Première Commission: les délégations font le point sur la lutte contre la prolifération des armes classiques
La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé, aujourd’hui, sa discussion sur les armes classiques, un débat au cours duquel les délégations se sont interrogées sur les priorités à accorder à la lutte contre la prolifération des armes classiques.
La réunion a également été marquée par la présentation du compte-rendu de la cinquième Conférence des Hautes Parties contractantes chargée de l’examen de la Convention concernant certaines armes classiques.
Alors que la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel célèbre cette année son vingtième anniversaire, de nombreuses délégations se sont félicitées de la volonté internationale d’empêcher le développement d’explosifs improvisés, mais aussi d’éliminer les restes explosifs de guerre et les mines antipersonnel. Des propos prolongés par le représentant de la Norvège qui a rappelé que 51 millions de mines ont été détruites depuis l’adoption de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel il y a 20 ans.
Le Royaume-Uni, le Japon et les États-Unis ont d’ailleurs rappelé qu’ils avaient contribué à ce combat à hauteur respectivement de 100 millions de livres sur trois ans, 751 millions de dollars sur 10 ans et 2,8 milliards de dollars sur 25 ans.
Le représentant du Bangladesh a toutefois fait part de sa profonde préoccupation quant aux allégations d’emploi de mines antipersonnel, par le Myanmar, le long de la frontière commune aux deux pays. Il a indiqué que ces mines auraient été délibérément disséminées par les forces de sécurité du Myanmar en août 2017 pour piéger des réfugiés, et a jugé urgent de déminer la frontière, afin que les victimes et leurs familles puissent recevoir l’assistance humanitaire requise.
À ce sujet, le représentant de l’Autriche a fait savoir que, pendant sa présidence de la Convention, il avait demandé au Gouvernement du Myanmar de clarifier la situation et d’accepter que soit menée une mission indépendante internationale d’établissement des faits.
Outre les mines, les engins explosifs improvisés ont également suscité les inquiétudes des États Membres, à l’instar du représentant de la Norvège, qui a constaté que ces engins font l’objet d’une utilisation accrue comme arme de guerre. Le délégué de l’Australie a d’ailleurs appelé à établir des lignes directrices relatives à la réduction de la menace que représentent ces engins pour les missions de maintien de la paix.
La question des armes létales autonomes a également été commentée à plusieurs reprises, le Mexique s’inquiétant notamment de l’impact « des progrès scientifiques sans précédent en matière d’intelligence artificielle ». Le Costa Rica a appelé pour sa part à faire des armes létales autonomes des instruments « contraires aux droits de l’homme » contre lesquels il est temps de prendre des mesures concrètes.
Outre les développements futurs des armes autonomes, les dangers que représentent les armes légères et de petit calibre (ALPC) qui « tuent chaque année 500 000 personnes » ont mobilisé l’attention de nombreuses délégations.
Si tous les pays ou presque ont plaidé pour une application complète du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, la Suisse a appelé à traiter de manière urgente le problème des munitions, s’inquiétant du fait que des stocks gérés de façon inadéquate alimentent conflits et violence et sont la cause d’explosions accidentelles.
Au nom de la Communauté des Caraïbes, le représentant du Guyana a indiqué que la jugulation du commerce d’armes illicites est d’autant plus difficile que celui-ci opère en tandem avec le trafic de drogue et le crime organisé, une convergence de facteurs qui ont des effets déstabilisants pour la région entière et à laquelle vient s’ajouter la porosité des frontières et les capacités limitées à détecter et intercepter les armes illégales dans les ports d’entrée.
Même son de cloche du côté du Groupe des États d’Afrique qui a plaidé pour la pleine mise en œuvre du Programme d’action des Nations unies sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, une « composante vitale pour assurer la sécurité à long terme ». Le Groupe a aussi demandé davantage d’assistance technique et financière pour éliminer les flux illicites des APLC, mais aussi des mesures de renforcement de la confiance, une baisse des budgets militaires des grandes puissances et une plus grande allocation de ressources à la lutte contre la pauvreté et les maladies.
Si la plupart des États Membres ont reconnu l’importance du Traité sur le commerce des armes comme pierre angulaire de la lutte contre le commerce illicite de ces ALPC, quelques voix se sont toutefois élevées pour l’interroger, voire le critiquer. Le délégué de l’Indonésie a ainsi souhaité qu’il ne puisse saper en rien le droit souverain des États à acquérir, fabriquer, exporter et importer des armes classiques aux fins de légitime défense. Cet appel a été repris par le Groupe des États d’Afrique qui entend à ce que le Traité protège l’ensemble des États et pas seulement les grandes puissances productrices d’ALPC.
Son homologue de l’Égypte a dénoncé pour sa part un traité conçu comme un outil pour « manipuler politiquement le commerce légitime des armes classiques » de manière à empêcher certains États d’y accéder, plutôt que pour réellement éradiquer le trafic illicite.
À l’instar de la République de Corée, plusieurs délégations on fait part de leur préoccupation au sujet du fait que, cette année, le manque de ressources financières ait entraîné l’annulation d’une réunion importante de la Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur certaines armes classiques, et ont appelé à trouver au plus tôt un moyen de financement durable et prévisible du processus opérationnel de la Convention.
La Commission poursuivra son débat thématique vendredi 20 octobre, à partir de 10 heures.
QUESTIONS À L’ORDRE DU JOUR ET PRÉSENTATION ET EXAMEN DE TOUS LES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION DÉPOSÉS AU TITRE DES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR
Exposé de la Présidente de la cinquième Conférence des Hautes Parties contractantes chargée de l’examen de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination
M. FARUKH AMIL, Pakistan, intervenant au nom de la Présidente de la cinquième Conférence des Hautes Parties contractantes chargée de l’examen de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination, a indiqué que celle-ci avait permis de faire le point sur les avancées et les défis des cinq dernières années et de se projeter.
Il a indiqué que pendant cette période, les membres de la Convention se sont accordés sur la nécessité d’empêcher le développement d’explosifs improvisés, ont étudié la question des restes explosifs de guerre et procédé à un examen détaillé des armes létales autonomes. Cependant, des questions restent en suspens, a-t-il poursuivi. Les conflits armés et les technologies évoluent très rapidement, donc nous devons rester à la pointe. Il a par ailleurs expliqué que cette conférence d’examen avait deux grands comités dont l’un axe ses travaux sur la portée et la structure de la Convention, et l’autre sur les nouveaux protocoles comme les systèmes d’armes autonomes.
« C’est une occasion qui n’arrive que tous les cinq ans et nous avons été à la hauteur de la tâche », a poursuivi M. Amil, qui s’est félicité de la participation précieuse de beaucoup d’acteurs étatiques et de la société civile et de la qualité du document final. Selon lui, la Conférence a permis de jeter les bases de questions clefs, notamment celle des systèmes d’armes létales autonomes qui, a-t-il précisé, seront désormais traitées par un groupe d’experts gouvernementaux.
Il a indiqué que le débat sur ces armes avait permis d’identifier des lacunes sur les plans technique, humanitaire et scientifique. Les questions liées aux évolutions scientifiques et techniques seront débattues lors de la réunion de 2017 des Haut Parties contractantes, de même que le Protocol III et les mines antipersonnel. Des consultations informelles sont également prévues au sujet de l’utilisation d’armes classiques dans des zones à haute densité de civils.
Le succès de la Convention est un bon signe et tient notamment au fait qu’elle a su faire l’équilibre entre les préoccupations d’ordre humanitaire et les impératifs sécuritaires des États, s’est félicité M. Amil. Il a ensuite attiré l’attention sur les difficultés financières que connaît la Convention, et a appelé tous les États à respecter leurs engagements financiers. Il s’est cependant réjouit que de plus en plus d’États rejoignent la Convention, précisant qu’il y avait 123 Parties contractantes l’an dernier contre 114 en 2011. Après avoir invité les États qui n’ont pas encore rejoint la Convention à envisager d’y accéder, il a espéré une adoption sans entrave du projet de résolution sur la Convention que le Pakistan présentera.
Débat thématique sur les armes classiques
M. DANNY RAHDIANSYAH (Indonésie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a déploré l’utilisation persistante de mines antipersonnel dans les situations de conflit, ces armes n’ayant d’autre but que de tuer et traumatiser des civils innocents. Il a appelé tous les États qui sont en mesure de le faire d’apporter l’assistance financière, technique et humanitaire nécessaire pour que soient menées à bien les opérations de déminage. L’accent doit également être mis sur l’aide aux victimes et leur réinsertion sociale, a-t-il ajouté, invitant les États parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel à réaffirmer leur engagement de pleinement mettre en œuvre le Plan d’action de Carthagène. Le représentant a ensuite indiqué que les non-alignés demandaient instamment aux États responsables du largage de mines et d’explosifs hors de leurs frontières au cours de la Seconde Guerre mondiale, de coopérer activement avec les pays touchés et apporter l’appui requis aux actions de déminage.
D’autre part, le représentant a salué l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, destiné à réguler le commerce des armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre (ALPC). Il a appelé à une mise en œuvre équilibrée, transparente et objective du Traité, conformément aux principes de la Charte, notamment ceux fondant le droit à la légitime défense des États Membres de l’ONU. La mise en œuvre du Traité ne doit saper en rien le droit souverain des États à acquérir, fabriquer, exporter et importer des armes classiques aux fins d’autodéfense et de réponse à leurs besoins en matière de sécurité, a-t-il ainsi souligné.
Mme PETRA PAASILINNA (Finlande), au nom du Groupe des pays nordiques, a considéré que le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action des Nations unies sur les armes légères et de petit calibre sont deux instruments essentiels pour réagir à la menace posée par les flux illicites d’armes légères et de petits calibre. Elle a aussi souligné combien ils étaient importants pour atteindre les objectifs de développement durable. Mme Paasilina a ensuite salué le début des travaux du groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létales autonomes et a invité tous les États à utiliser ce groupe pour entreprendre un dialogue concret sur leurs obligations relatives à l’évaluation de l’utilisation de nouvelles armes et méthodes de guerre. Notant que l’on fête, cette année, le vingtième anniversaire de la signature de la Convention sur les mines antipersonnel, la représentante a rappelé que de nombreux conflits de par le monde, notamment en Syrie et en Iraq, entrainent la création de zones où les mines, les engins explosifs improvisés et autres dangers font des ravages sur les populations civiles. À ce titre, les pays nordiques sont très investis dans les opérations de déminage humanitaire, et apportent une aide financière à plus de 20 pays. Mme Passilana a ainsi exprimé sa satisfaction que le Conseil de sécurité ait adopté, en juin dernier, sa première résolution spécifique sur la lutte antimines. Enfin, elle a insisté sur le « lien évident » entre désarmement, développement et genre et a appelé à une participation égale des femmes dans les analyses, les négociations et les décisions sur le désarmement, ce qui, a-t-elle affirmé, augmenterait la légitimité, la qualité et l’efficacité des efforts dans ce domaine.
M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que sa région ne fabriquait pas, ni n’exportait des armes légères et de petit calibre mais que leur prolifération illicite posait des défis sécuritaires significatifs. Il a pointé la nature poreuse des frontières, les capacités limitées à détecter et intercepter les armes illégales dans les ports d’entrée et les conditions socioéconomiques défavorables dans certaines régions des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). En outre, la jugulation du commerce d’armes illicites est d’autant plus difficile que celui-ci opère en tandem avec le trafic de drogue et le crime organisé, a indiqué le représentant qui a souligné que la convergence de ces facteurs a des effets déstabilisants sur les sociétés.
Pour toutes ces raisons, la CARICOM est une ardente partisante de l’universalisation du Traité sur le commerce des armes. M. Ten-Pow a noté avec satisfaction les progrès réalisés depuis son entrée en vigueur en 2014, saluant notamment l’établissement permanent d’un groupe de travail sur l’universalisation du Traité, ainsi que le débat thématique de la troisième Conférence des États parties, qui portait sur les liens entre le Traité et les objectifs de développement durable. Les États de la CARICOM attendent aussi avec impatience la troisième Conférence d’examen du Programme d’action relatif aux armes légères, prévue en 2018 et ont souhaité mettre en évidence leur partenariat avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ce dernier, a expliqué M. Ten-Pow, a débouché sur de nombreux résultats, notamment la destruction de 54 000 armes et 67 tonnes de munition. Il a également permis de renforcer les capacités des 800 agents de sécurité, et d’établir une collaboration directe avec l’Organisme d’exécution des mesures de sécurité et de lutte contre la criminalité de la CARICOM.
Le représentant a par ailleurs affirmé que les États qui fabriquent et exportent des armes ont une responsabilité particulière pour s’assurer qu’il existe des systèmes de contrôle adéquats pour empêcher leur détournement vers des marchés illicites.
M. BASSEM HASSAN (Égypte), au nom du Groupe des États d’Afrique, a rappelé que le groupe est préoccupé par la circulation d’armes classiques, affirmant ensuite que le Programme d’action des Nations unies sur le commerce illicite des armes légères et de petits calibre (ALPC) est un instrument clef pour traiter ce problème. Il a appelé à une mise en œuvre totale de cette « composante vitale pour assurer la sécurité à long terme ». Le représentant a ensuite salué l’important travail réalisé par les États pour combattre le commerce illicite des ALPC et les nombreuses initiatives africaines visant à traiter ces questions. Il a également souligné que la coopération internationale reste l’élément essentiel à la mise en œuvre du Programme d’action. À ce titre, il a demandé d’avantage d’assistance technique et financière pour éliminer le flux illicite des APLC, mais aussi des mesures de renforcement de la confiance, une baisse des budgets militaires des grandes puissances et une plus grande allocation de ressources à la lutte contre la pauvreté et les maladies. Le Groupe a aussi prié les États parties à mettre en œuvre le Traité sur le commerce des armes de manière à protéger l’ensemble des États et pas seulement les grandes puissances productrices d’ALPC. Il a enfin réaffirmé le droit souverain des États à importer des armes classiques pour leurs besoins de défense.
Mme JUDIT KÖRÖMI, de l’Union européenne, a expliqué que les pays membres de l’Union continuaient d’apporter une importante assistance technique aux pays qui en font la demande pour appuyer le nettoyage et la destruction de restes explosifs de guerre. Nous aidons à la réhabilitation des victimes de mines antipersonnel et sensibilisons aux risques associés à ces explosifs, en particulier au Tchad, en Colombie, en Croatie, en Iraq, au Liban, en Libye, au Myanmar, en Syrie et en Ukraine, a-t-elle ajouté. Elle a indiqué qu’en août dernier, le Conseil de l’Europe avait décidé de consacrer près de 2,5 millions d’Euros à la promotion de l’universalisation de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.
Concernant la Convention sur les armes à sous-munitions, Mme Körömi a appelé tous les acteurs des conflits à ne pas utiliser ces armes et à respecter les principes du droit international humanitaire que réaffirme la Convention. L’Union européenne, a-t-elle dit, appuie les efforts destinés à améliorer la coordination de l’assistance fournie dans les pays touchés ainsi que la mise en œuvre du Plan d’action de Dubrovnik qui vise à renforcer les normes établies par la Convention, notamment en décourageant par tous les moyens possibles l’emploi, la mise au point, la production, le stockage et le transfert d’armes à sous-munitions.
Par ailleurs, Mme Körömi a appelé à l’universalisation et au renforcement de la Convention concernant certaines armes classiques, précisant que l’Union européenne est préoccupée par les allégations concernant l’emploi, par la Syrie, d’armes incendiaires aérodispersables contre des localités densément peuplées de civils. La représentante a en outre invité tous les États Membres à adhérer au Traité sur le commerce des armes, dont certains des objectifs sont liés aux objectifs de développement durable. S’agissant du Programme des Nations Unies contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), elle a signalé que l’Union européenne en poursuivait la mise en œuvre par le biais du financement et de l’appui à de nombreux programmes régionaux de collecte et de destruction de ces armes et de renforcement des capacités de contrôle et de marquage des États. Nous appuierons fermement les résolutions du Conseil de sécurité sur les ALPC, les femmes, la paix et à la sécurité, a-t-elle encore dit.
Mme SABRINA DALLAFIOR MATTER (Suisse) a rappelé que la tenue, en 2018, de la Conférence des Nations Unies chargée d’examiner les progrès accomplis dans l’exécution du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects permettra de s’attaquer aux défis liés à ces armes, souhaitant notamment que celle-ci s’intéresse à la gestion sécurisée des stocks, à la transparence à la durabilité dans la coopération et l’assistance, mais aussi aux progrès technologiques.
Rappelant que le Traité sur le commerce des armes joue un rôle essentiel dans l’établissement de règles communes, elle a appelé à son universalisation et à faire de sa mise en œuvre une priorité. La Suisse a aussi souligné la nécessité de traiter spécifiquement du problème des munitions. « Des stocks gérés de façon inadéquate alimentent conflits et violences et sont la cause d’explosions accidentelles », a-t-elle expliqué. La gestion appropriée de ces stocks constitue, selon la déléguée, une bonne réponse à ce risque humanitaire et sécuritaire. À ce titre, la Suisse va poursuivre son initiative sur une gestion sûre et sécurisée des munitions, en mettant notamment l’accent sur l’importance de « l’appropriation régionale ».
La cinquième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur certaines armes classiques a été fructueuse, a jugé la déléguée, mais « il faut maintenant avancer dans sa mise en œuvre ». Regrettant l’annulation de la première session du Groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes autonomes pour des raisons financières, elle a appelé les Hautes Parties à se focaliser sur les discussions de novembre où, selon elle, deux éléments doivent être étudiés avec attention: d’abord réaffirmer l’applicabilité et préciser le droit applicable aux armes autonomes, ensuite élaborer une définition de travail. Elle a rappelé que la Convention sur certaines armes classiques discutera pour la première fois en novembre des défis posés par les avancées scientifiques et technologiques qui peuvent déboucher sur de nouvelles méthodes de guerre. Concluant sur l’importance de la protection des civils dans les conflits armés, la Suisse a appelé la Convention sur certaines armes classiques à s’emparer pleinement de cette problématique afin de renforcer la mise en œuvre du droit international humanitaire. Elle a par ailleurs dit toute sa préoccupation face au nombre croissant d’engins explosifs improvisés (EEI).
M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche), évoquant la conduite d’opérations de déminage entreprises dans le cadre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, a rappelé que, forte de 162 États parties, la Convention avait, à ce jour, permis la destruction de près de 50 millions de mines. Nous pouvons affirmer qu’aujourd’hui, la norme internationale contre les mines antipersonnel est fermement établie, a-t-il dit. Il a ensuite indiqué que, pendant sa présidence de la Convention, profondément préoccupé par les allégations d’emploi de ces armes au Myanmar, il avait demandé au Gouvernement de ce pays de clarifier la situation et d’accepter que soit menée une mission indépendante internationale d’établissement des faits. Par ailleurs, le représentant a indiqué que sa délégation et celles de l’Afghanistan et du Chili avaient présenté un projet de résolution sur les mines demandant notamment l’amélioration de la coopération fournie dans les pays touchés durablement par les mines. Il a rappelé son attachement, à travers une réflexion associant États parties et non parties à la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, organisations internationales, société civile, universitaires et secteur privé, à la réalisation de l’aspiration commune d’un monde sans mines antipersonnel d’ici à 2025.
M. VINICIO MATI (Italie) a qualifié la Convention concernant certaines armes classiques de « cruciale », estimant que son universalisation et sa mise en œuvre complète étaient « fondamentales ». Il a salué les résultats de la cinquième Conférence d’examen de la Convention, notamment pour ce qui a trait aux systèmes d’armes létales autonomes et aux engins explosifs improvisés. Il a toutefois déploré que le Groupe d’experts gouvernementaux créé à cette occasion n’ait pu se réunir faute de moyens financiers.
Le représentant s’est ensuite dit « extrêmement concerné par les conséquences humanitaires indiscriminées des mines antipersonnel et des armes à sous-munition, en particulier sur les civils ». Il a indiqué que l’universalisation et la mise en œuvre complète des Convention d’Oslo et d’Ottawa restaient une priorité de son pays, rappelant que ce dernier avait détruit tous ses stocks de mines antipersonnel en 2012 et d’armes à sous-munitions en 2015. Il a également mis en avant une loi adoptée en octobre 2017 interdisant toutes les institutions financières italiennes d’investir ou de fournir un quelconque soutien à des entreprises italiennes ou étrangères impliquées dans la production, l’usage, la vente, l’importation, l’exportation ou le transport de mines antipersonnel et d’armes à sous-munition. Il a également parlé des efforts déployés par son pays dans l’assistance aux victimes de mines antipersonnel, via sa coopération avec le service de la lutte antimines des Nations Unies et le Comité international de la Croix-Rouge.
Rappelant ensuite les effets humanitaires pernicieux du transfert illicite d’armes classiques sur le développement économique et social des pays, le représentant a réitéré son appui au Traité sur le commerce des armes, appelant à sa mise en œuvre effective. « Le Traité sur le commerce des armes est l’instrument unique pour assurer un commerce des armes plus transparent et responsable, et pour lutter contre le trafic illicite », a-t-il souligné, appelant tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le traité au plus vite.
M. HUGH WATSON (Australie) a souligné que la violence armée est un sérieux obstacle à la réalisation des objectifs de développement durable. Il s’est engagé à faire avancer le Traité sur le commerce des armes, précisant que l’Australie publiera un recueil sur les avantages d’y participer. « Nous réalisons que les États Membres ont des questions légitimes sur ce que le Traité peut faire pour eux », a-t-il indiqué. L’Australie est un important donateur du Mécanisme de financement des Nations Unies pour la coopération en matière de réglementation des armements, a poursuivi M. Watson.
Concernant la mise en œuvre de la Convention sur les armes à sous-munitions, la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel et son protocole II, ainsi que le protocole V de la Convention sur certaines armes classiques, le représentant de l’Australie a indiqué que son pays avait contribué à hauteur de 5 millions de dollars australiens aux efforts de déminage en Iraq, Afghanistan, Colombie, Cambodge, Laos et aux Palaos, mais qu’il restait encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de destruction des stocks d’ici à 2025 et 2030.
M. Watson a aussi manifesté son soutien aux efforts nationaux et internationaux dans le domaine des engins explosifs improvisés, notamment le développement de Lignes directrices relatives à la réduction de la menace que représentent les engins explosifs improvisés pour les missions de maintien de la paix. Il a par ailleurs fait observer que les rencontres autour des diverses Conventions précitées « ne coûtent pas une fortune » mais qu’elles pouvaient faire une énorme différence dans les vies des populations et communautés affectées. Il a demandé aux États parties concernés de s’acquitter de leurs dettes.
Alors que le Japon doit assumer la présidence de la quatrième Conférence des États parties au Traité sur le commerce des armes, M. NOBUSHIGE TAKAMIZAWA (Japon) a regretté que seule la moitié des États Membres en fasse partie et a dit son souhait de travailler à son universalisation. Le Japon a d’ailleurs soumis un projet de résolution sur ce traité à la Première Commission. Le représentant a également espéré que la troisième Conférence d’examen du Programme des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre soit l’occasion de redoubler d’efforts et dans ce cadre, il a appelé les États Membres à soutenir un autre projet de résolution proposé par son pays, la Colombie et l’Afrique du Sud.
M. Takamizawa a ensuite mis en évidence l’importance de la lutte contre les mines antipersonnel, soulignant que le Japon a donné 751 millions de dollars à 51 pays et régions depuis 1998. Il s’est aussi félicité des résultats positifs, en septembre, du septième Forum multipartite sur la Convention sur les armes à sous-munitions, saluant plus particulièrement l’initiative allemande de dialogue « de militaire à militaire ». Concernant les systèmes d’armes létales autonomes, il a salué la tenue prochaine de la réunion du Groupe d’experts gouvernementaux, car « il y a encore beaucoup de questions technologiques, militaires, légales et éthiques à considérer ». Il a indiqué que le Groupe d’experts gouvernementaux sur le rapport concernant les dépenses militaires s’était réuni cette année pour en examiner le mécanisme, précisant que le Japon considère que celui-ci est un bon moyen de renforcer la confiance. M. Takamizawa s’est par ailleurs préoccupé des problèmes financiers que connaissent les conventions sur le désarmement, et qui entraînent l’annulation de certaines rencontres. Il a demandé aux États concernés de s’acquitter du paiement de leurs contributions.
M. SANDEEP KUMAR BAYYAPU (Inde) a réitéré son soutien à la Convention concernant sur les armes classiques et ses protocoles additionnels, estimant qu’ils présentaient un équilibre entre préoccupations humanitaires et nécessité militaire. Il a appelé à l’universalisation de cette convention, se félicitant des résultats de la cinquième Conférence d’examen qui a débouché sur la création d’un Groupe d’experts gouvernementaux pour se pencher sur les nouvelles technologies dans le domaine des systèmes d’armes létales autonomes.
Considérant que le transfert illicite des armes conventionnelles, dont les armes légères et de petit calibre, à des acteurs non étatiques ou des groupes terroristes constituait « une menace majeure », en particulier pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le représentant a appelé à la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action sur les armes légères des Nations Unies.
Abordant ensuite la question des mines antipersonnel, le représentant a estimé que le Protocole II de la Convention concernant certaines armes classiques tenait aussi compte des impératifs de légitime défense des États, notamment de la protection de leurs frontières. Il a rappelé que son pays avait adopté un moratoire sur leur transfert. Il a également estimé que ce protocole répondait aux problèmes liés aux engins explosifs improvisés (EEI).
Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays envisageait toujours la possibilité de rejoindre le Traité sur le commerce des armes, rappelant que lors des négociations, l’Inde avait déploré un déséquilibre entre les obligations des pays exportateurs et des pays importateurs.
Mme ALICE GUITTON (France) a déclaré que l’environnement préoccupant doit nous appeler à la vigilance. Les armes classiques sont un danger concret pour tous les pays du monde, a-t-elle averti, ajoutant que l’année écoulée avait démontré qu’il fallait prendre en compte le risque d’acquisition, par des groupes terroristes, d’armes légères et de petit calibre. « Ce sont ces armes qui font de loin le plus de victimes dans le monde », a-t-elle poursuivi, c’est pourquoi la France a pris l’initiative sur ces questions. Considérant que le Programme d’action sur les armes légères demeure la pierre angulaire des efforts de la communauté internationale, la France aura l’honneur de présider la Conférence d’examen du Programme d’action sur les armes légères en 2018.
La déléguée a ensuite rappelé que la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) est un instrument unique qui réunit de nombreuses compétences différentes. Elle s’est à cet égard réjouit du fait que la Convention se soit emparée de la question des armes létales autonomes et de la menace représentée par les engins explosifs improvisés. Des sujets sur lesquels elle a appelé à prolonger les efforts. Elle a également insisté pour que le Traité sur le commerce des armes devienne une norme universelle. Concluant sur les difficultés financières rencontrées par la Convention, qui ont empêché la tenue de réunions importantes, elle a affirmé que « ça ne doit pas se reproduire ».
M. ENRIQUE JOSÉ MARÍA CARRILLO GÓMEZ (Paraguay) a souligné que les armes classiques sont un phénomène multidimensionnel qui exige une réponse globale et résolue de la communauté internationale. Il a ainsi appelé à l’élaboration d’un cadre régulateur commun pour mieux coordonner l’application des instruments onusiens pertinents. Concernant le Traité sur le commerce des armes, le représentant a souligné la nécessité de renforcer les normes juridiques encadrant sa mise en œuvre. Il a assuré que son pays féminisait de manière accrue les activités de collecte et de destruction des engins de guerre non explosés ainsi que de marquage et de traçage d’armes légères et de petit calibre (ALPC), et qu’il accorde également une attention à la coopération et à l’assistance technique au niveau régional. Enfin, il a souligné la nécessité que les ressources consacrées à la modernisation des arsenaux conventionnels soient orientées vers le financement de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.
Mme ELEONORA SAGGESE (Royaume-Uni) a souligné que le Traité sur le commerce des armes ne pourrait contribuer à la paix et à la sécurité qu’à condition d’être pleinement et efficacement mis en œuvre par toutes ses parties contractantes. Elle a assuré que son pays continuerait d’apporter une assistante technique et financière aux États cherchant à mettre en œuvre le Traité et à développer leurs systèmes de contrôle des exportations. Au cours de l’année écoulée, nous avons contribué à hauteur de plus de 300 000 livres au Fonds de contributions volontaires du Traité, a-t-elle indiqué.
La représentante a ensuite rappelé que cette année marquait le vingtième anniversaire de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, le Royaume-Uni ayant triplé son aide financière pour appuyer la conduite des programmes de déminage dans ce cadre. Nous avons consacré 100 millions de livres à l’appui de ces programmes au cours des trois dernières années, a-t-elle précisé. Elle a ajouté qu’en vertu de ses obligations en tant que partie à la Convention, le Royaume-Uni continuait de procéder au retrait de mines antipersonnel dans les « îles Falkland ». S’agissant de la Convention concernant certaines armes classiques, elle a indiqué que son pays, qui préside cet instrument cette année, n’avait pas ménagé ses efforts pour faire en sorte que la Conférence des Hautes Parties contractantes, qui aura lieu en novembre, soit couronnée de succès. L’équilibre entre désarmement et considérations humanitaires sur lequel a été fondée la Convention doit être préservé, a-t-elle souligné.
M. ROBERT A. WOOD (États-Unis) a déploré que le manque de financement ait conduit à la réduction ou l’annulation de certaines réunions prévues en 2017, notamment celles sur les engins explosifs improvisés et sur les armes létales autonomes. Il a appelé tous les États contractant à honorer leurs obligations en la matière. Le délégué a ensuite exhorté les États Membres à mettre en œuvre le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects. Il a accordé une attention particulière à la problématique des systèmes portables de défense anti-aérienne (MANPADS) qui font courir des risques accrus aux aviations civiles et militaires. Constatant que l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique a donné aux groupes terroristes un accès sans précédent à ces armes, il a rappelé l’engagement des États-Unis à éliminer ces missiles en coopération avec d’autres pays pour protéger les cibles des terroristes. Depuis 2003, 38 000 missiles MANPADS ont été ainsi détruits dans plus de 40 pays, s’est-il félicité.
Le délégué a poursuivi en insistant sur l’appui des États-Unis au registre des armes classiques qui reste, selon lui, la pierre angulaire de la communauté internationale pour réguler le transfert « irresponsable » de ces armes. Il a rappelé que son pays a été le plus grand argentier de la lutte antimines, précisant que depuis 1993, les États-Unis ont contribué plus de 2,8 milliards de dollars à plus de 100 pays pour financer la destruction de ces armes.
M. BASSEM HASSAN (Égypte) a réaffirmé l’importance d’un instrument de traçage international pour les armes légères et de petit calibre (ALPC) dont le flux, a-t-il averti, fait planer des menaces graves, dans un contexte marqué par le risque terroriste. Il a d’ailleurs accusé « un certain nombre d’États Membres » d’appuyer ces terroristes en leur fournissant armes et munitions. « La plupart des problèmes liés au fait que les ALPC tombent aux mains des terroristes ne sont pas dus à un manque de contrôle des exportations, mais au fait que des États continuent de délibérément fournir des armes à ces terroristes», a-t-il asséné en exhortant les Nations Unies à traiter cette question.
Selon lui, le Traité sur le commerce des armes ne pourra pas arrêter le commerce illicite à cause d’un manque de définition. « Le Traité sur le commerce des armes a été conçu comme un outil pour manipuler politiquement le commerce légitime des armes classiques de manière à empêcher certains États d’y accéder, plutôt que pour réellement éradiquer le trafic illicite », a-t-il notamment argué. Il a à cet égard rappelé que le stockage, l’acquisition et le transfert d’armes classiques sont des droits souverains des États pour assurer leur propre sécurité.
Rappelant que son pays est situé dans une région instable, il a estimé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient est une étape indispensable pour sécuriser la région et instituer des mesures de contrôle des armes. Il a par ailleurs attiré l’attention sur le fait que 20% des mines antipersonnel terrestres du monde ont été plantées en Égypte pendant la Seconde Guerre mondiale, raison pour laquelle elle a imposé un moratoire sur ces armes en 1980 bien avant la convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel.
M. SEWE (Sénégal) a estimé qu’eu égard au nombre de foyers de tensions existant de par le monde, le maintien de la paix et la stabilité sont des paris loin d’être gagnés. C’est notamment le cas de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, qui connaissent le trafic illicite d’armes ainsi que l’activisme des groupes terroristes. Pour y faire face, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris un certain nombre d’initiatives visant à harmoniser sa législation en matière de lutte contre la circulation des armes légères. Ainsi, en 2006, la CEDEAO a adopté une convention contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC). Le représentant a rappelé son attachement à cet instrument, qui est la première convention internationale dont l’objet est de réglementer le commerce international des armes. Le Traité sur le commerce des armes a été ratifié par le Sénégal en 2014, et a à ce jour, été ratifié par 92 pays dont 12 en Afrique. Cependant, a-t-il regretté, le niveau d’adhésion reste faible en Afrique et en Asie.
Poursuivant, le représentant a indiqué que le Sénégal a organisé en septembre 2016 un cours de formation professionnelle sur le thème du renforcement des capacités pour une mise en œuvre efficace du Traité sur le commerce des armes en collaboration avec l’Union européenne. Face au succès du cours, un autre atelier, financé par le Fonds de confiance volontaire, aura lieu du 11 au 15 décembre 2017 à Dakar. Par ailleurs, le représentant a souligné qu’il convient de veiller à l’exécution du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légère sous tous ses aspects. En ce qui concerne la lutte contre les mines antipersonnel, le Sénégal reste convaincu que la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel doit demeurer une priorité, tout en estimant judicieux, dans le cadre de l’assistance technique et financière apportée aux pays affectés, qu’une attention particulière soit accordée à la réhabilitation socioéconomique des victimes.
M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a notamment déclaré que le Traité sur le commerce des armes avait constitué une réponse historique aux souffrances humaines provoquées par la présence d’armes pendant et après les conflits armés. Nous appuyons sa pleine mise en œuvre, a-t-il dit, notant que son pays avait ratifié ledit traité en juillet dernier. Il a toutefois souhaité que soient inclues au corps du Traité des dispositions relatives aux munitions et de mesures de renforcement de sa dimension humanitaire, afin que son application fasse une réelle différence dans les pays les plus touchés. Le représentant a en outre estimé que le suivi des instruments régionaux de désarmement conventionnel, en particulier le Programme d’action des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC), contribuait au désarmement général et complet, et, partant, à la réalisation du développement durable.
Mme CLAUDIA YURIRIA GARCÍA GUIZA (Mexique) a estimé que le contrôle des transferts internationaux des armes classiques constitue un impératif humanitaire et de développement. « Ce que nous faisons, nous le faisons à l’horizon du Programme de développement durable à l’horizon 2030 », a-t-elle assuré. Conformément aux objectifs de ce programme, elle a considéré qu’il faut réduire toutes formes de violence, donc réduire les flux d’armes en contrôlant de manière efficace leur transfert, en réduisant leur production et en les inventoriant. Estimant nécessaire de renforcer les contacts et les synergies en abordant de manière globale le marché d’armes et de munitions, le Mexique s’est dit convaincu par la pertinence d’un rapprochement multilatéral sur ce sujet. « Renforcer la Convention sur certaines armes classiques répond à nos intérêts collectifs », a-t-elle poursuivi, avant de rappeler que cet instrument a été développé à des fins humanitaires. À ses yeux, il faut absolument tenir compte des progrès scientifiques sans précédent en matière d’intelligence artificielle. « Cette nouvelle situation lance des défis techniques et éthiques que nous devons relever », a-t-elle indiqué.
M. MICHAEL BIONTINO (Allemagne) a souligné l’action menée par son pays au Sahel aux cotés de l’Union africaine dans le domaine de la sécurité physique et de la gestion des stocks d’armes légères et de petit calibre (ALPC). Nous renforçons actuellement cette action par des mesures contre le trafic illicite transfrontalier de ces armes, cela pour faciliter la mise en œuvre de la stratégie de l’Union africaine « Faire taire les armes d’ici à 2020 », a-t-il ajouté. Le représentant a précisé que l’Allemagne avait soutenu ces actions à hauteur de 14 millions d’Euros alloués au cours des deux dernières années. Par ailleurs, M. Biontino a fait savoir que son pays, en vue de renforcer les volets humanitaires de la Convention sur certaines armes classiques, avait présenté un projet de résolution sur cet instrument et qu’il organiserait, à New York, le 26 octobre, un évènement parallèle promouvant la nécessité de sa pleine mise en œuvre.
Pour M. ROLANDO CASTRO CORDOBA (Costa Rica), le Traité sur le commerce des armes est unique puisqu’il combine des objectifs de contrôle des armes avec des objectifs humanitaires. « Mon pays a mis en place des critères pour s’assurer que les transferts d’armes se fassent sans nourrir le risque terroriste et les conflits armés », a-t-il assuré, appelant à assurer l’universalisation du Traité. Il a rappelé que son pays et sa région font face à des difficultés tragiques liés au trafic illicite des armes légères et de petit calibre. Il a appelé à intensifier les synergies entre le commerce des armes et d’autres instruments complémentaires et travailler à des normes de gestion des arsenaux afin de faire face au niveau excessif de stocks d’armement. Le trafic illicite et l’accumulation de ces armes persistent et ne fait qu’alimenter les conflits armés et le risque terroriste, a-t-il indiqué. Le représentant a en outre appelé à traiter des questions éthiques et techniques qui font, à ses yeux, des armes létales autonomes des instruments « contraires aux droits de l’homme ». Selon lui, le moment est venu de prendre des mesures concrètes sur l’interdiction des drones armés dans certaines zones.
M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a salué le fait que la sixième Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects ait permis de faire avancer la discussion sur la gestion des stocks, sur les nouvelles formes de trafic illicite ainsi que sur les dimensions sexospécifiques du Programme. La Réunion a également été l’occasion de souligner le lien entre la mise en œuvre du Programme d’action et des objectifs de développement durable, a-t-il poursuivi, en particulier l’objectif 16 relatif à la nécessaire réduction du flux d’armes légères. Il a appelé au renforcement des capacités des pays désireux de mettre en œuvre le Programme d’action et souligné l’importance que cette mise en œuvre et celle de l’Instrument international de traçage soient financées de manière durable et prévisible. Sur le Traité sur le commerce des armes, il a déclaré que sa mise en œuvre ne pourrait qu’améliorer la lutte contre la prolifération des armes légères et, ainsi, le combat contre le crime et l’insécurité au niveau sous-régional.
M. PATRICK SAINT-HILAIRE (Haïti) a souligné que la circulation d’armes classiques constitue un obstacle majeur à la promotion et à la défense des droits fondamentaux, une menace à la paix et à la sécurité, et un frein à la croissance et au développement durables. Pleinement conscient des effets désastreux de la dissémination d’armes légères et de petit calibre, le Gouvernement d’Haïti s’évertue à appliquer des mesures concrètes de contrôle et à restaurer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. Le Gouvernement d’ Haïti poursuit aussi les efforts nécessaires pour atteindre la cible 16.4 des objectifs de développement durable qui consiste, entre autres, à réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes à feu. M. Saint-Hilaire a salué les recommandations adoptées en avril par la Commission du désarmement et a réaffirmé l’importance du Traité sur le commerce des armes entré en vigueur le 24 décembre 2014, que le Gouvernement d’Haïti a signé et soumis à approbation parlementaire. Il a également souligné le rôle des Centres des Nations Unies pour la paix et le désarmement, encourageant vivement celui d’Amérique latine et des Caraïbes à poursuivre ses missions.
M. FAIYAZ MURSHID KAZI (Bangladesh) a réitéré la profonde préoccupation de son pays quant aux allégations d’emploi de mines antipersonnel, par le Myanmar, le long de la frontière commune aux deux pays. D’après une équipe d’action rapide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ces mines ont été délibérément disséminées par les forces de sécurité du Myanmar en août 2017 pour piéger des réfugiés, a-t-il déclaré. Le représentant a appelé à la conduite d’enquêtes indépendantes pour que toute la lumière soit faite sur ces incidents. Il est tout aussi urgent, a-t-il poursuivi, de procéder sans délais au retrait des mines antipersonnel disséminées le long de notre frontière, afin que les victimes et leurs familles puissent recevoir l’assistance humanitaire requise. Le représentant a expliqué que, contrairement à ce qu’affirme le Myanmar, l’influx de réfugiés rohingyas dans son pays se poursuit à un rythme inquiétant. Pas plus tard qu’hier, ce ne sont pas moins de 15 000 Rohingas que nous avons accueillis après qu’ils aient fui l’État de Rakhine, a-t-il signalé.
M. MAARTEN BROEKHOF (Pays-Bas) a déploré la situation financière des Conventions sur les armes classiques basées à Genève. Il a appelé à de nouveaux efforts financiers de la part des États Membres afin d’améliorer le processus de versement des contributions, de décourager les non-paiements de contributions et de réduire le coût des réunions. « Sans des financements pérennes, on ne peut pas faire le travail nécessaire à leur mise en œuvre », a-t-il rappelé.
Le représentant a ensuite salué la création d’un Groupe d’experts gouvernementaux chargé d’examiner les nouvelles technologies dans le domaine des systèmes d’armes létales autonomes à l’occasion de la cinquième Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur certaines armes classiques. Il a toutefois déploré que le Groupe d’experts gouvernementaux n’ait pu se réunir faute de moyens financiers. Il s’est également félicité que les États parties se penchent sur la question des engins explosifs improvisés (EEI), assimilables à des mines antipersonnel.
Il a ensuite assuré qu’il était possible de faire des armes à sous-munition une chose du passé, tout en se disant consterné de constater qu’elles avaient fait deux fois plus de victimes en 2016, comparé aux années précédentes. Il a souligné que l’universalisation de la Convention d’Oslo était « cruciale ».
Abordant le Traité sur le commerce des armes, le représentant a indiqué que de nombreux problèmes entravent encore sa mise en œuvre complète, appelant les États parties à y remédier rapidement. Il a également mis en avant l’importance de la transparence et des rapports d’informations sur les armes classiques, soulignant particulièrement la pertinence du Registre des Registre des armes classiques de l’Organisation des Nations Unies. Il a aussi apporté son plein appui au Programme d’action sur les armes légères, rappelant que ces armes restaient les plus meurtrières dans le monde.
Mme SEO EUNJI (République de Corée) a indiqué que son pays et l’Australie avaient présenté à la Première Commission un projet de résolution sur la prévention et la lutte contre le courtage illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC). D’autre part, elle a salué la création du Groupe d’experts gouvernementaux sur les systèmes d’armes létales autonomes ainsi que l’adoption de la Déclaration sur les engins explosifs improvisés. Nous soutenons le projet de résolution de l’Afghanistan sur ces engins, a-t-elle annoncé. Elle s’est par ailleurs dite préoccupée par le fait que, cette année, le manque de ressources financières ait entraîné l’annulation d’une réunion importante de la Conférence des États parties chargée de l’examen de la Convention sur certaines armes classiques. Nous devons trouver au plus tôt un moyen de financement durable et prévisible du processus opérationnel de la Convention, a-t-elle dit.
M. KNUT LANGELAND (Norvège) a souligné que le contrôle des armes classiques a un impact profond sur la sécurité internationale, régionale et nationale. Préoccupé par le fait que les armes légères et de petit calibre tuent 500 000 personnes par an, il a rappelé que le Traité sur le commerce des armes institue des normes fondamentales pour un commerce responsable des armes et contribue à lutter en faveur de la sécurité et de la stabilité. « Les actes de terreur dépendent de l’accès à ces armes », a rappelé le délégué. Il s’est ensuite félicité des étapes franchies depuis l’adoption du Programme d’action des Nations Unies sur le commerce illicite des ALPC il y a 15 ans.
À l’occasion du vingtième anniversaire de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, la Norvège a rappelé que 51 millions de ces mines ont été détruites depuis son adoption. Il s’est toutefois inquiété de l’augmentation de l’utilisation des engins explosifs improvisés comme arme de guerre. Il a notamment appelé à nettoyer les zones libérées d’Iraq et de Syrie pour que la population puisse reprendre ses droits. Le délégué a également souhaité que plus de pays participent aux discussions en cours sur la situation des civils en zone de conflits. Le représentant s’est par ailleurs inquiété des dilemmes que posent les nouvelles technologies, citant notamment les discussions en cours sur les systèmes d’armes autonomes qui peuvent engager une cible sans action humaine.
Droits de réponse
Commentant la déclaration prononcée hier par les États-Unis, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que la destruction des stocks d’armes chimiques russes était un évènement d’une portée historique et que les États-Unis avaient peu contribué financièrement à cet effort. Nous demandons à nos partenaires américains d’être très précis quand ils prennent la parole sur ces programmes de désarmement d’armes de destruction massive, a-t-il dit. Il a ensuite demandé à savoir où en était l’élimination des arsenaux d’armes chimiques américains. Peut-être ce pays a-t-il besoin d’une assistance internationale pour mener à son terme ce programme qui traine depuis des années, a-t-il ironisé.
Le représentant de l’Argentine a réagi à la référence aux « îles Malvinas » faites par le Royaume-Uni, soulignant que dans le respect de l’article V de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, l’Argentine élimine les mines antipersonnel dans les territoires faisant l’objet d’un différend de souveraineté entre les deux pays. Il a indiqué que son Gouvernement avait proposé un plan pour que reprenne la discussion en vue de parvenir à un accord global de déminage dans la région.
Le représentant du Myanmar a répondu à l’Autriche et au Bangladesh qu’il existe bien un groupe de travail sur les personnes déplacées auquel participe le Myanmar. En outre, le Conseil d’état cherche à résoudre de manière pacifique la crise des réfugiés, et toutes les ONG et organisations internationales sont invitées à participer dans un esprit de coopération à cet effort.
Prenant à son tour la parole, le délégué des États-Unis a rappelé que son pays avait demandé une prorogation du délai pour détruire ses grands stocks d’armes chimiques. « Si nous avons besoin de l’aide de la Russie pour éliminer nos stocks, nous la lui demanderons », a-t-il ajouté, avant de précisé que les États-Unis ont donné un milliard de dollars à la Russie pour l’aider à détruire ses stocks.
Suite à cela, le représentant de la Pologne a remercié le représentant russe pour l’intérêt qu’il accorde au projet de résolution sur l’interdiction des armes chimiques présentée par la Pologne.
À son tour, le délégué du Royaume-Uni a assuré que son pays n’avait aucun doute quant à sa souveraineté sur les « îles Falkland », les îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud. Il a réaffirmé le droit à l’autodétermination, se disant convaincu que l’avenir de ces îles doit être dans les mains de leurs peuples.
Reprenant la parole le représentant de l’Argentine a assuré son attachement au principe d’autodétermination des peuples, mais a réaffirmé son autorité territoriale sur ces îles.
« Les Nations Unies n’ont pas stipulé que l’autorité territoriale était plus importante que l’autodétermination dans ce contentieux », a alors affirmé le délégué du Royaume Uni qui a rappelé que lors du référendum de mars 2013, la population des « îles Falkland » avait affirmé par une écrasante majorité son souhait de rester au sein du Royaume Uni.