sur les infrastructures de haute qualité, en janvier 2018 et, enfin, la Conférence de reconstruction du fonds du Partenariat mondial pour l’éducation, le 8 février 2018.

M. Sall a également souligné qu’il est temps de donner à l’Afrique la place qu’elle mérite au Conseil de sécurité.  Il est temps de ne plus considérer l’Afrique comme un continent du futur, qui se contente de promesses aléatoires que d’autres conçoivent, écrivent et interprètent à sa place.  L’Afrique, a déclaré le Président du Sénégal, se veut partie prenante d’un présent qui tienne compte de ses intérêts et besoins d’émergence, par des partenariats rénovés et mutuellement avantageux.

« En dépit des incertitudes et des difficultés de notre temps, a poursuivi le Chef d’État sénégalais, nous devons continuer à avoir foi dans le multilatéralisme.  Les générations avant nous ont eu la sagesse de comprendre que l’isolationnisme et l’état de belligérance sont une voie sans issue ».

MSWATI III, Roi du Swaziland, a commencé par réitérer son souhait de voir l’Afrique représentée au Conseil de sécurité par un membre permanent.  Il a pressé à cet effet l’ONU « d’écouter la voix des millions d’Africains qui veulent contribuer au bien-être de la communauté internationale en tant que partenaire à part entière ».

Après cette entrée en matière, il s’est félicité des initiatives de l’ONU s’agissant du développement durable. Rappelant le thème de la session « Mettre l’accent sur les personnes: lutter pour la paix et une vie décente pour tous sur une planète durable », et pointant sa transversalité intrinsèque, il a expliqué que ces objectifs ne pourront être atteints qu’au prix d’une lutte acharnée contre la menace nucléaire et le terrorisme, mais aussi grâce à des décisions prises en toute transparence, après consultation avec tous.

Le Chef d’État a rappelé que le Swaziland s’était engagé à réaliser les objectifs de développement durable, au point de les intégrer dans sa Stratégie nationale de développement.  Rappelant à chacun qu’aucun pays n’est à l’abri des effets dévastateurs du réchauffement climatique, il est revenu sur la sécheresse qui a durement frappé son pays et toute l’Afrique australe en 2015 et en 2016.  S’il a remercié la communauté internationale pour son aide, il a toutefois réaffirmé la nécessité pour tous les États non seulement de contribuer au Fonds vert pour le climat mais aussi de trouver « le bon équilibre entre produire des produits essentiels et maintenir un environnement durable afin de préserver le monde pour les futures générations ».

Embrayant sur l’éducation, Mswati III s’est réjoui des progrès de son pays en matière de scolarisation.  Il a notamment indiqué que 97,7% des enfants étaient inscrits à l’école primaire en 2015, contre seulement 79,2% il y a 15 ans.  L’accent mis sur les orphelins et les jeunes les plus vulnérables grâce à de nombreux programmes a permis de scolariser davantage d’élèves mais aussi d’améliorer leur nutrition.  Ces objectifs destinés à « ne laisser personne sur le côté » sont alignés avec ceux du Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a-t-il rappelé.

D’un point de vue socioéconomique, le Roi du Swaziland a expliqué comment son pays comptait sur le « dividende démographique » pour assurer son développement.  Un investissement dans la jeunesse qui passe, a-t-il expliqué, par la création des parcs d’innovation qui doteront les jeunes des compétences nécessaires pour accompagner le pays sur la voie du développement durable.  Rappelant que ces parcs étaient à la recherche de partenariats, il a enjoint le secteur privé à profiter de cette initiative.  Dans la même veine, il a évoqué la future « Université de l’innovation et de la technologie » qui permettra de créer une force de travail qualifiée, mais qui a besoin de l’appui de la communauté internationale pour « devenir réalité ».

Plus globalement, il a assuré que la lutte contre la famine, la pauvreté et les maladies était au cœur de la Stratégie nationale de développement, dans le sens où cette action conduit mécaniquement à la croissance économique et à la prospérité.  C’est ainsi que le pays a fait du combat contre le VIH/sida et le paludisme des priorités nationales.  « La charge virale a été réduite de 70% chez les adultes contaminés par le sida », s’est-il notamment félicité.  Il a par ailleurs souligné que son pays allait présider l’Alliance des présidents africains contre le paludisme.

Le Roi du Swaziland a conclu par un appel en faveur de l’entrée de la République de Chine de Taiwan aux Nations Unies, estimant que ce pays avait montré son attachement aux idéaux de l’ONU « de manière significative ».

Après avoir rappelé la situation qui prévaut en Libye depuis la révolution de 2011, M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la Présidence du Gouvernement d’entente nationale de la Libye, a dit qu’aucun progrès ne peut se faire sans l’aide des pays partenaires de la Libye.  L’Accord politique qui vient d’être conclu entre les différentes parties libyennes reste la pierre angulaire pour édifier les nouvelles institutions politiques et la transition en Libye.  Cette transition est nécessaire pour parvenir à la stabilité.  Le Conseil de la Présidence du Gouvernement d’entente nationale, qui est le fruit de l’Accord, est chargé de concrétiser la réconciliation nationale. 

Le Président a annoncé que toutes les parties sont prêtes à relever les défis dont le moindre n’est pas l’insécurité.  Il a affirmé que le Conseil a mis fin aux troubles à Tripoli et dans d’autres villes libyennes.  La Mission de l’ONU s’installera bientôt dans la capitale suivie par des ambassades.  Les déplacés reviennent et nous faisons tout pour nous débarrasser les fauteurs de troubles, a assuré le Président qui a ajouté, au titre des bonnes nouvelles, que la production de pétrole a atteint un million de barils.  Il a saisi l’occasion pour demander la reprise de l’aide financière internationale et la restitution des avoirs financiers libyens à l’étranger qui font perdre au pays un milliard de dollars par an.

M. Serraj a ajouté que l’Accord conclu à Paris en juillet dernier constitue aussi la feuille de route pour l’organisation de l’élection présidentielle en 2018, l’amnistie et le consensus sur la marche démocratique.  Mais il exclut la lutte contre le terrorisme.  Dans le cadre de cette lutte, M. Serraj a salué la libération de Benghazi et de Syrte.  Il a réitéré la nécessité de partenariats stratégiques avec les pays amis, en particulier les États-Unis.  Il a également attiré l’attention sur le travail en cours pour unifier l’armée libyenne et la rendre capable de combattre les terroristes.

S’agissant des migrations clandestines, il a invoqué le manque de ressources de son gouvernement qui ne peut faire face, seul, à ce problème.  L’aide internationale ne suffit pas, a-t-il martelé.  Il s’est montré rassurant et a affirmé que des lois ont été adoptées pour protéger les droits de l’homme en Libye qui a reçu l’appui technique de l’ONU.  Avant de terminer, le Président a déclaré qu’il n’y a pas de solution militaire en Libye tout en demandant à ce que l’on arrête de traiter avec des acteurs autres que les autorités du Conseil de la Présidence.

M. BARON DIVAVESI WAQA, Président de Nauru, a dit que le système économique mondial avait été créé sans penser aux petits États insulaires.  Il est revenu sur les caractéristiques qui font de ces États un cas particulier du développement: une petite population, des territoires exigus et géographiquement isolés, peu de ressources naturelles et une grande vulnérabilité aux chocs économiques et environnementaux.  Nos peuples ont soif de prospérité mais l’accès au développement est tout simplement fermé.

Nos perspectives d’avenir, a souligné le Président, dépendent d'une planète stable, y compris un climat sûr et des océans sains.  C’est pourquoi Nauru a été parmi les premiers à ratifier l’Accord de Paris et à faire de sa mise en œuvre une de ses priorités.  La mise en œuvre de l’Accord est une responsabilité collective, a martelé le Président.  Nous avons démontré notre volonté politique de participer à l’effort mondial mais beaucoup d’entre nous n’ont pas les ressources pour contribuer pleinement.  Le Président a donc appelé les amis et partenaires au développement à intensifier leurs programmes d'assistance. 

Les quatre priorités climatiques de Nauru sont l’énergie renouvelable, la réhabilitation des terres, la sécurité de l’eau et la résilience des infrastructures.  Nous attendons de bâtir un véritable partenariat durable pour réaliser nos objectifs, a confié le Président, en insistant sur l’objectif central de l’Accord de Paris qui est de maintenir le réchauffement de la planète en-deçà de la barre de 1,5°C.  L’échec serait dévastateur pour les petits États insulaires, a-t-il prévenu.

Après avoir rappelé les quatre questions qu’il avait posées au Sommet mondial sur l’action humanitaire de l’année dernière, le Président a avoué qu’il est difficile de voir comment nous réaliserions notre vision d’une planète pacifique sans les réponses à ces questions: comment allons-nous nourrir une planète de neuf milliards d’habitants alors que les rendements agricoles devraient diminuer?  Comment allons-nous partager les ressources en eau douce en recul alors que les glaciers disparaissent et la sécheresse devient monnaie courante dans beaucoup de régions?  Comment allons-nous protéger les millions de futurs sans-abris des zones côtières inondées?  Comment ces problèmes-ci et d’autres pourront-ils être gérés efficacement de façon à éviter la défaillance des gouvernements et la multiplication des États faillis?  Les changements climatiques seront le principal enjeu sécuritaire qui définira le siècle et nous ne sommes tout simplement pas prêts pour la vie sur une planète plus chaude.  C’est la raison pour laquelle, a répété le Président, Nauru appuie la proposition de nommer un représentant spécial de l’ONU sur le climat et la sécurité dont le travail doit commencer avec une évaluation de la capacité de l’Organisation à répondre aux catastrophes climatiques.

La prospérité du peuple de Nauru dépend de la santé des océans.  À cet égard, nous devons nous montrer ambitieux.  Le cas particulier des petits États insulaires en développement doit être au cœur de notre action s’agissant de la protection des océans et pris en compte dans les futurs accords de mise en œuvre, au titre d’un nouvel instrument pour la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité marine au-delà des limites de la juridiction nationale.  Ouvrir d’urgence une conférence intergouvernementale pour élaborer un nouvel accord de mise en œuvre conforme au principe de patrimoine commun de l’humanité et qui permettra la protection et la préservation des océans, doit être une priorité.

Après avoir exprimé sa sympathie au Gouvernement et au peuple du Mexique suite au séisme meurtrier d’hier, M. HENRY VAN THIO, Vice-Président du Myanmar, a estimé que l’intensité et la fréquence des catastrophes naturelles sont la preuve des changements climatiques, une réalité qui « menace notre planète ».  Sujet à des tempêtes, à des inondations et à des sécheresses, le Myanmar est un pays « hautement vulnérable », a-t-il poursuivi, avant de souligner que son pays vient de déposer les instruments de ratification de l‘Accord de Paris sur les changements climatiques et de l’Amendement de Doha au Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Hier, a-t-il rappelé, la Conseillère d’État a informé le corps diplomatique des efforts du Gouvernement visant la réconciliation nationale et la paix.  Elle s’est réjouie des progrès réalisés ces 18 derniers mois, sans cacher les défis qui restent à relever.  S’agissant de l’État de Rakhine, elle a souligné que le Myanmar « partage les préoccupations » de la communauté internationale face aux déplacements et aux souffrances « de toutes les communautés » touchées par le dernier cycle des attaques terroristes.  Elle a aussi souligné que « nous condamnons toutes les violations des droits de l’homme et les actes de violence illégaux ».  Le Myanmar, a assuré le Vice-Président, est déterminé à rétablir la paix, la stabilité et l’état de droit dans tout le pays.  Les forces de sécurité ont d’ailleurs reçu l’ordre de s’en tenir strictement au Code de conduite dans leurs opérations sécuritaires, de faire preuve de retenue et de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter les « dommages collatéraux ».  Les violations des droits de l’homme et tous les autres actes qui compromettent la stabilité, l’harmonie et l’état de droit seront traités conformément aux normes strictes de la justice.  Nous ressentons profondément les souffrances de toutes les personnes qui ont été piégées dans ce conflit », a ajouté le Vice-Président.  

La situation dans l’État de Rakhine est une priorité du Gouvernement qui s’efforce de restaurer la paix et la stabilité et de promouvoir l’harmonie entre les communautés, a poursuivi M. Van Thio.  Le Comité central sur la mise en place de la paix, de la stabilité et du développement de l’État de Rakhine, que préside la Conseillère d’État elle-même, a d’ailleurs été créé le 30 mai 2016 pour répondre aux besoins spécifiques de l’État.  En août 2016, la Conseillère d’État a aussi mis en place une Commission présidée par M. Kofi Annan pour conseiller le Gouvernement sur des solutions durables à la situation « complexe » de l’État de Rakhine.  Nous faisons tout, a affirmé le Vice-Président, pour assurer le développement de l’État de Rakhine tout en assurant la paix, la stabilité et la cohésion sociale.  Ce n’est pas une tâche facile, a avoué le Vice-Président, en invoquant la profonde méfiance qui s’est enracinée depuis des décennieS et qu’il faut faire disparaître progressivement. 

Nous aurions voulu, a-t-il dit, vous faire part des progrès dans la mise en œuvre des recommandations de la Commission Kofi Annan mais c’est « avec un grand regret» que j’ai dû parler de la situation actuelle après les dernières attaques des terroristes de l’Armée du salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA), le mois dernier, lesquelles attaques ont été à l’origine de la nouvelle vague de violence dans la région, donnant lieu à des pertes en vies humaines, à des souffrances généralisées et à des déplacements massifs « de toutes les communautés » et pas seulement les musulmans et les Rakhine.  Or, le monde continue d’ignorer les autres minorités, s’est étonné le Vice-Président.  Le Gouvernement du Myanmar est vivement préoccupé par la situation actuelle dans l’État de Rakhine, a-t-il précisé, et reconnaît l’ampleur du problème ».  Mais la situation s’est améliorée, aucune attaque n’a été signalée depuis le 5 septembre, s’est réjoui M. Van Thio, avant de s’interroger sur les raisons de l’exode des populations musulmanes vers le Bangladesh.  Mais ce qui est moins connu, c’est que la majorité a décidé de demeurer dans ses villages.

Le Vice-Président s’est dit heureux d’annoncer la mise sur pied d’un comité chargé de mettre en application les recommandations de la Commission Kofi Annan.   Pour assurer « transparence et redevabilité », le comité est tenu de publier un rapport d’étape tous les quatre mois.  Le Myanmar s’est aussi doté d‘un conseil consultatif composé d’éminentes personnalités du pays mais aussi de l’étranger.  À présent, c’est l’aide humanitaire qui est la priorité, une aide qui sera distribuée sans discrimination et pour laquelle le Gouvernement a débloqué des fonds importants.  Ce dernier a aussi mis en place un nouveau mécanisme, en coopération avec la Croix-Rouge, qui a déjà commencé son action humanitaire.  En outre, le Gouvernement s’efforce de renforcer ses relations avec le Bangladesh et comme l’a dit hier la Conseillère d’État, le pays se prépare au processus de vérification des réfugiés. 

Le terrorisme ne doit pas nous empêcher de développer une stratégie à long terme pour résoudre les problèmes de l’État de Rakhine, a ajouté le Vice-Président.  Les recommandations de la Commission Kofi Annan nous offrent une feuille de route claire et le comité de mise en œuvre, qui a commencé son travail la semaine dernière, ne manquera d’inviter les observateurs étrangers pour témoigner des programmes.  L’engagement du Myanmar en faveur de la paix est aussi fort maintenant qu’il y a un an, lorsque que Daw Aung San Suu Kyi s’est adressée à vous pour la première fois du haut de cette tribune, a promis le Vice-Président.

S’agissant du processus de paix dans l’ensemble du pays, il a rappelé que la Conférence de paix de l’Union a tenu sa deuxième session en mai.  À cette occasion, les représentants du Gouvernement, des militaires, des groupes ethniques armés et des partis politiques se sont entendus sur 37 principes portant sur des questions politiques, économiques, sociales et environnementales.  Toutefois, a-t-il conclu, la route vers la paix, la prospérité et la démocratie demeure « longue et sinueuse », et le Myanmar aura besoin de l’appui de la communauté internationale pour y parvenir.

CHEIKH JABER AL-MUBARAK AL-HAMAD AL SABAH, Premier Ministre du Koweït, a tout d’abord renouvelé son appel à une réforme du Conseil de Sécurité qui devrait, selon lui, mieux refléter la réalité internationale de manière à renforcer sa crédibilité et sa légitimité. C’est pourquoi, étant donné le nombre et le rôle des États arabes, il a demandé à ce qu’un membre permanent puisse les représenter.

Il a ensuite exprimé son inquiétude face aux nombreuses situations à risque qui agitent différentes régions du globe.  Après avoir cité « les phénomènes de violence, d’extrémisme et de terrorisme, aussi bien que les risques de prolifération d’armes de destruction massive », il s’est attardé sur « les violations des droits de l’homme, comme celles qui ont actuellement lieu au Myanmar à l’égard des musulmans rohingya ».  Il a appelé à un arrêt immédiat de tous les actes de persécution perpétrés contre cette minorité.

Le Premier Ministre en a profité pour rappeler l’engagement du Koweït dans la lutte contre le terrorisme, expliquant que non seulement son pays le condamne, appuie les actions pour l’éradiquer, mais contribue significativement au support logistique de l’Alliance internationale contre les groupes extrémistes.  Citant en exemple les exactions de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL), il a estimé que comme le Moyen-Orient devait assumer la part la plus large ces défis, les efforts internationaux devaient venir en appui.

Le Premier Ministre a salué, à ce titre, les efforts et les victoires de l’Iraq qui fait face à plusieurs de ces défis, notamment « la confrontation avec des organisations terroristes » qui tentent de « distordre la doctrine islamique » pour « répandre le chaos ».  Nous espérons, a-t-il affirmé, que ces victoires se poursuivront jusqu’à la restauration de la paix et de la stabilité en Iraq. À cet effet, le Premier Ministre a annoncé que le Koweït allait organiser, avec son voisin et la communauté internationale, une conférence de donateurs pour aider l’Iraq à atteindre les objectifs fixés par les différentes résolutions du Conseil de Sécurité.

Enchaînant sur la situation en Palestine, il a regretté que malgré les nombreuses résolutions des Nations Unies et les initiatives tant internationales que régionales, aucune n’ait pu être mise en œuvre du fait de « l’intransigeance de l’occupation israélienne ».  Face à cette situation, le Koweït réitère sa condamnation des violations qui ont eu lieu dernièrement à la mosquée Al Aqsa, mais aussi, plus globalement, toutes les politiques illégales d’Israël qui « cherche à judaïser la ville sainte » et « effacer son identité arabe ».  Selon le Premier Ministre, ces violations représentent non seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales, mais sont aussi contraires aux résolutions du Conseil de sécurité et à la Convention de Genève.  C’est pourquoi, il a appelé la communauté internationale à presser Israël de respecter les résolutions des Nations Unies qui conduiront, selon lui, « à la reconnaissance d’un État indépendant palestinien ».

Le Premier Ministre s’est ensuite attardé sur la situation en Syrie. Déplorant les destructions et les morts qui meurtrissent le pays, il a compté qu’une génération entière a été décimée dans cette guerre et que son coût humanitaire et social restera incalculable.  Il a, à cet égard, rappelé que le Koweït a accueilli ou coprésidé ces dernières années plusieurs conférences de donateurs pour soutenir les opérations humanitaires en Syrie et que sa propre participation financière s’élève à 1,7 milliard de dollars.  Le peu d’impacts que ces efforts ont eu sur le terrain ont néanmoins conduit le Premier Ministre à réaffirmer la position du Koweït: « cette crise ne peut pas être résolue par des moyens militaires ».  Il a appelé à une multiplication des rencontres entre les différentes parties impliquées pour déboucher sur une solution qui « maintiendra l’unité, l’indépendance et la souveraineté de la Syrie ».

Revenant longuement sur la situation au Yémen, le Premier Ministre a réaffirmé son soutien total à l’unité du pays et au respect « de sa souveraineté et de son indépendance ».  Il a soutenu que la solution politique devait s’appuyer sur les conclusions du dialogue national, l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et ses mécanismes de mise en œuvre, mais aussi sur les résolutions du Conseil de sécurité.  Se disant prêt à poursuivre ses efforts politiques et humanitaires ainsi que son soutien à l’ONU dans le but de trouver un règlement pacifique à ce conflit, le Koweït estime que la meilleure manière d’aider le peuple yéménite reste de restaurer la paix et la stabilité tout en préservant sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Par ailleurs, dans le cadre des efforts du Koweït pour entretenir des relations de bon voisinage au Moyen-Orient, le Premier Ministre a appelé à l’Iran à privilégier le respect et la coopération, les intérêts communs et la non-ingérence dans les affaires internes des États mais aussi à renoncer à des pratiques qui mettent en danger la sécurité et la stabilité de la région.

Qualifiant l’Accord de Paris d’« historique », le Premier Ministre a conclu avec un mot sur le Programme 2030.  Il a affirmé que le Koweït était prêt à le mettre en œuvre, en incorporant ses objectifs dans ses futurs plans de développement.  Évoquant à ce propos le projet Nouveau Koweït 2035 qui doit transformer le pays en « un centre financier, commercial, culturel et institutionnel majeur », il a rappelé que le Koweït n’avait cessé d’assumer ses responsabilités régionales et internationales, notamment en apportant de l’aide à 106 pays par le biais d’institutions telles que le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes.

Pour M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre des Fidji, la communauté mondiale fait face à des grands défis dont les changements climatiques.  L’année dernière, nous avons perdu 44 de nos concitoyens et un tiers de notre produit intérieur brut (PIB) lorsque nous avons été frappés par le plus grand cyclone de l’hémisphère Sud.  Les changements climatiques sont une menace aussi grande pour la sécurité mondiale que les conflits.  Des millions de personnes sont déplacées à cause de la sècheresse et les changements dans l’agriculture menacent leur sécurité alimentaire.  Pour le peuple des Fidji, les changements climatiques sont « une réalité ».

La raison pour laquelle nos cœurs sont avec le peuple des Caraïbes aujourd’hui est notre peur de subir le même drame.  « Imaginez un autre tiers de notre PIB détruit en une année.  Imaginez un autre cyclone frappant et effaçant des décennies de développement », a dit le Premier Ministre.  Il est clair que le réchauffement climatique change la compréhension de nos intérêts nationaux.  La seule façon pour une nation de favoriser ses intérêts est de tendre la main aux autres et de progresser ensemble.  Il est évident que nous avons besoin de coopérer.

Nous serons tous perdants, si nous considérons que négocier c’est essayer de préserver ses propres intérêts.  L’action collective est l’unique voie pour aller de l’avant.  Les sages l’ont compris, a insisté M. Bainimarama avant de rappeler qu’il est le Président de la vingt-troisième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  L’année prochaine, les Fidji passeront le flambeau à la Pologne, en sachant que les gouvernements ne pourront pas seuls relever le défi des changements climatiques.  C’est pourquoi nous mettons l’accent sur la notion de « Grande Coalition des gouvernements, de la société civile, du secteur privé et des citoyens ordinaires » pour faire avancer cette question.

À Bonn, nous ferons les choses différemment.  Dans la zone d’action climatique de Bonn, nous réunirons tous ceux qui ont un rôle à jouer pour faire de cette Grande Coalition une grande transformation.  Nous voulons que les pays du monde embrassent l’esprit des Fidji et le dialogue fondé sur la confiance.  C'est la meilleure façon de faire avancer les choses, surtout dans des circonstances difficiles.

Le Premier Ministre a aussi rappelé que l’Accord de Paris exige que le réchauffement climatique soit bien inférieur à 2°C par rapport à l’ère industrielle et aussi proche que possible de 1,5°C.  L’année dernière, a-t-il dit, j’ai lancé un appel pour faire du seuil de 1,5°C la cible.  Je le réitère aujourd’hui.  Il est urgent de faire de ce chiffre le principal objectif, et ce, dès que possible.  Nous devons prendre des dispositions spéciales pour les plus vulnérables et ceux qui ont le moins de ressources pour faire face aux conséquences catastrophiques auxquelles nous sommes témoins autour de nous. 

Nous sommes ravis de faire partie d’un engagement sérieux avec les gouvernements et le secteur privé afin de garantir un accès innovant et plus abordable à l’assurance et permettre aux personnes touchées par une catastrophe de se redresser plus rapidement.  C’est une question de justice et de développement.  Sans assurance, le relèvement et la reconstruction sont simplement un fardeau trop grand pour beaucoup de pays et de communautés. 

Nous sommes aussi encouragés par le développement rapide des solutions énergétiques alternatives propres et abordables partout dans le monde.  Cela offre une chance de réaliser la cible de 1,5°C.  Nous sommes tous dans le même bateau.  « À toutes les nations qui n’ont pas encore ratifié l’Accord de Paris, faites-le », a exhorté le Premier Ministre des Fidji. 

M. NASSER BOURITA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, a appuyé la volonté du Secrétaire général des Nations Unies de réformer l’ONU et le secteur sécuritaire afin d’être mieux placé pour mettre en œuvre la Charte des Nations Unies.  Notre monde est à la croisée des chemins, a dit le Ministre, et cela a un impact sur le développement durable, la paix et la sécurité.  Il y a aujourd'hui moins de conflits et moins de victimes qu’auparavant, a-t-il noté, mais le danger persiste sous la forme du terrorisme, des migrations et des changements climatiques. 

La mondialisation a permis de développer les échanges mais a aussi mené à des différences économiques plus marquées entre les États et causé des crises à l’échelle mondiale, a estimé le Ministre, notant que les organisations terroristes en ont profité pour tenter de déstabiliser le monde et mettre les citoyens en péril.  Selon lui, il faut réformer nos mécanismes de coopération afin de les rendre plus prévisibles et plus efficaces, et créer une organisation véritablement multilatérale, à même de prendre en compte l’apport de tous pour améliorer les mécanismes internationaux.

L’Afrique n’occupe toujours pas la place qui lui revient dans l’ordre international, a dénoncé le Ministre, rappelant que le continent est riche en ressources humaines, en terres fertiles et en ressources hydriques.  Le Roi du Maroc, a ajouté M. Bourita, a fait de la coopération Sud-Sud un axe majeur de sa politique étrangère et un instrument important de son développement, soulignant que le Royaume du Maroc souhaite nouer des partenariats réalistes avec les pays de la région afin de développer le continent africain.  Il a précisé que le Roi ne voit pas l’Afrique comme un marché où écouler ses produits mais plutôt comme un continent dans lequel il est possible de développer une action commune.  « L’Afrique est mon continent, l’Afrique est ma maison », a dit le Roi du Maroc, et le Maroc continuera de s’impliquer sur le continent, notamment au sein de l’Union africaine, dont il est un membre fondateur.

Le Maroc, a poursuivi le Ministre, est engagé en faveur du multilatéralisme et souhaite s’attaquer aux problèmes internationaux avec la communauté internationale, notamment la lutte contre le terrorisme et les migrations.  Il est notamment impliqué dans le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, dont il partage la présidence avec les Pays-Bas et au sein duquel il continue de lutter contre le terrorisme, notamment en appuyant ses partenaires africains avec des formations ciblées.  En outre, a poursuivi le Ministre, le Roi présentera sous peu une note conceptuelle sur une approche conjointe de l’Afrique au sujet des migrations et de leurs causes profondes.

M. Bourita s’est réjoui du succès de la Conférence de Marrakech de 2016 sur les changements climatiques et de la Déclaration de Marrakech qui en a résulté.  Il a plaidé pour la mise en œuvre d’une approche collaborative entre les pays, notamment africains.  Le Maroc, a-t-il souligné, s’est doté d’une politique ambitieuse pour lutter contre les changements climatiques et développer des sources d’énergie renouvelables.

Concernant les opérations de maintien de la paix, il a rappelé que le Maroc a déployé des troupes dans six opérations jusqu'à maintenant et que plus de 1 600 militaires sont déployés actuellement.  Il a fait part de sa « vive préoccupation » devant les attaques « irresponsables » menées contre les Casques bleus, et appelé le Secrétaire général à prendre les mesures qui s’imposent pour assurer leur protection.

Le Ministre a noté que la coopération entre les pays du Maghreb demeure limitée, entre autres en raison de la situation en Libye.  Concernant le Sahara occidental, il a déclaré que le Maroc est prêt à travailler avec les Nations Unies pour un règlement pacifique du conflit, pour autant que soit sauvegardée l’intégrité territoriale du pays et que la région soit débarrassée du fléau du séparatisme et du terrorisme.

M. MIGUEL VARGAS MALDONADO, Ministre des affaires étrangères de la République dominicaine, a exprimé sa solidarité avec les pays des Caraïbes récemment touchés par les ouragans dévastateurs, notamment la Barbade, où selon le Premier Ministre, 90% des infrastructures se sont effondrées.  Le Ministre a illustré l’étendue et la gravité des dommages en estimant que les pertes subies sont supérieures au produit intérieur brut (PIB) de la République dominicaine.  Déplorant la tendance à s’attarder sur les dégâts matériels plutôt que sur les souffrances humaines causées par les changements climatiques, il a souligné que les statistiques ne peuvent rendre justice au désarroi des victimes.  « Au-delà des débris matériels, il y a des vies brisées », a déclaré le Ministre.  

Nous devons reconnaître les dangers inhérents aux changements climatiques, qui sont beaucoup plus importants dans le contexte géographique des Caraïbes, a plaidé M. Vargas.  Nos économies, notre développement et notre mode de vie sont en danger, a-t-il poursuivi, et il s’agit là d’une menace à laquelle nous ne pouvons seuls faire face.  Il est impératif que les pays joignent leurs forces de façon cohérente et responsable afin de résoudre ce problème, a-t-il ajouté.  Il n’est pas suffisant de signer des accords sur les changements climatiques ou d’exprimer sa solidarité après une catastrophe naturelle: il faut développer et mettre en place des programmes concrets pour faire face à ces menaces.  

Le défi des changements climatiques ne connaît aucune frontière et rend chacun de nous vulnérable, a poursuivi M. Vargas. Il a réclamé la solidarité et la coopération de tous, notamment des pays développés.  Une fois de plus, a poursuivi le Ministre, la République dominicaine demande la création d’un fonds spécial visant à contrer les effets des catastrophes naturelles, à mener des activités de sensibilisation et de prévention et à développer des stratégies de résilience, afin de sauver des vies.

M. Vargas a illustré son propos en comparant la situation des pays des Caraïbes à celle des États américains touchés par des ouragans, où un fonds de 15 milliards de dollars a été affecté à la reconstruction et à l’aide aux victimes.  Quant à elles, les régions insulaires des Caraïbes ont dû composer avec des situations similaires sans moyens financiers.  En République dominicaine, a continué le Ministre, une tempête a inondé des routes, provoqué l’effondrement des ponts et des systèmes d’irrigation ainsi que la perte de terres arables.  Le pays a dû affecter 500 millions de dollars à l’aide d’urgence, repoussant de 10 ans le développement du pays.

Nous devons de toute urgence aider, par le biais des Nations Unies, les gouvernements qui ne sont pas en mesure de reconstruire leur pays dans ces moments de détresse, a-t-il plaidé, avant d’inviter les États Membres à trouver d’autres moyens de s’attaquer aux changements climatiques.  Il existe suffisamment de preuves scientifiques liant les activités humaines au réchauffement de la planète, a conclu le Ministre, ajoutant qu’il est temps que nous prenions acte de notre rôle dans ce phénomène et agissions en conséquence.

 

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Appuyant la volonté de réforme du Secrétaire général, le Conseil de sécurité souligne la nécessité d’opérations de paix de l’ONU plus efficaces

8051e séance – matin
CS/12996

Appuyant la volonté de réforme du Secrétaire général, le Conseil de sécurité souligne la nécessité d’opérations de paix de l’ONU plus efficaces

Le Conseil de sécurité a souligné, aujourd’hui, lors d’un débat public de haut niveau, en présence du Secrétaire général et d’une dizaine de chefs d’État et de gouvernement, l’importance d’assurer « une mise en œuvre et un suivi efficaces de la réforme des opérations de maintien de la paix », afin que celles-ci soient plus responsables, efficientes et transparentes et cessent, selon M. António Guterres, de « décevoir ».

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2378 (2017), le Conseil de sécurité prie, à cette fin, le Secrétaire général, félicité pour sa volonté de réforme, de lui présenter tous les 12 mois un exposé complet sur la réforme de ces opérations, ainsi que des recommandations en vue de combler les lacunes en matière de constitution des forces et de capacités. 

Dans cette résolution, le Conseil juge nécessaire d’améliorer la planification des missions et de prendre de plus nombreux engagements en matière de capacités, tels que la fourniture « d’éléments habilitants, d’unités médicales et d’unités du génie et de déploiement rapide ».  Il appelle à donner suite aux engagements déjà pris par un certain nombre d’États Membres. 

De son côté, le Conseil se dit prêt à affiner les priorités desdites opérations, grâce à des consultations triangulaires plus étroites avec les pays contributeurs et le Secrétariat et un dialogue accru avec les pays hôtes.  Les forces de l’ONU devront en outre « prendre les mesures qui s’imposent » contre l’exploitation et la violence sexuelles. 

Répondant aux vœux exprimés par de nombreuses délégations, le Conseil se dit prêt à prendre des « mesures efficaces » pour resserrer les relations entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  Il dit par ailleurs considérer la création d’un mécanisme pour que les opérations de paix dirigées par l’UA, autorisées par le Conseil, soient financées par des contributions au budget de l’ONU. 

« Au cours des prochains mois, nous allons progresser dans les réformes afin d’améliorer l’efficacité du maintien de la paix », a assuré le Secrétaire général, ouvrant le débat.  Il a convenu que ces opérations pouvaient être « à court de perspectives », en écho des mots du Vice-Président américain, M. Mike Pence, qui a affirmé que « lorsqu’une mission échoue, il faut la restructurer ». 

M. Guterres a indiqué qu’une revue des opérations de paix était en cours, afin qu’elles incarnent notamment mieux les valeurs de l’ONU.  Il s’est félicité de la mise en place par les États contributeurs d’un système de certification de leurs troupes s’agissant de l’exploitation et des violences sexuelles.  « C’est la priorité du Sénégal », a assuré le Président de ce pays, M. Macky Sall. 

Enfin, M. Guterres a demandé une réaffirmation du cadre de coopération ONU-Union africaine et exhorté le Conseil à renforcer son appui pour un financement prévisible des forces de l’UA déployées sur le continent. 

« Les propositions de réforme présentées par le nouveau Secrétaire général satisfont deux de nos principales préoccupations », a réagi l’ancien Président du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, M. José Ramos-Horta.

Pour l’ancien Président du Timor-Leste et prix Nobel de la paix, la gestion par un même département des opérations de maintien de la paix et des grandes missions politiques spéciales de terrain permettra d’apporter des réponses spécifiques adaptées au contexte. 

La création par M. Guterres de l’Unité de planification stratégique et de suivi était la réforme requise pour assurer les évaluations indépendantes des opérations, préconisées par le rapport* de 2015, a ajouté M. Ramos-Horta.

La question du financement des opérations de l’UA, qui, comme le rappelle la note de cadrage** distribuée par la Présidence éthiopienne, est « loin d’être réglée », a été au cœur des interventions de nombreuses délégations africaines. 

« C’est pour nous une question de justice », a estimé le Président de la Commission de l’UA, M. Moussa Faki Mahamat, tandis que le Premier Ministre éthiopien, M. Hailemariam Deselegn, a demandé à ce que « les sacrifices des Casques bleus soient appréciés à leur juste valeur ».  M. Mahamat a demandé l’adoption d’une résolution de principe sur cette question. 

« Les problèmes en Afrique ne sont pas seulement ceux des Africains », a-t-il déclaré, à l’instar du Premier Ministre italien, M. Paolo Gentiloni Silveri, tandis que M. Ramos-Horta s’est dit en faveur d’un tel financement.  De son côté, le Premier Ministre du Royaume-Uni, Mme Theresa May, a jugé intéressant l’engagement de l’UA à financer à hauteur de 25% ses propres opérations de paix.

La formulation des mandats par le Conseil a été un autre thème abordé, notamment par le Président égyptien, qui a accusé certains États Membres de s’en être accaparés « le monopole ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, a, lui, demandé que les mandats prévoyant un recours à la force fassent l’objet d’un « calibrage très prudent ».

Le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, a observé que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) n’a pas de mandat de lutte antiterroriste, alors qu’elle dispose de moyens considérables, tandis qu’à l’inverse, la Force conjointe du G5 Sahel est dotée d’un tel mandat mais n’a pas les ressources nécessaires.  « Ce n’est pas une situation satisfaisante. »

* S/2015/446
** S/2017/766

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies: mise en œuvre et suivi

Lettre datée du 22 août 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Éthiopie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/766)

Texte du projet de résolution (S/2017/781)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et réaffirmant la responsabilité principale qui lui incombe en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1809 (2007) 2033 (2012) 2167 (2014), 2171 (2014), 2242 (2015) et 2320 (2016) ainsi que les déclarations de son président en date du 16 décembre 2014 (PRST/2014/27), du 25 novembre 2015 (S/PRST/2015/22) et du 31 décembre 2015 (S/PRST/2015/26),

Affirmant qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des règlements politiques, et fermement convaincu que de tels règlements devraient inspirer la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Soulignant l’importance du maintien de la paix comme l’outil le plus efficace dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant qu’il est résolu à renforcer le rôle central de l’Organisation des Nations Unies en matière de maintien de la paix et à veiller au bon fonctionnement du système de sécurité collective mis en place par la Charte des Nations Unies,

Réaffirmant également les principes fondamentaux du maintien de la paix, notamment le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, et considérant que le mandat de chaque mission de maintien de la paix doit être adapté aux besoins et à la situation du pays concerné, et qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise,

Soulignant qu’il attache une grande importance à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et que le Secrétaire général et les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police doivent œuvrer de concert pour faire en sorte que tous les soldats de la paix sur le terrain soient aptes et prêts à s’acquitter efficacement de leur mandat dans des conditions de sécurité et disposent des moyens nécessaires à cette fin,

Saluant les engagements pris par plusieurs États Membres d’aider à combler les déficits de capacités constants et d’améliorer la prestation et les capacités du personnel en tenue et du personnel civil, lors de diverses réunions multilatérales tenues en 2015 et 2016, notamment lors du Sommet sur le maintien de la paix, convoqué à New York en septembre 2015, de la Réunion des ministres de la défense sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, tenue à Londres en septembre 2016, et de la Réunion ministérielle sur le maintien de la paix en environnement francophone, organisée à Paris en octobre 2016, et soulignant qu’il faut tenir ces engagements afin de contribuer à améliorer l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Rappelant le rapport du Secrétaire général intitulé « L’avenir des opérations de paix des Nations Unies : application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix » (A/70/357-S/2015/682) et les recommandations figurant dans le rapport du Groupe (A/70/95-S/2015/446), qui ont servi de base aux nouvelles décisions prises par les États Membres au Conseil de sécurité, à la Quatrième Commission et à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale et au Comité spécial des opérations de maintien de la paix,

Considérant que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, peut améliorer la sécurité collective,

Réaffirmant que la protection des civils est la responsabilité première des États sur l’ensemble de leur territoire tout en gardant à l’esprit le rôle important que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies jouent à cet égard, et également conscient du rôle que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer dans la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants touchés par des conflits armés, ainsi que dans l’action menée pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et y faire face durant les conflits armés et dans les situations d’après conflit,

Conscient du rôle essentiel des femmes dans les opérations de maintien de la paix, appuyant notamment le rôle crucial que celles-ci jouent dans toutes les initiatives de paix et de sécurité, y compris celles qui visent à prévenir et à régler les conflits et à en atténuer les effets, se félicitant des efforts faits pour accroître le nombre de femmes dans les composantes militaire et de police déployées dans les opérations de paix et de maintien de la paix des Nations Unies et rappelant sa résolution 2242 (2015) dans laquelle il avait émis ce souhait,

Réaffirmant son soutien à la politique de tolérance zéro adoptée par l’Organisation des Nations Unies à l’égard de toutes les formes d’exploitation et de violence sexuelles, et se félicitant des efforts que le Secrétaire général continue de déployer pour mettre en œuvre et renforcer cette politique,

Prenant note de la signature, le 19 avril 2017, du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité sur le continent africain par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine,

Prenant note également des efforts que continuent de déployer l’Union africaine et les organisations sous-régionales, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour renforcer leurs capacités et mener des opérations de soutien à la paix sur le continent, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, en particulier des activités menées par la Force africaine en attente et sa capacité de déploiement rapide,

Prenant note en outre du rapport du Secrétaire général sur les modalités possibles du processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine et de la fourniture d’un appui à ces opérations, soumis en application de sa résolution 2320 (2016), notamment des modèles de financement et de la proposition relative au dispositif consultatif conjoint de planification, de prise de décisions et de contrôle, présentée dans ledit rapport, et déclarant qu’il faut poursuivre ces travaux en consultation avec l’Union africaine,

Rappelant qu’il a encouragé l’Union africaine à mettre la dernière main aux dispositifs de déontologie et de discipline qui s’appliqueront à ses opérations de soutien à la paix de manière à améliorer l’application du principe de responsabilité, la transparence et le respect des dispositions applicables du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire ainsi que des normes de déontologie et de discipline de l’Organisation des Nations Unies, et soulignant que ces engagements sont importants et que lui-même se doit de superviser les opérations qu’il a autorisées en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte,

Rappelant également l’engagement pris par la Conférence de l’Union africaine à sa vingt-quatrième session ordinaire, en janvier 2015, de financer 25 % du coût de ses initiatives de paix et de sécurité, notamment des opérations de soutien à la paix qui s’échelonneront sur une période de cinq ans, comme elle l’a réaffirmé à sa vingt-cinquième session ordinaire, tenue à Johannesburg en juillet 2015, soulignant de nouveau qu’il est essentiel que l’analyse et la planification se fassent de manière concertée avec l’Organisation des Nations Unies afin que les deux organisations élaborent des recommandations communes sur l’ampleur des éventuelles opérations de soutien à la paix et sur les incidences de ces opérations en termes de ressources, qu’il est essentiel d’évaluer l’action menée et d’effectuer des missions le cas échéant, ainsi que de faire régulièrement rapport sur ces mesures lorsqu’elles existent, et soulignant également qu’il importe d’appliquer strictement les dispositions et politiques des deux organisations en matière de respect des droits de l’homme, de déontologie et de discipline,

Tenant compte du rôle essentiel qui lui incombe dans le renforcement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et réaffirmant sa ferme volonté de continuer à examiner les recommandations pertinentes formulées par le Secrétaire général dans son rapport (A/70/357-S/2015/682) et leur mise en œuvre, selon que de besoin,

1.    Souligne que la primauté de la politique devrait être la clef de voûte de la stratégie de l’Organisation des Nations Unies en matière de règlement des conflits, qui doit être fondée notamment sur la médiation, le contrôle du respect des cessez-le-feu et la fourniture d’une aide pour l’application des accords de paix;

2.    Souligne également que la prévention des conflits demeure au premier chef la responsabilité des États et que les mesures prises par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la prévention des conflits devraient venir appuyer et compléter, comme il convient, l’action des gouvernements dans ce domaine;

3.    Réaffirme que les États sont tous tenus de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques, notamment par voie de négociation, d’enquête, de bons offices, de médiation, de conciliation, d’arbitrage et de règlement judiciaire, ou par tout autre moyen pacifique de leur choix;

4.    Se dit conscient que les bons offices du Secrétaire général peuvent faciliter le règlement des conflits, et engage ce dernier à continuer de recourir à la médiation pour aider à régler les conflits de manière pacifique, en travaillant en étroite concertation, selon que de besoin, avec les organisations régionales et sous-régionales concernées, notamment l’Union africaine;

5.    Estime qu’il importe au plus haut point d’améliorer la responsabilisation, la transparence, l’efficacité et l’efficience dans l’exécution des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment grâce à la poursuite de l’examen des recommandations pertinentes figurant dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (A/70/95-S/2015/446) et des recommandations formulées à ce sujet par le Secrétaire général dans son rapport (A/70/357-S/2015/682), conformément aux procédures et mandats existants;

6.    Souligne qu’il importe de fournir avec rapidité et souplesse un appui aux missions en encourageant l’innovation en vue d’améliorer l’exécution et les résultats, le but étant d’accroître l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix;

7.    Se félicite de l’intention exprimée par le Secrétaire général d’entreprendre une réforme des opérations de maintien de la paix à la fois au Secrétariat et sur le terrain, et souligne qu’il faut continuer d’assurer la participation et de solliciter l’appui des États Membres afin de garantir la transparence de cette réforme;

8.    Prend note des initiatives du Secrétaire général visant à poursuivre la réforme structurelle du Secrétariat en vue de renforcer l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies, et engage le Secrétaire général à instaurer un dialogue à ce sujet avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les Commissions compétentes;

9.    Souligne qu’il importe d’assurer une mise en œuvre et un suivi efficaces de la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies conformément aux procédures et mandats existants, et prie son groupe de travail créé conformément à la déclaration de son président en date du 31 janvier 2001 (S/PRST/2001/3) d’examiner les initiatives de réforme en étroite coopération avec les États Membres, notamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les pays hôtes;

10.   Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les 12 mois un exposé complet sur la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, qui sera suivi d’un débat, le prie également de lui fournir à cette occasion des informations actualisées sur les efforts qui continuent d’être déployés pour combler les lacunes existantes en matière de constitution des forces et de capacités ainsi que sur d’autres aspects indispensables pour que les opérations de maintien de la paix puissent faire convenablement et efficacement face aux problèmes liés à la paix et à la sécurité, et le prie en outre de lui présenter, dans les 90 jours suivant l’adoption de la présente résolution, des recommandations en vue de l’établissement d’un dispositif permettant de combler ces lacunes, y compris grâce à la mise en place d’une formation plus efficace et plus efficiente et à un renforcement des capacités;

11.   Souligne qu’il faut accroître l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en améliorant la planification des missions, en prenant de plus nombreux engagements en matière de capacités, notamment en ce qui concerne la fourniture de capacités spécialisées, d’éléments habilitants, d’unités médicales et d’unités du génie et de déploiement rapide, et en renforçant l’efficacité des opérations de maintien de la paix par le biais de la formation, et qu’il faut donner suite aux engagements pris par un certain nombre d’États Membres lors des diverses réunions multilatérales tenues en 2015 et 2016;

12.   Réaffirme qu’il est résolu à s’employer à affiner les priorités lorsqu’il évaluera les opérations de maintien de la paix, en définira les mandats et les examinera, notamment en tenant des consultations triangulaires plus étroites avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et le Secrétariat, en renforçant les mécanismes formels existants, en soulignant la responsabilité commune des parties de tenir des consultations constructives, ouvertes, actives et dynamiques et en améliorant le dialogue avec les pays hôtes, le but étant d’assurer l’exécution intégrale et efficace des mandats de maintien de la paix;

13.   Réaffirme également qu`’il continuera d’examiner les opérations de maintien de la paix afin d’assurer un maximum d’efficacité et d’efficience sur le terrain, et d’intensifier ces efforts en partenariat avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les autres parties intéressées, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que les flux de données relatifs à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris ceux portant sur l’exécution de ces opérations, soient centralisés pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis;

14.   Réaffirme en outre son attachement à la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, cette coopération pouvant améliorer la sécurité collective;

15.   Réaffirme sa volonté résolue de prendre des mesures efficaces pour resserrer encore les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies;

16.   Souligne qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre opérationnelle de la Force africaine en attente et demande à l’Organisation des Nations Unies et aux États Membres de continuer d’aider, dans les limites des moyens existants, à améliorer l’état de préparation de la Force en tant que cadre global pour les opérations de soutien à la paix en Afrique, prie le Secrétaire général de rendre compte des progrès réalisés à cet égard dans son prochain rapport sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, et encourage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine à collaborer en vue de renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité en soutenant sa feuille de route et la feuille de route principale sur les mesures pratiques pour faire taire les armes et leurs plans de travail respectifs;

17.   Réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin et estime que des mécanismes de financement ponctuels et imprévisibles pour les opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine qui sont autorisées par le Conseil et conformes au Chapitre VIII de la Charte pourraient avoir une incidence sur l’efficacité de ces opérations;

18.   Fait part de son intention d’examiner plus avant les mesures pratiques à prendre et les conditions à remplir pour établir le mécanisme grâce auquel les opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine qui sont autorisées par le Conseil et placées sous son autorité conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies pourraient être financées en partie au moyen des contributions au budget de l’Organisation des Nations Unies au cas par cas, selon des normes et mécanismes établis d’un commun accord pour assurer une responsabilisation et un contrôle stratégiques et financiers, en tenant compte des travaux entrepris par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine à cet égard, tout en reconnaissant la mise en place croissante d’opérations mandatées ou autorisées par l’Union africaine;

19.   Demande à nouveau au Secrétaire général, le cas échéant, de continuer à s’employer à améliorer les mesures visant à lutter contre toutes les formes de violence et d’exploitation des civils par des membres des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, exhorte les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police à prendre des mesures préventives et disciplinaires pour que les actes mettant en cause leur personnel fassent l’objet d’enquêtes en bonne et due forme et soient dûment sanctionnés, et demande de nouveau aux forces autres que les forces des Nations Unies agissant sous mandat du Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent en vue de prévenir et de combattre l’impunité pour tous les actes d’exploitation et de violence sexuelles, d’amener les auteurs à répondre de tels actes et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou de violence sexuelles de manière généralisée ou systématique;

20.   Prie le Secrétaire général, agissant en concertation avec l’Union africaine, de présenter, dans son prochain rapport sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, un cadre régissant l’établissement des rapports, qui définirait clairement des voies de communication cohérentes et prévisibles entre le Secrétariat, la Commission et les deux Conseils, notamment en ce qui concerne la gestion fiduciaire et l’exécution des mandats, ainsi que des règles uniformes pour la communication des informations;

21.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a jugé que le maintien de la paix était un instrument très rentable, tout en admettant que les opérations de l’ONU pouvaient décevoir.  Elles peuvent être à court de perspectives et être inaptes à mettre un terme à des engagements de longue date, a-t-il noté. 

À cette aune, le Secrétaire général a souligné la nécessité de mieux réfléchir aux objectifs poursuivis par ces opérations et de mieux répondre aux attentes considérables qui pèsent sur celles-ci.  Ces attentes sont peut-être trop lourdes car les opérations de paix doivent répondre à l’urgence tout en veillant à la satisfaction de besoins de long terme, a dit M. Guterres. 

Le Secrétaire général a mentionné quatre changements principaux.  Il a tout d’abord indiqué que la primauté de la politique devait être la clef de voûte des stratégies poursuivies, les opérations de paix devant appuyer ces efforts politiques.  « Je m’emploie à renforcer au sein de l’ONU les liens entre la paix, la sécurité, les droits de l’homme et le développement », a-t-il dit. 

En second lieu, M. Guterres a souhaité que les opérations soient correctement équipées.  Il faut combler les lacunes recensées, afin que les opérations de paix puissent faire un meilleur travail, a-t-il dit. 

Troisièmement, ces opérations doivent incarner les valeurs de l’ONU, a poursuivi M. Guterres.  Il a insisté sur sa volonté d’éliminer l’exploitation et les abus sexuels et s’est félicité, à cet égard, de la mise en place par les États Membres contributeurs d’un système de certification de leurs troupes afin que celles-ci se montrent exemplaires.  La première Défenseure des droits des victimes vient d’être nommée, a-t-il en outre rappelé. 

Il a ensuite demandé une réaffirmation du cadre de coopération ONU-Union africaine et a exhorté le Conseil à renforcer son appui pour un financement prévisible des forces déployées sur le continent, telles que la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte chargée de la lutte contre Boko Haram. 

Il faut exploiter la complémentarité entre l’ONU et les organisations régionales au service de la paix, a-t-il lancé.

Au cours des prochains mois, « nous allons progresser dans ces réformes afin d’améliorer notre efficacité », a-t-il assuré. 

En conclusion, M. Guterres a indiqué qu’une revue des opérations de paix était en cours pour mieux répondre aux défis et aux besoins présents et futurs. 

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine (UA), s’est félicité du fait que le débat d’aujourd’hui donne une occasion de faire le point sur la question du financement des opérations mandatées ou autorisées de l’UA, à travers les contributions soumises à recouvrement des Nations Unies. 

Une avancée décisive et à court terme est une condition nécessaire du renforcement de la crédibilité du partenariat entre l’ONU et l’UA.  Aussi a-t-il réitéré la détermination de l’Union à aboutir à cette résolution de fond, qui reconnaît notre contribution à l’architecture globale de paix et de sécurité, en acceptant le principe que les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine approuvées par ce Conseil de sécurité pourraient être soutenues au moyen de contributions soumises à recouvrement des Nations Unies.  « C’est pour nous une question de justice », a-t-il estimé.

« J’entends souvent dire, a poursuivi M. Mahamat, que l’architecture africaine de paix et de sécurité a pour ambition d’apporter des solutions africaines à des problèmes africains. »  « Il nous semble que les problèmes en Afrique ne sont pas seulement les problèmes des Africains », a-t-il dit, en soulignant que leurs causes ne sont pas uniquement endogènes de l’Afrique et que leurs conséquences n’affectent pas que les Africains. 

C’est la raison pour laquelle M. Mahamat a affirmé que l’architecture globale doit reconnaître concrètement les efforts de l’UA et de ses États membres, et ne pas se contenter d’arrangements ad hoc.  « Une résolution de principe sur la question du financement des opérations mandatées ou autorisées par l’Union africaine à travers les contributions soumises à recouvrement n’ouvrirait pas systématiquement l’accès aux ressources financières de l’ONU », s’est-il alarmé. 

Il reste entendu que les décisions spécifiques du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur l’octroi éventuel des mandats des opérations concernées seront assujetties à un processus concerté et conjoint d’analyse, d’évaluation, de planification et d’établissement de rapports qui sera conduit par les deux secrétariats des deux organisations, a toutefois ajouté M. Mahamat.

Selon lui, aucun argumentaire pertinent ne saurait justifier les manquements à convenir de cette résolution de principe.  Il ne s’agit pas pour l’Union africaine de remplir un cahier des charges imposé de l’extérieur, mais d’une « exigence éthique ». 

« Nous devons nous donner les moyens d’atteindre cet objectif et éviter la posture de confort qui consisterait à évoquer des manquements éventuels de part et d’autre pour ne pas adopter les décisions judicieusement inspirées par des situations dramatiques, comme celles récentes au Mali et en République centrafricaine », a déclaré le Président.  

La démarche de l’Union africaine sur le principe de l’utilisation des contributions soumises à recouvrement ne doit donc pas être perçue comme une quête.  « Il ne s’agit pas de charité, mais bien d’équité », a conclu M. Mahamat.

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, ancien Président du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, a rappelé que le rapport produit par le Groupe en 2015 avait été écrit par des femmes et hommes ayant une profonde expérience des opération de maintien de la paix et des missions politiques spéciales et après avoir consulté et entendu les recommandations de centaines de personnes: anciens militaires et policiers, responsables communautaires et militants vivant au milieu des conflits. 

Il a également pris note de la manière dont l’ancien Secrétaire général Ban Ki-moon avait accepté les recommandations des auteurs du rapport, des remarques faites à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité et des mesures déjà prises par le Secrétariat pour les appliquer.  Toutefois, a-t-il ajouté, l’essentiel des changements en faveur desquels le Groupe indépendant de haut niveau plaide reste à mettre en œuvre. 

Les examens des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation de la paix  et de la mise en œuvre du programme en faveur des femmes et la paix et la sécurité, de même que le Sommet humanitaire mondial, convergent sur la nécessité cruciale d’une prévention des conflits plus efficaces et pour travailler en faveur d’une paix durable avant, pendant et après les conflits, a rappelé M. Ramos-Horta, qui a également estimé qu’aucun Secrétaire général n’avait autant plaidé en faveur de la prévention que M. Guterres. 

Le prix Nobel de la paix a rappelé que c’est aux dirigeants nationaux qu’il importe en premier lieu de prévenir les conflits et d’engager des médiations, alors que les Nations Unies devaient appuyer les partenaires au plan local ou régional.  Les Nations Unies doivent investir dans leurs propres capacités et ses fonctions essentielles doivent être financées sur le budget ordinaire de l’Organisation. 

M. Ramos-Horta a également rappelé que le Groupe indépendant avait été chargé par le précédent Secrétaire général d’examiner les « opérations de paix » et non les « opérations de maintien de la paix » seulement.  « Notre intention n’était pas de nous éloigner du concept d’opération de maintien de la paix, qui reste valide aux yeux du Groupe, mais de faire comprendre que l’actuelle distinction nette entre les opérations de maintien de la paix et d’importantes missions politiques spéciales de terrain devraient laisser la place à un continuum permettant d’assouplir les transitions entre différentes phases. » 

Il s’est félicité que M. Ban ait accepté la critique faite du dysfonctionnement provoqué par la division actuelle entre les départements concernés tout en laissant le soin de la restructuration à son successeur.

Les propositions de réforme présentées par le nouveau Secrétaire général satisfont deux des principales préoccupations du Groupe, a estimé M. Ramos-Horta.  Pour lui, la gestion par un même département des opérations de maintien de la paix et des grandes missions politiques spéciales de terrain permettra d’apporter des réponses spécifiques adaptées au contexte. 

La structure unique politico-opérationnelle proposée, placée sous la direction de sous-secrétaires généraux régionaux, permettra à la fois de dépasser les rivalités et doublons actuels, mais aussi de veiller à ce que les opérations de paix soient dessinées et gérées en fonction de leur contexte régional et en consultation plus étroite avec les organisations régionales pertinentes. 

M. Ramos-Horta a de même noté que le Conseil de sécurité avait demandé des examens approfondis individuels des différentes opérations de maintien de la paix, rappelant que le Groupe avait déjà préconisé un examen des missions de longue durée, afin de s’assurer de leur efficacité. 

Il s’est félicité de la création par M. Guterres de l’Unité de planification stratégique et de suivi, estimant que c’était la réforme requise pour assurer les évaluations indépendantes des opérations de maintien de la paix à des moments stratégiques, que préconise le rapport.

Rappelant que dans ses décisions mandatant des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité devrait toujours refléter le primat du politique, M. Ramos-Horta a dit espérer que le Conseil insistera davantage sur les stratégies politiques dans le cadre desquelles ces missions sont déployées. 

Constatant que certaines évaluations de missions avaient abouti à des réductions de moyens, il a rappelé que, tant le rapport de 2000 du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies, que dirigeait Lakhdar Brahimi, que le rapport Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix avaient insisté sur le fait que mandat, ressources, attentes et capacités devaient être compatibles pour qu’une opération de maintien de la paix ne soit pas condamnée à l’échec. 

M. Ramos-Horta a encore rappelé que son rapport avait mis l’accent sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, notamment l’Union africaine.  Il s’est félicité de la signature, en avril, du Cadre conjoint ONU-UA pour le partenariat en matière de paix et de sécurité et a rappelé le soutien du rapport à un financement souple, durable et prévisible pour les opérations de paix, apporté au cas par cas et assuré sur le budget général de l’Organisation.

Le Groupe indépendant met l’accent sur une administration centrée sur le terrain, a rappelé M. Ramos-Horta, qui a jugé essentiel que le nouveau Secrétaire général, « un homme qui vient d’une agence de terrain », accorde une délégation d’autorité qu’il a jugée « absolument essentielle » à ceux qui décident et apportent les services sur le terrain. 

De même, selon lui, tant les changements dans la gestion que le soutien opérationnel qui serait apporté par un département unifié doivent être évalués strictement en fonction de leur impact sur le terrain.

Enfin, M. Ramos-Horta a estimé que le Secrétaire général était allé bien plus loin que les recommandations du Groupe indépendant dans son rapport en ce qui concerne la crédibilité morale des missions et les mesures prises pour lutter contre les abus sexuels.  Il a invité les États Membres à adhérer au pacte qu’il propose en ce sens.

M. HAILEMARIAM DESALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a souligné l’importance de la résolution qui vient d’être adoptée pour son pays, qui est l’un des principaux pays contributeurs de troupes.  Il s’est dit convaincu du rôle de premier plan que doit jouer le Conseil dans le suivi de la réforme des opérations de paix, en lien avec les pays contributeurs de troupes.  La réforme du maintien de la paix doit être une priorité, a-t-il dit. 

Rappelant la difficulté des environnements dans lesquels évoluent ces opérations, il a souligné l’importance des efforts visant à combler les lacunes dans leurs équipements.  Il a appuyé la volonté du Secrétaire général de réformer l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat et sur le terrain, avant de plaider pour le renforcement des partenariats régionaux. 

Le Premier Ministre a demandé une meilleure répartition des responsabilités.  « Soyons francs, il y a des lacunes à combler et les sacrifices des Casques bleus doivent être appréciés à leur juste valeur. » 

Enfin, M. Desalegn a invité le Conseil à réfléchir à un mécanisme de financement des opérations de l’Union africaine approuvées par le Conseil.  Il en va de l’intérêt de tous, a-t-il conclu. 

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a constaté que les opérations de maintien de la paix de l’ONU continuent de se heurter à des défis politiques, sécuritaires, stratégiques et opérationnels, qui entravent la mise en œuvre de leurs mandats, en particulier la protection des civils. 

Les recommandations issues des rapports du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et du Secrétaire général sont « hardies », a-t-il estimé, en rappelant que le Conseil de sécurité doit s’atteler à leur mise en œuvre, dans la mesure où cet organe assume la responsabilité première dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. 

Un aspect sur lequel le Conseil devrait porter son attention est la « promotion des solutions pacifiques à travers des opérations de paix politiquement adaptées », a estimé le Chef de l’État.  Un engagement politique du Conseil avant le déploiement et pendant la durée des missions est nécessaire pour promouvoir un règlement politique des conflits, a ajouté M. Sall, pour qui le Conseil devrait également renforcer sa coopération avec les États voisins et les organisations régionales et sous-régionales concernées, en particulier l’Union africaine. 

Des mandats « plus clairs, réalistes et réalisables » doivent être élaborés par le Conseil en tenant compte d’environnements opérationnels difficiles, a-t-il recommandé.

« Une autre question fondamentale sur laquelle le Conseil de sécurité doit se pencher est celle du renforcement triangulaire entre cet organe, les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat », a estimé le Président. 

Pour sa part, le Sénégal, cinquième contributeur de troupes africain et neuvième au niveau mondial, a fait de la prévention et de la répression de l’exploitation et des abus sexuels un axe prioritaire dans la formation des personnels. 

En donnant une suite favorable à l’invitation du Secrétaire général de l’ONU à être membre du cercle des dirigeants pour la prévention des exploitations et abus sexuels, M. Sall a dit qu’il avait voulu réaffirmer son ferme engagement en faveur de la politique zéro à l’égard des actes d’inconduite. 

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a rappelé que l’histoire même du maintien de la paix était liée étroitement avec son pays, depuis le déploiement de la première mission de surveillance de la trêve en 1948 et de la première mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le Sinaï en 1956.  Aujourd’hui, l’Égypte figure parmi les 10 plus grands pays contributeurs de troupes et son personnel en tenue a toujours eu une conduite exemplaire.

M. Al Sisi a espéré que la réforme du maintien de la paix serait élargie pour intégrer une approche complète incluant la prévention des conflits, expliquant que le maintien de la paix ne devait pas être le seul outil.  Il ne doit pas être une option face à la diplomatie préventive, la médiation et les efforts de consolidation de la paix, ni à tout autre outil politique, économique ou social.  Il ne doit pas non plus être la réaction initiale à un conflit.

Le Président a prévenu que surcharger les opérations de maintien de la paix ne ferait qu’aller à leur perte et saper leur crédibilité.  Au nom de cette crédibilité, il a voulu qu’on utilise à leur maximum les outils et les ressources disponibles, et notamment les opérations de maintien de la paix.

Ces trois dernières années, a-t-il rappelé, l’Égypte n’a cessé d’appeler à suivre une nouvelle approche stratégique pour apporter une réponse à un conflit qui s’inscrive dans la continuité.  C’est une vision que partagent de nombreux pays, ainsi que le Secrétaire général lui-même, a-t-il relevé.

Le Président a ensuite prôné la recherche en priorité d’une solution aux conflits, plutôt que de chercher à « gérer » ceux-ci.  Il a pris pour exemple les conflits dans la région arabe et sur le continent africain, qui redémarrent à cause de questions non résolues.

Les opérations de maintien de la paix ne devraient pas se substituer au rôle des gouvernements et des institutions des pays concernés, a poursuivi le Président.  Ces opérations ne doivent pas devenir des mécanismes de tutelle, a-t-il estimé en se basant sur les échecs passés lorsqu’on avait voulu imposer des « modèles » de systèmes politiques à certains pays. 

Il a invité à ne pas ignorer la responsabilité des pays hôtes de protéger leurs citoyens, et, dès lors, de prévoir des mandats de missions qui reflètent les priorités et les besoins des pays.

« Je vais être franc avec vous », a annoncé M. Al Sisi: « Les tentatives de certains États Membres de monopoliser la formulation des mandats, sans prendre en compte les préoccupations des pays fournisseurs de troupes, ne contribuent pas au succès des missions de maintien de la paix. » 

Expliquant que l’absence de consultations significatives avec les pays fournisseurs de troupes se fait au détriment de la mise en œuvre des mandats, il a appelé le Conseil à soutenir la création d’un mécanisme consultatif triangulaire entre les parties prenantes – le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.

Enfin, le Président Al Sisi a insisté sur le rôle que doivent jouer les organisations régionales pour maintenir la paix et la sécurité internationales, selon le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, citant en particulier l’Union africaine qui donne un modèle de partenariat avec les Nations Unies. 

Il a souhaité que cette coopération se développe afin d’utiliser les avantages de chacun, d’autant plus que l’ONU essaye de maximiser l’utilisation de ses ressources.  L’ONU doit aussi, à son avis, développer ses partenariats avec les autres organisations régionales, notamment la Ligue des États arabes.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a estimé, « dans un monde imprévisible et de moins en moins sûr », que la réforme des opérations de paix de l’ONU était des plus nécessaires.  Il a déploré le caractère lacunaire de l’examen des opérations de paix, avant de saluer la volonté de réforme du Secrétaire général.  Il faut passer du maintien de la paix traditionnel à un maintien de la paix « intelligent », a affirmé M. Poroshenko. 

Le Président s’est ensuite félicité de l’apport de son pays à ces opérations, « un apport qui n’a pas cessé, même au plus fort de l’attaque armée lancée contre mon pays par la Fédération de Russie ».  Des faits indéniables montrent que la Russie organise et parraine des éléments terroristes dans la région du Donbass, a-t-il dit.  Il a ajouté que l’agression russe avait conduit à la mort de plus de 10 000 personnes. 

« Ma requête, formulée en 2015, pour le déploiement d’une opération de paix en Ukraine a gagné en urgence », a poursuivi le Président, en notant que la situation dans le Donbass ne s’améliore pas.  « Si une tragédie de cette échelle ne demande pas la présence de l’ONU, alors quelle situation l’exige? » s’est-il interrogé. 

Il a donc réitéré sa demande au Conseil de sécurité de déployer des Casques bleus dans le Donbass, « le plus rapidement étant le mieux ».  Le Président a indiqué, à ce titre, qu’un maintien de la paix efficace passait par un retrait inconditionnel de tous les éléments étrangers de son pays.  « Le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU doit restaurer la justice plutôt que de geler un conflit et de cimenter l’occupation. »

En conclusion, il a exhorté le Secrétaire général à envoyer une mission d’évaluation technique en Ukraine, chargée d’évaluer la situation globale sur le terrain. 

M. MICHAEL R. PENCE, Vice-Président des États-Unis, a déclaré que chaque pays doit accorder une priorité à lui-même, tout en étant solidaire de ses partenaires.  Il a plaidé pour une réforme en profondeur du Conseil de sécurité, qui doit en faire davantage pour faire respecter ses décisions, donner la priorité à la recherche de solutions politiques et élaborer des stratégies de sortie pour ses opérations de maintien de la paix. 

« Lorsqu’une mission réussit, il ne faut pas la prolonger indument, lorsqu’elle échoue, il faut la restructurer », a estimé M. Pence.  Rappelant que cette Organisation avait été bâtie sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, il a déclaré qu’il n’est pas suffisant de « contrôler les fous qui veulent dominer le monde », il faut mettre en place un ensemble de nations basées sur la paix et la justice.

Mais le maintien de la paix signifie une action, « il faut agir face aux menaces de chaos ».  Dans l’est de l’Europe, la Fédération de Russie continue de violer le principe de l’intégrité territoriale des États, a-t-il dénoncé, en s’alarmant aussi que les organisations terroristes continuent de frapper au cœur de l’Europe, tandis que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) menace la stabilité de la péninsule coréenne. 

Le régime de Pyongyang est une menace pour le monde entier, a martelé le Vice-Président.  Les États-Unis sont heureux de voir que deux résolutions renforçant le régime de sanctions imposées à la RPDC ont été adoptées, s’est-il félicité.  Si nous sommes obligés de nous défendre, « nous le ferons avec une puissance militaire écrasante », a averti M. Pence.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit en faire davantage pour promouvoir la cause des droits de l’homme, a estimé le Vice-Président américain, en affirmant que certains des régimes les plus menaçants du monde étaient aussi ceux qui répriment le plus leur propre population. 

Aujourd’hui, le Conseil des droits de l’homme attirerait, selon lui, les régimes qui violent le plus ouvertement les résolutions des Nations Unies, transformant cet organe en véritable « forum de l’antisémitisme », comme en témoignerait l’inscription à son ordre du jour de toutes ses réunions de la situation en Israël.

Le Vice-Président s’est ensuite lancé dans une dénonciation des violences contre les Rohingya au Myanmar, précisant que le Secrétaire d’État, M. Rex Tillerson, a parlé hier de cette situation avec la dirigeante du Myanmar Aung San Suu Kyi, lui demandant de prendre en compte la problématique des droits de l’homme.  « À moins que la violence ne cesse et la justice ne soit rétablie, les graines du chaos seront semées dans la région pour les générations à venir », a prévenu M. Pence. 

« Si les hommes de bonne volonté ne font pas face aux hommes mauvais, les forces de la destruction ne feront qu’acquérir davantage de pouvoir », a prévenu le Vice-Président des États-Unis en conclusion.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rendu un vibrant hommage à Zaida Catalàn, une experte suédoise de l’ONU qui a été récemment tuée alors qu’elle remplissait sa mission en République démocratique du Congo (RDC).  De même, il a salué le courage et le dévouement de tous ces hommes et de ces femmes qui risquent leur vie dans les opérations de maintien de la paix pilotées par l’ONU.

À cette occasion, il a souligné les trois dimensions importantes qui, selon lui, doivent garantir le succès de l’action de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix au XXIe siècle.

En premier lieu, il considère qu’il faut non seulement traiter les racines des conflits, mais aussi répondre assez tôt à ceux qui émergent pour éviter qu’ils ne dégénèrent.

Deuxièmement, le Premier Ministre, qui a rappelé que, depuis 1948, son pays avait engagé 80 000 soldats de la paix dans des opérations de maintien de la paix, principalement en Afrique, a souligné l’importance de renforcer les partenariats.  Citant en exemple ceux conclus entre les Nations Unies et l’Union africaine, ou avec l’Union européenne, il a insisté sur le rôle essentiel que jouent ces actions conjointes entreprises avec les organisations régionales dans le succès ou l’échec des opérations de maintien de la paix.

Enfin, M. Löfven a plaidé pour que l’ONU tire parti des leçons apprises au cours des précédentes opérations de maintien de la paix afin d’améliorer ses missions dans l’avenir.  Entre autres enseignements, il a relevé la nécessité de définir des mandats réalistes et flexibles, mais aussi de travailler en bonne intelligence en partageant les ressources.

M. PAOLO GENTILONI SILVERI, Premier Ministre de l’Italie, a estimé que le thème de la séance du Conseil de sécurité touchait à la réputation même de l’ONU.  « Nous souhaitons que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour réformer les opérations de paix de l’ONU », a-t-il dit, avant d’évoquer la contribution de son pays à ces opérations. 

Il a jugé essentiel d’adopter une politique de tolérance zéro dans la lutte contre l’exploitation et les violences sexuelles.  Il en va de la crédibilité de l’ONU, a affirmé M. Gentiloni Silveri. 

Il a ensuite salué le déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel, ainsi que l’ébauche d’un partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine.  « Les problèmes africains sont également nos problèmes », a-t-il dit.  

Il a mis l’accent sur l’importance d’un financement onusien des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, autorisées par le Conseil de sécurité.  Le Premier Ministre a également demandé que les opérations soient mieux équipées pour répondre à la destruction de biens culturels. 

Les engagements pris dans le domaine du maintien de la paix doivent être honorés, a affirmé M. Gentiloni Silveri, tout en concédant l’importance des considérations budgétaires. 

Le Premier Ministre italien a exhorté la communauté internationale à répondre de manière efficace aux défis les plus urgents dans le domaine du maintien de la paix.  « C’est une tâche qui nous incombe à tous », a conclu M. Gentiloni Silveri. 

Mme THERESA MAY, Premier Ministre du Royaume-Uni, a partagé la vision du Secrétaire général de l’ONU, qui souhaite que la prévention des conflits devienne une priorité de l’Organisation et du Conseil de sécurité.  Mais ce dernier doit être en mesure de faire respecter ses propres décisions, a-t-elle souligné. 

Mme May a cité ainsi l’exemple de la situation au Soudan du Sud, où « une crise a éclaté il y a cinq ans alors que le pays en a six d’existence ».  Par ailleurs, davantage de matériel doit être mis à la disposition des Casques bleus pour qu’ils s’acquittent plus efficacement de leurs mandats, lesquels doivent être élaborés de manière plus réaliste, a préconisé Mme May, en plaidant aussi pour des ressources plus importantes.  

S’agissant de l’opérationnalisation de la force, des contingents en nombre suffisant doivent être prêts à être déployés.  C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni et la France organiseront une séance conjointe sur cette question le mois prochain, a annoncé le Premier Ministre, en affirmant qu’il faut donner aux opérations de paix un pouvoir de décision adapté. 

Enfin, Mme May a salué le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, soulignant qu’il faudrait le rendre plus efficace.  Elle a dit trouver intéressant l’engagement de l’UA à financer à hauteur de 25% ses propres opérations de paix, souhaitant en discuter davantage.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a rappelé que la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État et la recherche d’un règlement pacifique étaient les principes directeurs des efforts dans le domaine du maintien de la paix. 

Toute réforme des opérations de maintien de la paix de l’ONU devra en outre ménager une place plus importante aux organisations régionales, a-t-il dit.  Le Ministre des affaires étrangères chinois a ensuite évoqué les difficultés rencontrées par de nombreux pays africains dans le maintien de la paix et demandé qu’un appui accru leur soit apporté. 

Il faut renforcer les capacités des opérations et mieux répondre aux préoccupations des pays africains, a-t-il déclaré, avant d’évoquer le prêt, par son pays, d’éléments habilitants à ces missions.  Le Ministre a en outre appuyé la proposition de l’Union africaine s’agissant du financement des opérations de maintien de paix de cette dernière autorisées par le Conseil. 

Enfin, il a rappelé que son pays était le deuxième plus important contributeur aux opérations de maintien de la paix.  Si la paix est difficile à trouver et à préserver, la Chine ne cessera d’œuvrer pour y parvenir, a-t-il conclu.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a estimé que la réforme des opérations de maintien de la paix devait avant tout garantir le respect des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.  « Cependant, les États sont obligés de remplir leur responsabilité légale, morale et politique de garantir la protection des civils », a-t-il ajouté.

Aux yeux du Ministre, les nouvelles approches en matière de maintien et consolidation de la paix doivent se baser sur des mandats « clairs et réalistes », assortis de personnels, d’équipements et de ressources « de qualité ». 

M. Abdrakhmanov a également appelé le Conseil de sécurité à travailler en étroite collaboration avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Fonds pour la consolidation de la paix, afin de renforcer le lien entre sécurité et développement, au moyen de « financements prévisibles durables et à long terme ». 

Selon lui, le Conseil doit également interagir davantage avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC), le système des Nations Unies et les organisations régionales, dans le cadre de ses prises de décisions.

Plébiscitant le déploiement de forces régionales hybrides, à l’instar de la Force multinationale mixte (FMM) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le Ministre a estimé qu’il convenait de renforcer ce type de coopération. 

Enfin, M. Abdrakhmanov a appelé au strict respect de la politique de tolérance zéro en vigueur dans les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par des personnels onusiens. 

Il a également estimé que la perspective des femmes et des jeunes devait être mieux prise en compte dans la planification des missions et que davantage de femmes devraient être déployées sur le terrain. 

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre des affaires étrangères de la France, a souhaité ne pas tomber dans une « critique facile » des opérations de maintien de la paix, dans la mesure où certains progrès ont été accomplis au fil des années.  Cependant, il a reconnu que des changements sont nécessaires.  Ainsi, il est parfois difficile d’envisager la fin de certaines opérations de maintien de la paix, comme c’est le cas en République démocratique du Congo (RDC), où l’une d’entre elles est déployée depuis 18 ans.  

L’autre écueil, c’est celui de la « tentation de la substitution », tant la présence de Casques bleus ne garantit plus le retour à la sécurité.  Aussi faut-il orienter notre réflexion dans deux directions. 

La première consiste à renforcer la capacité des États concernés: assortie d’un processus politique crédible, c’est la clef d’une sécurité durable, a affirmé M. Le Drian.  « C’est ce que nous avons voulu faire en soutenant la Force conjointe du G5 Sahel », a expliqué le chef de la diplomatie française. 

La deuxième direction, c’est de trouver des outils adaptés à l’évolution des menaces et des crises.  Ainsi, a-t-il observé à titre d’exemple, « au Mali, nous avons la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui est placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, mais qui n’a pas de mandat de lutte antiterroriste ». 

Enfin, a préconisé le Ministre, « nous devons accompagner la montée en puissance des partenaires régionaux ».

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a demandé l’adaptation du maintien de la paix onusien aux réalités du terrain.  Il faut surmonter la fragmentation actuelle et élaborer des documents normatifs sur la base de documents factuels rigoureux, a-t-il affirmé.  M. Lavrov a défendu la primauté d’une approche politique dans le règlement des conflits et rappelé que les Casques bleus devaient être déployés avec l’accord des pays hôtes. 

Il a plaidé la prudence dans le renforcement des mandats, en rappelant que la force ne pouvait être utilisée par les Casques bleus qu’aux fins de légitime défense et de protection des civils.  Les responsabilités supplémentaires conférées à ce titre à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) ne sont pas convaincantes, a-t-il poursuivi.  « Les mandats prévoyant un recours à la force doivent faire l’objet d’un calibrage très prudent. »

Le Ministre a ensuite évoqué la « question à la mode » des renseignements liés au maintien de la paix.  Il a souligné la nécessité de préserver la confidentialité des informations recueillies, en mettant en garde contre une interprétation trop souple de cette notion de renseignements.  Toute collecte d’informations doit se faire avec l’aval du pays hôte et concourir à la protection des Casques bleus et des civils, a-t-il déclaré.

M. Lavrov a loué les succès engrangés par les Africains dans le maintien de la paix et souligné l’importance d’apporter des « solutions africaines aux défis africains ».  Il a lancé que les difficultés rencontrées par ces pays dans le maintien de la paix avaient été aggravées par « l’aventurisme des pays occidentaux », en particulier en Libye.  Il a souhaité que l’appui financier demandé par les pays africains soit étudié avec attention. 

Enfin, M. Lavrov a évoqué la coopération entre l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le sud-est de l’Ukraine et rappelé que ladite coopération visait à la « pleine mise en œuvre des accords de Minsk « agréés par tous ».

M. TARO KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon, a fait valoir l’engagement de son pays dans les opérations de maintien de la paix menées par l’ONU.  Au cours des 25 dernières années, le Japon a déployé 12 500 de ses ressortissants dans le cadre de 27 opérations notamment au Cambodge, sur le plateau du Golan, au Timor-Leste ou encore en Haïti, a-t-il rappelé.

Fort de cet engagement, le Japon, assure-t-il, appuie la résolution du Conseil de sécurité adoptée en début de séance et contribuera à la mettre en œuvre, ce texte constituant, a-t-il estimé, un « moteur puissant pour favoriser nos efforts de réforme ». 

Parmi ces réformes, il a insisté sur l’importance du renforcement des capacités et de la formation.  « Il faut réduire le fossé qui sépare les besoins sur le terrain et les capacités et les équipements dont disposent les Casques Bleus », explique-t-il.

Rappelant que le Japon avait toujours été un solide partenaire des Nations Unies dans le cadre de son projet de déploiement rapide de capacités d’ingénierie en Afrique, le chef de la diplomatie japonaise a insisté sur la nécessité d’une étroite coopération entre les opérations de maintien de la paix elles-mêmes et la Division des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. 

Le Ministre a également insisté sur la nécessité pour les Nations Unies et les États Membres de coordonner de manière cohérente leurs activités de renforcement des capacités.  Le Japon, a-t-il précisé, a tenu sur ce sujet, le mois dernier, une conférence à laquelle ont participé des responsables d’une trentaine de pays. 

M. Kono a conclu en soulignant l’importance du rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Les femmes et les enfants étant les premières victimes dans la plupart des conflits, le personnel féminin demeure, selon lui, un atout indispensable dans le cadre de ces missions puisqu’il permet de leur apporter le soutien approprié et de répondre à leurs besoins spécifiques.  Quant aux civils, M. Kono compte augmenter leur nombre dans les missions de maintien de la paix en améliorant la formation des jeunes.

En dépit de sa taille modeste, son pays a déployé plus de 43 800 personnels au total au sein de plus de 20 opérations de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde, a rappelé M. ENRIQUE LOEDEL, Vice-Ministre chargé des affaires politiques du Ministère des affaires étrangères de l’Uruguay, de sorte que celui-ci figure parmi les 20 premiers contributeurs de troupes au monde.

Dans ce cadre, le représentant a exprimé son soutien envers la réforme des opérations de maintien de la paix, destinée à les rendre plus efficaces et mieux à même de remplir leur mandat.  « Pour cela, nous devons garder à l’esprit que les décisions budgétaires et politiques doivent toujours aller de pair, et ce, afin d’éviter que les unes ou les autres ne puissent rendre un mandat irréalisable », a-t-il mis en garde.

M. Loedel a jugé important que le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Groupe demeurent les deux principaux piliers du processus de réforme actuel.  Il a par conséquent appelé à poursuivre la mise en œuvre des recommandations préconisées dans ces deux rapports.

Pour garantir le succès des missions, le représentant a souligné l’importance qu’il y avait à maintenir l’unité au sein du Conseil de sécurité, ainsi qu’à mettre en place des opérations « plus flexibles et adaptables », dotées de « mandats clairs », assortis de ressources « adaptées ». 

Il a également appelé à faire en sorte qu’aucun État, tout particulièrement ceux participants à une opération de maintien de la paix, ne fasse obstacle à la réalisation d’une mission créée par le Conseil.

M. Loedel a estimé que les pays contributeurs de troupes devaient tout faire pour équiper leurs personnels de façon appropriée et les préparer à la complexité des tâches à accomplir, afin d’éviter les défaillances dans la chaîne de commandement, la désobéissance aux ordres, les manquements dans la protection des civils et la pénurie d’équipements. 

Le délégué a enfin réaffirmé l’importance du Comité des 34 dans la mise en œuvre de la réforme des opérations de maintien de la paix.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déclaré qu’en accord avec le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies et du rapport du Secrétaire général de 2015, la réforme des opérations de maintien de la paix doit s’appuyer sur trois « piliers », soit la prévention, la médiation, ainsi que des alliances régionales et internationales plus étroites. 

La Bolivie, a expliqué le représentant, prône le dialogue et la négociation comme mécanismes de prévention et de résolution pacifique des conflits.  Selon lui, l’approche préventive doit être au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

En outre, une étroite collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales est nécessaire, notamment avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont joué un rôle important dans la prévention et la résolution de conflits. 

En outre, le financement des opérations de maintien de la paix doit être durable, prévisible et flexible, a poursuivi le représentant, afin de permettre une plus grande autonomie des Nations Unies face aux pays contributeurs, qui peuvent user de leur influence pour favoriser leurs propres objectifs.

De plus, les pays hôtes doivent être consultés avant tout déploiement, dans le cadre d’une évaluation stratégique conjointe avec l’Union africaine. 

Le représentant a insisté sur l’importance de mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Les femmes, a-t-il expliqué, ont un rôle important à jouer dans la prévention et la médiation, ainsi que dans la reconstruction après conflit, notamment dans le domaine de la réintégration économique et sociale. 

S’agissant de la violence sexuelle, la Bolivie a réitéré son appui à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général et à son programme d’action contre l’exploitation et les abus sexuels. 

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que certaines des menaces à la paix en Afrique étaient peut-être spécifiques au continent mais que d’autres, comme le terrorisme et l’extrémisme violent, étaient des phénomènes mondiaux dont les implications dépassent les frontières.  Dès lors, a-t-il affirmé, les Nations Unies ont l’obligation de soutenir les initiatives régionales de paix entreprises en application du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

M. Zuma s’est félicité des progrès importants réalisés dans la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine (UA) et notamment de la signature, le 19 avril, du Cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé dans le domaine de la paix et de la sécurité. 

Il y a eu une claire démonstration que la résolution des défis à la paix et la sécurité en Afrique ne peut être confiée à la seule Union africaine, du fait de leur complexité et de leurs implications.

M. Zuma a ensuite plaidé en faveur d’un financement prévisible, souple et durable des opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité. 

Il s’est dit conscient des réticences de certains membres du Conseil à accepter l’utilisation du budget ordinaire des Nations Unies pour un tel financement mais a estimé que, du moment que l’Union africaine intervient dans un conflit ou une crise sur la base d’une autorisation donnée par le Conseil, elle agit donc au nom des Nations Unies et celles-ci ont le devoir de fournir des ressources fondées sur les contributions obligatoires versées par les États Membres au budget ordinaire. 

À cet égard, M. Zuma s’est félicité des différents modèles de financement présentés par le Secrétaire général et a relevé qu’en sus des quatre options présentées, ce dernier avait recommandé au Conseil de sécurité d’approuver le principe d’une option de financement impliquant un budget commun ONU-Union africaine. 

Pour l’Afrique du Sud, le Conseil de sécurité devrait examiner le recours à l’une ou l’autre option au cas par cas, mais aussi en fonction des succès ou échecs déjà enregistrés pour chacune d’entre elles. 

De manière plus générale, il a estimé que les Nations Unies pouvaient faire davantage sur la question du financement des opérations de la paix de l’Union africaine, notamment au regard des importants sacrifices humains consentis par le continent. 

Le Président a également réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une revitalisation permanente du Fonds pour la paix et son soutien aux trois secteurs qu’il doit financer, tout en estimant que celui de la diplomatie préventive et la médiation devait être la priorité. 

M. Zuma a également rappelé le soutien de l’Afrique du Sud au programme de l’Union africaine visant à faire taire les armes sur le continent d’ici à 2020.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a placé son espoir dans la réforme proposée par le Secrétaire général qui, selon elle, devrait aboutir à rendre l’ONU plus efficace en mettant clairement l’accent sur la prévention des conflits et la médiation.  Elle a plaidé en faveur d’opérations de maintien de la paix dont les objectifs soient concrets et qui prévoient des stratégies de sortie.  Il faut que les opérations soient souples dès leur conception, a-t-elle recommandé, expliquant que les environnements étaient toujours instables. 

La Présidente a recommandé de mettre en œuvre les recommandations qui remontent des entités présentes sur le terrain en vue d’adapter les opérations aux environnements changeants.  Cela permet aussi de motiver les personnes qui travaillent sur place et de créer un circuit positif d’adaptation. 

Mme Kaljulaid a jugé essentiels les partenariats avec les organisations régionales, les gouvernements hôtes et les communautés locales.  Par ailleurs, elle a conseillé de compléter les opérations de maintien de la paix par des activités visant à améliorer les conditions de vie des populations touchées, notamment par le biais de projets qui aboutissent à créer des emplois et à fournir des services sociaux de base au cours de la phase d’après conflit.

Pour la Présidente, « nous ne pouvons arriver à une paix durable que si nous avons une compréhension large des conflits et de leurs causes profondes ».  Elle a dès lors regretté que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) soit dépouillée de son Groupe de centralisation du renseignement.

Enfin, elle a insisté sur la protection des enfants dans les régions où opèrent les missions, ainsi que sur la participation des femmes à la paix et à la sécurité.  Pour finir, elle a rappelé l’importance de la communication pour partager les objectifs et les résultats des missions.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a estimé que, pour être couronnée de succès, la réforme des opérations de maintien de la paix devait bénéficier d’un « soutien politique fort et collectif ».  Pour parvenir à générer ce soutien, le Vice-Président a appelé à renforcer le partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, les pays hôtes et les pays contributeurs de troupes.

M. Kalla a également insisté sur la nécessité de traduire en actes les recommandations formulées dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, ainsi que d’intégrer davantage les actions diplomatiques, de médiation et de consolidation de la paix.

« La réforme doit refléter les besoins réels des soldats de la paix sur le terrain », a par ailleurs déclaré le représentant, soulignant que l’augmentation des capacités des personnels déployés était un élément essentiel.  Cela passe, a-t-il ajouté, par une standardisation des savoirs et des formations innovantes, mais aussi, au-delà de la professionnalisation des personnels, par la promotion du rôle des femmes dans le maintien de la paix.

M. Kalla a enfin estimé que l’ONU devait renforcer ses partenariats avec les organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont son pays fait partie.

M. KRISHNA BAHADUR MAHARA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que les opérations de maintien de la paix ne sauraient remplacer les règlements négociés.  Le Népal a toujours été un partenaire de ces opérations, étant actuellement le sixième plus gros fournisseur de contingents, a-t-il rappelé.  Il a plaidé pour que la réforme du maintien de la paix s’inscrive dans la durée et pour que toutes les parties fassent preuve de solidarité dans la mise en œuvre des mandats.

De l’avis du Ministre, les Nations Unies devraient renforcer les capacités des gouvernements nationaux pour assurer la consolidation et la pérennisation de la paix, en veillant à l’affectation de ressources suffisantes. 

Il a ensuite insisté sur l’importance de la protection des civils, avant de parler du moral des troupes auquel il faut veiller. 

Il a conclu son intervention en réaffirmant l’engagement du Népal en faveur du programme de réforme des opérations de maintien de la paix.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, qui s’exprimait aussi au nom de l’Éthiopie et de la République de Corée, a rappelé que ces trois pays avaient formé un groupe des amis des opérations de la paix des Nations Unies. 

Le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies aura fait date, a-t-elle estimé, ajoutant qu’avec d’autres rapports plus récents, il contenait des propositions cohérentes pour rendre les opérations de paix plus proches du terrain. 

Elle a souligné que les aspects politiques devaient prédominer dans la création et la gestion de telles opérations, tout en ajoutant qu’aucune implication extérieure ne pouvait se substituer à la volonté politique des dirigeants des pays d’accueil. 

En outre, les Nations Unies ne peuvent agir seules, d’où la nécessité d’un partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales.  À cet égard, Mme Solberg a salué le récent cadre de partenariat conclu entre les Nations Unies et l’Union africaine, et a plaidé pour un meilleur financement des opérations de paix de l’Union africaine.

Par ailleurs, les opérations de paix doivent agir avec les acteurs de terrain, notamment les organisations de femmes, a ajouté le Premier Ministre. 

Enfin, il faut veiller à la sécurité du personnel des Nations Unies déployé sur le terrain.  Le groupe tripartite continuera de faire des propositions pour améliorer l’efficacité des opérations de paix des Nations Unies, a conclu Mme Solberg.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a indiqué que son pays, en tant que fournisseur de contingents, souhaitait faire du maintien de la paix une activité plus efficace.  Les récentes initiatives du Secrétaire général permettent de préserver l’élan du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, a-t-il estimé en y voyant une façon de refaçonner le maintien de la paix des Nations Unies. 

Il a rappelé que la protection des civils devait rester la priorité, indiquant, à ce propos, que son pays avait récemment adopté les Principes de Kigali sur la protection des civils.

En dépit de la politique de tolérance zéro, les atteintes sexuelles se poursuivent, a-t-il regretté en souhaitant que les efforts se poursuivent pour les combattre.  La Lituanie, qui soutient les efforts du Secrétaire général pour y mettre fin, a signé il y a quelques jours un pacte sur l’élimination des exploitations et atteintes sexuelles.

Le Ministre a ensuite plaidé en faveur du plus grand rôle des femmes dans la négociation et la consolidation de la paix, en déployant notamment des femmes comme conseillères en protection des civils. 

En matière de sécurité du personnel des Nations Unies et des Casques bleus, le Ministre a plaidé pour un renforcement des capacités.  À son avis, l’utilisation des technologies dans le maintien de la paix devrait permettre d’améliorer l’alerte précoce et de mieux détecter les menaces, en facilitant aussi la réponse.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face à un « monde en morceaux », le Secrétaire général plaide en faveur du multilatéralisme, « plus important que jamais »

Soixante-douzième session,
3e à 6e séances plénières, Matin, après-midi & soir  
AG/11947

Face à un « monde en morceaux », le Secrétaire général plaide en faveur du multilatéralisme, « plus important que jamais »

Les États Membres entre la nécessité de « réapprendre la complexité du dialogue » ou d'« agir par soi-même sans attendre l’appui de bureaucraties »

« Nous sommes un monde en morceaux.  Nous devons être un monde en paix », c’est le constat présenté, ce matin, par le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, devant l’Assemblée générale à l’ouverture de son débat général.  Entre « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité » et « agir par soi-même sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties », les dirigeants de plusieurs États Membres, tels ceux de la France et des États-Unis, ont exprimé des visions diverses de ce que devrait être la communauté internationale. 

Lors de ce rendez-vous annuel majeur des dirigeants politiques du monde, qui se poursuivra jusqu’au lundi 25 septembre, quelque 196 délégations doivent prendre la parole, dont plus de 130 chefs d’État et de gouvernement.  Ce mardi, ils ont été 35 à prendre la parole.

« Nous, les peuples » et « nos » nations unies sommes confrontés à des défis considérables, a affirmé M. Guterres, qui présentait pour la première fois depuis sa nomination à la tête de l’ONU son rapport annuel sur l’activité de l’Organisation.  S’exprimant successivement en anglais, en français et en espagnol, le Secrétaire général a ainsi présenté sept défis auxquels le monde est confronté mais auxquels des nations vraiment unies peuvent répondre. 

Parmi ces défis, plusieurs ont été largement évoqués ensuite par les chefs d’État et de gouvernement, notamment le péril nucléaire avec les récents essais nucléaires et tirs de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), unanimement condamnés, mais aussi les conflits non résolus, les violations du droit international humanitaire et les changements climatiques, illustrés par l’Accord de Paris, et le sort des migrants et réfugiés toujours plus nombreux. 

Autre sujet abordé par M. Guterres et les dirigeants du monde: la réforme des Nations Unies.  Le Secrétaire général s’est dit déterminé à faire en sorte que les méthodes de l’Organisation contribuent à faire avancer les objectifs de paix, de développement et de promotion des droits de l’homme au lieu de les entraver. 

Pour sa part, le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a souhaité que les Nations Unies mettent l’accent sur la paix et la prévention, les aspects humains et la prospérité et la protection de la planète, « trois côtés d’un même triangle », et que l’Organisation « ouvre davantage ses portes ».

Tout en disant soutenir l’ambition réformatrice du Secrétaire général, le Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui s’adressait lui aussi pour la première fois à l’Assemblée générale, a estimé que le succès du monde résidait dans des nations souveraines fortes, différentes par leurs valeurs, leurs traditions et leurs rêves mais capables de collaborer et de permettre aux individus de grandir. 

Insistant sur le patriotisme, il a affirmé qu’il donnerait « toujours la priorité à l’Amérique » et a invité les États à « agir par eux-mêmes » pour construire un avenir meilleur « sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties ». 

Pour sa part, le Président de la France, M. Emmanuel Macron, a plaidé en faveur du multilatéralisme, présenté comme la « méthode la plus efficace face aux défis globaux, la concrétisation d’une vision du monde qui nous protège seule de la loi du plus fort ».  Dans un « monde redevenu multipolaire », il nous faut « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité », a-t-il affirmé. 

Ces conceptions ont amené les deux chefs d’État à s’opposer sur deux des défis énumérés par M. Guterres. 

Ainsi, le Chef de la Maison Blanche -applaudi ensuite par le Premier Ministre d’Israël, M. Benjamin Netanyahu, pour qui « aucun discours prononcé à la tribune des Nations Unies n’a été plus courageux que celui de M. Trump ce matin »- a-t-il dénoncé le Plan d’action global commun de 2015 sur le programme nucléaire iranien comme « une des pires et des plus partiales transactions de l’Histoire pour les États-Unis », qu’il ne peut appuyer. 

Au contraire, M. Macron a affirmé que dénoncer cet accord « solide, robuste et vérifiable » sans rien proposer d’autre serait « une lourde erreur et ne pas le respecter serait irresponsable ».

De même, M. Macron a défendu l’Accord de Paris sur les changements climatiques, qui « pourra être enrichi de nouvelles contributions », mais « ne sera pas renégocié » car « le détricoter serait détruire un pacte non seulement entre les États mais entre les générations ».  De Monaco à la Zambie, du Brésil à la Pologne, tous les chefs d’État qui ont abordé le sujet ont souhaité la mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Plusieurs autres chefs d’État ont salué la solidarité internationale dont leur pays a bénéficié.  La Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, a estimé que son pays, « revenu de loin », était devenu pour la communauté internationale une « success story » du postconflit, notamment grâce au déploiement d’une opération de maintien de la paix des Nations Unies. 

Pour sa part, le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, a salué le rôle de l’ONU pour garantir la mise en œuvre de l’Accord de paix signé l’an dernier par le Gouvernement et la rébellion après 60 ans de conflit.

De même, les Présidents du Nigéria et du Mali ont remercié la communauté internationale pour l’aide apportée aux pays et communautés du Sahel et du bassin du lac Tchad, confrontés à la menace terroriste d’Al-Qaida et de Boko Haram.  Le Chef d’État malien s’est toutefois inquiété des restrictions budgétaires imposées aux opérations de maintien de la paix « au moment où les défis sécuritaires dans le monde requièrent plutôt un renforcement des moyens et des capacités des missions de paix ».

Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, mercredi 20 septembre, à partir de 9 heures.

 RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION: EXPOSÉ DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR SON RAPPORT ANNUEL (A/72/1)

Présentation du rapport par le Secrétaire général de l’ONU

« Nous, les peuples » et « nos » nations unies sommes confrontés à des défis considérables, a affirmé M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, en évoquant les souffrances, la faim, l’insécurité, les inégalités croissantes, les conflits qui s’étendent, ainsi que les changements climatiques.  Il a aussi mentionné la fragmentation des sociétés, les clivages dans les discours politiques, la confiance qui s’étiole à cause de ceux qui sèment la division.

« Nous sommes un monde en morceaux.  Nous devons être un monde en paix. »

Se montrant toutefois confiant, il s’est dit convaincu que, « ensemble, nous pouvons réaliser la paix ».  « Nous pouvons restaurer la confiance et créer un monde meilleur pour tous. »

Annonçant sept défis auquel le monde est confronté mais auxquels les nations vraiment unies peuvent répondre, le Secrétaire général a cité tout d’abord le péril nucléaire.  Le recours à des armes nucléaires devrait être impensable, a-t-il affirmé, tout en constatant que, aujourd’hui, les craintes ne sont pas abstraites. 

En effet, des millions d’individus vivent dans la peur du fait des essais nucléaires et de missiles provoquants de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), ce pays ne faisant rien pour apaiser ces craintes. 

« Je condamne ces essais et je demande à la RPDC et à tous les États Membres d’appliquer les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il dit, avant d’appeler ce dernier à maintenir le front uni qu’il a affiché la semaine dernière en renforçant les sanctions.  Cette unité, a-t-il remarqué, est la seule solution pour arriver à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Plaidant pour une solution politique, il a invité tous les pays à s’engager envers cet objectif, en particulier les pays dotés de l’arme nucléaire. 

Aujourd’hui, la prolifération entraîne un danger inimaginable, a-t-il regretté, jugeant urgent de l’entraver, de promouvoir le désarmement et de préserver les acquis dans cette voie.

Passant à la menace mondiale que pose le terrorisme, M. Guterres a rappelé que rien ne justifie ce phénomène qui déstabilise les sociétés et détourne des énergies qui pourraient être utilisées à des fins plus utiles.  Il s’est félicité que les efforts nationaux et multilatéraux de lutte antiterroriste aient permis de perturber les réseaux terroristes et de sauver des vies.  « Nous devons intensifier ce travail », a-t-il ajouté en souhaitant une coopération internationale plus forte.

M. Guterres a remercié l’Assemblée générale d’avoir approuvé une de ses premières initiatives, la création du Bureau des Nations Unies sur la lutte antiterroriste.  Il a annoncé vouloir convoquer, l’an prochain, la première réunion jamais organisée des chefs des agences de lutte antiterroriste, pour élaborer un nouveau partenariat international en ce domaine.

Il ne s’agit pas seulement de lutter contre les terroristes, mais aussi de régler les causes profondes de la radicalisation, a-t-il ajouté en voulant s’attaquer aux inégalités et à la haine.  Il faut aussi redoubler d’efforts pour aider les survivants. 

Mais, pour le Secrétaire général, une répression lourde et trop forte est contreproductive, comme l’expérience l’a montré.  Si l’on croit que les violations des droits de l’homme et des libertés démocratiques sont nécessaires pour lutter contre le terrorisme, on perd la guerre, a-t-il prévenu.

M. Guterres a enchaîné avec le problème des conflits non résolus et des violations du droit humanitaire international, citant le cas de l’État de Rakhine, au Myanmar, où se déroule un cycle de persécutions, de discriminations, de radicalisations et de répressions violentes ayant conduit plus de 400 000 personnes à fuir.

Il a pris note que la dirigeante du Myanmar Aung San Suu Kyi avait exprimé, aujourd’hui, son intention d’appliquer aussi rapidement que possible les recommandations de la Commission consultative sur l’État de Rakhine, présidée par l’ancien Secrétaire général, M. Kofi Annan. 

Il a cependant insisté pour que les autorités du Myanmar cessent leurs opérations militaires, offrent un accès humanitaire sans entrave, et reconnaissent le droit des réfugiés de retourner chez eux en toute sécurité et dans la dignité.  Ils doivent aussi tenir compte des problèmes non résolus des Rohingya en ce qui concerne leur statut.

De la Syrie au Yémen, en passant par le Soudan du Sud, le Sahel et l’Afghanistan, seules les solutions politiques peuvent amener la paix, a poursuivi le Secrétaire général, en invitant à résoudre les conflits qui fournissent un terreau fertile à l’extrémisme. 

Il a mentionné à cet égard la création d’un conseil consultatif sur la médiation, la semaine dernière, et s’est félicité du fait que les Nations Unies forgent un partenariat étroit avec l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’Organisation de la coopération islamique (OCI). 

« Depuis que j’ai commencé mon mandat, j’ai essayé de rassembler autour de la même table les parties aux conflits et ceux qui les influencent », a déclaré M. Guterres.  Il s’est dit particulièrement confiant quant à la réunion de demain sur la Libye.  Rappelant aussi sa visite en Israël et en Palestine le mois dernier, il a de nouveau réaffirmé que la solution des deux États était la seule.

Trop souvent, la guerre semble la seule réponse pour les belligérants qui veulent la victoire à tout prix, a-t-il remarqué, tout en se rappelant avoir vu, dans son pays et au cours de ses années au sein de l’ONU, qu’on peut passer de la guerre à la paix, de la dictature à la démocratie.

En ce qui concerne le quatrième défi, les changements climatiques, le Secrétaire général y a vu un danger face aux espoirs du monde.  L’an dernier a été l’année la plus chaude dans l’histoire, de même que pour la décennie qui vient de s’écouler, a-t-il expliqué, en évoquant les expériences des États-Unis, de la Chine, de l’Inde, des Philippines et de l’Indonésie qui ont connu le plus grand nombre de catastrophes naturelles depuis 1995, soit 1 600 catastrophes et donc une tous les cinq jours.

Affichant sa solidarité avec la population des États-Unis et des Caraïbes qui ont subi l’ouragan Irma, il a prévenu que les scientifiques étaient catégoriques: ces conditions météorologiques extrêmes vont sans doute devenir la nouvelle norme.  Il a dès lors demandé aux gouvernements de mettre en œuvre l’Accord de Paris, se félicitant des initiatives prises en ce sens par les villes et par de nombreuses entreprises privées. 

Poursuivant en français, le Secrétaire général a dénoncé les inégalités croissantes malgré les progrès économiques et technologiques constants.  Illustrant son propos, il a rappelé que huit hommes représentent autant de richesse mondiale que la moitié de l’humanité.  De plus, des pays, des régions et des communautés entiers restent loin des vagues de progrès et de croissance livrés à eux-mêmes dans les « rust belts » (autrement dit des « zones abandonnées » ou « laissées-pour-compte ») de notre monde. 

« Cette exclusion a un prix: frustration, aliénation, instabilité. »  « Mais nous avons un plan visant à changer de cap », a-t-il dit en parlant du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Par ailleurs, « la moitié du monde est de sexe féminin ».  La moitié du monde a moins de 25 ans », a-t-il poursuivi en appelant à utiliser le pouvoir des femmes et l’énergie des jeunes.  Conscient de la vitesse à laquelle peut s’opérer la transformation de nos jours, il a espéré qu’on saura trouver la sagesse d’utiliser les outils, les plans et les ressources déjà entre nos mains pour parvenir à un développement durable et bénéfique à tous.  C’est un objectif en soi et un instrument de prévention des conflits, a-t-il souligné, des propos applaudis par l’assemblée.

La sixième menace, pour le Secrétaire général, c’est le côté obscur de l’innovation.  Si la technologie continuera d’être au cœur des progrès partagés, l’innovation peut avoir des conséquences imprévues, a-t-il prévenu.  Il a ainsi voulu parler des menaces croissantes liées à la cybersécurité.

Certes, les progrès dans le cyberespace peuvent autonomiser les personnes, mais ce qu’on appelle le « dark web » (« face sombre de l’Internet ») montre que certains utilisent ce potentiel pour nuire et asservir.  En outre, l’intelligence artificielle peut avoir un effet dramatique sur le marché du travail, tandis que l’ingénierie génétique cause des problèmes éthiques non résolus.

Le Secrétaire général a donc mis en garde que, si l’on ne traite pas ces avancées de manière responsable, elles pourraient causer des dommages incalculables.

Puis, s’exprimant cette fois-ci en espagnol, M. Guterres a prévenu que les gouvernements et les organisations internationales n’étaient tout simplement pas prêts à faire face à cette nouvelle situation.  Il faut une nouvelle réflexion stratégique et éthique et une nouvelle réglementation, a-t-il plaidé, assurant que les Nations Unies constituaient l’enceinte dans laquelle les États Membres, la société civile, les entreprises et les universitaires pouvaient se réunir pour envisager la voie à suivre.

Venant enfin à la question de la mobilité humaine, M. Guterres a assuré que ce n’était pas une menace.  C’est plutôt un défi qui, s’il est bien géré, peut resserrer les liens dans le monde.  Ce n’est pas seulement une crise de réfugiés, mais aussi une crise de solidarité.  Il a appelé à rétablir le régime de protection des réfugiés et la décence des personnes humaines.

Le Secrétaire général a félicité les pays qui ont accueilli des millions de personnes déplacées, tout en appelant à en faire davantage pour aider ces personnes, encore applaudi par les délégations.  C’est lorsque les migrants se déplacent de façon non ordonnée que les risques se réalisent pour les pays d’accueil comme pour la sécurité des migrants, a-t-il reconnu. 

Prédisant que la migration resterait un phénomène, il a voulu veiller à ce que ces personnes soient traitées sur un pied d’égalité et que leurs droits de l’homme soient respectés. 

« La migration devrait être une option et non pas une nécessité. »  Il faut aussi un engagement plus ferme de la communauté internationale pour réprimer les réseaux de trafiquants d’êtres humains.

« Je suis moi-même un migrant, comme beaucoup d’entre vous, mais personne ne s’attend à ce que je risque ma vie sur un bateau qui prend l’eau ou que je traverse un désert caché dans un camion pour trouver du travail en dehors de mon pays de naissance », a imaginé le Secrétaire général, des propos à nouveau salués par des applaudissements. 

Le problème, a-t-il poursuivi, c’est le conflit et la persécution implacable.  Il a dénoncé le fait que les réfugiés et les migrants soient devenus des boucs émissaires dans les enjeux électoraux.  Il a insisté pour que la diversité soit considérée comme une richesse, ce qui implique d’investir dans la cohésion sociale.

Affirmant, enfin, qu’il fallait réformer le monde, il a assuré être déterminé à réformer les Nations Unies.  Il a, à cet égard, recensé les réformes entreprises pour établir un système onusien de développement en mesure de soutenir les États dans leurs efforts pour garantir une vie meilleure aux populations; renforcer nos capacités pour préserver la paix, la sécurité et les droits de l’homme; et adopter des méthodes de gestion qui fassent avancer ces objectifs au lieu de les entraver. 

« Nous avons aussi lancé une nouvelle approche pour prévenir les atteintes et les abus sexuels et adopté une feuille de route pour parvenir à la parité entre les sexes à l’Organisation. »

« Nous sommes ici pour servir », a conclu le Secrétaire général, en insistant sur la nécessité d’apaiser les souffrances des peuples et de résoudre les conflits.  Le multilatéralisme est plus important que jamais, a-t-il estimé, en appelant à agir à l’unisson, la seule façon de tenir les promesses de la Charte des Nations Unies d’assurer l’égalité pour tous. 

M. Guterres a terminé son allocution par le mot « merci », prononcé dans les six langues officielles des Nations Unies et la sienne, le portugais.

Ouverture du débat général

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, a, tout d’abord, exprimé sa sympathie au peuple de la Dominique, frappé par l’ouragan Maria, quelques jours après que d’autres États eurent également été ravagés par l’ouragan Irma.

Il a ensuite expliqué qu’il aurait souhaité être en mesure de préparer un discours différent de celui qu’il allait prononcer.  « J’aurais aimé présenter une longue liste d’exemples de médiations et d’actions précoces réussies qui auraient permis de prévenir des confits; parler des personnes qui migrent par choix plutôt que par désespoir; féliciter chacun d’entre vous pour avoir respecté les engagements pris en faveur du climat; et pour avoir renvoyé l’extrême pauvreté dans les livres d’histoire », a-t-il déclaré.  « J’espère qu’un jour, quelqu’un sera en mesure de prononcer un tel discours, a poursuivi, M. Lajčák.  Mais ce ne sera pas moi, pas aujourd’hui. »

M. Lajčák a ensuite rappelé la persistance des conflits, qui affectent davantage les civils que les combattants.  Ce sont les écoles et les hôpitaux, pas les casernes, qui sont la cible des attaques, a-t-il fait observer. 

Il a également fait état des « 65 millions de personnes qui ont quitté leurs foyers parce qu’elles y étaient forcées et de nombreux autres défis, comme la persistance de la pauvreté extrême, les inégalités croissantes, les attaques terroristes aveugles ou encore les effets des changements climatiques, qui s’accroissent ».  « Ce sont là des défis mondiaux, auxquels chaque État doit faire face, mais ce sont aussi des défis individuels par nature, car ils concernent la vie de chacun d’entre nous », a rappelé M. Lajčák. 

Certes, a reconnu le Président de l’Assemblée générale, il existe aussi des choses à célébrer.  Il a ainsi cité l’adoption des objectifs de développement durable et le soutien apporté à l’Accord de paix en Colombie et l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Préférant se tourner vers l’avenir plutôt que vers le passé, M. Lajčák a souhaité entendre, lors de la semaine à venir, « des visions, des idées et, oui, des critiques et des inquiétudes ».  Cela permettra de définir la voie pour les Nations Unies, a-t-il expliqué, se disant confiant que ce qui sera dit pendant cette période influencera aussi le travail des dirigeants du monde dans leur pays.

M. Lajčák a ensuite présenté sa propre vision.  Il a rappelé que la paix et la prévention des conflits devaient être au centre de toutes les activités des Nations Unies.  Dans la Charte des Nations Unies, le mot « guerre » n’apparaît que cinq fois, celui de « paix », 47 fois, a-t-il relevé, en regrettant que trop d’argent et de temps soient dépensés pour réagir à des conflits plutôt qu’à les prévenir. 

À cet égard, M. Lajčák a estimé que les Nations Unies disposaient déjà de la plupart des outils dont elles avaient besoin.  Ce qui manque, ce sont les conditions dans lesquelles on pourrait les utiliser correctement, a-t-il dit.

M. Lajčák a ensuite demandé que l’on se consacre davantage aux aspects humains.  « Les Nations Unies n’ont pas été créées pour les dirigeants et les diplomates, mais pour les peuples », a-t-il dit.  « Aujourd’hui, de nombreux peuples sont déçus mais d’autres tournent leurs espoirs vers la bannière bleue des Nations Unies, dans laquelle ils voient le premier signe de sécurité et de début de changement. »

Sur ce point, M. Lajčák a annoncé son intention de parvenir à l’adoption du pacte mondial sur les migrations.  « Soyons francs: ce sera un processus difficile », a-t-il ajouté, reconnaissant le caractère « hautement diviseur » de la question.  « Ce n’est pas une raison pour en faire une nouvelle occasion de sombrer dans la bureaucratie; il nous faut un accord qui fonctionne autrement que sur le papier », a-t-il ajouté.

De même, le terrorisme international ne pourra être vaincu seulement par des canons ou des barrières, a poursuivi M. Lajčák, pour qui le problème est humain.  Il a appelé à l’adoption de cadres mondiaux viables qui puissent être mis en application pour les gens et en temps utile. 

« Nous n’avons pas le droit d’échouer », a averti le Président de l’Assemblée générale, « sans quoi les cyniques triompheront tandis que les autres perdront des raisons d’espérer ».  Cela est valable aussi dans le domaine humanitaire, a-t-il rappelé, en dénonçant les trop nombreuses violations du droit international humanitaire.

Enfin, il faut respecter les engagements pris pour protéger la planète dans le cadre de l’Accord de Paris, a défendu le Président, qui a toutefois appelé à une approche plus proactive, notamment auprès du secteur privé pour obtenir les financements nécessaires.

Paix et prévention, aspects humains et prospérité et protection de la planète sont les trois côtés d’un même triangle, qui peuvent ne pas être de même longueur, mais sont tous trois importants, a estimé M. Lajčák.

Enfin, M. Lajčák a rappelé le rôle crucial et transversal des droits de l’homme, l’importance de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la promotion des femmes et la réforme des Nations Unies.  Il s’est engagé à promouvoir un processus crédible pour poursuivre la réforme du Conseil de sécurité.

Enfin, il a plaidé pour que l’ONU « ouvre ses portes » aux organisations régionales, au secteur privé et à la société civile, notamment les jeunes, et que ces changements commencent en premier lieu au Siège de New York, où il a souhaité « moins de monologues et davantage de dialogue ».

En conclusion, M. Lajčák s’est engagé à travailler tout au long de cette année pour que son successeur ait le privilège de prononcer un discours plus optimiste.

Après avoir souligné les défis auxquels font face les Nations Unies, M. MICHEL TEMER, Président du Brésil, a insisté sur l’importance de réformer l’Organisation.  Il est particulièrement nécessaire d’élargir le Conseil de sécurité pour s’adapter aux réalités du XXIe siècle.  Il est urgent d’écouter la volonté de l’écrasante majorité de cette Assemblée, a-t-il dit. 

« Personne ne peut comprendre que les idées qui se sont révélées fausses dans le passé puissent donner maintenant de bons résultats », a déclaré le Président du Brésil.

« Nous rejetons le nationalisme exacerbé.  Nous ne croyons pas au protectionnisme comme solution aux défis économiques qui exigent des réponses efficaces aux racines de l’exclusion sociale.  La réalisation du développement, dans toutes ses dimensions, devrait guider notre action collective », a poursuivi M. Temer. 

Combattre les changements climatiques est une part nécessaire de cette contribution, a-t-il ajouté.  « Nous soutenons l’Accord de Paris sur les changements climatiques », a affirmé M. Temer.  « Dans ce domaine, il n’y a pas d’autre possibilité que d’agir maintenant. » 

Au Brésil, les sources d’énergie propres et renouvelables correspondent à plus de 40% de la matrice énergétique brésilienne, soit trois fois plus que la moyenne mondiale.  « Nous sommes leaders dans les domaines hydroélectriques et de la bioénergie », a expliqué le Président. 

Le Brésil est fier d’avoir la plus importante couverture forestière tropicale au monde, a ajouté M. Tremer.  La déforestation est préoccupante en particulier en Amazonie.  Mais la bonne nouvelle est que les premières données disponibles de l’année dernière ont montré la réduction de plus de 20% de la déforestation dans cette région, a annoncé M. Temer. 

L’autre facteur du développement est le commerce.  « Nous nous engageons à créer un système commercial international ouvert et fondé sur des règles, avec l’Organisation internationale du commerce et son mécanisme de règlement des différends en son centre », a dit le Président.  « Nous devons progresser pour éliminer les subventions agricoles qui faussent le commerce », a-t-il demandé.

« Demain, je signerai le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et je réitère notre appel pour que les puissances nucléaires entreprennent des engagements additionnels en matière de désarmement », a par ailleurs affirmé M. Temer. 

Condamnant les derniers essais nucléaires et tirs de missiles par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a ajouté qu’il était urgent de trouver une solution pacifique à la situation. 

Au Moyen-Orient, le Brésil continue de soutenir la solution des deux États.  En Syrie, la solution qu’il faut chercher est essentiellement politique.  Elle ne peut plus être remise à plus tard. 

Concernant Haïti, le Président du Brésil a dit que la communauté internationale devait respecter son engagement envers le peuple de ce pays.  « Le Brésil tiendra le sien », a-t-il assuré. 

Pour ce qui est du terrorisme, l’unité est cruciale en particulier face à la capacité du terrorisme à s’adapter aux temps et aux terrains.  À propos de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Venezuela, M. Temer a dit qu’il était du côté du peuple vénézuélien.  En Amérique du Sud, il n’y a pas d’autres choix que la démocratie.  « C’est ce qui a été dit au sein du Marché commun du Sud et c’est ce que nous allons continuer de respecter », a affirmé le Président du Brésil. 

M. DONALD TRUMP, Président des États-Unis d’Amérique, a parlé de l’« honneur insigne » d’accueillir, en tant que chef d’État du pays hôte des Nations Unies, les dignitaires du monde à New York, sa « ville d’origine ».  Il a en outre remercié les États qui avaient proposé leur assistance après les dévastations causées par l’ouragan Irma. 

Les États-Unis « se sont fort bien débrouillés depuis l’élection présidentielle », a affirmé M. Trump, qui a cité en exemple « la bourse au plus haut niveau et le taux de chômage au plus bas », ainsi que les fortes dépenses que le pays entend consacrer à l’armement de leur armée, « plus forte que jamais ».

Notant le potentiel d’un monde marqué par des percées considérables dans des domaines tels que la science ou la médecine, M. Trump s’est attaché à dénoncer les « nouveaux dangers qui viennent compromettre ce que nous croyions acquis », citant les terroristes, les « régimes voyous », accusés de défier leur propre peuple et le monde avec les « armes les plus puissantes jamais fabriquées », le trafic de drogues, la traite des personnes, les migrations forcées qui menacent les frontières ou encore l’utilisation des technologies à des fins criminelles. 

Dans cette époque marquée par d’énormes promesses mais aussi d’énormes périls, « c’est à nous de décider si nous pouvons avancer ou reculer », a poursuivi le Président américain.

Rappelant que les Nations Unies avaient été créées sur le principe selon lequel les diverses nations du monde pouvaient coopérer en faveur de la paix et de la sécurité et que, dans le même esprit, les États-Unis avaient lancé le Plan Marshall en faveur de l’Europe, M. Trump a estimé que le monde allait mieux quand il était fondé sur des nations fortes, indépendantes et libres. 

« Nous n’attendons pas des différents pays qu’ils partagent les mêmes traditions, les mêmes cultures, voire les mêmes systèmes politiques, mais qu’ils respectent leur propre peuple et celui des autres nations souveraines », a déclaré M. Trump, pour qui le succès du monde réside dans des nations souveraines fortes avec des valeurs différentes, des rêves différents, des traditions différentes, mais qui, loin de seulement coexister, collaborent et permettent aux individus de grandir. 

Les États-Unis, a-t-il affirmé, « ne cherchent pas à imposer leur manière de vivre, mais veulent briller par leur exemple ».

Rappelant qu’aux termes de la Constitution américaine, « c’est le peuple qui gouverne, qui est souverain », M. Trump a lancé: « J’ai été élu pour donner le pouvoir au peuple américain. »  « En tant que Président des États-Unis, je donnerai toujours la priorité à l’Amérique », a-t-il ajouté, invitant les autres dirigeants du monde, à faire de même: « Vous devrez toujours placer votre propre pays en premier », a-t-il dit, jugeant que « l’État nation reste le meilleur vecteur pour améliorer la condition humaine ». 

Le Président a, à plusieurs reprises dans son discours, fait l’éloge du « patriotisme », invitant notamment les différents États à « agir par eux-mêmes » pour retrouver la prospérité et construire un meilleur avenir « sans attendre l’appui de pays lointains ou de bureaucraties ». 

Les États doivent aussi travailler ensemble et coopérer dans l’harmonie pour un avenir meilleur, a poursuivi M. Trump, dont le pays sera « toujours un grand ami du monde, mais ne peuvent accepter des accords déséquilibrés qui ne donnent rien aux États-Unis ».

Affirmant que « l’Amérique ne se contente pas de parler des valeurs de la Charte » des Nations Unies, M. Trump a rappelé que de nombreux Américains avaient consenti le sacrifice ultime pour défendre ses valeurs, « des plages d’Europe au Moyen-Orient et ailleurs ».  Guidés par « les résultats et non par l’idéologie, avec une politique réaliste assise sur des valeurs », les États-Unis ne se reposent pas sur leurs lauriers.  De ce fait, ils entendent assumer leurs devoirs et défendre ces valeurs « de l’Ukraine à la mer de Chine du Sud ».

M. Trump a ensuite appelé les dirigeants du monde à affronter de conserve « ceux qui veulent semer la discorde et la terreur, un petit nombre de « régimes voyous » qui violent tous les principes sur lesquels sont fondées les Nations Unies ».  Si les nombreuses nations vertueuses ne s’attaquent pas aux États voyous, nous n’avancerons pas et les forces de la discorde se renforceront, a-t-il averti.

Le Président s’en est d’abord pris au « régime dépravé de la Corée du Nord », accusé d’être responsable de la mort et de la famine de son peuple, de la torture et de l’assassinat d’étrangers et de s’être lancé dans une « poursuite effrénée à l’arme nucléaire et aux missiles balistiques ». 

Affirmant qu’aucune nation n’avait intérêt à commercer avec cette « bande de criminels », qualifiant au passage le Chef de l’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) Kim Jong-un de « Rocket Man » (« homme missile »), M. Trump a affirmé que les États-Unis, s’ils devaient être contraints de se défendre ou de défendre leurs alliés, « n’auront pas d’autre solution que de détruire complètement la Corée du Nord ». 

« Nous sommes prêts et nous en sommes capables », a-t-il affirmé, tout en disant espérer que ce ne sera pas nécessaire.  L’heure est venue pour la Corée du Nord de comprendre que la dénucléarisation est la seule solution acceptable, a-t-il ajouté, en rappelant les « résolutions robustes » adoptées par le Conseil de sécurité et en remerciant au passage la Chine et la Fédération de Russie pour y avoir contribué, tout en ajoutant qu’il fallait désormais faire beaucoup plus pour isoler la RPDC.

M. Trump s’en est ensuite pris au Gouvernement de la République islamique d’Iran, accusé de « cacher une dictature sous les faux atours de la démocratie » et d’avoir transformé un État riche d’histoire et de culture en une dictature utilisant ses ressources pour soutenir le Hezbollah terroriste, la Syrie de Bashar Al-Assad et la guerre au Yémen. 

Présentant le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien comme « une des pires et des plus partiales transactions de l’Histoire pour les États-Unis », il a estimé que son pays ne pouvait pas appuyer un accord qui « permet de dissimuler la construction d’un programme nucléaire ». 

Veillant à distinguer le peuple iranien, « vraie victime » du régime, il a jugé que « l’heure était venue pour le monde de s’unir avec les États-Unis » pour exiger du Gouvernement iranien qu’il cesse de semer la mort et la destruction.  Plus que la force militaire considérable des États-Unis, ce que le régime iranien craint, c’est son peuple », le « bon peuple iranien » qui « veut le changement », a estimé le Président américain. 

M. Trump a en outre affirmé que son pays ne lèverait pas ses sanctions contre le « régime corrompu de Cuba » tant que des réformes importantes n’y seront pas effectuées.  Il s’en est en outre pris vivement à la « dictature socialiste de Nicolás Maduro », accusée d’avoir « détruit une nation prospère » en luttant contre « le bon peuple du Venezuela ». 

Ironisant sur le fait que le problème au Venezuela « n’est pas que le socialisme a été mal mis en œuvre, mais qu’il a été fidèlement mis en œuvre », il a dénoncé cette « idéologie discréditée » et a invité la communauté internationale à « aider le peuple vénézuélien à retrouver la liberté et rétablir la démocratie », affirmant que les États-Unis étaient « prêts à prendre des mesures supplémentaires si le régime ne change pas ». 

M. Trump a affirmé qu’il allait « mettre un terme » au terrorisme islamique radical, accusé de « déchirer nos nations ».  Pour lui, les pays suppôts du terrorisme doivent rendre des comptes.  Les États-Unis veilleront à éviter que n’apparaissent des sanctuaires d’où les terroristes peuvent lancer leurs attaques et a cité ses récentes décisions concernant l’Afghanistan. 

Ce sont nos intérêts de sécurité et non des calendriers arbitraires qui régiront nos opérations militaires, a-t-il averti, avant d’estimer que les États-Unis avaient « bien avancé » en Syrie et en Iraq pour mettre durablement en échec l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech).

Concernant les réfugiés, M. Trump a rappelé que son pays dépensait « des millions de dollars » pour assurer leur réinstallation et leur permettre à terme de rentrer chez eux.  Avec la même somme utilisée pour installer un réfugié aux États-Unis, nous pouvons en aider 10 à s’installer dans un pays proche de son pays d’origine, a ajouté M. Trump, qui a vu dans cette dernière politique une « démarche humanitaire responsable ».

Quant aux migrations non contrôlées, l’expérience montre qu’elles sont à terme injustes à la fois pour les pays d’origine et pour les pays d’accueil, a affirmé le Président. 

Saluant les efforts des Nations Unies pour stabiliser les conflits et donc les populations, il a estimé que les États-Unis étaient dans ce domaine sur le devant de la scène, y compris en matière de secours, citant la lutte contre les risques de famine, les initiatives contre le paludisme, pour mettre fin à l’esclavage moderne ou encore en faveur des femmes entrepreneurs. 

À propos de la réforme des Nations Unies, M. Trump a remercié le Secrétaire général pour avoir insisté sur sa nécessité, accusant l’ONU d’avoir trop souvent mis l’accent sur la bureaucratie et les processus plutôt que sur les résultats. 

Il a jugé comme une source d’embarras pour les Nations Unies le fait que des gouvernements qui « violent ostensiblement les droits de l’homme » siègent au Conseil des droits de l’homme. 

Il a ensuite insisté sur le « fardeau financier injuste » que représentent pour son pays les dépenses des Nations Unies, estimant que les États-Unis financent en fait beaucoup plus que la quote-part maximale de 22% de leur contribution au budget ordinaire de l’organisation.  Aucune nation ne devrait assumer une part disproportionnée du fardeau, a-t-il ajouté. 

De même, M. Trump a estimé que les échanges commerciaux devaient être « justes et réciproques » et s’en est pris aux accords commerciaux internationaux, jugés trop complexes et bureaucratiques et accusés d’avoir nui à la classe moyenne américaine. 

M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée et Président en exercice de l’Union africaine, a insisté sur l’importance pour l’Afrique du thème de la soixante-douzième Assemblée générale des Nations Unies « Priorité à l’être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ».

« Aujourd’hui plus que jamais, l’Afrique est décidée à prendre son destin en main avec la ferme détermination d’être l’acteur principal de son développement », a-t-il déclaré.  Le représentant guinéen a appelé à plus de pragmatisme dans la gestion des défis du continent « car il n’y a plus de destin isolé dans ce monde ». 

Il a également appelé au respect des engagements inscrits dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur le plan international et l’Agenda 2063 sur le plan régional. 

« Le retard de l’Afrique n’est pas une fatalité », a-t-il assuré.  Pour le Chef de l’État guinéen, l’industrialisation et la transformation structurelle auxquelles l’Afrique aspire sont tributaires de l’accès du continent à l’énergie mais surtout de son intégration économique régionale, à travers la mise en œuvre efficace de la Zone de libre-échange continentale, prélude au marché commun africain. 

M. Condé a fait état de la volonté de l’Union africaine de parler d’une seule voix pour trouver des solutions pérennes à ses problèmes, citant en exemple la décision du Rwanda visant à prélever 0,2% sur les importations éligibles en vue du financement de l’Union africaine.  Il a également insisté sur le rôle de la jeunesse africaine, qui représente 70% de la population du continent, thème de l’année 2017 de l’Union africaine.

Soulignant le rôle du continent dans la gestion de ses foyers de tension par la promotion du dialogue et de solutions africaines, il a exhorté la communauté internationale à inscrire son action dans ce credo en Libye, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) ou encore au Burundi. 

Le Président guinéen a insisté sur l’importance d’une approche régionale dans la gestion des conflits sur le continent ainsi que d’un partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine.  Il a insisté sur l’importance la résolution 2359 (2017) relative au déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel comme un jalon important vers la concrétisation du partenariat que le continent ambitionne sur les questions de paix et de sécurité. 

Sur le volet financier, le représentant guinéen a renouvelé son appel à une mobilisation efficace des ressources indispensables à l’opérationnalisation de cette force, affirmant que l’Union africaine ne ménagerait aucun effort pour faire face à sa responsabilité de contribuer à hauteur de 25% du financement des opérations de maintien de la paix en Afrique mandatées par le Conseil de sécurité. 

Il a appelé à un changement dans l’architecture institutionnelle internationale, notamment au sein du Conseil de sécurité.  « Comment comprendre que l’Afrique, qui constitue la troisième puissance démographique du monde, ne soit pas représentée à un niveau approprié au sein du Conseil de sécurité alors que 70% des questions qui y sont débattues concernent l’Afrique », a déclaré M. Condé. 

Il a réitéré la pertinence de la position africaine telle que contenue dans le consensus d’Ezulwini de l’Union africaine en 2005, et a exigé l’élargissement du Conseil de sécurité dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, et l’attribution de deux sièges permanents et de cinq sièges non permanents à l’Afrique, choisis par l’Union africaine. 

« À défaut de l’abolition du veto, les nouveaux membres permanents du Conseil de sécurité devront avoir les mêmes prérogatives et privilèges que les membres actuels », a estimé M. Condé.  « Les femmes et les jeunes Africains sont déterminés à écrire une nouvelle page de l’histoire de l’humanité », a-t-il dit, ajoutant: donnons-leur cette occasion ou ils la saisiront eux-mêmes. 

« Nous avons besoin de l’ONU, et nous avons besoin d’une ONU forte », a déclaré Mme DORIS LEUTHARD, Présidente de la Confédération suisse.  Selon elle, les investissements dans des thématiques de fond sont une priorité absolue.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 offre, à cet égard, un bon exemple.

Mme Leuthard a salué les réformes du système des Nations Unies que le Secrétaire général s’emploie à mener à bien dans les trois domaines que sont la paix et la sécurité, le développement et la gestion.  S’agissant de la paix, elle a appuyé la priorité que M. Guterres accorde à la prévention. 

Elle a invité tous les États « à soutenir l’appel du 13 juin qui demande que les droits de l’homme soient au cœur de la prévention des conflits ».  De plus, a-t-elle noté, le Panel mondial de haut niveau sur l’eau et la paix, lancé à l’initiative de la Suisse, a proposé, hier, à New York, des mesures devant permettre de mieux prévenir les conflits liés à l’eau.

La Suisse s’engage activement en faveur de la non-prolifération et de l’élimination complète des armes nucléaires, a poursuivi la Présidente.  Elle s’est dite convaincue que seules des négociations et un processus diplomatique permettront de trouver une issue à la crise nucléaire dans la péninsule coréenne. 

Mme Leuthard a ensuite indiqué qu’elle soutenait l’action menée par le Secrétaire général contre toute forme d’abus sexuels commis par des membres du personnel de l’ONU.  Dans le cadre de son engagement sur cette question, a-t-elle assuré, la Suisse contribuera au Fonds des Nations Unies dédié à l’aide aux victimes d’exploitation et d’abus sexuels. 

Par ailleurs, la Suisse s’emploie à ce que le Pacte mondial pour la migration porte non seulement sur les défis mais aussi sur les opportunités que génèrent les migrations au niveau international.  Évoquant un autre défi mondial que constitue l’avènement du numérique, la Présidente a annoncé que son pays accueillera à Genève, en décembre prochain, le douzième Forum sur la gouvernance d’Internet. 

Lorsqu’il s’agit de lutter contre les changements climatiques, le dialogue politique n’est pas suffisant, a averti Mme Leuthard.  « Les événements météorologiques extrêmes, comme les ouragans, montrent clairement que l’Accord de Paris sur les changements climatiques doit être mis en œuvre rapidement », a-t-elle insisté.  Elle a rappelé le rôle essentiel du secteur privé pour élaborer des solutions, en concertation avec le monde scientifique et les responsables politiques.

« Chaque minute du discours que je vais prononcer, 12 enfants mourront de faim et plus d’une centaine d’enfants naîtront dans l’extrême pauvreté », a affirmé M. ANDREJ KISKA, Président de la Slovaquie, en soulignant le devoir qui incombe aux dirigeants du monde d’édifier des sociétés prospères et harmonieuses.  Il n’y a pas de plus grand ennemi de nos efforts que l’égoïsme, l’ignorance et les intérêts étroits, a-t-il poursuivi. 

Le Président slovaque a déploré que la coexistence pacifique entre les nations soit menacée par les visées égoïstes et le jeu des soi-disant sphères d’influence, « expression séduisante trop souvent utilisée pour justifier les violations du droit international ». 

Il s’agit d’un jeu tragique dont les conséquences peuvent être tragiques et inattendues, a-t-il poursuivi.  « L’Ukraine, la Géorgie ou la République de Moldova connaissent le prix de la paix », a-t-il dit, ajoutant que ces pays voyaient leur souveraineté sapée par les menées d’un pays voisin agresseur.  Le Président a accusé ce pays de penser que les règles ne s’appliquent pas à lui. 

Soulignant la gravité de la menace posée par la République populaire démocratique de Corée, M. Kiska a ensuite appelé ce pays à abandonner le développement de son programme nucléaire et à s’engager sur la voie de la paix.  « Il n’y a pas de place pour les considérations géopolitiques ou économiques au détriment de notre sécurité à tous », a-t-il poursuivi, en soulignant que la vie de millions de personnes était en jeu. 

Le Président slovaque a ensuite souligné l’acuité des défis posés par les changements climatiques, avant de qualifier l’Accord de Paris d’« effort unique des générations actuelles » pour y remédier.  Aucun intérêt économique de court terme ne pourra jamais compenser la perte irréparable qui découlera de notre inaction, a-t-il dit, en appelant à la pleine application dudit traité. 

Enfin, le Président slovaque a appuyé les efforts visant à rendre l’ONU plus efficace, tout en respectant les objectifs fondamentaux de l’Organisation.  « Réussir exigera de nous d’être des dirigeants responsables, d’abandonner les égoïsmes nationaux et l’ignorance, de nous montrer à la hauteur des principes de la Charte des Nations Unies et d’être honnêtes l’un envers l’autre en tenant nos promesses et en produisant des résultats », a conclu M. Kiska. 

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a salué le rôle que joue l’ONU pour aider des milliers de civils innocents pris dans les conflits en Syrie, en Iraq et en Afghanistan, ainsi que les pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Grèce et la Turquie qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés. 

Il s’est également félicité de la solidarité affichée par la communauté internationale à l’égard de sa propre région pour aider les pays et les communautés du Sahel et du bassin du lac Tchad qui font face à la menace d’Al-Qaida et de Boko Haram. 

M. Buhari a remercié le Conseil de sécurité de s’être rendu dans la région du bassin du lac Tchad pour évaluer la situation et promettre une assistance.  Le Nigéria, a-t-il indiqué à cette occasion, offre une assistance humanitaire à des millions de personnes déplacées vivant dans des camps et aux personnes affectées par le terrorisme, la sécheresse, les inondations et autres catastrophes naturelles.

Faisant toujours le bilan de l’année écoulée, le Président a apprécié les efforts entrepris en faveur de l’égalité entre les sexes, l’emploi des jeunes, l’inclusion sociale, l’éducation et l’innovation.  Il s’est réjoui de voir s’étendre la bonne gouvernance dans le monde et en particulier en Afrique. 

Il a rappelé que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait aidé à faire respecter les principes démocratiques en Gambie, comme elle l’avait fait précédemment en Côte d’Ivoire.

Le Président a poursuivi en faisant remarquer que les efforts nationaux, dans sa région, avaient permis de renforcer les institutions étatiques et de combattre la corruption, mais que cela n’aurait pas été possible sans le soutien de la communauté internationale. 

Il a appelé à coopérer également pour combattre la criminalité transnationale, le travail forcé, l’esclavage moderne, la traite des êtres humains et la cybercriminalité.  Il faut en outre, a-t-il ajouté, des stratégies pour éviter que les combattants de Daech n’infiltrent le Sahel et le bassin du lac Tchad.

Ces efforts, selon le Président du Nigéria, exigent une solide coopération en matière de prévention et de gestion des conflits avec les organisations régionales, telles que l’Union africaine.   Il a notamment appelé les Nations Unies à fournir des fonds prévisibles et suffisants pour soutenir les initiatives et opérations de maintien de la paix régionales autorisées par le Conseil de sécurité.

Le Président Buhari a invité à ne pas oublier les conflits anciens, comme celui du Moyen-Orient, évoquant les souffrances du peuple palestinien dans la bande de Gaza.  Il a aussi attiré l’attention sur les situations humanitaires au Yémen et dans l’État de Rakhine au Myanmar, cette dernière situation rappelant beaucoup, à son avis, ce qui s’est passé en Bosnie en 1995 et au Rwanda en 1994. 

La communauté internationale ne peut pas rester silencieuse face au dépeuplement des régions habitées par les Rohingya pour des motifs liés à l’ethnicité et à la religion, a-t-il lancé, avant de relayer l’appel lancé par le Secrétaire général au Gouvernement du Myanmar pour que cesse l’épuration ethnique et pour que les populations concernées puissent rentrer chez elles en toute sécurité et dignité. 

M. Buhari a rappelé à cette occasion les raisons pour lesquelles le thème de la session de l’Assemblée générale est centré sur les personnes.  Il a invité à s’attaquer aux causes des inégalités que l’on constate au sein des sociétés et qui se transforment parfois en instabilité.

Le Président du Nigéria s’est vivement inquiété de la menace nucléaire posée par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), voulant que tous les efforts diplomatiques possibles soient faits pour que ce pays accepte une résolution pacifique de la crise.  Il a proposé à cet effet que l’ONU envoie une forte délégation, qui serait menée par le Conseil de sécurité et inclurait des membres de toutes les régions, pour traiter avec le dirigeant nord-coréen. 

En outre, il a fait remarquer combien il était pressant que tous les États Membres ratifient le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui sera ouvert à la signature demain.

Avant de conclure, le Président a assuré que le Nigéria continuerait à soutenir les efforts de l’ONU et notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. MILOŠ ZEMAN, Président de la République tchèque, a cité deux ouvrages qui l’avaient marqué dans sa jeunesse, « La fin de l’histoire et le dernier homme », de Francis Fukuyama, et « Le choc des civilisations », de Samuel Huntington.  Le premier décrit une nouvelle utopie où tous les pays auraient le même système politique fondé sur une démocratie parlementaire libérale, « un rêve, mais un beau rêve », a-t-il estimé.  Le deuxième était réaliste et cynique, prédisant le conflit progressif de différents types de civilisation.

Aujourd’hui, la civilisation se fonde sur la terreur, a remarqué le Président en prenant pour preuve les actes terroristes commis en Europe et au-delà.  « Malheureusement, nous hésitons toujours à lutter contre cette anticivilisation terroriste en utilisant toute notre puissance. »

Il a rappelé avoir émis, il y a un an, des critiques à l’encontre des Nations Unies incapables de définir le terme terrorisme, et ce, depuis 70 ans.  Il s’est toutefois félicité des mesures prises par le Secrétaire général avec la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, une solution raisonnable avec des solutions pratiques.

Le Président a souligné qu’il existe 38 organismes ou institutions de lutte contre le terrorisme sous l’égide des Nations Unies.  « Plus il y en a, plus les organisations terroristes prospèrent », a-t-il ironisé, en plaidant plutôt pour un bureau unique doté de tous les moyens nécessaires, y compris une force militaire. 

Il a aussi remarqué que la migration s’explique parfois par des actes terroristes, comme en Syrie ou en Iraq, et que les terroristes se cachent dans les flux migratoires en Europe ou ailleurs.  « Si je comprends ceux qui disent qu’il faut accueillir les migrants, la migration massive des pays africains ou autres représente une fuite de cerveaux de jeunes en bonne santé », a-t-il noté en soulignant que ce phénomène affaiblit le potentiel des pays.  Pour lui, ceux qui accueillent ces migrants facilitent cette fuite des cerveaux et ne font qu’accentuer le retard des pays d’origine.  « Il ne faut pas soutenir la migration », en a-t-il conclu.

De l’avis du Président, la guerre contre le terrorisme doit se fonder sur un objectif historique.  Il a dit qu’il fallait avoir la conviction qu’on pouvait la gagner, comme à Barcelone où les gens ont affirmé ne pas avoir peur.

Il a conclu en citant Martin Luther: « Si la fin du monde était demain, je voudrais planter aujourd’hui un pommier ».

À 22 jours des élections législatives et présidentielle dans son pays, Mme ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, Présidente du Libéria, a mis l’accent sur la portée historique des futurs scrutins.  « Ce sera la première fois en 73 ans que le pouvoir politique sera transmis pacifiquement et démocratiquement d’un homme politique élu à un autre », s’est-elle félicitée. 

Arrivée à la fin de son second mandat, la Présidente est revenue sur l’état dans lequel elle a trouvé le pays à son arrivée au pouvoir, en 2006.  « J’ai pris mes fonctions après 25 années de développement inversé, aggravées par 15 ans de guerre civile », a-t-elle expliqué.

Depuis lors, s’est toutefois enorgueillie Mme Johnson-Sirleaf, les forces armées et de police libériennes ont été restructurées, parallèlement à la professionnalisation des services d’immigration et douaniers.  « Nous sommes fiers de rapporter que, depuis le transfert formel des responsabilités en matière de sécurité au Gouvernement, le Libéria est demeuré stable, pacifique et sûr », a-t-elle affirmé, en référence à la transition sécuritaire consécutive à la fermeture, en juillet 2016, de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL).

Sur le plan économique, a par ailleurs indiqué Mme Johnson-Sirleaf, le Libéria est passé d’un taux de croissance négatif à un essor de 8,7% en 2013, année durant laquelle la crise d’Ebola et la chute du prix des matières premières ont malheureusement mis un terme à la reprise économique du pays. 

Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, le Libéria met l’accent sur les investissements dans le secteur agricole et les infrastructures, en particulier le transport routier et l’énergie.  La décentralisation des institutions étatiques, le renforcement du système de santé publique et la lutte contre la pauvreté sont également des priorités, a ajouté la Présidente, précisant que le taux de pauvreté du pays était passé de 63,8% en 2007 à 50,9% en 2016.

« Le Libéria revient de loin », a ainsi résumé Mme Johnson-Sirleaf, soulignant que rien de tout cela n’aurait été possible sans le soutien de la communauté internationale et des Nations Unies, manifesté notamment par le déploiement de la MINUL.  « Le Libéria est une "success story" du postconflit », s’est enfin félicitée la Présidente, avant d’ajouter: « C’est votre "success story" du postconflit. »

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, qui s’exprimait pour la première fois devant l’Assemblée générale, a déclaré qu’il « savait à qui il devait » cet honneur, citant « ceux qui s’étaient, il y a 70 ans, levés contre un régime barbare qui s’était emparé de la France », les « nations qui ont entendu le cri des résistants et envoyé, d’Afrique, d’Amérique, d’Océanie, d’Asie, à leur secours, leurs filles et leurs filles ». 

Ceux-là, a ajouté M. Macron « ne savaient pas ce qu’était la France, mais savaient que la défaite de la France était aussi celle d’idéaux qu’ils partageaient ».  Il a aussi rendu hommage à tous ceux qui, après la guerre, ont « osé la réconciliation » et reconstruit un nouvel ordre international, à l’image du Français René Cassin, jugé les coupables, recueilli les victimes et réparé les fautes. 

Rappelant « les valeurs de tolérance, de liberté et d’humanité qui sont fondatrices des Nations Unies », M. Macron a estimé que, si la France « possède aujourd’hui dans l’ordre des nations une place un peu particulière », elle a aussi « une dette à l’égard de tous ceux qu’on a privés de leur voix ».  C’est en nommant un de ces « sans-voix » que le Président français a ensuite présenté chacune des parties de son discours.

Au nom de Bana, « citoyenne d’Alep », M. Macron a déclaré que le peuple syrien avait assez souffert pour que la communauté internationale « prenne acte d’un échec collectif et s’interroge sur ses méthodes ».

Il a mis en avant l’urgence d’un règlement politique de la crise, comme le demande la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, adoptée à l’unanimité et a souhaité que puisse être lancé un groupe de contact comprenant « tous les membres permanents du Conseil de sécurité et l’ensemble des parties prenantes », le format du processus d’Astana lui apparaissant utile mais insuffisant. 

À cet égard, M. Macron a rappelé les deux « lignes rouges » de son pays.  La France, a-t-il affirmé, sera d’une « intransigeance absolue » sur l’emploi d’armes chimiques et exigera que les auteurs de l’attaque chimique du 4 avril 2017 soient traduits devant la justice internationale. 

En outre, elle a décidé de faire une priorité de sa prochaine présidence du Conseil de sécurité, en octobre, la question des attaques contre les hôpitaux et le personnel humanitaire.

Agir pour la paix en Syrie, c’est agir pour le peuple syrien mais c’est aussi se protéger contre le terrorisme, a poursuivi M. Macron, qui a rappelé que, en Syrie comme en Iraq, « c’est contre le terrorisme que nous nous battons ». 

Dans ce domaine, le Président a rappelé les initiatives portées par la France pour lutter contre l’utilisation d’Internet par les terroristes et contre leurs sources de financement, mais aussi son action militaire.  La lutte contre le terrorisme est à la fois militaire, éducative, culturelle, morale, a-t-il ajouté.

C’est ensuite au nom d’Ousmane, « écolier à Gao », que M. Macron a parlé de la lutte contre le terrorisme et de la situation générale au Mali et au Sahel, région où « nous sommes tous aujourd’hui engagés », avec notamment la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

Il a rappelé le soutien de la France à la Force conjointe du G5 Sahel dès l’origine et lancé un appel à une mobilisation collective, avant d’annoncer son intention de s’investir « dans le renforcement du soutien aux opérations de maintien de la paix africaines ».  Il faut repenser collectivement l’articulation entre maintien de la paix, organisations régionales et pays hôtes, a estimé M. Macron, qui a insisté dans le cas du Mali sur la réponse politique que représente la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. 

Au nom de Kouame, un jeune migrant africain qui a traversé la Méditerranée après s’être mis en Libye aux mains de passeurs, M. Macron a estimé que le réfugié, le déplacé, le migrant, était devenu « le symbole de notre époque ».  Il a appelé à transformer les « routes de la nécessité » par des « routes de la liberté ». 

Il a cité comme cause de migration le « nettoyage ethnique » dont sont victimes les Rohingya du Myanmar, annonçant une initiative sur ce point au Conseil de sécurité ou encore l’instrumentalisation du droit international humanitaire, comme en Syrie. 

La protection des réfugiés est un « devoir moral et politique » et la France entend jouer son rôle, notamment en soutenant partout où il doit intervenir le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

La France consacrera 0,55% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à cinq ans, a annoncé le Président Macron, qui a aussi demandé que cette aide soit plus innovante et plus responsable, et qu’elle investisse dans les domaines prioritaires et de l’éducation, ainsi que dans la promotion des femmes et dans la culture. 

Il a jugé essentiel le rôle de l’UNESCO « pour conserver au monde un visage humain » et demandé par ailleurs que soit créé un poste de représentant spécial du Secrétaire général pour la protection des journalistes dans le monde. 

Au nom de Jules, Français vivant sur l’île de Saint-Martin récemment ravagée par l’ouragan Irma, M. Macron a rappelé que « l’avenir du monde, c’est celui de notre planète, qui est en train de se venger des hommes ».  « La nature nous rappelle à l’ordre; elle ne négociera pas », a averti le Président, pour qui il revient à l’humanité de se défendre en la protégeant. 

Rappelant que les changements climatiques faisaient « voler en éclat l’opposition traditionnelle entre Nord et Sud », il a fait observer que les premières victimes sont toujours les plus fragiles. 

M. Macron a ensuite fait longuement l’éloge de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  La France a obtenu un accord universel à Paris, il nous lie, « il ne sera pas renégocié », a averti le Président, pour qui « le détricoter serait détruire un pacte non seulement entre les États mais entre les générations ». 

L’Accord « pourra être enrichi de nouvelles contributions, mais nous ne reculerons pas », a-t-il insisté, tout en disant respecter profondément la position des États-Unis, « avec qui la porte sera toujours ouverte ».  « Nous avons pour nous la force des pionniers, l’endurance, la certitude et l’énergie de ceux qui veulent construire un monde meilleur », s’est-il enflammé. 

M. Macron a en outre confirmé que la France allouerait 5 milliards d’euros par an à l’action sur le climat d’ici à 2020 et annoncé qu’aujourd’hui même elle présenterait un pacte pour l’environnement « dont l’ambition sera de forger le droit international du siècle qui vient avec l’appui des agences de l’ONU ».

Le Président français s’est ensuite lancé dans un long et vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme.  Dans un « monde redevenu multipolaire », il nous faut « réapprendre la complexité du dialogue mais aussi sa fécondité », a-t-il insisté. 

Prenant acte de la « responsabilité particulière » de la France en Libye, le Président a promis de mettre « toute son énergie » pour assurer le retour de la stabilité dans ce pays à l’occasion des élections de 2018.

M. Macron a ensuite cité deux situations dans lesquelles le multilatéralisme était mis à l’épreuve et ne parvenait pas à conjurer les menaces.  Face à la « surenchère acharnée » de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), dont les dirigeants « ne donnent aucun signe d’une volonté de négocier », la France refusera toute escalade et ne fermera aucune porte au dialogue, à condition toutefois que les conditions soient réunies pour que ce dialogue soit utile à la paix. 

C’est aussi la raison pour laquelle la France défendra le Plan d’action global commun conclu avec la République islamique d’Iran en 2015, qu’elle juge « solide, robuste et vérifiable ».  Dénoncer celui-ci sans rien proposer à la place serait « une lourde erreur et ne pas le respecter serait irresponsable », a averti le Président Macron, qui a ajouté l’avoir « dit hier aux États-Unis et à l’Iran ». 

Pour lui, il serait en revanche utile de compléter l’accord existant « par un travail encadrant l’activité balistique de l’Iran et la situation après 2025 », que ne couvre pas l’Accord.  « Soyons plus exigeants mais ne détricotons pas ce qui a été fait », a-t-il plaidé.

Pour que le multilatéralisme survive à l’actuelle « période de doute et de dangers », M. Macron a invité les dirigeants à se souvenir de l’état du monde voici 70 ans, brisé par la guerre et stupéfait par les génocides » et à retrouver l’optimisme alors opposé à ces raisons de douter. 

Le multilatéralisme est « la méthode la plus efficace face aux défis globaux, c’est la concrétisation d’une vision du monde qui nous protège seule de la loi du plus fort, c’est la règle de droit en acte », s’est enflammé le Président français. 

Pour M. Macron, si le multilatéralisme a été décrié, c’est qu’on a « laissé s’installer l’idée qu’il s’agit un sport confortable pour diplomates assis », qu’on a laissé crier qu’on était plus forts quand on agissait unilatéralement, mais aussi qu’on a traîné à régler les programmes du monde, comme les changements climatiques ou les inégalités résultant d’un capitalisme déréglé. 

« Par langueur, par oubli de l’histoire, nous avons laissé s’installer l’idée qu’on est plus fort hors du multilatéralisme », a-t-il déploré, alors que « rien n’est plus efficace » que ce dernier, car tous nos défis sont mondiaux. 

« C’est par le multilatéralisme que nous pourrons concrétiser nos visions du monde.  Sinon, nous abandonnons l’universalité de nos valeurs.  Le multilatéralisme, c’est ce qui fait la paix dans la durée, a encore insisté le Président, pour qui le monde a plus que jamais besoin de ce « refuge pour gens intelligents ».

C’est pourquoi la France soutient pleinement le projet de réformes des Nations Unies présenté par le Secrétaire général.  Pour M. Macron, il faut une ONU « plus responsable et plus agile », qui « sorte de ses bureaux » et se donne les moyens de sortir de ses propres blocages quand des centaines de milliers de vies sont en jeu. 

En ce sens, M. Macron a rappelé que la France préconise un Conseil de sécurité qui puisse prendre des décisions efficaces, notamment en excluant le droit de veto quand des atrocités de masse sont commises. 

« Les voix que j’ai voulu porter ce jour ne peuvent résonner que dans une enceinte comme celle-ci, a estimé M. Macron.  Ne pas écouter la voix des opprimés et des victimes, c’est laisser leur malheur grandir, prospérer jusqu’au jour où il nous frappera tous, a encore insisté le Président, pour qui « ce ne sont pas les murs qui nous protègent, c’est notre volonté d’agir, c’est notre souveraineté, et l’exercice souverain de nos forces au service du progrès ». 

Contre le renoncement et l’échec, le Président français a répété la nécessité d’un multilatéralisme « fort et responsable ».  C’est la responsabilité de notre génération, qui « n’a pas le choix car elle doit travailler pour aujourd’hui et pour demain », a-t-il conclu.

M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, s’adressant, a-t-il dit, pour la huitième et dernière fois à l’Assemblée générale en tant que Chef d’État, s’est félicité de la transformation positive de son pays.  « Aujourd’hui, je viens vous dire que le processus de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) a permis de sauver des milliers de vies humaines », a-t-il déclaré. 

« Si nous avons pu, en Colombie, mettre fin à un conflit armé qui a fait des centaines de milliers de morts et des millions de victimes et de personnes déplacées, il y a de l’espoir pour les conflits qui perdurent sur la planète », s’est exclamé M. Santos Calderón.

La mission spéciale créée par le Conseil de sécurité pour vérifier le processus de désarmement des FARC et le respect du cessez-le-feu entre les FARC et l’État colombien a rempli son mandat, a-t-il reconnu en remerciant l’ONU.  Aujourd’hui, le défi consiste à appliquer ce qui a été convenu et à garantir les droits des victimes à la vérité, à la justice, à la réparation et à la non-répétition. 

Le Président a indiqué que son pays s’apprêtait à recevoir une deuxième mission, autorisée la semaine dernière par le Conseil de sécurité, pour accompagner la réinsertion des guérilleros dans la vie civile et aider à vérifier la sécurité des ex-combattants et des communautés meurtries par le conflit armé. 

De plus, a-t-il expliqué, l’ONU vérifiera le respect du cessez-le-feu avec l’ELN (Armée de libération nationale), « un autre groupe guérillero avec lequel nous négocions pour parvenir à une paix complète », qui doit entrer en vigueur le 1er octobre prochain.

M. Santos Calderón a évoqué les résultats positifs déjà enregistrés par le processus de paix sur les plans politique, économique et social.  En sept ans, plus de cinq millions de Colombiens, soit 10% de la population, sont sortis de la pauvreté. 

Par ailleurs, le Président s’est dit préoccupé par la situation au Venezuela, pays avec lequel il partage une longue frontière.  « La destruction progressive de sa démocratie nous fait mal; la persécution de l’opposition politique et la violation systématique des droits des Vénézuéliens nous font mal », s’est-il lamenté.  Il a redemandé au Secrétaire général et à la communauté internationale d’appuyer le peuple vénézuélien dans la recherche d’une solution pacifique. 

S’il faut faire preuve de la plus grande fermeté dans la lutte contre le terrorisme, il faut également éliminer ses racines que sont la peur, l’exclusion et la haine, « avec les forces positives de l’amour, de la compassion et du respect des différences », a poursuivi le dirigeant colombien. 

Quant à la guerre contre les drogues, elle n’est pas en passe d’être gagnée, a averti M. Santos Calderón.  Le Président a jugé nécessaire de traiter la consommation de drogues comme un problème de santé publique et non de politique pénale.  La guerre contre les drogues a coûté trop de vies et la Colombie a payé un prix très élevé, a-t-il ajouté, le remède s’étant avéré pire que le mal. 

Selon lui, il est temps que les États parlent de « réglementation responsable ».  Il faut priver les mafias d’oxygène et combattre la consommation avec davantage de ressources pour la prévention.  En Colombie, la paix a permis, pour la première fois, de lancer des processus de substitution volontaire des cultures de coca, s’est réjoui le Président. 

Si le rythme toujours croissant de la mondialisation a permis de rapprocher les nations, celle-ci n’en est pas moins porteuse de menaces, a déclaré M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan.  Dans ce contexte, a-t-il observé, l’ONU doit continuer d’assurer la coordination des efforts de la communauté internationale pour relever ces nouveaux défis, en menant au préalable une réforme de l’Organisation, et en particulier de son Conseil de sécurité. 

Sur le plan national, le Tadjikistan s’est doté des moyens nécessaires pour faire face aux menaces extrémistes et terroristes, a assuré le Chef de l’État, pour qui paix et stabilité sont les piliers du développement durable.

« Notre peuple a connu de nombreuses difficultés, et ce, dès les premiers jours de son indépendance, en raison de conflits internes », a rappelé M. Rahmon, en affirmant que l’intégration régionale harmonieuse est un objectif que poursuit son pays depuis des années.  En témoigne la hausse de ses échanges avec plusieurs pays limitrophes, dont l’Afghanistan, avec lequel le Tadjikistan partage plus d’un millier de kilomètres de frontière commune. 

Le Gouvernement s’est ainsi lancé dans des projets de coopération avec son voisin, par exemple la formation d’experts dans différents domaines, notamment celui de la lutte contre le trafic de stupéfiants, connu pour être une source de financement du terrorisme international. 

Le Tadjikistan, s’est félicité le Président, fait partie des 43 pays ayant soumis cette année, de manière volontaire, leur évaluation préliminaire de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Un sujet d’une importance cruciale aux yeux de ce pays en développement sans littoral, qui dépense chaque année des centaines de millions de dollars pour compenser la fonte de plus en plus prononcée de ses glaciers, dans un contexte où il dépend largement de son hydroélectricité. 

« Le temps est donc venu de donner effet à l’Accord de Paris, en utilisant le plus largement possible les sources d’énergie renouvelable », a affirmé le Chef de l’État.

Le 21 décembre 2016, a-t-il rappelé, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A/RES/71/222, relative à la Décennie internationale d’action sur le thème L’eau et le développement durable (2018 – 2028), à l’initiative du Tadjikistan. 

La Décennie vise à fournir un cadre international de coordination et de promotion en faveur de l’accès à l’eau et à l’assainissement pour tous à l’horizon 2030 et propose le lancement d’un dialogue pour améliorer la gouvernance des questions hydriques au niveau des Nations Unies. 

Aussi M. Rahmon a-t-il annoncé la tenue, plus tard cette année, à Douchanbé, d’une conférence de haut niveau pour assurer le lancement de cette Décennie.

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a dénoncé les effets néfastes des changements climatiques « qui n’épargnent aucune nation, qu’elle soit développée ou non » et qui compromettent les efforts visant un développement durable dans le monde.  Pour avoir vu de « nos propres yeux » l’impact qu’ont eu les changements climatiques en seulement une génération, le Président zambien a dit craindre que « nos petits enfants ne soient en mesure de citer cinq fruits locaux de leur pays », compte tenu de la disparition rapide des espèces, sans oublier les effets dévastateurs des sècheresses, des inondations et des glissements de terrain. 

Il a émis l’espoir que la vingt-troisième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 23) parviendra à mettre en place les mécanismes nécessaires à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et a appelé au financement « adéquat » du Fonds vert pour le climat. 

« En tant que pays en développement, la Zambie dépend de l’aide pour renforcer ses capacités notamment pour se doter de systèmes d’alerte et de réponse rapides pour faire face aux changements climatiques. »

Le Président a également passé en revue les progrès réalisés par son pays en termes de développement en rappelant avoir misé sur un « développement inclusif », sur la base de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le septième Plan de développement national, qui couvre la période 2017-2021, vise entre autres à augmenter la productivité dans le secteur de l’agriculture, à créer des opportunités pour la main-d’œuvre non qualifiée dans d’autres secteurs, et à améliorer les conditions de vie en milieu rural avec pour objectif ultime de réduire la pauvreté au maximum.

Pour le Président Lungu, développement et paix, sécurité et état de droit vont de pair.  Dans cet esprit, il a salué les avancées démocratiques qui ont marqué l’Afrique et les récentes élections qui y ont eu lieu, et a rappelé que son pays participait aux efforts de paix au travers de sa participation au Conseil de paix et sécurité de l’Union africaine et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ainsi qu’aux efforts de maintien de la paix de l’ONU. 

S’agissant précisément du maintien de la paix des Nations Unies, il a estimé que cela devrait englober la prévention des conflits et la protection des civils y compris des personnes déplacées.

Sur le plan national, la Zambie poursuit sa lutte contre les mariages précoces, dont la prévalence est passée de 42% à 31,2% depuis le début de sa campagne de lutte contre cette réalité.  La Zambie est d’ailleurs le champion de l’Union africaine de cette campagne pour l’année 2017.  À ce titre, son président a rappelé que 20 pays sur 30 à forte prévalence de mariages précoces avaient désormais lancé cette campagne chez eux, avant de lancer un appel aux partenaires pour se joindre à cet effort. 

Il a saisi l’occasion pour appeler à la désescalade des tensions dans la péninsule coréenne, soulignant que « les armes nucléaires ne contribuent en rien à la sécurité mais plutôt à l’inverse ». 

Il a également fermement condamné les actes de terrorisme dans le monde et a plaidé pour une collaboration internationale plus forte dans la lutte contre le terrorisme, ce qui suppose, selon le Président Lungu, un leadership audacieux de la part des Nations Unies.

Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a estimé que si le monde concentrait pour l’instant son attention sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et la République arabe syrienne, les mêmes méthodes de chantage, de harcèlement et d’agression sont aussi utilisées par la Fédération de Russie en Ukraine et le long de la frontière orientale de l’OTAN. 

« À l’heure où nous parlons, 100 000 soldats russes sont en train de réaliser les exercices d’offensive militaire "Zapad 2017" aux frontières des pays baltes, de la Pologne et même de l’Arctique », a dénoncé Mme Grybauskaité, ajoutant que cet exercice faisait aussi partie d’une guerre de l’information visant à répandre l’incertitude et la peur. 

Elle a pointé le fait que la Russie avait violé la Charte des Nations Unies en attaquant la Géorgie, en annexant illégalement la Crimée et en participant directement à la guerre dans l’est de l’Ukraine, « alors qu’en tant que membre du Conseil de sécurité, elle a une responsabilité particulière dans la protection de la paix internationale ». 

La Russie, de plus, continue à s’immiscer dans les élections, organise des cyberattaques et utilise ses médias pour répandre de fausses informations et de la propagande déstabilisante, a-t-elle également condamné.  Et de se pencher sur ce qui est, selon elle, l’arme de choix de la Russie: le chantage à l’énergie. 

Elle a donné l’exemple de la construction de la centrale nucléaire Astravets au Bélarus, à 40 kilomètres de la capitale lituanienne.  « C’est une arme géopolitique qui ne répond pas aux normes nucléaires internationales. »

Mme Grybauskaité a conclu son allocution par un appel à changer les Nations Unies: « Cette organisation universelle unique a été créée pour préserver le monde des guerres.  Jusqu’ici, elle a échoué à remplir cette promesse. »

Pour M. TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, maintenir la paix régionale et internationale est une des priorités de la politique étrangère du Qatar dont les principes et objectifs sont basés sur la Charte des Nations Unies et les règles de la légalité internationale.  L’Émir du Qatar a déploré que la résolution pacifique des conflits ne soit pas une obligation juridique et a estimé qu’il était temps d’imposer le dialogue et la négociation par le biais d’une convention internationale sur la question. 

Il a spécifié que les grandes puissances ne devraient pas se ranger entre deux extrêmes: l’occupation directe afin d’imposer une volonté politique ou la non-réaction face à des crimes de guerre ou à des crimes contre l’humanité commis par des régimes despotiques ou encore face à la répression continue d’un peuple sous occupation étrangère. 

Saluant le thème de la soixante-douzième Assemblée générale, M. Al-Thani a appelé le Gouvernement du Myanmar et la communauté internationale à assumer leurs responsabilités légale et morale et à prendre les mesures nécessaires afin de mettre un terme aux violences que subissent les Rohingya.

Revenant longuement sur la crise diplomatique entre Doha et certaines capitales du Golfe, l’Émir du Qatar a dénoncé le blocus qualifié d’injuste que subit son pays depuis le 5 juin 2017.  Pour M. Al-Thani, certains des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ayant orchestré le blocus ont mené une campagne de désinformation utilisant rumeurs, informations erronées et citations faussement attribuées, qu’ils continuent de financer. 

Les pays ayant imposé ce blocus sont intervenus dans les affaires internes d’un État en faisant pression sur ses citoyens en leur limitant l’accès aux denrées alimentaires, médicaments, etc.  L’Émir du Qatar s’est demandé pourquoi de telles pratiques n’étaient pas qualifiées d’actes de terrorisme. 

Dénonçant à nouveau le comportement de ses pays voisins, l’Émir a pointé du doigt les persécutions subies par ceux, parmi les citoyens et résidents des pays à l’origine du blocus, exprimant leur soutien à son pays.  Il est également revenu sur les promesses non tenues des pays du CCG de fournir des preuves à leurs allégations à l’encontre du Qatar et a conclu ce point en remerciant l’Émir du Koweït pour avoir mis en œuvre une procédure de médiation ainsi que tous les pays y ayant pris part. 

Les gouvernements du monde n’ont pas d’autre choix que de coopérer en matière de terrorisme, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il était possible d’en limiter la propagation en s’attaquant à ses racines sociale, politique et culturelle. 

Tout en réaffirmant sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, M. Al-Thani a désapprouvé le fait de traiter différemment les coupables selon leur identité, religion, origine ethnique ou culturelle. 

M. Al-Thani a terminé son allocation en abordant la situation au Moyen-Orient, du conflit israélo-palestinien à la Syrie, en passant par la Libye, l’Iraq et le Yémen avant de finir sur le rôle du Qatar dans la coopération internationale. 

La Qatar se classe troisième sur la liste des donneurs principaux en 2017 du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a-t-il annoncé et ne rechignera sur aucun effort dans son soutien aux objectifs des Nations Unies en matière de paix, de sécurité et des droits de l’homme. 

M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a plaidé pour « une coopération sincère » au sein de l’ONU, une « nouvelle perspective » pour promouvoir la paix dans le monde et a détaillé la politique étrangère « audacieuse et humanitaire » de son pays.  La Turquie ne pouvait pas rester indifférente face à la tragédie vécue par le peuple syrien, a-t-il dit, précisant que son pays accueillait plus de trois millions de réfugiés syriens. 

Il a souligné la contribution de son pays à la revitalisation du processus de Genève, avant de mentionner les rencontres d’Astana, lancées conjointement avec la Fédération de Russie et la République islamique d’Iran, en vue de l’établissement d’un cessez-le-feu permanent dans le pays. 

Le Président turc a souligné l’insuffisance de l’aide apportée à son pays dans l’accueil des réfugiés syriens et dans les efforts visant à tarir l’afflux de réfugiés en Europe.  Il a chiffré à plus de 30 milliards de dollars le coût de l’accueil des réfugiés dans les camps en Turquie, l’Union européenne n’ayant déboursé que 820 millions d’euros sur les « 3 milliards + 3 milliards d’euros » promis. 

L’assistance apportée par le biais de l’ONU s’élève à 520 millions de dollars, a-t-il dit, en appelant les pays à partager le fardeau de cet accueil. 

M. Erdoğan a ensuite détaillé la lutte de son pays contre les organisations terroristes telles que Daech et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui tirent profit de l’instabilité en Syrie et en Iraq.  Notre combat contre l’organisation terroriste FETO, qui a mené un coup d’État pour modifier le régime démocratique et légitime de la Turquie, se poursuit, a-t-il dit. 

Le Président a accusé les groupes et forces qui prétendent lutter contre Daech dans la région de ne pas avoir en réalité un tel objectif.  Les efforts des Unités de protection du peuple (PYD) visant à changer la composition démographique des régions qu’il a capturées et à tuer ceux qui s’y opposent constituent un crime contre l’humanité, a-t-il dénoncé.  « Si la lutte contre Daech n’est pas menée sur une base légitime, il sera alors inévitable que le monde soit menacé par de nouveaux Daech. »

En Iraq, M. Erdoğan a souligné que les demandes d’indépendance pouvaient conduire à de nouvelles crises, avant d’appeler le gouvernement régional kurde iraquien à abandonner son initiative allant en ce sens.  « Ignorer la position déterminée et claire de la Turquie sur ce sujet pourrait mener à un processus de nature à priver ce gouvernement régional des opportunités qui sont actuellement à sa disposition. »

Il a dénoncé les influences d’organisations terroristes en Libye et au Yémen, avant de demander le règlement immédiat de la crise dans la région du Golfe.  Les sanctions qui frappent le Qatar doivent être levées, a-t-il dit.  M. Erdoğan a exhorté l’Arabie saoudite, « grand frère de la région », à faire montre d’une volonté sincère dans le règlement de la crise. 

S’agissant de la Palestine, « blessure béante du monde », le Président turc a exhorté Israël à cesser ses activités de peuplement illégales et à s’engager en faveur de la solution des deux États.  Il s’est dit attristé par la fin du processus de négociation concernant Chypre « en raison de la position incompréhensible de la partie grecque chypriote ». 

Il a ensuite dénoncé le nettoyage ethnique dont les Rohingya, minorité musulmane, sont victimes au Myanmar.  Si la communauté internationale ne remédie pas à cette tragédie, ce sera une autre tâche sur sa conscience, a-t-il accusé, avant de mentionner les efforts de son pays allant en ce sens. 

Enfin, le Président de la Turquie a demandé que le Conseil de sécurité soit plus « démocratique, transparent et efficace ».  Il a proposé qu’il soit composé de 20 membres dotés des mêmes prérogatives et d’un mandat de deux ans, la moitié d’entre eux étant remplacés chaque année.  Ainsi, tous les pays du monde auraient leur mot à dire au sein de cette institution, a-t-il poursuivi. 

« Je voulais rappeler qu’au-delà de la couleur de nos visages et de nos yeux, nos larmes sont les mêmes », a conclu M. Erdoğan. 

M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a estimé que « nous sommes au beau milieu d’une grande révolution ».  En effet, de nombreux pays du monde « se sont réveillés », et ont compris ce que des investisseurs comme Warren Buffet ou des compagnies comme Google savent depuis longtemps: à savoir qu’Israël, « c’est la nation de l’innovation et des technologies de pointe », a affirmé le Chef du Gouvernement. 

Selon lui, ces pays, qui sont de plus en plus nombreux à se rendre en Israël, reconnaissent aussi les capacités exceptionnelles de l’État hébreu en matière de sécurité et de lutte antiterroriste.  « Vous ne le savez peut-être pas, mais vos gouvernants travaillent en étroite coopération avec Israël pour mieux vous protéger », s’est enorgueilli M. Netanyahu. 

Il a ensuite rendu hommage au Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui a été le premier chef d’État américain à faire d’Israël une étape de sa tournée internationale inaugurale, ainsi qu’au Premier Ministre de l’Inde, M. Narendra Modi, qui a effectué en juin dernier une visite officielle, « premier déplacement d’un chef du gouvernement indien » en Israël.  « Après 70 ans, le monde embrasse Israël », a résumé le Premier Ministre.  « Je compte aller un jour en Antarctique pour rendre visite aux pingouins qui, paraît-il, sont des amis d’Israël », a-t-il plaisanté.

Le Premier Ministre s’est ensuite élevé contre les résolutions injustes qu’aurait adoptées l’Organisation contre son pays, reprochant par exemple à l’UNESCO d’avoir classé Hébron au patrimoine mondial de l’humanité comme site « palestinien ».  Toutefois, en dépit de ces « absurdités » et de ces « événements grotesques », des changements positifs s’amorcent, y compris à l’ONU, a-t-il constaté. 

M. Netanyahu en a voulu pour preuve la déclaration, ce matin, du Secrétaire général, M. António Guterres, qui a affirmé que la négation de l’État d’Israël était inacceptable.  Et il a de nouveau remercié le Président Donald Trump et sa Représentante permanente auprès des Nations Unies, Mme Nikki Haley, de « défendre » Israël à l’ONU.  « Aucun discours prononcé à la tribune des Nations Unies n’a été plus courageux que celui de M. Trump ce matin », a lancé le Chef du Gouvernement en faisant référence aux propos que celui-ci a tenus sur la République islamique d’Iran, qui « mène une campagne de conquête dans l’ensemble du Moyen-Orient ».

« Il y a deux ans, j’ai expliqué en quoi l’accord nucléaire n’empêchera pas la nucléarisation de cet État », a-t-il rappelé.  À l’expiration de ses clauses, « une ombre s’abattra sur la région et le reste du monde », permettant à Téhéran de développer son arsenal, a prévenu le Premier Ministre. 

Le raisonnement de ceux qui continuent de défendre cet accord est exactement le même que celui des défenseurs de l’accord nucléaire signé avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a-t-il analysé.  « Si rien n’est fait, l’accord avec l’Iran connaîtra le même sort », a-t-il prévenu.  « Changez cet accord, ou annulez-le.  Améliorez-le ou renoncez-y », a insisté M. Netanyahu, en plaidant pour que l’on se débarrasse de la « clause de péremption ».

Car lorsque les sanctions contre l’Iran seront éliminées, ce régime ne rejoindra pas la communauté des nations, mais la « dévorera ».  D’ores et déjà, il répand son « rideau de tyrannie » partout au Moyen-Orient.  « Mais jamais la lumière d’Israël ne sera éteinte », a tonné le Premier Ministre en anglais et en hébreu. 

« Nous empêcherons l’Iran d’ouvrir de nouveaux fronts terroristes », a-t-il averti, tout en adressant un message au peuple iranien: « Vous n’êtes pas nos ennemis, mais nos amis. »  « Quand le jour de votre libération arrivera, elle sera suivie de la réconciliation entre nos deux peuples », a assuré le Premier Ministre. 

Après avoir rappelé qu’Israël avait fait la paix avec la Jordanie et l’Égypte, il a dit que son pays s’engageait à parvenir à la paix avec tous ses voisins arabes, y compris les Palestiniens. 

En conclusion, il a tenu à rappeler les bienfaits apportés par Israël partout dans le monde, faisant de ce pays une puissance montante largement reconnue. 

M. IBRAHIM BOUBACAR KEITA, Président du Mali, a tout d’abord parlé de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, indiquant que depuis la mise en œuvre de celui-ci, la situation générale dans son pays a connu des progrès « fort appréciables ».  Il a notamment fait savoir que les autorités intérimaires et les collèges transitoires sont opérationnels dans cinq régions du nord du Mali, se réjouissant également de la « dynamique actuelle » qui vise le retour définitif de l’administration à Kidal, grâce aux efforts conduits par les Maliens avec la facilitation de la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali.  Il a aussi signalé que son gouvernement travaille à stabiliser la situation sécuritaire dans les régions du centre du pays, où existe « un nouveau front à sécuriser et à pacifier ».  Des mesures importantes ont été prises dont la mise en œuvre est en cours, a-t-il indiqué.

M. Keita a reconnu que l’insécurité au Mali et au Sahel représente une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales, dénonçant notamment le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de drogues, d’armes et de personnes.  « Aucun pays ne peut, seul, faire face à ces menaces transfrontalières », a-t-il déclaré, se félicitant de la création du G5 Sahel, qui réunit le Mali, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.  Le G5 Sahel a notamment mis en place une Force conjointe, dont les premières opérations devraient débuter en octobre 2017, a indiqué le Président malien qui s’est toutefois préoccupé du financement de cette Force.  Il a ensuite invité les pays amis et organisations internationales à la Conférence internationale de planification des contributions à la Force, prévue en décembre 2017 à Bruxelles.

« Cette bataille est une digue.  Si elle devait céder, ce serait un malheur pour le monde entier », a-t-il insisté, en appelant aussi à du soutien dans les domaines de l’équipement des bataillons, du renforcement des capacités logistiques et de la lutte contre les engins explosifs improvisés.  Il a aussi fait savoir que le G5 Sahel accorde une grande priorité aux questions du développement et a invité la communauté internationale à soutenir le Programme d’investissement prioritaire du G5 Sahel.

Au cours de son intervention, le Président du Mali a également abordé les questions du développement durable et des changements climatiques, pour s’attarder ensuite sur la question des migrations.  Il a appelé à trouver « collectivement » des solutions idoines à la tragédie humaine dans la Méditerranée et dans le désert, « le plus grand scandale du XXIsiècle ».  Il a aussi indiqué que le Mali, qui est à la fois un pays de départ, de transit et de destination de migrants, s’est doté d’une politique nationale de migration en vue d’un meilleur encadrement de la migration. 

M. Keita a par ailleurs fait part de sa préoccupation face à la tendance à la réduction du budget des opérations de maintien de la paix de l’ONU, « au moment où les défis sécuritaires dans le monde requièrent plutôt un renforcement des moyens et des capacités des missions de paix ».  Il a appelé à adapter les opérations de maintien de la paix à l’évolution drastique qu’a connu leur environnement en raison, notamment, des menaces liées aux attaques asymétriques.  Il a aussi jugé nécessaire de les doter de mandats « réalistes et réalisables ».

« La paix doit être notre but et notre guide » mais « sans un environnement sain, nous ne pouvons mettre fin à la pauvreté et construire la prospérité », a déclaré le Prince Albert II de Monaco en citant les propos du Secrétaire général des Nations Unies.  Il a souligné leur résonance particulière dans le contexte actuel marqué par la menace d’une escalade nucléaire en Asie et a appelé les États Membres de l’ONU à « refuser d’être les témoins impuissants de postures injustifiables qui font peser sur tous nos États un grave danger ».  Il a condamné « l’irresponsabilité » de ceux qui exposent l’humanité à une catastrophe irréversible et a indiqué que Monaco continue d’apporter son soutien aux actions collectives en faveur de la promotion de la paix et de la sécurité.

Forte de 140 nationalités sur son territoire, la Principauté a toujours été ouverte au dialogue, a poursuivi le Prince, qui s’est dit convaincu que « nos valeurs communes, la défense des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit, sont parmi les priorités constantes d’un État moderne ».  La lutte contre l’impunité est partie intégrante de ces idéaux, a-t-il ajouté, évoquant notamment l’appui de Monaco envers le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables.  Il a aussi annoncé que le nouveau plan stratégique de l’aide publique au développement de Monaco participera à la réponse à apporter aux besoins les plus immédiats que sont la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation et l’insertion professionnelle.

Abordant ensuite la question des changements climatiques, le Prince Albert II a déclaré que les 195 signataires et 159 États parties à l’Accord de Paris sont la preuve la plus manifeste de l’urgence ressentie au niveau mondial.  Monaco, a-t-il ajouté, a d’ores et déjà annoncé des mesures drastiques qui contribueront à changer « nos modes de transport, de production et de consommation ».  Le Prince Albert II a également plaidé en faveur de la lutte contre toute forme de violence grave contre la dignité humaine, appelant notamment à œuvrer en faveur de l’amélioration de la condition de la femme.  Il a aussi salué la signature, hier, du Pacte volontaire entre l’ONU et les États Membres pour éliminer l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les opérations de maintien de la paix, d’assistance humanitaire, de promotion et de protection des droits de l’homme et, plus largement, dans la contribution de l’Organisation au développement durable.

Le Prince Albert II a aussi soutenu les initiatives de réforme du Secrétaire général, appelant à une Organisation moderne et performante où les fonctionnaires internationaux se sentent investis d’une mission prioritaire pour laquelle leur travail et leur abnégation sont reconnus.  Il a également salué la « décision visionnaire » du Secrétaire général de nommer un envoyé spécial pour l’océan et a fait savoir que le Musée océanographique de Monaco – Fondation Prince Albert 1er accueillera M. Peter Thomson dans les locaux de la Maison des Océans à Paris.  « Qu’elle nous rassure ou nous effraie, la science doit nous inviter à l’action et donc à avancer ensemble pour le progrès et l’espoir d’un monde meilleur », a-t-il déclaré.

Avant de conclure, le Prince a mis l’accent sur la réalisation de l’objectif de développement durable 14 et a réitéré sa confiance dans la science et en particulier dans la recherche biologique marine et l’océanographie.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, s’est d’abord réjoui que la session de cette année ait pour fil conducteur les besoins humains.  Trop souvent, les politiques globales accordent trop d’attention aux grands modèles et aux systèmes économiques ou sociaux, oubliant par là même que la politique et l’économie sont, de fait, des questions humaines, a-t-il fait observer.  Il a insisté sur la nécessité de suivre les recommandations contenues dans le Programme de développement à l’horizon 2030, et d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes, faisant toutefois observer que la mise en œuvre des objectifs du Programme demeure un défi considérable nécessitant une coopération internationale soutenue.

Au niveau local, a poursuivi le Président, la Pologne a déjà pris des mesures concrètes, en adoptant, en février dernier, la Stratégie pour un développement responsable.  Sur le plan international, la Pologne soutient des pays qui s’efforcent d’atteindre un développement économique et social, en mettant l’accent sur la coopération au service du développement. 

Le Président polonais a ensuite abordé la question de la protection de l’environnement, se réjouissant notamment du fait que son pays ait, avec l’Union européenne, fait les contributions les plus ambitieuses à l’Accord de Paris.  Il a également indiqué que la Pologne accueillera cette année, à Katowice, la COP 24, la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, au cours de laquelle doit être adopté l’ensemble de mesures en vue de l’application de l’Accord de Paris. 

Poursuivant son intervention, M. Duda est revenu sur l’élection de la Pologne comme membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2018-2019.  Il a affirmé que la liberté d’expression et la « liberté d’autodétermination » des États nations souverains ont un impact notable sur la sécurité, pointant notamment du doigt l’interférence directe dans les processus démocratiques.  Toute tentative, par des États tiers, d’influer sur les politiques démocratiques des pays souverains doit figurer au centre des préoccupations de la communauté internationale, a-t-il affirmé.  Le Président de la Pologne a également estimé que la sécurité du « monde moderne » ne dépend pas uniquement de la force militaire d’un État donné, se préoccupant notamment de l’impact des changements environnementaux, des disparités économiques, des conflits liés aux ressources naturelles ainsi que des problèmes découlant d’une protection sanitaire inadéquate.

M. Duda a également affirmé l’engagement de la Pologne à résoudre les conflits de manière pacifique, en donnant la priorité à la médiation et à la prévention.  Cette approche, a-t-il ajouté, doit concerner en priorité la question des migrations et des réfugiés.

Le Président de la Pologne a ensuite appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître les situations de fait accompli provoquées par les politiques agressives de certains États, déplorant notamment la situation en Géorgie et en Ukraine, mais aussi le développement du programme nucléaire en République populaire démocratique de Corée.  Il a dit espérer que l’intensification des efforts de la communauté internationale, citant notamment les résolutions du Conseil de sécurité, permettra de stabiliser la situation dans la péninsule coréenne.

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a déclaré que la région arabe est devenue l’épicentre de certains des conflits les plus « vicieux » de l’histoire récente, signalant au passage qu’a l’heure actuelle, un réfugié sur trois dans le monde est arabe.  Il a indiqué que l’Égypte est encerclée par certaines des crises les plus dangereuses au monde et qu’il importe donc, pour son pays, de faire en sorte que son « plan ambitieux de développement » soit en corrélation avec une « stratégie active » en matière de politique étrangère.

Il a estimé que la seule solution aux crises que connaît la région arabe est de faire respecter la notion de l’État nation moderne et les principes de citoyenneté, d’égalité, d’état de droit et de droits de l’homme.  Il a plaidé pour que la souveraineté des gouvernements soit garantie par la communauté internationale, affirmant notamment que l’avenir de la Syrie dépend de sa capacité à « préserver l’unité de l’état syrien, et à maintenir ses institutions ».  Il a ensuite dénoncé, sans les nommer, les pays qui tentent de « manipuler cette tragédie pour prendre le contrôle de zones d’influences régionales et internationales ».  Même son de cloche avec la Libye qui fait face, selon lui, à des « tentatives de démantèlement de son État » qui risquent de transformer le pays en zone de conflits tribaux.  L’Égypte, a-t-il souligné, ne tolérera pas la poursuite des tentatives qui visent à saper l’unité et l’intégrité de l’État libyen et continuera d’œuvrer pour trouver une solution politique sur la base de l’Accord de Sokhairat.

Le Président Al Sisi a ensuite appelé à arriver une fois pour toutes à une solution en Palestine.  « Clore ce chapitre en créant un État palestinien sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, est une précondition nécessaire pour conduire cette région vers la stabilité et le développement », a défendu le Président égyptien, ajoutant que ce règlement restaurerait la crédibilité de l’ONU et de l’ordre international.

Il a également appelé à en finir avec le terrorisme.  Critiquant les politiques de deux poids, deux mesures de certaines politiques étrangères, il a expliqué qu’on ne pouvait pas combattre le terrorisme, tout en tolérant ses partisans et en les conviant aux discussions visant à régler une situation qu’ils ont eux-mêmes créée.  Il a appelé les membres des différentes alliances internationales à apporter des réponses à ces questions, avant d’appeler le monde musulman à travailler ensemble pour corriger « les notions mal interprétées qui sont devenues des prétextes idéologiques pour le terrorisme ».  Il a ensuite rappelé que l’Égypte a lancé une initiative pour rectifier le discours religieux de l’islam, afin de mettre en avant ses valeurs de modération et de tolérance.

Pour éliminer les racines qui provoquent ces crises internationales, le Président Al Sisi a aussi appelé à mettre en œuvre le principe de responsabilité commune mais différenciée afin de combler le fossé socioéconomique entre pays développés et pays en développement.  Comment le Programme à l’horizon 2030 peut-il avoir la moindre crédibilité lorsque l’ordre économique international est lui-même responsable de l’augmentation des disparités dans le monde? a-t-il lancé avant d’appeler à une implication plus profonde des pays en développement dans les structures de gouvernance économique mondiale, ainsi que leur accès facilité aux marchés et au financement.

Plus de sept décennies après la création des Nations Unies, la force et les jeux à somme nulle ne peuvent pas demeurer comme moyens pour réaliser les intérêts du monde, a-t-il affirmé.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, a indiqué que son pays s’était engagé à se forger « une nouvelle image » et à édifier une société juste et démocratique.  Le dialogue avec les organisations de défense des droits de l’homme a été intensifié, l’indépendance du pouvoir judiciaire consacrée et le rôle des médias accru, a-t-il dit. 

Le Président a plaidé pour une extension de la composition du Conseil de sécurité et appuyé les efforts menés pour améliorer le fonctionnement de l’ONU.  Il a indiqué qu’une région d’Asie centrale stable et prospère était le principal objectif de la politique étrangère de son pays.  La signature d’un traité frontalier avec le Kirghizistan, début septembre, est un véritable jalon sur cette voie, a-t-il affirmé, avant d’appeler à la tenue de consultations régulières entre les chefs d’État de la région. 

Le Président ouzbek a ensuite souligné l’acuité du défi hydraulique dans la région et évoqué la « catastrophe » de la mer d’Aral, avant d’en brandir la carte depuis la tribune.  Il a demandé la pleine mise en œuvre du programme onusien pour apporter une assistance à la population touchée par la crise de la mer d’Aral. 

En Afghanistan, le Président a plaidé pour un dialogue direct entre le Gouvernement et les principales forces politiques du pays et appuyé l’appel lancé par le Président américain Trump aux pays voisins pour qu’ils appuient le règlement du dossier afghan.  L’Afghanistan doit rester tout en haut de l’ordre du jour international, a-t-il affirmé. 

M. Mirziyoyev a en outre indiqué que diffuser « l’essence véritablement humaniste de l’islam » était sa tâche la plus importante.  L’islam est une religion de paix, a-t-il dit.  Il a souligné l’impérieuse nécessité d’ériger une barrière pour endiguer la propagation du « virus » de l’idéologie de la violence.  En conclusion, le Président a affirmé que l’Ouzbékistan, bien qu’il maintienne son statut de pays non aligné, était ouvert au dialogue. 

M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, a rappelé que 2017 marque le vingt-cinquième anniversaire de l’accession de l’Arménie aux Nations Unies et que le défi le plus redoutable auquel a fait face son pays au cours de cette période a été le conflit au Haut-Karabakh.  Il a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir « à chaque fois » eu recours à la violence, « y compris le nettoyage ethnique et la destruction de notre patrimoine ».  Au cours des hostilités militaires au Haut-Karabakh, a-t-il poursuivi, les forces azerbaïdjanaises se sont rendues coupables d’atrocités contre les forces arméniennes, des crimes haineux qui ont pris racine dans les manuels scolaires de l’Azerbaïdjan et qui empoisonnent maintenant l’esprit de la jeune génération. 

Après avoir évoqué la tenue, en ce moment même à Erevan, d’une conférence de la diaspora arménienne, le Président arménien a déclaré que l’Artsakh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan, et assuré que l’Arménie entend continuer de contribuer à l’avènement des droits démocratiques du peuple artsakh.  Il s’est également dit fermement convaincu qu’il n’existe pas d’autre solution que le règlement pacifique du conflit au Haut-Karabakh.

Le Président Sargsyan a ensuite transmis ses remerciements à tous les pays qui ont reconnu l’existence du génocide arménien et des crimes terribles qui ont été commis.  Le déni de la réalité risque d’ouvrir la voie à d’autres tragédies, a prévenu le Président, avant d’inviter les délégations à célébrer, l’an prochain, le soixante-dixième anniversaire de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Il a également indiqué que les souffrances de l’Arménie ne l’ont pas empêché de nouer des relations bilatérales avec la Turquie, tout en dénonçant les « conditions inacceptables » imposées par ce pays à la ratification du protocole de normalisation.  L’Arménie entend déclarer ces protocoles nuls et non avenus, car l’expérience des dernières années a démontré leur futilité.  Cependant, l’Arménie n’en estime pas moins que des pays voisins se doivent de nouer des relations normales. 

Poursuivant son intervention, le Président a annoncé que l’Arménie entend signer, au mois de novembre, un partenariat étendu avec l’Union européenne, ce qui lui permettra de donner un nouvel élan à son processus de réformes.  Il s’est également préoccupé de la crise en Syrie et de son impact sur la minorité arménienne.  M. Sargsyan s’est en outre dit prêt à revoir à la hausse la participation de l’Arménie aux opérations de maintien de la paix de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). 

M. LUIS GUILLERMO SOLÍS RIVERA, Président du Costa Rica, a tout d’abord rappelé que son pays avait été le premier à établir, en septembre 2016, un accord national pour réaliser les objectifs de développement durable.  Dans ce cadre, a-t-il indiqué, le Costa Rica s’est doté d’outils de mesure et de structures adaptés pour mener une campagne efficace de lutte contre la pauvreté, dont la définition d’un indice multidimensionnel de pauvreté.  « Cela s’est avéré une découverte capitale », a-t-il affirmé, grâce à laquelle son gouvernement a été en mesure de réduire la pauvreté dans le pays pour la première fois en sept ans.

Fort de cette expérience nationale, le Président a appelé les autres pays, ainsi que le système des Nations Unies, à repenser l’utilisation du revenu par habitant comme principal indicateur du développement des États. 

M. Solís Rivera a également appelé le Secrétaire général de l’ONU à mettre en œuvre des stratégies pour renforcer la capacité des pays en développement et coopérer plus efficacement avec les pays à revenu intermédiaire et les pays les moins avancés (PMA).  À cette fin, il a insisté sur l’importance des investissements dans l’agriculture familiale, qui constitue selon lui la principale source de revenu pour 70% de la population rurale pauvre et 40% de la population mondiale.

M. Solís Rivera a aussi parlé de l’inégalité entre les sexes, faisant observer que le phénomène n’est pas dissimulé mais est clairement visible à nos yeux.  « Regardez autour de vous, a-t-il lancé, il est impératif de prendre des mesures concrètes pour que plus de femmes figurent parmi nos pairs. ».  Il a également vivement dénoncé le fait que le salaire moyen d’une femme est inférieur de 23% à celui d’un homme, pour ensuite appeler à l’adoption d’une stratégie multidimensionnelle et intersectorielle pour faire face aux obstacles qui entravent l’autonomisation économique des femmes.

Tournant ensuite son attention sur la question des changements climatiques, le Président du Costa Rica a dit appuyer le Pacte mondial pour l’environnement proposé par la France.  Il a appelé à faire preuve d’une plus grande ambition en matière de protection de l’environnement et de lutte contre les changements climatiques.  Le Président a ensuite annoncé que grâce au leadership du Costa Rica et du Chili, l’Amérique latine était sur le point d’établir un instrument régional qui permettrait d’établir des accords plus effectifs dans le cadre de conflits socioenvironnementaux.  M. Solís Rivera a également passé en revue les différentes mesures de réduction des émissions qui sont appliquées au Costa Rica.  Des politiques ont aussi été adoptées pour protéger la santé des océans et des zones humides.

Sur le plan international, le Président du Costa Rica s’est vivement préoccupé de la nucléarisation de la péninsule coréenne.  À la veille de la cérémonie de signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, il a salué les 122 États ayant adopté, en juillet dernier, le texte du nouvel instrument.

En plus de proscrire le développement, la production, la fabrication, le transfert, la détention, le stockage, l’installation et le déploiement d’armes nucléaires, M. Solís Rivera s’est félicité du fait que le Traité « interdise formellement » le recours à la menace de l’emploi de telles armes.  Répondant aux critiques selon lesquelles l’adoption de cet instrument serait « dénuée de sens », en raison de la non-participation des puissances nucléaires aux négociations, le Président a déclaré que les « efforts en faveur du désarmement ne seront jamais dénués de sens ».

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a jugé très pertinent le thème de l’Assemblée générale cette année: « Paix et vie décente pour tous sur une planète préservée ».  « Je me suis toujours demandé pourquoi les élites dans les divers pays du monde ne comprennent pas cela », a-t-il déclaré.  « Qui seraient les perdants si tous les habitants de la planète pouvaient consommer 2 500 calories par jour, étaient vaccinés et avaient accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi et à un logement décent?  Est-ce que cet effort en faveur d’une affluence mondiale stimulerait les affaires?  Pourquoi n’a-t-on que de mauvais businessmen qui ne voient pas les opportunités que présenterait la richesse mondiale? » a-t-il insisté. 

En tant que producteur de lait et de viande de bœuf, M. Museveni a révélé avoir mis en garde les éleveurs de son pays contre « une avidité excessive » en fixant le prix de leurs produits.  « Plus nous avons d’acheteurs, plus nous prospérons, a-t-il constaté.  Ce qui permet d’être à la fois de bons businessmen et de bons Chrétiens. »  Selon lui, « le parasitisme est le seul obstacle à la richesse mondiale, la prospérité et la paix ».

Évoquant par ailleurs la situation dangereuse dans la péninsule coréenne, le Président a proposé de laisser « la Corée du Nord et la Corée du Sud » discuter seules de leur réunification.  « Pourquoi les Coréens laisseraient-ils des forces extérieures continuer de les diviser? » a lancé le Chef de l’État qui a indiqué que si l’Ouganda accueille de nombreux réfugiés africains, c’est en raison d’une position idéologique qui ne veut laisser aucun acteur diviser nos peuples. 

M. MAITHRIPALA SIRISENA, Président de Sri Lanka, a indiqué que son arrivée au pouvoir avait permis de déléguer une partie du pouvoir dévolu à l’exécutif vers le Parlement.  « Un dirigeant qui renonce à ses pouvoirs est un dirigeant qui devrait servir d’exemple dans le monde », s’est-il enorgueilli, avant d’appeler à préserver la démocratie et à bâtir des sociétés justes et regretter la tendance, au cours de ces dernières décennies, de certains dirigeants de s’accrocher au pouvoir. 

Le Président a ensuite indiqué que 2017 a été déclarée « Année de réduction de la pauvreté au Sri Lanka ».  Il a aussi rappelé que son pays a connu un conflit de 30 ans provoqué par des terroristes promouvant une idéologie séparatiste.  Les problèmes économiques inhérents à ce conflit continuent d’avoir des répercussions sur le pays, mais les dirigeants sont engagés à la promotion de l’industrialisation et entendent réaliser le développement durable au Sri Lanka, a-t-il indiqué.   Le Président a toutefois signalé que les changements climatiques représentent un obstacle de taille à cette ambition, pour ensuite souligner l’importance de l’Accord de Paris sur les changements climatiques. 

Poursuivant son intervention, M. Sirisena a rappelé qu’à son arrivée au pouvoir, en 2015, la Sri Lanka était confrontée à deux problèmes majeurs: la question de la dette souveraine et les rapports internationaux sur les violations des droits de l’homme perpétrées par le Gouvernement précédent.  Il a indiqué que son gouvernement est en train de rembourser ces dettes et que les autorités entendent en outre mettre un terme aux violations des droits de l’homme, en droite ligne des résolutions pertinentes du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.  La Sri Lanka est aussi engagée à la protection des enfants, tandis que les femmes voient leurs droits protégés grâce à des amendements apportés à la constitution du pays.  Outre la lutte contre les stupéfiants, les autorités de Sri Lanka sont également engagées en faveur de la réconciliation nationale.  Sur ce point, il a averti que, même si les avancées en la matière pourraient paraître lentes, il faudrait se garder de suivre le chemin proposé par des extrémistes qui appellent à des « solutions à la va-vite », des solutions ne visant que le court terme et qui pourraient faire basculer de nouveau la Sri Lanka dans les affres de la guerre. 

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a annoncé l’intention de son pays de se porter candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021.  La Présidente a ensuite passé en revue les conflits qui sévissent dans le monde, avant de s’attarder sur la question des migrations dont la solution passe, a-t-elle estimé, par une lutte acharnée contre les changements climatiques, « la question du moment ».  Elle s’est aussi attardée sur les questions liées à l’égalité entre les sexes et souligné l’importance qu’il y a à en tenir compte dans le règlement des conflits.  La Présidente a ensuite parlé de la technologie de l’information et d’Internet, indiquant notamment que l’Estonie est prête à partager son expérience sur la manière d’utiliser au mieux la « gouvernance électronique » pour réaliser les objectifs de développement durable, de façon efficace et rentable. 

L’Estonie a d’ailleurs organisé une série de manifestations à l’ONU pour présenter les avantages déjà connus de ce type de gouvernance.  La Présidente a émis l’espoir que ces manifestations conduiront à une action concrète et à des partenariats solides.  Cet été, a-t-elle aussi indiqué, l’Estonie et Singapour ont lancé le Groupe des Amis de la gouvernance électronique et de la cybersécurité avec pour but de sensibiliser l’opinion publique à ces questions, de partager les pratiques exemplaires et de promouvoir le renforcement des capacités maintenant que ces questions deviennent de plus en plus importantes au niveau des Nations Unies. 

Le changement numérique est partout, a souligné la Présidente, en parlant d’un changement qui a rendu « obsolète » la géographie.  Les Gouvernements, a-t-elle encouragé, doivent s’adapter à la nouvelle donne, protéger les gens et leur permettre d’échanger et de communiquer en ligne en toute sécurité.  Mais, a-t-elle reconnu, la dépendance de plus en plus grande aux servies électroniques a conduit à une plus grande vulnérabilité.  Il faut donc analyser la manière dont le droit international s’applique à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).  La Présidente a, à cet égard, appelé tous les États à accéder à la Convention du Conseil de l’Europe sur la cybercriminalité.  Elle a aussi attiré l’attention sur la déclaration de « Freedom Online Coalition » dans laquelle elle exprime sa vive préoccupation face à la tendance grandissante, chez les gouvernants, de suspendre l’accès aux informations et leur diffusion sur Internet.  Personne, a martelé la Présidente, ne peut nier le droit de réunion pacifique et les libertés d’association, d’opinion et d’expression, qu’ils s’exercent physiquement ou en ligne. 

Pour relever tous les défis mondiaux, de manière efficace, a conclu la Présidente, il nous faut une ONU forte.  Elle a d’ailleurs rappelé que son pays va présider, cette année, la Commission économique et financière et qu’il est membre du Groupe ACT -Responsabilité, cohérence et transparence-, lequel travaille à l’amélioration des méthodes de travail du Conseil de sécurité.  Nous avons besoin d’empathie et d’ouverture et c’est la raison pour laquelle les Estoniens espèrent que leur toute première candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité portera ses fruits.  Nous sommes de ceux qui veulent faire des Nations Unies une organisation plus apte à relever les défis du XXIsiècle, a ajouté la Présidente. 

M. JIMMY MORALES, Président du Guatemala, a indiqué que son pays avait signé, le 6 juillet, un accord relatif au programme national pour le développement et aux objectifs de développement durable.  Il a expliqué que son pays avait comme priorité de garantir la sécurité alimentaire, de promouvoir les droits de l’homme, de lutter contre la pauvreté, d’améliorer les conditions de vie des personnes le plus vulnérables, de préserver les ressources naturelles et de promouvoir l’égalité entre les genres.  Le Président guatémaltèque a aussi mentionné que son pays se soumettra, en novembre prochain, à son troisième examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’homme et qu’il avait par ailleurs établi un guide pour la mise en place d’une consultation avec les peuples autochtones afin de leur permettre de s’exprimer sur le type de développement qu’ils souhaitent atteindre.

M. Morales a ensuite parlé de la Commission internationale contre l'impunité au Guatemala (CICIG), « une expérience sans précédent dans le monde » dont l’un des objectifs devait être, selon lui, de transférer des capacités aux institutions de l’État.  Il a indiqué que son administration avait procédé à une augmentation sans précédent des capacités du secteur judiciaire du Guatemala.  Beaucoup de bien a découlé du travail de la CICIG, et c’est justement pour cela que nous l’appuyons, mais ses limites sont la Constitution politique du Guatemala et les lois de notre pays, a-t-il affirmé.

Le Président Guatémaltèque a insisté sur le plein engagement de son pays à la lutte contre la corruption et l’impunité, raison pour laquelle, a-t-il affirmé, le Guatemala a initié un processus de révision de l’interprétation et de l’application de l’accord relatif à la CICIG.

Poursuivant son intervention, M. Morales a parlé de l’engagement de son pays dans la lutte contre les changements climatiques ainsi que des efforts déployés par celui-ci en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, grâce notamment au soutien du Programme alimentaire mondial.  En ce qui concerne la lutte contre la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogue et le terrorisme, M. Morales a souligné que le renforcement des institutions sécuritaires et judiciaires du pays faisait partie des priorités de son gouvernement.

Abordant la question migratoire, le Président guatémaltèque a insisté sur le travail de collaboration régionale des pays du nord de l’Amérique centrale, du Mexique et des États-Unis, afin de limiter les flux migratoires et réduire les risques encourus par les migrants.  Il a aussi mentionné l’accord de coopération entre le Guatemala et le Panama en matière d’échange d’informations sur la question.

Il a aussi parlé de la crise politique au Venezuela et du conflit territorial qui oppose son pays au Belize.

M. MOHAMMAD ASHRAF GHANI AHMADZAI, Président de l’Afghanistan, a parlé des dangers avérés du terrorisme mais aussi des crimes contre l’humanité qui se poursuivent dans le monde malgré l’inscription dans presque toutes les constitutions de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Le « nettoyage ethnique » des Rohingya est particulièrement choquant, a avoué le Président.  Le « long silence » de Mme Aung San Suu Kyi était « tragique » compte tenu de notre espoir qu’une icône des droits de l’homme choisirait les principes plutôt que le pouvoir, a-t-il ajouté.  Le Président s’est ensuite félicité de l’occasion qui a été offerte à son pays de siéger au Conseil des droits de l’homme.  En tant que peuple victime de crimes contre l’humanité, comme en attestent le meurtre de civils dans le village de Mirza Ulang et les attaques contre les mosquées de Kaboul et de Herat, nous sommes impatients d’ajouter notre voix à celles des défenseurs des droits de l’homme, a déclaré le Président. 

Les Afghans, a-t-il poursuivi, ont supporté l’adversité, les privations et la sécheresse avec dignité.  À l’invasion, ils ont opposé la vaillance et défendu leurs terres avec une ferveur toute patriotique.  Placé sur la ligne de front de la guerre contre le terrorisme, le peuple afghan et ses forces de sécurité accomplissent des actes héroïques chaque jour.  En tant que nation, État et peuple, nous nous réinventons tous les jours pour relever les défis du siècle et tirer parti de ses opportunités.  Le partenariat de l’Afghanistan avec les États-Unis et la communauté internationale, a poursuivi le Président, a été revigoré après l’annonce par le Président américain de sa stratégie contre le terrorisme et pour la stabilisation en Asie du Sud.  Cela fait longtemps, a avoué le Président, que les Afghans attendent ce type de détermination.  La stratégie, s’est-il expliqué, consolide tous les instruments de la « puissance américaine » et envoie aux Taliban et à ceux qui les soutiennent une message clair: ils ne gagneront pas la guerre.  Seul un règlement politique peut apporter une paix durable, a martelé le Président.  Nous avons aujourd’hui, a-t-il dit, l’occasion de dialoguer avec nos voisins sur la manière de travailler ensemble pour éliminer le terrorisme et contenir l’extrémisme.  Le Président a ensuite appelé le Pakistan à s’engager dans un dialogue global d’État à État sur la paix, la sécurité et une coopération régionale menant à la prospérité. 

Aux partenaires internationaux, il a demandé « un changement de perspective », parce que, depuis trop longtemps, le conflit afghan est perçu à travers le prisme de la guerre civile.  « Ce n’est pas une guerre sur notre sol, c’est une guerre pour notre sol », a-t-il rectifié, en parlant d’un pays infesté par 20 groupes terroristes internationaux.  Il s’est donc félicité une nouvelle fois de la nouvelle stratégie américaine qui comprend l’éradication des sanctuaires terroristes.  Admettant que les Afghans ont aussi un rôle à jouer, le Président a affirmé qu’à l’an III du Programme décennal de transformation, le pays s’est placé sur « une plateforme de stabilité ».  Il s’est dit confiant que les plans et programmes d’autosuffisance et de réforme, appuyés par les partenaires internationaux, permettront à son pays de réaliser son plein potentiel.

M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a affirmé que la dernière crise politique qui a secoué son pays a lancé une nouvelle ère démocratique et enseigné des leçons très utiles que le peuple gambien n’est pas prêt d’oublier.  Mon peuple, a déclaré le Président, a appris que la volonté politique et l’unité nationale conjuguée à une intervention décisive de la région et à un appui clair de la communauté internationale peuvent produire des résultats positifs. 

Il a aussi constaté qu’une action internationale coordonnée et inspirée par les valeurs communes de solidarité, de démocratie, de respect des droits de l’homme et d’état de droit a été essentielle pour envoyer à l’ancien Président le bon message sur la nécessité de respecter la volonté du peuple et de quitter le pays sans provoquer un bain de sang.  La Gambie, s’est réjoui le Président, marche à présent sur la route linéaire de la paix et de la bonne gouvernance, prête à assumer son rôle traditionnel parmi les champions des droits de l’homme et de la démocratie.  Les Gambiens, a-t-il insisté, ont fait le choix irréversible de clore un chapitre sombre de son histoire et d’ouvrir la page de la réforme et de la transformation. 

Le Président n’a pas caché les défis énormes liés à la relance de l’économie et à la réforme globale des législations, de l’administration et des institutions judiciaires.  Le Gouvernement, a-t-il assuré, est déterminé à créer une « nouvelle Gambie » dont les enfants gambiens pourront être fiers.  En effet, a reconnu le Président, les jeunes ont été sur la ligne de front de la transition démocratique et résoudre le problème de leur chômage, la priorité du Gouvernement, créera, sans aucun doute, des opportunités énormes. 

Le Président a aussi reconnu le rôle crucial de la diaspora gambienne qui contribue à la transformation de la « mère-patrie » et a par ailleurs promis aux partenaires au développement et « aux amis » de son pays de gérer leurs fonds « sagement » avec pour seul objectif le développement socioéconomique durable.  Le Président a annoncé le lancement du nouveau Plan national de développement, en tout point conforme à l’agenda transformateur du nouveau gouvernement, au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a aussi annoncé que son gouvernement est en train de finaliser les plans pour la convocation d’une conférence des donateurs.  M. Barrow en a profité pour lancer un appel au secteur privé, avant de promettre que la Gambie entend développer des relations de bon voisinage et de coopération avec le Sénégal et tous les États membres de la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui sont « des partenaires stratégiques ». 

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a présenté ses condoléances au peuple mexicain, frappé, aujourd’hui même, par un tremblement de terre meurtrier.  Plus de 70 ans après l’institution de la Charte des Nations Unies, le monde a reculé au lieu d’avancer vers la paix, a-t-il ensuite constaté en citant certains conflits et des crises humanitaires qui essaiment dans le monde.  Il a expliqué qu’une lecture de l’histoire mondiale laisse voir que de nombreux conflits sont favorisés par des objectifs « inavoués » d’accaparement de richesses.   

Parlant des changements climatiques, le Président a rappelé que 2017 est l’année la plus chaude de l’histoire, appelant tous les pays à s’unir autour de l’Accord de Paris.  Il a de ce fait déploré le fait que les États-Unis, « le plus grand pollueur de la planète », se soient détournés de cet Accord important.  Il a rappelé que les scientifiques ont également signalé que les océans sont en danger et qu’ils doivent être protégés.  Le Président a ensuite expliqué que la Constitution de la Bolivie interdit l’usage mercantile de l’eau, une ressource qui, a-t-il affirmé, doit être symbole d’unité entre les peuples et non pas de conflit.   

M. Morales Ayma a en outre dénoncé le creusement du fossé séparant les nantis des désœuvrés, jugeant « immorale » cette situation qui est de plus paradoxale, les ressources ne manquant point.  On ne peut rejeter la faute sur les migrants quand il y a des crises économiques, a-t-il argué en dénonçant également des « politiques antimigrants qui alimentent la haine et étouffent les libertés ».  À défaut de construire des murs, la Bolivie appelle plutôt à l’émergence d’une citoyenneté universelle.  À ce propos, a-t-il rappelé, la Bolivie a accueilli, en juin dernier, la Conférence mondiale des peuples « Pour un monde sans murs vers une citoyenneté universelle » dans la localité de Tiquipaya.

Le Président Morales Ayma a ensuite appelé les États-Unis à mettre fin au « blocus injuste » imposé à Cuba depuis plus de 60 ans.  Il s’est aussi inquiété des nouvelles mesures annoncées contre Cuba par les autorités américaines, constatant que celles-ci sont contradictoires aux mesures annoncées par la précédente administration.  Outre la levée du blocus, le Président bolivien a également appelé les États-Unis à dédommager le pays pour les effets néfastes de l’embargo, rétrocéder la baie de Guantanamo, et rendre hommage à la mémoire du Commandant Fidel Castro et au combattant Che Guevara ».  Il a également condamné les sanctions commerciales imposées par les États-Unis et les menaces d’invasion proférées à l’encontre du Venezuela. 

Le Président de la Bolivie s’est ensuite félicité des résultats des mesures prises par son pays sur le plan économique et qui lui ont permis de combler « les lacunes du modèle capitaliste défectueux ».  Il n’y a pas d’imposition de programmes économiques dans notre pays par les institutions de Bretton Woods, a-t-il lancé, avançant que la pauvreté pourrait même être éradiquée dans le pays d’ici à 2025.   

Poursuivant son intervention, il a rappelé qu’en 2013, la Bolivie est allée à la Cour internationale de Justice de La Haye (CIJ) pour trouver une issue au différend qui l’oppose au Chili au sujet d’un accès légitime de la Bolivie à la mer.  Il a remercié les États et dirigeants qui ont soutenu leur cause et il a demandé que l’Assemblée générale accompagne cette quête de paix et justice.

M. JUAN ORLANDO HERNÁNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, a dit que les progrès réalisés au cours des quatre dernières années permettent d’entrevoir le « nouveau Honduras ».  Au cours de cette période, a-t-il notamment précisé, le taux d’homicides a diminué de presque la moitié, ce qui a permis au pays de faire un bond important dans l'indice de paix globale. 

Il s’est ensuite félicité de l’établissement, cette année, avec le Guatemala, de la première union douanière des Amériques, permettant la libre circulation des biens et services.  Il a indiqué que des négociations sont en cours avec le Salvador et le Nicaragua pour qu’ils se joignent à cet accord.  Le Honduras, avec le Salvador et le Nicaragua, et l’appui de la Banque centraméricaine d’intégration économique, a mis sur pied le Plan de développement du Golfe de Fonseca, qui permettra de créer un pôle de développement économique.  En outre, la mise en œuvre du programme de développement économique « Honduras 2020 » prévoit la création de 600 000 emplois au cours des cinq prochaines années.

Le Président a également salué les progrès réalisés par son pays sur le plan de la transparence et de la lutte contre la corruption.  Nous avons purgé la police nationale, créé des tribunaux anticorruption et renforcé le Ministère de la sécurité publique, a-t-il expliqué, en plus de signer, avec l’Organisation des États américains (OEA), un accord établissant la Mission d’appui contre la corruption et l’impunité.  En outre, a continué le Président, le Honduras, en accord avec les objectifs de développement durable et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a mis en œuvre un ambitieux programme social visant à protéger les Honduriens les plus vulnérables.  Il a par ailleurs souligné que les effets « implacables » des changements climatiques se manifestent déjà, avec une série d’ouragans et de tempêtes tropicales « tragiques ». 

Cependant, a continué le Président, la lutte contre la pauvreté occupe la place « prioritaire » dans le programme des gouvernements des pays en développement.  « Nous devons vaincre les conditions structurelles qui excluent des pans entiers de nos sociétés », a-t-il plaidé, ajoutant que la pauvreté est la cause des migrations, de l’insécurité et de la violence.  Il a par ailleurs dénoncé le système de classification utilisé par les pays développés pour mesurer le niveau de l’aide au développement, expliquant que le Honduras, considéré comme un pays de niveau moyen, se trouve pénalisé.

Concluant son intervention, le Président a déclaré que les migrants sont les « nouveaux martyrs et les nouveaux héros » de notre temps, qui doivent affronter toutes les épreuves avant de pouvoir apporter leurs talents et leur dévouement à leurs pays d’accueil.  Le Honduras, a-t-il assuré, fait « tous les efforts possibles » pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens, afin qu’ils n’aient pas à s’exiler de leur pays en quête d’opportunités.

M. SEBASTIAN KURZ, Ministre fédéral de l’Europe, de l’intégration et des affaires étrangères de l’Autriche, a déploré le fait que divers conflits conduisent à de terribles souffrances humaines comme c’est le cas en Syrie, au Soudan du Sud, en Ukraine, au Yémen ou encore en Libye.  Il a noté l’existence de nouvelles sources d’instabilité au Venezuela et au Myanmar, relevant par ailleurs que le terrorisme provoque la mort de 25 000 personnes chaque année dans le monde.  C’est pourquoi la question de la radicalisation est une priorité pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dont l’Autriche assure la présidence en ce moment.  Le Ministre a notamment appelé à « détruire » les groupes terroristes sur le plan militaire, notamment en Syrie et en Iraq, notant que les succès militaires vont dans le même temps conduire au retour des combattants terroristes étrangers dans leurs sociétés d’origine, d’où la nécessité d’y continuer la lutte.

M. Kurz a aussi relevé que la crise migratoire est une autre source d’instabilité, puisque plus de 60 millions de personnes sont en situation de déplacement à travers le monde.  Aucun pays ne peut résoudre cette crise de manière isolée, a-t-il souligné.  Il a noté que les prévisions démographiques laissent penser que dans les 30 prochaines années, la population mondiale va passer de 7,5 à 10 milliards, alors que l’Afrique pour sa part va voir sa population croître de 1,2 à 2,5 milliards d’habitants.  S’appuyant sur l’expérience de ces dernières années, le Ministre a souligné qu’il est difficile de contrôler les flux de population.  Plus d’un million de personnes sont entrées en Europe par le biais de trafiquants et des milliers d’autres sont mortes dans la Méditerranée.  « Nous devons y mettre un terme », a-t-il déclaré en notant que les migrations incontrôlées mènent au chaos.  Pour y faire face, il a proposé de gérer les migrations de manière organisée et d’aider les gens le plus possible dans leur pays d’origine.  Pour ce faire, les pays se doivent de contrôler leurs frontières afin de barrer la voie aux migrations illégales.  Il faut également mettre un terme aux activités des trafiquants d’êtres humains et fournir un appui aux pays d’origine afin d’établir des solutions pour les jeunes générations.  C’est dans cette optique, a-t-il expliqué, que l’Autriche a doublé le montant de son aide bilatérale consacrée au développement au cours des quatre dernières années, tout en multipliant par 4 le montant dévolu aux fonds d’urgence.

Le Chef de la diplomatie autrichienne a en outre affirmé que la coopération est la clef pour faire face aux crises et conflits à travers le monde.  Il a déploré le fait que la crise ukrainienne perdure malgré les Accords de Minsk.  La mission spéciale d’évaluation de l’OSCE est la clef pour stabiliser la situation, a-t-il argué, regrettant que ses observateurs non armés soient de plus en plus fréquemment l’objet de menaces sur le terrain et que la mission ait même perdu un de ses membres.  Il a salué le débat du Conseil de sécurité portant sur la sécurité de ces observateurs, notamment par la mise en place d’une opération de paix.

M. Kurz a mis en garde contre le risque, aujourd’hui très élevé, d’une confrontation nucléaire, soulignant que le désarmement nucléaire est un chantier inachevé de la communauté internationale.  Dans ce contexte, il a salué l’Accord de Vienne sur la question des activités nucléaires de l’Iran, se félicitant également du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui représente un pas dans l’optique du désarmement nucléaire.  Il a terminé son discours en appelant à l’élection de l’Autriche au Conseil des droits de l’homme pour la période 2019-2021.   

Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, M. ISSELKOU OULD AHMED IZID BIH, s’est réjoui des progrès réalisés dans la lutte contre le terrorisme et la migration, grâce à une approche basée sur le dialogue et l’ouverture.  Après de durs combats en 2010 et 2011, et malgré une situation régionale complexe, la Mauritanie a réussi à faire face au terrorisme avec succès.  Nous avons renforcé nos capacités défensives, tout en respectant les droits de l’homme et en mettant en place une politique de développement durable, a-t-il expliqué.  En outre, nous avons réussi à instaurer un dialogue constructif avec l’opposition et la société civile, amélioré la gouvernance et réformé les institutions, notamment en ce qui concerne les droits des femmes.

La Mauritanie, a-t-il ajouté, a réformé ses cadres juridiques sur la base des accords internationaux, notamment pour mieux lutter contre le terrorisme.  À cet effet, il a mentionné la conclusion d’accords avec des groupes salafistes afin de permettre à leurs membres de réintégrer la société de façon productive.

En collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Mauritanie a éradiqué la migration clandestine à partir de son territoire, a poursuivi le Ministre.  Nous avons aussi défini une feuille de route sur la lutte contre le terrorisme, notamment grâce à un programme d’aide sociale, a-t-il expliqué, ajoutant que des programmes de rapatriement ont également été mis en œuvre à l’intention des migrants, afin de leur permettre de rentrer au pays dans des conditions favorables.

Se tournant vers l’économie, le Ministre s’est réjoui d’un classement de la Banque mondiale selon lequel la Mauritanie a enregistré l’une des améliorations économiques les plus notables en 2016-2017.  La Mauritanie, a-t-il rappelé, a aidé ses voisins à lutter contre le terrorisme et s’est impliquée notamment dans un règlement pacifique de la crise politique en Gambie.

Il a par ailleurs appelé à un règlement du conflit israélo-palestinien selon les termes des accords internationaux, et invité les parties au conflit en Libye et en Syrie à redoubler d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique des crises qui agitent ces pays.

Le Ministre a également parlé des problèmes causés par les changements climatiques dans la région sahélo-saharienne.  Il a dit souhaiter que toutes les parties à l’Accord de Paris sur les changements climatiques honorent leurs engagements afin d’en limiter les effets.  Enfin, il a plaidé pour une culture de paix et de tolérance et du renoncement au terrorisme, conditions nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a réagi aux discours du Premier Ministre d’Israël, accusant ce dernier d’avoir tenu des propos non fondés pour dissimuler les pratiques injustes de son gouvernement.  Il a ironisé sur les prétendues armes de destruction massive que l’Iran est accusé de posséder, affirmant que c’est plutôt Israël qui a présenté des « armes de déception massive » qui deviennent inutiles en ces temps de la société de l’information.  Il a estimé que le représentant d’Israël aurait plutôt dû expliquer à l’Assemblée générale pourquoi son pays avait envahi ses voisins et pourquoi il ne respectait pas les résolutions des Nations Unies.  En outre, pourquoi rejette-t-il l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient? s’est interrogé le délégué iranien qui a dénoncé le fait que le régime israélien, qui est l’unique détenteur de l’arme nucléaire dans la région, continue de donner des leçons au monde sur la non-prolifération nucléaire.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte son thème annuel et son ordre du jour dont un point sur « la responsabilité de protéger »

Soixante-douzième session,
2e séance plénière – matin
AG/11946

L’Assemblée générale adopte son thème annuel et son ordre du jour dont un point sur « la responsabilité de protéger »

« Priorité à l’être humain: paix et vie décente pour tous sur une planète préservée », c’est le thème choisi par l’Assemblée générale pour sa soixante-douzième session, thème sur lequel les chefs d’État et de gouvernement attendus entre les 19 et 25 septembre 2017 baseront leur déclaration de politique générale.  L’Assemblée a aussi inscrit parmi les 165 points à son ordre, répartis entre sa plénière et ses six Grandes Commissions, la question de « la responsabilité de protéger »*.  La plénière et les Grandes Commissions fermeront leurs portes au plus tard le 11 décembre 2017, la session elle-même devant se terminer le 17 septembre 2018.

C’est par 113 voix pour, 21 voix contre et 17 abstentions que l’Assemblée générale a décidé de débattre, au cours de cette session, du point sur « la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité ».

Initiatrice de cette inscription avec le Ghana, l’Australie a espéré un consensus à l’issue du futur débat.  Cela fait plus de huit ans que l’on n’a pas débattu de cette question, a fait observer le Ghana, s’agissant d’un « un sujet très important pour nous » et d’un futur débat qui « n’a pas pour objectif d’aboutir à une résolution ».  Ces assurances n’ont pas empêché la Syrie de demander un vote car il s’agit d’une « question revêtant un caractère hautement politique ».  Le fait d’inscrire un sujet qui ne fait pas l’objet d’une définition acceptable pour tous revient à ignorer les divergences entre États, a argué la Syrie.

Le concept de « responsabilité de protéger » a été agréé dans le Document final du Sommet mondial de 2005** et précisé dans le rapport de mise en œuvre du Secrétaire général***.  Selon les trois piliers du concept, il incombe à l’État de protéger les populations et à la communauté internationale d’encourager et d’aider les États à s’acquitter de cette responsabilité et de mettre en œuvre les moyens diplomatiques, humanitaires et autres de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.  Si un État n’assure pas la protection de ses populations, la communauté internationale doit être prête à mener une action collective.  Depuis 2007, les bureaux des Conseillers spéciaux pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger ont été fusionnés.

Plusieurs pays qui ont voté contre la proposition de l’Australie et du Ghana se sont expliqués aujourd’hui.  Compte tenu de l’absence de consensus sur la définition du concept, la situation n’est pas mûre pour la tenue d’un dialogue serein à l’Assemblée générale, a argué Cuba, méfiant devant un concept qui risque d’être manipulé pour conduire à des changements de régime, comme l’a démontré l’histoire récente: la déstabilisation de la Libye, de l’Iraq et de la Syrie, a précisé le Venezuela qui, appuyé par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et le Soudan, n’a pas manqué de dénoncer « la tendance malheureuse » de certains États Membres à vouloir imposer une « interprétation tendancieuse » de la Charte.  Nous sommes devant un concept juridique qui, en raison de sa nature polémique, manque de légitimité, a renchéri l’Algérie, préférant passer le relais à la Sixième Commission chargée du développement progressif du droit international. 

Assurons-nous du consensus le plus large possible, avant de mettre cette question à l’ordre du jour de la plénière de l’Assemblée générale, a conseillé, à son tour, le Zimbabwe qui a dit attendre des garanties sur une « application impartiale » du concept, dans un cadre juridique clair.  Ce qui importe aujourd’hui, c’est de préciser la portée du concept et lui donner une définition claire, a acquiescé l’Iran.  « Comment concilier en effet non-ingérence dans les affaires intérieures des États et non-recours à la force, d’une part, et responsabilité de protéger, d’autre part? » s’est demandé le Bélarus, voyant une « justification aux interventions militaires » et dénonçant l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme qui est au cœur du concept. 

À ce stade, un débat risque d’approfondir les divergences, a prévenu le Pakistan, soutenu par la Fédération de Russie.  Il a mis en garde contre une application sélective et biaisée du concept qui éroderait sa légitimité.  Des positions similaires ont été défendues par le Kirghizistan, l’Équateur, la Chine et la Bolivie.  Le vote d’aujourd’hui montre, si besoin en était, l’absence de consensus, a constaté l’Égypte, en demandant aux initiateurs de la proposition de veiller à ce qu’aucune résolution ne sanctionne le futur débat.

Au nom de l’Union européenne, l’Estonie a argué de la tendance croissante aux attaques contre les populations civiles pour défendre l’inscription du point à l’ordre du jour de l’Assemblée, « parce qu’il faut combler le fossé entre la rhétorique et l’action ».  La responsabilité de protéger offre une occasion unique de travailler à la prévention des conflits, a-t-elle ajouté.  Le débat vise à rapprocher les points de vue sans cibler personne en particulier, a cru comprendre l’Inde.  Il est temps, a poursuivi le Royaume-Uni, de discuter de ce concept sans attendre l’aplanissement des divergences car la tâche de l’Assemblée générale n’est-elle pas précisément de discuter de « questions sensibles », ont souligné les États-Unis.  Ce sera un débat « valable et précieux », ont prédit les Pays-Bas, mais il faut toutefois éviter de le politiser, a concédé l’Indonésie, avant que Singapour ne se félicite des garanties offertes par l’Australie et le Ghana sur un débat qui ne donnera lieu à aucune résolution. 

L’Arménie s’est, pour sa part, dissociée du consensus sur le point B relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationales qui doit être examiné par la plénière de l’Assemblée générale.

La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale achèvera ses travaux le jeudi 2 novembre au plus tard; la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation et la Sixième Commission chargée des questions juridiques, le vendredi 10 novembre; la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières et la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le mercredi 22 novembre; et la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, le vendredi 8 décembre. 

L’Assemblée générale a noté que le Secrétariat avait tenu compte des dispositions de ses résolutions concernant le vendredi saint orthodoxe et les fêtes chômées de l’Aïd al-Fitr et de l’Aïd al-Adha et demandé à tous les organes intergouvernementaux de se conformer à ces dispositions lorsqu’ils programment leurs réunions. 

L’Assemblée a aussi invité les organes du Siège et des autres lieux d’affectation où elles étaient célébrées à éviter de tenir des réunions au moment du Yom Kippour, le 29 septembre 2017, de la Journée du Vesak qui reste à déterminer, du Diwali, le 19 octobre 2017, du Gurpurab, le 3 novembre 2017 et du Noël orthodoxe dont la date reste encore à déterminer. 

L’Assemblée générale entamera son débat général dès ce mardi 19 septembre, à partir de 9 heures. 

* A/72/250
** A/RES/60/1
*** A/63/677

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Darfour: Le Représentant spécial conjoint exhorte le Conseil de sécurité à influencer les parties pour un accord de paix inclusif

8050e séance – matin
CS/12993

Darfour: Le Représentant spécial conjoint exhorte le Conseil de sécurité à influencer les parties pour un accord de paix inclusif

Le Représentant spécial conjoint pour le Darfour, M. Jeremiah Nyamane Kingsley Mamabolo, a brossé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, un tableau contrasté de la situation sur place, marquée, d’un côté, par une accalmie des affrontements entre le Gouvernement soudanais et les mouvements armés, mais, de l’autre, par des « efforts peu concluants » en vue de la négociation d’un accord de paix inclusif.  « J’exhorte le Conseil et les acteurs ayant de l’influence sur les parties à souligner l’importance d’un règlement politique », a-t-il lancé.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur la l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), dont il est également le Chef, M. Mamabolo a indiqué que la situation était restée calme, depuis les affrontements en mai et juin entre le Gouvernement et l’Armée de libération du Soudan-faction Minni Minawi (ALS-MM), appuyée par l’Armée de libération du Soudan/Conseil de transition (ALS/CT) et le Mouvement pour la justice et l’égalité (MJE). 

Il a également mentionné une réduction des incidents intercommunautaires, tandis que la violence contre les civils s’est poursuivie, mais à une échelle réduite.  Des améliorations ont été recensées s’agissant des droits de l’homme, a poursuivi le Représentant spécial conjoint, ajoutant que le Président soudanais avait gracié six défenseurs des droits de l’homme le 29 août.  « Beaucoup reste néanmoins à faire pour une amélioration globale de la situation des droits de l’homme. »

Parmi les causes profondes du conflit, le Chef de la MINUAD a cité les questions foncières et du partage des ressources naturelles, qui sont exacerbées par la prolifération des armes.  Il s’est félicité, à cet égard, du lancement d’un plan de contrôle gouvernemental des armes pour que seules les forces régulières en soient équipées. 

Les réactions par rapport à la collecte des armes ont varié, les mouvements d’opposition et non signataires du Document de Doha pour la paix au Darfour la critiquant tandis que le chef de la milice arabe Musa Hilal s’y est frontalement opposé, a-t-il déclaré. 

Le Représentant spécial conjoint a indiqué que la mise en œuvre de ce document demeurait limitée, s’agissant notamment des questions des déplacements, de la gestion des ressources naturelles et des milices armées.  « Les efforts du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, avec le soutien de la MINUAD, pour obtenir des parties au conflit au Darfour qu’elles signent un accord de cessation des hostilités et commencent des négociations directes en vue d’un accord de paix inclusif sont restés peu concluants ». 

« Dans le prolongement de mes discussions à Paris avec Abdul Wahid, Minni Minawi et Gibril Ibrahim, j’ai envoyé aux parties un rapport détaillant le processus actuel de médiation, notamment les points de blocage s’agissant de la cessation des hostilités », a poursuivi M. Mamabolo.  Le Représentant spécial conjoint a expliqué que ces mouvements armés insistent sur un séquençage des négociations, depuis la cessation des hostilités jusqu’aux discussions sur la question controversée du Document de Doha. 

De son côté, le Gouvernement insiste sur l’engagement en faveur dudit document comme base des négociations et pour que Doha accueille ces négociations, a-t-il dit, ajoutant qu’Abdul Wahid maintenait son refus de joindre le processus de paix.  M. Mamabolo a donc exhorté le Conseil à agir auprès des parties pour sortir de l’impasse, « afin de diminuer les souffrances des populations que celles-ci disent représenter ».

S’agissant de la Mission, le Représentant spécial conjoint a indiqué que celle-ci avait entamé la première phase de sa configuration, c’est-à-dire la fermeture de 11 bases d’opérations et la réduction de sa composante militaire, de 15 845 membres à 11 395, et de sa composante policière, de 3 403 membres à 2 888.  « Depuis juin, la MINUAD a fermé six bases d’opérations et les sept dernières devraient être fermées d’ici à septembre. »

M. Mamabolo a précisé que la Mission développait des plans pour le déploiement d’un groupement tactique dans le Jebel Marra et avait demandé au Gouvernement soudanais l’octroi d’un terrain pour l’établissement d’une base opérationnelle temporaire à Golo.  Cette reconfiguration de la Mission sera reflétée dans son budget révisé pour 2017/18, a-t-il assuré. 

La coopération avec le Gouvernement soudanais s’est notablement améliorée, a-t-il continué, mentionnant une amélioration de l’environnement pour l’action humanitaire et une diminution des restrictions aux mouvements de la Mission. 

« La coopération du Gouvernement pour la reconfiguration de la Mission, s’agissant notamment de la base d’opérations temporaire de Golo, est une question prioritaire », a conclu le Représentant spécial conjoint. 

« Khartoum a réaffirmé sa coopération avec la MINUAD, comme en témoigne la clôture de plusieurs bases dans la région du Darfour, le retour de personnes déplacées dans leurs villages et l’adhésion de plusieurs chefs rebelles au processus de paix », a, de son côté, déclaré le représentant du Soudan.  Il a souligné l’importance des efforts de réconciliation, avant de demander l’appui de la communauté internationale au processus de collecte des armes. 

« Les transformations positives dont nous sommes témoins au Darfour appellent donc à reconsidérer les sanctions imposées depuis 2005 en vertu de la résolution 1591 (2005) », a plaidé le représentant, en soulignant qu’en dépit du refus de certains chefs rebelles d’adhérer au Document de Doha, plus de 85% de ses dispositions avaient été mises en œuvre jusqu’à présent. 

Enfin, les représentants de l’Uruguay et de la Bolivie ont souligné, le premier, l’importance de la coopération du Gouvernement et du Conseil pour mener à bien la reconfiguration de la MINUAD, le second, la nécessité de s’attaquer aux causes fondamentales du conflit du Darfour. 

* S/2017/746

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: Le Conseil de sécurité approuve les recommandations du Secrétaire général concernant le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies

8049e séance – matin
CS/12992

Colombie: Le Conseil de sécurité approuve les recommandations du Secrétaire général concernant le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies

Le Conseil de sécurité a approuvé à l’unanimité, ce matin, les recommandations du Secrétaire général figurant dans son rapport* sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui lui avaient été présentées le 11 septembre.

Par sa résolution 2377 (2017), le Conseil approuve de ce fait les tâches de la nouvelle mission qui, aux termes de la résolution 2366 (2017), doit prendre, dès le 26 septembre, le relais de l’actuelle Mission des Nations Unies en Colombie, pour une période initiale de 12 mois.

Aux termes du rapport, ces tâches « concernent exclusivement la vérification », à la différence de la mission qui s’achève, qui assurait la coordination du Mécanisme tripartite de surveillance et de vérification mis en place par l’Accord final de paix du 24 novembre 2016 et s’occupait de tâches opérationnelles telles que l’enlèvement de conteneurs d’armes des caches de l’ancienne rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) et la neutralisation d’armes.

Les vérifications dont est chargée la nouvelle mission portent sur la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP conformément à l’Accord final, ainsi que sur les garanties de sécurité prévues dans l’Accord pour renforcer la sécurité des citoyens de Colombie. 

Comme l’explique le Secrétaire général dans son rapport, « en dépit du cessez-le-feu, du dépôt des armes par les FARC-EP et de leur transformation en une organisation politique pacifique, les groupes illégaux et les comportements violents profondément enracinés perdurent, en particulier dans les communautés et régions rurales les plus durement touchées par des décennies de violence ». 

Ces garanties de sécurité comportent la création d’instances nationales; la mise en œuvre de mesures spécifiques de sécurité personnelle et collective; la création d’un système de sécurité général facilitant la participation à la vie politique, en particulier pour les membres de l’opposition; et la mise en œuvre d’un programme global de sécurité et de protection pour les communautés et associations des régions les plus touchées par le conflit.

Le Conseil de sécurité, dans la résolution, se félicite des « progrès considérables accomplis, avec l’appui de la Mission des Nations Unies en Colombie, pour ce qui est du dépôt des armes prévu dans l’Accord final ».  Il se félicite par ailleurs que le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) aient annoncé, le 4 septembre 2017, qu’ils observeraient un cessez-le-feu bilatéral provisoire du 1er octobre au 12 janvier 2018.

Après l’adoption du texte, plusieurs membres du Conseil de sécurité se sont félicités des progrès jugés considérables dans le processus de paix, notamment avec la remise des armes des anciens combattants des FARC-EP. 

Le représentant du Royaume-Uni a observé qu’à chaque fois que le Conseil se réunit à propos de la Colombie, un jalon supplémentaire sur la voie de la paix semblait franchi alors que son homologue du Sénégal voyait dans l’expérience colombienne « une excellente source d’inspiration » pour le monde entier et l’Afrique en particulier. 

La représentante de la Colombie a, pour sa part, remercié le Conseil, le Secrétaire général et les Nations Unies dans leur ensemble pour leur soutien.  Rappelant, comme avant elle plusieurs membres du Conseil, que le processus de paix allait désormais entrer dans sa période la plus difficile, elle a reconnu que le pays allait devoir faire preuve de volonté et a demandé à ce qu’il soit « accompagné » dans ces efforts. 

Faisant observer que la Colombie avait su, ces derniers mois, surmonter tous les défis et parvenir à la neutralisation des armes, elle a rappelé le dernier développement positif en date, l’annonce du cessez-le-feu, qui doit entrer en vigueur le 1er octobre, entre le Gouvernement et l’ELN. 

Toutes ces circonstances vont « ouvrir la porte à des possibilités illimitées », a-t-elle affirmé, rappelant la nécessité d’un progrès économique non seulement dans les centres urbains mais aussi dans la Colombie rurale « trop souvent oubliée ». 

Certains membres du Conseil ont eux aussi rappelé que le manque de services sociaux dans les zones rurales représente une menace pour le processus de paix. 

* S/2017/745

LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (S/2017/745)

Texte du projet de résolution (S/2017/776)

Le Conseil de sécurité,

Se félicitant des progrès considérables accomplis, avec l’appui de la Mission des Nations Unies en Colombie, pour ce qui est du dépôt des armes prévu dans l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (l’« Accord final ») (S/2017/272) conclu entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), signé à Bogota le 24 novembre 2016 et adopté par le Congrès colombien le 30 novembre 2016,

Rappelant la résolution 2366 (2017) portant création d’une deuxième mission politique en Colombie (la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie), laquelle est chargée de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci,

Se félicitant que le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) aient annoncé, le 4 septembre 2017, qu’ils observeraient un cessez-le-feu bilatéral provisoire du 1er octobre au 12 janvier 2018,

Ayant examiné le rapport en date du 30 août 2017 établi par le Secrétaire général à l’intention du Conseil de sécurité (S/2017/745),

1.    Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire paru sous la cote S/2017/745 et approuve les recommandations qui y figurent concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.

Déclarations

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), dont le pays est « porte-plume » des projets de résolution relatifs à la Colombie, s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution.  Il semble qu’à chaque fois que le Conseil de sécurité se réunit sur cette question, un jalon supplémentaire est franchi, a-t-il relevé, citant la transformation, le mois dernier, des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) en parti politique. 

Un tel processus exigera un engagement sur la durée, a toutefois averti le représentant, avant d’estimer qu’aujourd’hui, le Conseil avait démontré son attachement à l’avenir de la Colombie, à laquelle il revient maintenant d’œuvrer à une paix durable. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée des progrès réalisés par la Colombie dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix et a rappelé que les armes des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) étaient désormais déposées et dans les mains des Nations Unies.  La Colombie a montré au monde que la consolidation de la paix pouvait être couronnée de succès grâce à l’engagement politique en faveur de la paix, avec le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale. 

La Colombie doit désormais renforcer la paix, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que les menaces sur le processus restent importantes, du fait notamment du manque d’infrastructures et de services sociaux de base dans les zones de conflit autrefois occupées par les FARC.  Il faut donc créer les conditions favorables à la paix. 

La résolution de ce jour a pour but de relever ces défis, a estimé la déléguée.  Les États-Unis se félicitent en outre du cessez-le-feu conclu entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) et estiment que sa vérification pourrait entrer dans les compétences de la Mission de vérification.  Ils attendent les propositions du Secrétaire général en la matière. 

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a qualifié d’« extraordinaires » les progrès dans le processus de paix mené par les Colombiens.  S’il a estimé que le plus difficile restait à faire, il s’est également félicité de l’unité dont a su faire preuve, dans son soutien à la Colombie, la communauté internationale et en particulier le Conseil de sécurité. 

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a dit se joindre au consensus, soulignant que la Mission de vérification de l’ONU devra contribuer à consolider le processus de paix dans le pays.  Le représentant a en outre souhaité que les parties poursuivent la mise en œuvre des obligations qui leur incombent, en particulier sur le plan sécuritaire. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a parlé de « succès exemplaire » de la mission qui s’achève, notamment en ce qui concerne le dépôt des armes.  Le succès de la Mission de vérification qui lui succède dépendra de la détermination et de la bonne volonté de toutes les parties, a-t-il estimé. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution et a rappelé que les 15 membres du Conseil s’étaient tous portés coauteurs du projet, y voyant la preuve du soutien dont le processus de paix en Colombie bénéficie au sein du Conseil.  Il a parlé de résultats « considérables » déjà obtenus, estimant que les « héros » en sont les membres du Gouvernement, ceux des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), les victimes du conflit et le peuple colombien dans son ensemble. 

Il reste néanmoins beaucoup à faire, a poursuivi le représentant, notamment pour transformer les conditions de vie des plus vulnérables et combler le fossé entre les zones rurales et urbaines.  Le délégué a rappelé l’objectif de réinsertion politique, économique et sociale des quelque 10 000 membres des FARC-EP. 

Il a également jugé « probable que les caméras se détournent et qu’on ne voit plus les progrès réalisés dans les gros titres » de la presse.  C’est pourquoi la communauté internationale doit accompagner de manière résolue les progrès réalisés, a-t-il ajouté, en insistant sur la disponibilité de la Bolivie à y contribuer.

M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé que la nouvelle résolution témoignait des progrès considérables réalisés par les parties dans le désarmement.  C’est désormais une nouvelle phase qui commence, et le Sénégal encourage les parties à poursuivre dans ce sillage prometteur. 

Le représentant a estimé que l’annonce d’un cessez-le-feu entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) s’inscrivait dans cette dynamique.  Le Sénégal voit dans l’expérience colombienne « une excellente source d’inspiration » pour le monde entier et l’Afrique en particulier. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a remercié le Conseil d’avoir approuvé la recommandation du Secrétaire général, le Royaume-Uni, porte-plume, ainsi que le Secrétaire général et l’équipe du Représentant spécial, M. Jean Arnault.  Le défi est de taille, a-t-elle rappelé, avant de souligner que la Colombie avait su, ces derniers mois, surmonter tous les défis et parvenir à la neutralisation des armes. 

La Colombie va désormais entrer dans sa période la plus difficile, a toutefois estimé la représentante, pour qui le pays devra faire preuve de volonté et être accompagné en ce sens. 

Mme Mejía Vélez a remercié le Conseil de sécurité pour son soutien après l’annonce du cessez-le-feu entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), qui doit prendre effet le 1er octobre.  Toutes ces circonstances vont « ouvrir la porte à des possibilités illimitées », a-t-elle affirmé, rappelant la nécessité d’un progrès économique non seulement dans les centres urbains mais aussi dans la Colombie rurale « trop souvent oubliée ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 septembre 2018 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL)

8048e séance – matin
CS/12991

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 septembre 2018 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL)

Le Conseil de sécurité a, ce matin, prorogé jusqu’au 15 septembre 2018 le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), laquelle sera chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices « dans le strict respect du principe d’appropriation ».

En adoptant à l’unanimité la résolution 2376 (2017), le Conseil de sécurité rappelle que la MANUL est une mission politique spéciale intégrée, qui doit appuyer « un processus politique ouvert à tous dans le cadre de l’Accord politique libyen, la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen, le renforcement des dispositions du Gouvernement d’entente nationale en matière de gouvernance, de sécurité et d’économie et les étapes ultérieures de la transition libyenne ». 

La MANUL devra également, « sous réserve des contraintes opérationnelles et des conditions de sécurité », assister les institutions libyennes, appuyer l’acheminement de l’aide humanitaire, rendre compte de la situation des droits de l’homme, lutter contre la prolifération des armes, coordonner l’assistance internationale et appuyer le Gouvernement d’entente nationale dans son action de stabilisation de zones sortant du conflit.

Afin de mettre en œuvre ces tâches, le Secrétaire général est prié « d’élaborer une série d’objectifs détaillés » et de « rendre compte dans ses rapports périodiques » des progrès accomplis dans leur réalisation.

Le Conseil accueille avec satisfaction les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son évaluation stratégique pour la MANUL, menée entre février et juillet derniers, et dont le Secrétaire général a rendu compte dans son rapport* présenté et discuté au Conseil le 28 août

Ces recommandations visent à « mettre en œuvre une stratégie politique globale ainsi qu’à assurer une plus grande intégration et coordination stratégique » de la MANUL et des agences onusiennes en Libye afin de soutenir l’action menée sous la conduite du Gouvernement d’entente nationale en vue de la stabilisation du pays. 

Après l’adoption de la résolution, le représentant de la Libye a mis l’accent sur la nécessité de se baser sur le principe d’appropriation nationale et a regretté, à cet égard, que les demandes de son pays en faveur d’une plus grande prise en compte du concept dans le projet de résolution n’aient pas été suffisamment prises en compte. 

Le délégué a ensuite estimé que la MANUL devait rapprocher les différentes positions politiques et insisté sur la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire et l’existence d’une armée unique placée sous l’autorité du pouvoir civil. 

Abordant la question des migrants clandestins et illégaux, le représentant a estimé que les départs depuis la Libye étaient la conséquence de l’instabilité provoquée par la crise politique. 

Il a aussi rappelé la dimension internationale de la crise migratoire et la nécessité d’une solution internationale.  Un pays de transit comme la Libye ne peut résoudre seul une telle crise, a-t-il affirmé, appelant à travailler de concert avec les pays d’origine des migrants et à lutter contre la criminalité transnationale qui contribue au trafic des migrants. 

* S/2017/726

LA SITUATION EN LIBYE                                               

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (S/2017/726)

Texte du projet de résolution (S/2017/775)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Prenant acte du rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) (S/2017/726),

Exprimant son appui sans réserve aux efforts que continue de faire la MANUL, se félicitant de la nomination du nouveau Représentant spécial du Secrétaire général et soulignant l’importance du rôle central de l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est de faciliter, sous l’égide des Libyens eux-mêmes, un règlement politique des problèmes auxquels se heurte la Libye,

Rappelant sa résolution 2259 (2015), dans laquelle il fait sien le communiqué de Rome du 13 décembre 2015 par lequel le Gouvernement d’entente nationale est reconnu comme seul gouvernement légitime de Libye, avec le Premier Ministre, M. Fayez Sarraj, comme Président du Conseil de la présidence,

Réaffirmant son appui à la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique libyen de Skhirat (Maroc), signé le 17 décembre 2015, qui prévoit la formation d’un gouvernement d’entente nationale composé du Conseil de la présidence et du Cabinet, appuyés par les autres institutions de l’État, dont la Chambre des représentants et le Conseil d’État,

Se félicitant que la Chambre des représentants ait approuvé en principe l’Accord politique et que les participants aux réunions ultérieures du dialogue politique aient réaffirmé leur engagement à respecter l’Accord,

Soulignant qu’il importe que le processus demeure ouvert à tous, encourageant vivement le Gouvernement d’entente nationale à œuvrer avec toutes les parties à la réconciliation et à renforcer les activités de communication politique dans toute la Libye, et exhortant toutes les parties et institutions en présence dans le pays à œuvrer de façon constructive, en toute bonne foi et avec une volonté politique soutenue, à l’application de l’Accord,

Se félicitant des efforts déployés récemment pour renforcer un dialogue politique ouvert à tous les Libyens, notamment de l’action importante que mènent les voisins de la Libye, les partenaires internationaux et les organisations régionales, ainsi que de la réunion qui s’est tenue à Paris le 25 juillet 2017 et de la Déclaration commune publiée à l’issue de cette  réunion, comme il l’a indiqué dans la déclaration faite à la presse le 27 juillet 2017, dans le cadre de l’Accord politique libyen approuvé par la résolution 2259 (2015), et appuyant l’appel lancé par le Secrétaire général pour que toutes les initiatives soient regroupées sous la houlette de l’Organisation des Nations Unies,

Attendant avec intérêt l’élaboration d’une stratégie globale et d’un plan d’action pour les activités du système des Nations Unies en Libye, et l’organisation de la réunion de haut niveau qui se tiendra en marge de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale à l’appui du rôle central de l’Organisation des Nations Unies pour ce qui est de faciliter un dialogue politique sous l’égide des Libyens eux-mêmes en vue d’instaurer la sécurité, la stabilité et l’unité nationale en Libye,

Demandant instamment que les femmes participent pleinement et effectivement, sur un pied d’égalité, à toutes les activités ayant trait à la transition démocratique, au règlement des conflits et à la consolidation de la paix, en appuyant les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général pour favoriser le renforcement du rôle et de la participation des femmes venant de tous les horizons de la société libyenne dans le processus politique et les institutions publiques, et exhortant les autorités libyennes à prévenir et combattre la violence sexuelle en période de conflit, et notamment à lutter contre l’impunité des auteurs de crimes de violence sexuelle conformément à ses résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1325 (2000), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015) et 2331 (2016),

Réaffirmant qu’il faut que toutes les parties en Libye dialoguent de manière constructive avec l’Organisation des Nations Unies et s’abstiennent de toute action qui pourrait saper le dialogue politique mené sous l’égide de l’ONU, et qu’il ne saurait y avoir de solution militaire en Libye,

Réaffirmant également que toutes les parties doivent se conformer aux obligations que leur imposent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient, et soulignant que quiconque est responsable de violations du droit international humanitaire, de violations des droits de l’homme ou d’atteintes à ces droits doit répondre de ses actes,

Appuyant sans réserve le Communiqué de Vienne du 16 mai 2016, dans lequel toutes les parties ont été exhortées à œuvrer de façon constructive en vue de l’achèvement du cadre institutionnel de transition et où la création de la garde présidentielle par le Conseil de la présidence a été accueillie avec intérêt, souhaitant que des progrès continuent d’être accomplis sur la voie de la création de la garde présidentielle et soulignant qu’il faut confier la protection et la défense de la Libye contre le terrorisme à des forces nationales de sécurité unifiées et renforcées, placées sous la seule autorité du Gouvernement d’entente nationale, comme le prévoit l’Accord politique libyen,

Rappelant sa résolution 2259 (2015), dans laquelle il a engagé les États Membres à ne plus soutenir les institutions parallèles qui prétendent représenter l’autorité légitime mais ne sont pas partie à l’Accord politique, comme il est précisé dans celui-ci, et à cesser tout contact officiel avec elles,

Engageant le Gouvernement d’entente nationale à achever d’élaborer les dispositions de sécurité transitoires requises pour stabiliser la situation en Libye, étape essentielle qui permettra de s’attaquer aux défis politiques, humanitaires, économiques et institutionnels et de lutter contre l’insécurité qui règne dans le pays, considérant qu’il faut que le Gouvernement d’entente nationale planifie le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés et l’invitant à poursuivre les efforts de stabilisation dans les villes touchées, y compris Sirte et Benghazi, pour consolider les résultats obtenus en matière de lutte contre le terrorisme,

Se déclarant gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Libye notamment la dégradation des conditions de vie et la fourniture de services de base,

Prenant note du dialogue économique qui se tient en Libye et dans la région et se félicitant de la détermination des représentants du Conseil de la présidence, du Gouvernement d’entente nationale, de la Banque centrale de Libye, du Bureau de l’audit et de la National Oil Corporation à atténuer d’urgence les souffrances du peuple libyen en accélérant la prestation des services publics, en augmentant la production de pétrole et en améliorant la situation de trésorerie.

Demandant de nouveau à tous les États Membres d’appuyer sans réserve les efforts déployés par le Représentant spécial du Secrétaire général et de collaborer avec les autorités libyennes et la MANUL afin d’élaborer un plan coordonné d’aide destiné à renforcer les capacités du Gouvernement d’entente nationale, conformément aux priorités libyennes et en réponse aux demandes d’aide, et demandant de nouveau également à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MANUL, notamment en prenant les mesures voulues pour garantir la sécurité et une totale liberté de circulation au personnel des Nations Unies et au personnel associé,

Se félicitant des recommandations issues de l’évaluation stratégique de la MANUL chargée d’améliorer sa capacité de soutenir le processus politique et de renforcer la coordination à l’échelle de la MANUL et de l’équipe de pays des Nations Unies,

Se déclarant de nouveau préoccupé par le trafic de migrants et la traite d’êtres humains par le territoire libyen, et se félicitant des activités de la MANUL tendant à coordonner et soutenir la fourniture d’une aide humanitaire pour les réfugiés et les migrants par l’intermédiaire de l’équipe de pays des Nations Unies, en particulier du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et de l’Organisation internationale des migrations,

Encourageant la MANUL à continuer de déterminer la priorité de ses activités et de ses efforts de médiation en étroite consultation avec le Conseil de la présidence et d’autres institutions libyennes et en fonction de ses besoins et de l’évolution de la situation dans le pays,

Soulignant qu’il importe de veiller à ce que les mesures de sanctions soient pleinement appliquées et que la coopération se poursuive avec les autorités libyennes en vue de faire en sorte que les violations soient signalées au Comité des sanctions de l’ONU,

Rappelant qu’il a établi, dans sa résolution 2213 (2015), que la situation en Libye continuait de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 septembre 2018 le mandat de la MANUL qui, en tant que mission politique spéciale intégrée, restera placée sous la direction du Représentant spécial du Secrétaire général et sera chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices, dans le strict respect du principe d’appropriation nationale, en vue d’appuyer:

i)    Un processus politique ouvert à tous dans le cadre de l’Accord politique libyen;

ii)   La poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen;

iii)  Le renforcement des dispositions du Gouvernement d’entente nationale en matière de gouvernance, de sécurité et d’économie;

iv)   Les étapes ultérieures de la transition libyenne;

2.    Décide par ailleurs que la MANUL, sous réserve des contraintes opérationnelles et des conditions de sécurité, doit s’acquitter des tâches suivantes:

i)    Apporter une assistance aux principales institutions libyennes;

ii)   Appuyer, sur demande, la prestation de services essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires;

iii)  Surveiller la situation des droits de l’homme et en rendre compte;

iv)   Appuyer la sécurisation des armes incontrôlées et du matériel connexe et lutter contre leur prolifération;

v)    Coordonner l’assistance internationale et appuyer, en lui fournissant conseils et assistance, le Gouvernement d’entente nationale dans son action visant à stabiliser les zones sortant d’un conflit, y compris celles qui ont été libérées du contrôle de Daech;

3.    Prie le Secrétaire général d’élaborer une série d’objectifs détaillés pour la mise en œuvre des tâches prescrites à la MANUL et de rendre compte dans ses rapports périodiques des progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs;

4.    Prie la MANUL d’adopter systématiquement une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans l’exécution de son mandat et d’aider le Gouvernement d’entente nationale à assurer la participation pleine et effective des femmes à la transition démocratique, aux efforts de réconciliation, au secteur de la sécurité et aux institutions nationales en conformité avec la résolution 1325 (2000);

5.    Constate que, depuis le 30 mars 2016, la MANUL assure une présence constante en Libye pour appuyer le Conseil de la présidence et le Comité de sécurité temporaire, et invite la Mission à continuer de s’efforcer de rétablir une présence à Tripoli et dans les autres parties du pays par un retour échelonné, au fur et à mesure que les conditions de sécurité le permettront, et de prendre les dispositions en matière de sécurité requises à cette fin;

6.    Accueille avec satisfaction les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son évaluation stratégique pour la MANUL tendant à mettre en œuvre une stratégie politique globale ainsi qu’à assurer une plus grande intégration et coordination stratégique de la MANUL et des organismes, fonds et programmes des Nations Unies en Libye pour soutenir l’action menée sous la conduite du Gouvernement d’entente nationale en vue de la stabilisation du pays ;

7.    Prie le Secrétaire général de continuer de lui faire rapport tous les 60 jours au moins sur la mise en œuvre de la présente résolution;

8.    Prie également le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, après la tenue de consultations avec les autorités libyennes, sur les recommandations concernant l’appui que doit apporter la MANUL aux étapes ultérieures de la transition libyenne et les dispositions visant à assurer la sécurité de la Mission;

9.    Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Le bassin du lac Tchad toujours confronté à des défis malgré les revers de Boko Haram

8047e séance – après-midi
CS/12990

Conseil de sécurité: Le bassin du lac Tchad toujours confronté à des défis malgré les revers de Boko Haram

Si d’encourageants progrès ont été accomplis dans la lutte contre Boko Haram grâce aux efforts conjoints des pays du bassin du lac Tchad dans le cadre de la Force multinationale mixte, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a toutefois invité les membres du Conseil de sécurité à la prudence.

Venu présenter le dernier rapport* du Secrétaire général sur la situation dans cette sous-région de l’Afrique de l’Ouest, M. Jeffrey Feltman a déclaré que l’organisation terroriste qui y sévit depuis 2009, -dans un premier temps dans le nord-est du Nigéria, et désormais au Cameroun, au Niger et au Tchad–, est certes affaiblie, mais son recours de plus en plus systématique aux attentats-suicides s’est soldé par la mort de 284 civils en juin et en juillet derniers. 

Ce chiffre représente une hausse alarmante par rapport aux mois de mai et d’avril, a reconnu le haut fonctionnaire, en soulignant que femmes et filles sont les premières victimes de ces violences asymétriques, y compris lorsqu’elles perpètrent elles-mêmes des attentats, après avoir été recrutées de force par Boko Haram. 

« L’insécurité nourrit un chômage de masse et prive d’éducation un million d’enfants en âge d’être scolarisés », a analysé le Secrétaire général adjoint, qui a évalué à 9 milliards de dollars le coût de la crise rien que pour le Nigéria.  Pauvreté, faible autorité et présence de l’État dans des régions isolées, infrastructures délabrées, assèchement du lac Tchad sont autant de facteurs aggravants, perpétuant un cercle vicieux qui déracine les populations locales et met à rude épreuve les liens intercommunautaires. 

Jointe par téléphone, la représentante du Réseau des organisations de la société civile de l’État nigérian de Borno, Mme Fatima Shehu Imam, a déploré l’absence d’amélioration dans l’acheminement de l’aide humanitaire, allant jusqu’à évoquer un « quasi-effondrement » de l’appareil d’État, alors que près de 2,4 millions de personnes sont déplacées dans la région, dont 1,5 million d’enfants.

Le délégué du Nigeria a défendu l’action de son gouvernement dans le nord-est du pays.  Ce dernier, a-t-il affirmé, a pris des mesures, par exemple, pour faciliter la réinsertion des victimes au sein de leurs communautés, par le biais d’un Comité présidentiel pour les interventions dans le nord-est.  Selon lui, les autorités ont également fait beaucoup pour venir en aide aux populations vulnérables et convaincre les dirigeants religieux et communautaires de se mobiliser contre la radicalisation des jeunes. 

Il n’en reste pas moins que les besoins humanitaires continuent d’être « immenses », a relevé M. Feltman, en citant le chiffre de 10,7 millions de personnes concernées, la plupart au Nigéria, alors que l’appel lancé en faveur du bassin du lac Tchad, d’un montant de 1,5 milliard de dollars en 2017, n’est malheureusement financé qu’à hauteur de 40%. 

Si, aux yeux de M. Feltman, les efforts de la Force multinationale mixte demeurent indispensables, l’investissement financier qu’elle représente pèse lourdement sur la part des budgets nationaux affectée au développement.  C’est la raison pour laquelle le soutien de l’ONU et de la communauté internationale au Nigéria, au Niger, au Cameroun et au Tchad est plus que jamais nécessaire.  Aussi le Secrétaire général adjoint s’est-il félicité de la tenue, le 21 septembre prochain, en marge de la nouvelle session de l’Assemblée générale, d’une réunion destinée à réaffirmer le soutien à ces quatre pays.

La Suède a salué pour sa part l’organisation, probablement au mois d’octobre, d’une conférence sur la stabilisation de la sous-région, à l’initiative de l’Union africaine et de la Commission du bassin du lac Tchad.  Les États-Unis ont plaidé pour un engagement plus vigoureux du Conseil de sécurité, cinq mois après l’adoption de la résolution 2349 (2017).

« Mais le soutien international va de pair avec certaines responsabilités », a rappelé la France, pour qui la lutte contre le terrorisme ne saurait s’accompagner de violations des droits de l’homme.  La représentante française faisait allusion aux allégations d’abus perpétrés par la Force multinationale mixte dans le cadre de ses opérations antiterroristes.  Un appel repris à leur compte par les États-Unis, l’Ukraine et l’Uruguay.

Dans les camps de personnes déplacées, certaines femmes sont contraintes de monnayer des relations sexuelles contre des vivres et « des mères obligées de donner leur corps, en courant le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles », a dénoncé la représentante de la société civile nigériane. 

Dans un contexte où réfugiés et déplacés sont les populations les plus vulnérables, le Secrétaire général, dans son rapport, « exhorte les gouvernements de la région à faire en sorte que les retours se fassent sur une base volontaire, en toute sécurité, en connaissance de cause et dans la dignité » et « demande l’application totale » de l’Accord tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés nigérians vivant au Cameroun, signé par les deux gouvernements et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

* S/2017/764

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Rapport du Secrétaire général sur la situation dans la région du bassin du lac Tchad (S/2017/764)

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a fait état de progrès encourageants dans la lutte contre Boko Haram, grâce aux efforts déployés par les gouvernements de la région dans le cadre de la Force multinationale mixte, qui a affaibli les capacités de l’organisation terroriste. 

« Mais en réponse, Boko Haram a changé de tactique, multipliant les attentats-suicides », a prévenu le haut fonctionnaire, qui a indiqué que les 130 attaques attribuées à Boko Haram dans les quatre pays du bassin du lac Tchad en juin et juillet derniers avaient provoqué la mort de 284 civils, une hausse considérable par rapport aux 146 attaques responsables de 107 pertes civiles en avril et en mai derniers. 

Sur le plan politique, les Représentants spéciaux pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest et le Sahel ont proposé une stratégie régionale en vue de s’attaquer aux causes profondes de la crise du bassin du lac Tchad, qui reposerait sur l’appropriation par les pays et les organisations sous-régionales concernées. 

La crise actuelle a en effet laminé les infrastructures de base, de même que les ressources et les services gouvernementaux: « l’insécurité nourrit un chômage de masse et prive d’éducation un million d’enfants en âge d’être scolarisés », a fait observer le Secrétaire général, qui a évalué à 9 milliards de dollars le coût de la crise rien que pour le Nigéria.  La pauvreté, la faible autorité de l’État, l’insécurité et les changements climatiques expliquent cette situation, dont les femmes et les filles sont les premières victimes. 

Les conflits et les déplacements ont érodé, parfois brisé, les liens intercommunautaires et intracommunautaires.  Et à moins d’efforts robustes dans la consolidation de la paix, la réintégration des ex-combattants, y compris de Boko Haram et de milices de surveillance, risque de créer des tensions additionnelles, a souligné M. Feltman.

Les besoins humanitaires continuent d’être immenses, avec 10,7 millions de personnes dans le besoin, a-t-il poursuivi, en notant que le Nigéria porte la plus grande partie de ce fardeau, dans le nord-est du pays.  Or, le financement continue d’être insuffisant, alors que l’appel lancé pour la région, d’un montant de 1,5 milliard de dollars en 2017, n’est financé qu’à hauteur de 40%, s’est alarmé le Secrétaire général adjoint. 

La région fait désormais face à la saison des pluies, pendant laquelle l’insécurité alimentaire est la plus élevée, a-t-il ajouté, en relevant que la crise a déplacé jusqu’à présent près de 2,4 millions de personnes, dont 1,5 million d’enfants. 

Parallèlement, si Boko Haram s’est rendu coupable de violations répétées des droits de l’homme, l’ONU a été informée d’allégations nombreuses de violences, y compris sexuelles, perpétrées par la Force multinationale mixte dans le contexte des opérations antiterroristes. 

Le Secrétaire général, dans son rapport, conclut à la nécessité de sensibiliser au fait que ces abus sont parmi les causes profondes de l’instabilité régionale, rendant indispensable d’investir dans les mécanismes de justice transitionnelle au niveau communautaire. 

De plus, le Secrétaire général adjoint a souligné que l’absence d’approche cohérente de la question des déserteurs de Boko Haram, notamment de critères clairs et transparents respectueux des droits de l’homme, pose de multiples défis, des milliers d’ex-combattants étant détenus illégalement ou mal réintégrés.

Si, aux yeux de M. Feltman, les efforts de la Force multinationale mixte demeurent indispensables pour résoudre la crise, l’investissement financier qu’elle représente pèse lourdement sur les budgets nationaux affectés au développement.  C’est la raison pour laquelle le soutien de l’ONU et des États Membres est plus que jamais nécessaire. 

La manifestation prévue le 21 septembre, en marge de la nouvelle session de l’Assemblée générale, sera l’occasion pour la communauté internationale de réaffirmer son soutien à la région. 

Mme FATIMA SHEHU IMAM, du Réseau des organisations de la société civile de l’État de Borno, s’exprimant par téléphone, a dit que son réseau regroupait quelque 150 organisations visant à aider la population de l’État de Borno, qui est ravagé par les activités de Boko Haram. 

Depuis la dernière visite du Conseil de sécurité dans la région, il n’y a pas eu d’amélioration dans la délivrance de l’aide humanitaire, a-t-elle dit, en insistant sur l’acuité des besoins.  Elle a mentionné un quasi-effondrement de l’appareil de l’État nigérian, qui se montre incapable de répondre à ces besoins. 

Elle a lancé un appel à la « bonne conscience » du Conseil pour remédier à une situation qui demeure très fragile.  Il y a eu une recrudescence des attaques contre les civils, contrairement à ce qui a pu être avancé, a-t-elle déploré.

Elle a ensuite dénoncé les violations des droits des personnes déplacées vivant dans les camps, conduisant certaines femmes à monnayer des relations sexuelles contre de la nourriture.  « Des mères sont obligées de donner leur corps, courant le risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles », a-t-elle déclaré.  Mme Shehu Imam a déclaré que la vie dans sa normalité avait été anéantie en raison des agissements de Boko Haram. 

« Notre réseau fait face à des défis qui excèdent nos capacités », a-t-elle indiqué, en insistant sur le manque de financements.  Certaines agences onusiennes ont accès au financement sur la base des mêmes critères que nos organisations qui n’y ont pourtant pas accès, en dépit de leur rôle précieux sur le terrain, a-t-elle regretté. 

Elle a en outre demandé que ces dernières organisations bénéficient de la même protection que les agences de l’ONU.  Le Nigéria n’a pas de législation sur l’aide humanitaire, si bien que tout se fait de manière improvisée, sans reddition de comptes, a-t-elle dénoncé. 

En conclusion, Mme Shehu Imam s’est étonnée que la crise ait toujours le même degré d’urgence malgré les sommes qui ont été investies pour y remédier. 

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a lui aussi constaté qu’en dépit du recul de Boko Haram, l’organisation terroriste continuait de faire de nombreuses victimes, grâce à un changement de tactique.  Le Gouvernement britannique, a-t-il assuré, jouera son rôle pour aider les pays de la région à triompher de cet ennemi.  C’est la raison pour laquelle Londres a renforcé son aide dans le cadre d’un programme de transition vers le développement. 

Mais il est clair aujourd’hui que la solution ne sera trouvée qu’en traitant les causes profondes ayant permis l’émergence de Boko Haram, a affirmé le représentant, plaidant en faveur d’un plan régional dont la mise en œuvre doit se faire dans le respect des droits de l’homme et en faisant appel aux femmes, qui jouent un rôle essentiel. 

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est dit « vivement préoccupé » par l’ampleur « alarmante » de la crise humanitaire dans le bassin du lac Tchad.  Selon lui, une approche intégrée est nécessaire pour répondre aux défis multidimensionnels auxquels fait face la région.  Il a cité, parmi les causes fondamentales de l’insécurité et de l’instabilité, une économie fragile, la marginalisation, les violations de droits de l’homme ainsi que la pression démographique, ajoutant que toute réponse à la crise actuelle doit s’accompagner de mesures favorisant le développement. 

Il a salué à cet égard la tenue possible d’une conférence sur la stabilisation, en octobre, organisée par l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad.  En outre, il a appelé le Conseil de sécurité à « demeurer alerte » face aux menaces à la stabilité résultant des changements climatiques. 

Après avoir rappelé que le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine partagent une même analyse de la situation et des réponses à apporter à la crise dans le bassin du lac Tchad, il a appelé à élargir le partenariat entre les deux conseils afin « d’opérationnaliser » ces réponses. 

Le rôle des femmes en tant que moteur de changement ne doit pas être négligé, a poursuivi le représentant, notamment dans les efforts de reconstruction et de stabilisation à long terme.  Alors que Boko Haram multiplie les attentats-suicides commis par des filles recrutées de force, les gouvernements doivent faire de la réhabilitation des enfants et de leurs mères une priorité, a-t-il ajouté, y compris la sensibilisation des communautés, afin d’éviter la stigmatisation au lendemain des conflits. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que la crise dans le bassin du lac Tchad était multidimensionnelle, l’insurrection de Boko Haram n’en étant qu’un des aspects.  La pauvreté et les changements climatiques sont d’autres aspects, a-t-il dit.  Il a insisté sur les efforts de son pays pour remédier à cette crise et réduire les mouvements migratoires. 

L’Italie s’est engagée à soutenir le plan de développement présenté par le Président du Tchad avec une contribution de 20 millions de dollars, a-t-il affirmé.  Le délégué a fait état des enjeux démographiques de la crise, avant de souligner la nécessité de défendre les droits de l’homme.  Les femmes ont un rôle fondamental à jouer dans la prévention des conflits, a-t-il poursuivi. 

En conclusion, le représentant de l’Italie s’est félicité de la tenue en octobre de la conférence de N’Djamena et a mis en garde contre une possible propagation de la crise. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est félicité du fait que la double crise, humanitaire et sécuritaire, qui sévit dans le bassin du lac Tchad soit replacée au cœur des priorités de la communauté internationale.  S’il s’est lui aussi félicité de la reconquête de territoires anciennement contrôlés par Boko Haram, ces progrès ne doivent pas masquer les difficultés auxquelles se heurtent au quotidien les populations civiles, a observé le représentant, en citant le bilan des attentats-suicides en juin et juillet. 

Le fait que le groupe ait recours à des modus operandi asymétriques témoigne des problèmes rencontrés par Boko Haram.  Mais pour y faire face, la coopération régionale et transnationale reste indispensable à tout point de vue, y compris dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, a préconisé la délégation. 

« Ne nous y trompons pas »: la solution passera par le développement, d’autant plus que les zones où Boko Haram sévit le plus sont précisément celles où la pauvreté est la plus aiguë.  M. Ciss a donc plaidé pour la promotion des investissements privés, en mettant l’accent sur l’emploi des jeunes, cible privilégiée des recruteurs de Boko Haram, mais aussi sur la lutte contre les défis écologiques, en particulier l’assèchement du lac Tchad, qui a des conséquences négatives sur le secteur agricole et l’autonomisation des femmes.

M. LUIS BERMÚDEZ (Uruguay) a dit que le caractère multidimensionnel de la crise dans le bassin du lac Tchad nous oblige à aborder ses causes de manière « conjointe et interconnectée ».  Selon lui, il faut analyser la situation sécuritaire et humanitaire, les droits de l’homme, les changements climatiques et la situation socioéconomique de façon intégrée. 

Il a salué les efforts « louables » de la Force multinationale mixte dans la lutte contre Boko Haram, qui ont permis la réalisation d’avancées importantes, ainsi que la création du G5 Sahel, appelé à devenir un complément notable aux efforts régionaux de lutte contre le terrorisme. 

Cependant, le représentant s’est dit préoccupé par les allégations répétées de violation des droits de l’homme par les troupes de la Force multinationale mixte et des armées nationales, appelant les parties concernées à s’assurer que les activités en matière de sécurité se fassent dans le strict respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

Par ailleurs, le représentant s’est dit « vivement préoccupé » par l’usage systématique de la violence sexuelle comme tactique terroriste par Boko Haram, notamment les enlèvements et les abus sexuels dont sont victimes des milliers de femmes et de filles.  Il a également déploré le manque d’information sur l’impact de ces crimes dans une crise humanitaire complexe, et demandé que les victimes aient accès à une aide adéquate. 

Le représentant a plaidé pour que les gouvernements des quatre pays du bassin du lac Tchad allouent les ressources nécessaires à la mise en place de services de santé et d’éducation de qualité, afin de s’attaquer aux causes fondamentales de la crise. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a insisté sur les progrès indéniables accomplis dans la lutte contre Boko Haram et loué les efforts des États de la région, malgré le manque de ressources.  Des mesures ont été prises pour faire respecter les droits de l’homme et favoriser le retour des personnes déplacées, a-t-il dit. 

Il a également estimé que la crise humanitaire était gérée avec sérieux, même si celle-ci reste aiguë dans le nord du Nigéria.  Les donateurs doivent honorer les engagements pris à Oslo en début d’année pour éviter une catastrophe humanitaire, a affirmé le délégué. 

M. Aboulatta a ensuite condamné toutes les exactions de Boko Haram contre les populations civiles et demandé le rétablissement de la justice.  « L’impunité ne peut prévaloir. »  Il a appelé les partenaires à apporter leur aide à la Force multinationale mixte, notamment en ce qui concerne la formation des soldats. 

En conclusion, M. Aboulatta a avancé l’idée de la création d’un fonds destiné à financer cette Force. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) s’est dite encouragée par les récents progrès enregistrés dans la lutte contre Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad et a salué les efforts conjoints consentis à cette fin par les pays de la région, ainsi que le « rôle central » joué par la Force multinationale mixte. 

Elle a toutefois rappelé que la menace terroriste continuait de peser sur les pays de la région et leurs populations et a déploré les nombreuses violations des droits de l’homme, en particulier celles commises à l’encontre des enfants, dont elle a notamment dénoncé l’emploi accru dans les attentats-suicides.  La mobilisation des pays de la région doit donc se poursuivre, avec le soutien de la communauté internationale, a ajouté la représentante.

La responsabilité du Conseil de sécurité est d’apporter un soutien aux États africains qui s’unissent au niveau régional dans la lutte contre le terrorisme, a poursuivi Mme Gueguen.  À cet égard, a-t-elle ajouté, « la France joue pleinement son rôle », par le biais du soutien apporté par l’opération Barkhane dans les domaines logistique et du renseignement.  La France apporte en outre un soutien bilatéral aux armées de la région engagées dans lutte contre Boko Haram. 

Le soutien international va de pair avec certaines responsabilités, a souligné la représentante, qui a rappelé que la lutte contre le terrorisme ne saurait s’accompagner de violations des droits de l’homme, quelle qu’en soit la forme.  La France attend donc des pays membres de la Force multinationale mixte qu’ils agissent dans le plein respect du droit international. 

Mme Gueguen a également rappelé que la réponse à la crise dans la région du bassin du lac Tchad « ne peut être uniquement sécuritaire » mais avait aussi un aspect humanitaire, de protection des civils et de développement.  Rappelant l’ampleur des besoins humanitaires, elle a estimé que, pour être réellement efficace, l’action des Nations Unies ne pouvait venir qu’en soutien aux efforts des pays de la région, et a considéré comme « un pas important » le mécanisme tripartite mis en place par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Nigéria et le Cameroun. 

Elle s’est en outre dite très inquiète du risque de famine dans le nord-est du Nigéria du fait de l’instabilité générée par Boko Haram.  À cet égard, elle a rappelé qu’à la demande de la France, le Secrétaire général fera une présentation spécifique sur la question en octobre, lors de la présidence française du Conseil de sécurité. 

En conclusion, Mme Gueguen a estimé que la région du bassin du lac Tchad n’avait pas toujours reçu l’attention requise de la part de la communauté internationale.  Pour elle, la visite que le Conseil de sécurité a effectuée dans la région en mars dernier « a permis de commencer à réparer cette erreur » mais il importe que ce dossier « demeure une vraie priorité, dans la durée, du Conseil et de la communauté internationale ». 

M. WU HAITAO (Chine) a estimé que des mesures doivent être prises sur le plan humanitaire dans le bassin du lac Tchad, comme l’a fait son gouvernement par le biais de canaux bilatéraux et multilatéraux. 

Il s’est ensuite félicité des efforts déployés par les gouvernements de la région dans la lutte antiterroriste, notamment dans le cadre de la Force multinationale mixte, qui témoignent d’une appropriation des questions sécuritaires. 

Le représentant a ajouté qu’en conclusion, la communauté internationale devrait mieux aligner les priorités du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur celles de l’« Agenda 2063: L’Afrique que nous voulons ».

M. OLEKSIY ILNYTSKYI (Ukraine) a estimé que les Nations Unies doivent continuer à soutenir la Force multinationale mixte pour prévenir les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire qui pourraient être commises dans le contexte de ses opérations militaires.  Il s’est félicité des efforts déployés par les entités des Nations Unies pour élaborer un cadre politique de diligence voulue en matière des droits de l’homme.  Sans un tel instrument, a-t-il estimé, les pays du bassin du lac Tchad pourraient se heurter à d’autres obstacles dans leurs efforts de déradicalisation, de réintégration des anciens combattants de Boko Haram et de réconciliation.  Pour assurer une paix durable dans les zones débarrassées de Boko Haram, les gouvernements de la région, a poursuivi le représentant, doivent reconstruire les infrastructures vitales, rétablir l’autorité de l’État et garantir un accès illimité aux organisations humanitaires. 

Il a aussi souligné la nécessité pour les pays de la région d’honorer les engagements pris en faveur des personnes déplacées.  Il s’est en effet dit préoccupé par les informations selon lesquelles certains États continueraient à forcer ces personnes déplacées à revenir chez elles.  Le représentant a insisté sur le principe du retour volontaire, lequel se base sur les garanties de sécurité.  Le non-respect de ce principe contraindrait les déplacés et les réfugiés à des aller-retours déstabilisateurs pour toute la région.  Il est urgent, a poursuivi le représentant, que les pays de la région et la communauté internationale aident de toute urgence les 10,7 millions d’habitants du bassin du lac Tchad.  Il a conclu, en disant attendre avec intérêt la réflexion du Secrétaire général sur l’impact des changements climatiques et des problèmes écologiques sur la stabilité de la région. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a mentionné les efforts de son pays pour éliminer Boko Haram, un objectif qui est loin d’être atteint.  La réponse militaire ne suffira pas, a-t-elle dit.  Elle s’est engagée à ce que la situation dans le bassin du lac Tchad reste en bonne place dans l’ordre du jour du Conseil.  Ce dernier doit renforcer son action face à Boko Haram, a insisté la déléguée, en mentionnant les « centaines de civils » ayant trouvé la mort en raison de la « violence insensée » de Boko Haram. 

Elle a déclaré que les femmes et les filles étaient les premières victimes de la situation, avant de souligner la nécessité de protéger les droits de l’homme dans la région.  Elle a dénoncé « les tactiques inhumaines » consistant à ne faire aucune distinction entre les civils et les terroristes.  Elle a demandé au Secrétariat des « rapports de première main » sur les violations des droits de l’homme par toutes les parties dans la région, avant de plaider pour le retour des personnes déplacées dans la dignité et la sécurité.  Les retours non volontaires doivent être évités, a-t-elle dit. 

Enfin, la déléguée a affirmé que les États-Unis continueraient de soutenir les États de la région du lac Tchad et invité les États Membres à en faire de même. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a estimé que l’Accord tripartite pour le rapatriement volontaire des réfugiés nigérians vivant au Cameroun, signé par les gouvernements des deux pays et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) doit être mis en œuvre pour permettre le retour de ces populations dans leurs pays d’origine dans des conditions de sécurité acceptables. 

Par ailleurs, des investissements sont essentiels dans la fourniture des services sociaux et le développement des infrastructures, a plaidé le représentant.  Pour lui, la visite récente des membres du Conseil a montré la pertinence d’une approche régionale cohérente et intégrée pour répondre aux causes profondes de la crise.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour remédier à la violence insensée de Boko Haram.  Les retours des personnes déplacées doivent être volontaires et se faire dans la dignité, a-t-il affirmé. 

Il a dénoncé les violences sexuelles commises contre les filles et les femmes par Boko Haram, avant de demander une participation accrue des femmes dans la lutte contre ce groupe terroriste.  Il s’est dit inquiet des conséquences des changements climatiques sur le bassin du lac Tchad, telles que la pénurie d’eau et la sécheresse. 

Il a espéré que la conférence d’octobre, qui doit se tenir au Tchad, soit l’occasion de répondre aux causes profondes de la crise. 

Enfin, le délégué bolivien a jugé indispensable que les organisations régionales soient étroitement associées aux efforts visant à remédier à la crise, avant d’exhorter les partenaires internationaux à honorer leurs promesses vis-à-vis des pays de la région. 

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a dit que Boko Haram représentait une menace pour le bassin du lac Tchad avec des répercussions humanitaires dévastatrices à court terme et des effets socioéconomiques à long terme.  Il reste encore beaucoup à faire pour mettre en œuvre la résolution 2349 (2017) et stabiliser la région. 

Le représentant a appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord tripartite entre le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Cameroun et le Nigeria « qui est essentiel pour le retour sûr et digne des réfugiés ».  Le Japon étudie activement une aide humanitaire supplémentaire pour contrer l’insécurité alimentaire et l’urgence nutritionnelle, a assuré le délégué. 

L’investissement à long terme dans le développement socioéconomique est nécessaire pour un recouvrement précoce, a-t-il poursuivi.  « Nos efforts doivent assurer que l’expertise technique de l’ONU dans le développement et la consolidation de la paix est déployée de manière cohérente et efficace dans le bassin du lac Tchad », a indiqué M. Kawamura. 

Toutefois, il est clair que la détérioration de la situation économique augmente le risque d’enrôlement par les terroristes.  En outre, les effets à long terme des changements climatiques sur la stabilité socioéconomique de la région et des communautés doivent aussi être étudiés.  De même, il a souligné l’importance de renforcer la résilience de la communauté face à l’extrémisme violent de Boko Haram en luttant contre les causes de cette insurrection. 

Le représentant a mis l’accent sur la nécessité pour les acteurs d’intégrer l’analyse de genre dans leurs actions y compris en adoptant des approches sexospécifiques pour la protection et l’autonomisation des femmes et des filles victimes de Boko Haram ou celles qui étaient anciennement enrôlées par lui.  L’autonomisation des femmes et la promotion de leur rôle sont essentielles pour rebâtir la société ainsi que pour renforcer la résilience communautaire contre le terrorisme et l’extrémisme violent. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est alarmé du nombre de victimes faites par les attaques de Boko Haram, une organisation terroriste qu’il ne faut pas confondre avec une partie à un conflit.  Le représentant a également dénoncé l’emprise de la criminalité transnationale organisée dans la sous-région. 

Sur le plan humanitaire, la situation se détériore aussi, a-t-il observé, en raison de la réaffectation des ressources budgétaires par les gouvernements concernés aux opérations antiterroristes.  Il s’est félicité de l’intention du Secrétaire général d’élaborer une stratégie intégrée, qui devra aussi « cimenter » l’aide extérieure consentie en faveur du bassin du lac Tchad.  La Russie, a ajouté le délégué, poursuivra son action au niveau bilatéral et multilatéral. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a pris note des progrès accomplis dans la lutte contre Boko Haram, grâce à l’action résolue de la Force multinationale mixte.  Néanmoins, seule une approche intégrée visant à répondre aux causes profondes de la crise permettra son règlement durable, a-t-il dit.  Le délégué a précisé que les membres du Conseil de sécurité et du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) avaient abouti à la même conclusion lors de leur rencontre à Addis-Abeba, la semaine dernière. 

M. Alemu a estimé, à cet égard, que la récente initiative conjointe de l’Union africaine et la Commission du bassin du lac Tchad était un pas dans la bonne direction.  Le représentant éthiopien a exhorté l’ONU à redoubler d’efforts pour répondre à la crise humanitaire et à la question des personnes déplacées. 

Enfin, M. Alemu a demandé une plus grande coordination des efforts de l’UA et de l’ONU pour mieux répondre aux besoins des pays de la région et a exhorté les donateurs à honorer les engagements pris. 

M. MOHAMMED I. HAIDARA (Nigéria) a déclaré que l’insurrection de Boko Haram avait affecté pratiquement toutes les formes d’activités humaines, y compris l’économie et les conditions de vie de la population, non seulement dans le nord-est du Nigéria mais dans l’ensemble du pays.  Il a cependant ajouté que tant le Gouvernement que la population avaient fait preuve de résilience et de résolution. 

Le Gouvernement a ainsi fait d’importants progrès dans la lutte contre Boko Haram, a affirmé le représentant, qui a salué les succès de l’armée nigériane et ceux de la Force multinationale mixte, ainsi que la coopération des pays voisins. 

Le représentant a par ailleurs rappelé qu’il existait dans la région du bassin du lac Tchad d’autres défis, dont celui du rétrécissement du lac Tchad, qui devrait susciter une action de la communauté internationale. 

De même, le Gouvernement n’ignore pas les défis humanitaires posés par les déplacements massifs de populations du fait des activités de Boko Haram, les terres abandonnées ou encore la perturbation du système d’éducation.  Le Gouvernement a pris des mesures pour assurer la réintégration des victimes au sein de leurs communautés, a-t-il affirmé, en citant la mise en place d’un Comité présidentiel pour les interventions dans le nord-est. 

Le délégué a également rendu hommage au soutien apporté par les agences des Nations Unies aux jeunes filles enlevées par Boko Haram puis libérées.  Il a insisté sur les différents efforts des autorités nigérianes en faveur des personnes dans le besoin, ainsi que leurs engagements auprès des dirigeants religieux et communautaires pour qu’ils contribuent à décourager la radicalisation des jeunes les plus vulnérables. 

Il a également rappelé que la protection des civils dans les conflits armés relevait en premier lieu de la compétence des États dont ils dépendent. 

Enfin, le représentant a rappelé que son pays attendait de la communauté internationale et du Conseil de sécurité la poursuite d’un engagement en faveur d’une paix durable, de la protection des civils et de la résolution de la situation humanitaire dans la région. 

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