En cours au Siège de l'ONU

Cinquième Commission: inquiétudes quant à la bonne gestion budgétaire des travaux de rénovation du Palais des Nations à Genève  

Soixante-douzième session,
18e séance – matin
AG/AB/4258

Cinquième Commission: inquiétudes quant à la bonne gestion budgétaire des travaux de rénovation du Palais des Nations à Genève  

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, ce matin, l’état d’avancement du projet de rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève, dont les coûts de base sont estimés à 736,8 millions de francs suisses pour la période 2014-2023, soit 13,4% de plus qu’initialement prévu.  Face à une telle augmentation, plusieurs délégations ont exhorté l’équipe de projet à faire preuve de plus de rigueur dans sa gestion des ressources, afin d’éviter les retards et les dépassements budgétaires.

Lancé en 2014, le projet de rénovation du Palais des Nations à Genève, autrement appelé « plan stratégique patrimonial », comprend deux grands volets: la construction d’un nouveau bâtiment permanent, dit bâtiment H, dont les travaux ont commencé en avril 2017, et la rénovation des bâtiments historiques, censée s’échelonner de 2018 à 2023. 

Le Groupe des 77 et la Chine ont à nouveau exprimé leur préoccupation face à l’augmentation de 13,4% des coûts de base du projet, qui sont passés de 649 millions à 736,8 millions de francs suisses.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) explique d’ailleurs, dans son rapport, que si cette augmentation n’a pas donné lieu à celle du coût total du projet, c’est uniquement parce que l’équipe de projet a compensé par la baisse des dépenses pour imprévus, de 108,4 millions à 70,8 millions.  Cette stratégie comptable a même entraîné une légère baisse du coût total de 837 à 836,5 millions.  Le CCQAB estime que les dépenses pour imprévus ne devraient pas être utilisées pour absorber la hausse des coûts de base.

Nous comptons donc que le Secrétariat nous explique comment il compte absorber l’augmentation des coûts de base dans les limites des ressources autorisées, ont prévenu le Groupe des 77 et la Chine.  La bonne mise en œuvre du projet doit se fonder sur une « culture de gestion et de coordination efficace », a insisté le Mexique, pour qui une telle culture doit se traduire dans les faits par le respect du budget approuvé et du calendrier établi.  La transparence de la gestion est d’autant plus importante, ont souligné les États-Unis, que les ressources allouées au projet sont considérables.  Pour cette même raison, ils ont appelé à la création d’un compte dédié au projet, indépendant du budget ordinaire.  Cela devrait également faciliter la recherche de sources de financement alternatives afin de réduire le « poids financier » endossé par les États Membres, y compris via la réaffectation des revenus locatifs des bâtiments de l’ONU à Genève au budget du projet. 

Il faut toutefois reconnaître que des progrès ont déjà été réalisés pour trouver d’autres sources de financement et réduire significativement les contributions des États Membres, a annoncé la Suisse.  En plus du prêt à taux zéro de 400 millions de francs suisses accordé par le pays, 25,6 millions issus de la revalorisation du patrimoine foncier et plus de 23 millions ont également été alloués au projet, ce qui a permis de réduire d’un tiers environ le montant total à financer par les États Membres. 

De plus, a poursuivi la Suisse, le projet permettra de réaliser chaque année des économies substantielles à l’ONU, y compris une réduction considérable des frais de maintenance et d’électricité, l’amélioration de la productivité du personnel et l’optimisation de l’espace de travail.  Les États-Unis ont dit attendre beaucoup du nouvel espace de travail, estimant que la mise en œuvre de stratégies de gestion souple devrait permettre de réaliser des gains d’efficacité.  Le Groupe des 77 et la Chine ont d’ailleurs dit ne pas comprendre l’importance qu’il y a à aménager l’espace pour installer 400 personnes supplémentaires, alors que le taux d’occupation actuel n’est que de 51%.   

La priorité durant cette session, ont insisté la Suisse et le Mexique, est de parvenir à un consensus sur le calendrier du projet, les modalités, la devise pour l’ouverture des crédits et la mise en recouvrement des contributions des États Membres.

Ces derniers étaient par ailleurs saisis d’une demande de fonds de 35,7 millions de dollars pour financer, en 2018, les 12 équipes de surveillance des sanctions, groupes d’experts et autres entités et mécanismes, soit 5% de moins qu’en 2017.  L’Iran s’est étonné des 2 millions de dollars demandés pour l’appui de la Division des affaires du Conseil de sécurité à l’application de la résolution 2231 (2015) relative au Plan d’action global commun sur la question du nucléaire iranien.  La charge de travail de la Division, a tranché l’Iran, ne saurait justifier une telle somme, sous peine d’être interprétée comme un « gaspillage des maigres ressources de l’Organisation ». 

La Cinquième Commission se réunira à nouveau lundi 4 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner le financement de certaines opérations de maintien de la paix et missions politiques.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires sur le quatrième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/72/7/Add.25)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a pris note des changements dans la gestion et la supervision du plan stratégique patrimonial et a dit attendre avec intérêt des informations actualisées sur l’efficacité que ces changements devraient apporter et sur les mesures d’atténuation des risques mises en place.  Elle a aussi noté les progrès réalisés l’année dernière, y compris le début des travaux de construction du nouveau bâtiment permanent H, la conclusion de la procédure de passation des marchés pour le nouveau bâtiment H et l’attribution du contrat de construction; l’établissement de contrats pour la poursuite de la conception détaillée de la phase de rénovation; et l’avancement des mesures visant à lever les obstacles d’ordre physique, technique ou touchant les communications que rencontrent les personnes handicapées.

La représentante a dit attendre avec impatience d’entendre du Secrétariat quelles mesures ont été mises en place pour éviter le glissement du calendrier et souligne l’importance qu’il y a à respecter les délais impartis pour prévenir l’escalade des coûts, comme le souligne à juste titre le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB). 

La représentante a aussi dit prendre note du concept de « travailler avec intelligence » visant à installer davantage de personnes dans le même espace de travail et d’augmenter ainsi de 400 leur nombre.  Pourquoi ce concept serait si important alors que l’espace actuel n’est occupé qu’à 51%? s’est étonnée la représentante.  Tout en reconnaissant qu’il faut prendre soin du confort du personnel dans un espace bien ventilé, doté de l’air conditionné et fondé sur de meilleures pratiques écologiques, la représentante a tout de même souligné qu’il est tout aussi important de rester dans la fourchette des coûts.

Mme Pereira Sotomayor a repris à son compte les préoccupations du CCQAB qui a noté que les coûts de base du projet avaient augmenté de 13,4%, passant de 649 millions de francs suisses à 736,8 millions et que la réduction des dépenses pour imprévus, qui sont passées de 108,4 millions de francs suisses à 70,8 millions de francs suisses n’a pas entraîné une diminution du coût total, resté au même niveau.  Comment compte-t-on absorber l’augmentation des coûts dans les limites des ressources approuvées?

Le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève présente le double défi de vouloir conserver le patrimoine historique du Palais des Nations, tout en modernisant ses bâtiments de façon à offrir au personnel le bon degré de fonctionnalité, a rappelé M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique).  Ce plan, a-t-il ajouté, doit également refléter le compromis entre, d’une part, la promotion d’une Organisation efficace, ouverte et respectueuse de l’environnement, et d’autre part, la nécessité de se conformer aux normes en vigueur en matière de sécurité et d’accessibilité.

Partant de ce constat, le représentant a estimé que la bonne mise en œuvre du plan stratégique patrimonial impliquait nécessairement une « culture de gestion et de coordination efficace », qui doit, selon lui, se traduire par le respect du budget approuvé et du calendrier établi.

En second lieu, le représentant a déclaré que la modernisation des pratiques de travail de l’Organisation devait être reflétée dans des stratégies de gestion souple de l’espace de travail, l’amélioration de l’accès des personnes handicapées aux bâtiments, l’égalité de genre, un meilleur emploi des technologies de l’information et une utilisation durable de l’énergie.

En outre, le représentant a appelé à tirer pleinement parti des enseignements découlant des projets antérieurs, en particulier la question de la valorisation du patrimoine.  Il a enfin insisté sur la nécessité de parvenir à un consensus, durant cette session, concernant la finalisation du calendrier du projet, les modalités et la devise pour l’ouverture des crédits et la mise en recouvrement des contributions des États Membres.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a pris bonne note des progrès réalisés à ce jour dans le cadre du plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève.  En raison de l’ampleur des ressources allouées au projet, la représentante a insisté sur la nécessité de veiller à ce que ces ressources soient gérées « de manière transparente et efficace », dans le respect du budget convenu et du calendrier établi.

La représentante a en outre insisté sur la nécessité de réduire le « poids financier » du projet sur les États Membres, notamment en envisageant des sources de financement alternatives et en développant des stratégies de gestion souple et d’optimisation de l’espace de travail.

Par ailleurs, la représentante a estimé que, compte tenu de la taille du projet, un compte distinct devrait être créé, indépendamment du budget ordinaire de l’Organisation.  Elle a également insisté sur le fait que tout revenu découlant de la location des bâtiments de l’ONU à Genève devait être alloué au plan stratégique patrimonial et au financement du projet, dans les limites des montants autorisés.

La représentante a exhorté l’équipe de projet à continuer d’identifier les moyens de moderniser les bâtiments, dans le respect de la nature historique du Palais des Nations, afin de permettre une gestion plus souple de l’espace de travail et d’augmenter la capacité d’accueil du personnel.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a déclaré que les travaux de construction effectués dans le cadre du plan stratégique patrimonial avaient débuté cette année et un impressionnant chantier avait émergé aux côtés du Palais des Nations.  En quatre ans de projet, près de 100 millions de francs suisses ont été investis.  La Suisse, a dit le délégué, a commencé à verser au projet son prêt à taux zéro à hauteur de 400 millions de francs suisses.  D’ici à la fin de l’année prochaine, la moitié du cycle de projet du plan stratégique patrimonial aura déjà été accomplie.

Les vastes retombées du projet sont dès lors accessibles.  Grâce à une réduction considérable des frais de maintenance et d’électricité, à l’évitement des coûts, à l’optimisation de l’environnement de travail et à une meilleure utilisation de l’espace, tout comme à la création de revenus supplémentaires, le plan stratégique patrimonial permettra à l’Organisation et à ses États Membres de réaliser chaque année des économies substantielles. 

En plus des bénéfices financiers escomptés, le plan stratégique patrimonial offrira également au personnel, aux délégués et aux visiteurs du Palais des Nations des avantages exceptionnels.  Il améliorera le bien-être et la productivité de tous ceux qui y travaillent, s’y réunissent et négocient.  Les infrastructures devenues obsolètes seront entièrement rénovées et les obstacles auxquels les personnes handicapées font aujourd’hui face seront éliminés pour faire place à un environnement de travail moderne, sain et sécurisé.

Dans l’ensemble, le déroulement du plan stratégique patrimonial se poursuit conformément au coût global maximal, au calendrier d’exécution, à l’étendue et aux objectifs approuvés.  Nous constatons toutefois avec inquiétude, a dit le délégué, certaines modifications apportées aux détails du calendrier et aux coûts de segments individuels.  Bien qu’il faille s’attendre à de telles modifications dans le cadre de projets aussi conséquents et uniques, nous encourageons le Secrétaire général à veiller à ce que le projet reste clairement dans le cadre du budget global maximal, de l’étendue et du calendrier, tels qu’ils ont été approuvés et confirmés par les États Membres.

D’importants progrès ont été faits en vue de trouver d’autres sources de financement pour ce projet, et ce, afin de réduire significativement les contributions assignées aux États Membres.  En plus du prêt à taux zéro de 400 millions de francs suisses, des revenus issus de la revalorisation du patrimoine foncier, actuellement à hauteur de 25,6 millions de francs suisses, et des dons de plus de 23 millions de francs suisses ont été engagés en faveur du projet.  Cela a réduit le montant net du financement encore requis durant le cycle du projet à seulement un tiers environ du coût total du projet.

En conclusion, a épilogué le représentant, si nous souhaitons profiter des avantages qualitatifs et financiers susmentionnés, il est de la plus grande importance de convenir des modalités de financement du plan stratégique patrimonial durant la présente session.  L’incertitude risque de provoquer des retards et des coûts supplémentaires, mais aussi de décourager le personnel, les partenaires, les entreprises contractantes ainsi que les donateurs potentiels.  M. Lauber a appelé toutes les délégations à travailler de manière efficace et constructive pour que ce point de l’ordre du jour puisse être conclu d’ici à la mi-décembre.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives aux équipes de surveillance des sanctions, aux groupes d’experts et autres entités et mécanismes (A/72/7/Add.12)

M. ABBAS YAZDANI (République islamique d’Iran) s’est dit préoccupé par les ressources demandées pour la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité relative au Plan d’action global commun sur la question du nucléaire iranien.  Ces ressources, qui s’élèvent à 2 millions de dollars pour 2018, seraient là pour couvrir la reconduction de 11 postes à la Division des affaires du Conseil de sécurité, les voyages officiels et les autres coûts opérationnels et logistiques.  Or, compte tenu de la nature et de la taille du mandat qui est d’aider le Conseil et son facilitateur, il y a « trop de ressources financières et humaines », a estimé le représentant.

La charge de travail de l’équipe responsable de cet appui, a dit comprendre le représentant, se borne à « poser quelques questions concernant les achats, préparer des rapports biannuels et organiser trois réunions d’experts par an ».  Partant de là, il a estimé que l’attribution de 11 postes, dont un P-5, cinq P-4, deux P-3 et de trois agents des services généraux risquait « d’être interprétée comme un gaspillage des maigres ressources de l’Organisation ». 

Le représentant a demandé davantage d’informations sur le travail réel, la performance, bref, « la raison d’être » de cette demande de ressources.  Il a aussi souhaité en savoir plus sur le taux de vacance de postes de 5% appliqué à l’appui à l’application de la résolution 2231, alors que ce taux était de 30% en 2017.  Le représentant a insisté sur les principes de répartition géographique équitable et d’égalité entre les sexes dans le personnel.  Il a réclamé à la Cinquième Commission un processus de négociation « ouvert et transparent » au lieu des réunions « en petits comités à huis clos ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​L’Assemblée générale demande aux Israéliens et aux Palestiniens d’agir de façon responsable et de créer un horizon politique crédible

Soixante-douzième session,
60e séance plénière – matin
AG/11982

​​​​​​​L’Assemblée générale demande aux Israéliens et aux Palestiniens d’agir de façon responsable et de créer un horizon politique crédible

L’Assemblée générale a adopté aujourd’hui par vote six résolutions sur la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient, dont une sur le règlement pacifique de la question palestinienne.  L’Assemblée, qui a ainsi achevé un débat commencé hier, a demandé aux Israéliens et aux Palestiniens d’agir de façon responsable et de créer les conditions nécessaires à la création d’un horizon politique crédible et à la promotion des efforts de paix. 

La résolution sur le règlement pacifique de la question de Palestine a été adoptée par 157 voix pour, 7 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall, Îles Salomon, Israël, Micronésie et Nauru) et 8 abstentions (Australie, Cameroun, Fidji, Honduras, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Soudan du Sud et Tonga).

Dans ce texte, l’Assemblée générale demande qu’une conférence internationale soit organisée à Moscou en temps voulu, en vue de promouvoir et d’accélérer la conclusion d’un règlement de paix juste, durable et global.  Elle demande aux deux parties d’agir de façon responsable dans le respect du droit international et de leurs précédents accords et obligations, tant dans leurs politiques que dans leurs actions, afin d’inverser d’urgence les tendances négatives à l’œuvre sur le terrain et de créer les conditions nécessaires à la création d’un horizon politique crédible et à la promotion des efforts de paix.

Les deux parties sont priées de mettre un terme à la détérioration de la situation, d’annuler toutes les mesures unilatérales et illégales prises sur le terrain depuis le 28 septembre 2000 et de s’abstenir de tout acte qui pourrait miner la confiance ou préjuger des questions relatives au statut final.  Elles doivent s’abstenir de tout acte de provocation, d’incitation à la violence et de tout propos incendiaire, notamment de nature à heurter les sensibilités religieuse et culturelle, y compris à Jérusalem-Est.

Le statu quo historique doit être respecté, verbalement et en pratique, dans les Lieux saints de Jérusalem, notamment l’esplanade des Mosquées, et une action résolue doit être entreprise immédiatement en vue d’apaiser les tensions.  L’Assemblée demande à Israël de mettre fin à la confiscation et l’annexion de facto de terres et aux activités d’implantation.

Il faut en finir avec le racisme, la peur et l’intimidation contre le peuple palestinien, a martelé l’Indonésie, car la situation dans les territoires occupés présente un risque accru de violence et de radicalisation.  L’occupation « brutale et illégale » est à l’origine des tensions au Moyen-Orient et enflamme « dangereusement » une situation déjà volatile, a renchéri l’Iran.  L’État de Palestine doit aussi être responsable et éliminer le terrorisme, l’incitation au terrorisme et son apologie, a fait observer l’Uruguay.

L’Assemblée a ensuite adopté la résolution sur Jérusalem, par 151 voix pour, 6 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie et Nauru) et 9 abstentions (Australie, Cameroun, République centrafricaine, Honduras, Panama, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Soudan du Sud et Togo).  Dans cette résolution, l’Assemblée rappelle qu’elle a déterminé que toute mesure prise par Israël en vue d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration à la Ville sainte de Jérusalem était illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et sans validité aucune.

La résolution sur le Golan syrien a été adoptée par 105 voix pour, 6 voix contre (Canada, États-Unis, Îles Marshall, Israël, Micronésie et Royaume-Uni) et 58 abstentions.  Dans ce texte, l’Assemblée réaffirme le principe fondamental de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la force et demande à Israël de relancer les volets syrien et libanais des pourparlers et de respecter les garanties et engagements précédemment souscrits.

Le problème est que l’occupation est « soutenue et protégée » par certains pays, dont des membres permanents du Conseil de sécurité, a dénoncé la Syrie, ce qui encourage Israël à ne pas mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies, à élargir son occupation et à poursuivre sa politique d’agressions systématiques qui s’apparente à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité.  Le régime syrien tue et utilise des armes chimiques contre son propre peuple qu’Israël soigne dans ses hôpitaux, a répondu Israël.

L’Assemblée générale a aussi renouvelé le mandat de plusieurs entités: la résolution sur le « Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien » a été adoptée par 103 voix pour, 10 voix contre et 57 abstentions; celle sur la « Division des droits des Palestiniens du Secrétariat », par 100 voix pour, 10 voix contre et 59 abstentions; et celle sur le « Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de l’information (DPI) », par 155 voix pour, 8 voix contre (Australie, Canada, États-Unis, Îles Marshall, Îles Salomon, Israël, Micronésie et Nauru) et 8 abstentions (Cameroun, Honduras, Mexique, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Paraguay, Soudan du Sud, Togo et Tonga).

L’Assemblée générale se réunira demain, à partir de 10 heures, sur les questions de la culture de paix et de l’efficacité du fonctionnement administratif et financier de l’ONU.

QUESTION DE PALESTINE

Rapport du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/72/35) et Rapport du Secrétaire général (A/72/368–S/2017/741)

Déclarations

M. MOHAMED HUSSEIN BAHR AL ULUM (Iraq) a appuyé d’emblée le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et fait lecture du message du Président iraquien à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien et le soixante-dixième anniversaire de la résolution 181 (II) sur la partition de la Palestine.  Il a souligné la responsabilité de l’Organisation dans les souffrances des Palestiniens et sur la nécessité urgente de mettre fin à l’occupation israélienne « de tous » les territoires arabes.  Les frappes aveugles et les démolitions de maisons se poursuivent, exigeant de la communauté internationale qu’elle ne ménage aucun effort pour parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine.  Le représentant a accusé Israël d’opposer « une indifférence obstinée » à cette situation et de persister dans sa politique de destruction, y compris les établissements scolaires de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Israël continue en outre sa politique d’expansion des colonies de peuplement et pour toutes ces raisons, l’Iraq, a dit le représentant, réitère sa position de principe selon laquelle une solution juste et globale ne peut être trouvée que dans la création d’un État palestinien indépendant.  Il a appelé les pays qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine, en particulier certains États européens, à le faire dans les meilleurs délais pour appuyer la paix, la stabilité et la sécurité dans la région.  Il a réaffirmé son soutien « plein et entier » à l’Autorité nationale palestinienne, sans oublier de souligner les effets nuisibles de la politique israélienne sur l’économie palestinienne.  Il a insisté sur le dialogue et le consensus pour permettre enfin au peuple palestinien de jouir de ses droits, en particulier le droit à l’autodétermination.    

Mme MANAL HASSAN RADWAN (Arabie saoudite) a réitéré la solidarité de son pays avec le peuple palestinien et ses droits inaliénables, dont les droits à l’autodétermination et à la pleine souveraineté sur les territoires occupés depuis 1967.  Elle a condamné les actes posés par Israël dont les attaques et les meurtres de Palestiniens innocents, la confiscation des terres, la destruction des maisons et des infrastructures.  Considérant que ces violations peuvent s’apparenter à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité, la représentante a constaté qu’Israël continue d’ignorer les appels de la communauté internationale à cesser ces violations et à respecter les résolutions.  Aussi, a-t-elle voulu que la question de Palestine soit hissée au premier plan de l’agenda international et qu’une protection internationale soit offerte immédiatement au peuple palestinien.

La représentante a réaffirmé l’identité islamique d’Al-Qods occupé et a demandé à Israël de respecter les lieux saints islamiques et chrétiens.  Elle a vu dans la volonté de « chasser » une preuve flagrante de nettoyage ethnique et souligné que la politique liée aux colonies de peuplement compromet la solution des deux États, ce qui prouve qu’Israël veut priver le peuple palestinien de ses droits, a-t-elle ajouté.  Accusant également Israël d’être entièrement responsable des crimes atroces commis par des colons extrémistes, elle a demandé que ces derniers soient placés sur la liste des terroristes pour que la justice internationale puisse se saisir de leur cas.

La représentante a rappelé l’initiative de paix « historique » lancée par son pays à Beyrouth en 2002 et qui est devenue l’« Initiative de paix arabe », adoptée par l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), « un jalon important » du processus de paix.  La représentante a aussi rappelé la Déclaration d’Amman adoptée en mars 2017 par le Sommet de la Ligue arabe qui a confirmé la solution des deux États comme « seule voie pour la paix ».  Le Royaume d’Arabie saoudite fera tout son possible pour réparer l’injustice historique faite au peuple palestinien, a promis la représentante.

M. MAHMOUD DIBAEI (République islamique d’Iran) a déploré qu’alors que l’on célèbre la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, aucun progrès n’ait été accompli au cours de l’année écoulée pour mettre fin à l’occupation israélienne des territoires palestiniens.  Il a aussi déploré que tous les efforts déployés jusqu’ici par la communauté internationale se soient avérés inadéquats en raison de l’intransigeance du régime israélien et de la poursuite de ses politiques et actes criminels contre le peuple palestinien.  Il a noté avec une profonde préoccupation que la situation dans le Territoire palestinien occupé s’est récemment aggravée, comme stipulé dans les rapports soumis à l’Assemblée générale.

Rappelant que l’injustice continue depuis plus de 70 ans maintenant, il a dénoncé la violation systématique des droits des Palestiniens, notamment la démolition des maisons, les déplacements forcés des civils, les arrestations et les détentions, y compris d’enfants, la violence incessante, la terreur et les provocations des colons israéliens et des extrémistes, en particulier dans des sites religieux sensibles comme la mosquée Al-Aqsa. Parallèlement, l’imposition illégale du blocus de Gaza continue d’occasionner des privations massives et le désespoir comme elle alimente une grave crise humanitaire.  Ainsi, le régime israélien viole, de façon délibérée et systématique, toutes les normes élémentaires du droit international et du droit international humanitaire, a-t-il souligné.

Le régime continue, avec arrogance et de manière flagrante, à violer un large éventail de résolutions adoptées par les Nations Unies, dont 86 du Conseil de sécurité, de la résolution 54 (1948) à la 2334 (2016) sur les activités illégales de colonies de peuplement.  Le représentant a aussi cité les nombreuses résolutions du Conseil des droits de l’homme et des agences spécialisées en réponse à l’occupation illégale, aux actes répétés d’agression et aux atrocités, désormais dûment documentés, aux politiques d’apartheid et aux crimes de guerre contre le peuple palestinien.  Fustigeant l’impunité dont jouit le régime israélien, il a appelé la communauté internationale à prendre les mesures qui s’imposent, relevant au passage la « paralysie » du Conseil de sécurité.  Le représentant a insisté sur la croissance rapide des colonies illégales qui viole la quatrième Convention de Genève et constitue un crime de guerre.  Il a estimé qu’Israël ne tient aucunement à la paix et que sa participation aux pourparlers n’a été qu’une tactique pour gagner du temps et continuer sa politique d’agression et d’expansion.

« Les armes nucléaires aux mains de ce régime posent une grave menace à la sécurité de tous les États du Moyen-Orient », a poursuivi le représentant, en affirmant que, comme par le passé, la question de Palestine exige une attention et une action internationales urgentes car l’occupation « brutale et illégale » est à l’origine des tensions au Moyen-Orient et enflamme « dangereusement » une situation déjà volatile, avec des conséquences énormes pour la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil de sécurité, a conclu le représentant, devrait assumer ses responsabilités et obtenir du régime israélien qu’il respecte les normes internationales et mette fin aux crimes de guerre et aux violations des droits des Palestiniens.    

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a partagé les inquiétudes du Secrétaire Général quant à l’absence de progrès politique sur la question palestinienne et le risque accru de violence et de radicalisation.  Le délégué a réaffirmé son soutien à la solution des deux États, seule alternative viable pour répondre aux aspirations des Israéliens et des Palestiniens.  Israël doit prendre les mesures nécessaires pour stopper la colonisation et les constructions dans les Territoires palestiniens occupés, a insisté le représentant.

« Nous ne pouvons pas attendre une autre cinquantaine d’années », a-t-il prévenu, se désolant des 50 années d’histoire tragique marquée par la souffrance du peuple palestinien ».  Il a appelé à la fin des violations des droits de l’homme et de la liberté de circulation.  Il faut en finir avec le racisme, la peur et l’intimidation, a martelé le représentant qui a aussi prévenu qu’économiquement les Palestiniens ne pourront pas avancer sur la voie du développement durable, compte tenu des lois et de la politique de la Puissance occupante.  Le représentant a cité le blocus illégal à Gaza et autres barrières imposés par Israël.

Estimant que la question de Palestine est au centre de la paix et de la sécurité au Moyen-Orient, M. WU HAITAO (Chine) a souligné que la recherche d’une solution y va de l’intérêt de tous les peuples de la région.  Il est revenu sur la proposition qu’a faite son Président, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien: appuyer la solution des deux États et obtenir des parties qu’elles continuent à travailler à une solution durable; relancer rapidement les pourparlers directs avec au cœur les questions liées à la sécurité collective; mobiliser les acteurs internationaux; et mettre au point une approche intégrée de la paix et du développement.  La Chine, a dit le représentant, est prête à ouvrir des voies de coopération au développement.  Le représentant n’a pas caché ses préoccupations face au terrorisme qui constitue une grave menace à la paix et à la sécurité.  Il a appelé les parties au conflit à reprendre le dialogue et les pays de la région à lutter ensemble contre ce fléau avec des mesures « intégrées ».  Le représentant a donné un dernier conseil au Moyen-Orient: respect de l’intégrité territoriale des États, règlement des racines des conflits et promotion du développement durable.

M. MATÍAS PAOLINO (Uruguay) a réitéré son soutien au droit d’Israël et de la Palestine à vivre en paix dans des frontières sûres et reconnues et son soutien à la solution des deux États, convaincu qu’il n’existe pas d’alternative.  L’Uruguay nourrit des liens de profonde amitié avec l’État d’Israël comme avec l’État de Palestine, a poursuivi le représentant.  Il a appelé ce dernier à être un État responsable, capable d’éliminer totalement le terrorisme, l’incitation au terrorisme et son apologie.  Il a jugé fondamental que la communauté internationale fasse davantage d’efforts pour encourager les parties à retourner à la table des négociations afin de trouver une issue pacifique, juste, négociée, durable et qui, conformément au droit international, prenne les intérêts de chacune d’elles en considération.

Pour atteindre cet objectif, a continué le représentant, les parties doivent respecter leurs obligations en matière de droit international et s’abstenir d’adopter des décisions unilatérales qui nuisent au dialogue.  À cet égard, l’Uruguay est préoccupé par les décisions des autorités israéliennes de construire des logements dans les territoires occupés, ainsi que par la confiscation de terre et la destruction de logements palestiniens.  Ces colonies sont illégales et vont à l’encontre des recommandations du Quatuor et des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il rappelé.

M. MOHAMED AHMED SALIM AL-SHANFARI (Oman) a souligné que, depuis 70 ans, la question palestinienne est restée « immobile, sans règlement » et pendant ce temps, les pratiques israéliennes inhumaines perdurent.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à sortir de sa « passivité » vis-à-vis Israël et à obtenir de ce dernier qu’il relance les pourparlers, à mettre fin à ses politiques illégales et à se retirer de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan et le Liban.  Le représentant s’est en revanche félicité de la réconciliation interpalestinienne, en mettant l’accent sur le rôle positif de l’Égypte.  Le Conseil de sécurité et le Quatuor doivent assumer leur rôle de manière positive et efficace pour arriver à la solution des deux États vivant côte à côte dans les frontières de 1967.

Il est temps de solder la « dette historique » à l’égard de l’État de Palestine et de rétablir le peuple palestinien dans ses droits inaliénables violés par Israël depuis un demi-siècle, a dit M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba).  Les nombreuses violations du droit international, en particulier le droit humanitaire et les droits de l’homme, commises par Israël, Puissance occupante, durant les 50 ans d’occupation militaire du territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, et du Golan syrien, non seulement se poursuivent mais ont aussi augmenté durant la période à l’examen, a constaté le représentant.  Il a appelé le Conseil de sécurité à adopter des mesures concrètes pour en finir avec cette « injustice historique » et mettre immédiatement un terme au blocus de Gaza.  La solution des deux États et un règlement global, juste, pacifique et durable de la question palestinienne ne seront possibles que si Israël cesse de violer ses obligations en vertu du droit international, de la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité, a insisté M. Rivero Rosario.

Quant à la question de Jérusalem, le représentant a jugé nécessaire de trouver une solution juste et durable qui prenne en compte les légitimes préoccupations des deux parties.  Il a aussi estimé qu’imposer la législation, la juridiction et l’administration d’Israël sur Jérusalem ou le Golan syrien occupé constitue un obstacle au processus de paix.

Le représentant a attiré l’attention sur le message de son Ministre des affaires étrangères à l’occasion de la Journée de solidarité avec le peuple palestinien: Cuba a toujours soutenu la juste cause du peuple palestinien et maintenu une position de principe en faveur de l’autodétermination, de la création d’un État palestinien libre, indépendant et souverain, avec Jérusalem-Est pour capitale et dans les frontières d’avant 1967, et du droit au retour des réfugiés. La communauté internationale ne saurait rester les bras croisés face aux abus et aux violations commis contre le peuple palestinien, a ajouté le Ministre, dans son message, soutenant toutes les initiatives pour remettre en marche le processus politique de négociations. 

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a déclaré que la Journée de solidarité avec le peuple palestinien vient rappeler, encore une fois, la responsabilité collective des Nations Unies envers ce peuple, qu’elles ont laissé tomber en ne respectant pas leurs engagements pris le 29 novembre 1947 dans la résolution décidant de la partition.  Il a également renvoyé à « l’infâme Déclaration Balfour » qui a été « la cause et le début des souffrances du peuple palestinien » et qui perdurent à ce jour.  Il a trouvé étonnant que certains s’obstinent à célébrer ladite Déclaration puisque le monde est, aujourd’hui encore, le témoin des souffrances du peuple palestinien, de la cruauté de l’occupation israélienne, de la politique des colonies de peuplement, de la construction du mur de « ségrégation raciale », du déplacement des civils palestiniens et de l’exil, ainsi que de l’imposition de punitions collectives et de la persistance du blocus imposé à Gaza qui entame sa onzième année.

Il a aussi évoqué les violations les plus récentes du droit international humanitaire, les obstacles et manœuvres en vue de la judaïsation et de la fragmentation de la ville de Jérusalem.  Il a souligné que de telles pratiques ne sauraient continuer dans l’indifférence générale et qu’il est de l’obligation de la communauté internationale de veiller à mettre fin à cette situation insoutenable, en donnant une protection internationale au peuple palestinien.  La communauté internationale, a ajouté le représentant, doit tout faire pour arriver à la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Il a réitéré l’appui sans faille de l’Algérie à cette solution, avant d’applaudir la récente réconciliation interpalestinienne.  Il a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à mettre fin à l’occupation israélienne et à garantir, dans les faits, le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.  

M. KENNEDY MAYONG ONON (Malaisie) a profondément déploré qu’Israël continue à construire des colonies illégales dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, car cela affaiblit la possibilité de la solution des deux États, fondée sur les frontières d’avant 1967.  Ces politiques et actions illégales sont un mépris flagrant de la résolution du Conseil de sécurité 2334 (2016), a-t-il déclaré.  La Malaisie, a-t-il poursuivi, apprécie l’engagement de l’État de Palestine à retourner à la table des négociations, en dépit des provocations de la Puissance occupante.  Il a donc appelé la communauté internationale à obtenir d’Israël qu’il cesse immédiatement sa colonisation illégale, avant que la solution des deux États ne soit totalement érodée.  Il a salué les efforts d’unité palestinienne facilités par l’Égypte. 

Après avoir déploré la vulnérabilité des sites de la Ville sainte et réclamé que l’accès illimité des fidèles musulmans à la mosquée Al-Aqsa, le représentant s’est attardé sur la « catastrophe humanitaire » à Gaza.  Il a appelé à la levée du blocus pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes.  En tant que membre du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la Malaisie approuve totalement les recommandations du Comité.  Il faut, a conclu le représentant, extirper les racines du conflit, en mettant fin à l’occupation militaire israélienne.

M. DAULET YEMBERDIYEV (Kazakhstan) a déclaré d’emblée que sa position demeure inchangée: la solution des deux États est la seule envisageable comme l’ont confirmé les nombreuses initiatives de paix, notamment la Ligue des États arabes et du Quatuor.  Il a mis l’accent sur la nécessité de lancer des réformes dans les domaines de la sécurité, de l’emploi et la gouvernance pour favoriser la prospérité à Gaza et en Cisjordanie.  Le Moyen-Orient pourrait s’inspirer du riche héritage de sa diversité religieuse pour instaurer la paix dans la région.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapports du Secrétaire général (A/72/333 et A/72/368–S/2017/741) et présentation de deux projets de résolution

L’Égypte a présenté le projet de résolution sur Jérusalem (A/72/ L.11) indiquant que par rapport aux années précédentes, le texte n’a subi aucune modification, à l’exception du préambule qui fait référence à la résolution 2334 (2016) dans laquelle le Conseil de sécurité souligne qu’il ne reconnaîtra aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations. 

Dans ce projet de résolution, l’Assemblée générale rappelle qu’elle a déterminé que toute mesure prise par Israël, Puissance occupante, en vue d’imposer ses lois, sa juridiction et son administration à la Ville sainte de Jérusalem-Est illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et sans validité aucune, et demande à Israël de renoncer immédiatement à toutes ces mesures illégales et unilatérales. 

L’Assemblée souligne aussi que tout règlement global, juste et durable de la question de la ville de Jérusalem doit tenir compte des préoccupations légitimes des deux parties, palestinienne et israélienne, et comporter des dispositions assorties de garanties internationales qui assurent la liberté de religion et de conscience de ses habitants, et garantissent aux personnes de toutes les religions et nationalités l’accès permanent, libre et sans entrave aux Lieux saints. 

Le projet de résolution sur le Golan syrien (A/72/ L.17) n’a subi non plus de changement, a poursuivi l’Égypte.  L’Assemblée rappelle la résolution 497 du Conseil de sécurité (1981) qui souligne que la décision du 14 décembre 1981, par laquelle Israël a imposé ses lois, sa juridiction et son administration au Golan syrien occupé, est nulle et non avenue et sans validité aucune.

L’Égypte a ajouté que les coauteurs du texte estiment qu’il est temps que la communauté internationale règle de façon globale les conflits au Moyen-Orient car les peuples de la région attendent encore la réalisation de leur espoir de paix, d’indépendance et de coexistence.  Cela ne sera possible qu’avec une volonté politique et un véritable engagement pour restituer tous les territoires palestiniens occupés, ainsi que la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et le respect du principe « terre contre paix » et des règles du droit international.

Déclarations

L’Assemblée générale examine chaque année la situation au Moyen-Orient et appelle chaque année Israël à mettre fin à l’occupation des territoires arabes, s’est impatienté M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne).  Dans toutes ses résolutions, l’Assemblée générale respecte la position exprimée par le Conseil de sécurité à l’unanimité dans les résolutions 478 (1980) sur Jérusalem et 497 (1981) sur le Golan occupé, qui rejetaient les pratiques israéliennes agressives.  Mais, a estimé le représentant, le problème est que l’occupation est « soutenue et protégée » par certains pays, dont des membres permanents du Conseil de sécurité, ce qui encourage Israël à ne pas mettre en œuvre les résolutions des Nations Unies, à élargir son occupation et à poursuivre sa politique d’agressions systématiques qui s’apparente à des crimes de guerre et à des crimes contre l’humanité.

Israël, a-t-il poursuivi, refuse de rendre le Golan occupé à son pays d’origine, la Syrie, en essayant d’en modifier la géographie et la démographie.  Le représentant a dénoncé l’imposition de la nationalité israélienne aux habitants du Golan, sans compter les arrestations arbitraires et le déni du droit à la résistance face à l’occupation, ce qui est contraire au droit international.  Il a appelé à la fin des violations « graves et sans précédent » des droits de l’homme dans le Golan syrien occupé, où un délit de communication a même été inventé, a-t-il affirmé.  La Puissance occupante a confisqué plus des trois quarts des terres et transformé la plupart des terres agricoles en terrains militaires, sans oublier de détourner les eaux souterraines vers Israël, privant les habitants de leur droit fondamental à l’eau.

C’est le silence de la communauté internationale et des Nations Unies qui encourage Israël à continuer de violer les résolutions du Conseil de sécurité et d’appuyer les forces terroristes dans la région, dont le Front el-Nosra et Daech, a encore affirmé le représentant.  Compte tenu de ses objectifs communs avec les groupes terroristes, Israël n’hésite d’ailleurs pas à bombarder les sites syriens.

Le représentant a réaffirmé, comme « non négociable », le droit souverain de son pays sur le Golan syrien occupé, dans les frontières du 4 juin 1967.  Il a jugé inacceptable que l’ONU et ses États Membres adoptent des résolutions « de routine ou de solidarité » sans réels résultats, invitant néanmoins tous les États à voter pour les projets de résolution.

Pour Mme LAILA SHAREEF (Maldives), le règlement du conflit israélo-palestinien, basé sur les résolutions du Conseil de sécurité, est vital pour ramener la paix et la tranquillité au Moyen-Orient.  Les Maldives, a-t-elle dit, appellent Israël à mettre pleinement en œuvre ces résolutions, à respecter ses obligations juridiques au titre des Accords d’Oslo et à appliquer l’Initiative de paix arabe et la feuille de route du Quatuor.  La représentante s’est indignée « des actes violents et illégaux » d’Israël ces derniers mois.  Elle a particulièrement dénoncé la loi sur la légalisation rétroactive des colonies de peuplement « des modifications structurelles » dans les territoires palestiniens occupés, et la rhétorique incendiaire du Gouvernement israélien qui anéantissent l’espoir de mettre fin au conflit par la solution des deux États.  Mme Shareef a estimé qu’il est temps que les Nations Unies et la communauté internationale créent les conditions nécessaires pour que les parties retournent à la table des négociations.

La représentante s’est également dite très préoccupée par le conflit en Syrie, qui a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes et le déplacement de millions de Syriens, « devenus la plus grande communauté de réfugiés au monde ».  Elle a dénoncé la violence de Daech, rappelant que ses « actes de violence barbares » constituent une attaque contre l’islam et doivent être stoppés.  Les Maldives condamnent toute tentative de lier le terrorisme à une religion, une culture ou une tradition, a-t-elle conclu ajoutant que pour trouver une paix durable au Moyen-Orient, il faut se tenir prêt à faire des compromis politiques et à prendre des engagements constructifs.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que le Moyen-Orient est dans une situation d’instabilité systémique avec les crises en Syrie, au Yémen et en Iraq.  Il a considéré que l’Accord nucléaire iranien est un exemple de coopération internationale réussie alors que les tensions entre les monarchies du Golfe persique sont une nouvelle source de préoccupation.  Le représentant a prévenu que les terroristes mettent à profit ces situations pour attiser les tensions dans une région à forte diversité ethnique et religieuse.  La stagnation de la situation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord prouve la nécessité urgente de rechercher des approches novatrices qui résulteraient d’un examen global.  La Fédération de Russie, a souligné le représentant, continuera à appuyer un règlement satisfaisant pour tous.  Les événements récents, comme la déclaration des Présidents russe et américain, la Conférence conjointe avec l’opposition syrienne à Ryad et la préparation d’un Dialogue intersyrien favoriseront la relance des pourparlers, d’une manière satisfaisante, a estimé le représentant.

Au Yémen, il est essentiel d’améliorer l’acheminement de l’aide humanitaire car le pays est au bord de la catastrophe, a-t-il poursuivi, avant de se féliciter de l’Accord du 12 octobre sur la réconciliation interpalestinienne, « un succès qui ouvre de nouvelles perspectives ».

Explications de vote sur les projets de résolution relatifs à la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat (A/72/L.13), au Programme d’information spéciale sur la question de Palestine ( A/72/L.14), au Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/72/L.15) et au Règlement pacifique de la Question de Palestine (A/72/L.16)

Commentant tous ces projets de résolution, la représentante d’Israël a rappelé que, le 29 novembre 1947, les Nations Unies adoptaient la résolution 181 portant création des États juif et arabe.  L’État d’Israël a accepté cette résolution alors que le monde arabe l’a rejetée.  Quelques mois plus tard, un jour après la Déclaration d’indépendance d’Israël le 15 mai 1948, une coalition d’armées arabes a envahi le pays de tous les côtés dans le seul but de détruire le nouvel État juif.  Le soixante-dixième anniversaire de ce vote crucial de novembre 1947 a été commémoré hier, a poursuivi la représentante, et ce qui devait être une fête est devenu, année après année, l’occasion de critiquer systématiquement Israël, certains pays refusant même de reconnaître l’existence de l’État israélien.

Les Nations Unies, a dénoncé la représentante, continuent d’adopter des résolutions basées sur le parti pris et consacrent de précieuses ressources à des organes politisés.  « C’est une honte », a-t-elle tranché, en pointant le doigt sur le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien « qui ne fait rien pour la paix mais tout pour diffuser un discours biaisé ».  Quant à la Division des droits des Palestiniens, c’est un organe du Secrétariat qui a servi de plateforme aux apologistes du terrorisme, a encore dénoncé la représentante qui a aussi vu dans le Programme d’information spéciale sur la question de Palestine, un organisateur de séminaires annuels sur la paix au Moyen-Orient mais qui ne fait rien pour le dialogue entre Palestiniens et Israéliens. L’une de ses principales responsabilités est d’ailleurs de former des journalistes palestiniens.  La représentante a jugé « incroyable » que l’ONU dépense près de 6,5 millions de dollars pour des organes qui ne font qu’isoler Israël.

Quant aux deux résolutions présentées aujourd’hui qui parlent du mont du Temple, ce lieu saint pour l’islam, la chrétienté et le judaïsme, la représentante a déploré qu’elles ne fassent pas référence aux liens entre chrétiens et juifs, dénonçant une omission délibérée et le refus de reconnaître que ces deux religions sont liées à Lieu saint.  La représentante a aussi relevé que la résolution sur le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien établit un lien de cause à effet entre la naissance d’Israël et la « Nakba », la catastrophe, ce qui constitue « un déni du droit à l’existence d’Israël ».  La représentante n’a pas oublié d’accuser le régime syrien de tuer systématiquement et d’utiliser des armes chimiques contre son propre peuple, qu’Israël quant à lui soigne dans des hôpitaux.

Présentant la position de principe de son pays, la représentante des États-Unis a réaffirmé son opposition à la présentation annuelle des mêmes résolutions qui ciblent Israël et qui ne contribuent en rien à la paix.  Cette année, a-t-elle rappelé, les États-Unis se sont opposés à 18 résolutions marquées par un parti pris contre Israël.  Il est « injuste », a-t-elle argué, que cette institution intergouvernementale laisse des États imposer leurs vues qui ne sont représentatives que d’un seul camp.  Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, la Division des droits des Palestiniens et encore le Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes ne font que perpétuer l’idée selon laquelle l’ONU a un parti pris à l’endroit d’Israël, a prévenu la représentante dont le pays demeure actif dans la recherche d’un accord de paix qui mettrait un terme au conflit et amorcerait une nouvelle dynamique dans la région.

Au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Estonie a rappelé que pour l’Union européenne, la référence au « Gouvernement palestinien » s’entend comme « Autorité palestinienne ».  De plus, l’utilisation du terme « Palestine » ne saurait constituer une reconnaissance de l’État de Palestine, sans préjuger des positions individuelles des États membres de l’Union européenne et de la validité de l’accession aux conventions et traités y mentionnés.  L’Union européenne, a précisé le représentant, n’a pas de définition juridique du terme « déplacement forcé ».

L’Union européenne, a poursuivi le représentant, est préoccupée par les affrontements violents et récurrents dans le mont du Temple/Haram el-Charif.  Il a rappelé la signification spéciale des Lieux saints et appelé au maintien du statu quo mis en place en 1967 et du rôle spécial de la Jordanie.  Il a aussi rappelé que la position de l’Union européenne sur les résolutions présentées aujourd’hui n’implique nullement un changement concernant la terminologie mont du Temple/Haram el-Charif.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’un libellé sur les Lieux saints de Jérusalem qui reflète leur importance historique pour les trois religions monothéistes et respecte les sensibilités religieuses et culturelles.  Le libellé pourrait affecter l’appui collectif de l’Union européenne aux résolutions, a prévenu le représentant.    

Pour expliquer son abstention sur le projet de résolution relatif à la Division des droits des Palestiniens, le représentant de l’Argentine a considéré qu’il aurait été plus opportun d’évaluer d’abord l’utilisation des ressources destinées au soutien au peuple palestinien.  Il n’a pas manqué de rappeler que certains États ont déjà reconnu la Palestine comme un État libre et indépendant.

Le représentant de Singapour, qui a voté pour le projet de résolution relatif au Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a précisé que la référence à la solution des deux États doit être interprétée de la même manière que dans le texte relatif au règlement pacifique de la question de Palestine, c’est-à-dire « la solution des deux États vivant côte à côte dans les frontières de 1967 ». 

Reprenant la parole, cette fois-ci, également au nom du Brésil, le représentant de l’Argentine a dit avoir voté pour le projet de résolution relatif au Golan syrien, sachant que sa caractéristique principale est la référence à l’illégalité de l’acquisition de territoire par la force.

Son homologue de la République arabe syrienne a exprimé sa gratitude à tous les États qui votent depuis 1981, sans exception pour les résolutions relatives au Golan syrien, ce qui montre bien leur profond attachement à la Charte, leur rejet de l’occupation étrangère et leur appui à la restitution des territoires occupés.  L’adoption de la résolution à une majorité écrasante lance un message clair à Israël sur l’illégalité de sa politique d’occupation par la force, qui constitue une violation flagrante du droit international, notamment des Conventions de Genève de 1949.  Le représentant a appelé à la fin de l’occupation étrangère, non sans répondre à Israël et lui rappeler qu’il soigne aussi des milliers de terroristes de Daech dans ses hôpitaux.  Le mépris est encore la meilleure réponse aux « mensonges », a-t-il tranché. 

Continuant de penser qu’une solution juste et durable est possible, le représentant du Royaume-Uni a dit avoir voté pour les projets équilibrés qui dénoncent la colonisation et l’apologie de la violation et qui demandent aux deux parties d’assumer leurs responsabilités.  En revanche, le Royaume-Uni s’oppose à des résolutions susceptibles de miner la crédibilité des Nations Unies et c’est la raison pour laquelle il s’est prononcé contre la résolution sur le Golan syrien, proposée par la Syrie, car il ne reconnaît pas l’annexion du Golan mais son occupation.  Par ce projet, l’intention du régime syrien est de détourner l’attention du monde du massacre de ses propres citoyens, a accusé le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Journée de solidarité avec le peuple palestinien: la réconciliation palestinienne, seule lueur d’espoir

386e séance – matin
AG/PAL/1398

Journée de solidarité avec le peuple palestinien: la réconciliation palestinienne, seule lueur d’espoir

Le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a observé, ce matin, la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, en tenant une réunion spéciale au cours de laquelle l’accord de réconciliation palestinienne, signé en octobre dernier au Caire, est apparu comme la seule lueur d’espoir face à la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens et des violations des droits de l’homme.  Les hauts fonctionnaires de l’ONU et les représentants d’organisations internationales réunis aujourd’hui ont également été nombreux à s’inquiéter des perspectives actuelles de voir aboutir la solution des deux États.

« Il est juste de dire que la solution des deux États est en péril, gravement mise à mal par l’occupation et la colonisation, mais aussi par la violence et la méfiance entre les parties », a notamment indiqué le Président du Comité, M. Fodé Seck, qui a en outre signalé que cette situation est en train d’être exploitée par des extrémistes dont la violence menace encore plus la solution des deux États.

Vingt-quatre ans après les accords d’Oslo, l’Observateur permanent de l’État de Palestine a en outre affirmé qu’Israël est en train d’ancrer son occupation, au lieu d’y mettre un terme, détruisant la solution des deux États et créant une crise existentielle pour les Palestiniens et les perspectives de paix.  Il a en outre averti qu’en s’en prenant à des sites saints tels que Haram el-Charif, Israël menace de transformer un conflit pouvant être résolu politiquement en « la réalité d’un État apartheid ou d’une guerre de religion sans fin ».  Pour M. Riyad Mansour, il n’y a pas de doute: « Mettre fin à l’impunité dont jouit Israël est le seul moyen d’ouvrir un chemin pour la paix.  Les violations ne peuvent rester impunies ».

Alors que cette année 2017 marque le centenaire de la Déclaration Balfour, le soixante-dixième anniversaire de l’adoption, le 29 novembre 1947, de la résolution 181 de l’Assemblée générale qui décidait de partager la Palestine en vue de la création de deux États souverains, ainsi que la dixième année du blocus imposé à Gaza, le tableau reste très sombre, comme l’a mis en évidence le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Andrew Gilmour.

Se référant aux rapports du Secrétaire général et du Haut-Commissaire aux droits de l’homme qui font état, « avec une régularité déprimante », des nombreuses violations des droits de l’homme et du droit humanitaire par Israël, ce dernier a déploré la poursuite de l’élargissement des colonies de peuplement, malgré leur illégalité, les restrictions à la liberté de mouvements des Palestiniens, les arrestations et les détentions administratives, ainsi que les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme, aussi bien israéliens que palestiniens.  M. Gilmour s’est aussi inquiété du fait que suite à la crise de l’électricité de ces derniers mois dans la bande de Gaza, les résidents vivent dans des « conditions intenables ». 

« Nous ne pouvons pas simplement nous préoccuper du peuple palestinien durant les journées internationales, ils ont besoin de notre solidarité 365 jours par an », a déclaré à son tour le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, se joignant ainsi aux nombreux appels engageant la communauté internationale à redoubler d’efforts pour faire aboutir la solution des deux États et mettre fin aux violations des droits de l’homme des Palestiniens.

Il a jugé impératif d’appliquer la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité sur l’illégalité des activités de peuplement israéliennes, le Secrétaire général d’Amnesty International, M. Salil Shetty, a cependant pointé la politique de deux poids, deux mesures de la communauté internationale, « en particulier des États-Unis », qui ont « abusé » de leur droit de veto au Conseil de sécurité. 

Seule note d’espoir partagée par les intervenants: le récent accord de réconciliation interpalestinienne et la fin des dissensions entre Gaza et la Cisjordanie, qui, pour le Président du Comité, est un « pas dans la bonne direction ».  « Nous exhortons les autorités israéliennes à s’inclure dans ce processus positif pour prendre des mesures en faveur de la paix », a lancé M. Seck, tandis que le représentant de la Ligue des États arabes (LEA) a fait observer que cette avancée « empêchera dorénavant Israël d’utiliser le faux prétexte d’un interlocuteur qui ne voudrait pas vraiment la paix ».

La prochaine réunion du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

SÉANCE SPÉCIALE POUR CÉLÉBRER LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN, CONFORMÉMENT À LA RÉSOLUTION 32/40 B DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EN DATE DU 2 DÉCEMBRE 1977

Déclarations

M. FODÉ SECK, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a indiqué que cette année marque le centenaire de la Déclaration Balfour, rappelant aussi l’adoption, le 29 novembre 1947, de la résolution 181 de l’Assemblée générale qui décidait de partager la Palestine en vue de la création de deux États souverains.  Or, a-t-il poursuivi, « l’un de ces États, la Palestine, n’a acquis ni son indépendance ni sa souveraineté territoriale ».  Malgré les appels majoritaires au droit du peuple palestinien à l’autodétermination, beaucoup reste encore à faire, a-t-il déploré.  Il est alors revenu sur l’occupation du territoire palestinien qui dure depuis 50 ans et le blocus de la bande de Gaza qui dure depuis 10 ans, ainsi que sur l’usage disproportionnée de la force contre les civils palestiniens et la construction de colonies illégales.  Selon lui, la réalité du terrain, les actes violents comme terroristes ainsi que la méfiance entre les parties sont de sérieux coups portés à une solution pacifique.

« Il est juste de dire que la solution des deux États est en péril, gravement mise à mal par l’occupation et la colonisation, mais aussi par la violence et la méfiance entre les parties », a-t-il indiqué.  Et regrettablement, a-t-il ajouté, cette situation est en train d’être exploitée par des extrémistes dont la violence menace encore plus la solution des deux États.

Cependant, une note d’espoir est apparue, a assuré M. Seck.  Il a estimé que l’unité entre les dirigeants palestiniens et la fin des dissensions entre Gaza et la Cisjordanie, est un pas dans la bonne direction.  « Nous exhortons les autorités israéliennes à s’inclure dans ce processus positif pour prendre des mesures en faveur de la paix », a-t-il lancé, avant d’assurer que son Comité soutenait les efforts menés actuellement pour relancer le processus de paix sur le terrain, dans l’objectif ultime de parvenir à la solution des deux États sur la base des frontières de 1967.

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de l’Assemblée générale, a estimé que la communauté internationale a un intérêt commun, celui du règlement pacifique du conflit israélo-palestinien.  Nous ne pouvons pas simplement nous préoccuper du peuple palestinien durant les journées internationales, ils ont besoin de notre solidarité 365 jours par an, a-t-il ensuite déclaré.

Il a souligné que les peuples de l’ensemble du territoire palestinien ont besoin d’une aide concrète, se focalisant notamment sur la bande de Gaza, où « la situation est grave ».  Le Président de l’Assemblée générale a indiqué que le blocus laisse les gens entièrement dépendants de l’aide humanitaire et que l’économie reste faible, avec le taux de chômage le plus élevé au monde.  Il a ajouté que de nombreuses personnes sont dans un besoin urgent d’aide humanitaire.

M. Lajčák s’est ensuite préoccupé du grave déficit de financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui est de 77,5 millions de dollars.  Il a encouragé la tenue de discussions pour trouver des financements. 

Pour le Président de l’Assemblée générale, la solidarité internationale doit être mise au service d’une résolution pacifique de la question palestinienne.  Il a estimé que la solution des deux États, telle que définie dans la résolution 181 de 1947 est la seule solution.  Il a appelé la communauté internationale à appuyer les conditions propices à la réussite du processus de paix, à commencer par la cessation immédiate de l’élargissement des colonies de peuplement.  Le peuple palestinien n’a pas besoin de notre sympathie.  Il mérite notre solidarité », a-t-il notamment déclaré.  « Et si les débats que nous tenons sont importants, ce sont nos actions qui au final comptent le plus. »

M. SEBASTIANO CARDI, Président du Conseil de sécurité, a expliqué que le Conseil de sécurité a continué de recevoir des informations mensuelles et à organiser des débats trimestriels sur la question palestinienne, soulignant qu’en raison de l’absence d’une solution durable et juste, la situation au Moyen-Orient reste une préoccupation constante pour le Conseil.  Il a salué le travail précieux des différentes agences de l’ONU impliquées dans cette problématique qui ont su répondre aux besoins critiques de la population à Gaza.  Le Président du Conseil de sécurité a ensuite affirmé que ses membres continueront de contribuer à trouver une solution durable et juste au conflit.

Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a regretté que 70 ans après l’adoption de la résolution 181, un État indépendant et souverain de Palestine n’ait toujours pas émergé.  Elle estimé que le règlement du conflit en Palestine pourrait amener la paix dans l’ensemble de la région.  À cet égard, elle a encouragé les parties prenantes à reprendre le dialogue, se déclarant prête à travailler avec l’ensemble des parties pour réaliser la solution des deux États.  Il est temps de mettre fin à ce conflit en établissant un État palestinien indépendant, vivant aux cotés de l’État d’Israël, en paix et en sécurité, a affirmé Mme Mohammed qui a rappelé que la communauté internationale s’est réunie pendant 70 ans pour trouver des solutions.  Elle a jugé nécessaire pour les Palestiniens et les Israéliens de croire en un avenir tangible.

La Vice-Secrétaire générale a par ailleurs noté que Gaza reste frappée par le blocus et a besoin d’une aide humanitaire constante.  Cette réalité nécessite une assistance politique et humanitaire urgente, a-t-elle souligné.  En outre, il est essentiel que toutes les parties prenantes travaillent ensemble, la réconciliation étant un élément nécessaire pour parvenir à la solution des deux États.

Intervenant au nom de M. Mahmoud Abbas, Président de l’État de Palestine, M. RIYAD H MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a rappelé qu’Israël a été établi en 1948 puis accueilli par les Nations Unies peu après, déplorant que le peuple palestinien, de son côté, soit toujours en train d’attendre d’occuper une juste place au sein de la communauté des nations.  « Notre peuple, même s’il reste privé de liberté et de ses droits les plus fondamentaux, y compris à l’autodétermination, persévère et continue à être fidèle à la paix, aux règles de droit et aux résolutions des Nations Unies », a-t-il déclaré, citant en exemple la résistance pacifique des Palestiniens à Jérusalem, « qui a conduit à renverser les décisions prises par Israël de davantage contrôler Haram el-Charif », et « la grève de la faim héroïque des prisonniers palestiniens ». 

Notant que 24 ans se sont écoulés depuis les accords d’Oslo, M. Mansour a souligné que la Palestine a reconnu Israël sur la base des frontières de 1967, et a dénoncé le fait qu’Israël refuse de reconnaître l’État de Palestine et poursuive ses activités de peuplement dans les territoires occupés.  Évoquant la récente résolution 2334 du Conseil de sécurité (2016), il a averti qu’Israël est en train d’ancrer son occupation, au lieu d’y mettre un terme, détruisant la solution des deux États et créant une crise existentielle pour les Palestiniens et les perspectives de paix.

L’Observateur permanent a appelé à des actions décisives, concrètes, et coordonnées, et ce, de manière urgente.  « Les violations commises par Israël ne peuvent rester impunies.  Ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui menacent la paix et la sécurité internationales », a tonné M. Mansour pour qui « mettre fin à l’impunité dont jouit Israël est le seul moyen d’ouvrir un chemin pour la paix ».  Il est revenu sur l’adoption de l’Initiative de paix arabe, indiquant par ailleurs que les Palestiniens avaient rempli leurs obligations conformément à la feuille de route du Quatuor « qu’Israël continue de violer à ce jour ».  La Palestine a aussi appuyé toutes les autres initiatives de paix, notamment l’initiative française pour sauvegarder la solution des deux États qui a débouché sur la tenue de la Conférence de Paris, ainsi que les initiatives des Présidents russe, chinois et américain pour parvenir à une solution des deux États conformément aux frontières d’avant 1967.  « Cependant, les dirigeants israéliens ont sapé ces efforts de paix de manière délibérée et sournoise, préférant maintenir leur engagement envers la colonisation de notre terre et la déshumanisation de notre peuple au détriment de la paix », a dénoncé M. Mansour.

L’Observateur permanent a notamment accusé Israël de vouloir rendre l’occupation militaire et coloniale irréversible et de mettre en péril le statu quo, notamment en s’en prenant à des sites saints tels qu’Haram el-Charif, ce qui « menace de transformer un conflit qu’on peut résoudre politiquement en la réalité d’un État apartheid ou d’une guerre de religion sans fin ».  M. Mansour a assuré qu’il restait prêt à donner toutes les chances aux efforts de paix régionaux et internationaux, mais que si ces derniers échouaient, « le peuple palestinien n’acceptera l’oppression et la soumission comme futur ».  Il a souligné que la lutte du peuple palestinien n’était pas dirigée contre le Judaïsme en tant que religion, mais contre l’occupation coloniale des terres palestiniennes et le déni des droits humains inaliénables du peuple palestinien.  Malgré des décennies de déceptions, l’État de Palestine poursuivra ses efforts en faveur du droit international, en renforçant ses institutions et en autonomisant son peuple, surtout les jeunes et les femmes, a assuré l’Observateur permanent.  Il a affirmé que la réconciliation nationale est une priorité, appelant par ailleurs la communauté internationale à protéger son peuple, à l’aider à lever le blocus illégal de Gaza, et à maintenir le soutien nécessaire pour remédier à la grave crise humanitaire qui y sévit.  Il a aussi réclamé la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies pour mettre fin à la colonisation israélienne et l’occupation des terres palestiniennes.

M. ANDREW GILMOUR, Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, a dressé un « tableau très sombre d’un conflit qui a mené à des souffrances des deux côtés ».  Il a indiqué que des rapports du Secrétaire général et du Haut-Commissaire aux droits de l’homme font état, « avec une régularité déprimante », de violations par Israël de ses obligations au titre du droit international humanitaire.  Il est évident, s’est-il inquiété, que l’occupation qui dure depuis 50 ans est à l’origine de nombreuses violations des droits de l’homme et que l’atmosphère d’impunité qui prévaut fait peu pour décourager d’autres actes de violence.  Les colonies de peuplement continuent de s’élargir en dépit des déclarations répétées des Nations Unies quant à leur illégalité, la liberté de mouvement est gravement restreinte, de nombreux Palestiniens sont l’objet d’arrestations fréquentes et de détentions administratives, tandis que le droit au développement, à l’éducation et à la santé est étouffé.

Poursuivant, M. Gilmour a rappelé que le blocus de Gaza est dans sa dixième année et que suite à la crise de l’électricité de ces derniers mois, les résidents de Gaza vivent dans des conditions intenables, auxquelles s’ajoutent les restrictions d’accès à la santé et à l’eau potable et la détérioration des infrastructures.  Il a également regretté que les défenseurs des droits de l’homme palestiniens soient attaqués et détenus pour avoir participé à des manifestations pacifiques, dont la tenue demeure sévèrement limitée en raison du décret militaire 101.  De leur côté, les organisations des droits de l’homme israéliennes, qui ont été nombreuses à défendre avec courage les droits des Palestiniens, sont l’objet de « discours les discréditant afin de miner leur crédibilité et leur légitimité », a-t-il dénoncé.  Le Sous-Secrétaire général a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à renouveler son appui au processus de paix afin de réaliser la solution des deux États, jugeant essentiel que les efforts déployés à cette fin fassent figurer en leur sein un ferme engagement à faire respecter les droits de l’homme.  Il a ensuite indiqué que l’accord de réconciliation interpalestinienne est un pas important pour trouver une solution à la crise de l’énergie qui sévit à Gaza et pour mettre un terme à l’occupation.

M. AMRITH ROHAN PERERA, Président du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, a expliqué que le Comité spécial a été informé de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés, décrivant les violences quotidiennes et les humiliations dont souffrent les Palestiniens.  Chaque aspect de leur quotidien est marqué par cette occupation illégitime, a-t-il dénoncé.  Il a également fait mention de rapports qui témoignent du sort de centaines de familles endeuillées à qui on aurait daigné le droit à un procès ou à une autopsie.  Il a indiqué que les pratiques israéliennes incluent des saisies des territoires, la destruction des infrastructures, la non-délivrance de permis de construction, la restreinte de libertés de mouvement, dénonçant par ailleurs les violences commises par les colons.  Il s’est aussi inquiété de la réduction de l’espace démocratique pour la société civile et de son impact sur le travail de certaines organisations sur le terrain.

Sur la situation à Gaza où le blocus entre dans sa onzième année, il a expliqué que les hôpitaux ont dû revoir à la baisse leurs services essentiels.  Il a salué le travail de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), soulignant que celui-ci a besoin du soutien continue des États afin d’assurer la fourniture efficace des biens et services essentiels.  Appelant à parvenir à une solution juste et durable en Palestine, il a jugé urgent de renforcer la confiance entre les peuples pour reprendre un dialogue de fond.  Il a salué la résilience du peuple palestinien soulignant toutefois que « c’est un combat qu’il ne peut pas mener seul ».

M. MAGED ABDELAZIZ, Ligue des États arabes (LEA), a estimé que la Journée internationale avec le peuple palestinien permet de dénoncer les injustices que lui inflige l’État d’Israël, notant par ailleurs l’importance du mois de novembre pour le peuple palestinien.  Le mois de novembre rappelle les souffrances qu’il subit depuis le 2 novembre 1917, date de l’adoption de la Déclaration Balfour.  Mais novembre est aussi le mois de la résolution 181, qui a scindé la Palestine en deux États, un arabe et un État juif.  Toujours le 29 novembre, a-t-il poursuivi, l’Assemblée générale a accepté en 2012 la Palestine en tant qu’État observateur non membre, ouvrant la voie à la possibilité de son acception en tant qu’État membre à part entière.  Il a ensuite affirmé que la réconciliation, en octobre dernier, entre les parties palestiniennes avait été un évènement heureux, faisant observer que cela empêchera dorénavant Israël d’utiliser le faux prétexte d’un interlocuteur qui ne voudrait pas vraiment la paix. 

M. Abdelaziz a dénoncé que le fait qu’après 50 ans, les violations commises par Israël se poursuivent, y compris à Jérusalem-Est, pointant notamment le blocus imposé à la bande de Gaza, sans parler des exécutions extrajudiciaires.  Israël est désormais connu pour son mépris vis-à-vis des Nations Unies, a-t-il affirmé, appelant ensuite les États Membres à rejeter la candidature d’Israël à un siège non permanent du Conseil de sécurité.  Il a émis l’espoir que le Quatuor joue un rôle décisif dans cette question, estimant par ailleurs que son élargissement pour inclure la LEA serait positif.

M. SHAHER AWAWDEH, Organisation de la coopération islamique (OCI), a noté que la réunion de ce jour coïncide avec le centenaire de la Déclaration Balfour, qui marque le début de cette « injustice historique » dont les ramifications continuent d’être ressenties par le peuple palestinien, qui depuis des décennies souffre de l’occupation, de l’oppression, de l’expulsion et du nettoyage ethnique. Soixante-dix ans après l’adoption de la résolution 181, l’État de Palestine n’a pas encore atteint son indépendance et le peuple palestinien reste privé d’exercer leurs droits légitimes, a-t-il rappelé.

Il a réaffirmé la responsabilité morale, historique, légale et politique de la communauté internationale pour trouver une solution juste à tous les aspects de la question palestinienne.  Cette responsabilité implique de mettre fin à l’occupation israélienne, de reconnaître la Palestine, et d’assurer la justice pour le peuple palestinien en leur permettant d’exercer leur droit à l’autodétermination.

M. Awadeh a ensuite affirmé que les mesures prises par Israël concernant la mosquée Al-Aqsa risquent de transformer un conflit politique en une guerre de religion, « dont les conséquences ne sauraient être prédites ».  Il a aussi fait part de sa vive préoccupation concernant la politique d’expansion d’Israël dans les territoires occupés.  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale a continué d’appuyer la réconciliation, l’appelant aussi à endosser ses responsabilités en fournissant une protection internationale au peuple palestinien et en lançant un processus politique pour consolider et mettre en place la vision des deux États.

Mme SHARENE LOUISE BAILEY, Observatrice de l’Union africaine, a salué l’accord de réconciliation auquel sont parvenus les organisations palestiniennes en janvier dernier, à Moscou, pour former un gouvernement d’unité, ainsi que l’accord interpalestinien du 12 octobre 2017.  Elle s’est dite gravement préoccupée par la situation critique des réfugiés palestiniens, qui font face à des sérieux défis en matière de protection, en raison de l’occupation, des conflits armés et des déplacements, « ce qui les entraînent plus loin dans la pauvreté et le désespoir ».  Elle a partagé son inquiétude quant à la situation volatile sur le terrain, notamment à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. 

Mme Bailey a ensuite condamné les colonies illégales en Cisjordanie, à Jérusalem et dans le territoire occupé du Golan syrien, l’occupation continue des terres palestiniennes, ainsi que la campagne de judaïsation visant à transformer les sites islamiques et chrétiens de la Ville sainte, et à réduire la population palestinienne à travers la confiscation de leurs terres et la destruction de leurs maisons.  Elle a aussi appelé à la levée immédiate du blocus terrestre et maritime imposé à la bande de Gaza.  Constatant que le chemin vers une paix durable demeure « peu clair », elle a affirmé que le manque de progrès dans un contexte de tensions renouvelées nécessitait une attention collective soutenue.  « La communauté internationale doit surmonter ses différences et reprendre des pourparlers de paix sur la base de la solution des deux États », a déclaré Mme Bailey, en précisant que les Nations Unies et le Quatuor avaient un « rôle crucial » à jouer.

M. HENRY SUAREZ (Venezuela), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé qu’on fêtait le « triste » soixante-dixième anniversaire de la résolution des Nations Unies qui a acté de la séparation de la Palestine.  Il y a vu l’occasion de réfléchir au sort de la population palestinienne qui, après plus de 50 ans d’occupation étrangère, est au cœur de beaucoup de crises qu’affronte le Moyen-Orient.  Depuis la création de l’ONU, la question palestinienne a toujours été à l’ordre du jour, a-t-il rappelé, mais malgré la bonne foi des Palestiniens et leur adhésion à une solution à deux États, leur situation continue de se détériorer sur le terrain du fait des pratiques politiques illégales d’Israël.  Il a déclaré que pendant que le Conseil de sécurité reste paralysé sur cette question, la communauté internationale est le témoin horrifié de l’occupation israélienne, accusant la Puissance occupante d’imposer une punition collective aux Palestiniens, accompagnée de violations de leurs droits de l’homme.  Le Mouvement des pays non alignés appelle à faire cesser ces violations et condamne la poursuite de l’occupation militaire du territoire palestinien.  Il a insisté sur le fait qu’Israël continue de déplacer des Palestiniens par la force, en violation des résolutions des Nations Unies, dans le but de modifier la composition démographique et le découpage de ces territoires. Il a signalé que cela mine la possibilité d’une paix juste et durable sur la base d’une solution des deux États.  Il a par ailleurs appelé les Nations Unies à accueillir la Palestine en tant qu’État Membre à part entière.

M. SALIL SHETTY, Secrétaire général d’Amnesty International, a déploré le désintérêt pour les violations graves des droits de l'homme du peuple palestinien, 100 ans depuis la Déclaration Balfour ; 50 ans depuis l’occupation par Israël des territoires palestiniens et des hauteurs du Golan, 10 ans depuis le blocus de Gaza, a-t-il rappelé.  À l’heure où nous parlons, a-t-il insisté, des dizaines de villages palestiniens en Cisjordanie risquent d’être détruits pour faire place aux implantations israéliennes.  Il a évoqué les abus dont souffrent les Palestiniens au quotidien, dont 10 200 exécutions, souvent illégales, depuis 1987, « et quasiment pas de reddition de comptes ».  M. Shetty a aussi reconnu que les Palestiniens ne sont pas les seuls à avoir souffert, indiquant que depuis 1987, plus de 1 400 Israéliens ont aussi été tués par des Palestiniens. 

Le Secrétaire général d’Amnesty International a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures de la communauté internationale, « en particulier des États-Unis », qui ont « abusé » de leur droit de veto au Conseil de sécurité.  En plus des États-Unis, des États européens, tels l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, ont approvisionné Israël en armes et en munitions, a-t-il dit.

Pour mettre fin aux violations des droits de l’homme des Palestiniens et permettre à la fois aux Palestiniens et aux Israéliens de vivre dans la dignité, M. Shetty a proposé trois voies à suivre.  Il a tout d’abord jugé impératif d’appliquer la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité sur l’illégalité des activités de peuplement israéliennes.  Ensuite, les États devraient interdire l’importation de biens qui profitent aux « industries de peuplement ».  Enfin, M. Shetty a plaidé la cause des défenseurs des droits de l’homme palestiniens et israéliens qui font face à de nombreux obstacles.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, Amnesty international lance sa quinzième campagne épistolaire mondiale intitulée « Write for Rights ».  

M. AHMAD TIBI, Arab Movement for Change, a noté que l’occupation de la Palestine par Israël est la seule qui se poursuive encore aujourd’hui.  Il a indiqué que lors de la récente visite du Vice-Président des États-Unis, on a fait jouer une chanson qui disait que Jérusalem était faite d’or.  Mais aujourd’hui, Jérusalem, c’est surtout des points de contrôle, a-t-il indiqué.  « Je suis venu ici pour demander la libération de mon peuple qui souffre d’une politique de discrimination raciale, de discrimination à l’emploi, tandis que ses lieux de culte sont violés et ses martyrs abattus par l’État israélien », a ensuite déclaré M. Tibi.

Il s’est inquiété d’un projet législatif en Israël qui voudrait que le droit à l’autodétermination ne s’applique qu’aux Juifs, affirmant par ailleurs que le racisme est une tendance très en vogue en Israël.  Il a regretté qu’Israël s’oppose à la situation des deux États et a estimé que le moment est venu d’obliger Israël à respecter le droit international et les résolutions des Nations Unies. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: appels à un dialogue sincère et à la reprise de pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens

Soixante-douzième session,
59e séance plénière - après-midi
AG/11981

Assemblée générale: appels à un dialogue sincère et à la reprise de pourparlers directs entre Israéliens et Palestiniens

Soixante-dix ans après la résolution 181 (II) sur la partition de la Palestine et 50 ans après le début de l’occupation israélienne, l’Accord du 12 octobre au Caire scellant la réconciliation interpalestinienne a été largement perçu, au cours du débat que l’Assemblée générale a organisé aujourd’hui sur la question de Palestine, comme un moyen d’insuffler un nouvel élan à la reprise de pourparlers directs entre Israël et l’Autorité palestinienne.

L’Égypte, qui a facilité le rapprochement interpalestinien, a exhorté la communauté internationale à se saisir de « cette occasion historique » pour mettre en œuvre la solution des deux États et éviter les solutions provisoires.  Aux termes de l’Accord, s’est enorgueilli l’Égypte, Gaza et la Cisjordanie sont placées sous une autorité unique et représentative qui parle d’une seule voix, qui reconnaît Israël et qui est attachée aux négociations et à la recherche de solutions pacifiques acceptables pour les deux pays.

« Il n’y a aucune alternative à des pourparlers directs », a déclaré en ouverture du débat le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, qui a tenu à rappeler que les « percées les plus grandes arrivent toujours quand les parties sont dans une même salle, autour d’une même table ».  Sans sous-estimer néanmoins les initiatives de la communauté internationale, il a aussi jugé qu’il était temps de « recalibrer » les outils régionaux et internationaux de médiation et de facilitation.

Dans les mois à venir, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien continuera à encourager tous les États à soutenir les efforts déployés pour parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine, a annoncé son Président, M. Fodé Seck, qui présentait quatre projets de résolution à l’Assemblée générale*.

Nous sommes prêts à négocier, prêts à trouver une solution, a affirmé Israël, ajoutant que les Palestiniens peuvent choisir de changer la trajectoire de leur choix vers le progrès, la paix et la prospérité au lieu de poursuivre celle de la dévastation et du désespoir.  Les Palestiniens, a insisté Israël, dans sa longue déclaration, n’amélioreront pas leur sort en détruisant le nôtre.  « Il est temps qu’ils fassent le bon choix. »

Les dirigeants palestiniens, a rétorqué l’Observateur permanent de la Palestine, ont coopéré de bonne foi à toutes les initiatives de paix depuis 20 ans.  C’est Israël qui a sapé voire saboté tous les efforts visant à trouver un règlement juste.  Un an après la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité qui réaffirme explicitement les termes de référence et les paramètres de la solution basée sur les résolutions de l’ONU, sur les Principes de Madrid, sur l’Initiative de paix arabe et sur la feuille de route du Quatuor, a poursuivi l’Observateur permanent, nous faisons toujours face au dédain d’Israël.

L’Observateur permanent a dénoncé la multiplication par 4 en 2017 des activités d’occupation, le vol des terres, la démolition de maisons, les déplacements forcés, la répression contre la population civile, les arrestations, les abus et la torture de milliers de personnes, les sévères restrictions à la circulation, à l’accès aux droits à la liberté, à la santé et à l’eau, sans oublier l’une des mesures les plus ignobles: le blocus illicite imposé à Gaza depuis 10 ans.

L’état actuel de Gaza est une plaie que les Palestiniens se sont infligée eux-mêmes avec les « terroristes du Hamas », a argué Israël qui a prévenu qu’il ne peut négocier qu’avec un partenaire qui dépose les armes et respecte son droit d’exister.  « La seule chose qui ne devrait pas exister, qui n’a pas le droit d’exister, c’est la question de l’existence d’Israël. » 

 Avant de donner la parole aux 22 orateurs, le Président de l’Assemblée générale a pressé les délégations de voir cette réunion comme « une nouvelle occasion de dialoguer », de tenir un dialogue qui peut prendre une nouvelle voie, faire découvrir de nouvelles zones de compromis et révéler une nouvelle façon de voir les choses.  La « Question de Palestine » est peut-être une question ancienne mais elle exige une nouvelle perspective et le dialogue, a-t-il conclu. 

L’Assemblée générale, qui a décidé de proroger, jusqu’au 22 décembre, cette partie de sa session, se réunira à nouveau demain à partir de 10 heures pour poursuivre son débat sur la question de Palestine et la situation au Moyen-Orient et se prononcer sur les projets de résolution.

* A/72/L.13; A/72/L.14; A/72/L.15 et A/72/L.16 

QUESTION DE PALESTINE

Rapport du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/72/35) et Rapport du Secrétaire général (A/72/368–S/2017/741)

Déclarations

La « Question de Palestine » figure à l’ordre du jour de l’Assemblée depuis 70 ans, a souligné M. MIROSLAV LAJČÁK (Slovaquie) , Président de l’Assemblée générale.  Depuis lors, a-t-il poursuivi, les Nations Unies ont beaucoup changé: elles ont triplé le nombre des États Membres, mené l’évolution des lois et normes internationales et grandi grâce à de nouvelles agences et de nouveaux départements.  En dépit de tous ces changements, la « Question de Palestine » reste une question et le devoir d’y répondre est plus fort que jamais. 

« Il n’y a aucune alternative à des pourparlers directs », a tranché M. Lajčák, rappelant que les percées les plus grandes arrivent toujours quand les parties sont dans une même salle, autour d’une même table.  Cela ne veut pas dire, s’est-il expliqué, que les efforts de la communauté internationale doivent être ignorés.  Il a salué le travail de l’Envoyé spécial des Nations Unies et celui du Quatuor.  Il a souligné que les outils régionaux et internationaux de médiation et de facilitation ont conduit à des développements prometteurs et jugé qu’il est temps de les recalibrer.  Il a aussi souligné la nécessité d’une médiation régionale et internationale en faveur de l’accès humanitaire au Moyen-Orient et dans d’autres parties du monde et appelé à des efforts plus soutenus pour renforcer le respect du droit international humanitaire et assurer l’accès aux personnes vulnérables.

Le Président a ensuite voulu que l’on maintienne et intensifie l’élan, en pensant aux progrès dans la réconciliation entre Palestiniens et à la contribution de l’Égypte.  Il a également cité la réouverture du point de passage de Rafah, laquelle doit être vue comme « un signe positif ».  Il a aussi parlé de l’engagement de l’Autorité palestinienne à assurer d’autres progrès.  Tout cet élan, a-t-il dit, a été poussé par la diplomatie et le dialogue.  Seuls la diplomatie et le dialogue, a-t-il insisté, peuvent maintenir et intensifier l’élan.

Depuis 1947, a encore dit le Président, beaucoup de discussions ont été tenues mais, a-t-il reconnu, la « Question de Palestine » n’a toujours pas de réponse et les choses en resteront probablement là, aujourd’hui.  Alors, que faut-il faire? a-t-il lancé à la ronde.  Faut-il annuler cette réunion?  Répéter les déclarations de l’année dernière et se résigner à entendre les autres faire de même, au risque de trahir la tâche que nous nous sommes assignée en 1947 et, plus important encore, de trahir les gens sur le terrain?

Non.  Le Président a pressé les délégations de voir cette réunion comme « une nouvelle occasion de dialoguer », de tenir un dialogue qui peut prendre une nouvelle voie, faire découvrir de nouvelles zones de compromis et révéler une nouvelle façon de voir les choses.  La « Question de Palestine » est peut-être une question ancienne mais elle exige une nouvelle perspective et le dialogue, a conclu le Président de l’Assemblée.   

M. FODÉ SECK (Sénégal) , Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a affirmé que son Comité continuera de s’employer à trouver une solution pacifique au conflit en coopération avec les États Membres, les organisations internationales et la société civile, se félicitant des mesures prises récemment pour rétablir l’unité palestinienne.  Il continuera d’engager le dialogue avec les représentants des deux parties ainsi qu’avec les autres États Membres et observateurs.  Le Président s’est, à son tour, félicité des mesures prises récemment pour rétablir l’unité palestinienne et a espéré que cela ouvrira la voie à un dialogue global, qui permettra au peuple palestinien d’obtenir que justice lui soit rendue.  Le Comité, a ajouté le Président, continuera, dans les mois à venir, d’encourager tous les États à soutenir les efforts déployés pour parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine.

M. Seck a ensuite présenté les quatre projets de résolution annuels du Comité, qui portent, respectivement, sur les travaux menés par le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien (A/72/L.15) et la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat (A/72/L.13), sur les activités du Programme d’information spécial sur la question de Palestine du Département de l’information (A/72/L.14) et sur l’appel lancé en faveur d’un règlement pacifique de la question de Palestine (A/72/L.16).

Dans le projet de résolution A/72/L.15, le Comité est prié de veiller, entre autres, à ce que la communauté internationale redouble d’efforts pour parvenir à un règlement pacifique de la question de Palestine et pour offrir un front multilatéral élargi de manière à relancer le processus de paix, sachant que 50 années se sont écoulées depuis le début de l’occupation israélienne et 70, depuis l’adoption de la résolution 181 (II) du 29 novembre 1947, a souligné M. Seck.

Dans le projet de résolution A/72/L.13, il s’agit de renouveler le mandat de la Division des droits des Palestiniens du Secrétariat et de prier le Secrétaire général de doter la Division des ressources dont elle a besoin pour pouvoir exécuter toutes les activités prescrites dans son mandat.  Quant au projet de résolution A/72/L.14, il renouvelle le mandat du Département afin qu’il continue d’encourager les médias à créer des conditions propices à la paix entre Palestiniens et Israéliens.

M. Seck a indiqué qu’il est pris note, dans le projet de résolution A/72/L.16, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et, en particulier, de l’objectif 16, qui revêt une importance particulière pour la question de Palestine.

Le Vice-Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie), a présenté le rapport de son Comité dont les conclusions et recommandations soulignent que 2017 marque les 70 ans de la résolution 181 sur la partition de la Palestine pour la formation de deux États souverains et les 50 ans de l’occupation israélienne.

Le Comité demande à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour réaliser la solution des deux États, conformément aux résolutions pertinentes.  Il se félicite du cadre multilatéral élargi pour raviver le processus de paix et dessiner un horizon politique crédible à une solution régionale globale, comme l’offre l’Initiative de paix arabe.  Le Comité réitère la demande qu’il a faite pour que le Secrétaire général présente, par écrit, au Conseil de sécurité ses prochains rapports sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) et qu’il propose des moyens pratiques de tenir Israël comptable de ses actes de colonisation illégale et autres violations.

Le Comité offre ses services et appuie les efforts locaux, régionaux et internationaux pour faire avancer le processus de réconciliation interpalestinienne et défend vigoureusement le droit au retour des réfugiés palestiniens, conformément au paragraphe 11 de la résolution 194 (III) de l’Assemblée générale.  Il encourage tous les États Membres à travailler collectivement pour assurer des fonds suffisants et prévisibles à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Le Comité exige d’Israël qu’il mette fin au blocus aérien, terrestre et maritime de Gaza, qui dure depuis 10 ans, et qu’il lève tous les bouclages, en application de la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité.  Il demande aux donateurs internationaux d’honorer, sans retard, tous les engagements qu’ils ont pris en vue d’accélérer l’acheminement des secours et le processus de reconstruction.

Le Comité réaffirme que les violations du droit humanitaire et des droits de l’homme doivent faire l’objet d’enquêtes et que leurs auteurs doivent être traduits en justice.  Il exhorte les États et les entités privées à ne pas contribuer aux graves violations israéliennes et ses membres et États observateurs à participer à son programme de renforcement des capacités des cadres palestiniens.  Le Comité encourage enfin la société civile à promouvoir l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. 

« C’est avec un esprit sombre que nous nous réunissons aujourd’hui », a déclaré M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, revenant à la résolution 181 (II) et à la décision sur la partition de la Palestine, adoptée « contre la volonté et les droits du peuple palestinien » et conduisant à la « Nakba » en 1948.  Les conséquences infinies de cette décision continuent à créer des injustices, puisque que le peuple palestinien est toujours privé de ses droits, notamment du droit à l’autodétermination et au retour, et qu’une solution durable et pacifique se fait toujours attendre.

Nous croyons fermement au droit international et au caractère inévitable de la justice, a dit M. Mansour.  Cette conviction, de même que l’engagement en faveur d’une solution pacifique, restent au cœur de nos appels à la communauté internationale, malgré les crises, les reculs et l’aggravation de la situation puisqu’Israël, Puissance occupante, continue à bafouer la loi, à intensifier l’occupation des terres palestiniennes, à opprimer notre peuple et à rejeter la paix.

Les dirigeants palestiniens ont coopéré de bonne foi à toutes les initiatives de paix depuis 20 ans alors qu’Israël a sapé, voire saboté, tous les efforts visant à trouver un règlement juste que l’Assemblée et le Conseil de sécurité appellent de leurs vœux depuis des décennies, a insisté l’Observateur permanent, 50 ans après la résolution 242 (1967) et un an après la résolution 2334 (2016), qui réaffirme explicitement les termes de référence et les paramètres de la solution basée sur les résolutions de l’ONU, sur les Principes de Madrid, sur l’Initiative de paix arabe et sur la feuille de route du Quatuor.

M. Mansour a rappelé avoir exprimé, l’année dernière, l’espoir d’une prochaine fin de l’occupation israélienne et d’une coexistence entre les deux peuples. Mais, a-t-il poursuivi, un an après, il fait toujours face au dédain d’Israël, qui s’est à dessein opposé aux efforts, ignorant de manière flagrante les demandes de mettre fin à ses pratiques illégales dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, continuant la colonisation et la destruction systématique de la solution des deux États dans les frontières de 1967.  Non seulement le Gouvernement israélien viole la résolution 2334 du Conseil de sécurité, a déploré l’Observateur permanent, mais il s’en vante, y compris de ses crimes de guerre, se moquant de la communauté internationale en toute impunité.

En 2017, nous avons été témoins de la multiplication par 4 des activités d’occupation, notamment en Cisjordanie et dans la vallée du Jourdain, a précisé M. Mansour.  Il a dénoncé le vol de terres, la démolition de maisons, les déplacements forcés, la répression contre la population civile, qui a provoqué des morts, y compris parmi les enfants, les arrestations, les abus et la torture de milliers de personnes, les sévères restrictions à la circulation, à l’accès aux droits à la liberté, à la santé et à l’eau.

L’une des mesures les plus ignobles, a-t-il poursuivi, est le blocus illicite imposé à Gaza depuis 10 ans où deux millions de Palestiniens sont isolés et face à une crise humanitaire.  Les provocations se poursuivent aussi contre les lieux de cultes, surtout Haram el-Charif, remettant en question le statu quo historique, avec des conséquences potentiellement catastrophiques, notamment le déclenchement d’un conflit religieux.  En outre, a-t-il encore dénoncé, le Gouvernement israélien, dirigé par les membres les plus extrémistes de la coalition du Premier Ministre soutenu par le système judiciaire, a poussé des lois discriminatoires et des politiques racistes.

La réalité est qu’Israël ne respecte pas ses obligations en vertu du droit international humanitaire, a tranché M. Mansour, rappelant que le bilan humain de cette occupation est incalculable et que le bilan pour la crédibilité du système international est difficile à mesurer.

Chaque État Membre a le pouvoir de changer le cours de l’Histoire pour l’orienter vers la liberté, la justice et la paix, a rappelé l’Observateur permanent, et il a l’obligation politique, légale et morale de le faire.  Chaque État Membre pourrait, par exemple faire respecter le droit international sur la question de Palestine, apporter son soutien au peuple palestinien et à ses droits inaliénables, notamment par l’adoption de positions de principe dans le cadre des Nations Unies et par la reconnaissance de l’État de Palestine dans ses frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Chaque État Membre pourrait veiller à ne pas devenir complice des actions illégales d’Israël et garantir la reddition de comptes, s’agissant du respect de la Charte et des obligations en vertu du droit international.  L’équation est simple, a lancé M. Mansour: cette occupation continuera tant que ses avantages dépassent son coût.  Le mépris d’Israël pour le droit et l’ONU n’aurait pas été possible sans l’impunité dont il a toujours bénéficié, a-t-il assuré.

La responsabilité permanente des Nations Unies en faveur d’une solution juste ne peut pas être considérée comme une approche basée sur un parti pris, ce n’est pas le problème, contrairement à ce que prétend Israël, a encore insisté M. Mansour.  Le problème est que, malgré la clarté des positions internationales, les obligations d’Israël continuent de bénéficier d’atermoiements ou d’être ignorées.  La politique des deux poids, deux mesures doit cesser, a-t-il tranché.  Il a exhorté les États Membres à coopérer et à soutenir le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Le peuple palestinien ne disparaîtra ni ne se rendra, a conclu M. Mansour.  Il se bat pour son indépendance et sa liberté et remercie la communauté internationale qui le soutient.  Il veut la paix, qui est incompatible avec l’injustice, l’occupation, la colonisation et l’apartheid.

« Chaque jour aux Nations Unies, les pays du monde font des choix… des choix difficiles », a déclaré M. DANNY DANON (Israël).  Avec chaque résolution et chaque vote, ils choisissent entre la paix et la guerre, le progrès et le déclin, l’espoir et le désespoir.  Qu’on le veuille ou non, ces choix, pour le meilleur et pour le pire, ont un impact sur un nombre incalculable de vies. 

Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, les Nations Unies ont fait un choix.  « Vous, les nations du monde, avez choisi, une fois encore, de débattre de la « Question de Palestine » et, tour à tour, de cibler Israël, a-t-il dénoncé, pronostiquant l’adoption de résolutions « vides » contre Israël et la détermination, l’année prochaine, d’isoler une nouvelle fois son pays. 

Le 29 novembre, a dit le représentant, marque le tournant vital d’un choix.  C’est l’anniversaire du vote de 1947 qui a déterminé le sort de deux peuples vivant sur la même terre: pour l’un, ce fut un moment qui a transformé le rêve d’autodétermination en véritable miracle et pour l’autre, le début d’une haine agressive et tenace.

Les Nations Unies ont fait « le bon choix », a insisté le représentant, celui de « redresser un tort historique ».  Ce jour-là, Juifs et Arabes avaient la chance de bâtir des communautés prospères, le choix de vivre côte à côte dans la paix.  « Les Juifs ont dit oui.  Les Arabes ont dit non. »  Malgré cela, a affirmé le représentant, Israël a choisi la voie de la prospérité et de la paix.

L’état actuel de Gaza est une plaie que les Palestiniens se sont infligée eux-mêmes, a-t-il poursuivi.  Aussi longtemps que le Hamas utilisera des Palestiniens innocents comme boucliers humains et qu’il les privera de leurs droits fondamentaux, Gaza restera prisonnière de la brutalité de ses propres dirigeants, a averti le représentant, accusant les « terroristes du Hamas » de détruire les villes israéliennes et d’utiliser les matériaux de construction pour élever des « infrastructures de terreur » et « kidnapper et tuer les Israéliens ».

Le Hamas, a-t-il accusé, a fait le choix de ne pas accepter le droit de vivre d’Israël.  Mais, a-t-il ajouté, « l’Autorité palestinienne aussi » et c’était « le dernier de ses mauvais choix ».  « Elle a fini par dire oui.  Elle a fini par négocier.  Ils ont signé un accord mais pas avec Israël ».  L’Autorité palestinienne a finalement dit oui pour travailler avec le Hamas, a affirmé le représentant, et c’est le seul choix auquel elle n’a pas dit non.  Le Hamas est une organisation terroriste sauf aux yeux du leadership palestinien. 

Soixante-dix ans après un moment critique de l’histoire « nous n’avons toujours pas de partenaire de paix », a tranché le représentant, car Israël ne peut négocier qu’avec un partenaire qui dépose les armes et respecte son droit d’exister.  « La seule chose qui ne devrait pas exister, qui n’a pas le droit d’exister, c’est la question de l’existence d’Israël », a-t-il insisté. 

Israël ne perd espoir, a-t-il dit.  Il est prêt à négocier, prêt à trouver une solution.  Dénonçant tous « les mensonges » des Palestiniens, le représentant a ajouté: les Palestiniens font des choix tous les jours.  Ils peuvent choisir de changer la trajectoire de leur choix vers le progrès, la paix et la prospérité.  Mais ils poursuivent leur chemin de dévastation et de désespoir.  Entre 1947 et 2017, ils ont rejeté chaque occasion de faire la paix.  En 2005, Israël s’est unilatéralement retiré de Gaza, une région au bord de la Méditerranée qui aurait pu devenir « La » prochaine destination touristique.  Douze ans après, Gaza est au contraire « le havre de la terreur ».  « Les Palestiniens n’amélioreront pas leur sort en détruisant le nôtre », a conclu le représentant.  « Il est temps qu’ils fassent le bon choix. »

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a rappelé sa constante position de principe en faveur de la Palestine et des droits fondamentaux du peuple palestinien, appelant Israël à mettre un terme aux violations du droit humanitaire et des droits de l’homme.  L’ensemble des résolutions est en faveur des Palestiniens, a-t-il fait observer, mais l’intransigeance de la partie israélienne empêche tout progrès réel depuis 1967.  Évoquant des « pratiques immorales » en Palestine, le représentant a dénoncé la « politique sauvage sans cesse renouvelée » d’Israël, dont les expropriations forcées, les colonies de peuplement et les violations des lieux saints.

Le représentant a encouragé tous les efforts de la communauté internationale pour trouver une solution juste et durable, qui pourrait s’appuyer sur l’Initiative de paix arabe et a salué la conférence de Paris qui pourrait conduire à la fin des activités de colonisation et garantir le droit des Palestiniens à l’autodétermination.  Il faut être conscient du fait que les politiques et pratiques de la Puissance occupante visent à saper la solution des deux États pour perpétuer l’occupation, a insisté le représentant.  Il est donc essentiel de mettre en œuvre la résolution 2334 du Conseil de sécurité.  En conclusion, le représentant a salué la détermination et la lutte du peuple palestinien, sans oublier de dénoncer le siège « inhumain et illégal » de Gaza.  Il a exhorté la communauté internationale à accorder au peuple palestinien une protection internationale contre « la machine guerrière d’Israël » et appelé à redoubler d’efforts pour obliger Israël à respecter les résolutions des Nations Unies.

M. EZZIDIN Y. A. BELKHEIR (Libye) s’est demandé ce que les Nations Unies ont fait pour le peuple palestinien: elles ont voté des résolutions, toutes ignorées par Israël.  Cette année marque les 50 ans de l’occupation illégale du territoire palestinien et il est du devoir de la communauté internationale d’y mettre fin.  Pourtant, cette même communauté n’a pas hésité à exercer toutes sortes de pressions sur le monde arabe pour qu’il fasse des concessions.  Aujourd’hui, à l’évidence, Israël ne reviendra pas sur sa position, essayant plutôt de gagner du temps, tout en adoptant des lois chaque fois plus discriminatoires qui ne feront que mener au chaos dans toute la région.  Pendant ce temps, les colons israéliens, eux, sont armés, apportant plus de tensions et plus de violence.

Le représentant a appelé l’Assemblée générale à suspendre le statut d’Israël à l’ONU et à mettre fin à l’occupation qui risque « d’engloutir » tous les territoires palestiniens et arabes.  Les Nations Unies doivent promouvoir la réconciliation entre Palestiniens et leur fournir une assistance.  Elles doivent exercer une pression sur Israël et obtenir une véritable solution de paix.  Elles doivent voir la question de Palestine comme « une responsabilité ».  « Nous avons abandonné les Palestiniens à leur sort », a estimé le représentant, devant une question « cruciale » pour tout le monde arabe compte tenu des tensions régionales. 

Mme SHIUNEEN RASHEED (Maldives) a déclaré que l’unique réponse à la question palestinienne était l’indépendance et la souveraineté de l’État de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale, sur la base des frontières d’avant 1967 et vivant côte à côte avec Israël.  La représentante a ainsi appelé Israël à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, à respecter ses obligations en vertu des accords d’Oslo et à mettre en œuvre l’Initiative de paix arabe et la feuille de route du Quatuor.  On ne saurait appliquer le droit international de manière sélective et ses violations ne sauraient être justifiées ou excusées, a souligné le représentant.  Alors que la communauté internationale appelle à la paix et à une solution durable à la question de Palestine, elle doit aussi dénoncer les efforts visant à instaurer « une paix d’apartheid déguisée en semi-autonomie ».  Ce qui est fondamentalement nécessaire, c’est qu’Israël se joigne enfin à la communauté internationale pour affirmer les droits fondamentaux du peuple palestinien, mettre fin à son occupation et reconnaître un État palestinien indépendant et souverain, a conclu la représentante.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a noté une évolution qui s’apparente à un vent d’espoir, surtout après la réconciliation entre le Fatah et le Hamas.  Elle a réitéré l’appui de son pays à la solution des deux États et a appelé à régler la problématique des réfugiés, dans le respect du droit international. Elle a condamné toute tentative de changer le statut de la mosquée Al-Aqsa et appelé Israël à mettre fin à l’occupation illégale et unilatérale.  La représentante a rappelé que les résolutions dont l’Assemblée générale est saisie mettent l’accent sur le caractère « nul et non avenu » de l’occupation et des politiques israéliennes dans les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien.  Le Qatar poursuivra ses efforts pour un règlement pacifique des différends, a-t-elle promis.

M. OLUKUNLE AKINDELE BAMGBOSE (Nigéria) s’est dit gravement préoccupé par la situation dans de nombreuses régions du Moyen-Orient.  Il a appelé toutes les parties à faire des efforts « sincères » pour trouver des solutions pacifiques et à coopérer étroitement avec l’ONU et ses agences pour réaliser cet objectif. Après avoir salué la Déclaration du Quatuor du 28 septembre dernier et la Conférence de Paris du 15 janvier 2017, le représentant a appelé la communauté internationale à rester ferme dans son engagement en faveur d’une solution juste et durable à un conflit qui continue de poser une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Il a appelé les parties à faire montre de plus de détermination pour faire de la paix une réalité.  Toute action unilatérale, dont les activités de peuplement, qui transformait l’espoir en confrontation, en violence et en incitation à la violation doivent cesser.

Le représentant a voulu des efforts « sincères » de la part des dirigeants israéliens et palestiniens pour retourner à la table des négociations.  Il a estimé que plusieurs actions spécifiques sont nécessaires pour améliorer le respect mutuel et le compromis, rétablir la confiance et ouvrir la voie à la réalisation de la solution des deux États.  Il a cité le gel des activités de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et la volonté chez les dirigeants palestiniens de retourner à la table de négociations, de forger l’unité et de relever les défis sécuritaires et du militantisme.  Ni la force militaire ni le militantisme ne résoudra ce conflit prolongé, a averti le représentant qui a encouragé les parties à prendre des mesures concrètes sur la base de la feuille de route du Quatuor, des Principes de Madrid, de l’Initiative de paix arabe et des accords pertinents.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a déclaré que la gravité de la situation sur le terrain exige des efforts collectifs pour travailler à l’avènement de la solution des deux Etats, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, de la feuille de route du Quatuor et de l’Initiative arabe de paix.  Il a réaffirmé son attachement au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’établissement d’un État palestinien indépendant et viable, reconnu par toutes les nations.  Il a aussi réaffirmé le droit de l’État d’Israël de vivre dans la paix avec ses voisins à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues.

Il a, d’un autre côté, réitéré son inquiétude face à l’établissement croissant de colonies de peuplement israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et a exhorté à en cesser l’expansion.  Il a condamné par ailleurs tous les actes terroristes et appelé les autorités palestiniennes à aborder « avec sincérité » les préoccupations sécuritaires d’Israël.  Il a aussi insisté sur le statut spécial de Jérusalem et s’est opposé à toute tentative visant à le modifier, jugeant tout à fait inacceptable de nier voire de relativiser le lien historique et la profonde signification des lieux saints juifs, chrétiens et musulmans de la ville.  Le représentant a également maintenu la position de principe sur le Golan syrien, à savoir que l’acquisition illégale de territoires par la force est inadmissible, et appelé à une solution négociée entre la Syrie et Israël.  En conclusion, il a exhorté Palestiniens et Israéliens à relancer, en toute bonne foi, les pourparlers de paix et à faire montre de souplesse et de respect du droit international. 

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a exprimé ses profonds regrets que, 70 ans après l’adoption de la résolution 181 (II) de l’Assemblée générale, le droit des Palestiniens à un État souverain et indépendant ne soit toujours pas effectif.  « Sans entraver les responsabilités fondamentales du Conseil de sécurité, nous soulignons que l’Assemblée générale peut et doit contribuer à la mise en œuvre de la solution des deux États dans tous ses aspects », a-t-il déclaré, en mettant en avant les résolutions importantes qu’adopte chaque année l’Assemblée sur la situation au Moyen Orient et sur la question de Palestine.  Ces décisions réaffirment la validité de paramètres juridiques cruciaux, a-t-il précisé, avant d’appeler toutes les parties à les respecter.

M. Vieira a rejeté l’acquisition de territoires par la force, rappelant avoir participé, en tant que membre élu du Conseil de sécurité en 1967, à la rédaction et à l’adoption de la résolution 242 (1967) qui demandait le retrait d’Israël des territoires arabes occupés pendant le conflit de cette année-là.  Il a considéré que les colonies israéliennes en Palestine, y compris à Jérusalem-Est, ainsi que la loi rétroactive sur certaines de ces installations, constituent un obstacle à la viabilité de la solution des deux États et à la paix dans la région.  Le Brésil, a-t-il poursuivi, espère que les accords du Caire contribueront à soulager immédiatement la grave situation humanitaire de Gaza.  Enfin, préoccupé par les droits et les besoins des réfugiés de Palestine, et en tant que membre de la Commission consultative de l’UNRWA, il a réitéré le plein soutien de son pays à l’Office.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a évoqué les multiples défis actuels au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, allant de la question de Palestine, qui existe depuis la création des Nations Unies, aux défis régionaux plus récents en Syrie et au Yémen.  Il a noté la persistance de la méfiance mutuelle et estimé que l’avenir de la région demeure « opaque ».  Il a regretté que la violence demeure un risque majeur pour la paix, avec notamment l’escalade de la tension autour des lieux saints qui montre à quel point il est possible que la violence fasse boule de neige pour se convertir en crise d’envergure.  Il a ainsi condamné tout acte, incitation et glorification de la violence car incompatible avec la résolution des conflits.  Il a appelé les deux parties à prendre des mesures concrètes pour inverser les tendances négatives, tout en se félicitant des récents efforts de réconciliation entre Palestiniens. 

M. Kawamura a estimé que pour arriver à une Palestine sous la houlette d’une seule autorité nationale, démocratique et légitime, il importe de continuer à encourager la mise en œuvre de l’accord du 12 octobre dernier au Caire.  Mettant un bémol, il a signalé que malgré l’adoption des résolutions à la présente session, il ne faut pas être satisfait: la situation appelle des mesures ayant un impact sur le terrain, tant de la part des parties concernées que de la communauté internationale.  Il a appuyé toute initiative dans ce sens pour concrétiser la solution des deux États.  Mon pays, a poursuivi le représentant, déploie aussi ses efforts en vue de créer un climat propice à des négociations de paix, sur la base de trois piliers: dialogue politique, mise en confiance et assistance économique.  Il a notamment mis en avant l’initiative « Couloir pour la paix et la prospérité », censée encourager et épauler l’indépendance de l’économie palestinienne, grâce à la coopération avec Israël, la Jordanie et la Palestine, une autre voie de la paix, selon M. Kawamura, qui a cité l’exemple du projet du Park agro-industriel de Jéricho.  Cette initiative, a-t-il expliqué, sera élargie au secteur de la technologie de l’information compte tenu des nombreux talents en Palestine. 

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) s’est dit profondément préoccupé par la recrudescence des activités de colonisation israélienne.  Il a encouragé Israël à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2334 (2016) qui stipule qu’Israël doit arrêter immédiatement et complètement toutes ses activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et respecter pleinement toutes les obligations juridiques qui lui incombent à cet égard.  Le représentant a ajouté qu’il était également préoccupé par le sort des Palestiniens qui ont souffert du blocus, en particulier à Gaza.  Il a appelé la Puissance occupante à lever le plus rapidement possible ce blocus imposé depuis 10 ans, et à faciliter l’accès humanitaire.  Il a souhaité voir une solution juste, pacifique et durable au conflit entre Israël et la Palestine.

M. TAREQ MD. ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a réitéré sa solidarité avec le peuple et l’État de Palestine, rappelant que le Bangladesh, qui accueille de nombreux réfugiés rohingya en provenance du Myanmar, est très touché par la situation des réfugiés palestiniens.  Inquiet des éléments figurant dans le rapport de Secrétaire général, qui deviennent la norme plutôt que l’exception, le représentant a déploré que les violations permanentes du droit international humanitaire et les violations systématiques des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés aient favorisé la culture de l’impunité.  Faute de responsabilité devant la communauté internationale, la Puissance occupante continue d’imposer sa violence aux citoyens palestiniens, a-t-il dit, avant de déplorer le manque de progrès dans l’application de la résolution 2234 du Conseil de sécurité, jugeant évident que les colonies israéliennes illégales comme le mur dans et autour de Jérusalem ont pour but ultime de changer la démographie du territoire palestinien.

Le Conseil, a tranché le représentant, a l’obligation de faire pression pour y mettre un terme et faire cesser le blocus de Gaza.  Reconnaissant que l’unité politique et la réconciliation entre Palestiniens sont essentielles, le représentant a salué les efforts faits en ce sens et a réitéré son soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien.  Enfin, il a souligné la nécessité d’octroyer des financements suffisants pour que l’UNRWA puisse mener son mandat à bien.

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a déclaré que l’année actuelle marque un jalon particulièrement inquiétant dans l’histoire politique de la Palestine, la Journée coïncidant avec le soixante-dixième anniversaire de la résolution 181 qui appelait à la création de deux États.  L’un fut créé quelques mois après et l’autre demeure un rêve, 70 ans plus tard, a-t-il dénoncé.  Il a constaté que bien que la communauté internationale ait réaffirmé son appui sans faille à la cause légitime du peuple palestinien, rien ne semble avoir évolué sur le terrain.  L’ombre noire de l’occupation israélienne n’a fait que s’allonger avec le temps et Israël continue de bafouer la logique, la moralité, le droit international et l’opinion publique en toute impunité, s’est-il alarmé.  Le représentant est ensuite revenu sur l’adoption, l’an dernier « dans un rare moment de solidarité internationale », de la résolution 2334 du Conseil de sécurité qui, a-t-il affirmé, a envoyé un signal sans équivoque sur le fait que les colonies de peuplement n’ont aucune validité juridique.  Il a dénoncé le fait qu’au lieu d’y mettre un terme, Israël ait au contraire accéléré ses activités de peuplement dans les territoires occupés.

Pour le représentant, un accord de paix négocié passe par la fin de l’occupation israélienne, le respect des droits des Palestiniens, notamment à l’autodétermination et à l’indépendance, et par la réalisation de la solution des deux États.  Il a aussi estimé que le Conseil de sécurité ne pourra renforcer sa propre crédibilité qu’avec la pleine mise en œuvre de ses résolutions sur la Palestine.  M. Munir a ensuite salué la réconciliation politique entre le Fatah et le Hamas, conclue le mois dernier au Caire, y voyant une nouvelle source d’espoir et d’optimisme.  Cette réconciliation rétablit non seulement l’unité palestinienne, mais elle insuffle aussi une nouvelle force à la cause légitime du peuple palestinien, s’est-il félicité.  Il a par ailleurs dénoncé l’occupation du Golan syrien, affirmant que le retrait des forces d’occupation de l’ensemble des territoires arabes est essentiel pour l’avenir de la prochaine génération de Palestiniens ainsi que pour la paix et la sécurité internationales.

Mme AMIERA ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a dénoncé la poursuite de l’occupation injuste des territoires palestiniens et arabes, et les politiques agressives israéliennes contre le peuple palestinien.  Elle a condamné la violation des lieux saints, la destruction des propriétés palestiniennes, la confiscation des terres, l’oppression, la détention et le déplacement forcé des Palestiniens, la restriction de l’accès au travail et à l’école par Israël.  En outre, Israël continue de construire et d’élargir les colonies en violation flagrante du droit international et des résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 2334 (2016).

Ces pratiques constituent un obstacle majeur aux efforts internationaux pour parvenir à une paix juste et durable et sapent la solution des deux États.  L’occupation israélienne a aussi conduit à la détérioration des conditions humanitaires, économiques et sociales dans les territoires palestiniens.  Pour faire face à la souffrance du peuple palestinien, la communauté internationale doit donner une aide dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures.  Cela permettra à la communauté palestinienne de relever des défis posés par l’occupation et réaliser les objectifs de développement durable.

Les Émirats arabes unis espèrent, a dit la représentante, que l’accord de réconciliation palestinienne, signé au Caire, contribuera à la réalisation des aspirations du peuple palestinien à un État indépendant.  Elle a ajouté que les efforts régionaux et internationaux devaient assurer qu’Israël respecte ses obligations juridiques internationales, abroge toutes ses actions unilatérales illégales et mette fin à l’occupation des territoires palestiniens et arabes.  Elle a répété que la recherche d’un règlement juste et durable à la question de Palestine doit se fonder sur la solution des deux États.    

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a dit soutenir le peuple palestinien et souhaiter une solution des deux États, qui assurerait la prospérité à tous les peuples de la région.  Mais, a-t-il prévenu, les violations du droit international de la part d’Israël représentent un obstacle, en ce sens que ce sont des pratiques qui ignorent les souffrances du peuple palestinien et qui font peser la menace de l’instabilité sur le Moyen-Orient.  Le Bahreïn, a affirmé le représentant, fait tout pour appuyer la solution des deux États dans les frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a salué l’annonce de la réconciliation palestinienne et les efforts de l’Égypte, avant d’insister sur le fait que les pratiques répressives sont l’obstacle « majeur » sur la voie de la paix.  Il a cité le blocus de Gaza et la politique de colonisation et la tentative d’Israël de changer la démographie de Jérusalem et de l’isoler du reste du territoire palestinien.  Aussi Bahreïn soutient-il la dernière décision de l’UNESCO qui confirme le droit du peuple palestinien à accéder à tous ses lieux saints.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a rappelé à son tour que cette année marque le cinquantième anniversaire de la « Nakba » et que le peuple palestinien continue à souffrir, souffrances auxquelles il ne sera mis fin qu’avec l’établissement d’un État indépendant dans les frontières de 1967.  Elle a également évoqué la Conférence arabe tenue, en mars dernier, à Amman qui s’est conclue par une Déclaration appelant à nouveau à la cessation de l’occupation israélienne.  La demande la plus importante qui y figure est le respect du droit international, qui n’a pas été rédigé par le peuple palestinien, mais par tous les États Membres de l’ONU, ce qui fait de la question palestinienne, « une cause commune », a rappelé la représentante.  Elle a encouragé à des efforts de médiation pour créer un environnement propice à des négociations sérieuses entre Israéliens et Palestiniens.  Faute de quoi, a-t-elle prévenu, il faut s’attendre à de graves répercussions régionales et internationales.  L’accord de réconciliation interpalestinienne offre une nouvelle occasion de relancer des négociations israélo-palestiniennes, a-t-elle estimé, avant de demander des ressources supplémentaires pour l’UNRWA et de réaffirmer la détermination de son pays à protéger les lieux saints de Jérusalem dont le garant est le Roi de Jordanie.       

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a vivement déploré que la situation des Palestiniens n’ait fait qu’empirer depuis toutes ces années, en raison des actions violentes et des politiques destructrices d’Israël.  La Puissance occupante a laissé des générations dans la douleur, la tragédie, la misère et l’humiliation, a-t-il poursuivi.  S’appuyant sur les éléments du rapport du Secrétaire général, il a encore déploré les colonies illégales, au mépris total des résolutions des Nations Unies, la confiscation et l’occupation de terres, la destruction de logements, le déplacement de populations, la destruction d’infrastructures et de moyens de subsistance, la construction du « mur de la honte », les restrictions, le blocus de Gaza.  Demandant que la communauté internationale fasse respecter la résolution 2334, M. Ramírez Carreño a souligné que le Conseil de sécurité doit être à la hauteur de ses responsabilités sur la question de Palestine et que l’Assemblée générale doit faire preuve de vigilance pour que la voix collective des peuples représentés ici et qui se prononcent à une majorité écrasante pour la fin de l’occupation dans leurs résolutions soit entendue.

Le Venezuela exige qu’Israël mette un terme à ses violations répétées du droit international, du droit international humanitaire, des dispositions de la quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, a asséné M. Ramírez Carreño.  Les tentatives brutales de faire plier par la violence et le terrorisme l’esprit aguerri des Palestiniens sont condamnées à l’échec, a-t-il prévenu.  Mais, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit être ferme dans sa condamnation et exiger l’arrêt immédiat de telles pratiques.  M. Ramírez Carreño a également condamné l’occupation du Golan syrien et demandé le retrait d’Israël.  On ne peut continuer à voir Israël bénéficier de la protection de ses puissants alliés et mettre en pratique en toute impunité des plans contre la solution des deux États, a-t-il tranché.  Sans avancées concrètes et significatives, les efforts des Nations Unies risquent de rester vains face à la volonté de la Puissance occupante d’atteindre l’objectif de détruire la Palestine et d’en finir avec un éventuel État palestinien viable.

Après avoir rappelé le message de soutien du Premier Ministre indien à la cause palestinienne, M. TANMAYA LAL (Inde) a exprimé l’espoir de voir émerger rapidement une Palestine souveraine, indépendante, unie et viable coexistant pacifiquement avec Israël.  Il a ajouté que son pays était fier d’être un partenaire du développement et de la reconstruction de la Palestine.  Rappelant la visite du Président Mahmoud Abbas en Inde et celles de hauts responsables indiens ces deux dernières années en Palestine, le représentant a indiqué que ces échanges de haut niveau avaient imprimé un nouvel élan au partenariat entre l’Inde et la Palestine.  Pendant la visite du Président Mahmoud Abbas, cette année, des accords de coopération dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de la technologie de l’information, de la jeunesse et des médias ont été conclus.

Nous travaillons à l’heure actuelle sur plusieurs grands projets de développement notamment le parc technologique indo-palestinien, l’Institut palestinien de la diplomatie, à Ramallah, et le Centre d’excellence sur la technologie de l’information, à Gaza, a rappelé M. Lal qui s’est dit confiant que ces projets de plusieurs millions de dollars contribueront au renforcement des capacités de développement à long terme.  L’Inde est aussi heureuse de collaborer avec le Brésil et l’Afrique du Sud pour soutenir des projets de développement en Palestine grâce au Fonds IBAS.  Ce financement est mis en œuvre avec le Bureau des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud et représente une forme unique de solidarité et de coopération Sud-Sud.  Cinq projets ont été achevés et trois d’entre eux devraient être inaugurés le mois prochain.  Les deux autres qui sont un hôpital et un centre médical sont à Gaza.  En outre, l’Inde a augmenté à 1,25 million de dollars sa contribution à l’UNRWA, depuis l’année dernière.  

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a souligné que la mise en place d’un État de Palestine indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale reste la seule voie possible vers une paix juste et durable, respectueuse des droits inaliénables du peuple palestinien et garante de la sécurité d’Israël et de la Palestine.  Mais les pratiques d’Israël en violation flagrante du droit international, en particulier l’expansion systématique des colonies, entament la viabilité d’une solution des deux États, de même que les provocations visant le lieu saint Haram el-Charif poussent au désespoir, à la radicalisation et à l’extrémisme dans la région.

Toutefois, le représentant a vu des raisons d’espérer dans l’accord de réconciliation nationale signé par les Palestiniens le 12 octobre.  La Palestine fait sa part et Israël devrait montrer la même volonté politique de parvenir à une paix durable, a estimé le représentant, ajoutant que la reconnaissance de l’État de Palestine par davantage d’États et son intégration dans les institutions internationales sont essentielles.  À cet égard, il s’est félicité de l’adhésion de l’État de Palestine à Interpol et a promis que la Turquie continuera à respecter ses engagements en faveur des réfugiés palestiniens.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a fustigé les politiques d’implantation de colonies de peuplement et les politiques illégales d’Israël, 23 ans après les accords d’Oslo qui stipulaient que l’État palestinien devait être créé dans les cinq années suivantes.  L’Égypte, a-t-il affirmé, a cependant été en mesure de conjurer le sort, en réussissant à faire signer un accord mettant fin à la division palestinienne et scellé le 12 octobre au Caire.  Cet accord, s’est enorgueilli le représentant, a été applaudi par la communauté internationale et a permis de restituer toute la légitimité que l’Autorité palestinienne avait perdue en 2007, lui permettant de jouer pleinement le rôle qui lui revient à la bande de Gaza et d’affirmer ainsi l’unité palestinienne.  Gaza et la Cisjordanie sont placées sous une autorité unique et représentative qui parle d’une seule voix, qui reconnaît Israël et qui est attachée aux négociations et à la recherche de solutions pacifiques acceptables pour les deux pays.  Le représentant égyptien a exhorté la communauté internationale à se saisir de cette occasion « historique » pour mettre en œuvre la solution des deux États et écarter toute solution provisoire.  Il faut, a-t-il conclu, bien comprendre les risques encourus par les deux peuples, par la région et le monde en général.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Péninsule coréenne: appels au Conseil de sécurité pour une solution politique, après le tir de missile d’une portée sans precedent de la RPDC

8118e séance – après-midi
CS/13099

Péninsule coréenne: appels au Conseil de sécurité pour une solution politique, après le tir de missile d’une portée sans precedent de la RPDC

Au lendemain du nouveau tir de missile balistique intercontinental de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), capable de frapper le territoire des États-Unis, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, a souligné, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, la nécessité d’une solution politique à la situation dans la péninsule coréenne, en raison « des risques graves inhérents à toute confrontation militaire ».  La déléguée américaine a assuré qu’une guerre aboutirait à la destruction du régime nord-coréen. 

Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a commencé son intervention en indiquant que le missile balistique de la RPDC lancé le 29 novembre à 2 h 48, heure locale, avait couvert une distance de 950 kilomètres et atteint une altitude de 4 500 kilomètres.  Les paramètres indiquent que, si le missile avait suivi une trajectoire standard, il aurait eu une portée de plus de 13 000 kilomètres, a-t-il précisé.

Notant les tensions créées par les tirs balistiques et nucléaires répétés de la RPDC, il a souligné la nécessité d’une solution politique, avant d’en appeler à l’unité du Conseil pour aboutir à « un engagement diplomatique robuste ».  C’est une chance qui doit être saisie en ces temps périlleux pour établir les conditions propices à des négociations, a poursuivi M. Feltman.  « Rien n’est plus dangereux pour le monde que ce qui se déroule actuellement dans la péninsule coréenne », a-t-il mis en garde.

De son côté, le Président du Comité des sanctions établi par la résolution 1718 (2006), M. Sebastiano Cardi, a noté l’importance de la résolution 2375 (2017), adoptée en septembre, qui a considérablement élargi la portée du régime de sanctions, le plus rigoureux au monde.  Le Comité veille à faciliter la mise en œuvre de toutes ces mesures, a-t-il assuré, en mentionnant la réunion qui s’est tenue le 9 octobre dernier pour expliquer en détail ce régime de sanctions aux États Membres. 

Le délégué du Japon, pays dont le territoire a été survolé par le tir de la RPDC, s’est dit convaincu que la mise en œuvre des sanctions du Conseil était efficace.  « La communauté internationale doit exercer une pression maximale sur les autorités nord-coréennes afin qu’elles changent radicalement de comportement », a-t-il déclaré.  Une position partagée par la plupart des délégations, dont le Royaume-Uni, qui a jugé que le recours à la force serait « dévastateur ». 

De son côté, le délégué de la République de Corée a considéré qu’il existait encore une « fenêtre d’opportunité, aussi étroite qu’elle puisse être ».  « La RPDC commet une erreur grave si elle sous-estime la détermination de la communauté internationale », a-t-il affirmé.  Le délégué de la France a plaidé pour un renforcement du régime de sanctions, tandis que le délégué de la Bolivie a proposé que le Conseil mandate le Secrétaire général pour une mission de bons offices. 

Pour sa part, la représentante des États-Unis a durci le ton, en avertissant que si la guerre, que son pays ne veut pas, devait se produire, « le régime nord-coréen serait complètement détruit ».  Elle a en outre souligné les « violations flagrantes du régime de sanctions », notamment en ce qui concerne les exportations de charbon par la RPDC.  La représentante a en outre accusé la Chine de fournir du pétrole à la RPDC, avant d’enjoindre ce pays « à prendre la bonne décision pour tous et devenir la figure de proue » des efforts de la communauté internationale. 

« C’est lorsque les parties s’engagent dans un dialogue que l’espoir de paix renaît », a réagi le représentant de la Chine, qui a demandé la suspension des « grandes manœuvres militaires conjointes » de la Corée du Sud et des États-Unis.  Il a rappelé que le 4 juillet, une feuille de route avait été rendue publique à l’initiative de Moscou et de Pékin, qui propose l’arrêt simultané des essais nucléaires et balistiques nord-coréens d’une part, et celui des manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la Corée du Sud d’autre part. 

Un point de vue repris par le délégué de la Russie, qui a plaidé pour la recherche d’une confiance mutuelle, dans la continuité de la feuille de route sino-russe.  Il a également dénoncé l’« hyperactivité » des États-Unis, marquée par l’envoi de bombardiers et de porte-avions, mais aussi par le déploiement du système antimissiles THAAD.  Il s’agit là d’un « facteur d’irritation » qui sape l’équilibre militaire des États de la région, a-t-il conclu. 

NON-PROLIFÉRATION/RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a indiqué que le missile balistique de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) lancé le 29 novembre, à 2 h 48, heure locale, avait couvert une distance de 950 kilomètres et atteint une altitude de 4 500 kilomètres avant de s’abîmer dans la mer et la zone économique exclusive du Japon.  Les paramètres indiquent que si le missile avait suivi une trajectoire standard, il aurait eu une portée de plus de 13 000 kilomètres, a-t-il dit, ajoutant que c’était le troisième tir de missile balistique effectué par la RPDC en moins de six mois et le vingtième depuis le début de l’année. 

Les organes de presse de la RPDC ont indiqué que ce pays était désormais capable de frapper le territoire continental des États-Unis et avait achevé « la grande cause historique » qu’est la constitution d’une force nucléaire.  M. Feltman a précisé que c’était la treizième fois que le Conseil était saisi du dossier de la RPDC.  Notant les tensions créées par ces tirs balistiques et nucléaires, il a souligné la nécessité d’une solution politique pour inverser cette dynamique.  « Étant donné les risques graves inhérents à toute confrontation militaire, il est de la responsabilité essentielle de ce Conseil de mettre tout en œuvre pour prévenir une escalade », a-t-il dit, ajoutant que l’unité du Conseil était critique.  Il a noté que le Conseil avait ouvert la voie pour un engagement diplomatique robuste, « une chance qui doit être saisie en ces temps périlleux » pour établir les conditions propices à des négociations. 

M. Feltman a indiqué que le dernier tir de la RPDC était une violation des résolutions du Conseil, avant de rappeler que le Secrétaire général avait exhorté la RPDC à éviter toute action déstabilisatrice supplémentaire.  Il a indiqué au représentant de la RPRC qu’il a vu ce matin que rien n’était plus dangereux pour le monde que ce qui se déroule actuellement dans la péninsule coréenne.  Le Secrétaire général a insisté en outre sur l’importance d’une solution politique, a poursuivi le Secrétaire général adjoint.  Enfin, M. Feltman a rappelé que la situation humanitaire demeurait critique dans le pays, 70% de la population étant en insécurité alimentaire.  « Les États Membres doivent appuyer les activités vitales accomplies par les organisations humanitaires dans le pays. » 

Le Président du Comité des sanctions établi par la résolution 1718 (2006), M. SEBASTIANO CARDI (Italie), a fait le point sur les activités du Comité pendant la période allant du 12 septembre 2017 au 29 septembre 2017.  Il a notamment expliqué qu’après l’adoption de la résolution 2375 (2017) le 11 septembre dernier, « un texte qui a considérablement élargi la portée du régime de sanctions », le Comité s’est attelé à faciliter la mise en œuvre de toutes ces mesures et poursuit ses efforts en ce sens. 

Ainsi, dans le cadre de ses activités de sensibilisation, le Comité a organisé une réunion ouverte à tous les États Membres de l’ONU, le 9 octobre dernier, pour leur expliquer en détail ce régime de sanctions élargi ainsi que leurs obligations en tant qu’États Membres à cet égard. 

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a estimé que la Corée du Nord a « choisi l’agression ».  Le comportement de ce régime est devenu de plus en plus « intolérable », comme en témoigne le fait que plus de 20 pays ont restreint ou mis fin aux relations diplomatiques avec Pyongyang, a-t-elle souligné.  « Tous ceux qui ont agi en ce sens l’ont fait en raison des préoccupations profondes que suscite le programme nucléaire de la Corée du Nord », a assuré la représentante.

« Hélas », tous les États Membres n’ont pas respecté les dispositions des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment en ce qui concerne les exportations de charbon par la RPDC, a constaté la représentante, qui a dénoncé les « violations flagrantes du régime de sanctions ».  Sa délégation a donc incité tous les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rompre leurs relations diplomatiques et à suspendre les échanges commerciaux avec ce pays.  Mme Haley s’est ensuite déclarée « horrifiée » par les informations selon lesquelles un transfuge nord-coréen aurait développé un parasite d’une taille effrayante et que des « grains de maïs non cuisinés » auraient été détectés dans son estomac. 

Affirmant que la Corée du Nord ne souhaite pas négocier, elle a estimé que la communauté internationale doit continuer de traiter ce pays en « paria ».  La représentante a en outre accusé la Chine de fournir du pétrole à la RPDC.  Selon elle, il faut mettre fin à ces exportations de carburants pour contraindre le régime à changer d’attitude.  « Le Président chinois doit prendre la bonne décision pour tous et devenir la figure de proue » des efforts de la communauté internationale, ou « nous prendrons les choses en mains », a prévenu Mme Haley.  « Nous n’avons jamais cherché la guerre avec la Corée du Nord, mais si elle devait se produire, le régime nord-coréen serait complètement détruit », a ajouté en conclusion la déléguée américaine.

M. KORO BESSHO (Japon) a déploré que, de nouveau, aujourd’hui même, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ait décidé d’ignorer complètement les appels répétés de la communauté internationale de renoncer à ses programmes de développement nucléaire et balistique.  En procédant à un nouveau tir de missile balistique de longue portée, la Corée du Nord viole de manière flagrante les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il insisté.  Le délégué japonais a condamné ce tir de missile « inacceptable » et exhorté la RPDC à mettre immédiatement fin à ses activités illégales et à ses provocations.  Le Japon, a-t-il déclaré, « ne tolérera jamais l’existence d’une Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire ». 

Pour lui, la portée des missiles de la RPDC confirme, s’il était encore besoin, que les agissements de ce pays constituent une menace à la paix et à la sécurité « de tous les États Membres ».  Il a estimé que dans un tel contexte, la communauté internationale, par l’intermédiaire du Conseil de sécurité, doit exercer une pression maximale sur les autorités nord-coréennes afin qu’elles changent radicalement de comportement et s’engagent sur la voie de la dénucléarisation.  À cet égard, il s’est dit convaincu que la mise en œuvre des sanctions du Conseil, y compris celles découlant des résolutions 2371 (2017) et 2375 (2017), est efficace.  M. Bessho a également souligné que les activités nucléaires et militaires de la RPDC se faisaient au détriment du bien-être du peuple nord-coréen, dont les besoins les plus élémentaires ne sont pas satisfaits. 

M. MATTHEW JOHN RYCROFT (Royaume-Uni) a jugé nécessaire de redoubler d’efforts pour que la RPDC change de cap.  Ce n’est pas la population de la RPDC qui menace le monde, c’est son régime irresponsable, a-t-il affirmé.  Il a appelé à un règlement politique de la situation, jugeant dévastateur un éventuel recours à la force.  Nous devons explorer tous les moyens diplomatiques à notre disposition, a-t-il dit. 

Le délégué a appelé à la pleine mise en œuvre des sanctions prises contre la RPDC.  Les États doivent fournir des informations sur la mise en œuvre de la résolution 2375 (2017), a-t-il tranché.  Il est encore possible pour la RPDC de prendre une décision responsable, de regagner la table des négociations et de respecter ses obligations, a conclu M. Rycroft.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a demandé que cessent les violations répétées par la RPDC des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, qui constituent une menace pour la paix et la sécurité régionales et internationales.  Le représentant a vivement encouragé le Conseil à trouver un règlement politique à la question du programme nucléaire nord-coréen, plutôt que de privilégier un durcissement des sanctions pour parvenir à sortir de ce « cercle vicieux » fait de violations des résolutions du Conseil et de mesures additionnelles.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a fermement condamné le test de missile balistique intercontinental d’hier qu’il a qualifié de « menace claire à la paix et la sécurité mondiales », de « provocation inacceptable » et de « violation des obligations internationales de la RPDC ».  Ces actions sont une menace à la fois pour sa propre région et pour toutes les autres, s’est indigné le représentant qui a exhorté le Gouvernement nord-coréen à respecter les décisions du Conseil de sécurité, à cesser ses provocations et s’engager dans un dialogue constructif, mais aussi à abandonner son programme nucléaire et de missiles de manière vérifiable et irréversible.  Il l’a aussi invité à revenir au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à se soumettre au régime de garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Le représentant a souligné l’importance de l’unité des membres du Conseil sur ce dossier.  Les sanctions à elles seules ne règleront pas la situation dans la péninsule coréenne, a prévenu l’intervenant qui a suggéré qu’il fallait ouvrir la voie à une solution pacifique, diplomatique et politique.  Par conséquent, en plus de veiller à l’application stricte des sanctions, il a demandé au Conseil de sécurité de tout faire pour réduire les tensions en vue d’un règlement pacifique.

M. Orrenius Skau a ensuite salué les travaux du Comité des sanctions et l’a encouragé à poursuivre ses efforts de sensibilisation des États Membres à l’importance de l’application des régimes de sanctions, étant d’avis que plus peut être fait dans ce domaine.  Il a rappelé que les mesures préconisées par le Conseil de sécurité à l’encontre de la RPDC n’ont jamais eu pour objectif d’avoir un effet négatif sur l’aide humanitaire, regrettant à ce propos les allégations faites en ce sens. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a qualifié le dernier lancement de missile de la RPDC de violation flagrante de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et estimé qu’il augmente la menace nucléaire dans la région.  En dépit de tous les efforts diplomatiques déployés pour stopper le programme balistique de la RPDC, il a jugé que le pays n’a donné aucun signe de sa volonté d’infléchir son comportement.  Selon lui, cette politique irresponsable a déjà gravement miné le régime de non-prolifération dans son entier. 

M. Yelchenko a exhorté le leader nord-coréen à cesser ses provocations immédiatement.  Il s’est également dit en accord avec l’augmentation significative du régime de sanctions découlant des récentes résolutions du Conseil.  Le respect inconditionnel des résolutions est un prérequis pour faire baisser le niveau de menace nucléaire dans la région, a-t-il insisté, c’est pourquoi l’Ukraine soutien le travail constructif du Comité, en particulier les mises à jour des listes encadrées par les résolutions 2371 (2017) et 2375 (2017), ainsi que l’adoption de plusieurs notices d’aide à l’application.  Les mesures axées sur les résultats sont essentielles pour renforcer l’efficacité du régime de sanctions.  Il a conclu en prenant acte du refus manifeste de la RPDC de dialoguer: « Franchement, après deux mois et demi sans test ni tir, il y avait une lueur d’espoir quant à la possibilité d’un dialogue.  Mais le lancement d’hier a clairement démontré que le régime nord-coréen n’a pas envie de discuter. »

M. WU HAITAO (Chine) a exhorté la RPDC à respecter les résolutions du Conseil de sécurité et à mettre fin aux agissements susceptibles de raviver les tensions dans la péninsule coréenne.  « C’est lorsque les parties s’engagent dans un dialogue que l’espoir de paix renaît », a déclaré le représentant.  Cette année, le Conseil de sécurité a adopté les résolutions 2356 (2017), 2371 (2017) et 2375 (2017), qui ont démontré la détermination de la communauté internationale en faveur du régime de non-prolifération dans la sous-région et au-delà, a constaté le représentant, qui a considéré comme prioritaire d’appliquer strictement les dispositions de ce texte. 

La délégation chinoise a cependant demandé la suspension des « grandes manœuvres militaires conjointes » de la Corée du Sud et des États-Unis.  M. Wu a rappelé que le 4 juillet, une feuille de route a été rendue publique à l’initiative de Moscou et de Pékin, qui propose l’arrêt simultané des essais nucléaires et balistiques nord-coréens d’une part, et celui des manœuvres militaires conjointes des États-Unis et de la Corée du Sud d’autre part.  Pour la Chine, le Groupe d’experts rattaché au Comité des sanctions doit continuer de travailler « avec impartialité et neutralité ».  Enfin, a ajouté le représentant, les violations ne doivent pas avoir d’incidence sur l’acheminement de l’aide humanitaire à la population nord-coréenne. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré qu’il avait perdu espoir devant la situation en RPDC.  « Nous ne devons pourtant pas baisser les bras et nous devons tout mettre en œuvre pour aboutir à une solution politique », a-t-il dit.  Il n’y a pas d’autre option, a insisté M. Alemu.  Le délégué a exhorté la RPDC à changer de direction, avant de saluer les travaux du Comité des sanctions.  Il a rappelé, en conclusion, l’engagement de son pays en vue de parvenir à une solution politique dans la péninsule coréenne. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que cette nouvelle violation de la résolution par Pyongyang est regrettable et mérite la condamnation la plus ferme.  « Nous ne pouvons pas accepter l’idée que la RPDC puisse devenir une puissance nucléaire », a-t-il tranché.  Cependant, il ne peut y avoir de solution militaire à l’escalade des tensions actuelles, a souligné le délégué, en demandant que cesse ce cycle de « réactions et de contre-réactions », qui donnent le résultat contraire à celui escompté. 

Le représentant russe a affirmé que les États doivent faire preuve de volonté politique pour mettre en œuvre la résolution 2375 (2017).  Mais les mesures de sanctions ne sont qu’un instrument coercitif pour ramener la RPDC à la table des négociations, a-t-il tenu à rappeler, en soulignant qu’elles ne peuvent porter atteinte au bien-être de la population nord-coréenne.  Par ailleurs, pendant deux mois et demi, les États-Unis et leurs alliés ont « mis à mal la patience » de Pyongyang, en se livrant à des manœuvres militaires de grande ampleur, y compris celles annoncées pour le mois de décembre « aux frontières de la RPDC ». 

M. Nebenzia a plaidé pour la recherche d’une confiance mutuelle, dans la continuité de la feuille de route sino-russe, qui repose sur le gel simultané des essais nucléaires et des manœuvres militaires américano-sud-coréennes.  La délégation russe a de nouveau dénoncé l’« hyperactivité » des États-Unis, marquée par l’envoi de bombardiers et de porte-avions, mais aussi par le déploiement du système antimissiles THAAD, un « facteur d’irritation » qui sape l’équilibre militaire des États de la région.  Appelant à la retenue, le délégué a demandé à la RPDC et aux États-Unis de suivre les recommandations de cette feuille de route. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a jugé que les tirs de la RPDC mettaient à rude épreuve la crédibilité du Conseil, avant d’appeler cet organe à réagir fermement.  Les mesures prises par la résolution 2375 (2017) doivent faire partie intégrante d’une stratégie globale et politique en vue de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, a-t-il dit, en plaidant pour une reprise du dialogue.  Il a noté les efforts déployés par les États Membres pour appliquer les sanctions prises, avant d’exhorter la RPDC à cesser les provocations et à s’engager pour une solution pacifique.  Pour y parvenir, la RPDC doit cesser toutes ses activités militaires d’une manière vérifiable et irréversible, a-t-il conclu. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé que le monde n’acceptera pas le statut de puissance nucléaire de la RPDC.  Les sanctions économiques doivent être intelligentes et ciblées, et la communauté internationale doit s’abstenir de privilégier un règlement militaire à une solution politique, a-t-il recommandé.  Le représentant a félicité le Président du Comité des sanctions pour la qualité de son travail au cours de l’année écoulée, en assurant qu’il avait sans aucun doute contribué à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a exhorté la RPDC à abandonner son programme nucléaire de manière irréversible et vérifiable.  Mon pays ne cessera jamais de condamner toute prolifération nucléaire, a-t-il poursuivi.  Il a dénoncé l’usage de la force pour régler une situation et souligné la nécessité de prévenir une escalade des tensions dans la péninsule coréenne. 

Mettant en garde contre toute initiative se déroulant en dehors du droit international, le représentant a appuyé la proposition chinoise d’un « double gel ».  Les sanctions ne sont pas une fin en soi mais un outil pour un retour à la table des négociations, a-t-il dit.  En conclusion, le délégué a proposé que le Conseil mandate le Secrétaire général pour une mission de bons offices. 

Avec le nouveau tir de missile balistique intercontinental effectué hier, la Corée du Nord a repris sa course irresponsable vers l’escalade et montre son jeu inacceptable, a constaté M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Selon lui, cette nouvelle provocation nous rappelle combien la donne a dangereusement évolué pour devenir « immédiate et globale ».  Dans ce contexte, a-t-il estimé, il est indispensable de mettre en œuvre les sanctions existantes de manière stricte et intégrale, même si elles ne sont pas une fin en soi et que la solution à cette crise majeure est avant tout politique. 

Mais en s’obstinant à braver nos injonctions et à mépriser nos appels à la raison, la Corée du Nord ne nous laisse pas d’autre choix que de renforcer la pression pour tracer la voie d’une solution négociée, a estimé M. Delattre.  « Ne nous voilons pas la face », a-t-il déclaré; face à la gravité de la situation, le renforcement des sanctions constitue l’unique moyen aujourd’hui d’atteindre l’objectif commun de ramener le régime nord-coréen à la table des négociations et de le faire renoncer à ses programmes « proliférants ».  Aussi la France s’est-elle dite favorable, en conclusion, à travailler avec ses partenaires à l’adoption de sanctions additionnelles, dans le cadre notamment de ce Conseil. 

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a réitéré sa condamnation du nouveau tir d’un missile balistique de possible portée intercontinentale par la Corée du Nord.  Tous ces essais sont à la fois « imprudents, irresponsables et inacceptables », a martelé le représentant, exhortant ce pays à abandonner ses programmes nucléaires existants « de manière complète, vérifiable et irréversible » et à mettre fin immédiatement aux activités connexes, y compris les tirs utilisant la technologie des missiles balistiques et autres « actes de provocation ». 

Pour le délégué, les trois tirs de missiles nord-coréens qui ont mis en péril le Japon et sa population cette année constituent une menace pour la paix et la sécurité internationales.  Ce sont aussi des violations flagrantes du droit international, a-t-il insisté, enjoignant la Corée du Nord de respecter toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de renoncer à ses ambitions nucléaires afin de retrouver le chemin du dialogue, l’objectif final devant être la dénucléarisation. 

Sans un régime de sanctions plus efficace, il ne sera pas possible de sortir du « cercle vicieux » qui veut que la Corée du Nord viole de manière systématique les résolutions du Conseil et se voit imposer des sanctions a posteriori sans que cela change en rien la situation, a poursuivi M. Rosselli Frieri.  Mais il faut aussi coordonner les stratégies pour arriver à une solution avec le régime nord-coréen, l’escalade actuelle des tensions risquant d’avoir des conséquences désastreuses pour la région et au-delà, a-t-il plaidé. 

Au moment où il achève son mandat de membre non permanent du Conseil, l’Uruguay, a conclu son représentant, constate qu’il y a eu, en l’espace de deux ans, une « prolifération » des instances traitant de la situation en Corée du Nord et rappelle qu’il a participé à l’adoption de cinq résolutions sur les sanctions sans que cela ait modifié la situation. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a souligné le danger pour les pays voisins que constituent les agissements de la RPDC.  Il a encouragé la communauté internationale à unir ses efforts, avant d’insister sur l’importance d’une unité préservée du Conseil.  Mon pays a interrompu la procédure d’accréditation de l’ambassadeur de la RPDC, a-t-il affirmé.  Il a indiqué que le régime de sanctions ne devait pas aboutir à aggraver le sort de la population de la RPDC.  Enfin, le délégué a appelé la RPDC à changer de cap.  C’est la seule façon d’aboutir à une solution pacifique, a-t-il conclu. 

En procédant, hier, à un nouveau tir de missile balistique, a déploré M. CHO TAE-YUL (République de Corée), la RPDC a mis un terme à une accalmie de 75 jours dans sa longue série de provocations.  Le représentant s’est dit véritablement « interloqué » par « le degré d’insouciance » dont a ainsi fait preuve le pays, au mépris de la communauté internationale, qui n’a pourtant eu de cesse de sommer unanimement la RPDC d’arrêter toute provocation.  En témoignent, selon lui, les mesures « solides et cinglantes » prises par de nombreux pays à l’encontre du programme nucléaire nord-coréen, allant de la mise en œuvre « approfondie » des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité à la restriction des relations commerciales et diplomatiques avec la RPDC.  Or, pour toute réponse, le pays s’est une fois de plus livré à un tir de missile de portée intercontinentale, s’est indigné le représentant.

Au cours des deux derniers mois, a indiqué le représentant, certains ont voulu voir dans l’absence de provocations nord-coréennes le signe d’une prise de conscience de la part du pays.  D’autres, a-t-il ajouté, nourrissaient même l’espoir que la RPDC continue dans cette voie, conformément à la résolution sur la trêve olympique adoptée début novembre par l’Assemblée générale.  Quelques-uns, enfin, sont allés jusqu’à interpréter « cette longue période de silence » comme la marque d’un assouplissement des tensions dans la péninsule coréenne.  Ces espoirs « bien intentionnés » risquent d’être réduits à néant par ce nouveau tir de missile, a regretté le représentant.

Toutefois, il serait encore prématuré d’abandonner tout espoir, a nuancé M. Cho.  À ses yeux, cette dernière sortie de route sur la voie de la dénucléarisation ne devrait pas décourager la communauté internationale.  « Aussi étroite qu’elle puisse être, il y a encore une fenêtre d’opportunité », a-t-il affirmé, appelant à faire preuve de patience et de persistance dans les efforts diplomatiques pour ramener la RPDC à la table des négociations.  Dans ce cadre, le représentant sud-coréen a estimé que le Conseil devrait continuer d’envoyer un message « sans équivoque » à la RPDC et renouveler son engagement à durcir les sanctions jusqu’à ce que le pays abandonne enfin son programme nucléaire.

De son côté, a-t-il poursuivi, la RPDC ne devrait pas « prendre à la légère » le message que lui adresse aujourd’hui le Conseil.  Il serait selon lui une erreur pour le pays de continuer à « sous-estimer » ou « mal évaluer » la détermination de la communauté internationale.  M. Cho a par conséquent exhorté Pyongyang à saisir l’opportunité qui lui était offerte de régler pacifiquement la question.  La communauté internationale, a-t-il affirmé, est prête à construire un meilleur avenir pour la RPDC, « à condition qu’elle fasse le bon choix ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: la crise humanitaire exacerbée par les restrictions de l’aide, notamment transfrontalière, affirme au Conseil de sécurité le Secrétaire général adjoint

8117e séance – matin
CS/13098

Syrie: la crise humanitaire exacerbée par les restrictions de l’aide, notamment transfrontalière, affirme au Conseil de sécurité le Secrétaire général adjoint

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, a, ce matin, demandé au Conseil de sécurité de renouveler l’autorisation donnée par la résolution 2165 (2014), « essentielle pour sauver des vies » en Syrie, où sévit la « pire crise de déplacements » au monde.

En vertu de ce texte, les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires peuvent, jusqu’au 10 janvier 2018, emprunter les routes franchissant les lignes de conflit ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha, situées le long de la Jordanie.

Or, les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais des opérations transfrontalières que par celles menées de part et d’autre des lignes de front, a fait observer M. Lowcock.

Alors que la France et les États-Unis ont considéré le renouvellement de cette autorisation comme une « priorité » pour leurs délégations, la Fédération de Russie a pour sa part demandé un nouvel exposé, « dans les semaines à venir », sur les convois humanitaires qui traversent les lignes de conflit en Syrie ainsi que les postes frontière, jugeant « insuffisantes » les assurances données par M. Lowcock sur le mécanisme de vérification des cargaisons.

« L’aide qui arrive de l’étranger doit être distribuée dans toute la Syrie, pas seulement dans les zones contrôlées par les groupes armés », a argué le délégué russe.  « Mon gouvernement permet l’acheminement de l’aide lorsque celle-ci est destinée à des civils », a déclaré quant à lui le représentant de la Syrie.

Le Coordonnateur des secours d’urgence était venu aujourd’hui présenter et actualiser les informations contenues dans le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la crise humanitaire en Syrie, mis en cause par le délégué syrien, pour qui ce document « lacunaire » a été rédigé sans s’appuyer sur des « sources sérieuses ».

Selon M. Lowcock, après presque sept ans de conflit, 13,1 millions de Syriens ont besoin d’assistance et de protection, dont 5,6 millions « de toute urgence ».  La moitié des habitants du pays seraient déracinés, avec plus de 6 500 personnes contraintes au déplacement quotidiennement au cours des neuf derniers mois de 2017, a-t-il précisé.

En outre, 1,75 million d’enfants sont déscolarisés, soit pratiquement un enfant sur trois, et un tiers des écoles endommagées ou détruites, a poursuivi le haut fonctionnaire.  Moins de la moitié des installations dans le pays de santé sont pleinement opérationnelles, avec pour conséquence des milliers de décès évitables. 

Enfin, près de trois millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d’accès à travers toute la Syrie, dont 420 000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupées dans la Ghouta orientale.

La situation dans ces faubourgs ruraux de Damas a suscité la plus vive préoccupation chez M. Lowcock, qui a expliqué que les frappes aériennes et les combats s’y sont intensifiés au cours des dernières semaines, faisant 84 morts et 659 blessés rien qu’entre le 14 et le 17 novembre. 

Corollaire de ce regain d’hostilités, la crise alimentaire dans la Ghouta orientale est extrêmement grave, selon le Secrétaire général adjoint, qui a annoncé que les taux de malnutrition aiguë chez les enfants de cette zone auraient quintuplé en 2017.

« Les décès d’enfants seraient évitables à condition que davantage de convois humanitaires nous parviennent, et plus régulièrement.  J’ai eu des discussions constructives à Moscou et à Téhéran la semaine dernière à ce sujet et j’espère que cela permettra de faire des progrès significatifs », a déclaré M. Lowcock sur ce point.

Il a également déploré de « nouvelles restrictions » à la livraison de l’aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie depuis le 9 novembre, date à laquelle l’ONU a commencé de se heurter à une « série d’obstacles bureaucratiques imposés par les parties ». 

Par ailleurs, les convois qui traversent les lignes de front continuent d’arriver au compte-gouttes, « en dépit d’un accord avec le Gouvernement syrien sur les plans d’accès bimensuels et l’établissement des zones de désescalade » prévues par l’Accord d’Astana, a constaté le Secrétaire général adjoint.  Or, deux de ces zones, la Ghouta orientale et le nord de Homs, sont précisément les principaux secteurs auxquels les convois humanitaires onusiens tentent d’accéder.

La représentante des États-Unis a jugé « ironique » que la Ghouta orientale soit considérée comme une zone de désescalade, alors qu’avec l’appui de la Fédération de Russie, le régime syrien pilonnerait toujours la population locale pour mettre en œuvre une « véritable stratégie de la famine ».

La France a donc appelé les États garants de l’Accord d’Astana –Fédération de Russie, Turquie et République islamique d’Iran– à faire cesser les violences et à veiller à ce que l’aide parvienne aux populations concernées, le Kazakhstan donnant l’assurance que tout serait mis en œuvre à cet effet.

Si elle a appelé le Gouvernement syrien à renforcer sa coopération avec les agences humanitaires, la Bolivie a en revanche condamné vigoureusement les allégations de destructions de vaccins contre la rougeole et la polio, suite à des bombardements aériens. 

La Fédération de Russie a d’ailleurs accusé les États-Unis et leurs alliés de chercher à dissimuler les crimes supposément commis par la coalition en Syrie, notamment à Raqqa, où celle-ci aurait cherché à minimiser le nombre de victimes civiles et l’étendue des dégâts que ses frappes auraient causés. 

Selon le délégué syrien, la coalition aurait utilisé du « phosphore blanc », en violation du droit international. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Rapport du Secrétaire général sur l’application des résolutions 2139 (2014), 2165 (2014), 2191 (2014), 2258 (2015) et 2332 (2016) du Conseil de sécurité (S/2017/982)

Déclarations

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a entamé son intervention par une série de chiffres relatifs à la crise syrienne.  Après presque sept ans de conflit, 13,1 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire et de protection, dont 5,6 millions de personnes de toute urgence. 

La Syrie, a-t-il dit, reste la « crise de déplacements » la plus grave au monde et celle qui évolue le plus vite, la moitié de la population du pays étant déplacée à travers le pays.  « Plus de 6 500 personnes ont été contraintes au déplacement quotidiennement au cours des neuf derniers mois de 2017 », a précisé le haut fonctionnaire. 

En outre, 1,75 million d’enfants sont déscolarisés, soit pratiquement un enfant sur trois, et un tiers des écoles sont endommagées ou détruites.  Moins de la moitié des installations de santé sont pleinement opérationnelles, une situation à l’origine de milliers de décès évitables.  Et près de trois millions de personnes continuent de vivre dans des zones difficiles d’accès à travers toute la Syrie, dont 420 000 dans 10 localités assiégées, 94% étant regroupées dans la Ghouta orientale. 

Dans ces faubourgs de Damas, et dans la capitale elle-même, les combats se sont intensifiés, et rien qu’entre le 14 et le 17 novembre, s’est alarmé le haut fonctionnaire, 84 personnes ont été tuées et 659 autres blessées, dont des centaines de femmes et d’enfants, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). 

M. Lowcock a fait état de frappes aériennes et de tirs de mortiers et de roquettes.  La crise alimentaire dans la Ghouta orientale est extrêmement préoccupante, selon le Secrétaire général adjoint, qui a déploré qu’à peine 100 000 personnes sur une population de 400 000 dans cette enclave aient reçu une aide jusqu’à présent. 

La fermeture du seul point de passage, le 3 octobre, conjuguée à l’intensification des frappes aériennes et terrestres, a entraîné une détérioration rapide de la situation sur place.  Les taux de malnutrition aiguë sévère chez les enfants de cette zone auraient quintuplé au cours des 10 derniers mois, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence.  « Les décès d’enfants qui en meurent seraient évitables à condition que davantage de convois humanitaires nous parviennent, et plus régulièrement.  J’ai eu des discussions constructives à Moscou et à Téhéran la semaine dernière à ce sujet et j’espère que cela permettra de réaliser des progrès significatifs », a-t-il précisé.

La situation dans le nord-est de la Syrie reste également préoccupante, alors que les combats se poursuivent le long de l’Euphrate vers la frontière iraquienne.  Depuis le début de l’offensive menée contre Daech en novembre dernier, les frappes aériennes et les affrontements ont provoqué le déplacement de plus de 436 000 personnes à l’intérieur et à l’extérieur de la province de Raqqa.  Et depuis août 2017, 350 000 autres ont été déplacées à l’intérieur et à l’extérieur de la province de Deïr el-Zor, a ajouté le Secrétaire général adjoint. 

Les nouvelles restrictions à la livraison de l’aide humanitaire dans le nord-est de la Syrie limitent l’accès à nombre de personnes que nous aurions pu atteindre auparavant, a regretté le haut fonctionnaire.  En effet, a-t-il constaté, depuis le 9 novembre, l’ONU fait face à une série d’obstacles bureaucratiques imposés par les parties.  En conséquence, la livraison de l’aide a décliné alors que les besoins continuent d’augmenter. 

Il s’est alarmé du sort d’au moins 30 000 Syriens bloqués dans des conditions difficiles le long de la frontière syro-jordanienne.  « Je suis également préoccupé par l’augmentation des déplacements de population dans le nord-ouest de la Syrie, où près de 70 000 personnes ont été déplacées dans la province d’Edleb au cours des dernières semaines, tandis que plus de 27 000 l’ont été dans diverses zones de la province au cours de la même période. »

L’aide apportée dans les régions placées sous le contrôle du Gouvernement syrien continue de représenter l’essentiel de la réponse fournie par l’ONU dans le pays, a reconnu M. Lowcock.  En octobre, près de 2,8 millions de personnes dans ces zones ont bénéficié d’une aide alimentaire, fournie par le biais d’environ 1 500 convois du Programme alimentaire mondial (PAM).  L’OMS a traité plus de 123 000 patients et l’UNICEF fourni une assistance sur le plan nutritionnel à 183 000 personnes. 

Par ailleurs, a noté le Secrétaire général adjoint, les convois qui traversent les lignes de front continuent d’être fortement limités.  En moyenne, à peine plus d’un quart des bénéficiaires prévus reçoivent actuellement une aide, et ce, en dépit d’un accord avec le Gouvernement syrien sur les plans d’accès bimensuels et la création des zones de désescalade qui couvrent deux des principaux secteurs auxquels l’ONU tente d’accéder: la Ghouta orientale et le nord de Homs. 

« En novembre, seuls quatre convois sont arrivés à destination: deux à Homs, atteignant un peu plus de 200 000 personnes, et deux autres dans la Ghouta, à Douma et à Nashabiyeh, répondant aux besoins de seulement 28 000 personnes.  De plus, les articles médicaux continuent d’être retirés des convois », a affirmé le Coordonnateur des secours d’urgence. 

Enfin, les Nations Unies continuent de fournir une aide vitale aux habitants du nord-ouest et du sud de la Syrie grâce aux livraisons transfrontalières, 800 000 personnes au total ce mois-ci ayant reçu une aide alimentaire.  L’assistance transfrontière de l’ONU est vérifiée par le Mécanisme de surveillance des Nations Unies aux points de passage frontaliers de Bab al-Hawa, de Bab as-Salam et d’Al-Ramtha. 

Chaque camion est vérifié pour s’assurer qu’il ne contient que des fournitures humanitaires.  Les livraisons sont confirmées par des contrôleurs tiers sous contrat avec l’ONU à leur arrivée dans les entrepôts syriens.  Après quoi, un suivi est également mis en place après la distribution.  L’assistance transfrontalière des Nations Unies est également soumise aux mécanismes de contrôle habituels entre donateurs et prestataires de services.  Rien qu’au cours des 10 premiers mois de 2017, plus de 750 000 personnes en moyenne par mois ont bénéficié de ces opérations transfrontalières conduites par l’ONU. 

Les civils se trouvant dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement sont bien plus nombreux à recevoir une aide par le biais de ces opérations transfrontalières que des opérations menées de part et d’autre des lignes de front.  C’est pour cette raison que M. Lowcock a demandé, au nom du Secrétaire général, le renouvellement de la résolution 2165 (2015), « essentielle pour sauver des vies ».

Dans la Ghouta orientale, qui figure pourtant parmi les zones de désescalade instaurées dans le cadre du processus d’Astana, le quotidien des civils est fait de désespoir, de famine et de malnutrition, a déploré M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay).  En dépit de cette situation, M. Bermúdez Álvarez a salué l’annonce récente d’un cessez-le-feu et d’une amélioration de l’accès humanitaire dans la zone, annonce qui a coïncidé avec l’ouverture d’un nouveau cycle de pourparlers intersyriens à Genève. 

Loin de verser, cependant, dans l’optimisme, le représentant a déploré la persistance d’entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire syrien.  Il a ainsi estimé que le renouvellement, le mois prochain, de la résolution 2165 (2014) du Conseil sur l’acheminement de l’aide transfrontalière depuis les pays voisins de la Syrie était de la plus haute importance. 

Le représentant a rappelé au Gouvernement syrien qu’il était dans l’obligation de garantir la distribution de l’aide à l’ensemble de sa population.  Il a également appelé ce même gouvernement à mettre fin à ses raids aériens ininterrompus dans la Ghouta orientale, en violation, selon lui, des termes de l’Accord d’Astana, conclu en mai dernier.

La déroute de Daech en Syrie a, certes, de quoi réjouir la communauté internationale, mais elle doit impérativement aller de pair avec la mise en œuvre de stratégies de protection des populations et infrastructures civiles, a estimé M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie). 

Entre autres, le représentant a appelé à mettre l’accent sur les activités de déminage et de déblaiement des restes explosifs de guerre, sous peine de ne pas être en mesure d’acheminer l’aide humanitaire en toute sécurité ou d’envisager sereinement le retour de plus de six millions de personnes dans les territoires repris au groupe terroriste. 

Parallèlement, le représentant a appelé le Gouvernement syrien à renforcer sa coopération avec les agences humanitaires afin d’éviter que des obstacles administratifs n’entravent la livraison de l’aide.  S’agissant, en particulier, de l’aide en matière de santé, le représentant a condamné énergiquement les rapports faisant état de destructions de vaccins contre la rougeole et la polio, suite à des bombardements aériens. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a rappelé les souffrances indicibles endurées par les civils dans la Ghouta orientale.  Une mère n’avait à donner à ses enfants que des feuilles de journaux à mâcher, a-t-elle dit.  Elle a jugé ironique que la Ghouta orientale soit une zone de désescalade.  Avec l’appui de la Russie, le régime syrien pilonne toujours la population et met en œuvre une véritable stratégie de la famine, a-t-elle poursuivi. 

Elle a accusé Damas et le Hezbollah de confisquer des articles médicaux et du lait pour nourrissons.  Que peut-on attendre d’un régime qui affame son peuple, a-t-elle lancé, avant de rappeler l’influence de certains pays sur le régime syrien, dont la Fédération de Russie. 

La déléguée des États-Unis a appelé Damas à cesser de piller les convois humanitaires.  Le renouvellement, le mois prochain, du mandat contenu dans la résolution 2165 (2014) autorisant l’acheminement de convois transfrontières est crucial, a-t-elle dit, en invitant à mettre la politique de côté.  « Nous devons nous tenir aux côtés du peuple syrien. »

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des succès remportés dans l’éradication des bastions terroristes en Syrie, affirmant que la priorité est maintenant de réhabiliter les infrastructures civiles.  Il a attiré l’attention sur le fait que la déclaration conjointe faite récemment par les Présidents Vladimir Putin et Donald Trump comprend un appel pour que soit fournie une aide humanitaire à la population civile. 

Le représentant a rejeté le principe de sanctions unilatérales imposées par certains États, qui empêchent Damas de se procurer des médicaments et de rouvrir les hôpitaux.  Il s’est également élevé contre les mesures supposément prises par la coalition, en accusant les États-Unis et leurs alliés de chercher à dissimuler les crimes commis dans le pays, notamment à Raqqa, où elle chercherait à minimiser le nombre de victimes civiles et l’étendue des destructions qu’elle a causées. 

La Fédération de Russie a exprimé son inquiétude quant au sort de ceux qui fuient Raqqa pour se réfugier dans des camps se trouvant dans des zones placées sous le contrôle de la coalition et des groupes armés. 

« Dans la Ghouta orientale, nous avons des contacts avec les groupes armés en ce qui concerne l’acheminement de l’aide humanitaire », a assuré M. Nebenzia, pour qui le mécanisme tripartite Syrie-Russie-ONU est indispensable pour régler cette question épineuse.  Il a rappelé que les autorités syriennes ont déclaré qu’un débat réel doit se tenir sur le Mécanisme de surveillance et l’aide transfrontière.  L’aide qui arrive de l’étranger doit être distribuée dans toute la Syrie, pas seulement dans les zones contrôlées par les groupes armés, a argué le délégué russe.  Il a jugé insuffisantes les informations fournies aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint, en demandant dans les prochaines semaines un exposé sur les convois des agences humanitaires des Nations Unies et de leurs partenaires qui empruntent les routes franchissant les lignes de conflit en Syrie ainsi que les postes frontière de Bab el-Salam, Bab el-Haoua, Yaroubiyé et Ramtha. 

Selon lui, le Mécanisme de surveillance viole la souveraineté nationale de la Syrie et doit donc être réexaminé à l’approche du renouvellement de l’autorisation donnée en vertu de la résolution 2165 (2017).  Le représentant s’est en conclusion déclaré inquiet de la situation humanitaire dans le camp de déplacés se trouvant à proximité de la frontière jordanienne.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a jugé essentiel de garantir l’accès humanitaire en Syrie et de respecter le cessez-le-feu dans les zones de désescalade.  Les nombreux engins explosifs laissés par Daech doivent être désactivés pour permettre le retour des personnes déplacées, a-t-il poursuivi. 

Il a indiqué que le processus à Astana visait à la mise en œuvre de mesures de confiance entre les parties.  « Nous allons tout faire pour que les avancées à Astana débouchent sur un meilleur accès humanitaire », a-t-il assuré. 

Enfin, le délégué a jugé indispensable l’appui du Conseil à toute tentative visant à instaurer la paix dans les zones de conflit. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a accusé le régime syrien d’avoir mis en place un véritable étau autour des zones qui échappent à son contrôle, en se servant de la famine comme « méthode de guerre ».  Reprenant à son compte les chiffres donnés par le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, le représentant les a qualifiés de « terrifiants ».  Il a dénoncé le fait que le régime refuse toujours d’accorder les autorisations nécessaires pour permettre l’acheminement des convois humanitaires.

Les attaques contre les infrastructures civiles, a lancé la délégation, relèvent de « pratiques inadmissibles ».  Tout aussi « inacceptables » sont les restrictions à l’aide humanitaire imposées par les autorités syriennes, a tranché M. Delattre, pour qui les zones de désescalade n’ont pas permis de faciliter l’acheminement de l’aide. 

En outre, les entraves se poursuivent par la multiplication d’obstacles bureaucratiques, a-t-il encore accusé.  Plaidant pour le rétablissement d’un accès sur l’ensemble du territoire, il a appelé les États garants des zones de désescalade à faire cesser les violences et à veiller à ce que l’aide parvienne aux populations concernées. 

La France a annoncé en conclusion que le renouvellement de l’autorisation accordée en faveur de la résolution 2165 (2015) serait une « priorité » pour elle.

M. MOUNZER MOUNZER (Syrie) a noté les améliorations contenues dans le dernier rapport du Secrétaire général.  Évoquant une visite prochaine du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en Syrie, il a invité celui-ci à ne pas céder aux pressions de certains membres qui veulent instrumentaliser la situation humanitaire.  Il a pointé les lacunes du rapport, qui a été rédigé sans faire appel aux sources sérieuses avancées par le Gouvernement syrien. 

« Mon gouvernement permet l’acheminement de l’aide lorsque celle-ci est destinée à des civils », a-t-il dit.  Il a demandé aux auteurs du rapport de justifier auprès des États Membres les chiffres avancés sur la situation humanitaire.  Le personnel humanitaire en Syrie ne doit pas traiter avec des conseils locaux illicites, qui sont liés aux groupes armés, a-t-il poursuivi. 

Le délégué syrien a demandé aux auteurs du rapport d’être plus clairs sur les actions de la coalition menée par les États-Unis, en particulier les destructions qu’elle a causées à Raqqa.  Cette coalition utilise des armes comme le phosphore blanc interdit pourtant par le droit international, a-t-il dit. 

Enfin, le délégué a indiqué que la Cour pénale internationale (CPI) n’avait aucune compétence s’agissant de la situation en Syrie.  La Cour a perdu toute crédibilité depuis qu’elle est devenue l’instrument d’imposition de la loi du plus fort, a-t-il conclu. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte 21 projets de textes pour encourager des actions dans divers domaines économiques et financiers

Soixante-douzième session,
26e séance – après-midi
AG/EF/3490

La Deuxième Commission adopte 21 projets de textes pour encourager des actions dans divers domaines économiques et financiers

Cet après-midi, la Deuxième Commission (économique et financière) a adopté un projet de décision et 20 projets de résolution, dont trois à l’issue d’un vote.  Ces textes portent, entre autres, sur les questions de politique macroéconomique, le développement durable, les groupes de pays en situation particulière, ou encore l’élimination de la pauvreté.

Si trois textes seulement ont fait l’objet d’un vote, dont deux à la demande de la délégation américaine qui était aussi la seule à voter contre, quasiment tous les autres, qui ont été adoptés par consensus, ont néanmoins suscité des prises de position et des réserves de la part des États-Unis.

Il n’en reste pas moins que la Deuxième Commission s’est entendue pour encourager des actions dans divers domaines économiques et financiers, en particulier dans le cadre des efforts de financement du développement, de lutte contre les flux financiers illicites et de l’objectif d’élimination de la pauvreté.

L’une des résolutions préconise ainsi de proclamer la période 2018-2027 la « troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté ».

Parmi les voies recommandées par la Deuxième Commission pour parvenir au développement durable, les textes ont préconisé des mesures à prendre dans le domaine du développement agricole, en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de science, technologie et innovation, ainsi qu’en ce qui concerne l’éducation et même le tourisme durable.

Toutefois, sur les trois textes qui ont trait à l’agriculture, seul celui relatif à la proclamation de la période 2019-2028 comme Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale a pu être adopté par consensus.  

Celui sur les « technologies agricoles au service du développement durable » a vu l’opposition de la République arabe syrienne au motif que le principal auteur du texte est une Puissance occupante qui entrave le développement durable des territoires palestiniens et du Golan syrien occupé.  Tandis que pour le texte intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition », la délégation des États-Unis s’est opposée à la mention de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les réserves que les États-Unis ont exprimées sur les autres textes ont porté le plus souvent sur la protection des droits de propriété intellectuelle, que le Mécanisme de facilitation des technologies et la Banque de technologies pour les pays les moins avancés saperaient, et sur la mention relative au transfert de technologie, le pays étant opposé à l’idée que ce processus ne se fasse pas sur une base volontaire.

Parmi les autres impératifs de la Commission, deux projets de textes soulignent, comme chaque année, la nécessité pour les pays en développement d’avoir une dette extérieure soutenable, et pour leurs populations d’avoir accès aux services financiers.  En effet, l’une des préoccupations actuelles reste que deux milliards de personnes, notamment dans les zones rurales des pays en développement, n’ont toujours pas accès aux services financiers formels. 

En ce qui concerne l’accès à des services énergétiques fiables, durables et modernes à un coût abordable, le texte sur cette question a fait l’objet d’un vote à la demande des États-Unis.

Au niveau de l’environnement, autre facteur du développement durable, tout effort est encouragé pour la réduction des risques de catastrophe, l’harmonie avec la nature, la lutte contre la sécheresse et la désertification, la protection de la diversité biologique et la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière.

En outre, les délégations de la Commission recommandent vivement aux États Membres d’approfondir le travail en commun par le biais de la coopération en faveur du développement des pays à revenu intermédiaire et de la coopération internationale en matière de lutte contre les flux financiers illicites.  D’ailleurs, l’une des résolutions prévoit de convoquer, pendant la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, une réunion de haut niveau sur cette dernière forme de coopération et sur le renforcement des bonnes pratiques en matière de recouvrement des avoirs pour favoriser le développement durable.

Les besoins spécifiques des pays en situation particulière tels que les moins avancés et les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique, ont aussi été pris en compte par deux textes adoptés cet après-midi.

Enfin, c’est le rôle de l’ONU qui est souligné pour assurer la promotion du développement durable par le biais de ses activités opérationnelles de développement, tandis que l’examen de la question des partenariats mondiaux a été reporté à la soixante-treizième session.

Fidèle aux principes énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, un paragraphe commun a été inséré dans quasiment tous les projets de résolution adoptés aujourd’hui pour exiger que les organismes pertinents du système des Nations Unies, dans le cadre de leurs mandats et de leurs ressources respectifs, veillent à ce que personne ni aucun pays ne soient laissés de côté dans la mise en œuvre de ces textes.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu jeudi 30 novembre à 10 heures.

Questions de politique macroéconomique

La Deuxième Commission a adopté sans vote le projet de résolution sur la « Soutenabilité de la dette extérieure et développement » (A/C.2/72/L.46), tel qu’oralement amendé, qui souligne l’importance d’apporter en temps voulu des solutions efficaces, globales et durables aux problèmes d’endettement des pays en développement afin de favoriser leur croissance économique et leur développement.  Par ce texte, l’Assemblée générale réaffirmerait que l’on ne saurait utiliser un indicateur unique pour tirer des conclusions définitives quant à la soutenabilité de l’endettement d’un pays et soulignerait la nécessité d’améliorer la collecte et la qualité des données concernant la dette publique intérieure et la dette privée extérieure et intérieure.

L’Assemblée considèrerait qu’il faut envisager, le cas échéant, une gestion plus robuste de la dette pour les pays en développement à faible revenu ou à revenu intermédiaire.  Elle soulignerait que la communauté internationale doit suivre attentivement l’évolution de la dette des pays en développement, notamment des pays les moins avancés, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement, et continuer de prendre des mesures efficaces.  Elle engagerait les pays à consacrer les ressources libérées par l’allégement de la dette, en particulier par les mesures d’annulation et de réduction de celle-ci, à la réalisation de ces objectifs, notamment dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, conformément à leurs priorités et stratégies nationales.

Outre les possibilités, en dernier recours, de négocier les dettes avec les créanciers, l’Assemblée demanderait que des efforts accrus soient déployés pour améliorer les mécanismes financiers internationaux de prévention et de règlement des crises, en vue de prévenir les crises d’endettement et d’en réduire la fréquence, le coût et la gravité. 

Après l’adoption de ce texte, le représentant des États-Unis a émis des réserves sur la capacité des Nations Unies à influer sur la mise en œuvre de contrats entre tiers. 

Le deuxième texte adopté aujourd’hui par la Deuxième Commission porte sur l’ « Amélioration de l’accès aux services financiers pour le développement durable » (A/C.2/72/L.51).  Adopté sans vote et tel qu’oralement amendé, ce projet de résolution constate avec préoccupation qu’à l’échelle mondiale, deux milliards de personnes, notamment dans les zones rurales des pays en développement, n’ont pas accès aux services financiers formels et que les femmes, quoiqu’elles soient de plus en plus nombreuses à détenir un compte bancaire, ne bénéficient toujours pas du même accès aux services financiers que les hommes. 

En adoptant ce texte, l’Assemblée prendrait acte de l’attention accordée à l’amélioration de l’accès aux services financiers dans le rapport de 2017 du Groupe de réflexion interinstitutions sur le financement du développement et noterait qu’il est avéré que les pays qui adoptent des stratégies nationales d’inclusion financière améliorent l’accès aux services financiers deux fois plus vite que les pays qui ne le font pas.  Elle encouragerait à cet égard les États Membres à envisager d’adopter et de mettre en œuvre de telles stratégies en tenant compte de la problématique hommes-femmes, à faire tomber les obstacles à l’égalité d’accès des femmes aux ressources économiques, et à développer l’apprentissage par les pairs, l’échange de données d’expérience et le renforcement des capacités entre pays et régions dans ce domaine.

Expliquant sa position après l’adoption du projet, le représentant des États-Unis a exprimé ses réserves par rapport au paragraphe 10 du dispositif qui encourage à réduire les commissions imposées aux migrants sur leurs envois de fonds.  Il a estimé que l’accès aux services bancaires devait être géré par le dialogue dans le contexte des groupes spécialisés.

Par le projet de résolution sur la « Promotion de la coopération internationale en matière de lutte contre les flux financiers illicites pour favoriser le développement durable » (A/C.2/72/L.53), adopté sans vote et tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale se déclarerait préoccupée par le fait que les cryptomonnaies sont de plus en plus utilisées pour des activités illicites.  Elle engagerait les États Membres et les organisations compétentes à envisager de prendre des mesures pour prévenir et combattre ces activités.

L’Assemblée prierait instamment les États Membres qui ne l’ont pas encore fait d’envisager de ratifier la Convention des Nations Unies contre la corruption et la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et Protocoles additionnels y relatifs, ou d’y adhérer, et engagerait les États parties à ces conventions et protocoles à s’efforcer d’en assurer l’application effective.  Elle engagerait les pays et les organisations multilatérales et internationales compétentes à continuer de fournir assistance technique et renforcement des capacités aux pays en développement qui en font la demande.

En outre, l’Assemblée inviterait son Président à convoquer à sa soixante-treizième session une réunion de haut niveau sur la coopération internationale dans les domaines de la lutte contre les flux financiers illicites et du renforcement des bonnes pratiques en matière de recouvrement des avoirs pour favoriser le développement durable.

Après l’adoption de ce texte, quatre délégations ont tenu à expliquer leur position.

Le représentant de l’Union européenne s’est félicité de l’adoption de ce texte et a réaffirmé son engagement en faveur de la lutte contre les flux financiers illicites (FFI) et le retour de ces actifs.  Il a appelé toutefois à respecter les instruments juridiques en vigueur dans ce domaine et a souhaité que cette question soit élargie pour comprendre celle du retour des actifs, exprimant le regret que ce point n’ait pas été pris en compte plus tôt.

Le représentant du Nigéria a affirmé que son pays avait fait des efforts considérables pour fournir les informations requises en vue de combler les lacunes dans ce domaine depuis l’adoption de ce texte l’an dernier.  « La communauté internationale ne peut plus fermer les yeux sur ce point », a estimé le représentant.  Étant donné les nombreuses informations fournies, sa délégation aurait souhaité que les négociations informelles débouchent sur un texte plus robuste.  Il n’en reste pas moins que cette résolution comporte à ses yeux des éléments suffisants pour accroître la coopération internationale dans la lutte contre les FFI, l’évasion fiscale, la corruption, le blanchiment d’argent ou le crime transnational organisé, et pour accélérer le retour des actifs volés.  L’effet déstabilisateur des FFI dans les pays en développement et le rythme très lent du retour des actifs volés entravent le développement durable et font planer une ombre sur la communauté internationale, a affirmé le représentant nigérian.

Le représentant des États-Unis a jugé essentielle la lutte contre le blanchiment d’argent et ses activités connexes mais exprimé des réserves par rapport au texte de ce projet de résolution, notamment parce que l’Assemblée générale n’y reconnaît pas l’importance centrale de la Convention des Nations Unies contre la corruption, qui représente l’instrument multilatéral de référence dans ce domaine.  Sa délégation s’oppose aussi à l’utilisation du terme FFI qui ne fait pas l’objet d’un consensus au niveau international.  Elle n’est pas non plus d’accord avec les répercussions de cette résolution qui dit que les pays en développement sont les plus touchés par ce phénomène.

Le délégué américain a appelé à la transparence et à la justice pour faciliter le retour des actifs, mais a averti que cela ne devait pas se faire au détriment d’autres aspects de la lutte contre la corruption comme l’établissement de cadres juridiques et règlementaires tant au plan national qu’international.  Le retour des avoirs n’est pas non plus un outil pour le développement durable, selon le représentant qui est également déçu que cette résolution ajoute encore un nouveau point à l’ordre du jour de la Deuxième Commission.  Les points techniques devraient être traités par les organes spécialisés de l’ONU, comme l’ONUDC, a-t-il estimé, jugeant inutile de faire perdre du temps aux États Membres sur des questions qui sont mieux traitées par d’autres instances spécialisées.

À son tour, la déléguée du Canada a indiqué que la Convention des Nations Unies contre la corruption demeurait le cadre idoine de lutte contre les flux financiers illicites.  À son avis, a-t-elle ajouté, le présent projet de résolution crée la confusion entre ces fonds illicites et les mécanismes liés au retour des avoirs dans les pays d’origine.  

Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement

Aux termes du projet de résolution relatif au « Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement » (A/C.2/72/L.50), adopté sans vote, l’Assemblée générale soulignerait qu’il faut s’efforcer d’appliquer intégralement et promptement le Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Ce texte rappelle que toute décision concernant le Forum du Conseil économique et social sur le suivi du financement du développement doit figurer dans les conclusions et recommandations arrêtées sur le plan intergouvernemental lors du Forum. 

En adoptant ce texte, l’Assemblée prendrait note avec satisfaction de la tenue, les 15 et 16 mai 2017 au Siège de l’ONU à New York, du deuxième Forum annuel de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle prierait le Secrétaire général, sachant qu’il est nécessaire de renforcer la coordination, de promouvoir l’efficacité des activités organisées dans le cadre des Nations Unies et d’éviter toute redondance des débats, de prendre la parole lors d’une session conjointe de la Deuxième Commission et du Conseil économique et social pour présenter et examiner les questions devant être abordées dans le chapitre thématique des rapports de l’Équipe spéciale interorganisations pour 2019 et 2020.

Expliquant sa position, le représentant des États-Unis s’est distancé du paragraphe 9 de cette résolution qui porte sur le Mécanisme de facilitation des technologies et sur la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, arguant qu’il sape les droits de propriété intellectuelle.  Pour sa délégation, ce paragraphe ne s’applique pas. 

Le représentant du Japon a ensuite souligné que le processus pour le suivi et l’examen du financement du développement fonctionne bien et qu’il n’y a pas lieu d’ajouter quoi que ce soit au sein de la Deuxième Commission.  Il a estimé toutefois qu’une session conjointe de la Commission avec l’ECOSOC, lors de la soixante-treizième session, pourrait donner la possibilité de lancer le processus de préparation du rapport de l’IATF pour 2019 et 2020.  Pour le Japon, il est regrettable que, dans certains paragraphes de cette résolution, figurent des éléments de fond qui ne sont pas traités par la Commission.

Développement durable

En adoptant le projet de résolution intitulé « Tourisme durable et développement durable en Amérique centrale » (A/C.2/72/L.30/Rev.1), sans vote, et tel qu’oralement amendé, la Deuxième Commission a recommandé à l’Assemblée générale d’engager les pays d’Amérique centrale à continuer, par l’intermédiaire du Conseil centraméricain de tourisme et du Secrétariat pour l’intégration touristique centraméricaine, de promouvoir le tourisme durable au moyen de politiques qui favorisent un tourisme adapté aux besoins et profitant à tous.  

Par ce texte, l’Assemblée générale inviterait également les gouvernements et autres parties prenantes à se joindre au Programme de tourisme durable du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.  Elle demanderait aux États Membres et aux entreprises du tourisme de prendre des mesures efficaces, dans le contexte du tourisme durable et notamment des initiatives d’écotourisme, pour contribuer à garantir la participation des femmes, des jeunes, des personnes âgées, des personnes handicapées et des autochtones.

Elle saluerait les mesures prises en vue d’établir le premier observatoire du tourisme durable d’Amérique centrale et inviterait les gouvernements et les autres parties concernées à envisager de se joindre au Réseau international d’observatoires du tourisme durable de l’Organisation mondiale du tourisme.

La Deuxième Commission a ensuite recouru à un vote pour adopter, tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Les technologies agricoles au service du développement durable » (A/C.2/72/L.33/Rev.1), après sa présentation par la représentante d’Israël.  Adopté par 141 voix pour, 1 voix contre (République arabe syrienne) et 34 abstentions, ce texte exhorte les États Membres, les organismes compétents des Nations Unies et les autres parties intéressées à redoubler d’efforts pour améliorer la conception de technologies agricoles durables, ainsi que leur transfert et leur diffusion, selon des modalités arrêtées d’un commun accord, dans les pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA).

L’Assemblée générale insisterait en outre sur la nécessité de réduire considérablement les pertes avant et après récolte, ainsi que les autres pertes et gaspillages à tous les stades de la filière alimentaire, notamment en améliorant la planification de la production, en encourageant le recours à des pratiques de production et de transformation économes en ressources ou encore en perfectionnant les technologies de conservation et d’emballage.  Enfin, l’Assemblée encouragerait les États Membres, agissant en coopération avec toutes les parties intéressées, à continuer de contribuer aux travaux de la Commission de statistique sur le cadre mondial d’indicateurs.

En expliquant sa position avant le vote, la représentante de la République arabe syrienne a dit souscrire à toutes les initiatives visant à renforcer les capacités productives dans les pays en développement.  Néanmoins, elle a déploré le fait que le principal auteur du texte soit une puissance occupante qui entrave le développement durable des territoires palestiniens et du Golan syrien occupé.  « Cet auteur a confisqué des terres et continue d’empêcher aux populations du Golan syrien de bénéficier de l’agriculture », a-t-elle affirmé, en faisant observer qu’adopter ce projet de résolution reviendrait à ignorer de nombreux faits en référence aux souffrances subies par des populations à cause des politiques israéliennes.

Après le vote, le représentant de la Mauritanie, s’exprimant au nom du Groupe des États arabes, a avancé l’argument qu’Israël sape le développement durable dans les territoires occupés pour justifier l’abstention des pays de ce Groupe.  Il a rappelé que des rapports des Nations Unies documentent les exactions israéliennes qui sont un frein à l’essor de l’agriculture palestinienne. 

Le représentant des États-Unis a pour sa part dit ne pas s’associer au Cadre de Sendai qui fait référence au transfert de technologies dans un contexte non volontaire.  Les États-Unis vont toujours s’opposer aux mesures qui vont à l’encontre du respect du droit de la propriété intellectuelle, a-t-il indiqué.  De plus, tout en soulignant que son pays soutient l’essor des femmes, il a dit se dissocier du paragraphe sur l’autonomisation des femmes car il estime qu’il n’est pas clair.

Le délégué d’Israël a expliqué que le projet de résolution vise à faire bénéficier à tous les avantages des technologies agricoles, afin que personne ne soit laissé de côté.  Israël continue d’investir dans les technologies innovantes dans le secteur agricole, comme en témoigne un projet conjoint avec la France qui a permis de mettre en orbite un satellite au service de ce secteur.  Ceux qui se sont opposés à ce texte sont pourtant ceux qui pourraient le plus bénéficier des technologies agricoles, a-t-il regretté.  « En demandant ce vote, ils ont démontré qu’au lieu de semer les graines de la paix, ils préfèrent semer celles de la haine », a-t-il déclaré.

Pour sa part, l’observateur de l’état de Palestine a jugé primordial le principe de « ne laisser personne de côté » dans l’optique du développement durable.  Il a estimé qu’Israël ne voulait pas que les Palestiniens accèdent au développement durable, vu les politiques que ce pays a mis sur pied.  Il a ainsi évoqué des faits documentés dans des rapports des Nations Unies, qui laissent croire qu’Israël veut que les Palestiniens soient laissés de côté.  

Puis, la Deuxième Commission a adopté, sans vote, et tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Réduction des risques de catastrophe » (A/C.2/72/L.47), par lequel l’Assemblée générale demanderait instamment que la Déclaration de Sendai et le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030) soient effectivement appliqués.

Elle demanderait à nouveau qu’une action soit engagée pour prévenir l’apparition de nouveaux risques de catastrophe et réduire les risques existants.  L’Assemblée dirait par ailleurs attendre avec intérêt le lancement, au début de 2018, du système de suivi du Cadre de Sendai, et encouragerait les États à s’en servir en ligne pour rendre compte des progrès accomplis par rapport à la réalisation des objectifs mondiaux du Cadre de Sendai et des objectifs de développement durable relatifs à la réduction des risques de catastrophe.

Le représentant des États-Unis a expliqué sa position en soulignant sa déception quant à l’absence de mention, dans le texte, des risques qu’encourent les femmes dans des situations de catastrophe.

La Deuxième Commission a ensuite adopté, sans vote, et tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique » (A/C.2/72/L.54).  Par ce texte, l’Assemblée générale engagerait les pays développés parties à la Convention à appuyer activement les efforts déployés par les pays en développement parties à la Convention pour promouvoir des pratiques de gestion durable des terres et s’efforcer de parvenir à un monde sans dégradation des terres en fournissant des ressources financières substantielles, en facilitant l’accès aux technologies appropriées et en apportant d’autres types d’appui, notamment sous la forme de mesures de renforcement des capacités.

L’Assemblée estimerait qu’il importe d’avoir recours à des technologies nouvelles et novatrices, ainsi qu’à la mise en commun de pratiques exemplaires dans la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse, et inviterait le Secrétaire général à recenser, dans son rapport sur l’application de la présente résolution, ces technologies et pratiques exemplaires.  Enfin, l’Assemblée générale déciderait d’inscrire au calendrier des conférences et réunions des Nations Unies pour l’exercice biennal 2018-2019 les sessions de la Conférence des Parties à la Convention et de ses organes subsidiaires qui sont envisagées pour ces deux années, et prierait le Secrétaire général de prévoir, dans le projet de budget-programme pour l’exercice biennal 2018-2019, les crédits nécessaires à la tenue de ces sessions.

Après l’adoption de ce texte, le délégué des États-Unis a déploré le fait que le dispositif de ce projet de résolution ne corresponde pas toujours aux libellés issus des Conférences des Parties (COP) à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique.  Pour les États-Unis, c’est le libellé issu de la COP qui prévaut sur les résolutions de l’Assemblée générale, qui doit servir éventuellement de base pour des négociations intergouvernementales futures relative à la Convention.  De plus, le transfert des technologies dont fait mention le texte est une pratique à laquelle les États-Unis ne souscrivent pas du fait qu’elle ne respecte pas les principes du droit de la propriété intellectuelle.

En adoptant ensuite le projet de résolution intitulé « Application de la Convention sur la diversité biologique et contribution au développement durable » (A/C.2/72/L.56), tel qu’oralement amendé, la Deuxième Commission a recommandé à l’Assemblée générale d’engager chacune des parties à prendre, en étroite collaboration avec les parties intéressées, des mesures concrètes pour atteindre les objectifs énoncés dans ladite Convention et dans les protocoles y relatifs, à savoir le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et le Protocole de Nagoya. 

L’Assemblée inviterait instamment les parties à la Convention à faciliter le transfert de technologies pour permettre l’application efficace de la Convention et demanderait aux gouvernements et à toutes les parties intéressées de prendre les mesures voulues pour que les incidences et les avantages socioéconomiques de la conservation et de l’utilisation durable de la diversité biologique et de ses éléments constitutifs, ainsi que des écosystèmes qui fournissent des services essentiels, soient systématiquement pris en compte dans les politiques et programmes correspondants.

L’Assemblée générale signalerait qu’il importe que les parties intensifient la mobilisation politique de haut niveau en faveur de la réalisation, d’ici à 2020, des objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique et des objectifs et cibles connexes du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle réitèrerait l’appel lancé dans la déclaration intitulée « L’océan, notre avenir: appel à l’action » en faveur de mesures à prendre d’urgence pour conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable.

Par un autre texte adopté, sans vote, et tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « L’éducation au service du développement durable dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/C.2/72/L.45), l’Assemblée générale réaffirmerait que l’éducation au service du développement durable est un pilier de la réalisation du développement durable, comme il ressort de la Déclaration d’Aichi-Nagoya.  Elle engagerait tous les pays, organisations intergouvernementales compétentes, organismes des Nations Unies, organisations non gouvernementales compétentes et autres parties intéressées à prendre dûment en considération la contribution de l’éducation à la réalisation du développement durable en arrêtant des politiques de développement nationales, régionales et internationales et des instruments de coopération internationale.

La délégation des États-Unis, qui a expliqué sa position, a estimé que le texte ne devait pas définir les tenants et aboutissants d’une éducation durable.  Le but de ce texte doit être plutôt de promouvoir l’éducation à l’environnement par les États Membres, a-t-il affirmé.

Par le projet de résolution intitulé « Harmonie avec la nature » (A/C.2/72/L.52), adopté sans vote, et tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale déciderait que la Journée internationale de la Terre nourricière continuera d’être célébrée tous les ans le 22 avril, et prierait son Président d’organiser un dialogue interactif ayant lieu à cette occasion, le 23 avril 2018. 

L’Assemblée générale lancerait par ailleurs un appel pour que le développement durable soit envisagé dans une perspective globale et intégrée et dans ses trois dimensions, afin d’encourager l’humanité à vivre en harmonie avec la nature.  C’est pourquoi elle considèrerait qu’il faut adopter des indicateurs de progrès plus généraux que le seul produit intérieur brut en vue d’éclairer la prise de décisions et, à ce propos, prendrait note du fait que la Commission de statistique mène des travaux portant sur la définition de tels indicateurs.

Puis la Deuxième Commission a adopté, tel qu’oralement amendé, et après un vote par 175 voix pour, une contre (États-Unis), et une abstention (Venezuela), le projet de résolution intitulé « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable » (A/C.2/72/L.55), un texte qui plaide en faveur d’un tel accès.  Par ce texte, l’Assemblée demanderait aux gouvernements d’étendre l’utilisation des énergies renouvelables au-delà du secteur énergétique, compte tenu des priorités et des contraintes de chaque pays, dans les domaines de l’industrie, du chauffage, du refroidissement, du bâtiment et des infrastructures, et en particulier dans le secteur des transports.

Elle préconiserait en outre la mise au point, le transfert et la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement en faveur des pays en développement à des conditions favorables, y compris privilégiées et préférentielles, arrêtées d’un commun accord, et soulignerait qu’il importe d’intégrer l’énergie durable au Mécanisme de facilitation des technologies.  Elle demande également au Secrétaire général de promouvoir les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et l’adoption de pratiques durables à cette fin dans tous les locaux de l’ONU à travers le monde, ainsi que toutes ses opérations.

S’exprimant avant le vote, le représentant des États-Unis a dit avoir demandé un vote à cause des libellés du paragraphe 11 du préambule et du paragraphe 13 du dispositif, qui ne sont pas acceptables à ses yeux.  En effet son pays n’appuie pas la mention faite au transfert de technologies, notamment du fait que ce processus ne se ferait pas sur une base volontaire.  Il a indiqué que son pays entendait voter contre ce texte et il a prévenu qu’il ferait de même à l’avenir pour tout texte qui mentionnerait les transferts de technologies.

Après le vote, la déléguée du Venezuela a expliqué l’abstention de son pays parce que l’initiative « Énergie durable pour tous » du Secrétaire général n’a pas été lancée après consultation des États Membres.  La représentante a aussi souligné que l’expression « services énergétiques modernes » n’a pas fait l’objet d’une évaluation.  Le Venezuela, a-t-elle expliqué, s’oppose à des mesures, telles que la fin des subventions aux énergies fossiles, qui semblent empiéter sur la souveraineté nationale des États.

Par un autre projet de résolution adopté sans vote, et tel qu’oralement amendé, portant sur la « Lutte contre les tempêtes de sable et de poussière » (A/C.2/72/L.49), l’Assemblée générale inviterait le Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à envisager de lancer un processus interinstitutions associant les entités du système des Nations Unies compétentes, en vue d’arrêter une ligne de conduite générale face aux tempêtes de sable et de poussière, sur la base d’une analyse de la situation, d’une stratégie et d’un plan d’action, qui pourrait déboucher sur la mise au point d’une approche commune à l’échelle du système face aux tempêtes de sable et de poussière.

L’Assemblée soulignerait qu’il faut prendre sans tarder des mesures pour y faire face aux tempêtes de sable et de poussière et aux pratiques non durables de gestion des terres.  Elle rappellerait sa décision de convoquer, à sa soixante-douzième session, un dialogue interactif de haut niveau pour examiner des recommandations concrètes visant à faire face aux problèmes socioéconomiques et environnementaux des pays touchés, ainsi que des moyens de mieux coordonner les politiques à l’échelle mondiale pour remédier auxdits problèmes.

Après l’adoption du projet de résolution, le représentant des États-Unis a émis des réserves sur un texte qui assigne des tâches au PNUE, alors même que le cadre stratégique de ce Programme n’en fait pas mention.

Mondialisation et interdépendances

Aux termes du projet de résolution portant sur la « Science, technologie et innovation au service du développement » (A/C.2/72/L.57), adopté sans vote et tel qu’oralement amendé, l’Assemblée générale se déclarerait de nouveau résolue à promouvoir et à soutenir le renforcement des activités visant à développer des sources d’énergie renouvelables, y compris les technologies appropriées.  De même, elle se déclarerait résolue à aider les pays en développement, individuellement et collectivement, à tirer parti des nouvelles techniques agricoles pour accroître la productivité par des moyens écologiquement viables.

Elle soulignerait la nécessité d’adopter, comme partie intégrante des stratégies nationales de développement durable, des stratégies en matière de science, de technologie et d’innovation.  L’Assemblée attendrait avec intérêt le cadre élargi mis au point par la CNUCED pour introduire selon qu’il conviendra les objectifs de développement durable dans les analyses des politiques relatives à la science, à la technologie et à l’innovation.  Elle conviendrait qu’il importe, afin de favoriser les synergies et d’éviter les doubles emplois, de s’assurer que la Banque de technologies pour les pays les moins avancés mène ses activités en étroite coordination avec les différentes institutions œuvrant dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation, et qu’elle travaille notamment en étroite collaboration avec le Mécanisme de facilitation des technologies.

En outre, elle engagerait les gouvernements à renforcer et favoriser les investissements dans la recherche-développement de technologies écologiquement rationnelles.  Elle préconiserait un soutien accru au renforcement des capacités des pays en développement, afin de susciter l’utilisation de données de haute qualité exactes et actualisées, ventilées par sexe, âge, emplacement géographique, niveau de revenu, race, appartenance ethnique, statut migratoire, handicap et autres caractéristiques propres à chaque pays. 

Elle proclamerait 2019 Année internationale du tableau périodique des éléments afin de sensibiliser l’opinion mondiale à l’importance des sciences fondamentales et de renforcer les connaissances et la recherche-développement dans ce domaine.

La représentante des États-Unis a précisé s’être associée au consensus, avant d’émettre certaines réserves.  Rappelant que ce texte fait référence au Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme d’Addis-Abeba et à l’Accord de Paris, elle a indiqué se dissocier des paragraphes 18 et 25 du préambule, de même que du paragraphe 8 du dispositif dans la mesure où elle estime que les transferts de technologie doivent se faire sur la base d’un accord volontaire. 

Par le projet de résolution relatif à la « Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire » (A/C.2/72/L.60), adopté par consensus et tel qu’amendé oralement, l’Assemblée générale demanderait au système des Nations Unies pour le développement de veiller à répondre de manière coordonnée aux besoins variés de ces pays, notamment en évaluant avec précision les priorités nationales et les besoins en question, sur la base de variables non limitées au revenu par habitant.

L’Assemblée inviterait le Président de l’Assemblée générale à organiser, dans la limite des ressources existantes, une réunion de haut niveau au début de sa soixante-treizième session et au plus tard en décembre 2018, afin d’examiner les lacunes dont souffrent les pays à revenu intermédiaire et les difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Elle encouragerait les actionnaires des banques multilatérales de développement à concevoir pour le passage des pays d’une catégorie à l’autre des politiques qui soient séquentielles, progressives et graduelles, et engagerait ces banques à étudier les moyens de faire en sorte que leur aide corresponde au mieux aux possibilités et difficultés inhérentes à la diversité des situations des pays à revenu intermédiaire.

Le représentant du Bélarus a remercié les États Membres qui ont appuyé sa proposition d’organiser une réunion de haut niveau afin d’examiner les lacunes dont souffrent les pays à revenu intermédiaire et les difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en œuvre du Programme 2030.

De son côté, la représentante des États-Unis a expliqué que les mentions relatives aux changements climatiques figurant dans le texte ne peuvent pas préjuger de l’avenir de sa délégation dans la mesure où les États-Unis sont en train d’élaborer leur politique dans ce domaine.  Elle a également émis des réserves par rapport à certains paragraphes dont le 16 et le 19 du préambule, et les 7, 8 et 17 du dispositif.

Groupes de pays en situation particulière: suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés

Aux termes du projet de résolution relatif au « Suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés » (A/C.2/72/L.61), adopté sans vote et tel qu’amendé oralement,

L’Assemblée générale demanderait aux pays les moins avancés (PMA), à leurs partenaires de développement, aux organismes des Nations Unies et à tous les autres acteurs de continuer à renforcer le partenariat mondial pour le développement pour les PMA dans tous les domaines prioritaires du Programme d’action d’Istanbul afin d’assurer sans retard sa mise en œuvre effective.

L’Assemblée générale engagerait la communauté internationale, toutes sources confondues, à apporter à titre prioritaire, un concours accru aux PMA.  Elle encouragerait ces pays à renforcer leurs capacités, dans le respect de leurs plans et priorités nationaux et avec le plein appui de leurs partenaires de développement, pour suivre les opérations financières, administrer la fiscalité et réglementer les douanes ainsi qu’à redoubler d’efforts pour réduire sensiblement, d’ici à 2030, les flux financiers illicites en vue de les éliminer complètement, notamment en luttant contre la fraude fiscale et la corruption au moyen de réglementations nationales renforcées.  Elle encouragerait également l’ONU et les autres organismes internationaux compétents à appuyer ces efforts, conformément à leurs mandats respectifs.

L’Assemblée générale constaterait avec préoccupation que les flux d’investissement direct étranger vers les PMA ont diminué de 13% entre 2015 et 2016, et soulignerait la nécessité de prendre les mesures qui s’imposent à tous les niveaux pour accélérer les investissements directs étrangers vers ces pays.  Elle constaterait également avec préoccupation la diminution de 3,9% en 2016 par rapport à 2015 de l’aide publique au développement (APD) bilatérale qui a été fournie aux PMA et soulignerait qu’il faut de toute urgence inverser cette tendance.  Elle demanderait aux fournisseurs d’APD d’honorer leurs engagements en la matière envers les PMA, et les encouragerait à envisager de se fixer pour objectif de consacrer au moins 0,20% de leur revenu national brut à l’APD des PMA. 

Autre préoccupation, la baisse des exportations de marchandises des PMA qui ont diminué de 25% en 2015, une baisse nettement plus importante qu’en 2014, avec encore une diminution de 6% en 2016, accusant ainsi une forte réduction de leur part dans les exportations mondiales de marchandises. Elle appellerait ces pays et leurs partenaires de développement à prendre les mesures nécessaires pour inverser cette tendance en vue de doubler la part des PMA dans les exportations mondiales d’ici à 2020. 

Le texte se préoccupe également du fait que les PMA sont touchés de façon disproportionnée par les effets néfastes des changements climatiques, qui viennent hypothéquer encore davantage la sécurité alimentaire, et de ce que les femmes et les filles soient souvent touchées de façon disproportionnée par les répercussions de ces changements.  Il réaffirme que la réalisation de l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et des filles et la possibilité pour toute personne d’exercer ses droits fondamentaux sont des facteurs essentiels à la réalisation d’une croissance économique et d’un développement durables, partagés et équitables.

En outre, l’Assemblée réaffirmerait que le système économique international et sa structure devraient être ouverts à tous, tenir compte des besoins particuliers en matière de développement des PMA et garantir la participation véritable de ceux-ci et leur droit à se faire entendre et à être représentés à tous les niveaux.

Le représentant des États-Unis a encore expliqué sa position en faisant remarquer que les libellés du texte relatifs aux changements climatiques ne peuvent pas préjuger de la position finale de son pays.  En outre, il a estimé que l’APD ne devait être fournie que là où elle pouvait changer la donne.  Il a aussi estimé que l’Assemblée générale ne devrait pas appeler les parties à renforcer les accords commerciaux dans la mesure où elle n’a pas de légitimité dans ce domaine.  Il a également émis des réserves sur la signification du terme flux financiers illicites qui ne fait pas encore l’objet d’un accord.  De plus, les États-Unis s’opposent à tout libellé qui saperait les droits de la propriété intellectuelle.

Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement: activités relatives à la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017)

Aux termes du projet de résolution portant sur les « Activités relatives à la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) » (A/C.2/72/L.58), adopté sans vote et tel qu’amendé oralement, l’Assemblée générale proclamerait la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) et réaffirmerait que l’élimination de la pauvreté, sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, y compris l’extrême pauvreté, dans le monde entier, constitue le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face.

Dès lors, l’Assemblée demanderait à la communauté internationale, notamment aux États Membres, de continuer à accorder la priorité absolue à l’élimination de la pauvreté dans le cadre du programme de développement des Nations Unies.  Elle inviterait les pays donateurs qui sont en mesure de le faire à appuyer les efforts réels que font les pays en développement dans ce domaine en mettant à leur disposition des moyens financiers prévisibles et une assistance technique par des voies bilatérales et multilatérales. 

Elle demanderait instamment aux États Membres de s’attaquer au problème mondial du chômage des jeunes en formulant et en appliquant des stratégies qui donnent aux jeunes, y compris les jeunes femmes, une chance réelle de trouver un travail décent et productif, encourage l’entrepreneuriat et l’innovation sur une grande échelle.  Elle soulignerait à cet égard la nécessité d’élaborer une stratégie mondiale pour l’emploi des jeunes en s’appuyant, entre autres, sur le Pacte mondial pour l’emploi et l’appel à l’action lancé par l’Organisation internationale du Travail.

L’Assemblée soulignerait qu’il importe d’employer des indicateurs pluridimensionnels et d’élaborer des mesures transparentes d’évaluation des progrès accomplis en matière de développement durable, en complément du produit intérieur brut, afin de prendre effectivement en compte la réalité de ce que vivent les populations de tous les pays en développement, d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, y compris l’extrême pauvreté, et de réduire les inégalités partout dans le monde, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La représentante de l’Australie, qui s’exprimait au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), a rappelé que l’éradication de la pauvreté est placée au cœur du Programme 2030 et que le premier mécanisme de suivi dans ce domaine est le Programme d’action d’Addis Abeba.  Pour le groupe CANZ, il n’y a pas lieu de créer un processus parallèle à la mise en œuvre du Programme 2030.  Par ailleurs, la représentante a souligné que le bon fonctionnement des Nations Unies et de ses Commissions doit se faire sur la base d’avis analytiques fournis par le Secrétariat.  Les membres du groupe CANZ sont dès lors préoccupés par le fait que les coûts associés à la troisième Décennie pour l’éradication de la pauvreté ont déjà été prévus par DESA alors même que cette Décennie ne fait pas encore l’objet d’un accord.

Le représentant des États-Unis a pour sa part émis des réserves sur le paragraphe 10 du préambule en rappelant que sa délégation ne souscrivait pas à des libellés sur les transferts de technologie, dans la mesure où ils doivent se faire sur une base volontaire.  Il s’est également opposé au libellé du paragraphe 29 du dispositif pour les mêmes raisons. 

Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies

La Deuxième Commission a adopté, sans vote, et tel qu’oralement amendé, le projet de résolution intitulé « Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies » (A/C.2/72/L.63), par lequel l’Assemblée générale dirait attendre avec intérêt d’examiner le rapport du Secrétaire général de décembre 2017 sur les demandes pertinentes associées à l’examen quadriennal complet, y compris les demandes formulées aux paragraphes 19, 20, 45 et 58 de la résolution 71/243 auxquelles il n’a pas été donné suite.

Elle prendrait aussi acte du rapport du Secrétaire général relatif à l’analyse du financement de la mise en œuvre de sa résolution 67/226 sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, et prendrait également acte du rapport du Secrétaire général intitulé: « Repositionnement du système des Nations Unies pour le développement en vue de la mise en œuvre du Programme 2030 : garantir à chacun un avenir meilleur ».

Après l’adoption de ce texte, la représentante des États-Unis a rappelé que le discours de sa délégation, prononcé le 17 novembre dernier à la Deuxième Commission, restait de mise face à ce projet de résolution qui fait mention du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au Programme d’action d’Addis-Abeba et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition

La Deuxième Commission a ensuite adopté, sans vote, le projet de résolution intitulé « Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) » (A/C.2/72/L.12/Rev.1), tel qu’oralement amendé.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale déciderait de proclamer cette décennie pour la période 2019-2028 et encouragerait tous les États à élaborer, améliorer et mettre en œuvre des politiques publiques relatives à l’agriculture familiale et à partager leurs données d’expérience et pratiques exemplaires.

Le représentant des États-Unis a fait part des préoccupations de sa délégation sur des questions de procédure lors des négociations, et notamment l’inclusion d’éléments controversés dans certains des paragraphes de ce texte.

Enfin, aux termes du projet de résolution intitulé « Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition » (A/C.2/72/L.59), adopté par 179 voix pour et une voix contre (États-Unis) et zéro abstention, l’Assemblée générale appellerait à renforcer les capacités de production agricole durable, la productivité et la sécurité alimentaire des pays en développement.  Elle engagerait la communauté internationale à continuer d’appuyer la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine et son cadre de résultats.  Elle prendrait note de l’initiative Renforcer la nutrition et encouragerait les États Membres à y prendre part.

L’Assemblée générale soulignerait qu’il faut accroître la production et la productivité agricoles durables dans le monde, eu égard à la diversité des conditions et des systèmes agricoles.  Elle réaffirmerait qu’il faut promouvoir, renforcer et appuyer l’agriculture et considèrerait qu’il faut préserver les processus écologiques naturels sur lesquels reposent les systèmes de production alimentaire viables et efficaces qui sont les garants de la sécurité alimentaire.  Elle noterait l’importance des Systèmes ingénieux du patrimoine agricole mondial préconisés par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Le représentant des États-Unis, dont la délégation a demandé un vote sur ce projet, a rappelé que son pays est le plus grand donateur des programmes en faveur de la sécurité alimentaire, une question qui va au-delà du rôle de l’Assemblée générale.  Sa délégation n’accepte pas le libellé relatif à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou autres organismes indépendants qui sont compris dans ce texte, a-t-il dit, en martelant que les États-Unis ne prônent pas le protectionnisme.  L’OMC est une instance indépendante dont le programme est fixé par ses membres, a-t-il précisé. 

Le représentant de la Bulgarie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a expliqué que les États membres de l’UE ont voté en faveur de ce projet parce qu’ils accordent la plus haute importance au renforcement du système commercial multilatéral axé sur l’OMC.  L’UE appuie pleinement le libellé de cette résolution, a-t-il assuré.

Partenariats mondiaux

Par le projet de décision intitulé « Vers des partenariats mondiaux » (A/C.2/72/L.42/Rev.1), adopté sans vote, la Deuxième Commission a recommandé à l’Assemblée générale de reporter à titre exceptionnel l’examen de la question intitulée « Vers des partenariats mondiaux » et de l’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-treizième session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: De plus en plus complexes, les missions politiques spéciales nécessitent un « compte spécial distinct », selon les États d’Afrique

Soixante-douzième session,
17e séance – matin
AG/AB/4257

Cinquième Commission: De plus en plus complexes, les missions politiques spéciales nécessitent un « compte spécial distinct », selon les États d’Afrique

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a poursuivi, ce matin, l’examen des demandes de fonds pour les missions politiques spéciales, conduisant le Groupe des États d’Afrique à s’étonner des coupes proposées pour 2018-2019, soit 14,8 millions de moins que le montant figurant dans l'esquisse budgétaire, alors même que les mandats de ces missions sont « de plus en plus complexes ». 

Avec ses 140,4 millions de dollars proposés pour 2018, le budget de la Mission des Nations Unies en Afghanistan (MANUA)* baisserait de 16,9%.  Une diminution qui s’explique par le changement opéré après l’examen stratégique de la Mission, en juillet 2017.  Le Secrétaire général a en effet proposé que la MANUA axe son activité non plus sur l’appui à la consolidation de la paix mais sur « la contribution à un processus de paix piloté par l’Afghanistan et impliquant d’éventuelles négociations directes avec les Taliban ».  En conséquence, la Mission diminuerait de 708 300 dollars ses dépenses militaires et de police, supprimerait 291 postes et réduirait ses coûts opérationnels de 8,9 millions de dollars.

Quant au Groupe d’experts sur le Mali**, dont l’objectif est d’assurer l’application intégrale des sanctions énoncées dans la résolution 2374 (2017) du Conseil de sécurité, la demande de fonds est de 1,3 million de dollars.

Comme le budget des missions politiques spéciales a été réduit de 14,8 millions par rapport à l'esquisse budgétaire pour tomber à 1,1 milliard de dollars en 2018-2019, le Groupe des États d’Afrique a demandé des clarifications sur les réductions proposées alors même que les missions sont « de plus en plus complexes ».  Toutes les missions de paix, a insisté le Groupe, doivent être financées adéquatement pour ne pas mettre en péril leurs mandats, en particulier en Afrique. 

Mais préoccupé par une enveloppe totale qui représente plus de 20% du budget ordinaire de l’ONU fixé à 5,4 milliards de dollars, le Groupe des États d’Afrique a insisté sur la création d’un « compte spécial et distinct ».  Ces missions sont financées par le budget ordinaire mais elles ne suivent pas le cycle budgétaire de l’ONU, a fait observer le Groupe, avant de préciser que le « compte spécial et distinct » devrait être budgété et financé sur une base annuelle allant du 1er juillet au 30 juin, à l’instar du compte des opérations de maintien de la paix.

En règle générale et compte tenu du rôle de supervision de la Cinquième Commission, le Groupe des États d’Afrique a jugé « inacceptable » que les délégations n’aient eu que cinq jours pour prendre des décisions sur une enveloppe dépassant le milliard de dollars.  Le Groupe a donc insisté sur la mise en place d’un mécanisme permettant de demander des comptes aux responsables des retards dans la publication des documents officiels.  Le mécanisme, s’est expliqué le Groupe, devrait veiller à ce que les contrats des hauts fonctionnaires de l’ONU comprennent une date limite pour la publication des documents.

La Cinquième Commission se réunira, jeudi 30 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner le plan de réhabilitation de l’Office des Nations Unies à Genève.

* A/72/7/Add.14

** A/72/7/Add.16

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Combattants terroristes étrangers: trois ans après sa résolution pionnière, le Conseil de sécurité se mobilise pour endiguer l’afflux de « revenants »

8116e séance – après-midi
CS/13097

Combattants terroristes étrangers: trois ans après sa résolution pionnière, le Conseil de sécurité se mobilise pour endiguer l’afflux de « revenants »

Un défi mondial qui exige une réponse multilatérale « urgente et concertée ».  C’est en ces termes que le Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, a qualifié, cet après-midi, au Conseil de sécurité, le phénomène du retour des combattants terroristes étrangers, que la délégation française a appelés « revenants ».

On parle de « revenants », s’est expliqué le représentant de la France, parce que 244 adultes et 59 mineurs sont de retour dans l’Hexagone depuis 2013.  « La diversité des profils, le niveau très variable de radicalisation et l’attraction que continue d’exercer l’idéologie barbare de Daech sont autant de défis majeurs. »

Si plusieurs membres du Conseil se sont félicités de la chute récente de Raqqa, la « capitale autoproclamée » de Daech, selon la représentante des États-Unis, ils ont également été nombreux à identifier les lacunes dans la mise en œuvre de la résolution 2178 (2014).

Le Conseil de sécurité avait adopté, en septembre 2014, ce texte sans précédent pour endiguer l’afflux de combattants aguerris, « 5 600 de 33 nationalités différentes » jusqu’à présent, et désormais capables de se livrer à des attaques contre des cibles civiles dans les pays dont ils sont ressortissants ou ailleurs.

Or, à peine moins de 60 États, a prévenu Mme Michèle Coninsx, à la tête de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, ont à ce jour introduit les mesures obligatoires pour exiger des compagnies aériennes des « renseignements préalables concernant les voyageurs ».  Le Secrétaire général adjoint a expliqué que son Bureau a coordonné un projet visant à améliorer ces renseignements, à l’intention des 43 États les plus affectés par le phénomène des combattants étrangers, dont la Libye, le Yémen et l’Afghanistan.

Alarmée par l’appel lancé par Daech à ses partisans, « où qu’ils se trouvent » dans le monde, la délégation américaine, à l’initiative de la séance d’aujourd’hui, a notamment suggéré de concevoir des normes communes pour les données biométriques des passagers, en vue de renforcer encore la sécurité aux frontières face à un « ennemi toujours plus délocalisé ».  La représentante des États-Unis a insisté sur l’élaboration d’un nouveau projet de résolution pour « mettre en pièces le récit d’invincibilité » de cette organisation terroriste.  « Si Daech est affaibli dans le monde physique, sa présence dans le monde virtuel reste bien établie et pose une menace croissante à la paix et à la sécurité internationales », a analysé le Président du Comité des sanctions concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) et Al-Qaida.

Invité par les membres du Conseil à privilégier les synergies, le Secrétaire général adjoint a évoqué le Plan global d’application mis au point pour donner effet à la résolution 2178 (2014), qui mobilise et coordonne les efforts de 38 entités des Nations Unies, y compris la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’Équipe de surveillance de Daech et d’Al-Qaida. 

« Le Plan d’application évolue au même rythme que la menace des combattants étrangers et comprend désormais une théorie du changement fondée sur les preuves », a argué le haut fonctionnaire.  Cette feuille de route tient compte de toute la durée de vie des combattants étrangers, et comprend plusieurs projets relatifs aux poursuites, à la rééducation et à la réinsertion pour aider les États à répondre à la situation des rapatriés, y compris à celle, spécifique, des femmes et des enfants. 

Au total, 50 projets de renforcement des capacités ont été soumis par 13 entités onusiennes pour un budget quinquennal de 107 millions de dollars, a fait valoir le Secrétaire général adjoint. 

Pour la Fédération de Russie, les programmes de réinsertion des ex-combattants ne sauraient se substituer à la sanction pénale, un point de vue également partagé par l’Égypte.  Le délégué russe a souligné à cet égard la nécessité de peines proportionnelles aux crimes commis, en citant en exemple son propre pays, qui a engagé près de 2 000 poursuites judiciaires contre ses ressortissants de retour de théâtres de conflits. 

À l’instar du Sénégal et du Royaume-Uni, la Suède a rappelé qu’au-delà de l’établissement des responsabilités pénales, il serait judicieux de garder à l’esprit que les principaux facteurs de recrutement des terroristes ne sont ni religieux, ni idéologiques, mais bien socioéconomiques et liés aux lacunes de l’état de droit. 

Les progrès dépendront d’une bonne collaboration entre les États, les agences de l’ONU et les organisations partenaires, car « seul un réseau peut triompher d’un réseau », a souligné la Chef de la Direction exécutive. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Combattants terroristes

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme, a déclaré qu’à un moment donné, tout indiquait que plus de 40 000 combattants étrangers issus de plus de 10 pays étaient allés rejoindre des groupes terroristes en Syrie et en Iraq.  Mais après la défaite de Daech et la mise en place de mesures de contrôle plus strictes des mouvements, le flux de ces combattants dans la région a énormément diminué.  Certains d’entre eux tentent désormais de partir pour des pays comme la Libye, le Yémen et l’Afghanistan, lesquels ont besoin de l’aide et du soutien de la communauté internationale pour contrer ce fléau.

À ce stade, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, 5 600 combattants étrangers issus de 33 pays sont rentrés chez eux, beaucoup ayant été bien formés et bien équipés pour mener des attaques dans leur propre pays.  D’autres espèrent multiplier les nouvelles recrues alors que d’autres encore ont rejeté l’idéologie terroriste et ne posent donc aucun risque pour la société. 

Nous sommes devant un défi mondial qui exige une réponse multilatérale urgente et concertée, a prévenu le Secrétaire général adjoint.  Les États Membres doivent renforcer leur coopération et l’échange d’informations, développer des contrôles efficaces aux frontières et améliorer leur système de justice pénale, conformément à l’état de droit et aux droits de l’homme.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que, se fondant sur « la démarche intégrée des Nations Unies », son Bureau a mis en place un plan global d’application de la résolution et de la déclaration pertinentes du Conseil de sécurité, en mobilisant et en coordonnant les efforts de 38 entités des Nations Unies, y compris la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’équipe de surveillance de Daech et d’Al-Qaida. 

Le Plan d’application évolue au même rythme qu’évolue la menace des combattants étrangers et comprend désormais une « théorie du changement fondée sur les preuves ».  Le Plan tient compte de toute la durée de vie des combattants étrangers, dont un certain nombre de projets liés aux poursuites, à la rééducation et à la réintégration pour aider les États à répondre à la situation des rapatriés.  De nouveaux projets ont été ajoutés pour répondre à la situation particulière des femmes et des enfants.  La dernière version du Plan comprend 50 projets de renforcement des capacités soumis par 13 entités des Nations Unies avec un budget total de 107 millions de dollars sur cinq ans. 

Le Bureau, a encore indiqué le Secrétaire général adjoint, travaille aussi avec l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue (ONUDC) pour aider les États à respecter strictement les normes des droits de l’homme dans la gestion et la sécurité des frontières.  Le Bureau collabore avec l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL) pour renforcer le partage des informations entre États et améliorer leur faculté de collecter des informations vitales sur les réseaux sociaux.  Le Bureau a travaillé étroitement avec une série d’entités des Nations Unies pour lancer un projet sur l’amélioration des « renseignements préalables concernant les voyageurs » à l’intention des 43 États les plus affectés par le phénomène des combattants étrangers. 

Avec l’ONUDC et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, le Bureau aide les États à gérer les extrémistes violents emprisonnés et à prévenir la radicalisation dans les prisons.  Le Bureau lancera d’ailleurs bientôt un projet pour aider les États à développer des politiques globales pour aider les enfants rapatriés, grâce à une approche fondée sur les droits de l’homme et sensible au genre.  Mais, a prévenu le Secrétaire général adjoint, le Plan global d’application n’est financé qu’à hauteur de 41%, ce qui veut dire que beaucoup de projets essentiels et urgents ne sont pas encore mis en œuvre. 

Les combattants étrangers rapatriés, a-t-il insisté, posent un défi énorme qui n’a pas de solution facile même si la tentation serait de les jeter en prison voire de leur fermer les portes de leur propre pays.  Mais le respect du droit international est essentiel pour supprimer la menace que ces combattants posent. 

Le Secrétaire général adjoint a donc vanté les mérites des programmes de rééducation et de réintégration, en ce qu’ils peuvent être intégrés à différentes étapes du processus judiciaire, contribuer à réduire le nombre des recrutements dans les prisons et compléter les stratégies contre l’extrémisme violent qui mène au terrorisme. 

Au bout du compte, a dit le Secrétaire général adjoint, traiter de la menace posée par les combattants étrangers, c’est traiter des raisons qui poussent des jeunes gens, hommes ou femmes, à se laisser tenter par l’extrémisme violent.  Il a attiré l’attention sur le rapport que son Bureau a publié en juillet dernier intitulé « Mieux comprendre le phénomène des combattants étrangers en Syrie », lequel se fonde sur les interviews de 43 personnes en détention.  Le rapport confirme qu’il n’y a pas un profil unique de combattant étranger.  Les gens quittent leur pays pour des raisons très différentes, dont des conflits communautaires non résolus ou un sentiment identitaire et le désir d’aider son semblable. 

Certains de ces combattants ont quitté la Syrie déçus par l’organisation terroriste qu’ils ont rejointe ou par le rejet de cette organisation voire des Syriens, en général.  Si les réseaux sociaux ont joué un rôle pour les amener jusqu’en Syrie, ils n’ont pas une influence claire sur leur décision de rentrer chez eux.  Il ressort que c’est plutôt la cellule familiale, en particulier la mère, qui aurait le plus d’influence. 

Il est urgent, a conclu le Secrétaire général adjoint, que les gouvernements et leurs agences de renseignement coopèrent de manière plus efficace pour lutter le terrorisme, tout en respectant les droits de l’homme.  C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a convoqué le tout premier Sommet des chefs des agences du contre-terrorisme, ce qui sera une excellente occasion de renforcer la coopération et l’échange d’informations et de développer des moyens nouveaux et novateurs de s’attaquer au terrorisme et de traiter de la menace des combattants étrangers. 

Mme MICHÈLE CONINSX, Chef de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, s’est dite particulièrement préoccupée par la tendance croissante des terroristes solitaires téléguidés par des mentors vivant au loin.  La Directrice exécutive a souligné le caractère « fondamental » de la résolution 2178 du Conseil de sécurité, avant de décompter les défis qui restent à relever.  Moins de 60 États, a-t-elle prévenu, ont à ce jour introduit des mesures pour exiger des compagnies aériennes des « renseignements préalables concernant les voyageurs ».  De nombreux États ont besoin d’une assistance pour établir la connectivité nécessaire entre les données nationales et les postes frontières.  Ils se heurtent aussi à des défis juridiques s’agissant du transfert des données, de la protection des données privées ou de la mise en place des cadres juridiques et administratifs nécessaires.  La coopération internationale est toujours compromise par les défis pratiques et politiques mais aussi par un respect inégal des obligations liées aux droits de l’homme.

Les États, a conseillé la Directrice exécutive, devraient faire plus pour partager leurs renseignements sur les combattants étrangers et les rapatriés car les efforts pour traduire ces derniers en justice sont toujours compromis par la difficulté de collecter des preuves admissibles dans les zones de conflit.  En outre, de nombreux États se heurtent toujours à des défis dans la mise en œuvre de stratégies efficaces pour contrer le financement des rapatriés et des petites cellules.  Certains doivent inscrire les combattants étrangers dans leurs mécanismes de gel des avoirs financiers.  D’autres continueront à dépendre de l’assistance pour mettre en place des programmes de poursuites judiciaires, de rééducation et de réintégration ainsi que des approches spécifiques aux femmes et aux enfants. 

Nous devons travailler sans relâche pour exploiter les progrès enregistrés depuis l’adoption de la résolution 2178, a conclu la Directrice exécutive.  Après avoir détaillé les progrès en question, elle a indiqué que depuis l’adoption de la résolution, sa Direction a effectué 45 visites d’évaluation, la plupart dans les États les plus affectés par le phénomène des combattants étrangers.  La Direction a aussi lancé plusieurs initiatives pour identifier les lacunes et les défis communs, les tendances émergentes et les réponses et solutions les plus efficaces.  La Direction a publié trois rapports analytiques sur les faiblesses des cadres juridiques et des structures institutionnelles et administratives des États et fait des recommandations pour y répondre. 

Le Comité contre le terrorisme n’a pas été en reste, a poursuivi la Directrice exécutive.  Le Comité a amélioré ses principes directeurs –les « Principes de Madrid » qui offrent une approche prospective et holistique de la mise en œuvre des stratégies de poursuites judiciaires flexibles, assorties d’alternatives, y compris des mesures administratives et des programmes de réintégration et de rééducation, conformes aux droits de l’homme et aux législations nationales données.  Les Principes servent de guide à la formulation des politiques et des stratégies nationales contre le terrorisme. 

La Direction a aussi travaillé avec ses partenaires pour identifier les éléments essentiels d’une approche efficace pour la mise en œuvre de la résolution 2178 ainsi que les pratiques exemplaires.  Ces éléments et pratiques ont été incorporés dans le Guide technique actualisé de la mise en œuvre de la résolution 1373 et des résolutions qui ont suivi.  La Directrice a aussi cité les activités que la Direction a facilitées pour relever les défis spécifiques liés aux combattants étrangers, avant d’insister sur le fait qu’INTERPOL et l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont devenues de véritables partenaires.  Les progrès, a-t-elle conclu, dépendront en effet d’une bonne collaboration entre les États, les agences de l’ONU et les organisations partenaires, car « seul un réseau peut triompher d’un réseau ». 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), Président du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, a fait le point sur les activités entreprises par le Comité depuis son dernier exposé au Conseil de sécurité, le 11 mai 2017.

La menace générée par Daech et Al-Qaida n’a pas cessé d’évoluer, a expliqué le Président du Comité.  Daech s’adapte ainsi à la pression militaire soutenue qui lui est imposée, déléguant la prise de décisions à des commandants locaux et utilisant des moyens de communication cryptés.  Daech continue d’envoyer des fonds à ceux qui lui sont associés dans le monde entier.  Toutefois, a dit le Président, un grand nombre de routes qu’empruntent ces fonds ont été coupées.  « Si Daech est affaibli dans le monde physique, sa présence dans le monde virtuel est bien établie et pose une menace croissante à la paix et à la sécurité internationales », a-t-il souligné.

D’après l’Équipe de surveillance, le flux des combattants terroristes étrangers vers l’Irak et la Syrie semble s’être ralenti du fait de la pression militaire et des mesures mises en place par les États Membres, a informé le Président du Comité.  Les combattants qui reviennent représentent toutefois un défi pour la sécurité internationale, car « ils sont susceptibles de raviver des réseaux terroristes préexistants, ou de stimuler le développement de nouveaux réseaux ». 

Les combattants qui détiennent plusieurs nationalités sont particulièrement inquiétants, a souligné l’intervenant, et les États doivent renforcer l’échange d’informations, comme c’est par exemple le cas en Europe via l’Organisation internationale de police criminelle (INTERPOL).  Toutes les régions sont touchées: Asie centrale, Asie du Sud-Est, Afrique du Nord, péninsule arabique.  Rien qu’en Afghanistan, les combattants terroristes étrangers se comptent par milliers. 

Depuis son dernier exposé, le Président a dit s’être rendu en Malaise, à Singapour, en Afghanistan, en Fédération de Russie et en Ouzbékistan.  À ce jour, la Liste relative aux sanctions contre Daech et Al-Qaida vise 256 individus et 80 entités.  Le 17 octobre dernier, le Président a dit avoir organisé une réunion sur les travaux du Comité ouverte à tous les États Membres.  Il a saisi cette occasion pour encourager la communauté internationale à continuer de soumettre les noms des individus ou des entités présentant une menace en vue d’actualiser la Liste. 

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a estimé que des progrès extraordinaires avaient été accomplis dans la lutte contre Daech, avec notamment la chute de Raqqa, la « capitale autoproclamée » de cette organisation terroriste.  Malheureusement, s’est-elle alarmée, de nombreux États Membres n’ont toujours pas mis en œuvre la résolution 2178 (2014), destinée à endiguer le flux de jihadistes étrangers, une lacune « qui nous rend tous plus vulnérables ».  En outre, Daech a lancé un appel à ses partisans, « où qu’ils se trouvent », pour qu’ils lancent des attaques contre des civils.  C’est la raison pour laquelle le Conseil de sécurité doit s’engager à « détruire le récit d’invincibilité » de ce groupe terroriste, en envisageant l’adoption d’une nouvelle résolution sur le sujet.  Un tel texte devrait proposer d’améliorer la sécurité aux frontières, notamment en préconisant des normes communes pour les données biométriques des passagers, a suggéré la représentante.  Après avoir plaidé en faveur d’efforts renforcés en vue d’améliorer les poursuites judiciaires des terroristes rapatriés, la déléguée américaine s’est dite convaincue que l’ONU devrait également mieux coordonner son action.  Le Bureau de lutte contre le terrorisme devrait par exemple appuyer la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme pour prendre les mesures nécessaires et venir à bout d’un ennemi toujours plus « délocalisé », a ajouté Mme Sison.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a insisté sur la dimension mondiale du phénomène du terrorisme, un fléau qui ne peut être associé à aucune religion ou nationalité.  Le délégué a plaidé pour une réponse mondiale face à l’extrémisme violent, soulignant que les réseaux terroristes prospèrent lorsque les autorités de l’État sont défaillantes.  Il a mis en garde contre les effets déstabilisateurs des interventions étrangères et ajouté que la vulnérabilité économique était un élément clef de l’enrôlement des combattants étrangers dans les rangs des organisations terroristes.  Il a plaidé pour la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil, dont la résolution 2354 (2017) et a, en conclusion, exprimé son appui à une mise en œuvre « équilibrée » de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. 

M. ELBIO OSCAR ROSSELLI FRIERI (Uruguay) a jugé difficile de comprendre comment, après l’adoption de tant de mesures ciblées, il soit toujours impossible d’endiguer le flux des combattants terroristes étrangers.  S’il a reconnu l’importance des instruments de contrôle aux frontières, le représentant a toutefois souligné leur insuffisance.  Il faut, a-t-il conseillé, mettre en œuvre des stratégies de prévention adaptées pour lutter contre « la mutation de Daech en idéologie sans frontières ».  Dans ce contexte, a-t-il ajouté, la sensibilisation aux différences culturelles et religieuses, et l’ouverture d’un dialogue avec la société civile sont des éléments de nature à contribuer à cet effort.

M. MATTHEW JOHN RYCROFT (Royaume-Uni) a souligné les nouveaux défis qui ont émergé après la défaite de Daech en Iraq et en Syrie, notamment celui des « revenants ».  L’extrémisme violent est également toujours présent sur internet, a-t-il dit.  Nous ne devons donc pas relâcher nos efforts et garder un temps d’avance sur la menace terroriste, a-t-il poursuivi.  Le délégué britannique a salué l’importance de la résolution 2178 (2014) et appuyé la proposition avancée par les États-Unis d’une nouvelle résolution sur les combattants terroristes étrangers.  M. Rycroft a souligné l’importance qu’il y a à veiller au succès des programmes de déradicalisation et a exprimé l’engagement de son pays à lutter contre l’extrémisme violent sur internet, afin de protéger les personnes les plus vulnérables.  Il a enfin voulu que l’on remédie aux causes profondes de ce phénomène, notamment par la promotion de la tolérance et des droits de l’homme.  Nous devons traiter les causes comme les symptômes, a-t-il conclu. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une approche globale, incluant des mesures visant à s’attaquer aux causes à la fois structurelles et conjoncturelles du phénomène du retour des combattants terroristes étrangers, parmi lesquelles la marginalisation et la discrimination, la mauvaise gouvernance, l’absence de perspectives socioéconomiques et les conflits en latence.  « Il s’agira aussi, et surtout, de déconstruire le discours terroriste, tout en élaborant des initiatives et des programmes qui favorisent la tolérance, le dialogue et la compréhension entre les civilisations, les cultures, les peuples, et les religions », a déclaré le représentant.  Pour sa part, le Sénégal, dans sa stratégie de prévention de l’extrémisme violent et du terrorisme, privilégie l’éducation, l’information et la communication, en mettant l’accent sur la sensibilisation des populations et la concertation avec les leaders d’opinion, notamment les guides religieux dont le rôle est essentiel pour contrecarrer le discours extrémiste.  Par ailleurs, Dakar, a annoncé le délégué, a mis sur pied en juillet 2014, la Délégation générale au renseignement national, chargée de centraliser tous les services de renseignement dispersés entre plusieurs ministères.  En outre, le Sénégal figure parmi les pays les plus avancés en Afrique s’agissant du « système de renseignements préalables concernant les voyageurs », avec l’adoption du règlement aéronautique 9/2016, a précisé M. Ciss.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué l’action de la coalition internationale qui a permis de faire reculer Daech et de le priver de ses principaux refuges en Iraq et en Syrie.  « Mais la lutte contre Daech n’est pas terminée pour autant », a-t-il averti.  Ces mêmes combattants qui, il y a quelques années, avaient rejoint l’Iraq ou la Syrie quittent aujourd’hui la zone de conflit, soit pour revenir dans leur pays d’origine, soit pour rejoindre un autre pays.

Nous dénombrons 688 individus de nationalité française ou résidant en France actuellement présents en Syrie et en Iraq, dont 295 femmes et 28 mineurs de plus de 15 ans, a précisé M. Delattre.  À ces individus s’ajoutent environ 500 mineurs de moins de 15 ans, emmenés sur zone par leurs parents ou nés sur place.  Et si l’on parle des « revenants », a poursuivi le représentant, ce sont 244 adultes et 59 mineurs qui sont revenus sur le territoire national depuis 2013.  La diversité des profils, le niveau très variable de radicalisation et l’attraction que continue d’exercer l’idéologie barbare de Daech sont autant de défis majeurs, a-t-il ajouté.

La législation française n’a cessé d’être actualisée depuis l’adoption de la résolution 2178 (2014), a expliqué M. Delattre.  La France a ainsi élaboré un plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme, qui a été actualisé une première fois en mai 2016 après la vague d’attentats, et qui le sera à nouveau prochainement.  Concernant la prise en charge et la réinsertion des mineurs de retour de zone iraqo-syrienne, la France a mis en place un dispositif spécifique en mars dernier qui prévoit un accompagnent adapté à l’âge et à la situation individuelle de chaque enfant, ainsi qu’un suivi médico-psychologique.

Enfin, le représentant a considéré que les Nations Unies ont deux missions essentielles à remplir.  La première est d’encadrer et de renforcer la coopération internationale face à la menace posée par les combattants terroristes étrangers.  La deuxième est de soutenir les États dans la mise en œuvre de leurs obligations au titre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’Assemblée générale et des résolutions pertinentes du Conseil.  « La France est prête à travailler avec ses partenaires pour élaborer une réponse forte et unie du Conseil de sécurité », a assuré M. Delattre. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a souligné la grave menace que représente le retour des combattants terroristes étrangers, notamment dans la Corne de l’Afrique.  Pour nous, la menace posée par Daech dans cette région est une source de grave préoccupation, a-t-elle affirmé.  La déléguée a souligné la nécessité de renforcer les efforts onusiens visant à lutter contre les combattants terroristes étrangers.  Elle a pris note des efforts des États Membres pour endiguer le flot des retours, notamment par un meilleur partage des renseignements.  L’aide apportée par l’ONU aux États Membres est cruciale, a-t-elle poursuivi.  Elle a pris pour exemple un projet en cours, emmené par les entités onusiennes pertinentes, pour fournir un soutien aux pays du bassin du lac Tchad.  S’il réussit, ce projet pourrait servir de modèle, a-t-elle dit.  En conclusion, la déléguée de l’Éthiopie a exhorté les États Membres à ne pas s’endormir sur leurs lauriers, après la chute de Daech en Iraq et en Syrie. 

M. KORO BESSHO (Japon) a observé qu’au moment où Daech enregistre des revers militaires en Iraq et en Syrie, la menace qu’il représente s’étend à l’échelle mondiale.  Des combattants terroristes étrangers rentrent dans leurs pays d’origine ou se déplacent vers d’autres États, notamment en Asie du Sud-Est, a relevé le représentant, faisant état d’une vidéo dans laquelle un combattant de Daech exhorte ceux qui ne peuvent se rendre au Moyen-Orient à aller plutôt « aux Philippines ».

Dans ce contexte, a-t-il dit, le « système de renseignements préalables concernant les voyageurs » et celui des dossiers passagers (PNR) ainsi que les moyens d’accès aux bases de données d’INTERPOL au niveau des aéroports et des points de contrôle frontaliers constituent des outils importants pour détecter les combattants terroristes étrangers, en particulier lorsque ceux-ci utilisent des itinéraires morcelés.  C’est pourquoi le Japon encourage les États Membres à se doter de ces systèmes, conformément aux résolutions 2368 et 2322. 

L’utilisation d’outils biométriques est de plus en plus efficace pour endiguer le flux de ces combattants, a encore indiqué le délégué, notant que certains terroristes vont jusqu’à subir des opérations chirurgicales et à changer leurs empreintes digitales pour passer les frontières, ce qui a poussé le Japon à s’adapter à ces techniques de dissimulation.  À cette fin, a-t-il ajouté, le pays a également adopté des passeports permettant une vérification faciale du certificat d’identité. 

Face à ces tactiques évolutives, le Japon s’emploie à trouver des réponses sécuritaires adaptées, à l’image des mesures antidrones prises à l’occasion du Sommet du G7 à Ise-Shima, en mai 2016, a poursuivi le représentant, précisant que des entreprises japonaises sont en pointe dans ce secteur.  L’une d’elles produit des caméras de reconnaissance faciale capables de détecter des individus recherchés au milieu d’une foule.  Une autre, a-t-il précisé, recourt à l’intelligence artificielle pour analyser des données volumineuses captées par des caméras de sécurité, des robots ou des drones et en extraire des éléments suspects. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a déclaré qu’en adoptant la résolution 2178 (2014), le Conseil de sécurité avait répondu au phénomène évolutif des combattants terroristes étrangers, dont la participation aux côtés de Daech exacerbe les conflits au Moyen-Orient.  Mais en dépit de ces mesures, de nombreux extrémistes ont réussi à infiltrer la région.  À cause de la pression militaire constante et depuis la chute du « soi-disant califat », l’organisation terroriste a changé de stratégies et accéléré le transfert de ses ressources humaines et financières dans d’autres pays, notamment en Europe, en Afrique du Nord, et Asie centrale et du Sud-Ouest.  Les attaques terroristes en Europe sont le reflet clair de cette situation, a estimé le représentant, ajoutant qu’aucun pays n’est à l’abri de ce phénomène.

Il a déclaré que son pays a, ces dernières années, été confronté à l’amère expérience de la lutte contre des mouvements terroristes appuyés par des forces extérieures, notamment dans l’est du pays.  Mais les opérations conduites par les forces de sécurité ukrainiennes ont abouti à la liquidation de 23 points de passage qui servaient de réseaux logistiques et facilitaient la circulation de combattants étrangers natifs du Caucase, d’Asie centrale et d’Europe, entre l’Ukraine, la Turquie et la zone iraqo-syrienne.  Afin de s’adapter aux changements du mode opératoire des terroristes, l’Ukraine est d’avis qu’il faut considérer des mesures « plus sophistiquées » pour la mise en œuvre de la résolution 2718. 

Ces mesures doivent inclure, s’est expliqué le représentant, les technologies avancées pour l’identification aux frontières et l’échange d’informations entre États.  À cet égard, l’Ukraine se félicite de la décision de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) d’accepter le « système de renseignements préalables concernant les voyageurs » comme norme minimale et appelle tous les États à mettre ce programme en œuvre.  Ces mesures incluent aussi des enquêtes sur les crimes commis par ces combattants étrangers et leur arrestation.  Un accent doit être mis sur la prévention de la radicalisation, d’autant que certains des combattants de retour sont toujours endoctrinés et gardent des liens avec les organisations terroristes.  À cet égard, l’Ukraine estime qu’il faut se concentrer sur les mesures nuancées contenus dans le Plan du Secrétaire général sur la prévention de l’extrémisme violent et la résolution 2354 du Conseil de sécurité relative aux menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme. 

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte) a considéré que le phénomène des terroristes étrangers est lié à des facteurs multiples, exigeant donc une approche globale et multidimensionnelle.  Il a estimé à cet égard qu’il est nécessaire de lutter contre toutes les conditions sociales, économiques et politiques qui favorisent le recrutement de combattants, ainsi que l’instrumentalisation de la religion à des fins terroristes, en s’appuyant notamment sur une coopération entre secteur privé et société civile.  Le représentant a recommandé de pénaliser le moindre soutien aux terroristes étrangers, qui ont besoin de financement pour se déplacer.  Pour sa délégation, il est nécessaire de se pencher sur les moyens de contrer les terroristes étrangers pour lesquels aucun mandat d’arrêt n’a été émis.  Le représentant a d’ailleurs considéré que de tels individus devraient être jugés soit dans le pays où ils ont été arrêtés, soit dans le pays dont ils sont ressortissants.  M. Aboulatta s’est désolidarisé de la tendance à réintégrer les terroristes étrangers au lieu de les poursuivre en justice.  Les États, a-t-il ajouté, doivent échanger les informations en se servant de la base de données d’Interpol.  Insistant sur l’importance de l’entraide judiciaire et du rôle que peuvent jouer les Nations Unies, le délégué a réaffirmé la nécessité de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a d’abord rappelé que de nombreux combattants étrangers venaient de pays prospères puis déploré que certains États mettent en œuvre la résolution 2178 (2014) « comme s’ils s’attendaient à ce que le feu les rattrape ».  Les combattants terroristes étrangers qui fuient la Syrie et l’Iraq sont bien conscients, a estimé le représentant, que dans certains pays leurs crimes ne sont pas considérés comme tels.  La porosité des frontières est un autre élément qui favorise le mouvement des combattants.  Le représentant a insisté sur la sophistication des moyens que les États ont à leur disposition, dont les banques des données d’INTERPOL.  Mais, a-t-il prévenu, c’est la volonté politique de les utiliser qui fait souvent défaut. 

Le délégué a en outre souligné la nécessité de punir les combattants proportionnellement aux crimes commis, avertissant que les programmes de réintégration ne sauraient remplacer la sanction pénale.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, a engagé près de 2 000 poursuites judiciaires contre des combattants d’origine russe. 

Sur les 300 citoyens suédois à avoir quitté le pays pour rejoindre le rang des groupes terroristes en Syrie et en Iraq, a estimé Mme IRINA SCHOULGIN NYONI (Suède), près de la moitié sont revenus en Suède, 50 sont morts au combat et 50 autres demeurent à l’étranger.  Parmi ceux qui sont revenus, on trouve aussi bien des hommes que des femmes et des enfants, a précisé la représentante, avant d’ajouter: « Si certains sont désabusés, d’autres n’ont rien perdu de leur idéologie. » 

Partant du constat que ce phénomène touche l’ensemble des États sans distinction, la représentante a appelé ces derniers à criminaliser tout ce qui a trait aux déplacements, à l’entraînement et au financement des combattants terroristes étrangers.  C’est ce qu’a fait la Suède, a-t-elle affirmé.  Le pays a modifié sa législation sur le terrorisme pour la rendre conforme aux exigences du droit pénal telles que définies dans la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Depuis 2015, le pays a, de fait, traduit en justice et condamné sept individus dans des affaires de terrorisme, y compris pour des crimes commis à l’étranger.  À ce jour, a-t-elle précisé, une personne a été poursuivie au titre de la nouvelle législation suédoise sur les déplacements des terroristes. 

La représentante a toutefois appelé à garder à l’esprit que les principaux facteurs de recrutement des terroristes ne sont ni religieux, ni idéologiques, mais bien socioéconomiques et liés aux lacunes de l’état de droit.  Dans le cadre de son approche holistique, la Suède tente donc de réaliser des actions de prévention au sein des groupes jugés à risques.  Quoique la résolution 2178 (2014) offre un cadre adapté pour y parvenir, la représentante a estimé qu’une nouvelle résolution devrait être adoptée pour faire face aux défis et tendances actuels, en particulier la participation des femmes et des enfants à des activités terroristes.  « Les enfants devraient toujours être traités en priorité comme des victimes », a-t-elle ainsi estimé, tout en appelant également à intégrer une approche genre dans le texte de la future résolution.

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que le terrorisme est l’ennemi commun de l’humanité, contre lequel elle doit se mobiliser, dans le respect toutefois de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale de tous les États.  Il a conseillé aux États d’adopter des mesures efficaces pour endiguer le retour des combattants terroristes étrangers, avec le soutien des entités pertinentes de l’ONU.  Résolument opposée au terrorisme, la Chine, a affirmé son représentant, a prouvé depuis longtemps son engagement à lutter contre cette menace, y compris sur les plans bilatéral et régional par le biais de l’Organisation de coopération de Shanghai. 

M. SEBASTIANO CARDI (Italie) a indiqué que son pays avait érigé en infraction pénale le fait d’encourager quelqu’un à partir dans des zones de combat.  L’attaque de vendredi en Égypte montre le niveau élevé de la menace posée par les combattants terroristes, a-t-il affirmé.  Il a invité le Conseil à réfléchir à l’instabilité dans le Sahel et plaidé pour un meilleur partage des informations et des mesures accrues de protection des frontières.  Il a salué la proposition des États-Unis pour une nouvelle résolution afin d’aider les pays à mieux réinsérer les personnes de retour, en particulier les femmes et les enfants.  Le délégué italien a d’ailleurs plaidé pour une bonne mise en œuvre des résolutions du Conseil. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sous-Secrétaire générale au maintien de la paix souligne devant le Conseil de sécurité la nécessité d’améliorer la situation humanitaire au Soudan du Sud

8115e séance – matin
CS/13096

La Sous-Secrétaire générale au maintien de la paix souligne devant le Conseil de sécurité la nécessité d’améliorer la situation humanitaire au Soudan du Sud

Le règlement du conflit au Soudan du Sud et l’amélioration de la situation humanitaire dans plusieurs régions du pays passent par la pleine mise en œuvre de l’accord de paix de 2015 et par l’acheminement « sans entrave » des travailleurs humanitaires aux populations dans le besoin.  Tel est le message que la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Mme Bintou Keita, a délivré avec gravité, ce matin, devant le Conseil de sécurité. 

Mme Keita n’a pu masquer sa consternation quand elle a relevé une augmentation des agressions contre les travailleurs humanitaires alors qu’environ six millions de personnes, soit la moitié de la population sud-soudanaise, sont en proie à la faim, près de deux millions d’entre elles étant « au bord de la famine ». 

« Sur les plus de 200 incidents visant des acteurs humanitaires survenus en septembre et en octobre, près de 100 ont été attribués à des acteurs étatiques », a-t-elle signalé.  Elle a également rappelé qu’en 2017, pas moins de 19 travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. 

Pour Mme Keita, toutes les parties doivent respecter le cessez-le-feu décrété unilatéralement par le Président Salva Kiir en mai dernier pour que puisse se tenir un dialogue national transparent et réellement inclusif.  Ce premier préalable à une amélioration de la situation sécuritaire et humanitaire doit en effet ouvrir la voie à la poursuite du dialogue de réconciliation nationale, complément indispensable, a-t-elle dit, « à la réussite de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) ». 

Mme Keita a averti que de nouveaux affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan et les forces pro-Riek Machar de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, et entre ces dernières et des éléments du Front de salut national de Thomas Carillo, feraient de nouvelles victimes civiles, provoqueraient de nouveaux déplacements, et, par conséquent, rendraient vaine toute recherche concertée d’une issue politique à la crise. 

L’Éthiopie, qui préside l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en charge de la préparation du forum de revitalisation, n’a pas dit autre chose.  Son représentant a considéré que les conditions sont réunies pour rapprocher les points de vue au sein du forum, les recommandations qui y seront examinées pour sortir de la crise étant actuellement discutées à Abidjan par le Conseil des ministres de l’IGAD. 

« Le succès du forum et le règlement des problèmes du Soudan du Sud dépendront avant tout de la volonté des parties au conflit », a-t-il insisté. 

L’Italie, pays qui préside le Conseil ce mois-ci, a précisément invité tous les groupes qui ne l’ont pas encore fait à participer aux consultations tenues par l’IGAD « afin que le forum de revitalisation puisse avoir lieu et déboucher sur des résultats concrets ». 

« Nous avons besoin d’actes et non de promesses », a renchéri la représentante des États-Unis.  Mme Nikki R. Haley, qui s’est rendue récemment dans le pays, a exhorté les autorités sud-soudanaises à faire respecter la cessation des hostilités, à donner un nouveau souffle aux processus de paix et à protéger les civils en laissant la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) faire son travail. 

De son côté, la Chine, qui a rappelé qu’elle est un des principaux fournisseurs de troupes de la Mission, a réagi aux propos de la délégation américaine en estimant que les autorités du Soudan du Sud méritent le respect de la communauté internationale, laquelle doit continuer à les aider « à tenir les rênes du processus politique ». 

Dans son intervention, Mme Keita a annoncé que le déploiement de la force de protection régionale, qui dépend de la MINUSS, serait achevé d’ici à la fin de l’année. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SOUDAN ET DU SOUDAN DU SUD

Déclarations

Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que le déploiement de la force de protection régionale se poursuivait, les bataillons d’infanterie rwandais et éthiopiens étant sur place et l’affrètement des équipements logistiques de ces contingents devant être achevé d’ici la fin de l’année. 

Mme Keita a noté avec satisfaction la coopération technique ayant prévalu entre les composantes de la force et le Gouvernement du Sud-Soudan, avant d’ajouter que la bonne conduite de ces opérations était assombrie par le constat que « les autorités nationales continuent d’entraver les activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ». 

Elle a ainsi souligné que la situation sécuritaire dans le pays demeure « précaire », l’arrivée de la saison sèche, qui facilite la circulation des personnes, pouvant être propice à une escalade des violences, cela dans un contexte où le Gouvernement sud-soudanais s’obstine à vouloir imposer sa domination militaire sur les groupes d’opposition armés. 

Mme Keita a averti que des nouvelles offensives militaires saperaient gravement le processus politique en cours, feraient de nouvelles victimes civiles et provoqueraient de nouveaux déplacements.  Elle a par ailleurs indiqué qu’au cours des dernières semaines, la situation dans les Équatorias était restée également très volatile, marquée en particulier par des affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et les forces pro-Riek Machar de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, et des combats entre ces dernières et des éléments du Front de salut national de Thomas Carillo. 

Dans ce contexte, elle a indiqué que, le 26 octobre, la MINUSS avaient porté secours à des travailleurs humanitaires de Kuerguini, dans l’est du Haut-Nil, pris dans des échanges de tirs entre l’APLS et les forces pro-Machar.  Le lendemain, la Mission a facilité l’exfiltration, des localités de Nimmi à Nyathol, de 13 autres travailleurs humanitaires et de deux enfants, a-t-elle ajouté. 

Mme Keita a en outre déploré qu’en dépit des assurances données au plus haut niveau par le Gouvernement, les patrouilles de la MINUSS aient continué de faire l’objet de « véritables harcèlements » et que la liberté de circulation des spécialistes des droits de l’homme ne soit toujours pas garantie.  Les obstructions de fait à la Mission l’empêchent d’honorer pleinement son mandat de protection des civils, a-t-elle constaté. 

Après avoir exhorté le Conseil de sécurité à exercer la pression requise sur le Gouvernement pour qu’il respecte ses obligations en vertu de l’Accord sur le statut des forces, elle s’est attardée sur la situation humanitaire, qu’elle a qualifiée de « catastrophique ». 

Elle a notamment indiqué qu’environ six millions de personnes, soit la moitié de la population sud-soudanaise, étaient en proie à la faim, près de deux millions d’entre elles étant « au bord de la famine ».  À cet égard, elle s’est dite consternée par l’augmentation du nombre d’agressions dont sont victimes les travailleurs humanitaires: « sur les plus de 200 incidents survenus en septembre et en octobre, près de 100 ont été attribués à des acteurs étatiques », a-t-elle précisé.  Elle a également rappelé, qu’en 2017, pas moins de 19 travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. 

Concernant le processus politique, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix a réitéré l’importance, pour la communauté internationale, de la poursuite du dialogue de réconciliation nationale, qui, a-t-elle dit, « est le complément indispensable à la réussite de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) ». 

Selon elle, si ce dialogue a lieu en toute transparence et de manière réellement inclusive, il pourra devenir un instrument utile dans le cadre duquel appréhender de façon approfondie les causes sous-jacentes à la violence intercommunautaire et d’autres freins à la paix. 

Évoquant les préparatifs du forum de revitalisation de haut niveau de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), elle a déclaré qu’à ce stade, les groupes consultés lors des discussions préparatoires s’étaient dits prêts à participer activement et de bonne foi à cette rencontre. 

Les recommandations qui seront soumises lors du forum sont présentées et débattues actuellement à Abidjan par le Conseil des ministres de l’Autorité, a-t-elle indiqué. 

« Je connaissais les chiffres avant de me rendre au Soudan du Sud en octobre, mais rien ne m’avait préparé aux souffrances que j’ai observées sur place », a déclaré Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis).  Elle a décrit une « population affreusement vulnérable, des familles qui mangent à même le sol, des femmes violées dans les camps, des maris tués, des bébés enlevés et assassinés ».  « Ce qui m’a le plus choquée, c’est la graine de la haine plantée dans les générations à venir » a précisé la représentante, qui s’est inquiétée du sort des enfants sans éducation qui vont grandir dans le ressentiment.  « Nous devrons faire face à ces conséquences plus tard », a ajouté Mme Haley. 

Elle a indiqué qu’elle avait montré des photos au Président Salva Kiir, que ce dernier n’avait pas nié la situation, mais qu’il ne suffisait pas de reconnaître le problème.  « Le Gouvernement est responsable au premier chef des viols, des tortures, et c’est à lui qu’il revient de mettre fin aux souffrances. 

Le Président Kiir a fait des promesses, mais à l’avenir, les États-Unis jugeront ce gouvernement à l’aune des actions et pas des mots.  « Nous avons besoin d’actes et non de promesses. »  Le Président doit faire respecter la cessation des hostilités, donner un nouveau souffle aux processus de paix et saisir l’occasion fournie par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). 

Mme Haley a également appelé à reconsidérer les parties de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) qui ne fonctionnent pas, à protéger les civils et à autoriser la MINUSS à faire son travail.  « Les forces gouvernementales stoppent les patrouilles, empêchent la MINUSS d’entrer dans le pays, le personnel est harcelé, menacé, voire agressé physiquement. » 

Le Gouvernement a empêché les Casques bleus d’apporter l’aide aux personnes qu’ils doivent protéger » a dénoncé la représentante, qui a averti que son pays était prêt à envisager « des mesures supplémentaires » si le Gouvernement n’agit pas. 

Elle lui a à nouveau demandé de déposer les armes, de mettre fin au harcèlement contre la MINUSS, de revenir à la table des négociations de l’IGAD.  Elle s’est dite encouragée par les discours du Gouvernement mais a précisé que seules les actions en prouveront l’authenticité. 

« Les Sud-Soudanais veulent juste vivre une vie normale.  Les enfants souhaitent tous aller à l’école.  Tous ont répondu la même chose.  Le plus remarquable, ce sont ces mères menacées mais qui voient l’avenir de leurs enfants détruit par la guerre et le chaos.  Pour ces mères, nous devons exiger des résultats. »

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les progrès réalisés dans le cadre du forum de revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), que son pays préside.  Toutefois, il a estimé que l’arrêt des hostilités était la première condition pour éviter une dégradation de la situation humanitaire, déjà « critique ».  L’acheminement de l’aide humanitaire devrait être facilité par l’entrée en vigueur du décret pris par le Président Salva Kiir, a-t-il ajouté. 

L’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) est le seul moyen de mettre un terme au conflit, a-t-il encore souligné, avant d’assurer le Conseil de sécurité du plein engagement de son pays à contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité au Soudan du Sud. 

Selon lui, les conditions sont réunies pour rapprocher les points de vue au sein du forum.  Pour cela, a-t-il dit, le soutien de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, est indispensable pour que les efforts positifs en cours soient suivis d’effets. 

Le succès du forum et le règlement des problèmes du Soudan du Sud dépendront avant tout de la volonté des parties au conflit, a-t-il insisté. 

M. KORO BESHO (Japon) a rappelé qu’entre octobre et fin novembre 2017, 4,8 millions de personnes, soit environ 45% de la population, souffrent d’insécurité alimentaire aigue.  C’est 1,4 million de personnes de plus que l’an dernier à la même époque, a déploré le représentant, qui a annoncé que le nombre de Sud-Soudanais contraints à fuir leur pays pourraient franchir la barre des trois millions fin 2018, si les conditions d’insécurité actuelles persistent. 

Le Japon a ensuite dénoncé les violations de l’Accord sur le statut des forces entre l’ONU et le Gouvernement de la République du Soudan du Sud concernant la MINUSS. 

Le 9 novembre, le Président Salva Kiir a exigé qu’un accès sans entraves soit accordé à des convois humanitaires, et son gouvernement a maintenant la responsabilité de mettre en œuvre cette décision, a souligné le délégué. 

Un processus politique inclusif, y compris le dialogue national, est le seul moyen de parvenir à une solution au conflit en cours dans le pays, a estimé M. Bessho, en apportant son soutien au forum de revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a exhorté les parties à tirer le meilleur parti de cette enceinte régionale.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays n’avait pas cessé de faire part de son désespoir face aux grandes souffrances du peuple sud-soudanais.  « Les parties au conflit, y compris le Gouvernement, continuent de lancer des offensives contre le peuple.  Il faut montrer que la communauté internationale va agir de concert pour la paix même si le Gouvernement ne le fait pas. »

Il a loué le décret pour un accès humanitaire sans entrave, en espérant que l’aide atteindra les personnes dans le besoin.  Le délégué s’est cependant dit très préoccupé par le fait que la MINUSS soit restreinte dans ses mouvements, pointant également le harcèlement et les attaques contre son personnel.  « Cela doit cesser sur le champ.  Les coupables seront jugés pour leurs actions et pas sur leurs déclarations ». 

Pour lui, il s’agit de la dernière chance pour le Gouvernement, qui doit montrer qu’il se soucie de la paix et de son pays.  Décrivant l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) comme la lueur d’espoir, il s’est également félicité du « communiqué très bien formulé de l’Union africaine » et a appelé la communauté internationale à utiliser « toute la palette à sa disposition » pour résoudre la situation. 

Citant à nouveau le communiqué de l’Union africaine, il a répété qu’il s’agit d’une dernière chance pour le Gouvernement sud-soudanais et qu’il y aura des conséquences s’il n’y a pas de coopération.  Le représentant s’est également dit préoccupé par le projet d’organiser des élections l’année prochaine.  « Les conditions ne pourront pas être réunies, et cela peut provoquer davantage de conflit. »  Il a demandé de réviser le calendrier de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix).

En conclusion de son intervention, il a, à nouveau, appelé les dirigeants sud-soudanais à mettre fin à la violence, à participer à l’IGAD, et les a sommés d’arrêter de bloquer la MINUSS et de s’en prendre aux travailleurs humanitaires et à la population.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation au Soudan du Sud, la crise humanitaire, de sécurité et économique ne montrant aucun signe d’amélioration tangible.  Il a regretté que le cessez-le-feu ne soit pas pleinement respecté et que la persistance des affrontements ne favorise guère les conditions nécessaires à un dialogue réel. 

Il a déploré l’absence « évidente » de volonté et de leadership politiques.  Il a réaffirmé, en conséquence, que toute solution durable au conflit doit obligatoirement passer par un processus politique viable et un dialogue inclusif conduisant à l’application de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix). 

M. Llorentty Solíz a également estimé que les efforts des organisations régionales sont « fondamentaux » et devraient compter sur le soutien de la communauté internationale mais dépendent principalement de l’engagement du Gouvernement et de tous les groupes de l’opposition.  À cet égard, il a insisté sur le fait que le forum de revitalisation de haut niveau est la seule initiative concrète qui soit, que les consultations de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avec toutes les parties impliquées est « un bon signe ». 

Il a espéré que la prochaine réunion extraordinaire du Conseil des ministres de l’IGAD conviendra des détails supplémentaires quant aux modalités, à la structure et à l’organisation du forum.  Il a salué, en outre, les progrès dans le déploiement du corps de bataillons de la force de protection régionale et relevé une coopération accrue de la part du Gouvernement. 

La présence de cette force permettra à la MINUSS d’élargir la sienne dans d’autres zones du conflit où la protection des civils et l’assistance humanitaire sont vitales à l’heure actuelle, a-t-il conclu. 

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a déploré la situation au Soudan du Sud, l’imputant aux responsables politiques, qui ont placé leurs ambitions personnelles pour le pouvoir au-dessus des besoins de leur peuple. 

D’accord avec ce que la Commission mixte de suivi et d’évaluation a préconisé le 20 novembre pour revitaliser l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), M. Bermúdez Álvarez a insisté sur trois conditions urgentes: l’établissement d’un cessez-le-feu total et permanent pour tous les groupes armés; un processus politique inclusif, transparent et avec des garanties réunissant toutes les parties; et un plan d’action pour faire face à la grave situation humanitaire, permettant l’accès sans restriction de l’assistance. 

Pour l’Uruguay, la prochaine convocation d’un forum de haut niveau pour la revitalisation de l’accord de paix de 2015 par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) représente une chance unique de relancer le processus politique au Soudan du Sud et d’ouvrir la voie à l’organisation d’élections démocratiques à l’issue de la période de transition. 

Il est essentiel que les Nations Unies et l’Union africaine soutiennent cette initiative et parlent d’une seule voix, a ajouté M. Bermúdez Álvarez.  Il a par ailleurs déploré les restrictions imposées à la MINUSS, réitérant que les États ne peuvent pas unilatéralement empêcher le fonctionnement normal d’une mission. 

Le Conseil de sécurité a la responsabilité d’exiger des pays hôtes le respect total des termes des accords sur le statut des forces de maintien de la paix, a-t-il conclu.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a exigé la cessation immédiate, par toutes les parties, « le Gouvernement et les groupes armés », des hostilités, condition sine qua non d’un processus politique véritable.  À cet égard, il a estimé que le forum de revitalisation de haut niveau de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) constitue une « fenêtre d’opportunité » unique pour relancer le processus de paix. 

Pour le représentant, il est maintenant « impératif » que ce forum ait lieu dans les meilleurs délais, et soit transparent et inclusif, et compte avec la pleine participation des femmes et de la société civile.  Selon la délégation, un dialogue national, à l’appui de la mise en œuvre de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), ne sera crédible que si cesse la violence. 

Alarmé par la détérioration de la situation humanitaire, le représentant s’est dit également préoccupé par les informations selon lesquelles l’accès aux vivres est utilisé comme moyen d’atteindre des objectifs militaires. 

Il a espéré, en conclusion, que l’établissement du Tribunal hybride dissuadera la commission de crimes atroces à l’avenir.

Regrettant de ne pas avoir entendu l’Envoyé spécial de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), en réunion à Abidjan, M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que le seul moyen de stabiliser la situation était de lancer un processus inclusif de réconciliation nationale.  « Il est injuste de continuer à accuser uniquement Djouba pour les actes de violence.  Djouba a parcouru une partie du chemin, l’opposition doit aussi faire des efforts.  Au lieu de cela, nous observons des tentatives de contre-attaques avant les pourparlers à Addis-Abeba. » 

Pour le délégué russe, l’embargo sur les armes ne permettra pas de débloquer la situation.  Il s’est dit satisfait du déploiement de la force de protection régionale « qui doit se poursuivre en respectant la souveraineté du pays ». 

Le représentant a demandé au Soudan du Sud d’appuyer ce déploiement de la force régionale et a également espéré que le forum de l’IGAD sera couronné de succès.  Il s’est aussi félicité des efforts pour rapprocher l’opposition en novembre au Caire.  « Il faut préserver l’unité des démarches des puissances régionales en matière de règlement du conflit, et il ne peut y avoir de concurrence à cet égard. »

Il a jugé le rapport du Secrétaire général très équilibré, mais a regretté que la plupart des informations qu’il contient aient déjà été présentées au Conseil.  « Le déploiement de la force de protection régionale doit nous faire réfléchir à la fréquence des rapports, afin d’améliorer l’efficacité du travail du Conseil. »

Mme ANNE GUEGUEN (France) a réaffirmé le plein soutien de son pays au forum de revitalisation qui a constitué une étape significative pour relancer l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), garant de la stabilisation du Soudan du Sud.  Elle a par la suite salué les consultations qui ont été menées avec les différentes parties pour mettre en place un processus inclusif. 

Estimant essentiel que des avancées substantielles soient constatées d’ici la fin de l’année, la déléguée a insisté pour que le Conseil de sécurité, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine s’engagent de bonne foi dans ce processus pour dégager rapidement des modalités de mise en œuvre de l’accord de paix. 

« Dans le cas contraire, nous devrons envisager l’imposition de sanctions individuelles contre ceux qui feraient obstacle à ce processus », a-t-elle prévenu. 

Mme Gueguen a ensuite appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour soutenir la population du Soudan du Sud qui souffre de l’insécurité et de conditions humanitaires catastrophiques.  À cet égard, elle a condamné fermement toute entrave à la MINUSS et aux travailleurs humanitaires et exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à respecter ses engagements au titre de l’accord sur le statut des forces et sur le déploiement de la force de protection régionale. 

« La communauté internationale doit être prête à prendre toutes les mesures pouvant conduire à la réduction de la violence, a-t-elle lancé.  La mise en place d’un embargo sur les armes y contribuerait. »  Rappelant que la paix durable implique que les crimes contre les droits de l’homme ne restent pas impunis, et se disant particulièrement inquiète à la lecture d’informations concernant des exactions qui auraient été commises à Wau et dans des zones du Haut-Nil, elle a conclu en soulignant que l’établissement de la cour hybride prévue par l’accord de paix contribuerait à lutter contre les exactions commises.

M. IHAB MOUSTAFA AWAD (Égypte) a notamment estimé que la situation décrite par Mme Keita confirme qu’il n’y a pas d’autre issue à la crise au Soudan du Sud que l’instauration d’une paix durable, « conclue sur la base de l’accord de paix de 2015 ».  Le processus politique et de paix passe par le renforcement de la MINUSS et nécessite que soit préparé dès maintenant le rôle que devra tenir cette dernière au cours de la période de transition, a-t-il aussi déclaré. 

Le représentant a plaidé pour la poursuite des efforts « d’unification des parties » en cours, lesquels détermineront l’avenir du Soudan du Sud en tant que nation africaine. 

Le délégué a d’autre part indiqué que la déclaration signée au Caire le 16 novembre, à l’initiative de l’Égypte et de l’Ouganda, entre gouvernement et d’anciens détenus découlait de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix).  Cette initiative, a-t-il dit, est un pas en avant dans la bonne direction, celle qui devra mener à l’élaboration d’un plan de reconstruction global de l’État sud-soudanais. 

M. GORGUI CISS (Sénégal) a appelé toutes les parties à permettre un accès libre et sans entrave des acteurs humanitaires aux populations civiles dans le besoin.  Il a exhorté à cet égard le Gouvernement provisoire d’union nationale en République du Soudan du Sud à assumer ses responsabilités pour assurer la protection des civils et la sécurité des travailleurs humanitaires. 

Le représentant a lui aussi insisté sur le fait que le règlement du conflit au Soudan passe par une solution politique et négociée.  Sur ce point, il a apporté son soutien au forum de revitalisation de haut niveau « pour rassembler les deux parties à l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), et salué la décision de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) d’effectuer « sans délai » une mise à jour sur les progrès accomplis dans la préparation de cette rencontre. 

Pour M. ZHANG DIANBIN (Chine), les autorités du Soudan du Sud se sont attachées à promouvoir le développement économique, mais la sécurité reste précaire et la communauté internationale doit insister pour que le Gouvernement fasse avancer le processus politique. 

Il a salué les nombreux efforts pour faciliter les pourparlers, dont ceux de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), et a demandé à la Communauté internationale de la soutenir, de faciliter la médiation, et de parler d’une seule voix pour faciliter les efforts menant à un accord politique. 

Le représentant a aussi demandé de respecter les autorités du Soudan du Sud et de les motiver pour tenir les rênes de ce processus, tout en encourageant toutes les parties à participer au processus de réconciliation. 

Il a noté le rôle important joué par la MINUSS dans l’assistance pour la reconstruction, rappelant que la Chine était un des principaux pays fournisseurs de contingents et assurant que son pays continuerait à aider la Mission à assumer son mandat. 

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par les affrontements qui perdurent, accroissent l’insécurité alimentaire et augmentent le nombre de déplacés internes et de réfugiés.  Pour le représentant, la situation humanitaire va continuer à se dégrader durant la période sèche. 

Il a cependant dit son espoir que le récent décret présidentiel permettra d’acheminer l’aide humanitaire.  Il s’est dit également en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix, « seule solution viable au conflit ». 

Le représentant a salué les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour organiser le forum de revitalisation, mais a précisé que les efforts politiques devaient s’accompagner d’un travail sur les causes profondes du conflit. 

Il a appelé à déployer une stratégie basée sur la promotion de l’éducation, l’accès aux soins de santé, la protection du secteur agricole, dont l’élevage du bétail, et le renforcement des moyens de subsistance.  Pour lui, il n’y aura pas de progrès sans implication des jeunes et des femmes.  « Il faut les associer à ces efforts à tous les niveaux. »

M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a estimé essentiel que le cessez-le-feu décrété par le Président Salva Kiir soit respecté, et que le processus politique devienne inclusif.  C’est dans le cadre d’un dialogue national ouvert à toutes les parties que pourront être discutées les futures institutions étatiques du Soudan du Sud et que seront réglés les différends entre les parties au conflit, a-t-il dit. 

Il a assuré le Conseil de sécurité et Mme Keita de la poursuite de la participation active de l’Ukraine aux activités « au service de la paix et pour protéger les civils » de la MINUSS. 

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué la prise du décret du Président Salva Kiir pour que les opérations humanitaires puissent être conduites sans entraves.  Toutes les parties au conflit doivent respecter cette décision importante, a-t-il demandé, avant d’inviter instamment tous les groupes qui ne l’ont pas encore fait à participer aux consultations tenues par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en vue de la tenue du forum de revitalisation. 

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