En cours au Siège de l'ONU

8051e séance – matin
CS/12996

Appuyant la volonté de réforme du Secrétaire général, le Conseil de sécurité souligne la nécessité d’opérations de paix de l’ONU plus efficaces

Le Conseil de sécurité a souligné, aujourd’hui, lors d’un débat public de haut niveau, en présence du Secrétaire général et d’une dizaine de chefs d’État et de gouvernement, l’importance d’assurer « une mise en œuvre et un suivi efficaces de la réforme des opérations de maintien de la paix », afin que celles-ci soient plus responsables, efficientes et transparentes et cessent, selon M. António Guterres, de « décevoir ».

En adoptant à l’unanimité de ses membres la résolution 2378 (2017), le Conseil de sécurité prie, à cette fin, le Secrétaire général, félicité pour sa volonté de réforme, de lui présenter tous les 12 mois un exposé complet sur la réforme de ces opérations, ainsi que des recommandations en vue de combler les lacunes en matière de constitution des forces et de capacités. 

Dans cette résolution, le Conseil juge nécessaire d’améliorer la planification des missions et de prendre de plus nombreux engagements en matière de capacités, tels que la fourniture « d’éléments habilitants, d’unités médicales et d’unités du génie et de déploiement rapide ».  Il appelle à donner suite aux engagements déjà pris par un certain nombre d’États Membres. 

De son côté, le Conseil se dit prêt à affiner les priorités desdites opérations, grâce à des consultations triangulaires plus étroites avec les pays contributeurs et le Secrétariat et un dialogue accru avec les pays hôtes.  Les forces de l’ONU devront en outre « prendre les mesures qui s’imposent » contre l’exploitation et la violence sexuelles. 

Répondant aux vœux exprimés par de nombreuses délégations, le Conseil se dit prêt à prendre des « mesures efficaces » pour resserrer les relations entre l’ONU et l’Union africaine (UA).  Il dit par ailleurs considérer la création d’un mécanisme pour que les opérations de paix dirigées par l’UA, autorisées par le Conseil, soient financées par des contributions au budget de l’ONU. 

« Au cours des prochains mois, nous allons progresser dans les réformes afin d’améliorer l’efficacité du maintien de la paix », a assuré le Secrétaire général, ouvrant le débat.  Il a convenu que ces opérations pouvaient être « à court de perspectives », en écho des mots du Vice-Président américain, M. Mike Pence, qui a affirmé que « lorsqu’une mission échoue, il faut la restructurer ». 

M. Guterres a indiqué qu’une revue des opérations de paix était en cours, afin qu’elles incarnent notamment mieux les valeurs de l’ONU.  Il s’est félicité de la mise en place par les États contributeurs d’un système de certification de leurs troupes s’agissant de l’exploitation et des violences sexuelles.  « C’est la priorité du Sénégal », a assuré le Président de ce pays, M. Macky Sall. 

Enfin, M. Guterres a demandé une réaffirmation du cadre de coopération ONU-Union africaine et exhorté le Conseil à renforcer son appui pour un financement prévisible des forces de l’UA déployées sur le continent. 

« Les propositions de réforme présentées par le nouveau Secrétaire général satisfont deux de nos principales préoccupations », a réagi l’ancien Président du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, M. José Ramos-Horta.

Pour l’ancien Président du Timor-Leste et prix Nobel de la paix, la gestion par un même département des opérations de maintien de la paix et des grandes missions politiques spéciales de terrain permettra d’apporter des réponses spécifiques adaptées au contexte. 

La création par M. Guterres de l’Unité de planification stratégique et de suivi était la réforme requise pour assurer les évaluations indépendantes des opérations, préconisées par le rapport* de 2015, a ajouté M. Ramos-Horta.

La question du financement des opérations de l’UA, qui, comme le rappelle la note de cadrage** distribuée par la Présidence éthiopienne, est « loin d’être réglée », a été au cœur des interventions de nombreuses délégations africaines. 

« C’est pour nous une question de justice », a estimé le Président de la Commission de l’UA, M. Moussa Faki Mahamat, tandis que le Premier Ministre éthiopien, M. Hailemariam Deselegn, a demandé à ce que « les sacrifices des Casques bleus soient appréciés à leur juste valeur ».  M. Mahamat a demandé l’adoption d’une résolution de principe sur cette question. 

« Les problèmes en Afrique ne sont pas seulement ceux des Africains », a-t-il déclaré, à l’instar du Premier Ministre italien, M. Paolo Gentiloni Silveri, tandis que M. Ramos-Horta s’est dit en faveur d’un tel financement.  De son côté, le Premier Ministre du Royaume-Uni, Mme Theresa May, a jugé intéressant l’engagement de l’UA à financer à hauteur de 25% ses propres opérations de paix.

La formulation des mandats par le Conseil a été un autre thème abordé, notamment par le Président égyptien, qui a accusé certains États Membres de s’en être accaparés « le monopole ».  Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, a, lui, demandé que les mandats prévoyant un recours à la force fassent l’objet d’un « calibrage très prudent ».

Le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, a observé que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) n’a pas de mandat de lutte antiterroriste, alors qu’elle dispose de moyens considérables, tandis qu’à l’inverse, la Force conjointe du G5 Sahel est dotée d’un tel mandat mais n’a pas les ressources nécessaires.  « Ce n’est pas une situation satisfaisante. »

* S/2015/446
** S/2017/766

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies: mise en œuvre et suivi

Lettre datée du 22 août 2017, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l’Éthiopie auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2017/766)

Texte du projet de résolution (S/2017/781)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et réaffirmant la responsabilité principale qui lui incombe en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1809 (2007) 2033 (2012) 2167 (2014), 2171 (2014), 2242 (2015) et 2320 (2016) ainsi que les déclarations de son président en date du 16 décembre 2014 (PRST/2014/27), du 25 novembre 2015 (S/PRST/2015/22) et du 31 décembre 2015 (S/PRST/2015/26),

Affirmant qu’une paix durable ne peut être réalisée ni maintenue uniquement au moyen d’interventions militaires et techniques, mais nécessite des règlements politiques, et fermement convaincu que de tels règlements devraient inspirer la conception et le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Soulignant l’importance du maintien de la paix comme l’outil le plus efficace dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant qu’il est résolu à renforcer le rôle central de l’Organisation des Nations Unies en matière de maintien de la paix et à veiller au bon fonctionnement du système de sécurité collective mis en place par la Charte des Nations Unies,

Réaffirmant également les principes fondamentaux du maintien de la paix, notamment le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, et considérant que le mandat de chaque mission de maintien de la paix doit être adapté aux besoins et à la situation du pays concerné, et qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise,

Soulignant qu’il attache une grande importance à la sûreté et la sécurité des Casques bleus sur le terrain et que le Secrétaire général et les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police doivent œuvrer de concert pour faire en sorte que tous les soldats de la paix sur le terrain soient aptes et prêts à s’acquitter efficacement de leur mandat dans des conditions de sécurité et disposent des moyens nécessaires à cette fin,

Saluant les engagements pris par plusieurs États Membres d’aider à combler les déficits de capacités constants et d’améliorer la prestation et les capacités du personnel en tenue et du personnel civil, lors de diverses réunions multilatérales tenues en 2015 et 2016, notamment lors du Sommet sur le maintien de la paix, convoqué à New York en septembre 2015, de la Réunion des ministres de la défense sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, tenue à Londres en septembre 2016, et de la Réunion ministérielle sur le maintien de la paix en environnement francophone, organisée à Paris en octobre 2016, et soulignant qu’il faut tenir ces engagements afin de contribuer à améliorer l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Rappelant le rapport du Secrétaire général intitulé « L’avenir des opérations de paix des Nations Unies : application des recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix » (A/70/357-S/2015/682) et les recommandations figurant dans le rapport du Groupe (A/70/95-S/2015/446), qui ont servi de base aux nouvelles décisions prises par les États Membres au Conseil de sécurité, à la Quatrième Commission et à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale et au Comité spécial des opérations de maintien de la paix,

Considérant que la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales en matière de maintien de la paix et de la sécurité, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, peut améliorer la sécurité collective,

Réaffirmant que la protection des civils est la responsabilité première des États sur l’ensemble de leur territoire tout en gardant à l’esprit le rôle important que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies jouent à cet égard, et également conscient du rôle que les organisations régionales et sous-régionales peuvent jouer dans la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants touchés par des conflits armés, ainsi que dans l’action menée pour prévenir la violence sexuelle et sexiste et y faire face durant les conflits armés et dans les situations d’après conflit,

Conscient du rôle essentiel des femmes dans les opérations de maintien de la paix, appuyant notamment le rôle crucial que celles-ci jouent dans toutes les initiatives de paix et de sécurité, y compris celles qui visent à prévenir et à régler les conflits et à en atténuer les effets, se félicitant des efforts faits pour accroître le nombre de femmes dans les composantes militaire et de police déployées dans les opérations de paix et de maintien de la paix des Nations Unies et rappelant sa résolution 2242 (2015) dans laquelle il avait émis ce souhait,

Réaffirmant son soutien à la politique de tolérance zéro adoptée par l’Organisation des Nations Unies à l’égard de toutes les formes d’exploitation et de violence sexuelles, et se félicitant des efforts que le Secrétaire général continue de déployer pour mettre en œuvre et renforcer cette politique,

Prenant note de la signature, le 19 avril 2017, du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité sur le continent africain par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine,

Prenant note également des efforts que continuent de déployer l’Union africaine et les organisations sous-régionales, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, pour renforcer leurs capacités et mener des opérations de soutien à la paix sur le continent, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, en particulier des activités menées par la Force africaine en attente et sa capacité de déploiement rapide,

Prenant note en outre du rapport du Secrétaire général sur les modalités possibles du processus d’autorisation des opérations de paix de l’Union africaine et de la fourniture d’un appui à ces opérations, soumis en application de sa résolution 2320 (2016), notamment des modèles de financement et de la proposition relative au dispositif consultatif conjoint de planification, de prise de décisions et de contrôle, présentée dans ledit rapport, et déclarant qu’il faut poursuivre ces travaux en consultation avec l’Union africaine,

Rappelant qu’il a encouragé l’Union africaine à mettre la dernière main aux dispositifs de déontologie et de discipline qui s’appliqueront à ses opérations de soutien à la paix de manière à améliorer l’application du principe de responsabilité, la transparence et le respect des dispositions applicables du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire ainsi que des normes de déontologie et de discipline de l’Organisation des Nations Unies, et soulignant que ces engagements sont importants et que lui-même se doit de superviser les opérations qu’il a autorisées en vertu de l’autorité qu’il tient du Chapitre VIII de la Charte,

Rappelant également l’engagement pris par la Conférence de l’Union africaine à sa vingt-quatrième session ordinaire, en janvier 2015, de financer 25 % du coût de ses initiatives de paix et de sécurité, notamment des opérations de soutien à la paix qui s’échelonneront sur une période de cinq ans, comme elle l’a réaffirmé à sa vingt-cinquième session ordinaire, tenue à Johannesburg en juillet 2015, soulignant de nouveau qu’il est essentiel que l’analyse et la planification se fassent de manière concertée avec l’Organisation des Nations Unies afin que les deux organisations élaborent des recommandations communes sur l’ampleur des éventuelles opérations de soutien à la paix et sur les incidences de ces opérations en termes de ressources, qu’il est essentiel d’évaluer l’action menée et d’effectuer des missions le cas échéant, ainsi que de faire régulièrement rapport sur ces mesures lorsqu’elles existent, et soulignant également qu’il importe d’appliquer strictement les dispositions et politiques des deux organisations en matière de respect des droits de l’homme, de déontologie et de discipline,

Tenant compte du rôle essentiel qui lui incombe dans le renforcement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et réaffirmant sa ferme volonté de continuer à examiner les recommandations pertinentes formulées par le Secrétaire général dans son rapport (A/70/357-S/2015/682) et leur mise en œuvre, selon que de besoin,

1.    Souligne que la primauté de la politique devrait être la clef de voûte de la stratégie de l’Organisation des Nations Unies en matière de règlement des conflits, qui doit être fondée notamment sur la médiation, le contrôle du respect des cessez-le-feu et la fourniture d’une aide pour l’application des accords de paix;

2.    Souligne également que la prévention des conflits demeure au premier chef la responsabilité des États et que les mesures prises par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la prévention des conflits devraient venir appuyer et compléter, comme il convient, l’action des gouvernements dans ce domaine;

3.    Réaffirme que les États sont tous tenus de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques, notamment par voie de négociation, d’enquête, de bons offices, de médiation, de conciliation, d’arbitrage et de règlement judiciaire, ou par tout autre moyen pacifique de leur choix;

4.    Se dit conscient que les bons offices du Secrétaire général peuvent faciliter le règlement des conflits, et engage ce dernier à continuer de recourir à la médiation pour aider à régler les conflits de manière pacifique, en travaillant en étroite concertation, selon que de besoin, avec les organisations régionales et sous-régionales concernées, notamment l’Union africaine;

5.    Estime qu’il importe au plus haut point d’améliorer la responsabilisation, la transparence, l’efficacité et l’efficience dans l’exécution des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment grâce à la poursuite de l’examen des recommandations pertinentes figurant dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix (A/70/95-S/2015/446) et des recommandations formulées à ce sujet par le Secrétaire général dans son rapport (A/70/357-S/2015/682), conformément aux procédures et mandats existants;

6.    Souligne qu’il importe de fournir avec rapidité et souplesse un appui aux missions en encourageant l’innovation en vue d’améliorer l’exécution et les résultats, le but étant d’accroître l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix;

7.    Se félicite de l’intention exprimée par le Secrétaire général d’entreprendre une réforme des opérations de maintien de la paix à la fois au Secrétariat et sur le terrain, et souligne qu’il faut continuer d’assurer la participation et de solliciter l’appui des États Membres afin de garantir la transparence de cette réforme;

8.    Prend note des initiatives du Secrétaire général visant à poursuivre la réforme structurelle du Secrétariat en vue de renforcer l’architecture de paix et de sécurité des Nations Unies, et engage le Secrétaire général à instaurer un dialogue à ce sujet avec le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et les Commissions compétentes;

9.    Souligne qu’il importe d’assurer une mise en œuvre et un suivi efficaces de la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies conformément aux procédures et mandats existants, et prie son groupe de travail créé conformément à la déclaration de son président en date du 31 janvier 2001 (S/PRST/2001/3) d’examiner les initiatives de réforme en étroite coopération avec les États Membres, notamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les pays hôtes;

10.   Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les 12 mois un exposé complet sur la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, qui sera suivi d’un débat, le prie également de lui fournir à cette occasion des informations actualisées sur les efforts qui continuent d’être déployés pour combler les lacunes existantes en matière de constitution des forces et de capacités ainsi que sur d’autres aspects indispensables pour que les opérations de maintien de la paix puissent faire convenablement et efficacement face aux problèmes liés à la paix et à la sécurité, et le prie en outre de lui présenter, dans les 90 jours suivant l’adoption de la présente résolution, des recommandations en vue de l’établissement d’un dispositif permettant de combler ces lacunes, y compris grâce à la mise en place d’une formation plus efficace et plus efficiente et à un renforcement des capacités;

11.   Souligne qu’il faut accroître l’efficacité générale des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en améliorant la planification des missions, en prenant de plus nombreux engagements en matière de capacités, notamment en ce qui concerne la fourniture de capacités spécialisées, d’éléments habilitants, d’unités médicales et d’unités du génie et de déploiement rapide, et en renforçant l’efficacité des opérations de maintien de la paix par le biais de la formation, et qu’il faut donner suite aux engagements pris par un certain nombre d’États Membres lors des diverses réunions multilatérales tenues en 2015 et 2016;

12.   Réaffirme qu’il est résolu à s’employer à affiner les priorités lorsqu’il évaluera les opérations de maintien de la paix, en définira les mandats et les examinera, notamment en tenant des consultations triangulaires plus étroites avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et le Secrétariat, en renforçant les mécanismes formels existants, en soulignant la responsabilité commune des parties de tenir des consultations constructives, ouvertes, actives et dynamiques et en améliorant le dialogue avec les pays hôtes, le but étant d’assurer l’exécution intégrale et efficace des mandats de maintien de la paix;

13.   Réaffirme également qu`’il continuera d’examiner les opérations de maintien de la paix afin d’assurer un maximum d’efficacité et d’efficience sur le terrain, et d’intensifier ces efforts en partenariat avec les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les autres parties intéressées, et prie le Secrétaire général de veiller à ce que les flux de données relatifs à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris ceux portant sur l’exécution de ces opérations, soient centralisés pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis;

14.   Réaffirme en outre son attachement à la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations et mécanismes régionaux et sous-régionaux dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, telle qu’elle est prévue au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, cette coopération pouvant améliorer la sécurité collective;

15.   Réaffirme sa volonté résolue de prendre des mesures efficaces pour resserrer encore les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies;

16.   Souligne qu’il importe d’accélérer la mise en œuvre opérationnelle de la Force africaine en attente et demande à l’Organisation des Nations Unies et aux États Membres de continuer d’aider, dans les limites des moyens existants, à améliorer l’état de préparation de la Force en tant que cadre global pour les opérations de soutien à la paix en Afrique, prie le Secrétaire général de rendre compte des progrès réalisés à cet égard dans son prochain rapport sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, et encourage le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine à collaborer en vue de renforcer l’Architecture africaine de paix et de sécurité en soutenant sa feuille de route et la feuille de route principale sur les mesures pratiques pour faire taire les armes et leurs plans de travail respectifs;

17.   Réaffirme qu’il incombe aux organisations régionales de mobiliser les ressources humaines, financières, logistiques et autres dont elles ont besoin et estime que des mécanismes de financement ponctuels et imprévisibles pour les opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine qui sont autorisées par le Conseil et conformes au Chapitre VIII de la Charte pourraient avoir une incidence sur l’efficacité de ces opérations;

18.   Fait part de son intention d’examiner plus avant les mesures pratiques à prendre et les conditions à remplir pour établir le mécanisme grâce auquel les opérations de soutien à la paix dirigées par l’Union africaine qui sont autorisées par le Conseil et placées sous son autorité conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies pourraient être financées en partie au moyen des contributions au budget de l’Organisation des Nations Unies au cas par cas, selon des normes et mécanismes établis d’un commun accord pour assurer une responsabilisation et un contrôle stratégiques et financiers, en tenant compte des travaux entrepris par le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et la Commission de l’Union africaine à cet égard, tout en reconnaissant la mise en place croissante d’opérations mandatées ou autorisées par l’Union africaine;

19.   Demande à nouveau au Secrétaire général, le cas échéant, de continuer à s’employer à améliorer les mesures visant à lutter contre toutes les formes de violence et d’exploitation des civils par des membres des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, exhorte les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police à prendre des mesures préventives et disciplinaires pour que les actes mettant en cause leur personnel fassent l’objet d’enquêtes en bonne et due forme et soient dûment sanctionnés, et demande de nouveau aux forces autres que les forces des Nations Unies agissant sous mandat du Conseil de sécurité de prendre les mesures qui s’imposent en vue de prévenir et de combattre l’impunité pour tous les actes d’exploitation et de violence sexuelles, d’amener les auteurs à répondre de tels actes et de rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation ou de violence sexuelles de manière généralisée ou systématique;

20.   Prie le Secrétaire général, agissant en concertation avec l’Union africaine, de présenter, dans son prochain rapport sur le renforcement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies et l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité en Afrique, et notamment sur les activités du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, un cadre régissant l’établissement des rapports, qui définirait clairement des voies de communication cohérentes et prévisibles entre le Secrétariat, la Commission et les deux Conseils, notamment en ce qui concerne la gestion fiduciaire et l’exécution des mandats, ainsi que des règles uniformes pour la communication des informations;

21.   Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a jugé que le maintien de la paix était un instrument très rentable, tout en admettant que les opérations de l’ONU pouvaient décevoir.  Elles peuvent être à court de perspectives et être inaptes à mettre un terme à des engagements de longue date, a-t-il noté. 

À cette aune, le Secrétaire général a souligné la nécessité de mieux réfléchir aux objectifs poursuivis par ces opérations et de mieux répondre aux attentes considérables qui pèsent sur celles-ci.  Ces attentes sont peut-être trop lourdes car les opérations de paix doivent répondre à l’urgence tout en veillant à la satisfaction de besoins de long terme, a dit M. Guterres. 

Le Secrétaire général a mentionné quatre changements principaux.  Il a tout d’abord indiqué que la primauté de la politique devait être la clef de voûte des stratégies poursuivies, les opérations de paix devant appuyer ces efforts politiques.  « Je m’emploie à renforcer au sein de l’ONU les liens entre la paix, la sécurité, les droits de l’homme et le développement », a-t-il dit. 

En second lieu, M. Guterres a souhaité que les opérations soient correctement équipées.  Il faut combler les lacunes recensées, afin que les opérations de paix puissent faire un meilleur travail, a-t-il dit. 

Troisièmement, ces opérations doivent incarner les valeurs de l’ONU, a poursuivi M. Guterres.  Il a insisté sur sa volonté d’éliminer l’exploitation et les abus sexuels et s’est félicité, à cet égard, de la mise en place par les États Membres contributeurs d’un système de certification de leurs troupes afin que celles-ci se montrent exemplaires.  La première Défenseure des droits des victimes vient d’être nommée, a-t-il en outre rappelé. 

Il a ensuite demandé une réaffirmation du cadre de coopération ONU-Union africaine et a exhorté le Conseil à renforcer son appui pour un financement prévisible des forces déployées sur le continent, telles que la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte chargée de la lutte contre Boko Haram. 

Il faut exploiter la complémentarité entre l’ONU et les organisations régionales au service de la paix, a-t-il lancé.

Au cours des prochains mois, « nous allons progresser dans ces réformes afin d’améliorer notre efficacité », a-t-il assuré. 

En conclusion, M. Guterres a indiqué qu’une revue des opérations de paix était en cours pour mieux répondre aux défis et aux besoins présents et futurs. 

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine (UA), s’est félicité du fait que le débat d’aujourd’hui donne une occasion de faire le point sur la question du financement des opérations mandatées ou autorisées de l’UA, à travers les contributions soumises à recouvrement des Nations Unies. 

Une avancée décisive et à court terme est une condition nécessaire du renforcement de la crédibilité du partenariat entre l’ONU et l’UA.  Aussi a-t-il réitéré la détermination de l’Union à aboutir à cette résolution de fond, qui reconnaît notre contribution à l’architecture globale de paix et de sécurité, en acceptant le principe que les opérations de soutien à la paix de l’Union africaine approuvées par ce Conseil de sécurité pourraient être soutenues au moyen de contributions soumises à recouvrement des Nations Unies.  « C’est pour nous une question de justice », a-t-il estimé.

« J’entends souvent dire, a poursuivi M. Mahamat, que l’architecture africaine de paix et de sécurité a pour ambition d’apporter des solutions africaines à des problèmes africains. »  « Il nous semble que les problèmes en Afrique ne sont pas seulement les problèmes des Africains », a-t-il dit, en soulignant que leurs causes ne sont pas uniquement endogènes de l’Afrique et que leurs conséquences n’affectent pas que les Africains. 

C’est la raison pour laquelle M. Mahamat a affirmé que l’architecture globale doit reconnaître concrètement les efforts de l’UA et de ses États membres, et ne pas se contenter d’arrangements ad hoc.  « Une résolution de principe sur la question du financement des opérations mandatées ou autorisées par l’Union africaine à travers les contributions soumises à recouvrement n’ouvrirait pas systématiquement l’accès aux ressources financières de l’ONU », s’est-il alarmé. 

Il reste entendu que les décisions spécifiques du Conseil de paix et de sécurité de l’UA sur l’octroi éventuel des mandats des opérations concernées seront assujetties à un processus concerté et conjoint d’analyse, d’évaluation, de planification et d’établissement de rapports qui sera conduit par les deux secrétariats des deux organisations, a toutefois ajouté M. Mahamat.

Selon lui, aucun argumentaire pertinent ne saurait justifier les manquements à convenir de cette résolution de principe.  Il ne s’agit pas pour l’Union africaine de remplir un cahier des charges imposé de l’extérieur, mais d’une « exigence éthique ». 

« Nous devons nous donner les moyens d’atteindre cet objectif et éviter la posture de confort qui consisterait à évoquer des manquements éventuels de part et d’autre pour ne pas adopter les décisions judicieusement inspirées par des situations dramatiques, comme celles récentes au Mali et en République centrafricaine », a déclaré le Président.  

La démarche de l’Union africaine sur le principe de l’utilisation des contributions soumises à recouvrement ne doit donc pas être perçue comme une quête.  « Il ne s’agit pas de charité, mais bien d’équité », a conclu M. Mahamat.

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, ancien Président du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, a rappelé que le rapport produit par le Groupe en 2015 avait été écrit par des femmes et hommes ayant une profonde expérience des opération de maintien de la paix et des missions politiques spéciales et après avoir consulté et entendu les recommandations de centaines de personnes: anciens militaires et policiers, responsables communautaires et militants vivant au milieu des conflits. 

Il a également pris note de la manière dont l’ancien Secrétaire général Ban Ki-moon avait accepté les recommandations des auteurs du rapport, des remarques faites à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité et des mesures déjà prises par le Secrétariat pour les appliquer.  Toutefois, a-t-il ajouté, l’essentiel des changements en faveur desquels le Groupe indépendant de haut niveau plaide reste à mettre en œuvre. 

Les examens des opérations de maintien de la paix, de l’architecture de consolidation de la paix  et de la mise en œuvre du programme en faveur des femmes et la paix et la sécurité, de même que le Sommet humanitaire mondial, convergent sur la nécessité cruciale d’une prévention des conflits plus efficaces et pour travailler en faveur d’une paix durable avant, pendant et après les conflits, a rappelé M. Ramos-Horta, qui a également estimé qu’aucun Secrétaire général n’avait autant plaidé en faveur de la prévention que M. Guterres. 

Le prix Nobel de la paix a rappelé que c’est aux dirigeants nationaux qu’il importe en premier lieu de prévenir les conflits et d’engager des médiations, alors que les Nations Unies devaient appuyer les partenaires au plan local ou régional.  Les Nations Unies doivent investir dans leurs propres capacités et ses fonctions essentielles doivent être financées sur le budget ordinaire de l’Organisation. 

M. Ramos-Horta a également rappelé que le Groupe indépendant avait été chargé par le précédent Secrétaire général d’examiner les « opérations de paix » et non les « opérations de maintien de la paix » seulement.  « Notre intention n’était pas de nous éloigner du concept d’opération de maintien de la paix, qui reste valide aux yeux du Groupe, mais de faire comprendre que l’actuelle distinction nette entre les opérations de maintien de la paix et d’importantes missions politiques spéciales de terrain devraient laisser la place à un continuum permettant d’assouplir les transitions entre différentes phases. » 

Il s’est félicité que M. Ban ait accepté la critique faite du dysfonctionnement provoqué par la division actuelle entre les départements concernés tout en laissant le soin de la restructuration à son successeur.

Les propositions de réforme présentées par le nouveau Secrétaire général satisfont deux des principales préoccupations du Groupe, a estimé M. Ramos-Horta.  Pour lui, la gestion par un même département des opérations de maintien de la paix et des grandes missions politiques spéciales de terrain permettra d’apporter des réponses spécifiques adaptées au contexte. 

La structure unique politico-opérationnelle proposée, placée sous la direction de sous-secrétaires généraux régionaux, permettra à la fois de dépasser les rivalités et doublons actuels, mais aussi de veiller à ce que les opérations de paix soient dessinées et gérées en fonction de leur contexte régional et en consultation plus étroite avec les organisations régionales pertinentes. 

M. Ramos-Horta a de même noté que le Conseil de sécurité avait demandé des examens approfondis individuels des différentes opérations de maintien de la paix, rappelant que le Groupe avait déjà préconisé un examen des missions de longue durée, afin de s’assurer de leur efficacité. 

Il s’est félicité de la création par M. Guterres de l’Unité de planification stratégique et de suivi, estimant que c’était la réforme requise pour assurer les évaluations indépendantes des opérations de maintien de la paix à des moments stratégiques, que préconise le rapport.

Rappelant que dans ses décisions mandatant des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité devrait toujours refléter le primat du politique, M. Ramos-Horta a dit espérer que le Conseil insistera davantage sur les stratégies politiques dans le cadre desquelles ces missions sont déployées. 

Constatant que certaines évaluations de missions avaient abouti à des réductions de moyens, il a rappelé que, tant le rapport de 2000 du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies, que dirigeait Lakhdar Brahimi, que le rapport Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix avaient insisté sur le fait que mandat, ressources, attentes et capacités devaient être compatibles pour qu’une opération de maintien de la paix ne soit pas condamnée à l’échec. 

M. Ramos-Horta a encore rappelé que son rapport avait mis l’accent sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales, notamment l’Union africaine.  Il s’est félicité de la signature, en avril, du Cadre conjoint ONU-UA pour le partenariat en matière de paix et de sécurité et a rappelé le soutien du rapport à un financement souple, durable et prévisible pour les opérations de paix, apporté au cas par cas et assuré sur le budget général de l’Organisation.

Le Groupe indépendant met l’accent sur une administration centrée sur le terrain, a rappelé M. Ramos-Horta, qui a jugé essentiel que le nouveau Secrétaire général, « un homme qui vient d’une agence de terrain », accorde une délégation d’autorité qu’il a jugée « absolument essentielle » à ceux qui décident et apportent les services sur le terrain. 

De même, selon lui, tant les changements dans la gestion que le soutien opérationnel qui serait apporté par un département unifié doivent être évalués strictement en fonction de leur impact sur le terrain.

Enfin, M. Ramos-Horta a estimé que le Secrétaire général était allé bien plus loin que les recommandations du Groupe indépendant dans son rapport en ce qui concerne la crédibilité morale des missions et les mesures prises pour lutter contre les abus sexuels.  Il a invité les États Membres à adhérer au pacte qu’il propose en ce sens.

M. HAILEMARIAM DESALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie, a souligné l’importance de la résolution qui vient d’être adoptée pour son pays, qui est l’un des principaux pays contributeurs de troupes.  Il s’est dit convaincu du rôle de premier plan que doit jouer le Conseil dans le suivi de la réforme des opérations de paix, en lien avec les pays contributeurs de troupes.  La réforme du maintien de la paix doit être une priorité, a-t-il dit. 

Rappelant la difficulté des environnements dans lesquels évoluent ces opérations, il a souligné l’importance des efforts visant à combler les lacunes dans leurs équipements.  Il a appuyé la volonté du Secrétaire général de réformer l’architecture de paix et de sécurité au sein du Secrétariat et sur le terrain, avant de plaider pour le renforcement des partenariats régionaux. 

Le Premier Ministre a demandé une meilleure répartition des responsabilités.  « Soyons francs, il y a des lacunes à combler et les sacrifices des Casques bleus doivent être appréciés à leur juste valeur. » 

Enfin, M. Desalegn a invité le Conseil à réfléchir à un mécanisme de financement des opérations de l’Union africaine approuvées par le Conseil.  Il en va de l’intérêt de tous, a-t-il conclu. 

M. MACKY SALL, Président du Sénégal, a constaté que les opérations de maintien de la paix de l’ONU continuent de se heurter à des défis politiques, sécuritaires, stratégiques et opérationnels, qui entravent la mise en œuvre de leurs mandats, en particulier la protection des civils. 

Les recommandations issues des rapports du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et du Secrétaire général sont « hardies », a-t-il estimé, en rappelant que le Conseil de sécurité doit s’atteler à leur mise en œuvre, dans la mesure où cet organe assume la responsabilité première dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. 

Un aspect sur lequel le Conseil devrait porter son attention est la « promotion des solutions pacifiques à travers des opérations de paix politiquement adaptées », a estimé le Chef de l’État.  Un engagement politique du Conseil avant le déploiement et pendant la durée des missions est nécessaire pour promouvoir un règlement politique des conflits, a ajouté M. Sall, pour qui le Conseil devrait également renforcer sa coopération avec les États voisins et les organisations régionales et sous-régionales concernées, en particulier l’Union africaine. 

Des mandats « plus clairs, réalistes et réalisables » doivent être élaborés par le Conseil en tenant compte d’environnements opérationnels difficiles, a-t-il recommandé.

« Une autre question fondamentale sur laquelle le Conseil de sécurité doit se pencher est celle du renforcement triangulaire entre cet organe, les pays contributeurs de troupes et de police et le Secrétariat », a estimé le Président. 

Pour sa part, le Sénégal, cinquième contributeur de troupes africain et neuvième au niveau mondial, a fait de la prévention et de la répression de l’exploitation et des abus sexuels un axe prioritaire dans la formation des personnels. 

En donnant une suite favorable à l’invitation du Secrétaire général de l’ONU à être membre du cercle des dirigeants pour la prévention des exploitations et abus sexuels, M. Sall a dit qu’il avait voulu réaffirmer son ferme engagement en faveur de la politique zéro à l’égard des actes d’inconduite. 

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a rappelé que l’histoire même du maintien de la paix était liée étroitement avec son pays, depuis le déploiement de la première mission de surveillance de la trêve en 1948 et de la première mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le Sinaï en 1956.  Aujourd’hui, l’Égypte figure parmi les 10 plus grands pays contributeurs de troupes et son personnel en tenue a toujours eu une conduite exemplaire.

M. Al Sisi a espéré que la réforme du maintien de la paix serait élargie pour intégrer une approche complète incluant la prévention des conflits, expliquant que le maintien de la paix ne devait pas être le seul outil.  Il ne doit pas être une option face à la diplomatie préventive, la médiation et les efforts de consolidation de la paix, ni à tout autre outil politique, économique ou social.  Il ne doit pas non plus être la réaction initiale à un conflit.

Le Président a prévenu que surcharger les opérations de maintien de la paix ne ferait qu’aller à leur perte et saper leur crédibilité.  Au nom de cette crédibilité, il a voulu qu’on utilise à leur maximum les outils et les ressources disponibles, et notamment les opérations de maintien de la paix.

Ces trois dernières années, a-t-il rappelé, l’Égypte n’a cessé d’appeler à suivre une nouvelle approche stratégique pour apporter une réponse à un conflit qui s’inscrive dans la continuité.  C’est une vision que partagent de nombreux pays, ainsi que le Secrétaire général lui-même, a-t-il relevé.

Le Président a ensuite prôné la recherche en priorité d’une solution aux conflits, plutôt que de chercher à « gérer » ceux-ci.  Il a pris pour exemple les conflits dans la région arabe et sur le continent africain, qui redémarrent à cause de questions non résolues.

Les opérations de maintien de la paix ne devraient pas se substituer au rôle des gouvernements et des institutions des pays concernés, a poursuivi le Président.  Ces opérations ne doivent pas devenir des mécanismes de tutelle, a-t-il estimé en se basant sur les échecs passés lorsqu’on avait voulu imposer des « modèles » de systèmes politiques à certains pays. 

Il a invité à ne pas ignorer la responsabilité des pays hôtes de protéger leurs citoyens, et, dès lors, de prévoir des mandats de missions qui reflètent les priorités et les besoins des pays.

« Je vais être franc avec vous », a annoncé M. Al Sisi: « Les tentatives de certains États Membres de monopoliser la formulation des mandats, sans prendre en compte les préoccupations des pays fournisseurs de troupes, ne contribuent pas au succès des missions de maintien de la paix. » 

Expliquant que l’absence de consultations significatives avec les pays fournisseurs de troupes se fait au détriment de la mise en œuvre des mandats, il a appelé le Conseil à soutenir la création d’un mécanisme consultatif triangulaire entre les parties prenantes – le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de troupes.

Enfin, le Président Al Sisi a insisté sur le rôle que doivent jouer les organisations régionales pour maintenir la paix et la sécurité internationales, selon le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, citant en particulier l’Union africaine qui donne un modèle de partenariat avec les Nations Unies. 

Il a souhaité que cette coopération se développe afin d’utiliser les avantages de chacun, d’autant plus que l’ONU essaye de maximiser l’utilisation de ses ressources.  L’ONU doit aussi, à son avis, développer ses partenariats avec les autres organisations régionales, notamment la Ligue des États arabes.

M. PETRO POROSHENKO, Président de l’Ukraine, a estimé, « dans un monde imprévisible et de moins en moins sûr », que la réforme des opérations de paix de l’ONU était des plus nécessaires.  Il a déploré le caractère lacunaire de l’examen des opérations de paix, avant de saluer la volonté de réforme du Secrétaire général.  Il faut passer du maintien de la paix traditionnel à un maintien de la paix « intelligent », a affirmé M. Poroshenko. 

Le Président s’est ensuite félicité de l’apport de son pays à ces opérations, « un apport qui n’a pas cessé, même au plus fort de l’attaque armée lancée contre mon pays par la Fédération de Russie ».  Des faits indéniables montrent que la Russie organise et parraine des éléments terroristes dans la région du Donbass, a-t-il dit.  Il a ajouté que l’agression russe avait conduit à la mort de plus de 10 000 personnes. 

« Ma requête, formulée en 2015, pour le déploiement d’une opération de paix en Ukraine a gagné en urgence », a poursuivi le Président, en notant que la situation dans le Donbass ne s’améliore pas.  « Si une tragédie de cette échelle ne demande pas la présence de l’ONU, alors quelle situation l’exige? » s’est-il interrogé. 

Il a donc réitéré sa demande au Conseil de sécurité de déployer des Casques bleus dans le Donbass, « le plus rapidement étant le mieux ».  Le Président a indiqué, à ce titre, qu’un maintien de la paix efficace passait par un retrait inconditionnel de tous les éléments étrangers de son pays.  « Le déploiement d’une opération de maintien de la paix de l’ONU doit restaurer la justice plutôt que de geler un conflit et de cimenter l’occupation. »

En conclusion, il a exhorté le Secrétaire général à envoyer une mission d’évaluation technique en Ukraine, chargée d’évaluer la situation globale sur le terrain. 

M. MICHAEL R. PENCE, Vice-Président des États-Unis, a déclaré que chaque pays doit accorder une priorité à lui-même, tout en étant solidaire de ses partenaires.  Il a plaidé pour une réforme en profondeur du Conseil de sécurité, qui doit en faire davantage pour faire respecter ses décisions, donner la priorité à la recherche de solutions politiques et élaborer des stratégies de sortie pour ses opérations de maintien de la paix. 

« Lorsqu’une mission réussit, il ne faut pas la prolonger indument, lorsqu’elle échoue, il faut la restructurer », a estimé M. Pence.  Rappelant que cette Organisation avait été bâtie sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, il a déclaré qu’il n’est pas suffisant de « contrôler les fous qui veulent dominer le monde », il faut mettre en place un ensemble de nations basées sur la paix et la justice.

Mais le maintien de la paix signifie une action, « il faut agir face aux menaces de chaos ».  Dans l’est de l’Europe, la Fédération de Russie continue de violer le principe de l’intégrité territoriale des États, a-t-il dénoncé, en s’alarmant aussi que les organisations terroristes continuent de frapper au cœur de l’Europe, tandis que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) menace la stabilité de la péninsule coréenne. 

Le régime de Pyongyang est une menace pour le monde entier, a martelé le Vice-Président.  Les États-Unis sont heureux de voir que deux résolutions renforçant le régime de sanctions imposées à la RPDC ont été adoptées, s’est-il félicité.  Si nous sommes obligés de nous défendre, « nous le ferons avec une puissance militaire écrasante », a averti M. Pence.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité doit en faire davantage pour promouvoir la cause des droits de l’homme, a estimé le Vice-Président américain, en affirmant que certains des régimes les plus menaçants du monde étaient aussi ceux qui répriment le plus leur propre population. 

Aujourd’hui, le Conseil des droits de l’homme attirerait, selon lui, les régimes qui violent le plus ouvertement les résolutions des Nations Unies, transformant cet organe en véritable « forum de l’antisémitisme », comme en témoignerait l’inscription à son ordre du jour de toutes ses réunions de la situation en Israël.

Le Vice-Président s’est ensuite lancé dans une dénonciation des violences contre les Rohingya au Myanmar, précisant que le Secrétaire d’État, M. Rex Tillerson, a parlé hier de cette situation avec la dirigeante du Myanmar Aung San Suu Kyi, lui demandant de prendre en compte la problématique des droits de l’homme.  « À moins que la violence ne cesse et la justice ne soit rétablie, les graines du chaos seront semées dans la région pour les générations à venir », a prévenu M. Pence. 

« Si les hommes de bonne volonté ne font pas face aux hommes mauvais, les forces de la destruction ne feront qu’acquérir davantage de pouvoir », a prévenu le Vice-Président des États-Unis en conclusion.

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a rendu un vibrant hommage à Zaida Catalàn, une experte suédoise de l’ONU qui a été récemment tuée alors qu’elle remplissait sa mission en République démocratique du Congo (RDC).  De même, il a salué le courage et le dévouement de tous ces hommes et de ces femmes qui risquent leur vie dans les opérations de maintien de la paix pilotées par l’ONU.

À cette occasion, il a souligné les trois dimensions importantes qui, selon lui, doivent garantir le succès de l’action de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix au XXIe siècle.

En premier lieu, il considère qu’il faut non seulement traiter les racines des conflits, mais aussi répondre assez tôt à ceux qui émergent pour éviter qu’ils ne dégénèrent.

Deuxièmement, le Premier Ministre, qui a rappelé que, depuis 1948, son pays avait engagé 80 000 soldats de la paix dans des opérations de maintien de la paix, principalement en Afrique, a souligné l’importance de renforcer les partenariats.  Citant en exemple ceux conclus entre les Nations Unies et l’Union africaine, ou avec l’Union européenne, il a insisté sur le rôle essentiel que jouent ces actions conjointes entreprises avec les organisations régionales dans le succès ou l’échec des opérations de maintien de la paix.

Enfin, M. Löfven a plaidé pour que l’ONU tire parti des leçons apprises au cours des précédentes opérations de maintien de la paix afin d’améliorer ses missions dans l’avenir.  Entre autres enseignements, il a relevé la nécessité de définir des mandats réalistes et flexibles, mais aussi de travailler en bonne intelligence en partageant les ressources.

M. PAOLO GENTILONI SILVERI, Premier Ministre de l’Italie, a estimé que le thème de la séance du Conseil de sécurité touchait à la réputation même de l’ONU.  « Nous souhaitons que des mesures concrètes soient mises en œuvre pour réformer les opérations de paix de l’ONU », a-t-il dit, avant d’évoquer la contribution de son pays à ces opérations. 

Il a jugé essentiel d’adopter une politique de tolérance zéro dans la lutte contre l’exploitation et les violences sexuelles.  Il en va de la crédibilité de l’ONU, a affirmé M. Gentiloni Silveri. 

Il a ensuite salué le déploiement de la Force conjointe du G5 Sahel, ainsi que l’ébauche d’un partenariat stratégique entre l’ONU et l’Union africaine.  « Les problèmes africains sont également nos problèmes », a-t-il dit.  

Il a mis l’accent sur l’importance d’un financement onusien des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, autorisées par le Conseil de sécurité.  Le Premier Ministre a également demandé que les opérations soient mieux équipées pour répondre à la destruction de biens culturels. 

Les engagements pris dans le domaine du maintien de la paix doivent être honorés, a affirmé M. Gentiloni Silveri, tout en concédant l’importance des considérations budgétaires. 

Le Premier Ministre italien a exhorté la communauté internationale à répondre de manière efficace aux défis les plus urgents dans le domaine du maintien de la paix.  « C’est une tâche qui nous incombe à tous », a conclu M. Gentiloni Silveri. 

Mme THERESA MAY, Premier Ministre du Royaume-Uni, a partagé la vision du Secrétaire général de l’ONU, qui souhaite que la prévention des conflits devienne une priorité de l’Organisation et du Conseil de sécurité.  Mais ce dernier doit être en mesure de faire respecter ses propres décisions, a-t-elle souligné. 

Mme May a cité ainsi l’exemple de la situation au Soudan du Sud, où « une crise a éclaté il y a cinq ans alors que le pays en a six d’existence ».  Par ailleurs, davantage de matériel doit être mis à la disposition des Casques bleus pour qu’ils s’acquittent plus efficacement de leurs mandats, lesquels doivent être élaborés de manière plus réaliste, a préconisé Mme May, en plaidant aussi pour des ressources plus importantes.  

S’agissant de l’opérationnalisation de la force, des contingents en nombre suffisant doivent être prêts à être déployés.  C’est la raison pour laquelle le Royaume-Uni et la France organiseront une séance conjointe sur cette question le mois prochain, a annoncé le Premier Ministre, en affirmant qu’il faut donner aux opérations de paix un pouvoir de décision adapté. 

Enfin, Mme May a salué le partenariat entre l’Union africaine et l’ONU, soulignant qu’il faudrait le rendre plus efficace.  Elle a dit trouver intéressant l’engagement de l’UA à financer à hauteur de 25% ses propres opérations de paix, souhaitant en discuter davantage.

M. WANG YI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a rappelé que la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État et la recherche d’un règlement pacifique étaient les principes directeurs des efforts dans le domaine du maintien de la paix. 

Toute réforme des opérations de maintien de la paix de l’ONU devra en outre ménager une place plus importante aux organisations régionales, a-t-il dit.  Le Ministre des affaires étrangères chinois a ensuite évoqué les difficultés rencontrées par de nombreux pays africains dans le maintien de la paix et demandé qu’un appui accru leur soit apporté. 

Il faut renforcer les capacités des opérations et mieux répondre aux préoccupations des pays africains, a-t-il déclaré, avant d’évoquer le prêt, par son pays, d’éléments habilitants à ces missions.  Le Ministre a en outre appuyé la proposition de l’Union africaine s’agissant du financement des opérations de maintien de paix de cette dernière autorisées par le Conseil. 

Enfin, il a rappelé que son pays était le deuxième plus important contributeur aux opérations de maintien de la paix.  Si la paix est difficile à trouver et à préserver, la Chine ne cessera d’œuvrer pour y parvenir, a-t-il conclu.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a estimé que la réforme des opérations de maintien de la paix devait avant tout garantir le respect des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.  « Cependant, les États sont obligés de remplir leur responsabilité légale, morale et politique de garantir la protection des civils », a-t-il ajouté.

Aux yeux du Ministre, les nouvelles approches en matière de maintien et consolidation de la paix doivent se baser sur des mandats « clairs et réalistes », assortis de personnels, d’équipements et de ressources « de qualité ». 

M. Abdrakhmanov a également appelé le Conseil de sécurité à travailler en étroite collaboration avec la Commission de consolidation de la paix (CCP) et le Fonds pour la consolidation de la paix, afin de renforcer le lien entre sécurité et développement, au moyen de « financements prévisibles durables et à long terme ». 

Selon lui, le Conseil doit également interagir davantage avec l’Assemblée générale, le Conseil économique et social (ECOSOC), le système des Nations Unies et les organisations régionales, dans le cadre de ses prises de décisions.

Plébiscitant le déploiement de forces régionales hybrides, à l’instar de la Force multinationale mixte (FMM) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), le Ministre a estimé qu’il convenait de renforcer ce type de coopération. 

Enfin, M. Abdrakhmanov a appelé au strict respect de la politique de tolérance zéro en vigueur dans les cas d’exploitation et d’atteintes sexuelles commises par des personnels onusiens. 

Il a également estimé que la perspective des femmes et des jeunes devait être mieux prise en compte dans la planification des missions et que davantage de femmes devraient être déployées sur le terrain. 

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre des affaires étrangères de la France, a souhaité ne pas tomber dans une « critique facile » des opérations de maintien de la paix, dans la mesure où certains progrès ont été accomplis au fil des années.  Cependant, il a reconnu que des changements sont nécessaires.  Ainsi, il est parfois difficile d’envisager la fin de certaines opérations de maintien de la paix, comme c’est le cas en République démocratique du Congo (RDC), où l’une d’entre elles est déployée depuis 18 ans.  

L’autre écueil, c’est celui de la « tentation de la substitution », tant la présence de Casques bleus ne garantit plus le retour à la sécurité.  Aussi faut-il orienter notre réflexion dans deux directions. 

La première consiste à renforcer la capacité des États concernés: assortie d’un processus politique crédible, c’est la clef d’une sécurité durable, a affirmé M. Le Drian.  « C’est ce que nous avons voulu faire en soutenant la Force conjointe du G5 Sahel », a expliqué le chef de la diplomatie française. 

La deuxième direction, c’est de trouver des outils adaptés à l’évolution des menaces et des crises.  Ainsi, a-t-il observé à titre d’exemple, « au Mali, nous avons la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), qui est placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, mais qui n’a pas de mandat de lutte antiterroriste ». 

Enfin, a préconisé le Ministre, « nous devons accompagner la montée en puissance des partenaires régionaux ».

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a demandé l’adaptation du maintien de la paix onusien aux réalités du terrain.  Il faut surmonter la fragmentation actuelle et élaborer des documents normatifs sur la base de documents factuels rigoureux, a-t-il affirmé.  M. Lavrov a défendu la primauté d’une approche politique dans le règlement des conflits et rappelé que les Casques bleus devaient être déployés avec l’accord des pays hôtes. 

Il a plaidé la prudence dans le renforcement des mandats, en rappelant que la force ne pouvait être utilisée par les Casques bleus qu’aux fins de légitime défense et de protection des civils.  Les responsabilités supplémentaires conférées à ce titre à la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) ne sont pas convaincantes, a-t-il poursuivi.  « Les mandats prévoyant un recours à la force doivent faire l’objet d’un calibrage très prudent. »

Le Ministre a ensuite évoqué la « question à la mode » des renseignements liés au maintien de la paix.  Il a souligné la nécessité de préserver la confidentialité des informations recueillies, en mettant en garde contre une interprétation trop souple de cette notion de renseignements.  Toute collecte d’informations doit se faire avec l’aval du pays hôte et concourir à la protection des Casques bleus et des civils, a-t-il déclaré.

M. Lavrov a loué les succès engrangés par les Africains dans le maintien de la paix et souligné l’importance d’apporter des « solutions africaines aux défis africains ».  Il a lancé que les difficultés rencontrées par ces pays dans le maintien de la paix avaient été aggravées par « l’aventurisme des pays occidentaux », en particulier en Libye.  Il a souhaité que l’appui financier demandé par les pays africains soit étudié avec attention. 

Enfin, M. Lavrov a évoqué la coopération entre l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le sud-est de l’Ukraine et rappelé que ladite coopération visait à la « pleine mise en œuvre des accords de Minsk « agréés par tous ».

M. TARO KONO, Ministre des affaires étrangères du Japon, a fait valoir l’engagement de son pays dans les opérations de maintien de la paix menées par l’ONU.  Au cours des 25 dernières années, le Japon a déployé 12 500 de ses ressortissants dans le cadre de 27 opérations notamment au Cambodge, sur le plateau du Golan, au Timor-Leste ou encore en Haïti, a-t-il rappelé.

Fort de cet engagement, le Japon, assure-t-il, appuie la résolution du Conseil de sécurité adoptée en début de séance et contribuera à la mettre en œuvre, ce texte constituant, a-t-il estimé, un « moteur puissant pour favoriser nos efforts de réforme ». 

Parmi ces réformes, il a insisté sur l’importance du renforcement des capacités et de la formation.  « Il faut réduire le fossé qui sépare les besoins sur le terrain et les capacités et les équipements dont disposent les Casques Bleus », explique-t-il.

Rappelant que le Japon avait toujours été un solide partenaire des Nations Unies dans le cadre de son projet de déploiement rapide de capacités d’ingénierie en Afrique, le chef de la diplomatie japonaise a insisté sur la nécessité d’une étroite coopération entre les opérations de maintien de la paix elles-mêmes et la Division des opérations d’appui à la paix de l’Union africaine. 

Le Ministre a également insisté sur la nécessité pour les Nations Unies et les États Membres de coordonner de manière cohérente leurs activités de renforcement des capacités.  Le Japon, a-t-il précisé, a tenu sur ce sujet, le mois dernier, une conférence à laquelle ont participé des responsables d’une trentaine de pays. 

M. Kono a conclu en soulignant l’importance du rôle des femmes dans les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Les femmes et les enfants étant les premières victimes dans la plupart des conflits, le personnel féminin demeure, selon lui, un atout indispensable dans le cadre de ces missions puisqu’il permet de leur apporter le soutien approprié et de répondre à leurs besoins spécifiques.  Quant aux civils, M. Kono compte augmenter leur nombre dans les missions de maintien de la paix en améliorant la formation des jeunes.

En dépit de sa taille modeste, son pays a déployé plus de 43 800 personnels au total au sein de plus de 20 opérations de maintien de la paix de l’ONU à travers le monde, a rappelé M. ENRIQUE LOEDEL, Vice-Ministre chargé des affaires politiques du Ministère des affaires étrangères de l’Uruguay, de sorte que celui-ci figure parmi les 20 premiers contributeurs de troupes au monde.

Dans ce cadre, le représentant a exprimé son soutien envers la réforme des opérations de maintien de la paix, destinée à les rendre plus efficaces et mieux à même de remplir leur mandat.  « Pour cela, nous devons garder à l’esprit que les décisions budgétaires et politiques doivent toujours aller de pair, et ce, afin d’éviter que les unes ou les autres ne puissent rendre un mandat irréalisable », a-t-il mis en garde.

M. Loedel a jugé important que le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix et le rapport du Secrétaire général sur l’application des recommandations du Groupe demeurent les deux principaux piliers du processus de réforme actuel.  Il a par conséquent appelé à poursuivre la mise en œuvre des recommandations préconisées dans ces deux rapports.

Pour garantir le succès des missions, le représentant a souligné l’importance qu’il y avait à maintenir l’unité au sein du Conseil de sécurité, ainsi qu’à mettre en place des opérations « plus flexibles et adaptables », dotées de « mandats clairs », assortis de ressources « adaptées ». 

Il a également appelé à faire en sorte qu’aucun État, tout particulièrement ceux participants à une opération de maintien de la paix, ne fasse obstacle à la réalisation d’une mission créée par le Conseil.

M. Loedel a estimé que les pays contributeurs de troupes devaient tout faire pour équiper leurs personnels de façon appropriée et les préparer à la complexité des tâches à accomplir, afin d’éviter les défaillances dans la chaîne de commandement, la désobéissance aux ordres, les manquements dans la protection des civils et la pénurie d’équipements. 

Le délégué a enfin réaffirmé l’importance du Comité des 34 dans la mise en œuvre de la réforme des opérations de maintien de la paix.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déclaré qu’en accord avec le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies et du rapport du Secrétaire général de 2015, la réforme des opérations de maintien de la paix doit s’appuyer sur trois « piliers », soit la prévention, la médiation, ainsi que des alliances régionales et internationales plus étroites. 

La Bolivie, a expliqué le représentant, prône le dialogue et la négociation comme mécanismes de prévention et de résolution pacifique des conflits.  Selon lui, l’approche préventive doit être au cœur des mandats des opérations de maintien de la paix de l’ONU. 

En outre, une étroite collaboration avec les organisations régionales et sous-régionales est nécessaire, notamment avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui ont joué un rôle important dans la prévention et la résolution de conflits. 

En outre, le financement des opérations de maintien de la paix doit être durable, prévisible et flexible, a poursuivi le représentant, afin de permettre une plus grande autonomie des Nations Unies face aux pays contributeurs, qui peuvent user de leur influence pour favoriser leurs propres objectifs.

De plus, les pays hôtes doivent être consultés avant tout déploiement, dans le cadre d’une évaluation stratégique conjointe avec l’Union africaine. 

Le représentant a insisté sur l’importance de mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  Les femmes, a-t-il expliqué, ont un rôle important à jouer dans la prévention et la médiation, ainsi que dans la reconstruction après conflit, notamment dans le domaine de la réintégration économique et sociale. 

S’agissant de la violence sexuelle, la Bolivie a réitéré son appui à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général et à son programme d’action contre l’exploitation et les abus sexuels. 

M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que certaines des menaces à la paix en Afrique étaient peut-être spécifiques au continent mais que d’autres, comme le terrorisme et l’extrémisme violent, étaient des phénomènes mondiaux dont les implications dépassent les frontières.  Dès lors, a-t-il affirmé, les Nations Unies ont l’obligation de soutenir les initiatives régionales de paix entreprises en application du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

M. Zuma s’est félicité des progrès importants réalisés dans la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine (UA) et notamment de la signature, le 19 avril, du Cadre conjoint ONU-UA pour un partenariat renforcé dans le domaine de la paix et de la sécurité. 

Il y a eu une claire démonstration que la résolution des défis à la paix et la sécurité en Afrique ne peut être confiée à la seule Union africaine, du fait de leur complexité et de leurs implications.

M. Zuma a ensuite plaidé en faveur d’un financement prévisible, souple et durable des opérations de paix de l’Union africaine autorisées par le Conseil de sécurité. 

Il s’est dit conscient des réticences de certains membres du Conseil à accepter l’utilisation du budget ordinaire des Nations Unies pour un tel financement mais a estimé que, du moment que l’Union africaine intervient dans un conflit ou une crise sur la base d’une autorisation donnée par le Conseil, elle agit donc au nom des Nations Unies et celles-ci ont le devoir de fournir des ressources fondées sur les contributions obligatoires versées par les États Membres au budget ordinaire. 

À cet égard, M. Zuma s’est félicité des différents modèles de financement présentés par le Secrétaire général et a relevé qu’en sus des quatre options présentées, ce dernier avait recommandé au Conseil de sécurité d’approuver le principe d’une option de financement impliquant un budget commun ONU-Union africaine. 

Pour l’Afrique du Sud, le Conseil de sécurité devrait examiner le recours à l’une ou l’autre option au cas par cas, mais aussi en fonction des succès ou échecs déjà enregistrés pour chacune d’entre elles. 

De manière plus générale, il a estimé que les Nations Unies pouvaient faire davantage sur la question du financement des opérations de la paix de l’Union africaine, notamment au regard des importants sacrifices humains consentis par le continent. 

Le Président a également réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’une revitalisation permanente du Fonds pour la paix et son soutien aux trois secteurs qu’il doit financer, tout en estimant que celui de la diplomatie préventive et la médiation devait être la priorité. 

M. Zuma a également rappelé le soutien de l’Afrique du Sud au programme de l’Union africaine visant à faire taire les armes sur le continent d’ici à 2020.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a placé son espoir dans la réforme proposée par le Secrétaire général qui, selon elle, devrait aboutir à rendre l’ONU plus efficace en mettant clairement l’accent sur la prévention des conflits et la médiation.  Elle a plaidé en faveur d’opérations de maintien de la paix dont les objectifs soient concrets et qui prévoient des stratégies de sortie.  Il faut que les opérations soient souples dès leur conception, a-t-elle recommandé, expliquant que les environnements étaient toujours instables. 

La Présidente a recommandé de mettre en œuvre les recommandations qui remontent des entités présentes sur le terrain en vue d’adapter les opérations aux environnements changeants.  Cela permet aussi de motiver les personnes qui travaillent sur place et de créer un circuit positif d’adaptation. 

Mme Kaljulaid a jugé essentiels les partenariats avec les organisations régionales, les gouvernements hôtes et les communautés locales.  Par ailleurs, elle a conseillé de compléter les opérations de maintien de la paix par des activités visant à améliorer les conditions de vie des populations touchées, notamment par le biais de projets qui aboutissent à créer des emplois et à fournir des services sociaux de base au cours de la phase d’après conflit.

Pour la Présidente, « nous ne pouvons arriver à une paix durable que si nous avons une compréhension large des conflits et de leurs causes profondes ».  Elle a dès lors regretté que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) soit dépouillée de son Groupe de centralisation du renseignement.

Enfin, elle a insisté sur la protection des enfants dans les régions où opèrent les missions, ainsi que sur la participation des femmes à la paix et à la sécurité.  Pour finir, elle a rappelé l’importance de la communication pour partager les objectifs et les résultats des missions.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a estimé que, pour être couronnée de succès, la réforme des opérations de maintien de la paix devait bénéficier d’un « soutien politique fort et collectif ».  Pour parvenir à générer ce soutien, le Vice-Président a appelé à renforcer le partenariat entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat, les pays hôtes et les pays contributeurs de troupes.

M. Kalla a également insisté sur la nécessité de traduire en actes les recommandations formulées dans le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, ainsi que d’intégrer davantage les actions diplomatiques, de médiation et de consolidation de la paix.

« La réforme doit refléter les besoins réels des soldats de la paix sur le terrain », a par ailleurs déclaré le représentant, soulignant que l’augmentation des capacités des personnels déployés était un élément essentiel.  Cela passe, a-t-il ajouté, par une standardisation des savoirs et des formations innovantes, mais aussi, au-delà de la professionnalisation des personnels, par la promotion du rôle des femmes dans le maintien de la paix.

M. Kalla a enfin estimé que l’ONU devait renforcer ses partenariats avec les organisations régionales, telles que l’Union africaine (UA) et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), dont son pays fait partie.

M. KRISHNA BAHADUR MAHARA, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Népal, a déclaré que les opérations de maintien de la paix ne sauraient remplacer les règlements négociés.  Le Népal a toujours été un partenaire de ces opérations, étant actuellement le sixième plus gros fournisseur de contingents, a-t-il rappelé.  Il a plaidé pour que la réforme du maintien de la paix s’inscrive dans la durée et pour que toutes les parties fassent preuve de solidarité dans la mise en œuvre des mandats.

De l’avis du Ministre, les Nations Unies devraient renforcer les capacités des gouvernements nationaux pour assurer la consolidation et la pérennisation de la paix, en veillant à l’affectation de ressources suffisantes. 

Il a ensuite insisté sur l’importance de la protection des civils, avant de parler du moral des troupes auquel il faut veiller. 

Il a conclu son intervention en réaffirmant l’engagement du Népal en faveur du programme de réforme des opérations de maintien de la paix.

Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, qui s’exprimait aussi au nom de l’Éthiopie et de la République de Corée, a rappelé que ces trois pays avaient formé un groupe des amis des opérations de la paix des Nations Unies. 

Le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix des Nations Unies aura fait date, a-t-elle estimé, ajoutant qu’avec d’autres rapports plus récents, il contenait des propositions cohérentes pour rendre les opérations de paix plus proches du terrain. 

Elle a souligné que les aspects politiques devaient prédominer dans la création et la gestion de telles opérations, tout en ajoutant qu’aucune implication extérieure ne pouvait se substituer à la volonté politique des dirigeants des pays d’accueil. 

En outre, les Nations Unies ne peuvent agir seules, d’où la nécessité d’un partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales.  À cet égard, Mme Solberg a salué le récent cadre de partenariat conclu entre les Nations Unies et l’Union africaine, et a plaidé pour un meilleur financement des opérations de paix de l’Union africaine.

Par ailleurs, les opérations de paix doivent agir avec les acteurs de terrain, notamment les organisations de femmes, a ajouté le Premier Ministre. 

Enfin, il faut veiller à la sécurité du personnel des Nations Unies déployé sur le terrain.  Le groupe tripartite continuera de faire des propositions pour améliorer l’efficacité des opérations de paix des Nations Unies, a conclu Mme Solberg.

M. LINAS ANTANAS LINKEVIČIUS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a indiqué que son pays, en tant que fournisseur de contingents, souhaitait faire du maintien de la paix une activité plus efficace.  Les récentes initiatives du Secrétaire général permettent de préserver l’élan du rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, a-t-il estimé en y voyant une façon de refaçonner le maintien de la paix des Nations Unies. 

Il a rappelé que la protection des civils devait rester la priorité, indiquant, à ce propos, que son pays avait récemment adopté les Principes de Kigali sur la protection des civils.

En dépit de la politique de tolérance zéro, les atteintes sexuelles se poursuivent, a-t-il regretté en souhaitant que les efforts se poursuivent pour les combattre.  La Lituanie, qui soutient les efforts du Secrétaire général pour y mettre fin, a signé il y a quelques jours un pacte sur l’élimination des exploitations et atteintes sexuelles.

Le Ministre a ensuite plaidé en faveur du plus grand rôle des femmes dans la négociation et la consolidation de la paix, en déployant notamment des femmes comme conseillères en protection des civils. 

En matière de sécurité du personnel des Nations Unies et des Casques bleus, le Ministre a plaidé pour un renforcement des capacités.  À son avis, l’utilisation des technologies dans le maintien de la paix devrait permettre d’améliorer l’alerte précoce et de mieux détecter les menaces, en facilitant aussi la réponse.

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