Conseil de sécurité: le Représentant spécial pour l’Iraq appelle le prochain gouvernement de coalition à lancer des réformes
Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq a exhorté, ce matin, les dirigeants politiques iraquiens à dépasser les clivages sectaires et ethniques pour lancer les réformes politiques, économiques et sociales dont le pays a tant besoin, en soulignant combien la période postélectorale est cruciale pour son avenir.
Intervenant devant le Conseil de sécurité, M. Ján Kubiš, qui est également à la tête de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI), est revenu sur la tenue, le 12 mai, des élections parlementaires qui, bien qu’elles se soient déroulées dans le calme, ont été caractérisées par un taux de participation de seulement 44,52%.
« La décision de plus de la moitié des électeurs de ne pas exercer leur droit démocratique envoie un signal fort aux élites qui gouvernent le pays depuis 2003 », a souligné M. Kubiš qui a exhorté les dirigeants du prochain gouvernement de coalition à améliorer la représentation et la reddition de la justice en visant une gouvernance exempte de corruption et de népotisme. Il a aussi appelé à assurer la pleine participation des femmes aux négociations sur la formation de la prochaine coalition.
Si de nombreux dirigeants politiques appellent à l’acceptation des résultats du scrutin législatif, d’autres expriment leurs préoccupations au sujet de certaines défaillances techniques du système de vote électronique, notamment à Kirkuk et au Kurdistan. M. Kubiš a signalé à cet égard la création d’une haute commission chargée d’enquêter sur les élections.
Lorsque les résultats définitifs seront proclamés, l’accent sera placé sur la relance socioéconomique dans toutes les provinces et la création d’un climat des affaires attractif, a annoncé le représentant de l’Iraq. Il a mentionné, comme rampes de lancement à cette phase, le plan stratégique pour la reconstruction ainsi que la stratégie nationale 2018-2022 de lutte contre la pauvreté, entre autres.
La délégation iraquienne a également souligné qu’il est dans l’intérêt de l’Iraq de rester en dehors du « cercle » des conflits dans la région. C’est pourquoi une nouvelle politique étrangère fondée sur la neutralité a été adoptée.
« Alors que l’Iraq écrit un nouveau chapitre de son histoire, la MANUI doit elle aussi s’adapter », a estimé la délégation des États-Unis qui a annoncé son intention de lancer un examen approfondi du nouveau mandat de la Mission. La déléguée a insisté en particulier sur la nécessité, pour la Mission, de répondre aux défis liés à la réconciliation politique, à la livraison de l’aide et à la fourniture de services.
Les membres du Conseil de sécurité ont également entendu les exposés de M. Vladimir Voronkov, Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, et de Mme Michèle Coninsx, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), qui se sont rendus en Iraq en mars dernier pour y constater l’étendue des dommages causés par Daech, dans la ville de Falloujah notamment.
M. Voronkov a insisté sur l’importance cruciale de la vigilance et de la détermination du Gouvernement iraquien pour consolider les gains militaires contre Daech. Il a aussi recommandé à l’Iraq d’établir une stratégie nationale globale antiterroriste, qui reposerait notamment sur une formation sur le financement du terrorisme et l’établissement d’un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent à travers le développement des capacités des jeunes, y compris ceux de Falloujah. Ces initiatives bénéficieront de l’appui technique du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme.
De son côté, Mme Coninsx a souligné que l’Iraq doit mener à bien le processus d’adoption de sa législation antiterroriste, en se conformant aux normes internationales pertinentes pour que les auteurs d’actes terroristes puissent être traduits en justice, conformément aux droits de l’homme et à l’état de droit.
En la matière, les procès expéditifs des personnes accusées d’avoir appuyé Daech ont alarmé le Kazakhstan qui s’est dit choqué du cas d’Amina Hassan. Cette femme n’a eu que 2 minutes pour se défendre au cours d’un procès de 10 minutes, avant d’être condamnée à mort par pendaison, a dénoncé le représentant en précisant que plus de 14 sentences similaires ont été prononcées en à peine deux heures. Le représentant de l’Iraq a répondu à ces préoccupations en assurant qu’un juge d’instruction mène une enquête exhaustive avant de déférer toute affaire devant la cour.
Le Koweït est par ailleurs intervenu pour se préoccuper du peu de progrès réalisés au sujet de la question des citoyens et biens koweitiens disparus et a appelé à lancer une nouvelle démarche pour parvenir à des résultats plus probants.
Sur ce point, le Représentant spécial a indiqué s’être réuni avec les autorités pour déterminer par quel moyen appuyer les efforts de rapatriement des biens identifiés. Il a aussi appelé les États Membres possédant des images satellites pertinentes datant de 1990 à 1991 à fournir ces informations au Gouvernement iraquien pour l’aider à identifier l’emplacement des charniers, une question pour laquelle la MANUI a d’ailleurs créé un projet pilote.
Dans son intervention, M. Kubiš s’est aussi inquiété de la situation humanitaire et du manque de financement de l’aide d’urgence: seul 18% des 569 millions de dollars réclamés dans le cadre du plan d’aide humanitaire ont été versés; les efforts de déminage et de stabilisation sont sous-financés.
LA SITUATION CONCERNANT L’IRAQ
Dix-huitième rapport établi par le Secrétaire général en application du paragraphe 4 de la résolution 2107 (2013) du Conseil de sécurité
Rapport présenté par le Secrétaire général en application de la résolution 2367 (2017)
Déclarations
M. JÁN KUBIŠ, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq, a indiqué que le pays avait tenu des élections parlementaires le 12 mai, dans les délais prévus par la Constitution. Ces élections, qui se sont déroulées dans le calme, ont été caractérisées par une faible mobilisation des électeurs, le taux de participation étant de 44,52%, soit une nette diminution si on compare aux élections tenues après 2003. En outre, moins de 100 des députés sortants ont réussi à maintenir leur siège au sein du nouveau Conseil des représentants. Le Représentant spécial a vu, dans la décision de plus de la moitié des électeurs de ne pas exercer leur droit démocratique, un signal fort adressé aux élites qui gouvernement le pays depuis 2003. Parmi les progrès possibles, il a exhorté les dirigeants à améliorer la représentation, la reddition de la justice, la responsabilisation démocratique, en visant une gouvernance exempte de corruption et de népotisme. Le Représentant spécial a aussi appelé à assurer la pleine participation des femmes aux négociations sur la formation de la prochaine coalition qui sera au pouvoir.
M. Kubiš a indiqué que si de nombreux dirigeants politiques ont appuyé le processus électoral et appellent à l’acceptation des résultats, d’autres ont soulevé des préoccupations au sujet de certaines défaillances techniques du système de tabulation des votes électroniques. Le 28 mai, le Conseil des représentants a décidé de demander à la Haute Commission électorale indépendante de recompter manuellement les votes enregistrés dans 10% des urnes, réclamant par ailleurs l’annulation des votes des personnes déplacées et des Iraquiens de l’étranger. Le Conseil des représentants a aussi décidé de créer une haute commission chargée d’enquêter sur les élections. Celle-ci a d’ores et déjà référé la Haute Commission électorale indépendante à la Commission pour l’intégrité, une mesure rejetée par la Haute Commission électorale indépendante qui y voit une atteinte à son indépendance.
En outre, la crédibilité du processus électoral dans la région du Kurdistan a été remise en cause par six partis kurdes qui réclament le recompte des bulletins. De leurs côtés, le Parti démocratique du Kurdistan et l’Union patriotique du Kurdistan se sont déclarés satisfaits du résultat et ont annoncé leur intention d’entamer un dialogue avec Bagdad sur la création d’une coalition. La situation dans la province de Kirkuk demeure volatile et des partis arabes et turkmènes réclament le recompte des voix, tandis que la Haute Commission électorale indépendante affirme que ces derniers entravent son travail. M. Kubiš a affirmé avoir appelé la Commission électorale à agir promptement et répondre avec sérieux à l’ensemble des plaintes, y compris en procédant au recompte manuel des bulletins, notamment à Kirkuk. Il a aussi exhorté les organes électoraux à statuer comme il se doit sur l’ensemble des appels, ajoutant que l’ONU se tient prête à fournir une expertise électorale, notamment à l’approche des élections provinciales prévues le 22 décembre et des élections régionales qui doivent se dérouler au Kurdistan le 30 septembre.
Poursuivant, M. Kubiš a souligné combien cette période postélectorale est cruciale pour l’Iraq. Il a exhorté les dirigeants politiques à privilégier l’inclusion et le dialogue non sectaire et à dépasser les clivages sectaires et ethniques pour lancer des réformes politiques, économiques et sociales et améliorer l’économie, la fourniture de services et la justice sociale. Un nouveau gouvernement, fondé sur cette approche, garantira à l’Iraq un avenir stable, prospère, uni, démocratique, pleinement souverain et indépendant, jouissant de bonnes relations avec ces voisins, a-t-il affirmé.
Tournant ensuite son attention sur la situation humanitaire, le Représentant spécial a indiqué que plus de 2,1 millions de personnes demeurent déplacées et ont besoin d’une aide. Le financement de l’aide d’urgence est cependant extrêmement faible, seul 18% des 569 millions de dollars réclamés dans le cadre du Plan d’aide humanitaire ayant été versés. Les efforts de déminage et de stabilisation sont, eux aussi, sous-financés. M. Kubiš s’est également préoccupé du fait qu’en dépit d’une directive du Premier Ministre, il y a toujours une présence militaire dans les camps. Il a notamment dénoncé le harcèlement sexuel subi par des femmes et des filles, le détournement de l’aide humanitaire, la détention et la disparition de personnes habitant dans les camps, les activités de recrutement et les attaques armées contre le personnel humanitaire. En outre, selon Amnesty International, les femmes et les filles perçues comme ayant des liens avec « l’expérience de Daech » se voient nier l’octroi de l’aide, font face à des restrictions de leur liberté de mouvement et sont victimes d’exploitation sexuelle. Il a indiqué que l’ONU mène, dans le cadre du réseau pour la protection contre l’exploitation et les atteintes sexuelles, une action urgente de suivi sur les cas qui lui sont signalés.
M. Kubiš a par ailleurs indiqué que l’Iraq avait accueilli, le 15 avril, une série de réunions du mécanisme tripartite sur les ressortissants et biens koweïtiens portés disparus et s’est félicité de l’accueil réservé au projet pilote lancé par la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI) pour enquêter sur les charniers en Iraq. Il a aussi appelé les États Membres possédant des images satellites pertinentes datant de 1990 à 1991 à fournir ces informations au Gouvernement iraquien pour l’aider à identifier l’emplacement des charniers. Le dossier sur les biens koweïtiens disparus ne progressant pas, la MANUI s’est réunie avec le Ministère des affaires étrangères de l’Iraq pour identifier comment appuyer les efforts de rapatriement des biens identifiés.
M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint du Bureau des Nations Unies contre le terrorisme, a invité les États Membres à redoubler d’efforts pour renforcer la coopération internationale contre le terrorisme et traduire en justice les responsables. Il a rappelé s’être rendu en Iraq en mars dernier, en compagnie de Mme Michèle Coninsx, Directrice exécutive du Comité contre le terrorisme, à l’invitation du Gouvernement iraquien et avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Iraq (MANUI).
M. Voronkov a souligné l’importance cruciale de la vigilance et de la détermination du Gouvernement pour consolider les gains militaires contre Daech, par le biais d’une approche globale. Cette visite en Iraq a permis aux hauts fonctionnaires de l’ONU de discuter avec de hauts responsables du pays, ainsi que de se rendre à Falloujah pour mieux toucher du doigt les réalités locales. La plupart des interlocuteurs sur le terrain ont souligné combien sont essentielles la réconciliation nationale et la reconstruction, menées par les Iraquiens eux-mêmes, pour prévenir la résurgence de l’extrémisme violent et du terrorisme dans le pays. M. Voronkov a dit avoir constaté lors de la visite des sites de reconstruction non seulement l’étendue des dommages causés par Daech dans la ville, mais aussi l’admirable résilience des populations, dans un environnement pollué par les mines et des engins piégés.
La délégation a réitéré le soutien fort des Nations Unies à l’Iraq, en tenant compte des besoins identifiés au cours de cette visite et en vertu de la résolution 2395 (2017) du Conseil de sécurité. Le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme a ainsi fait cinq propositions pour son assistance technique. La première est la suggestion à l’Iraq d’établir une stratégie nationale globale antiterroriste; la seconde est une formation sur le financement du terrorisme; ensuite l’établissement d’un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent à travers le développement des capacités des jeunes, y compris ceux de Falloujah; un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent grâce à la communication stratégique; et enfin le renforcement de capacités pour prévenir et répondre aux armes de destruction massive liées au terrorisme.
En outre, afin de renforcer le dialogue engagé avec les autorités iraquiennes, le Bureau des Nations Unies contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme ont envoyé une mission exploratoire en Iraq en début de ce mois de mai. Cette mission a permis au Bureau des Nations Unies contre le terrorisme de commencer à rédiger un projet relatif aux cinq priorités identifiées. De plus, le Bureau entend envoyer un consultant en Iraq afin d’accompagner les autorités nationales dans la rédaction de la stratégie nationale antiterroriste. Certains projets seront mis en œuvre par le Bureau, en collaboration avec le Gouvernement iraquien, dès le mois prochain, a promis M. Voronkov.
Mme MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale, Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT), a indiqué que les récentes consultations de haut niveau que la DECT a eues avec le Gouvernement iraquien ont porté sur la facilitation et la fourniture d’une assistance adaptée pour le renforcement des capacités en Iraq, sur la base des priorités identifiées par le Comité contre le terrorisme et dans la lignée de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.
La Sous-Secrétaire générale a rappelé que la DECT avait formulé, après sa mission d’évaluation de 2015, 33 recommandations pour aider l’Iraq à combattre le terrorisme. En partenariat avec les autorités iraquiennes chargées du contreterrorisme, 16 domaines prioritaires ont aussi été identifiés, notamment les questions juridiques et judiciaires, la lutte contre le financement du terrorisme, l’application de la loi, le contrôle des frontières et la lutte contre la radicalisation et l’incitation à commettre des actes terroristes. Le Comité a organisé deux réunions informelles pour les donateurs et les partenaires, en 2016 et 2017, qui lui ont permis de mesurer les progrès et les défis. Depuis lors, la DECT est retournée à plusieurs reprises en Iraq « pour s’assurer que les discussions qui ont lieu au Siège continuent de refléter la situation sur le terrain ».
Ces activités, a précisé Mme Coninsx, ont été organisées en coopération étroite avec la MANUI, la communauté des donateurs, les organisations internationales et régionales et d’autres entités des Nations Unies. L’essentiel des efforts a consisté à intégrer les recommandations du Comité dans les programmes des partenaires d’exécution. Tout au long de notre engagement avec l’Iraq, que ce soit à New York, à Bagdad ou à Falloujah, l’Iraq garde la maîtrise du processus d’assistance, a assuré l’intervenante. Elle a également souligné les efforts de transparence en expliquant que toutes les informations relatives à cette assistance sont enregistrées dans un document, ce qui permet en outre d’éviter duplications et chevauchements.
Mme Coninsx a répété que l’Iraq devait mener à bien le processus d’adoption de sa législation antiterroriste, en se conformant aux normes internationales pertinentes, car les auteurs d’actes terroristes doivent être traduits en justice, conformément aux droits de l’homme et à l’état de droit. Enfin, elle a indiqué que la DECT est en train de réfléchir aux moyens de renforcer son processus d’évaluation et ses mécanismes de suivi, en vertu du paragraphe 9 de la résolution 2395 (2017) du Conseil de sécurité.
Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a constaté qu’il y a trois ans, la situation en Iraq était très différente, marquée notamment par les activités de Daech. Aujourd’hui, s’est-elle félicitée, le pays est libéré, grâce à l’appui des États-Unis et de la coalition, tandis que des pourparlers sont en cours pour la formation d’un nouveau gouvernement. Ce dernier, a-t-elle indiqué, devra définir les moyens de créer des perspectives d’avenir pour l’ensemble des Iraquiens et décider si l’Iraq veut vraiment donner du pouvoir aux femmes et fermer les portes au sectarisme et à l’extrémisme. Les États-Unis se tiennent prêts à appuyer l’Iraq, une fois la formation du gouvernement achevée, a-t-elle ajouté.
Maintenant que l’Iraq sort de l’ombre de Daech, la représentante a recommandé de garantir l’approvisionnement en électricité et de paver les routes, des mesures essentielles à son avis pour garantir la crédibilité du Gouvernement. Elle a aussi insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme, de l’appui à la justice pour juger les auteurs de crimes commis sous Daech et de la collecte de preuves des crimes de guerre et de génocide perpétrés par le groupe. Au moment où l’Iraq écrit un nouveau chapitre de son histoire, la MANUI doit, elle aussi, s’adapter, a-t-elle ajouté en appelant le Secrétaire général à mettre en œuvre les recommandations formulées dans ce sens. Elle a insisté notamment sur la nécessité, pour la Mission, de répondre aux défis liés à la réconciliation politique, à la livraison de l’aide et à la fourniture de services. Les États-Unis comptent d’ailleurs lancer un examen approfondi du nouveau mandat de la MANUI.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a félicité l’Iraq pour la bonne tenue des dernières élections législatives. Il a dit espérer que ces signes présagent de la formation d’un gouvernement de consensus devant respecter les aspirations des populations. Selon lui, l’Iraq entame une nouvelle phase qui nécessite le soutien de la communauté internationale. C’est dans cette optique que le Koweït a organisé la conférence internationale sur la reconstruction de l’Iraq en février dernier. Selon le délégué, la sécurité et la stabilité de l’Iraq ont une influence sur celles de toute la région. En ce qui concerne la question des citoyens et biens koweïtiens disparus, il a fait part de sa déception face au peu de progrès, comme cela ressort du dernier rapport du Secrétaire général sur la question. Il a dit espérer qu’une nouvelle démarche permettrait de parvenir à des résultats plus probants, se disant du reste optimiste avec l’initiative du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur la question. Le Koweït, a-t-il conclu, ne ménagera aucun effort pour soutenir l’Iraq sur tous les plans, afin d’aider notamment le pays à reprendre la place qui est la sienne dans la région.
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a invité les représentants élus et les acteurs politiques d’Iraq à dialoguer ensemble pour constituer un nouveau gouvernement. Par ailleurs, il a salué les progrès réalisés pour mettre sur pied une compagnie de pétrole étatique sous la supervision du Conseil des ministres. D’après lui, « l’administration souveraine de ces ressources sera d’une grande utilité pour la reconstruction de l’Iraq et la restauration des services publics ». Il a appelé ensuite le Gouvernement fédéral et le Gouvernement régional du Kurdistan à résoudre de manière pacifique les thèmes en suspens.
Le représentant a déploré les attentats qui continuent de coûter la vie à des civils innocents en Iraq. Il a souligné toute l’importance du travail du Service de la lutte antimines de l’ONU, la sécurité de la population étant une condition préalable à la reconstruction du pays. Il a réitéré la nécessité de développer les capacités de l’Iraq en matière de contreterrorisme, à travers, notamment, la lutte contre le financement du terrorisme et l’éducation des jeunes pour prévenir l’extrémisme. Il a également jugé indispensable d’identifier les auteurs des atrocités commises par Daech et de les faire juger par des tribunaux iraquiens.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a félicité l’Iraq pour la tenue d’élections parlementaires sûres et inclusives. Il a néanmoins jugé important que la Commission électorale spéciale puisse répondre rapidement aux questions relatives au processus, notamment dans la ville de Kirkuk. Le nouveau gouvernement, a-t-il souligné ensuite, devra faire face de façon unie et solide aux menaces auxquelles la société iraquienne reste confrontée, comme le terrorisme et la corruption. Le Pérou, qui préside le Comité contre le terrorisme (CTC), est favorable à une meilleure coordination des efforts au sein du système des Nations Unies dans ce domaine.
Si le représentant a salué la décision des autorités iraquiennes de partager l’évaluation de leurs besoins en matière d’assistance technique, il a considéré que l’appui de la communauté internationale doit s’orienter aussi vers la reconstruction de l’économie iraquienne. Il a aussi encouragé le Gouvernement à promouvoir des politiques de développement social, pour s’attaquer aux causes profondes de l’extrémisme violent. Enfin, il a jugé urgent de fournir une assistance humanitaire à près de neuf millions de personnes dans le besoin, dont deux millions sont des déplacés.
M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a condamné les attentats-suicides du 15 mai dernier, à Bagdad, qui ont fait 35 morts et plus de 90 blessés. Il a félicité les dirigeants et le peuple d’Iraq pour la bonne tenue des dernières législatives du 12 mai. Il a en outre salué les succès du Gouvernement iraquien dans sa lutte contre Daech, avant d’inviter la communauté internationale à appuyer les mécanismes de lutte antiterroriste dans le pays et les efforts pour protéger les frontières. Il a également invité l’Iraq à rejoindre l’initiative du Kazakhstan en adhérant au Code de conduite pour un monde sans terrorisme.
La paix durable en Iraq passe par la réconciliation entre les parties, a fait valoir le représentant en misant sur la mise en œuvre de la justice et le règne de l’état de droit dans tout le pays. Il a décrié les actes de vengeance contre les anciens soutiens de Daech, leur famille et ceux qui furent en relation avec le groupe terroriste. M. Umarov a invité les autorités iraquiennes à prendre des mesures urgentes pour traduire les auteurs de tels actes en justice. Il s’est dit notamment choqué du cas d’Amina Hassan, originaire de Turquie, qui n’a eu que deux minutes pour se défendre au cours d’un procès expéditif de 10 minutes, avant d’être condamnée à mort par pendaison au motif qu’elle avait soutenu Daech. Plus de 14 sentences similaires ont été prononcées en à peine deux heures, a-t-il dénoncé. Il a terminé son propos en soulignant que le défi de l’Iraq est désormais de poser les bases des principes de bonne gouvernance dans le pays.
M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a rappelé que le 12 mai dernier, les Iraquiens se sont dirigés vers les urnes pour des élections législatives d’autant plus importantes qu’elles interviennent après la victoire contre Daech. Ce sont donc des élections qui représentent un autre chapitre de la guerre contre le terrorisme en Iraq. Saluant le succès du processus électoral qui a mobilisé les femmes et les jeunes, dans un environnement sécuritaire satisfaisant, le représentant a indiqué que la Haute Commission électorale indépendante commence à recevoir les plaintes, notamment de la part des partis politiques qui doutent des résultats électoraux. Après la proclamation des résultats définitifs, l’Iraq compte se concentrer sur la relance socioéconomique dans toutes les provinces et créer un climat des affaires attractif. Le représentant a cité comme rampes de lancement le plan stratégique pour la reconstruction, la stratégie nationale 2018-2022 de lutte contre la pauvreté, le programme de relance et de résilience lancé par le Secrétaire général de l’ONU et la stratégie nationale pour la jeunesse lancée en coopération avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
Le représentant a poursuivi en se félicitant de la résolution 2379 (2017) du Conseil de sécurité qui permettra de collecter les preuves des crimes commis par Daech. À ce propos, il a attiré l’attention sur le plan de mise en œuvre du Communiqué conjoint signé en 2016 par son pays et les Nations Unies et qui comprend des mesures en faveur des femmes victimes de la violence sexuelle perpétrée par Daech. L’Iraq sera aussi le premier pays du Moyen-Orient à présenter un rapport sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, relative aux femmes, à la paix et à la sécurité.
Le représentant a aussi confirmé le caractère fructueux de la visite du Secrétaire général adjoint au Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et de la Chef de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme. L’Iraq, a-t-il poursuivi, a établi des relations équilibrées avec tous ses voisins, ayant choisi une nouvelle politique étrangère fondée sur la neutralité. C’est dans son intérêt de rester en dehors du « cercle » des conflits dans la région, a insisté le représentant, en ajoutant que son pays compte sur des partenariats véritables et stratégiques pour créer un bon climat des affaires générateur d’emplois pour les jeunes. Le pays a aussi travaillé pour honorer ses obligations liées aux questions en suspens avec le Koweït, en particulier celle des personnes disparues.
Le représentant a conclu en plaidant pour la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies pour une période d’un an. Il a aussi réagi aux propos du délégué du Kazakhstan qui a parlé de méthodes de justice expéditives qui auraient cours en Iraq. Le représentant s’en est défendu en expliquant qu’un juge d’instruction mène une enquête exhaustive avant de déférer toute affaire devant la cour.