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Quatrième Commission: les débats se focalisent sur la tenue, en 2018, du référendum sur l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie

Soixante-douzième session,
4e séance – après-midi
CPSD/634

Quatrième Commission: les débats se focalisent sur la tenue, en 2018, du référendum sur l’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation a poursuivi, aujourd’hui, son débat général sur la situation des territoires non autonomes de l’île de Guam, de la Nouvelle-Calédonie et du Sahara occidental.  À l’approche du référendum sur l’autodétermination qui doit se dérouler en Nouvelle-Calédonie l’an prochain, de nombreux pétitionnaires de ce territoire administré par la France sont intervenus pour demander l’envoi d’une mission de visite des Nations Unies « avant, pendant et après le scrutin ».

« Manipulation, instrumentalisation et pièges sont à l’œuvre autour de cette bataille de chiffres pouvant faire basculer dans un sens ou dans l’autre la majorité au référendum de 2018 », a notamment déclaré le Président du groupe UC-FLNKS, soulignant que près de 23 000 Kanaks n’avaient pas été inscrits sur la liste électorale spéciale du référendum de 2018.  Pour lui, c’est l’Accord de Nouméa de 1998, dont son organisation était signataire, qui n’est pas respecté, remettant en cause le droit des Calédoniens à l’autodétermination au nom des intérêts de la France. 

Ce point de vue a été partagé par le Président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FNLKS) qui a lui aussi exprimé « des doutes sur l’organisation » du référendum et « la sincérité du mécanisme français d’établissement de cette liste électorale ». 

Plaidant lui aussi pour la tenue d’un référendum « transparent et sincère pour des résultats incontestés », ainsi que le maintien d’observateurs des Nations Unies dans les commissions électorales et lors du scrutin, le Président du Mouvement populaire calédonien a toutefois rejeté les mises en cause des indépendantistes, estimant qu’il n’y avait eu « ni tricherie, ni fraude, ni anomalie » dans la constitution de la liste électorale spéciale.  Pour lui, malgré une restriction du corps électoral excluant quelque 30 000 Calédoniens, « tous les observateurs reconnaissent qu’il n’y a pas de majorité pour une indépendance ». 

De son côté, la porte-parole du parti Tous Calédonien a estimé que l’indépendance était une « idée romanesque sans projet solide, ni traduction concrète », dans la mesure où la Nouvelle-Calédonie n’a pas, selon elle, les moyens d’assurer sa défense dans une zone menacée par le terrorisme, les trafics, les tensions géopolitiques et les catastrophes naturelles.  Indiquant que la France garantit aujourd’hui la paix et la concorde entre les communautés elle a affirmé qu’« il pourrait y avoir, pour la première fois, une décolonisation sans indépendance ». 

Invité à intervenir devant la Quatrième Commission, le Président de la Nouvelle-Calédonie a de son côté dressé un tableau positif de la situation, estimant que les Accords de Matignon (1988) et de Nouméa (1998) avaient été respectés.  Il a mis en avant le rééquilibrage politique opéré pour renforcer la représentation des séparatistes dans les institutions calédoniennes, expliquant que deux des trois provinces étaient désormais dirigées par des indépendantistes, qui disposent également de 25 élus sur 54 au Congrès et de 5 représentants sur 11 dans le Gouvernement calédonien. 

Abordant la question du nickel, l’une des principales ressources naturelles de la Nouvelle-Calédonie, il a indiqué que les deux provinces du Nord et des Îles étaient devenues propriétaires à 51% de la plus grosse entreprise minière du pays.  Il a enfin souligné les progrès enregistrés dans l’éducation et l’emploi, illustrés par un PIB qui est le plus élevé du Pacifique, après l’Australie et la Nouvelle-Zélande. 

À l’opposé de cette analyse, le Président du Front de libération nationale kanak et socialiste (FNLKS) a estimé que la gestion des ressources naturelles continuait en réalité « de servir des intérêts étrangers ».  « Le dialogue relatif à l’accession du territoire à la pleine souveraineté est à l’arrêt », a-t-il déploré, réitérant son appel aux Nations Unies pour relancer la juste mise en œuvre de l’Accord de Nouméa.

Au cours de cette séance, la Quatrième Commission a également commencé à entendre les pétitionnaires intervenant sur la question du Sahara occidental qui ont été nombreux à réclamer l’organisation d’un référendum. 

Dénonçant les conditions de vie du peuple sahraoui, notamment dans les camps de Tindouf, certains ont déploré la « tyrannie » résultant de l’occupation du Royaume du Maroc.  D’autres ont au contraire condamné les méthodes du Front Polisario, l’accusant de détourner une partie de l’aide humanitaire et estimant nécessaire d’effectuer un recensement de la population des camps. 

Le plan d’autonomie pour le Sahara occidental proposé par le Maroc a été défendu à plusieurs reprises au cours de cette séance, tandis que certains pétitionnaires se sont préoccupés de l’absence d’un cadre légal dans le territoire, une situation qui ne ferait que contribuer, selon eux, à l’instabilité du Sahel et du Maghreb.

La Quatrième Commission poursuivra son débat général demain, jeudi 5 octobre, à partir de 15 heures.

DEMANDES D'AUDITION  (A/C.4/72/4, A/C.4/72/5, A/C.4/72/6 et A/C.4/72/7)

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur Guam

M. SAMUEL TOM, Diablo Valley College Pacific Islands Students Association, a dénoncé l’occupation de son pays depuis 500 ans et la modification de son identité. Il a rappelé les invasions japonaises et américaines et la confiscation des terres du peuple de Guam, dénonçant une situation coloniale et le fait que les États-Unis soient à la fois juges et parties.  Il a demandé une mission de visite de l’ONU à Guam et la mise en place de programmes d’éducation sur le droit inaliénable à l’autodétermination.  Il a déploré la confiscation de terres sacrées, transformées en zones militaires totalement extérieures à la culture du peuple de Guam.

M. ALEXANDER SAN NICOLAS, étudiant en criminalistique originaire de Guam, a raconté comment il était parvenu à poursuivre ses études aux États-Unis et devenir le premier membre de sa famille à publier ses recherches dans un journal scientifique.  Au travers de son cas particulier, il a voulu souligner combien il était difficile de mener des études scientifiques sur l’île de Guam, en raison de l’éloignement avec le continent américain et de « l’infrastructure de la colonisation ».  À ses yeux, la colonisation « nous enchaînent au passé» alors que le peuple de Guam n’aspire qu’à «avancer vers le futur ».

Mme ALAINA ARROYO, University of San Fransisco Pacfiic Islander Collective, s’est indignée d’avoir besoin d’une autorisation militaire pour accéder à certaines parties de son territoire.  Elle a déploré que les États-Unis aient privé le peuple de Guam de leurs terres.  « La militarisation de l’île a empêché le peuple de se reconnecter avec son passé », a-t-elle ajouté, faisant par ailleurs savoir qu’en raison du tourisme, de l’augmentation du coût de la vie et de l’occupation militaire, le peuple n’est plus en contact avec sa culture et ne peut plus accéder à ses terres sacrées.  Elle a aussi indiqué que son peuple ne représentait plus que 37% de la population de l’île.

La pétitionnaire a également critiqué le système éducatif qui empêche d’enseigner l’histoire du peuple chamorro.  « La seule histoire que nous connaissions, c’est le colonialisme », a-t-elle indiqué.  Rappelant par ailleurs les tensions entre les États-Unis et la « Corée du Nord », elle a estimé que la situation impose aux Nations Unies d’envoyer une mission de visite pour relancer le processus de décolonisation de Guam.  Elle a demandé l’adoption du projet de résolution qui condamne le projet américain de créer de nouveaux champs de tirs, entraînant la destruction de forêts et la contamination des sources.

M. GLENN PETERSEN, professeur d’université, a indiqué que la question de Guam concernait également la question des droits des peuples autochtones de la région à la souveraineté et au contrôle de leurs terres.  Il a estimé que les peuples autochtones et leurs représentants sont les seuls à posséder l’autorité morale nécessaire pour négocier efficacement les statuts politiques finaux avec le Gouvernement des États-Unis.  Dans ce contexte, l’orateur a jugé impératif que la Quatrième Commission continue d’essayer d’obtenir des États-Unis qu’ils reconnaissent que le peuple chamorro de Guam possède le même droit à l’autodétermination que tous les autres peuples micronésiens.

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur  la Nouvelle-Calédonie

M. PHILIPPE GERMAIN, Président de la Nouvelle-Calédonie, a souligné qu’il s’exprimait pour la dernière fois devant la Commission avant l’organisation du référendum d’autodétermination qui se tiendra en novembre 2018.  Il a affirmé que ce référendum représente une échéance historique venant achever un processus engagé avec les Accords de Matignon en 1988.

Après avoir dressé le bilan des 30 dernières années, il a expliqué que le redécoupage électoral favorise désormais la représentation de la sensibilité séparatiste dans les institutions calédoniennes.  Il a précisé que deux des trois provinces du territoire sont aujourd’hui dirigées par des indépendantistes, qui disposent également de 25 élus sur 54 au Congrès et de 5 représentants sur 11 au sein du Gouvernement.  Ce rééquilibrage a également été traduit sur le plan budgétaire, puisque les deux provinces indépendantistes bénéficient de la moitié des dotations, pour le quart de la population, a-t-il ajouté. 

Abordant ensuite la question des transferts de compétences, il a rappelé que la France n’exerçait que des compétences régaliennes: affaires étrangères, justice, défense, ordre public et monnaie.  Il a précisé que les Calédoniens étaient toutefois parties prenantes pour certaines d’entre elles, la Nouvelle-Calédonie pouvant, par exemple, adhérer à des organisations internationales, à l’instar du Forum du Pacifique Sud, y avoir sa propre représentation et y conclure des accords. 

Dans le domaine de la justice, le Président a mis en avant le statut civil coutumier, les accesseurs coutumiers et les lois édictées par la Nouvelle-Calédonie, tandis que dans le domaine de l’ordre public, il a souligné l’intégration des Calédoniens dans les forces de police ou de gendarmerie.  Il a rappelé que ces transferts de compétences avaient été accompagnés de compensations financières représentant 25% du budget.  « L’intégralité de l’Accord de Nouméa a été mis en œuvre, à l’exception du transfert des communications audiovisuelles, de l’enseignement supérieur et du contrôle des collectivités », a indiqué le Président de la Nouvelle-Calédonie.

Abordant ensuite la question des compétences économiques et des ressources naturelles, il a cité l’exemple du nickel, indiquant que les provinces du Nord et des îles étaient devenues propriétaires à 51% de la plus grosse entreprise minière du pays et de deux usines métallurgiques de classe mondiale.  Suite à la crise mondiale du nickel, la survie du secteur a été assurée par l’intervention massive de l’État français.  Ce rééquilibrage a également été accompagné d’une redistribution des terres aux clans kanaks, représentant 51% du foncier.  En outre, le PIB a été multiplié par deux fois et demie, l’emploi a été doublé et le taux d’activité est passé à 71% et un dispositif de priorité à l’emploi en faveur des Calédoniens a été mis en place dans les secteurs privé et public.

Le Président de la Nouvelle-Calédonie s’est toutefois préoccupé de la persistance d’inégalités et du fait que 17% des foyers calédoniens vivent encore sous le seuil de pauvreté, indiquant que la politique de protection sociale mis en place par les autorités représente 2 milliards de dollars chaque année et 35% de la dépense publique. Il s’est en revanche félicité des progrès réalisés en matière d’éducation, avec la multiplication par deux du nombre de bacheliers et un taux de réussite atteignant 78%.  Il a également parlé du plan de diversification de l’économie lancé par les autorités calédoniennes pour soutenir l’agriculture, développer le tourisme, les énergies renouvelables, les exportations et l’innovation.

En conclusion, le Président de la Nouvelle-Calédonie a souhaité que le référendum d’autodétermination prévu en 2018 soit « sincère et incontestable », rappelant que 160 000 personnes, soit 95% des Calédoniens, étaient déjà inscrites sur la liste électorale spéciale pour ce scrutin.  Il a rappelé les procédures mises en œuvre pour y ajouter certains Calédoniens, kanaks ou non kanaks, n’y figurant pas encore.

Suite à une question du représentant de Cuba qui voulait savoir si le problème des inscriptions sur la liste électorale avait été résolu, M. MICKAEL FORREST a indiqué que le problème n’avait toujours pas été réglé.  Plus de 20 000 Kanaks ne sont toujours pas inscrits sur la liste du référendum, d’où notre demande de collaboration avec l’ONU pour continuer à dialoguer avec la Puissance administrante afin que le scrutin soit incontestable.

M. MICKAEL FORREST, du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), a rappelé que l’Accord de Nouméa prévoit la tenue du référendum en 2018, l’acte d’autodétermination devant être « libre, équitable et authentique, conformément à la Charte, aux principes et aux pratiques de l’ONU ».  Il a toutefois exprimé les doutes de son organisation quant à la sincérité du mécanisme français d’établissement des listes électorales et invité toutes les parties prenantes à respecter pleinement l’Accord, qu’il a qualifié de processus de décolonisation et d’émancipation.  Ajoutant que les Kanaks ont besoin d’une ONU responsable et efficace, il a sollicité la Quatrième Commission pour l’envoi d’une mission de visite du Comité spécial en « Kanaky-NC » avant, pendant et après le référendum de 2018.  M. Forrest a affirmé que l’Accord de Nouméa n’était pas respecté par les parties prenantes, la gestion des ressources naturelles continuant selon lui de « servir des intérêts étrangers ».  « Le dialogue relatif à l’accession du territoire à la pleine souveraineté est à l’arrêt », a-t-il notamment déploré, indiquant que son organisation comptait sur l’appui des Nations Unies au cours des prochains mois pour relancer la juste mise en œuvre de l’Accord de Nouméa.

M. ROCK WAMYTAN, Président du groupe UC-FLNKS et nationalistes, a déploré que près de 23 000 Kanaks avaient été identifiés comme n’étant inscrits sur aucune liste électorale, indiquant que cela pourrait les empêcher d’exercer leur droit à l’autodétermination.  « Manipulation, instrumentalisation, pièges sont à l’œuvre autour de cette bataille de chiffres pouvant faire basculer dans un sens ou dans l’autre la majorité au référendum de 2018 », a-t-il averti.  Pour l’orateur, cette situation n’est que le résultat du non-respect par la « Puissante administrante » de l’Accord de Nouméa et de la poursuite d’une « politique de colonie de peuplement ».  Il a ajouté que le droit du peuple calédonien à disposer de lui-même ne pouvait être sacrifié sur l’autel des intérêts de la France.  À son tour, il a souhaité qu’une mission du Comité spécial de la Quatrième Commission puisse se rendre en Nouvelle-Calédonie en 2018 au moment du référendum.

Le représentant du Venezuela a voulu savoir quel serait le meilleur moment pour une mission de visite des Nations Unies et comment elle pourrait contribuer avec efficacité à la tenue de ce référendum pour un maximum de participation du peuple kanak.

En réponse, M. Wamytan a souhaité que cette mission intervienne au début 2018, suivie d’une autre mission de la division électorale sur le processus d’établissement des listes.  Ces missions donneront confiance aux populations kanakes pour qu’elles puissent se déplacer et faire les démarches nécessaires. Il a également indiqué appuyer la demande qui sera faite auprès des autorités de tutelle, précisant qu’il se rendra à Paris dans les jours qui viennent pour en discuter

Mme DIANA MACHORO, Présidente du Comité vérité justice de Kanaky, a rappelé que son organisation avait été créée en 2011, à l’occasion de la trentième commémoration de l’assassinat de Pierre Declercq, leader indépendantiste et ancien Secrétaire général de l’Union calédonienne.  Évoquant « la liste des morts troubles et suspectes pendant la période d’insurrection kanak contre le colonialisme français », elle a déclaré que « oui, l’État colonial a montré ce qu’il ferait à tous ceux qui souhaiteront emprunter le chemin de l’indépendance ».  Elle a ensuite déploré que toutes les demandes de réouverture des dossiers ayant fait l’objet d’amnisties aient été refusées.  Se tournant vers la Quatrième Commission, elle a sollicité le soutien de ses membres pour obtenir de la « puissance de tutelle la levée des secrets défense sur ces affaires ». 

M. GAEL YANNO, Président du Mouvement populaire calédonien, est venu porter la voix de la majorité des Calédoniens qui veulent rester français. Il a affirmé que malgré une restriction du corps électoral qui exclura près de 30 000 électeurs calédoniens, « tous les observateurs reconnaissent qu’il n’y pas de majorité pour une indépendance de la Nouvelle-Calédonie ».  Il a insisté sur la nécessité de tenir le référendum dans des conditions « de transparence et de sincérité » pour que son résultat soit incontesté.  « Contrairement à ce qui est affirmé devant cette commission par les indépendantistes, il n’y a ni fraude, ni tricherie, ni anomalie sur les listes qui sont organisées », a-t-il insisté.  Il a ensuite demandé le maintien d’observateurs des Nations Unies dans les commissions électorales qui recensent les électeurs pouvant voter, ainsi qu’une présence onusienne avant et pendant le référendum de 2018.

Le pétitionnaire a par ailleurs estimé que la Nouvelle-Calédonie était un cas particulier en raison du fait que « si les indépendantistes et les non indépendantistes sont adversaires politiques, ils sont aussi partenaires sur les Accords de Matignon et l’Accord de Nouméa ».

Mme ISABELLE BOEWA-MI, Tous calédoniens, a affirmé qu’aujourd’hui la France garantit la paix et la concorde entre les communautés et à l’intérieur même des tribus en Nouvelle-Calédonie.  Elle sert de lien entre tous, et apporte des garanties en matière de respect des droits de l’homme, de justice et d’équité de traitement, a-t-elle indiqué.  La Nouvelle-Calédonie, avec ses 280 000 habitants, n’a pas, selon elle, la capacité d’assurer sa défense dans une zone menacée par le terrorisme, les trafics, les tensions géopolitiques, ni la protection des siens en cas de catastrophe climatique.  « À la moindre difficulté, nous serions contraints de faire appel à des pays extérieurs dont nous deviendrions dépendants à nouveau », a-t-elle expliqué avant de reconnaître qu’il faut respecter les différents points de vue.  Toutefois, si le courant indépendantiste existe, il n’est pas le seul.  En tant que non indépendantiste elle a soulevé la question de savoir « pourquoi l’indépendance? » et « quelles garanties en matière de liberté et développement humain? ».  Pour Mme Boewa-Mi, l’indépendance est aujourd’hui une idée romanesque sans projet solide, ni traduction concrète.  Elle a estimé qu’il était possible pour la première fois de réussir une décolonisation sans l’indépendance.

Déclarations sur le Sahara occidental

M. ANDREW ROSEMARINE, juriste international et avocat britannique, a défendu le projet d’autonomie pour le Sahara occidental présenté au Secrétaire général en 2007.  Citant le contenu du projet, il a précisé que le Maroc garantit à tous les Sahraouis, sans discrimination, une place dans les instances et institutions de la région.  « Ainsi, les populations du Sahara géreront elles-mêmes et démocratiquement leurs affaires à travers des organes législatifs, exécutifs et judiciaire dotés de compétences exclusives, disposant de leurs propres ressources financières nécessaire au développement de la région », a-t-il indiqué.  M. Rosemarine s’est dit confiant dans la capacité du Maroc à mener à bien ce projet, citant notamment la réaction du Maroc aux épreuves et tribulations du Printemps arabe, ses propositions de réformes démocratiques, l’absence d’effusion de sang et l’élection au pouvoir d’un parti d’opposition.  Il a encore ajouté que la nouvelle Constitution marocaine prévoyait une revalorisation des institutions locales.  « Nous pouvons compter sur le Maroc pour concourir à un même résultat au Sahara, à travers son projet d’autonomie », a-t-il affirmé.

Citant également le Brexit, le pétitionnaire a estimé « dangereux de se détacher d’une union économique stable et établie, compte tenu des incertitudes engendrées par une indépendance économique ».  « Comment le Sahara peut prétendre pouvoir s’en sortir? » a-t-il interrogé, rappelant la présence de milices fanatiques et de guerres civiles en Afrique du nord qui ferait peser un terrible risque de déstabilisation et de destruction au Sahara occidental.

En conclusion, il a rappelé que le projet d’autonomie marocain s’engage à négocier de bonne foi un accord d’autonomie avec les Sahraouis, tout en s’engageant à un travail conjoint de bonne foi pour l’organisation d’un référendum portant sur cet accord d’autonomie.  « Ce projet est le meilleur moyen d’assurer le plus grand bonheur du plus grand nombre de Sahraouis », a-t-il encore insisté.

Mme SUZANNE SCHOLTE, lauréate du Prix de la paix de Séoul et Directrice de la Fondation États-Unis-Sahara occidental, a indiqué que le peuple sahraoui ne cherchait qu’à exercer ses droits face à la « tyrannie qui règne dans le Sahara occidental occupé par le Maroc ».  Les partisans du Maroc sont soit ignorants des faits, soit reçoivent des pots-de-vin de la part du Roi du Maroc ou alors ils ne croient pas dans les valeurs de l’ONU, a-t-elle accusé.  Elle a également affirmé que le Roi s’ingéniait à lier le Front Polisario au terrorisme.  Pourtant, les Sahraouis n’ont jamais recouru au terrorisme, a-t-elle affirmé.  Enfin, elle a qualifié de tragique l’échec de l’ONU dans la tenue d’un référendum. 

M. DAVID LIPPIATT, Président et Chef de la direction de WE International Inc., a demandé que la MINURSO puisse enquêter et faire des rapports sur les violations des droits de l’homme au Sahara occidental, en incluant cette question dans son mandat.  Il a également réclamé la mise en œuvre du référendum d’autodétermination promis depuis longtemps sur l’indépendance de ce territoire.  Le Maroc déclare croire aux droits de l’homme, mais ne les applique pas au peuple sahraoui, a-t-il souligné, qualifiant la création d’un conseil national marocain des droits de l’homme « de farce, de honte et de mensonge ».

M. NAAMA SGHAYER, Ensemble pour un Sahara libre, a déploré que 42 ans après l’invasion marocaine, il n’y ait qu’un seul représentant du peuple sahraoui et que ce dernier attend toujours de voir se réaliser la promesse du référendum.  Il a accusé le Maroc d’entraver tous les efforts de l’ONU, et d’avoir mené une campagne contre l’ancien Secrétaire général, M. Ban ki Moon, après que celui-ci se soit rendu dans les camps et les a qualifiés de « camps de l’indignité ».  Le Maroc est l’élève des anciens colonisateurs et commet des crimes au quotidien, a-t-il affirmé, ajoutant que les « traitres qui ont vendu leur cause n’ont pas pu empêcher l’indépendance de l’Algérie, ni de la Mauritanie ».  Il a ensuite réclamé la levée de l’embargo économique et sécuritaire, appelant par ailleurs la MINURSO à surveiller le respect les droits de l’homme et à organiser le référendum.

M. ZEINY ALI TALEB, Youth for youth development, a dénoncé des bombardements au napalm qui ont entrainé la fuite, en Algérie, de sa famille.  Il a salué le soutien de l’Algérie et des Nations Unies qui ont reconnu le droit inaliénable à l'autodétermination du peuple sahraoui.  C’est un problème d’occupation qu’a reconnu le Secrétaire général des Nations Unies, a-t-il rappelé, réclamant que cette question soit traitée avec le respect de tous les membres du Conseil de sécurité.  Il a ensuite mis en cause la France « car elle se prétend une démocratie mais protège un régime comme le Maroc qui mine tous les efforts de modification du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental ».  Il a aussi déploré que le Maroc exploite les ressources naturelles du Sahara occidental, viole les droits de l’homme, et dresse un mur de 2 700 km pour faire obstacle à la réalisation du droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance. « Ces violations ont été documentées », a-t-il poursuivi, s’interrogeant par ailleurs sur le fait que la MINURSO n’ait pas de mandat pour surveiller les droits de l’homme et « se livre à du tourisme ».  Il a ensuite dit la détermination de son peuple à obtenir son indépendance par les moyens légitimes.

Mme ANNA MARIA STAME, Internazionale femminile democratica di centro, a raconté l’histoire d’une jeune sahraoui, Maâloma Takio Hamda, plus connue sous le nom de Maâloma Morales, arrivée en Espagne à l’âge de 7 ans dans le cadre d’un programme de vacances pour les enfants qui vivent dans les camps de Tindouf.  À l’instar d’autres enfants, elle fut accueillie par une famille espagnole qui l’a adoptée avec le consentement de ses parents biologiques.  Le 5 décembre 2015, elle s’est rendue à Tindouf, en compagnie de son père adoptif, pour rendre visite à ses parents biologiques. Le 12 décembre, peu avant le départ de son vol, elle a été enlevée par les milices du Front POLISARIO.  Depuis, la famille Morales ne cesse de se battre pour obtenir la libération de Maâloma et des manifestations d’appui ont été organisées, avec la participation de milliers de personnes.  Lors d’un entretien téléphonique avec elle, son père adoptif a appris qu’elle est retenue contre son gré et que, mariée de force, elle avait tenté de se suicider. Elle a affirmé que le Gouvernement espagnol est confronté à un refus catégorique de la part des dirigeants du Front POLISARIO qui ne veulent pas créer un précédent en libérant Maâloma puisqu’environ 150 filles sont dans la même situation.    

M. MULAY AHMED a parlé au nom de la première ONG américaine représentant le peuple sahraoui.  Il a dénoncé le colonialisme illégitime imposé par le Maroc, citant notamment les détentions arbitraires, les assassinats et les traitements inhumains d’opposants politiques.  Il a aussi dénoncé le contrôle militaire très strict mis en place par le Maroc ainsi que la « marocanisation » de cette région. Il a déploré l’absence de de solution malgré de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, ajoutant que la réticence des Nations Unies à trouver une solution est due au manque de volonté politique de certains États Membres comme la France qui, a-t-il affirmé, doit arrêter de miner les efforts du C24.  Il a ensuite appelé le Maroc et toutes les parties à négocier avec une volonté sincère.

Mme CYNTHIA BASINET, a plaidé la cause de la propriété intellectuelle des Sahraouis et contre la couverture médiatique biaisée dont ils sont victimes, notamment de la part de The Media and the Global Emergency Response Coalition.  Pour elle, le peuple sahraoui a été privé de son droit à l’autodétermination et est devenu le symbole de cette lutte ainsi que des règlements pacifiques.  Elle a revendiqué le droit des populations déplacées, comme les Sahraouis, d’être associées aux dialogues relatifs à la solution de leurs problèmes.

Mme KATLYN TOMAS, ex-MINURSO, a indiqué qu’elle était est venue parler de la situation du Sahara occidental devant la C24 il y a 15 ans. Elle a constaté qu’il n’y avait eu depuis aucun progrès dans la résolution du conflit.  Les Marocains présents sur ce territoire ont prospéré grâce aux ressources locales, tandis que les Sahraouis, à la fois au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, continuent de croupir dans des conditions que « personne ne voudrait connaître ». Elle a appelé à mettre en œuvre le référendum que les Nations Unies ont promis il y a 40 ans.

Officielle à la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) dans les années 90, elle a raconté que la Mission avait réussi à établir une liste d’électeurs, qui a été publiée en 1999.  Elle a aussi avancé que le Maroc avait décidé de se retirer du processus de référendum juste après la publication de cette liste car la MINURSO avait rejeté la majorité des candidats que ce pays avait proposé ».  Selon elle, le Maroc a usé de « tous les tours » pour faire retirer de la liste des candidats qui ne correspondaient pas à ses propres critères: menace de témoins, corruption d’officiels, formation des Marocains sur la manière de se faire passer pour des Sahraouis et de répondre aux questions de la C24.  « Quand ils ont réalisé qu’ils allaient échouer si un vrai référendum avait lieu, ils n’ont plus eu d’autre choix que de se retirer », a-t-elle indiqué, déplorant que les Nations Unies aient honteusement permis cette situation plutôt que de maintenir les droits internationaux des populations sahraouies.  Selon elle, le Maroc tente de faire croire que le référendum a été annulé pour des raisons techniques ou des désaccords sur les critères d’éligibilité, mais « c’est un mensonge ».

Mme JANET LENZ, Not Forgotten International, a rappelé que son organisation assurait une présence permanente dans les camps de réfugiés sahraouis depuis plus de deux décennies. Décrivant le paysage de dizaines de milliers de tentes en plein désert, la pétitionnaire a déploré une population ayant expérimentée l’horreur de la guerre et du déplacement forcés en raison de l’invasion militaire.  Elle a toutefois salué l’existence d’un esprit humain vibrant au sein de ces camps, décrivant les activités quotidiennes des hommes qui ont créé leurs emplois, des femmes qui élèvent leurs enfants, et de leur progéniture qui va à l’école. « Mais c’est dans les tentes que la vie prend réellement place, où les étrangers et les amis sont accueillis pour le thé: le cœur de la culture sahraoui », a-t-elle expliqué, insistant sur la vie et la dignité humaine qui existent dans ces camps, en dépit de la colère montante pour être contraint de survivre dans un lieu qui n’est pas leur pays d’origine.  En conclusion, elle a indiqué que le référendum d’autodétermination promis devait être organisé.  « Le temps court, cela peut être fait, cela doit être fait, ils accepteront le résultat du vote, alors respecter vos promesses, ils ont respecté les leurs », a-t-elle martelé

Mme GRACE NJAPAU, citoyenne de Zambie, a affirmé que c’est bien la division idéologique entre l’Est et l’Ouest qui est en jeu dans la question du Sahara occidental, considérant qu’il n’est pas historiquement exact de parler de colonisation.  Elle a rappelé que les populations du Sahara occidental s’étaient exprimées en faveur du plan d’autonomie proposé par le Maroc, espérant par ailleurs que le nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental réussisse à conduire les parties à parvenir à une solution politique dans le cadre de ce plan.  Les Européens ont toujours favorisé l’autonomie pour résoudre les problèmes de division et de sécession, a-t-elle poursuivi, et l’Afrique devrait s’en inspirer pour soutenir la proposition d’autonomie qui a aussi reçu le soutien du Conseil de sécurité depuis 2007.

« Il n’y a pas l’ombre d’un doute: le Royaume du Maroc est un occupant illégal », a affirmé Mme ISABEL TAVARES LOURENÇO, membre de la Fundación Sahara occidental.  « Même si le Maroc couvrait le Sahara d’or, cela demeurerait une occupation illégale ».  Elle a ensuite mentionné les tortures infligées par les Marocains aux prisonniers sahraouis, dont « les brûlures chimiques, l’enlèvement des ongles, l’agression sexuelle, la technique du poulet grillé et l’ingestion d’urine et de matières fécales, dite boisson suédoise ».  Le peuple sahraoui est par sa résistance pacifique un exemple pour le monde entier mais est puni par le silence complice de la communauté internationale, a-t-elle conclu.

Mme OLFA OULED, avocate au barreau de Paris, a estimé qu’aucune justification de l’occupation du Sahara occidental ne saurait être admise. L’occupant qu’est le Maroc, en refusant que le terme « d’occupation » soit prononcé, refuse in fine d’appliquer et de respecter le droit international humanitaire, a-t-elle dénoncé.  Elle a dit défendre 24 militants, partisans de l’autodétermination du peuple sahraoui, détenus depuis plus de sept ans suite au démantèlement du camp de Gdeim Izik, et que ses clients avaient sollicité l’application de la quatrième Convention de Genève qui prohibe les transferts en dehors du territoire occupé, les viols, la torture et tout jugement par l’occupant dans ses tribunaux, lors de leur procès devant la Cour d’appel de Rabat. 

Mme WINDSOR SMITH, une lycéenne de Virginie qui a visité les camps de Tindouf, a affirmé que le peuple du Sahara occidental avait été privé de son droit à l’autodétermination et a exigé que la MINURSO prenne les mesures nécessaires pour honorer son mandat et organiser un référendum sur l’autodétermination.  Elle a rappelé que ce droit du peuple sahraoui avait été reconnu par 65 résolutions des Nations Unies et que la MINURSO avait été créée à cet effet.  Elle a également rappelé que la Cour internationale de justice (CIJ) avait jugé que le Maroc n’avait pas de souveraineté sur le Sahara occidental, alors même que ses troupes armées occupent illégalement ce territoire depuis 1975.

Mme TANYA WARBURG, Freedom for All, a témoigné qu’en tant que visiteur fréquent au Sahara occidental, Freedom for All est en mesure d’attester de l’investissement substantiel en termes d’infrastructure, d’aménagement et de ressources humaines.  Les ressources naturelles locales sont utilisées au profit de la population sahraouie, ce qui fournit des emplois mieux rémunérés et améliore les conditions de vie.  Des progrès continus ont également été enregistrés par le biais de réformes sociales, judiciaires, économiques et dans le domaine des droits de l’homme.  Les droits sociaux et culturels sont protégés par la loi et les élus sahraouis locaux siégeant dans les conseils régionaux formulent et mettent en œuvre les politiques.  Conscients que la réussite de la région dépend des qualifications des jeunes sahraouis, ils promeuvent et investissent dans l’éducation et la formation. D’un autre côté, leurs proches, confinés dans les camps de Tindouf depuis 42 ans, continuent de souffrir de pénuries alimentaires et de malnutrition croissante.  En effet, 19% des enfants sont mal-nourris, 39% d’enfants de moins de 5 ans et 43% des femmes sont anémiques.  Leurs droits fondamentaux sont constamment bafoués et l’aide humanitaire est détournée par le Front POLISARIO, ce qui exacerbe la misère des réfugiés sahraouis, a-t-elle accusé.  

Le représentant de Cuba est ensuite intervenu, constatant qu’on avait parlé de Cuba alors que son pays ne figure pas à l’ordre du jour.  Il a rappelé aux pétitionnaires de s’en tenir à l’ordre du jour Le Président de la Commission a approuvé ces propos et a indiqué que si cela se reproduisait, il couperait la parole aux pétitionnaires.

M. MHAMED ABBA LEKNAKI , Association développement d’oued eddahab, a indiqué qu’il représentait la population locale de la région sahraouie de Laayoune Sakai El hamra, une zone de 140 018 kilomètres composée des villes de Laayoune, Boujdour, Es Semara et Tarfaya.  « Nous avons élu nos représentants, nous gérons nos propres affaires, et nous avons un budget de 7,8 milliards de dollars pour la période 2015-2012 » a-t-il indiqué.  Il a expliqué que le nouveau programme lancé par le roi du Maroc en novembre 2015 repose sur un partenariat entre le secteur privé, qui prend en charge 54%, et l’État qui couvre les 46% restant.  M. Leknaki a détaillé les différents postes auxquels ce budget sera affecté: le développement industriel et économique (861,3 millions de dollars), agriculture et pêche (1,869 milliards de dollars), tourisme (210 millions de dollars), santé, éducation, technologie (520 millions de dollars), et infrastructure dont la construction de la première route atlantique entre Tiznit-Laayoune-Dakhla (1,242 milliards de dollars).  « Je représente juridiquement et légalement les populations sahraouies » a insisté M. Leknaki.  « Nous sommes à leur écoute et promouvons leur bien-être.  Nous sommes les véritables représentants du peuple sahraoui et personne ne peut parler à notre place. »

Mme ALEKSANDAR CUIC, Robert Brown LLC, a déclaré que les Sahraouis étaient retenu en otage dans les camps de Tindouf. Elle a souligné que la situation des femmes dans les camps de Tindouf était sans comparaison avec celles du Maroc. Elle a indiqué que le plan pour l’autonomie du Maroc a été mis en œuvre et que les femmes sahraouies participent à la démocratie, mais a déploré que celles qui appartiennent au Polisario obtiennent plus de responsabilités que les autres, citant en exemple la liberté de mouvement. « Les femmes des camps de Tindouf sont privées de leurs droits fondamentaux, subissent des mariages forcés et des agressions sexuelles », s’est-elle inquiétée, insistant sur la nécessité d’organiser un recensement « essentiel pour protéger les plus vulnérables ».

Le représentant du Maroc a alors interrompu la séance, constatant que certains pétitionnaires avaient sorti des prospectus et des drapeaux.  Il a demandé au Président d’évacuer ces personnes et d’assurer l’ordre dans la salle.

Mme KAREN HARDIN, Priority PR Group, s’est félicitée des efforts déployés par le Secrétaire général pour relancer les négociations entre le Maroc et le Front Polisario sur la question du statut du Sahara occidental, le signe le plus encourageant, selon elle, depuis les pourparlers de Manhasset de 2007-2008 au cours desquels, a-t-elle affirmé, le Front Polisario a refusé de négocier de bonne foi.  Demandant une couverture médiatique neutre de ce sujet afin que tout le monde puisse se faire une juste idée de la « mentalité » de chaque partie, elle s’est dite confiante quant à la capacité des Nations Unies à trouver une solution pour ramener la paix dans cette région du globe.

Mme SHERRY ERB, Oasis Teaching Ministries,Inc., a rappelé que 100% des profits découlant de la vente de phosphates extraits au Sahara occidental étaient réinvestis dans la région.  Elle a ensuite déploré les souffrances infligées par le Front Polisario, ce dernier organisant des boycotts de manière routinière pour atteindre ses objectifs. Les réelles victimes sont ceux qui vivent et travaillent au Sahara occidental et ceux qui vivent dans la pauvreté dans les camps, a-t-elle poursuivi. « Cessez les jeux politiques.  Je vous demande d’approuver le plan d’autonomie et de réunir les familles qui ont été séparées depuis trop longtemps. »

Mme CARROLL EADS, Capital Hill Prayer Partners, a indiqué que le recensement des camps n’avait jamais été autorisé par le « pays hôte » malgré les appels du Conseil de sécurité engageant le Haut-Commissariat pour les réfugiés à honorer son mandat. Elle a ensuite défendu la pertinence du plan d’autonomie que le Maroc a proposé pour le Sahara occidental. «C’est une solution crédible et sérieuse pour résoudre le problème de cette région sous la forme d’une autodétermination«, a-t-elle soutenu.

Mme NANCY HUFF, de Teach the Children International, a cité le rapport de l’Office européen de lutte antifraude, qui a conclu à la revente d’une grande partie de l’aide humanitaire sur le marché noir dans les camps de Tindouf, « au bénéfice ce certains dirigeants du Front Polisario ».  Ce qui prouve, selon elle, le manque total de considération de cette organisation pour le peuple qu’elle instrumentalise à des fins politiques auprès de la communauté internationale

M. JONATHAN HUFF, membre du Safety and security instructional services, s’est ému de l’absence de juridiction au Sahara occidental.  À ses yeux, cette absence de cadre légal transforme cette zone en un lieu où « les lois du gouvernement, la police et les courts de justice n’existent pas ».  Cette situation contribue à l’instabilité du Sahel et du Maghreb, explique-t-il, et les terroristes tirent parti de ces espaces ouverts et de ces frontières poreuses pour opérer sans être inquiétés.  C’est pourquoi il exhorte la communauté internationale à trouver un règlement pacifique sur la base de l’autonomie de ce territoire, seule solution selon lui pour rétablir la stabilité dans la région.

Mme DONNA SAMS, membre de la Antioch Community Church, a salué les efforts des Nations Unies pour trouver une issue au problème du statut du Sahara occidental. Notant que l’ONU s’essaie à une nouvelle approche basée sur une solution politique et un esprit de compromis, elle a enjoint l’Organisation à privilégier l’option de l’autonomie proposée par le Maroc pour mettre fin aux souffrances des réfugiés sahraouis des camps de Tindouf

M. MOHAMED ALI ARKOUKOU, Human Rights Activists Occupied Territories Western Sahara, a rappelé qu’un référendum aurait dû avoir lieu en 1991.  25 ans se sont écoulés et nous attendons toujours que la communauté internationale tienne ses promesses, a-t-il déploré, accusant par ailleurs le Maroc de violer toutes les lois internationales y compris les Conventions de Genève qui protègent les civils en temps de guerre.  « J’ai été le témoin direct de l’agression marocaine, certains ont survécu après avoir été enterrés vivants dans des charniers.  J’ai entendu ceux qui ont été enfermés et victimes de mauvais traitements.  Des dizaines de sahraouis ont disparu », a-t-il affirmé.  Le pétitionnaire a ensuite avancé que ces violations se poursuivent aujourd’hui mais que le Maroc empêche les médias indépendants et les ONG de se rendre dans ce territoire.  Il a aussi dénoncé le pillage quotidien des ressources naturelles : le phosphate envoyé dans le monde entier, le poisson vers le nord, le sable aux îles Canaries.  Il a aussi indiqué que la démographie avait changé ces dernières années, et que des « colons marocains avaient commencé une nouvelle invasion », faisant des Sahraouis une minorité sur leur terre natale.  Il a ensuite appelé l’Assemblée générale à déterminer une date pour le référendum.

Mme NEVEEN ABU ELULA, étudiante, a regretté que l’ONU n’ait pas tenu ses engagements vis-à-vis du peuple sahraoui, notamment celui d’organiser un référendum.  «Il est temps que des actions concrètes soient mis en œuvre», a-t-elle estimé.  Selon elle, il est fatiguant pour le peuple sahraoui d’entendre des promesses qui ne sont que de faux espoirs.  « Les Nations Unies ont été créées pour faire respecter le droit international et pas la loi de la jungle », a-t-elle clamé.  Tout en disant comprendre qu’il doit être difficile pour ce peuple de garder foi en l’ONU, elle l’a appellé à ne pas perdre espoir.

M. BRIAN JAMISON, Gibraltar Products, qui a voulu témoigner de son expérience dans les camps, assurant qu’il n’avait été payé par personne pour le faire.  « La manière dont j’ai été accueilli a été incomparable, a-t-il dit.  J’ai diné avec le président sahraoui quatre fois. Je me suis vraiment senti chez moi.  Des pouvoirs spéciaux nous escortaient, bloquaient le trafic, et créaient un périmètre dans le désert pour nous protéger des vrais terroristes.  Dans les camps, j’ai connu la liberté, j’ai pu discuter avec tout le monde, notamment sur la manière dont ils étaient traités et ils m’ont dit qu’ils n’étaient pas dans les camps contre leur volonté.  J’ai pu échanger mes opinions et croyances avec des dirigeants de haut niveau afin de comprendre quel est notre voie vers le paradis.  Je n’ai pas souvent eu l’occasion d’avoir de telles conversations en Afrique du Nord », a-t-il encore affirmé.

M. SYDNEY SOLOMON ASSOR, Surrey Three Faiths Forum, a estimé que la situation dans les camps sahraouis du Sahara occidental est un terreau fertile pour le terrorisme, la drogue et la corruption.  À ses yeux, il faut fermer ces camps et libérer leurs « prisonniers ».  Qualifiant ce problème de honte, il a estimé qu’il est temps pour les Nations Unies de régler le problème.  « Redonnons à ce peuple l’espoir et la possibilité de choisir », a-t-il déclaré.

M. MOHAMMED ZIYAD ALJABARI, Palestinian-Moroccan Friendship Society, a affirmé que le retour du Maroc à l’Union africaine a suscité les peurs de ses voisins en raison de son poids et de son rôle géostratégique dans le nord du Sahara, notamment pour s’opposer à la traite des êtres humains et au terrorisme. Le pétitionnaire a salué la renaissance économique du Maroc et ses partenariats stratégiques citant notamment l’oléoduc pour transporter le gaz du Nigeria vers l’Europe.

Il a ensuite appelé à ce que cesse de détournement de l’aide destinée aux camps et a appelé à en recenser les habitants. Nous devons savoir combien d’habitants résident dans les camps pour que l’aide humanitaire ne soit pas volée, a-t-il expliqué. Le pétitionnaire a ensuite indiqué que le Maroc s’oppose à la traite des êtres humains et s’est engagé à vider la région des groupes terroristes. La question du Sahara occidental n’est pas une question du colonialisme mais de réunification du territoire marocain, a-t-il affirmé.

M. NGUYEN MANH HUNG, Institut pour les Études en Afrique et au Moyen-Orient, a indiqué qu’il étudie la situation du Sahara occidental depuis 15 ans, et qu’il a effectué son dernier voyage là-bas en mars de cette année. Il a estimé que la seule solution politique viable est d’accorder un statut autonome au Sahara occidental, car elle offrirait un compromis entre les visions qui s’affrontent, « préservant l’intégrité territoriale du Maroc tout en satisfaisant les droits du peuple sahraoui vis-à-vis de leur terre ancestrale ».  Ce n’est pas une solution universelle, a convenu le pétitionnaire, puisque le contenu de l’accord sera négocié par toutes les parties, mais elle permettra au peuple sahraoui de faire entendre sa voix.  Il a avancé des « preuves » à l’appui de cette solution: en 2015, le Maroc a lancé le « nouveau modèle de développement » pour les provinces du Sud, avec un budget de 8 milliards de dollars à affecter à des projets médicaux, éducatifs et culturels.  Politiquement, a poursuivi M. Nguyen, le Maroc a montré sa volonté d’harmonisation et d’intégration.  C’est ainsi qu’en 2015, deux sahraouis ont été élus comme présidents de deux conseils régionaux pour le Sahara occidental.

M. SAMUEL PACIENCIA, Youth Movement, a estimé que la question du Sahara occidental est une question d’intégrité territoriale du Maroc.  Rappelant l’histoire chaotique de la décolonisation de ce pays, on ne peut pas, selon lui, détacher une seule région du Maroc.  Il a affirmé considérer que la population qui vit au Sahara n’est pas différente de celle qui vit au centre du pays.  « Elle pratique les mêmes rites musulmans et parle la même langue », a-t-il indiqué.  À ses yeux, la solution du compromis est la meilleure manière de mettre fin à ce différend.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: des délégations s’inquiètent de l’impact du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires sur le régime de non-prolifération

Soixante-douzième session,
4e séance – matin
AG/DSI/3573

Première Commission: des délégations s’inquiètent de l’impact du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires sur le régime de non-prolifération

Au troisième jour de son débat général, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entendu, ce matin, la Fédération de Russie et la France réaffirmer le sens de leur doctrine de sécurité et expliquer les raisons pour lesquelles elles n’avaient pas participé aux négociations ayant abouti, le 7 juillet 2017, à l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tout en soulignant leur respect des engagements pris en matière de réduction de leurs arsenaux.

Par ailleurs, des délégations ont souligné l’importance stratégique d’établir des zones exemptes d’armes nucléaires et que soit mis au point un dispositif assurant des garanties négatives de sécurité à tous les États. La prévention d’une course aux armements dans l’espace a également été abordée.

La représentante de la France a justifié la non-reconnaissance par son pays du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires par le fait que, pour de nombreux États, « la dissuasion nucléaire continue de jouer un rôle central dans le maintien de la stabilité et de la sécurité régionales et internationales ».  Très critique, la représentante a jugé que le Traité n’était pas seulement une mesure « inefficace » sur la voie du désarmement nucléaire, mais qu’il sapait tout à la fois la crédibilité du régime de non-prolifération en établissant une norme concurrente de celles instaurées par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). 

Par conséquent, ce traité pourrait compromettre les efforts entrepris pour permettre son entrée en vigueur, s’est ainsi inquiétée la représentante.  Mettant en garde contre « la politisation excessive du débat au sein de la communauté du désarmement, qui conduit à l’affaiblissement de plusieurs instruments juridiques », elle a assuré que la France continuera, dans le cadre du TNP, à œuvrer en faveur de l’entrée en vigueur du TICE et au lancement de négociations sur un traité interdisant les matières fissiles à des fins militaires. 

Son homologue russe a lui aussi réaffirmé l’attachement de son pays au régime du TNP, invitant instamment la communauté internationale à respecter les approches en vigueur en matière de désarmement nucléaire « qui ont fait l’objet d’un consensus et apporté la preuve de leur efficacité dans le cadre du Traité ».  Pour le représentant, la réalisation d’un monde sans armes nucléaires doit se faire de manière graduelle et à long terme, et l’interdiction proprement dite des armes nucléaires devrait intervenir dans les dernières étapes du processus d’élimination, « afin que celle-ci devienne irréversible ». 

Le délégué a en outre rappelé qu’au cours des 30 dernières années, « par le biais d’accords bilatéraux conclus avec les États-Unis ou de manière unilatérale », la Russie avait contribué de manière considérable à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires.  « Nous avons réduit notre potentiel nucléaire de 85%, et nous tâchons, dans le cadre du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs, d’atteindre, d’ici au 5 février 2018, les objectifs fixés en matière de limitation des têtes nucléaires, de leurs vecteurs et de leurs lanceurs », a-t-il encore indiqué.

D’autre part, l’Égypte et le Liban ont plaidé pour la mise en œuvre de la résolution de 1995 du TNP sur la création d’une zone exempte d’arme nucléaire et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient. Ces délégations ont, à cet égard, exhorté Israël, seul pays de la région à ne pas encore l’avoir fait, à adhérer au TNP et à placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour qu’il cesse faire peser une menace à la paix et à la sécurité.

L’Indonésie, de son côté, a constaté que l’absence d’un régime juridiquement contraignant de garanties négatives de sécurité, assurant les États non détenteurs contre l’emploi ou la menace d’emploi des armes nucléaires, autorisait les États parties au TNP dotés de l’arme nucléaire à poursuivre la modernisation de leurs arsenaux.  « Un tel instrument juridiquement contraignant, établi dans le cadre du Traité, représenterait un gain majeur pour l’ensemble des États non détenteurs et contribuerait tant au désarmement nucléaire qu’à la non-prolifération », a estimé le représentant de ce pays.

Concernant la prévention de la militarisation de l’espace, la Fédération de Russie a annoncé que, cette année encore, sa délégation et celle de la Chine présenteraient un projet de résolution sur ce thème.  « Ce texte permettra d’examiner la question d’une définition des armes dans l’espace et pourrait stimuler une discussion approfondie à la Conférence du désarmement », a déclaré le représentant russe.  Pour rappel, l’adoption par consensus de ce projet de résolution se heurte depuis plusieurs années au constat de l’Union européenne (UE) qu’il n’existe aucune définition juridique claire de ce que signifie le placement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique.

Comme hier, plusieurs délégations ont exercé leur droit de réponse.  La République populaire démocratique de Corée (RPDC), notamment, a réagi aux nombreuses condamnations des essais nucléaires et tirs de missiles balistiques qu’elle a effectués depuis 2006.  Le représentant de ce pays a justifié ces actes en arguant que la RPDC ne visait qu’à se protéger et à dissuader toute attaque américaine contre elle.  Les États-Unis  ont répondu qu’il n’existait pas de problème « entre nos deux pays, mais un problème de sécurité internationale posé par les agissements de la RPDC ».

La Première Commission poursuivra son débat général demain matin, jeudi 5 octobre, à partir de 10 heures.

POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Suite du débat général

M. MIKHAIL ULYANOV (Fédération de Russie) a expliqué pour quelles raisons son pays ne pouvait adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté le 7 juillet dernier.  Il a estimé que le contenu même de l’instrument différait radicalement de la vision russe quant aux moyens à mettre en œuvre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Il a ainsi déclaré que le Traité n’était pas conforme aux dispositions prévues par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en ce qui concerne, notamment, l’élimination complète des armes nucléaires.  Selon lui, l’élimination de ces armes doit s’effectuer dans le cadre du désarmement général et complet tel que défini par le mécanisme de désarmement onusien.  La réalisation d’un monde sans armes nucléaires doit se faire de manière graduelle et à long terme, a-t-il souligné, et l’interdiction proprement dite des armes nucléaires devrait intervenir dans les dernières étapes du processus d’élimination, afin que celle-ci devienne irréversible.  Le représentant a indiqué que son pays ne comptait pas signer ou ratifier le Traité et il a appelé les membres de la communauté internationale à respecter plutôt les approches en vigueur en matière de désarmement nucléaire, approches « qui ont fait l’objet d’un consensus et ont apporté la preuve de leur efficacité dans le cadre du TNP ».  Le représentant a ensuite rappelé qu’au cours des 30 dernières années, par le biais d’accords bilatéraux conclus avec les États-Unis ou de manière unilatérale, la Russie avait contribué de manière considérable à la concrétisation d’un monde sans armes nucléaires.  Nous avons réduit notre potentiel nucléaire de 85%, et nous tâchons, dans le cadre du Traité sur la réduction et la limitation des armements stratégiques offensifs, d’atteindre, d’ici au 5 février 2018, les objectifs fixés en matière de limitation des têtes nucléaires, de leurs vecteurs et de leurs lanceurs, a encore assuré le représentant. 

M. Ulyanov a par ailleurs indiqué que son pays présenterait, cette année encore, un projet de résolution à la Première Commission sur la prévention de l’armement de l’espace.  Nous appelons toutes les délégations qui ne l’ont pas encore fait à se porter coauteur de ce texte, en particulier les États membres de l’Union européenne, qui, « nous l’espérons, ne sont pas indifférents à la question de la prévention d’une course aux armements dans l’espace ».  Il a qualifié de non convaincant l’argument invoqué en raison de l’absence de définition de ce que sont des armes placées dans l’espace.  Contrairement à ce qu’avance l’Union européenne, a-t-il affirmé, la question ne porte pas sur la nature juridique d’un éventuel instrument contraignant de prévention d’une course aux armements: « ce qui fait la différence, ce sont la volonté et l’engagement politiques, c’est le niveau de confiance entre États », a-t-il souligné.  Le représentant a ensuite annoncé que, cette année, son pays et la Chine présenteraient un projet de résolution demandant de nouveau la création d’un groupe d’experts gouvernementaux sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.  Ce texte permettra d’examiner de manière approfondie cette question d’une définition des armes dans l’espace et pourrait stimuler une discussion thématique à la Conférence du désarmement, a-t-il dit. 

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a rappelé l’urgence qu’il y avait à mettre fin à « cette frénétique course à l’armement dans laquelle le monde s’est embourbé ».  Qualifiant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui a été ouvert à la signature le 20 septembre dernier, de « grand pas en avant dans les efforts multilatéraux », il a estimé que cet instrument démontrait l’urgence, pour les pays dotés de l’arme atomique, de se désarmer.  Il a souligné que le préalable indispensable à l’efficacité de ce traité est son universalisation.

Le représentant s’est inquiété du contexte mondial marqué par la détérioration de la sécurité internationale, la multiplication des menaces terroristes et surtout « le développement par certains États de programmes nucléaires jugés dangereux par la communauté internationale ».  Selon lui, une approche multilatérale est plus que jamais de rigueur pour pousser l’ensemble des États Membres à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a aussi souligné que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est l’instrument clef pour garantir la paix, « même si les obligations qui en découlent n’ont pas toujours été respectées par les États parties ».  Pour lutter contre la prolifération de ces armes, il a appelé à faire de la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient un objectif majeur au niveau régional.

Le délégué s’est ensuite préoccupé de la menace que posent les armes classiques pour la stabilité de la région sahélo-saharienne, et a exhorté la communauté internationale à multiplier les efforts de coopération régionale.  Si le Maroc dénonce « l’impasse » et la « léthargie » dans lesquelles se trouve la Conférence du désarmement, il se félicite en revanche des 14 recommandations formulées par le Groupe de travail de la Commission sur les mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques, espérant qu’elles contribueront à atténuer les tensions, à prévenir et à résoudre les conflits et à favoriser le développement durable.  C’est aussi dans cet esprit, a conclu le représentant, que le Maroc considère que le Traité sur le commerce des armes contribuera à la consolidation de la paix.

Mme ALICE GUITTON (France) a appelé les États Membres à condamner sans ambiguïté la « stratégie irresponsable » et les provocations de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) qui, a-t-elle relevé, a conduit trois essais nucléaires depuis 2016, intensifié ses tirs de missiles balistiques et diversifié ses vecteurs, le tout en violation totale de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a insisté sur la nécessité de réaffirmer l’inviolabilité de la règle de non-prolifération et de ramener le régime de Pyongyang à la table des négociations.  C’est en ce sens qu’elle a indiqué que la France appuyait pleinement les sanctions prises récemment par le Conseil de sécurité et l’Union européenne. 

Concernant le conflit syrien, Mme Guitton a indiqué qu’un projet de résolution qui sera présenté cette année à la Première Commission rappellera que l’usage des armes chimiques est interdit, en accord avec le principe fondamental établi par la Convention sur les armes chimiques (CIAC).  Au sujet du dossier nucléaire iranien, la représentante française a déploré les tirs répétés, par la République islamique d’Iran, de missiles capables de porter des armes nucléaires, ces activités constituant une violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité ainsi qu’une source de déstabilisation dans la région. 

Mme Guitton a ensuite expliqué pourquoi la France n’avait pas pris part aux négociations ayant abouti à l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Ce traité n’est pas contraignant et ne crée pas de nouvelles obligations, a-t-elle dit.  Pour la France, comme pour de nombreux autres États d’Europe et d’Asie, la dissuasion nucléaire continue de jouer un rôle central dans le maintien de la stabilité et de la sécurité régionales et internationales.  La représentante a même jugé que le Traité n’était pas seulement une mesure inefficace sur la voie du désarmement nucléaire, mais qu’il sapait la crédibilité du régime de non-prolifération en établissant une norme concurrente de celles instaurées par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et les accords de garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Le Traité sape enfin la crédibilité du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et pourrait par conséquent compromettre les efforts entrepris pour permettre son entrée en vigueur, s’est inquiétée la représentante. 

Mme Guitton a par ailleurs mis en garde contre la politisation excessive du débat au sein de la communauté du désarmement, qui conduit à l’affaiblissement de plusieurs instruments juridiques.  Elle a appelé à relancer le dialogue constructif et la coopération dans le domaine du désarmement multilatéral.  C’est dans cet esprit, a-t-elle dit, que la France, dans le cadre du TNP, continuera à œuvrer activement en faveur de l’entrée en vigueur du TICE, au lancement de négociations sur un traité interdisant les matières fissiles à des fins militaires, et au renforcement des mécanismes de vérification du désarmement nucléaire, entres autres. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a constaté que l’absence d’un régime juridiquement contraignant de garanties négatives de sécurité, assurant aux États non détenteurs contre l’emploi ou la menace d’emploi des armes nucléaires, autorisait de fait les États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) dotés de l’arme nucléaire à poursuivre la modernisation de leurs arsenaux.  Un tel instrument juridiquement contraignant, établi dans le cadre du Traité, représenterait un gain majeur pour l’ensemble des États non dotés et contribuerait ainsi tant au désarmement qu’à la non-prolifération, a-t-il estimé.  Le représentant a ajouté que son pays, signataire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ne pouvait qu’appeler tous les États Membres à adhérer à cet instrument, cela pour réaffirmer leur engagement en faveur de la paix mondiale et de la stabilité.  Nous soulignons l’importance de la constitution de zones exemptes d’armes nucléaires en tant que mesure de choix efficace pour parvenir à terme à un monde sans armes nucléaires, a également noté le représentant indonésien.  Il a demandé aux États Membres de signer et ratifier le Protocole de Bangkok afin de créer une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud.  L’Indonésie soumettra un projet de résolution à la Première Commission réitérant cet appel, et nous espérons que ce texte sera appuyé par le consensus le plus large possible, a-t-il ajouté.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a souligné que le désarmement et le contrôle des armes est essentiel pour renforcer le progrès socioéconomique et le bien-être des peuples.  Il a indiqué que son pays est toujours confronté aux défis que posent les vestiges explosifs de la guerre et a été un des premiers à signer et ratifier la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction.  Depuis lors, la Thaïlande a détruit toutes les mines terrestres qu’elle avait en réserve et nettoyé plus de 84% des zones contaminées.  Des « circonstances inattendues » ont cependant retardé ces efforts et la Thaïlande a soumis cette année une requête pour bénéficier d’un délai supplémentaire, a-t-il indiqué.

M. Chandrtri  s’est aussi inquiété des tensions dans la péninsule coréenne et a exhorté toutes les parties concernées à travailler ensemble pour la reprise des pourparlers à six.  Il a par ailleurs salué le rôle actif du Bureau des affaires de désarmement de l’ONU, ainsi que les efforts du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique pour promouvoir la coopération des États et des acteurs de la région dans ce dossier.

M. OSAMA ESMAIL ABOHEGAZY HASSAN (Égypte) a appelé à rendre universel le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et le Traité d’interdiction des armes nucléaires.  Il s’est aussi inquiété de l’échec à créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient et a exhorté la Commission à prendre des décisions importantes en la matière.  Le représentant s’et aussi soucié du fait qu’en 2015, la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas abouti à l’adoption d’un document final « à cause de trois États parties ». 

Appelant à retrouver l’équilibre entre les trois piliers du TNP, il a regretté que les États dotés de l’arme atomique, bien que conscients de leur dangerosité, n’arrivent pas à respecter les termes de l’article 6 dudit traité.  À ce titre, le représentant s’est félicite de la décision historique d’adopter le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a assuré que cet instrument n’entre pas en contradiction avec le TNP.  M. Hassan a eu aussi un mot sur le nucléaire civil, expliquant qu’il était du droit de tous les pays de développer un programme de ce type, à condition de le faire dans le cadre des conventions internationales.

Exprimant par ailleurs des réserves en ce qui concerne la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, il a estimé que ce traité utilise des « définitions trop politiques ».  Le représentant a également appelé à prévenir une course à l’armement dans l’espace, pour ensuite engager la communauté internationale à trouver un consensus sur des normes à adopter pour assurer la sécurité du cyberespace. 

M. NAWAF SALAM (Liban) a salué l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qu’il a qualifié d’historique car il rend illégales ces armes « abominables » de destruction massive.  Ce nouveau traité renforce les normes de non-prolifération en vigueur, a-t-il noté avec satisfaction, soulignant qu’en dépit de l’échec, en 2015, de la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le TNP demeure la pierre angulaire du désarmement nucléaire. 

Le représentant a ensuite appelé à l’entrée en vigueur immédiate de la résolution de 1995 du TNP sur l’établissement d’une zone exempte d’arme nucléaire et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  À cet égard, il a rappelé qu’Israël était le seul pays de sa région à n’avoir pas adhéré au TNP et à continuer de faire peser une menace à la paix et à la sécurité dans la région en accumulant des armes nucléaires et en refusant de placer ses installations nucléaires sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  D’autre part, M. Salam a indiqué que son gouvernement appelait à l’universalisation de la Convention sur les armes à sous-munitions, le Liban ayant, en 2006, subit de plein fouet les conséquences désastreuses de l’emploi de ces armes contre sa population.  Enfin, il a souhaité la tenue d’un débat constructif sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace, d’autant plus que 2017 marque le cinquantième anniversaire du Traité sur l’espace extra-atmosphérique.

M. SERHIY SHUTENKO (Ukraine) a rappelé que la décision historique prise par son pays de renoncer à ses armes nucléaires était basée sur des garanties claires remontant à 1994, en particulier le Mémorandum de Budapest signé par l’Ukraine, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Russie.  Il a insisté sur la pertinence de ce document à une époque marquée à la fois par les menaces de prolifération et par les efforts d’apaisement envers les États en recherche de capacités de dissuasion nucléaire.  M. Shutenko a ensuite condamné l’agression militaire russe contre son pays qui a affaibli, selon lui, le système de contrôle existant sur les armes classiques.  Il a également dénoncé le transfert de matériel militaire vers la Crimée et l’est de l’Ukraine, « ce qui ne déstabilise pas seulement la région, mais toute la sécurité européenne ».  Les outils les plus importants pour combattre cette menace restent, selon lui, le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, ainsi que l’instrument international de traçage de ces armes. 

M. Shutenko est ensuite revenu sur les conséquences humanitaires de l’agression militaire étrangère que subit son pays depuis quelques années.  Il a déploré un nombre élevé de blessés parmi les civils, et en particulier les enfants.  Des engins de guerre explosifs et des mines antipersonnel sont plantés par des groupes armés illégaux proches de la Russie, dans des zones résidentielles et sur les routes qui les relient, en totale violation des conventions internationales, a-t-il dénoncé. 

M. VINICIO MATI (Italie) a affirmé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est le seul cadre légal réaliste pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Cet objectif doit être poursuivi étape par étape, sur la base de mesures effectives, comme l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui est « cruciale ».  En attendant, M. Mati a appelé tous les États, y compris la République populaire démocratique de Corée, à respecter le moratoire sur les essais nucléaires.  Le représentant a également appelé à démarrer au plus vite, sous l’égide de la Conférence du désarmement, les négociations autour du traité relatif aux matières fissiles, pour ensuite faire part de son impatience de voir des résultats concrets déboucher des travaux du Groupe préparatoire d’experts de haut niveau.

Après avoir réitéré son soutien à la tenue d’une conférence pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, M. Mati a condamné l’usage des armes chimiques.  La condamnation n’est cependant pas suffisante si l’on veut rester crédible et les responsables doivent rendre des comptes, a-t-il toutefois souligné, avant d’apporter son appui aux activités du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU.  Il s’est par ailleurs félicité que la Conférence du désarmement ait adopté des mesures de confiance, saluant « un résultat significatif ».

M. SARHAD FATAH (Iraq) a vu dans la ratification de tous les instruments internationaux de désarmement et d’élimination des armes nucléaires un moyen efficace, pour la communauté internationale, d’arriver à cet objectif.  En la matière, il a préconisé une approche multilatérale, estimant qu’elle favorise le consensus et l’efficacité.  C’est aussi pourquoi, a expliqué le représentant, l’Iraq a voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale destinée à donner un élan aux efforts de désarmement multilatéral.  Il a aussi souligné le rôle central de la Conférence du désarmement en tant qu’organe unique de négociation des instruments de désarmement, regrettant toutefois qu’aucune décision sur un ordre du jour « équilibré et exhaustif » n’ait été adoptée.

Le représentant de l’Iraq a ensuite rappelé l’importance de la création de zones exemptes d’armes nucléaires, notamment au Moyen-Orient.  Préoccupé par l’échec des efforts pour créer cette zone, le représentant a réaffirmé que cet objectif passerait forcément par la dénucléarisation d’Israël.  Il a appelé toutes les parties citées dans l’annexe 2 du Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à ratifier ledit traité pour aboutir à la création de cette zone.

Le représentant de l’Iraq a par ailleurs signalé que les armes classiques et les mines antipersonnel continuent à faire de nombreuses victimes, notamment dans son pays où « la stratégie criminelle de l’EIIL » l’a conduit à planter des mines et des engins explosifs afin de ralentir l’avancée de l’armée iraquienne mais aussi de nuire aux civils.  Il a ensuite remercié la communauté internationale pour l’aide qu’elle a apportée à l’Iraq pour faire face à cette situation.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a indiqué que son pays avait renforcé la transparence en matière de dépenses militaires, et qu’il détruit périodiquement du matériel de guerre excédentaire ou obsolète, conformément aux engagements pris au titre de plusieurs conventions de l’ONU sur les armes classiques.  Le Paraguay s’efforce également de s’ajuster aux normes internationales pour participer plus activement à la lutte antiterroriste et contre le crime organisé transfrontalier.  Le représentant a aussi indiqué que son pays avait ratifié, cette année, le Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, et adopté un plan national de cyber sécurité pour parvenir à un cyberespace sûr et résilient. 

Soulignant ensuite que le processus de désarmement nucléaire doit être transparent et irréversible, il a condamné les essais conduits par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) « qui violent le droit international ».  Pour le représentant, la Première Commission doit réaffirmer l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, et, dans ce contexte, les États dotés d’armes nucléaires doivent retirer leurs « déclarations interprétatives » au sujet du Traité de Tlatelolco visant à créer une telle zone en Amérique latine et dans les Caraïbes. 

Pleinement consciente de l’ampleur de la menace liée à la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), Mme CHRISTINE KALAMWINA (Zambie) a fait part de la détermination de son pays à adhérer aux principaux instruments internationaux existants dont l’objectif est d’endiguer ce fléau, notamment le Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et l’Instrument international visant à permettre aux États de procéder à l’identification et au traçage rapides et fiables des ALPC illicites.  À ses yeux, ces différents instruments internationaux, continentaux et régionaux doivent permettre de donner corps à l’engagement de la communauté internationale en faveur de la lutte contre les individus et groupes impliqués dans le commerce illicite et la prolifération des ALPC.

M. TALAL ALFASSAM (Koweït) a exhorté la communauté internationale à trouver un consensus sur la question des armes nucléaires en respectant les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  « Nous avons connu ces 10 dernières années des phases irrégulières de volonté politique sur la question du désarmement, notamment de la part les États dotés de l’arme nucléaire », a-t-il notamment commenté.  Préoccupé par la situation que connaît la péninsule coréenne, le représentant a par ailleurs appelé toutes les parties à faire preuve de retenue « pour le bien de la paix mondiale ».

Exprimant ensuite l’attachement de son pays à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient, il a regretté qu’Israël refuse toujours d’adhérer au TNP, de signer les accords de garantie de l’AIEA et de soumettre ses installations nucléaires à l’examen de cette agence.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a constaté, en ce qui concerne la prolifération des armes légères et de petit calibre, que la sixième réunion biennale d’examen de la mise en œuvre du Programme d’action, tenue en juin 2016, avait permis aux États Membres de faire le bilan des efforts accomplis, et d’identifier les mesures innovantes permettant de rendre efficiente la lutte contre le commerce illicite et la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Toutefois, a ajouté le représentant, l’absence de consensus quant à l’éventuelle intégration de la question des munitions et de leur gestion dans le Programme d’action fut déplorée par plusieurs délégations dont le Sénégal. 

De même, a poursuivi le délégué sénégalais, la plupart des États parties ont regretté la non-référence explicite au Traité sur le commerce des armes.  En outre, il a appelé tous les pays qui n’ont pas encore signé ce traité à le faire le plus rapidement possible.  « Il nous faudra également œuvrer à la réduction du transfert illicite, de la circulation et de la fabrication des armes légères et de petit calibre dont la dissémination incontrôlée reste préoccupante dans plusieurs régions du monde », a estimé le représentant. 

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a qualifié le Traité d’interdiction des armes nucléaires d’étape fondamentale sur la voie de l’établissement d’un monde sans armes nucléaires.  Il complète, a-t-il considéré, les objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en renforçant les piliers fondamentaux: non-prolifération nucléaire, désarmement et usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Le représentant a également assuré que son pays cherchait à promouvoir l’universalité et le plein respect du TNP, qui reste, selon lui, la pierre angulaire de la non-prolifération et le meilleur moyen de rendre le monde plus sûr.  Il a en outre rappelé l’engagement de son pays en faveur du désarmement sous tous ses aspects, en témoigne, a-t-il précisé, la ratification du Traité sur le commerce des armes par son pays.  Le Guatemala est aujourd’hui une nation pacifique, attachée tout particulièrement au renforcement de la régulation internationale de la circulation et de l’usage illégal des armes, qui est un moyen efficace de réduire le niveau des violences armées au sein des populations civiles, a-t-il encore déclaré.

M. TALAL AL-KHALIFA (Qatar) a déclaré qu’il n’a jamais été aussi urgent de débarrasser le monde des armes nucléaires et de destruction massive et a appelé tous les États parties à respecter le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), pierre angulaire de la non-prolifération et du désarmement nucléaire.  Il s’est inquiété du peu de progrès réalisés par le Moyen Orient en la matière, regrettant par ailleurs l’échec, en 2015, de la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Rebondissant sur la question de la cybersécurité, il a affirmé que « la guerre numérique est devenue une réalité que nous ne pouvons ignorer ».  Selon lui, l’absence de juridiction internationale pour réguler ce domaine et l’absence de criminalisation posent des problèmes pour lutter efficacement contre les actes de piraterie informatique.  Sur le plan national, il a par ailleurs indiqué que le

Comité national du Qatar avait interdit certains types d’armes, et que des campagnes de sensibilisation sur les dangers des armes de destruction massive ont été adressées aux jeunes générations.  Il a ensuite appelé la Conférence du désarmement à adopter un programme de travail équilibré qui réponde aux besoins de tous les  pays.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigéria) a souligné l’importance de disposer d’un front diplomatique commun pour répondre de manière unie à la menace croissante que fait peser à la paix et à la sécurité internationales la non-régulation des armes classiques.  À cet égard, a-t-il dit, le Nigéria se réjouit des résultats obtenus lors de la Troisième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, organisée le mois dernier à Genève.  Les Parties au Traité doivent prendre la mesure de l’intensification des risques terroristes et de la prolifération de groupes d’insurgés dans de nombreuses régions du monde, y compris au Nigéria, a-t-il ajouté.  Concernant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a expliqué que son pays avait participé activement aux négociations sur cet instrument, convaincu que les conséquences humanitaires d’une détonation nucléaire, délibérée ou accidentelle, empêcheraient l’humanité de se relever d’une telle catastrophe.  Par ailleurs, il a salué l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, plaidant pour la création d’une zone de ce type au Moyen-Orient.

M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a déclaré qu’étant le seul pays à avoir vécu l’expérience traumatisante d’une dévastation nucléaire, le Japon demeurait un promoteur actif du désarmement nucléaire et de la non-prolifération.  Après avoir jugé essentiel de revitaliser les mesures pratiques et concrètes de désarmement nucléaire et de non-prolifération, il s’est attardé sur les récents essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Nous condamnons dans les termes les plus fermes ces actes qui constituent des violations flagrantes des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il dit, exhortant les autorités de Pyongyang à cesser immédiatement ses activités nucléaires et balistiques, à s’abstenir de toute nouvelle provocation et à abandonner tous ses programmes d’armes nucléaires.  Il a aussi appelé la communauté internationale à renforcer les mesures robustes prises collectivement contre cette menace à la sécurité régionale et internationale.

Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays présenterait à la Première Commission des projets de résolution sur le renouvellement de l’engagement des États vers l’élimination totale des essais nucléaires, sur le Traité sur le commerce des armes et sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC).

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a dénoncé les déclarations faites à l’encontre de sa légitime défense.  Il a estimé que la communauté internationale ne prend pas en compte la situation en péninsule coréenne, soulignant que le programme nucléaire de son pays vise seulement à dissuader toute attaque américaine.  « Tant que les États-Unis persisteront dans leur agressivité, nous ne bougerons pas d’un iota », a-t-il lâché, regrettant qu’aucun intervenant n’ait parlé des menaces américaines qui pèsent sur la RPDC.  Quant à la France, a-t-il ajouté, si elle pense que les armes nucléaires sont si dangereuses, elle devrait donner l’exemple en éliminant les siennes.  Le représentant a aussi affirmé que le Japon n’était pas qualifié pour critiquer la politique de dissuasion de la RPDC, ce pays étant, selon lui, « sous le parapluie nucléaire américain » ainsi qu’« une base avancée des États-Unis ».  Il a aussi accusé le Japon de disposer de l’uranium et du plutonium « qui lui permettraient de disposer d’un arsenal nucléaire s’il le décidait ».

Le représentant de la Syrie a condamné la « campagne d’allégations trompeuses » que fait circuler la France à propos de la dernière attaque chimique qui a eu lieu dans la ville syrienne de Khan Cheikhoun, y voyant la preuve de l’implication de la France dans ce crime.  Il a aussi affirmé que la France entretient des liens avec l’EIIL et le Front el-Nosra, et qu’elle approvisionne les groupes terroristes en armes classiques et autres.

À son tour, le représentant des États Unis a expliqué qu’aucun système de défense américain ne menace des forces stratégiques russes ou chinoises.  Des exercices militaires de routine ne sont pas équivalents à des agressions qui violent le droit international, a-t-il souligné. Il a ensuite conseillé au délégué de la RPDC de trouver de nouveaux arguments, affirmant que les États-Unis ne menacent pas son pays.  Ce n’est pas un problème entre nos deux pays, mais un problème de sécurité internationale posé par les agissements de la RPDC, a-t-il dit.

Le représentant du Japon a lui aussi rejeté les propos de la RPDC, notant que ce sont les essais nucléaires effectués par ce pays qui ont poussé le Japon à prendre des mesures de sécurité spéciales.  La RPDC doit entendre les condamnations de la communauté internationale et respecter les résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il exhorté.  Il a par ailleurs assuré que son pays utilisait à des fins pacifiques ses réserves de plutonium.

Reprenant la parole, le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté les allégations des États-Unis, « un pays qui nous menace avec l’arme nucléaire depuis 70 ans ».  Si nous cherchons à développer une force nucléaire nationale, ce n’est qu’à des fins de dissuasion afin d’éviter notamment une invasion militaire, a-t-il insisté.  Enfin, il a répondu à son homologue japonais que son pays n’avait aucune leçon à donner au sien en matière de transparence.

Rétorquant, le représentant des États-Unis a assuré que plus personne de croyait « aux mensonges de la Corée du Nord ».  Il a affirmé que le régime de Pyongyang déstabilise non seulement la région coréenne, mais aussi les États-Unis et les autre pays qui sont à portée de tir de ses missiles.  « Nous n’acceptons pas les provocations de ce régime », a-t-il martelé. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Jeunesse et réalisation des objectifs du développement social au menu des discussions de la Troisième Commission

Soixante-douzième session,
3e & 4e séances – matin et après-midi
AG/SHC/4196

Jeunesse et réalisation des objectifs du développement social au menu des discussions de la Troisième Commission

La Troisième Commission a poursuivi et achevé aujourd’hui la partie de son débat général consacrée au développement social.  Tout comme hier à l’ouverture de ses travaux, les interventions sont restées largement consensuelles, consacrées principalement, d’une part, à la jeunesse et ses atouts, d’autre part aux progrès réalisés et aux défis rencontrés dans la réalisation des objectifs du développement durable et du développement social.

Contrairement à ce que l’on dit, les jeunes ne sont pas les dirigeants de demain, mais ceux d’aujourd’hui, a résumé la représentante des États-Unis, reprenant en une phrase l’esprit des positions exprimées par nombre de délégués au nom de la jeunesse de leur pays.  Si tel est le cas, non seulement les Nations Unies, mais aussi les gouvernements doivent s’assurer de leur pleine participation à tous les processus de prise de décisions, comme le dit aussi la résolution 70/127 de l’Assemblée générale, a souligné le délégué des jeunes de la République tchèque, appelant les États à leur ouvrir plus d’espace à cette fin.

Cette pleine participation des jeunes est d’autant plus nécessaire que, s’ils sont bien l’avenir, le monde d’aujourd’hui leur fait peur, comme l’a expliqué la représentante de la jeunesse d’Allemagne.  La guerre, le populisme qui s’installe en Europe, les grandes quantités d’armes en circulation, dont des armes nucléaires, inquiètent cette jeunesse, qui souhaiterait, par le biais de la diplomatie ou de l’engagement, participer à la gestion des affaires mondiales.  À ce titre, une grande majorité d’intervenants ont demandé la mise en œuvre de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité.

Outre cette thématique des jeunes, les autres interventions ont essentiellement tourné autour de ce que les gouvernements ont pu réaliser dans le cadre des objectifs de développement.  Les délégations ont présenté ces mesures, mais aussi les défis qui empêchent ces objectifs d’être atteints.

Parmi ces obstacles figurent la faible croissance économique des pays développés qui a limité leur aide au développement, les mesures coercitives unilatérales imposées aux États qu’ont regrettées notamment le Venezuela et le Burundi.

Un des autres obstacles réside dans la capacité de l’économie mondiale à répondre aux attentes en matière d’emploi décent.  Le représentant de l’Organisation internationale du Travail a ainsi fait observer que le monde professionnel connaissait un bouleversement majeur dû à des changements structurels, à l’altération de la production et de l’emploi, aux avancées technologiques, aux effets des changements climatiques et aux grandes tendances sociales, politiques et démographiques.  Cette « grande transformation » de l’économie mondiale aura des conséquences sur la nature, la quantité et la qualité des emplois, a-t-il averti, exhortant tous les pays à se préparer à un nouvel « avenir du travail ».

La Troisième Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 4 octobre, à partir de 10 heures, en s’attachant à la question du Contrôle international des drogues.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/72/169)

Mise en œuvre des conclusions du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/72/158 et A/72/211)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/72/159, A/72/161, A/72/166, A/72/189 et A/72/190)

Suite et fin du débat général

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a expliqué que cette dernière entendait lutter contre la pauvreté et contribuer à l’édification de sociétés inclusives dans le cadre des efforts menés par l’ONU, à commencer par le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La CARICOM a, d’ores et déjà, mis en œuvre ses propres programmes, a rappelé le représentant.  En mars 2017, la Communauté a ainsi approuvé sa Stratégie 2030 du développement des ressources humaines.  Cela permettra aux personnes de progresser et de parvenir à un plein potentiel dans leur vie personnelle et professionnelle, a assuré M Richardson.  Le Plan de développement 2015-2030 de la CARICOM vise en outre à réduire la pauvreté et à faire progresser la santé et le bien-être.

Plus que jamais, a insisté le délégué, la résilience sociale est une composante clef pour ces pays confrontés à des catastrophes naturelles, comme l’ont rappelé les effets dévastateurs de la saison des ouragans.  Il faut pouvoir résister aux menaces, prévisibles ou non, auxquelles sont confrontés des pays comme les nôtres, a souligné M Richardson.  Réaffirmant l’engagement de la CARICOM dans la lutte contre les inégalités sociales et de revenus, le représentant a plaidé pour une hausse substantielle des investissements dans les ressources humaines et dans le renforcement du développement social, dans un cadre structurel approprié.  Enfin, il a indiqué que la CARICOM continuerait à œuvrer avec diligence pour permettre un meilleur partage des ressources de la région tout en faisant régner la solidarité sociale. 

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizstan) a déclaré que les défis actuels que connaît la communauté internationale exigeaient des efforts concertés.  Au plan national, le Kirghizstan s’est doté de plans et stratégies qui visent par exemple à améliorer la bonne gouvernance par le biais de la lutte contre la corruption.  L’éducation est également une des priorités du Gouvernement.  Grâce à la stratégie qui lui est dédiée jusqu’à 2020, pas moins de 98% des enfants kirghizes étaient scolarisés fin 2016.  Sur le plan de la santé, la réduction de la mortalité infantile a également connu des succès, passant de 66 pour mille en 1997 à seulement 22 pour mille en 2014.

Une stratégie de promotion de la parité a aussi été adoptée, qui implique notamment que toutes les lois adoptées sont analysées sous cet angle, a expliqué la représentante.  Un quota de représentation de 30% de femmes a pu être imposé au Parlement, en même temps que les peines étaient alourdies pour les mariages forcés, l’enlèvement des jeunes filles ou la polygamie.

Mme NORA IMANE BELLOUT (Algérie) assuré que son gouvernement accordait la priorité au développement social et que cette priorité avait été incluse dans les politiques de développement.  Celles-ci portent par exemple sur des plans de lutte contre la pauvreté, par le biais de programmes d’aide et d’assistance aux personnes défavorisées.  L’Algérie est ainsi parvenue à éradiquer la pauvreté et réduire le chômage par la diversification de son économie, a assuré la représentante.

M. WU HAI TAO (Chine) a indiqué que son pays considérait l’élimination de la pauvreté, l’emploi et l’intégration sociale comme des priorités en matière de développement social et des éléments centraux du Programme 2030.  Les États Membres doivent donner au développement social l’attention qu’il mérite et mettre en place des mécanismes permettant de mettre en œuvre la Déclaration de Copenhague et d’acter les objectifs de développement durable dans les domaines sociaux que sont la lutte contre la pauvreté, l’éducation, la santé et l’emploi, a plaidé le représentant.

Pour la Chine, il convient de se concentrer sur la protection des personnes, de les placer dans une perspective de développement, de créer un système universel et durable de protection sociale et de promouvoir l’intégration sociale et le développement inclusif.  La réforme, l’innovation et la connectivité doivent également être appuyées afin de parvenir à un développement social, robuste et durable.  Enfin, il est nécessaire de se concentrer sur les déséquilibres en matière de développement entre le Nord et le Sud.  À cet égard, honorer ses engagements en matière d’aide publique au développement devrait être, pour les États développés, le meilleur moyen de venir en aide aux pays en développement, a fait observer le représentant. 

Le délégué a par ailleurs rappelé que, dans le domaine de la protection sociale, la Chine s’était dotée d’un système d’assurance et de retraite unifié pour les habitants, qu’ils vivent en milieu urbain ou en milieu rural.  La Chine entend par ailleurs encourager l’entrepreneuriat et l’innovation, tout en poursuivant ses efforts en direction des pays développés, notamment en Afrique.  Il s’agit d’aider ce continent à mettre en œuvre l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 de l’ONU, a-t-il conclu.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a déclaré que, si l’on dit toujours que les jeunes sont les dirigeants de demain, la réalité est qu’ils sont les dirigeants d’aujourd’hui.  Il est donc vital que les Nations Unies et les États prennent des mesures adéquates à leur endroit.  Or, aujourd’hui, cette population est confrontée à des défis tels que l’oppression dans certains pays, la pauvreté, la faim ou encore l’absence d’emploi.  Il faut donc protéger les jeunes et leur donner des opportunités, a estimé la représentante, qui a invité les États à s’inspirer des bonnes pratiques des uns et des autres.  Parmi celles-ci, la représentante a cité l’utilisation des réseaux sociaux, dans lesquels elle a dit voir un formidable outil pour les jeunes qui peuvent se connecter les uns aux autres et faire entendre leurs voix. 

Mme FLANAGAN et M. DOCKERY (Irlande), tous deux délégués de la jeunesse de leur pays, ont rappelé le poids démographique des jeunes dans la population mondiale, dont la moitié est âgée de moins de 18 ans.  Or, ces jeunes sont le plus souvent exclus des systèmes sociaux et des processus de prise de décisions, quand ils ne sont pas refoulés, ont-ils fait observer.  Les gouvernements doivent tenir compte des traités des droits de l’homme qu’ils ont signés et reconnaître le potentiel que représentent les jeunes, mais aussi les personnes âgées, les femmes et les minorités ethniques, ont-ils plaidé avec force.  Les jeunes doivent recevoir une éducation et parvenir formés au marché du travail.  S’agissant de la protection des droits de la personne, il faut aussi une politique de tolérance zéro face à certaines pratiques discriminatoires, ce qui nécessite des moyens et une forte mobilisation.  « Nous devons être courageux ensemble car, ensemble, nous sommes plus forts », a lancé la déléguée.

Son homologue masculin a, lui, jugé essentiel que le Programme 2030 puisse être partout mené à son terme en intégrant les jeunes dans les travaux visant la réalisation des objectifs de développement durable.  « Ils ont leur mot à dire dans tous les domaines », de la politique à l’environnement en passant par la protection sociale, a-t-il affirmé.  Il a aussi souhaité qu’une place plus grande soit réservée aux femmes, y compris à l’ONU.  Elles doivent avoir les mêmes droits et le même accès à l’éducation que les hommes, a-t-il dit.  « Nous devons aller de l’avant, nous sommes innovateurs, nous voulons vivre dans un monde meilleur.  Laissez-nous vous aider à construire ce monde! », a-t-il conclu. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a déclaré que le développement social ne pouvait se faire sans investissement des États.  C’est ce que fait la République dominicaine, où les investissements dans l’éducation et la santé contribuent à lutter contre la pauvreté.  Ces efforts se concentrent également vers les populations vivant en milieu rural où, là aussi, des succès sont enregistrés.  Il existe également des institutions dédiées à la jeunesse, notamment un ministère de la jeunesse.  Des mesures destinées à renforcer la famille ont aussi été prises, ainsi que pour aider les personnes âgées, y compris pour les protéger de la violence, a assuré le représentant. 

Mme BERGMAN (Suède), Représentante de la jeunesse de son pays, a demandé comment les différents États faisaient pour inclure les jeunes dans les processus de prise de décisions, dans le contexte de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité relative aux jeunes, la paix et la sécurité.  En ce qui les concerne, les jeunes veulent et sont disposés à apporter leur aide si un mandat leur est donné, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’ils pouvaient intervenir dans divers domaines, tels le maintien de la paix, les violences basées sur le genre ou encore les changements climatiques.  Au nom des 22 millions de jeunes suédois, la représentante a donc demandé aux États de permettre aux jeunes de participer.

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a rappelé que le Programme 2030 avait été adopté en 2015 et qu’il appartenait désormais aux États Membres d’œuvrer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans ce vaste cadre, a-t-il dit, l’objectif de cette soixante-douzième session de l’Assemblée générale est de lutter contre la pauvreté et les inégalités entre les différents groupes sociaux, qu’il s’agisse des jeunes, des personnes âgées, des handicapés ou des minorités ethniques.  Les conséquences des crises humanitaires doivent également être atténuées pour parvenir au bien-être et au développement humain.  Rappelant que son pays verse 1% de ses dépenses de défense pour contribuer au financement du Programme 2030, le représentant a estimé que l’accent devait être mis sur la lutte contre les discriminations et les disparités sociales.

À cet égard, le Kazakhstan a augmenté son budget annuel pour apporter une meilleure protection aux jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés, a expliqué M. Bultrikov.  Cette stratégie, a précisé le représentant, comprend une feuille de route pour l’emploi, qui permet aux jeunes d’avoir une éducation et une formation professionnelle gratuite.  Plus de 10 000 étudiants kazakhs ont ainsi pu terminer des études supérieures dans des établissements de qualité à l’étranger.

Le représentant a enfin jugé que le handicap devait être reconnu dans le monde entier comme une question relevant des droits de l’homme.  Le Kazakhstan, qui a ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, met en œuvre un plan d’action national pour la protection des handicapés, lequel prévoit notamment un accès facilité à l’emploi, a expliqué le représentant. 

Mme GEISSEL (Allemagne), déléguée de la jeunesse de son pays, a expliqué qu’au cours des six derniers mois, elle avait rencontré de nombreux jeunes pour leur demander leur avis sur diverses questions de société.  Il est apparu que les jeunes d’Allemagne ont peur, a-t-elle affirmé.  Ils ont peur de la guerre, peur du populisme qui s’installe en Europe, peur de la quantité d’armes dans le monde. 

Pour répondre à tous les problèmes posés par cette réalité, les jeunes croient en la diplomatie internationale, comme le Conseil de sécurité l’a reconnu dans sa résolution 2025 sur les jeunes, la paix et la sécurité.  Ils peuvent donc contribuer à la paix et à la sécurité internationales.  Pour cela, ils pensent que s’orienter vers un désarmement est primordial, a poursuivi Mme Geissel, ajoutant qu’aux yeux des jeunes, la priorité était le désarmement nucléaire, compte tenu du pouvoir dévastateur de ces armes. 

Un autre membre de la délégation allemande, M.  KUSCHICK, jeune délégué, lui aussi a, pour sa part, déclaré que s’adapter aux nouvelles réalités n’était pas chose aisée.  Pourtant, les sociétés peuvent s’enrichir de la diversité offerte par les mouvements migratoires et les migrants eux-mêmes, a-t-il ajouté.

M. KELVIN KONIKI (Suriname) a estimé que l’accès à une éducation de qualité était une condition nécessaire à la réalisation du développement social.  À cette fin, il a appelé les gouvernements à diversifier les opportunités en matière de formation et à rendre l’éducation obligatoire le plus longtemps possible.  Pour sa part, le Suriname compte faire passer l’âge maximum de l’éducation obligatoire pour les enfants de 12 à 16 ans, a expliqué le représentant. 

Notant une augmentation de la violence sexuelle contre les enfants dans son pays, M. Koniki a estimé qu’il fallait améliorer la socialisation des jeunes et la qualité des messages véhiculés sur cette question.  Il faut en outre améliorer l’éducation sexuelle des garçons, notamment par le biais de programmes sur la santé reproductive, afin de favoriser une évolution des mentalités et prévenir les abus sexuels, a-t-il estimé.  Enfin, pour le représentant, les parents et les éducateurs doivent eux aussi être sensibilisés à ce problème.

Mme MATAR (Émirats arabes unis), déléguée de la jeunesse de son pays, a déclaré avoir pris note avec satisfaction du rapport du Secrétaire général sur l’épanouissement des jeunes et son lien avec le développement social.  Les jeunes des Émirats arabes unis se félicitent des mesures permettant de faire confiance aux jeunes et d’exploiter leur potentiel, a-t-elle affirmé, avant de faire observer que le problème tient au fait qu’ils ne sont pas souvent écoutés sur les questions qui les concernent.  Il faut les inclure dans les processus de prise de décisions sans pour autant attendre des solutions toutes faites, a-t-elle souligné.  

Assurant que les jeunes émiriens souhaitaient participer aux efforts en vue d’un développement durable dans leur pays, elle a fait remarquer qu’une jeune femme avait été nommée ministre chargée des affaires sociales, y voyant le signe d’une volonté d’ouverture du Gouvernement.  De plus, a-t-elle ajouté, les Émirats arabes unis ont créé des instances de développement social ainsi que des conseils de jeunesse auxquels participent des jeunes filles et des personnes handicapées.  Des séminaires ont aussi été mis en place pour échanger les idées et tenir compte de l’avis des jeunes dans tous les aspects de la vie, notamment politique.  Par ailleurs, a poursuivi la jeune déléguée, un centre de jeunesse arabe a été créé et des bourses octroyées.  Enfin, a-t-elle conclu, les Émirats arabes unis ont fait le choix d’inclure des jeunes dans leur délégations auprès de l’ONU, estimant que ce fait contribuait à offrir un environnement favorable à la promotion de la jeunesse.

Mme PAVKOVIC (Serbie) a fait observer que son pays était l’un des rares à disposer d’un ministère de la jeunesse.  La Serbie a de plus adopté des stratégies réalistes et réalisables.  Les jeunes serbes sont en outre hospitaliers, a affirmé la représentante, qui a illustré son propos en rappelant l’accueil offert à des milliers de migrants passant par la Serbie pour rejoindre les pays de l’Union européenne.

M. JUAN CARLOS MENDOZA-GARCIA (Costa-Rica) a souligné que son pays s’était efforcé de définir des lois, politiques publiques et programmes conformes aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour réaliser ces objectifs, le représentant s’est dit conscient de la nécessité de faire bénéficier du développement les groupes historiquement les plus marginalisés, dont les populations autochtones, les personnes d’ascendance africaine, les femmes et les filles, les personnes handicapées, les personnes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) et les migrants.

Pour réduire les inégalités, le représentant a expliqué que les autorités costariciennes utilisaient, depuis octobre 2015, un indice de pauvreté multidimensionnel capable de donner un aperçu plus complet de la pauvreté dans le pays, en prenant en compte des facteurs autres que le simple revenu, y compris l’éducation, la santé, le logement, le travail et la protection sociale.

M. MURAT UĞURLUOĞLU (Turquie) a déclaré qu’il était impératif d’éradiquer la pauvreté et les inégalités, d’atteindre une croissance économique rapide, de renforcer les capacités des femmes et des jeunes, de créer des emplois décents et de protéger l’environnement.  Réaffirmant l’engagement de la Turquie envers le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le représentant a insisté sur le fait que le développement ne saurait être possible sans l’intégration de tous les potentiels humains, hommes, femmes, personnes handicapées et personnes âgées dans l’effort global de développement.

Notre monde continue de faire face aux défis que représente la plus grande crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le représentant, qui a ajouté que le flux sans précédent de migrants et de réfugiés avait un impact direct sur le programme de développement social de son pays.  Il a ainsi expliqué que la Turquie accueillait 3,3 millions de personne qui avaient fui la dévastation de leur pays, un chiffre qui inclut 3,1 millions de Syriens, dont 835 000 enfants en âge d’aller à l’école.  M. Uğurluoğlu a enfin indiqué que la Turquie continuerait à répondre aux besoins humanitaires, de santé et d’éducation de ceux qui se sont placés sous la protection temporaire du pays, insistant cependant sur le fait qu’une plus grande coopération internationale était nécessaire pour porter assistance aux déplacés dans le besoin. 

Mme JUANA SANDOVAL (Nicaragua) a réaffirmé l’engagement de son gouvernement à lutter contre la pauvreté et à assurer le plein emploi et l’intégration sociale, des objectifs arrêtés il y a plus de 20 ans, a-t-elle fait remarquer.  Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 représente « une des réalisations les plus importantes de l’histoire de l’Organisation comme cadre de lutte pour un ordre mondial juste, pour qu’ensemble nous avancions vers l’éradication de la pauvreté », a ensuite affirmé la représentante.

Le Gouvernement de réconciliation et d’union nationale continue de travailler à la restitution des droits politiques, économiques, sociaux et culturels des Nicaraguayens, a assuré la représentante, qui a cité des résultats « historiques » en termes d’égalité de genre, d’investissement, de développement et de sécurité.

Pour faire de ces droits économiques, sociaux, politiques et culturels une réalité, le Nicaragua a mis en place une série de mesures, a expliqué la représentante, qui a cité en exemple la mise en place, depuis août, de réduction dans les transports pour les personnes handicapées, ou encore l’institution d’un système de retraite pour les personnes âgées.  « Dans notre pays nous abordons la question des personnes âgées comme une question de solidarité et de soutien à la famille », a encore expliqué la représentante, qui a rappelé que, pour le Gouvernement, la famille était le noyau de la société et que toute restauration des droits et participation directe devait tourner autour de la famille.

Mme COVEI (Roumanie) a déclaré que, pour être véritablement des acteurs de changement, les jeunes avaient avant tout besoin d’être rendus autonomes.  D’après les enquêtes réalisées par son pays, les jeunes roumains souhaitent être pris davantage au sérieux par leurs dirigeants, a-t-elle expliqué.  « Si nous ne leur donnons pas satisfaction, nous risquons d’être confrontés à un manque d’engagement civil », a mis en garde la représentante, ajoutant que, lorsque les citoyens ne se sentent pas entendus, ils décident souvent de rester silencieux.

Pour M. MACELARU, éduquer les jeunes de façon à ce qu’ils prennent l’habitude de s’exprimer demeure le moyen le plus efficace de les autonomiser.  « De fait, la principale source de préoccupation des Roumains est l’éducation; ils veulent une éducation centrée sur la création de compétences, plutôt que sur la rétention d’information », a-t-il affirmé.  À ses yeux, forcer les jeunes à apprendre des choses dont ils ne voient pas l’utilité risque de les inciter à développer de mauvaises habitudes, telles que tricher, voire à quitter l’école.

Les inégalités d’accès à l’éducation sont également un problème de taille, a estimé le délégué roumain, soulignant que les enfants issus de familles à faible revenu avaient 33% de chance en moins que leurs camarades d’acquérir des connaissances de base en mathématiques.  « Il est vrai que des individus exceptionnels parviennent à surmonter ses difficultés économiques », a-t-il reconnu, « mais l’existence de quelques personnes exceptionnelles ne devrait pas être utilisée comme un argument pour laisser les choses telles qu’elles sont ».

Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a déclaré que son pays s’attachait à tirer le meilleur parti des accords de libre échange et de libre circulation des individus conclus avec l’Union européenne dans le but de reconstruire son économie et ses infrastructures, conformément aux principes et cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « En dépit de l’agression russe en cours, l’Ukraine a non seulement démontré sa capacité à mettre en œuvre des réformes au cours des trois dernières années, mais elle a également obtenu des premiers résultats », s’est félicitée la représentante, citant notamment l’essor économique du pays, la moralisation de son système bancaire et la rationalisation de ses dépenses publiques.  De plus, a-t-elle affirmé, les principales agences de notation financière ont amélioré leur évaluation de l’Ukraine.  Le pays, a-t-elle poursuivi, a également réalisé des progrès sur le plan de la lutte contre la corruption, de l’amélioration de la couverture santé des Ukrainiens et de la promotion de l’égalité des sexes.

« En raison de l’occupation temporaire de la Crimée ukrainienne par la Fédération de Russie et des agressions de cette dernière dans la région du Donbass, des milliers de personnes ont été tuées ou blessées », a toutefois déploré la représentante, précisant qu’au moins 1,7 million de personnes avaient été forcées de quitter leur domicile.  Pour faire face à cet afflux, les autorités du pays s’efforcent d’améliorer la protection sociale des déplacés, a assuré Mme Horbachova.  Cependant, a-t-elle ajouté, seule la fin de l’agression militaire dont est victime son pays permettrait de restaurer efficacement l’économie et les infrastructures sociales des régions affectées.

M. PWINT PHYU THINN (Myanmar) a souligné l’importance du développement social, ajoutant que son pays promeut aussi le développement physique, intellectuel et moral de sa jeunesse car « les jeunes sont l’avenir de notre économie ».  Des programmes de développement des jeunes sont mis en œuvre à travers le pays grâce au soutien et à la coopération des agences des Nations Unies, a expliqué le représentant. 

Pour permettre à toutes les personnes de participer au processus de paix du pays, il est nécessaire de savoir pour qui la paix est le plus important, a poursuivi le représentant.  Or, elle l’est avant tout pour les jeunes, qui sont l’avenir de notre pays, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que la Conseillère spéciale d’État –Aung San Suu Kyi- avait participé par deux fois à des débats sur la paix avec des jeunes cette année.  Nous devrions encourager encore plus la participation des jeunes à des forums similaires, car les jeunes sont les agents du changement, a poursuivi le représentant. 

M. Pwint Phyu Thinn a par ailleurs rappelé la coutume traditionnelle du Myanmar d’assumer la responsabilité du bien-être des membres de la famille les plus âgés.  C’est aussi une obligation sociale et religieuse, a-t-il fait valoir.  En plus des services sanitaires et sociaux, le Gouvernement fourni de l’argent aux personnes de plus de 90 ans. 

En ce qui concerne les personnes handicapées, le représentant a rappelé que son pays avait ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  De plus, le Gouvernement du Myanmar mène des programmes concernant la lutte contre les discriminations, la négligence et la violence à l’encontre des personnes handicapées.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 devait prévoir l’inclusion des personnes défavorisées.  C’est, a-t-il affirmé, ce que fait le Nigéria, avec ses plans et stratégies de lutte contre la pauvreté ou l’exclusion.  Des subventions publiques, y compris pour le logement et la création d’entreprises, sont versées aux personnes vulnérables.  Des plans de formation pour les jeunes et pour les formateurs sont aussi prévus.  En tant que pays le plus peuplé d’Afrique, le Nigéria entend en outre gérer cette transition démographique à travers son Schéma pour la prospérité des jeunes nigérians, également connu sous le nom de N-Power Programme, dont le but est d’enrôler 500 000 jeunes diplômés dans l’enseignement et 100 000 non diplômés dans l’artisanat, a expliqué le représentant.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a expliqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 avait incité le Gouvernement des Maldives à renouveler ses efforts dans le domaine du développement social, en mettant l’accent sur l’inclusion.  À cette fin, les Maldives se sont engagées à améliorer le sort des populations les plus vulnérables, telles que les pauvres, les femmes, les enfants et les personnes âgées.  Rappelant que près de la moitié de la population du pays est âgée de moins de 25 ans, le représentant a affirmé que le Gouvernement comptait faire du développement des jeunes une priorité, notamment en élargissant l’accès à l’éducation et en favorisant la création d’emplois. 

En outre, le Gouvernement des Maldives a mis en place des programmes destinés à renforcer la participation des personnes handicapées au marché du travail, en collaboration avec le secteur privé, a ajouté le représentant.  M. Mohamed a également rappelé qu’en ce qui concerne l’inclusion des femmes, le Gouvernement a adopté, en 2016, une loi sur l’égalité des sexes et a rendu obligatoire l’attribution à des femmes d’au moins 30% des postes de haute direction au sein des entreprises publiques.

Mme ALZOUMAN (Koweït), prenant acte du rapport du Secrétaire général sur la jeunesse, y a vu un lien encourageant avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour le Koweït, le développement de la jeunesse revêt une importance considérable, surtout dans la perspective d’un développement durable, a souligné la jeune déléguée, qui s’est félicitée des efforts déployés par son pays pour renforcer les institutions assurant la promotion de la jeunesse.  Le Koweït, a-t-elle affirmé, reconnaît le travail des groupes de bénévoles et promeut des programmes de jeunes afin d’exploiter pleinement leur potentiel.  

Le Koweït accorde également une grande importance à la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a affirmé la représentante.  Nous voulons fournir un travail décent à ces personnes mais aussi une protection sociale et un accès à la culture et à l’emploi, a-t-elle assuré.  Le Gouvernement donne par ailleurs des garanties aux personne âgées, comme des versements mensuels pour leur assurer une vie décente.  Il leur fournit aussi des logements et une assistance juridique en cas de besoin.  Comme le souligne le Secrétaire général de l’ONU dans son rapport, il s’agit en particulier de lutter contre la pauvreté, ce qui figure dans la Constitution du Koweït, a relevé la déléguée.  Dans ce cadre, a-t-elle conclu, nous œuvrons pour assurer aux familles une vie décente, y compris pour les femmes seules ou divorcées.  À cet égard, des règles existent pour éviter la violence et maintenir la dignité des femmes.

M. ROBERT ALEXANDER POVEDA BRITO (Venezuela) a déclaré que, dans sa volonté de mettre en œuvre les conclusions du Sommet sur le développement social et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ce n’est pas moins de 60% du budget national qui est réservé à la lutte contre la pauvreté.  Grâce au Plan de la patrie, qui court jusqu’en 2019, l’extrême pauvreté a été réduite de 23 à 17% ces dernières années, tandis que près d’1,7 million de logements ont été construits, a-t-il cité, entre autres réalisations.

En dépit des difficultés que connaît le pays ces derniers mois, notamment les attaques contre la monnaie nationale, le bolivar, et les mesures coercitives unilatérales appliquées par « une grande puissance », le Venezuela poursuivra ses efforts pour parvenir aux objectifs du développement social, y compris par le biais de la coopération Sud-Sud, a assuré le représentant. 

M. AMIR HAMZA MOHD NASIR (Malaisie) a souligné les progrès réalisés depuis la tenue du Sommet mondial pour le développement social, estimant que les objectifs de développement durable offraient un cadre complémentaire utile pour assurer le développement social du plus grand nombre.  Il a expliqué que son gouvernement reconnaissait la contribution des jeunes aux progrès de la Malaisie et le rôle qu’ils sont appelés à jouer dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment par le biais de la politique nationale de développement de la jeunesse.  

La Malaisie est déterminée à renforcer la coopération Sud-Sud et à partager son expérience en matière de développement social avec les autres pays en développement, a ajouté le représentant.  Pour ce faire, la Malaisie s’est engagée, à l’occasion d’une rencontre du Comité de haut niveau pour la coopération Sud-Sud, à collaborer avec les institutions multilatérales et le secteur privé afin de faciliter les échanges avec ses partenaires des pays en développement.

M. DUMKLANG (Thaïlande), représentant les jeunes de son pays, a insisté sur le fait que trois groupes de personnes ne devaient pas être oubliés sur le chemin de la réalisation des objectifs de développement durable.  Les jeunes, dans un premier temps, qui sont un agent majeur de changement.  « En tant que Thaïlandais, nous sommes prêts à partager avec les jeunes d’autres pays la philosophie de l’économie suffisante mise en place dans notre pays », a-t-il expliqué.  Les personnes âgées ensuite: d’ici à 2050, un cinquième de la population mondiale fera partie de la catégorie personnes âgées.  « En tant que jeunes nous ne les considérons pas comme un fardeau sociétal et apprécions leur expertise et leur expérience », a assuré le représentant.  Enfin, les migrants, sachant qu’au cours des dernières décennies la Thaïlande est devenue une destination pour migrants et refugiés.  « En tant que jeunes, nous pensons que les migrants contribuent au développement économique et social de la Thaïlande ».  Le représentant est, en conclusion, revenu sur l’importance des nouvelles technologies en tant qu’outil au service d’une meilleure culture de la tolérance.

Mme MARIAME KEITA ET M. MATTHIAS ROMBOUTS (Belgique) ont déclaré s’exprimer en tant que délégués de la jeunesse et au nom des trois communautés de leur pays.  M. Rombouts a fait valoir qu’une éducation de qualité impliquait une bonne éducation scolaire mais aussi des activités extrascolaires auxquelles participent les jeunes dans les domaines de la culture et du sport.  Nous pensons, a-t-il dit, que la participation est un facteur déterminant de la qualité de l’éducation.  Associer les étudiants aux prises de décisions améliorerait le fonctionnement des institutions et aurait des effets positifs sur les professeurs et les écoles elles-mêmes, a-t-il argué.  Cette participation est importante car elle constitue une valeur ajoutée au processus de prise de décisions, a-t-il poursuivi, voyant dans la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité, qui reconnaît ce potentiel dans les politiques de maintien de la paix, un excellent exemple.  

Mme Keita a pour sa part estimé qu’on ne peut parler d’une éducation de qualité sans parler d’inclusivité, aucun des objectifs de développement durable ne pouvant être réalisé s’il reste des laissés-pour-compte.  Évoquant son expérience personnelle d’étudiante, elle a rappelé qu’un Belge sur huit avait des origines non européennes.  Le système éducatif doit refléter cette société, a-t-elle plaidé.  Alors que l’exclusion et la pauvreté affectent directement la capacité d’acquérir une éducation de qualité et de devenir un citoyen engagé dans la société, les jeunes du monde entier continuent d’être considérés non pas pour ce qu’ils font mais en fonction de leurs origines, a-t-elle déploré, appelant les États Membres à œuvrer pour une éducation inclusive.

Mme MUKHTAR (Soudan) a déclaré que, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Gouvernement soudanais avait pris des mesures pour notamment accroître la sécurité alimentaire, la formation des jeunes, la santé et les programmes sociaux.  Le Gouvernement a également pu établir la paix dans diverses régions du pays, répondu aux besoins des personnes déplacées et financé les programmes de logements et de microcrédits, a assuré la représentante.  Cependant et compte tenu des difficultés rencontrées par les pays en développement comme le sien, Mme Mukhtar a estimé que la coopération internationale était nécessaire à la réalisation des objectifs de développement social. 

M. NAJEM (Bahreïn) a déclaré que son pays souhaitait se concentrer sur les jeunes, qui sont la force du Royaume.  La Stratégie 2015-2018, qui leur est consacrée, vise à être à la hauteur des défis d’aujourd’hui, comme l’a montré la tenue, en avril 2017, d’un forum des jeunes sur la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Plus de mille jeunes du monde entier ont participé à cette initiative, la première du genre, a expliqué le représentant. 

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a affirmé que le développement durable est une composante intégrale de la vision du Zimbabwe en matière de développement.  Il est également au cœur des politiques nationales pertinentes, en particulier dans le plan dénommé ZIMASSET.  Ce dernier est basé sur les quatre priorités du pays, à savoir: la sécurité alimentaire et la nutrition; les services sociaux et l’éradication de la pauvreté; les infrastructures et les services publics; et la valeur ajoutée et l’enrichissement.  L’Autorité du plan national de sécurité, qui gère toutes les questions de sécurité sociale du pays, est un autre exemple des mesures prises par le Gouvernement.

Le Zimbabwe est en outre engagé dans l’éradication de la pauvreté et en a fait une de ses priorités, comme le montre le programme localement connu sous le nom Command Agriculture, qui vise à trouver des solutions pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle après les faibles récoltes agricoles en 2016 et 2017, a encore expliqué le représentant.

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a mis l’accent sur les mesures prises par son pays en faveur des couches sociales les plus vulnérables, notamment les personnes handicapées, les orphelins et enfants vulnérables, les enfants des rues, les personnes âgées et les femmes, ainsi que sur l’amélioration des indicateurs de développement social du pays qui en a résulté.

Pour la représentante, la prise en charge de ces groupes sociaux découle non seulement de notre responsabilité de leur offrir de meilleures conditions de vie mais également de notre « devoir de recevabilité » envers les aînés et de notre engagement résolu à œuvrer pour la promotion et l’encrage de la solidarité intergénérationnelle au sein de la communauté internationale.

Présentant les objectifs du Burkina Faso pour la période 2016-2020, Mme Fofana a cité l’accroissement du nombre de personnes handicapées actives, le taux d’emploi devant passer de 2,2% en 2015 à 50% en 2020, ainsi que l’augmentation de la proportion des enfants vulnérables pris en charge, qui doit monter de 45% en 2015 à 70% en 2020.  Elle a également cité comme autres objectifs à atteindre, d’ici à 2020, l’éradication du phénomène des enfants des rues, la construction de deux centres gériatriques pour la promotion de la santé des personnes âgées et la mise en œuvre de l’assurance maladie universelle.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) s’est félicité du rapport du Secrétaire général qui appelle à promouvoir l’intégration sociale par l’inclusion sociale, estimant que cette dernière constituait un préalable indispensable au développement social.  Il a toutefois reconnu que, si des progrès ont bien été accomplis, ils restent inégaux s’agissant notamment du chômage et de la lutte contre la pauvreté.

Les pays les moins avancés sont les plus vulnérables face à ces défis, a fait valoir le représentant.  Ils doivent donc être au centre du développement.  Au Népal, pays où sont parlées 125 langues, la Constitution de 2015, facteur d’unité, reconnaît le droit des personnes et la diversité multiethnique, multiculturelle et géographique du pays, a expliqué M. Bhattarai.

Le Népal œuvre également au développement économique des femmes et veille à garantir aux personnes handicapées un accès aux services sociaux.  Un plan national vise à la réduction de la pauvreté tout en assurant à chacun une place dans le processus de développement, a encore souligné le représentant, qui a noté que le système népalais de protection sociale favorisait l’inclusion en aidant les différents groupes sociaux.

Mme SAMAR SUKKAR (Jordanie) a fait observer qu’en plus des difficultés auxquelles sont traditionnellement confrontés les pays arabes en matière de développement, en tête desquelles figurent la pauvreté et le chômage des jeunes, le Moyen-Orient subit ces dernières années une instabilité « sans précédent » liée aux conflits et aux déplacements de masse.  « L’afflux de réfugiés syriens et la nature prolongée des crises régionales ont testé les limites de la capacité d’absorption de la Jordanie, au détriment de toutes les dimensions de la vie à l’intérieur du pays », a souligné la représentante.

En dépit de ces nombreux défis, la Jordanie s’efforce de promouvoir, au travers d’initiatives diverses, l’autonomisation des forces vives du pays, dont les jeunes et les femmes, a déclaré Mme Sukkar.  Pour faire en sorte que le développement bénéficie à l’ensemble de la population, le Parlement jordanien a également adopté, le 1er juin dernier, une nouvelle loi portant sur les droits des personnes handicapées, s’est félicitée la représentante, qui y a vu un signe de la volonté politique des dirigeants du pays de s’attaquer aux obstacles physiques et culturels qui empêchent les personnes handicapées d’exercer pleinement leurs droits.

M. HAILESELASSIE SUBBA GEBRU (Éthiopie) a déclaré que son pays était tout engagé dans la pleine réalisation des objectifs définis à la Conférence de Copenhague sur le développement social et dans le Plan d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, approuvé par l’Assemblée générale en juillet 2015.  L’Éthiopie travaille dans cette optique à avancer vers l’inclusion rapide, l’intégration sociale, la création d’emplois et la fourniture de services de santé et d’éducation.  Elle a ainsi adopté son second plan de croissance et de transformation, qui met particulièrement l’accent sur l’éducation, la formation, le développement du secteur de la santé ou encore les sciences et la technologie et le renforcement du système démocratique national, a expliqué le représentant.

Le Gouvernement a aussi pris des mesures concrètes pour promouvoir la pleine participation des personnes handicapées et des personnes âgées, à égalité avec les autres groupes, dans toutes les sphères de la société, a poursuivi M. Gebru.  Ainsi, le Gouvernement a adopté un plan d’action national sur les personnes âgées, lié au Plan d’action international de Madrid sur les personnes âgées.  En outre, l’Éthiopie a atteint ses objectifs en termes de prévention et de traitement du VIH/sida, a en outre affirmé le représentant.

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a noté qu’en dépit des efforts visant à sortir un milliard d’êtres humains de la pauvreté, celle-ci continue d’affecter des millions d’autres personnes à travers le monde.  Il a notamment rappelé le chiffre de 11% de la population mondiale vivant encore dans la pauvreté extrême, cité dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social.  M. Mikayilli a en même temps rappelé le soutien de son pays au principe d’une croissance inclusive, qui doit permettre une distribution équitable des ressources et lutter efficacement contre le fléau de la pauvreté.

Bénéficiant d’une forte croissance économique depuis 2004, l’Azerbaïdjan a pu réduire à 5% le taux de pauvreté et de chômage, tout en construisant 3 000 écoles et 600 centres de soins au cours de la dernière décennie, s’est félicité M. Mikayilli.  Dans ce contexte d’amélioration des conditions socioéconomiques de la population, le pays entend poursuivre son action en faveur de la jeunesse.  Après avoir accueilli, cette année, la quarante et unième Conférence mondiale du mouvement scout, l’Azerbaïdjan recevra l’an prochain les ministres de la jeunesse des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Enfin, l’Azerbaïdjan s’emploie à assurer aux personnes âgées une vie décente et conforme aux normes internationales et cherche à offrir, dans le cadre de sa politique inclusive, de nouvelles opportunités aux personnes handicapées.

Mme LILIT GRIGORYAN (Arménie) a mis l’accent sur les risques et défis résultant de la question des réfugiés et personnes déplacées, rappelant qu’au cours des dernières années, plus de 22 000 personnes avaient cherché protection en Arménie.  Guidé par sa compréhension de ces phénomènes et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Gouvernement arménien a pris des mesures pour intégrer ces personnes, a affirmé la représentante, ajoutant que son pays reconnaissait aussi la contribution des organisations internationales et de la diaspora arménienne.

L’Arménie est engagée pour les droits des personnes handicapées et a développé des politiques d’inclusivité et d’accessibilité pour les membres de cette population, en partenariat avec l’UNICEF et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a par ailleurs déclaré Mme Grigoryan.

La jeunesse arménienne bénéfice également de l’attention du Gouvernement, notamment avec des initiatives comme la Fondation Ayb pour l’éducation ou le Centre pour la créativité technologique TUMO, qui sont des exemples des progrès considérables enregistrés dans la qualité de l’éducation innovante en Arménie, a affirmé la représentante. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a déclaré que le taux de croissance de 7% prévu pour la période 2017-2019 ainsi que les engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 permettraient d’assurer « une cohésion sociale et une bonne répartition des fruits de la croissance ».  Il a ajouté que, 35% de la population djiboutienne ayant moins de 15 ans, le pays œuvrait sans relâche à l’extension sur l’ensemble de son territoire des mesures existantes nécessaires pour assurer aux jeunes un accès à l’enseignement scolaire et à la formation professionnelle de qualité.

La protection sociale et l’extension de filets sociaux constituent des stratégies clefs pour la réduction de la pauvreté, a ensuite expliqué M. Moussa, qui a insisté sur le fait qu’au-delà des employés du secteur formel, la politique de protection sociale mise en œuvre depuis 2013 contenait des mesures visant à soutenir directement le pouvoir d’achat et le revenu des ménages les plus pauvres et relevant du secteur informel.  Il s’agit là, a-t-il ajouté, d’une politique complémentaire aux autres efforts entrepris dans le cadre d’autres programmes à vocation universelle, tels que la scolarisation et l’accès aux soinx de santé.  Le représentant a ajouté que le Gouvernement avait mis en place le cadre nécessaire à une politique de l’habitat axée sur l’inclusion spatiale, avec un programme prioritaire intitulé « Zéro Bidonville ».

M. Moussa a par ailleurs fait observer qu’à Djibouti, comme partout dans le monde, l’impact des changements climatiques était subi de plein fouet.  Cela, a-t-il expliqué, se traduit par des phénomènes tels que des sécheresses récurrentes ou encore des inondations, causant des pertes avoisinant 4% du PIB, soit des « pertes considérables pour un pays en développement ».  La question de la résilience demeure par conséquent au centre de nos politiques de développement social, a ajouté le représentant.

Mme KHALED (Bangladesh) s’est félicitée des progrès réalisés par la communauté internationale dans le secteur social depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Copenhague.  Pourtant, a-t-elle constaté, d’importantes disparités subsistent.  Il est par conséquent impératif de dresser un bilan de la mise en œuvre des objectifs de développement durable adoptés dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et particulièrement des objectifs 1, 3, 5 et 10.  Dans ce cadre, l’élimination de la pauvreté par le biais de l’autonomisation de la population constitue la priorité du Gouvernement du Bangladesh en matière de développement.  La croissance économique du pays s’est accompagnée d’une amélioration des différents indicateurs sociaux, ce qui a notamment permis de créer des systèmes de protection sociale et de faire reculer à 12,9% le pourcentage des habitants vivant sous le seuil de pauvreté, a déclaré la représentante.

Le Gouvernement bangladais a beaucoup investi dans le développement de ses ressources humaines, notamment sa jeunesse, pour tirer parti de sa force démographique et transformer dans la réalité sa vision d’un pays connecté, a poursuivi Mme Khaled.  Nous œuvrons à la réalisation d’une éducation de qualité pour lutter contre le chômage et garantir une vie durable aux jeunes, a-t-elle assuré.

Conscient du fait que, d’ici à 2050, 20% de la population sera vieillissante, le pays a aussi pris plusieurs mesures pour les personnes âgées, notamment en matière de programmes sociaux.  Il s’attache également à faire de la protection des droits des handicapés une priorité, comme il l’a fait en contribuant, en 2012, à l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale sur l’autisme, a encore déclaré la représentante. 

M. MOJDOUB et Mme MEHADJI (Maroc), deux jeunes délégués représentant la jeunesse de leur pays, se sont exprimés tour à tour.  M. Mojdoub dit représenter « une jeunesse qui souhaite participer au développement de son pays ».  Il a précisé que le Maroc avait demandé une implication active de la jeunesse à l’Assemblée générale par le biais d’une résolution, y voyant le signe que son gouvernement « reconnaît le rôle clef que joue la jeunesse sur le plan social et politique ».  Il est de notre responsabilité à tous d’œuvrer de concert pour garantir un développement propice à la jeunesse et de lui garantir une égalité des chances, un meilleur accès à une éducation de qualité et des normes de vie meilleures, a ajouté le jeune délégué.

Mme Mehadji a pour sa part insisté sur l’importance de l’inclusion des femmes, des personnes handicapées et de tous les groupes vulnérables dans le développement social.  « Nous, les jeunes, vivons aujourd’hui dans un monde où la pauvreté et les inégalités perdurent entre les pays et au sein d’un pays », a-t-elle rappelé, ajoutant que les jeunes « plus que jamais doivent se retrouver au cœur de tous les projets de développement ».  Au Maroc, la jeunesse représente 26% de la population, ce qui est un atout pour le progrès national, les jeunes étant un acteur essentiel de transformation sociale et de développement, a encore estimé Mme Mehadji, qui a conclu par un appel: « Ne nous laissez pas de côté, impliquez-nous dans le développement! »

Mme RIXHON et M. LOHR (Luxembourg) se sont présentés comme la première génération de délégués de la jeunesse de leur pays, indiquant vouloir mettre l’accent sur la participation des jeunes dans la prise de décisions politiques.  Face à la montée du populisme, a souligné la déléguée, ce sont les jeunes qui rejettent massivement l’avenir dépeint par les extrémistes car « quoique les adultes fassent, l’avenir appartient et appartiendra toujours à la jeunesse ».  Les jeunes de moins de 30 ans représentant la moitié de la population mondiale, ils ont une place légitime dans la sphère politique, a-t-elle ajouté, jugeant impératif de valoriser leur voix en établissant un dialogue intergénérationnel.

Son homologue masculin a lui aussi constaté qu’en dépit de leur poids démographique, les moins de 30 ans étaient trop souvent marginalisés dans le monde.  Il a appelé la communauté internationale à défier ces façons de penser, non seulement pour des raisons de contrat social mais aussi pour des considérations de développement, de paix et de prévention des conflits.  Ces questions, a-t-il dit, sont transnationales et ne sauront trouver de réponses sans l’implication de la jeunesse, comme le prévoit la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité.   

M. ULUR (République tchèque) a dit s’exprimer à la fois au nom de la République tchèque et au nom des jeunes tchèques nés dans l’ère démocratique et libérale de ce pays.  Ces jeunes se sentent l’obligation de continuer le combat mené avant eux, par ceux qui se sont battus pour leurs libertés, a-t-il expliqué.  Ils entendent aussi continuer de renforcer les droits de l’homme qui ont été incorporés dans la société tchèque et ailleurs.  À cet égard, ils soulignent l’importance de la résolution sur la jeunesse qui sera négociée au cours de cette soixante-douzième session de l’Assemblée générale.  Ils lancent également un appel pour que soit élargi l’espace propice à l’expression de leurs opinions.  Cet espace devra permettre une plus grande et pleine participation des jeunes femmes dans les affaires politiques ou encore apportera une éducation de qualité basée sur la participation à l’apprentissage et non plus seulement sur les grandes théories, a ajouté M. Ulur.

Le représentant a aussi estimé que la participation des jeunes, telle que reconnue dans la résolution 70/127 de l’Assemblée générale, devait être renforcée par une éducation de qualité et le renforcement des capacités.   Elle devrait parallèlement être institutionnalisée dans les processus de prise de décisions, comme le rappelle par ailleurs la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité. 

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a déclaré que la priorité du Gouvernement, en ce qui concerne le secteur social, était orientée vers la réduction de la pauvreté et la lutte contre l’exclusion sociale, notamment en faveur des personnes et des groupes vulnérables.  En dépit des ressources limitées, le Burundi a toujours démontré son attachement envers la protection et la promotion de ces groupes en souscrivant notamment aux différents instruments internationaux, régionaux et nationaux, a affirmé le représentant, qui a ensuite expliqué comment le Gouvernement avait mis en place une politique nationale de protection sociale qui prend en compte les différentes catégories de personnes en situation de vulnérabilité. 

Étant donné que les jeunes de moins de 25 ans constituent plus de la moitié de la population burundaise, l’investissement dans la jeunesse et ses contributions représente la condition sine qua non pour le développement durable du Burundi, a poursuivi le représentant.  À ce titre, le Burundi envisage entre autres de créer prochainement une banque d’investissement des jeunes afin de promouvoir l’esprit de créativité et d’entreprenariat de la jeunesse.  Après avoir décrit certaines avancées du pays dans les domaines éducatifs et de la santé, le représentant a reconnu que le chemin à parcourir restait encore long: l’abandon scolaire, la montée des violences à l’égard des femmes et des filles, la pauvreté des personnes vulnérables, le manque d’emploi des jeunes représentent de sérieux défis, a-t-il expliqué.

En conclusion, le représentant a réaffirmé la volonté de son pays de renforcer les acquis dans les domaines du développement social et de la lutte contre la pauvreté, et ce, malgré « les sanctions injustes et unilatérales imposées dans la précipitation » à son pays, qui ont des « conséquences néfastes sur la population en général et les personnes vulnérables en particulier ».

M. KAMBA DOUTI (Togo) a indiqué que son pays s’était doté d’un plan national de développement portant sur la période 2018-2022, conçu pour faire le trait d’union entre les objectifs de développement durable et les priorités nationales que sont la croissance et l’emploi.  Outre ce plan national, le pays a également adopté, en 2016, un programme d’urgence de développement communautaire, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), pour lutter contre la pauvreté et promouvoir la paix au Togo.

Par ailleurs, M. Douti a rappelé que l’entreprenariat et l’emploi des jeunes constituaient l’une des principales priorités de développement socioéconomique pour son pays, qui a lancé de multiples initiatives à cet effet, dont le programme d’appui au développement à la base, le fonds d’appui aux initiatives économiques des jeunes, le programme de volontariat national, le programme d’appui à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs, la centrale d’achat des jeunes entrepreneurs et le fonds national de la finance inclusive.  « Tous ces efforts ont permis à des centaines de milliers de jeunes d’avoir accès à des opportunités de formation, d’emplois, de financement et d’accompagnement pour la création d’entreprise », s’est-il félicité.

Dans le domaine de la santé, a poursuivi M. Douti, le nouveau plan national de développement sanitaire vise à améliorer la gouvernance des unités de soins et la production pharmaceutique, cependant que, dans le secteur agricole, le programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire a généré des emplois décents au profit de la jeunesse.  Ce dernier plan, a ajouté le représentant, a également favorisé le développement des agropoles et contribué à la réduction d’un tiers de la sous-alimentation de 33% entre 2012 et 2015.

M. IBRAHIM K. M. ALMABRUK (Libye) a souligné l’importance du rapport du Secrétaire général sur les réalisations obtenues à la Conférence mondiale de développement social.  Toutefois, a-t-il fait observer, les taux de croissance des pays développés sont restés assez bas et les programmes de financement du développement sont aujourd’hui insuffisants.  Or, les pays en développement ont besoin d’aide pour la construction d’infrastructures dans le secteur productif, afin de favoriser la création d’emplois et de réduire les disparités entre les revenus.

En dépit de l’instabilité politique et économique que connaît le pays et qui a eu un impact très négatif sur son développement, la Libye s’emploie à appliquer ses lois dans le domaine de la protection sociale, a souligné le représentant.  La Libye s’efforce de combler les disparités en matière de revenus dans les institutions gouvernementales en favorisant une augmentation de salaire pour les jeunes, a-t-il expliqué.  En ce qui concerne les droits de l’enfant, elle œuvre à la scolarisation des enfants des personnes déplacées en fournissant du matériel scolaire.  Quant à la jeunesse, que le représentant a qualifiée de pilier du développement de son pays, tout est fait pour accroître sa participation dans les rouages de la société, mais le processus est freiné par les difficultés rencontrées par le pays.

M. HALVORSEN (Danemark) a expliqué que le terme des objectifs de développement durable était dans 13 ans, ce qui fait de ceux-ci, de facto, un contrat intergénérationnel.  À travers le monde, 1,8 milliard de jeunes ont maintenant 17 objectifs, reflets de notre avenir à l’horizon 2030, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, « du fait de ce contrat, il est important non pas de discuter du développement de la jeunesse, mais du rôle de la jeunesse dans le développement. »

Le représentant a insisté sur le fait que les jeunes devaient jouer un rôle de participants actifs dans le développement et ne pas être considérés comme des observateurs passifs.  « Nous ne devons pas créer un développement pour les jeunes mais par et avec les jeunes », a-t-il insisté.  De même, nous ne devrions pas discuter de l’implication des jeunes dans le développement comme un sujet autonome mais plutôt de comment les incorporer dans les programmes déjà existants, à l’image des Conseil danois des jeunes, a plaidé M. Halvorsen.

Le représentant a fait observer que sa propre génération était perçue comme un défi: 1,8 milliard de jeunes qui veulent un emploi, de la nourriture, une famille et jouer un rôle actif dans la société.  « Le Programme 2030 nous donne le cadre pour démentir cette accusation, mais pour cela nous avons besoin d’être consultés et impliqués.  Ma génération est la solution, pas le problème » a-t-il conclu.

Mme HANTASAO FIDA CYRILLE (Madagascar) a déclaré que le développement social, dans le cadre des efforts nationaux de lutte contre la pauvreté, faisait partie des priorités de son gouvernement en vue de la mise en œuvre de son programme national du développement.  Dans ce but, a-t-elle précisé, le pays s’est doté, depuis 2015, d’un programme national de protection sociale qui vise à améliorer les conditions de vie de la population, avec un accent particulier pour les personnes vulnérables, y compris les personnes âgées, les handicapés, les jeunes, les enfants et les femmes. 

Madagascar est pleinement engagée dans la réalisation de la feuille de route de l’Union africaine pour l’année 2017 sur la question démographique, a poursuivi la représentante, qui s’est félicitée de la tenue, en septembre, d’une réunion de haut niveau portant sur ce thème, organisée par l’Union africaine et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), en marge de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale.

Face au chômage des jeunes, Madagascar a mis en place une politique nationale de l’emploi, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle et permis l’adoption par le groupement du patronat malgache d’une stratégie d’entrepreneuriat ciblant les jeunes.  Le Gouvernement accorde enfin une attention particulière aux personnes âgées et multiplie les mesures destinées à permettre l’épanouissement des personnes handicapées, via notamment des droits à l’éducation et aux services de santé.  

M. ZAMBRANA (Bolivie) a expliqué qu’en tant qu’État, la Bolivie s’était engagée à lutter contre les inégalités et à améliorer le niveau de vie de sa population grâce à de nouveaux programmes de développement qui ont permis de réduire la pauvreté et de rééquilibrer la société.  « L’État bolivien a pour objectif l’éradication de la pauvreté extrême, l’universalité des services de base et la souveraineté de ses ressources naturelles » a-t-il indiqué.  Rappelant que l’État jouait un rôle stratégique dans le secteur des hydrocarbures, il a expliqué que les ressources issues de la rente pétrolière permettaient au pays de construire des écoles, des hôpitaux, des stades de foot, entre autres. 

Dressant le bilan de son gouvernement, le représentant a affirmé que 1,5 million de Boliviens étaient sortis de la pauvreté extrême.  Les politiques de réduction de la pauvreté du pays mettent l’accent sur les groupes les plus vulnérables et notamment sur la protection des personnes handicapées, a-t-il ajouté.  « Il nous reste 13 ans pour réaliser le Programme 2030, les services de base doivent être reconnus comme des droits fondamentaux », a conclu M. Zambrana, en mentionnant également la protection de la Terre mère et la lutte contre le capitalisme.

M. KEVIN CASSIDY de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a déclaré que l’OIT adhérait aux conclusions des rapports du Secrétaire général établissant un lien entre la montée des inégalités, l’absence de protection sociale et les difficultés rencontrées pour éradiquer la pauvreté.  Tout comme l’ONU, a-t-il souligné, l’OIT considère qu’un travail décent constitue la voie la plus durable pour sortir de la pauvreté. 

Si le principe d’un partage de la prospérité, au travers d’une distribution équitable et inclusive des bénéfices de la croissance économique, est censé avoir un effet maximal sur la réduction de la pauvreté, des questions se posent quant à la capacité de l’économie mondiale de répondre aux attentes des uns et des autres.  Avec une approche à long terme, a-t-il observé, la communauté internationale pourra remédier au retard pris dans le développement socioéconomique, qui entraîne des inégalités, une stagnation des revenus et la marginalisation de personnes par le biais de l’exclusion sociale.

Selon le représentant de l’OIT, le monde professionnel connaît un bouleversement majeur dû à des changements structurels, à l’altération de la production et de l’emploi, aux avancées technologiques, aux effets des changements climatiques et aux grandes tendances sociales, politiques et démographiques qui affectent la capacité des pays à offrir un travail décent à tous.  Cette « grande transformation » de l’économie mondiale aura des conséquences sur la nature, la quantité et la qualité des emplois, a-t-il averti, exhortant tous les pays à se préparer à un nouvel « avenir du travail ».

Dans la perspective de ces défis, l’OIT multiplie les partenariats pour mettre en commun les expertises et les expériences.  Le mois dernier, a rappelé le représentant, l’OIT a établi une Commission mondiale de haut niveau sur l’avenir du travail chargée de procéder à un examen de la situation du travail susceptible de fournir les bases analytiques d’un projet de justice sociale du XXIe siècle.  L’OIT, a-t-il conclu, compte également travailler avec les délégations de la Troisième Commission pour refléter cette nouvelle façon de penser qui, selon lui, sera cruciale dans la réalisation des ambitions du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Droits de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie a réagi aux déclarations des représentants de la Géorgie et de l’Ukraine.  Ces derniers jours, nous avons pu entendre les pratiques de différents pays en matière de développement, nous sommes désolés de voir que ces délégations ont utilisé cette occasion pour émettre des griefs envers la Fédération de Russie en déformant les faits, a déclaré le représentant, qui a également demandé à ce que ses collègues ne sortent pas des sujets à l’ordre du jour et à ce qu’on « évite toute politisation des débats ».

En réaction au droit de réponse de la Fédération de Russie, la représentante de la Géorgie a fait valoir que la Russie continuait de violer son intégrité territoriale en ne respectant pas les termes de l’accord de cessez-le-feu négocié, en 2008, par l’Union européenne.  Pour la représentante, la Fédération de Russie  s’est rendue coupable d’épuration ethnique en Géorgie et occupe encore 1% du territoire de ce pays.  De fait, a-t-elle conclu, la Russie doit respecter le droit international ainsi que ses obligations conformément à l’accord conclu en 2008.

La représentante de l’Ukraine a répondu à son tour, parlant de « l’ampleur des offenses commises par la Fédération de Russie », qui montre « son mépris souverain des conventions internationales concernant l’Ukraine et la Crimée ou elle est décrite comme une puissance occupante ».  La représentante s’est ensuite déclarée préoccupée de la situation relative à l’enseignement de la langue ukrainienne, qui est « problématique en Crimée ».  Elle a précisé que ces restrictions se produisaient en dépit des accords conclus en 2017, insistant sur le fait que « la Fédération de Russie devait garantir l’enseignement en langue ukrainienne ».  Elle a également mentionné que, depuis 2014, la mortalité n’avait cessé de croître en Crimée, alors qu’elle diminue dans le reste du pays.  Les Russes le savent mais continuent à transformer la Crimée « en base militaire conséquente », a-t-elle accusé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: l’ONU doit jouer un rôle essentiel pour combattre le terrorisme international de manière durable et efficace

Soixante-douzième session,
3e séance - après-midi
AG/J/3542

Sixième Commission: l’ONU doit jouer un rôle essentiel pour combattre le terrorisme international de manière durable et efficace

La Sixième Commission, chargée des affaires juridiques, a poursuivi aujourd’hui son débat sur l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international. 

Comme la veille, l’ensemble des délégations ont condamné de façon unanime le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Elles ont appuyé le rôle de l’ONU et placé leurs espoirs dans son nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, pour une mise en œuvre cohérente de la Stratégie antiterroriste mondiale et du Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent.   

Ainsi, le Honduras a-t-il déclaré que le terrorisme international s’est transformé en « monstre féroce » qui s’efforce de troubler la « paix et le bien-être de l’humanité ».  Le terrorisme étant en effet « une attaque contre l’humanité », l’Afghanistan a jugé impérative une riposte mondiale.

Pour de nombreuses délégations, dont l’Éthiopie, en dépit des progrès importants accomplis dans ce domaine, la coopération internationale reste peu efficace et les terroristes continuent de faire peser sur le monde des menaces inacceptables.

Une des questions « en souffrance » dans la lutte contre le terrorisme est celle de la négociation d’une convention générale sur le terrorisme international, qui butte sur la question de la définition du terrorisme.

À cet égard, de nombreuses délégations, dont l’Arabie saoudite, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ont exprimé leur volonté de faire avancer les choses.  La Tunisie a notamment invité les États à reprendre les discussions portant sur l’adoption d’une définition juridique du terrorisme dans le cadre d’une conférence de haut niveau, sous l’égide des Nations Unies.

De son côté, l’Iraq a appelé à la conclusion par consensus de la convention pour harmoniser la lutte contre le terrorisme.  Une série de mesures ont été prises en Iraq, « au nom du monde entier », pour éradiquer Daech, a rappelé la représentante de ce pays.

Les États-Unis, quant à eux, ont estimé que jamais ils ne reculeront et useront de tous les moyens à disposition pour mettre fin au terrorisme, y compris dans le cadre de la Coalition pour défaire Daech, et il n’y a aucun doute qu’un effort uni de la communauté internationale est nécessaire.

Conscientes que le terrorisme ne peut être éliminé par un seul pays, les Philippines ont expliqué avoir renforcé leur coopération régionale avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), et plus largement avec l’Australie et les États-Unis, afin de bénéficier d’un système de défense plus efficace pour « écraser » le terrorisme lorsqu’il ne peut être prévenu.

À son tour, la Turquie a déclaré qu’elle continuait de lutter contre les nombreux groupes terroristes qui opèrent sur son sol, « y compris Fethullah Gülen, Daech, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Al-Qaida et d’autres ». 

Déplorant les « attaques violentes et coordonnées » perpétrées en 2016 et en août dernier, toutes revendiquées par l’« organisation terroriste » Armée du salut des Rohingya de lArakan (ARSA), le Myanmar a assuré œuvrer à ce que ces actes « ne nous détournent pas de la stratégie de long terme nécessaire pour relever les défis complexes qui se posent dans l’État de Rakhine aujourd’hui ».

Regrettant les « contre-offensives disproportionnées et aveugles » des forces de sécurité du Myanmar, qui ont provoqué un exode « sans précédent » de civils dans son pays, la représentante du Bangladesh a exhorté la communauté internationale à aider le Myanmar à trouver une solution durable à cette crise humanitaire prolongée, dans l’intérêt aussi de la paix et de la stabilité régionales.  

Pour l’Indonésie, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, doit privilégier plusieurs approches: une « dure », afin de renforcer les cadres juridiques internationaux, et une « plus douce », en impliquant les communautés et organisations religieuses.  Comme d’autres pays qui ont rappelé que le terrorisme ne saurait être lié à une religion en particulier, les Maldives ont répété qu’il n’avait pas sa place dans l’Islam. 

Pour prévenir le terrorisme, il faut aussi élaborer des stratégies antiterroristes globales intégrant des mesures pour combattre la pauvreté et l’inclusion, a souligné le Kenya.

Pour sa part, la Fédération de Russie a espéré que le Bureau de lutte contre le terrorisme coopérera de façon efficace avec le Conseil de sécurité.

Afin de prévenir la propagande et le lavage de cerveau, elle a conseillé de surveiller les sites Internet suspects, y compris les contenus religieux et les médias.

La Commission achèvera son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, à partir de 10 heures.  Elle entamera ensuite l’examen de la question de l’état de droit aux niveaux national et international.

MESURES VISANT ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/72/111 ET A/72/111/ADD.1)

Déclarations

M. NAWAF ALTHARI (Arabie saoudite), s’exprimant au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a vu dans le terrorisme une violation grave du droit international humanitaire. Il ne devrait pas être assimilé à un groupe ethnique ni à une religion, et il est important de le différencier de toute référence à l’Islam, a-t-il estimé.  Il a réaffirmé la nécessité de rétablir le dialogue pour la paix et l’harmonie.

Selon l’OCI, il est essentiel d’adopter une approche globale concernant le terrorisme, de combattre toutes les organisations terroristes, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient.  Il faut condamner tous ceux qui financent ces groupes.  Pour ce faire, il est important de renforcer la coopération. Le représentant a déclaré qu’il faut aussi différencier le terrorisme du droit légitime des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’Assemblée générale a devant elle un projet de convention sur le terrorisme en souffrance, a rappelé M. X.  Il a souhaité que soient réglées les questions concernant la définition du terrorisme, surtout en ce qui concerne la différenciation entre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et les actes terroristes.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a déclaré que le terrorisme international s’est transformé en « monstre féroce » qui s’efforce de troubler la « paix et le bien-être de l’humanité ».  Ce fléau ne peut être défait que par la solidarité et le travail conjoint entre les États et les organisations régionales et internationales, a-t-il estimé.  Le Honduras, qui condamne le terrorisme sous toutes ses formes, appuie tous les efforts et les accords visant à renforcer les obligations et la coopération entre les nations afin de créer un espace propice à la paix. 

En tant que pays signataire de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et de la Convention interaméricaine contre le terrorisme, a ajouté le représentant, le Honduras est déterminé à poursuivre la lutte contre le terrorisme, dans le respect du droit international et national, des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  

Le terrorisme étant « une attaque contre l’humanité », M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a jugé impérative une riposte mondiale à l’heure où le monde devrait tendre vers le bien-être pour tous.  Le terrorisme est un mal contre lequel nous luttons en tant que pays attaché aux valeurs de la liberté, a-t-il témoigné. « Pendant que je vous parle, l’armée afghane lutte contre les terroristes étrangers qui veulent saper les fondements de notre pays. »  Des progrès ont été réalisés dans ce combat, mais beaucoup reste à faire, a-t-il reconnu.

Il faut éviter de fournir une aide aux terroristes, qu’elle soit morale  ou financière, a poursuivi le représentant.  Pour cela, il faut renforcer la coopération internationale, a-t-il déclaré. Il a émis l’espoir que le nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme mis en place cette année sera un des nouveaux piliers de l’avancée du combat contre le terrorisme.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, tout en précisant qu’il ne devrait être associé à aucune religion, nationalité ou culture spécifique.  L’objectif de prévenir et de combattre le terrorisme demeure une priorité des États Membres des Nations Unies, a-t-il rappelé, alors qu’aucun pays n’est immunisé contre ce fléau.  Il a regretté qu’après 20 ans de débats, il n’a toujours pas été possible de parvenir à une entente sur la convention générale sur le terrorisme international, même s’il s’est dit encouragé par l’adoption, au fil des années, de trois protocoles sur le terrorisme.

L’Asie centrale a été la première région à adopter la Stratégie antiterroriste mondiale, en coopération avec le Centre régional pour la diplomatie préventive et l’appui financier de l’Union européenne, a noté le représentant.  Il faut éradiquer les causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté et le chômage, et favoriser le dialogue interethnique et interreligieux, a-t-il plaidé.  Il s’est également prononcé pour un renforcement des instruments multilatéraux et de la coopération internationale afin de tarir le financement du terrorisme.    

Mme MAHLET H. GUADEY (Éthiopie) a estimé que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies fournit un cadre légal pour améliorer les efforts de lutte contre le terrorisme aux niveaux national, régional et international.  Elle a salué la création récente du Bureau de lutte contre le terrorisme qui devrait rendre ce combat plus cohérent.  En dépit des progrès important accomplis dans ce domaine, a-t-elle regretté, la coopération internationale reste peu efficace et les terroristes continuent de faire peser sur le monde des menaces inacceptables. Le terrorisme est un phénomène complexe, dans le choix des cibles et dans les moyens employés.

« Nous espérons que nous serons à la hauteur des défis », a ajouté la représentante, en mentionnant le rôle du centre national de lutte contre le terrorisme. Pour sa part, l’Éthiopie a ratifié neuf des instruments de l’antiterrorisme mondial.  « Nous sommes prêts à travailler avec les Nations Unies et les autres parties prenantes dans cette lutte sous l’égide des Nations Unies », a-t-elle déclaré.  Elle a appelé à la conclusion d’une convention internationale sur cette question et enjoint les Etats Membres à faire preuve de flexibilité pour résoudre cette question essentielle.

La lutte antiterroriste est une priorité de son pays, a assuré Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama), citant en exemple la ratification de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme et de 19 mécanismes internationaux et régionaux.  Le Panama a réformé son cadre juridique afin de prendre en compte les dispositions des traités portant sur la lutte antiterroriste et les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU. 

En tant que pays en transition, le Panama a un rôle important à jouer dans la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, a ajouté la représentante.  À cette fin, le Panama a renforcé ses institutions financières et modifié son cadre législatif afin d’être en mesure de respecter ses obligations internationales, s’est-elle félicitée.  Il a accueilli la première conférence sur le financement du terrorisme et de la sécurité cybernétique.  Par ailleurs, le Panama est le seul pays d’Amérique latine impliqué dans la coalition contre Daech.

M. GIORGI MIKELADZE (Géorgie) a estimé qu’en dépit des efforts accomplis dans la lutte contre le terrorisme, ce fléau reste une menace grave pour la paix mondiale.  Le terrorisme change de forme à cause de l’utilisation de plus en plus massive de l’Internet qui permet la diffusion de messages de haine.

Au niveau national, le représentant a souligné que son pays avait accepté des demandeurs d’asile en provenance de Syrie et d’Iraq, qui ont été victimes de l’État islamique.  Nous contribuons financièrement à la mise en place des instruments de lutte contre le terrorisme, a-t-il déclaré. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a déclaré que le terrorisme est une violation flagrante de l’état de droit, du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Selon lui, la réforme des Nations Unies portant sur les dispositifs de lutte contre le terrorisme représente une avancée majeure.  Il a en outre réaffirmé le soutien de son pays à la création du Bureau de lutte contre le terrorisme. 

La coopération régionale et internationale, en faisant jouer la solidarité entre les États, est un outil important pour défaire le terrorisme international, a poursuivi le représentant, avant de rappeler que la Tunisie a adhéré à 14 conventions internationales de lutte contre le terrorisme ainsi qu’aux accords régionaux pertinents.  De plus, la Tunisie a adopté une loi visant à combattre le terrorisme, en conformité avec les accords internationaux et les quatre piliers de lutte antiterroristes de la Stratégie antiterroriste mondiale, a-t-il précisé, en plus de s’attaquer aux facteurs sous-jacents qui favorisent le terrorisme.  Il a enfin invité les États à reprendre les discussions portant sur l’adoption d’une définition juridique du terrorisme dans le cadre d’une conférence de haut niveau, sous l’égide des Nations Unies. 

M. NEVILLE GERTZE (Namibie), condamnant le terrorisme sous toutes ses formes, s’est félicité de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme. Il a estimé qu’il était temps de parvenir à une convention internationale sur le terrorisme.  Selon lui, tous les États Membres devraient coopérer pour résoudre cette question d’importance.

Le terrorisme ne saurait être lié de façon systématique à une religion quelle qu’elle soit, a poursuivi le représentant, le combat de certains peuples qui luttent pour leur indépendance ne devrait pas non plus être lié au terrorisme.  Il s’est en outre dit préoccupé par « le risque réel que des terroristes demandent un statut de réfugiés alors qu’ils ont été impliqués dans des crimes très graves ».  Par ailleurs, il a appelé tous les États Membres à ratifier et mettre en œuvre la Convention des Nations Unies sur la suppression du financement des activités terroristes.

Mme EMILY PIERCE (États-Unis) a déclaré que tous les actes de terrorisme, quels qu’en soient les auteurs et les motivations, sont criminels, inhumains et injustifiables.  « Jamais les États-Unis ne reculeront pour user de tous les moyens à notre disposition pour mettre fin au terrorisme, y compris dans le cadre de la Coalition pour défaire Daech, mais il n’y a aucun doute quant au fait qu’un effort uni de la communauté internationale est nécessaire si nous voulons remporter le succès dans la prévention des attaques et tenir les responsables pour comptables de leurs actes », a ajouté la représentante.

Après s’être félicitée des résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité en matière de lutte antiterroriste, elle a estimé que les résultats des efforts multilatéraux sont tangibles, soulignant par exemple que le nombre de combattants terroristes étrangers avait considérablement décliné.  Par ailleurs, au niveau national, le Gouvernement américain, a-t-elle dit, continue de sensibiliser ses communautés aux dangers de l’extrémisme violent, de la radicalisation et du recrutement, notamment en mettant à leur disposition les outils et ressources de prévention nécessaires.   Un des nouveaux champs d’action, ce sont les services d’intervention locaux et étatiques auprès des individus radicalisés mais qui ne sont pas encore passés à l’acte, a précisé la déléguée.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a affirmé que son pays avait continué d’œuvrer à la mise en œuvre des instruments internationaux juridiquement contraignants auxquels il est partie et des résolutions pertinentes de l’ONU.  Depuis l’amendement en date de 2015 de la loi antiterroriste, le Gouvernement a mis en place des règlementations très strictes pour donner effet aux dispositions des résolutions 1267 et 1373 du Conseil de sécurité, lesquelles exigent de geler les fonds et ressources économiques des individus et des entités liés à des organisations terroristes. 

En outre, dans le septième Plan national de développement 2017-2021, le Gouvernement zambien a intégré une approche multisectorielle destinée à donner à toutes les institutions les moyens de travailler dans le cadre d’une approche coordonnée et harmonisée, a poursuivi le représentant.  Le 22 septembre dernier, le centre de renseignement financier, qui dépend du Gouvernement, a lancé son premier rapport consacré au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, à la suite duquel a été développé un plan d’action pour permettre à la fois aux autorités et au secteur privé de prioriser leurs efforts conjoints en vue d’atténuer ces deux fléaux.

M. JAMES NDIRANGU WAWERU (Kenya) a rappelé que son pays continuait de souffrir des effets du terrorisme.  Il a exprimé son appui à la révision de l’architecture antiterroriste des Nations Unies ainsi qu’à la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, qui aura pour effet d’accroître la coopération entre les États.  Le Kenya, a-t-il dit, a ratifié les conventions internationales contre le terrorisme et lA criminalité transnationalE organiséE, en plus d’assurer la conformité de son cadre législatif et juridique. 

Le Kenya a conclu des accords bilatéraux avec des États clefs ainsi que des partenariats avec la Communauté d'Afrique de l'Est et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), a ajouté le représentant, en plus de contribuer des troupes à la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM).  Poursuivant ses efforts, le Kenya s’efforce de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale et a récemment lancé la Stratégie nationale contre l’extrémisme violent.

Pour prévenir le terrorisme, il faut élaborer des stratégies antiterroristes globales intégrant des mesures pour combattre la pauvreté et l’inclusion, et renforcer les organisations de la société civile, les leaders religieux et les groupes de femmes, en plus de prêter attention à la situation des personnes les plus vulnérables, a recommandé M. Waweru.  En outre, le Kenya a alloué des ressources aux comtés afin qu’ils puissent combattre le radicalisme et l’extrémisme violent.

Le terrorisme sous toutes ses formes est une menace mondiale qui doit être éliminée, et cela ne se fera que par la coopération mondiale, a assené M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives).  Il a notamment condamné le terrorisme lorsqu’il est revendiqué au nom de l’Islam.  « Le terrorisme n’a pas sa place dans l’Islam et il ne peut être lié à l’Islam », a-t-il déclaré.

Aux Maldives, nous avons adopté, en 2015, une loi qui permet aux procureurs de s’attaquer aux terroristes et aux extrémistes violents, et accueilli, en octobre 2016, un séminaire international sur cette question, a continué le représentant.  À cet égard, il a pensé que les centres communautaires peuvent être « une piste pour éviter la radicalisation ».  Les jeunes sont à la fois les plus sensibles à ces messages, mais aussi notre meilleur espoir de lutter contre ce fléau, a-t-il estimé.

M.  MAXIM MUSIKHIN (Fédération de Russie) s’est félicité de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, qui ouvrira un nouveau chapitre dans la lutte antiterroriste. Pour la Russie, il est primordial de mettre en œuvre les quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Parmi les priorités auxquelles la communauté internationale doit s’attaquer se trouvent les liens existant entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée. Afin de prévenir la propagande et le lavage de cerveau, il faut renforcer la prévention et surveiller les sites Internet suspects, y compris les contenus religieux et les médias, a conseillé le représentant.  Il faut en outre assurer une surveillance adéquate des anciens combattants qui rentrent dans leur pays, en collaboration avec les services douaniers et les institutions financières.

Par ailleurs, M. Musikhin a espéré que le Bureau de lutte contre le terrorisme coopérera de façon efficace avec le Conseil de sécurité.  Il faut améliorer l’échange d’informations et veiller à fournir une assistance technique pertinente aux États qui en ont besoin, a-t-il relevé, ajoutant que le Bureau devrait porter une attention particulière à la situation en Asie centrale.  Les actes terroristes barbares perpétrés aux quatre coins de la planète montrent l’impossibilité de créer des îlots à l’abri du terrorisme.  Il faut donc renforcer la coopération, « sans deux poids, deux mesures », conformément à la Charte des Nations Unies et à la Stratégie antiterroriste mondiale, a-t-il conclu.

Répondant par ailleurs à l’intervention de l’Ukraine, faite hier, le représentant l’a appelée à s’en tenir aux questions inscrites à l’ordre du jour plutôt que de profiter des tribunes qui lui sont offertes pour diffuser sa propagande.  L’Ukraine, a-t-il ajouté, a procédé à une attaque contre les populations de son propre pays.  Il a accusé l’Ukraine d’avoir déformé la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui avait pourtant rejeté la requête formulée par Kiev de prendre des mesures urgentes pour stopper le financement du terrorisme.

Plus aucun pays, quels que soient son niveau de développement ou ses croyances, n’est dorénavant à l’abri du terrorisme, a souligné M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie).  Le terrorisme ne devrait être lié ni à une religion ni à un groupe ethnique, « cela devrait être dit dans les médias », a-t-il insisté.

Dans le cadre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il faut privilégier plusieurs approches, a préconisé le représentant: une « dure », afin de renforcer les cadres juridiques internationaux, et une « plus douce », en impliquant les communautés et organisations religieuses.  En outre, il a estimé qu’il fallait être créatif en renforçant notre système économique. Il faut à présent traduire tout cela en actes: la Stratégie antiterroriste mondiale doit être appliquée de manière équilibrée, a-t-il demandé. L’établissement du Bureau de lutte contre le terrorisme va selon lui permettre la mise en place d’activités coordonnées.

M. RAMIS SEN (Turquie) a déclaré que la Turquie continuait de lutter contre les nombreux groupes terroristes qui opèrent sur son sol, y compris Fethullah Gülen, Daech, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Al-Qaida et d’autres.  Selon lui, le mouvement Fethullah Gülen est un culte clandestin qui vise à renverser le Gouvernement, comme l’a démontré le complot du 15 juillet 2016, qui a prouvé à quel point cette organisation est dangereuse.  « Nous devons agir pour défendre notre sécurité nationale », a lancé le représentant, mentionnant la poursuite de la lutte contre Daech, alors que des milliers de personnes suspectées d’être des combattants terroristes étrangers ont été refoulées aux frontières. 

Concernant le PKK et les Unités de protection du peuple (YPG), le représentant a espéré que les alliés de la Turquie continueront de défendre avec fermeté ses intérêts et de respecter leurs obligations.  La communauté internationale doit lutter contre tous les groupes terroristes sans adopter une approche sélective, a-t-il insisté.  Selon lui, les membres des organisations terroristes doivent être traduits en justice et ne doivent pas bénéficier de mesures d’amnistie.

M. Sen a par ailleurs rappelé que la Turquie avait coprésidé, avec les États-Unis, le Forum mondial de lutte contre le terrorisme.  Le pays fait partie de la coalition contre Daech, en plus d’être signataire de nombreux accords internationaux visant à combattre le terrorisme.  Il a déclaré que l’ONU est la principale instance internationale de riposte contre le terrorisme et a réitéré l’attachement de son pays à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et de ses quatre piliers.

Mme NANG PHYU SIN THAN MYINT (Myanmar) a estimé que son pays n’était pas immun au terrorisme, comme en témoigneraient les « attaques violentes et coordonnées » perpétrées en octobre et novembre 2016 et plus récemment le 25 août dernier, toutes revendiquées par l’« organisation terroriste » Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ARSA).  « Ce groupe terroriste a pris pour cible non seulement des forces de sécurité, mais aussi des civils innocents », a déclaré la représentante, en affirmant qu’un charnier de 45 villageois hindous avait été découvert par les autorités le mois dernier à Rhakine, parmi lesquels des femmes et des enfants, « cruellement et brutalement tués par l’ARSA ». 

Ces attaques récentes ont provoqué, selon la déléguée, le déplacement de toutes les communautés, pas seulement les musulmans, mais aussi des minorités telles que les Daingnet, les Mro, les Thet, les Mramagyi et les Hindous.  « Le monde dans son ensemble ignore l’existence et la détresse de ces petits groupes », a-t-elle déclaré.  Aussi le Gouvernement est-il déterminé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir de futurs actes terroristes et faire traduire les responsables en justice.  « Le Gouvernement œuvre à ce que ces actes ne nous détournent pas de la stratégie de long terme nécessaire pour relever les défis complexes qui se posent dans l’État de Rakhine aujourd’hui. »

Après avoir salué l’adoption l’an dernier de la résolution 2322 (2016) du Conseil de sécurité, qui traite des liens entre terrorisme et criminalité transnationale organisée, M. MAHJABEEN KHALED (Bangladesh) a rappelé la politique tolérance zéro de son gouvernement en matière de terrorisme.  S’il a condamné sans équivoque les attaques commises le 25 août dernier contre les forces de sécurité du Myanmar à la frontière entre leurs deux pays, le représentant a cependant regretté les « contre-offensives disproportionnées et aveugles » de ces mêmes forces de sécurité, qui ont provoqué un « exode sans précédent » de civils au Bangladesh. 

« Alors que nous accueillons ces personnes en détresse, nous sommes préoccupés par la possibilité que des éléments terroristes et des extrémistes violents cherchent à exploiter leur vulnérabilité aigue », a déclaré M. Khaled.  Son gouvernement exhorte donc la communauté internationale à aider le Myanmar à trouver une solution durable à cette crise humanitaire prolongée, dans l’intérêt aussi de la paix et de la stabilité régionales.  

Mme INTISAR TALIL AL-JUBOORI (Iraq) a réaffirmé sa condamnation des actes de terrorisme.  Nous prenons des mesures visant à éradiquer ce terrible fléau, a-t-elle assuré. Elle a souligné que c’est un phénomène que l’on ne peut lier à une ethnie ou une religion.  Une série de mesures ont été prises en Iraq, « au nom du monde entier », pour éradiquer le groupe Daech, et le peuple iraquien a été à cet égard exemplaire, a-t-elle rappelé.

Nous avons adopté des lois, nous avons créé une commission de gel des avoirs des terroristes, a expliqué la représentante.  L’Iraq a été l’hôte de nombreuses conférences de lutte contre le terrorisme.  En dépit de notre volonté, le terrorisme reste actif notamment en Iraq, a-t-elle toutefois déploré.  Cela demande de s’attaquer à ses causes profondes.  Enfin, a-t-elle estimé, il faut réussir à trouver une définition commune sur le terrorisme, car la conclusion par consensus d’une convention générale permettra d’harmoniser la lutte contre le terrorisme.

D’après M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie), le terrorisme continue de représenter une menace significative à la paix et à la sécurité internationales.  Il est de notre responsabilité à tous d’empêcher le terrorisme de prospérer, dans le respect du droit international et des droits de l’homme.  Il s’est félicité de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, qui va améliorer la cohérence et la coordination des États et des organisations internationales dans la lutte antiterroriste.

Le Conseil de sécurité n’a cessé de contribuer à la lutte contre le terrorisme, notamment avec l’adoption, cette année, des cinq résolutions afin de faire face à cette menace, y compris contre Daech, a noté M. Mnatsakanyan.  Si le terrorisme ne peut être associé à une religion ou à une nationalité particulière, nous devons comprendre que les terroristes ciblent parfois des communautés particulières, a-t-il relevé, comme l’ont fait Daech et Al-Qaida, qui ont commis des crimes basés sur l’identité contre les chrétiens et les Yézidis. 

M. ABBAS BAGHERPOUR ARDEKANI (République islamique d’Iran) a déploré l’application du « deux poids, deux mesures » dans l’arène internationale de la coopération pour la lutte contre le terrorisme, car cela fournit aux terroristes et à leurs affiliés « un havre de paix ».  Ils peuvent ainsi grandir, recruter et perpétrer d’innommables atrocités, a-t-il déclaré.

Endiguer les organisations terroristes sur le terrain est indispensable, a estimé le représentant.  Ce fléau a des racines profondes et ne pourra être vaincu qu’à travers un plan global et multidirectionnel.  Le 7 juin 2017, a-t-il rappelé, des terroristes lâches de l’État islamique se sont attaqués aveuglément à des personnes à Téhéran.  En dépit d’une prompte réponse des forces de sécurité, de nombreux innocents ont été tués et des dizaines blessés.

En plus des efforts nationaux pour renforcer l’arsenal judiciaire, l’Iran a conclu de nombreux accords bilatéraux de coopération pour lutter contre le terrorisme, a ajouté M. Ardekani.  Nous restons engagés à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et nous sommes prêts à coopérer avec M. Voronkov et ses équipes pour poursuivre le but de se débarrasser du terrorisme, a-t-il assuré.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a estimé que le terrorisme et l’extrémisme violent constituent des défis complexes qui sont la cause des destructions et d’instabilité.  Elle a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État.  Rappelant que 27 000 personnes sont mortes dans des attaques terroristes au Pakistan, elle a estimé que le terrorisme est un défi commun qui ne peut être combattu que par un effort collectif de la communauté internationale. 

Le Pakistan a lancé un plan d’action national prévoyant la création d’une force antiterroriste, adopté des lois visant à prévenir le financement du terrorisme et réformé son système juridique, a expliqué la représentante. Dans le même temps, des opérations militaires ont été lancées afin de détruire les infrastructures terroristes à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan.  Ces actions à deux volets ont permis de réduire le nombre d’attaques à leur plus bas niveau depuis 2006, s’est réjouie Mme Lodhi.  Elle a en outre salué la création du Bureau de lutte contre le terrorisme et la réforme de l’architecture antiterroriste des Nations Unies en cours, ajoutant que le contexte politique et économique de cette question ne devait pas être négligé.

Selon le representant du Ghana, la menace terroriste est tellement importante qu’elle oblige les États Membres à avoir recours à tout leur arsenal pour la combattre.  Au niveau régional, les actes barbares de Boko haram ont obligé des millions de personnes à quitter leur habitat.

Le représentant a dénoncé le blanchiment d’argent qui finance le terrorisme, notamment dans les pays où les systèmes financiers sont fragiles. Au Ghana, nous continuons d’améliorer les mécanismes qui nous permettent de lutter contre le terrorisme, a-t-il dit. 

M. TEODORO LOCSIN (Philippines) a débuté son intervention en affirmant que, le 23 mai dernier, la ville de Marawi, à Mindanao, avait été la cible de la pire attaque jamais perpétrée dans son pays, ce qui a provoqué une crise humanitaire et le déplacement d’environ 200 000 personnes.  Après près de quatre mois de combats, le conflit aurait fait 146 victimes parmi les forces gouvernementales et 47 parmi les civils, a-t-il assuré, en expliquant que les opérations militaires menées pour contrecarrer le groupe terroriste « Maute » étaient soigneusement calibrées pour respecter le droit international humanitaire. 

Conscientes que le terrorisme ne peut être éliminé par un seul pays, les Philippines ont donc renforcé leur coopération régionale avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), et plus largement avec l’Australie et les États-Unis, afin de bénéficier d’un système de défense plus efficace pour « écraser » le terrorisme lorsqu’il ne peut pas être prévenu, a expliqué M. Locsin.

Le representant du Koweït, s’associant au Mouvement des pays non alignés et à l’Organisation de la Conférence islamique (OIC), a estimé que la lutte contre le terrorisme devait se faire dans le respect de l’état de droit.  Il faut aussi s’attaquer à ses causes profondes, en éliminant par exemple la pauvreté, a-t-il dit. 

Le Koweït, a rappelé le représentant, a toujours cherché à combattre le terrorisme en ratifiant les instruments internationaux pertinents, accédant à 18 traités et accords bilatéraux.  Le pays a récemment accueilli le Groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers, dans le cadre de la Coalition internationale, le but étant de créer un environnement propice à leur retour.  

Droit de réponse

Répondant à l’intervention de la Fédération de Russie, le représentant de l’Ukraine a déclaré que le conflit dans l’est de l’Ukraine est le fruit de l’agression directe, en 2014 de la Russie contre son pays, comme l’a reconnu l’Assemblée générale dans sa résolution 71/205.  La Russie est à la tête des organisations terroristes qui opèrent dans ces zones, et leurs combattants sont équipés d’armes russes, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a noté que l’absence de mesures provisoires imposées par la Cour internationale de Justice (CIJ) ne présageait pas de ses décisions futures, et que l’Ukraine entendait fournir des informations supplémentaires lors de la prochaine phase de la procédure.  « La Russie agit en tant qu’agresseur et pense pouvoir le faire en toute impunité », a martelé le représentant, ajoutant que l’Ukraine continuera de se défendre avec les moyens dont elle dispose jusqu’à ce que la Russie se retire de la Crimée et « paie pour ses crimes ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: Les freins au développement durable et l’adaptation des méthodes de travail de la Commission au cœur du débat

Soixante-douzième session,
4e & 5e séances - Matin et après-midi
AG/EF/3473

Deuxième Commission: Les freins au développement durable et l’adaptation des méthodes de travail de la Commission au cœur du débat

Le constat largement partagé par les délégations de la Deuxième Commission (questions économiques et sociales), lors de sa deuxième journée de débat général, a été peu encourageant quant au niveau de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cela n’a pourtant pas empêché les délégations de soumettre des idées concrètes pour aller de l’avant à la fois dans la restructuration du système onusien chargé de soutenir le développement et dans le pari universel du développement durable.

Les défis de nature politique, économique, sécuritaire, environnementale et humanitaire, ainsi que les lenteurs dans l’application du Programme d’action d’Addis-Abeba, relatif au financement du développement, ont été à maintes reprises accusés de freiner la mise en œuvre du Programme 2030.  De plus, a remarqué la délégation de l’Afrique du Sud, il semblerait que l’optimisme et l’unité qui ont caractérisé l’adoption des accords internationaux en 2015 ont été remplacés par l’incertitude et la disparition de cette unanimité.

Face à ces difficultés, de nombreux États Membres ont réaffirmé le leadership à assumer par la Deuxième Commission pour faire avancer la cause du développement durable, même si certaines délégations l’ont incitée à adapter ses méthodes de travail.  Pour la délégation mexicaine, par exemple, les méthodes de travail de la Commission sont « d’une autre époque ».

Son homologue de la Suisse a espéré que la Deuxième Commission produirait des orientations normatives sur les défis mondiaux en matière de développement durable, qu’elle contribuerait à l’amélioration du système des Nations Unies chargé de soutenir le développement et qu’elle assurerait un suivi des conférences internationales qui n’ont pas leur propre processus de suivi. 

Autre exigence exprimée notamment par la Roumanie et le Brésil: les procédures de la Deuxième Commission doivent devenir les plus efficaces possible en essayant d’éviter les doublons.  Ainsi, ses différentes résolutions ne doivent pas se chevaucher et ses travaux ne doivent pas faire double emploi avec ceux menés dans le cadre d’autres processus ou organes onusiens, tels que le Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a même été proposé de limiter le nombre de projets de résolution soumis à la Commission, en adoptant certains textes seulement tous les deux ans, et d’éliminer certains points de son ordre du jour.

Sur le fond, les freins au développement ont mobilisé l’attention des délégations.  Pour les uns, il s’agit de l’impact terrifiant des changements climatiques sur leurs économies, pour d’autres, de la baisse de l’aide publique au développement, de l’accès équitable aux marchés internationaux ou encore de la viabilité de leur dette extérieure.

D’ailleurs certaines délégations ont suggéré que la Commission se saisisse, au cours de la présente session, de la question de l’annulation de la dette des pays des Caraïbes qui ont récemment été affectés par des catastrophes naturelles d’un impact sans précédent.

Au-delà de l’application ferme de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, l’idée d’un fonds d’affectation spéciale consacré à cette cause a été avancée notamment par le Maroc et la République dominicaine.

En outre, les changements climatiques étant souvent liés à la notion de viabilité de l’environnement et à la sécurité alimentaire, la délégation de la Slovénie a proposé la création d’une journée internationale des abeilles, soulignant que celles-ci, avec d’autres polinisateurs, étaient un chaînon essentiel des écosystèmes.

Parmi les autres suggestions, les pays à revenus intermédiaires, dont le Chili et les Philippines, ont appelé à revoir le critère du Produit intérieur brut (PIB) par habitant qui s’applique à eux pour déterminer leur éligibilité aux financements pour le développement, le jugeant insuffisant pour évaluer le niveau de développement d’un pays.  Ces pays abritent près de 70% de la population mondiale et revendiquent une place centrale dans les discussions de la Deuxième Commission.

Pour les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement et les pays en conflit ou sortant d’un conflit, l’une des préoccupations majeures reste la diminution du volume de l’aide publique au développement (APD).  De multiples appels ont exhorté leurs partenaires de développement à honorer leurs engagements à cet égard.  

Si l’on exige aussi des pays en développement qu’ils mobilisent des ressources domestiques pour financer les efforts de développement, notamment par le biais de la fiscalité, le représentant du Zimbabwe a néanmoins averti que cela ne devait pas servir de prétexte aux partenaires de développement pour se soustraire de leurs engagements au titre de l’APD. 

La Deuxième Commission, qui a ainsi achevé son débat général, organise demain après-midi, mercredi 4 octobre, une manifestation parallèle sur « L’avenir du travail: faire du travail décent une réalité ».  Sa prochaine séance plénière aura lieu jeudi 5 octobre à 10 heures.

Suite du débat général

M. WU HAITAO (Chine) a appelé à une coopération accrue pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en soulignant que la réduction de la pauvreté doit être l’objectif numéro 1 de la communauté internationale.  Il a souhaité un renforcement de la coopération Nord-Sud, de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, plaidant également pour le développement des partenariats avec le secteur privé. 

Le représentant a en outre appelé à agir pour améliorer la gouvernance économique mondiale, tout comme il a plaidé pour une mondialisation profitable à tous.  La réforme des institutions internationales, a-t-il argué, devrait permettre notamment d’augmenter la participation des pays en développement dans ces instances.  Dans la même veine, il a recommandé que ce soit les États Membres eux-mêmes qui mènent la réforme du système de développement des Nations Unies, pour garantir en particulier le bien et l’essor des pays en développement.   

La croissance de la Chine, deuxième plus grande économie du monde, a représenté 30% de la croissance mondiale en 2016, s’est vanté le représentant en expliquant que son pays avait incorporé tous les objectifs de développement durable dans ses propres plans de développement.  La Chine accorde du prix à leur mise en œuvre, a-t-il précisé.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a estimé que le Programme 2030 doit être mis en œuvre dans la cohérence et la synergie avec les autres programmes et instruments internationaux, comme le Programme de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral.  Aussi les résolutions de la présente session devraient-elles refléter le plein respect des droits de l’homme, l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et des filles, la protection de la planète et la paix mondiale.  Il ne peut y avoir de développement durable sans paix, ni de paix sans développement durable, a insisté la délégation.  Par ailleurs, elle s’est félicitée de la ratification par les deux tiers des membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le 22 février 2017, de l’Accord sur la facilitation des échanges.

Le représentant a ensuite démontré que le Paraguay s’engageait dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a cité à cet égard les déclarations adoptées à Asuncion l’année dernière, l’une sur le Cadre de Sendai, qui identifie les défis et les progrès dans la politique de gestion des risques de catastrophe, l’autre dans le cadre de la Réunion des ministres et responsables du logement et de l'urbanisme de l'Amérique latine et des Caraïbes, qui s’aligne sur les résultats de la Conférence Habitat III.  Enfin, le Paraguay lance avec Itaipu Binacional, la plus grande usine hydroélectrique du monde gérée par le Paraguay et le Brésil, une alliance stratégique avec les Nations Unies, dont l’objectif est de réaliser les objectifs 6 et 7 du Programme 2030 sur l’eau et l’énergie.

M. TAKESHI MATSUNAGA (Japon) a estimé que la Deuxième Commission n’avait pas le temps de rouvrir des dossiers sur lesquels des accords ont été trouvés en 2015, tels que le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a loué l’amélioration des méthodes de travail de la Commission l’année dernière et rappelé que les projets de résolution devaient être présentés dans les délais prévus.  Le délégué a appelé la Commission à faire preuve d’une volonté politique forte afin de préserver l’élan autour de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et de promouvoir sa mise en œuvre.

Soulignant la nécessité de réduire encore plus les risques de catastrophe, M. Matsunaga a demandé une mise en œuvre accélérée du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Le délégué a en outre rappelé l’engagement de son pays en faveur du développement durable des pays les moins avancés, des pays les moins avancés sans littoral et des petits États insulaires en développement.  Le Japon, a-t-il souligné, a d’ailleurs apporté son soutien aux instruments internationaux concourant à cet objectif.  Enfin, il a souhaité que la réforme d’ONU-Habitat soit totalement alignée sur la réforme globale du système de développement onusien.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a appelé à redoubler d’efforts pour se donner les moyens de réaliser les objectifs de développement durable que la communauté internationale s’est fixés, il y a deux ans.  Même si les défis à relever semblent aujourd’hui de plus en plus pressants, il ne doute pas des opportunités que ce Programme offre.  Arguant que les changements climatiques sont une réalité indéniable, il a jugé urgent d’y répondre en réaffirmant son attachement à l’Accord de Paris.  L’Italie, a-t-il dit, contribuera à la transition vers une économie verte et vers un monde dans lequel les énergies renouvelables sont accessibles à tous.  La question des déchets marins et de la protection de l’écosystème marin sont d’autres priorités pour l’Italie qui s’attèle à la tâche par le biais de l’Initiative 10 x 20.

Pour M. Lambertini, s’attaquer à la pauvreté et aux changements climatiques, ainsi qu’œuvrer en faveur d’une urbanisation soutenable et de la création d’emplois décents, nécessitent notamment de se pencher sur les causes profondes des migrations.  Pour sa part, l’Italie a l’intention de contribuer activement au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Elle part du principe que si tout le monde joue son rôle -gouvernements, société civile et secteur privé- en travaillant main dans la main, il sera possible de surpasser ce problème structurel par le truchement d’une stratégie qui allie solidarité et sécurité.

Le représentant a également abordé la question de la sécurité alimentaire qui reste au cœur des politiques de développement.  En collaboration avec les agences internationales basées à Rome, l’Italie s’engage à promouvoir un monde sans faim, un monde où la production durable va de pair avec la consommation durable.  Enfin, le représentant a apporté le soutien de sa délégation aux efforts du Secrétaire général pour mettre en œuvre sa réforme ambitieuse des Nations Unies.

« Avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui a une portée universelle, et la formation de nouveaux forums, la Deuxième Commission doit également s’adapter et encore trouver ses marques », a estimé M. JÜRG LAUBER (Suisse) avant d’exprimer ce que sa délégation attend de la Commission: des orientations normatives sur les défis mondiaux en matière de développement durable, une contribution à l’amélioration du système des Nations Unies pour le développement et un suivi des conférences internationales qui n’ont pas leur propre processus de suivi.

Il est important pour la Suisse que les procédures de la Deuxième Commission soient le plus efficaces possible, a poursuivi son représentant qui a notamment demandé qu’on évite les doublons, que ce soit entre les différentes résolutions ou entre les travaux de la Deuxième Commission et ceux menés dans le cadre d’autres processus ou organes onusiens, tels que le Conseil économique et social (ECOSOC).  

La délégation suisse a en outre été d’avis qu’il fallait limiter le nombre de projets de résolution soumis à la Deuxième Commission.  Il faut être capable de traiter les questions avec la détermination requise, a-t-il ajouté avant de proposer d’adopter certaines résolutions seulement tous les deux ans.

Les thèmes prioritaires pour la Suisse sont les résolutions qui portent sur le financement du développement et celles relatives au suivi de l’examen quadriennal des activités opérationnelles, même si la discussion sur ce dernier point sera plus substantielle l’année prochaine à la lumière des rapports à paraître, a relevé le représentant.

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a indiqué que les objectifs de développement durable ont été intégrés dans le document de stratégie nationale de son pays afin de guider les politiques mises en place.  Elle a ensuite détaillé les efforts entrepris par la Géorgie en vue de réaliser l’objectif 16 relatif notamment à la promotion de sociétés pacifiques et ouvertes à tous et à la mise en place d’institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.  La Géorgie organisera la tenue d’un atelier sur cet objectif du 30 octobre au 1er novembre prochains, a-t-elle dit.

La déléguée a affirmé que son pays a enregistré une croissance économique considérable ces dernières années.  Le taux de croissance devrait être de 5% cette année et de 7% les années suivantes, s’est-elle félicitée.  Elle a expliqué cette réussite par la mise en place de réformes d’ampleur dans les domaines de la gouvernance, de la fiscalité, du financement innovant et du développement rural.  « Mais beaucoup reste encore à faire », a poursuivi la représentante, en ajoutant que la pauvreté et un taux de chômage élevés sont les deux principaux défis que la Géorgie doit relever.  En conclusion, elle a souligné la nécessité d’une rationalisation et d’une revitalisation du travail de la Deuxième Commission.

Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a appelé à la conclusion du cycle des négociations commerciales de Doha, afin de permettre au système commercial multilatéral de pouvoir contribuer au développement durable.  Elle a relevé que le nombre de décès dus aux catastrophes naturelles ne cessait de croître, soulignant ainsi le besoin de renforcer la résilience sociale, environnementale et économique aux niveaux local et mondial.  C’est dans ce cadre que la Mongolie va accueillir, du 16 au 19 juillet prochain, la Conférence ministérielle d’Asie sur la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.

La représentante a souligné que les pays en développement sans littoral font face à des défis structurels qui sapent leurs efforts de réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a expliqué que leur situation géographique les isole des marchés mondiaux.  En outre, ces pays souffrent souvent d’un déficit en infrastructures et d’une faible résilience face aux chocs internes et externes.  Pour y remédier, la Mongolie avait proposé, dès 2006, la création d’un groupe de réflexion sur cette catégorie de pays, ce qui sera finalement une réalité le 6 octobre prochain, s’est-elle félicitée.  Elle a également cité un certain nombre de mesures adoptées par son gouvernement pour sortir de son isolation géographique et participer plus activement au commerce mondial.

M. THEODORO LOCSIN JR (Philippines) a demandé la pleine mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030, de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et de la Déclaration de New York pour les réfugiés et les migrants.  L’éradication de la pauvreté est la priorité de mon pays, a-t-il dit.  Les Philippines étant un pays à revenu intermédiaire, il est très vulnérable aux conséquences négatives des changements climatiques, a-t-il indiqué en ajoutant que près du dixième de la population travaille à l’étranger.

Le représentant a souhaité que les défis spécifiques des pays à revenu intermédiaire, le renforcement de la coopération Sud-Sud et la réduction des catastrophes soient au cœur des discussions de la Deuxième Commission.  Le délégué a en outre souhaité que les migrations soient tout en haut de son ordre du jour, « les migrations étant un vecteur du développement ».  L’engagement substantiel de tous les États Membres est vital pour préserver la pertinence de la Commission, a-t-il conclu.

M. FRANCISCO CORTORREAL (République dominicaine) a rappelé que la menace des changements climatiques oblige à conjuguer les efforts de tous.  Ce sont des menaces contre l’économie des pays qui rencontrent déjà de grands enjeux de développement, a-t-il noté.  « Que peut-on faire face à une réalité aussi angoissante pour tant de nations, y compris la République dominicaine, et quel est le rôle des Nations Unies pour alléger les souffrances et les incertitudes de ceux qui ont tout perdu » ? a demandé le représentant avant de lancer à la salle: « Ça suffit les discours et les accords!  Nous avons besoin d’action ».

Face à ce problème croissant qui ne connaît pas de frontières, il est urgent, selon lui, de pouvoir compter sur la coopération et la solidarité de tous, mais plus particulièrement sur celles des pays les plus développés, les pays donateurs.  Sa délégation propose par conséquent de créer un fonds spécial pour faire face aux catastrophes, un outil qui permettrait de préserver la vie en mettant en place des systèmes d’alerte rapide.  Pour les Caraïbes, cela signifie aussi évaluer les stratégies de prévention et de renforcement des infrastructures.

La République dominicaine connaît des problèmes structurels qui ne pourront pas être mesurés par le critère du revenu par habitant, a poursuivi le représentant pour lequel la généralisation de ce critère dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire est pénalisante.  Il a expliqué que beaucoup de ces pays restent particulièrement vulnérables à l’impact des changements climatiques qui affectent directement leur croissance économique, des défis qu’ils ne peuvent pas maîtriser.  Il a salué les instruments comme le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le Nouveau Programme pour les villes, mais insisté sur la nécessité de revoir les critères applicables aux pays à revenu intermédiaire.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a appelé les États Membres à être audacieux et souples pour accompagner le Secrétariat de l’ONU au moment où l’on procède à une réforme du système.  Il a déploré que les méthodes de travail de la Deuxième Commission soient « d’une autre époque ».  Il a ainsi dénoncé l’approche suivie lors des négociations, qui oppose le bloc des pays en développement à celui des pays développés.  Ces divisions ne reflètent pas les réalités du monde, a-t-il estimé.  Pour améliorer ces méthodes de travail, il a proposé de fusionner les questions connexes pour les examiner ensemble et d’éliminer des points de l’ordre du jour qui ne sont plus pertinents.  

Le représentant a en outre appelé la Commission à tabler, au cours de la présente session, sur la question de l’annulation de la dette des pays des Caraïbes qui ont récemment été affectés par des catastrophes naturelles. 

Le représentant a aussi déploré la disparition des emplois du fait de la robotisation, appelant également la Commission à se saisir de cette question urgente.  Il a enfin plaidé pour la mise en œuvre de tous les aspects de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Mme J. M. MATJILA (Afrique du Sud) a relevé que l’optimisme et l’unité qui ont caractérisé l’adoption de certains accords internationaux en 2015, ont été remplacés aujourd’hui par l’incertitude et la disparition de cette unanimité qui rassemblait la communauté internationale.  Cette situation est visible dans le cadre des efforts nécessaires pour le financement du développement, a-t-elle fait observer.  Dans ce contexte, elle a prôné le renforcement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, soulignant qu’ils se complètent et ne remplacent aucunement la coopération Nord-Sud.  Ces formes de coopération ne se substituent donc pas aux obligations historiques des pays développés, a-t-elle insisté.  De ce fait, l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) doit être de rigueur.

La déléguée a aussi appelé à lutter contre les flux financiers illicites, particulièrement ceux qui dépouillent l’Afrique.  Le continent, a-t-elle en effet noté, perd chaque année des milliards de dollars qui auraient pu être utilisés dans le cadre de son développement.  Elle a par ailleurs salué la récente nomination des membres du Groupe spécial d’experts de la coopération internationale en matière fiscale, se félicitant de l’amélioration de la représentation géographique dans la composition de cet organe.

Pour M. DAMINAO BELEFFI (Saint-Marin), le niveau de complexité et d’interconnexion des défis d’aujourd’hui exige que les pays travaillent ensemble pour être plus efficaces dans la lutte contre les changements climatiques et la pauvreté et pour construire des sociétés plus justes, inclusives et sûres.  Par conséquent, les Nations Unies, de par leur participation universelle, ont une légitimité incontestable pour assumer un rôle central dans le règlement de ces problèmes mondiaux, la Deuxième Commission occupant pour sa part une place privilégiée pour faire avancer la cause du Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Pour sa délégation, ce Programme, ainsi que l’Accord de Paris, définissent la vision d’un monde pacifique, inclusif et sûr où la prospérité est partagée et où chacun peut avoir un emploi décent.  La mise en œuvre du Programme 2030 incombe à chaque État individuellement, a-t-il rappelé en soulignant que les pays doivent incorporer les objectifs de développement durable dans leurs politiques de développement et législations.  Ce Programme ambitieux et universel requiert la participation de tous, et notamment celle du secteur privé et de la société civile pour ce qui est de la mobilisation des ressources nécessaires à sa pleine mise en œuvre.  À cet égard, Saint-Marin reconnaît les résultats obtenus suite à l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba, mais insiste sur l’urgence de faire davantage pour répondre aux attentes des 700 millions de personnes qui vivent toujours dans la pauvreté extrême et souffrent de la faim.

M. CRISTIAN BARROS MELET (Chili) a jugé urgent d’améliorer les méthodes de travail de la Deuxième Commission afin d’éliminer les doublons, souhaitant aussi que les projets de résolution soient adoptés par consensus.  Le Chili accorde une importance particulière aux questions portant sur les pays à revenu intermédiaire, lesquels abritent près de 70% de la population mondiale.  Il a plaidé pour qu’un texte soit adopté par la Commission afin de jeter les bases d’une franche collaboration entre ces pays et le système de développement onusien. 

M. Barros Melet a en outre appelé à redéfinir le concept de pauvreté, afin qu’il ne soit plus seulement circonscrit au niveau de revenu par habitant, mais qu’il tienne davantage compte d’autres dimensions du phénomène.  Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, il a appelé la communauté internationale à modifier ses modèles de production et de consommation.  C’est ce chemin que le Chili entend suivre en créant par exemple des zones marines protégées, a-t-il argué.

M. JA SONG NAM (République populaire démocratique de Corée) a estimé que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 marquait une étape importante pour l’élimination de la pauvreté et la prospérité du genre humain.  Il a rappelé que la création d’un environnement pacifique était la base fondamentale du développement durable.  « La paix, le développement et les droits de l’homme sont les trois objectifs principaux mis en avant par les Nations Unies, et parmi eux la paix est le plus important », a-t-il insisté avant de regretter que, « par la faute de certains États, la paix et la prospérité mondiales étaient gravement violées ».  « Sous le prétexte de guerre contre le terrorisme, de droits de l’homme et de démocratie, les États-Unis continuent de rechercher des changements de régime dans des États souverains », a continué le représentant, déplorant que d’innombrables humains aient été victimes de ces changements de régime.  Il a également souligné que les États-Unis avaient positionné tous types d’armes nucléaires sur la péninsule coréenne et se livraient à de multiples exercices militaires dans le but d’obtenir un changement de régime.  Il a encore dénoncé « les barrières économiques et les sanctions illégales imposées à son pays », estimant que de telles actions de la part des États-Unis étaient un défi à l’esprit fondamental des objectifs de développement durable.

Pour parvenir aux objectifs de développement durable, le représentant a mis en avant deux priorités.  D’une part, effacer immédiatement les mesures arrogantes des États-Unis, dont les sanctions imposées aux pays en développement.  D’autre part, détruire la position de monopole de quelques pays spécifiques dans le système monétaire et commercial international.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays avait fait des progrès vigoureux dans la mise en œuvre d’un plan quinquennal de développement de l’économie nationale, dont le but est de revitaliser l’économie et d’atteindre les objectifs de développement durable.  « Le Gouvernement déploiera de grands efforts pour abolir le vieil ordre mondial et établir de nouvelles relations économiques fondées sur la justice, l’égalité et l’impartialité, et pour contribuer aux efforts internationaux destinés à remplir les objectifs de développement durable », a-t-il conclu.

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a indiqué que son pays avait intégré les objectifs de développement durable dans la deuxième phase de son Plan quinquennal de développement qui couvre la période 2016-2021 en mettant l’accent sur l’industrialisation, le développement des infrastructures et l’innovation.  Cette approche s’inscrit également dans le programme à l’horizon 2063 de l’Afrique, a-t-il précisé, ajoutant que le but du Plan quinquennal est de combler les lacunes en termes d’infrastructures et d’augmenter les capacités de production du pays.

Par ailleurs, la Tanzanie a lancé des campagnes de communication en anglais et en kiswahili pour sensibiliser sa population aux objectifs de développement durable et pour faciliter la prise en compte des objectifs dans les politiques et stratégies locales ainsi que dans les budgets.

Le représentant a ensuite présenté un certain nombre d’expériences locales, expliquant que l’objectif de la Tanzanie est de passer dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2025.  Elle mise sur un taux de croissance de 7% d’ici là et espère faire baisser d’ici à 2020 le taux de chômage de 10,3% à 8% et celui de la pauvreté de 28%,2% à 16,7%.  Pour y arriver, la Tanzanie compte notamment investir dans l’emploi rural et urbain, apporter un soutien financier aux jeunes et aux femmes, renforcer les petites et moyennes entreprises et lutter contre la corruption, tout en contrôlant les dépenses publiques, a expliqué son représentant.

Tout en reconnaissant la responsabilité première des États dans le développement, le représentant a insisté sur le besoin de partenariats dans ce domaine et de moyens de financement pour les pays en développement.  Il est également revenu sur la menace des changements climatiques, qui touchent la Tanzanie par la fonte des glaces du Kilimandjaro, notamment.  Ils représentent un obstacle à l’élimination de la pauvreté et risquent de saper les acquis de dix années de développement, a-t-il mis en garde avant de lancer un appel pour un engagement sérieux en faveur des pays les moins avancés, pour permettre à ces pays de mettre leurs capacités à niveau pour faire face aux changements climatiques.

M. GHANIM AL-HUDAIFI AL-KUWARI (Qatar) a demandé que la communauté internationale respecte les priorités nationales de développement de chaque pays.  Le Qatar, a-t-il rappelé, avait présenté un examen national volontaire au cours de la dernière session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Son pays accueille d’ailleurs, les 18 et 19 novembre prochains, une réunion de préparation de la prochaine session du Forum politique de haut niveau.

Le représentant a salué le consensus qui a permis l’adoption de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a relevé que le commerce joue un rôle majeur pour le développement, appelant à un système commercial multilatéral qui soit universel, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.

Affirmant que le Qatar fait face aujourd’hui au défi de mesures coercitives unilatérales et illégales, il a dénoncé un blocus commercial qui constitue « une violation des droits de l’homme et qui va à l’encontre des principes propres au commerce international ».  Malgré ces obstacles, le Qatar va continuer à apporter son soutien aux pays en développement comme il l’a toujours fait, a-t-il indiqué.

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a demandé que les pays en développement puissent accéder aux technologies modernes et a insisté sur l’importance de l’aide publique au développement (APD) qui reste la principale source de financement des pays les moins avancés (PMA).  Il s’est d’ailleurs dit inquiet de la baisse constatée dans l’APD au niveau mondial entre 2015 et 2016.  Face aux nombreux défis comme les conflits, les changements climatiques, le manque d’infrastructure, il faut accorder plus d’attention aux pays faisant face à des situations spéciales comme ceux sortant d’un conflit, les PMA, les petits États insulaires en développement (PIED) et également mettre fin aux mesures coercitives unilatérales qui entravent leur développement, a estimé le représentant.

Il a indiqué que le Soudan avait établi un plan national de lutte contre la pauvreté qui consiste notamment à renforcer l’esprit d’entreprenariat chez les jeunes.  Ce plan est également axé sur la santé et l’autonomisation des femmes, a-t-il dit en rappelant que 30% des sièges au Parlement sont réservés aux femmes.

Le représentant a également souligné que la dette extérieure reste un problème majeur pour les pays en développement dans la mesure où elle les empêche souvent d’accéder à l’aide publique au développement (APD), ralentissant de ce fait leur développement et sapant leur chance de sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Il a également appelé à une réforme du système de commerce international pour le rendre plus équitable et plus juste.  Le Soudan reste un fervent défenseur de la coopération Sud-Sud dans le but de parvenir aux objectifs de développement durable, a ajouté le représentant.

M. ALAHMAD (Koweït) a invité la Deuxième Commission à modifier ses méthodes de travail afin d’améliorer la qualité de ses projets de résolution.  Le Koweït, a-t-il souligné, fournit une assistance humanitaire aux pays se trouvant dans le besoin.  Une assistance aux des pays les moins avancés (PMA) est également octroyée par le biais du fonds koweitien pour le développement économique arabe, une aide qui représente plus de 2% de son produit intérieur brut (PIB).  Le représentant a saisi l’occasion pour inviter les pays développés à respecter leurs engagements de consacrer au moins 0,7% de leur PIB à la cause du développement international.

M. ABDELLAH LARHMAID (Maroc) a exprimé son soutien aux efforts de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, dans la mesure où cette réforme vise une plus grande cohérence entre les agences onusiennes.  Sa délégation considère que la performance de ce système dépendra de sa capacité à mobiliser les fonds nécessaires, des fonds qui doivent en outre être prévisibles.  En outre, la mutualisation des efforts de tous les partenaires demeure essentielle pour la réalisation des objectifs de développement durable, a estimé le représentant qui a également insisté sur le rôle primordial que joue toujours l’aide publique au développement (APD) pour de nombreux pays.  Il a donc exigé le respect des engagements pris dans ce domaine par les pays donateurs.

Le représentant a continué en indiquant que le Maroc intègre les objectifs de développement durable dans son cadre de régionalisation, ainsi que dans ses réformes institutionnelles.  Son gouvernement a adopté en juin dernier sa stratégie de développement à l’horizon 2030 qui définit les principales orientations du pays aux plans national et régional.  Il alloue plus de 54% de son budget au secteur social, a précisé le représentant.

Sur la question des changements climatiques, il a rappelé que la vingt-deuxième Conférence des Parties à la Convention-cadre (COP 22) avait eu lieu au Maroc et réitéré l’appel à coopérer collectivement pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Le Maroc propose de mettre en place un mécanisme international pour le financement climatique.  La vingt-troisième Conférence des Parties à la Convention-cadre (COP 23) s’annonce, selon le représentant, comme une étape intermédiaire qui doit se concentrer sur les moyens de mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le Maroc souhaite par ailleurs que la onzième Conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) puisse déboucher sur un compromis entre les États Membres pour enfin sortir de l’impasse actuelle en vue d’assurer aux pays en développement les moyens de générer des revenus à travers un système de commerce international équitable.  En outre, le Maroc accorde une attention capitale à la coopération Sud-Sud, en particulier avec l’Afrique.

M. MEYER (Brésil) a réitéré son engagement en faveur du Programme de développement durable à l'horizon 2030, insistant sur la nécessité de se concentrer sur sa mise en œuvre effective.  Il a rappelé le rôle crucial de la

Deuxième Commission dans le dialogue pour le développement durable, insistant sur la nécessité d’éviter les doublons et de favoriser les synergies entre l’Assemblée générale, l’ECOSOC et le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

Le délégué a également insisté sur la nécessité pour les pays en développement de disposer des moyens de mettre en œuvre le Programme 2030.  Il a défendu une coopération internationale étendue, appelant les États à tenir les engagements pris en termes d’aide.  Il a également souligné l’importance de mieux mobiliser les ressources domestiques dans les pays en développement.  Enfin, il a insisté sur le rôle central du commerce et des transferts de technologies vers ces pays.

M. TALAL ALI RASHED ALJAMALI (Yémen) a rappelé que son pays avait signé l’Accord de Paris l’an dernier, en soulignant l’importance du respect du principe des responsabilités communes mais différenciées.  Il a déploré le fait que son pays soit aujourd’hui en proie à des « putschistes houthistes » qui ont déstabilisé le pays.  Il a souhaité que l’aide humanitaire soit bientôt capable de se muer en aide pour la reconstruction du Yémen.  Le représentant a également plaidé pour la réforme du système de développement des Nations Unies, afin de le rendre plus efficace et plus à même de soutenir les pays en développement.

M AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a estimé qu’il était temps de se concentrer sur la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Il a ensuite rappelé que son pays avait été le premier pays d’Asie-Pacifique à créer un ministère du développement durable et à faire adopter par son Parlement une loi destinée à mettre en place un conseil du développement durable.  Le représentant a souligné que ces objectifs ne pouvaient pas être atteints sans éradication de la pauvreté.

Rappelant que son pays avait été frappé par des catastrophes naturelles et un conflit armé de plusieurs décennies, M. Perera a mis en avant les initiatives lancées sur le plan national pour stimuler une croissance économique et la rendre inclusive, en particulier dans les zones rurales.  Il a aussi fait part des efforts déployés pour offrir une éducation sans discrimination et pour faire des progrès dans la réconciliation postconflit.  Le système de couverture sociale universelle mis en place par son pays reste une priorité, a indiqué le représentant en soulignant les difficultés de financement existantes pour assurer sa pérennité.  Au chapitre des réalisations, il a également mis en avant la protection et la préservation des forêts de mangrove, qui peuvent retenir cinq fois plus de gaz carbonique que des forêts classiques.

En conclusion, il a réitéré son adhésion à l’objectif de transformation du monde grâce au Programme 2030, tout en insistant sur les obstacles à surmonter en matière de financement, notamment, et en termes de volonté politique, celle-ci étant cruciale pour renforcer les actions collectives et la coopération. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a jugé que le niveau actuel de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 n’est pas encourageant, en raison de défis de nature politique, économique, sécuritaire, environnemental et humanitaire.  Il s’est tout particulièrement inquiété de voir que la faim dans le monde touche désormais 815 millions de personnes.  C’est la raison pour laquelle sa délégation s’aligne sur la recommandation du Secrétaire général, à savoir qu’il y a urgence à réaliser les objectifs de développement durable.   Pour y parvenir, a dit le représentant, un « partenariat mondial sincère et revitalisé », alliant toutes les parties prenantes, est indispensable, de même qu’un changement de paradigme et des réformes à l’appui de pays en développement.   Aussi a-t-il émis l’espoir que cette session de la Deuxième Commission contribue à l’accélération de la mise en œuvre du Programme 2030, en identifiant progrès, lacunes et défis.

Au niveau national, a indiqué M. Alemu, l’Éthiopie s’emploie à hâter l’application de son Plan de transformation et de croissance, qui intègre les objectifs de développement durable.  En outre, les programmes de développement urbain et rural sont axés sur le bien-être de la population, a-t-il poursuivi, faisant également état d’investissements massifs dans l’agriculture et d’une stratégie de développement verte.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a indiqué que son pays avait grandement bénéficié de ses partenariats avec l’ONU et avec les autres acteurs internationaux.  Ces partenariats nous ont permis d’avoir accès aux ressources financières et à l’expertise technique nécessaire à la mise en œuvre de projets de développement ambitieux, a expliqué la délégation.  « Il est crucial pour les petits États insulaires en développement de recevoir une aide initiale afin d’atteindre la première étape de l’échelle de développement », a affirmé le représentant.

Afin de parvenir à l’échelon supérieur, le délégué a souligné l’importance d’investissements étrangers accrus.  Cependant, le cadre de prêt des institutions financières internationales ne favorise pas les petits États, a-t-il déploré, en soulignant le rôle important de l’ONU pour y remédier.  Le représentant des Maldives a souligné l’importance de l’innovation pour surmonter les défis du développement et renforcer la résilience du pays et de l’économie.  « Notre pays a été mis à rude épreuve avec le tsunami qui a frappé en 2004 mais nous avons surmonté ce défi et construit un pays plus résilient », a-t-il dit. Enfin, il a indiqué que les Nations Unies étaient « dans une position extraordinaire » pour aider les États Membres à renforcer leurs capacités.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a invité à tenir compte des trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale.  Sur le plan social, elle a parlé du besoin de se focaliser sur la question de la pauvreté.  Ce problème ne résulte pas seulement d’un déficit de revenu, a-t-elle fait observer en insistant sur le caractère multidimensionnel du phénomène. 

Sur le plan économique, elle a prôné la création d’emplois décents pour se diriger vers un développement économique durable.  Il faut également améliorer les termes des échanges commerciaux entre les pays, a-t-elle ajouté. 

Au sujet de la dimension environnementale, elle a relevé que les changements climatiques représentent l’un des plus grands dangers du développement.  De ce fait, le développement durable ne sera pas effectif tant que des mesures ne seront pas prises pour faire face aux conséquences des changements climatiques.

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a indiqué que son pays était préparé pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, indiquant avoir mis en place le cadre politique, législatif et institutionnel nécessaire pour cela.  Il a estimé que l’un des éléments critiques de ce travail était la décentralisation des efforts vers les niveaux inférieurs du gouvernement, pour garantir l’inclusion de tous les citoyens dans la poursuite de l’éradication de la pauvreté et la pérennité du développement.  Il a souligné que l’un des problèmes importants dans la voie du développement résidait dans les institutions financières multilatérales, telles que la Banque mondiale. 

Il a suggéré que celles-ci élargissent la définition de la « fragilité » et de la « vulnérabilité », afin d’y introduire notamment les petits États insulaires en développement.

« Développer les partenariats pour renforcer les capacités, renforcer les institutions, l’assistance technique et les transferts de technologie est aussi important », a-t-il poursuivi, tout en mettant en garde contre le risque de créer un syndrome de dépendance.  Il a également souhaité que les réformes du fonctionnement des Nations Unies faites au nom de la rentabilité ne se fassent pas aux dépens d’États dans une situation spéciale tels que les petits États insulaires.

Le représentant a aussi souligné le défi que rencontre son pays pour disposer de statistiques crédibles, soulignant avoir là un besoin criant de coopération en termes d’assistance technique et de renforcement des capacités.  Il a estimé que la création d’une banque centralisant les données et les statistiques faciliterait le processus de suivi et de révision.   

Mme DARJA BAVDAZ KURET (Slovénie) a rappelé les défis auxquels fait face l’humanité, citant notamment la production durable d’une alimentation suffisante, la lutte contre le réchauffement climatique ou la diminution des ressources telles que les terres fertiles et l’approvisionnement en eau.  Relever ces défis, a-t-elle dit, repose sur la capacité des décideurs politiques à transformer cette responsabilité en stratégies appropriées et efficaces.

La représentante a indiqué que l’année 2017 était une grande étape pour son pays, avec la préparation d’une nouvelle stratégie nationale incluant les 17 objectifs de développement durable.  Il a ajouté que la Slovénie travaillait à accroître la part du revenu national brut consacré à l’assistance internationale dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Il a également souligné que son pays avait été classé parmi les 10 meilleurs États pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Insistant sur la nécessité de renforcer encore la coopération internationale, la représentante a rappelé son attachement au multilatéralisme, notamment via l’Accord de Paris et le Programme 2030.  Il a également attiré l’attention de la communauté internationale sur deux priorités: la sécurité alimentaire et la durabilité de l’environnement.

En conclusion, le représentant a proposé la création d’une journée internationale des abeilles, soulignant que celles-ci, avec d’autres polinisateurs, étaient un chaînon essentiel des écosystèmes.  « Les abeilles sont indispensables à la préservation de la biodiversité », a-t-elle insisté, appelant les États Membres à soutenir cette initiative.

M. KHASOON (Arabie saoudite) a fait part des efforts déployés par son Gouvernement en vue de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable.  Au plan national, le pays a misé sur une meilleure gouvernance pour assurer le suivi de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a également développé un programme de développement ambitieux appelé « Vision 2030 » qui comprend un volet de gestion des nouveaux projets et un autre pour mettre en place des indicateurs du développement durable.  L’Arabie saoudite, a ajouté le représentant, est également déterminée à contribuer au développement du monde, notamment en renforçant ses partenariats pour venir en aide aux pays en développement.

M. ION JINGA (Roumanie) a appuyé les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la transparence et l’efficacité du système onusien de développement.  La nature intégrée et ambitieuse des objectifs de développement durable exige des « changements audacieux » de ce système si l’on veut leur bonne mise en œuvre, a-t-il prévenu.  M. Jinga a donc souhaité que ces changements mettent l’accent sur la « substance et les implications financières » desdits objectifs.

Le représentant a ensuite salué le lancement par la France d’un pacte mondial pour l’environnement et la création d’un groupe de travail ouvert en vue de l’élaboration d’un document.  Ce pacte devrait souligner la dimension environnementale du développement durable et montrer notre détermination à agir ensemble pour mettre un terme à la destruction de la planète, a-t-il poursuivi.  Enfin, le délégué a exhorté la Commission à se conformer aux règles et procédures de l’Assemblée générale, à respecter les délais de soumission des textes et à éviter tant les résolutions ayant des incidences financières que la duplication de mandats.

M. AL SHAIKHLI (Iraq) a assuré que son pays avait engagé des réformes structurelles pour rendre son économie plus performante.  Étant donné la place cruciale du commerce dans l’optique du développement, le délégué a plaidé pour que les pays observateurs de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), tel le sien, puissent en devenir des membres à part entière.

L’aide publique au développement (APD) est également essentielle pour la mise sur pied d’infrastructures vitales, notamment dans les pays en conflit comme l’Iraq qui a vu ses infrastructures détruites du fait du terrorisme.  En outre, dans un contexte de baisse des prix des hydrocarbures, l’Iraq a du mal à mobiliser des fonds pour son développement sur les marchés financiers internationaux, a fait valoir le représentant.

Le Gouvernement iraquien accorde la plus grande importance aux questions d’environnement, c’est pourquoi son pays a signé l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a appelé les pays développés à fournir des fonds pour l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques.  L’Iraq est également engagé dans la lutte contre la pollution, a-t-il dit en invitant les délégations à soutenir un projet de résolution sur cette question en ce qui concerne les zones de conflit armé et les zones en proie au terrorisme.

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a passé en revue les initiatives lancées par son pays pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Il a ensuite insisté sur l’importance de voir les pays développés tenir leurs engagements en consacrant 0,7% de leur revenu national brut à l’assistance aux pays en développement. 

Les agences onusiennes et les organisations internationales doivent apporter un soutien accru aux pays en développement, a aussi demandé le représentant avant de saluer le rôle du système de développement des Nations Unies pour le développement.  Les réformes proposées concernant ce système devaient répondre aux objectifs de développement durable et se concentrer sur la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation du Programme 2030, a-t-il estimé.

M. AKINREMI BOLAJI (Nigéria) a indiqué que les politiques nationales du Nigéria ont été alignées sur les divers accords internationaux adoptés en 2015.  L’objectif poursuivi de « ne laisser personne de côté » nécessite de trouver de

toute urgence de nouvelles pistes de collaboration, a-t-il noté avant d’appeler à mettre en œuvre au plus vite le Nouveau Programme pour les villes et à soutenir le travail d’ONU-Habitat.

Le délégué a indiqué que le Nigéria avait mis en place une politique nationale de lutte contre la désertification, rappelant que le lac Tchad qui procurait des moyens de subsistance à des millions de personnes a perdu 10% de sa superficie au cours des dernières décennies, provoquant ainsi de larges mouvements de population et créant des conflits dans la région.

Il a en outre signalé que le Nigéria et la Norvège, en lien avec des organisations internationales, avaient organisé, en juin dernier à Abuja, une conférence portant sur le suivi de la résolution adoptée par l’Assemblée générale sur la lutte contre les flux financiers illicites.  Il a imploré les États à renforcer la coopération contre ce fléau et à aider au retour des fonds vers les pays d’origine.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a indiqué que son pays avait d’ores et déjà présenté son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable, ce qui témoigne de sa volonté de réaliser les objectifs de développement durable dans les délais impartis.   Le pays s’est fixé pour objectif de parvenir à la pauvreté zéro, en faisant des investissements publics dans la santé, l’éducation inclusive, le travail décent et les droits de l’homme.

La représentante a rappelé que l’Argentine allait accueillir la Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants du 14 au 16 novembre prochain.  Les estimations sur cette question prouvent que les progrès sont insuffisants puisque plus de 151 millions d’enfants de 5 à 17 ans travaillent, dont 72 millions dans des emplois dangereux.  L’Argentine espère pouvoir compter sur une large participation à cette Conférence pour stimuler la volonté politique nécessaire à l’élimination de ce fléau qui fait partie des cibles du développement durable.

Le prochain Sommet du G20 aura également lieu en Argentine, une première pour l’Amérique du Sud, a encore annoncé la représentante.  En ce qui concerne la gouvernance du commerce international, l’Argentine espère obtenir des résultats positifs lors de la prochaine conférence ministérielle de l’OMC qui aura également lieu en décembre à Buenos Aires.  Elle reste attachée à la coopération sud-sud et la coopération triangulaire.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a estimé que, pour avancer dans la mise en œuvre du Programme de développement durable, le monde avait besoin d’un système commercial juste.  À son avis, le financement du développement doit être géré en tenant compte du fait qu’il n’y a pas de modèle unique, ce qui oblige à tenir compte des priorités de chaque État.

La gestion souveraine des ressources nationales est un tremplin pour le développement, a ensuite souligné le représentant en dénonçant au passage les mesures économiques unilatérales visant à saper la souveraineté des États tiers.  « Elles sont contraires à la Charte des Nations Unies et hypothèquent l’autodétermination des peuples », a-t-il insisté en mettant l’accent sur le fait qu’elles ont en outre une incidence sur le développement des pays.  Il a également fait référence à la situation des peuples vivant sous occupation qui voient leur développement ainsi freiné. 

M. Ramírez Carreño a rappelé que le Venezuela apporte son soutien à certains des pays touchés par les récentes catastrophes naturelles.  Il a appelé à trouver des solutions multilatérales à ces phénomènes météorologiques, notamment par le biais des dispositions de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Mme VESNA BAUS (Croatie) a lancé un appel pour que la Deuxième Commission joue pleinement son rôle de leadership dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en mettant l’accent sur la coordination qui est indispensable.  Elle a salué la Conférence mondiale sur les océans, sachant que la protection des mers constitue l’un des objectifs de développement durable.

Sur le plan de l’environnement, la représentante a relevé que la lutte contre les changements climatiques, l’économie verte et l’économie bleue sont des approches interconnectées.  Elle a invité tout le monde à contribuer à la lutte contre les changements climatiques, soulignant que l’Accord de Paris sur les changements climatiques exige de la part de la communauté internationale une application ferme sur la base d’une responsabilité commune et partagée.  La Croatie, qui a ratifié cet Accord, mise sur la technologie pour faire face à ce fléau.

Venant au nouveau Programme pour les villes, la représentante y a vu la volonté commune de renforcer les capacités pour gérer les zones urbaines de façon durable.  La Croatie a mis en place une planification urbaine pour que les villes soient adaptées à toutes les générations, a-t-elle expliqué. 

Mme ABDULMOHSEN (Bahreïn) a rappelé que son pays avait réalisé les Objectifs du Millénaire pour le développement et entendait faire de même en ce qui concerne les objectifs de développement durable.  À cet effet, le Bahreïn entend suivre les indicateurs de mise en œuvre élaborés par l’ONU.  Le royaume du Bahreïn, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déjà préparé un programme de développement pour 2017-2020, tandis qu’il a lancé des initiatives de promotion des objectifs de développement durable sur le plan international.

Le représentant a également mentionné la création d’un prix royal, lancé en janvier 2017 en collaboration avec le Conseil économique et social (ECOSOC), pour renforcer la contribution des jeunes au processus de développement durable.  Un autre prix portant le nom de l’épouse du Roi vise également à promouvoir le développement durable.

Mme MUNDANDA (Zambie) a mis l’accent sur le rôle crucial de la Deuxième Commission pour promouvoir la coopération et les partenariats dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Soulignant que l’éradication de la pauvreté reste un défi majeur pour les pays en développement, il a indiqué que le taux de pauvreté était de 76,6% dans les zones rurales et de 54,4% en moyenne en Zambie.  La représentante a ensuite vanté l’approche multisectorielle adoptée par le Gouvernement qui a adopté un plan de lutte contre ce problème, en mettant l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes. 

La représentante a également insisté sur le rôle des politiques macroéconomiques pour renforcer l’accès aux marchés internationaux pour les pays en développement, comme la Zambie, y compris le commerce intrarégional entre pays africains.  « La Zambie demande un système commercial multilatéral, ouvert, juste, prévisible et transparent dans le cadre de l’OMC et tel que reconnu par le Plan d’action d’Addis-Abeba. »  La Zambie a mené des pourparlers avec différentes parties prenantes pour avoir un accès aux marchés préférentiels, a encore indiqué son représentant.  En ce qui concerne l’industrialisation, plusieurs mesures d’incitation ont été mises en place comme des investissements dans les infrastructures et les TIC.  Enfin, la déléguée s’est associée aux appels pour que la dette extérieure des pays en développement devienne viable et pour que l’APD destinée aux PMA et aux PIED soit augmentée.

Mme SOFYA SIMONYAN (Arménie) a jugé plus que jamais importants les partenariats régionaux et internationaux, dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable.  En tant que pays en développement sans littoral, l’Arménie souligne l’importance d’établir des couloirs de transport et de transit accessibles et sans entraves afin d’améliorer les possibilités de commerce, de connectivité, de mobilité et de tourisme pour le pays.  

L’Arménie a récemment lancé son premier laboratoire national d’innovation en ce qui concerne les objectifs de développement durable, a indiqué la représentante en espérant ainsi que l’innovation permettrait de mettre en œuvre un développement intelligent.  Elle a également annoncé que l’Arménie allait présenter son premier examen national volontaire au cours de la prochaine session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.   

M. NIRMA RAJ KAFLE (Népal) a appelé à donner la priorité aux plus nécessiteux que l’on trouve chez les pays les moins avancés et les pays en développement sans littoral.  « Ils exigent notre attention immédiate et spéciale. »  Il faut les mettre au centre et en haut des priorités dans les discussions de la Deuxième Commission, a-t-il recommandé, souhaitant ainsi mettre en évidence le fossé entre les promesses et la réalité du terrain.  À son avis, le même esprit devrait être de mise dans tous les processus et les mécanismes de mise en œuvre du Programme 2030 et les autres programmes d’action internationaux. 

Au plan national, le représentant a rappelé que la sortie de la catégorie des pays les moins avancés avait été l’objet des programmes gouvernementaux récemment.  À cet égard, il a souligné l’importance d’assurer un processus de transition doux et durable tel que prévu dans la Déclaration de Katmandou de 2014, en assurant un appui international renforcé, prévisible et continu.    

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a jugé essentiel de débloquer suffisamment de ressources à l’échelle internationale afin de mettre en œuvre le Programme de développement à l’horizon 2030.  Un partenariat international revitalisé est également de la première importance, a-t-il dit. Il s’est dit préoccupé par la diminution de l’APD et a exhorté les pays à honorer leurs promesses faites dans ce domaine.

La mobilisation des ressources domestiques par les pays en développement devrait être facilitée par la mise en place d’un système fiscal, commercial et monétaire international qui soit stable, cohérent et non-discriminatoire, a poursuivi le délégué.  Lorsque les pays en développement arrivent à mobiliser des ressources domestiques importantes pour les consacrer au développement, cela ne doit pas servir de prétexte aux partenaires de développement pour qu’ils se dédouanent de leurs engagements au titre de l’APD, a-t-il insisté.  Enfin, il a souhaité des efforts accrus en vue de conclure le cycle de négociations commerciales de Doha afin de créer un système commercial multilatéral ouvert, transparent et inclusif.

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a constaté les multiples défis à relever par les pays en développement dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, notamment la hausse du chômage des jeunes.  Il a également insisté sur la particularité des pays en situation de conflit ou sortant d’un conflit qui doivent, selon lui, bénéficier d’une attention toute spéciale de la part des Nations Unies car ils ne sont pas en mesure de réaliser les objectifs de développement durable sans stabilité et sans paix.  La Libye, qui se trouve dans cette situation, fait actuellement face à l’instabilité et à des flux migratoires importants, ainsi qu’à la traite de personnes, a expliqué le représentant en le justifiant par les difficultés à contrôler les frontières.  Il ne faut pas que la responsabilité incombe uniquement aux pays de transit, comme la Libye, mais il faut associer les pays d’origine des migrants aux stratégies de lutte contre ce phénomène, a-t-il estimé. 

La Libye exige en outre que les pays qui détiennent toujours des fonds libyens illégalement transférés les lui restitue, pour que le pays puisse les utiliser pour financer ses efforts de développement.  Elle demande aussi que les pays membres des Nations Unies s’abstiennent de devenir des paradis fiscaux en vue d’attirer des fonds illégitimes.  Le représentant a préconisé à cet égard la mise en place d’un mécanisme international pour localiser ces fonds et les reverser aux pays d’origine.  Enfin, il a signalé que la Libye appuie les efforts de réforme de la structure des Nations Unies chargée d’appuyer le développement, dans le but de la rendre plus efficace et en phase avec le monde actuel.  Il faut passer de la gestion des crises à la prévention, a aussi prôné le représentant en faisant remarquer que le meilleur moyen pour y arriver reste le développement.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) a insisté sur la détermination de son pays à mettre en œuvre le Programme de développement à l’horizon 2030, malgré les défis considérables auxquels il est confronté, tels que le terrorisme et l’extrémisme violent.  Mon pays prend les mesures nécessaires pour que chaque communauté soit impliquée dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il assuré.

M. Saikal a insisté sur les défis spécifiques auxquels les pays émergeant d’un conflit font face, avant de déplorer la lenteur des progrès accomplis par les PMA pour réaliser lesdits objectifs.  Il s’est dit préoccupé par la diminution du volume de l’APD et a exhorté les partenaires de développement à honorer leurs engagements à cet égard.  Enfin, le délégué s’est félicité de l’opérationnalisation de la Banque de technologies pour les PMA et a souhaité que la réforme du système de développement de l’ONU participe au renforcement du lien entre paix et développement.

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a souligné que son pays est le plus vaste des pays sans littoral du monde.  De ce fait, le Kazakhstan a pris des mesures idoines pour s’ouvrir au monde.  L’une de ces mesures est l’implication du pays dans le projet de la « Route de la soie » initiée par la Chine.  Le Kazakhstan est également engagé dans la promotion des sources d’énergie vertes, ce qui est d’ailleurs le thème de l’exposition universelle d’Astana qui a pris fin le mois dernier.  Le Kazakhstan vient également de mettre sur pied un Centre international sur les énergies vertes, en collaboration avec les Nations Unies.  Le délégué a également salué les réformes engagées par le Secrétaire général de l’ONU afin de donner un nouveau souffle à l’Organisation.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) a déclaré qu’alors que l’on entre dans la seconde année de la mise en œuvre du Programme du développement durable à l’horizon 2030, il est important que le travail de la Deuxième Commission soit axé sur le soutien à cette mise en œuvre, d’autant que celle-ci exige une réorientation et un alignement des politiques, de même qu’une mobilisation de moyens financiers et humains.  C’est dans cet esprit que l’Érythrée a adopté une stratégie de développement tournée vers le développement du capital humain à travers une éducation gratuite de l’école maternelle à l’enseignement supérieur.

Pour éradiquer la pauvreté, créer de meilleures opportunités d’emplois pour la jeunesse et assurer la justice sociale, l’Érythrée a par ailleurs pris des mesures pour mobiliser des ressources nationales et promouvoir l’investissement, comme l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre la corruption.  Les revenus générés sont investis dans le secteur minier, dans les infrastructures, l’agriculture, l’eau ou le développement rural.  En tant que pays situé dans une région sensible aux changements climatiques et à la désertification, l’Érythrée fait également de la sécurité alimentaire une priorité.  Après les mesures de conservation de l’eau prises il y a une décennie, le pays est maintenant entrée dans une phase d’introduction de l’agriculture irriguée, à tel point que les récoltes ont été multipliées par trois, voire quatre, a assuré la délégation. 

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a mis en garde quant à l’insuffisance des modes de financement traditionnel pour réaliser les objectifs de développement durable.  Il faudra par exemple mobiliser entre 3 000 à 5 000 milliards de dollars par an pour la mise en œuvre de ces objectifs dans les pays à revenu intermédiaire, a-t-il illustré.  Il a fait savoir que la mobilisation des ressources nationales ne représentait que 7 700 milliards de dollars dans les pays en développement en 2012, selon une étude de la Banque mondiale, alors que, dans le même temps, les pays à revenu intermédiaire tel que la Jamaïque n’ont pas droit à l’APD, et encore moins à des prêts concessionnels.  Il a donc prôné une mobilisation des capitaux privés nationaux.  Mais les fonds seuls ne suffiront pas, a-t-il averti en expliquant que la qualité des financements est également cruciale.  Il faut en effet cibler les domaines dans lesquels les fonds auront un effet multiplicateur transversal sur plusieurs objectifs de développement.

M. ARTHUR AMAYA ANDAMBI (Kenya) a appelé à accélérer le rythme de la mise en œuvre du Programme 2030 en soulignant cinq priorités.  La première consiste à gérer les problèmes liés à l’environnement et en particulier aux changements climatiques qui coûtent près de 3% du produit intérieur brut annuel à son pays.  Pour montrer combien il prend au sérieux la gestion de l’environnement, le Kenya a récemment interdit les sacs en plastique.

L’agriculture est la deuxième priorité, selon le représentant du Kenya.  Son gouvernement confère à ce secteur la plus haute importance en faisant un outil de promotion du développement national.  Il a notamment instauré des subventions pour les intrants agricoles, amélioré les infrastructures agraires et mis l’accent sur le développement des marchés.

Le Gouvernement kényan fait de l’inclusion financière sa troisième priorité.  Ainsi, les Kényans ont un large accès aux services financiers par la téléphonie mobile, a indiqué M. Andambi: 58,7% des Kényans vivent dans un rayon de 3 km d’un service financier par téléphonie mobile, tandis que 21,2% de la population vit près des banques.  La quatrième priorité est le rôle de la technologie de l’information et de la communication, a-t-il dit en expliquant que 1,7 million de personnes se sont inscrites sur la plate-forme de paiement citoyenne où ils disposent de 115 services de différentes agences de l’État.  Enfin, la cinquième priorité est la coopération Sud-Sud. 

M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie) a indiqué que son pays avait adhéré au Partenariat pour un gouvernement ouvert, ainsi qu’à diverses initiatives visant à soutenir la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 16 (paix, justice et institutions efficaces).  Il a détaillé le plan de développement 2016-2020 de la Tunisie, qui vise à mieux intégrer les régions intérieures du pays notamment par la modernisation de l’infrastructure, la promotion de l’investissement et la facilitation de l’accès des jeunes au travail décent.  Ce plan vise également à faire de la Tunisie une plateforme régionale entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, a-t-il poursuivi.

Le délégué a plaidé pour une revitalisation du Partenariat mondial pour le développement durable et pour une coopération renforcée afin d’atteindre les objectifs de développement durable.  Les pays en transition devraient faire l’objet d’une attention particulière, a-t-il ajouté.  Enfin, le délégué s’est dit en faveur d’une coopération plus étroite en matière fiscale afin notamment de faciliter le « recouvrement des fonds spoliés qui privent nos pays de fonds importants ».

M. ADNAN ALTAY ALTINÖRS (Turquie) a indiqué que la Turquie faisait partie des 10 pays les plus performants au monde dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ensuite rappelé que l’APD était la plus importante et critique source de financement, ajoutant que l’APD fournie par son pays était de 6,2 milliards de dollars en 2016, soit plus que la cible de 0,7% du revenu national brut arrêtée par l’ONU.  En excluant l’aide humanitaire, près de 20% de l’APD de la Turquie est versée au bénéfice des pays les moins avancés, a-t-il précisé.

Se réjouissant que la Banque des technologies soit devenue une réalité, il a indiqué que la Turquie, pays hôte de ladite Banque, s’était engagée à lui verser deux millions de dollars chaque année sur cinq ans.  Par ailleurs, il s’est dit convaincu par l’utilité de l’ONU pour améliorer la gouvernance mondiale des ressources en eau.  Cependant, il ne paraît pas nécessaire d’avoir une entité intergouvernementale onusienne qui en serait chargée spécifiquement, a-t-il souligné.  « Un tel organe, s’il devait être établi, créerait un silo et viendrait briser la nature intégrée et indivisible du Programme de développement à l’horizon 2030. »

M. LUKE DAUNIVALU (Fidji) a fait observer que les petits États insulaires en développement font face à une liste de défis spécifiques pour le développement du fait des catastrophes naturelles.  À cet égard, il a souligné la nécessité de disposer de mécanismes de financement adéquats pour relever ces défis.  Le représentant a aussi appelé à mobiliser un financement significatif pour l’éducation universelle, le transfert de technologie et afin de mettre en place des partenariats durables qui aideront à atteindre le Programme 2030.

« Un suivi rigoureux de nos efforts de développement seront essentiels pour que nous restions sur la bonne voie », a poursuivi le représentant.  Il a rappelé qu’il y avait eu près de 14 000 engagements de partenariats à l’issue de la Conférence sur les océans de 2015, encourageant tout le monde à rester vigilant pour assurer que ces engagements volontaires portent des fruits.  Il faut maintiennent l’élan créé par la Conférence, a-t-il demandé en saluant l’Appel à l’action qui en est résulté et qui a ensuite été adopté par l’Assemblée générale.  Les Fidji continueront de souligner l’importance des océans au sein de la Deuxième Commission, a promis le représentant.     

« De toute évidence, les 17 objectifs de développement durable que nous nous sommes assignés ne sauraient être atteints sans un financement adéquat, c’est-à-dire prévisible et efficace », a affirmé M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal).  La mise en place d’un tel financement requiert, selon lui, la création de partenariats multipartites « plus viables », établis sur la base du Programme d’action d’Addis-Abeba, dont l’ambition est d’aligner les flux de capitaux et les politiques de financement du développement. 

Pour ce faire, a estimé le représentant, il convient d’œuvrer « résolument » à la mobilisation de flux d’investissements productifs à partir des secteurs public et privé internationaux.  « Il va s’en dire que l’aide publique au développement garde toute sa pertinence et que les différents partenaires ont le devoir de mettre en œuvre leurs engagements souscrits en la matière », a-t-il spécifié.  Dans le même registre, le délégué sénégalais a appelé à mettre l’accent sur la lutte contre les flux financiers illicites, ainsi que contre la fraude et l’évasion fiscale qui constituent, à ses yeux, un « sérieux frein » au développement des pays comme le sien.

 Le représentant a également appelé à faire preuve davantage de transparence dans la gestion des ressources extractives, ainsi qu’à promouvoir des mécanismes innovants de financement du développement, aux côtés d’une coopération Sud-Sud et triangulaire « revigorée ».  Il a aussi plaidé en faveur d’un renforcement de la collaboration avec les banques multilatérales et régionales, demandant également plus de coopération en matière de transfert de technologie et de renforcement des capacités.  « Il est aussi important de rendre plus viable la dette souveraine, à travers l’assouplissement des conditions d’accès au crédit, son allègement et la simplification des procédures de financement », a-t-il enfin déclaré.

Mme JEMUOVIC (Serbie) a indiqué, qu’avec l’adoption du Programme de développement à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Programme d’action d’Addis-Abeba, « la communauté internationale n’avait jamais placé la barre aussi haut ».  « Nous devons maintenant les mettre en œuvre, sachant que l’échec n’est pas une option envisageable », a-t-il prévenu.  Il a insisté sur les progrès considérables enregistrés par son pays dans le domaine économique et dans la promotion d’une société gouvernée par l’état de droit.

« La Serbie, qui s’est engagée sur la voie de l’intégration européenne, est un partenaire crédible et fiable, en faveur de la paix, de la stabilité et de la réconciliation dans la région. »  Il a ensuite rappelé que son pays, frappé par des inondations massives il y a quelques années, avait ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Enfin, il a exhorté le système de développement onusien à procéder à un examen critique de ses capacités d’appui aux pays dans la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030.

M. MOURAD MEBARKI (Algérie) a fait observer qu’en dépit de l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, la communauté internationale peinait encore à atteindre un consensus dans l’optique de la réforme des systèmes financier et commercial internationaux.  Il en est de même pour certains projets de résolutions débattus au sein de la Deuxième Commission, a-t-il noté, tout en invitant les délégations à se servir du pouvoir et des mandats dévolus à l’ECOSOC pour adopter des politiques économiques mondiales visant le développement.  Il a expliqué que l’ECOSOC et l’Assemblée générale étaient les deux instances les plus représentatives et démocratiques de l’ONU.  De ce fait, ces instances ont la légitimité voulue pour délibérer sur la très attendue politique mondiale de développement. 

M. Mebarki a en outre appelé à faire avancer la réforme du système de développement des Nations Unies, arguant que la reddition des comptes et la transparence étaient les clefs de l’efficacité de ce processus de réforme.  Il a également souhaité fournir au système de développement des Nations Unies les moyens humains, financiers et logistiques nécessaires.

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a mis l’accent sur l’éducation qui est, de son avis, une question transversale dans le développement.  Elle peut constituer la base pour la promotion des objectifs de développement et permettre de consolider les acquis, a-t-elle estimé.  Elle a également considéré les changements climatiques comme une question majeure.  Si l’Andorre produit peu de gaz à effet de serre, le pays a toutefois opté pour des sources d’énergie propres et renouvelables afin de contribuer aux efforts mondiaux de préservation de la planète. 

La représentante a ensuite souligné le caractère crucial de l’égalité entre hommes et femmes dans l’optique du développement durable.  Elle a annoncé que son pays allait présenter son examen volontaire national au cours de la session du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en juillet 2018.    

M. ROBERT SISILO (Îles Salomon) a indiqué que les types d’énergie renouvelable variaient de pays à pays dans la région Pacifique.  Certains pays utilisent l’énergie éolienne, d’autres de l’huile de noix de coco en guise d’essence ou encore l’énergie solaire et hydraulique, a-t-il dit. Il a souligné l’importance d’un soutien fort de la part de la communauté des donateurs pour appuyer le développement de l’énergie renouvelable dans les Îles Salomon.

Le délégué a ensuite mentionné les conséquences considérables des changements climatiques pour son pays, avec des cyclones toujours plus dévastateurs, des océans plus acides et chauds et des sécheresses encore plus sévères qu’avant.  Le délégué a donc plaidé pour l’édification d’infrastructures côtières plus résilientes, une meilleure protection des barrières de corail et une amélioration du système de soins.  Enfin, il s’est dit en faveur de la création d’un fonds d’affectation spéciale pour faire face aux catastrophes.

Deux ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, seul un système multilatéral « fort » et à même d’autonomiser les États Membres permettra de réaliser pleinement le potentiel de ces différents accords, a estimé Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande).  L’an dernier, a-t-elle poursuivi, par l’entremise de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, la Deuxième Commission a « fortement » appelé à entreprendre des réformes, notamment afin d’améliorer la cohérence, l’efficacité et la responsabilité des actions de l’ONU au niveau des pays.

Mme Byrne Nason a, par ailleurs, indiqué que l’égalité entre les sexes était une priorité pour son pays, aux côtés de l’éradication de la pauvreté et de la faim.  « Notre histoire, en tant que petit État insulaire, témoigne d’une remarquable transformation, d’une terre affligée par une famine dévastatrice au XIX e siècle à l’un des premiers pays au monde en matière de sécurité alimentaire », s’est-elle enorgueillie, avant d’appeler la Deuxième Commission à jouer cette année un rôle moteur pour trouver des solutions aux problèmes mondiaux.

Mme ALDAHMANI (Émirats arabes unis) a souligné l’interdépendance entre les objectifs de développement durable et le plan de développement stratégique suivi par son pays.  Les Émirats arabes unis ont renforcé leurs partenariats internationaux, a-t-elle dit, avant d’indiquer que l’assistance globale de son pays en 2016 s’était élevée à six milliards de dollars.  La déléguée a demandé une mise en œuvre vigoureuse du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord sur les changements climatiques.  Elle a en outre appuyé les efforts du Secrétaire général visant à rendre le système de développement onusien plus efficace.  En conclusion, la déléguée a appelé de ses vœux une plus grande égalité entre les sexes au sein des divers programmes de l’ONU.

M. JOAQUIM JOSE COSTA CHAVES (Timor-Leste) a indiqué que le plan de développement stratégique de son pays s’articulait autour de quatre priorités: le développement du capital social, les infrastructures, la croissance économique et la mise en place d’un cadre institutionnel propice au développement.  Il a souligné l’importance de la création d’emplois pour les jeunes, les moins de 25 ans représentant au moins 70% de la population du Timor-Leste.

Le représentant a ensuite détaillé les grands axes retenus par son pays dans la mise en œuvre du Programme 2030, parmi lesquels la promotion d’institutions publiques plus efficaces, la diversification de l’économie et la mise en place de partenariats transformateurs.  Mon pays espère entrer dans la tranche supérieure de la catégorie des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2030, a-t-il affirmé.  Enfin, le représentant a demandé qu’une attention particulière soit portée aux défis que doivent relever les États fragiles et les États en proie à un conflit ou émergeant d’un conflit.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, s’est rappelé que l’année dernière avait prouvé l’importance critique d’une revitalisation de la Deuxième Commission et du travail du système des Nations Unies tout entier dans plusieurs domaines du développement mondial.  Partout, a-t-il fait remarquer, les institutions politiques, culturelles et sociales sont chaque fois plus en butte aux effets du système économique mondial qui, trop souvent, ne reconnaît pas que la personne humaine est au cœur de ses efforts.  Le nonce a ainsi souligné le désespoir de nombreuses personnes qui risquent leurs vies en quête d’un avenir meilleur, le paradoxe des sans-abris vivant dans des bâtiments abandonnés à l’ombre de gratte-ciel dans certaines des villes les plus riches du monde, l’écart qui se creuse entre les nantis et les autres, ainsi que la lutte entre les couches les plus vulnérables de la population pour l’accès aux services de base.

« Alors même que les objectifs de développement durable nous guident dans nos efforts communs, sans une vision renouvelée et un socle pour le développement mondial, nous courons le risque d’exacerber plutôt que d’apaiser le mécontentement croissant dans le monde. »  Mgr Auza a donc considéré essentiel que les dirigeants politiques, économiques et les leaders de la société civile bâtissent des communautés locales et mondiales à visage humain.  Cette approche centrée sur la personne est fondamentale, a-t-il insisté, jugeant inadmissible que les profits économiques individuels à court-terme se fassent au détriment d’un développement humain intégral.  Ce type de développement exige des politiques macroéconomiques, environnementales et sociales capables de reconnaître l’interaction entre les besoins de la personne, a-t-il précisé.

L’Observateur de la Palestine, M. ABUSHAWEESH, a estimé qu’on ne peut parler de développement de la Palestine dans le contexte de l’occupation de ses territoires par Israël.  « Il est impossible de parler de développement quand nous ne pouvons avoir accès aux marchés internationaux et ne pouvons non plus exploiter nos propres ressources », a-t-il relevé.  Il a noté que le revenu moyen en Israël dépassait de 11 fois celui de Palestine.  Il a appelé la communauté internationale à ne pas ouvrir les frontières aux produits venant de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens.  « Ne prenez pas part à ce crime », a-t-il plaidé.  

M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Ordre souverain de Malte, a dit que l’Ordre considère comme un impératif l’avènement d’un environnement économique international favorable permettant des systèmes monétaires, financiers et commerciaux justes et durables.  Il a souligné l’importance du commerce international comme un moteur du développement et celle de l’APD dans le cadre du développement durable.  Il a promis que l’Ordre de Malte allait continuer de faire ce qu’il a toujours fait depuis 900 ans, c’est-à-dire aider les pauvres et les plus vulnérables et coopérer avec la communauté internationale pour avoir un impact positif et décisif dans le développement durable et le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine.

Mme HIROKO MURAKI GOTTLIEB, Chambre de commerce internationale, a signalé que c’est la première fois que la Chambre, qui a reçu un statut d’observateur au sein de l’Assemblée générale en décembre 2016, s’exprime devant la Deuxième Commission.  La Chambre a été fondée en 1919 par un groupe de dirigeants de l’industrie, de la finance et du commerce, qui s’appelaient eux-mêmes « les marchands de paix », a-t-elle dit, ajoutant que la Chambre était désormais présente dans 120 pays.  La déléguée a souligné que cet organe vise à promouvoir un système commercial international ouvert en vue de stimuler la croissance des pays en développement et des pays développés.

M. KULESHOV, Fonds commun pour les produits de base, a reconnu l’écart qui existe entre les ressources disponibles pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable et les projets potentiels garantissant une utilisation efficace de ces ressources.  Nous devons tout faire pour créer un pont entre tous les partenaires de développement, a-t-il plaidé.  Il a indiqué que son Fonds avait mis au point toute une série d’instruments de financement pour appuyer l’innovation, améliorer la structure des marchés et rendre le secteur des produits de base plus attractif pour d’éventuels investisseurs.  En conclusion, le délégué a rappelé que le Fonds, malgré ses ressources limitées, avait depuis 2013 financé 64 projets pour une valeur totale de 468,1 millions de dollars.

Mme CARLA MUCAVI, Directrice du Bureau de New York de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a affirmé que son organisation avait intégré les objectifs de développement durable dans son programme de travail et son budget, avec l’intention d’en rendre compte.  Elle s’est inquiétée du fait que le nombre de personnes souffrant de malnutrition dans le monde était passé de 777 millions en 2015 à 815 millions en 2016.  Les conflits, la faiblesse des capacités institutionnelles, les chocs liés aux changements climatiques et la récession économique figurent parmi les causes de cette situation, a-t-elle expliqué. 

Soulignant le lien entre la pauvreté et la faim, Mme Mucavi a plaidé pour l’adoption d’une approche globale afin de réaliser l’objectif de développement 2 portant sur la faim, en faisant la corrélation entre cet objectif et les 16 autres objectifs.  Il faut transformer les systèmes alimentaires afin de les rendre plus inclusifs, durables et résilients, a-t-elle aussi prôné, tout en suggérant que la science, la technologie et l’innovation, dans le domaine agricole, tiennent davantage compte des besoins et demandes des paysans.

M. JAMIL AHMAD, (Programme des Nations Unies pour l’environnement – PNUE), a tiré la sonnette d’alarme deux années après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, « deux réalisations remarquables dans l’histoire des négociations multilatérales ».  En effet, M. Ahmad a mis l’accent sur les pressions que subissent constamment les systèmes environnementaux de notre planète desquels dépendent la survie, le bien-être et la prospérité des communautés et des nations humaines.  Il a plus particulièrement pointé du doigt le rythme accéléré et l’intensité de la consommation des ressources naturelles, qui font que l’impact humain dépasse la capacité régénératrice de la Planète.

M. Ahmad a souligné, entre autres, que les années 2014, 2015 et 2016 étaient les plus chaudes jamais enregistrées, ce qui coïncide avec une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles et de phénomènes liés au climat.  D’autre part, cet été a été particulièrement dramatique pour les populations des petits États insulaires en développement et autres territoires insulaires des Caraïbes, a-t-il rappelé.  M. Ahmad a toutefois souligné les effets prometteurs de la coopération multilatérale qui a déjà montré qu’il est possible d’inverser la tendance.  Il a illustré son propos en évoquant le Protocole de Montréal, administré par le PNUE, qui fut instrumental dans la restauration de la couche d’ozone.  Celle-ci pourrait être complètement restaurée en 2050, a-t-il précisé.    

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les délégations appuient l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention des conflits et le multilatéralisme

Soixante-douzième session,
28e séance plénière - matin
AG/11959

Assemblée générale: les délégations appuient l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention des conflits et le multilatéralisme

L’Assemblée générale a rouvert ce matin le rapport sur l’activité de l’Organisation que le Secrétaire général avait présenté aux chefs d’État et de gouvernement le 19 septembre dernier.  « Nous sommes ici pour servir », avait dit M. António Guterres, en insistant sur le fait que le multilatéralisme est plus important que jamais.  Dans son rapport, il met en exergue 12 initiatives qui s’inscrivent dans son programme de réforme du système de développement, de l’architecture de paix et de sécurité et de la gestion de l’Organisation.

Le Secrétaire général se résume: « Nous devons conduire le programme de réforme en veillant tout particulièrement à faire davantage sur le plan de la prévention.  Nous savons qu’il est moins coûteux et plus efficace de prévenir une crise que de réagir après coups. »  Les 14 délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont fermement appuyé cette position.  La prévention, a commenté l’Afrique du Sud, est un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Elle a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

 Parmi les principales initiatives prises par le Secrétaire général en 2017 figurent le renforcement de la prévention, dont la nomination d’un conseiller principal pour les politiques et la création d’un comité consultatif de haut niveau sur la médiation; la signature d’un accord avec le Président de l’Union africaine en vue de mieux coordonner les activités menées conjointement; et le lancement de missions de bons offices, dont des visites dans différentes régions du monde et des actions diplomatiques visant à apporter des solutions aux crises.  Le Secrétaire général parle aussi du lancement d’une stratégie sur le financement du développement destinée à faciliter les investissements dans les objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux, s’est réjoui Singapour.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant », une bonne dose d’audace est nécessaire et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie, à son tour, la Colombie.  Mais, a estimé l’Inde, il faut voir si la profondeur des réformes est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendraient à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et leur prospérité?  Le représentant a prévenu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Où est le multilatéralisme quand l’accord sur le nucléaire iranien, qui témoigne de la valeur de la diplomatie, est aujourd’hui menacé? a demandé l’Iran.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015, a souligné Cuba.

Singapour a donc estimé que le rapport du Secrétaire général devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée.  Il pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès. 

Le rapport, a renchéri l’Iran, doit avoir « une approche plus constructive ».  Il s’est étonné que cette dernière version ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation, ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  Le rapport ne dit rien non plus de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États, a dénoncé, à son tour, la Syrie.  L’ONU doit recouvrer son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs, a ajouté l’Iran.

Le Pakistan en a profité pour demander que l’on obtienne de l’Inde qu’elle cesse ses provocations au Jammu-et-Cachemire, ce qui lui a valu un droit de réponse de la représentante indienne. 

À la fin de la séance, le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, a annoncé l’élection du Représentant permanent de l’Iraq, M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, à la présidence de la Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/72/1)

Déclarations

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné que le premier rapport que le Secrétaire général, M. António Guterres, a présenté devant l’Assemblée générale le 19 septembre dernier reflète bien la dynamique de la réalisation des différents objectifs fixés et des défis identifiés.  Le multilatéralisme étant un outil efficace pour aller de l’avant, les Nations Unies doivent se re-calibrer car faute des réformes nécessaires, elles seraient réduites à l’inertie et à l’inefficacité.  Le représentant a donc apporté son soutien au programme de réforme du Secrétaire général et a dit attendre avec intérêt d’en voir les prochaines phases.

Il a fermement appuyé la détermination de M. Guterres de placer la prévention des conflits au cœur de son agenda et salué l’approche proposée.  Le rapport du Secrétaire général, a relevé le représentant, souligne la complémentarité entre prévention et développement inclusif et durable.  Il a particulièrement apprécié la « clarté » de cette assertion, avant d’attirer l’attention sur le rôle que la société civile et les médias doivent être appelés à jouer, et par exemple, en dénonçant les discours de haine, la xénophobie et les violences ethniques, autant de signes précurseurs des conflits. 

Le représentant a, d’ailleurs, proposé une campagne de sensibilisation sur la nécessaire universalisation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Soulignant l’importance de la coopération internationale et de la mise à disposition d’outils financiers adéquats, il s’est réjoui que son pays récolte aujourd’hui les fruits de sa collaboration avec les Nations Unies.  L’Arménie a, en effet, créé une plateforme avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le représentant a insisté sur l’attention particulière que méritent les pays à revenu intermédiaire et les pays sans littoral comme l’Arménie.

S’agissant de la paix et de la sécurité internationales, il a rappelé que son pays a ouvert ses portes à plus de 22 000 réfugiés du Moyen-Orient.  Il a salué le soutien du Secrétaire général à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et à la Conférence sur le Haut-Karabakh.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a déclaré que chaque jour, l’ONU acquiert de plus en plus d’importance pour les peuples du monde.  Cette institution multilatérale représente l’espoir pour les millions de personnes qui aspirent à un monde meilleur, où la paix et non la guerre prévaudrait, la bonne volonté et non les menaces et la disparition de l’espèce humaine.  Pour Cuba, le multilatéralisme est plus nécessaire aujourd’hui que jamais, si l’on veut trouver des solutions efficaces aux défis complexes auxquels est confronté le monde.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, notamment dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, Cuba rappelle que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015.

La représentante a donc réclamé des ressources financières supplémentaires et prévisibles, en particulier pour financer dans les pays en développement, les infrastructures et la technologie nécessaires à la mise en œuvre des programmes nationaux de développement.  Rappelant les progrès accomplis par son pays, Cuba, malgré un blocus américain de plus d’un demi-siècle, comme en attestent la gratuité de l’éducation et de la santé et l’appartenance du pays à une zone de paix, la représentante a souligné que le meilleur moyen de prévenir les conflits est d’éliminer leurs causes profondes.  Elle a lancé un appel pour que l’on renforce les efforts contre la pauvreté, les inégalités, la faim et l’exclusion sociale.  Elle n’a pas manqué de dénoncer, en conclusion, les mesures coercitives unilatérales et rejeté, une nouvelle fois, le blocus économique, commercial et financier imposé à son pays par les États-Unis.  La représentante a purement et simplement exigé « avec toute la force des 11 millions de Cubains et l’appui de la communauté internationale », la levée de ces mesures.    

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VELEZ (Colombie) s’est félicitée de la feuille de route présentée par le Secrétaire général, qui met en valeur le véritable rôle du multilatéralisme dans l’un des pires contextes de crise mondiale et qui met l’accent sur les personnes, dans ce qui constitue davantage un document analytique qu’un simple résumé des activités de l’Organisation.  Un multilatéralisme plus efficace permet à la communauté des nations d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de paix, de développement et de droits de l’homme, a souligné la représentante.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant » en matière de paix et de sécurité internationales, une bonne dose d’audace est nécessaire, et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie Mme Mejía Velez.  Les efforts de l’Organisation doivent en effet se concentrer sur la prévention et sur une réaction plus rapide qui donnent des résultats.

La représentante a ensuite mentionné deux sujets auxquels la Colombie accorde une importance particulière: l’initiative du Secrétaire général de parvenir à l’égalité entre les sexes au niveau du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021, ce qui est également essentiel pour parvenir à une paix durable, et le rôle joué par les Nations Unies dans le processus de paix colombien.  Elle a donc appuyé la proposition d’une transformation structurelle du Secrétariat de l’ONU car il faut que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales puissent répondre aux grands défis politiques, militaires et humanitaires, sans dysfonctionnements bureaucratiques.  Pour ce faire, l’engagement de tous les États Membres auprès du Secrétaire général sera nécessaire. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué un rapport qui montre que le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, et a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux.  Le représentant a ensuite fait plusieurs suggestions, en appuyant d’abord, l’engagement du Secrétaire général à lancer des réformes pour rendre l’Organisation plus efficace, plus souple et plus responsable, de façon à améliorer l’exécution de ses mandats et d’avoir un réel impact sur les gens.  Le représentant s’est félicité, en particulier, de la détermination du Secrétaire général à rendre l’ONU plus transparente et plus comptable de ses actes vis-à-vis des États Membres.  Il a d’ailleurs considéré le rapport du Secrétaire général comme un bon exercice de transparence et de redevabilité, en estimant tout de même que ce rapport devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée. 

Le rapport pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès.  Le représentant s’est, d’ailleurs, félicité de ce que le Secrétaire général ait inclus dans la liste de ses priorités la parité totale au sein du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021 et salué par ailleurs l’importance accordée aux partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, qui font beaucoup pour la bonne appréhension des circonstances et contextes particuliers d’une région. 

Le représentant s’est réjoui de ce que les Nations Unies aient signé un nouveau plan d’action avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2016.  Il a dit attendre avec intérêt la visite que le Secrétaire général doit effectuer à Manille pour participer au prochain Sommet de l’AESAN en novembre prochain.  Singapour, qui présidera l’Association en 2018, entend continuer le travail avec les Nations Unies pour explorer les moyens de renforcer le partenariat.  Le représentant a espéré que l’année prochaine, le Secrétaire général accordera, dans son rapport, l’attention voulue à cette question et mettra en avant les mesures que prend l’ONU pour forger des partenariats plus forts avec les organisations régionales et relever les défis mondiaux.

Notant que plusieurs conflits auraient pu être évités si l’Organisation avait fait pleinement appel à la médiation, M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a jugé que l’approche du Secrétaire général visant à donner la priorité à la prévention des conflits est une bonne approche.  Il a prévenu que la réorganisation de l’ONU ne peut se faire sans la participation de tous les États et pas seulement celle des bailleurs de fonds.  Il faut exploiter tous les outils du système de l’ONU et éviter les exercices bureaucratiques.  Le Bélarus, a indiqué le représentant, adhère totalement à l’idée du Secrétaire général de parvenir à la parité totale au sein du Secrétaire général, s’agissant en particulier du travail lié au maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Sur le front du développement, le représentant a, à son tour, attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire, qui ne disposent toujours pas au sein de l’ONU d’un mécanisme de coordination, alors qu’ils sont au nombre de 100.  Il a insisté sur les mécanismes de coopération internationale coordonnés, ouverts et transparents.  Le Secrétariat n’est pas assez à l’écoute, s’est-il impatienté, appelant ce dernier à « se montrer disposé à entendre les critiques et à les prendre en compte ».  « Il ne faut pas considérer cette Organisation comme un organisme qui vit de lui-même. »   

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a noté que la phase de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 voit déjà la réduction des moyens pour soutenir les pays en développement, le déclin des contributions financières aux organes multilatéraux chargés des questions de développement et de l’environnement et une tentative concertée de déconnecter l’aide publique au développement des engagements pris par les pays développés. L’Afrique du Sud compte sur le leadership et les bons offices du Secrétaire général pour mobiliser une aide financière adéquate et le remercie pour son engagement à « maintenir un accent implacable sur la réalisation des objectifs de développement durable ».

Saluant aussi l’accent mis par le Secrétaire général sur les droits de l’homme comme un investissement aux avantages immédiats et à long terme pour renforcer la résilience, apaiser les frustrations, réduire les inégalités et faire avancer le développement durable, le représentant a dit que son pays est prêt à aider l’Organisation à faire des progrès tangibles et concrets à cet égard, y compris l’élaboration d’une convention sur le droit au développement à inclure dans la famille des instruments des droits de l’homme. 

Face à la multiplicité de nouvelles menaces au maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a estimé que l’ONU ne doit pas détourner le regard une fois que la stabilité est acquise.  Elle doit au contraire continuer à travailler à des solutions politiques durables.  « Nous avons vu trop souvent des conflits resurgir après la mise en œuvre des processus de paix », a rappelé le représentant. 

M. Matjila a donc fermement appuyé la vision du Secrétaire général de créer une « culture de prévention » y compris en identifiant et en s’attaquant aux racines des conflits.  Il s’agit là d’un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Le représentant a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

Le représentant a, aussi, dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix et l’approche holistique du spectre de la paix.  La paix durable exige non seulement des changements dans les structures et la mentalité de l’Organisation mais aussi un financement durable et prévisible de tous les mécanismes de paix de l’ONU.  À son tour, le représentant a salué la priorité qu’accorde le Secrétaire général aux partenariats avec les organisations régionales et la proposition d’un financement durable, prévisible et souple des opérations de l’Union africaine.  Il s’est tout de même dit préoccupé par les compressions arbitraires au budget de maintien de la paix, annoncées avec fracas sur « twitter » et qui ne manqueront pas de limiter la capacité de l’Organisation et de ses troupes de répondre à la multitude de menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a conclu en paraphrasant le Secrétaire général qui dit que « le multilatéralisme n’est pas une option facultative ».  C’est le moteur le plus efficace pour réaliser les objectifs de la paix, du développement durable inclusif et des droits de l’homme pour tous. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a jugé important que le Secrétaire général ait mis l’accent sur les objectifs de l’année à venir.  Il a partagé le constat selon lequel la transition vers un monde multipolaire s’est accompagnée d’une augmentation du nombre des conflits, de l’aggravation du terrorisme et de vagues de migrations.  La situation mondiale est complexe, a insisté le représentant en relevant la pauvreté, la fracture numérique ou le chômage des jeunes.  Il est nécessaire de réformer les Nations Unies pour faire face à ces nouveaux défis et aux nouvelles exigences du maintien de la paix.

Le représentant a dénoncé « certaines ambigüités » dans le rapport du Secrétaire général.  S’agissant du multilatéralisme, il a insisté sur le fait que l’ONU est une organisation intergouvernementale dont les décisions relèvent de la prérogative exclusive des États Membres.  Or il se trouve, a rappelé le représentant, que ces États n’ont jamais décidé d’élargir l’agenda du maintien de la paix de l’ONU.  Pour ce qui est de la prévention des conflits, le représentant a rappelé l’ONU au strict respect de la Charte et du principe de la souveraineté des États.  La responsabilité première dans la prévention des conflits incombe aux États, a-t-il tranché, rappelant, au passage, que certains conflits sont le fait d’ingérences étrangères.

La paix, la sécurité et les droits de l’homme sont certes liés mais la paix et la sécurité ne peuvent garantir à elles seules le développement.  Il est donc important que chaque programme des Nations Unies reste dans le cadre strict de son mandat pour éviter les doublons et ne pas empiéter sur le travail, a encore asséné le représentant.

Il a également regretté que le rapport ne mette pas suffisamment l’accent sur la plateforme qu’offre le Conseil économique et social (ECOSOC) pour discuter des questions du financement du développement et de la coopération au développement, en général.  Poursuivant, le représentant a dit l’attachement de son pays à la question de l’état de droit mais il ajouté infondée l’approche du rapport qui n’offre pas une véritable vue d’ensemble de la question.  Il faut certes réfléchir à la réforme des Nations Unies mais on ne peut le faire sans la participation totale de tous les États Membres, a prévenu le représentant. 

L’euphorie du Programme 2030 et de l’Accord de Paris a fini par se dissiper, a constaté M. SYED AKBARUDDIN (Inde) qui a pointé le doigt sur l’impact inégal de la mondialisation dans et entre les économies, l’angoisse générée par les mouvements de population fuyant les conflits et la brutalité et les dégâts généralisés causés par la fureur de la nature.  Le représentant a aussi cité les menaces d’escalade nucléaire, les attaques terroristes, la pauvreté endémique et le sous-développement et l’accélération des changements technologiques.  Tous ces éléments, a-t-il dit, exigent un multilatéralisme plus fort et plus efficace.  Or l’esprit du partenariat mondial semble au mieux muet et si nous avons créé une communauté de dépendance mutuelle, nous devons maintenant créer une communauté de respect et de confiance mutuels, a estimé le représentant.

À la lecture du rapport du Secrétaire général, il a estimé qu’il faut voir si la profondeur des propositions de réforme est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?  Aujourd’hui, les avancées technologiques que nous croyons en mesure de résoudre tous nos maux, accentuent au contraire notre sentiment d’insécurité. Croyons-nous vraiment que les réformes proposées nous placeront à la hauteur des défis posés par le rythme effréné des avancées technologiques dans l’intelligence artificielle, la biologie synthétique, la géo-ingénierie ou encore les systèmes énergétiques dirigés? 

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendrait à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et la prospérité?  Reprenant les propos du Secrétaire général selon lesquels au lieu d’un « monde en paix », nous avons un « monde en pièces », le représentant en a conclu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté qu’au moment même où la coopération internationale est plus que jamais nécessaire pour relever la myriade des défis interconnectés et se renforçant mutuellement, le monde est de plus en plus divisé et de plus en plus polarisé.  Reprenant les propos du Secrétaire général, la représentante a estimé qu’il faut renouveler la foi dans le multilatéralisme.  Les Nations Unies, a-t-elle insisté, demeurent indispensables pour nos efforts visant à rétablir l’ordre et assurer paix, stabilité et prospérité.  Nous avons besoin, a-t-elle poursuivi, d’une Organisation qui offre les paramètres, les processus et les plateformes d’une coopération internationale essentielle pour relever les défis.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle mis en garde, ne peut continuer à ignorer le processus du changement.  Sa réforme est tout aussi importante. 

La représentante s’est félicitée de l’accent que le Secrétaire général place sur la prévention et la paix durable, en mettant au cœur de tout, le respect des droits de l’homme.  L’édifice de la paix ne peut être érigé que sur les fondations de la justice, a-t-elle ajouté, citant les cas de la Palestine et du Jammu-et-Cachemire.  Les discours de l’Inde selon lesquels elle aurait mené des « frappes chirurgicales » le long de la Ligne de contrôle et ses menaces de frapper de l’autre côté de la ligne veulent-ils dire que les leaders indiens essayent de provoquer un conflit avec le Pakistan? s’est demandée la représentante.  Ne sous-estimez pas, a prévenu Mme Lodhi, la détermination du Pakistan à se défendre et sa capacité de le faire.  Toute agression ou intervention se heurtera à une réponse proportionnée et efficace de la part des forces armées et du peuple pakistanais, a-t-elle aussi prévenu. 

Elle a plaidé pour que la communauté internationale prenne des mesures de toute urgence pour obtenir de l’Inde qu’elle cesse ses provocations.  L’Inde, a-t-elle insisté, et qui ne saurait être autorisée à perpétrer des crimes contre l’humanité sous le prétexte fallacieux de combattre le terrorisme.  Le seul terrorisme qui existe au Cachemire est le terrorisme d’État de l’Inde, a tranché la représentante.  Rappelant que son pays a payé un lourd tribut au terrorisme, elle a souligné que cette menace ne disparaîtra que lorsque l’on s’attaque à ses causes sous-jacentes à savoir la pauvreté et l’ignorance, l’exclusion sociale et politique, les ingérences étrangères et le déni de justice économique et politique. 

M. E COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a appuyé l’évaluation du Secrétaire général selon laquelle l’Organisation doit être plus proactive, plus dynamique et plus agile dans l’approche des problèmes actuels.  Il s’est félicité de ce que le Secrétaire général soutienne fermement le multilatéralisme et ce, de manière claire et sans équivoque.  Il a applaudi sa détermination à redynamiser l’approche qu’à l’ONU des défis complexes, y compris à défendre l’impartialité de l’Organisation.

M. Rattray s’est dit ravi de la reconnaissance des défis particuliers des pays à revenu intermédiaire et la confirmation que le revenu par habitant, comme pourcentage du PNB, ne reflète pas le tableau complet du niveau de développement de ces pays.  Le « sens de l’exclusion » dont le Secrétaire général parle est réel et menace les perspectives des populations.  Dans ce contexte, le représentant a espéré que la hausse de l’aide au développement s’accélèrera pour atteindre un niveau conforme à celui de la demande.

Après avoir passé en revue le reste du rapport du Secrétaire général, le représentant a dit avoir noté avec intérêt la référence au rôle important que les partenariats peuvent jouer pour faire avancer le travail de l’Organisation.  Il aurait toutefois préféré une référence spécifique à la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au moment où la sous-région s’engage activement à renforcer sa coopération avec l’ONU.  S’agissant d’Haïti, il a exhorté tous les États Membres en mesure de le faire, à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires créé pour aider les Haïtiens touchés par l’épidémie du choléra.  

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a appuyé fermement les appels du Secrétaire général en faveur du multilatéralisme et comme lui, il s’est dit préoccupé par le fait que ce multilatéralisme soit remis en doute au moment même où il nous faut des réponses cohérentes aux problèmes interconnectés qui caractérisent le monde.  Dans ce contexte, il a répété que l’accord sur le nucléaire iranien témoigne de la valeur de la diplomatie et devrait être protégé de toute tentative visant non seulement à le saper mais aussi à saper la diplomatie et le multilatéralisme en général.  M. Khoshroo a appelé, une nouvelle fois, le Secrétariat de l’ONU à adopter « une approche plus constructive » dans son travail de rédaction des rapports.

Le représentant a par exemple noté que le rapport du Secrétaire général ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, il s’est opposé à ce qu’elles s’engagent dans des opérations militaires antiterroristes lesquelles relèvent exclusivement de la prérogative des pays hôtes.  Pour ce qui est du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, le représentant s’est dit inquiet que la plupart de ses activités soient financées par des contributions volontaires, préconisant plutôt une ponction dans le budget ordinaire de l’ONU, en particulier pour le renforcement des capacités nationales.

Il est important, a conclu le représentant, que l’ONU recouvre son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs.  Toute réforme de la gestion de l’Organisation, a-t-il ajouté, doit viser à renforcer la capacité des États à assumer leur rôle de contrôle et de surveillance et à préserver la nature intergouvernementale, multilatérale et internationale de l’ONU.  

Passant en revue le rapport du Secrétaire général, M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est attardé sur la partie consacrée au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il a rappelé qu’en juin dernier, les Ministres des affaires étrangères des États d’Asie centrale ont eu l’occasion de travailler avec le Secrétaire général à Achgabat lorsqu’il est venu participer au Dialogue de haut niveau sur la mise en œuvre dans la région de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le Kazakhstan, qui travaillera en étroite collaboration avec le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, propose l’adoption d’un code de conduite sur l’antiterrorisme dans le monde libre, lequel renforcera la coopération régionale et internationale, conformément à la Charte et au droit international.  Le délégué a résumé l’approche de son pays pour résoudre les problèmes: renforcer le lien entre sécurité et développement; adopter une approche plus régionale que nationale; et obtenir de l’ONU une stratégie de développement bien coordonnée, conformément au concept « Unis dans l’action ».

Ce qu’il faut, a estimé Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), c’est une détermination politique et un engagement à agir collectivement grâce à une fois renouvelée dans le multilatéralisme, le partenariat et la solidarité.  Dans ce contexte, les engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques doivent être traduits en actes concrets pour éliminer toutes les formes de pauvreté, mobiliser des ressources financières et techniques suffisantes et combattre les effets négatifs du réchauffement de la planète.  Dans ce contexte, il faut donner un appui suffisant aux pays les plus vulnérables, notamment les pays les moins avancés (PMA).  La représentante a, d’ailleurs, salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer les efforts de l’ONU s’agissant de la paix et du développement en Afrique.  Elle a insisté sur la foi de son pays dans le multilatéralisme parce que quels que soient les progrès que l’Éthiopie accomplit, elle sait bien que sans une coopération internationale renouvelée, elle ne triomphera jamais vraiment de la pauvreté.  La représentante a insisté sur une approche cohérente et coordonnée de l’ONU qui prenne pleinement en compte les trois piliers du développement durable. 

M. MOHAMMED AWAD S. MOSALIM (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le multilatéralisme et la prévention des conflits, tout en réaffirmant le rôle et les prérogatives des États Membres.  Il a exprimé des réserves sur le mode de financement retenu pour le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, invoquant l’expérience de son pays.  Il a d’ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général ne dise rien ni de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États.  Il a rejeté catégoriquement le paragraphe 115 du rapport sur la création du Mécanisme chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011.  Ce Mécanisme, qui n’a pas fait pas l’objet d’un consensus, a été créé par une résolution non consensuelle et politisée pour servir un certain agenda anti-syrien, a tranché le représentant.

Droits de réponse

La représentante de l’Inde n’a pas manqué de réagir aux propos de son homologue du Pakistan, à qui elle a reproché d’utiliser des stratagèmes pour se référer aux événements du passé, sur lesquels elle ne souhaite pas revenir.

Le représentant du Pakistan a prévenu que répéter des accusations sans fondement n’en fait pas des vérités.  Le Jammu-et-Cachemire, a-t-il souligné, ne fait pas partie de l’Inde.  L’ONU a d’ailleurs clairement reconnu que le territoire fait l’objet d’un différend territorial.  Cette occupation est illégale, a rappelé le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: la situation de Guam et de la Polynésie française au cœur des débats de la Quatrième Commission

Soixante-douzième session,
3e séance – après-midi
CPSD/633

Décolonisation: la situation de Guam et de la Polynésie française au cœur des débats de la Quatrième Commission

La situation de Guam et de la Polynésie française étaient au centre des préoccupations des représentants de territoires non autonomes et des pétitionnaires qui sont intervenus, aujourd’hui, devant la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.

Contrairement aux années précédentes, les débats sur l’autonomie de Guam ont pris une dimension particulière à la lumière des récentes tensions entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée.  Le Gouverneur de Guam a notamment averti que l’île pourrait se retrouver au cœur d’une conflagration nucléaire en raison de la présence, sur le territoire, de bases militaires américaines.

Un indépendantiste de Guam a cependant refusé de faire confiance aux garanties de protection américaines contre d’éventuelles attaques nucléaires perpétrées par la RPDC.

« C’est parce que Guam est un bien militaire des États-Unis que nous sommes une cible, a-t-il dénoncé, et les insulaires de la région risquent d’être de nouveau les victimes d’une guerre qui n’est pas la leur, alors que nous mourrons déjà des conséquences de 500 ans de colonisation ininterrompue. »

Plus nuancé, le Gouverneur de Guam a estimé que si les bases militaires font de la population de Guam des cibles, elles procurent tout de même un sentiment de sécurité aux habitants qui se sentent défendus.

La destruction de l’environnement de l’île en raison de la présence militaire a aussi fait l’objet de plusieurs interventions, de nombreux pétitionnaires ayant déploré que plus de 90 sites aient été pollués en raison des activités de la marine américaine.  Ces derniers se sont également inquiétés de l’existence de projets militaires qui aboutiront à la destruction de 1 000 acres de forêt et à la contamination de la plus importante source d’eau potable de l’île.  Une membre de l’association Famoksaiyan s’est également préoccupée du fait que les États-Unis envisagent de transférer 5 000 militaires de l’île d’Okinawa sur celle de Guam.

« Nos terres ancestrales seront donc transformées en champs de tir et en camps d’entraînement, alors que notre peuple attend de récupérer ses terres et lutte pour que ses sites sacrés ne deviennent pas des centres d’entraînement », a déploré cette dernière.

La question de l’environnement était également au centre des préoccupations des pétitionnaires de la Polynésie française qui ont été nombreux à dénoncer la mainmise de la France sur les ressources naturelles de ce territoire.

La situation de l’aéroport de Faa’a, à Tahiti, et la nouvelle taxe sur le transport aérien, « qui rapporte beaucoup d’argent à la France », a également été soulevée.  Plusieurs pétitionnaires se sont également préoccupés de la question des dédommagements suite aux essais nucléaires menés par la France, les mesures adoptées jusqu’à présent par la puissance administrante ne traitant pas, selon eux, le problème des dégâts environnementaux ni du nettoyage des déchets.

« Les oubliés du nucléaire réclament justice », a lancé le Président de l’Association 193 qui a dénoncé l’absence de référence aux 193 essais nucléaires effectués dans les eaux de la Polynésie française lors de la COP 21 organisée à Paris.

« Toute la Polynésie française est contaminée et l’atoll de Mururoa est prêt à s’effondrer, il y a 600 nouveaux cas de cancer par an, et des taux anormalement élevés d’enfants malformés ou développant des cancers comme la leucémie », a-t-il encore déclaré

D’autres pétitionnaires ont indiqué ne pas être impressionné par la loi française du 5 janvier 2010 qui vise à indemniser toute personne atteinte d’une des 18 maladies radio-induites, car jusqu’ici, seules 19 demandes d’indemnisation auraient abouti.

À ce sujet, le Président de la Polynésie française a tout de même rappelé que les réparations versées par la France représentent 190 millions de dollars chaque année depuis 20 ans.

Ce dernier a par ailleurs dénoncé un projet de résolution du Comité spécial des Vingt-Quatre qui estime que la Polynésie française remplit l’ensemble des critères d’évaluation d’un territoire non autonome, affirmant que le territoire bénéficie au contraire d’une large autonomie qui lui permet de se gouverner librement.  « Nous avons les pleins pouvoirs dans les domaines économique et social, et c’est pour cette raison que mon peuple n’a jamais été tenté par l’indépendance », a-t-il notamment déclaré.

Ses propos n’ont pas convaincu les pétitionnaires qui ont unanimement dénoncé « un colonialisme déguisé », « une représentation par procuration » ou encore « une illusion d’autonomie qui s’appuie sur une délégation de compétences qui peuvent être reprises par la puissance administrante ».

La situation de Gibraltar a également été examinée aujourd’hui, la représentante de l’Espagne ayant notamment réitéré sa proposition de cosouverainté britannique et espagnole sur le territoire, tout en dénonçant les effets négatifs engendrés par le régime fiscal particulier de l’île.  Le Ministre en chef de Gibraltar a affirmé, pour sa part, que Gibraltar voulait rester sous souveraineté britannique.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 octobre, à partir de 15 heures.

DEMANDES D'AUDITION  (A/C.4/72/2A/C.4/72/3A/C.4/72/4A/C.4/72/5A/C.4/72/6 et A/C.4/72/7)

Déclaration

Mme FRANCISCA MARIA PEDROS CARRETERO (Espagne) a rappelé que l’Espagne adhère pleinement à la doctrine de décolonisation des Nations Unies et qu’elle a toujours utilisé ce forum pour exprimer son rejet concernant l’existence de la dernière colonie en Europe, « qui est de plus le fait d’un pays ami », à savoir Gibraltar.  Après avoir passé en revue les origines historiques du conflit, qui remonte à 1704, la représentante a souligné que l’Espagne n’a jamais accepté l’occupation de Gibraltar et des eaux avoisinantes.  Elle a dénoncé l’impasse dans laquelle se trouve la situation depuis 50 ans, accusant par ailleurs le Royaume-Uni d’avoir pris des mesures qui ont aggravé la situation.  La représentante a notamment cité les effets négatifs du régime fiscal spécifique de Gibraltar qui ont provoqué de graves distorsions dans l’économie de la région, au détriment du revenu de l’Espagne et de l’Union européenne.  Ce régime fiscal a généré une richesse considérable sur le rocher et l’Espagne aurait aimé que les autorités l’utilisent en parti pour protéger l’environnement moyennant, notamment, la construction d’une station d’épuration des eaux, toutes les eaux usées étant actuellement déversées directement dans la mer.  Elle a également indiqué que l’économie du rocher favorise les trafics illicites, comme la contrebande de tabac, et que ces activités criminelles obligent l’Espagne à déployer des renforts dans la région.  Elle a ensuite indiqué qu’un policier municipal de La Linea, la communauté avoisinante, avait été tué le 7 juin dernier, alors qu’il poursuivait des contrebandiers.

Malgré toutes ces violations, l’Espagne veut négocier, a toutefois souligné la représentante, qui a réitéré la proposition présentée le 4 octobre 2016, qui invite le Royaume-Uni à établir un régime conjoint de cosouveraineté sur Gibraltar, « sans que cela ne nous oblige à renoncer à une solution définitive ».  Les personnes qui vivent dans les camps de Gibraltar sont les premières affectées par cette situation et nous continuerons à défendre leurs droits et intérêts, a-t-elle souligné.

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur la Polynésie française

M. EDOUARD FRITCH, Président de la Polynésie française, a déclaré que la Polynésie française était un pays autonome, rappelant qu’elle avait siégé comme État membre au sein du Forum du Pacifique.  « Le Comité spécial des Vingt-Quatre doit intégrer ce paramètre », a-t-il indiqué, dénonçant notamment un projet de résolution du Comité spécial qui estime que la Polynésie française remplit l’ensemble des critères d’évaluation d’un territoire non autonome.  Il a dénoncé un rapport réalisé par « un expert non objectif, siégeant auprès des indépendantistes », ainsi qu’une attitude partiale qui illustre une volonté manifeste de privilégier la théorie de libération, contre ceux qui respectent les processus de décolonisation démocratiques internes et qui tiennent compte de la volonté des populations.  « Nous sommes convaincus que la vérité triomphera et que l’ONU saura écouter les voix du peuple », a insisté le pétitionnaire qui a par ailleurs souligné que son peuple a toujours choisi de donner la priorité au développement des îles et pas à l’idéologie.  Il a rappelé qu’en juin 2017, 70% des électeurs s’étaient portés sur des candidats autonomistes.  « Notre pays bénéficie d’une large autonomie qui lui permet de se gouverner librement et économiquement, nous avons les pleins pouvoirs dans les domaines économique et social, et c’est pour cette raison que mon peuple n’a jamais été tenté par l’indépendance », a-t-il encore déclaré.

Abordant la question des essais nucléaires, il a rappelé que la France avait reconnu, en 2010, les dommages causés dans la région.  « C’est un sujet de dialogue permanent entre la Polynésie française et la France », a-t-il insisté, rappelant que les réparations versées par la France représentent 190 millions de dollars chaque année depuis 20 ans.  « Ces compensations ont permis de construire des infrastructures portuaires et aéroportuaires, ainsi qu’un hôpital, et nous discutons aussi de la création d’un centre dédié à l’histoire de la Polynésie française, a-t-il notamment indiqué. 

« Le colonialisme par consensus est quand même du colonialisme », a dénoncé M. OSCAR TEMARU, du parti Tavini Huiraatira No te Ao Maohi, et il est tellement bien déguisé qu’il peut être défendu par l’élu d’un gouvernement qui ne reconnaît pas l’indépendance.  Il a déploré que la puissance administrante ne transmette plus d’informations au Secrétaire général et qu’elle ne participe pas aux réunions du Comité spécial de la décolonisation.  De son avis, la « représentation par procuration » est une tactique qui a été utilisée à l’intervalle régulier par la France au cours des décennies précédentes.  C’est une violation flagrante du droit de notre peuple à l’indépendance et à l’autodétermination, a-t-il lancé. 

Le représentant de l’Algérie a voulu des précisions sur les initiatives lancées pour faire face aux conséquences des essais nucléaires.  Il s’est aussi interrogé sur les revenus générés par l’aéroport international à Tahiti.

Suite à cela, M. Temaru a expliqué que les conséquences des essais nucléaires sur la santé étaient connues de la France depuis qu’elle avait reçu un rapport détaillé des Américains au début des années 60.  Il a indiqué que la loi sur les compensations est entrée en vigueur en 2007, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une prise de conscience tardive mais d’une opération de couverture.  Concernant l’aéroport de Faha, ville la plus importante du pays dont il est maire, M. Temaru a affirmé qu’il rapportait « beaucoup d’argent aux Français mais pas ses habitants ». 

M. ANTONY TEROS, Union pour la démocratie, a rejeté les propos du Président de la Polynésie française, qu’il a qualifiés de tentative de défense de l’autonomie.  « C’est une illusion d’autonomie, qui s’appuie sur une délégation de compétences qui peuvent être reprises par la puissance administrante », a-t-il déclaré, estimant que cette « naïveté n’est pas acceptable de la part d’un président qui remet en cause la légitimité du Comité spécial des Vingt-Quatre ».

Selon le Président de la Polynésie française, la France ne contrôlerait que les douanes et la police et d’autres compétences pourraient être transmises.  « C’est l’illusion d’un gouvernement qui a accepté le colonialisme », a dénoncé le pétitionnaire, soulignant que la puissance administrante contrôle beaucoup plus de domaines de compétence, notamment le judiciaire, la défense, les affaires étrangères, l’immigration, l’aviation civile et les activités spatiales.  Selon lui, le Gouvernement central de la Polynésie française élu n’a pas d’autorité sur ses propres îles, ce qui fait de la Polynésie française un territoire colonisé et non pas un territoire autonome.

Suite à une question du représentant du Nicaragua, le pétitionnaire a indiqué que c’était le Parlement français, de manière unilatérale, qui déterminait la répartition des compétences, précisant que la représentation de la Polynésie française en son sein est limitée.  « Nous n’avons que cinq représentants », a-t-il déploré, ajoutant que les pouvoirs de l’Assemblée de la Polynésie française se limitent aux compétences accordées par la puissance administrante.

Mme ELIANE TEVAHITUA, Association Te Vahine No Mahoi Nui, a affirmé que le système électoral de la Polynésie française est contrôlé par la France, accusant ensuite la puissance administrante d’avoir empêché le Gouvernement qui appuyait la souveraineté de rester au pouvoir en introduisant un grand nombre de sièges supplémentaires pour ceux qui acceptaient l’arrangement colonial.  Elle a qualifié cette situation d’illusion d’autonomie.  Elle a aussi avancé que le Gouvernement polynésien craint d’assumer davantage de compétences, expliquant par ailleurs que le revenu que la France tire de la Polynésie française est plus élevé que le coût de financement de ces compétences.  Notre économie bénéficierait de ce transfert de compétence, a estimé Mme Tevahitua qui a dénoncé une « parodie d’autonomie ».

M. STANLEY CROSS, du Barreau des avocats de Papeete, a indiqué que différentes enquêtes avaient révélé que les relations financières entre la France et la Polynésie française sont abusives et ne vont pas dans l’intérêt des habitants du territoire.  Au contraire de ce qui a été affirmé par le gouvernement acceptant le colonialisme, la puissance administrante continue de contrôler les ressources naturelles de la Polynésie.  Le droit international affirme pourtant la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles, a rappelé M. Cross.  Il a rappelé que la loi organique française accorde des droits de souveraineté à la France sur une zone maritime de 5 millions de kilomètres carrés.  Il en découle que la France est classée comme deuxième puissance maritime du monde, a signalé le pétitionnaire qui a expliqué que son association cherchait à évaluer les revenus tirés par la France grâce à ce commerce maritime international.

M. TETUAHAU TEMARU, de la ville de Faa’a, a expliqué que du manganèse, du cobalt et des terres rares ont été découvertes sur les territoires de la Polynésie française.  Il a indiqué qu’après une courte période de controverse, l’exploitation de ces ressources a été déclarée viable et le commerce des minéraux et métaux maritime est désormais très profitable.  Il a souligné que le commerce international de ces ressources rapportait beaucoup mais que le droit français prévoit que la puissance administrante ait autorité unilatérale sur l’exploitation et le commerce de ces matières premières stratégiques.  Il a aussi dénoncé l’imposition, par la France, de deux impôts.  Le premier, a-t-il expliqué, est une redevance océanique imposée à chaque compagnie aérienne qui passe par l’aéroport de Tahiti, ce qui représente des millions de dollars collectés par le Gouvernement français.  Le second est une taxe aéroportuaire sur chaque billet d’avion menant ou partant de la Polynésie française.

Mme VALENTINA CROSS, ville de Teva I Uta, a salué la présence du Président de la Polynésie française, «  même s’il défend les intérêts de la France et pas du peuple de la Polynésie française ».  Elle a rappelé ensuite les raisons qui avaient amené l’Assemblée générale à réinscrire la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes.  Face au manque de progrès sur la question, elle a appelé à la pleine application des résolutions de l’Assemblée générale.

Mme MINARII CHANTAL GALENON, Association Vahine Piri Rava, a affirmé que le colonialisme avait été utilisé d’un point de vue stratégique pour mener des essais nucléaires pendant plusieurs décennies, notamment en Algérie où les essais n’ont cessé que suite à une lutte douloureuse.  Avec la fermeture des lieux d’essais nucléaires sur le continent africain, la France s’est tournée vers la Polynésie française provoquant de graves problèmes pour la santé et l’économie, a-t-elle indiqué.  Elle a estimé qu’avec le nouvel accord de l’Élysée, la France a reconnu la souffrance des victimes de ces essais, jugeant toutefois que cet accord n’est pas suffisant car aucune réparation n’était prévue pour ce « crime contre l’humanité ». 

M. STEVE CHAILLOUX, de l’Université de Polynésie française, a réclamé un programme de dédommagement pour les victimes des essais nucléaires.  C’est un crime contre l’humanité perpétré dans nos eaux, et dans l’air que nous respirons au quotidien, a-t-il dénoncé.  Il a mentionné l’existence d’une résolution qui a quantifié le montant des réparations, mais a expliqué que ce document n’avait jamais été distribué aux États Membres.  Pour M. Chailloux, la puissance administrante a travaillé en coulisse.  « Cela a renforcé notre détermination », a affirmé le pétitionnaire qui a accusé la puissance administrante de s’efforcer de se dérober de ses responsabilités.  Il a qualifié le programme de dédommagement d’illusion, affirmant que « les 19 demandes satisfaites n’ont servi qu’à nous fourvoyer davantage ».

M. PUARAI TAEREA, Président de l’association Blue Djeun’s No Mahoi Nui, est revenu sur la Décision 57/525 de l’Assemblée générale des Nations Unies qui dénonce les activités militaires des puissances coloniales dans leurs territoires comme des entraves à la mise en œuvre de leur autodétermination et de leur indépendance.  Selon lui, il n’y a pas de meilleur exemple sur ce sujet que celui des essais nucléaires menés en Polynésie française.  Dans cette même décision, rappelle-t-il, l’ONU pointait aussi la nécessité de créer des sources de revenus alternatives pour ces territoires.  Ce point reste là aussi saillant dans le cas de la Polynésie française où les activités nucléaires françaises ont créé, selon M. Taerea, une « fausse économie » et une distorsion de l’économie locale.  Enfin, il était fait mention du fait que ces territoires ne devaient pas devenir des zones d’essais atomiques ou des dépotoirs pour déchets nucléaires.  Une description qui parlera, assure M. Taerea, à nombre de nos atolls qui ont eu à supporter le passage de l’armée française. 

Mme JUSTINE TEURA, ville de Tumaraa, a déploré des omissions délibérées d’information de la puissance administrante, accusant la France de collaborer avec certains membres de la Commission et la bureaucratie onusienne pour réduire l’incidence des essais nucléaires sur la Polynésie française.  Elle a déploré que le Forum du Pacifique ne fasse même pas référence à ces essais nucléaires, ni du combat mené pour obtenir des réparations.  Elle a déploré que le Gouvernement de la Polynésie française œuvre  pour protéger les intérêts de la puissance administrante.  « L’omission des informations sur les effets des essais nucléaires sur nos population est une source d’inquiétude », a-t-elle encore insisté, affirmant par ailleurs que la France « travaille même dans l’ombre pour bloquer des informations dans les rapports des Nations Unies, notamment sur les droits de l’homme », a-t-elle conclu.

M. VICTOR MAAMAATUIAHUPATU, Syndicat d’initiative Taaretu, a estimé que les deux rapports du Secrétaire général sur les effets des essais nucléaires ne reflétaient pas la réalité de ce qu’endurent des milliers de personne soumises à ces essais « inhumains ».  Il a critiqué des rapports qui ne font, selon lui, que ressasser des informations déjà connues des Nations Unies et ignorent les rapports d’autres organismes sur les effets des rayons ionisants.  Il a ensuite demandé que les prochains rapports au Secrétaire général soient plus exhaustifs et conformes aux engagements dans le domaine de la décolonisation.  Il a rappelé les appels lancés par l’ancien Gouvernement de la Polynésie française et les représentants de la société civile demandant au Comité spécial des Vingt-Quatre d’utiliser des informations reposant sur des sources externes au système des Nations Unies, « car les informations utilisées dans ces rapports ne sont pas adaptées et ne sont pas à la hauteur de la crédibilité d’un rapport du Secrétaire général des Nations Unies ».

Mme LELIA HEIMATA ESTALL, Association amicale des travailleurs de la mairie de Faa’a, a constaté qu’on renvoie souvent à une résolution de 1970 pour justifier la situation actuelle en Polynésie française, « mais cette soi-disant autonomie est une illusion ».  La clarté est fondamentale, et on peut la trouver si on regarde l’évolution des critères utilisés par les Nations Unies pour déterminer si un territoire est autonome ou pas.  Cela remonte en 1946, lorsque la Polynésie française a été placée sur la liste des territoires non autonomes.  Mais l’année suivante, la France a indiqué qu’elle ne fournirait plus d’informations sur ses colonies dans le Pacifique en raison du remplacement, dans la Constitution française, du mot « colonie » par « territoire », une modification qui a été acceptée par les Nations Unies.  Des années plus tard, a-t-elle poursuivi, les Nations Unies ont indiqué que la décision de retirer un territoire de la liste n’incombait pas à la puissance administrante mais à l’Assemblée générale après examen approfondi de la situation.  La résolution de 2013 a permis de corriger la situation, en se basant sur des critères contemporains, s’est félicitée Mme Estall.

« Quand j’entends que mon peuple a toujours choisi de rester français, mon cœur s’arrête », a déclaré M. MOETAI BROTHERSON, Assemblée nationale de France.  « Nous avons été conquis après la guerre et nous n’avons pas choisi d’être un terrain pour les essais nucléaires, nous n’avons pas choisi l’exploitation de nos ressources. »  Il a affirmé que, depuis 2013, la France est dans une situation de déni puisqu’elle refuse d’inclure la Polynésie française dans la liste des territoires non autonomes.  Avec l’Algérie, c’était la même tactique, a-t-il signalé.  Chaque fois qu’on aborde la question, la France quitte la salle et revient au point suivant.  Il a espéré que la nouvelle génération de politiciens changera d’attitude.  Faisant référence au Président Macron et à son discours sur le multilatéralisme qu’il a prononcé à l’Assemblée générale, il a estimé qu’il était temps que la France revienne dans les discussions multilatérales.

M. RICHARD TUHEIAVA, Assemblée de la Polynésie française, a affirmé que le Gouvernement de la Polynésie française est le porte-parole de la puissance administrante qui ignore ses obligations au regard de la Charte des Nations Unies.  Il a ensuite appelé les Nations Unies à prendre des mesures le plus rapidement possible pour faire appliquer les cinq résolutions déjà adoptées sur la Polynésie française.

Le représentant du Venezuela a ensuite voulu connaître les attentes du peuple de la Polynésie française vis-à-vis de la Quatrième Commission.

M. Tuheiava a souhaité l’adoption, par la Commission, d’une sixième résolution sur la mise en œuvre d’un processus de décolonisation.  Il a affirmé être « pris en otage par une puissance administrante » qui, a-t-il accusé, « utilise les élections législatives pour démontrer que le peuple s’est déjà prononcé, alors que ce n’est pas le cas ».  « Mon peuple a besoin d’un programme politique qui doit être mis en œuvre par la puissance administrante ou toutes autres institutions comme les Nations Unies », a-t-il ajouté, soulignant que ce programme devrait comprendre trois possibilités: indépendance, libre association ou intégration.  « Il n’y a pas d’alternative », a-t-il souligné 

M. CARLYLE CORBIN, Dependency Studies Project, a rappelé que cinq résolutions de l’Assemblée générale avaient conclu que la Polynésie française continue d’être un territoire non autonome.  Il a dénoncé le contrôle unilatéral exercé par la puissance administrante sur la plupart des compétences, ce qui place la Polynésie française en dessous des critères d’égalité et d’autonomie.  Il a aussi dénoncé l’absence de transmission d’informations et de coopération de la puissance administrante avec le Comité spécial de la décolonisation.  Dans le vide politique, se déploie une stratégie visant à légitimer le statut non autonome du territoire, a-t-il regretté, s’inquiétant du fait qu’en l’absence de l’application des résolutions, le processus de décolonisation est retardé et il y a donc un déni de justice. 

Suite à une question du représentant du Nicaragua qui s’interrogeait sur la manière de mettre en œuvre les résolutions susmentionnées, le pétitionnaire a indiqué qu’elle nécessitait l’adoption de mesures de redevabilité et de redistribution de ressources adéquates.

M. MAXIME CHAN, Président de l’Association 193, a rappelé que son association avait organisé, en 2013, un référendum sur les effets des essais nucléaires, sans susciter la moindre réaction des politiques.  « C’est ça la fausse démocratie qui perdure en Polynésie française », s’est-il insurgé.  Il a déploré que la France, « ce grand État », ne soit pas capable de « lire l’histoire que notre pays veut écrire à travers ce référendum sur les 193 essais nucléaires ».  Il a indiqué que la Polynésie française avait été « empoisonnée par l’État français », déplorant que le nucléaire soit un sujet tabou et citant en exemple l’absence de référence à ces essais lors de la COP21 organisée à Paris. 

« Toute la Polynésie française est contaminée et l’atoll de Mururoa est prêt à s’effondrer, il y a 600 nouveaux cas de cancer par an, des taux anormalement élevés d’enfants malformés ou développant des cancers comme la leucémie », a-t-il déclaré, déplorant cet héritage laissé par la France.  « Est-ce un crime contre l’humanité?  Oui, tous les éléments sont réunis, preuve à l’appui, la France avait connaissance des conséquences et le peuple de Polynésie française a servi de cobaye », a-t-il encore expliqué. 

Pour le représentant, les oubliés du nucléaire réclament justice et des réparations et la France doit prendre à sa charge tous les frais de préjudice d’assistance.  Il a conclu en rappelant que pour l’Association 193, la tenue d’un référendum local sur les essais nucléaires pourrait être une solution, appelant la France à être à la hauteur de sa devise « liberté, égalité, fraternité ».

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur Gibraltar 

M. FABIAN PICARDO, Ministre en chef de Gibraltar, a rappelé qu’il y a 50 ans, Gibraltar s’est massivement prononcé par voie référendaire pour rester sous souveraineté britannique.  « Le Gouvernement espagnol de Franco a décrété que ce référendum était illégal.  Il avait tort. »  Ce référendum était en effet, selon lui, respectueux de la Charte des Nations Unies et des résolutions de l’Assemblée générale actant du droit inaliénable des peuples non autonomes à l’autodétermination.  En 2002, un second scrutin a abouti au même résultat, mais une fois encore, l’Espagne l’a déclaré illégal à tort, a poursuivi le Ministre qui a affirmé que Gibraltar ferait aujourd’hui exactement le même choix. 

M. RICHARD BUTTIGIEG, membre du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, a expliqué qu’il y a exactement 50 ans, Gibraltar devait décider: soit il passait sous souveraineté espagnole, soit il demeurait sous souveraineté britannique.  À l’époque, a-t-il indiqué, seuls 44 des 12 138 votants avaient choisi la première option, et suite à ce vote, le Gouvernement espagnol a unilatéralement fermé sa frontière avec Gibraltar et « commencé un siège qui a entravé la circulation de nourriture et de biens essentiels ».  Rappelant qu’en 2002, un second référendum a donné un résultat tout aussi clair, 99% s’étant prononcé pour rester sous souveraineté britannique, le représentant a demandé à ce que Gibraltar soit retiré de la liste des territoires non autonomes.  Il a aussi exhorté les Nations Unies à envoyer une mission sur place pour se rendre compte de la réalité de la vie des habitants de Gibraltar et de la manière dont l’Espagne se comporte envers eux.

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur Guam

M. EDDIE BAZA CALVO, Gouverneur de Guam, a expliqué que depuis qu’il est à son poste, il a rencontré différents représentants du Gouvernement américain et a partagé les problèmes de son pays, tels que les crédits fiscaux sur les revenus qui les ont accablés de dette.  « En tant que fonctionnaire, je ne peux ignorer la pression des lois américaines sur nos droits.  Depuis qu’une cour américaine a déclaré notre statut non constitutionnel, nous avons vécu une période de stagnation dans notre exercice de droit à l’autodétermination », a-t-il signalé.  Le Gouvernement américain a ainsi proposé aux Chamorros d’obtenir une propriété pour un dollar pendant 99 ans, alors que les autochtones étaient en possession de ces terres avant qu’elles soient confisquées.  La semaine dernière, une cour de justice américaine a affirmé que rendre la terre au peuple autochtone de Guam violait la loi sur le logement équitable, s’est-il indigné.  Qui alors protège les droits des habitants autochtones de Guam pour qu’ils ne soient pas marginalisés sur leur propre territoire? 

Le Gouverneur a ensuite indiqué qu’il y a quelques mois, il avait envoyé une lettre invitant le Comité spécial de la décolonisation à une mission de visite, quelque-chose qui n’était pas arrivé depuis 1979.  « Nous sommes un peuple ami des États-Unis et ce n’est pas un manque de patriotisme », a voulu souligner le Gouverneur.  « Le peuple de Guam est américain et pourtant les droits qui, pour les autres Américains, sont acquis ne sont pas les mêmes pour nous.  Nous ne pouvons même pas voter pour le président », a déploré le Gouverneur ajoutant qu’il n’y a aussi pas si longtemps qu’un fils de Guam peut devenir gouverneur.  « Quelle que soit la voie que prendra notre autodétermination, qu’il s’agisse de nous distancer des États-Unis ou de devenir le cinquante et unième État, pour l’instant nous sommes américains », a-t-il conclu en espérant voir les choses avancer alors qu’on arrive à la fin de la troisième Décennie internationale de l'élimination du colonialisme. 

À la lumière de l’actualité récente, le représentant du Venezuela a ensuite voulu savoir comment évaluer la situation de Guam en ce qui concerne la présence des bases militaires sur le territoire et les menaces sur le peuple Chamorro.  Dans quelle mesure l’autodétermination peut favoriser une réponse mieux adaptée à cette situation?

Le Gouverneur a rappelé qu’une île aussi petite que Guam a toujours occupé une position stratégique importante pour les grandes puissances.  Magellan s’est arrêté à Guam, qui était une base critique de l’empire espagnol.  En 1898, il y avait 200 soldats espagnols à Guam.  Cinquante ans plus tard, ils étaient remplacés par 200 marines américains, et pendant deux ans, Guam a aussi été membre de l’empire japonais.  Guam a toujours fait l’objet d’un désir d’appropriation et de conquête, et la République populaire démocratique de Corée a les yeux rivés sur nous parce qu’il y a des bases militaires, a reconnu le Gouverneur.  Il a également indiqué que les sentiments de son peuple à ce sujet sont mitigés: d’un côté, la présence de ces bases fait de Guam une cible, et de l’autre, elles donnent un sentiment de sécurité, car les habitants se sentent défendus par leur présence. 

M. DIETRIX DUHAYLONSOD, représentant des autochtones de Guam, a évoqué la situation du peuple A’gi, victime des spoliations et confiscations de terres cultivables par l’armée.  En vertu des droits des peuples autochtones consacrés par les Nations Unies, il a réclamé que toutes les terres soient restituées aux familles spoliées, notamment aux familles chamorros.  Nous ne pouvons plus continuer de vivre en tant que colonie en plein XXIe siècle, a-t-il clamé.

Mme TIARA NAPUTI, Guhan Coalition for Peace and Justice, a demandé aux Nations Unies d’appeler la puissante occupante à changer la situation sur l’île de Guam.  Elle a déploré la dégradation environnementale dans le nord de Guam, pointant notamment du doigt la contamination perpétrée de longue date par le Ministère de la défense des États-Unis, qu’elle a qualifiés « de plus grand pollueur au niveau international ». 

« Les États-Unis utilisent l’environnement pour renforcer le contrôle politique sur l’île », a-t-elle poursuivi, déplorant les plus de 90 sites qui ont été contaminés en raison des activités de la marine américaine.  « Pendant des décennies, nos familles ont été confrontées à ces pollutions et notre génération ne verra pas ces sites nettoyés alors qu’une résolution des Nations Unies a demandé la fin des bases militaires sur notre île et le nettoyage des zones infectées par des activités militaires », a encore ajouté la pétitionnaire.  Elle a ensuite déploré que les plans de l’armée américaine prévoient l’abattage de milliers d’hectares de forêt, soulignant que cela constituait une violation de plusieurs résolutions des Nations Unies qui soulignent que les activités militaires ne doivent pas aller à l’encontre du droit inaliénable à l’autodétermination.  « Nous sommes confrontés à une tentative d’expulsion, la puissance administrante veut nous expulser », a-t-elle conclu. 

M. MELVIN WON PAT BORJA, indépendantiste de Guam, a refusé de faire confiance aux garanties de protection américaines contre d’éventuelles attaques nucléaires perpétrées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et visant son île.  C’est parce que Guam est un bien militaire des États-Unis que nous sommes une cible, a-t-il lancé, s’inquiétant à la perspective que les insulaires de la région risquent d’être de nouveau les victimes d’une guerre qui n’est pas la leur.  Nous mourrons déjà des conséquences de 500 ans de colonisation ininterrompue, a-t-il encore déclaré.

Mme VICTORIA-LOLA LEON GUERRERO, membre fondateur de Nos îles sont sacrées, a demandé que la voix de son peuple soit entendue et que justice lui soit rendue, afin de trouver la paix.  Guam pourrait se retrouver au cœur d’une conflagration nucléaire, a-t-elle ajouté, faisant référence aux tensions entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée.  Elle a souligné qu’un homme qu’elle n’avait pas choisi pour diriger son pays échangeait des menaces avec un autre détenteur d’armes nucléaires, et qu’elle ne savait pas comment assurer à ses enfants qu’ils étaient en sécurité.  La pétitionnaire a appelé les délégations à soutenir les demandes du peuple de Guam pour que leur île rejoigne la communauté des peuples indépendants et qu’ils contrôlent eux-mêmes leurs propres ressources et leurs destinées.

M. MICHAEL LUJAN BEVACQUA, Coprésident de la « Independance for Guam Task Force », rappelant que Guam est sur la liste des territoires non autonomes depuis 71 ans, a estimé que les États-Unis n’ont pas fait leur part en matière de processus de décolonisation, accusant la puissance administrante de bloquer les velléités indépendantistes de l’île.  Selon lui, une cour fédérale américaine aurait statué qu’un scrutin sur la question devrait obligatoirement être ouvert aux citoyens américains résidant sur l’île, « même s’ils n’y sont que depuis quelques jours ».  Or, a-t-il indiqué, le peuple autochtone des Chamorros ne représente plus que 37% de la population.  Il a par ailleurs accusé les troupes américaines de renforcer le pouvoir colonial en réduisant l’île à son seul intérêt stratégique et s’est inquiété de la menace que le dialogue de plus en plus tendu avec la « Corée du Nord » fait peser sur son île.  « Un processus de décolonisation qui suit les règles du colon n’est pas une décolonisation: c’est une poursuite de la colonisation », a-t-il asséné en guise de résumé. 

Suite à une question posée par le représentant du Venezuela, M. Lujan Bevacqa a expliqué que de nombreux Américains considéraient Guam comme étant un pays étranger et qu’il était difficile de dialoguer avec la « puissance occupante ».  Nous espérons que l’attention de la presse et une visite des Nations Unies permettront de faire comprendre à la puissance occupante la nécessité de dialoguer.

Mme SAMANTHA BARNETT, Pruthehi Litekyan: Save Ritidian, a indiqué que des « hommes étrangers et lointains » avaient décidé que la Corée du Nord était un danger.  Elle a expliqué avoir entendu les histoires des anciens qui ont vécu l’occupation japonaise, rappelant les souffrances des précédentes générations, tout en insistant sur leur résilience.  « Si je peux parler aujourd’hui, c’est parce que j’ai hérité de cette résilience », a-t-elle indiqué, soulignant que la guerre « est un souvenir pour notre île qui demeure sur nos épaules et qui se rappelle à nous chaque fois que la puissance administrante fait des exercices militaires, effectue des essais ou développe des bases là où nous grandissions ».  Elle a déploré que son peuple ne puisse faire entendre sa voix, que les sites sacrés de son peuple soient empoisonnés par l’armée américaine, et ses terres confisquées sans que le Gouvernement ne donne jamais de compensation.  « Toutes les familles connaissent ça », a-t-elle ajouté, rappelant que son peuple luttait pour « récupérer des terres et protéger des sites sacrés ». 

Mme LISALINDA NATIVIDAD, Commission pour la décolonisation de Guam, a souligné que le projet de résolution des Nations Unies sur la question de Guam relevait avec inquiétude la décision d’une cour américaine selon laquelle « un référendum sur l’indépendance de ce territoire ne pourrait pas se limiter aux natifs de l’île ».  Cette décision se base de manière erronée, selon elle, sur les droits civils des États-Unis.  « Le processus de décolonisation n’est pas une question de droits civils, mais plutôt d’un exercice du droit inaliénable de l’être humain à l’autodétermination », a-t-elle souligné.  Elle a donc exhorté les Nations Unies à trouver d’autres solutions pour Guam que celles qui ont été essayées « en vain » jusqu’à maintenant.  Elle a indiqué que la Commission pour la décolonisation de Guam propose notamment que l’ONU contraigne les États-Unis à s’engager dans la décolonisation de Guam, qu’elle s’oppose fermement à ses plans de construction qui aboutiront à la destruction d’un écosystème et d’un lieu sacré et qu’elle envoie une mission à Guam pour constater par elle-même de la situation sur l’île.

Mme THERESE M. TERLAJE, 34e législature de Guam, a estimé que Guam doit avoir le contrôle sur ses ressources naturelles, car elles jouent un rôle essentiel dans l’absorption du CO2, du maintien de la biodiversité et de la protection contre les marées.  Elle a cependant constaté que la colonisation entrave les efforts de protection, accusant la puissance administrante de chercher à mettre fin à un programme qui protègent les ressources de l’île.  Elle a dénoncé la création de sites d’exercices militaires à Guam, pour des questions économiques déterminées par le congrès américain.  « Le peuple de Guam n’a jamais été d’accord sur le fait que nos territoires et eaux soient contaminés, nos zones de pêche restreintes, et que des sites militaires soient placés à coté de nos sites sacrés. »  Elle a appelé la Commission à voter un projet de résolution pour mettre en œuvre la décolonisation de Guam au plus vite.

Mme TELENA CRUZ NELSON, Sénatrice, a indiqué qu’elle était une ancienne combattante de l’armée américaine, et qu’à Guam, un adulte sur huit était un ancien combattant de l’armée américaine, le plus important taux d’engagement dans l’armée.  « Pourtant, nous manquons de soins médicaux pour les anciens combattants », a-t-elle dénoncé, ajoutant que les États-Unis soutenaient l’engagement du peuple de Guam dans l’armée mais pas son droit inaliénable à l’autodétermination.  Elle a également déploré que le contrôle colonial interdit au peuple de Guam de déterminer ses lois, de protéger ses terres et ses moyens de subsistance.  Les États-Unis ne permettent pas non plus l’organisation d’un référendum.  Elle a imploré la Quatrième Commission de faire pression sur les États-Unis pour que Guam soit retiré de la liste des territoires non autonomes.  « Nous n’avons pas de droit de vote, nous ne pouvons pas nous administrer seuls car le Gouvernement des États-Unis ne nous le permet pas », a-t-elle de nouveau souligné avant de réclamer pour son peuple le droit de choisir son statut politique.

Mme KERRI ANN BORJA, femme autochtone chamorro, a expliqué qu’elle militait pour la défense des langues autochtones de Guam, afin de perpétuer une culture ancestrale qui est actuellement dominée par la puissance administrante.  Elle a ainsi indiqué que moins de 20% des habitants de l’île étaient des locuteurs chamorros.  Sauver cette langue menacée d’extinction c’est sauver une culture, son peuple et sa terre, a-t-elle plaidé.  Elle a ajouté qu’elle soutenait le projet de résolution de la Quatrième Commission sur la question de Guam, un texte, a-t-elle dit, qui souligne l’urgence pour la puissance administrante de reconnaître et respecter l’identité ethnique et culturelle du peuple chamorro de Guam.

Mme JULIA FAYE MUNOZ, du Réseau de femmes du Pacifique, a rappelé que depuis 2013, Guam et le Pacifique ont connu une accélération record du blanchiment du corail et qu’en conséquence, un grand nombre de poissons pourrait disparaître d’ici à 2100.  Par ailleurs, l’océan s’est élevé de plusieurs centimètres et cette élévation du niveau de la mer provoque une dégradation des pêches, intensifie les inondations et nous rend vulnérables aux tsunamis, s’est alarmée la pétitionnaire, ajoutant que les infiltrations d’eau salée causent des pénuries d’eau potable.  Vu que l’économie de Guam dépend du tourisme, elle s’est inquiétée des pertes économiques causées par les changements climatiques et qui sont estimées à 1,24 milliard de dollars.  Elle a ensuite souligné que si le droit de son peuple à l’autodétermination n’est pas respecté, il sera impossible de mettre en œuvre l’Accord de Paris et de réaliser les objectifs de développement durable.  C’est une menace pour la biodiversité du monde et une cause de pauvreté, le pape François l’a aussi reconnu, a-t-elle lancé.  Elle a ensuite appelé la Commission à approuver un projet de résolution sur les dégâts irréversibles causés par la puissance administrante qui prévoit de construire des nouvelles installations militaires et des champs de tir qui vont détruire 1 000 acres de forêt et empêcher l’accès à des sites sacrés.  Elle a demandé une mission de visite du Comité spécial de la décolonisation à Guam. 

Mme PIM LIMTIACO, Famoksaiyan, a indiqué que les États-Unis envisagent de transférer 5 000 militaires de l’île d’Okinawa sur celle de Guam.  « Nos terres ancestrales seront donc transformées en champs de tir et en camps d’entraînement, alors que notre peuple attend de récupérer ses terres et lutte pour que ses sites sacrés ne soient pas des centres d’entraînement », a-t-elle déploré.  Elle a dénoncé des projets militaires qui aboutiront à la destruction de 1 000 acres de forêt, et à la contamination de la plus importante source d’eau potable de l’île.  « Nos peuples sont pacifiques mais taxés de terroristes, de traitres ou d’anti-américain », a-t-elle ajouté, qualifiant cette situation de « viol de nos droits de l’homme ».  Elle a ensuite appelé les Nations Unies à faire pression sur les États-Unis pour faire évoluer la situation.  « Nous vous encourageons à organiser une mission de visite, les Nations Unies doivent utiliser leur influence pour imposer aux États-Unis un processus de décolonisations », a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les États Membres affichent leurs divergences au sujet du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Soixante-douzième session,
3e séance – matin
AG/DSI/3572

Première Commission: les États Membres affichent leurs divergences au sujet du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Sous fond des préoccupations suscitées par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le deuxième jour du débat général de la Première Commission a été l’occasion, ce matin, pour de nombreuses délégations d’expliquer les raisons de leur adhésion, ou non, au nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui a été adopté le 7 juillet de cette année.

La représentante du Honduras a salué l’adoption de ce nouvel instrument, y voyant notamment une contribution majeure à la concrétisation de cet « objectif commun » qu’est l’interdiction universelle des armes nucléaires.  Elle a d’ailleurs expliqué que son pays avait signé le Traité le jour de son ouverture à la signature, le 20 septembre, afin de répondre à « l’angoisse croissante » des peuples face à l’augmentation et au perfectionnement des stocks d’armes nucléaires et au risque accru et réel de détonations. 

Son homologue de la Norvège a en revanche justifié le refus de son pays de signer ce traité « irréaliste » par son attachement à l’élimination totale des armes nucléaires, une tâche qui réclame à ses yeux patience, détermination et réalisme. Or, ce traité, semble avoir été rédigé pour ne pas bénéficier de la coopération active des États dotés de l’arme nucléaire, s’est inquiété le représentant, avant de plaider pour le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et des accords existants. 

Abondant dans ce sens, la représentante des États-Unis a affirmé, de son côté, que la situation internationale actuelle rend la dissuasion nucléaire nécessaire. Dans ces conditions, a-t-elle argué, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’est pas seulement inutile mais contreproductif, en cela qu’il divise politiquement les corps existants et sape la légitimité et les capacités des traités de non-prolifération et de désarmement.  Il serait donc « irresponsable » pour les États-Unis de signer ce traité, a expliqué la déléguée, appuyée par le représentant d’Israël.

À l’instar de nombreuses délégations, la représentante des États-Unis a également dénoncé les multiples essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques effectués par le régime de Pyongyang. Qualifiant la RPDC de « la plus grande menace sécuritaire à laquelle le monde doit faire face », la déléguée américaine a toutefois démenti toute intention, de la part de son gouvernement, de vouloir faire tomber le régime de Pyongyang ou de chercher une quelconque excuse pour intervenir militairement.

Pour trouver une issue diplomatique à cette crise, plusieurs pays ont cité en exemple l’accord obtenu sur le programme nucléaire iranien, le Plan d’action global commun, comme porte de sortie possible. Cette négociation démontre, selon le représentant de l’Autriche, que la diplomatie multilatérale peut arriver à une solution « même quand la situation semble inextricable ».

Ce dernier a également estimé nécessaire de se demander pourquoi un état comme la RPDC craint pour sa sécurité au point de se doter de l’arme nucléaire, rappelant que les négociateurs du TNP ont prouvé par le passé qu’il y avait un lien de cause à effet entre la détention des armes nucléaires par certains pays et leur prolifération dans le reste du monde.

L’exigence de dialogue et de coopération était aussi au cœur de l’intervention du représentant de l’Australie qui a mis en garde la communauté internationale contre le risque d’une polarisation grandissante dans les rapports multilatéraux, en raison de l’impatience liée au rythme du désarmement et des désaccords sur la manière de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.

« Ces États doivent reconnaître que le principe de non-prolifération ne suffit plus », a ajouté la représentante de Cuba, qui a par ailleurs dénoncé les sommes « indécentes » qui sont consacrées à la modernisation des 15 000 armes nucléaires déployées dans le monde. À ses yeux, il faudrait promouvoir le développement durable au lieu d’investir dans l’industrie de la guerre.

Le représentant du Pérou a par ailleurs constaté que les armes légères et de petit calibre sapent elles aussi la réalisation du développement durable à l’échelle de régions entières et a plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant de traçage de ces armes qui tuent et exacerbent la pauvreté.

Il a été rejoint par son homologue norvégien qui a souhaité que la prochaine conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies à ce sujet soit l’occasion d’améliorer la coopération régionale en matière de contrôle des armes et de la sécurité.

La Première Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 4 octobre, à partir de 10 heures.

POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Suite du débat général

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a indiqué que son pays avait récemment déposé les instruments de ratification de son pays relatifs au Traité sur le commerce des armes.  Nous devons répondre collectivement aux graves conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes à feu, notamment par des acteurs non étatiques, a-t-il ajouté.  Le représentant a également plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant de traçage des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Ces armes tuent, blessent et exacerbent la pauvreté, sapant la réalisation du développement durable à l’échelle de régions entières, a-t-il rappelé. 

Concernant les armes nucléaires, le représentant a souligné que le Pérou était un promoteur actif de la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde, et qu’il attachait une importance particulière à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a d’ailleurs demandé à tous États de l’annexe II au Traité de ratifier sans délai cet instrument.  Réaffirmant ensuite la pertinence du régime instauré par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le représentant a condamné les essais nucléaires conduits par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et exhorté les autorités de ce pays à autoriser l’AIEA à contrôler ses installations nucléaires.  Pour ce qui est du mécanisme onusien de désarmement, il a notamment demandé aux États Membres siégeant à la Conférence du désarmement de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour permettre à cette instance de reprendre la négociation d’instruments multilatéraux.  Il a par ailleurs indiqué que le Pérou présenterait un projet de résolution sur le lien entre désarmement régional et développement.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que l’existence même d’armes nucléaires, aux effets potentiellement aussi dévastateurs, « va à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies et contredit le droit international humanitaire ».  Il a estimé que l’adoption, le 7 juillet 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires permettra de renforcer les régimes internationaux de non-prolifération du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et les garanties de l’AIEA.  Ce traité aura une incidence sur nos travaux, qui deviendront plus ambitieux, a-t-il poursuivi, ajoutant que les parties au Traité devront mettre au point une feuille de route plus concrète vers la réalisation d’un désarmement nucléaire général et complet.

Le représentant brésilien a rappelé l’attachement de son pays à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde et formé le souhait que les armes nucléaires cessent de figurer au cœur des doctrines nationales et de sécurité.  Concernant la nucléarisation de la péninsule coréenne, il a déclaré que les essais nucléaires du régime de Pyongyang « sapent le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et retardent l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ».  Or, a-t-il souligné, le TICE est un instrument qui a été conçu pour faire pleinement partie d’un cadre juridique devant mener au désarmement nucléaire général et complet.  M. Vieira a également jugé que la militarisation de l’espace extra-atmosphérique était incompatible avec le développement d’activités durables à ce niveau.  Il a ainsi indiqué que son pays se porterait coauteur de la résolution sur la sanctuarisation de l’espace extra-atmosphérique.  « De nouveau, par ce texte, nous demanderons la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargés de réfléchir à la création d’un instrument juridiquement contraignant de prévention du placement d’armes dans l’espace », a-t-il expliqué.

Mme ANITA E. FRIEDT (États-Unis) a défendu le bilan du désarmement nucléaire américain indiquant notamment que le nombre total de têtes nucléaires dont dispose son pays avait été réduit de 87% depuis le pic de la guerre froide.  « Nous espérons atteindre les niveaux fixés par le nouveau Traité de réduction des armements stratégiques (START) lorsqu’ils entreront en action au mois de février 2018 », a-t-elle ajouté.  Elle a aussi affirmé que son pays avait cessé de produire des matières fissiles dans les années 1990 et qu’il en avait retiré des « centaines de tonnes » de ses programmes nucléaires. Ces efforts sont la preuve de la volonté américaine de se conformer aux exigences de l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a encore affirmé la représentante.  Mme Friedt a toutefois rappelé les activités de désarmement, qui ont découlés de ces accords, s’étaient déroulé à une époque où les conditions étaient particulièrement propices.  À l’heure actuelle, a-t-elle souligné, les défis de sécurité sont autrement plus préoccupants.

La représentante des États-Unis a notamment cité le cas de la « Corée du Nord », qu’elle a qualifié de « plus grande menace sécuritaire à laquelle le monde doit faire face ».  Les multiples essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques au-dessus du Japon effectués par le régime de Pyongyang violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, et menacent non seulement l’Asie du Nord-Est, mais le monde tout entier, a-t-elle dénoncé.  Citant le Secrétaire d’État américain, M. Rex Tillerson, elle a assuré la communauté internationale de la volonté de son gouvernement de trouver une issue diplomatique à cette crise, démentant notamment toute intention de vouloir faire tomber le régime de Pyongyang ou de chercher une quelconque excuse pour intervenir militairement.  « Nous continuerons de travailler avec la Corée du Sud et le Japon pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de prévenir une éventuelle attaque nord-coréenne, a-t-elle cependant affirmé.  La récurrence des attitudes provocatrices de la Corée du Nord soulignent l’importance pour chaque pays réuni dans cette pièce à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité. »

Poursuivant, la représentante des États-Unis s’est préoccupée de l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  Rappelant que son pays condamne avec fermeté tout usage de ces armes, elle a accusé le régime de Bashar Al-Assad de continuer à les utiliser de manière « odieuse », notamment le 4 avril 2017, à Khan Cheikhoun.  À ses yeux, les agissements du régime d’Assad démontrent son mépris envers les lois internationales.  Elle a ensuite exhorté le régime de Damas à mettre fin à son programme chimique et à collaborer avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et ses différentes missions d’enquête conjointes et de vérification des faits.

Mme Friedt a ensuite indiqué que les États-Unis présenteront cette année leur résolution sur le respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement, disant comprendre le désir de faire des progrès en matière de désarmement nucléaire. Elle a toutefois souligné que «la situation internationale rend la dissuasion nucléaire nécessaire.  Dans ces conditions, a-t-elle affirmé, « le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’est pas seulement inutile mais contreproductif », en cela qu’il divise politiquement les corps existants et sape la légitimité et les capacités des traités de non-prolifération et de désarmement. Il serait donc « irresponsable » pour les États-Unis de signer ce traité, a expliqué la représentante.  Elle a ensuite appelé les États Membres à en faire de même et à travailler plutôt au renforcement de la législation existante et à la poursuite des efforts de désarmement tels que définis dans le TNP.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a déclaré que cette année n’avait pas été ordinaire, citant notamment le vote, par 122 États, du Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires, et évoquant le travail d’une « large coalition d’activistes, de survivants, d’intellectuels et de politiciens » qui ont résolument ignoré les « instances cyniques qui propagent le défaitisme ».  Tout en reconnaissant que ce traité ne permettra pas d’éliminer immédiatement les armes nucléaires, le représentant a souligné que ce texte pourra délégitimer ces armes et renforcer les normes juridiques et politiques contre leur emploi.  M. Rattray s’est par ailleurs félicité du fait que la Commission du désarmement ait réussi à se mettre d’accord sur l’adoption de recommandations concernant des mesures de rétablissement de la confiance dans le domaine des armes classiques, ainsi que de l’adoption, par consensus, de l’ordre du jour de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  Il s’est en revanche inquiété des actes terroristes dont les pays continuent d’être la cible.

Que ce soit dans la lutte contre le terrorisme, le crime transnational organisé ou la cybercriminalité, M. Rattray a ensuite mis en évidence la nécessité d’une réponse collective et internationale.  Il a également indiqué qu’il fallait accorder une attention prioritaire à la prévention de l’armement de l’espace, s’inquiétant notamment du fait que sur 1 400 satellites en orbite, environ un quart ont des applications militaires.  Rappelant qu’il faut aussi traiter des causes profondes qui mènent aux conflits, le représentant a en outre jugé impératif d’accorder une plus grande attention aux liens entre désarmement et développement.  Il a indiqué que le Centre régional pour la paix, le désarmement et le développement fournit une assistance aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes dans les domaines législatif et politique, ainsi qu’en matière de renforcement des capacités, et a appelé à lui accorder un plus important soutien financier.  

Mme EVA WALDER (Suède) a constaté que le désarmement fait face à de nombreux défis, citant notamment la course à l’armement nucléaire en Asie du Sud, le programme nucléaire « nord-coréen », l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, ou encore l’impunité dans l’utilisation des armes chimiques.  Elle a appelé à mettre l’accent sur la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et la tenue, en 2020, de la Conférence des Parties chargée de son examen.  Les États dotés d’armes nucléaires doivent reconnaître que ce traité ne leur donne pas le droit de posséder des armes nucléaires pour toujours, a-t-elle affirmé.

La représentante a ensuite appelé la communauté internationale à « ne pas répondre » aux « actions provocatrices » de la République populaire démocratique de Corée, soulignant que c’est non seulement illégal, et qu’accélérer tout programme nucléaire ou balistique représente une claire menace pour la paix et la sécurité internationales et exacerbe les tensions régionales.

La déléguée a ensuite souligné combien le Plan d’action global commun démontrait le potentiel de la diplomatie multilatérale.  Sa pleine mise en œuvre est essentielle, et il importe de même d’éviter toute action susceptible de saper la confiance mutuelle.  Elle a ajouté qu’une ratification rapide du Protocole additionnel par l’Iran et l’accession d’autres États qui ne répondent pas aux standards de vérification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires renforceraient grandement le travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a également appelé les États-Unis et la Russie à prendre le leadership sur cette question, indiquant qu’une « relation difficile n’était pas une excuse à l’inaction ».

Mme Walder est ensuite revenue sur la question des armes chimiques.  Malgré les grands progrès accomplis, notamment la destruction par la Russie, le mois dernier, de ses dernières armes chimiques déclarées, leur usage se poursuit, a regretté la déléguée en donnant l’exemple de l’attaque au gaz sarin à Edleb, en avril dernier.  Elle a également regretté l’échec de la dernière Conférence de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction. La représentante s’est par ailleurs préoccupée de l’impact des armes légères et de petit calibre sur le développement social et économique de nombreuses régions du monde et a appelé les État Membres à mieux les contrôler, ainsi que leurs munitions.

Mme TATIANA ZELAYA (Honduras) a déclaré que les zones exemptes d’armes nucléaires représentaient « une base solide pour obtenir une interdiction universelle des armes nucléaires ».  À cet égard, elle a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté le 7 juillet, était une contribution majeure à la concrétisation de cet objectif commun.  « Nous l’avons signé le 20 septembre dernier pour répondre, aux côtés d’une cinquantaine d’autres États, à l’angoisse croissante des peuples face à l’augmentation et au perfectionnement des stocks d’armes nucléaires et au risque accru et réel de détonations, y compris accidentelles », a expliqué la représentante.  Elle a ensuite appelé à l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et de la Convention sur les armes à sous-munitions.  L’emploi d’armes de destruction massive et d’armes à sous-munitions multiplie les souffrances humaines au sein des populations les plus vulnérables, entravant ainsi leur développement socioéconomique, a-t-elle rappelé.  Elle a annoncé que sa délégation appuierait les projets de résolution de la Première Commission plaidant pour l’entrée en vigueur et le renforcement de ces conventions « qui ont aussi une visée humanitaire ».

M. ALON ROTH-SNIR (Israël) a souligné que le Moyen-Orient est devenu encore plus instable qu’auparavant, s’inquiétant notamment de l’augmentation « notable » des zones sous le contrôle d’organisations terroristes et de la nette prolifération des armes classiques et chimiques, en violation avec plusieurs résolutions des Nations Unies.  « Cette réalité perturbante a eu des conséquences dévastatrices qui vont bien au-delà du Moyen Orient », a souligné le représentant qui a affirmé qu’Israël appuie la vision d’un Moyen-Orient sans hostilités, signalant toutefois que cet horizon n’ira pas « sans reconnaissance mutuelle, réconciliation et cessation de tout acte d’hostilité, d’agression ou de terrorisme ».  Certains de ces agissements, a-t-il prévenu, sont conduits et appuyés par des États présents dans cette salle.

Le représentant a alors accusé l’Iran de tester régulièrement les limites des résolutions et accords du Conseil de sécurité.  Cette année, a-t-il affirmé, a vu l’Iran progresser dans le développement de ses capacités balistiques, avec plus de 20 essais de missiles capables d’embarquer des têtes nucléaires et dotés d’un rayon d’action maximal de 2 500 kilomètres.  Outre des tirs sur des cibles en Syrie, le représentant a affirmé que des missiles balistiques avaient également été « lancés sur une étoile de David dessinée sur le sol ».  Il a également accusé le régime de Téhéran de continuer à appuyer des organisations terroristes dans la région en leur fournissant armes et appui logistique et a engagé la communauté internationale à condamner sans équivoque le comportement de l’Iran.

Enchaînant sur la question des armes chimiques en Syrie, le représentant israélien a signalé que le dernier rapport de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) indique que l’agent qui a été utilisé le 4 avril dans la ville de Khan Cheikhoun contenait plusieurs composants chimiques qui n’existent que dans le gaz sarin fabriqué par le régime syrien.  « Il y a une érosion du tabou chimique, a poursuivi le représentant.  Et la communauté internationale doit y répondre en urgence afin d’éviter que des acteurs non étatiques n’utilisent une de ces armes. »

Concluant sur la question du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a indiqué que si son pays a refusé de participer aux négociations et de le signer, c’est qu’il considère que ce texte ne contribue pas efficacement au droit coutumier lié à la lutte contre ces armes.

M. NIKOLAI OVSYANKO (Bélarus) a souligné que l’AIEA était le seul garant de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques et a appelé à l’entrée en vigueur sans délai du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il n’y a pas d’alternative à cet instrument, a-t-il souligné, arguant que les essais effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) font peser de graves menaces sur l’existence même de la péninsule coréenne.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays présenterait un projet de résolution contre la fabrication de nouveaux types d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs, expliquant que ce texte vise à promouvoir la fin de la course aux armements.  Il a ensuite attiré l’attention sur les efforts consentis par son pays pour mettre en œuvre la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive.  Le Bélarus compte notamment organiser prochainement un atelier sur l’amélioration de la mise en œuvre des dispositions phares de ce texte, y compris celles portant sur la circulation illégale de ces armes, a-t-il indiqué.  Au sujet des armes classiques, le représentant a fait savoir que son pays fournissait une aide technique aux États Membres qui en font la demande, cela en intégrant aux systèmes nationaux de contrôle des armes légères et de petit calibre (ALPC) un logiciel pour recenser ces armes.  Il a par ailleurs indiqué que son pays, « avec l’aide essentielle de l’Union européenne », avait détruit, au cours des dernières années, plus trois millions de mines antipersonnel qui étaient disséminées sur son territoire.

Mme MIRTHA GRANDA AVERHOFF (Cuba) a souligné que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires codifiait dans le droit international « l’illégalité des armes nucléaires ».  Cuba, a-t-elle ajouté, a signé ce traité le 20 septembre et appuie son entrée en vigueur rapide afin que nous puissions atteindre le noble objectif d’un monde sans armes nucléaires.  La représentante a plaidé pour la tenue, en 2018, d’une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies pour discuter de mesures additionnelles et de la nécessaire réduction des dépenses militaires.  Les sommes astronomiques consacrées à la modernisation des 15 000 armes nucléaires actuellement déployées sont indécentes, et les États dotés de l’arme nucléaire doivent reconnaître que le principe de non-prolifération ne suffit plus, a estimé la représentante.  Pour elle, seule la destruction complète, vérifiée et irréversible de toutes les catégories d’armes de destruction massive annulera la possibilité que ces armes ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques, notamment des organisations terroristes. Par ailleurs, Mme Averhoff a déclaré que les « discours belliqueux comme l’annonce d’une multiplication prochaine des dépenses militaires » vont à l’encontre des principes et buts de la Charte des Nations Unies.  « Il faut promouvoir le développement durable au lieu d’investir dans l’industrie de la guerre, qui ne sert qu’à tuer », a-t-elle conclu.

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN JR (Philippines) a déclaré que l’adoption, par 122 pays, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est une cure contre la « narcolepsie nucléaire », exhortant par ailleurs les États Membres à respecter leurs obligations vis-à-vis des différents traités de non-prolifération et de désarmement.  M. Locsin a aussi demandé d’arrêter de politiser ces discussions, constatant que cela paralyse les chances de réel progrès.  « La survie de l’humanité n’est pas une question politique », a-t-il souligné.

Le désarmement global ne restera qu’un objectif vague si le nombre d’États possédant des armes nucléaires continuent d’augmenter, a poursuivi le représentant des Philippines, qui a mis en garde face au risque que de telles armes se retrouvent aux mains d’acteurs non étatiques.  M. Locsin a également averti qu’un échec, en 2020, Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pourrait provoquer « l’effondrement de l’architecture portant les efforts vers un monde libéré de l’arme nucléaire ».  Les Philippines ont signé ce traité dès le premier jour de son ouverture à la signature, a-t-il signalé.  Il a également rappelé que cette année coïncidait avec le vingtième anniversaire de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est, et a invité les représentants à soutenir la résolution sur cet instrument que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est va présenter à cette session.  Enfin, M. Locsin a aussi mis en évidence l’important travail éducatif réalisé par l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, et a demandé aux États Membres de le soutenir.

M. ROBERT GERSCHNER (Autriche) a affirmé que le programme nucléaire de la « Corée du Nord » est aujourd’hui le problème le plus urgent à régler en matière de sécurité internationale.  Nous nous dirigeons vers « un point de non-retour », s’est-il inquiété, et il faut trouver une solution.  En la matière, le représentant a cité en exemple l’accord conclu avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien, estimant que celui-ci démontre que la diplomatie multilatérale peut arriver à une solution « même quand la situation semble inextricable ».  Il s’est dit persuadé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) étaient des pas dans la bonne direction et a regretté que tous les pays ne les aient pas signés.

« Si nous devons réfléchir aux moyens d’empêcher des pays d’accéder à l’arme nucléaire, il faudrait aussi se demander pourquoi un État veut se doter de l’arme nucléaire », a poursuivi le représentant.  Estimant que le programme atomique de Pyongyang est lié à une crainte pour sa propre sécurité, il a rappelé que les négociateurs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ont prouvé par le passé qu’il y avait un lien de cause à effet entre l’existence des armes nucléaires et leur prolifération.  « Tant que les armes nucléaires existent, la sécurité de tous les états est remise en cause, a asséné M. Gerschner qui a vu dans l’adoption du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires un jalon historique vers l’horizon d’un désarmement total, et une contribution à l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a mis en garde contre le risque d’une polarisation grandissante dans les rapports multilatéraux, en raison de l’impatience liée au rythme du désarmement et des désaccords sur la manière de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  À cet égard, le Plan d’action global commun est un accord historique, a estimé la déléguée, appelant l’Iran et toutes les parties à mettre en œuvre ses mesures.  En ce trentième anniversaire du Traité de Rarotonga, la zone exempte d’armes nucléaires du Pacifique Sud, Mme Bird a aussi encouragé les efforts de collaboration au niveau régional.

La représentante a également mis en évidence le rôle critique joué par le Traité sur le commerce des armes dans la prévention des conflits et des atrocités ainsi que pour appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Mme Bird a ensuite encouragé les États Membres à soutenir la résolution sur les engins explosifs improvisés proposée par l’Afghanistan, l’Australie et la France.  Elle a aussi appelé la communauté internationale à démontrer sa volonté de tenir responsables les utilisateurs d’armes chimiques, notamment en Syrie.  La représentante de l’Australie s’est ensuite attardée sur la question de l’espace et de la cybersécurité.  Elle a rappelé que l’on fêtait, cette année, le quinzième anniversaire du Traité sur l’espace extra-atmosphérique et que l’Australie avait fait part de son intention de créer une agence spatiale dédiée afin de disposer d’un plan stratégique à long terme pour les activités spatiales.  Elle a par ailleurs regretté que le Groupe d’experts intergouvernemental sur le cyberespace n’ait pu se mettre d’accord sur un rapport.

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) s’est réjoui de l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qualifiant cet instrument d’« outil en faveur de la démocratie mondiale ».  Nous sommes loin d’avoir obtenu un désarmement général et complet, a-t-il néanmoins reconnu, appelant les délégations de la Première Commission à redoubler d’efforts pour réaliser les objectifs de développement durable et les « objectifs de désarmement ».  Il a argué que ces deux objectifs sont liés et forment « l’ADN de l’ONU », donnant toute son actualité aux principes fondateurs et directeurs de la Charte des Nations Unies et du multilatéralisme.

M. Morejón Pazmiño a ensuite fait sienne la déclaration du Secrétaire général selon laquelle le monde connaît « son moment d’angoisse le plus vif depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Condamnant alors les essais nucléaires conduits au cours des derniers mois par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a déclaré qu’il n’y avait pas « de bons ou de mauvais pays dotés de l’arme nucléaire ».  À cet égard, il a déploré les menaces de destruction d’un pays entier proférées dans l’enceinte même de l’ONU au cours du débat général.  Ces menaces, d’où qu’elles viennent, doivent cesser, a-t-il exhorté.

M. ROBBERT JAN GABRIËLSE (Pays-Bas) a estimé que les efforts de désarmement et la non-prolifération sont indispensables pour réduire les tensions, car « ils permettent non seulement de s’attaquer aux causes profondes, mais génèrent aussi de la confiance ».  Exhortant ensuite la République populaire démocratique de Corée à remplir ses obligations liées au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il a rappelé combien ce dernier est la pierre angulaire d’un régime global de désarmement.  Sur un autre plan, M. Gabriëlse a souligné l’importance du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU, qui a conclu que la Syrie a utilisé des armes chimiques dans deux cas sur lesquels il a enquêté. « Les responsables doivent rendre des comptes », a-t-il exigé.

Le représentant a ensuite regretté que les résultats de la huitième Conférence de la Convention sur les armes biologiques n’aient pas rencontré les attentes de son pays.  Il s’est également inquiété de l’annulation de la première rencontre du Groupe d’experts de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, soulignant que le débat international sur la « question complexe » des systèmes d’armes létales autonomes était essentiel pour « l’avenir de la sécurité mondiale ».  En matière de déminage, le représentant a appelé à poursuivre les efforts face à l’augmentation des victimes provoquée par ce type d’armes, s’inquiétant aussi des « défis immenses liés à la contamination, en raison notamment de la présence de Daech au Moyen-Orient ».  Il s’est également préoccupé du fait que le cyberespace est utilisé à la fois par des acteurs étatiques et non étatiques pour menacer la sécurité internationale, dénonçant notamment l’échec du Groupe d’experts gouvernementaux à s’accorder sur l’application du droit international dans le cyberespace.  Il a également jugé bénéfique d’élaborer un traité sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace et a appelé les États Membres à envisager, dans un premier temps, des mesures volontaires capables d’être mises en œuvre immédiatement.  M. Gabriëlse s’est par ailleurs dit sérieusement préoccupé par les problèmes financiers que connaissent plusieurs conventions en raison des arriérés de plusieurs pays.  Plusieurs rencontres ont dû ainsi être annulées. Le délégué a demandé aux États concernés d’honorer leurs traites.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a indiqué que son pays était un « fier signataire » du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, appelant par ailleurs à tenir des discussions sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Les zones exemptes d’armes nucléaires sont également un outil important dans le régime global de non-prolifération, a-t-elle poursuivi, invitant les États dotés d’armes nucléaires à ratifier les protocoles de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et à appuyer la résolution bisannuelle que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) va soumettre cette année.  Elle a indiqué que son pays avait beaucoup souffert des armes à sous-munitions et autres engins explosifs abandonnés suite aux guerres prolongées et qu’il met activement en œuvre le Plan d’action 2010-2025 pour le déminage et l’assistance aux victimes.  Sur un autre plan, la représentante s’est réjouie de voir que la Commission du désarmement avait, pour la première fois depuis 1999, adopté par consensus le rapport du Groupe de travail II qui contient des recommandations sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.  Elle a aussi salué la tenue de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé l’attachement de longue date de son pays à l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a estimé que pour atteindre un tel objectif, la confiance interétatique devait être renforcée afin d’envisager des mesures réellement transparentes de vérification de la réduction équilibrée, irréversible et juridiquement encadrée des stocks d’armes nucléaires.  Réaliser l’objectif d’élimination totale des armes nucléaires nécessitera détermination, réalisme et patience, a-t-il noté, expliquant que « pour cette raison », la Norvège « ne signera pas le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ».  M. Hattrem a qualifié d’irréaliste un traité interdisant les armes nucléaires, affirmant que cet instrument était destiné à ne pas bénéficier de la coopération active des États dotés de l’arme nucléaire.  Le représentant norvégien a par conséquent plaidé pour le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et, de manière générale, des accords existants, « qu’il s’agisse du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques ou encore du Traité entre les États-Unis d’Amérique et l’Union des Républiques socialistes soviétiques sur l’élimination de leurs missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée ».  Nous exhortons les États dotés de l’arme nucléaire à consentir des efforts supplémentaires pour réduire encore davantage le stock de toutes les catégories d’armes nucléaires en leur possession, a ajouté le représentant.  Concernant les armes classiques, il a notamment souhaité que la prochaine conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) soit l’occasion d’améliorer la coopération régionale dans les domaines du contrôle des armes et de la sécurité. 

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a exprimé son pessimisme face à la situation internationale.  Citant l’utilisation des armes chimiques en Syrie et le programme nucléaire nord-coréen, elle a estimé qu’il fallait « sauver les résolutions prises par les Nations Unies » sur ces sujets.  La représentante a aussi appelé à en finir avec la paralysie dont pâtit la question du désarmement. Soulignant que l’Amérique du Sud célèbre les 50 ans de la signature du traité de Tlatelolco qui a institué une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, elle a confirmé que l’Argentine partageait tous les appels lancés pour que les pays dotés de l’arme nucléaire s’engagent davantage en faveur du désarmement.  Elle s’est dit convaincue que l’adoption d’un accord capable de définitivement désarmer la planète ne passera que par un dialogue entre États dotés et non dotés d’armes nucléaires.  Elle s’est inquiétée du risque réel de voir des armes de destruction massive utilisées par des groupes terroristes et a exhorté la communauté internationale à veiller à ce que cela ne se produise pas.  Concluant sur la question des armes classiques, la représentante de l’Argentine a estimé que leur prolifération allait à l’encontre des objectifs de développement durable.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rejeté l’argument selon lequel les armes nucléaires seraient utiles pour la défense de certains États et pas pour d’autres.  Il a appelé l’ensemble des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à honorer sans conditions leurs obligations, y compris celles relatives à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a également souligné l’importance de renforcer la prévention de la militarisation de l’espace, avertissant que toute course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique sape la stabilité entre États et menace les équilibres stratégiques.  S’agissant des armes classiques, le représentant a appelé à l’universalisation de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel et de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Le volet assistance de ces instruments doit être renforcé, en particulier par un appui aux capacités des États le plus soutenu de la part des pays qui possèdent les catégories d’armes visées par ces conventions, a-t-il précisé.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté de manière catégorique les allégations proférées par les États-Unis à l’encontre de son pays.  Si nous possédons des armes nucléaires, c’est uniquement pour faire face à la menace constante que les États-Unis font peser sur nous, a-t-il affirmé, soulignant que c’est une question de « légitime défense ».  Notant que les États-Unis produisent des armes nucléaires et sont les seuls à les avoir utilisées, il a rappelé que, dans les années 1950, ils avaient aussi menacé de les utiliser contre la RPDC.  Dénonçant les exercices militaires américains qui, a-t-il affirmé, menacent régulièrement son pays, il a indiqué que le programme nucléaire de la RPDC découlait d’une décision stratégique à laquelle son pays ne renoncera pas, « à moins que les États-Unis n’abandonnent leur stratégie agressive ».  Il a également affirmé que la RPDC ne pourra ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires tant que les États-Unis refuseront de le signer. 

Le représentant de l’Iran a rejeté « les allégations sans fondements » de son homologue israélien, des propos visant selon lui « à détourner l’attention des agissements à visée expansionniste du régime sioniste ».  Ce régime commet des brutalités, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, et rien ne peut faire oublier sa réalité, a dénoncé le représentant qui s’est demandé « comment l’on pouvait accuser l’Iran, insulter l’ONU alors qu’on a mené des dizaines de guerres depuis sa courte existence, qu’on a envahi tous ses voisins sans exception, qu’on commet et promeut des actes terroristes, qu’on possède des armes de destruction massive et qu’on refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ». 

Le représentant de la Syrie a estimé que les propos des États-Unis « regorgeaient de contradictions et d’oublis ».  Il a appelé les États-Unis à attendre la fin de l’enquête de l’équipe du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU avant de lancer des accusations au nom de la communauté internationale.  « L’État qui viole le plus le droit international et la Charte des Nations Unies, qui est-il, sinon celui qui a commis les méfaits que l’on sait au Japon, au Viet Nam, en ex-Yougoslavie et ailleurs », a dénoncé le représentant.  Le représentant syrien a par ailleurs accusé Israël d’avoir historiquement fait pénétrer le terrorisme au Moyen-Orient et d’avoir utilisé des armes chimiques et biologiques contre les peuples de la région depuis 1948.

À son tour, le représentant des États-Unis a accusé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité « qui stipulent clairement que ce pays est une menace pour l’humanité ».  Nous ne souhaitons pas menacer ce pays, des accords ont été signés mais ils sont bafoués, a indiqué le représentant qui a assuré que les États-Unis protégeront « toujours nos alliés ».  Au représentant de la Syrie, le représentant américain a répondu que « tout le monde sait que vous avez utilisé des armes chimiques contre votre peuple, et que vous devrez répondre de ces actes ».  Le délégué américain a souhaité que le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU soit prorogé afin de maintenir la pression contre le régime syrien.

Le représentant du Venezuela a ensuite accusé l’Argentine de nier le droit souverain du Venezuela à utiliser des armes pour sa défense nationale.  « La déclaration de l’Argentine est interventionniste et s’éloigne de l’esprit de coopération et de dialogue qui prévaut dans cette commission », a-t-il notamment asséné. Il a par ailleurs rappelé que si le Venezuela n’a pas adhéré au Traité sur le commerce des armes, c’est parce qu’il craignait qu’une utilisation frauduleuse soit faite de ce traité en réservant le droit de s’armer uniquement à certains pays.  Il a enfin souligné que la situation politique interne du Venezuela relève du seul peuple vénézuélien.

Le représentant des États-Unis a ensuite qualifié de « ridicules » les « attaques du régime syrien ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission entame ses travaux par un débat consensuel sur le développement social

Soixante-douzième session,
1re & 2e séances – Matin et après-midi
AG/SHC/4195

La Troisième Commission entame ses travaux par un débat consensuel sur le développement social

Comment tendre vers le développement social sans tenir compte de la situation des personnes souvent exclues des mécanismes d’intégration sociale, telles que les jeunes, les personnes âgées et les handicapés?  C’est ce débat de fond qui a inauguré aujourd’hui, dans un climat consensuel, les travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sur la base de plusieurs rapports du Secrétaire général.

M. Einar Gunnarsson, Président de la Troisième Commission, a ouvert ce débat général après avoir présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes.  Il a profité de sa prise de parole pour condamner les « actes de terreur aveugle » où qu’ils se déroulent, quelques heures après la tuerie perpétrée dimanche lors d’un concert à Las Vegas.

En préambule du débat, la Directrice de la Division du Département des affaires économiques et sociales pour la politique sociale et le développement, Mme Daniela Bas, a donné un aperçu des thèmes en présentant les rapports du Secrétaire général portant sur le développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes atteintes d’albinisme et à la famille, ainsi qu’au rôle des coopératives dans le développement social.

Venu assurer la Troisième Commission du soutien de son département, le Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a averti que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être réalisé que si chacun redoublait d’efforts pour s’assurer que les hommes et la planète sont placés au centre des préoccupations et que personne n’est laissé sur le bord du chemin.  Il a notamment rappelé l’objectif essentiel de l’éradication de la pauvreté, mais a aussi noté que l’économie mondiale ne créait pas assez d’emplois de qualité, notamment pour les jeunes, avant de mettre l’accent sur l’inclusion sociale, notamment celle des personnes handicapées, ainsi que sur la protection sociale.

D’une manière générale, la question des jeunes et de leur intégration dans la société a dominé cette première journée, une majorité de délégations faisant assaut de propositions pour promouvoir le lien entre l’épanouissement de la jeunesse et le développement social.  Toutefois, comme l’a relevé l’Autriche, représentée comme nombre de pays par un délégué de la jeunesse, l’implication des jeunes dans les systèmes de prise de décisions ne va nulle part de soi.  Pour remédier à cette marginalisation, il convient de contribuer à l’égalité intergénérationnelle et de tenir compte de l’apport des jeunes au processus politique, a plaidé la déléguée autrichienne, appelant à un vaste effort d’éducation civique en faveur du 1,8 milliard de jeunes de 20 à 24 ans que compte le monde.

Face à la complexité géopolitique actuelle, ont souligné les deux jeunes représentants de l’Italie, deux défis s’imposent à la jeunesse: le chômage et ceux que l’on appelle les non-engagés dans l’éducation, l’emploi et la formation, qui représentent environ 25% des 15-29 ans dans les pays développés. 

La déléguée de la jeunesse d’Israël a résumé cette problématique en rappelant qu’on présentait toujours la jeunesse comme l’avenir, alors qu’« elle est le présent ».  Quant au fait que l’on ne demande que rarement l’opinion des jeunes, « cela doit changer » a-t-elle martelé.  L’Union européenne s’est, elle, enorgueillie d’avoir mis en place la Garantie pour la jeunesse, un mécanisme qui aide les jeunes dans leurs démarches pour l’emploi et la formation.  Grâce à ce programme, a expliqué le représentant, on compte 1,5 million de jeunes sans emploi de moins aujourd’hui qu’en 2013.  

Les suites données à l’Année internationale des personnes âgées et à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement ont également été évoquées, plusieurs délégations jugeant essentiel de créer une société plus inclusive en favorisant la participation des personnes âgées.  Le représentant du Guatemala s’est dit conscient des conditions de vie difficiles « pour ne pas dire ingrates » souvent réservées à cette catégorie de la population.  « Pour cela, nous devons travailler à renforcer nos institutions et nos capacités pour mieux veiller aux libertés fondamentales et à la qualité de vie des personnes âgées », a-t-il professé. 

La question des objectifs de développement pour les personnes handicapées a, quant à elle, traduit une prise de conscience planétaire.  Le Japon a ainsi indiqué qu’à la faveur de l’élan suscité par les Jeux paralympiques de 2020 à Tokyo, il travaillait à l’élimination des barrières sociales afin de garantir les droits de tous dans une société véritablement inclusive.

Seule ombre au concert positif de cette première séance de travail, le Mexique s’est élevé contre le caractère « anachronique et contre-productif » du débat sur le développement social dans sa configuration actuelle, déplorant que les discussions en Troisième Commission constituent des doublons de travaux menés dans d’autres instances.  Il a par conséquent appelé à une nécessaire coordination des travaux des organes intergouvernementaux des Nations Unies, a fortiori sur une question consubstantielle au Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

Outre M. Einar Gunnarsson, Président, le Bureau de la Troisième Commission est composé cette année de Mmes Alanoud Qassim M. A. Al-Temimi (Qatar) et Dóra Kaszás (Hongrie) ainsi que M. Nebil Idris (Érythrée), Vice-Présidents, et de M.  Andrés Molina Linares (Guatemala), Rapporteur, lequel a été élu par acclamation ce matin.

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mardi 3 octobre, à 10 heures.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/72/169)

Mise en œuvre des conclusions du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/72/158 et A/72/211)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/72/159, A/72/161, A/72/166, A/72/189 et A/72/190)

Déclarations liminaires

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour la politique sociale et le développement au sein du Département des affaires économiques et sociales, a présenté les rapports du Secrétaire général relatifs au point 27 de l’ordre du jour.  Elle a indiqué que ces documents se concentrent essentiellement sur les efforts destinés à lutter contre les inégalités et la pauvreté, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Si l’inégalité du revenu a diminué, beaucoup reste à faire, notamment dans le domaine de la santé, a-t-elle souligné.  Les recommandations clefs concernent les politiques universelles, les investissements et le besoin d’un appui des gouvernements nationaux aux politiques de développement.

Mme Bas a particulièrement mis l’accent sur le rapport relatif au rôle des coopératives dans le développement social, expliquant qu’il montre comment les entreprises de modèle coopératif ont été importantes pour stimuler la lutte contre la pauvreté et faciliter l’intégration des femmes et l’inclusion sociale.  Pour Mme Bas, la communauté internationale et le mouvement coopératif doivent continuer de travailler ensemble pour favoriser le développement et fournir un appui technique afin de développer la contribution des coopératives à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Mme Bas a présenté par ailleurs le rapport sur les personnes âgées, qui se concentre sur l’intégration de celles-ci dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ainsi que sur le bien-être et le développement économique de ces personnes, et un rapport  sur la mise en œuvre des objectifs de l’Année internationale de la famille qui souligne l’importance des services de base et l’approche multigénérationnelle dans les relations sociales.

Le rapport sur la promotion de l’intégration sociale par l’inclusion sociale se concentre, quant à lui, sur les politiques civiles, notamment antidiscriminatoires, tandis que le rapport sur l’épanouissement des jeunes et son lien avec le développement durable prévoit de maintenir le Programme d’action pour les jeunes.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et sociales, est venu assurer la Troisième Commission du soutien de son département.  Il a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être réalisé que si chacun redouble d’efforts pour s’assurer que les hommes et la planète sont placés au centre des préoccupations et que personne n’est laissé sur le bord du chemin.  La prospérité à long terme ne peut être garantie que si le développement est durable et inclusif et si les gains sont partagés par tous et non réservés à un petit nombre, a-t-il ajouté.

Rappelant les récents ouragans dévastateurs dans les Caraïbes, M. Liu a rappelé qu’ils avaient effacé les gains de plusieurs années en matière de développement de plusieurs États de la région.  Ces catastrophes naturelles, qui ont aussi touché les États-Unis, doivent rappeler à chacun que personne n’est à l’abri des calamités, y compris celles qui résultent des changements climatiques.  Ces pays ont besoin d’une aide d’urgence, a insisté le Secrétaire général adjoint, qui a rappelé que le Programme 2030 prévoyait notamment la mise en place de partenariats forts.

M. Liu a rappelé que l’économie mondiale ne créait pas assez d’emplois de qualité.  Il a relevé que l’Organisation internationale du Travail (OIT) avait fait état d’une augmentation du nombre des personnes au chômage de 3,4 millions dans le monde en 2017, les pays en développement étant les plus affectés.  Pour suivre le rythme de la croissance de la population en âge de travailler, nous devons créer, de par le monde, 40 millions d’emplois par an, soit 600 millions d’ici à 2030, a affirmé M. Liu, qui a rappelé que l’automation et autres changements techniques détruisaient une grande partie des emplois connus jusqu’à ce jour.

M. Liu a aussi mis l’accent sur l’emploi des jeunes, rappelant qu’ils étaient au moins 71 millions à ne pas avoir d’emploi dans le monde.  Les défis auxquels sont confrontés les jeunes requièrent toute notre attention et il faut trouver de nouvelles approches pour les traiter, a-t-il estimé. 

Le Secrétaire général adjoint a également rappelé que les inégalités croissaient dans de nombreux pays, ce qui contribue aux mouvements migratoires.

M. Liu a rappelé l’objectif essentiel de l’éradication de la pauvreté, sous toutes ses formes.  S’il s’est félicité de la forte baisse de la pauvreté extrême depuis les années 1990, il a rappelé qu’en 2013 elle affectait encore 766 millions de personnes.  Les efforts doivent donc être poursuivis et il est impératif d’associer ces personnes aux mesures qui les concernent, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, qui a aussi appelé à accorder davantage d’attention à la manière dont sont identifiés les pauvres, qui ils sont et où ils vivent, afin de rendre les politiques plus efficaces.  Il a notamment plaidé pour davantage de statistiques désagrégées.

Le temps est un facteur essentiel pour la réussite du Programme 2030, a encore rappelé M. Liu, qui a invité à accélérer sa mise en œuvre et à tenir compte des différentes expériences nationales, y compris celles que les 43 États Membres ont présentées lors d’un examen national volontaire à l’occasion du Forum de haut niveau sur le développement durable tenu en juillet dernier.

M. Liu s’est aussi intéressé au sort des personnes âgées, rappelant que leur nombre avait atteint 962 millions en 2017, soit deux fois plus qu’en 1980.  D’ici à 2030, le nombre des personnes âgées dépassera celui des enfants de moins de 10 ans et celui des jeunes de 15 à 24 ans.

Enfin, le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur l’inclusion sociale, et notamment celle des personnes handicapées, ainsi que sur la protection sociale. Citant le rapport sur la situation sociale en 2017 du Département des affaires économiques et sociales, il a rappelé que seule 45% de la population mondiale disposait réellement d’un système de protection sociale en 2015 et que, même dans les pays qui la garantissent dans la loi, cette protection varie de manière importante en fonction de l’âge, du sexe, de l’ethnicité ou encore du statut migratoire ou de personnes handicapées.  Un accès universel à la protection sociale est un droit fondamental nécessaire pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté et promouvoir l’inclusion sociale, a affirmé M. Liu.

Débat général

Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que, si nous avons bien avancé en matière de réduction de la pauvreté dans le monde, des millions de personnes restent prisonnières de la pauvreté extrême, et il existe de nombreuses disparités tant sociales qu’économiques au sein des pays et entre eux.  Elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.

Après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, commencent désormais la mise en œuvre et le suivi des mesures prises pour garantir un avenir durable, a noté la représentante.  « Deux années ont passé depuis l’adoption de ce Programme et des efforts significatifs ont été réalisés pour le mettre en place mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre le développement durable pour tous, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables » a-t-elle estimé.  Mme Yánez Loza a dit la profonde préoccupation du Groupe des 77 et de la Chine face aux résultats inégaux atteints dans l’exécution des différents engagements pris et au manque d’avancées satisfaisantes du développement social.

Pour le Groupe des 77 et la Chine, l’éradication de la pauvreté est le principal impératif moral de la planète et reste, malgré les avancées réalisées, un des défis majeurs de la communauté internationale.  La représentante a précisé que l’exclusion sociale restait un défi dans la plupart des régions du monde, en raison des inégalités croissantes et du manque d’emplois dignes, ce qui affecte négativement les jeunes, les jeunes adultes, les peuples autochtones, les handicapés et les migrants, entre autres personnes en situation de vulnérabilité.  « De nouvelles approches et de nouvelles stratégies politiques sont nécessaires pour combattre la pauvreté, qui nécessite une plus grande coopération internationale » a-t-elle insisté.

Le Groupe des 77 et la Chine se félicitent du continuel accent mis sur les thèmes en relation avec les jeunes et les personnes handicapées.  Il appelle la communauté internationale, y compris l’ONU et les agences de développement, à maintenir et augmenter leur soutien, tant technique que financier, dans l’éducation, l’augmentation de l’accessibilité et continuer à travailler pour garantir la non-discrimination à l’encontre des personnes handicapées.

Il faut nous préparer afin de mieux répondre aux nouvelles réalités du vieillissement de la population et inclure les changements de structures par âge des populations dans les efforts visant à éradiquer la pauvreté, a estimé la représentante.  « Nous reconnaissons la contribution essentielle des personnes âgées dans le développement de nos sociétés et appelons la communauté internationale à travailler de concert pour garantir les droits, la dignité et le bien-être des personnes âgées » a-t-elle conclu.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), au nom du Groupe des États d'Afrique, a affirmé que le continent africain continuait de faire des progrès dans les domaines de l’éducation, de la parité hommes-femmes, de la participation des femmes dans les processus de prise de décision ou dans la lutte contre la progression du VIH/sida.  Cependant, la qualité de l’enseignement demeure une préoccupation, tout autant que celle de la santé et de l’assainissement, a reconnu le représentant, ajoutant qu’à l’heure actuelle les efforts déployés restaient insuffisants pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et représentaient un défi pour nombre de pays. 

C’est pourquoi l’Union africaine a adopté un cadre pour s’attaquer aux questions relatives à l’inégalité touchant les familles, les jeunes, les personnes âgées ou les personnes handicapées.  L’Agenda 2063 de l’Union africaine souligne la nécessité d’autonomiser tous les peuples, y compris les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées ou les personnes handicapées, grâce à une croissance inclusive qui permette de créer des emplois décents, d’améliorer l’accès à la protection sociale et de prendre des mesures qui fassent en sorte que personne ne vive en dessous d’une ligne de pauvreté définie.  Dans le cadre de la Charte africaine de la Jeunesse, l’Union africaine a également adopté la Décennie africaine de la jeunesse, qui couvre la période 2009-2018, et un plan d’action dont le but est d’atteindre les objectifs définis dans ladite Charte, a notamment expliqué le représentant.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a déclaré que l’augmentation du nombre de personnes âgées dans le monde et la tendance croissante au vieillissement des sociétés représentaient des changements significatifs pour les structures démographiques.  Ils imposent aussi des défis majeurs pour le développement.  Ces défis sont cependant aussi une opportunité pour élaborer des politiques qui promeuvent l’inclusion sociale et la solidarité intergénérationnelle, pour la pleine jouissance par tous des droits de l’homme et de la dignité, a estimé le représentant.   

Alors que les projections tablent sur un nombre de personnes âgées atteignant 1,4 milliard à l’horizon 2030, il est indéniable que ces personnes peuvent apporter une contribution significative au développement économique et social des communautés si des garanties adéquates sont en place, a poursuivi le représentant, jugeant capital que ces populations soient autonomisées.  La communauté internationale doit travailler de conserve pour atteindre cet objectif visant le bien-être des personnes âgées, a-t-il conclu. 

M. GARRETT O’BRIEN de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne et ses États membres étaient résolus à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au sein de leurs frontières et au-delà, comme le montrent le nouveau Consensus sur le développement récemment adopté, qui se concentre sur les « 5 P » -peuples, planète, prospérité, paix et partenariats-, la nouvelle Politique de développement de l’Union européenne ou encore les divers partenariats signés avec les pays d’Afrique ou ceux du Moyen-Orient.  La délégation reconnaît toutefois qu’en dépit de l’amélioration de la situation économique en Europe, des divergences entre États persistent dans la région, de même que des divergences entre groupes sociaux, comme les jeunes.  C’est pourquoi renouveler le processus de convergence est une priorité en Europe.

S’agissant des jeunes, l’Union européenne a mis en place la Garantie pour la jeunesse, un mécanisme qui les aide dans leurs démarches pour l’emploi et la formation, a expliqué le représentant.  Grâce à ce programme, on compte 1,5 million de jeunes sans emplois de moins aujourd’hui qu’en 2013.  L’Union européenne s’attaque aussi à la question des personnes handicapées.  Après avoir ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, elle a adopté un texte européen sur l’accessibilité afin de faciliter l’accès des personnes handicapées aux biens et services, a expliqué M. O’Brien.

M. YAHYE (Pays-Bas), qui s’est présenté comme un représentant de la jeunesse du pays et fils d’un réfugié somalien musulman et d’une mère chrétienne hollandaise, a déclaré que, lorsque les dirigeants devenaient plus ouverts et se montraient plus désireux d’inclusivité, ils éliminaient les causes profondes de l’extrémisme, à savoir le sentiment d’être laissé de côté.  Or, les jeunes ne se sentent pas représentés s’ils ne sont pas consultés dans les processus de prise de décision qui les touchent, a-t-il poursuivi, appelant tout un chacun à mettre en œuvre la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité. 

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a insisté sur la mise en œuvre par son pays d’un plan national prévoyant une garantie d’assistance sociale pour les personnes les plus fragiles.  Dans ce cadre, le Ministère de la santé et de solidarité sociale a lancé plusieurs initiatives qui visent à atténuer les difficultés de la vie sur les strates vulnérables de la société, a-t-elle précisé.  De plus, dans la foulée de quatre cycles de réflexion sur le thème de la jeunesse, une conférence nationale aura lieu, en novembre prochain, en vue de parvenir à une plateforme commune.

Assurant que la famille constitue le noyau de la société égyptienne, la représentante a souligné que la responsabilité de son gouvernement était de la renforcer et de la protéger.  Sur le plan intérieur, a-t-elle souligné, le Gouvernement continue ainsi à mettre en œuvre des politiques sociales pour renforcer ce noyau, en luttant notamment contre l’emploi des enfants et en prévoyant des lieux sûrs pour les personnes âgées.  Le Président égyptien a prévu de faire de 2018 l’année des handicapés en Égypte, a ensuite déclaré Mme Abdelkawy, qui a vu dans cette mesure la preuve que son pays accorde une importance particulière au rôle que doivent jouer ces personnes, notamment dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a déclaré qu’avec le Programme 2030 les États cherchaient une vision plus globale du développement, qui comprend tous les aspects qui affectent la qualité de vie des personnes.  Depuis son entrée en vigueur, nous avons reconnu que nous ne pouvions atteindre des avancées de manière fragmentée: tous les objectifs doivent être atteints dans tous les pays et régions et pour toutes les personnes, sans quoi le développement ne saurait être durable, a-t-il insisté.

Au Paraguay, les trois piliers de l’État ont signé un engagement pour mettre en œuvre le Programme 2030 et le principal programme du Gouvernement, le plan national de développement 2030, a été aligné avec les objectifs de développement durable, a expliqué le représentant.  « Ces dernières années, la croissance économique du Paraguay s’est maintenue, de même que la diminution des indices de pauvreté, bien que nous continuions à faire face à de nombreux défis pour l’éradiquer complétement » a-t-il affirmé.  « Nous croyons fermement que toutes les personnes méritent de vivre une vie digne, une vie sans pauvreté, sans exclusion, mais nous sommes conscients qu’il existe des causes structurelles qui limitent les opportunités d’une importante partie de la population du pays et qui affectent plus les femmes, les enfants, les population autochtones et la population rurale », a ajouté le représentant. 

Le représentant a également mentionné que le pays avait intensifié l’octroi de bourses pour les étudiants et d’aides économiques pour les jeunes en situation de pauvreté et de vulnérabilité.  Il a enfin expliqué que le pays souhaitait construire une société cohérente et équitable, à la prospérité partagée, et réaffirmait à cette fin son engagement en faveur du Programme 2030 et des objectifs de développement durable, « et particulièrement celui d’éradiquer la pauvreté ».  Nous continuerons de travailler pour que toutes les personnes sans discrimination aient une vie digne, puissent profiter de la réalisation pleine de leurs droits économiques, sociaux et culturels, a-t-il conclu.

Mme FANKHAUSER (Suisse) a reconnu qu’en dépit des signes d’amélioration, la pauvreté était loin d’être éradiquée, y compris dans les pays industrialisés.  Les femmes et les filles continuent en outre d’être victimes de discrimination, parfois très graves.  Or, nombre pays disposent de législations sociales sans pour autant que les bénéficiaires les réclament, a fait valoir la représentante, qui a estimé qu’il s’agissait d’une question d’accès.  En effet, il ne suffit pas de savoir qu’une prestation existe pour la réclamer, a-t-elle estimé, appelant les gouvernements non seulement à adopter des législations, mais aussi à assurer l’accès aux prestations ainsi mises en place.  Cela implique des institutions efficaces, responsables, ouvertes et accessibles à tous, comme le prévoit l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle dit, avant de passer la parole à une déléguée de la Jeunesse.

La représentante de cette institution suisse a expliqué que les activités telles que le scoutisme, les organisations de la jeunesse et les sections jeunes de partis politiques étaient essentielles pour faire de la cohésion et de l’inclusion sociale une réalité.  Les initiatives qui favorisent l’intégration sociale des minorités doivent donc être encouragées, a-t-elle dit, ajoutant qu’il fallait considérer les minorités comme des forces de changement au lieu de les marginaliser. 

Mme YASUE NUNOSHIBA (Japon) a déclaré que son pays accordait une grande importance au développement des personnes et singulièrement des femmes, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées.  Le Japon juge en particulier essentiel de créer une société plus inclusive en favorisant la participation des personnes âgées dans la société.  À la faveur de l’élan suscité par les Jeux paralympiques de 2020 à Tokyo, le Japon travaille ainsi à l’élimination des barrières sociales afin de garantir les droits de tous dans une société véritablement inclusive.

Soulignant l’engagement de son pays en faveur d’un développement qui ne laisse personne sur le bord de la route, la représentante a rappelé que le Japon contribuait aussi au développement social dans le monde et tout particulièrement en Afrique.  C’est ainsi que, depuis 1993, le Japon conduit la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, dont la sixième édition s’est tenue en août 2016 à Nairobi, au Kenya.  À cette occasion, a-t-elle rappelé, le Japon s’est engagé à procéder à un investissement d’environ 30 milliards de dollars, de sources gouvernementales et privées, en faveur de l’industrialisation de l’économie, des systèmes de santé et de la stabilisation de la société.  Soucieux de promouvoir une croissance de haute qualité, il entend poursuivre sa contribution au développement social de l’Afrique.       

Mlle ANNA HOLZHACKER (Autriche) s’est exprimée en tant que déléguée de la jeunesse autrichienne, notant que ce rôle l’avait conduite à parcourir le monde et à multiplier les consultations avec d’autres jeunes.  Selon elle, une question est apparue lors de chacune de ces discussions: la participation des jeunes à la société.  Cette question, a-t-elle relevé, revêt une grande importance en Autriche puisque, depuis 10 ans, les jeunes ont le droit de voter au niveau national dès l’âge de 16 ans.

Il n’en reste pas moins que l’implication des jeunes dans les systèmes de prise de décision ne va nulle part de soi, au point qu’ils se retrouvent souvent marginalisés, a poursuivi la déléguée.  Pour remédier à ce déséquilibre, il convient de contribuer à l’égalité intergénérationnelle et de tenir compte de l’apport des jeunes au processus politique, a-t-elle plaidé, appelant à un vaste effort d’éducation civique et politique en faveur de la jeunesse.  Avant de conclure, la déléguée a exhorté le quelque 1,8 milliard de jeunes de 20 à 24 ans du monde entier à également agir par eux-mêmes s’ils veulent se faire entendre.

Mme SABINA CARLI (Slovénie) a rappelé que la Journée internationale des personnes âgées, qui s’est tenue hier, avait pour sujet principal la promotion et le renforcement de la participation de ces personnes à la vie sociale, culturelle, économique et politique.  La Slovénie, a-t-elle souligné, croit fermement que favoriser cette participation est un élément essentiel pour l’édification de sociétés réellement inclusives.

Faisant observer qu’au cours du premier semestre son pays avait engagé une vaste consultation publique sur un projet de stratégie nationale pour le bien-être des personnes âgées adopté en juillet, la représentante a expliqué que cet ensemble de dispositions s’appuyait sur le principe d’un vieillissement actif, de façon à élargir les possibilités dans les domaines de la santé et de la sécurité et à améliorer la qualité de vie à mesure que les personnes avancent en âge.  Ces mesures nationales seront renforcées par des normes internationales en la matière, a-t-elle noté, plaidant en conclusion pour une nécessaire solidarité intergénérationnelle.  Faute d’une telle approche, a-t-elle averti, nous risquons l’exclusion sociale. 

Mme ILMI SALMINEN (Finlande) est revenue sur trois points « hautement importants »: les jeunes, la paix et la sécurité; l’égalité entre les genres; et enfin les réfugiés et les migrants.

« Le Conseil de sécurité a adopté en 2015 une résolution sur les jeunes, la paix et la sécurité, soulignant le rôle des jeunes en tant que facteur positif de changement » a rappelé la représentante, avant d’appeler les États Membres à impliquer les jeunes dans les efforts de paix.  Elle est ainsi revenue sur les Conseils de jeunes mis en place, en Finlande, au niveau de la prise de décision politique locale.

Mme Salminen a ensuite déclaré que les droits des jeunes et des femmes étaient trop souvent négligés et violés.  « Trop de jeunes femmes n’ont pas le droit de choisir leur propre avenir en termes de famille ou de carrière », a-t-elle ajouté, avant de rappeler que « les droits des femmes sont des droits humains ».  Elle a en outre déploré que des personnes voient leurs droits niés à cause de leur orientation sexuelle.

Abordant les migrations, la représentante a insisté sur les droits des personnes en mouvement, la plupart d’entre elles étant des jeunes.  Revenant sur le cas de la Finlande, elle s’est dite attristée que, dans son pays aussi, les flux migratoires avaient entraîné une augmentation des discours de haine envers les migrants et les réfugiés.  « Nous devons dénoncer les discours de haine et les contrecarrer » a-t-elle insisté.

M. JUSTIN HOW (Singapour) a souhaité saluer en particulier le rapport du Secrétaire général sur l’épanouissement des jeunes et son lien avec le développement social, qui identifie les jeunes comme des facteurs de changement et comme la garantie d’un monde adapté aux futures générations.  Singapour, a-t-il souligné, est engagée dans l’édification d’une société plus inclusive et, dans ce cadre, reconnaît la nécessité de former la jeunesse et de lui fournir des outils pour l’avenir.

Singapour a ainsi développé des politiques et stratégies spécifiques, tout d’abord en investissant massivement dans son système éducatif et dans l’assistance aux jeunes dans le besoin, mais aussi en créant des institutions et des programmes tournés vers un développement holistique des jeunes, a expliqué M. How.  C’est ainsi que le Conseil national de la jeunesse de Singapour s’emploie à développer les qualités des jeunes tout en les incitant à en faire bénéficier leur communauté.  L’État singapourien a par ailleurs mis en place des programmes destinés à instiller un esprit entrepreneurial à la jeunesse du pays ainsi qu’une aptitude au volontariat.

M. RIOS (Mexique) s’est élevé contre le caractère « anachronique et contre-productif » du débat sur le développement social dans sa configuration actuelle.  Comme le Mexique le déplore depuis plus d’un an, a souligné le représentant, les discussions sur ce thème en Troisième Commission constituent des doublons de travaux menés dans d’autres instances, notamment la Deuxième Commission, le Conseil économique et social, le Forum politique de haut niveau et la Commission du développement social.  Il a par conséquent appelé à une nécessaire coordination des travaux des organes intergouvernementaux des Nations Unies, a fortiori sur une question consubstantielle au Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

Soucieux de garantir un tel développement à toute sa population, le Mexique met l’accent sur l’inclusion économique et sociale afin d’intégrer des groupes comme les migrants, les peuples autochtones et les personnes handicapées, a poursuivi le représentant.  Sensible à la problématique de la maltraitance des personnes âgées, il entend dans le même temps favoriser la prise de mesures antidiscriminatoires en faveur des 37 millions de jeunes Mexicains, afin de faire de cette frange essentielle de la population un facteur de développement.    

M. WALTER HABICH MORALES (Pérou) a expliqué qu’en accord avec le Programme 2030, le Gouvernement du Président Pedro Pablo Kuczynski avait proposé une révolution sociale pour le Pérou.  En 2021, notre pays se sera consolidé comme une démocratie moderne, juste et équitable, garantissant à tous les citoyens, sans distinction aucune, l’accès à un service publique de qualité ainsi que l’accès aux mêmes opportunités pour développer son potentiel et atteindre ses rêves, a-t-il ajouté.

Le Pérou a mis en place un processus de mise à jour de la politique nationale de développement et d’inclusion sociale pour assurer le respect des objectifs en relation avec l’éradication de la pauvreté extrême, les grossesses adolescentes, la diminution de la malnutrition infantile chronique et l’anémie, entre autres problèmes qui impactent les inégalités, a expliqué M. Habich.  Quand nous réfléchissons au concept de développement social, il nous paraît évident qu’il n’est pas garanti par la seule croissance économique.  Pour cela, nous devons formuler et mettre en place des politiques publiques spécialement focalisées sur la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité, a-t-il précisé.

Le représentant a également déclaré que son pays allait continuer à concentrer tous ses efforts sur la réduction de toutes les formes de vulnérabilité, renforçant les capacités de tous les Péruviens et Péruviennes afin de garantir un environnement sûr et de confiance pour les générations à venir.  Il a conclu en expliquant que le Pérou présenterait pour la quatrième fois devant la Troisième Commission une résolution intitulée « promotion de l’intégration sociale par l’inclusion sociale » qui, précisément, reconnaît l’importance de l’intégration sociale et de la création d’une société inclusive pour tous.

Mme GIUSEPPINA DE MARCO et M. TOMMASO MURE (Italie) se sont déclarés honorés d’être les premiers jeunes délégués italiens auprès des Nations Unies.  Reconnaissant s’être interrogés sur la valeur ajoutée que les jeunes peuvent apporter aux travaux de la Troisième Commission, ils ont affirmé leur appartenance à cette jeunesse qui porte et donne leur sens aux objectifs de développement durable.  À cet égard, ils ont salué les efforts déployés par leur pays pour impliquer les jeunes dans la Stratégie nationale de développement durable et le Plan pour l’éducation de la durabilité.  Ils se sont également félicités de la transformation du Service civil italien, désormais universel et ouvert aux jeunes étrangers, ainsi que des engagements internationaux de l’Italie en faveur de la responsabilisation des jeunes.

Face à la complexité du monde actuel, ont souligné les deux jeunes représentants, deux défis s’imposent à la jeunesse: le chômage et ceux que l’on appelle les non-engagés dans l’éducation, l’emploi et la formation, qui représentent environ 25% des 15-29 ans dans les pays développés.  Pour y faire face, ils ont préconisé un effort en matière d’éducation, formelle ou informelle, ainsi qu’un engagement civique et une sensibilisation à l’importance d’un avenir durable et pacifique. 

Mme KEREN SUDRI (Israël), qui s’est présentée comme déléguée de la jeunesse d’Israël, a relevé qu’on présentait toujours la jeunesse comme l’avenir, alors qu’en fait « elle est le présent ».  Prenant en exemple l’entreprise Google qui, quand elle lance un nouveau produit, commence par le tester sur différents groupes de clients, Mme Sudri a déploré qu’on ne demande que rarement l’opinion des jeunes.  « Cela doit changer » a-t-elle lancé.

La représentante a ensuite pris en exemple un projet qu’elle avait elle-même lancé dans sa ville de Lod quand elle avait 16 ans avec un groupe d’amis, visant à connecter des enfants de famille à faible revenu avec de jeunes volontaires qui pouvaient jouer le rôle de grands frères ou grandes sœurs.  Ce projet existe aujourd’hui encore et est dirigé exclusivement par des jeunes.  Or, quand ces jeunes de Lod ont demandé à leur municipalité de les aider, on leur a répondu qu’ils perdaient leur temps et feraient mieux de travailler comme volontaires dans des structures existantes.  Nous n’avons pas accepté cette réponse négative, a-t-elle expliqué, précisant que, face au succès du projet, la municipalité avait changé de positions quelques mois plus tard.

Il existe des centaines de jeunes en Israël qui mettent en place des projets sociaux, a ajouté la jeune déléguée, précisant que 55% des jeunes israéliens faisaient du volontariat.  L’énergie des jeunes et leurs perspectives peuvent apporter des solutions aux problèmes du monde, a-t-elle poursuivi.  C’est l’avantage de la jeunesse: nous avons l’énergie et l’audace de défier les réalités existantes.  Ce qu’il lui faut, c’est la bonne orientation et l’accès aux opportunités.  Le changement social naît quand les jeunes se voient donner la chance de prendre des responsabilités, a encore ajouté Mme Sudri, qui a demandé qu’on dise aux jeunes: « nous vous faisons confiance.  Nous croyons en vous », et qu’on leur accorde un siège dans les organes de décision dans les villes et les États.  « Leurs idées feront du monde un bien meilleur endroit », a-t-elle affirmé en conclusion.

M. ODISHO (Iraq) a fait valoir les « efforts immenses » déployés par son gouvernement pour mettre en œuvre une stratégie nationale de développement sociable pour tous.  Toutes les parties de la société, y compris le Kurdistan iraqien, ont participé à la mise en place de ce plan, a-t-il souligné, rappelant que le pays avait déjà adopté, en 2014, une loi sur la protection sociale et examinait actuellement un projet de sécurité sociale, conformément aux lois internationales.  Ce projet, a-t-il précisé, apportera des garanties sociales à la population et des indemnités aux personnes qui souffrent du chômage.

Un fonds a par ailleurs été créé pour l’aide à la jeunesse, afin de favoriser les projets et protéger cette fraction de la population contre le chômage.  Les jeunes, a poursuivi le représentant, constituent une force considérable dans l’optique de la paix, de la lutte contre le terrorisme et du développement durable.  M. Odisho a conclu en rappelant que son pays était confronté au défi majeur du terrorisme et s’employait, dans le cadre de la libération des territoires tenus par Daech, à rapatrier les familles dans les régions qu’elles habitaient auparavant. 

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que le développement social inclusif et l’éradication de la pauvreté dans toutes ses dimensions devraient être les priorités centrales de l’Organisation en accord avec les objectifs de développement durable.  L’intégration, l’inclusion, la dignité et le renforcement des capacités des personnes sont des étapes essentielles pour générer des sociétés résilientes et inclusives, pacifiques et plus sûres, afin de faire face aux défis d’aujourd’hui.

Il est impossible de comprendre le développement en laissant de côté sa dimension sociale, a poursuivi la représentante.  Les politiques économiques ne peuvent à elles seules générer des changements profonds si elles n’ont pas comme composante essentielle l’inclusion sociale.  Il est donc nécessaire de concevoir le développement social comme un processus de transformation qui garantit la pleine réalisation des droits économiques, politiques, sociaux et civils et culturels de la personne.

Les politiques publiques de prévention, de protection globale et de promotion sociale doivent prendre en compte la complexité de la pauvreté, comprise non seulement dans sa dimension matérielle, mais aussi dans sa dimension humaine, en prenant en compte l’émergence de nouvelles et diverses formes de vulnérabilité » a poursuivi Mme Martinic.

La représentante a ensuite expliqué qu’un des grands défis du Gouvernement argentin était d’atteindre l’objectif de pauvreté zéro.  Pour cela, il est nécessaire de répondre aux besoins des personnes durant tout le cycle de la vie de la petite enfance jusqu’à la vieillesse.  Une protection spéciale des droits de l’enfant et le renforcement des capacités des jeunes, grâce à une éducation de qualité et l’accès à un travail décent, sont des facteurs fondamentaux pour atteindre un développement durable, a-t-elle conclu.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a expliqué que, depuis le retour de la démocratie, son pays avait progressivement construit un système de protection sociale.  Le Chili est aussi en train de reformuler une partie de ce système de protection centrée sur les populations les plus vulnérables et un système d’insertion professionnelle a été mis en place.

Cette année, le Chili a présenté son examen volontaire national devant le Forum politique de haut niveau tenu sous les auspices de l’ECOSOC, où nous avons rendu des comptes sur les efforts et les défis du Chili en relation avec les objectifs de développement durable, a expliqué le représentant.  À cette fin, a-t-il expliqué, le Gouvernement chilien a lancé plusieurs réformes.  L’une d’elle est la réforme éducative qui vise à garantir une éducation inclusive et de qualité.  Une autre est une réforme fiscale destinée à collecter trois points du PIB pour financer de nouvelles dépenses permanentes, comme la reforme éducative et le renforcement du système de protection sociale ainsi que la réforme du travail.

M. Barros Melet a mentionné que la pauvreté avait diminué au Chili en 2015, le taux de pauvreté monétaire s’élevait à 11,7% alors que la pauvreté multidimensionnelle s’élevait à 20,9% de la population.  Il a ensuite expliqué que les enfants et les adolescents étaient toujours les plus touchés par ce fléau.  C’est pourquoi le Gouvernement chilien travaille à promouvoir leurs droits à travers des politiques de l’enfance en cohérence avec la Convention relative aux droits de l'enfant.  Le représentant a ensuite abordé le thème de la santé et de l’éducation en présentant les réformes mises en place par le pays. 

M. Barros Melet est également revenu sur l’égalité entre les genres, mentionnant le Plan national d’égalité entre les Hommes et les Femmes 2018-2030 ainsi que d’autres mesures de discriminations positives prises pour augmenter la participation des femmes en politique.  Il a précisé que les femmes représentaient actuellement 15,8% des membres de la Chambre des députés, 18,4% du Sénat et seulement 11,9% des maires. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a déclaré que, pour répondre aux engagements contractés en matière de développent social, il est nécessaire d’identifier de manière précise les défis qui restent et qu’il est possible de résoudre.  La Colombie réitère, pour sa part, son engagement d’autant qu’il reconnaît la vulnérabilité de certaines personnes, dont les jeunes.  Il est nécessaire d’encourager l’inclusion de ce groupe de personnes, avec pour but de trouver des solutions novatrices, tenant compte du principe de non-régression des droits, a dit le représentant. 

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a observé qu’en dépit d’une croissance économique sans précédent ces dernières années, son pays enregistrait un niveau de développement inégal.  Face à cette situation, le Gouvernement philippin s’emploie à garantir que le développement soit inclusif et que les secteurs marginalisés de la société se voient offrir des opportunités.  Il le fait notamment au travers du programme Pantawid Pamilyang Filipino, qui implique quatre millions de foyers, parmi lesquels 570 000 foyers de personnes autochtones et 217 000 autres comptant au moins une personne handicapée.

Grâce à ce programme, s’est félicitée la représentante, le nombre des Philippins vivant dans la pauvreté se réduit de 1,5 million de personnes par an, ce qui correspond à une baisse de 1,4% de la pauvreté dans le pays.  Les Philippines, dont 30% de la population est composée de jeunes, placent également de grands espoirs dans la responsabilisation et le développement de la jeunesse, notamment en matière de santé, d’éducation, d’inclusion sociale, de gouvernance, de citoyenneté, d’environnement et de mobilité.  Ces objectifs, a-t-il relevé, ont intentionnellement été couplés à ceux du Programme de développement durable à l’horizon 2030.    

M. MOHAMMAD ABDULRAHMAN S. ALKADI (Arabie saoudite) a déclaré que son pays appuyait les recommandations du Secrétaire général, mais estime aussi que la souveraineté et la spécificité des pays doivent être respectées.  Alors que l’Arabie saoudite a réalisé à quel point le développent social est important, son gouvernement a beaucoup investi dans l’être humain, a affirmé le représentant. 

Ainsi l’éducation est un des secteurs prioritaires du royaume et bénéficie de 22% du budget, soit 53 milliards de dollars des États-Unis.  L’Arabie saoudite compte 34 universités gratuites et 150 000 hommes et femmes ont été envoyés à l’étranger pour poursuivre leurs études.  La santé bénéfice pour sa part de 14% du budget, soit 32 milliards de dollars, a encore précisé le représentant, insistant sur le caractère gratuit des services de santé.  Les jeunes ne sont pas en reste de cette politique, car le royaume est convaincu de leur rôle dans le développent du pays.  Beaucoup sont ainsi nommés à des postes de responsabilité, a encore affirmé M. AlKadi.

Mme PAIGE BURTON, jeune déléguée de l’Australie, a tenu à rappeler d’emblée que même si l’on affirmé à satiété que les jeunes sont « la main d’œuvre du futur » ou « une ressource économique utile » pour confronter les défis du développement durable, il importe de mettre en avant le fait que les jeunes vont bien au-delà de l’économie.  Elle a fait observer que les jeunes avaient une vision complexe et plus nuancée des défis mondiaux qu’on ne l’imagine et qu’ils avaient des contributions intelligentes à faire alors même qu’ils n’ont pas leur place de plein droit aux tables où sont prises les décisions.  Mme Burton a dit également savoir que les jeunes avaient des solutions innovantes qu’il serait opportun de prendre en considération en cette période où le monde est confronté à des défis sans précédent que les jeunes seraient susceptibles d’aider à résoudre.

Pour M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée), il faut traiter des obstacles qui empêchent de parvenir aux objectifs de développent social.  Du point de vue de la délégation, le système international est un de ceux-là.  Il faut donc repenser les outils et politiques nationaux et internationaux, y compris le rôle des institutions financières et du commerce international.  Il faut également des solutions de paix durables, car on ne peut plus fermer les yeux sur la relation entre conflit et paix, a dit le représentant. 

Consciente de cette relation, l’Érythrée a, au plan national, pris une série de mesures, qui aujourd’hui font de ce pays l’un des rares en Afrique à avoir atteint les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé, a assuré le représentant.  La mortalité infantile a par exemple été réduite à 34 pour mille, alors que la moyenne africaine est autour de 105 pour mille.  L’éducation est également gratuite en Érythrée et touche aussi les communautés rurales.  L’objectif du Gouvernement actuel est de parvenir à un taux de scolarité de 100% d’ici à cinq ans.  Entre autres objectifs, la production agricole est une des priorités du Gouvernement, a encore assuré le représentant, et ce, compte tenu du fait que le pays a souvent connu des épisodes de famine. 

M. SHESHADRI KOTTEARACHCHI et M. SHEHAN KANNANGARA (Sri Lanka), jeunes délégués, ont souligné que, pendant de nombreuses années, il incombait à la génération des aînés de jeter les bases d’un environnement durable, propice au développement et à la réussite des jeunes.  Depuis l’adoption, en 2015, de la résolution 2250 du Conseil de sécurité ainsi que des objectifs de développement durable, il a été reconnu que les jeunes avaient un rôle plus central à jouer, ce qui leur fait endosser davantage de responsabilités en tant que parties prenantes et dans la prise de décisions.

Sri Lanka est un pays pionnier dans la région d’Asie-Pacifique à s’être doté d’un ministère consacré à la mise en œuvre desdits objectifs, ont expliqué les deux jeunes délégués.  Ils ont salué la nomination de leur compatriote Jayathma Wickramanayake en tant qu’Envoyée des Nations Unies pour les jeunes pour être la voix de milliards de jeunes, précisant qu’elle était également une jeune militante qui avait inspiré bien d’autres jeunes.  Rappelant que 49,7% de la population jeune sri-lankaise était des filles, souvent marginalisées au sein de la société, ils ont affirmé que la nomination de Wickramanayake symbolisait l’autonomisation de millions de jeunes filles de leur pays et de millions d’autres vivant dans les mêmes conditions, partout dans le monde.  Ils ont également fait valoir la question primordiale du renforcement des capacités des jeunes.

M. ESTRADA MEYER (Brésil) a expliqué qu’après avoir résisté à une profonde récession économique, le Brésil avait retrouvé le chemin de la croissance.  Malgré les difficultés des deux dernières années, nous avons préservé les politiques sociales qui garantissent un effort soutenu et réussi afin d’éliminer la pauvreté extrême et d’améliorer les standards sociaux, a-t-il ajouté.  Bolsa Familia, le programme phare du pays, complète les revenus de plus de 50 millions de Brésiliens vivant dans des conditions de pauvreté, a poursuivi le représentant.  Il a également mentionné le fait que l’inclusion sociale et la lutte contre toutes les formes de discrimination étaient les défis les plus importants du pays.

« J’aimerai insister sur l’importance de la lutte contre la pauvreté: même si la pauvreté extrême a diminué dans le monde, les progrès ont été inégalitaires de par le monde », a insisté le représentant, avant d’ajouter qu’au Brésil, les politiques publiques nationales en faveur des jeunes étaient prioritaires.  Le représentant a ainsi précisé que le Statut des Jeunes, loi de 2013, permettait de promouvoir des politiques qui s’adressent spécifiquement aux jeunes et encourageait leur participation.  En 2015, a été adoptée la loi brésilienne pour l’inclusion, qui facilite la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a également précisé le représentant.

Mme LIKINA (Fédération de Russie) a déclaré que la Commission du développement social était l’outil adéquat au sein des Nations Unies pour tenir les engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social.  En dépit des mesures coercitives qui pèsent sur la Fédération de Russie, des mesures prometteuses sont mises en œuvre, en particulier en ce qui concerne le travail et les revenus salariés.  Le taux de pauvreté en Russie n’est que de 5,2% de la population et le salaire de base est à hauteur de 72% du minimum vital, a affirmé la représentante, qui a précisé qu’une loi en préparation devrait porter ce taux à 100%.  En outre le Gouvernement a pris des mesures significatives pour accroître l’autonomie des personnes âgées, qui représentent 23% de la population.  Parmi les mesures, il y a le renforcement de la famille traditionnelle, considérée comme une des bases de la solidité sociale, a conclu la représentante. 

Mme SUSAN W. MWANGI (Kenya) a appelé à mettre les personnes au cœur des débats et à se concentrer sur l’objectif primordial visant à l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.  En effet, a-t-elle fait valoir, la pauvreté et les inégalités demeurent des obstacles majeurs à la réalisation du développement social car elles engendrent une vulnérabilité aux problèmes les plus insurmontables de notre temps, notamment les changements climatiques, la migration irrégulière avec les périls qu’elle implique, la traite des personnes et le fait d’être les moteurs de conflit.

Notant que la pauvreté reste un défi à relever, notamment en Afrique, Mme Mwangi a fait observer que la persistance de l’exclusion socioéconomique, voire parfois son aggravation, donnait lieu à davantage d’inégalités.  Elle a salué dans ce contexte le thème de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, estimant qu’il correspondait à l’approche du Gouvernement du Kenya, centrée sur un développement tendant à une inclusion socioéconomique effective.  Une telle approche repose notamment sur un cadre juridique et de politiques solides, y compris la Constitution de 2010 et la Vision 2030 pour le développement, accordant la priorité à l’autonomisation des femmes, des jeunes et de tous les groupes marginalisés, a précisé Mme Mwangi.  Ainsi, a-t-elle expliqué, depuis 2013, plus de 700 000 foyers ont bénéficié du Programme national de filet de sécurité pour les personnes âgées, celles souffrant de graves formes d’handicap, les orphelins ou encore les enfants vulnérables, ce qui a conduit à des améliorations appréciables de leurs conditions de vie.   

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a expliqué que son pays œuvrait au renforcement du développement social avec pour objectif une société qui vit dans la paix et la dignité.  Malgré l’adoption des objectifs de développement durable, « il semble que les résultats ne sont pas à la hauteur, surtout aux vues des difficultés que rencontrent les pays en développement », a observé le représentant, qui a cité la famine qui menace dans certains pays et la faim qui règne encore dans beaucoup d’autres.  Concernant la République arabe syrienne, il a déclaré que le terrorisme qui continue de menacer la stabilité de son pays avait eu pour conséquence que le Gouvernement n’avait pas pu s’attacher à la réalisation des objectifs de développement durable dans toutes les régions, et notamment pas dans le Golan occupé.

Le représentant a expliqué que la République arabe syrienne continuait de déployer des efforts pour relever le niveau économique et humain du pays mais que cela était difficile « à cause du fondamentalisme et du wahhabisme que propagent des groupes terroristes soutenus par certains pays ».  Revenant sur les conséquences des actes terroristes qui « ont détruit les hôpitaux, les réservoirs de graines, les silos et les stations d’électricité » M. Qassem Agha a qualifié ces actes de violation du droit du développement.  Il a enfin dénoncé les mesures unilatérales imposées à son pays par les États-Unis et l’Union européenne, qu’il a accusées de « viser les populations sunnites et chiites en même temps », avec comme résultat la détérioration du niveau de vie de la population civile.

Mme HYEON GYO SUH (République de Corée) a estimé que, face à ce qui restait à faire, il fallait redoubler d’efforts pour remplir les objectifs de la Conférence de Copenhague.  En tant que jeune, voici les mesures qu’elle propose: les États doivent donner la priorité à la parité et à l’inclusion, en autonomisant les femmes, en luttant contre les discriminations qui les touchent.  Il faut également protéger les personnes handicapées et les personnes âgées.  La formation et l’inclusion des jeunes, en particulier dans les processus de prise de décisions, sont également primordiales, a estimé l’intervenante.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a déclaré que son pays s’inspirait du thème de l’Union africaine pour 2017: « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse », et s’est félicité du partenariat entre la présidence de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général s’agissant de la coopération en vue de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, respectivement.

Le représentant a rappelé qu’en mai dernier, le Président namibien avait donné le coup d’envoi du cinquième Plan national de développement (2017-2022) qui guidera le programme de développement et qui a été adopté à l’issue d’une consultation avec les communautés dans 14 régions, afin de prendre en compte les réalités sur le terrain et les aspirations de tous les Namibiens.  La transformation sociale, incluant le développement du capital humain et le développement, fait partie des quatre piliers du programme, a expliqué M. Gertze.  D’autre part, les jeunes âgés de 16 à 35 ans constituant 37% de la population, le programme s’attache à leur donner une place de choix, notamment à travers des interventions dans les domaines de l’éducation, de la santé et du logement.

La Namibie continue en outre d’octroyer la priorité à des politiques en faveur des pauvres et des divers secteurs du développement social, qui reçoivent une large part budgétaire.  Ainsi, pour l’exercice 2017-2018, 24% du budget a été alloué au Ministère de l’éducation.  Le Ministère de la santé et des services sociaux reçoit, pour sa part, la deuxième allocation budgétaire la plus importante, suivi par le Ministère de l’élimination de la pauvreté et du bien-être social, qui est relativement nouveau, et fournit des filets de sécurité sociale et d’autres mesures de réduction de la pauvreté.  La Namibie a en outre reçu la visite de l’Experte indépendante pour la jouissance des droits de l’homme des personnes âgées, Mme Rosa Kornfeld-Matte. 

M. GHULAM SEDDIQ RASULI (Afghanistan) a déclaré que son gouvernement est engagé à respecter ses obligations en matière de développement social et a aligné ses priorités, programmes et politique en ce sens.  C’est par exemple le cas du Cadre national pour la paix et le développement, qui sert de feuille de route et reconnaît la réduction de la pauvreté et l’inclusion sociale comme finalité.  Il y a également l’autonomisation sociale, économique et politique des femmes, érigée en priorité et mise en œuvre dans un programme dédié.  Entre autres mesures, il est également prévu d’apporter une assistance technique et financière aux femmes entrepreneuses, a encore indiqué le représentant. 

Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a déclaré que l’inégalité restait une des questions les plus persistantes dans la réalisation du développement social, d’autant qu’elle ne cesse d’augmenter, touchant tous les pays et divers domaines comme l’inégalité entre les genres ou encore les inégalités économiques ou sociales.  Traiter de cette question pour la réduire est donc un impératif pour réaliser le développement social et la paix.  Cela exige des politiques et stratégies globales, y compris l’éducation et la diffusion de la connaissance, a dit la représentante.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a insisté sur les efforts restant à déployer pour réaliser le développement social dans un contexte où, selon les chiffres, 896 millions de personnes dans le monde vivaient en 2016 avec moins de deux dollars par jour.  L’Indonésie pense donc que, pour promouvoir le développement social dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les personnes vivant en dessous de la ligne de pauvreté doivent être autonomisées par le biais de politiques qui les rendent partenaires du développement.

La représentante a également plaidé pour la promotion de l’accès à une éducation de qualité, incluant des connaissances en matière économique et des capacités nécessaires aux services de santé.  Enfin, et même si le développement relève en premier lieu de la responsabilité des États, il ne peut pleinement se réaliser sans une coopération internationale, comme le stipule d’ailleurs le Programme 2030, a déclaré la représentante.

Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a déclaré que pour atteindre les buts et objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale devrait aborder la question des inégalités entre pays, en respectant le principe de souveraineté et celui de responsabilité commune mais différenciée.  Elle doit aussi tenir compte de la vulnérabilité et des particularités nationales, tout en plaçant l’être humain au centre des actions de l’État, a-t-elle dit. 

El Salvador, pour sa part, reconnaît les multiples dimensions de la pauvreté et la nécessité d’en aborder les causes structurelles.  C’est ainsi que l’extrême pauvreté a pu y être réduite, passant de 16,1% en 2001, à 7,9% en 2016.  Partant de là, El Salvador est d’avis que la lutte contre la pauvreté menée dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit se faire de manière holistique et universelle, tenant cependant compte des besoins spécifiques des groupes vulnérables et défavorisés.  El Salvador, qui réaffirme son engagement à promouvoir les droits des personnes âgées, estime qu’il faut avancer sur un instrument international juridiquement contraignant qui promeuve non seulement la protection, mais aussi la sécurité et l’égalité sans discrimination pour les personnes âgées, a encore déclaré sa représentante. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a déploré que, deux décennies après la Déclaration de Copenhague, 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté, 758 millions d’adultes soient illettrés, 815 millions de personnes souffrent de faim chronique et des millions d’enfants meurent de maladies curables et évitables.  « L’éradication de la pauvreté, la promotion du plein emploi et de l’intégration sociale sont les trois piliers du développement social.  Nous soulignons l’importance de mettre en œuvre des politiques publiques qui favorisent ces piliers, au vu du rôle fondamental de l’État dans cette question en coordination avec d’autres acteurs », a déclaré la représentante.  Pour Cuba, « il est scandaleux que 1,7 milliard de dollars soient investis chaque année dans des dépenses militaires alors qu’il y existe un manque de conformité avec les engagements en matière d’aide publique au développement ».

Revenant sur les succès de son pays, Mme Rodríguez Camejo a indiqué que Cuba avait atteint un taux de mortalité infantile de 4,1 pour mille naissances vivantes à la fin du premier semestre de 2017.  Elle a ensuite détaillé divers progrès: une espérance de vie à la naissance de 78 ans ou encore le fait que Cuba ait été le premier pays à avoir validé l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH/sida ainsi que la syphilis congénitale.  « Dans notre pays, nous n’avons pas d’illettrés et nous avons un système de santé universel, accessible et gratuit pour toute la population » s’est enorgueilli la représentante, qui a cité en exemple les politiques nationales en faveur des jeunes, des personnes handicapées ou encore au renforcement de la famille.

Tout cela a été accompli malgré l’existence d’un blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba pour plus d’un demi-siècle et que l’actuelle Administration américaine a décidé de durcir, a encore fait observer la représentante, pour qui « ces politiques criminelles sont le principal obstacle au développement du pays ».

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a assuré que la protection et l’inclusion sociales constituaient l’un des axes prioritaires de la politique du Gouvernement monégasque.  Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, aides et subventions pour le logement, les transports, les prestations médicales et l’accès au sport et à la culture ont pour but de permettre aux personnes handicapées de s’intégrer pleinement aux activités sociales.  Le statut d’aidant familial a ainsi été créé pour assurer une protection sociale aux familles, afin qu’elles puissent mieux prendre en charge leur enfant handicapé.

Malheureusement, a relevé la représentante, les personnes ont régulièrement confrontées à des obstacles qui entravent leur insertion économique ainsi que l’exercice de leurs droits.  Pour y faire face, Monaco a pris des dispositions juridiques et renforcé son cadre législatif, ce qui a permis à la Principauté de ratifier, le 19 septembre dernier, la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Enfin, l’insertion des handicapés nécessitant un engagement constant, Monaco s’associe, le 3 décembre de chaque année, à la Journée internationale des personnes handicapées pour sensibiliser sa population.

Mme MOE (Norvège) a rappelé que, selon les données disponibles, 42% de la population mondiale avait aujourd’hui moins de 25 ans.  Par conséquent, inclure les jeunes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une étape fondamentale dans la mise en œuvre dudit Programme.  Compte tenu que l’objectif 4 du Programme 2030 met l’accent sur l’accès à une éducation de qualité, il est crucial que les États assurent un accès égal à l’éducation pour tous, y compris aux minorités.  Ils doivent de même mettre en œuvre la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité, y compris en les incluant dans les processus de prise de décisions.  En outre, parmi les groupes minoritaires vulnérables, la Norvège compte les personnes LGBTI.  Elle estime que, selon le principe de l’universalité des droits de l’homme, leur pleine participation doit également être promue.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a insisté sur son implication pour faire avancer la justice sociale, l’égalité et l’inclusivité.  Cependant, malgré plusieurs interventions, les niveaux de pauvreté en Zambie demeurent inacceptables, a estimé le représentant: « 54,4% des gens vivent sous le seuil de pauvreté, spécialement dans les zones rurales, où ce taux est trois fois plus élevé qu’en ville », a-t-il déploré.  Le Gouvernement a pris de nombreuses initiatives pour favoriser le développement durable et la croissance, a néanmoins assuré le représentant.  Citant le septième Plan de développement national 2017-2021 en exemple, il a affirmé que son objectif était de réduire la pauvreté de 20% d’ici à la fin de la période.

Conscient du rôle des programmes de protection sociale pour améliorer la productivité agricole, stimuler le développement économique local ou encore promouvoir l’inclusion sociale, le Gouvernement de la Zambie a pris la décision de renforcer et étendre ces programmes, a poursuivi M. Kapambwe.  Les transferts monétaires à vocation sociale devraient ainsi passer de 242 000 foyers bénéficiaires à 590 000 en 2017, avec un objectif de 700 000 d’ici à la fin de 2018.  Les résultats de ces transferts montrent une amélioration des conditions de vie, a assuré M. Kapambwe, selon qui « la part des foyers bénéficiaires qui ne pouvaient s’offrir qu’un repas par jour est passée de 56,6% à 35,2% ».  Le Gouvernement a d’ailleurs augmenté la part du budget national consacrée à ce programme de 2,7% à 4,2%, a encore précisé le représentant.

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a dit accorder une haute priorité à ce que l’être humain soit placé au centre du développement, notamment en lui octroyant des services de santé et d’éducation gratuite, y compris pour les enfants immigrés ou réfugiés.  La République islamique d’Iran accorde en outre une attention à la famille traditionnelle en tant qu’unité de base de la société.  Les personnes âgées et les personnes handicapées sont également prises en compte, notamment par des quotas imposés aux entreprises pour recruter les personnes handicapées, ou encore par le biais de mécanismes chargés de conseiller le Gouvernement sur les politiques à adopter en leur faveur.

Mme AL-MANSORI (Qatar) a expliqué que le Qatar avait créé un environnement approprié pour les personnes marginalisées mais que le pays devait redoubler d’efforts pour surmonter les difficultés que rencontre la communauté internationale.  Le Qatar a adopté une approche fondée sur l’homme et les droits de la personne.  Nous sommes convaincus que l’éducation est la clef du développement, a ajouté la représentante, se disant en outre convaincue que l’éducation protège les enfants contre l’extrémisme violent.  La représentante a expliqué que, le 18 septembre, le pays avait signé une note d’accord avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme de l’ONU, de façon à aider à former les jeunes dans la région.

Revenant sur l’importance de la famille, Mme Al-Mansori a indiqué que cette dernière représentait l’unité essentielle de la société.  C’est pourquoi il est indispensable de relever les défis que connaissent les familles, a-t-elle insisté.  La représentante a conclu en mentionnant les « mesures unilatérales et inégales qui ont été prises contre le Qatar et qui affectent le développement humain dans le pays ainsi que le tissu social ».

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a estimé que le développement social était désormais placé au cœur du programme de transformation globale des nations.  « Il est du devoir des nations de trouver des moyens de mettre en œuvre efficacement les objectifs de développement durable pour relever les défis comme l’éradication de la pauvreté, l’éducation, la santé et l’inégalité », a notamment déclaré le représentant.

Estimant que le développement social est l’un des trois piliers sur lesquels le Gouvernement de la République démocratique populaire lao s’appuie -les deux autres étant le développement économique et la protection environnementale-, M. Phansourivong a assuré que la priorité numéro un de son pays demeurait le développement des ressources humaines.  « C’est la clef pour le développement d’une nation », a-t-il affirmé.

Les efforts consentis par la République démocratique populaire lao sur le front du développement durable ont d’ailleurs donné des résultats, a affirmé le représentant.  Ils ont conduit à « une baisse de la pauvreté, une meilleure prise en charge médicale, une meilleure éducation, plus d’opportunités d’emploi, et une meilleure sécurité sociale », a-t-il énuméré.  Citant également des mesures spécifiques ciblant les jeunes, l’égalité des sexes, mais aussi les handicapés, le représentant a estimé que son pays avait investi significativement dans le développement social, et ce, en dépit de ressources plus faibles que beaucoup d’autres États.

M. HENDRICKS (Afrique du Sud) a expliqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine étaient les cadres de référence de son pays pour la mise en œuvre du développement social, d’autant que des défis identifiés persistent en la matière.  Compte tenu qu’au plan international, ces obstacles sont également connus, la délégation a demandé que l’on redouble d’efforts pour inclure les jeunes et les personnes âgées dans les processus de prise de décisions et que l’on développe des politiques spécifiques à leur endroit.  L’Afrique du Sud réitère en outre son soutien à la famille, en tant que pilier de la société et demande de même qu’elle soit protégée.  

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a déclaré que les personnes handicapées faisaient constamment face à des obstacles, que ce soit en matière d’accessibilité ou du fait d’attitudes qui limitent leurs opportunités.  Leurs droits devraient donc être renforcés.  Le représentant est également revenu sur le soutien aux jeunes, « conscient qu’ils sont le moteur du présent et du futur de nos sociétés, en tant que segment principal de nos sociétés qui est pourtant le moins représenté ».

Concernant le sort des personnes âgées, le représentant a expliqué être conscient du fait que leurs conditions de vie étaient difficiles, pour ne pas dire ingrates.  « Pour cela, nous devons travailler à renforcer nos institutions et nos capacités, pour mieux veiller aux libertés fondamentales et à la qualité de vie des personnes âgées » a-t-il ajouté.

En conclusion, M. Skinner-Klée a indiqué qu’il fallait savoir que la pauvreté n’était pas la seule conséquence des inégalités, mais également celle de l’absence de transferts de technologies, de la fuite des cerveaux, de la mauvaise mise en œuvre des traités de commerce international, de la corruption, de la discrimination et du manque de solidarité, le tout ayant un impact pernicieux sur les pays en développement comme sur les pays développés.

Mgr TOMASZ KRZYSZTOF GRYSA, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la raison principale des disparités galopantes que l’on observe dans le monde tenait au fait que la croissance économique ne garantit pas le développement social et ne s’attaque pas nécessairement aux causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion.  Si accroître les investissements et l’emploi et diversifier l’économie sont indispensables pour sortir de la pauvreté, il faut aussi une meilleure compréhension du développement humain et un bénéfice tant matériel que spirituel pour tous, a déclaré l’Observateur. 

Or le modèle économique actuel semble miser davantage sur le bénéfice personnel au détriment du communautaire et apporte, de fait, une mauvaise réponse aux réalités globales, en particulier au regard des personnes vulnérables, marginalisées ou exclues, comme les personnes âgées ou handicapées, a fait remarquer l’Observateur du Saint-Siège.  Dans ce contexte, il a estimé que des investissements dans la sécurité sociale, dans la santé ou les pensions de retraite étaient essentiels pour réduire ces vulnérabilités.  Les politiques gouvernementales orientées vers la famille ont donc le potentiel, non seulement de réduire les dépenses publiques, mais aussi d’apporter aux personnes âgées ou handicapées le soutien que seuls ceux qui les aiment peuvent apporter, a-t-il conclu.

Mme DIKANSKA (Bulgarie), représentante des jeunes de son pays, a déploré qu’on ne reconnaisse pas assez ce que peut apporter le sport dans la formation des jeunes.  Le respect des autres et la discipline acquise dans le sport peuvent aider les jeunes à être des acteurs du développement, a-t-elle assuré.  Mme ANDZHAROVA, une autre représentante des jeunes de Bulgarie, a pour sa part insisté sur la participation des jeunes, notamment dans l’accueil et l’éducation des migrants et des réfugiés.  Les jeunes bulgares sont prêts à partager leur expérience lors de la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2018, ont assuré les jeunes déléguées.

Mme PRIYA (Inde), représentante de la jeunesse de son pays, a estimé que la formation des jeunes était un atout majeur pour leur participation au développement.  Cependant, la communauté internationale doit les écouter et respecter leurs spécificités, a-t-elle ajouté.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a appelé à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable tels que définis dans le Programme 2030.  Cet effort est vital pour assurer le développement social, éradiquer la pauvreté, promouvoir l’emploi et favoriser l’intégration sociale, a-t-il estimé.

Sur le plan intérieur, M. Sukhee a affirmé que la Mongolie avait intégré tous ces horizons socioéconomiques dans ses propres objectifs nationaux: « Depuis février 2016, nous avons mis en œuvre notre propre programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il intègre des programmes efficaces pour s’attaquer aux problèmes de pauvreté, d’éducation, de santé, de protection sociale, d’emplois », a-t-il expliqué.  Par-dessus tout, la Mongolie insiste sur la nécessité d’une protection sociale pour tous.  C’est pourquoi sa Loi du droit au bien-être social a été amendée, en 2016, afin d’introduire la notion de critères d’éligibilité en fonction des besoins.  Les lois sur les personnes âgées et sur les personnes handicapées ont été modifiées pour assurer à ces deux catégories une meilleure intégration dans la société et améliorer leur bien-être social.  Sensible au rôle économique et social joué par les coopératives, le Gouvernement mongol a par ailleurs mis en œuvre un programme d’aide qui entre cette année dans sa dernière phase.

Le Gouvernement de Mongolie accorde une attention toute particulière à la jeunesse, a poursuivi le représentant.  Rappelant que « 65% de sa population a moins de 40 ans », il a estimé qu’investir dans la jeunesse est le meilleur raccourci pour réaliser ses objectifs de développement durable.  C’est pourquoi, afin que chaque enfant bénéficie des mêmes chances, le pays a décidé d’améliorer l’efficacité de son programme pour l’enfance en l’étendant à tous les enfants de la Mongolie.  Le Parlement a également adopté la loi pour le développement de la jeunesse, dans le but de réguler son rôle social et ses responsabilités, et a aussi créé le Fonds pour le développement de la jeunesse qui entrera en fonction le 1er janvier 2018.

M. GIORGI TUMASYAN (Géorgie) a lancé un vibrant plaidoyer pour la jeunesse géorgienne et mondiale.  Assurant qu’il est de sa responsabilité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, il a appelé à ce qu’on donne aux jeunes les outils et les opportunités pour qu’ils puissent agir et faire du Programme 2030 pour le développement durable une réalité.

« Seules des solutions globales peuvent régler les défis sans frontière auxquels nous faisons face aujourd’hui », a affirmé M. Tumasyan.  À ce titre, il a estimé qu’il faudrait investir le plus possible dans la meilleure ressource de cette planète: sa jeunesse.  Ainsi, tous les pays devraient avoir un jeune délégué aux Nations Unies.  Pour le représentant, l’éducation représente un pas décisif pour atteindre les objectifs de développement durable.  L’autre levier majeur sur lequel agir est la technologie, a ajouté M. Tumasyan.  « La technologie des énergies renouvelables peut nous aider à sauver notre planète des ravages des changements climatiques », a-t-il notamment justifié.

Sur le plan intérieur, le représentant de la Géorgie a rappelé que le plus grand défi pour son pays était justement d’atteindre les objectifs de développement durable pour le bien de ceux qui sont le plus exclus du Programme 2030, à « nos compatriotes vivant dans les régions de Géorgie occupées par la Russie ».  Les assurant que la Géorgie se soucie d’eux et tient à les faire bénéficier des bienfaits du développement durable, le représentant s’est dit persuadé qu’il y aura un jour à l’ONU, à côté du morceau du Mur de Berlin, « un morceau du mur barbelé dressé par la Russie pour séparer notre peuple ».

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a déclaré que son pays travaillait « sans relâche » à la mise en œuvre de la Politique nationale de développement social, qui vise essentiellement le renforcement de la solidarité et la lutte contre l’exclusion, la promotion de l’intégration socioéconomique des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes et enfants en situation difficile, le renforcement de l’action humanitaire et de l’aide sociale pour les indigents et personnes victimes de catastrophes.

Parallèlement, a ajouté le représentant, le Gouvernement assure la promotion de l’accès de certaines catégories sociales défavorisées à l’emploi, aux services sociaux de base comme l’eau potable, l’énergie, la santé, l’éducation, le logement.  Enfin, le Gouvernement du Mali accorde la priorité à la création d’emplois pour les jeunes, « qui constitue une opportunité immense de développement durable ».

M. Konfourou a ensuite rappelé qu’un système d’Assurance maladie obligatoire (AMO) et un Régime d’assistance médicale (RAMED) avaient été institué au Mali.  Ces deux mesures permettent à plus d’un million de Maliens de bénéficier d’une assurance maladie, a-t-il assuré.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a déclaré que les liens qui existent entre les défis identifiés devaient obliger les États à prendre des mesures plus pertinentes.  Saint-Marin, un des premiers pays à avoir ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, est disposé à la mettre entièrement en œuvre.  Son gouvernement est également engagé à lutter contre les abus sexuels, en particulier dans les opérations du maintien de la paix.  Il souhaite également la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole additionnel, a assuré le représentant.  

Mme ROCZ (Hongrie), représentante des jeunes de son pays, a déclaré que, pour parvenir aux objectifs du développement durable, il faut créer des solutions durables.  Or, qui peut les créer dans la société et qui représente l’avenir? s’est demandée la représentante, répondant elle-même qu’il s’agit des jeunes.  Il faut donc les inclure dans les politiques, a-t-elle plaidé, insistant aussi sur la nécessité de parler leur langage et de se faire comprendre par eux. 

Mme CHODEN (Bhoutan) a déclaré qu’entre 2007 à 2012, le nombre de personnes prises dans l’étau de la pauvreté avait baissé de 12% à 7% dans son pays.  Le Royaume, qui compte 72% de jeunes, a également déployé des mesures pour cette catégorie de personnes, notamment des bourses de formation et des programmes de retour au Bhoutan pour ceux partis étudier à l’étranger.  Le Gouvernement a aussi des programmes pour l’autonomisation des femmes.  Il leur propose par exemple, des congés de maternité de six mois et l’accès à des centres d’accueil pour le développement de la petite enfance qui ont été ouverts dans tout le Royaume, a assuré la représentante.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: saluant la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, les délégations appellent à une coopération renforcée

Soixante-douzième session,
1re et 2e séances - Matin et après-midi
AG/J/3541

Sixième Commission: saluant la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, les délégations appellent à une coopération renforcée

La Sixième Commission, chargée des affaires juridiques a ouvert, aujourd’hui, ses travaux dans le cadre de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale par l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international. 

À l’ouverture, son Président M. Burhan Gafoor, de Singapour, a souligné le rôle important joué par la Commission dans les efforts de la communauté internationale pour promouvoir le droit international, qui représente « le fondement de notre organisation ».

Appelant à une révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et à la poursuite des travaux en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a invité les délégations à s’attaquer à ces questions avec une « énergie renouvelée ».

Dans le contexte des attentats récents en Espagne, au Royaume-Uni, en Turquie, et ailleurs, et de la poursuite des combats contre Daech en Syrie et en Iraq, plusieurs délégations ont souligné la nécessité d’intensifier la lutte contre le terrorisme.  De nombreux États ont salué à cet égard la création, par le Secrétaire général de l’ONU en juin dernier, du Bureau de lutte contre le terrorisme, tout en souhaitant que son action tienne compte du principe de souveraineté et de l’équilibre entre les États Membres.

Pour le Groupe des États d’Afrique, il faut prendre des mesures pour assurer une coopération accrue et une application plus efficace des conventions contre le terrorisme et des résolutions de l’ONU.  Plusieurs États, dont les pays de l’Union européenne et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont également insisté sur la nécessité de resserrer leur cadre juridique afin d’être en mesure de faire face à une menace terroriste en constante évolution. 

La nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, au-delà des opérations militaires et sécuritaires, a été soulevée par nombre de délégations, pour lesquelles les inégalités, la discrimination et l’exclusion doivent faire partie intégrante de l’arsenal des mesures visant à éliminer le terrorisme international.

D’entrée de jeu, les délégations qui ont pris la parole aujourd’hui ont condamné, à l’unanimité, le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Le terrorisme représente une menace à l’intégrité territoriale, déstabilise l’ordre constitutionnel et les fondements même des sociétés, a dénoncé la Colombie.  Certaines délégations ont souligné toutefois qu’il ne devrait pas être confondu avec la lutte pour l’autodétermination et la résistance à l’occupation étrangère.

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, l’Iran, rejoint entre autres par le Liban, le Qatar et la Libye, a insisté sur l’importance d’établir cette distinction, qui est au cœur du débat sur l’adoption d’une convention sur le terrorisme international. 

Aucun « acte de libération » ne peut justifier le terrorisme, a lancé pour sa part le représentant d’Israël, ajoutant que seule une politique de tolérance zéro peut permettre de lutter efficacement contre le terrorisme.  De nombreuses délégations se sont par ailleurs à nouveau prononcées en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, tout en reconnaissant que des désaccords persistent sur la définition même du terrorisme.

Par ailleurs, une minute de silence a été observée, en début de séance, à la mémoire du Professeur Cherif Bassiouni, dont le travail à titre de Président du comité de rédaction de la Conférence de Rome a mené à la création de la Cour pénale internationale (CPI), « un projet important de la Sixième Commission », a rappelé le Président Gafoor.

La Sixième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail qui prévoit l’examen, d’ici au 10 novembre, des 24 points inscrits à l’ordre du jour de la présente session*.

La Commission poursuivra son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, à partir de 15 heures.

*A/C.6/72/1

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/72/111 ET A/72/111/ADD.1)

Déclarations

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  « Ces actes sont injustifiables », a-t-il déclaré. Il a réaffirmé son appui à la résolution 51/2010 de l’Assemblée générale du 9 décembre 1991. Le représentant a estimé que les actes de terrorisme sont une violation flagrante du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Ces actes mettent en péril les gouvernements légitimes et la stabilité des nations.

Le représentant a réitéré le respect que porte le Mouvement des pays non alignés à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États.  À cet égard, a-t-il estimé, le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale.  De plus, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique.  Le représentant a exhorté tous les États à remplir leurs obligations en engageant des poursuites ou en extradant les auteurs d’actes terroristes, que ce soient des actes planifiés par des pays ou depuis des pays à l’extérieur du territoire du pays concerné.

Selon lui, il faut aussi empêcher la constitution de sanctuaires terroristes dans des pays pouvant servir de base arrière du terrorisme.  Il a rejeté toute action ou emploi de la force par un État contre un autre État sous prétexte de lutter contre le terrorisme. « Cela constitue une forme de terrorisme psychologique contre les États. »

En outre, M. Khoshroo a exprimé de vives préoccupations concernant les combattants terroristes étrangers.  Il s’est déclaré préoccupé par l’interprétation que font des religions les groupes terroristes.  « Leur objectif est d’insuffler la haine et de glorifier la violence; il est impératif d’aller à l’encontre des discours », a-t-il déclaré.  Enfin, il a réitéré l’importance de conclure une convention internationale sur la question sous les auspices des Nations Unies. 

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d'Amérique latine (CELAC), a réaffirmé sa condamnation « totale » de toute action terroriste en tant qu’acte « criminel et injustifiable », ainsi que son engagement à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, dans le respect du droit international et des droits de l’homme.  Selon lui, le terrorisme représente une menace aux structures sociales des États, à la stabilité nationale et à la sécurité internationale qui doit être combattue par le biais d’une plus grande coopération. 

Pour le représentant, la prévention du terrorisme est cruciale et la communauté internationale doit d’abord se pencher sur ses causes profondes, telles que les conflits non résolus, la discrimination, la déshumanisation des victimes et l’affaiblissement de l’état de droit et des droits de l’homme.  S’appuyant sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a plaidé pour le respect du droit international dans la lutte contre le terrorisme, mettant en garde contre les risques d’abus de pouvoir qui en découlent.  Le représentant a rejeté le recours, par certains pays, à des « listes noires » accusant des États de soutenir le terrorisme, estimant que de telles pratiques sont incompatibles avec le droit international.  Par ailleurs, il a salué la création d’un poste d’ombudsman au Comité des sanctions, et appelé à étendre son action à tous les régimes de sanctions imposés par le Conseil de sécurité, afin d’assurer un processus équitable. 

Dénonçant par ailleurs le danger que représentent les combattants terroristes étrangers pour les États, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour combattre le financement du terrorisme.  En conclusion, il a appelé à l’organisation d’une conférence de haut niveau afin de débattre d’une convention contre le terrorisme international, sous les auspices des Nations Unies.

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a jugé que le terrorisme était « un affront inacceptable à toute l’humanité ».  Elle a réitéré son inquiétude face à l’augmentation de ces actes, ainsi qu’à l’émergence de groupes extrémistes radicaux.  Des mesures doivent être prises afin d’éviter le financement du terrorisme, a-t-elle déclaré.  En outre, compte tenu de l’utilisation croissante des médias sociaux pour promouvoir les activités terroristes, mais aussi pour générer des fonds, il est important de développer des technologies de contrôle des comportements illicites sur Internet et d’empêcher les terroristes d’intercepter les réseaux en ligne.

La représentante a ajouté qu’une convention mondiale sur le terrorisme international serait l’instrument approprié pour poursuivre les terroristes et renforcer la capacité des États, en particulier des petits États, à lutter efficacement contre ce phénomène.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de la radicalisation, comme la marginalisation, le chômage ou les inégalités, et d'autres facteurs sociaux et politiques.  Plus encore, les mesures antiterroristes devraient être conformes au droit international, à savoir les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés, a-t-elle ajouté.

Mme EGLANTINE CUJO, représentante de l’Union européenne, a déclaré que le terrorisme international continuait à faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales.  L’Europe a été récemment la cible de ces attaques haineuses, qui ont aussi frappé partout dans le monde.  Il est de notre responsabilité d’y répondre ensemble, non seulement en condamnant, mais aussi en travaillant à la prévention et à la répression du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, a-t-elle déclaré.  « Nous connaissons à présent un nouvel élan à l’Assemblée générale avec la création du Bureau de lutte contre le terrorisme », dirigé par le Secrétaire général adjoint M. Vladimir Voronkof, s’est-elle félicitée.

L’Union européenne a réitéré ses engagements pour lutter contre le terrorisme international, à savoir: répondre à la menace engendrée par le retour des combattants terroristes étrangers; prévenir la radicalisation ; sanctionner les terroristes et ceux qui les soutiennent; améliorer l’échange d’informations; renforcer le Centre européen de lutte contre le terrorisme; protéger les citoyens et les infrastructures.

L’Union européenne a aussi renforcé son cadre juridique avec l’adoption, en septembre 2016, du régime des sanctions autonomes de l’Union européenne contre l’État islamique et Al-Qaida, a expliqué la représentante.  Le Plan d’action de la Commission européenne pour renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, adopté en février 2016, a aussi identifié un certain nombre de domaines dans lesquels la lutte contre le financement du terrorisme peut être améliorée.  Le résultat a été l’adoption d’une nouvelle directive au niveau européen.

Par ailleurs, Mme Cujo a rappelé que l’Union européenne avait récemment mis en place un groupe d’experts de haut niveau sur la radicalisation.  Nous souhaitons des Nations Unies efficaces qui pilotent un agenda global pour lutter contre le terrorisme, a-t-elle lancé.  En ce qui concerne le régime de sanctions, elle a réitéré son plein soutien au Bureau du Médiateur du Comité 1267 et souhaité la nomination immédiate du successeur de Mme Catherine Marchi-Ubel.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SOVANN KE (Cambodge) a déclaré que l’ASEAN demeurait fortement préoccupée par la menace terroriste et soutenait pleinement la Stratégie antiterroriste mondiale de l'Organisation des Nations Unies.  « Nous sommes impatients de contribuer activement aux discussions du sixième examen semestriel de la Stratégie, qui aura lieu en 2018 », a ajouté le représentant, avant de saluer la création du nouveau Bureau de l’Organisation des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, le 15 juin dernier, avec à sa tête un Secrétaire général adjoint.  Tout en plébiscitant également les travaux réalisés par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, M. Sovann Ke a appelé à faire en sorte « d’éviter les doublons » dans la lutte contre ce fléau, notamment en mettant en place une « approche intégrée et exhaustive ».

En signe de l’engagement de l’ASEAN dans la lutte contre la menace terroriste, le représentant a souligné que les 10 États composant l’organisation régionale avaient tous ratifié la Convention de l'ASEAN sur la lutte contre le terrorisme.  Lors du dernier sommet de l’ASEAN, a-t-il poursuivi, ces États se sont également engagés à redoubler d’efforts pour renforcer la coopération régionale afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, y compris la traite des personnes.  M. Sovann Ke a toutefois rappelé que cette lutte devait se faire dans le respect du droit international humanitaire et que le terrorisme ne devait pas être amalgamé avec « une race, religion, nationalité ou ethnicité » particulière.

Au nom des délégations du groupe CANZ (Canada, Australie et la Nouvelle-Zélande), Mme CARRIE McDOUGALL (Australie) a déploré que Daech ait étendu son influence en Asie du Sud-Est, notamment dans le cadre du siège orchestré par le groupe terroriste dans la ville de Marawi, aux Philippines.  « Dans le reste du monde, nous avons constaté l’augmentation du nombre d’individus décidés à entreprendre des attaques d’un faible degré de sophistication sur leur sol national, et nous demeurons préoccupés par les déplacements des combattants terroristes étrangers », a-t-elle ajouté.

Tout en renouvelant son soutien envers la finalisation d’une convention générale sur le terrorisme international, Mme McDougall a estimé qu’en l’absence d’un accord sur un document provisoire, la priorité devait être accordée à la mise en œuvre les conventions existantes de lutte contre le terrorisme et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Nous exhortons les États Membres à devenir parties à ces conventions et à intégrer leurs obligations au sein de leur loi nationale », a-t-elle appelé.  Elle a également demandé aux États de faire en sorte d’harmoniser leurs lois nationales avec les résolutions 1373, 2178 et 2322 du Conseil.

Mme McDougall a par ailleurs renouvelé le soutien des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande au Plan d'action du Secrétaire général des Nations unies pour la prévention de l'extrémisme violent.  Elle s’est dite impatiente de travailler avec le Secrétaire général adjoint du nouveau Bureau de l’ONU de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov.

Se disant opposée au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Selon elle, la lutte contre le terrorisme doit faire partie intégrante des responsabilités qui incombent aux États en vertu du droit international, des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  La propagation d’idéologies violentes et extrémistes représente l’un des problèmes actuels les plus graves, a estimé la représentante, pour qui seule une action concertée, telle que le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent peut permettre de faire face à ce fléau.

Il est nécessaire d’aller au-delà de la seule dimension militaire et favoriser le développement, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, y compris les droits des victimes, a-t-elle ajouté.  Rappelant les succès récents de son pays pour mettre un terme aux conflits intérieurs contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN), elle a souligné l’importance du dialogue et de la négociation, appuyés par le désarmement, afin de « réduire le niveau des menaces qui pèsent sur la société ».

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a déclaré que son pays, qui a subi les violences terroristes durant des décennies, rejetait le terrorisme sous toutes ses formes et manifestions.  Insistant sur la nécessité de réduire les facteurs structurels propices à la radicalisation, il a souhaité une approche globale contre l’extrémisme violent.

Le représentant a souligné que la prolifération des groupes terroristes dépendait en partie de leur accès à des sources financières.  Nous devons les attaquer sur ces aspects, a-t-il déclaré, tout comme les activités de la délinquance internationale.  À cet égard, il est nécessaire de renforcer les cellules de lutte contre le blanchiment d’argent.  Nous devons prévenir l’utilisation abusive des réseaux sociaux et améliorer la formation à l’exercice de ces technologies, a-t-il ajouté en notant que les groupes terroristes utilisaient tous les espaces possibles pour diffuser leur idéologie de haine. 

M. Meza-Cuadra Velásquez a évoqué les lois que son pays a prises pour lutter contre le terrorisme.  « Nous avons érigé en infraction l’apologie du terrorisme », a-t-il déclaré.  Il a déploré l’impossibilité de trouver un accord international sur le terrorisme.  « Nous devrions pouvoir lancer un signal fort contre le terrorisme ».  En conséquence, il a réitéré son appel pour résoudre les divergences relatives à l’adoption d’une telle convention.

M. YEDLA UMASANKAR (Inde) a salué la création du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, en espérant qu’il entretienne des relations étroites avec les États Membres et le Conseil de sécurité.  « Alors que le Conseil de sécurité doit gérer des questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’Assemblée générale doit également jouer un rôle important pour lutter contre le terrorisme international », a-t-il estimé.  Partant de ce principe, le représentant a rappelé l’importance des travaux du Comité ad hoc créé en 1996 par l’Assemblée pour la formulation d’instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.  Selon lui, au cours des 20 dernières années, le Comité a permis l’adoption d’instruments importants, tels que la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif, en 1997, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, en 1999, et la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, en 2005.

Tout en saluant ces évolutions positives, le délégué a regretté l’absence de progrès du Comité ad hoc concernant l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, une proposition introduite par son pays en 1996, a-t-il rappelé.  « Nous croyons que la persistance d’intérêts politiques étroits continue de faire obstacle à des avancées significatives », a-t-il dit, tout en renouvelant l’appui de son pays en faveur de la version du document provisoire de la convention proposé par le Coordonnateur du Comité ad hoc en 2007.  Il a par ailleurs condamné l’aide directe ou indirecte accordée à des groupes terroristes par des États.  « L’utilisation du terrorisme comme un instrument de politique publique ne doit pas être tolérée », a-t-il conclu.

M. DAVID LIANG (Singapour) a considéré que le terrorisme demeure une menace à la paix et la sécurité internationales, comme en témoignent les nouvelles formes qu’il prend, avec le retour des combattants terroristes étrangers de zones de conflit et la hausse des actes isolés par des « loups solitaires » autoradicalisés.  Au niveau national, chaque pays, a-t-il préconisé, devrait recourir à des actions vigoureuses et coordonnées, à l’instar de celles prises par Singapour, qui s’est dotée d’une stratégie adéquate et dont les forces de sécurité sont formées et équipées à prévenir les actes terroristes.  

Le représentant a également reconnu l’importance de faire des communautés « une première ligne de défense », en les sensibilisant aux risques posés par la radicalisation et l’extrémisme.  Sur le plan international, une réponse coordonnée est nécessaire, a-t-il poursuivi, en rappelant que son propre pays est partie à 14 instruments universels de lutte antiterroriste, dont la Convention sur la lutte contre le terrorisme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Enfin, a ajouté M. Liang, Singapour demeure mobilisée pour détecter et lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notamment dans le cadre d’une coopération avec le Groupe d'action financière (GAFI).

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a réitéré la primauté du principe d’égalité entre les États Membres.  Il est revenu sur l’expérience vécue par son pays au cours des sept dernières années, suite à une décision « irresponsable » prise par certains États Membres, notamment ceux du Conseil de sécurité.  Les progrès demeureront limités tant que les États ne se mettront pas d’accord sur la définition du terrorisme, a averti le représentant, avant de plaider pour l’adoption d’une convention de lutte antiterroriste universelle et contraignante.  Certains États qui possèdent un pouvoir, une influence et des richesses considérables cherchent à imposer leur hégémonie et à armer des terroristes dans les pays avec lesquels ils ne sont pas d’accord, a-t-il fustigé, les accusant d’utiliser les groupes terroristes pour déstabiliser et détruire d’autres États et provoquer le déplacement de personnes « envoyées en mer pour mourir ». 

Poursuivant son intervention, il a déploré l’envoi de combattants étrangers en Iraq, puis en Syrie, dans le cadre d’un processus planifié impliquant les services de renseignement de certains gouvernements.  Des centres étaient prêts à accueillir ces terroristes que nous devons appeler maintenant « opposition syrienne modérée ou armée », a ajouté le représentant.  La Syrie exige une volonté politique réelle de lutter contre le terrorisme et de traduire les responsables en justice, a-t-il conclu.

M. JONATHAN DOWDALL (Royaume-Uni), après s’être aligné sur la déclaration de l’Union européenne, a soulevé d’autres questions.  Il a ainsi attiré l’attention de la Commission sur le nouveau partenariat avec l’industrie de l’Internet dans la lutte contre le terrorisme et, en particulier, sur l’exploitation potentielle de leurs services par les terroristes.  Notant que les Nations Unies sont à la croisée des chemins en ce qui concerne la lutte contre l’extrémisme violent, il a remercié les États qui se sont joints à son pays pour encourager une approche centrée sur la prévention. 

Par ailleurs, la mission mondiale pour assurer la sécurité dans le domaine de l’aviation civile internationale doit se poursuivre, a estimé le représentant.  Une année s’est écoulée depuis que le Conseil de sécurité a pris une résolution à ce sujet.  Il a encouragé les États à mettre en œuvre de nouvelles mesures pour protéger cet aspect vital de l’économie mondiale.

Le respect du droit international, en particulier les droits de l'homme et le droit international humanitaire, est primordial dans la lutte contre le terrorisme, a insisté Mme DAMARIS CARNAL (Suisse).  « Il est de notre responsabilité d’assurer que les mesures internationales et nationales adoptées dans la lutte contre le terrorisme ne fassent pas obstacle aux efforts déployés en faveur des victimes de conflits armés et aux autres activités entreprises conformément au droit international humanitaire », a-t-elle déclaré.  Pour cette raison, elle a appuyé l’établissement d’une convention globale sur le terrorisme international qui garantisse le respect du droit international humanitaire.

La représentante a soutenu le Secrétaire général adjoint à la tête du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme dans ses efforts pour une mise en œuvre harmonisée et équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale et du Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent.  De plus, en tant que Coprésidente du groupe de travail sur la justice pénale et l’état de droit avec le Nigéria au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), la Suisse mettra l’accent sur la collecte, le partage et l’utilisation de preuves, les mesures administratives, la justice des mineurs et le rôle des femmes.

Pas un jour ou presque ne passe sans que l’on dénombre une attaque terroriste quelque part dans le monde, s’est lamenté M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique).  Rien qu’en 2017, quelque 700 attaques terroristes ayant coûté la vie à 4 450 personnes ont eu lieu.  « Cette réalité ne peut pas durer. »

Le représentant a jugé nécessaire « un ajustement juridique » pour s’adapter aux évolutions des groupes terroristes.  Grâce à l’accès aux plateformes électroniques, les idées de haine se propagent et touchent les plus jeunes.  Il faut par conséquent trouver des stratégies pour lutter contre ce phénomène, mais aucune solution ne fonctionnera si elle n’englobe pas une vision plus large de l’inclusion sociale et du développement durable.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de continuer à travailler conjointement pour améliorer la coopération judiciaire internationale.

Par ailleurs, M. Sandoval Mendiolea s’est dit préoccupé par le fait que certains États invoquent de manière récurrente l’Article 51 de la Charte des Nations Unies sur le droit de légitime défense pour faire face par la voie militaire aux groupes terroristes, ce qui risque de multiplier les exceptions à l’interdiction générale de l’usage de la force contenue dans l’Article 2.4 de la Charte.

D’après M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan), la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale n’est possible qu’à partir d’une approche responsable et équilibrée.  S’il s’est félicité des recommandations du Secrétaire général concernant le rôle que l’ONU doit jouer pour aider les États Membres à cet égard, il a également souhaité que le Bureau de lutte contre le terrorisme respecte leur souveraineté.  La guerre contre le terrorisme doit nous permettre de défendre nos valeurs humaines et mettre en application l’état de droit, a-t-il fait valoir.

Le représentant a plaidé pour une plus grande coopération entre les États et pour le renforcement de l’échange de renseignement entre l’ONU, les États et l’Organisation internationale de police criminelle, INTERPOL.  La Stratégie antiterroriste mondiale est l’un des outils les plus importants à la disposition des États, a-t-il reconnu, ajoutant que le cadre législatif national du Soudan a été adapté pour en assurer la conformité.  En outre, le Soudan a récemment adopté un plan en sept points visant à prévenir le terrorisme, qui met l’accent sur le dialogue et le développement. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie), s’exprimant au nom du Groupe africain, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, quelles qu’en soient les justifications.  D’après lui, la convention générale sur le terrorisme international ne devrait en aucun cas limiter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Quant à la proposition de convoquer une réunion de haut niveau, elle devrait faire l’objet d’un examen rigoureux et être sérieusement envisagée.

Le continent déploie des efforts colossaux pour lutter contre le terrorisme, a assuré le représentant.  À titre d’exemple, il a salué le travail de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  En outre, les pays africains et les groupes sous-régionaux ont pris des mesures louables pour combattre la criminalité, dont la piraterie.  Pour avoir un impact durable, nous savons qu’il faut lutter contre les racines et les facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il déclaré.

Les plans d’action contre la déradicalisation sont mis en place en prenant en compte les spécificités du continent africain, a expliqué le représentant.  Selon lui, il faut prendre des mesures pour assurer une application plus efficace des conventions contre le terrorisme et des résolutions de l’ONU, et pour renforcer les capacités des pays en développement.

M. VASSANA MOUNSAVENG (République démocratique populaire lao) a estimé que le terrorisme constitue l’une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Les terroristes utilisent des outils qui sont présents dans notre vie quotidienne, des couteaux, des camionnettes ou des bus, a-t-il constaté, ce qui rend difficile la prévention de leurs actes.  Il a réitéré sa position consistant à condamner les actes terroristes sous toutes leurs formes et manifestations.  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il a déclaré qu’il faut s’attaquer à ses causes, ce qui implique la coopération de tous les pays pour mettre en œuvre des stratégies au niveau de la communauté internationale.

Au niveau régional, son pays joue un rôle actif, notamment pour la mise en œuvre de la Convention antiterroriste de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué M. Mounsaveng.  Au niveau international, le représentant a déclaré soutenir les efforts de la communauté internationale dans le combat contre le terrorisme.  Ainsi, le Laos fait-il partie de 13 autres pays ayant ratifié les conventions internationales pertinentes sur l’antiterrorisme, a-t-il rappelé.

M. AHMAD MOHAMED AL-THANI (Qatar), se félicitant de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, a souhaité le renforcement de la coopération entre les États Membres afin de lutter contre le terrorisme international.  Il a appelé à poursuivre le travail visant à élaborer une convention générale sur le terrorisme international comprenant une définition claire du terrorisme qui ne serait pas liée à une religion ou à une culture particulière.  Il faut opérer une distinction claire entre le terrorisme et le droit à l’autodétermination et à la résistance à l’occupation étrangère, a-t-il précisé.  Selon lui, les efforts « pour politiser le terrorisme dans le but d’opprimer des opposants politiques ou pour diffamer un État afin de l’isoler » sapent les efforts de la lutte antiterroriste et la mise en place de la Stratégie antiterroriste mondiale.

Le Qatar a renforcé ses partenariats internationaux et régionaux, notamment avec les Nations Unies, afin d’éradiquer le fléau du terrorisme, a rappelé le représentant, tout en remplissant ses obligations découlant des décisions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme et à son financement, y compris le gel des avoirs et les embargos sur les armes.  Après avoir souligné que le Qatar a participé au gel des avoirs et à la création de listes nationales pour les entités et individus impliqués dans le terrorisme, il a fustigé les efforts de certains pays visant à salir la réputation de son pays. 

Par ailleurs, le Qatar a œuvré au renforcement des capacités et financé des projets visant à favoriser le développement et à éradiquer le terrorisme, notamment au sein de la coalition internationale qui lutte contre le Daech.  Le Qatar, a poursuivi le représentant, est l’un des plus importants donateurs au Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience, qui se réunira à Doha en décembre prochain.

En dépit de l’adoption par l’Assemblée générale, en décembre 2016, d’une résolution concernant les mesures à prendre pour éliminer le terrorisme international, a déploré M. JUN HASEBE  (Japon), de nombreuses attaques terroristes ont continué de se produire à travers le monde.  « Cette menace rend nécessaires de toute urgence des efforts internationaux concertés, dans le cadre desquels les Nations Unies doivent jouer un rôle central », a estimé le représentant, tout en saluant la création du Bureau de l’ONU de lutte contre le terrorisme.  « Nous espérons que ce nouveau bureau permettra de coordonner efficacement les activités de lutte contre le terrorisme entre les agences de l’ONU », a-t-il ajouté. 

Le délégué du Japon a également salué l’adoption récente, à l’unanimité, de plusieurs résolutions par le Conseil de sécurité, y compris la résolution 2370 pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes et la résolution 2368, qui met à jour les sanctions imposées à Daech et Al-Qaida.

Dans le cadre de ces efforts, le représentant a déclaré que son pays avait alloué, en septembre dernier, 45 milliards de yen pour soutenir la lutte contre le terrorisme en Asie et former 2 000 agents antiterroristes dans le courant des trois prochaines années.  En tant que pays d’accueil de la prochaine coupe du monde de rugby, en 2019, et des prochains Jeux olympiques, en 2020, a ajouté le représentant, le Japon renforce actuellement sa capacité de lutte contre le terrorisme, aussi bien au plan logistique que légal.

Le Bureau de lutte contre le terrorisme donnera de la visibilité aux travaux de l’ONU pour appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers, a estimé M. OMAR HILALE (Maroc).  Le représentant a regretté que malgré tous nos efforts, le terrorisme international continuait de faire des victimes, comme cela a encore été le cas la semaine passée, citant les différents lieux où celui-ci a frappé.  En outre, le terrorisme ne doit être assimilé à un groupe ethnique ou religion, a-t-il déclaré.

Le phénomène des combattants terroristes étrangers ne cessant de s’exacerber, le Maroc a accueilli de nombreuses réunions sur la sécurité des frontières, a poursuivi le représentant.  Il a dénoncé le fait que les terroristes s’organisent, sont habitués aux méthodes les plus macabres et peuvent s’adresser aux jeunes, notamment grâce aux réseaux sociaux.  Cela doit nous inciter à renforcer la coopération régionale et internationale, notamment sous l’égide de l’ONU, a-t-il insisté, car « aucun pays n’est à l’abri et aucun pays ne peut se targuer de pouvoir lutter seul contre le terrorisme ».

Au niveau national, le Maroc parie, entre autres moyens, sur le lancement d’un programme de déradicalisation.  Ainsi, l’expérience marocaine concernant les prédicateurs a-t-elle été partagée en Afrique et ailleurs grâce à des accords internationaux.

M. ESSA A. E. ESSA (Libye) a réaffirmé sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, tout en soulignant que ce fléau mondial ne peut être associé à aucune religion ou culture en particulier.  Il nous faut adopter un plan global efficace dans le cadre d’un accord international basé sur les causes profondes du terrorisme, le renforcement des capacités, les droits de l’homme et la souveraineté des États Membres, a-t-il fait valoir.  Il a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, étant entendu que les solutions militaires ne sont pas suffisantes.  Selon lui, la communauté internationale doit agir en vertu des résolutions du Conseil de sécurité et annihiler ces mouvements. 

La lutte contre le crime organisé, le blanchiment d’argent et le trafic d’êtres humains sont tous instrumentalisés par les groupes terroristes afin de financer leurs activités, a souligné le représentant.  Une base de données sur les individus impliqués dans ces activités, ainsi que dans le trafic d’armes, doit être créée et partagée entre les États, a-t-il recommandé.

En outre, la stabilité des États qui souffrent du terrorisme et leurs capacités doivent être renforcées afin d’empêcher que les terroristes puissent s’y réfugier.  Malgré les bouleversements qui secouent son pays, les institutions libyennes doivent avoir les moyens, en armes et argent, de lutter contre le terrorisme, a-t-il fait valoir.  Enfin, selon lui, les États Membres doivent parvenir à une mouture finale de la convention générale sur le terrorisme international, y compris une définition claire du terrorisme qui exclut le droit à l’autodétermination et la lutte contre l’occupation étrangère.

M. SHI XIAOBIN (Chine) a estimé qu’au cours de l’année passée, les efforts de lutte antiterroriste et la coopération internationale avaient produit des résultats positifs, bien que le nombre d’attaques ait augmenté.  Pour combattre le terrorisme, la communauté internationale doit parvenir à un consensus plus large et créer des synergies plus fortes, a déclaré le représentant, appelant toutes les parties à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et à rejeter tout lien avec une religion ou un groupe ethnique spécifique. 

En outre, a recommandé M. Xiaobin, nous devons adopter une approche globale afin de nous attaquer aux causes profondes du terrorisme, tout en poursuivant sans relâche la lutte contre le recrutement et le financement des mouvements terroristes, y compris en ligne.  À cette fin, les États doivent renforcer leurs efforts pour éradiquer la pauvreté, améliorer l’éducation et le développement, et promouvoir le dialogue et les échanges. 

Les Nations Unies et le Conseil de sécurité ont un rôle essentiel à jouer en matière de coordination et de consolidation des ressources, notamment au sein de ses organes dédiés à la lutte contre le terrorisme.  La Chine, a-t-il affirmé, est une « victime du terrorisme », qui poursuit son combat contre les terroristes du « Turkestan oriental ».  

M. DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a estimé que les programmes visant à prévenir la propagation d’idées radicales et de l’extrémisme violent étaient d’une importance capitale dans la lutte contre le terrorisme sur le long terme, s’agissant en particulier des populations jeunes.  La coopération régionale est également un élément clef de cette lutte, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que les Balkans occidentaux étaient actuellement dans la ligne de mire des terroristes.  « Daech a le regard tourné au-delà de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, pour établir de futures zones de recrutement et des bases logistiques », s’est inquiété M. Kuret, ajoutant que, en tant que zone de transit entre l’Europe et la Syrie ou l’Iraq, les Balkans occidentaux étaient particulièrement exposés à la radicalisation et l’extrémisme prônés par Daech.

Soulignant par ailleurs le lien entre criminalité organisée et terrorisme, le représentant a rappelé que son pays avait récemment proposé une initiative de lutte contre le terrorisme dans les Balkans occidentaux.  La Slovénie a également soumis, en janvier 2016, un projet d’amélioration des échanges d’informations entre les services de renseignement de la région, ainsi que la mise en œuvre de standards internationaux unifiés pour la conduite d’enquêtes et la poursuite des terroristes.  En mai 2017, a-t-il ajouté, le Code pénal slovène a été amendé afin d’y introduire des dispositions plus sévères contre le terrorisme. 

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a déclaré qu’à l’instar de nombreux pays de la bande sahélo-saharienne, son pays fait face au terrorisme qui entrave les efforts de développement économique et porte atteinte aux droits humains.  Le Burkina Faso a été victime de nombreuses attaques depuis 2014, a-t-il rappelé.  Détaillant les réformes juridiques et institutionnelles entreprises pour lutter contre la recrudescence des actes terroristes, il a souligné l’adoption de la loi antiterroriste de 2015, ainsi que la création d’un pôle judiciaire spécialisé.

Convaincu qu’une des causes du terrorisme est la pauvreté, le représentant a souligné les efforts réalisés à travers le programme d’urgence pour le Sahel couvrant la période 2017-2020, dont le coût est estimé à 750 millions de dollars.  Ce programme vise à améliorer l’accès aux services sociaux, à renforcer la gouvernance administrative et la sécurité des populations.  Il a estimé que la lutte contre le terrorisme ne sera couronnée de succès que si elle s’inscrit dans une approche globale.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien financier au G5 Sahel et à la mise en place de la Force conjointe du G5 Sahel, avec pour objectif de combattre ce fléau dans l’ensemble des pays concernés, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a déclaré que son pays avait entrepris de renforcer son cadre juridique national de lutte contre le terrorisme.  La Thaïlande, a-t-il poursuivi, a également pris des mesures pour mettre en œuvre la résolution 1373 du Conseil de sécurité, afin de lutter contre le blanchiment d’argent et couper les sources de financement des terroristes. 

Au niveau régional, M. Chandrtri a déclaré que son pays demeurait engagé dans la mise en œuvre de la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme.  Sur le plan international, a-t-il poursuivi, la Thaïlande est désormais partie à neuf instruments liés à la lutte contre le terrorisme et s’efforce actuellement de prendre les mesures nécessaires pour devenir partie à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’’aviation civile internationale.

S’agissant de la coopération de son pays avec les Nations Unies, M. Chandrtri a déclaré que la Thaïlande soutenait la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  À cette fin, il a apporté son soutien à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, au Comité du Conseil contre le terrorisme et au nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.

Le représentant d’El Salvador a réaffirmé le rejet par son pays du terrorisme, peu importe les circonstances, et réaffirmé son entière disposition à mettre en place les mesures nécessaires afin d’assurer la prévention et la poursuite judiciaire des actes terroristes.  Il a rappelé que son pays avait ratifié la « grande majorité » des traités régionaux et internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme, y compris les mesures visant à empêcher son financement.  El Salvador a adopté, en 2006, une loi spéciale contre les actes terroristes, afin de prévenir et de sanctionner tout délit en lien avec le terrorisme, a rappelé le représentant.  En outre, El Salvador a renforcé la formation afin de prévenir le terrorisme, d’accroître l’aide aux victimes ainsi que la lutte contre le crime organisé, en plus de participer à des projets régionaux, sous les auspices de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). 

El Salvador considère que le terrorisme met en péril la paix et la sécurité internationales et menace le développement social et économique, a poursuivi le représentant, ajoutant que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être conformes à l’état de droit, au droit international humanitaire et à la Charte des Nations Unies. 

M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que son pays avait montré son unité lors de l’épreuve endurée par huit soldats libanais pris en otage depuis 2014, alors qu’ils combattaient courageusement Daech et el-Nosra.  « Notre armée a éliminé la présence militaire de ces organisations terroristes », a-t-il déclaré. 

Il est important d’être vigilant avec les mots que l’on emploie lorsqu’on parle du terrorisme, a averti le représentant.  Ainsi, certains actes sont-ils labellisés « terroristes » pour le simple fait qu’ils ont été commis par les membres d’une religion.  Par ailleurs, il a été récemment observé que le droit légitime de résister à l’occupation étrangère et le droit à l’autodétermination, reconnus par le droit international, sont souvent qualifiés de terrorisme.  En contraste, des actes criminels commis par des colons dans les territoires illégalement occupés ne sont pas qualifiés de terroristes, mais d’actes violents, s’est étonné M. Salam.  D’où l’importance de définir clairement le terrorisme, dans le contexte du Groupe de travail sur le projet de convention générale sur le terrorisme international, a-t-il insisté.

Le représentant a vu dans la création du Bureau de lutte contre le terrorisme une étape positive, et, a-t-il ajouté, « nous sommes confiants dans le fait que le Bureau aidera à améliorer la coordination et la cohérence des activités antiterroristes ».  En ce qui concerne précisément la Stratégie antiterroriste mondiale, il a lancé un appel pour une mise en œuvre équilibrée de ses quatre piliers, même si la prévention doit avoir une place importante.

Le Togo a ratifié nombre d’instruments juridiques internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, a fait remarquer M. FINTAKPA LAMEGA DEKALEGA (Togo).  Une cellule nationale de traitement des transactions financières a été créée dans la foulée de l’adoption du Protocole de Palerme, a-t-il ajouté. 

Après avoir énuméré les récents attentats terroristes commis dans le monde, le représentant a plaidé pour une action concertée de l’ensemble de la communauté internationale pour combattre le terrorisme.  Le Togo a récemment réaffirmé sa position de fermeté face à la menace terroriste lors de rencontres internationales de haut niveau.  En outre, il a appelé à une plus grande coopération régionale et à la mutualisation de la collecte et du partage des renseignements. 

Mme ALINA JULIA ARGÜELLO GONZÁLEZ  (Nicaragua) a condamné avec force les actes terroristes commis à Las Vegas et a présenté ses condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers.  Elle a réitéré sa ferme condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État dont son peuple a été victime.

La représentante a lancé un appel pour lutter contre les fonds terroristes.  Le terrorisme ne saurait être assimilé à un groupe ethnique ou une religion, a-t-elle rappelé.  Elle s’est déclarée extrêmement préoccupée par le fait que des guerres sont menées au nom du terrorisme.  « Nous devons agir et condamner les auteurs d’actes terroristes. »  Appuyant la tenue d’une conférence sur le terrorisme, elle a encouragé tous les États Membres à aller dans ce sens.  Dans le monde actuel, les Nations Unies doivent encourager la solidarité entre êtres humains et la paix dans le monde, a-t-elle conclu.

Des attaques terroristes se sont produites récemment aux quatre coins du monde, et son pays n’a pas été épargné, a relevé M. AMIT HEUMANN (Israël).  Les organisations terroristes se sont rapidement adaptées à de nouveaux moyens, notamment technologiques, afin de mener des attentats, s’est inquiété le représentant, pour qui Internet est devenu une « plateforme dangereuse pour inspirer les martyres et promouvoir l’extrémisme violent ».  Il a rappelé à cet égard les efforts de son pays, de concert avec la communauté internationale, pour combattre cette « menace mondiale » à l’aide de moyens créatifs.  Israël demeure engagé à combattre le terrorisme par des moyens conformes au droit international et à ses obligations nationales et internationales, a-t-il assuré, rappelant l’adoption récente par Israël d’une loi antiterroriste globale reposant sur l’état de droit. 

Par ailleurs, a souligné le représentant, Israël soutient l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international qui souligne qu’aucune cause ne peut justifier le terrorisme.  « Nous ne pouvons pas continuer d’appliquer l’approche du deux poids, deux mesures, selon le groupe terroriste en cause », a lancé le représentant, ajoutant que seule une politique de tolérance zéro peut permettre de lutter contre le terrorisme.  Aucun « acte de libération » ne peut justifier le terrorisme, a-t-il martelé, ajoutant qu’Israël ne fera pas de « compromis par souci de consensus » sur cette question. 

Selon M. YEVGEN LISUCHENKO (Ukraine), la coopération est vitale pour lutter contre le terrorisme.  Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent ainsi jouer un rôle en la matière.  « Nous sommes convaincus que les organes et agences des Nations Unies peuvent fournir une aide aux États pour lutter contre le phénomène des combattants étrangers et le blanchiment d’argent, tout en respectant les droits de l’homme », a-t-il indiqué.  Il a noté que plusieurs initiatives ont été prises par le Royaume-Uni, la France et l’Italie, notamment pour combattre la diffusion sur Internet des idéologies terroristes.

Notre objectif commun devrait être de faire rendre des comptes non seulement aux terroristes, mais aussi aux « mentors » des terroristes, surtout si ceux-ci sont un État, a avancé le représentant.  Par exemple, l’Ukraine a été victime, dans l’est du pays, d’un terrorisme soutenu par un autre pays, la Russie.  Il est par ailleurs important de ne pas livrer d’armes aux terroristes, mais la Fédération de Russie n’a pas respecté cette obligation, a-t-il déploré.  Il faut aussi empêcher le recrutement des combattants étrangers et, là encore, la Russie ne fait rien, au contraire, s’est-il plaint.  En outre, la Russie a lancé une campagne de masse pour laver l’image des terroristes qui continuent à tuer au Donbass.

Mme MIRTA GRANDA AVERHOFF (Cuba) a rappelé que son pays avait soutenu la proposition du Secrétaire général de créer un bureau de lutte contre le terrorisme.  « La nouvelle structure devrait se centrer sur les moyens les plus efficaces de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », a-t-elle appelé. 

Par ailleurs, la représentante a estimé que les pays ayant pour pratique de financer, d’appuyer et de promouvoir des « actes subversifs » à des fins de « changement de régime », ainsi que des « messages de haine et d’intolérance contre certaines personnes, cultures ou systèmes politiques », violaient les principes de la Charte de l’ONU.  La communauté internationale, a-t-elle ajouté, ne peut pas accepter que, « sous prétexte de lutter contre le terrorisme », certains États se livrent à des actes d’agression, « de manière directe ou indirecte », contre des États souverains, en violation flagrante du droit international. 

« Cuba, pour avoir défendu son indépendance, sa souveraineté et sa dignité, a depuis des décennies été la victime des conséquences d’actes terroristes, avec pour bilan 3 478 morts et 2 099 personnes handicapées », s’est indignée la représentante.  Plus de 40 ans après l’explosion en plein air d’un avion de la compagnie aérienne cubaine, qui a causé la mort de 73 personnes au large des côtes de la Barbade, justice n’a toujours pas été faite, a-t-elle notamment déploré.  « Son auteur théorique, le terroriste autoproclamé Luis Posada Carriles, court toujours les rues de Miami avec la complicité du Gouvernement américain », a-t-elle déploré.

« Nous réitérons que Cuba n’a jamais pris part à l’organisation, au financement ou à l’exécution d’actes terroristes contre aucun pays que ce soit », a enfin affirmé la représentante.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a préconisé que le mandat du Médiateur du Comité 1267 s’étende aux autres régimes de sanctions.  Il a demandé qu’il ait les ressources et le soutien nécessaires pour son travail.  Le respect des droits de l’homme et du droit international doit faire partie de la lutte contre le terrorisme, a-t-il poursuivi.  Les gouvernements impliqués dans cette lutte doivent éviter de contribuer aux résultats qui « trahissent les valeurs que nous cherchons à respecter et qui sont souvent attaquées par les terroristes eux-mêmes ».  Une définition interne trop large du terrorisme peut menacer le droit à la liberté d’expression et d’association, a averti M. Sparber qui a ajouté que la surveillance de masse à l’intérieur et à l’extérieur pourrait miner le droit à la vie privée.

« Nous continuons de constater le non-respect flagrant du droit international humanitaire par les différentes parties aux conflits armés y compris les acteurs non étatiques », a regretté le représentant.  Les gouvernements devraient montrer l’exemple et se conformer aux principes de la légalité, de la nécessité et de la proportionnalité dans leurs actions.  L’érosion du respect du droit international humanitaire peut encourager les perceptions d’injustice qui pourraient éventuellement faciliter la radicalisation et le recrutement de terroristes.

M. Sparber a souligné la nécessité de renforcer la réponse internationale au terrorisme « avec les Nations Unies au centre ».  Soucieux de rationaliser les travaux de la Sixième Commission, il a réitéré son appel à débattre d’une convention générale sur la lutte contre le terrorisme dans le cadre d’un forum unique, notamment la plénière, et à enlever ce point de l’ordre du jour de la Commission.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, « une violation odieuse du droit positif, une menace à la paix et à la sécurité internationales et au développement économique ».  Il est de l’intérêt de toutes les nations de lutter contre ce fléau, a-t-il continué.  La menace est de caractère transnational et se déplace au gré des conditions.  En outre, le terrorisme ne saurait être associé à une religion, une région, une culture, une nationalité ou une race.

Le représentant a mis l’accent sur différents piliers.  Selon lui, il faut ainsi renforcer la coopération internationale par le biais de l’échange d’informations; adopter une convention générale sur le terrorisme qui fournirait un cadre multilatéral, car « l’absence de définition laisse une marge de manœuvre aux groupes terroristes pour se consolider »; mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Enfin, il a rappelé que son pays avait souscrit à la Convention de l’Union africaine de 1999 et mis à la disposition de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) plus de 500 hommes « pour aider nos frères somaliens à faire face au mouvement des Chabab et ses alliés ».

Mme COUMBA GAYE (Sénégal) a appelé à renforcer les synergies afin de mettre en œuvre toutes les dispositions et résolutions relatives à la prévention et à la lutte contre le terrorisme.  Elle a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, rappelant qu’aucune religion, y compris l’islam, ne peut y être associée.  Bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre le financement du terrorisme, il faut renforcer les partenariats, notamment avec le secteur privé, afin de s’attaquer aux « sources de financement diversifiées du terrorisme ».  Elle a cité en exemple le paiement de rançons et les activités liées à la criminalité transnationale organisée ainsi que l’exportation de pétrole par des groupes comme Daech. 

Le Sénégal, a assuré la représentante, continue de renforcer son dispositif juridique pour lutter contre le terrorisme, notamment par le biais de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).  Elle s’est félicitée de la mise en place du Bureau de lutte contre le terrorisme, qui a pour objectif d’aider les États à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale.

Le terrorisme continue de trouver de nouvelles façons d’attaquer, de se financer et de diffuser sa propagande, a signalé M. TORE HATTREM (Norvège).  Cependant, le combat contre l’État islamique est en train de porter ses fruits.  Le groupe terroriste a perdu beaucoup de territoires en Iraq et en Syrie, a-t-il noté.  Pour sa part, la Norvège joue un rôle important dans les efforts contre l’État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL).  Il a souligné qu’il y a un grand besoin d’aide humanitaire dans les pays qui ont été libérés de l’EIIL, et que la communauté internationale a une responsabilité importante à cet égard.

Le représentant a jugé essentiel d’engager la société civile pour lutter contre la radicalisation.  Des systèmes politiques inclusifs sont par ailleurs indispensables pour éviter la résurgence d’un nouvel État islamique, a-t-il déclaré.  Il a salué l’initiative du Secrétaire général qui a fait de la quête de la paix sa priorité absolue.  Nous avons besoin de Nations Unies cohérentes pour lutter contre le terrorisme, a-t-il déclaré.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent tout en respectant les droits de l’homme.  Nous devons veiller à ce que personne ne se trouve piégé dans des situations de détresse économique favorables au développement du terrorisme.

M. SUHAIMI TAJUDDIN (Malaisie) a condamné tout acte de terrorisme, y compris ceux commis par Daech, qui causent des pertes civiles et endommagent les infrastructures.  Ces attentats sont contraires aux enseignements de l’islam et en ont terni l’image, a-t-il regretté.  Selon lui, il faut s’attaquer aux causes profondes du terrorisme afin de le combattre efficacement, y compris les conflits non résolus.  Soulignant l’importance de la coopération internationale, il a salué la résolution de l’Assemblée générale portant sur l’établissement d’un groupe de travail sur l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international. 

La Malaisie a adopté des changements législatifs reposant sur la modération afin de mieux prévenir et combattre la menace terroriste et l’extrémisme, a continué le représentant.  Afin de contrer la menace terroriste en ligne, la Malaisie a également créé un centre régional antiterroriste pour l’Asie du Sud-Est et une division des communications digitales stratégiques.

Mme MAISOON AL-DAH (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays avait participé à de nombreux forums de lutte contre le terrorisme.  Nous avons veillé à fonder un cadre de travail à cette fin et nous avons adhéré à plus de 15 conventions internationales et régionales pour combattre ce fléau, a-t-elle précisé.  Il faut lutter contre le financement du terrorisme et nous appelons les États Membres à tenir leurs engagements à cet égard, a-t-elle déclaré.

Nous croyons à la nécessité de suivre le principe de prévention et à la nécessité de travailler de concert contre le terrorisme électronique, a ajouté la représentante.  Il est en outre nécessaire d’œuvrer pour mettre en lumière les idées néfastes que les groupes terroristes tentent de faire passer.  Son pays, a-t-elle souligné, espère parvenir à la convention générale sur le terrorisme international par consensus.

La Sri Lanka, qui a subi le terrorisme durant 30 longues années, condamne sans équivoque ce fléau sous toutes ses formes et manifestations, a déclaré Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka).  Elle s’est félicitée de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme international.  Nous ferons notre possible pour aider le Bureau dans ses fonctions clefs, a-t-elle promis.

Certes, nous avons progressé dans la lutte contre le terrorisme, mais son évolution est continuelle, a reconnu la représentante.  Tous les États Membres doivent mettre en commun leurs sources d’informations pour lutter contre ce fléau.  Nous devons en outre, dans ce combat, respecter les principes de la Charte.  Cela fait plus de 10 ans que les Nations Unies essaient de trouver un accord sur un projet de convention, a-t-elle déploré.  Toutefois, il faut pouvoir combler des lacunes et il est regrettable de ne pas pouvoir dépasser nos différences.  Il est impératif d’envoyer un message clair et il est urgent d’agir, a-t-elle déclaré en conclusion. 

Déclaration du  Président de l’Assemblée générale

La promotion du droit international est au cœur du mandat des Nations Unies et de sa Charte, qui encourage la mise en place de conditions favorables au maintien et au respect du droit international, a déclaré M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale.  Les travaux de la Sixième Commission, qui portent sur des questions qui affectent les populations du monde entier, sont importants à cet égard.  Rappelant que la mission première de la Commission est aussi « d’encourager le développement progressif du droit international », le Président a salué le travail important réalisé par la Commission du droit international en adoptant des projets d’article sur les crimes contre l’humanité. 

De même, le Président a souligné le travail essentiel de la Sixième Commission en vue d’assurer la responsabilité pénale des fonctionnaires et experts des Nations Unies et d’éliminer l’exploitation et les abus sexuels commis dans le cadre de leurs fonctions.

Notant que le droit international n’est pas « figé dans le temps », M. Lajčák a estimé qu’il doit plutôt s’adapter aux circonstances dans lesquelles il opère afin d’être en mesure de répondre de façon adéquate aux nouveaux développements.  Il a cité en exemple la montée du terrorisme, « l’un des plus grands défis auxquels est confronté notre monde », qui nécessite une réponse appropriée.  La révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et la poursuite du travail en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international en sont des éléments cruciaux, a-t-il estimé, appelant les délégations à s’attaquer à ces questions avec une « énergie renouvelée ».  En outre, il a plaidé pour un état de droit fort au sein d’institutions et de systèmes de justice vigoureux, afin d’assurer la reddition de comptes, de lutter contre le financement du terrorisme et de prévenir les conflits.  

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