En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée générale élit la quatrième Présidente de son histoire, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur

soixante-douxième session,
92e séance – matin
AG/12022

L’Assemblée générale élit la quatrième Présidente de son histoire, Mme Maria Fernanda Espinosa Garcés, de l’Équateur

L’Assemblée générale a élu, ce matin, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, Ministre des affaires étrangères de l’Équateur, à la présidence de sa soixante-treizième session, qui démarrera le 18 septembre 2018.  Mme Espinosa Garcés devient ainsi la quatrième femme élue à ce poste depuis la création des Nations Unies, il y a 73 ans.  

Mme Espinosa Garcés l’a emporté par 128 voix, contre 62 voix à Mme Mary Elizabeth Flores Flake, Représentante permanente du Honduras auprès des Nations Unies.   

« Je voudrais dédier cette élection à toutes les femmes du monde qui participent aujourd’hui à la vie politique et qui sont confrontées à des attaques politiques et médiatiques marquées par le machisme et la discrimination », a déclaré la nouvelle Présidente qui succède au Ministre slovaque des affaires étrangères, M. Miroslav Lajčák.  

L’Assemblée générale a aussi nommé ses 21 vice-présidents et composé les bureaux de six grandes commissions.

Sa nouvelle Présidente a rendu hommage aux femmes qui luttent chaque jour pour l’égalité devant l’emploi; aux femmes et aux filles victimes de la violence; aux filles et aux adolescentes qui réclament l’accès à une éducation de qualité.

Mme Espinosa Garcés a réitéré son engagement à agir « en tant que facilitateur impartial, objectif et ouvert »: « Je vais promouvoir toutes les actions qui sont à ma portée, afin que l’Assemblée joue un rôle central dans la réalisation des objectifs de développement durable », a-t-elle assuré. 

La Présidente élue s’est aussi engagée à soutenir les initiatives du Secrétaire général de l’ONU.  « Justement, l’un de mes plus grands défis sera d’accompagner les États dans la mise en œuvre des réformes du système des Nations Unies. »  Selon elle, le renforcement du multilatéralisme n’est pas une option, c’est une obligation.  Par conséquent, a-t-elle conclu, il est urgent que les Nations Unies démontrent leur capacité de répondre aux principaux défis mondiaux et que l’Organisation soit plus proche des citoyens.   

Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a commencé par saluer le travail accompli par le Président sortant de l’Assemblée générale M. Miroslav Lajčák, de la Slovaquie, dont l’adoption, la semaine dernière, de la résolution historique sur la réforme et le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.

Hormis la grande expérience de Mme Espinosa Garcés, cette élection, a-t-il estimé, est « un excellent choix » pour une autre raison: 12 ans se sont écoulés depuis l’élection d’une femme à ce poste et il faut remonter plusieurs décennies pour trouver deux autres femmes à la tête de l’Assemblée générale.  

Mmes Sheikha Haya Rashed Al-Khalifa, du Bahreïn, Angie Brooks, du Libéria, et Vijaya Lakshmi Pandit, de l’Inde, ont été respectivement Présidentes des soixante et unième, vingt-quatrième et huitième sessions de l’Assemblée générale.

Le Secrétaire général a souhaité que la décision d’aujourd’hui, qui témoigne de l’apport continu de l’Amérique latine et des Caraïbes au renforcement de l’action de l’ONU, permette d’accélérer les progrès vers la parité des sexes au sein de l’Organisation et au-delà.

Au sein de cette Assemblée, nous formons une communauté qui a un rôle important à jouer pour trouver des solutions à des défis complexes, qu’il s’agisse des conflits, des inégalités croissantes ou des changements climatiques, a rappelé M. Guterres, en assurant Mme Espinosa Garcés de son soutien. 

Les Présidents des cinq groupes régionaux de l’Assemblée générale ont salué le travail accompli par le Président Lajčák, avant de souhaiter plein succès à la Présidente élue.

En outre, conformément à la pratique, un tirage au sort a été effectué par le Secrétaire général, attribuant au Mali le siège au premier rang de la salle de l’Assemblée générale à partir duquel seront disposés les autres États, par ordre alphabétique anglais.

Les 21 vice-présidences de l’Assemblée seront occupées, comme le veut le règlement, par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité à savoir la Chine, les États-Unis, la Fédération de Russie, la France et le Royaume-Uni.  Les 16 autres sont l’Algérie, le Burkina Faso, la Gambie, la Namibie, la République démocratique du Congo et le Soudan, pour le Groupe des États d’Afrique; le Cambodge, Chypre, l’Iraq, le Japon et le Qatar, pour le Groupe des États d’Asie; l’Ukraine, pour le Groupe des États d’Europe de l’Est ; Guyana et Panama, pour le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes; Saint-Marin et l’Espagne, pour le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

ÉLECTION DES PRÉSIDENTS ET DES BUREAUX DES GRANDES COMMISSIONS POUR LA SOIXANTE TREIZIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Les bureaux des six grandes commissions de l’Assemblée générale ont été constitués par acclamation. 

Première Commission

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, sera présidée par M. Ion Jinga, de la Roumanie, avec Mme Marissa Edwards, du Guyana, comme Vice-Présidente.  Les deux autres postes de vice-présidents, qui reviennent au Groupe des États d’Afrique et au Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, seront pourvus à une date ultérieure.  Le poste de Rapporteur a été attribué à Mme Muna Zawani Md Idris, de Brunei Darussalam.

Deuxième Commission

La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, sera présidée par M. Jorge Skinner-Kleé Arenales, du Guatemala, tandis que les Vice-Présidents seront Mme Hessa Muneer Mohammed Rashed AlAteibi, des Émirats arabes unis, et M. Cedric Braquetti, de Monaco.  Le troisième poste de vice-président, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvu à une date ultérieure.  Mme Anneli Lepp, de l’Estonie, a été élue Rapporteure.  

Troisième Commission

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sera présidée par M. Mahmoud Saikal, de l’Afghanistan, avec comme Vice-Présidents MM. Martin Kováčik, de la Slovaquie, et Edgar Andrés Molina Linares, du Guatemala.  Le troisième poste de vice-président, qui revient au Groupe des États d’Afrique, sera pourvu à une date ultérieure.  Mme Katharina Konzett-Stoffl, de l’Autriche, a été élue Rapporteure.

Quatrième Commission

M. Lewis Garseedah Brown II, du Libéria, a été élu Président de la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation.  MM. Faisal Nasser M. Alhakbani, de l’Arabie saoudite, Dániel Goldea, de la Hongrie, et Michael O’Toole, de l’Irlande, ont été élus Vice-Présidents.  M. Luis Mauricio Arancibia Fernández, de la Bolivie, a été élu Rapporteur.

Cinquième Commission

La Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, a élu Mme Gillian Bird, de l’Australie, comme Présidente, et MM. Haseeb Gohar, du Pakistan, Andre Lipand, de l’Estonie, et Fabio Esteban Pedraza Torres, comme Vice-Présidents.  Le poste de Rapporteur, qui revient au Groupe des États d’Europe de l’Est, sera pourvu à une date ultérieure.

Sixième Commission

Enfin, les travaux de la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, seront présidés par M. Michel Xavier Biang, du Gabon, avec comme Vice-Présidents Mme Maria Angela Ponce, des Philippines, Mme Barbara Kremžar, de la Slovénie, et M. Patrick Luna, du Brésil.  Mme Nadia Alexandra Kalb, de l’Autriche, a été élue Rapporteure.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Lancement de la troisième édition du Forum multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation du développement durable

Forum de collaboration multipartite - matin & après-midi
ECOSOC/6925

Lancement de la troisième édition du Forum multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation du développement durable

La science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, c’est ce qu’examinait aujourd’hui le troisième Forum de collaboration multipartite sur ce thème, réuni pendant deux jours pour partager des expériences et envisager des solutions.  L’idée est de relier les progrès dans ces domaines à l’objectif de « ne laisser personne de côté », le leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme l’a expliqué la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marie Chatardova.

Cette session se déroule au lendemain du lancement, hier à Gebze (Turquie), de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, un processus qui concrétise la cible 17.8 des objectifs de développement durable.  

À cette occasion, la Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a assuré les États Membres et toutes les parties prenantes que le système des Nations Unies est déterminé à favoriser leur accès à la connaissance et aux nouvelles technologies.   

Le Forum, qui va se tenir jusqu’en 2030, s’inscrit dans le cadre du Mécanisme de facilitation des technologies, un processus découlant du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030.  Le Mécanisme démontre que les États Membres ont reconnu l’importance fondamentale du secteur « science, technologie et innovation » pour la réalisation du développement durable, a remarqué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin.

L’économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales, M. Elliott Harris, a d’ailleurs présenté les 200 pages de conclusions initiales du Mécanisme, avant que les nouveaux membres du Groupe d’experts chargé d’appuyer le travail du Mécanisme se présentent au Forum en détaillant chacun leurs spécialités et priorités.

L’objectif du Forum est d’identifier les besoins technologiques, notamment en termes de coopération scientifique, d’innovation et de renforcement de capacités, a expliqué la Présidente de l’ECOSOC.  De son côté, M. Zhenmin a précisé que le Forum se veut un espace de collaboration, de promotion des réseaux, de discussions et de partenariats.  Car la science a toujours transcendé les frontières, a commenté la Ministre d’État pour les sciences avancées des Émirats arabes unis.

Le Groupe des 77 et la Chine a vu le Forum comme une plateforme d’échanges entre les pays développés et les pays en développement.  Il a mis l’accent sur l’utilisation de la science, la technologie et l’innovation dans cinq domaines d’action: le renforcement des services sociaux de base, le comblement du fossé numérique et technologique, le renforcement des capacités des pays en développement, les remèdes aux problèmes de structures technologiques de ces pays, et le développement, la diffusion et le transfert de technologies à leur égard à des conditions favorables.

Pour les pays les moins avancés (PMA), qui n’ont pas les capacités pour acquérir des technologies de pointe, il faut veiller à ce que la quatrième révolution numérique n’aboutisse pas à creuser le fossé technologique ni à des pertes massives d’emploi, ce que la robotisation et l’intelligence artificielle pourraient causer.  C’est justement une des conclusions du rapport du Mécanisme: avec les changements technologiques, de nouveaux emplois sont créés tandis que d’autres sont abolis.

Mais même si elles posent des risques d’effets négatifs à long terme, les nouvelles technologies représentent un grand potentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable dans tous les pays.  Cela ressort aussi des conclusions du Mécanisme qui sont le fruit de travaux de plusieurs experts et entités du système de l’ONU.  Car dans tout changement technologique, il y a des gagnants et des perdants, comme le confirment les écarts entre pays, entre hommes et femmes, entre groupes sociaux.

Parmi les autres conclusions du rapport du Mécanisme, il y a la nécessité de gérer les avantages et les inconvénients des nouveaux matériaux, des technologies numériques, bio, des nanotechnologies ou encore de l’intelligence artificielle, des outils qui offrent des promesses énormes pour l’eau à haute efficacité et les systèmes d’énergie renouvelable, mais qui consomment beaucoup d’énergie.  De même pour la cryptomonnaie qui consomme une grande quantité d’électricité.  Le Bitcoin, par exemple, a utilisé 68 kilowatts/heure d’électricité sur un an, ce qui représente la consommation de la République tchèque. 

Cette première journée de travaux du Forum a été rythmée par trois tables rondes qui ont examiné la science, la technologie et l’innovation en tant qu’outils au service des objectifs de développement durable relatif à l’eau et l’assainissement; aux modes de consommation et de productions durables; et à la protection de l’écosystème terrestre.

Plusieurs experts ont présenté des projets novateurs, comme FoPo Food Power, une farine faite à partir de fruits et légumes invendables et « SweetSense Remote Water Monitoring Plateform », un système de contrôle à distance de la qualité de l’eau.  On a aussi parlé de l’initiative « City tree » qui installe des panneaux de mousse dans les villes pour capturer les émissions de carbone, de la plateforme de covoiturage « blablacar.fr » ou encore du réseau « la ruche qui dit oui » qui relie producteurs durables et consommateurs.

Un avertissement a toutefois été lancé par une experte norvégienne: « notre fascination pour l’innovation nous a conduit à ignorer de plus en plus les connaissances des peuples autochtones en matière de gestion des écosystèmes ».  Raison pour laquelle l’UNESCO a lancé un programme qui cherche à pallier les pertes en biodiversité en s’appuyant sur les savoirs autochtones.

Le Forum poursuivra ses travaux demain, mercredi 6 juin, à partir de 10 heures.

FORUM SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION

Troisième Forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable

Thème: « La science, la technologie et l’innovation au service de sociétés viables et résilientes – Focalisation sur les ODD 6, 7, 11, 12 et 15 »

Déclarations liminaires

Pour la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme MARIE CHATARDOVA, de la République tchèque, nul ne peut ignorer aujourd’hui le rôle vital de la science, de la technologie et de l’innovation.  Ces domaines façonnent la trajectoire de développement des sociétés, aide le monde à faire face aux défis mondiaux et à réaliser les objectifs de développement durable, participant ainsi au caractère transformateur du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Présidente a cité en exemple les technologies de l’information et des communications qui ont littéralement transformé le tissu social et la vie économique de tous les pays en donnant un nouveau sens à la notion du village mondial.  Elle a aussi parlé des innovations et des produits de haute technologie qui ont aidé à combattre les maladies et contribuent à une vie plus saine, ainsi que des technologies utilisées pour fournir des services énergétiques modernes et qui ont la potentialité d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre.

      « La question qu’il faut se poser est de savoir comment pouvons-nous trouver des moyens pour encourager systématiquement de tels efforts et les relier aux populations vulnérables, notamment à ceux qui risquent le plus d’être laissés de côté? »  Mme Chatardova a rappelé que, justement, le Forum devait permettre de partager les idées, susciter une inspiration, trouver des solutions et passer à l’action.  Elle a insisté pour que les discussions permettent de trouver des solutions pratiques, en restant concentré sur les actions à mener sur le terrain.  Elle a aussi vanté les mérites de la coopération dans les domaines de la science, de la technologie et de l’innovation, qui non seulement est efficace mais aussi permet de décloisonner les disciplines et les différentes communautés.

      Les objectifs du Forum sont d’identifier et d’examiner les besoins et les fossés technologiques y compris en termes de coopération scientifique, d’innovation et de renforcement de capacités, a rappelé la Présidente qui a aussi souhaité voir faciliter le développement, le transfert et la dissémination des technologies pertinentes en faveur des objectifs de développement durable.  Le Forum doit donc aider à identifier les moyens et les solutions pratiques pour encourager la science, la technologie et l’innovation dans tous les pays.  Elle a conseillé d’examiner toute une panoplie de sources de savoir, non seulement les technologies de pointe et l’innovation mais aussi les connaissances et les expériences autochtones et traditionnelles.  Renforcer le dialogue entre les parties prenantes, promouvoir le partage d’idées et les réussites ainsi que suggérer de nouvelles initiatives et de nouveaux partenariats sont d’autres tâches importantes du Forum qui doit, en outre, renforcer davantage son rôle de facilitateur de transfert et d’échanges technologiques sur les nouvelles solutions.  Enfin, le Forum doit offrir un espace de travail pour le réseautage, pour de nouveaux partenariats et pour de nouvelles initiatives.  Le Forum lui-même est un incubateur d’idées, d’initiatives et d’actions. 

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI, Chef de Cabinet du Secrétaire général, a rappelé que le Mécanisme de facilitation des technologies vise à rassembler un vaste éventail de parties prenantes pour promouvoir les objectifs de développement durable grâce à la science, aux technologies et à l’innovation.  Les nouvelles technologies, telles que l’intelligence artificielle, la biotechnologie et la robotique, ont un immense potentiel qui peut être utilisé en vue de faire avancer la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle dit, en soulignant la nature transformatrice de ce Programme.  Mme Ribeiro Viotti a fait remarquer que les nouvelles technologies peuvent aggraver les inégalités, d’où la nécessité d’œuvrer en faveur de l’inclusion et la transparence, avec la mise en place de partenariats.  Le système onusien, a assuré Mme Viotti, est déterminé à apporter un appui renforcé aux États Membres en vue de favoriser leur accès à la connaissance et aux nouvelles technologies.  Le Mécanisme de facilitation a un rôle crucial à jouer à cet égard, a-t-elle déclaré en conclusion.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. LIU ZHENMIN, a souligné que ce Forum encourage le partage d’idées et les applications pratiques dans le domaine qui regroupe science, technologie et innovation.  C’est aussi un espace pour susciter une collaboration, des réseaux, des discussions et des partenariats, avec pour objectif d’exploiter la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Avec le Mécanisme de facilitation des technologies, lancé pour soutenir la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, les États Membres ont reconnu l’importance fondamentale de ces secteurs pour les objectifs de développement durable, a poursuivi M. Zhenmin qui a précisé d’ailleurs que la réunion d’aujourd’hui fait partie de ce mécanisme: elle réunit des experts, des praticiens et des participants qui ont prouvé que l’esprit d’innovation et de coopération est bien vivant.

Le Secrétaire général adjoint a rappelé que la priorité de son département est la coordination, la coopération et la cohérence au sein du système des Nations Unies pour atteindre les objectifs de développement durable.  Dans ce contexte, il a attiré l’attention sur l’importance de l’Équipe spéciale interinstitutions pour la science, la technologie et l’innovation, avant de mentionner aussi un autre aspect du Mécanisme, la plateforme en ligne, qui est une porte d’entrée pour les initiatives et programmes de science, de technologie et d’innovation.  Son développement permettrait de connecter les fournisseurs de solutions technologiques à ceux qui les recherchent, a déclaré M. Zhenmin en soulignant que « nous faisons des progrès constants sur ce front ».  Pour que la plateforme atteigne son plein potentiel, elle nécessite un financement durable et davantage de partenaires, a encore déclaré le haut fonctionnaire qui a sollicité le soutien de toutes les parties prenantes à cet égard. 

M. ANDREW KEEN, auteur du livre « Internet n’est pas la solution », a déclaré que la révolution numérique pouvait aggraver le risque que posent les technologies.  « Quand neuf multimilliardaires de la Silicon Valley sont plus riches que deux milliards d’individus, quelque chose cloche. »  Internet fait ressortir ce qu’il y a de pire en nous, a-t-il poursuivi.  À son avis, le scandale qui frappe actuellement Facebook n’est que la partie émergée de l’iceberg.  Il a dès lors plaidé pour une régulation ferme de l’Internet et souhaité que les grandes entreprises œuvrant dans ce domaine soient rendues responsables de leurs actions, en soulignant le rôle clef de l’Union européenne à cet égard.  « Nous devons travailler ensemble pour façonner la révolution numérique, afin qu’elle serve les intérêts de la population mondiale et non pas ceux de quelques milliardaires californiens », a conclu M. Keen. 

Mme NORIKO ARAI, professeur à l’Institut national d’informatique du Japon, a centré son intervention sur la « viabilité de la société numérique ».  Elle a relevé que, selon les géants de la technologie, tout le monde peut maintenant accéder à l’information de manière égale, grâce aux technologies de l’information.  « C’est en partie vrai », a-t-elle commenté en disant que même une fille qui grandit dans une zone rurale et qui subit une discrimination basée sur le sexe pourrait en pratique avoir accès à du matériel d’apprentissage, étudier dur et gagner une bourse pour la meilleure université.  Soulignant que de tels développements étaient inimaginables il y a 100 ans, elle a toutefois fait remarquer que le monde doit en même temps faire face au côté sombre du nouvel écosystème numérique: les 1% les plus riches de la population mondiale possèdent plus de la moitié de la richesse mondiale.  En d’autres termes, seules huit personnes détiennent la même richesse que la moitié de la population du monde.  « Ce n’est ni acceptable ni durable. »

Comment en est-on arrivé là?  C’est en partie à cause des plateformes numériques, a accusé Mme Arai.  Des plateformes qui ont créé des addictions et des monopoles.  La professeur a relevé que l’écosystème numérique mondial glisse facilement vers le monopole et que cela renforce le profit pour les gros employeurs.  Or les entreprises locales ne peuvent pas rivaliser avec les géants de l’informatique.  Mais, a-t-elle observé, il est difficile de sortir du système monopolistique informatique mondial, car les entreprises qui ont le monopole ont pour objectif le profit.  Elle a ajouté que l’avènement de l’intelligence artificielle ne fait qu’accélérer ce processus.  En conclusion, elle a appelé à agir pour modifier le système économique: il faut que l’intelligence artificielle nous aide et non le contraire. 

M. ERIC GARCETTI, Maire de Los Angeles, s’exprimant dans un message vidéo, a affirmé que sa ville est « l’une des plus vertes des États-Unis ».  Elle fait en effet partie d’une coalition de villes américaines déterminées à respecter l’Accord de Paris.  Ce réseau représente 70 millions d’Américains, a-t-il dit en lançant un appel: « Nous devons nous unir pour façonner un avenir durable. »

M. ARUN SUNDARAJAN, professeur à l’Université de New York (NYU), a souligné le rôle crucial des nouvelles technologies et des plateformes en ligne dans la vie quotidienne, tout en soulignant les dangers qu’elles posent s’agissant notamment du respect de la vie privée.  « Nous devons les réguler pour qu’elles soient plus transparentes », a-t-il déclaré. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MOHAMED OMAR MOHAMED GAD (Égypte) a fait part des préoccupations de son groupe face à l’élargissement du fossé technologique qui divise les pays du Nord et du Sud.  Il s’est aussi inquiété du manque de capacité des pays en développement et de l’insuffisance des infrastructures en particulier dans les pays africains, les petits États insulaires en développement, les pays à revenu intermédiaire, les pays encore sous le joug de la colonisation et les pays les moins avancés.  Le représentant a plaidé en leur nom pour un accès rapide, universel et abordable à la science, la technologie et l’innovation.  Il a insisté sur les transferts de technologies à des prix abordables et concurrentiels en faveur de ces pays.  Il a en outre réitéré l’appel des Ministres du Groupe des 77 et de la Chine, en 2017, afin que la plateforme en ligne puisse entrer en fonction le plus rapidement possible.

Pour le G77, il est essentiel d’utiliser le Forum comme une plateforme d’échanges entre les pays développés et les pays en développement.  Pour le groupe, il est important de mettre l’accent sur l’utilisation de la science, la technologie et l’innovation dans cinq domaines d’action: renforcer les services de base comme l’éducation et la santé, combler le fossé numérique et technologique, offrir une assistance technique et renforcer les capacités des pays en développement, remédier aux problèmes de structures technologiques des pays en développement, et aussi encourager le développement, la diffusion et le transfert de technologies à des conditions favorables.

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a souligné les investissements accrus des PMA dans les nouvelles technologies.  « Quatre personnes sur cinq dans ces pays ont un téléphone cellulaire. »  Il a néanmoins déclaré que les PMA n’ont pas les capacités pour acquérir des technologies de pointe.  La quatrième révolution numérique, avec la robotisation et l’intelligence artificielle, pourrait aboutir à des pertes massives d’emploi dans ces pays et creuser le fossé technologique, a-t-il averti, en appelant à la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030 pour y remédier.  Hier a été une journée historique pour les PMA avec le lancement, en Turquie, de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, s’est-il félicité avant de plaider pour un financement pérenne de cette Banque. 

Session 1: Débat interactif sur l’impact des changements technologiques rapides sur la réalisation des objectifs de développement durable

L’Économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales, M. ELLIOTT C HARRIS, qui est Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, a présenté les conclusions initiales du Mécanisme de facilitation des technologies sur l’impact des changements technologiques rapides sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Le rapport de 200 pages est la synthèse de 8 réunions et sessions tenues sous les auspices du Mécanisme, 10 rapports récents du système des Nations Unies, des apports de l’Équipe spéciale interinstitutions pour la science, la technologie et l’innovation et du Groupe des 10 membres, ainsi que de 39 dossiers sur les politiques en matière de science.  C’est donc le fruit des efforts d’acteurs multiples, a fait remarquer M. Harris en soulignant que cela illustre le pouvoir de rassemblement du Mécanisme.  Il a dit être également marqué par le fait que ces contributions viennent essentiellement de personnes de pays en développement et, pour près de la moitié, de femmes.  L’Économiste en chef a également souligné que ce document est là pour susciter un débat, les opinions émises n’étant pas toutes les mêmes. 

Un premier point mis en évidence dans le rapport est que les nouvelles technologies représentent un grand potentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable dans tous les pays.  « Les bénéfices attendus sont si grands que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas utiliser les technologies avec sagesse. »  En même temps, il y a des risques d’effets négatifs à long terme, car les changements technologiques n’ont jamais été neutres: il y a des gagnants et des perdants, comme le confirment les écarts entre pays, entre hommes et femmes, entre groupes sociaux.  Il nous faut donc agir de manière proactive, recommande le Mécanisme, ce à quoi l’ONU peut contribuer.

Un autre point porte sur le coût de plus en plus faible de la production automatisée et ses effets sur le développement.  À cela s’ajoute la montée de technologies comme l’impression en 3D et de l’intelligence artificielle.  La demande d’employés qualifiés diminue d’autant, a fait observer M. Harris.  Si ces progrès permettent d’élargir l’accès aux bénéfices des technologies, ils posent aussi des défis qui exigent un niveau extraordinaire de coopération internationale, a conclu le rapport.

L’impact sur le domaine de l’emploi est une autre constatation qui résulte des discussions avec le Mécanisme.  Avec les changements technologiques, de nouveaux emplois sont créés tandis que d’autres sont abolis.  Si la création d’emploi peut être supérieure à la perte d’emploi, ce phénomène crée quand même des difficultés qu’il faut surmonter.  M. Harris a précisé que, selon les prévisions pour les prochaines décennies, les ordinateurs et les robots pourraient à terme remplacer jusqu’à la moitié des emplois occupés par des humains.  Quelles que soient les conséquences, il faut y être préparé, a-t-il dit.

À ce sujet, il a remarqué que les pays doivent repenser et réorganiser la façon dont ils font correspondre l’offre de compétences avec les besoins en évolution des marchés, parlant non seulement des systèmes éducatifs mais aussi des processus d’apprentissage sur le long terme, ce qui va de pair avec la conception des systèmes de protection sociale.

Les nouveaux matériaux, les technologies numériques, bio, ou encore les nanotechnologies et l’intelligence artificielle offrent des promesses énormes pour l’eau à haute efficacité et les systèmes d’énergie renouvelable.  Et ce, quel que soit le niveau de développement des pays.  Cet aspect de la question a aussi intéressé les acteurs de la discussion qui ont évalué le coût sur l’environnement des systèmes d’intelligence artificielle à grande échelle qui nécessitent beaucoup d’énergie.  De même pour la cryptomonnaie qui consomme une grande quantité d’électricité.  Cela nous rappelle que des technologies qui paraissent surtout « virtuelles » peuvent en fait avoir une énorme empreinte indésirable.  On estime que Bitcoin à lui seul a consommé 68 kilowatts/heure d’électricité sur un an, ce qui représente la consommation de la République tchèque.  Une consommation en hausse: six fois plus qu’il y a un an.  L’augmentation de la consommation en électricité, cela veut dire plus de pollution, des déchets d’équipements électriques et électroniques et des déchets chimiques.  Il serait donc judicieux d’intégrer des considérations environnementales lors de la conception de nouveaux systèmes technologiques.

Nous devons améliorer nos connaissances et notre compréhension des problèmes lorsque nous élaborons des politiques, a poursuivi M. Harris, regrettant que cela ne soit pas encore vraiment le cas, surtout dans les pays en développement.  Une idée serait donc de forger les partenariats avec des universités, des laboratoires, des incubateurs d’innovation et des entités du secteur privé pour former un « laboratoire de découverte » ou un réseau d’« observatoires », capables de servir d’interface pour les décideurs politiques et ceux qui développent des technologies.  Cela permettrait d’échanger des informations en temps réel et de susciter l’engagement. 

Du côté des normes et de l’éthique, des appels se sont fait entendre pour faire en sorte que les innovations ne privent pas l’humanité de ses avantages.  Enfin, des appels ont aussi été entendus pour demander un engagement multisectoriel et multipartite, l’objectif étant d’arriver à une cohérence et à un dialogue entre les acteurs.  Le Mécanisme est particulièrement utile pour cela, a conclu M. Harris. 

Le Vice-Président de la Commission de la science et de la technique au service du développement, M. PETER MAJOR, a fait le point sur la vingt-et-unième session de la Commission, tenue en mai à Genève, qui a réuni des experts en matière de données, d’intelligence artificielle et de politique scientifique, technologique et d’innovation.  Les changements dans ces domaines ont eu un impact énorme sur la société, a noté M. Major.  Ils posent de nouveaux défis aux décideurs, risquent d’exacerber les divisions en termes de compétences techniques et de soulever des questions éthiques.  Les discussions ont porté notamment sur l’utilisation de nouvelles applications pour résoudre les embouteillages et sur l’amélioration de la santé publique grâce à la création de médicaments personnalisés.

Comme autre conclusion de la Commission, M. Major a dit que si les progrès technologiques pouvaient avoir un effet positif sur la réalisation des objectifs de développement durable, tous les impacts n’étaient pas connus.  Certains pourraient aboutir à l’élimination d’emplois ou avoir des conséquences négatives sur les femmes.  En ce qui concerne la protection de la vie privée et la propriété des données, il a souligné le besoin de cadres institutionnels et de régimes réglementaires, ainsi que la nécessité d’aborder les questions d’éthique et de sécurité, notamment en ce qui concerne les technologies de la santé.  La session annuelle a également porté sur les capacités liées aux compétences numériques.  Elle a souligné l’importance de combler le fossé numérique comme l’ont fait la Bolivie, la Bulgarie, Cuba, l’Allemagne et le Kenya parmi les pays qui ont obtenus des résultats positifs.  La Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et la Chine organiseront des ateliers de renforcement des capacités axés sur la science, la technologie et la politique d’innovation, plus tard en 2018, pour les pays en développement, a annoncé M. Major. 

Animé par le Sous-Secrétaire aux affaires multilatérales et droits de l’homme du Mexique, M. MIGUEL RUĺZ CABAÑAS, le débat interactif qui a suivi, devait discuter des incidences possibles de l’intelligence artificielle sur les objectifs de développement durable.  Comment l’intelligence artificielle pourrait influer sur les pays de façon précise? a demandé le modérateur. 

Avant de répondre à cette question, la Ministre d’État pour les sciences avancées des Émirats arabes unis, Mme SARAH AL AMIRI, a d’abord souligné la nécessité de développer des écosystèmes scientifiques compétitifs pour améliorer la qualité de la vie dans le monde.  Elle a aussi appelé à tenir compte de la perspective locale pour trouver les meilleures solutions aux problèmes locaux, arguant que si toutes les technologies sont importées de l’extérieur, on risque de ne pas profiter des progrès technologiques ou de n’être pas à la hauteur de ces progrès.  Venant à la contribution de l’intelligence artificielle, Mme Al Amiri a reconnu que celle-ci peut être utilisée comme outil de mise en œuvre des objectifs de développement durable ou les objectifs nationaux de chaque pays.  Pour atteindre ces objectifs, la Ministre a préconisé de maximiser l’impact des données obtenues à partir d’expériences scientifiques.  Pour faire face à l’épuisement inévitable de ses ressources pétrolières avant 2050, les Émirats arabes unis doivent réfléchir à de nouvelles sources de revenus et de richesses en utilisant les nouvelles technologies, a expliqué la Ministre.  Elle a aussi fait remarquer que « la science a toujours transcendé les frontières ».

La connectivité est considérée comme un bien en soi, a enchaîné le Chef des études scientifiques et technologiques du Forum économique mondial, M. THOMAS PHILBECK, en parlant de la quatrième révolution industrielle qui avait été présentée comme un moyen de relier les différents aspects du changement technologique dans le monde.  La question aujourd’hui porte sur la façon de gérer les vulnérabilités, a-t-il estimé en soulignant que les technologies posent des risques pour les personnes en termes d’intégrité biologique, neurologique et autres.  Il a également souligné que les vulnérabilités ont des aspects positifs, puisqu’elles entraînent par exemple une collaboration au-delà des frontières.  « La question est de savoir comment les technologies peuvent nous aider à gérer de tels risques. »  M. Philbeck s’est réjoui que les discussions aux Nations Unies se soient propagées à travers le monde et se soient intégrées dans les conversations des peuples.  Il a préconisé l’utilisation d’un langage inclusif dans une discussion qui fasse progresser les idées de manière responsable.  L’inclusion doit être la voie à suivre, a-t-il conseillé. 

L’inclusion a aussi été la motivation du Président-Directeur général de la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet, M. GORAN MARBY, en ce qui concerne l’Internet: « si l’élite peut se permettre de surfer en ligne, des millions d’autres personnes n’y ont pas accès ».  Il est vrai que ses fondateurs n’avaient pas prévu que 3,5 milliards de personnes l’utiliseraient aujourd’hui comme un seul réseau.  Mais Internet est personnel et il est conduit par chaque utilisateur, a dit le Président de l’ICANN en soulignant qu’il n’y a pas de point focal pour l’Internet.  C’est un système distributif qui pose des difficultés aux gouvernements.  L’ICANN fournit aux utilisateurs d’Internet le système de noms de domaine et travaille avec d’autres entités fournisseurs d’adresses de protocole Internet, a-t-il expliqué.  Pour M. Marby, le temps est venu pour les Nations Unies d’engager des discussions sur l’Internet.  Il a regretté que les données et les sites Internet soient plus importants que les personnes.  Autre observation de sa part: les gens aiment savoir ce qui se passe dans leur région, raison pour laquelle l’ICANN travaille sur un projet permettant aux individus d’utiliser leurs propres scripts ou leurs propres langues pour naviguer sur Internet.

L’échange avec les délégations a mis en évidence des inquiétudes face au risque d’élargissement du fossé numérique et technologique au sein et entre les pays, un risque que la nouvelle Banque de technologies inaugurée hier tente de pallier.  La Turquie a fait valoir cet argument et expliqué que cette banque est une réalisation de la cible 17.8 des objectifs de développement durable.  Elle vise à promouvoir le partenariat entre entités publiques et privées.  Elle doit jouer un rôle fondamental pour l’élimination de la pauvreté et pour renforcer les capacités technologiques des PMA.

Les États-Unis se concentrent sur les opportunités offertes par la science, la technologie et l’innovation, notamment l’intelligence artificielle, a fait savoir leur représentant en citant aussi d’autres technologies, comme la neurotechnologie, dont on peut tirer des bénéfices.  Les États-Unis cherchent avant tout à maximiser les avantages des technologies et à créer un environnement propice au développement de la technologie.  Il a estimé qu’il appartient aux États d’aider les personnes à acquérir des capacités pour utiliser les technologies, insistant sur l’importance de promouvoir la confiance du public dans les technologies.  Il faut mettre l’accent sur les possibilités et pas seulement sure les défis, a-t-il préconisé. 

Un participant de la société civile qui travaille sur la chaîne d’approvisionnement a dit qu’il avait besoin de données analytiques détaillée.  Un autre membre de la société civile a révélé qu’Internet est responsable des 3,5% des émissions de carbone, un taux qui pourrait augmenter jusqu’à 14% d’ici à 2030.  Les sociétés d’Internet doivent utiliser les énergies renouvelables, a donc recommandé cette représentante en ajoutant que les fournisseurs d’accès à Internet doivent communiquer au public les composantes chimiques qu’ils utilisent. 

Si d’un côté l’Afrique du Sud a rappelé que l’Afrique a décidé de créer une plateforme africaine d’échanges et d’innovation, de l’autre, le Brésil a souligné l’importance d’apprendre des obstacles qui avaient empêché la réalisation des 2e et 3e révolutions industrielles.  Il a pris l’exemple de la disponibilité de toilettes publiques qui n’est pas universelle.  Il faut mettre l’accent sur le court terme, sur ce qui est immédiatement accessible, a plaidé le représentant.  « Nous avons déjà défini les objectifs de développement durable, il faut les concrétiser.  Nous connaissons les risques et il nous faut agir de manière inclusive et porter l’attention sur la paix, la sécurité, et le développement. » 

Le Modérateur a terminé en soulignant le consensus ressorti de la discussion: il faut redoubler d’effort pour adopter les meilleures politiques en vue de tirer parti de la science, de la technologie et de l’innovation, et pour réduire les risques.  La solution passe par l’éducation, a-t-il conclu. 

Session 2: Dialogue interactif avec les 10 membres du Groupe d’experts chargé d’appuyer le mécanisme de facilitation des technologies

Les participants au Forum sur la science, la technologie et l’innovation ont eu l’occasion de faire connaissance avec les nouveaux membres du Groupe d’experts chargé d’appuyer le travail du Mécanisme de facilitation des technologies, et dont le mandat couvre la période 2018-2019.  Ces nouveaux membres se sont engagés à partager leur expérience et leur savoir-faire avec le Mécanisme de facilitation des technologies et partant, avec la communauté mondiale, dans l’optique de la réalisation des objectifs de développement durable. 

Le Mécanisme de facilitation des technologies est une émanation du Programme d’action d’Addis-Abeba et a été entériné par le Sommet des Nations Unies sur le développement durable en septembre 2015.  Il est destiné à appuyer la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable. 

Ce mécanisme comprend une équipe de travail interinstitutions des Nations Unies sur la science, la technologie et l’innovation, qui regroupe actuellement 25 entités des Nations Unies.  Il comprend également un forum annuel multipartite sur la science, la technologie et l’innovation, dont la troisième édition a débuté ce matin, et une plateforme en ligne qui sert de passerelle pour l’échange d’informations sur les initiatives, les mécanismes et les programmes existants dans ces domaines.

Le groupe de 10 experts est composé de représentants de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique.  Ils ont pour rôle de conseiller l’équipe de travail interinstitutions des Nations Unies, en particulier sur les préparatifs des réunions annuelles du Forum multipartite et sur le soutien au développement et à l’opérationnalisation de la plate-forme en ligne.  La première équipe de 10 experts avait été nommée le 29 janvier 2016 pour un mandat de deux ans. 

Au cours de cette deuxième session du Forum multipartite, coprésidée par M. TOSHIYA HOSHINO, Représentant permanent adjoint du Japon auprès des Nations Unies, et M. JUAN SANDOVAL-MENDIOLEA, Représentant permanent adjoint du Mexique auprès des Nations Unies, l’animateur, M. GEORGE ESSEGBY, Directeur de l’Institut de recherche sur les politiques scientifiques et technologiques du Ghana, et ancien membre du groupe d’experts, a rappelé aux experts que le monde attend d’eux des mesures concrètes pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Les experts ont répondu à cet appel par des promesses de participation en fonction de leurs spécialités.  « De par mon expérience, je peux apporter des conseils sur les besoins technologiques des pays en développement », a promis la coprésidente du Groupe d’experts.  Mme AGNES LAWRENCE KIJAZI, Directrice générale de l’Agence tanzanienne de météorologie, a ainsi suggéré de rendre véritablement efficace tout transfert technologique en l’accompagnant de renforcements des capacités des PMA.

« L’un des rôles du groupe d’experts est de motiver les parties prenantes pour qu’elles s’impliquent, que ce soit au sein des gouvernements qu’en dehors », a renchéri M. VAUGHAN TUREKIAN, coprésident du groupe d’experts et Directeur principal aux Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine des États-Unis.

M. PAULO GADELHA, Coordinateur de la stratégie FIOCRUZ pour le Programme 2030 à la Fondation Oswaldo Cruz du Brésil, a de son côté assuré qu’il allait veiller à ce que la problématique de la santé ne soit pas oubliée.  « La santé est un élément très important du développement économique », a-t-il souligné en rappelant que ce secteur représente parfois près de 10% du produit intérieur brut (PIB) de certains pays, comme c’est le cas pour le Brésil.

« Je vais faire parler mon expérience en science de la terre et en télédétection » a annoncé à son tour M. HUADONG GUOHO, Président de la Commission académique de l’Institut de télédétection de l’académie chinoise des sciences

Le secteur privé est également représenté au sein du groupe d’expert par le biais de M. JOSE RAMON LOPEZ-PORTILLO ROMANO, Président de Q Element, un groupe de réflexion et de conseil numérique composé d’experts en politiques publiques, en affaires et en innovation technologique.  M. Romano a promis de partager sa riche et vaste expérience de diplomate, fonctionnaire international, universitaire et entrepreneur.

M. MICHIHARU NAKAMURA (Japon), Conseiller principal et ancien Président de l’Agence japonaise des sciences et technologies, a expliqué que son expérience lui avait enseigné que la science, la technologie et l’innovation peuvent induire des transformations socioéconomiques.  Des transformations peuvent également voir le jour grâce aux transferts de technologies, a expliqué Mme ŜPELA STRES, Chef du Centre de transfert de la technologie et de l’innovation de l’Institut Jozef Stefan de Slovénie.  La Slovénie a énormément bénéficié de ces transferts au niveau européen, a-t-elle témoigné en promettant de partager cette expérience au sein du groupe des 10 experts.  Un groupe d’éminents experts pour lequel Mme ANNE-CHRISTINE RITSCHKOFF, Conseillère principale au Centre de Recherche Technique VTT de Finlande, a dit être honorée de faire partie. 

Une participante à cette session a insisté sur l’importance pour le groupe d’experts de s’assurer que la technologie ne vienne pas détruire l’harmonie entre l’homme et la nature.  Un de ses collègues a partagé ce vœu, non sans insister sur la prise en compte des savoirs autochtones. 

Deux membres du Groupe d’experts n’ont pu assister à la séance d’aujourd’hui.  Il s’agit de Mme ADA YONATH, Prix Nobel de chimie et Directrice du Centre Helen et Milton A. Kimmelman pour la structure et l’assemblage biomoléculaires de l’Institut Weizmann des sciences d’Israël, et Mme HEIDE HACKMANN, Directrice exécutive du Conseil international des sciences (ICSU) d’Afrique du Sud

Session 3: Débat interactif sur la science, la technologie et l’innovation au service de sociétés viables et résilientes – Focalisation sur les objectifs de développement durable sur l’eau et l’assainissement

Cette table ronde a commencé par la présentation de trois projets pour assainir l’eau.  Le premier est un produit indien, présenté par M. SREEKUMAR THALIYIL VEEDU et dénommé « Technorbital Drinking systems ».  Il sert à remplacer l’utilisation de bouteille plastique pour conserver l’eau.  Le traitement de l’eau coûte 0,06 dollar par litre d’eau et le matériel vaut 12 dollars.  Le deuxième projet, la « SweetSense Remote Water Monitoring Plateform », de M. DEXTER GAUNTLETT, consiste au contrôle à distance et en temps réel de la qualité de l’eau et des réseaux de distribution des eaux.  Le troisième projet, de Mme SYDNEY GRAY, est la « Maji Mamas » qui aide les femmes à construire des réservoirs d’eau à coût réduit et à proximité des habitations. 

Il faut rappeler que 1,6 milliard de personnes dans le monde doivent faire 30 minutes de marche à pied chaque jour pour puiser l’eau nécessaire à la vie domestique, a indiqué à ce propos Mme SPELA STRES, animatrice de la table ronde.  Elle a souligné en outre que plus de 30% de la population mondiale n’ont pas accès à l’eau potable.  Que peut-on faire pour réaliser les objectifs de développement durable relatifs à l’eau et à l’assainissement? a-t-elle demandé pour lancer la discussion.

Il faut développer la coopération dans ce domaine, a répondu Mme KATALIN ANNAMARIA BOGYAY (Hongrie), une coopération qui doit permettre de garantir l’accès de tous à des services d’assainissement et d’alimentation en eau gérés de façon durable.  Elle a aussi mis l’accent sur l’importance de la récupération des eaux usées dont le coût pourrait être réinvesti dans la réalisation de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. 

Au titre de la coopération entre États, le Royaume-Uni entreprend dans des pays africains divers projets liés à l’eau.  Ils visent notamment à gérer les pluies pour aider les cultivateurs à faire face aux changements climatiques, ou à appuyer les partenariats avec les ménages les plus pauvres pour offrir des toilettes à bas coût.  C’est ce qu’a indiqué la Conseillère scientifique principale du Royaume-Uni, Mme CHARLOTTE WATTS, en précisant que 6 000 toilettes de ce type sont ainsi utilisées au Kenya, tandis qu’en Gambie, plus de 30 000 familles bénéficient d’une technologie très simple qui permet de réparer les pompes à eaux défectueuses. 

D’après le Directeur de l’innovation de Rotoplas au Mexique, M. ERNESTO RODRIGUEZ LEAL, pour atteindre l’objectif de l’accès à l’eau et à l’assainissement, il faut des produits adaptés aux moyens et aux besoins des usagers.  Une piste serait de rapprocher le public des universités, car celles-ci ont la capacité de développer des solutions.  Il a aussi conseillé d’appliquer des technologies exponentielles, afin de réduire les coûts. 

Pour un participant de la société civile de la Bolivie, la priorité est l’adduction en eau dans les zones rurales et maritimes.  Le secteur privé a un rôle à jouer dans ce domaine, notamment pour la création d’aqueducs, a-t-il dit.  Un autre membre de la société civile a insisté sur le lien entre la fourniture d’eau et les changements climatiques.  Elle a estimé que la nature prend soin d’elle-même et fait valoir que ce sont plutôt la science, la technologie et l’innovation qui copient la nature.  Enfin, face au risque de manque d’eau, l’Algérie a espéré le développement de nouvelles technologies.  Il a parlé des fougarras, un système d’irrigation permettant de récolter les eaux d’infiltration pour les redistribuer aux usagers aux fins d’irrigation. 

Session 4: Débat Interactif sur la science, la technologie et l’innovation au service des modes de consommation et de production durables

Ce débat, qui était modéré par Mme ANNE-CHRISTINE RITSCHKOFF, du Centre de recherche technique VTT de la Finlande, a commencé avec la présentation des projets des deux lauréats du « Call for Innovations for the STI Forum ».   M. GERALD MARIN, FoPo Food Power, a d’abord présenté une farine faite à partir de fruits et légumes inaptes à la vente.  Il a expliqué qu’un tiers des aliments produits à l’échelle mondiale sont gaspillés, dont des milliers de tonnes de fruits et de légumes parce qu’ils sont jugés « pas suffisamment beaux » pour le consommateur.  Ces fruits et légumes peuvent être lyophilisés et transformés en farine d’une durée de vie de deux ans.  Une farine riche en nutriments qui peut ensuite être utilisée pour faire des smoothies ou pour servir de base à la création d’autres préparations alimentaires.  M. Marin cherche à lever 2,15 millions de dollars pour mener à bien ce projet.

Le deuxième produit présenté est une méthode de culture alternée.  Mme MARIAN VAN NOPPEN et M. FRED MEYER, Inga Alley-Cropping for Sustainability, ont d’abord rappelé que l’agriculture sur brulis détruit les forêts primaires, ce qui les a poussés à développer une méthode de culture alternée qui permet de réduire le recours à la technique susmentionnée.  Son efficacité a été démontrée scientifiquement, ont-ils argué en précisant que la diffusion du système se fait de bouche à oreille.  La méthode passe par la plantation de millions d’arbres.

La parole a ensuite été donnée à des experts.  M. SHENGGEN FAN, Directeur général de l’Institut International pour la recherche sur la politique alimentaire, a indiqué que les aliments n’ont pas tous la même empreinte sur le plan environnemental.  La culture du bœuf génère par exemple 20 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre de plus que la culture de légumineuses.  Les pertes et le gaspillage alimentaires représentent 8% des émissions de gaz à effet de serre.  En outre, 30% des terres arables sont utilisées pour produire des aliments qui ne seront jamais consommés.  Ainsi, une amélioration de la production des aliments permettrait de réduire de 14% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, a-t-il indiqué.  Il a signalé que, dans les pays en développement, la majorité des denrées sont gaspillées au niveau de la récolte et de la mise en condition, tandis que dans les pays développés 40% des pertes se font au niveau de la vente ou du consommateur.

L’expert a appelé à appuyer l’innovation technologique pour améliorer les taux de rendement et créer des variétés plus résistantes aux aléas climatiques. Il a aussi invité à revoir les politiques de subventions qui favorisent la production d’aliments ayant une faible teneur nutritive.  Il faut aussi fixer des prix qui reflètent le véritable coût environnemental de la production, a-t-il ajouté avant de plaider pour une protection sociale pour couvrir les plus vulnérables et leur permettre d’avoir accès à des aliments sains et nutritifs.  Autre recommandation de M. Fan: innover au niveau politique pour taxer les produits ayant un important impact sur l’environnement, comme le bœuf.

Mme ERIKA KRAEMER-MBULA, professeur à l’Université de Johannesburg, a indiqué qu’en Afrique, avec les tendances démographiques actuelles, la population du continent doublera en taille d’ici à 2050, ce qui en fera le continent avec la plus importante main d’œuvre au monde.  Des défis notables devront toutefois être surmontés, les trois quarts des jeunes étant actuellement sans emploi ou occupant un emploi précaire.  Elle a indiqué que les petites et micro-entreprise joueront un rôle très important en matière de création d’emploi, citant le fait que 75% des travailleurs agricoles sont employés dans le secteur informel.  D’ailleurs les économies informelles servent d’incubateurs d’innovations et adhèrent souvent aux principes d’innovation circulaire, a-t-elle remarqué.  Elle a souligné également la rapidité de la propagation des idées dans ce secteur, ce qui en fait une plateforme importante pour l’innovation technologique.  L’experte a cité en exemple la création de start-ups sur l’accès à la santé et à l’éducation pour les communautés reculées ou encore la livraison de médicaments par drones.  Malgré des défis d’ordre financier, de nombreuses petites entreprises ont réussi à survivre en privilégiant la collaboration, a-t-elle précisé. 

M. MARCO VAN DER REE, de Climate-KIC de l’Institut européen d’innovation et de technologie, a indiqué que Climate-KIC est une initiative de l’Union européenne rassemblant 300 partenaires, dont des villes, des start-up ou encore des universités, en vue de promouvoir et de mettre en œuvre les idées susceptibles d’atténuer les conséquences des changements climatiques.  Des changements graduels ne suffiront pas si l’on veut que l’Union européenne atteigne les objectifs de l’Accord de Paris, a-t-il averti en recommandant plutôt de « brûler les étapes ».  Il a noté que l’objectif 12 de développement durable relatif à une production et consommation durables est moins enthousiasmant que d’autres objectifs, notamment parce que « cet objectif touche à notre identité même de consommateur ».  Il a cité diverses initiatives appuyées par l’Institut dont le Climathon qui aura lieu le 26 octobre et permettra aux habitants des villes partenaires de rivaliser d’idées « vertes ».  Il a également mentionné l’initiative « City tree » qui installe des panneaux de mousse dans 30 villes pour capturer les émissions de carbone.

M. ARUN SUNDARARAJAN, professeur à la Stern School of Business de New York University (NYU) et auteur du livre The Sharing Economy, a indiqué qu’outre l’innovation, la technologie numérique porte aussi sur l’amélioration de l’efficacité.  L’économie de partage dans les transports, par exemple, favorise le covoiturage et incite à éviter l’achat d’une voiture.  La plateforme « blablacar.fr » permet par exemple au propriétaire d’une voiture de vendre les sièges qui demeurent vacants dans son véhicule à toute personne souhaitant faire un trajet analogue.  Ce système, s’est-il félicité, transporte trois fois plus de gens que le réseau ferroviaire américain.  Il a également cité le site airbnb.com, et ceux qui établissent des réseaux directs entre les producteurs durables et les consommateurs, comme « la ruche qui dit oui ».  Il a prédit que d’ici à quelques années il sera possible de redistribuer l’énergie solaire produite par une maison vers d’autres localités.  Il a ensuite fait observer que les systèmes participatifs renforcent la responsabilité des consommateurs, en Inde notamment où une initiative permet de sensibiliser à la consommation en eau.  Parmi les obstacles à surmonter, il a mentionné notamment la mainmise des grandes structures sur certaines plateformes numériques.  Il a conclu en appelant à élaborer des systèmes cohérents de services gratuits via ces plateformes pour ne pas en faire des modèles qui privilégieraient uniquement les transactions commerciales.

Participant à la discussion, la représentante de l’Université de Rockefeller a fait savoir que cette institution applique en son sein un nouveau modèle de viabilité qui porte notamment sur des projets de recyclage d’eau, la création de systèmes de chauffage et de refroidissement novateurs et le recyclage des déchets, notamment dans ses laboratoires.  Le grand groupe des jeunes et des enfants a appelé à privilégier les systèmes économiques durables et à appliquer des règles à cette fin, déplorant les obstacles systémiques et structurels dans les communautés les plus pauvres.  Il a aussi insisté sur l’importance de sensibiliser les consommateurs, pour ensuite s’attarder sur l’impact des industries extractives.

Le représentant de Madagascar a ensuite parlé de sa politique d’agriculture urbaine et de son appui au Pacte de Milan qui porte sur l’approvisionnement des villes en fruits et en légumes.  Les entreprises du pays sont incitées à intégrer l’agriculture urbaine dans leurs politiques sociales, a-t-il aussi indiqué, expliquant que cette forme d’agriculture permet de combattre la pauvreté, de renforcer la sécurité alimentaire et de créer des villes vertes.

Session 5: Débat interactif sur la science, la technologie et l’innovation pour les écosystèmes terrestres durables  

Cette session a permis aux participants d’explorer le potentiel de la science, la technologie et l’innovation pour la réalisation de l’objectif 15 de développement durable relatif aux écosystèmes terrestres durables.   

Le constat est malheureusement peu reluisant, les écosystèmes terrestres sont loin d’être conservés de manière durable.  Chaque année, 13 millions d’hectares de forêts sont perdus tandis que la dégradation continuelle des zones arides a conduit à la désertification de 3,6 milliards d’hectares.  En outre, le taux de disparition des terres arables est 30 à 35 fois supérieur que par le passé et la dégradation des terres touche 1,5 milliard de personnes dans le monde, dont 74% des pauvres de la planète.  Sur 8 300 espèces d’animaux d’élevage connues, 8% ont disparu et 22% sont en voie d’extinction.

Face à ce tableau sombre, « il faut agir pour préserver les écosystèmes terrestres en se servant de la science, la technologie et l’innovation », a plaidé l’animateur du débat, M. HUADONG GUOHO, Président de la Commission académique de l’Institut de télédétection de l’académie chinoise des sciences.   

Le sol est la base même de la vie sur terre, a rappelé Mme INGER ELISABETH MÂREN, de l’Université de Bergen en Norvège.  Elle a aussi noté que l’homme est à la fois dominateur de la vie sur terre et dans le même temps pratiquement « insignifiant », puisqu’il ne représente même pas 1% de la biodiversité.  L’Homme a néanmoins modifié près de 40% de la superficie terrestre notamment pour satisfaire ses besoins nutritifs.  Elle a précisé que contrairement aux idées reçues, la plus grande partie de la production agricole mondiale est le fruit du travail des petits exploitants agricoles, et non pas de l’agro-industrie. 

Aujourd’hui, la biodiversité est donc menacée principalement par la mauvaise utilisation des sols, et non pas par les changements climatiques.  C’est pourquoi il faut changer notre manière de gérer les sols et faire que la science, la technologie et l’innovation permette de gérer durablement la biosphère.

Ce serait très appréciable en Afrique, a plaidé Mme SKUMSA KATHLEEN AUDREY MANCOTYWA, Directrice du Département des affaires environnementales d’Afrique du Sud.  L’experte a relevé que cela exige une volonté politique et une mise en œuvre accélérée des cadres et traités internationaux pertinents au niveau de chaque pays.  Il faut également veiller à ce que les pays en développement aient accès aux résultats des recherches scientifiques et s’en servent pour établir des politiques appropriées de protection de la biodiversité. 

L’approche de l’Afrique du Sud, a-t-elle indiqué, tient désormais compte de la protection de la biodiversité dans les activités économiques, y compris dans les activités liées au secteur minier.  Un programme de 100 millions de dollars a ainsi permis la restauration des terres humides dans le cadre d’un programme gouvernemental qui a de surcroît créé plus de 23 000 emplois, s’est-elle félicitée.  Relevant toutefois le manque de fonds pour ce genre d’initiatives, Mme Mancotywa a plaidé pour un partenariat public-privé.

C’est également l’engagement de toutes les parties prenantes qu’a demandé M. DIDIER BABIN, le Président du Conseil international de coordination du Programme sur l’homme et la biosphère de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et Président du Comité français sur le Programme sur l’homme et la biosphère de l’UNESCO.  Il a averti que les pertes en biodiversité représentent des risques pour les générations futures.  « C’est pour cela que le développement durable n’est pas une option, mais une obligation. »  Il a expliqué qu’il fallait utiliser le potentiel de la biosphère, en mettant à contribution toutes les connaissances, y compris celles qui sont endogènes, en gardant le souci de la solidarité intergénérationnelle.   

Mme MÂREN, de l’Université de Bergen en Norvège, a souligné, dans la même veine, que « notre fascination pour l’innovation nous a conduits à ignorer de plus en plus les connaissances des peuples autochtones en matière de gestion des écosystèmes ».  L’UNESCO a pris l’initiative de pallier la perte de la biodiversité tout en s’appuyant sur les savoirs autochtones, par un programme qui a permis de créer des moyens de subsistance pour plus de 250 millions de personnes à travers le monde.

M. BABIN, de l’UNESCO France, a enchaîné en proposant que les instituts nationaux de statistiques puissent également suivre l’évolution de la biodiversité et la chiffrer, en plus de leur fonction traditionnelle qui consiste à mesurer les données démographiques et économiques.  Il a également appelé à un partenariat entre le Mécanisme de facilitation des technologies et le Programme sur l’homme et la biosphère de l’UNESCO qui couvre pas moins de 600 aires protégées de la planète.  Selon lui, une telle initiative permettrait de « mettre à contribution la science, la technologie et l’innovation pour suivre l’état de santé des écosystèmes et établir des données transparentes qui seraient accessibles à tous ».  

C’est l’interaction entre les insectes et les plantes, vieille de millions d’années, qui a intéressé M. SURESH NAIR, Chef du groupe d’interaction plante-insecte du Centre international de génie génétique et de biotechnologie de l’Inde.  Il a relevé qu’entre 14 et 18% des plantes sont perdues avant maturité du fait de l’œuvre nuisible des insectes.  Des recherches scientifiques se sont penchées sur ce problème et ont permis d’isoler les gènes les plus résistants aux insectes chez les plantes.  Cela a abouti à la préservation de terres, car la pratique veut que l’on délaisse une zone peu rentable pour rechercher de nouveaux espaces agricoles, provoquant de ce fait la déforestation.  Selon ce chercheur, il est crucial pour la science d’identifier les insectes les plus nuisibles et leur mode opératoire, afin de mieux protéger les plantes utiles à la nutrition de l’homme.  

Au cours de cette session présidée par M. TOSHIYA HOSHINO, Représentant permanent adjoint du Japon auprès des Nations Unies, de nombreux orateurs ont également souligné les risques liés au mauvais usage de l’innovation, notamment par des groupes privés mus par la recherche effrénée du gain.  Mme Mâren de l’Université de Bergen en Norvège a prévenu que si ce sont les humains le problème, alors ce sont les humains qui doivent être la solution, étant donné que nous n’avons pas de planète alternative.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Saisi de deux projets de résolution concurrents, le Conseil de sécurité échoue à se prononcer sur les derniers évènements à Gaza

8274e séance – après-midi
CS/13362

Saisi de deux projets de résolution concurrents, le Conseil de sécurité échoue à se prononcer sur les derniers évènements à Gaza

Alors que la situation se détériore au Moyen-Orient, le Conseil de sécurité s’est vu saisi, cet après-midi, de deux projets de résolution concurrents, qui abordaient sous des angles différents, le conflit entre Israël et la Palestine, et sur lesquels ses membres ne sont pas parvenus à s’accorder.

Dans un premier temps, les États-Unis ont posé leur veto à l’adoption d’un texte proposé par le Koweït par lequel le Conseil de sécurité aurait exigé qu’Israël s’abstienne d’actes tels que le recours excessif, disproportionné et indiscriminé à la force, notamment l’utilisation de balles réelles contre des manifestants civils.  Si ce texte avait été adopté, le Conseil aurait aussi exhorté « tous les acteurs » à faire en sorte que les manifestations restent pacifiques, et déploré par ailleurs les tirs de roquette lancés depuis la bande de Gaza contre des zones civiles israéliennes.

Aucune autre délégation ne s’est opposée à ce projet de résolution qui a recueilli l’appui de 10 membres du Conseil, 4 autres s’étant abstenus, à savoir la Guinée équatoriale, les Pays-Bas, la Pologne et le Royaume-Uni.

Si la représentante des États-Unis s’est opposée à la proposition du Koweït, c’est parce qu’elle y a vu une description « extrêmement partiale » de ce qui s’est passé à Gaza et un texte qui rejette de surcroît toute la responsabilité sur Israël.  Elle a dénoncé l’absence de toute référence au « groupe terroriste Hamas ».  « C’est ce type de résolution qui sape la crédibilité de l’ONU pour résoudre le conflit israélo-palestinien », a-t-elle mis en garde.

« Le vote d’aujourd’hui est décevant, mais pas surprenant », a commenté l’Observateur permanent de l’État de Palestine, évoquant la « position intransigeante » d’un des membres du Conseil.  Saluant ceux qui ont voté pour, il a déclaré: « Vous avez rejeté la loi du plus fort et souligné que personne ne peut se dérober à la loi ».  Le représentant d’Israël a, de son côté, vu dans le veto américain la démonstration que les règles sont en train de changer au sein du Conseil de sécurité, et que la politique du « deux poids deux mesures » contre Israël était terminée.  Il s’est vivement insurgé contre l’absence de toute référence au Hamas.  « Ne connaissez-vous donc pas l’orthographe du mot Hamas? » s’est énervé le délégué, pointant notamment la France.

Justement, la délégation française a expliqué qu’elle aurait souhaité que le projet de résolution établisse clairement la responsabilité du Hamas et qu’il condamne explicitement les tirs de roquette contre Israël.  Selon lui, il aurait été possible d’engager la discussion autour de ce texte. 

La représentante des États-Unis a en revanche été la seule à lever la main pour voter, quelques minutes plus tard, en faveur de son propre projet de texte qui contenait des injonctions dirigées vers « les organisations terroristes telles que le Hamas » et proposait au Conseil de condamner les tirs de roquettes aveugles effectués par des militants palestiniens basés à Gaza en direction de villages israéliens, le 29 mai 2018, « l’attaque la plus grave lancée à partir de Gaza depuis 2014 ». 

Onze membres se sont abstenus, tandis que la Bolivie, le Koweït et la Russie se sont opposés à l’adoption de ce texte critiqué à plusieurs reprises pour son manque d’équilibre, et en raison du fait qu’il n’a pas fait l’objet de négociations.

La France, a affirmé son représentant, était prête à soutenir plusieurs paragraphes du texte proposé par les États-Unis, notamment ceux condamnant les actes du Hamas.  Le délégué a toutefois fait observer que la responsabilité du Conseil de sécurité est de répondre à la crise de Gaza dans sa globalité, « ce qui n’est pas fait dans ce texte ». 

Le Koweït a dénoncé un texte qui ferme les yeux sur les massacres de dizaines de manifestants pacifiques et qui, « dans son esprit et sa lettre, encourage la Puissance occupante à poursuivre les exactions contre des populations ». 

Le représentant de la Bolivie a souligné pour sa part que la cause profonde et structurelle de la situation actuelle du peuple palestinien est l’occupation israélienne.  Celui de la Fédération de Russie a fait observer que la proposition américaine revoit la base juridique internationale du règlement du conflit, regrettant en outre un texte qui ne mentionne pas la reprise des pourparlers entre les parties, et ne fait pas non plus cas de l’initiative de la Ligue des États arabes, et encore moins des efforts du Quatuor.

Le délégué du Royaume-Uni, qui s’est abstenu sur les deux projets de résolution, a aussi regretté que la proposition américaine ne fasse pas suffisamment mention de la responsabilité d’Israël, estimant par ailleurs que l’appel, dans le texte koweitien, à la création d’un mécanisme pour la protection des civils aurait suscité des espoirs « irréalistes ». 

Le représentant de la France a déploré ce « lourd silence du Conseil qui est de plus en plus assourdissant ».  Un silence, a-t-il affirmé, qui n’est ni acceptable, ni compréhensible.  « Si ce Conseil abdique aujourd’hui ses responsabilités, qui donc les assumera? » a demandé le délégué qui s’est dit convaincu de la possibilité de bâtir de manière « patiente et pragmatique » le consensus sur la question. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a expliqué que sa délégation avait organisé un certain nombre de réunions depuis deux semaines sur le texte que sa délégation propose aujourd’hui au Conseil de sécurité.  Il a dit que les amendements proposés par toutes les parties ont été dûment pris en compte.  Il a aussi expliqué que le projet de résolution insiste sur la nécessité, pour la communauté internationale, de prendre des mesures supplémentaires pour protéger les civils, et de faire en sorte que les auteurs de violations de droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes.  En outre, a-t-il ajouté, ce texte incite le Secrétariat de l’ONU à faire des propositions pour la mise en place d’un mécanisme international de protection des populations palestiniennes.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a tout d’abord affirmé que le Koweït n’avait pas pris en compte toutes les propositions de modification du texte soumis, pointant notamment l’absence de toute référence au Hamas.  Elle a vu dans la proposition du Koweït une description « extrêmement partiale » de ce qui s’est passé à Gaza et a annoncé qu’elle y opposerait son veto si nécessaire.

À ses yeux, « le groupe terroriste Hamas » est le premier responsable des conditions déplorables qui sévissent à Gaza.  Elle a notamment accusé ce groupe de détourner l’aide humanitaire pour construire des missiles au lieu d’écoles, et d’attaquer les points d’accès de l’aide humanitaire.  Le Hamas, a-t-elle poursuivi, a tiré au moins 70 roquettes rien que cette semaine vers des communautés israéliennes, et a par ailleurs infiltré ses militants parmi des manifestants pacifiques.  Et le Hamas refuse en outre de coopérer avec l’Autorité palestinienne, a-t-elle ajouté. 

La représentante a aussi dénoncé le fait que le projet koweitien rejette toute la responsabilité sur Israël et ne fasse que perpétuer la partialité à l’égard de cet État.  « C’est ce type de résolution qui sape la crédibilité de l’ONU pour résoudre le conflit israélo-palestinien. »

Il existe toutefois une alternative, a-t-elle poursuivi.  À ceux qui peuvent reconnaître que le Hamas joue un rôle important dans les troubles récents à Gaza, les États-Unis ont proposé un contre-projet qui condamne notamment les tirs aveugles de roquettes vers des communautés israéliennes, a-t-elle expliqué.  Elle a précisé que, avec ce texte, les États-Unis donnent au Conseil de sécurité l’occasion de condamner un groupe terroriste au lieu d’un État qui agit en légitime défense.  La situation à Gaza est véritablement tragique, mais il faut regarder la réalité dans les yeux, a enchaîné la représentante.  « Le Hamas n’aide pas son peuple mais utilise ses ressources pour mener une guerre contre Israël. »  La déléguée a conclu en exhortant à voter contre le texte proposé par le Koweït.

M. ALOTAIBI (Koweït) a déclaré qu’il avait présenté ce texte au nom du Groupe des États arabes.  Le texte a le soutien de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) dont le dernier sommet s’est tenu à Istanbul le mois dernier, a-t-il précisé.  Il a regretté que le projet de résolution n’ait pas été adopté, soulignant le besoin de protection des Palestiniens, « étant donné le massacre dont ils sont l’objet de la part d’Israël ».  Pour lui, en échouant à l’adopter, le Conseil de sécurité envoie le message selon lequel la Puissance occupante bénéficie de faveurs de sa part. 

Il a ensuite déploré les dizaines de morts au Moyen-Orient, dont des femmes et enfants, et ce, en dépit des résolutions du Conseil de sécurité.  Pour le Koweït, l’échec du Conseil à s’acquitter de ses responsabilités et à obliger la Puissance occupante à respecter ses résolutions ne fera qu’alimenter le sentiment de désespoir des Palestiniens.  Le délégué a enfin rappelé que l’Émir du Koweït avait demandé, devant ses pairs de l’OCI à Istanbul, pourquoi les Palestiniens devraient continuer de souffrir, pourquoi Israël bénéficie de l’impunité et pourquoi le monde reste muet devant toutes ces pertes en vies humaines. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dénoncé les tirs de roquettes lancés depuis Gaza vers Israël, ainsi que l’exploitation de manifestations pacifiques et les tirs à balles réelles.  Face à la détérioration de la situation, elle a appelé à une action de l’ONU pour régler d’urgence les problèmes qui opposent les Israéliens et les Palestiniens.  Elle a déploré la présentation d’un texte contenant des termes trop vagues, un texte qui ne mentionne pas le Hamas, a-t-elle précisé.  Elle a estimé par ailleurs que l’appel à la création d’un mécanisme pour la protection des civils aurait suscité des espoirs « irréalistes ».

La représentante a aussi commenté le texte proposé par les États-Unis.  Elle a regretté que celui-ci ne fasse pas suffisamment mention de la responsabilité d’Israël.  C’est pour toutes ces raisons que le Royaume-Uni compte s’abstenir lors des votes sur les deux textes, a expliqué la délégation.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a dit regretter que le Conseil de sécurité n’ait pu s’unir autour d’un texte.  « Si ce Conseil abdique aujourd’hui ses responsabilités, qui donc les assumera? » a demandé le délégué en rappelant que les deux derniers mois avaient été marqués par l’escalade de la violence et des dizaines de morts.  Il a aussi déploré ce « lourd silence du Conseil qui est de plus en plus assourdissant ».  Un silence qui n’est ni acceptable, ni compréhensible.  Il n’est pas acceptable pour les populations palestiniennes et Israéliennes qui sont les premières victimes du conflit.  Et il n’est pas compréhensible pour le monde qui regarde le Conseil et attend qu’il agisse face à cette question, a-t-il ajouté. 

M. Delattre a dit que sa délégation croyait en la possibilité de bâtir de manière patiente et pragmatique le consensus sur la question.  Pour lui, le Conseil de sécurité a raté une nouvelle occasion de sortir de son silence car il aurait pu s’engager dans la discussion du projet de résolution présenté par le Koweït.  Selon lui, « le texte final n’est certes pas parfait.  Nous aurions par exemple souhaité qu’il établisse clairement la responsabilité du Hamas et qu’il condamne explicitement les tirs de roquettes contre Israël ».  Mais, a-t-il poursuivi, « les consultations approfondies des deux dernières semaines ont conduit à des améliorations importantes ».  Ce texte déplore, par exemple, l’usage disproportionné et indiscriminé de la force, et appelle à ce que le droit à manifester pacifiquement soit respecté.  Il répond, au moins en partie, aux préoccupations que nous avons fait valoir, a dit le représentant qui notait notamment la condamnation de tous les actes de violence, contre tous les civils, y compris les actes de terrorisme.  Le représentant a terminé en affirmant que la France ne transigerait jamais avec la sécurité d’Israël. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a indiqué avoir voté en faveur du texte koweitien, convaincu de la nécessité de faire cesser les violences contre les civils.  Il a rappelé la position de principe de sa délégation de régler les différends sur la base du dialogue.  Il a appelé les parties à créer les conditions nécessaires à la reprise du dialogue.

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est inquiété des violences commises le long de la « frontière entre Gaza et Israël ».  Il a appelé les deux parties, « et en particulière Israël », à faire preuve de retenue.  Il a appelé la communauté internationale à agir rapidement pour répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens et créer les conditions propices pour la reprise des pourparlers.  Partisan du texte koweitien, la Chine continue d’appuyer toutes mesures visant la concrétisation de la solution des deux États notamment par le biais de la stratégie en quatre points de son Président.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a indiqué n’avoir pas été en mesure d’appuyer ce texte, déplorant qu’il ne soit pas suffisamment équilibré.  Elle a estimé qu’il revient notamment au Hamas de veiller à ce que les manifestations pacifiques ne soient pas détournées, pour ensuite appeler Israël à respecter le droit de manifestation pacifique.  Elle a rappelé l’impératif juridique international de ne pas délibérément cibler des civils.  La représentante a enfin appelé à un règlement politique du conflit qui permette de déboucher sur la solution des deux États.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a déploré le fait que le projet de résolution du Koweït n’ait pas été adopté à cause du vote négatif d’un membre permanent du Conseil de sécurité.  « La Bolivie rappelle qu’elle condamne toute attaque visant des installations civiles. »  Il a aussi rappelé que la cause profonde et structurelle de la situation actuelle du peuple palestinien est l’occupation israélienne.  Le représentant a dit regretter que le Conseil de sécurité soit également devenu « une sorte de territoire occupé » au vu du vote négatif d’un membre permanent. 

Il a ensuite rappelé que cela fait plus de 70 ans que le peuple palestinien vit sous occupation et subit les exactions de l’armée d’Israël.  Il a ensuite cité des actes répréhensibles dont Israël est responsable, concluant que la seule solution sur le long terme est la solution des deux États, notamment avec un État palestinien libre et délimité par les frontières de 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a indiqué avoir appuyé le texte koweitien, au motif qu’il reflète la position de principe de son Gouvernement sur cette question.  Il a appelé à ne pas saper les efforts de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Il a également demandé de ne pas perdre de vue l’objectif final qui doit être le règlement du conflit israélo-palestinien avec pour objectif la concrétisation de la solution de deux États.  Le refus du dialogue ne permettra pas d’avancer, a-t-il averti.  Il a rappelé que la Russie avait proposé à plusieurs reprises de servir de médiateur: cette offre reste valable, a-t-il précisé.

M. DELATTRE (France) a dit regretter l’abstention de sa délégation au cours du vote du Conseil de sécurité sur le texte présenté par les États-Unis.  Sur le plan de la méthode, il a déploré que ce projet de résolution n’ait pas eu à passer par la phase des négociations entre délégations.  Sur le fond, M. Delattre a regretté que le libellé ne reflète pas le nécessaire équilibre sur cette question.

Il a dit partager la préoccupation du texte quant à l’activité du Hamas et d’autres groupes armés de la bande de Gaza.  La France était prête à soutenir plusieurs paragraphes de ce texte proposé par les États-Unis, notamment ceux condamnant les actes du Hamas, mais il dit que la responsabilité du Conseil de sécurité est de répondre à la crise de Gaza dans sa globalité, ce qui n’est pas fait dans ce texte.  M. Delattre a aussi tenu à préciser que la France, ami des Israéliens et des Palestiniens, ne va jamais baisser les bras pour trouver une solution à ce conflit.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a regretté qu’il n’ait pas été possible de dégager un compromis.  Il a dit appuyer la condamnation, qui figure dans le texte des États-Unis, d’actes terroristes commis par le Hamas et des tirs de roquettes.  « Ma délégation aurait cependant aimé pouvoir examiner davantage ce texte lors de négociations », a-t-il indiqué en expliquant qu’il espérait parvenir à un texte équilibré pouvant être adopté de manière consensuelle.  Le représentant a ensuite appelé les parties au conflit à reprendre d’urgence les négociations.

M. OLOF SKOOG (Suède) a expliqué que sa délégation avait voté en faveur du texte proposé par le Koweït du fait qu’il appelait, entre autres, à la mise en place d’un mécanisme international de protection des civils, tout en déplorant l’utilisation de la violence.  En plus, le projet de résolution condamnait l’utilisation excessive de la force par Israël contre des populations civiles et des tirs de roquette dirigés vers son territoire en provenance de Gaza.  « La Suède invite les deux parties à faire preuve de retenue afin d’éviter l’escalade de la violence. »  M. Skoog a également souligné que le Koweït avait impliqué toutes les délégations au cours des négociations. 

En ce qui concerne le texte des États-Unis, le représentant a dit que sa délégation s’était abstenue au cours du vote parce que le texte, à son avis, ne reflète pas la réalité actuelle de Gaza qui a subi de nombreuses pertes en vies humaines.  De plus, ce texte ne prend pas en compte les besoins humanitaires sur le terrain, un point crucial pour les populations palestiniennes, a-t-il ajouté.  Le représentant a également noté que ce texte ne contenait pas d’éléments sur la solution définitive au conflit et n’avait pas fait l’objet de négociation.  Il a enfin plaidé pour la mise en œuvre du plan en faveur de Gaza proposé par le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.

Comme nous l’avons déjà dit, a rappelé M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), le Conseil doit rester uni et être capable de formuler une réponse commune aux développements de ces dernières semaines.  C’est la raison pour laquelle, les Pays-Bas se sont engagés constructivement dans les négociations sur le projet de résolution présenté par le Koweït.  La situation actuelle, a prévenu le représentant, montre, une nouvelle fois, des risques d’escalade et d’une violence qui pourrait échapper à tout contrôle.  Malheureusement, a-t-il regretté, la résolution ne reflète pas tout à fait les préoccupations des Pays-Bas, s’agissant, en particulier, des besoins des civils israéliens et palestiniens, du rôle négatif des militants palestiniens, surtout à Gaza, et des questions en suspens sur le mécanisme international de protection. 

À court terme, le représentant a appelé à une enquête indépendante pour faire la lumière sur les évènements de ces dernières semaines.  À moyen terme, il a confirmé son appui au Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, jugeant extrêmement important de poursuivre les efforts pour résoudre la crise humanitaire à Gaza et faire baisser les tensions.  À long terme, le représentant a confirmé l’engagement fort de son pays en faveur du processus de paix et de la solution des deux États, seul moyen, a-t-il insisté, de parvenir à une solution durable de la crise à Gaza, de répondre aux aspirations des deux parties, de mettre un terme au conflit et de parvenir à une paix juste et durable, qu’attendent et méritent les Israéliens et les Palestiniens.

M. UMAROV (Kazakhstan) a déploré que le Conseil de sécurité n’ait pu afficher un front uni.  Il a insisté sur la nécessité de présenter des projets de résolution équilibrés, regrettant que cela n’ait pas été le cas aujourd’hui.  Il a souligné l’importance des négociations, déplorant l’absence, dans le texte américain, de toute mention d’un règlement pacifique de la situation.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que la situation actuelle représente un échec tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens.  Il a appelé Israël à faire preuve de retenue, tout en reconnaissant son droit à la légitime défense.  Il s’est préoccupé des tirs de roquette lancés depuis Gaza et a appelé le Hamas à faire preuve de responsabilité et à condamner les actes de violence.  Le texte koweïtien, a-t-il estimé, aurait dû contenir une référence explicite au Hamas.  En ce qui concerne le projet de résolution des États-Unis, il a regretté le manque de temps accordé à sa délégation pour apporter ses commentaires à un texte « qui prenait une toute autre orientation ».  Il aurait été plus judicieux de concilier les positions divergentes et d’adopter une résolution consensuelle, a estimé la délégation.

M. ALOTAIBI (Koweït) a expliqué que sa délégation avait voté contre le texte des États-Unis parce que ce projet de résolution ferme les yeux sur les massacres de dizaines de manifestants pacifiques.  Il en a conclu que « ce texte, dans son esprit et sa lettre, encourage la Puissance occupante à poursuivre les exactions contre des populations ».  Le droit de légitime défense, a-t-il avancé, ne s’applique pas dans le cas d’un « agresseur ».  Il a aussi dénoncé le fait que le texte des États-Unis ne mentionne même pas la fin de l’occupation.

M. NEBENZIA (Fédération de Russie) a expliqué que sa délégation avait voté contre le texte présenté par les États-Unis malgré le fait qu’elle était en accord avec certaines de ses dispositions.  Pour lui, ce texte revoit la base juridique internationale du règlement du conflit.  Il a rappelé que la délégation des États-Unis avait coutume d’insister sur l’équilibre du Conseil de sécurité sur la question du Moyen-Orient.  Or, cette délégation n’a pas elle-même fait preuve d’équilibre dans ce texte, a-t-il estimé.  Il a aussi regretté que le texte ne mentionne pas la reprise des pourparlers entre les parties, ne faisant pas non plus cas de l’initiative de la Ligue des États arabes, et encore moins des efforts du Quatuor.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a salué les efforts inlassables du Koweït ainsi que la transparence instaurée au cours du processus, déplorant les efforts déployés par « certains » pour en saper la crédibilité.  Il a regretté le veto des États-Unis sur le projet koweïtien, pour ensuite saluer les délégations qui ont voté contre le projet américain.  Le vote d’aujourd’hui envoie un message très clair, a-t-il estimé.

Le représentant a averti de l’impact des actions d’Israël sur la vie des Gazaouis, en raison notamment du blocus qui est imposé à la bande de Gaza.  Il a appelé Israël à respecter ses obligations découlant du droit international, soulignant notamment l’impératif de protéger le peuple palestinien.  Il a appelé à prendre des mesures immédiates pour lever le blocus de Gaza.  L’heure est à la retenue, a-t-il souligné.  Il a aussi plaidé en faveur de la mise en place d’un mécanisme international de protection du peuple palestinien, estimant d’ailleurs que le vote recueilli par le texte koweïti démontre l’existence de ce droit à la protection du peuple palestinien.  « Vous avez rejeté la loi du plus fort et souligné que personne ne peut se dérober à la loi », s’est-il félicité.  Il a ensuite qualifié les votes d’aujourd’hui de « décevant, mais pas surprenant », imputant la division du Conseil de sécurité à la position intransigeante d’un de ses membres.

Poursuivant, M. Mansour a rejeté l’idée que la situation en Palestine relève du terrorisme.  C’est le droit de vivre d’un peuple entier qui est en jeu, a-t-il souligné, s’inquiétant des propos d’un ministre israélien qui aurait affirmé vouloir anéantir Gaza « une fois pour tous ».  Il a déploré que la délégation américaine refuse de se rendre à l’évidence.  Le délégué a par ailleurs dit attendre le lancement et les conclusions de l’enquête de la Cour pénale internationale.

S’adressant ensuite en arabe aux Palestiniens, l’Observateur permanent a assuré qu’il ne ménagerait aucun effort pour faire respecter leurs droits inaliénables.  Aucune force, si importante soit-elle, n’est plus forte que la détermination du peuple palestinien, a-t-il affirmé. « Et à tous ceux qui accusent les Palestiniens de terrorisme », a-t-il poursuivi le doigt levé en direction de la délégation des États-Unis, il a répondu que des milliers de Palestiniens aspirent à la paix et réclament la fin du terrorisme israélien.  Il a d’ailleurs déploré la mort, aujourd’hui même, d’une jeune urgentiste palestinienne de 21 ans, qui a reçu une balle en pleine tête.

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a dit que la minute de silence que le Conseil de sécurité a eu, mardi dernier, en hommage aux morts de Gaza était en fait un geste de solidarité en faveur des terroristes du Hamas.  Il a ainsi expliqué que cette organisation avait confirmé que la plupart des morts venaient de ses rangs.  Il a rappelé que le Hamas avait été désigné comme « organisation terroriste » par plusieurs pays.  Il a également déploré le fait que le délégué de la Bolivie ait, au cours de ladite séance, cité les noms des morts du Hamas.

M. Danon a ensuite dénoncé le fait que le Conseil des droits de l’homme ait adopté une résolution sur les incidents de Gaza sans même mentionner le Hamas.  Et aujourd’hui, le Conseil de sécurité a essayé d’adopter une résolution similaire, a-t-il noté.  Il a remercié les États-Unis pour leur position claire, disant à la déléguée américaine qu’elle avait, par son veto, démontré que les règles sont en train de changer au sein du Conseil de sécurité, et que la politique du « deux poids deux mesures » contre Israël était terminée. 

Le représentant a déploré le fait que le texte du Koweït mentionne Israël à cinq reprises, sans citer une seule fois le Hamas.  Au vu de cette situation, M. Danon a ironisé en demandant aux délégations « si elles ne connaissaient pas l’orthographe du mot Hamas ».  Il a demandé notamment aux représentants ayant pris part aux négociations, citant la France, pourquoi ils n’avaient pas cité le Hamas dans ce texte.  Le délégué leur a rappelé que l’Union européenne avait inscrit le Hamas sur la lites des organisations terroristes.  Il a aussi rappelé que quand Paris avait été attaqué par Daech, la ville avait bénéficié de la solidarité de la communauté internationale.  Mais quand c’est le Hamas qui est auteur d’actes de terreur, la même solidarité ne s’applique plus, a-t-il regretté.  Selon lui, il n’y a pas de différence entre Daech, Boko Haram et le Hamas.  Il s’est aussi dit étonné que le sort des Palestiniens ne préoccupe la communauté internationale et le Conseil de sécurité qu’en rapport avec Israël.  Il a mentionné que ce peuple a subi des exactions au Liban, au Koweït ou encore en Syrie, des actes passés sous silence au sein des Nations Unies.  En tout état de cause, Israël protégera toujours ses populations, a-t-il affirmé.

Le représentant de la Bolivie a réagi au discours du représentant d’Israël.  Il a affirmé que son pays va toujours condamner les actes terroristes, y compris le terrorisme d’État.  Il a affirmé que le Gouvernement israélien, et non son peuple, est auteur de tels actes.  Il a dit être surpris que le délégué d’Israël ait parlé du sort des Palestiniens se trouvant dans d’autres pays.  Il lui demandé pourquoi ces réfugiés n’ont pas le droit de rentrer chez eux depuis 70 ans.  Il a aussi dit espérer qu’Israël allait permette aux membres de la Commission d’enquête établie par le Conseil des droits de l’homme d’accéder aux territoires occupés.  Le délégué a enfin rappelé que la question fondamentale, dans ce conflit, c’est l’occupation des territoires palestiniens par Israël.

Reprenant lui aussi la parole, le représentant du Koweït a souligné qu’en adhérant à la Charte des Nations Unies, Israël s’était engagé à en respecter l’Article 25 qui porte sur la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  Or, il a dénoncé le fait que cet État ne respecte pas le droit international.  Il a ensuite affirmé que les propos proférés par la délégation israélienne au sujet du Koweït n’avaient aucun fondement.

À son tour, le représentant d’Israël a appelé son homologue de la Bolivie à vérifier les noms qu’il cite, affirmant que ce sont tous des noms du Hamas.  Il a appelé la délégation bolivienne à avoir le « courage » de condamner le Hamas au sein même du Conseil de sécurité.

En guise de conclusion, le Président du Conseil de sécurité, le représentant de la Fédération de Russie, a fait observer que le 1er juin marque la célébration de la Journée internationale de protection des enfants.  Et comme nous sommes tous de grands enfants, c’est un peu notre fête à nous tous, a-t-il lancé.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud: un Conseil de sécurité divisé prolonge le régime de sanctions de 45 jours

8273e séance – après-midi
CS/13361

Soudan du Sud: un Conseil de sécurité divisé prolonge le régime de sanctions de 45 jours

Malgré des divergences entre ses membres, le Conseil de sécurité a décidé, cet après-midi, de reconduire jusqu’au 15 juillet 2018 les mesures de sanctions imposées dans le cadre du conflit au Soudan du Sud.  Il proroge également jusqu’au 14 août 2018 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts du Comité des sanctions concernant le Soudan du Sud.

La résolution 2418 (2018), qui était présentée par les États-Unis, a été adoptée par seulement 9 voix pour, avec 6 abstentions*.  Le Conseil de sécurité prie notamment le Secrétaire général, en coordination avec le Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, de lui indiquer, d’ici au 30 juin 2018, si les parties à l’Accord de cessation des hostilités au Soudan du Sud ont participé à des combats depuis l’adoption de la résolution 2418 (2018) ou si elles ont conclu un accord politique viable.

En l’absence d’un tel accord ou si des combats étaient signalés, le Conseil pourrait envisager l’application des sanctions prévues aux paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015), à savoir le gel des avoirs et les interdictions de voyager, aux personnes nommées dans l’annexe 1 à la résolution adoptée aujourd’hui.  Un embargo sur les armes pourrait également être envisagé.

L’adoption de la résolution 2488 (2018) a toutefois mis en lumière d’importants désaccords quant au bien-fondé d’imposer de telles mesures alors que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), comme l’a fait observer l’Éthiopie, a tenu aujourd’hui même une réunion extraordinaire pour montrer sa volonté de prendre des sanctions contre les individus violant l’Accord sur la cessation des hostilités.  Un accord qui avait été signé le 21 décembre 2017 sous les auspices de cette organisation sous-régionale.

La présence, dans la résolution, d’une annexe dressant la liste de six personnes visées par l’interdiction de voyager ou le gel des avoirs, a été critiquée, notamment par la Guinée équatoriale qui y a vu un obstacle aux négociations.

« On ne cesse de nous dire qu’il faut attendre, mais en attendant, les combats et les atrocités se poursuivent », s’est toutefois impatientée la délégation des États-Unis qui a dit regretter que l’Union africaine et l’IGAD n’aient pas encore imposé de sanctions aux auteurs d’actes criminels.  Elle a aussi dénoncé le fait que le Gouvernement sud-soudanais ait promu des individus qui faisaient l’objet de sanctions.  « C’est là une véritable farce », s’est exclamée la représentante pour qui le statu quo n’est plus tolérable.

« Le Conseil de sécurité a montré aujourd’hui qu’il agira.  C’est un message clair aux parties et à ceux qui empêchent la paix de se concrétiser », s’est à son tour félicité le Royaume-Uni.  Si le Conseil s’est montré divisé, il n’en demeure pas moins unanime sur la question du Soudan du Sud et il continue d’appuyer l’IGAD, a assuré cette délégation.  Même son de cloche du côté de la France qui est d’avis que le Conseil de sécurité ne peut pas rester inactif face à la violence au Soudan du Sud.

L’Éthiopie s’est toutefois inquiétée des conséquences d’une résolution qui est à son sens « le fruit de la frustration » et qui risque de constituer une « évolution tragique », avertissant que celle-ci sera nuisible au processus de paix, en ce qu’elle sape les efforts de l’IGAD et de l’Union africaine.  Au moment où une solution politique de compromis semble accessible, le Conseil aurait pu se prononcer sur la question sans pour autant mettre en péril le processus de paix, a estimé le représentant éthiopien.

« L’IGAD a réclamé plus de temps, et il importe de respecter cela », a considéré pour sa part la Guinée équatoriale, tandis que la Fédération de Russie a jugé peu souhaitable d’imposer des sanctions aux personnes participant au Forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix.

Le Soudan du Sud a, lui aussi, averti que l’annexe de la résolution risquait de ne pas produire l’effet souhaité, alors même que l’on peut à présent apercevoir « la lumière au bout du tunnel » dans le cadre des négociations. 

*Votes pour: Côte d’Ivoire, États-Unis, France, Koweït, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Royaume-Uni, Suède.

Abstentions: Bolivie, Chine, Éthiopie, Fédération de Russie, Guinée équatoriale, Kazakhstan.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Texte du projet de résolution S/2018/515

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations sur le Soudan du Sud, en particulier ses résolutions 2057 (2012), 2109 (2013), 2132 (2013), 2155 (2014), 2187 (2014), 2206 (2015), 2241 (2015), 2252 (2015), 2271 (2016), 2280 (2016), 2290 (2016), 2302 (2016), 2304 (2016), 2327 (2016), 2353 (2017), 2392 (2017) et 2406 (2018),

Condamnant avec la plus grande fermeté les combats qui font rage, en violation de l’Accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l’accès humanitaire du 21 décembre 2017 (l’« Accord sur la cessation des hostilités »), exigeant à nouveau des dirigeants du Soudan du Sud qu’ils respectent pleinement le cessez-le-feu permanent décrété dans l’Accord de 2015 sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud et les cessez-le-feu qu’ils ont respectivement demandés le 11 juillet 2016 et le 22 mai 2017, ainsi que l’Accord sur la cessation des hostilités, et appelant les parties sud-soudanaises à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour régler le conflit par des voies pacifiques,

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu de l’Article 41 du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide de reconduire jusqu’au 15 juillet 2018 les mesures imposées par les paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015), réaffirme les dispositions des paragraphes 10, 11, 13, 14 et 15 de ladite résolution et réaffirme également les dispositions des paragraphes 8, 9 et 10 de la résolution 2290 (2016);

2.    Décide de proroger jusqu’au 14 août 2018 le mandat qu’il a confié au Groupe d’experts aux alinéas a), b), c) et f) du paragraphe 12 de la résolution 2290 (2016), et décide que le Groupe d’experts devra présenter au Comité un point de la situation tous les mois, et entend réexaminer le mandat du Groupe d’experts et faire le nécessaire concernant sa reconduction le 15 juillet 2018 au plus tard;

3.    Prie le Secrétaire général, en coordination avec le Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, de présenter un rapport d’ici au 30 juin 2018 indiquant si les parties à l’Accord de cessation des hostilités au Soudan du Sud ont participé à des combats depuis l’adoption de la présente résolution ou si elles ont conclu un accord politique viable, et décide que si le Secrétaire général signale des combats ou l’absence d’un accord politique viable, il devra envisager l’application des mesures visées aux paragraphes 9 et 12 de la résolution 2206 (2015) aux personnes mentionnées dans l’annexe 1 à la présente résolution ou d’un embargo sur les armes dans les cinq jours suivant ledit rapport;

4.    Décide de rester saisi de la question.

Déclarations

« Que diriez-vous à la survivante d’un viol?  Que diriez-vous aux deux frères contraints de voir leur mère violée par des hommes armés puis de l’abattre eux-mêmes? » a lancé d’emblée Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis).  Elle a signalé que le Soudan du Sud compte à présent 2,5 millions de réfugiés, dénonçant vivement que des femmes de tout âge, y compris des filles de seulement 4 ans, sont victimes de viol, sans compter les nombreux civils qui ont été massacrés.  Elle a appelé le Conseil de sécurité à prendre des mesures fortes pour que les dirigeants du Soudan du Sud répondent de leurs actes, estimant qu’il est plus que temps d’imposer un embargo sur les armes.  Elle a aussi dénoncé le fait que le Gouvernement sud-soudanais ait promu des individus qui faisaient l’objet de sanctions.  « C’est là une véritable farce », s’est exclamée la représentante pour qui le statu quo n’est plus tolérable.

« On ne cesse de nous dire qu’il faut attendre, mais en attendant, les combats et les atrocités se poursuivent », a poursuivi Mme Haley.  « On nous dit qu’il y a quelques jours, les parties se seraient réengagées à respecter l’Accord, mais ce ne sont là que de vaines paroles », a-t-elle accusé, disant ensuite regretter que l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) n’aient pas imposé de sanctions aux auteurs d’actes criminels.  La représentante a averti qu’une génération entière d’enfants grandit sans éducation et est empreinte d’un fort sentiment de ressentiment.  « Allons-nous leur dire que nous nous sommes contentés d’attendre?  Cessons de nous réfugier derrière des prétextes, et agissons », a-t-elle lancé.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a souligné la gravité de la situation au Soudan du Sud et affirmé partager la douleur et les souffrances du peuple sud-soudanais.  Les problèmes de ce pays ne peuvent être résolus que par des solutions politiques, a-t-il estimé.  Constatant les progrès enregistrés ces derniers temps, le représentant a toutefois reconnu la lenteur du processus.  Certes, cette lenteur entraîne de la frustration, a-t-il dit, mais une résolution résultant de cette frustration ne peut que nuire au processus et constituer une évolution tragique, selon lui.  Il a fait remarquer que l’IGAD, l’Union africaine et l’ONU avaient compris la nécessité de coordonner leurs efforts pour faire avancer le processus de paix.

Le représentant a poursuivi en disant que le Conseil de sécurité pouvait se prononcer sur la question sans mettre en péril le processus de paix, au moment où une solution politique de compromis semble accessible.  « Ceux qui sont proches du problème sont proches de la vérité », a affirmé le délégué qui a regretté que la résolution ait été présentée au moment où l’IGAD a réitéré sa volonté de prendre des mesures contre les fauteurs de troubles au Soudan du Sud.  En outre, l’IGAD a tenu, aujourd’hui même, une réunion extraordinaire pour montrer sa volonté de prendre des sanctions contre les individus violant l’Accord de cessation des hostilités.  Le délégué a aussi fait valoir que le Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’IGAD aura lieu sous peu pour discuter de la situation.  « Il faut donner une chance à l’IGAD », a prié le représentant.  « C’est le message que nous avons essayé de faire passer. »

Il a indiqué que le projet de résolution présenté ne recueillait pas le soutien de l’IGAD ni celui de l’Union africaine.  Il ne fait pas le consensus au sein du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté en regrettant qu’« un Conseil de sécurité divisé envoie un mauvais message aux parties ».  Le représentant a ainsi expliqué ne pas avoir d’autre choix que de s’abstenir sur le vote du texte, une résolution qui « est le fruit de la frustration », qui est « nuisible au processus de paix », et qui « sape les efforts de la sous-région et de la région ». 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a indiqué ne pas pouvoir appuyer la résolution, au motif que l’annexe représente un obstacle aux négociations.  Il a souligné que c’est l’IGAD qui a le mandat de chapeauter les négociations, soulignant que c’est l’entité la plus appropriée pour trouver un règlement à la situation.  « L’IGAD a réclamé plus de temps, et il importe de respecter cela », a-t-il souligné.  Le représentant a indiqué qu’une rencontre entre MM. Salva Kiir et Riek Machar était prévue avant la tenue du prochain sommet de l’Union africaine.  Il a averti que l’adoption de la résolution risquait de laisser la communauté internationale sans interlocuteurs valables.

Le représentant a souligné que chacun s’accorde sur la nécessité d’exercer des pressions pour contraindre les parties à s’assoir à la table des négociations.  Ce qu’il faut définir, c’est « quand et comment », a-t-il indiqué.  Le délégué a aussi appelé à ne pas saper la légitimité des organisations régionales.  Il a demandé de donner une chance à l’IGAD, faisant observer que l’organisation s’est engagée à exercer des pressions, voire à imposer des sanctions, si aucun progrès n’était enregistré au cours des prochains mois.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a jugé la situation intenable au Soudan du Sud.  Le Royaume-Uni appuie les efforts déployés par les pays de la région et les parties pour trouver une solution politique au conflit, a-t-il dit, tout en notant que ces mêmes parties ne sont toujours pas disposées à faire des compromis pour la paix.  « Les violations et les atteintes au droit de l’homme continuent, le cessez le feu n’est pas respecté. »  Pour lui, la solution au Soudan du Sud est une paix durable qui passe par un processus politique inclusif.  Le représentant a plaidé en faveur d’un compromis, essentiel si l’on veut parvenir à une paix qui passe l’épreuve du temps.  « Le Conseil de sécurité a montré aujourd’hui qu’il agira.  C’est un message clair aux parties et à ceux qui empêchent la paix de se concrétiser. »  Si le vote d’aujourd’hui montre un Conseil de sécurité divisé, il est unanime sur la question du Soudan du Sud et continue d’appuyer l’IGAD, a fait valoir le représentant.  « Ne faiblissons pas dans les efforts pour la paix et ne facilitons pas la tâche de ceux qui sont contre la paix », a exhorté le délégué.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a estimé qu’avec cette résolution, le Conseil de sécurité envoie un signal à toutes les parties au conflit quant à l’urgente nécessité de s’engager pleinement en faveur de la cessation des hostilités et en vue d’un accord politique.  Si celles-ci continuent de ne servir que leurs propres intérêts, a-t-il averti, le Conseil envisagera des conséquences sérieuses.  Il a affirmé que l’ensemble des membres du Conseil s’entendent sur ce point, estimant par ailleurs qu’il aurait pu être possible d’adopter un texte consensuel.  Il a appuyé l’appel de l’IGAD enjoignant à toutes les parties au Forum de haut niveau pour la revitalisation à négocier de bonne foi et à faire preuve d’un esprit de compromis.  « Le moment est maintenant venu pour les dirigeants du Soudan du Sud de montrer qu’ils sont sérieux », a-t-il lancé.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a déclaré avoir un profond sentiment de frustration face à l’intransigeance des dirigeants du Soudan du Sud.  Dans sa déclaration présidentielle du 14 décembre, a-t-il rappelé, le Conseil de sécurité a montré sa détermination à assurer que les parties respectent leurs obligations et responsabilités.  Il a souligné que la résolution adoptée aujourd’hui énonce les conditions et le temps donné aux parties pour se conformer à ces obligations, ce qui ajoute ainsi une pression internationale aux efforts régionaux.  Dans le même temps, le représentant a regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas été en mesure d’adopter la résolution par consensus.

Pour la Suède la solution politique négociée par les acteurs de la région reste le seul moyen viable de parvenir à la paix au Soudan du Sud.  Il a appelé l’IGAD et toute la région à intensifier leurs efforts pour une solution pacifique du conflit.  À cet égard, il a salué les résultats de la réunion du Conseil des ministres de l’IGAD tenue aujourd’hui.  Pour donner aux efforts de paix les meilleures chances de réussite, il est impératif, a-t-il dit, que nous soyons unis, parlions d’une « seule voix » aux parties et à la région.  Il a expliqué que la résolution offre un choix clair aux parties.  « Nous les exhortons à respecter l’Accord de cessation des hostilités et à participer à un accord politique viable dans les 30 jours pour éviter les conséquences. »    

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il s’était abstenu lors du vote.  Il a fait part de sa préoccupation face à la poursuite des hostilités et a appelé les parties à trouver rapidement un compromis.  Il a jugé peu souhaitable d’imposer des sanctions aux personnes participant au Forum de haut niveau pour la revitalisation de l’Accord de paix, avant d’insister sur l’importance d’appuyer les efforts de médiation de l’IGAD.  Le représentant a rejeté l’imposition d’un calendrier artificiel et a émis des doutes quant au bénéfice d’imposer d’autres sanctions ou d’élargir l’imposition des sanctions existantes.  En outre, il a dénoncé le travail du porte-plume qui, « une fois de plus », place le Conseil dans l’impasse.  Il a aussi affirmé qu’il est impossible d’imposer des sanctions dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.

M. SHEN BO (Chine) a exhorté la communauté internationale à écouter les pays de la région et à les aider afin de trouver une solution à la crise au Soudan du Sud.  Il faut promouvoir un processus politique inclusif dans ce pays, a estimé le représentant qui a noté que la résolution qui venait d’être adoptée incluait certaines personnalités de haut rang qui figurent sur la liste de sanctions.  « C’est pour cette raison que cette résolution n’aidera pas à trouver de solution au conflit. »  Elle n’a d’ailleurs pas fait l’objet d’un consensus ni au Conseil ni avec les pays de la région, a fait remarquer le délégué en expliquant pourquoi la Chine s’était abstenue. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a appuyé le droit de l’IGAD d’imposer des sanctions aux individus qui nuisent au processus de paix.  Il a souligné que l’imposition de sanctions a un impact pour toute la région, raison pour laquelle elles doivent être uniquement imposées par l’IGAD.  Il a appelé le Conseil de sécurité à faire preuve d’unité face à la position prise par l’IGAD.

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a déclaré que sa délégation avait voté en faveur de la résolution parce que « ce Conseil ne peut pas rester inactif face à la violence sur le terrain au Soudan du Sud ».  Les parties devraient s'efforcer de trouver une solution dans les semaines à venir, a-t-il souhaité.  Il a aussi invité la communauté internationale, et notamment l’IGAD, l’Union africaine, le Conseil, à rester active pour créer les conditions propices au succès des efforts de recherche de solutions.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a estimé que la position de l’IGAD et de l’Union africaine devait être prise en compte lors des délibérations du Conseil de sécurité, les organisations régionales devant assumer un rôle plus important.  Il a indiqué qu’il aurait souhaité que le Conseil accorde plus de temps à l’IGAD, insistant sur l’importance de donner une chance aux médiateurs.

M. AKUEI BONA MALWAL (Soudan du Sud) a déclaré qu’on pouvait à présent apercevoir « la lumière au bout du tunnel » dans le cadre des négociations.  Mais il a averti que l’annexe de la résolution risquait de ne pas produire l’effet souhaité.  Néanmoins, a-t-il assuré, le Gouvernement du Soudan du Sud travaillera avec la région pour parvenir à une paix durable pour la population du Soudan du Sud.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale réalise « la transformation la plus ambitieuse » du système des Nations Unies pour le développement

Soixante-douzième session,
91e séance plénière – après-midi
AG/12020

L’Assemblée générale réalise « la transformation la plus ambitieuse » du système des Nations Unies pour le développement

L’Assemblée générale a adopté sans vote et sous les applaudissements, cet après-midi, une résolution qui, selon le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, marque « la transformation la plus ambitieuse » du système des Nations Unies pour le développement depuis des décennies.  Elle redynamise, en particulier, le rôle du système des coordonnateurs résidents.

Intitulée « Repositionner le système des Nations Unies pour le développement dans le cadre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies », la résolution trace la voie à suivre pour que, en pleine consultation et d’un commun accord avec les gouvernements, le système s’aligne plus rapidement sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Par ce texte, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de renforcer l’autorité du coordonnateur résident sur toute équipe de pays, étant donné sa qualité de plus haut représentant du système des Nations Unies pour le développement, censé répondre pour l’ensemble du système sur le terrain de la mise en œuvre des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement et aider les pays à mener à terme le Programme 2030. 

En dissociant les fonctions de coordonnateur résident de celles de représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement, l’Assemblée générale confie au système des Nations Unies pour le développement un mandat de coordination spécial, indépendant, impartial, autonome axé sur le développement durable.

Le texte, fort de 33 paragraphes, se divise en six parties: « Nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies »; « Redynamiser le rôle du système des coordonnateurs résidents »; « Réaménager l’approche régionale »; « Donner suite à l’entreprise de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement aux niveaux mondial, régional et national »; « Orientation stratégique, supervision et responsabilité: obtenir des résultats à l’échelle du système »; « Financer le système des Nations Unies pour le développement ». 

La résolution donne un sens pratique à notre promesse de faire avancer les objectifs de développement durable pour tout le monde, partout, en ne laissant personne de côté, s’est félicité le Secrétaire général.

C’est l’aboutissement d’un processus de négociation complexe mené par tous les États Membres, a apprécié le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák.  « Cette résolution n’est un document parfait pour personne, mais c’est le résultat légitime d’un processus multilatéral », a-t-il tempéré.  Il y a encore beaucoup à faire, a-t-il prévenu.  Il faudra mobiliser des ressources et avancer vers l’examen des deux autres piliers, gestion et paix et sécurité.

La résolution représente « le début d’une ère nouvelle », et « un pas très important sur la longue voie vers 2030 », ont renchéri respectivement les représentants de l’Algérie et du Danemark, pays cofacilateurs.

L’ambition dont le Programme 2030 est empreint –assurer la paix et la prospérité pour tous sur une planète en bonne santé– exige des changements tout aussi ambitieux dans tout le système des Nations Unies.  Cet impératif de changement était au cœur de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale, résolution phare sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  C’était aussi le fil conducteur du projet de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et de la série de propositions que le Secrétaire général a présentées à cet effet.

« Au final, réformer c’est mettre en place les mécanismes qui permettent de faire la différence dans la vie des personnes que nous servons », a résumé M. Guterres.  L’appartenance nationale, le principe de responsabilité et les résultats orienteront le système à l’avenir.  Nos équipes sur le terrain seront en mesure de mieux adapter leur présence, leurs capacités et leur réponse d’ensemble à vos priorités, a assuré le Secrétaire général.  

Dans son texte, l’Assemblée générale prie en effet le Secrétaire général de « piloter les efforts des entités du système des Nations Unies pour le développement tendant à mettre en place une nouvelle génération d’équipes de pays, guidés dans leur approche par les besoins de chaque pays ».

Nous continuerons de tisser des partenariats très forts avec les gouvernements, mais nous serons également en contact avec la société civile, les milieux universitaires, le secteur privé.  Le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement reflètera mieux les priorités et les besoins des pays, a poursuivi le Secrétaire général.

« Je suis fier du travail accompli par les 129 coordonnateurs résidents dans 156 pays », a dit M. Guterres.  Mais les structures que nous avons aujourd’hui au niveau des pays reposent trop sur les personnalités et la bonne volonté dans un système qui ne récompense pas toujours la coopération, a-t-il reconnu.  « Nous pouvons maintenant combler un déficit historique en institutionnalisant ce qui fonctionne. »

Sur la question clef du financement, l’Assemblée décide, comme le Secrétaire général l’a demandé, de dégager tous les ans à partir du 1er janvier 2019, les fonds nécessaires au financement du système en: prélevant une redevance de 1%, à retenir à la source, sur la contribution de tierces parties aux ressources autres que les ressources de base; en doublant le montant prévu dans l’accord de partage des coûts entre entités du système; en versant des contributions volontaires, prévisibles et pluriannuelles à un fonds d’affectation spéciale d’accompagnement à titre initial.

Je compte sur votre soutien pour financer de façon adéquate et prévisible ce système redynamisé des coordonnateurs résidents, a dit M. Guterres.  Sa préférence, a-t-il confié, aurait été de le financer en utilisant le budget ordinaire de l’ONU.  Toutefois, « la solution hybride de financement avancée par les cofacilitateurs est la meilleure alternative possible car, en combinant différentes sources, elle diversifie la base de financement ».

Le succès de ce système et de cette réforme dépendra de votre générosité et de votre engagement, a-t-il insisté.  Il a demandé aux États leur appui immédiat pour pouvoir être opérationnel dès le 1er janvier 2019.

Le Secrétaire général s’est engagé à présenter, avant la fin de la présente session de l’Assemblée générale, un plan de mise en œuvre, et à consulter régulièrement les États Membres pendant la phase de transition.  Il leur a demandé de bien vouloir appuyer les changements à travers les organes directeurs des agences, des fonds et des programmes des Nations Unies.  

« Nous allons bientôt entrer dans la quatrième année du Programme 2030.  Nous n’avons pas de temps à perdre », a-t-il conclu.  Enfin, M. Gutteres a annoncé qu’il allait mettre immédiatement en place une équipe de transition sous la direction de la Vice-Secrétaire générale pour faire appliquer les décisions des États.

Par ailleurs, l’Assemblée invite les États Membres à contribuer, à titre volontaire, 290 millions de dollars par an, aux fins de la capitalisation du fonds commun des Nations Unies pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée se félicite également de ce que le Secrétaire général propose d’ouvrir un dialogue sur le financement en 2018, le but étant de voir conclure un pacte de financement sous la forme d’un accord entre le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres.

Au titre des incidences financières de la résolution, le Secrétariat a informé que le système de coordonnateurs résidents redynamisé aura un coût annuel de 255 millions de dollars, soit une hausse de 80 millions de dollars par rapport au système actuel.  L’essentiel des besoins va exiger des ressources extrabudgétaires.  Le Secrétariat, dont la part se situerait entre 13 et 16 millions de dollars environ en 2019, a espéré que des contributions bénévoles seront reçues dès 2018 pour accélérer la mise en place du système à partir de 2019.  

Parmi les 24 délégations qui ont expliqué leur position après l’adoption de la résolution, le Groupe des 77 et de la Chine a expliqué qu’il avait participé au processus de négociation « pour veiller à ce que le projet de résolution reflète le meilleur de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies des activités.  Il s’est dit satisfait du résultat des négociations qui tient compte des préoccupations qu’il avait soulevées.  Ainsi la résolution fait de l’éradication de la pauvreté son objectif premier et dit explicitement que les plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement doivent être élaborés en consultation et avec l’accord des gouvernements.  Il s’est toutefois inquiété du fait que les États Membres vont devoir financer l’application de cette résolution; « les plus pauvres vont devoir assumer une charge financière lourde si le texte n’est pas appliqué comme il se doit »

L’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement reste « la pierre angulaire » du système, a également considéré le Groupe des États d’Afrique qui s’est engagé en faveur de ce processus de réforme, qui doit démarrer le plus vite possible.   Cette résolution, a-t-il souligné, n’est qu’un premier pas.  L’étape suivante sera la mise en œuvre de la réforme.  Les pays africains encouragent une présence des Nations Unies transparente, « axée sur nos besoins, en consultation avec nos autorités ».  En raison de la pauvreté, du terrorisme, des changements climatiques, de l’instabilité, « on ne peut plus se permettre des retards dans le développement durable ». 

Les Pays les moins avancés (PMA) se sont félicités de ce que la résolution reprenne beaucoup de leurs priorités.  L’examen quadriennal doit rester la force motrice pendant le processus d’application, ont-ils dit à leur tour.  Dans les PMA, les plans-cadres doivent tenir compte du Programme d’action d’Istanbul.  Il est important de bien connaître les difficultés auxquelles ces pays sont confrontés.  « Nous ne voulons pas d’une réduction de la présence des Nations Unies sur le terrain », ont insisté les PMA qui ont demandé un financement « prévisible » du système des coordonnateurs résidents et des données ventilées.

Espérons, a poursuivi l’Union européenne, que la résolution va faciliter cette réforme essentielle « pour réaliser la vision du Secrétaire général sur la mission de l’ONU » et pour aider les États Membres à réaliser les objectifs de développement durable.  Nous allons continuer de participer au dialogue, a-t-elle assuré, car il s’agit là d’un aspect inséparable de la phase réellement difficile de mise en œuvre qui ne commence que maintenant.  « Appuyer la réforme du Secrétaire général est la condition sine qua non pour réaliser les objectifs de développement durable. »  

« C’est tout le système des Nations Unies à tous les niveaux qui doit agir » et il est essentiel que la réforme commence le plus rapidement possible, a acquiescé l’Alliance des petits États insulaires.  Le repositionnement du système des Nations Unies n’est pas « une solution miracle », et il faudra examiner le travail dans les pays vulnérables, l’objectif étant d’éliminer la pauvreté et d’améliorer la vie de chacun.  Souhaitant elle aussi un mécanisme de financement prévisible, elle a jugé imparfaite la formule de financement présentée aujourd’hui.  « Il faut jeter des bases solides pour aller de l’avant, car 2030 n’est qu’à deux cycles de l’examen quadriennal complet, a-t-elle pressé.

Le CANZ -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande- a aussi reconnu qu’un plan de mise en œuvre « bien rédigé » sera essentiel pour garantir le succès.  Les changements structurels doivent s’accompagner de changements culturels, y compris pour le leadership et la redevabilité dans toutes les entités du système.  « Nous devons mettre fin aux démarches fragmentées et le dialogue sur le financement doit se poursuivre, d’autant plus les contributions dépendent trop d’un petit groupe de donateurs.    

Rappelant qu’ils contribuent à hauteur d’1,7 milliard de dollars, les États-Unis ont rappelé que l’une de leurs grandes priorités a été de « laisser les peuples décider de la valeur de l’Organisation ».  Ils s’attendent donc à ce que ces réformes mènent à moins de bureaucratie, à plus de résultats et à encore plus de souplesse.  « Nous avons évité une augmentation de près de 200 millions de dollars car on s’est rendu compte que l’on peut financer autrement qu’en sollicitant le contribuable, se sont réjouis les États-Unis.

Si les propositions de réforme découlent du désir commun d’améliorer l’action du système des Nations Unies dans le domaine du développement, elles arrivent au moment où l’ONU contemple un scénario avec des ressources à la baisse, a constaté l’Inde.  À l’instar d’autres délégations, il a regretté que les modalités de financement envisagées soient différentes de ce qui était initialement prévu.  L’incertitude prévaut, a-t-elle estimé.  La Fédération de Russie a estimé que le modèle mixte de financement « convenu à la va vite » n’est pas le meilleur choix que nous pouvions faire car il risque d’effrayer les nouveaux donateurs, notamment le secteur privé.  Il s’agit, a-t-elle voulu croire, d’une mesure temporaire à moyen terme.  Comme d’autres États, la Fédération de Russie a dit compter sur la poursuite du dialogue.

*A/72/L.52

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: Plébiscite de la réforme de la gestion pour lutter contre la « lourdeur » de la bureaucratie onusienne

Soixante-douzième session,
43e séance – matin
AG/AB/4283

Cinquième Commission: Plébiscite de la réforme de la gestion pour lutter contre la « lourdeur » de la bureaucratie onusienne

Nombreuses ont été les délégations, ce matin, à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, à applaudir les propositions du Secrétaire général pour réformer la gestion de l’ONU et à plébisciter la stricte séparation entre les politiques de gestion, d’une part, et l’appui opérationnel au terrain, d’autre part.  L’ONU pourra ainsi réduire « la lourdeur de sa bureaucratie ».

Des processus lents et lourds, des chevauchements, des lignes de responsabilité floues, une hypercentralisation, des structures fragmentées et un déficit de confiance entre le Secrétariat et les États Membres, c’est en effet ce qu’a trouvé le Secrétaire général lorsqu’il a pris les manettes de l’ONU, ont rappelé les États-Unis.  La gestion à l’ONU était devenue trop complexe pour répondre « avec souplesse et agilité » aux problèmes actuels, a diagnostiqué l’Union européenne.  Il faut saluer la priorité accordée par le Secrétaire général à la « rationalisation des processus », a applaudi l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

 Saisissons cette chance, qui ne surgit qu’une fois par génération, pour réaliser une réforme organisationnelle concrète aux avantages réels pour les opérations sur le terrain et pour les peuples qu’elles servent, a encouragé le CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande).  En tant que « Chef de l’administration », nous devrions donner au Secrétaire général toute notre confiance et approuver toutes ses propositions, a-t-il estimé.  « Il a plaidé sa cause avec conviction », se sont exclamés les États-Unis.

L’une des propositions phares de M. António Guterres consiste à réorganiser le Département de la gestion et le Département de l’appui aux missions actuels en deux nouvelles structures:  le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et, celui de l’appui opérationnel, qui servira de « point focal unique » avec les pays fournisseurs de troupes.  Les deux nouveaux départements seront au service de tout le Secrétariat; au Siège, dans les commissions régionales, dans les bureaux hors Siège et dans les missions.  Le Secrétaire général compte déléguer directement aux chefs des quelque 100 entités du Secrétariat les pleins pouvoirs administratifs nécessaires pour leur permettre de gérer efficacement leurs ressources financières, humaines et matérielles.

Le Secrétaire général a présenté « très clairement » les rôles et responsabilités futurs des deux départements, c’est la base nécessaire pour des lignes hiérarchiques plus claires, une meilleure redevabilité et la transparence et la performance tant attendues, a salué l’Union européenne.  L’ONU va enfin pouvoir passer à une culture « motivée par les résultats, plutôt que par les processus », se sont réjouis la Suisse et le Liechtenstein, séduits par la perspective de règles simplifiées marquées du sceau « du bon sens ».

La vraie réforme, ont tout de même prévenu les États-Unis, n’aura lieu que si elle s’accompagne d’une transformation de la culture organisationnelle, celle qui récompense et encourage la performance et l’innovation, et punit la sous-performance.  La vraie réforme, a ajouté le Brésil, c’est aussi une représentation équitable de toutes les nationalités au sein du Secrétariat et la parité entre les sexes.  Il faut, ont embrayé le Groupe des 77 et la Chine, comprendre pourquoi certains groupes régionaux dominent dans certains départements.  « Un système non discriminatoire et débarrassé de tout ce qui est contraire à l’esprit de la Charte », c’est ce qu’a dit attendre le Groupe des États d’Afrique. 

L’ampleur de la tâche a incité le Groupe des 77 et la Chine à ne pas arrêter hâtivement une date pour la fin du processus: « nous ne devrions pas fixer des délais artificiels ».  Il est temps de passer à l’action, s’est, au contraire, impatientée l’Union européenne et cela veut dire, se mettre d’accord sur la réforme de la gestion, avant la fin du mois de juin.  Nous devons saisir l’élan imprimé pour lancer la mise en œuvre de la réforme d’ici à janvier 2019, ont précisé les États-Unis.  Il est temps de donner au Secrétaire général le « top départ » du remodelage de l’Organisation et de le mettre en position, lui, ses cadres et son personnel, d’imprimer de réels changements dans les méthodes de travail et la culture de travail d’une Organisation moderne, a estimé la Norvège. « Nous devons collectivement saisir cette occasion de mettre en place une ONU plus efficace, plus efficiente et plus responsable », a conclu le Japon.

La Commission était aussi saisie d’un projet de résolution sur le financement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), pour laquelle le Secrétaire général demande une enveloppe de 483 millions de dollars pour 2018-2019, réduite de 2 millions par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Le projet de texte, qui n’a pas encore été adopté, souligne qu’Israël est tenu de payer la somme d’1 million de dollars pour les dépenses occasionnées par le bombardement du quartier général de la FINUL à Cana, le 18 avril 1996. 

Au moment où nous allons débattre des projets de réforme de la gestion de l’ONU, nous sommes une nouvelle fois devant ce qui est devenu un rituel sur la question de la FINUL, un rituel, s’est expliqué Israël, consistant à politiser le travail de la Cinquième Commission.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée sans le Journal des Nations Unies.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) (A/C.5/72/l.31)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. KARIM SAMIR ISMAIL ALSAYED (Égypte) a souligné qu’Israël était tenu de s’acquitter de la somme de 1 117 005 dollars correspondant aux dépenses occasionnées par les faits survenus à Cana le 18 avril 1996.  Il a prié le Secrétaire général de faire un rapport sur la question à l’Assemblée générale.  Le représentant a en effet rappelé que son Groupe est l’initiateur du projet de résolution.  Il a salué la FINUL pour sa contribution positive au rétablissement de la paix dans la région.

La situation est un peu paradoxale, a commenté M. YARON WAX (Israël).  Au moment où nous allons débattre des projets de réforme de la gestion des Nations Unies, nous sommes une nouvelle fois devant ce qui est devenu un rituel sur la question de la FINUL.  Ce rituel consiste à politiser le travail de la Cinquième Commission, en adoptant un projet de résolution contraire aux principes de base des méthodes de travail de la Commission qui sont fondés sur la coopération, la négociation et le consensus et limités aux aspects budgétaires du maintien de la paix.

Au lieu de cela, le Groupe des 77 et la Chine ont choisi de « prendre en otage » les discussions et de s’en prendre à un seul État Membre, mettant à jour une fois encore des « préjugés tenaces » sur Israël.  Cette année, a poursuivi le représentant, le mépris des méthodes de travail de la Commission s’est illustré par le fait que le nouveau libellé du projet de résolution n’a même pas été soumis aux consultations informelles, raison « claire » pour laquelle la Commission s’est vue dans l’incapacité de parvenir à un consensus.  Ce « mépris » des procédures est un « précédent dangereux », a mis en garde le représentant qui a néanmoins réitéré l’appui de son pays à la FINUL.  « Nous allons discuter de la réforme des Nations Unies plus tard dans la journée, et, ce faisant, nous devrions réfléchir à cette manipulation inappropriée de la Cinquième Commission, laquelle est devenue un rituel », a tranché le représentant. 

EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur « Un nouveau modèle de gestion pour l’Organisation des Nations Unies: améliorer l’efficacité et l’application du principe de responsabilité grâce à une nouvelle structure de gestion » (A/72/7/Add.49)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/72/492/Add.2) qui donne des informations générales sur ses projets de réforme.  Le Comité consultatif souligne la singularité de l’ONU: l’un de ses six organes principaux, le Secrétariat, est chargé de mettre en œuvre les activités qui sont décidées par les cinq autres et qui couvrent un champ très vaste et varié.  Sur les 39 651 fonctionnaires, 49,8% (19 754) sont déployés sur le terrain et 50,2% sont affectés dans les bureaux centraux, pour la plupart dans les départements et bureaux du Siège. 

Le CQQAB note que le Secrétaire général pense qu’il faut remédier aux insuffisances constatées dans le style de gestion et le modèle de leadership et qu’il propose la réorganisation du Département de la gestion et du Département de l’appui aux missions qui deviendront le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et le Département de l’appui opérationnel.  Les deux nouveaux Départements seront au service de tout le Secrétariat, au Siège, dans les commissions régionales, dans les bureaux hors Siège et dans les missions.  Dans ce cadre, le Secrétaire général indique qu’il compte déléguer directement aux chefs des quelque 100 entités du Secrétariat (départements, bureaux, commissions régionales, tribunaux et missions) les pleins pouvoirs administratifs nécessaires pour leur permettre de gérer efficacement leurs ressources financières, humaines et matérielles, lesquels seront chargés à leur tour de déléguer leurs pouvoirs à d’autres fonctionnaires de l’entité, en fonction des attributions de ces derniers.

Le Secrétaire général explique aussi qu’aujourd’hui, il est difficile de tenir un fonctionnaire responsable de telle ou telle décision ou de telle ou telle action du fait de la complexité des politiques, des procédures et des délégations de pouvoirs en vigueur.  Il indique qu’il compte simplifier le cadre réglementaire existant au cours de l’année à venir; le Règlement du personnel et les règles de gestion financière devant être révisés en fonction.

Ayant pris note des détails, le CCQAB recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’envisager de revoir la proposition visant à transférer au Département de l’appui opérationnel la fonction d’achat et les fonctions de facilitation correspondantes.  Si la Division des achats était rattachée aux structures qu’il est proposé de créer au Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, cela permettrait de maintenir une séparation essentielle des tâches ainsi qu’un contrôle interne solide.  Le Comité consultatif recommande également que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’envisager de revoir la proposition de rebaptiser le Comité des marchés du Siège en Comité consultatif des achats et celle de placer le secrétariat du Comité consultatif des achats sous la responsabilité du Directeur (D-2) de la Division de la transformation opérationnelle et des questions de responsabilité.  En outre, le Comité consultatif est d’avis que des mesures supplémentaires devraient être mises en place afin de renforcer l’efficacité opérationnelle et d’améliorer la communication et la collaboration entre les Divisions des achats et de la logistique, y compris des mesures de responsabilisation. 

Le Comité consultatif n’est pas non plus convaincu que la séparation des fonctions ressources humaines, qu’il est proposé d’opérer entre le Bureau des ressources humaines du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et la Division des Services des ressources humaines du Département de l’appui opérationnel, soit rationnelle.  En conséquence, il recommande à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général d’envisager de regrouper les fonctions ressources humaines en une structure administrative unique, afin d’adopter une approche unifiée, d’optimiser la répartition des fonctions et d’éviter les doubles emplois.

Le Comité compte aussi que le Secrétaire général expliquera en détail comment il faut opérer et gérer la délégation de pouvoirs pour la gestion des ressources humaines, financières et matérielles des offices des Nations Unies à Genève, Vienne et Nairobi, étant donné que les montants de leurs besoins en ressources sont présentés dans divers chapitres du budget.

Le Comité consultatif considère que, compte tenu de ses observations et recommandations, les modifications que le Secrétaire général se propose d’apporter au plan-programme biennal et aux priorités pour la période 2018-2019, et aux postes et ressources financières approuvés, ainsi que le montant de 364 millions de dollars qu’il demande doivent être mises à jour.

Le Comité consultatif compte que la réduction de 5% du montant des ressources demandées pour les postes sera appliquée pour calculer les prévisions de dépenses pour 2019.  Il compte également que la réduction s’applique dans l’exécution du budget-programme de 2018-2019 depuis le 1er janvier 2018.  Le Comité compte aussi que le Secrétaire général continuera de rechercher des moyens d’éliminer les doubles emplois et les chevauchements et qu’il pourra optimiser l’utilisation des structures, et que le résultat de ces efforts sera pris en compte dans le montant des ressources nécessaires.  Il s’attend à ce que le Secrétaire général établisse, dès le début du processus, un état des lieux qui permettra d’évaluer les domaines à améliorer.

Sous réserve de ses observations et recommandations, le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale d’approuver la proposition tendant à réorganiser les actuels Département de la gestion et Département de l’appui aux missions en un nouveau Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et un nouveau Département de l’appui opérationnel.  Le Secrétaire général doit être prié de présenter les prévisions révisées correspondantes, à jour, du budget-programme de 2018-2019 et le montant actualisé des ressources du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour 2018/19.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. MOHAMED FOUAD AHMED (Égypte) a rappelé que la réforme de la gestion vise à améliorer la faculté de l’Organisation de s’acquitter efficacement des mandats qui lui sont confiés.  Les fonctions de gestion du Secrétariat sont « l’épine dorsale » du système des Nations Unies et une bonne mise en œuvre de la réforme de ces fonctions permettrait d’appuyer les deux autres grands projets de réforme, à savoir le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et la restructuration du pilier paix et sécurité de l’Organisation.

À l’origine de ce projet de réforme, a poursuivi le représentant, se trouve la résolution 72/266 de l’Assemblée générale, adoptée en décembre 2017, qui a approuvé la proposition de M. António Guterres de passer d’un budget biennal à un budget annuel: « l’un des changements les plus importants » dans la gestion budgétaire de l’ONU depuis les années 1970. 

Tout en soutenant ce processus, le représentant a rappelé que cette réforme doit dûment être supervisée par les États Membres, ce qui est l’un des principes « non négociables » de la Charte des Nations Unies.  Le plein respect de la nature intergouvernementale des négociations et des procédures de l’Assemblée générale demeure « la pierre angulaire » du processus, a-t-il insisté.  Dans cette perspective, le représentant a estimé que M. Guterres avait « travaillé dur » pour gagner la confiance des États Membres, une confiance qui ne peut, selon lui, demeurer que si les mesures de réformes sont prises « par les voies appropriées et de manière transparente ».

Sur cette base, le représentant a souhaité rappeler un certain nombre de principes clefs, à commencer par le besoin d’améliorer la transparence et la responsabilité vis-à-vis des États Membres.  « L’ONU doit réduire la lourdeur de sa bureaucratie », s’est-il expliqué.  En second lieu, il a rappelé que l’objectif de la réforme n’est pas de « couper les dépenses et les postes », mais d’améliorer la capacité de l’ONU à remplir ses mandats.  Il s’est ainsi félicité de la création de la Division de l’appui au personnel en tenue, qui servira de « point focal unique » avec les pays fournisseurs de troupes sur toutes les questions logistiques et administratives.  Nous espérons, a-t-il dit, que cela permettra d’améliorer l’appui du Secrétariat à ces pays.  De ce point de vue, le représentant a estimé qu’il ne serait pas « réaliste » de demander au Secrétaire général d’améliorer la gestion sans lui fournir les ressources nécessaires pour y parvenir.  Il a par conséquent appelé tous les États Membres, y compris les pays en développement, à s’acquitter de leurs obligations financières à l’égard de l’ONU.

Dans le même ordre d’idée, le représentant a rappelé à M. Guterres que la réforme doit être « suffisamment flexible pour accommoder l’ensemble des mandats de l’ONU ».  Il a salué l’utilisation accrue de nouveaux outils pour offrir davantage d’informations détaillées aux États Membres concernant la performance du budget-programme.  Enfin, le représentant a appelé M. Guterres à formuler, dans le cadre de la réforme, une stratégie de représentation géographique équitable, afin d’identifier les raisons pour lesquelles certains groupes régionaux dominent dans certains départements ou dans certains postes de direction.  « La réforme de la gestion n’est pas un évènement mais un processus », a-t-il conclu.  « Nous ne devrions pas fixer des délais artificiels. »

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MARCIO SANDRO ALEIXO PEREIRA BURITY (Angola) a indiqué que pour son Groupe, le plus important est de comprendre le lien entre la réforme proposée et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  En naviguant dans ces propositions, nous voulons savoir ce qu’il adviendra des autres départements et structures des Nations Unies dont le Bureau du Conseiller spécial pour l’Afrique et le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, pour les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. 

Le Groupe, a dit le représentant, tient à un système efficace de gestion des ressources humaines, un système géographiquement représentatif et soucieux de la parité entre les sexes.  Le Groupe attend avec intérêt les discussions sur la manière de doter l’ONU d’un système de gestion des ressources humaines modernisé, rationalisé et intégré dans lequel certains postes ne sont pas réservés à certains États et régions.  Le Groupe appelle à un système non discriminatoire et débarrassé de tout ce qui est contraire à l’esprit de la Charte.  Il juge fondamentale la révision de la formule de la « fourchette souhaitable ».  Aucune initiative ne doit être mise en œuvre sans l’approbation des organes intergouvernementaux, a insisté, à son tour, le représentant.

Au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ), M. MICHAEL DOUGLAS GRANT (Canada) a réitéré le soutien de ces pays la vision du Secrétaire général pour la réforme de la gestion.  En tant que « Chef de l’administration », nous devrions, a plaidé le représentant, lui donner toute notre confiance et l’aider à améliorer et à moderniser l’ONU, en approuvant toutes ses propositions.  Des changements pratiques comme le « guichet unique » pour les pays contributeurs de contingents rendront l’ONU plus efficace et serviront au mieux les États Membres.  Les propositions de réforme, a rappelé le représentant, sont le début d’un processus.  Les changements structurels qui nous sont proposés doivent être assortis de changements culturels, y compris dans le leadership et la manière dont l’ONU rend compte de ses actes.  L’ONU, a-t-il insisté, doit encourager la collaboration et penser différemment la manière de régler les problèmes.  Pour nous, a avoué le représentant, le Secrétaire général « mène par l’exemple » s’agissant d’une culture de leadership plus forte et plus responsable.  Le représentant a conclu en estimant qu’il faut saisir cette chance, qui ne surgit qu’une fois par génération, pour réaliser une réforme organisationnelle concrète qui aura des avantages réels pour les opérations des Nations Unies sur le terrain et pour les peuples qu’elles servent.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme DIANA LEE (Singapour) a salué le rapport du CCQAB qui constitue une très bonne base pour structurer les discussions, en particulier ses conclusions sur la réforme de la gestion des ressources humaines, des achats et des technologies de l’information et des communications.

S’agissant du contenu de la réforme, la représentante a insisté pour qu’elle se focalise sur l’amélioration des résultats, de la qualité des services rendus et du principe de responsabilité vis-à-vis des États Membres.  Elle a par conséquent salué la priorité accordée par le Secrétaire général à la « rationalisation des processus et à la réduction de la bureaucratie inutile ».  Dans le même temps, Mme Lee a déclaré que l’ASEAN accorderait une attention particulière au rôle des structures de supervision, notamment le Bureau des services de contrôle interne, le Comité des commissaires aux comptes et le Corps commun d’inspection.

Par ailleurs, elle a salué la volonté du Secrétaire général de promouvoir un « changement de culture » au sein de l’Organisation, notamment au moyen des « évaluations à 360 degrés ».  Elle a appelé M. Guterres à faire en sorte que les progrès engendrés par la réforme soient quantifiables, en particulier dans la répartition géographique équitable au sein de l’ONU.  La réforme est un « processus conjoint », a-t-elle conclu, auquel les États Membres doivent contribuer en s’acquittant en temps voulu de leurs obligations financières auprès de l’Organisation.

Mme JOANNE ADAMSON, déléguée de l’Union européenne, a appuyé les propositions du Secrétaire général, sachant que la réforme de la gestion n’est pas seulement une question de restructuration mais un moyen de rendre l’ONU mieux à même de remplir ses mandats.  La gestion à l’ONU, a-t-elle souligné, était devenue trop complexe pour répondre aux problèmes actuels avec souplesse et agilité.  Il est temps d’évoluer et de hisser l’Organisation à la hauteur des enjeux.  La réforme, a insisté la représentante, doit conduire à une transformation amenant une meilleure façon d’exécuter les programmes, des structures d’appui plus solides et une décentralisation plus intelligente, doublées d’un leadership et d’une culture organisationnelle renforcés.  Les améliorations doivent donner une plus grande responsabilité aux managers et assurer une redevabilité plus systématique. 

La séparation entre politique et stratégie, d’une part, et l’appui opérationnel, d’autre part, permettra au personnel de se concentrer sur son travail et d’assurer efficacité et efficience aux activités du Secrétariat.  La représentante a félicité le Secrétaire général pour avoir présenté « très clairement » les rôles et responsabilités futurs des deux départements, c’est la base nécessaire pour des lignes hiérarchiques plus claires, une meilleure redevabilité et la transparence et la performance tant attendues, bref, les principes essentiels d’un processus de réforme.

Nous allons étudier attentivement, a promis la représentante, les observations et les recommandations du CCQAB et nous demanderons des garanties s’agissant des questions en suspens.  Nous ne perdrons pas de vue, a-t-elle aussi promis, que l’objectif ultime de la réforme est une ONU plus efficace à même de s’attaquer au mieux aux problèmes du monde.  Nous avons maintenant, a-t-elle rappelé, trois résolutions de l’Assemblée générale qui guident les réformes: le système de développement des Nations Unies, la restructuration du pilier « paix et sécurité » et la réforme de la gestion.  Il est temps de passer à l’acte et de lancer les réformes sans plus tarder.  Cela veut dire qu’il faut se mettre d’accord sur la mise sur pied de l’architecture « paix et sécurité » et sur la réforme de la gestion, y compris le Dispositif de prestation de services centralisée, avant la fin du mois de juin, a prévenu la représentante. 

Au nom du Liechtenstein et de la Suisse, M. JÜRG LAUBER (Suisse) a souligné que les structures organisationnelles de l’ONU, la culture qui l’anime, les processus et les règles qui la guident et la manière dont les États Membres collaborent avec elle, doivent lui permettre de s’acquitter de ses mandats de la meilleure manière possible.  La réorganisation du Secrétariat, telle que proposée, a-t-il-estimé, permettra une exécution plus efficace et efficiente des mandats en assurant une unité de commandement, ainsi qu’une définition claire des rôles et responsabilités, tout en renforçant le contrôle et le principe de responsabilité.

Un changement de culture au sein de l’ONU, a-t-il estimé, doit être le pivot de la réforme.  Selon lui, l’Organisation doit passer à une culture motivée par les résultats plutôt que par les processus.  Le travail quotidien de l’ONU doit être axé sur des objectifs clairs et guidé par des règles et processus simplifiés, « marqués par le bon sens ».  À ses yeux, la pièce maîtresse de ce changement de culture doit être une plus forte délégation de pouvoirs afin d’accorder plus d’autonomie d’action aux cadres et fonctionnaires. 

Parallèlement, a-t-il dit, ces derniers doivent être tenus responsables de leurs actions et résultats par un système efficace d’application du principe de responsabilité et un cadre de gestion efficient, axé sur les résultats.  Cette transformation doit également s’accompagner d’une réforme globale de la gestion des ressources humaines, a-t-il estimé.  Par ailleurs, a ajouté le représentant, un mode de conduite exemplaire des cadres supérieurs sera déterminant afin de donner le ton et de fixer les standards du changement de culture qui s’impose.

Des lignes de responsabilité floues, une hypercentralisation, des structures fragmentées, des processus lents et lourds, des chevauchements, un déficit de confiance entre le Secrétariat et les États Membres.  Voilà, a rappelé Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis), le diagnostic du Secrétaire général quand il a pris la tête de l’ONU.  Mme le Chef de Cabinet, a dit la représentante, nous pensons que le Secrétaire général a plaidé sa cause avec conviction, en empruntant une voix prudente qui tient compte de tous les points de vue.  Le message est clair: le statu quo n’est pas une option parce que la nature fragmentée de l’ONU et le peu d’obligation de rendre des comptes sont tout simplement intenables.  Le temps de l’action a sonné, a décidé la représentante.  Nous devons saisir l’élan imprimé depuis quelques mois pour lancer la mise en œuvre de la réforme d’ici janvier 2019.  Nous devons viser l’efficacité et l’efficience dans l’exécution des mandats car l’efficience est essentielle à cette réforme, compte tenu du devoir qu’ont tous les États Membres envers leurs contribuables de veiller à ce que les ressources de l’ONU soient utilisées avec « sagesse ».

La réforme, a poursuivi Mme Norman-Chalet, n’est pas une question de restructuration.  C’est un changement du paradigme dans la gestion, un changement caractérisé par la décentralisation, l’élimination des doublons et un meilleur contrôle.  La vraie réforme, a-t-elle prévenu, n’aura lieu que si elle s’accompagne d’une transformation de la culture organisationnelle, qui récompense et encourage la performance et l’innovation, et punit la sous-performance.  Ce changement nécessitera un leadership fort et présent, un engagement total avec le personnel et l’appropriation par le Secrétariat de la réforme.  Les cadres et fonctionnaires de l’ONU doivent avoir la capacité et les moyens d’obtenir des résultats de manière transparente et responsable.  À cette fin, a conclu la représentante, nous encourageons le Secrétaire général à continuer de conduire l’ONU avec la même audace vers un avenir plus efficace. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a salué la distinction dans la réforme proposée entre les structures responsables des activités opérationnelles et des décisions politiques.  Il a dit attendre davantage d’informations sur l’incidence financière des mesures proposées sur le budget biennal 2018-2019.  Le représentant a appuyé la simplification des procédures et le renforcement du principe de responsabilité.  Il a demandé plus de détails sur les futurs mécanismes de délégation de pouvoirs, y compris au niveau de la gestion des risques.  Il sera également utile, a enfin estimé le représentant, de voir quand et comment les États Membres pourront évaluer les résultats de cette réforme, notamment en matière de gains d’efficacité. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a rappelé que la réforme attendue par des pays comme le sien est celle du Conseil de sécurité, « qui ne représente plus la réalité du monde d’aujourd’hui ».  Il faut aussi renforcer le Conseil économique et social (ECOSOC) et revitaliser l’Assemblée générale.  Mais il est vrai que le Secrétariat mérite d’être changé pour pouvoir mettre en œuvre sa myriade de mandats de manière efficiente et efficace partout dans le monde.  L’idée d’un Secrétariat davantage tourné vers le terrain veut dire, a-t-il noté, délégation de pouvoirs sur les ressources humaines, financières et matérielles aux chefs des entités sur le terrain et restructuration des départements au Siège.  L’allègement de la bureaucratie et la simplification des procédures ne signifient en rien, a prévenu le représentant, que le système de contrôle des affaires budgétaires et administratives prévu par la Charte a échoué.  De même, la séparation entre l’appui opérationnel, d’une part, et la politique et la stratégie, d’autre part, ne veut pas dire cloisonnement mais au contraire adaptations constantes de l’un et l’autre. 

La réforme de la gestion ne saurait être réalisée sans des mesures concrètes de représentation géographique équitable et de parité entre les sexes au Secrétariat, a poursuivi le représentant.  La réforme doit aussi conduire à l’élargissement de l’accès des entreprises du Sud aux appels d’offres des Nations Unies.  Mais, a-t-il conclu, le Brésil ne se fait aucune illusion: la réforme de la gestion ne saurait en elle-même corriger les défauts les plus fondamentaux des Nations Unies.  Nous soulignons aussi, a-t-il ajouté, la nécessité de résoudre la question du financement et de l’appui aux missions politiques spéciales, « une question de gestion à laquelle cette Commission doit encore trouver une solution ».  Mais, a reconnu le représentant, le Secrétaire général s’est montré audacieux dans ses propositions.  Il nous revient maintenant, nous États Membres, de faire les ajustements nécessaires et de lancer la seconde étape de la vision. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a salué la proposition tendant à réorganiser les actuels Départements de la gestion et de l’appui aux missions.  Pour ce qui est du style de gestion et du leadership, il a déclaré que l’exemplarité des hauts fonctionnaires est indispensable pour créer une solide culture de responsabilité et garantir le respect des règles.  À ce propos, il a estimé qu’une attention particulière devait être accordée aux modes de recrutement et de promotion du personnel de l’ONU, dans le cadre de l’examen de la nouvelle stratégie des ressources humaines.

Dans le même ordre d’idée, le représentant a estimé que des « changements consensuels » devaient être apportés au niveau des autres systèmes institutionnels, tels que la gestion du risque et la gestion axée sur les résultats.  Il s’est ainsi félicité des moyens et outils préconisés par le Secrétariat pour renforcer sa culture de gestion et de leadership.

S’agissant de la délégation des pouvoirs, le représentant a appelé à des garanties afin de veiller à un usage responsable du système de délégation, dont la mise en place de mécanismes de gestion des risques.  Concernant le principe de responsabilité, le représentant a dit attendre avec intérêt les résultats de l’examen complet en cours des politiques et du cadre réglementaire, de l’inventaire des délégations de pouvoirs en vigueur, ainsi que de l’évaluation des capacités des différentes entités.

Ce qu’il faut à l’ONU, a estimé Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), c’est un système qui garantisse la transparence et la responsabilité non seulement à l’égard du Secrétaire général mais de tous les États Membres.  Le rôle de l’Assemblée générale et de ses organes intergouvernementaux doit donc être renforcé pour pouvoir évaluer la performance des cadres à tous les niveaux.  L’ONU doit 1,2 milliard de dollars aux pays fournisseurs de contingents ou de police et sur cette somme 70 millions de dollars sont dus au Pakistan qui a déployé plus de 172 000 Casques bleus depuis 1962.  La représentante s’est donc félicitée de l’engagement du Secrétaire général à opérationnaliser la Division d’appui aux personnels en uniforme pour accélérer les remboursements. 

La représentation géographique équitable, y compris celle des pays fournisseurs de contingents ou de police, suscite toujours des préoccupations, a avoué Mme Lodhi qui s’est tout de même félicitée de l’engagement du Secrétaire général en faveur de la parité des sexes.  Elle a conclu en prévenant que le mot d’ordre « faire plus avec moins » est devenu intenable.  Il faut impérativement des ressources adéquates pour obtenir les résultats désirés sur le terrain.  Des activités sous-financées saperont sans aucun doute la performance des cadres sur le terrain. 

M. DAOPENG FU (Chine) a renouvelé l’appui de son pays à la réforme de la gestion de l’ONU.  Il a estimé que le changement de culture préconisé dans le cadre de cette réforme devait se traduire par une plus grande diversité au sein de l’Organisation.  Les Nations Unies comptent 193 États Membres, a-t-il dit, mais il existe « un grave déséquilibre au niveau de la représentation géographique des pays », déséquilibre caractérisé selon lui par une « sous-représentation des pays en développement ».  À ses yeux, la réforme de la gestion doit mettre fin à ces déséquilibres. 

En outre, a poursuivi le représentant, cette réforme doit permettre de mettre en place une « gestion efficace, scientifique et efficiente » pour garantir une meilleure mise en œuvre des mandats.  De ce point de vue, le représentant a pris note des remarques du CCQAB sur les mesures proposées en matière de gestion des ressources humaines et des achats.  Il a appelé le Secrétariat à répondre à ces recommandations.  En outre, le représentant a appelé à renforcer le principe de responsabilité et la gestion des risques, deux conditions « sine qua none » de la décentralisation proposée.  « Cette réforme doit être un processus dirigé par les États Membres et sans date butoir artificielle », a conclu le représentant.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé combien la réforme de la gestion était nécessaire, ce pour quoi de nombreuses délégations ont appelé à mettre en œuvre rapidement les propositions du Secrétaire général.  Toutefois, elle a appelé les États Membres à ne pas reléguer au second plan d’autres questions d’une importance également vitale pour l’Organisation, dont l'adoption des budgets des opérations de maintien de la paix.  « Certes, il existe un consensus sans équivoque autour de la réforme, mais nous devons également garantir le fonctionnement adéquat de ces opérations sur le terrain et nous n’avons plus beaucoup de temps pour la réflexion », a-t-elle déclaré.

La représentante s’est en outre félicitée des assurances données par le Secrétaire général concernant le fait que la réforme n’était pas un « simple exercice pour faire des économies ».  La recherche de l’efficacité ne doit pas se traduire par la réduction des dépenses et des postes, a-t-elle insisté.  En revanche, elle a appelé tous les États Membres à s’acquitter en temps voulu de leurs contributions obligatoires auprès de l’ONU.

Par ailleurs, la déléguée s’est plainte des retards dans la publication de plusieurs rapports important sur le processus de réforme, un problème qu’elle a qualifié « d’endémique » à la Cinquième Commission, en particulier le rapport sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre d’un système de responsabilité au Secrétariat.

Par ailleurs, pour la représentante, la simplification des procédures et la décentralisation des processus de décisions doivent aller de pair avec le renforcement des outils de planification et des systèmes de responsabilisation.  Il est également important, a-t-elle ajouté, de responsabiliser les cadres supérieurs en cas de mauvaise performance afin de garantir une véritable culture de transparence et de responsabilité.  Enfin, la représentante a dit attendre avec impatience d’obtenir davantage d’informations sur les incidences financières de la restructuration proposée par le Secrétaire général sur le budget 2018-2019.

M. MARIA V. FROLOVA (Fédération de Russie) a appuyé les principales orientations de la réforme mais a jugé indispensable de conserver les leviers des États Membres en matière de contrôle de l’utilisation des ressources humaines et financières de l’ONU.  Cela passe notamment par le renforcement du principe de responsabilité, qui devrait permettre « d’éviter les voies parallèles et la dispersion des ressources humaines et financières ». 

Le représentant a appuyé la création d’un Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et d’un Département de l’appui opérationnel.  Il a appelé le Secrétariat à fournir davantage d’informations sur les implications financières de ces propositions.  En outre, il a pris note des réserves du CCQAB sur la réforme de la structure des achats et des ressources humaines, ainsi que sur les questions de responsabilité concernant les technologies de l’information et des communications.  Il serait par ailleurs utile, a-t-il estimé, que le Secrétariat prépare un complément d’informations sur les liens entre cette réforme et d’autres réformes en cours, en particulier le déploiement d’UMOJA, le Dispositif de prestation des services centralisée et la Stratégie des technologies de l’information et des communications.

Mme LILL-ANN BJAARSTAD MEDINA (Norvège) a estimé que la réforme de la gestion peut être le facilitateur des autres réformes.  C’est aussi une réforme « essentielle » pour l’Organisation.  En effet, pour être capable d’exécuter les mandats agréés et obtenir des résultats dans les pays, et pour avoir plus d’impact sur la paix et la sécurité, le développement et la protection des droits de l’homme, les procédures doivent être simplifiées et les décisions, décentralisées.  Les propositions que le Secrétaire général présente aujourd’hui sont « un point de départ pour le changement », a estimé la représentante.  Elles peuvent aussi constituer une base pour mesurer les progrès.  La représentante a d’ailleurs encouragé le Secrétaire général à se servir de la réforme de la gestion pour créer des indicateurs d’efficacité. 

La réforme, a-t-elle prévenu, ne devrait pas servir de prétexte pour procéder à des coupes budgétaires.  Supprimer des processus lents et obsolètes sert à rendre l’administration plus rentable et plus efficace, et à libérer ainsi des ressources qui « peuvent et doivent » être utilisées pour mieux exécuter les mandats et obtenir des résultats substantiels pour les États Membres et les peuples.  Il est temps de donner au Secrétaire général le « top départ » du remodelage de l’Organisation et de le mettre en position, lui, ses cadres et son personnel, d’imprimer de réels changements dans les méthodes travail et la culture de travail d’une Organisation moderne. 

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a souligné l’importance accordée par son pays à l’amélioration de la responsabilité et de la transparence au sein de l’Organisation, deux éléments selon lui essentiels pour mettre en œuvre la décentralisation et la délégation de pouvoirs proposés dans le cadre de la réforme.  Il a ainsi jugé utile pour le Secrétariat de publier davantage d’informations concernant la performance de chaque programme, sous forme de tableaux de bord à destination du public et des États Membres, en gardant à l’esprit le fait que l’Organisation est financée par les contribuables.

Le représentant a par ailleurs souligné l’importance du Dispositif de prestation de services centralisée, qui, a-t-il rappelé, fait « partie intégrale » de la réforme de la gestion.  Le Japon, a-t-il poursuivi, a depuis le début été l’un des fervents défenseurs du concept de prestation de services centralisée, qui permettra selon lui d’améliorer l’efficacité de l’Organisation.  Il s’est par conséquent dit impatient d’entamer des discussions sur les nouvelles propositions du Secrétaire général pour pouvoir mettre en œuvre ce type de prestation de services dès le mois de janvier 2019, de façon à rationaliser et limiter le nombre des centres administratifs.

« Avec l’arrivée du Secrétaire général, nous avons désormais un élan en faveur d’une réforme longuement attendue », a-t-il dit en conclusion.  « Nous devons collectivement saisir cette occasion de mettre en place une ONU plus efficace, plus efficiente et plus responsable. »

M. DANILO XIMENES GONCLAVES (Timor-Leste) a voulu que l’on soutienne la mise en œuvre des réformes proposées par le Secrétaire général, lesquelles font écho à la réforme du « pilier paix et sécurité ».  Pour permettre à l’Organisation de s’acquitter efficacement de son mandat, le pouvoir doit être délégué au terrain, a ajouté le représentant.  Il a donné l’exemple de la deuxième mission des Nations Unies au Timor oriental, qui a été très lente à se déployer sur le terrain, malgré le besoin urgent de relancer les fonctions centrales de l’État en matière de finances publiques, de justice et de police.  À l’époque, a-t-il dit, le Représentant spécial du Secrétaire général avait été frustré par son incapacité à recruter du personnel et par son contrôle limité sur le budget et les fonctions administratives de la Mission.  Le représentant a par conséquent appuyé les propositions sur la délégation de pouvoirs sur le terrain.

M. ROBERT NGEI MULE (Kenya) a rappelé que le nouveau paradigme de gestion vise à autonomiser les managers et à leur donner les moyens de déterminer eux-mêmes la meilleure façon d’utiliser leurs ressources.  « La future délégation de pouvoirs devrait par conséquent être appliquée de façon à tenir les managers pour responsables de leur performance », a-t-il affirmé.  Or, il a rappelé les conclusions du Comité des commissaires aux comptes, selon lesquelles le niveau de délégation de pouvoirs actuel est relativement « faible ».  Il a par conséquent appelé l’Assemblée générale à suivre de près les progrès en la matière.

La réforme vise également à s’attaquer aux défis actuels concernant la culture de gestion et le leadership en mettant davantage l’accent sur les résultats que sur les procédures, a poursuivi le représentant, mais aussi sur la gestion du risque, la mise en place d’indicateurs pour mesurer les performances et la formation des talents.  Le représentant a aussi appelé à revoir les procédures et règles actuelles afin de les simplifier, de les clarifier et de les moderniser, le tout pour améliorer la réalisation des mandats et la supervision des États Membres.

En outre, le représentant a appuyé la création d’un Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité et d’un Département de l’appui opérationnel.  Il a estimé que la rationalisation de la fonction et des procédures d’achat pourrait permettre de mieux utiliser les ressources de l’Organisation.  Quant à la gestion des ressources humaines, il a estimé que celle-ci doit s’effectuer avec prudence et stratégie.  « Je pense donc qu’il serait utile de mieux comprendre les propositions faites par le Secrétaire général sur cette question », a-t-il dit.  Enfin, le représentant a insisté pour que la modulation des ressources préconisée dans le cadre de la réforme ne soit pas utilisée de façon à réduire les budgets et couper des postes.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Toujours divisé sur le conflit israélo-palestinien, le Conseil de sécurité se souvient de l’été 2014 à Gaza et alerte encore sur les risques d’escalade

8272e séance – après-midi
CS/13360

Toujours divisé sur le conflit israélo-palestinien, le Conseil de sécurité se souvient de l’été 2014 à Gaza et alerte encore sur les risques d’escalade

C’est un Conseil de sécurité hanté par les quelque 1 462 morts de l’été 2014 qui s’est de nouveau réuni en urgence, cet après-midi, à la demande des États-Unis, pour examiner l’escalade récente de la situation à Gaza, dont le compte rendu a été fait par le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, M. Nickolay Mladenov. 

Au cours de cette séance placée sous le thème des « menaces contre la paix et la sécurité internationales résultant d’actes de terrorisme », M. Mladenov, intervenant par visioconférence depuis Jérusalem, a parlé de la situation actuelle comme étant « la plus sérieuse escalade depuis le conflit de 2014 entre le Hamas et Israël », et « un avertissement à tous sur le fait que nous sommes au bord de la guerre tous les jours ».

Il a décrit les faits de ces trois derniers jours marqués par des tirs de roquettes et de mortiers, revendiqués par le Hamas et le Jihad islamique, vers Israël, et des frappes et bombardements de ce dernier vers des cibles à Gaza.  Les tirs qui ont touché des zones civiles n’ont heureusement pas fait de victimes, s’est-il félicité en notant que depuis ce matin, la situation est restée calme.  M. Mladenov a également rappelé que cette escalade dangereuse intervient après une série d’avertissements des Nations Unies et à la suite de deux mois de manifestations à la frontière entre Gaza et Israël, dont la journée du 14 mai a marqué le point culminant.  Le bilan est de 110 morts et de plus de 12 000 blessés.

De nombreux membres du Conseil de sécurité ont déploré le fait qu’en dépit de la détérioration de la situation, le Conseil n’ait pas réussi à s’accorder sur la manière de s’exprimer sur les faits, ni à définir les mesures à prendre, pour notamment répondre aux causes profondes du conflit et gérer d’urgence la situation humanitaire à Gaza.  Un projet de résolution, proposé par le Koweït, qui appelle à la création d’un mécanisme pour appuyer la protection des civils palestiniens, reste en négociation.  Des États comme la Suède ou le Pérou ont apporté leur soutien à cette initiative.

« Certains membres cyniques de ce Conseil font circuler une résolution honteuse qui ne mentionne même pas le Hamas! » s’est offusqué le délégué d’Israël qui a jugé « absurde » l’idée de « récompenser » le Hamas par une résolution qui condamnerait son pays.  D’après lui, le Conseil doit plutôt, premièrement, condamner le Hamas pour ses crimes de guerre contre les Israéliens et, deuxièmement, adopter une résolution désignant le Hamas comme organisation terroriste.  Dans le même esprit, la représentante des États-Unis a jugé scandaleux que le Conseil de sécurité ne condamne pas les tirs de roquettes sur Israël alors que le Conseil des droits de l’homme a mandaté une enquête sur les mesures d’autodéfense d’Israël.   

En revanche, l’Observateur permanent de la Palestine a appelé le Conseil à protéger « les sans défense » et à se ranger du côté du droit international et de l’éthique, tout en rejetant le discours d’Israël, « l’agresseur qui se pose en victime ».  Il a assuré qu’il poursuivra ses efforts pour obtenir la protection du peuple palestinien, conformément au droit international.

De nombreuses délégations ont souligné la responsabilité qui revient au Conseil sur le conflit israélo-palestinien.  Le représentant de la Fédération de Russie s’est impatienté face à un Conseil qui est resté dans l’impasse depuis trop longtemps, l’accusant de gérer les conséquences au lieu de s’attaquer au règlement du problème en lui-même.  Pour la Russie, c’est « une approche non productive qui ne permet pas de remédier aux problèmes chroniques comme la flambée de violence et les activités de colonisation ».

Le représentant du Koweït a dénoncé « le silence de la communauté internationale » face aux multiples violations commises par Israël, à commencer par la poursuite de l’occupation, les mesures unilatérales prises pour judaïser Jérusalem, les incursions dans la mosquée Al-Aqsa et le blocus de la bande de Gaza.  Tout en reprochant à son tour au Conseil de demeurer silencieux, le délégué de la France l’a invité à saisir cette nouvelle occasion qui lui est donnée de sortir de ce silence en discutant du projet de résolution présenté par le Koweït.  Il a également appelé à mieux financer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le contexte du gel de la contribution américaine.  À ce sujet, le Royaume-Uni a promis 2 millions de dollars pour perfuser le système de santé de Gaza.

Une bande de Gaza qui est au bord de l’effondrement social et économique, ont relevé plusieurs orateurs qui ont souscrit au plan de reconstruction de Gaza, présenté le 23 mai dernier au Conseil de sécurité par le Coordonnateur spécial.  M. Mladenov a plaidé aujourd’hui pour que les projets d’infrastructures déjà approuvés soient mis en place, et que le Gouvernement palestinien soit appuyé dans l’optique de prendre ses responsabilités, appliquer le cessez-le-feu de 2014 et freiner les activités des militants. 

Selon lui, ce plan pour Gaza est le seul moyen durable pour s’assurer que l’on ne retourne pas vers un autre conflit dévastateur, et pour ne pas permettre que « Gaza soit un pion dans les mains de quelqu’un d’autre » et « une autre tragédie sur une carte du Moyen-Orient déjà encombrée de conflits ».  Alors que les manifestations vont se poursuivre à Gaza au cours du mois de juin, il est à craindre de voir davantage de violence et d’autres risques d’escalade.

Le délégué des Pays-Bas a aussi évoqué la situation en Cisjordanie, se disant gravement préoccupé de l’intention d’Israël de procéder à la démolition de toutes les structures de la communauté Khan el Ahmar.  Il a souligné que la Zone C est d’une importance critique pour la viabilité d’un futur État palestinien.   Un État que de nombreuses délégations ont appelé de leurs vœux, souhaitant le voir évoluer à côté d’Israël dans le cadre de la solution des deux États, dans les frontières de 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Déclarations

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, intervenant par visioconférence depuis Jérusalem, a parlé de la situation actuelle comme étant « la plus sérieuse escalade depuis le conflit de 2014 entre le Hamas et Israël », et « un avertissement à tous sur le fait que nous sommes au bord de la guerre tous les jours ».  Entre le 28 et le 30 mai, a-t-il témoigné, les Forces de défense israéliennes indiquent que 216 projectiles, roquettes et tirs de mortiers ont été effectués depuis la bande de Gaza vers Israël.  Selon l’armée israélienne, 77 de ces tirs ont touché des cibles dans les régions d’Eshkol, de Sha’ar Hanegev et Sdot Negev.  Même si la plupart de ces projectiles ont été interceptés par le système « du dôme de fer », l’un d’eux a touché la cour d’un jardin d’enfants dans un kibboutz près de la frontière de Gaza, et un autre au moins a endommagé une habitation.  Il n’y a ni morts ni blessés, a noté le Coordonnateur spécial.

En réponse à ces tirs, l’aviation israélienne a mené des frappes sur 65 cibles du Hamas et du Jihad islamique et a détruit un tunnel de deux kilomètres près du point de passage de Kerem Shalom.  Aucun mort ni blessé grave n’a été noté à Gaza après ces frappes aériennes.  Le 29 mai, les Brigades Ezzeddine el-Qassam du Hamas et le Saraya al-Quds du Jihad islamique ont revendiqué, dans un communiqué conjoint, la responsabilité de ces tirs de roquettes et de mortiers vers Israël.  Leur communiqué conjoint accuse Israël d’avoir ciblé leurs combattants et des positions militaires au cours des précédentes 48 heures, et les deux groupes ont mis en garde contre toute tentative de dicter de nouvelles équations sur le statu quo, tout en prévenant qu’ils allaient « répondre aux bombardements par des bombardements et au sang par le sang ».

Le Premier Ministre d’Israël, M. Benyamin Netanyahu, a juré de son côté qu’Israël allait répondre « avec une grande force » aux attaques de roquettes.  M. Mladenov a rappelé que cette escalade dangereuse intervient après une série d’avertissements des Nations Unies et dans le contexte de récentes actions sur le terrain.  Il a notamment parlé des deux mois de protestations à la frontière de Gaza et qui ont conduit à la mort de 110 Palestiniens et fait de nombreux blessés.  Il a aussi souligné que certains militants palestiniens ont placé des engins explosifs sur la barrière frontalière avec Israël et certains ont même pu la traverser, provoquant une réponse de l’armée israélienne dans Gaza.  C’est ainsi qu’en réaction à un engin explosif placé à la barrière, les Forces armées israéliennes ont tué trois membres du Jihad islamique.  Ce dernier a promis de se venger.  Il a décrit le déroulement de la dernière escalade, notant que depuis ce matin, la situation est restée calme, et il a salué les efforts de l’Égypte pour assurer le calme. 

Selon M. Mladenov, personne à Gaza ne peut se permettre une autre guerre, ajoutant que « personne n’a le droit de jouer avec la vie de deux millions de personnes qui vivent l’enfer depuis déjà 10 ans ».  De même, personne ne doit vivre sous la menace constante des tirs de roquettes.  Pour le Coordonnateur spécial, chacune des parties a la responsabilité d’agir pour la désescalade et de

faire preuve de retenue pour le bien de son propre peuple et l’avenir de ses enfants.  Il a dit qu’alors que les manifestations vont se poursuivre à Gaza au cours du mois de juin, il est à craindre de voir davantage de violence et d’autres risques d’escalade.

Le Coordonnateur spécial a indiqué que les tirs depuis Gaza ont causé des dégâts sur les installations électriques israéliennes, ce qui a conduit à la réduction de 30% de l’approvisionnement électrique de Gaza; la situation ne sera rétablie que dans quelques jours.  Aujourd’hui, la bande de Gaza reçoit à peine trois heures d’électricité par jour.  Il a dit que si le Conseil n’agit pas rapidement, cela va aggraver la crise humanitaire et augmenter les risques de confrontation. 

Les propositions que j’ai faites au Conseil de sécurité, il y a une semaine, restent d’actualité, a noté M. Mladenov en plaidant pour que les projets déjà approuvés soient mis en place et que le Gouvernement palestinien soit soutenu pour prendre ses responsabilités, appliquer le cessez-le-feu de 2014 et freiner les activités des militants.  Il a expliqué que le plan qu’il a proposé pour Gaza est le seul moyen durable pour s’assurer que l’on ne retourne pas vers un autre conflit dévastateur, et pour ne pas permettre que « Gaza soit un pion dans les mains de quelqu’un d’autre » et « une autre tragédie sur une carte du Moyen-Orient déjà encombrée de conflits ». 

M. Mladenov a assuré aux Palestiniens de Gaza que l’ONU va veiller à ce qu’ils aient « un autre avenir au-delà de la simple survie », un avenir dans un État palestinien vivant à côté d’Israël.  Enfin, il a invité les deux parties à prendre des mesures concrètes pour parvenir à une paix durable.  Ces mesures passent aussi par l’unification de Gaza et de la Cisjordanie sous une seule autorité palestinienne démocratique, la fin de l’occupation et la possibilité de la solution des deux États, en accord avec les accords passés et les résolutions pertinentes des Nations Unies.   

Mme NIKKI HALEY (États-Unis) a dénoncé le comportement des autres membres du Conseil de sécurité: « on penserait qu’ils condamneraient cette attaque, mais, puisqu’Israël en est l’objet, les comportements diffèrent ».  Elle a indiqué que sa délégation avait élaboré un projet de résolution pour condamner l’attaque contre Israël, mais que la présentation du texte avait été bloquée.  Certains ne semblent pas considérer que les tirs de roquettes sur Israël sont un acte de terrorisme.  Pourtant, a-t-elle poursuivi, les faits sont sans équivoques: « le 29 mai, le Hamas et un groupe militant allié ont tiré au moins 70 roquettes et obus de mortier depuis Gaza vers Israël, sans prendre aucune mesure pour épargner les civils, une attaque aveugle qui visait à faire le plus de victimes et de dommages possibles et qui, fort heureusement, n’a tué personne ».  Mais le fait qu’une roquette ait atterri près d’une école maternelle suffit à qualifier cet acte de terrorisme, a-t-elle affirmé.  Le Hamas revendique d’ailleurs ouvertement cette attaque et dit regretter qu’elle n’ait fait aucun mort, a précisé la déléguée.

Cette attaque, a-t-elle martelé, prouve que l’objectif du Hamas est la destruction d’Israël, tout comme la construction de tunnels et les manifestations le long de la barrière.  Elle a estimé que la stratégie du Hamas est de provoquer le plus de dommages possibles et de pousser Israël à une réponse d’autodéfense qui suscite ensuite les condamnations de la communauté internationale.

La représentante a ensuite reconnu le besoin de protection de la population de Gaza, « non pas contre une source extérieure, mais contre le Hamas ».  Elle a appelé à répondre aux besoins de la population, se disant favorable à la proposition de M. Mladenov en ce sens.  Elle a aussi accusé le Hamas de s’en prendre au poste de contrôle de Beit Shalom, par lequel transitent des articles humanitaires, lui reprochant aussi d’avoir endommagé des lignes électriques et ainsi privé des dizaines de milliers de personnes d’électricité.

Mme Haley a espéré que le cessez-le-feu unilatéral du Hamas tiendrait.  Le fait même que le groupe l’ait déclaré démontre sa responsabilité, a-t-elle argué.  Elle a aussi jugé scandaleux que le Conseil de sécurité ne condamne pas les tirs de roquettes sur Israël alors que le Conseil des droits de l’homme a mandaté une enquête sur les mesures d’autodéfense d’Israël.  « Laisser le Hamas perpétrer de tels actes et demander à Israël de rester les bras croisés, c’est le comble de l’hypocrisie », a-t-elle dénoncé.  La représentante a ensuite appelé à établir un leadership palestinien plus responsable.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a dit que son pays appuie le droit d’Israël de se défendre.  Prévoyant qu’une nouvelle escalade de la violence ne pouvait que provoquer la déstabilisation dans la région, elle a appelé le Conseil de sécurité à réagir.  Le cycle perpétuel de la violence doit prendre fin car cela ne bénéficie à personne, a insisté Mme Pierce, avant d’ajouter que la décision du Hamas et du Jihad islamique d’utiliser la violence ne sert pas la population de Gaza.  Elle a dit de ne pas oublier les restrictions que subit cette population et a plaidé pour le retour de l’Autorité palestinienne dans la bande. 

Pour le Royaume-Uni, il incombe à la communauté internationale de collaborer pour atténuer les souffrances à Gaza.  Le peuple gazaouite a un besoin criant d’aide, et c’est pourquoi le Royaume-Uni a débloqué 2 millions de dollars pour lui fournir un appui vital, afin de soutenir les travaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui s’évertuent à garder ouverts les hôpitaux de Gaza.  La représentante a conclu en rappelant que la paix ne peut être instaurée que par le biais des négociations entre les deux parties.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a alerté le Conseil de sécurité sur les risques d’escalade liés à la situation que connaît la bande de Gaza, « qui n’est pas tenable dans la durée ».  Il a appelé chacun à la retenue, pour « éviter un nouveau conflit meurtrier à Gaza, dont les populations civiles paieront encore le prix ».  Cette escalade armée, a rappelé M. Delattre, intervient au terme de deux mois de violence et de répression exercées par les Forces armées israéliennes contre des manifestants palestiniens à Gaza.  Israël, a-t-il dit, est une démocratie et doit respecter le droit à manifester pacifiquement.  En tant que Puissance occupante, il doit par ailleurs respecter les obligations de protection qui lui incombent.  De la même façon, il a appelé à ce que ces manifestations demeurent pacifiques et mis en garde ceux, en premier lieu le Hamas, qui chercheraient à les instrumentaliser à des fins politiques et militaires.  

« Nous ne pouvons répondre à la crise sans rendre sa dignité et sans redonner espoir dans l’avenir à cette population, dont plus de la moitié a moins de 18 ans », a-t-il poursuivi en appelant à mieux financer l’UNRWA dans le contexte du gel de la contribution américaine.  Au-delà de la désescalade et de la réponse humanitaire d’urgence, il a aussi plaidé pour que soient apportées des réponses à plus long terme aux problèmes de Gaza, ce à quoi répond le plan en cours de préparation par M. Mladenov qui a tout le soutien de la France pour définir des projets prioritaires.  De même la France appuie les propositions du Coordonnateur spécial visant à renforcer les capacités de gestion de projet des Nations Unies à Gaza et le dialogue avec Israël, l’Égypte et l’Autorité palestinienne.

Enfin, après avoir souligné la responsabilité qui revient à ce Conseil sur le conflit israélo-palestinien, M. Delattre lui a reproché de demeurer silencieux.  « Une nouvelle occasion nous est donnée de sortir de ce silence en nous engageant, de manière ouverte mais exigeante, dans la discussion du projet de résolution présenté par le Koweït », a-t-il affirmé.   

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a souligné que chaque peuple a le droit de défendre son aspiration à une vie digne et a salué la résilience des Palestiniens face à « la machine destructrice d’Israël ».  Il a dénoncé le silence de la communauté internationale face aux multiples violations commises par Israël, à commencer par la poursuite de l’occupation, les mesures unilatérales prises pour judaïser Jérusalem, les incursions dans la mosquée Al-Aqsa et le blocus de la bande de Gaza.  Il a aussi pointé le fait qu’Israël avait tiré à balles réelles sur des manifestants alors que ceux-ci « ne faisaient qu’exercer leurs droits ».  Enfin, le représentant a indiqué que sa délégation est à l’origine d’un projet de résolution pour défendre le droit à la protection des Palestiniens et a espéré que le texte pourrait être adopté.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que les otages de la violence sont les populations civiles israéliennes et palestiniennes.  La situation au Moyen-Orient est dans l’impasse depuis trop longtemps, a-t-il estimé, accusant le Conseil de sécurité de gérer les conséquences au lieu de s’attaquer au règlement du problème en lui-même.  Pour la Russie, c’est « une approche non productive qui ne permet pas de remédier aux problèmes chroniques comme la flambée de violence et les activités de colonisation ».  Il a de ce fait plaidé pour la reprise des pourparlers entre les deux parties, des négociations qui devraient s’appuyer sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et sur la feuille de route de la Ligue des États arabes, et avec l’objectif à terme d’un État palestinien indépendant.

M. Nebenzia a également invité les parties à s’abstenir de tout acte pouvant contribuer à l’escalade de la situation.  Il a aussi déclaré que le désespoir, largement répandu dans la population, est un terreau fertile pour l’extrémisme.  Pour la Russie, le Quatuor constitue la bonne enceinte pour initier la sortie de l’impasse.

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est inquiété du risque d’escalade du conflit à Gaza et a appelé les parties à la retenue.  Celles-ci doivent aussi redoubler d’efforts pour relancer les pourparlers de paix, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite indiqué que l’Envoyé spécial de la Chine pour le Moyen-Orient s’était récemment rendu dans la région où il avait eu l’occasion de rencontrer M. Nickolay Mladenov.  La Chine, a-t-il dit, souhaite que la communauté internationale multiplier les efforts pour appuyer la reprise des pourparlers entre Israël et la Palestine et défendre la solution des deux états.  Le représentant a aussi appelé à soutenir la proposition en quatre points du Président Xi Jinping pour la résolution du conflit.

M. OLOF SKOOG (Suède) a dénoncé le fait qu’au moins une des roquettes tirées par les militants palestiniens ait atterri à proximité d’une école maternelle, soulignant que les enfants ne doivent jamais être la cible de violences.  Il a fait observer que l’attaque perpétrée hier ne s’est pas fait « en vase clos », rappelant que la bande Gaza est au bord de l’effondrement social et économique et disant l’urgence de répondre à la crise humanitaire qui y prévaut.  Il a aussi souligné le rôle de l’UNRWA, dont l’action contribue à la stabilité de la région, et a appelé à lui fournir d’urgence un soutien politique et financier.  Le représentant a également réclamé un accès sans entrave pour acheminer l’aide humanitaire destinée à la bande de Gaza, jugeant qu’il est plus que temps de lever le blocus.

Évoquant les évènements d’hier, M. Skoog a exhorté les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à prendre des mesures immédiates pour désamorcer la situation et mettre un terme aux cycles de violence.  Il a aussi regretté que le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à s’accorder sur une « expression publique » relative à Gaza.  Il a salué le projet de résolution proposé par le Koweït qui appelle à la création d’un mécanisme pour appuyer la protection des civils palestiniens.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a rappelé que toute action négative qui va à l’encontre de la perspective d’un règlement pacifique du conflit ne va que prolonger le problème.  Il a souligné que si le processus de paix n’est pas relancé, alors ce genre de tragédie se répétera et on risquera même d’arriver au point de non-retour.  C’est pourquoi il est important de préserver la possibilité d’arriver à une solution qui privilégie la formule des deux États, a-t-il prôné en appelant à la désescalade, cruciale pour protéger les civils, rompre avec le cycle de la violence et renouer avec le processus politique. 

M. Alemu a souligné qu’il revient aux parties de faire preuve de souplesse pour s’engager dans des pourparlers directs et des négociations de fond, en vue de parvenir à une solution définitive pour toutes les questions en suspens, le Conseil de sécurité devant les accompagner vers cette voie.  Il a noté que c’est le désespoir des Palestiniens qui entraîne la création de toutes sortes de groupes qui représentent un danger pour les populations de Gaza et d’Israël, et même pour celles de toute la région.  C’est pourquoi la reprise des pourparlers de paix est cruciale, a-t-il argué en espérant qu’il serait possible de sauver la solution des deux États.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a condamné les tirs de roquettes par le Hamas et le Jihad islamique, et a reconnu le droit à la légitime défense d’Israël.  Il s’est inquiété des sombres perspectives à court et moyen termes et des discours belliqueux, se disant également préoccupé des morts de Gazaouis au cours de ces dernières semaines.  Il a appelé à la prudence et à la modération ainsi qu’au respect du droit international humanitaire.  Il a déploré qu’en dépit de la détérioration de la situation, le Conseil de sécurité n’ait pas réussi à s’accorder sur la manière de s’exprimer sur les faits, ni à définir les mesures à prendre, pour notamment répondre aux causes profondes du conflit et gérer d’urgence la situation humanitaire dramatique que connaît Gaza.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a dénoncé la violence contreproductive, le terrorisme et les incitations, qui ne font rien pour la cause des Palestiniens.  En même temps, a-t-il ajouté, Israël doit comprendre que l’occupation continue et les mesures autoritaires de sécurité font le lit des extrémistes violents et affaiblissent la voix des modérés.  Le délégué a condamné le tir du 29 mai, lancé à partir de Gaza et dirigé contre Israël, regrettant que ce genre d’attaque endommage le processus de paix.  Il a partagé l’opinion de M. Mladenov selon lequel les déclarations antisémites et les propos incendiaires sont inacceptables.  Il a aussi appelé Israël à s’abstenir de lancer des frappes en représailles et à cesser tout acte hostile.  « Nous devons éviter des incidents qui mettent en péril la vie des Israéliens et des Palestiniens », a-t-il dit, avant d’appeler ceux qui ont une influence à exhorter les deux côtés à faire preuve de la plus grande retenue et à respecter les obligations découlant des conventions internationales et des résolutions sur la protection des civils. 

Soulignant l’importance de l’unité interpalestinienne, le représentant a souhaité que toutes les factions s’unissent sous l’Autorité palestinienne.  Il a apprécié les efforts de la Russie et de l’Égypte en faveur de la consolidation interpalestinienne, souhaitant en outre que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) prenne le contrôle de la bande de Gaza.  Le Kazakhstan appelle le Quatuor à faire davantage d’efforts pour reprendre les négociations.  En ce qui concerne la situation humanitaire, le délégué a exhorté les autorités d’Israël et de la Palestine à résoudre la crise dans la bande de Gaza, appelant aussi à des mesures de confiance sur le plan économique, nécessaires pour parvenir à une paix durable.  Enfin, il a appelé à la reprise du processus de négociation palestino-israélien, en particulier dans le format bilatéral de la solution des deux États.

M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) s’est dit vivement préoccupé par le nouveau cycle de violence qui, a-t-il averti, risque de plonger toute la région dans le chaos.  Il a déploré l’absence de perspectives politiques dans le règlement du conflit israélo-palestinien, s’inquiétant notamment de la flambée de violence dans la bande de Gaza.  Il a fait observer que cette violence est « largement entretenue » par une situation économique et humanitaire difficile, fortement affectée par le blocus en vigueur, le chômage des jeunes et les pénuries en eau, en électricité et en médicaments.  Il a appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts en vue non seulement de la mise en œuvre de projets et de mesures concrètes en faveur de l’amélioration de la situation humanitaire, mais également du développement économique de la bande de Gaza.  Cette situation, a-t-il ajouté, fait également apparaître la nécessité de poursuivre le dialogue interpalestinien pour la mise en œuvre de l’Accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah.  Cela permettra le retour effectif de l’Autorité palestinienne et un plein contrôle de la bande de Gaza pour une meilleure prise en charge des besoins humanitaires et sécuritaires des populations, a-t-il estimé.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a condamné les attaques contre des civils, précisant qu’elles n’ont pas de justification, quels que soit le lieu, les cibles et les auteurs.  Il a exhorté le Gouvernement israélien à renoncer aux bombardements afin de parvenir à la paix à Gaza.  Il a dit que cette escalade ne fait qu’aggraver la situation humanitaire déjà critique à Gaza, « fruit de 11 ans de blocus maritime et terrestre de la bande de Gaza ».  Il a invité Israël à respecter ses obligations juridiques en vertu des Conventions de Genève sur le droit international humanitaire, tout en lui demandant d’ouvrir les points de passage vers Gaza.  Il a aussi souhaité que les membres du Conseil de sécurité appuient le projet de résolution proposé par le Koweït afin de garantir la protection des civils.

Le représentant a rappelé que 1 462 civils palestiniens étaient morts au cours du conflit de 2014.  « Si nous ne nous souvenons pas de ce qui s’est passé, on risque de vivre de nouveau les mêmes expériences », a-t-il souligné.  Il a condamné les colonies de peuplement israéliennes, soulignant que la cause profonde du conflit est l’occupation des territoires palestiniens par la Puissance occupante.  Il a dit que la seule solution possible dans ce cas est celle des deux États, notamment avec un État palestinien avec les frontières qui étaient en vigueur en 1967, et avec Jérusalem-Est comme capitale.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a condamné les attaques indiscriminées du 29 mai et a appelé les parties à maintenir le calme actuel et à faire preuve de la plus grande retenue pour prévenir une nouvelle escalade de la violence.  Il a salué le consensus qui prévaut au sein du Conseil de sécurité quant à la nécessité de répondre à la crise dans laquelle se trouve Gaza.  Le défi est maintenant de s’accorder sur la manière d’agir, a-t-il relevé.  Il a appuyé la proposition du Coordonnateur spécial pour lancer des projets d’approvisionnement en eau, en énergie et de soins de santé, soulignant que les crises actuelles ne doivent pas servir de prétexte pour retarder l’action.  Il a appelé le Conseil de sécurité à s’exprimer publiquement au sujet de la crise actuelle, jugeant possible de le faire tout en satisfaisant aux préoccupations de chacun.

Le représentant a aussi parlé de la situation en Cisjordanie, se disant gravement préoccupé de l’intention d’Israël de procéder à la démolition de toutes les structures de la communauté Khan el-Ahmar.  Il a souligné que la Zone C est d’une importance critique pour la viabilité d’un futur État palestinien et a condamné l’intention d’y approuver de nouvelles colonies de peuplement.  Le représentant a enfin déclaré que les évènements de la semaine passée avaient démontré que des mesures qui sapent la solution des deux États sont prises des deux côtés, des mesures qui rappellent que le statu quo n’est pas tenable.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a condamné tout acte de violence, quels qu’en soient les auteurs.  Il a regretté que le Conseil de sécurité soit contraint de se réunir de nouveau au sujet de Gaza.  Le représentant s’est inquiété de l’absence d’une solution au conflit.  Il a appelé les parties à la retenue, leur demandant de ne pas exacerber la situation mais d’œuvrer au contraire en faveur de la normalisation.  Il a également souligné l’importance de répondre à la crise humanitaire à Gaza.  Les parties palestiniennes doivent pour leur part honorer le Pacte de réconciliation intrapalestinien, a ajouté le représentant.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a condamné les tirs de roquettes ciblant les civils et les communautés dans le sud d’Israël depuis la bande de Gaza.  Pour la Pologne, il n’y a pas de justification qui tienne pour expliquer la violence aveugle et délibérée contre des civils.  « La violence doit s’arrêter, car Israéliens et Palestiniens ont le droit de vivre dans la paix et la sécurité », a déclaré la représentante.  Elle a également invité les parties à faire montre de retenue et à se garder de toute nouvelle action qui pourrait faire escalader la situation et mettre en danger la sécurité des civils.  Elle a aussi invité tous les acteurs à assurer la protection des civils, notamment les enfants, et à s’en tenir à leurs obligations découlant du droit international humanitaire et des droits de l’homme.

Face à la possibilité d’une nouvelle agression sauvage d’Israël contre la bande de Gaza, a déclaré M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, il nous faut lancer le même appel qu’il y a deux semaines.  Il a ainsi exhorté le Conseil de sécurité à « agir maintenant » pour apaiser la situation, pour éviter de basculer à nouveau dans la violence et le chaos, et empêcher la Puissance occupante de terroriser davantage la population civile palestinienne.  Il a appelé le Conseil à protéger les sans défense et à se ranger du côté du droit international et de l’éthique.  M. Mansour a complètement rejeté le discours d’Israël, « l’agresseur qui se pose en victime ».

« Nous plaidons pour que la conscience et la raison l’emportent », a insisté le représentant.  « Nous ne pouvons pas agir comme si l’escalade et la détérioration de la situation étaient inévitables, car elles ne le sont pas.  Nous devons agir pour éviter le pire des scénarios, car les risques sont immenses », a-t-il encore averti.  D’après lui, le projet de résolution proposé par le Koweït représente un pas modeste dans la bonne direction et le Conseil doit l’appuyer. 

Il est temps de s’attaquer aux causes profondes de la situation et de « réparer un tort historique », a-t-il ajouté.  Il a invité à ne pas dissocier « d’une façon politisée et partiale » les développements récents de la réalité de l’occupation israélienne, de la colonisation du peuple palestinien par les moyens les plus répressifs. 

Le Conseil de sécurité se réunit aujourd’hui pour réagir aux évènements d’hier, les bombardements israéliens et les tirs de roquette de Gaza.  Mais certains ont peut-être déjà oublié le massacre de civils palestiniens non armés commis le 14 mai dernier, le jour même du transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, et auquel le Conseil de sécurité n’a pas répondu, a regretté M. Mansour.  Nous n’oublierons pas les 118 Palestiniens tués et les 13 000 blessés, a-t-il assuré.  « Ne minimisez pas la souffrance » du peuple palestinien, dont le désespoir est intensifié par le blocus, a-t-il demandé.  En conclusion, M. Mansour a assuré qu’il poursuivra ses efforts pour obtenir la protection du peuple palestinien conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire et les droits de l’homme.       

M. DANNY DANON (Israël) a remercié les États-Unis d’avoir convoqué cette réunion d’urgence du Conseil de sécurité « après l’attaque la plus grave du Hamas et du jihad islamique depuis 2014 ».  D’après lui, le Conseil doit, premièrement, condamner le Hamas pour ses crimes de guerre contre les Israéliens et, deuxièmement, adopter une résolution désignant le Hamas comme organisation terroriste.  Revenant sur les évènements des dernières 24 heures, M. Danon a constaté que « le Hamas ne cherche pas uniquement à faire peur aux Israéliens, il se fiche bien en outre des Palestiniens qu’il contrôle à Gaza ».

En représailles, a expliqué le représentant, les Forces de défense israéliennes ont ciblé les infrastructures terroristes du Hamas et du Jihad islamique, dont un tunnel utilisé pour tenter d’infiltrer Israël et introduire clandestinement des munitions en Égypte.  Le rôle de l’Iran à cet égard ne doit

pas être ignoré, a-t-il martelé.  « C’est avec de l’argent iranien que sont payés les émeutiers à la barrière et ce sont des roquettes iraniennes qui ont été tirées sur nos villes. »  Comme en Syrie et au Liban, là où il y a de la terreur et de la violence, il y a l’Iran, a-t-il encore accusé. 

« Nous avons là une situation en noir et blanc », a fait valoir le représentant israélien.  Israël s’est désengagé de Gaza en 2015.  Le Hamas l’a remporté l’année suivante et depuis lors il n’a fait que terroriser Israël et prolonger la souffrance du peuple de Gaza, a-t-il déploré.  Selon lui, la situation à Gaza résulte directement du refus du Hamas de renoncer à la violence.  Il a rappelé d’ailleurs que les conditions du Quatuor étaient très claires en ce qu’elles demandaient de renoncer à la violence.  « S’il n’y avait pas de terreur, il n’y aurait pas de restrictions et c’est le peuple de Gaza qui en tirerait le plus grand avantage », a-t-il assuré.

« C’est Israël qui attache une grande importance aux efforts internationaux visant à aider l’économie et le développement de Gaza », a affirmé M. Danon.  Pour sa part, « le Hamas détruit les infrastructures civiles parce qu’il ne veut pas que le peuple de Gaza vive en paix », a-t-il avancé.  Or, « certains membres cyniques de ce Conseil font circuler une résolution honteuse qui ne mentionne même pas le Hamas! » s’est-il exclamé.  Il a jugé « absurde » l’idée de « récompenser » le Hamas par une résolution qui le condamnerait.  Il a estimé que le temps est venu pour le Conseil de sécurité d’utiliser tous les outils à sa disposition pour réagir aux actes de terreur.  Il est grand temps que la communauté internationale condamne le Hamas avec la même vigueur qu’elle utilise contre Al-Qaida et l’État islamique, a-t-il conclu.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Iraq appelle le prochain gouvernement de coalition à lancer des réformes

8271e séance – matin
CS/13359

Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Iraq appelle le prochain gouvernement de coalition à lancer des réformes

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a exhorté, ce matin, les dirigeants politiques iraquiens à dépasser les clivages sectaires et ethniques pour lancer les réformes politiques, économiques et sociales dont le pays a tant besoin, en soulignant combien la période postélectorale est cruciale pour son avenir.

Intervenant devant le Conseil de sécurité, M. Ján Kubiš, qui est également à la tête de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), est revenu sur la tenue, le 12 mai, des élections parlementaires qui, bien qu’elles se soient déroulées dans le calme, ont été caractérisées par un taux de participation de seulement 44,52%.

« La décision de plus de la moitié des électeurs de ne pas exercer leur droit démocratique envoie un signal fort aux élites qui gouvernent le pays depuis 2003 », a souligné M. Kubiš qui a exhorté les dirigeants du prochain gouvernement de coalition à améliorer la représentation et la reddition de la justice en visant une gouvernance exempte de corruption et de népotisme.  Il a aussi appelé à assurer la pleine participation des femmes aux négociations sur la formation de la prochaine coalition.

Si de nombreux dirigeants politiques appellent à l’acceptation des résultats du scrutin législatif, d’autres expriment leurs préoccupations au sujet de certaines défaillances techniques du système de vote électronique, notamment à Kirkuk et au Kurdistan.  M. Kubiš a signalé à cet égard la création d’une haute commission chargée d’enquêter sur les élections.

Lorsque les résultats définitifs seront proclamés, l’accent sera placé sur la relance socioéconomique dans toutes les provinces et la création d’un climat des affaires attractif, a annoncé le représentant de l’Iraq.  Il a mentionné, comme rampes de lancement à cette phase, le plan stratégique pour la reconstruction ainsi que la stratégie nationale 2018-2022 de lutte contre la pauvreté, entre autres.

La délégation iraquienne a également souligné qu’il est dans l’intérêt de l’Iraq de rester en dehors du « cercle » des conflits dans la région.  C’est pourquoi une nouvelle politique étrangère fondée sur la neutralité a été adoptée. 

« Alors que l’Iraq écrit un nouveau chapitre de son histoire, la MANUI doit elle aussi s’adapter », a estimé la délégation des États-Unis qui a annoncé son intention de lancer un examen approfondi du nouveau mandat de la Mission.  La déléguée a insisté en particulier sur la nécessité, pour la Mission, de répondre aux défis liés à la réconciliation politique, à la livraison de l’aide et à la fourniture de services.

Les membres du Conseil de sécurité ont également entendu les exposés de M. Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, et de Mme Michèle Coninsx, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), qui se sont rendus en Iraq en mars dernier pour y constater l’étendue des dommages causés par Daech, dans la ville de Falloujah notamment.

M. Voronkov a insisté sur l’importance cruciale de la vigilance et de la détermination du Gouvernement iraquien pour consolider les gains militaires contre Daech.  Il a aussi recommandé à l’Iraq d’établir une stratégie nationale globale antiterroriste, qui reposerait notamment sur une formation sur le financement du terrorisme et l’établissement d’un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent à travers le développement des capacités des jeunes, y compris ceux de Falloujah.  Ces initiatives bénéficieront de l’appui technique du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.

De son côté, Mme Coninsx a souligné que l’Iraq doit mener à bien le processus d’adoption de sa législation antiterroriste, en se conformant aux normes internationales pertinentes pour que les auteurs d’actes terroristes puissent être traduits en justice, conformément aux droits de l’homme et à l’état de droit.

En la matière, les procès expéditifs des personnes accusées d’avoir appuyé Daech ont alarmé le Kazakhstan qui s’est dit choqué du cas d’Amina Hassan.  Cette femme n’a eu que 2 minutes pour se défendre au cours d’un procès de 10 minutes, avant d’être condamnée à mort par pendaison, a dénoncé le représentant en précisant que plus de 14 sentences similaires ont été prononcées en à peine deux heures.  Le représentant de l’Iraq a répondu à ces préoccupations en assurant qu’un juge d’instruction mène une enquête exhaustive avant de déférer toute affaire devant la cour.

Le Koweït est par ailleurs intervenu pour se préoccuper du peu de progrès réalisés au sujet de la question des citoyens et biens koweitiens disparus et a appelé à lancer une nouvelle démarche pour parvenir à des résultats plus probants.

Sur ce point, le Représentant spécial a indiqué s’être réuni avec les autorités pour déterminer par quel moyen appuyer les efforts de rapatriement des biens identifiés. Il a aussi appelé les États Membres possédant des images satellites pertinentes datant de 1990 à 1991 à fournir ces informations au Gouvernement iraquien pour l’aider à identifier l’emplacement des charniers, une question pour laquelle la MANUI a d’ailleurs créé un projet pilote.

Dans son intervention, M. Kubiš s’est aussi inquiété de la situation humanitaire et du manque de financement de l’aide d’urgence: seul 18% des 569 millions de dollars réclamés dans le cadre du plan d’aide humanitaire ont été versés; les efforts de déminage et de stabilisation sont sous-financés.

LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ

Dix-huitième rapport établi par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité

Rapport présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 2367 (2017)

Déclarations

M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a indiqué que le pays avait tenu des élections parlementaires le 12 mai, dans les délais prévus par la Constitution.  Ces élections, qui se sont déroulées dans le calme, ont été caractérisées par une faible mobilisation des électeurs, le taux de participation étant de 44,52%, soit une nette diminution si on compare aux élections tenues après 2003.  En outre, moins de 100 des députés sortants ont réussi à maintenir leur siège au sein du nouveau Conseil des représentants.  Le Représentant spécial a vu, dans la décision de plus de la moitié des électeurs de ne pas exercer leur droit démocratique, un signal fort adressé aux élites qui gouvernement le pays depuis 2003.  Parmi les progrès possibles, il a exhorté les dirigeants à améliorer la représentation, la reddition de la justice, la responsabilisation démocratique, en visant une gouvernance exempte de corruption et de népotisme.  Le Représentant spécial a aussi appelé à assurer la pleine participation des femmes aux négociations sur la formation de la prochaine coalition qui sera au pouvoir.

M. Kubiš a indiqué que si de nombreux dirigeants politiques ont appuyé le processus électoral et appellent à l’acceptation des résultats, d’autres ont soulevé des préoccupations au sujet de certaines défaillances techniques du système de tabulation des votes électroniques.  Le 28 mai, le Conseil des représentants a décidé de demander à la Haute Commission électorale indépendante de recompter manuellement les votes enregistrés dans 10% des urnes, réclamant par ailleurs l’annulation des votes des personnes déplacées et des Iraquiens de l’étranger.  Le Conseil des représentants a aussi décidé de créer une haute commission chargée d’enquêter sur les élections.  Celle-ci a d’ores et déjà référé la Haute Commission électorale indépendante à la Commission pour l’intégrité, une mesure rejetée par la Haute Commission électorale indépendante qui y voit une atteinte à son indépendance.

En outre, la crédibilité du processus électoral dans la région du Kurdistan a été remise en cause par six partis kurdes qui réclament le recompte des bulletins.  De leurs côtés, le Parti démocratique du Kurdistan et l’Union patriotique du Kurdistan se sont déclarés satisfaits du résultat et ont annoncé leur intention d’entamer un dialogue avec Bagdad sur la création d’une coalition.  La situation dans la province de Kirkuk demeure volatile et des partis arabes et turkmènes réclament le recompte des voix, tandis que la Haute Commission électorale indépendante affirme que ces derniers entravent son travail.  M. Kubiš a affirmé avoir appelé la Commission électorale à agir promptement et répondre avec sérieux à l’ensemble des plaintes, y compris en procédant au recompte manuel des bulletins, notamment à Kirkuk.  Il a aussi exhorté les organes électoraux à statuer comme il se doit sur l’ensemble des appels, ajoutant que l’ONU se tient prête à fournir une expertise électorale, notamment à l’approche des élections provinciales prévues le 22 décembre et des élections régionales qui doivent se dérouler au Kurdistan le 30 septembre.

Poursuivant, M. Kubiš a souligné combien cette période postélectorale est cruciale pour l’Iraq.  Il a exhorté les dirigeants politiques à privilégier l’inclusion et le dialogue non sectaire et à dépasser les clivages sectaires et ethniques pour lancer des réformes politiques, économiques et sociales et améliorer l’économie, la fourniture de services et la justice sociale.  Un nouveau gouvernement, fondé sur cette approche, garantira à l’Iraq un avenir stable, prospère, uni, démocratique, pleinement souverain et indépendant, jouissant de bonnes relations avec ces voisins, a-t-il affirmé.

Tournant ensuite son attention sur la situation humanitaire, le Représentant spécial a indiqué que plus de 2,1 millions de personnes demeurent déplacées et ont besoin d’une aide.  Le financement de l’aide d’urgence est cependant extrêmement faible, seul 18% des 569 millions de dollars réclamés dans le cadre du Plan d’aide humanitaire ayant été versés.  Les efforts de déminage et de stabilisation sont, eux aussi, sous-financés.  M. Kubiš s’est également préoccupé du fait qu’en dépit d’une directive du Premier Ministre, il y a toujours une présence militaire dans les camps.  Il a notamment dénoncé le harcèlement sexuel subi par des femmes et des filles, le détournement de l’aide humanitaire, la détention et la disparition de personnes habitant dans les camps, les activités de recrutement et les attaques armées contre le personnel humanitaire.  En outre, selon Amnesty International, les femmes et les filles perçues comme ayant des liens avec « l’expérience de Daech » se voient nier l’octroi de l’aide, font face à des restrictions de leur liberté de mouvement et sont victimes d’exploitation sexuelle.  Il a indiqué que l’ONU mène, dans le cadre du réseau pour la protection contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, une action urgente de suivi sur les cas qui lui sont signalés.

M. Kubiš a par ailleurs indiqué que l’Iraq avait accueilli, le 15 avril, une série de réunions du mécanisme tripartite sur les ressortissants et biens koweïtiens portés disparus et s’est félicité de l’accueil réservé au projet pilote lancé par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) pour enquêter sur les charniers en Iraq.  Il a aussi appelé les États Membres possédant des images satellites pertinentes datant de 1990 à 1991 à fournir ces informations au Gouvernement iraquien pour l’aider à identifier l’emplacement des charniers.  Le dossier sur les biens koweïtiens disparus ne progressant pas, la MANUI s’est réunie avec le Ministère des affaires étrangères de l’Iraq pour identifier comment appuyer les efforts de rapatriement des biens identifiés.

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, a invité les États Membres à redoubler d’efforts pour renforcer la coopération internationale contre le terrorisme et traduire en justice les responsables.  Il a rappelé s’être rendu en Iraq en mars dernier, en compagnie de Mme Michèle Coninsx, Directrice exécutive du Comité contre le terrorisme, à l’invitation du Gouvernement iraquien et avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).

M. Voronkov a souligné l’importance cruciale de la vigilance et de la détermination du Gouvernement pour consolider les gains militaires contre Daech, par le biais d’une approche globale.  Cette visite en Iraq a permis aux hauts fonctionnaires de l’ONU de discuter avec de hauts responsables du pays, ainsi que de se rendre à Falloujah pour mieux toucher du doigt les réalités locales.  La plupart des interlocuteurs sur le terrain ont souligné combien sont essentielles la réconciliation nationale et la reconstruction, menées par les Iraquiens eux-mêmes, pour prévenir la résurgence de l’extrémisme violent et du terrorisme dans le pays.  M. Voronkov a dit avoir constaté lors de la visite des sites de reconstruction non seulement l’étendue des dommages causés par Daech dans la ville, mais aussi l’admirable résilience des populations, dans un environnement pollué par les mines et des engins piégés.

La délégation a réitéré le soutien fort des Nations Unies à l’Iraq, en tenant compte des besoins identifiés au cours de cette visite et en vertu de la résolution 2395 (2017) du Conseil de sécurité.  Le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme a ainsi fait cinq propositions pour son assistance technique.  La première est la suggestion à l’Iraq d’établir une stratégie nationale globale antiterroriste; la seconde est une formation sur le financement du terrorisme; ensuite l’établissement d’un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent à travers le développement des capacités des jeunes, y compris ceux de Falloujah; un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent grâce à la communication stratégique; et enfin le renforcement de capacités pour prévenir et répondre aux armes de destruction massive liées au terrorisme.

En outre, afin de renforcer le dialogue engagé avec les autorités iraquiennes, le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme ont envoyé une mission exploratoire en Iraq en début de ce mois de mai.  Cette mission a permis au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme de commencer à rédiger un projet relatif aux cinq priorités identifiées.  De plus, le Bureau entend envoyer un consultant en Iraq afin d’accompagner les autorités nationales dans la rédaction de la stratégie nationale antiterroriste.  Certains projets seront mis en œuvre par le Bureau, en collaboration avec le Gouvernement iraquien, dès le mois prochain, a promis M. Voronkov.

Mme MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a indiqué que les récentes consultations de haut niveau que la DECT a eues avec le Gouvernement iraquien ont porté sur la facilitation et la fourniture d’une assistance adaptée pour le renforcement des capacités en Iraq, sur la base des priorités identifiées par le Comité contre le terrorisme et dans la lignée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

La Sous-Secrétaire générale a rappelé que la DECT avait formulé, après sa mission d’évaluation de 2015, 33 recommandations pour aider l’Iraq à combattre le terrorisme.  En partenariat avec les autorités iraquiennes chargées du contreterrorisme, 16 domaines prioritaires ont aussi été identifiés, notamment les questions juridiques et judiciaires, la lutte contre le financement du terrorisme, l’application de la loi, le contrôle des frontières et la lutte contre la radicalisation et l’incitation à commettre des actes terroristes.  Le Comité a organisé deux réunions informelles pour les donateurs et les partenaires, en 2016 et 2017, qui lui ont permis de mesurer les progrès et les défis.  Depuis lors, la DECT est retournée à plusieurs reprises en Iraq « pour s’assurer que les discussions qui ont lieu au Siège continuent de refléter la situation sur le terrain ».

Ces activités, a précisé Mme Coninsx, ont été organisées en coopération étroite avec la MANUI, la communauté des donateurs, les organisations internationales et régionales et d’autres entités des Nations Unies.  L’essentiel des efforts a consisté à intégrer les recommandations du Comité dans les programmes des partenaires d’exécution.   Tout au long de notre engagement avec l’Iraq, que ce soit à New York, à Bagdad ou à Falloujah, l’Iraq garde la maîtrise du processus d’assistance, a assuré l’intervenante.  Elle a également souligné les efforts de transparence en expliquant que toutes les informations relatives à cette assistance sont enregistrées dans un document, ce qui permet en outre d’éviter duplications et chevauchements. 

Mme Coninsx a répété que l’Iraq devait mener à bien le processus d’adoption de sa législation antiterroriste, en se conformant aux normes internationales pertinentes, car les auteurs d’actes terroristes doivent être traduits en justice, conformément aux droits de l’homme et à l’état de droit.  Enfin, elle a indiqué que la DECT est en train de réfléchir aux moyens de renforcer son processus d’évaluation et ses mécanismes de suivi, en vertu du paragraphe 9 de la résolution 2395 (2017) du Conseil de sécurité.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a constaté qu’il y a trois ans, la situation en Iraq était très différente, marquée notamment par les activités de Daech.  Aujourd’hui, s’est-elle félicitée, le pays est libéré, grâce à l’appui des États-Unis et de la coalition, tandis que des pourparlers sont en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement.  Ce dernier, a-t-elle indiqué, devra définir les moyens de créer des perspectives d’avenir pour l’ensemble des Iraquiens et décider si l’Iraq veut vraiment donner du pouvoir aux femmes et fermer les portes au sectarisme et à l’extrémisme.  Les États-Unis se tiennent prêts à appuyer l’Iraq, une fois la formation du gouvernement achevée, a-t-elle ajouté.

Maintenant que l’Iraq sort de l’ombre de Daech, la représentante a recommandé de garantir l’approvisionnement en électricité et de paver les routes, des mesures essentielles à son avis pour garantir la crédibilité du Gouvernement.  Elle a aussi insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme, de l’appui à la justice pour juger les auteurs de crimes commis sous Daech et de la collecte de preuves des crimes de guerre et de génocide perpétrés par le groupe.  Au moment où l’Iraq écrit un nouveau chapitre de son histoire, la MANUI doit, elle aussi, s’adapter, a-t-elle ajouté en appelant le Secrétaire général à mettre en œuvre les recommandations formulées dans ce sens.  Elle a insisté notamment sur la nécessité, pour la Mission, de répondre aux défis liés à la réconciliation politique, à la livraison de l’aide et à la fourniture de services.  Les États-Unis comptent d’ailleurs lancer un examen approfondi du nouveau mandat de la MANUI.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a félicité l’Iraq pour la bonne tenue des dernières élections législatives.  Il a dit espérer que ces signes présagent de la formation d’un gouvernement de consensus devant respecter les aspirations des populations.  Selon lui, l’Iraq entame une nouvelle phase qui nécessite le soutien de la communauté internationale.  C’est dans cette optique que le Koweït a organisé la conférence internationale sur la reconstruction de l’Iraq en février dernier.  Selon le délégué, la sécurité et la stabilité de l’Iraq ont une influence sur celles de toute la région.  En ce qui concerne la question des citoyens et biens koweïtiens disparus, il a fait part de sa déception face au peu de progrès, comme cela ressort du dernier rapport du Secrétaire général sur la question.  Il a dit espérer qu’une nouvelle démarche permettrait de parvenir à des résultats plus probants, se disant du reste optimiste avec l’initiative du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la question.  Le Koweït, a-t-il conclu, ne ménagera aucun effort pour soutenir l’Iraq sur tous les plans, afin d’aider notamment le pays à reprendre la place qui est la sienne dans la région.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a invité les représentants élus et les acteurs politiques d’Iraq à dialoguer ensemble pour constituer un nouveau gouvernement.  Par ailleurs, il a salué les progrès réalisés pour mettre sur pied une compagnie de pétrole étatique sous la supervision du Conseil des ministres.  D’après lui, « l’administration souveraine de ces ressources sera d’une grande utilité pour la reconstruction de l’Iraq et la restauration des services publics ».  Il a appelé ensuite le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional du Kurdistan à résoudre de manière pacifique les thèmes en suspens.

Le représentant a déploré les attentats qui continuent de coûter la vie à des civils innocents en Iraq.  Il a souligné toute l’importance du travail du Service de la lutte antimines de l’ONU, la sécurité de la population étant une condition préalable à la reconstruction du pays.  Il a réitéré la nécessité de développer les capacités de l’Iraq en matière de contreterrorisme, à travers, notamment, la lutte contre le financement du terrorisme et l’éducation des jeunes pour prévenir l’extrémisme.  Il a également jugé indispensable d’identifier les auteurs des atrocités commises par Daech et de les faire juger par des tribunaux iraquiens.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a félicité l’Iraq pour la tenue d’élections parlementaires sûres et inclusives.  Il a néanmoins jugé important que la Commission électorale spéciale puisse répondre rapidement aux questions relatives au processus, notamment dans la ville de Kirkuk.  Le nouveau gouvernement, a-t-il souligné ensuite, devra faire face de façon unie et solide aux menaces auxquelles la société iraquienne reste confrontée, comme le terrorisme et la corruption.  Le Pérou, qui préside le Comité contre le terrorisme (CTC), est favorable à une meilleure coordination des efforts au sein du système des Nations Unies dans ce domaine.

Si le représentant a salué la décision des autorités iraquiennes de partager l’évaluation de leurs besoins en matière d’assistance technique, il a considéré que l’appui de la communauté internationale doit s’orienter aussi vers la reconstruction de l’économie iraquienne.  Il a aussi encouragé le Gouvernement à promouvoir des politiques de développement social, pour s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent.  Enfin, il a jugé urgent de fournir une assistance humanitaire à près de neuf millions de personnes dans le besoin, dont deux millions sont des déplacés.  

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné les attentats-suicides du 15 mai dernier, à Bagdad, qui ont fait 35 morts et plus de 90 blessés.  Il a félicité les dirigeants et le peuple d’Iraq pour la bonne tenue des dernières législatives du 12 mai.  Il a en outre salué les succès du Gouvernement iraquien dans sa lutte contre Daech, avant d’inviter la communauté internationale à appuyer les mécanismes de lutte antiterroriste dans le pays et les efforts pour protéger les frontières.  Il a également invité l’Iraq à rejoindre l’initiative du Kazakhstan en adhérant au Code de conduite pour un monde sans terrorisme.  

La paix durable en Iraq passe par la réconciliation entre les parties, a fait valoir le représentant en misant sur la mise en œuvre de la justice et le règne de l’état de droit dans tout le pays.  Il a décrié les actes de vengeance contre les anciens soutiens de Daech, leur famille et ceux qui furent en relation avec le groupe terroriste.  M. Umarov a invité les autorités iraquiennes à prendre des mesures urgentes pour traduire les auteurs de tels actes en justice.  Il s’est dit notamment choqué du cas d’Amina Hassan, originaire de Turquie, qui n’a eu que deux minutes pour se défendre au cours d’un procès expéditif de 10 minutes, avant d’être condamnée à mort par pendaison au motif qu’elle avait soutenu Daech.  Plus de 14 sentences similaires ont été prononcées en à peine deux heures, a-t-il dénoncé.  Il a terminé son propos en soulignant que le défi de l’Iraq est désormais de poser les bases des principes de bonne gouvernance dans le pays. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a rappelé que le 12 mai dernier, les Iraquiens se sont dirigés vers les urnes pour des élections législatives d’autant plus importantes qu’elles interviennent après la victoire contre Daech.  Ce sont donc des élections qui représentent un autre chapitre de la guerre contre le terrorisme en Iraq.  Saluant le succès du processus électoral qui a mobilisé les femmes et les jeunes, dans un environnement sécuritaire satisfaisant, le représentant a indiqué que la Haute Commission électorale indépendante commence à recevoir les plaintes, notamment de la part des partis politiques qui doutent des résultats électoraux.  Après la proclamation des résultats définitifs, l’Iraq compte se concentrer sur la relance socioéconomique dans toutes les provinces et créer un climat des affaires attractif.  Le représentant a cité comme rampes de lancement le plan stratégique pour la reconstruction, la stratégie nationale 2018-2022 de lutte contre la pauvreté, le programme de relance et de résilience lancé par le Secrétaire général de l’ONU et la stratégie nationale pour la jeunesse lancée en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

Le représentant a poursuivi en se félicitant de la résolution 2379 (2017) du Conseil de sécurité qui permettra de collecter les preuves des crimes commis par Daech.  À ce propos, il a attiré l’attention sur le plan de mise en œuvre du Communiqué conjoint signé en 2016 par son pays et les Nations Unies et qui comprend des mesures en faveur des femmes victimes de la violence sexuelle perpétrée par Daech.  L’Iraq sera aussi le premier pays du Moyen-Orient à présenter un rapport sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, relative aux femmes, à la paix et à la sécurité. 

Le représentant a aussi confirmé le caractère fructueux de la visite du Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et de la Chef de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme.  L’Iraq, a-t-il poursuivi, a établi des relations équilibrées avec tous ses voisins, ayant choisi une nouvelle politique étrangère fondée sur la neutralité.  C’est dans son intérêt de rester en dehors du « cercle » des conflits dans la région, a insisté le représentant, en ajoutant que son pays compte sur des partenariats véritables et stratégiques pour créer un bon climat des affaires générateur d’emplois pour les jeunes.  Le pays a aussi travaillé pour honorer ses obligations liées aux questions en suspens avec le Koweït, en particulier celle des personnes disparues.

Le représentant a conclu en plaidant pour la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies pour une période d’un an.  Il a aussi réagi aux propos du délégué du Kazakhstan qui a parlé de méthodes de justice expéditives qui auraient cours en Iraq.  Le représentant s’en est défendu en expliquant qu’un juge d’instruction mène une enquête exhaustive avant de déférer toute affaire devant la cour.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG termine sa session et « illustre sa difficulté à prendre des décisions sur des questions sensibles »

Reprise de la session 2018,
29e – matin
ECOSOC/6924-ONG/876

Le Comité des ONG termine sa session et « illustre sa difficulté à prendre des décisions sur des questions sensibles »

Sur 472 dossiers, le Comité chargé des ONG a recommandé au Conseil économique et social (ECOSOC) de n’accorder le statut consultatif qu’à 218 organisations, « ce qui illustre sa difficulté à prendre des décisions sur des questions sensibles et sa tendance à reporter les dossiers de session en session », a commenté le Président du Comité, M. Jorge Dotta, de l’Uruguay. 

Le Comité a achevé aujourd’hui la seconde séquence de sa session 2018 qu’elle avait commencée le 21 mai.  Il tiendra une toute dernière réunion le 11 juin prochain pour adopter son rapport final et convoquera le 22 juin, des consultations inédites avec les ONG dotées d’un statut consultatif. 

« Difficultés à prendre des décisions? »  Le Comité des ONG l’a encore montré hier, avec le refus, à l’issue d’un vote, de faire à l’ECOSOC une recommandation favorable à la Fondation Konrad-Adenauer, le célèbre « think tank » politique allemand, riche de 80 bureaux, d’un budget annuel de 100 millions d’euros et de multiples projets dans plus de 100 pays dans le monde. 

Les ONG suisses « Bureau international pour le respect des droits de l’homme au Sahara occidental » et « Centre Universitaire de droit international humanitaire » ont carrément jeté l’éponge: « nous ne répondrons plus à des questions qui ne sont que des prétextes pour ne pas prendre de décision », a dit l’une et « nous ne voulons pas faire perdre son temps au Comité », a ironisé l’autre.  Pour ces ONG, le Comité démontre, par sa façon de faire, que le discours des Nations Unies sur l’importance du rôle de la société civile s’arrête aux intérêts de certains États.

Le Président du Comité, qui a annoncé les toutes premières consultations, le 22 juin prochain, avec les ONG dotées d’un statut consultatif, a dit attendre des discussions franches sur les relations « changeantes » entre les Nations Unies et la société civile et sur les moyens de les améliorer.  Une lueur d’espoir est peut-être née aujourd’hui avec la décision de la Chine de ne plus militer pour le retrait du statut consultatif spécial, accordé il y a 25 ans, à l’ONG allemande « Société pour les peuples menacés ». 

La Chine accusait l’ONG d’avoir pour collaborateur « un terroriste », en la personne de M. Dolkun Isa, activiste et politicien ouïgour.  Dans une lettre au Comité, l’ONG souligne: « nous ne choisirions jamais un représentant dont on a prouvé qu’il était terroriste ».  « Nous n’acceptons ni n’encourageons le recours à la violence.  Nous rejetons le terrorisme dans toutes ses formes et dans les termes les plus forts ». 

Au cours de cette reprise de session, le statut consultatif le plus élevé, le statut consultatif général, a été accordé à « Global Economist Forum » du Bangladesh, « The Sant Nirankari Mandal Plus ha » de l’Inde, « Universal Peace Federation » des États-Unis et « Imam Ali’s Popular Students Relief Society » de l’Iran.  Ces ONG sont désormais reconnues comme de grandes organisations internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Elles sont autorisées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour. 

D’après le calcul du Président du Comité, 214 autres ONG ont obtenu le statut consultatif spécial, réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et qui peuvent, en conséquence, soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Le dernier statut, la Liste, va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre à l’ECOSOC que des communications écrites.  Ce statut n’a fait l’objet d’aucune demande lors de cette session. 

Le Comité a également pris note de 196 rapports que les ONG dotées d’un statut consultatif sont tenues de présenter tous les quatre ans pour prouver la conformité de leurs activités avec celles de l’ECOSOC.  Six rapports ont été bloqués dont celui de l’ONG américaine « Inter-American Press Association » qui doit d’abord expliquer à Cuba la nature des réunions qu’elle a organisées avec la « UN Foundation » en Amérique latine. 

Le Comité a suspendu, pour un an, le statut consultatif spécial de 152 ONG au motif qu’elles n’ont pas soumis à temps leurs rapports quadriennaux.  Il a retiré leur statut à 101 organisations qui n’ont tout simplement pas soumis leurs rapports et rétabli dans leurs droits 24 ONG qui ont finalement décrit leurs activités. 

      Le Comité a pris également note du nouveau nom de six ONG et de la dissolution de trois autres organisations.  Il a clos le dossier de 27 ONG et reporté sa décision sur la demande de fusion de la « Social Service Agency of the Protestant Church in Germany ».

Le Comité des ONG tiendra sa prochaine session du 21 au 30 janvier 2019 qu’il reprendra du 16 au 24 mai. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Ukraine: la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques appelle à la plus grande retenue et réclame le respect des accords de Minsk

8270e séance – après-midi
CS/13357

Ukraine: la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques appelle à la plus grande retenue et réclame le respect des accords de Minsk

Au moment où la situation se détériore encore dans l’est de l’Ukraine, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politique a émis l’espoir cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que l’intensification des échanges diplomatiques pourra imprimer l’élan politique nécessaire à la mise en œuvre des accords de Minsk.  À la lumière des récentes informations sur l’accélération des préparatifs militaires le long de la ligne de contact, Mme Rosemary DiCarlo a également appelé les parties à la plus grande retenue.

« Pour dépasser le statu quo, il est impératif d’insuffler aux efforts une nouvelle énergie politique », a-t-elle souligné, déplorant que les négociations semblent avoir perdu leur élan et que les principales parties soient incapables de s’accorder sur les principales étapes à suivre, tandis que les discussions sur une éventuelle opération de paix internationale n’ont pas été concluantes.

Mme DiCarlo a aussi indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil sur la situation en Ukraine, qui remonte au 2 février 2017, les pourparlers diplomatiques se sont poursuivis dans le cadre du format Normandie et du Groupe de contact tripartite, mais que, malgré ces « efforts louables », la situation sécuritaire sur le terrain demeure volatile, caractérisée notamment par l’utilisation d’armes interdites par les accords de Minsk, ainsi que par une nette augmentation du nombre de victimes.

Sur ce point, le Chef de la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) déployée en Ukraine, M. Ertuğrul Apakan, a indiqué que plus de 100 000 violations de ces accords ont été relevées depuis le début de l’année, rappelant que les armes lourdes auraient pourtant dû être abandonnées en vertu desdits accords.  Il a souligné l’urgence de trouver un accord sur des mesures supplémentaires qui rendraient le cessez-le-feu durable. 

Le représentant de la France, qui intervenait également au nom de l’Allemagne, a invité les deux parties à impérativement progresser vers la mise en œuvre du désengagement de la ligne de contact, et ce, « dans les zones déjà identifiées à cet effet et celles qui le seront à l’avenir ».  Trois ans après l’adoption de la résolution 2202 (2015), qui endosse l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk, la France et l’Allemagne appellent plus que jamais toutes les parties à mettre en œuvre leurs engagements, a notamment déclaré le délégué français qui a souligné le rôle joué par les deux pays dans le cadre du format Normandie. 

La Fédération de Russie a d’ailleurs proposé l’adoption d’une brève déclaration présidentielle par laquelle le Conseil appellerait à la pleine mise en œuvre de cet ensemble de mesures et exhorterait à s’abstenir de toute mesure qui contredise l’esprit et la lettre desdits accords.

Énumérant méthodiquement les 13 points qui sous-tendent ces accords, le délégué russe a voulu démontrer que c’est l’Ukraine qui refuse de les mettre en œuvre, insistant notamment sur l’importance de la décentralisation et de l’octroi d’un statut particulier pour Donetsk et Louhansk, ainsi que sur le principe d’« autodétermination linguistique ».  Il a aussi affirmé que les autorités ukrainiennes imposent un blocus économique au Donbass, et y mènent en outre une opération « très intensive » de leurs « forces unifiées ». 

Mais pour les États-Unis, c’est la Fédération de Russie qui serait « la clef du règlement » de ce conflit, notamment si elle retirait ses troupes de la Crimée.  La délégation a en outre accusé la Fédération de Russie d’avoir rejeté les efforts de pourparlers concernant l’Ukraine dans le cadre de l’initiative des États-Unis et d’autres partenaires comme la France et l’Allemagne. 

« Dès que Moscou décidera de mettre fin à la violence, le conflit s’arrêtera », a renchéri le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine pour qui « l’activité militaire constante de la Russie dans les territoires occupés du Donbass reste l’obstacle à la résolution pacifique du conflit ».  M. Pavlo Klimkin a également demandé à la Russie d’appuyer l’envoi d’une force de maintien de la paix de l’ONU dans les territoires occupés des régions de Donetsk et Luhansk, une mission que la Suède appuierait.

C’est aussi la demande qu’a formulée le Ministre des affaires étrangères de la Pologne, M. Jacek Czaputowicz, en détaillant le mandat qu’aurait une telle mission, notamment assurer la mise en œuvre des accords de Minsk et faciliter le retrait des forces armées étrangères.  Il a aussi réclamé la nomination d’un envoyé spécial pour l’Ukraine.

La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence a quant à elle fait le point sur la situation humanitaire, préoccupée notamment du sort des 500 000 personnes qui vivent le long de la ligne de contact.  L’Ukraine compte le pourcentage le plus élevé de personnes âgées affectées par un conflit.  Tous les deux mois, elles doivent traverser la ligne de contact, « la troisième zone la plus minée du monde », pour toucher leur maigre retraite.

La situation de la station d’épuration d’eau de Donetsk, qui fournit de l’eau potable à quelque 350 000 personnes des deux côtés de la ligne de contact et qui a été ciblée à 34 reprises cette année, a été évoquée notamment par la représentante du Royaume-Uni qui s’est émue du fait que les séparatistes menacent de contaminer l’eau avec des déchets radioactifs.

Cette séance a aussi été l’occasion pour les membres du Conseil de parler du crash du vol MH17, alors que viennent d’être publiées, le 24 mai, les conclusions de l’équipe d’enquête mixte de l’OSCE qui a établi que le missile utilisé pour abattre le vol avait été lancé par un Buk TELAR venant de l’armée russe.

Le délégué de la Russie a toutefois accusé l’équipe d’enquête d’avoir manipulé les données, des propos qui ont poussé le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas à reprendre la parole pour dénoncer la propagation de faits alternatifs.  M. Stephanus Blok a aussi appelé la Russie à s’impliquer de manière constructive sur ce dossier et à accepter sa responsabilité.  La grande majorité des 298 victimes de la catastrophe était des Néerlandais.

LETTRE DATÉE DU 28 FÉVRIER 2014, ADRESSÉE À LA PRÉSIDENTE DU CONSEIL DE SÉCURITÉ PAR LE REPRÉSENTANT PERMANENT DE L’UKRAINE AUPRÈS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (S/2014/136)

Déclarations

Mme ROSEMARY A. DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques, a indiqué que le conflit en Ukraine, qui est dans sa cinquième année est encore « très vivant », même s’il ne fait pas la une des médias.  Elle a indiqué qu’en dépit d’une réduction de la violence depuis 2015, les meurtres et les actes de destruction se poursuivent, le bilan établi par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme étant de 2 700 civils tués et 9 000 blessés.  En outre, 1,6 million de personnes demeurent déplacées, soit la plus importante population déracinée d’Europe.

La Secrétaire générale adjointe a indiqué que depuis la dernière réunion du Conseil sur la situation en Ukraine, qui s’est tenue le 2 février 2017, les pourparlers diplomatiques se sont poursuivis, notamment dans le cadre du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral.  Malgré ces efforts louables, a-t-elle déploré, la situation sécuritaire sur le terrain demeure volatile, caractérisée notamment par l’utilisation d’armes interdites par les accords de Minsk.  En outre, le calme relatif qui a prévalu au tout début de l’année a été suivi, en avril et mai, par une nette augmentation du nombre de victimes.

L’ONU est très préoccupée par la détérioration récente de la situation le long de la ligne de contact, notamment dans les zones autour de la station de filtration de Donetsk, et appelle à une cessation immédiate des combats.  À la lumière des récentes informations sur l’augmentation des préparatifs militaires le long de la ligne de contact, Mme DiCarlo a appelé à la plus haute retenue.

Mme DiCarlo a regretté que trois ans après l’adoption de la résolution 2202 (2015), les principaux dispositifs des accords de Minsk ne sont toujours pas mis en œuvre.  Les négociations semblent avoir perdu leur élan, les principales parties prenantes sont incapables de s’accorder sur les principales étapes.  À l’exception de l’échange de prisonniers pendant la période de Noël, les efforts déployés pour faire avancer les pourparlers ont connu peu de succès.  En outre les discussions sur une éventuelle opération de paix internationale n’ont pas été concluantes.

Sur la situation humanitaire, la Secrétaire générale adjointe a averti que les besoins demeurent immenses.  Plus de 500 000 personnes vivent dans les cinq kilomètres carrés de la ligne de contact, et subissent jour et nuit des pilonnages et des tirs d’armes à feu, ainsi que des explosions de mines et autres engins explosifs.  La zone autour de la ligne de contact est d’ailleurs la troisième zone la plus minée du monde.

Elle a aussi rapporté que la mission de surveillance des droits de l’homme en Ukraine avait recensé des abus des deux côtés de la ligne de contact.  En outre, le suivi de la situation en République autonome de Crimée et dans la ville de Sébastopol est extrêmement difficile en raison du manque d’accès.  Elle a déploré les restrictions d’accès aux zones touchées par les conflits et a exhorté toutes les parties à faciliter l’accès humanitaire aux 3,4 millions de personnes dans le besoin.  Mme DiCarlo a aussi insisté sur l’importance d’établir la vérité au sujet du crash du vol MH17.

Elle a ensuite signalé que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine avait enregistré son premier décès au mois d’avril.  Elle a appelé au plein respect de la liberté de mouvement de ses membres et à cesser immédiatement toute tentative d’intimidation.

Poursuivant, Mme DiCarlo a espéré que l’intensification des échanges diplomatiques de ces dernières semaines permettra de fournir l’élan politique nécessaire à la mise en œuvre des accords de Minsk.  Pour dépasser le statu quo, il est impératif d’insuffler aux efforts une nouvelle énergie politique, a-t-elle affirmé.  Elle a fait observer que le conflit en Ukraine menace la crédibilité des organisations internationales et régionales et sape la confiance dont les États ont besoin pour œuvrer en faveur de la stabilité en Europe.  En dépit des efforts déployés pour conclure un accord, une percée reste hors de portée, a déploré la Secrétaire générale adjointe, qui a appuyé les efforts déployés dans le cadre de l’OSCE et du format Normandie.

M. ERTUĞRUL APAKAN, Chef de la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) déployée en Ukraine, s’exprimant par visioconférence depuis Minsk, a parlé de l’état de la mise en œuvre des accords de Minsk.  Plus de 100 000 violations de ces accords ont été relevés depuis le début de l’année.  Même des zones qui étaient relativement calmes semblent sombrer dans le conflit.  Il a souligné qu’il est urgent de trouver un accord sur des mesures supplémentaires qui rendraient le cessez-le-feu durable.  Il a dénoncé une violence aveugle et l’utilisation de l’artillerie, rappelant que les armes lourdes auraient pourtant dû être abandonnées en vertu des accords de Minsk.  Ces armes sont souvent utilisées dans des zones résidentielles, causant des victimes civiles.

Concernant la protection des civils et des infrastructures civiles, M. Apakan a indiqué que la station d’épuration d’eau de Donetsk, qui fournit de l’eau potable à quelque 350 000 personnes des deux côtés de la ligne de contact, a essuyé des tirs.  La Mission qu’il dirige continue de faciliter le dialogue sur le terrain, et elle continue également de documenter le déroulement du conflit, recensant par exemple les victimes civiles, y compris les 107 victimes depuis le début de l’année.  Les mines font également des victimes et il faudra des années pour complètement s’en débarrasser, a-t-il affirmé.  Malgré les accords sur les mines, elles continuent encore d’être posées, a—t-il déploré.  Récemment, des représentantes d’un groupe de femmes ont fait part à la Mission de l’impossibilité pour elles de rendre visite à leurs enfants de l’autre côté de la ligne de contact. 

« La population autour de la zone de contact souhaite vivre en paix », a—t-il affirmé, avant de rendre hommage au personnel de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE qui continue de mettre en œuvre son mandat de manière impartiale, malgré les obstacles rencontrés sur le terrain.

Mme URSULLA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a souligné que des millions de civils continuent d’être les principales victimes du conflit dans l’est de l’Ukraine.  Plus de 2 700 civils ont été tués et plus de 9 000 d’entre eux ont été blessés depuis le début des hostilités, il y a quatre ans.  En particulier, 238 civils ont été mutilés ou tués par des mines terrestres en 2017.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a relevé un million de passages par mois de long de la ligne de contact longue de 457 kilomètres, qui divise l’est de l’Ukraine.  L’année dernière, a témoigné Mme Mueller, elle s’est elle-même rendue à l’un des postes de contrôle où la plupart des personnes faisant la queue étaient âgées.  « L’Ukraine a le pourcentage le plus élevé de personnes âgées affectées par un conflit dans le monde. »  Ces personnes, a-t-elle expliqué, sont obligées de traverser la ligne de contact tous les 60 jours pour toucher leur maigre retraite.

La Sous-Secrétaire générale a félicité le Gouvernement de l’Ukraine d’avoir adopté un plan national pour gérer la situation de 1,5 million de personnes déplacées enregistrées.  Pour fonctionner, ce plan requiert une approche gouvernementale globale et suffisamment de ressources.

Les lois de la guerre doivent être respectées par toutes les parties en Ukraine, a ensuite rappelé Mme Mueller.  En dépit des appels en ce sens, des stations d’épuration des eaux et leurs employés ont été ciblés à 34 reprises cette année.  La station de filtration de Donetsk, qui alimente en eau 345 000 personnes, a ainsi été visée huit fois au cours des 40 derniers jours.

Plus de 600 000 personnes sont régulièrement exposées aux affrontements le long de la ligne de contact, a-t-elle poursuivi.  Des familles vivent dans des caves humides, et plus de 100 000 enfants étudient dans des écoles où les fenêtres sont renforcées par des sacs de sable.

En 2018, le but des travailleurs humanitaires était d’apporter une aide vitale et des services de protection à 2,3 millions de personnes.  Toutefois, a souligné Mme Mueller, le plan d’aide humanitaire pour l’Ukraine n’a reçu que 13% des 187 millions de dollars demandés.  Cette situation a obligé des agences, comme le Programme alimentaire mondial (PAM), à se retirer du pays.  La situation en matière de santé est également grave, a averti l’intervenante.  Des millions de personnes, n’ont qu’un accès limité aux soins.

Sur une note plus positive, elle a informé que l’accès humanitaire de l’ONU dans la zone non contrôlée par le Gouvernement l’ONU s’était récemment amélioré.  « L’est de l’Ukraine se trouve maintenant dans une crise de protection prolongée » qui requiert « une nouvelle façon de travailler », a conclu Mme Mueller.  

M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que l’esprit de la « révolution de la dignité », qui a vu le jour il y a quatre ans, ne saurait être brisé, que ce soit par l’annexion illégale de la Crimée ou le conflit dans l’est de l’Ukraine.  Il s’est inquiété de l’impact du conflit sur la population civile, relevant que 2 800 personnes ont été tuées, 25 000 blessées et plus de 1,5 million déplacées.  Il a dénoncé les violations systématiques des droits de l’homme en Crimée, notamment contre les ONG et les Tatars, à commencer par les détentions arbitraires et les actes de torture et de violence sexuelle.  Il est revenu sur l’adoption, en décembre 2017 par l’Assemblée générale, d’une résolution sur la situation des droits de l’homme en Crimée et dans la ville de Sébastopol, qui condamne notamment l’application rétroactive de la législation russe dans le territoire occupé et l’imposition automatique de la citoyenneté russe aux citoyens ukrainiens.  Le Ministre a par ailleurs indiqué que la Pologne fournit une aide humanitaire à Kharkiv, Zaporizhia, Dnipropetrovsk et Donetsk et vise notamment à appuyer l’intégration des personnes déplacées.

Poursuivant, M. Czaputowicz a dénoncé la violation du droit international en Ukraine, pointant notamment l’action belliqueuse de la Russie contre un pays souverain et son annexion illégale de la Crimée.  Il a souligné que la reconnaissance de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol constitue une violation du droit international en ce qu’elle cherche à légaliser une situation illégale.  Il a aussi affirmé que la construction, par la Russie, du pont de Kerch, viole la résolution 68/262 de l’Assemblée générale sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Le Ministre s’est également inquiété du fait que les accords de Minsk n’aient pas débouché sur un cessez-le-feu, ni sur le retrait des armements lourds.  Il a accusé la Russie de continuer de financer, d’armer et d’entraîner des militants, et de prendre directement part aux combats.  Citant les conclusions de l’équipe d’enquête mixte communiquées le 24 mai, il a indiqué que le vol MH17 avait été abattu par un missile provenant d’un lanceur appartenant à la 53e Brigade antiaérienne des Forces armées russes.

Le Ministre a appelé la Russie à se détourner de toute action qui contrevient à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à user de son influence sur les militants pour faire observer le cessez-le-feu, à retirer les armements lourds et à faciliter l’accès de l’aide humanitaire.  Il a salué le travail de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et a exhorté la Russie à regagner le Centre conjoint de contrôle et de coordination qui avait été un outil efficace pour renforcer la sécurité de la Mission.

M. Czaputowicz a ensuite exhorté les Nations Unies à déployer une mission de maintien de la paix dans la zone de conflit dans le but d’assurer la désescalade du conflit et la mise en œuvre des accords de Minsk, faciliter le retrait des forces armées étrangères et surveiller le processus de réintégration.  Cette mission, a-t-il poursuivi, devrait également assurer le contrôle de la frontière russo-ukrainienne internationalement reconnue et créer un environnement favorable à la tenue d’élections locales.  Il a aussi réclamé la nomination d’un envoyé spécial pour l’Ukraine avant d’engager le Conseil de sécurité à œuvrer en faveur de l’établissement d’une mission de maintien de la paix.

M. STEPHANUS BLOK, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a détaillé le lourd tribut payé par les parties en Ukraine après quatre années de combats dans le Donbass.  La population a ainsi beaucoup souffert, avec plus de 10 000 morts parmi les civils, tandis que certains ont perdu leur maison et que d’autres ont été déplacés.  À certains endroits de Donetsk et de Luhansk, des infrastructures civiles ont subi de gros dégâts, la fourniture d’électricité et d’eau est instable, et des engins explosifs et des mines menacent la population.  La jeune démocratie et l’économie de l’Ukraine ont elles aussi été atteintes par les combats, a poursuivi le Ministre en souhaitant encourager le Gouvernement pour ses efforts de réforme, et en exprimant le soutien de son pays et de l’Union européenne.  Autre victime du combat, l’ordre juridique international: « l’annexion illégale de la Crimée et le rôle déstabilisateur actif de la Russie dans le Donbass vont directement à l’encontre de l’Article 2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies, c’est-à-dire l’interdiction de l’utilisation de la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique d’un État ». 

Venant à l’accident aérien du vol MH17, M. Blok a rappelé que 196 des 298 victimes étaient des ressortissants néerlandais et que la Russie avait bloqué au Conseil de sécurité la proposition de créer un tribunal international relevant du Chapitre VII de la Charte.  L’enquête internationale indépendante menée, malgré tout, a conclu que le missile ayant touché l’appareil avait été lancé par un Buk TELAR venant de l’armée russe, a-t-il déclaré en soulignant le sérieux avec lequel l’enquête avait été menée.  Le Ministre a rappelé que l’Australie et les Pays-Bas avaient annoncé, vendredi dernier, qu’ils tenaient pour responsable la Fédération de Russie pour son rôle dans le crash du vol MH17, c’est pourquoi ces deux pays appellent maintenant la Russie à s’impliquer de manière constructive sur ce dossier et à accepter sa responsabilité.  La Russie doit donc coopérer pleinement avec l’équipe d’enquête mixte dans l’investigation en cours, a-t-il exigé.

C’est une demande claire, exprimée dans la résolution 2166 (2014), a dit le Ministre, un texte, a-t-il précisé, qui avait été adopté à l’unanimité par le Conseil de sécurité il y a près de quatre ans.  Les membres du Conseil, y compris la Russie, avait ainsi voté « en faveur de la justice », et pour que les responsables répondent de leurs actes et que tous les États coopèrent aux efforts pour établir les responsabilités.  Le Ministre a appelé à renouveler ces demandes.  Aucun État n’a le droit de rester silencieux, a-t-il asséné en soulignant au contraire le devoir de chaque État de coopérer de manière constructive.  « J’en appelle à la Fédération de Russie pour qu’elle assume ses responsabilités. »  En ce qui concerne les Pays-Bas, M. Blok a fait remarquer qu’ils avaient tenu le Conseil informé de leurs efforts et de leurs conclusions, ce qu’ils continueront à faire.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué le travail que mène la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et a invité toutes les parties à coopérer avec elle.  Il a plaidé pour un cessez-le-feu immédiat et le respect des accords de Minsk.  Le représentant a aussi relevé que le conflit avait accentué les souffrances de la population, saluant au passage les efforts du personnel humanitaire sur le terrain.  Le délégué a ensuite exhorté les parties au conflit à faciliter l’accès du personnel humanitaire pour qu’il puisse atteindre les civils dans le besoin.  La Guinée équatoriale affirme que la seule solution de ce conflit est de nature politique et ne sera pas militaire, a lancé le représentant avant d’inviter la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour parvenir à un accord politique.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a précisé que sa déclaration était également faite au nom de l’Allemagne avec qui la France est engagée pour la résolution de la crise ukrainienne.  Il a affirmé que depuis quatre ans, les deux pays n’ont ménagé aucun effort pour tenter d’apaiser les souffrances et trouver une issue à ce conflit.  Trois ans après l’adoption de la résolution 2202 (2015) qui endosse le paquet de mesures des accords de Minsk, la France et l’Allemagne appellent plus que jamais toutes les parties à mettre en œuvre leurs engagements.  Le représentant a également rappelé le soutien des deux pays à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.

M. Delattre a déploré des centaines de violations du cessez-le-feu que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) observe chaque jour.  Il a exhorté les parties, en particulier la Fédération de Russie, à tout mettre en œuvre pour faciliter les déplacements des observateurs et à garantir leur sécurité ainsi que l’intégrité de leur équipement, y compris les drones.  Il a appelé au retrait des armes lourdes qui sont encore utilisées pour des attaques contre des infrastructures civiles.  Les deux parties sont aussi invitées à impérativement progresser vers la mise en œuvre, dans les zones déjà identifiées à cet effet et celles qui le seront à l’avenir, du désengagement de la ligne de contact. 

Le représentant a estimé que ce sont ces premières étapes qui pourront créer un climat de confiance et prévenir un nouveau drame comme celui du 17 juillet 2014, lorsque 298 passagers et membres d’équipage du MH17 ont perdu la vie à la suite d’un tir de missile.  Il a salué le professionnalisme de l’équipe d’enquête mixte qui mène son travail en toute indépendance.  Selon lui, afin de faire toute la lumière sur cette affaire et juger les responsables, il est crucial que les enquêteurs bénéficient de la pleine coopération de tous les États Membres.

Au sujet de la situation humanitaire, M. Delattre a déploré le fait que durant les rudes mois d’hiver, plusieurs centaines de milliers de personnes se sont retrouvées sans eau, sans électricité et sans chauffage pendant plus d’une journée.  Afin de soulager les souffrances des populations, la France et l’Allemagne appellent à faciliter l’accès des organisations humanitaires au Donbass et à garantir leur sécurité.  Il a estimé qu’une résolution sur le long terme de cette crise dépend également des mesures politiques et économiques qui seront prises.  En plus des progrès majeurs accomplis par les autorités ukrainiennes ces trois dernières années dans la mise en œuvre des engagements politiques des accords de Minsk, il a plaidé pour des mesures concrètes pour améliorer la vie des populations dans le Donbass.

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) s’est inquiété de la complexité de la situation dans l’est de l’Ukraine, ainsi que des souffrances subies par les civils.  Il a dénoncé l’utilisation de mines et a appelé à établir la vérité sur le crash du vol MH17.  Le représentant a appuyé les mesures censées assurer la pleine mise en œuvre des accords de Minsk, appelant notamment à retirer les artilleries lourdes.  Il a déploré que l’OSCE ait recensé plus de 80 000 violations du cessez-le-feu ces trois derniers mois.  Le représentant a, enfin, salué tous les efforts visant à appuyer le dialogue, notamment par le biais du format Normandie et du Groupe de contact trilatéral.

M. OLOF SKOOG (Suède) a affirmé que les violations des frontières en Ukraine et en Géorgie sont le fait d’un État qui a décidé de défier l’ordre international.  Il a plaidé pour un accès sans entrave aux populations pour le personnel humanitaire, ainsi que pour le plein respect des accords de Minsk.  Il a rappelé que c’est bien l’agression russe envers l’Ukraine qui est la cause du conflit, et estimé que la Fédération de Russie avait le pouvoir d’y mettre fin.  La Suède se tient prête à prendre part à une mission onusienne au Donbass, pour autant qu’une telle mission ait pleinement accès à tous les sites, a-t-il précisé, tout en déplorant que des observateurs de l’OSCE ne puissent mener à bien leur mission sur le terrain.  Il a déclaré que le pont récemment inauguré, qui relie la Crimée et la Russie, représente une grave violation du droit international.  Le délégué a enfin salué les résultats de l’investigation menée par l’équipe d’enquête mixte sur le vol MH17 et a invité les autorités russes à assumer leurs responsabilités à cet égard.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déploré la poursuite des combats dans l’est de l’Ukraine, se disant choquée du fait que plus de 100 000 violations du cessez-le-feu aient été recensées.  « Réfléchissez à ce que cela signifie pour la population », s’est-elle exclamée.  Elle s’est inquiétée de la dégradation de la situation le long de la ligne de contact et a appelé au respect des règles de la guerre.  La représentante s’est aussi préoccupée de la situation relative aux infrastructures civiles, comme la station de filtration d’eau de Donetsk, notant que des séparatistes menacent de contaminer l’eau avec des déchets radioactifs.  Elle a attiré l’attention sur les risques de dommages environnementaux, pour ensuite s’inquiéter de la sécurité alimentaire de la population.

Poursuivant, la représentante a vivement condamné l’annexion de la Crimée et a appelé au plein respect du droit international.  La Russie doit respecter le système international, a–t-elle souligné.  S’agissant du vol MH17, elle a indiqué que les preuves indiquent que le missile qui a abattu l’avion provenait des forces armées russes.  L’ensemble des membres du Conseil de sécurité, à commencer par la Russie, doivent fournir l’aide requise pour faire avancer l’enquête, a-t-elle souhaité.  Avertissant à nouveau du risque d’une catastrophe environnementale, la déléguée a appelé la Russie à se retirer de l’est de l’Ukraine, à cesser d’appuyer les séparatistes et à participer de bonne foi à des négociations pour parvenir à une paix durable.

M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a déploré la détérioration de la situation sécuritaire en Ukraine et l’absence de progrès liés à la mise en œuvre des accords de Minsk de 2015, notamment les violations récurrentes du cessez-le-feu et les entraves à la circulation de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Se disant en faveur de la résolution pacifique de la crise, il a appelé au respect du cessez-le-feu et soutenu les efforts de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et du Centre conjoint de contrôle et de coordination.  Il a appelé les parties à prendre toutes les mesures appropriées allant dans le sens de l’apaisement. 

Le représentant s’est aussi inquiété de la situation humanitaire et notamment des coupures d’eau et d’électricité dont souffre fréquemment la population civile.  Il a condamné ces actes qui constituent des violations du droit international humanitaire, avant d’exhorter les parties à préserver les infrastructures hydrauliques et la fourniture des services sociaux de base.  Enfin, M. Djédjé a salué les efforts de la communauté internationale pour combler le déficit de financement du plan d’intervention humanitaire dans l’est de l’Ukraine.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est inquiété de la reprise des combats dans l’est de l’Ukraine et des violations répétées du cessez-le-feu recensées par l’OSCE.  Il s’est aussi préoccupé de la situation aux alentours de la station d’épuration d’eau de Donetsk, avant d’appeler à la pleine mis en œuvre de la résolution 2202 (2015) et des accords de Minsk.  Le délégué a aussi fait part de son appui aux efforts déployés dans le cadre du format Normandie et a appelé toutes les parties à œuvrer en faveur d’une paix durable.

Il s’est inquiété du sort des personnes âgées, qui représentent la moitié des personnes déplacées, et de l’impact, pour les civils, des pilonnages le long de la ligne de contact qui est de plus une des régions les plus minées au monde.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a indiqué que la Fédération de Russie, par son agression de l’Ukraine, avait provoqué une crise humanitaire dans l’est du pays.  Malgré la signature des accords de Minsk, elle a accusé le même pays d’avoir fait fi de ses promesses et d’avoir permis à ses troupes d’attaquer et détenir des observateurs internationaux et de confisquer leurs matériels.  Aucun accord de cessez-le-feu n’a été respecté par la Fédération de Russie, a-t-elle déploré tout en affirmant que ce pays arme et forme les militants de l’est de l’Ukraine, puisque « son matériel a été formellement identifié, y compris le missile ayant abattu le vol MH17 », a-t-elle poursuivi.  Elle a relevé que les proches des victimes de ce vol méritent d’obtenir des réponses et elle a salué les résultats de l’équipe d’enquête mixte.

Selon Mme Haley, c’est bien la Fédération de Russie qui a la clef du règlement de ce conflit, notamment si elle retirait ses troupes de la Crimée.  La déléguée a en outre accusé la Fédération de Russie d’avoir rejeté les efforts de pourparlers concernant l’Ukraine dans le cadre de l’initiative des États-Unis et d’autres partenaires comme la France et l’Allemagne.  Elle a enfin demandé que justice soit faite pour toutes les victimes du conflit en Ukraine.

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est inquiété des lourdes pertes civiles provoquées par le conflit en Ukraine.  Il a appelé à renforcer les efforts de médiation et demandé aux parties de respecter à la lettre le mécanisme de cessez-le-feu et de privilégier le règlement politique du conflit, notamment en tenant dument compte des perspectives des différents groupes ethniques et des aspirations des différentes parties au conflit.

M. Ma a aussi appelé à s’attaquer aux causes profondes du conflit et à pleinement respecter la résolution 2202 (2015) du Conseil de sécurité, soulignant l’importance d’appuyer la coexistence pacifique des pays de la région.  Il a souhaité que les délibérations du Conseil de sécurité débouchent sur une amélioration de la situation dans la région.

M. SACHA LLORENTTY SOLíZ (Bolivie) a appelé toutes les parties à cesser immédiatement les hostilités et à respecter le cessez-le-feu, à permettre l’accès humanitaire et à faciliter l’accès de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Il a rappelé que la communauté internationale s’est engagée à rechercher la paix durable dans l’est de l’Ukraine sur la base de la résolution 2202 (2015).  Il a plaidé pour le respect des engagements pris et pour l’instauration de mesures de confiance, en vue de trouver une solution politique à la crise. 

Sur le plan humanitaire, M. Llorentty Solíz a déploré les attaques dans les zones urbaines et sur les infrastructures civiles qui affectent 60% des personnes vivant au-delà de la ligne de contact.  Il a appelé toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations en vertu de la résolution 2365 (2017) sur l’action antimines.  « Nous appelons les parties à adhérer strictement à leurs obligations relatives à la protection des civils, y compris la résolution 2286 (2016) du Conseil de sécurité, dans le cadre du respect du droit international humanitaire. »  Le représentant a enfin salué les efforts menés par les dirigeants de la Russie, la France et l’Allemagne, en vue de trouver une solution pacifique à ce conflit.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a fermement appuyé le travail des agences des Nations Unies et de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE.  Il a appelé toutes les parties à mettre en œuvre immédiatement le Cadre de décisions sur le désengagement du Groupe de contact trilatéral et a salué les résultats de la dernière réunion qui s’est tenue à Minsk le 16 mai dernier.  Il a aussi exhorté les parties à donner à la Mission de l’OSCE un accès plein, sûr et illimité à la zone de conflit, ce qui est un impératif essentiel pour le rétablissement de la confiance. 

Le représentant a prôné un règlement pacifique du conflit fondé sur la résolution 2202 (2015) qui elle-même se base sur l’accord de Minsk.  En attendant, il a demandé aux parties de débarrasser la ligne de contact de toutes les armes lourdes et aux agences des Nations Unies, aux organisations régionales et à la communauté internationale à se tenir prêtes à aider la population, à contribuer aux efforts internationaux de médiation et à faciliter le processus de négociations, en se concentrant sur le format Normandie.

Rappelant que la semaine dernière, l’équipe d’enquête mixte a présenté ses conclusions sur le crash du vol MH17, le représentant a exhorté toutes les parties à mener une enquête objective, complète et impartiale de l’accident, conforment aux normes du droit international et de la résolution 2166 (2014) du Conseil de sécurité. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a estimé que le cessez-le-feu est crucial pour assurer la désescalade dans l’est de l’Ukraine et pour pouvoir répondre aux besoins des populations.  Pour l’Éthiopie, la résolution de la crise ne peut que passer par une solution pacifique.  C’est pourquoi toutes les parties doivent mettre en œuvre les accords de Minsk et respecter la résolution 2202 (2015) qui avait entériné une série de mesures pour la mise en œuvre de ces accords.  S’agissant du vol MH17, M. Alemu a jugé importante la coopération de tous les États et acteurs de la région dans la conduite de l’enquête, dans la droite ligne de la résolution 2166 (2014) qui avait été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a déclaré qu’à entendre les interventions prononcées jusqu’à présent, la Russie, incapable d’accepter la révolution ukrainienne, aurait envoyé des troupes en Crimée, mènerait une troisième guerre mondiale et combattrait la civilisation.  L’Ukraine se tiendrait quant à elle aux avant-postes de cette lutte contre le mal et combattrait la barbarie de Moscou.  Le problème dans tout cela, a estimé le représentant, est que nous avons affaire à des « colporteurs de légendes », qui ont réussi à créer l’image d’une Ukraine éprise de liberté qui combat des troupes qui la détestent.

« Mais quelque chose ne colle pas dans ce tableau », a-t-il poursuivi.  « L’Ukraine prétend être en guerre avec la Russie, mais la Russie n’est pas en guerre contre qui que ce soit.  Les gens franchissent librement la frontière, on passe ses vacances dans la région, et les échanges commerciaux se poursuivent. »  En outre, a poursuivi le délégué, les choses vont-elles vraiment mieux en Ukraine depuis cette soi-disant « révolution de la dignité », alors que le niveau de corruption et la situation économique demeurent déplorables.  Mais, a-t-il constaté, il est tellement facile de mettre sur le dos de la Russie tous les maux de l’Ukraine.

Le représentant a indiqué que les médias de l’opposition en Ukraine ont été fermés sous prétexte qu’ils étaient des agents du Kremlin.  Il a dénoncé notamment l’intimidation des membres des médias et le meurtre, « il y a quelques heures », d’un journaliste.  « Le niveau de schizophrénie en Ukraine atteint son comble », s’est-il insurgé.  Il a dénoncé la glorification d’OUN, une organisation ayant collaboré avec les nazis, pour ensuite accuser les autorités de Kiev de chercher à « ukrainiser » le pays de force, pointant notamment l’adoption d’une loi visant à éliminer tout système éducatif en russe.  « C’est là une véritable purification linguistique », s’est-il alarmé avant de rappeler que la situation actuelle en Ukraine découle notamment d’un différend linguistique.  Il s’est aussi inquiété des marches au flambeau qui commémorent la naissance du nationaliste Stepan Bandera, des attaques lancées contre des journalistes, et a affirmé que l’intégrité physique des diplomates russes avait même été menacée au sein même de l’ONU.

M. Nebenzia a affirmé que les habitants du Donbass souhaitent simplement parler leur langue maternelle et honorer « leurs héros » et non pas ceux imposés par Kiev.  Il a aussi fait observer qu’il n’y a pas eu de manifestations pour dénoncer les actions des autorités locales, pour ensuite dénoncer le blocus économique et commercial imposé par Kiev « à sa propre population ».  Il a ensuite accusé certains membres du Conseil de sécurité de ne pas vouloir régler le conflit en Ukraine mais de chercher à maintenir un foyer de tension.

Les accords de Minsk demeurent la seule base possible pour un règlement du conflit, a reconnu le représentant en faisant observer qu’ils reposent sur 13 points portant sur la cessation des hostilités et le retrait des armes lourde.  Or c’est Kiev qui n’a pas réussi à obtenir le cessez-le-feu, a-t-il fait remarquer.  Il a précisé que la station d’épuration de Donetsk avait été pilonnée par la partie ukrainienne et non pas par les miliciens, faisant 5 morts et 33 blessés.  Il a aussi affirmé que les autorités ukrainiennes bloquent les processus de déminage et mènent, dans le Donbass, une opération très intensive avec ses « forces unifiées ».  Kiev, a-t-il encore accusé, refuse de mener le dialogue et de faire voter un projet de loi sur l’amnistie des miliciens.

Continuant de détailler les 13 points des accords de Minsk, le délégué a aussi affirmé que Kiev refuse de dialoguer avec les autorités locales pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et mène en outre un blocus économique dans le Donbass.

Il a également fait observer que le retrait des troupes est prévu une fois qu’une réforme constitutionnelle aura été engagée.  D’ailleurs, il n’y a pas de troupes russes dans le Donbass, a-t-il ajouté, disant avoir été « très amusé » par les propos des États-Unis.  Il a insisté sur l’importance de la décentralisation et de l’octroi d’un statut particulier pour Donetsk et Louhansk.  Le principe d’autodétermination linguistique n’a pas été rempli, la loi ukrainienne sur la réintégration du Donbass de février ne fait même pas mention des accords de Minsk et le point sur les élections locales n’est pas appliqué, a-t-il encore fait observer.  Ce qui lui a fait dire que l’Ukraine refuse de mettre en œuvre les accords de Minsk et sabote la formule Steinmeyer sur le statut du Donbass.

Il a appelé à reconnaître que le conflit au Donbass est une guerre fratricide, tout en affirmant que ce serait un suicide politique pour Kiev, et en relevant que le « paradigme de l’agression russe » lui permet de bénéficier de l’appui de l’occident.

Le représentant a ensuite proposé l’adoption d’une brève déclaration présidentielle selon laquelle le Conseil de sécurité notamment réaffirmerait sa résolution 2202, appellerait à la pleine mise en œuvre de l’ensemble de mesures en vue de l’application des accords de Minsk et exhorterait à s’abstenir de toute mesure qui contredise l’esprit et la lettre desdits accords.

Abordant ensuite le sujet du crash du vol MH17, il a réclamé une enquête impartiale, tout en soulignant que le crash n’a pas de lien direct avec le conflit.  Il a déploré la hâte avec laquelle ont été publiés les résultats des travaux de l’équipe d’enquête mixte.  Il a souligné que le parquet général russe avait toujours satisfait aux demandes d’aide juridique.  Dès octobre 2016, a-t-il ajouté, la Russie a envoyé les données radio sur la localisation qui excluent totalement la possibilité d’un tir depuis les territoires contrôlés par les miliciens.  Mais ces données n’ont pas été inclues dans l’enquête, a-t-il regretté.  Il s’est aussi interrogé sur le refus des Pays-Bas d’évaluer le fait que les autorités ukrainiennes ont refusé de fermer l’espace aérien dans la zone de conflit, tandis que les États-Unis n’ont toujours pas présenté les photos satellites prises immédiatement après la catastrophe.  Il a accusé l’équipe d’enquête de manipuler les données.  La Russie, a-t-il assuré, se tient prête à fournir tous les renseignements possibles pour faire avancer une enquête impartiale, à laquelle, a-t-il ajouté, elle doit participer.

Le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a repris la parole pour dire que la Fédération de Russie, dans son discours, n’avait rien dit de nouveau au sujet de l’enquête relative au vol MH17.  Cette rhétorique est douloureuse pour les proches des victimes, a dit le Ministre.  « Même en salle du Conseil, le représentant de la Fédération de Russie ne reconnaît pas les faits après des preuves irréprochables », s’est-il étonné en rappelant que les efforts pour créer un tribunal international sur cette question se sont heurtés au veto de la Fédération de Russie.  Il a exhorté ce pays à participer à des pourparlers relatifs à la responsabilité russe au sujet du vol MH17.

M. PAVLO KLIMKIN, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a regretté de ne pas pouvoir apporter, aujourd’hui, de bonnes nouvelles au Conseil de sécurité.  Le conflit à l’ordre du jour a été brutalement imposé à l’Ukraine, a-t-il rappelé.  « Il y a quatre ans, mon pays a été envahi. »  Le résultat est bien connu: plus de 10 000 morts, des millions de déplacés, des dizaines de milliers de maisons détruites.  Le conflit est d’une nature complètement artificielle, a insisté le Ministre.  « Il a été inventé par le Kremlin pour punir les Ukrainiens de leurs aspirations à la liberté, la démocratie et un avenir européen. »

Les troupes russes sur mon territoire ne visent pas que mes compatriotes, a fait observer M. Klimkin, en évoquant les derniers résultats de l’enquête mixte sur le crash du vol MH17 détruit par un missile BUK et le rôle de la Russie dans cette affaire.  Il s’attendait au démenti de la Russie, parce que, a-t-il dit, « nous avons déjà vu cette même attitude sur les attaques chimiques en Syrie et à Salisbury ».  Pour le Ministre, il ne fait pas de doute que la destruction du vol MH17 est « un acte terroriste ».  Le 12 juin, a-t-il annoncé, l’Ukraine présentera à la Cour internationale de Justice (CIJ) un mémorandum avec des preuves supplémentaires des violations par la Russie de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.

À l’heure où nous parlons, a poursuivi M. Klimkin, la violence continue de ravager le Donbass.  Le conflit a mis 4,4 millions de personnes dans une situation humanitaire catastrophique et le tribut ne fait que s’alourdir.  Plus de 600 000 personnes sont exposées aux affrontements armés le long de la ligne de contact, cette zone étant déjà la plus minée au monde.  Le Ministre a montré la photo d’une jeune fille de 15 ans tuée hier dans le jardin de sa maison par un obus de 122 millimètres interdit par les accords de Minsk.  « Je doute que cela impressionne la Russie », a-t-il lancé.  « Le Kremlin dans la poursuite de son grand agenda géopolitique n’apprécie pas la valeur de la vie humaine. »  Les complices de la Russie ont-ils acheté ces munitions et ces armes dans des supermarchés du coin? a-t-il ironisé auprès du délégué russe.  

L’Ukraine reste pleinement attachée à la paix, a assuré son Ministre des affaires étrangères.  Celui-ci a toutefois reproché à la Russie sa mauvaise volonté.  L’occupation russe est en train de provoquer une catastrophe écologique au Donbass, a-t-il souligné, en déplorant les attaques contre les infrastructures civiles, notamment hydrauliques.  En résumé, a-t-il dit, « l’activité militaire constante de la Russie dans les territoires occupés du Donbass reste l’obstacle à la résolution pacifique du conflit ».  Selon lui, « dès que Moscou décidera de mettre fin à la violence, le conflit s’arrêtera ».  M. Klimkin a donc demandé à la Russie de commencer par appuyer l’envoi d’une force de maintien de la paix de l’ONU dans les territoires occupés des régions de Donetsk et Luhansk.

Ensuite, le Ministre a jugé important de continuer de mettre l’accent sur l’occupation russe en Crimée.  « Les actions de la Fédération de Russie constituent la plus grave violation de la Charte des Nations Unies depuis la Seconde Guerre mondiale », a-t-il martelé.  L’occupation s’accompagne de graves violations du droit international humanitaire et des droits de l’homme, notamment d’attaques contre l’identité des Tatars de Crimée et des Ukrainiens.   Il a notamment condamné l’ouverture, le 15 mai dernier, d’un pont à travers le détroit de Kerch, et reproché à la Russie d’essayer de changer la démographie de la péninsule.       

Réagissant aux propos du représentant russe, le Ministre ukrainien a ensuite fait part du meurtre tragique du journaliste Arkady Babchenko, « un opposant bien connu de Moscou », tué il y a quelques heures devant son appartement.  Il a indiqué que l’enquête de la police ukrainienne n’en était qu’à ses débuts, mais que ce meurtre concorde néanmoins avec « les assassinats politiques perpétrés par la Russie ».

M. Nebenzia a repris la parole au nom de la Fédération de Russie, déplorant la mort du journaliste évoqué par le Ministre ukrainien.  L’enquête va probablement conclure à une piste russe « comme la coutume le veux désormais », a-t-il ironisé.  S’il a déploré les morts civils dans l’est de l’Ukraine, il a toutefois invité le Ministre à ne pas se préoccuper des civils de la Crimée « puisque c’est désormais acquis que c’est un territoire russe », ajoutant à son endroit que le thème de la présente réunion est bien la situation en Ukraine.

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