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Assemblée générale: les délégations appuient l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention des conflits et le multilatéralisme

Soixante-douzième session,
28e séance plénière - matin
AG/11959

Assemblée générale: les délégations appuient l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention des conflits et le multilatéralisme

L’Assemblée générale a rouvert ce matin le rapport sur l’activité de l’Organisation que le Secrétaire général avait présenté aux chefs d’État et de gouvernement le 19 septembre dernier.  « Nous sommes ici pour servir », avait dit M. António Guterres, en insistant sur le fait que le multilatéralisme est plus important que jamais.  Dans son rapport, il met en exergue 12 initiatives qui s’inscrivent dans son programme de réforme du système de développement, de l’architecture de paix et de sécurité et de la gestion de l’Organisation.

Le Secrétaire général se résume: « Nous devons conduire le programme de réforme en veillant tout particulièrement à faire davantage sur le plan de la prévention.  Nous savons qu’il est moins coûteux et plus efficace de prévenir une crise que de réagir après coups. »  Les 14 délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont fermement appuyé cette position.  La prévention, a commenté l’Afrique du Sud, est un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Elle a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

 Parmi les principales initiatives prises par le Secrétaire général en 2017 figurent le renforcement de la prévention, dont la nomination d’un conseiller principal pour les politiques et la création d’un comité consultatif de haut niveau sur la médiation; la signature d’un accord avec le Président de l’Union africaine en vue de mieux coordonner les activités menées conjointement; et le lancement de missions de bons offices, dont des visites dans différentes régions du monde et des actions diplomatiques visant à apporter des solutions aux crises.  Le Secrétaire général parle aussi du lancement d’une stratégie sur le financement du développement destinée à faciliter les investissements dans les objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux, s’est réjoui Singapour.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant », une bonne dose d’audace est nécessaire et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie, à son tour, la Colombie.  Mais, a estimé l’Inde, il faut voir si la profondeur des réformes est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendraient à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et leur prospérité?  Le représentant a prévenu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Où est le multilatéralisme quand l’accord sur le nucléaire iranien, qui témoigne de la valeur de la diplomatie, est aujourd’hui menacé? a demandé l’Iran.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015, a souligné Cuba.

Singapour a donc estimé que le rapport du Secrétaire général devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée.  Il pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès. 

Le rapport, a renchéri l’Iran, doit avoir « une approche plus constructive ».  Il s’est étonné que cette dernière version ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation, ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  Le rapport ne dit rien non plus de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États, a dénoncé, à son tour, la Syrie.  L’ONU doit recouvrer son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs, a ajouté l’Iran.

Le Pakistan en a profité pour demander que l’on obtienne de l’Inde qu’elle cesse ses provocations au Jammu-et-Cachemire, ce qui lui a valu un droit de réponse de la représentante indienne. 

À la fin de la séance, le Président de l’Assemblée, M. Miroslav Lajčák, a annoncé l’élection du Représentant permanent de l’Iraq, M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, à la présidence de la Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/72/1)

Déclarations

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a souligné que le premier rapport que le Secrétaire général, M. António Guterres, a présenté devant l’Assemblée générale le 19 septembre dernier reflète bien la dynamique de la réalisation des différents objectifs fixés et des défis identifiés.  Le multilatéralisme étant un outil efficace pour aller de l’avant, les Nations Unies doivent se re-calibrer car faute des réformes nécessaires, elles seraient réduites à l’inertie et à l’inefficacité.  Le représentant a donc apporté son soutien au programme de réforme du Secrétaire général et a dit attendre avec intérêt d’en voir les prochaines phases.

Il a fermement appuyé la détermination de M. Guterres de placer la prévention des conflits au cœur de son agenda et salué l’approche proposée.  Le rapport du Secrétaire général, a relevé le représentant, souligne la complémentarité entre prévention et développement inclusif et durable.  Il a particulièrement apprécié la « clarté » de cette assertion, avant d’attirer l’attention sur le rôle que la société civile et les médias doivent être appelés à jouer, et par exemple, en dénonçant les discours de haine, la xénophobie et les violences ethniques, autant de signes précurseurs des conflits. 

Le représentant a, d’ailleurs, proposé une campagne de sensibilisation sur la nécessaire universalisation de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.  Soulignant l’importance de la coopération internationale et de la mise à disposition d’outils financiers adéquats, il s’est réjoui que son pays récolte aujourd’hui les fruits de sa collaboration avec les Nations Unies.  L’Arménie a, en effet, créé une plateforme avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) afin d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Le représentant a insisté sur l’attention particulière que méritent les pays à revenu intermédiaire et les pays sans littoral comme l’Arménie.

S’agissant de la paix et de la sécurité internationales, il a rappelé que son pays a ouvert ses portes à plus de 22 000 réfugiés du Moyen-Orient.  Il a salué le soutien du Secrétaire général à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et à la Conférence sur le Haut-Karabakh.

Mme ANA SILVIA RODRIGUEZ ABASCAL (Cuba) a déclaré que chaque jour, l’ONU acquiert de plus en plus d’importance pour les peuples du monde.  Cette institution multilatérale représente l’espoir pour les millions de personnes qui aspirent à un monde meilleur, où la paix et non la guerre prévaudrait, la bonne volonté et non les menaces et la disparition de l’espèce humaine.  Pour Cuba, le multilatéralisme est plus nécessaire aujourd’hui que jamais, si l’on veut trouver des solutions efficaces aux défis complexes auxquels est confronté le monde.  En dépit des textes internationaux et des engagements pris, notamment dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur les changements climatiques, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, Cuba rappelle que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), environ 108 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire grave en 2016, soit une hausse fulgurante par rapport aux 80 millions en 2015.

La représentante a donc réclamé des ressources financières supplémentaires et prévisibles, en particulier pour financer dans les pays en développement, les infrastructures et la technologie nécessaires à la mise en œuvre des programmes nationaux de développement.  Rappelant les progrès accomplis par son pays, Cuba, malgré un blocus américain de plus d’un demi-siècle, comme en attestent la gratuité de l’éducation et de la santé et l’appartenance du pays à une zone de paix, la représentante a souligné que le meilleur moyen de prévenir les conflits est d’éliminer leurs causes profondes.  Elle a lancé un appel pour que l’on renforce les efforts contre la pauvreté, les inégalités, la faim et l’exclusion sociale.  Elle n’a pas manqué de dénoncer, en conclusion, les mesures coercitives unilatérales et rejeté, une nouvelle fois, le blocus économique, commercial et financier imposé à son pays par les États-Unis.  La représentante a purement et simplement exigé « avec toute la force des 11 millions de Cubains et l’appui de la communauté internationale », la levée de ces mesures.    

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VELEZ (Colombie) s’est félicitée de la feuille de route présentée par le Secrétaire général, qui met en valeur le véritable rôle du multilatéralisme dans l’un des pires contextes de crise mondiale et qui met l’accent sur les personnes, dans ce qui constitue davantage un document analytique qu’un simple résumé des activités de l’Organisation.  Un multilatéralisme plus efficace permet à la communauté des nations d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de paix, de développement et de droits de l’homme, a souligné la représentante.  Pour parvenir à un contrat « gagnant-gagnant » en matière de paix et de sécurité internationales, une bonne dose d’audace est nécessaire, et elle est présente dans le rapport et la vision de l’avenir du Secrétaire général, s’est réjouie Mme Mejía Velez.  Les efforts de l’Organisation doivent en effet se concentrer sur la prévention et sur une réaction plus rapide qui donnent des résultats.

La représentante a ensuite mentionné deux sujets auxquels la Colombie accorde une importance particulière: l’initiative du Secrétaire général de parvenir à l’égalité entre les sexes au niveau du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021, ce qui est également essentiel pour parvenir à une paix durable, et le rôle joué par les Nations Unies dans le processus de paix colombien.  Elle a donc appuyé la proposition d’une transformation structurelle du Secrétariat de l’ONU car il faut que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales puissent répondre aux grands défis politiques, militaires et humanitaires, sans dysfonctionnements bureaucratiques.  Pour ce faire, l’engagement de tous les États Membres auprès du Secrétaire général sera nécessaire. 

M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a salué un rapport qui montre que le Secrétaire général s’est attaqué immédiatement aux défis multiples, et a pris des mesures pour rendre l’ONU plus efficace et mis en exergue une vision claire sur la manière dont l’Organisation peut faire mieux.  Le représentant a ensuite fait plusieurs suggestions, en appuyant d’abord, l’engagement du Secrétaire général à lancer des réformes pour rendre l’Organisation plus efficace, plus souple et plus responsable, de façon à améliorer l’exécution de ses mandats et d’avoir un réel impact sur les gens.  Le représentant s’est félicité, en particulier, de la détermination du Secrétaire général à rendre l’ONU plus transparente et plus comptable de ses actes vis-à-vis des États Membres.  Il a d’ailleurs considéré le rapport du Secrétaire général comme un bon exercice de transparence et de redevabilité, en estimant tout de même que ce rapport devrait se concentrer davantage sur les résultats, en particulier sur ce que fait l’ONU pour faire la différence sur le terrain.  Le rapport pourrait par exemple comprendre une annexe d’une page présentant des statistiques et des chiffres sur l’impact de l’Organisation dans le monde au cours de l’année écoulée. 

Le rapport pourrait aussi se terminer par une liste concise des priorités et des objectifs du Secrétaire général pour l’année à venir, laquelle aiderait les États Membres à mieux comprendre les priorités de l’agenda annuel du Secrétaire général et plus important encore, à évaluer plus objectivement les progrès.  Le représentant s’est, d’ailleurs, félicité de ce que le Secrétaire général ait inclus dans la liste de ses priorités la parité totale au sein du Secrétariat de l’ONU d’ici à 2021 et salué par ailleurs l’importance accordée aux partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, qui font beaucoup pour la bonne appréhension des circonstances et contextes particuliers d’une région. 

Le représentant s’est réjoui de ce que les Nations Unies aient signé un nouveau plan d’action avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) en 2016.  Il a dit attendre avec intérêt la visite que le Secrétaire général doit effectuer à Manille pour participer au prochain Sommet de l’AESAN en novembre prochain.  Singapour, qui présidera l’Association en 2018, entend continuer le travail avec les Nations Unies pour explorer les moyens de renforcer le partenariat.  Le représentant a espéré que l’année prochaine, le Secrétaire général accordera, dans son rapport, l’attention voulue à cette question et mettra en avant les mesures que prend l’ONU pour forger des partenariats plus forts avec les organisations régionales et relever les défis mondiaux.

Notant que plusieurs conflits auraient pu être évités si l’Organisation avait fait pleinement appel à la médiation, M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a jugé que l’approche du Secrétaire général visant à donner la priorité à la prévention des conflits est une bonne approche.  Il a prévenu que la réorganisation de l’ONU ne peut se faire sans la participation de tous les États et pas seulement celle des bailleurs de fonds.  Il faut exploiter tous les outils du système de l’ONU et éviter les exercices bureaucratiques.  Le Bélarus, a indiqué le représentant, adhère totalement à l’idée du Secrétaire général de parvenir à la parité totale au sein du Secrétaire général, s’agissant en particulier du travail lié au maintien de la paix et de la sécurité internationales. 

Sur le front du développement, le représentant a, à son tour, attiré l’attention sur la situation des pays à revenu intermédiaire, qui ne disposent toujours pas au sein de l’ONU d’un mécanisme de coordination, alors qu’ils sont au nombre de 100.  Il a insisté sur les mécanismes de coopération internationale coordonnés, ouverts et transparents.  Le Secrétariat n’est pas assez à l’écoute, s’est-il impatienté, appelant ce dernier à « se montrer disposé à entendre les critiques et à les prendre en compte ».  « Il ne faut pas considérer cette Organisation comme un organisme qui vit de lui-même. »   

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a noté que la phase de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 voit déjà la réduction des moyens pour soutenir les pays en développement, le déclin des contributions financières aux organes multilatéraux chargés des questions de développement et de l’environnement et une tentative concertée de déconnecter l’aide publique au développement des engagements pris par les pays développés. L’Afrique du Sud compte sur le leadership et les bons offices du Secrétaire général pour mobiliser une aide financière adéquate et le remercie pour son engagement à « maintenir un accent implacable sur la réalisation des objectifs de développement durable ».

Saluant aussi l’accent mis par le Secrétaire général sur les droits de l’homme comme un investissement aux avantages immédiats et à long terme pour renforcer la résilience, apaiser les frustrations, réduire les inégalités et faire avancer le développement durable, le représentant a dit que son pays est prêt à aider l’Organisation à faire des progrès tangibles et concrets à cet égard, y compris l’élaboration d’une convention sur le droit au développement à inclure dans la famille des instruments des droits de l’homme. 

Face à la multiplicité de nouvelles menaces au maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant a estimé que l’ONU ne doit pas détourner le regard une fois que la stabilité est acquise.  Elle doit au contraire continuer à travailler à des solutions politiques durables.  « Nous avons vu trop souvent des conflits resurgir après la mise en œuvre des processus de paix », a rappelé le représentant. 

M. Matjila a donc fermement appuyé la vision du Secrétaire général de créer une « culture de prévention » y compris en identifiant et en s’attaquant aux racines des conflits.  Il s’agit là d’un processus qui exige la coordination entre les piliers « paix et sécurité », « droits de l’homme » et « développement inclusif ».  Le représentant a dit attendre avec intérêt l’étude que doivent publier conjointement l’ONU et la Banque mondiale sur l’interaction entre développement et processus politique pour prévenir la violence.

Le représentant a, aussi, dit attendre avec intérêt le rapport du Secrétaire général sur la pérennisation de la paix et l’approche holistique du spectre de la paix.  La paix durable exige non seulement des changements dans les structures et la mentalité de l’Organisation mais aussi un financement durable et prévisible de tous les mécanismes de paix de l’ONU.  À son tour, le représentant a salué la priorité qu’accorde le Secrétaire général aux partenariats avec les organisations régionales et la proposition d’un financement durable, prévisible et souple des opérations de l’Union africaine.  Il s’est tout de même dit préoccupé par les compressions arbitraires au budget de maintien de la paix, annoncées avec fracas sur « twitter » et qui ne manqueront pas de limiter la capacité de l’Organisation et de ses troupes de répondre à la multitude de menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a conclu en paraphrasant le Secrétaire général qui dit que « le multilatéralisme n’est pas une option facultative ».  C’est le moteur le plus efficace pour réaliser les objectifs de la paix, du développement durable inclusif et des droits de l’homme pour tous. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a jugé important que le Secrétaire général ait mis l’accent sur les objectifs de l’année à venir.  Il a partagé le constat selon lequel la transition vers un monde multipolaire s’est accompagnée d’une augmentation du nombre des conflits, de l’aggravation du terrorisme et de vagues de migrations.  La situation mondiale est complexe, a insisté le représentant en relevant la pauvreté, la fracture numérique ou le chômage des jeunes.  Il est nécessaire de réformer les Nations Unies pour faire face à ces nouveaux défis et aux nouvelles exigences du maintien de la paix.

Le représentant a dénoncé « certaines ambigüités » dans le rapport du Secrétaire général.  S’agissant du multilatéralisme, il a insisté sur le fait que l’ONU est une organisation intergouvernementale dont les décisions relèvent de la prérogative exclusive des États Membres.  Or il se trouve, a rappelé le représentant, que ces États n’ont jamais décidé d’élargir l’agenda du maintien de la paix de l’ONU.  Pour ce qui est de la prévention des conflits, le représentant a rappelé l’ONU au strict respect de la Charte et du principe de la souveraineté des États.  La responsabilité première dans la prévention des conflits incombe aux États, a-t-il tranché, rappelant, au passage, que certains conflits sont le fait d’ingérences étrangères.

La paix, la sécurité et les droits de l’homme sont certes liés mais la paix et la sécurité ne peuvent garantir à elles seules le développement.  Il est donc important que chaque programme des Nations Unies reste dans le cadre strict de son mandat pour éviter les doublons et ne pas empiéter sur le travail, a encore asséné le représentant.

Il a également regretté que le rapport ne mette pas suffisamment l’accent sur la plateforme qu’offre le Conseil économique et social (ECOSOC) pour discuter des questions du financement du développement et de la coopération au développement, en général.  Poursuivant, le représentant a dit l’attachement de son pays à la question de l’état de droit mais il ajouté infondée l’approche du rapport qui n’offre pas une véritable vue d’ensemble de la question.  Il faut certes réfléchir à la réforme des Nations Unies mais on ne peut le faire sans la participation totale de tous les États Membres, a prévenu le représentant. 

L’euphorie du Programme 2030 et de l’Accord de Paris a fini par se dissiper, a constaté M. SYED AKBARUDDIN (Inde) qui a pointé le doigt sur l’impact inégal de la mondialisation dans et entre les économies, l’angoisse générée par les mouvements de population fuyant les conflits et la brutalité et les dégâts généralisés causés par la fureur de la nature.  Le représentant a aussi cité les menaces d’escalade nucléaire, les attaques terroristes, la pauvreté endémique et le sous-développement et l’accélération des changements technologiques.  Tous ces éléments, a-t-il dit, exigent un multilatéralisme plus fort et plus efficace.  Or l’esprit du partenariat mondial semble au mieux muet et si nous avons créé une communauté de dépendance mutuelle, nous devons maintenant créer une communauté de respect et de confiance mutuels, a estimé le représentant.

À la lecture du rapport du Secrétaire général, il a estimé qu’il faut voir si la profondeur des propositions de réforme est à la hauteur de celle des défis auxquels le monde fait face.  La réforme dont on parle, réussira-t-elle à traiter d’une dichotomie marquée par l’écart entre ce que les avancées technologiques permettent et ce que le système actuel de coopération multilatérale est prêt à faire?  Aujourd’hui, les avancées technologiques que nous croyons en mesure de résoudre tous nos maux, accentuent au contraire notre sentiment d’insécurité. Croyons-nous vraiment que les réformes proposées nous placeront à la hauteur des défis posés par le rythme effréné des avancées technologiques dans l’intelligence artificielle, la biologie synthétique, la géo-ingénierie ou encore les systèmes énergétiques dirigés? 

Pouvons-nous dire que nous nous préparons à traiter de la question des espaces communs, comme les océans et l’espace extra-atmosphérique, qui n’appartiendrait à aucun État mais sur lesquels tous compteraient pour leur sécurité et la prospérité?  Reprenant les propos du Secrétaire général selon lesquels au lieu d’un « monde en paix », nous avons un « monde en pièces », le représentant en a conclu que l’on ne saurait se contenter « des petits coups d’une réforme modeste et marginale ».

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a regretté qu’au moment même où la coopération internationale est plus que jamais nécessaire pour relever la myriade des défis interconnectés et se renforçant mutuellement, le monde est de plus en plus divisé et de plus en plus polarisé.  Reprenant les propos du Secrétaire général, la représentante a estimé qu’il faut renouveler la foi dans le multilatéralisme.  Les Nations Unies, a-t-elle insisté, demeurent indispensables pour nos efforts visant à rétablir l’ordre et assurer paix, stabilité et prospérité.  Nous avons besoin, a-t-elle poursuivi, d’une Organisation qui offre les paramètres, les processus et les plateformes d’une coopération internationale essentielle pour relever les défis.  Le Conseil de sécurité, a-t-elle mis en garde, ne peut continuer à ignorer le processus du changement.  Sa réforme est tout aussi importante. 

La représentante s’est félicitée de l’accent que le Secrétaire général place sur la prévention et la paix durable, en mettant au cœur de tout, le respect des droits de l’homme.  L’édifice de la paix ne peut être érigé que sur les fondations de la justice, a-t-elle ajouté, citant les cas de la Palestine et du Jammu-et-Cachemire.  Les discours de l’Inde selon lesquels elle aurait mené des « frappes chirurgicales » le long de la Ligne de contrôle et ses menaces de frapper de l’autre côté de la ligne veulent-ils dire que les leaders indiens essayent de provoquer un conflit avec le Pakistan? s’est demandée la représentante.  Ne sous-estimez pas, a prévenu Mme Lodhi, la détermination du Pakistan à se défendre et sa capacité de le faire.  Toute agression ou intervention se heurtera à une réponse proportionnée et efficace de la part des forces armées et du peuple pakistanais, a-t-elle aussi prévenu. 

Elle a plaidé pour que la communauté internationale prenne des mesures de toute urgence pour obtenir de l’Inde qu’elle cesse ses provocations.  L’Inde, a-t-elle insisté, et qui ne saurait être autorisée à perpétrer des crimes contre l’humanité sous le prétexte fallacieux de combattre le terrorisme.  Le seul terrorisme qui existe au Cachemire est le terrorisme d’État de l’Inde, a tranché la représentante.  Rappelant que son pays a payé un lourd tribut au terrorisme, elle a souligné que cette menace ne disparaîtra que lorsque l’on s’attaque à ses causes sous-jacentes à savoir la pauvreté et l’ignorance, l’exclusion sociale et politique, les ingérences étrangères et le déni de justice économique et politique. 

M. E COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a appuyé l’évaluation du Secrétaire général selon laquelle l’Organisation doit être plus proactive, plus dynamique et plus agile dans l’approche des problèmes actuels.  Il s’est félicité de ce que le Secrétaire général soutienne fermement le multilatéralisme et ce, de manière claire et sans équivoque.  Il a applaudi sa détermination à redynamiser l’approche qu’à l’ONU des défis complexes, y compris à défendre l’impartialité de l’Organisation.

M. Rattray s’est dit ravi de la reconnaissance des défis particuliers des pays à revenu intermédiaire et la confirmation que le revenu par habitant, comme pourcentage du PNB, ne reflète pas le tableau complet du niveau de développement de ces pays.  Le « sens de l’exclusion » dont le Secrétaire général parle est réel et menace les perspectives des populations.  Dans ce contexte, le représentant a espéré que la hausse de l’aide au développement s’accélèrera pour atteindre un niveau conforme à celui de la demande.

Après avoir passé en revue le reste du rapport du Secrétaire général, le représentant a dit avoir noté avec intérêt la référence au rôle important que les partenariats peuvent jouer pour faire avancer le travail de l’Organisation.  Il aurait toutefois préféré une référence spécifique à la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au moment où la sous-région s’engage activement à renforcer sa coopération avec l’ONU.  S’agissant d’Haïti, il a exhorté tous les États Membres en mesure de le faire, à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires créé pour aider les Haïtiens touchés par l’épidémie du choléra.  

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a appuyé fermement les appels du Secrétaire général en faveur du multilatéralisme et comme lui, il s’est dit préoccupé par le fait que ce multilatéralisme soit remis en doute au moment même où il nous faut des réponses cohérentes aux problèmes interconnectés qui caractérisent le monde.  Dans ce contexte, il a répété que l’accord sur le nucléaire iranien témoigne de la valeur de la diplomatie et devrait être protégé de toute tentative visant non seulement à le saper mais aussi à saper la diplomatie et le multilatéralisme en général.  M. Khoshroo a appelé, une nouvelle fois, le Secrétariat de l’ONU à adopter « une approche plus constructive » dans son travail de rédaction des rapports.

Le représentant a par exemple noté que le rapport du Secrétaire général ne parle ni de la tendance alarmante à la nouvelle course aux armes nucléaires et à leur modernisation ni des appels forts lancés de partout dans le monde pour que l’on mette fin à cette course.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, il s’est opposé à ce qu’elles s’engagent dans des opérations militaires antiterroristes lesquelles relèvent exclusivement de la prérogative des pays hôtes.  Pour ce qui est du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, le représentant s’est dit inquiet que la plupart de ses activités soient financées par des contributions volontaires, préconisant plutôt une ponction dans le budget ordinaire de l’ONU, en particulier pour le renforcement des capacités nationales.

Il est important, a conclu le représentant, que l’ONU recouvre son rôle de leader auprès de l’opinion publique, au lieu de suivre les fausses allégations des médias et l’agenda des donateurs.  Toute réforme de la gestion de l’Organisation, a-t-il ajouté, doit viser à renforcer la capacité des États à assumer leur rôle de contrôle et de surveillance et à préserver la nature intergouvernementale, multilatérale et internationale de l’ONU.  

Passant en revue le rapport du Secrétaire général, M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est attardé sur la partie consacrée au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Il a rappelé qu’en juin dernier, les Ministres des affaires étrangères des États d’Asie centrale ont eu l’occasion de travailler avec le Secrétaire général à Achgabat lorsqu’il est venu participer au Dialogue de haut niveau sur la mise en œuvre dans la région de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Le Kazakhstan, qui travaillera en étroite collaboration avec le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, propose l’adoption d’un code de conduite sur l’antiterrorisme dans le monde libre, lequel renforcera la coopération régionale et internationale, conformément à la Charte et au droit international.  Le délégué a résumé l’approche de son pays pour résoudre les problèmes: renforcer le lien entre sécurité et développement; adopter une approche plus régionale que nationale; et obtenir de l’ONU une stratégie de développement bien coordonnée, conformément au concept « Unis dans l’action ».

Ce qu’il faut, a estimé Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie), c’est une détermination politique et un engagement à agir collectivement grâce à une fois renouvelée dans le multilatéralisme, le partenariat et la solidarité.  Dans ce contexte, les engagements pris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’Addis-Abeba sur le financement du développement et l’Accord de Paris sur les changements climatiques doivent être traduits en actes concrets pour éliminer toutes les formes de pauvreté, mobiliser des ressources financières et techniques suffisantes et combattre les effets négatifs du réchauffement de la planète.  Dans ce contexte, il faut donner un appui suffisant aux pays les plus vulnérables, notamment les pays les moins avancés (PMA).  La représentante a, d’ailleurs, salué les efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer les efforts de l’ONU s’agissant de la paix et du développement en Afrique.  Elle a insisté sur la foi de son pays dans le multilatéralisme parce que quels que soient les progrès que l’Éthiopie accomplit, elle sait bien que sans une coopération internationale renouvelée, elle ne triomphera jamais vraiment de la pauvreté.  La représentante a insisté sur une approche cohérente et coordonnée de l’ONU qui prenne pleinement en compte les trois piliers du développement durable. 

M. MOHAMMED AWAD S. MOSALIM (République arabe syrienne) a mis l’accent sur le multilatéralisme et la prévention des conflits, tout en réaffirmant le rôle et les prérogatives des États Membres.  Il a exprimé des réserves sur le mode de financement retenu pour le nouveau Bureau de la lutte contre le terrorisme, invoquant l’expérience de son pays.  Il a d’ailleurs regretté que le rapport du Secrétaire général ne dise rien ni de l’occupation étrangère du Golan syrien ni des mesures coercitives imposées à son pays par l’Union européenne, les États-Unis et d’autres États.  Il a rejeté catégoriquement le paragraphe 115 du rapport sur la création du Mécanisme chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011.  Ce Mécanisme, qui n’a pas fait pas l’objet d’un consensus, a été créé par une résolution non consensuelle et politisée pour servir un certain agenda anti-syrien, a tranché le représentant.

Droits de réponse

La représentante de l’Inde n’a pas manqué de réagir aux propos de son homologue du Pakistan, à qui elle a reproché d’utiliser des stratagèmes pour se référer aux événements du passé, sur lesquels elle ne souhaite pas revenir.

Le représentant du Pakistan a prévenu que répéter des accusations sans fondement n’en fait pas des vérités.  Le Jammu-et-Cachemire, a-t-il souligné, ne fait pas partie de l’Inde.  L’ONU a d’ailleurs clairement reconnu que le territoire fait l’objet d’un différend territorial.  Cette occupation est illégale, a rappelé le représentant.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: la situation de Guam et de la Polynésie française au cœur des débats de la Quatrième Commission

Soixante-douzième session,
3e séance – après-midi
CPSD/633

Décolonisation: la situation de Guam et de la Polynésie française au cœur des débats de la Quatrième Commission

La situation de Guam et de la Polynésie française étaient au centre des préoccupations des représentants de territoires non autonomes et des pétitionnaires qui sont intervenus, aujourd’hui, devant la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.

Contrairement aux années précédentes, les débats sur l’autonomie de Guam ont pris une dimension particulière à la lumière des récentes tensions entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée.  Le Gouverneur de Guam a notamment averti que l’île pourrait se retrouver au cœur d’une conflagration nucléaire en raison de la présence, sur le territoire, de bases militaires américaines.

Un indépendantiste de Guam a cependant refusé de faire confiance aux garanties de protection américaines contre d’éventuelles attaques nucléaires perpétrées par la RPDC.

« C’est parce que Guam est un bien militaire des États-Unis que nous sommes une cible, a-t-il dénoncé, et les insulaires de la région risquent d’être de nouveau les victimes d’une guerre qui n’est pas la leur, alors que nous mourrons déjà des conséquences de 500 ans de colonisation ininterrompue. »

Plus nuancé, le Gouverneur de Guam a estimé que si les bases militaires font de la population de Guam des cibles, elles procurent tout de même un sentiment de sécurité aux habitants qui se sentent défendus.

La destruction de l’environnement de l’île en raison de la présence militaire a aussi fait l’objet de plusieurs interventions, de nombreux pétitionnaires ayant déploré que plus de 90 sites aient été pollués en raison des activités de la marine américaine.  Ces derniers se sont également inquiétés de l’existence de projets militaires qui aboutiront à la destruction de 1 000 acres de forêt et à la contamination de la plus importante source d’eau potable de l’île.  Une membre de l’association Famoksaiyan s’est également préoccupée du fait que les États-Unis envisagent de transférer 5 000 militaires de l’île d’Okinawa sur celle de Guam.

« Nos terres ancestrales seront donc transformées en champs de tir et en camps d’entraînement, alors que notre peuple attend de récupérer ses terres et lutte pour que ses sites sacrés ne deviennent pas des centres d’entraînement », a déploré cette dernière.

La question de l’environnement était également au centre des préoccupations des pétitionnaires de la Polynésie française qui ont été nombreux à dénoncer la mainmise de la France sur les ressources naturelles de ce territoire.

La situation de l’aéroport de Faa’a, à Tahiti, et la nouvelle taxe sur le transport aérien, « qui rapporte beaucoup d’argent à la France », a également été soulevée.  Plusieurs pétitionnaires se sont également préoccupés de la question des dédommagements suite aux essais nucléaires menés par la France, les mesures adoptées jusqu’à présent par la puissance administrante ne traitant pas, selon eux, le problème des dégâts environnementaux ni du nettoyage des déchets.

« Les oubliés du nucléaire réclament justice », a lancé le Président de l’Association 193 qui a dénoncé l’absence de référence aux 193 essais nucléaires effectués dans les eaux de la Polynésie française lors de la COP 21 organisée à Paris.

« Toute la Polynésie française est contaminée et l’atoll de Mururoa est prêt à s’effondrer, il y a 600 nouveaux cas de cancer par an, et des taux anormalement élevés d’enfants malformés ou développant des cancers comme la leucémie », a-t-il encore déclaré

D’autres pétitionnaires ont indiqué ne pas être impressionné par la loi française du 5 janvier 2010 qui vise à indemniser toute personne atteinte d’une des 18 maladies radio-induites, car jusqu’ici, seules 19 demandes d’indemnisation auraient abouti.

À ce sujet, le Président de la Polynésie française a tout de même rappelé que les réparations versées par la France représentent 190 millions de dollars chaque année depuis 20 ans.

Ce dernier a par ailleurs dénoncé un projet de résolution du Comité spécial des Vingt-Quatre qui estime que la Polynésie française remplit l’ensemble des critères d’évaluation d’un territoire non autonome, affirmant que le territoire bénéficie au contraire d’une large autonomie qui lui permet de se gouverner librement.  « Nous avons les pleins pouvoirs dans les domaines économique et social, et c’est pour cette raison que mon peuple n’a jamais été tenté par l’indépendance », a-t-il notamment déclaré.

Ses propos n’ont pas convaincu les pétitionnaires qui ont unanimement dénoncé « un colonialisme déguisé », « une représentation par procuration » ou encore « une illusion d’autonomie qui s’appuie sur une délégation de compétences qui peuvent être reprises par la puissance administrante ».

La situation de Gibraltar a également été examinée aujourd’hui, la représentante de l’Espagne ayant notamment réitéré sa proposition de cosouverainté britannique et espagnole sur le territoire, tout en dénonçant les effets négatifs engendrés par le régime fiscal particulier de l’île.  Le Ministre en chef de Gibraltar a affirmé, pour sa part, que Gibraltar voulait rester sous souveraineté britannique.

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 4 octobre, à partir de 15 heures.

DEMANDES D'AUDITION  (A/C.4/72/2A/C.4/72/3A/C.4/72/4A/C.4/72/5A/C.4/72/6 et A/C.4/72/7)

Déclaration

Mme FRANCISCA MARIA PEDROS CARRETERO (Espagne) a rappelé que l’Espagne adhère pleinement à la doctrine de décolonisation des Nations Unies et qu’elle a toujours utilisé ce forum pour exprimer son rejet concernant l’existence de la dernière colonie en Europe, « qui est de plus le fait d’un pays ami », à savoir Gibraltar.  Après avoir passé en revue les origines historiques du conflit, qui remonte à 1704, la représentante a souligné que l’Espagne n’a jamais accepté l’occupation de Gibraltar et des eaux avoisinantes.  Elle a dénoncé l’impasse dans laquelle se trouve la situation depuis 50 ans, accusant par ailleurs le Royaume-Uni d’avoir pris des mesures qui ont aggravé la situation.  La représentante a notamment cité les effets négatifs du régime fiscal spécifique de Gibraltar qui ont provoqué de graves distorsions dans l’économie de la région, au détriment du revenu de l’Espagne et de l’Union européenne.  Ce régime fiscal a généré une richesse considérable sur le rocher et l’Espagne aurait aimé que les autorités l’utilisent en parti pour protéger l’environnement moyennant, notamment, la construction d’une station d’épuration des eaux, toutes les eaux usées étant actuellement déversées directement dans la mer.  Elle a également indiqué que l’économie du rocher favorise les trafics illicites, comme la contrebande de tabac, et que ces activités criminelles obligent l’Espagne à déployer des renforts dans la région.  Elle a ensuite indiqué qu’un policier municipal de La Linea, la communauté avoisinante, avait été tué le 7 juin dernier, alors qu’il poursuivait des contrebandiers.

Malgré toutes ces violations, l’Espagne veut négocier, a toutefois souligné la représentante, qui a réitéré la proposition présentée le 4 octobre 2016, qui invite le Royaume-Uni à établir un régime conjoint de cosouveraineté sur Gibraltar, « sans que cela ne nous oblige à renoncer à une solution définitive ».  Les personnes qui vivent dans les camps de Gibraltar sont les premières affectées par cette situation et nous continuerons à défendre leurs droits et intérêts, a-t-elle souligné.

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur la Polynésie française

M. EDOUARD FRITCH, Président de la Polynésie française, a déclaré que la Polynésie française était un pays autonome, rappelant qu’elle avait siégé comme État membre au sein du Forum du Pacifique.  « Le Comité spécial des Vingt-Quatre doit intégrer ce paramètre », a-t-il indiqué, dénonçant notamment un projet de résolution du Comité spécial qui estime que la Polynésie française remplit l’ensemble des critères d’évaluation d’un territoire non autonome.  Il a dénoncé un rapport réalisé par « un expert non objectif, siégeant auprès des indépendantistes », ainsi qu’une attitude partiale qui illustre une volonté manifeste de privilégier la théorie de libération, contre ceux qui respectent les processus de décolonisation démocratiques internes et qui tiennent compte de la volonté des populations.  « Nous sommes convaincus que la vérité triomphera et que l’ONU saura écouter les voix du peuple », a insisté le pétitionnaire qui a par ailleurs souligné que son peuple a toujours choisi de donner la priorité au développement des îles et pas à l’idéologie.  Il a rappelé qu’en juin 2017, 70% des électeurs s’étaient portés sur des candidats autonomistes.  « Notre pays bénéficie d’une large autonomie qui lui permet de se gouverner librement et économiquement, nous avons les pleins pouvoirs dans les domaines économique et social, et c’est pour cette raison que mon peuple n’a jamais été tenté par l’indépendance », a-t-il encore déclaré.

Abordant la question des essais nucléaires, il a rappelé que la France avait reconnu, en 2010, les dommages causés dans la région.  « C’est un sujet de dialogue permanent entre la Polynésie française et la France », a-t-il insisté, rappelant que les réparations versées par la France représentent 190 millions de dollars chaque année depuis 20 ans.  « Ces compensations ont permis de construire des infrastructures portuaires et aéroportuaires, ainsi qu’un hôpital, et nous discutons aussi de la création d’un centre dédié à l’histoire de la Polynésie française, a-t-il notamment indiqué. 

« Le colonialisme par consensus est quand même du colonialisme », a dénoncé M. OSCAR TEMARU, du parti Tavini Huiraatira No te Ao Maohi, et il est tellement bien déguisé qu’il peut être défendu par l’élu d’un gouvernement qui ne reconnaît pas l’indépendance.  Il a déploré que la puissance administrante ne transmette plus d’informations au Secrétaire général et qu’elle ne participe pas aux réunions du Comité spécial de la décolonisation.  De son avis, la « représentation par procuration » est une tactique qui a été utilisée à l’intervalle régulier par la France au cours des décennies précédentes.  C’est une violation flagrante du droit de notre peuple à l’indépendance et à l’autodétermination, a-t-il lancé. 

Le représentant de l’Algérie a voulu des précisions sur les initiatives lancées pour faire face aux conséquences des essais nucléaires.  Il s’est aussi interrogé sur les revenus générés par l’aéroport international à Tahiti.

Suite à cela, M. Temaru a expliqué que les conséquences des essais nucléaires sur la santé étaient connues de la France depuis qu’elle avait reçu un rapport détaillé des Américains au début des années 60.  Il a indiqué que la loi sur les compensations est entrée en vigueur en 2007, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une prise de conscience tardive mais d’une opération de couverture.  Concernant l’aéroport de Faha, ville la plus importante du pays dont il est maire, M. Temaru a affirmé qu’il rapportait « beaucoup d’argent aux Français mais pas ses habitants ». 

M. ANTONY TEROS, Union pour la démocratie, a rejeté les propos du Président de la Polynésie française, qu’il a qualifiés de tentative de défense de l’autonomie.  « C’est une illusion d’autonomie, qui s’appuie sur une délégation de compétences qui peuvent être reprises par la puissance administrante », a-t-il déclaré, estimant que cette « naïveté n’est pas acceptable de la part d’un président qui remet en cause la légitimité du Comité spécial des Vingt-Quatre ».

Selon le Président de la Polynésie française, la France ne contrôlerait que les douanes et la police et d’autres compétences pourraient être transmises.  « C’est l’illusion d’un gouvernement qui a accepté le colonialisme », a dénoncé le pétitionnaire, soulignant que la puissance administrante contrôle beaucoup plus de domaines de compétence, notamment le judiciaire, la défense, les affaires étrangères, l’immigration, l’aviation civile et les activités spatiales.  Selon lui, le Gouvernement central de la Polynésie française élu n’a pas d’autorité sur ses propres îles, ce qui fait de la Polynésie française un territoire colonisé et non pas un territoire autonome.

Suite à une question du représentant du Nicaragua, le pétitionnaire a indiqué que c’était le Parlement français, de manière unilatérale, qui déterminait la répartition des compétences, précisant que la représentation de la Polynésie française en son sein est limitée.  « Nous n’avons que cinq représentants », a-t-il déploré, ajoutant que les pouvoirs de l’Assemblée de la Polynésie française se limitent aux compétences accordées par la puissance administrante.

Mme ELIANE TEVAHITUA, Association Te Vahine No Mahoi Nui, a affirmé que le système électoral de la Polynésie française est contrôlé par la France, accusant ensuite la puissance administrante d’avoir empêché le Gouvernement qui appuyait la souveraineté de rester au pouvoir en introduisant un grand nombre de sièges supplémentaires pour ceux qui acceptaient l’arrangement colonial.  Elle a qualifié cette situation d’illusion d’autonomie.  Elle a aussi avancé que le Gouvernement polynésien craint d’assumer davantage de compétences, expliquant par ailleurs que le revenu que la France tire de la Polynésie française est plus élevé que le coût de financement de ces compétences.  Notre économie bénéficierait de ce transfert de compétence, a estimé Mme Tevahitua qui a dénoncé une « parodie d’autonomie ».

M. STANLEY CROSS, du Barreau des avocats de Papeete, a indiqué que différentes enquêtes avaient révélé que les relations financières entre la France et la Polynésie française sont abusives et ne vont pas dans l’intérêt des habitants du territoire.  Au contraire de ce qui a été affirmé par le gouvernement acceptant le colonialisme, la puissance administrante continue de contrôler les ressources naturelles de la Polynésie.  Le droit international affirme pourtant la souveraineté du peuple sur ses ressources naturelles, a rappelé M. Cross.  Il a rappelé que la loi organique française accorde des droits de souveraineté à la France sur une zone maritime de 5 millions de kilomètres carrés.  Il en découle que la France est classée comme deuxième puissance maritime du monde, a signalé le pétitionnaire qui a expliqué que son association cherchait à évaluer les revenus tirés par la France grâce à ce commerce maritime international.

M. TETUAHAU TEMARU, de la ville de Faa’a, a expliqué que du manganèse, du cobalt et des terres rares ont été découvertes sur les territoires de la Polynésie française.  Il a indiqué qu’après une courte période de controverse, l’exploitation de ces ressources a été déclarée viable et le commerce des minéraux et métaux maritime est désormais très profitable.  Il a souligné que le commerce international de ces ressources rapportait beaucoup mais que le droit français prévoit que la puissance administrante ait autorité unilatérale sur l’exploitation et le commerce de ces matières premières stratégiques.  Il a aussi dénoncé l’imposition, par la France, de deux impôts.  Le premier, a-t-il expliqué, est une redevance océanique imposée à chaque compagnie aérienne qui passe par l’aéroport de Tahiti, ce qui représente des millions de dollars collectés par le Gouvernement français.  Le second est une taxe aéroportuaire sur chaque billet d’avion menant ou partant de la Polynésie française.

Mme VALENTINA CROSS, ville de Teva I Uta, a salué la présence du Président de la Polynésie française, «  même s’il défend les intérêts de la France et pas du peuple de la Polynésie française ».  Elle a rappelé ensuite les raisons qui avaient amené l’Assemblée générale à réinscrire la Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes.  Face au manque de progrès sur la question, elle a appelé à la pleine application des résolutions de l’Assemblée générale.

Mme MINARII CHANTAL GALENON, Association Vahine Piri Rava, a affirmé que le colonialisme avait été utilisé d’un point de vue stratégique pour mener des essais nucléaires pendant plusieurs décennies, notamment en Algérie où les essais n’ont cessé que suite à une lutte douloureuse.  Avec la fermeture des lieux d’essais nucléaires sur le continent africain, la France s’est tournée vers la Polynésie française provoquant de graves problèmes pour la santé et l’économie, a-t-elle indiqué.  Elle a estimé qu’avec le nouvel accord de l’Élysée, la France a reconnu la souffrance des victimes de ces essais, jugeant toutefois que cet accord n’est pas suffisant car aucune réparation n’était prévue pour ce « crime contre l’humanité ». 

M. STEVE CHAILLOUX, de l’Université de Polynésie française, a réclamé un programme de dédommagement pour les victimes des essais nucléaires.  C’est un crime contre l’humanité perpétré dans nos eaux, et dans l’air que nous respirons au quotidien, a-t-il dénoncé.  Il a mentionné l’existence d’une résolution qui a quantifié le montant des réparations, mais a expliqué que ce document n’avait jamais été distribué aux États Membres.  Pour M. Chailloux, la puissance administrante a travaillé en coulisse.  « Cela a renforcé notre détermination », a affirmé le pétitionnaire qui a accusé la puissance administrante de s’efforcer de se dérober de ses responsabilités.  Il a qualifié le programme de dédommagement d’illusion, affirmant que « les 19 demandes satisfaites n’ont servi qu’à nous fourvoyer davantage ».

M. PUARAI TAEREA, Président de l’association Blue Djeun’s No Mahoi Nui, est revenu sur la Décision 57/525 de l’Assemblée générale des Nations Unies qui dénonce les activités militaires des puissances coloniales dans leurs territoires comme des entraves à la mise en œuvre de leur autodétermination et de leur indépendance.  Selon lui, il n’y a pas de meilleur exemple sur ce sujet que celui des essais nucléaires menés en Polynésie française.  Dans cette même décision, rappelle-t-il, l’ONU pointait aussi la nécessité de créer des sources de revenus alternatives pour ces territoires.  Ce point reste là aussi saillant dans le cas de la Polynésie française où les activités nucléaires françaises ont créé, selon M. Taerea, une « fausse économie » et une distorsion de l’économie locale.  Enfin, il était fait mention du fait que ces territoires ne devaient pas devenir des zones d’essais atomiques ou des dépotoirs pour déchets nucléaires.  Une description qui parlera, assure M. Taerea, à nombre de nos atolls qui ont eu à supporter le passage de l’armée française. 

Mme JUSTINE TEURA, ville de Tumaraa, a déploré des omissions délibérées d’information de la puissance administrante, accusant la France de collaborer avec certains membres de la Commission et la bureaucratie onusienne pour réduire l’incidence des essais nucléaires sur la Polynésie française.  Elle a déploré que le Forum du Pacifique ne fasse même pas référence à ces essais nucléaires, ni du combat mené pour obtenir des réparations.  Elle a déploré que le Gouvernement de la Polynésie française œuvre  pour protéger les intérêts de la puissance administrante.  « L’omission des informations sur les effets des essais nucléaires sur nos population est une source d’inquiétude », a-t-elle encore insisté, affirmant par ailleurs que la France « travaille même dans l’ombre pour bloquer des informations dans les rapports des Nations Unies, notamment sur les droits de l’homme », a-t-elle conclu.

M. VICTOR MAAMAATUIAHUPATU, Syndicat d’initiative Taaretu, a estimé que les deux rapports du Secrétaire général sur les effets des essais nucléaires ne reflétaient pas la réalité de ce qu’endurent des milliers de personne soumises à ces essais « inhumains ».  Il a critiqué des rapports qui ne font, selon lui, que ressasser des informations déjà connues des Nations Unies et ignorent les rapports d’autres organismes sur les effets des rayons ionisants.  Il a ensuite demandé que les prochains rapports au Secrétaire général soient plus exhaustifs et conformes aux engagements dans le domaine de la décolonisation.  Il a rappelé les appels lancés par l’ancien Gouvernement de la Polynésie française et les représentants de la société civile demandant au Comité spécial des Vingt-Quatre d’utiliser des informations reposant sur des sources externes au système des Nations Unies, « car les informations utilisées dans ces rapports ne sont pas adaptées et ne sont pas à la hauteur de la crédibilité d’un rapport du Secrétaire général des Nations Unies ».

Mme LELIA HEIMATA ESTALL, Association amicale des travailleurs de la mairie de Faa’a, a constaté qu’on renvoie souvent à une résolution de 1970 pour justifier la situation actuelle en Polynésie française, « mais cette soi-disant autonomie est une illusion ».  La clarté est fondamentale, et on peut la trouver si on regarde l’évolution des critères utilisés par les Nations Unies pour déterminer si un territoire est autonome ou pas.  Cela remonte en 1946, lorsque la Polynésie française a été placée sur la liste des territoires non autonomes.  Mais l’année suivante, la France a indiqué qu’elle ne fournirait plus d’informations sur ses colonies dans le Pacifique en raison du remplacement, dans la Constitution française, du mot « colonie » par « territoire », une modification qui a été acceptée par les Nations Unies.  Des années plus tard, a-t-elle poursuivi, les Nations Unies ont indiqué que la décision de retirer un territoire de la liste n’incombait pas à la puissance administrante mais à l’Assemblée générale après examen approfondi de la situation.  La résolution de 2013 a permis de corriger la situation, en se basant sur des critères contemporains, s’est félicitée Mme Estall.

« Quand j’entends que mon peuple a toujours choisi de rester français, mon cœur s’arrête », a déclaré M. MOETAI BROTHERSON, Assemblée nationale de France.  « Nous avons été conquis après la guerre et nous n’avons pas choisi d’être un terrain pour les essais nucléaires, nous n’avons pas choisi l’exploitation de nos ressources. »  Il a affirmé que, depuis 2013, la France est dans une situation de déni puisqu’elle refuse d’inclure la Polynésie française dans la liste des territoires non autonomes.  Avec l’Algérie, c’était la même tactique, a-t-il signalé.  Chaque fois qu’on aborde la question, la France quitte la salle et revient au point suivant.  Il a espéré que la nouvelle génération de politiciens changera d’attitude.  Faisant référence au Président Macron et à son discours sur le multilatéralisme qu’il a prononcé à l’Assemblée générale, il a estimé qu’il était temps que la France revienne dans les discussions multilatérales.

M. RICHARD TUHEIAVA, Assemblée de la Polynésie française, a affirmé que le Gouvernement de la Polynésie française est le porte-parole de la puissance administrante qui ignore ses obligations au regard de la Charte des Nations Unies.  Il a ensuite appelé les Nations Unies à prendre des mesures le plus rapidement possible pour faire appliquer les cinq résolutions déjà adoptées sur la Polynésie française.

Le représentant du Venezuela a ensuite voulu connaître les attentes du peuple de la Polynésie française vis-à-vis de la Quatrième Commission.

M. Tuheiava a souhaité l’adoption, par la Commission, d’une sixième résolution sur la mise en œuvre d’un processus de décolonisation.  Il a affirmé être « pris en otage par une puissance administrante » qui, a-t-il accusé, « utilise les élections législatives pour démontrer que le peuple s’est déjà prononcé, alors que ce n’est pas le cas ».  « Mon peuple a besoin d’un programme politique qui doit être mis en œuvre par la puissance administrante ou toutes autres institutions comme les Nations Unies », a-t-il ajouté, soulignant que ce programme devrait comprendre trois possibilités: indépendance, libre association ou intégration.  « Il n’y a pas d’alternative », a-t-il souligné 

M. CARLYLE CORBIN, Dependency Studies Project, a rappelé que cinq résolutions de l’Assemblée générale avaient conclu que la Polynésie française continue d’être un territoire non autonome.  Il a dénoncé le contrôle unilatéral exercé par la puissance administrante sur la plupart des compétences, ce qui place la Polynésie française en dessous des critères d’égalité et d’autonomie.  Il a aussi dénoncé l’absence de transmission d’informations et de coopération de la puissance administrante avec le Comité spécial de la décolonisation.  Dans le vide politique, se déploie une stratégie visant à légitimer le statut non autonome du territoire, a-t-il regretté, s’inquiétant du fait qu’en l’absence de l’application des résolutions, le processus de décolonisation est retardé et il y a donc un déni de justice. 

Suite à une question du représentant du Nicaragua qui s’interrogeait sur la manière de mettre en œuvre les résolutions susmentionnées, le pétitionnaire a indiqué qu’elle nécessitait l’adoption de mesures de redevabilité et de redistribution de ressources adéquates.

M. MAXIME CHAN, Président de l’Association 193, a rappelé que son association avait organisé, en 2013, un référendum sur les effets des essais nucléaires, sans susciter la moindre réaction des politiques.  « C’est ça la fausse démocratie qui perdure en Polynésie française », s’est-il insurgé.  Il a déploré que la France, « ce grand État », ne soit pas capable de « lire l’histoire que notre pays veut écrire à travers ce référendum sur les 193 essais nucléaires ».  Il a indiqué que la Polynésie française avait été « empoisonnée par l’État français », déplorant que le nucléaire soit un sujet tabou et citant en exemple l’absence de référence à ces essais lors de la COP21 organisée à Paris. 

« Toute la Polynésie française est contaminée et l’atoll de Mururoa est prêt à s’effondrer, il y a 600 nouveaux cas de cancer par an, des taux anormalement élevés d’enfants malformés ou développant des cancers comme la leucémie », a-t-il déclaré, déplorant cet héritage laissé par la France.  « Est-ce un crime contre l’humanité?  Oui, tous les éléments sont réunis, preuve à l’appui, la France avait connaissance des conséquences et le peuple de Polynésie française a servi de cobaye », a-t-il encore expliqué. 

Pour le représentant, les oubliés du nucléaire réclament justice et des réparations et la France doit prendre à sa charge tous les frais de préjudice d’assistance.  Il a conclu en rappelant que pour l’Association 193, la tenue d’un référendum local sur les essais nucléaires pourrait être une solution, appelant la France à être à la hauteur de sa devise « liberté, égalité, fraternité ».

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur Gibraltar 

M. FABIAN PICARDO, Ministre en chef de Gibraltar, a rappelé qu’il y a 50 ans, Gibraltar s’est massivement prononcé par voie référendaire pour rester sous souveraineté britannique.  « Le Gouvernement espagnol de Franco a décrété que ce référendum était illégal.  Il avait tort. »  Ce référendum était en effet, selon lui, respectueux de la Charte des Nations Unies et des résolutions de l’Assemblée générale actant du droit inaliénable des peuples non autonomes à l’autodétermination.  En 2002, un second scrutin a abouti au même résultat, mais une fois encore, l’Espagne l’a déclaré illégal à tort, a poursuivi le Ministre qui a affirmé que Gibraltar ferait aujourd’hui exactement le même choix. 

M. RICHARD BUTTIGIEG, membre du Groupe pour l’autodétermination de Gibraltar, a expliqué qu’il y a exactement 50 ans, Gibraltar devait décider: soit il passait sous souveraineté espagnole, soit il demeurait sous souveraineté britannique.  À l’époque, a-t-il indiqué, seuls 44 des 12 138 votants avaient choisi la première option, et suite à ce vote, le Gouvernement espagnol a unilatéralement fermé sa frontière avec Gibraltar et « commencé un siège qui a entravé la circulation de nourriture et de biens essentiels ».  Rappelant qu’en 2002, un second référendum a donné un résultat tout aussi clair, 99% s’étant prononcé pour rester sous souveraineté britannique, le représentant a demandé à ce que Gibraltar soit retiré de la liste des territoires non autonomes.  Il a aussi exhorté les Nations Unies à envoyer une mission sur place pour se rendre compte de la réalité de la vie des habitants de Gibraltar et de la manière dont l’Espagne se comporte envers eux.

Déclarations des représentants des territoires non autonomes et des pétitionnaires sur Guam

M. EDDIE BAZA CALVO, Gouverneur de Guam, a expliqué que depuis qu’il est à son poste, il a rencontré différents représentants du Gouvernement américain et a partagé les problèmes de son pays, tels que les crédits fiscaux sur les revenus qui les ont accablés de dette.  « En tant que fonctionnaire, je ne peux ignorer la pression des lois américaines sur nos droits.  Depuis qu’une cour américaine a déclaré notre statut non constitutionnel, nous avons vécu une période de stagnation dans notre exercice de droit à l’autodétermination », a-t-il signalé.  Le Gouvernement américain a ainsi proposé aux Chamorros d’obtenir une propriété pour un dollar pendant 99 ans, alors que les autochtones étaient en possession de ces terres avant qu’elles soient confisquées.  La semaine dernière, une cour de justice américaine a affirmé que rendre la terre au peuple autochtone de Guam violait la loi sur le logement équitable, s’est-il indigné.  Qui alors protège les droits des habitants autochtones de Guam pour qu’ils ne soient pas marginalisés sur leur propre territoire? 

Le Gouverneur a ensuite indiqué qu’il y a quelques mois, il avait envoyé une lettre invitant le Comité spécial de la décolonisation à une mission de visite, quelque-chose qui n’était pas arrivé depuis 1979.  « Nous sommes un peuple ami des États-Unis et ce n’est pas un manque de patriotisme », a voulu souligner le Gouverneur.  « Le peuple de Guam est américain et pourtant les droits qui, pour les autres Américains, sont acquis ne sont pas les mêmes pour nous.  Nous ne pouvons même pas voter pour le président », a déploré le Gouverneur ajoutant qu’il n’y a aussi pas si longtemps qu’un fils de Guam peut devenir gouverneur.  « Quelle que soit la voie que prendra notre autodétermination, qu’il s’agisse de nous distancer des États-Unis ou de devenir le cinquante et unième État, pour l’instant nous sommes américains », a-t-il conclu en espérant voir les choses avancer alors qu’on arrive à la fin de la troisième Décennie internationale de l'élimination du colonialisme. 

À la lumière de l’actualité récente, le représentant du Venezuela a ensuite voulu savoir comment évaluer la situation de Guam en ce qui concerne la présence des bases militaires sur le territoire et les menaces sur le peuple Chamorro.  Dans quelle mesure l’autodétermination peut favoriser une réponse mieux adaptée à cette situation?

Le Gouverneur a rappelé qu’une île aussi petite que Guam a toujours occupé une position stratégique importante pour les grandes puissances.  Magellan s’est arrêté à Guam, qui était une base critique de l’empire espagnol.  En 1898, il y avait 200 soldats espagnols à Guam.  Cinquante ans plus tard, ils étaient remplacés par 200 marines américains, et pendant deux ans, Guam a aussi été membre de l’empire japonais.  Guam a toujours fait l’objet d’un désir d’appropriation et de conquête, et la République populaire démocratique de Corée a les yeux rivés sur nous parce qu’il y a des bases militaires, a reconnu le Gouverneur.  Il a également indiqué que les sentiments de son peuple à ce sujet sont mitigés: d’un côté, la présence de ces bases fait de Guam une cible, et de l’autre, elles donnent un sentiment de sécurité, car les habitants se sentent défendus par leur présence. 

M. DIETRIX DUHAYLONSOD, représentant des autochtones de Guam, a évoqué la situation du peuple A’gi, victime des spoliations et confiscations de terres cultivables par l’armée.  En vertu des droits des peuples autochtones consacrés par les Nations Unies, il a réclamé que toutes les terres soient restituées aux familles spoliées, notamment aux familles chamorros.  Nous ne pouvons plus continuer de vivre en tant que colonie en plein XXIe siècle, a-t-il clamé.

Mme TIARA NAPUTI, Guhan Coalition for Peace and Justice, a demandé aux Nations Unies d’appeler la puissante occupante à changer la situation sur l’île de Guam.  Elle a déploré la dégradation environnementale dans le nord de Guam, pointant notamment du doigt la contamination perpétrée de longue date par le Ministère de la défense des États-Unis, qu’elle a qualifiés « de plus grand pollueur au niveau international ». 

« Les États-Unis utilisent l’environnement pour renforcer le contrôle politique sur l’île », a-t-elle poursuivi, déplorant les plus de 90 sites qui ont été contaminés en raison des activités de la marine américaine.  « Pendant des décennies, nos familles ont été confrontées à ces pollutions et notre génération ne verra pas ces sites nettoyés alors qu’une résolution des Nations Unies a demandé la fin des bases militaires sur notre île et le nettoyage des zones infectées par des activités militaires », a encore ajouté la pétitionnaire.  Elle a ensuite déploré que les plans de l’armée américaine prévoient l’abattage de milliers d’hectares de forêt, soulignant que cela constituait une violation de plusieurs résolutions des Nations Unies qui soulignent que les activités militaires ne doivent pas aller à l’encontre du droit inaliénable à l’autodétermination.  « Nous sommes confrontés à une tentative d’expulsion, la puissance administrante veut nous expulser », a-t-elle conclu. 

M. MELVIN WON PAT BORJA, indépendantiste de Guam, a refusé de faire confiance aux garanties de protection américaines contre d’éventuelles attaques nucléaires perpétrées par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et visant son île.  C’est parce que Guam est un bien militaire des États-Unis que nous sommes une cible, a-t-il lancé, s’inquiétant à la perspective que les insulaires de la région risquent d’être de nouveau les victimes d’une guerre qui n’est pas la leur.  Nous mourrons déjà des conséquences de 500 ans de colonisation ininterrompue, a-t-il encore déclaré.

Mme VICTORIA-LOLA LEON GUERRERO, membre fondateur de Nos îles sont sacrées, a demandé que la voix de son peuple soit entendue et que justice lui soit rendue, afin de trouver la paix.  Guam pourrait se retrouver au cœur d’une conflagration nucléaire, a-t-elle ajouté, faisant référence aux tensions entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée.  Elle a souligné qu’un homme qu’elle n’avait pas choisi pour diriger son pays échangeait des menaces avec un autre détenteur d’armes nucléaires, et qu’elle ne savait pas comment assurer à ses enfants qu’ils étaient en sécurité.  La pétitionnaire a appelé les délégations à soutenir les demandes du peuple de Guam pour que leur île rejoigne la communauté des peuples indépendants et qu’ils contrôlent eux-mêmes leurs propres ressources et leurs destinées.

M. MICHAEL LUJAN BEVACQUA, Coprésident de la « Independance for Guam Task Force », rappelant que Guam est sur la liste des territoires non autonomes depuis 71 ans, a estimé que les États-Unis n’ont pas fait leur part en matière de processus de décolonisation, accusant la puissance administrante de bloquer les velléités indépendantistes de l’île.  Selon lui, une cour fédérale américaine aurait statué qu’un scrutin sur la question devrait obligatoirement être ouvert aux citoyens américains résidant sur l’île, « même s’ils n’y sont que depuis quelques jours ».  Or, a-t-il indiqué, le peuple autochtone des Chamorros ne représente plus que 37% de la population.  Il a par ailleurs accusé les troupes américaines de renforcer le pouvoir colonial en réduisant l’île à son seul intérêt stratégique et s’est inquiété de la menace que le dialogue de plus en plus tendu avec la « Corée du Nord » fait peser sur son île.  « Un processus de décolonisation qui suit les règles du colon n’est pas une décolonisation: c’est une poursuite de la colonisation », a-t-il asséné en guise de résumé. 

Suite à une question posée par le représentant du Venezuela, M. Lujan Bevacqa a expliqué que de nombreux Américains considéraient Guam comme étant un pays étranger et qu’il était difficile de dialoguer avec la « puissance occupante ».  Nous espérons que l’attention de la presse et une visite des Nations Unies permettront de faire comprendre à la puissance occupante la nécessité de dialoguer.

Mme SAMANTHA BARNETT, Pruthehi Litekyan: Save Ritidian, a indiqué que des « hommes étrangers et lointains » avaient décidé que la Corée du Nord était un danger.  Elle a expliqué avoir entendu les histoires des anciens qui ont vécu l’occupation japonaise, rappelant les souffrances des précédentes générations, tout en insistant sur leur résilience.  « Si je peux parler aujourd’hui, c’est parce que j’ai hérité de cette résilience », a-t-elle indiqué, soulignant que la guerre « est un souvenir pour notre île qui demeure sur nos épaules et qui se rappelle à nous chaque fois que la puissance administrante fait des exercices militaires, effectue des essais ou développe des bases là où nous grandissions ».  Elle a déploré que son peuple ne puisse faire entendre sa voix, que les sites sacrés de son peuple soient empoisonnés par l’armée américaine, et ses terres confisquées sans que le Gouvernement ne donne jamais de compensation.  « Toutes les familles connaissent ça », a-t-elle ajouté, rappelant que son peuple luttait pour « récupérer des terres et protéger des sites sacrés ». 

Mme LISALINDA NATIVIDAD, Commission pour la décolonisation de Guam, a souligné que le projet de résolution des Nations Unies sur la question de Guam relevait avec inquiétude la décision d’une cour américaine selon laquelle « un référendum sur l’indépendance de ce territoire ne pourrait pas se limiter aux natifs de l’île ».  Cette décision se base de manière erronée, selon elle, sur les droits civils des États-Unis.  « Le processus de décolonisation n’est pas une question de droits civils, mais plutôt d’un exercice du droit inaliénable de l’être humain à l’autodétermination », a-t-elle souligné.  Elle a donc exhorté les Nations Unies à trouver d’autres solutions pour Guam que celles qui ont été essayées « en vain » jusqu’à maintenant.  Elle a indiqué que la Commission pour la décolonisation de Guam propose notamment que l’ONU contraigne les États-Unis à s’engager dans la décolonisation de Guam, qu’elle s’oppose fermement à ses plans de construction qui aboutiront à la destruction d’un écosystème et d’un lieu sacré et qu’elle envoie une mission à Guam pour constater par elle-même de la situation sur l’île.

Mme THERESE M. TERLAJE, 34e législature de Guam, a estimé que Guam doit avoir le contrôle sur ses ressources naturelles, car elles jouent un rôle essentiel dans l’absorption du CO2, du maintien de la biodiversité et de la protection contre les marées.  Elle a cependant constaté que la colonisation entrave les efforts de protection, accusant la puissance administrante de chercher à mettre fin à un programme qui protègent les ressources de l’île.  Elle a dénoncé la création de sites d’exercices militaires à Guam, pour des questions économiques déterminées par le congrès américain.  « Le peuple de Guam n’a jamais été d’accord sur le fait que nos territoires et eaux soient contaminés, nos zones de pêche restreintes, et que des sites militaires soient placés à coté de nos sites sacrés. »  Elle a appelé la Commission à voter un projet de résolution pour mettre en œuvre la décolonisation de Guam au plus vite.

Mme TELENA CRUZ NELSON, Sénatrice, a indiqué qu’elle était une ancienne combattante de l’armée américaine, et qu’à Guam, un adulte sur huit était un ancien combattant de l’armée américaine, le plus important taux d’engagement dans l’armée.  « Pourtant, nous manquons de soins médicaux pour les anciens combattants », a-t-elle dénoncé, ajoutant que les États-Unis soutenaient l’engagement du peuple de Guam dans l’armée mais pas son droit inaliénable à l’autodétermination.  Elle a également déploré que le contrôle colonial interdit au peuple de Guam de déterminer ses lois, de protéger ses terres et ses moyens de subsistance.  Les États-Unis ne permettent pas non plus l’organisation d’un référendum.  Elle a imploré la Quatrième Commission de faire pression sur les États-Unis pour que Guam soit retiré de la liste des territoires non autonomes.  « Nous n’avons pas de droit de vote, nous ne pouvons pas nous administrer seuls car le Gouvernement des États-Unis ne nous le permet pas », a-t-elle de nouveau souligné avant de réclamer pour son peuple le droit de choisir son statut politique.

Mme KERRI ANN BORJA, femme autochtone chamorro, a expliqué qu’elle militait pour la défense des langues autochtones de Guam, afin de perpétuer une culture ancestrale qui est actuellement dominée par la puissance administrante.  Elle a ainsi indiqué que moins de 20% des habitants de l’île étaient des locuteurs chamorros.  Sauver cette langue menacée d’extinction c’est sauver une culture, son peuple et sa terre, a-t-elle plaidé.  Elle a ajouté qu’elle soutenait le projet de résolution de la Quatrième Commission sur la question de Guam, un texte, a-t-elle dit, qui souligne l’urgence pour la puissance administrante de reconnaître et respecter l’identité ethnique et culturelle du peuple chamorro de Guam.

Mme JULIA FAYE MUNOZ, du Réseau de femmes du Pacifique, a rappelé que depuis 2013, Guam et le Pacifique ont connu une accélération record du blanchiment du corail et qu’en conséquence, un grand nombre de poissons pourrait disparaître d’ici à 2100.  Par ailleurs, l’océan s’est élevé de plusieurs centimètres et cette élévation du niveau de la mer provoque une dégradation des pêches, intensifie les inondations et nous rend vulnérables aux tsunamis, s’est alarmée la pétitionnaire, ajoutant que les infiltrations d’eau salée causent des pénuries d’eau potable.  Vu que l’économie de Guam dépend du tourisme, elle s’est inquiétée des pertes économiques causées par les changements climatiques et qui sont estimées à 1,24 milliard de dollars.  Elle a ensuite souligné que si le droit de son peuple à l’autodétermination n’est pas respecté, il sera impossible de mettre en œuvre l’Accord de Paris et de réaliser les objectifs de développement durable.  C’est une menace pour la biodiversité du monde et une cause de pauvreté, le pape François l’a aussi reconnu, a-t-elle lancé.  Elle a ensuite appelé la Commission à approuver un projet de résolution sur les dégâts irréversibles causés par la puissance administrante qui prévoit de construire des nouvelles installations militaires et des champs de tir qui vont détruire 1 000 acres de forêt et empêcher l’accès à des sites sacrés.  Elle a demandé une mission de visite du Comité spécial de la décolonisation à Guam. 

Mme PIM LIMTIACO, Famoksaiyan, a indiqué que les États-Unis envisagent de transférer 5 000 militaires de l’île d’Okinawa sur celle de Guam.  « Nos terres ancestrales seront donc transformées en champs de tir et en camps d’entraînement, alors que notre peuple attend de récupérer ses terres et lutte pour que ses sites sacrés ne soient pas des centres d’entraînement », a-t-elle déploré.  Elle a dénoncé des projets militaires qui aboutiront à la destruction de 1 000 acres de forêt, et à la contamination de la plus importante source d’eau potable de l’île.  « Nos peuples sont pacifiques mais taxés de terroristes, de traitres ou d’anti-américain », a-t-elle ajouté, qualifiant cette situation de « viol de nos droits de l’homme ».  Elle a ensuite appelé les Nations Unies à faire pression sur les États-Unis pour faire évoluer la situation.  « Nous vous encourageons à organiser une mission de visite, les Nations Unies doivent utiliser leur influence pour imposer aux États-Unis un processus de décolonisations », a-t-elle conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les États Membres affichent leurs divergences au sujet du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Soixante-douzième session,
3e séance – matin
AG/DSI/3572

Première Commission: les États Membres affichent leurs divergences au sujet du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires

Sous fond des préoccupations suscitées par le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le deuxième jour du débat général de la Première Commission a été l’occasion, ce matin, pour de nombreuses délégations d’expliquer les raisons de leur adhésion, ou non, au nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui a été adopté le 7 juillet de cette année.

La représentante du Honduras a salué l’adoption de ce nouvel instrument, y voyant notamment une contribution majeure à la concrétisation de cet « objectif commun » qu’est l’interdiction universelle des armes nucléaires.  Elle a d’ailleurs expliqué que son pays avait signé le Traité le jour de son ouverture à la signature, le 20 septembre, afin de répondre à « l’angoisse croissante » des peuples face à l’augmentation et au perfectionnement des stocks d’armes nucléaires et au risque accru et réel de détonations. 

Son homologue de la Norvège a en revanche justifié le refus de son pays de signer ce traité « irréaliste » par son attachement à l’élimination totale des armes nucléaires, une tâche qui réclame à ses yeux patience, détermination et réalisme. Or, ce traité, semble avoir été rédigé pour ne pas bénéficier de la coopération active des États dotés de l’arme nucléaire, s’est inquiété le représentant, avant de plaider pour le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et des accords existants. 

Abondant dans ce sens, la représentante des États-Unis a affirmé, de son côté, que la situation internationale actuelle rend la dissuasion nucléaire nécessaire. Dans ces conditions, a-t-elle argué, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’est pas seulement inutile mais contreproductif, en cela qu’il divise politiquement les corps existants et sape la légitimité et les capacités des traités de non-prolifération et de désarmement.  Il serait donc « irresponsable » pour les États-Unis de signer ce traité, a expliqué la déléguée, appuyée par le représentant d’Israël.

À l’instar de nombreuses délégations, la représentante des États-Unis a également dénoncé les multiples essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques effectués par le régime de Pyongyang. Qualifiant la RPDC de « la plus grande menace sécuritaire à laquelle le monde doit faire face », la déléguée américaine a toutefois démenti toute intention, de la part de son gouvernement, de vouloir faire tomber le régime de Pyongyang ou de chercher une quelconque excuse pour intervenir militairement.

Pour trouver une issue diplomatique à cette crise, plusieurs pays ont cité en exemple l’accord obtenu sur le programme nucléaire iranien, le Plan d’action global commun, comme porte de sortie possible. Cette négociation démontre, selon le représentant de l’Autriche, que la diplomatie multilatérale peut arriver à une solution « même quand la situation semble inextricable ».

Ce dernier a également estimé nécessaire de se demander pourquoi un état comme la RPDC craint pour sa sécurité au point de se doter de l’arme nucléaire, rappelant que les négociateurs du TNP ont prouvé par le passé qu’il y avait un lien de cause à effet entre la détention des armes nucléaires par certains pays et leur prolifération dans le reste du monde.

L’exigence de dialogue et de coopération était aussi au cœur de l’intervention du représentant de l’Australie qui a mis en garde la communauté internationale contre le risque d’une polarisation grandissante dans les rapports multilatéraux, en raison de l’impatience liée au rythme du désarmement et des désaccords sur la manière de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.

« Ces États doivent reconnaître que le principe de non-prolifération ne suffit plus », a ajouté la représentante de Cuba, qui a par ailleurs dénoncé les sommes « indécentes » qui sont consacrées à la modernisation des 15 000 armes nucléaires déployées dans le monde. À ses yeux, il faudrait promouvoir le développement durable au lieu d’investir dans l’industrie de la guerre.

Le représentant du Pérou a par ailleurs constaté que les armes légères et de petit calibre sapent elles aussi la réalisation du développement durable à l’échelle de régions entières et a plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant de traçage de ces armes qui tuent et exacerbent la pauvreté.

Il a été rejoint par son homologue norvégien qui a souhaité que la prochaine conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies à ce sujet soit l’occasion d’améliorer la coopération régionale en matière de contrôle des armes et de la sécurité.

La Première Commission poursuivra son débat général demain, mercredi 4 octobre, à partir de 10 heures.

POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Suite du débat général

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a indiqué que son pays avait récemment déposé les instruments de ratification de son pays relatifs au Traité sur le commerce des armes.  Nous devons répondre collectivement aux graves conséquences humanitaires de l’utilisation d’armes à feu, notamment par des acteurs non étatiques, a-t-il ajouté.  Le représentant a également plaidé en faveur de l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant de traçage des armes légères et de petit calibre (ALPC).  Ces armes tuent, blessent et exacerbent la pauvreté, sapant la réalisation du développement durable à l’échelle de régions entières, a-t-il rappelé. 

Concernant les armes nucléaires, le représentant a souligné que le Pérou était un promoteur actif de la création de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde, et qu’il attachait une importance particulière à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a d’ailleurs demandé à tous États de l’annexe II au Traité de ratifier sans délai cet instrument.  Réaffirmant ensuite la pertinence du régime instauré par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), le représentant a condamné les essais nucléaires conduits par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et exhorté les autorités de ce pays à autoriser l’AIEA à contrôler ses installations nucléaires.  Pour ce qui est du mécanisme onusien de désarmement, il a notamment demandé aux États Membres siégeant à la Conférence du désarmement de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour permettre à cette instance de reprendre la négociation d’instruments multilatéraux.  Il a par ailleurs indiqué que le Pérou présenterait un projet de résolution sur le lien entre désarmement régional et développement.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a déclaré que l’existence même d’armes nucléaires, aux effets potentiellement aussi dévastateurs, « va à l’encontre des principes de la Charte des Nations Unies et contredit le droit international humanitaire ».  Il a estimé que l’adoption, le 7 juillet 2017, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires permettra de renforcer les régimes internationaux de non-prolifération du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et les garanties de l’AIEA.  Ce traité aura une incidence sur nos travaux, qui deviendront plus ambitieux, a-t-il poursuivi, ajoutant que les parties au Traité devront mettre au point une feuille de route plus concrète vers la réalisation d’un désarmement nucléaire général et complet.

Le représentant brésilien a rappelé l’attachement de son pays à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires dans le monde et formé le souhait que les armes nucléaires cessent de figurer au cœur des doctrines nationales et de sécurité.  Concernant la nucléarisation de la péninsule coréenne, il a déclaré que les essais nucléaires du régime de Pyongyang « sapent le régime du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et retardent l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ».  Or, a-t-il souligné, le TICE est un instrument qui a été conçu pour faire pleinement partie d’un cadre juridique devant mener au désarmement nucléaire général et complet.  M. Vieira a également jugé que la militarisation de l’espace extra-atmosphérique était incompatible avec le développement d’activités durables à ce niveau.  Il a ainsi indiqué que son pays se porterait coauteur de la résolution sur la sanctuarisation de l’espace extra-atmosphérique.  « De nouveau, par ce texte, nous demanderons la création d’un groupe d’experts gouvernementaux chargés de réfléchir à la création d’un instrument juridiquement contraignant de prévention du placement d’armes dans l’espace », a-t-il expliqué.

Mme ANITA E. FRIEDT (États-Unis) a défendu le bilan du désarmement nucléaire américain indiquant notamment que le nombre total de têtes nucléaires dont dispose son pays avait été réduit de 87% depuis le pic de la guerre froide.  « Nous espérons atteindre les niveaux fixés par le nouveau Traité de réduction des armements stratégiques (START) lorsqu’ils entreront en action au mois de février 2018 », a-t-elle ajouté.  Elle a aussi affirmé que son pays avait cessé de produire des matières fissiles dans les années 1990 et qu’il en avait retiré des « centaines de tonnes » de ses programmes nucléaires. Ces efforts sont la preuve de la volonté américaine de se conformer aux exigences de l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a encore affirmé la représentante.  Mme Friedt a toutefois rappelé les activités de désarmement, qui ont découlés de ces accords, s’étaient déroulé à une époque où les conditions étaient particulièrement propices.  À l’heure actuelle, a-t-elle souligné, les défis de sécurité sont autrement plus préoccupants.

La représentante des États-Unis a notamment cité le cas de la « Corée du Nord », qu’elle a qualifié de « plus grande menace sécuritaire à laquelle le monde doit faire face ».  Les multiples essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques au-dessus du Japon effectués par le régime de Pyongyang violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, et menacent non seulement l’Asie du Nord-Est, mais le monde tout entier, a-t-elle dénoncé.  Citant le Secrétaire d’État américain, M. Rex Tillerson, elle a assuré la communauté internationale de la volonté de son gouvernement de trouver une issue diplomatique à cette crise, démentant notamment toute intention de vouloir faire tomber le régime de Pyongyang ou de chercher une quelconque excuse pour intervenir militairement.  « Nous continuerons de travailler avec la Corée du Sud et le Japon pour prendre toutes les mesures nécessaires afin de prévenir une éventuelle attaque nord-coréenne, a-t-elle cependant affirmé.  La récurrence des attitudes provocatrices de la Corée du Nord soulignent l’importance pour chaque pays réuni dans cette pièce à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité. »

Poursuivant, la représentante des États-Unis s’est préoccupée de l’utilisation des armes chimiques en Syrie.  Rappelant que son pays condamne avec fermeté tout usage de ces armes, elle a accusé le régime de Bashar Al-Assad de continuer à les utiliser de manière « odieuse », notamment le 4 avril 2017, à Khan Cheikhoun.  À ses yeux, les agissements du régime d’Assad démontrent son mépris envers les lois internationales.  Elle a ensuite exhorté le régime de Damas à mettre fin à son programme chimique et à collaborer avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et ses différentes missions d’enquête conjointes et de vérification des faits.

Mme Friedt a ensuite indiqué que les États-Unis présenteront cette année leur résolution sur le respect des accords et obligations en matière de non-prolifération, de limitation des armements et de désarmement, disant comprendre le désir de faire des progrès en matière de désarmement nucléaire. Elle a toutefois souligné que «la situation internationale rend la dissuasion nucléaire nécessaire.  Dans ces conditions, a-t-elle affirmé, « le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires n’est pas seulement inutile mais contreproductif », en cela qu’il divise politiquement les corps existants et sape la légitimité et les capacités des traités de non-prolifération et de désarmement. Il serait donc « irresponsable » pour les États-Unis de signer ce traité, a expliqué la représentante.  Elle a ensuite appelé les États Membres à en faire de même et à travailler plutôt au renforcement de la législation existante et à la poursuite des efforts de désarmement tels que définis dans le TNP.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a déclaré que cette année n’avait pas été ordinaire, citant notamment le vote, par 122 États, du Traité « historique » sur l’interdiction des armes nucléaires, et évoquant le travail d’une « large coalition d’activistes, de survivants, d’intellectuels et de politiciens » qui ont résolument ignoré les « instances cyniques qui propagent le défaitisme ».  Tout en reconnaissant que ce traité ne permettra pas d’éliminer immédiatement les armes nucléaires, le représentant a souligné que ce texte pourra délégitimer ces armes et renforcer les normes juridiques et politiques contre leur emploi.  M. Rattray s’est par ailleurs félicité du fait que la Commission du désarmement ait réussi à se mettre d’accord sur l’adoption de recommandations concernant des mesures de rétablissement de la confiance dans le domaine des armes classiques, ainsi que de l’adoption, par consensus, de l’ordre du jour de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au désarmement.  Il s’est en revanche inquiété des actes terroristes dont les pays continuent d’être la cible.

Que ce soit dans la lutte contre le terrorisme, le crime transnational organisé ou la cybercriminalité, M. Rattray a ensuite mis en évidence la nécessité d’une réponse collective et internationale.  Il a également indiqué qu’il fallait accorder une attention prioritaire à la prévention de l’armement de l’espace, s’inquiétant notamment du fait que sur 1 400 satellites en orbite, environ un quart ont des applications militaires.  Rappelant qu’il faut aussi traiter des causes profondes qui mènent aux conflits, le représentant a en outre jugé impératif d’accorder une plus grande attention aux liens entre désarmement et développement.  Il a indiqué que le Centre régional pour la paix, le désarmement et le développement fournit une assistance aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes dans les domaines législatif et politique, ainsi qu’en matière de renforcement des capacités, et a appelé à lui accorder un plus important soutien financier.  

Mme EVA WALDER (Suède) a constaté que le désarmement fait face à de nombreux défis, citant notamment la course à l’armement nucléaire en Asie du Sud, le programme nucléaire « nord-coréen », l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, ou encore l’impunité dans l’utilisation des armes chimiques.  Elle a appelé à mettre l’accent sur la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et la tenue, en 2020, de la Conférence des Parties chargée de son examen.  Les États dotés d’armes nucléaires doivent reconnaître que ce traité ne leur donne pas le droit de posséder des armes nucléaires pour toujours, a-t-elle affirmé.

La représentante a ensuite appelé la communauté internationale à « ne pas répondre » aux « actions provocatrices » de la République populaire démocratique de Corée, soulignant que c’est non seulement illégal, et qu’accélérer tout programme nucléaire ou balistique représente une claire menace pour la paix et la sécurité internationales et exacerbe les tensions régionales.

La déléguée a ensuite souligné combien le Plan d’action global commun démontrait le potentiel de la diplomatie multilatérale.  Sa pleine mise en œuvre est essentielle, et il importe de même d’éviter toute action susceptible de saper la confiance mutuelle.  Elle a ajouté qu’une ratification rapide du Protocole additionnel par l’Iran et l’accession d’autres États qui ne répondent pas aux standards de vérification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires renforceraient grandement le travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Elle a également appelé les États-Unis et la Russie à prendre le leadership sur cette question, indiquant qu’une « relation difficile n’était pas une excuse à l’inaction ».

Mme Walder est ensuite revenue sur la question des armes chimiques.  Malgré les grands progrès accomplis, notamment la destruction par la Russie, le mois dernier, de ses dernières armes chimiques déclarées, leur usage se poursuit, a regretté la déléguée en donnant l’exemple de l’attaque au gaz sarin à Edleb, en avril dernier.  Elle a également regretté l’échec de la dernière Conférence de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction. La représentante s’est par ailleurs préoccupée de l’impact des armes légères et de petit calibre sur le développement social et économique de nombreuses régions du monde et a appelé les État Membres à mieux les contrôler, ainsi que leurs munitions.

Mme TATIANA ZELAYA (Honduras) a déclaré que les zones exemptes d’armes nucléaires représentaient « une base solide pour obtenir une interdiction universelle des armes nucléaires ».  À cet égard, elle a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, adopté le 7 juillet, était une contribution majeure à la concrétisation de cet objectif commun.  « Nous l’avons signé le 20 septembre dernier pour répondre, aux côtés d’une cinquantaine d’autres États, à l’angoisse croissante des peuples face à l’augmentation et au perfectionnement des stocks d’armes nucléaires et au risque accru et réel de détonations, y compris accidentelles », a expliqué la représentante.  Elle a ensuite appelé à l’universalisation de la Convention sur les armes chimiques (CIAC) et de la Convention sur les armes à sous-munitions.  L’emploi d’armes de destruction massive et d’armes à sous-munitions multiplie les souffrances humaines au sein des populations les plus vulnérables, entravant ainsi leur développement socioéconomique, a-t-elle rappelé.  Elle a annoncé que sa délégation appuierait les projets de résolution de la Première Commission plaidant pour l’entrée en vigueur et le renforcement de ces conventions « qui ont aussi une visée humanitaire ».

M. ALON ROTH-SNIR (Israël) a souligné que le Moyen-Orient est devenu encore plus instable qu’auparavant, s’inquiétant notamment de l’augmentation « notable » des zones sous le contrôle d’organisations terroristes et de la nette prolifération des armes classiques et chimiques, en violation avec plusieurs résolutions des Nations Unies.  « Cette réalité perturbante a eu des conséquences dévastatrices qui vont bien au-delà du Moyen Orient », a souligné le représentant qui a affirmé qu’Israël appuie la vision d’un Moyen-Orient sans hostilités, signalant toutefois que cet horizon n’ira pas « sans reconnaissance mutuelle, réconciliation et cessation de tout acte d’hostilité, d’agression ou de terrorisme ».  Certains de ces agissements, a-t-il prévenu, sont conduits et appuyés par des États présents dans cette salle.

Le représentant a alors accusé l’Iran de tester régulièrement les limites des résolutions et accords du Conseil de sécurité.  Cette année, a-t-il affirmé, a vu l’Iran progresser dans le développement de ses capacités balistiques, avec plus de 20 essais de missiles capables d’embarquer des têtes nucléaires et dotés d’un rayon d’action maximal de 2 500 kilomètres.  Outre des tirs sur des cibles en Syrie, le représentant a affirmé que des missiles balistiques avaient également été « lancés sur une étoile de David dessinée sur le sol ».  Il a également accusé le régime de Téhéran de continuer à appuyer des organisations terroristes dans la région en leur fournissant armes et appui logistique et a engagé la communauté internationale à condamner sans équivoque le comportement de l’Iran.

Enchaînant sur la question des armes chimiques en Syrie, le représentant israélien a signalé que le dernier rapport de la Mission d’établissement des faits de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) indique que l’agent qui a été utilisé le 4 avril dans la ville de Khan Cheikhoun contenait plusieurs composants chimiques qui n’existent que dans le gaz sarin fabriqué par le régime syrien.  « Il y a une érosion du tabou chimique, a poursuivi le représentant.  Et la communauté internationale doit y répondre en urgence afin d’éviter que des acteurs non étatiques n’utilisent une de ces armes. »

Concluant sur la question du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, le représentant a indiqué que si son pays a refusé de participer aux négociations et de le signer, c’est qu’il considère que ce texte ne contribue pas efficacement au droit coutumier lié à la lutte contre ces armes.

M. NIKOLAI OVSYANKO (Bélarus) a souligné que l’AIEA était le seul garant de l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques et a appelé à l’entrée en vigueur sans délai du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il n’y a pas d’alternative à cet instrument, a-t-il souligné, arguant que les essais effectués par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) font peser de graves menaces sur l’existence même de la péninsule coréenne.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays présenterait un projet de résolution contre la fabrication de nouveaux types d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs, expliquant que ce texte vise à promouvoir la fin de la course aux armements.  Il a ensuite attiré l’attention sur les efforts consentis par son pays pour mettre en œuvre la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité sur les armes de destruction massive.  Le Bélarus compte notamment organiser prochainement un atelier sur l’amélioration de la mise en œuvre des dispositions phares de ce texte, y compris celles portant sur la circulation illégale de ces armes, a-t-il indiqué.  Au sujet des armes classiques, le représentant a fait savoir que son pays fournissait une aide technique aux États Membres qui en font la demande, cela en intégrant aux systèmes nationaux de contrôle des armes légères et de petit calibre (ALPC) un logiciel pour recenser ces armes.  Il a par ailleurs indiqué que son pays, « avec l’aide essentielle de l’Union européenne », avait détruit, au cours des dernières années, plus trois millions de mines antipersonnel qui étaient disséminées sur son territoire.

Mme MIRTHA GRANDA AVERHOFF (Cuba) a souligné que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires codifiait dans le droit international « l’illégalité des armes nucléaires ».  Cuba, a-t-elle ajouté, a signé ce traité le 20 septembre et appuie son entrée en vigueur rapide afin que nous puissions atteindre le noble objectif d’un monde sans armes nucléaires.  La représentante a plaidé pour la tenue, en 2018, d’une conférence internationale de haut niveau des Nations Unies pour discuter de mesures additionnelles et de la nécessaire réduction des dépenses militaires.  Les sommes astronomiques consacrées à la modernisation des 15 000 armes nucléaires actuellement déployées sont indécentes, et les États dotés de l’arme nucléaire doivent reconnaître que le principe de non-prolifération ne suffit plus, a estimé la représentante.  Pour elle, seule la destruction complète, vérifiée et irréversible de toutes les catégories d’armes de destruction massive annulera la possibilité que ces armes ne tombent entre les mains d’acteurs non étatiques, notamment des organisations terroristes. Par ailleurs, Mme Averhoff a déclaré que les « discours belliqueux comme l’annonce d’une multiplication prochaine des dépenses militaires » vont à l’encontre des principes et buts de la Charte des Nations Unies.  « Il faut promouvoir le développement durable au lieu d’investir dans l’industrie de la guerre, qui ne sert qu’à tuer », a-t-elle conclu.

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN JR (Philippines) a déclaré que l’adoption, par 122 pays, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires est une cure contre la « narcolepsie nucléaire », exhortant par ailleurs les États Membres à respecter leurs obligations vis-à-vis des différents traités de non-prolifération et de désarmement.  M. Locsin a aussi demandé d’arrêter de politiser ces discussions, constatant que cela paralyse les chances de réel progrès.  « La survie de l’humanité n’est pas une question politique », a-t-il souligné.

Le désarmement global ne restera qu’un objectif vague si le nombre d’États possédant des armes nucléaires continuent d’augmenter, a poursuivi le représentant des Philippines, qui a mis en garde face au risque que de telles armes se retrouvent aux mains d’acteurs non étatiques.  M. Locsin a également averti qu’un échec, en 2020, Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires pourrait provoquer « l’effondrement de l’architecture portant les efforts vers un monde libéré de l’arme nucléaire ».  Les Philippines ont signé ce traité dès le premier jour de son ouverture à la signature, a-t-il signalé.  Il a également rappelé que cette année coïncidait avec le vingtième anniversaire de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est, et a invité les représentants à soutenir la résolution sur cet instrument que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est va présenter à cette session.  Enfin, M. Locsin a aussi mis en évidence l’important travail éducatif réalisé par l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, et a demandé aux États Membres de le soutenir.

M. ROBERT GERSCHNER (Autriche) a affirmé que le programme nucléaire de la « Corée du Nord » est aujourd’hui le problème le plus urgent à régler en matière de sécurité internationale.  Nous nous dirigeons vers « un point de non-retour », s’est-il inquiété, et il faut trouver une solution.  En la matière, le représentant a cité en exemple l’accord conclu avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien, estimant que celui-ci démontre que la diplomatie multilatérale peut arriver à une solution « même quand la situation semble inextricable ».  Il s’est dit persuadé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) étaient des pas dans la bonne direction et a regretté que tous les pays ne les aient pas signés.

« Si nous devons réfléchir aux moyens d’empêcher des pays d’accéder à l’arme nucléaire, il faudrait aussi se demander pourquoi un État veut se doter de l’arme nucléaire », a poursuivi le représentant.  Estimant que le programme atomique de Pyongyang est lié à une crainte pour sa propre sécurité, il a rappelé que les négociateurs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ont prouvé par le passé qu’il y avait un lien de cause à effet entre l’existence des armes nucléaires et leur prolifération.  « Tant que les armes nucléaires existent, la sécurité de tous les états est remise en cause, a asséné M. Gerschner qui a vu dans l’adoption du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires un jalon historique vers l’horizon d’un désarmement total, et une contribution à l’article 6 du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a mis en garde contre le risque d’une polarisation grandissante dans les rapports multilatéraux, en raison de l’impatience liée au rythme du désarmement et des désaccords sur la manière de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  À cet égard, le Plan d’action global commun est un accord historique, a estimé la déléguée, appelant l’Iran et toutes les parties à mettre en œuvre ses mesures.  En ce trentième anniversaire du Traité de Rarotonga, la zone exempte d’armes nucléaires du Pacifique Sud, Mme Bird a aussi encouragé les efforts de collaboration au niveau régional.

La représentante a également mis en évidence le rôle critique joué par le Traité sur le commerce des armes dans la prévention des conflits et des atrocités ainsi que pour appuyer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Mme Bird a ensuite encouragé les États Membres à soutenir la résolution sur les engins explosifs improvisés proposée par l’Afghanistan, l’Australie et la France.  Elle a aussi appelé la communauté internationale à démontrer sa volonté de tenir responsables les utilisateurs d’armes chimiques, notamment en Syrie.  La représentante de l’Australie s’est ensuite attardée sur la question de l’espace et de la cybersécurité.  Elle a rappelé que l’on fêtait, cette année, le quinzième anniversaire du Traité sur l’espace extra-atmosphérique et que l’Australie avait fait part de son intention de créer une agence spatiale dédiée afin de disposer d’un plan stratégique à long terme pour les activités spatiales.  Elle a par ailleurs regretté que le Groupe d’experts intergouvernemental sur le cyberespace n’ait pu se mettre d’accord sur un rapport.

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) s’est réjoui de l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qualifiant cet instrument d’« outil en faveur de la démocratie mondiale ».  Nous sommes loin d’avoir obtenu un désarmement général et complet, a-t-il néanmoins reconnu, appelant les délégations de la Première Commission à redoubler d’efforts pour réaliser les objectifs de développement durable et les « objectifs de désarmement ».  Il a argué que ces deux objectifs sont liés et forment « l’ADN de l’ONU », donnant toute son actualité aux principes fondateurs et directeurs de la Charte des Nations Unies et du multilatéralisme.

M. Morejón Pazmiño a ensuite fait sienne la déclaration du Secrétaire général selon laquelle le monde connaît « son moment d’angoisse le plus vif depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».  Condamnant alors les essais nucléaires conduits au cours des derniers mois par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), il a déclaré qu’il n’y avait pas « de bons ou de mauvais pays dotés de l’arme nucléaire ».  À cet égard, il a déploré les menaces de destruction d’un pays entier proférées dans l’enceinte même de l’ONU au cours du débat général.  Ces menaces, d’où qu’elles viennent, doivent cesser, a-t-il exhorté.

M. ROBBERT JAN GABRIËLSE (Pays-Bas) a estimé que les efforts de désarmement et la non-prolifération sont indispensables pour réduire les tensions, car « ils permettent non seulement de s’attaquer aux causes profondes, mais génèrent aussi de la confiance ».  Exhortant ensuite la République populaire démocratique de Corée à remplir ses obligations liées au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il a rappelé combien ce dernier est la pierre angulaire d’un régime global de désarmement.  Sur un autre plan, M. Gabriëlse a souligné l’importance du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et de l’ONU, qui a conclu que la Syrie a utilisé des armes chimiques dans deux cas sur lesquels il a enquêté. « Les responsables doivent rendre des comptes », a-t-il exigé.

Le représentant a ensuite regretté que les résultats de la huitième Conférence de la Convention sur les armes biologiques n’aient pas rencontré les attentes de son pays.  Il s’est également inquiété de l’annulation de la première rencontre du Groupe d’experts de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, soulignant que le débat international sur la « question complexe » des systèmes d’armes létales autonomes était essentiel pour « l’avenir de la sécurité mondiale ».  En matière de déminage, le représentant a appelé à poursuivre les efforts face à l’augmentation des victimes provoquée par ce type d’armes, s’inquiétant aussi des « défis immenses liés à la contamination, en raison notamment de la présence de Daech au Moyen-Orient ».  Il s’est également préoccupé du fait que le cyberespace est utilisé à la fois par des acteurs étatiques et non étatiques pour menacer la sécurité internationale, dénonçant notamment l’échec du Groupe d’experts gouvernementaux à s’accorder sur l’application du droit international dans le cyberespace.  Il a également jugé bénéfique d’élaborer un traité sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace et a appelé les États Membres à envisager, dans un premier temps, des mesures volontaires capables d’être mises en œuvre immédiatement.  M. Gabriëlse s’est par ailleurs dit sérieusement préoccupé par les problèmes financiers que connaissent plusieurs conventions en raison des arriérés de plusieurs pays.  Plusieurs rencontres ont dû ainsi être annulées. Le délégué a demandé aux États concernés d’honorer leurs traites.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a indiqué que son pays était un « fier signataire » du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, appelant par ailleurs à tenir des discussions sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.  Les zones exemptes d’armes nucléaires sont également un outil important dans le régime global de non-prolifération, a-t-elle poursuivi, invitant les États dotés d’armes nucléaires à ratifier les protocoles de la zone exempte d’armes nucléaires de l’Asie du Sud-Est et à appuyer la résolution bisannuelle que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) va soumettre cette année.  Elle a indiqué que son pays avait beaucoup souffert des armes à sous-munitions et autres engins explosifs abandonnés suite aux guerres prolongées et qu’il met activement en œuvre le Plan d’action 2010-2025 pour le déminage et l’assistance aux victimes.  Sur un autre plan, la représentante s’est réjouie de voir que la Commission du désarmement avait, pour la première fois depuis 1999, adopté par consensus le rapport du Groupe de travail II qui contient des recommandations sur les mesures de confiance dans le domaine des armes classiques.  Elle a aussi salué la tenue de la quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le désarmement.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé l’attachement de longue date de son pays à l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a estimé que pour atteindre un tel objectif, la confiance interétatique devait être renforcée afin d’envisager des mesures réellement transparentes de vérification de la réduction équilibrée, irréversible et juridiquement encadrée des stocks d’armes nucléaires.  Réaliser l’objectif d’élimination totale des armes nucléaires nécessitera détermination, réalisme et patience, a-t-il noté, expliquant que « pour cette raison », la Norvège « ne signera pas le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ».  M. Hattrem a qualifié d’irréaliste un traité interdisant les armes nucléaires, affirmant que cet instrument était destiné à ne pas bénéficier de la coopération active des États dotés de l’arme nucléaire.  Le représentant norvégien a par conséquent plaidé pour le renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et, de manière générale, des accords existants, « qu’il s’agisse du nouveau Traité de réduction des armements stratégiques ou encore du Traité entre les États-Unis d’Amérique et l’Union des Républiques socialistes soviétiques sur l’élimination de leurs missiles à portée intermédiaire et à plus courte portée ».  Nous exhortons les États dotés de l’arme nucléaire à consentir des efforts supplémentaires pour réduire encore davantage le stock de toutes les catégories d’armes nucléaires en leur possession, a ajouté le représentant.  Concernant les armes classiques, il a notamment souhaité que la prochaine conférence d’examen sur la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) soit l’occasion d’améliorer la coopération régionale dans les domaines du contrôle des armes et de la sécurité. 

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a exprimé son pessimisme face à la situation internationale.  Citant l’utilisation des armes chimiques en Syrie et le programme nucléaire nord-coréen, elle a estimé qu’il fallait « sauver les résolutions prises par les Nations Unies » sur ces sujets.  La représentante a aussi appelé à en finir avec la paralysie dont pâtit la question du désarmement. Soulignant que l’Amérique du Sud célèbre les 50 ans de la signature du traité de Tlatelolco qui a institué une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes, elle a confirmé que l’Argentine partageait tous les appels lancés pour que les pays dotés de l’arme nucléaire s’engagent davantage en faveur du désarmement.  Elle s’est dit convaincue que l’adoption d’un accord capable de définitivement désarmer la planète ne passera que par un dialogue entre États dotés et non dotés d’armes nucléaires.  Elle s’est inquiétée du risque réel de voir des armes de destruction massive utilisées par des groupes terroristes et a exhorté la communauté internationale à veiller à ce que cela ne se produise pas.  Concluant sur la question des armes classiques, la représentante de l’Argentine a estimé que leur prolifération allait à l’encontre des objectifs de développement durable.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a rejeté l’argument selon lequel les armes nucléaires seraient utiles pour la défense de certains États et pas pour d’autres.  Il a appelé l’ensemble des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) à honorer sans conditions leurs obligations, y compris celles relatives à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a également souligné l’importance de renforcer la prévention de la militarisation de l’espace, avertissant que toute course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique sape la stabilité entre États et menace les équilibres stratégiques.  S’agissant des armes classiques, le représentant a appelé à l’universalisation de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel et de la Convention sur les armes à sous-munitions.  Le volet assistance de ces instruments doit être renforcé, en particulier par un appui aux capacités des États le plus soutenu de la part des pays qui possèdent les catégories d’armes visées par ces conventions, a-t-il précisé.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a rejeté de manière catégorique les allégations proférées par les États-Unis à l’encontre de son pays.  Si nous possédons des armes nucléaires, c’est uniquement pour faire face à la menace constante que les États-Unis font peser sur nous, a-t-il affirmé, soulignant que c’est une question de « légitime défense ».  Notant que les États-Unis produisent des armes nucléaires et sont les seuls à les avoir utilisées, il a rappelé que, dans les années 1950, ils avaient aussi menacé de les utiliser contre la RPDC.  Dénonçant les exercices militaires américains qui, a-t-il affirmé, menacent régulièrement son pays, il a indiqué que le programme nucléaire de la RPDC découlait d’une décision stratégique à laquelle son pays ne renoncera pas, « à moins que les États-Unis n’abandonnent leur stratégie agressive ».  Il a également affirmé que la RPDC ne pourra ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires tant que les États-Unis refuseront de le signer. 

Le représentant de l’Iran a rejeté « les allégations sans fondements » de son homologue israélien, des propos visant selon lui « à détourner l’attention des agissements à visée expansionniste du régime sioniste ».  Ce régime commet des brutalités, des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, et rien ne peut faire oublier sa réalité, a dénoncé le représentant qui s’est demandé « comment l’on pouvait accuser l’Iran, insulter l’ONU alors qu’on a mené des dizaines de guerres depuis sa courte existence, qu’on a envahi tous ses voisins sans exception, qu’on commet et promeut des actes terroristes, qu’on possède des armes de destruction massive et qu’on refuse d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ». 

Le représentant de la Syrie a estimé que les propos des États-Unis « regorgeaient de contradictions et d’oublis ».  Il a appelé les États-Unis à attendre la fin de l’enquête de l’équipe du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU avant de lancer des accusations au nom de la communauté internationale.  « L’État qui viole le plus le droit international et la Charte des Nations Unies, qui est-il, sinon celui qui a commis les méfaits que l’on sait au Japon, au Viet Nam, en ex-Yougoslavie et ailleurs », a dénoncé le représentant.  Le représentant syrien a par ailleurs accusé Israël d’avoir historiquement fait pénétrer le terrorisme au Moyen-Orient et d’avoir utilisé des armes chimiques et biologiques contre les peuples de la région depuis 1948.

À son tour, le représentant des États-Unis a accusé la République populaire démocratique de Corée (RPDC) de violations répétées des résolutions du Conseil de sécurité « qui stipulent clairement que ce pays est une menace pour l’humanité ».  Nous ne souhaitons pas menacer ce pays, des accords ont été signés mais ils sont bafoués, a indiqué le représentant qui a assuré que les États-Unis protégeront « toujours nos alliés ».  Au représentant de la Syrie, le représentant américain a répondu que « tout le monde sait que vous avez utilisé des armes chimiques contre votre peuple, et que vous devrez répondre de ces actes ».  Le délégué américain a souhaité que le mandat du Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU soit prorogé afin de maintenir la pression contre le régime syrien.

Le représentant du Venezuela a ensuite accusé l’Argentine de nier le droit souverain du Venezuela à utiliser des armes pour sa défense nationale.  « La déclaration de l’Argentine est interventionniste et s’éloigne de l’esprit de coopération et de dialogue qui prévaut dans cette commission », a-t-il notamment asséné. Il a par ailleurs rappelé que si le Venezuela n’a pas adhéré au Traité sur le commerce des armes, c’est parce qu’il craignait qu’une utilisation frauduleuse soit faite de ce traité en réservant le droit de s’armer uniquement à certains pays.  Il a enfin souligné que la situation politique interne du Venezuela relève du seul peuple vénézuélien.

Le représentant des États-Unis a ensuite qualifié de « ridicules » les « attaques du régime syrien ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission entame ses travaux par un débat consensuel sur le développement social

Soixante-douzième session,
1re & 2e séances – Matin et après-midi
AG/SHC/4195

La Troisième Commission entame ses travaux par un débat consensuel sur le développement social

Comment tendre vers le développement social sans tenir compte de la situation des personnes souvent exclues des mécanismes d’intégration sociale, telles que les jeunes, les personnes âgées et les handicapés?  C’est ce débat de fond qui a inauguré aujourd’hui, dans un climat consensuel, les travaux de la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sur la base de plusieurs rapports du Secrétaire général.

M. Einar Gunnarsson, Président de la Troisième Commission, a ouvert ce débat général après avoir présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes.  Il a profité de sa prise de parole pour condamner les « actes de terreur aveugle » où qu’ils se déroulent, quelques heures après la tuerie perpétrée dimanche lors d’un concert à Las Vegas.

En préambule du débat, la Directrice de la Division du Département des affaires économiques et sociales pour la politique sociale et le développement, Mme Daniela Bas, a donné un aperçu des thèmes en présentant les rapports du Secrétaire général portant sur le développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes atteintes d’albinisme et à la famille, ainsi qu’au rôle des coopératives dans le développement social.

Venu assurer la Troisième Commission du soutien de son département, le Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a averti que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être réalisé que si chacun redoublait d’efforts pour s’assurer que les hommes et la planète sont placés au centre des préoccupations et que personne n’est laissé sur le bord du chemin.  Il a notamment rappelé l’objectif essentiel de l’éradication de la pauvreté, mais a aussi noté que l’économie mondiale ne créait pas assez d’emplois de qualité, notamment pour les jeunes, avant de mettre l’accent sur l’inclusion sociale, notamment celle des personnes handicapées, ainsi que sur la protection sociale.

D’une manière générale, la question des jeunes et de leur intégration dans la société a dominé cette première journée, une majorité de délégations faisant assaut de propositions pour promouvoir le lien entre l’épanouissement de la jeunesse et le développement social.  Toutefois, comme l’a relevé l’Autriche, représentée comme nombre de pays par un délégué de la jeunesse, l’implication des jeunes dans les systèmes de prise de décisions ne va nulle part de soi.  Pour remédier à cette marginalisation, il convient de contribuer à l’égalité intergénérationnelle et de tenir compte de l’apport des jeunes au processus politique, a plaidé la déléguée autrichienne, appelant à un vaste effort d’éducation civique en faveur du 1,8 milliard de jeunes de 20 à 24 ans que compte le monde.

Face à la complexité géopolitique actuelle, ont souligné les deux jeunes représentants de l’Italie, deux défis s’imposent à la jeunesse: le chômage et ceux que l’on appelle les non-engagés dans l’éducation, l’emploi et la formation, qui représentent environ 25% des 15-29 ans dans les pays développés. 

La déléguée de la jeunesse d’Israël a résumé cette problématique en rappelant qu’on présentait toujours la jeunesse comme l’avenir, alors qu’« elle est le présent ».  Quant au fait que l’on ne demande que rarement l’opinion des jeunes, « cela doit changer » a-t-elle martelé.  L’Union européenne s’est, elle, enorgueillie d’avoir mis en place la Garantie pour la jeunesse, un mécanisme qui aide les jeunes dans leurs démarches pour l’emploi et la formation.  Grâce à ce programme, a expliqué le représentant, on compte 1,5 million de jeunes sans emploi de moins aujourd’hui qu’en 2013.  

Les suites données à l’Année internationale des personnes âgées et à la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement ont également été évoquées, plusieurs délégations jugeant essentiel de créer une société plus inclusive en favorisant la participation des personnes âgées.  Le représentant du Guatemala s’est dit conscient des conditions de vie difficiles « pour ne pas dire ingrates » souvent réservées à cette catégorie de la population.  « Pour cela, nous devons travailler à renforcer nos institutions et nos capacités pour mieux veiller aux libertés fondamentales et à la qualité de vie des personnes âgées », a-t-il professé. 

La question des objectifs de développement pour les personnes handicapées a, quant à elle, traduit une prise de conscience planétaire.  Le Japon a ainsi indiqué qu’à la faveur de l’élan suscité par les Jeux paralympiques de 2020 à Tokyo, il travaillait à l’élimination des barrières sociales afin de garantir les droits de tous dans une société véritablement inclusive.

Seule ombre au concert positif de cette première séance de travail, le Mexique s’est élevé contre le caractère « anachronique et contre-productif » du débat sur le développement social dans sa configuration actuelle, déplorant que les discussions en Troisième Commission constituent des doublons de travaux menés dans d’autres instances.  Il a par conséquent appelé à une nécessaire coordination des travaux des organes intergouvernementaux des Nations Unies, a fortiori sur une question consubstantielle au Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

Outre M. Einar Gunnarsson, Président, le Bureau de la Troisième Commission est composé cette année de Mmes Alanoud Qassim M. A. Al-Temimi (Qatar) et Dóra Kaszás (Hongrie) ainsi que M. Nebil Idris (Érythrée), Vice-Présidents, et de M.  Andrés Molina Linares (Guatemala), Rapporteur, lequel a été élu par acclamation ce matin.

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mardi 3 octobre, à 10 heures.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/72/169)

Mise en œuvre des conclusions du Sommet mondial pour le développement social et de la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/72/158 et A/72/211)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/72/159, A/72/161, A/72/166, A/72/189 et A/72/190)

Déclarations liminaires

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour la politique sociale et le développement au sein du Département des affaires économiques et sociales, a présenté les rapports du Secrétaire général relatifs au point 27 de l’ordre du jour.  Elle a indiqué que ces documents se concentrent essentiellement sur les efforts destinés à lutter contre les inégalités et la pauvreté, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Si l’inégalité du revenu a diminué, beaucoup reste à faire, notamment dans le domaine de la santé, a-t-elle souligné.  Les recommandations clefs concernent les politiques universelles, les investissements et le besoin d’un appui des gouvernements nationaux aux politiques de développement.

Mme Bas a particulièrement mis l’accent sur le rapport relatif au rôle des coopératives dans le développement social, expliquant qu’il montre comment les entreprises de modèle coopératif ont été importantes pour stimuler la lutte contre la pauvreté et faciliter l’intégration des femmes et l’inclusion sociale.  Pour Mme Bas, la communauté internationale et le mouvement coopératif doivent continuer de travailler ensemble pour favoriser le développement et fournir un appui technique afin de développer la contribution des coopératives à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Mme Bas a présenté par ailleurs le rapport sur les personnes âgées, qui se concentre sur l’intégration de celles-ci dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ainsi que sur le bien-être et le développement économique de ces personnes, et un rapport  sur la mise en œuvre des objectifs de l’Année internationale de la famille qui souligne l’importance des services de base et l’approche multigénérationnelle dans les relations sociales.

Le rapport sur la promotion de l’intégration sociale par l’inclusion sociale se concentre, quant à lui, sur les politiques civiles, notamment antidiscriminatoires, tandis que le rapport sur l’épanouissement des jeunes et son lien avec le développement durable prévoit de maintenir le Programme d’action pour les jeunes.

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint pour les affaires économiques et sociales, est venu assurer la Troisième Commission du soutien de son département.  Il a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 ne pourrait être réalisé que si chacun redouble d’efforts pour s’assurer que les hommes et la planète sont placés au centre des préoccupations et que personne n’est laissé sur le bord du chemin.  La prospérité à long terme ne peut être garantie que si le développement est durable et inclusif et si les gains sont partagés par tous et non réservés à un petit nombre, a-t-il ajouté.

Rappelant les récents ouragans dévastateurs dans les Caraïbes, M. Liu a rappelé qu’ils avaient effacé les gains de plusieurs années en matière de développement de plusieurs États de la région.  Ces catastrophes naturelles, qui ont aussi touché les États-Unis, doivent rappeler à chacun que personne n’est à l’abri des calamités, y compris celles qui résultent des changements climatiques.  Ces pays ont besoin d’une aide d’urgence, a insisté le Secrétaire général adjoint, qui a rappelé que le Programme 2030 prévoyait notamment la mise en place de partenariats forts.

M. Liu a rappelé que l’économie mondiale ne créait pas assez d’emplois de qualité.  Il a relevé que l’Organisation internationale du Travail (OIT) avait fait état d’une augmentation du nombre des personnes au chômage de 3,4 millions dans le monde en 2017, les pays en développement étant les plus affectés.  Pour suivre le rythme de la croissance de la population en âge de travailler, nous devons créer, de par le monde, 40 millions d’emplois par an, soit 600 millions d’ici à 2030, a affirmé M. Liu, qui a rappelé que l’automation et autres changements techniques détruisaient une grande partie des emplois connus jusqu’à ce jour.

M. Liu a aussi mis l’accent sur l’emploi des jeunes, rappelant qu’ils étaient au moins 71 millions à ne pas avoir d’emploi dans le monde.  Les défis auxquels sont confrontés les jeunes requièrent toute notre attention et il faut trouver de nouvelles approches pour les traiter, a-t-il estimé. 

Le Secrétaire général adjoint a également rappelé que les inégalités croissaient dans de nombreux pays, ce qui contribue aux mouvements migratoires.

M. Liu a rappelé l’objectif essentiel de l’éradication de la pauvreté, sous toutes ses formes.  S’il s’est félicité de la forte baisse de la pauvreté extrême depuis les années 1990, il a rappelé qu’en 2013 elle affectait encore 766 millions de personnes.  Les efforts doivent donc être poursuivis et il est impératif d’associer ces personnes aux mesures qui les concernent, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, qui a aussi appelé à accorder davantage d’attention à la manière dont sont identifiés les pauvres, qui ils sont et où ils vivent, afin de rendre les politiques plus efficaces.  Il a notamment plaidé pour davantage de statistiques désagrégées.

Le temps est un facteur essentiel pour la réussite du Programme 2030, a encore rappelé M. Liu, qui a invité à accélérer sa mise en œuvre et à tenir compte des différentes expériences nationales, y compris celles que les 43 États Membres ont présentées lors d’un examen national volontaire à l’occasion du Forum de haut niveau sur le développement durable tenu en juillet dernier.

M. Liu s’est aussi intéressé au sort des personnes âgées, rappelant que leur nombre avait atteint 962 millions en 2017, soit deux fois plus qu’en 1980.  D’ici à 2030, le nombre des personnes âgées dépassera celui des enfants de moins de 10 ans et celui des jeunes de 15 à 24 ans.

Enfin, le Secrétaire général adjoint a mis l’accent sur l’inclusion sociale, et notamment celle des personnes handicapées, ainsi que sur la protection sociale. Citant le rapport sur la situation sociale en 2017 du Département des affaires économiques et sociales, il a rappelé que seule 45% de la population mondiale disposait réellement d’un système de protection sociale en 2015 et que, même dans les pays qui la garantissent dans la loi, cette protection varie de manière importante en fonction de l’âge, du sexe, de l’ethnicité ou encore du statut migratoire ou de personnes handicapées.  Un accès universel à la protection sociale est un droit fondamental nécessaire pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté et promouvoir l’inclusion sociale, a affirmé M. Liu.

Débat général

Mme HELENA YÁNEZ LOZA (Équateur), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a rappelé que, si nous avons bien avancé en matière de réduction de la pauvreté dans le monde, des millions de personnes restent prisonnières de la pauvreté extrême, et il existe de nombreuses disparités tant sociales qu’économiques au sein des pays et entre eux.  Elle a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.

Après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, commencent désormais la mise en œuvre et le suivi des mesures prises pour garantir un avenir durable, a noté la représentante.  « Deux années ont passé depuis l’adoption de ce Programme et des efforts significatifs ont été réalisés pour le mettre en place mais il reste encore beaucoup à faire pour atteindre le développement durable pour tous, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables » a-t-elle estimé.  Mme Yánez Loza a dit la profonde préoccupation du Groupe des 77 et de la Chine face aux résultats inégaux atteints dans l’exécution des différents engagements pris et au manque d’avancées satisfaisantes du développement social.

Pour le Groupe des 77 et la Chine, l’éradication de la pauvreté est le principal impératif moral de la planète et reste, malgré les avancées réalisées, un des défis majeurs de la communauté internationale.  La représentante a précisé que l’exclusion sociale restait un défi dans la plupart des régions du monde, en raison des inégalités croissantes et du manque d’emplois dignes, ce qui affecte négativement les jeunes, les jeunes adultes, les peuples autochtones, les handicapés et les migrants, entre autres personnes en situation de vulnérabilité.  « De nouvelles approches et de nouvelles stratégies politiques sont nécessaires pour combattre la pauvreté, qui nécessite une plus grande coopération internationale » a-t-elle insisté.

Le Groupe des 77 et la Chine se félicitent du continuel accent mis sur les thèmes en relation avec les jeunes et les personnes handicapées.  Il appelle la communauté internationale, y compris l’ONU et les agences de développement, à maintenir et augmenter leur soutien, tant technique que financier, dans l’éducation, l’augmentation de l’accessibilité et continuer à travailler pour garantir la non-discrimination à l’encontre des personnes handicapées.

Il faut nous préparer afin de mieux répondre aux nouvelles réalités du vieillissement de la population et inclure les changements de structures par âge des populations dans les efforts visant à éradiquer la pauvreté, a estimé la représentante.  « Nous reconnaissons la contribution essentielle des personnes âgées dans le développement de nos sociétés et appelons la communauté internationale à travailler de concert pour garantir les droits, la dignité et le bien-être des personnes âgées » a-t-elle conclu.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), au nom du Groupe des États d'Afrique, a affirmé que le continent africain continuait de faire des progrès dans les domaines de l’éducation, de la parité hommes-femmes, de la participation des femmes dans les processus de prise de décision ou dans la lutte contre la progression du VIH/sida.  Cependant, la qualité de l’enseignement demeure une préoccupation, tout autant que celle de la santé et de l’assainissement, a reconnu le représentant, ajoutant qu’à l’heure actuelle les efforts déployés restaient insuffisants pour atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et représentaient un défi pour nombre de pays. 

C’est pourquoi l’Union africaine a adopté un cadre pour s’attaquer aux questions relatives à l’inégalité touchant les familles, les jeunes, les personnes âgées ou les personnes handicapées.  L’Agenda 2063 de l’Union africaine souligne la nécessité d’autonomiser tous les peuples, y compris les femmes, les enfants, les jeunes, les personnes âgées ou les personnes handicapées, grâce à une croissance inclusive qui permette de créer des emplois décents, d’améliorer l’accès à la protection sociale et de prendre des mesures qui fassent en sorte que personne ne vive en dessous d’une ligne de pauvreté définie.  Dans le cadre de la Charte africaine de la Jeunesse, l’Union africaine a également adopté la Décennie africaine de la jeunesse, qui couvre la période 2009-2018, et un plan d’action dont le but est d’atteindre les objectifs définis dans ladite Charte, a notamment expliqué le représentant.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a déclaré que l’augmentation du nombre de personnes âgées dans le monde et la tendance croissante au vieillissement des sociétés représentaient des changements significatifs pour les structures démographiques.  Ils imposent aussi des défis majeurs pour le développement.  Ces défis sont cependant aussi une opportunité pour élaborer des politiques qui promeuvent l’inclusion sociale et la solidarité intergénérationnelle, pour la pleine jouissance par tous des droits de l’homme et de la dignité, a estimé le représentant.   

Alors que les projections tablent sur un nombre de personnes âgées atteignant 1,4 milliard à l’horizon 2030, il est indéniable que ces personnes peuvent apporter une contribution significative au développement économique et social des communautés si des garanties adéquates sont en place, a poursuivi le représentant, jugeant capital que ces populations soient autonomisées.  La communauté internationale doit travailler de conserve pour atteindre cet objectif visant le bien-être des personnes âgées, a-t-il conclu. 

M. GARRETT O’BRIEN de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne et ses États membres étaient résolus à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au sein de leurs frontières et au-delà, comme le montrent le nouveau Consensus sur le développement récemment adopté, qui se concentre sur les « 5 P » -peuples, planète, prospérité, paix et partenariats-, la nouvelle Politique de développement de l’Union européenne ou encore les divers partenariats signés avec les pays d’Afrique ou ceux du Moyen-Orient.  La délégation reconnaît toutefois qu’en dépit de l’amélioration de la situation économique en Europe, des divergences entre États persistent dans la région, de même que des divergences entre groupes sociaux, comme les jeunes.  C’est pourquoi renouveler le processus de convergence est une priorité en Europe.

S’agissant des jeunes, l’Union européenne a mis en place la Garantie pour la jeunesse, un mécanisme qui les aide dans leurs démarches pour l’emploi et la formation, a expliqué le représentant.  Grâce à ce programme, on compte 1,5 million de jeunes sans emplois de moins aujourd’hui qu’en 2013.  L’Union européenne s’attaque aussi à la question des personnes handicapées.  Après avoir ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, elle a adopté un texte européen sur l’accessibilité afin de faciliter l’accès des personnes handicapées aux biens et services, a expliqué M. O’Brien.

M. YAHYE (Pays-Bas), qui s’est présenté comme un représentant de la jeunesse du pays et fils d’un réfugié somalien musulman et d’une mère chrétienne hollandaise, a déclaré que, lorsque les dirigeants devenaient plus ouverts et se montraient plus désireux d’inclusivité, ils éliminaient les causes profondes de l’extrémisme, à savoir le sentiment d’être laissé de côté.  Or, les jeunes ne se sentent pas représentés s’ils ne sont pas consultés dans les processus de prise de décision qui les touchent, a-t-il poursuivi, appelant tout un chacun à mettre en œuvre la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité. 

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a insisté sur la mise en œuvre par son pays d’un plan national prévoyant une garantie d’assistance sociale pour les personnes les plus fragiles.  Dans ce cadre, le Ministère de la santé et de solidarité sociale a lancé plusieurs initiatives qui visent à atténuer les difficultés de la vie sur les strates vulnérables de la société, a-t-elle précisé.  De plus, dans la foulée de quatre cycles de réflexion sur le thème de la jeunesse, une conférence nationale aura lieu, en novembre prochain, en vue de parvenir à une plateforme commune.

Assurant que la famille constitue le noyau de la société égyptienne, la représentante a souligné que la responsabilité de son gouvernement était de la renforcer et de la protéger.  Sur le plan intérieur, a-t-elle souligné, le Gouvernement continue ainsi à mettre en œuvre des politiques sociales pour renforcer ce noyau, en luttant notamment contre l’emploi des enfants et en prévoyant des lieux sûrs pour les personnes âgées.  Le Président égyptien a prévu de faire de 2018 l’année des handicapés en Égypte, a ensuite déclaré Mme Abdelkawy, qui a vu dans cette mesure la preuve que son pays accorde une importance particulière au rôle que doivent jouer ces personnes, notamment dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a déclaré qu’avec le Programme 2030 les États cherchaient une vision plus globale du développement, qui comprend tous les aspects qui affectent la qualité de vie des personnes.  Depuis son entrée en vigueur, nous avons reconnu que nous ne pouvions atteindre des avancées de manière fragmentée: tous les objectifs doivent être atteints dans tous les pays et régions et pour toutes les personnes, sans quoi le développement ne saurait être durable, a-t-il insisté.

Au Paraguay, les trois piliers de l’État ont signé un engagement pour mettre en œuvre le Programme 2030 et le principal programme du Gouvernement, le plan national de développement 2030, a été aligné avec les objectifs de développement durable, a expliqué le représentant.  « Ces dernières années, la croissance économique du Paraguay s’est maintenue, de même que la diminution des indices de pauvreté, bien que nous continuions à faire face à de nombreux défis pour l’éradiquer complétement » a-t-il affirmé.  « Nous croyons fermement que toutes les personnes méritent de vivre une vie digne, une vie sans pauvreté, sans exclusion, mais nous sommes conscients qu’il existe des causes structurelles qui limitent les opportunités d’une importante partie de la population du pays et qui affectent plus les femmes, les enfants, les population autochtones et la population rurale », a ajouté le représentant. 

Le représentant a également mentionné que le pays avait intensifié l’octroi de bourses pour les étudiants et d’aides économiques pour les jeunes en situation de pauvreté et de vulnérabilité.  Il a enfin expliqué que le pays souhaitait construire une société cohérente et équitable, à la prospérité partagée, et réaffirmait à cette fin son engagement en faveur du Programme 2030 et des objectifs de développement durable, « et particulièrement celui d’éradiquer la pauvreté ».  Nous continuerons de travailler pour que toutes les personnes sans discrimination aient une vie digne, puissent profiter de la réalisation pleine de leurs droits économiques, sociaux et culturels, a-t-il conclu.

Mme FANKHAUSER (Suisse) a reconnu qu’en dépit des signes d’amélioration, la pauvreté était loin d’être éradiquée, y compris dans les pays industrialisés.  Les femmes et les filles continuent en outre d’être victimes de discrimination, parfois très graves.  Or, nombre pays disposent de législations sociales sans pour autant que les bénéficiaires les réclament, a fait valoir la représentante, qui a estimé qu’il s’agissait d’une question d’accès.  En effet, il ne suffit pas de savoir qu’une prestation existe pour la réclamer, a-t-elle estimé, appelant les gouvernements non seulement à adopter des législations, mais aussi à assurer l’accès aux prestations ainsi mises en place.  Cela implique des institutions efficaces, responsables, ouvertes et accessibles à tous, comme le prévoit l’objectif 16 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle dit, avant de passer la parole à une déléguée de la Jeunesse.

La représentante de cette institution suisse a expliqué que les activités telles que le scoutisme, les organisations de la jeunesse et les sections jeunes de partis politiques étaient essentielles pour faire de la cohésion et de l’inclusion sociale une réalité.  Les initiatives qui favorisent l’intégration sociale des minorités doivent donc être encouragées, a-t-elle dit, ajoutant qu’il fallait considérer les minorités comme des forces de changement au lieu de les marginaliser. 

Mme YASUE NUNOSHIBA (Japon) a déclaré que son pays accordait une grande importance au développement des personnes et singulièrement des femmes, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées.  Le Japon juge en particulier essentiel de créer une société plus inclusive en favorisant la participation des personnes âgées dans la société.  À la faveur de l’élan suscité par les Jeux paralympiques de 2020 à Tokyo, le Japon travaille ainsi à l’élimination des barrières sociales afin de garantir les droits de tous dans une société véritablement inclusive.

Soulignant l’engagement de son pays en faveur d’un développement qui ne laisse personne sur le bord de la route, la représentante a rappelé que le Japon contribuait aussi au développement social dans le monde et tout particulièrement en Afrique.  C’est ainsi que, depuis 1993, le Japon conduit la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique, dont la sixième édition s’est tenue en août 2016 à Nairobi, au Kenya.  À cette occasion, a-t-elle rappelé, le Japon s’est engagé à procéder à un investissement d’environ 30 milliards de dollars, de sources gouvernementales et privées, en faveur de l’industrialisation de l’économie, des systèmes de santé et de la stabilisation de la société.  Soucieux de promouvoir une croissance de haute qualité, il entend poursuivre sa contribution au développement social de l’Afrique.       

Mlle ANNA HOLZHACKER (Autriche) s’est exprimée en tant que déléguée de la jeunesse autrichienne, notant que ce rôle l’avait conduite à parcourir le monde et à multiplier les consultations avec d’autres jeunes.  Selon elle, une question est apparue lors de chacune de ces discussions: la participation des jeunes à la société.  Cette question, a-t-elle relevé, revêt une grande importance en Autriche puisque, depuis 10 ans, les jeunes ont le droit de voter au niveau national dès l’âge de 16 ans.

Il n’en reste pas moins que l’implication des jeunes dans les systèmes de prise de décision ne va nulle part de soi, au point qu’ils se retrouvent souvent marginalisés, a poursuivi la déléguée.  Pour remédier à ce déséquilibre, il convient de contribuer à l’égalité intergénérationnelle et de tenir compte de l’apport des jeunes au processus politique, a-t-elle plaidé, appelant à un vaste effort d’éducation civique et politique en faveur de la jeunesse.  Avant de conclure, la déléguée a exhorté le quelque 1,8 milliard de jeunes de 20 à 24 ans du monde entier à également agir par eux-mêmes s’ils veulent se faire entendre.

Mme SABINA CARLI (Slovénie) a rappelé que la Journée internationale des personnes âgées, qui s’est tenue hier, avait pour sujet principal la promotion et le renforcement de la participation de ces personnes à la vie sociale, culturelle, économique et politique.  La Slovénie, a-t-elle souligné, croit fermement que favoriser cette participation est un élément essentiel pour l’édification de sociétés réellement inclusives.

Faisant observer qu’au cours du premier semestre son pays avait engagé une vaste consultation publique sur un projet de stratégie nationale pour le bien-être des personnes âgées adopté en juillet, la représentante a expliqué que cet ensemble de dispositions s’appuyait sur le principe d’un vieillissement actif, de façon à élargir les possibilités dans les domaines de la santé et de la sécurité et à améliorer la qualité de vie à mesure que les personnes avancent en âge.  Ces mesures nationales seront renforcées par des normes internationales en la matière, a-t-elle noté, plaidant en conclusion pour une nécessaire solidarité intergénérationnelle.  Faute d’une telle approche, a-t-elle averti, nous risquons l’exclusion sociale. 

Mme ILMI SALMINEN (Finlande) est revenue sur trois points « hautement importants »: les jeunes, la paix et la sécurité; l’égalité entre les genres; et enfin les réfugiés et les migrants.

« Le Conseil de sécurité a adopté en 2015 une résolution sur les jeunes, la paix et la sécurité, soulignant le rôle des jeunes en tant que facteur positif de changement » a rappelé la représentante, avant d’appeler les États Membres à impliquer les jeunes dans les efforts de paix.  Elle est ainsi revenue sur les Conseils de jeunes mis en place, en Finlande, au niveau de la prise de décision politique locale.

Mme Salminen a ensuite déclaré que les droits des jeunes et des femmes étaient trop souvent négligés et violés.  « Trop de jeunes femmes n’ont pas le droit de choisir leur propre avenir en termes de famille ou de carrière », a-t-elle ajouté, avant de rappeler que « les droits des femmes sont des droits humains ».  Elle a en outre déploré que des personnes voient leurs droits niés à cause de leur orientation sexuelle.

Abordant les migrations, la représentante a insisté sur les droits des personnes en mouvement, la plupart d’entre elles étant des jeunes.  Revenant sur le cas de la Finlande, elle s’est dite attristée que, dans son pays aussi, les flux migratoires avaient entraîné une augmentation des discours de haine envers les migrants et les réfugiés.  « Nous devons dénoncer les discours de haine et les contrecarrer » a-t-elle insisté.

M. JUSTIN HOW (Singapour) a souhaité saluer en particulier le rapport du Secrétaire général sur l’épanouissement des jeunes et son lien avec le développement social, qui identifie les jeunes comme des facteurs de changement et comme la garantie d’un monde adapté aux futures générations.  Singapour, a-t-il souligné, est engagée dans l’édification d’une société plus inclusive et, dans ce cadre, reconnaît la nécessité de former la jeunesse et de lui fournir des outils pour l’avenir.

Singapour a ainsi développé des politiques et stratégies spécifiques, tout d’abord en investissant massivement dans son système éducatif et dans l’assistance aux jeunes dans le besoin, mais aussi en créant des institutions et des programmes tournés vers un développement holistique des jeunes, a expliqué M. How.  C’est ainsi que le Conseil national de la jeunesse de Singapour s’emploie à développer les qualités des jeunes tout en les incitant à en faire bénéficier leur communauté.  L’État singapourien a par ailleurs mis en place des programmes destinés à instiller un esprit entrepreneurial à la jeunesse du pays ainsi qu’une aptitude au volontariat.

M. RIOS (Mexique) s’est élevé contre le caractère « anachronique et contre-productif » du débat sur le développement social dans sa configuration actuelle.  Comme le Mexique le déplore depuis plus d’un an, a souligné le représentant, les discussions sur ce thème en Troisième Commission constituent des doublons de travaux menés dans d’autres instances, notamment la Deuxième Commission, le Conseil économique et social, le Forum politique de haut niveau et la Commission du développement social.  Il a par conséquent appelé à une nécessaire coordination des travaux des organes intergouvernementaux des Nations Unies, a fortiori sur une question consubstantielle au Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

Soucieux de garantir un tel développement à toute sa population, le Mexique met l’accent sur l’inclusion économique et sociale afin d’intégrer des groupes comme les migrants, les peuples autochtones et les personnes handicapées, a poursuivi le représentant.  Sensible à la problématique de la maltraitance des personnes âgées, il entend dans le même temps favoriser la prise de mesures antidiscriminatoires en faveur des 37 millions de jeunes Mexicains, afin de faire de cette frange essentielle de la population un facteur de développement.    

M. WALTER HABICH MORALES (Pérou) a expliqué qu’en accord avec le Programme 2030, le Gouvernement du Président Pedro Pablo Kuczynski avait proposé une révolution sociale pour le Pérou.  En 2021, notre pays se sera consolidé comme une démocratie moderne, juste et équitable, garantissant à tous les citoyens, sans distinction aucune, l’accès à un service publique de qualité ainsi que l’accès aux mêmes opportunités pour développer son potentiel et atteindre ses rêves, a-t-il ajouté.

Le Pérou a mis en place un processus de mise à jour de la politique nationale de développement et d’inclusion sociale pour assurer le respect des objectifs en relation avec l’éradication de la pauvreté extrême, les grossesses adolescentes, la diminution de la malnutrition infantile chronique et l’anémie, entre autres problèmes qui impactent les inégalités, a expliqué M. Habich.  Quand nous réfléchissons au concept de développement social, il nous paraît évident qu’il n’est pas garanti par la seule croissance économique.  Pour cela, nous devons formuler et mettre en place des politiques publiques spécialement focalisées sur la lutte contre la pauvreté et la vulnérabilité, a-t-il précisé.

Le représentant a également déclaré que son pays allait continuer à concentrer tous ses efforts sur la réduction de toutes les formes de vulnérabilité, renforçant les capacités de tous les Péruviens et Péruviennes afin de garantir un environnement sûr et de confiance pour les générations à venir.  Il a conclu en expliquant que le Pérou présenterait pour la quatrième fois devant la Troisième Commission une résolution intitulée « promotion de l’intégration sociale par l’inclusion sociale » qui, précisément, reconnaît l’importance de l’intégration sociale et de la création d’une société inclusive pour tous.

Mme GIUSEPPINA DE MARCO et M. TOMMASO MURE (Italie) se sont déclarés honorés d’être les premiers jeunes délégués italiens auprès des Nations Unies.  Reconnaissant s’être interrogés sur la valeur ajoutée que les jeunes peuvent apporter aux travaux de la Troisième Commission, ils ont affirmé leur appartenance à cette jeunesse qui porte et donne leur sens aux objectifs de développement durable.  À cet égard, ils ont salué les efforts déployés par leur pays pour impliquer les jeunes dans la Stratégie nationale de développement durable et le Plan pour l’éducation de la durabilité.  Ils se sont également félicités de la transformation du Service civil italien, désormais universel et ouvert aux jeunes étrangers, ainsi que des engagements internationaux de l’Italie en faveur de la responsabilisation des jeunes.

Face à la complexité du monde actuel, ont souligné les deux jeunes représentants, deux défis s’imposent à la jeunesse: le chômage et ceux que l’on appelle les non-engagés dans l’éducation, l’emploi et la formation, qui représentent environ 25% des 15-29 ans dans les pays développés.  Pour y faire face, ils ont préconisé un effort en matière d’éducation, formelle ou informelle, ainsi qu’un engagement civique et une sensibilisation à l’importance d’un avenir durable et pacifique. 

Mme KEREN SUDRI (Israël), qui s’est présentée comme déléguée de la jeunesse d’Israël, a relevé qu’on présentait toujours la jeunesse comme l’avenir, alors qu’en fait « elle est le présent ».  Prenant en exemple l’entreprise Google qui, quand elle lance un nouveau produit, commence par le tester sur différents groupes de clients, Mme Sudri a déploré qu’on ne demande que rarement l’opinion des jeunes.  « Cela doit changer » a-t-elle lancé.

La représentante a ensuite pris en exemple un projet qu’elle avait elle-même lancé dans sa ville de Lod quand elle avait 16 ans avec un groupe d’amis, visant à connecter des enfants de famille à faible revenu avec de jeunes volontaires qui pouvaient jouer le rôle de grands frères ou grandes sœurs.  Ce projet existe aujourd’hui encore et est dirigé exclusivement par des jeunes.  Or, quand ces jeunes de Lod ont demandé à leur municipalité de les aider, on leur a répondu qu’ils perdaient leur temps et feraient mieux de travailler comme volontaires dans des structures existantes.  Nous n’avons pas accepté cette réponse négative, a-t-elle expliqué, précisant que, face au succès du projet, la municipalité avait changé de positions quelques mois plus tard.

Il existe des centaines de jeunes en Israël qui mettent en place des projets sociaux, a ajouté la jeune déléguée, précisant que 55% des jeunes israéliens faisaient du volontariat.  L’énergie des jeunes et leurs perspectives peuvent apporter des solutions aux problèmes du monde, a-t-elle poursuivi.  C’est l’avantage de la jeunesse: nous avons l’énergie et l’audace de défier les réalités existantes.  Ce qu’il lui faut, c’est la bonne orientation et l’accès aux opportunités.  Le changement social naît quand les jeunes se voient donner la chance de prendre des responsabilités, a encore ajouté Mme Sudri, qui a demandé qu’on dise aux jeunes: « nous vous faisons confiance.  Nous croyons en vous », et qu’on leur accorde un siège dans les organes de décision dans les villes et les États.  « Leurs idées feront du monde un bien meilleur endroit », a-t-elle affirmé en conclusion.

M. ODISHO (Iraq) a fait valoir les « efforts immenses » déployés par son gouvernement pour mettre en œuvre une stratégie nationale de développement sociable pour tous.  Toutes les parties de la société, y compris le Kurdistan iraqien, ont participé à la mise en place de ce plan, a-t-il souligné, rappelant que le pays avait déjà adopté, en 2014, une loi sur la protection sociale et examinait actuellement un projet de sécurité sociale, conformément aux lois internationales.  Ce projet, a-t-il précisé, apportera des garanties sociales à la population et des indemnités aux personnes qui souffrent du chômage.

Un fonds a par ailleurs été créé pour l’aide à la jeunesse, afin de favoriser les projets et protéger cette fraction de la population contre le chômage.  Les jeunes, a poursuivi le représentant, constituent une force considérable dans l’optique de la paix, de la lutte contre le terrorisme et du développement durable.  M. Odisho a conclu en rappelant que son pays était confronté au défi majeur du terrorisme et s’employait, dans le cadre de la libération des territoires tenus par Daech, à rapatrier les familles dans les régions qu’elles habitaient auparavant. 

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que le développement social inclusif et l’éradication de la pauvreté dans toutes ses dimensions devraient être les priorités centrales de l’Organisation en accord avec les objectifs de développement durable.  L’intégration, l’inclusion, la dignité et le renforcement des capacités des personnes sont des étapes essentielles pour générer des sociétés résilientes et inclusives, pacifiques et plus sûres, afin de faire face aux défis d’aujourd’hui.

Il est impossible de comprendre le développement en laissant de côté sa dimension sociale, a poursuivi la représentante.  Les politiques économiques ne peuvent à elles seules générer des changements profonds si elles n’ont pas comme composante essentielle l’inclusion sociale.  Il est donc nécessaire de concevoir le développement social comme un processus de transformation qui garantit la pleine réalisation des droits économiques, politiques, sociaux et civils et culturels de la personne.

Les politiques publiques de prévention, de protection globale et de promotion sociale doivent prendre en compte la complexité de la pauvreté, comprise non seulement dans sa dimension matérielle, mais aussi dans sa dimension humaine, en prenant en compte l’émergence de nouvelles et diverses formes de vulnérabilité » a poursuivi Mme Martinic.

La représentante a ensuite expliqué qu’un des grands défis du Gouvernement argentin était d’atteindre l’objectif de pauvreté zéro.  Pour cela, il est nécessaire de répondre aux besoins des personnes durant tout le cycle de la vie de la petite enfance jusqu’à la vieillesse.  Une protection spéciale des droits de l’enfant et le renforcement des capacités des jeunes, grâce à une éducation de qualité et l’accès à un travail décent, sont des facteurs fondamentaux pour atteindre un développement durable, a-t-elle conclu.

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a expliqué que, depuis le retour de la démocratie, son pays avait progressivement construit un système de protection sociale.  Le Chili est aussi en train de reformuler une partie de ce système de protection centrée sur les populations les plus vulnérables et un système d’insertion professionnelle a été mis en place.

Cette année, le Chili a présenté son examen volontaire national devant le Forum politique de haut niveau tenu sous les auspices de l’ECOSOC, où nous avons rendu des comptes sur les efforts et les défis du Chili en relation avec les objectifs de développement durable, a expliqué le représentant.  À cette fin, a-t-il expliqué, le Gouvernement chilien a lancé plusieurs réformes.  L’une d’elle est la réforme éducative qui vise à garantir une éducation inclusive et de qualité.  Une autre est une réforme fiscale destinée à collecter trois points du PIB pour financer de nouvelles dépenses permanentes, comme la reforme éducative et le renforcement du système de protection sociale ainsi que la réforme du travail.

M. Barros Melet a mentionné que la pauvreté avait diminué au Chili en 2015, le taux de pauvreté monétaire s’élevait à 11,7% alors que la pauvreté multidimensionnelle s’élevait à 20,9% de la population.  Il a ensuite expliqué que les enfants et les adolescents étaient toujours les plus touchés par ce fléau.  C’est pourquoi le Gouvernement chilien travaille à promouvoir leurs droits à travers des politiques de l’enfance en cohérence avec la Convention relative aux droits de l'enfant.  Le représentant a ensuite abordé le thème de la santé et de l’éducation en présentant les réformes mises en place par le pays. 

M. Barros Melet est également revenu sur l’égalité entre les genres, mentionnant le Plan national d’égalité entre les Hommes et les Femmes 2018-2030 ainsi que d’autres mesures de discriminations positives prises pour augmenter la participation des femmes en politique.  Il a précisé que les femmes représentaient actuellement 15,8% des membres de la Chambre des députés, 18,4% du Sénat et seulement 11,9% des maires. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a déclaré que, pour répondre aux engagements contractés en matière de développent social, il est nécessaire d’identifier de manière précise les défis qui restent et qu’il est possible de résoudre.  La Colombie réitère, pour sa part, son engagement d’autant qu’il reconnaît la vulnérabilité de certaines personnes, dont les jeunes.  Il est nécessaire d’encourager l’inclusion de ce groupe de personnes, avec pour but de trouver des solutions novatrices, tenant compte du principe de non-régression des droits, a dit le représentant. 

Mme IRENE SUSAN BARREIRO NATIVIDAD (Philippines) a observé qu’en dépit d’une croissance économique sans précédent ces dernières années, son pays enregistrait un niveau de développement inégal.  Face à cette situation, le Gouvernement philippin s’emploie à garantir que le développement soit inclusif et que les secteurs marginalisés de la société se voient offrir des opportunités.  Il le fait notamment au travers du programme Pantawid Pamilyang Filipino, qui implique quatre millions de foyers, parmi lesquels 570 000 foyers de personnes autochtones et 217 000 autres comptant au moins une personne handicapée.

Grâce à ce programme, s’est félicitée la représentante, le nombre des Philippins vivant dans la pauvreté se réduit de 1,5 million de personnes par an, ce qui correspond à une baisse de 1,4% de la pauvreté dans le pays.  Les Philippines, dont 30% de la population est composée de jeunes, placent également de grands espoirs dans la responsabilisation et le développement de la jeunesse, notamment en matière de santé, d’éducation, d’inclusion sociale, de gouvernance, de citoyenneté, d’environnement et de mobilité.  Ces objectifs, a-t-il relevé, ont intentionnellement été couplés à ceux du Programme de développement durable à l’horizon 2030.    

M. MOHAMMAD ABDULRAHMAN S. ALKADI (Arabie saoudite) a déclaré que son pays appuyait les recommandations du Secrétaire général, mais estime aussi que la souveraineté et la spécificité des pays doivent être respectées.  Alors que l’Arabie saoudite a réalisé à quel point le développent social est important, son gouvernement a beaucoup investi dans l’être humain, a affirmé le représentant. 

Ainsi l’éducation est un des secteurs prioritaires du royaume et bénéficie de 22% du budget, soit 53 milliards de dollars des États-Unis.  L’Arabie saoudite compte 34 universités gratuites et 150 000 hommes et femmes ont été envoyés à l’étranger pour poursuivre leurs études.  La santé bénéfice pour sa part de 14% du budget, soit 32 milliards de dollars, a encore précisé le représentant, insistant sur le caractère gratuit des services de santé.  Les jeunes ne sont pas en reste de cette politique, car le royaume est convaincu de leur rôle dans le développent du pays.  Beaucoup sont ainsi nommés à des postes de responsabilité, a encore affirmé M. AlKadi.

Mme PAIGE BURTON, jeune déléguée de l’Australie, a tenu à rappeler d’emblée que même si l’on affirmé à satiété que les jeunes sont « la main d’œuvre du futur » ou « une ressource économique utile » pour confronter les défis du développement durable, il importe de mettre en avant le fait que les jeunes vont bien au-delà de l’économie.  Elle a fait observer que les jeunes avaient une vision complexe et plus nuancée des défis mondiaux qu’on ne l’imagine et qu’ils avaient des contributions intelligentes à faire alors même qu’ils n’ont pas leur place de plein droit aux tables où sont prises les décisions.  Mme Burton a dit également savoir que les jeunes avaient des solutions innovantes qu’il serait opportun de prendre en considération en cette période où le monde est confronté à des défis sans précédent que les jeunes seraient susceptibles d’aider à résoudre.

Pour M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée), il faut traiter des obstacles qui empêchent de parvenir aux objectifs de développent social.  Du point de vue de la délégation, le système international est un de ceux-là.  Il faut donc repenser les outils et politiques nationaux et internationaux, y compris le rôle des institutions financières et du commerce international.  Il faut également des solutions de paix durables, car on ne peut plus fermer les yeux sur la relation entre conflit et paix, a dit le représentant. 

Consciente de cette relation, l’Érythrée a, au plan national, pris une série de mesures, qui aujourd’hui font de ce pays l’un des rares en Afrique à avoir atteint les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) relatifs à la santé, a assuré le représentant.  La mortalité infantile a par exemple été réduite à 34 pour mille, alors que la moyenne africaine est autour de 105 pour mille.  L’éducation est également gratuite en Érythrée et touche aussi les communautés rurales.  L’objectif du Gouvernement actuel est de parvenir à un taux de scolarité de 100% d’ici à cinq ans.  Entre autres objectifs, la production agricole est une des priorités du Gouvernement, a encore assuré le représentant, et ce, compte tenu du fait que le pays a souvent connu des épisodes de famine. 

M. SHESHADRI KOTTEARACHCHI et M. SHEHAN KANNANGARA (Sri Lanka), jeunes délégués, ont souligné que, pendant de nombreuses années, il incombait à la génération des aînés de jeter les bases d’un environnement durable, propice au développement et à la réussite des jeunes.  Depuis l’adoption, en 2015, de la résolution 2250 du Conseil de sécurité ainsi que des objectifs de développement durable, il a été reconnu que les jeunes avaient un rôle plus central à jouer, ce qui leur fait endosser davantage de responsabilités en tant que parties prenantes et dans la prise de décisions.

Sri Lanka est un pays pionnier dans la région d’Asie-Pacifique à s’être doté d’un ministère consacré à la mise en œuvre desdits objectifs, ont expliqué les deux jeunes délégués.  Ils ont salué la nomination de leur compatriote Jayathma Wickramanayake en tant qu’Envoyée des Nations Unies pour les jeunes pour être la voix de milliards de jeunes, précisant qu’elle était également une jeune militante qui avait inspiré bien d’autres jeunes.  Rappelant que 49,7% de la population jeune sri-lankaise était des filles, souvent marginalisées au sein de la société, ils ont affirmé que la nomination de Wickramanayake symbolisait l’autonomisation de millions de jeunes filles de leur pays et de millions d’autres vivant dans les mêmes conditions, partout dans le monde.  Ils ont également fait valoir la question primordiale du renforcement des capacités des jeunes.

M. ESTRADA MEYER (Brésil) a expliqué qu’après avoir résisté à une profonde récession économique, le Brésil avait retrouvé le chemin de la croissance.  Malgré les difficultés des deux dernières années, nous avons préservé les politiques sociales qui garantissent un effort soutenu et réussi afin d’éliminer la pauvreté extrême et d’améliorer les standards sociaux, a-t-il ajouté.  Bolsa Familia, le programme phare du pays, complète les revenus de plus de 50 millions de Brésiliens vivant dans des conditions de pauvreté, a poursuivi le représentant.  Il a également mentionné le fait que l’inclusion sociale et la lutte contre toutes les formes de discrimination étaient les défis les plus importants du pays.

« J’aimerai insister sur l’importance de la lutte contre la pauvreté: même si la pauvreté extrême a diminué dans le monde, les progrès ont été inégalitaires de par le monde », a insisté le représentant, avant d’ajouter qu’au Brésil, les politiques publiques nationales en faveur des jeunes étaient prioritaires.  Le représentant a ainsi précisé que le Statut des Jeunes, loi de 2013, permettait de promouvoir des politiques qui s’adressent spécifiquement aux jeunes et encourageait leur participation.  En 2015, a été adoptée la loi brésilienne pour l’inclusion, qui facilite la mise en œuvre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, a également précisé le représentant.

Mme LIKINA (Fédération de Russie) a déclaré que la Commission du développement social était l’outil adéquat au sein des Nations Unies pour tenir les engagements pris lors du Sommet mondial sur le développement social.  En dépit des mesures coercitives qui pèsent sur la Fédération de Russie, des mesures prometteuses sont mises en œuvre, en particulier en ce qui concerne le travail et les revenus salariés.  Le taux de pauvreté en Russie n’est que de 5,2% de la population et le salaire de base est à hauteur de 72% du minimum vital, a affirmé la représentante, qui a précisé qu’une loi en préparation devrait porter ce taux à 100%.  En outre le Gouvernement a pris des mesures significatives pour accroître l’autonomie des personnes âgées, qui représentent 23% de la population.  Parmi les mesures, il y a le renforcement de la famille traditionnelle, considérée comme une des bases de la solidité sociale, a conclu la représentante. 

Mme SUSAN W. MWANGI (Kenya) a appelé à mettre les personnes au cœur des débats et à se concentrer sur l’objectif primordial visant à l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions.  En effet, a-t-elle fait valoir, la pauvreté et les inégalités demeurent des obstacles majeurs à la réalisation du développement social car elles engendrent une vulnérabilité aux problèmes les plus insurmontables de notre temps, notamment les changements climatiques, la migration irrégulière avec les périls qu’elle implique, la traite des personnes et le fait d’être les moteurs de conflit.

Notant que la pauvreté reste un défi à relever, notamment en Afrique, Mme Mwangi a fait observer que la persistance de l’exclusion socioéconomique, voire parfois son aggravation, donnait lieu à davantage d’inégalités.  Elle a salué dans ce contexte le thème de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, estimant qu’il correspondait à l’approche du Gouvernement du Kenya, centrée sur un développement tendant à une inclusion socioéconomique effective.  Une telle approche repose notamment sur un cadre juridique et de politiques solides, y compris la Constitution de 2010 et la Vision 2030 pour le développement, accordant la priorité à l’autonomisation des femmes, des jeunes et de tous les groupes marginalisés, a précisé Mme Mwangi.  Ainsi, a-t-elle expliqué, depuis 2013, plus de 700 000 foyers ont bénéficié du Programme national de filet de sécurité pour les personnes âgées, celles souffrant de graves formes d’handicap, les orphelins ou encore les enfants vulnérables, ce qui a conduit à des améliorations appréciables de leurs conditions de vie.   

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a expliqué que son pays œuvrait au renforcement du développement social avec pour objectif une société qui vit dans la paix et la dignité.  Malgré l’adoption des objectifs de développement durable, « il semble que les résultats ne sont pas à la hauteur, surtout aux vues des difficultés que rencontrent les pays en développement », a observé le représentant, qui a cité la famine qui menace dans certains pays et la faim qui règne encore dans beaucoup d’autres.  Concernant la République arabe syrienne, il a déclaré que le terrorisme qui continue de menacer la stabilité de son pays avait eu pour conséquence que le Gouvernement n’avait pas pu s’attacher à la réalisation des objectifs de développement durable dans toutes les régions, et notamment pas dans le Golan occupé.

Le représentant a expliqué que la République arabe syrienne continuait de déployer des efforts pour relever le niveau économique et humain du pays mais que cela était difficile « à cause du fondamentalisme et du wahhabisme que propagent des groupes terroristes soutenus par certains pays ».  Revenant sur les conséquences des actes terroristes qui « ont détruit les hôpitaux, les réservoirs de graines, les silos et les stations d’électricité » M. Qassem Agha a qualifié ces actes de violation du droit du développement.  Il a enfin dénoncé les mesures unilatérales imposées à son pays par les États-Unis et l’Union européenne, qu’il a accusées de « viser les populations sunnites et chiites en même temps », avec comme résultat la détérioration du niveau de vie de la population civile.

Mme HYEON GYO SUH (République de Corée) a estimé que, face à ce qui restait à faire, il fallait redoubler d’efforts pour remplir les objectifs de la Conférence de Copenhague.  En tant que jeune, voici les mesures qu’elle propose: les États doivent donner la priorité à la parité et à l’inclusion, en autonomisant les femmes, en luttant contre les discriminations qui les touchent.  Il faut également protéger les personnes handicapées et les personnes âgées.  La formation et l’inclusion des jeunes, en particulier dans les processus de prise de décisions, sont également primordiales, a estimé l’intervenante.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a déclaré que son pays s’inspirait du thème de l’Union africaine pour 2017: « Tirer pleinement profit du dividende démographique en investissant dans la jeunesse », et s’est félicité du partenariat entre la présidence de la Commission de l’Union africaine et du Secrétaire général s’agissant de la coopération en vue de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030, respectivement.

Le représentant a rappelé qu’en mai dernier, le Président namibien avait donné le coup d’envoi du cinquième Plan national de développement (2017-2022) qui guidera le programme de développement et qui a été adopté à l’issue d’une consultation avec les communautés dans 14 régions, afin de prendre en compte les réalités sur le terrain et les aspirations de tous les Namibiens.  La transformation sociale, incluant le développement du capital humain et le développement, fait partie des quatre piliers du programme, a expliqué M. Gertze.  D’autre part, les jeunes âgés de 16 à 35 ans constituant 37% de la population, le programme s’attache à leur donner une place de choix, notamment à travers des interventions dans les domaines de l’éducation, de la santé et du logement.

La Namibie continue en outre d’octroyer la priorité à des politiques en faveur des pauvres et des divers secteurs du développement social, qui reçoivent une large part budgétaire.  Ainsi, pour l’exercice 2017-2018, 24% du budget a été alloué au Ministère de l’éducation.  Le Ministère de la santé et des services sociaux reçoit, pour sa part, la deuxième allocation budgétaire la plus importante, suivi par le Ministère de l’élimination de la pauvreté et du bien-être social, qui est relativement nouveau, et fournit des filets de sécurité sociale et d’autres mesures de réduction de la pauvreté.  La Namibie a en outre reçu la visite de l’Experte indépendante pour la jouissance des droits de l’homme des personnes âgées, Mme Rosa Kornfeld-Matte. 

M. GHULAM SEDDIQ RASULI (Afghanistan) a déclaré que son gouvernement est engagé à respecter ses obligations en matière de développement social et a aligné ses priorités, programmes et politique en ce sens.  C’est par exemple le cas du Cadre national pour la paix et le développement, qui sert de feuille de route et reconnaît la réduction de la pauvreté et l’inclusion sociale comme finalité.  Il y a également l’autonomisation sociale, économique et politique des femmes, érigée en priorité et mise en œuvre dans un programme dédié.  Entre autres mesures, il est également prévu d’apporter une assistance technique et financière aux femmes entrepreneuses, a encore indiqué le représentant. 

Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a déclaré que l’inégalité restait une des questions les plus persistantes dans la réalisation du développement social, d’autant qu’elle ne cesse d’augmenter, touchant tous les pays et divers domaines comme l’inégalité entre les genres ou encore les inégalités économiques ou sociales.  Traiter de cette question pour la réduire est donc un impératif pour réaliser le développement social et la paix.  Cela exige des politiques et stratégies globales, y compris l’éducation et la diffusion de la connaissance, a dit la représentante.

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a insisté sur les efforts restant à déployer pour réaliser le développement social dans un contexte où, selon les chiffres, 896 millions de personnes dans le monde vivaient en 2016 avec moins de deux dollars par jour.  L’Indonésie pense donc que, pour promouvoir le développement social dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les personnes vivant en dessous de la ligne de pauvreté doivent être autonomisées par le biais de politiques qui les rendent partenaires du développement.

La représentante a également plaidé pour la promotion de l’accès à une éducation de qualité, incluant des connaissances en matière économique et des capacités nécessaires aux services de santé.  Enfin, et même si le développement relève en premier lieu de la responsabilité des États, il ne peut pleinement se réaliser sans une coopération internationale, comme le stipule d’ailleurs le Programme 2030, a déclaré la représentante.

Mme MAYRA LISSETH SORTO ROSALES (El Salvador) a déclaré que pour atteindre les buts et objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale devrait aborder la question des inégalités entre pays, en respectant le principe de souveraineté et celui de responsabilité commune mais différenciée.  Elle doit aussi tenir compte de la vulnérabilité et des particularités nationales, tout en plaçant l’être humain au centre des actions de l’État, a-t-elle dit. 

El Salvador, pour sa part, reconnaît les multiples dimensions de la pauvreté et la nécessité d’en aborder les causes structurelles.  C’est ainsi que l’extrême pauvreté a pu y être réduite, passant de 16,1% en 2001, à 7,9% en 2016.  Partant de là, El Salvador est d’avis que la lutte contre la pauvreté menée dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit se faire de manière holistique et universelle, tenant cependant compte des besoins spécifiques des groupes vulnérables et défavorisés.  El Salvador, qui réaffirme son engagement à promouvoir les droits des personnes âgées, estime qu’il faut avancer sur un instrument international juridiquement contraignant qui promeuve non seulement la protection, mais aussi la sécurité et l’égalité sans discrimination pour les personnes âgées, a encore déclaré sa représentante. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba) a déploré que, deux décennies après la Déclaration de Copenhague, 700 millions de personnes vivent encore dans l’extrême pauvreté, 758 millions d’adultes soient illettrés, 815 millions de personnes souffrent de faim chronique et des millions d’enfants meurent de maladies curables et évitables.  « L’éradication de la pauvreté, la promotion du plein emploi et de l’intégration sociale sont les trois piliers du développement social.  Nous soulignons l’importance de mettre en œuvre des politiques publiques qui favorisent ces piliers, au vu du rôle fondamental de l’État dans cette question en coordination avec d’autres acteurs », a déclaré la représentante.  Pour Cuba, « il est scandaleux que 1,7 milliard de dollars soient investis chaque année dans des dépenses militaires alors qu’il y existe un manque de conformité avec les engagements en matière d’aide publique au développement ».

Revenant sur les succès de son pays, Mme Rodríguez Camejo a indiqué que Cuba avait atteint un taux de mortalité infantile de 4,1 pour mille naissances vivantes à la fin du premier semestre de 2017.  Elle a ensuite détaillé divers progrès: une espérance de vie à la naissance de 78 ans ou encore le fait que Cuba ait été le premier pays à avoir validé l’élimination de la transmission mère-enfant du VIH/sida ainsi que la syphilis congénitale.  « Dans notre pays, nous n’avons pas d’illettrés et nous avons un système de santé universel, accessible et gratuit pour toute la population » s’est enorgueilli la représentante, qui a cité en exemple les politiques nationales en faveur des jeunes, des personnes handicapées ou encore au renforcement de la famille.

Tout cela a été accompli malgré l’existence d’un blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba pour plus d’un demi-siècle et que l’actuelle Administration américaine a décidé de durcir, a encore fait observer la représentante, pour qui « ces politiques criminelles sont le principal obstacle au développement du pays ».

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a assuré que la protection et l’inclusion sociales constituaient l’un des axes prioritaires de la politique du Gouvernement monégasque.  Dans ce cadre, a-t-elle expliqué, aides et subventions pour le logement, les transports, les prestations médicales et l’accès au sport et à la culture ont pour but de permettre aux personnes handicapées de s’intégrer pleinement aux activités sociales.  Le statut d’aidant familial a ainsi été créé pour assurer une protection sociale aux familles, afin qu’elles puissent mieux prendre en charge leur enfant handicapé.

Malheureusement, a relevé la représentante, les personnes ont régulièrement confrontées à des obstacles qui entravent leur insertion économique ainsi que l’exercice de leurs droits.  Pour y faire face, Monaco a pris des dispositions juridiques et renforcé son cadre législatif, ce qui a permis à la Principauté de ratifier, le 19 septembre dernier, la Convention relative aux droits des personnes handicapées.  Enfin, l’insertion des handicapés nécessitant un engagement constant, Monaco s’associe, le 3 décembre de chaque année, à la Journée internationale des personnes handicapées pour sensibiliser sa population.

Mme MOE (Norvège) a rappelé que, selon les données disponibles, 42% de la population mondiale avait aujourd’hui moins de 25 ans.  Par conséquent, inclure les jeunes dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 constitue une étape fondamentale dans la mise en œuvre dudit Programme.  Compte tenu que l’objectif 4 du Programme 2030 met l’accent sur l’accès à une éducation de qualité, il est crucial que les États assurent un accès égal à l’éducation pour tous, y compris aux minorités.  Ils doivent de même mettre en œuvre la résolution 2250 du Conseil de sécurité sur les jeunes, la paix et la sécurité, y compris en les incluant dans les processus de prise de décisions.  En outre, parmi les groupes minoritaires vulnérables, la Norvège compte les personnes LGBTI.  Elle estime que, selon le principe de l’universalité des droits de l’homme, leur pleine participation doit également être promue.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a insisté sur son implication pour faire avancer la justice sociale, l’égalité et l’inclusivité.  Cependant, malgré plusieurs interventions, les niveaux de pauvreté en Zambie demeurent inacceptables, a estimé le représentant: « 54,4% des gens vivent sous le seuil de pauvreté, spécialement dans les zones rurales, où ce taux est trois fois plus élevé qu’en ville », a-t-il déploré.  Le Gouvernement a pris de nombreuses initiatives pour favoriser le développement durable et la croissance, a néanmoins assuré le représentant.  Citant le septième Plan de développement national 2017-2021 en exemple, il a affirmé que son objectif était de réduire la pauvreté de 20% d’ici à la fin de la période.

Conscient du rôle des programmes de protection sociale pour améliorer la productivité agricole, stimuler le développement économique local ou encore promouvoir l’inclusion sociale, le Gouvernement de la Zambie a pris la décision de renforcer et étendre ces programmes, a poursuivi M. Kapambwe.  Les transferts monétaires à vocation sociale devraient ainsi passer de 242 000 foyers bénéficiaires à 590 000 en 2017, avec un objectif de 700 000 d’ici à la fin de 2018.  Les résultats de ces transferts montrent une amélioration des conditions de vie, a assuré M. Kapambwe, selon qui « la part des foyers bénéficiaires qui ne pouvaient s’offrir qu’un repas par jour est passée de 56,6% à 35,2% ».  Le Gouvernement a d’ailleurs augmenté la part du budget national consacrée à ce programme de 2,7% à 4,2%, a encore précisé le représentant.

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a dit accorder une haute priorité à ce que l’être humain soit placé au centre du développement, notamment en lui octroyant des services de santé et d’éducation gratuite, y compris pour les enfants immigrés ou réfugiés.  La République islamique d’Iran accorde en outre une attention à la famille traditionnelle en tant qu’unité de base de la société.  Les personnes âgées et les personnes handicapées sont également prises en compte, notamment par des quotas imposés aux entreprises pour recruter les personnes handicapées, ou encore par le biais de mécanismes chargés de conseiller le Gouvernement sur les politiques à adopter en leur faveur.

Mme AL-MANSORI (Qatar) a expliqué que le Qatar avait créé un environnement approprié pour les personnes marginalisées mais que le pays devait redoubler d’efforts pour surmonter les difficultés que rencontre la communauté internationale.  Le Qatar a adopté une approche fondée sur l’homme et les droits de la personne.  Nous sommes convaincus que l’éducation est la clef du développement, a ajouté la représentante, se disant en outre convaincue que l’éducation protège les enfants contre l’extrémisme violent.  La représentante a expliqué que, le 18 septembre, le pays avait signé une note d’accord avec l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme de l’ONU, de façon à aider à former les jeunes dans la région.

Revenant sur l’importance de la famille, Mme Al-Mansori a indiqué que cette dernière représentait l’unité essentielle de la société.  C’est pourquoi il est indispensable de relever les défis que connaissent les familles, a-t-elle insisté.  La représentante a conclu en mentionnant les « mesures unilatérales et inégales qui ont été prises contre le Qatar et qui affectent le développement humain dans le pays ainsi que le tissu social ».

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a estimé que le développement social était désormais placé au cœur du programme de transformation globale des nations.  « Il est du devoir des nations de trouver des moyens de mettre en œuvre efficacement les objectifs de développement durable pour relever les défis comme l’éradication de la pauvreté, l’éducation, la santé et l’inégalité », a notamment déclaré le représentant.

Estimant que le développement social est l’un des trois piliers sur lesquels le Gouvernement de la République démocratique populaire lao s’appuie -les deux autres étant le développement économique et la protection environnementale-, M. Phansourivong a assuré que la priorité numéro un de son pays demeurait le développement des ressources humaines.  « C’est la clef pour le développement d’une nation », a-t-il affirmé.

Les efforts consentis par la République démocratique populaire lao sur le front du développement durable ont d’ailleurs donné des résultats, a affirmé le représentant.  Ils ont conduit à « une baisse de la pauvreté, une meilleure prise en charge médicale, une meilleure éducation, plus d’opportunités d’emploi, et une meilleure sécurité sociale », a-t-il énuméré.  Citant également des mesures spécifiques ciblant les jeunes, l’égalité des sexes, mais aussi les handicapés, le représentant a estimé que son pays avait investi significativement dans le développement social, et ce, en dépit de ressources plus faibles que beaucoup d’autres États.

M. HENDRICKS (Afrique du Sud) a expliqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine étaient les cadres de référence de son pays pour la mise en œuvre du développement social, d’autant que des défis identifiés persistent en la matière.  Compte tenu qu’au plan international, ces obstacles sont également connus, la délégation a demandé que l’on redouble d’efforts pour inclure les jeunes et les personnes âgées dans les processus de prise de décisions et que l’on développe des politiques spécifiques à leur endroit.  L’Afrique du Sud réitère en outre son soutien à la famille, en tant que pilier de la société et demande de même qu’elle soit protégée.  

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a déclaré que les personnes handicapées faisaient constamment face à des obstacles, que ce soit en matière d’accessibilité ou du fait d’attitudes qui limitent leurs opportunités.  Leurs droits devraient donc être renforcés.  Le représentant est également revenu sur le soutien aux jeunes, « conscient qu’ils sont le moteur du présent et du futur de nos sociétés, en tant que segment principal de nos sociétés qui est pourtant le moins représenté ».

Concernant le sort des personnes âgées, le représentant a expliqué être conscient du fait que leurs conditions de vie étaient difficiles, pour ne pas dire ingrates.  « Pour cela, nous devons travailler à renforcer nos institutions et nos capacités, pour mieux veiller aux libertés fondamentales et à la qualité de vie des personnes âgées » a-t-il ajouté.

En conclusion, M. Skinner-Klée a indiqué qu’il fallait savoir que la pauvreté n’était pas la seule conséquence des inégalités, mais également celle de l’absence de transferts de technologies, de la fuite des cerveaux, de la mauvaise mise en œuvre des traités de commerce international, de la corruption, de la discrimination et du manque de solidarité, le tout ayant un impact pernicieux sur les pays en développement comme sur les pays développés.

Mgr TOMASZ KRZYSZTOF GRYSA, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la raison principale des disparités galopantes que l’on observe dans le monde tenait au fait que la croissance économique ne garantit pas le développement social et ne s’attaque pas nécessairement aux causes profondes de l’inégalité et de l’exclusion.  Si accroître les investissements et l’emploi et diversifier l’économie sont indispensables pour sortir de la pauvreté, il faut aussi une meilleure compréhension du développement humain et un bénéfice tant matériel que spirituel pour tous, a déclaré l’Observateur. 

Or le modèle économique actuel semble miser davantage sur le bénéfice personnel au détriment du communautaire et apporte, de fait, une mauvaise réponse aux réalités globales, en particulier au regard des personnes vulnérables, marginalisées ou exclues, comme les personnes âgées ou handicapées, a fait remarquer l’Observateur du Saint-Siège.  Dans ce contexte, il a estimé que des investissements dans la sécurité sociale, dans la santé ou les pensions de retraite étaient essentiels pour réduire ces vulnérabilités.  Les politiques gouvernementales orientées vers la famille ont donc le potentiel, non seulement de réduire les dépenses publiques, mais aussi d’apporter aux personnes âgées ou handicapées le soutien que seuls ceux qui les aiment peuvent apporter, a-t-il conclu.

Mme DIKANSKA (Bulgarie), représentante des jeunes de son pays, a déploré qu’on ne reconnaisse pas assez ce que peut apporter le sport dans la formation des jeunes.  Le respect des autres et la discipline acquise dans le sport peuvent aider les jeunes à être des acteurs du développement, a-t-elle assuré.  Mme ANDZHAROVA, une autre représentante des jeunes de Bulgarie, a pour sa part insisté sur la participation des jeunes, notamment dans l’accueil et l’éducation des migrants et des réfugiés.  Les jeunes bulgares sont prêts à partager leur expérience lors de la présidence du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2018, ont assuré les jeunes déléguées.

Mme PRIYA (Inde), représentante de la jeunesse de son pays, a estimé que la formation des jeunes était un atout majeur pour leur participation au développement.  Cependant, la communauté internationale doit les écouter et respecter leurs spécificités, a-t-elle ajouté.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a appelé à redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable tels que définis dans le Programme 2030.  Cet effort est vital pour assurer le développement social, éradiquer la pauvreté, promouvoir l’emploi et favoriser l’intégration sociale, a-t-il estimé.

Sur le plan intérieur, M. Sukhee a affirmé que la Mongolie avait intégré tous ces horizons socioéconomiques dans ses propres objectifs nationaux: « Depuis février 2016, nous avons mis en œuvre notre propre programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il intègre des programmes efficaces pour s’attaquer aux problèmes de pauvreté, d’éducation, de santé, de protection sociale, d’emplois », a-t-il expliqué.  Par-dessus tout, la Mongolie insiste sur la nécessité d’une protection sociale pour tous.  C’est pourquoi sa Loi du droit au bien-être social a été amendée, en 2016, afin d’introduire la notion de critères d’éligibilité en fonction des besoins.  Les lois sur les personnes âgées et sur les personnes handicapées ont été modifiées pour assurer à ces deux catégories une meilleure intégration dans la société et améliorer leur bien-être social.  Sensible au rôle économique et social joué par les coopératives, le Gouvernement mongol a par ailleurs mis en œuvre un programme d’aide qui entre cette année dans sa dernière phase.

Le Gouvernement de Mongolie accorde une attention toute particulière à la jeunesse, a poursuivi le représentant.  Rappelant que « 65% de sa population a moins de 40 ans », il a estimé qu’investir dans la jeunesse est le meilleur raccourci pour réaliser ses objectifs de développement durable.  C’est pourquoi, afin que chaque enfant bénéficie des mêmes chances, le pays a décidé d’améliorer l’efficacité de son programme pour l’enfance en l’étendant à tous les enfants de la Mongolie.  Le Parlement a également adopté la loi pour le développement de la jeunesse, dans le but de réguler son rôle social et ses responsabilités, et a aussi créé le Fonds pour le développement de la jeunesse qui entrera en fonction le 1er janvier 2018.

M. GIORGI TUMASYAN (Géorgie) a lancé un vibrant plaidoyer pour la jeunesse géorgienne et mondiale.  Assurant qu’il est de sa responsabilité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, il a appelé à ce qu’on donne aux jeunes les outils et les opportunités pour qu’ils puissent agir et faire du Programme 2030 pour le développement durable une réalité.

« Seules des solutions globales peuvent régler les défis sans frontière auxquels nous faisons face aujourd’hui », a affirmé M. Tumasyan.  À ce titre, il a estimé qu’il faudrait investir le plus possible dans la meilleure ressource de cette planète: sa jeunesse.  Ainsi, tous les pays devraient avoir un jeune délégué aux Nations Unies.  Pour le représentant, l’éducation représente un pas décisif pour atteindre les objectifs de développement durable.  L’autre levier majeur sur lequel agir est la technologie, a ajouté M. Tumasyan.  « La technologie des énergies renouvelables peut nous aider à sauver notre planète des ravages des changements climatiques », a-t-il notamment justifié.

Sur le plan intérieur, le représentant de la Géorgie a rappelé que le plus grand défi pour son pays était justement d’atteindre les objectifs de développement durable pour le bien de ceux qui sont le plus exclus du Programme 2030, à « nos compatriotes vivant dans les régions de Géorgie occupées par la Russie ».  Les assurant que la Géorgie se soucie d’eux et tient à les faire bénéficier des bienfaits du développement durable, le représentant s’est dit persuadé qu’il y aura un jour à l’ONU, à côté du morceau du Mur de Berlin, « un morceau du mur barbelé dressé par la Russie pour séparer notre peuple ».

M. ISSA KONFOUROU (Mali) a déclaré que son pays travaillait « sans relâche » à la mise en œuvre de la Politique nationale de développement social, qui vise essentiellement le renforcement de la solidarité et la lutte contre l’exclusion, la promotion de l’intégration socioéconomique des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes et enfants en situation difficile, le renforcement de l’action humanitaire et de l’aide sociale pour les indigents et personnes victimes de catastrophes.

Parallèlement, a ajouté le représentant, le Gouvernement assure la promotion de l’accès de certaines catégories sociales défavorisées à l’emploi, aux services sociaux de base comme l’eau potable, l’énergie, la santé, l’éducation, le logement.  Enfin, le Gouvernement du Mali accorde la priorité à la création d’emplois pour les jeunes, « qui constitue une opportunité immense de développement durable ».

M. Konfourou a ensuite rappelé qu’un système d’Assurance maladie obligatoire (AMO) et un Régime d’assistance médicale (RAMED) avaient été institué au Mali.  Ces deux mesures permettent à plus d’un million de Maliens de bénéficier d’une assurance maladie, a-t-il assuré.

M. DAMIANO BELEFFI (Saint-Marin) a déclaré que les liens qui existent entre les défis identifiés devaient obliger les États à prendre des mesures plus pertinentes.  Saint-Marin, un des premiers pays à avoir ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées, est disposé à la mettre entièrement en œuvre.  Son gouvernement est également engagé à lutter contre les abus sexuels, en particulier dans les opérations du maintien de la paix.  Il souhaite également la ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant et son Protocole additionnel, a assuré le représentant.  

Mme ROCZ (Hongrie), représentante des jeunes de son pays, a déclaré que, pour parvenir aux objectifs du développement durable, il faut créer des solutions durables.  Or, qui peut les créer dans la société et qui représente l’avenir? s’est demandée la représentante, répondant elle-même qu’il s’agit des jeunes.  Il faut donc les inclure dans les politiques, a-t-elle plaidé, insistant aussi sur la nécessité de parler leur langage et de se faire comprendre par eux. 

Mme CHODEN (Bhoutan) a déclaré qu’entre 2007 à 2012, le nombre de personnes prises dans l’étau de la pauvreté avait baissé de 12% à 7% dans son pays.  Le Royaume, qui compte 72% de jeunes, a également déployé des mesures pour cette catégorie de personnes, notamment des bourses de formation et des programmes de retour au Bhoutan pour ceux partis étudier à l’étranger.  Le Gouvernement a aussi des programmes pour l’autonomisation des femmes.  Il leur propose par exemple, des congés de maternité de six mois et l’accès à des centres d’accueil pour le développement de la petite enfance qui ont été ouverts dans tout le Royaume, a assuré la représentante.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: saluant la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, les délégations appellent à une coopération renforcée

Soixante-douzième session,
1re et 2e séances - Matin et après-midi
AG/J/3541

Sixième Commission: saluant la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, les délégations appellent à une coopération renforcée

La Sixième Commission, chargée des affaires juridiques a ouvert, aujourd’hui, ses travaux dans le cadre de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale par l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international. 

À l’ouverture, son Président M. Burhan Gafoor, de Singapour, a souligné le rôle important joué par la Commission dans les efforts de la communauté internationale pour promouvoir le droit international, qui représente « le fondement de notre organisation ».

Appelant à une révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et à la poursuite des travaux en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, a invité les délégations à s’attaquer à ces questions avec une « énergie renouvelée ».

Dans le contexte des attentats récents en Espagne, au Royaume-Uni, en Turquie, et ailleurs, et de la poursuite des combats contre Daech en Syrie et en Iraq, plusieurs délégations ont souligné la nécessité d’intensifier la lutte contre le terrorisme.  De nombreux États ont salué à cet égard la création, par le Secrétaire général de l’ONU en juin dernier, du Bureau de lutte contre le terrorisme, tout en souhaitant que son action tienne compte du principe de souveraineté et de l’équilibre entre les États Membres.

Pour le Groupe des États d’Afrique, il faut prendre des mesures pour assurer une coopération accrue et une application plus efficace des conventions contre le terrorisme et des résolutions de l’ONU.  Plusieurs États, dont les pays de l’Union européenne et de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont également insisté sur la nécessité de resserrer leur cadre juridique afin d’être en mesure de faire face à une menace terroriste en constante évolution. 

La nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, au-delà des opérations militaires et sécuritaires, a été soulevée par nombre de délégations, pour lesquelles les inégalités, la discrimination et l’exclusion doivent faire partie intégrante de l’arsenal des mesures visant à éliminer le terrorisme international.

D’entrée de jeu, les délégations qui ont pris la parole aujourd’hui ont condamné, à l’unanimité, le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Le terrorisme représente une menace à l’intégrité territoriale, déstabilise l’ordre constitutionnel et les fondements même des sociétés, a dénoncé la Colombie.  Certaines délégations ont souligné toutefois qu’il ne devrait pas être confondu avec la lutte pour l’autodétermination et la résistance à l’occupation étrangère.

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, l’Iran, rejoint entre autres par le Liban, le Qatar et la Libye, a insisté sur l’importance d’établir cette distinction, qui est au cœur du débat sur l’adoption d’une convention sur le terrorisme international. 

Aucun « acte de libération » ne peut justifier le terrorisme, a lancé pour sa part le représentant d’Israël, ajoutant que seule une politique de tolérance zéro peut permettre de lutter efficacement contre le terrorisme.  De nombreuses délégations se sont par ailleurs à nouveau prononcées en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, tout en reconnaissant que des désaccords persistent sur la définition même du terrorisme.

Par ailleurs, une minute de silence a été observée, en début de séance, à la mémoire du Professeur Cherif Bassiouni, dont le travail à titre de Président du comité de rédaction de la Conférence de Rome a mené à la création de la Cour pénale internationale (CPI), « un projet important de la Sixième Commission », a rappelé le Président Gafoor.

La Sixième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail qui prévoit l’examen, d’ici au 10 novembre, des 24 points inscrits à l’ordre du jour de la présente session*.

La Commission poursuivra son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international demain, à partir de 15 heures.

*A/C.6/72/1

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/72/111 ET A/72/111/ADD.1)

Déclarations

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  « Ces actes sont injustifiables », a-t-il déclaré. Il a réaffirmé son appui à la résolution 51/2010 de l’Assemblée générale du 9 décembre 1991. Le représentant a estimé que les actes de terrorisme sont une violation flagrante du droit humanitaire et des droits de l’homme.  Ces actes mettent en péril les gouvernements légitimes et la stabilité des nations.

Le représentant a réitéré le respect que porte le Mouvement des pays non alignés à la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États.  À cet égard, a-t-il estimé, le terrorisme ne devrait pas être assimilé à la lutte légitime des peuples contre l’occupation étrangère et coloniale.  De plus, le terrorisme ne devrait pas être associé à une religion ou un groupe ethnique.  Le représentant a exhorté tous les États à remplir leurs obligations en engageant des poursuites ou en extradant les auteurs d’actes terroristes, que ce soient des actes planifiés par des pays ou depuis des pays à l’extérieur du territoire du pays concerné.

Selon lui, il faut aussi empêcher la constitution de sanctuaires terroristes dans des pays pouvant servir de base arrière du terrorisme.  Il a rejeté toute action ou emploi de la force par un État contre un autre État sous prétexte de lutter contre le terrorisme. « Cela constitue une forme de terrorisme psychologique contre les États. »

En outre, M. Khoshroo a exprimé de vives préoccupations concernant les combattants terroristes étrangers.  Il s’est déclaré préoccupé par l’interprétation que font des religions les groupes terroristes.  « Leur objectif est d’insuffler la haine et de glorifier la violence; il est impératif d’aller à l’encontre des discours », a-t-il déclaré.  Enfin, il a réitéré l’importance de conclure une convention internationale sur la question sous les auspices des Nations Unies. 

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d'Amérique latine (CELAC), a réaffirmé sa condamnation « totale » de toute action terroriste en tant qu’acte « criminel et injustifiable », ainsi que son engagement à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, dans le respect du droit international et des droits de l’homme.  Selon lui, le terrorisme représente une menace aux structures sociales des États, à la stabilité nationale et à la sécurité internationale qui doit être combattue par le biais d’une plus grande coopération. 

Pour le représentant, la prévention du terrorisme est cruciale et la communauté internationale doit d’abord se pencher sur ses causes profondes, telles que les conflits non résolus, la discrimination, la déshumanisation des victimes et l’affaiblissement de l’état de droit et des droits de l’homme.  S’appuyant sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il a plaidé pour le respect du droit international dans la lutte contre le terrorisme, mettant en garde contre les risques d’abus de pouvoir qui en découlent.  Le représentant a rejeté le recours, par certains pays, à des « listes noires » accusant des États de soutenir le terrorisme, estimant que de telles pratiques sont incompatibles avec le droit international.  Par ailleurs, il a salué la création d’un poste d’ombudsman au Comité des sanctions, et appelé à étendre son action à tous les régimes de sanctions imposés par le Conseil de sécurité, afin d’assurer un processus équitable. 

Dénonçant par ailleurs le danger que représentent les combattants terroristes étrangers pour les États, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour combattre le financement du terrorisme.  En conclusion, il a appelé à l’organisation d’une conférence de haut niveau afin de débattre d’une convention contre le terrorisme international, sous les auspices des Nations Unies.

Mme LIZANNE ACHING (Trinité-et-Tobago), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a jugé que le terrorisme était « un affront inacceptable à toute l’humanité ».  Elle a réitéré son inquiétude face à l’augmentation de ces actes, ainsi qu’à l’émergence de groupes extrémistes radicaux.  Des mesures doivent être prises afin d’éviter le financement du terrorisme, a-t-elle déclaré.  En outre, compte tenu de l’utilisation croissante des médias sociaux pour promouvoir les activités terroristes, mais aussi pour générer des fonds, il est important de développer des technologies de contrôle des comportements illicites sur Internet et d’empêcher les terroristes d’intercepter les réseaux en ligne.

La représentante a ajouté qu’une convention mondiale sur le terrorisme international serait l’instrument approprié pour poursuivre les terroristes et renforcer la capacité des États, en particulier des petits États, à lutter efficacement contre ce phénomène.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de la radicalisation, comme la marginalisation, le chômage ou les inégalités, et d'autres facteurs sociaux et politiques.  Plus encore, les mesures antiterroristes devraient être conformes au droit international, à savoir les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés, a-t-elle ajouté.

Mme EGLANTINE CUJO, représentante de l’Union européenne, a déclaré que le terrorisme international continuait à faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales.  L’Europe a été récemment la cible de ces attaques haineuses, qui ont aussi frappé partout dans le monde.  Il est de notre responsabilité d’y répondre ensemble, non seulement en condamnant, mais aussi en travaillant à la prévention et à la répression du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, a-t-elle déclaré.  « Nous connaissons à présent un nouvel élan à l’Assemblée générale avec la création du Bureau de lutte contre le terrorisme », dirigé par le Secrétaire général adjoint M. Vladimir Voronkof, s’est-elle félicitée.

L’Union européenne a réitéré ses engagements pour lutter contre le terrorisme international, à savoir: répondre à la menace engendrée par le retour des combattants terroristes étrangers; prévenir la radicalisation ; sanctionner les terroristes et ceux qui les soutiennent; améliorer l’échange d’informations; renforcer le Centre européen de lutte contre le terrorisme; protéger les citoyens et les infrastructures.

L’Union européenne a aussi renforcé son cadre juridique avec l’adoption, en septembre 2016, du régime des sanctions autonomes de l’Union européenne contre l’État islamique et Al-Qaida, a expliqué la représentante.  Le Plan d’action de la Commission européenne pour renforcer la lutte contre le financement du terrorisme, adopté en février 2016, a aussi identifié un certain nombre de domaines dans lesquels la lutte contre le financement du terrorisme peut être améliorée.  Le résultat a été l’adoption d’une nouvelle directive au niveau européen.

Par ailleurs, Mme Cujo a rappelé que l’Union européenne avait récemment mis en place un groupe d’experts de haut niveau sur la radicalisation.  Nous souhaitons des Nations Unies efficaces qui pilotent un agenda global pour lutter contre le terrorisme, a-t-elle lancé.  En ce qui concerne le régime de sanctions, elle a réitéré son plein soutien au Bureau du Médiateur du Comité 1267 et souhaité la nomination immédiate du successeur de Mme Catherine Marchi-Ubel.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SOVANN KE (Cambodge) a déclaré que l’ASEAN demeurait fortement préoccupée par la menace terroriste et soutenait pleinement la Stratégie antiterroriste mondiale de l'Organisation des Nations Unies.  « Nous sommes impatients de contribuer activement aux discussions du sixième examen semestriel de la Stratégie, qui aura lieu en 2018 », a ajouté le représentant, avant de saluer la création du nouveau Bureau de l’Organisation des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, le 15 juin dernier, avec à sa tête un Secrétaire général adjoint.  Tout en plébiscitant également les travaux réalisés par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, M. Sovann Ke a appelé à faire en sorte « d’éviter les doublons » dans la lutte contre ce fléau, notamment en mettant en place une « approche intégrée et exhaustive ».

En signe de l’engagement de l’ASEAN dans la lutte contre la menace terroriste, le représentant a souligné que les 10 États composant l’organisation régionale avaient tous ratifié la Convention de l'ASEAN sur la lutte contre le terrorisme.  Lors du dernier sommet de l’ASEAN, a-t-il poursuivi, ces États se sont également engagés à redoubler d’efforts pour renforcer la coopération régionale afin de lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, y compris la traite des personnes.  M. Sovann Ke a toutefois rappelé que cette lutte devait se faire dans le respect du droit international humanitaire et que le terrorisme ne devait pas être amalgamé avec « une race, religion, nationalité ou ethnicité » particulière.

Au nom des délégations du groupe CANZ (Canada, Australie et la Nouvelle-Zélande), Mme CARRIE McDOUGALL (Australie) a déploré que Daech ait étendu son influence en Asie du Sud-Est, notamment dans le cadre du siège orchestré par le groupe terroriste dans la ville de Marawi, aux Philippines.  « Dans le reste du monde, nous avons constaté l’augmentation du nombre d’individus décidés à entreprendre des attaques d’un faible degré de sophistication sur leur sol national, et nous demeurons préoccupés par les déplacements des combattants terroristes étrangers », a-t-elle ajouté.

Tout en renouvelant son soutien envers la finalisation d’une convention générale sur le terrorisme international, Mme McDougall a estimé qu’en l’absence d’un accord sur un document provisoire, la priorité devait être accordée à la mise en œuvre les conventions existantes de lutte contre le terrorisme et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Nous exhortons les États Membres à devenir parties à ces conventions et à intégrer leurs obligations au sein de leur loi nationale », a-t-elle appelé.  Elle a également demandé aux États de faire en sorte d’harmoniser leurs lois nationales avec les résolutions 1373, 2178 et 2322 du Conseil.

Mme McDougall a par ailleurs renouvelé le soutien des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande au Plan d'action du Secrétaire général des Nations unies pour la prévention de l'extrémisme violent.  Elle s’est dite impatiente de travailler avec le Secrétaire général adjoint du nouveau Bureau de l’ONU de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov.

Se disant opposée au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Selon elle, la lutte contre le terrorisme doit faire partie intégrante des responsabilités qui incombent aux États en vertu du droit international, des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  La propagation d’idéologies violentes et extrémistes représente l’un des problèmes actuels les plus graves, a estimé la représentante, pour qui seule une action concertée, telle que le Plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent peut permettre de faire face à ce fléau.

Il est nécessaire d’aller au-delà de la seule dimension militaire et favoriser le développement, la bonne gouvernance et les droits de l’homme, y compris les droits des victimes, a-t-elle ajouté.  Rappelant les succès récents de son pays pour mettre un terme aux conflits intérieurs contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et l’Armée de libération nationale (ELN), elle a souligné l’importance du dialogue et de la négociation, appuyés par le désarmement, afin de « réduire le niveau des menaces qui pèsent sur la société ».

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA VELÁSQUEZ (Pérou) a déclaré que son pays, qui a subi les violences terroristes durant des décennies, rejetait le terrorisme sous toutes ses formes et manifestions.  Insistant sur la nécessité de réduire les facteurs structurels propices à la radicalisation, il a souhaité une approche globale contre l’extrémisme violent.

Le représentant a souligné que la prolifération des groupes terroristes dépendait en partie de leur accès à des sources financières.  Nous devons les attaquer sur ces aspects, a-t-il déclaré, tout comme les activités de la délinquance internationale.  À cet égard, il est nécessaire de renforcer les cellules de lutte contre le blanchiment d’argent.  Nous devons prévenir l’utilisation abusive des réseaux sociaux et améliorer la formation à l’exercice de ces technologies, a-t-il ajouté en notant que les groupes terroristes utilisaient tous les espaces possibles pour diffuser leur idéologie de haine. 

M. Meza-Cuadra Velásquez a évoqué les lois que son pays a prises pour lutter contre le terrorisme.  « Nous avons érigé en infraction l’apologie du terrorisme », a-t-il déclaré.  Il a déploré l’impossibilité de trouver un accord international sur le terrorisme.  « Nous devrions pouvoir lancer un signal fort contre le terrorisme ».  En conséquence, il a réitéré son appel pour résoudre les divergences relatives à l’adoption d’une telle convention.

M. YEDLA UMASANKAR (Inde) a salué la création du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme, en espérant qu’il entretienne des relations étroites avec les États Membres et le Conseil de sécurité.  « Alors que le Conseil de sécurité doit gérer des questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’Assemblée générale doit également jouer un rôle important pour lutter contre le terrorisme international », a-t-il estimé.  Partant de ce principe, le représentant a rappelé l’importance des travaux du Comité ad hoc créé en 1996 par l’Assemblée pour la formulation d’instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.  Selon lui, au cours des 20 dernières années, le Comité a permis l’adoption d’instruments importants, tels que la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif, en 1997, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, en 1999, et la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, en 2005.

Tout en saluant ces évolutions positives, le délégué a regretté l’absence de progrès du Comité ad hoc concernant l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, une proposition introduite par son pays en 1996, a-t-il rappelé.  « Nous croyons que la persistance d’intérêts politiques étroits continue de faire obstacle à des avancées significatives », a-t-il dit, tout en renouvelant l’appui de son pays en faveur de la version du document provisoire de la convention proposé par le Coordonnateur du Comité ad hoc en 2007.  Il a par ailleurs condamné l’aide directe ou indirecte accordée à des groupes terroristes par des États.  « L’utilisation du terrorisme comme un instrument de politique publique ne doit pas être tolérée », a-t-il conclu.

M. DAVID LIANG (Singapour) a considéré que le terrorisme demeure une menace à la paix et la sécurité internationales, comme en témoignent les nouvelles formes qu’il prend, avec le retour des combattants terroristes étrangers de zones de conflit et la hausse des actes isolés par des « loups solitaires » autoradicalisés.  Au niveau national, chaque pays, a-t-il préconisé, devrait recourir à des actions vigoureuses et coordonnées, à l’instar de celles prises par Singapour, qui s’est dotée d’une stratégie adéquate et dont les forces de sécurité sont formées et équipées à prévenir les actes terroristes.  

Le représentant a également reconnu l’importance de faire des communautés « une première ligne de défense », en les sensibilisant aux risques posés par la radicalisation et l’extrémisme.  Sur le plan international, une réponse coordonnée est nécessaire, a-t-il poursuivi, en rappelant que son propre pays est partie à 14 instruments universels de lutte antiterroriste, dont la Convention sur la lutte contre le terrorisme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Enfin, a ajouté M. Liang, Singapour demeure mobilisée pour détecter et lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, notamment dans le cadre d’une coopération avec le Groupe d'action financière (GAFI).

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a réitéré la primauté du principe d’égalité entre les États Membres.  Il est revenu sur l’expérience vécue par son pays au cours des sept dernières années, suite à une décision « irresponsable » prise par certains États Membres, notamment ceux du Conseil de sécurité.  Les progrès demeureront limités tant que les États ne se mettront pas d’accord sur la définition du terrorisme, a averti le représentant, avant de plaider pour l’adoption d’une convention de lutte antiterroriste universelle et contraignante.  Certains États qui possèdent un pouvoir, une influence et des richesses considérables cherchent à imposer leur hégémonie et à armer des terroristes dans les pays avec lesquels ils ne sont pas d’accord, a-t-il fustigé, les accusant d’utiliser les groupes terroristes pour déstabiliser et détruire d’autres États et provoquer le déplacement de personnes « envoyées en mer pour mourir ». 

Poursuivant son intervention, il a déploré l’envoi de combattants étrangers en Iraq, puis en Syrie, dans le cadre d’un processus planifié impliquant les services de renseignement de certains gouvernements.  Des centres étaient prêts à accueillir ces terroristes que nous devons appeler maintenant « opposition syrienne modérée ou armée », a ajouté le représentant.  La Syrie exige une volonté politique réelle de lutter contre le terrorisme et de traduire les responsables en justice, a-t-il conclu.

M. JONATHAN DOWDALL (Royaume-Uni), après s’être aligné sur la déclaration de l’Union européenne, a soulevé d’autres questions.  Il a ainsi attiré l’attention de la Commission sur le nouveau partenariat avec l’industrie de l’Internet dans la lutte contre le terrorisme et, en particulier, sur l’exploitation potentielle de leurs services par les terroristes.  Notant que les Nations Unies sont à la croisée des chemins en ce qui concerne la lutte contre l’extrémisme violent, il a remercié les États qui se sont joints à son pays pour encourager une approche centrée sur la prévention. 

Par ailleurs, la mission mondiale pour assurer la sécurité dans le domaine de l’aviation civile internationale doit se poursuivre, a estimé le représentant.  Une année s’est écoulée depuis que le Conseil de sécurité a pris une résolution à ce sujet.  Il a encouragé les États à mettre en œuvre de nouvelles mesures pour protéger cet aspect vital de l’économie mondiale.

Le respect du droit international, en particulier les droits de l'homme et le droit international humanitaire, est primordial dans la lutte contre le terrorisme, a insisté Mme DAMARIS CARNAL (Suisse).  « Il est de notre responsabilité d’assurer que les mesures internationales et nationales adoptées dans la lutte contre le terrorisme ne fassent pas obstacle aux efforts déployés en faveur des victimes de conflits armés et aux autres activités entreprises conformément au droit international humanitaire », a-t-elle déclaré.  Pour cette raison, elle a appuyé l’établissement d’une convention globale sur le terrorisme international qui garantisse le respect du droit international humanitaire.

La représentante a soutenu le Secrétaire général adjoint à la tête du nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme dans ses efforts pour une mise en œuvre harmonisée et équilibrée de la Stratégie antiterroriste mondiale et du Plan d’action du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent.  De plus, en tant que Coprésidente du groupe de travail sur la justice pénale et l’état de droit avec le Nigéria au sein du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), la Suisse mettra l’accent sur la collecte, le partage et l’utilisation de preuves, les mesures administratives, la justice des mineurs et le rôle des femmes.

Pas un jour ou presque ne passe sans que l’on dénombre une attaque terroriste quelque part dans le monde, s’est lamenté M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique).  Rien qu’en 2017, quelque 700 attaques terroristes ayant coûté la vie à 4 450 personnes ont eu lieu.  « Cette réalité ne peut pas durer. »

Le représentant a jugé nécessaire « un ajustement juridique » pour s’adapter aux évolutions des groupes terroristes.  Grâce à l’accès aux plateformes électroniques, les idées de haine se propagent et touchent les plus jeunes.  Il faut par conséquent trouver des stratégies pour lutter contre ce phénomène, mais aucune solution ne fonctionnera si elle n’englobe pas une vision plus large de l’inclusion sociale et du développement durable.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale de continuer à travailler conjointement pour améliorer la coopération judiciaire internationale.

Par ailleurs, M. Sandoval Mendiolea s’est dit préoccupé par le fait que certains États invoquent de manière récurrente l’Article 51 de la Charte des Nations Unies sur le droit de légitime défense pour faire face par la voie militaire aux groupes terroristes, ce qui risque de multiplier les exceptions à l’interdiction générale de l’usage de la force contenue dans l’Article 2.4 de la Charte.

D’après M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan), la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale n’est possible qu’à partir d’une approche responsable et équilibrée.  S’il s’est félicité des recommandations du Secrétaire général concernant le rôle que l’ONU doit jouer pour aider les États Membres à cet égard, il a également souhaité que le Bureau de lutte contre le terrorisme respecte leur souveraineté.  La guerre contre le terrorisme doit nous permettre de défendre nos valeurs humaines et mettre en application l’état de droit, a-t-il fait valoir.

Le représentant a plaidé pour une plus grande coopération entre les États et pour le renforcement de l’échange de renseignement entre l’ONU, les États et l’Organisation internationale de police criminelle, INTERPOL.  La Stratégie antiterroriste mondiale est l’un des outils les plus importants à la disposition des États, a-t-il reconnu, ajoutant que le cadre législatif national du Soudan a été adapté pour en assurer la conformité.  En outre, le Soudan a récemment adopté un plan en sept points visant à prévenir le terrorisme, qui met l’accent sur le dialogue et le développement. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie), s’exprimant au nom du Groupe africain, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, quelles qu’en soient les justifications.  D’après lui, la convention générale sur le terrorisme international ne devrait en aucun cas limiter le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.  Quant à la proposition de convoquer une réunion de haut niveau, elle devrait faire l’objet d’un examen rigoureux et être sérieusement envisagée.

Le continent déploie des efforts colossaux pour lutter contre le terrorisme, a assuré le représentant.  À titre d’exemple, il a salué le travail de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).  En outre, les pays africains et les groupes sous-régionaux ont pris des mesures louables pour combattre la criminalité, dont la piraterie.  Pour avoir un impact durable, nous savons qu’il faut lutter contre les racines et les facteurs du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il déclaré.

Les plans d’action contre la déradicalisation sont mis en place en prenant en compte les spécificités du continent africain, a expliqué le représentant.  Selon lui, il faut prendre des mesures pour assurer une application plus efficace des conventions contre le terrorisme et des résolutions de l’ONU, et pour renforcer les capacités des pays en développement.

M. VASSANA MOUNSAVENG (République démocratique populaire lao) a estimé que le terrorisme constitue l’une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Les terroristes utilisent des outils qui sont présents dans notre vie quotidienne, des couteaux, des camionnettes ou des bus, a-t-il constaté, ce qui rend difficile la prévention de leurs actes.  Il a réitéré sa position consistant à condamner les actes terroristes sous toutes leurs formes et manifestations.  En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, il a déclaré qu’il faut s’attaquer à ses causes, ce qui implique la coopération de tous les pays pour mettre en œuvre des stratégies au niveau de la communauté internationale.

Au niveau régional, son pays joue un rôle actif, notamment pour la mise en œuvre de la Convention antiterroriste de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a expliqué M. Mounsaveng.  Au niveau international, le représentant a déclaré soutenir les efforts de la communauté internationale dans le combat contre le terrorisme.  Ainsi, le Laos fait-il partie de 13 autres pays ayant ratifié les conventions internationales pertinentes sur l’antiterrorisme, a-t-il rappelé.

M. AHMAD MOHAMED AL-THANI (Qatar), se félicitant de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme, a souhaité le renforcement de la coopération entre les États Membres afin de lutter contre le terrorisme international.  Il a appelé à poursuivre le travail visant à élaborer une convention générale sur le terrorisme international comprenant une définition claire du terrorisme qui ne serait pas liée à une religion ou à une culture particulière.  Il faut opérer une distinction claire entre le terrorisme et le droit à l’autodétermination et à la résistance à l’occupation étrangère, a-t-il précisé.  Selon lui, les efforts « pour politiser le terrorisme dans le but d’opprimer des opposants politiques ou pour diffamer un État afin de l’isoler » sapent les efforts de la lutte antiterroriste et la mise en place de la Stratégie antiterroriste mondiale.

Le Qatar a renforcé ses partenariats internationaux et régionaux, notamment avec les Nations Unies, afin d’éradiquer le fléau du terrorisme, a rappelé le représentant, tout en remplissant ses obligations découlant des décisions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme et à son financement, y compris le gel des avoirs et les embargos sur les armes.  Après avoir souligné que le Qatar a participé au gel des avoirs et à la création de listes nationales pour les entités et individus impliqués dans le terrorisme, il a fustigé les efforts de certains pays visant à salir la réputation de son pays. 

Par ailleurs, le Qatar a œuvré au renforcement des capacités et financé des projets visant à favoriser le développement et à éradiquer le terrorisme, notamment au sein de la coalition internationale qui lutte contre le Daech.  Le Qatar, a poursuivi le représentant, est l’un des plus importants donateurs au Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience, qui se réunira à Doha en décembre prochain.

En dépit de l’adoption par l’Assemblée générale, en décembre 2016, d’une résolution concernant les mesures à prendre pour éliminer le terrorisme international, a déploré M. JUN HASEBE  (Japon), de nombreuses attaques terroristes ont continué de se produire à travers le monde.  « Cette menace rend nécessaires de toute urgence des efforts internationaux concertés, dans le cadre desquels les Nations Unies doivent jouer un rôle central », a estimé le représentant, tout en saluant la création du Bureau de l’ONU de lutte contre le terrorisme.  « Nous espérons que ce nouveau bureau permettra de coordonner efficacement les activités de lutte contre le terrorisme entre les agences de l’ONU », a-t-il ajouté. 

Le délégué du Japon a également salué l’adoption récente, à l’unanimité, de plusieurs résolutions par le Conseil de sécurité, y compris la résolution 2370 pour empêcher les terroristes d’acquérir des armes et la résolution 2368, qui met à jour les sanctions imposées à Daech et Al-Qaida.

Dans le cadre de ces efforts, le représentant a déclaré que son pays avait alloué, en septembre dernier, 45 milliards de yen pour soutenir la lutte contre le terrorisme en Asie et former 2 000 agents antiterroristes dans le courant des trois prochaines années.  En tant que pays d’accueil de la prochaine coupe du monde de rugby, en 2019, et des prochains Jeux olympiques, en 2020, a ajouté le représentant, le Japon renforce actuellement sa capacité de lutte contre le terrorisme, aussi bien au plan logistique que légal.

Le Bureau de lutte contre le terrorisme donnera de la visibilité aux travaux de l’ONU pour appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers, a estimé M. OMAR HILALE (Maroc).  Le représentant a regretté que malgré tous nos efforts, le terrorisme international continuait de faire des victimes, comme cela a encore été le cas la semaine passée, citant les différents lieux où celui-ci a frappé.  En outre, le terrorisme ne doit être assimilé à un groupe ethnique ou religion, a-t-il déclaré.

Le phénomène des combattants terroristes étrangers ne cessant de s’exacerber, le Maroc a accueilli de nombreuses réunions sur la sécurité des frontières, a poursuivi le représentant.  Il a dénoncé le fait que les terroristes s’organisent, sont habitués aux méthodes les plus macabres et peuvent s’adresser aux jeunes, notamment grâce aux réseaux sociaux.  Cela doit nous inciter à renforcer la coopération régionale et internationale, notamment sous l’égide de l’ONU, a-t-il insisté, car « aucun pays n’est à l’abri et aucun pays ne peut se targuer de pouvoir lutter seul contre le terrorisme ».

Au niveau national, le Maroc parie, entre autres moyens, sur le lancement d’un programme de déradicalisation.  Ainsi, l’expérience marocaine concernant les prédicateurs a-t-elle été partagée en Afrique et ailleurs grâce à des accords internationaux.

M. ESSA A. E. ESSA (Libye) a réaffirmé sa condamnation du terrorisme sous toutes ses formes, tout en soulignant que ce fléau mondial ne peut être associé à aucune religion ou culture en particulier.  Il nous faut adopter un plan global efficace dans le cadre d’un accord international basé sur les causes profondes du terrorisme, le renforcement des capacités, les droits de l’homme et la souveraineté des États Membres, a-t-il fait valoir.  Il a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, étant entendu que les solutions militaires ne sont pas suffisantes.  Selon lui, la communauté internationale doit agir en vertu des résolutions du Conseil de sécurité et annihiler ces mouvements. 

La lutte contre le crime organisé, le blanchiment d’argent et le trafic d’êtres humains sont tous instrumentalisés par les groupes terroristes afin de financer leurs activités, a souligné le représentant.  Une base de données sur les individus impliqués dans ces activités, ainsi que dans le trafic d’armes, doit être créée et partagée entre les États, a-t-il recommandé.

En outre, la stabilité des États qui souffrent du terrorisme et leurs capacités doivent être renforcées afin d’empêcher que les terroristes puissent s’y réfugier.  Malgré les bouleversements qui secouent son pays, les institutions libyennes doivent avoir les moyens, en armes et argent, de lutter contre le terrorisme, a-t-il fait valoir.  Enfin, selon lui, les États Membres doivent parvenir à une mouture finale de la convention générale sur le terrorisme international, y compris une définition claire du terrorisme qui exclut le droit à l’autodétermination et la lutte contre l’occupation étrangère.

M. SHI XIAOBIN (Chine) a estimé qu’au cours de l’année passée, les efforts de lutte antiterroriste et la coopération internationale avaient produit des résultats positifs, bien que le nombre d’attaques ait augmenté.  Pour combattre le terrorisme, la communauté internationale doit parvenir à un consensus plus large et créer des synergies plus fortes, a déclaré le représentant, appelant toutes les parties à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et à rejeter tout lien avec une religion ou un groupe ethnique spécifique. 

En outre, a recommandé M. Xiaobin, nous devons adopter une approche globale afin de nous attaquer aux causes profondes du terrorisme, tout en poursuivant sans relâche la lutte contre le recrutement et le financement des mouvements terroristes, y compris en ligne.  À cette fin, les États doivent renforcer leurs efforts pour éradiquer la pauvreté, améliorer l’éducation et le développement, et promouvoir le dialogue et les échanges. 

Les Nations Unies et le Conseil de sécurité ont un rôle essentiel à jouer en matière de coordination et de consolidation des ressources, notamment au sein de ses organes dédiés à la lutte contre le terrorisme.  La Chine, a-t-il affirmé, est une « victime du terrorisme », qui poursuit son combat contre les terroristes du « Turkestan oriental ».  

M. DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a estimé que les programmes visant à prévenir la propagation d’idées radicales et de l’extrémisme violent étaient d’une importance capitale dans la lutte contre le terrorisme sur le long terme, s’agissant en particulier des populations jeunes.  La coopération régionale est également un élément clef de cette lutte, a-t-il poursuivi, avant d’ajouter que les Balkans occidentaux étaient actuellement dans la ligne de mire des terroristes.  « Daech a le regard tourné au-delà de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, pour établir de futures zones de recrutement et des bases logistiques », s’est inquiété M. Kuret, ajoutant que, en tant que zone de transit entre l’Europe et la Syrie ou l’Iraq, les Balkans occidentaux étaient particulièrement exposés à la radicalisation et l’extrémisme prônés par Daech.

Soulignant par ailleurs le lien entre criminalité organisée et terrorisme, le représentant a rappelé que son pays avait récemment proposé une initiative de lutte contre le terrorisme dans les Balkans occidentaux.  La Slovénie a également soumis, en janvier 2016, un projet d’amélioration des échanges d’informations entre les services de renseignement de la région, ainsi que la mise en œuvre de standards internationaux unifiés pour la conduite d’enquêtes et la poursuite des terroristes.  En mai 2017, a-t-il ajouté, le Code pénal slovène a été amendé afin d’y introduire des dispositions plus sévères contre le terrorisme. 

M. YEMDAOGO ERIC TIARE (Burkina Faso) a déclaré qu’à l’instar de nombreux pays de la bande sahélo-saharienne, son pays fait face au terrorisme qui entrave les efforts de développement économique et porte atteinte aux droits humains.  Le Burkina Faso a été victime de nombreuses attaques depuis 2014, a-t-il rappelé.  Détaillant les réformes juridiques et institutionnelles entreprises pour lutter contre la recrudescence des actes terroristes, il a souligné l’adoption de la loi antiterroriste de 2015, ainsi que la création d’un pôle judiciaire spécialisé.

Convaincu qu’une des causes du terrorisme est la pauvreté, le représentant a souligné les efforts réalisés à travers le programme d’urgence pour le Sahel couvrant la période 2017-2020, dont le coût est estimé à 750 millions de dollars.  Ce programme vise à améliorer l’accès aux services sociaux, à renforcer la gouvernance administrative et la sécurité des populations.  Il a estimé que la lutte contre le terrorisme ne sera couronnée de succès que si elle s’inscrit dans une approche globale.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle apporte son soutien financier au G5 Sahel et à la mise en place de la Force conjointe du G5 Sahel, avec pour objectif de combattre ce fléau dans l’ensemble des pays concernés, à savoir le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande) a déclaré que son pays avait entrepris de renforcer son cadre juridique national de lutte contre le terrorisme.  La Thaïlande, a-t-il poursuivi, a également pris des mesures pour mettre en œuvre la résolution 1373 du Conseil de sécurité, afin de lutter contre le blanchiment d’argent et couper les sources de financement des terroristes. 

Au niveau régional, M. Chandrtri a déclaré que son pays demeurait engagé dans la mise en œuvre de la Convention de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) sur la lutte contre le terrorisme.  Sur le plan international, a-t-il poursuivi, la Thaïlande est désormais partie à neuf instruments liés à la lutte contre le terrorisme et s’efforce actuellement de prendre les mesures nécessaires pour devenir partie à la Convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, la Convention sur la protection physique des matières nucléaires et la Convention sur la répression des actes illicites dirigés contre l’’aviation civile internationale.

S’agissant de la coopération de son pays avec les Nations Unies, M. Chandrtri a déclaré que la Thaïlande soutenait la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale.  À cette fin, il a apporté son soutien à la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, au Comité du Conseil contre le terrorisme et au nouveau Bureau de lutte contre le terrorisme.

Le représentant d’El Salvador a réaffirmé le rejet par son pays du terrorisme, peu importe les circonstances, et réaffirmé son entière disposition à mettre en place les mesures nécessaires afin d’assurer la prévention et la poursuite judiciaire des actes terroristes.  Il a rappelé que son pays avait ratifié la « grande majorité » des traités régionaux et internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme, y compris les mesures visant à empêcher son financement.  El Salvador a adopté, en 2006, une loi spéciale contre les actes terroristes, afin de prévenir et de sanctionner tout délit en lien avec le terrorisme, a rappelé le représentant.  En outre, El Salvador a renforcé la formation afin de prévenir le terrorisme, d’accroître l’aide aux victimes ainsi que la lutte contre le crime organisé, en plus de participer à des projets régionaux, sous les auspices de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC). 

El Salvador considère que le terrorisme met en péril la paix et la sécurité internationales et menace le développement social et économique, a poursuivi le représentant, ajoutant que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être conformes à l’état de droit, au droit international humanitaire et à la Charte des Nations Unies. 

M. NAWAF SALAM (Liban) a rappelé que son pays avait montré son unité lors de l’épreuve endurée par huit soldats libanais pris en otage depuis 2014, alors qu’ils combattaient courageusement Daech et el-Nosra.  « Notre armée a éliminé la présence militaire de ces organisations terroristes », a-t-il déclaré. 

Il est important d’être vigilant avec les mots que l’on emploie lorsqu’on parle du terrorisme, a averti le représentant.  Ainsi, certains actes sont-ils labellisés « terroristes » pour le simple fait qu’ils ont été commis par les membres d’une religion.  Par ailleurs, il a été récemment observé que le droit légitime de résister à l’occupation étrangère et le droit à l’autodétermination, reconnus par le droit international, sont souvent qualifiés de terrorisme.  En contraste, des actes criminels commis par des colons dans les territoires illégalement occupés ne sont pas qualifiés de terroristes, mais d’actes violents, s’est étonné M. Salam.  D’où l’importance de définir clairement le terrorisme, dans le contexte du Groupe de travail sur le projet de convention générale sur le terrorisme international, a-t-il insisté.

Le représentant a vu dans la création du Bureau de lutte contre le terrorisme une étape positive, et, a-t-il ajouté, « nous sommes confiants dans le fait que le Bureau aidera à améliorer la coordination et la cohérence des activités antiterroristes ».  En ce qui concerne précisément la Stratégie antiterroriste mondiale, il a lancé un appel pour une mise en œuvre équilibrée de ses quatre piliers, même si la prévention doit avoir une place importante.

Le Togo a ratifié nombre d’instruments juridiques internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, a fait remarquer M. FINTAKPA LAMEGA DEKALEGA (Togo).  Une cellule nationale de traitement des transactions financières a été créée dans la foulée de l’adoption du Protocole de Palerme, a-t-il ajouté. 

Après avoir énuméré les récents attentats terroristes commis dans le monde, le représentant a plaidé pour une action concertée de l’ensemble de la communauté internationale pour combattre le terrorisme.  Le Togo a récemment réaffirmé sa position de fermeté face à la menace terroriste lors de rencontres internationales de haut niveau.  En outre, il a appelé à une plus grande coopération régionale et à la mutualisation de la collecte et du partage des renseignements. 

Mme ALINA JULIA ARGÜELLO GONZÁLEZ  (Nicaragua) a condamné avec force les actes terroristes commis à Las Vegas et a présenté ses condoléances à toutes les familles qui ont perdu des êtres chers.  Elle a réitéré sa ferme condamnation du terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État dont son peuple a été victime.

La représentante a lancé un appel pour lutter contre les fonds terroristes.  Le terrorisme ne saurait être assimilé à un groupe ethnique ou une religion, a-t-elle rappelé.  Elle s’est déclarée extrêmement préoccupée par le fait que des guerres sont menées au nom du terrorisme.  « Nous devons agir et condamner les auteurs d’actes terroristes. »  Appuyant la tenue d’une conférence sur le terrorisme, elle a encouragé tous les États Membres à aller dans ce sens.  Dans le monde actuel, les Nations Unies doivent encourager la solidarité entre êtres humains et la paix dans le monde, a-t-elle conclu.

Des attaques terroristes se sont produites récemment aux quatre coins du monde, et son pays n’a pas été épargné, a relevé M. AMIT HEUMANN (Israël).  Les organisations terroristes se sont rapidement adaptées à de nouveaux moyens, notamment technologiques, afin de mener des attentats, s’est inquiété le représentant, pour qui Internet est devenu une « plateforme dangereuse pour inspirer les martyres et promouvoir l’extrémisme violent ».  Il a rappelé à cet égard les efforts de son pays, de concert avec la communauté internationale, pour combattre cette « menace mondiale » à l’aide de moyens créatifs.  Israël demeure engagé à combattre le terrorisme par des moyens conformes au droit international et à ses obligations nationales et internationales, a-t-il assuré, rappelant l’adoption récente par Israël d’une loi antiterroriste globale reposant sur l’état de droit. 

Par ailleurs, a souligné le représentant, Israël soutient l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international qui souligne qu’aucune cause ne peut justifier le terrorisme.  « Nous ne pouvons pas continuer d’appliquer l’approche du deux poids, deux mesures, selon le groupe terroriste en cause », a lancé le représentant, ajoutant que seule une politique de tolérance zéro peut permettre de lutter contre le terrorisme.  Aucun « acte de libération » ne peut justifier le terrorisme, a-t-il martelé, ajoutant qu’Israël ne fera pas de « compromis par souci de consensus » sur cette question. 

Selon M. YEVGEN LISUCHENKO (Ukraine), la coopération est vitale pour lutter contre le terrorisme.  Les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent ainsi jouer un rôle en la matière.  « Nous sommes convaincus que les organes et agences des Nations Unies peuvent fournir une aide aux États pour lutter contre le phénomène des combattants étrangers et le blanchiment d’argent, tout en respectant les droits de l’homme », a-t-il indiqué.  Il a noté que plusieurs initiatives ont été prises par le Royaume-Uni, la France et l’Italie, notamment pour combattre la diffusion sur Internet des idéologies terroristes.

Notre objectif commun devrait être de faire rendre des comptes non seulement aux terroristes, mais aussi aux « mentors » des terroristes, surtout si ceux-ci sont un État, a avancé le représentant.  Par exemple, l’Ukraine a été victime, dans l’est du pays, d’un terrorisme soutenu par un autre pays, la Russie.  Il est par ailleurs important de ne pas livrer d’armes aux terroristes, mais la Fédération de Russie n’a pas respecté cette obligation, a-t-il déploré.  Il faut aussi empêcher le recrutement des combattants étrangers et, là encore, la Russie ne fait rien, au contraire, s’est-il plaint.  En outre, la Russie a lancé une campagne de masse pour laver l’image des terroristes qui continuent à tuer au Donbass.

Mme MIRTA GRANDA AVERHOFF (Cuba) a rappelé que son pays avait soutenu la proposition du Secrétaire général de créer un bureau de lutte contre le terrorisme.  « La nouvelle structure devrait se centrer sur les moyens les plus efficaces de mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies », a-t-elle appelé. 

Par ailleurs, la représentante a estimé que les pays ayant pour pratique de financer, d’appuyer et de promouvoir des « actes subversifs » à des fins de « changement de régime », ainsi que des « messages de haine et d’intolérance contre certaines personnes, cultures ou systèmes politiques », violaient les principes de la Charte de l’ONU.  La communauté internationale, a-t-elle ajouté, ne peut pas accepter que, « sous prétexte de lutter contre le terrorisme », certains États se livrent à des actes d’agression, « de manière directe ou indirecte », contre des États souverains, en violation flagrante du droit international. 

« Cuba, pour avoir défendu son indépendance, sa souveraineté et sa dignité, a depuis des décennies été la victime des conséquences d’actes terroristes, avec pour bilan 3 478 morts et 2 099 personnes handicapées », s’est indignée la représentante.  Plus de 40 ans après l’explosion en plein air d’un avion de la compagnie aérienne cubaine, qui a causé la mort de 73 personnes au large des côtes de la Barbade, justice n’a toujours pas été faite, a-t-elle notamment déploré.  « Son auteur théorique, le terroriste autoproclamé Luis Posada Carriles, court toujours les rues de Miami avec la complicité du Gouvernement américain », a-t-elle déploré.

« Nous réitérons que Cuba n’a jamais pris part à l’organisation, au financement ou à l’exécution d’actes terroristes contre aucun pays que ce soit », a enfin affirmé la représentante.

M. GEORG SPARBER (Liechtenstein) a préconisé que le mandat du Médiateur du Comité 1267 s’étende aux autres régimes de sanctions.  Il a demandé qu’il ait les ressources et le soutien nécessaires pour son travail.  Le respect des droits de l’homme et du droit international doit faire partie de la lutte contre le terrorisme, a-t-il poursuivi.  Les gouvernements impliqués dans cette lutte doivent éviter de contribuer aux résultats qui « trahissent les valeurs que nous cherchons à respecter et qui sont souvent attaquées par les terroristes eux-mêmes ».  Une définition interne trop large du terrorisme peut menacer le droit à la liberté d’expression et d’association, a averti M. Sparber qui a ajouté que la surveillance de masse à l’intérieur et à l’extérieur pourrait miner le droit à la vie privée.

« Nous continuons de constater le non-respect flagrant du droit international humanitaire par les différentes parties aux conflits armés y compris les acteurs non étatiques », a regretté le représentant.  Les gouvernements devraient montrer l’exemple et se conformer aux principes de la légalité, de la nécessité et de la proportionnalité dans leurs actions.  L’érosion du respect du droit international humanitaire peut encourager les perceptions d’injustice qui pourraient éventuellement faciliter la radicalisation et le recrutement de terroristes.

M. Sparber a souligné la nécessité de renforcer la réponse internationale au terrorisme « avec les Nations Unies au centre ».  Soucieux de rationaliser les travaux de la Sixième Commission, il a réitéré son appel à débattre d’une convention générale sur la lutte contre le terrorisme dans le cadre d’un forum unique, notamment la plénière, et à enlever ce point de l’ordre du jour de la Commission.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, « une violation odieuse du droit positif, une menace à la paix et à la sécurité internationales et au développement économique ».  Il est de l’intérêt de toutes les nations de lutter contre ce fléau, a-t-il continué.  La menace est de caractère transnational et se déplace au gré des conditions.  En outre, le terrorisme ne saurait être associé à une religion, une région, une culture, une nationalité ou une race.

Le représentant a mis l’accent sur différents piliers.  Selon lui, il faut ainsi renforcer la coopération internationale par le biais de l’échange d’informations; adopter une convention générale sur le terrorisme qui fournirait un cadre multilatéral, car « l’absence de définition laisse une marge de manœuvre aux groupes terroristes pour se consolider »; mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Enfin, il a rappelé que son pays avait souscrit à la Convention de l’Union africaine de 1999 et mis à la disposition de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) plus de 500 hommes « pour aider nos frères somaliens à faire face au mouvement des Chabab et ses alliés ».

Mme COUMBA GAYE (Sénégal) a appelé à renforcer les synergies afin de mettre en œuvre toutes les dispositions et résolutions relatives à la prévention et à la lutte contre le terrorisme.  Elle a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, rappelant qu’aucune religion, y compris l’islam, ne peut y être associée.  Bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre le financement du terrorisme, il faut renforcer les partenariats, notamment avec le secteur privé, afin de s’attaquer aux « sources de financement diversifiées du terrorisme ».  Elle a cité en exemple le paiement de rançons et les activités liées à la criminalité transnationale organisée ainsi que l’exportation de pétrole par des groupes comme Daech. 

Le Sénégal, a assuré la représentante, continue de renforcer son dispositif juridique pour lutter contre le terrorisme, notamment par le biais de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF).  Elle s’est félicitée de la mise en place du Bureau de lutte contre le terrorisme, qui a pour objectif d’aider les États à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale.

Le terrorisme continue de trouver de nouvelles façons d’attaquer, de se financer et de diffuser sa propagande, a signalé M. TORE HATTREM (Norvège).  Cependant, le combat contre l’État islamique est en train de porter ses fruits.  Le groupe terroriste a perdu beaucoup de territoires en Iraq et en Syrie, a-t-il noté.  Pour sa part, la Norvège joue un rôle important dans les efforts contre l’État islamique d'Iraq et du Levant (EIIL).  Il a souligné qu’il y a un grand besoin d’aide humanitaire dans les pays qui ont été libérés de l’EIIL, et que la communauté internationale a une responsabilité importante à cet égard.

Le représentant a jugé essentiel d’engager la société civile pour lutter contre la radicalisation.  Des systèmes politiques inclusifs sont par ailleurs indispensables pour éviter la résurgence d’un nouvel État islamique, a-t-il déclaré.  Il a salué l’initiative du Secrétaire général qui a fait de la quête de la paix sa priorité absolue.  Nous avons besoin de Nations Unies cohérentes pour lutter contre le terrorisme, a-t-il déclaré.  Il faut aussi s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent tout en respectant les droits de l’homme.  Nous devons veiller à ce que personne ne se trouve piégé dans des situations de détresse économique favorables au développement du terrorisme.

M. SUHAIMI TAJUDDIN (Malaisie) a condamné tout acte de terrorisme, y compris ceux commis par Daech, qui causent des pertes civiles et endommagent les infrastructures.  Ces attentats sont contraires aux enseignements de l’islam et en ont terni l’image, a-t-il regretté.  Selon lui, il faut s’attaquer aux causes profondes du terrorisme afin de le combattre efficacement, y compris les conflits non résolus.  Soulignant l’importance de la coopération internationale, il a salué la résolution de l’Assemblée générale portant sur l’établissement d’un groupe de travail sur l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international. 

La Malaisie a adopté des changements législatifs reposant sur la modération afin de mieux prévenir et combattre la menace terroriste et l’extrémisme, a continué le représentant.  Afin de contrer la menace terroriste en ligne, la Malaisie a également créé un centre régional antiterroriste pour l’Asie du Sud-Est et une division des communications digitales stratégiques.

Mme MAISOON AL-DAH (Émirats arabes unis) a indiqué que son pays avait participé à de nombreux forums de lutte contre le terrorisme.  Nous avons veillé à fonder un cadre de travail à cette fin et nous avons adhéré à plus de 15 conventions internationales et régionales pour combattre ce fléau, a-t-elle précisé.  Il faut lutter contre le financement du terrorisme et nous appelons les États Membres à tenir leurs engagements à cet égard, a-t-elle déclaré.

Nous croyons à la nécessité de suivre le principe de prévention et à la nécessité de travailler de concert contre le terrorisme électronique, a ajouté la représentante.  Il est en outre nécessaire d’œuvrer pour mettre en lumière les idées néfastes que les groupes terroristes tentent de faire passer.  Son pays, a-t-elle souligné, espère parvenir à la convention générale sur le terrorisme international par consensus.

La Sri Lanka, qui a subi le terrorisme durant 30 longues années, condamne sans équivoque ce fléau sous toutes ses formes et manifestations, a déclaré Mme SONALI SAMARASINGHE (Sri Lanka).  Elle s’est félicitée de la création du Bureau de lutte contre le terrorisme international.  Nous ferons notre possible pour aider le Bureau dans ses fonctions clefs, a-t-elle promis.

Certes, nous avons progressé dans la lutte contre le terrorisme, mais son évolution est continuelle, a reconnu la représentante.  Tous les États Membres doivent mettre en commun leurs sources d’informations pour lutter contre ce fléau.  Nous devons en outre, dans ce combat, respecter les principes de la Charte.  Cela fait plus de 10 ans que les Nations Unies essaient de trouver un accord sur un projet de convention, a-t-elle déploré.  Toutefois, il faut pouvoir combler des lacunes et il est regrettable de ne pas pouvoir dépasser nos différences.  Il est impératif d’envoyer un message clair et il est urgent d’agir, a-t-elle déclaré en conclusion. 

Déclaration du  Président de l’Assemblée générale

La promotion du droit international est au cœur du mandat des Nations Unies et de sa Charte, qui encourage la mise en place de conditions favorables au maintien et au respect du droit international, a déclaré M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale.  Les travaux de la Sixième Commission, qui portent sur des questions qui affectent les populations du monde entier, sont importants à cet égard.  Rappelant que la mission première de la Commission est aussi « d’encourager le développement progressif du droit international », le Président a salué le travail important réalisé par la Commission du droit international en adoptant des projets d’article sur les crimes contre l’humanité. 

De même, le Président a souligné le travail essentiel de la Sixième Commission en vue d’assurer la responsabilité pénale des fonctionnaires et experts des Nations Unies et d’éliminer l’exploitation et les abus sexuels commis dans le cadre de leurs fonctions.

Notant que le droit international n’est pas « figé dans le temps », M. Lajčák a estimé qu’il doit plutôt s’adapter aux circonstances dans lesquelles il opère afin d’être en mesure de répondre de façon adéquate aux nouveaux développements.  Il a cité en exemple la montée du terrorisme, « l’un des plus grands défis auxquels est confronté notre monde », qui nécessite une réponse appropriée.  La révision de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et la poursuite du travail en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international en sont des éléments cruciaux, a-t-il estimé, appelant les délégations à s’attaquer à ces questions avec une « énergie renouvelée ».  En outre, il a plaidé pour un état de droit fort au sein d’institutions et de systèmes de justice vigoureux, afin d’assurer la reddition de comptes, de lutter contre le financement du terrorisme et de prévenir les conflits.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: « il est temps de passer à l’action », s’impatientent des délégations face aux lenteurs dans la mise en œuvre du Programme 2030

Soixante-douzième session,
2e séance – matin et après-midi 
AG/EF/3472

Deuxième Commission: « il est temps de passer à l’action », s’impatientent des délégations face aux lenteurs dans la mise en œuvre du Programme 2030

« Le rythme reste trop lent dans bien des domaines si l’on veut atteindre les objectifs d’ici à 2030 », a déclaré, inquiet, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, à l’ouverture du débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission), anticipant les réactions de nombreux pays qui ont lancé des appels à mener les actions nécessaires pour y arriver.

Tout au long de la journée, des appels à agir se sont ainsi fait entendre pour que le monde parvienne enfin à éliminer la pauvreté et pour qu’on instaure un système commercial équitable, tout en combattant les effets néfastes des changements climatiques.  Rendre l’ONU plus efficace dans son soutien aux États Membres a figuré au rang des priorités pour plusieurs pays.

M. Zhenmin a présenté les éléments qu’il juge nécessaires pour accélérer le rythme et s’assurer que les objectifs de développement durable soient atteints d’ici à 2030.  Parmi ces priorités, il a invité à respecter les engagements pris en termes d’aide publique au développement, une voie que les délégations de pays en développement ont appelé de tous leurs vœux.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de réserver des ressources pour les investissements d’urgence, tout en insistant sur le potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications qui sont au cœur des progrès.

Le Président de la Deuxième Commission, M. Sven Jurgenson, de l’Estonie, a souhaité que les travaux de la session soient attentifs à placer « les gens en premier », particulièrement ceux qui sont déjà laissés sur le côté ou qui courent le risque de l’être.

Le porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine, en la personne du représentant de l’Équateur, a clairement demandé à la communauté internationale de passer à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’autres documents majeurs adoptés par la communauté internationale sous les auspices des Nations Unies, comme le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur les changements climatiques ou encore le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  « Il faut maintenant passer de la parole aux actes », a renchéri sa collègue du Nicaragua.

Invité de cette première séance de travaux, le professeur Arvind Panagariya, de l’École d’économie politique indienne de l’Université Columbia, a mis l’accent sur les mesures à prendre en vue de transformer rapidement les économies, plaidant avant tout pour une croissance rapide.  Il a visé une croissance entre 7 et 10% par an, qui suscite une création massive d’emplois et qui permette aux plus démunis de bénéficier des services de base, tout en favorisant l’augmentation des recettes de l’État afin de mieux financer les services publics et les infrastructures.

Sur le plan des stratégies nationales de développement, les orateurs ont été d’accord pour dire que l’éradication de la pauvreté devait être l’objectif central.  Dans ce domaine, « l’Afrique sera le véritable test de la réussite des efforts de développement durable », a prédit le représentant de l’Égypte qui parlait au nom du continent, après avoir rappelé que celui-ci héberge la moitié des 800 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême dans le monde.  Ce groupe a mis l’accent sur l’importance des programmes de coopération solides pour éviter le pillage des avoirs africains qui résulte des flux financiers illicites, le but étant d’allouer ces ressources au financement du développement.

Il est aussi question, ont noté des délégations, d’agir en faveur d’une « justice climatique ».  Le délégué des Îles Salomon, s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a encouragé le système des Nations Unies à accroître son assistance aux pays les plus vulnérables.  Au vu des implications sécuritaires des changements climatiques, il faudrait même nommer un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité, a envisagé le délégué de Nauru, parlant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique.

Il faut par ailleurs penser à poursuivre la réforme de l’ONU lancée par le Secrétaire général, ont insisté plusieurs orateurs en soulignant l’importance du repositionnement du système de développement de l’ONU.  La représentante des États-Unis a ainsi encouragé la Deuxième Commission à se concentrer sur des travaux qui auront un véritable impact sur le terrain, en dépassant les discours creux.  Si la Commission revenait à ses anciennes pratiques dépourvues d’efficacité, son pays n’aurait pas d’autre option que de se désengager de ses travaux, a même averti la déléguée.

De son côté, la délégation de l’Union européenne a recommandé de reporter l’adoption des projets de résolution à la session suivante lorsque les discussions nécessitent plus de temps.

Sur un autre point, la délégation de la Fédération de Russie a déclaré que les sanctions utilisées comme instruments de pression sont nuisibles au développement.  Son homologue de la Syrie a d’ailleurs exigé que l’on mette fin aux mesures coercitives qui sont imposées à son pays, avant que sa collègue de Cuba ne vienne dénoncer le blocus économique des États-Unis contre son pays depuis 50 ans.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 3 octobre, à 10 heures.

Discours liminaires

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), Président de la Deuxième Commission, a indiqué que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques sont autant d’outils pour aider la communauté internationale à assurer aux peuples du monde une vie décente.  Pour ce faire, il a invité à renforcer la capacité des pays à travailler ensemble, dans un esprit de pragmatisme et de souplesse, y compris au sein de la Deuxième Commission.  Il a aussi appelé à veiller à ce que la mondialisation soit plus juste pour tous.  Dans cette optique, il a plaidé pour plus d’inclusion, notamment en ce qui concerne les femmes.  Une plus grande égalité entre les sexes entraîne des effets positifs en termes de réduction de la pauvreté, a-t-il argué, tout en déplorant le fait que les femmes et les filles de nombreux pays demeurent désavantagées sur plusieurs aspects.

Le Président de la Commission a également plaidé pour que l’inclusion soit de mise dans les débats qui vont porter sur la science et la technologie, notant que personne n’est à l’abri des mutations numériques, mais soulignant que celles-ci sont particulièrement prometteuses en termes de gouvernance électronique, transparence, justice, coopération avec la société civile, ainsi que dans l’optique des partenariats internationaux.  Il a donc plaidé pour que les bénéfices de l’économie numérique profitent à tous, affirmant que l’adaptation aux technologies de l’information et des communications (TIC) est essentielle pour placer le monde sur les voies du développement durable à l’horizon 2030.

Venant au défi que représentent les changements climatiques, le Président a déclaré que « si nous voulons une planète saine, nous devons gérer durablement les écosystèmes, opter pour des transports durables et se tourner vers des sources d’énergie propres et renouvelables, entre autres ».  Il a souhaité que les délibérations de la Commission placent les gens en premier, particulièrement ceux qui sont déjà laissés sur le côté ou qui courent le risque de l’être.  « C’est plus facile à dire qu’à faire », a-t-il reconnu en se félicitant que le nouveau bureau de la Commission se soit justement engagé à faire sien le principe de « ne laisser personne de côté ». 

M. Jürgenson a annoncé qu’au cours de la réunion commune avec le Conseil économique et social (ECOSOC) portant sur l’économie numérique et le développement de l’intelligence artificielle, prévue le 11 octobre prochain, les délégations de la Deuxième Commission pourront faire connaissance avec Sophia, un robot accomplissant des tâches parmi les plus complexes.  « Ce sera peut-être l’occasion de demander à ce robot de faire des suggestions pour aider la Commission à terminer ses travaux à temps au cours de la présente session », a-t-il ironisé.  Pour sa part, le Président a laissé entendre qu’il n’y aurait pas de progrès sans une bonne communication entre les délégations.  Il a souhaité que les mois qui viennent soient marqués par « l’écoute, l’apprentissage et le travail en commun ».

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que, avec l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030 il y a deux ans, la communauté internationale s’était dotée d’une vision d’ensemble qui exige des approches transsectorielles et doit aboutir à ne laisser personne de côté.  En dépit des progrès enregistrés à ce jour, le rythme reste cependant trop lent dans bien des domaines si l’on veut atteindre les objectifs d’ici à 2030, a regretté M. Zhenmin avant de présenter un certain nombre d’éléments clefs nécessaires pour inverser cette tendance.

Pour ce qui est de la situation économique mondiale et ses perspectives, le Secrétaire général adjoint a noté que la production industrielle et les échanges avaient augmenté, mais que le potentiel à long terme était entravé par des niveaux d’investissement trop faibles, ce qui est parfois la conséquence de crises et de revers liés aux migrations mondiales et aux changements climatiques.   « Il faut unir nos forces pour favoriser une mondialisation plus inclusive et durable »,  

a-t-il lancé en soulignant que le Programme d’action d’Addis-Abeba reflète cette exigence et fournit un cadre pour mobiliser les différents moyens de mise en œuvre du Programme 2030.  Il a rappelé à cette occasion que les ressources affectées à cette mise en œuvre peuvent être publiques ou privées, nationales ou internationales.

Pour M. Zhenmin, l’une des priorités consiste à renforcer le système fiscal mondial, ce qui suppose une plus grande coopération pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales.  De plus, les engagements en termes d’aide publique au développement (APD) doivent être renforcés, de même que la coopération Sud-Sud,

a-t-il souhaité, notant que cela passe par un renforcement des banques régionales.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de réserver des ressources pour les investissements d’urgence.

Le Secrétaire général adjoint a insisté sur la nécessité de venir en aide aux pays en développement pour leur permettre de faire des investissements à grande échelle, de renforcer leurs institutions nationales, notamment dans le domaine des données, et de mettre leurs capacités de développement à niveau.  Dans ce contexte, il a insisté sur le potentiel des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC) qui sont, selon lui, au cœur des progrès sur la voie du développement durable.  Il a espéré que le monde pourrait pleinement tirer parti de l’interface entre le monde politique et le monde scientifique, tout en reconnaissant la nécessité urgente de mettre au point des moyens efficaces pour lutter contre les risques associés à ces nouvelles technologies.  Il a souligné les progrès déjà réalisés dans la mise en œuvre de mécanismes de partage et de transfert de technologies, dans le contexte du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Le Secrétaire général adjoint a espéré que la réunion conjointe de la Deuxième Commission et du Conseil économique et social (ECOSOC) serait l’occasion de lancer des délibérations sur ces questions.

M. Zhenmin a tenu à rappeler que le Programme de développement durable à l'horizon 2030 était piloté par les pays eux-mêmes, soulignant toutefois que certains États Membres ont besoin du soutien de l’ONU pour la collecte et la ventilation des données ainsi que pour préparer leurs rapports nationaux.  Cela concerne essentiellement les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID).  Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) les assiste en conduisant des analyses politiques neutres sur des questions de fond.  Son Département est chargé de renforcer le soutien à ces pays en termes de renforcement des capacités en vue de la mise en œuvre du Programme 2030. 

Suite à l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies (QCPR), le Secrétaire général a présenté son rapport pour parvenir aux résolutions escomptées dans le cadre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, et il y aura un second rapport en décembre 2017, a annoncé le Secrétaire général adjoint.  M. Zhenmin a également rappelé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable était la plateforme idoine pour suivre les progrès pays par pays, puisqu’il a la responsabilité de faire un examen au niveau mondial.  Il a salué le vif intérêt manifesté par les 43 pays qui avaient déjà présenté leurs examens nationaux, ainsi que ceux qui envisagent de la faire lors de sa vingt-huitième session.

Allocution liminaire

M. ARVIND PANAGARIYA, Professeur d’économie à l’école Professeur Jagdish Bhagwati d’économie politique indienne de l’Université Columbia, a présenté le thème de son exposé, « Une voie vers une transformation économique rapide », en précisant qu’il ne s’agit probablement pas de la seule voie possible vers le développement.  L’une des composantes essentielles du développement, a-t-il indiqué, est la qualité des dirigeants.  En effet, quelle que soit la qualité des politiques adoptées, ce sont les dirigeants qui doivent les mettre en œuvre.  Autre élément important, la croissance rapide qui est selon lui l’instrument le plus adéquat pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Il faut une croissance rapide, au rythme de 7 à 10% par an, qui suscite une création massive d’emplois et qui permette aux plus démunis de bénéficier des services de base.  Cette croissance permet également d’augmenter les revenus gouvernementaux afin de mieux financer les services publics et d’investir davantage dans les infrastructures.  

Le professeur Panagariya a rappelé que cinq pays avaient connu une croissance à ce rythme, pendant deux décennies ou plus: la Chine, le Japon, la République de Corée, la République de Singapour, et le Taiwan.  Il a relevé six caractéristiques communes à ces transformations, à commencer par la croissance rapide des exportations, suivie par une croissance rapide de la production industrielle, laquelle va également entraîner une forte croissance du secteur des services.  La quatrième caractéristique est la migration de la main-d’œuvre de l’agriculture vers les secteurs secondaire et tertiaire.  Les deux autres points caractéristiques de ces économies sont la rapide urbanisation et la hausse du niveau des revenus.  Prenant l’exemple de la République de Corée, il a constaté que le pays avait une main d’œuvre agricole représentant 60% de sa population active en 1960, contre 20% en 1990.  Parallèlement, le pays s’est fortement urbanisé, passant de 28,5% d’habitants vivant en ville en 1955 contre 88,3% en 1999. 

En outre, pour M. Panagariya, le développement économique fait aujourd’hui face à deux défis majeurs: l’automatisation ou la robotisation, et le protectionnisme.  Si certains estiment que l’automatisation va détruire le tissu économique en éliminant le travail humain, M. Panagariya a invité à ne pas voir que les emplois perdus car il y en d’autres qui seront créés du fait de l’automatisation, concluant qu’il y aurait plutôt une mutation des emplois.  Il a notamment fait observer que l’automatisation est le produit de la recherche scientifique qui emploie de nombreuses personnes.  De plus, comme les robots ne pourront jamais faire certaines tâches, l’automatisation risque de rendre les coûts de production plus onéreux.  En ce qui concerne le deuxième défi, la tendance de certaines économies à pratiquer le protectionnisme, il s’explique par la volonté de ces pays de protéger leur marché intérieur.  Le professeur a toutefois assuré que l’option la plus porteuse pour le développement était d’ouvrir son marché et de chercher à l’étendre vers l’extérieur.

 

Échanges avec les délégations 

Répondant ensuite au délégué de l’Algérie, qui se demandait si la science économique était une véritable science, le professeur a jugé inévitable que certains principes économiques soient pris en compte par les politiques pour éviter des crises sociales, même si, a-t-il reconnu, le débat sur la justesse des prédictions économiques fait rage.  Répondant aussi à une question sur l’austérité comme politique de redressement, il a dit être un défenseur de la discipline économique, surtout quand il y a des dettes à rembourser.  Mais, il ne faut pas que les mesures d’austérité perdurent, a-t-il souligné.

Répondant à une autre question de la délégation algérienne sur le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), qui compte seulement 54 membres, comme organe de délibération sur les grandes questions économiques mondiales, M. Panagariya a affirmé que le monde avait besoin d’organes spécialisés.  Il ne faut cependant pas regrouper toutes les décisions au sein d’une seule institution, a-t-il ajouté.

Le délégué de la Tanzanie a ensuite fait part de son inquiétude face aux déséquilibres du système commercial multilatéral.  Pour le Professeur, s’il est vrai que le cycle des négociations commerciales de Doha n’a pas prospéré, le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’en demeure pas moins important, car cette institution permet souvent à des pays en développement d’avoir gain de cause face aux pays industrialisés.

Débat général

M. DIEGO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a souhaité passer à une vitesse supérieure dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et d’autres documents majeurs adoptés par la communauté internationale sous les auspices des Nations Unies.  Il faut accélérer cette mise en œuvre au vu de l’urgence des défis rencontrés pour réaliser le développement durable, notamment dans les pays en développement, a-t-il expliqué.  Il a aussi appelé à améliorer la gouvernance économique mondiale tout en renforçant le rôle des Nations Unies.  Rappelant qu’il ne reste que 13 ans pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, le délégué a insisté sur l’importance pour la présente session de se focaliser sur l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions, tout en œuvrant pour le développement durable, en s’appuyant sur les tâches inachevées des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 

Il faut garder à l’esprit l’objectif de « ne laisser personne de côté » et le principe de « la responsabilité commune mais différenciée », a-t-il recommandé avant de souligner l’importance des principes tels que le droit à l’autodétermination de peuples vivant sous occupation coloniale ou étrangère, la souveraineté de chaque État sur ses ressources, l’interdiction des mesures économiques unilatérales et le respect de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État.

M. Morejón Pazmiño a ensuite souhaité que le Programme d’action d’Addis-Abeba soit évalué, notamment les progrès accomplis dans sa mise en œuvre, afin de procéder à des modifications si le besoin s’en faisait ressentir.  Le financement du développement est la clef de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il affirmé, arguant que des financements prévisibles et sûrs sont indispensables pour la réalisation du développement durable, notamment pour les pays en développement.  Il a également souligné l’importance d’infrastructures durables et résilientes, en particulier dans les pays en développement.

En outre, le représentant a souligné la place centrale du commerce dans le développement, souhaitant que la onzième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), prévue à Buenos Aires en décembre 2017, produise des résultats positifs dans l’optique de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a par ailleurs affirmé que l’aide publique au développement (APD) est essentielle au développement durable, déplorant sa stagnation depuis six ans déjà.

Si l’on veut ne laisser personne de côté, il faudra tenir compte des pays en situation particulière, notamment les pays africains, les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral, les petits États insulaires en développement (PEID), les pays à revenu intermédiaire, les pays en conflit ou ceux qui en sortent, ainsi que les pays et peuples sous occupation étrangère.  Pour le représentant, la coopération Sud-Sud est un complément, et non un substitut de la coopération Nord-Sud.  La coopération Sud-Sud doit en outre être dirigée par les pays du Sud.  Il a souhaité que le quarantième anniversaire du Plan d’action de Buenos Aires, prévu dans cette ville en 2019 lors de la Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, offre l’occasion de renforcer le soutien nécessaire à cette coopération.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) M. TEODORO L. LOCSIN, JR. (Philippines), a fait valoir que l’Association totalisait 2 550 milliards de dollars en termes de produit intérieur brut (PIB) en 2016, avec un taux de croissance économique attendu pour 2017 de 4,8%.  En outre, l’ASEAN a attiré 52,94 milliards de dollars d’investissement direct étranger dans la première moitié de 2016, dont 23,36% entre les nations membres.

Le thème de la présidence philippine de l’ASEAN est « S’engager dans des partenariats pour le changement, s’engager pour le monde », a indiqué le représentant en précisant que l’un des objectifs est une croissance inclusive et axée sur l’innovation.  À cette fin, au cours du trentième sommet de l’ASEAN à Manille, le 29 avril 2017, les dirigeants ont réaffirmé leur engagement pour que la « Communauté de Vision 2025 » de l’Association, et le Programme 2030 soient mis en œuvre en se renforçant mutuellement, dans le but de bâtir une communauté vraiment inclusive, centrée sur les peuples et orientée par eux.

Dans un communiqué conjoint du 5 août 2017, les ministres des affaires étrangères de l’ASEAN se sont mis d’accord pour établir une feuille de route afin de promouvoir cette complémentarité et trouver des solutions aux défis régionaux tels que la pauvreté, les catastrophes et les changements climatiques. 

En outre, la Thaïlande, en sa capacité de coordonnatrice de la coopération pour le développement durable, a organisé un dialogue de haut niveau pour renforcer les complémentarités entre la « Communauté de Vision 2025 » et le Programme 2030.  Le dialogue a identifié des zones intersectorielles prioritaires qui pourraient servir de catalyseurs entre les deux programmes, a indiqué le représentant en citant notamment la résilience, les infrastructures, la production et la consommation durables, l’élimination de la pauvreté et la gestion durable des ressources naturelles.

Il apparaît que l’extrême pauvreté a baissé de manière significative au sein de l’ASEAN, selon une étude publiée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et présentée lors d’un symposium ASEAN-Chine sur le financement de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en août 2017.  Toutefois, il reste encore beaucoup de travailleurs pauvres et leur vulnérabilité est élevée.  L’étude encourage donc les pays à établir une base plus solide pour financer les politiques de développement et à établir des stratégies complètes de financement à long terme.

Un dialogue ASEAN-Union européenne sur le développement durable aura également lieu en novembre 2017 en Thaïlande.  De plus, plusieurs documents seront signés et adoptés par les dirigeants de l’ASEAN lors du Sommet du 31 novembre 2017, prévu à Manille, pour soutenir les objectifs de développement durable en particulier la nutrition, la réduction et la gestion des risques sanitaires, les changements climatiques, l’égalité de genre et l’objectif d’assurer des modes de consommation et de production durables. 

Mme ASTRIDE NAZAIRE (Haïti), qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes CARICOM, a regretté que malgré la tendance positive de l’économie mondiale et les prévisions de croissance sur les deux prochaines années, il est prévu que les économies de sa région n’enregistreront qu’une croissance faible, insuffisante pour combler leurs besoins de développement et ce, en raison des chocs externes et de vulnérabilités structurelles.  Cela entraînera plusieurs pays de la CARICOM à recourir à des déficits budgétaires et à une augmentation de leur dette publique, a-t-elle ajouté.  Pour y faire face, elle a estimé que la résilience et le renforcement des capacités devront constituer les éléments clefs de tout effort de développement durable visant à concrétiser le Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Exigeant que la réalisation de ce Programme soit au cœur des priorités de la communauté internationale, la représentante de la CARICOM a assuré veiller à la cohérence entre les différents programmes d’action, notamment celui d’Addis-Abeba et le Programme 2030, dont les priorités sont, à son avis, le forum mondial sur l’infrastructure, le mécanisme de facilitation de la technologie, l’élargissement de la coopération fiscale internationale, le renforcement du soutien en faveur de la viabilité de la dette et le développement de méthodologies qui tiennent compte des réalités complexes et diverses des pays à revenu intermédiaire.

Les membres de la CARICOM sont d’avis qu’il est essentiel d’aider les pays en développement à atteindre la viabilité à long terme de la dette et l’inclusion financière et, par conséquent, appellent à renforcer davantage le financement du développement.  Compte tenu du fait que leur statut de pays à revenu intermédiaire ne leur permet pas de recevoir une aide internationale au développement, les pays de la CARICOM lancent un appel à la communauté internationale, y compris à l’ONU et aux institutions financières internationales, afin qu’elle dépasse le stade de la simple prise de conscience de leur réalité économique et adopte une approche plus systématique pour prendre en compte les besoins de développement de leur région, le but étant de lui fournir un accès accru au financement concessionnel.

Pour la CARICOM, l’un des défis majeurs de la région des Caraïbes est le phénomène de « de-risking » qui a perturbé les relations traditionnelles de correspondance bancaire et pourrait entraîner des conséquences plus importantes au niveau du commerce international et du financement des investissements si aucune solution n’est trouvée à court terme.  Au-delà des risques d’exclusion du système financier et commercial mondial, cela pourrait engendrer une menace pour la stabilité et la sécurité financières mondiales en augmentant l’exposition de la CARICOM aux risques liés au blanchiment d’argent et au financement du terrorisme, a averti la représentante.  Elle s’est félicitée du dialogue qui s’est ouvert sur ces problèmes lors de la conférence de haut niveau sur la question qui a eu lieu à Antigua-et-Barbuda en octobre 2016.

La CARICOM reconnaît le rôle important de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies comme principal instrument pour mieux positionner ce système lorsqu’il apporte son aide aux pays en développement pour satisfaire leurs besoins en matière de développement durable, car cet exercice permet d’évaluer l’efficacité, la cohérence et l’impact de l’aide.  Elle apporte en outre son soutien au Nouveau Programme pour les villes, adopté en Équateur en octobre 2016, dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (habitat III). 

Abordant ensuite la question des changements climatiques qui constituent l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID), dont ceux de la CARICOM, la représentante est revenue sur les dégâts considérables causés par l’ouragan Maria en Dominique et Irma à Antigua-et-Barbuda qui témoignent, selon elle, de l’intensification de la menace météorologique du fait des changements climatiques.  Par conséquent, les pays de la CARICOM lancent un appel urgent à une mise en œuvre accélérée de l’Accord de Paris.

Mme MAHJABEEN KHALED HOSSAIN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a prôné une approche équilibrée et inclusive du développement durable et a souligné les défis structurels auxquels sont confrontés les PMA.  À ce titre, elle a cité l’insécurité alimentaire et le fait que 35% de leur population continuera à subir une pauvreté accrue d’ici à 2030.  Les PMA en conflit ou en situation post-conflit ont besoin de mesures spécifiques internationales pour faciliter et appuyer leur développement, a encore fait remarquer la représentante.

Rappelant que les PMA sont souvent à la traîne pour de nombreuses cibles des objectifs de développement durable, elle a estimé qu’il serait difficile pour la moitié de ces pays de sortir de cette catégorie d’ici à 2020.  Il est impératif, selon elle, de renforcer la résilience des PMA, et, pour cela, il faut mettre en place un mécanisme multipartite spécifique pour ces pays.

La responsabilité du développement incombe principalement aux pays en développement, dont les PMA, a reconnu la représentante, mais pour y arriver il faut que ces pays puissent compter sur l’accompagnement de la communauté internationale qui doit honorer ses engagements par le truchement de la coopération.

Soulignant en outre que le fardeau des changements climatiques est disproportionné pour les PMA, et que ces pays sont loin de pouvoir répondre aux besoins de financement prévus par l’Accord de Paris, elle a tiré la sonnette d’alarme.  Elle s’est aussi inquiétée que l’aide publique au développement (APD), qui continue de représenter une source de financement essentielle pour ces pays, n’ait cessé de diminuer (baisse de 3,9% depuis 2015), l’amenant à exiger que les engagements pris par les partenaires de développement soient honorés.

Il en va de même pour la baisse des échanges commerciaux pour la même période, ce qui appelle un renforcement des capacités productives des PMA et de la création d’emploi.  Dépendant en partie des contributions de leurs travailleurs à l’étranger, les PMA encouragent des schémas de migration régulière et ordonnée, a-t-elle poursuivi avant de souligner par ailleurs le potentiel de la Banque d’informations industrielles de technologie pour les PMA.

Enfin, elle a salué le fait que plusieurs pays avaient réussi à sortir de la catégorie de PMA récemment et que d’autres étaient en bonne voie pour le faire.  Ces pays doivent pouvoir compter sur le soutien continu du système de développement des Nations Unies, a-t-elle conclu.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a plaidé pour qu’une aide accrue soit accordée aux pays en développement dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a appelé les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) au développement international.  Faisant le constat que l’accès aux prêts se réduit avec l’augmentation des revenus des pays, il a appelé à changer de méthode de classement des pays.

Le représentant a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération triangulaire, ainsi que de la coopération Sud-Sud, précisant que cette dernière est un complément, et non pas un substitut à la coopération Nord-Sud.  Il a ensuite appelé à lutter contre les flux illicites de capitaux, tout en plaidant pour le renforcement du système commercial multilatéral, insistant également pour que la voix des pays en développement soit davantage entendue dans les prises de décisions par les instances internationales.

Le délégué a par ailleurs souhaité que les mandats des agences, fonds et programmes des Nations Unies soient adaptés au nouveau programme de développement, en tenant compte des liens existant entre les divers objectifs de développement.  Dans ce contexte, il a salué les réformes engagées par le Secrétaire général de l’ONU dans le but d’améliorer l’efficacité du système des Nations Unies.  

Devant la vulnérabilité des pays de la CELAC face aux catastrophes naturelles, notamment les changements climatiques, il a appelé au renforcement du Cadre de Sendai, tout comme il a plaidé pour des ressources internationales afin d’aider ces pays à renforcer les mesures d’adaptation et de d’atténuation aux changements climatiques, conformément à l’Accord de Paris.  Il a enfin souligné que la coopération internationale pour le développement doit tenir compte du fait que chaque État exerce sa souveraineté sur ses ressources et sur son programme économique.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe des pays d’Afrique, a noté que malgré la baisse de 50% du taux de pauvreté dans le monde depuis l’adoption des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’Afrique héberge toujours la moitié des 800 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté extrême dans le monde.  Pour le représentant, « l’Afrique sera le véritable test de la réussite de nos efforts de développement durable ».

Il a plaidé en faveur d’efforts plus importants pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l'horizon 2030, qui tiennent compte des besoins spécifiques de l’Afrique.  Notant que les ressources du continent sont souvent pillées par les flux financiers illicites, il a mis l’accent sur la nécessité urgente de mener des programmes de coopération solides pour éviter ce pillage des avoirs africains et pour restituer les flux illicites du passé à leurs pays d’origine, le but étant d’allouer ces ressources au financement du développement. 

L’Afrique connaît également un manque structurel d’infrastructure, ce qui représente un obstacle majeur pour son développement, a poursuivi le représentant qui a recommandé, pour y remédier, d’adopter une approche régionale, basée sur les technologies nouvelles.  Il a également évoqué le problème du fossé numérique, avant de saluer le lancement de la Banque de technologies pour les PMA, sachant que la majorité de ces pays se trouve en Afrique.

« Il faut apporter une valeur ajoutée aux produits de base africain et promouvoir le libre échange », a encore exigé le représentant en demandant le soutien des partenaires de développement via des accords commerciaux préférentiels.  En ce qui concerne le secteur de l’agriculture, qui ne représente qu’un tiers du PIB africain, il a estimé qu’il fallait des investissements massifs pour sortir des millions de personnes de la pauvreté.  Il est également revenu sur les aléas de la sècheresse et de la désertification qui frappent l’Afrique.  Par ailleurs, face à l’urbanisation accélérée du continent, l’Afrique est favorable au renforcement d’ONU-Habitat, a-t-il ajouté.

« Surmonter les défis susmentionnés exige un partenariat régional et international pour accélérer le développement durable », a poursuivi le représentant.  L’Afrique étant la région qui contient la majorité des PMA et des pays en conflit, elle doit demeurer au cœur des priorités pour la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030, a-t-il conclu.

Au nom des petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, M. RENNIER GADABU (Nauru) a souhaité que les réformes en cours du système de développement des Nations Unies ne minent pas les efforts pour atteindre les objectifs de développement durable mais au contraire viennent soutenir les travaux de la Commission.  Il faut surtout tenir compte des interconnexions entre les zones qui sont traditionnellement tenues séparément, a-t-il recommandé.

M. Gadabu a ajouté que les travaux de la Commission sont importants pour la mise en œuvre des recommandations du Corps commun d’inspection sur le système de développement des Nations Unies pour les PEID y compris la résolution sur le suivi et la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  L’une des recommandations prioritaires est la nécessité de regarder de manière critique les critères d’éligibilité de l’accès au financement pour le développement et l’assistance technique qui devraient être offerts aux PEID.  La catégorisation en fonction du revenu aboutit souvent à exclure les PEID des traitements préférentiels, en dépit de leurs vulnérabilités spécifiques.

Le financement du développement est une priorité absolue, a réitéré M. Gadabu pour qui sans un flux de financement utilisable, les objectifs et les cibles sont des promesses creuses.  Après avoir rappelé les conséquences tragiques des changements climatiques cet automne, le représentant a estimé que les travaux de la Commission devraient être adaptés à cette nouvelle réalité dangereuse et à la nécessité de réduire la vulnérabilité, et donc de bâtir la résilience dans les endroits à risque.  Au vu des implications sécuritaires des changements climatiques, il a réitéré son appel pour une réponse institutionnelle adéquate qui comprenne la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général sur les changements climatiques et la sécurité.

S’exprimant au nom du Groupe du Forum des îles du Pacifique, M. ROBERT SISILO (Îles Salomon) a rappelé l’attachement de ses États Membres à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et à la « feuille de route du Pacifique pour 2030 ».  Il s’est déclaré impatient de travailler, au sein de la Deuxième Commission, sur la résolution annuelle relative aux Orientations de Samoa, qui portent sur les modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (PEID).  Préoccupé des conséquences –politiques, sociales et économiques– des changements climatiques pour les PEID comme le sien, le représentant a encouragé le système des Nations Unies à accroître son assistance, pour leur permettre de faire face à leurs vulnérabilités spécifiques et de renforcer leur résilience.  Il a également lancé un appel aux institutions financières internationales pour qu’elles élargissent l’accès au financement à taux réduit pour le groupe de pays au nom desquels il s’est exprimé.

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a présenté un certain nombre de ses priorités en insistant sur les liens entre les cadres de développement et leurs moyens de mise en œuvre.  Il a dit attendre la reconnaissance de manière générale des situations particulières de certains pays, en particulier les petits États insulaires en développement (PEID). 

Le représentant a souligné l’importance des Orientations de Samoa dans la résolution annuelle sur le suivi de la mise en œuvre de ce programme, attendant également avec intérêt l’examen de haut niveau de ce programme qui aura lieu en 2019 et qui devra refléter les conclusions de l’Examen complet du soutien du système des Nations Unies aux PEID.  Plus que jamais, les PEID ont besoin d’un appui clair et coordonné de tout le système des Nations Unies et des différents mécanismes, a-t-il dit en souhaitant que cela soit souligné dans la résolution.  Le délégué des Maldives a réitéré son appel aux partenaires de développement pour qu’ils poursuivent leur soutien aux PEID.   

De l’avis du représentant, les phénomènes météorologiques extrêmes illustrent l'importance de prendre des mesures urgentes sur les changements climatiques et le développement durable.  Il a invité à examiner en priorité les vulnérabilités inhérentes aux pays et leurs capacités limitées pour rebondir après des catastrophes naturelles et celles provoquées par l’homme.  Il a aussi renouvelé son appel aux institutions financières internationales pour qu’elles améliorent l’accès au financement concessionnel en prenant en compte les défis spécifiques et les défis des PEID, y compris les conséquences des changements climatiques sur leurs économies. 

En outre, le délégué a appelé à prévoir des critères autres que le produit intérieur brut pour déterminer l’éligibilité à des financements concessionnels et nonconcessionnels.  « Nous appelons la communauté internationale à soutenir nos efforts pour élaborer des mesures multidimensionnelles qui prennent en compte les vulnérabilités particulières des PEID.  Nous demandons également la participation des PEID dans les processus de prise de décisions et de mise en place des normes qui les touchent », a exigé le représentant.

Avec l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris, la communauté internationale a adopté le programme de développement le plus ambitieux de tous les temps, a estimé Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne (UE).  Pour que la Deuxième Commission puisse atteindre son plein potentiel, il est impératif, selon elle, qu’elle fasse sien ce Programme et formule des stratégies nouvelles et innovantes pour atteindre les cibles du développement durable en tandem avec la réforme ambitieuse proposée par le Secrétaire général.  La Deuxième Commission est au cœur de nos efforts communs pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle affirmé.

Dans une lettre adressée au Président de l’Assemblée générale en août 2017, l’UE a réitéré son attachement aux travaux de cette Commission mais a aussi regretté que les progrès concernant sa revitalisation ne soient pas à la hauteur des attentes.  À ce titre, la lettre met l’accent sur les réformes organisationnelles à prévoir par rapport aux corrélations entre la Commission et l’ECOSOC dans la mise en œuvre des accords adoptés en 2015.  Cette lettre définit de façon détaillée les principes de dialogue et insiste sur le fait qu’il faut éviter les doubles emplois et leurs potentielles conséquences budgétaires.  La représentante a également insisté sur le besoin de respecter les dates butoirs.  Si un projet de résolution nécessite plus de temps pour les discussions et négociations, il faut reporter son adoption à la session suivante, a-t-elle recommandé.

En juin 2017, l’UE a adopté sa réponse au Programme de développement durable à l'horizon 2030, une vision commune pour sa politique de développement: un consensus européen sur le développement.  L’UE cherche à y refléter son engagement extérieur pour une politique de développement par le biais d’une mise en œuvre coordonnée, notamment de l’Accord de Paris et du Programme de développement durable à l'horizon 2030.  Conformément à l’engagement de 2015, l’UE reste attachée au principe de ne laisser personne de côté, or de nombreux Européens et d’autres pays se sentent toujours mis de côté dans la reprise économique et appréhendent la mondialisation, a noté la représentante.  Une croissance inclusive, équilibrée et durable exige une coopération multilatérale forte et des règles claires pour pouvoir faire face aux causes profondes des larges mouvements de réfugiés et de migrants, a-t-elle estimé.

Pour l’UE, l’autonomisation et les droits de l’être humain pour les femmes et les filles représentent un thème transsectoriel du Programme 2030.  « Nous venons de lancer une initiative multi-annuelle avec l’ONU pour combattre toute forme de violence à l’égard des femmes et des filles qui est soutenue par une bourse de 500 000 euros », a annoncé la représentante.  Elle a également mis l’accent sur la menace des changements climatiques et la nécessité impérative de pleinement appliquer l’Accord de Paris, « une nécessité pour protéger notre planète et une opportunité en termes de croissance et d’emploi » selon elle.  Elle a enfin exprimé le souhait de l’UE que la résolution de la Deuxième Commission sur les activités opérationnelles du développement serait ciblée et brève.

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie), s’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, a indiqué que ces pays avaient vu la croissance annuelle de leur PIB passer de 6,9% en 2013 à 2,6% en 2016.  La part de ce groupe dans le commerce mondial des marchandises est passée de 0,96% en 2015 à 0,88% en 2016, a-t-il ajouté. Le délégué a ensuite souligné les conséquences négatives des changements climatiques pour ces pays, qui sont parmi ceux faisant face au stress hydraulique le plus élevé au monde.  Notant le manque de ressources des pays en développement sans littoral, M. Kapambwe s’est dit préoccupé par la baisse de l’aide publique au développement (APD) en leur faveur, de 26,1 milliards de dollars en 2014 à 24,8 milliards en 2015, sachant que l’APD demeure la source principale de financement extérieur pour nombre de ces pays.  Le délégué a souligné la nécessité de renforcer les capacités productives des pays sans littoral afin de créer des emplois, de contribuer à la sécurité alimentaire et d’améliorer la qualité de vie.  Il a exhorté les États Membres à ratifier l’Accord multilatéral portant création d'un groupe de réflexion international sur les pays en développement sans littoral, un instrument qui vise à renforcer les capacités analytiques de ces pays.  Enfin, le délégué a rappelé que la coopération Sud-Sud devait venir en complément de la coopération Nord-Sud, non pas la remplacer.

Mme MARÍA RUBIALES DE CHAMORRO (Nicaragua) a déploré les mesures économiques coercitives imposées à certains pays.  En ce qui concerne le programme de développement durable, elle a estimé qu’il fallait maintenant passer de la parole aux actes.  Considérant que le droit au développement est un droit propre à tous, elle a invité les pays développés à respecter une fois pour toutes leurs engagements en matière de financement du développement.  « Notre engagement le plus important doit être l’éradication de la pauvreté », a-t-elle lancé en invitant pour ce faire à établir un véritable partenariat mondial pour assurer que les ressources soient disponibles à cet effet.

La représentante s’est félicitée des avancées que connaît l’économie du Nicaragua ces dernières années, grâce aux efforts nationaux et au soutien de la communauté internationale.  Elle a invité les pays développés à modifier leurs modes de production et de consommation qui ne sont pas durables selon elle.  Elle a aussi plaidé pour une « justice climatique », appelant à une plus grande coopération en faveur des pays en développement dans ce domaine.  Elle a fait mention de la solidarité du Nicaragua envers le peuple de Palestine, estimant, même les peuples vivant sous occupation ont droit au développement, et se disant favorable à une discussion, au cours de la présente session, sur le projet de résolution annuel portant sur l’exploitation des ressources naturelles des territoires palestiniens et du Golan syrien occupés.

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie), a salué les progrès réalisés au cours de l’année dernière dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment l’organisation de la Conférence Habitat III à Quito, la Conférence des Nations Unies sur les questions relatives aux océans ainsi que la manifestation organisée par le Président de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable.

Notant que le Secrétaire général avait lancé, en juillet 2017, le repositionnement du système de développement de l’ONU, il a insisté pour que le résultat de ce processus tienne compte de la nécessité de l’appropriation par les États du programme de développement.  Par ailleurs, les activités opérationnelles de développement de l’ONU devraient tenir compte du besoin de construire, promouvoir et renforcer les capacités de développement des pays au plan national.

Le Programme de développement durable à l'horizon 2030 ne fait que renforcer la détermination de la Malaisie à adopter des approches musclées pour atteindre les objectifs de développement durable, ceux-ci étant intégrés dans une stratégie nationale de développement.  Le pays a établi une structure de gouvernance participative, a ajouté le représentant avant de mentionner également les études menées sur la disponibilité des données et l’analyse des lacunes.  Par ailleurs, la Malaisie a formulé une feuille de route nationale pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a également présenté son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Son gouvernement s’efforce de veiller à ce que chaque Malaisien puisse profiter de façon égale de la richesse du pays, a conclu son représentant.

 « Il est inacceptable que près de 800 millions de personnes continuent de vivre dans l’extrême pauvreté », a affirmé M. TORE HATTREM (Norvège).  Il a affirmé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un instrument puissant pour faire face à ce défi en raison de son universalité.  La mise en œuvre de ce Programme exige un système de développement onusien plus efficace, cohérent et transparent, a-t-il dit, avant de louer les efforts de réforme du Secrétaire général allant en ce sens.  Il a accueilli favorablement l’idée d’un cadre financier visant à améliorer la qualité et la prévisibilité du financement de ce système de développement.  Le délégué a indiqué que l’aide publique au développement (APD) continuerait d’être importante, en particulier pour les pays les moins avancés.  La contribution de la Norvège au titre de l’APD continuera de représenter autour de 1% de son revenu national brut, a-t-il assuré.  En conclusion, M. Hattrem a souligné la nécessité de renforcer la lutte contre les flux financiers illicites aux fins d’une meilleure mobilisation des ressources domestiques pour le développement.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada), qui s’exprimait au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a rappelé la responsabilité qui incombe aux délégués de la Deuxième Commission dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a relevé que, depuis l’adoption de celui-ci en 2015, des progrès significatifs avaient été réalisés pour concrétiser cette vision, notamment grâce à des engagements de lutte contre les changements climatiques et pour la protection des océans.

Le représentant du groupe CANZ a insisté sur l’objectif 5 de développement durable relatif à l’égalité entre les sexes, faisant valoir que c’est le meilleur moyen de lutter contre la pauvreté, d’instaurer une paix durable et de parvenir à un développement durable inclusif dans le monde.  On estime que 28 milliards de dollars manquent dans le PIB mondial parce que le monde n’est pas parvenu à une parité totale, a-t-il rappelé pour souligner le coût économique de cette inégalité.

Les membres du groupe CANZ tiennent en outre à ce que l’on mette un accent particulier sur les besoins spécifiques des PMA et des PEID pour respecter l’engagement qui a été pris de ne laisser aucun pays et personne de côté.

Les objectifs de développement durable représentent un programme universel qui s’adresse à tous les pays, y compris ceux du groupe CANZ, qui s’engage à les réaliser au plan national et à y contribuer au plan international.  Dans cet esprit, les membres du groupe CANZ présenteront leurs examens nationaux volontaires en 2018, a annoncé le représentant.  « La pauvreté et la faim ne connaissent pas de frontière et l’on ne saurait prétendre que ces défis solvables ne frappent qu’ailleurs », a-t-il expliqué.

En vue de réaliser le développement durable, le groupe CANZ mise sur des partenariats pluridimensionnels dans le domaine des changements climatiques et notamment pour appliquer l’Accord de Paris.  C’est une responsabilité à assumer au nom des générations à venir, a-t-il estimé.  Avant de conclure, le représentant a soutenu la réforme proposée par le Secrétaire général pour rendre l’ONU plus efficace et efficiente.

M. DIEGO PADILLA (Costa Rica) a insisté pour que les objectifs de développement durable soient appréhendés dans leurs caractères universel et interconnecté.  Il a fait remarquer que les indicateurs macroéconomiques, comme le revenu par habitant, ne reflètent pas la capacité des pays à sortir de la pauvreté et à lutter contre les inégalités notamment entre les sexes.  Après avoir souligné l’importance de l’agriculture familiale, qui nourrit près de trois milliards de personnes dans le monde, il a annoncé qu’il présenterait un projet de résolution pour que soit proclamée la décennie (2019-2028) de l’agriculture familiale.

M. Padilla a aussi jugé essentiel d’encourager une gouvernance transparente, notamment en luttant contre les flux financiers illicites.  S’agissant du soutien que l’ONU peut apporter aux pays, il a estimé particulièrement importante la stratégie du Secrétaire général sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement, dans l’optique d’éviter des doublons.  Il a aussi souhaité reconsidérer la méthode de classification des pays, afin que l’on tienne compte des besoins propres aux pays à revenu intermédiaire.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a annoncé que son pays se soumettrait en 2018 à l’examen national volontaire du Forum politique de haut niveau, et lancerait son douzième plan de développement quinquennal sur le thème: « une société juste, harmonieuse et durable grâce à une décentralisation renforcée ».  Ce plan, qui fait écho au thème du débat général de la plénière de l’Assemblée générale, a intégré le Programme 2030, le Programme d’action d’Istanbul et le Programme d’action de Vienne, a précisé la représentante.

Elle a indiqué que son pays était aussi qualifié pour sortir de la catégorie des pays les moins avancés.  « Le douzième plan constituera le dernier kilomètre de notre marche vers le développement pour sortir de cette catégorie. »  En 2018 auront également lieu les élections législatives, a indiqué la représentante.  Tout cela arrive au moment où les donateurs se sont retirés progressivement, « à cause du modeste succès que nous avons atteint », a-t-elle relevé. 

C’est la raison pour laquelle elle a souligné l’importance du renforcement du partenariat mondial et des moyens de mise en œuvre du Programme 2030, y compris l’aide publique au développement (APD).  L’économie du Bhoutan a besoin de se focaliser sur des objectifs économiques, notamment les objectifs de développement durable 7 à 10, a-t-elle indiqué en souhaitant voir se développer un secteur privé robuste.  Il faut parvenir à une transformation structurelle de l’économie pour instaurer une économie diversifiée capable de susciter les investissements directs étrangers et de permettre la construction d’infrastructures résilientes et fortes. 

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a fait remarquer que le développement durable et la paix s’épanouissaient ensemble.  Comme les conflits et l’extrémisme ont augmenté ces dernières années, il est extrêmement important, pour réaliser les objectifs de développement durable, de faire face aux divers besoins et défis des pays et des régions touchés, comme le Moyen-Orient.  Cette région continue d’être affectée par les conflits et les guerres qui ont plongé des millions de personnes dans une pauvreté abjecte, a-t-il rappelé. 

Le commerce étant un autre moteur de la croissance et du développement durable, il a défendu un système commercial multilatéral universel, régulé, ouvert, non discriminatoire, dépolitisé et équitable, y voyant une condition indispensable pour les pays en développement.  Après avoir mis en exergue les grandes étapes franchies par son pays pour surmonter ses propres défis, le représentant a indiqué qu’il existait des défis communs à la région et en même temps de nombreuses opportunités dont il faut profiter.

La dégradation des sols, la désertification, la restauration des terres, la pollution, la destruction des habitats, l’augmentation du niveau des mers, les changements climatiques, la raréfaction de l’eau, les tempêtes de sable et de poussières et la mortalité de masse de la vie marine figurent parmi nos défis, a énuméré le représentant tout en expliquant que son pays continue de trouver des occasions de coopération avec les autres pays aux niveaux régional et sous régional.  Il s’agit de renforcer la collaboration pour mettre en œuvre la vision d’un cadre efficient pour réaliser les objectifs de développement durable.   

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé particulièrement lente la vitesse avec laquelle certains des objectifs de développement durable sont mis en œuvre.  Il a aussi noté que les impacts des changements climatiques conduisaient à de nombreuses catastrophes naturelles qui mettent à mal l’existence de nations, notamment les PEID.  Pour réussir sur la voie du développement durable, un véritable partenariat mondial est la clef, a-t-il plaidé en expliquant que les efforts nationaux entrepris par de nombreux pays comme le sien ne seront pas suffisants pour réaliser les objectifs de développement durable. 

Pour assurer la réussite des ambitions internationales de développement, le représentant a insisté sur le renforcement des partenariats mondiaux.  Il a également appelé à la cohérence dans la mise en œuvre de tous les accords internationaux tels que le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, l’Accord de Paris et le Nouveau Programme pour les villes.  Enfin, il faut s’assurer que les fonds nécessaires sont disponibles, notamment en renforçant l’aide publique au développement (APD), a-t-il plaidé.

Évoquant la nécessité d’un système multilatéral renforcé pour réaliser les objectifs du Programme 2030, Mme LAURA ELENA FLORES HERRERA (Panama) a souligné que l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions exigeait de faire face aux besoins des pays en développement et, partant, a exprimé son grand intérêt pour établir un plan d’action intégral de coopération avec les pays à revenu intermédiaire.  En ce sens, la coopération Sud-Sud joue un rôle de plus en plus important, sans toutefois vouloir remplacer la coopération Nord-Sud, mais plutôt pour la compléter et la renforcer.

Mme Flores Herrera a évoqué les catastrophes naturelles à Cuba, aux États-Unis et dans les Caraïbes, ainsi qu’au Mexique, pour souligner combien il est nécessaire de construire des ponts de solidarité.  Elle a ajouté que la mise en œuvre de l’Accord de Paris est un impératif pour la consolidation des objectifs de développement durable, soulignant qu’aucun pays n’est à l’abri des effets des changements climatiques.  Estimant que l’existence d’un système multilatéral inclusif, transparent et efficace est d’une importance vitale pour faire face aux défis mondiaux, le Panama maintient sa position à propos de la gouvernance mondiale et de l’importance d’augmenter et de renforcer la participation des pays en développement dans les processus d’adoption de décisions et l’établissement de normes dans le cadre économique global. Mme Flores a aussi plaidé en faveur du renforcement de la transparence financière et de l’éradication des flux financiers illégaux d’ici à 2030, en luttant notamment contre l’évasion fiscale et la corruption.

Mme CURRIE (États-Unis) a estimé qu’il fallait intégrer la vision du Secrétaire général pour la réforme de l’ONU en vue de rendre l’Organisation plus efficace, notamment dans les travaux de la Deuxième Commission.  Sa délégation, qui soutient cette vision de grandes réformes de l’ONU, encourage la Commission à se concentrer sur des travaux ayant un véritable impact sur le terrain, à dépasser les discours creux et à éviter les doublons.  Compte tenu des ressources limitées dont dispose la Deuxième Commission, elle a souligné son obligation de rationaliser et optimiser ses travaux en intégrant des résolutions pour éviter des négociations multiples sur les mêmes questions.  La Commission doit aussi respecter les dates butoirs pour la présentation de textes de résolutions et finaliser ses travaux en temps voulu, a exigé la représentante américaine.

Si la Deuxième Commission revenait à ses anciennes pratiques non efficaces, les États-Unis n’auraient d’autre option que de se désengager de ses travaux et de s’opposer à certaines résolutions, « une solution de dernier recours », a-t-elle précisé.  La clef du succès, selon la représentante, c’est de communiquer de façon précoce pour parvenir à des solutions sur certains problèmes, même si on sait que le consensus ne sera pas toujours possible.

M. TLHALEFO BATSILE MADISA (Botswana) a jugé crucial de répondre aux nombreuses préoccupations des pays en développement sans littoral pendant la présente session.  Cela exige la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne et du Programme 2030, a-t-il précisé.  Le représentant a souligné l’importance de l’assistance technique, du renforcement des capacités et des soutiens financiers à ces pays, afin d’atténuer les impacts des contraintes géographiques auxquelles ils sont confrontés en raison de leur manque d’accès territorial à la mer. 

L’aide au développement des infrastructures, la libéralisation du commerce et l’harmonisation des règles d’origine et des règlements de transit contribueront grandement à faciliter l’exportation de biens et de services issus des pays en développement sans littoral sur les marchés internationaux, a réitéré le délégué botswanais.  Il a aussi souhaité qu’on accorde la priorité à la situation spécifique des pays et aux défis de la pauvreté, de l’inégalité des revenus et de l’accès aux services de base.  Il a dit, avant de clore, que l’Afrique a besoin d’investissements dans les technologies de l’information et des communications, les services et le développement des compétences. 

M. NAWAF SALAM (Liban) a indiqué que le Liban avait mis en place, le 21 juin dernier, un Comité national de coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  L’une de ses tâches principales est d’intégrer ces objectifs dans les programmes et plans nationaux de développement et de préparer le premier examen national volontaire auquel le pays va prendre part au mois de juillet prochain.

M. Salam a rappelé que le Liban est l’un de ces pays où se déroule, concomitamment, des efforts de consolidation de la paix, de développement, des activités humanitaires et d’autres relatives au maintien de la paix.  Les activités humanitaires ont pris de l’ampleur ces dernières années du fait de l’afflux de plus de 1,2 million de réfugiés à cause de la crise en Syrie, a-t-il souligné, une situation qui a un impact sur la vie économique, sociale, environnementale et sécuritaire du pays.  Parmi les conséquences, il a cité le ralentissement de l’économie, l’augmentation des taux de chômage et de pauvreté et un grand poids sur les infrastructures.  De ce fait, le Gouvernement libanais souligne l’importance de renforcer la coordination entre les activités humanitaires menées par les Nations Unies dans le pays et celles consacrées au développement.

Le représentant a en outre rappelé que la marée noire causée par la destruction de la centrale électrique d’El-Jiyeh par Israël, en juillet 2006, continue d’avoir un impact sanitaire et économique sur le pays.  De ce fait, M. Salam a invité la communauté internationale à adopter, une fois de plus, un projet de résolution qui demande à Israël d’assumer les responsabilités de ces actes en dédommageant le Liban.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a prédit qu’il serait impossible d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, et cela malgré les progrès enregistrés à ce jour.  « Il faut travailler plus vite et plus fort tout en assurant un progrès équilibré dans toutes les dimensions du développement durable –économique, sociale et environnementale. »

Il faut mettre les personnes au cœur des politiques nationales de développement durable, a-t-il poursuivi, une approche adoptée par son gouvernement dans le cadre de sa stratégie économique de suffisance (SEP).  Ces stratégies nationales devraient en outre rechercher la participation de toutes les parties prenantes, ce qui a pris la forme du « Pracharath » en Thaïlande, un mécanisme qui facilite ce genre de participation, notamment celle du secteur privé, a expliqué le représentant.

Il a rappelé que la Thaïlande faisait partie des 43 pays qui avaient déjà présenté leur examen national volontaire cette année au Forum politique de haut niveau.  En vue de réduire les inégalités, elle a opté pour une économie de l’innovation qui est basée sur la valeur, tout en l’accompagnant d’investissements dans le secteur social, notamment une couverture sanitaire universelle et l’éducation pour tous jusqu’à l’âge de 15 ans, a encore précisé son représentant.  La lutte contre l’inégalité entre les sexes et en faveur de l’autonomisation des femmes représente d’autres priorités en Thaïlande qui se concrétisent par des facilités d’accès aux financements et aux opportunités d’emploi pour les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural.

Après avoir souscrit à l’Accord de Paris sur les changements climatiques, la Thaïlande cherche en outre à mettre en place des systèmes d’alerte rapide et de réduction des risques en cas de catastrophes naturelles.  Elle compte pour cela sur la coopération régionale et internationale, a expliqué son représentant, ajoutant que son pays contribuait régulièrement au Fonds d'affectation spéciale multidonateurs de la CESAP pour la préparation aux tsunamis, aux catastrophes et aux changements climatiques dans l'océan Indien et dans les pays d'Asie du Sud-Est.

Il a également mis l’accent sur l’importance de l’aide publique au développement (APD), la mobilisation des ressources internes et les partenariats internationaux ainsi que publics-privés dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans cet esprit, la Thaïlande apporte son assistance technique à de nombreux pays de la région Asie-Pacifique et en Afrique.

M. ASHISH SINHA (Inde) a rappelé que son pays faisait partie des 43 pays qui avaient d’ores et déjà présenté leur examen national volontaire au Forum politique de haut niveau.  Soulignant l’impact dévastateur des ouragans qui ont ravagé les Caraïbes et les États-Unis ces dernières semaines et sapé leurs efforts de développement, il a souhaité voir accorder une plus grande attention à la résilience des communautés et à la réduction des risques en cas de catastrophes naturelles.  L’Inde s’est résolument engagée sur la voie des énergies renouvelables en lançant l’Alliance solaire internationale qui cherche à réunir des pays partenaires pour mobiliser des financements à grande échelle en vue de réduire le coût de l’énergie solaire et promouvoir la recherche et le développement dans ce domaine.  Quarante pays en sont déjà membre, s’est-il enorgueilli, ajoutant que l’Inde allait organiser un Sommet solaire cette année en décembre.

Dans le cadre de son engagement à respecter le Cadre de Sendai, l’Inde a divulgué son plan national de gestion des catastrophes naturelles et a accueilli en 2016 la Conférence biennale ministérielle sur cette question, en collaboration avec le Secrétariat interinstitutions de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (UNISDR).

En adoptant la résolution du QPCR qui donne une orientation stratégique au système de développement de l’ONU, la communauté internationale s’est engagée aux côtés du Secrétaire général pour qu’il puisse mener la réforme proposée de ce système en vue de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, s’est félicité le représentant indien.  Il a insisté sur le fait qu’il fallait veiller à ne pas détourner des ressources destinées aux programmes de développement vers d’autres efforts, car cela toucherait en particulier le développement des PMA et des PEID.

Avant de conclure, le représentant a réaffirmé que les stratégies de développement de l’Inde sont alignées sur celles du Programme de développement durable à l'horizon 2030 en mettant l’accent sur l’élimination de la pauvreté, la santé, l’éducation, la parité entre les sexes, la qualification professionnelle et l’emploi, l’énergie, les infrastructures du développement ainsi que l’inclusion bancaire et l’accès au crédit bancaire pour les plus démunis.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a suggéré que la Deuxième Commission saisisse l’élan pris, deux ans après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour se focaliser sur des actions concrètes qui peuvent avoir un impact sur le terrain.  Elle a souligné combien la coopération internationale était cruciale pour éradiquer la pauvreté, mettre fin aux inégalités et assurer l’avènement du développement durable sous tous ses aspects.  Elle a invité les pays développés à apporter leur concours aux pays en développement faisant face aux catastrophes naturelles du fait des changements climatiques.

Mme Phuong Nga a insisté sur le rôle du commerce dans le chemin du développement, appelant à favoriser un système commercial multilatéral qui soit universel, ouvert, transparent, inclusif et non discriminatoire.  La représentante a aussi plaidé pour un transfert de technologies en faveur des pays en développement, disant attendre la mise en place du mécanisme de facilitation des technologies.  Elle a par ailleurs prévenu que son pays courait le risque de se retrouver dans « le piège du revenu intermédiaire », puisqu’il ne peut bénéficier ni des prêts concessionnels ni de l’aide publique au développement (APD) du fait de ce statut.  Elle a de ce fait plaidé pour une réforme des méthodes de classement des pays.

Mme FISHER TSIN (Israël) a souligné que, aujourd’hui, en 2017, sur le chemin de 2030, « le moment est venu de s’arrêter, de réfléchir et de s’assurer que nous mettons en œuvre nos objectifs et que nous les voyons se concrétiser. »  Israël, a-t-elle indiqué, s’est donné pour priorité l’égalité entre les sexes, l’autonomisation des femmes et des filles, l’éducation des jeunes dans le monde et la promotion de l’esprit d’entreprise et d’innovation.  « Nous sommes aussi engagés à la promotion de la technologie agricole pour le développement durable, afin de parvenir à un monde exempt de famine », a dit la représentante en assurant vouloir continuer de donner la priorité à ces questions en Israël et à l’étranger.

Pour la délégation israélienne, ces thèmes devront aussi être des priorités à la Deuxième Commission.  C’est pourquoi Israël présentera une résolution sur la technologie agricole pour le développement durable, un texte qui souligne plusieurs questions primordiales pour réaliser les objectifs de développement durable et atteindre les cibles relatives à la faim, la nutrition, la sécurité alimentaire et l’agriculture durable. 

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a estimé qu’il fallait utiliser au mieux le potentiel de la Deuxième Commission pour réagir face aux nouveaux défis sur la voie du développement durable.  La Russie met en œuvre des programmes ambitieux de protection de l’environnement, ayant investi notamment plus de 20 milliards de dollars dans le développement de l’Afrique au cours des dernières années, a-t-il précisé.

Pour sa délégation, les questions les plus pressantes en matière de développement durable sont la mondialisation, le développement des ressources humaines, les nouvelles technologies et la lutte contre les changements climatiques.  La mondialisation, par exemple, doit se faire par la coopération et sans aucun diktat idéologique, a-t-il exigé avant d’évoquer la création d’un partenariat euroasiatique, comme l’a proposé le Président Putin. 

De l’avis de la délégation russe, les sanctions utilisées comme instruments de pression sont nuisibles au développement.  Il faut donc à tout prix les éviter quand elles n’émanent pas du Conseil de sécurité.  Le représentant a aussi invité à aborder la problématique du développement des technologies numériques, arguant qu’elle définit le nouveau paradigme du développement de demain.  Cela suppose que la communauté internationale mette en place une base normative souple pour le numérique.

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, la Russie prône une modernisation des méthodes de production qui fera baisser le niveau des émissions des gaz à effet de serre en vue de limiter le réchauffement de la planète.  La Russie propose en outre d’accorder une attention toute particulière au développement humain, et notamment de répondre au problème du chômage des jeunes en mettant en place un système de soutien aux start-ups.  Avant de conclure, le représentant a appelé la communauté internationale à unir ses efforts afin de surpasser les déséquilibres qui existent aujourd’hui et parvenir à des règles commerciales plus justes et honnêtes.

Mme DAW HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a relevé que l’éradication de la pauvreté nécessite une approche intégrée de toutes ses dimensions ainsi que des politiques et stratégies appropriées.  De même, les partenariats mondiaux sont cruciaux pour la réalisation des objectifs de développement durable.  L’aide publique au développement (APD) reste aussi un moyen important de développement, a-t-elle ajouté.  C’est pourquoi elle a invité les pays développés à respecter leurs engagements en la matière.  Pour la représentante, le succès de la communauté internationale passe également par un système efficace de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement. 

En outre, elle a souligné que le Myanmar est l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques.  Elle s’est dite inquiète du fait que de nombreux PMA ne peuvent bénéficier des fonds prévus pourtant par l’Accord de Paris.  Elle a enfin exprimé la détermination du Myanmar à parvenir à la paix et la stabilité afin de pouvoir se consacrer aux efforts visant à jouir d’un développement durable.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné l’engagement du Pérou, pays d’une grande diversité biologique et culturelle, envers le développement durable.  Il a d’ailleurs présenté en juillet son examen national volontaire au Forum politique de haut niveau.  Le Pérou promeut la défense des droits de l’homme, la préservation de l’environnement, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, a-t-il indiqué en ajoutant qu’il est en train de lancer une révolution sociale basée sur la fourniture de services publics de qualité, avec l’accès à l’eau potable et à l’assainissement comme priorités.

Dans le cadre de l’Accord de Paris, le Pérou a créé un groupe de travail multisectoriel pour aller vers une économie faible en émission de carbone.  Et comme pays vulnérable, il continuera à participer activement à la réduction des risques de catastrophe pour que le Cadre de Sendai devienne une réalité pour tous.  Enfin, M. Meza-Cuadra a attiré l’attention sur le rôle de la culture comme catalyseur du développement durable.  Il soutiendra un projet de résolution du G77 en ce sens, de même qu’un autre projet de résolution sur l’inclusion financière pour le développement durable, qui vise à faciliter l’accès aux services financiers à toutes les personnes, en particulier les femmes, les groupes vulnérables et les populations rurales.

Mme ANAYANSI RODRIGUEZ CAMEJO (Cuba) a indiqué que Cuba participera aux travaux de la Deuxième Commission avec l’objectif de trouver le moyen d’éliminer les obstacles qu’affronte la communauté internationale en matière de développement et qui touchent avant tout les pays les plus vulnérables.  Cet effort colossal ne sera possible que si les délégations font preuve d’une véritable volonté politique et de coopération, a insisté la délégation, ajoutant qu’il fallait en finir avec les pratiques consistant à imposer des propositions non consensuelles qui ne représentent les intérêts que d’un petit groupe de pays: les développés.

Deux ans après l’adoption du Programme 2030, les inégalités et la polarisation sociale dans le monde persistent, voire s’aggravent, parfois à l’intérieur même des nations développées, a constaté la représentante en faisant valoir que la concentration des revenus et de la richesse dans ces pays contraste avec la pauvreté dans laquelle vivent la majorité des populations des pays en développement.  La délégation cubaine a dès lors plaidé pour une nouvelle architecture financière mondiale, pour l’élimination du monopole technologique et pour un changement de l’ordre économique international en vigueur.  Les pays aujourd’hui industrialisés doivent accepter leur dette historique et exercer le principe de « responsabilités communes mais différenciées », a dit la délégation.

Cuba a en outre appelé les États à s’abstenir d’imposer des mesures coercitives unilatérales qui entravent le droit économique et social des peuples, une question sur laquelle le G77 présentera d’ailleurs un projet de résolution.  La délégation a dénoncé en particulier le blocus économique des États-Unis contre son pays, en vigueur depuis plus de 50 ans.

Au sujet des changements climatiques, la délégation de Cuba a estimé que l’Accord de Paris est un point de départ qui doit être préservé et développé, ajoutant qu’aucun pays ne devrait renoncer unilatéralement à sa responsabilité internationale commune, ni oublier sa dette écologique envers l’humanité et les générations futures. Les pays développés doivent changer leurs modes de production et de consommation irrationnels, réduire les émissions de gaz à effet de serre et respecter leurs engagements en matière de financement et de transfert de technologie aux pays en développement selon le principe des responsabilités communes mais différenciées.

Pour M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) les questions qui dépendent du mandat de la Deuxième Commission sont au cœur du développement durable, et, pour être efficace, la Commission devrait se pencher avant tout sur les défis posés à ce développement.  La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent représente un de ces défis majeurs, un problème mondial auquel aucun pays ne peut faire face à lui tout seul, a-t-il relevé.  Dans le cas de la Syrie, il a exigé que l’on mette fin aux mesures coercitives qui lui sont imposées et qui ont des effets néfastes sur les secteurs de l’enseignement, de la santé et de l’énergie.  Le représentant a été jusqu’à comparer ces mesures unilatérales à une autre forme de terrorisme qui contribue à exacerber la crise syrienne et entrave le développement durable du pays.

Le Gouvernement syrien cherche à répondre aux besoins de développement du pays en adoptant un programme national post conflit, qui vise une reprise progressive de l’économie et comprend des mesures de lutte contre la corruption.  La Syrie réitère en outre son engagement en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il ajouté.  « Certains pays ignorent le fait qu’il n’y a pas de paix sans développement durable et vice versa », a conclu le représentant syrien.

M. NECTON D. MHURA (Malawi) a remarqué que de nombreuses préoccupations relatives à la réalisation du développement durable requièrent davantage de délibérations, citant par exemple le commerce, le financement du développement, la facilité de financement internationale, les technologies de l’information et de la communication (TIC) et le changement climatique.  Selon lui, les projecteurs doivent rester braqués sur la création de bons cocktails de politiques, pour que les institutions locales, régionales et mondiales se réforment et s’adaptent à un paysage mondial changeant et fluctuant.

De l’avis du représentant, il faut apporter une assistance financière et technique conforme aux engagements faits en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Programme d’action d’Istanbul et du Programme d’action de Vienne.  Après avoir mis en exergue les performances économiques de son pays, notamment le taux d’inflation à un chiffre (9,3%) en août dernier, et ce, depuis décembre 2011, le représentant malawien a annoncé que son gouvernement lancerait très bientôt la troisième stratégie quinquennale de développement et de croissance sur le thème « Bâtir une nation résiliente, compétitive et productive ».  Cette stratégie se focalise sur l’agriculture, la gestion des changements climatiques, l’éducation et les infrastructures pour les TIC, le développement du tourisme, la santé et la population.

M. CARMELO INGUANEZ (Malte) a estimé que l’appropriation nationale est la clef de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a appelé à la revitalisation des travaux de la Deuxième Commission, en droite ligne des efforts du Secrétaire général visant à réformer l’ONU et son système de développement.  Il a rappelé que Malte avait présidé le Conseil de l’Union européenne au cours du premier semestre 2017, une présidence qui a coïncidé avec la mise sur pied du Consensus de l’Union européenne (UE) pour le développement, un plan collectif d’action de l’UE et de ses membres en vue d’éradiquer la pauvreté et promouvoir le développement durable.

Au niveau national, Malte a lancé un plan stratégique national de réduction de la pauvreté pour la période 2014-2024.  L’un des défis majeurs de Malte est la sécurité alimentaire, puisque le pays importe la plupart des aliments consommés par sa population.  Un autre défi réside dans le système d’adduction d’eau qui n’est plus durable au vu de la croissance de la population et des risques sanitaires liés aux méthodes utilisées en ce moment.  Malte s’est également engagée à assurer une gestion durable de ses ressources halieutiques.  Son engagement pour les océans se traduit par l’organisation, cette semaine, de la conférence « Notre océan » de 2017.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a estimé que le monde est bien loin des résultats escomptés en matière de développement durable.  Il a invité la communauté internationale à tenir compte des problèmes spécifiques des pays en situation particulière.  Il a notamment prôné un transfert de technologies en faveur des pays en développement.  Il a aussi rappelé aux pays développés la nécessité d’honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le représentant a par ailleurs appelé à une réforme du système de développement des Nations Unies, plaidant pour davantage de transparence, et précisant que toute réforme devrait respecter les orientations formulées par les États Membres dans l’examen quadriennal complet. 

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a estimé que le secteur public ne pouvait être l’unique responsable du bien-être de la société, bien qu’il doive créer les conditions propices à la pleine participation de tous au changement et veiller au respect de l’intérêt général.  La révolution technologique et industrielle, a-t-elle noté, confère aux entreprises et à la société civile un pouvoir important dans toutes les sphères des relations internationales.  Il est donc crucial que ces changements profonds s’accompagnent d’une reconnaissance de la responsabilité conjointe des secteurs publics, privé et de la société civile.

Cependant, a-t-elle regretté, nous constatons aujourd’hui une tendance croissante au manque de confiance intersectorielle autant qu’intrasectorielle.  Ainsi, est-il nécessaire de poser la question de l’amélioration des cadres de gouvernance dans tous leurs aspects pour rendre nos modèles plus inclusifs, permettant une conduite plus responsable et des réponses collectives qui favorisent les partenariats.

Après avoir énuméré les transformations du modèle économique monégasque, la représentante a déclaré que le gouvernement princier avait pleinement conscience des défis à relever et de la responsabilité qui lui incombe.  Par une approche concertée, il continuera à déployer des efforts d’investissements importants pour maintenir la croissance économique en mobilisant l’ensemble des moyens et acteurs et favoriser la recherche et l’innovation.  Monaco poursuivra son ambitieuse politique de coopération, a assuré Mme Picco en rappelant qu’il consacre plus de 1,1% de ses recettes à l’aide publique au développement.

M. HAHN CHOONGHEE (République de Corée) a fait certaines suggestions pour traduire les engagements pris sous le Programme 2030 et l’Accord de Paris en actions concrètes, à commencer par la réforme du système de développement des Nations Unies qui doit rester pertinent et efficace.  Il faut pour cela casser les barrières et renforcer les liens entre les trois piliers de la Charte de l’ONU (paix et sécurité, droits de l’homme et développement), a-t-il estimé.  Cette réforme, selon lui, devrait également porter sur l’architecture du financement et encourager la collaboration entre les diverses agences onusiennes œuvrant dans ce domaine, ainsi qu’avec d’autres parties prenantes du secteur privé et des institutions internationales du financement, en mettant l’accent sur le rapport qualité-prix de chaque investissement.  En outre, la transparence, la responsabilité s’imposent dans le futur système de développement de l’ONU, a encore exigé le représentant coréen.

Le délégué a soutenu le mécanisme d’évaluation mis en place dans le cadre du Programme 2030 en insistant sur l’importance des données de qualité et des capacités statistiques nationales pour s’assurer que tous les pays ont les moyens d’appliquer de manière inclusive ce programme.

La République de Corée a ratifié l’Accord de Paris en novembre 2016 et s’engage à le respecter, a poursuivi son représentant qui a appelé à ne pas lâcher prise en attendant de finaliser le livre de procédure qui doit l’accompagner.  Pour sa part, son pays s’oriente vers une économie à faibles émissions de carbone et souhaite venir en aide au pays en développement dans ce domaine, notamment par le truchement du Fonds vert.  Pour sa délégation, il est également primordial de renforcer la réduction des risques de catastrophe en misant sur des plateformes mondiales et régionales pour protéger la vie et les biens des personnes. 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a estimé que le contexte mondial difficile doit donner le courage aux États Membres de s’engager davantage pour trouver un consensus et formuler des engagements concrets et novateurs qui contribuent à la réalisation du Programme 2030.  La Deuxième Commission a entre ses mains les principaux défis qu’affronte l’humanité, a remarqué la représentante, mentionnant en particulier l’éradication de la pauvreté et les changements climatiques. Elle a en outre réitéré la nécessité impérative d’une réforme du système de développement des Nations Unies pour atteindre des visions ambitieuses et réalistes, pour optimiser l’utilisation des ressources et éviter les doublons.  Le processus de réforme d’ONU-Habitat est par exemple une opportunité d’en faire un modèle de transparence et d’efficacité pour parvenir au développement territorial durable et à la pleine réalisation du Nouveau Programme pour les villes.

La représentante a dit qu’il faut également prêter une meilleure attention à la question du financement du développement.  Aussi est-il important d’aborder ensemble les débats relatifs aux transferts de technologie, en cherchant des mécanismes qui permettent de matérialiser non seulement cet engagement mais également tous les autres dans le cadre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Reconnaissant que la restructuration du Système de développement des Nations Unies est une question complexe, M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a recommandé de viser l’amélioration du panorama du financement pour le développement et des moyens de mise en œuvre du Programme 2030 pour les pays à revenu intermédiaire et notamment le sien, ainsi que l’accès aux technologies et aux outils de suivi de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour sa part, le Guatemala a adapté son plan national de développement aux instruments internationaux.  Il a aussi présenté son examen volontaire national durant la dernière session du Forum politique de haut niveau en juillet 2017.

Le Guatemala, a poursuivi son représentant, reste préoccupé par la perspective d’une réduction de l’accès au financement au fur et à mesure que les revenus nationaux augmentent.  Il a ainsi encouragé les banques multilatérales de développement et les institutions financières internationales à adopter des politiques graduelles pour garantir une assistance qui réponde aux défis des pays à revenu intermédiaire.  Au sujet des flux financiers illicites, le Guatemala a mené des politiques actives pour les réduire, a indiqué le représentant qui a félicité l’Éthiopie, le Nigéria, les Philippines et la Suisse pour leurs bonnes pratiques dans ce domaine.  Par ailleurs, le Guatemala suit avec attention la restructuration d’ONU-Habitat, qui devra répondre aux demandes de meilleure efficacité, de transparence et de reddition de comptes.

M. EL HACEN ELEYATT (Mauritanie) a fait part des progrès enregistrés en Mauritanie dans la mise en œuvre du Programme 2030 grâce à ses politiques nationales et à des modifications législatives pour établir un cadre plus transparent et ainsi attirer des investissements.  Pour permettre l’accès des jeunes au marché du travail, le Gouvernement a financé des programmes de microcrédits alors que pour ce qui est de l’autonomisation des femmes, il a adopté une politique de discrimination positive qui permet aux femmes d’être présentes dans tous les secteurs et à tous les niveaux.

Pour ce qui est de l’autonomisation économique, les femmes sont les premières bénéficiaires du Fonds national de développement.  Par ailleurs, il y a eu des investissements majeurs dans le secteur de la santé, a encore indiqué le représentant en faisant état des implications directes que cela a eu sur les taux de mortalité et la lutte contre le VIH/sida.  Soulignant que la Mauritanie est une grande victime des changements climatiques, puisque 75% de son territoire est frappé par la sècheresse et la désertification, il a mentionné les investissements faits dans le reboisement et dans d’autres programmes afin d’augmenter sa résilience et augmenter sa sécurité alimentaire.

Pour Mme ISATA KABIA (Sierra Leone), l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris traduit l’esprit du multilatéralisme nécessaire pour un monde plus pacifique, plus prospère et plus sûr.  Le fait de reconnaître que l’élimination de la pauvreté est un facteur clef pour le développement au-delà de 2015 est une réalisation en soi, a estimé la représentante qui, notamment, a applaudi l’initiative de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA). 

La Sierra Leone a inclus les objectifs de développement durable dans sa troisième stratégie de réduction de la pauvreté, a expliqué la représentante, une stratégie qui jette les bases pour passer dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire d’ici à 2035.  Comme beaucoup d’autres pays en situation post conflit, la Sierra Leone n’a pas entièrement réalisé les objectifs du Millénaire pour le développement, a rappelé Mme Kabia.  Le pays apprécie par conséquent que l’on reconnaisse le besoin de ressources adéquates pour les pays en situation post conflit et la possibilité de pouvoir compter sur des flux financiers prévisibles, stables et sur le long terme.  À ce titre, la représentante a insisté sur le rôle essentiel que jouent toujours l’aide publique au développement (APD) et la coopération internationale pour le développement.

Elle est également revenue sur les changements climatiques qui sapent les acquis en termes de développement de beaucoup de pays vulnérables.  « Si l’on ne fait pas face à ce fléau de manière urgente, cela n’aura pas uniquement des répercussions sur la vitesse du développement mais également sur la sécurité alimentaire et la paix mondiale », a averti la représentante.  Elle a fait part des besoins critiques de son pays dans la mobilisation des ressources internes et de ses difficultés à accéder aux financements climatiques.  Elle a expliqué que la Sierra Leone n’était toujours pas en mesure d’attirer des investissements étrangers privés dans des secteurs cruciaux comme la santé, l’éducation, les infrastructures, le secteur manufacturier, le commerce, le tourisme et l’industrie.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) s’est félicitée du nombre très élevé de pays candidats pour présenter leur examen national volontaire, le Kirghizistan ayant récemment présenté son rapport.  Le bien-être de l’être humain est au cœur des actions du pays, a-t-elle assuré, en précisant que le Gouvernement travaille à améliorer les infrastructures.  Un programme de développement durable à l’horizon 2040 a été mis en œuvre dans le pays afin de rendre la société plus ouverte et de parvenir à une véritable transformation. Quant au changement climatique, la représentante a attiré l’attention sur ses effets délétères et sur les risques majeurs qu’il entraîne en Asie centrale, en particulier par rapport à la question de l’uranium.  La fonte des glaciers est un autre sujet de préoccupation car ce sont des sources d’eau qui pourraient complètement disparaître au Kirghizistan d’ici à 2100. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau sur la traite: Le Président de l’Assemblée ajoute à « prévention, poursuites, protection et partenariat », un cinquième, la personne

asoixante-douzième session,
27e séance plénière - matin
AG/11958

Réunion de haut niveau sur la traite: Le Président de l’Assemblée ajoute à « prévention, poursuites, protection et partenariat », un cinquième, la personne

Après avoir entendu les huit derniers d’une liste de plus de 100 intervenants, le Président de l’Assemblée générale a conclu ce matin la Réunion de haut niveau consacrée à l’évaluation du Plan d’action mondial de la lutte contre la traite des personnes.  M. Miroslav Lajčák a rendu hommage au courage de Grizelda Grootboom, une survivante de la traite et une militante, venue témoigner devant l’Assemblée.

« Nous ne pouvons la laisser tomber, a dit le Président, comme nous ne pouvons laisser tomber les millions d’autres victimes de la traite dans le monde dont le sort génère des milliards de dollars. » 

M. Lajčák a également décrit le cas de Rani Hong, arrachée à sa mère à l’âge de 7 ans, avant de déclarer: « Nous devons appuyer la dignité, les droits et l’humanité des victimes de la traite.  Nous sommes devant une question humaine dont la solution exige l’implication des victimes elles-mêmes.

Partant, le Président de l’Assemblée générale a ajouté aux quatre « P » que sont la prévention, les poursuites, la protection et le partenariat, un cinquième « P », la personne, la raison d’être même des Nations Unies.

Dans la Déclaration politique sur l’application du Plan mondial, adoptée le 27 septembre, au premier jour de la réunion de haut niveau, les États Membres appellent à une « approche globale comprenant des partenariats et des mesures visant à prévenir cette traite, et à en poursuivre et à en punir les auteurs et à en protéger les victimes, ainsi qu’une action de la justice pénale proportionnelle à la gravité du crime ».    

La réunion de haut niveau, qui s’est aussi articulée autour de tables rondes dont les conclusions ont été rappelées aujourd’hui par les représentants de la Belgique et du Qatar, a conduit le Président de l’Assemblée générale à tirer huit leçons: l’importance de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, du Protocole de Palerme contre la traite des personnes et d’autres instruments internationaux; la nécessité d’une approche fondée sur les victimes, les droits de l’homme, l’égalité entre les sexes et les droits de l’enfant; et celle de s’attaquer aux causes sous-jacentes et aux facteurs de la traite dont la pauvreté, le manque d’éducation et d’opportunités, les inégalités entre les sexes mais aussi les conflits, l’insécurité et les incertitudes économiques. 

Le Président a aussi retenu les appels à un accès amélioré à la justice, au démantèlement des réseaux de trafiquants et au renforcement des poursuites judiciaires pour augmenter le nombre des condamnations; le fait que les objectifs de développement durable 5 sur l’égalité entre les sexes, 8 sur le travail décent et la croissance inclusive et 16 sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives concernent tous la prévention de la traite; et enfin la nécessité d’un appui renforcé aux victimes, en particulier, grâce au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR L’ÉVALUATION DU PLAN D’ACTION MONDIAL DES NATIONS UNIES POUR LA LUTTE CONTRE LA TRAITE DES PERSONNES

Suite des déclarations

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a fait observer que la pauvreté, les changements climatiques, les différents niveaux de développement entre pays, les inégalités de revenus et les conflits aggravent la vulnérabilité des populations à la traite des personnes.  Les migrants deviennent donc des proies faciles et pourtant, a estimé la représentante, il est possible de remédier à cette traite grâce à trois piliers.  Le premier consisterait à prendre des mesures concrètes contre les causes de la traite comme la pauvreté, le chômage et les conflits.  Dans ce contexte, la représentante a insisté sur la nécessité de trouver une solution durable à la situation des réfugiés, ce qui exigerait un appui renforcé aux pays hôtes, conformément au principe de responsabilité partagée, et le lancement de programmes de formation dans les camps de réfugiés pour aider ces derniers à se lancer dans des activités génératrices de revenus. 

Le second pilier, a poursuivi la représentante, serait de mettre en place des cadres provisoires de protection internationale et d’aide humanitaire, dans les pays de transit et de destination.  Le troisième pilier serait de créer des voies sûres, ordonnées et légales, en adoptant une approche fondée sur les droits de l’homme pour assurer une protection aux victimes de la traite dans les pays de transit et de destination.  Il faudrait, pour ce faire, une coopération plus forte entre États et exploiter les cadres multilatéraux et bilatéraux existants, comme la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, le Protocole de Palerme contre la traite des personnes et la Déclaration politique adoptée au premier jour de la réunion de haut niveau.  Ces textes pourraient à juste titre inspirer le pacte pour des migrations sûres, ordonnées et régulières que l’Assemblée devrait adopter l’année prochaine, a estimé la représentante. 

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a indiqué que, dans son pays, la lutte contre la traite des personnes est menée au niveau de l’État.  La loi nationale de 2008 a pour objectif d’assurer la coordination des différents départements concernés, au sein de la commission interagences.  Le représentant s’est inquiété de ce que les migrations illégales aient désormais pour corollaire la traite des personnes.  Il a plaidé pour une meilleure sensibilisation à cette question et la poursuite judiciaire des passeurs.  Il a souligné que son gouvernement a toujours été cohérent dans la lutte contre la traite et la migration clandestine et qu’il collabore avec toutes les agences de l’ONU et autres parties prenantes.

Mme LOIS M. YOUNG, (Belize) a salué le courage de Grizelda Grootboom, victime de la traite, qui a raconté son histoire alors qu’elle aurait sûrement voulu la bannir de sa mémoire.  À Belize, a poursuivi la représentante, l’incidence de la traite est faible contrairement à celle de la prostitution qui rend tout aussi vulnérable.  Le pays a néanmoins adopté une législation et un plan national d’action, axés sur les victimes, pour combattre la traite.  Cette approche transversale consiste à bien comprendre le contexte de la traite, à la prévenir par l’éducation et la sensibilisation de l’opinion publique et à protéger les victimes, en assurant leur sûreté et en leur offrant recours judiciaire et réparation.  Belize a aussi prévu une formation pour les enquêteurs, les procureurs et les juges.

M. DURGA PRASAD BHATTARAI (Népal) a estimé que la Déclaration politique adoptée la semaine dernière devrait donner un nouvel élan à la lutte contre « ce crime immonde » qu’est la traite des personnes.  Les milliers de jeunes des régions rurales du Népal, qui sont à la recherche d’emploi dans les villes et à l’étranger, deviennent des proies faciles pour les trafiquants qui exploitent leur pauvreté et leur ignorance, s’est indigné le représentant.  Le Népal, a-t-il affirmé, essaie de lutter contre les causes de la traite, d’abord par la Constitution qui en a fait un crime et qui garantit des compensations aux victimes.  Le Népal est également très actif dans la coopération régionale, s’agissant en particulier de la traite des femmes et des enfants.  Pour le Népal, la coopération internationale doit d’abord et avant tout porter sur l’élimination des causes de la traite et sur le renforcement des capacités pour contrer la manipulation par les trafiquants des médias sociaux pour attirer leurs proies.  S’agissant de la prévention, les investissements dans l’éducation, en partenariat avec les agences des Nations Unies et les organisations de la société civile, sont essentiels, a conclu le représentant.

M. OSCAR R. DE ROJAS, Observateur permanent de l’Ordre souverain de Malte, a déclaré que son pays redoublait d’efforts pour « réduire les vulnérabilités » des migrants et les aider à se prémunir contre la traite et toutes les formes d’esclavage moderne, aussi bien à travers son réseau diplomatique que sur les plans multilatéral et bilatéral, grâce à ses ambassadeurs dans 106 pays.  Les associations nationales et l’agence mondiale de secours « Malteser International » développent des services sociaux et des interventions humanitaires, a-t-il ajouté, en se déclarant ouvert à travailler avec tous les partenaires de la société civile et d’ailleurs.  Le représentant a en effet appelé les gouvernements à coopérer davantage avec la société civile, y compris les associations religieuses, afin de mieux protéger et réhabiliter les victimes de la traite.  Il s’est enfin demandé comment exploiter l’anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’année prochaine, pour impulser de l’élan au Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes pour mieux protéger les victimes et les assister.

Mme JUDIT ARENAS LICEA, de l’Organisation internationale de droit du développement (OIDD), a souligné qu’en tant que seule organisation intergouvernementale qui pour mandat exclusif de faire avancer l’état de droit et l’accès à la justice dans le contexte du développement durable, l’OIDD articule fermement son travail autour de la lutte contre les facteurs sous-jacents de la vulnérabilité des personnes à la traite tels que les inégalités, la violence sexuelle, la discrimination fondée sur le sexe, l’exclusion sociale ou encore la marginalisation.  L’OIDD a pour mots d’ordre: prévention, protection et poursuites.  Si la traite est un crime en vertu de plusieurs conventions et traités internationaux et si les gouvernements adoptent en effet des législations, il n’en reste pas moins que beaucoup reste à faire pour consolider les cadres juridiques et mettre sur pied des outils concrets pour faciliter les poursuites judiciaires, a tranché la représentante.  Elle a insisté sur la nécessité de sensibiliser les gens à leurs droits.

Mme ELISABETH NEUGEBAUER, de l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL), s’est félicitée de ce que son Organisation soit reconnue dans la Déclaration politique comme acteur contribuant à la lutte contre le phénomène mondial de la traite des personnes.  La coopération internationale est essentielle, a-t-elle insisté, expliquant qu’INTERPOL s’est dotée d’un programme stratégique et d’une unité spéciale contre la traite des personnes et l’exploitation des enfants.  La base de données sur les documents de voyage perdus ou volés, qui contient plus de 70 millions de pièces d’identité dans 175 pays, est particulièrement utile en ce sens.  Les notices INTERPOL, qui sont des demandes de coopération, sont tout aussi utiles pour rechercher des suspects ou lancer les alertes aux pays. La traite des personnes est une forme d’esclavage moderne, a dit la représentante, assurant qu’INTERPOL n’épargnera aucun effort pour démanteler les réseaux criminels.

M. GORMAN BEST, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a parlé de la mobilité humaine sans précédent qui favorise le phénomène de la traite.  Le monde compte aujourd’hui quelque 244 millions de personnes, auxquelles s’ajoutent plus d’une centaine de millions d’autres fuyant les catastrophes naturelles, les conflits et autres urgences humanitaires.  Bien que les cadres de protection soient chaque fois plus renforcés, la prévention, elle, laisse encore à désirer, de même que la lutte contre la « demande ».  Il faut, a-t-il préconisé, renforcer les capacités d’assistance aux victimes de la traite et rendre plus strictes le contrôle des frontières.  Il faut approcher les communautés pour savoir ce dont elles ont besoin.  Pour ce faire, il faut améliorer la collecte des données, ce qui pourrait d’ailleurs constituer la base d’une plateforme d’échanges.  Dans cette optique, l’OIM compte lancer un projet collaboratif, dès le mois prochain

Déclaration de clôture

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a conclu la réunion de haut niveau en remerciant particulièrement Grizelda Grootboom, une survivante et une militante, qui a courageusement parlé de son expérience de victime de la traite, sans oublier de lancer un appel à l’action.  « Nous ne pouvons la laisser tomber, a dit le Président, comme nous ne pouvons laisser tomber les millions d’autres victimes de la traite dans le monde dont le sort génère des milliards de dollars dans le monde. » 

Le Président est revenu sur les mots de Mira Sorvino, Ambassadrice de bonne volonté de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) selon laquelle les trafiquants traitent les victimes comme « une marchandise ».  Le Président s’est attardé sur le cas de Rani Hong, arrachée à sa mère à l’âge de 7 ans, avant de dire: « Nous devons appuyer la dignité, les droits et l’humanité des victimes de la traite.  Nous sommes devant une question humaine dont la solution exige l’implication des survivants. »

Le Président a rappelé qu’au premier jour de la réunion de haut niveau, le Secrétaire général de l’ONU et le Directeur exécutif de l’ONUDC ont tous deux appelé à des poursuites judiciaires contre les trafiquants.  Nous avons, a dit le Président, adopté la Déclaration politique qui est, a-t-il estimé, un engagement fort à aller de l’avant et une consécration du Plan d’action mondial des Nations Unies pour la lutte contre la traite des personnes. 

Nous avons, a-t-il poursuivi, entendu en tout 98 États Membres dont 17 ministres et vice-ministres.  Le Président a rappelé les questions auxquels ils étaient priés de répondre: quels sont les progrès enregistrés dans la lutte contre la traite des personnes et que faut-il faire pour aller plus loin?

Le Président a d’abord passé en revue les leçons tirées de l’expérience et ensuite le fait que des millions de personnes dans le monde sont victimes du trafic forcé, de la servitude sexuelle et autres formes d’exploitation.  La traite des personnes touche surtout les plus faibles et les plus vulnérables, dont les femmes, les filles et les garçons.  Un certain nombre d’États, a poursuivi le Président, a souligné l’importance de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, du Protocole de Palerme contre la traite des personnes et d’autres instruments internationaux.  De nombreux États ont aussi expliqué leurs lois et plans nationaux et reconnu que la traite est un crime grave et une violation des droits fondamentaux. 

Quelques États ont plaidé pour une approche fondée sur les victimes, les droits de l’homme, l’égalité entre les sexes et les droits de l’enfant.  Ils ont aussi souligné l’importance d’une approche multipartite, des campagnes de sensibilisation et de la coopération bilatérale, régionale et internationale.

La nécessité de s’attaquer aux causes sous-jacentes et aux facteurs de la traite a été soulignée à maintes reprises, dont la pauvreté, le manque d’éducation et d’opportunités et les inégalités entre les sexes.  De nombreux intervenants ont ajouté à cette liste, les conflits, l’insécurité et les incertitudes économiques qui forcent de millions de gens à quitter leurs pays et à devenir vulnérables.  Les États ont appelé à un pacte mondial sur les migrations qui tiennent compte de la vulnérabilité des migrants. 

Les États ont aussi rappelé que les objectifs de développement durable 5 sur l’égalité entre les sexes, 8 sur le travail décent et la croissance inclusive et 16 sur la promotion de sociétés pacifiques et inclusives concernent tous la prévention de la traite, et mettent l’accent sur les femmes et les enfants.  La réunion de haut niveau aussi, a encore relevé le Président, a donné lieu à des appels à un accès amélioré à la justice, au démantèlement des réseaux de trafiquants et au renforcement des poursuites judiciaires pour augmenter le nombre des condamnations.  Beaucoup d’orateurs ont attiré l’attention sur les énormes profits générés par la traite et la nécessité de s’attaquer à la fois à l’offre et à la demande. 

Enfin, la nécessité d’un appui renforcé aux victimes, en particulier, grâce au Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies, a été soulignée.  Si nous nous sommes réjouis des progrès, a conclu le Président, nous savons néanmoins qu’il faut faire beaucoup plus pour nos quatre piliers que sont la prévention, les poursuites, la protection et le partenariat, le cinquième « P » étant la personne, la raison d’être même des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: la situation de Porto Rico s’impose au débat général de la Quatrième Commission

Soixante-douzième session,
2e séance – après-midi
CPSD/632

Décolonisation: la situation de Porto Rico s’impose au débat général de la Quatrième Commission

La Quatrième Commission chargée des politiques spéciales et de la décolonisation a entamé, aujourd’hui, son débat général, qui a notamment été marqué par les préoccupations des délégations au sujet de la situation de Porto Rico.  Les questions des îles Falkland (Malvinas), du Sahara occidental et de la Nouvelle-Calédonie ont également marqué les esprits alors que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme doit toucher à sa fin dans trois ans.

« Les Nations Unies essayent d’en finir avec le fléau de la colonisation depuis 30 ans.  Trente ans et nous lançons toujours des appels aux puissances administrantes », a ainsi déploré le représentant de l’Équateur, tandis que son homologue du Nicaragua a fait observer que la moitié des territoires non autonomes se trouvent dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, citant notamment le « cas emblématique » qu’est, pour de nombreux pays de cette région, la situation de Porto Rico.

Le représentant du Venezuela a notamment dénoncé les difficultés économiques et sociales que traverse le peuple portoricain, aggravées par les mesures fiscales imposées par la puissance administrante ainsi que par les dégâts occasionnés par les ouragans qui ont récemment secoué l’île.

« C’est une urgence, compte tenu du manque d’options de ce territoire face aux catastrophes naturelles et de la dette énorme qui paralyse son développement », a lancé le représentant du Nicaragua.

« Le statut politique de Porto Rico est maintenu dans une situation de tutelle "honteuse" qui limite sérieusement ses capacités de développement actuelles et futures », a renchéri le représentant du Venezuela, tandis que la représentante de Cuba a dénoncé le Comité de supervision budgétaire imposé par le Gouvernement américain qui empêche, selon elle, le Gouvernement portoricain de prendre des décisions sur son propre budget.  La délégation cubaine a également déploré la situation humanitaire dramatique que connaît le territoire suite au passage du l’ouragan Maria et la réponse « indigne » apporté par le « gouvernement colonial ».

À l’instar de plusieurs délégations, la Vice-Présidente du Comité spécial chargé d’examiner l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux s’est en revanche félicitée de la libération du dirigeant indépendantiste M. Oscar López Rivera, après 36 ans d’incarcération aux États-Unis.  Elle a estimé que sa libération était encourageante pour la lutte contre le colonialisme.

Autre point de mire pour de nombreux pays d’Amérique latine et des Caraïbes, la situation des îles Falkland (Malvinas) a également longuement mobilisé l’attention des délégations dont une très large majorité a salué le rapprochement entre le Royaume-Uni et l’Argentine pour trouver une issue au différend.

À l’instar des organisations régionales d’Amérique latine (UNASUR, MERCOSUR) et des Caraïbes (CELAC), de nombreuses délégations ont toutefois réaffirmé la souveraineté de l’Argentine sur les « îles Malvinas », les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés. 

Usant de son droit de réponse, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord a notamment rappelé le référendum organisé en 2013, à l’issue duquel 99% de la population du territoire a indiqué souhaiter demeurer un territoire du Royaume-Uni.  Elle a également argué que la souveraineté du Royaume-Uni sur ces îles remontait à 1756 alors que l’Argentine n’existait pas encore. 

En réponse, l’Argentine a qualifié la présence britannique « d’occupation illégale », voyant par ailleurs dans la tenue du référendum de 2013 un « acte unilatéral mis en place par des Britanniques pour demander à des Britanniques s’ils veulent rester Britanniques ».

La question du Sahara occidental s’est également imposée au cours de cette première journée de débat, l’occasion pour une grande majorité de délégations de rappeler le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination.  Le représentant de la Namibie a notamment estimé que le retour du Maroc dans l’Union africaine devrait aider à trouver une solution au différend, appelant ce pays à mettre en œuvre l’accord permettant la tenue, en 2018, d’un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental.  « Une solution est nécessaire, non seulement pour le Sahara occidental mais aussi pour la stabilité de toute la région du Maghreb », a insisté de son côté le représentant du Guatemala. 

Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est de son côté préoccupé de la situation en Nouvelle-Calédonie, estimant que le territoire arrivait à « une étape critique », l’Accord de Nouméa prévoyant en effet l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination en 2018.  Il a demandé à la puissance administrante de répondre aux préoccupations relatives au processus électoral, en particulier pour ce qui a trait à la liste électorale spéciale, s’inquiétant notamment de l’exclusion d’un « segment non négligeable »de la population de la Nouvelle-Calédonie. 

La Quatrième Commission reprendra son débat général demain, mardi 3 octobre 2017, à partir de 15 heures.   

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUTES LES QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION

Déclarations

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne), Rapporteur du Comité spécial chargé d’examiner l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, a présenté le rapport du Comité (A/72/23) en précisant le contenu des différents chapitres.  Il a par ailleurs indiqué que lors de sa session de fond en juin dernier, le Comité avait continué d’analyser la situation des 17 territoires non autonomes à l’ordre du jour, guidé en cela par les principes de la Charte des Nations Unies, des résolutions pertinentes de l’Organisation et en vue de la réalisation des objectifs de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  M. Ja’afari a en outre indiqué que pendant son séminaire régional, le Comité spécial avait discuté des moyens à mettre en place pour réaliser ces objectifs dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il s’est réjoui, à cet égard, de la possibilité offerte aujourd’hui aux délégations de débattre des résultats obtenus cette année par le Comité spécial. 

Mme ANAYANSI RODRÍGUEZ CAMEJO (Cuba), Vice-Présidente du Comité spécial chargé d’examiner l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, a d’abord exprimé ses sentiments de solidarité avec les familles victimes des ouragans qui ont frappé les États-Unis et les Caraïbes, citant notamment Antigua-et-Barbuda, la Dominique, les îles Vierges britanniques, les îles Turques et Caïques et Porto Rico.  Elle a aussi exprimé son soutien au peuple du Mexique touché par les tremblements de terre.

Mme Rodríguez Camejo a ensuite salué le Secrétaire général pour avoir affirmé que le mandat de la décolonisation devait continuer d’avancer.  Le remerciant d’accompagner le Comité spécial dans « cette lutte difficile », elle a demandé à tous les Membres des Nations Unies de s’inspirer de « cette attitude constructive ».  Elle a ensuite fait le point sur les différents travaux qui, cette année, ont permis au Comité spécial de mieux faire connaître la situation des territoires non autonomes. 

La Vice-Présidente a notamment parlé de la tenue, en mai, à Saint-Vincent-et-les Grenadines, d’un séminaire régional au cours duquel a été discuté le rôle que peuvent jouer les objectifs de développement durable dans l’élimination du colonialisme.  Mme Rodríguez Camejo a souligné la responsabilité des autorités administrantes dans la mise en œuvre de ces objectifs, tant que ces territoires se trouvent sous leur administration.  Mme.  Rodríguez Camejo s’est également réjouie de la participation de l’UNICEF, du PNUD, de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), « une avancée notable par rapport aux années précédentes ». 

En juin, à New York, a-t-elle poursuivi, le Comité a eu l’honneur de recevoir le dirigeant indépendantiste portoricain Oscar López Rivera, qui a passé 36 ans dans des prisons américaines.  Sa libération était une demande de longue date du Comité spécial, a-t-elle précisé.  Et son intervention passionnée en faveur de l’indépendance de son île nous a encouragés dans nos efforts pour lutter contre le colonialisme.

Mme Rodríguez Camejo a par ailleurs indiqué que le Comité spécial souhaite établir un programme de visite dans les territoires non autonomes et a lancé un appel aux puissances administrantes pour mettre fin aux activités militaires dans ces territoires.  Mme Rodríguez Camejo a par ailleurs appelé à réaliser des avancées tangibles avant la fin de la Décennie internationale de l’élimination du colonialisme.  « Ne laissons pas l’indifférence et les intérêts mesquins nous freiner dans notre tâche », a-t-elle notamment déclaré.

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des caraïbes (CELAC), a appelé le département de l’information à assurer la meilleure couverture et mise à jour possible des travaux sur la décolonisation sur les différents sites Internet de l’ONU.  Si le représentant salue les progrès réalisés partout dans le monde, il a affirmé impossible de passer sous silence les 17 territoires qui restent à ce jour non autonomes, d’autant que certains d’entre eux sont dans le voisinage immédiat d’El Salvador.  Ils sont la preuve, selon lui, que le travail de l’ONU sur le plan de la décolonisation n’est pas encore achevé.  Dans ces conditions, la CELAC renouvelle son désir que des mesures soient prises pour que la décolonisation de ces territoires soit effective le plus rapidement possible, tout en prenant en compte leurs situations respectives.

La CELAC soutient notamment les droits légitimes de l’Argentine sur le territoire des « îles Malvinas », des îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  Il appelle l’Argentine et le Royaume-Uni à reprendre les négociations et trouver une solution pacifique et définitive à ce problème de souveraineté territoriale. 

Sur la question de Porto Rico, qui reste en suspens depuis 40 ans, le représentant dénombre 34 résolutions et décisions qui reconnaissent toutes le droit inaliénable des Portoricains à l’autodétermination et à l’indépendance.  Le représentant a également souligné l’importance de la Déclaration de la Havane de 2014, dans laquelle les États parties donnent mandat à la CELAC pour présenter des propositions visant à avancer sur la question de Porto Rico.  Les pays de la CELAC, a-t-il rappelé, sont déterminés à faire de la région d’Amérique latine et des Caraïbes un territoire libéré du colonialisme et des colonies.  Les petits territoires insulaires des Caraïbes et du Pacifique, qui constituent la majorité des territoires non autonomes, doivent ainsi être autorisés à exercer leur droit à l’autodétermination.  Il faut également prendre des mesures pour faciliter la croissance durable et équilibrée de leurs économies, a affirmé le représentant d’El Salvador.  La CELAC est à cet égard particulièrement préoccupée par la situation des îles Turques et Caïques qui ont besoin d’une gouvernance démocratique, inclusive et représentative.  Elle souhaite aussi porter une attention particulière à l’accélération de la perte de territoires par ces îles, en raison des éruptions volcaniques, des changements climatiques et de la montée des eaux, des ouragans ou d’autres désastres naturels. 

Au nom de l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR), M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a rappelé que la question de la décolonisation constitue une priorité pour les États membres de l’UNASUR, qui considèrent que le colonialisme viole les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Le non-exercice du droit à l’autodétermination de la part des peuples soumis à la domination étrangère est un obstacle au respect universel des droits humains et des libertés fondamentales, a insisté la délégation, ajoutant qu’il est inacceptable que le processus de décolonisation reste inachevé au XXIe siècle puisque 17 territoires sont encore concernés.  Aussi, les États membres doivent-ils intensifier leurs efforts et l’UNASUR continuera à apporter son plein appui au Comité spécial de décolonisation.

Au sujet de la question des « îles Malvinas », la délégation a fait observer que les circonstances historiques et le caractère légal excluent la possibilité de la résoudre sur la base du principe de l’autodétermination.  Il a rappelé que cette spécificité a été reconnue par l’Assemblée générale par la résolution 2065, qui appelle les Gouvernements de l’Argentine et du Royaume-Uni à reprendre les négociations bilatérales pour trouver une solution pacifique et durable au conflit de souveraineté.  Pour sa part, la délégation a réitéré le soutien des États membres de l’UNASUR aux droits souverains légitimes de l’Argentine.

Par ailleurs, l’UNASUR ratifie toutes les résolutions des Nations Unies relatives au Sahara occidental et soutient les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour trouver une solution pacifique.  Enfin, les États membres de l’UNASUR ont souhaité exprimer leur solidarité avec le peuple de Porto Rico et à son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément à la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale.

En sa capacité nationale, M. ROSSELLI (Uruguay) a rappelé l’engagement collectif des États Membres pour mettre fin au colonialisme sous toutes ses formes, les engageant à redoubler d’efforts, en faisant la promotion du dialogue et de la coopération entre puissances administrantes et peuples colonisés. 

Évoquant la question du Sahara occidental, il a insisté sur le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui, saluant les efforts du Secrétaire général des Nations Unies pour faire avancer la situation et aboutir à un règlement du conflit entre les deux parties.  Il a salué la nomination du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général, espérant qu’il puisse se rendre en visite rapidement dans la région.  « Il est important que le dialogue entre le Front Polisario et le Royaume du Maroc reprenne très rapidement sur la base de la bonne fois, pour une solution juste durable et acceptable mutuellement », a-t-il insisté, rappelant que cette solution devait prévoir l’autodétermination du Sahara occidental, conformément aux résolutions des Nations Unies.

Il a ensuite réaffirmé la souveraineté de l’Argentine sur les « îles Malvinas », ainsi que les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  Il a rappelé que le Comité spécial des vingt-quatre et l’Assemblée générale ont reconnu le caractère spécial du conflit entre l’Argentine et le Royaume-Uni, jugeant important que les gouvernements reprennent les négociations pour une solution pacifique, juste et définitive, conformément aux résolutions de l’ONU.  Pour le représentant de l’Uruguay, la situation se résume toutefois en quatre mots: « les îles Malvinas » sont argentines. 

M. MAURA VIEIRA (Brésil), au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), a indiqué qu’à l’occasion de la cinquantième réunion du Conseil du MERCOSUR, qui s’est tenue le 21 juillet 2017, à Mendosa, en Argentine, les États associés ont réaffirmé le droit souverain de l’Argentine sur les « îles Malvinas ».  L’intérêt régional est important dans ce différend de souveraineté qui concerne aussi les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés, a souligné M. Vieira.  Le représentant a dénoncé les « actes unilatéraux » perpétrés dans les zones qui sont l’objet d’un différend, rappelant que ces derniers sont incompatibles avec les résolutions pertinentes des Nations Unies.  M. Vieira a rappelé la disposition de l’Argentine à créer un climat propice pour la reprise des négociations sur la souveraineté.  Il a souligné que cette situation spéciale perdure depuis plus de deux siècles et qu’il ne fallait pas se référer au principe de l’autodétermination des peuples dans ce cas précis.  « La population britannique et ses descendants ont été placés dans l’île alors qu’elle était sous occupation illégale », a-t-il affirmé.  Il a ensuite indiqué que le Brésil n’autorise pas l’utilisation de ses ports et aéroports par des vaisseaux et aéronefs qui se dirigent vers les « îles Malvinas ».  Cela pourrait créer des différends, a-t-il estimé, précisant que l’Atlantique Sud avait vocation à être une zone d’harmonie. 

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a souligné que le colonialisme est une entrave au développement économique et social des États.  Elle a salué le travail du Comité spécial des vingt-quatre, rappelant qu’il avait permis à son pays d’accéder à l’indépendance et d’être représenté aux Nations Unies.  La représentante s’est ensuite inquiétée de la persistance de 17 territoires non autonomes, soulignant que six d’entre eux se situaient dans les Caraïbes, ce qui, a-t-elle affirmé, entrave le processus d’intégration régionale. 

La représentante a ensuite déploré une certaine inertie dans les avancées sur la décolonisation, appelant au respect des principes de la Charte et au droit inaliénable à l’autodétermination des peuples.  Elle a insisté sur l’autodétermination du Sahara occidental, saluant la nomination d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général et réitérant le soutien de son pays à l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.  Elle a invité toutes les parties à négocier dans un esprit de compromis pour parvenir à un accord durable.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a déclaré qu’il est grand temps, pour la communauté internationale, de s’engager activement dans le processus de décolonisation afin d’éliminer le colonialisme dans toutes ses formes, dont l’exploitation politique, sociale, culturelle et économique.  Il a appelé les Nations Unies et les organisations internationales à prendre des mesures effectives pour accélérer le processus de décolonisation, conformément à la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux. 

Le représentant a poursuivi en soulignant que les ressources naturelles des territoires non autonomes sont le patrimoine des peuples de ces territoires.  Dans ce contexte, il a fait part de son inquiétude quant aux activités menées par certaines puissances administrantes pour exploiter les ressources naturelles, rappelant que ces puissances ont la responsabilité de protéger les ressources naturelles et humaines de ces territoires.  Il a rappelé que les puissances administrantes devaient également payer des compensations pour les conséquences économiques, sociales et culturelles de leur occupation. 

Le représentant a par ailleurs souligné l’importance des missions de visite du Comité spécial des vingt-quatre, appelant toutes les puissantes administrantes à coopérer pleinement avec le Comité pour les faciliter. 

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCÍA (Costa Rica) a déclaré que la décolonisation avait été un des premiers succès des Nations Unies, se disant toutefois déçu que 17 territoires ne puissent toujours pas exercer leur droit à l’autodétermination.  Il s’est cependant dit confiant dans les capacités du Comité spécial de la décolonisation à mettre en pratique les mesures pour la période 2011-2020, saluant notamment l’importance des séminaires régionaux et des visites, qui permettent, selon lui, de mieux analyser les situations.  Il a rappelé que le Costa Rica avait exprimé sa position sur les « îles Malvinas », les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés.  Plusieurs résolutions de l’ONU appuient ce droit, ainsi que des organisations comme la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et l’Organisation latino-américaine de l’énergie (OLADE), a rappelé le représentant.  M. Mendoza García a souhaité que les parties entament des négociations pour trouver une solution pacifique et durable à ce différend, se félicitant du début prochain de l’enquête sur les dépouilles de soldats argentins non identifiés qui se trouvent dans le cimetière de Darwin, et dont la demande, a-t-il relevé, remonte à 2012.  Il s’est également félicité de l’amélioration des rapports bilatéraux entre les deux parties. 

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a loué le travail accompli par le Comité spécial des Vingt-Quatre, saluant notamment les efforts déployés pour « codifier la doctrine de l’Assemblée générale sur la décolonisation ».  Il a ensuite déploré que 17 territoires non autonomes vivent encore sans plein exercice du droit à l’autodétermination, dont la plupart se trouve dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes.  Il a reconnu qu’il s’agit d’une question complexe qui exige la prise en considération de la population d’origine, de celle issue de l’action coloniale et des intérêts de la puissance administrante.  M. Arriola Ramírez a jugé que parler d’une puissance administrante au XXIe siècle relevait de l’anachronisme, mais que cela faisait bien partie d’une réalité de notre temps et non pas du passé.  Il a en revanche observé que le processus de décolonisation avait abouti à des résultats visibles et que la volonté politique des gouvernements jouait un rôle fondamental.  Il a signalé que dans les processus de décolonisation, les résolutions 1514 et 1541 de l’Assemblée générale étaient les instruments les plus idoines et transparents pour progresser vers le plein exercice de la souveraineté.

Le Paraguay a réaffirmé par ailleurs sa position traditionnelle relative aux « îles Malvinas » et espéré que les Gouvernements argentin et britannique reprendront les négociations de sorte à arriver à une solution pacifique. 

Mme WILLIAMS (Grenade) a salué les efforts déployés pour mettre fin au colonialisme.  Elle a dit appuyer le processus politique visant à trouver un accord politique et durable à la question du Sahara occidental, se félicitant par ailleurs de la nomination d’un nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  Rappelant la résolution 2351 du Conseil de sécurité, elle a souligné l’importance d’une coopération renforcée et salué les élections législatives organisées au Maroc et au Sahara occidental en septembre et octobre 2016.  Elle a conclu en insistant sur l’importance des résolutions du Conseil de sécurité qui appellent notamment à aider les réfugiés sahraouis qui vivent dans des camps. 

M. CRISTÍAN BARROS MELET (Chili) a indiqué qu’en 55 années, plus de 63 territoires qui se trouvaient dans une situation de dépendance coloniale avaient obtenu leur indépendance et recouvré leur souveraineté et dignité, pour devenir des États Membres de l’ONU, disposant des mêmes droits et obligations au regard du droit international.  Cela est une preuve tangible du travail abattu au cours de ces années, a-t-il estimé, tout en exhortant les puissances qui administrent les 17 territoires non autonomes restant à prendre les mesures qui s’imposent pour leur rapide décolonisation, conformément à l’Article 73 de la Charte. 

M. Barros Melet a ensuite réaffirmé l’appui du Chili aux droits légitimes de l’Argentine sur les « îles Malvinas », les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes les entourant.  Il a exhorté les deux parties, Argentine et Royaume-Uni, à relancer les négociations entre elles dans les meilleurs délais.  À cet égard, il a appuyé la résolution 2065 et les appels du Secrétaire général pour persévérer dans ses efforts de mission de bons offices dans cette optique.  Il a enfin salué le Département de l’information de l’ONU pour la divulgation du travail du Comité des Vingt-Quatre, et appuyé les appels visant au maintien d’une page électronique sur la décolonisation dans les six langues officielles aux fins de mettre en valeur le travail des Nations Unies sur un « sujet structurel important » pour la communauté internationale.    

M. JORGE SKINNER-KLÉE (Guatemala) a rappelé que le différend qui oppose l’Argentine au Royaume-Uni sur la question des « îles Malvinas » dure depuis 50 ans.  Il s’agit d’une situation coloniale spéciale car elle a des caractéristiques qui la distinguent des autres, a-t-il ajouté, expliquant que l’intégrité de l’Argentine avait été violée en 1833 suite à l’occupation forcée d’une partie de son territoire.  Depuis lors, a-t-il affirmé, on a empêché la présence des Argentins sur l’île qui a été peuplée par la puissance occupante.  Il a rappelé l’importance de la résolution 1514 sur l’intégrité territoriale et la résolution 2065 qui se réfère spécifiquement aux « îles Malvinas ».  Le Guatemala salue la bonne volonté affichée par l’Argentine afin de résoudre le différend par la voie du dialogue et appelle le Royaume-Uni à se joindre à ces efforts.  Concernant le Sahara occidental, le représentant a renouvelé son appui au Secrétaire général et à son Envoyé personnel dans la recherche d’une solution juste et acceptable qui tienne compte des efforts réalisés depuis 2006.  Une solution est nécessaire, non seulement pour le Sahara occidental mais aussi pour la stabilité de toute la région du Maghreb, a-t-il indiqué. 

M. DRIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que la question de la décolonisation restait d’une importance fondamentale et a reconnu les efforts sans relâche déployés pour y mettre fin depuis l’adoption de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Le représentant a salué les initiatives prises par le Comité spécial des Vingt-Quatre, notamment les missions de visites, l’organisation de séminaires régionaux annuels et la semaine de la solidarité pour les peuples des territoires non autonomes.  Il a également exhorté tous les organismes des Nations Unies à continuer d’apporter une assistance technique aux populations des territoires non autonomes touchés par des catastrophes naturelles. 

M. Djani a appelé à poursuivre le processus de décolonisation, appelant à une coopération intense et continue entre les puissances administrantes et les territoires non autonomes.  Le représentant a ensuite souligné que toute tentative visant à empiéter sur l’unité territoriale d’un pays était incompatible avec les objectifs des Nations Unies.  Il a indiqué qu’en matière de décolonisation, il n’existe pas d’approche taille unique ou de recette miracle et qu’il importe de procéder au cas par cas.  Il a appelé à un dialogue sincère entre les parties, dans le cadre des Nations Unies. 

Mme LOIS MICHELE YOUNG (Belize) a indiqué que 50% des États Membres de l’ONU avaient obtenu leur indépendance grâce à la lutte de leur peuple et l’appui de l’ONU, y compris le Belize qui a acquis son indépendance le 21 septembre 1981 et été admis comme Membre des Nations Unies le 25 septembre suivant.  À ses yeux, cependant, la tâche de la décolonisation n’est pas achevée.  « Très proches de chez nous, les territoires non indépendants des Caraïbes doivent nous rappeler qu’il reste du chemin à faire », a-t-elle lâché.  Elle a assuré les habitants de ces territoires d’une place au sein de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), précisant que quand les ouragans Irma et Maria ont dévasté les Antilles, les îles Turques-et-Caïques ou encore les îles Vierges, l’agence de gestion des situations d’urgence en cas de catastrophe de la CARICOM était sur le terrain pour leur apporter de l’aide, versant notamment 21,5 millions de dollars à Anguilla et aux îles Turques et Caïques.

Mme Young a ensuite déploré le « traitement palliatif » accordé par l’ONU à la question du Sahara occidental, dénonçant notamment qu’un référendum avait été promis il y 25 ans au peuple sahraoui, en échange de quoi ce dernier avait accepté un cessez-le-feu.  Elle a ensuite salué la nomination de M. Horst Köhler en tant qu’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) s’est félicité de la nomination de l’ancien Président de l’Allemagne, M. Horst Köhler, en tant qu’Envoyé personnel du Secrétaire général au Sahara occidental, espérant que grâce à l’expérience et à la vision de ce dernier, le problème sera réglé une bonne fois pour toutes.  Il a également estimé que le retour du Maroc dans l’Union africaine devrait aider à trouver une solution.

M. Gertze a ensuite rappelé que la Namibie avait obtenu son indépendance suite à l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 435, le 22 décembre 1988.  « En tant qu’ancienne colonie d’Afrique du Sud qui a fait l’expérience réussie d’un référendum sur son indépendance encadrée par l’ONU, nous avons du mal à comprendre comment un pays africain pourrait aujourd’hui refuser de mettre en œuvre une résolution des Nations Unies qu’il a approuvée par le passé », a-t-il fait mine de s’interroger.  À ce titre, la Namibie appelle le Gouvernement marocain à mettre en œuvre l’accord permettant la tenue d’un référendum sur l’indépendance du Sahara occidental. 

À ses yeux, l’Afrique sera bénéficiaire de cette décision, précisant que ces bénéfices seront aussi bien économiques que sociopolitiques.  Il a également estimé que le départ de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) devrait faire baisser grandement le risque de radicalisation, « donc de guerre », dans cette région.  Par ricochets, nous devrions également assister à des avancées majeures dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-il ajouté.

M. DOUGLAS NICOMEDES ARCIA VIVAS (Venezuela) a commencé par exprimer sa solidarité avec les pays des Caraïbes et le Mexique, affectés par de récentes catastrophes naturelles.  Constatant ensuite qu’il ne reste plus que trois ans avant la fin de la troisième Décennie internationale pour l’élimination du colonialisme (2011-2020), il a invité à agir d’urgence pour résoudre la situation des 17 territoires non autonomes qui figurent encore sur la liste des Nations Unies, et garantir que les peuples desdits territoires aient accès aux outils leur permettant de manifester librement leur volonté concernant les options d’autodétermination, notamment l’indépendance, en procédant au cas par cas.  Il a également recommandé que la Commission de la décolonisation intensifie ses efforts visant à la pleine application de la résolution 1514 (XV) sur l’octroi de l’indépendance des pays et peuples coloniaux, de sorte à accélérer la fin des processus de décolonisation. 

Le représentant s’est ensuite préoccupé des difficultés économiques et sociales que traverse le peuple de Porto Rico, aggravées par les mesures fiscales imposées et par les dégâts occasionnés par les ouragans qui ont récemment secoué l’île.  Il a cependant salué la libération, à l’issue de 36 années d’incarcération, de M. Oscar López Rivera, tout en faisant remarquer que le statut politique de Porto Rico est maintenu dans une situation de tutelle « honteuse » qui limite sérieusement ses capacités de développement actuelles et futures.  Le Venezuela a donc appelé le Gouvernement américain à répondre aux doléances légitimes du peuple portoricain en vue du plein exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  Il a également appuyé le droit de l’Argentine face à l’occupation des « îles Malvinas », des îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud ainsi que les eaux avoisinantes.  De la même façon, il a réitéré sa profonde solidarité et son engagement en faveur de l’autodétermination et l’indépendance du peuple du Sahara occidental.   

M. MAX HUFANEN RAI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a indiqué que l’attention de son pays allait en priorité à la Nouvelle-Calédonie, Tokélaou et la Polynésie française.  Il a constaté que la Nouvelle-Calédonie se trouve à une étape critique, puisqu’en vertu de l’Accord de Nouméa, un référendum sur l’autodétermination se tiendra en 2018, après 165 ans de colonialisme.  Il a demandé à la puissance administrante de répondre aux préoccupations relatives au processus électoral, particulièrement concernant la liste électorale spéciale.  Il a salué la bonne volonté dont ont fait preuve toutes les parties prenantes, s’inquiétant toutefois de l’exclusion d’un segment non négligeable de la population de Nouvelle-Calédonie du processus électoral.  Il a appelé à établir un processus électoral juste et transparent, afin que les résultats du référendum soient respectés par la population. 

Concernant la Polynésie française, le représentant a appelé les représentants des deux parties qui s’opposent à continuer d’entretenir un dialogue pacifique, citant notamment M. Fritch, qui veut que la Polynésie française soit retirée de la liste des territoires non autonomes, et M. Oscar Temaru, qui souhaite que ce territoire soit maintenu sur cette même liste.  Toutes les actions entreprises par le Comité spécial de la décolonisation et la Quatrième Commission doivent respecter la volonté des Polynésiens français, a-t-il également insisté.  Sur la question de Tokélaou, M. Rai s’est réjoui des développements positifs récents, y voyant un cas exemplaire de la manière dont la décolonisation doit se mettre en œuvre.  Enfin, sur la situation du Sahara occidental, le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée s’est réjoui des progrès constructifs résultant des efforts du Secrétaire général, et de la nomination de M. Horst Köhler comme Envoyé personnel du Secrétaire général au Sahara occidental.  Il a indiqué que son pays appréciait la solution d’autonomie proposée par le Maroc, car elle est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité.  Il a aussi noté l’investissement de 7,718 milliards de dollars réalisés par ce pays au Sahara occidental, ce qui crée des opportunités économiques pour la région.  Enfin, il a demandé à ce que les réfugiés du camp Tindouf soient enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, conformément aux recommandations du Secrétaire général et des résolutions du Conseil de sécurité.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a présenté ses condoléances aux victimes des ouragans qui ont frappé les Caraïbes, et a demandé aux puissances administrantes concernées d’apporter l’aide urgente nécessaire et de participer aux travaux de reconstruction.  Il a également présenté ses condoléances au peuple du Mexique.  Pour le représentant, l’année dernière a été marquée par deux moments significatifs.  D’abord, le message envoyé par le Secrétaire général qui a rappelé son engagement en faveur du processus de décolonisation.  Ensuite, la visite de l’indépendantiste portoricain Oscar López Rivera au Comité spécial de la décolonisation, après 36 ans passé en prison aux États-Unis.  Il a ensuite mentionné la Palestine « occupée, assiégée ».  Concernant le Sahara occidental, il a indiqué son appui aux efforts du Secrétaire général et de son Envoyé personnel pour parvenir à une solution mutuellement acceptable entre toutes les parties, conformément à la résolution 1514.  M. Rivero Rosario a aussi fait part de sa solidarité avec l’Argentine dans son conflit de souveraineté avec le Royaume-Uni concernant les « îles Malvinas », les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes attenants.  Il a appelé à une solution juste et rapide qui prend en compte l’intégrité territoriale de l’Argentine et s’est opposé « aux actes unilatéraux qui apportent des modifications à la situation de ces îles ».

Voilà bientôt 117 ans que Porto Rico est sous le joug colonial, a poursuivi le représentant, ajoutant que cette situation a été examinée pendant 40 ans par l’Assemblée générale.  Il a exhorté le Gouvernement des États-Unis à accélérer un processus qui permette au peuple portoricain d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination.  Le Comité de supervision budgétaire imposé par le Gouvernement américain empêche le Gouvernement portoricain de prendre des décisions sur son propre budget, les questions fiscales et autres, a dénoncé M. Rivero Rosario.  Il a ensuite déploré la situation humanitaire dramatique suite au passage du l’ouragan Maria et la réponse « indigne » apporté par le « gouvernement colonial ».  Il a ensuite rappelé rappeler que la révolution cubaine a toujours maintenu un engagement et une solidarité vis-à-vis des peuples colonisés, sur le principe de « la patrie, c’est l’humanité », et que son pays avait partagé ce qu’il pouvait malgré le « blocus brutal » qu’il subit.  Des centaines de jeunes sahraouis ont ainsi étudié à Cuba, a-t-il notamment fait savoir.

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur) a rappelé que les Nations Unies essayent d’en finir avec le fléau de la colonisation, « qui va à l’encontre des droits de l’homme », depuis 30 ans.  « Trente ans et nous lançons toujours des appels aux puissances administrantes », a-t-il déploré, rappelant que le processus de décolonisation repose sur le respect de l’intégrité territoriale et du droit inaliénable à l’autodétermination.  Il a également souligné l’importance de « toujours procéder au cas par cas ». 

Abordant la question des « iles Malvinas », le représentant a souligné que c’était un cas particulier, appelant à trouver une solution pacifique au différend.  Il a réitéré son appui aux demandes légitimes de l’Argentine sur ce territoire ainsi que sur les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud.  À propos du Sahara occidental, il a rappelé les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, exhortant les parties à poursuivre les négociations menées sous les bons hospices du Secrétaire général des Nations Unies afin de parvenir à une solution pacifique, permettant de respecter le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui.  Il a salué la nomination du nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.

Poursuivant sur le « cas emblématique » de Porto Rico, M. Morejón Pazmiño s’est félicité de l’adoption d’une résolution par le Comité spécial des Vingt-Quatre rappelant le caractère inaliénable du droit à l’autodétermination de Porto Rico, engageant par ailleurs le Secrétaire général à faire accélérer le processus. 

Enfin, à propos de Gibraltar, il a rappelé la proposition de l’Espagne pour une cosouveraineté, la qualifiant « d’étape importante ».  « Nous appuierons toute négociations constructives pouvant faire avancer les intérêts communs », a-t-il insisté.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a souligné que la mise en œuvre des objectifs de développement durable devait inclure tous ceux qui vivent sous le joug colonial.  Il a rappelé que son pays avait lutté pendant des années pour sa libération et qu’il soutenait donc la lutte des territoires non autonomes dans leur droit à l’autodétermination.  La moitié de ces territoires, dont Porto Rico et les « îles Malvinas », se trouve dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, a-t-il souligné.  M. Hermida Castillo a salué le rapprochement entre le Royaume-Uni et l’Argentine sur la question des « îles Malvinas ».  Il a réaffirmé son appui à l’Argentine dans ce différend et a demandé au Royaume-Uni de respecter les résolutions des Nations Unies.  Il a poursuivi avec Porto Rico, une île « caribéenne et latino-américaine », durement frappée par les ouragans et dont la situation coloniale doit être résolue.  Pour lui, c’est une urgence, compte tenu du manque d’options de ce territoire face aux catastrophes naturelles et de la dette énorme qui paralyse son développement.  Il a ensuite regretté que la situation au Sahara occidental perdure depuis 40 ans et a partagé son espoir de voir le dialogue entre les parties reprendre au plus vite, avertissant qu’une reprise des hostilités seraient « catastrophiques ». 

La représentante du Royaume-Uni a souhaité exercer son droit de réponse concernant les déclarations du Brésil, de l’Équateur et d’autres pays d’Amérique du Sud sur les îles Falkland.  Les peuples ont le droit de déterminer eux-mêmes leur souveraineté, a argué la représentante en faisant référence au référendum de 2013, à l’issue duquel 99% de la population de l’île a indiqué qu’elle souhaitait rester un territoire du Royaume-Uni.  Pour elle, cela montre que le peuple ne veut pas de dialogue sur la souveraineté.  L’Argentine continue à refuser ce droit humain qui appartient au peuple des « îles Falkland », ce qui va à l’encontre de la Charte des Nations Unies, a dénoncé la représentante qui a souligné qu’aucune population autochtone n’avait été exclue de ce territoire.  Le Royaume-Uni a expulsé la garnison argentine qui s’était installée en 1833, et la revendication de l’Argentine sur son intégrité territoriale n’a aucun fondement historique, d’autant plus que la souveraineté du Royaume-Uni sur ces îles remonte à 1756, alors que l’Argentine n’existait pas encore.  Elle a également précisé que les civils avaient migré librement. 

S’agissant de la question de Gibraltar, en réponse à l’Équateur, la représentante a affirmé que la population ne souhaitait pas de négociations sur la souveraineté de Gibraltar et que le Royaume-Uni était très engagé dans la prospérité et le développement de ce territoire.  Elle a estimé que des relations constructives avec l’Espagne au niveau régional permettraient d’améliorer son intégration régionale. 

À son tour, le représentant de l’Argentine a affirmé que les îles Malvinas, les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud faisaient partie intégrante du territoire argentin, rappelant que « l’occupation illégale » avait mené à l’adoption de neuf résolutions de l’Assemblée générale demandant la reprise du dialogue pour une solution pacifique et durable.  « Nous déplorons les tergiversations de la Grande-Bretagne pour dissimuler l’acte d’usurpation de 1833, l’invasion britannique », a-t-il encore déclaré, avant de souligner l’engagement pris par les deux pays de parvenir à une solution négociée.  Il a invité la Grande-Bretagne à reprendre les négociations pour trouver une solution juste et définitive, avant de qualifier le référendum de 2016 « d’illégitime », y voyant un « acte unilatéral mis en place par des Britanniques pour demander à des Britanniques s’ils veulent rester Britanniques ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: la Première Commission appelée à contribuer à la création d’un monde sans armes nucléaires

Soixante-douzième session,
2e séance – matin
AG/DSI/3571

Désarmement: la Première Commission appelée à contribuer à la création d’un monde sans armes nucléaires

La Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a donné, ce matin, le coup d’envoi du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) en exhortant les délégations à contribuer à la prévention des conflits, « une mission à l’origine même de la création de l’ONU ». 

Au préalable, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, avait affirmé que la Première Commission pouvait faire avancer la cause de la paix en répondant aux aspirations des peuples à la stabilité et la sécurité.  « Vos travaux, a-t-il lancé, doivent aider à prévenir l’escalade des tensions et à désamorcer les crises globales actuelles qui défraient la chronique. » 

Les délégations ont entendu ces remarques et souscrit à la nécessité d’un renforcement des mesures de désarmement et de non-prolifération des armes nucléaires et classiques.  En écho aux propos de la Haut-Représentante et du Président de l’Assemblée générale, de nombreux États Membres ont notamment salué l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  À cet égard, l’Indonésie, au nom du Mouvement des non-alignés, a demandé la tenue d’une conférence de haut niveau sur le désarmement en 2018 pour exhorter les État dotés d’armes nucléaires à respecter leurs obligations en matière d’élimination totale de ces armes.  Le stock mondial actuel est constitué à environ 15 000 têtes nucléaires, a-t-il notamment été rappelé. 

Dans son intervention, Mme Nakamitsu a en outre vivement condamné les récents essais nucléaires et balistiques conduits par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  « Ces déclarations et ces essais sont inqualifiables et injustifiables », a-t-elle martelé, en indiquant que les populations de la région vivaient dans l’angoisse « que l’histoire se répète ».  Elle a insisté sur le fait qu’un règlement global de la crise dans la péninsule coréenne passait uniquement par l’atteinte d’une solution diplomatique négociée, un appel auquel ont largement souscrit les délégations.  « La menace d’une destruction nucléaire dans la région est en soi une entrave à la réalisation du développement durable », s’est en outre inquiétée la Haut-Représentante.

Qualifiant les agissements de la RPDC de « violations inacceptables des résolutions du Conseil de sécurité », le représentant de l’Union européenne a jugé, pour sa part, que les récents événements dans la péninsule coréenne soulignaient l’importance d’une entrée en vigueur « sans délai » du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  Il a également annoncé que l’UE préparait d’autres sanctions « destinées à permettre la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne par des moyens diplomatiques ». 

Concernant le dossier nucléaire iranien, le représentant de l’UE a demandé instamment à la République islamique d’Iran d’honorer tous ses engagements au titre du Plan d’action global commun et à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  « La ratification par l’Iran du Protocole additionnel de l’AIEA est essentielle », a-t-il notamment insisté, avant d’exhorter ce pays à mettre fin à toutes ses activités balistiques. 

La crise syrienne a également été largement commentée au cours de cette première journée de débat.  L’Union européenne a encouragé le Mécanisme d’enquête conjoint de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et de l’ONU sur l’utilisation de produits chimiques comme armes en République arable syrienne à identifier rapidement les auteurs de l’attaque au gaz sarin commis le 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun, en Syrie.  Pour sa part, le Chili a réclamé l’universalisation de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction.  Ce pays devrait soumettre un projet de résolution sur ce point.

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a rejeté les conclusions des rapports de l’ONU incriminant son pays, clamant que la Syrie « s’est toujours pliée de bonne grâce aux demandes du Conseil de sécurité et des différentes commissions ».  Il a également signalé que la Syrie informait régulièrement l’ONU de la possession, « par les groupes terroristes du Front el-Nosra et de l’EIIL, de substances chimiques toxiques dont ils se servent contre les civils et les militaires en Syrie ».

En ce qui concerne la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC), la représentante de Trinité-et-Tobago, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a plaidé pour le renforcement du processus du Programme d’action de l’ONU sur les ALPC lors de la Conférence d’examen qui se tiendra en 2018.  « Le rôle des femmes dans la prévention de la violence armée et le combat contre la prolifération des ALPC devra être réaffirmé », a-t-elle également souhaité. 

À son instar, le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, a plaidé pour une mise en œuvre « équilibrée et objective » du Traité sur le commerce des armes de manière à protéger les intérêts de l’ensemble des États, « et pas seulement les principaux États producteurs et exportateurs ».  Ce dernier s’est notamment inquiété de l’accumulation excessive et de la diffusion incontrôlée des armes légères en Afrique.

La Première Commission poursuivra demain, mardi 3 octobre, son débat général sur tous les points à l’ordre du jour relatifs au désarmement et à la sécurité internationale, à partir de 10 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM, Président de la Première Commission, a tout d’abord présenté ses condoléances aux États-Unis et aux victimes de la fusillade à Las Vegas.  Il a ensuite rappelé que, depuis 1946, l’ONU s’est emparée de la question de l’énergie atomique et de ses conséquences potentiellement néfastes, se félicitant du fait qu’en juillet dernier, 122 pays avaient voté en faveur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  L’interdiction de l’arme nucléaire, a-t-il souligné, est la seule solution pour garantir la non-utilisation de ces armes.  Il a appelé au respect scrupuleux des normes et traités en la matière, et exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre au plus vite l’interdiction totale des essais nucléaires.  Évoquant la célébration du cinquantième anniversaire du Comité des Nations Unies pour l’utilisation pacifique de l’espace extra-atmosphérique, ainsi que l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement depuis deux décennies, il a estimé le moment idéal, pour les États Membres, de redoubler d’efforts.  « Les dangers en mutation des armes nucléaires sont une entrave aux progrès de l’humanité », a-t-il averti.

Le Président de la Première Commission s’est en outre préoccupé du commerce illicite des armes légères et de leurs munitions, un phénomène qui promeut la violence et qui présente un très grave danger pour le monde.  Il a souligné que l’interdiction des armes de petit calibre est un moyen efficace d’amener les pays sur la voie du développement durable.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a affirmé que la Première Commission possédait un potentiel réel en vue de « faire la différence sur le terrain » et faire avancer la cause de la paix.  Les peuples veulent la stabilité et la sécurité, a-t-il ainsi dit, ajoutant que la Commission pouvait contribuer, par ses résolutions et débats, à répondre aux défis liés au désarmement, à la non-prolifération et au contrôle des armes.  Vos travaux, a-t-il lancé, doivent aider à prévenir l’escalade des tensions et à désamorcer les crises globales actuelles qui défraient la chronique.  M. Lajčák a notamment insisté sur le rôle que joue la Première Commission en matière de prévention, et a d’ailleurs demandé aux délégations d’en faire une priorité pendant cette session.  Pour que la paix soit durable, a-t-il souligné, il est essentiel que nous œuvrions ensemble au renforcement des mesures de désarmement et de non-prolifération des armes, qu’elles soient classiques ou nucléaires.

Le Président de l’Assemblée générale a reconnu que les discussions en matière de désarmement étaient difficiles car touchant directement aux questions sensibles de sécurité nationale des États.  Il a néanmoins salué les progrès enregistrés en 2017, année marquée notamment par l’adoption et l’ouverture à la signature du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a également noté avec satisfaction que les délégations de la Commission du désarmement étaient parvenues à s’entendre sur des recommandations à soumettre à l’Assemblée générale.  Pour autant, M. Lajčák a déploré qu’en 2016, près de deux mille milliards de dollars aient été consacrés aux dépenses militaires dans le monde, et ce, alors que des millions d’êtres humains vivent dans la pauvreté, n’ont pas accès aux services publics de base et souffrent de la faim.  M. Lajčák a engagé les États Membres à redoubler d’efforts et faire montre à la fois de courage et de souplesse pour faire avancer « concrètement » la cause de la paix et du développement durable.  Soyons constructifs et capables d’apporter des solutions qui changeront positivement la vie des gens que nous représentons ici, a-t-il exhorté.

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, a condamné d’emblée les rhétoriques incendiaires et les récents essais nucléaires et balistiques conduits par la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  Ces déclarations et ces essais sont inqualifiables et injustifiables, a-t-elle martelé en faisant siennes les condamnations du Secrétaire général.  Mme Nakamitsu a assuré que les peuples de la région, « y compris celui de mon pays », vivaient depuis des mois dans l’angoisse et la peur « que l’histoire se répète ».  Elle a insisté sur le fait qu’un règlement global et durable de la crise dans la péninsule coréenne passait nécessairement par l’atteinte d’une solution diplomatique négociée.  La menace d’une destruction nucléaire dans la région est en soi une entrave à la réalisation du développement durable, a–t-elle poursuivi, en invitant instamment les délégations de la Première Commission à promouvoir le programme onusien de désarmement. 

La Haut-Représentante a ensuite constaté que si les normes en vigueur restent viables, elles doivent néanmoins être renforcées pour éviter d’être trop facilement contestées et bafouées.  Elle a ainsi demandé aux délégations de faire preuve d’inventivité et de souplesse pour redonner aux peuples l’espoir dans des domaines aussi importants pour eux que le contrôle des armes classiques et la protection des civils pendant les conflits armés.  Le désarmement est un instrument de prévention des conflits, une mission à l’origine même de la création de l’ONU, a encore noté la Haut-Représentant.  À son tour, elle a salué l’adoption, cet été, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et souhaité que les cycles d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) soient l’occasion de réfléchir aux moyens de mettre en œuvre les engagements déjà pris au titre dudit traité.  Elle a par ailleurs souligné que l’accord sur le nucléaire iranien, basé sur le principe de la responsabilité partagée, devait servir de modèle aux mesures destinées à appuyer la résolution d’autres défis sécuritaires émergents.  À cet égard, elle a mentionné la lutte contre l’utilisation d’armes chimiques, dans le cadre du conflit syrien, ainsi que la prolifération des agents explosifs improvisés, l’accumulation excessive de munitions d’armes légères et de petit calibre (ALPC) ou encore l’utilisation de drones et du cyberespace à des fins militaires.

Cette session de la Première Commission nous place à la croisée des chemins, a estimé Mme Nakamitsu, qui a souligné la nécessité que les délégations progressent lors de leurs délibérations sur le contrôle des applications militaires et civiles de l’intelligence artificielle et la création d’un espace extra-atmosphérique exempt d’armes de destruction massive.  Constatant par ailleurs que le programme de travail de la Première Commission était plus chargé que jamais, signe, selon elle, que les actions n’ont pas été assez rapides jusqu’à présent, elle a encouragé les États Membres à explorer les moyens d’insuffler un dynamisme nouveau aux travaux de la Commission.

S’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a réaffirmé le caractère prioritaire du désarmement nucléaire, déplorant qu’il se trouve aujourd’hui dans une impasse alarmante, en raison de l’absence de progrès des État dotés d’armes nucléaires.  Elle a déploré que ces États poursuivent la modernisation de leurs arsenaux, estimant que l’approche par étape adoptée n’avait pas produit de progrès concrets en vue de l’élimination totale de ces engins.

Elle a ensuite salué l’adoption, le 7 juillet, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, appelant à son entrée en vigueur.  Elle a également réitéré le soutien du Mouvement des non-alignés à la tenue d’une conférence de haut niveau sur le désarmement en 2018, engageant les État dotés d’armes nucléaires de se conformer de manière urgente et complète à leurs obligations légales d’élimination totales des armes nucléaires et de renoncer à toute modernisation de leurs arsenaux. 

Elle a aussi réaffirmé le besoin urgent de conclure un instrument juridiquement contraignant, inconditionnel et non discriminatoire pour s’assurer que les États non dotés d’armes nucléaires ne soient pas l’objet de menace d’usage ou d’usage d’armes nucléaires.

La représentante a déploré l’échec de la neuvième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, déplorant qu’elle n’ait pu adopter un document final, en dépit des efforts déployés par les États du Mouvement des non-alignés.

La représentante a par ailleurs déploré l’absence de consensus et de nouvelles mesures concernant l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelant notamment Israël à renoncer à son arsenal nucléaire et à rejoindre le TNP. 

Rappelant le droit inaliénable des États à développer, produire et utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, la représentante a salué la conclusion des négociations autour du programme nucléaire de la République islamique d’Iran.  Elle a fermement rejeté toute limitation ou restriction pouvant être imposée à un pays en développement, soulignant l’importance de la coopération avec l’AIEA.

Poursuivant, la représentante a déploré l’absence d’un système efficace de vérification de la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques appelant à des négociations pour l’établissement d’un tel protocole. 

Rappelant la profonde préoccupation du Mouvement des non-alignés quant à la prolifération des armes légères et de petit calibre, la représentante a appelé les États à s’assurer que de telles armes soient exclusivement destinées à des États.  Elle a également demandé la mise en œuvre complète du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et de l’Instrument de traçage.

À propos des missiles balistiques et de la militarisation de l’espace atmosphérique, elle a souhaité que la Conférence du désarmement se penche en priorité sur la mise en place d’un instrument juridique international empêchant une course aux armements dans l’espace.  Abordant également la question des systèmes d’armes létaux autonomes, elle a appelé à la création d’un groupe d’expert sur le sujet, dans le cadre de la Convention sur les armes inhumaines.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a réaffirmé l’engagement de l’ASEAN en faveur de la vision d’un monde sans armes nucléaires, soulignant que seule l’interdiction totale des armes nucléaires sera la garantie contre leur non-utilisation.

Rappelant que l’Asie du Sud-Est est une zone exempte d’armes nucléaires, conformément au Traité de Bangkok, voté il y a 20 ans, il a confirmé l’engagement de l’ASEAN à prolonger les termes de ce traité pendant la période 2018-2022.  À cet égard, le représentant s’est félicité de l’adoption, le 7 juillet dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  « Avec le TICE, ce traité s’affirme comme une mesure essentielle pour aboutir à un monde sans armement atomique », s’est-il félicité.  Il s’est en revanche inquiété des tensions dans la péninsule coréenne et a réitéré l’appel de l’ASEAN à la dénucléarisation de cette région.  Le représentant a néanmoins souligné l’attachement de l’Association au droit inaliénable des nations à accéder au nucléaire civil pour appuyer leur développement économique et social.

Le délégué a ensuite indiqué que les nations d’Asie du Sud-Est promeuvent actuellement la coopération pour renforcer la cybersécurité et attendent avec impatience, par ailleurs, la prochaine réunion des États parties à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.  D’une façon générale, si l’ASEAN reconnaît le droit à la détention et l’utilisation d’armes classiques pour garantir la sécurité des pays, elle dénonce le commerce illicite de ces armes et tente de le contrôler au niveau régional.  « Nous reconnaissons le droit légitime à la sécurité, mais ça ne doit pas se faire au détriment de la sécurité des autres », a résumé le représentant.

M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE (Nigéria), au nom du Groupe des États d’Afrique, a salué l’adoption du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et a appelé à prendre des mesures plus concrètes pour atteindre l’objectif du désarmement nucléaire.  « Le moment est venu d’élever nos voix face à la lenteur et au manque de bonne volonté des États doté d’armes nucléaires », a-t-il affirmé. Évoquant la tenue prochaine, en 2020, de la Conférence des Parties chargée de l’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, il a appelé les États à faire preuve d’un engagement positif lors des réunions préparatoires.  Il a notamment insisté pour une pleine mise en œuvre, par les États dotés d’armes nucléaires, des engagements pris dans le contexte du TNP, soulignant que l’échec de la dernière conférence demeure gravé dans les mémoires.  Le représentant a réaffirmé l’attachement du Groupe des États d’Afrique au rôle central que jouent les zones exemptes d’armes nucléaires pour consolider le TNP.  Il a rappelé que le Traité de Pelindaba réaffirme le statut de l’Afrique comme zone exempte d’armes nucléaires, pour ensuite regretté l’échec à convoquer, en 2012, la conférence pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires.

M. Bande a ensuite estimé que les considérations humanitaires devaient sous-tendre toutes les délibérations concernant les armes nucléaires, citant notamment les conséquences humanitaires catastrophiques liées à leur emploi délibéré ou accidentel, notamment sur le plan de la santé, de l’environnement et de l’économie.  En la matière, le Groupe appuie fermement tous les efforts en faveur de l’élimination complète et appelant à délégitimer des armes nucléaires, à commencer par le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a également appelé les États doté de l’arme nucléaire à cesser de moderniser leurs arsenaux, exhortant par ailleurs à une adhésion universelle au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

Après s’être inquiété de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, le représentant a regretté que la Commission du désarmement n’ait pas été en mesure d’obtenir un consensus sur la question du désarmement nucléaire.  Il a ensuite appelé les États parties au Traité sur le commerce des armes à le mettre en œuvre de manière « équilibrée et objective » et de manière à protéger les intérêts de l’ensemble des États, « et pas seulement les principaux États producteurs et exportateurs ».  Il s’est inquiété du commerce et de la production illicite d’armes légères et de petit calibre, ainsi que de leur accumulation excessive et diffusion incontrôlée, en Afrique notamment.  Le représentant a ensuite salué les efforts déployés par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique pour renforcer son partenariat avec la Commission de l’Union africaine.  Il a aussi appelé à plus d’appui pour renforcer les efforts du Centre.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a repris les termes du Secrétaire général selon lesquels le monde actuel est « un monde en morceaux ».  Elle a indiqué que les 14 États membres de la CARICOM étaient très préoccupés par l’évolution de la situation dans la péninsule coréenne et la menace « réelle » d’une guerre nucléaire.  Pour de petits États insulaires en développement, les invectives sans ambiguïtés et la rhétorique incendiaire sont une source croissante d’inquiétude, a-t-elle signalé. Mme Beckles a également réaffirmé l’importance que revêt, pour les pays de la région, la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À cet égard, elle a insisté sur la contribution que peut apporter la Première Commission à cet effort, en particulier la mise en œuvre de certains objectifs de développement durable comme celui relatif à l’élimination de la violence contre les femmes et les filles.

D’autre part, la représentante a mis l’accent sur les initiatives régionales de la CARICOM, notamment la stratégie mise en œuvre par l’Office de la CARICOM chargé de la sécurité et de la lutte contre la criminalité pour combattre les conséquences multidimensionnelles du crime organisé.  Nos pays mettent l’accent sur le traçage des armes, leur collecte et leur destruction ainsi que sur la poursuite en justice des trafiquants et des usagers illégaux a-t-elle précisé.  Elle a ajouté que les États membres de la CARICOM conduisaient ces efforts dans le cadre multilatéral de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) et qu’ils souscrivaient unanimement aux principaux objectifs du Traité sur le commerce des armes pour réduire les souffrances humaines.  Pour que la mise en œuvre de ce traité soit couronnée de succès, il doit cependant être appliqué en toute bonne foi par l’ensemble des États Membres de l’ONU, à commencer par les pays fabricants, exportateurs et importateurs d’armes classiques, a encore insisté la représentante.

Appelant au renforcement du processus du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, lors de la Conférence d’examen qui se tiendra en 2018, elle a attiré l’attention sur l’importance de lutter plus efficacement contre la prolifération et l’accumulation excessive de munitions.  Le rôle des femmes dans la prévention de la violence armée et le combat contre la prolifération des ALPC devra être réaffirmé, a-t-elle aussi dit.  Enfin, elle a déclaré que le 7 juillet 2017 était un jour que personne n’oublierait: ce jour-là, a-t-elle rappelé, la majorité des États Membres a adopté le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et le Guyana, pays membre de la CARICOM fait partie des trois premiers signataires.

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen), au nom du Groupe des États arabes, a souligné que la paix et la sécurité ne sauraient se réaliser tant que subsisteront des armes nucléaires et autres armes de destruction massive.  Estimant que les moyens colossaux consacrés à ces arsenaux devraient être mis au service du développement, il a insisté pour que tous les États Membres honorent leurs engagements personnels et collectifs, soutenant que le cadre multilatéral de l’ONU était le meilleur moyen de parvenir à des résultats.

« Nous avons connu un développement historique avec l’adoption du premier outil juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires », s’est-il ensuite félicité, faisant référence au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Le représentant a notamment vu dans cet accord le moyen de colmater les brèches en classant les armes nucléaires au même rang que les autres armes de destruction massive. Il a également estimé que ce texte ne s’oppose pas au Traité sur la non-prolifération, mais le complète.

Le représentant s’est en revanche préoccupé de « l’échec persistant du désarmement nucléaire et de la mise en œuvre du Traité sur la non-prolifération (TNP) ».  À ses yeux, les États dotés de l’arme nucléaire se dérobent à leurs obligations en ne fournissant pas un calendrier précis de leur désarmement.  Il a notamment accusé Israël de ne pas vouloir adhérer au TNP et de refuser de soumettre ses installations nucléaires au régime d’inspection de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a appelé à prendre des mesures immédiates pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, tout en regrettant à de multiples reprises « l’atermoiement » de la communauté internationale sur cette question.  La création de ces zones est l’un des trois piliers du TNP dont l’importance ne saurait être sous-estimée, a-t-il souligné.

M. TORE HATTREM (Norvège), intervenant au nom du Groupe des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Suède et son propre pays), a appelé les pays à s’unir derrière le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, en dépit de la subsistance de désaccords, notamment en ce qui concerne le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Le représentant a aussi encouragé les États-Unis et la Russie à renouer le dialogue sur l’accord de désarmement New Start, qui doit arriver à terme en 2021.  Les pays nordiques ont aussi réaffirmé leur engagement vis-à-vis du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et ont demandé que soit négocié au plus vite un traité interdisant la production de matières fissiles pour « contenir toute course à l’armement dans le futur ».

Pour M. Hattrem, l’accord conclu avec la République islamique d’Iran prouve qu’il est possible d’atteindre des résultats importants grâce à la diplomatie, « même si le point de départ est difficile ».  Il a appelé à un renforcement de ces efforts, afin de contribuer à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive.  M. Hattrem a par ailleurs regretté que l’interdiction de l’utilisation d’armes chimiques ait été violée par le Gouvernement syrien et les terroristes de Daech, appelant l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et le Conseil de sécurité à se préoccuper avec sérieux de cette question.  À cet égard, il a aussi regretté les faibles résultats de la huitième Conférence sur la Convention de l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) ou à toxines et sur leur destruction.  Nous avons raté une opportunité en or, et si nous échouons à nouveau, nous courons le risque de marginaliser cet instrument multilatéral crucial, a-t-il déclaré en substance.

Poursuivant, M. Hattrem a fait savoir que la Norvège et le Danemark ont rejoint, cette année, le Comité sur les usages pacifiques de l’espace extra-atmosphérique.  Il a ensuite mis en évidence l’importance du Traité sur le commerce des armes, constatant que leur commerce illicite nourrit le terrorisme et le crime transnational organisé.  Le représentant s’est également longuement attardé sur le problème des mines, rappelant que depuis le vingtième anniversaire de l’adoption de Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, 51 millions de mines ont été détruites.  Le principal défi des prochaines années, a-t-il déclaré, est la prolifération d’engins artisanaux produits et activés par des agents non-étatiques.  Il a appelé à nettoyer les zones libérées de Syrie et d’Iraq afin d’assurer le retour des personnes déplacées.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique), au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, a indiqué qu’au cours des deux dernières décennies les membres de la Coalition, à savoir le Brésil, l’Égypte, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et son pays, avaient œuvré activement à la mise en œuvre de mesures « concrètes, transparentes et vérifiables » de désarmement nucléaire irréversible dans le cadre du TNP.  Il a toutefois déploré la lenteur des réponses apportées aux crises actuelles, signe selon lui d’un manque de volonté politique et de détermination des acteurs les plus importants de la sécurité internationale.  Il a appelé à une refonte des doctrines de sécurité à l’aune des études envisageant les conséquences humanitaires catastrophiques d’une détonation nucléaire, y compris accidentelle.  Dans ce contexte, il a estimé que le désarmement nucléaire était aussi bien un impératif moral qu’une véritable obligation juridique internationale.  Selon lui, la « présence illégitime » de quelque 15 000 armes nucléaires aggrave de fait la paix et la sécurité internationales et intensifie les tensions et les risques de conflit, sapant ainsi la réalisation des objectifs de développement durable.  Le représentant mexicain a en outre plaidé pour une réduction drastique des dépenses militaires et exhorté les États dotés de l’arme nucléaire à mettre en œuvre l’article VI du TNP relatif aux moyens à mettre en place pour parvenir au désarmement nucléaire sous tous ses aspects.  Pour M. Sandoval Mendiolea, le moyen le plus sûr de renforcer le régime de non-prolifération du TNP « reste encore de mettre pleinement en œuvre le Traité ».

M. JACEK BYLICA, de l’Union européenne (UE), a condamné fermement les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques conduits par la RPDC, qui représentent des violations inacceptables des multiples résolutions du Conseil de sécurité.  Il a estimé que les récents événements dans la péninsule coréenne soulignaient l’importance vitale d’une entrée en vigueur sans délai du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).  À ce titre, il a indiqué que l’UE saluait l’adoption de la résolution 2310 (2017) du Conseil de sécurité qui réaffirme le rôle central dudit traité, ainsi que l’adoption à l’unanimité de la résolution 2375 qui exhorte tous les États Membres à appliquer les sanctions contre la RPDC.  M. Bylica a ensuite annoncé que l’UE préparait d’autres sanctions destinées à permettre la dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la péninsule coréenne par des moyens diplomatiques. 

Concernant le dossier nucléaire iranien, le représentant de l’UE a demandé instamment à la République islamique d’Iran d’honorer tous ses engagements au titre du Plan d’action global commun et à coopérer activement et de manière transparente avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  La ratification par l’Iran du Protocole additionnel de l’AIEA est essentielle, a-t-il notamment insisté, avant d’exhorter ce pays à mettre fin à toutes ses activités en rapport avec des missiles balistiques vecteurs d’armes nucléaires.  Il a réitéré l’appui de l’UE au Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques, insistant par ailleurs sur le besoin d’accentuer les efforts multilatéraux pour mieux combattre la prolifération de missiles balistiques qui, s’est-il inquiété, déstabilise de nombreuses régions du monde.

S’agissant des armes chimiques, il a rappelé l’importance d’un plein respect de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, ainsi que sur le rôle vital que joue l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans sa mise en œuvre.  Il a condamné les attaques au gaz sarin commis le 4 avril 2017 à Khan Cheikhoun, en Syrie, et encouragé le Mécanisme d’enquête conjoint OIAC-ONU à identifier sans délais les auteurs de cet acte « abominable ».  L’UE appelle en outre tous les membres du Conseil de sécurité à soutenir la prorogation immédiate du mandat du Mécanisme afin d’envoyer un signal fort contre l’impunité, a renchéri M. Bylica.  Par ailleurs, il a appelé toutes les parties à sauvegarder le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire et à assurer la vérification de la poursuite de sa mise en œuvre. 

Intervenant en sa capacité nationale, M. SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a fermement condamné les agissements de la République populaire démocratique de Corée, jugeant que cette situation pose non seulement la question de l’efficacité du TNP et des Nations Unies, mais renforce aussi la nécessité du multilatéralisme.

Réfutant l’idée que la paix puisse être garantie par la menace des armes, notamment atomiques, il a dit sa satisfaction à voir la majorité de la communauté internationale favoriser la prévention des conflits pour assurer la stabilité du monde.  Il s’est aussi félicité de l’ouverture à la signature, le 20 septembre dernier, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, tout en regrettant que 20 ans après la signature du TICE, celui-ci ne soit toujours pas entré en vigueur.

S’agissant des autres armes de destruction massive, le représentant du Mexique a appelé la communauté internationale à appuyer les travaux du mécanisme d’enquête conjoint en Syrie.  Il a salué les accords conclus en matière d’armes classiques et de mines antipersonnel.  Notant que les armes légères sont la cause de la moitié des morts violentes sur la planète, il a appelé à faire du contrôle des transferts internationaux de ces armes une priorité.

Mme SUSANNE BAUMANN (Allemagne) a condamné les défis répétés au droit international de la RPDC, qu’elle a exhortée à renoncer à ces agissements « belliqueux » et à respecter les résolutions du Conseil de sécurité.  Elle a ensuite estimé que l’accord sur le nucléaire iranien démontrait que des solutions négociées dans le cadre du TNP « peuvent fonctionner », en particulier si, en l’occurrence, « l’Iran respecte cet accord et que nous évitons toute action susceptible d’en affaiblir la portée et la mise en œuvre ».  La représentante a également plaidé pour le renforcement du dispositif global de désarmement nucléaire existant.  Elle a ensuite invité les États possédant le plus grand nombre d’armes nucléaires à discuter plus avant des moyens à développer pour réduire à un rythme plus rapide la taille de leurs arsenaux.  Je suis convaincue que nous avons besoin d’engagement et d’unité autour des engagements existants, a-t-elle répété, notant l’importance d’une entrée en vigueur rapide du TICE et de la négociation de garanties négatives de sécurité juridiquement contraignantes.  De telles garanties formeraient un instrument précieux de non-prolifération sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires, a-t-elle considéré.  De plus, la représentante a jugé que le temps était venu pour la Première Commission de traiter « sérieusement » du contrôle des systèmes d’armes autonomes létaux « de plus en plus perfectionnés ».

Après avoir condamné les récents tests d’armes nucléaires et de missiles balistiques par la République populaire démocratique de Corée, M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a réaffirmé l’engagement de son pays vis-à-vis du désarmement et de la non-prolifération nucléaires, prenant pour exemple la signature, le 20 septembre dernier, par le Président chilien, du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Pour le Chili, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) reste cependant la pierre angulaire du système de désarmement, et le représentant a exhorté les pays possédant des armes nucléaires à remplir leurs obligations au titre de l’article VI de ce traité.  M. Barros Melet a également réclamé l’universalisation de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, pour demander ensuite à la communauté internationale de se pencher sur le problème du trafic des armes légères et de petit calibre.  « Ses effets destructeurs sont gigantesques pour des millions de gens et ont un effet direct sur le développement socioéconomique, les droits de l’homme et l’exacerbation des violences sexuelles et de genre », a-t-il notamment signalé.

M. Barros Melet a ensuite mis en évidence le rôle actif joué par son pays dans la promotion de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, présenté comme « un des meilleurs alliages entre le droit humanitaire international et le désarmement ».  En tant que Président de la quinzième réunion des États parties à cette convention, en 2016, le Chili indique avoir voulu renforcer cette relation vertueuse, avec, en ligne de mire, la volonté de parvenir à un monde débarrassé des mines antipersonnel d’ici à 2025.  M. Barros Melet a aussi parlé du vote, en juillet dernier, au Chili, d’une loi qui permet de fournir une assistance et une compensation aux victimes d’accidents causés par des mines antipersonnel ou des engins explosifs.

Exerçant son droit de réponse, le représentant de la République arabe syrienne a regretté certains propos de la Haut-Représentante pour les affaires de désarmement, lesquels, a-t-il estimé, anticipent les résultats de la commission chargée des travaux du mécanisme conjoint d’établissement des faits.  Il a dénoncé un moyen « inacceptable » pour faire pression sur l’organisme d’enquête et incriminer son pays.  De tels propos confortent l’inquiétude de la Syrie quant à la probité des conclusions du rapport, a-t-il indiqué, assurant que son pays s’était toujours plié de bonne grâce aux demandes du Conseil de sécurité et des différentes commissions.  Il a expliqué aussi qu’il avait envoyé des missives attestant de la possession, par les groupes terroristes (Front el-Nosra et EIIL), de substances chimiques toxiques dont ils se servent contre les civils et militaires en Syrie.

Répondant ensuite à la déclaration de la Norvège, le représentant syrien a estimé qu’elle allait dans le sens des positions de l’OTAN qui « aide et soutient les groupes terroristes ».  Il a notamment accusé l’OTAN de cibler des milliers de civils en Syrie ainsi que des écoles de sourds-muets à Raqqa, affirmant par ailleurs que les aéroports de certains pays européens permettent aux groupes terroristes de se fournir en armes et en munitions.  Répondant finalement à l’Allemagne, le représentant a rappelé, que ce pays dotait Israël de sous-marins capables de lancer des missiles nucléaires. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Décolonisation: la Quatrième Commission entamera son débat général le 2 octobre avec un record de 159 demandes d’audition de pétitionnaires

Soixante-douzième session,
1re séance – matin
CPSD/631

Décolonisation: la Quatrième Commission entamera son débat général le 2 octobre avec un record de 159 demandes d’audition de pétitionnaires

La Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation a approuvé, aujourd’hui, son programme de travail* pour la soixante-douzième session de l’Assemblée générale.  Ses travaux de fond débuteront avec la tenue, du 2 au 10 octobre, d’un débat général sur tous les points relatifs à la décolonisation et dans ce cadre, un nombre record de 159 pétitionnaires a demandé à être entendu.

Parmi ces pétitionnaires, le Président de la Commission, M. Rafael Darío Ramírez Carreño, de la République bolivarienne du Venezuela, a notamment cité le Président de la Polynésie française, le Ministre de Gibraltar, le Président de la Nouvelle-Calédonie, et le Gouverneur de Guam.

Les pétitionnaires s’exprimeront sur ces territoires au cours du débat général, ainsi que sur les Îles Turques et Caïques et le Sahara occidental.  En tout, 17 territoires non autonomes figurent à l’ordre du jour de la Commission qui a, par ailleurs, décidé de rajouter un jour à son débat général afin de permettre à tous les pétitionnaires de s’exprimer.

La Commission a ensuite prévu d’examiner la question de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace les 11, 12, 13 et 17 octobre. 

Après l’examen des questions relatives à l’information, les 18 et 19 octobre, la Commission se penchera sur l’Étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects les 25, 26, 27 et 30 octobre, puis sur celle des missions politiques spéciales le 31 octobre.  Elle examinera l’assistance à la lutte antimines le 1er novembre, un point inscrit à l’ordre du jour une année sur deux, et poursuivra avec l’examen des effets des rayonnements ionisants, le 2 novembre. 

Les 3 et 6 novembre, ce sera le moment, pour la Quatrième Commission, de se pencher sur l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  La Commission examinera ensuite le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, les 7, 8, 9 et 10 novembre.

Commentant la nature sensible des questions examinées par la Commission, son Président a appelé les délégations à entamer leurs travaux dans un esprit constructif.

M. Ramírez Carreño a aussi rappelé que toutes les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le site de l’ONU et les communiqués de presse seront publiés en anglais et en français https://www.un.org/press/fr.  

Outre le Président, le Bureau de la Quatrième Commission est composé des Vice-Présidents M. Ahmed Abdelrahman Ahmed Almahmoud des Émirats arabes unis, Mme Ceren Hande özgür de la Turquie, M. Yasser Halfaoui du Maroc, et de son Rapporteur, M. Angel Angelov de la Bulgarie.

La Commission, qui devrait achever ses travaux le 10 novembre, tiendra sa prochaine séance plénière, lundi 2 octobre, à partir de 15 heures.

*A/C.4/72/1, A/C.4/72/L.1, A/C.4/72/INF/1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.