Colombie: Le Conseil de sécurité approuve les recommandations du Secrétaire général concernant le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies
Le Conseil de sécurité a approuvé à l’unanimité, ce matin, les recommandations du Secrétaire général figurant dans son rapport* sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, qui lui avaient été présentées le 11 septembre.
Par sa résolution 2377 (2017), le Conseil approuve de ce fait les tâches de la nouvelle mission qui, aux termes de la résolution 2366 (2017), doit prendre, dès le 26 septembre, le relais de l’actuelle Mission des Nations Unies en Colombie, pour une période initiale de 12 mois.
Aux termes du rapport, ces tâches « concernent exclusivement la vérification », à la différence de la mission qui s’achève, qui assurait la coordination du Mécanisme tripartite de surveillance et de vérification mis en place par l’Accord final de paix du 24 novembre 2016 et s’occupait de tâches opérationnelles telles que l’enlèvement de conteneurs d’armes des caches de l’ancienne rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) et la neutralisation d’armes.
Les vérifications dont est chargée la nouvelle mission portent sur la réintégration politique, économique et sociale des membres des FARC-EP conformément à l’Accord final, ainsi que sur les garanties de sécurité prévues dans l’Accord pour renforcer la sécurité des citoyens de Colombie.
Comme l’explique le Secrétaire général dans son rapport, « en dépit du cessez-le-feu, du dépôt des armes par les FARC-EP et de leur transformation en une organisation politique pacifique, les groupes illégaux et les comportements violents profondément enracinés perdurent, en particulier dans les communautés et régions rurales les plus durement touchées par des décennies de violence ».
Ces garanties de sécurité comportent la création d’instances nationales; la mise en œuvre de mesures spécifiques de sécurité personnelle et collective; la création d’un système de sécurité général facilitant la participation à la vie politique, en particulier pour les membres de l’opposition; et la mise en œuvre d’un programme global de sécurité et de protection pour les communautés et associations des régions les plus touchées par le conflit.
Le Conseil de sécurité, dans la résolution, se félicite des « progrès considérables accomplis, avec l’appui de la Mission des Nations Unies en Colombie, pour ce qui est du dépôt des armes prévu dans l’Accord final ». Il se félicite par ailleurs que le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) aient annoncé, le 4 septembre 2017, qu’ils observeraient un cessez-le-feu bilatéral provisoire du 1er octobre au 12 janvier 2018.
Après l’adoption du texte, plusieurs membres du Conseil de sécurité se sont félicités des progrès jugés considérables dans le processus de paix, notamment avec la remise des armes des anciens combattants des FARC-EP.
Le représentant du Royaume-Uni a observé qu’à chaque fois que le Conseil se réunit à propos de la Colombie, un jalon supplémentaire sur la voie de la paix semblait franchi alors que son homologue du Sénégal voyait dans l’expérience colombienne « une excellente source d’inspiration » pour le monde entier et l’Afrique en particulier.
La représentante de la Colombie a, pour sa part, remercié le Conseil, le Secrétaire général et les Nations Unies dans leur ensemble pour leur soutien. Rappelant, comme avant elle plusieurs membres du Conseil, que le processus de paix allait désormais entrer dans sa période la plus difficile, elle a reconnu que le pays allait devoir faire preuve de volonté et a demandé à ce qu’il soit « accompagné » dans ces efforts.
Faisant observer que la Colombie avait su, ces derniers mois, surmonter tous les défis et parvenir à la neutralisation des armes, elle a rappelé le dernier développement positif en date, l’annonce du cessez-le-feu, qui doit entrer en vigueur le 1er octobre, entre le Gouvernement et l’ELN.
Toutes ces circonstances vont « ouvrir la porte à des possibilités illimitées », a-t-elle affirmé, rappelant la nécessité d’un progrès économique non seulement dans les centres urbains mais aussi dans la Colombie rurale « trop souvent oubliée ».
Certains membres du Conseil ont eux aussi rappelé que le manque de services sociaux dans les zones rurales représente une menace pour le processus de paix.
LETTRES IDENTIQUES DATÉES DU 19 JANVIER 2016, ADRESSÉES AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ET AU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LA REPRÉSENTANTE PERMANENTE DE LA COLOMBIE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2016/53)
Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (S/2017/745)
Texte du projet de résolution (S/2017/776)
Le Conseil de sécurité,
Se félicitant des progrès considérables accomplis, avec l’appui de la Mission des Nations Unies en Colombie, pour ce qui est du dépôt des armes prévu dans l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (l’« Accord final ») (S/2017/272) conclu entre le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), signé à Bogota le 24 novembre 2016 et adopté par le Congrès colombien le 30 novembre 2016,
Rappelant la résolution 2366 (2017) portant création d’une deuxième mission politique en Colombie (la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie), laquelle est chargée de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les FARC-EP, des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci,
Se félicitant que le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) aient annoncé, le 4 septembre 2017, qu’ils observeraient un cessez-le-feu bilatéral provisoire du 1er octobre au 12 janvier 2018,
Ayant examiné le rapport en date du 30 août 2017 établi par le Secrétaire général à l’intention du Conseil de sécurité (S/2017/745),
1. Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire paru sous la cote S/2017/745 et approuve les recommandations qui y figurent concernant la dimension, les aspects opérationnels et le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.
Déclarations
M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni), dont le pays est « porte-plume » des projets de résolution relatifs à la Colombie, s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution. Il semble qu’à chaque fois que le Conseil de sécurité se réunit sur cette question, un jalon supplémentaire est franchi, a-t-il relevé, citant la transformation, le mois dernier, des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) en parti politique.
Un tel processus exigera un engagement sur la durée, a toutefois averti le représentant, avant d’estimer qu’aujourd’hui, le Conseil avait démontré son attachement à l’avenir de la Colombie, à laquelle il revient maintenant d’œuvrer à une paix durable.
Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) s’est félicitée des progrès réalisés par la Colombie dans la mise en œuvre de l’Accord final de paix et a rappelé que les armes des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP) étaient désormais déposées et dans les mains des Nations Unies. La Colombie a montré au monde que la consolidation de la paix pouvait être couronnée de succès grâce à l’engagement politique en faveur de la paix, avec le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale.
La Colombie doit désormais renforcer la paix, a poursuivi la représentante, qui a rappelé que les menaces sur le processus restent importantes, du fait notamment du manque d’infrastructures et de services sociaux de base dans les zones de conflit autrefois occupées par les FARC. Il faut donc créer les conditions favorables à la paix.
La résolution de ce jour a pour but de relever ces défis, a estimé la déléguée. Les États-Unis se félicitent en outre du cessez-le-feu conclu entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) et estiment que sa vérification pourrait entrer dans les compétences de la Mission de vérification. Ils attendent les propositions du Secrétaire général en la matière.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a qualifié d’« extraordinaires » les progrès dans le processus de paix mené par les Colombiens. S’il a estimé que le plus difficile restait à faire, il s’est également félicité de l’unité dont a su faire preuve, dans son soutien à la Colombie, la communauté internationale et en particulier le Conseil de sécurité.
M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a dit se joindre au consensus, soulignant que la Mission de vérification de l’ONU devra contribuer à consolider le processus de paix dans le pays. Le représentant a en outre souhaité que les parties poursuivent la mise en œuvre des obligations qui leur incombent, en particulier sur le plan sécuritaire.
M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a parlé de « succès exemplaire » de la mission qui s’achève, notamment en ce qui concerne le dépôt des armes. Le succès de la Mission de vérification qui lui succède dépendra de la détermination et de la bonne volonté de toutes les parties, a-t-il estimé.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité de l’adoption à l’unanimité de la résolution et a rappelé que les 15 membres du Conseil s’étaient tous portés coauteurs du projet, y voyant la preuve du soutien dont le processus de paix en Colombie bénéficie au sein du Conseil. Il a parlé de résultats « considérables » déjà obtenus, estimant que les « héros » en sont les membres du Gouvernement, ceux des Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée populaire (FARC-EP), les victimes du conflit et le peuple colombien dans son ensemble.
Il reste néanmoins beaucoup à faire, a poursuivi le représentant, notamment pour transformer les conditions de vie des plus vulnérables et combler le fossé entre les zones rurales et urbaines. Le délégué a rappelé l’objectif de réinsertion politique, économique et sociale des quelque 10 000 membres des FARC-EP.
Il a également jugé « probable que les caméras se détournent et qu’on ne voit plus les progrès réalisés dans les gros titres » de la presse. C’est pourquoi la communauté internationale doit accompagner de manière résolue les progrès réalisés, a-t-il ajouté, en insistant sur la disponibilité de la Bolivie à y contribuer.
M. FODÉ SECK (Sénégal) a estimé que la nouvelle résolution témoignait des progrès considérables réalisés par les parties dans le désarmement. C’est désormais une nouvelle phase qui commence, et le Sénégal encourage les parties à poursuivre dans ce sillage prometteur.
Le représentant a estimé que l’annonce d’un cessez-le-feu entre le Gouvernement colombien et l’Armée de libération nationale (ELN) s’inscrivait dans cette dynamique. Le Sénégal voit dans l’expérience colombienne « une excellente source d’inspiration » pour le monde entier et l’Afrique en particulier.
Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a remercié le Conseil d’avoir approuvé la recommandation du Secrétaire général, le Royaume-Uni, porte-plume, ainsi que le Secrétaire général et l’équipe du Représentant spécial, M. Jean Arnault. Le défi est de taille, a-t-elle rappelé, avant de souligner que la Colombie avait su, ces derniers mois, surmonter tous les défis et parvenir à la neutralisation des armes.
La Colombie va désormais entrer dans sa période la plus difficile, a toutefois estimé la représentante, pour qui le pays devra faire preuve de volonté et être accompagné en ce sens.
Mme Mejía Vélez a remercié le Conseil de sécurité pour son soutien après l’annonce du cessez-le-feu entre le Gouvernement et l’Armée de libération nationale (ELN), qui doit prendre effet le 1er octobre. Toutes ces circonstances vont « ouvrir la porte à des possibilités illimitées », a-t-elle affirmé, rappelant la nécessité d’un progrès économique non seulement dans les centres urbains mais aussi dans la Colombie rurale « trop souvent oubliée ».