La Sous-Secrétaire générale au maintien de la paix souligne devant le Conseil de sécurité la nécessité d’améliorer la situation humanitaire au Soudan du Sud
Le règlement du conflit au Soudan du Sud et l’amélioration de la situation humanitaire dans plusieurs régions du pays passent par la pleine mise en œuvre de l’accord de paix de 2015 et par l’acheminement « sans entrave » des travailleurs humanitaires aux populations dans le besoin. Tel est le message que la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, Mme Bintou Keita, a délivré avec gravité, ce matin, devant le Conseil de sécurité.
Mme Keita n’a pu masquer sa consternation quand elle a relevé une augmentation des agressions contre les travailleurs humanitaires alors qu’environ six millions de personnes, soit la moitié de la population sud-soudanaise, sont en proie à la faim, près de deux millions d’entre elles étant « au bord de la famine ».
« Sur les plus de 200 incidents visant des acteurs humanitaires survenus en septembre et en octobre, près de 100 ont été attribués à des acteurs étatiques », a-t-elle signalé. Elle a également rappelé qu’en 2017, pas moins de 19 travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.
Pour Mme Keita, toutes les parties doivent respecter le cessez-le-feu décrété unilatéralement par le Président Salva Kiir en mai dernier pour que puisse se tenir un dialogue national transparent et réellement inclusif. Ce premier préalable à une amélioration de la situation sécuritaire et humanitaire doit en effet ouvrir la voie à la poursuite du dialogue de réconciliation nationale, complément indispensable, a-t-elle dit, « à la réussite de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) ».
Mme Keita a averti que de nouveaux affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan et les forces pro-Riek Machar de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, et entre ces dernières et des éléments du Front de salut national de Thomas Carillo, feraient de nouvelles victimes civiles, provoqueraient de nouveaux déplacements, et, par conséquent, rendraient vaine toute recherche concertée d’une issue politique à la crise.
L’Éthiopie, qui préside l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en charge de la préparation du forum de revitalisation, n’a pas dit autre chose. Son représentant a considéré que les conditions sont réunies pour rapprocher les points de vue au sein du forum, les recommandations qui y seront examinées pour sortir de la crise étant actuellement discutées à Abidjan par le Conseil des ministres de l’IGAD.
« Le succès du forum et le règlement des problèmes du Soudan du Sud dépendront avant tout de la volonté des parties au conflit », a-t-il insisté.
L’Italie, pays qui préside le Conseil ce mois-ci, a précisément invité tous les groupes qui ne l’ont pas encore fait à participer aux consultations tenues par l’IGAD « afin que le forum de revitalisation puisse avoir lieu et déboucher sur des résultats concrets ».
« Nous avons besoin d’actes et non de promesses », a renchéri la représentante des États-Unis. Mme Nikki R. Haley, qui s’est rendue récemment dans le pays, a exhorté les autorités sud-soudanaises à faire respecter la cessation des hostilités, à donner un nouveau souffle aux processus de paix et à protéger les civils en laissant la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) faire son travail.
De son côté, la Chine, qui a rappelé qu’elle est un des principaux fournisseurs de troupes de la Mission, a réagi aux propos de la délégation américaine en estimant que les autorités du Soudan du Sud méritent le respect de la communauté internationale, laquelle doit continuer à les aider « à tenir les rênes du processus politique ».
Dans son intervention, Mme Keita a annoncé que le déploiement de la force de protection régionale, qui dépend de la MINUSS, serait achevé d’ici à la fin de l’année.
RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SOUDAN ET DU SOUDAN DU SUD
Déclarations
Mme BINTOU KEITA, Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix, a indiqué que le déploiement de la force de protection régionale se poursuivait, les bataillons d’infanterie rwandais et éthiopiens étant sur place et l’affrètement des équipements logistiques de ces contingents devant être achevé d’ici la fin de l’année.
Mme Keita a noté avec satisfaction la coopération technique ayant prévalu entre les composantes de la force et le Gouvernement du Sud-Soudan, avant d’ajouter que la bonne conduite de ces opérations était assombrie par le constat que « les autorités nationales continuent d’entraver les activités de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) ».
Elle a ainsi souligné que la situation sécuritaire dans le pays demeure « précaire », l’arrivée de la saison sèche, qui facilite la circulation des personnes, pouvant être propice à une escalade des violences, cela dans un contexte où le Gouvernement sud-soudanais s’obstine à vouloir imposer sa domination militaire sur les groupes d’opposition armés.
Mme Keita a averti que des nouvelles offensives militaires saperaient gravement le processus politique en cours, feraient de nouvelles victimes civiles et provoqueraient de nouveaux déplacements. Elle a par ailleurs indiqué qu’au cours des dernières semaines, la situation dans les Équatorias était restée également très volatile, marquée en particulier par des affrontements entre l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS) et les forces pro-Riek Machar de l’Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition, et des combats entre ces dernières et des éléments du Front de salut national de Thomas Carillo.
Dans ce contexte, elle a indiqué que, le 26 octobre, la MINUSS avaient porté secours à des travailleurs humanitaires de Kuerguini, dans l’est du Haut-Nil, pris dans des échanges de tirs entre l’APLS et les forces pro-Machar. Le lendemain, la Mission a facilité l’exfiltration, des localités de Nimmi à Nyathol, de 13 autres travailleurs humanitaires et de deux enfants, a-t-elle ajouté.
Mme Keita a en outre déploré qu’en dépit des assurances données au plus haut niveau par le Gouvernement, les patrouilles de la MINUSS aient continué de faire l’objet de « véritables harcèlements » et que la liberté de circulation des spécialistes des droits de l’homme ne soit toujours pas garantie. Les obstructions de fait à la Mission l’empêchent d’honorer pleinement son mandat de protection des civils, a-t-elle constaté.
Après avoir exhorté le Conseil de sécurité à exercer la pression requise sur le Gouvernement pour qu’il respecte ses obligations en vertu de l’Accord sur le statut des forces, elle s’est attardée sur la situation humanitaire, qu’elle a qualifiée de « catastrophique ».
Elle a notamment indiqué qu’environ six millions de personnes, soit la moitié de la population sud-soudanaise, étaient en proie à la faim, près de deux millions d’entre elles étant « au bord de la famine ». À cet égard, elle s’est dite consternée par l’augmentation du nombre d’agressions dont sont victimes les travailleurs humanitaires: « sur les plus de 200 incidents survenus en septembre et en octobre, près de 100 ont été attribués à des acteurs étatiques », a-t-elle précisé. Elle a également rappelé, qu’en 2017, pas moins de 19 travailleurs humanitaires ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.
Concernant le processus politique, la Sous-Secrétaire générale aux opérations de maintien de la paix a réitéré l’importance, pour la communauté internationale, de la poursuite du dialogue de réconciliation nationale, qui, a-t-elle dit, « est le complément indispensable à la réussite de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) ».
Selon elle, si ce dialogue a lieu en toute transparence et de manière réellement inclusive, il pourra devenir un instrument utile dans le cadre duquel appréhender de façon approfondie les causes sous-jacentes à la violence intercommunautaire et d’autres freins à la paix.
Évoquant les préparatifs du forum de revitalisation de haut niveau de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), elle a déclaré qu’à ce stade, les groupes consultés lors des discussions préparatoires s’étaient dits prêts à participer activement et de bonne foi à cette rencontre.
Les recommandations qui seront soumises lors du forum sont présentées et débattues actuellement à Abidjan par le Conseil des ministres de l’Autorité, a-t-elle indiqué.
« Je connaissais les chiffres avant de me rendre au Soudan du Sud en octobre, mais rien ne m’avait préparé aux souffrances que j’ai observées sur place », a déclaré Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis). Elle a décrit une « population affreusement vulnérable, des familles qui mangent à même le sol, des femmes violées dans les camps, des maris tués, des bébés enlevés et assassinés ». « Ce qui m’a le plus choquée, c’est la graine de la haine plantée dans les générations à venir » a précisé la représentante, qui s’est inquiétée du sort des enfants sans éducation qui vont grandir dans le ressentiment. « Nous devrons faire face à ces conséquences plus tard », a ajouté Mme Haley.
Elle a indiqué qu’elle avait montré des photos au Président Salva Kiir, que ce dernier n’avait pas nié la situation, mais qu’il ne suffisait pas de reconnaître le problème. « Le Gouvernement est responsable au premier chef des viols, des tortures, et c’est à lui qu’il revient de mettre fin aux souffrances.
Le Président Kiir a fait des promesses, mais à l’avenir, les États-Unis jugeront ce gouvernement à l’aune des actions et pas des mots. « Nous avons besoin d’actes et non de promesses. » Le Président doit faire respecter la cessation des hostilités, donner un nouveau souffle aux processus de paix et saisir l’occasion fournie par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
Mme Haley a également appelé à reconsidérer les parties de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) qui ne fonctionnent pas, à protéger les civils et à autoriser la MINUSS à faire son travail. « Les forces gouvernementales stoppent les patrouilles, empêchent la MINUSS d’entrer dans le pays, le personnel est harcelé, menacé, voire agressé physiquement. »
Le Gouvernement a empêché les Casques bleus d’apporter l’aide aux personnes qu’ils doivent protéger » a dénoncé la représentante, qui a averti que son pays était prêt à envisager « des mesures supplémentaires » si le Gouvernement n’agit pas.
Elle lui a à nouveau demandé de déposer les armes, de mettre fin au harcèlement contre la MINUSS, de revenir à la table des négociations de l’IGAD. Elle s’est dite encouragée par les discours du Gouvernement mais a précisé que seules les actions en prouveront l’authenticité.
« Les Sud-Soudanais veulent juste vivre une vie normale. Les enfants souhaitent tous aller à l’école. Tous ont répondu la même chose. Le plus remarquable, ce sont ces mères menacées mais qui voient l’avenir de leurs enfants détruit par la guerre et le chaos. Pour ces mères, nous devons exiger des résultats. »
M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a salué les progrès réalisés dans le cadre du forum de revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), que son pays préside. Toutefois, il a estimé que l’arrêt des hostilités était la première condition pour éviter une dégradation de la situation humanitaire, déjà « critique ». L’acheminement de l’aide humanitaire devrait être facilité par l’entrée en vigueur du décret pris par le Président Salva Kiir, a-t-il ajouté.
L’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix) est le seul moyen de mettre un terme au conflit, a-t-il encore souligné, avant d’assurer le Conseil de sécurité du plein engagement de son pays à contribuer au rétablissement de la paix et de la sécurité au Soudan du Sud.
Selon lui, les conditions sont réunies pour rapprocher les points de vue au sein du forum. Pour cela, a-t-il dit, le soutien de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, est indispensable pour que les efforts positifs en cours soient suivis d’effets.
Le succès du forum et le règlement des problèmes du Soudan du Sud dépendront avant tout de la volonté des parties au conflit, a-t-il insisté.
M. KORO BESHO (Japon) a rappelé qu’entre octobre et fin novembre 2017, 4,8 millions de personnes, soit environ 45% de la population, souffrent d’insécurité alimentaire aigue. C’est 1,4 million de personnes de plus que l’an dernier à la même époque, a déploré le représentant, qui a annoncé que le nombre de Sud-Soudanais contraints à fuir leur pays pourraient franchir la barre des trois millions fin 2018, si les conditions d’insécurité actuelles persistent.
Le Japon a ensuite dénoncé les violations de l’Accord sur le statut des forces entre l’ONU et le Gouvernement de la République du Soudan du Sud concernant la MINUSS.
Le 9 novembre, le Président Salva Kiir a exigé qu’un accès sans entraves soit accordé à des convois humanitaires, et son gouvernement a maintenant la responsabilité de mettre en œuvre cette décision, a souligné le délégué.
Un processus politique inclusif, y compris le dialogue national, est le seul moyen de parvenir à une solution au conflit en cours dans le pays, a estimé M. Bessho, en apportant son soutien au forum de revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Il a exhorté les parties à tirer le meilleur parti de cette enceinte régionale.
M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que son pays n’avait pas cessé de faire part de son désespoir face aux grandes souffrances du peuple sud-soudanais. « Les parties au conflit, y compris le Gouvernement, continuent de lancer des offensives contre le peuple. Il faut montrer que la communauté internationale va agir de concert pour la paix même si le Gouvernement ne le fait pas. »
Il a loué le décret pour un accès humanitaire sans entrave, en espérant que l’aide atteindra les personnes dans le besoin. Le délégué s’est cependant dit très préoccupé par le fait que la MINUSS soit restreinte dans ses mouvements, pointant également le harcèlement et les attaques contre son personnel. « Cela doit cesser sur le champ. Les coupables seront jugés pour leurs actions et pas sur leurs déclarations ».
Pour lui, il s’agit de la dernière chance pour le Gouvernement, qui doit montrer qu’il se soucie de la paix et de son pays. Décrivant l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) comme la lueur d’espoir, il s’est également félicité du « communiqué très bien formulé de l’Union africaine » et a appelé la communauté internationale à utiliser « toute la palette à sa disposition » pour résoudre la situation.
Citant à nouveau le communiqué de l’Union africaine, il a répété qu’il s’agit d’une dernière chance pour le Gouvernement sud-soudanais et qu’il y aura des conséquences s’il n’y a pas de coopération. Le représentant s’est également dit préoccupé par le projet d’organiser des élections l’année prochaine. « Les conditions ne pourront pas être réunies, et cela peut provoquer davantage de conflit. » Il a demandé de réviser le calendrier de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix).
En conclusion de son intervention, il a, à nouveau, appelé les dirigeants sud-soudanais à mettre fin à la violence, à participer à l’IGAD, et les a sommés d’arrêter de bloquer la MINUSS et de s’en prendre aux travailleurs humanitaires et à la population.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a exprimé sa préoccupation face à la détérioration de la situation au Soudan du Sud, la crise humanitaire, de sécurité et économique ne montrant aucun signe d’amélioration tangible. Il a regretté que le cessez-le-feu ne soit pas pleinement respecté et que la persistance des affrontements ne favorise guère les conditions nécessaires à un dialogue réel.
Il a déploré l’absence « évidente » de volonté et de leadership politiques. Il a réaffirmé, en conséquence, que toute solution durable au conflit doit obligatoirement passer par un processus politique viable et un dialogue inclusif conduisant à l’application de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix).
M. Llorentty Solíz a également estimé que les efforts des organisations régionales sont « fondamentaux » et devraient compter sur le soutien de la communauté internationale mais dépendent principalement de l’engagement du Gouvernement et de tous les groupes de l’opposition. À cet égard, il a insisté sur le fait que le forum de revitalisation de haut niveau est la seule initiative concrète qui soit, que les consultations de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) avec toutes les parties impliquées est « un bon signe ».
Il a espéré que la prochaine réunion extraordinaire du Conseil des ministres de l’IGAD conviendra des détails supplémentaires quant aux modalités, à la structure et à l’organisation du forum. Il a salué, en outre, les progrès dans le déploiement du corps de bataillons de la force de protection régionale et relevé une coopération accrue de la part du Gouvernement.
La présence de cette force permettra à la MINUSS d’élargir la sienne dans d’autres zones du conflit où la protection des civils et l’assistance humanitaire sont vitales à l’heure actuelle, a-t-il conclu.
M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a déploré la situation au Soudan du Sud, l’imputant aux responsables politiques, qui ont placé leurs ambitions personnelles pour le pouvoir au-dessus des besoins de leur peuple.
D’accord avec ce que la Commission mixte de suivi et d’évaluation a préconisé le 20 novembre pour revitaliser l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), M. Bermúdez Álvarez a insisté sur trois conditions urgentes: l’établissement d’un cessez-le-feu total et permanent pour tous les groupes armés; un processus politique inclusif, transparent et avec des garanties réunissant toutes les parties; et un plan d’action pour faire face à la grave situation humanitaire, permettant l’accès sans restriction de l’assistance.
Pour l’Uruguay, la prochaine convocation d’un forum de haut niveau pour la revitalisation de l’accord de paix de 2015 par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) représente une chance unique de relancer le processus politique au Soudan du Sud et d’ouvrir la voie à l’organisation d’élections démocratiques à l’issue de la période de transition.
Il est essentiel que les Nations Unies et l’Union africaine soutiennent cette initiative et parlent d’une seule voix, a ajouté M. Bermúdez Álvarez. Il a par ailleurs déploré les restrictions imposées à la MINUSS, réitérant que les États ne peuvent pas unilatéralement empêcher le fonctionnement normal d’une mission.
Le Conseil de sécurité a la responsabilité d’exiger des pays hôtes le respect total des termes des accords sur le statut des forces de maintien de la paix, a-t-il conclu.
M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a exigé la cessation immédiate, par toutes les parties, « le Gouvernement et les groupes armés », des hostilités, condition sine qua non d’un processus politique véritable. À cet égard, il a estimé que le forum de revitalisation de haut niveau de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) constitue une « fenêtre d’opportunité » unique pour relancer le processus de paix.
Pour le représentant, il est maintenant « impératif » que ce forum ait lieu dans les meilleurs délais, et soit transparent et inclusif, et compte avec la pleine participation des femmes et de la société civile. Selon la délégation, un dialogue national, à l’appui de la mise en œuvre de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), ne sera crédible que si cesse la violence.
Alarmé par la détérioration de la situation humanitaire, le représentant s’est dit également préoccupé par les informations selon lesquelles l’accès aux vivres est utilisé comme moyen d’atteindre des objectifs militaires.
Il a espéré, en conclusion, que l’établissement du Tribunal hybride dissuadera la commission de crimes atroces à l’avenir.
Regrettant de ne pas avoir entendu l’Envoyé spécial de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), en réunion à Abidjan, M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a estimé que le seul moyen de stabiliser la situation était de lancer un processus inclusif de réconciliation nationale. « Il est injuste de continuer à accuser uniquement Djouba pour les actes de violence. Djouba a parcouru une partie du chemin, l’opposition doit aussi faire des efforts. Au lieu de cela, nous observons des tentatives de contre-attaques avant les pourparlers à Addis-Abeba. »
Pour le délégué russe, l’embargo sur les armes ne permettra pas de débloquer la situation. Il s’est dit satisfait du déploiement de la force de protection régionale « qui doit se poursuivre en respectant la souveraineté du pays ».
Le représentant a demandé au Soudan du Sud d’appuyer ce déploiement de la force régionale et a également espéré que le forum de l’IGAD sera couronné de succès. Il s’est aussi félicité des efforts pour rapprocher l’opposition en novembre au Caire. « Il faut préserver l’unité des démarches des puissances régionales en matière de règlement du conflit, et il ne peut y avoir de concurrence à cet égard. »
Il a jugé le rapport du Secrétaire général très équilibré, mais a regretté que la plupart des informations qu’il contient aient déjà été présentées au Conseil. « Le déploiement de la force de protection régionale doit nous faire réfléchir à la fréquence des rapports, afin d’améliorer l’efficacité du travail du Conseil. »
Mme ANNE GUEGUEN (France) a réaffirmé le plein soutien de son pays au forum de revitalisation qui a constitué une étape significative pour relancer l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), garant de la stabilisation du Soudan du Sud. Elle a par la suite salué les consultations qui ont été menées avec les différentes parties pour mettre en place un processus inclusif.
Estimant essentiel que des avancées substantielles soient constatées d’ici la fin de l’année, la déléguée a insisté pour que le Conseil de sécurité, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine s’engagent de bonne foi dans ce processus pour dégager rapidement des modalités de mise en œuvre de l’accord de paix.
« Dans le cas contraire, nous devrons envisager l’imposition de sanctions individuelles contre ceux qui feraient obstacle à ce processus », a-t-elle prévenu.
Mme Gueguen a ensuite appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour soutenir la population du Soudan du Sud qui souffre de l’insécurité et de conditions humanitaires catastrophiques. À cet égard, elle a condamné fermement toute entrave à la MINUSS et aux travailleurs humanitaires et exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à respecter ses engagements au titre de l’accord sur le statut des forces et sur le déploiement de la force de protection régionale.
« La communauté internationale doit être prête à prendre toutes les mesures pouvant conduire à la réduction de la violence, a-t-elle lancé. La mise en place d’un embargo sur les armes y contribuerait. » Rappelant que la paix durable implique que les crimes contre les droits de l’homme ne restent pas impunis, et se disant particulièrement inquiète à la lecture d’informations concernant des exactions qui auraient été commises à Wau et dans des zones du Haut-Nil, elle a conclu en soulignant que l’établissement de la cour hybride prévue par l’accord de paix contribuerait à lutter contre les exactions commises.
M. IHAB MOUSTAFA AWAD (Égypte) a notamment estimé que la situation décrite par Mme Keita confirme qu’il n’y a pas d’autre issue à la crise au Soudan du Sud que l’instauration d’une paix durable, « conclue sur la base de l’accord de paix de 2015 ». Le processus politique et de paix passe par le renforcement de la MINUSS et nécessite que soit préparé dès maintenant le rôle que devra tenir cette dernière au cours de la période de transition, a-t-il aussi déclaré.
Le représentant a plaidé pour la poursuite des efforts « d’unification des parties » en cours, lesquels détermineront l’avenir du Soudan du Sud en tant que nation africaine.
Le délégué a d’autre part indiqué que la déclaration signée au Caire le 16 novembre, à l’initiative de l’Égypte et de l’Ouganda, entre gouvernement et d’anciens détenus découlait de l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix). Cette initiative, a-t-il dit, est un pas en avant dans la bonne direction, celle qui devra mener à l’élaboration d’un plan de reconstruction global de l’État sud-soudanais.
M. GORGUI CISS (Sénégal) a appelé toutes les parties à permettre un accès libre et sans entrave des acteurs humanitaires aux populations civiles dans le besoin. Il a exhorté à cet égard le Gouvernement provisoire d’union nationale en République du Soudan du Sud à assumer ses responsabilités pour assurer la protection des civils et la sécurité des travailleurs humanitaires.
Le représentant a lui aussi insisté sur le fait que le règlement du conflit au Soudan passe par une solution politique et négociée. Sur ce point, il a apporté son soutien au forum de revitalisation de haut niveau « pour rassembler les deux parties à l’Accord sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud (l’accord de paix), et salué la décision de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) d’effectuer « sans délai » une mise à jour sur les progrès accomplis dans la préparation de cette rencontre.
Pour M. ZHANG DIANBIN (Chine), les autorités du Soudan du Sud se sont attachées à promouvoir le développement économique, mais la sécurité reste précaire et la communauté internationale doit insister pour que le Gouvernement fasse avancer le processus politique.
Il a salué les nombreux efforts pour faciliter les pourparlers, dont ceux de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), et a demandé à la Communauté internationale de la soutenir, de faciliter la médiation, et de parler d’une seule voix pour faciliter les efforts menant à un accord politique.
Le représentant a aussi demandé de respecter les autorités du Soudan du Sud et de les motiver pour tenir les rênes de ce processus, tout en encourageant toutes les parties à participer au processus de réconciliation.
Il a noté le rôle important joué par la MINUSS dans l’assistance pour la reconstruction, rappelant que la Chine était un des principaux pays fournisseurs de contingents et assurant que son pays continuerait à aider la Mission à assumer son mandat.
M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) s’est dit préoccupé par les affrontements qui perdurent, accroissent l’insécurité alimentaire et augmentent le nombre de déplacés internes et de réfugiés. Pour le représentant, la situation humanitaire va continuer à se dégrader durant la période sèche.
Il a cependant dit son espoir que le récent décret présidentiel permettra d’acheminer l’aide humanitaire. Il s’est dit également en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix, « seule solution viable au conflit ».
Le représentant a salué les efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour organiser le forum de revitalisation, mais a précisé que les efforts politiques devaient s’accompagner d’un travail sur les causes profondes du conflit.
Il a appelé à déployer une stratégie basée sur la promotion de l’éducation, l’accès aux soins de santé, la protection du secteur agricole, dont l’élevage du bétail, et le renforcement des moyens de subsistance. Pour lui, il n’y aura pas de progrès sans implication des jeunes et des femmes. « Il faut les associer à ces efforts à tous les niveaux. »
M. YURIY VITRENKO (Ukraine) a estimé essentiel que le cessez-le-feu décrété par le Président Salva Kiir soit respecté, et que le processus politique devienne inclusif. C’est dans le cadre d’un dialogue national ouvert à toutes les parties que pourront être discutées les futures institutions étatiques du Soudan du Sud et que seront réglés les différends entre les parties au conflit, a-t-il dit.
Il a assuré le Conseil de sécurité et Mme Keita de la poursuite de la participation active de l’Ukraine aux activités « au service de la paix et pour protéger les civils » de la MINUSS.
M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a salué la prise du décret du Président Salva Kiir pour que les opérations humanitaires puissent être conduites sans entraves. Toutes les parties au conflit doivent respecter cette décision importante, a-t-il demandé, avant d’inviter instamment tous les groupes qui ne l’ont pas encore fait à participer aux consultations tenues par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en vue de la tenue du forum de revitalisation.