Conseil de sécurité: l’accord du Caire sur le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza suscite « un optimisme prudent »
Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Miroslav Jenča, a indiqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que le retour du Gouvernement légitime palestinien à Gaza permettait de nourrir un « optimisme prudent » sur l’évolution du conflit israélo-palestinien. L’unité palestinienne est en effet une pièce essentielle du « puzzle de la paix », a-t-il affirmé, rejoint en cela par la plupart des délégations. La séance du Conseil a également été marquée par le réquisitoire des États-Unis et d’Israël contre l’Iran, accusé de parrainer « la terreur dans le monde entier ».
Le Sous-Secrétaire général a entamé son allocution en détaillant l’accord signé le 12 octobre entre le Fatah et le Hamas, sous la médiation de l’Égypte, pour le retour du Gouvernement palestinien à Gaza, après que le Hamas en a accepté le principe le mois dernier. L’Autorité palestinienne devrait, à partir du 1er novembre, prendre le contrôle des points de passage de Gaza et gouverner Gaza à partir du 1er décembre, a-t-il dit.
Si l’accord ne comporte aucune disposition relative aux élections, à la formation d’un gouvernement d’unité nationale ou au désarmement du Hamas, le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a estimé que cet accord était un pas important vers une unité palestinienne, placée sous l’égide d’une autorité nationale palestinienne unique et démocratique et fondée sur la plateforme de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), des principes du Quatuor et de l’état de droit.
M. Miroslav Jenča a demandé que les efforts actuels en vue de la réconciliation entre Palestiniens, élément « critique pour parvenir à une paix durable », soient encouragés. Dans son rapport de 2016, a-t-il dit, le Quatuor avait identifié l’absence d’une unité palestinienne comme l’un des principaux obstacles à la solution des deux États. Un point de vue partagé par le délégué de l’Égypte, qui a précisé que c’était la première fois que les factions palestiniennes renouaient le dialogue depuis 2007.
Celles-ci sont de nouveau placées sous un leadership unique, « qui reconnaît l’État d’Israël » et s’engage à relancer les négociations en vue de parvenir à un accord, a-t-il assuré, en exhortant les parties à se saisir de « cette occasion unique ». « La réunification de notre peuple, de la terre et du système politique est parmi les priorités nationales majeures », a affirmé l’Observateur permanent de l’État de Palestine qui a souligné que l’aval de la communauté internationale et ses offres de coopération sont « vitaux » pour garantir le succès de l’accord du Caire, ajoutant que cela devrait inclure des efforts pour la levée rapide du blocus israélien à Gaza. Il a réitéré ses appels à tous les États pour qu’ils « joignent l’acte à la parole », obtiennent d’Israël l’arrêt immédiat de la campagne de peuplement et respectent leur engagement en faveur de la solution des deux États par des mesures pratiques.
Cette solution ne cesse de s’éloigner en raison, comme l’a noté le délégué de la France, de la progression de la colonisation à un rythme sans précédent depuis 1967, susceptible de « dégénérer en crise ouverte à tout moment ». « Il n’y a pourtant pas d’alternative à la solution des deux États », a renchéri le délégué de la Fédération de Russie, qui a, de nouveau, proposé d’accueillir à Moscou les dirigeants palestiniens et israéliens pour des pourparlers directs. Au début de son intervention, le délégué russe s’est étonné que des délégations n’aient pas prononcé une seule fois le mot « Palestine », alors que la séance de ce jour, a-t-il rappelé, porte sur « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ».
Les représentants d’Israël et des États-Unis ont en effet consacré l’intégralité de leur discours à des accusations contre l’Iran. « Au nom de l’État d’Israël, je retiens contre l’Iran les chefs d’inculpation suivants: parrainage et soutien à la terreur dans le monde entier; violations des droits de l’homme; diffamation des Juifs et prédication de l’antisémitisme; et volonté de détruire un État Membre des Nations Unies, l’État d’Israël », a accusé le représentant israélien.
Mon pays, a prévenu, de son côté, la déléguée des États-Unis, n’ignorera pas les nombreuses violations de l’Iran, la plus dangereuse étant le lancement de missiles balistiques. Si elle a admis que l’Iran mettait en œuvre le Plan d’action global commun relatif à son programme nucléaire, entériné par le Conseil dans sa résolution 2231 (2015) et dont la validité a été confirmée aujourd’hui, entre autres, par les signataires, à savoir la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et la Chine, la représentante américaine a invité le Conseil à revoir sa position.
« Nous n’allons pas perdre notre temps à répondre à ces propos incendiaires », a commenté le représentant de l’Iran, choisissant plutôt d’expliquer que c’est la politique hostile des États-Unis et de leurs alliés, en particulier le régime sioniste, qui exige de l’Iran qu’il ne s’endorme pas sur ses lauriers. De notre expérience amère, nous avons appris que pour protéger son peuple, nous devons nous appuyer sur nos propres capacités. Si l’Iran avait des ambitions hégémoniques, a souligné son représentant, il n’aurait jamais signé le Plan d’action global commun. L’approche de la nouvelle Administration américaine et sa stratégie « dangereuse » s’agissant de ce Plan d’action et de l’Iran ne peuvent qu’ajouter une nouvelle crise aux problèmes régionaux, a-t-il prévenu.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. MIROSLAV JENČA, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a souligné l’importance du développement que constitue la fin de la division palestinienne, longue de 10 années, et le rétablissement du contrôle total de l’Autorité palestinienne à Gaza. Le mois dernier, lorsque le Hamas a dissous le Comité administratif, une institution parallèle qui gérait les affaires publiques à Gaza, il a accepté que le Gouvernement de consensus national assume toutes les responsabilités à Gaza. Le Sous-Secrétaire général a insisté sur le soutien des Nations Unies, du Quatuor et de plusieurs États Membres à ce processus.
M. Jenča a détaillé l’accord signé le 12 octobre, grâce à la médiation de l’Égypte, entre le Fatah et le Hamas pour le retour du Gouvernement palestinien à Gaza. Aux termes de cet accord, l’Autorité palestinienne doit, à partir du 1er novembre, prendre le contrôle des points de passage de Gaza. Parallèlement, un comité conjoint sera mis en place pour résoudre la question des fonctionnaires publics et achever son travail au plus tard, le 1er février 2018. L’Égypte a publié un communiqué fixant au 1er décembre 2017 la date à laquelle l’Autorité palestinienne gouvernera Gaza. Une réunion conviant toutes les factions palestiniennes devrait se tenir au Caire le 21 novembre.
Le Sous-Secrétaire général a précisé que l’accord ne comporte aucune disposition relative aux élections, à la formation d’un gouvernement d’unité nationale ou au désarmement du Hamas. La mise en œuvre rapide de cet accord, salué par le Secrétaire général, et le lancement d’efforts concrets pour remédier à la crise humanitaire seront des éléments essentiels pour renforcer la légitimité du Gouvernement palestinien à Gaza, a-t-il déclaré. Le Sous-Secrétaire général a estimé qu’une telle mise en œuvre était de nature à faciliter la levée des interdictions frappant Gaza tout en remédiant aux préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël. « Cet accord est un pas important vers une unité palestinienne, placée sous l’égide d’une autorité nationale palestinienne unique et démocratique et fondée sur la plateforme de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), des principes du Quatuor et de l’état de droit ». Il a assuré les responsables palestiniens de l’appui de l’ONU à ce processus « critique pour parvenir à la solution négociée des deux États et à une paix durable ».
M. Jenča a ensuite détaillé l’acuité de la crise humanitaire à Gaza, deux millions de personnes n’ayant accès à l’électricité que six heures par jour, tandis que les soins médicaux sont de plus en plus difficiles à obtenir. Il a exhorté le Hamas à renoncer à l’exécution des trois hommes, condamnés à mort le 26 septembre, et demandé au Président Mahmoud Abbas d’établir un moratoire sur la peine de mort.
Le Sous-Secrétaire général a indiqué que la violence sur le terrain avait été limitée, par rapport au reste de la région. Quatre Israéliens ont été tués par un assaillant palestinien le 26 septembre, devant l’entrée de la colonie de peuplement d’Har Adar, a-t-il dit, en regrettant que le Hamas ait glorifié une telle attaque. « L’ONU exhorte toutes les parties à condamner la violence et à se lever contre la terreur. » M. Jenča a précisé que, sur la période à l’examen, 80 Palestiniens avaient été blessés par les forces israéliennes, tandis que cinq Israéliens ont été blessés par des Palestiniens.
Parlant des activités de peuplement israéliennes, il a attiré l’attention sur un projet de construction de plus de 2 000 logements dans la zone C de la Cisjordanie, au sein de la nouvelle colonie d’Amihai. Les permis de construire de 31 logements à Hébron ont été approuvés de manière conditionnelle, a-t-il noté. Le Sous-Secrétaire général a de nouveau rappelé l’illégalité, au regard du droit international, de ces activités de peuplement qui constituent un obstacle à la recherche de la paix. Si le nombre de démolitions en 2017 dans la zone C est en baisse par rapport à l’année dernière, plus de 350 structures ont été néanmoins démolies en Cisjordanie, a déploré M. Jenča. Il a exprimé sa préoccupation face au projet israélien d’expulser la communauté bédouine des hauteurs d’Hébron. De nombreuses structures démolies sont financées par des dons, y compris une école accueillant 170 enfants, a-t-il dit.
Au Liban, la situation était restée relativement calme dans la zone d’opérations de la Force intérimaire des Nations Unies (FINUL), tandis que le cessez-le-feu a continué d’être observé dans le Golan.
De manière générale, la situation israélo-palestinienne, a estimé M. Jenča, incite à « un optimisme prudent », malgré la trajectoire globalement négative qui la caractérise depuis trop longtemps. L’aspiration à la paix reste forte au sein des deux peuples, a-t-il dit. Il a ainsi insisté sur les manifestations pour la paix auxquelles des milliers de femmes palestiniennes et israéliennes ont participé le mois dernier et sur les initiatives de la société civile. « Une pièce essentielle du puzzle est le retour de Gaza sous le contrôle de l’Autorité palestinienne légitime », a-t-il affirmé. Il a rappelé que le Quatuor, dans son rapport de 2016, avait identifié l’absence d’une unité palestinienne comme l’un des principaux obstacles à la solution des deux États.
« Les efforts actuels pour le retour du Gouvernement à Gaza doivent être encouragés, appuyés et fructueux. » Le Sous-Secrétaire général a indiqué que les parties faisaient montre de volonté et de bonne foi en prenant des premiers pas aussi cruciaux. « Surmonter des divergences aussi profondément ancrées ne sera pas chose aisée, cela prendra du temps, et de nombreux obstacles se dresseront sur la route. » Enfin, le Sous-Secrétaire général a déclaré que les Palestiniens devaient décider de la voie à suivre. « La communauté internationale doit faire en sorte qu’ils reçoivent tout le soutien nécessaire pour parvenir à un résultat positif », a-t-il conclu.
M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a déclaré que le débat a lieu à un moment marqué par une importante dynamique, des jalons ayant été posés pour cicatriser la douloureuse division politique palestinienne et parvenir à une véritable réconciliation et à l’unité nationale en Palestine. Il a exprimé sa gratitude à l’Égypte, membre du Conseil de sécurité, pour les efforts déployés et la conclusion de l’accord du 12 octobre au Caire, entre les dirigeants du Fatah et du Hamas, et pour sa volonté d’épauler sa mise en œuvre afin de rétablir une autorité palestinienne unie et légitime à Gaza, sur la base des accords passés et de la plateforme politique de l’Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), et de garantir le fonctionnement effectif du Gouvernement de consensus national dans tous les aspects à Gaza, y compris les institutions publiques et tous les points de passage.
M. Mansour a affirmé que la « réunification de notre peuple, de la terre et du système politique est parmi les priorités nationales majeures ». Il s’est dit pleinement conscient du « caractère central » de la réalisation des aspirations nationales d’indépendance et d’exercice des droits inaliénables et de la justice. Pour ce faire, il a assuré que les mesures nécessaires sont en train d’être prises, en toute responsabilité, en réponse à l’appel du peuple, d’abord et avant tout, mais aussi aux appels régionaux et internationaux à l’unité. M. Mansour a indiqué que l’aval de la communauté internationale à ces développements et ses offres de coopération sont « vitaux » pour en garantir le succès, ajoutant que cela devrait inclure des efforts qui déboucheraient sur une levée rapide du blocus israélien « illégal et inhumain » imposé au peuple palestinien à Gaza depuis plus d’une décennie. Il a aussi souligné que ces efforts devraient inclure des mesures pour accélérer la reconstruction et le redressement pour inverser la tendance au « dé-développement » et préserver l’humanité et l’espoir de la population, particulièrement les jeunes pour lesquels l’espoir et les opportunités « sont en quantité limitée de nos jours ».
M. Mansour a ensuite salué toutes les déclarations appuyant la réconciliation palestinienne, l’amélioration des conditions humanitaires et socioéconomiques à Gaza et l’autonomisation du Gouvernement palestinien pour qu’il puisse s’acquitter de ses tâches.
Il a souligné qu’en dépit des contraintes énormes, des obstacles, des difficultés et des reculs imposés par l’occupation israélienne sur la terre palestinienne, y compris Jérusalem, et ce, depuis 1967, la Palestine s’efforce de respecter ses engagements et obligations internes, régionales et internationales, notamment les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution « historique » 2334 (2016) qui détient les clefs d’une solution pacifique et juste. Conformément à cette résolution, M. Mansour a appelé à la cessation des activités israéliennes de peuplement en Palestine occupée. Il a réitéré ses appels à tous les États pour qu’ils joignent l’acte à la parole, obtiennent d’Israël l’arrêt immédiat de la campagne de peuplement et respectent leur engagement en faveur de la solution des deux États par des mesures pratiques.
Après avoir énuméré une liste exhaustive et détaillée des efforts palestiniens contrecarrés par les violations constantes d’Israël, M. Mansour a estimé qu’il était grand temps pour le Conseil de faire front contre cette « ridiculisation » des dispositions du droit international et de la Charte qui interdit l’acquisition d’un territoire par la force. « Israël, qui a si méthodiquement et délibérément piétiné les appels et décisions du Conseil, ne doit pas rester au-dessus de la loi », a conclu l’observateur palestinien.
M. DANNY DANON (Israël) a annoncé qu’aujourd’hui, son pays allait prouver, sans « le moindre doute », qu’il n’y a pas d’autre menace plus grave à la paix et à la sécurité que la République islamique d’Iran. Il a dit qu’il est du devoir des membres de ce Conseil, au nom de la communauté internationale, de se porter « à la fois juges et jurés ». « Au nom de l’État d’Israël, je retiens contre l’Iran les chefs d’inculpation suivants: parrainage et soutien à la terreur dans le monde entier; violations des droits de l’homme; diffamation des Juifs et prédication de l’antisémitisme; et volonté de détruire un État Membre des Nations Unies, l’État d’Israël », a accusé le représentant. Il a dit se ranger auprès du peuple iranien, en prononçant cette condamnation qui vise avant tout le régime et ses dirigeants et a affirmé que l’Iran est une « cause » avant d’être un État, et que cette cause est de parrainer et d’encourager la terreur à travers le monde. C’est pourquoi M. Danon s’est félicité du durcissement des sanctions imposées récemment par le Président des États-Unis aux « Gardiens de la révolution islamique ».
Le délégué a multiplié les accusations contre l’Iran, notamment celle d’« armer » le « boucher de Damas » Bashar Al-Assad, lui permettant de développer son arsenal chimique. Il a aussi accusé l’Iran d’alimenter le « trésor de guerre » du Hezbollah, le « budget du bain de sang » du Hamas et les « fonds de la terreur » du jihad islamique. Revenant au Hamas, le représentant a prévenu que ce mouvement se prépare à la prochaine guerre contre Israël et qu’avec le Hezbollah, il représente le « bras armé » de l’offensive contre Israël menée par l’Iran, ce « marionnettiste de l’ombre » qui donne à ces groupes les moyens de faire « le sale boulot ». « Je vais maintenant présenter les preuves des violations des droits de l’homme commises par l’Iran », a poursuivi le représentant. Dans ce pays, l’adultère est puni par la lapidation et les LGBT risquent la pendaison « à une grue ». En Iran, si vous êtes une fillette d’au moins 9 ans, vous pouvez être contrainte au mariage avec un homme adulte. En Iran, si vous êtes journaliste et que vous critiquez le régime, vous serez sans doute arrêté sans avoir droit à un procès. En Iran, si vous êtes jetés en prison, vous serez très certainement torturés, a accusé M. Danon.
Le représentant a accusé l’ayatollah Khamenei, le Guide suprême iranien, d’être un négationniste de l’Holocauste. Après avoir cité plusieurs exemples à l’appui de son réquisitoire, le représentant a affirmé qu’il y a quelques semaines, Seyyed Abdolrahim Mousavi, le commandant des forces armées iraniennes, aurait dit: « Nous détruirons l’entité sioniste à la vitesse de l’éclair! » et « pulvériserons Haïfa et Tel-Aviv ». En l’absence de frontière commune et de différend territorial entre Israël et l’Iran, M. Danon a vu dans les propos de Mousavi la preuve d’un antisémitisme procédant de la « haine » à l’encontre du seul État juif au monde. Considérant que le régime iranien n’aurait cessé de tenter d’acquérir des capacités nucléaires, hier comme aujourd’hui, le représentant en a déduit que la mission de Téhéran n’est pas de dissuader, « mais de détruire ».
Selon lui, le Plan d’action global commun n’a pas dissipé la menace de la destruction nucléaire. Au mieux, si l’Iran ne « triche pas », cet accord ne fait que « retarder » son programme nucléaire, en laissant au « régime extrémiste » la possibilité de le reprendre d’ici quelques années. L’accord ne contraint l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) que dans le cadre de la surveillance des sites déclarés. « Il s’agit d’un jeu dans lequel l’Iran décide des règles, choisit les joueurs et remporte la mise à chaque fois. » M. Danon a également attiré l’attention sur le développement d’un programme « illégal » de missiles balistiques capables de transporter des têtes nucléaires, en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité. « Je défie les membres du Conseil d’expliquer comment les essais de tels missiles balistiques pouvant être armés de têtes nucléaires seraient "non-nucléaires". »
« Sur la base de ces chefs d’inculpation, justice doit être rendue! » a tranché le représentant en plaçant le Conseil face à un choix: confronter la « terreur iranienne » en mettant en œuvre ses propres résolutions; ou laisser ce « règne de terreur » se répandre à travers le monde. M. Danon a prévenu en conclusion qu’en cas d’attaque de l’Iran, ce régime ne trouverait pas d’ennemi plus « féroce » qu’Israël.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a jugé impossible de discuter de la stabilité au Moyen-Orient sans prendre en compte les agissements de l’Iran, qui ne cessent de la saper. Tous les six mois, le Secrétaire général fait rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) relative au programme nucléaire iranien, a-t-elle rappelé, et si Téhéran s’acquitte de ses obligations, il n’en est pas moins coupable de nombreuses violations non liées à l’accord, a-t-elle affirmé. « Nous entendons toujours les bonnes nouvelles mais pas les mauvaises », a-t-elle estimé. En jugeant l’Iran sur la seule mise en œuvre de l’accord, a prévenu la représentante, la communauté internationale perd de vue la menace que l’Iran fait peser.
Mme Haley a détaillé les nombreuses violations par l’Iran des résolutions du Conseil, telles que la livraison d’armes au Yémen au profit des houthistes ou encore les déplacements à l’étranger de hauts responsables iraniens pourtant frappés par une interdiction de voyager. Or, s’est étonnée la représentante, ces violations ne suscitent aucune réaction du Conseil. Mme Haley a également dénoncé l’appui de l’Iran au Hezbollah, les cyberattaques contre les États-Unis ou encore la détention de journalistes et de touristes. Mais l’élément le plus dangereux, a-t-elle estimé, est le lancement de missiles balistiques. Mon pays, a averti la représentante, n’ignorera pas ces violations et invite d’ores et déjà le Conseil à revoir sa position vis-à-vis de l’Iran, car c’est un pays qui ne saurait être considéré comme un membre « ordinaire » de la communauté internationale.
M. OLOF SKOOG (Suède) a souligné que la population de Gaza vit dans des conditions « intolérables » depuis trop longtemps. Elle continue de souffrir d’une électricité disponible seulement quelques heures par jour et du manque d’accès aux services de base, y compris l’eau et l’assainissement. Le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza devrait rapidement mener à l’amélioration de la situation humanitaire.
La levée immédiate du blocus israélien et l’ouverture complète des points de passage, conformément à la résolution 1860 (2009), sont nécessaires, tout en tenant compte des préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité. Le représentant a souligné la nécessité d’un accès humanitaire sans entrave et plaidé celui de tous les donateurs à Gaza.
La Suède, a-t-il rappelé, est le sixième plus grand donateur de la Palestine, y compris Gaza, pour soutenir la croissance et la stabilité, dans le cadre de l’Union européenne. La coopération suédoise au développement verse entre 40 à 50 millions de dollars par an, a souligné le représentant. Rappelant que plus de 10 000 logements ont été annoncés cette année par Israël, le délégué a estimé qu’il s’agit là d’une violation flagrante du droit international et d’une initiative contraire aux nombreuses résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016).
Le fait qu’il y a deux jours, et ce, pour la première fois en 15 ans, les autorités israéliennes aient délivré des permis pour 31 nouvelles installations dans la ville palestinienne d’Hébron est « particulièrement inquiétant ». C’est une tendance profondément préoccupante dans un endroit où les tensions sont déjà à leur comble, a insisté le représentant.
Notre position et celle de l’Union européenne sont claires: nous sommes fermement opposés à la politique de peuplement d’Israël car les colonies menacent dangereusement la viabilité de la solution des deux États et détruisent les espoirs de paix, a asséné le représentant. Il a donc condamné les décisions israéliennes et exhorté le Gouvernement d’Israël à les annuler.
Dans le contexte de la solution des deux États, M. Skoog a rappelé la résolution 2334 (2016) qui « demande à tous les États de faire une distinction, dans leurs échanges en la matière, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 ». Compte tenu de ce qui précède, a ajouté le représentant, l’Union européenne a une politique claire. En outre, tous les accords entre l’État d’Israël et l’Union européenne doivent explicitement indiquer leur inapplicabilité dans les territoires occupés et cette politique, a précisé le représentant, n’est pas un boycott d’Israël. Il a espéré que l’ONU sera en mesure d’apporter des informations sur ce sujet dans son prochain rapport sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016).
M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est réjoui de la signature de l’Accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, grâce aux efforts louables de l’Égypte, souhaitant que la volonté des acteurs politiques palestiniens se traduise par la formation d’un gouvernement d’unité nationale et la tenue des élections municipales prévues de longue date. Mon vœu, a-t-il poursuivi, est également que l’on trouve une solution durable aux défis humanitaires et socioéconomiques qui se posent à la bande de Gaza. Après avoir réitéré le soutien de sa délégation à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le représentant a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que le peuple palestinien puisse obtenir des réponses à ses aspirations légitimes à un État souverain et viable, sur la base des frontières d’avant juin 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.
En ce qui concerne la Syrie, M. Ciss s’est dit d’avis que deux priorités doivent guider l’action de la communauté internationale. La première, c’est la lutte contre le terrorisme, en particulier contre Daech et l’ex-Front el-Nosra, lutte qui doit reposer sur une stratégie globale tenant dûment compte de l’impératif de protection des civils. La seconde, c’est la recherche d’une solution politique négociée, sous l’égide de l’ONU. « D’où notre appel à toutes les parties pour qu’elles s’engagent de bonne foi dans les pourparlers de Genève afin de trouver une issue définitive au conflit sur la base du Communiqué de Genève et de la résolution 2254 (2015) », a conclu le représentant.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est étonné que certaines délégations aient axé leur intervention sur l’accord relatif au programme nucléaire iranien, sans prononcer une seule fois le mot « Palestine ». Ces interventions, a ironisé le représentant, me font douter de l’ordre du jour. La perspective de la solution des deux États s’éloigne, s’est alarmé le représentant, se demandant: « Quelle est l’alternative, sachant qu’un seul État n’est dans l’intérêt ni des Palestiniens ni des Israéliens? » Il a insisté sur l’appui de son pays à la solution des deux États, en particulier par l’entremise du Quatuor. Il a souligné l’importance qu’il y a à relancer des négociations directes entre les parties et a réitéré la proposition de son pays d’accueillir à Moscou les dirigeants palestiniens et israéliens.
Le délégué a accueilli l’Accord de réconciliation entre le Fatah et Hamas comme un moyen d’améliorer la situation humanitaire critique à Gaza. Le rétablissement de l’unité palestinienne doit être encouragé, a-t-il dit. Prévenant par ailleurs que la défaite de Daech en Syrie n’est pas synonyme de disparition de la menace terroriste, le représentant a plaidé pour « un front commun ». Une nouvelle fois, il a mis en garde contre les conséquences négatives pour la région et le monde des tentatives de « démolir » l’accord sur le programme nucléaire iranien, lequel, a-t-il rappelé, a été dûment entériné par le Conseil de sécurité. Les dispositions de cet accord doivent être respectées par toutes les parties, a-t-il martelé.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) s’est félicité, à son tour, de l’accord signé au Caire, en Égypte, le 12 octobre dernier, entre le Fatah et le Hamas. En dépit de cette avancée, le représentant a condamné la persistance du blocus « inhumain » imposé par Israël à Gaza, ainsi que les mesures additionnelles « sévères » que vient de prendre Israël dans la zone, avec pour effet une détérioration de la situation humanitaire et de l’accès de la population de Gaza à des services de base. Le représentant a par conséquent appelé Israël à mettre « immédiatement » fin au blocus et à fournir un accès « inconditionnel et sans entrave » à l’aide humanitaire à Gaza.
Il a aussi condamné la poursuite de la colonisation israélienne en Cisjordanie, y compris la construction de plusieurs milliers de nouveaux logements, qui sape les perspectives de dialogue en vue de parvenir à une paix durable. Réaffirmant l’appui de son pays au droit à l’autodétermination du peuple palestinien, le représentant bolivien a plaidé en faveur d’un État palestinien « libre, souverain et indépendant », à l’intérieur des frontières antérieures à 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Il a enfin demandé que le prochain rapport trimestriel du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la résolution 2334 soit publié par écrit, pour permettre aux délégations de mieux préparer leur intervention.
M. KORO BESSHO (Japon) a regretté qu’au cours des deux dernières années pendant lesquelles son pays a siégé comme membre non permanent, le Conseil de sécurité n’ait fait « que de petits progrès sur le processus de paix au Moyen-Orient et les problèmes pressants de la Syrie et du Yémen ». Il a rappelé l’importance d’une résolution pacifique des conflits et d’une mise en œuvre complète des résolutions du Conseil de sécurité.
À propos du Moyen-Orient, il a réitéré son soutien à la solution des deux États, basée sur les frontières de 1967, avec échanges réciproques de territoires, permettant la coexistence pacifique d’un État palestinien viable, à côté d’un État israélien reconnu avec des frontières sécurisées. Il a insisté sur le fait que cet objectif ne peut être atteint que « par la négociation, l’application des résolutions du Conseil de sécurité, la feuille de route du Quatuor, les accords passés entre les parties et l’Incitative de paix arabe ».
Il a salué « les efforts égyptiens » et « une étape importante » avec la fin des divisions entre la bande de Gaza et la Cisjordanie, se félicitant de « l’avancée de l’Autorité palestinienne » qui assume à nouveau ses responsabilités à Gaza. « Nous espérons que l’Accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas sera mis en œuvre dans un délai convenable », a insisté le représentant, soulignant que l’exercice effectif du pouvoir par l’Autorité palestinienne à Gaza était « essentiel pour prévenir tout conflit et faire des progrès vers la paix ». Il a rappelé également que « la réunification de Gaza et de la Cisjordanie devait d’abord et avant tout soulager la crise humanitaire ».
Le représentant a ensuite indiqué que « pour contribuer aux efforts de développement de la Palestine », le Japon souhaite accroître l’initiative « Corridors de paix et de prospérité », pour renforcer les capacités aux frontières et faciliter la distribution des biens. « Le développement économique de la Palestine constitue une base importante pour qu’un État palestinien viable coexiste en paix et dans la prospérité avec Israël », a-t-il encore insisté.
Estimant que les mesures de confiance entre les parties contribuaient aussi à créer un environnement permettant d’avancer vers une solution des deux États, le représentant a déploré que cet objectif soit « miné par les questions des colonies et de la violence ». « Les activités de colonisation violent le droit international et érodent la possibilité d’une solution des deux États », a-t-il insisté, appelant « au gel de la colonisation ». « La violence est incompatible avec la résolution pacifique des conflits et conduit à des rhétoriques âpres », a encore ajouté le représentant, appelant à la résolution de ces deux problèmes –colonisation et violence- pour « inverser la tendance négative qui mine la solution des deux États ».
Rappelant par ailleurs l’importance de la mise en œuvre « égale » des accords multilatéraux et des résolutions du Conseil de sécurité, le Japon a réitéré son appui au Plan d’action global commun. Il a souligné que le dernier communiqué de l’AIEA, chargée de vérifier sa mise en œuvre et le respect des engagements pris, stipulait que « les engagements de l’Iran dans le cadre du Plan d’action global commun sont respectés » et que l’agence avait « accès à toutes les installations qu’elle devait pouvoir visiter ».
Le représentant a toutefois estimé que les tirs de missiles balistiques opérés par l’Iran n’étaient pas compatibles avec la résolution 2231 du Conseil de sécurité qui entérine le Plan d’action global commun, appelant l’Iran à s’abstenir de tels tirs. Il a également souligné que des rapports faisaient état de la présence dans d’autres pays que l’Iran « d’individus soumis à des interdictions de voyager ». « Le Japon insiste sur la mise en œuvre complète de tous les aspects de la résolution, nucléaires ou non nucléaires », a-t-il encore insisté.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que tout effort en vue de rétablir la paix au Moyen-Orient doit prendre en compte la question palestinienne sous tous ses angles. Il s’est félicité de la réconciliation des factions palestiniennes obtenue grâce à la médiation de l’Égypte. Mais le représentant a souligné que l’expansion des colonies de peuplement produit des effets contraires aux attentes de la communauté internationale. Israéliens et Palestiniens semblent toujours éloignés l’un de l’autre, a-t-il constaté à regret.
S’agissant de la Syrie, il a pris note de l’accord de cessez-le-feu conclu le 15 septembre dernier à Astana, dont le respect pourrait faire naître un « nouvel espoir ». Mais jusqu’à présent, a reconnu le délégué, la logique militaire continue de prévaloir au détriment des solutions à long terme, dont la Syrie a pourtant grandement besoin, alors que Daech et d’autres groupes terroristes armés prospèrent. Enfin, l’Ukraine s’est dite préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, que l’arrivée de la saison sèche risque d’aggraver, en particulier l’épidémie de choléra.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a souligné l’importance de la réconciliation intrapalestinienne, tout en indiquant que ce processus devait prendre en compte les préoccupations légitimes d’Israël. La solution des deux États est la seule possible, a-t-il rappelé. Le délégué a exhorté les parties à s’abstenir de toute mesure de nature à entraver la recherche de la paix. Il a dénoncé la poursuite des activités de peuplement par Israël, avant d’exhorter les dirigeants palestiniens à condamner tous les actes de violence. Il a réitéré son soutien à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et demandé qu’une distinction claire soit faite entre les tâches des autorités libanaises et celles incombant aux Casques bleus. Mon pays coopérera à la mise en œuvre de la résolution 2373 (2017), dans le respect du mandat de la Mission qui n’a pas été modifié, a-t-il déclaré. En conclusion, le délégué a souhaité que la FINUL soit dotée de ressources financières accrues et souligné l’importance d’un soutien international renforcé aux autorités libanaises.
M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a rappelé qu’au cours des 70 dernières années, la communauté internationale a convenu que la meilleure solution au conflit israélo-palestinien était la solution des deux États, dont « la perspective semble malheureusement s’éloigner, alimentant des frustrations de part et d’autre ». En dépit de tels défis, Le Caire vient de réussir à rétablir le dialogue entre les factions palestiniennes pour la première fois depuis 2007, lesquelles sont de nouveau placées sous un leadership unique, « qui reconnaît l’État d’Israël » et s’engage à relancer les négociations en vue de parvenir à un accord. Le représentant a donc demandé aux parties de saisir cette « occasion unique », en rejetant toute solution de court terme vouée par nature à l’échec. Il leur faut faire un « choix », qui permettra aux Palestiniens et aux Israéliens de coexister en paix, a-t-il insisté, convaincu qu’un règlement pacifique durable est possible dans le respect des paramètres du droit international, de la Charte des Nations Unies et de l’Initiative de paix arabe. Ce règlement n’attend qu’une volonté politique des deux parties pour être mis en œuvre, a poursuivi le délégué, avant de leur demander de faire preuve de coopération.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a insisté, alors que le centenaire de la Déclaration de Balfour se rapproche, sur la fierté de son pays d’avoir contribué à la création d’une « patrie juive ». Il a tout de même dénoncé les activités de peuplement, avant de réaffirmer son appui à la solution des deux États. Nous suivons de près la réconciliation palestinienne, a-t-il poursuivi, en saluant le retour du Gouvernement palestinien à Gaza, comme un élément « important et constructif ». Le délégué a exhorté le Hamas à renoncer à la violence et à reconnaître Israël et condamné tout discours raciste et antisémite. Il a déploré une accélération « inacceptable » du rythme de construction des colonies, rappelant que les 13 000 nouvelles unités de logement envisagées par Israël en 2017 étaient le chiffre le plus élevé depuis 1992. Enfin, le représentant a rappelé l’attachement de son pays à l’accord sur le programme nucléaire iranien, lequel, a-t-il rappelé, a été entériné par le Conseil de sécurité.
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souhaité que la mise en œuvre de l’Accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas ouvre la voie à l’unité de la Palestine. Il a pris note des engagements consentis au plus haut niveau en vue de faciliter la reprise des négociations entre les parties et de parvenir à la solution des deux États. « Il ne fait aucun doute que c’est la seule façon de veiller à ce que la justice pour tous devienne une réalité », a-t-il affirmé. Le délégué s’est ensuite félicité de voir Daech perdre du terrain, « en Syrie et en Iraq », rappelant qu’il avait fallu payer un lourd tribut pour y parvenir et que tout doit être fait pour préserver les acquis. La communauté internationale, a-t-il voulu, doit rester mobilisée dans la lutte antiterroriste, car il est « de plus en plus évident » que les défis au Moyen-Orient sont étroitement liés entre eux. Le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer à cet égard, a ajouté le représentant.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) s’est dit favorable à une reprise de pourparlers bilatéraux entre Palestiniens et Israéliens sans conditions préalables. Il a exhorté Israël à cesser ses activités de peuplement et souligné l’importance de l’unité entre les factions palestiniennes en vue, notamment, d’améliorer la situation humanitaire critique à Gaza. Le délégué a ensuite salué les progrès accomplis par les autorités libanaises dans la lutte contre le terrorisme. Il a ajouté par ailleurs que l’Accord politique libyen est le seul cadre viable pour régler la crise et n’a pas caché ses profondes préoccupations face au risque de famine au Yémen. Réclamant un règlement politique dans ce pays, le représentant a conclu en réaffirmant son attachement à la solution des deux États.
M. WU HAITAO (Chine) a, lui aussi, réaffirmé son soutien à la solution de deux États, ajoutant qu’il faut hâter les efforts en vue d’une reprise des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. Il a appelé à la mise en œuvre de la résolution 2234 (2016), en insistant sur la nécessité de mettre fin à toute activité de peuplement en Cisjordanie. Satisfait de voir les progrès récents obtenus dans le processus de réconciliation des factions palestiniennes grâce aux efforts de l’Égypte, le délégué a estimé que cet acquis serait propice à la reprise des négociations. Aussi a-t-il espéré que la communauté internationale fera fond sur cette avancée et renforcera sa coordination afin de promouvoir la paix. Évoquant en conclusion le programme nucléaire iranien, M. Haitao a insisté sur le fait que le Plan d’action global commun avait permis de consolider le régime de non-prolifération.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a réaffirmé le droit d’Israël et de la Palestine de vivre en paix, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, dans un climat de coopération renouvelé et exempt de toute menace ou d’acte hostile. Seule la solution des deux États indépendants permettra une coexistence pacifique. Il a donc invité les deux parties à la reprise des négociations directes. En attendant, le représentant a dénoncé le fait que 10 mois après l’adoption de la résolution 2334, il n’y ait pas eu de réels progrès. Il a salué l’Accord de réconciliation entre le Fatah et Hamas, qu’il faut assortir d’accords sur la sécurité, sur le désarmement du Hamas et la renonciation à la violence et à la destruction d’Israël comme objectif avoué ou déclaré.
Au sujet de la Syrie, M. Rosselli a relevé qu’en dépit de l’Accord d’Astana, le mois de septembre a été le plus meurtrier, soit 3 000 morts. Il a réitéré que seul un processus de transition politique, dirigé par les Syriens avec la médiation des Nations Unies, conformément à la feuille de route contenue dans la résolution 2254, serait susceptible de mettre fin à cette horrible guerre.
Il faut, d’autre part, mettre immédiatement fin à la violence au Yémen et retourner d’urgence à la table des négociations sans conditions préalables, de bonne foi et dans les meilleurs délais, sous les auspices de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a-t-il demandé. « Les responsables des atrocités aberrantes commises au Yémen devront rendre des comptes devant la justice », a-t-il encore déclaré.
Faisant allusion aux éventuels effets déstabilisateurs du récent référendum d’indépendance du Kurdistan, M. Rosselli a déclaré que la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité de l’Iraq étaient « primordiales », et qu’il importe de consolider les progrès enregistrés dans la lutte contre le terrorisme. « Il faut veiller à ne pas mettre en péril ces acquis si le sectarisme divise à nouveau le pays », a-t-il mis en garde, ajoutant que l’Iraq doit poursuivre son chemin vers la paix et la stabilité.
Le représentant de l’Uruguay a enfin jugé essentiel de procéder, l’an prochain, à une évaluation constante de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour mieux identifier la manière dont elle pourrait s’acquitter plus efficacement de son mandat.
Loin d’être un statu quo, la situation du conflit israélo-palestinien sur le terrain est marquée par une dégradation quotidienne, s’est alarmé M. FRANÇOIS DELATTRE (France), pointant du doigt la colonisation israélienne, susceptible, selon lui, de « dégénérer en crise ouverte à tout moment », comme la principale responsable de cette tendance. Parallèlement, a-t-il souligné, la multiplication des crises régionales ne conduit pas à « banaliser » ou « marginaliser » le conflit israélo-palestinien. Au contraire, elle accroît, d’après lui, son « potentiel de déstabilisation » et rend sa résolution plus nécessaire que jamais. Réciproquement, a noté le représentant français, toute escalade dans ce conflit porte le risque de conséquences régionales « incontrôlables ».
M. Delattre a pourtant rappelé que les paramètres d’un futur accord n’avaient pas changés, à savoir deux États vivant côte à côte en paix et en sécurité le long de frontières sûres et reconnues, tracées sur la base des lignes de 1967, avec des échanges de territoires mutuellement agréés, Jérusalem pour capitale des deux États, ainsi qu’une solution « concertée, juste et pérenne » pour les réfugiés palestiniens. « Il n’existe pas d’alternative à la solution des deux États », a martelé le représentant.
Cependant, M. Delattre a estimé que, avec près de 600 000 colons à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, la situation était proche « du point de non-retour ». Pour la seule année 2017, a-t-il souligné, la construction de 12 000 nouvelles unités de logement a été approuvée par les autorités israéliennes, soit un nombre trois fois supérieur à celui de l’an dernier. Il a également noté que, ces derniers jours, le Gouvernement israélien avait approuvé pour la première fois en 15 ans la construction de nouveaux logements dans le centre-ville d’Hébron, cependant que, hier, 1 300 nouvelles unités de logement ont été approuvées en Cisjordanie.
Le représentant français a déclaré que, sur le plan pratique, son pays et l’Union européenne (UE) avaient adopté une politique de différenciation entre Israël et les territoires occupés, de sorte que les colonies israéliennes ne puissent pas bénéficier des accords entre l’UE et Israël.
Dans ce contexte, le représentant a insisté sur l’importance du maintien de l’unité politique et territoriale des Palestiniens. Il s’est ainsi félicité de l’accord signé au Caire, en Égypte, le 12 octobre dernier, entre le Fatah et le Hamas, précédé par la visite, 10 jours plus tôt, du Gouvernement de l’Autorité palestinienne à Gaza. Il a appelé à ce que les négociations en cours puissent permettre à l’Autorité palestinienne, sous l’égide de M. Mahmoud Abbas, d’exercer pleinement ses prérogatives dans la bande de Gaza; de mettre un terme à la division entre Gaza et la Cisjordanie; de mettre fin à la crise énergétique dont souffre la population de Gaza; et de faciliter la levée du blocus imposé à ses habitants.
Au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA, Vice-Ministre des affaires étrangères du Venezuela, a demandé la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) qui est de nature à préserver la solution des deux États et à mettre en place les conditions propices à la fin de l’occupation israélienne. Il a aussi demandé au Secrétaire général de présenter un rapport substantiel sur l’application de la résolution, afin de faire toute la lumière sur l’irrespect par Israël des résolutions du Conseil. Israël, s’est-il impatienté, continue de mépriser le Conseil. Il a rappelé la poursuite des activités de peuplement, s’est dit vivement préoccupé par la situation humanitaire critique à Gaza et a demandé la levée du blocus. Il a salué les derniers pas vers la réconciliation palestinienne et apporté son plein appui à l’unité palestinienne et à un fonctionnement efficace du Gouvernement de consensus national à Gaza. M. Moncada a demandé une intensification des efforts pour mettre fin à l’occupation israélienne et réaliser une solution juste et durable au Moyen-Orient. Il a enfin souligné l’importance qu’il y a à ce que l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) soit doté d’un financement adéquat.
M. NAWAF SALAM (Liban) a déclaré que depuis sa prise de fonctions, en 2007, en tant que Représentant permanent de son pays auprès des Nations Unies, il avait assisté à « trois guerres meurtrières à Gaza », à une « intensification sans précédent de l’occupation » et à une « pléiade d’initiatives de pourparlers sans lendemain ». Il n’en a pas moins salué l’accord de réconciliation palestinien qui ranime un « certain espoir », grâce à la médiation de l’Égypte. « Or, comment traduire cet espoir dans la réalité lorsque les autorités israéliennes poursuivent leur entreprise acharnée de colonisation illégale? » s’est-il demandé. Tant que le Conseil de sécurité demeurera prisonnier de son impuissance à mettre fin à ses actes de violation flagrante, nous nous éloigneront chaque jour un peu plus de la solution des deux États, « dans le mépris le plus total des résolutions pertinentes », a déploré le délégué.
Il a déclaré que son gouvernement reste fermement attaché à la mise en œuvre intégrale de la résolution 1701 (2006), renouvelant son soutien à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), laquelle opère dans un contexte délicat. « En effet, pas un jour sans qu’Israël ne viole la souveraineté de mon pays ou que ses dirigeants ne l’accablent de menaces incessantes », a-t-il accusé. M. Salam a donc encouragé le Conseil de sécurité à se montrer à la hauteur de la « lourde tâche qui est la sienne », en faisant prévaloir les règles et principes du droit international. Il a condamné à cet égard les propos inqualifiables du Ministre israélien de l’éducation qui, « après avoir menacé de renvoyer le Liban au Moyen-Âge, menace aujourd’hui d’attaquer les infrastructures, l’aéroport international et les bâtiments publics ».
Après avoir demandé au Conseil d’agir pour contraindre Israël à dédommager le Liban de la marée noire causée en 2006 après le bombardement de la centrale électrique de Jiyeh, M. Salam a évoqué la situation en Syrie. Considérant qu’il faut consolider les progrès accomplis sur le terrain avec la réduction significative des violences, il a demandé que l’on appuie les efforts de l’Envoyé spécial de l’ONU en vue de relancer les négociations de Genève.
Satisfait des nouveaux développements sur la réunification politique de l’État de Palestine, M. MAURO VIEIRA (Brésil) a encouragé les groupes politiques palestiniens à poursuivre leur dialogue. Il s’est cependant dit préoccupé par l’expansion des colonies illégales dans les territoires occupés, ainsi que par les discussions sur la modification de la « Loi fondamentale » sur Jérusalem. Il a jugé impératif d’éviter d’autres sanctions unilatérales qui pourraient entraver le processus de paix.
Le représentant a aussi salué la décision du Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et de son Groupe d’intervention navale. Il s’est inquiété de la situation des réfugiés syriens et palestiniens qui constituent actuellement un tiers de la population du Liban. Selon lui, le soutien aux pays en développement qui accueillent le plus de réfugiés est un aspect essentiel du partage équilibré des responsabilités. Pour sa part, le Brésil a accueilli, depuis 2013, des milliers de réfugiés touchés par le conflit en Syrie, dont beaucoup étaient auparavant au Liban. Une nouvelle loi sur la migration, qui prendra effet le mois prochain, établit « le visa d’accueil humanitaire ».
S’agissant de la lutte contre le terrorisme au Moyen-Orient, M. Vieira a noté une augmentation du nombre de lettres soumises au Conseil de sécurité visant à justifier le recours à une action militaire, en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Il est essentiel de fournir suffisamment d’informations sur l’attaque contre laquelle la légitime défense est invoquée, ce qui permettra d’évaluer la proportionnalité et la nécessité du recours à la force, a-t-il averti.
Par ailleurs, le Brésil rejoint les voix des nombreux pays favorables à la préservation du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien, « un cadre multilatéral solide », approuvé par la résolution 2231 (2015) du Conseil, qui joue « un rôle clef dans la stabilisation de la région et dans la mise en œuvre du régime de non-prolifération ». Mon pays, a rappelé le représentant, a été le premier à signer le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Aux yeux de M. GHOLAMALI KHOSHROO (Iran), les tentatives répétées des États-Unis d’exclure la question palestinienne de l’ordre du jour du Conseil de sécurité n’ont d’autre but que celui d’ignorer les souffrances du peuple palestinien engendrées par l’occupation israélienne. « L’histoire d’Israël commence avec l’occupation illégale du territoire palestinien et se caractérise par de multiples agressions contre ses voisins et d’autres pays du Moyen-Orient », a dénoncé le représentant iranien, pour qui Israël continue de violer « en toute impunité » pas moins de 86 résolutions du Conseil. Israël continue également, selon lui, de « fouler au pied » tous les instruments internationaux visant à lutter contre la prolifération des armes de destruction massive, y compris le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Convention sur les armes chimiques et la Convention sur les armes biologiques. En effet, selon M. Khoshroo, le fait qu’Israël dispose de l’arme nucléaire est la principale menace à la sécurité dans la région.
« Si l’occupation israélienne du territoire palestinien est sans aucun doute la principale source d’instabilité au Moyen-Orient, il y a aussi d’autres contributeurs », a affirmé le représentant, estimant que les interventions extérieures dans la région avaient contribué au développement de groupes terroristes et extrémistes. Ces groupes, qui ont, selon lui, bénéficié du soutien des États-Unis, sont ensuite devenus « des monstres menaçant leurs propres alliés et créateurs ».
Partant de ce constat, le représentant a estimé que la Représentante permanente des États-Unis tentait de donner une « image trompeuse » des causes de l’instabilité au Moyen-Orient. « Nous n’allons pas perdre notre temps à répondre à ses propos incendiaires », a-t-il déclaré, avant d’accuser les États-Unis de refuser les réalités de la région, au profit de leurs « intérêts à court terme ». Même le Président américain en exercice, a-t-il dit, a reconnu publiquement que les groupes terroristes régionaux, tels que Daech, avaient été créés par son pays.
M. Khoshroo a ensuite fustigé ceux qui, dans la région, sont prêts à « dépenser leurs dollars en équipements militaires de toute beauté » et à défendre les intérêts américains et israéliens dans la région au détriment des intérêts de leur propre peuple. « Au final, ils ne servent ni les uns ni les autres », a-t-il déploré. « Il n’y a rien de beau dans les équipements militaires et les armes qui prennent pour cible les femmes et les enfants au Yémen, au contraire, la beauté réside dans les yeux des enfants innocents que l’on tue. »
La politique hostile des États-Unis et de leurs alliés, en particulier le régime sioniste, qui a transformé la région en une « véritable poudrière », exige de l’Iran qu’il ne s’endorme pas sur ses lauriers. De son expérience amère, a ajouté le représentant, l’Iran a appris que pour protéger son peuple, il doit s’appuyer sur ses propres capacités.
Aucun pays, a-t-il argué, n’a fait plus que l’Iran contre Daech et la formation d’un califat anti-islamique de Damas à Bagdad « comme l’a d’ailleurs reconnu le Président américain pendant sa campagne électorale ». Si l’Iran avait des ambitions hégémoniques, a encore argué le représentant, il n’aurait jamais signé le Plan d’action global commun. Pour le représentant, l’approche de la nouvelle Administration américaine et sa stratégie « dangereuse » s’agissant du Plan d’action et de l’Iran ne peuvent qu’ajouter une nouvelle crise aux problèmes régionaux. Aujourd’hui, a constaté le représentant, nous voyons que les États-Unis sont plus isolés que jamais et que la véracité des politiques et positions iraniennes sautent aux yeux de toute la communauté internationale.
La bonne approche n’a rien de difficile: il suffit d’ouvrir les yeux, d’avoir une certaine ouverture d’esprit, de respecter l’opinion des autres et de rechercher la paix et la justice pour résoudre la question palestinienne au Moyen-Orient.
Avocate de la cause palestinienne, l’Indonésie a toujours plaidé pour l’unité de tous les Palestiniens, a rappelé M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) en se félicitant de l’accord conclu la semaine dernière par les dirigeants du Hamas et du Fatah. Il s’agit là d’une étape essentielle vers la réunification de la Cisjordanie et de Gaza, a-t-il dit, en demandant à la communauté internationale de faire avancer la paix au Moyen-Orient.
Le temps est venu de mettre un terme à ce conflit, a insisté le représentant, en appelant à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité. Or, à ce jour, les États Membres n’ont toujours pas reçu de rapport substantiel du Secrétaire général sur la mise en œuvre de cette résolution, a-t-il déploré, tandis qu’Israël sape l’autorité du Conseil en annonçant de nouvelles colonies de peuplement.
Il n’y a pas de solution militaire au conflit au Yémen, a ensuite déclaré M. Djani qui a par ailleurs souligné la nécessité de préserver l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit encouragé par les développements récents en faveur de la réconciliation intrapalestinienne, qui favorisent selon lui le processus de paix entre Israël et la Palestine. En même temps, il faut continuer d’appuyer les efforts de la communauté internationale visant à promouvoir des négociations directes entre les deux parties pour atteindre la solution des deux États, a-t-il insisté. Le Pérou soutient les efforts du Quatuor et ceux de l’Égypte, l’Initiative de paix arabe et les bons offices déployés par divers pays d’Europe et d’Asie.
Le représentant s’est dit préoccupé par les pratiques d’Israël dans les territoires occupés qui menacent l’intégrité territoriale de l’État palestinien. Il a appelé toutes les parties à respecter la résolution 2334 du Conseil de sécurité et à mettre fin aux actes de violence, aux violations des droits de l’homme et à « la rhétorique incendiaire ». Le Pérou, a-t-il ajouté, reconnaît le droit inaliénable d’Israël de préserver sa propre sécurité et son existence à travers l’exercice de la légitime défense, conformément aux principes de proportionnalité et de légalité.
Si elle a salué le processus de réconciliation politique entre le Fatah et le Hamas, Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a néanmoins averti qu’il ne suffirait pas à faire pencher la balance en faveur des Palestiniens. Elle a appelé la communauté internationale à se montrer déterminée et à soutenir cet élan positif. « Toute tentative unilatérale d’Israël de modifier le statu quo existant dans la vieille ville de Jérusalem serait une provocation inacceptable pour des milliards de musulmans dans le monde », a-t-elle mis en garde.
Le fait de créer des « faits alternatifs » sur le terrain ne changera pas la réalité historique et ne neutralisera pas les droits légitimes des peuples vivant sous occupation, en Palestine et ailleurs, a poursuivi la représentante. La solution des deux États reste « un impératif absolu », car il n’existe pas de « plan B » pour la région, a-t-elle martelé.
Par ailleurs, le Pakistan appuie sans équivoque la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq. Mme Lodhi s’est dite convaincue que la solution aux problèmes iraquiens réside dans un État « uni et inclusif ». De même, le dialogue intersyrien est la seule voie possible pour obtenir une paix durable en Syrie. Enfin, elle a souhaité un renforcement des efforts diplomatiques et humanitaires au Yémen.
M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a rappelé la proclamation de la Déclaration de Balfour du 2 novembre 1917, qui avait imposé un mandat britannique sur la Palestine, il y a 100 ans. L’ONU ne fait autre chose aujourd’hui, a dénoncé le délégué syrien, elle qui a adopté des résolutions mises en œuvre qu’à moitié ou pas du tout sous la pression d’États puissants. Fort du soutien de ces puissances, a accusé le représentant, Israël se montre arrogant dans la région et face au Conseil de sécurité, en violant à plusieurs reprises le droit international et les résolutions. L’ONU a laissé faire Israël, permettant ainsi la multiplication des injustices auxquelles sont soumis les Palestiniens.
Le représentant a réaffirmé le droit de la Syrie sur le Golan occupé. Nos droits sur le Golan doivent être respectés et seront respectés, a-t-il promis. Il a dénoncé l’appui d’Israël aux groupes terroristes dans le Golan occupé ainsi que les attaques à l’intérieur même de la Syrie « pour soutenir les groupes terroristes ». Le Conseil de sécurité, a tranché le représentant, a la responsabilité de rétablir la justice au Moyen-Orient et en particulier dans le territoire palestinien occupé. Si le Secrétaire général veut la paix dans la région, il doit prendre immédiatement des décisions pour qu’Israël se retire des territoires occupés et mette en œuvre toutes les résolutions du Conseil de sécurité.
M. BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a estimé que le règlement du conflit israélo-palestinien était d’autant plus important qu’il aurait des effets positifs sur l’ensemble des conflits de la région. Renouvelant son appui à la solution des deux États, l’observateur a appelé Israël et l’Autorité palestinienne à faire preuve de « détermination politique » afin de parvenir à une « désescalade des tensions » sur le terrain et à rétablir le dialogue politique, « dans un climat de confiance et de respect mutuel ». Tout en saluant l’accord signé au Caire, en Égypte, le 12 octobre dernier, entre le Fatah et le Hamas, il a rejeté toute tentative visant à remettre en cause le statu quo des Lieux saints à Jérusalem-Est. Il a enfin appelé la communauté internationale à tout faire pour améliorer la situation humanitaire des civils dans l’ensemble de la région.
M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a aussi dénoncé la violation par Israël du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, et sa volonté de changer la composition ethnique et géographique des territoires occupés, y compris Jérusalem-Est. Le représentant a rejeté les mesures unilatérales d’Israël qui mettent en péril la solution des deux États dont l’Initiative de paix arabe. Saluant la dernière réconciliation entre les Palestiniens et les efforts de l’Égypte à cet égard, le délégué a estimé que cela contribuera à la réalisation des aspirations à l’unité et au développement du peuple palestinien. Il a en outre exhorté la communauté internationale à continuer de faire pression sur Israël pour le forcer à respecter les résolutions du Conseil de sécurité. Il a exhorté les cinq membres du Conseil de sécurité et les membres du Quatuor à arrêter un calendrier sur le retour aux négociations pour faire avancer la solution des deux États.
M. EPHRAIM LESHALA MMINELE (Afrique du Sud) a condamné le fait qu’Israël ait autorisé la construction de milliers de nouveaux logements en Cisjordanie, ce qui témoigne selon lui du « mépris israélien » des résolutions du Conseil de sécurité. « La détérioration de la situation sur le terrain ne peut plus continuer », a martelé le représentant, pointant du doigt cette politique de colonisation comme la principale responsable de la situation. Le représentant a par ailleurs appelé Israël à lever le « blocus illégal » de Gaza, qualifiant de « choquant » les taux de chômage dans la zone. La situation à Gaza, a-t-il poursuivi, ne peut qu’approfondir le ressentiment des jeunes, au détriment de la résolution du conflit.
Le délégué sud-africain s’est par ailleurs félicité de la signature de l’accord de réconciliation intrapalestinien, au Caire. Il a émis le souhait que cet accord puisse contribuer efficacement à l’unité politique des Palestiniens et à l’amélioration du sort des habitants de Gaza. Préoccupé, en outre, par les conditions de détention des prisonniers palestiniens en Israël, le représentant a appelé le pays à respecter les normes internationales en la matière. Il a également exprimé sa préoccupation face aux difficultés financières chroniques de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) et a appelé la communauté internationale à soutenir l’Office.
Pour M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie), depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité, en juillet, Israël a accéléré ses activités de peuplement à un rythme plus rapide que l’année dernière. Un autre triste fait est que, le 3 août, 175 établissements scolaires ont été démolis ou endommagés. Le 26 juillet, un amendement à la « Loi fondamentale: Jérusalem, capitale d’Israël » a été adopté en première lecture par la Commission des lois de la Knesset. « Si cet amendement devait être adopté, il renforcerait le contrôle israélien sur Jérusalem-Est », a dit craindre le délégué.
La question de la violence continue d’être l’un des principaux facteurs empêchant la résolution de ce conflit. La Namibie, a dit M. Gertze, encourage le règlement des différends internationaux par des moyens pacifiques. Mais en dépit des défis actuels, nous sommes encouragés par la visite à Gaza du Premier Ministre palestinien, M. Rami Hamdallah, au début du mois d’octobre. Le 12 octobre, le Hamas et l’Autorité palestinienne ont signé un accord de réconciliation visant à réparer une décennie de désaccord. Cela met Gaza et la Cisjordanie sous l’autorité d’un seul gouvernement pour la première fois depuis 2007. Ce sont toutes des étapes positives qui, nous l’espérons, indiquent la voie à suivre.
En Syrie, le délégué s’est dit « encouragé par les efforts en cours pour la désescalade de la crise après les pourparlers ». Toutefois, beaucoup reste à faire et nous espérons que le huitième cycle de pourparlers entre les Syriens convoqués par M. Staffan de Mistura, à Genève, permettra d’autres étapes positives. Au Yémen, M. Gertze a dit que la crise humanitaire qui y sévit a été provoquée par l’homme et doit être arrêtée sans tarder.
La Namibie, a ajouté le représentant, estime que mettre fin au conflit israélo-arabe aidera à réduire d’autres conflits dans la région. Il a appelé le Gouvernement d’Israël à arrêter de construire des colonies et de détruire des habitations palestiniennes et de se retirer totalement et sans condition des territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est. Il a exhorté toutes les parties à retourner à la table des négociations pour faire en sorte que le peuple palestinien soit en mesure d’exercer son droit inaliénable à un État indépendant.
M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a réaffirmé la nécessité pour le Conseil de sécurité de résoudre la question palestinienne 50 ans après le début de l’occupation israélienne. Le Bangladesh comprend la souffrance des Palestiniens pour avoir accueilli depuis 40 ans des réfugiés rohingya. Les violations du droit international par Israël a instauré une certaine culture de l’impunité chez les dirigeants de ce pays, a dénoncé le représentant qui s’est dit préoccupé par le fait qu’Israël n’applique pas la résolution 2334 (2016). Il faut mettre fin au blocus de Gaza et à toutes les formes d’occupation, a demandé le représentant. Il faut également garantir une protection internationale aux Palestiniens, a-t-il ajouté, avant de souligner la nécessité pour la communauté internationale de redoubler d’efforts afin de répondre aux attentes du peuple palestinien dont il a réaffirmé le droit à l’autodétermination et à un État indépendant.
M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a déploré le fait que la question palestinienne soit demeurée dans l’impasse depuis 2014, selon lui parce que l’attention de la communauté internationale est à l’heure actuelle monopolisée par d’autres « évènements » dans la région. Parallèlement, a-t-il déploré, Israël poursuit sa politique de peuplement dans les territoires occupés, en violation des résolutions pertinentes du Conseil. « Ces colonies de peuplement sont vécues comme une défaite par le peuple palestinien, qui a l’impression que la communauté internationale l’a trahi », a-t-il déploré, ajoutant que cela se traduit sur le terrain par des actes de violence. S’agissant de Jérusalem-Est, le représentant a dénoncé toute tentative visant à remettre en cause le statu quo des Lieux saints. « La judaïsation de Jérusalem-Est et le blocus de Gaza doivent cesser », a-t-il martelé, appelant à relancer la solution des deux États, « seule issue viable au conflit ».
Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a dit que le processus de paix au Moyen-Orient restait la priorité la plus importante de l’agenda de l’Union européenne. Parvenir à la solution des deux États est un élément fondamental de notre politique, a-t-elle assuré. La solution négociée des deux États est l’unique voie pour apporter la paix et la sécurité. C’est la raison pour laquelle l’Union européenne continuera de s’exprimer lorsque les développements ou des incidents menaceront cette solution et saperont le processus de paix.
« Nous sommes préoccupés par les informations données, par le Coordonnateur spécial, sur les activités de colonisation », a poursuivi la représentante. En particulier à Jérusalem, elle a noté l’éviction d’une famille palestinienne. L’Union européenne déplore la décision des autorités israéliennes, cette semaine, de donner des permis pour des centaines de logements en Cisjordanie au cœur d’Hébron.
L’Union européenne s’oppose fermement à la politique de colonisation israélienne qui est illégale aux yeux du droit international et menace la viabilité de la solution des deux États, a expliqué Mme Adamson. La communauté internationale ne reconnaîtra aucun changement aux lignes du 4 juin 1967, y compris concernant Jérusalem, autre que ceux acceptés par les parties elles-mêmes par des négociations. Les activités de colonisation à Jérusalem compromettent gravement la possibilité pour Jérusalem de servir comme future capitale des deux États.
Les autorités israéliennes doivent arrêter les démolitions et les confiscations de propriétés palestiniennes, y compris d’écoles dans la zone C, a continué la représentante. Elle a appelé Israël à accélérer l’agrément du plan directeur et des permis de construction pour les Palestiniens dans la zone C pour permettre leur développement. En outre, l’Union européenne condamne fermement les attaques terroristes et les violences de tous les côtés et en toutes circonstances. Elle rejette toute incitation à la violence et à la haine, fondamentalement incompatible avec une solution pacifique. Respecter les engagements d’agir efficacement à cet égard est important afin de rebâtir le respect mutuel et éviter d’autres escalades, a fait valoir Mme Adamson.
Concernant la situation à Gaza, l’Union européenne exhorte toutes les factions palestiniennes à travailler ensemble pour faire face aux besoins de la population. Une seule autorité palestinienne démocratique et légitime qui contrôle pleinement la Cisjordanie et Gaza est importante pour créer un État palestinien viable. La représentante a salué l’accord signé le 12 octobre au Caire, qui, s’il est mis en œuvre, peut devenir une étape importante vers la réalisation de l’objectif de l’unité palestinienne sous la férule d’une autorité palestinienne unique, démocratique et légitime sur la base de la plateforme de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP), des principes du Quatuor et en accord avec les accords existants.
La priorité immédiate est d’améliorer la situation humanitaire à Gaza. Mme Adamson a appelé toutes les parties à prendre rapidement des mesures concernant la situation politique, sécuritaire et économique dans la bande de Gaza, dont l’ouverture totale des points de passage, tout en prenant en compte les préoccupations sécuritaires d’Israël. La situation instable à Gaza et les récentes tensions à Jérusalem soulignent la nécessité d’une perspective politique.
Au Liban, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doit être pourvue des moyens et de l’équipement nécessaires pour garantir sa capacité opérationnelle. En Syrie, il n’y a pas de solution militaire au conflit et l’Union européenne est engagée à respecter l’unité, l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’État syrien. Mais seule une solution politique crédible, sur la base de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et du Communiqué de Genève de 2012, assurera la stabilité de la Syrie et permettra une défaite décisive de Daech et des autres groupes terroristes en Syrie.
L’Union européenne appuie l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Iraq, a encore expliqué Mme Adamson. L’intérêt du peuple iraquien est mieux servi par le dialogue et la coopération que par les initiatives unilatérales. Toutes les questions doivent être résolues par des positions consensuelles fondées sur la pleine application de la Constitution de l’Iraq. L’Union européenne appelle ainsi le Gouvernement fédéral de l’Iraq et le Gouvernement régional du Kurdistan à s’appuyer sur leur coopération réussie en matière de sécurité dans la campagne pour libérer Mossoul et à s’engager dans un dialogue constructif sur toutes les questions d’intérêt politique et économique, y compris les différends frontaliers internes. Elle exhorte toutes les parties dans la Région du Kurdistan d’Iraq à trouver un terrain d’entente et restaurer le fonctionnement des institutions démocratiques y compris l’organisation d’élections.
L’Union européenne est extrêmement préoccupée par les risques d’escalade à Kirkouk, a terminé la représentante.
Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a salué l’accord signé au Caire, le 12 octobre dernier, entre le Fatah et le Hamas, qui ouvre selon elle la voie à la formation d’un gouvernement d’unité nationale palestinien. Tout en appelant les signataires à réaliser des progrès dans la mise en œuvre de cet accord de réconciliation, elle a souhaité que cette évolution positive puisse avoir un effet d’entraînement pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix.
L’instauration de la paix devra cependant passer, pour toutes les parties, par le respect du droit international, ainsi que du statu quo des Lieux saints à Jérusalem-Est, notamment sur l’esplanade des Mosquées. La représentante a rappelé le soutien de son pays à la solution des deux États, caractérisée par la création d’un État palestinien indépendant, selon les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.
S’agissant de la crise syrienne, Mme Al-Thani a appelé à répondre aux aspirations du peuple syrien conformément au Communiqué de Genève de 2012, dans le respect de l’intégrité territoriale de la Syrie. À cette fin, elle a appuyé les efforts de désescalade de la violence dans le cadre du processus d’Astana.
« Les défis nombreux et complexes au Moyen-Orient rendent nécessaires des efforts concertés pour lutter contre le terrorisme », a par ailleurs déclaré la représentante. Or, a-t-elle déploré, alors même que la région traverse une situation difficile, depuis le début du mois de juin dernier, son pays est victime d’un blocus « illégal » et « injustifié », qui va à l’encontre des relations amicales entre États. Selon elle, ce blocus n’a fait qu’ajouter au climat d’instabilité dans la région. « En dépit de cette situation, nous continuons de défendre notre politique de règlement pacifique des différends », a-t-elle affirmé en conclusion.
Tant que la question de Palestine n’est pas résolue sous tous ses aspects, l’ONU et ses organes, notamment le Conseil de sécurité, doivent aider le peuple palestinien à parvenir à la paix et à vivre décemment et dans la dignité, a déclaré Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO, Vice-Présidente du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Il s’agit là d’une « responsabilité historique et permanente », a-t-elle souligné.
Les membres du Conseil ont répété à maintes reprises que le statu quo est insoutenable. Or, il apparaît de façon de plus en plus évidente que « le statu quo n’a rien de statique », a déploré Mme Rodríguez Camejo. La situation continue de se détériorer sur le terrain et les Palestiniens sont systématiquement dépossédés de leurs droits, a-t-elle dit en prenant pour exemple la campagne de colonisation d’Israël. Elle a dénoncé le parti israélien Union nationale qui propose d’annexer les territoires occupés, un projet extrémiste aggravé par « la rhétorique incendiaire » du Gouvernement israélien et des responsables militaires.
Pourtant, a assuré la Vice-Présidente, « il existe une issue à ce casse-tête ». La résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité donne aux États Membres les moyens d’inverser les tendances négatives sur le terrain, de sauvegarder la solution des deux États et de faire avancer la cause de la paix et de la sécurité. Le Comité, a-t-elle répété, demande au Secrétaire général de présenter des rapports écrits sur la mise en œuvre de cette résolution, y compris des mesures pour assurer la redevabilité par rapport aux activités de colonisation et autres violations du droit international.
Par ailleurs, elle a salué la volonté politique dont font preuve toutes les parties pour faciliter la réconciliation palestinienne et créer les conditions favorables au fonctionnement effectif du Gouvernement de consensus national palestinien. Elle a reconnu à cet égard le rôle constructif joué par l’Égypte. En vue d’appuyer le processus d’édification de l’État palestinien, le Comité continuera d’élargir son programme de renforcement des capacités, a-t-elle assuré.
M. AHMED ABDELRAHMAN AHMED ALMAHMOUD (Émirats arabes unis) a apporté son appui à toutes les initiatives visant à instaurer la paix au Moyen-Orient y compris le dernier accord intrapalestinien signé en Égypte la semaine dernière. Puis il a dénoncé les pratiques israéliennes dans les territoires occupés, dont profitent les groupes terroristes pour sévir contre les autres pays au Moyen-Orient. C’est pour cette raison qu’il faut forcer Israël à respecter le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité.
Après avoir réclamé plus d’aide pour la population palestinienne, le représentant a estimé qu’il faut trouver une solution globale à la question. Il a en outre dénoncé « les États voyous dans la région dont les comportements menacent la paix et la sécurité internationales ». Selon lui, il faut appliquer la politique de la tolérance zéro contre les États qui ne respectent pas le droit international et soutiennent les groupes terroristes.
M. MOHAMMED I. HAIDARA (Nigéria) a salué la décision du Hamas d’accepter les conditions du Gouvernement de Ramallah afin de procéder à l’unification de Gaza et de la Cisjordanie, comme en témoigne la signature de l’accord intrapalestinien au Caire, en Égypte, le 12 octobre dernier. Il a espéré que cet accord puisse contribuer à la réouverture de Gaza et à apaiser les préoccupations d’ordre sécuritaire d’Israël, au bénéfice de la population de Gaza. Il a en outre appelé la communauté internationale à faire davantage d’efforts pour améliorer la situation humanitaire à Gaza.
Le représentant a par ailleurs estimé que la poursuite par Israël de sa politique de colonisation sapait la solution des deux États. Il a par conséquent appelé Israël à démontrer son attachement à cette solution en mettant immédiatement fin à cette politique. Il a aussi appelé les États bénéficiant d’une influence sur les parties à faire pression sur ces dernières pour qu’elles retournent à la table des négociations.
M. AMJAD MOHAMMAD SALEH AL-MOUMANI (Jordanie) s’est dit convaincu que la sécurité et la paix au Moyen-Orient ne se feront que par la voie du dialogue pacifique. La Jordanie, a-t-il ajouté, entretient des relations étroites avec toutes les parties de la région. Elle va s’en servir pour parvenir à une solution globale pour la paix, y compris la question palestinienne. Un règlement juste de la question palestinienne entre les Palestiniens et les Israéliens est l’unique voie pour résoudre cette question, a estimé le représentant pour lequel l’avenir d’Israël est lié à celui de la Palestine dans la région.
Beaucoup d’éléments doivent être pris en compte pour répondre aux aspirations des Palestiniens et aux préoccupations de sécurité d’Israël, a encore indiqué le délégué qui a mis en avant les efforts diplomatiques de la Jordanie pour y contribuer. Il a aussi dénoncé les mesures prises par Israël pour modifier la nature des Lieux saints qui « sont nulles et non avenues ». Soulignant l’importance de l’accord de réconciliation entre les Palestiniens, il a apporté son appui aux efforts de l’Égypte à cet égard.
Concernant la Syrie, la Jordanie appuie toutes les initiatives pour mettre fin au conflit. De plus, il faut préserver l’intégrité territoriale de la Syrie, a estimé M. Al-Moumani qui a rappelé que son pays continue d’aider à faire parvenir l’assistance humanitaire dans toutes les régions syriennes. Il a espéré que les négociations d’Astana et de Genève permettront de parvenir à la paix dans ce pays. Au Yémen, il a dit qu’il était urgent de mettre un terme à la crise dans ce pays en se basant notamment sur l’initiative de paix des pays du Golfe. Il a exhorté les parties à reprendre les pourparlers de paix.
Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) s’est dite préoccupée par l’absence de « progrès concrets » pour parvenir à une solution « juste, durable et globale » du conflit israélo-palestinien. Or, a-t-elle déploré, l’occupation des territoires palestinien par Israël se poursuit, de même que les déplacements forcés de population et la confiscation des terres et des biens. « Le Conseil de sécurité doit immédiatement mettre un terme à cette injustice historique », a-t-elle appelé, ajoutant que le Conseil devait également mettre fin au blocus de Gaza. Ce dernier, a poursuivi la représentante, dure depuis plus de 10 ans et a plongé plus de deux millions de personnes dans une crise socioéconomique et humanitaire grave.
Défendant la solution des deux États, la représentante a réaffirmé le droit des Palestiniens à l’autodétermination et à disposer d’un État indépendant, sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem pour capitale et un droit de retour pour les réfugiés. Elle a en outre appelé à ce que la Palestine devienne un membre à part entière des Nations Unies.
Mme Rodríguez Camejo a par ailleurs appelé Israël à mettre fin immédiatement à son occupation du Golan arabe syrien, ainsi qu’à ses tentatives d’administrer et d’imposer sa juridiction sur le territoire, en violation de la Charte des Nations Unies, des Conventions de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a dit qu’une Palestine indépendante avec Jérusalem-Est comme capitale est la seule solution à la question palestinienne. L’unique voie pour y arriver est le retrait d’Israël des territoires occupés et le retour des réfugiés dans leurs terres. Il a condamné les restrictions imposées par la Puissance occupante pour modifier le statu quo historique et légal à Jérusalem-Est, notamment en ce qui concerne les mosquées Al-Haram et Al-Aqsa.
Le représentant a appelé Israël à stopper immédiatement les activités illégales d’occupation et à respecter ses obligations internationales, en particulier celles découlant des résolutions du Conseil de sécurité. Par ailleurs, il a demandé à la communauté internationale, notamment aux membres du Conseil, de mettre fin immédiatement au conflit en Syrie.
M. TORE HATTREM (Norvège) s’est dit préoccupé par la récente escalade de la violence dans le nord de l’Iraq. Il a appelé les parties au conflit à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques, sous peine de détériorer encore davantage la situation humanitaire déjà difficile de millions de civils iraquiens dans la zone.
Par ailleurs, le représentant a appelé à demeurer unis dans la lutte contre Daech en Iraq comme en Syrie, où la coalition anti-Daech a permis de reprendre au groupe terroriste la plupart de ses territoires. Tout en notant, de ce point de vue, l’évolution positive de la situation à Raqqa, en Syrie, il a toutefois mentionné la persistance d’entraves à l’accès humanitaire, malgré l’établissement de zones de désescalade. Il a appelé le Conseil à faire en sorte de garantir un accès humanitaire sans entrave dans toutes les zones où des besoins se font sentir à travers la Syrie.
S’agissant du conflit israélo-palestinien, M. Hattrem a salué les efforts actuels, à l’initiative des États-Unis, visant à relancer le dialogue de paix. « La situation est fragile parce que le processus politique est au point mort depuis longtemps », a-t-il estimé.
Par ailleurs, le représentant a rappelé que le Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, dont la Norvège fait partie, s’était réuni à New York, le 18 septembre dernier. À cette occasion, le Comité a tenté de réfléchir aux moyens de relancer l’économie palestinienne et de mettre un terme à la détérioration de la situation humanitaire à Gaza. Il a salué l’accord signé au Caire, le 12 octobre dernier, sous l’égide de l’Égypte, entre le Fatah et le Hamas. Cet accord, a-t-il espéré, permettra le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza.
Enfin, le représentant norvégien s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire au Yémen, où il a appelé toutes les parties à respecter leur obligation de protéger les civils, notamment les enfants, en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme.
M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré qu’un État de Palestine indépendant, établi selon les frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est pour capitale, représente le seul moyen de parvenir à une paix globale et durable, tout en assurant la sécurité des deux parties. Afin d’éviter de nouvelles crises, il a appelé les parties à s’abstenir de toute provocation ou violation des résolutions des Nations Unies et du droit international, notamment la poursuite de la colonisation. Il a dit attendre d’Israël qu’il fasse preuve de la volonté politique nécessaire à une paix durable et qu’il mette un terme à l’occupation. Estimant que les Palestiniens doivent faire preuve d’unité pour parvenir à la paix, il a salué l’Accord de réconciliation entre le Fatah et le Hamas signé le 12 octobre, et exhorté la communauté internationale à réaffirmer son soutien à la solution des deux États et à mettre un terme à la crise humanitaire à Gaza. Il s’est en outre félicité de l’adhésion de l’État de Palestine à INTERPOL, ce qui représente, selon lui, un « message fort » de solidarité de la communauté internationale.
S’agissant de la Syrie, M. Begeç a jugé que les pourparlers d’Astana ont contribué à « calmer la situation », citant en exemple la mise en place de la zone de désescalade d’Edleb et le déploiement d’observateurs. Il a indiqué qu’alors que l’opposition syrienne a fait preuve de maturité politique dans les pourparlers de Genève, le « régime » devrait être amené à négocier les questions politiques avec sérieux, en vue d’une transition. Il a souhaité l’avènement d’une Syrie stable et démocratique où l’intégrité territoriale serait préservée. Afin de mettre en place une administration légitime une fois les territoires libérés de l’emprise de Daech, du Parti de l’Union démocratique (PYD) et des Unités de protection du peuple (YPG), il a préconisé l’inclusion et l’appropriation nationale.
La Turquie ne reconnaîtra pas le référendum « illégitime » organisé par le Gouvernement de la Région du Kurdistan, a martelé le représentant, condamnant les menaces à l’unité et à l’intégrité territoriale de l’Iraq, notamment du fait de la présence du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et d’autres organisations terroristes.
M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a souligné la nécessité de mettre fin à l’expansion des colonies israéliennes de peuplement en Cisjordanie occupée. Il s’est ensuite félicité de la réconciliation de toutes les factions palestiniennes, désormais unies sous la bannière de l’Autorité palestinienne, avant de réaffirmer la position de longue date de son pays à l’Initiative de paix arabe.
À propos de la Syrie, le représentant a souhaité que cesse tout appui extérieur aux groupes armés qui font souffrir le peuple yéménite. Il a enfin attiré l’attention sur l’importance de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme.
Mme MANAL HASSAN RADWAN (Arabie saoudite) a salué l’accord signé au Caire le 12 octobre dernier, entre le Fatah et le Hamas, ainsi que les efforts de l’Égypte en vue de parvenir à cette avancée significative. Dans le même temps, la représentante a condamné les « tentatives d’obstruction » d’Israël pour empêcher la conclusion de cet accord.
Par ailleurs, la représentante a appelé Israël à se retirer de tous les territoires occupés, y compris le Golan arabe syrien, le territoire libanais et la Cisjordanie, où la Puissance occupante doit notamment mettre fin à sa politique de colonisation. Cette politique, marquée par l’annonce, ces dernières semaines, de la construction de 2 600 unités de peuplement supplémentaire à Jérusalem-Est et de plus de 30 unités dans le centre-ville d’Hébron, contribue non seulement à l’isolement de ces territoires du reste de la Palestine, mais également à la création d’un climat explosif dans la région.
En outre, a-t-elle déploré, une loi israélienne permet désormais de justifier 4 000 unités de logement supplémentaires en Cisjordanie, en légalisant les expropriations de Palestiniens. Ces mesures illégitimes doivent être combattues par les instances internationales, a appelé la représentante, qui a tiré la sonnette d’alarme face aux risques d’exacerbation du conflit au-delà de la région. En outre, elle a dénoncé le maintien du blocus israélien illégal à Gaza.
Par ailleurs, en Syrie, elle a salué les efforts internationaux pour parvenir à une désescalade de la violence. Toutefois, a-t-elle déploré, le régime syrien continue de tuer et déplacer de force sa population en utilisant la garde iranienne et les milices du Hezbollah.
Mme Radwan a insisté sur l’importance de libérer la Syrie et l’Iraq du joug de Daech, ce qui ne pourra être obtenu, selon elle, qu’avec le départ des combattants terroristes étrangers, y compris ceux qui luttent aux côtés du régime syrien. Elle a également appelé la communauté internationale à faire preuve de fermeté face aux sièges mis en place par ce régime. Elle a demandé l’établissement d’une autorité de transition en Syrie pour répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien.
Dans ce contexte, la représentante a appuyé la stratégie américaine dans la région, y compris la position du Président américain, M. Donal Trump, concernant l’Iran, qui utilise selon elle l’accord sur le nucléaire pour développer ses missiles balistiques et poursuivre sa politique expansionniste dans la région.
Mme NUR ASHKIN MOHD TAIB (Malaisie) s’est déclarée déçue par l’expansion des colonies de peuplement en Cisjordanie occupée, qui reflète un mépris flagrant des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier de la 2234 (2016). Elle s’est ensuite félicitée du récent développement que constitue l’accord de réconciliation entre factions palestiniennes, avant de demander aux parties prenantes de privilégier l’unité.
La délégation a jugé erroné d’assumer que la Puissance occupante et le peuple sous occupation ont le même niveau d’obligations et de responsabilités juridiques, politiques et morales. Elle a tenu à rappeler que la Puissance occupante se doit d’assurer le bien-être général des habitants du territoire occupé, y compris en les protégeant du transfert forcé, et en protégeant les propriétés privées.
La représentante d’Israël a estimé que l’Iran est engagé dans une politique d’agression au Moyen-Orient et au-delà, et qu’il tue des milliers de Syriens en usant d’armes chimiques. « Son représentant peut dire ce qu’il veut dans ce Conseil, mais l’Iran est le premier ambassadeur du terrorisme dans le monde », a-t-elle dit.
Revenant sur les propos du Liban, qui réclame justice, elle s’est demandé ce qui permettait à ce pays de donner des conseils alors qu’il est contrôlé par le Hezbollah. « Ces pays devraient se regarder dans la glace avant d’accuser les autres », a-t-elle tranché.