En cours au Siège de l'ONU

Comité de l’information: la Chef du DCG réaffirme sa détermination à sensibiliser le grand public au travail de l’ONU, malgré les contraintes budgétaires

Quarante et unième session -
Matin
PI/2258

Comité de l’information: la Chef du DCG réaffirme sa détermination à sensibiliser le grand public au travail de l’ONU, malgré les contraintes budgétaires

« L’ONU veut et a besoin d’être comprise », a souligné aujourd’hui la Secrétaire générale adjointe à la communication globale dans son discours de clôture au Comité de l’information.  Cela est d’autant plus important, s’est expliquée Mme Alison Smale, qu’aujourd’hui la valeur du multilatéralisme est remise en question.  Pour réussir à communiquer sur l’ONU, il faut être clair et audible sur toutes les plateformes que les différents publics utilisent et dans les langues qu’ils comprennent.  

Devant le Comité de l’information, qui poursuit désormais ses travaux à huis-clos jusqu’à l’adoption de ses recommandations, le 10 mai prochain, la Secrétaire générale adjointe s’est dite réconfortée par la facilité avec laquelle les membres ont adopté le nouveau nom de son Département, « communication globale », ce qui traduit, à ses yeux, leur soutien « à ce que nous faisons », à savoir créer des contenus et une audience plutôt que des processus. 

Mme Alison Smale est revenue sur les échanges de ces deux derniers jours.  Comment pouvez-vous nous aider à faire avancer nos réformes?  La Secrétaire générale adjointe a répondu par la mobilisation des ressources, « un moyen crucial ».  Qu’il s’agisse d’argent, de prêt de jeunes professionnels, d’aide en nature ou de partenaires potentiels avec vos nationaux, nous comptons sur vous, a dit Mme Smale, pour nous aider à accélérer la modernisation de notre Département et nos communications.

Nous vous présenterons, a-t-elle annoncé, des demandes détaillées et spécifiques sur les principaux projets et besoins, de la refonte du site un.org aux médias sociaux pour toucher les jeunes, en passant par l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC).

Le Département s’est en effet embarqué dans une refonte importante de son site Internet un.org, un projet à long terme dont la première phase devrait aller jusqu’à la fin 2020.  Cette refonte, a précisé Mme Smale, n’est qu’un volet de ce que nous faisons et planifions pour la communication numérique.  Nos contenus multimédias, y compris les podcasts de plus en plus populaires, sont en expansion; les partenariats avec le monde des médias ne cessent de se multiplier; et nos investissements dans les médias sociaux se sont intensifiés.

Vous avez été nombreux, a-t-elle poursuivi, à reconnaître les avancées que nous avons réalisées sur ces médias sociaux et la nécessité de rester souples et de répondre aux nouvelles façons dont l’opinion publique, en particulier les jeunes, consomme l’actualité et les informations.  Mais notre approche, a-t-elle promis, c’est de trouver « la complémentarité » entre médiaux sociaux et traditionnels.

Quant au respect du multilinguisme et de la parité linguistique dans tous les produits du DCG, Mme Smale a rappelé que dans sa proposition budgétaire pour 2018-2019, le Secrétaire général avait demandé la création de 18 nouveaux postes et des ressources non affectées à des postes pour que les communiqués de presse, le Web, les médias sociaux et les documentaires puissent paraître dans les six langues officielles de l’ONU.  Mais, a-t-elle souligné, l’Assemblée générale a rejeté cette demande et compte tenu des nouvelles restrictions budgétaires, les autres ressources non affectées à des postes ne sont plus disponibles non plus.

La réduction des ressources limite considérablement la faculté du DCG à augmenter le nombre de ses produits multilingues, a prévenu Mme Smale.  Par exemple, le Département a dû, après deux ans seulement, arrêter la fourniture sur demande des vidéos dans les six langues officielles.  Les vidéos sont toujours en ligne mais les métadonnées ne sont plus qu’en anglais.

Le Département continue tout de même de se montrer créatif pour promouvoir et élargir ses produits et services multilingues.  Mme Smale a parlé de la consolidation d’ONU Info sur un seul site Web par langue; de la gestion des applications pour permettre l’accès par téléphone mobile à ONU Info et aux médias sociaux dans huit langues; de la création de sites d’accréditation des médias dans plusieurs langues; et de la recherche de nouveaux modèles de partenariat pour élargir la gamme des produits multilingues de la Télévision de l’ONU.

Comment évaluons-nous notre impact?  Nous sommes en ce moment même, a répondu Mme Smale, en train de regarder de près la campagne en ligne « Service et sacrifice » pour savoir si nos messages ont effectivement touché l’audience visée, à savoir les militaires, les gouvernements et la société civile.  Une première évaluation a montré l’efficacité de l’approche ciblée auprès des « influenceurs » des médias sociaux.  Au Nigéria et en Inde, par exemple, ces « influenceurs » relaient le message auprès de leurs compatriotes.

La communication sur le climat est d’ailleurs emblématique de cette nouvelle façon de travailler: moderne, souple et faite pour exploiter les nouvelles technologies et les nouvelles façons de se connecter à l’opinion publique.  L’une des façons dont le Département « apporte de la clarté » à sa communication sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est la promotion de « L’objectif du mois » qui implique la création et le partage d’un contenu sur un des 17 objectifs de développement durable avec des partenaires dont ceux du monde des médias.  Le mois de mai est consacré à l’objectif 16 sur les sociétés inclusives et pacifiques, ce qui permettra de mettre en lumière le domaine critique du maintien de la paix de l’ONU.  Le Département travaille en effet avec le Département des opérations de paix du début à la fin des missions.

Quant à l’initiative Impact universitaire des Nations Unies, elle compte désormais plus de 1 350 institutions dans 136 pays.  En octobre dernier, elle a lancé ses pôles pour la promotion des objectifs de développement durable, réunissant des universités qui veulent avancer sur les questions des bourses d’études, de la recherche et du partage des meilleures pratiques.

De leur côté, les centres d’information des Nations Unies continuent à s’intégrer au système des coordonnateurs résidents et des équipes de pays.  L’idée est de communiquer de manière plus percutante au niveau des pays.  Le Département continue aussi à soutenir la communication du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies (BLT) et de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) afin de sensibiliser le public à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, au Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent et au travail des différentes entités du système des Nations Unies dans ce domaine.

En étroite consultation avec le Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général pour la prévention du génocide, le DCG contribue à la formulation et à la mise en œuvre des éléments de communication du plan d’action des Nations Unies contre les discours de haine.  Il collabore également avec l’Alliance des civilisations des Nations Unies qui s’est vue chargée d’élaborer une stratégie de communication sur la sécurité des sites religieux.

Israël, a conclu Mme Smale, commémore aujourd’hui sa Journée nationale en mémoire des victimes de l’Holocauste.  La Chef du DCG a invité les délégations à assister demain à 18 heures dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC) à la projection du film « Broken Dreams », qui raconte la courte vie de Renia Spiegel, une fille juive qui, comme Anne Frank, a couché ses derniers jours sur les pages de son journal intime pendant la Shoah.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Instance permanente: les délégations autochtones appellent à la défense de leurs droits et réclament un appui plus ferme du Secrétaire général

Dix-huitième session,
15e séance – matin
DH/5436

Instance permanente: les délégations autochtones appellent à la défense de leurs droits et réclament un appui plus ferme du Secrétaire général

La poursuite, ce matin, des travaux de l’Instance permanente sur les questions autochtones a été marquée par les réactions à l’intervention du Président du Congrès mondial des Ouïghours, l’appel à un appui plus ferme du Secrétaire général ainsi que par une vive dénonciation de l’absence de répudiation de la doctrine de la découverte. 

L’Instance permanente sur les questions autochtones s’était réunie pour poursuivre son examen des activités menées dans les six domaines d’action en relation avec la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et la suite donnée au Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.

Les six domaines en question sont la gouvernance autochtone, les processus internationaux, les technologies de l’information et des communications, les femmes et filles autochtones, les défenseurs autochtones des droits de la personne, les institutions nationales de défense des droits de l’homme, les conflits, la paix et la sécurité et les peuples autochtones et entreprises.

L’Instance a notamment entendu le Président du Congrès mondial des Ouïghours, M. Dolkun Isa, vigoureusement dénoncer la répression politique exercée par la Chine contre son peuple dont des milliers, a-t-il affirmé, sont emprisonnés et disparaissent dans des camps de concentration. 

« Je suis moi-même sans nouvelle de ma famille depuis deux ans et ai appris le décès de ma mère, déportée il y a 25 ans, sans avoir pu entendre sa voix une dernière fois », a-t-il indiqué.  « La Chine, a-t-il accusé, veut éliminer la langue ouïghoure en imposant à sa place le mandarin, tandis que la liberté politique, religieuse et civique est bafouée. » 

La Chine a exprimé son « vif mécontentement » suite à cette déclaration, accusant même M. Isa d’être un terroriste et le Congrès mondial des Ouïghours d’être « un groupe affilié à une organisation figurant sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité » qui ne serait pas non plus dotée du statut consultatif auprès du Conseil économique et social (ECOSOC). 

« Faux », a rétorqué la délégation des États-Unis qui a souligné que le Congrès mondial des Ouïghours, « qui défend la liberté de tous les Ouïghours », fait un travail important de défense des droits de l’homme.  « Critiquer les actions du Gouvernement chinois n’est pas un acte de terrorisme », ont ajouté les États-Unis pour lesquels le représentant de l’ONG n’aurait jamais pu pénétrer au Siège des Nations Unies, obtenir le visa américain et la nationalité allemande s’il était un terroriste.  Le représentant de l’Allemagne s’est d’ailleurs enorgueilli de pouvoir compter un Ouïghour parmi sa délégation et a insisté sur l’importance de parler du destin et de garantir la sécurité de ce peuple. 

Le représentant des Tatars de Crimée est également intervenu pour dénoncer l’invasion et l’occupation de la Crimée par la Russie et a recommandé à l’Instance de faire respecter les droits des peuples autochtones en situation d’occupation et de conflit.  La teneur politique de certains de ces discours a toutefois préoccupé Mme Zhang Xiaoan, membre de l’Instance permanente, qui a demandé aux délégations de ne pas politiser les débats.

La réunion d’aujourd’hui a également été marquée par l’intervention de « Seventh Generation Fund for Indigenous Peoples » qui a vivement dénoncé le fait que malgré leurs bonnes paroles, aucun État au monde n’avait, à ce jour, répudié la doctrine de la découverte.  « Pire encore, que ce soit en Australie, en Nouvelle-Zélande ou ailleurs, les États dépensent actuellement des dizaines de millions de dollars pour organiser des reconstitutions historiques des “découvertes”.  Ces célébrations d’invasions culturelles parrainées par les États doivent cesser », s’est insurgée la représentante, qui a demandé à l’Instance d’exhorter les États Membres à aider les peuples autochtones à lancer des activités dans les six domaines d’action.

Pour sa part, l’Église épiscopale a assuré avoir renoncé à la doctrine de la découverte et avoir traduit ses chants, rites et hymnes dans toutes les langues des peuples autochtones membres de l’Église.  Le Népal a également mis en avant son travail dans le domaine linguistique, précisant que sur les 123 langues autochtones recensées dans le pays, 24 sont déjà enseignées et dotées de manuels scolaires.  Ces efforts ont été salués par M. Les Malezer, membre l’Instance, qui a toutefois appelé à aller plus loin, notant que 43% des langues du monde sont menacées de disparition, et avec elles, les connaissances, les pratiques et les expressions culturelles qui préservent la biodiversité. 

De son côté, Mme Terri Henry, membre de l’Instance permanente, s’est préoccupée du sort des peuples autochtones migrants à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, soulignant que les autorités américaines doivent respecter leur droit de parler leurs langues et d’avoir des services d’interprétariat. 

D’autres États Membres sont également intervenus pour faire le point sur les efforts déployés au niveau national en faveur des communautés autochtones.  Le Paraguay s’est ainsi doté d’un plan de développement national qui comporte un volet consacré aux 120 000 autochtones du pays, ainsi que du programme Tekopora qui cherche à rompre la pauvreté intergénérationnelle.  Le Viet Nam se concentre sur le développement socioéconomique dans les « zones ethniques » en investissant dans les infrastructures et en octroyant des terres aux peuples autochtones.  Le Gouvernement a aussi fait adopter des lois interdisant l’exclusion et la discrimination des peuples autochtones notamment de l’administration locale et nationale.  Les Philippines ont également dressé une liste de leurs domaines d’action, se disant notamment fières que la culture philippine soit enrichie par celles des peuples autochtones. 

« Certes, mais vos actions n’ont aucun impact sur le terrain », a réagie la représentante des autochtones des Philippines, qui a regretté la dispersion des services de l’État chargés de la question autochtone et leur inefficacité pour traiter les problèmes quotidiens des autochtones, notamment en ce qui concerne l’invasion de leurs terres par les sociétés de l’industrie du bois.

Le représentant des Massaïs du Kenya a dénoncé la perte écologique et la dégradation des moyens de subsistance subies par son peuple à la suite de l’implantation de Tata Chemicals Magadi Soda Company sur le territoire de Magadi « sans le consentement préalable des Massaïs ».  Pour sa part, l’« Assyrian Aid Society », de l’Iraq, a exhorté le Gouvernement iraquien à veiller à ce que les terres autochtones ne deviennent pas des champs de bataille dans le cadre de la lutte contre Daech.

Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a jugé crucial de transmettre les connaissances autochtones qui sont essentielles à la survie des peuples autochtones et à la préservation de l’environnement.  L’exploitation à des fins commerciales des connaissances et des terres autochtones a également préoccupé Cuba, qui a par ailleurs dénoncé la lenteur de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies des droits des peuples autochtones.

La représentante de « Kolonialismo Osteko Ikasketa Zentroa » et son homologue de Colombie ont aussi demandé à l’Instance de mener des études sur l’impact des projets miniers sur les conditions de vie des peuples autochtones, la disparition des langues autochtones, et des conséquences des migrations.  Plus de 35 groupes autochtones colombiens sont menacés de disparition à terme, a alerté le représentant, à cause des violations de leurs droits sur la terre, la santé et la subsistance.

La représentante des tribus de Standing Rock a signalé qu’un projet d’oléoduc de 1 900 km menace des sites sacrés, avant que la délégation d’« Aim West » annonce la création d’une coalition pour la protection de l’eau.  « Il faut en finir avec la pollution de l’eau ou la pollution de l’eau nous achèvera », a notamment tonné ce représentant.

S’agissant de la suite donnée au Document final de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones, si le Canada a assuré s’efforcer d’aligner sa législation à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, Mme Zhang Xiaoan, membre de l’Instance, s’est inquiétée du décalage entre les objectifs du Document final de la Conférence et leur mise en œuvre par les États Membres. 

La représentante des organisations autochtones du Honduras s’est plus particulièrement inquiétée du sort des femmes autochtones et a voulu que l’Instance interpelle le Gouvernement sur son projet de loi sur les peuples autochtones qui est en cours d’examen à l’Assemblée nationale sans consultation des peuples autochtones.  Le représentant des organisations autochtones du Mexique a dénoncé l’absence de loi sur le consentement, donné librement et en toute connaissance de cause. 

Le Parlement sami de Finlande a recommandé à l’Instance permanente de convoquer une réunion d’experts sur les bonnes pratiques afin de lutter contre l’ignorance des peuples autochtones dans les programmes scolaires et universitaires ainsi que dans les médias.  L’Instance a également été appelée à nommer un expert sur le suicide chez les jeunes autochtones, le phénomène atteignant des taux particulièrement élevés dans ces communautés.

Enfin, le représentant de l’« Indigenous World Association » a remarqué que le Secrétaire général n’avait pas participé à cette dix-huitième session dont le thème est « Connaissance traditionnelle: développement, transmission et protection ».  Contrairement à ses deux prédécesseurs, il n’est venu ni à la séance d’ouverture ni aux manifestations parallèles, a dénoncé le représentant, qui a prié M. António Guterres de « manifester un appui plus ferme au travail de l’Instance et d’être beaucoup plus présent et plus visible ». 

L’Instance permanente tiendra sa prochaine réunion vendredi 3 mai, à partir de 15 heures. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara occidental avec les abstentions russe et sud-africaine

8518e séance – matin
CS/13795

Le Conseil de sécurité proroge pour six mois le mandat de la Mission de l’ONU au Sahara occidental avec les abstentions russe et sud-africaine

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger de six mois le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), malgré les abstentions de l’Afrique du Sud et de la Fédération de Russie.

La résolution 2468 (2019), adoptée par 13 voix pour, décide de proroger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2019.  Le texte souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin.

En outre, par ce texte, le Conseil demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts consentis depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies.

Porte-plume de la résolution, les États-Unis se sont dit déçus que certains membres du Conseil continuent de faire le choix de l’abstention « malgré nos efforts sincères pour renforcer l’unité du Conseil dans le processus politique en cours ».  L’objectif du Conseil de sécurité, ont-ils argué, devrait être de soutenir une solution politique opportune et mutuellement acceptable.  Ils ont aussi rappelé que les opérations de maintien de la paix de l’ONU doivent soutenir les solutions politiques et c’est à cette aune qu’il faut « continuer d’évaluer les résultats de la MINURSO ». 

La France a douté de cette façon de voir les choses: l’existence et le mandat de la Mission ne doivent pas être conditionnés aux progrès dans les discussions politiques, à la bonne tenue desquelles la MINURSO contribue en créant les conditions propices sur le terrain.  Face à une « question délicate », l’Indonésie a estimé que la résolution proposée par les États-Unis est équilibrée.  La République dominicaine n’a pas dit autre chose, tout en jugeant qu’un renouvellement de 12 mois aurait permis une bonne planification des ressources de la MINURSO.  « Les mandats de 12 mois doivent rester la norme et ceux de six mois l’exception », a renchéri la France pour laquelle une période d’un an permet la continuité et une plus grande prévisibilité dans la gestion de la Mission, tout en réduisant les incertitudes quant à son futur.  La France a voulu qu’en octobre prochain, le renouvellement d’un an soit acquis.  Un avis partagé par la Guinée équatoriale et la Côte d’Ivoire, cette dernière pensant qu’un an est nécessaire pour « poser les bases d’une projection et d’une organisation sur la durée de la Mission ».

L’activité politique récente concernant le Sahara occidental est la réunion tenue en décembre dernier à Genève, sous les auspices de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, M. Horst Köhler.  Le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie se sont ainsi vus pour les premières discussions directes depuis 2012.  Aujourd’hui au Conseil, tous les orateurs se sont félicités de ce développement, la France souhaitant que les quatre délégations poursuivent leurs discussions dans un état d’esprit constructif et de compromis en vue de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatiques, juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  La France a du reste estimé que « le plan d’autonomie marocain de 2007 est une base sérieuse et crédible de discussions ».  Le Koweït a rappelé son soutien à la souveraineté et l’intégrité territoriale du Maroc.

L’Allemagne, qui a salué le travail de l’Envoyé personnel du Secrétaire général, a invité le Maroc et le Front Polisario à adopter des mesures de confiance.  Par exemple, a-t-elle suggéré, « accueillir sur le terrain les observateurs des droits de l’homme pourrait être une bonne mesure à prendre ».  Avec l’Allemagne, le Royaume-Uni a regretté que le Conseil n’ait pu « parler d’une même voix ».  La Chine a souhaité qu’à l’avenir, le Conseil tienne des consultations plus approfondies avant le renouvellement du mandat de la MINURSO. 

L’Afrique du Sud et la Fédération de Russie ont en effet longuement critiqué le processus de négociations.  La première a avoué avoir pensé sérieusement voter contre.  Les projets de résolution sur la MINURSO, a reproché l’Afrique du Sud, continuent d’être traités dans l’opacité et en excluant les autres.  Les membres du Conseil, a-t-elle tranché, n’ont pas eu assez de temps pour discuter de la résolution.  L’Afrique du Sud a dénoncé des méthodes de travail dont est chargé un « Groupe des Amis », non représentatif puisqu’aucun pays africain n’y siège.

Elle en a profité pour souligner que la MINURSO a été créée pour organiser le référendum d’autodétermination au Sahara occidental, et c’est sa seule raison d’être.  L’Afrique du Sud a relevé quelques paragraphes auxquels elle n’adhère pas, dénonçant par exemple le fait que le libellé semble favorable à l’une des deux parties en conflit.  Elle a aussi parlé du manque de clarté des termes « réaliste, réalisme ou encore compromis ».  Nous devons nous garder de diluer le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui dans un langage « vague et ambigu », a demandé l’Afrique du Sud qui a refusé l’idée qu’une résolution essaye d’influencer la direction politique du processus et encore moins de préjuger du statut final.

Poursuivant sur ses réserves, l’Afrique du Sud a aussi accusé le Conseil de refuser d’intégrer un « volet droits de l’homme » dans le mandat de la MINURSO, en dépit du fait que plusieurs de ses États membres aient insisté sur cet aspect dans le mandat des autres missions.  On a le sentiment, s’est étonnée l’Afrique du Sud, que les droits du peuple du Sahara occidental ne sont pas comparables à ceux des autres peuples.  En outre, a-t-elle relevé, le texte ne fait pas de distinction entre les parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, d’une part, et les pays voisins que sont l’Algérie et la Mauritanie, d’autre part.  L’Afrique du Sud a rappelé que le Sahara occidental est la dernière colonie en terre africaine et a invité le Conseil de sécurité à prendre ses responsabilités, par une approche équilibrée et neutre pour aider les parties à avancer vers un accord négocié et mutuellement acceptable. 

En la matière, l’Union africaine a un potentiel considérable, a argué la Fédération de Russie qui s’est inscrite en faux contre un texte qui essaye de « modifier certains paramètres déjà établis ».  Elle a, à son tour, appelé le Conseil à la neutralité, une neutralité qu’il semble avoir oubliée dans les derniers renouvellements des mandats de la MINURSO.  Nous sommes contre certains libellés et pour ce renouvellement comme pour les précédents, notre avis n’a pas été pris en compte, alors que nous voulions tout simplement le retour des libellés agréés par le Conseil, s’est expliquée la Fédération de Russie.  Cette situation, a-t-elle tranché, met en lumière le rôle du porte-plume qui a introduit des concepts qui créent l’ambiguïté et sapent le travail même du Conseil.  Les influences extérieures sur le processus politique au Sahara occidental pourraient faciliter le jeu des extrémistes, ce qui aurait un impact négatif sur toute la région, a prévenu la Fédération de Russie.

LA SITUATION CONCERNANT LE SAHARA OCCIDENTAL (S/2019/282)

Texte du projet de résolution (S/2019/349)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant et réaffirmant toutes ses résolutions antérieures sur le Sahara occidental,

Réaffirmant son ferme appui aux efforts que le Secrétaire général et son Envoyé personnel font pour mettre en application ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017), 2414 (2018) et 2440 (2018),

Exprimant son plein appui à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, l’ancien Président de la République fédérale d’Allemagne, Horst Köhler, et se félicitant de la participation des parties et des États voisins aux efforts que celui-ci déploie en vue de faciliter des négociations directes,

Se félicitant du nouvel élan impulsé par la première table ronde tenue les 5 et 6 décembre 2018 et la deuxième table ronde tenue les 21 et 22 mars 2019, et de la volonté du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie de participer, d’une manière sérieuse et respectueuse, au processus politique engagé par l’Organisation des Nations Unies sur le Sahara occidental afin de trouver des terrains d’entente,

Se félicitant également des consultations qui se poursuivent entre l’Envoyé personnel et le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie à cet égard,

Réaffirmant sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et notant le rôle et les responsabilités dévolus aux parties à cet égard,

Demandant à nouveau au Maroc, au Front POLISARIO, à l’Algérie et à la Mauritanie de coopérer plus intensément les uns avec les autres, notamment en renforçant davantage la confiance, et avec l’Organisation des Nations Unies, ainsi que de participer davantage au processus politique et de progresser sur la voie d’une solution politique,

Considérant que la solution politique de ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité dans la région du Sahel, ce qui créerait des emplois et favoriserait la croissance ainsi que des possibilités pour tous les habitants de la région,

Se félicitant des efforts que fait le Secrétaire général pour suivre de près toutes les opérations de maintien de la paix, y compris la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), et soulignant que le Conseil doit adopter une approche rigoureuse et stratégique en matière de déploiement au service du maintien de la paix et de gestion efficace des ressources,

Rappelant sa résolution 2378 (2017), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix, y compris celles portant sur l’exécution de ces opérations, soient utilisées pour améliorer l’analyse et l’évaluation des opérations des missions sur la base de critères précis et bien définis, et rappelant également sa résolution 2436 (2018), dans laquelle il avait prié le Secrétaire général de veiller à ce que soient prises sur la base de mesures objectives de la performance les décisions visant à reconnaître l’excellence des performances ou à inciter à l’excellence et les décisions ayant trait aux déploiements, à la remédiation, à la formation, au gel des remboursements et au rapatriement de personnel en tenue ou au renvoi de personnel civil,

Rappelant sa résolution 2242 (2015), dans laquelle il avait émis le souhait que les femmes soient plus nombreuses dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies,

Constatant que la MINURSO joue un rôle important sur le terrain, s’agissant notamment d’aider l’Envoyé personnel à trouver une solution politique mutuellement acceptable, et qu’elle doit pouvoir s’acquitter pleinement de son mandat, et se félicitant de la visite effectuée par l’Envoyé personnel au quartier général de la MINURSO et au Sahara occidental,

Se déclarant préoccupé par les violations des accords en vigueur, réaffirmant qu’il importe de respecter pleinement les dispositions de ces accords afin de maintenir la dynamique du processus politique au Sahara occidental, et prenant note des engagements pris par le Front POLISARIO auprès de l’Envoyé personnel, et se félicitant à cet égard de savoir que, selon l’évaluation faite par le Secrétaire général le 1er avril 2019, la situation au Sahara occidental est restée relativement calme, le cessez-le-feu tient toujours et les parties respectent le mandat de la MINURSO,

Prenant note de la proposition marocaine présentée au Secrétaire général le 11 avril 2007 et se félicitant des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant vers un règlement, et prenant note également de la proposition du Front POLISARIO présentée au Secrétaire général le 10 avril 2007,

Engageant les parties, dans ce contexte, à faire preuve d’une plus grande volonté politique de parvenir à une solution, notamment en examinant de façon plus approfondie leurs propositions respectives et en s’engageant de nouveau envers l’action menée par les Nations Unies en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, et encourageant en outre les pays voisins à contribuer au processus politique,

Encourageant les parties à poursuivre leur coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés en vue de définir et d’appliquer des mesures de confiance pouvant servir à susciter la confiance nécessaire à la réussite du processus politique,

Soulignant qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf, et encourageant les parties à collaborer avec la communauté internationale pour élaborer et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international,

Encourageant les parties à persévérer dans les efforts qu’elles mènent chacune pour renforcer la promotion et la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association,

Se félicitant à cet égard des mesures et initiatives prises par le Maroc, du rôle joué par les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et à Laayoune et de l’interaction entre le Maroc et les mécanismes relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations Unies,

Encourageant vivement à renforcer la coopération avec le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, y compris en facilitant des visites dans la région,

Prenant note avec une vive préoccupation des souffrances persistantes endurées par les réfugiés sahraouis et de leur dépendance à l’égard de l’aide humanitaire extérieure et notant également avec une vive préoccupation l’insuffisance des fonds alloués à ceux et celles qui vivent dans les camps de réfugiés de Tindouf et des risques associés à la diminution de l’aide alimentaire,

Demandant à nouveau que l’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf soit envisagé, et soulignant qu’il convient de déployer des efforts à ce sujet,

Rappelant ses résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015) et ses résolutions connexes, soulignant l’importance de l’engagement pris par les parties de poursuivre les négociations dans le cadre des pourparlers tenus sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies et encourageant une participation réelle et effective des femmes à ces pourparlers,

Considérant que le statu quo n’est pas acceptable, et notant en outre qu’il est essentiel que les négociations progressent pour que la qualité de vie des habitants du Sahara occidental s’améliore dans tous les domaines,

Affirmant son plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Colin Stewart,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 1er avril 2019 (S/2019/282),

1.    Décide de proroger le mandat de la MINURSO jusqu’au 31 octobre 2019;

2.    Souligne qu’il convient de parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara occidental, qui repose sur le compromis, et qu’il importe d’adapter l’action stratégique de la MINURSO et d’affecter les ressources des Nations Unies à cette fin;

3.    Appuie pleinement les efforts que font le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour maintenir le processus de négociation afin de parvenir à un règlement de la question du Sahara occidental, note que l’Envoyé personnel a l’intention d’inviter le Maroc, le Front POLISARIO, l’Algérie et la Mauritanie à se réunir de nouveau selon les mêmes modalités, et se félicite de la volonté du Maroc, du Front POLISARIO, de l’Algérie et de la Mauritanie de rester engagés, en faisant preuve de réalisme et d’un esprit de compromis, tout au long de la durée du processus, de sorte qu’il aboutisse;

4.    Demande aux parties de reprendre les négociations sous les auspices du Secrétaire général, sans conditions préalables et de bonne foi, en tenant compte des efforts consentis depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et prend note du rôle et des responsabilités dévolus aux parties à cet égard;

5.    Invite les États Membres à prêter le concours voulu à ces négociations;

6.    Réaffirme que les accords militaires conclus avec la MINURSO concernant le cessez-le-feu doivent être pleinement respectés et exhorte les parties à y adhérer pleinement, à honorer les engagements qu’elles ont pris auprès de l’Envoyé personnel et à s’abstenir de toute action qui pourrait compromettre les négociations facilitées par l’ONU ou déstabiliser la situation au Sahara occidental;

7.    Demande à toutes les parties de coopérer pleinement avec la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’exécution de leur mandat, conformément aux accords existants;

8.    Souligne qu’il importe que les parties s’engagent à nouveau à faire avancer le processus politique dans la perspective de nouvelles négociations, rappelle qu’il fait sienne la recommandation formulée dans le rapport daté du 14 avril 2008 (S/2008/251), selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis pour aller de l’avant dans les négociations, et encourage les pays voisins à apporter une contribution importante, active à ce processus;

9.    Demande aux parties de faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de faire avancer les négociations et de garantir ainsi l’application de ses résolutions 1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012), 2099 (2013), 2152 (2014), 2218 (2015), 2285 (2016), 2351 (2017), 2414 (2018) et 2440 (2018) et le succès des négociations;

10.   Prie le Secrétaire général de lui faire régulièrement, à chaque fois qu’il le jugera utile au cours de la période du mandat, et d’inclure dans les trois mois avant le renouvellement du présent mandat et avant son expiration, des exposés sur l’état d’avancement des négociations tenues sous ses auspices, l’application de la présente résolution, les difficultés auxquelles se heurtent les opérations de la MINURSO et les mesures prises pour les surmonter, déclare son intention de se réunir pour entendre ces exposés et les examiner et, à cet égard, prie également le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur la situation au Sahara occidental bien avant la fin du mandat de la Mission;

11.   Se félicite des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, et se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en tenue des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et demande au Secrétaire général d’appliquer ce dispositif à la MINURSO comme indiqué dans la résolution 2436 (2018), prie le Secrétaire général de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la Mission et de veiller à ce que ces dernières participent de manière effective à tous les aspects des opérations;

12.   Exhorte les parties et les États voisins à collaborer de manière productive avec la MINURSO afin de considérer la manière dont les nouvelles technologies peuvent servir à réduire les risques, à améliorer la protection de la force et à l’aider à mieux s’acquitter de son mandat;

13.   Incite les parties à coopérer avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés afin que des mesures de confiance soient prises et appliquées et notamment à encourager la participation des femmes et des jeunes, et incite les États voisins à contribuer à ces efforts;

14.   Exhorte les États Membres à verser des contributions volontaires ou à les augmenter pour financer les programmes alimentaires, afin de s’assurer que les besoins humanitaires des réfugiés sont dûment pris en compte et d’éviter des réductions dans les rations alimentaires;

15.   Prie le Secrétaire général de continuer à prendre les mesures qui s’imposent pour s’assurer que tout le personnel de la MINURSO respecte pleinement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles et de le tenir pleinement informé des progrès faits par la Mission à cet égard dans ses rapports, et prie instamment les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police de continuer de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment la vérification des antécédents de tous les membres du personnel et l’organisation d’une formation de sensibilisation avant et pendant le déploiement, et de faire en sorte que les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes aient à en répondre pleinement en ouvrant rapidement des enquêtes conjointement avec la Mission, selon qu’il conviendra;

16.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la perspective d’un futur comité constitutionnel en Syrie considérée comme une fenêtre d’opportunité « étroite mais réelle »

8520e séance – après-midi
CS/13797

Conseil de sécurité: la perspective d’un futur comité constitutionnel en Syrie considérée comme une fenêtre d’opportunité « étroite mais réelle »

Sur fond de recrudescence des combats en Syrie, où le bilan humanitaire s’alourdit de jour en jour, l’Envoyé spécial du Secrétaire général a indiqué au Conseil de sécurité, cet après-midi, qu’un consensus se dégageait progressivement entre les parties sur la formation d’un futur comité constitutionnel, chargé de doter la Syrie d’une nouvelle loi fondamentale.  Plusieurs membres du Conseil, dont la France, ont voulu que l’on ne laisse pas se refermer cette fenêtre d’opportunité « étroite mais réelle » pour mettre un terme au conflit, qui dure depuis huit ans.

Je fais tout mon possible pour restaurer, depuis Genève, la confiance entre le Gouvernement syrien et la Commission syrienne de négociation, a affirmé M. Geir Pedersen, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, citant ses récentes rencontres avec le Ministre des affaires étrangères syrien, à Damas, et avec le leadership de l’opposition, à Riyad et à Genève.  Ces consultations ont, selon lui, conduit à des avancées sur la voie d’un accord final sur le mandat et la composition d’un comité constitutionnel, qui serait chargé, à terme, de doter le pays d’une nouvelle constitution, ouvrant ainsi la porte au processus politique. 

Bien que rien n’ait été acté à ce jour, a tempéré M. Pedersen, un consensus est en train de voir le jour sur certaines modalités, tout comme le principe d’une coprésidence équilibrée et du rôle de facilitateur des Nations Unies.  Il a également plaidé pour que 30% des sièges du futur comité soient réservés aux femmes.  L’Envoyé spécial s’est dit convaincu de la possibilité de parvenir à un mandat final, « avec des gestes de bonne volonté ». 

L’un des gestes qui permettrait le plus efficacement de restaurer la confiance serait, selon M. Pedersen, que les parties augmentent le rythme de libération des personnes enlevées et des détenus, à commencer par les enfants, les femmes et les malades.  Sur ce point, l’Envoyé spécial a conseillé de sortir du schéma de libération « un contre un » et de trouver une solution « à grande échelle ».  C’est d’autant plus important que la Syrie est en proie à une résurgence des combats et à une situation humanitaire de plus en plus difficile, a-t-il déclaré, citant la menace toujours importante des groupes terroristes et la situation critique des déplacés dans la zone d’installation improvisée de Roukban, à la frontière syro-jordanienne. 

La France a accueilli favorablement les remarques de l’Envoyé spécial sur le comité constitutionnel et s’est dit convaincue de l’existence d’une fenêtre d’opportunité « étroite mais réelle » pour mettre un terme au conflit.  « Étant donné que le processus d’Astana a échoué à apporter des solutions tangibles en faveur de la paix en Syrie », le Conseil doit voir dans les négociations de Genève la seule voie à suivre, ont estimé les États-Unis pour qui la formation d’un comité constitutionnel « équilibré et crédible » constituerait un premier pas important vers une solution politique.  Critiquant les États-Unis pour avoir parlé des « soi-disant garants d’Astana », la Fédération de Russie a rétorqué qu’elle, la Turquie, l’Iran et le Gouvernement syrien sont bien les « garants d’Astana » qui ont créé quatre zones de désescalade dont celle d’Edleb.  Ces garants se tiennent prêts à accueillir « tous ceux qui veulent la paix en Syrie » et à s’associer à leurs efforts, a souligné la Fédération de Russie.

Face à l’enthousiasme suscité chez la plupart des membres du Conseil par la perspective d’un accord concernant le mandat et la composition d’un comité constitutionnel, l’Envoyé spécial a toutefois tempéré leurs attentes dans ses remarques finales.  Si la formation d’un tel comité peut constituer un « tremplin » pour le début d’un processus politique, a déclaré M. Pedersen, sans la volonté de le mener à bien et sans le soutien du Conseil, le comité constitutionnel restera lettre morte.  Il est important que les parties entendent que « le Conseil continue de m’appuyer et de soutenir le processus politique », a-t-il insisté.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Je fais tout mon possible pour restaurer la confiance entre le Gouvernement syrien et l’opposition depuis Genève, a affirmé à l’entame de son discours M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Après huit années de conflit, c’est un processus qui sera « long et difficile », mais je pense qu’il est possible d’aller de l’avant pas à pas, a-t-il estimé.  À cette fin, l’Envoyé spécial a dit avoir continué de promouvoir les cinq priorités qu’il avait énoncées devant les membres du Conseil de sécurité en février dernier, priorités qui se fondent sur la résolution 2254 (2015), dont il tire lui-même son mandat.

M. Pedersen s’est déclaré fermement décidé à instaurer un dialogue « inscrit dans la durée » entre le Gouvernement syrien et la Commission syrienne de négociation.  En mars et en avril, a-t-il précisé, j’ai procédé à des consultations avec chacune des deux parties, sous la forme de rencontres avec le Ministre des affaires étrangères syrien, à Damas, et avec le leadership de la Commission syrienne de négociation, à Riyad et à Genève.  M. Pedersen a indiqué que les deux parties restent disposées à débattre d’un ensemble de questions au sens large, selon ce format. 

 Des mesures et progrès tangibles sont cependant nécessaires, a prévenu l’Envoyé spécial, ajoutant que la communauté internationale ne peut pas se contenter d’un « simple dialogue ».  C’est d’autant plus important, a-t-il déclaré, que la Syrie est en proie à une résurgence des combats et à une situation humanitaire de plus en plus difficile. 

Les groupes terroristes demeurent une menace majeure et contrôlent toujours de vastes pans du territoire syrien, a indiqué l’Envoyé spécial.  Mais les activités terroristes ne doivent pas empêcher les parties de se hisser à la hauteur de leur responsabilité de protéger les civils, a-t-il ajouté.  Or, le bilan des souffrances est toujours « ahurissant », a déploré M. Pedersen.  Il s’est notamment dit vivement préoccupé par la situation des déplacés dans la zone d’installation improvisée de Roukban, à la frontière syro-jordanienne.  M. Pedersen a appelé au déploiement d’un nouveau convoi humanitaire dans cette zone.  Plus nous pourrons prendre de mesures pour régler ces questions plus nous pourrons rétablir la confiance en Syrie et sur le plan international, a-t-il affirmé. 

À ce titre, M. Pedersen a voulu que l’on avance sur le dossier des personnes disparues, ce qui contribuerait également à rétablir la confiance.  L’Envoyé spécial a exhorté les parties à accroître le rythme de libération des personnes enlevées et détenues, à commencer par les enfants, les femmes et les malades.  De ce point de vue, il a conseillé de sortir du schéma de libération « un contre un » et de trouver une solution « à grande échelle » à cette question, d’autant plus qu’il faudra des années pour la résoudre.

Ma priorité demeure de dialoguer avec l’éventail le plus large de Syriens, a-t-il ensuite déclaré, rappelant qu’une solution politique devrait avant tout permettre de réaliser les aspirations de l’ensemble de la population syrienne, hommes et femmes.  Le Conseil consultatif des femmes ne cesse de nous rappeler la spécificité des besoins des femmes syriennes et combien il est important de respecter leur droit à se faire entendre à la table des négociations, a-t-il insisté. 

Par ailleurs, M. Pedersen a indiqué qu’il s’échine à conclure un accord final sur le mandat et la composition d’un comité constitutionnel.  Bien que rien n’ait été acté à ce jour, il a affirmé que ses consultations ont permis de dégager un consensus sur certaines modalités, tout comme le principe d’une coprésidence équilibrée et du rôle de facilitateur des Nations Unies.  L’Envoyé spécial s’est dit convaincu de la possibilité de parvenir à un mandat final, « avec des gestes de bonne volonté ».  Il a également appelé à une participation des femmes au sein du futur comité à hauteur de 30%. 

M. Pedersen a, en outre, exhorté la communauté internationale à prendre ses responsabilités pour éviter d’envenimer le conflit.  Les interventions extérieures sont une réalité de ce conflit, a-t-il regretté, précisant que pas moins de cinq armées internationales sont présentes sur le territoire syrien.  L’Envoyé spécial a appelé au rétablissement de l’intégrité territoriale de la Syrie sinon les risques d’escalade demeureront, au détriment d’un processus politique « pour les Syriens et par les Syriens ».

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a déclaré qu’en raison de l’urgence humanitaire dans le camp de Roukban, un troisième convoi d’aide doit être autorisé à s’y rendre immédiatement.  « Les gens meurent de faim », a-t-il souligné, avant d’ajouter que Damas pourrait faire preuve de bonne volonté en permettant une telle aide.  Étant donné que le processus d’Astana a échoué à apporter des solutions tangibles en faveur de la paix en Syrie, le Conseil de sécurité, a estimé le représentant, doit rester uni et voir dans les négociations de Genève, la seule voie à suivre. Pour les États-Unis, un comité constitutionnel équilibré et crédible constituera un premier pas important et une mesure susceptible de renforcer la confiance, mais les efforts doivent également se poursuivre sur d’autres questions comme celles des détenus et des personnes disparues ou encore l’organisation d’élections et la protection de l’environnement.  Le représentant a appelé la Fédération de Russie et le régime d’Assad à mettre un terme à leurs activités militaires à Edleb et à respecter le cessez-le-feu.  Les échanges de prisonniers, négociés par les « soi-disant garants d’Astana », ne sont pas significatifs, puisque des milliers de gens restent en prison sans motif et que le régime d’Assad continue de les détenir de manière arbitraire.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a dit partager la plupart des constats de l’Envoyé spécial.  Il a rappelé que vient de se tenir, à Nour-Soultan, la capitale kazakhe, la douzième réunion des garants du processus D’Astana qui a été sanctionnée par une déclaration dans laquelle les protagonistes ont réaffirmé leur soutien à l’intégrité territoriale de la Syrie.  Aux États-Unis, le délégué a précisé que ces pays sont bien les garants d’Astana, et non les « soi-disant garants ».  Ces garants ont également, dans leur déclaration, rappelé que le Golan est un territoire syrien occupé par Israël.  Dans la zone d’Edleb, les combattants du groupe terroriste Al-Cham ont intensifié leurs attaques contre les forces syriennes, a noté le représentant, tout en affirmant que ce groupe armé s’évertue en ce moment à unifier les forces présentes dans la région d’Edleb pour faire feu contre le Gouvernement. 

Il faut lancer au plus vite le comité constitutionnel syrien, a pressé le représentant qui s’est avoué optimiste face à l’évolution de la situation.  La priorité maintenant doit être la reconstruction et l’acheminement de l’aide humanitaire dans toute la Syrie, « sans condition préalable ».  M. Nebenzia s’est réjoui que les États-Unis se soient enfin résolus à résoudre la crise qui a lieu dans le camp de Roukban.  Il les a aussi invités à laisser les habitants du camp partir librement pour se relocaliser dans d’autres régions du pays.  Le représentant a dénoncé les sanctions unilatérales contre la Syrie, notant que l’« on ne peut exclure ce grand pays du monde arabe ».  Damas, a-t-il plaidé, doit retrouver au plus vite sa place dans la famille arabe et les garants du processus d’Astana se tiennent prêts à accueillir « tous ceux qui veulent la paix en Syrie » à s’associer à leurs efforts pour mettre fin au conflit syrien.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a demandé que toutes les parties en Syrie mettent en œuvre le cessez-le-feu russo-turc d’Edleb.  Le délégué a aussi demandé que l’aide humanitaire soit distribuée de manière constante aux populations.  Il a plaidé pour une solution politique qui tienne compte des aspirations du peuple syrien et demandé à toutes les parties de soutenir les initiatives de l’Envoyé spécial.  Pour lui, le comité constitutionnel doit avoir en son sein toutes les composantes de la société syrienne.  À son tour, il a appelé à la libération de tous les détenus et souligné que le retour des réfugiés syriens doit se faire de manière digne, sûre et informée.  « Nous refusons les changements démographiques en Syrie », a déclaré le délégué, en faisant référence à la question de retour.  Il a aussi insisté pour que les auteurs de violations du droit international, commises en Syrie depuis 2011, soient traduits en justice car « on ne peut parvenir à une paix durable sans justice ». 

M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS YABRA (République dominicaine) a estimé que face au « calme tendu » qui prévaut dans le nord de la Syrie, il est impératif de redoubler d’efforts pour éviter toute escalade militaire.  Le processus politique et la situation à Edleb ne sont pas mutuellement exclusifs.  Il incombe au Conseil de sécurité d’éviter une tragédie majeure, a-t-il ajouté, en dénonçant les récentes attaques perpétrées dans la zone démilitarisée d’Edleb.  Il a appelé les parties à maintenir d’urgence le cessez-le-feu et à respecter la mise en œuvre de l’accord entre la Turquie et la Fédération de Russie.  S’agissant de la création d’un comité constitutionnel, le représentant a espéré que les prochaines consultations de Genève permettront de déboucher sur des progrès concrets.  Il a exhorté les parties à faire preuve de la plus grande souplesse possible et a insisté sur l’importance d’une participation significative des femmes, ainsi que sur la nécessité de progresser sur la question de la libération des détenus.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dit préoccupée par le regain de violence en Syrie, notamment après les dernières informations faisant état de l’utilisation de barils d’explosifs dans le nord par le régime de Damas, ce qui ne s’était pas produit depuis plusieurs mois.  « C’est proprement inacceptable », s’est-elle indignée, avant de regretter le « manque de sérieux » du régime syrien dans la protection des civils.  De même, face aux allégations sur l’utilisation d’armes chimiques, elle a exhorté Damas à respecter les accords internationaux.  La représentante a par ailleurs constaté avec préoccupation la reprise des bombardements et des raids aériens dans la zone de désescalade d’Edleb.  Elle a appelé les garants du processus d’Astana à user de leur influence pour obtenir des parties qu’elles veillent au respect du cessez-le-feu.

S’agissant du processus politique, elle a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et l’a invité à continuer d’inscrire son action dans le cadre de la résolution 2254 (2015).  Elle a en outre demandé aux autorités syriennes « d’aller de l’avant » et de ne plus « trainer des pieds » dans la mise en œuvre de cette résolution, adoptée il y a maintenant quatre ans.  De ce point de vue, la déléguée a demandé à l’Envoyé spécial quelles mesures concrètes avaient été prises à ce jour par Damas pour mettre en œuvre le texte.  Concernant le comité constitutionnel, elle a appelé les pays qui ont une influence sur le régime syrien à encourager ce dernier à « participer de bonne foi » aux négociations et à faciliter l’accès humanitaire partout où c’est nécessaire.

« À tous ceux qui prétendent que la guerre est finie, j’aimerais rappeler la sinistre réalité de la situation en Syrie », a déclaré M. FRANÇOIS DELATTRE (France) qui a notamment averti que la menace terroriste est toujours présente et que la situation reste très volatile sur les lignes de fronts.  Or, a-t-il ajouté, le gel des fronts est essentiel au cessez-le-feu et pour nous permettre de concentrer nos efforts sur la lutte contre le terrorisme et faciliter l’obtention d’une solution politique.

Il a également souligné la gravité de la situation au nord-ouest, qualifiant d’extrêmement préoccupante l’intensification des frappes du régime ces derniers jours.  Il a notamment appelé la Russie à tenir ses engagements concernant le maintien du cessez-le-feu à Idlib et à faire pression sur le régime pour qu’il cesse ses frappes.  Il a aussi parlé des efforts « considérables » qui restent à accomplir au nord-est en vue d’assurer la défaite « complète et définitive » de Daech et a salué, à ce titre, le maintien de la présence des États-Unis.  Il a appelé à éviter toute offensive militaire contre la zone.

Affirmant que le régime syrien poursuit sa politique de répression, le représentant a condamné les obstacles à un accès humanitaire sûr, continu et sans entrave et en particulier le refus d’autoriser la livraison d’un troisième convoi à Roukban.  Il a appelé la Russie à user de son influence pour que ce convoi puisse être autorisé au plus vite.

M. Delattre a également estimé que les restrictions d’accès imposées par le régime aux Nations Unies, qui veulent aider les populations de retour, sont proprement injustifiables.  Il y a vu la preuve que le régime veut se laisser les mains libres pour mener sa stratégie de répression et a mis en garde la communauté internationale contre l’instrumentalisation de la question des réfugiés par le régime et ses soutiens « qui renversent la charge de la preuve ».

Concernant le processus politique, il a souligné l’urgence d’aller de l’avant et a fait savoir que son pays apportera son soutien à tout accord sur le comité constitutionnel qui soit crédible et équilibré.  Il a aussi insisté sur l’urgence de mettre en œuvre des mesures de confiance.  Il s’agit, a-t-il rappelé, d’obtenir des avancées sur la question des prisonniers et des personnes disparues, la conscription forcée et la réforme des lois sur la propriété.  La France, avec l’Union européenne, continuera à imposer des sanctions au régime et à refuser de financer la reconstruction du pays et de normaliser les relations avec Damas tant qu’il n’y aura par d’avancées crédibles et irréversible sur la voie d’une solution politique, a prévenu le représentant.

M. Delattre a dit qu’il continue de craindre que la tragédie syrienne ne devienne le tombeau de l’ONU.  Après toutes ces années d’échec, ce serait une lourde faute morale de tourner la page et de regarder ailleurs par lassitude ou par lâcheté, a-t-il mis en garde.  Il s’est dit convaincu qu’il existe aujourd’hui une « étroite mais réelle » fenêtre d’opportunité pour mettre un terme au conflit et qu’il ne faut pas la laisser se refermer.

M. GUATAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a réitéré son plein appui à l’Envoyé spécial qui s’efforce d’instaurer un climat de confiance entre les parties, notamment pour parvenir à un accord sur la formation d’un comité constitutionnel.  Entre autres mesures de confiance, il a appelé à accélérer la libération des personnes enlevées et détenues, ainsi que la restitution des dépouilles aux familles.  Le représentant a enjoint le Conseil de rester saisi de la situation en Syrie.  La priorité pour les 15 membres doit être de veiller au respect du cessez-le-feu à Edleb, qui a récemment été réaffirmé par la Fédération de Russie et la Turquie.  Le succès de notre action en Syrie, a-t-il estimé en conclusion, dépendra de notre capacité à éviter qu’Edleb ne devienne le théâtre d’une nouvelle tragédie humanitaire.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERE (Belgique) a estimé que la situation sur le terrain en Syrie reste inquiétante et s’est dit particulièrement préoccupé par l’escalade de la violence à Edleb.  Il a appelé les garants d’Astana à renforcer leur engagement en faveur de l’accord signé en septembre.  Une offensive militaire, a-t-il prévenu, provoquerait une crise humanitaire.  Il a donc appelé à l’application du cessez-le-feu sur tout le territoire syrien.  Les citoyens syriens doivent rester au centre de nos préoccupations et dans le contexte actuel, il est difficile de qualifier les évolutions de positives, a avoué le représentant, en jugeant tout de même qu’il est de notre devoir de garder l’espoir comme c’est le devoir de ce Conseil de travailler ensemble vers une solution politique.  « Nous encourageons l’Envoyé spécial dans la mise en œuvre de ses cinq objectifs », a-t-il souligné. 

Notant l’échange récent de 18 prisonniers, M. Pecsteen de Buytswere estimé qu’il reste énormément de progrès à faire dans ce dossier.  Il a appelé tous les États Membres à user de leur influence sur les parties au conflit afin de promouvoir la libération des personnes détenues arbitrairement.  La Belgique, a-t-il ajouté, plaide pour la convocation, dès que possible, d’un comité constitutionnel qui constituerait une première étape vers un dialogue plus approfondi et vers de véritables négociations dans la mise en œuvre du Communiqué de Genève et de la résolution 2254 (2015) sous les auspices de l’ONU. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a salué la réunion de la semaine dernière entre les garants d’Astana et l’Envoyé spécial.  Il a espéré que le dialogue entre toutes les parties prenantes se poursuivra dans le but de parvenir à une solution pacifique durable au conflit en Syrie.  S’agissant de la création du comité constitutionnel, il a estimé que les dialogues en cours sont prometteurs mais s’est dit conscient du fait que ce ne sera pas une tâche facile.  Plusieurs acteurs sont impliqués, avec des points de vue, des intérêts et une compréhension de la situation différents, a noté le représentant pour lequel c’est à la communauté internationale de s’impliquer davantage en apportant son soutien à la promotion du processus politique en Syrie et en cherchant des moyens de rapprocher toutes les parties concernées du « juste milieu ».  Pour ce faire, a-t-il dit, il sera essentiel de rétablir la confiance mutuelle.  Le représentant s’est dit favorable à la création du comité constitutionnel à condition qu’il soit inclusif et crédible et qu’il réponde aux aspirations légitimes des Syriens, sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.  C’est aux Syriens de prendre en main le processus de règlement politique, a estimé le délégué pour lequel ce processus ne saurait être imposé de l’extérieur.

La communauté internationale doit faire plus pour assurer le respect du cessez-le-feu et établir une feuille de route pour un règlement acceptable par tous.  La situation d’Edleb requiert, selon le représentant, une attention particulière.  Il faut à tout prix éviter une escalade militaire car cela risquerait de compromettre tout progrès sur le front politique.  Le représentant a souhaité des discussions sérieuses sur le retour sûr, volontaire et digne des réfugiés syriens ainsi que sur la reconstruction et la réhabilitation post-conflit.  Concluant sur une note positive, il a dit entrevoir une lueur d’espoir mais il va falloir faire des compromis pour parvenir à une solution politique.  Tout retard risque de se transformer en souffrances et en pertes de vies humaines, a-t-il mis en garde.

M. ZHAOXU MA (Chine) a demandé à la communauté internationale d’aider les réfugiés syriens qui veulent rentrer chez eux.  Il a salué la douzième réunion du processus d’Astana et demande qu’il poursuive son travail.  Il a aussi voulu des Nations Unies qu’elles renforcent leur coordination avec le Gouvernement syrien, notamment dans la mise en place d’un comité constitutionnel consensuel.  Le Conseil de sécurité doit rester uni pour créer un climat propice à la fin du conflit, a-t-il ajouté.  La lutte contre le terrorisme, a-t-il aussi prévenu, est fondamentale pour régler le conflit syrien.  Le représentant a déploré le fait que le nord-est et le nord-ouest soient en proie à ce fléau.  Il faut donc, a-t-il préconisé, que la communauté internationale renforce sa coordination et sa coopération dans cette lutte.  Il a conclu en soulignant la nécessité pour les parties syriennes d’établir des mesures de confiance comme l’échange de prisonniers, insistant sur le fait que l’avenir de la Syrie doit être défini par les Syriens eux-mêmes.

Mme GOOLAB (Afrique du Sud) a plaidé en faveur de la formation du comité constitutionnel dans les meilleurs délais.  « Nous saluons les efforts de l’Envoyé spécial en vue de finaliser la composition d’un comité crédible et équilibré », a-t-il ajouté.  Il a également appelé toutes les parties à tenir leur engagement de réserver aux femmes 30% des sièges au sein du comité, dans la mesure où il est clairement établi que les femmes offrent une perspective unique sur les questions de paix et de réconciliation « qui ne peut être ignorée ».  La représentante a accusé certaines parties de tirer parti de la situation en Syrie pour promouvoir leurs propres intérêts et revendiquer le contrôle de territoires occupés illégalement.  Ceci, a estimé Mme Goolab, ne saurait être permis et le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et condamner de tels actes. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a appelé à la fin des activités des groupes terroristes encore présents à Edleb et à la formation d’un comité constitutionnel.  Elle s’est félicitée des réunions qui viennent d’avoir lieu à Genève et à Damas entre l’Envoyé spécial et les parties pour tenter de faire avancer cette question.  Le processus de paix ne pourra commencer qu’après la formation du comité, a estimé la représentante, exhortant les autorités syriennes à privilégier la coopération avec l’Envoyé spécial pour parachever ce processus.  Elle a en outre voulu que l’on intègre de nouveaux États, en qualité d’observateurs, au processus de négociation de Nour-Soultan, afin d’assoir davantage la légitimé des décisions prises dans le cadre de ces consultations.  Tout en réaffirmant le rôle de Genève en tant que « siège d’une solution politique », la représentante a encouragé l’Envoyé spécial à envisager toutes les possibilités pour parvenir à la formation du comité constitutionnel.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a rappelé que la situation humanitaire en Syrie est inquiétante, estimant que la protection de la population et une réponse humanitaire collective doivent être la priorité.  Elle a invité les parties au conflit à renoncer aux détentions arbitraires, aux prises d’otage ou aux déplacements forcés.  Tout en appelant à la lutte résolue contre le terrorisme, la représentante a aussi invité les parties à éviter toute escalade du conflit dans le nord-est, au risque de voir resurgir Daech. Elle a souligné que la seule voie vers une sortie de crise dans le pays est un accord politique intrasyrien, en droite ligne de la résolution 2254 (2015) et du Communiqué de Genève.  Elle a appelé la Fédération de Russie et la Turquie à préserver leur accord afin de stabiliser la situation à Edleb.  À son tour, elle s’est impatientée des retards dans la constitution du comité constitutionnel.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déclaré que si le processus de Nour-Soultan et les initiatives portées par les Nations Unies permettent d’entretenir l’espoir d’une paix durable en Syrie, l’impact négatif de la reprise des hostilités dans la zone de désescalade du nord de la Syrie notamment dans les provinces de Hama, d’Edleb, d’Alep et de Lattaquié suscite quelques appréhensions.  Le représentant s’est particulièrement inquiété des graves conséquences de la reprise des combats sur une situation humanitaire déjà préoccupante dans cette région où l’escalade des hostilités depuis février 2019 aurait fait plus de 200 morts et 120 000 déplacés selon la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires de l’ONU et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.  M. Moriko a ainsi appelé les protagonistes de la crise syrienne à cesser immédiatement les hostilités et à créer les conditions favorables à la fourniture de l’assistance humanitaire aux populations affectées par le conflit.    

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit préoccupé par le regain de violence dans le nord de la Syrie.  Il a appelé à accélérer encore davantage la libération des prisonniers et à créer les conditions favorables à un retour des personnes déplacées dans la zone d’installation improvisée de Roukban. S’agissant du comité constitutionnel, le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à un quota de 30% de femmes.  Il a indiqué que l’Allemagne ne soutiendrait pas la reconstruction en l’absence d’un processus politique crédible, qui doit selon lui impérativement passer par la formation du comité constitutionnel. 

Le représentant a par ailleurs constaté que le régime syrien continue d’arrêter de nombreuses personnes dans le sud-ouest du pays.  Des dizaines de milliers d’individus demeurent ainsi incarcérés « sur la base d’accusation parfois fallacieuses » dans les geôles du régime, a-t-il déploré, appelant Damas à ouvrir l’accès des prisons aux organisations humanitaires. Les « atrocités sans nom » commises par toutes les parties au conflit restent un véritable problème, a en outre reconnu le représentant, soulignant que la lutte contre l’impunité est la condition sine qua non d’une paix pérenne.  Il a par conséquent voulu que l’on traduise les responsables de crimes en justice car « il n’y aura pas de paix nationale sans réconciliation nationale », a-t-il insisté. Le représentant a demandé à l’Envoyé spécial s’il pouvait en dire davantage sur le mandat, le règlement intérieur et la composition du comité constitutionnel et revenir sur l’importance de la lutte contre l’impunité.

L’Envoyé spécial a d’abord insisté sur l’importance d’un processus de paix « pour et par les Syriens ».  Il s’est fait l’écho des préoccupations exprimées par les membres du Conseil face à la résurgence des combats, notamment à Edleb.  Toutefois, a-t-il précisé, la situation dans la zone est « relativement plus stable » depuis le cessez-le-feu qui a fait l’objet d’un accord entre la Fédération de Russie et la Turquie. Il a donc invité les deux pays à accroître leurs patrouilles dans la zone pour veiller au respect de l’accord.  S’agissant du comité constitutionnel, l’Envoyé spécial a indiqué qu’il s’efforce de parvenir à un format acceptable pour tous.  Cela pourrait être un tremplin pour le début d’un processus politique.  Mais sans la volonté de mener à bien un tel processus et sans le soutien du Conseil, le comité constitutionnel restera lettre morte, a-t-il mis en garde. Il a de nouveau appelé Damas à prendre des mesures unilatérales pour accélérer la libération des détenus et des personnes disparues.  Après huit ans de guerre, il est difficile pour les parties de faire les premiers pas, a-t-il admis.  Il est donc important qu’elles sachent que « le Conseil continue de m’appuyer et de soutenir le processus politique ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: « à la croisée des chemins », le Soudan et le Soudan du Sud doivent régler toutes les questions en suspens relatives à Abyei

8519e séance – matin
CS/13796

Conseil de sécurité: « à la croisée des chemins », le Soudan et le Soudan du Sud doivent régler toutes les questions en suspens relatives à Abyei

« À la croisée des chemins » sur le plan de leurs situations politiques intérieures, le Soudan et le Soudan du Sud doivent prendre appui sur l’amélioration récente de leurs relations pour faire avancer leur dialogue politique et régler toutes les questions en suspens relatives à Abyei, une région au statut administratif spécial située à la frontière des deux pays.

Tel a été, en substance, le constat dressé, ce matin, par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, devant le Conseil de sécurité, auquel il présentait le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur les activités de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) au cours des six derniers mois.

Les parties ont certes accompli des progrès notables sur cinq des sept objectifs énoncés dans la résolution 2438 (2018).  Elles continuent ainsi de donner leur accord à toutes les patrouilles de la FISNUA, qui a établi deux bases d’opérations dans la zone frontalière sécurisée et démilitarisée, après les efforts pour sensibiliser les autorités locales sud-soudanaises et dissiper les craintes des communautés frontalières, a expliqué le haut fonctionnaire.

Mises à part quelques violences sporadiques, la situation sécuritaire est restée généralement calme au cours de la période considérée.  « Il s’agit de la première saison migratoire depuis 2015 pour laquelle il n’est plus nécessaire de mettre en œuvre la ligne de désengagement, qui avait été instituée par la FISNUA pour empêcher la violence intercommunautaire à grande échelle lors de la migration annuelle des Misseriya et de leur bétail dans la région d’Abyei », s’est félicité M. Lacroix.

En outre, le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité a été convoqué en sessions ordinaires en octobre 2018 et en mars 2019, témoignant d’une amélioration des relations entre les deux Soudan.  Si les discussions relatives à la démarcation de la frontière ont nettement progressé, aucun progrès, en revanche, n’a été accompli en ce qui concerne l’ouverture de tous les couloirs de passage de la frontière et la mise en place de bureaux des douanes et des migrations, a regretté M. Lacroix.  En outre, le redéploiement des forces de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée demeure « un défi ».

Autres défis pour l’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Corne de l’Afrique, M. Parfait Onanga-Anyanga: les obstacles entourant la mise en œuvre de l’accord revitalisé pour la résolution du conflit au Soudan du Sud et les incertitudes pesant sur les « transformations politiques délicates » en cours au Soudan, après la destitution du Président Omar el-Béchir.

Avec l’éviction de l’ex-Président el-Béchir, il est à craindre que l’absence de l’un des principaux garants de l’accord de paix revitalisé ait un impact négatif sur sa mise en œuvre, s’est inquiété l’Envoyé spécial, qui a dit également redouter les conséquences négatives que le changement de pouvoir pourrait avoir sur les efforts de paix dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu. 

Le représentant soudanais a assuré le Conseil que son gouvernement reste déterminé à honorer tous les accords qui le lient au Soudan du Sud, en particulier l’Accord sur les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei du 20 juin 2011 et celui de 2012 sur la coopération.  Son homologue sud-soudanais s’est montré pareillement optimiste, en souhaitant que le processus en cours permette de créer un environnement favorable à la détermination du statut final.

Questionné par plusieurs membres du Conseil, dont l’Allemagne, le délégué soudanais s’est expliqué sur les raisons des retards dans la délivrance des 130 visas au personnel de la FISNUA.  Notre gouvernement, s’est-il expliqué, ne veut pas « prendre des décisions précipitées susceptibles d’avoir un impact sur la situation sur le terrain ».  Dans son rapport, le Secrétaire général exhorte le Soudan « à délivrer rapidement les visas, pour permettre à la [Force] d’accroître ses effectifs de police afin de régler les problèmes relatifs à l’état de droit dans la zone d’Abyei ».  Un sentiment dont le Secrétaire général adjoint s’est fait aujourd’hui l’écho, en soulignant que la « criminalité » reste le problème principal de la région.

À 15 jours de l’expiration de son mandat, la reconfiguration du mandat de la FISNUA a été discutée par les membres du Conseil qui, dans l’ensemble, se sont déclarés d’accord avec le chef de l’Organisation qui recommande une prorogation de six mois, assortie d’un renforcement de sa composante civile à l’appui du processus politique.  « Le soutien proposé est particulièrement pertinent compte tenu de la situation interne difficile des deux pays.  Il est important d’éviter que le différend autour d’Abyei et des régions frontalières entre le Soudan et le Soudan du Sud ne dégénère en un autre conflit gelé pour préserver les acquis de la FISNUA », a analysé le Secrétaire général adjoint.

Des États-Unis au Pérou, en passant par la France, les membres du Conseil n’ont pas manqué de souligner à quel point le déploiement des personnels de police était nécessaire.  Tout en saluant le travail de la délégation porte-plume –les États-Unis– , le Koweït a exigé que l’insertion de toute nouvelle mesure de la Force soit décidée en consultations étroites avec les parties soudanaise et sud-soudanaise, qui doivent, selon lui donner, leur consentement préalable à toute reconfiguration. 

Pour la Côte d’Ivoire, la prorogation de six mois du mandat de la Force, jusqu’au 15 octobre 2019, serait une « exhortation » du Conseil aux parties soudanaise et sud-soudanaise à œuvrer davantage à la recherche des solutions durables à leurs différends frontaliers, au travers de la mise en œuvre des accords relatifs à la frontière et de l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de ladite frontière.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2019/319)

Déclarations

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a déclaré qu’en dépit de violences sporadiques, la situation à Abyei est généralement restée calme et stable au cours de la période à l’examen, y voyant la preuve des efforts des communautés ngok dinka et misseriya pour préserver la paix dans la zone.  Il s’agit de la première saison migratoire depuis 2015 pour laquelle il n’est plus nécessaire de mettre en œuvre la ligne de désengagement, qui avait été instituée par la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) pour empêcher la violence intercommunautaire à grande échelle lors de la migration annuelle des Misseriya et de leur bétail dans la région d’Abyei, expliqué le haut fonctionnaire.  Une situation rendue possible par l’engagement des communautés en faveur d’un dialogue en vue de réduire les tensions, facilité par la FISNUA qui dispose d’une solide implantation militaire.  Simultanément, et malheureusement, a constaté le Secrétaire général adjoint, il n’y a eu aucun progrès tangible dans la poursuite du dialogue politique entre le Soudan et le Soudan du Sud sur la question d’Abyei depuis les consultations précédentes du Conseil sur la question.  « Le Comité mixte de contrôle d’Abyei ne s’est pas réuni depuis novembre 2017 », a relevé M. Lacroix.

Les parties, a-t-il noté, ont accompli des progrès notables sur cinq des sept objectifs énoncés dans la résolution 2438 (2018).  Elles continuent ainsi de donner leur accord à toutes les patrouilles de la FISNUA, qui a établi deux bases d’opérations dans la zone frontalière sécurisée et démilitarisée des 14 miles, à la suite des efforts de sensibilisation déployés par les autorités locales sud-soudanaises pour dissiper les craintes des communautés frontalières.  Le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité a été convoqué en sessions ordinaires en octobre 2018 et en mars de cette année, ce qui signifie qu’ils ne se sont pas tenus sous les auspices du Groupe de haut niveau sur la mise en œuvre de l’Union africaine (UA), comme par le passé.  Cela indique une amélioration des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Si les discussions relatives à la démarcation de la frontière ont nettement progressé, les parties ayant décidé de délimiter certains segments, aucun progrès en revanche n’a été accompli en ce qui concerne l’ouverture de tous les couloirs de passage de la frontière et la mise en place de bureaux des douanes et des migrations.  En outre, le redéploiement des forces de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée reste un défi.  En décembre dernier, l’équipe de Tishwin avait annoncé le remplacement de l’armée soudanaise par du personnel de police installé dans un camp se trouvant dans sa zone de responsabilité.

En ce qui concerne l’évolution de la situation au Soudan, jusqu’à présent, il n’y a eu aucun impact négatif visible sur les opérations de la FISNUA et « il est trop tôt pour dire si cela offrira des possibilités de règlement du différend sur Abyei », a poursuivi le haut fonctionnaire.  La mission maintient le contact avec des interlocuteurs au niveau opérationnel pour assurer la continuité des opérations.  Toutefois, la mission et ce quartier général restent attentifs aux problèmes qui pourraient entraver la mise en œuvre du mandat.  S’agissant de la demande formulée par le Conseil dans la résolution 2445 (2018) visant à reconfigurer la FISNUA, en particulier la réduction de ses effectifs et la hausse du nombre de policiers, « le processus a été retardé », a indiqué le Secrétaire général adjoint.  « Pour la première phase de réduction, 360 soldats devaient être rapatriés d’ici au 15 mars.  Cela n’a pas encore eu lieu, entre autres en raison de l’accident d’hélicoptère en date du 9 février, qui a entraîné une pénurie de moyens aériens, et de la situation actuelle au Soudan », a expliqué M. Lacroix.  Il est donc prévu que le processus de rapatriement commence le 12 mai et s’achève dans une semaine.  En ce qui concerne la hausse des personnels de police, bien que leur sélection ait été achevée, 130 visas requis par le Gouvernement soudanais pour leur déploiement restent en suspens, a regretté le haut fonctionnaire.  Or, « la criminalité demeurant le principal problème dans la région d’Abyei », M. Lacroix a demandé au Conseil d’inviter les parties à prendre de nouvelles mesures pour remédier aux problèmes de maintien de l’ordre et d’encourager le Soudan du Sud à poursuivre l’exercice de planification conjoint en vue de la création du service de police d’Abyei.

En outre, conformément à la demande formulée dans la résolution 2445 (2018), le rapport dont le Conseil de sécurité est saisi propose de renforcer la composante civile de la FISNUA à l’appui du processus politique.  La composante civile proposée permettrait à la mission d’aider les parties, le Groupe de mise en œuvre haut niveau de l’UA et la Commission de l’UA à faire progresser les solutions.  « Ce changement modeste du rôle de la Mission est nécessaire pour faire face à la réalité sur le terrain », a estimé le Secrétaire général adjoint.  « Le soutien proposé est particulièrement pertinent compte tenu de la situation interne difficile des deux pays.  Il est important d’éviter que le différend autour d’Abyei et des régions frontalières entre le Soudan et le Soudan du Sud ne dégénère en un autre conflit gelé et de préserver les acquis de la FISNUA ».  La Force continue de jouer un rôle stabilisateur dans la zone d’Abyei et le long des régions frontalières.  « Toutefois, elle ne peut que fournir un environnement favorable aux parties », a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Le Soudan et le Soudan du Sud devraient poursuivre sur la voie positive ouverte par l’amélioration des relations et renforcer leur coopération en vue de faire progresser le règlement de leurs différends.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de continuer à appuyer les recommandations du Secrétaire général énoncées, en vue de poursuivre la reconfiguration de la mission et de prolonger son mandat de six mois.

Le Soudan et le Soudan du Sud sont tous deux « à la croisée des chemins », a estimé, en introduction, M. PARFAIT ONANGA-ANYANGA, Envoyé spécial des Nations Unies pour la Corne de l’Afrique, qui s’exprimait devant le Conseil pour la première fois sur la mise en œuvre de la résolution 2046 (2012) relative aux questions en suspens entre Khartoum et Djouba, ainsi qu’entre les États soudanais du Kordofan et du Nil-Bleu.  Parmi ces défis majeurs, l’Envoyé spécial a mentionné les obstacles entourant la mise en œuvre de l’accord revitalisé pour la résolution du conflit au Soudan du Sud et les incertitudes pesant sur les « transformations politiques délicates » en cours au Soudan.  En effet, le pays a connu de profonds bouleversements à la suite des manifestations de décembre 2018, a rappelé M. Onanga-Anyanga, en référence aux mouvements populaires à l’origine de la destitution du Président Omar el-Béchir, le 11 avril dernier.  Les parties prenantes soudanaises doivent encore se mettre d’accord sur des dispositions transitoires et institutionnelles, a précisé l’Envoyé spécial, ajoutant que la situation actuelle n’était pas incompatible avec la poursuite de l’amélioration des relations bilatérales entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Il a toutefois indiqué que les nouvelles autorités pourraient avoir besoin « d’un peu de temps » pour s’engager « activement » dans cette voie, notamment en ce qui concerne les questions frontalières, les « deux zones » et Abyei.

Au titre des avancées, l’Envoyé spécial a mentionné la signature et la mise en œuvre de l’accord revitalisé pour la résolution du conflit au Soudan du Sud, facilité par le Gouvernement soudanais en septembre 2018.  En contrepartie, le Président du Soudan du Sud, M. Salva Kiir, avait accepté la demande de l’ex-Président el-Béchir de s’investir dans le règlement du conflit entre le Gouvernement du Soudan et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N).  Depuis lors, M. Onanga-Anyanga a précisé que Djouba avait organisé des rencontres avec le SPLM-N dans le but d’unifier ses différentes factions.  À la suite des troubles survenus au Soudan en décembre dernier, cependant, les négociations entre factions ont été suspendues et aucune date n’a été fixée pour leur reprise, a-t-il noté.

Avec l’éviction de l’ex-Président el-Béchir, il est à craindre que l’absence de l’un des principaux garants de l’accord de paix revitalisé puisse avoir un impact négatif sur sa mise en œuvre, s’est inquiété l’Envoyé spécial, qui a dit redouter également les conséquences négatives que le changement de pouvoir pourrait avoir sur les efforts de paix dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu.  Compte tenu de ces préoccupations, M. Onanga-Anyanga a appelé le Soudan à continuer de soutenir la mise en œuvre de l’accord de paix revitalisé.  Au Soudan du Sud, il a demandé de continuer de jouer un rôle constructif dans la résolution des conflits au Soudan.

L’Envoyé spécial a par ailleurs noté que le Soudan et le Soudan du Sud avaient continué à coopérer sur des questions de sécurité bilatérales, bien que peu de progrès substantiels aient été signalés, comme en témoigne selon lui le maintien du « statu quo » concernant le statut final d’Abyei.  En l’absence d’une administration conjointe et de progrès concernant ce statut final, M. Onanga-Anyanga a précisé que la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) demeurait au cœur de la prévention et du règlement des conflits intercommunautaires et de la réduction des tensions à Abyei.  L’Envoyé spécial a indiqué que, au cours des prochaines semaines, il entendait encourager les autorités de Khartoum et de Djouba à porter un « regard neuf » sur le dossier d’Abyei, en mettant l’accent sur la mise en œuvre « d’arrangements temporaires » pour l’administration d’Abyei et la tenue « d’échanges » concernant son statut final.

S’agissant du conflit dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, et du processus mené par le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA, M. Onanga-Anyanga a indiqué que le SPLM-N prenait ses distances par rapport à la transition en cours à Khartoum.  Cependant, il a estimé que la transition politique au Soudan pouvait aboutir à la création de nouvelles institutions « mieux équipées pour s’attaquer aux causes profondes des conflits soudanais ». 

L’Envoyé spécial a en outre rappelé que le Conseil militaire de transition avait, immédiatement après l’éviction de l’ex-Président el-Béchir, déclaré un cessez-le-feu unilatéral dans tout le Soudan, auquel le SPLM-N a répondu par une mesure similaire dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, jusqu’au 31 juillet.  Le Conseil militaire de transition a également appelé les groupes armés à se joindre à la transition politique.  Cependant, M. Onanga-Anyanga a indiqué que le SPLM-N avait refusé de s’entretenir avec le Gouvernement soudanais de sa possible participation au dialogue constitutionnel.  L’une des conditions préalables demandées par le SPLM-N pour garantir sa participation était la tenue du dialogue constitutionnel en dehors du Soudan, une demande rejetée par Khartoum. 

Selon l’Envoyé spécial, les négociations futures entre le SPLM-N et les nouvelles autorités soudanaises doivent se centrer sur trois questions « litigieuses », à savoir le droit éventuel à l’autodétermination du SPLM-N dans les États du Kordofan méridional et du Nil-Bleu, la suspension de la loi islamique dans ces zones et la possibilité pour le SPLM-N de maintenir ses forces armées dans un contexte post-conflit.  Pour l’instant, a noté M. Onanga-Anyanga, rien n’indique que les nouvelles autorités de Khartoum seront disposées à adopter une position différente de leurs prédécesseurs en ce qui concerne l’autodétermination et les forces armées. 

M. Onanga-Anyanga a appelé, en conclusion, à capitaliser sur les cessations unilatérales des hostilités pour encourager les parties, en coordination étroite avec le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA, à aborder la résolution des conflits au Soudan dans la perspective du « nouvel ordre politique ».

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est réjoui que la situation en matière de sécurité à Abyei ait été généralement calme au cours des derniers mois.  Alors que la situation politique à Khartoum et à Djouba demeure instable, le réchauffement des relations entre le Soudan et le Soudan du Sud et la stabilisation de la sécurité indiquent que ces deux pays peuvent tirer parti des intérêts communs qui sont les leurs le long de leur frontière et œuvrer ensemble à la résolution des différends frontaliers.  M. Hunter a regretté que le Conseil n’ait pas été informé de l’état d’avancement des efforts de l’Union africaine en dépit des demandes répétées adressées au Groupe de mise en œuvre de haut niveau.  « Un engagement politique soutenu de l’UA sur les problèmes frontaliers du Soudan et du Soudan du Sud est essentiel pour faire en sorte que les deux pays restent engagés et résolus à les résoudre. »

Les États-Unis se sont déclarés déçus que la réduction des effectifs militaires et la hausse des effectifs de police convenus entre le Conseil et les parties n’aient pas encore été mises en œuvre.  « Nous appelons le Soudan à fournir sans délai des visas aux forces de police des Nations Unies et l’Éthiopie à retirer les soldats de la paix conformément au mandat en cours ».  La délégation a également demandé une réduction raisonnable du personnel en uniforme de la FISNUA, ainsi que l’augmentation du nombre de policiers par rapport aux effectifs militaires.  « Une telle réorientation est nécessaire pour que la FISNUA continue de s’acquitter de son rôle primordial de protéger les civils et de réduire les menaces principalement criminelles. »  Par ailleurs, les États-Unis ont appelé à une composante civile dans le leadership de la FISNUA pour faciliter davantage l’engagement des parties et créer un espace pour le règlement des questions politiques.

M. TAREQ M. A. M. ALBANAI (Koweït) a dit qu’il était préoccupé par la présence d’éléments militaires extérieures à la zone d’Abyei, ce qui justifie, selon lui, le déploiement d’une unité de police dans cette zone.  Réaffirmant le soutien de sa délégation à la FISNUA, le délégué a demandé à ce qu’il y ait une démarche pour préserver la sécurité dans la zone.  Pour ce qui est du renouvellement du mandat de la Force, le représentant du Koweït a salué le travail de la délégation porte-plume, mais a exigé que l’insertion de toute nouvelle mesure dans son mandat soit décidée en consultation étroite avec les parties soudanaise et sud-soudanaise.  Il a insisté pour obtenir leurs consentements respectifs notamment en ce qui concerne la reconfiguration de la mission. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que la présence de la FISNUA demeure essentielle à la stabilité d’Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud.  Cependant, nous devons continuer à encourager les deux pays à résoudre les questions en suspens, a fait observer le représentant, qui a regretté le manque de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei du 20 juin 2011, de même que dans le retrait des forces de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et l’ouverture de services de migrations et de bureaux de douanes.  La délégation a salué, en conclusion, la proposition du Secrétaire général de reconfigurer la FISNUA pour revitaliser le processus politique. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a regretté que le processus politique n’avance pas suffisamment, avec l’absence de progrès dans la mise en œuvre de l’accord de 2011 sur la zone d’Abyei.  Elle a amplifié l’appel du Secrétaire général aux parties à relancer le processus politique afin que ce conflit ne devienne pas un énième conflit gelé.  La seule présence de la FISNUA ne suffira pas à régler la question d’Abyei, a-t-elle estimé.  Seul l’engagement sincère et déterminé des deux parties à régler leurs différends avec le soutien de l’Union africaine et des Nations Unies permettra d’avancer vers une solution durable.  La mise en place du service de police d’Abyei ou encore la réunion du Comité de supervision conjoint constituent des étapes indispensables en ce sens.  Mme Gueguen a ajouté que les évolutions politiques au Soudan représentent une opportunité à saisir pour inciter les parties à relancer le processus politique. 

Mme Gueguen a ensuite évoqué la reconfiguration de la FISNUA.  Estimant que les recommandations du Secrétaire général dans sa lettre du 20 août dernier et dans son dernier rapport donnent une bonne base pour cela, elle a plaidé pour un renforcement supplémentaire de la composante police de la mission, pour faire face au défi de la criminalité, notamment sur le marché d’Amiet.  Ces forces de police ont également vocation à prévenir l’escalade des tensions intercommunautaires.  La déléguée a regretté que l’unité de police jordanienne qui devait être déployée n’ait pas pu l’être faute de visas.  Elle a appelé les autorités soudanaises à tout faire pour faciliter la mise en œuvre de la résolution 2445 (2018) dans les meilleurs délais.  Elle a aussi estimé important de renforcer la composante civile de la mission en déployant une section politique et en nommant un civil au poste d’adjoint au chef de mission.  Cela permettrait à la FISNUA de mieux prévenir les conflits locaux et de renforcer la coopération avec le groupe de travail de haut niveau de l’Union africaine, a-t-elle souligné. 

Inquiet face aux incidents sporadiques et à cause de la criminalité dans la zone d’Abyei, M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS YABRA (République dominicaine) a néanmoins reconnu les progrès réalisés par les deux pays concernant la question d’Abyei.  Il a demandé aux parties soudanaise et sud-soudanaise de bâtir la paix sur les efforts déployés jusqu’ici.  La question d’Abyei ne devrait pas devenir un conflit prolongé, a-t-il averti.  « Le temps presse », a noté le délégué qui a déploré l’absence de plan de paix viable au moment où la fin de la mission se précise.  La probabilité d’éclatement de nouveau confit est élevée après le retrait de la Force, a-t-il mis en garde.  Le représentant a aussi souhaité que la dynamique nouvelle à Khartoum n’ait pas d’incidences sur Abyei.  S’agissant de la reconfiguration de la FISNUA, il a notamment plaidé pour que le rôle actuel du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière soit davantage mis en exergue. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a constaté que le rôle de médiateur de la FISNUA avait permis de répondre avec efficacité aux situations de violence à Abyei, saluant également son rôle de renforcement des capacités de maintien de l’ordre public, d’état de droit et d’égalité entre les sexes.  Il a insisté sur la nécessité urgente d’établir une force de police à Abyei et a appelé le Gouvernement du Soudan du Sud à poursuivre le travail de planification conjointe dans ce sens, et le Gouvernement du Soudan à accélérer la délivrance de visas au personnel de police de la FISNUA.

Le représentant s’est par ailleurs inquiété de l’augmentation de la crise économique dans les deux pays et de son impact sur la situation humanitaire à Abyei et a espéré que l’appui de la coopération internationale à des projets de développement pourra se poursuivre.  S’agissant de la démarcation des frontières, il s’est inquiété du manque de progrès dans l’achèvement du retrait des forces de la zone frontalière démilitarisée et l’établissement de passages frontaliers.  La construction d’une paix durable, a-t-il par ailleurs souligné, nécessite de faire avancer le processus politique.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) s’est déclaré satisfait de l’évolution récente de la situation sur le terrain, en dépit des incidents violents épisodiques.  Il s’est toutefois dit inquiet des tensions intercommunautaires, estimant que l’engagement de la FISNUA sur le terrain demeure absolument vital.  Il a exhorté les autorités à délivrer les visas toujours en suspens aux personnels de la Force.  Après avoir rappelé que son gouvernement a contribué à hauteur de 40 millions de dollars d’aide humanitaire d’urgence dans la région d’Abyei, le représentant a, s’agissant du renouvellement du mandat, appuyé la durée proposée de six mois tout en soutenant l’élargissement de la composante civile à l’appui du processus politique. 

La Belgique soutient l’accord trouvé par les parties soudanaises le 27 avril, a indiqué Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique).  Elle les encourage à continuer le dialogue pour trouver une solution fondée sur le respect de l’ordre constitutionnel et transférant le pouvoir à une autorité politique de transition dirigée par des civils, conformément à la volonté du peuple du Soudan.  Saluant la situation sécuritaire relativement calme dans la zone d’Abyei, la représentante a remarqué qu’elle n’en reste pas moins tendue et imprévisible, en raison des défis qui restent à relever sur les fronts politique, humanitaire et économique. La situation peut rapidement se détériorer, a-t-elle dit craindre.  Par conséquent elle a dit partager l’avis du Secrétaire général selon lequel il est crucial de maintenir la présence de la FISNUA.

Elle est revenue sur la nécessité de trouver une solution politique, en expliquant que la priorité pour le Conseil de sécurité est de veiller à la stabilité dans la région.  La responsabilité principale de la mise en œuvre des Accords de 2011 et 2012 revient en premier lieu aux gouvernements des deux pays.  Mais, force est de constater qu’aucun progrès n’a été fait dans les engagements convenus depuis novembre dernier.  La déléguée a donc demandé que le Conseil encourage les Gouvernements soudanais et sud-soudanais à créer rapidement les mécanismes communs, à avancer sur la démarcation des frontières et, à plus long terme, à élaborer une solution politique qui permette le règlement du statut final de la zone d’Abyei et des autres litiges frontaliers.  La Belgique appelle le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine à revitaliser son soutien au dialogue politique entre les parties.

Rappelant que d’ici 15 jours le Conseil devra renouveler le mandat de la FISNUA, la représentante a soutenu les recommandations du Secrétaire général, en particulier celle consistant à renforcer la composante civile de la mission, en vue de faciliter la redynamisation du processus politique pour pouvoir élaborer une éventuelle stratégie de sortie.  Le Conseil devrait aussi, selon elle, considérer comment adapter les composantes militaire et policière de la mission pour répondre efficacement au défi de la criminalité dans la région, en l’absence de forces de sécurité nationales.  En conclusion, la représentante a insisté sur le fait qu’il n’existe pas d’autres options que le dialogue pour résoudre la question d’Abyei.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) s’est dit préoccupé par la persistance des actes de criminalité et de violence intercommunautaire en dépit de la relative stabilité qui prévaut dans la zone d’Abyei.  Il s’est aussi dit préoccupé par la recrudescence des troubles à l’ordre public qui justifie la nécessité urgente pour les parties soudanaise et sud-soudanaise de mettre en place conjointement le service de police d’Abyei et de permettre le déploiement rapide des unités de police conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux accords signés.  S’agissant de la situation politique, le représentant a regretté que les parties n’aient pas été en mesure de tirer profit de l’amélioration récente de leurs relations, pour accélérer la mise en œuvre des dispositions de l’accord de 2011 relatives aux arrangements temporaires pour l’administration et la sécurité d’Abyei.

Le délégué a exhorté les parties à œuvrer au déploiement rapide d’une administration commune pour la zone d’Abyei afin de consolider les acquis enregistrés avec l’appui de la FISNUA.  Abordant enfin la mise en œuvre du mandat de la FISNUA, le représentant a indiqué que la prorogation du mandat de la FISNUA jusqu’au 15 octobre 2019 traduit la reconnaissance du Conseil de sécurité des progrès accomplis par les parties notamment la mise en œuvre des mesures comprises au paragraphe 3 de la résolution 2438 (2018).  C’est une exhortation du Conseil aux parties soudanaise et sud-soudanaise d’œuvrer davantage pour trouver des solutions durables à leurs différends frontaliers, à travers la mise en œuvre des accords relatifs à la frontière et l’opérationnalisation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de ladite frontière.

M. SHAOJUN YAO (Chine) a invité la communauté internationale à continuer de soutenir la coopération démontrée jusqu’à présent par les Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud.  La FISNUA doit pouvoir continuer de s’acquitter de son mandat dans les meilleures conditions possibles, a-t-il souligné, avant d’indiquer que son pays est prêt à travailler avec les pays africains et les organisations régionales pour aider les parties.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a relevé le réchauffement de la relation entre les deux pays depuis 2018.  Le représentant a appelé à utiliser cette embellie pour régler la question d’Abyei.  Il est également important de renforcer les relations avec les communautés locales dans l’objectif de permettre une coopération sur le maintien de l’ordre, a estimé le délégué.  Il a en outre constaté le vide de pouvoir dans la région d’Abyei et a souhaité que les deux parties maintiennent un contact régulier afin de résoudre cette question.  Il faut que la dynamique permette des avancées sur le terrain, a-t-il encouragé.  L’absence d’appui au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière risque de déstabiliser la situation dans la zone d’Abyei, a averti le délégué russe qui a affirmé que l’on connaît les obstacles qui empêchent de parvenir au statut final d’Abyei.  C’est la raison pour laquelle le renouvellement du mandat de la FISNUA devrait prendre en compte les avis du Soudan et du Soudan du Sud, a-t-il dit. 

M. VICTOR MANUEL ELÉ ELA (Guinée équatoriale) s’est dit préoccupé par la détérioration de l’ordre public à Abyei.  Pour y remédier, il a appelé le Soudan et le Soudan du Sud à faire avancer les travaux de planification en vue de l’établissement d’une unité de police à Abyei, via l’octroi de visas pour augmenter les effectifs de police de la FISNUA.  Le représentant a par ailleurs estimé que les évènements politiques récents au Soudan ne peuvent pas être séparés des questions liées à Abyei, à la FISNUA et au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière.  Compte tenu de « l’incertitude » actuelle, il a appelé le Conseil à s’abstenir de prendre des décisions nouvelles concernant le Soudan, pour donner le temps au nouveau Gouvernement du pays de « dévoiler ses intentions » concernant Abyei et le Soudan du Sud.  D’ici là, le représentant a appelé le Conseil à se cantonner à la vérification du maintien de la stabilité sur l’ensemble du territoire national et du respect des accords passés.  Dans ce cadre, il a estimé que les effectifs de la FISNUA ne doivent pas être revus à la baisse, « bien au contraire », pour préserver les progrès réalisés.  Le représentant a enfin appelé les parties à renouveler en priorité leur engagement à mettre en œuvre les accords conclus en 2011.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de la situation sécuritaire relativement stable à Abyei, tout en reconnaissant les nombreux défis qui se posent sur les fronts politique, humanitaire et économique.  Ainsi a-t-elle regretté le manque de progrès dans la mise en œuvre de l’Accord relatif aux arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei du 20 juin 2011, qui perpétue un « vide administratif ».  Elle a encouragé les autorités soudanaises et sud-soudanaises à s’appuyer sur le rapprochement opéré entre les deux parties ces derniers mois pour parvenir à une solution durable à Abyei.  Après avoir constaté à regret que la hausse du personnel de police reste à mettre à œuvre, Mme Wronecka a apporté son soutien à une prorogation de six mois du mandat de la FISNUA, tout en considérant que la mission devra être en mesure d’aider les parties à parvenir à un règlement politique de la situation. 

Mme NICHOLA NAKULUNGA SABELO (Afrique du Sud) a noté avec préoccupation que la violence intercommunautaire se poursuit.  Alors que la menace armée dans la zone d’Abyei demeure limitée, la présence de groupes armés risque d’enflammer les tensions entre les communautés.  En l’absence d’une police à Abyei, la Police des Nations Unies devrait continuer de conseiller et d’épauler les comités du maintien de l’ordre, a estimé le représentant.  À la lumière des discussions sur le renouvellement du mandat de la FISNUA, elle a souligné qu’il faut tenir compte de la situation politique actuelle au Soudan pour ne pas détériorer l’environnement actuel.  La mission devrait appuyer les deux gouvernements et l’Union africaine pour trouver une solution politique au conflit. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a réitéré, concernant la situation au Soudan, l’appel de l’UA et de la Haute Représentante de l’Union européenne pour le transfert du pouvoir à un gouvernement civil de transition.  Il a exhorté toutes les parties à aller dans cette direction et à travailler d’urgence à une transition politique.  S’agissant du Soudan du Sud, le processus de paix est à la croisée des chemins, a-t-il noté en soulignant que le 12 mai s’approche rapidement alors que les questions essentielles concernant les arrangements sécuritaire et frontalière restent ouvertes.  Les responsables sud-soudanais doivent assumer leurs responsabilités et ouvrir la voie à une période de transition en réglant ces questions y compris la mise en place d’un gouvernement de transition d’unité nationale avant le 12 mai et l’élaboration de plan clair pour mener à bien le travail.

Pour ce qui est du renouvellement du mandat de la FISNUA, il a souhaité que la Mission ait la capacité de réduire le taux de criminalité, de soutenir les processus de paix au niveau communautaire, la médiation et le dialogue, et de renforcer son appui à la Commission de l’UA et au Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA, ainsi qu’aux deux parties.  S’agissant du processus politique, le représentant a appelé les deux parties à une appropriation responsable.  La communauté internationale ne peut pas résoudre les questions en suspens, a-t-il souligné en affirmant que seuls les gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud peuvent le faire.  Si nous devons et pouvons soutenir le processus, les parties prenantes locales ne doivent pas avoir la fausse impression qu’elles peuvent se cacher éternellement dernière la communauté internationale, a prévenu le représentant en les appelant à faire des progrès tangibles et à suivre un calendrier défini.  Le représentant a appelé les parties à reprendre les réunions régulières du Comité mixte de contrôle d’Abyei et du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et de mener des consultations sur Abyei au niveau ministériel.  Il est essentiel d’assurer une participation pleine et significative des femmes à toutes les étapes du processus politique et du maintien de la paix à Abyei, a-t-il ajouté. 

M. OMER AHMED MOHAMED AHMED (Soudan) a dit que son gouvernement est engagé à mettre en œuvre tous les accords qui le lient au Soudan du Sud, en particulier l’Accord sur les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei du 20 juin 2011 et celui de 2012 sur la coopération.  Les deux parties ont convenu que ces accords restent en vigueur jusqu’au règlement du statut final d’Abyei, a assuré le représentant.  La question d’Abyei doit être examinée dans le contexte global du Soudan et du Soudan du Sud, a estimé le représentant qui a insisté que des progrès ont été accomplis dans les relations entre les deux États.  Il a émis le vœu que la coopération se poursuivra car « le 11 avril, nous avons tourné la page pour parachever l’Accord de 2011 ».  Le représentant a rappelé qu’Abyei fait partie intégrante du Soudan et que tout arrangement doit commencer par reconnaître ce fait.

Mme CECILIA A. M. ADENG (Soudan du Sud) a relevé que les gouvernements des deux pays avaient fait des progrès continus pour parvenir à une paix durable.  « Nous sommes optimistes sur le fait que le processus engagé par les deux pays en vue de résoudre le problème d’Abyei sera poursuivi », a-t-il dit, souhaitant qu’il permette de créer un environnement favorable à la détermination du statut final.  Avant de conclure, la représentante a assuré que les Gouvernements de Soudan du Sud et du Soudan étaient engagés à la mise en œuvre du mandat de la mission.  Ils demandent l’appui continu du Conseil de sécurité, a-t-il précisé. 

Reprenant la parole, le représentant du Soudan s’est dit conscient que la composante policière de la FISNUA doit être renforcée, mais que cette décision nécessite des consultations.  Il a aussi assuré que les autorités soudanaises pertinentes prennent toutes les mesures nécessaires pour accélérer la délivrance des visas.  Nous avons besoin de davantage de temps et espérons que vous le comprendrez.  Nous ne voulons, a dit le représentant, prendre des décisions précipitées qui pourraient avoir un impact sur la situation sur le terrain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: les délégations insistent une fois de plus sur la lutte contre la désinformation et pour le multilinguisme

Quarante et unième session -
3e séance – matin
PI/2257

Comité de l’information: les délégations insistent une fois de plus sur la lutte contre la désinformation et pour le multilinguisme

Le Comité de l’information a achevé aujourd’hui le débat général qu’il a lancé hier et au cours duquel les délégations ont appelé une fois de plus le nouveau Département de la communication globale (DCG) à lutter plus efficacement contre la désinformation et pour le multilinguisme.  Certains programmes du DCG ont essuyé les critiques acerbes des États-Unis et d’Israël.

La Fédération de Russie s’est déclarée préoccupée par la prolifération des « fake news » et a appelé le DCG à combattre la désinformation avec plus d’efficacité.  La coopération entre les médias du monde étant sapée par les antagonismes entre États, elle a dit voir le risque d’un retour à la guerre froide.  La ligne éditoriale du DCG doit sensibiliser le public aux principes et au travail de l’ONU « de manière impartiale », a insisté la Fédération, avant que l’Arabie saoudite n’appelle le même Département à se prémunir contre des informations dénaturées ou présentant une vision « négative » de tel ou tel pays.

C’est exactement ce qu’a rapproché Israël au DCG.  Il s’en est pris, avec les États-Unis, au programme d'information spécial sur la question de Palestine qui, depuis sa création, a toujours présenté un point de vue « malhonnête » de l’origine du conflit israélo-palestinien et une présentation « biaisée » de la situation actuelle.  Israël a cité comme exemple, l’exposition sur la « Question de Palestine » qui n’évoque même pas la cause sous-jacente du conflit, à savoir l’entêtement du leadership palestinien à refuser de reconnaître le droit du peuple juif à l’autodétermination, un droit pourtant reconnu dans le mandat de la Société des Nations puis dans la résolution 181 de l’Assemblée générale. 

Le DCG, a encore accusé Israël, s’étend sur le sort des réfugiés palestiniens, en oubliant celui des 850 000 Juifs des pays arabes devenus réfugiés après la guerre de 1948.  Le DCG oublie aussi que les initiateurs de cette guerre étaient les Palestiniens qui ont attaqué les Juifs dès le lendemain de l’adoption de la résolution 181.  Nous voulons, a insisté Israël, un programme différent sur le conflit israélo-palestinien, un programme qui reflète les « vérités fondamentales », qui soit conforme à la Charte et qui présente la réalité en tenant dûment compte des droits à l’autodétermination et à la légitime défense. 

L’information doit être accessible à un maximum de personnes, a insisté, à son tour, la Fédération de Russie, en se faisant le défenseur du multilinguisme, un principe, a-t-elle souligné, qui ne saurait être violé sous le prétexte du manque de ressources.  Face à la prédominance de l’anglais, s’est énervée la Fédération de Russie, le multilinguisme semble être considéré comme un « anachronisme ».  Le DCG devrait même chercher à communiquer dans d’autres langues que les six langues officielles de l’ONU pour pouvoir toucher le public le plus large possible, a renchéri l’Iran.

Le Comité de l’information, qui poursuit ses travaux à huis-clos, devrait adopter ses recommandations à l’Assemblée générale le vendredi 10 mai.

Débat général (suite et fin)

Mme ANDREA STANFORD (États-Unis) a affirmé que la liberté de la presse est la pierre angulaire de la démocratie américaine, « un droit fondamental auquel nous consacrons beaucoup d’efforts afin de le faire respecter aux États-Unis ».  Elle a estimé que le travail du Département de la communication globale (DCG) est « essentiel » et a salué les efforts qu’il consacre pour promouvoir le multilinguisme sur toutes ses plateformes, et ajouter tout un éventail de médias sociaux à ses outils de communication traditionnels.

Nonobstant ce travail « précieux », la « situation n’a rien d’habituel », a-t-elle poursuivi, appelant le Département à accomplir son travail de la manière la plus efficace et efficiente possible, notamment en optimisant ses centres d’information et en veillant à ce que la technologie soit adaptée aux besoins.  Elle a également réitéré l’importance d’éliminer toute partialité anti-israélienne dans l’ensemble du système de l’ONU.  Elle s’est dite préoccupée par le programme d’information spécial sur la question de Palestine qui, a-t-elle dénoncé, promeut des idées fausses sur Israël.  Elle a appelé le DCG à veiller à ce que les messages anti-israéliens disparaissent de ses activités.

M. NAVEH (Israël) a salué d’emblée « le travail important » du Comité et les efforts du DCG, en citant le Programme de communication sur l’Holocauste.  Éduquer les peuples du monde sur l’Holocauste c’est contribuer à la paix et la sécurité, et une coopération « positive » entre nations.  Demain, a rappelé le représentant, Israël va célébrer sa Journée nationale en mémoire des victimes de l’Holocauste pour honorer le courage des six millions de Juifs tués par les nazis.  Cette journée importante pour les Juifs est aussi un avertissement à toute l’humanité sur ce qui peut arriver quand des gens « éclairés » se soumettent à l’idée perverse de la suprématie raciale ou nationale.  La communauté internationale doit donc continuer de commémorer la Journée internationale en mémoire des victimes de l’Holocauste car cette Journée explique pourquoi notre ordre mondial doit se fonder sur le respect mutuel et le droit de chaque nation de vivre en paix, de déterminer sa propre destinée et de se défendre. 

Cet ordre, a poursuivi le représentant, a été envisagé par les rédacteurs de la Charte au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste.  C’est un ordre auquel tient le peuple d’Israël et peut-être parce qu’il retrouve le même esprit sur le Mur d’Isaïe ici même sur la 1re Avenue.  Le prophète parle de la paix dans le monde mais il montre aussi comment la réaliser, à savoir par le respect mutuel et la reconnaissance mutuelle de nations libres et indépendantes.  Dans la vision d’Isaïe, aucun « reich », aucun empire et aucun khalifat ne forcent une nation à se rendre.  Chaque nation doit respecter la liberté de l’autre.  La Charte garantit d’ailleurs les droits des nations à l’autodétermination et à la légitime défense et facilite la coopération internationale pacifique.

Mais aujourd’hui, s’est inquiété le représentant, les principes de la Charte sont défiés, voire menacés par le comportement déstabilisateur de certaines nations aux ambitions impériales partisans du terrorisme pour remplacer notre ordre mondial par le despotisme et la domination.  Malheureusement, même certaines décisions, résolutions et programmes des Nations Unies et du DCG sont également incompatibles avec les principes de la Charte.  Le Département, a rappelé le représentant, a la responsabilité de préserver les vertus d’impartialité, de crédibilité et d’intégrité de cette institution.  Or, depuis sa création, le programme d’information spécial sur la question de Palestine a toujours présenté un point de vue « malhonnête » de l’origine du conflit israélo-palestinien et une présentation « biaisée » de la situation actuelle.  Par exemple l’exposition sur la « Question de Palestine » à l’Assemblée générale n’évoque même pas la cause sous-jacente du conflit, à savoir l’entêtement du leadership palestinien à refuser de reconnaître le droit du peuple juif à l’autodétermination, un droit pourtant reconnu dans le mandat de la Société des Nations puis dans la résolution 181 de l’Assemblée générale.  En oubliant cette vérité fondamentale, le DCG risque de violer la Charte que nous devons tous honorer. 

La manière dont le Département parle de la situation est également « partiale », a dénoncé le représentant, qui a reproché au DCG de s’étendre sur le sort des réfugiés palestiniens, en oubliant celui des 850 000 Juifs des pays arabes devenus réfugiés après la guerre de 1948.  Le DCG oublie aussi que les initiateurs de cette guerre étaient les Palestiniens qui ont attaqué les Juifs dès le lendemain de l’adoption de la résolution 181.  En décrivant les Palestiniens comme les victimes de la guerre plutôt que comme les initiateurs et en ignorant leurs actes hostiles contre le droit des Juifs à l’autodétermination dès le premier jour du conflit, la présentation de la situation s’oppose à l’action légitime que les Juifs ont prise pour se défendre.  Cette vision biaisée décrit Israël comme le seul responsable de la situation actuelle, malgré les multiples offres de paix qui ne cessent de se heurter au refus palestinien et aux intifadas violentes contre les civils.  

Nous voulons, a conclu le représentant, un programme différent sur le conflit israélo-palestinien, un programme qui reflète les « vérités fondamentales », qui soit conforme à la Charte et qui présente la réalité en tenant dûment compte des droits à l’autodétermination et à la légitime défense.  La route de la paix, pavée de respect mutuel et de reconnaissance véritable de nations libres, est tracée dans les principes de la Charte.  Israël souhaite parcourir cette route dans l’esprit de la vieille prophétie donnée en hébreux à Jérusalem.  

Mme MARIA ZAKHAROVA (Fédération de Russie) a d’abord appelé le DCG à présenter le rôle impartial de l’ONU dans les relations internationales, avant de donner des exemples concrets de l’appui que son pays fournit au Département.  Elle a évoqué le Séminaire international des médias sur la paix au Moyen-Orient et le travail du Centre d’information des Nations Unies à Moscou.  L’année dernière, une initiative conjointe sur le poète Alexandre Pouchkine a été largement relayée dans les médias russes.  Une exposition de photos sur le blocus de Leningrad a été organisée, une occasion que le pays a saisie pour émettre un timbre commémoratif, sans compter les 10 tomes sur les scientifiques russes qu’il a offerts à la Bibliothèque Dag Hammarskjöld.  Une manifestation spéciale sur l’implication russe et soviétique dans le maintien de la paix a aussi été organisée.

Passant à la réforme du DCG, Mme Zakharova a appelé l’ONU à s’ouvrir aux dernières tendances en matière de communication.  Elle a insisté sur des contenus de qualité et des pratiques novatrices et a souligné que la ligne éditoriale doit répondre à l’objectif d’augmenter le nombre des lecteurs, tout en sensibilisant le public aux principes et au travail de l’ONU « de manière impartiale ».  La représentante a salué les exposés officieux de la Secrétaire générale adjointe sur le processus de réforme et souhaité qu’ils soient organisés plus régulièrement.

Elle a voulu que les contraintes budgétaires n’aient « aucun impact » sur la diffusion, dans toutes les langues officielles de l’ONU, des réunions en Webcast.  Il faut aussi combattre la désinformation et promouvoir le multilinguisme, un principe qui ne saurait être violé sous le prétexte du manque de ressources.

La représentante s’est également inquiétée du fait que face à la prédominance de l’anglais, le multilinguisme semble être considéré comme un « anachronisme ».  Or, l’information doit être accessible à un maximum de personnes, a-t-elle souligné, regrettant par exemple que les informations sur les projets organisés par la délégation russe ne soient publiées qu’en russe et ignorées par conséquent, du public non russophone.  On ne peut, non plus, se permettre une fragmentation du travail de communication de l’ONU.  La représentante a donc appelé à une « véritable plateforme médiatique globale » et à se protéger des « groupes d’influence ».  Les positions de plus en plus antagonistes promeuvent la désinformation et les « fake news », une menace utilisée par certains pour contrer leurs opposants et renforcer leur contrôle de l’espace médiatique.  Nos appels n’ont jamais été entendus, s’est désolée la représentante, qui a par ailleurs dénoncé les « initiatives douteuses » contraires à la liberté d’expression et au droit à l’information.  Certains projets pourraient déboucher sur la légalisation de la censure, a-t-elle mis en garde.  Il faut, a-t-elle insisté, défendre un journalisme indépendant, seul garant des sociétés démocratiques et libres, et l’ONU est une des meilleures plateformes pour ce faire.

Constatant que la coopération entre les médias est sapée par certains antagonismes, elle a vu le risque de revenir à la guerre froide maintenant que certains s’opposent à tout dialogue.  À la veille de la célébration de la Journée de la liberté de la presse, elle a appelé les États à trouver un antidote à la désinformation.  La Fédération de Russie va d’ailleurs organiser une discussion d’experts sur cette question et, pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle compte aussi projeter un film le 4 mai, et le 6 mai, organiser une exposition de photos sur les héroïnes de la Grande guerre patriotique.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a fait observer qu’en cette ère numérique, la capacité des citoyens à accéder « instantanément » à l’information est souvent étroitement liée au niveau de développement socioéconomique de leur pays.  Elle a salué les efforts déployés par le DCG pour trouver de nouveaux moyens d’atteindre le public, en utilisant les nouvelles techniques de communication et une multiplicité de langues, tout en maintenant les médias traditionnels.  Elle s’est félicitée du réseau des centres d’information des Nations Unies, notamment celui de Port of Spain qui dessert 19 territoires dans les Caraïbes anglophones et néerlandaises.  La représentante a salué les efforts déployés par ce CINU pour étendre sa portée au-delà des Caraïbes et fournir un appui au bureau d’ONU-Femmes dans la région.  Un appui supplémentaire s’impose pour aider le CINU à élargir ses capacités dans les techniques de communication et renforcer son efficacité opérationnelle.  La représentante a aussi voulu que la réforme du système des Nations Unies pour le développement n’érode pas les avancées « considérables » réalisées par le CINU ni n’élimine les outils de communications les plus efficaces pour la région.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) s’est dit conscient de l’importance du travail accompli par le Comité de l’information et du rôle joué par le DCG pour tisser des liens plus étroits entre les Nations Unies et l’opinion publique en temps voulu et de manière impartiale.  Après avoir noté l’utilité des nouvelles technologies de l’information, il a néanmoins souligné les risques d’abus des réseaux sociaux qui peuvent faciliter la désinformation.  L’utilisation de ces réseaux par les Nations Unies doit rester compatible avec les objectifs et principes de la Charte.  L’Iran encourage le Département à soutenir toutes les initiatives visant à promouvoir la paix et la tolérance, y compris la lutte contre la violence et l’extrémisme violent et pour le dialogue entre les civilisations.

Le représentant a aussi demandé au Département de communiquer davantage sur les conséquences négatives des sanctions unilatérales qui violent les principes et valeurs du droit international et affectent les droits de l’homme et les droits de la personne dans les pays visés.  Il a félicité le DCG pour son programme d’information spécial sur la question de Palestine et a salué le rôle important des centres d’information des Nations Unies.  Il faut les renforcer, en particulier dans les pays en développement.  Le représentant s’est aussi fait le défenseur du multilinguisme au sein des Nations Unies.  Le DCG devrait même chercher à communiquer dans d’autres langues que les six langues officielles de l’ONU pour pouvoir toucher le public le plus large possible.

M. MOHAMMAD ABDURRAHMAN S. ALKADI (Arabie saoudite) a appelé le DCG à veiller à la neutralité des informations qu’il diffuse.  Il a relevé que cette réunion actuelle n’est pas diffusée par le Web, jugeant qu’il sera difficile d’accéder aux déclarations.  La retransmission en direct des réunions et leur archivage sont très importants, a insisté le représentant, qui a d’ailleurs alerté de la difficulté à accéder aux archives des réunions.  Il a en effet noté la parution tardive des enregistrements vidéo sur le site Internet de l’ONU.  Il faut mettre à jour ce site Internet pour permettre aux utilisateurs d’enregistrer directement les réunions de l’ONU sans avoir à passer par le DCG.  Le représentant a aussi demandé que l’on améliore la page eDelegates pour que les délégations puissent savoir avec exactitude quelles réunions se tiennent et avec quels participants.  Il a également appelé le DCG à se prémunir contre la désinformation et contre des informations dénaturées ou qui présentent une vision « négative » de tel ou tel pays.

Mme NASIRA ELARDJA FLITTI, de la Ligue des États arabes, a réitéré la volonté de sa Ligue de coopérer avec le DCG, pour « atteindre nos objectifs communs ».  Elle a en effet souligné que le travail du Département contribue à renforcer la crédibilité de l’ONU dans le monde.  Il est clair que l’attention du Département sur l’action climatique est motivée par la volonté de sensibiliser l’opinion publique à ce phénomène dans le contexte de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La Ligue des États arabes a d’ailleurs adopté la même approche dans sa communication.  La coopération entre la Ligue et les Nations Unies, y compris dans le domaine de l’information, est basée sur la reconnaissance du rôle que jouent les canaux de communication dans la vie des gens.  C’est important pour les sensibiliser par exemple au danger des groupes terroristes.  La représentante a mis l’accent sur l’importance du CINU du Caire et a rappelé la tenue en 2020, aux Émirats arabes unis, de l’Expo 2020 à laquelle la participation de l’ONU est très attendue.  La Ligue, a-t-elle conclu, souhaiterait un recours plus marqué à la langue arabe dans la communication du DCG tant sur le plan régional qu’international.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Comité de l’information: un Département rebaptisé pour permettre à l’ONU de communiquer de manière « moderne, souple et globale »

Quarante et unième session -    
1re & 2e séances – matin & après-midi
PI/2256

Comité de l’information: un Département rebaptisé pour permettre à l’ONU de communiquer de manière « moderne, souple et globale »

« Plus que toute chose », le nouveau nom du Département de la communication globale réaffirme la volonté de garantir « qu’une culture de la communication et de la transparence doit prévaloir à tous les niveaux de l’Organisation, afin de pleinement informer les peuples du monde sur les objectifs et activités de l’ONU ».  Voilà le message fort que la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Alison Smale, a lancé au Comité de l’information qui entamait, aujourd’hui, les travaux de sa quarante et unième session.

S’exprimant tour à tour en français, en anglais et en russe, elle a notamment expliqué que ce nouveau nom reflète la réforme que le Département est en train de mener à bien avec pour objectif de garantir qu’il puisse communiquer chaque jour de manière « moderne, souple et globale ».  

« Nous communiquons globalement lorsque nous trouvons de nouveaux moyens d’accroître l’audience et de créer un nouveau contenu qui renforce l’appui à l’ONU et à ses travaux », a lancé Mme Smale.  « Mais avant tout, a-t-elle souligné, nous cherchons à nous orienter vers une culture où les silos sont brisés afin de pouvoir identifier plus rapidement et de manière plus effective les problèmes et de réfléchir ensemble à des solutions pratiques. »

À une époque où les ressources sont limitées, la nouvelle approche du Département est axée sur les données en vue de mesurer et évaluer l’impact de ses produits, la refonte du site Web de l’ONU est en cours et le DCG élargit ses partenariats pour mobiliser des ressources extrabudgétaires dans des domaines clefs.  Les médias sociaux constituent en outre une part de plus en plus importante de la production numérique du DCG, ce que Mme Smale a justifié par le fait qu’ils permettent au Département de se connecter aux publics du monde entier et en particulier avec les jeunes.  

Mme Smale a également expliqué que les centres d’information des Nations Unies (CINU) sont en train d’être pleinement intégrés aux travaux du DCG afin d’améliorer la production et le partage de contenus multilingues.  Parmi les autres projets cités par la Secrétaire générale adjointe, il convient de mentionner la création d’un robot doté d’une intelligence artificielle qui permet aux habitants de la planète de partager plus de 110 000 actions climatiques différentes, le Pacte des médias en faveur des objectifs de développement durable, la campagne « Service et sacrifice » qui met en lumière la contribution des pays au maintien de la paix, et la couverture multimédia suite au passage, le mois dernier, du cyclone Idai en Afrique australe.

Au préalable, le Président entrant du Comité de l’information, M. Omar Hilale, a salué le recours accru aux nouvelles technologies, par le biais notamment des réseaux sociaux, notant que ces nouveaux outils de communication sont le canal privilégié des jeunes.  Il a cependant appelé à préserver le recours aux outils traditionnels qui, a-t-il insisté, demeurent le seul canal d’accès à l’information dans de nombreux pays en développement.  Préoccupées par la prévalence du fossé numérique, ce point de vue a été partagé par de nombreuses délégations.

M. Hilale a également insisté sur l’importance de transmettre aux générations futures le devoir de mémoire d’évènements historiques et tragiques comme la traite des esclaves et les génocides, constatant de surcroît que celui-ci guide une grande partie de l’action collective au sein de l’ONU.

Évoquant en outre « ces temps de difficulté financière », le Président a en outre appelé les membres du Comité à s’assurer que le budget alloué au Département puisse, à défaut d’être augmenté, ne pas subir de baisse.  « Nous ne pouvons pas exiger de ce Département de se moderniser et de faire mieux avec moins de moyens financiers et humains », a argué M. Hilale.  Pour couvrir les besoins additionnels, ce dernier a d’ailleurs appelé chacun des membres du Comité à s’engager dans une réflexion à même d’identifier de nouveaux moyens pour financer les activités croissantes du Département. 

« Alors même que le multilatéralisme est remis en question, il est d’autant plus important de faire passer les valeurs et la mission de l’ONU à l'opinion publique mondiale pour qu’elle comprenne la valeur ajoutée de cette Organisation », a d’ailleurs souligné, dans ses remarques d’ouverture, le Président sortant du Comité, M. Jan Kickert, de l’Autriche.

La question du respect du multilinguisme dans les contenus du DCG n’a pas manqué de revenir dans le cadre du débat général, notamment par la voix du Groupe des amis de l’espagnol, de l’Organisation internationale de la Francophonie et d’autres qui se sont inquiétés à la perspective que les contraintes financières du Département ne le force à s’engager davantage sur la voie du monolinguisme et de voir la prédominance de l’anglais s’installer dans les contenus et plateformes du Département.

Le « rôle capital » des communiqués de presse a également été souligné à plusieurs reprises, notamment pour la préservation de la « mémoire institutionnelle » et la diffusion quasiment en temps réel de l’information. 

Élu par acclamation en début de séance pour un mandat de deux ans, le nouveau Président, M. Hilale, du Maroc, aura pour Vice-Présidents Mme Amal Mudallali, du Liban, et M. Oleh Nikolenko, de l’Ukraine, qui occupera également les fonctions de Rapporteur.  Le Groupe des États d’Europe occidentale et autres États et le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes n’ont pas encore proposé de candidats.  Le Comité a également accepté que la Bolivie et le Honduras assistent en tant qu’observateurs à ses travaux, après avoir adopté son ordre du jour provisoire*.

Le débat général du Comité de l’information se poursuivra demain, mardi 30 avril, à partir de 10 heures.

*A/AC.198/2019/1

OUVERTURE DE LA SESSION

Déclarations liminaires

La diffusion et la médiatisation des activités de l’ONU est de la plus haute importance, aujourd’hui plus qu’hier, a déclaré M. OMAR HILALE (Maroc), Président du Comité de l’information.  À l’ère de la mondialisation, où l’information a connu un développement sans précédent, le besoin d’une information fiable, neutre et objective est un impératif, particulièrement lorsqu’elle émane des Nations Unies, a-t-il souligné.  « Notre Organisation bénéficie d’une aura, d’une légitimité et d’une crédibilité dont nous nous réjouissons », a estimé M. Hilale, ajoutant qu’on attend une communication exemplaire de l’ONU sur des thématiques importantes et sensibles. 

À ce titre, il a passé en revue certaines initiatives du Département de la communication globale pour promouvoir les objectifs de développement durable, notamment les nouveaux partenariats établis avec la société civile et le secteur privé, le Pacte des médias en faveur des objectifs de développement durable ou encore la contribution des centres d’information des Nations Unies (CINU).  En ce qui concerne les changements climatiques, la stratégie de communication dans la perspective du Sommet sur le climat, prévu en septembre 2019, a été mise en place et un nouveau portail numérique a été lancé sur cette question.  M. Hilale s’est aussi félicité de campagne « Service et sacrifice » qui met en avant le travail des personnels de la paix des Nations Unies. 

M. Hilale a ensuite focalisé son intervention sur la réforme du Département « qui traduit notre engagement commun à adapter la structure aux besoins contemporains en termes de communication ».  Précisant que cette réforme s’inscrit dans celle, plus large, du système de développement de l’ONU, il a remarqué que le nouveau statut des représentants coordonnateurs des Nations Unies permettra de donner une nouvelle dimension à la coopération entre le Département et les CINU.

S’agissant de la communication stratégique, M. Hilale a rappelé que le DCG est mandaté par le Comité de promouvoir un certain nombre d’évènements de haut niveau et de thématiques de premier plan à travers des campagnes promotionnelles et des commémorations qui revêtent, à ses yeux, une importance particulière.  Il faut transmettre aux générations futures ce devoir de mémoire d’évènements historiques et tragiques comme la traite des esclaves, les génocides et d’autres.  Et ce devoir de mémoire est d’autant plus important qu’il guide une grande partie de l’action collective au sein de l’ONU, a-t-il remarqué avant de se réjouir des efforts déployés en faveur de la jeunesse.  En effet, s’assurer d’être à l’écoute de la jeunesse et adopter une communication qui leur est adaptée est une priorité à plusieurs égards, a commenté M. Hilale.  Il a notamment parlé de l’importance de l’appropriation par la jeunesse des problématiques d’aujourd’hui et d’hier pour galvaniser leur engagement « puisque ces jeunes d’aujourd’hui seront les décideurs de demain ».

Notant le recours accru par l’Organisation aux nouvelles technologies, par le biais des réseaux sociaux, M. Hilale y a vu une approche en phase avec la tendance mondiale, d’autant plus que ces nouveaux outils de communication sont le canal privilégié des jeunes.  Il a salué le projet de charte sur les réseaux sociaux en train d’être mis sur pied par le DCG, tout en estimant que l’utilisation de ces nouvelles technologies doit se faire en veillant à préserver le recours aux outils traditionnels qui, a-t-il insisté, demeurent le seul canal d’accès à l’information dans de nombreux pays en développement.

M. Hilale a par ailleurs souligné que l’adaptation aux besoins logistiques et humains est devenue un impératif, afin que le DCG soit au diapason des attentes qui sont portées en lui par l’ensemble des États Membres.  Il en a profité pour dire que le respect du multilinguisme va précisément de pair avec les moyens alloués au Département.  Il s’agit, a-t-il expliqué, de toucher un public le plus large que possible, notamment par le recours aux langues locales.  Des solutions innovantes doivent être proposées, ou encore une révision des pratiques existantes ou leur renforcement, a estimé M. Hilale en encourageant notamment l’appel aux partenariats.  Il a cité l’exemple de la traduction de textes, et en particulier celui de l’accord signé avec une université marocaine, « avant sa prise de fonctions à la tête du Comité de l’information », pour la traduction gratuite des textes publics en arabe, notant que des accords similaires existent avec des institutions en France et en Russie.

Le Président du Comité s’est aussi attardé sur la problématique du financement des activités du DCG.  En ces temps de difficulté financière, l’ONU a de plus en plus de difficultés à remplir son mandat dans pratiquement tous les domaines et la communication n’échappe pas à cette tendance, a-t-il reconnu.  Mais nous avons la responsabilité de présenter à l’opinion publique internationale une information exhaustive sur les efforts déployés par l’ONU pour faire face aux défis actuels, une tâche dont est chargé le Département et dont il s’acquitte avec succès.

Conscients de ces difficultés financières, les membres du Comité devraient pouvoir s’assurer que le budget alloué au Département puisse, à défaut d’être augmenté, ne pas subir de baisse, a-t-il estimé.  Pour M. Hilale, il est clair que « nous ne pouvons pas exiger de ce Département de se moderniser et de faire mieux avec moins de moyens financiers et humains ».  Pour les besoins additionnels, il a appelé chacun des membres du Comité à s’engager dans une réflexion à même d’identifier de nouveaux moyens pour financer les activités croissantes du Département.  « En sensibilisant vos capitales respectives, j’espère que nous pourrons nous réjouir, lors de la prochaine session, de l’augmentation des fonds extrabudgétaires, que ce soit par des contributions volontaires ou à travers des partenariats avec vos fondations, groupes de réflexions, organes de presse et autres. »

Le Président du Comité a espéré, en outre, pouvoir adopter une résolution consensuelle à la fin de cette session.

Mme ALISON SMALE, Secrétaire générale adjointe à la communication globale, qui s’adressait pour la première fois au Comité de l’information en tant que Chef du nouvellement nommé Département de la communication globale des Nations Unies (DCG), a déclaré que « plus que toute chose », ce nouveau nom réaffirme la volonté de garantir ce que l’Assemblée générale et ce Comité soulignent chaque année, à savoir: « qu’une culture de la communication et de la transparence doit prévaloir à tous les niveaux de l’Organisation, afin de pleinement informer les peuples du monde sur les objectifs et activités de l’ONU et susciter ainsi un appui mondial à l’Organisation ».

Ce nouveau nom reflète la réforme que le Département est en train de mener à bien avec pour objectif de garantir qu’il puisse communiquer chaque jour de manière moderne, souple et globale, a expliqué Mme Smale.  À une époque où les ressources sont limitées partout dans le monde, ce processus dirigé par le personnel vise autant à changer la culture et la mentalité collective du Département, que sa structure et ses politiques.  La nouvelle approche est axée sur les données en vue de mesurer et évaluer l’impact de ses produits.  Un système de calendrier en grille a notamment été mis en place pour informer et orienter sa planification stratégique sur une base quotidienne, hebdomadaire et mensuelle alors que des projets, tels que la refonte du site Web de l’ONU et le développement de contenus sociaux et interactifs sont en cours afin de mieux préparer le Département aux défis de demain.  De plus, le DCG élargit ses partenariats pour lui permettre d’atteindre ses objectifs et de mobiliser des ressources extrabudgétaires dans des domaines clefs.  

Mme Smale a également expliqué que les relations entre son équipe au Siège de l’ONU et ses équipes sur le terrain sont en train d’être redéfinies afin que les centres d’information des Nations Unies (CINU) soient pleinement intégrés aux travaux de son Département et à la présence des Nations Unies au niveau des pays.  Cela permettra d’améliorer la manière de produire et de partager du contenu multilingue, la prise de décisions administratives et la contribution du Département à la réforme du système de développement des Nations Unies, a-t-elle indiqué.  Mais avant tout, a-t-elle souligné, nous cherchons à nous orienter vers une culture où les silos sont brisés afin de pouvoir identifier plus rapidement et de manière plus effective les problèmes et de réfléchir ensemble à des solutions pratiques.

S’exprimant en français, Mme Smale a déclaré que nous communiquons globalement quand nous conjuguons ressources et talents pour concevoir, créer et mener des campagnes sur les principales questions de l’ordre du jour de l’ONU.  L’action climatique en est l’exemple le plus récent.  Maintenant que nous nous approchons du Sommet convoqué par le Secrétaire général au mois de septembre prochain, nous intensifions notre effort multidimensionnel et concerté qui mobilise tous les outils, produits et partenaires du Département, a expliqué Mme Smale, qui a précisé que l’accent est mis sur l’engagement et la mobilisation du public.  Grâce à un robot doté d’une intelligence artificielle, que nous avons développé et lancé avec les Nations Unies et des partenaires extérieurs, les individus peuvent désormais partout dans le monde se connecter et partager plus de 110 000 actions différentes menées sur le climat.  Un engouement particulièrement fort a été constaté dans des pays comme l’Inde, le Pakistan, le Nigéria et l’Australie.  C’est ce qu’on appelle une communication à impact, s’est-elle félicitée.

Entre temps, en février dernier, la deuxième phase de la campagne « Service et sacrifice » a été lancée, à la demande des États Membres, pour mettre en lumière la contribution des pays au maintien de la paix de l’ONU.  En ce moment, les projecteurs sont braqués sur El Salvador, qui sera suivi directement par l’Ouganda, et le prochain pays à briller sera la République de Corée, a-t-elle précisé.  Parallèlement, l’équipe multilingue du site un.org a lancé une nouvelle campagne en ligne pour sensibiliser le public à l’Initiative du Secrétaire général « Action pour le maintien de la paix ».

Nous communiquons globalement lorsque nous produisons des actualités numériques multilingues factuelles, opportunes et de haute qualité, sur toutes les plateformes, y compris les médias sociaux, a-t-elle poursuivi en anglais.  Notre couverture d’informations et de vidéos sur la crise du cyclone Idai en Afrique australe le mois dernier, par exemple, a été largement reprise par des amplificateurs de médias tels que Globo, la BBC, le New York Times et des journaux du monde lusophone, a indiqué la Secrétaire générale adjointe.  Et avec le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT) des Nations Unies, son Département a également envoyé une équipe multimédia chargée de rassembler au Cameroun et au Tchad des informations sur la manière dont l’ONU collabore avec les États Membres pour aider les personnes victimes du terrorisme.  Une visite sur le terrain, à Gaza, a permis de produire du contenu multimédia dans huit langues et depuis le mois de décembre, une sélection d’articles de la revue Africa Renewal est traduite en Kiswahili.

Les médias sociaux constituent en outre une part de plus en plus importante de la production numérique du DCG, ce que Mme Smale a justifié par le fait qu’ils permettent au Département de se connecter aux publics du monde entier et en particulier avec les jeunes.  À titre d’exemple, la chaîne Giphy du Département a été visionnée près de 80 millions de fois grâce à un contenu ciblé et partageable. 

Nous communiquons globalement, a continué la Secrétaire générale adjointe, lorsque nous établissons des alliances durables avec des médias nationaux et internationaux.  Le Pacte des médias en faveur des objectifs de développement durable est en croissance constante et compte désormais près de 50 membres actifs dans le secteur de l’information et du divertissement qui font la promotion des objectifs de développement durable dans plus de 80 pays et sur quatre continents.  Et le calendrier éditorial du Département met l’accent chaque mois sur l’un de ces objectifs en fournissant des orientations utiles aux médias ainsi qu’aux plateformes des Nations Unies. 

Par ailleurs, un partenariat a été récemment conclu avec le magazine Glamour, qui a publié le reportage vidéo « À quoi ressemble une femme libre? » du DCG sur ses plateformes de médias sociaux très populaires, a indiqué Mme Smale, qui s’est réjouie de constater que dans l’ensemble, les produits vidéos de son Département avaient enregistré une augmentation de temps d’antenne d’environ 15% par rapport à l’année dernière.  Elle a ensuite annoncé que le projet de numérisation audiovisuelle du DCG va de l’avant, grâce au soutien du Gouvernement d’Oman, et que la Bibliothèque Dag Hammarskjöld avait produit une nouvelle version d’un de ses produits phares: « Member States on the Record. »

Évoquant l’importance d’éduquer les générations futures sur « ce qui ne doit pas se reproduire », Mme Smale a aussi cité les activités de commémoration de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, pour ensuite parler du legs de l’écrivain Chinghiz Aïtmatov, objet d’une exposition organisée avec l’aide du Kirghizistan et de la Fédération de Russie.  Elle s’est également attardée sur l’observation, le 2 avril, de la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme et sur l’importance d’un accès abordable aux technologies fonctionnelles pour permettre aux personnes autistes de participer pleinement à la vie de leur communauté.

Nous communiquons globalement lorsque nous trouvons de nouveaux moyens d’accroître l’audience et de créer un nouveau contenu qui renforce l’appui à l’ONU et à ses travaux, a enchaîné, en russe, la Secrétaire générale adjointe, qui a notamment évoqué l’accent mis sur l’engagement des jeunes lors du premier Sommet de la jeunesse de l’initiative Simul’ONU qui a été organisé le 12 avril pour présenter des actions concrètes que les étudiants peuvent prendre en vue de soutenir les objectifs de développement durable.  Cet événement a été précédé par le lancement d’un club de lecture sur les objectifs de développement durable.

Repassant à l’anglais, Mme Smale a fait savoir que les centres d’information des Nations Unies (CINU) ont poursuivi leurs activités auprès des publics locaux et collaboré étroitement avec les équipes pays des Nations Unies.  Pour la plupart d’entre eux, les derniers mois ont été particulièrement intenses, car ils ont harmonisé leurs travaux avec le nouveau système de coordonnateurs résidents (CR) établis dans le cadre de la réforme du système pour le développement des Nations Unies.  L’objectif est de tirer parti des nouvelles relations de travail étroites établies avec les bureaux de coordonnateurs résidents et les équipes de pays, notamment dans les domaines suivants: localiser les priorités globales et sensibiliser les populations locales aux objectifs de développement durable.

Grâce à un plan détaillé au cas par cas développé en collaboration avec le Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD), près de 50 CINU ont pu ainsi être intégrés à l’organisation régionale de coordination et rendent directement des comptes aux coordonnateurs résidents.  Le DCG a collaboré avec ce Bureau pour fournir un soutien aux coordonnateurs résidents extérieurs au réseau des CINU, en aidant notamment dans le recrutement de nouveaux responsables de la communication et en fournissant un soutien régulier en matière d’orientation et de communication.  Il en résulte une nouvelle dynamique permettant au Département d’avoir une portée véritablement mondiale grâce à 131 bureaux de coordonnateurs résidents et d’équipes de pays des Nations Unies, s’est-elle félicitée.  De plus, l’Intranet de l’ONU demeure au premier rang des efforts de communications internes et près de 18 000 utilisateurs de plus parmi le personnel de l’ONU utilisent désormais iSeek.  

Outre les préparatifs en cours pour marquer, en 2020, le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, Mme Smale a mentionné qu’en février dernier, le Secrétaire général avait nommé M. Maher Nasser, Directeur de la Division de la sensibilisation du public de son Département, au poste de Commissaire général des Nations Unies pour l’Expo 2020 à Dubaï.  Les Jeux olympiques de 2020 à Tokyo sont un autre événement mondial à venir qui offre l’occasion de présenter les objectifs de développement durable et de mettre en évidence le rôle que le sport peut jouer pour le développement et la paix.

En conclusion, elle a affirmé que le nouveau nom du Département rend justice au mandat qui lui a été conféré par les États Membres, avant d’inviter les délégations à soumettre leurs idées et leurs conseils au DCG, lors des futures séances d’information et de réflexion qu’elle a lancées l’année dernière, ou dans le cadre de discussions collectives.  Elle a aussi rappelé l’observation, ce vendredi, de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Débat général

M. RIYAD H. MANSOUR (Palestine) qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a remercié le DCG pour ses campagnes de communication, notamment celles sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et d’autres initiatives clefs, pour susciter une participation sur le plan local et pour promouvoir des partenariats inclusifs visant à mettre l’accent sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable et la lutte contre les changements climatiques « une course que nous devons gagner ».  Il a encouragé le Département à continuer de promouvoir les grandes conférences et les accords internationaux pertinents qui ont été conclus, notamment dans les domaines du développement durable, des changements climatiques, de la décolonisation, de la lutte contre le terrorisme ou encore des migrants.

Le multilinguisme est un facteur d’unité et d’entente internationale, a poursuivi M. Mansour, qui a exigé son respect au sein des Nations Unies pour promouvoir et protéger la diversité des langues et des cultures dans le monde, mais aussi la transparence.  Le G77 encourage d’ailleurs le Département à faire des efforts pour réduire les écarts entre les différentes langues sur ses supports, y compris dans ses communiqués de presse et ses dépêches.  Le G77 souligne également l’importance des langues locales et réitère son plein soutien aux centres d’information des Nations Unies pour diffuser des informations sur les Nations Unies dans les langues locales. 

L’importance des technologies modernes de communication est indéniable, a par ailleurs reconnu M. Mansour.  Toutefois l’utilisation de médias traditionnels doit se poursuivre dans les pays en développement où ces moyens de communication restent les plus pertinents pour toucher des audiences les plus larges possibles.  M. Mansour a également mis en garde contre des informations erronées et a exhorté le Département à veiller à ce que l’information qu’il diffuse soit conforme aux principes de la Charte des Nations Unies, notamment celui de la non-ingérence dans les affaires intérieures.

S’agissant de la réforme du Département, le G77 demande des consultations avec les membres du Comité de l’information et se dit prêt à en discuter de façon constructive.

M. GERTON VAN DEN AKKER, délégation de l’Union européenne, a déclaré que la Journée internationale du multilatéralisme et de la diplomatie au service de la paix, célébrée le 25 avril dernier, avait été l’occasion pour l’Union européenne (UE) de renouveler son attachement au système multilatéral, fondé sur le respect du droit international, de la coopération internationale, de la logique de partenariat et du multilinguisme.  « En effet, il a été démontré que les décisions prises dans un cadre multilatéral sont plus démocratiques, inclusives, fortes, efficaces et durables », a déclaré le représentant.  Dans ce contexte, il a estimé que le fait « d’expliquer le rôle fondamental de l’ONU » à un « public le plus large possible » demeurait « crucial ».  À ses yeux, cela suppose une « stratégie claire » destinée à des « audience ciblées » et « centrée sur l’innovation et la visualisation des données », en utilisant au mieux les nouvelles technologies et les campagnes de communication dédiées.

« Toutefois, les travaux de l’ONU ne sont toujours pas assez connus », a regretté le représentant, qui a appelé à changer cet état de fait, en prenant notamment appui sur les célébrations du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation qui fourniront, selon lui, une occasion unique de communiquer sur ses réussites.  Le représentant a aussi appelé à changer le modèle de communication « vertical » traditionnel de l’ONU, au profit d’une « démarche plus participative » laissant la part belle à une communication « bidirectionnelle ». 

Il a notamment insisté pour améliorer la façon dont l’ONU se fait connaître, l’appelant notamment à se doter d’une « identité plus harmonieuse » et « plus logique », afin de donner une « plus grande cohérence à l’utilisation du bleu des Nations Unies ».  Le représentant a ainsi appelé à faire moins usage des acronymes dans les communications de l’Organisation.  Les États Membres sont tout aussi importants que l’Organisation elle-même dans la diffusion de ce message, a-t-il estimé, appelant ces derniers à communiquer davantage sur les activités de l’Organisation.

Forte de 24 langues officielles et deux fois plus de langues régionales et minoritaires, l’Union européenne se félicite des efforts du Département de la communication globale pour intégrer le multilinguisme dans tous les produits de communication et d’information du Secrétariat, afin de contribuer à accroître davantage l’efficacité de l’Organisation.

M. EDUARDO FERNANDO LEÓN PEÑARANDA (Bolivie) qui intervenait au nom du Groupe des amis de l’espagnol, a expliqué que l’objectif fondamental du Groupe est de promouvoir et défendre le multilinguisme comme une valeur centrale de l’ONU.  Le Groupe, qui est composé de 20 pays hispanophones sur trois continents, est d’avis que le mandat transversal du multilinguisme jette les bases réelles d’un véritable dialogue multilatéral qui représente l’essence même des Nations Unies.

Le représentant a souligné que les contenus d’information sont au cœur de la communication de l’Organisation et que le multilinguisme doit garantir des communications cohérentes.  Pour le Groupe, la langue fait partie intégrante de la culture et offre un potentiel colossal pour étendre la portée géographique de la communication de l’ONU. 

Il a ensuite fait observer que l’espagnol, la deuxième langue la plus parlée dans le monde, a maintenu sa deuxième place dans le nombre de consultations du site Internet de l’ONU, ce qui traduit, selon lui, l’intérêt croissant des peuples hispanophones pour l’ONU.  Le Groupe reconnaît l’importance du travail du DCG pour apporter des informations dans les six langues officielles, mais constate néanmoins qu’il existe toujours une prédominance de l’anglais.

M. León Peñaranda a appelé les Nations Unies à tenir compte du fait que la population mondiale est diverse sur les plans culturel et linguistique et à s’adresser à ces peuples dans leurs langues.  Le Groupe exprime en outre sa préoccupation face aux limitations financières que connaît le Département et qui risquent de l’engager encore davantage sur la voie du monolinguisme.  Il est donc prêt à unir ses forces pour améliorer constamment « les services précieux du DCG ».

Mme PATRICIA HERDT, Organisation internationale de la Francophonie, a estimé que le multilinguisme devait être au centre des débats sur la réforme de l’Organisation et de ses communications.  Elle a salué le Département de la communication globale (DCG) pour ses récentes initiatives menées de concert avec l’OIF, notamment avec ONU Info et la Librairie des Nations Unies, pour promouvoir des auteurs de langues française. 

La représentante a ensuite rappelé que l’OIF avait publié, cette année, le sixième document de suivi du Vade-mecum relatif à l’usage du français dans les organisations internationales, établissant la progression du nombre de lecteurs francophones dans le monde, aujourd’hui estimé à 300 millions de personnes. 

Dans ce cadre, Mme Herdt a appelé à mettre à jour les descriptions d’offres d’emploi au sein des Nations Unies, en introduisant des exigences linguistiques plus claires; à soutenir une dissémination plus large des technologies permettant la traduction assistée par ordinateur; et à créer un environnement de travail plus favorable au multilinguisme dans chaque unité de l’Organisation.  Il est également urgent de respecter l’impératif de production de contenu dans l’ensemble des six langues officielles des Nations Unies, a poursuivi la représentante, pour qui la publication de documents en anglais ne peut se substituer aux autres langues.  Elle a notamment jugé important de veiller à un meilleur « respect des normes minimales » du multilinguisme sur les sites Web de l’ONU.  « Trop d’évènements sont convoqués sur la base d’une documentation disponible uniquement en anglais », a-t-elle ainsi regretté, ce qui ne permet pas, selon elle, aux États Membres d’y participer sur un pied d’égalité et « affaiblit la portée de l’Organisation ».

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde), qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays lusophones, qui est composée de neuf pays, a expliqué que celle-ci cherche à promouvoir l’usage du portugais dans les contextes nationaux et internationaux pour renforcer le multilinguisme.  Il a souligné l’importance de la diversité culturelle et du dialogue interculturel, en particulier à l’ONU, où le multilatéralisme et le multilinguisme se renforcent mutuellement dans la promotion et la consolidation des valeurs de la tolérance et du dialogue entre les peuples.

Il a insisté sur l’intérêt de véhiculer les informations de l’ONU dans le plus grand nombre de langues afin de toucher un public le plus large possible.  Il a reconnu les mérites des CINU à cet égard, notamment pour sensibiliser les publics locaux dans les pays aux activités et thématiques clefs des Nations Unies.  Le portugais touche près de 300 millions de personnes, a rappelé le représentant, qui a salué au passage le travail de la section lusophone d’ONU Info ainsi que les nouveaux partenariats conclus entre l’ONU et des médias de pays lusophones.

M. YASUHISA KAWAMURA (Japon) a appelé à privilégier une stratégie de communication « axée sur le terrain », afin d’apporter davantage d’informations sur les travaux de l’ONU aux communautés locales, par le biais de « messages cohérents et stratégiques ».  Il a notamment jugé crucial, pour les Japonais, de disposer d’un « accès en temps et en heure » à des informations de fond sur les Nations Unies.  Dans ce cadre, il a salué les efforts du Centre d’information de Tokyo pour renforcer les liens déjà étroits entre l’Organisation et le peuple japonais, via des initiatives à l’image de la nomination du personnage Hello Kitty en tant qu’Ambassadeur spécial pour l’Année internationale du tourisme durable pour le développement.  Le représentant a appelé le Département de la communication globale à prendre appui sur le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies pour multiplier ce type d’initiatives, axées sur la conclusion de partenariats avec un large éventail d’acteurs privés.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a salué la campagne numérique « Service et sacrifice » lancée par le DCG pour mettre en valeur la contribution des pays contributeurs de contingents aux opérations de paix de l’ONU.  Au moment où le multilatéralisme est mis à mal, il a appelé l’ONU à prouver qu’elle est en phase avec les populations du monde, notamment à l’occasion de la célébration de son soixante-quinzième anniversaire.

Il faut garder à l’esprit les nouvelles technologies et rester à jour, tout en soulignant les risques associés à cette quatrième révolution industrielle, a poursuivi le représentant.  Le Bangladesh encourage le DCG à promouvoir la culture de la paix dans le monde à l’aune du XXe anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action sur une culture de la paix qui sera célébré le 13 septembre 2019.

Sur le front humanitaire, le Bangladesh souhaiterait que le DCG se concentre notamment sur la crise rohingya et les conditions de leur retour au Myanmar.  Le représentant a en outre suggéré au Département de promouvoir l’utilisation du bengali, septième langue la plus parlée dans le monde.

Sur le front du développement, le représentant a souligné les difficultés rencontrées par certains pays en développement dans la réalisation des objectifs de développement durable et a exhorté le DCG à mettre l’accent sur ces défis, en particulier d’ordre financier, de transferts de technologies et de renforcement des capacités.

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a dit soutenir pleinement les initiatives et programmes de sensibilisation menés par le Département, souhaitant que celui-ci traite de toutes les questions à l’ordre du jour des institutions de l’ONU, telles que la décolonisation, le maintien de la paix, le désarmement, les droits de l’homme, le développement durable, l’éradication de la pauvreté ou encore les changements climatiques.  Sur la question de la décolonisation, il a estimé « particulièrement ironique », qu’au moment où l’on célèbre le centième anniversaire de Nelson Mandela, on évite de mentionner les propos de Madiba sur la domination et la colonisation.  Aujourd’hui la responsabilité est encore plus grande, a-t-il lancé citant « les États Membres, le Secrétariat et son Groupe de la décolonisation, le Département de l’information et la société civile ».  « Nous ne nous retiendrons jamais de dire que les Nations Unies doivent être le chemin lumineux, la balise et l’instrument pour mettre un terme aux vestiges de ce fléau. »  Le représentant a invité à ne pas oublier que 17 territoires non autonomes sont toujours à l’ordre du jour de l’ONU.  Notant que la Troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme prendra fin en 2020, M. Bessedik a prévenu que « le Département de l’information et le C24 devront alors déclarer ce qu’ils auront fait ». 

Le représentant a par ailleurs invité le Département à continuer de fournir le soutien nécessaire à la diffusion de l’information relative au dialogue entre les civilisations et à la culture de la paix, et de promouvoir un monde opposé au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Enfin, il a souligné « deux faits de grande importance ».  Premièrement, pour éviter la sélectivité, la pratique des deux poids, deux mesures et la politisation, il a appelé le Secrétariat et tous les États Membres à respecter et à appliquer les règles de procédure de l’Assemblée générale à tous les stades des travaux de cet organe et de ses organes subsidiaires.  Deuxièmement, malgré les nombreux appels du G77 et la Chine, du Mouvement des pays non alignés et d’autres États, « nous regrettons vivement les disparités constantes dans les communiqués de presse, en particulier ceux qui touchent aux travaux de la Quatrième Commission ».  Le représentant a notamment jugé « inacceptable » qu’une même déclaration soit reflétée différemment et a appelé le Secrétariat, « une fois encore », à être fidèle à l’esprit et à la lettre de tout débat et de toute déclaration faite par un État Membre, ou d’autres intervenants.  « Nous insistons pour qu’il n’y ait pas de disparité entre les déclarations parce que la crédibilité du système des Nations Unies tout entier est en jeu ».

« L’information avait été discréditée par la propagande fasciste, communiste et anticommuniste », a déclaré Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines), en référence à la première moitié du XXe siècle.  « La naissance des Nations Unies a restauré la crédibilité de l’information », a-t-elle salué. 

La représentante a rappelé que le Comité de l’information avait été créé afin d’examiner les politiques et activités de l’Organisation en matière d’information publique.  Mais aujourd’hui, les réalisations du Comité ont été « anéanties » par les médias sociaux, dont « l’anonymat » et « l’irresponsabilité » ont, selon elle, contribué à « rendre tous les faits suspects ».  Dans ce contexte, le Département de la communication globale (DCG) a élaboré des stratégies et programmes, « avec plus ou moins de succès », dans le but de couvrir un large éventail de questions, allant du développement économique aux changements climatiques, en passant par les droits de l’homme, la question palestinienne, la décolonisation, les opérations de maintien de la paix, la lutte contre le terrorisme, les migrants et les réfugiés.

Mme Azucena a également salué le Département pour sa défense du multilinguisme.  Elle a notamment cité la campagne multimédia et multilingue lancée conjointement par DCG et le Département des opérations de maintien de la paix, dans le but d’améliorer la reconnaissance des contributions des Casques bleus et policiers déployés au sein des missions onusiennes.

La représentante philippine a également appuyé l’appel à utiliser les 63 centres d’information de l’ONU afin de diffuser auprès d’un public le plus large possible le message des objectifs de développement durable, « pas uniquement dans les six langues officielles, mais également, le cas échéant, dans d’autres langues ».

Tout en ne doutant pas que cette nouvelle session du Comité sera à nouveau l’occasion pour certains États Membres de mettre en scène leurs « différends bilatéraux », Mme Azucena a espéré que les négociations à venir auront des vertus « libératrices », selon l’expression employée par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan.

Nous vivons à une époque nouvelle, « où quiconque avec une tablette ou un smartphone peut transformer la vie de quelqu’un ou la ruiner en une seule seconde », a noté Mme AMAL MUDALLALI (Liban).  « Chacun connaît le pouvoir de l’information », a-t-elle ajouté. 

Dans ce contexte, la représentante a estimé que l’Organisation avait besoin d’être davantage comprise du grand public pour accomplir ses travaux.  Elle l’a notamment appelée à prendre appui sur la rapidité des plateformes de communication modernes, y compris les médias sociaux, pour diffuser ses messages.  Nous devons pour cela disposer de stratégies de l’information et de la communication « rapides, audacieuses et courageuses », capables d’atteindre la jeunesse, a-t-elle ajouté, appelant à « ne pas seulement instruire, mais également à inspirer ».  À l’heure des « fake news », la déléguée libanaise a en outre insisté sur la nécessité « d’être crédible » afin de lutter contre les tendances isolationnistes et unilatéralistes de certains États. 

Or, la représentante a estimé que l’ONU ne communiquait pas assez sur ses activités.  « Je dis au Département de la communication globale: "Vous n’êtes pas seuls.  Nous pouvons tous vous aider.  Dites–nous comment vous aider!" », a conclu la représentante.

Mme MA YUANCHUN (Chine) a remarqué qu’au cours de l’année écoulée, les travaux de communication des Nations Unies ont connu de grands progrès sous la houlette de la nouvelle Secrétaire général adjointe, Mme Smale.  Elle a noté la place prépondérante occupée par les médias sociaux et l’augmentation significative des partenariats, ainsi que les efforts déployés pour toucher une cible plus large, notamment les jeunes.  La Chine encourage le Département à tirer parti de ses acquis et à dialoguer avec les États Membres pour définir un axe clair pour ses travaux futurs.  À cet égard, il faut améliorer les mécanismes de dialogue avec les États Membres, a estimé la représentante, qui a également insisté sur l’importance du respect du multilinguisme au sein du DCG, et notamment de la langue chinoise dans ses contenus et ses plateformes.

La Chine appelle en outre le Département à faire en sorte que les pays en développement soient mieux représentés en son sein.  Actuellement, ce sont souvent des journalistes chinois qui font la promotion de l’ONU auprès du public chinois, a-t-elle regretté.

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a appelé à renforcer le multilinguisme et à atteindre davantage les jeunes, notamment par l’utilisation des médias sociaux, « sans pour autant négliger l’importance des médias plus traditionnels dans les régions du monde où l’accès à Internet est limité ».  Il a par conséquent jugé important de maintenir l’approche multimédia dans les communications onusiennes.

L’universalité de la langue portugaise constitue un atout pour la promotion du multilinguisme, a par ailleurs estimé le représentant, appelant le Département de la communication globale à renforcer encore davantage son utilisation de la langue portugaise.  Le représentant a enfin salué les travaux de l’unité portugaise au sien du Département, dont il a rappelé qu’elle avait été créée « sans coût additionnel » avec l’appui des pays lusophones.  

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a prié le Département de la communication globale de publier des outils de sensibilisation en langue népalaise, notant que de tels contenus, portant notamment sur la contribution du Népal au maintien de la paix, fourniraient des informations aux communautés sur les opérations de maintien de la paix et élargiraient le sentiment en faveur de l’ONU.  M. Rai a aussi suggéré de renforcer les CINU en les dotant d’infrastructures techniques pour leur permettre d’atteindre un public le plus large possible.  Pareillement, des synergies plus fortes doivent être créées entre les centres pour assurer une utilisation efficiente et un impact maximal.  Le représentant a ensuite demandé la modernisation et le renforcement du Service central de bibliothèque de l’Université de Tribhuvan qui distribue les publications des Nations Unies aux universitaires, aux intellectuels et aux chercheurs. 

M. Rai a par ailleurs fait observer que dans les régions les plus isolées des pays les moins développés, la radio, la télévision et la presse écrite demeurent les principales sources d’information.  Ainsi, l’ONU devrait faire usage d’un mélange optimal entre médias traditionnels et nouveaux médias pour diffuser ses principes et ses activités auprès du public mondial.  Il a exhorté le DCG à envisager de rendre le matériel des Nations Unies gratuit par le biais de numéros de téléphone gratuits, notant que la portée mondiale d’une telle démarche pourrait avoir un impact significatif sur le terrain.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) a salué les efforts déployés par le DCG pour faire connaître les activités et le rôle des Nations Unies aux quatre coins du monde, notamment en mettant l’accent sur les grandes conférences, les conventions et autres accords internationaux mais aussi sur les grandes thématiques comme l’appui à la diplomatie multilatérale, les migrations, la lutte contre le terrorisme et le maintien de la paix.

Pour ce qui est du multilinguisme, il a estimé qu’il s’agit d’un outil efficace pour promouvoir la diversité linguistique et culturelle à l’ONU.  Cependant l’Égypte constate avec regret qu’il existe toujours une inégalité dans l’utilisation des six langues officielles de l’ONU dans l’ensemble des supports et contenus du Département.  Le représentant a également mis en garde contre l’usage des TIC pour « torpiller des États Membres » et a exigé que l’on respecte les principes de la non-ingérence dans les affaires internes et de la souveraineté des États.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a appelé à adapter la stratégie de communication des Nations Unies aux nouvelles technologies de l’information et des communications.Dans ce cadre, le représentant s’est félicité du changement de nom du Département, qui correspond selon lui à la nécessité de l’intégrer davantage à l’ensemble des thèmes touchés par l’Organisation et de l’adapter aux différents formats de communication modernes, notamment ceux capables de toucher la société civile et en particulier les jeunes.Le représentant a appelé le Département à communiquer davantage avec les responsables de presse des différentes délégations des États Membres, afin de créer des synergies et d’échanger sur les meilleures pratiques.Pleinement conscient de l’existence d’un « fossé numérique » entre pays développés et en développement, il a toutefois appelé à ne pas revenir sur l’utilisation, par le Département, des médias traditionnels.

S’agissant du multilinguisme, le représentant a appelé à instaurer une « culture multilingue authentique » qui tienne véritablement compte de la particularité de chacune des langues officielles, et ce, dès la phase de conception des campagnes de communication.  Le représentant a noté la tendance à la hausse des consultations des pages Web des Nations Unies en espagnol, tendance qui confirme selon lui la deuxième place de la langue, après l’anglais.  Il a appelé à tenir compte de cette réalité dans l’allocation des ressources et lors des recrutements.

Le représentant s’est en outre félicité des activités du centre d’actualité en espagnol, qui produit, outre les informations générales liées à l’ONU, des contenus représentant plus particulièrement les intérêts hispanophones.  Il s’est toutefois dit préoccupé par la disparité dans l’utilisation des langues officielles sur le site Web de l’ONU, « où les contenus ne sont pas toujours disponibles dans les six langues ». 

Pour ce qui est de la couverture du Conseil et des différents organes de l’Assemblée générale, le représentant a réaffirmé le « rôle capital » des communiqués de presse, notamment pour la préservation de la « mémoire institutionnelle » et la diffusion quasiment en temps réel de l’information.  Or, le représentant a déploré le fait que les communiqués de presse ne soient disponibles que dans deux langues officielles.

Enfin, le représentant a salué les travaux des centres d’information des Nations Unies, dont celui de Buenos Aires, dont les travaux sont selon lui de plus en plus suivis.  Il a ainsi appelé à intégrer davantage les travaux de ces centres à ceux de l’Organisation.

M. HUMBERTO RIVERO ROSARIO (Cuba) a pris note des efforts notables déployés par le DCG pour promouvoir des campagnes de communication sur 11 thèmes importants, mais a regretté que la question du désarmement nucléaire ne figure pas parmi les priorités du Département.

S’agissant du site Web de l’ONU, il a constaté que des inégalités persistent entre les six langues officielles de l’ONU dans les contenus du Département.  De plus, dans un monde où 750 millions de jeunes et d’adultes ne peuvent encore ni lire ni écrire, et où l’accès à l’ordinateur reste une chimère pour beaucoup de gens, les Nations Unies doivent se pencher sur la réduction du fossé numérique.  Cuba regrette aussi que les communiqués de presse ne soient produits que dans deux langues officielles.

Le représentant a ensuite indiqué que Cuba avance vers l’informatisation de sa société, et compte à l’heure actuelle deux millions d’utilisateurs de téléphones mobiles.  Il a par ailleurs condamné avec force les agressions continues depuis l’extérieur et en particulier des États-Unis, de l’espace radioélectrique de Cuba.

Mme DIEDRE NICHOLE MILLS (Jamaïque) a salué l’accent mis sur une stratégie de communication intégrée qui couvre différents types de médias pour disséminer les valeurs et messages de l’ONU, en particulier les réseaux sociaux.  « Tout en considérant que c’est une contribution importante, nous sommes fermement attachés à l’idée que les médias traditionnels doivent aussi demeurer une priorité, en particulier compte tenu du fossé numérique continu entre États et à l’intérieur même des États », a indiqué la représentante.  Après avoir encouragé le DCG à poursuivre l’évaluation de l’impact de son travail, Mme Mills s’est dite satisfaite de savoir que le travail des centres d’information est pris en compte dans la restructuration du système de l’ONU pour le développement sur le terrain.  La déléguée a aussi salué le fait que le Département continue d’accorder une attention particulière aux questions importantes que sont les objectifs de développement durable et les changements climatiques, qui sont centrales dans la stratégie de développement national de son pays.

M. DEEPAK MISRA (Inde) a estimé que le multilinguisme était un facteur important de promotion de la diversité au sein de l’Organisation.  Il a cependant constaté que la diminution des ressources financières de l’Organisation avait « fortement entravé » la capacité du Département de la communication globale à s’acquitter de son mandat, notamment dans l’utilisation des langues non officielles.  Pour pallier cette situation, le représentant a appelé le Département à réfléchir « de façon innovante » à la possibilité de lever des fonds en dehors du budget ordinaire, notamment par le biais de contributions volontaires.

Nous vivons à une époque où le multilatéralisme se heurte à de plus en plus d’obstacles, a remarqué Mme BEATRIZ NÚÑEZ RIVAS (Uruguay).  Par conséquent le travail du DCG acquiert une importance croissante pour expliquer l’ONU à l’opinion publique mondiale à travers des campagnes de communication sur des thématiques phares et la diffusion d’informations précises, en temps et en heure, sur ses activités et initiatives, notamment sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Action climatique et ses opérations de paix.  L’Uruguay exprime aussi sa reconnaissance à la campagne « Service et sacrifice » qui cherche à promouvoir le rôle des pays contributeurs de contingents aux opérations de paix de l’ONU. 

La représentante a ensuite souligné que le multilinguisme est une pièce essentielle dans la promotion de la diversité culturelle, et a appelé le Département à œuvrer activement pour parvenir à l’égalité entre les six langues officielles, à commencer dans ses communiqués de presse et ses archives.

Il est également important de doter le DCG des ressources nécessaires pour lui permettre de s’acquitter de son mandat en matière de multilinguisme.  Elle a salué l’accent mis par le Département sur les nouvelles technologies de l’information tout en l’appelant à continuer d’utiliser les médias traditionnels de manière à pouvoir toucher les audiences mondiales qui n’ont pas accès à Internet.  Elle a mis en exergue l’importance du travail des CINU et a plaidé pour leur intégration plus étroite aux Nations Unies car ils rapprochent l’Organisation du public local en utilisant sa propre langue.

À l’époque des médias sociaux et de l’hyperconnectivité, « où chacun devient un journaliste », M. MUHAMMAD ZULQARNAIN (Pakistan) a jugé que les travaux du Département de la communication globale étaient plus importants que jamais.  Il a appelé à ce que ce dernier produise des informations « indépendantes », en s’appuyant le plus possible sur les conclusions formulées par les Nations Unies dans ses rapports, notamment en matière de changements climatiques.  Le représentant a soutenu les nouveaux efforts du Département axés sur la conclusion de partenariats sur le plan local, pour permettre une meilleure diffusion de l’information dans les communautés.  S’agissant du multilinguisme, le représentant a appelé le Département à promouvoir la diffusion d’informations dans les langues non officielles, notamment en swahili, ourdou, bengali et portugais.  Il a espéré que les ressources appropriées puissent être allouées à cette fin.

M. ANDRÉ DUNHAM MACIEL SIAINES DE CASTRO (Brésil) a encouragé le DCG à diffuser les idéaux et les activités de l’ONU dans le plus grand nombre de langues possible, et par le truchement d’un bouquet de médias traditionnels et de nouvelles technologies, tout en mettant l’accent sur la prépondérance de la radio dans le monde en développement.  Le Brésil appelle également à adapter les campagnes mondiales aux différents contextes locaux en misant sur le multilinguisme en particulier. 

Le Brésil est un ardent défenseur des nouvelles de l’ONU en portugais.  Depuis 2013, l’unité portugaise d’ONU Info a mis en place de nouveaux partenariats, a-t-il remarqué, ce qui a permis de passer de 35 000 à 830 000 vues entre janvier 2018 et janvier 2019.  Cela montre que la production de contenus dans les différentes langues et sur différentes plateformes, en particulier sur les médias sociaux, est très utile, a estimé le représentant.  Il a également salué le rôle des CINU pour diffuser les valeurs des Nations Unies dans les langues locales.  Le Brésil encourage en outre le Département à multiplier ses partenariats avec la société civile et les milieux académiques.

M. HONG JIN UM (République de Corée) a jugé très importantes les campagnes de communication menées par les Nations Unies, pour offrir un contrepoids face à la prolifération des « fake news ».  Il s’est félicité des différentes initiatives menées par le Département de la communication globale, notamment celles mettant l’accent sur l’éducation du grand public à l’importance du multiculturalisme.

M. DANIEL PRADA JIMÉNEZ DE CISNEROS (Espagne) a apporté tout son appui à la mission du DCG pour renforcer la compréhension au niveau international des buts, valeurs et actions de l’ONU.  Il s’est félicité des efforts déployés par le Département en faveur du multilinguisme tout en exhortant les acteurs à poursuivre sur cette voie en vue d’augmenter l’efficacité et de mieux répondre aux besoins des destinataires des campagnes du DCG.  Saluant le nouveau nom du Département, il a estimé que celui-ci reflète bien la réforme en cours.  Il s’est plus particulièrement intéressé à l’initiative du Secrétaire général pour renforcer la connaissance du travail des Nations Unies dans le domaine du développement durable, et a voulu savoir à quelle phase le projet se trouve actuellement.

Outre les médias traditionnels, l’Espagne salue la présence de plus en plus marquée de l’ONU sur les médias sociaux pour toucher notamment les jeunes.  Pour ce qui est des campagnes de communication, le représentant a félicité le Département pour ses campagnes sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Action climatique, la lutte contre le terrorisme et l’égalité hommes-femmes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Face aux défis de la numérisation, la réunion spéciale de l’ECOSOC sur la coopération en matière fiscale plaide pour une réforme globale et inclusive

Session de 2019,
10e et 11e séances plénières, Matin & après-midi
ECOSOC/6978

Face aux défis de la numérisation, la réunion spéciale de l’ECOSOC sur la coopération en matière fiscale plaide pour une réforme globale et inclusive

La fiscalité dans le contexte de la numérisation de l’économie, de la protection de l’environnement et des inégalités était au menu de la réunion spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) qui s’est tenue aujourd’hui sur le thème de la coopération internationale en matière fiscale, l’occasion de faire le point sur l’impact des nouveaux modèles d’affaires sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable. 

Les spécialistes et représentants de gouvernements, d’organisations internationales, de la société civile et du monde des affaires réunis ont ainsi exploré les moyens de soutenir les efforts déployés à tous les niveaux pour mobiliser les ressources publiques nécessaires à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Cette rencontre faisait suite à la dix-huitième session du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, qui s’est tenue du 23 au 26 avril 2019.

« La numérisation de l’économie n’a pas créé mais exacerbé les risques d’évasion fiscale fondés sur les règles fiscales existantes », a déclaré la Présidente de l’ECOSOC, Mme Inga Rhonda King, à l’ouverture de la réunion.  Connaître l’origine des profits des entreprises et le lieu où ces profits devraient être imposés est donc une question « fondamentale ».

Alors que la nature du travail évolue au même rythme que les techniques, la question de savoir « comment imposer les activités commerciales qui se déroulent dans plusieurs pays à la fois » demeure sans réponse, a déploré de son côté M. Elliot Harris, Sous-Secrétaire général et Économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales. 

Les panélistes qui ont pris part aux trois tables rondes interactives n’ont pas manqué de faire écho à ces préoccupations.  En vertu des règles fiscales internationales en vigueur, les États sont trop souvent incapables d’imposer les bénéfices des nouveaux modèles d’affaires ne nécessitant pas la présence physique des entreprises sur leur territoire, a constaté la modératrice de la première table ronde, Mme Kosha Gada, journaliste à Forbes et CNBC. 

Le cadre fiscal actuel, vieux d’un siècle, ne répond plus aux besoins des États en matière de développement, ont aussi déploré les intervenants.  « Aucun pays ne peut ignorer les conséquences de la numérisation sur la mobilisation des ressources », a d’ailleurs prévenu le Coprésident du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, M. Eric Nii Yarboi Mensah, qui a noté les efforts entrepris pour revoir les modalités fiscales, notamment au sein du Cadre inclusif sur l’érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Le Coprésident de l’équipe spéciale sur l’économie numérique de cette organisation, M. Brian Jenn, a mis en garde contre la « lassitude » envers le système actuel, qui conduit les États à adopter des mesures unilatérales, ce qui contribue à une incertitude économique croissante et à des risques accrus pour les entreprises. 

Devant ce constat, plusieurs panélistes ont prôné l’élaboration d’une « approche commune », suffisamment « simple » pour être appliquée par les pays en développement, et qui permettent aussi d’éviter les mesures unilatérales.  « Il faut introduire davantage de multilatéralisme dans le débat fiscal actuel », a fait valoir M. Irving Aw, du Fonds monétaire international (FMI), avec l’appui de l’ONU. 

La fiscalité ne doit pas affecter les recettes fiscales des pays les plus fragiles, a renchéri M. Harris, en appelant à tenir compte de l’impact de ces réformes sur les objectifs de développement durable.  De même, l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques doivent s’appuyer sur des réformes fiscales soucieuses de l’environnement, notamment la taxation du carbone. 

La lutte contre la pauvreté et les inégalités, la protection de l’environnement et la mise en place de modes de production et de consommation durables sont en effet nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable, ont rappelé tour à tour les panélistes de la seconde table ronde, consacrée à la fiscalité et la protection de l’environnement. 

Pour porter ses fruits, la fiscalité environnementale doit être complémentaire d’autres mesures administratives, a relevé la modératrice.  Il faut en effet tenir compte des principes de compétitivité et d’équité dans l’imposition de taxes environnementales, a ajouté M. Kurt van Dender, de l’OCDE, tout en évitant des mesures régressives qui risquent d’aggraver la pauvreté. 

Les inégalités constituent non seulement un obstacle à la construction de sociétés stables, mais également un frein au développement économique et social des États, ont fait valoir les panélistes de la troisième table ronde.  Ses effets délétères se font particulièrement sentir en Afrique, a déploré le Directeur exécutif du Tax Justice Network Africa (TJNA): c’est sur ce continent que se trouvent 10 des 19 pays les plus inégaux de la planète. 

Mme Elfrieda Tamba, membre du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, a donc appelé les Nations Unies et ses États Membres à mettre en place des politiques capables de réduire les inégalités, notamment par la redistribution des revenus.

Le Directeur exécutif d’OXFAM Mexique a toutefois souligné la « méfiance et la colère grandissante » de la population à l’égard des institutions.  Il a appelé à mettre « l’éthique fiscale » au cœur d’un contrat social « fort ». 

RÉUNION SPÉCIALE SUR LA COOPÉRATION INTERNATIONALE EN MATIÈRE FISCALE

Observations d’ouverture

Après les idées générées, il y a deux semaines, par le Forum sur le financement du développement, la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme INGA RHONDA KING, a souhaité que la réunion d’aujourd’hui permette d’approfondir le rôle de la fiscalité dans la mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a dit que la première table ronde, sur la « fiscalité et la numérisation de l’économie », présenterait des propositions destinées à apporter des changements majeurs à l’impôt sur les transactions transfrontalières des sociétés commerciales.  « La numérisation de l’économie n’a pas créé mais exacerbé les risques d’évasion fiscale sur la base des règles fiscales existantes », a dit Mme King, en dénonçant la « prolifération des structures corporatives » qui permettent de transférer les profits pour éviter l’impôt ou profiter de politiques fiscales à bas taux.  Connaître l’origine des profits des entreprises et le lieu où ces profits devraient être imposés est donc une question « fondamentale ». 

La seconde table ronde prévue l’après-midi, a-t-elle poursuivi, examinera comment la fiscalité peut contribuer à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, afin de ne laisser personne de côté.  Un équilibre judicieux entre la fiscalité environnementale et la fiscalité des ressources naturelles, combiné à une stratégie de mise en œuvre progressive, pourrait contribuer à la protection du climat et à un développement durable, a envisagé Mme King.  Enfin, la troisième table ronde se penchera sur la fiscalité et les inégalités, notamment le potentiel des systèmes budgétaires pour réduire les inégalités entre les pays à différents niveaux de développement.  Les grandes fortunes, souvent concentrées entres les mains de quelques-uns, sont peu soumises à l’impôt, voire même exemptes d’impôts dans les pays en développement, a déploré la Présidente.  « Ce ne sont pas seulement les impôts que nous percevons qui auront un impact sur les objectifs de développement durable, mais aussi la manière dont nous les dépensons », a-t-elle conclu. 

M. ELLIOT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique et Économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a dit que le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement avait changé l’approche de la fiscalité.  « Nous devons maintenant faire des choix entre différentes options politiques », a-t-il relevé, en notant que cette réunion était l’occasion rêvée de générer des contributions en matière fiscale.  Alors que l’économie se numérise rapidement, il a remarqué qu’il fallait toujours une présence physique des entreprises pour pouvoir imposer leurs bénéfices.  Toutefois, la nature du travail évolue au même rythme que les techniques, a poursuivi M. Harris, en déplorant que la question de savoir « comment imposer les activités qui se déroulent dans plusieurs pays » demeure sans réponse.  Selon lui, toute réforme de la structure actuelle devra s’intéresser à tous les pays, développés comme en situation particulière. 

Pour M. Harris, l’impact de ces réformes sur les objectifs de développement durable doit également être pris en compte.  La fiscalité ne doit pas devenir un jeu à somme nulle.  Elle ne doit pas non plus affecter les recettes fiscales des pays les plus fragiles.  De même, l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques doivent s’appuyer sur des réformes fiscales tenant compte de l’environnement, notamment la taxation du carbone.  De telles pratiques existent déjà, a noté M. Harris, en appelant à mettre en place ces mesures de façon globale, en tenant compte des objectifs de développement durable.  Notant également les liens entre la fiscalité et les inégalités, et relevant que celles-ci avaient beaucoup progressé au niveau national, M. Harris a déclaré que des politiques de redistribution pouvaient aussi avoir des effets sur la croissance, qui doit demeurer inclusive et conforme aux objectifs de développement durable. 

Table ronde 1: « Fiscalité et numérisation de l’économie »

En appliquant simplement les règles fiscales internationales actuelles, les États sont trop souvent incapables d’imposer les bénéfices découlant de nouveaux modèles d’affaires ne nécessitant pas de présence physique sur leur territoire, a déclaré d’emblée la modératrice, Mme KOSHA GADA, collaboratrice à Forbes et Consumer News and Business Channel (CNBC), en soulignant que les petites économies font face au défi supplémentaire de l’absence complète de législation nationale permettant d’aborder efficacement ces nouveaux modèles. 

Le cadre fiscal actuel date déjà de plus d’un siècle, a noté M. IRVING AW, Conseiller au Département juridique du Fonds monétaire international (FMI), ajoutant que les entreprises ne requièrent pas nécessairement de présence physique dans un pays pour y mener leurs activités.  Le débat sur la numérisation met donc en lumière les lacunes du système actuel et pose des problèmes qui demandent des réponses globales et inclusives. 

« Aucun pays ne peut ignorer les conséquences de la numérisation sur la mobilisation des ressources », a renchéri le Coprésident du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, M. ERIC NII YARBOI MENSAH, qui est Commissaire adjoint de l’Autorité fiscale du Ghana.  Des efforts sont en cours pour réexaminer la fiscalité fondée sur la présence physique des entreprises, a-t-il noté, notamment au sein du Cadre inclusif sur l’érosion de la base d’imposition et transfert de bénéfices de l’OCDE. 

La Directrice du Groupe intergouvernemental des Vingt-Quatre pour les questions monétaires internationales et le développement (G24), Mme MARILOU UY, a reconnu qu’il restait beaucoup de chemin à faire avant de parvenir à l’équité en matière fiscale.  Si les pertes de revenus découlant de l’érosion de la base d’imposition et du transfert de bénéfices sont plus importantes pour les pays développés que pour les pays en développement, la part de ces recettes dans l’économie demeure plus importante dans les pays en développement.  Il faut donc élaborer des solutions suffisamment simples pour être mises en place dans les pays en développement tout en déployant le prélèvement de l’impôt à la source pour les entreprises numériques. 

Toutefois, a fait valoir le Conseiller du FMI, les pays à faibles revenus ont tendance à puiser leurs recettes fiscales chez les entreprises plutôt que chez les particuliers ce qui, dans le cadre actuel, entraîne de nouvelles vulnérabilités.  « Nous devons tenir compte du fait qu’il n’y a pas d’approche unique possible », a renchéri l’expert du Ghana, en rappelant que les pays en développement n’ont pas les capacités nécessaires pour mettre en œuvre des réformes fiscales complexes, telles que l’imposition à la source. 

Notre objectif doit donc être d’élaborer une approche commune et suffisamment simple pour être appliquée de façon globale, tout en évitant les approches unilatérales, a dit M. BRIAN JENN, Coprésident de l’équipe spéciale sur l’économie numérique de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et Conseiller adjoint en matière de fiscalité internationale au Département du trésor des États-Unis.  Au terme de consultations menées auprès d’entreprises et de parties prenantes, l’OCDE a défini deux piliers devant sous-tendre le présent débat, à savoir la répartition des pouvoirs fiscaux et le renforcement de certains aspects du Projet concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices.  Selon lui, le présent débat témoigne d’une « lassitude » envers le système actuel, alors que les États ont le sentiment que les règles de répartition des pouvoirs fiscaux sont devenues insuffisantes.  Cette lassitude a d’ailleurs conduit de nombreux États à adopter des mesures unilatérales, ce qui contribue à une incertitude économique croissante et à des risques accrus pour les entreprises. 

Pour le European Network on Debt and Development (EURODAD), cependant, les 36 membres de l’OCDE ne sont pas représentatifs des pays en développement et leurs priorités sont donc différentes.  Nous devons donc mettre au point de nouvelles règles pour faire en sorte que les réformes fiscales permettent de mettre les États sur un pied d’égalité réel, ont renchéri la Thaïlande et l’Inde, tout en favorisant la réalisation des objectifs de développement durable et du Programme 2030. 

« Il faut introduire davantage de multilatéralisme dans le débat fiscal actuel », a diagnostiqué le Conseiller du FMI.  Alors que l’économie incorporelle se numérise un peu plus chaque jour et ne peut donc pas être cantonnée, M. CARLOS PROTTO, membre du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, qui est Directeur des relations fiscales internationales du Ministère du trésor de l’Argentine, a estimé qu’il incombe à l’ONU de favoriser la mise en place de normes simplifiées ne laissant personne de côté, tout en permettant d’augmenter les échanges transfrontaliers. 

L’adoption d’un consensus sur cette question demeure toutefois improbable, a reconnu l’expert des États-Unis, en mettant en garde contre les approches unilatérales qui pourraient en résulter.  Pourtant, « la coopération est requise », a conclu l’expert de l’Argentine, en appelant les États Membres à parvenir à un consensus sur ces questions. 

Table ronde 2: « Fiscalité et protection de l’environnement »

La protection de l’environnement évoque des régimes réglementaires et des obligations, a reconnu la modératrice de cette discussion, Mme JANET MILNE, Directrice de l’Environmental Tax Policy Institute, Vermont Law School, avant de tracer l’historique des réglementations fiscales relatives à l’environnement et de leur application.  Pour porter ses fruits, la fiscalité environnementale doit être flexible et complémentaire d’autres mesures administratives, a-t-elle relevé. 

Les réformes fiscales environnementales fonctionnent mieux que bien d’autres instruments pour protéger l’environnement, a renchéri M. KURT VAN DENDER, Chef de l’Unité fiscalité et environnement du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE, citant en exemple l’impact décisif de la mise en place d’une taxe sur le carbone en Australie.  Ces taxes permettent en outre de réduire les émissions à moindre coût, tout en laissant le soin aux entreprises d’en définir les modalités d’application. 

Au Canada, ce sont les provinces qui ont le choix des modalités d’application selon leurs priorités environnementales et fiscales, a témoigné M. GERVAIS COULOMBE, Directeur principal de la Division de la taxe de vente, Direction de la politique de l’impôt, Ministère des finances du Canada, en présentant les grandes lignes du système fédéral de tarification de la pollution par le carbone du Canada. 

De son côté, le Gouvernement chilien a imposé, en 2014, trois « taxes vertes », a dit l’ancien Ministre de l’environnement du Chili, M. RODRIGO PIZARRO, de l’Université de Santiago.  Il a décrit les infrastructures institutionnelles mises en place pour assurer la mise en œuvre de ces taxes, dont l’impact se fait déjà sentir, notamment pour accompagner la réalisation des objectifs de développement durable. 

Prenant ensuite la parole, Mme NATALIA ARISTIZABAL, du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies et Coordonnatrice du Sous-Comité sur les questions de fiscalité environnementale, a parlé du Manuel sur la taxation du carbone mis au point par l’ONU, tout en déplorant que ce type d’imposition soit peu utilisé dans les pays en développement.  Pourtant, ces États, souvent signataires de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ont tout à gagner à imposer de telles taxes, y compris de nouvelles recettes.  

Pour que la fiscalité environnementale soit un succès, il faut en effet tenir compte des principes de compétitivité et d’équité, tout en évitant des mesures régressives qui risquent d’aggraver la pauvreté, a ajouté le spécialiste de l’OCDE

Ainsi, la taxe sur les émissions de carbone du Chili a permis d’envoyer un « vrai message » aux entreprises, a dit l’expert de l’Université de Santiago, celles-ci ayant abandonné la production de charbon dans la foulée.  Il faut également faire preuve de transparence et expliquer à la population l’utilisation qui sera faite des recettes des taxes environnementales, a ajouté le spécialiste du Canada, en montrant notamment comment est mis en œuvre l’Accord de Paris.  Pour la spécialiste de l’ONU, la transparence permet également de gagner en légitimité en donnant à la population le sentiment de participer à quelque chose de « plus grand ». 

Se tournant vers la notion d’équité, le spécialiste de l’OCDE a déclaré que, malgré leur caractère « régressif » dans les pays développés, les taxes sur le carbone sont généralement « progressives » dans les pays en développement, où les foyers aisés ont davantage recours au carburant.  Il faut donc distinguer entre équité et accessibilité dans la fiscalité environnementale.  À terme, ces mesures se révèlent avantageuses pour les ménages pauvres, qui vivent souvent dans des conditions environnementales dégradées, a précisé le spécialiste du Chili

Pour décarboniser l’économie d’ici à 2050, les taxes sur le carbone devraient être augmentées drastiquement, au-delà des tarifs actuellement en vigueur dans les pays développés, a préconisé le spécialiste de l’OCDE.  Le succès de la lutte contre les changements climatiques dépend des mesures que nous adoptons dès aujourd’hui, a-t-il conclu.  

Table ronde 3: « Fiscalité et inégalités »

Le modérateur, M. WILSON PRICHARD, professeur à l’Université de Toronto, a lancé la discussion en posant le principe selon lequel la fiscalité doit reposer sur des principes d’équité, « ce qui implique que les riches soient imposés davantage que les pauvres ».  En outre, le système doit être équitable sur le plan « horizontal », a-t-il précisé en exigeant qu’il doit s’appliquer de la même façon à tous, ce qui n’est pas toujours le cas dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.  Il a dénoncé le fait que des bénéfices de sociétés soient transférés dans des pays à faibles taux d’imposition, et que des écarts persistent entre l’imposition des sociétés aux niveaux national et international.  Il faut donc réformer les systèmes fiscaux pour les rendre plus équitables et faire en sorte qu’ils contribuent à la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il recommandé. 

Les effets délétères des inégalités croissantes se font particulièrement sentir en Afrique, a déploré le Directeur exécutif du Tax Justice Network Africa (TJNA), M. ALVIN MOSIOMA, continent où se trouvent 10 des 19 pays les plus inégaux de la planète.  Notre continent connaît en effet une croissance « biaisée », constituée d’actifs concentrés dans certains secteurs.  En outre, les recettes fiscales proviennent surtout de taxes, ce qui a pour effet d’accentuer « agressivement » les inégalités.  De plus, la concurrence fiscale entre les pays africains qui permet d’attirer investissements et aide au développement a pour effet d’aggraver ces phénomènes.  Il a aussi dénoncé les politiques fiscales destinées à bénéficier aux riches, tout en leur permettant d’éviter de payer leur juste part. 

Afin de corriger ce déséquilibre, Mme ELFRIEDA TAMBA, du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale des Nations Unies, a estimé qu’il incombe aux Nations Unies et à ses États Membres de mettre en place des politiques à même de réduire les inégalités, notamment par la redistribution des revenus.  Cependant, selon des études menées par l’ONU en Afrique subsaharienne, les politiques qui aident à réduire la pauvreté ne contribuent pas nécessairement à réduire les inégalités.  Ainsi, une couverture sanitaire universelle permet certes de contrer certains effets de la pauvreté, mais seule l’imposition progressive des revenus permet de lutter efficacement contre les inégalités. 

Dans ce contexte, M. RICARDO FUENTES-NIEVA, Directeur exécutif d’OXFAM Mexique, a parlé de la « méfiance et de la colère grandissante » de la population à l’égard des institutions.  L’impôt est au cœur du pacte social, dans une « relation à deux sens » au sein de laquelle les gouvernements fournissent des services et les citoyens acceptent de réduire leur liberté et de verser une partie de leurs revenus.  Il a noté les différences marquées en matière de fiscalité entre les nations, évoquant une « moralité fiscale » fluctuante entre les États.  Cette « éthique fiscale » est donc au cœur d’un contrat social « fort », lui-même tributaire de la redevabilité des gouvernements. 

Ainsi, une utilisation judicieuse des recettes fiscales, sans corruption accablante, est seule à même d’obtenir l’aval de la population.  Pour une organisation de peuples autochtones, la corruption et le blanchiment d’argent doivent faire l’objet de mesures à l’échelle internationale. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la possibilité d’établir un État palestinien viable continue d’être érodée par les faits sur le terrain, prévient l’ONU

8517e séance – matin
CS/13794

Conseil de sécurité: la possibilité d’établir un État palestinien viable continue d’être érodée par les faits sur le terrain, prévient l’ONU

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a affirmé aujourd’hui, au Conseil de sécurité, que « la possibilité d’établir un État palestinien viable et contigu continue d’être érodée par les faits sur le terrain ».  La majorité de la cinquantaine d’intervenants à cette séance trimestrielle consacrée au Moyen-Orient a rappelé son soutien indéfectible à la solution des deux États, et une partie d’entre eux ont également évoqué les situations préoccupantes concernant le Golan syrien, la Syrie, le Yémen, la Libye et le Liban.

Mme DiCarlo a relevé que « l’espoir de la solution des deux États continue d’être remplacé par la montée de la peur de futures annexions ».  Elle a averti que le statut quo ne peut que conduire à une détérioration accentuée de la situation, la radicalisation de toutes les parties, plus de souffrance et la poursuite du conflit.     

En effet, « l’horizon de la paix semble de plus en plus lointain », a confirmé l’Observateur permanent de la Palestine, qui a pointé du doigt la Puissance occupante qui « insiste pour imposer son agenda juridique à tout prix », avant de déplorer « le soutien absolu octroyé à Israël par un membre permanent du Conseil, ce qui n’a fait qu’enhardir son mépris pour la loi ».  Au sujet de « l’hypothétique plan de paix » américain, il a averti que toute initiative s’écartant du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU serait « irrecevable ».  Justement, la délégation des États-Unis a été claire: « l’avenir de Gaza ne pourra pas être abordé, et la population de Gaza être aidée, de manière significative, tant que le Hamas sera présent ou ne fera pas les choix nécessaires à la stabilité et, finalement, à la paix ».

La délégation israélienne a demandé que l’on ne rejette pas le tort sur la partie qui propose la paix en félicitant celle qui propose la violence et le terrorisme.  Pour Israël, la paix ne peut être envisagée qu’avec la prise en compte des quatre piliers du passé et les quatre de l’avenir.  Les piliers du passé sont les bases des réclamations israéliennes sur les terres que le pays occupe.  Ce sont des éléments bibliques, historiques ou encore inhérents au droit international et à la recherche de la paix.  Pour les piliers de l’avenir, le délégué a cité: l’acceptation et la reconnaissance d’Israël par les Palestiniens; la fin de la campagne palestinienne de violence; une coopération régionale visant l’établissement des relations avec les voisins en vue de la sécurité commune; et l’intransigeance sur la sécurité d’Israël.  

Pour sa part, la Fédération de Russie a demandé que soit remis à l’ordre du jour le rôle du Quatuor entériné, du reste, par le Conseil.  En attendant, le pays propose un sommet entre les dirigeants des deux parties, assurant que l’Autorité palestinienne y soit favorable.  La Fédération de Russie invite également le Conseil à envoyer une mission au Moyen-Orient pour notamment renforcer son unité du Conseil sur la question israélo-palestinienne.  La Ligue des États arabes a été jusqu’à dénoncer « le mépris » des grands acteurs internationaux sur la question de Palestine, avant d’indiquer que la question du Moyen-Orient doit être réglée au Conseil de sécurité et non au sein d’une enceinte parallèle qui piétine l’initiative de paix arabe.  Le rôle du Conseil a été pourtant remis en question.  L’Indonésie a déploré son « inaction », en notant que l’expansion des colonies de peuplement, la violence et les autres violations de la résolution 2334 (2016) « constituent un affront flagrant à l’autorité de cet organe ».  Le pays a proposé qu’un échéancier soit arrêté pour la réalisation de la solution des deux États, une proposition soutenue par la Turquie.

Dans l’attente d’une solution politique, la Chine, ainsi que d’autres pays, ont plaidé pour l’amélioration de la situation économique et sociale des Palestiniens, notamment à Gaza, alors que certaines recettes fiscales de l’Autorité palestinienne sont retenues par Israël.  Devant une crise économique qui s’est aggravée, Mme DiCarlo a invité les membres du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens à profiter de la réunion de Bruxelles, demain, pour travailler avec Israël et l’Autorité palestinienne afin de résoudre cette crise qui menace la viabilité de l’Autorité palestinienne.  L’Organisation de la coopération islamique (OCI) a d’ores et déjà décidé de créer un « fonds pour les réfugiés de Palestine » pour aider l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  Le Koweït a, de son côté, regretté le refus d’Israël de renouveler le mandat de la Présence internationale à Hébron, et ses tentatives de modifier le statu quo relatif à la ville de Jérusalem.

Invités à présenter leurs travaux en début de séance, Mme Nada Majdalani, Codirectrice palestinienne de EcoPeace Middle East, a indiqué que le droit à l’eau des Palestiniens ne peut plus être repoussé sous prétexte que l’on n’arrive pas à parvenir à un accord sur tous les points liés au statut final, tandis que son homologue palestinien, M. Gidon Bromberg, a fait observer que mobiliser l’énergie de l’eau, du soleil, du vent et de la mer peut être une voie vers la paix entre Israéliens et Palestiniens. 

Pour ce qui est du Golan, la Secrétaire générale adjointe a rappelé que « la position de l’ONU sur la question est claire » et qu’elle est contenue dans des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  De nombreux pays, dont la France, ont rappelé qu’ils ne reconnaissent pas la souveraineté israélienne sur les territoires occupés, y compris le Golan syrien.  La République arabe syrienne a réitéré sa condamnation de la décision « inique » du Président américain de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien.     

L’Union européenne a, quant à elle, imputé au Gouvernement syrien une grande partie de la responsabilité dans la situation humanitaire « catastrophique » que vit le pays.  C’est pourquoi elle vient de renforcer ses sanctions contre le régime syrien et ses alliés, dont des responsables d’attaques chimiques.  Les orateurs ont également appelé à la paix au Yémen et en Libye, tout en plaidant pour la régularisation de la situation au Liban, pays dont la représentante a dénoncé « les violations quotidiennes de la souveraineté par Israël ».   

En début de séance, le Conseil de sécurité a observé une minute de silence en mémoire des victimes de l’attentat contre une synagogue de Californie et celui ayant visé une église protestante au Burkina Faso.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a indiqué que l’absence de solution politique au conflit sape les efforts de paix.  Ainsi, sous la pression de la violence, de l’expansion des colonies de peuplement, de mesures unilatérales, des divisions intrapalestiniennes et de l’approfondissement de la méfiance mutuelle, les perspectives d’une paix juste et durable restent toujours plus illusoires.  En effet, « l’espoir de la solution des deux États continue d’être remplacé par la montée de la peur de futures annexions.  La possibilité d’établir un État palestinien viable et contigu continue d’être érodée par les faits sur le terrain. »  Mme DiCarlo a estimé que le statut quo ne peut que conduire à une détérioration accentuée de la situation, la radicalisation de toutes les parties, plus de souffrance et la poursuite du conflit.

Mme DiCarlo a ensuite félicité le Premier Ministre Palestinien pour la formation d’un nouveau gouvernement, avant d’inviter toutes les factions palestiniennes et les dirigeants politiques à travailler ensemble, de bonne foi, afin d’unifier Gaza et la Cisjordanie sous un même et légitime Gouvernement palestinien.  Elle a également félicité le peuple israélien pour l’élection du 9 avril dernier, rappelant que le 17 avril, le Président israélien a demandé au Premier Ministre Benyamin Netanyahou de former un nouveau gouvernement.

L’absence prolongée de solution politique au conflit coïncide avec la détérioration constante de la situation dans les territoires palestiniens occupés, a souligné la Secrétaire générale adjointe.  Pendant le dernier trimestre, les autorités israéliennes ont établi pas moins de 2 100 maisons dans la Zone C et ont dit leur intention d’y construire 950 de plus.  Mme DiCarlo a indiqué que les colonies de peuplement n’ont « aucun effet juridique » et constituent « une violation du droit international ».  Dans le même temps, les démolitions et la saisie de structures appartenant aux Palestiniens se sont poursuivies en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.  Les autorités israéliennes ont détruit ou saisi 37 structures, déplacé 49 personnes au motif de l’absence de permis de bâtir israélien, un document pratiquement impossible à obtenir pour les Palestiniens, a-t-elle expliqué.  La situation des sites religieux palestiniens de Jérusalem-Est, restée relativement calme le mois dernier. 

En outre, le 30 mars dernier, les Palestiniens de Gaza ont célébré le premier anniversaire des manifestations de la « marche du retour » qui avait été commémoré par 50 000 Palestiniens, lesquels avaient manifesté autour du mur de séparation.  Ces évènements avaient conduit à la mort de 7 Palestiniens, y compris 4 enfants, tués par les Forces de sécurité israéliennes à Gaza; 1 316 personnes ont été blessées.  Mme DiCarlo a réitéré que les enfants ne doivent pas être la cible de violences et encore moins être exposés aux risques de violences ou encouragés à prendre part aux violences.  Elle a aussi rappelé, à l’endroit d’Israël, que la force létale ne doit être utilisée qu’en dernier recours, et en réponse à une menace imminente de mort ou de blessure grave.

Au cours des dernières semaines, des militants palestiniens ont procédé à 30 tirs de roquette et de mortiers depuis Gaza vers Israël.  Plusieurs ballons incendiaires ont également été lancés depuis Gaza vers le Sud d’Israël.  « Cela doit prendre fin », a martelé l’intervenante en demandant au Hamas de s’assurer que les protestations restent pacifiques et que des mesures soient prises pour empêcher des provocations près du mur de séparation, y compris des tentatives de le traverser.  En Cisjordanie, trois Palestiniens ont été tués par les Forces armées israéliennes, alors que 63 autres ont été blessés, dont 18 enfants.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a relevé 14 attaques palestiniennes contre des colonies israéliennes en Cisjordanie.

La crise financière palestinienne s’est également aggravée ces derniers temps, s’est inquiétée la Secrétaire générale adjointe.  En dépit des mesures d’austérité arrêtées et des promesses récentes de soutien d’États arabes, le risque de l’effondrement financier de l’Autorité palestinienne ne cesse d’augmenter.  Il faut donc une résolution durable de cette crise de toute urgence.  C’est pourquoi elle a invité les deux parties à cibler les causes de la crise par la voie du dialogue, la mise en place d’accords bilatéraux, tout en les appelant à éviter de prendre des mesures unilatérales qui sapent la stabilité et la sécurité des Palestiniens et des Israéliens.  Mme DiCarlo a invité les membres du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens à profiter de la réunion de Bruxelles demain pour travailler avec Israël et l’Autorité palestinienne afin de résoudre cette crise qui menace la viabilité de l’Autorité palestinienne.

Au sujet de la crise humanitaire à Gaza, elle a évoqué en particulier la souffrance des femmes, rappelant que 70% d’entre elles sont sans emploi.  Les familles qui sont donc dirigées par des femmes confrontées à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire.  L’ONU continue d’apporter une assistance aux femmes et filles palestiniennes, mais beaucoup reste à faire.  L’année dernière, près de 110 millions de dollars ont été mobilisés en faveur des Palestiniens, et l’ONU et ses partenaires ont consacré 45 millions de dollars qui vont permettre la création d’environ 20 000 emplois temporaires en 2019.  Le 1er avril dernier, Israël a étendu la zone de pêche palestinienne de Gaza à environ 15 miles nautiques, a salué Mme DiCarlo en souhaitant que le reste des zones de pêches palestiniennes, aujourd’hui limitées à 6 à 12 miles nautiques, bénéficient également de cette mesure.  Elle a rappelé que la crise de Gaza est d’abord politique, ajoutant qu’il faut des mesures pour la levée du blocus et la réconciliation intrapalestinienne, notamment dans le cadre des discussions engagées avec l’Égypte.

S’agissant ensuite du Liban, Mme DiCarlo a indiqué que la situation y demeure stable, y compris autour de la ligne bleue.  La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a relevé la présence de 5 tunnels, dont 3 traversent la zone bleue, en violation de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité. 

Pour ce qui est du Golan, le 25 mars, le Président américain a signé une proclamation officielle reconnaissant la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé.  La Secrétaire générale adjointe a rappelé que « la position de l’ONU sur la question est claire » et qu’elle est contenue dans des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment 242 (1967) et 497 (1981).

Enfin, au sujet du conflit en Syrie, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que l’Envoyé spécial du Secrétaire général continue ses efforts pour trouver une solution politique négociée au conflit.  Il sera du reste devant le Conseil de sécurité demain pour rendre compte de ces efforts.  En conclusion, Mme DiCarlo est revenue sur la question palestinienne, demandant que les deux parties retournent à la table des négociations, tout en les invitant à éviter de prendre des actions unilatérales qui pourraient saper les perspectives de paix.

Mme NADA MAJDALANI, Codirectrice palestinienne de EcoPeace Middle East, a expliqué que 97% de l’eau souterraine à Gaza n’est plus consommable par les humains et que 30% des maladies dans l’enclave sont liées à des pathogènes d’origine hydrique.  Avec en moyenne quatre heures d’électricité par jour, les installations sanitaires ne fonctionnent pas et déversent l’équivalent de 34 piscines olympiques d’eaux usées par jour dans la mer Méditerranée.  Après plus de 12 ans de blocus, des guerres consécutives, de nombreux morts dont des enfants et l’échec de la réconciliation intrapalestinienne, c’est aujourd’hui une catastrophe humanitaire qui frappe la bande de Gaza.

« Nous sommes ici, devant vous, Gidon et moi, accompagnés par la Codirectrice jordanienne d’EcoPeace comme membres d’une équipe dévouée qui refuse que nos enfants et notre environnement restent otages de ce conflit », a expliqué Mme Majdalani pour laquelle les questions liées à l’eau et au climat sont des questions centrales pour l’avenir de tous les pays de la région.  « Si les politiciens peuvent se permettre d’envisager des politiques de désengagement, nous ne pouvons pas nous désengager de notre environnement partagé », a-t-elle tranché.  La centrale de désalinisation d’Ashkelon, qui produit l’eau potable de 15% des Israéliens, a dû fermer à plusieurs reprises à cause de la pollution des eaux remontées par les courants des plages de Gaza, « ce qui prouve bien que l’eau et l’environnement font fi des frontières et des limites ».  Elle a également parlé du cas du fleuve Jourdain, en ponctuant son discours d’exemples concrets de personnes et de familles avant d’annoncer qu’EcoPeace a développé un plan détaillé pour la vallée du Jourdain qui pourrait « transformer cette vallée de la pauvreté et du désespoir en une vallée de la prospérité partagée par toutes les communautés de la mer de Galilée à la mer Morte ».  Leur approche se fonde sur les principes du développement durable et des opportunités égales dans le cadre de la solution des deux États dans les frontières de 1967. 

Pour EcoPeace il n’y a pas de temps à perdre pour régler le problème de l’eau, et le droit à l’eau des Palestiniens ne peut plus être repoussé sous prétexte que l’on n’arrive pas à parvenir à un accord sur tous les points en instance liés au statut final.  Actuellement, les termes et les mécanismes prévus par les Accords d’Oslo pour la gestion transfrontière de l’eau et de l’assainissement ne remplissent pas leurs engagements vis-à-vis des Palestiniens, ni même envers les Israéliens, a-t-elle estimé pour ce qui est des impératifs du développement durable.  La représentante de l’ONG a ajouté que si rien n’est fait pour Gaza, face à la crise de l’eau et les changements climatiques, la communauté internationale ne devra pas s’étonner de voir de plus en plus de bateaux de réfugiés.

« Nous sommes ici pour adresser un message puissant à nos gouvernements et aux membres du Conseil de sécurité.  Nous faisons face ensemble au manque d’eau d’une part à cause du conflit et, d’autre part à cause des changements climatiques qui ne font pas la différence entre le côté puissant et le côté plus faible du conflit.  Il faut agir maintenant.  Il faut réévaluer nos postulats, rejeter l’unilatéralisme et faire des efforts conjoints pour promouvoir la coopération transfrontalière en matière d’eau.  Il s’agit d’une question essentielle pour la stabilité et la sécurité nationales et régionales », a conclu Mme Majdalani avant de passer la parole à son homologue israélien, M. Gidon Bloomberg.

M. GIDON BROMBERG, Codirecteur de EcoPeace Middle East, a rappelé que, grâce à la mobilisation des maires des communautés limitrophes d’Israël, de Palestine et de Jordanie, le Jourdain a été réhabilité et assaini, pour devenir une source d’eau viable, mais aussi « un vecteur de paix ».  Au moment de la signature des Accords d’Oslo, la question de l’eau ne figurait pas parmi les questions relatives au statut final parce qu’elle aurait immanquablement créé des perdants et des vainqueurs, a-t-il rappelé. 

M. Bromberg a appelé à sortir du cadre de réflexion du XXe siècle et des Accords d’Oslo sur la question de l’eau, en faisant remarquer que de nos jours, les nouvelles technologies dans le secteur de l’eau, souvent le fruit d’innovations israéliennes, présentent de vraies opportunités.  Aujourd’hui, 70% de l’eau potable en Israël provient de la désalinisation, et l’objectif d’un partage équitable entre Palestiniens et Israéliens est atteignable, a estimé l’intervenant.  « Pour la première fois depuis 50 ans, l’eau commence à couler naturellement en Galilée », s’est félicité M. Bromberg, en saluant la Jordanie, qu’il considère comme un chef de file dans l’exploitation viable des ressources aquifères.  Mobiliser l’énergie de l’eau, du soleil, du vent et de la mer peut être une voie vers la paix entre Israéliens et Palestiniens, a-t-il insisté en conclusion.

M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de la Palestine, a souligné « l’incertitude » et la « volatilité » de la période actuelle dans les territoires palestiniens occupés, dont la situation se détériore selon lui de jour en jour.  Parallèlement, l’horizon de la paix semble de plus en plus lointain, a déploré le représentant, pointant du doigt la Puissance occupante, qui « insiste pour imposer son agenda juridique à tout prix ».  Aux yeux de M. Mansour, ce panorama s’est encore assombri, début avril, à l’issue des élections législatives israéliennes, qui ont consacré « l’extrême droite dirigeant désormais Israël comme un État raciste et ségrégationniste », sous la houlette de son Premier Ministre, M. Benjamin Netanyahu. 

« Le soutien absolu octroyé à Israël par un membre permanent de ce Conseil n’a fait qu’enhardir son mépris pour la loi », a affirmé M. Mansour, au point d’attiser encore davantage les violations contre son peuple et la colonisation des territoires palestiniens.  J’en veux pour preuve, a-t-il dit, les récentes déclarations « cyniques » et « incendiaires » des autorités israéliennes concernant leur tentative d’annexion des colonies « illégales » dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem-Est, et les nombreux crimes de guerre commis au quotidien par l’armée du pays.

« Cela parait désormais évident: implorer et apaiser Israël n’a jamais fonctionné », a estimé M. Mansour, appelant la communauté internationale à « joindre le geste à la parole », en prenant des mesures urgentes pour tenir Israël pour responsable.  « Il doit y avoir des conséquences pour les violations », a-t-il insisté.  En plus de la colonisation, des démolitions d’immeubles dans les territoires occupés, des évictions, déplacements forcés et meurtres de Palestiniens, ainsi que des menaces qui pèsent sur le statu quo historique concernant les lieux saints à Jérusalem-Est, le représentant a condamné le blocus « illégal » de Gaza, qui dure depuis maintenant 12 ans.  « Isoler et emprisonner deux millions de personnes est une sanction collective relevant du crime de guerre », a dénoncé M. Mansour, ajoutant que le blocus était le principal responsable de la crise humanitaire « désastreuse » et du sentiment de « désespoir » à l’origine des manifestations populaires récentes à Gaza.

Or, étrangement, lorsqu’il s’agit de la Palestine, les appels à respecter le droit semblent perçus comme « fantasques », plutôt que « légitimes ».  Pour M. Mansour, cette tendance doit changer.  Les décisions et déclarations de certains États, en violation du droit international et des résolutions de l’ONU, ne sauraient « changer les faits » ou « légitimer ce qui est illégitime », a-t-il ajouté, condamnant sans les citer les décisions prises récemment par les États-Unis.  Quant aux spéculations concernant un hypothétique « plan de paix » américain, le représentant a indiqué que toute initiative s’écartant du droit international et des résolutions pertinentes de l’ONU serait « irrecevable ».  Face à ce « sombre tableau », M. Mansour a rappelé l’attachement de la Palestine à une solution pacifique, politique, légale et non violente au conflit.

M. DANNY BEN YOSEF DANON (Israël) a parlé d’un moment difficile pour le peuple israélien, rappelant ainsi l’attentat de la synagogue Chabad de la ville de Poway aux États-Unis, tout en notant qu’il s’agit de la deuxième tuerie dans une synagogue en moins de six mois.  Le représentant a tenu à répondre à l’interpellation qui lui avait été faite par le Président du Conseil, le représentant de l’Allemagne, qui voulait savoir, au cours du précédent débat sur le Moyen-Orient, quels étaient les bases des réclamations israéliennes sur les terres que le pays occupe.  M. Danon a donc évoqué quatre raisons fondamentales qu’il a présentées sous forme de piliers.

D’abord le « pilier biblique ».  Il a rappelé que l’ancien testament laisse voir que la terre d’Israël appartenait au peuple juif, convoquant comme justification des passages de ce livre saint.  Ainsi, la Bible brosse un tableau cohérent du lien entre le peuple juif et la terre d’Israël, et « ce n’est pas seulement la Bible juive qui le dit, mais bien les trois religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l’islam », a-t-il déclaré.

Passant au « pilier historique », le représentant a souligné que quand les Romains ont détruit le royaume juif, ils ont envoyé les Juifs dans un exil vieux de 2 000 ans, confisquant ainsi leur terre en la rebaptisant Palestine, en référence à une province du sud du pays.  

En ce qui concerne le « pilier du droit international », M. Danon a rappelé qu’en 2017, Lord Balfour a publié la fameuse Déclaration Balfour qui prônait le retour des Juifs vers leur terre.  Ainsi, après la chute de l’Empire ottoman, à la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire britannique a acquis la propriété légale de ces terres et s’est engagé à établir une patrie juive.  Cette décision a été ensuite actée en 1922 par la Société des Nations (SDN).  Puis, après la Seconde Guerre mondiale, en 1945, la Charte des Nations Unies a reconnu le droit des peuples à l’autodétermination.  Deux ans plus tard, le plan de partition de l’ONU a proposé la création d’un État juif à côté d’un État arabe, mais les Palestiniens ont marqué leur refus.  La guerre a donc éclaté en 1948 et Israël a été attaqué par cinq nations arabes en plus des Palestiniens.

Enfin, en vertu du « pilier de la recherche de la paix et la sécurité internationales », l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a été créée en 1964, bien avant la guerre de 1967, a rappelé le représentant.  Il a énuméré un certain nombre de propositions de paix rejetées par les Palestiniens, avant de conclure qu’il ne faut pas rejeter le tort sur la partie qui propose la paix en félicitant celle qui, par contre, propose la violence et le terrorisme.

M. Danon a affirmé que la paix ne sera possible que lorsque ces quatre piliers du passé seront pris en compte, ainsi que quatre autres piliers de l’avenir: l’acceptation et la reconnaissance d’Israël par les Palestiniens; la fin de la campagne palestinienne de violence; une coopération régionale visant l’établissement des relations avec les voisins en vue de la sécurité commune; et enfin, le fait qu’Israël ne transigera jamais avec tout ce qui pourrait mettre à mal sa sécurité.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a convenu avec EcoPeace que la sécurité de l’eau et de l’énergie est certainement essentielle pour la paix au Moyen-Orient. « Il est en effet réconfortant d’entendre que des Israéliens, des Palestiniens et des Jordaniens travaillent ensemble pour trouver des moyens de relever les défis communs en matière d’énergie et d’eau », a-t-il ajouté.  Aujourd’hui, « nous avons beaucoup entendu parler des responsabilités d’Israël, mais le véritable coupable qui a privé sa propre communauté d’une vie meilleure, c’est est le Hamas », a ensuite accusé le représentant.   Selon lui, le travail d’ONG telles que EcoPeace est d’autant plus difficile à Gaza que le Hamas insiste pour faire passer ses propres intérêts avant ceux des résidents locaux.  « Le Hamas autoriserait-il jamais les communautés locales à se regrouper pour former des coopératives de production d’énergie, en dehors de son contrôle et de la confiscation des profits? Le Hamas autoriserait-il les experts israéliens en désalinisation à travailler aux côtés des habitants de Gaza? », s’est demandé M. Hunter.  Le Hamas, a-t-il insisté, va-t-il jamais mettre fin aux attaques inutiles contre les communautés israéliennes et à sa guerre corrompue aux dépens du peuple palestinien?  Une guerre qui a seulement réussi à provoquer des conflits, la pauvreté et le désespoir, tout en entravant la capacité de la communauté internationale à fournir une aide?  Pour sa délégation, aucun doute: l’avenir de Gaza ne pourra pas être abordé, et la population de Gaza être aidée, de manière significative, tant que le Hamas sera présent ou ne fera pas les choix nécessaires à la stabilité et, éventuellement, à la paix.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) s’est élevé contre les « agressions » d’Israël qui continuent de dénier aux Palestiniens l’existence de leurs droits en Cisjordanie comme à Gaza.  Il a également dénoncé la retenue des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne, le refus du Gouvernement israélien de renouveler le mandat de la Présence internationale à Hébron, et ses tentatives de modifier le statu quo relatif à la ville de Jérusalem.  Le représentant s’est attardé sur les violations israéliennes du droit international humanitaire et du droit des droits de l’homme qui relèvent selon lui de crimes graves pour nombre d’entre elles, avant de souligner l’impact du blocus économique israélien imposé à Gaza sur la santé de ses habitants.  Le délégué a demandé à la Puissance occupante de s’abstenir à l’avenir de toute violence vis-à-vis des Palestiniens.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a réaffirmé son attachement à la solution des deux États, « malgré les développements sur le terrain qui nous en éloignent chaque jour un peu plus ».  Il a condamné la politique de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est qui est contraire au droit international et « ne fait qu’exacerber les tensions ».  Préoccupé par la situation à Hébron, le représentant a rappelé la responsabilité des parties de respecter le droit international et notamment la responsabilité d’Israël, en tant que Puissance occupante, d’assurer la protection des Palestiniens. 

En ce qui concerne la situation à Gaza, M. Pectsteen de Buytswerve a souligné le droit fondamental de manifester pacifiquement.  Tout en reconnaissant le droit d’Israël d’assurer sa sécurité, il a encore rappelé qu’Israël doit respecter les principes de proportionnalité et de nécessité dans l’emploi de la force.  Il n’est pas acceptable non plus que les manifestations à Gaza soient détournées par des éléments extrémistes, a-t-il ajouté, appelant tous les responsables à ne pas utiliser ou encourager les enfants à y participer.  La résolution de la crise à Gaza implique un changement fondamental, qui comprend la levée du blocus et le retour de ce territoire sous le contrôle de l’Autorité palestinienne.  Enfin, le représentant n’a pas reconnu la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés depuis 1967, y compris le plateau du Golan. 

M. ZHAOXU MA (Chine) a déclaré que la solution des deux États doit être préservée, en invitant les parties au conflit à entamer des pourparlers directs et à s’abstenir de prendre toute mesure unilatérale.  Il faut œuvrer à l’amélioration de la situation économique et sociale, a préconisé le représentant, qui s’est dit inquiet de la retenue des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne exercée par Israël.  La communauté internationale doit rester engagée en faveur de la réalisation des aspirations de toutes les parties, a poursuivi le représentant, qui a rappelé que le développement doit faire partie intégrante du processus de paix.  La Chine s’est dit prête à renforcer la coopération et à « faire fond sur les complémentarités existantes » pour promouvoir une « communauté de partage » au Moyen-Orient qui soit viable pour tous. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a dit espérer, comme d’autre pays, que les problèmes qui entraînent des conflits dans cette région soient abordés avec plus de « clarté et sincérité », et surtout de manière « juste ».  Le représentant s’est inquiété non seulement du nombre de morts et de blessés, mais aussi des destructions d’infrastructures, de terres agricoles, ainsi que de l’absence de services essentiels.  Cela entraîne un recul en termes de développement, a-t-il prévenu, attirant l’attention sur les souffrances de millions de Palestiniens déplacés dans diverses régions du Moyen-Orient et autres parties du monde. 

Le délégué a dit attendre la publication du plan de paix des États-Unis mais s’est inquiété de l’influence des élections israéliennes sur les décisions, mesures et actions des parties, faisant référence notamment à la décision d’Israël de ne pas renouveler le mandat de la Présence internationale temporaire à Hébron.  Souhaitant que les Israéliens et les Palestiniens s’accordent sur une solution politique et définitive du conflit, il a plaidé pour la création d’un État palestinien indépendant comme élément pour y arriver.  Il a salué le travail des agences humanitaires qui appuient la population de la bande de Gaza et a demandé à la communauté internationale de contribuer davantage au Bureau des partenariats publics.  Il a encouragé l’Égypte et les autres acteurs internationaux à continuer d’encourager le processus de réconciliation intrapalestinien.  Enfin, il a regretté qu’Israël n’ait pas cessé ses activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a regretté que la menace terroriste reste persistante dans la région.  Il a dit que le règlement de la crise entre Israéliens et Palestiniens est au cœur de la paix durable dans la région.  Selon lui, les principes de Madrid, l’Initiative de paix arabe et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité restent d’actualité.  Il a aussi rappelé que le rapport produit en 2016 par le Quatuor comportait des mesures de renforcement de la confiance entre les parties.  Parmi ces mesures, il a évoqué la fin de la politique de colonisation et l’arrêt de la violence par toutes les parties.  M. Nebenzia a rappelé que le rôle du Quatuor avait été approuvé par le Conseil de sécurité, et qu’il faut donc le remettre à l’ordre du jour.

Le 17 avril dernier, Moscou a abrité un forum de coopération entre la Fédération de Russie et les pays arabes.  M. Nebenzia a noté que cette rencontre a permis de souligner que les deux parties avaient des avis convergents.  Par exemple, il a été acquis qu’il faut organiser un sommet entre les dirigeants israéliens et palestiniens.  Le dirigeant palestinien a d’ailleurs donné son accord à une telle rencontre.  Le représentant a également appelé à la réconciliation palestinienne, ainsi qu’au renforcement de l’aide humanitaire à Gaza, laquelle doit se faire en accord avec le Président Abbas de l’Autorité palestinienne, a-t-il souhaité.  La Fédération de Russie poursuit son aide aux Palestiniens, y compris par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).  « Il faut donc redynamiser la diplomatie et ne pas laisser les efforts déjà consentis tomber à l’eau. »  La Fédération de Russie invite le Conseil de sécurité à envoyer une mission au Moyen-Orient, avec comme ambition de renforcer l’unité du Conseil sur la question israélo-palestinienne, et la collaboration avec les parties.  Le délégué a également affirmé que pour son pays, le Golan syrien reste un territoire de la République arable syrienne.  Il a conclu en disant que la Fédération de Russie adopte « une approche constructive » au Moyen-Orient, comme c’est le cas en Syrie où l’on voit une stabilisation progressive de la situation.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré qu’une paix durable exige un Israël sûr et sécurisé aux côtés d’une Palestine dans la limite des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale et une résolution du statut des réfugiés palestiniens.  Elle a déclaré qu’elle appuyait l’objectif d’un État palestinien viable, mais que « l’occupation est un obstacle à la réalisation des droits de la population palestinienne ».  La représentante s’est dit convaincue que des institutions palestiniennes fortes servent les intérêts de la population palestinienne.  Mais selon elle, la « dynamique destructrice actuelle » entre les parties ne fait rien pour faciliter la reprise du dialogue.  Mme Pierce a rejeté aussi bien les violences perpétrées par des colons en Cisjordanie que celles commises par des Palestiniens.  Elle a estimé, en conclusion, que la formation des nouveaux gouvernements israélien et palestinien donnait au processus de paix une opportunité à ne pas manquer.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté qu’en dépit des appels constants à la désescalade, aucun progrès n’avait été accompli dans le cadre du processus de paix, bien au contraire, alors que de nouvelles pertes humaines ont été enregistrées.  Notre priorité devrait donc être de rétablir un horizon politique à la reprise d’un processus de paix significatif, a estimé la délégation.  « Nous sommes convaincus qu’une solution négociée de deux États et la résolution de toutes les questions en suspens relatives au statut final, y compris Jérusalem, les colonies de peuplement, l’avenir des réfugiés palestiniens, les frontières et les arrangements sécuritaires demeurent une voie réaliste de répondre aux aspirations légitimes des deux parties et de réaliser une paix durable », a déclaré la représentante.  Après s’être déclarée alarmée du sort de deux millions de personnes à Gaza, elle a estimé qu’une solution globale devrait tenir compte des menaces inhérentes aux changements climatiques et des aspects environnementaux, en formulant des stratégies d’évaluation des risques et d’adaptation. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a abordé les développements de la politique de colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qu’il a jugés « particulièrement préoccupants », dans la mesure où ils conduisent mécaniquement à l’érosion de la solution des deux États sur le terrain.  Il en a voulu pour preuve l’approbation de plus de 4 500 nouvelles unités de logement par le Gouvernement israélien depuis le début de l’année, après que 2017 a été marquée par un niveau record d’annonces, portant sur plus de 16 000 unités.  « Cette hausse est d’autant plus grave qu’elle repose, dans des proportions sans précédent, sur la création ou l’expansion de colonies situées en profondeur de la Cisjordanie.  Parallèlement, la politique de légalisation en droit israélien des colonies ‘sauvages’ s’est poursuivie au cours des derniers mois », s’est alarmé M. Delattre.  « Avec plus de 600 000 colons israéliens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, la réalité est implacable: nous sommes proches du point de non-retour », a analysé le représentant.

Ce constat l’a conduit à son deuxième point, le glissement en cours vers une « annexion de fait » de la Cisjordanie.  D’autres tendances concourent selon lui à cette dynamique, comme la captation des ressources palestiniennes, notamment en eau.  Aux faits accomplis s’ajoutent des évolutions du droit, qui ont étendu, en violation de la Quatrième Convention de Genève, les prérogatives et compétences de l’État israélien, ainsi que l’applicabilité du droit israélien, aux habitants des colonies de Cisjordanie.  « La France ne reconnaît aucune souveraineté israélienne sur les territoires occupés, qu’il s’agisse de Jérusalem, du Golan, de la bande de Gaza, ou de la Cisjordanie », a affirmé le délégué.   Pour lui, si elles allaient à leur terme, les tendances décrites marqueraient, pour les Palestiniens, l’impossibilité de voir leurs droits et leurs aspirations nationales satisfaits, ce qui passe par l’établissement d’un État et, pour les Israéliens, « un dilemme impossible ».

Le Conseil de sécurité doit exécuter son mandat de maintien de la paix et de la sécurité internationales, de « manière juste et équilibrée », a lancé M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud).  Nous écorchons, a-t-il prévenu, l’intégrité et la crédibilité de ce Conseil quand nous agissons, ou plutôt n’agissons pas, sur la question de Palestine.  Le Conseil, a-t-il ajouté, doit se montrer déterminé et réaffirmer qu’il n’y pas de solution durable aux crises du Moyen-Orient sans l’approche des deux États, un pour le peuple palestinien et un pour le peuple israélien.  Le Conseil doit tout faire pour ramener les parties à la table des négociations sur la base de ses résolutions et celles de l’Assemblée générale, des Principes de Madrid, de l’Initiative de paix arabe et de la Feuille de route du Quatuor.  Tant que les territoires resteront occupés, nous courrons le risque, a encore prévenu le représentant, de changer les faits sur place.  Il a d’ailleurs pris pour exemple la décision unilatérale sur le Golan syrien occupé.  L’ONU ne peut en aucun cas abdiquer et le Conseil de sécurité ne peut rester les bras ballants dans l’espoir qu’une solution se présente d’elle-même.  Ce n’est pas et ce ne sera jamais le rôle de l’ONU, a martelé le représentant. 

M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS YABRA (République dominicaine) a déploré la poursuite de la violence entre Israéliens et Palestiniens.  Il a condamné tout acte de violence ou d’intimidation contre la population civile.  Il a en outre regretté la détérioration progressive de la situation humanitaire à Gaza, tout en saluant le travail qu’y mène l’UNRWA.  Le délégué a aussi souligné les tensions financières au sein de l’Autorité palestinienne, avant d’insister sur le fait qu’il faut examiner les solutions rapprochant vers la paix, tout en tenant compte des accords passés et dans le respect du droit international pour parvenir à la solution des deux États.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a rappelé l’obligation d’Israël de respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, avant d’appeler notamment à la fin des politiques de colonisation et de destruction de biens palestiniens.  Il a estimé que de telles mesures sapent l’intégrité territoriale palestinienne et les perspectives de voir aboutir la solution des deux États.  Le Pérou a aussi demandé la fin du blocus de la bande de Gaza, tout en demandant que son contrôle revienne entre les mains de l’Autorité Palestinienne.  Le Pérou a en outre déploré la décision israélienne de retenir une partie importante des impôts palestiniens, avant de saluer l’aide apportée par les pays arabes aux Palestiniens. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a commencé par attirer l’attention sur la crise humanitaire en Palestine, en particulier à Gaza, où à la lumière des difficultés financières auxquelles se heurte l’UNRWA, il faut redoubler d’efforts et « le blocus doit être levé ».  Il a également mis la souffrance des Palestiniens sur le compte de la retenue des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne par Israël.  Le représentant a annoncé que son gouvernement s’était récemment engagé à débloquer un million de dollars à l’UNRWA. 

S’agissant de la résolution du conflit, il a estimé que tous pourparlers et négociations devraient avoir une base et des objectifs clairs, comme le stipule la résolution 2234 (2016).  La délégation a considéré qu’un échéancier devrait être attaché à la réalisation de la solution des deux États, qui permettrait de faire advenir un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale, et de résoudre de manière juste le sort des réfugiés palestiniens.  M. Djani s’est ensuite exprimé sur l’« inaction du Conseil de sécurité », en réitérant que l’expansion des colonies de peuplement, la violence et les autres violations de la résolution 2334 (2016) « constituent un affront flagrant à l’autorité de cet organe ».  Pour lui, les efforts diplomatiques aux niveaux régional et international doivent s’intensifier, sur la base des résolutions de l’ONU, de la Feuille de route du Quatuor pour le Moyen-Orient, des Principes de Madrid et des Initiatives de paix arabes.

Pour ce qui est du conflit israélo-palestinien, M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a réitéré son attachement au dialogue comme moyen privilégié de règlement du différend, et sa position constante en faveur de la sécurité de l’État d’Israël ainsi que du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination.  La Côte d’Ivoire, a ajouté son représentant, appuie fermement la solution des deux États coexistant pacifiquement dans le cadre des frontières de 1967.  Face à l’impasse actuelle et au cercle vicieux des violences qu’elle engendre, le délégué a dit souscrire au consensus international sur la nécessité de relancer le processus de paix israélo-palestinien, afin de trouver des solutions mutuellement acceptables aux questions essentielles, telles que le statut de Jérusalem, la levée du blocus sur Gaza et la sécurité des populations palestiniennes à Hébron.

S’agissant de la Syrie, le délégué propose trois actions qui pourraient contribuer à renforcer les efforts de paix déployés par la communauté internationale: préserver le cessez-le-feu dans la province d’Edleb en vue d’éviter de nouveaux morts et une aggravation de la crise humanitaire, garantir un acheminement durable de l’aide en levant toutes les entraves et en cessant les hostilités, et inciter les parties prenantes à la mise en œuvre des dispositions de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.  En ce qui concerne le conflit au Yémen, le représentant a appelé à poursuivre les actions de médiation de la communauté internationale afin d’inverser la courbe des violences, de l’insécurité alimentaire, et de résorber les difficultés d’accès à l’eau potable et aux soins de santé primaire, ainsi que les risques d’épidémies. 

M. CHRISTOPH HEUGSN (Allemagne) a rappelé que la résolution 2334 (2016) exige autant la fin des colonies de peuplement israéliennes que l’arrêt des violences palestiniennes.  Il a partagé le sentiment de son collègue indonésien quant à l’inaction du Conseil, regrettant qu’il n’ait pu être possible jusqu’à présent d’organiser une réunion informelle entre les représentants de la Palestine et d’Israël.  Il s’est tourné vers les représentants de l’ONG EcoPeace pour saluer leurs initiatives, en soulignant à quel point l’eau constitue une des questions essentielles du statut final.  Pour M. Heugsn, l’incidence des changements climatiques sur la sécurité justifie que ce sujet reste à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.

Après avoir réitéré son soutien à la solution des deux États, M. KIYOTO TSUJI, Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, s’est déclaré préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix au Moyen-Orient, soulignant l’importance pour les parties de reprendre un dialogue direct en vue de faire avancer le processus de paix.  « À cet égard, l’engagement continu des États-Unis est important et nous espérons que leur plan de paix, qui devrait être rendu public dans un avenir proche, servira de base constructive à des négociations directes entre Israël et la Palestine », a-t-il déclaré.  Le Vice-Ministre a exhorté Tel-Aviv à mettre fin aux activités de peuplement, en particulier le plan approuvé par Israël ce mois-ci, qui remettent en cause la viabilité même de la solution des deux États.  Le Japon, a ajouté M. Tsuji, ne reconnaît pas les tentatives unilatérales de modifier le statu quo « par la force et la coercition », notamment l’annexion du Golan syrien par Israël.  Le Vice-Ministre a dit que son pays poursuit sa contribution en faveur d’un environnement propice à la réalisation de la paix par le renforcement des mesures de confiance entre les parties, dont des initiatives uniques comme le « Corridor pour la paix et la prospérité » et son projet phare, le « parc agroindustriel de Jéricho », auxquelles contribue aussi le Gouvernement israélien.  Le Japon a, en conclusion, indiqué avoir versé cette année environ 32 millions de dollars à l’UNRWA.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déploré que les parties soient dans l’impasse sur toutes les questions pouvant déboucher sur la paix.  La situation sur le terrain se détériore et, au lieu de parler de la solution des deux États, qui est consacrée par des accords et des résolutions, on entend à présent parler d’annexion de la Cisjordanie et de l’effondrement possible du paradigme de paix dans son ensemble, s’est-elle alarmée.  Elle a relevé que la partie palestinienne subit une pression politique et économique énorme en raison de la nouvelle donne politique qui lui est imposée, d’une situation financière « incapacitante » et d’une situation sécuritaire fragile.  « Comme l’a dit le Premier Ministre palestinien, il n’y a plus rien à négocier », a commenté la représentante.

Mme Mudallali a également pointé le prélèvement, par Israël, des impôts palestiniens, avertissant que tout effondrement financier serait une menace pour la stabilité.  Elle s’est aussi inquiétée de la rupture totale de la communication entre les parties, ainsi que de la question du statut de Jérusalem et de la situation à Gaza.  Le Liban est également gravement préoccupé par les répercussions de la reconnaissance de la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé.

Passant à la situation dans son pays, la représentante du Liban a parlé de la formation d’un nouveau gouvernement d’unité nationale qui, a-t-elle précisé, a montré un fort engagement à répondre à des priorités urgentes, notamment la situation économique et fiscale, la réforme structurelle et la lutte contre la corruption.  Elle a cependant averti que l’occupation continue, par Israël, de territoires libanais, ainsi que les violations quotidiennes de la souveraineté du Liban, représentent des défis persistants.  Rien qu’au cours des trois derniers mois, s’est-elle insurgée, Israël a violé la souveraineté du Liban 431 fois: 112 fois par voie terrestre, 149 par la mer et 170 par les airs.  Elle a ensuite appelé le Conseil de sécurité à prendre toutes les mesures nécessaires pour pousser Israël à assumer les responsabilités qui lui incombent.  Mme Mudallali, a par ailleurs, appelé à trouver une solution durable à la crise financière qu’affronte l’UNRWA.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a déclaré que le Roi de Jordanie ne ménage aucun effort en vue de la création d’un État de Palestine indépendant.  La cause palestinienne reste, depuis des années, l’axe prioritaire de la politique jordanienne afin de parvenir à une solution juste et globale qui corrige l’injustice faite aux Palestiniens.  Elle a assuré que son pays continuera d’exercer sa tutelle sur les lieux saints à Jérusalem et qu’il mettra toutes ses capacités en œuvre afin de maintenir le statu quo de la ville.  Il ne faut pas non plus porter atteinte au libre accès à la mosquée Al-Aqsa, a-t-elle conseillé, avant de rappeler la déclaration finale du Sommet euro-arabe de Charm el-Cheikh et d’autres réunions de haut niveau qui confirment ce statu quo.

La représentante a également défendu le droit des réfugiés palestiniens au retour.  Elle a aussi évoqué la visite du Secrétaire général de l’ONU à l’UNRWA au début du mois.  D’autre part, estimant que la Syrie devrait jouer son rôle de leadership dans le monde arabe, elle a exhorté la communauté internationale à agir dans cet objectif et en vue du retour des réfugiés syriens sur la base de la responsabilité partagée.  Rappelant la résolution 497 (1981), elle a plaidé pour le retour du Golan syrien sous le contrôle de la Syrie.  En dépit de la défaite de Daech en Iraq, le danger n’en est pas pour autant entièrement écarté, a-t-elle enfin mis en garde, exhortant à relever les défis communs dans la région afin d’assurer le développement durable et de nouveaux horizons pour les jeunes.

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a réitéré sa condamnation de la décision « inique » du Président américain de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien.  « C’est un territoire occupé et toute mesure prise par Israël sur ce territoire est nulle et non avenue », a-t-il affirmé.  Selon lui, la décision américaine met à nu le vrai visage de cette administration, qui se défait de ses engagements, notamment des résolutions du Conseil de sécurité.  Le représentant a donc invité l’ensemble de la communauté internationale à rejeter cette décision qui ne peut que marginaliser les États-Unis, vis-à-vis même de leurs alliés les plus proches.  Il a appelé Israël à se retirer du Golan syrien et à cesser de commettre des crimes contre l’humanité, de poser des mines dans le territoire du Golan et d’empêcher les habitants de ce territoire de rendre visite à leurs familles situées de l’autre côté.  Il a précisé que certains habitants avaient été emprisonnés pour le seul fait de défendre la récupération des hauteurs du Golan, qui reste une priorité du Gouvernement syrien et « un droit éternel auquel il ne renoncera jamais ».  Le représentant a aussi plaidé pour le droit légitime des Palestiniens à un État et le retour des réfugiés.  Il a espéré que l’État de Palestine deviendra prochainement membre à part entière de l’ONU.  

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a relevé qu’une fois encore, on vient au Conseil de sécurité déclarer que les Palestiniens ont le droit de vivre comme le reste d’entre nous, mais rien n’a changé.  Il y a des efforts systématiques déployés pour saper les droits inaliénables du peuple palestinien, a-t-il regretté, dénonçant dans le même temps l’inaction face à la persistance du non-respect du droit international et des résolutions de l’ONU, ce qui encourage Israël.  La Turquie estime que le Conseil ne doit pas détourner le regard et plaide pour la revitalisation du processus de paix, avant de rappeler que la seule solution viable au conflit israélo-palestinien est la solution des deux États, sur la base des frontières de 1967, et avec la Palestine et Israël vivant côte à côte.  Pour la Turquie en effet, les droits du peuple palestinien, y compris celui à l’autodétermination, ne sont pas négociables.  Il faut donc établir un calendrier pour la réalisation de la solution des deux États, notamment avec un État palestinien indépendant et avec comme capitale Jérusalem-Est.  La Turquie appelle aussi à un soutien conséquent des activités de l’UNRWA.

De plus, le délégué a noté qu’un État Membre a récemment appelé à reconnaître la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan.  Pour la Turquie, cette décision est nulle et non avenue et viole la résolution 497 (1981) du Conseil de sécurité et le droit international.  Les mesures unilatérales ne peuvent travestir les faits: « le plateau du Golan est occupé par Israël », a martelé le représentant, avant de demander que le droit international soit respecté.  Et cela passe notamment par l’unité, le courage et la résilience du Conseil.

Mme MONA JUUL (Norvège) a insisté sur le fait que seule la solution « négociée » des deux États peut aboutir à une paix durable.  Elle a fait part de ses préoccupations concernant la crise financière de l’Autorité palestinienne, notamment la question des revenus fiscaux qui représentent deux tiers de son budget.  Elle a noté qu’outre la décision prise, en mars, par le Gouvernement israélien de garder 6% des revenus qu’il prélève au nom de l’Autorité palestinienne en raison du système de paiement des prisonniers palestiniens, la partie palestinienne a décidé de n’accepter aucun revenu fiscal à moins que l’ensemble des transferts ne soient rétablis.  Elle s’est inquiétée de la mise en œuvre, par l’Autorité palestinienne, de mesures d’austérité « intenables » et a averti que l’existence même de l’Autorité pourrait être remise en cause si cette crise n’est pas résolue.  La représentante a également appelé à la mobilisation pour appuyer l’aide humanitaire et des projets d’infrastructure à Gaza, notant que l’amélioration de la situation dépend notamment du retour de l’Autorité palestinienne.  Mme Juul a ensuite fait savoir que la Norvège présidera la prochaine réunion, le 30 avril, à Bruxelles, du Comité spécial de liaison pour la coordination de l’assistance internationale aux Palestiniens, l’occasion, a-t-elle précisé, de répondre à la crise financière mais aussi d’exhorter les parties à clore certains des dossiers sur des questions fiscales qui demeurent en suspens. 

Passant à la Syrie, la représentante a fait part de l’appui de sa délégation à l’approche de l’Envoyé spécial et a précisé que la Norvège avait déboursé plus de 1,5 milliard de dollars depuis le début du conflit pour appuyer l’aide humanitaire.  Elle a par ailleurs appelé les parties au conflit au Yémen à respecter l’Accord de Stockholm et a jugé urgent d’avancer vers un processus politique crédible sous les auspices de l’Envoyé spécial.  Mme Juul s’est également inquiétée de l’aggravation de la situation en Libye et a appelé le Conseil à maintenir son unité en faveur d’une solution politique durable.

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, Observateur permanent de la Ligue des États arabes, a dénoncé le mépris des grands acteurs internationaux sur la question de Palestine.  C’est la raison pour laquelle la Ligue a décidé de renforcer son action pour régler les problèmes d’occupation en Palestine, en Syrie, en Jordanie et au Liban, a enchaîné le représentant qui a ajouté qu’au dernier sommet de la Ligue des États arabes, les États membres ont réitéré leur volonté de mettre en œuvre les principes de Madrid, l’initiative arabe pour la paix et la solution des deux États.  Ils ont réaffirmé que l’OLP reste toujours le représentant légitime des Palestiniens.  Le sommet a mis l’accent sur la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, la cessation du financement de l’UNRWA, et la fermeture du bureau de l’OLP à Washington par les États-Unis.  Toute décision unilatérale qui ne respecte pas une solution négociée et juste concernant la Palestine a été rejetée.  Nous soutenons la proposition du Président Abbas présentée au Conseil de sécurité en 2018 sur la question palestinienne, a encore déclaré M. Abdelaziz, avant d’indiquer que la question du Moyen-Orient doit être réglée au Conseil de sécurité et non au sein d’une enceinte parallèle qui piétine l’initiative arabe pour la paix.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a salué la formation d’un nouveau gouvernement palestinien et a espéré que celui-ci permettra de faire progresser la réconciliation intrapalestinienne.  Il a aussi noté les évolutions positives enregistrées dans la fourniture d’une aide humanitaire à Gaza et la création d’emplois.  Commentant ensuite la publication du rapport de la Commission d’enquête indépendante chargée d’enquêter sur les manifestations dans les territoires palestiniens occupés, il a appelé Israël à s’abstenir de faire usage de force meurtrière contre les civils.  Il s’est aussi préoccupé de l’augmentation des incidents violents signalés dans la zone H2 à Hébron depuis le non-renouvellement du mandat de la Présence internationale temporaire à Hébron.  Il a aussi noté que le 7 avril, le Premier Ministre Benjamin Netanyahu s’était engagé à annexer les colonies de peuplement en Cisjordanie occupée et a averti qu’une telle mesure représenterait « la menace la plus grave à la solution des deux États ».  Il a aussi rejeté la décision du Président Trump de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien occupé. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déploré que les discussions à l’ordre du jour suscitent un sentiment croissant de désespoir face à la détérioration de la situation dans la région.  L’escalade de la violence, l’aggravation de la crise humanitaire et les souffrances indescriptibles ont sérieusement sapé la vision d’un Moyen-Orient pacifique, a-t-elle souligné.  En Libye, les rivalités régionales et les ingérences étrangères mettent en péril le processus de paix sous l’égide de l’ONU, précipitant ainsi le pays vers un conflit de longue durée et augmentant la menace d’une grave crise humanitaire, a commenté la représentante. Elle a aussi noté que les efforts internationaux visant à atteindre une solution politique en Syrie et à améliorer la situation humanitaire n’ont pas encore conduit aux résultats escomptés.  De la même façon, la crise politique au Yémen a posé un défi humanitaire sans précédent, des millions de personnes étant menacées par la famine.

Mme Lodhi a regretté que des processus politiques inclusifs, reposant sur le respect du droit international, soient « abandonnés au profit de solutions militaires, ce qui plonge la région dans plus de chaos et d’instabilité ». Les intérêts opposés des puissances étrangères accentuent davantage les divisions régionales, a-t-elle déploré.  Elle a encore dénoncé les tentatives d’éroder le consensus obtenu de longue date sur le statut de Jérusalem, ainsi que la décision unilatérale de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan syrien.  Ces mesures sont un véritable camouflet à la primauté du droit et aux normes internationales, sans compter qu’elles frustrent les efforts de la communauté internationale en vue d’une solution pacifique et durable au conflit au Moyen-Orient.  Elle a regretté par ailleurs, que depuis sept décennies, les souffrances des Palestiniens continuent sans espoir de résolution.  Elle a enfin regretté que la question palestinienne, comme celle du Cachemire, soit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité depuis sa création, révélant ainsi son incapacité à les résoudre.

« L’extension de la juridiction et de la souveraineté israéliennes aux colonies de peuplement en Cisjordanie est une violation flagrante du droit international et elle compromettrait, si elle était menée à bien, les chances d’aboutir à une solution pacifique », a averti M. CHEIKH NIANG, Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.  « Si elles ne sont pas remises en cause, ces tendances préoccupantes contribueront à perpétrer l’occupation, ce qui fragilisera l’engagement en faveur de la solution des deux États. »  En outre, a déploré le Président, la Puissance occupante manque à l’obligation qui lui incombe au titre du droit international humanitaire de protéger la population palestinienne, y compris à Gaza.  Or, le 29 janvier, le mandat de la Présence internationale temporaire à Hébron n’a pas été renouvelé et les observateurs internationaux ont quitté la ville, supprimant ainsi un élément essentiel de la protection de la population locale.

La planification et la construction de colonies israéliennes ainsi que les démolitions et la confiscation de biens palestiniens, y compris à Jérusalem-Est, qui s’accompagnent de plus en plus de violences causées par les colons, se poursuivent sans relâche, en toute illégalité, a rappelé M. Niang.  Conformément à la résolution 2334 (2016), il est demandé aux États Membres de faire, dans tous leurs échanges, la distinction entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires palestiniens occupés.  « Malheureusement, certaines entreprises privées continuent d’agir au mépris de ces dispositions. » 

Par ailleurs, le Président du Comité a appelé les États Membres à mettre en œuvre les recommandations de la Commission d’enquête indépendante créée par le Conseil des droits de l’homme relatives aux manifestations qui se sont déroulées entre le 30 mars et le 31 décembre 2018, afin d’identifier les auteurs des violations du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Le Comité, a-t-il continué, demande de nouveau à Israël de lever le blocus qui crée des conditions humaines « désastreuses » à Gaza.  Il appelle à poursuivre le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA)et espère que la formation du nouveau gouvernement de l’État de Palestine constituera un pas vers la réconciliation entre tous les acteurs politiques. 

M. MOHAMMED ATLASSI (Maroc) a dénoncé la politique israélienne d’occupation de territoires palestiniens qui sape la solution des deux États.  « C’est une politique de provocation des Palestiniens et de la communauté internationale.  Il n’y a plus de possibilité de relancer le processus de paix conformément aux frontières de 1967. »  Le représentant a réitéré les appels de sa délégation aux membres permanents du Conseil pour renforcer le statut de Jérusalem.  Il a rappelé l’appel du pape François et du roi du Maroc pour préserver le statut de Jérusalem et son caractère religieux, et pour la liberté de culte à Jérusalem, et la solution des deux États.  Il a rejeté toute politique de changement démographique et géographique de la ville.  Pour ce qui est du Golan syrien, son annexion est nulle et non avenue.  Avant de terminer, le représentant a réitéré que sa délégation veut un État palestinien souverain et indépendant dans les frontières de 1967, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité.

Mgr TOMASZ GRYSA, Observateur du Saint-Siège, a dit que la formation d’un nouveau Gouvernement palestinien offre une lueur d’espoir dans l’ombre du désespoir qui a caractérisé depuis longtemps le conflit israélo-palestinien.  L’unité est essentielle pour la stabilité politique et économique de la Palestine.  Les efforts des pays riverains ayant facilité le dialogue entre les factions palestiniennes restent importants pour faire respecter les droits inaliénables et les aspirations légitimes du peuple palestinien ainsi que pour atteindre la paix et la sécurité durable d’Israël.  Mgr Grysa a indiqué que la fragmentation des terres palestiniennes ne fera que rendre la solution des deux États plus difficile à réaliser.  Mais difficulté ne signifie pas impossibilité.  Il appartient aux parties elles-mêmes, aux acteurs régionaux et à la communauté internationale de faire tous les efforts et utiliser la diplomatie afin de prévenir que cette difficulté devienne une impossibilité.  Si l’on veut que la solution des deux États devienne une réalité, le cycle de violence doit cesser et les parties doivent éviter les actions unilatérales qui sapent la solution des deux États.  Avant de terminer, le prélat a réitéré l’appel du pape François et du roi du Maroc sur l’importance de préserver la ville sainte de Jérusalem « comme un patrimoine commun de l’humanité et comme un symbole de la coexistence pacifique dans laquelle le respect mutuel et le dialogue peuvent être cultivés ». 

M. SAMI BOUGACHA (Tunisie) a constaté que le Conseil de sécurité se réunit alors que l’occupation israélienne de territoire palestinien se poursuit et que toutes les résolutions du Conseil de sécurité sont violées par Israël.  Le représentant a appelé la communauté internationale à exercer « une pression accrue sur Israël » pour que soient appliquées les résolutions visant à mettre un terme à l’occupation.  C’est la condition si l’on veut la concrétisation de la solution des deux États et la paix et la sécurité au Moyen-Orient, a estimé le représentant.  Il a rappelé qu’au dernier Sommet des États arabes en 2019, les membres ont réitéré leur volonté de reprendre le processus de négociation.  Ils ont condamné les mesures unilatérales prises par les États-Unis, et rejeté toute tentative de changement de la composition de la population de Jérusalem.  Ils ont en outre recommandé aux États Membres de ne pas transférer leurs ambassades à Jérusalem et appelé la communauté internationale à appuyer l’UNRWA pour que l’Office puisse continuer à assurer ses services aux réfugiés palestiniens.  Ils ont soutenu les principes de Madrid, l’Initiative arabe pour la paix et la solution des deux États, a insisté le représentant tunisien qui a en outre réitéré que « la position américaine sur le Golan n’a aucune valeur juridique ».

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a condamné toutes les attaques terroristes en Nouvelle-Zélande, à Sri Lanka et aux États-Unis.  Il a pleinement appuyé la politique de l’Autorité palestinienne qu’il a félicitée pour la formation d’un nouveau gouvernement.  Il a dénoncé une longue liste de violations flagrantes des droits de l’homme commises par Israël dans les territoires arabes occupés, y compris le gel des recettes fiscales de l’Autorité palestinienne, ce qui risque d’avoir des conséquences catastrophiques dans la région.  L’Iraq a exhorté la communauté internationale à faire front contre les tentatives visant à modifier le statut historique et juridique de la mosquée Al-Aqsa et à la diviser.  Il a salué l’appel du Roi Mohammed VI du Maroc et du pape François pour que « Jérusalem nous réunisse au lieu de nous séparer ».  De la même manière, il a dénoncé la décision récente du Président américain de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a réclamé l’indépendance de la Palestine, dans les frontières d’avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale.  La représentante a dénoncé l’occupation du Golan qui est un territoire arabe occupé par Israël et refusé toute tentative visant à changer le statut de Jérusalem-Est.  Le Qatar travaille avec l’ONU pour améliorer la situation humanitaire à Gaza comme en témoigne le don de 150 millions de dollars pour faire face aux besoins humanitaires, a indiqué la déléguée qui a suggéré qu’il faut trouver une solution politique qui réponde aux aspirations du peuple palestinien. 

Par ailleurs, a poursuivi la représentante, le Qatar suit de près la situation dans l’ouest de la Libye.  Le Conseil de sécurité doit prendre des mesures pour dissuader les responsables de l’escalade de la violence.  Le Qatar, a-t-elle précisé, appuie le Gouvernement légitime soutenu par l’ONU.  Ensuite, a-t-elle déploré, « le blocus du Qatar est une violation de la Charte des Nations Unies »  « Cette crise fabriquée de toute pièce viole le droit international et sape les efforts du Conseil de sécurité pour préserver la paix et la sécurité internationales ».  Le Conseil de coopération du Golfe a soutenu les efforts du Qatar visant à renforcer la paix et la sécurité internationales, a-t-elle encore fait remarquer.  

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a tenu à réaffirmer leur solidarité « permanente et sans faille » avec le peuple palestinien, ses droits inaliénables et sa juste cause, compte tenu en particulier de la situation sur le terrain dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem, qui a atteint un point critique et clairement insoutenable. Cette situation exige une solution d’urgence et le Conseil de sécurité doit agir en conséquence en vue de la mise en œuvre de ses résolutions qui constituent la base d’une solution pacifique, juste et durable du conflit. Pendant trop longtemps, le Conseil a été dans l’incapacité de s’acquitter de son mandat s’agissant d’une question d’une telle importance en raison du veto de l’un ses membres permanents, a-t-il reproché, avant de considérer que la résolution 2334 (2016) est le « seul chemin viable pour la paix puisqu’elle établit les conditions et paramètres essentiels à un règlement juste sur la base de la solution des deux États dans les frontières antérieures à 1967.  

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a déclaré que le rapport à l’étude brosse un tableau peu encourageant, qui met l’accent sur le peu de progrès enregistrés et sur le fait qu’on est encore loin d’une solution durable au conflit.  Il a réaffirmé le droit d’Israël et de la Palestine de vivre côte à côte dans la paix et exhorté à inverser la tendance actuelle, faute de quoi il sera très difficile, voire impossible, pour la Palestine d’établir son État du fait de l’expansion des colonies israéliennes de peuplement.  L’incitation et la glorification de tout acte de violence doivent être résolument rejetées, a affirmé le représentant, qui a appelé à une désescalade, et condamné les nouveaux actes de violence et de terrorisme contre les civils israéliens, notamment le lancement de roquettes et d’engins explosifs depuis Gaza, et l’accroissement de la violence des colons contre les civils palestiniens, de même que l’usage excessif de la force en guise de réponse de la part d’Israël.

Le représentant a par ailleurs estimé que l’Accord de Stockholm apporte une lueur d’espoir pour la résolution du conflit au Yémen.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial, M. Geïr Pedersen, pour faire progresser le processus de paix et la future intégration d’un comité constitutionnel équilibré et crédible en Syrie. Il a enfin déploré l’annulation de la conférence nationale prévue fin avril en Libye.  

M. LANA ZAKI NUSSEIBEH, Organisation de la coopération islamique (OCI), a souligné l’attachement de son organisation à la création d’un État palestinien dans les frontières de juin 1967 et avec Jérusalem pour capitale.  Pour ce faire, a-t-il estimé, il faut d’abord traiter de la situation humanitaire alarmante dans les Territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem.  Lors de son dernier c Conseil des ministres des affaires étrangères, en mars dernier, l’OCI a annoncé la création d’un « Fonds pour les réfugiés de Palestine » pour aider l’UNRWA, a indiqué le représentant avant de passer à son deuxième point.  Il faut aussi, a-t-il dit, mobiliser l’élan international pour sortir de l’impasse du processus politique. Nous devons, s’est-il expliqué, intensifier les efforts pour lancer des négociations crédibles sur toutes les questions liées au statut final et obtenir d’Israël qu’il mette fin à ses activités de peuplement lesquelles menacent la solution des deux États.  Israël doit aussi renoncer au contrôle des lieux de culte musulmans et chrétiens et au changement du statut juridique de Jérusalem.  Le représentant en a profité pour fustiger le fait que les Etats-Unis aient reconnu la « souveraineté d’Israël » sur le Golan syrien.  Il faut également, a-t-il dit en conclusion, apporter l’aide et l’appui nécessaire au développement socioéconomique des Palestiniens pour qu’ils ne soient pas laissés sur le côté dans la mise en œuvre du Programme 2030. 

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a indiqué que la solution des deux États reste la seule solution viable d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens et pour la région toute entière.  La délégation rappelle sa position qui considère illégales les colonies de peuplement.  Sur la question du Golan, le pays souligne que l’annexion est un acte d’agression interdit par le droit international et susceptible de poursuite judiciaire individuelle en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

En ce qui concerne le conflit en Syrie, le Liechtenstein estime que le Conseil de sécurité a failli dans la gestion de la crise.  En créant la Commission d’enquête internationale indépendante, l’Assemblée Générale est venue combler l’inaction du Conseil en s’assurant que les crimes les plus graves soient punis.  Pour M. Wenaweser, la justice doit faire partie de tout règlement politique.  En outre, avec près de 20 millions de personnes dans l’attente d’une assistance humanitaire au Yémen, la délégation invite les membres du Conseil à se lever contre ces atrocités de masse.

M. KAI SAUER, (Finlande), qui s’exprimait aussi au nom de l’Union européenne, s’est dit préoccupé par les tendances actuelles qui menacent la viabilité de la solution des deux États, la démantelant « morceau par morceau ».  Depuis plus d’une décennie, l’absence d’un processus politique significatif a donné lieu à un « statu quo en trompe-l’œil ».  Les Palestiniens voient leur horizon se rétrécir alors que la politique de peuplement suit son rythme régulier.  La perspective d’une réconciliation interpalestinienne semble limité à court terme pendant qu’Israéliens et Palestiniens vivent dans un environnement régional volatile.  Les Israéliens subissent les menaces de ceux qui exploitent les frustrations pour promouvoir leur agenda de la haine et des deux côtés, les promesses de paix ont perdu pied.

L’Union européenne, a dit le représentant, ne voit aucune alternative à la solution des deux États, essentielle pour la paix et la sécurité, y compris la sécurité d’Israël.  Cette solution et la fin de l’occupation libèreront aussi le plein potentiel de l’économie palestinienne.  Pour l’Union européenne, tout futur plan doit reconnaître les paramètres internationalement agréés.  Le représentant a aussi demandé aux factions palestiniennes de s’engager de bonne foi dans la réconciliation car « il n’y a pas d’État de Palestine sans Gaza ou qu’à Gaza ».

Si le droit international juge illégale la politique de peuplement, le représentant s’est néanmoins opposé à l’isolement d’Israël et à son boycott. En outre, la position de l’Union européenne sur le Golan syrien n’a pas changé.  Elle ne reconnaît pas la souveraineté d’Israël.

Le représentant a imputé au Gouvernement syrien une grande partie de la responsabilité dans la situation humanitaire « catastrophique ».  Le retour à la paix, a-t-il souligné, passe par la reprise des négociations intersyriennes à Genève.  Seule une solution politique jettera les bases de la réconciliation nationale et ouvrira la voie à des élections justes et libres.  Le représentant a réitéré son appui au plan en cinq points de l’Envoyé spécial.  Militante de la justice et de l’établissement des responsabilités, l’Union européenne, a indiqué le représentant, vient de renforcer ses sanctions contre le régime syrien pour frapper les individus et entreprises qui bénéficient de l’appui du « régime d’Assad » et d’autres responsables des attaques chimiques.

Pour la troisième fois consécutive, l’Union européenne et les Nations Unies ont coprésidé la Conférence de Bruxelles où les annonces de contributions ont dépassé toutes les attentes avec un total 8,3 milliards de dollars pour 2019 et au-delà.  Deux tiers des promesses sont venus de l’Union européenne et de ses États membres, s’est enorgueilli le représentant.  La Conférence était aussi l’occasion de réitérer la position de l’Union européenne sur la reconstruction de la Syrie.  Elle ne l’appuiera que si elle voit enclencher une transition politique crédible et conforme à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité et au Communiqué de Genève.

Préoccupé par l’évolution de la situation au Moyen-Orient qui sape les efforts pour la reprise des négociations et la perspective d’atteindre la solution des deux États, M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) a appelé à la retenue et à s’abstenir de l’utilisation excessive de la force.  Il s’est aussi inquiété de la poursuite de l’implantation de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens et a appelé au respect des résolutions du Conseil de sécurité sur cette question.  En dépit de cette situation, le représentant a vu des raisons d’être optimiste dans « notre capacité collective à faire pression sur les parties concernées pour la reprise des négociations », comme en témoignent les dernières réunions internationales sur la question palestinienne.  Enfin, il a souligné la nécessité de l’unité des Palestiniens autour de la cause palestinienne.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a constaté qu’Israël a clairement failli à ses engagements au regard de la Charte des Nations Unies, violé le caractère saint des lieux de culte ainsi que les droits des Palestiniens.  Il a réitéré le plein attachement de son pays aux initiatives de paix, y compris l’Initiative arabe.  Il a aussi rappelé sa position sur le Golan arabe syrien, qui est un territoire occupé.

Par ailleurs, le représentant saoudien a fustigé « l’acte provocateur » de la République islamique d’Iran, qui soutient les houthistes au Yémen.  Il a exhorté à désigner les milices houthistes et le Hezbollah comme des organisations terroristes.  Il a jugé nécessaire de mettre en œuvre l’Accord de Stockholm.  Le représentant a ensuite espéré que le comité national constitutionnel sera mis en place en Syrie, et que des mesures effectives seront prises pour retrouver les personnes disparues dans ce pays.  Les pays de la région ont de longue date souffert de l’occupation et de la tentative de l’Iran d’imposer son hégémonie dans le Golfe, a-t-il souligné, ajoutant qu’il est grand temps que cela cesse.  

Mme HELENA DEL CARMEN YÁNEZ LOZA (Équateur) a rappelé la « responsabilité permanente de l’ONU » par rapport à la question palestinienne jusqu’à sa résolution sous tous les aspects, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes. Elle a exhorté Israël à réexaminer sa décision sur la retenue partielle de 6% des revenus qu’elle recueille au nom de l’Autorité palestinienne.  Elle a condamné, d’autre part, les tirs de roquette depuis Gaza contre les civils israéliens, également interdits par le droit international humanitaire. L’ambassadrice a en outre appuyé la solution des deux États et diverses initiatives internationales tendant à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine.   

Mme DATO NADZIRAH OSMAN (Malaisie) a avoué qu’elle était très préoccupée par la récente déclaration d’Israël sur l’annexation de la Cisjordanie.  Elle s’est dit déçue que les États-Unis aient reconnu l’annexion de fait du Golan par Israël, qui est le territoire d’un autre pays, et estimé qu’Israël devait se retirer du Golan.  Selon elle, la communauté internationale doit faire tout ce qui est possible pour la reprise du dialogue.  La représentante a condamné le recours à la force par Israël contre les manifestants palestiniens, et le mépris des conclusions de la Commission d’enquête internationale sur les attaques d’Israël pendant la célébration du premier anniversaire de la « Marche du retour ».  Mme Osman a également exigé qu’Israël cesse l’annexion de Gaza et respecte les résolutions du Conseil de sécurité.  De son côté, la communauté internationale doit créer les conditions propices à la reprise des pourparlers de paix et le Conseil doit à nouveau jouer son rôle de « promoteur honnête de la paix » dans le conflit israélo-palestinien.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a constaté une aggravation des conditions de vie et de la situation humanitaire et environnementale dans les territoires palestiniens qu’il a attribuée à une « absence totale de responsabilisation » des autorités israéliennes.  Il a exhorté le Conseil à agir immédiatement pour prévenir tout usage excessif de la force contre des manifestants pacifiques.  Sous prétexte de menaces contre la sécurité des colons israéliens, le bouclage et le blocus économique de Gaza constituent une agression qui a plongé les Palestiniens dans une pauvreté abjecte, les forçant ainsi à grossir les rangs des réfugiés, s’est érigé le représentant pour qui l’occupation israélienne a conduit à rendre tous les Palestiniens vulnérables et paupérisés.  Tous les obstacles aux recettes fiscales doivent être supprimés, a encore exigé le Bangladesh, qui a en outre demandé la libre circulation des biens et des marchandises, d’une part, ainsi que la garantie de la protection de la population civile palestinienne par la communauté internationale, d’autre part. Il faut aussi demander à Israël de mettre fin aux colonies de peuplement et œuvrer à une paix juste au Moyen-Orient sur la base des résolutions et des initiatives de paix existantes.   

Au cours du dernier trimestre, la situation humanitaire s’est nettement dégradée dans le territoire palestinien occupé, a déploré Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba).  Elle a noté que le premier anniversaire de la « Grande Marche » a été l’occasion pour Israël d’exercer plus de violence à l’encontre de manifestants pacifiques.  « Il est regrettable que le Conseil de sécurité sous l’influence des États-Unis ne parvienne pas à condamner ce recours à la force, ainsi que les violations de la Charte des Nations Unies et des résolutions du Conseil de sécurité. »  La représentante a condamné la poursuite de l’expansion des colonies israéliennes, les démolitions et les confiscations des propriétés palestiniennes, sapant ainsi la solution des deux États.  La déléguée a aussi dénoncé la décision d’Israël de ne pas renouveler le mandat de la Présence internationale à Hébron.  Elle a appelé le Conseil à honorer son propre mandat, à exiger la cessation immédiate par Israël de la colonisation et le respect des résolutions sur le Moyen-Orient, y compris sur la question palestinienne.  Enfin, elle a condamné la décision des États-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, de cesser le financement de l’UNRWA puis de reconnaître l’annexion du Golan par Israël.

M. ALI NASER MOHAMED (Maldives) a salué les changements positifs opérés ces derniers mois en vue d’améliorer la transparence des travaux du Conseil de sécurité et d’accroître la légitimité de ses décisions.  Il a signalé que toute mesure prise par Israël contraire à la Charte et aux résolutions du Conseil demeurera « nulle et non avenue ».  Il a précisé à cet égard que toute mesure d’Israël tendant à exercer sa souveraineté sur le Golan syrien était en violation des résolutions 242 (1967), 338 (1973) et 497 (1981).  Il a ainsi prié le Président de cet organe de condamner publiquement les décisions prises par tout pays visant à la reconnaissance de l’annexion illégale de Jérusalem et du Golan syrien.  Il a encouragé les pays à se « ranger du bon côté du droit international ».  Par ailleurs, le représentant a prié toutes les parties au conflit au Yémen de faire preuve de retenue et s’est dit encouragé par l’établissement le 16 janvier dernier d’une mission politique spéciale d’appui à l’application du cessez-le-feu du 13 décembre 2018.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran), après avoir compté 44 violations par Israël des résolutions de Conseil de sécurité depuis 70 ans, a dénoncé le fait que les États-Unis ont commencé eux aussi à violer les résolutions du Conseil, notamment en transférant leur ambassade à Jérusalem et en reconnaissant l’annexion du Golan syrien.  C’est là une violation flagrante du droit international.  Ces 70 dernières années, Israël a commis de nombreux crimes, dont des crimes de guerre contre ses voisins, en toute impunité.  Le blocus inhumain et illégal de Gaza, et la grave situation humanitaire qui en résulte, en sont un autre exemple.  Dans ces circonstances, a poursuivi le représentant iranien, la communauté internationale doit continuer d’appuyer la cause juste des Palestiniens et la pleine réalisation de leurs droits inaliénables, en particulier la création d’un État indépendant de Palestine avec Al-Qods Al-Charif comme capitale.  La communauté internationale doit résister à la pression des États-Unis et d’Israël de changer la nature des menaces réelles au Moyen-Orient.  Le principal problème au Moyen-Orient est la question de Palestine, a fait valoir M. Ravanchi, et ces deux pays cherchent à créer des menaces et des crises artificielles pour détourner l’attention de la communauté internationale de l’occupation illégale de Palestine et d’autres territoires.

Faisant observer qu’aucune solution alternative crédible et viable n’a été présentée à ce jour, Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a insisté sur la nécessité de la mise en œuvre de la solution des deux États.  La communauté internationale doit jouer un rôle positif dans ce sens, a déclaré la représentante, ajoutant qu’elle attendait encore le plan de paix des États-Unis.

M. PHAM HAI ANH (Viet Nam) a fait part de sa préoccupation face aux tendances négatives sur le terrain, en particulier les affrontements violents, les provocations, l’expansion des colonies, le déplacement de population et la grave situation humanitaire à Gaza et en Cisjordanie.  Le représentant a partagé l’inquiétude du Coordinateur spécial qui a rapporté le 27 mars qu’aucune mesure n’a été prise par Israël pour cesser les activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés et la construction récente de 840 maisons à Ariel.  Le représentant s’est aussi inquiété des lancements de missiles à partir de Gaza contre des civils israéliens.  Concernant la situation à Gaza, il a demandé à Israël et à l’Autorité palestinienne d’agir sérieusement afin de prévenir une détérioration accrue de la situation humanitaire.  Enfin, M. Anh a indiqué qu’une solution juste, complète et durable à ce conflit passe par la reprise rapide d’un dialogue et de négociations constructifs conformément au droit international, en particulier les résolutions 478 (1980), 2254 (2015) et 2334 (2016) du Conseil de sécurité.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a considéré que, pour parvenir à une paix durable dans la région, il faut trouver un règlement à la question palestinienne.  Il a jugé important de maintenir le caractère historique de Jérusalem.  Par ailleurs, il a souligné la nécessité de répondre aux attentes du peuple yéménite, qui a trop souffert, dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Toute ingérence étrangère dans les affaires internes des États doit cesser », a exhorté le représentant, en demandant aussi une mobilisation accrue contre le terrorisme.  Il a, en conclusion, plaidé pour la mise en place de mécanismes innovants en vue de contrecarrer les organisations terroristes, dont l’État islamique.

« Nous attendons depuis 1967 le jour où les droits des Palestiniens seront respectés », a rappelé M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte). « Nous sommes impatients de voir ce Conseil et le Secrétariat faire respecter les droits des Palestiniens et des Syriens sur leur territoire », a-t-il ajouté.  Il a réaffirmé que la position américaine sur le Golan n’a aucune conséquence sur la résolution 497 (1981) sur le Golan syrien.  Nous sommes devant une nouvelle étape de la solution des deux États, a souligné le délégué.  Cette nouvelle étape est claire: « le statu quo n’est pas une solution ».  Cette étape ne se fonde pas sur l’annexion de territoire; il n’y aura pas de victoire s’il n’y a pas de respect du droit international.  Les deux peuples doivent déterminer ensemble leur propre destinée.  « La deuxième option est de céder au spectre des victoires éphémères ou de l’État unique », a-t-il averti.  « Il n’y a pas de troisième scenario.  Il n’y pas de solution au dépend d’une autre. »  Le représentant a indiqué que le traité de paix entre l’Égypte et Israël peut servir d’exemple de solution à la situation palestinienne. 

M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a réitéré son appui à la solution des deux États et a encouragé les parties à rechercher un environnement politique constructif et favorable au retour à des négociations de fond.  Le représentant s’est donc félicité de la décision des États-Unis de présenter un plan de paix et a prévenu les parties que cette paix ne sera réalisée qu’au prix de décisions et de concessions « difficiles ».  S’agissant de la Syrie, il a appelé à un strict respect du cessez-le-feu à Edleb, condition préalable à la création d’un environnement favorable à un règlement pacifique du conflit.  Espérant des progrès dans le processus de Genève, le représentant a par ailleurs regretté que la situation sécuritaire continue de retarder la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et de la résolution 2452 (2019) sur le Yémen.  Il a d’ailleurs rappelé la disposition du Brésil à déployer soldats et policiers pour surveiller le cessez-le-feu à Hodeïda.  Il a appelé les parties à continuer de travailler avec l’Envoyé spécial et les a exhortées à s’abstenir de toute mesure qui pourrait compromettre l’élan imprimé.

Concluant sur la Libye, le représentant a appelé les parties à désamorcer la situation, à s’engager en faveur du cessez-le-feu et à travailler avec l’ONU, l’Union africaine et toutes les parties prenantes régionales.  Les parties, a-t-il ajouté, doivent œuvrer avec le Représentant spécial à une solution politique globale susceptible de mettre fin à la crise sécuritaire et à la situation humanitaire.

Reprenant la parole, le représentant d’Israël a dit que si ce débat ouvert avait véritablement pour objectif d’ouvrir une réflexion sur le processus de paix au Moyen-Orient, il éviterait d’être une réunion à charge contre une seule des parties.  La République islamique d’Iran est, a-t-il affirmé, l’un des principaux parrains du terrorisme, puisqu’elle dépenserait 7 milliards de dollars chaque année au détriment des besoins de ses citoyens et qu’elle est devenue une « plateforme de missiles balistiques ».  De son côté, le régime syrien a fait de son territoire « une rampe de lancement pour les attaques menées par l’Iran ».  Quant au Hezbollah, alors qu’il fait partie du Gouvernement libanais, il accumule un arsenal sans compter les tunnels qu’il a creusés pour faire passer des armes.  La communauté internationale a l’obligation morale d’agir face à ceux qui se livrent au terrorisme et remettent en cause la paix et la stabilité dans la région.

Le représentant de la République islamique d’Iran a répondu à son homologue de l’Arabie saoudite qui veut détourner notre attention de la question palestinienne.  Le wahhabisme, a-t-il accusé, est l’idéologie des grands groupes terroristes mondiaux.  Les pétrodollars sont leur source de financement principal.  Leurs allégations et leurs affirmations ne changeront pas la réalité ni le massacre de journalistes et de minorités en Arabie saoudite.  En réponse à Israël, il a rappelé que l’ordre du jour de la réunion est « la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne ».  Depuis sa création, Israël a mené 15 guerres dans la région.  « Les Israéliens ont envahi tous ses voisins.  Ils doivent être traduits en justice et rendre des comptes. »

Le représentant de l’Arabie saoudite a réfuté les allégations de l’Iran à l’encontre de son pays, accusant en retour le Gouvernement iranien d’avoir armé des milices et de provoquer des coups d’État.  La politique iranienne mène des politiques hostiles, comme celle qui menace de fermer les détroits maritimes, ce qui est une violation de la Charte des Nations Unies.  « Il est temps que le Conseil de sécurité prenne position contre les agissements de Téhéran. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Audience interactive à l’Assemblée générale dans le cadre des préparatifs de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle

Soixante-treizième session,
Audience interactive multipartite, Matin
AG/12142

Audience interactive à l’Assemblée générale dans le cadre des préparatifs de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle

La salle de l’Assemblée générale bruissait, ce matin, d’échanges animés entre des centaines de participants à l’« audience interactive multipartite », prémices de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la couverture sanitaire universelle qui aura lieu le 23 septembre prochain, à New York, et débouchera sur une déclaration politique « concise et pragmatique ». 

S’adressant aux 600 représentants d’organisations de la santé publique, de la société civile, de fondations, du milieu universitaire et du secteur privé, la Présidente de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, Mme María Fernanda Espinosa Garcés, a dit s’attendre à ce que cette audience interactive conduise à une « riche discussion, avec diverses perspectives, expériences, études de cas, bonnes pratiques et leçons apprises ». 

Elle a exprimé sa conviction que cette participation appuiera grandement les États Membres dans les préparatifs de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, organisée conformément à la résolution 73/131 de l’Assemblée. 

Ce texte, adopté le 13 décembre 2018, rappelle que l’accès à cette couverture est inclus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, selon lequel une telle couverture doit comprendre une « protection contre les risques financiers » et donner « accès à des services de santé essentiels de qualité et à des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces, de qualité et d’un coût abordable ».

« Lorsque que l’on me demande de citer en exemple l’une des plus grandes réussites de l’ONU, je me retrouve souvent à parler de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) », a déclaré Mme Espinosa à l’ouverture de l’audience interactive, en mettant en avant le succès de l’éradication de la variole.  Elle a aussi évoqué la réduction significative des nouvelles infections par le VIH, et les progrès accomplis dans le combat contre le paludisme et la tuberculose. 

Les pressions exercées et les campagnes en faveur de la couverture sanitaire universelle et du renforcement des services de soins primaires ont ainsi culminé dans l’adoption de l’objectif de développement durable numéro 3, a expliqué Mme Espinosa.  Cet objectif est selon elle crucial pour l’ensemble du Programme 2030 mais c’est aussi celui qui pose le plus de défis. 

La Présidente de l’Assemblée générale n’a pas manqué de rappeler que presque la moitié de la population mondiale n’a pas accès aux services de santé de base et que, chaque année, le manque de ressources dans ce domaine pousse plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté extrême.  « Ces personnes sont ainsi forcées à faire des choix que nul ne devrait avoir à faire: dois-je acheter des médicaments ou de la nourriture?  Éducation ou traitement? », a déploré la Présidente.

Elle a aussi jugé « totalement inacceptable et très affligeant » que les femmes et les filles souffrent de manière disproportionnée du manque d’accès à la santé sexuelle et reproductive et à d’autres services de base, tout comme les personnes handicapées, les autochtones, les minorités et les personnes vivant en milieu rural.  L’impact au niveau macroéconomique des mauvais services de santé est énorme, a-t-elle encore asséné, en évoquant les milliers de milliards de dollars annuels perdus en termes de productivité.  Le paludisme à lui seul coûterait aux pays africains environ 12 milliards de dollars par an.  « La santé est la véritable richesse », a résumé la Présidente de l’Assemblée générale. 

Mme Espinosa a fait remarquer que les services de santé contribuent également à la réduction de la mortalité en temps de conflit et au cours des processus de consolidation de la paix, en ce qu’ils peuvent réduire les risques, présents et futurs, de la mobilité humaine, tout en minimisant l’instabilité durant les épidémies.  La flambée d’Ebola en 2014 en Afrique de l’Ouest a aussi bien montré l’importance de systèmes de santé robustes et inclusifs, a-t-elle encore souligné, en rappelant que « la santé est un droit de l’homme », ancré dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Il est essentiel à la jouissance de tous les autres droits de l’homme. 

À son tour, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, Chef de cabinet du Bureau exécutif du Secrétaire général, a souligné combien les discussions d’aujourd’hui seront déterminantes dans la préparation de la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle.  Les progrès ne seront multipliés que lorsque tous les enfants disposeront des soins dont ils ont besoin là où ils se trouvent.  « Il faut avoir accès au traitement au bon moment, au bon endroit et au bon prix », a-t-elle insisté, soulignant que la couverture de soins de santé primaires est la clef de voûte de tout système sanitaire, y compris pour les réfugiés et les migrants.  Elle a espéré que l’audience interactive favoriserait l’appui politique au plus haut niveau en faveur d’une couverture sanitaire universelle. 

S’adressant à l’audience par vidéoconférence depuis Goma (République démocratique du Congo), le Directeur général de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est réjoui du grand nombre de participants à l’audience interactive.  Il a tout d’abord rendu hommage au docteur Richard Mouzokou, épidémiologiste et spécialiste de l’Ebola, assassiné le 19 avril à Butembo lors d’une attaque contre une équipe qui gère la riposte contre Ebola.  Avec d’autres collègues, feu Mouzokou devait à nouveau travailler sur l’épidémie d’Ebola. 

Le Directeur de l’OMS a exhorté les responsables politiques à faire davantage pour en finir avec ce virus, avant d’appeler la communauté internationale à combler les lacunes financières pour accélérer le rythme et parvenir aussi vite que possible à la couverture sanitaire universelle.  Lorsque les soins de santé primaires existent, les familles et les communautés sont autonomisées d’une manière qui va au-delà de la santé pour favoriser le développement, a-t-il observé.  En revanche, sans une telle couverture, les dépenses extraordinaires de santé ruinent trop de familles. 

Faisant référence à la réunion anniversaire de la Conférence d’Astana (Kazakhstan) sur la santé, le docteur Tedros a rappelé qu’une couverture sanitaire universelle permettrait d’affirmer concrètement que la santé est un droit universel: chacun doit avoir accès à tous les soins de santé, y compris palliatifs, durant tous ses cycles de vie. 

L’accès universel à la couverture sanitaire est « un droit fondamental », a renchéri le Coprésident du Partenariat mondial pour la couverture sanitaire universelle (CSU2030), le docteur Githinji Gitahi.  Il ne s’agit pas uniquement de « santé » mais aussi de « sécurité, stabilité et prospérité », a-t-il martelé, avant de renvoyer à une liste énumérant le « strict minimum » à adresser aux dirigeants politiques en vue d’une couverture universelle à tous les stades.  Le but est que chacun ait accès à des services de santé de qualité sans avoir à trop dépenser. 

Le docteur Gitahi a en outre appelé à créer un cadre juridique réglementaire fort pour accélérer l’accès aux soins de santé.  « Peu de choses dans la vie méritent d’avoir plus en termes de législation », a-t-il tranché, demandant en outre des mécanismes multipartites pour créer des plateformes permettant à la société civile, au secteur privé et aux organisations de tous bords de participer effectivement au dialogue en vue de protéger les membres les plus vulnérables de la société humaine.  « Nous sommes les voix des personnes qui ne se trouvent pas dans cette salle », a encore encouragé M. Gitahi. 

Après avoir mentionné qu’elle avait été diagnostiquée d’une maladie oculaire il y a une semaine, la docteur Alaa Murabit, Mandataire mondiale pour les objectifs de développement durable, s’est enorgueillie du système de couverture sanitaire canadien qui lui a permis d’être traitée rapidement et sans être ruinée, contrairement à ce qui aurait pu se passer « dans le pays voisin » dans un cas semblable. 

« L’absence de soins de santé de base équivaut à une violation des droits de l’homme », a-t-elle déclaré sans ambages.  Elle a ensuite plaidé en faveur de quelque 2,8 millions d’enfants réfugiés n’ayant aucune protection sanitaire.  « En tant que communauté mondiale, nous ne faisons pas ce qu’il faut pour les apatrides, les torturés et les personnes disparues », a poursuivi la docteur Murabit, appelant ensuite à « quitter le champ de bataille et à dépolitiser les droits de l’homme ». 

Il relève de la responsabilité des gouvernements, de la société civile et des entreprises de garantir à chacun des soins de santé, et « pas seulement ceux qui ont les mêmes passeports ou frontières que nous », a-t-elle déclaré.  « La couverture sanitaire universelle signifie que la valeur humaine ne saurait être mesurée. »  

Une survivante de l’Ebola au Nigéria, la docteur Adaora Okoli, qui se consacre désormais à faire part de son expérience, a abondé dans le même sens.  Elle a témoigné qu’en tant que médecin à Lagos (Nigéria), elle avait contracté le virus avec sept autres collègues en soignant les malades.  Elle a constaté que le mauvais état ou l’absence de structures de santé primaires avait favorisé la propagation rapide de l’épidémie, de même que la pauvreté.  « Une nation en bonne santé est une nation riche », a-t-elle estimé, insistant pour que la couverture universelle soit prioritaire.

Les participants à l’audience interactive ont ensuite pris part à trois tables rondes, la première étant chargée d’examiner la couverture sanitaire en tant que moteur pour le développement et la prospérité.  Les deux autres portaient sur les thèmes suivants: « Ne laisser personne de côté - la couverture sanitaire universelle en tant qu’engagement envers l’équité » et « Les mesures et investissements multisectoriels et multipartites pour la couverture sanitaire universelle ».  Les facilitateurs de cette audience étaient les Représentants permanents de la Géorgie et de la Thaïlande

La Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le 23 septembre, aura lieu la veille de l’ouverture du débat général de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale et aura pour thème « Couverture sanitaire universelle: Progresser ensemble sur la voie d’un monde plus sain ». 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.