Soixante-douzième session,
91e séance plénière – après-midi
AG/12020

L’Assemblée générale réalise « la transformation la plus ambitieuse » du système des Nations Unies pour le développement

L’Assemblée générale a adopté sans vote et sous les applaudissements, cet après-midi, une résolution qui, selon le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, marque « la transformation la plus ambitieuse » du système des Nations Unies pour le développement depuis des décennies.  Elle redynamise, en particulier, le rôle du système des coordonnateurs résidents.

Intitulée « Repositionner le système des Nations Unies pour le développement dans le cadre de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies », la résolution trace la voie à suivre pour que, en pleine consultation et d’un commun accord avec les gouvernements, le système s’aligne plus rapidement sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Par ce texte, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de renforcer l’autorité du coordonnateur résident sur toute équipe de pays, étant donné sa qualité de plus haut représentant du système des Nations Unies pour le développement, censé répondre pour l’ensemble du système sur le terrain de la mise en œuvre des plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement et aider les pays à mener à terme le Programme 2030. 

En dissociant les fonctions de coordonnateur résident de celles de représentant résident du Programme des Nations Unies pour le développement, l’Assemblée générale confie au système des Nations Unies pour le développement un mandat de coordination spécial, indépendant, impartial, autonome axé sur le développement durable.

Le texte, fort de 33 paragraphes, se divise en six parties: « Nouvelle génération d’équipes de pays des Nations Unies »; « Redynamiser le rôle du système des coordonnateurs résidents »; « Réaménager l’approche régionale »; « Donner suite à l’entreprise de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement aux niveaux mondial, régional et national »; « Orientation stratégique, supervision et responsabilité: obtenir des résultats à l’échelle du système »; « Financer le système des Nations Unies pour le développement ». 

La résolution donne un sens pratique à notre promesse de faire avancer les objectifs de développement durable pour tout le monde, partout, en ne laissant personne de côté, s’est félicité le Secrétaire général.

C’est l’aboutissement d’un processus de négociation complexe mené par tous les États Membres, a apprécié le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák.  « Cette résolution n’est un document parfait pour personne, mais c’est le résultat légitime d’un processus multilatéral », a-t-il tempéré.  Il y a encore beaucoup à faire, a-t-il prévenu.  Il faudra mobiliser des ressources et avancer vers l’examen des deux autres piliers, gestion et paix et sécurité.

La résolution représente « le début d’une ère nouvelle », et « un pas très important sur la longue voie vers 2030 », ont renchéri respectivement les représentants de l’Algérie et du Danemark, pays cofacilateurs.

L’ambition dont le Programme 2030 est empreint –assurer la paix et la prospérité pour tous sur une planète en bonne santé– exige des changements tout aussi ambitieux dans tout le système des Nations Unies.  Cet impératif de changement était au cœur de la résolution 71/243 de l’Assemblée générale, résolution phare sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.  C’était aussi le fil conducteur du projet de repositionnement du système des Nations Unies pour le développement et de la série de propositions que le Secrétaire général a présentées à cet effet.

« Au final, réformer c’est mettre en place les mécanismes qui permettent de faire la différence dans la vie des personnes que nous servons », a résumé M. Guterres.  L’appartenance nationale, le principe de responsabilité et les résultats orienteront le système à l’avenir.  Nos équipes sur le terrain seront en mesure de mieux adapter leur présence, leurs capacités et leur réponse d’ensemble à vos priorités, a assuré le Secrétaire général.  

Dans son texte, l’Assemblée générale prie en effet le Secrétaire général de « piloter les efforts des entités du système des Nations Unies pour le développement tendant à mettre en place une nouvelle génération d’équipes de pays, guidés dans leur approche par les besoins de chaque pays ».

Nous continuerons de tisser des partenariats très forts avec les gouvernements, mais nous serons également en contact avec la société civile, les milieux universitaires, le secteur privé.  Le Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement reflètera mieux les priorités et les besoins des pays, a poursuivi le Secrétaire général.

« Je suis fier du travail accompli par les 129 coordonnateurs résidents dans 156 pays », a dit M. Guterres.  Mais les structures que nous avons aujourd’hui au niveau des pays reposent trop sur les personnalités et la bonne volonté dans un système qui ne récompense pas toujours la coopération, a-t-il reconnu.  « Nous pouvons maintenant combler un déficit historique en institutionnalisant ce qui fonctionne. »

Sur la question clef du financement, l’Assemblée décide, comme le Secrétaire général l’a demandé, de dégager tous les ans à partir du 1er janvier 2019, les fonds nécessaires au financement du système en: prélevant une redevance de 1%, à retenir à la source, sur la contribution de tierces parties aux ressources autres que les ressources de base; en doublant le montant prévu dans l’accord de partage des coûts entre entités du système; en versant des contributions volontaires, prévisibles et pluriannuelles à un fonds d’affectation spéciale d’accompagnement à titre initial.

Je compte sur votre soutien pour financer de façon adéquate et prévisible ce système redynamisé des coordonnateurs résidents, a dit M. Guterres.  Sa préférence, a-t-il confié, aurait été de le financer en utilisant le budget ordinaire de l’ONU.  Toutefois, « la solution hybride de financement avancée par les cofacilitateurs est la meilleure alternative possible car, en combinant différentes sources, elle diversifie la base de financement ».

Le succès de ce système et de cette réforme dépendra de votre générosité et de votre engagement, a-t-il insisté.  Il a demandé aux États leur appui immédiat pour pouvoir être opérationnel dès le 1er janvier 2019.

Le Secrétaire général s’est engagé à présenter, avant la fin de la présente session de l’Assemblée générale, un plan de mise en œuvre, et à consulter régulièrement les États Membres pendant la phase de transition.  Il leur a demandé de bien vouloir appuyer les changements à travers les organes directeurs des agences, des fonds et des programmes des Nations Unies.  

« Nous allons bientôt entrer dans la quatrième année du Programme 2030.  Nous n’avons pas de temps à perdre », a-t-il conclu.  Enfin, M. Gutteres a annoncé qu’il allait mettre immédiatement en place une équipe de transition sous la direction de la Vice-Secrétaire générale pour faire appliquer les décisions des États.

Par ailleurs, l’Assemblée invite les États Membres à contribuer, à titre volontaire, 290 millions de dollars par an, aux fins de la capitalisation du fonds commun des Nations Unies pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’Assemblée se félicite également de ce que le Secrétaire général propose d’ouvrir un dialogue sur le financement en 2018, le but étant de voir conclure un pacte de financement sous la forme d’un accord entre le système des Nations Unies pour le développement et les États Membres.

Au titre des incidences financières de la résolution, le Secrétariat a informé que le système de coordonnateurs résidents redynamisé aura un coût annuel de 255 millions de dollars, soit une hausse de 80 millions de dollars par rapport au système actuel.  L’essentiel des besoins va exiger des ressources extrabudgétaires.  Le Secrétariat, dont la part se situerait entre 13 et 16 millions de dollars environ en 2019, a espéré que des contributions bénévoles seront reçues dès 2018 pour accélérer la mise en place du système à partir de 2019.  

Parmi les 24 délégations qui ont expliqué leur position après l’adoption de la résolution, le Groupe des 77 et de la Chine a expliqué qu’il avait participé au processus de négociation « pour veiller à ce que le projet de résolution reflète le meilleur de l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies des activités.  Il s’est dit satisfait du résultat des négociations qui tient compte des préoccupations qu’il avait soulevées.  Ainsi la résolution fait de l’éradication de la pauvreté son objectif premier et dit explicitement que les plans-cadres des Nations Unies pour l’aide au développement doivent être élaborés en consultation et avec l’accord des gouvernements.  Il s’est toutefois inquiété du fait que les États Membres vont devoir financer l’application de cette résolution; « les plus pauvres vont devoir assumer une charge financière lourde si le texte n’est pas appliqué comme il se doit »

L’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement reste « la pierre angulaire » du système, a également considéré le Groupe des États d’Afrique qui s’est engagé en faveur de ce processus de réforme, qui doit démarrer le plus vite possible.   Cette résolution, a-t-il souligné, n’est qu’un premier pas.  L’étape suivante sera la mise en œuvre de la réforme.  Les pays africains encouragent une présence des Nations Unies transparente, « axée sur nos besoins, en consultation avec nos autorités ».  En raison de la pauvreté, du terrorisme, des changements climatiques, de l’instabilité, « on ne peut plus se permettre des retards dans le développement durable ». 

Les Pays les moins avancés (PMA) se sont félicités de ce que la résolution reprenne beaucoup de leurs priorités.  L’examen quadriennal doit rester la force motrice pendant le processus d’application, ont-ils dit à leur tour.  Dans les PMA, les plans-cadres doivent tenir compte du Programme d’action d’Istanbul.  Il est important de bien connaître les difficultés auxquelles ces pays sont confrontés.  « Nous ne voulons pas d’une réduction de la présence des Nations Unies sur le terrain », ont insisté les PMA qui ont demandé un financement « prévisible » du système des coordonnateurs résidents et des données ventilées.

Espérons, a poursuivi l’Union européenne, que la résolution va faciliter cette réforme essentielle « pour réaliser la vision du Secrétaire général sur la mission de l’ONU » et pour aider les États Membres à réaliser les objectifs de développement durable.  Nous allons continuer de participer au dialogue, a-t-elle assuré, car il s’agit là d’un aspect inséparable de la phase réellement difficile de mise en œuvre qui ne commence que maintenant.  « Appuyer la réforme du Secrétaire général est la condition sine qua non pour réaliser les objectifs de développement durable. »  

« C’est tout le système des Nations Unies à tous les niveaux qui doit agir » et il est essentiel que la réforme commence le plus rapidement possible, a acquiescé l’Alliance des petits États insulaires.  Le repositionnement du système des Nations Unies n’est pas « une solution miracle », et il faudra examiner le travail dans les pays vulnérables, l’objectif étant d’éliminer la pauvreté et d’améliorer la vie de chacun.  Souhaitant elle aussi un mécanisme de financement prévisible, elle a jugé imparfaite la formule de financement présentée aujourd’hui.  « Il faut jeter des bases solides pour aller de l’avant, car 2030 n’est qu’à deux cycles de l’examen quadriennal complet, a-t-elle pressé.

Le CANZ -Canada, Australie, Nouvelle-Zélande- a aussi reconnu qu’un plan de mise en œuvre « bien rédigé » sera essentiel pour garantir le succès.  Les changements structurels doivent s’accompagner de changements culturels, y compris pour le leadership et la redevabilité dans toutes les entités du système.  « Nous devons mettre fin aux démarches fragmentées et le dialogue sur le financement doit se poursuivre, d’autant plus les contributions dépendent trop d’un petit groupe de donateurs.    

Rappelant qu’ils contribuent à hauteur d’1,7 milliard de dollars, les États-Unis ont rappelé que l’une de leurs grandes priorités a été de « laisser les peuples décider de la valeur de l’Organisation ».  Ils s’attendent donc à ce que ces réformes mènent à moins de bureaucratie, à plus de résultats et à encore plus de souplesse.  « Nous avons évité une augmentation de près de 200 millions de dollars car on s’est rendu compte que l’on peut financer autrement qu’en sollicitant le contribuable, se sont réjouis les États-Unis.

Si les propositions de réforme découlent du désir commun d’améliorer l’action du système des Nations Unies dans le domaine du développement, elles arrivent au moment où l’ONU contemple un scénario avec des ressources à la baisse, a constaté l’Inde.  À l’instar d’autres délégations, il a regretté que les modalités de financement envisagées soient différentes de ce qui était initialement prévu.  L’incertitude prévaut, a-t-elle estimé.  La Fédération de Russie a estimé que le modèle mixte de financement « convenu à la va vite » n’est pas le meilleur choix que nous pouvions faire car il risque d’effrayer les nouveaux donateurs, notamment le secteur privé.  Il s’agit, a-t-elle voulu croire, d’une mesure temporaire à moyen terme.  Comme d’autres États, la Fédération de Russie a dit compter sur la poursuite du dialogue.

*A/72/L.52

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