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Conseil de sécurité: le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine appelle à sortir de l’impasse politique et s’inquiète des « signes de recul »

8522e séance – matin
CS/13803

Conseil de sécurité: le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine appelle à sortir de l’impasse politique et s’inquiète des « signes de recul »

Préoccupé par d’importants « signes de recul », le Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine a engagé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, les autorités du pays à avancer dans la nomination des autorités exécutives aux niveaux national et fédéral et à adhérer au respect de l’Accord de paix de Dayton, tout en mettant en garde contre les risques d’une course à l’armement policier.

« Pendant longtemps, nous avons considéré que les progrès remarquables réalisés par le pays depuis 1995 étaient irréversibles, mais il importe de savoir reconnaître les reculs lorsqu’ils ont lieu et que notre mission n’est pas achevée », a déclaré M. Valentin Inzko en présentant son rapport semestriel.  « Il est impératif d’insister sur le fait que les autorités doivent maintenir l’accent sur le plein respect de l’Accord de paix et des résolutions du Conseil de sécurité, à moins d’encourir le risque de voir les réformes mises en œuvre à cette fin démantelées ».  

M. Inzko a notamment déploré, sept mois après les élections générales du 7 octobre 2018, le retard pris dans la formation du conseil des ministres de l’État et du gouvernement de la Fédération, alors que la Republika Srpska et certains cantons fédéraux ont de leur côté rapidement constitué de nouveaux gouvernements.

Il a appelé à trouver, à titre prioritaire, et avant les prochaines élections locales d’octobre 2020, une solution à la situation de la ville de Mostar qui se voit empêchée de tenir des élections locales depuis 2008.  Autre préoccupation du Haut-Représentant: l’échec des autorités à mettre en œuvre les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, ce qui a pour effet de maintenir un système discriminatoire qui empêche un nombre significatif de citoyens de se présenter aux élections.  « Vingt-quatre ans après Dayton et 10 ans après le jugement rendu, a-t-il dénoncé, les représentants de groupes minoritaires ne peuvent toujours pas se présenter à la présidence ni à la Chambre du peuple ». 

Le Haut-Représentant a également appelé à contrer de manière plus décisive les rhétoriques sécessionnistes, pointant notamment les propos du Président de la présidence tripartite de la Bosnie-Herzégovine, M. Milorad Dodik, qui continue de brandir la menace d’une prochaine sécession de la Republika Srpska.  La réapparition de discours négationnistes au sujet du génocide de Srebrenica, en 1995, a aussi été dénoncée à plusieurs reprises par les délégations, de même que les déclarations ayant pour but de saper l’autorité des décisions prises par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).

De plus, après la décision, au mois d’avril, de l’Assemblée nationale de la Republika Srpska de faire avancer une législation visant à créer une force de police de réserve, et selon des indications émanant du comité parlementaire de la Fédération qu’il compte en faire de même, le Haut-Représentant a alerté du risque d’une course à l’armement policier, prévenant qu’une telle « concurrence malsaine » pourrait déstabiliser le pays. 

« La Bosnie, a-t-il souligné, a besoin de moins d’armes et de moins de gens en uniforme de police: il faut déployer tous les efforts pour prévenir une course à l’armement policier. »

De son côté, la Croatie a indiqué que la communauté croate estime que le déroulement des élections de l’automne dernier l’a privée de sa représentation légitime au sein de la présidence et appelé à mener à bien la réforme sur la loi électorale de la Bosnie-Herzégovine, avertissant que l’impasse politique et la rhétorique font courir à ce pays le risque de faire dérailler le processus de réforme dans lequel il s’est engagé.

« Ignorer l’objectif et l’esprit de l’Accord de Dayton demeure contre-productif et dangereux », a averti la délégation croate, tandis que la Serbie a de son côté regretté la réapparition de « messages qui « appartiennent au passé » et de « discours non productifs », estimant qu’il est de la responsabilité de tous de maintenir le dialogue et de trouver des solutions acceptables pour tous.

Ce message a été repris par la Belgique, qui a dénoncé des déclarations « incompatibles avec une adhésion à l’Union européenne » et appelé les dirigeants politiques en Bosnie-Herzégovine à transcender leurs différences, tandis que la France a estimé que « la perspective européenne nécessite plus que jamais de redoubler d’efforts pour adopter les réformes dont le pays a tant besoin ».

La Bosnie-Herzégovine espérant obtenir le statut de pays candidat d’ici à la fin de l’année, l’Union européenne a prié à son tour les dirigeants du pays de s’abstenir de toute action pouvant le déstabiliser et l’empêcher de s’attaquer à ses véritables défis.  « Le projet européen est bâti sur la réconciliation entre les peuples », a rappelé la délégation européenne.  Or, a-t-elle renchéri, « le déni de génocide par des élus ou le révisionnisme promu par une Assemblée élue heurtent notre conscience et sont incompatibles avec la perspective d’intégration européenne ».   

La Fédération de Russie a également reconnu l’urgence de la création d’un nouveau gouvernement et de la mise en œuvre des réformes.  Elle a néanmoins argué que le Bureau du Haut-Représentant, « avec ses grands pouvoirs », constitue une véritable charge pour le budget du pays.  Le délégué a par ailleurs appelé M. Inzko à reconnaître qu’il existe entre les différents partis politiques une large division quant à l’adhésion à l’OTAN.  « Le fait de pousser Sarajevo vers des réformes en ce sens risque d’avoir des conséquences très négatives », a-t-il mis en garde.

Dans son intervention, le Haut-Représentant a jugé important d’établir un environnement socioéconomique positif afin de mettre un terme à l’exode significatif des jeunes gens éduqués, un phénomène qui, a alerté la Bosnie-Herzégovine, pourrait avoir un impact « extrêmement négatif » sur le développement économique à venir du pays.

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE (S/2019/364)

Déclarations

M. VALENTIN INZKO, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a indiqué que sept mois après les élections du 7 octobre dernier, le processus de constitution d’une coalition domine le pays.  Si la Republika Srpska et certains cantons fédéraux ont rapidement constitué de nouveaux gouvernements, il a regretté l’absence de nomination, au niveau étatique, d’un conseil des ministres ou d’un nouveau gouvernement fédéral.  Néanmoins, les discussions entre les parties semblent progresser.  M. Inzko a appelé à la création, dès que possible, d’un nouveau conseil des ministres, à répondre aux problèmes socioéconomiques qu’affrontent les citoyens et à améliorer la transparence et l’intégrité du système électoral de la Bosnie-Herzégovine.

Pour ce qui est de l’intégration dans l’Union européenne, le Haut-Représentant a indiqué qu’en février, le pays avait finalisé ses réponses à près de 4 000 questions de la Commission européenne.  Il s’est cependant inquiété de la persistance d’une rhétorique déstabilisante provenant parfois de la bouche de ceux-là mêmes qui professent un engagement à l’adhésion à l’Union européenne.  Il a notamment pointé le Président de la présidence tripartite de la Bosnie-Herzégovine, M. Milorad Dodik, qui, tout en déployant des efforts pour conclure des accords sur certaines questions clefs, continue de brandir la menace d’une prochaine sécession de la Republika Srpska.  Ce dernier a affirmé que si le Kosovo devient membre de l’ONU, la Republika Srpska déclarera son indépendance et, à plus d’une reprise, a affiché une carte montrant la Serbie intégrant la Republika Srpksa et une partie du Monténégro.  Cette rhétorique sécessionniste est devenue une constante ces dernières années, et il faut la contrer de manière plus décisive, a souligné le Haut-Représentant.

M. Inzko s’est aussi soucié du fait que les principaux partis croates continuent de rejeter les jugements rendus par le Tribunal pénal international pour l’ex Yougoslavie (TPIY) au sujet de leur rôle durant la guerre et de tenter de raviver les structures du para-État de l’époque.  De plus, en début d’année, le principal parti bosniaque a annoncé son intention de lancer une initiative pour remettre en cause le nom de la Republika Srpska.  Il a rappelé que la Constitution de la Bosnie-Herzégovine établit que le pays est constitué de deux entités, la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la Republika Srpska.  Il a ensuite précisé que, contrairement aux déclarations du Président de la présidence, le Président Vučić, de la Serbie, continue de respecter l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.

Poursuivant, le Haut-Représentant a indiqué qu’au mois d’avril, l’Assemblée nationale de la Republika Srpska avait fait avancer une législation visant à créer une force de police de réserve.  Il a indiqué que certains y voient une tentative de constituer une force militaire alternative et que cette situation est source de graves préoccupations.  En outre, le comité parlementaire de la Fédération a indiqué qu’il compte en faire de même, et un membre du parti au pouvoir en Republika Srpska a même affirmé que cette force de police vise à remplacer l’armée.  De tels propos ont provoqué « une spirale négative de méfiance et une concurrence malsaine » et si cette dynamique se poursuit, elle pourrait déstabiliser le pays, a-t-il averti.  « La Bosnie, a-t-il souligné, a besoin de moins d’armes et de moins de gens en uniforme de police: il faut déployer tous les efforts pour prévenir une course à l’armement policier. »

M. Inzko a ensuite signalé que les autorités politiques continuent de manière persistante à ne pas respecter les décisions contraignantes du système judiciaire.  Il a notamment rappelé que la ville de Mostar s’est vue empêchée de tenir des élections locales depuis 2008, jugeant « inconcevable » qu’une ville importante qui ambitionne de devenir capitale culturelle de l’Europe se trouve dans cette position.  Il a appelé à trouver, à titre prioritaire, une solution à cette situation avant les prochaines élections locales d’octobre 2020.  Il a aussi pointé l’échec des autorités à mettre en œuvre les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Sejdić et Finci, entre autres, ce qui a pour effet de maintenir un système discriminatoire qui empêche un nombre significatif de citoyens de se présenter aux élections.

« Vingt-quatre ans après Dayton et 10 ans après le jugement rendu, a-t-il dénoncé, les représentants de groupes minoritaires ne peuvent toujours pas se présenter à la présidence ni à la Chambre du peuple ».  Les autorités pourraient résoudre certaines de ces questions d’un simple trait de stylo ou en menant des négociations de bonne foi, mais les efforts les plus minimes ne sont même pas déployés, a déploré l’orateur.  Il a aussi alerté qu’après la décision de prolonger la peine imposée à M. Radovan Karadžić, de nouvelles négations du génocide de Srebrenica avaient surgi, et que les six derniers mois avaient été marqués par des tentatives de limiter la liberté d’expression et la dissidence.  Au mois de décembre, les autorités de la Republika Srpska ont notamment dispersé les manifestations qui duraient depuis plusieurs mois, à Banja Luka, pour dénoncer ce que des activistes considèrent être des tentatives de dissimuler la mort suspecte d’un jeune homme.

Pendant longtemps, a poursuivi M. Inzko, nous avons considéré que les progrès remarquables réalisés par le pays depuis 1995 étaient irréversibles, mais « il importe de savoir reconnaître les reculs lorsqu’ils ont lieu et que notre mission n’est pas achevée ».  Il est impératif d’insister sur le fait que les autorités doivent maintenir l’accent sur le plein respect de l’Accord de paix et des résolutions du Conseil de sécurité, à moins de risquer que les réformes mises en œuvre à cette fin ne soient davantage démantelées.

Le Haut-Représentant a appelé les dirigeants politiques à déployer des efforts sincères pour surmonter leurs différends et avancer dans la nomination des autorités exécutives aux niveaux étatique et fédéral.  Il leur revient également de travailler avec les autorités de la Republika Srpska et les cantons pour pleinement mettre en œuvre l’Accord de paix de Dayton.  M. Inzko les a également priés de mettre un terme à la rhétorique déstabilisatrice et séparatrice et à maintenir le pays sur la voie de l’Union européenne.  Il est aussi particulièrement important d’établir un environnement socioéconomique positif et d’assurer le respect de l’état de droit afin de mettre un terme à l’exode des jeunes « brillants », « la plus importante ressource naturelle du pays ».  De son côté, la communauté internationale doit renforcer ses efforts pour promouvoir la réconciliation en Bosnie-Herzégovine et dans la région.  Nous ne pouvons pas quitter la Bosnie-Herzégovine, a-t-il insisté.

Tout en saluant les progrès accomplis par les parties dans le cadre des discussions relatives à la formation d’un gouvernement sur le plan national, M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) s’est dit préoccupé par le désaccord continu entre les partis politiques qui ont le potentiel de remettre en question la réalisation des objectifs du programme « 5 plus 2 ».  Après avoir encouragé le Conseil à promouvoir un environnement propice au dialogue et à la coopération, il a réitéré qu’une nouvelle coalition gouvernementale devrait être formée le plus rapidement possible, de manière à permettre au pays de mettre en œuvre, dans leur intégralité, ces objectifs qui ouvriront la voie à l’accès de la Bosnie-Herzégovine à sa pleine souveraineté sur sa politique intérieure et extérieure.  Or, les récents développements dans le domaine des droits de l’homme sont préoccupants et ont le potentiel d’exacerber les tensions entre les parties, a mis en garde le représentant, pour qui l’impasse actuelle n’est pas tenable.  « La volonté politique et l’appropriation nationale sont essentielles pour faire avancer le processus en cours vers la paix, la stabilité et la réconciliation durables », a-t-il ajouté.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a salué la remise, par les autorités bosniaques, à la Commission européenne, des réponses officielles finalisées aux 665 questions nécessaires à l’examen de la candidature d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union européenne.  Un acte qui témoigne, selon lui, de la volonté du Gouvernement de poursuivre ses efforts en vue d’engager les réformes dans les domaines de l’état de droit, de l’indépendance du système judiciaire et des droits fondamentaux.  Sa délégation a, en outre, salué l’adoption, par la Commission électorale centrale et la Cour constitutionnelle, des réformes électorales qui permettront de mettre fin aux dysfonctionnements institutionnels.  De même, la Côte d’Ivoire s’est félicitée de la décision prise par l’Assemblée municipale de Srebrenica de construire un monument dédié à la paix pour commémorer les tragiques évènements dont cette ville a été le théâtre en juillet 1995.  En dépit de ces développements positifs, M. Moriko s’est dit préoccupé par la persistance des tensions politiques liées aux difficultés rencontrées dans la formation du gouvernement central, depuis les élections générales du 7 octobre 2018.  Une situation de nature à compliquer, selon lui, les défis économiques et sociaux complexes auxquels la Bosnie-Herzégovine est confrontée, a prévenu le délégué, en appelant les parties à s’abstenir de tout discours et actions susceptibles de compromettre l’intégrité territoriale du pays.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appelé tous les acteurs politiques à respecter l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine reconnaissant la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  Il a salué les perspectives économiques favorables au premier semestre 2019, ainsi que la ferme volonté du Gouvernement de progresser vers la voie de l’intégration européenne.  Il s’est cependant inquiété du peu de progrès accomplis dans la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 ».  Il a appelé au renforcement de l’état de droit et à la consolidation d’institutions inclusives.  Après avoir salué la formation du Gouvernement de la Republika Srpska, il a appelé la Fédération à en faire de même et à œuvrer de concert pour la nomination d’un conseil des ministres. 

Dans le cadre du renforcement institutionnel, le Pérou a aussi mis l’accent sur l’amélioration des capacités de lutte contre la criminalité organisée et la corruption et le rétablissement de la confiance de la population à l’égard notamment du tribunal spécialisé dans ces délits.  Insistant sur la responsabilité des dirigeants dans le processus de consolidation de la paix, la promotion du dialogue politique et la réconciliation, il a rejeté les discours et initiatives incitant à la division et à la haine de même que les propos et initiatives xénophobes, sécessionnistes et révisionnistes.  Il a appuyé, en revanche, la décision de construire un monument pour la paix à Srebrenica et encouragé à une participation accrue des femmes et des jeunes dans les processus politiques nationaux.    

M. YAO SHAOJUN (Chine) a rappelé sa position constante concernant la Bosnie-Herzégovine, qu’il a félicitée pour la réussite des élections générales d’octobre et la récente foire commerciale de Mostar.  Ce pays étant important dans les Balkans, l’harmonie et la réconciliation sont fondamentales, a déclaré le représentant, qui a recommandé une approche prudente de la communauté internationale dans le respect de ses spécificités.  Il a espéré que le Haut-Représentant sur l’application de l’Accord de paix relatif à la Bosnie-Herzégovine agira dans le cadre de son mandat.

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a appelé le Conseil de sécurité à rester concentré sur la situation en Bosnie-Herzégovine.  Il a salué les progrès rapides réalisés en Republika Srpska après les élections, déplorant toutefois la lenteur des progrès au niveau étatique.  Il s’est aussi inquiété de la persistance d’une rhétorique sécessionniste qui rend les compromis difficiles.  Il est particulièrement préoccupant que certains usent de leur position de pouvoir pour saper l’autorité de l’État et apporter des changements au Code pénal.  « Cette propagation de sentiments nationalistes reflète l’érosion des normes démocratiques », a-t-il indiqué, pour ensuite dénoncer les restrictions apportées à la liberté de réunion et les changements législatifs inutiles.

Le représentant a par ailleurs jugé « honteux » que des dirigeants politiques continuent de nier les jugements du TPIY et le « génocide » de Srebrenica.  Il a appelé la Bosnie-Herzégovine à démontrer son engagement en faveur de l’état droit en lançant un processus de réforme, mais aussi en répondant à la situation socioéconomique du pays, notant qu’un flux continu de citoyens quitte le pays pour chercher un avenir meilleur ailleurs.  Il a ensuite demandé au Haut-Représentant de faire part de ses suggestions pour promouvoir la réconciliation.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué l’engagement des dirigeants politiques de Bosnie-Herzégovine en faveur de l’intégration européenne, illustré par la soumission de pas moins de 655 réponses aux questions posées par la Commission européenne.  « Cela prouve que la voie européenne est forte et demeure sans changement à l’issue des élections », a commenté la Pologne.

La représentante a néanmoins espéré le même enthousiasme pour le respect des conditions d’application du Plan d’action pour l’adhésion, et pour parvenir à la stabilité.  Notant que, sept mois après les élections générales, aucun gouvernement n’a été constitué tant au niveau de l’État que de la Fédération, elle a appelé les parties politiques à se mettre d’accord d’urgence pour la formation d’un gouvernement.  « Il est de la plus haute importance de laisser de côté les considérations politiques mineures et de se plier à la volonté du peuple en créant un exécutif fort », a-t-elle recommandé, mettant en garde contre le prolongement des mesures provisoires qui érode davantage la confiance de l’électorat.

Mme Wronecka a également fait allusion aux menaces à l’intégrité territoriale, notamment les appels à la sécession qui défient la lettre de l’Accord de Dayton et posent une menace directe à la paix.  La création de forces armées de facto avec des milices armées est aussi troublante, a-t-elle signalé, en mettant en exergue les risques que cela implique.  « Les tentatives constantes de réécrire l’histoire sont totalement inacceptables », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’il n’y a pas de place pour une réinterprétation des événements de Srebrenica.  Les survivants ont été entendus, les preuves réunies, étudiées et acceptées, a-t-elle rappelé, soulignant que les auteurs ont comparu devant la justice internationale et domestique.  « Se soustraire à la responsabilité est corrosif et ferme la porte à la réconciliation », a conclu la représentante polonaise. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a espéré voir le plein respect des objectifs du programme « 5 plus 2 » établi par le Conseil de sécurité.  Il a appelé à achever le processus électoral en établissant les nouvelles autorités, engageant notamment les parties concernées à assouplir leur position.  Les autorités doivent aussi appliquer les décisions du comité constitutionnel.  Le représentant a regretté que certains secteurs du pays continuent de formuler des déclarations révisionnistes au sujet de Srebrenica et de faire fi du génocide, promouvant ainsi l’impunité et l’hostilité.  Il s’est aussi inquiété de la tentative d’un parti politique de remettre en cause le nom de la Republika Srpska.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’initiative de l’assemblée municipale de Srebrenica d’édifier un monument à la paix, y voyant l’occasion de symboliser l’unité des citoyens.  Des efforts supplémentaires pour assurer un système de justice autonome et transparent, ainsi que pour combattre la corruption et la criminalité organisée, sont par ailleurs nécessaires.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a regretté le retard pris dans la formation des gouvernements respectifs à la suite des élections générales d’octobre dernier, retard attribué aux divisions et tensions entre les différents groupes ethniques de Bosnie-Herzégovine.  Elle a encouragé le peuple de ce pays à persévérer dans son engagement en faveur de l’état de droit et du respect des pouvoirs judiciaires et de leurs décisions.  Elle a également appelé à la tenue d’élections locales dans la ville de Mostar ainsi qu’à une intensification des efforts dans la mise en œuvre du programme « 5 plus 2 », nécessaire pour la fermeture du Bureau du Haut-Représentant.

M. TALAL S. S. S. ALFASSAM (Koweït) s’est félicité des efforts visant à préserver la stabilité et la composition ethnique et culturelle de la Bosnie-Herzégovine.  Il a appuyé les démarches tendant à l’adhésion euro-atlantique.  L’Accord-cadre général pour la paix demeure la pierre angulaire de la stabilité institutionnelle dans le pays et la référence essentielle pour la paix.  Il a appelé tous les leaders politiques à placer l’intérêt supérieur de la Bosnie-Herzégovine au-dessus des considérations d’ordre politique et à intensifier leurs efforts pour la formation des gouvernements au niveau national et au niveau de la Fédération et pour que le Parlement adopte de nouvelles lois de sorte à ne pas laisser un vide s’agissant de la lutte contre la criminalité organisée, le terrorisme et d’autres questions.  Il a réitéré son plein appui au Bureau du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, qu’il a également appelé à intensifier ses efforts.

Préoccupé par d’importants « signes de recul » en Bosnie-Herzégovine, M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a appelé les dirigeants politiques à transcender leurs différences et à assumer leurs responsabilités afin de pouvoir continuer la mise en œuvre des réformes dont le pays a besoin.  Il a regretté que la mise en œuvre de plusieurs recommandations faites par le passé afin d’améliorer le processus électoral soit restée lettre morte.  Or, toute solution politique à cet égard doit être « en ligne avec la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme ».  Le représentant a jugé impératif que les autorités renforcent l’indépendance et l’impartialité du pouvoir judiciaire et intensifient la lutte contre la corruption et le crime organisé.

La situation des droits de l’homme reste au centre de l’attention de la délégation.  M. Pecsteen de Buytswerve a estimé en particulier que les propos visant à nier le génocide de Srebrenica, à glorifier les crimes de guerre et leurs auteurs et à répandre la haine sont « incompatibles avec une adhésion à l’Union européenne ».  Il a condamné les attaques contre les journalistes et rappelé la nécessité de respecter la liberté de réunion.  Enfin, le représentant a dénoncé l’adoption en première lecture, par l’Assemblée nationale de la Republika Srpska, d’une loi prévoyant une unité de réserve de police, un développement qui, selon lui, s’inscrit dans un cadre plus large de « rhétorique sécessionniste ».

Mme ANNE GUEGUEN (France) a jugé qu’il est d’abord temps de mettre fin aux déclarations ayant pour but de saper l’autorité des décisions prises par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.  « Nous condamnons fermement l’apologie des crimes et des criminels de guerre, quelle que soit leur communauté d’origine. »  La France appelle tous les acteurs politiques de Bosnie-Herzégovine à privilégier une approche constructive pour renforcer la cohésion sans laquelle le pays ne pourra relever les défis du développement et de la construction.  À ce titre, « la formation d’un nouveau gouvernement doit être une priorité ».  Ensuite, a poursuivi la représentante, il est urgent de renforcer et de consolider le système judiciaire.  Le fonctionnement institutionnel de la Bosnie-Herzégovine souffre d’un refus, « souvent motivé par des calculs politiques », de se mettre en conformité avec les décisions prises par la justice, a-t-elle noté.

Enfin, Mme Gueguen a déclaré que « la perspective européenne nécessite plus que jamais de redoubler d’efforts pour adopter les réformes dont le pays a tant besoin ».  Selon elle, la perspective d’une intégration dans l’Union européenne, le moment venu, lorsque les conditions seront remplies, est le prolongement de l’engagement, « massif et multiforme », de l’Union européenne en Bosnie-Herzégovine.   

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a commencé par assurer le Bureau du Haut-Représentant de son appui.  Il a encouragé la présidence de la Bosnie-Herzégovine à se mettre d’accord sur la composition du gouvernement pour pouvoir finalement s’attaquer aux priorités.  Sur une note positive, les États-Unis ont fait valoir qu’en décembre, les alliés de l’OTAN ont permis à la Bosnie-Herzégovine de présenter son premier programme annuel, ce qui prouve que « lorsqu’on suit les règles, cela marche ».  Toutefois, le ressentiment de certains dirigeants politiques vis-à-vis des autorités leur ont fait adopter des positions contraires à l’état de droit et aux conditions convenues, a regretté le représentant.  Il s’est dit préoccupé par l’absence d’élections locales à Mostar au cours des cinq dernières années.  En conclusion, il a appelé au renforcement des institutions étatiques, soulignant que ce n’est qu’une fois que les conditions préalables du programme « 5 plus 2 » seront respectées que le Bureau du Haut-Représentant ne sera plus nécessaire.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) est revenu sur la tenue, la semaine dernière, de la Conférence de Berlin.  Il a félicité la Serbie qui, malgré toutes les volontés sécessionnistes émanant de Banja Luka, s’était prononcée en faveur de l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine.  Il a rappelé que sa délégation et la France avaient récemment organisé une réunion en formule Arria sur les armes légères et de petit calibre dans les Balkans, notant les propos du Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine sur la course à l’armement policier.  Le représentant a rappelé les efforts de l’Allemagne pour aider les survivantes de violence sexuelle, pour ensuite s’inquiéter de l’exode des jeunes originaires de Bosnie-Herzégovine.  Préoccupé par la dégradation du système de respect de l’état de droit et par les volontés sécessionnistes en Republika Srpska, il a ensuite voulu savoir ce que le Haut-Représentant pouvait faire de plus pour assurer une plus grande participation des femmes.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a pris note de « la volonté de justifier le protectorat en Bosnie-Herzégovine » et du maintien du Bureau du Haut-Représentant.  Contrairement à ce que prétend M. Inzko dans son dernier rapport, le dialogue entre le Président Vladimir Putin et les dirigeants serbes et croates montre que ces derniers sont tout à fait convaincus de l’inviolabilité des trois peuples constitutifs.  Le représentant russe a reproché au Haut-Représentant de ne mentionner que « certains exemples odieux » comme la remise en cause du nom de la Republika Srpska ou le refus de représentation des trois peuples légitimement élus par leur électorat respectif.  La Russie estime que de précieuses ressources sont gaspillées pour le fonctionnement de ce Bureau.  Le Haut-Représentant doit aussi reconnaître qu’il existe entre les différents partis politiques une large division quant à l’adhésion à l’OTAN.  « Le fait de pousser Sarajevo vers des réformes en ce sens risque d’avoir des conséquences très négatives », a-t-il mis en garde.  Il a aussi regretté que l’accroissement du flux migratoire et la menace du terrorisme ne soient guère abordés dans le rapport du Haut-Représentant.

Le représentant a également reproché au Haut-Représentant d’avoir critiqué les commissions créées par la Republika Srpska pour procéder de nouveau à l’interprétation des événements survenus à Srebrenica et à Sarajevo de 1992 à 1995.  Si selon M. Inzko, « les travaux de ces commissions n’apporteront guère de valeur historique ni ne contribueront à la justice et à la réconciliation », le représentant s’est dit, en revanche, convaincu que les experts des commissions sur Srebrenica, issus de 12 pays, seront « certainement en mesure d’établir les faits sur les crimes commis ».

M. Polyanskiy a ensuite déclaré que la Russie n’a pas à entériner le Comité directeur du Conseil de mise en œuvre de la paix; il a espéré que ce mécanisme international se base sur des démarches factuelles de sorte que le Haut-Représentant « n’ait pas à occulter la réalité ».  La Russie cherche toujours à appuyer la stabilisation de la Bosnie-Herzégovine et le développement socioéconomique et la diversité culturelle du pays, a-t-il encore affirmé.  Le Bureau du Haut-Représentant « avec ses grands pouvoirs » constitue une véritable charge pour le budget du pays.  L’urgence est la création d’un nouveau gouvernement en veillant à la mise en œuvre des réformes.  Il faut aussi améliorer le professionnalisme et l’impartialité des organes judiciaires en place.  « Les ajouts illégitimes et unilatéraux de dirigeants en Republika Srpska risquent de saper la confiance », a-t-il également averti.    

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a rappelé que sa délégation attache beaucoup d’importance à la réalisation des objectifs du programme « 5 plus 2 », qui exige un engagement constant de toutes les parties prenantes.  Par ailleurs, s’il s’est félicité des progrès accomplis dans l’adoption de nombreuses lois par le Parlement, le représentant a regretté que leur mise en œuvre reste à la traîne, en particulier dans le domaine de la lutte anticorruption.  Il s’est dit préoccupé de constater l’accès limité accordé par la Republika Srpska au Bureau du Haut-Représentant.  L’unité de la Bosnie-Herzégovine est importante, et l’élection locale à Mostar devrait être organisée dans les meilleurs délais pour conclure la participation de tous les peuples à la détermination de l’avenir de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays, « non en tant que parties », a ajouté M. Djani.

Mme ŠEJLA ĐURBUZOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a reconnu que de nombreux défis se dressent sur le chemin de son pays vers une pleine intégration dans l’Union européenne, tout en formulant l’espoir qu’il parviendra à atteindre le statut de candidat d’ici à la fin de l’année.  Elle a indiqué que son gouvernement avait intensifié ses efforts dans de nombreux domaines, à commencer, à titre prioritaire, par la mise en œuvre du programme de réforme et des réformes socioéconomiques, ainsi que pour renforcer l’état de droit et la bonne gouvernance.  Une coopération amicale et constructive entre les pays de la région sur des questions d’intérêt commun est une des priorités de la politique étrangère du pays, a-t-elle ajouté, notant qu’il s’agit du moteur de l’intégration de la région dans l’Union européenne.

La représentante a ensuite parlé de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre le terrorisme pour la période 2015-2020, précisant que des membres d’organisations terroristes ou des personnes qui facilitent le recrutement de combattants terroristes comparaissent devant les institutions judiciaires du pays.  Des mesures de déradicalisation sont également mises en œuvre.  Mme Đurbuzović a aussi cité les progrès accomplis pour combattre la criminalité organisée, la traite des êtres humains, la corruption et le blanchiment d’argent.  Elle a souligné que la mise en œuvre de la stratégie nationale relative aux crimes de guerre est essentielle pour la réconciliation.

S’agissant de la situation économique, elle a fait état de progrès modestes, avec un taux de croissance de 3,1%, ajoutant que le chômage avait baissé de 2,1% en 2018.  Les réformes économiques mettent l’accent sur l’amélioration de l’environnement commercial et la création d’emplois pour les jeunes.  Une préoccupation notable découle de l’exode significatif de jeunes gens éduqués et talentueux, un phénomène qui, a–t-elle alerté, pourrait avoir un impact « extrêmement négatif » sur le développement économique à venir du pays.  Elle a expliqué que des investissements massifs dans l’infrastructure, la santé et l’éducation sont nécessaires pour inverser cette tendance, et que la Bosnie-Herzégovine serait reconnaissante si elle pouvait obtenir plus d’investissement étranger direct pour des projets dans ces domaines.

Mme Đurbuzović s’est ensuite inquiétée de l’impact notable de la crise migratoire internationale sur les pays de la région.  Elle a expliqué que son pays compte à présent près de 24 000 migrants illégaux, dont la majorité est sans papiers.  La Bosnie-Herzégovine applique une série de mesures, y compris sur le plan humanitaire et sécuritaire et dispose d’une politique migratoire qui répond aux plus hautes normes européennes et internationales.  Notant que la migration illégale est une question transfrontalière, la Bosnie-Herzégovine vise de plus à améliorer la coopération entre les agences de police en son sein et à intensifier la coopération avec les pays de la région.  Elle a salué la décision prise le 29 avril par la Commission européenne concernant l’appui financier pour aider les autorités de la Bosnie-Herzégovine à renforcer leurs capacités de gestion des frontières.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne, a indiqué que la Commission européenne rendra bientôt publique son opinion relative à la candidature de la Bosnie-Herzégovine pour devenir membre de l’Union européenne.  Le Conseil de l’Union européenne se prononcera ensuite sur les étapes à venir.

Les questions liées aux élections, y compris la tenue d’élections locales à Mostar et l’élection de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, doivent être abordées au plus tôt en prenant en compte la situation du pays et conformément aux décisions de la Cour constitutionnelle du pays, a dit le délégué.  Aucune mesure politique ou législative ne devrait être prise pour rendre encore plus difficile l’application de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Sejdić-Finci et d’autres arrêts posant plus de défis.  Il a mis en exergue la nécessité de faire avancer les réformes en vue de l’adhésion à l’Union européenne, conformément aux attentes citoyennes.  Il a en outre réitéré son ferme engagement par rapport au mandat de l’Opération Althea. 

S’exprimant en français, il a souligné que la Bosnie-Herzégovine a été claire concernant sa volonté de devenir un jour membre de l’Union européenne, et a salué la déclaration de décembre 2018 de la présidence de ce pays, qui réaffirme que l’adhésion demeure une priorité stratégique du pays entier.  Il a réitéré « l’attachement sans équivoque de l’Union européenne à la perspective européenne de la Bosnie-Herzégovine en tant que pays unique, uni et souverain ».  Dans cet ordre d’idée, il a appelé les dirigeants politiques du pays à s’abstenir de toute rhétorique sécessionniste et provocatrice et de toute action pouvant le déstabiliser et l’empêcher de s’attaquer à ses véritables défis.  Rappelant que le projet européen a été bâti sur la réconciliation entre les peuples, il a estimé que « le déni de génocide par des élus ou le révisionnisme promu par une Assemblée élue heurtent notre conscience et sont incompatibles avec la perspective d’intégration européenne ».   

« Nous ne pourrons jamais le rappeler assez », a déclaré M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie): « la Croatie et la Bosnie-Herzégovine sont des pays voisins et amis qui partagent plus d’un millier de kilomètres de frontière commune, le seul voisin à faire partie de l’Union européenne », a déclaré le représentant.  La prospérité et le bien-être de la Bosnie-Herzégovine sont donc d’une importance stratégique cruciale pour la Croatie, a-t-il assuré.  Il a souligné que, lors de la dernière séance consacrée par le Conseil de sécurité à la situation dans ce pays, sa délégation avait prévenu que l’impasse politique et la rhétorique font courir à la Bosnie-Herzégovine le risque de faire dérailler le processus de réforme dans lequel elle s’est engagée.  Il appartient aux autorités du pays de s’approprier pleinement les réformes politiques en cours, s’il veut devenir un membre à part entière de l’Union européenne, a préconisé M. Drobnjak.

Nous considérons, a-t-il dit, que le fait d’ignorer l’objectif et l’esprit des accords de Dayton demeure contre-productif et dangereux et espérons qu’à l’avenir une solution juridique sera trouvée en vue de garantir une représentation politique légitime des trois peuples constitutifs de la Bosnie-Herzégovine.  À ce titre, « les Croates estiment que le déroulement des élections de l’automne dernier les a privés de leur représentation légitime au sein de la présidence, et ils ne peuvent pas prétendre qu’il ne s’est rien passé ».  Plaidant pour la recherche d’une solution, la délégation a jugé d’une importance cruciale de mener à bien la réforme sur la loi électorale de la Bosnie-Herzégovine, pour éviter qu’une telle situation ne se répète.  Le représentant a souligné que la mise en œuvre de la réforme électorale, à la suite de l’arrêt de la Cour constitutionnelle dans l’affaire Ljubiċ et de sa décision concernant le système électoral de la ville de Mostar, est indispensable pour la stabilité du pays.  C’est d’autant plus important à l’approche des élections municipales prévues cette année, a insisté M. Drobnjak.

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a expliqué qu’une coopération tous azimuts avec ses voisins compte parmi les grandes priorités de la politique étrangère de son pays et qu’elle joue un rôle fondamental dans les relations avec la Bosnie-Herzégovine et ses efforts tendant à la réconciliation régionale.  L’Accord de paix de Dayton qui a mis fin au conflit tragique en Bosnie-Herzégovine est un jalon important à cet égard.  « Signé il y a près d’un quart de siècle, il reste tout aussi important aujourd’hui en tant que tremplin pour la paix et la sécurité », a-t-il assuré, avant de rappeler que la Serbie est l’un des garants dudit accord.  La Serbie continuera à œuvrer en permanence à sa mise en œuvre en vue de la réconciliation et la prospérité en Bosnie-Herzégovine et dans la région toute entière.

M. Milanović a regretté la réapparition de « messages qui appartiennent au passé » et les « discours non productifs » dans la région et en Bosnie-Herzégovine.  Il est de la responsabilité de tous de maintenir le dialogue et de trouver des solutions acceptables pour tous.  C’est ce qu’attendent les peuples de la Bosnie-Herzégovine, a-t-il insisté.  La réconciliation, la stabilisation et l’intégration européenne sont les pièces maîtresses de l’avenir.  Tels sont les engagements de la Serbie, a continué le représentant, en appelant à la formation des différents gouvernements attendus depuis les élections générales d’octobre en Bosnie-Herzégovine.  Ce pays est l’un des plus importants partenaires commerciaux de la Serbie, a-t-il rappelé en évoquant l’accord de libre-échange entre les deux pays.  À cet égard, il a espéré que la communauté internationale exercera rapidement des pressions sur Pristina pour faire cesser les pratiques délétères telles que l’augmentation des taxes pour les marchandises serbes.  Elle-même candidate pour devenir membre de l’Union européenne, la Serbie appuie les efforts de son voisin pour mener des réformes à cette fin.  En conclusion, M. Milanović a espéré que l’Union européenne continuera à appuyer le processus d’intégration des pays des Balkans.       

Reprenant la parole, M. INZKO, Haut-Représentant pour la Bosnie-Herzégovine, a tout d’abord répondu à la Fédération de Russie en citant le Premier Ministre de la Republika Srpska, qui aurait affirmé, hier, que M. Inzko est l’un des meilleurs haut-représentants car « pour une fois, la Republika Srpska n’est plus un mouton noir ».  Il a aussi rappelé qu’il existe une loi sur la défense en Bosnie-Herzégovine qui prévoit un Plan d’action pour l’adhésion à l’OTAN.  Il a dit ne pas envisager d’établir de rapports pouvant être revus par les entités concernées, ajoutant que contrairement aux assertions de la Russie, ces dernières ne peuvent pas les transmettre.

M. Inzko s’est ensuite inquiété du rejet des verdicts du TPIY et a appelé à régler le problème généralisé de la corruption et de l’emploi.  Après avoir cité une affaire de faux diplômes, il a suggéré que des juges et procureurs étrangers puissent travailler en Bosnie-Herzégovine, évoquant à titre d’exemple le redressement de son pays, l’Autriche, après la Seconde Guerre mondiale.

Le Haut-Représentant est aussi revenu sur les progrès réalisés depuis l’Accord de paix de Dayton, indiquant notamment que la devise de la Bosnie-Herzégovine est l’une des plus stables des Balkans.  Notant par ailleurs que 236 lois avaient été adoptées pendant le mandat de son prédécesseur mais uniquement 40 durant le sien, il a appelé à envisager une coopération plus forte avec les dirigeants locaux.  Les pouvoirs de Bonn doivent être le dernier recours, a-t-il insisté.

Il s’est par ailleurs inquiété du fait que les habitants de Mostar ne peuvent pas exercer leur droit de vote, ainsi que de l’absence de lois sur le déni de génocide et de l’absence de représentation politique des minorités.  Il a appelé à privilégier « une prise en main locale », à l’exemple des pays baltes, s’alarmant notamment de l’exode continu des jeunes.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission informée d’une enveloppe de 6,637 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix en 2019-2020

Soixante-treizième session,
35e séance – matin
AG/AB/4321

La Cinquième Commission informée d’une enveloppe de 6,637 milliards de dollars pour les opérations de maintien de la paix en 2019-2020

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a été informée ce matin que pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, le montant total pour les 15 opérations de maintien de la paix s’élève à 6,637 milliards de dollars, y compris le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique des Nations Unies et le Compte d’appui aux opérations. 

Après avoir analysé cette proposition budgétaire, le Comité consultatif pour les questions administratives (CCQAB) note qu’il s’agit d’une diminution nette de 382,2 millions de dollars par rapport à 2018-2019, due, selon le Secrétaire général, à la liquidation des opérations en Côte d’Ivoire (ONUCI) et au Libéria (MINUL) mais aussi au fait que les missions au Darfour et en Haïti n’ont été prorogées que pour une période de six mois.  Le CCQAB précise tout de même que le niveau global des ressources demandées diminue chaque année depuis l’exercice 2014-15.

« Couper pour couper n’est pas une entreprise acceptable », ont prévenu le Groupe des 77 et la Chine qui ont promis d’examiner soigneusement les domaines les plus affectés par ces réductions.  Les opérations de maintien de la paix, a embrayé l’Éthiopie, doivent exécuter des mandats de plus en plus larges et faire toujours plus avec de moins en moins de ressources.  Il faut veiller à ce que les économies ne compromettent pas la bonne exécution des tâches, a ajouté la Fédération de Russie.

La Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) travaille depuis deux ans, a dénoncé l’Éthiopie, sous de « lourdes » contraintes budgétaires et en conséquence, les arrangements spécifiques pour les soldates de la paix, les logements et la logistique sont bien en-deçà des normes.  Appuyant le budget de 267,9 millions de dollars, demandé par le Secrétaire général, l’Éthiopie s’est quand même demandé si le personnel sur le terrain a été suffisamment consulté.  Pourquoi le CCQAB recommande une réduction de 3 millions de dollars? s’est-elle interrogée.  Le manque de ressources ne sera résolu que quand tous les États Membres paieront leurs quotes-parts intégralement, à temps et sans conditions, ont martelé le Groupe des 77 et la Chine.

Plaidant de son côté pour la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH), l’Uruguay a estimé qu’il faut « éviter les zones de non-droit » et pour ce faire, allouer un budget « prévisible et efficace » permettant à la Mission de consolider l’état de droit et la paix.  Le Secrétaire général demande une enveloppe 51,8 millions de dollars pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019, représentant une diminution de 8,8 millions par rapport à la moitié du crédit ouvert pour l’exercice 2018-19.

Pour leur part, les États-Unis ont appuyé la recommandation du CCQAB selon laquelle les budgets des opérations de maintien de la paix devraient être établis pour qu’il soit possible de moduler les ressources des composantes « Appui des missions », notamment en cas de réduction des effectifs ou de reconfiguration.

La Cinquième Commission tiendra sa prochaine séance publique lundi 13 mai, à partir de 10 heures.

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les observations et recommandations sur les questions concernant les opérations de maintien de la paix en général (A/73/755)

Dans ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires formule des observations sur des questions générales et traite des questions soulevées dans les rapports du Secrétaire général (A/73/776) et (A/73/750) ainsi que dans celui du Comité des commissaires aux comptes [voir A/73/5 (Vol. II)].

Le Comité consultatif réaffirme que si l’Assemblée générale a « pris note » du rapport d’ensemble du Secrétaire général, cela ne signifie pas pour autant qu’elle a donné son aval à toutes les initiatives qui y sont mentionnées et pour lesquelles aucune mesure concrète n’est proposée.  Il se réserve le droit d’examiner en temps utile le bien-fondé des demandes concernant les ressources qui seraient nécessaires.  Notant que le montant estimatif des ressources demandées au titre des opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, y compris pour le Centre de services régional d’Entebbe, la Base de soutien logistique des Nations Unies et le compte d’appui aux opérations de maintien de la paix, s’élève actuellement à 6,637 milliards de dollars, soit une diminution nette de 382,2 millions de dollars (5,4%) par rapport au montant des crédits ouverts pour l’exercice 2018/19, le Comité constate que le niveau global des ressources demandées diminue chaque année depuis l’exercice 2014/15.  Après un pic en 2014/15, le nombre d’agents en tenue a reculé pendant cinq exercices consécutifs, tandis que celui des effectifs civils diminue d’année en année depuis l’exercice 2012/13.

La diminution des ressources tient essentiellement à la liquidation de l’ONUCI en 2017 puis de la MINUL en 2018, et au fait que les prévisions de dépenses de la MINUAD et de la MINUJUSTH pour l’exercice 2019/20 sont établies pour six mois seulement.  Le Comité consultatif estime que des efforts supplémentaires devraient être faits pour établir une base de comparaison dans les prochains rapports d’ensemble et, ainsi, faciliter l’analyse des ressources nécessaires et repérer les tendances sur différents exercices budgétaires.

Il estime aussi que des efforts supplémentaires doivent être mis en œuvre pour améliorer l’exactitude et la cohérence des taux de vacance de postes retenus aux fins de l’établissement des budgets des missions et pour faire en sorte que les taux approuvés soient fondés sur un ensemble d’hypothèses réaliste.  Il entend continuer de surveiller ce paramètre lors de ses prochains examens des projets de budget des opérations de maintien de la paix.

Le Comité consultatif insiste encore une fois sur le fait que les initiatives prises pour améliorer l’efficience à l’échelle mondiale et au niveau régional, comme l’application de la stratégie globale d’appui aux missions, la création du Centre de services régional et la mise en service d’Umoja, devraient désormais avoir une incidence positive sur le ratio de soutien aux missions de maintien de la paix.  De même, compte tenu de la réduction notable des effectifs en tenue et des civils déployés dans les opérations de maintien de la paix depuis l’exercice 2014/15, le Comité consultatif avoue qu’il s’attendait à une réduction progressive du ratio de soutien témoignant d’une meilleure prestation de services.

Le Comité consultatif note avec préoccupation que le ratio appui aux missions et le ratio compte d’appui ne cessent d’augmenter depuis l’exercice 2014/15 et déplore que le rapport d’ensemble du Secrétaire général ne contienne aucune analyse satisfaisante de ce phénomène.  Il est d’avis que les projets de budget devraient être établis de façon qu’il soit possible de moduler les ressources des composantes Appui des missions en fonction de l’évolution des autres composantes, en particulier en cas de réduction des effectifs ou de reconfiguration.  Il note que de multiples activités de restructuration de la composante Appui ont été menées ces dernières années dans les opérations de maintien de la paix et estime que les changements à répétition touchant les structures des missions, les lieux d’affectation et les fonctions rattachées à un poste ou à un emploi d’une année à l’autre, qui ne découlent pas clairement de modifications des mandats ni de nouveaux besoins opérationnels, nuisent à la clarté et à la continuité de la chaîne de responsabilité hiérarchique et de contrôle et ont une incidence sur l’efficacité du personnel.

En outre, la fréquence des mouvements de personnel (occupant des postes ou des emplois de temporaire) a des répercussions sur la transparence des demandes de ressources y relatives et l’attribution des coûts à des activités données de la mission, ce qui rend la comparaison entre les exercices difficile.

Le Comité estime qu’après la restructuration des composantes Appui en cours, une période de stabilisation et une évaluation de l’efficacité des nouvelles structures seront nécessaires et demande que des informations à ce sujet figurent dans le prochain rapport d’ensemble.  Dans le même ordre d’idées, le Comité consultatif note que l’adaptation des structures d’appui a donné lieu à des propositions de modification des noms d’unités administratives.  Par exemple, dans le projet de budget du Centre de services régional d’Entebbe pour l’exercice 2019/20, il est proposé que le Service régional de l’informatique et des communications soit rebaptisé Service régional des technologies et que le Service des technologies géospatiales, de l’informatique et des télécommunications soit renommé Service central des technologies.  Il doute du bien-fondé de ces changements d’appellation et considère qu’il convient de veiller à la cohérence des noms de structures opérationnelles comparables et de superviser l’activité de dénomination.

Quant à la gestion de la chaîne d’approvisionnement, de nouvelles améliorations sont actuellement mises en place, notamment des programmes de formation ciblés, l’élaboration d’un cadre de gestion de la performance et l’amélioration des fonctionnalités de recherche et d’enregistrement des fournisseurs.  Mais le Comité consultatif constate que le Secrétaire général n’a donné aucun détail concernant les coûts et avantages prévus de cette initiative.  Les informations, estime-t-il, manquent de clarté et de précision en ce qui concerne l’incidence directe de cette initiative sur l’efficacité et l’efficience de l’appui logistique fourni aux missions

Le Comité consultatif note l’importance des ressources nécessaires au titre des systèmes de drones dans les missions de maintien de la paix.  Compte tenu de la diversité croissante des capacités, des coûts et de l’utilisation des systèmes, le Comité recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général d’exposer plus en détail les enseignements tirés du déploiement des systèmes au cours des exercices passés et présents, les raisons et la justification du recours aux systèmes de drones, notamment l’optimisation du nombre et du type de systèmes à acquérir, ainsi que les mesures visant à améliorer les taux d’utilisation et à assurer le recouvrement des coûts dans les cas où les moyens sont peu utilisées ou disponibles.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme NADA TARBUSH, État de Palestine, s’est avouée curieuse de savoir comment la réforme de la gestion affecte, un an après son adoption, les opérations de maintien de la paix.  Elle s’est en effet inquiétée de la diminution constante des ressources dont une baisse de 5,4% pour l’exercice à venir.  Comment la réforme peut-elle être mise en œuvre sans un financement adéquat?  Nous examinerons, a assuré l’observatrice, les recommandations du Comité des commissaires aux comptes qui n’ont pas été appliquées.  Nous verrons aussi si nous avons toutes les informations utiles pour prendre des décisions dans l’intérêt des opérations de maintien de la paix.  Notre Groupe, a poursuivi l’observatrice, étudiera minutieusement la performance budgétaire et opérationnelle des opérations, avec à l’esprit la réduction constante des coûts.  La robustesse des budgets est « fondamentale » pour une bonne exécution des mandats, a-t-elle martelé. 

« Couper pour couper n’est pas une entreprise acceptable », s’est-elle impatientée, en promettant d’examiner soigneusement les domaines les plus affectés par ces réductions.  Nous appelons, a-t-elle affirmé, à une application « responsable » de la discipline financière mais aussi au respect des mandats.  Il n’appartient pas au Secrétariat de décider quel mandat doit être mis en œuvre.  Les mandats, a une nouvelle fois martelé l’observatrice, relève de la prérogative exclusive des États Membres.  De quelle manière la réforme de la gestion améliore la supervision et la performance budgétaires?  C’est la question qu’il faut se poser, a estimé Mme Tarbush qui a en a profité pour rappeler que le manque de ressources ne peut être résolu que si tous les États Membres paient leurs quotes-parts intégralement, à temps et sans conditions.

Elle a appelé le Secrétariat à poursuivre ses efforts pour accroître l’efficacité des activités menées au titre de programmes, avant de rejeter d’emblée les critères artificiels pour leur gouvernance comme la prétendue distinction entre les soi-disant « types » d’activités.

Sur la question de l’exploitation et des abus sexuels, l’observatrice de l’État de Palestine a demandé que la politique de tolérance zéro s’applique uniformément à tous, personnel en uniforme et civil, forces sous mandat des Nations Unies et partenaires au développement.  Elle s’est dite impatiente de voir les progrès accomplis dans l’adoption d’une approche plus unifiée.  Elle a par ailleurs salué le Secrétaire général pour la politique de protection des lanceurs d’alerte et, avant de conclure, a souligné qu’une résolution sur les questions transversales sert à fournir des directives générales dans les domaines administratif et budgétaire.  Il ne s’agit en aucun cas d’un moyen d’imposer des coupes budgétaires « arbitraires » aux opérations de maintien de la paix.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est dit prêt à envisager les mesures nécessaires pour améliorer la sécurité des soldats de la paix et du personnel de l’ONU déployé dans les opérations de maintien de la paix.  Il a en outre salué les progrès réalisés dans la réduction de l’empreinte environnementale des missions, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie environnementale sur six ans du Secrétariat, ainsi que les efforts pour développer des systèmes de gestion de l’environnement et des outils visant à améliorer la performance environnementale des missions.

Le représentant a par ailleurs voulu que l’on tienne compte de la problématique genre dans toutes les dimensions du maintien de la paix, y compris dès la phase de planification.  Le Secrétariat doit donc se doter de l’expertise nécessaire dans le cadre de la réforme du pilier « paix et sécurité », a-t-il estimé, appuyant le déploiement de conseillers pour les questions de genre et de conseillers pour la protection de l’enfance. 

Le représentant a par ailleurs appelé à renforcer la coopération entre le personnel civil et militaire, notamment entre les équipes de pays des Nations Unies et celle des opérations de maintien de la paix.  Les activités programmatiques peuvent jouer un rôle à cet égard, a-t-il estimé, tout en appelant à éviter les chevauchements entre ces dernières et les actions entreprises par les équipes de pays.  Nous attendons des activités programmatiques le même niveau de transparence, de responsabilité et d’efficacité, a-t-il précisé, y compris un lien direct avec le mandat de la mission.

Tout en regrettant que l’Assemblée générale n’ait pu, ces deux dernières années, adopter une résolution exhaustive sur les questions transversales, le représentant européen a conseillé que l’on prenne appui sur la réforme du pilier « paix et sécurité » pour parvenir cette année à un consensus.

Au nom du Liechtenstein, M. FELIX SIEGFRIED WANNER (Suisse) s’est dit consterné par le nombre élevé des allégations sur les cas d’exploitation et d’abus sexuels dans les missions et par la récurrence persistante des formes les plus flagrantes.  Nous nous félicitons de l’engagement pris par le Secrétaire général de lutter contre ce fléau et des mesures qu’il a mises en œuvre à cet égard, a ajouté le représentant.  Saluant la création d’un outil commun permettant de détecter les candidats ayant déjà donné lieu à des plaintes d’exploitation et d’abus sexuels, il a estimé qu’il reste encore beaucoup à faire.  La prévention, la responsabilisation et les enquêtes, de même que le soutien aux victimes, doivent être des priorités.  Le représentant a préconisé une plus grande décentralisation du pouvoir décisionnel et la simplification des politiques et des processus dans le cadre du nouveau modèle de gestion.  Développer la délégation de pouvoirs doit permettre aux missions de répondre rapidement et efficacement aux nouvelles demandes, a-t-il estimé.  Il a insisté sur le rôle important du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) pour l’efficacité et l’efficience des opérations de maintien de la paix.  

Ce sera notre première discussion sur les questions transversales depuis le lancement de l’initiative Action pour le maintien de la paix et l’adoption des principaux éléments des réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » entamées par le Secrétaire général, a rappelé M. BRIAN CONROY (États-Unis).  Le représentant a salué le fait que le nouveau rapport d’ensemble du Secrétaire général sur le financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies soit centré sur ces initiatives.  « J’espère en apprendre davantage sur la manière dont elles ont amélioré l’exécution des mandats, renforcé le partenariat entre tous les acteurs du maintien de la paix et amélioré la planification stratégique et la prestation des services », a-t-il déclaré.

M. Conroy a fortement appuyé les efforts du Secrétaire général visant à promouvoir le programme femmes, paix et sécurité, notamment l’augmentation du nombre de femmes en uniforme dans les opérations de maintien de la paix; à mesurer et encourager la performance des opérations et celle de leurs composantes en uniforme; et à prendre des mesures proactives pour renforcer la sécurité des soldats de la paix, conformément au Rapport Dos Santos Cruz.

Par ailleurs, le représentant a appelé la Cinquième Commission à faire avancer les réformes pour améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  À cet égard, il a pris note de l’étude sur les moyens aériens commanditée par le Secrétaire général et de l’amélioration de la gestion de la chaîne d’approvisionnement, du parc automobile et des rations de combat.  M. Conroy a enfin dit appuyer la recommandation du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), selon laquelle les budgets des opérations de maintien de la paix devraient être établis pour qu’il soit possible de moduler les ressources des composantes « Appui des missions », notamment en cas de réduction des effectifs ou de reconfiguration.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a regretté, à son tour, le fait que l’Assemblée générale n’ait pas pu adopter, ces deux dernières années, une résolution sur les questions transversales.  Il a appelé la Cinquième Commission à rechercher le consensus et à inverser la tendance.  Le représentant a par ailleurs noté que, durant l’exercice précédent, le taux d’utilisation des ressources du Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS), de la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi et du Centre de services régional d’Entebbe était de 99%.  « C’est un conte de fée!  C’est merveilleux! », a-t-il salué.

Il a ensuite constaté que le montant total des crédits demandés pour le financement des opérations de maintien de la paix s’élève à 6,6 milliards de dollars, soit une réduction par rapport au montant de l’exercice précédent, qui lui-même était déjà une réduction par rapport à la demande initiale du Secrétaire général.  Le représentant a mis en garde contre le risque que des économies supplémentaires ne limitent la pleine exécution des mandats.  Économie doit aller de pair avec efficacité accrue du Secrétariat, a-t-il martelé.  Il a conseillé de perfectionner davantage la planification, de renforcer la discipline budgétaire et de promouvoir la responsabilité et la transparence.  S’agissant de la dotation en matériel des opérations de maintien de la paix, il a dit craindre des demandes d’achat de « matériels très couteux dont l’efficacité sur le terrain laisse souvent à désirer ».

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.9)

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, le Secrétaire général demande un montant de 65 237 200 dollars en chiffres bruts (montant net 58 986 000 dollars), ce qui représente une diminution de 17 211 700 dollars (20,9%) en chiffres bruts, par rapport au crédit de 82 448 900 dollars ouvert pour l’exercice 2018/19.  Cette évolution s’explique par les réductions des dépenses de maintenance et d’appui liés à Umoja (15 795 900 dollars) et du personnel civil (3 531 500 dollars, soit 8,1%).  Ces diminutions seraient en partie compensées par une augmentation des dépenses opérationnelles (2 115 700 dollars, soit 9,3%).

Le Comité consultatif estime que la justification fournie à l’appui de la demande de création d’un poste supplémentaire à la Cellule chargée de la sécurité et de la santé au travail n’est pas suffisante et recommande donc de ne pas créer l’emploi de temporaire de spécialiste de la sécurité au travail (P-3).  Il considère aussi que le Secrétaire général n’a présenté aucun nouvel argument à l’appui de sa proposition et recommande donc de ne pas approuver la réaffectation du poste P-4 de spécialiste de la gestion des marchés et le reclassement ultérieur de ce poste à la classe P-5 en tant que poste de logisticien hors classe dont le titulaire exercerait les fonctions de chef de section.

Le Comité consultatif doute par ailleurs de la nécessité de reclasser le poste à la classe P-3 et recommande de ne pas approuver la proposition du Secrétaire général.

Il recommande ensuite plusieurs réductions s’agissant des consultants et services de conseil, des voyages, des transports terrestres, de l’informatique et des communications, et des fournitures, services et matériel divers. En conclusion, il recommande que le solde inutilisé de dollars pour l’exercice allant du 803 800 du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que les autres recettes et ajustements totalisant 1 317 000 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres.

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, il recommande que les crédits demandés soient réduits de 1 155 800 dollars et ramenés de 65 237 200 dollars à 64 081 400 dollars.  Le Comité consultatif recommande également de répartir le montant susmentionné entre les budgets des opérations de maintien de la paix en activité en vue d’assurer le financement de la Base pendant l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020.  Il recommande aussi que le Secrétaire général présente un rapport distinct et détaillé sur le concept d’opérations révisé relatif aux stocks stratégiques pour déploiement rapide, fondé sur une analyse approfondie et détaillée de tous les aspects de la gestion de ces stocks, notamment les incidences financières et le renforcement de l’efficacité et de l’efficience, ainsi que les questions relatives à l’emplacement des stocks.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme TARBUSH, État de Palestine, a annoncé qu’elle demandera des clarifications sur le rôle de la Division des achats au Siège et à la Base de soutien logistique s’agissant du processus de passation des marchés et des options d’approvisionnement.  Nous ne comprenons pas non plus pourquoi, a-t-elle poursuivi, l’étude et la décision sur la recommandation du BSCI d’envisager d’autres lieux de stockage plus proches du théâtre des opérations n’ont pas été accélérées alors que la question des achats est l’une des réformes les plus urgentes, compte tenu de son poids dans les budgets.  Nous demanderons aussi à mieux comprendre le concept de délégation de pouvoirs dans la question des achats, a ajouté l’observatrice qui a salué les gains d’efficacité obtenus grâce à l’application du dispositif de modulation des ressources, tout en s’étonnant de ne voir aucun changement substantiel dans l’allocation du personnel.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.11)

Les prévisions de dépenses de la FISNUA pour l’exercice 2019/20 se montent à 267 918 400 dollars, ce qui représente une augmentation de 4 060 300 dollars (1,5%) par rapport au crédit ouvert pour l’exercice 2018/19.  Cette variation s’explique par l’effet combiné de l’augmentation proposée des dépenses opérationnelles et des dépenses au titre du personnel civil (19 592 600 dollars, soit 26,3% et 1 113 100 dollars, soit 3,1%, respectivement) et de la diminution proposée des dépenses au titre des militaires et du personnel de police (16 645 400 dollars, soit 10,8%).

Mais le Comité consultatif est d’avis que, compte tenu de l’effectif du personnel civil du bureau de secteur régional de Gok Machar, la création d’un poste de fonctionnaire d’administration (P-3) à cet endroit n’est pas justifiée.  Il estime par ailleurs que le montant proposé pour les infrastructures n’est pas pleinement justifié et dit la même chose pour les communications et l’informatique.  Il doute aussi de la nécessité de faire appel à quatre consultants pour mener à bien les projets d’appui et d’acquérir 35 véhicules légers.  Il recommande en outre de réduire de 15%, soit 2 938 900 dollars, le montant des ressources supplémentaires demandées au titre des dépenses opérationnelles.

En conclusion, le Comité consultatif recommande que le montant de 675 200 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que le montant de 4 222 300 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2018 soient portés au crédit des États Membres.

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, les crédits demandés doivent être réduits de 3 041 400 dollars et ramenés de 267 918 400 dollars à 264 877 000 dollars.

Déclaration

Représentant un des plus grands pays contributeurs de contingents, M. ESHETE TILAHUN (Éthiopie) a jugé malheureux que les opérations de maintien de la paix doivent exécuter des mandats de plus en plus larges et faire toujours plus avec de moins en moins de ressources.  Les mandats et les ressources doivent être équilibrés, a martelé le représentant.  Nous tenons naturellement à la rentabilité et à l’efficacité des opérations mais, a-t-il nuancé, il est tout simplement « inacceptable » que les Casques bleus soient exposés à des situations dangereuses, au péril de leur vie.  La FISNUA travaille depuis deux ans sous de lourdes contraintes budgétaires et en conséquence, les arrangements spécifiques pour les soldates de la paix, les logements et la logistique sont bien en-deçà des normes.  S’il a appuyé le budget demandé par le Secrétaire général, le représentant s’est tout de même demandé si le personnel sur le terrain a été suffisamment consulté.  À cet égard, il a voulu comprendre pourquoi le CCQAB recommande une réduction 3 millions de dollars.

M. Tilahun a aussi regretté qu’au 31 décembre 2018, le montant dû aux pays contributeurs de matériel dépassait toujours les 11 millions de dollars alors que 12 demandes d’indemnités de décès et d’invalidité étaient toujours en attente, au 31 janvier 2019.  Il faut, a-t-il dit, éliminer les risques qui peuvent compromettre des gains durement acquis et en conséquence, débloquer des ressources pour les installations, les infrastructures et les projets à impact rapide.  Le représentant a aussi commenté la proposition budgétaire pour le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS).  Il a jugé tout à fait « inappropriées » les coupes budgétaires recommandées parce que, a-t-il estimé, le Secrétaire général a essayé de refléter la gravité des problèmes logistiques et d’approvisionnement en Somalie.  L’équilibre budgétaire des missions doit être amélioré et les dettes, réglées dans un laps de temps raisonnable, a conclu le représentant.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH): exécution du budget de la période allant du 16 octobre 2017 au 30 juin 2018 et modalités de financement pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019 (A/73/755/Add.6)

Les ressources demandées par le Secrétaire général au titre de la MINUJUSTH pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019, pour un montant total de 51 850 100 dollars, représentent une diminution de 8 877 850 dollars, ou 14,6%, par rapport à la moitié du crédit de 121 455 900 dollars ouvert pour l’exercice 2018/19 (60 727 950 dollars).  Cette variation s’explique par l’augmentation proposée des dépenses au titre des militaires et du personnel de police (6 114 500 dollars, soit 27,8%), du personnel civil (531 300 dollars, soit 2,6%) et des dépenses opérationnelles (2 232 050 dollars, soit 12,3%) par rapport à la moitié du crédit ouvert pour 2018/19.

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de 300 000 dollars pour la période allant du 16 octobre 2017 au 30 juin 2018, ainsi que les autres recettes de l’exercice clos le 30 juin 2018, d’un montant de 50 300 dollars, soient portés au crédit des États Membres.  Pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019, il recommande que l’Assemblée générale autorise le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 50 950 100 dollars pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019.

Déclaration

Au nom de l’Argentine, du Brésil, du Chili, du Costa Rica, de l’Équateur, du Guatemala, du Mexique, du Paraguay et de l’Uruguay, Mme GRANA CORONEL (Uruguay) a rappelé l’attachement de ces pays à la seule mission de maintien de la paix en Amérique latine et dans les Caraïbes, à savoir la MINUJUSTH.  L’appui des Nations Unies et des États Membres est fondamental, a prévenu la représentante, qui a dit souscrire à la vision du Secrétaire général en faveur d’une « transition responsable » de la présence de l’Organisation dans le pays, fondée sur les « réalisations passées » et l’engagement de la communauté internationale dans son ensemble.  Dans ce contexte, elle a appuyé la demande de crédits formulée par le Secrétaire général, y compris les ressources nécessaires pour appuyer les élections législatives et municipales et la fermeture de la Mission.

La représentante a voulu non seulement que l’on maintienne mais surtout que l’on renforce le lien entre sécurité et développement.  Elle a jugé important de poursuivre les activités programmatiques et les projets à impact rapide jusqu’à la fermeture de la Mission, s’agissant notamment de la réduction de la violence communautaire et de la protection des droits de l’homme.  La représentante a enfin estimé qu’il faut « éviter les zones de non-droit », ce qui suppose concrètement d’allouer un budget « prévisible et efficace » permettant à la MINUJUSTH de consolider l’état de droit et la paix.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.7)

Les prévisions de dépenses de la MINUSMA pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 se montent à 1 149 778 800 dollars, ce qui représente une augmentation de 75 059 900 dollars (7%) par rapport au crédit alloué pour 2018/19.  Cette augmentation s’explique par l’effet conjugué de l’augmentation des dépenses prévues au titre des militaires et du personnel de police (44 708 900 dollars, soit 9,9%), du personnel civil (16 959 700 dollars, soit 10,1%) et des dépenses opérationnelles (13 391 300 dollars, soit 2,9%).

De l’avis du Comité, les ressources existantes dans les domaines de la planification, de la coordination et de l’intégration devraient être suffisantes pour absorber la charge de travail supplémentaire, qui se rapporte principalement au nouveau cadre stratégique et au système complet d’évaluation de la performance.  En conséquence, le Comité recommande que la création du poste de spécialiste de la planification stratégique (P-4) proposée ne soit pas approuvée.  Le Comité consultatif considère aussi que la création du nouveau poste de spécialiste de l’informatique décisionnelle (P-3) permettrait de répondre aux besoins supplémentaires en matière de gestion des avoirs, d’intelligence décisionnelle et de chaîne logistique, mais que le poste d’assistant à l’informatique décisionnelle proposé ne se justifie pas à ce stade.

Tout en saluant les efforts déployés pour protéger le personnel et les biens des Nations Unies, le Comité consultatif considère que l’augmentation prévue de 14 142 400 dollars au titre des communications et de l’informatique, qui fait suite à une augmentation de 33 721 100 dollars entre l’exercice précédent et l’exercice en cours (les crédits alloués à ce titre étant passés de 45 997 300 dollars en 2017/18 à 79 718 400 dollars en 2018/19), ne se justifie pas pleinement. En conséquence, le Comité recommande que le montant demandé au titre des communications et de l’informatique soit réduit de 2 000 000 de dollars.

Le Comité recommande par ailleurs que le montant demandé au titre des installations et infrastructures soit réduit de 1 500 000 dollars.  Il se dit conscient du mauvais état des routes au Mali, mais considère tout de même que l’augmentation prévue n’est pas pleinement justifiée.  Il recommande donc que le montant demandé au titre des pièces de rechange soit réduit de 5% (soit une diminution de 43 200 dollars).  Compte tenu du faible taux d’utilisation des crédits alloués au titre des voyages à des fins de formation à ce stade de l’exercice 2018/19, le Comité recommande que le montant demandé au titre des voyages à des fins de formation soit réduit de 5% (soit une diminution de 62 300 dollars).

Le Comité consultatif recommande à l’Assemblée générale d’ouvrir un crédit supplémentaire de 38 418 800 dollars au compte spécial pour l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, représentant le montant des ressources supplémentaires ayant fait l’objet d’une autorisation d’engagement de dépenses qui a été utilisé et non mis en recouvrement au titre de l’exercice clos le 30 juin 2018; de tenir compte du montant de 1 048 000 000 dollars déjà mis en recouvrement auprès des États Membres conformément à sa résolution 71/305 et d’utiliser les recettes provenant d’autres sources d’un montant total de 15 129 100 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, à savoir le produit des placements (8 017 400 dollars), les produits divers ou accessoires (17 700 dollars) et l’annulation d’engagements d’exercices antérieurs (7 094 000 dollars).

L’Assemblée devrait aussi mettre en recouvrement le montant supplémentaire de 23 289 700 dollars, représentant la différence entre l’augmentation des crédits ouverts (38 418 800 dollars) et les recettes provenant d’autres sources (15 129 100 dollars) pour l’exercice clos le 30 juin 2018.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le Bureau d’appui des Nations Unies en Somalie (BANUS): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.8)

Le projet de budget du BANUS pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 s’élève à 569 506 600 dollars, en hausse de 11 354 300 dollars (2%) par rapport au crédit ouvert pour 2018/19.  Cette différence s’explique par l’effet conjugué de l’accroissement des crédits demandés au titre du personnel civil (8 669 000 dollars, soit 11,5%) et des dépenses opérationnelles (4 290 200 dollars, soit 1,4%), compensé en partie par une réduction des crédits prévus au titre des militaires et du personnel de police (1 604 900 dollars, soit 1%).

Compte tenu des capacités existantes et proposées du Bureau, le Comité recommande de ne pas approuver la création proposée des postes de fonctionnaire d’administration (P-3) au Bureau du Sous-Secrétaire général et de fonctionnaire des finances et du budget (P-4) à la Section du budget et des finances.

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de 10 501 500 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que les autres recettes et ajustements totalisant 6 026 400 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les crédits demandés pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 soient réduits de 248 500 dollars et ramenés de 569 506 600 dollars à 569 258 100 dollars.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Élections pour combler des postes vacants dans 16 organes subsidiaires de l’ECOSOC

Session de 2019,
12e et 13e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6979

Élections pour combler des postes vacants dans 16 organes subsidiaires de l’ECOSOC

Ce matin, le Conseil économique et social (ECOSOC) a élu ou nommé de nouveaux membres au sein de 16 de ses organes subsidiaires, au cours de son débat consacré à la gestion.  Dans certains cas, les États-Unis ont demandé des votes à bulletin secret, ce qui a suscité des objections de la part de quelques délégations.  Des différences de vues se sont également fait jour à propos de l’experte indépendante chinoise actuellement membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones.

Au terme de scrutins à bulletin secret pour pourvoir les postes vacants à l’Organe international de contrôle des stupéfiants, le Conseil a élu Zuriswa Zingela (Afrique du Sud) parmi les candidats désignés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), puis cinq membres nommés par leurs gouvernements respectifs: Jagjit Pavadia (Inde), Jallal Toufiq (Maroc), César Tomás Arce Rivas (Paraguay), Bernard Leroy (France) et Viviana Manrique Zuluaga (Colombie).

Pour la Commission de statistique, le Conseil a élu, par acclamation, le Brésil, les États-Unis, la Géorgie, Madagascar, la Sierra Leone et la République tchèque, et par vote le Koweït et la République de Corée pour un mandat de quatre ans (2020-2023). 

Passant à la Commission de la population et du développement, l’ECOSOC a élu par acclamation le Liban, la Libye, la Somalie, le Turkménistan et l’Ukraine pour un mandat de quatre ans (2020-2024), ainsi qu’Israël et la Jamaïque pour un mandat se terminant en 2023, avant de reporter à une date ultérieure l’élection de sept autres membres. 

Pour la Commission du développement social, le Conseil a élu par acclamation les huit membres suivants pour un mandat de quatre ans (2020-2024): Éthiopie, Fédération de Russie, Japon, Libye, Nigéria, République de Corée, République démocratique du Congo et République islamique d’Iran.  Cuba a aussi été élue pour le même mandat, mais à bulletin secret, tandis que l’Autriche a été élue pour un mandat expirant en 2023.  Le Conseil a dû reporter l’élection de cinq autres membres, pour des mandats commençant à des dates différentes. 

Répondant à une question de la délégation du Venezuela, la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme Mona Juul (Norvège), a indiqué que c’est à la demande des États-Unis que le vote avait été décidé pour le poste revenant à un État d’Amérique latine et des Caraïbes.  La Fédération de Russie a déploré le vote sur une candidature qui avait été approuvée par le groupe régional, estimant que c’était une façon inefficace d’utiliser les ressources de l’Organisation.  Même objection de la part de la Chine qui a mis en garde contre la politisation et l’introduction de questions de relations bilatérales dans les élections.

S’agissant de la Commission de la condition de la femme, le Conseil a élu le Brésil, la Colombie, le Danemark, la Fédération de Russie, le Mexique, la Mongolie, les Philippines, le Sénégal, la Somalie et la Suisse pour un mandat de quatre ans (2020-2024). 

Ensuite, pour la Commission des stupéfiants, le Conseil a élu les 17 membres suivants pour un mandat de quatre ans (2020-2023): Afrique du Sud, Allemagne, Autriche, Angola, Espagne, États-Unis, Hongrie, Italie, Kenya, Libye, Maroc, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Suède, Turquie et Ukraine.  Le Conseil a recouru à un vote à bulletin secret pour élire pour le même mandat les États suivants: Kazakhstan, Pakistan, Japon, Bahreïn, Népal, Turkménistan, Chine, Thaïlande, Mexique, El Salvador, Jamaïque, Uruguay, Pérou et Équateur.

En ce qui concerne le Comité du programme et de la coordination, l’ECOSOC a nommé par acclamation six membres, qui seront présentés à l’Assemblée générale pour être élus pour un mandat de trois ans (2020-2022) -Chine, Comores, Libéria, Mauritanie, République de Corée et Uruguay- tandis que la nomination d’un autre membre a été reportée.  Pour combler un siège actuellement vacant, il a nommé par acclamation le Paraguay pour un mandat qui s’achèvera le 31 décembre 2021.

S’agissant de l’Instance permanente sur les questions autochtones, le Conseil a élu Vital Bambanze (Burundi), Grigory E. Lukiyantsev (Fédération de Russie), Bornface Museke Mate (Namibie), Tove Søvndahl Gant (Danemark) et Zhang Xiaoan (Chine) pour un mandat de trois ans (2020-2022).  En outre, il a organisé un vote à bulletin secret pour élire Irma Peneda Santiago (Mexique) et Loudres Tibán Guala (Équateur). 

Avant l’élection de ces nouveaux membres, la déléguée des États-Unis s’est déclarée gravement préoccupée par la « conduite inappropriée de la soi-disant experte indépendante chinoise Zhang Xiaoan ».  Elle a affirmé que lors de la récente session de l’Instance permanente, la Chine et l’expert avaient cherché à affaiblir un défenseur des droits de l’homme très respecté et étouffé une voix de la société ouïghoure.  La représentante a dénoncé « les brimades de la Chine et la partialité politique de Mme Xiaoan ».  L’attitude de l’experte chinoise révèle une « tendance à exploiter les organes des Nations Unies », selon la représentante qui a aussi accusé le parti communiste chinois de manifester son hostilité à l’égard des religions structurées.  Exprimant son inquiétude devant plus d’un million de Ouïghours et d’autres personnes qui ont été arrêtés et soumis à la torture dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, la déléguée des États-Unis a appelé à « mettre un terme à ces atrocités ».

Le représentant de la Chine a rejeté cette « diffamation », précisant que le soi-disant Ouïghour mentionné par la représentante des États-Unis était « un terroriste désigné par le Gouvernement chinois mais soutenu par les États-Unis ».  Les déclarations de cette personne concernant la Chine, lors de la session de l’Instance, étaient d’ailleurs « totalement fausses », selon la délégation chinoise.  La Chine, a-t-elle tenu à souligner, protège les droits, la culture et les langues des groupes minoritaires.  Le représentant a dit être confiant que l’experte chinoise travaillerait de manière impartiale, objective et neutre au sein de l’Instance.  Il a invoqué les constatations de diplomates et de représentants d’organisations internationales qui se sont rendus sur le terrain, selon lesquels la situation est « totalement différente » de la manière dont elle est décrite dans les médias.  « Les États-Unis n’ont pas le droit de critiquer la Chine à ce sujet », a-t-il déclaré, avant de souligner que des groupes autochtones à Hawaii avaient accusé les États-Unis de priver leurs peuples de leurs droits.

Passant au Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le Conseil a élu par acclamation la Chine, l’Estonie, la Fédération de Russie, l’Irlande, la Norvège, le Royaume-Uni, la Suisse, le Yémen et le Zimbabwe pour un mandat de trois ans (2020-2022).  Il a aussi tenu un scrutin à bulletin secret pour élire les membres du groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes, au terme duquel Cuba et le Paraguay ont été élus pour le même mandat.  Là encore, le Venezuela a voulu savoir qui avait demandé le vote et la Présidente du Conseil a répondu que c’étaient les États-Unis. 

En outre, pour combler des postes qui seront vacants en 2020, l’ECOSOC a élu par acclamation la Nouvelle-Zélande et la République de Moldova, qui remplaceront l’Italie et le Bélarus en 2020, ainsi que le Japon, l’Allemagne et l’Espagne, qui remplaceront l’Australie, la France et le Luxembourg en 2020 et 2021.

Passant au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement, du Fonds des Nations Unies pour la population et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets, l’ECOSOC a élu les pays suivants par acclamation pour un mandat de trois ans (2020-2022): Bulgarie, Chine, Colombie, Danemark, États-Unis, Japon, Koweït, Norvège, Pérou, République tchèque et Somalie.  Il a également élu la Suisse et la Finlande pour compléter les mandats de Monaco et du Royaume-Uni pour l’année 2020, et l’Autriche pour compléter le mandat de la Belgique en 2020 et 2021.  

Le Conseil a ensuite élu 17 membres du Conseil d’administration de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) pour un mandat de trois ans (2020-2022): Allemagne, Brésil, Burundi, Chine, Fédération de Russie, Japon, Kazakhstan, Liban, Lituanie, Madagascar, Mexique, Nouvelle-Zélande, Nigéria, République de Corée, République démocratique du Congo, Sierra Leone et Suisse.  Il a reporté l’élection d’un membre des États d’Amérique latine et des Caraïbes pour le même mandat.  La Belgique et le Canada ont été élus pour compléter les mandats de l’Irlande et de la Turquie, pour un mandat de deux ans (2020-2021).

Le Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) compte également de nouveaux membres qui exerceront un mandat de trois ans (2020-2022): l’ECOSOC a élu par acclamation l’Australie, le Burundi, Madagascar, l’Espagne et le Turkménistan, puis Cuba par un vote à bulletin secret.  Le Conseil a ensuite élu l’Autriche par acclamation pour remplacer la Suisse pour une période de deux ans (2020-2021).

Pour répondre encore à nouveau au représentant du Venezuela, la Vice-Présidente de l’ECOSOC a précisé que les États-Unis avaient demandé un vote à bulletin secret pour l’élection de membres de la « liste C », ce que le délégué de Cuba a regretté, comme pour les élections au Conseil d’administration de l’UNICEF et à la Commission du développement social.  Soulignant que Cuba, un pays ayant atteint un taux de mortalité infantile inférieur à celui des États-Unis, avait beaucoup à apporter aux organes subsidiaires des Nations Unies, la délégation s’est offensée du « manque de respect manifesté par les États-Unis » et a demandé aux États Membres de soutenir la candidature de Cuba.

Passant au Conseil de coordination du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le Conseil a élu par acclamation le Bélarus, El Salvador, les États-Unis, la France, le Kenya et la Tunisie pour un mandat de trois ans (2020-2022), mais a reporté l’élection de deux autres membres.  Il a aussi élu le Luxembourg et la Suisse pour remplacer la Belgique et la Suède en 2020 et 2021. 

Pour la Commission de la science et de la technologie au service du développement, le Conseil a élu Madagascar pour un mandat s’achevant le 31 décembre 2022, puis reporté l’élection d’un autre membre.

Le Conseil a élu par acclamation le Cambodge au Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication pour un mandat se terminant le 31 décembre 2021, avant de reporter l’élection de 14 autres membres.

Pour terminer la journée, le Conseil a élu par acclamation la Côte d’Ivoire, les Fidji, l’Indonésie et le Liban au Comité du Prix des Nations Unies pour la population, pour un mandat se terminant le 31 décembre 2021, et reporté l’élection d’un autre membre.

La prochaine réunion de l’ECOSOC sera annoncée dans la Journal des Nations Unies.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de mieux former et protéger les Casques bleus de l’ONU dans des environnements opérationnels complexes

8521e séance – matin
CS/13800

Le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens de mieux former et protéger les Casques bleus de l’ONU dans des environnements opérationnels complexes

À l’initiative de l’Indonésie, et sous la présidence de la Ministre des affaires étrangères de ce pays, le Conseil de sécurité s’est, aujourd’hui, réuni lors d’un débat public avec une soixantaine de participants, pour évaluer les progrès accomplis dans la formation et le renforcement des capacités au sein des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, notamment en élargissant les partenariats.  

Un thème cher au cœur de l’Indonésie, a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, qui a souligné que l’engagement de ce pays fournisseur de contingents de premier plan se traduit aujourd’hui par le déploiement de plus de 3 000 personnels en uniforme dans le cadre des opérations de l’ONU et s’est soldé par le « sacrifice ultime » de 37 Casques bleus. 

C’est que la formation « sauve des vies » à un moment où les soldats de la paix sont déployés dans des environnements de plus en plus « complexes et hostiles », a argué le Chef de l’Organisation.  L’amélioration de la formation et de l’entraînement des troupes, a-t-il précisé, est un engagement majeur d’Action pour le maintien de la paix, une initiative qu’il avait lancée le 25 septembre 2018.  Aussi M. Guterres a-t-il dressé un bilan des efforts déployés par le Secrétariat pour mettre en œuvre les directives qu’il s’est lui-même fixées.

Visites d’appui à la formation et à l’évaluation, exercices d’évacuation de victimes, tests de résistance et exercices de gestion de crise: telles sont, a expliqué le haut fonctionnaire, les principales activités que le Secrétariat mène dans les cinq opérations de paix de l’ONU les plus dangereuses au monde, à savoir la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).

« Nous sommes particulièrement désireux de développer le recours à des équipes de formation mobiles », a ajouté le Secrétaire général, en encourageant les États Membres à déployer de telles équipes pour fournir un soutien ciblé et flexible aux missions onusiennes.  Dans une déclaration lue par sa Présidente pour le mois de mai au nom de ses autres membres, le Conseil souligne qu’il importe de donner suite aux engagements pris lors de la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix, qui s’est tenue en mars 2019.

« Investir dans les personnels de maintien de la paix, c’est investir dans la paix », a résumé la chef de la diplomatie indonésienne, Mme Retno Lestari Priansari Marsudi.  Si les théâtres de conflit actuels sont caractérisés par l’irruption des acteurs non étatiques et l’asymétrie des menaces qui s’y font jour, la Ministre a rappelé que chaque situation doit être appréhendée dans le cadre d’une approche spécifique à chaque mission, une approche qui doit être le fruit d’une consultation plus étroite entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.

Plusieurs pays contributeurs de troupes ont repris à leur compte cette analyse, qu’il s’agisse de l’Uruguay, de l’Italie, du Koweït, ou la Chine, tous désireux qu’il soit davantage tenu compte de leurs vues et attentes lors de la phase d’élaboration ou de modification des mandats.  Certains États Membres qui ne fournissent pas de personnels en tenue dans le cadre du maintien de la paix à l’ONU ont fait valoir les efforts de formation qu’ils consentent, comme les États-Unis, qui se sont enorgueillis d’être « le partenaire bilatéral le plus important au monde en matière de formation et de renforcement des capacités », ou la France, particulièrement mobilisée auprès des pays contributeurs de troupes francophones, comme d’ailleurs la Belgique ou le Canada.

Le général de corps d’armée Elias Rodrigues Martins Filho, commandant de la Force de la MONUSCO, a reconnu que la formation est un processus continu qui doit tenir compte de l’environnement opérationnel, d’où l’importance, selon lui, de mettre l’accent sur la formation au sein même de la Mission, et pas simplement en amont du déploiement.  Les dispositifs de commandement ont été renforcés grâce à des visites régulières sur le terrain, le mécanisme de notification amélioré et des mesures d’évaluation des risques aériens mises en œuvre. 

Pour sa part, M. Björn Holmberg, le Directeur de Challenges Forum International Secretariat, a expliqué que ce réseau global, qui regroupe 49 organisations de la société civile, de la police et de l’armée, cherche à favoriser le dialogue constructif parmi les partenaires importants pour contribuer à l’amélioration de l’analyse, de la planification, de la conduite et de l’évaluation des opérations de la paix.

M. Holmberg a formulé quatre recommandations à l’intention du Secrétariat de l’ONU, à mettre en œuvre en coopération avec les États Membres et les missions.  Tout d’abord, développer, à des fins de formation, des « archives électroniques interactives des scénarios complexes » auxquels les soldats de la paix ont été confrontés sur le terrain.  Ensuite, identifier des exemples et études de cas où les performances des soldats de la paix ont été « exceptionnelles ».  Puis communiquer clairement sur les lacunes et besoins en matière de formation, y compris à l’aide d’enquêtes en ligne, et utiliser l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix.

« Les soldates de la paix sont plus efficaces pour gagner le cœur et la confiance des populations locales », a déclaré la Ministre indonésienne, à la suite du Secrétaire général de l’ONU, en rappelant que leur participation contribue à accroître de 20% les chances de paix durable.  Dès lors, Mme Marsudi a encouragé à lever les barrières à la participation des femmes dans le maintien de la paix et à développer des formations adaptées pour leur permettre d’optimiser leur potentiel.

La Pologne a aussi estimé que seul un accès équitable et juste des femmes Casques bleus aux opportunités de formation et de développement permettra d’atteindre les objectifs ambitieux définis dans la stratégie 2018-2028 pour la parité du personnel en uniforme.  C’est ce que se sont efforcés de faire le Maroc ou l’Estonie.  

OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Investir dans la paix: améliorer la sécurité et la performance des Casques bleus de l’ONU

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix.

Le Conseil souligne l’importance du maintien de la paix comme l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour assurer la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou pour la défense du mandat, considère que le mandat de chaque opération de maintien de la paix est adapté aux besoins et à la situation du pays concerné et réaffirme qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise.

Le Conseil accueille avec satisfaction les efforts déployés par le Secrétaire général, dans le cadre de son initiative intitulée « Action pour le maintien de la paix », pour engager tous les partenaires et toutes les parties prenantes à accroître l’efficacité du maintien de la paix des Nations Unies, et reconnaît la valeur ajoutée que la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix apporte en matière de formation et de renforcement des capacités.

Le Conseil de sécurité se félicite de la décision prise par la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix, la Conférence des chefs d’état-major des Nations Unies et le Sommet des chefs de police des Nations Unies d’apporter un plus grand appui aux opérations de maintien de la paix, notamment dans le domaine de la formation et du renforcement des capacités, et souligne qu’il importe de donner suite aux engagements pris par un certain nombre d’États Membres lors de la Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix tenue en 2019.

Le Conseil attend avec intérêt l’exposé annuel que le Secrétaire général devrait lui présenter en septembre 2019, en application de la résolution 2378 (2017).

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a considéré que le thème retenu pour ce débat public reflète l’engagement vigoureux de l’Indonésie en faveur du maintien de la paix, aussi bien ici à New York que sur le terrain, engagement qui s’est traduit par le déploiement de plus de 3 000 personnels en uniforme dans le cadre des opérations de l’ONU et par le « sacrifice ultime » de 37 Casques bleus.  L’amélioration de la formation et de l’entraînement des troupes est un engagement majeur de l’initiative Action pour le maintien de la paix, a rappelé le Chef de l’Organisation.  En effet, la formation « sauve des vies », à un moment où les soldats de la paix sont déployés dans des environnements de plus en plus complexes et hostiles.  En 1995, a-t-il relevé, une collaboration entre le Secrétariat et les États Membres a pris forme, l’Assemblée générale ayant confirmé les responsabilités qui leur incombent dans la formation préalable au déploiement des personnels en uniforme, et le Secrétariat ayant été chargé de prêter assistance dans l’élaboration de normes et de mettre à disposition des outils de formation.  « Aujourd’hui, a poursuivi le haut fonctionnaire, j’aimerais vous informer des progrès accomplis pour remplir notre engagement en faveur de l’entraînement et du renforcement des capacités. »

En matière de sûreté et de sécurité, le plan d’action visant à améliorer la sécurité du personnel de maintien de la paix de l’ONU continue d’être mis en œuvre.  Il est assorti de la mise en place d’un plan de formation complet.  Dans les cinq missions de l’ONU à haut risque –Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA)– le Secrétariat a effectué des visites d’appui à la formation et à l’évaluation.  Nous organisons également des exercices d’évacuation de victimes, des tests de résistance et des exercices de gestion de crise dans le cadre de ces cinq missions, dans lesquelles le renforcement de la formation médicale est un autre élément clef, a précisé le Secrétaire général.  En outre, pour aider à répondre à la menace d’engins explosifs improvisés et à d’autres dangers, l’ONU collabore avec les pays fournisseurs de contingents et de forces de police pour veiller à ce que les unités rejoignant les missions soient passées par la phase de préparation opérationnelle avant déploiement, conformément aux normes de l’ONU. 

Un accent particulier est mis sur la formation pour veiller à ce que les soldats de la paix de l’ONU bénéficient du soutien nécessaire sur le terrain.  « Nous sommes particulièrement désireux de développer le recours à des équipes de formation mobiles et encourageons les États Membres à déployer de telles équipes pour fournir un soutien ciblé et flexible à nos missions », a exhorté le Secrétaire général.  Un cadre de normes de performance reposant sur des évaluations continues des unités militaires a été lancé, y compris pour le commandement et le contrôle, la protection des civils, la conduite et la discipline. Et le Secrétariat a renforcé la formation des responsables du maintien de la paix pour les civils, les militaires et la police. « Nous œuvrons également à la hausse du nombre de femmes au sein de nos opérations de maintien de la paix.  Une pépinière de talents destinés aux officiers supérieurs féminins est en cours de développement, et nous cherchons des moyens de rendre les environnements plus propices au déploiement de femmes. » Pour renforcer ces efforts, le soutien continu des États Membres sera essentiel, par le biais de programmes de formation, d’équipes de formation mobiles, de la traduction du matériel de formation dans les six langues officielles de l’ONU et de financements, a plaidé le haut fonctionnaire.

M. Guterres s’est dit encouragé par le fait que le nombre d’allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles perpétrées dans le cadre du maintien de la paix semble en baisse.  « Mais nous sommes également conscients que nous devons faire preuve de vigilance dans nos efforts de prévention et établir les responsabilités à chaque fois que la politique de tolérance zéro a été violée.  

Nous devons continuer à le faire en partenariat étroit avec les États Membres.  Les questions de conduite et de discipline constituent un élément essentiel des préparatifs préalables au déploiement et des missions, qui sont obligatoires pour tout le personnel de maintien de la paix civil, militaire et policier. » 

Le Secrétaire général s’est ensuite dit ravi que l’engagement collectif à mieux former et mieux équiper les soldats de la paix ait débouché sur un certain nombre de partenariats triangulaires efficaces entre le Secrétariat, les États Membres dotés de compétences et de ressources et les États Membres contributeurs de troupes.  « Nous avons facilité et dispensé une formation à 330 ingénieurs en uniforme et à 2 700 membres du personnel des transmissions en uniforme.  De nombreux stagiaires, dont 23 femmes, ont été déployés dans des missions, notamment la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), que nous appuyons.  À la suite du succès de la formation en ingénierie au Kenya, nous lançons cette année un cours d’assistant médical sur le terrain en Ouganda et allons organiser une formation en ingénierie au Viet Nam et en Indonésie en 2020. 

Des progrès notables ont été accomplis, mais il reste encore beaucoup à faire, a estimé M. Guterres.  Des lacunes dans la formation subsistent dans des domaines critiques tels que le maniement des armes, les premiers secours, les droits de l’homme et la protection.  Pour garantir la viabilité à long terme des partenariats et des initiatives triangulaires et autres, M. Guterres a instamment demandé aux États Membres d’envisager un financement accru, des contributions en nature sous forme d’équipement et un recours à des formateurs.  Il a également souligné à quel point il est important de recevoir davantage de candidatures de femmes pour participer à la formation.  Il s’est dit reconnaissant aux États Membres qui ont parrainé l’objectif de garantir la parité dans les cours dispensés aux officiers et demande à davantage d’États Membres de le faire.

Le général de corps d’armée ELIAS RODRIGUES MARTINS FILHO, Commandant de la Force de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a indiqué que cette Mission est une des plus complexes de l’architecture de maintien de la paix et que malgré la modification de son mandat, elle a su innover pour préserver son efficacité.  Le personnel doit pouvoir appréhender l’environnement et les enjeux et s’adapter aux besoins, a-t-il indiqué, avant de passer en revue les principaux axes de la Mission, insistant notamment sur la protection des civils.  Il a aussi expliqué que depuis l’année dernière, la préparation des opérations intègre le point de vue de tout le personnel déployé, mais qu’il convient d’améliorer encore la communication avec les populations et les partenaires internationaux pour partager les réalisations de la Mission.  Peu savent que ces trois dernières années, plus de 6 000 enfants ont pu être libérés du joug des groupes armés, et que 114 autres l’ont été plus récemment au Nord-Kivu grâce au travail de la Mission.

S’agissant de la neutralisation des groupes armés, a enchaîné le Commandant, en 2019, plus de 5 000 combattants ont rendu ou tenté de rendre les armes; cependant les composantes désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) n’étant pas fortement ancrées, le processus n’a pu être achevé.  Le général de corps d’armée Filho a aussi parlé de la situation au Kasaï central où l’eau est au cœur des tensions entre plusieurs communautés.  La MONUSCO a donc lancé en début d’année un projet à effet rapide pour trouver de l’eau, qui a permis de réduire ces tensions.  Par ailleurs, la Force a pu déjouer une attaque sur un autre village et y mettre en œuvre un autre projet à effet rapide.

Sur la question de la formation, le Commandant de la Force de la MONUSCO a reconnu qu’il s’agit d’un processus continu qui doit tenir compte de l’environnement de déploiement, d’où l’importance, selon lui, de mettre l’accent sur la formation au sein même de la Mission.  Il a salué la décision de déployer une équipe d’experts dans la jungle en territoire Beni, notant que cet environnement exige une expertise particulière.  Il a aussi fait savoir que la performance des contingents fait l’objet d’une évaluation régulière et que les contingents rencontrant des problèmes majeurs ont été dument notifiés.  Des exercices de simulation sont régulièrement organisés au Siège ainsi que sur le terrain, de même que l’analyse des mécanismes de sécurité à l’intention des experts.  Les dispositifs de commandement ont été renforcés grâce à des visites régulières sur le terrain, le mécanisme de notification a été amélioré et des mesures d’évaluation des risques aériens ont été mises en œuvre.  Il en va de même pour ce qui est de la participation des femmes, a assuré le général de corps d’armée Filho.

M. BJÖRN HOLMBERG, Directeur de Challenges Forum International Secretariat, a expliqué que Challenges Forum est un partenariat de 49 départements et organisations civils, de police et militaires du monde entier, et que sept des 15 membres du Conseil en font également partie.  Depuis plus de 20 ans, le Forum s’est efforcé de « construire des ponts, générer des idées novatrices et promouvoir des résultats pour des opérations de paix plus efficaces ».

À cet égard, M. Holmberg a formulé quatre recommandations à l’intention du Secrétariat de l’ONU, en coopération avec les États Membres et les missions:  développer, à des fins de formation, des archives électroniques interactives des scénarios complexes auxquels les soldats de la paix ont été confrontés sur le terrain; identifier des exemples et des études de cas où les performances des soldats de la paix ont été exceptionnelles; utiliser l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix; communiquer clairement sur les lacunes et les besoins en matière de formation, y compris avec des enquêtes en ligne.

S’agissant du leadership en matière de maintien de la paix, Challenges Forum propose de mettre l’accent sur l’apprentissage en équipe, tout en appliquant des instruments de gestion et des approches modernes.  Dans cet esprit, le système d’examen d’ensemble des résultats du Département des opérations de maintien de la paix est un pas dans la bonne direction.  Ensuite, a recommandé M. Holmberg, il faut une formation fondée sur des mises en situation pour renforcer la cohésion des équipes dirigeantes intermédiaires et supérieures.  Enfin, il serait bon de renforcer l’initiative visant à fournir « des mentors » aux femmes et aux hommes qui sont à la tête des missions.

Du 9 au 11 juin prochain, le Gouvernement du Canada accueillera le Forum annuel du groupe, qui poursuivra sa réflexion sur la primauté du politique, la consolidation de la paix dans les opérations de paix et les transitions efficaces, le but étant de traduire concrètement les engagements de l’Action pour le maintien de la paix sur le terrain.

Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, est revenue sur les nombreux défis auxquels font face aujourd’hui les Casques bleus.  Le dernier incident survenu au Mali, en janvier dernier, est une parfaite illustration du changement de la nature des conflits et de l’absence d’engagement en faveur de solutions politiques.  Elle a pointé du doigt, entre autres, la formation inadaptée des troupes et l’implication d’acteurs transnationaux, notamment les groupes terroristes et les combattants terroristes étrangers.  Tous ces éléments impactent la sécurité et la performance des Casques bleus, alors même que « les missions de maintien de la paix sont plus efficaces que les actions unilatérales et huit fois moins chères ».  C’est pourquoi, a-t-elle poursuivi, l’Indonésie croit profondément dans l’action des Casques bleus et leur formation.  « Investir dans ce personnel, c’est investir dans la paix », a-t-elle insisté. 

La Ministre a proposé d’appréhender cette question tout d’abord dans le cadre d’une approche spécifique à chaque mission, car « une approche unique n’est pas suffisante ».  Elle a préconisé, à cet égard, une meilleure consultation entre le Conseil de sécurité, les pays hôtes, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat.  Mme Marsudi a ensuite souligné l’importance de l’engagement des communautés, citant l’expérience de soldats de la paix indonésiens opérant au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) qui, dans le cadre de la réunification des familles séparées par les conflits et de la réintégration des ex-combattants, ont associé à leurs initiatives l’ensemble de la communauté.  Grâce à cette approche, s’est-elle réjouie, 422 anciens combattants ont pu rejoindre leurs familles.

La Ministre a insisté sur la nécessité d’investir dans les femmes, car cela revient à investir dans la paix.  « Les soldates de la paix sont plus efficaces pour gagner le cœur et la confiance des populations locales »; leur participation contribue à augmenter les chances d’une paix durable de 20%.  Dès lors, elle a encouragé à lever les barrières devant la participation des femmes dans le maintien de la paix et à développer des formations adaptées pour leur permettre d’optimiser leur potentiel.  Pour sa part, l’Indonésie qui compte plus de 100 femmes Casques bleus, est déterminée à promouvoir le rôle des femmes en tant qu’agents de la paix.  Elle en veut pour preuve l’organisation le mois dernier à Jakarta d’un atelier régional de formation sur les « femmes, paix et sécurité » en faveur de jeunes femmes diplomates dans la région de l’Asie du Sud-Est. 

Enfin, Mme MARSUDI a proposé de faire du Centre de maintien de la paix indonésien une plateforme internationale.  Elle a annoncé que son pays accueillera le « projet de partenariat triangulaire » durant la période 2020-2021 pour apporter une formation de qualité aux soldats de la paix de la région.  Pour finir, elle a mis l’accent sur l’importance des opérations de maintien de la paix des Nations Unies qui sont l’illustration du multilatéralisme par excellence et l’outil le plus efficace et légitime pour le maintien de la paix, saluant, à cet égard, l’adoption de la déclaration présidentielle. 

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a estimé que la formation et le renforcement des capacités des opérations de maintien de la paix doivent permettre, entre autres objectifs, d’améliorer leur efficacité opérationnelle et la culture de la performance.  S’agissant en particulier des composantes militaires, il a estimé que la formation devra essentiellement prendre en compte la connaissance et la parfaite maîtrise des matériels mis à leur disposition, notamment ceux relatifs au transport et à la communication.  Elle devra également, a-t-il ajouté, mettre l’accent sur les stratégies de combat et de protection des troupes, y compris en matière d’évacuations médicales.

Pour la Côte d’Ivoire, il incombe dès lors aux pays contributeurs de troupes, avec l’appui de l’ONU et de tous les partenaires techniques et financiers, de mettre à la disposition de leurs contingents respectifs des équipements conformes aux standards admis afin de leur permettre de faire face efficacement aux attaques récurrentes des forces asymétriques.  M. Moriko a aussi souhaité que la formation insiste sur la protection des civils, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Il importe également de prendre en compte le rôle des femmes dans les missions ainsi que la plus-value qu’elles représentent dans les actions de médiation et de prévention des tensions communautaires et de lutte contre les violences sexuelles dans les conflits.  Le représentant a ensuite annoncé que la Côte d’Ivoire ambitionne de contribuer un contingent de 650 hommes au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), précisant que la préparation de ce contingent est en phase d’achèvement.

L’une des activités fondamentales des missions de maintien de la paix consistant à œuvrer étroitement avec les acteurs humanitaires, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a jugé important d’augmenter les capacités du personnel militaire concernant le travail humanitaire et les principes et normes qui le régissent.  Le représentant a aussi appelé à l’adoption de mesures de protection du personnel de maintien de la paix, souvent visé par des attaques.  Il a ensuite appuyé la poursuite de mesures concrètes d’amélioration de la formation, la création de capacités et la mise en œuvre de mécanismes conjoints et coordonnés entre le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents, les organisations régionales et sous-régionales et le Conseil de sécurité. 

Parmi ces mesures, M. Singer Weisinger a préconisé: des analyses collectives et proactives des diverses menaces sur le terrain qui entravent la réalisation des mandats; l’analyse de la planification stratégique des prises de décisions en cas de situations critiques; la formation dans les domaines appropriés pour chaque contexte; l’évaluation constante du personnel de maintien de la paix pour appliquer le principe de responsabilité si les résultats ne sont pas satisfaisants, et, à l’inverse, la reconnaissance des bonnes actions.   

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a renouvelé son appui aux réformes entreprises par le Secrétaire général à l’appui du maintien de la paix de l’ONU.  Il s’est félicité que la formation des personnels soit envisagée comme une responsabilité commune, rappelant que la plupart des personnels de mission travaillent dans des conditions très difficiles.  Pour améliorer cette situation, il est indispensable d’impliquer davantage les pays contributeurs de troupes dans la formation des Casques bleus.  Ceux-ci, a observé le représentant, doivent pouvoir disposer d’une diversité linguistique afin de mieux communiquer avec les populations civiles dont ils assurent la protection.  La délégation a exprimé, en conclusion, son appréciation vis-à-vis des femmes qui servent dans le cadre des opérations de maintien de la paix; il n’est plus à démontrer que leur présence constitue un atout.  

Plus les Casques bleus seront formés, plus ils seront à même d’atteindre des niveaux de performance ambitieux, a prédit Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni).  Elle a rappelé les risques auxquels ils sont confrontés sur le terrain, notant qu’un meilleur équipement leur permettra de mieux faire face aux dangers.  Les compétences du personnel doivent aussi porter sur la protection des civils, la lutte contre les violences sexuelles et autres et le respect des droits de l’homme, a-t-elle ajouté.  Elle a ensuite estimé que si un pays fournisseur de contingents échoue dans la formation de son personnel, il serait approprié que celui-ci rende des comptes afin d’identifier les enseignements à tirer.

La représentante a ensuite appuyé l’élaboration d’un cadre politique de performance et a insisté sur l’importance d’un prédéploiement robuste.  Elle a exhorté le Secrétariat à fournir au Conseil de sécurité des informations à jour sur la performance des missions et les mesures qui s’imposent pour améliorer leur transparence.  Mme Pierce a aussi parlé des partenariats, estimant qu’un partage des informations et des enseignements tirés profiterait à tous.  Elle a fait savoir que le Royaume-Uni compte 11 000 personnels de maintien de la paix et appuie la formation des Casques bleus du Viet Nam.  Mon pays respecte en outre les normes les plus élevées en matière d’équipement, a-t-elle assuré.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a repris à son compte l’analyse du Secrétaire général ce matin, pour qui la formation « sauve des vies ».  Il a fait état du déploiement par son pays d’équipes de formation mobiles au sein de plusieurs opérations de maintien de la paix, aussi bien pour assister les personnels en tenue que les personnels civils.  Son gouvernement, a-t-il dit, continuera d’appuyer notamment les contingents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), en veillant à ce que leur soient fournis des renseignements de qualité sur le terrain et qu’ils disposent des moyens nécessaires pour les analyser en vue de pouvoir améliorer leurs performances.  La délégation a insisté sur le fait qu’il est indispensable que le personnel reçoive également une formation destinée à prévenir les violences sexuelles et sexistes.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a insisté sur l’importance de la Déclaration d’engagements communs, feuille de route pour l’amélioration continue des missions.  Elle s’est aussi dite convaincue qu’une formation prédéploiement « sur mesure », ainsi qu’un ajustement adéquat des équipements destinés aux troupes et aux personnels de police, s’impose, d’où l’importance de privilégier des partenariats triangulaires et un mécanisme de coordination léger.  La représentante a aussi estimé que seul un accès équitable et juste des femmes Casques bleus aux opportunités de formation et de développement permettra d’atteindre les objectifs ambitieux définis dans la stratégie 2018-2028 pour la parité du personnel en uniforme.

Mme Wronecka s’est aussi attardée sur l’importance des capacités de partage de l’information, notant que l’analyse de données est importante pour l’amélioration du maintien de la paix.  Une meilleure connaissance des situations, y compris des informations sur des pays précis émanant des communautés locales, permet d’améliorer la planification et d’identifier des objectifs clairs et atteignables, a-t-elle relevé.  Mais une telle préparation ne peut se faire que si les pays fournisseurs de contingents disposent d’un tableau complet sur les plans opérationnel, politique, géographique et sécuritaire.  Une coopération plus rapprochée entre le Siège et les missions est donc nécessaire, a-t-elle conclu.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a déclaré qu’investir dans l’édification d’une paix durable et viable exige d’importantes transformations sociales et institutionnelles au sein des États.  Le maintien de la paix est de la responsabilité de chacun de ces États, a-t-il poursuivi, en soulignant l’importance de la coopération internationale à cet égard.  Améliorer la sécurité et la performance du personnel de maintien de la paix de l’ONU suppose, selon le représentant, de mettre en œuvre tous les aspects de la Déclaration d’engagements communs ainsi que l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Pour la délégation, enfin, il est impératif de fournir à l’Union africaine les ressources dont elle a besoin pour s’acquitter de ses obligations subsidiaires découlant du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  « Un financement prévisible et durable des opérations de paix sous leadership africain est indispensable, de même que les contingents africains disposent des capacités, formations et équipements nécessaires pour s’acquitter de leurs mandats », a souligné M. Ndong Mba.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a noté que l’efficacité du maintien de la paix dépend directement de la formation de son personnel, dont la responsabilité principale incombe aux États Membres.  Il a indiqué que des soldats de la paix russes participent à huit opérations de maintien de la paix et notamment à l’octroi d’engins d’aviation.  La Russie a élaboré tout un système qui dispense une formation à la fois spécialisée et plus générale, et qui tient également compte de l’aspect linguistique.  Le représentant a appelé à une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et l’ONU, estimant que des contacts directs entre les États qui élaborent des programmes de formation et ceux qui y participent s’imposent.  Selon lui, les initiatives lancées par le Secrétariat ne doivent pas entrer en concurrence avec les programmes de formation déjà mis sur pied par les États.  Pour le représentant, « il importe plus que tout de tenir compte de la perspective des pays ».

M. Polyanskiy a ensuite insisté sur l’étape « décisive » qu’est la définition des mandats, s’inquiétant de « la tendance à vouloir créer des mandats dit robustes ».  « Cela risque de faire des soldats de la paix des cibles, a-t-il averti.  Le maintien de la paix doit maintenir la paix et non pas créer des risques supplémentaires ».  Par ailleurs, la Russie ne peut appuyer la création de liens entre le recours à la force, les droits de l’homme et la protection de la population civile.  Le représentant a aussi dénoncé la tentative de certains États de contourner le Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour imposer au Conseil de sécurité des questions au sujet desquelles les opinions des membres divergent.

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a appelé à renforcer la sécurité des missions en utilisant des technologies modernes afin de permettre aux soldats de la paix de contrer les attaques et de faire face aux menaces asymétriques.  Il a noté que les chapitres qui portent sur le renforcement des capacités du maintien de la paix africain dans le rapport annuel du Comité spécial des opérations de maintien de la paix sont pertinents au débat.  Après avoir rappelé l’importance du rôle des organisations régionales, le représentant a appelé à veiller à disposer de la formation et des capacités nécessaires pour augmenter le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Il a ensuite indiqué que l’Afrique du Sud a mis sur pied un programme de formation prédéploiement sur l’exploitation et les atteintes sexuelles et fourni une formation pendant le déploiement des missions afin d’améliorer la connaissance des situations et le niveau de préparation.  Une formation de six semaines à l’intention des unités d’intelligence tactique a par ailleurs été dispensée aux troupes d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi en prévision de leur déploiement en République démocratique du Congo (RDC).

M. Van Shalkwyk a ensuite appelé l’ONU à envisager d’établir des équipes de formation technique chargées d’organiser des ateliers pour aider les pays fournisseurs de contingents à améliorer la formation et identifier les manquements de capacités durant l’étape préparatoire.  Ces pays doivent aussi analyser l’étendue des opérations dans le contexte du paysage sécuritaire afin de créer des scénarios pour les unités militaires et d’établir une base de référence pour la formation des missions, a-t-il conseillé.  Il a aussi appelé le Secrétariat à élargir la portée et le nombre de centres de formation des soldats de la paix en Afrique.  Il conviendrait en outre d’élaborer une doctrine commune du maintien de la paix entre l’ONU et les institutions régionales de formation au maintien de la paix.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a appelé à faire un diagnostic des multiples défis et difficultés auxquels se heurtent les opérations de la paix à l’heure actuelle.  Il a notamment évoqué le climat chaque fois plus hostile dans lequel elles opèrent et l’émergence d’acteurs non étatiques qui incluent des groupes d’insurgés, des terroristes ou des membres de la criminalité organisée.  Le Pérou a demandé que les résolutions du Conseil de sécurité énoncent « des mandats clairs aux objectifs réalisables du point de vue opérationnel ».  Concernant les missions ayant des tâches spécifiques, il a insisté sur les stratégies de désarmement, démobilisation et réinsertion, sur la réforme du secteur de la sécurité ou les opérations de déminage.  Dans le domaine du droit international humanitaire et des droits de l’homme, il a encouragé à mettre l’accent sur la lutte contre l’exploitation et les atteintes sexuelles de la part du personnel des missions de paix.

En sa qualité de Coprésident du Groupe informel « femmes, paix et sécurité », le représentant a jugé important que le personnel en tenue soit conscient de la nécessité de protéger et d’autonomiser les femmes dans des contextes de conflit et postconflit.  À ce propos, il a voulu partager les synergies qui se produisent en Amérique latine, notamment avec la création de l’Association latino-américaine de centres d’entraînement pour les opérations de maintien de la paix (ALCOPAZ) axée sur l’intégration et la coopération mutuelle.  Il a aussi encouragé à faire participer des organisations de la société civile, comme les centres de recherche et les universités avec lesquels il faudrait signer des accords de coopération et développer des alliances.  Enfin, le Pérou accueillera en octobre prochain la vingt-cinquième Conférence annuelle de l’Association internationale des centres de formation au maintien de la paix (IAPTC).  

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a déclaré que la responsabilité première de la formation du personnel en uniforme déployé dans les opérations de maintien de la paix échoit au pays fournisseur de contingents.  Il est donc important que le Secrétariat s’assure de l’opérationnalité des contingents à l’issue de la formation préalable au déploiement, a-t-il dit.  La Belgique a déclaré qu’elle appuie celui-ci, en particulier le Service intégré de formation dans leur mission de fournir aux contributeurs de troupes un matériel de formation complet et à jour, notamment en traduisant des manuels de formation en français.  L’un des outils de formation continue après le déploiement réside dans le recours à des équipes itinérantes de formation, a relevé par ailleurs le représentant. 

« En ce moment, la Belgique met de telles équipes à la disposition de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MISNUMA) pour quatre périodes de six semaines, afin de fournir une formation ciblée sur les besoins de la Force, notamment en aide de première urgence.  Il s’agit d’un partenariat entre le Secrétariat, un pays fournisseur d’instructeurs et de pays contributeurs de troupes, et cela, en étroite coordination avec la Mission.  Nous comptons sur le Secrétariat pour rapidement faciliter l’opérationnalisation d’un mécanisme de coordination léger. »  Enfin, a souligné M. Pecsteen de Buytswerve, les membres des opérations de paix doivent être sensibilisés aux mesures de protection des enfants. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a indiqué que l’ONU a effectivement besoin de Casques bleus bien formés, bien équipés, et au fait du mandat qu’ils ont à mettre en œuvre, afin que les opérations de maintien de la paix soient les plus efficaces.  « Au Mali, par exemple, des équipements adéquats auraient permis d’éviter plusieurs décès parmi les Casques bleus.  Sur de nombreux théâtres d’opération, une meilleure formation préalable des officiers d’état-major serait nécessaire.  Plus largement, un travail sur l’interopérabilité de ces États-majors permettrait aussi d’apporter une réponse plus efficace aux menaces contre les civils et renforcerait la sécurité des Casques bleus eux-mêmes », a analysé le représentant.  Au sein du Conseil de sécurité, la France met déjà en application ses engagements en matière de maintien de la paix.  Sur les mandats dont nous sommes porte-plumes, a dit M. Delattre, nous nous efforçons d’être exemplaires, en mettant en pratique une grande partie des engagements énoncés dans la déclaration commune de l’initiative Action pour le maintien de la paix adoptée en septembre dernier. 

Sur la question des formations et du renforcement des capacités, la France est particulièrement mobilisée dans le domaine de la formation des pays contributeurs de troupes francophones, a précisé M. Delattre.  Ainsi, Paris soutient six centres de formation aux missions de l’ONU en Afrique, trois en Amérique latine et un en Asie, qui contribuent à renforcer les capacités des futurs contingents.  Le Gouvernement français renforce également les compétences de ces contingents dans des domaines spécialisés comme le déminage, la santé, la police judiciaire, la logistique ou encore la protection civile grâce à un réseau d’écoles nationales à vocation régionale et « notre réseau de 320 experts insérés au plus près des forces de défense et de sécurité dans de nombreux pays ».  Par ailleurs, a poursuivi le délégué, la France s’engage à former l’an prochain plus de 30 000 militaires africains aptes à servir dans des opérations de maintien de la paix.  L’accent est mis sur les formations dites de « rafraichissement » durant les missions pour assurer un suivi des instructions réalisées et, pour la cinquième année consécutive, la France organisera une formation de formateurs des Nations Unies, au profit d’une quarantaine d’officiers d’état-major francophones.

M. MA ZHAOXU (Chine) a appelé à accorder une attention primordiale aux capacités des pays fournisseurs de contingents, notamment les pays en développement.  Il a aussi jugé nécessaire d’exploiter le rôle du Secrétariat, l’appelant à fournir des informations mises à jour sur l’évolution de la situation sur le terrain.  Il faut aussi créer des liens entre l’offre et la demande, renforcer la coopération bilatérale et régionale et accompagner les organisations régionales, notamment l’Union africaine dans ses efforts d’établissement de la force de réaction rapide en Afrique.

Près de 2 500 Casques bleus chinois travaillent dans de nombreux domaines et la Chine accorde une attention toute particulière à leur formation, a poursuivi le délégué.  La Chine appuie également les efforts des autres pays fournisseurs de contingents, dispensant une formation dans le déminage à leurs soldats de la paix.  Le fonds d’affection chinois pour le maintien de la paix a ainsi permis d’appuyer près de 10 projets de renforcement des capacités.  Huit sessions de formation ont été menées en Afrique en 2018 et il devrait y en avoir 15 cette année.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a indiqué qu’une formation et une responsabilisation de qualité peuvent contribuer directement à la sécurité des soldats de la paix en uniforme, mais aussi des populations civiles qu’ils sont censés protéger.  Les États-Unis, a-t-il indiqué, sont « le partenaire bilatéral le plus important au monde en matière de formation et de renforcement des capacités » du maintien de la paix.  Les effectifs de police formés conjointement avec les États-Unis passent régulièrement les évaluations préalables au déploiement, et les unités de police rwandaises formées par les États-Unis, tant de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) que de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), ont reçu des médailles d’excellence du service des Nations Unies en reconnaissance de leur leadership et de leurs efforts pour protéger les civils, s’est enorgueilli M. Cohen. 

Grâce à ses initiatives de maintien de la paix, Washington fait plus que dispenser des cours de formation.  « Nos activités d’assistance visent en outre à remédier aux carences susceptibles de nuire aux résultats ou à l’efficacité d’une opération de maintien de la paix.  Par exemple, nous avons dispensé de la formation et fourni du matériel à 41 pays partenaires pour développer 82 capacités habilitantes essentielles distinctes –telles que des sociétés d’ingénierie, des hôpitaux et des unités fluviales– en vue de leur déploiement au sein d’opérations de maintien de la paix », a expliqué M. Cohen.  Notre formation vise également à augmenter le nombre de femmes civiles et en uniforme qualifiées participant au maintien de la paix.  Plus de 11 000 femmes militaires et de police ont participé à des activités de formation au maintien de la paix aux États-Unis dans le cadre de l’Initiative en faveur des opérations de paix dans le monde et du programme Soutien international aux opérations de maintien de la paix de la police (IPPOS), a poursuivi la délégation américaine.

La sécurité, a-t-il dit, ne concerne pas seulement la formation et le renforcement des capacités, il s’agit avant tout d’améliorer les performances des soldats de la paix.  « C’est la raison pour laquelle nous avons rédigé la résolution 2436 (2018) du Conseil de sécurité, adoptée par consensus en septembre dernier, et nous nous félicitons de l’engagement pris par le Secrétaire général de mettre en œuvre une politique de performance intégrée », a déclaré le représentant, en soulignant que les États-Unis sont déterminés à faciliter sa mise en œuvre intégrale et rapide.

M. SERGIY KYSLYTSYA, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Ukraine, a indiqué que la participation de son pays au maintien de la paix n’avait pas faibli, même au plus fort de l’agression armée contre lui.  Il s’est inquiété du taux de décès parmi les Casques bleus, y voyant un rappel du niveau insuffisant de sécurité et de sûreté du personnel.  Il s’est inquiété du fait que certains États « essaient très fort » d’empêcher l’ONU et le Conseil de sécurité de répondre aux violations des droits de l’homme dans le contexte de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est opposé à la définition de mandats qui n’ont rien à voir avec la mise en œuvre d’accords de paix, pour ensuite insister sur l’importance de fournir des financements et des capacités suffisantes aux opérations, notamment dans les domaines de l’aviation, du renseignement de pointe et des technologies modernes.

Le Ministre adjoint a ensuite appelé le Conseil à continuer de dialoguer avec les pays fournisseurs de contingents lors de l’établissement et du renouvellement des mandats afin de veiller à une bonne formation du personnel.  Il faut aussi éliminer la violence sexuelle au sein des missions et y assurer un équilibre paritaire.

L’Uruguay, a indiqué M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay), a déjà déployé plus de 45 000 hommes et femmes dans le cadre de 20 opérations de maintien de la paix, faisant de son pays le premier contributeur de troupes du continent américain et l’un des 20 premiers dans le reste du monde.  Son pays estime que le renforcement des capacités des pays fournisseurs de contingents est crucial pour améliorer les performances et l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Les formations sont donc indispensables dans ce cadre, a poursuivi M. Bermudez, qui s’est félicité de l’adoption de la résolution 2436 (2018) en septembre dernier et du lancement, le 28 septembre dernier, de l’initiative Action pour le maintien de la paix, et de la Déclaration d’engagements communs.  L’Uruguay a rappelé en conclusion que son pays avait organisé, conjointement avec le Royaume-Uni, la réunion préparatoire de Montevideo sur « l’entraînement et le développement des capacités », qui, avec la participation de 42 États Membres, a permis de préparer la Conférence ministérielle sur le maintien de la paix organisée le 29 mars dernier.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a estimé que la formation a besoin d’être spécialisée et adaptée aux différents contextes, axée sur des scénarios concrets et des directives pratiques sur les moyens de répondre à la situation sur le terrain.  Il a cité en exemple une formation aux interventions d’urgence à laquelle il a assisté à Djouba, au Soudan du Sud, au sein de la Mission de l’ONU déployée sur place (MINUSS).  « Bien sûr, ce qui compte, ce n’est pas seulement comment nous formons, mais aussi qui nous formons », a considéré le représentant.  Les études et l’expérience acquise démontrent qu’une plus grande diversité conduit à de meilleurs résultats pour les opérations de maintien de la paix, en apportant des perspectives, des atouts, des connexions et des forces variées, a assuré M. Blanchard.  La formation et le renforcement des capacités devaient viser à accroître la diversité, notamment en élargissant la représentation de tous les États Membres au sein des opérations de maintien de la paix, mais également en assurant la participation pleine et effective des femmes à tous les niveaux des opérations de paix, a-t-il relevé.  Il a en conclusion salué les efforts de Djibouti pour offrir un cours de formation en français consacré au renforcement des capacités des pays de la francophonie en matière de maintien de la paix, « un leadership qui mérite notre appui ».

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a estimé que la formation et le renforcement des capacités ne devraient pas être envisagés comme une activité ponctuelle, mais comme des outils pour renforcer l’efficacité opérationnelle des missions à l’échelle de leur « cycle de vie ».  Elle s’est dite convaincue de la nécessité d’un dialogue entre le Secrétariat de l’ONU et les pays contributeurs de troupes ainsi qu’entre pays contributeurs de troupes eux-mêmes, avant de plaider en faveur de partenariats dans le secteur des formations.  L’Italie, qui est le plus important fournisseur de Casques bleus au sein du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a placé les formations et le renforcement des capacités au cœur de son action dans le domaine du maintien de la paix, a assuré Mme Zappia.  Ainsi, les centres de formation militaires italiens –dont le Centre d’excellence pour les unités de police de stabilisation basé à Vicenza, le Centre d’étude des opérations postconflit basé à Turin, et le Centre d’excellence d’assistance à la sécurité des forces près de Rome–ont fourni, au cours des 15 dernières années, des formations de qualité spécialisées à des dizaines de milliers d’officiers de police et militaires en provenance de 118 pays, et à 17 organisations internationales, a précisé en conclusion la représentante.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a appelé le Secrétariat à mener une évaluation « réaliste » des contingents sélectionnés et déployés sur le théâtre des missions, soulignant que la compétence des troupes occupe une place critique dans les critères de sélection.  Il a aussi engagé les pays fournisseurs de contingents à respecter les plans de formation, y compris pendant l’étape du prédéploiement, pour éviter que des tâches essentielles ne soient apprises « sur le tas ».  Après avoir indiqué que l’Inde avait commencé à financer, l’an dernier, le programme « pour une pipeline vers le commandement du maintien de la paix » de l’ONU, le représentant a salué l’initiative des équipes itinérantes de formation visant à regrouper les instructeurs des États Membres.  Il a en outre fait observer que des unités spécialisées, comme les hôpitaux de campagne et les unités de génie déjà déployés au sein des missions, peuvent dispenser une formation à certains groupes clefs des missions.  Pour sa part, l’Inde a établi des partenariats avec d’autres États Membres dans le domaine du renforcement des capacités, comme avec le Kazakhstan au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Le pays a également récemment achevé un exercice de terrain sur le maintien de la paix avec 18 pays africains.

M. MAURO VIEIRA (Brésil) a jugé nécessaire de renforcer les mécanismes existants afin d’évaluer les besoins concrets de chaque mission pour permettre à la formation de tenir compte des défis sur le terrain.  Il a aussi insisté sur l’importance de la formation avant le déploiement, tout en notant qu’elle pourrait aussi s’avérer nécessaire au cours des missions afin de maintenir les capacités des troupes et de s’adapter aux changements de circonstances.  Le Brésil s’est d’ailleurs engagé à déployer au sein de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) une équipe d’experts sur les opérations dans la jungle.  En coopération avec l’ONU, le Brésil accueillera également, en 2019, un cours de formation aux premiers soins, suivi, en 2020, d’un atelier à l’intention des dirigeants des missions.  Avant tout, la formation doit permettre aux opérations de maintien de la paix d’avoir un impact transformateur sur le terrain, a souligné le représentant, notant la réussite des projets à impact rapide.  Les Casques bleus doivent aussi recevoir une formation adéquate pour pouvoir être « les premiers à agir en faveur de la consolidation de la paix ».

Compte tenu d’un environnement opérationnel complexe et des défis auxquels font face les opérations de maintien de la paix, M. KORO BESSHO (Japon) a estimé impératif d’améliorer à la fois la performance ainsi que la sécurité et la sûreté des Casques bleus.  Il a salué les mesures prises par l’ONU et les États Membres à travers le renforcement des capacités des acteurs mais reconnu que davantage doit être fait par les différentes parties.  Pour sa part, le Japon a appuyé la formation de Casques bleus issus de 45 pays ces cinq dernières années.  Se basant sur l’expérience acquise en la matière, le représentant a encouragé le partenariat triangulaire.  L’ONU, a-t-il noté, dispose de différents canaux pour identifier les besoins à travers l’envoi notamment de visites d’évaluation des performances des missions sur le terrain.  M. Bessho a plaidé pour un fort partenariat entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents.  Il a rappelé à, cet égard, le cadre novateur lancé en 2014 par le Secrétariat pour promouvoir ce type de formation.  Le partenariat triangulaire peut être mis à profit pour développer tout type de plateforme de formation depuis l’infanterie jusqu’aux facilitateurs.  Il a ensuite suggéré l’établissement d’un mécanisme efficace pour permettre une expertise rapide d’un nombre important de personnels en un court laps de temps.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a insisté sur l’importance de la formation avant le déploiement, ajoutant que la performance des troupes pakistanaises témoigne de l’emphase placée par son pays sur leur formation.  Elle a appelé à intégrer les meilleurs pratiques et l’expérience acquise sur le terrain à des manuels et à les partager avec les parties clefs.  De plus, « les formateurs doivent avoir une véritable expérience de terrain dans le maintien de la paix et ne pas dépendre uniquement de la théorie ».  La représentante a aussi estimé que l’élaboration des mandats des missions doit se faire dans le contexte d’un processus graduel afin de pouvoir consulter les pays contributeurs de contingents.  Les mécanismes de consultation trilatérale méritent d’être améliorés et mieux utilisés, et le Groupe des pays fournisseurs de contingents, coprésidé par le Pakistan et le Maroc, s’est affirmé comme « une plateforme informelle » importante pouvant être utilisée à cette fin.  Mme Lodhi a également insisté sur la dimension collective du maintien de la paix et a appelé à établir des objectifs réalistes et à veiller à l’implication de l’ensemble des parties prenantes.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a déclaré qu’une formation préalable au déploiement reposant sur des normes consolidées était vitale pour répondre aux attentes grandissantes de l’ONU.  Il a en outre pleinement appuyé des mandats plus réalistes, robustes et précis pour les opérations de maintien de la paix.  Il a expliqué que les missions étaient en effet multidimensionnelles, avec des objectifs allant au-delà du simple maintien de la paix.  De ce fait, il faut que les missions soient plus souples et capables d’adaptation constante, a-t-il dit, insistant sur la pertinence des engagements partagés au titre de l’Action pour le maintien de la paix.  Le représentant a également jugé impératif d’accroître le nombre de femmes Casques bleus et de promouvoir leur participation pleine et effective aux opérations de maintien de la paix.  Il a ajouté que l’Estonie, pays fournisseur de contingents, avait amélioré les opportunités de formation des femmes au sein de ses forces armées ce qui ne manquera pas d’avoir un impact positif sur l’accélération de la parité hommes-femmes en encourageant les femmes à se porter candidates dans l’armée et la police.  Il est également crucial de sensibiliser tous les Casques bleus par une formation aux droits de l’homme et aux aspects liés à l’égalité de genre dans les opérations de maintien de la paix, notamment la prévention et la réponse à la violence sexuelle dans les conflits et l’élimination de l’exploitation et des atteintes sexuelles.

Mme MONA JUUL (Norvège), intervenant également au nom du Danemark, de la Finlande, de l’Islande et de la Suède, a indiqué que les pays nordiques coopèrent pour offrir une série de cours de formation au maintien de la paix, ouverts à l’ensemble des États Membres.  Au Mali, une équipe mobile nordique de formation technique a lancé un projet pilote qui a permis de former plus de 400 soldats et officiers originaires du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, d’Égypte et du Libéria.  L’accent était placé sur les stratégies nécessaires pour faire face à l’environnement sécuritaire de la Mission, et le projet a permis d’identifier l’importance d’une préparation bien coordonnée de la part des parties impliquées avant la période de formation.

La représentante a aussi insisté sur l’importance de la gestion de crise, y compris l’évacuation de blessés et les évacuations médicales, ainsi que la protection des civils.  La connaissance des situations est essentielle, ainsi que la bonne conduite et les approches sexospécifiques.  Des efforts spécifiques s’imposent également pour veiller à ce que les femmes puissent participer à l’ensemble des activités de formation, et il convient de réellement déployer celles qui ont été formées.  La formation doit par ailleurs porter sur le travail nécessaire pour prévenir, enquêter et traduire en justice les auteurs de crimes graves commis à l’encontre des Casques bleus.

Israël est engagé à travailler avec les Nations Unies pour partager son expertise médicale et améliorer la formation des pays fournisseurs de contingents, a affirmé Mme NOA FURMAN (Israël).  Elle a rappelé que son pays avait déjà contribué à deux initiatives avec la Division de la gestion des soins et de la sécurité et de la santé au travail.  En effet, a-t-elle argué, « si le personnel de la paix est formé aux soins de premiers secours de nombreuses vies pourront être sauvées », car 90% des décès surviennent entre le moment de l’accident et l’arrivée des secours.  Israël a déjà initié avec l’ONU une action pour développer un manuel de premier secours au profit des Casques bleus et dispensé des cours à cet égard en Italie et en Irlande.  De plus, le pays travaille avec l’Organisation pour mettre en place un guide pratique médical de formation sur le terrain.

À travers son interaction avec les Nations Unies dans ce domaine, Israël a observé des différences significatives dans le niveau de préparation des troupes. C’est pourquoi Mme Furman a suggéré de mettre en place des normes générales pour l’ensemble des forces.  Cependant, si l’ONU doit fournir des conseils et faire en sorte que ces règles répondent aux exigences opérationnelles, elle ne peut être responsable de la formation de chaque troupe.  Une fois que l’approche a été définie, approuvée et démontrée dans le cadre de formations, il revient au pays contributeur de contingents de s’assurer que ces règles sont mises en œuvre, a relevé la représentante.  Pour faciliter cette approche, il faut, selon lui, promouvoir le partenariat triangulaire.

Les Fidji ont payé un lourd tribut au maintien de la paix, a rappelé le représentant de ce pays, en déplorant la perte de 60 Casques bleus, hommes et femmes, ce qui nous rappelle, a-t-il dit, l’importance du renforcement des capacités, essentiel pour une meilleure efficacité et pour réduire le nombre des victimes.  Le maintien de la paix évolue, passant de simples missions d’observation de cessez-le-feu à des missions multidimensionnelles complexes.  À cet égard, le travail que réalise l’ONU est de loin le plus important et doit être bien appuyé.  Il doit être cohérent et prévisible.  « Il s’agit de créer des espaces pour permettre la prise de risques mesurés pour la viabilité de la paix. »  Les personnels doivent recevoir des formations adaptées aux nouvelles menaces, comme le terrorisme.  De plus, a fait remarquer le représentant, les changements climatiques, le stress hydrique ou l’insécurité alimentaire peuvent exacerber les conflits et même être à l’origine de nouveaux différends.  C’est pourquoi il a plaidé pour un renforcement des capacités axées sur des compétences plus spécifiques.  Il a évoqué le plan d’action des Fidji au sein des missions avec le plein appui de ses partenaires régionaux, notamment l’Australie et la Nouvelle-Zélande.  Enfin, c’est fort de 40 ans d’expérience que le représentant a souligné l’importance de développer empathie et confiance avec les populations locales pour comprendre leur culture et « renforcer le dialogue ».

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a souligné qu’il y a 23 ans, son pays avait créé le Centre argentin de formation interarmées aux opérations de maintien de la paix (CAECOPAZ), qui a formé des milliers d’officiers, de sous-officiers, de Casques bleus des deux sexes, et du personnel civil argentin et d’autres nations.  Il a signalé que le personnel qui revient d’une mission de maintien de la paix est tenu de faire un rapport dans lequel il décrit les enseignements tirés et suggère des améliorations.  D’autre part, des cours de formation transversale sont dispensés en matière de prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, de droit international humanitaire, d’objectifs de développement durable et de consolidation de la paix.  Les cours visent à faire prendre conscience des fonctions d’autres acteurs du système de l’ONU dans la mise en œuvre des mandats, notamment de la Commission de la consolidation de la paix.

M. García Moritán a requis un soutien technique et financier pour les pays fournisseurs de contingents de sorte à améliorer leurs compétences sur le terrain.  Les missions de leur côté doivent bénéficier de ressources adéquates pour s’acquitter de leurs mandats.  Au titre de débat de la Cinquième Commission sur le budget des opérations de maintien de la paix, l’Argentine a recommandé d’éviter de nouvelles coupes dans les postes et programmes relatifs au développement, aux droits de l’homme, au genre, à la protection de la femme et de l’enfant.  Ces postes et programmes jouent un rôle clef dans la communication des vulnérabilités particulières de différentes populations, a-t-elle argué, expliquant que plus de femmes Casques bleus amélioreront énormément les communications et relations entre les opérations de maintien de la paix et les communautés locales.

M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a évoqué l’engagement historique de son pays dans les opérations de maintien de la paix.  El Salvador contribue aujourd’hui à huit d’entre elles avec 289 membres du personnel militaire et de police.  Il a conseillé de former et d’équiper le personnel civil et en uniforme avant son déploiement et, dans la mesure du possible, de générer les capacités spécialisées nécessaires à chaque mission, notamment dans la connaissance des langues.  D’autre part, il a appelé à doter le personnel d’une perspective fondée sur le genre, soucieuse de l’autonomisation des femmes et de leurs expériences et capacités spécifiques.  Le représentant a souligné que sur le plan national, des efforts importants sont consentis par le biais du Centre d’entraînement pour les opérations de maintien de la paix sous la tutelle du Ministère de la défense qui, par des accords internes, permet la formation de membres de la police civile, d’observateurs militaires et de futurs instructeurs.  Il est indispensable d’accorder plus de visibilité et de viabilité à la formation du personnel de la consolidation de la paix, a-t-il demandé. 

L’Union européenne salue les réformes conduites par l’ONU pour examiner l’architecture globale de paix et de sécurité, a affirmé M. JOÃO PEDRO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne.  Elles constituent une étape cruciale visant à adapter « notre action collective ».  C’est pourquoi, il voit dans l’initiative Action pour le maintien de la paix, une autre étape importante sur cette voie.  Il a réitéré l’importance des solutions politiques dans le règlement des conflits, en s’attaquant notamment à leurs causes profondes et en privilégiant la prévention.  Cela est l’essence même de la Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, qui répond également à la volonté du Secrétaire général de faire de la prévention un élément central des efforts en matière de paix et de sécurité de l’ONU, a-t-il poursuivi.  S’agissant de la sécurité et de la sûreté du personnel des Nations Unies, M. Vale de Almeida a salué les initiatives de l’ONU ayant pour objectif d’intégrer les technologies modernes en matière de maintien de la paix.  Cependant, a-t-il nuancé, celles-ci ne peuvent être la seule solution. 

« Nous continuons de soutenir les efforts de l’ONU de développer davantage ces capacités » pour les missions en cours et futures y compris à travers le partenariat ONU-Union européenne, en matière d’opérations de maintien de la paix et de gestion des crises.  Le représentant a, à cet égard, insisté sur une formation appropriée et adaptée, en tant qu’élément central de toute politique performante en la matière.  Il a réitéré la détermination de l’Union européenne de demeurer un partenaire loyal, non seulement pour soutenir les opérations de maintien de la paix, mais également dans le cadre de sa politique commune renforcée de sécurité et de défense.  Une approche reflétée sur le terrain au Mali, en République centrafricaine, en Somalie, en Libye, dans les Balkans ou encore en Iraq.  M. Vale de Almeida a également évoqué l’engagement de l’Union européenne en matière de promotion du programme « Femme, paix et sécurité ».  Pour finir, il a tenu à saluer l’accent mis par le Secrétaire général sur le partenariat ONU-Union européenne en tant qu’élément clef pour la paix et la sécurité mondiales.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a indiqué que son pays avait mis sur pied un système de formation rigoureux qui met l’accent sur la spécificité des missions, les règles d’engagement et la connaissance situationnelle.  Des experts dans des domaines précis, notamment du personnel précédemment déployé au sein des missions, élaborent des scénarios et participent à l’équipe de certification des contingents.  Les femmes, a-t-il assuré, sont une partie intégrante des équipes de formation.  Le représentant a ensuite salué le lancement du système complet d’évaluation des performances, notamment au sein de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) où est déployé le plus important contingent slovaque.  Il s’est aussi félicité de la visite que doit effectuer le mois prochain, en Slovaquie, la Commandante de cette Force.

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a parlé de la vision et du rôle humanitaire de son pays, 100 000 soldats hommes et femmes ayant servi sous le drapeau de l’ONU à travers le monde, et ce, en dépit de l’environnement complexe dans lequel les différentes opérations de maintien de la paix opèrent.  La Jordanie attache une importance particulière aux efforts déployés par le Secrétaire général afin de réformer le département concerné.  De même, la représentante s’est dite fière de voir que son pays a été parmi les premiers à appuyer l’initiative Action pour le maintien de la paix du Chef de l’ONU.  Elle a, en outre, salué les efforts visant au renforcement des capacités des opérations de paix ainsi que la diplomatie préventive.  Elle a rappelé la contribution de la Jordanie à travers un institut qui a formé 66 000 soldats jordaniens et d’autres pays, en matière notamment de protection des enfants et de droit international humanitaire.  Il s’agit également de sensibiliser les personnels sur la diversité sociale, ethnique, tribale, ainsi que sur la culture arabo-musulmane.  Par ailleurs, la Jordanie s’est engagée à la mise en œuvre du Plan d’action « femmes, paix et sécurité ». 

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a jugé important de souligner les diverses initiatives et actions menées afin de traiter de questions aussi fondamentales que l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général à laquelle son pays souscrit, l’objectif étant de rendre les opérations plus robustes, mieux sécurisées et de mobiliser le soutien en faveur de solutions politiques.  De même, il a mis en exergue la Déclaration d’engagements communs appuyée par 151 États Membres, dont son pays, par laquelle « nous renouvelons notre engagement collectif envers les opérations de maintien de la paix de l’ONU et réaffirmons la primauté de la solution politique » dans la résolution des conflits.  Fidèle à sa conviction d’être un pays au service de la paix, l’Équateur a participé à plusieurs opérations de maintien de la paix, notamment à la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO).  L’Équateur s’est engagé à augmenter le pourcentage de participation des femmes en tant qu’observatrices militaires, a par ailleurs indiqué le représentant.  Il a, à cet égard, évoqué les différents séminaires organisés et axés sur la parité, qui illustrent, a-t-il conclu, la reconnaissance de l’importance de la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix ainsi que la volonté de promouvoir l’égalité des sexes au sein des forces armées du pays.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a demandé que l’on aide les pays contributeurs de troupes à mettre en place des capacités suffisantes en matière de maintien de la paix.  Il faut investir, a-t-il poursuivi, dans les multiplicateurs critiques comme l’ingénierie, l’aviation ou encore la logistique et mettre en place une formation spécifique à chaque mission.  Les Casques bleus doivent aussi pouvoir maîtriser les compétences, les langues et les éléments clefs du droit international et du droit international humanitaire.  Il faut, a encore dit le représentant, les préparer à l’alerte rapide et aux partages de l’information.  Il faut enfin promouvoir les partenariats et les codéploiements.  Le représentant s’est dit heureux d’annoncer que les cours sur la protection des civils et des officiers dispensés par le Centre de formation au partenaire pour la paix ont été certifiés et mis à la disposition de toutes les nations partenaires.  Il a aussi annoncé que le cinquième Symposium des Nations Unies sur le partenariat pour les technologies dans le maintien de la paix aura lieu du 28 au 31 mai à Nour-Sultan.

M. HUSNI MUSTAFA YAGOUB HUSNI (Soudan) a rendu hommage à tous les Casques bleus qui ont perdu leur vie au service de l’humanité.  Il a souligné l’importance des formations et du renforcement des capacités, et invité les pays contributeurs à « joindre la parole à l’acte » afin de tenir les engagements pris.  Il faut, d’après lui, rationaliser les formations prodiguées en Afrique en renforçant notamment la formation des femmes, tout en tenant compte des cultures sur place pour avoir un impact maximal en termes de performance et de sécurité.  Il faut aussi renforcer les capacités de renseignement par une amélioration de la confiance entre le Secrétariat et les organisations et les contingents sur le terrain.  Partant de l’expérience du Soudan, il a évoqué le travail positif de ses missions d’observation dans le cadre des opérations de maintien de la paix de l’Union africaine aux Comores et, sous la houlette de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), au Soudan du Sud. 

M. JUAN ANTONIO BENARD ESTRADA (Guatemala) a reconnu que la formation et la discipline avant, pendant et après le déploiement, étaient essentielles pour les forces tant militaires que policières, de manière à apporter une réponse proportionnée et concrète aux attaques ciblant la population civile et pour la défense du personnel impliqué dans les missions de maintien de la paix.  Il a salué les guides et le matériel élaborés par le Secrétariat tout en déplorant que ceux-ci n’incluent pas des éléments nécessaires pour évaluer si la formation a été dispensée de façon effective à l’ensemble du personnel déployé.  Il a répété à cet égard qu’il est de la responsabilité du Secrétariat de concevoir, mettre en œuvre et valider les normes, et d’évaluer la formation dans le domaine de maintien de la paix.  Le représentant a en outre mis l’accent sur l’importance de la traduction dans les six langues officielles du matériel de formation spécialisée dans la protection des civils et dans d’autres sujets.  Le Guatemala, a-t-il précisé, compte depuis 2004 un commandement régional de formation des opérations de maintien de la paix (CREOMPAZ), qui fait partie de l’Association latino-américaine des centres des opérations de la paix (ALCOPAZ), certifié par l’ONU en novembre 2014.       

M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné qu’en tant que pays contributeur de troupes, le Maroc estime que la responsabilité de dispenser une formation de qualité, à la hauteur des standards onusiens, échoit certes aux pays contributeurs mais est également partagée avec le Secrétariat.  Il s’est félicité de l’engagement du Secrétaire général dans ce sens.  Il faut, selon lui, éviter de lier uniquement la notion de performance, qui demeure complexe, aux troupes.  La performance dépend en effet d’une multitude de facteurs, et la formation, bien qu’importante, n’est qu’un facteur parmi d’autres.  Les différents processus existants tels que les conférences ministérielles, les sommets des chefs d’états-majors ainsi que de la police, ont annoncé des engagements substantiels dans divers domaines, a-t-il relevé.  Le représentant a préconisé que ceux-ci soient gérés de manière appropriée, notamment par la mise en place d’un « mécanisme léger de coordination » devant rassembler les pays qui offrent des formations avec ceux qui en ont besoin.  Il a appelé à la promotion de la participation des femmes dans le maintien de la paix et à s’assurer qu’elles puissent bénéficier de toutes les formations nécessaires. 

Le Maroc, a assuré M. Hilale, peut apporter une contribution significative dans le domaine de la formation et du renforcement des capacités.  En effet, a-t-il dit, son pays qui participe aux opérations de maintien de la paix depuis les années 60, a pu développer une expertise reconnue.  Le Maroc a été le premier pays contributeur de troupes déployées en Côte d’Ivoire et également en République centrafricaine.  De même, son pays est lié par des accords de coopération militaire avec plus d’une trentaine de pays africains, accueillant des soldats de toutes catégories poursuivant des formations, y compris en matière de prédéploiement.  Compte tenu de cette expérience, le Maroc, a-t-il conclu, est prêt à répondre favorablement à toute sollicitation émanant de la part d’un autre pays contributeur de troupes. 

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. SAMUEL MONCADA (Venezuela) a rappelé que 88% du personnel de maintien de la paix déployé sur le terrain provient de ces pays et que les 10 plus grands fournisseurs de contingents sont des pays non alignés.  Il a ensuite mis l’accent sur la nécessité de consultations triangulaires efficaces, d’une alliance revitalisée, d’une responsabilité partagée entre le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et de forces de police et le Secrétariat, pour procéder à des évaluations objectives.  Le représentant a notamment insisté sur des mandats bien définis, réalistes et réalisables; sur la volonté politique, le leadership, le bon accomplissement des tâches et l’application du principe de responsabilité à tous les niveaux; et sur des ressources humaines et financières adéquates.  Le Mouvement s’est également engagé à accroître le nombre de femmes, civiles et en tenue, dans les opérations de maintien de la paix, et a réaffirmé son appui à la politique « tolérance zéro » du Secrétaire général sur l’exploitation et les atteintes sexuelles, y compris les initiatives du pacte volontaire et du cercle des leaders.     

M. ION JINGA (Roumanie) a rappelé que depuis 1991, plus de 12 500 militaires, policiers et personnel de protection rapprochée roumains ont servi dans 25 missions des Nations Unies.  Avant leur déploiement, les Casques bleus roumains reçoivent une formation spéciale afin de communiquer en anglais et en français, d’exécuter les mandats des missions et d’appliquer les techniques de premiers secours.  La Roumanie a aussi pris des mesures pour former les officiers étrangers comme l’école d’application des cadres de la gendarmerie roumaine qui donne des cours sur les matériels avant le déploiement à quelque 240 officiers francophones de 28 États d’Europe, d’Afrique et d’Asie.  M. Jinga a aussi parlé du Service de protection roumain qui est la seule unité de protection rapprochée au monde donnant des formations de protection pour les hauts fonctionnaires de l’ONU.  Totalement acquise à la résolution 2436 (2018), la Roumanie estime que tous les États Membres devraient reconnaître que, si les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police restent responsables de la formation préalable au déploiement, conformément aux normes des Nations Unies, la sécurité et les performances des forces militaires et de la police sur le terrain relèvent de la responsabilité collective des États Membres et du Secrétariat de l’ONU.

Au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a souligné l’importance d’une approche plus coordonnée et d’un nouveau partenariat plus fort à tous les niveaux.  Le représentant a ajouté que la réalisation effective et efficace des mandats dépend de la qualité et des capacités des Casques bleus.  Assurer que les soldats de la paix connaissent les normes de l’ONU avant et durant le déploiement est la priorité de tous.  La sûreté et la sécurité des Casques bleus est une responsabilité partagée de tous.  Toutes les parties prenantes au maintien de la paix partagent et assument la responsabilité de garantir des mandats de mission réalistes, des ressources adéquates, une formation et une administration efficaces pour le succès des missions de maintien de la paix.

En sa capacité nationale, M. Srivihok a assuré que les Casques bleus thaïs sont préparés, formés et équipés pour répondre aux défis de leurs missions.  En juillet de cette année, avec le Bureau de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, la Thaïlande organisera une formation régionale sur la question des enfants et les conflits armés. 

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) a déclaré que les difficultés sur le terrain ne doivent pas affaiblir la responsabilité partagée des États Membres, le but étant d’atteindre « un taux de victimes nul ».  En tant que pays fournisseur de contingents, il a considéré la formation comme une priorité absolue, pour assurer la réalisation des mandats.  Le personnel militaire et de police du Portugal est formé aux normes les plus élevées du droit international et du droit international humanitaire, et en ce qui concerne la sécurité des civils, en particulier des femmes.  Le Portugal envisage d’organiser des cours de formation sur les capacités et le leadership des femmes.  De plus, avec la Belgique, le Danemark et la Norvège, le pays a conclu un accord de concept de rotation des unités de transport aérien dans le cadre de sa participation à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Le représentant a estimé par ailleurs que le rapport Santos Cruz fournissait des recommandations complètes en vue de la promotion de la formation et donc de la sûreté et la sécurité des Casques bleus.  Selon M. Vaultier Mathias, l’une des vertus du rapport est qu’il identifie les voies et moyens pour le Secrétariat et les États Membres d’intégrer les politiques de différents domaines (médical, engins explosifs improvisés et solutions technologiques). 

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a indiqué que si des divergences et des nuances persistent dans l’approche visant à renforcer les opérations de maintien de la paix, l’on peut sans nul doute se féliciter qu’il y ait un consensus fort en vue d’un investissement accru dans la formation et le renforcement des capacités.  La formation est un investissement stratégique qui permet aux personnels militaire, policier et civil de l’ONU de s’acquitter efficacement de leur mission de plus en plus ardue, a-t-il poursuivi.  Djibouti, qui a 2 000 hommes en Somalie, une force au Darfour et des femmes et des hommes sur d’autres « terrains de paix onusiens », a appelé l’ONU et la communauté internationale à promouvoir une coopération et une cohérence stratégiques accrues dans le cadre de la prévention des conflits en Afrique.  Il a en particulier encouragé à plus de consultations en temps réel avec l’Union africaine et avec les organisations sous-régionales avec des évaluations et analyses conjointes afin de recommander aux organes décisionnels des options cohérentes.  Ces interactions régulières doivent porter une attention accrue aux menaces nouvelles et aux moyens de renforcer le partenariat pour y faire face, a souligné M. Doualeh. 

Notant que trois missions de maintien de la paix en Afrique sont dans des pays francophones, le représentant a cependant constaté que la contribution francophone reste « largement en dessous des aspirations » et exhorté les pays francophones fournisseurs à être davantage informés des différents aspects liés aux contributions.  Il a annoncé la tenue, les 24 et 25 juin prochains, à Djibouti, d’un séminaire avec les Gouvernements canadien, français, irlandais et le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie sur cette question.  Ce mécanisme de coordination souple permettra de sensibiliser les pays contributeurs de troupes francophones aux différents enjeux relatifs à leurs contributions, y compris féminines au maintien de la paix, s’est-il félicité.  

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a salué le choix de ce sujet, en particulier avec l’élan créé par l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général.  L’initiative vise à vise à renforcer l’efficacité du maintien de la paix pour répondre à l’évolution de l’environnement en renouvelant l’engagement de toutes les parties.  Il existe une corrélation entre la formation et le renforcement des capacités et la contribution de cette formation et de ce renforcement des capacités à l’amélioration de la performance des Casques bleus.  Cependant, la formation et le renforcement des capacités ne sont que l’un des facteurs.  Il y a aussi des aspects politiques qui devraient être reconnus.  « Le maintien de la paix est un outil pour soutenir la solution politique du conflit », a fait valoir le représentant.  La formation et le renforcement des capacités des troupes en l’absence de mandats clairement définis, de tâches vérifiables et de ressources suffisantes n’atteindront pas le résultat escompté, d’où l’importance d’une approche globale pour aborder le sujet de la performance et de la sécurité des Casques bleus, a-t-il dit.  L’Égypte a toujours été un des grands pays fournisseurs de contingents et l’un des premiers pays à avoir soutenu l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Pour finir, il a évoqué la Réunion de haut niveau sur le renforcement des capacités tenue au Caire en novembre dernier sous le thème « Améliorer la performance des opérations de maintien de la paix: du mandat à la sortie ».

« Le maintien de la paix fait partie de l’identité irlandaise à l’ONU », a affirmé Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande), qui, citant le Premier Ministre de son pays a dit être « aussi fière des Casques bleus que de la harpe ou du trèfle ».  Elle s’est ainsi enorgueillie de la longue tradition de son pays dans le maintien de la paix et de la préoccupation constante de l’Irlande pour la sécurité des troupes déployées, ce qui rend d’autant plus importants la formation et le renforcement des capacités et le profond engagement des Forces de défense irlandaises dans ce domaine.  Elle a noté que la nature complexe des conflits expose inévitablement à plus de risques pour la sûreté et la sécurité de « nos braves Casques bleus » et qu’il est impératif de bénéficier d’une formation de qualité.  Elle a cité le travail de l’Irlande dans la formation de personnel de déminage, notamment d’engins explosifs improvisés.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a souligné la pertinence de ce débat qui permet de dialoguer sur un sujet aussi important que la formation adéquate pour une meilleure performance des Casques bleus et la bonne réalisation des mandats.  À cet égard, elle est revenue sur trois points portant notamment sur l’initiative Action pour le maintien de la paix, l’engagement à l’action ainsi que sur les bonnes pratiques.  S’agissant de l’Action pour le maintien de la paix, elle s’est félicitée du large soutien dont a bénéficié la Déclaration d’engagements communs ainsi que des différentes étapes entreprises par le Secrétariat pour avancer.  Elle a appelé le Secrétariat et les États Membres à demeurer engagés dans le cadre de cette Déclaration qui constitue une « feuille de route » pour toute action future.  Elle a ensuite encouragé à une véritable coordination si nous voulons renforcer les missions de maintien de la paix et améliorer la sécurité et la sûreté de nos personnels.  À cet égard, elle a appelé le Secrétariat à jouer un rôle « proactif » en identifiant les besoins en matière de formation pour qu’ils soient adaptés.  Elle a salué le développement et l’opérationnalisation du mécanisme de coordination souple que son pays soutient.  Pour finir, elle a plaidé pour mettre à profit les bonnes pratiques en tant que modèles pour promouvoir nos actions et améliorer la formation et le renforcement des capacités. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a souligné que l’investissement dans la formation et les activités de renforcement de capacités est essentiel pour améliorer la performance des soldats de la paix.  L’Éthiopie est d’ailleurs convaincue que le risque porté à leur sécurité et sûreté peut être contrôlé et géré grâce à la formation et à des manœuvres appropriées.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance d’élaborer des mandats réalistes et de doter les missions de personnels capables d’utiliser les équipements de manière efficace, sans oublier un leadership compétent et une bonne coordination à tous les niveaux.  Le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents, les États Membres et le Secrétariat doivent travailler ensemble pour assure la bonne formation et le bon équipement des personnels en uniformes.  Le représentant a ensuite appelé à équilibrer les mandats avec les exigences en matière de ressources afin, a-t-il expliqué, d’identifier et de répondre aux problèmes, de combler les écarts et d’évaluer l’impact de la performance.  Après avoir insisté sur le fait que les opérations de maintien de la paix doivent être dotées de ressources financières et humaines adéquates, M. Amde a constaté que les approches novatrices, comme les partenariats triangulaires et le codéploiement, pourraient changer certaines positions erronées concernant la performance des pays contributeurs de contingents.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a affirmé que la formation et le renforcement des capacités des Casques bleus constituent un investissement fondamental pour le maintien de la paix.  « Notre investissement pour la paix doit démarrer chez nous, au niveau national, et être appuyé et coordonné aux niveaux régional et international », a-t-il voulu.  Le Viet Nam, qui a entériné la Déclaration d’engagements communs, s’emploie à inclure une formation avant la mission, suivie d’une mise à jour pendant le déploiement.  La préparation devrait inclure une sensibilisation adéquate à l’environnement du déploiement comme les particularités historiques, religieuses, ethniques, sociales, culturelles et politiques, a-t-il enjoint, soulignant à cet égard « l’énorme utilité » des matériels de formation de prédéploiement de base et appelé à leur mise à jour par l’ONU, avec l’assistance des pays et organisations régionales et internationales concernés.

Sur le plan régional, M. Dang a conseillé de se concentrer sur l’échange d’information et des pratiques optimales, précisant que comme les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) fournissent 5% des Casques bleus, il y aurait beaucoup à partager et à apprendre, notamment par un renforcement de la coopération entre les centres de formation de maintien de la paix.  Sur le plan international, il a insisté sur le partenariat de responsabilité partagée entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de troupes et le Secrétariat, ainsi que sur la mise à jour du matériel de formation, des normes et du financement.    

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a souligné que les programmes de formation doivent être conçus sur la base d’une analyse complète du mandat et du contexte local de déploiement des missions.  Il est donc critique de renforcer les capacités de collecte et d’analyse de données du Secrétariat, a-t-il estimé.  Relevant que certains pays fournisseurs de contingents ont des ressources limitées en matière de formation et d’équipement, le représentant a dit qu’il faut leur fournir un appui adéquat.  Il a salué les partenariats triangulaires et les mécanismes de coordination légers.  De son côté, la République de Corée s’est engagée à accueillir cinq cours de formation de l’ONU, auxquels pourront participer d’autres pays, et à fournir des véhicules tout terrain et renforcés contre les mines pour appuyer les opérations en Afrique.  Estimant que les soldats de la paix doivent être mieux formés pour pouvoir interagir avec les communautés locales, M. Cho a appelé à élaborer des directives en la matière.  Le personnel des missions doit notamment disposer d’un « savoir approfondi des cultures et des institutions des sociétés d’accueil », et « maîtriser les langues locales ».  Enfin, il a fait observer que le renforcement des capacités du secteur sécuritaire des pays hôtes est tout aussi important, si ce n’est plus, que la formation des Casques bleus.  Cela faciliterait les stratégies de sortie des missions et préviendrait toute reprise des conflits.

M. MOHD SUHAIMI AHMAD TAJUDDIN (Malaisie) a réaffirmé le soutien de son pays au rôle central joué par l’ONU dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le personnel est souvent déployé dans des environnements instables et périlleux.  C’est pourquoi il doit être doté d’une bonne formation, y compris en matière de survie, d’autant plus que les mandats de maintien de la paix sont de plus en plus complexes, incluant la protection des civils, la lutte contre la violence sexuelle ainsi que les défis posés par les violations des droits de l’homme.  Le représentant a appuyé un module commun de formation avant le déploiement pour assurer la sûreté et la sécurité des Casques bleus, y compris des femmes soldates qui jouent un rôle vital dans le succès d’une mission.  Pour sa part, la Malaisie compte actuellement quatre observatrices militaires gradées.  Le pays a également déployé 40 Casques bleus femmes au sein de son bataillon dans la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

Au nom d’un pays qui a déployé depuis 1958, 140 000 soldats et policiers dans les opérations de l’ONU, M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) a souligné l’importance qu’il y a à bien expliquer les mandats aux Casques bleus.  Ces mandats et les capacités des soldats de la paix doivent régulièrement être adaptés à la réalité sur le terrain et en l’occurrence, le Secrétariat peut déployer des équipes mobiles de formation composées de Casques bleus expérimentés.  Les indicateurs de performance, a poursuivi le représentant, doivent être élaborés en tenant dûment compte des mandats, de la réalité sur le terrain et de la disponibilité des ressources ainsi que des obstacles et des lacunes.  La performance doit d’ailleurs être considérée comme la responsabilité du leadership, lequel doit répondre de ses actes.  Il ne faut pas non plus oublier de saluer les performances hors pair « pour booster » le moral des troupes.  En aucun cas, a aussi prévenu le représentant, l’absence de réserves nationales doit exposer les soldats de la paix à des tâches, des déploiements, des rotations ou des accusations « déraisonnables ».  La performance doit être le premier critère pour la rotation des troupes. 

La dimension « genre » a poursuivi le représentant, doit être intégrée à la formation et un cursus tout spécial doit être prévu pour les soldates de la paix.  Il faut aussi, a-t-il conclu, revitaliser le Comité spécial des opérations de maintien de la paix pour qu’il puisse plus efficacement donner des directions aux opérations.  Les Départements des opérations de paix et d’appui aux missions doivent jouer un rôle de chef de file pour veiller aux mêmes normes dans la formation.  Dans chaque région, un centre d’excellence régional pour la formation au maintien de la paix doit être identifié et appuyé.  Le Népal a d’ailleurs fait de son centre un centre régional. 

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine, a expliqué l’importance qu’elle attache à ce débat par le fait que 7 des 14 opérations de maintien de la paix sont déployées en Afrique, représentant environ 80% de tout le personnel en uniforme au service des Nations Unies.  En outre, 18 des 30 plus grands contributeurs de troupes sont africains, tout comme près de la moitié des hommes en uniforme et 63,4% des soldates de la paix.  L’Afrique mérite donc d’être soutenue par tous les moyens pour aplanir les difficultés que ses Casques bleus rencontrent tous les jours dans l’exercice de leur mandat avec pour seule arme « leur détermination ».  Moins équipés, les Casques bleus africains méritent d’être mieux formés pour assumer efficacement leurs responsabilités, a souligné la représentante.

Après avoir fait état des initiatives prises par l’Union africaine pour améliorer la formation de ses soldats de la paix, la représentante a appelé les pays contributeurs à déployer les meilleurs de leurs soldats et policiers dans les opérations de maintien de la paix.  Des organisations comme l‘ONU et l’UA doivent élaborer des mandats réalistes et déployer tous les moyens nécessaires pour que les missions puissent les exécuter de manière optimale.  Cela veut dire, a insisté la représentante, que le Conseil de sécurité doit répondre favorablement à l’appel « légitime » que l’Union africaine lance depuis longtemps pour que ses opérations d’appui à la paix soient financées par les quotes-parts des États Membres de l‘ONU.  Le Conseil, a-t-elle insisté, doit jeter un regard neuf sur cette question, compte tenu des efforts en cours de l’UA dont l’opérationnalisation récente du Fonds pour la paix.  

M. SOVANN KE (Cambodge) a dit que pour atténuer les risques encourus par les Casques bleus, et pour assurer l’efficacité des opérations, les missions de maintien de la paix doivent recevoir les ressources nécessaires, notamment l’accès à la technologie moderne et à l’information.  Des ressources financières fiables leur sont indispensables.  Le représentant a ajouté que pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de l’ONU ainsi que du peuple que l’Organisation sert, les Casques bleus doivent être adéquatement formés.  Le Cambodge, a assuré son délégué, est pleinement engagé dans la formation avant le déploiement de son personnel et se focalise sur les capacités requises.  La formation fait partie intégrante du succès de la mission et constitue un investissement dans l’apprentissage, l’amélioration des performances et la réalisation efficace des mandats.  Le Cambodge gère deux centres de formation avant le déploiement avec l’aide de l’ONU, des États-Unis, de la France, de la Chine, du Japon et de l’Inde.  La formation des responsables devrait être renforcée afin de garantir que les soldats de la paix soient commandés par des gens compétents et capables.  Cette formation devrait inclure la compréhension des mandats des missions, du système de Nations Unies, du droit international, de la résolution de conflit ainsi que de l’analyse stratégique.

Mme TEGAN BRINK (Australie) a prévenu que le maintien de la paix n’est pas un « phénomène statique ».  Les missions d’aujourd’hui opèrent dans un environnement bien différent que celui de 1948 quand l’Australie appuyait pour la première fois une opération de l’ONU.  Maintenir la paix, c’est embrasser l’innovation, a poursuivi la représentante, qui a souligné que le succès des mandats exige une évolution constante de la formation et une amélioration tout aussi constante de l’analyse et de la planification conjointes.  L’Australie, a-t-elle rappelé, déploie des instructeurs depuis 1993 pour contribuer au développement des capacités dans d’autres pays.  Les équipes mobiles de formation sont d’ailleurs une façon rentable de partager les expériences et de renforcer les capacités.  Le Centre australien de formation aux opérations de paix fournit aussi une formation multinationale de très bonne qualité et l’Australie y finance l’inscription des ressortissantes d’un large éventail de pays.

Notre coopération avec le Viet Nam, a poursuivi la représentante, est l’exemple vivant d’un partenariat efficace.  Les deux pays ont travaillé ensemble pour améliorer les capacités linguistiques et préparer le personnel médical avant le déploiement au Soudan du Sud.  Le partenariat avec les Fidji et la Nouvelle-Zélande vise aussi à renforcer les capacités par la formation et le partage des compétences.  Le partage des informations, a ajouté la représentante, est tout aussi crucial pour assurer l’adéquation entre les ressources et les besoins des pays contributeurs de troupes.  En l’occurrence, le mécanisme de coordination souple du Secrétariat est pour l’Australie une mesure à saluer puisqu’il devrait assurer une meilleure cohérence dans la formation et le renforcement des capacités.  Un accès amélioré aux dernières mises à jour des politiques et des enseignements tirés du maintien de la paix permettra aux États d’offrir une formation plus ciblée et plus adaptée à une mission donnée, a souligné la représentante. 

L’Australie, a-t-elle aussi souligné, accorde un intérêt particulier à la formation en ligne.  Elle a contribué au développement d’un tel programme à l’Institut de formation aux opérations de paix.  Elle appuie également tous les efforts visant à ajouter un cadre de performance intégré dans toutes les missions et à rédiger des rapports fondés sur des données.  Comprendre plus clairement l’efficacité d’une mission, c’est pouvoir voir là où la formation peut encore être mieux ciblée pour améliorer la performance, a conclu la représentante.  

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a déclaré que chaque année depuis 2010, il contribue entre 150 et 200 femmes Casques bleus, soit 1 600 Bangalaises au total dans les opérations de maintien de la paix, conformément à l’engagement du pays.  En 2018, le Bangladesh était au cinquième rang pour ce qui a trait au déploiement des femmes.  Le représentant a appuyé les initiatives du Secrétaire général, en particulier la politique de tolérance zéro d’atteintes sexuelles commises par des Casques bleus.  Son pays, a-t-il expliqué, tient compte des besoins propres à chaque contexte, avec une formation basée sur l’apprentissage de la langue, la compréhension du rôle et des fonctions d’autres groupes et organisations impliquées dans l’opération en question.  Différents cours sont proposés par l’Institut de formation aux opérations de paix, également chargé de la préparation des manuels destinés aux cursus de formation, a-t-il précisé.  Les futurs Casques bleus sont aussi formés aux menaces que posent les engins explosifs improvisés. 

L’an dernier, le Bangladesh et l’Allemagne ont organisé une formation sur ces engins.  Il a dit compter poursuivre des collaborations de cette nature, en encourageant également à la collecte de données et à l’analyse des meilleurs moyens de bien préparer les Casques bleus à leur travail dans des contextes différents. 

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a déclaré que « seule une préparation opérationnelle de qualité permet aux soldats de la paix de garder l’ascendant moral sur les forces négatives ».  Il a expliqué que l’entraînement des unités au Sénégal a l’ambition de répondre aux exigences de permanence, de globalité et d’adaptation aux menaces et que les méthodes sont périodiquement évaluées et mises à jour.  Les unités choisies sont aguerries pendant quatre mois dans un centre d’entraînement tactique et cette préparation est complétée par des modules les familiarisant avec le Code de conduite et les standards de l’ONU, ainsi qu’aux questions liées au genre, à l’exploitation et aux atteintes sexuelles et aux us et coutumes du pays hôte.  Ces centres de formation sont aussi l’objet d’un projet ambitieux qui pourrait à terme les ouvrir aux pays amis contributeurs de la sous-région et les modules d’entraînements sont enrichis du retour d’expériences des contingents rentrants.

M. Barro a ensuite constaté que le document écrit, exigé par le Département des opérations de paix, certifiant que tous les membres du contingent ont reçu l’entraînement adéquat et qu’aucun ne fait l’objet d’une procédure judiciaire en cours, ne garantit pas l’aptitude du contingent à faire face sur le terrain, ni ne donne d’assurance que ses membres se conformeront au Code de conduite de l’ONU.  Il a jugé indispensable que le Département s’implique davantage dans le processus en arrêtant notamment, avec les pays contributeurs, les différents programmes d’entraînement.  Il a aussi appelé à envisager le recours aux technologies modernes.  Par ailleurs, tenant compte de l’implantation des missions dans les pays francophones, principalement en Afrique, le Sénégal réaffirme l’impératif de la promotion du multilinguisme dans le cadre de ces missions.

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a encouragé les États Membres à établir des « centres d’excellence » dans leur région afin d’appuyer les formateurs.  Elle a aussi conseillé de partager l’analyse des menaces et les données avec d’autres missions afin d’améliorer la sécurité et la sûreté des soldats de la paix et des civils.  S’agissant de la capacité et de l’autorité des commandants à répondre aux situations d’urgence sur le terrain sans devoir consulter les conseillers juridiques des missions, la représentante a appelé à limiter les restrictions imposées par les pays hôtes.  Les Philippines appuient par ailleurs une augmentation du nombre de femmes au sein des missions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum sur les forêts: les délégations appellent à miser sur l’éducation forestière, un pont vers la promotion d’un mode de vie durable

Quatorzième session,
4e et 5e séances – matin & après-midi
ENV/DEV/1945

Forum sur les forêts: les délégations appellent à miser sur l’éducation forestière, un pont vers la promotion d’un mode de vie durable

La quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF-14) en était aujourd’hui à sa deuxième journée, marquée par quatre tables rondes et des segments de débat général.  Des experts et des délégations ont mis en relief l’importance de l’éducation forestière « qui joue un rôle essentiel dans la promotion d’un mode de vie durable et dans la production et l’exploitation des forêts et d’autres ressources naturelles », comme cela est souligné dans la note du secrétariat du Forum portant sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030). 

Ce document demande d’« identifier, rassembler et diffuser les pratiques optimales en matière d’éducation forestière ».  Une idée reprise par certains orateurs, dont l’Union européenne qui a préconisé que le secrétariat du Forum prépare, en prélude à la quinzième session, un guide des meilleures pratiques pour l’éducation forestière.  L’Allemagne a appuyé cette idée, arguant que ce genre d’outil servirait aux pays pour apprendre les uns des autres. 

Un enseignant au Département des sciences forestières de l’Université d’Helsinki en Finlande, M. Mika Rekola, a fait le constat amer que l’apprentissage technique et professionnel ne reçoit qu’une portion congrue des 6 000 milliards de dollars injectés chaque année dans l’éducation à travers le monde.  Pour faire bouger les lignes, il a proposé que les enseignants soient constamment formés sur les questions relatives au secteur forestier, afin de pouvoir transmettre efficacement ce savoir.  De même, il a suggéré d’établir une initiative éducative sur les forêts dans le cadre du Partenariat de collaboration sur les forêts. 

Il a ajouté que l’apprentissage forestier doit se faire de préférence in situ, notamment en impliquant les jeunes, puisqu’« on retient mieux ce qu’on a expérimenté ».  Le représentant du Lesotho s’est d’ailleurs souvenu des conseils de son instituteur à l’école primaire qui lui rappelait toujours l’importance de planter des arbres.  M. Rekola a en outre plaidé pour l’utilisation d’Internet et des médias sociaux pour susciter l’intérêt des jeunes sur les questions forestières. 

« L’implication des jeunes ne se fera pas seulement à partir des vœux des uns et des autres », mais quand il leur sera permis effectivement de s’impliquer et d’apporter leur contribution, a réagi le grand groupe des enfants et des jeunes, qui a déploré le fait que cette catégorie ne soit pas toujours impliquée dans les activités de mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030.

Les questions d’inclusion et de réduction des inégalités étaient également au menu des échanges de ce jour.  En effet, c’est pour mieux intégrer les communautés locales et surtout les peuples autochtones que Mme Monica Gabay, de l’Université nationale de San Martín en Argentine, a demandé de faire le lien entre le régime foncier traditionnel et le droit moderne, tout en assurant la transparence dans le secteur forestier.

L’expérience du Canada a été présentée en la matière.  Ainsi, le Gouvernement a créé un département de l’égalité entre les genres, tandis qu’un fonds spécial a été dédié à la promotion des femmes dans le secteur forestier.  De plus, le « Programme gardien autochtone » encourage l’utilisation des pratiques traditionnelles dans la protection des forêts, tout en promouvant des économies durables.  L’Inde n’est pas en reste avec 120 comités conjoints de gestion des forêts impliquant des communautés autochtones. 

Puisque l’État ne peut tout faire seul, le rôle du secteur privé a été évoqué, notamment dans le contexte de la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030 et du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Au Ghana, c’est le Gouvernement qui a invité le secteur privé à exploiter le potentiel touristique des forêts en promouvant par exemple des safaris, comme cela se fait déjà en Afrique australe.  « Même si le secteur privé est victime de sa réputation de recherche du gain immédiat », a-t-on entendu. 

Au Brésil, l’organisation Indústria Brasileira de Árvores (IBA), engagée dans la restauration des forêts, lutte ainsi contre les changements climatiques, puisque les 8 millions d’hectares qu’elle a plantés permettent de séquestrer environ 1,7 milliard de tonnes de gaz carbonique.  Rien qu’en 2018, 447 000 hectares de forêts ont été plantés et 25 000 emplois créés, tandis que 1,5 million de personnes ont bénéficié de programmes sociaux à l’initiative de l’IBA. 

Et que dire du Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC), une initiative privée de certification forestière qui promeut la gestion durable des forêts depuis 20 ans?  Le PEFC a permis à ce jour de certifier 313 millions d’hectares de forêts à travers le monde, soit une proportion de 60% des forêts certifiées au monde, impliquant 20 000 entreprises présentes dans 71 pays au monde. 

La journée a également été marquée par la présentation des contributions des membres du Partenariat de collaboration sur les forêts à la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030.  On peut retenir, par exemple, que la Banque mondiale a alloué 2,3 milliards de dollars à 87 projets forestiers dans le monde en 2018, soit 28% de plus qu’en 2016, tandis que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) gère 400 millions de dollars pour le programme REDD+ dans 64 pays. 

Par ailleurs, le débat général a permis aux États Membres de rappeler une fois encore leur engagement et les mesures à succès en faveur de la gestion durable des forêts.

Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, mercredi 8 mai, à partir de 10 heures.

MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)

Suite du débat général

M. RODRÍGUEZ ZUÑIGA (Costa Rica) a expliqué que l’objectif du Gouvernement costaricien était de réussir à ce que 50% du territoire soit couvert de forêts d’ici à 2030, soit 8% de plus qu’actuellement.  Le pays a adopté des mesures de reforestation et a élargi les zones de couverture forestière.  Il s’est également doté d’une stratégie nationale de lutte contre les incendies de forêts.  D’autres programmes veillent à ce que les forêts ne se dégradent pas davantage, notamment en gérant de façon intégrale l’environnement.  Le représentant a précisé que les autochtones sont associés à tous ces projets et stratégies et que le Costa Rica fait de son mieux pour arriver à un développement vert et inclusif.

M. CHOWDHURY (Bangladesh) a expliqué que le reboisement et la restauration des forêts étaient essentiels dans la lutte contre les changements climatiques.  Le pays a replanté 63 000 hectares de terres et créé de nouvelles zones forestières, a-t-il signalé.  Le Bangladesh développe en outre des stratégies pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, notamment par la restauration de plus d’un million d’hectares de forêts dégradées.  Le représentant a également mentionné le plan quinquennal 2018-2023 établi par le Département des forêts, qui a pour objectif d’améliorer la gestion durable de celles-ci.

Mme KARR-COLQUE (États-Unis) a parlé du plan stratégique des États-Unis pour la gestion durable des forêts, qui vise à atteindre les objectifs fixés par le FNUF.  Elle a souligné à cette occasion l’importance de la pleine mise en œuvre de l’objectif 4 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à la bonne gouvernance mondiale, la transparence et la responsabilité.  La délégation américaine a ensuite soulevé certains « paradoxes du document du FNUF », notamment les liens qui y sont fait avec l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Idéalement, les États-Unis auraient voulu que le document reprenne des éléments fondés sur le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Les États-Unis, a dit la représentante, soutiennent les activités de sensibilisation du secrétariat du FNUF et espèrent que l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) puisse apporter sa pierre à l’édifice. 

M. WAN-MAHMOOD (Malaisie) a affirmé l’engagement du Gouvernement malaisien à faire en sorte que 50% du territoire national soit couvert par des forêts d’ici à 2020.  Cela suppose la réhabilitation de nombreuses portions de forêts, a-t-il dit.  Le représentant a ajouté que le Gouvernement mettrait également en place des zones protégées pour les forêts.

Mme GORALEWSKI (Paraguay) a rappelé que la reforestation est un puissant outil contribuant à la diminution de la pauvreté extrême.  Le Gouvernement a mis en place un projet financé par le Fonds vert pour le climat, afin d’améliorer la résilience de 17 000 foyers parmi les plus vulnérables aux changements climatiques.  Il s’agit notamment de populations autochtones et de foyers dirigés par des femmes.  Le Paraguay, a précisé la représentante, entend augmenter la résilience des communautés locales, notamment en élargissant la couverture forestière nationale. 

M. MONDONGE BOGADO (République démocratique de Congo) s’est exprimé au nom de la Commission des forêts d’Afrique centrale (COMIFAC), qui compte également le Burundi, le Cameroun, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, le Tchad, le Rwanda et Sao Tomé-et-Principe.  Le délégué a dit que la COMIFAC entendait faire partie du Bureau du FNUF pour les prochaines sessions, en tenant compte du principe de rotation régionale.  En ce qui concerne la mise en œuvre du Plan stratégique sur les forêts, les pays membres de la COMIFAC font part de leur difficulté à mobiliser les fonds.  Il leur est notamment difficile de lever 1,7 milliard de dollars nécessaires à la mise en œuvre du Plan de convergence sous-régionale qui définit les stratégies d’intervention des pays de la sous-région et autres parties prenantes en matière de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique centrale.

Mme PEÑA DOIG (Pérou) a indiqué que le Pérou s’était doté d’une stratégie nationale sur les changements climatiques et les forêts à l’horizon 2030.  Le pays entend réduire la vulnérabilité des forêts, en favorisant par exemple des pratiques ancestrales de gestion durable des forêts et l’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques.  Elle a également souligné le rôle des femmes dans la protection des forêts, car elles transmettent les connaissances et pratiques durables aux générations futures.  Le pays a déjà perdu plus de 7 millions d’hectares de forêts et compte surtout sur l’éducation forestière pour une meilleure préservation des écosystèmes forestiers, a indiqué la délégation.

Mme KIM MYUNGKIL (République de Corée) a fait valoir le succès des méthodes de gestion des forêts appliquées par son pays, qui s’exportent d’ailleurs dans d’autres pays d’Asie, comme l’Indonésie.  La République de Corée a en effet investi pas moins de 108 milliards de dollars pour la protection des forêts, soit environ 2 000 dollars par habitant.  Un projet pilote sur la dégradation des terres a également été lancé afin de lutter contre ce fléau, grâce à des partenariats en la matière avec la Chine et la Thaïlande, des pays qui font également face à la désertification.  Dans le but d’arriver à une gestion durable des forêts à l’échelle mondiale, la représentante sud-coréenne a plaidé en faveur d’une collaboration entre les institutions internationales et nationales. 

Mme MELCHERT (Brésil) a indiqué que le Brésil avait conjugué, ces dernières années, une production agricole durable avec une politique de protection de l’environnement qui vise la gestion durable des forêts et des ressources naturelles.  Elle a précisé que 41% du territoire brésilien, soit la taille de l’Union européenne, avaient été déclarés « surface protégée » et que seuls 30% du territoire étaient consacrés à la production agricole.  « Le code forestier du Brésil est l’une des règlementations les plus strictes au monde », a-t-elle affirmé.  Pour preuve, le secteur privé en Amazonie a l’obligation de protéger 0,82 hectare pour tout hectare utilisé.  L’engagement du Brésil est pleinement en phase avec le droit au développement, a conclu la déléguée.

Débat technique et échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts

Table ronde interactive: « Forêts, sociétés pacifiques et inclusives, réduction des inégalités, éducation, et institutions inclusives à tous les niveaux »

Dans les pays du Sud, 22% des habitants dépendent des forêts pour vivre, a rappelé, pour démarrer la table ronde, Mme MONICA GABAY, chercheuse indépendante à l’Université nationale de San Martín en Argentine.  Selon cette experte, il n’est pas possible de faire avancer les initiatives en faveur des forêts sans l’état de droit et sans institutions solides.  De plus, la sylviculture traditionnelle est importante, a-t-elle ajouté, « car les petits propriétaires jouent un rôle majeur dans la préservation des forêts ».  C’est pourquoi en Afrique et en Asie, les législations ont été modifiées à cet effet, même si ces petites communautés manquent souvent de ressources financières pour la gestion de leurs forêts.  Mme Gabay a salué des initiatives lancées au Mexique, au Népal et au Cameroun où sont mises en œuvre de véritables politiques de gestion des forêts communautaires par les populations.  Pour l’experte, il est aussi important, sur le plan législatif, de faire le lien entre le régime foncier traditionnel et le droit moderne, tout en assurant la transparence dans le secteur forestier.

Mme MAUREEN WHELAN, Chef des affaires internationales au Service canadien des forêts, a parlé de l’expérience canadienne sur la réduction des inégalités dans la gestion des forêts.  Elle a montré une vidéo dans laquelle la Sous-Ministre adjointe des ressources naturelles du Canada, Mme Beth MacNeil, déplore le fait que les femmes ne représentent que 17% des personnels forestiers dans le monde, et qu’elles ne prennent pas souvent part aux processus de prise de décisions en ce qui concerne les forêts.  Le Gouvernement canadien a créé un département de l’égalité entre les genres, tandis qu’un fonds spécial a été dédié à la promotion des femmes dans le secteur forestier. 

En outre, a poursuivi Mme Whelan, 165 communautés au Canada dépendent du secteur forestier et plus de 80% des autochtones du pays vivent dans des zones forestières.  Il faut donc que les peuples autochtones soient impliqués dans la gestion forestière, a-t-elle recommandé.  C’est déjà le cas dans le pays comme ont témoigné, dans une autre vidéo, quelques représentants de peuples autochtones du Canada.  Le « Programme gardien autochtone » favorise en effet les pratiques traditionnelles dans la protection des forêts, tout en promouvant des économies durables.  Dans la vidéo, ces « gardiens » expriment leur fierté de « servir de gardien des terres où leurs ancêtres ont vécu pendant des siècles ». 

L’Inde a aussi parlé de son expérience avec les 120 comités conjoints de gestion des forêts impliquant des communautés autochtones.  De plus, la loi forestière de 2006 reconnaît les droits des populations dont les ascendants vivaient dans les forêts, ce qui a permis notamment, a souligné le délégué de l’Inde, de désamorcer des conflits de longue date.

M. MIKA REKOLA, enseignant au Département des sciences forestières de l’Université d’Helsinki en Finlande, a axé son propos sur l’importance de l’éducation forestière tout au long de la vie.  Si de plus en plus d’enfants sont scolarisés, les programmes scolaires ne tiennent pas toujours compte des préceptes clefs du développement durable, dont ceux de la foresterie, a-t-il relevé.  Il a aussi déploré que l’apprentissage technique et professionnel ne reçoive qu’une portion congrue des 6 000 milliards de dollars injectés chaque année dans l’éducation à travers le monde.

Pour faire bouger les lignes, M. Rekola a proposé que les enseignants soient constamment formés sur les questions relatives au secteur forestier, afin de pouvoir mieux transmettre le savoir.  De même, il a suggéré d’établir une initiative éducative sur les forêts dans le cadre du Partenariat de collaboration sur les forêts.  Il a ajouté que l’apprentissage forestier doit se faire de préférence in situ, notamment en impliquant les jeunes, puisqu’« on retient mieux ce qu’on a expérimenté ». 

Saisissant la même liane, la représentante des États-Unis a souhaité que les personnes handicapées aient les mêmes possibilités d’apprendre, en développant des infrastructures qui facilitent leurs déplacements jusque dans les forêts.  De son côté, le représentant du Lesotho s’est souvenu des conseils de son instituteur à l’école primaire qui lui rappelait toujours l’importance de planter des arbres.

M. Rekola a également présenté des cas pratiques d’éducation forestière.  En Indonésie par exemple, les écoles élémentaires ont un module obligatoire d’enseignement sur les forêts et les changements climatiques, avec des travaux pratiques sur le terrain.  La République de Corée a aussi suivi la même voie grâce à un enseignement dispensé en pleine forêt.  Venant à son pays, la Finlande, il a parlé d’une campagne menée par le biais de vidéos diffusées sur Internet, qui sensibilisent les jeunes à l’importance de la préservation des forêts.  Les vidéos ont accumulé plus de deux millions de vues, alors que le pays compte cinq millions d’habitants, s’est félicité l’enseignant.  Pour lui, Internet et les médias sociaux sont incontournables pour susciter l’intérêt des jeunes sur les questions forestières. 

Au vu de tous ces exemples, l’Union européenne a préconisé que le secrétariat du Forum prépare, en prélude à la quinzième session, un guide des meilleures pratiques en matière d’éducation forestière dans le monde.  Pour l’Allemagne, un tel document permettrait en effet « aux pays d’apprendre les uns des autres ». 

Au Canada, a témoigné Mme Whelan, les formations en architecture comportent 26 cours obligatoires sur les constructions utilisant du béton, 19 pour l’acier et à peine 6 faisant référence au bois comme matériau de construction.  Cette situation est problématique selon elle, notamment quand on sait que « construire avec du bois peut être utile pour réduire le réchauffement de la terre ». 

La Fédération de Russie a aussi présenté son expérience nationale avec les cinq instituts nationaux dont dispose le pays pour la formation dans les carrières forestières.  La délégation estime qu’il faut, pour attirer les jeunes et les impliquer davantage, vulgariser les carrières en foresterie.

Justement, a décrié le grand groupe des enfants et des jeunes, les jeunes ne sont pas toujours impliqués dans les activités de mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).  Selon son représentant, « l’implication des jeunes ne se fera pas seulement à partir des vœux des uns et des autres », mais quand il leur sera permis effectivement de s’impliquer et d’apporter leur contribution.  C’est également la vision qu’a adoptée l’Union internationale des instituts de recherches forestières (IUFRO). 

Contributions, à l’échelle du système des Nations Unies, à la réalisation des objectifs et cibles mondiaux relatifs aux forêts

Contributions des membres du Partenariat de collaboration sur les forêts à la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts 2030

Plantant le cadre du débat, le Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. HIROTO MITSUGI, qui est le Président du Partenariat de collaboration sur les forêts (PCF), a rappelé que depuis la première session politique de l’an dernier, des progrès avaient été faits notamment en termes de contributions aux grandes manifestations internationales, avec la célébration de la Journée internationale des forêts et les recommandations du Groupe d’experts du PCF sur les forêts en zone de guerre ainsi que son initiative de préservation des forêts.  Il a également précisé le programme de travail du PCF pour 2019, qui est disponible en ligne.  M. Mitsugi a dit vouloir interagir avec les bailleurs de fonds du PCF au cours du FNUF-14.  Il a également annoncé la création d’un groupe de travail pour se pencher sur la vision du PCF à l’horizon 2030.

Alors que sera célébré en 2020 le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, M. MHER MARGARYAN, Président de la Commission de la condition de la femme, a expliqué que ce sera l’occasion non seulement de faire le point sur les progrès faits en 25 ans, mais également de réfléchir aux défis qui restent à relever.  La Commission est consciente de la pertinence, de la valeur et des possibilités intrinsèques des forêts pour le bien des femmes et des jeunes filles, a-t-il assuré.  Il a mis l’accent sur le développement rural et agricole et sur la possibilité pour les femmes de devenir des propriétaires foncières pour renforcer leur rôle en tant qu’agents du changement.  Soulignant que les femmes autochtones sont assujetties à une discrimination marquée, il a exigé des actions supplémentaires pour que les entraves à leur développement soient levées.  Pour le Président de la Commission, le FNUF et le PCF doivent se mobiliser pour que les femmes puissent pleinement participer à la gestion durable des ressources forestières. 

M. GARO BATMANIAN, Directeur du Programme sur les forêts (PROFOR) de la Banque mondiale et spécialiste de l’environnement, a présenté les actions menées par le Groupe de la Banque mondiale qui s’alignent sur le Plan stratégique du FNUF, objectif par objectif, par le truchement du Programme d’action pour les forêts 2016-2020 et du Plan d’action pour les changements climatiques de la Banque.  Après 2020, il y aura de nouvelles cibles pour améliorer la gestion durable des forêts partout dans le monde, y compris en intégrant la perspective des femmes et des jeunes.  Axant sa démarche sur l’analyse des besoins pays par pays, la Banque mondiale soutient les objectifs qu’ils se sont fixés eux-mêmes pour la gestion durable des forêts dans le but de contribuer à l’élimination de la pauvreté, de mieux intégrer les forêts dans leur économie, et de promouvoir le rôle des forêts dans la protection de l’environnement, tant sur le plan local que mondial.  Le plan de la Banque s’articule autour d’une approche programmatique qui combine des éléments comme les crédits, les subventions, l’assistance technique, la collaboration avec les partenaires et les donateurs et l’engagement commun autour de thématiques clefs régionales et mondiales.

En termes de portefeuille, la Banque mondiale a alloué 2,3 milliards de dollars à 87 projets forestiers dans le monde en 2018, soit 28% de plus qu’en 2016, a précisé le panéliste avant de donner des exemples concrets de l’approche programmatique de la Banque, notamment au Mozambique.  Il a aussi rappelé l’importance de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius, ce qui implique une protection des forêts existantes et la plantation de nouvelles forêts, comme le plaide le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), en présentant des statistiques et des images alarmantes sur la dégradation des forêts et des sols, la disparition de la biodiversité et des écosystèmes.

Sur une note plus positive, le panéliste est revenu sur les engagements pris à ce jour dans le cadre de l’Accord de Paris, citant notamment l’engagement de 35 pays à replanter 153 millions d’hectares de forêts, alors que 9 vont créer 41 millions d’hectares de zones protégées et que 150 sont déterminés à restaurer des millions d’hectares de zones déforestées ou de forêts dégradées dans le cadre du Défi de Bonn.

En ce qui concerne les forêts tropicales, Mme SHEAM SATKURU, Directrice des opérations à l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), a expliqué que l’Organisation cherche à promouvoir leur gestion durable et leur préservation ainsi que l’expansion et la diversification du commerce du bois tropical de manière légale et durable.  En vue d’intégrer les objectifs du Plan stratégique sur les forêts, l’Organisation plaide pour des incitations fiscales et autres pour stimuler des investissements massifs dans la restauration et la production durable des forêts tropicales.  L’OIBT cherche en outre à parvenir à des normes universelles et à la création de plateformes de chaînes d’approvisionnement et de distribution légales et durables, en vue notamment de réduire la complexité pour les consommateurs et les producteurs de bois tropicaux.  Elle pilote des systèmes de vérification et de traçage innovateurs y compris en ayant recours à des technologies génétiques et d’empreintes digitales.  Enfin, l’Organisation encourage les initiatives du secteur privé pour créer des chaînes d’approvisionnement vertes, car elle estime que les régimes de certification des marchandises et des entreprises sont insuffisants et ne gèrent pas le problème du secteur informel.

Avant de conclure, la panéliste a mis l’accent sur l’importance de l’éducation, de la sensibilisation et de la prise de conscience du public quant au rôle des forêts et de la production durable de bois et de produits dérivés en tant que pierre angulaire de la lutte contre les changements climatiques et de la transition vers une économie circulaire.  C’est pour cette raison que la plateforme mondiale de l’éducation sur les forêts a été mise en place avec le Partenariat sur les forêts.

Mme KIMBERLY TODD, spécialiste technique de la réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD+) au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a brossé un tableau du travail du PNUD pour faciliter la mise en œuvre des objectifs no 1 à 4 du Plan stratégique sur les forêts, notamment à travers des financements verticaux.  Ces financements couvrent 69 pays et 89 projets dont le but est de préserver la biodiversité et les écosystèmes.  Le PNUD soutient en outre 20 500 projets communautaires, dont 35% ont trait à la protection, la réhabilitation et la gestion durable des écosystèmes forestiers.  Ce portefeuille représente 200 000 dollars sous forme de subventions et 268 000 dollars sous forme de cofinancements.

Le PNUD gère en outre 400 millions de dollars pour le programme REDD+ et opère dans 64 pays, en collaboration avec la FAO et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), que ce soit en soutenant des initiatives communautaires REDD+, en accueillant le Secrétariat de l’Initiative pour les forêts de l’Afrique centrale, ou encore par le Fonds de partenariat pour la réduction des émissions de carbone forestier dans sept pays ou des investissements bilatéraux pour REDD+ dans cinq pays.

Le PNUD accueille aussi le Secrétariat de la Déclaration de New York sur les forêts qui a été adoptée en 2014 lors du Sommet du Secrétaire général des Nations Unies sur le climat, alors que sa plateforme mondiale a été lancée en 2017 pour faciliter le dialogue entre toutes les parties prenantes et catalyser les partenariats.  Dans ce « chemin de solutions vertes », le PNUD met l’accent sur les femmes et les communautés autochtones, a encore précisé la panéliste.

Mme ADRIANA VIDAL, spécialiste des politiques forestières à l’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN), a présenté le programme 2017-2020 de l’UICN, qui met l’accent sur l’urgence de trouver des solutions basées sur la nature pour que la biodiversité et le bien-être humain soient assurés sur le long terme.  Les actions de l’Union se concentrent sur plusieurs questions comme le ralentissement de la déforestation, une meilleure gouvernance durable des forêts et des terres, ou encore la restauration des paysages sur la base du potentiel immense de la restauration de milliards d’hectares.  L’UICN travaille avec de nombreux pays pour concevoir leurs stratégies de réalisation des objectifs de développement durable et des objectifs du Plan stratégique sur les forêts, notamment dans le cadre du Défi de Bonn qui compte 57 pays. 

L’Union a mis en place un baromètre pour mesurer les progrès réalisés dans ce contexte tant sur le terrain que sur le plan politique.  En outre, l’UICN met en œuvre, avec ses partenaires, plusieurs initiatives multirégionales, par exemple l’initiative de restauration menée dans une dizaine de pays grâce à une enveloppe budgétaire de 260 millions de dollars. 

Débat technique et échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts (suite)

Table ronde interactive: « Mobilisation du secteur privé en faveur de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » 

M. JOSÉ CARLOS DA FONSECA JUNIOR, Directeur des relations institutionnelles à Indústria Brasileira de Árvores (IBA), a présenté son institution comme une organisation gérant la filière arboricole au Brésil, notamment les 8 millions d’hectares de forêts plantés du pays.  L’IBA est donc engagé dans la restauration des forêts, permettant ainsi de lutter contre les changements climatiques, puisque les 8 millions d’hectares permettent de séquestrer environ 1,7 milliard de tonnes de gaz carbonique.  L’expert a précisé qu’en 2018, 447 000 hectares de forêts ont été plantés et 25 000 emplois créés, tandis que 1,5 million de personnes ont bénéficié de programmes sociaux à l’initiative de l’IBA. 

Une autre contribution du secteur privé dans la gestion durable des forêts a été présentée par Mme ANA BELÉN NORIEGA, Secrétaire générale du Programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC), qui a vanté les mérites de cette certification forestière promouvant la gestion durable des forêts au niveau mondial depuis 20 ans.  Ce mécanisme mondial permet d’assurer la traçabilité de tous les produits issus d’une forêt ayant reçu le label « certifié PEFC ».  Cette certification se base sur un ensemble de critères comme l’égalité des genres et le travail décent, a expliqué Mme Noriega.  Le PEFC a permis à ce jour de certifier 313 millions d’hectares de forêts à travers le monde, soit une proportion de 60% des forêts certifiées au monde, impliquant 20 000 entreprises présentes dans 71 pays au monde. 

Des campagnes de sensibilisation du public, a poursuivi la Secrétaire générale du PEFC, ont déjà permis de mettre au ban des entreprises peu soucieuses de la certification, ce qui a un impact sur leurs revenus et donc un effet dissuasif.  Des figures connues de la mode et du cinéma sont constamment associées à des campagnes de sensibilisation du public en faveur des pratiques de gestion durable des forêts, a-t-elle ajouté. 

Réagissant à cette présentation, le représentant d’une ONG a déploré le fait que le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) ne promeuve pas la certification qui est pourtant un outil puissant de gestion durable des forêts. 

La représentante du grand groupe des femmes a, pour sa part, voulu savoir comment le secteur privé assurait la parité des genres dans les activités de gestion durable des forêts. 

Apportant le témoignage de ce qui se passe au Ghana, M. KWAME ASAMOAH ADAM, Président-Directeur général de « Ghana Timber Millers Organization », a déclaré que pendant 130 ans, les arbres avaient été coupés sans retenue dans ce pays.  Aujourd’hui, le secteur privé est donc invité à investir dans la reforestation afin de restaurer la productivité des forêts.  Il a déploré le fait que la plupart des produits ligneux exploités au Ghana (près de 70%) viennent des forêts primaires.  Mais il a placé de l’espoir dans l’industrie pharmaceutique qui semble donner une seconde vie aux forêts ghanéennes par les recherches à caractère thérapeutique ciblant les ressources forestières.  Le Gouvernement entend également exploiter le potentiel touristique des forêts en promouvant par exemple des safaris, comme cela se fait déjà en Afrique australe.  Et là aussi, le Gouvernement compte sur le secteur privé.  M. Asamoah Adam a tout de même déploré le fait que le secteur privé soit victime de sa réputation de recherche du gain immédiat.  Pour lui, ce sont plutôt « des partenaires de choix » et il faut valoriser leur apport. 

Le délégué de la Suisse a aussi salué le secteur privé, affirmant qu’il faudrait, pour l’inciter à investir dans la gestion durable des forêts, lui assurer une protection légale des fonds privés consacrés à la cause de la durabilité.

Table ronde interactive: « Communication et sensibilisation, et Journée internationale des forêts 2019 »

Mme MITA SEN, spécialiste de la gestion des programmes du secrétariat du FNUF, a présenté la stratégie de communication du Forum sur son Plan stratégique 2017-2030.  Cette stratégie reconnaît l’importance de la communication interactive, de l’échange d’informations et de la coopération intersectorielle et interinstitutions.  En vue de promouvoir cette stratégie de communication, le FNUF organise ou participe à un certain nombre de manifestations comme la COP 24, l’Initiative « Mode durable », et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  Il publie également des documents, notamment des notes sur les contributions volontaires nationales ou sur le Plan stratégique ainsi que le manuel sur les objectifs mondiaux relatifs aux forêts.  Le FNUF essaye de faire passer les mêmes messages et d’utiliser les mêmes produits à travers différentes plateformes, y compris les réseaux sociaux.

La Journée internationale des forêts s’inscrit également dans ces efforts de sensibilisation du FNUF.  Elle a eu lieu le 19 mars 2019 et s’est accompagnée d’une campagne de communication sur les médias sociaux mettant en avant l’importance et le rôle des forêts à la fois pour la santé, l’environnement et la lutte contre les changements climatiques.  Le FNUF fait appel à des spécialistes des réseaux sociaux pour forger des contenus pertinents.  Ce sont les partenaires et l’ONU qui les diffusent.

Mme Sen a dit avoir misé sur une communication basée sur les faits et sur des contenus qui interpellent visuellement, selon une approche qui consiste à aller vers les publics et à faire passer des messages clairs et simples.  Elle a dit encourager la coordination de la communication pour garantir une cohérence.  Mme Sen a également évoqué certains défis à relever, notamment la difficulté de communiquer sur l’utilisation durable du bois ou sur le fait que les forêts sont une source d’énergie renouvelable.

« La Journée internationale des forêts est une occasion d’éduquer le public », a enchaîné M. PETER CSOKA, responsable hors classe de la foresterie à la FAO, qui a pris l’exemple du lien entre forêts et changements climatiques qui mérite d’être mis en évidence pour le public.  C’est pourquoi la FAO mise sur la jeunesse en diffusant des messages sur les réseaux sociaux, ainsi que des quizz en six langues.  Une vidéo a également été préparée et diffusée gratuitement sur différents relais (chaînes de télévision et supports numériques) de manière à toucher près d’un million de personnes.

En se basant sur une constatation, à savoir la distance croissante entre les gens et les forêts parce que les forêts sont associées à l’inconnu, la FAO a lancé une nouvelle vidéo sur les chaînes de télévision et en ligne, sous forme de conte de fées, pour expliquer que lorsque l’on comprend quelque chose, on n’en a plus peur.  Elle a également lancé des concours pour les jeunes et les enseignants pour attirer l’attention sur l’importance des forêts.  En outre, des cours ont été organisés par la FAO pour deux classes de primaire en Italie, une expérience qui a mis en évidence à quel point les jeunes ne connaissent rien aux forêts et à leur rôle et qui a conclu qu’il fallait enseigner au plus tôt la sylviculture.  Le panéliste a annoncé le thème de la communication de l’année prochaine qui sera « Forêts et biodiversité ».

M. STEFFEN DEHN, de l’Association internationale des étudiants en foresterie, point focal du FNUF auprès du grand groupe des enfants et des jeunes, est lui aussi revenu sur la communication autour de la Journée internationale des forêts 2019.  Il a notamment évoqué les « séances-café » qui ont eu lieu un peu partout dans le monde, ainsi que les activités visant à renforcer les capacités.  Cette approche interactive a permis de toucher un grand nombre de jeunes à travers le monde.  Mais pour garantir le succès de la communication, il a recommandé la continuité, au-delà de la Journée internationale elle-même.  En fonction des contextes et des régions, les messages doivent être adaptés pour toucher les publics visés, a-t-il ajouté.  M. Dehn s’est félicité du fait que la présidence du FNUF-14 utilise activement les réseaux sociaux et a encouragé la création d’un compte Twitter pour le secrétariat du FNUF.

S’agissant des problématiques et stéréotypes spécifiques au thème des forêts, le panéliste a parlé de l’échelle temporelle: les bénéfices de la gestion durable des forêts mettent du temps à se faire ressentir et bien souvent, on ne parle des forêts qu’en cas de catastrophes, a-t-il remarqué.  Il a aussi parlé du « stéréotype du bûcheron », observant qu’il vaut mieux se présenter comme « écologiste » et « scientifique ».

Le panéliste a lui aussi plaidé pour une plus grande coordination dans la communication, pour que les messages, manifestations et activités se complètent mutuellement.  Il faut également faire passer des messages de façon plus humaine, a-t-il préconisé, citant en exemple le livre La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben.  La clef de la bonne communication est d’apprendre aux experts à communiquer de manière plus simple et plus efficace.

Dans le cadre du débat interactif qui a suivi ces interventions, l’Inde a appelé à se concentrer sur l’éducation des écoliers « qui seront touchés de plein fouet par les répercussions des changements climatiques ».  Les enfants peuvent diffuser les messages au sein de la famille, a-t-elle relevé avant de dire que le deuxième groupe à éduquer est celui des dirigeants.

En Chine, la Journée internationale des forêts est fériée et tous les Chinois sont appelés à planter des arbres ce jour-là, a témoigné la délégation.  Cette approche a un impact significatif sur la prise de conscience du public quant à l’importance des forêts, « surtout quand il voit ses dirigeants le faire aussi », et, en même temps, cela permet d’augmenter le couvert forestier.

La Suisse a remarqué que beaucoup de négociateurs dans le domaine des changements climatiques connaissent mal le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts et qu’il serait utile de les viser directement dans la communication du FNUF.  Il a également encouragé une mise à niveau du site Internet du FNUF pour faciliter les recherches et accéder plus facilement à ses sources et documents.

En Bolivie, c’est une alliance qui a été forgée avec la société civile, et notamment avec les jeunes qui ont créé l’organisation « Mission terre nourricière ».  Leur communication se fait essentiellement par le biais des téléphones portables.  Le Gouvernement leur a non seulement fourni des informations factuelles sur l’importance et les différents rôles des forêts, mais il organise aussi des voyages pour que les jeunes puissent découvrir les forêts et interagir avec des communautés autochtones.  Autre expérience intéressante de sensibilisation, celle des États-Unis qui ont coopéré avec le Gouvernement péruvien à l’occasion de la Journée internationale des forêts en invitant notamment un chanteur connu comme ambassadeur des forêts.  De son côté la Nouvelle-Zélande a proposé de créer un « pin’s » sur les objectifs sur les forêts. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: les finances « saines » du maintien de la paix éclipsées par les « graves » problèmes de trésorerie du budget ordinaire

Soixante-treizième session,
34e séance – matin
AG/AB/4320

Cinquième Commission: les finances « saines » du maintien de la paix éclipsées par les « graves » problèmes de trésorerie du budget ordinaire

La responsable de la gestion des ressources financières du Secrétariat de l’ONU a volé la vedette aux Casques bleus, ce matin, lors de la réunion de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires sur la situation financière des opérations de maintien de la paix, jugée globalement « saine ».  Le budget ordinaire de l’ONU, en revanche, fait face à des problèmes croissants de trésorerie « de plus en plus tôt dans l’année », a alerté la haute fonctionnaire.

Le budget ordinaire de l’Organisation est confronté à de « graves » problèmes de liquidités, qui surviennent « de plus en plus tôt dans l’année », empirent et s’étirent sur des périodes de plus en plus longues, a mis en garde Mme Jan Beagle, Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et de la conformité. 

L’année dernière, le budget ordinaire a enregistré un déficit dès le mois de mai, avant d’atteindre son plus haut niveau à la fin octobre soit 488 millions de dollars.  Après épuisement de l’intégralité des 353 millions de dollars de réserve financière dont disposait l’Organisation, le déficit a été ramené à 135 millions et couvert par des emprunts aux comptes des opérations de maintien de la paix clôturées.  Fin 2018, le déficit du budget ordinaire s’élevait à 323 millions de dollars.  La trésorerie de l’ONU est remontée à 484 millions de dollars au 30 avril 2019, grâce au versement des contributions des États Membres au premier trimestre de l’année, a précisé la Secrétaire générale adjointe, mentionnant au passage le rapport publié le 26 mars dernier par le Secrétaire général (A/73/809) sur la manière d’améliorer la situation financière de l’ONU.  Ce document, qui sera soumis à la Cinquième Commission le 28 mai prochain, propose des mesures pour traiter des problèmes de liquidités et des questions structurelles plus larges qui compromettent la gestion budgétaire. 

Les États Membres se sont ensuite penchés sur le rapport financier du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur les opérations de maintien de la paix pour la période allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018.  Le budget de ces opérations pour l’exercice était de 7,5 milliards de dollars, soit une diminution de 5,2% par rapport à l’exercice précédent.  Le CCC estime que la situation financière des 14 missions de maintien de la paix actives au 30 juin 2018 est globalement « saine » et précise qu’à cette date, 124 pays fournissaient 79 601 militaires et 10 705 policiers à des missions qui emploient aussi 13 125 civils et 1 425 Volontaires des Nations Unies.  Le Comité formule en outre un ensemble de recommandations pour améliorer la gestion financière et la performance du maintien de la paix à l’ONU.

Sur 52 recommandations d’audit formulées par le Comité au 31 janvier 2019, seules deux ont été intégralement appliquées, ont déploré le Groupe des 77 et la Chine, notant avec préoccupation que la mise en œuvre de certaines recommandations avait été « différée ou totalement abandonnée en raison de résultats escomptés ou attendus de la réforme de la gestion ».  Faisant écho aux inquiétudes du Groupe, les États-Unis et le Japon ont exhorté le Secrétariat de l’ONU à accélérer ses efforts pour répondre aux préoccupations du Comité, concernant notamment l’amélioration de la qualité et de la rapidité des rapports sur la performance.  « De nombreux problèmes identifiés par le Comité, notamment ceux liés à la performance, se renforcent mutuellement », ont affirmé les États-Unis, en appelant à la mise en œuvre des recommandations du Comité « en parallèle » et « de manière harmonieuse », grâce à une « coordination étroite entre les bureaux concernés ». 

L’Union européenne a particulièrement appuyé les recommandations visant à renouveler la chaîne d’approvisionnement, en mettant en œuvre des pratiques d’achats « durables, simplifiées et plus souples ».  Elle a également soutenu les recommandations visant à approuver, au niveau central, l’utilisation par les missions de leurs budgets d’opérations aériennes, afin de mettre en place une autorité et une coordination centralisées de ces opérations.

La Cinquième Commission se réunira à nouveau demain, mercredi 8 mai, à partir de 10 heures du matin.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Déclaration

Mme JAN BEAGLE, Secrétaire générale adjointe aux stratégies et politiques de gestion et de la conformité, a d’abord rappelé que le 1er mars dernier, le Secrétaire général a informé l’Assemblée générale de la situation financière actuelle de l’ONU et publié le 26 mars, un rapport (A/73/809) sur la manière d’améliorer cette situation.  Le rapport, a-t-elle expliqué, détaille des mesures pour traiter des problèmes de liquidités et des questions structurelles plus larges qui compromettent la gestion budgétaire.  Le rapport a été examiné par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et sera soumis à la Cinquième Commission le 28 mai prochain. 

Mme Beagle s’est ensuite attardée sur le budget ordinaire, les budgets des opérations de maintien de la paix puis celui des Tribunaux pénaux internationaux.  Le budget ordinaire, a-t-elle alerté, a fait face, ces dernières années, à de « graves » problèmes de liquidités, qui surviennent de plus en plus tôt dans l’année, s’aggravent et s’étirent sur des périodes plus longues.  À la fin du mois d’octobre 2018, le déficit du budget ordinaire, enregistré dès la fin du mois de mai, avait atteint son plus haut niveau avec 488 millions de dollars.  En octobre, les réserves de 353 millions de dollars, soit la somme de 150 millions du Fonds de roulement et de 203 millions du Compte spécial, ont été totalement épuisées.  Le déficit était donc de 135 millions de dollars, couvert par des emprunts aux comptes des opérations de maintien de la paix clôturées.  À la fin de 2018, le déficit du budget ordinaire était de 323 millions de dollars.  Les liquidités sont revenues à 484 millions de dollars au 30 avril 2019 après les contributions des États Membres au premier trimestre de l’année. 

En 2019, le total des sommes mises en recouvrement est de 2,85 milliards de dollars, soit 362 millions de plus qu’en 2018.  Les paiements reçus au 30 avril 2019 s’élèvent à 1,7 milliard de dollars et les non-reçus, à 1,7 milliard, soit 146 millions de plus que l’année dernière.  Cent cinquante-deux États Membres ont payé la totalité de leurs contributions au budget ordinaire à la fin de 2018, soit sept de plus qu’en 2017.  Au 30 avril 2019, 89 États Membres ont payé la totalité de leur quote-part, soit un pays de plus que l’année dernière à la même date.  Depuis lors, la Chine et l’Ouzbékistan ont payé la totalité de leurs contributions. 

S’agissant des opérations de maintien de la paix qui ont une période fiscale allant du 1er juillet au 30 juin, au 30 avril 2019, les sommes mises en recouvrement étaient de 3,3 milliards dont 2,7 ont été reçus.  Au 30 avril 2019, 2,1 milliards étaient toujours en attente dont 1,7 milliard pour les missions actives, et 414 millions pour les missions clôturées.  Au 30 avril, 45 États Membres avaient payé leur dû, soit sept de plus que l’année dernière à la même date.  Depuis lors, l’Italie, la Jamaïque et le Royaume-Uni ont fait de même.  Toujours au 30 avril 2019, l’ONU devait la somme de 339 millions de dollars aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police. 

Concernant la situation des Tribunaux pénaux internationaux, au 30 avril 2019, 90 millions de dollars étaient toujours attendus.  Quelque 65 États avaient payé et depuis lors la Belgique et l’Ouzbékistan ont fait de même suivis par les États-Unis.  Au 7 mai, a conclu Mme Beagle, 40 États Membres ont payé la totalité de leurs contributions au budget ordinaire et à ceux du maintien de la paix et des Tribunaux. 

ASPECTS ADMINITRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les rapports du Comité des commissaires aux comptes (CCC) sur les comptes des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et du Secrétaire général sur l’application des recommandations du CCC pour l’exercice clos le 30 juin 2018 (A/73/857)

Pour l’établissement de son rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Comité des commissaires aux comptes [A/73/5 (Vol.  II)] et du Secrétaire général (A/73/750).  Dans l’annexe II de son rapport (A/73/755) et dans ses rapports consacrés à chaque mission de maintien de la paix, le CCQAB fait des observations sur les constatations du Comité des commissaires aux comptes (CCC). 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme NADA TARBUSH de l’État de Palestine a salué le Comité des commissaires aux comptes (CCC) pour avoir collaboré étroitement avec le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) et le Corps commun d’inspection (CCI), ce qui a permis d’éviter les doublons « inutiles et indésirables ».  Mme Tarbush a également salué la nouvelle approche du CCC qui a davantage centré son rapport d’audit sur les résultats.  Ce nouveau format améliorera la capacité du Comité à identifier les défis liés à la gestion des missions, s’est-elle félicitée.

La représentante a noté qu’au 31 janvier 2019, le Comité avait formulé 52 recommandations d’audit, dont 17 étaient considérées comme « principales recommandations » à mettre en œuvre en priorité.  Elle a cependant noté qu’à cette date, aucune de ces 17 recommandations n’avait été pleinement mise en œuvre.  Au total, sur les 52 recommandations d’audit, seules deux ont été intégralement appliquées, a dénoncé la représentante.  Mme Tarbush a aussi noté avec préoccupation que la mise en œuvre de certaines recommandations du Comité avait été « différée ou totalement abandonnée en raison de résultats escomptés ou attendus de la réforme de la gestion ».  La réforme de la gestion à l’ONU et les recommandations du Comité doivent être considérées comme complémentaires, a-t-elle tranché, avant de relever que la pleine utilisation d’Umoja pour la gestion du maintien de la paix demeure un défi.  Elle a également relevé des faiblesses dans la budgétisation et l’établissement de rapports budgétaires mais aussi dans une gestion « efficace et raisonnable » des opérations aériennes.  Mme Tarbush s’est ensuite déclarée préoccupée par: les lacunes concernant l’inventaire physique des biens d’équipement, ce qui compromet la fiabilité des données sur la valeur des stocks.  Elle a également relevé le manque de standardisation de certains processus et méthodologies et de politique globale unifiée concernant les examens stratégiques des missions, sans oublier les faiblesses dans le contrôle de la gestion des munitions des contingents, le manque de précision et de fiabilité dans la gestion des rapports sur le matériel appartenant aux contingents et sur les effectifs et les imperfections dans la gestion de la chaîne logistique et des achats.  La représentante a demandé des précisions sur des ratios de structure financière, notamment pour comprendre si le Comité est en mesure d’identifier et d’expliquer l’origine des problèmes de liquidités que traversent les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a salué les efforts du CCC pour rendre l’Organisation plus « transparente », « rentable » et « efficace » dans la mise en œuvre de ses mandats.  Le représentant s’est également félicité de l’avis sans réserve émis par le Comité concernant les états financiers des opérations de maintien de la paix.  Il a en outre salué les recommandations du Comité liées à l’amélioration de l’évaluation de la performance des opérations, afin de « maintenir l’élan » en faveur de plus « d’efficacité », de « transparence » et de « responsabilité » dans l’exécution des mandats sur le terrain.  Le représentant a notamment appuyé les recommandations visant à renouveler la chaîne d’approvisionnement, en mettant en œuvre des pratiques d’achats « durables, simplifiées et plus souples ».  Il a enfin appuyé les recommandations du Comité visant à approuver, au niveau central, l’utilisation par les missions de leurs budgets d’opérations aériennes, afin de mettre en place une autorité et une coordination centralisées de ces opérations.

Mme CAROLYN STRAINIC (États-Unis) s’est déclarée impatiente d’entamer des discussions sur les efforts déployés par le Secrétariat pour mettre en œuvre les recommandations du CCC, notamment celles liées à la gestion des inventaires et biens d’équipements, la gestion du risque d’entreprise et l’amélioration des processus-métier.  La représentante a en outre salué les conclusions du Comité concernant la stabilité financière des opérations de maintien de la paix, qui disposent toutes, selon le Comité, de niveaux de trésorerie suffisants pour mener à bien leurs opérations.

Mme Strainic a fortement appuyé les appels du Comité en faveur d’une approche plus « standardisée et transparente » en matière d’évaluation et de promotion de la performance.  Elle a exhorté le Secrétariat à accélérer ses efforts pour répondre aux préoccupations du Comité en la matière, concernant notamment « l’amélioration de la qualité et de la rapidité des rapports sur la performance ».  De manière générale, la représentante a appelé le Secrétariat à continuer d’améliorer la mise en œuvre des recommandations du Comité.  « De nombreux problèmes identifiés par le Comité, notamment ceux liés à la performance, se renforcent mutuellement », a-t-elle affirmé, estimant par conséquent que ces recommandations devaient être mises en œuvre « en parallèle » et « de manière harmonieuse », par le biais d’une « coordination étroite entre les bureaux concernés ».

M. TOMOYA YAMAGUCHI (Japon) a assuré que sa délégation continuera de respecter son obligation de contributeur financier majeur des Nations Unies.  Il a insisté sur l’importance d’une gestion efficace, efficiente et responsable des opérations de maintien de la paix et soutenu, ce faisant, les observations du CCC qui permettent de mieux comprendre les défis relatifs à certains des aspects les plus importants du travail des opérations de maintien de la paix comme la gestion des actifs, le recouvrement des coûts, le système d’évaluation de la performance, l’examen des directives techniques sur les munitions et l’utilisation des budgets des opérations aériennes.  M. Yamaguchi a exhorté le Secrétaire général à assurer une mise en œuvre complète et à temps des recommandations restantes du CCC. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

FNUF-14: Coup d’envoi de la première session technique du Forum des Nations Unies sur les forêts pour évaluer la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030

Quatorzième session,
2e et 3e séances – matin & après-midi
ENV/DEV/1944

FNUF-14: Coup d’envoi de la première session technique du Forum des Nations Unies sur les forêts pour évaluer la mise en œuvre du Plan stratégique 2017-2030

Le Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) a entamé, aujourd’hui, les travaux de sa quatorzième session (« FNUF-14 »).  Première session d’ordre technique après l’adoption, par l’Assemblée générale, en 2017, du Plan stratégique sur les forêts (2017-2030), cette semaine de travail sera l’occasion pour les délégations d’examiner en détail la mise en œuvre de cette stratégie qui offre un cadre global pour gérer de manière durable tous les types de forêts et d’arbres hors forêt.

« Nous continuons de perdre chaque année de larges pans de forêts naturelles partout dans le monde, et en particulier dans les zones tropicales où 7 millions d’hectares de forêts disparaissent tous les ans », a alerté le Président de la session, M. Boris Greguška (Slovaquie), pour expliquer le caractère « ambitieux » du Plan stratégique.  Ce plan vise aussi à enrayer et inverser la tendance à la déforestation et à la dégradation des forêts et, au-delà, à étendre la superficie des zones forestières de 3% d’ici à 2030.  Il contient « six objectifs d’ensemble », assortis de 26 cibles à atteindre d’ici à 2030.

S’il reste persuadé qu’en maintenant le cap de ce plan, il sera possible d’inverser la tendance en termes de pertes de forêts, voire de réussir à augmenter la couverture forestière de 3% à l’échelle mondiale, le Président du FNUF-14 est également conscient du fait que cela exigera une révision majeure des systèmes et des comportements.  Cela ne pourra se faire qu’à travers la mobilisation, le déploiement et l’application d’expertises, de technologies et de ressources financières ainsi que d’une volonté politique sans faille et d’un soutien du public.  L’Union européenne a d’ailleurs plaidé pour une éducation technique et un enseignement sur le sujet dans les programmes scolaires, afin de susciter une prise de conscience du public mondial sur l’importance de la gestion durable des forêts. 

Le Président du Forum a souligné que la mise en œuvre du Plan devrait contribuer significativement à l’élimination de la pauvreté, à la lutte contre les changements climatiques et à la sauvegarde de la biodiversité.  La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme Maria-Francesca Spatolisano, a insisté sur l’effet direct de la gestion durable des forêts sur la lutte contre les changements climatiques, car les forêts absorbent près de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année, un point de vue appuyé par le Groupe des 77 et la Chine et le Groupe des États d’Afrique. 

En effet, en leur état actuel, les forêts constituent le deuxième puits de séquestration de carbone au monde en absorbant un tiers des émissions de gaz à effet de serre.  Leur bonne gestion permettrait d’en absorber encore plus, ce dont les délégations qui sont venues présenter aujourd’hui leurs contributions nationales volontaires sont très conscientes. 

À l’instar de l’Éthiopie, les délégations n’ont pas manqué de relever également le rôle des forêts dans la lutte contre l’érosion des sols et les inondations.  Chiffres à l’appui, plusieurs ont annoncé leurs objectifs de « reforestation » en termes d’hectares ou d’arbres plantés par an.  Ainsi, le Ghana a décidé de replanter 25 000 hectares de forêts par an en faisant appel aux jeunes alors que l’Australie prévoit de mettre en terre un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années.

La question du financement a retenu l’attention du Groupe des États d’Afrique, qui a appelé au renforcement du Réseau mondial de facilitation du financement forestier, par le biais notamment de ressources financières, techniques et humaines, mais également à renforcer l’aide publique au développement dans ce domaine.  L’Allemagne s’est érigée en exemple à cet égard puisque rien qu’en 2017, ce pays a investi 450 millions de dollars dans la restauration et la protection des forêts dans le monde.  La délégation allemande a annoncé en outre une contribution de 5 millions de dollars au Fonds d’affectation spéciale du FNUF.

Le FNUF étant une commission technique du Conseil économique et social (ECOSOC), la Présidente de celui-ci, Mme Inga Rhonda King, n’a pas manqué de rappeler que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable se réunirait sous les auspices de l’ECOSOC en juillet afin d’évaluer un certain nombre d’objectifs de développement durable, dont le treizième qui a trait aux changements climatiques.  Elle a souligné à cette occasion le rôle majeur que peuvent jouer les forêts pour arriver à une solution dans ce domaine.  Le FNUF-14 devrait par conséquent déboucher sur des recommandations pour le Forum politique de juillet, sans oublier la session de septembre prochain qui sera placée sous les auspices de l’Assemblée générale. 

En début de séance, le Forum a adopté son ordre du jour provisoire* et élu par acclamation son Bureau pour la quatorzième et la quinzième session.  Outre le Président, MM. Javad Momeni (République islamique d’Iran), Khalid Cherki (Maroc) et Rob Busnik (Pays-Bas), et Mme Kitty Sweeb (Suriname) occuperont les postes de vice-présidents.  M. Cherki sera également le Rapporteur du Forum.

La tenue, dans l’après-midi, de deux tables rondes interactives a permis aux délégations de réfléchir aux solutions basées sur les forêts pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Le Forum des Nations Unies sur les forêts poursuivra ses travaux demain, mardi 7 mai, à partir de 10 heures.

* E/CN.18/2019/1

MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)

Déclarations d’ouverture

Le Président de la quatorzième session du Forum des Nations Unies sur les Forêts (FNUF-14), M. BORIS GREGUŠKA, de la Slovaquie, a rappelé qu’il s’agit cette année d’une session d’ordre technique, telle que prévue dans le programme quadriennal 2017-2020 du Forum.  Dès lors, le Forum ne devrait pas adopter de décisions ou de résolutions cette année.  Il y aura un résumé de la session préparé par la présidence du FNUF-14, qui sera distribué lors de la quinzième session pour davantage de considération et des recommandations.

Le Président du FNUF-14 a rappelé que la présente session doit être perçue comme une opportunité de faire le point sur les victoires obtenues dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) qui a été adopté en 2017 par l’Assemblée générale et qui s’inscrit dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce plan stratégique exige de la part de tous les pays et toutes les parties prenantes de s’attaquer aux causes principales de la déforestation, de trouver un équilibre entre croissance économique, progrès sociaux et gestion durable de l’environnement, et d’améliorer la gouvernance des forêts dans tous les secteurs concernés ainsi que de mettre en œuvre des politiques cohérentes.

Les six objectifs mondiaux sur les forêts et leurs 26 cibles reflètent, à ses yeux, comment les travaux du Forum continuent d’avancer pour mieux faire face aux défis qui touchent les forêts et les personnes qui en dépendent, à travers une approche intégrée et globale du développement durable et de la gestion durable des forêts.  Ces objectifs sont très ambitieux, tel qu’en témoigne le « plan stratégique visionnaire » du FNUF, pour la simple raison que nous continuons de perdre chaque année de larges pans de forêt naturelle partout dans le monde, et en particulier dans les zones tropicales où 7 millions d’hectares de forêts disparaissent tous les ans.  Pour faire face à ce défi, M. Greguška a estimé qu’il fallait que le FNUF puisse créer un élan irréversible en vue de maintenir les promesses « que nous avons faites » dans notre vision commune à l’horizon 2030. 

Il reste persuadé que « si nous maintenons le cap du Plan stratégique à l’horizon 2030, nous arriverons à inverser la tendance en termes de pertes de forêts, et pourrons même réussir à augmenter la couverture forestière de 3% à l’échelle mondiale ».  En 2030, avec la réalisation des six objectifs pour les forêts, on aura également éliminé la pauvreté des personnes qui dépendent des forêts, et on aura fait des contributions significatives en termes de lutte contre les changements climatiques et de sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes, a-t-il espéré.  La réalisation de la vision 2030 nécessite une révision majeure des systèmes et des comportements, ce qui ne peut se faire qu’à travers la mobilisation, le déploiement et l’application d’expertise, de technologies et de ressources financières ainsi que d’une volonté politique sans faille et du soutien du public au niveau mondial, a tranché le Président du Forum.

Soulignant que le FNUF est le seul organe intergouvernemental qui traite des questions environnementales et socioéconomiques liées aux forêts, il a appelé à faire preuve de responsabilité en vue d’accroître la coopération, la coordination, la cohérence et les synergies entre tous les secteurs et parties prenantes.  À cet égard, le Président du Forum a estimé que les discussions sur les priorités thématiques seront une opportunité importante pour échanger des expériences, connaissances et expertises sur la gestion durable des forêts.  Au fur et à mesure que l’on avance dans la mise en œuvre du Plan stratégique du FNUF, il a espéré pouvoir compter sur un résultat solide du FNUF-14 qui pourrait servir de base à la préparation des discussions sur les politiques du FNUF-15.

Mme INGA RHONDA KING, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a souligné que les forêts, ainsi que d’autres ressources naturelles essentielles, sont la fondation du développement durable.  En effet, du fait de leurs multiples fonctions, les forêts offrent une solution globale aux défis pressants auxquels nous faisons face, notamment les changements climatiques, la perte de la biodiversité, la dégradation des terres et la désertification.  Veiller à une gestion durable des forêts devrait donc permettre de prendre des mesures cohérentes et intégrées pour faire face à ces défis, ce qui est essentiel pour arriver à un développement qui soit durable. 

Mme King a ensuite rappelé que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable se réunirait sous les auspices de l’ECOSOC en juillet, afin d’évaluer un certain nombre d’objectifs de développement durable, dont le treizième qui a trait aux changements climatiques.  Elle a rappelé le rôle majeur que les forêts peuvent jouer pour arriver à une solution à ce problème.  Cette session du Forum devrait donc permettre de préparer des recommandations pour le Forum politique de juillet, sans oublier la session de septembre prochain qui sera placée sous les auspices de l’Assemblée générale. 

Mme MARIA-FRANCESCA SPATOLISANO, Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, a rappelé que 2019 marquait le quatrième anniversaire de l’adoption du Programme 2030 et le deuxième anniversaire du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, qui a six objectifs et 26 cibles.  Aucun pays ou institution ne saurait relever de manière isolée les défis liés à la gestion durable des forêts, a-t-elle affirmé, en expliquant par conséquent qu’il fallait renforcer la coopération internationale et régionale dans ce domaine.  C’est d’autant plus important que les forêts non seulement représentent un filet de sécurité pour les populations auxquelles elles fournissent des services et des biens, mais elles jouent également un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques puisqu’elles absorbent près de 2 milliards de tonnes de dioxyde de carbone chaque année.

Même si le taux de déforestation a baissé de 50% ces dernières années, et que des efforts sont en cours pour replanter des forêts, Mme Spatolisano a appelé à poursuivre sur cette lancée afin d’atteindre l’objectif fixé par le Plan stratégique sur les forêts, à savoir une augmentation de 3% de la surface totale des forêts d’ici à 2030.  « C’est impératif lorsqu’on sait que, selon les estimations actuelles, la population mondiale sera de 10 milliards de personnes d’ici à 2050. »

Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) est honoré d’accueillir le secrétariat du FNUF, a conclu Mme Spatolisano en exprimant la volonté d’aider les États à renforcer leurs capacités pour notamment établir des plans nationaux de gestion durable des forêts et, de manière plus générale, pour les assister dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.

INFORMATIONS SUR LA RÉFORME DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES CONCERNANT LE FORUM

La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme SPATOLISANO, a fait le point sur la réforme du Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Elle a rappelé que cette réforme est une réponse à une demande de l’Assemblée générale visant notamment à assurer que le travail du Département soit mené de manière cohérente, afin qu’il soit plus efficace dans l’appui à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Certains des changements envisagés comprennent des mesures qui auront potentiellement un impact sur le Forum des Nations Unies sur les forêts, a-t-elle indiqué.  Mme Spatolisano a cependant reconnu ne pas pouvoir en dire plus pour l’instant, puisque ces propositions doivent au préalable passer par plusieurs niveaux d’évaluation, y compris le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) et la Cinquième Commission, avant d’être entérinées.  Elle a promis que toutes les propositions faites vont dans le sens d’une plus grande efficacité du Département, y compris dans son soutien au secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, que le DAES entend du reste soutenir aujourd’hui encore plus qu’avant. 

NOUVEAUX PROBLÈMES ET ENJEUX

Présentation du rapport

M. HOSSEIN MOEINI-MEYBODI, du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts, a présenté la note du secrétariat sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) (E/CN.18/2019/2).  Le document souligne qu’à sa quatorzième session, le FNUF passera en revue la mise en œuvre du Plan stratégique.  Le Forum se penchera plus particulièrement sur le débat technique et l’échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts.  Il examinera également les annonces de contributions nationales volontaires et les contributions, à l’échelle du système des Nations Unies, à la réalisation des objectifs et cibles mondiaux relatifs aux forêts.

De plus, à la lumière du thème du Forum politique de haut niveau pour l’année 2019, le Bureau de la quatorzième session du FNUF a décidé que le débat technique et l’échange de données d’expérience de ladite session se concentreront sur les priorités thématiques suivantes: les forêts et l’objectif de développement durable n13; les forêts et l’objectif de développement durable n8; et les forêts et les objectifs de développement durable n4, 10 et 16, compte tenu de l’objectif n17.  

MISE EN ŒUVRE DU PLAN STRATÉGIQUE DES NATIONS UNIES SUR LES FORÊTS (2017-2030)

Débat général

L’observatrice de l’État de Palestine, Mme SAHAR ABUSHAWESH, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné le rôle essentiel des forêts pour la croissance économique des pays en développement.  Elle a mis l’accent sur les bénéfices qu’ont les forêts pour le développement durable, puisqu’elles sont des puits de carbone, un outil de lutte contre la désertification et un moyen de subsistance pour des millions de personnes.  Le Groupe reconnaît que le FNUF joue un rôle essentiel pour relever les défis liés aux forêts sur le plan mondial, en vue de parvenir à une gestion durable de tous les types de forêts et la sauvegarde de tous les types d’arbres.  La représentante a aussi salué le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts qui, à travers ses six objectifs et 26 cibles, peut être utilisé comme cadre par les États Membres.  Elle a appelé à le mettre pleinement en œuvre, ce qui nécessite que la communauté internationale apporte aux pays en développement les ressources financières et le soutien requis.  Il faut restaurer les forêts et assurer la reforestation, a martelé la déléguée qui a également insisté sur l’urgence de la préservation de la biodiversité.

M. AL SAADON (Arabie saoudite) a évoqué la récente création dans son pays d’un fonds pour la protection de l’environnement et d’un centre dédié au couvert végétal, dans le but de lutter contre la désertification.  Les feux incontrôlés, la destruction des forêts pour la construction d’infrastructures ainsi que les tempêtes de sable figurent parmi les défis auxquels font face les forêts du pays.  Pour faire changer les choses, le Gouvernement saoudien entend planter pas moins de 12 millions d’arbres, dont 2 millions en zones côtières, a dit le représentant, avant de déplorer le fait que les forêts ne représentent que 1% de la superficie totale de l’Arabie saoudite.  Cette situation, a-t-il relevé, a inspiré la pensée populaire selon laquelle « si les forêts pouvaient fuir la déforestation, alors elles le feraient ». 

Le Groupe des États d’Afrique, par la voix de M. CHEIKH DIANG (Sénégal), a souligné le rôle essentiel des forêts non seulement dans la préservation de la planète mais également pour le développement durable.  Il a exhorté à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts en tant qu’outil pour l’élimination de la pauvreté, la protection de la biodiversité et des ressources génétiques et l’atténuation des changements climatiques.  Il a réaffirmé la nécessité de renforcer le dialogue et la coopération dans la gestion durable des forêts.  Prenant note des nouvelles contributions de certains pays développés au Réseau mondial de facilitation du financement forestier, le représentant a appelé à augmenter ces contributions, ainsi que les montants alloués à l’aide publique au développement.  Il a également mis l’accent sur les moyens de mise en œuvre du Plan stratégique, comme les transferts de technologies vers les pays en développement.  Dans le contexte de la réforme des Nations Unies, le Groupe encourage le secrétariat du FNUF à jouer un rôle de coordination des travaux du Partenariat de collaboration sur les forêts.

Selon l’avis de M. GONZATO, de l’Union européenne (UE), la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts contribue globalement à la mise en couvre des objectifs de développement durable.  L’UE appuie les pratiques de restauration des forêts, la lutte contre la désertification et d’autres mesures tendant à la préservation et la gestion durable des forêts.  Le représentant a appelé à lutter contre le commerce illégal des espèces forestières, en expliquant que l’Union avait adopté des mesures à cet égard telles que le plan d’action de l’Union européenne relatif à l’application des réglementations forestières, à la gouvernance et aux échanges commerciaux (plan d’action FLEGT).  Il faut également, a ajouté le représentant, développer une éducation technique sur les forêts et inclure un enseignement sur le sujet dans les programmes scolaires, afin notamment de promouvoir la prise de conscience du public sur l’importance de la gestion durable des forêts.  Il a enfin souligné l’importance pour le Forum d’avoir un secrétariat fort et capable d’appuyer ses activités. 

M. OWUSU-BIO (Ghana) s’est dit convaincu que si les États Membres s’engageaient sérieusement à réaliser les objectifs et les cibles du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, cela rendrait plus visibles les contributions des forêts au développement durable national, sur les plans économique et social.  Cela montrerait aussi leur rôle dans l’atténuation des effets des changements climatiques.  Le Ghana a annoncé sa contribution nationale volontaire lors du FNUF-13, a rappelé le représentant en indiquant que le Gouvernement avait depuis lors axé ses efforts sur la prise de conscience de l’importance des forêts, sur le thème « Forêt et éducation ».  Il a également décidé de replanter 25 000 hectares de forêts par an en faisant appel aux jeunes.  Des réformes politiques ont également été lancées pour encourager les agriculteurs à planter des arbres, notamment en leur fournissant gratuitement des semences.  D’ici à 2020, le Ghana a l’intention de réduire ses émissions de carbone liées à la déforestation et à la dégradation des forêts de 10,9 millions de tonnes de dioxyde de carbone.  Son plan de gestion durable des forêts couvrira 100 des 298 réserves forestières d’ici à 2020. 

M. ZHANG HONGWEN (Chine) a annoncé la contribution volontaire nationale de la Chine et notamment la décision du Gouvernement d’accroître significativement les aires forestières nationales, citant le chiffre de 200 millions d’hectares en 2018.  Le Gouvernement chinois est déterminé à « construire une civilisation écologique » en misant sur des forêts et des montagnes « luxuriantes », a expliqué le représentant, dans la mesure où ce sont des outils du développement durable et de lutte contre les changements climatiques.  Dans cet esprit, les zones de forêts protégées ont été élargies de manière significative, tandis que des parcs nationaux vont être créés, a annoncé le représentant.  Il a également cité la réforme en cours pour le système de protection des terres, ce dont témoignent le nouveau système de certification des forêts ou encore les marchés verts.  Enfin, le représentant a indiqué que 140 milliards de yuans avaient été investis par le Gouvernement dans la gestion durable des forêts.  La Chine compte sur les institutions financières pour lui emboiter le pas et pour refléter ses efforts de gestion des crédits de carbone.

Mme TEGAN BRINK (Australie) a dit que le pays compte le septième couvert forestier au monde et que le Gouvernement entend donc accroître la surface de ses forêts productives.  Cela passe par la mise en terre d’un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années pour fournir un air propre, de l’eau douce, sans oublier la séquestration du carbone que cela permettra.  L’Australie apporte également son appui aux pays en développement dans le cadre de la gestion durable des forêts.  Elle a aussi pris des mesures pour empêcher la coupe illégale des arbres et le commerce qui y est associé.  L’industrie forestière australienne emploie des dizaines de milliers de personnes, a enfin souligné la représentante en disant que le pays est fier d’apporter une contribution non négligeable aux objectifs mondiaux de gestion durable des forêts. 

M. TOMASZ GRYSA, observateur du Saint-Siège, a relevé que le fait que la majorité des gens vivent en ville ne permet pas de bien évaluer l’impact de la perte des forêts.  C’est pourquoi le Saint-Siège invite à considérer l’impact de la déforestation sur les communautés locales, dans le cadre d’une écologie intégrale qui tienne compte de la justice sociale et permette d’entendre la voix des pauvres et de respecter leurs droits.  L’observateur a ensuite déploré le « destin » de l’Amazonie qui sera au centre du synode prévu en octobre au Vatican.  En effet, ce « poumon de la planète » est en perte de vitesse et il est important de noter que ses ressources ne sont pas intarissables, a rappelé l’observateur. 

M. GUTIERREZ (Nicaragua) a fait état de la grande diversité biologique du Nicaragua avec ses 68 écosystèmes, ses trois réserves de la biosphère et ses forêts qui couvrent 34,5% du territoire national, soit 4,6 millions d’hectares, dont la plupart se situent dans des territoires autochtones.  Le nouveau Gouvernement de réconciliation et d’unité nationale a mis en place un modèle de gestion durable des forêts, en misant notamment sur la reforestation.  Entre 2005 et 2015, la déforestation nationale était d’environ 100 000 hectares par an, a-t-il rappelé.  Il a expliqué que la déforestation et la dégradation des forêts étaient dues à « un modèle économique irresponsable basé sur des industries extractives ».  De nos jours, le Gouvernement cherche à inverser la tendance et mise sur la reforestation du pays, par le biais d’un plan national de gestion durable des forêts et son processus national de réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts (REDD).

M. JUSTIANTO (Indonésie) a souligné les retombées positives des services forestiers pour lutter contre la perte de la biodiversité et contre les changements climatiques.  Il a indiqué que la déforestation allait diminuer, pour passer de 3 à 2 millions d’hectares d’ici à 2030.  Le Gouvernement, qui va allouer 12,7 millions d’hectares à la sylviculture, encourage les entreprises à obtenir des certifications pour l’utilisation durable des forêts.  Il encourage en outre le financement de la microentreprise dans le domaine de la sylviculture à travers des prêts étatiques.  Le représentant a enfin assuré que l’Indonésie était activement engagée dans son processus national REDD-plus.

M. COROAMĂ (Roumanie) a jugé crucial d’agir aujourd’hui pour mettre fin à la déforestation.  Les changements climatiques et la perte de la biodiversité demandent de modifier la manière de gérer les forêts, a-t-il relevé.  C’est pourquoi la Roumanie réaffirme que le secrétariat du Forum doit être fort et efficace afin de soutenir le travail mené par le Forum. 

M. KARAVANI (Israël) a annoncé que jeudi, Israël allait célébrer son soixante-et-onzième anniversaire.  Dans ce contexte, le pays entend poursuivre ses investissements dans la recherche pour réhabiliter les zones déboisées.  Le pays partage son savoir-faire et ses techniques partout dans le monde, notamment en renforçant le secteur de la sylviculture dans les pays en développement, a souligné le représentant.  Se targuant d’avoir développé des techniques pour une bonne gestion des forêts dans des zones arides, il a appelé à renforcer la coopération internationale dans la gestion forestière, notamment dans le contexte des changements climatiques. 

Mme CHRISTA MOONEY (Canada) a annoncé la contribution nationale du Canada de plus de 24 milliards de dollars à l’économie canadienne en 2017, le secteur forestier employant plus de 210 000 personnes.  « La vision pour les forêts du Canada: vers 2030 », adoptée en 2019 par le Conseil canadien des ministres des forêts, tient compte des objectifs de développement durable et reflète les valeurs et priorités des Canadiens.  Cette vision renouvelée est appuyée par un nouvel énoncé des pratiques de gestion durable des forêts pour maintenir des forêts saines et résilientes qui soutiennent la vitalité des collectivités, le renforcement de la collaboration avec les peuples autochtones et la compétitivité des économies, a indiqué la déléguée.  Elle s’accompagne d’objectifs clairs qui s’inscrivent dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Les responsables du budget fédéral 2019 ont annoncé des investissements considérables visant à étendre des programmes d’innovation et de diversification existants et à tirer parti de la croissance mondiale des avancées bioéconomiques et technologiques.  L’investissement allant jusqu’à 251 millions de dollars sur trois ans appuiera des programmes destinés au développement économique dans le secteur forestier des collectivités autochtones, à la recherche et au développement précommerciaux dans la bioéconomie émergente, à la commercialisation industrielle et à l’adoption de technologies de processus novateurs qui contribuent à la croissance économique et à la création d’emplois.  Il permettra aussi une utilisation accrue du bois dans les constructions de hauteur moyenne et les constructions non résidentielles, a précisé la représentante.

M. SCHOWERER (Allemagne) a expliqué qu’en Allemagne, les politiques liées aux forêts ont été revues de manière à les aligner sur le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Si les forêts sont déjà gérées de façon durable en Allemagne, il y aura bientôt une stratégie nationale pour les forêts post-2020.  Il n’en reste pas moins que les forêts ont été touchées par des sécheresses et qu’il va falloir s’adapter à la nouvelle donne climatique, a remarqué le représentant.  Préoccupé par la lenteur des résultats dans la lutte contre la déforestation à l’échelle mondiale, il a appelé à agir pour sauver les forêts naturelles sur le plan mondial, en disant que l’Allemagne le fait déjà notamment à travers son programme d’experts sur les forêts qui travaillent dans le cadre d’initiatives multilatérales et bilatérales.  Au niveau européen, l’Allemagne a créé un réseau d’experts avec la République tchèque.

En tant que grand bailleur de fonds au niveau international dans le domaine de la restauration et de la protection des forêts, l’Allemagne a fait des investissements à hauteur de 450 millions de dollars rien qu’en 2017, a fait valoir le représentant.  Grace au programme REDD, le pays fournit des financements axés sur des résultats dans des pays en développement.  S’agissant des travaux du FNUF, l’Allemagne a annoncé des contributions s’élevant à 5 millions de dollars alloués à la formation de ses membres et au Fonds d’affectation spéciale du Forum.

M. DAS (Inde) a dit que même si son pays ne représente que 17% de la population mondiale et compte 18% du bétail, pas moins de 24% du territoire national est couvert de forêts.  Il s’est félicité du fait que ce couvert forestier augmente de 1,2% par an, assurant que le pays entendait poursuivre en ce sens.  L’Inde a aussi amélioré sa législation sur la gestion des forêts.  Le pays compte 320 millions de ses habitants qui dépendent directement des forêts pour leur survie, a souligné le représentant en expliquant pourquoi les communautés locales sont impliquées dans la gestion forestière.  L’Inde, a-t-il ajouté, plaide pour le renforcement de l’assistance technique en faveur des pays en développement dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et des objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique. 

M. PONGTONG (Thaïlande) a indiqué que son gouvernement appuie le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Le pays entend atteindre une couverture forestière nationale de 55% de sa superficie totale selon les directives du Comité national de politique forestière, qui a pour principale fonction la refonte de la législation nationale afin de l’adapter aux accords internationaux.  Le Gouvernement œuvre également à la promotion des communautés forestières locales en leur allouant des terres pour mener à bien leurs activités de subsistance.

Mme CORONEL (Équateur) a dit que la Constitution du pays reconnaît les droits de la nature et signalé que l’aménagement du territoire tient compte des objectifs de développement durable.  Les campagnes de sensibilisation sont menées en partant du principe que « pour bien protéger, il faut bien connaître ».  Les peuples autochtones sont également ciblés car ce sont eux les premiers gestionnaires des forêts, a relevé la représentante.  Elle a indiqué que l’Équateur était en train de mettre en place des mécanismes pour promouvoir des activités durables dans le cadre de l’exploitation des ressources ligneuses et non ligneuses, notamment par des procédés de certification.  Un programme national est également consacré au fléau des incendies qui ravagent chaque année des centaines d’hectares de forêts dans le pays.  Le Gouvernement équatorien entend aussi réduire ses émissions de gaz à effet de serre et promouvoir davantage de mesures d’adaptation aux changements climatiques au sein des communautés forestières. 

M. DAWD (Éthiopie) a reconnu l’importance des forêts dans la lutte contre les changements climatiques.  En tant que pays agricole, l’Éthiopie doit lutter contre la dégradation des sols et la désertification.  Dans le contexte africain, il faut traiter de cette question en misant sur l’utilisation durable de toutes les ressources naturelles.  Dès lors,  le Gouvernement éthiopien a mis en place des politiques permettant de jeter les bases nécessaires à des réformes, en vue de parvenir à une gestion durable des terres et des forêts.  Ces politiques encouragent les investissements public-privé en faveur de la conservation des forêts en offrant des terres gratuitement aux entreprises en vue de la reforestation.  L’Éthiopie a pour objectif d’arriver à « zéro émission » d’ici à 2025.  Pour restaurer 22 millions d’hectares de forêts dans tout le pays, le Gouvernement compte sur un appui financier et technique de ses partenaires de développement, a encore précisé le délégué. 

Mme MERYEM HAMDOUNI (Maroc) a appelé à renforcer la coopération internationale dans la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Le Maroc s’engage à consolider la tendance actuelle de réduction des émissions des gaz à effet de serre et à promouvoir les filières de la sylviculture, notamment.  Le Gouvernement a d’ores et déjà pris des mesures pour sécuriser l’assiette foncière du domaine forestier et accélérer le rythme de reboisement.  Actuellement, 40 000 hectares par an sont reboisés au Maroc.  Le pays est d’ailleurs disposé à partager son expérience dans le domaine de la gestion durable des forêts et des programmes d’atténuation des effets des changements climatiques, notamment dans le contexte de la coopération Sud-Sud, a indiqué la représentante.

M. NOVITISKI (Ouzbékistan) a présenté la contribution nationale de son pays dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts.  Le Gouvernement, a-t-il dit, a établi des critères pour l’utilisation durable des forêts et pour restaurer celles-ci à hauteur de 350 000 hectares par an.  Le représentant a mis l’accent sur problème crucial, sur le plan écologique, de la disparition de la mer d’Aral qui est devenue « un véritable désert ».  « Ce problème est mondial avec des répercussions sur de nombreux États », a affirmé le représentant en rappelant les répercussions de ses poussières et sels sur les précipitations.  Face à cette tragédie, le Gouvernement a adopté un nouveau programme national qui vise à améliorer la situation écologique dans le pays.  L’Ouzbékistan propose que l’année 2020 soit décrétée « Année de la lutte contre les catastrophes écologiques dans la région de la mer d’Aral ».

Mme CHIPETA (Afrique du Sud) a rappelé que l’Afrique australe venait de subir un certain nombre d’inondations à la suite du passage d’ouragans et cyclones qui ont frappé cette partie du continent.  Un grand nombre d’agriculteurs africains vont ainsi avoir des difficultés à s’adapter à la nouvelle donne, et cela va exercer une pression supplémentaire sur les ressources naturelles, y compris les ressources forestières.  C’est pourquoi l’Afrique du Sud accorde du prix à la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, a dit la déléguée en insistant sur l’amélioration des mécanismes de cette mise en œuvre, dont l’allocation de ressources financières et la promotion du transfert de technologies.

M. ALIAN RICHARD DONWAHI, Ministre des eaux et forêts de Côte d’Ivoire, a souligné que son pays était parti de 16 millions d’hectares de forêts en 1900 pour arriver à 3,4 millions seulement en 2015, soit une perte de 80% en valeur relative.  La politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts vise à permettre au pays de recouvrer 20% de la couverture forestière, soit 6 millions d’hectares au total d’ici à 2045, avec un budget de mise en œuvre établi à 1,2 milliard de dollars sur une période de 10 ans.  Il a mentionné un programme allant dans ce sens, intitulé « une école, 5 hectares de forêts », qui initie les enfants dès leur plus jeune âge à la problématique environnementale. 

Mme CRISTIANE ENGELBRECHT SCHADTLER (Venezuela) a réaffirmé l’engagement du Gouvernement vénézuélien en faveur de la gestion durable des forêts, ainsi que pour la promotion des réserves forestières en vue de garantir les ressources hydriques et préserver les écosystèmes.  Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts, le Venezuela s’est doté d’une politique de gestion durable des espaces vitaux, dont les forêts, dès 1999, lors de l’adoption de sa nouvelle Constitution.  Le plan national de gestion des forêts, qui va jusqu’en 2021, mise sur l’utilisation durable des sols et l’atténuation des effets des changements climatiques.  Ce plan reconnaît le potentiel des forêts dans ces deux domaines ainsi que pour le développement durable.  Le Venezuela présentera sa contribution volontaire nationale lors de la prochaine session du FNUF, a annoncé la représentante avant de dénoncer les mesures financières unilatérales prises par certains pays, visant le Venezuela et empêchant son développement économique et social.  Il faut respecter les différents modèles de développement ainsi que la souveraineté des États sur leurs ressources naturelles, a-t-elle demandé en plaidant pour la solidarité mondiale en faveur de l’élimination de la pauvreté.

M. MAKUMBA  (Zambie) a reconnu l’importance des forêts en tant que moteurs du développement durable, et a rappelé la législation adoptée par la Zambie pour transférer la gestion durable des forêts aux communautés locales.  Dès lors ce sont 846 000 hectares de forêts qui vont être placés sous gestion communautaire.  Par ailleurs, le délégué a mentionné le plan d’investissement pour la réduction de la déforestation et la dégradation des sols qui a été adopté, avec pour priorité la mise en place de systèmes agricoles et énergétiques durables.

Débat technique et échange de données d’expérience sur les priorités thématiques et opérationnelles, les mesures prioritaires et les ressources nécessaires pour la période 2019-2020, compte tenu du cycle d’examen du Forum politique de haut niveau pour le développement durable pendant cette période et du thème de la Journée internationale des forêts

Table ronde interactive sur les forêts et changements climatiques

Les forêts du monde sont indispensables à la stabilisation du climat mondial et constituent une fondation vitale à la prospérité future des populations et de la planète, souligne la note du secrétariat du Forum des Nations Unies sur les forêts portant sur la mise en œuvre du Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030).

En effet, ce document indique que malgré la reconnaissance croissante du rôle central des forêts dans le cycle du carbone, l’occupation des sols et le changement d’affectation des terres font partie des principales causes des changements climatiques, tout comme les émissions dues aux secteurs de l’énergie et des transports.  De ce fait, lorsque la quantité de dioxyde de carbone séquestrée par les forêts excède la quantité libérée, en raison de la déforestation et de la dégradation des forêts, ces dernières s’avèrent être un outil naturel susceptible d’éliminer le surplus de carbone de l’atmosphère. 

Le Plan stratégique des Nations Unies sur les forêts (2017-2030) comporte des objectifs relatifs aux changements climatiques, a rappelé M. DUNCAN BRACK, chercheur principal au « Royal Institute of International Affairs (Chatham House) », du Royaume-Uni.  Il a relevé que de nos jours, les forêts séquestrent environ 40% du carbone produit, notamment par le biais de la biomasse vivante, des sols forestiers, ainsi que du bois mort. 

Du point de vue géographique, 55% du stock de carbone forestier est séquestré dans les forêts tropicales, 32% dans les forêts boréales et 14% dans les forêts tempérées.  Selon l’expert, les études laissent voir que le potentiel d’atténuation des changements climatiques des forêts est bien plus grand que l’on ne le pensait.  Il faut donc protéger les forêts primaires, notamment pour augmenter ou maintenir leur capacité de stockage du carbone.  Malheureusement, a—t-il noté, il est économiquement plus rentable pour de nombreux pays de couper des arbres que de les préserver.

Effectivement, a renchéri la déléguée du Costa Rica, les pays en développement comme le sien veulent bien poursuivre leur reforestation, mais comment faire pour trouver des fonds à cette fin, « sachant que nos forêts servent pour nos besoins existentiels en même temps que pour le bien de l’humanité »?  L’Équateur a ajouté qu’il est important de renforcer les capacités et combler les lacunes technologiques des pays en développement, alors que le Nigéria s’est interrogé sur la capacité du secteur privé à financer la séquestration du carbone.

Répondant à ces inquiétudes, M. Brack, du « Royal Institute of International Affairs », a parlé de l’initiative « ONU-REDD+ ».  Il s’agit d’un programme de collaboration des Nations Unies sur la réduction des émissions de carbone liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement.  Lancé en 2008, il s’appuie sur l’expertise technique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  REDD+ est une solution d’atténuation des changements climatiques mise au point par les Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), en incitant les pays en développement à conserver leurs forêts en échange de paiements fondés sur les résultats pour des actions visant à réduire les émissions de carbone des forêts.  Ces fonds viennent notamment d’organismes multilatéraux comme le Fonds de partenariat pour la réduction des carbones forestiers (FCPF) et le Programme d’investissement pour la forêt (FIP).

La représentante du Brésil s’est félicitée du fait que son pays, grâce à ses efforts visant la réduction de ses émissions de carbone et le reboisement, fut le premier pays éligible à recevoir des financements dans le cadre de l’initiative REDD+. 

Mme ELENA PAOLETTI, Présidente du Conseil consultatif scientifique de l’Institut européen des forêts, a indiqué que la durabilité des forêts passe également par la protection des ouvriers du bois qui font l’un des métiers parmi les plus dangereux au monde.  Pour une reforestation efficace, elle a plaidé pour un appui politique majeur, ce qui passe aussi par la mise en place de mesures comme la certification des produits forestiers.  Étant donné que 80% des humains vont bientôt vivre en ville, il est important de penser à des villes durables, et cela passe par la recherche et l’innovation afin de réduire l’impact des villes sur les forêts.  Elle a demandé également le partage des « pratiques qui marchent ». 

M. IGOR VISZLAI, expert en communication à « Forest Europe », a évoqué les principaux problèmes des forêts européennes, notamment les incendies, les inondations et d’autres phénomènes externes dus aux changements climatiques.  C’est pourquoi les pays européens ont créé l’initiative « Forest Europe » qui est un processus politique paneuropéen volontaire de haut niveau pour le dialogue et la coopération sur les politiques forestières en Europe.  « Forest Europe » élabore des stratégies communes pour ses 47 signataires (46 pays européens et l’Union européenne) sur la manière de protéger et de gérer durablement leurs forêts.  Le groupe d’experts de « Forest Europe » a donc élaboré un ensemble de mesures à l’échelle du continent pour protéger les forêts européennes contre les changements climatiques, a indiqué l’expert. 

À sa suite, l’Union européenne a plaidé pour l’augmentation du potentiel de stockage du carbone des forêts, tout en rappelant qu’en plus de leur capacité à le faire, les écosystèmes forestiers peuvent aussi s’avérer être de grandes sources d’énergie renouvelable par le biais de la biomasse. 

Remplacer les sources d’énergie fossile par la biomasse n’est pas toujours la bonne solution, a tempéré la déléguée du Canada.  Dans son pays, des communautés isolées, dépendantes du diesel comme source d’énergie, n’entendent pas le troquer contre la biomasse malgré les efforts du Gouvernement.  M. Brack, du « Royal Institute of International Affairs », lui a suggéré d’évaluer l’empreinte écologique des chaines d’approvisionnement de la biomasse et du carburant fossile afin de mieux établir lequel est meilleur pour la nature.

En Inde, a révélé son représentant, la quantité de carbone séquestrée par les forêts nationales est en constante augmentation.  L’Inde est un puits de 300 gigatonnes de carbone, s’est enorgueilli le délégué, avant d’ajouter que le plan national de lutte contre les changements climatiques prévoit de planter 8,9 millions d’hectares de forêts qui devraient permettre de stocker pas moins de 6 millions de tonnes de carbone supplémentaires par an.

Le Grand Groupe des agriculteurs et des propriétaires de forêts communautaires a estimé qu’il fallait adopter une approche holistique pour tenir compte de la capacité de stockage du carbone des forêts et des autres services multiples qu’offrent celles-ci.  Le Grand Groupe de la communauté scientifique et technique a demandé aux États africains de renforcer la coopération scientifique dans les domaines de l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques.  Les États-Unis ont insisté sur le caractère volontaire de la contribution de chaque pays en matière de reforestation.  Quant à la Finlande, elle a insisté pour une adéquation au niveau national entre les politiques de lutte contre les changements climatiques et celles de gestion durable des forêts. 

Table ronde interactive sur les forêts, la croissance économique inclusive et durable et l’emploi

Forestier principal et Coprésident du Conseil d’administration du « Centre for International Forestry Research », M. JOSE JOAQUIM CAMPOS ARCE a souligné le rôle essentiel des forêts dans la croissance, en relevant qu’un milliard de personnes dans le monde dépendent d’elles pour leur subsistance.  Les forêts sont responsables de plus de 600 milliards de dollars du PIB mondial, des 250 milliards d’échanges commerciaux et de 13 millions d’emplois forestiers.  En outre, les PME représentent 75% des emplois dans le secteur forestier.  Le « Centre for International Forestry Research » vise à diffuser auprès des autorités des connaissances sur le rôle des forêts dans les moyens de subsistance, l’emploi et l’environnement.  Il aide à la gestion à long terme des forêts.  Aborder ensemble l’agriculture et les forêts dans la formulation des politiques de développement national est essentiel pour réaliser les objectifs de développement durable, a expliqué l’expert.  Selon lui, les ministères doivent assurer la cohérence politique entre la gestion des forêts et l’agriculture commerciale, la production alimentaire et le développement rural. 

Abordant les forêts sous l’angle de l’emploi, la Coordonnatrice de « World, Forest, Society and Environment Assessment » à l’International Union of Forest Research Organizations, Mme PIA KATILA, a évoqué les relations entre l’objectif 8 de développement durable sur le travail décent et la croissance économique, d’une part, et les objectifs mondiaux sur les forêts, d’autre part.  Elle a souligné le rôle essentiel du secteur informel dans la gestion des forêts, qui devrait selon elle apporter davantage à l’économie que le secteur formel à condition de régler la question des données.  Elle a aussi conseillé d’élargir les zones forestières afin d’élargir les zones permettant de trouver des moyens de subsistance.  Les forêts doivent être intégrées dans le développement durable, a plaidé Mme Katila en préconisant la cohérence et la synergie entre ces objectifs, ainsi que la cohérence des politiques de développement.  Elle a demandé un soutien accru aux PME qui œuvrent dans le secteur des forêts. 

La meilleure gestion des forêts est faite par les communautés autochtones, a dit à son tour Mme GILL SHEPHERD, professeure associée à la « London School of Economics and Political Science ».  Pour elle, la meilleure façon de gérer les forêts est de laisser faire ceux qui vivent sur place et qui savent le faire.  Cela permet des résultats positifs en matière de gestion de forêts et de lutte contre les changements climatiques, a-t-elle assuré.  Or, cela est contraire à la tendance actuelle qui fait que les communautés autochtones sont de plus en plus écartées dans la gestion des forêts au profit de l’industrie forestière.  Pour une bonne gestion, il faut donc commencer au niveau local et passer ensuite au niveau national.

Au cours d’un bref échange interactif, le Nigéria et l’Équateur ont souligné la nécessité de connaître la valeur réelle des ressources forestières.  L’Équateur a demandé au Forum politique de haut niveau d’apporter une réponse à cette question.  Il a plaidé pour un équilibre entre tous les secteurs afin de créer les bonnes conditions de création d’emplois non seulement dans le secteur forestier mais aussi dans toute l’économie.  Les objectifs liés aux forêts sont à son avis la fondation pour réaliser tous les objectifs de développement durable.  Au Costa Rica, la propriété moyenne forestière est de 20 hectares, contrairement à d’autres pays où les propriétés forestières vont par centaines, voire par milliers d’hectares.  Il faut donc tenir compte de cette diversité, a recommandé la délégation. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: appels à éviter le « piège des coupes » face à une nouvelle baisse globale du budget du maintien de la paix

Soixante-treizième session,
33e séance – matin
AG/AB/4319

Cinquième Commission: appels à éviter le « piège des coupes » face à une nouvelle baisse globale du budget du maintien de la paix

Dans l’attente d’une proposition budgétaire officielle du Secrétariat de l’ONU pour les opérations de maintien de la paix en 2019-2020, plusieurs États Membres ont, ce matin, à l’ouverture de la session de mai de la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, fait mention d’une enveloppe globale de 6,6 milliards de dollars, soit une baisse significative par rapport à la période précédente.  Il ne faudrait pas transformer l’examen du budget du maintien de la paix en « exercice de réduction des coûts », a mis en garde le Groupe des États d’Afrique, sous peine, a renchéri la Chine, de tomber dans le « piège des coupes »

Le total des sommes demandées au titre du maintien de la paix pour la période allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 serait de 6,637 milliards de dollars, soit une baisse de 382,2 millions de dollars par rapport à la période 2018-2019, a souligné le Groupe des États d’Afrique, estimant que l’examen du budget des opérations  devrait être une affectation « responsable » des ressources, fondée sur l’équilibre entre dépenses et résultats attendus, plutôt qu’un « exercice de réduction des coûts ».  Pour éviter les coupes « arbitraires », les budgets doivent refléter le mandat et la situation réelle de chaque mission, ont estimé le Groupe des 77 et de la Chine.  Or, l’enveloppe du maintien de la paix baisse constamment depuis l’exercice 2015-2016, a déploré la Chine qui a voulu éviter le « piège des coupes ».  Il est tout à fait envisageable, a-t-elle plaidé, d’allouer les ressources financières nécessaires aux missions, sans renoncer à une discipline financière rigoureuse et à une supervision renforcée, afin d’améliorer la performance budgétaire.  Il suffirait pour cela que les États payent leurs contributions à temps et sans conditions, en particulier ceux qui ont la capacité de le faire, a estimé le Mexique.

L’utilisation « judicieuse » des ressources « limitées » et le respect « scrupuleux » de la discipline budgétaire rendent justement nécessaire une « approche prudente » face aux demandes de ressources supplémentaires, a rétorqué le Japon, pour qui le fonctionnement efficace, la viabilité à long terme et la crédibilité de l’ONU passent par une analyse « plus approfondie » des dépenses et des résultats.  L’année 2019 devrait être celle de la concrétisation des bénéfices liés aux réformes de la gestion et du pilier « paix et sécurité » de l’Organisation, ont anticipé les États-Unis.  La Commission devrait donc recevoir des propositions budgétaires « responsables », qui reflètent cette nouvelle réalité sur le terrain et les efforts en cours pour une utilisation plus efficace des ressources. 

Plusieurs pays ont appelé à une solution au problème des dettes « anciennes » que l’Organisation doit aux pays fournisseurs de contingents dans le cadre des missions déjà clôturées, sans oublier les retards « systémiques » dans le remboursement pour les missions actuelles.  En mars 2019, 265 millions de dollars n’avaient toujours pas été payés aux pays contributeurs de troupes et d’unités de police, s’est impatienté le Pakistan qui, avec l’Indonésie, a voulu que l’on renforce la représentation des pays fournisseurs de contingents dans les départements qui s’occupent du maintien de la paix.

Compte tenu de la « complexité » de ces questions et de la charge de travail déjà « très lourde » de la Commission, le Groupe des 77 et de la Chine se sont interrogés sur la pertinence d’inclure à l’ordre du jour de cette reprise de session l’examen des propositions du Secrétaire général pour améliorer la situation financière de l’Organisation.  Jugeant, à l’inverse, la question opportune, l’Union européenne a dit partager les préoccupations de M. António Guterres quant à la viabilité financière des Nations Unies, qu’il s’agisse du budget ordinaire ou de celui du maintien de la paix.  Les règles de fonctionnement de ces budgets et les instruments budgétaires doivent répondre efficacement aux besoins les plus urgents de l’Organisation, en fonction « d’objectifs stratégiques communs », plutôt que d’opérer selon une logique « flux de financement et de lignes budgétaires », a estimé l’Union européenne.  Convoquant les Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), la Fédération de Russie a rappelé qu’il faut prendre en compte quatre indicateurs pour se faire une idée de la situation financière de l’ONU.  Or, M. Guterres a décidé de n’utiliser qu’un seul de ces critères, à savoir le déficit de trésorerie.  Les trois autres indicateurs sont pourtant positifs, comme l’a confirmé le Comité des commissaires aux comptes, s’est-elle étonnée, avant de trancher:  « Il n’y a pas de crise financière à l’ONU! » 

Rentrant dans le vif du sujet, les États Membres se sont penchés sur les budgets annuels des opérations de maintien de la paix à Chypre (UNFICYP), au Kosovo (MINUK), au Liban (FINUL), au Sahara occidental et au Darfour.  Le Soudan a dit tenir à la mise en œuvre de la stratégie de retrait de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), conformément à la résolution 2429 (2018) du Conseil de sécurité et au calendrier établi, à savoir juin 2020.  Le peuple soudanais est parfaitement capable de réaliser une transition démocratique dans la stabilité, a-t-il affirmé, en référence au changement de régime survenu récemment à Khartoum qui aura, a-t-il aussi affirmé, un effet positif sur la situation au Darfour, « et non un effet négatif comme le prévoient certains ».

La Commission a, par ailleurs, nommé par acclamation M. Na Sang-deok, de la République de Corée, au Comité des contributions, pour remplacer sa compatriote Mme Yoon Seongmee, jusqu’au 31 décembre 2020.  Le Comité a pour fonction de conseiller l’Assemblée générale sur la répartition des dépenses de l’Organisation entre États Membres, en fonction de leur capacité de paiement.

La Cinquième Commission se réunira à nouveau demain, mardi 7 mai, à 10 heures du matin, pour examiner la question de l’amélioration de la situation financière de l’ONU.

ÉTAT D’AVANCEMENT DE LA DOCUMENTATION (A/C.5/73/L.30)

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a pris note du fait que le programme de travail de cette deuxième partie de la reprise de session a été publié à titre « provisoire ».  Il a invité le bureau de la Commission à le mettre à jour au fur et à mesure que les rapports paraîtront.  Notant que l’amélioration de la situation financière de l’Organisation est l’un des points à l’ordre du jour, il a néanmoins estimé qu’il s’agit plutôt de se concentrer sur le financement des opérations de maintien de la paix , une question « complexe » qui requiert toute l’attention des États Membres.

Compte tenu de la charge de travail « très lourde », le représentant a insisté sur la parution des rapports « en temps et en heure » et dans les six langues officielles des Nations Unies.  Nous sommes toujours confrontés, a-t-il déploré, à des retards qui affectent la faculté des États Membres à bien se préparer.  Le représentant a ensuite souligné l’importance qu’il il y a à ce que les budgets des opérations de maintien de la paix reflètent le mandat et la situation réelle.  Évitons, a-t-il voulu, les « exercices arbitraires de coupes budgétaires ».  Il a appelé à des solutions acceptables sur les contributions non acquittées et autres dettes dans les missions de maintien de la paix clôturées, afin de régler définitivement les déficits de trésorerie.  Il a aussi voulu une solution satisfaisante pour régler les problèmes « systémiques et non résolus » des remboursements « justes, rapides et réalistes » des pays fournisseurs de contingents.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. CHEIKH NIANG (Sénégal) s’est plaint de la publication tardive des rapports qui empêchent les États Membres de se préparer aux réunions.  Le représentant a aussi dénoncé le fait que les rapports ne paraissent pas toujours dans les six langues de travail, ce qui présente un problème grave pour les délégations.  Il a exhorté le Secrétariat à faire tous les efforts possibles pour respecter la règle des six semaines pour la parution des rapports.  Le programme de travail est « provisoire » et toute prolongation de la session aura un impact négatif sur le travail du Comité du programme et de la coordination en particulier.  Certains États, a rappelé le représentant, travaillent aussi dans d’autres Commissions.  Il a rejeté d’emblée l’idée de dépasser les délais impartis et s’est, à ce propos, étonné de l’inscription de certains points à l’ordre sans aucun lien avec le financement des opérations de maintien de la paix.  Cela risque, a-t-il prévenu, d’empêcher un examen approfondi des points importants.

Le représentant a appelé à un équilibre entre ressources et résultats attendus.  Il a noté que le total des sommes demandées pour les opérations de maintien de la paix est de 6,637 milliards de dollars, soit une baisse de 382,2 millions de dollars par rapport à la période 2018-2019 et 859,2 millions de dollars par rapport à 2017-2018.  Le représentant a demandé des informations supplémentaires sur les conséquences de ces réductions.  Il a insisté sur la complexité des mandats et des défis particuliers des opérations déployées en Afrique.  Il s’est ensuite attardé sur la question des remboursements des pays fournisseurs de contingents.  L’ONU, a-t-il relevé, n’a pu rembourser que la moitié du montant qu’elle doit au premier trimestre de 2019.  Les États doivent payer leurs contributions à temps, en totalité et sans conditions, a martelé le représentant. 

L’examen des budgets des opérations de maintien de la paix, a-t-il prévenu, ne devrait pas être un exercice de réduction des coûts mais une affectation « responsable » des ressources et un exercice fondé sur des politiques.  Nous examinerons minutieusement, a promis le représentant, chaque proposition budgétaire de même que les évaluations et les recommandations des organes de contrôle comme le Comité des commissaires aux comptes et le CCQAB.  Nous étudierons aussi scrupuleusement la performance de toutes les opérations de maintien de la paix clôturées et actives, du Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie, du Centre de services régional d’Entebbe et de la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi.  Nous suivrons de près, a ajouté le représentant, les questions transversales directement liées aux mandats spécifiques, y compris ceux relatifs à l’appui aux missions, à la mise en œuvre d’Umoja et de ses avantages.  Les projets à impact rapide et les activités programmatiques, qui sont des éléments essentiels à la paix durable, devraient ainsi jouer un rôle plus proéminent dans les opérations de maintien de la paix, a conclu le représentant. 

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a, à son tour, appelé à une publication en temps voulu et dans les six langues officielles de l’ONU des documents et rapports sur lesquels se fondent les États Membres.  L’ONU doit pouvoir s’acquitter de sa mission de façon « efficace » et être davantage comptable de ses actes, notamment dans la conduite des opérations de maintien de la paix.  Les missions, a ajouté le représentant, doivent être dotées des moyens nécessaires pour connaître le succès et se montrer efficaces.  Dans ce cadre, le représentant a appuyé les différents efforts du Secrétaire général pour moderniser l’Organisation.  Il s’est dit préoccupé par la viabilité de la situation financière de l’Organisation, qu’il s’agisse du budget ordinaire et de celui du maintien de la paix.  Les règles de fonctionnement de ces budgets et les instruments budgétaires doivent répondre efficacement aux besoins les plus urgents de l’Organisation, en fonction « d’objectifs stratégiques communs », plutôt que d’opérer selon une logique « flux de financement et de lignes budgétaires ».

Mme CHERIT NORMAN CHALET (États-Unis) s’est opposée d’emblée à l’idée que la Palestine ait été élevée à la présidence du Groupe des 77 et de la Chine.  Notre position, a-t-elle précisé, s’applique à toutes les réunions de l’ONU durant lesquelles la Palestine prétendra représenter le Groupe.  La représentante a dit examiner soigneusement la proposition budgétaire de 6,6 milliards de dollars présentée par le Secrétaire général.  Notant les budgets semestriels pour les Missions au Darfour et en Haïti, elle a demandé au Secrétaire général d’appliquer la même approche stratégique à toutes les missions.  Elle a d’ailleurs dit attendre avec intérêt les discussions sur la manière dont la planification intégrée et la hiérarchisation des ressources peuvent informer au mieux les propositions présentées. 

Les ressources des opérations de maintien de la paix, a-t-elle poursuivi, sont étroitement liées aux politiques pour une plus grande efficacité desdites opérations.  Ces deux dernières sessions, la Commission n’a pu se mettre d’accord sur une résolution relative aux questions transversales, mais compte tenu de l’Initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général, de la Déclaration de haut niveau soutenue par 151 États Membres, du  rapport sur l’amélioration de la sécurité des Casques bleus et de l’élaboration en cours d’un cadre intégré pour la gestion de la performance, nous avons, a estimé la représentante, une occasion en or d’imprimer une direction stratégique à ces initiatives de réforme. 

Nous tenons, a rappelé la représentante, la première session sur le maintien de la paix depuis que l’Assemblée générale a approuvé le programme de réforme de l’ONU et en particulier, les décisions sur les piliers « gestion » et « paix et sécurité ».  L’année 2019, a-t-elle souligné, est pour nous celle d’une bonne mise en œuvre de ce programme de réforme.  Avec la dissolution des silos dans l’architecture de paix et de sécurité de l’ONU, les États Membres devraient directement bénéficier d’une coordination améliorée entre le travail politique et opérationnel du Secrétariat pour évaluer et combattre les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  La Commission devrait donc recevoir des propositions budgétaires « responsables » qui reflètent cette nouvelle réalité, en expliquant clairement comment les ressources seront optimisées pour promouvoir des solutions politiques efficaces et viables et mieux exécuter les mandats. 

Nous nous attendons, s’est-elle expliquée, à ce que la réforme de la gestion et l’accent mis sur le principe de responsabilité donnent lieu à des propositions budgétaires qui reflètent à la fois la réalité sur le terrain et les efforts en cours pour une utilisation plus efficace des ressources.  La réforme de la gestion doit aussi se manifester par de meilleurs services aux clients, une efficacité accrue et un soutien amélioré aux pays fournisseurs de contingents et de personnel de police.  Les États-Unis, a conclu la représentante, examineront également avec soin les propositions du Secrétaire général pour améliorer la situation financière de l’Organisation, qu’il s’agisse de la trésorerie ou des problèmes structurels plus larges qui compromettent la gestion budgétaire. 

M. WATARU OTSUKA (Japon) a estimé que le budget des opérations de maintien de la paix, dont l’exercice démarre le 1er juillet, devait être la priorité absolue de cette session.  En la matière, le représentant a plaidé en faveur d’une « gestion responsable et efficace » des missions de paix.  « Nous sommes convaincus qu’une bonne gestion est essentielle pour garantir le fonctionnement efficace, la viabilité à long terme et la crédibilité de l’Organisation », a-t-il insisté.  Tout en appuyant les mesures prises par le Secrétariat de l’ONU afin de renforcer la responsabilité au sein de l’Organisation, le représentant a déploré l’insuffisance du niveau de responsabilité actuel.  Il a appelé à une analyse « plus approfondie » des dépenses et des résultats.  C’est sur cette base, a-t-il prévenu, que le Japon évaluera le niveau des ressources pour chaque mission.

Par ailleurs, le représentant a dit partager les préoccupations du Secrétaire général concernant la détérioration de la situation financière des Nations Unies.  Il a promis d’analyser dans les détails les propositions du Secrétaire général pour faire face à ce problème.  Le représentant a insisté sur une utilisation « judicieuses » des ressources limitées » et pour le respect « scrupuleux » de la discipline budgétaire ».  Nous aurons, a-t-il conclu, une « approche prudente » face à toute demande de ressources supplémentaires.

M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a souligné l’importance pour les États d’honorer leurs obligations financières en tout temps et de bonne foi.  Il a plaidé pour l’octroi de ressources nécessaires à la Mission en Haïti et a dit accorder la plus haute importance au rapport sur la situation financière de l’ONU dans lequel le Secrétaire général a développé sa stratégie pour la réforme de la gestion de l’ONU. 

M. HASEEB GOHAR (Pakistan) a souligné qu’en mars 2019, 265 millions de dollars n’avaient toujours pas été payés aux pays contributeurs de troupes et d’unités de police.  « Faire plus avec moins n’est pas viable », s’est-il impatienté, appelant à trouver des solutions.  « Nous devons agir de manière crédible pour doter les missions des ressources nécessaires à l’exécution efficace de leurs différents mandats », a insisté le représentant.  Dans ce cadre, il a jugé que la coopération triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat est « plus pertinente que jamais », non seulement dans la formulation des mandats, mais également dans leur mise en œuvre et leur examen.

Par ailleurs, le représentant a appelé à démocratiser l’Organisation pour la rendre plus crédible, afin de refléter les intérêts de l’ensemble des États Membres.  Il a ainsi appuyé la proposition du Secrétaire général de prendre en compte les contingents et les unités de police dans la révision des systèmes des fourchettes optimales.  Il a également appuyé les propositions pour renforcer la représentation des pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police dans les départements qui s’occupent du maintien de la paix.

M. DAOPENG FU (Chine) a noté que le projet de budget 2019-2020 du maintien de la paix de 6,637 milliards de dollars représente une réduction constante depuis l’exercice 2015-2016.  Il a voulu que l’on fonde sur les faits et que l’on fasse de prudence pour éviter les coupes qui ne peuvent nous mener qu’au « piège des coupes ».  L’examen du financement des opérations de maintien de la paix devrait garantir les ressources financières nécessaires, sans renoncer à une discipline financière rigoureuse, à un contrôle strict et à une supervision budgétaire renforcée pour que la performance budgétaire soit améliorée et que chaque centime du contribuable soit bien géré et bien dépensé.  Pour régler la situation budgétaire des opérations de maintien de la paix, les États, a martelé le représentant, doivent payer leurs contributions à temps.  La Chine l’a fait, a-t-il souligné, en appelant les États, en particulier ceux qui ont la capacité de le faire à payer leurs contributions entièrement, à temps et sans conditions. 

En tant que ressortissant de l’un des principaux pays fournisseurs de contingents, M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a appelé la Commission à doter les missions des ressources nécessaires pour leur permettre d’exécuter leur mandat et de faire face aux imprévus.  « Nous ne devons pas demander aux Casques bleus de toujours faire plus avec moins », a-t-il déclaré, appelant à davantage de cohérence entre les mandats et les ressources.  Le représentant a également plaidé pour l’amélioration de la sûreté et de la sécurité des Casques bleus grâce à la formation et au renforcement des capacités.  Il est essentiel que les soldats de la paix soient « bien équipés, bien entrainés et bien informés », a-t-il insisté.  Il a aussi voulu que les pays fournisseurs de contingents et d’unités de police soient représentés de manière appropriée aussi bien dans les départements du Secrétariat liés au maintien de la paix que sur le terrain.

Mme ALISON SOLANGE GRAÑA CORONEL (Uruguay) a plaidé pour un bon financement des opérations de maintien de la paix, avant de se dire préoccupée par les conséquences possibles du manque de moyens qu’accusent les opérations de maintien de la paix, s’agissant en particulier de la sécurité des Casques bleus et des locaux.  Pour mieux partager le fardeau financier, il faut tenir compte des capacités de chaque pays, a souligné la représentant qui a salué le travail des Missions en République démocratique du Congo et en Haïti.  L’ONU, a-t-elle conclu, doit solder la dette qu’elle doit aux fournisseurs des contingents et de personnel de police. 

M. EVGENY V. KALUGIN (Fédération de Russie) a appelé le bureau de la Commission à mettre les documents et rapports à la disposition des États Membres en temps voulu.  Quant à l’enveloppe de 6,6 milliards de dollars proposée par le Secrétaire général pour le maintien de la paix, le représentant a constaté la diminution progressive des ressources d’années en années.  La recherche d’économies doit se traduire par une efficacité et une responsabilité accrue dans le travail du Secrétariat sans nuire aux mandats des missions, a-t-il mis en garde, appelant les États Membres à exercer leur contrôle pour veiller à la pertinence des coupes budgétaires et à la prise de « toutes les dimensions » dans les décisions.

S’agissant des propositions du Secrétaire général pour améliorer la situation financière de l’Organisation, le représentant a souligné que, conformément aux Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS), il faut prendre en compte quatre indicateurs pour se faire une idée de cette situation financière.  Or, M. António Guterres a décidé de n’utiliser qu’un seul de ces critères, à savoir le déficit de trésorerie.  Les trois autres indicateurs sont pourtant positifs, comme l’a confirmé le Comité des commissaire aux comptes, a poursuivi le représentant, avant de trancher:  « Il n’y a pas de crise financière à l’ONU ». 

Aux yeux du représentant, les deux principaux problèmes de l’ONU sont les dettes « anciennes » de l’Organisation envers les pays fournisseurs de contingents, s’agissant des missions déjà clôturées, et le déficit « chronique » de trésorerie dans l’exécution du budget ordinaire à l’automne.  Les propositions de M. Guterres, a estimé le représentant, ne font que « s’attaquer aux symptômes » et non au « mal », à savoir les « dettes colossales » que certains États Membres doivent à l’Organisation.  Aux yeux du représentant, la Commission devrait plutôt centrer ses discussions sur des méthodes qui pourraient être attribuées à chaque État Membre pour régler ce problème. 

Répondant aux États-Unis, l’Observateur de l’État de Palestine a souligné qu’il relève du droit souverain du Groupe des 77 et de la Chine de choisir celui qu’il veut élire à sa présidence et la résolution 73/5 de l’Assemblée générale donne par ailleurs des droits supplémentaires à la Palestine.  Ce que nous voulons, a précisé l’Observateur, c’est le respect des résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, « rien de plus ».  Les relations entre les États sont différentes et les nôtres ont été bonnes avec tous les États pendant la première reprise de session.  Nous espérons qu’elles le resteront, a conclu l’Observateur. 

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles (A/73/828)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a examiné celui du Secrétaire général (A/73/744) lequel est un rapport d’étape qui donne des informations actualisées sur les mesures visant à renforcer les moyens d’action de l’Organisation des Nations Unies face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles, lesquelles s’articulent autour des axes stratégiques suivants: donner la priorité aux droits et à la dignité des victimes, au moyen d’une approche centrée sur la victime; mettre fin à l’impunité, en appliquant la politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles; mobiliser les États Membres, la société civile et les partenaires extérieurs; et améliorer la communication stratégique dans un souci d’information et de transparence. 

Le Secrétaire général donne également des informations sur les progrès accomplis dans l’action menée par l’Organisation des Nations Unies face à l’exploitation et aux atteintes sexuelles; l’action humanitaire et le Comité permanent interorganisations; les partenaires opérationnels; l’application du principe de responsabilité à l’échelle du système; la priorité donnée aux droits et à la dignité des victimes, ainsi que le fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles; la réduction des risques et la fin de l’impunité, y compris la vérification des antécédents, la formation, le signalement et les enquêtes; le dialogue avec les États Membres et la société civile; l’amélioration de la communication stratégique dans un souci d’information et de transparence; et un aperçu des données sur les allégations.

Le Comité consultatif note qu’étant un rapport d’étape, le rapport du Secrétaire général ne comporte pas de propositions spécifiques ayant des incidences budgétaires supplémentaires mais il prend note des efforts déployés par le Secrétaire général pour renforcer la sensibilisation, la mobilisation et l’engagement.

Il prend aussi note des efforts faits pour adopter une démarche à l’échelle du système pour ce qui est de résoudre la question de l’exploitation et des atteintes sexuelles, et compte que, pour assurer l’homogénéité et la cohérence, le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination redoublera d’efforts à cet égard.  Il a dit attendre avec intérêt d’être informé dans le prochain rapport du Secrétaire général des efforts faits pour améliorer la cohérence des méthodes de collecte des données et de signalement.

Le Comité note par ailleurs l’action engagée par le Secrétaire général pour connaître les résultats des enquêtes menées et les mesures de sanction prises concernant toutes les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles, et compte que de nouveaux efforts seront faits dans ce domaine.  Toutefois, il se dit préoccupé par l’augmentation sensible du nombre de cas signalés parmi ces entités et engage le Secrétaire général à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre sa stratégie, notamment en matière de prévention et d’intervention, dans les entités des Nations Unies autres que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales, en particulier celles qui dépendent des partenaires opérationnels.

Le Comité réaffirme qu’il faudrait s’employer davantage à analyser la nature des allégations, notamment pour ce qui est des cas les plus choquants, plutôt que de se contenter de rapporter le nombre d’allégations.  Il prend note des progrès accomplis en vue de la mise en place d’un outil commun de vérification des antécédents dans les limites des ressources existantes, et attend avec intérêt d’être informé des résultats de sa mise en œuvre.  Il juge nécessaire d’harmoniser les normes applicables au personnel en uniforme des Nations Unies et qu’il faut redoubler d’efforts pour en étendre l’application aux forces internationales autres que celles des Nations Unies.

Le Comité consultatif prend note de l’élaboration du protocole et attend avec intérêt de recevoir des informations actualisées sur son intégration dans la politique du Secrétariat régissant les relations avec les partenaires opérationnels.

Le Comité consultatif constate qu’une nouvelle fois, le Secrétaire général ne donne pas, dans son rapport, d’informations sur les ressources humaines et financières consacrées à la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles au Secrétariat et à l’échelle du système des Nations Unies.  Il met de nouveau en garde contre le risque potentiel de fragmentation dans les différents domaines d’action relatifs à la prévention des exploitations et des atteintes sexuelles au Siège et dans les missions, et engage le personnel du Siège, celui des missions et celui des organismes des Nations Unies à coordonner étroitement leur action.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.5)

Le mandat de la Force étant prorogé jusqu’au 31 juillet 2019, le Secrétaire général demande pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, la somme de 51 410 700 dollars (hors contributions volontaires en nature budgétisées d’un montant de 437 400 dollars), en diminution de 1 528 200 dollars (2,9%) par rapport au crédit ouvert pour 2018/19.  Cette baisse s’explique par l’effet conjugué de la réduction des dépenses prévues au titre des militaires et du personnel de police (181 500 dollars, soit 0,8%), du personnel civil (134 300 dollars, soit 0,9%) et des dépenses opérationnelles (1 212 400 dollars, soit 7,8%).

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de 22 200 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que les autres recettes et ajustements totalisant 623 700 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres.

Il recommande aussi que les crédits demandés pour l’exercice en cours soient réduits de 125 400 dollars.  Par conséquent, l’Assemblée générale devrait ouvrir un crédit de 51 285 300 dollars au titre du fonctionnement de la Force pour l’exercice de 12 mois allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, dont un montant de 22 744 000 dollars financé au moyen des contributions volontaires versées par le Gouvernement chypriote (16 244 000 dollars) et le Gouvernement grec (6 500 000 dollars).

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.4)

Pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020, le Secrétaire général demande une enveloppe de 37 246 700 dollars, en hausse de 54 000 dollars (0,1%) par rapport à l’exercice 2018/19.  Cette différence s’explique par l’effet conjugué des réductions proposées au titre des militaires et du personnel de police (19 800 dollars, soit 2,6%) et des dépenses opérationnelles (129 300 dollars, soit 1,5%), contrebalancées en partie par une augmentation proposée au titre du personnel civil (203 100 dollars, soit 0,7%). 

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, soit 1 252 400 dollars, et les autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2018, soit 248 100 dollars, soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que soient approuvés les crédits demandés, d’un montant de 37 246 700 dollars. 

Déclaration

Mme JELENA PLAKALOVIC (Serbie) a estimé que la Mission n’a pas rempli l’une de ses tâches principales à savoir le rapatriement des Serbes expulsés et des non-albanais du Kosovo-Metohija.  De plus, les attaques et incidents à caractère ethnique impliquant des Serbes et leurs biens se poursuivent sans relâche tous les jours.  La présence de la Mission au Kosovo et Metohija est également nécessaire pour la mise en œuvre des accords entre Belgrade et Pristina facilités par l’Union européenne.  Mais à ce jour, cette mise en œuvre est bloquée faute de confiance interethnique.  La représentante a accusé Pristina de s’opposer à ces accords et de les violer.  Pristina, a-t-elle estimé, fait tout pour mettre fin au dialogue, comme en témoigne l’imposition d’une taxe de 100% sur les biens en provenance de la Serbie et de la loi sur la transformation des Forces de sécurité du Kosovo en « Forces armées ». 

Compte tenu de la nature spécifique de la MINUK et de la complexité des conditions dans lesquelles elle opère, la Serbie, a dit la représentante, demande une augmentation du budget ou tout au moins le maintien du niveau actuel.  L’aggravation de la situation sur le terrain pourrait multiplier les coûts.  Des ressources humaines et financières adéquates sont donc d’une importance cruciale.  La représentante a regretté que 24 postes soient restés vacants.  C’est un taux extrêmement élevé pour une Mission qui compte 355 civils.  Il s’agit là, a-t-elle ajouté, d’une violation des résolutions de l’Assemblée générale sur les budgets des missions.  La Serbie, a-t-elle indiqué, ne peut adhérer à l’idée du CCQAB selon lequel tous les postes vacants de plus de deux ans doivent être évalués et finalement supprimés.  Ces postes, a martelé la représentante, doivent être pourvus « immédiatement ».  Si évaluation il y a, elle doit expliquer pourquoi des postes, approuvés par le budget, sont restés vacants pendant si longtemps.  Dans ces conditions, le taux de vacance de postes actuel ne saurait être pas pris en compte dans l’évaluation du prochain budget. 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.2)

Le Secrétaire général demande un crédit de 485 178 300 dollars, soit une augmentation de 10 771 600 dollars (2,3%) par rapport au crédit ouvert pour 2018/19.  Cette évolution s’explique par l’effet combiné des augmentations proposées au titre du personnel militaire et de police (4 845 800 dollars, soit 1,4%), du personnel civil (1 007 500 dollars, soit 1,1%) et des dépenses opérationnelles (4 918 300 dollars, soit 12,6%). 

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, soit 466 600 dollars, ainsi que les autres recettes et ajustements d’un montant de 4 030 600 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi que les ressources demandées pour le budget en cours soient réduites de 275 700 dollars.  L’Assemblée devrait donc ouvrir ouvre un crédit d’un montant de 484 902 600.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et projet de budget pour l’exercice allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 (A/73/755/Add.1)

Le Secrétaire général demande un montant de 56 369 400 dollars en chiffres bruts (montant net 53 985 800 dollars), ce qui représente une augmentation de 4 018 600 dollars (7,7%) en chiffres bruts, par rapport au crédit de 52 350 800 dollars ouvert pour l’exercice 2018/19.  Cette proposition s’explique par les augmentations proposées au titre du personnel civil (1 111 700 dollars, soit 5,6%) et des dépenses opérationnelles (3 057 500 dollars, soit 12,2%), contrebalancées en partie par une réduction proposée au titre des militaires et du personnel de police (150 600 dollars, soit 2,0%). 

Le Comité consultatif recommande que le solde inutilisé de 575 300 dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que les autres recettes et ajustements totalisant 510 300 dollars pour l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres.  Il recommande aussi une réduction de 22 000 dollars pour le budget en cours.  L’Assemblée devrait donc ouvrir un montant de 56 347 400 dollars.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD): exécution du budget de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018 et financement des dépenses pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2019 (A/73/755/Add.10)

Le Secrétaire général demande une enveloppe de 269 920 900 dollars (montant net: 262 996 100 dollars).  Le Comité consultatif recommande que le montant de 2 676 800 dollars représentant le solde inutilisé de l’exercice allant du 1er juillet 2017 au 30 juin 2018, ainsi que le montant de 12 685 800 dollars correspondant aux autres recettes et ajustements de l’exercice clos le 30 juin 2018, soient portés au crédit des États Membres. 

Il recommande aussi que les crédits demandés pour l’exercice en cours soient réduits de 2 500 000 dollars.  L’Assemblée devrait donc autoriser le Secrétaire général à engager des dépenses d’un montant maximum de 267 420 900 de dollars pendant la période de six mois allant du 1er juillet au 31 décembre 2019;  et à mettre en recouvrement le montant de 44 570 150 dollars par mois, si le Conseil de sécurité décide de prolonger le mandat de l’Opération.

Déclarations

M. ABU ALI AHMED (Soudan) a remercié le Conseil de sécurité pour la compréhension dont il a fait preuve dans l’élaboration de la stratégie de retrait de la MINUAD, eu égard à la stabilité et à l’amélioration continue des conditions de sécurité au Darfour, ainsi qu’aux efforts du Gouvernement soudanais pour le retour à l’ordre dans la zone.  Le représentant a estimé que le changement de régime récent au Soudan a été le fruit d’un « processus civilisé », issu d’un « mouvement populaire » d’une durée de quatre mois.  Le peuple soudanais est parfaitement capable de réaliser une transition démocratique dans la stabilité, a-t-il affirmé, jugeant que le changement de pouvoir aura un effet positif sur la situation au Darfour, « et non un effet négatif comme le prévoient certains ».  Il a, par conséquent, appelé à poursuivre la mise en œuvre de la stratégie de retrait de la MINUAD, conformément à la résolution 2429 (2018) du Conseil et au calendrier établi, à savoir juin 2020.  Il a également appelé les États Membres à soutenir le passage à la consolidation de la paix dans la zone, y compris en mettant l’accent sur le financement du développement au Darfour.

Le représentant a, par ailleurs, plaidé pour le maintien des activités programmatiques de la MINUAD, les 19,6 millions de dollars devant être pris en charge par l’équipe de pays des Nations Unies après le retrait de la mission.  Le représentant a insisté sur la nécessité de réduire encore davantage l’empreinte écologique de la MINUAD, ainsi que la proportion des effectifs internationaux, au profit des citoyens soudanais.

M. JAN DE PRETER de l’Union européenne a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la politique de tolérance zéro et a appelé à déployer cette politique « sur l’ensemble du système des Nations Unies et ce, de façon intégrée », en accordant la priorité aux victimes.  Le représentant a insisté pour que les allégations fassent l’objet « d’enquêtes approfondies et en temps opportun » et que les victimes bénéficient de l’appui auquel elles ont droit.  Il a appelé le Secrétaire général à continuer de faire de cette question une priorité et a invité les États Membres à le soutenir dans cette entreprise.

Concernant le fléau des exploitations et abus sexuels, Mme CAROLYN STRAINIC (États-Unis) a noté que beaucoup reste à faire pour inculquer le principe de responsabilité et pour mettre fin à ce problème.  Nous attendons de voir, a-t-elle prévenu, comment l’intégration du Service déontologie et discipline au sein de la Division du droit administratif prévue dans la réforme de la gestion du Secrétaire général, a amélioré la cohérence de cette fonction.  Si elle a noté la baisse du nombre des allégations, la représentante s’est néanmoins inquiétée des cas non signalés.  Elle s’est aussi dit profondément préoccupée par l’absence de responsabilité pénale au sein du personnel civil du système des Nations Unies.  Elle a appelé les États Membres à traiter rapidement et de manière crédible des allégations faites contre leurs ressortissants et d’informer le Secrétariat des mesures prises pour démontrer leur engagement en faveur du principe de responsabilité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial de la décolonisation a conclu ses travaux à la Grenade

Séances matin & après-midi
AG/COL/3335

Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial de la décolonisation a conclu ses travaux à la Grenade

SAINT-GEORGE’S, Grenade, 4 mai -- Le Séminaire régional pour les Caraïbes du Comité spécial de la décolonisation, qui s’est tenu à la Grenade, du 2 au 4 mai 2019, s’est achevé ce week-end avec l’appel fervent du Ministre des affaires étrangères grenadais à amener à zéro le nombre de territoires non autonomes figurant sur la Liste.

« Nous ne voudrions pas quitter cette conférence sans avoir des propositions claires pour ramener la liste à zéro », a déclaré, M. Peter David, en référence à la liste des 17 territoires non autonomes qui relèvent du Comité spécial.  L’issue du séminaire, a-t-il ajouté, doit garantir la survie et la protection des plus vulnérables et veiller au développement économique, social et politique des populations de ces territoires.

M. David se faisait ainsi l’écho du message envoyé dès l’ouverture des travaux par le Secrétaire général, qui a appelé les parties concernées à redoubler d’efforts pour mettre un terme au colonialisme d’ici à 2020.

« À l’heure actuelle, un engagement renouvelé de toutes les parties concernées et des mesures pragmatiques sont nécessaires afin d’accélérer le processus de décolonisation », a-t-il indiqué dans un message vidéo préparé pour le séminaire qui avait pour thème: « Mise en œuvre de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme: accélérer la décolonisation grâce à un engagement renouvelé et à l’adoption de mesures pragmatiques. » 

M. António Guterres a assuré que les Nations Unies continueront d’appuyer le processus de décolonisation et exhorté les puissances administrantes, les territoires non autonomes, les États Membres et le Comité spécial, qui est un organe subsidiaire de l’Assemblée générale, à jouer leur rôle.

La tenue de ce séminaire, que Grenade accueillait pour la quatrième fois, a permis aux participants d’aborder, trois jours durant, au cours d’une série de tables rondes, divers thèmes liés à la réalisation des objectifs de développement durable dans les territoires non autonomes, et de faire le point sur l’appui qui leur est accordé par le système de l’ONU. 

À l’ouverture, la Directrice du Comité spécial, Mme Keisha Aniya McGuire, Représentante permanente de la Grenade, a en outre souligné que les séminaires régionaux sont un mécanisme effectif pour tenir une discussion fructueuse et échanger des points de vue de la façon de faire avancer le processus de décolonisation.

Ces trois jours de discussions ont notamment été marqués par l’intervention du Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, M. Andrew A. Fahie, qui a alerté que les relations entre le territoire et la Puissance administrante, à savoir le Royaume-Uni, étaient de plus en plus tendues, en raison de « l’intrusion croissante » de cette dernière dans des domaines de gouvernance constitutionnellement délégués au Gouvernement du territoire.  « Mais sous mon leadership, les choses vont changer », a-t-il déclaré tout en exhortant le Comité à spécial à faciliter une évaluation de l’autogouvernance du territoire et à y envoyer une mission de visite.  Il l’a également appelé à faciliter une campagne de sensibilisation sur l’autodétermination et à participer, en tant qu’observateur, aux délibérations publiques du prochain examen constitutionnel.

De son côté, le Gouverneur adjoint des îles Vierges américaines, M. Tregenza Roach, a indiqué que son gouvernement souhaite lancer un débat sur le statut du territoire avec pour point culminant la tenue d’un référendum avant la fin de son mandat.

Les discussions ont également porté sur le statut de Gibraltar, des îles Falkland (Malvinas) et du Sahara occidental.  Sur cette dernière question, de nombreuses délégations ont apporté leur soutien au dialogue politique lancé par l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  L’Algérie a notamment fait part de son engagement à appuyer, « en tant que pays voisin », les efforts déployés par ce dernier et à respecter tout accord conclu par les deux parties, à savoir le Maroc et le Front POLISARIO.  Son homologue du Maroc a souligné que l’initiative marocaine d’autonomie pour le Sahara occidental représente une nouvelle opportunité « qui ne doit pas nous glisser entre les doigts », tandis que le Front POLISARIO a estimé que l’inscription du territoire sur la liste du Comité atteste du fait que son autodétermination et indépendance ne sont pas négociables.

Une experte a d’ailleurs fait observer que les processus de décolonisation réussis avaient été propulsés par la volonté des populations colonisées.  Mme Judith L. Bourne a cependant relevé que nombre de personnes vivant dans les territoires non autonomes ignorent ou savent peu de choses sur le processus d’autodétermination et n’ont pas fait la preuve d’un élan généralisé en ce sens.  Cela ne doit pas être considéré pour autant comme une absence de désir, mais le résultat d’un manque d’information, a-t-elle estimé.

À la fin de ses travaux, le Comité a adopté un projet de rapport procédural sur le Séminaire (CRS/2019/CRP.13), ainsi qu’un projet de résolution pour remercier la Grenade d’avoir accueilli le séminaire.  Les conclusions et recommandations du séminaire seront adoptées de manière formelle au mois de juin, durant le session substantive 2019 du Comité spécial.

Les 17 territoires qui relèvent du Comité spécial sont: Anguilla, les Bermudes, Gibraltar, Guam, les Îles Caïmanes, les îles Falkland (Malvinas)*, les Îles Turques et Caïques, les Îles Vierges américaines, les Îles Vierges britanniques, Montserrat, la Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, la Polynésie française, le Sahara occidental, Sainte-Hélène, les Samoa américaines et les Tokélaou.

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* La souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas) fait l’objet d’un différend entre le Gouvernement de l’Argentine et le Gouvernement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord (voir ST/CS/SER.A/42).

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Instance permanente: des mesures urgentes sont nécessaires pour préserver les langues, les savoirs traditionnels et les droits des peuples autochtones

Dix-huitième session,
20e séance – après-midi
DH/5437

Instance permanente: des mesures urgentes sont nécessaires pour préserver les langues, les savoirs traditionnels et les droits des peuples autochtones

L’Instance permanente sur les questions autochtones a conclu, cet après-midi, sa session 2019 par l’adoption, à l’unanimité, d’un ensemble de recommandations* visant à améliorer la préservation des langues, savoirs traditionnels et droits.  Ces recommandations doivent être appliquées « de toute urgence pour corriger l’injustice historique subie par les peuples autochtones », a estimé, dans sa déclaration de clôture, la Présidente de l’Instance permanente, Mme Anne Nuorgam.  Elle a annoncé que la prochaine session portera sur le thème « Paix, justice et institutions fortes: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif 16 de développement durable sur l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives ».

Plus de 1 000 participants ont pris part aux deux semaines des travaux de l’Instance, qui est l’une des trois entités des Nations Unies chargées des questions autochtones aux côtés du Mécanisme d’experts et de la Rapporteuse spéciale.  La session avait pour thème « Savoirs traditionnels: développement, transmission et protection ». 

À propos de ces savoirs, l’Instance permanente appelle, dans son projet de rapport (E/C.19/2019/L.5), à un instrument pour combler de toute urgence les lacunes actuelles en matière de protection.  Elle demande à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) d’accélérer les négociations sur les textes liés aux ressources génétiques, aux savoirs traditionnels et aux folklores.  L’OMPI devrait reconnaître les conflits potentiels entre les notions d’« équilibre » et de « domaine public » et les droits et coutumes des peuples autochtones.  Pour encourager les changements souhaités, l’Instance invite également l’Assemblée générale à proclamer une décennie des savoirs traditionnels et des langues autochtones. 

Préoccupée en effet par la disparition progressive de 6 000 à 7 000 langues autochtones dans le monde, l’Instance recommande à l’Assemblée générale, dans son projet de rapport sur l’Année internationale des langues autochtones en 2019 (E/C.19/2019/L.4), de proclamer une décennie internationale des langues autochtones à compter de 2021 ou dès que possible.  Les États devraient pour leur part fournir un appui adéquat à l’enseignement bilingue et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), créer une plateforme pour veiller à ce que les programmes linguistiques apportent des avantages tangibles aux communautés autochtones. 

Constatant avec regret les lenteurs dans la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée en 2014, l’Instance permanente demande aux États Membres, dans son projet de rapport (E/C.19/2019/L.7), d’élaborer et de mettre en œuvre des plans d’action nationaux et prie également le Secrétaire général de nommer un ou une envoyée spéciale chargée de faire progresser la mise en œuvre de la Déclaration. 

Sur la question spécifique des femmes autochtones, l’Instance se dit, dans son projet de rapport (E/C.19/2019/L.10), troublée par les politiques et pratiques « apparemment généralisées » en matière de stérilisation forcée observées au cours des dernières années.  Elle prie le Programme spécial de recherche, de développement et de formation en reproduction humaine de mener une étude préliminaire et de déterminer si cette stérilisation existe.  L’Instance invite en outre le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes à adopter d’ici à 2020 une recommandation générale sur les femmes autochtones.  Elle recommande aussi au Canada, au Mexique et aux États-Unis d’organiser la réunion d’un groupe d’experts, d’ici à 2021, sur la violence continue, les meurtres et les enlèvements des femmes autochtones.

L’Instance se déclare d’ailleurs préoccupée que les peuples autochtones ne reçoivent pas suffisamment d’informations sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national.  Elle recommande que le Conseil économique et social (ECOSOC) et l’Assemblée générale s’assurent que ces peuples autochtones participent réellement au Forum politique de haut niveau de 2019, prévu en juillet et en septembre 2019.  L’Instance insiste sur le fait que la contribution des peuples autochtones à la concrétisation du Programme 2030 devrait être dûment prise en compte dans le document final du Sommet sur les objectifs de développement durable 2019.

La Banque mondiale, qui a créé un forum inclusif pour les peuples autochtones, devrait, selon l’Instance, élaborer des directives détaillées sur la mise en œuvre, l’examen et le suivi des processus de consentement préalable, libre et éclairé, et veiller à ce que ses projets protègent et améliorent les régimes fonciers coutumiers dans le cadre de l’application de la Norme environnementale et sociale n°7 et du Cadre environnemental et social, approuvés par la Banque mondiale en 2016.

Dans un document officiel, l’Instance invite le Comité préparatoire chargé d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale à assurer la participation des peuples autochtones par la création d’un comité consultatif en 2019 et en 2020.  L’Instance a d’ailleurs nommé des personnalités pour mener des études sur « les meilleures pratiques en matière de protection des terres, des territoires et des ressources des peuples autochtones, dans le cas des chasseurs-cueilleurs en Afrique de l’Est », « les peuples autochtones: expériences et perspectives » et « l’élaboration de normes et de mécanismes de recours pour la protection des droits des peuples autochtones en matière de conservation ». 

L’Instance recommande en outre que les gouvernements soutiennent les programmes dirigés par les autochtones pour s’attaquer aux traumatismes intergénérationnels comme moyen de progresser vers une véritable réconciliation.  Elle demande instamment à la « Conservation Initiative on Human Rights » de commander une évaluation indépendante de l’impact des travaux de leurs organisations sur les droits humains et collectifs des peuples autochtones.  Elle demande par ailleurs au Groupe de travail des Nations Unies sur l’utilisation de mercenaires de mener une étude sur l’utilisation d’entreprises militaires et de sociétés de sécurité privées. 

Enfin, dans son projet de décision (E/C.19/2019/L.3), l’Instance permanente recommande à l’ECOSOC, auquel elle rend compte, d’autoriser la tenue d’une réunion de trois jours d’un groupe d’experts internationaux sur le thème « Paix, justice et institutions solides: le rôle des peuples autochtones dans la réalisation de l’objectif 16 de développement durable sur l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable ».  L’Instance a approuvé l’ordre du jour provisoire de sa prochaine session, qu’elle tiendra au Siège de l’ONU, du 13 au 24 avril 2020.

* Tous les documents adoptés aujourd’hui sont parus sous les côtes allant de E/C.19/2019/L.2 à L.11.  Un document informel sur les modifications apportées a été mis en circulation. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.