En cours au Siège de l'ONU

Troisième Commission: les délégations dressent un bilan plus que mitigé de l’égalité hommes-femmes à l’approche des 25 ans de la Déclaration de Beijing

Soixante-quatorzième session,
9e & 10e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4262

Troisième Commission: les délégations dressent un bilan plus que mitigé de l’égalité hommes-femmes à l’approche des 25 ans de la Déclaration de Beijing

La Troisième Commission a poursuivi, aujourd’hui, son examen de la question de la promotion des femmes en passant en revue les progrès réalisés dans l’avancement des droits des femmes mais aussi, et surtout, les défis qu’il reste à surmonter pour réduire les discriminations et l’exclusion dont elles sont victimes, tant sur les plans du travail, de la santé, de l’éducation, de la vie familiale et des migrations.  Un bilan contrasté alors que 2020 s’annonce comme une « année jalon » en vue de la difficile réalisation de l’égalité femmes-hommes. 

Comme l’a rappelé Djibouti, l’année prochaine marquera en effet le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, le dixième anniversaire de la création d’ONU-Femmes et le cinquième anniversaire de l’adoption du Programme 2030. 

Si les instruments ne manquent pas, les résultats restent maigres, 40 ans après l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Il importe donc, ainsi que l’a souligné l’Espagne, de « faire preuve de davantage de volonté politique ». 

Même si nous avons progressé au cours des 24 dernières années, nous sommes loin des objectifs que le monde attend de nous pour assurer « l’équilibre de genre », s’est inquiété Israël.  « Et s’il est vrai que l’égalité universelle des sexes n’est pas une tâche qui incombe à une seule personne ni même à un seul pays, cela n’exempte personne de la mener à bien. »

Alors que bon nombre d’États saluaient les progrès accomplis vers une meilleure représentation des femmes au sein du système des Nations Unies, l’Éthiopie s’est enorgueillie d’avoir atteint la parité femmes-hommes aux plus hauts niveaux de responsabilité politique, 50% des postes ministériels étant ainsi occupés par des femmes.  L’élection d’une femme à la tête de l’État en 2018, puis la désignation de femmes pour présider la Cour suprême et la Commission nationale électorale sont, selon elle, autant de signes que les avancées nationales doivent à présent être répliquées au niveau régional. 

S’agissant de l’emploi, terrain parmi les plus propices aux discriminations, le « deux poids, deux mesures » entre hommes et femmes a également été fustigé par une majorité de délégations.  Les Maldives ont notamment déploré que la participation des femmes sur le marché du travail formel reste nettement inférieure à celle des hommes et que les emplois domestiques ne soient pas encore reconnus.  Le Costa Rica s’est, lui, vanté de disposer d’une politique nationale qui vise à lutter contre la discrimination au travail et en comptabilisant le travail domestique non rémunéré.  De son côté, l’Islande s’est enorgueillie de l’entrée en vigueur, l’an dernier, de la première loi au monde sur l’égalité salariale.

Un accent particulier a également été placé sur le sort des femmes et des filles migrantes.  Le Saint-Siège a ainsi exprimé son inquiétude pour les travailleuses migrantes qui, selon lui, risquent non seulement d’être exploitées dans leur travail mais aussi de souffrir d’exclusion sociale.  Voyant dans le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières un « cadre important de lutte » contre ces violences et discriminations, l’observateur a également mis en garde contre le risque pour les femmes migrantes en situation irrégulière de devenir victimes de la traite des êtres humains et des formes modernes d’esclavage. 

Confronté à la situation des femmes migrantes qui, alléchées par des offres d’emploi à l’étranger, se retrouvent victimes de « réseaux de recruteurs véreux », sans pouvoir le plus souvent bénéficier d’une représentation diplomatique résidente, le Cameroun cherche à faciliter leur rapatriement et à prévenir la récurrence de telles mésaventures à travers des campagnes de sensibilisation. 

Tout en soulignant l’impact délétère des sanctions unilatérales sur le bien-être des femmes vivant sur son territoire, l’Iran a fait état d’un projet de loi prévoyant d’accorder la citoyenneté iranienne aux milliers d’enfants nés de mère iranienne et de père étranger.  Un texte considéré comme « une grande avancée pour les femmes » compte tenu du nombre élevé de réfugiés accueillis par l’Iran dans un contexte de fortes migrations. 

Le Nigéria a, pour sa part, insisté sur la nécessité de répondre au fléau de la violence sexiste dans les situations de conflit ou postconflit, tandis que la Bolivie s’est alarmée de la prévalence des féminicides, « véritable pandémie » qui frappe l’Amérique latine et les Caraïbes.  Le Kenya a pour sa part salué la déclaration historique conclue par l’Éthiopie, la Somalie, la République-Unie de Tanzanie et l’Ouganda, visant à appuyer la coordination des efforts d’élimination de ce phénomène, notamment au niveau des régions frontalières. 

À son tour, le Brésil a souligné ses efforts pour promouvoir le « droit à la vie dès la conception » et son opposition à l’avortement comme moyen de contraception, tout en se disant favorable au droit à la santé sexuelle et à la protection des couples de même sexe, au nom de la politique familiale.  De son côté, le Panama s’est félicité de mesures nationales permettant aux femmes d’accéder au planning familial mais a reconnu que des difficultés subsistaient en matière de prise en charge des femmes enceintes, en particulier des adolescentes, une préoccupation également partagée par El Salvador. 

L’impact des changements climatiques sur la vie des femmes a également suscité nombre de préoccupations, à commencer par le Viet Nam et la Namibie, qui a expliqué que la sécheresse actuelle, la pire depuis trois décennies, se faisait cruellement ressentir sur les femmes en milieu rural.  Une catégorie particulièrement exposée aux risques d’exclusion et de discrimination, selon le Ghana, qui a appelé la communauté internationale à davantage reconnaître les femmes comme « agents de changement » au moment où commence la décennie d’action pour réaliser le Programme 2030. 

La Troisième Commission entamera demain, à partir de 10 heures, son débat sur les droits de l’enfant après avoir écoulé la liste des orateurs intervenant au sujet de la promotion des femmes.

PROMOTION DES FEMMES

Promotion des femmes (A/74/38, A/74/137, A/74/224, A/74/235)

Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/220, A/74/222)

Suite du débat général

Mme DEBORAH NYI (Myanmar) a expliqué que son pays mettait en œuvre sa stratégie nationale 2013-2022 de promotion des femmes, qui prévoit que toutes les femmes aient un accès égal aux ressources, opportunités et services et vise à garantir leur représentation à tous les niveaux de prise de décisions.  Le Gouvernement a aussi créé quatre groupes de travail technique chargés de la mise en œuvre de ce plan, a-t-elle ajoutée, avant de préciser que le Myanmar a adopté une politique de tolérance zéro en ce qui concerne la violence à l’encontre des femmes.  « Nous travaillons à renforcer le cadre juridique pour mieux protéger les filles et les femmes », a-t-elle insisté.  La représentante a aussi expliqué que son gouvernement était en train de rédiger un projet de loi sur la protection et la prévention de la violence à l’égard des femmes pour s’assurer que l’arsenal juridique du Myanmar soit plus en phase avec la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a expliqué que ce projet de loi mentionne la nécessité de protéger les femmes contre toutes les formes de violence dont le viol conjugal, la violence sexuelle et le harcèlement, notamment sur le lieu de travail et dans les lieux publics. 

Par ailleurs, la représentante a précisé que le Plan de développement durable du Myanmar, adopté en 2018, promeut les droits des individus, notamment des femmes et des filles, pour leur permettre d’avoir accès à des emplois décents, libres de toute forme de discrimination.  Elle a précisé que l’autonomisation économique des femmes était une priorité du Gouvernement.  Elle a ensuite cité la création, en 2019, au sein de la chambre basse du Parlement, la « Pyithu Hluttaw », de la première commission des droits des femmes et des enfants, dont l’objectif est de garantir que les femmes aient les mêmes opportunités que les hommes dans le monde politique, économique, social et culturel.

Mme TESFAMARIAMHOL (Érythrée) a estimé que les 12 orientations prioritaires de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes doivent rester « notre boussole » et que le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing doit être l’occasion de faire le bilan sur la parité.  Soulignant le rôle déterminant joué par les femmes érythréennes pour l’autodétermination et l’indépendance du pays, la déléguée a assuré qu’elles continuent aujourd’hui de lutter activement pour la parité et contre les discriminations.  L’Érythrée, a-t-elle souligné, est déterminée à reconnaître la participation égale des femmes et des hommes pour construire une société prospère.  Cette égalité est aussi un prérequis pour le développement durable, l’objectif étant d’offrir à tous les citoyens un moyen de subsistance durable, a précisé la représentante.  Elle a ajouté que préserver le pouvoir décisionnel des femmes et leur contribution à la marche de la nation, est une priorité de son gouvernement, lequel a présenté en mars son rapport périodique sur les discriminations faites aux femmes. 

Mme NESRINE ELMANSOURI (Tunisie) a déclaré que l’égalité femmes-hommes a toujours été une priorité de la Tunisie, comme en témoigne l’adoption du Code du statut personnel dès 1956 et la réaffirmation du principe de l’égalité entre les sexes dans la Constitution de 2014.  La Tunisie a également ratifié la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et 7% des femmes candidates ont été élues lors des dernières élections.  La représentante a aussi indiqué que la Tunisie poursuit son programme d’établissement de politiques locales qui tienne compte de cette problématique et dans le cadre desquelles un accent particulier est accordé au rôle des femmes dans les zones rurales.  Un programme multisectoriel a d’ailleurs été signé avec 19 millions de dollars alloués à la seule protection sociale des femmes en zone rurale, a-t-elle précisé. 

Saluant la célébration prochaine des 25 ans de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et du vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur la problématique des femmes, la paix et la sécurité, la représentante a relevé que ces commémorations interviendront aussi dans le cadre du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, ce qui vient rappeler l’importance du multilatéralisme dans les liens femmes-hommes.  Elle a rappelé à cet égard que son pays a organisé, avec ONU-Femmes et le PNUD, le dernier forum sur l’égalité femmes-hommes, dont le but est de donner aux femmes davantage voix au chapitre sur les grandes questions de société.  En dépit de ces progrès, les discriminations dont souffrent les femmes demeurent une difficulté et un obstacle majeur pour le développement durable, a-t-elle constaté, jugeant que des stratégies nationales doivent intégrer toutes les parties prenantes et bénéficier d’une coopération régionale. 

M. FREDRIK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a rappelé les paroles du pape François pour qui « un monde sans les femmes ne fonctionne pas », et a appelé la société à faire progresser les droits dérivant de la dignité intrinsèque des femmes et des filles.  Il faut notamment s’assurer de disposer des ressources et de la volonté politique nécessaires pour combattre les facteurs rendant les femmes et les filles vulnérables, a poursuivi M. Hansen.

Le Saint-Siège reste profondément préoccupé par les violences et discriminations auxquelles les femmes restent aujourd’hui encore confrontées, malgré des progrès importants, a poursuivi l’observateur.  Il a notamment cité le sort des femmes migrantes et en particulier des travailleuses migrantes, qui risquent non seulement d’être exploitées dans leur travail mais aussi de souffrir d’exclusion sociale.  Ces femmes, a insisté M. Hansen, doivent être les bienvenues, protégées et intégrées au sein de nos communautés, dans la dignité.  Elles doivent aussi bénéficier d’une pleine égalité devant la loi, notamment par l’accès aux systèmes de justice, et doivent bénéficier en ce sens de mesures spécifiques. 

Pour l’observateur, le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières offre un cadre important de lutte contre les violences et discriminations dont ces femmes sont menacées.  M. Hansen a insisté à cet égard sur le risque, pour les femmes migrantes en situation irrégulière de devenir victimes de la traite des êtres humains et des formes modernes d’esclavage que sont l’exploitation sexuelle et le travail forcé, dénonçant en outre les cas « abominables » de trafic de nourrissons.  Il a appelé les États à prendre toutes les mesures législatives nécessaires pour combattre ces crimes haineux et à faire appliquer efficacement ces lois. 

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) s’est préoccupé de l’impact des changements climatiques sur la vie des femmes et a appelé à considérer la femme comme un acteur dynamique du changement, à la fois en termes d’adaptation et de réduction des risques.  C’est pourquoi, en vertu du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, le Viet Nam a adopté des mesures visant à promouvoir le leadership des femmes dans le but de comprendre, gérer et réduire les risques de catastrophes et d’améliorer la préparation aux catastrophes. 

Il a expliqué qu’afin de renforcer la mise en œuvre de ces actions au plan local, son gouvernement a mis en place, dès 2016, des principes directeurs sur les meilleures pratiques à suivre pour associer les femmes aux programmes communautaires sur les risques de catastrophes.

Le Viet Nam a travaillé en étroite collaboration avec ONU-Femmes, le PNUD et d’autres agences des Nations Unies pour renforcer les capacités des femmes en matière de changements climatiques, notamment à travers la formation, la sensibilisation, la résilience ainsi que pour appuyer leur participation au processus de prise de décisions.  Ces projets, s’est-il félicité, ont contribué à améliorer le statut des femmes aussi bien au sein de leur famille que de leurs communautés. 

Mme AISHATH FAREENA (Maldives) a souligné que la garantie des droits des femmes et des filles est la pierre angulaire du développement durable.  Les Maldives, a-t-elle assuré, ont une société qui traite les deux sexes en tant qu’égaux.  Alors que le pays traverse une période de transition, son gouvernement accorde une place importante à l’éducation et, dans ce cadre, s’emploie à garantir la parité au niveau secondaire.  Au niveau supérieur, les femmes sont de plus en plus nombreuses à recevoir des diplômes, a-t-elle fait observer. 

Les Maldives ont par ailleurs adopté une loi sur les violences domestiques qui reconnaît cette violation des droits de l’homme comme un crime, a poursuivi la représentante.  Soucieux d’améliorer la participation des femmes à la vie sociale et politique, le pays a aussi fait passer une loi sur la parité en 2016.  Toutefois, bien que cette loi soit en place, le défi consiste à la mettre en œuvre, a concédé la déléguée, jugeant essentiel de sortir des stéréotypes de genre et de rôles traditionnels associés aux femmes.  Le Gouvernement travaille également au renforcement de la place des femmes aux postes exécutifs, comme l’atteste la proportion de 35% de femmes aux postes gouvernementaux et la nomination, en octobre, de deux femmes à la fonction de juge de la Cour suprême.  Elle a cependant déploré que la participation des femmes sur le marché du travail formel reste inférieure à celle des hommes et que les emplois domestiques ne soient pas encore reconnus.  Face à ces défis, le Gouvernement œuvre à l’inclusion des femmes, notamment dans les zones reculées du pays, et tend à faciliter la création de petites et moyennes entreprises par des femmes. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son gouvernement place l’autonomisation des femmes au rang de priorité.  Il a en voulu pour preuve la loi sur les femmes et l’emploi adoptée en 2018.  Le Gouvernement argentin en est par ailleurs à la troisième année de mise en œuvre du Plan national 2017-2019 pour la prévention et l’élimination de la violences faite aux femmes, dont l’objectif est de permettre l’application effective de la loi sur le même thème.  Le pays a d’autre part adopté récemment une loi sur la parité dans la politique, avec pour objectif de permettre une égalité réelle des chances en lien avec les postes exécutifs, a poursuivi le représentant.  De plus, a-t-il ajouté, l’Argentine a renforcé ces dernières années sa coopération avec ONU-Femmes au travers de l’ouverture d’un bureau et du lancement de plans et programmes d’autonomisation.  Il a salué les acquis de la Déclaration de Beijing, et a indiqué qu’à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la cette Déclaration et de son Programme d’action en 2020, l’Argentine prévoit d’analyser le niveau de mise en œuvre des efforts visant à garantir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. 

Après avoir énuméré les avancées de son pays en matière de condition de la femme, M. MICHAEL BARUCH BAROR (Israël) a rappelé l’appui de sa délégation aux efforts de la Présidente sortante de l’Assemblée générale pour assurer l’équilibre de genre à l’ONU.  Le représentant a souhaité que ces efforts se poursuivent.  Mais plus important encore, a-t-il ajouté, Israël espère voir le jour où ces mesures ne seront plus nécessaires et où nous serons capables de juger les gens par leurs seules capacités et non par leur genre ou toute autre considération identitaire.  « Dans l’attente du vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing, nous sommes préoccupés par le fait que, même si nous avons progressé au cours des 24 dernières années, nous sommes loin des objectifs que le monde attend de nous aujourd’hui », a constaté le représentant qui, avant de terminer, a déclaré que s’il est peut-être vrai que l’égalité universelle des sexes n’est pas une tâche qui incombe à une seule personne ni même à un seul pays, cela n’exempte personne de la mener à bien.

Mme GARGARD (Pays-Bas) a expliqué qu’elle était d’origine libérienne, née aux États-Unis puis élevée aux Pays-Bas.  Je viens donc d’une lignée de femmes fortes qui ont survécu à la guerre, à la pauvreté et au racisme, a-t-elle dit.  Elle a déploré le fait que depuis bien trop longtemps, la majorité du monde a vécu dans la pauvreté, pendant que la minorité festoie.

Nous avons mis l’argent au-devant du bien-être, et en façonnant ainsi notre production, les femmes se retrouvent marginalisées, a dénoncé la représentante qui a expliqué que le système ne fonctionne que pour ceux qui ont de l’argent.  Elle a prévenu qu’à moins de changer le système actuel, les objectifs de développement durable demeureront hors de portée.

Ce système est un monstre que nous avons-nous même créé, a-t-elle poursuivi.  Et si les 26 personnes les plus riches possèdent plus que les plus pauvres, c’est parce que vous en avez décidé ainsi, a-t-elle accusé. 

Mme MERYL MICHELLE DIEDRICKS (Afrique du Sud) a déploré que la feuille de route que constituent la Déclaration et le Programme d’action de Beijing montre un recul, s’inquiétant des défis qui persistent en matière de violence, de discriminations, de pauvreté et de barrières sociales.  Elle a également pointé le patriarcat ainsi que la violence sexiste et obstétrique.  Ces défis sont des freins au progrès, a-t-elle dénoncé.

La déléguée a ensuite souligné que l’autonomisation et la parité des femmes et des jeunes filles font partie des priorités du Gouvernement sud-africain dont les efforts sont issus du cadre institutionnel mis en place pour promouvoir l’égalité entre les sexes.  Des progrès ont notamment été enregistrés en matière de représentation des femmes dans les instances de décision.  Mme Diedricks a aussi évoqué le travail effectué par l’Afrique du Sud auprès des travailleuses migrantes.  Elle a jugé nécessaire que les femmes aient accès à des avoirs productifs, y compris la terre.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a expliqué que son gouvernement a fait de la lutte contre les féminicides une de ses priorités, moyennant notamment une révision de son cadre normatif.  Outre les programmes de sensibilisation et d’éducation mis en place pour faire avancer cette cause, un amendement a été voté dans la loi sur les violences domestiques.  Selon le délégué, il sera désormais plus simple et plus rapide de tenir les agresseurs de femmes à distance.  Le représentant a d’autre part relevé que les femmes sont des protagonistes importantes des programmes sociaux nationaux, y compris le programme sur les familles. 

M. de Souza Monteiro a ensuite indiqué que le Brésil s’efforce de promouvoir le droit à la vie dès la conception et est opposé à l’avortement comme moyen de contraception.  Il est néanmoins favorable au droit à la santé sexuelle et considère que les femmes jouent un rôle crucial pour promouvoir les droits de l’homme.  Il a aussi fait valoir que l’unité familiale, y compris les couples de même sexe, constitue le fondement de la société brésilienne.  À ses yeux, il est nécessaire de promouvoir un environnement familial sain afin de donner aux femmes la place qui leur revient et de lutter contre les discriminations et les violences qu’elles subissent, notamment domestiques.  Il a enfin assuré que les femmes autochtones, les femmes d’ascendance africaine ou celles vivant en zone rurale méritent l’attention du Gouvernement brésilien, de même que les femmes entrepreneurs et leur accession au crédit.

Mme KAMAL (Égypte) a fait le point sur les progrès réalisés par son pays en matière d’autonomisation des femmes et de parité hommes-femmes, précisant qu’ils avaient été réalisés grâce à des stratégies lancées au niveau gouvernemental et non gouvernemental.

Au niveau de la représentation des femmes dans les instances de décision, elle a précisé qu’en Égypte, huit femmes disposent d’un portefeuille ministériel, ce qui marque un record dans l’histoire de ce pays.  Le pays compte également 90 députés femmes et le taux de femmes travaillant dans le secteur public est de 44,5%.

L’Égypte a également lancé un prix pour les organisations qui œuvrent à l’autonomisation des femmes et à la parité.  La loi sur les investissements vise quant à elle à garantir l’égalité des chances en matière d’investissements pour les femmes et les hommes.  Par ailleurs, la Cour suprême a fait de la discrimination un crime qui s’accompagne d’amendes.

La représentante a également cité la mise en place d’un arsenal contre la violence à l’encontre des femmes: un numéro gratuit a été créé, de même que des programmes de prévention et d’appui psychologique pour les victimes.  Un guide à l’adresse des magistrats a également été élaboré pour ce qui concerne la violence contre les femmes.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a exhorté à intensifier les actions pour la mise en œuvre du programme pour les femmes, la paix et la sécurité.  C’est dans ce sens que son pays compte lancer un centre de paix international dédié à la femme et est disposé à accueillir toute proposition d’initiatives concrètes venant d’autres États Membres visant à appuyer l’inclusion des femmes dans les processus de paix. 

S’agissant de la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing, la Namibie s’enorgueillit d’avoir d’ores et déjà envoyé son cinquième rapport couvrant la période 2014-2019.  Le représentant a notamment indiqué que son pays avait réalisé d’importantes avancées en matière de participation des femmes, notamment en politique et dans la prise de décisions, l’éducation, l’élimination du VIH/Sida et de sa transmission mère-enfant.  Mais en dépit de ses avancées, des défis persistent, en particulier les violences à l’égard des femmes dans le milieu familial, a-t-il indiqué

Un autre défi est les changements climatiques et leurs effets dévastateurs sur les femmes en Namibie.  M. Gertze a notamment expliqué que son pays est en train de vivre la pire sécheresse depuis trois décennies et que celle-ci se fait particulièrement ressentir sur les femmes en milieu rural qui travaillent dans l’agriculture de subsistance.

Pour faire face à ces multiples défis, la Namibie a identifié cinq priorités sur cinq ans: l’éradication de la pauvreté et la sécurité alimentaire, l’élimination des violences à l’égard de la femme, l’accès aux ressources, le droit à la santé reproductive, ainsi que les changements climatiques. 

Mme FATMA NDAW DIENG (Sénégal) s’est inquiétée de la féminisation de la pauvreté et du fossé croissant en matière d’égalité entre les sexes, dans les zones rurales.  Elle a indiqué que les femmes représentent 60% de la main d’œuvre du secteur agricole du Sénégal et qu’elles produisent 80% de la nourriture.  La représentante a ensuite passé en revue les différentes initiatives prises par son gouvernement pour promouvoir la parité et qui, s’est-elle félicitée, ont débouché sur une plus grande participation des femmes en politique ainsi que sur de plus importants investissements dans les programmes de promotion de l’égalité des sexes.

Mme Ndaw Dieng a aussi parlé des progrès réalisés en matière d’accès à l’eau et d’amélioration des routes dans les zones rurales, ainsi que pour réduire le taux de déscolarisation chez les jeunes filles.  Des comités régionaux ont été mis sur pied pour combattre la violence sexiste et le Sénégal s’attelle à améliorer sa collecte de données.  Elle s’est toutefois préoccupée de la persistance de pratiques nuisibles.

Mme PATRICIA YAYI (Cameroun) a attiré l’attention sur la situation des migrantes, notamment les femmes camerounaises attirées par « d’alléchantes offres » d’emploi à l’étranger qui se retrouvent victimes de « réseaux de recruteurs véreux », le plus souvent, a-t-elle précisé, dans des pays où le Cameroun n’a pas de représentation diplomatique résidente.  Cette situation a profondément ému le peuple et le Gouvernement de son pays, qui a pris les dispositions pour non seulement faciliter le rapatriement de ces infortunées, mais aussi et surtout prévenir la récurrence de telles mésaventures à travers des campagne de sensibilisation. 

À cet égard, elle a tenu à saluer le rapport du Secrétaire général 74/222 ainsi que ses recommandations qui appellent notamment à renforcer les actions visant à prévenir et réprimer les atteintes aux droits des travailleuses migrantes. 

Dans un autre registre, Mme Yayi a indiqué que le Cameroun a réalisé des avancées considérables en matière de lutte contre les violences faites aux femmes, de même que sur le chemin de l’égalité des sexes, la participation de la femme à la vie politique, le renforcement de son accès à la justice ainsi que l’amélioration du statut sociojuridique des femmes.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a d’emblée regretté que les viols et autres formes de violence sexuelle continuent d’être utilisés comme armes de guerre durant les conflits.  « Nous voulons lutter contre les stigmatisations subies par les victimes de ces violences sexuelles. »  Il s’agit également, pour elle, de leur rendre justice et de briser cette culture de l’impunité et y mettre un terme.

La représentante a ensuite partagé avec l’assistance les stratégies de prévention menées par son pays ainsi que pour fournir un appui physique, mental et psychologique aux victimes.  Elle a annoncé la tenue, du 18 au 20 novembre prochain, d’une conférence internationale consacrée à la justice et aux survivants intitulée « Time For Justice: Putting Survivors First ».  Cette manifestation, qui marquera les cinq ans du Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles commises en période de conflit, permettra d’évaluer les progrès et obtenir des engagements en matière d’action, a-t-elle expliqué.

Elle a ensuite indiqué qu’en tant que parrain de la résolution 1325 sur les « femmes, la paix et la sécurité », le Royaume-Uni continuera de faire de cette question une priorité au sein du Conseil de sécurité, notamment dans le cadre du vingtième anniversaire de l’adoption du texte.  Elle a précisé que les efforts seront axés sur l’appui aux femmes œuvrant dans le cadre du maintien de la paix, ainsi que sur la participation des femmes dans les processus de paix avec un accent particulier mis sur certains pays, tels que l’Afghanistan, le Soudan du Sud et le Yémen.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a relevé que, selon les conclusions du rapport du Secrétaire général, les femmes et les filles rurales sont particulièrement vulnérables et touchées par la pauvreté et les effets des changements climatiques.  De plus, elles souffrent beaucoup d’exclusion et de discrimination dans l’accès aux ressources productives et aux services sociaux.  Au moment où commence la décennie d’action pour réaliser le Programme 2030, la communauté internationale doit faire davantage pour changer de discours, afin de mieux reconnaître les femmes comme agents de changement et pour instaurer les conditions leur permettant de prendre leur place dans la société. 

La déléguée a ensuite cité les lois et politiques de promotion de la femme adoptées par son gouvernement, comme le congé de maternité de trois mois et l’égalité salariale.  Le Gouvernement a aussi adopté des mesures pour renforcer les capacités des femmes et protéger leurs droits dans le domaine du droit foncier et des successions.  Les femmes rurales bénéficient de l’éducation gratuite et sont sensibilisées à leurs droits civils et politiques, a-t-elle ajouté.  Mme Pobee a aussi parlé de ce qui est fait dans son pays pour encourager les femmes entrepreneurs et lutter contre la violence basée sur le sexe.  Il existe, par exemple, un organe consacré au soutien des victimes de cette violence qui dispose déjà de 87 bureaux dans tout le pays.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a fait état, ces dernières décennies, d’une augmentation du nombre de filles scolarisées et de femmes ayant un travail rémunéré.  Les femmes ont également réalisé de grandes avancées en termes de droit à la propriété et de droit au mariage et au divorce, sur un pied d’égalité avec les hommes.  Cependant, s’est-elle préoccupée, les femmes représentent 70% des pauvres et deux tiers des adultes analphabètes dans le monde.  De plus, environ 90% des victimes de conflit sont des civils, dont la majorité sont des femmes, des personnes âgées et des enfants.  La représentante a aussi relevé qu’à l’échelle mondiale, le taux de représentation parlementaire des femmes se situe juste au-dessus de 23%.  Elle a jugé essentiel d’établir un ordre mondial juste et équitable qui place la personne au-dessus de l’argent et protège l’environnement.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) a indiqué que l’investissement dans l’égalité des sexes est des plus pertinents, aucun pays ne pouvant se permettre de ne pas utiliser la moitié de ses ressources humaines.  L’exemple de mon pays montre qu’investir dans les femmes et les filles paye, a-t-il dit.  La Norvège a alloué environ 448 millions de dollars pour les efforts éducatifs au niveau mondial en 2019, la somme en faveur de l’éducation des filles ayant été accrue de 5,5 millions de dollars.  Le délégué a précisé que son pays compte augmenter ses investissements en faveur de l’accès à la santé reproductive et sexuelle, pour les filles comme pour les garçons, de 85 millions de dollars entre 2017 et 2020.  « Les garçons et les filles doivent avoir accès à une éducation sexuelle complète pour faire les bons choix à l’avenir. »

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a reconnu qu’en dépit des avancées dans la promotion de droits des femmes et des filles, l’Iran a encore du travail à faire pour garantir un statut digne et égal à toutes les femmes iraniennes.  Toutefois, a-t-il fait valoir, les efforts de renforcement des capacités et des compétences des travailleuses ont permis de faire passer le nombre de postes exécutifs tenus par des femmes à 18,3%.  D’ici à 2021, au moins 30% des postes de directeur devraient être occupés par des femmes, a-t-il pronostiqué.  Il a ajouté que le nombre de femmes candidates aux élections législatives à venir en 2020 devrait lui aussi augmenter considérablement.  En mai 2019, de longues délibérations au Parlement ont conduit à amender la loi sur les droits civiques. 

Un projet de loi a également été voté pour donner la citoyenneté iranienne aux milliers d’enfants nés de mère iranienne et de père étranger.  Compte tenu du grand nombre de réfugiés accueillis par l’Iran, ce texte devrait être vu comme une grande avancée pour les droits des femmes, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs noté que les filles sont désormais plus nombreuses à être admises à l’université que les garçons.  Dans le cadre du sixième plan de développement national, des mesures de contrôle et d’évaluation sur la participation et l’inclusion des femmes ont été mises en place en février 2019.  Elles ont notamment permis de relever le rôle croissant des entrepreneuses et des entreprises dirigées par des femmes dans l’économie iranienne. 

Toutefois, a regretté le délégué, l’impact des sanctions imposées à l’Iran sur le bien-être des femmes ne doit pas être sous-estimé.  Il est selon lui alarmant que des sanctions unilatérales continuent d’être appliquées, ce qui a des conséquences directes sur les politiques sociales et les allocations budgétaires.  Pour le représentant iranien, ces punitions collectives qui frappent la population civile du pays constituent une violation du droit international humanitaire. 

M. JOSÉ MARÍA BASTIDA PEYDRO (Espagne) a regretté que 40 ans après l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, beaucoup reste à faire.  Des mesures contre la violence ont certes été mises en œuvre, et des signes positifs de la participation des femmes dans les parlements ont été notés.  Mais c’est insuffisant, a déploré M. Bastida Peydro.  Nous disposons d’instruments précieux, mais nous devons faire preuve de davantage de volonté politique, a martelé le représentant. 

L’Espagne est à l’avant-garde de cet engagement, a-t-il poursuivi.  Parmi ses priorités, l’Espagne compte opérer une réduction de la fracture salariale et augmenter la participation politique des femmes.  Par ailleurs, le pays continue de mettre en avant le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.  L’Espagne a également présenté, avec la Finlande, l’initiative « Engagement 2025 » pour appuyer la participation des femmes aux processus de paix. 

M. EDGAR SISA (Botswana) a indiqué que son gouvernement avait intégré l’égalité des sexes et la parité à sa vision 2036 et à son plan national de développement.  Il a cité en exemple la politique agricole nationale qui pourvoit aux besoins des femmes en matière de sécurité alimentaire et appuie leur accès aux ressources productives.  De plus, a-t-il ajouté, de nouveaux mécanismes ont été mis en place pour faire avancer l’égalité et l’autonomisation des femmes et des filles.  Cela a permis, a-t-il dit, de faire des avancées significatives en la matière.

De fait, la participation et la représentation de la femme dans la prise de décisions dans le secteur public sont de l’ordre de 44%, tandis dans les entreprises d’État, ce taux avoisine les 26,9%.  La présence féminine dans les organisations de la société civile et le secteur privé est respectivement de l’ordre de 45% et de 21,3%.  Plus de 80% des programmes d’élimination de la pauvreté sont destinés aux femmes.  En revanche, avec 6,3%, la participation des femmes dans le législatif demeure très faible au regard de la moyenne régionale et internationale.  Sur le registre de la violence à l’égard des femmes, le Botswana continue de mener des campagnes de sensibilisation au sein des communautés et des médias et de mettre en œuvre des stratégies nationales et des textes de loi.

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a indiqué que son pays avait adopté, l’an dernier, un plan d’action de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et la violence domestique pour la période 2018-2020.  Le troisième Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 est également en vigueur depuis l’an dernier, et la Géorgie s’est engagée à mettre en œuvre 10 engagements d’ici à 2020 pour marquer le vingtième anniversaire de ce texte « historique ».

Pour promouvoir l’autonomisation économique des femmes, le Plan d’action pour les droits de l’homme 2018-2020 accorde une attention particulière aux femmes rurales et à l’accès équitable aux ressources.  Une enquête sera en outre prochainement lancée par le Conseil parlementaire pour l’égalité des sexes pour faire la lumière sur la participation des femmes aux programmes économiques de l’État et leur accès à la formation professionnelle.  Le but est d’identifier les obstacles à leur plus pleine participation, a expliqué la représentante.

Mme Kipiani a aussi expliqué que le Code du travail avait été amendé le 3 mai 2019 pour tenir compte du harcèlement sexuel sur le lieu du travail et dans l’espace public.  Également amendée en 2019, la loi sur l’élimination de toutes les formes de discrimination couvre désormais les relations de travail et précontractuelles, ainsi que l’éducation, la protection sociale et la santé.  Elle a toutefois déploré que la poursuite de l’occupation, par la Fédération de Russie, des régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali empêche son gouvernement d’étendre ce cadre de protection des droits aux femmes et aux filles qui se trouvent de l’autre côté de la clôture de barbelés « érigée illégalement ».

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a annoncé que le Président Iván Duque avait fait figurer pour la première fois dans le Plan national de développement 2018-2020, un pacte sur l’égalité des femmes dont l’objectif est de déboucher sur la création d’un système national pour les femmes.  Le Plan national de développement s’articule également autour d’une législation de développement robuste qui vise à impulser un élan à la promotion de la femme.  Les mécanismes institutionnels chargés de l’égalité entre les sexes ont été renforcés, à l’image de la création, au sein du Ministère de l’agriculture et du développement rural, d’une direction pour les femmes rurales.  Le Conseil présidentiel pour l’égalité de la femme a été renforcé et la stratégie « Plus de femmes, plus de démocratie » a été lancée dans le but de promouvoir leur participation politique.  Une budgétisation sexospécifique est appliquée et des progrès notables ont été réalisés en matière de collecte de données ventilées par sexe.  Enfin, la mise en œuvre du modèle d’approche différencié en matière de droits permet de veiller à la protection de droits de l’enfance dans toutes ses dimensions.

Le représentant s’est également enorgueilli du fait que pour la première fois de son histoire, la Colombie a une femme vice-présidente et un cabinet ministériel paritaire.  Le Gouvernement vise également à ce que 50% des postes de haut fonctionnaire soient occupés par des femmes d’ici à 2022.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) s’est félicitée de l’amélioration enregistrée dans la participation des femmes au système des Nations Unies.  Elle a expliqué que son pays s’efforce d’intégrer davantage de femmes aux postes à responsabilités, notamment dans la sphère politique, précisant que le Gouvernement panaméen compte aujourd’hui 37% de femmes.  Des efforts considérables restent néanmoins nécessaires pour progresser vers la parité, a-t-elle reconnu, jugeant que les femmes et les filles doivent être considérées comme des agents de changement à part entière.  À ses yeux, leur autonomisation effective dépendra de la qualité de l’éducation dispensée.  Dans cet esprit, le Panama s’est doté d’une politique d’État qui vise à permettre aux femmes d’occuper des postes de direction, à mieux prévenir les violences, notamment les féminicides, et à permettre l’inclusion des femmes des zones rurales. 

Reconnaissant que des difficultés subsistent en matière de prise en charge des femmes enceintes, en particulier les adolescentes, elle a indiqué que des mesures permettaient à présent aux femmes d’accéder au planning familial.  Elle a ajouté que son pays avait lancé, au mois de septembre, une campagne nationale contre la traite des personnes.  Enfin, elle a reconnu que les hommes doivent être les premiers à soutenir les filles et les femmes pour éliminer toutes les pratiques et discriminations visant les femmes. 

M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a indiqué que son gouvernement avait promulgué, en 2019, une loi contre les violences domestiques, et que le Ministère des affaires étrangères bulgare avait récemment organisé une table ronde d’experts internationaux pour appuyer le lancement du premier Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité.  Il a apprécié l’importance de la représentation de la société civile dans ce plan d’action qui, a-t-il précisé, s’attache à améliorer la participation des femmes au marché du travail, la parité en matière de revenus et de prises de décision, mais aussi à changer les stéréotypes sur le genre dans toutes les sphères de la vie publique. 

M. Panayotov a rappelé que l’Assemblée nationale de Bulgarie est présidée par une femme et que le poste de directeur exécutif du Fonds monétaire international (FMI) est assuré par une Bulgare.  Il a ajouté qu’en Bulgarie, 49% des postes de management sont occupés par des femmes, une proportion qui place son pays au second rang de l’Union européenne dans ce domaine, et au premier rang de l’Union pour ce qui est des métiers scientifiques, pour moitié occupés par des femmes en Bulgarie.

Mme TARIDAI (Ukraine) a indiqué que les résultats d’une étude montrent que 77% des Ukrainiens sont convaincus que la parité joue un rôle pour promouvoir la démocratie et que son pays continue d’améliorer son cadre législatif en matière de parité.

Elle a ensuite expliqué que le programme pour les femmes et la paix et la sécurité a été intégré aux réformes du secteur de la défense ukrainienne.  Selon les statistiques, 27% des soldats du pays sont des femmes, soit une augmentation de 25% depuis 2014.  Des dispositifs de lutte contre les discriminations dans le domaine de la défense sont en train d’être mis en place; les femmes peuvent occuper de hauts postes militaires et devenir officier; et à échéance 2025, l’Ukraine souhaite engager des conseillers de sexe féminin dans le domaine de la défense. 

Mme Taridai a aussi indiqué que les femmes occupent un tiers des positions ministérielles au sein du nouveau Gouvernement et que d’une manière plus générale, l’Ukraine se concentre sur la lutte contre les stéréotypes, ainsi que sur la collecte de données ventilées par sexe.

Mme SÁNCHEZ (République dominicaine) a affirmé que son pays s’est fixé comme principe fondateur l’égalité femmes-hommes, laquelle est, du reste, reflétée dans sa constitution.  Il est particulièrement actif sur cette problématique par le biais de son Ministère de la femme et de plusieurs programmes spécifiques, dont le Programme relatif à l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique, mis en œuvre avec le concours du PNUD, ainsi qu’un programme élaboré à l’intention du secteur privé.  En août 2019, le Ministère de la femme et le PNUD ont ainsi indiqué comment les entreprises pouvaient être certifiées en matière d’égalité femmes-hommes.  Parallèlement à ces programmes, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement a publié une liste de 100 indicateurs permettant de mesurer les progrès accomplis en lien avec la lutte contre la violence, l’utilisation du temps et le recours aux technologies.  Il a également mis en place un service d’appel téléphonique fonctionnant 24 heures sur 24 afin de mieux répondre aux violences faites aux femmes.  Sur plus de 20 000 appels, quelque 600 femmes ont pu être sauvées de la mort, a-t-elle précisé.  Elle a assuré que son gouvernement met tout en œuvre pour que l’égalité femmes-hommes soit « une réalité moins lointaine ». 

Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre) a constaté que la violence faite aux femmes « intimide et handicape », et que c’est une forme de violence généralisée qui se perpétue.  Dans ce contexte, elle a salué l’apport des rapports du Secrétaire général, qui sont, selon elle, révélateurs des difficultés que continuent de rencontrer les victimes de ces violences.  Elle s’est notamment alarmée du sort des femmes et des filles migrantes, qui sont potentiellement victimes de la traite de personnes.  La déléguée a souligné le rôle crucial joué par la société civile pour permettre aux femmes de mieux connaître leurs droits et d’en user.  À cet égard, la représentante a indiqué que son pays s’était doté, en 2017, d’une loi sur les professionnels de la santé prévoyant un ensemble de mesures pour les femmes, dont le droit à un traitement digne.  Elle a ajouté que l’Andorre entendait assurer l’égalité des sexes et des chances dans toutes les activités publiques à l’échelle du pays.  D’ores et déjà, le Gouvernement est paritaire, de même que le Parlement, qui est présidé par deux femmes, s’est-elle félicitée.

Mme ROSHELLE YANIQUE HENRY (Jamaïque) a expliqué que les efforts de la Jamaïque ont visé à réduire la violence sexiste, fournir des services aux victimes et traduire en justice les responsables.  Une loi pour la prévention du harcèlement sexuel a été présentée au début de cette année.  La Jamaïque dispose également d’un bureau spécial qui travaille avec les hommes sur des questions telles que la masculinité.

Pour encourager des attitudes plus saines, a-t-elle poursuivi, le Programme « ambassadeurs hommes-femmes » a été lancé cette année afin d’améliorer l’égalité entre les sexes, de lutter contre la discrimination et la violence sexiste à l’école, ainsi que pour appuyer la parité dans les institutions d’éducation.  La Jamaïque poursuit également ses efforts pour corriger les problèmes de sous-performance des garçons à l’école, les filles ayant de meilleurs résultats scolaires, a également expliqué la représentante.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a déclaré que les femmes et les jeunes étaient le principal moteur du changement « fondamental » qu’a connu son pays en avril et mai l’an dernier.  À l’heure actuelle, a-t-il enchaîné, les femmes occupent 25% des sièges de l’Assemblée nationale et d’ici à 2021, le quota de représentation électorale féminine devrait atteindre 30%.  Il a aussi cité l’adoption, au mois de septembre, de la Stratégie et du Plan d’action pour la politique de genre 2019-2023 qui, a-t-il précisé, met l’accent sur l’élimination de la discrimination et l’élargissement des opportunités économiques pour les femmes.  De son côté, le Plan d’action national pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, qui a été adopté en février 2019, privilégie la parité dans le secteur de la sécurité, y compris dans le cadre des activités de maintien et de consolidation de la paix.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) s’est inquiété du nombre élevé de réserves à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et a appelé les États concernés à envisager de les lever.  Il s’est enorgueilli du fait que son pays a été classé en tête de l’Indice mondial des disparités entre hommes et femmes pendant 10 années consécutives, tout en se disant conscient que des défis persistent.  Une pleine égalité entre les sexes n’advient pas toute seule, mais exige une série d’investissements ciblés dans l’infrastructure sociale ainsi que des outils politiques novateurs.

Il a cité en exemple l’entrée en vigueur, l’an dernier, de la loi sur l’égalité salariale qui fait de l’Islande le premier pays au monde à exiger que les employeurs obtiennent une certification sur la base d’une norme de gestion salariale égalitaire pour les aider à analyser leur structure de salaire afin de rectifier toute discrimination.  Le respect de l’obligation judiciaire est ainsi transféré de l’employé à l’employeur, et l’Islande espère ainsi éliminer l’écart salarial d’ici à 2022.

M. Valtýsson s’est ensuite inquiété des efforts, l’an dernier, au sein de la Commission sur la condition de la femme, visant à inverser les progrès réalisés en termes d’autonomie corporelle, d’éducation sexuelle, de santé et de droits sexuels et reproductifs et de violence sexiste.  Il a également dénoncé la politisation croissante des droits des femmes qui survient, a-t-il relevé, en même temps que le mouvement #METOO fait la lumière sur le harcèlement systématique, la violence et le sexisme « de tous les jours » auxquels les femmes sont soumises dans toutes les sphères de la société.  La violence contre les femmes est une violation des droits de l’homme et une réalité inacceptable pour trop de femmes, a-t-il dénoncé.

M. DANIEL ZAVALA PORRAS (Costa Rica) a affirmé que la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes a constitué un tournant pour son pays en matière de lutte contre les discriminations à l’égard des femmes et d’intégration de la problématique femmes-hommes à l’échelle de l’État.  C’est ainsi, a-t-il indiqué, que les femmes représentent 45,8% des membres du Parlement national depuis 2018 et que le Gouvernement costaricien est le premier de l’histoire à être paritaire.  De surcroît, les femmes bénéficient désormais de l’égalité de traitement dans le secteur public. 

Le Costa Rica dispose aussi d’une politique nationale pour l’égalité 2018-2030 qui vise à faire progresser le pays vers la parité, tout en luttant contre la discrimination au travail et en comptabilisant le travail domestique non rémunéré.  Le pays est également doté d’une politique de prévention des violences faites aux femmes, qui constitue un cadre d’action s’appuyant sur 77 réseaux locaux dans huit régions du pays.  Il a conclu en lançant un appel à la coopération pour l’assistance et l’échange de pratiques optimales sur la réalisation des droits des femmes. 

Mme MUDITA BAJRACHARYA (Népal) a déploré la persistance de la violence sexiste dans les sphères publiques et privées, mais aussi de la discrimination « sur différents fronts ».  Elle a indiqué que la Constitution du Népal prohibe toute forme de discrimination sur la base du sexe, pénalise la violence à l’encontre des femmes et garantit les droits de filiation, sans oublier l’exigence faite à l’État d’adopter des mesures de discrimination positive dans les domaines de l’éducation, la santé, l’emploi et la sécurité sociale.  Le droit des femmes à la propriété est assuré, de même que leur participation dans toutes les structures de l’état sur la base de l’inclusion proportionnelle, a-t-elle ajouté.  Elle a expliqué que grâce à la politique de quotas, les femmes ont obtenu, en 2017, 41% des sièges lors des élections fédérales, provinciales et locales.  Les plans de développement du Népal sont sexospécifiques et ont permis de renforcer la présence des femmes en politique ainsi que dans la fonction publique et les forces de sécurité.  De plus, les programmes scolaires abordent dorénavant les problèmes de la violence domestique, la traite des êtres humains, les droits des femmes et les pratiques nuisibles.

Mme FARIDAH ISMAILA MOHAMMED (Nigéria) a expliqué que grâce à ses multiples programmes sociaux et à la faveur du redressement économique et de la croissance, son pays a pu sortir de nombreuses femmes de la pauvreté pour les mener vers l’autosuffisance.  De fait, a-t-elle poursuivi, pour maintenir et promouvoir la femme dans le domaine de l’entrepreneuriat, son gouvernement encourage la Banque centrale et le secteur bancaire dans son ensemble à adopter des mesures incitatives qui sont également appuyées dans le cadre du projet « Nigeria Women Project » mené en partenariat avec la Banque mondiale. 

La représentante a insisté sur la nécessité de répondre au fléau de la violence liée au genre notamment dans les situations de conflit ou postconflit.  Pour combattre ces violences « souvent ignorées », le Gouvernement a créé un système de tableau de bord électronique sur la violence sexiste afin d’améliorer la documentation et de mettre en place un mécanisme pour surveiller et répondre aux violences.  Cette initiative vise aussi à renforcer les efforts de poursuite et d’assurer une compensation pour les victimes et leurs familles, a-t-elle précisé. 

Mme NORAH ABDULAZIZ H. ELGIBREEN (Arabie saoudite) s’est enorgueillie du train national de réformes de fond pour redonner à la femme saoudienne la place qui lui revient au sein de la société.  L’examen approfondi de la législation en vigueur avant la réforme a en effet révélé que la femme ne jouissait pas de tous ses droits fondamentaux.  Des changements visant une autonomisation accrue ont été opérés, notamment pour surmonter les obstacles économiques qui contribuent à l’exacerbation des crises sociales.  L’égalité d’accès à l’éducation a été généralisée à tous les niveaux de l’enseignement, l’accent étant mis sur les zones rurales.  Des programmes de formation professionnelle et de développement agricole rural, par exemple, aident les petits exploitants des deux sexes à améliorer leur production et leurs moyens de subsistance, tout en créant des opportunités d’emplois et en réduisant l’exode rural.  D’autre part, le programme de la famille productive, menée par la Banque du développement social, reçoit 240 millions de dollars par an pour aider ces familles et favoriser la distribution de leurs produits aux niveaux local et international. 

Par ailleurs, depuis avril 2017, la femme saoudienne n’a plus besoin de l’accord de tutelle pour travailler dans la fonction publique.  Un certain nombre de décrets ont été émis en 2018 en faveur de la participation des femmes dans plusieurs secteurs.  Des amendements ont également été introduits dans le Code de la famille et le Code pénal, s’agissant des droits de garde et de tutelle, de l’égalité entre époux, du divorce et des droits civils, y compris le droit au travail, à l’éducation, à la résidence et au voyage.  L’oratrice a fait remarquer que la femme arabe est encore en butte à des difficultés d’ordre économique, législatif, social et administratif en raison de la vague de terrorisme et des conflits armés dans la région. 

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a rappelé que 2020 verra le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing, le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, le dixième anniversaire de la création d’ONU-Femmes et le cinquième anniversaire de l’adoption du Programme 2030.  L’an prochain marquera donc un jalon important pour la promotion des droits des femmes, a-t-il dit, appelant à une « réflexion » pour qu’advienne la réalisation de l’égalité femmes-hommes.  Le représentant a salué, à cet égard, l’élan pris par les délégations lors des négociations et délibérations de la Commission sur le statut de la femme. 

Sur le plan national, il a fait état d’initiatives prises par le Ministère de la femme et de la famille.  Ces initiatives, intitulées « Autonomisation économique et renforcement des communautés de femmes », ont pour objectif de renforcer les capacités des femmes marginalisées et vulnérables, a-t-il précisé.  Il a ajouté qu’en collaboration avec le Canada, le Maroc, la Guinée et Singapour, son pays avait coorganisé à New York, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, un atelier consacré à la participation accrue des filles et des femmes à la filière sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, en vue d’un développement équitable et durable. 

M. JOHN KYOVI MUTUA (Kenya) a fait le point sur les initiatives lancées par son pays pour appuyer la parité citant notamment l’adoption d’une politique nationale pour contrer les violences à l’égard des femmes, ainsi que celle visant à l’éradication des mutilations génitales féminines.  Cette dernière mesure s’est également vu renforcer par la signature, entre l’Éthiopie, la Somalie, la République-Unie de Tanzanie et l’Ouganda, d’une déclaration historique visant à appuyer la coordination et la coopération des efforts d’élimination de ce phénomène, notamment au niveau des régions frontalières, a-t-il précisé.

M. Mutua a aussi évoqué la politique nationale d’autonomisation économique de la femme ainsi que celle visant à promouvoir la protection et la prévention des violences à l’égard de la femme grâce à la mise en place de centres de rétablissement dans tous les grands hôpitaux du pays où les victimes disposent, en plus des soins, d’un accès à la justice.  Sur le volet « femmes, paix et sécurité », une évaluation de la première version du Plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 a été menée, a-t-il dit.

Le représentant a également mis en exergue les efforts de son gouvernement visant à promouvoir la représentation féminine au sein des postes de décision.  À cet égard, un projet de loi a été soumis au Parlement dont l’objectif est d’améliorer la représentativité de groupes spécifiques tels que les femmes, les jeunes ainsi que les personnes en situation de handicap.

Mme DEANDRA CARTWRIGHT (Bahamas) a déclaré que son pays croyait fermement en une approche holistique et inclusive en matière d’égalité entre les genres et d’autonomisation des femmes.  Ainsi, a-t-elle ajouté, le Gouvernement des Bahamas a mis en place un service au sein du Ministère des services sociaux pour évaluer de près l’accès aux services et aux ressources publics par le biais de systèmes d’information et de communication performants.  Concernant l’égalité salariale, elle a noté que les quelque 20 000 fonctionnaires du pays étaient traités sur un pied d’égalité.  Une fois la politique nationale d’égalité des genres mise en œuvre, les disparités persistantes dans le privé s’atténueront, a-t-elle prédit.  Elle a en outre assuré que les Bahamas sont déterminées à poursuivre la pleine mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes, à travers des mesures de protection et de promotion des droits des femmes et des filles.  Mme Cartwright a également appuyé les travaux d’ONU-Femmes Genève, qui contribuent, a-t-elle dit, à une mise en œuvre tenant compte de la problématique femmes-hommes du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

M. JEROEN COOREMAN (Belgique), qui s’exprimait au nom d’un groupe de pays, a souligné qu’au cours des 40 dernières années, beaucoup d’avancées ont été enregistrées, mais qu’aucun pays n’a réussi à pleinement éliminer les violences à l’encontre des femmes, ni les inégalités en matière de parité. 

Les discriminations persistent et dépassent les frontières économiques et culturelles.  De plus, de nouveaux défis associés aux développements technologiques, au terrorisme ainsi que d’autres modifications au sein des sociétés influent négativement sur la condition de la femme, s’est-il inquiété.  Il a appelé à œuvrer à une ratification universelle de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Mme MARIA ROSENY BALTAZAR FANGCO (Philippines) a expliqué que son pays avait promulgué la Magna Carta des femmes, la traduction, à l’échelon national, de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Diverses lois ont également été promulguées aux Philippines pour promouvoir l’avancement des femmes, dont récemment la loi sur le congé de maternité prolongé, qui passe ainsi de 60 à 105 jours.  Les Philippines ont également mis en place le Programme de transfert d’argent conditionnel qui vise à fournir un revenu aux mères pour les aider à élever leur famille et pour assurer la scolarisation de leurs enfants.

Malgré les lois et cadres mis en place aux Philippines, les femmes et les filles du pays continuent d’être particulièrement vulnérables à la pauvreté, aux catastrophes et aux chocs macroéconomiques, a expliqué Mme Fangco.  De plus, les femmes et les filles qui sont dans des situations de pauvreté ou qui sont victimes de catastrophes naturelles peuvent devenir la proie de trafiquants d’êtres humains ou de travail forcé. 

La représentante a souligné que la lutte contre le trafic d’êtres humains, tout particulièrement d’ordre sexuel, constitue une des principales priorités du Gouvernement philippin.  À ce sujet, les médias sociaux et la technologie sont utilisés pour combattre les auteurs de ces crimes en facilitant la dénonciation des cas de trafics.  En utilisant le paradigme des 4P -prévention, protection, poursuite et partenariat-, les Philippines continuent de se battre contre les trafiquants d’êtres humains.

Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie), au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a constaté que les inégalités ont féminisé la pauvreté, et qu’au sein de nombreuses sociétés, les foyers dirigés par des femmes divorcées, séparées, célibataires ou veuves risquent davantage de sombrer dans la pauvreté.  Elle a estimé que des mesures de protection sociale s’imposent pour lutter contre la féminisation de la pauvreté, tout particulièrement à l’intention des femmes âgées.  Les femmes âgées qui doivent s’occuper de leurs familles sont d’autant plus vulnérables en termes économiques, a-t-elle signalé.

Face au vieillissement des sociétés, Mme Kocyigit Grba a estimé qu’une attention accrue doit être accordée aux défis spécifiques qu’affrontent les personnes âgées et que la situation des femmes âgées doit être prise en considération.

Elle a appelé à prendre des mesures efficaces et à considérer les personnes âgées non comme un fardeau, mais comme un acteur de la société.  L’image des personnes âgées contribuant activement à la société devrait pouvoir susciter l’attention du grand public pour combattre les pratiques d’exclusion, a-t-elle estimé. 

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a souligné que son pays comptait le plus grand nombre de femmes dirigeantes politiques au monde, précisant que 50 sièges du Parlement sont réservés à des députées.  La prise en compte des questions de genre est l’un des facteurs expliquant le développement miraculeux que connaît le Bangladesh, a poursuivi le représentant, qui a ensuite indiqué que les autorités du pays s’appuyaient sur le boom économique actuel pour s’attaquer aux tabous du mariage d’enfants, de la violence contre les femmes ou encore du trafic d’êtres humains.  Pour relever ces défis, il a expliqué que le Bangladesh s’efforçait d’intensifier la participation des femmes et des filles aux activités socioéconomiques propices au développement humain. 

D’autre part, le représentant s’est réjoui que le rapport du Secrétaire général salue le développement et la mise en œuvre, par son pays, de plans d’action liant lutte contre les changements climatiques et prise en compte des questions de genre.  « Nous reconnaissons l’importance des efforts d’ONU-Femmes et du Programme des Nations Unies pour l’environnement, qui, ensemble, mettent en œuvre au Bangladesh un projet d’autonomisation des femmes en faveur d’un développement résilient aux changements climatiques. » 

Mme NORA IMANE BELLOUT (Algérie) a expliqué que, dans son pays, les amendements constitutionnels de 2008 et de 2016 étaient principalement axés sur la participation des femmes dans la vie politique.  Ces derniers ont permis d’imposer des quotas dans les conseils élus et de consolider le principe d’égalité et d’équité afin d’augmenter la participation des femmes dans la vie publique, l’emploi et les processus de prise de décisions, s’est-elle félicitée.  Le Plan d’action 2014-2019 met l’accent sur la nécessité de préserver et d’améliorer les gains dans la protection des droits des femmes.  Dans le même temps, le Plan national d’action de lutte contre la violence faite aux femmes et le renforcement de la protection juridique des femmes continuent d’être renforcé.  Le Gouvernement poursuivra aussi sa politique d’éducation gratuite pour tous et de formation, notamment à l’intention des femmes au foyer, des femmes rurales et des femmes handicapées. 

De nombreux efforts ont également été réalisés pour pénaliser la discrimination, et amender le Code pénal pour pénaliser diverses formes de violences contre les femmes.  Le Gouvernement vise également à promouvoir la protection sociale des femmes, moyennant notamment la loi de 2015 sur la protection des enfants à risque.  De plus, l’amendement constitutionnel de 2016 met l’accent sur le principe d’égalité et de non-discrimination entre citoyens.  Cet amendement a également permis de créer le Conseil national des droits de l’homme.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC)) a parlé de la protection continue dont bénéficient les femmes de son pays en matière de droit, grâce à un large éventail de lois qui mettent notamment l’accent sur l’emploi et l’éducation.

Il a rappelé que son pays dispose, depuis le 30 juillet 1946, d’une loi qui permet aux femmes de participer aux activités de l’État et à la vie sociale sur un pied d’égalité avec les hommes.  En RPDC, les femmes ont droit à un congé de maternité, et la Journée internationale de la femme et la fête des mères sont célébrées partout dans le pays, une volonté, selon lui, d’inculquer le respect.  De plus, une proportion de plus en plus importante de femmes occupe des postes de directeur au sein des ministères.  Le représentant a aussi assuré que les nouvelles auberges pour travailleurs fournissent des conditions de vie « excellentes » pour les femmes.

M. Kim a enfin rappelé que quelque 200 000 jeunes femmes et filles ont été soumises à l’esclavage sexuel par l’armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale.  Dénonçant ce crime contre l’humanité, il a appelé le Japon à ouvertement admettre ses crimes et s’excuser.  Le représentant a par ailleurs affirmé que des jeunes femmes originaires de son pays seraient détenues contre leur volonté en République de Corée.

Mme AL KAABI (Émirats arabes unis) a indiqué que dans le cadre des opérations de maintien de la paix, et en collaboration avec ONU-Femmes, des formations au maintien de la paix à l’intention des femmes ont été mises en place par son gouvernement.  Une initiative existe également pour étudier le rôle des femmes dans les processus de reconstruction postconflit, laquelle permet de faire avancer la réalisation du programme pour les femmes et la paix et la sécurité.

La représentante a ensuite indiqué que suite aux élections du Conseil national fédéral, qui se sont déroulées ces derniers jours, cet organe sera formé pour la première fois de 50% de femmes.  Enfin, Mme Al Kaabi a indiqué que son pays a fourni une contribution de 15 millions de dollars américains pour soutenir ONU-Femmes sur trois ans.

Mme NAWAL AHMED MUKHTAR AHMED (Soudan) a déclaré que la femme soudanaise a été impliquée dès le début de la « glorieuse révolution » de décembre, couronnée par la formation d’un gouvernement de transition civil.

Elle a expliqué que la Constitution du Gouvernement de transition accorde une grande attention aux droits des femmes.  De même, la lutte contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est au centre des préoccupations du nouveau gouvernement.  Elle a précisé que la participation des femmes au Conseil législatif de transition est de 40%.  Par ailleurs, le Gouvernement de transition dispose d’une stratégie pour faire face à la violence sexiste.  C’est une priorité car c’est un véritable obstacle à la promotion des femmes, a-t-elle commenté.  La représentante a également parlé des campagnes de sensibilisation contre le mariage forcé et des mutilations génitales féminines, entre autres.

Mme CYNTHIA CHIDIAC (Liban) s’est élevée contre l’injustice, les inégalités, les disparités et l’absence de parité dont sont victimes les femmes à travers le monde.  Année après année, rapport après rapport, déclaration après déclaration, les discriminations à l’égard des femmes sont toujours là, et les engagements pris pour combler les écarts ne sont malheureusement pas tenus, a-t-elle dénoncé.

Elle a appelé à la levée de toutes les barrières qui entravent l’autonomisation des femmes et à combattre la violence à l’égard des femmes.  Il importe également de s’assurer qu’elles aient accès aux soins de santé et à respecter leurs droits à la santé sexuelle et reproductive.  Il faut cesser toute forme de stigmatisation, violence et discrimination, a-t-elle souligné.

Mme INASS A. T. ELMARMURI (Libye) a jugé important de fournir des aides humanitaires pour aider les femmes à faire face aux défis qui entravent le développement durable.  Elle a appelé à partager le fardeau et à prendre conscience des difficultés auxquelles font face les pays de transit, notamment lorsque ce pays est en situation instable. 

En Libye, a poursuivi Mme Elmarmuri, les femmes occupent des sièges dans les instances de décision, et le Conseil présidentiel a créé une unité de renforcement des femmes.  Elle a précisé que la Libye tient à défendre les droits de la femme, dans le respect de ses spécificités religieuses.  La Libye a mis en place des garanties contre les violences faites aux femmes et le harcèlement, considéré comme un crime sanctionné par le droit. 

M. PARK CHULL-JOO (République de Corée) a déploré que les femmes continuent de représenter la majorité des personnes les plus pauvres au monde.  Il a aussi parlé des femmes migrantes qui sont particulièrement vulnérables à la violence sexiste et a indiqué que son pays avait redoublé d’efforts pour lutter contre ce type de violence.  Le Gouvernement se préoccupe également de la formation professionnelle des femmes.  C’est ainsi que quelque 3 000 entreprises sont contrôlées chaque année.  De même, des procédures de recours ont été mises en place pour les victimes de violence sexuelle.

S’agissant de la mise en œuvre de la résolution 1325 sur les femmes et la paix et sécurité, il s’est inquiété de l’écart qui persiste entre la réalité et la théorie.

M. Park a ensuite fait part de la volonté politique de son gouvernement de rétablir l’honneur des « femmes de confort » de la Seconde Guerre mondiale.  C’est une obligation morale, a-t-il affirmé.

Mme GAGHADAR (Trinité-et-Tobago) a indiqué que son gouvernement travaille à la représentation égale des deux sexes à tous les niveaux de la vie civique et électorale, comme en témoignent l’entrée en fonctions, en mars 2018, de sa première Présidente, Mme Paula-Mae Weeks, et les 30% de ministres femmes. 

Mme Gaghadar a aussi cité le projet de loi sur le harcèlement sexuel au travail, déposé au Parlement cette année, ainsi qu’un programme de refuges pour victimes de violences domestiques qui vont s’ajouter aux huit foyers déjà mis en place par des ONG dans le pays. 

Après avoir mentionné les efforts de son gouvernement pour l’éducation professionnelle et l’égalité des chances, la représentante a décrit les réalisations de son pays en matière d’accès des femmes aux services de santé et de planning familial, de promotion de l’allaitement maternel et d’assouplissement des horaires de travail pour les employées, ainsi que la création d’un directorat de la santé des femmes.

M. RUMONGI (Rwanda) a rappelé que quand le Rwanda s’était engagé en faveur de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, en 1995, le génocide s’était achevé tout juste un an auparavant.  « Les difficultés pour honorer les engagements rwandais semblaient insurmontables, surtout au vu des événements glaçants qui venaient de se dérouler », a relaté le représentant.  Mais aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, le Rwanda s’est érigé en champion en matière de genre.  Il a notamment indiqué que les femmes représentent 50% du cabinet, 51% des députés à la chambre basse et 38% du sénat.  Au niveau décentralisé, la représentation des femmes s’est améliorée entre 2016 et 2018, passant de 16,7% à 26,7% pour les maires de districts.

Pour combattre les violences, les centres à guichets uniques permettent de prendre en charge les victimes de violences sexuelles et sexistes.  Le Rwanda s’est également doté de lois pour promouvoir l’égalité, notamment en ce qui concerne la propriété ou l’héritage.  La budgétisation sexospécifique est appliquée et dans le secteur de la santé, le système d’assurance permet aux femmes d’avoir accès à des services de santé de qualité.  Par ailleurs, un système de SMS a été mis en place pour signaler les cas de mortalité maternelle et infantile.  Enfin, des bourses à l’endroit des femmes ont été mises en place pour leur permettre de suivre des formations dans les filières des technologies de l’information et des communications.

M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a indiqué que son gouvernement avait lancé un programme sur le genre qui vise à consolider l’égalité des droits et des devoirs, la pleine autonomie économique et la tolérance zéro face à la violence, tout en promouvant la participation des femmes dans toutes les sphères publiques et privées.  Plus d’un an après les élections législatives, avec des listes électorales qui présentaient au minimum 40% de femmes, le nombre de sièges occupés par une femme est passé de 16% à 22%, et des commissions parlementaires sur l’égalité entre les femmes et les hommes ont été créées dans chaque chambre du Parlement. 

Pour promouvoir l’autonomisation économique et le leadership des femmes et des filles, le représentant a jugé essentiel d’assurer l’égalité des chances au travail, de partager les responsabilités dans la prise en charge des membres de la famille et d’assurer un meilleur accès aux postes de direction.  Le secteur privé a aussi une grande responsabilité dans la création d’une culture organisationnelle basée sur le principe d’égalité de genre, a-t-il souligné. 

M. Ruidíaz Pérez a ensuite rappelé que le Chili accueillera cette année la COP25 et la Conférence régionale des femmes qui sera consacrée aux mesures d’atténuation face aux changements climatiques et au fossé numérique.  Elle visera aussi à encourager un plus grand nombre de femmes à embrasser des carrières axées sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, a-t-il ajouté.  Il a par ailleurs annoncé que pour la première fois en 30 ans, le Forum de coopération économique Asie-Pacifique a adopté, jeudi dernier, au Chili, la Feuille de route sur les femmes et la croissance inclusive. 

Mme LILIANA STEPHANIE OROPEZA ACOSTA (Bolivie) est d’emblée revenue sur le phénomène des féminicides en Amérique latine et dans les Caraïbes.  C’est une situation alarmante et « une véritable pandémie », a-t-elle affirmé, en parlant d’« un mal » qui requiert d’innombrables politiques publiques de prévention, de protection mais aussi de poursuites judiciaires.  En Bolivie, a-t-elle affirmé, c’est une « priorité nationale ».  Face aux chiffres élevés de féminicides et d’infanticides, le pays a en effet adopté de nombreuses lois, parmi lesquelles une stratégie d’urgence et un plan d’action contre les féminicides et la violence machiste.  Sur le plan politique pourtant, a conclu la représentante, la Bolivie est le troisième pays au monde où la femme est le mieux représentée.

Mme NADYA RIFAAT RASHEED, de l’État de Palestine, a rappelé que la semaine dernière, des marches de femmes ont eu lieu « dans tout l’État de Palestine » pour faire valoir qu’il n’y aura « pas de libération de notre patrie sans libération des femmes ».  Mais si les femmes palestiniennes se battent elles aussi pour leurs droits, elles doivent d’abord lutter pour leurs libertés fondamentales mises à mal par une occupation militaire brutale, a souligné la représentante.  Les pratiques illégales de la Puissance occupante et l’expansion des colonies de peuplement israéliennes en territoire palestinien sont encore aggravées par les violences que subissent au quotidien les femmes palestiniennes, a-t-elle martelé, dénonçant notamment l’arrestation et le placement en détention de milliers de civils, dont des femmes et des filles. 

Selon la déléguée, ces mesures coercitives s’accompagnent d’une série sans précédent de « punitions collectives » qui affectent tous les aspects de la vie et constituent autant de violations de la quatrième Convention de Genève.  La forme la plus vive de ces punitions est le blocus illégal imposé à la bande de Gaza, où deux millions de personnes vivent dans des conditions inhumaines.  Elle a prévenu que ces conditions font notamment peser une forte pression sur les femmes, qui sont souvent à la tête de leur famille et régulièrement en butte à des violences basées sur le genre du fait de l’occupation. 

Malgré ces conditions difficiles, le Gouvernement de l’État de Palestine poursuit ses efforts de mise en œuvre des programmes et projets visant à promouvoir les droits de femmes et lutter contre les formes de violence à leur encontre.  Avec le concours d’agences de l’ONU, le Ministère de la condition féminine a mis au point un plan d’action en soutien de sa stratégie multisectorielle 2017-2022 sur le genre.  En outre, le Gouvernement a adopté un plan d’action national afin de mettre en application la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité, qui reconnaît le rôle des femmes et des filles dans les processus de paix et de sécurité.  En conclusion, la déléguée a appelé à l’action collective pour prévenir les violations du droit international et faire cesser l’occupation israélienne des terres palestiniennes. 

M. SOUMELA (Burkina Faso) s’est félicité que la population de son pays soit composée de femmes à 51,3%.  Afin de réduire les inégalités sociales et de genre et de promouvoir la femme comme actrice indispensable du développement, le Gouvernement burkinais s’est engagé, au travers du Plan national de développement économique et social 2016-2020, à accroître de 21%, en 2015, à 50%, en 2020, la proportion de femmes chefs d’entreprise.  Dans le domaine de l’autonomisation économique, il a mis en place un accompagnement technique et financier au profit des femmes entrepreneurs, a ajouté le représentant, précisant que les femmes ont acquis les mêmes droits que les hommes en matière de protection sociale.  À cet égard, a-t-il dit, l’adoption de la loi sur l’assurance volontaire permet aux femmes et aux filles exerçant dans le secteur informel de bénéficier d’une couverture sociale. 

Le représentant a par ailleurs relevé que la parité est devenue une réalité au niveau de l’éducation primaire et que le Gouvernement, soucieux d’assurer le maintien des filles à l’école, a engagé la lutte contre les « pratiques traditionnelles néfastes » et les grossesses non désirées et précoces.  En matière d’inclusion, a indiqué le représentant, des efforts sont déployés pour mieux impliquer les personnes handicapées, tandis qu’une attention particulière est accordée à l’accès à la justice des femmes en difficultés.  Quant à la participation des femmes aux sphères de décision, un quota d’au moins 30% pour toute liste de candidature aux postes électifs est prévu par la loi de 16 avril 2009.  Enfin, s’agissant de l’implication des femmes dans la prévention, le maintien de la paix et la résolution des conflits, le Burkina Faso a mis en place un groupe de travail « femmes, paix et sécurité en Afrique de l’Ouest et au Sahel », ainsi qu’une cellule nationale des femmes du G5 Sahel. 

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé que les femmes continuent d’être marginalisées et que les conflits dans le monde demeurent un obstacle à l’élimination des violences à l’égard des femmes, notamment pour les femmes vivant sous occupation.  Elle a notamment décrié la situation des femmes au Cachemire, et l’exacerbation de leurs souffrances: leurs enfants sont enlevés et placés au secret et certains ne reviendront jamais.  Le sort des personnes qui souffrent sous occupation a été examiné mais les auteurs de ces crimes contre l’humanité continuent de bénéficier de l’immunité, a accusé Mme Lodhi, qui a appelé à se mobiliser face à cette situation. 

La représentante a ensuite indiqué que la Constitution pakistanaise garantit les droits égaux et la participation des femmes.  « Aucun pays ne pourra prétendre à la gloire si les femmes ne sont pas aux cotés des hommes sur un pied d’égalité », a-t-elle conclu, citant le père fondateur du Pakistan.

Mme GERENGBO YAKIVU (République démocratique du Congo (RDC)) a souligné que dans son pays, les femmes représentent plus de la moitié de la population.  C’est la raison pour laquelle leur participation à la réalisation des objectifs de développement durable s’avère indispensable.  C’est aussi la raison pour laquelle la RDC a ratifié tous les instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux relatifs aux droits des femmes.  La représentante s’est particulièrement dite fière de la prise en compte de la promotion du genre dans les institutions sécuritaires nationales, comme en atteste le fait que des femmes aient rang de général d’armée.  Elle n’a pas pour autant oublié que les femmes congolaises sont toujours victimes de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe à cause des conflits « répétitifs » que mènent les groupes armés dans la partie orientale du pays.  Pour combattre ce phénomène, le Gouvernement a lancé une stratégie nationale, déterminé à éliminer toutes les violences grâce à une politique de « tolérance zéro ». 

Mme ALGOUMARETT (Niger) a rappelé que les femmes rurales représentent 43% de la population mondiale et qu’elles ont longtemps été considérées comme des laissées-pour-compte, malgré leur contribution à l’économie mondiale.  Au Niger, chaque année, à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la femme, une attention particulière est accordée aux femmes et aux filles vivant en milieu rural, a-t-elle indiqué, avant de préciser qu’au Niger, 78% des femmes vivent en milieu rural, 63% sont pauvres et 80% analphabètes. 

Le Niger a adopté un certain nombre de mesures dont la prise en compte du harcèlement sexuel et des mutilations génitales féminines dans le Code pénal.  La représentante a aussi cité l’adoption de la loi sur les quotas en vue d’une meilleure représentativité des femmes au sein du Gouvernement, dans les postes électifs et dans la nomination aux postes de hautes responsabilités administratives.  Le Niger a également créé un observatoire national pour la promotion du genre et mis en œuvre un cadre de concertation des stratégies de l’autonomisation économique des femmes et de lutte contre les violences basées sur le genre.  Avec l’appui de ses partenaires, le Niger a pu mettre en place plusieurs programmes et projets, et plusieurs infrastructures ont été réalisées afin de favoriser le développement économique et améliorer la qualité de vie des populations en général et des femmes en particulier, en vue de faciliter l’accès aux services sociaux de base.

Enfin, la déléguée a souligné la situation particulière des femmes et des filles dans la région du bassin du lac Tchad.  « Confrontées aux violences aveugles perpétrées par les terroristes de Boko Haram, enlevées contre leur gré, transformées en esclaves sexuelles et en bombes humaines, elles constituent ici encore les victimes expiatoires d’un conflit qui n’a que trop duré », a déclaré Mme Algoumarett.

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi) a déclaré que le Gouvernement de son pays restait pleinement engagé dans la réalisation de l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes.  Sur ce dernier point, il a estimé que l’autonomisation était l’un des principaux moyens de concrétiser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a expliqué que le Gouvernement du Malawi avait orienté sa politique agricole pour permettre plus facilement aux femmes de devenir des propriétaires terriens et d’accéder à des programmes de prêts dans les villages.  Ce sont 4,5 millions de femmes qui, à ce jour, ont pu bénéficier de ces dispositifs, a-t-il ajouté.  Le représentant a par ailleurs signalé que 20 000 mariages d’enfants avaient été annulés par l’État, ce qui contribue selon lui à la promotion et à la protection des droits des enfants à l’éducation, « qui est une étape importante vers l’autonomisation des femmes et des filles ». 

Mme ALZAYANI (Bahreïn) a souligné la volonté de son pays de promouvoir une participation équitable et durable de la femme dans la vie économique et politique.  Mon pays, a-t-elle dit, a adopté les meilleurs critères internationaux en matière de parité et mis en œuvre des mesures nationales visant à établir un « équilibre » entre les deux sexes.  Le pays s’attache donc à une meilleure représentativité de la femme sur la scène politique et à sa participation accrue dans les secteurs scientifique et technologique.  La représentante a en effet décrit son pays comme « le chef de file » de l’égalité des chances.

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a indiqué que son pays a adopté la Stratégie africaine pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme 2018-2028, pour compléter l’Agenda 2063 qui parle d’une Afrique où le développement est centré sur la personne, où les femmes réalisent leur potentiel et où elles et les filles sont émancipées.  En Ouganda, les femmes comptent pour 51% de la population.  Le Gouvernement a donc fait des progrès importants dans l’élaboration des cadres juridiques, des politiques et des programmes pour protéger les droits des femmes et faire avancer l’égalité des sexes.  La Constitution ougandaise interdit par exemple les lois, coutumes et traditions qui violent la dignité, le bien-être et l’intérêt de la femme.  La Constitution protège d’ailleurs la politique de discrimination positive qui a permis des progrès importants dans la représentation des femmes au Gouvernement. 

La discrimination positive a aussi été introduite dans le secteur de l’éducation et la représentation politique, comme en attestent les quotas réservés aux femmes au Parlement et dans les conseils locaux.  La Politique du genre et le Plan d’action national pour l’avancement des femmes ont renforcé la protection des droits des femmes et leur participation dans les processus de prise de décisions et dans la gouvernance.  Ils ont aussi influencé l’autonomisation économique des femmes, leur accès à la santé reproductive et celui des filles à l’éducation, tout comme ils ont permis d’intensifier la lutte contre la violence faite aux femmes, a conclu le représentant. 

Mme ASBINA MARIN SEVILLA (Venezuela) a souligné que son pays a participé à plusieurs projets avec ONU-Femmes et d’autres organismes du système de l’ONU.  Elle a également fait savoir qu’au Venezuela, en dépit des attaques et des mesures unilatérales coercitives qui touchent la population, le Gouvernement continue de se mobiliser à la faveur des femmes.  Nous avons garanti la parité dans l’éducation primaire et la majorité des universitaires sont des femmes, s’est-elle notamment félicitée.  Pour combattre la violence sexuelle et sexiste, le Gouvernement vénézuélien a également promulgué des lois novatrices.

Mme ELLENI HENOK (Éthiopie) a indiqué que la Constitution éthiopienne stipule expressément que les femmes ont des droits égaux à ceux des hommes dans les domaines politique, économique et social.  Dans cet esprit, le pays s’est doté, en 1993, d’une stratégie de développement et de changement pour les femmes, tandis que les lois sur la famille et le droit pénal ont été révisés afin de garantir une meilleure protection des femmes contre la violence et les mauvais traitements. 

Depuis la transition politique d’avril 2018, a poursuivi la déléguée, l’Éthiopie a redoublé d’efforts en matière de participation des femmes au développement socioéconomique.  Sur le plan politique, elle a atteint la parité aux plus hauts niveaux de responsabilité, 50% des postes ministériels étant ainsi occupés par des femmes.  L’élection d’une femme à la tête de l’État en 2018, puis la désignation de femmes pour présider la Cour suprême et la Commission nationale électorale sont, selon elle, autant de signes des progrès réalisés au niveau national, qui doivent à présent être répliqués au niveau régional. 

Le Gouvernement prend également le défi de la violence à l’encontre des femmes et des filles à bras le corps.  La politique de justice pénale adoptée en 2011 jette les bases d’une protection spécifique pour les plus vulnérables, parmi lesquels figurent les femmes et les filles.  Un plan stratégique permettant de répondre de manière intégrée et multisectorielle à ce problème a aussi été mis en place.  De plus, a précisé la représentante, une stratégie nationale de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes, accompagnée de plans d’action contre les mutilations génitales, les mariages précoces et les enlèvements d’enfants, a été adoptée en 2013.  La déléguée a rappelé à cet égard qu’à l’occasion du Sommet mondial sur les filles, en 2014, l’Éthiopie a confirmé son engagement à mettre fin aux mutilations génitales et aux mariages d’enfants d’ici à 2025. 

M. SONAM PALDEN (Bhoutan) a souligné que c’est la philosophie nationale du « bonheur national brut (BNB) » qui dicte tout l’agenda et le processus du développement.  Cette philosophie, a-t-il expliqué, cherche à consolider un développement centré sur la personne et à faire de chaque homme, chaque femme et chaque enfant des participants égaux au processus de développement.  Toutes les politiques nationales sont évaluées sous l’angle du BNB dont l’égalité des sexes est un des paramètres.  Le principe de non-discrimination est d’ailleurs consacré par la Constitution et en vertu du douzième plan quinquennal, le Gouvernement a adopté une approche bidimensionnelle pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes.  Dans ce cadre, des politiques sont mises en place, assorties de mesures d’appui en faveur des femmes et des filles, avec pour objectif de lever tous les obstacles qui limitent leurs chances d’aller de l’avant et leur potentiel. 

L’intégration de la perspective genre dans les politiques, plans et programmes de toutes les agences nationales bénéficie d’une attention au plus haut niveau.  La Politique nationale d’égalité des sexes sera d’ailleurs la base du plan d’action qui illustre la vision d’une société où l’égalité est réelle et surtout l’égalité des chances.  Maintenant que le Bhoutan s’apprête à quitter la catégorie des pays les moins avancés (PMA), il réalise qu’il doit compter sur son capital humain et dans ce cadre, l’autonomisation économique des femmes ne saurait être sous-estimée. 

Avec près 60% de femmes dans le secteur agricole, le Gouvernement sait qu’il est crucial de mettre en œuvre des politiques pour le renforcement des capacités, l’entrepreneuriat et la participation des femmes rurales.  Le représentant s’est donc dit heureux que 46,6% des bénéficiaires du Programme pour l’avancement économique en milieu rural soient des femmes.  Concluant sur le vingtième anniversaire de la résolution 1325 du Conseil de sécurité en 2020, le représentant a fait observer que son pays, jeune contributeur de troupes et d’effectifs de police aux opérations de paix de l’ONU, a déjà atteint l’exigence minimum pour le déploiement de femmes Casques bleus et s’est engagé à faire en sorte que les femmes représentent près de 50% de son unité de police constituée.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a énuméré les nombreuses mesures prises par son pays pour assurer la réalisation du Programme d’action de Beijing, citant notamment l’adoption d’une législation visant à promouvoir la participation des femmes à la prise de décisions.  Il a également cité le renforcement des sanctions à l’égard des auteurs des violences faites aux femmes.

En matière de consolidation de la paix et de réconciliation, a-t-il poursuivi, le Burundi, avec l’appui de ses partenaires, a mis en place un réseau de femmes médiatrices qui compte plus de 600 femmes qui jouent un rôle fondamental dans la résolution pacifique des conflits par le dialogue et la culture de la non-violence dans le pays. 

Au niveau du secteur de la santé, le représentant a cité la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans.  De plus, a-t-il ajouté, le taux de femmes qui accouchent dans les structures de santé est passé de 40% en 2005 à 85% en 2018.  Après avoir énuméré les défis existants et émergents, notamment les violences sexistes, il a sollicité l’appui de ses partenaires aux efforts nationaux qui ont déjà produit des résultats tangibles. 

Mme ALGHARABALLY (Koweït) s’est dite heureuse de voir le nombre accru des femmes parmi le personnel de l’ONU.  L’engagement du Koweït en faveur de l’égalité de genre est consacré dans la Constitution, a souligné la représentante, qui a attiré l’attention sur la loi sur l’égalité salariale.  La Koweïtie a désormais accès aux plus hauts postes du pays, s’est enorgueillie la représentante, avant de se désoler des souffrances de la femme palestinienne et d’appeler à la fin de l’occupation.  Elle a exprimé la détermination de son pays à continuer de contribuer au budget d’ONU-Femmes.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a souligné que l’égalité des sexes et l’autonomisation de la femme constituent une part intégrale de la stratégie de développement de son pays.  L’Inde accorde la plus haute importance à la représentation des femmes dans les centres de décisions.  Nous sommes fiers que la toute première femme à avoir présidé l’Assemblée générale, Vijaya Lakshmi Pandit, ait été indienne, et tout aussi fiers qu’une autre Indienne, Hansa Mehta, ait contribué à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Les femmes indiennes qui participent aujourd’hui à la recherche spatiale sont une autre source d’inspiration.

La représentante a ensuite cité les mesures prises par son pays en matière de santé reproductrice, soulignant que chaque femme qui donne naissance dans le milieu hospitalier bénéficie de soins gratuits.  Elle a tout de même dénoncé le fait qu’une délégation ait « politisé » les débats, en faisant référence à des questions qui relèvent des affaires intérieures de l’Inde.  C’est regrettable, et surtout de la part d’un pays qui viole régulièrement les droits des femmes sur l’autel d’un prétendu honneur.  « Nous ne souhaitons pas poursuivre ce genre de débats avec la délégation en question et nous lui demandons de s’en tenir à l’ordre du jour », s’est impatientée la représentante.

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) s’est tout d’abord félicitée de voir la représentation des femmes au sein de l’ONU augmenter.  Elle s’est ensuite particulièrement préoccupée du sort des femmes et filles otages ou portées disparues en raison d’un conflit armé.  De telles situations mettent les femmes et les filles face à un haut risque d’exploitation, d’abus, de trafic, d’esclavage, de prostitution et autres formes d’activités criminelles, a alerté la représentante.

Mme Mehdiyeva a ensuite passé en revue diverses actions qui ont été mises en œuvre par l’Azerbaïdjan en faveur des femmes.  Ce pays a notamment identifié les barrières, grâce à une collecte de données, et il a ainsi été possible de mettre en œuvre des politiques et programmes adaptés aux besoins spéciaux des femmes et des filles.  Des centres de ressources ont également été mis en place dans huit régions, lesquels offrent aux femmes et filles rurales un accès gratuit à des bibliothèques, ordinateurs et Internet.  Un autre projet appuie les capacités de développement des femmes rurales au travers de formations et services pour leur permettre d’accéder au marché de l’emploi.  L’entrepreneuriat féminin est également pris en considération.

Enfin, a expliqué la représentante, l’Azerbaïdjan a pris d’importantes mesures pour améliorer la situation des femmes réfugiées et déplacées internes.  Tout particulièrement, 156 000 d’entre elles ont pu obtenir un nouveau logement pendant la seule année 2018.  Deux projets ont également pour objectif de prévenir et éliminer la violence basée sur le genre parmi les réfugiés et déplacés internes.

Mme PETRA MIJIĆ (Croatie) a souligné qu’au niveau national son pays a mis en œuvre une politique en faveur de la parité afin d’éliminer les discriminations sexistes.  Ces mesures, a-t-elle expliqué, visent une participation « adéquate » des femmes aux plans politique et économique. 

L’objectif du Gouvernement est également de permettre à la femme de concilier vie professionnelle et privée.  Des mesures ont également été adoptées pour combattre la violence domestique.  En effet, a-t-elle souligné, la violence domestique demeure l’une des formes de violence qui fait rarement l’objet de réglementation dans le monde.  À cet égard, elle a indiqué qu’à partir de 2020, le Code pénal croate stipulera que « les relations sexuelles sans consentement comme étant l’égal du viol ».

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a fait le point sur les mesures prises par son gouvernement, en collaboration avec les organisations internationales et la société civile, pour promouvoir les droits des femmes.  Il a expliqué que le cadre juridique et normatif relatif au genre se divise en deux parties: la protection des droits des femmes dans les domaines de la politique, de l’éducation et de l’économie, d’une part, et de l’autre, la protection des droits des femmes dans la famille, y compris contre diverses formes de violence, et les droits reproductifs.

Le représentant a ensuite passé en revue les lois, programmes et stratégies dont s’est doté le Tadjikistan en matière de genre, parmi lesquels la loi sur la prévention de la violence domestique, le Programme pour la prévention de la violence domestique 2014-2023, le décret sur l’établissement et l’allocation de subventions pour appuyer et développer l’entrepreneuriat féminin 2016-2020, ou encore la Stratégie nationale pour l’activation du rôle de la femme 2011-2020.

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a déclaré que la question de la violence à l’égard des femmes demeure l’une des priorités de son gouvernement.  Parmi les mesures les plus récentes figure la promulgation d’amendements à la loi 2012 sur les infractions sexuelles pour pénaliser le viol et les autres formes de violence sexuelle.  La Sierra Leone s’est aussi engagée à accroître la représentation des femmes dans le processus de prise de décisions, comme en témoigne l’augmentation du nombre de nominations à des postes de haut niveau.  Le pays a en effet, pour la première fois, une femme procureure générale et une autre ministre de la justice.  L’intégration de la perspective genre dans le Plan national de développement 2019-2023 est pleinement alignée avec les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Nous sommes conscients, a dit le représentant, de la nécessité de redoubler d’efforts pour placer les femmes au cœur des programmes, comme ceux de l’égalité des chances dans toutes les sphères de la vie, mais aussi ceux de la lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement.  Le Gouvernement travaille aussi de manière stratégique avec les acteurs de la société civile et les partenaires au développement sur des initiatives visant à éliminer les pratiques cruelles et inhumaines, les mariages précoces, sans oublier le droit des veuves à l’héritage. 

« Notre nouveau gouvernement reconnaît que, traditionnellement, la femme à El Salvador a vécu dans un climat généralisé d’exclusion, de violence et d’abandon », a déclaré Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador), mettant l’accent sur les efforts des autorités du pays pour inverser cette tendance.  Pour la première fois de son histoire, a-t-elle affirmé, El Salvador est dirigé par un gouvernement paritaire, conformément à la vision égalitaire du Président Nayib Bukele.  Entre autres actions de ce dernier en faveur des femmes, la représentante a notamment mentionné l’adoption d’une politique intégrée d’assistance aux femmes victimes de violence sexiste.  Cette politique, a-t-elle précisé, vise à porter secours à toutes les femmes victimes de violence, y compris les femmes âgées, les femmes autochtones, les femmes handicapées et les femmes migrantes.

La représentante a en outre jugé préoccupant le nombre d’adolescentes salvadoriennes qui tombent enceintes.  Ces dernières, a-t-elle ajouté, font face au niveau le plus élevé de violence envers les femmes.  Pour remédier à cette situation, la représentante a indiqué que son pays avait l’intention de renforcer les services spécialisés d’intervention à destination des jeunes femmes enceintes.

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH (Libéria) a indiqué que son pays procède à la révision de sa politique nationale de genre afin de renforcer la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles en faveur d’un développement durable et inclusif.  Un amendement constitutionnel est aussi en cours d’élaboration pour octroyer des sièges supplémentaires pour les femmes, les personnes handicapées et les jeunes au Parlement.  Le représentant a également fait état des progrès « constants » en ce qui concerne la participation des femmes au secteur de la sécurité.  Les forces armées du Libéria déploient tous les efforts pour accroître le recrutement de femmes d’ici à 2022 dans le but, notamment, de remplir le quota en matière d’égalité de genre dans les opérations de paix de l’ONU, a-t-il indiqué. 

Pour atténuer les disparités auxquelles les femmes rurales sont confrontées, le Gouvernement du Libéria a également institué un programme annuel pour rassembler les femmes des différents secteurs afin de promouvoir la participation politique et l’accès aux processus de prise de décisions des femmes rurales.  Le Gouvernement reconnaît par ailleurs l’impact profond des changements climatiques sur les femmes rurales et l’importance de leur contribution à l’atténuation.  Plusieurs mesures, dont la loi sur la gestion des catastrophes, tiennent compte de la participation des femmes et d’autres groupes vulnérables. 

M. Kemayah a par ailleurs appelé ONU-Femmes à augmenter le nombre d’experts techniques travaillant auprès des gouvernements nationaux pour appuyer la sexospécification au niveau des programmes.

Droits de réponse

La République de Corée a récusé les accusations d’enlèvement proférées par la RPDC.  Il s’agit de dissidents qui ont décidé de se rendre en République de Corée de leur libre chef et qui y vivent en tant que citoyens ordinaires, a-t-elle affirmé.

Le Japon a rejeté les chiffres mentionnés par la RPDC, affirmant que ceux-ci se basent sur des erreurs historiques.  Voilà plus de 70 ans, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, que le Japon a promu la démocratie et le respect des droits de l’homme et a contribué à la paix en Asie-Pacifique et dans le monde.  Il a appelé la RPDC à surpasser la méfiance et l’a invitée à travailler « ensemble avec nous » pour un avenir meilleur. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a insisté sur le fait que les crimes de violence sexuelle commis par le Japon contre 3 000 femmes coréennes sont des crimes contre l’humanité.  L’histoire, a-t-il martelé, ne peut être changée malgré le déni.  Il a appelé le Japon à endosser sa responsabilité des crimes d’esclavage sexuel et à s’excuser.  S’adressant ensuite à la République de Corée, il a indiqué qu’une enquête lancée par des juristes de la RPDC avait identifié des cas d’enlèvement.  Dès lors, il a exhorté ce pays à rapatrier ses citoyens.

Reprenant la parole, le Japon a souligné ses effort « sincères » pour régler la question des femmes de réconfort.  Il a rappelé l’accord diplomatique avec la RPDC qui a, selon lui, réglé de manière définitive cette question.

Le Japon veut échapper à ses responsabilités, et ces crimes contre l’humanité ne sont pas prescriptibles, a rétorqué la RPDC.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: face aux problèmes économiques qui sont toujours les mêmes, les délégations appellent à des actions franches et systémiques

Soixante-quatorzième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
AG/EF/3515

Deuxième Commission: face aux problèmes économiques qui sont toujours les mêmes, les délégations appellent à des actions franches et systémiques

Les inégalités entre les peuples, les conséquences des changements climatiques irréversibles provoqués par l’activité humaine, mais aussi les initiatives de solidarité à l’échelon local et international, et les appels au changement du système financier mondial: tout a été mis sur la table en ce premier jour de débat général à la Deuxième Commission de l’Assemblée générale, qui est chargée des questions économiques et financières.  « La lenteur de la croissance économique et le rétrécissement de l’espace politique nous obligent à sortir des sentiers battus », a d’emblée relevé le Président de la Commission, M. Cheikh Niang, en soulignant le contexte géopolitique morose.

Les grands problèmes, et les outils pour y faire face, n’ayant pas fondamentalement changé depuis l’an dernier, les délégations se sont montrées impatientes en l’absence d’actions franches et systémiques.  « L’anthropocène », notre cycle climatique actuel déterminé par l’activité humaine, a été mis en avant par le scientifique Patrick Keys, invité aujourd’hui à faire une déclaration liminaire.  En cette période de changements rapides, et, pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), « il faut redistribuer les forces d’influence, notamment le système financier », a-t-il recommandé.  L’expert a expliqué que l’action d’un pays sur son environnement a des conséquences bien au-delà de ses frontières.  À titre d’exemple de « risque anthropocène », il a évoqué les conséquences de la déforestation de l’Amazonie, qui vont bien au-delà de son aire géographique, puisque 20 à 25% des pluies tombant en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay proviennent du Brésil.

Outre son plaidoyer pour de nouveaux modèles économiques, son appel aux décideurs à adopter une « vision anthropocène du monde », incluant les autochtones, a été entendu par les délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, trois pays habités, à l’origine, par des peuples autochtones, qui appellent eux aussi à leur « protection ».  Dans le même esprit d’inclusion, la Directrice exécutive du New Orleans Community Project, Ashana Bigard, a conseillé de consulter systématiquement les personnes concernées dans les prises de décisions, contrairement à ce qui a été fait dans sa ville au lendemain du passage de l’ouragan Katrina.

S’inspirer du local pour régler des problèmes globaux, voilà ce qu’a prôné un agriculteur brésilien militant d’ATD Quart Monde, Eduardo Simas, qui a observé une solidarité de proximité entre les fermiers pauvres de son pays: cette solidarité doit être « reproductible » à l’échelle des pays pour sauver la planète.  Mais, attention aux aides « mal pensées », a-t-il prévenu: elles peuvent faire plus de mal que de bien.  Des programmes de développement ne tenant pas compte de ce qui existe déjà localement « affaiblissent les liens communautaires et les réseaux de solidarité », épuisent les ressources naturelles, laissant les personnes « encore plus vulnérables à long terme », a mis en garde le militant.

Mises bout à bout, les interventions des délégations aujourd’hui ont décrit le monde comme un village en grand danger.  Si l’urgence climatique n’est pas prise au sérieux, « le monde sera soumis à des destructions qu’aucun programme ne pourra réparer », a prévenu la Norvège.

C’est pourquoi M. Keys a suggéré à la Deuxième Commission de réviser ses concepts macroéconomiques, de recommander des solutions « fondées sur la nature » ou des modèles économiques nouveaux, comme l’économie circulaire, favorables à l’écosystème et à la planète.  Certes, mais comment lutter sans moyens? ont répondu les pays les moins avancés (PMA) en faisant remarquer que leur dette augmente ainsi que les coûts du service de cette dette.  Malgré tous leurs efforts, d’importantes lacunes demeurent: il y a toujours un fossé entre eux et les pays à revenu intermédiaire.

Ces derniers ne s’estiment pourtant guère mieux lotis.  Représentant le tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et abritant en leur sein 73% des pauvres du monde, ils ont estimé que l’expression « pays à revenu intermédiaire » traduisait mal leur complexité: elle ne reflète pas les multiples défis auxquels ils font face et qui demandent « un engagement ciblé de la communauté internationale ».

Ainsi, les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ont réclamé des conditions de prêt préférentielles et une aide au développement pour faire face aux changements climatiques.  Les petits États insulaires en développement (PEID) ont demandé de prendre en compte leur vulnérabilité dans l’octroi de l’aide publique au développement (APD).  L’Alliance des petits États insulaires (AOSIS) a rappelé qu’ils sont confrontés à des obstacles, des « murs » même, et qu’ils font moins de progrès que d’autres groupes de pays vulnérables, « à cause des chocs environnementaux », « des chocs économiques externes » et de leur dette extérieure.  Leurs contraintes structurelles deviennent évidentes en cas de catastrophe climatique alors que, ont-ils dénoncé, « nous n'avons pas créé ces fardeaux ».  L’Iran et Cuba ont d’ailleurs demandé aux principaux pays pollueurs de regarder leur dette écologique en face.

Comme le « débat général » qui ouvre les travaux de la Commission est l’occasion de parler des méthodes de travail de celle-ci, plusieurs délégations ont fait des suggestions à ce sujet.  La délégation de l’UE, qui s’est montrée agacée par les débats qui radotent, a fait part de son intention de ne plus prendre la parole au cours des débats thématiques de la Commission, estimant qu’ils ne font que répéter « ce qui s’est dit au cours du débat général, des évènements parallèles et autres réunions conjointes tenues avec d’autres organes ».  D’autres, comme les PEID, ont plaidé pour la poursuite de la réforme de l’Assemblée générale qui cherche à éviter les doublons.  « Nous cherchons simplement à agir, pas à répéter ces messages bien connus », a tranché l’AOSIS.  Dans le même ordre d’idées, la Suisse a demandé de « redynamiser » la Deuxième Commission qui traite de « trop de résolutions obsolètes » à son avis.  Elle a donc proposé de n’adopter des projets de résolution que tous les deux ou trois ans.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain, mardi 8 octobre, à 10 heures.

Déclarations liminaires

M. CHEICK NIANG, Président de la Deuxième Commission, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était un « cadre primordial » pour parvenir au développement durable et assurer à l’humanité et à la planète un avenir prospère.  Il a relevé, à cet égard, que les travaux à l’ordre du jour de la Deuxième Commission n’englobent pas moins de 4 des 5 éléments inclus dans le Programme 2030.  D’abord, l’humanité, un élément lié aux points de l’ordre du jour relatif à la pauvreté, au développement agricole, à la sécurité alimentaire et à la nutrition.  Puis la planète, qui est liée aux travaux sur les changements climatiques, la désertification, la réduction des risques et les Orientations de Samoa.  Il y a aussi la prospérité, liée aux points relatifs aux politiques macroéconomiques, au commerce international, aux produits de base et à l’inclusion financière.  Le Président a également cité l’élément relatif aux partenariats, qui est lié au financement du développement durable et à la question des flux financiers illicites.  Enfin, un élément relatif à la paix figure à l’ordre du jour de la Deuxième Commission, a dit M. Niang en rappelant qu’il s’agit « d’une condition préalable importante pour le développement ».

La Deuxième Commission étant la seule Commission à traiter directement de la question du développement durable et de chacune de ses trois dimensions, « nous endossons de lourdes responsabilités », a-t-il poursuivi.  « Si nous n’accélérons pas nos efforts, certains objectifs de développement durable ne seront pas atteints d’ici à 2030 », a-t-il prévenu en citant par exemple la réduction de l’extrême pauvreté, la sécurité alimentaire et la protection de la biodiversité. 

Pour le Président de la Deuxième Commission, « la lenteur de la croissance économique et le rétrécissement de l’espace politique nous obligent à sortir des sentiers battus », d’autant que le seul moyen d’atteindre les objectifs de développement durable suppose une faible consommation et une production à faible émission de carbone.  Il faut aussi garder à l’esprit l’importance de la solidarité mondiale dans le financement des objectifs de développement durable: « ce n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi une question de coopération et de coordination. »  Les pays ont également besoin de plans de financement pour soutenir leur stratégie nationale, a-t-il rappelé: « les inégalités à l’intérieur des pays et entre eux se poursuivent et privent les gens de leur droit de vivre dans la dignité.  Les pays en situation particulière, les femmes, les pays à revenu intermédiaire doivent bénéficier d’un impératif d’inclusion », a-t-il pointé.

Enfin, le Président a rappelé que le monde était entré dans une ère de développement technologique rapide et qu’il fallait en promouvoir le plein potentiel, pour « faire de l’inimaginable une réalité ».  « Cette Commission a un rôle central à jouer.  Elle a l’occasion de montrer la voie, et d’encourager toutes les parties prenantes à progresser sur la voie de la décennie d’action », a-t-il conclu, avant de donner la parole aux trois orateurs invités pour l’ouverture de la session.

À l’entame de son intervention, M. PATRICK KEYS, chercheur à la School of Global Environmental Sustainability de l’Université de l’État du Colorado, a rendu hommage au peuple Lenape, qui occupait la terre où est situé le Siège de l’ONU, et s’est engagé à porter la voix des autochtones.  Un avenir juste et équitable est-il envisageable? a-t-il ensuite demandé, avant de répondre par l’affirmative, même si peu d’éléments conduisent à cette réponse.  Dans l’ensemble, les niveaux de santé et de richesse ont progressé dans le monde, mais les inégalités ont augmenté de manière significative depuis les années 80, a-t-il noté en faisant le constat suivant: les riches sont devenus encore plus riches, comme l’a décrit l’économiste français Thomas Piketty dans son ouvrage Le capital au XXIe siècle.  L’une des caractéristiques est que le système financier international enrichit quelques-uns au détriment du plus grand nombre et, a souligné M. Keys, « il faut que cela change ».

En outre, a-t-il poursuivi, l’humanité est en train de modifier sans équivoque l’équilibre de la planète.  L’anthropocène est une période de changements rapides et qui s’accélèrent, ce qui signifie que les changements ne sont pas linéaires, a expliqué le chercheur.  À titre d’exemple de risque anthropocène, il a indiqué que la déforestation de l’Amazonie est liée, entre autres, à l’agriculture et à l’élevage mais que ses conséquences ne sont pas limitées à l’Amazonie.  En fait, le Brésil fournit 20 à 25% des pluies qui tombent en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay.  Ainsi, des acteurs financiers mondiaux dans un lieu induisent de profonds changements dans l’usage des terres et la déforestation dans un autre lieu, a ajouté M. Keys, soulignant qu’il faut bien comprendre les conséquences temporelles et spatiales de changements qui semblent lointains.  Autre exemple: si le Kenya restaure la couverture forestière le long de sa frontière sud pour atteindre l’objectif de développement durable no 15, relatif aux forêts, cela pourrait stabiliser les précipitations pendant la saison sèche dans d’autres pays d’Afrique de l’Est.  En d’autres termes, l’anthropocène menace la façon d’envisager la durabilité.  De plus, selon M. Keys, si des objectifs pour l’avenir sont nécessaires, ils ne doivent pas être liés au passé.

Ainsi, le monde que nous souhaitons, dans lequel les personnes puissent prospérer dans un système terrestre en bonne santé, n’est pas le monde que nous connaissons aujourd’hui.  Pour atteindre les objectifs de développement durable à long terme, a expliqué le chercheur, il faut redistribuer les forces d’influence, notamment le système financier.  Cela signifie aussi qu’il faut des perspectives locales, autochtones, dans notre rapport avec la terre.  Il a donc plaidé pour de nouveaux modèles économiques capables d’encourager ce type d’activités. 

« Qui définit la durabilité? » a-t-il ensuite interrogé.  « Qui décide ce que signifie le développement et les différents types de financement pour l’atteindre?  Le développement durable est-il possible dans ce contexte d’inégalités croissantes et de changements environnementaux? »  Pour M. Keys, la réponse est positive, mais il faut réviser les concepts utilisés pour prendre des décisions macroéconomiques et adopter des solutions fondées sur la nature ou des modèles économiques nouveaux comme l’économie circulaire, favorables à l’écosystème et à la planète.  Il faut également s’interroger sur les modèles de développement responsables de la dégradation de l’environnement et de la montée des inégalités.  Cette Commission peut encourager l’examen de nouvelles idées qui pourraient arracher de nombreuses personnes à la pauvreté sans dégrader l’environnement, a espéré le chercheur.  Un avenir juste et équitable est possible, a-t-il conclu en appelant les décideurs à adopter une vision anthropocène du monde qui inclut notamment les autochtones.

Mme ASHANA BIGARD, Directrice exécutive du New Orleans Community Project, a partagé son expérience et les leçons tirées de la dévastation causée par l’ouragan Katrina qui a ravagé sa ville natale de la Nouvelle Orleans, en 2006.  Elle a expliqué que non seulement les conséquences de l’ouragan, mais aussi les politiques de reconstruction avaient davantage aggravé les profondes divisions raciales et les inégalités économiques déjà présentes dans la ville avant la catastrophe.  Après Katrina, nous avions l’occasion de construire une ville plus équitable avec des apports d’argent destinés aux plus vulnérables, car ce sont ceux qui étaient les plus meurtris par la tempête et les inondations, a-t-elle dit en regrettant cependant que les habitants de souche de la Nouvelle Orléans n’aient pas été consultés dans les prises de décisions pour la reconstruction de la ville.  Cela n’a fait qu’aggraver les divisions raciales, a-t-elle déploré. 

« Le rêve américain -pouvoir s’occuper de sa famille avec un niveau de vie décent- est en fait un rêve mondial », a poursuivi Mme Bigard.  Mais, selon elle, « l’économie impitoyable » et « la culture de l’avidité » ont eu raison des efforts de reconstruction.  Les quelques 72 millions de dollars distribués n’ont pas empêché qu’énormément de Noirs soient toujours sans emploi dans la ville, a-t-elle affirmé.  Mme Bigard a donc appelé à apprendre du passé pour ne pas reproduire les erreurs du « capitalisme dur ».  Si nous n’apprenons pas et ne progressons pas, « nous perdrons tout: la musique, nos rires, nos joies, tout ce qui est le plus important », a-t-elle mis en garde.  Elle a insisté en particulier sur la place qui revient à tous à la table des prises de décisions: chacun doit avoir une voix dans ces processus.  « Vous qui vous apprêtez à former une société mondiale, conservez ce qui vaut la peine d’être vécu », a-t-elle conseillé à l’assemblée en guise de conclusion, sous les applaudissements. 

M. EDUARDO SIMAS, agriculteur brésilien membre d’ATD Quart Monde, a expliqué s’être installé dans le village de Mirantão, dans l’État du Minas Gerais, afin d’en apprendre davantage sur la réalité de la pauvreté rurale et ses liens avec le monde urbain.  Il a rapidement identifié des problèmes et des obstacles auxquels les communautés sont confrontées qui sont, entre autres, un manque de moyens, comme la terre, et un mauvais accès à l’école, aux services de santé et à la justice.  À cela s’ajoutent l’insécurité alimentaire ainsi que le sous-emploi ou le manque d’opportunités pour les jeunes.  Petit à petit, l’agriculteur a également réalisé que ces villageois avaient leurs propres outils pour affronter les problèmes.  À son grand étonnement, il a constaté que ces pauvres agriculteurs partageaient le peu qu’ils cultivaient, un moyen collectif de contribuer à la richesse de la communauté, et c’est ainsi qu’il est lui-même devenu un paysan agroécologique.

Venant d’une société où chacun apprend à ne pas partager, à économiser, à accumuler, il s’agit d’un moyen novateur de redéfinir ce qu’est la richesse et de véritablement construire une économie de partage basée sur des relations saines et une réciprocité collective, a expliqué M. Simas.  Pour lui, les mêmes principes peuvent être appliqués à la planète.  Il a également regretté les politiques et programmes de développement visant à lutter contre la pauvreté qui ne tiennent pas compte de ce qui existe déjà localement, affaiblissant les liens communautaires et les réseaux de solidarité, épuisant les ressources naturelles et laissant les personnes encore plus vulnérables à long terme.  Le plus grand défi est de lever les obstacles qui empêchent les gens d’offrir entre eux et à la planète le mieux qu’ils peuvent, a conclu le militant d’ATD Quart Monde. 

Débat général

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (État de Palestine), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a évoqué le retard déjà pris pour la mise en œuvre du Programme 2030 en rappelant qu’il ne restait que 10 ans pour réduire l’extrême pauvreté et assurer un développement durable à l’ensemble des habitants de la planète.  Par conséquent, il a appelé à augmenter les moyens alloués aux pays en développement, ainsi que les efforts pour lutter contre les flux financiers illicites.  Appelant les institutions financières internationales et l’ONU à mettre au point des systèmes d’évaluation du développement durable allant au-delà de la simple mesure du revenu par habitant, il a aussi exhorté à demeurer fidèle à l’obligation de ne laisser personne sur le côté, soulignant que les objectifs de développement durable sont destinés « à tous les pays, même les pays en situation particulière, et toutes les catégories de personnes, même les plus vulnérables ». 

M. Mansour a réaffirmé le droit à la souveraineté des peuples et des nations sur leurs richesses naturelles, ainsi que leur droit à l’exercer dans l’intérêt de leur stratégie de développement national.  Il a aussi rappelé que les États devaient se garder d’exercer des pressions ou d’appliquer des sanctions économiques, financières ou commerciales unilatérales sur d’autres États.  Passant au sujet des changements climatiques, M. Mansour a appelé à des mesures d’adaptation conformément à l’Accord de Paris sur le climat, et appelé la communauté internationale à renforcer sa protection des espaces naturels et des espèces menacées.  Soulignant « l’importance extrême » de l’Aide publique au développement (APD), il a réaffirmé qu’elle était la voie principale de coopération en faveur du développement, tout comme la coopération Sud-Sud. 

M. ALBERTO CABALLERO (Paraguay), au nom des pays en développement sans littoral, a rappelé que son groupe, avec une population de plus de 500 millions de personnes, compte parmi les pays les plus vulnérables au monde.  Il a ajouté que les pays en situation particulière doivent faire partie intégrante du travail de la Deuxième Commission et a demandé de prendre en compte la nécessité d’agir maintenant et de consolider le multilatéralisme.  Pour les pays en développement sans littoral, la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne continuera à être une priorité, a dit le représentant qui a souligné l’importance d’une participation active des Nations Unies et de l’ensemble des acteurs concernés, notamment ceux de la société civile.  La prochaine décennie sera essentielle pour surmonter les défis sur la voie du développement, a conclu le représentant.

M. PERKS MASTER CLEMENCY LIGOYA (Malawi), au nom des pays les moins avancés (PMA), a souligné que les catastrophes naturelles entravent le développement des PMA et la réalisation du Programme 2030.  Si beaucoup de progrès ont été réalisés depuis le Programme d’action d’Istanbul en matière de technologies de l’information et des communications (TIC) et dans les réformes des systèmes de santé, il demeure cependant de graves lacunes, selon M. Ligoya, qui a dit compter sur la coopération internationale pour aider les pays les plus à la traîne à atteindre les objectifs.  Il a relevé par exemple que si le PIB de l’ensemble des PMA a augmenté de manière modérée, cette croissance est inégale: des pays font face à des problèmes de volatilité économique et on estime que la croissance en 2020 n’atteindra pas 7%, selon le rapport relatif au Programme d’action d’Istanbul.  Ces freins, selon M. Ligoya, s’expliquent par les changements climatiques et les incertitudes au niveau des échanges commerciaux mondiaux. 

Si la dette des PMA a baissé en général, a-t-il poursuivi, 15 d’entre ces pays ont vu leur dette augmenter.  Tandis que cette charge augmente, les coûts du service de la dette augmentent eux aussi: un problème supplémentaire pour des pays déjà handicapés, a relevé le représentant.  Malgré tous les efforts des PMA, d’importantes lacunes demeurent et il y a toujours un fossé entre eux et les pays à revenu intermédiaire.  M. Ligoya a dès lors appelé à augmenter l’Aide publique au développement (APD) et l’aide sous forme de capitaux privés, qui va aujourd’hui davantage aux pays en développement ne faisant pas partie des PMA.  Le représentant a aussi remarqué que les objectifs de consacrer à l’APD 0,7% du PNB pour chaque État Membre de l’ONU était encore loin d’être atteint.  De plus, les PMA sont encore bien loin de leur objectif de réaliser 2% des exportations mondiales et M. Ligoya a donc appelé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à les aider à sortir de cet isolement et à mettre en œuvre pour de bon l’ensemble des dispositifs existants concernant les PMA.  Enfin, 68% des pertes économiques des PMA entre 2005 et 2017 ont été dues à des catastrophes écologiques, et la température continue à augmenter, tout comme les problèmes de nutrition.  « Un cinquième de la population africaine est concernée », a-t-il conclu. 

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, les dirigeants ont réaffirmé leur volonté de s’engager en faveur d’une décennie d’action.  Il a donc recommandé à la Deuxième Commission de s’appuyer sur cet élan, « dans un esprit de partenariat, de respect et de consensus ».  Il a ensuite fait part des efforts de l’ASEAN pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  La Thaïlande, qui en assure la présidence, a continué à donner la priorité à ces objectifs, espérant étendre les partenariats au sein et à l’extérieur de l’ASEAN afin de bâtir une communauté centrée sur les personnes et qui ne laisse personne à la traîne.  C’est dans cette perspective que des liens ont été établis entre la Vision communautaire de l’ASEAN 2025 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment dans cinq domaines que sont: l’éradication de la pauvreté; l’amélioration des infrastructures et de la connectivité; la promotion d’une consommation et d’une production durables; le renforcement de la gestion durable des ressources naturelles; et le renforcement de la résilience.  Un Centre de l’ASEAN sur les études relatives au développement durable et le dialogue sera inauguré le mois prochain en Thaïlande afin de faire concrètement avancer ces initiatives complémentaires, a annoncé le délégué.

En attendant, a noté M. Srivihok, l’ASEAN a renforcé la coopération dans le cadre de la réponse aux effets néfastes des changements climatiques.  Elle a aussi revu les capacités de la communauté de faire face aux catastrophes naturelles en temps voulu, à travers l’approche « One ASEAN One Response ».  Afin de promouvoir une croissance économique inclusive, l’ASEAN a également mis en place des mesures pour tirer parti de la quatrième révolution industrielle.  Sur un autre plan, l’ASEAN entend mettre en œuvre les résolutions de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud qui a eu lieu en mars dernier en Argentine.  Enfin, l’ASEAN dit soutenir le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement afin de le rendre plus efficace et responsable. 

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, le représentant de la Thaïlande a expliqué que son pays promeut une économie autocentrée qui se développe par la production nationale.  La Thaïlande applique ainsi une « philosophie d’économie de suffisance » comme approche nationale pour atteindre les objectifs de développement durable. 

M. ARIEL RODELAS PENARANDA, (Philippines), s’est exprimé au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire (Arménie, Bélarus, Chili, Colombie, Costa Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Jamaïque, Mexique, Panama, Philippines et République dominicaine).  Le représentant a rappelé que les pays à revenu intermédiaire comptent 70% de la population mondiale, représentent le tiers du produit intérieur brut (PIB) mondial et ont en leur sein 73% des pauvres du monde.  Il a relevé que l’expression « pays à revenu intermédiaire » ne traduit pas fidèlement les complexités de ces pays et ne reflète pas non plus les multiples défis auxquels ils font face et qui demandent un engagement ciblé de la communauté internationale, notamment du système des Nations Unies. 

M. Penaranda s’est félicité du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la coopération entre l’Organisation et les pays à revenu intermédiaire.  Ce rapport recommande, entre autres, des mesures multidimensionnelles pour lutter contre la pauvreté et d’autres défis spécifiques à ces pays.  Le délégué a relevé que même pour les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, l’APD reste importante, de même que les financements concessionnels de diverses institutions financières.  Dans le cadre des travaux de la Deuxième Commission, ce groupe de pays exhorte le système des Nations Unies pour le développement à élaborer une stratégie globale et sur le long terme visant à œuvrer au développement durable par le biais d’un soutien coordonné aux pays à revenu intermédiaire.  Ces derniers entendent également voir renforcer et faciliter leur accès aux financements dédiés au développement et à ceux liés aux changements climatiques.  Enfin, a déclaré M. Penaranda, il faudrait aller vers un ensemble de critères multidimensionnels de classement des pays qui aille au-delà du revenu par habitant, afin notamment de veiller à ce que personne ne soit laissé à la traîne dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. EARL COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a indiqué que si la région redouble d’efforts pour atteindre les objectifs de développement durable, les ressources des petits pays sont limitées.  Il a estimé que le système des Nations Unies devait renforcer systématiquement son soutien aux Orientations de Samoa afin que les risques et défis auxquels les PEID sont confrontés soient bien pris en compte.

En ce qui concerne le système financier international, M. Rattray a déploré que certains pays de la CARICOM soient victimes de limitations, voire de sanctions, de la part de l’Amérique du Nord et de l’Europe.  Il a également regretté les limitations à l’accès à des conditions de financement favorables, les pays de la CARICOM étant aujourd’hui classés dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ce dont M. Rattray a déploré les conséquences négatives.  En réalité, a-t-il fait valoir, les pays ont toujours besoin d’accéder à des ressources à conditions préférentielles de même qu’à l’aide au développement, notamment pour faire face aux impacts des changements climatiques.  L’ampleur et l’urgence de la situation ont été soulignées par la communauté internationale dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), a-t-il noté.  Cela dit, les pays de la CARICOM ont l’ambition de respecter l’Accord de Paris, a assuré M. Rattray.

Mme EGRISELDA LOPEZ, (Belize), au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a estimé que le point de départ pour agir et atteindre le développement durable dans les pays de l’Alliance, ce sont les Orientations de Samoa, puisque « le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre de Sendai, l’Accord de Paris sur le climat vont tous dans le même sens et que ces programmes sont liés les uns aux autres ». 

Si l’on regarde de près la situation des membres de l’AOSIS, elle est « plus que troublante » selon le représentant: dans ces pays, qui font déjà face à de profondes difficultés et connaissent de grandes inégalités sociales, les changements climatiques et les catastrophes naturelles agissent de manière négative sur leur développement.  L’objectif de croissance à 7%, ne sera pas atteint, a regretté Mme Lopez.  Les pays de l’AOSIS sont confrontés à des obstacles, des « murs », a-t-elle regretté, en expliquant qu’ils font moins de progrès que d’autres groupes de pays vulnérables à cause des chocs environnementaux et des chocs économiques externes, ainsi que du fait de leur dette extérieure qui reste à un niveau non viable.  Les contraintes structurelles graves deviennent évidentes en cas de catastrophe, a-t-elle déclaré.  « Nous n’avons pas créé ces fardeaux », a-t-elle souligné, en se plaignant que rien n’a été fait.

« Nous cherchons simplement à agir, pas à répéter ces messages bien connus. »  Mme Lopez a donc appelé la communauté internationale à agir de manière rapide.  Il faut, selon elle, trouver une réponse appropriée de façon à mettre fin aux cycles d’évènements extrêmes et à éliminer la dette élevée, afin que les pays de l’AOSIS conservent leurs recettes durement gagnées.  Appelant sans équivoque à l’action intégrée pour mettre fin à la perte de biodiversité et à limiter les gaz à effet de serre, elle a aussi souhaité que soient revus les taux préférentiels d’accès à l’aide au développement pour les pays de l’Alliance. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) s’est félicité que l’esprit de la coopération internationale et de la solidarité ait été exprimé clairement lors de la semaine de haut niveau en ouverture de cette session de l’Assemblée générale.  Le développement durable est hautement prioritaire pour le Groupe africain, a-t-il assuré, tout en regrettant que les outils et mécanismes permettant d’y parvenir ne suffisent pas.  Il a donc appelé la Deuxième Commission à contribuer à les renforcer.  En outre, le Groupe est préoccupé par le fait que la communauté internationale ne soit pas tout à fait prête à agir pour l’objectif de développement durable no 1, c’est-à-dire l’élimination de la pauvreté.  M. Kapambwe a également jugé nécessaire de mettre fin aux flux financiers illicites et a demandé à la Commission de prévoir des outils pour y mettre un terme. 

Quant à l’impact des changements climatiques, il menace le développement et l’élimination de la pauvreté dans les pays africains, alors que ceux-ci y contribuent peu, a relevé le représentant, qui a plaidé pour la mise en œuvre d’initiatives afin de rendre l’agriculture africaine plus résiliente.  Il a demandé que les travaux de la Deuxième Commission reflètent cette urgence.  Le Groupe africain est aussi préoccupé par le manque de ressources financières et la diminution de l’APD, a-t-il ajouté.  Il n’y a plus de temps à perdre, a encore insisté M. Kapambwe.

M. SATYENDRA PRASAD (Fidji), parlant au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a salué les efforts en cours visant à réformer le système des Nations Unies pour le développement, tout en se félicitant d’une mesure instituant un bureau multipays dans le Pacifique Nord.  Le Groupe plaide également pour la poursuite de la réforme de l’Assemblée générale, notamment pour éviter les doublons entre les travaux des Deuxième et Troisième Commissions et ceux du Conseil économique et social (ECOSOC). 

Les changements climatiques restent la plus grande menace qui pèse sur les petits pays insulaires en développement du Pacifique, a rappelé la délégation, avant de souligner le lien étroit entre changements climatiques et sécurité, étant donné que le premier phénomène a un effet sur les migrations, la sécurité alimentaire, la montée du niveau de la mer, voire même les frontières des États et les questions de souveraineté.  Il faut donc que le système onusien reconnaisse ces menaces existentielles et soit prêt à s’y adapter.  La délégation a remercié le Chili qui a désigné la vingt-cinquième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 25) comme « une COP Bleue », reconnaissant ainsi la place des océans dans le débat sur les changements climatiques.  Enfin, pour ne pas laisser ces pays à la traîne, le délégué a plaidé pour que leur vulnérabilité et leur fragilité soient prises en compte dans l’octroi de l’APD, tout en se félicitant de l’engagement renouvelé des dirigeants du monde qui ont adopté une Déclaration politique à la session d’examen à mi-parcours des Orientations de Samoa en septembre dernier.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a demandé, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030, une ONU à la mesure de la tâche pour apporter son soutien, la Deuxième Commission devant jouer un rôle positif à cet effet.  En parlant du thème de la présente session de la Commission, le délégué a insisté pour une transition vers une économie verte et inclusive, ajoutant que l’économie circulaire est le modèle qui peut aider à y parvenir.  Convaincue que beaucoup reste à faire pour exploiter le plein potentiel de la Deuxième Commission, la délégation a salué l’idée de création d’un groupe de travail informel chargé de réfléchir à l’amélioration de ses méthodes de travail.  L’UE, qui n’entend plus prendre la parole au cours des débats thématiques de la Deuxième Commission, a argué que ces échanges sont une répétition de « ce qui s’est dit au cours du débat général et des évènements parallèles et autres réunions conjointes tenue avec d’autres organes ».  Même si la délégation reconnaît le droit de chaque État à présenter des résolutions, elle souhaiterait tout de même que la Commission se focalise sur des résolutions importantes pour la mise en œuvre du Programme 2030.  M. Gonzato a d’ailleurs relevé que les droits de l’homme doivent être au cœur du Programme 2030, lequel doit être centré sur la planète, être transformateur sur le plan du genre et basé sur le droit international.

En ce qui concerne les changements climatiques, il a demandé que les actions de la communauté internationale ciblent à la fois les efforts d’adaptation et d’atténuation, et que les contributions nationales soient renforcées comme cela avait été convenu dans l’Accord de Paris.  En outre, au sujet du financement du développement, l’UE a rappelé être la plus grande source d’APD, avant de suggérer également des mesures utiles telles que la réforme des système fiscaux des pays en développement, le renforcement de la coopération en matière fiscale tout comme la lutte contre les flux financiers illicites et le blanchiment d’argent, ainsi que l’utilisation des technologies numériques pour lutter contre la corruption.  

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande), également au nom du Canada et de l’Australie (CANZ), a salué les progrès accomplis par la communauté internationale sur la voie du développement durable, tout en soulignant que les inégalités persistent, qu’elles soient économiques ou de genre.  « 2030, c’est seulement dans 10 ans, nous devons faire davantage et ne pas renégocier ce qui a déjà été convenu », a-t-il poursuivi, appelant à « ne pas revenir en arrière ». 

Selon M. Hawke, la pauvreté ne peut pas être combattue si la moitié de la population mondiale est victime de discrimination.  « Nous devons redoubler d’efforts pour qu’il n’y ait plus de laissés-pour-compte, pour prendre en compte les besoins spécifiques des PEID, ainsi que les problèmes spécifiques des pays en développement sans littoral. »  Les peuples autochtones doivent aussi être protégées, a-t-il demandé en signalant que « c’est une question importante pour chacun de nos trois pays ».

Selon le groupe CANZ, les changements climatiques représentent la plus grande menace au développement durable.  Il a précisé que les PEID, avec les PMA, sont « les plus vulnérables d’entre nous ».  À son avis, ce n’est qu’en travaillant ensemble que la menace s’éloignera.  Les trois pays du groupe CANZ souhaitent que les engagements de l’Accord de Paris soient préservés, a-t-il dit en faisant remarquer qu’il y a assez d’argent dans le monde pour agir.  Enfin, M. Hawke a appelé à adopter des méthodes de travail plus efficaces au sein de l’ONU, en limitant notamment les doublons.  

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) s’est inquiété de la situation de l’économie mondiale sur fond de fragilité du système financier et de l’augmentation de la dette.  Dans ce contexte, la Deuxième Commission doit être renforcée, a estimé M. Dapkiunas, ajoutant que les objectifs de développement durable sont un bon indicateur de l’activité multilatérale.  S’agissant du commerce mondial, il a condamné l’imposition de mesures coercitives unilatérales, estimant que seul un commerce basé sur l’inclusion et la transparence peut contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable.  Par ailleurs, le représentant s’est félicité de l’attention que la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) porte aux pays à revenu intermédiaire mais a regretté le manque de mécanisme clair concernant la coopération de ces pays avec les Nations Unies, qu’il a pourtant jugée fondamentale dans le cadre de la mise en œuvre du Programme 2030.  Au niveau national, le Bélarus a fait des efforts pour atteindre les objectifs de développement durable et a tenu cette année le premier forum de développement durable avec les pays de la région, a fait valoir M. Dapkiunas.

M. SOLOMON JAMIRU (Sierra Leone) s’est dit fermement engagé en faveur du Programme d’action d’Istanbul pour les PMA et s’est félicité des améliorations enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour la Sierra Leone, la gouvernance des ressources naturelles est un pilier essentiel du développement.  Le pays continue d’améliorer également ses infrastructures et attend que les financements internationaux viennent compléter les ressources nationales.  Le représentant s’est d’ailleurs inquiété du déclin de l’APD et a estimé qu’il fallait en faire davantage en termes de financement du développement, de transfert de technologie, de renforcement des capacités et de lutte contre les vulnérabilités face aux changements climatiques.  Le nouveau plan de développement de la Sierra Leone à moyen terme s’aligne sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030 et met l’accent sur l’objectif de développement durable no 4, (éducation) et l’objectif de développement durable no 16, (justice).  M. Jamiru a assuré qu’il s’engageait à poursuivre son action sur la voie des progrès déjà enregistrés.

M. EVGENIY A. STANISLAVOV (Fédération de Russie) a jugé indispensable de continuer à coordonner au mieux le travail fait à l’ONU, ou au sein du G20.  Avec les incertitudes de l’économie mondiale, la volatilité des marchés et du cours des matières premières, la dette considérable des États, les changements climatiques, l’immigration illégale, « on voit les lignes de fracture augmenter entre pays », a noté le représentant.  Il a aussi relevé que les règles de l’OMC sont « réinterprétées de manière politique », ce qui fragmente encore plus le monde et détériore le niveau de vie des populations.  La Russie est prête à travailler de manière constructive avec l’OMC, a assuré le représentant.  Concernant le financement pour le développement, M. Stanislavov a appelé à davantage de coopération pour lutter contre les fuites fiscales, et s’est déclaré pour l’établissement d’un régime international juridique.  Les banques internationales de développement doivent travailler avec davantage d’énergie concernant les pays en développement en situation post conflit, a-t-il aussi pointé.  Enfin, la Russie, qui a signé l’Accord de Paris, a dit agir en conséquence pour adapter son économie nationale aux changements climatiques.  

Pour Mme ANAT FISHER TSIN (Israël), le tableau des progrès concernant les objectifs de développement durable est mitigé.  Progrès dans les énergies renouvelables, diminution de l’extrême pauvreté d’un côté; augmentation de la faim, biodiversité en danger de l’autre.  « Il revient aux pays développés de prendre des décisions difficiles aujourd’hui », sans laisser les générations prochaines hériter de cet irréversible fardeau, a-t-elle estimé.  À la Deuxième Commission, Israël présentera cette année une résolution sur les technologies agricoles au service du développement durable, un secteur clef, avec la gestion efficace des ressources hydriques, selon la représentante.

Appelant à « produire plus en gaspillant moins », et à coller sans faute au Programme 2030 dans tous les travaux de la Deuxième Commission, Mme Fisher Tsin a évoqué la prochaine journée de Yom Kippour, fête la plus importante du calendrier juif, appelant la Commission à faire comme les juifs ce jour-là: « se demander comment s'améliorer ».

M. KIM IN-RYONG (République populaire démocratique de Corée) a estimé que la tâche la plus importante pour atteindre les objectifs de développement durable est la création d’un environnement paisible.  Le développement socioéconomique souffre en effet de sérieux revers en raison de l’instabilité politique comme les conflits, la violence, la pauvreté ou l’escalade des tensions dans de nombreuses régions du monde.  Il ne faut pas accepter toute tentative de saper la paix et la sécurité dans le monde, a dit le représentant, ajoutant que la portée des manœuvres d’un « certain pays » pour mettre un terme au développement durable et à la coopération mutuelle est évidente lorsque l’on regarde tous les types de sanctions appliqués par ce même pays contre quelque 70 pays dans le monde.

M. Kim a dit que le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable exige de garantir à tous les pays un exercice complet et permanent de leur souveraineté sur les activités économiques nationales et d’interdire l’application de mesures économiques, financières et commerciales unilatérales, qui vont d’ailleurs à l’encontre de la Charte des Nations Unies.  Il a ajouté le nécessaire établissement d’un ordre économique mondial juste.  Renforcer la solidarité entre pays sur la base de la justice, de l’égalité et de l’impartialité équivaut à créer un environnement international favorable pour atteindre les objectifs de développement durable, a précisé M. Kim.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a constaté que les progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable sont inégaux et que la communauté internationale n’a pas vraiment commencé à lutter contre les changements climatiques.  L’élimination de la pauvreté multidimensionnelle doit être une priorité, a estimé le représentant, ajoutant qu’il fallait s’occuper, en priorité, de ceux qui sont laissés de côté dans les zones rurales ou isolées.  Le développement du partenariat entre l’Indonésie et les États insulaires en développement visera en particulier les conséquences des changements climatiques.  Quant aux investissements, le représentant les a jugés loin d’être suffisants, invitant les délégations de la Deuxième Commission à se pencher sur cette question, ainsi que sur celles du transfert de technologie et du renforcement des capacités.

M. ALEJANDRO G. VERDIER (Argentine) a rappelé que l’Argentine avait accueilli en mars dernier la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies sur la coopération Sud-Sud, qui a permis aux pays concernés de s’associer dans des conditions d’horizontalité et de bénéfice mutuel pour échanger des connaissances et renforcer leurs capacités sur plusieurs questions: de l’agriculture et l’environnement à la santé et aux droits de l’homme, en passant par la science et la technologie.  Pour l’Argentine, la science, la technologie et l’innovation ont un caractère central pour faire face aux multiples dimensions de la pauvreté.  Le pays souligne également l’importance de l’éducation, raison pour laquelle il copréside le Groupe des amis de l’éducation et l’apprentissage tout au long de la vie.  L’Argentine, a ajouté le représentant, travaille avec l’UNESCO pour atteindre l’objectif de développement durable no 4, relatif à cette question. 

Le représentant a également souligné que l’élimination de la pauvreté n’est pas possible si l’on n’instaure pas les conditions garantissant un emploi digne à tous.  Enfin, M. García Moritán a fait observer que les petites et moyennes entreprises (PME) sont un acteur très important pour l’économie, quel que soit le pays, et qu’elles peuvent intégrer des pratiques commerciales responsables et durables dans les complexes chaînes de valeur mondiales.  Les PME peuvent ainsi contribuer à l’amélioration de la qualité de l’environnement et à l’atténuation des impacts des changements climatiques, à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes et des filles, ou encore à la réduction des inégalités.

M. NEBIL SAID IDRIS(Érythrée) a déploré le fait que malgré les engagements pris dans le cadre des objectifs de développement durable, des centaines de millions de gens continuent de souffrir de la pauvreté ou de mourir de maladies facilement évitables, et que pendant ce temps les inégalités de revenus ne cessent de croître.  Il faut donc un changement de paradigme, a-t-il préconisé, en conseillant aussi de réorganiser le multilatéralisme et d’agir pour le bénéfice de l’humanité.  Selon le délégué, on ne peut réaliser l’objectif de « ne laisser personne de côté » quand la solidarité internationale se contracte et quand l’assistance attendue continue de s’accompagner de conditions paralysantes.  On ne peut pas non plus réaliser les objectifs de développement durable si on se refuse de reconnaître que l’on vit sous des idéologies sociales, économiques et politiques dominantes qui tendent à exploiter et qui ne bénéficient qu’à quelques individus, a-t-il déploré, en appelant à forger de nouveaux modèles économiques.    

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a affirmé que son pays était activement engagé dans la lutte contre les flux financiers illicites qui privent des gouvernements et citoyens de ressources financières pour le développement durable.  Elle a noté que l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains sont des crimes horribles affectant 40 millions de gens à travers le monde et générant 150 milliards de dollars de revenus par an.  C’est pourquoi son pays a lancé, en collaboration avec l’Australie et les Pays-Bas, un partenariat public-privé en 2018: « l’Initiative du Liechtenstein » pour une Commission du secteur financier sur l’esclavage moderne et la traite des êtres humains.  Cette initiative vise à « équiper le secteur financier mondial afin de prévenir et combattre ces crimes par un financement durable et innovant ».

La déléguée a indiqué que l’innovation financière ainsi que des technologies telles que la chaîne de blocs, ont le potentiel de lutter contre les trafics illicites d’êtres humains, et peuvent, dans le même temps, aider à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ainsi, la chaîne de blocs peut apporter la transparence à la production et permettre de détecter les cas d’esclavage moderne, a—telle argué.  Par exemple, l’identification digitale des personnes peut aider à accélérer l’inclusion financière de victimes potentielles et des survivants de trafic.  De même, les transferts de fonds par la technologie de la chaîne de blocs peuvent permettre de réduire le coût des transferts de fonds.  Le Liechtenstein est l’un des premiers pays au monde à avoir adopté une législation qui maximise le potentiel de la chaîne de blocs tout en minimisant les risques y associés, a souligné Mme Oehri.  Un évènement spécial sera d’ailleurs organisé par la délégation, au Siège des Nations Unies, le 17 octobre, pour présenter cette loi, a-t-elle indiqué.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a d’emblée fait savoir que son pays, qui quittera l’Union européenne le 31 octobre, restera un membre actif de la Deuxième Commission.  S’agissant des changements climatiques, la représentante a plaidé pour une accélération des actions et a indiqué que le Royaume-Uni voulait jouer un rôle actif, ajoutant que le pays avait déjà augmenté ses investissements dans ce sens.  En ce qui concerne le financement du développement, elle a dit sa fierté que le Royaume-Uni respecte l’engagement de 0,7% du PIB consacré à l’APD. Selon elle, il sera impossible d’atteindre les objectifs de développement durable si les promesses ne sont pas respectées.  Quant au Programme 2030, elle a estimé que le développement devait être inclusif.  Le Royaume-Uni, a-t-elle assuré, continuera à promouvoir le respect des droits de l’homme.

M. MEHDI REMAOUN (Algérie) a plaidé pour une riposte politique appropriée afin de relever les défis plutôt que d’agir de façon isolée et cloisonnée.  L’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes reste un défi majeur, a-t-il souligné, mentionnant le programme de l’Agenda 2063 de l’Union africaine en ce sens, pour ajouter que les pays africains ont toujours besoin du soutien des Nations Unies.  L’Algérie a présenté, cette année, son premier examen national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030: cela a montré que les objectifs de développement durable avaient déjà bien été pris en compte dans les politiques nationales.  En venant au problème des peuples sous occupation coloniale ou domination étrangère, M. Remaoun a appelé tous les États à lutter contre le commerce illégal des ressources naturelles volées à ces territoires. 

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que les changements climatiques affectent davantage les pays les plus vulnérables, comme ceux en situation particulière ou subissant une occupation.  Cuba souhaite le strict respect des textes internationaux et de l’esprit multilatéraliste de l’Organisation, a-t-elle déclaré, en demandant notamment que les réalités nationales soient respectées, ainsi que l’égalité de chacun des membres de la communauté internationale.  L’élimination de la pauvreté, y compris extrême, est le défi le plus important pour l'humanité, et « nous n'y parviendrons que si nous éliminons les causes du mal », a-t-elle plaidé, en dénonçant les réalités humainement inacceptables.  Elle a ainsi pointé la concentration de richesses qui détonne amèrement avec le sous-développement de la plupart des pays du monde, qualifiant cette situation de « honteuse ».  Dénonçant le budget militaire des États-Unis –1,7 milliard de dollars par jour-, la représentante a réclamé une nouvelle architecture du système financier international.  Elle a aussi demandé de respecter l’Accord de Paris, bien qu’elle le trouve insuffisant.  Elle a fustigé, à cet égard, les États-Unis, « un des plus grands pollueurs du monde », pour « ne pas se soucier de sa dette écologique », ainsi que pour son blocus « injuste » de l’île de Cuba, qui travaille tant bien que mal à la réalisation du Programme 2030.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan), se disant pessimiste quant à la réalisation des objectifs de développement durable, a appelé à redoubler d’efforts et à mettre en œuvre le Programme 2030 dans son intégralité.  En effet, a-t-elle fait remarquer, on ne peut pas choisir les objectifs de développement durable à la carte.  Pour cela, la représentante a réclamé la mise à disposition de ressources suffisantes, demandant aux pays développés de « revoir leur APD à la hausse », ainsi qu’à lutter davantage contre les flux financiers illicites.  La coopération Sud-Sud, un des instruments les plus importants des pays en développement, ne peut remplacer la coopération Nord-Sud, a-t-elle, par ailleurs, insisté.  S’agissant de la coopération triangulaire, elle a estimé qu’elle devait rester encadrée par la coopération Sud-Sud.  Enfin, les changements climatiques sont un problème crucial au Pakistan, pays dépendant largement des ressources naturelles, et Mme Lodhi attend beaucoup du prochain Sommet Action Climat, à cet égard.

M. CHO TAE-YUL (République de Corée) a souhaité que la Deuxième Commission reste pertinente, en alignant son travail sur le Programme 2030.  Il a également salué la décision de créer un groupe de travail informel consacré aux méthodes de travail.  Le délégué a souhaité que l’accent soit mis, au cours de la présente session, sur le lien existant entre les 17 objectifs de développement durable, insistant sur le fait qu’aucun objectif ne saurait être réalisé isolément.  La République de Corée est particulièrement préoccupée par la question des inégalités, au sein et entre les pays, étant donné que cela érode la cohésion sociale et empêche de parvenir à un développement qui soit équitable.  Le pays, qui assure la présidence du Groupe des Amis sur l’objectif de développement durable no 10, sur la réduction des inégalités, a ainsi œuvré pour que cette question devienne une préoccupation transversale. 

M. Cho a également appelé à renforcer l’action climatique, rappelant que la République de Corée entend doubler sa contribution en faveur du Fonds vert pour le climat.  Enfin, le délégué a demandé plus d’action pour renforcer le partenariat en faveur du Programme 2030, plaidant un plus fort engagement de la part du secteur privé et une plus grande implication des communautés locales, des organisations de la société civile, du monde universitaire, entre autres partenaires importants.

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a affirmé que son pays était engagé à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat, le Gouvernement visant même d’atteindre la neutralité en carbone en 2040.  La nouvelle politique de développement internationale de l’Islande met l’accent sur cette question climatique, ainsi que sur la réduction des inégalités entre les genres, a-t-il précisé.  Le délégué a aussi mis l’accent sur la « planète bleue », rappelant que 70% de la terre est recouverte d’eau et, de ce fait, « les changements climatiques sont également des changements des océans ».  Le délégué a aussi souligné que la dégradation des terres est la cause de nombreux problèmes sociaux, avant de plaider pour que tous les pays accordent une attention particulière aux groupes sociaux qui sont privés de leurs droits fondamentaux, notamment les LGBTI (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexués) et d’autres groupes vulnérables.

Mme MONA JUUL (Norvège) a mis l’accent sur les changements climatiques et les catastrophes qu’ils ont provoquées, pour souligner l’urgence à réduire les risques, notamment pour les PMA et les petits États insulaires.  Si l’urgence climatique n’est pas prise au sérieux, le monde sera soumis à des destructions qu’aucun programme ne pourra réparer, a-t-elle mis en garde.  Un nombre alarmant d’espèces disparaît et les solutions pour préserver la nature et atténuer les changements climatiques sont liées, a-t-elle fait observer.  Mme Juul a fait part des efforts de la Norvège en ce sens, considérés comme une priorité pour son développement, et le renforcement de sa contribution au titre de l’Accord de Paris. 

S’assurer de la bonne santé de la planète est essentiel pour parvenir aux objectifs de développement durable, a-t-elle rappelé.  Elle a plaidé pour le renforcement de la mobilisation des ressources nationales et pour la mise en place de régimes fiscaux justes et prévisibles, de même qu’il faut lutter contre la corruption et les flux financiers illicites.  Quant à l’APD, la Norvège est fière de lui allouer 1% de son PIB depuis déjà 10 ans.  Si beaucoup de changement reste à faire, Mme Juul a reconnu que de nombreux pays font des progrès, comme le montrent les examens volontaires nationaux.

M. DAOVY VONGXAY (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays avait souffert, comme beaucoup d’autres, des impacts des changements climatiques, cette année, remerciant ses partenaires de développement, les agences des Nations Unies et d’autres parties prenantes pour leur soutien, qui a permis au Gouvernement de répondre aux besoins des personnes touchées.  Pour le représentant, ces changements, de même que les incertitudes économiques mondiales, les catastrophes naturelles et le creusement des inégalités de revenu, entre et au sein des pays, menacent gravement de perturber l’activité économique mondiale et d’avoir des conséquences négatives sur le programme de développement à long terme. 

En bref, la croissance économique est inégalement répartie entre les pays et les régions et ne parvient pas jusqu’à ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les PMA, les pays en développement sans littoral et les PEID, a résumé le représentant.  Ceux-ci ont besoin de davantage d’investissement, et la communauté internationale devrait prêter plus d’attention à leurs besoins de développement afin de s’assurer qu’ils ne soient pas laissés pour compte.  À cet égard, un multilatéralisme revitalisé et résilient ainsi qu’une coopération régionale et internationale élargie sont nécessaires, a-t-il conclu.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a parlé de « détérioration » de la mise en œuvre des objectifs de développement durable depuis 2015, et regretté que le monde développé ne respecte pas sa partie du contrat, notamment en termes de renforcement des capacités et de soutien pour élargir l’accès aux technologies de l'information et des communications.  Le multilatéralisme subit des camouflets, a-t-il aussi regretté, en faisant référence aux embargos engagés contre certains acteurs.  L’Iran, a-t-il dit, espère que le financement du développement ne deviendra pas l’otage de « mouvements de coercition ».  Le pays est aujourd'hui la cible de mesures unilatérales qui ne lui permettent pas de faire face aux défis actuels, comme les changements climatiques, a-t-il expliqué.  Alors que l’Iran est signataire de l’Accord de Paris, le représentant a appelé au respect des principes de cet accord et a demandé aux pays développés d’assumer leur responsabilité historique dans ce problème.  Dénonçant des « sanctions financières non justifiées » contre les pays en développement les privant de l’accès au développement, il a jugé dommage que l’accumulation des inégalités provoquées par des approches discriminatoires contre les pays en développement réduise à néant les efforts de ces derniers.

M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a jugé que l’éradication de la pauvreté était une condition sine qua non de la réalisation des objectifs de développement durable, étant le défi le plus important à relever.  Beaucoup de chemin reste à parcourir cependant, a-t-il déclaré.  Malgré les efforts du Soudan, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est en danger, selon M. Siddig, à cause de la sécheresse et de la désertification rapide de régions entières.  Le Soudan n’est pas une exception: l’un pays moins avancés, sortant de conflit, alourdi par des dettes, accueillant plus de deux millions de réfugiés sur son territoire, il combat des sanctions économiques imposées qui entravent ses plans de développement.  Appelant la communauté internationale à respecter ses engagements financiers envers les PMA, le Soudan a demandé de multiplier les aides publiques au développement et au transfert de technologies.

M. WU HAITAO (Chine) a plaidé pour une nouvelle dynamique en vue d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable et de mettre le développement au cœur des travaux de la communauté internationale.  La pauvreté est le plus grand défi et son élimination devrait être une priorité, ainsi que l’éducation et l’accès aux soins de santé, a dit M. Haitao.  Il en a également appelé à une coopération internationale juste et transparente, dont les pays en développement devraient davantage bénéficier.  De plus, il a défendu le multilatéralisme et s’est opposé aux mesures unilatérales. 

Cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la République populaire de Chine, a fait observer le représentant.  Au cours de la dernière décennie, le pays a réussi le processus d’industrialisation et a sorti des centaines de millions de personnes de la pauvreté.  Le pays est également le principal contributeur au maintien de la paix dans le cadre des Nations Unies.  Cela étant, il reconnaît être toujours un pays en développement et accuser des retards dans certains domaines, a précisé le délégué. 

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a souligné que, malgré les progrès engrangés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, la situation actuelle au niveau mondial et les pressions subies ralentissent le processus.  Elle a plus précisément déploré l’adoption de mesures protectionnistes par certains pays et a plaidé pour des mesures décisives dans ce domaine. 

En tant que PMA sans littoral frappé par un conflit, l’Afghanistan n’ignore pas l’ampleur des défis, tout en restant à la pointe de la lutte contre le terrorisme, a indiqué le délégué.  Le Gouvernement a créé un mécanisme de suivi intégré pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable en Afghanistan et reste concentré sur son principal objectif de venir en aide aux plus vulnérables.  La consolidation des moyens de mise en œuvre et la coopération internationale sont nécessaires pour les PMA, les pays sans littoral et les pays en conflit, a dit la représentante, plaidant pour des partenariats plus importants et l’amélioration des efforts collectifs, à cet égard.  Lutter contre les lacunes dans le domaine des infrastructures permettrait de trouver des solutions durables en termes de transport, a-t-elle ajouté.

M. OMAR KADIRI (Maroc) a indiqué que son pays avait déjà réalisé des avancées significatives en matière de lutte contre la pauvreté et d’accès aux services publics, en matière d’infrastructures physiques, ainsi qu’en ce qui concerne le renforcement et la consolidation des droits et des libertés, pour un ancrage solide et sain de la pratique démocratique.  Il a relevé que le Maroc avait pris l’initiative d’introduire, cette année, une nouvelle résolution sur la gestion intégrée des zones côtières, au vu de l’importance qu’elles revêtent pour l’économie nationale, continentale et internationale.  Le délégué a aussi mentionné que le développement durable nécessite d’investir davantage dans l’élément humain, de lutter contre les inégalités sociales et les disparités spatiales.  Il a, en outre, affirmé que « le multilatéralisme est l’ultime remède de la majorité des maux de notre monde d’aujourd’hui ». 

L’Afrique, a poursuivi M. Hilale, a besoin d’une attention spécifique et d’un accompagnement ciblé.  Il a lancé un appel aux Nations Unies en vue de la création d’un fonds pour soutenir la mise en œuvre des objectifs de développement durable sur le continent, en particulier dans le cadre de l’action climatique, la promotion de l’agriculture durable et la transition aux énergies renouvelables.  Il a ajouté que la sécurité alimentaire est considérée comme l’un des défis majeurs à relever à l’échelle mondiale, et plus particulièrement en Afrique.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a fait observer que la Mongolie, qui a très peu contribué aux changements climatiques, en subit, cependant, des conséquences avec des hausses de température supérieures à la moyenne mondiale.  En outre, les zones de permafrost ont été réduites de moitié et de nombreuses sources d’eau sont désormais asséchées, alors que la majeure partie de la population rurale dépend de la nature.  La Mongolie a pour objectif d’avoir 30% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, et travaille à la diversification de son industrie, même si beaucoup reste à faire, a fait savoir le représentant.  Le Gouvernement a aussi l’intention d’organiser un atelier sur le développement des corridors pour les pays sans littoral.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a relevé que le développement mondial connaît une grande accélération.  Il a tenu à ce que l’avenir laissé aux enfants soit positif.  L’Arabie saoudite a mis en place une vision ambitieuse à l’horizon 2030 et a intégré le Programme 2030 dans sa politique, a-t-il indiqué, précisant que son objectif est de devenir l’une des économies les plus puissantes, dans laquelle chaque citoyen puisse réaliser ses rêves.  Le royaume est devenu le septième pays au monde en termes d’efficience des dépenses publiques et a connu une hausse des revenus non pétroliers, a fait savoir le représentant.   

Mme ISBETH LISBETH L. QUIEL MURCIA (Panama) a considéré que l’élimination de la pauvreté exigeait des transformations à tous les niveaux.  La qualité de l’éducation est un défi à relever, en prenant en compte les changements technologiques rapides, grâce à une collaboration entre pays de plus en plus essentielle, a-t-elle recommandé.  Selon la représentante, faire face aux changements climatiques passe par une politique intégrée, comme dit lors du Sommet Action Climat.  Le Panama travaille, d’ailleurs, à faire de la question climatique une priorité numéro 1 de sa politique de développement.  La complémentarité cruciale entre le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Programme 2030 exige un engagement résolu, politique, entre les États Membres, en matière de TIC, de lutte contre les flux financiers illicites et de renforcement des capacités, a encore relevé Mme Quiel Murcia qui a appelé à adopter de nouveaux indicateurs de mesure de la pauvreté.  Point de passage commercial, le Panama est fier de son rôle de pont commercial, et considère le commerce international comme une excellente voie pour sortir les populations de la pauvreté.

M. AHMED BIN SAIFI AL-KUWARI (Qatar) a assuré que le Qatar avait joué un rôle de figure de proue dans la mise en place d’un prix carbone à l’international, et dans l’aide aux PEID, pays en première ligne face aux changements climatiques.  Il a appelé à un environnement international ouvert, inclusif, non discriminatoire, conformément aux recommandations de l’OMC.  Invitant à augmenter les aides financières aux PMA et aux pays en situation de conflit, il a souligné l’importance d'une éducation de qualité, instrument le plus important, selon lui, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a enfin assuré que le Qatar était l’un des pays qui fournissait le plus d’assistance humanitaire aux pays du monde, et qu’il accueillerait en 2020 une conférence internationale sur les PMA, en souhaitant travailler, coopérer et créer des partenariats pour parvenir au développement durable.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a invité les États Membres à rechercher des solutions communes et consensuelles aux défis auxquels « nous faisons face », avant de leur demander d’avoir le courage d’une culture de négociation qui recherche le compromis et le consensus.  Le délégué a estimé qu’il était nécessaire de redynamiser la Deuxième Commission qui traite de « trop de résolutions obsolètes, qui ne s’inscrivent ni dans le dynamisme que nous souhaitons donner à l’ONU, ni dans les préoccupations actuelles de nos concitoyennes et concitoyens; et des jeunes avant tout ».  Il est donc grand temps, a-t-il suggéré, que certaines résolutions soient bi ou tri annualisées, voire biffées du programme de travail, afin non seulement de rendre le travail de la Commission plus efficace, mais aussi de permettre l’émergence de thèmes nouveaux et actuels.

Au sujet de questions importantes pour le travail de la Commission, le délégué a mentionné la numérisation qui offre des opportunités indéniables d’accélérer l’avènement du développement durable.  « S’il soulève beaucoup de questions, il apporte aussi beaucoup de réponses », a-t-il argué, en notant que les bons choix dans ce domaine clef engendreront des synergies prometteuses pour un grand nombre de thèmes discutés en Deuxième Commission.  La Suisse accorde aussi du prix à la question des données statistiques, a dit le délégué, en plaidant pour des données qui soient davantage actualisées et pertinentes, et avant d’annoncer que Berne accueillera, l’an prochain, le Forum mondial des Nations Unies sur les données. 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé que son pays traverse des circonstances exceptionnelles et cherche à améliorer la coopération avec le système des Nations Unies pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Il en a appelé à la non-politisation des travaux de développement.  L’examen national volontaire de son pays sera présenté l’année prochaine et le Gouvernement est très conscient des limites à son développement, en raison des sanctions et du terrorisme.  Les stratégies de développement sont fondées sur l’autonomisation des sociétés, a rappelé le représentant, mais il faut que l’ONU se positionne contre les mesures unilatérales coercitives.  Il a également dénoncé l’occupation israélienne qui continue de piller les ressources dans le Golan syrien occupé.

Mme CATHERINE UDIDA (Nigeria) a jugé important que la Deuxième Commission travaille de façon collaborative pour que les pays puissent faire face aux objectifs ambitieux du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Elle a plaidé pour un renforcement des moyens de mise en œuvre dans le cadre du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Au niveau national, le Gouvernement se concentre sur l’élimination de la pauvreté.

Au niveau international, la représentante a insisté sur la lutte contre les flux financiers illicites, qui constituent une entrave au développement, et a invité les délégations à se concentrer sur l’élimination des paradis fiscaux.  Quant au problème des changements climatiques, elle l’a qualifié de plus grand défi de notre époque et s’est félicitée des efforts du Secrétaire général et de la convocation du sommet Action Climat.  Elle a invité les pays industrialisés à s’engager davantage sur cette question.

Mme FADUA ORTEZ (Honduras) a souligné l’importance de prendre en considération les défis auxquels les pays en développement sont confrontés, y compris les pays à revenu intermédiaire, à l’heure de mettre en œuvre le Programme 2030 et notamment l’objectif d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions.  Les pays en développement sont en effet confrontés à de terribles problèmes: les effets des changements climatiques, la hausse des inégalités, les poches persistantes de pauvreté et de faim, l’urbanisation accélérée et la dégradation de l’environnement.  Raisons pour lesquelles la représentante a jugé nécessaire de chercher une transition vers des sociétés durables et résilientes qui intègrent une gestion responsable des ressources naturelles et l’accès aux services de base, ce qui est non seulement un droit humain fondamental mais aussi un élément indispensable sur la voie du développement durable.

La délégation a dit observer avec beaucoup de préoccupation la réduction de l’accès au financement préférentiel à mesure que les revenus des pays augmentent, comme c’est le cas des pays à revenu intermédiaire, qui font pourtant face à de nouveaux défis en termes de développement.  Le critère de classification, selon le revenu national ou par habitant, réduit à une seule variable le degré de développement d’un pays, a regretté Mme Ortez, alors que la réalité économique et sociale est beaucoup plus complexe.  Aussi, a-t-elle plaidé pour des indicateurs multidimensionnels, rappelant que si les inégalités entre les pays ont été réduites, elles se sont creusées au sein des pays.  Faire face aux changements climatiques et encourager le développement durable sont les deux faces d’une même médaille, et l’un ne va pas sans l’autre, a conclu la représentante.

M. JAIME GNECCO (Colombie) a déclaré que la Colombie avait intégré le Programme de développement durable à l’horizon 2030 à sa stratégie de développement.  Les progrès d’une société plus inclusive nécessitent la garantie des services sociaux essentiels, et de créer des opportunités pour les entrepreneurs en développant son économie, a fait remarquer le représentant. Engagée dans la protection de la biodiversité et la lutte contre les changements climatiques, « plus grande menace de l’humanité », la Colombie appelle à mettre en place des mesures d’atténuation et d’adaptation concrète, a dit M. Fernandez de Soto avant de se féliciter de la négociation d’un nouveau cadre mondial pour la protection de la biodiversité, qui devrait avoir lieu en 2020, y voyant une opportunité.  La Colombie soutient aussi sans réserve la réforme du système financier des Nations Unies pour le développement.

M. SYLVESTER MUDANDA (Zambie) a espéré davantage d’actions pour arracher les personnes à la pauvreté en Zambie.  La croissance du pays, en progrès, fait toutefois face aux difficultés résultant des changements climatiques et des sécheresses, qui nuisent à l'agriculture et à la production d’électricité, alors que la Zambie dépend largement des pluies pour sa production industrielle et agricole.  Le représentant, qui prévoit un bilan en berne en 2019 pour la génération d’électricité, a bon espoir que science et politique de développement fassent bon ménage à l’avenir.  S’agissant du financement pour le développement, le Gouvernement a mis en place des partenariats publics-privés pour réduire le fardeau de la dette zambienne.  Le représentant a aussi appelé à mieux lutter contre les flux financiers illicites, et à taxer plus efficacement l’économie numérique en croissance rapide.

M. JASON LAWRENCE (États-Unis) a appelé à « sortir des débats stériles » et à mener un véritable dialogue au sein de la Deuxième Commission.  Il a estimé que trop de points sont inscrits à l’ordre du jour chaque année alors qu’un rythme biannuel suffirait dans de nombreux cas.  L’engagement des États-Unis en faveur du développement reste fort et le pays est fier d’être le premier fournisseur d’APD, a-t-il dit.  Mais lorsque le Gouvernement investit dans un pays en développement, il veut s’assurer que cela ne remplace pas les capacités de financement privé, a fait valoir le représentant.  Il a ensuite insisté sur la nécessaire autonomisation des femmes et sur un environnement fondé sur la transparence et l’état de droit. 

Encourager la prospérité économique est l’un des objectifs de cette Commission et les États-Unis s’opposeront à tout libeller politique défendu par les États Membres, a averti le représentant.  Les Nations Unies sont fondées sur la transparence et la neutralité, or, lorsque les résolutions sont utilisées pour promouvoir les intérêts d’un État Membre cela sape sa légitimité, a-t-il précisé.  Il a réitéré son opposition à toute politisation des travaux.

Mme FARAH SIBLINI (Liban) a fait observer que le Liban est un pays à revenu intermédiaire situé au centre de l’une des régions les plus volatiles du monde.  Pour autant, faisant preuve d’une « remarquable résilience », il a lancé le programme d’intégration des objectifs de développement durable, a témoigné la représentante.  Elle a dit que le Liban avait ainsi récemment défini une stratégie et commencé à contacter toutes les municipalités, afin de mieux identifier leurs besoins.  Quant à la diaspora libanaise, sa contribution représente un levier important pour l’économie libanaise.  La représentante a aussi mentionné la question des réfugiés syriens et la destruction de nombre d’infrastructures parmi les obstacles sur la voie du développement durable.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission entame ses travaux à la veille de l’examen du premier budget annualisé de l’ONU, « en baisse de 79 millions »

Soixante-quatorzième session,
1re séance – matin
AG/AB/4329

La Cinquième Commission entame ses travaux à la veille de l’examen du premier budget annualisé de l’ONU, « en baisse de 79 millions »

Le moment tant attendu par les États Membres est enfin arrivé!  La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires se prononcera durant cette session sur une enveloppe budgétaire annuelle et non plus biennale, comme en avait décidé l’Assemblée générale en 2017, en revenant sur une décision de 1972.  Dans ce contexte « unique », la Commission a entamé ses travaux ce matin, à la veille de la présentation par le Secrétaire général de la nouvelle mouture du projet de budget 2020.  Les États-Unis ont donné un avant-goût des débats de demain, en dévoilant que l’enveloppe proposée est en baisse de 79 millions de dollars par rapport à 2019.

En début de séance, les États Membres ont élu à l’unanimité le Représentant permanent de Chypre, à la Présidence de la Commission.  M. Andreas D. Mavroyiannis a immédiatement provoqué l’hilarité quand il a rappelé que la date de la fin des travaux, au mois de décembre, est un vendredi 13.  « N’y voyez rien de particulier », a-t-il plaisanté.

Aujourd’hui, plusieurs États Membres ont mis l’accent sur l’annualisation du budget ordinaire, l’une des mesures phares introduites par l’Assemblée en décembre 2017.  C’est une session « unique », ont estimé les États-Unis, impatients d’examiner les fruits de cette réforme, dont le but, ont-ils souligné, est de renforcer l’efficacité de l’ONU et sa capacité de planifier stratégiquement.  Les États-Unis ont dit avoir examiné avec soin le projet de budget que proposera demain le Secrétaire général, en baisse de 79 millions de dollars par rapport à celui de 2019.  La budgétisation annualisée étant à l’essai pendant deux ans, le Japon a dit son intention d’examiner avec soin la méthodologie utilisée par M. António Guterres.  Avec l’abandon des exercices biennaux, il est d’autant plus important d’utiliser les ressources de manière efficace, a renchéri le Royaume-Uni.

N’oublions pas que l’allocation des ressources est là pour permettre une bonne exécution des mandats, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine.  « Les mandats doivent déterminer les budgets et pas l’inverse », ont-ils insisté.  Le Japon a estimé utile de changer la méthodologie actuelle de calcul des contributions annuelles au budget de l’ONU, pour refléter plus équitablement la capacité réelle de paiement de chaque État, en se fondant sur les données les plus récentes, les plus exhaustives et les plus comparables. 

Tout changement à la méthodologie actuelle visant à augmenter les contributions des pays en développement serait tout simplement « inacceptable », a prévenu Sri Lanka.  Les éléments actuels de calcul « ne sont pas négociables », ont renchéri le G77 et la Chine qui ont en revanche exhorté l’Assemblée à réexaminer le plafond actuel du barème, fruit selon eux d’un « compromis politique contraire au principe de la capacité de paiement ».  Aux yeux du G77 et de la Chine, ce taux est une « source fondamentale de distorsion », qui a entraîné une « redistribution sur 5,982 points de pourcentage » du calcul du barème, dont « seul un pays a bénéficié ».  Les États-Unis n’ont pas fait de commentaire mais à titre national, la Chine, « pays en développement responsable et deuxième plus grand contributeur au budget de l’ONU », a tout de même insisté sur une meilleure « discipline budgétaire ».  Il est surtout fondamental que le travail des Nations Unies ne serve pas que les intérêts étroits d’une poignée d’États, soi-disant grands payeurs, tout en marginalisant les aspirations légitimes des autres, a ajouté Sri Lanka.

Le pays a, par ailleurs, dénoncé le sort « injuste » qui lui aurait été réservé par le Département des opérations de paix, dans le cadre d’une décision « unilatérale » sur l’ajustement de sa contribution à une opération de paix, « en violation du Mémorandum d’accord ».  Le Département aurait tenté de lier sa décision de ne pas remplacer un contingent en rotation avec une nomination faite par Sri Lanka.  C’est un précédent dangereux qui pourrait devenir la norme et un risque de politisation du travail de l’ONU, s’est indigné le pays.

Les États Membres ont examiné les demandes des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie à bénéficier d’une dérogation à l’application de l’Article 19 de la Charte de l’ONU lequel prévoit qu’un État en retard dans le paiement de sa contribution ne peut participer au vote à l’Assemblée si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.

Outre l’adoption de son programme de travail, la Commission a également recommandé à l’Assemblée de nommer Mme Chiurazzi-Maxfield, des États-Unis, au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), jusqu’au 31 décembre 2020.

La Cinquième Commission se réunira demain, mardi 8 octobre, pour examiner la proposition de budget-programme du Secrétaire général pour l’exercice 2020.

Élection du Président

Mme ARMAĞAN AYŞE CAN CRABTREE (Turquie) a profité de l’élection du Représentant permanent de Chypre, M. Andreas D. Mavroyiannis, à la Présidence de la Commission, pour réaffirmer la détermination de son pays à trouver une solution politique à la question chypriote.  La République de Chypre a « cessé d’exister » dès lors que sa Constitution a été considérée comme « nulle et non avenue », a-t-elle souligné, et la Turquie n’acceptera jamais une situation dans laquelle les Chypriotes turcs ne seraient pas traités sur un pied d’égalité avec les Chypriotes grecs.  Notre participation aux travaux de la Cinquième Commission ne doit en aucun cas être considérée comme une reconnaissance de la République de Chypre, a-t-elle asséné.

Chypre, a répondu son représentant, est « membre à part entière » de l’ONU.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, cette enceinte ne se prête pas aux questions soulevées par la Turquie.  Nous sommes déterminés à coopérer « de bonne foi et de façon ouverte » avec toutes les délégations ici à la Cinquième Commission et ailleurs, a promis le représentant.

Organisation des travaux (A/C.5/74/1, A/C.5/74/L.1)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme FEDA ABDELHADY-NASSER (Palestine) a estimé que le programme de travail de la Commission devrait prévoir suffisamment de temps pour discuter de chaque point à l’ordre du jour.  Cela suppose que les États Membres puissent disposer des documents en temps voulu et dans toutes les langues officielles de l’Organisation, a-t-elle ajouté, soulignant que la publication tardive des rapports, ces dernières années, est devenue un « problème chronique ».

Sur le fond, la représentante a mis l’accent sur l’importance des futures négociations concernant la planification des programmes et le projet de budget-programme pour 2020.  De ce point de vue, elle a estimé que l’allocation des ressources est là pour permettre une bonne exécution des mandats.  « Les mandats doivent déterminer les budgets et pas l’inverse », a-t-elle insisté.

S’agissant de la gestion des ressources humaines, la représentante a dit attendre avec impatience la Stratégie globale des ressources humaines du Secrétaire général, notamment sur les questions liées à la parité entre hommes et femmes et à la représentation géographique équitable à tous les niveaux du Secrétariat.  Elle a d’emblée regretté l’absence de proposition permettant une approche exhaustive. 

La représentante a enfin appelé les États Membres à faire en sorte que les travaux de la Commission se terminent dans les délais prévus et que les délibérations se déroulent de manière « transparente et constructive ».

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est dit préoccupé par la situation actuelle de trésorerie de l’Organisation, en dépit des mesures prises pour l’améliorer.  Il a exhorté tous les États Membres à s’acquitter de leur contribution, dans l’intégralité et à temps. 

S’agissant de la conduite des travaux de la Commission, le représentant a voulu que l’on évite les « redondances » entre les différents points à l’ordre du jour.  Tous les documents, a-t-il poursuivi, doivent être soumis aux États Membres en temps voulu et dans toutes les langues officielles des Nations Unies.  C’est là, a-t-il insisté, une condition essentielle du succès des négociations.  Le représentant a d’ailleurs appelé les États Membres à rechercher le consensus et à discuter des questions à l’ordre du jour durant « les heures normales de travail ».  Travailler la nuit ou les fins de semaine doit être « l’exception et non la règle ». 

Le représentant a enfin invité les États Membres à ne pas « se perdre en micro-gestion » et à accorder la priorité aux décisions liées à la gestion « stratégique » de l’Organisation.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a insisté pour que le Secrétaire général et son équipe aient les ressources nécessaires pour exécuter les mandats.  Citant les différents points à l’ordre du jour, le représentant s’est attardé sur la gestion des ressources humaines pour se féliciter des efforts en faveur de la parité entre les sexes mais aussi pour réclamer une répartition géographique équitable du personnel.  Il a, à son tour, demandé des mesures pour assurer la publication à temps des documents de travail.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a lui aussi réitéré l’importance de la publication à temps des documents de travail.  Il a attiré l’attention sur la nécessité de respecter le nouveau modèle de budgétisation et jugé urgent d’examiner la question des retards de paiement, le but étant de faire en sorte que les retardataires puissent tout de même participer aux travaux.  En conclusion, le représentant a mis en garde contre le dépassement des délais impartis.  Finir les travaux en retard ne doit pas devenir la règle.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États -Unis) a estimé que cette session est une session « unique » dans le sens où il est question d’examiner les fruits des décisions que la Commission a prises sur une réforme dont le but est de faire en sorte que l’ONU travaille plus efficacement, planifie plus stratégiquement et identifier la marche à suivre après l’élimination des structures et fonctions redondantes.  Ce sera là notre priorité au moment où nous examinons le budget de 2020 et les rapports sur la gestion des ressources humaines.  L’ONU, a poursuivi la représentante, est à la phase cruciale de la mise en œuvre des réformes et cette Commission doit à tout prix la tenir responsable de ses actes pour que lesdites réformes conduisent aux avantages que nous voulons tous: une ONU plus comptable de ses actes, plus efficace et mieux à même de gérer ses finances pour exécuter comme il se doit ses mandats.  Une ONU, a ajouté la représentante, qui fait collaborer ses divisions sur les opérations importantes de paix et de sécurité et qui rationalise et coordonne ses activités de développement aux niveaux des pays, des régions et du monde.

Le Dispositif de prestation de services centralisé est un élément clef de la réforme susceptible d’optimiser et de rationnaliser la manière dont le Secrétariat fournit les services administratifs.  Mais, a prévenu la représentante, pour que cette réforme donne les résultats escomptés, elle doit s’ancrer sur une base technique solide et ne pas être prise en otage par des « machinations politiques ». 

Revenant au budget 2020, la représentante a dit la détermination de son pays à continuer à améliorer le format de la budgétisation au fil du temps pour les documents se concentrant vraiment sur les résultats et l’efficacité des mandats.  Nous avons examiné avec soin le budget qui propose une réduction de 79 millions de dollars par rapport à celui de 2019 qui, à cause des projets de construction, des révisions et autres dépenses supplémentaires, pourrait exploser et passer à plus de 3,2 milliards de dollars.  Voilà une situation « préoccupante », a commenté la représentante. 

Elle a rappelé que pendant l’été, le Tribunal administratif de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a pris une décision qui risque de menacer le régime commun des Nations Unies et l’autorité de l’Assemblée générale, en annihilant une décision de la Commission de la fonction publique internationale sur l’ajustement au coût de la vie à Genève, laquelle avait été approuvée en son temps par les États Membres.  Cette question doit être examiné au plus tôt, s’est impatientée la représentante.

M. FU DAOPENG (Chine) a appelé la Commission à s’en tenir uniquement au mandat qui lui a été conféré par la Charte des Nations Unies.  Il a donc appelé les États Membres à accorder une attention accrue à l’exécution du budget.  En tant que « pays en développement responsable et deuxième plus grand contributeur au budget de l’ONU », la Chine, a dit le représentant, est fermement attachée à « la cause des Nations Unies et du multilatéralisme ».  Il a toutefois appelé à « renforcer la discipline budgétaire » et la « responsabilité » s’agissant de l’utilisation des ressources par le Secrétariat. 

Le représentant a, en outre, conseillé aux États Membres de travailler de manière constructive et de rechercher le consensus.  Pour ce faire, il a demandé au Secrétariat de prendre des mesures pour régler le problème du « retard chronique » dans la publication des documents dans toutes les langues officielles de l’Organisation.

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a souligné l’importance d’avoir une vision d’ensemble et une bonne harmonie dans le travail de la Commission.  Énumérant les points à l’ordre du jour, le représentant s’est arrêté sur la question du budget ordinaire pour demander un budget équilibré et équitable respectant le principe d’économie et de responsabilité.  Il a prévenu qu’il accorderait une attention particulière aux budgets des missions politiques spéciales, nommément celles en Colombie et en Haïti « parce que ce sont les seules missions déployées dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes ».  Le représentant a aussi demandé une redéfinition du régime commun des Nations Unies.

Au moment où l’ONU passe d’un cycle budgétaire biennal à un cycle annuel, Mme AL HAIDAN (Émirats arabes unis) s’est dite prête à participer de manière constructive à l’élaboration du budget-programme.  Elle a par ailleurs salué le fait que quatre Émiratis travaillent désormais à temps plein aux Nations Unies.  « C’est un point de départ », a-t-elle estimé, appelant à redoubler d’efforts pour faire avancer la représentation géographique équitable des États Membres à tous les niveaux de l’Organisation.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit son intention d’examiner avec soin la proposition budgétaire pour 2020 y compris sa méthodologie, en gardant à l’esprit que le budget annuel sera pour la première fois mis à l’essai depuis le début de la phase de mise en œuvre des réformes.  Le représentant, qui a dit tenir à une bonne exécution des mandats, a souligné le caractère essentiel de la discipline budgétaire pour que l’ONU puisse travailler efficacement et durablement. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit s’attendre à des discussions détaillées sur le projet de budget 2020.  Il a d’emblée regretté que le Comité du programme et de la coordination ait échoué, en juin dernier, à parvenir à un consensus sur un cadre stratégique.  Or cette année, la Commission doit, outre le budget, se pencher sur les programmes dont leur harmonisation.  Le représentant a insisté sur la hiérarchisation: d’abord s’entendre sur les programmes puis sur leur financement.  Il a aussi dit attacher la plus grande importance à la gestion des ressources humaines et au régime commun des Nations Unies, compte tenu de la décision du Tribunal administratif de l’OIT sur l’ajustement au coût de la vie à Genève.  Il s’est dit impatient de recevoir les réponses « exhaustives » du Secrétariat sur toutes les propositions qui ont des incidences financières.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que son pays quittera l’Union européenne le 31 octobre prochain.  « Mais nous continuerons de travailler étroitement avec elle pour défendre nos valeurs communes », a souligné le représentant.  Dans la perspective de cette sortie, il a présenté les priorités de son pays s’agissant des travaux de la Commission.  Il a appelé cette dernière à œuvrer en faveur d’une Organisation « plus robuste, plus efficace et plus efficiente », mais également plus « responsable » vis-à-vis des États Membres.  Le représentant a également appelé à améliorer la situation financière de l’ONU et regretté l’absence de consensus concernant les mesures à prendre sur cette question.  Maintenant que l’ONU passe à un budget annualisé, il a jugé d’autant plus important qu’elle utilise les ressources de manière efficace.

Le représentant a aussi plaidé pour une gestion des ressources humaines plus égalitaire et plus représentative.  Il a également dit attendre avec intérêt les discussions à venir sur le régime commun, le principe de responsabilité et le financement des missions politiques spéciales.

Notre objectif partagé, a rappelé Mme MONA JUUL (Norvège), est une ONU du XXIsiècle, plus concentrée sur les peuples et moins sur les processus.  Une ONU qui fait plus pour l’exécution des mandats et moins pour la bureaucratie.  Nous avons déjà fait beaucoup, a poursuivi la représentante en parlant des réformes, mais nous, tout comme les entités des Nations Unies, devons faire plus encore.  La véritable preuve du succès, a-t-elle insisté, sera une ONU plus cohérente, plus efficace et plus efficiente au niveau des pays.   La représentante a donc salué la nouvelle proposition budgétaire qui reflète un processus simplifié, intégré et transparent.  Elle a dit la détermination de son pays à continuer à promouvoir une gestion basée sur les résultats dans toutes les entités des Nations Unies.  Il s’agira aussi de promouvoir la souplesse pour faire en sorte que l’ONU ait ce qu’il faut pour exécuter ses mandats et ceci s’applique aussi aux opérations de paix.

Les États Membres, a poursuivi la représentante, doivent veiller à donner les ressources qu’il faut pour couvrir les mandats qu’ils ont eux-mêmes conféré à l’ONU, y compris à l’architecture des droits de l’homme.  Le système des coordonnateurs résidents est au cœur de la réforme et le partage des coûts est une question « critique ».  La Norvège, a assuré la représentante, continuera à assumer sa part dans le financement de ce système.

La Cinquième Commission, a-t-elle conclu, a un rôle important à jouer: pousser l’ONU vers une culture forte de responsabilité, de transparence et d’efficacité.  La valeur essentielle de la Commission, a-t-elle estimé, est de travailler sans relâche pour parvenir au consensus, même autour des questions les plus controversées. 

M. ANJANI KUMAR (Inde) a déclaré que l’examen du budget ordinaire annuel est l’élément le plus important de la session qui commence.  Le représentant a ensuite salué la poursuite de la réforme de la gestion menée par le Secrétaire général et jugé important de préserver les prérogatives du Comité du programme et de la coordination et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Il s’est dit préoccupé par les coupes budgétaires dans de nombreux programmes, fonds et missions et s’agissant du barème des quotes-parts, il a appuyé l’idée que les États en retard de paiement à cause de leur situation financière puissent tout de même prendre part aux débats.  Il a dénoncé le fait que plus de 3 milliards de dollars soient encore à verser au budget ordinaire de l’exercice qui se termine le 31 décembre 2019.

Barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’Organisation des Nations Unies (A/74/11 et A/74/68)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme NADA TARBUSH (État de Palestine) a jugé essentiel que l’ONU dispose des ressources financières nécessaires à l’exécution de ses mandats.  « On ne peut pas attendre de l’Organisation qu’elle en fasse toujours plus, tout en retenant unilatéralement le versement de ses contributions », a accusé Mme Tarbush, en appelant tous les États Membres à s’acquitter de leur obligation juridique de contribuer aux dépenses des Nations Unies.  « Tous les États Membres doivent payer leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions », a-t-elle martelé.

La représentante a ensuite dit avoir pris note des demandes des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie à bénéficier d’une dérogation à l’application de l’Article 19 de la Charte de l’ONU.  Elle s’est dite convaincue que l’incapacité de ces pays à s’acquitter dans les temps de leur contribution auprès de l’Organisation est due à des facteurs indépendants de leur volonté.

S’agissant des échéanciers de paiement pluriannuels, la représentante a rappelé que ces derniers doivent être établis sur une base volontaire.  Elle a encouragé les États Membres qui ont accumulé d’importants arriérés à envisager de présenter des échéanciers.

Par ailleurs, Mme Tarbush a estimé que la méthodologie actuelle de calcul du barème des quotes-parts reflète de manière satisfaisante les changements dans la situation économique des États Membres.  Elle a réaffirmé que le principe de la « capacité de paiement » doit être le principal critère de la répartition des dépenses de l’Organisation.  Dans ce cadre, elle a estimé que les principaux éléments actuels de calcul « doivent demeurer inchangés et ne sont pas négociables », notamment la période de référence, le revenu national brut, les taux de conversion, le dégrèvement accordé aux pays à faible revenu par habitant, les taux plancher et plafond pour les pays les moins avancés (PMA) et l’ajustement au titre de l’endettement.

Mme Tarbush a ensuite estimé que le taux maximum actuel du barème, ou taux plafond, est le fruit d’un « compromis politique contraire au principe de la capacité de paiement ».  À ses yeux, ce taux est une « source fondamentale de distorsion » du calcul du barème des quotes-parts, qui a entraîné une « redistribution sur 5,982 points de pourcentage » dont « seul un pays a bénéficié » à ce jour.  Mme Tarbush a exhorté l’Assemblée générale à procéder à un réexamen de ce compromis, conformément au paragraphe 2 de sa résolution 55/5 C.

Enfin, la représentante a estimé que les organisations bénéficiant d’un statut d'observateur privilégié aux Nations Unies, lequel leur confère des droits d’ordinaire réservés aux États observateurs, comme celui de s’exprimer à l’Assemblée et d’exercer un droit de réponse, devraient se voir appliquer les mêmes obligations financières que les États observateurs.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a reconnu que des États peuvent avoir des difficultés à s’acquitter de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU.  Il s’est dit prêt à approuver la proposition du Comité des contributions concernant les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie.  Il a, à son tour, demandé à ces pays de payer leur contribution dès qu’ils en auront les moyens.

En tant que grand contributeur au budget de l’ONU, mon pays attache une grande importance au barème des quotes-parts, a prévenu M. TOSHIYA HOSHINO (Japon).  Il a dit tenir au strict respect du principe fondamental selon lequel chaque État Membre paye sa contribution selon sa capacité de payer.  Compte tenu des changements intervenus dans l’économie mondiale, le représentant a estimé qu’il faut changer la méthodologie pour mieux refléter et de manière plus équitable la capacité réelle de chaque État, en se fondant sur les données les plus récentes, les plus exhaustives et les plus comparables.  Quant à l’application de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies, le représentant a appuyé les dérogations que propose le Comité des contributions en faveur de certains pays africains.  Il a tout de même encouragé ces pays à envisager de présenter des échéanciers de paiement pluriannuel.

Le Comité des contributions a une longue histoire d’analyses solides et de recommandations à l’Assemblée générale.  Ses rapports, a estimé Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis), ont amélioré la qualité des discussions à la Cinquième Commission.  La représentante a dit apprécier la décision du Comité de renforcer la transparence des barèmes de quotes-parts « historiques » et des données sur son site Internet.  Elle a encouragé le Comité à continuer d’améliorer l’accès aux informations, en les présentant par exemple dans des formats plus accessibles que le PDF.  La transparence, y compris celle des données, est « fondamentale » pour la responsabilité aux Nations Unies, a martelé la représentante.  Elle s’est dite heureuse que le Comité des contributions ait proposé son expérience et ses conseils sur les barèmes des quotes-parts des opérations de paix.  L’Assemblée général en sortirait gagnante car elle serait en mesure de prendre des décisions mieux informées et fondée sur une base plus solide.

Rejetant l’idée d’introduire de la sélectivité dans la mise en œuvre des mandats, M. KSHENUKA SENEWIRATNE (Sri Lanka) a souligné l’importance pour les États Membres d’honorer leur obligation juridique de contribuer aux dépenses des Nations Unies à temps et en intégralité, sans conditions ni restrictions.  Il a réaffirmé le principe de la « capacité de payer » comme critère pour le calcul des quotes-parts.  Tout changement à la méthodologie actuelle qui viserait à augmenter les contributions des pays en développement serait tout simplement « inacceptable », a prévenu le représentant.  Il a jugé tout aussi important que le Secrétariat de l’ONU utilise les ressources reçues des États Membres d’une manière efficace qui assure l’impartialité et la transparence, sans politisation ni double standard.  Il est fondamental, a martelé le représentant, que le travail des Nations Unies ne serve pas que les intérêts étroits d’une poignée d’États, soi-disant grands payeurs, tout en marginalisant les aspirations légitimes des autres.

Sri Lanka, s’est-il expliqué, est en effet contrainte de dénoncer une procédure douteuse qui l’a exposée au traitement « injuste » du Secrétariat, et plus précisément du Département des opérations de paix.  Le représentant a fustigé une décision « unilatérale » sur l’ajustement de la contribution de son pays à une opération de paix, en violation du Mémorandum d’accord.  Le Département, a-t-il affirmé, a tenté de lier sa décision ne pas remplacer un contingent en rotation avec une nomination que Sri Lanka a faite en tant que pays souverain.  Le représentant a vu là un précédent dangereux qui pourrait devenir la norme et un risque de politisation du travail de l’ONU.  C’est, s’est-il indigné, défier le Chef d’État d’un pays membre de l’ONU.  On dit souvent que « la confiance arrive à pied et part à cheval », a prévenu le représentant qui a exprimé l’intention de sa délégation « d’explorer » les diverses propositions du chapitre V de la proposition budgétaire pour trouver les voies et moyens d’améliorer « l’éthique » dans le travail de l’ONU.  L’Organisation, a-t-il conclu, doit rester une organisation dirigée par les États Membres et son Secrétariat doit servir les intérêts de tous les pays sur un pied d’égalité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: faute d’accord sur son programme de travail, la Première Commission reporte de nouveau le lancement de son débat général

Soixante-quatorzième session,
2e séance – matin
AG/DSI/3622

Désarmement: faute d’accord sur son programme de travail, la Première Commission reporte de nouveau le lancement de son débat général

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) n’est pas parvenue, ce matin encore, à adopter son programme de travail.  Comme jeudi 3 octobre, le Président de la Commission, M. Llorentty Solíz, de la Bolivie, a déploré qu’un consensus n’ait pas pu être atteint afin que puisse démarrer le débat général.  Au cœur de cette situation de blocage « sans précédent », figure le non-octroi de visas, par le pays hôte, à des membres de délégations, au premier rang desquelles la Fédération de Russie et l’Iran.  Pour ces deux pays, les États-Unis violent l’accord de siège, empêchant ainsi des délégués d’accéder au Siège new-yorkais des Nations Unies et de participer aux manifestations et travaux tenus sous l’égide de l’ONU, « organisation universelle entre toutes » comme l’a souligné le représentant iranien. 

Le représentant russe a réitéré la position de son pays, exprimée le 3 octobre: si les États-Unis ne répondent pas aux demandes des pays « floués », et tant que le pays hôte poursuivra sa politique « peu clairvoyante puisqu’elle entrave l’ensemble des travaux de la Commission », il ne sera pas possible de commencer le débat général de la Première Commission.  L’Iran a dénoncé les actions des États-Unis, dans lesquelles son représentant a vu un moyen de perturber sciemment le fonctionnement des délégations « ciblées », en rendant impossible la composition de leurs équipes d’experts.  « La représentation de nos pays est mise à mal, le pays hôte agissant contre les principes et les règles du droit international », a accusé le représentant iranien. 

Les États-Unis ont réagi en se contentant d’assurer qu’ils prenaient « très au sérieux » leurs responsabilités de pays hôte en vertu de l’accord de siège, tout en rappelant que l’examen des questions soulevées par la Russie et l’Iran relevait du Comité des relations avec le pays hôte.  À cet égard, le Président de la Commission a indiqué que le Comité aurait bouclé son rapport fin octobre, un document qui sera ensuite examiné en séance plénière de la Sixième Commission le 11 novembre.  Toutefois, à l’issue de négociations tenues à huis clos, M. Llorentty Solíz s’est dit confiant que le Bureau de la Première Commission parviendrait à rapprocher les positions des délégations dans les prochaines heures.      

Le Président de la Commission a confié qu’il savait que les délégations —à l’instar de celle du Liechtenstein qui s’est exprimée sur ce point et a rappelé aux États-Unis leurs obligations— avaient hâte d’entamer leurs travaux de fond.  « Je le sais, les délégations souhaitent sincèrement entrer dans le vif du sujet.  Les consultations que nous allons avoir devraient permettre d’obtenir un consensus autour du programme de travail », a-t-il conclu avec optimisme avant de suspendre la séance.  La poursuite des travaux de la première Commission est prévue demain, mardi 08 octobre, à 10 heures. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À un an de la fin de la troisième Décennie internationale, les délégations soulignent l’urgence d’éliminer le colonialisme dans les 17 territoires non autonomes

Soixante-quatorzième session,
2e séance – après-midi
CPSD/692

À un an de la fin de la troisième Décennie internationale, les délégations soulignent l’urgence d’éliminer le colonialisme dans les 17 territoires non autonomes

La Quatrième Commission (politiques spéciales et décolonisation) a entamé, aujourd’hui, son débat général, l’occasion pour de nombreuses délégations de l’Amérique latine et des Caraïbes de réitérer leur position de principe vis-à-vis du différend de souveraineté qui touche les îles Falkland (Malvinas), les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés, tout en prenant note de l’amélioration des relations entre l’Argentine et le Royaume-Uni à ce sujet.

Alors que la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme s’achèvera dans un an, la Présidente du Comité spécial de la décolonisation a souligné l’urgence de mettre fin aux situations coloniales qui persistent dans les 17 territoires inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission, un appel repris par de nombreuses délégations.  C’est au nom du « respect démocratique » du droit à l’autodétermination des peuples, un droit qui est « la base des relations pacifiques et amicales entre les États », selon le Paraguay, que les délégations ont invoqué cette urgence.  L’Uruguay a même affirmé que « le colonialisme est un anachronisme au XXIe siècle ».

À l’instar du Brésil, qui a pris la parole au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR), de nombreux États Membres ont réaffirmé la souveraineté de l’Argentine sur les « îles Malvinas ».  Ils ont ainsi décrit cette « situation coloniale spéciale » comme celle d’un territoire colonisé et non celle d’un peuple colonisé, dans la mesure où, après l’occupation par le Royaume-Uni en 1833, cette « Puissance administrante » « y a transplanté sa propre population ».  Comme l’a précisé le Guatemala, dès lors le principe de l’autodétermination ne doit pas servir de prétexte à porter atteinte à l’intégrité territoriale d’un État existant, comme le stipule la résolution 1514 de l’Assemblée générale.

Cet argument a aussi été défendu par l’Argentine mais, sur une note positive, son représentant a expliqué que son gouvernement s’efforce d’adopter une démarche constructive sur l’ensemble des questions bilatérales.  À titre d’exemple, il a cité certains développements récents visant, entre autres, à promouvoir une meilleure « connectivité » entre le territoire continental argentin et les îles « Malvinas ».  Des propositions pour mettre en place un vol hebdomadaire supplémentaire ont été formulées et il a également été possible d’identifier les restes de 114 soldats anonymes argentins enterrés au cimetière de Darwin sur les « Malvinas » avec l’aide de la Croix-Rouge, s’est félicité le représentant.  Il a ajouté que les familles de ces soldats, qui ont pu se rendre sur place au début de cette année, y ont été très bien accueillies.

Néanmoins, en dépit de progrès dans de nombreux secteurs, il n’a pas encore été possible de reprendre les négociations au sujet de la souveraineté des « îles Malvinas », a déploré la partie argentine.  Pour sa part, le Royaume-Uni a déclaré n’avoir aucun doute quant à la souveraineté britannique sur ces îles, faisant observer qu’on ne peut invoquer l’autodétermination à moins que les populations ne demandent à exercer ce droit.  Or, lors du dernier référendum de 2013 dans les « îles Falkland », l’écrasante majorité de la population a souhaité rester dans le giron du Royaume-Uni, a-t-il argué.  L’Argentine a considéré, quant à elle, que la tenue du référendum de 2013 constituait un « acte unilatéral qui a permis à des citoyens britanniques d’exprimer leur choix de rester britanniques ».

Certaines délégations arabes ainsi que la République islamique d’Iran ont soulevé la question de la situation des îles Chagos et de la Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, qui ne sont cependant pas inscrites à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.

En début de séance, la Commission a approuvé les demandes d’audition de pétitionnaires, qui se déroulement du mardi 8 au vendredi 11 octobre.

La Présidente du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24), Mme Keisha McGuire, est également intervenue et a rappelé qu’en mai dernier, son pays, la Grenade, avait accueilli pour la deuxième année consécutive le Séminaire régional du Comité spécial de la décolonisation.  Lors de la session de fond de juin, le Comité a décidé de changer ses méthodes de travail pour entendre les territoires non autonomes avant d’adopter les résolutions les concernant.  La Quatrième Commission est actuellement saisie de la plupart de ces résolutions, qui ont été adoptées par consensus, a précisé Mme McGuire.

Celle-ci a également annoncé un ajustement du calendrier du Comité spécial de la décolonisation pour 2020 de manière à permettre au Comité d’allouer systématiquement du temps aux territoires dans un premier temps, puis de négocier les résolutions y afférentes.  Le Comité spécial de la décolonisation a également l’intention de poursuivre ses échanges avec les puissances administrantes dans le cadre de son dialogue informel annuel.  La Présidente du Comité spécial a, en outre, indiqué qu’une mission serait dépêchée à Montserrat, à la demande du Gouvernement et avec le consentement de la Puissance administrante.

Le rapport du Comité spécial de la décolonisation (Comité des 24) a été présenté par son rapporteur, M. Bashar Ja’afari, de la République arabe syrienne. 

La Quatrième Commission chargée des politiques spéciales et de la décolonisation se réunira à nouveau demain, mardi 8 octobre, à 15 heures, pour entamer les auditions de pétitionnaires sur les territoires non autonomes.

POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Déclaration liminaire

«ºL’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a besoin d’un financement prévisible et pérenne pour que les réfugiés palestiniens se trouvent dans une situation stable et en sécurit麻, a affirmé M.ºTIJJANI MUHAMMAD-BANDE, Président de l’Assemblée générale des Nation Unies, devant la Quatrième Commission.  Il s’est inquiété de la situation financière «ºfragile et préoccupanteº» de l’agence.  «ºJ’en appelle aux États Membres pour continuer à contribuer à son action vitaleº», a-t-il exhorté.  Le Président a insisté sur le besoin de voter des «ºmandats réalistes et réalisablesº» et de garantir un «ºfinancement adéquatº» pour les opérations de maintien de la paix. 

Débat général

S’exprimant au nom du Marché commun du Sud (MERCOSUR) M.ºMAURO VIEIRA (Brésil), a déclaré que, depuis l’adoption de la résolutionº2065 datant deº1965, l’Assemblée générale et le Comité spécial de la décolonisation ont reconnu qu’une « solution pacifique et négociée » serait le meilleur moyen de mettre fin à la « situation coloniale spéciale et particulière » les îles Malvinas, des Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et des espaces maritimes associés et au différend entre l’Argentine et le Royaume-Uni sur la souveraineté de ces territoires.  Il a rappelé que dans le communiqué conjoint adopté le 17ºjuillet dernier à Santa Fe (Argentine), les Présidents du MERCOSUR avaient réitéré leur appui aux droits légitimes de l’Argentine sur ces îles.  Le représentant a souhaité que ce différend « qui n’a que trop duré » trouve enfin une solution conforme aux résolutions pertinentes de l’ONU et aux déclarations de l’Organisation des États américains (OEA) et d’autres organisations régionales et multilatérales.  Il a également réitéré le rejet de toute mesure unilatérale dans la zone qui serait incompatible avec les résolutions de l’ONU.  Appuyant la «ºposition constructiveº» des deux parties, le représentant a souligné que l’amélioration des relations bilatérales contribuera à jeter les bases de conditions propices à la reprise de négociation débouchant sur le rétablissement du plein exercice par l’Argentine de sa souveraineté sur lesdits territoires.  Il a estimé qu’il était fondamental, conformément à la résolutionº31/49, que les parties n’introduisent aucune modification dans la situation de ces îles, y compris concernant l’exploration et l’exploitation des ressources naturelles dans la zone au cœur du différend.  « Par solidarité avec l’Argentine », le Brésil n’utilise pas, quant à lui, les ports et aéroports pour des voyages à destination des Malouines.  

Après avoir dressé un historique du différend opposant son pays au Royaume-Uni autour de la souveraineté des îles Malvinas, M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que son gouvernement s’est efforcé d’adopter une démarche constructive sur l’ensemble des questions bilatérales.  Ainsi, les deux nations sont tombées d’accord pour mettre en place un vol hebdomadaire en sus de celui déjà existant entre Punta Arénas et les îles, avec escale à Rio Gallegos.  Ce vol additionnel partira de San Pablo, au Brésil, et effectuera deux escales mensuelles à Cordoba, en Argentine.

Les deux pays ont en outre repris leur coopération scientifique dans le secteur de la pêche et réalisé, en février et septembre 2019, deux croisières scientifiques conjointes.  Avec l’appui du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), il a été possible, par ailleurs, d’identifier les restes de 114 soldats argentins enterrés anonymement dans le cimetière de Darwin, dans les îles Malvinas.  Les familles des personnes identifiées se sont rendues sur place et ont été très bien accueillies par les habitants.  M. García Moritán a néanmoins déploré qu’en dépit de progrès dans de nombreux secteurs, il n’a pas encore été possible de reprendre les négociations au sujet de la souveraineté des îles Malvinas, Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés.

Il a reproché au Royaume-Uni d’avoir persisté dans des « mesures unilatérales » dans la zone disputée, en particulier s’agissant des ressources naturelles renouvelables et non renouvelables, bafouant en cela les dispositions de la résolution 31/49 de l’Assemblée générale, laquelle invite à s’abstenir d’introduire des modifications unilatérales dans la situation des îles en attendant les négociations recommandées par l’ONU.  Il a réitéré le « ferme engagement » de son pays en faveur d’une solution pacifique, du multilatéralisme et d’un ordre international reposant sur des règles et exhorté le Royaume-Uni à honorer ses obligations en matière de décolonisation.  Il a en outre appuyé la mission de bons offices du Secrétaire général.

M. FRANCISCO JAVIER GUTIÉRREZ PLATA (Colombie) s’est associé à l’intervention du Brésil prononcée au nom du Mercosur, répétant son intérêt régional par rapport au différend relatif à la souveraineté des îles Malvinas.  Une solution pacifique et négociée doit permettre de mettre fin à cette situation coloniale spéciale, a-t-il poursuivi en réaffirmant la souveraineté argentine sur ce territoire.  La Colombie a ensuite apporté son soutien à la mission de bons office du Secrétaire général pour aider les deux parties à respecter ce que l’Assemblée générale leur demande sur ce sujet.  La délégation a en conclusion réaffirmé son attachement aux propositions de réforme du Secrétaire général et notamment du pilier paix et sécurité.

« Nous exhortons les Nations Unies à mettre fin à toute forme de colonisation », a lancé M. ABDULLAH Al-MOUALLIMI (Arabie saoudite).  « Le droit du peuple palestinien à l’autodétermination doit être respecté », a-t-il insisté.  Il a appelé à appliquer les différentes résolutions de l’ONU relatives à ce conflit et appelé à son règlement sur la base de « l’initiative arabe » lancée par son pays, soit la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a aussi appelé au retrait d’Israël du Golan syrien et des territoires libanais.  Le représentant s’est ensuite félicité de l’organisation des deux tables rondes à Genève avec la participation du Maroc, de l’Algérie et du Front POLISARIO.  « Mon pays appuie l’initiative lancée par le royaume du Maroc en faveur d’une autonomie élargie du désert marocain », a-t-il rappelé.  Il a également salué les efforts du Maroc à l’appui du développement de ce territoire, en citant les 8 millions de dollars récemment consentis par Rabat afin d’améliorer le quotidien de ses habitants.  L’Arabie saoudite s’est enfin félicitée des « progrès du Maroc en matière de droits de la personne ».  M. Al-Moualimi a enfin dénoncé l’occupation par l’Iran des trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, occupées par l’Iran et revendiquées par les Émirats arabes unis.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a appuyé la position de l’Argentine s’agissant de sa souveraineté revendiquée sur les îles Malvinas, rappelant que la résolutionº1514 stipule que le principe de l’autodétermination ne doit pas servir de prétexte pour porter atteinte à l’intégrité territoriale d’États existants.  Il a applaudi la volonté politique constamment démontrée par l’Argentine afin de résoudre ce différend dans le respect de la Charte des Nations Unies, avant d’appeler le Royaume-Uni à négocier une solution « définitive et pacifique » au profit des deux parties.  Le représentant a exprimé sa profonde préoccupation devant les actes unilatéraux que commettrait, selon lui, ce pays.

Évoquant la question du Sahara occidental, la délégation s’est félicitée des tables rondes organisées avec la participation de l’Algérie, du Maroc, de la Mauritanie et du Front POLISARIO ainsi que de l’accord conclu entre les participants en vue de se retrouver pour une troisième table ronde destinée à discuter d’« éléments de convergence ».  Le Guatemala a réitéré son appui aux efforts du Maroc tendant à la recherche d’une solution politique au différend régional sur le Sahara occidental, et considéré que l’initiative d’autonomie présentée par ce pays enº2007 constitue une base « réaliste, crédible et sérieuse » pour atteindre une solution négociée entre les parties, dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale du Maroc et de sa souveraineté nationale.  « Une solution à cette question est indispensable, non seulement pour la population du Sahara occidental mais également pour la stabilité, la sécurité et l’intégration de la région du Maghreb », a souligné M.ºLam Padilla en conclusion. 

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a réitéré son respect du principe d’autodétermination des peuples qui est « la base des relations pacifiques et amicales entre les États ».  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour mener à son terme les processus de décolonisation des 17ºterritoires non autonomes toujours inscrits à l’ordre du jour de la Quatrième Commission.  Il a apporté son soutien à la souveraineté légitime de l’Argentine sur les îles Malvinas, les Îles de Géorgie du Sud et Sandwich du Sud et les espaces maritimes associés et encourage la reprise des négociations bilatérales entre l’Argentine et le Royaume-Uni.  Le Paraguay a, en outre, rappelé la disposition du Gouvernement argentin à explorer toutes les voies pacifiques pour mettre fin à ce différend, saluant son attitude constructive vis-à-vis des habitants de ces îles. Pour ce qui est du Sahara occidental, le représentant a plaidé en faveur d’une solution réaliste et concrète.

M. MOHAMED AREF ALROWAIEI (Bahreïn) a encouragé la poursuite des efforts de l’ONU dans la réalisation des objectifs de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux.  Le Bahreïn s’est déclaré en faveur de la création d’un État palestinien dans les frontières deº1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a indiqué le délégué.  Par ailleurs, sa délégation a déclaré qu’elle soutenait les efforts du Maroc pour trouver une solution politique au différend du Sahara marocain, ainsi que le processus politique en cours sous l’égide des Nations Unies.  Avant de conclure, le représentant a souligné le droit des Émirats arabes unis à regagner leur souveraineté sur les trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, qui sont « sous occupation iranienne ».  Il a émis l’espoir que la République islamique d’Iran répondra positivement aux différentes initiatives lancées en ce sens par les Émirats arabes unis.

« L’initiative pour l’autonomie présentée par le Maroc représente une solution consensuelle et préserve l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc », a estimé Mmeº FATIMA AL MEMARI (Émirats arabes unis), avant d’ajouter: « Nous saluons les efforts du Maroc pour améliorer les conditions de vie des habitants du désert. »  « Il ne saurait y avoir de stabilité au Moyen-Orient sans solution juste et durable, permettant au peuple palestinien de créer son état avec Jérusalem comme capitale, en application des différentes résolutions des Nations Unies relatives à cette question », a ensuite affirmé la représentante.  Selon elle, les violations de la « Puissance occupante » permettent aux terroristes d’exploiter les souffrances du peuple palestinien et de mettre en danger la paix et la stabilité dans toute la région.  La déléguée a enfin abordé un différend territorial avec l’Iran qui ne fait pas partie des 17 cas étudiés par la Quatrième Commission.  « Nous condamnons l’occupation par l’Iran des trois îles Grande Tomb, Petite Tomb et Abou Moussa, occupées par l’Iran, et rappelons notre souveraineté sur ces territoires », a-t-elle affirmé.  Elle propose de régler le problème soit par le biais de négociations directes avec l’Iran, soit par la saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Mme ALEXANDRA ARIAS ORLOWSKA (République dominicaine) a apporté son soutien aux revendications « justes » de souveraineté de l’Argentine sur les îles Malvinas.  Elle a exprimé sa solidarité avec le peuple argentin et appelé aux négociations pour trouver une solution pacifique à cette controverse.  La République dominicaine a plaidé pour un accord négocié entre les Gouvernements argentin et britannique en vue de mettre fin à ce différend.

M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) s’est rallié à la position défendue par le Mercosur.  Il a rappelé que plus de 80 territoires qui se trouvaient dans un état de subordination coloniale ont pu obtenir leur indépendance depuis la création du Comité spécial de la décolonisation.  Dès lors, il faut mettre un terme à « un colonialisme anachronique et dépassé qui perdure au XXIsiècle », s’est impatienté le représentant en défendant l’exercice démocratique du droit à l’autodétermination.  À cet égard, il a plaidé pour le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et appelé à la reprise des discussions entre le Maroc et le Front POLISARIO.  L’Uruguay s’est félicité du rôle joué par l’Union africaine dans ce contexte et a espéré que, rapidement, un envoyé personnel du Secrétaire général serait nommé.  La délégation a soutenu le travail accompli par la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) en espérant qu’elle pourra accomplir le mandat pour laquelle elle a été déployée.

Abordant la question des Malvinas, le représentant a réitéré la position de principe de l’Uruguay qui soutient la « revendication légitime » de l’Argentine sur la souveraineté de ces îles.  Cette position se fonde sur la justice géographique, historique et juridique, a-t-il argué en évoquant l’hérédité hispanique « irréfutable » de ces îles.  Dans la mesure où il s’agit d’une « population transplantée sur ces îles », le principe d’autodétermination ne peut s’appliquer, a fait valoir le représentant, pour lequel il s’agit d’une situation coloniale spécifique sur la base de l’intégrité territoriale.  Il a pris note de l’amélioration des relations bilatérales entre le Royaume-Uni et l’Argentine.

« Nous nous inquiétons du refus de certaines administrations à participer à notre Commission alors qu’ils ont une obligation internationale à le faire », a regretté M. ALI RASOL (Iraq), sans nommer les États concernés mais en les appelant à participer aux travaux de la Quatrième Commission.  « Nous appelons à l’envoi de missions d’observation des Nations Unies dans les territoires non autonomes », a-t-il poursuivi.  L’Iraq a, pour sa part, participé à une telle mission en Nouvelle-Calédonie du 12 au 16 mars dernier, aux côtés des délégations de Cuba et de Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Il a qualifié cette mission de succès, avant de remercier le Gouvernement français de sa collaboration et d’appeler à l’organisation de deux nouvelles missions de ce type en Nouvelle-Calédonie.

Mme MEGAYLA ULANA AUSTIN (Guyana) a souligné combien le colonialisme sous toutes ses formes était en contradiction totale avec les idéaux et principes des Nations Unies.  Les peuples du monde, a-t-elle ajouté, doivent être en mesure de choisir librement leurs statuts politiques et de poursuivre tout aussi librement leur développement économique, social et culturel.  La représentante a ensuite souligné que c’était au nom des pays privés de leur droit à l’autodétermination que les efforts de la Commission doivent être conduits.  Mme Austin a ainsi exhorté les puissantes administrantes des territoires non autonomes à coopérer pleinement avec l’ONU pour finaliser un programme de travail « constructif » destiné à faciliter l’exécution des résolutions relatives à la décolonisation.  Concernant la question du Sahara occidental, elle a déclaré que son pays appuyait les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale et qu’il continue d’exhorter l’ensemble des parties prenantes à mettre un terme à un différend générateur d’instabilité dans la région du Sahel depuis près d’un demi-siècle.

M. EDUARDO FERNANDO LEÓN PEÑARANDA (Bolivie) a exprimé la détermination de son pays à mettre en œuvre la résolutionº1514 de l’Assemblée générale en date du 14 décembre 1960, qui considère que tous les peuples du monde ont le droit de mettre fin à la colonisation sous toutes ses formes.  Sa délégation a ensuite appuyé la mise en œuvre de la résolutionº65/119 pour trouver une solution juste et définitive à la situation des 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour du Comité de la décolonisation.  Le représentant a par ailleurs soutenu les aspirations du peuple de Porto Rico à devenir un peuple libre et indépendant.  Il a invité la Grande-Bretagne et l’Argentine à résoudre leur différend de souveraineté par le dialogue avant de regretter que le Royaume-Uni n’ait respecté aucune des 40 résolutions adoptées par l’ONU sur les îles Malvinas.  En outre, il a demandé le retrait immédiat des forces israéliennes de tous les territoires palestiniens occupés.  

M. BASHAR A. A. A. E. ALDUWAISAN (Koweït) a déclaré que bien que l’État de Palestine ne soit pas considéré comme un territoire non autonome, son peuple a le droit de disposer de lui-même et d’être autorisé à établir un État indépendant avec Jérusalem pour capitale.  Il a ensuite appelé le Comité à renforcer ses capacités en matière de relations avec la population des territoires non autonomes, exprimant son soutien aux efforts déployés par l’ONU pour faciliter les deux tables rondes qui se sont tenues au sujet du Sahara occidental.  Notant l’ambiance positive au cours de ses deux réunions, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 2414 (2018) du Conseil de sécurité.  Le délégué a également salué les réalisations du Maroc dans le domaine des droits de l’homme et la coopération de son gouvernement avec les agences de défense des droits de l’homme au Sahara occidental, tout en soulignant la nécessité de respecter l’unité et la souveraineté territoriale du Maroc.

Mme NERISSA WILLIAMS (Grenade)a rappelé que son pays avait été décolonisé, il y a 47 ans, avant de mettre l’accent sur l’importance de la réalisation du bien-être économique.  Elle a rappelé qu’un tiers de la population mondiale vivait dans des territoires colonisés au début des processus de décolonisation.  « Depuis, la décolonisation de 80 territoires a mis en évidence l’efficacité de l’ONU et de son Comité de la décolonisation », a estimé la représentante.  Néanmoins, le ralentissement du rythme de décolonisation justifie une utilisation des outils de décolonisation dans le plus grand respect du mandats approuvés.  Elle a mentionné que la majorité des 17 territoires inscrits à l’ordre du jour du Comité de la décolonisation se trouvent dans la région des Caraïbes et présentent une vulnérabilité partagée face aux soubresautas climatiques.  Pour ce qui est du Sahara occidental, la délégation a appuyé le processus politique entériné en 2007 par le Conseil de sécurité.  Elle a considéré en conclusion que le projet d’autonomie proposé par le Maroc en avril 2007 est une proposition viable.  

« Le conflit au Sahara occidental évolue de façon positive vers le dialogue et la concertation », a affirmé M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale).  Il a félicité les quatre parties prenantes –Maroc, Algérie, Front POLISARIO et Mauritanie– pour avoir récemment participé ensemble à deux tables rondes et pour l’organisation prochaine d’une troisième.  Le représentant a aussi félicité le Maroc pour son initiative visant à réaliser l’autonomie du Sahara occidental, une initiative qu’il a qualifiée de « crédible ».  Il a enfin salué les efforts de développement entrepris par Rabat dans ce territoire et de respect des normes internationales en matière de droits de l’homme. 

M. PHILIP OCHEN ANDREW ODIDA (Ouganda) a noté que 17 territoires figuraient encore sur la liste du Comité spécial de la décolonisation alors que « nous arrivons presque au terme de la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme 2011-2020 ».  Notant que l’ONU a encore « beaucoup de travail » pour mener à bien sa mission de décolonisation, le représentant a appelé à davantage de dynamisme pour y parvenir.  « Le Comité spécial doit chercher à élaborer des démarches proactives et ciblées et les parties impliquées faire preuve d’ouverture », a-t-il insisté.  Tout en saluant les progrès réalisés par le continent africain en matière de paix et sécurité, l’Ouganda s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouve le « dossier du Sahara occidental » qu’il a qualifié de « seul territoire non autonome du continent africain ».  Il a mentionné la création d’une troïka africaine pour apporter son concours aux efforts des Nations Unies.  « Parce qu’aucun développement n’est possible sans paix ni sécurité, l’Ouganda est attaché à la décolonisation du Sahara occidental », a insisté le représentant, avant d’appeler à trouver une solution par le biais d’un référendum sous l’égide de la MINURSO.  Il a appuyé le renouvellement du mandat de cette Mission et la nomination d’une nouvelle personnalité éminente chargée de ce dossier.   

Droits de réponse

« Le Royaume-Uni n’a aucun doute quant à sa souveraineté sur les Îles Falkland », a affirmé le représentant du Royaume-Uni.  « Le référendum de 2013 a transmis un message clair: à plus de 99%, les habitants des Falkland ne veulent pas que le dossier de la souveraineté soit rouvert », a-t-elle ajouté.  Sur celui des îles Chagos, là encore, le Royaume-Uni a affirmé n’avoir aucun doute sur sa souveraineté.  La déléguée britannique a affirmé que son pays pourrait les céder à l’île Maurice quand les conditions de sécurité seront réunies.

Réagissant aux interventions des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et du Bahreïn, le représentant de l’Iran a contesté les allégations de conflit territorial invoquées par ces pays au sujet des îles Abou Moussa, Petite et Grande Tomb.  « Il n’y a pas de conflit territorial puisque ces îles appartiennent à la République islamique d’Iran », a insisté le représentant tout en se disant disponible pour discuter avec les parties afin d’éliminer toute controverse au sujet de ce différend.

En réponse à l’intervention du Royaume-Uni, le représentant de l’Argentine a martelé que « l’Argentine réitère ses déclarations: le Gouvernement argentin vous rappelle que les îles Malvinas font l’objet d’une occupation illégale de la part du Royaume-Uni », énumérant une longue liste de résolutions qui évoquent un « conflit de souveraineté » entre les deux pays.  « Le vote qui a eu lieu aux Malvinas est un acte unilatéral britannique sans aucune valeur juridique », a-t-il tranché, avant d’ajouter que « cet acte unilatéral a permis à des citoyens britanniques d’exprimer leur choix de rester britanniques ».  

La représentante des Émirats arabes unis a déclaré que les Abou Moussa, Petite et Grande Tomb font partie intégrante du territoire des Émirats.  Elle a condamné l’occupation iranienne de ces îles émiraties et réfuté les revendications avancées par l’Iran.  « Nous appelons au règlement pacifique de ce dossier soit par le dialogue direct soit en envoyant cette question à la Cour internationale de Justice », a dit la représentante.  L’Arabie saoudite a, quant à elle, précisé que le Chapitre VIII de la Charte de l’ONU considère que les organisations régionales sont à même de s’occuper de questions de paix et de sécurité.  Le représentant a défendu les droits à la souveraineté des Émirats arabes unis sur ces îles avant de regretter que la République islamique d’Iran n’ait pas répondu aux appels à la négociation pour traiter de cette question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission ne parvient pas à adopter son programme de travail lors de sa première séance plénière

Soixante-quatorzième session
1e & 2e séances – matin & après-midi
AG/J/3592

La Sixième Commission ne parvient pas à adopter son programme de travail lors de sa première séance plénière

La Sixième Commission, chargée des affaires juridiques, n’est pas parvenue aujourd’hui, à l’ouverture des travaux de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, à adopter son programme de travail.  Après avoir suspendu, ce matin, la séance à la demande du représentant de la République islamique d’Iran, le Président de la Commission, M. Michal Mlynár (Slovaquie), a, en effet, indiqué dans d’après-midi que, malgré des « consultations intensives », davantage de temps est encore nécessaire en vue d’une adoption dudit programme.

Dans la matinée, le délégué iranien a indiqué que son pays ne peut pas adopter le programme de travail en raison des entraves –en particulier le non-octroi de visas- des États-Unis, pays hôte, à la pleine participation de l’Iran aux travaux de la Commission.  Les diplomates iraniens ont vu leur liberté de déplacement réduite de 25 à 3 miles, n’ont pas accès aux universités et aux hôpitaux de la ville de New York, tandis que le pays hôte n’a pas donné de visa pour 58 Iraniens pour la semaine de haut niveau, a dénoncé le délégué de l’Iran en début de séance. 

Ce sont des restrictions consternantes, prises en violation de la Charte des Nations Unies et de l’Accord de Siège, a-t-il dénoncé.  « C’est du harcèlement. »  Il a en outre demandé au Secrétaire général de soumettre cette question à l’arbitrage, ainsi qu’à chaque État Membre de s’élever contre ces restrictions afin de préserver l’état de droit.  « Accueillir l’ONU est un privilège, mais aussi une grande responsabilité », a fait valoir le délégué.

Il a reçu l’appui de ses homologues de la République populaire démocratique de Corée, du Pakistan, du Nicaragua et de Cuba, la déléguée cubaine voyant dans le refus d’octroyer des visas « une atteinte au multilatéralisme », « une violation du principe de représentation juste et équitable des membres de l’ONU ».  Le pays hôte s’arroge le droit de décider de la composition des délégations en octroyant ou non des visas, a renchéri le délégué de la Fédération de Russie.

« Les États-Unis prennent leurs obligations de pays hôte très au sérieux », a réagi la déléguée américaine.  Elle a néanmoins remarqué que l’enceinte idoine pour discuter de cette question n’est pas la Sixième Commission mais le Comité des relations avec le pays hôte, dont la prochaine réunion est prévue le 29 octobre.  Ce Comité s’était déjà réuni en début de ce mois d’octobre, a-t-elle dit.

Si le représentant du Venezuela a vu dans le refus d’adoption du programme de travail une « mesure extrême » pour protester contre les agissements du pays hôte, son homologue du Guatemala a regretté le précédent aujourd’hui créé.  « Seules des questions de fond peuvent justifier des retards dans le début des travaux de la Commission », a déclaré la déléguée guatémaltèque.

Outre le Président M. Mlynár, le Bureau de la Sixième Commission est constitué cette année des Vice-Présidents Mme Cecilia Anderberg (Suède), M. Amadou Jaiteh (Gambie) et M. Pablo Arrocha (Mexique) ainsi que du Rapporteur, M. Mohamed Al-Thani (Qatar). 

La Commission a également décidé de créer quatre groupes de travail consacrés aux thèmes suivants: Responsabilité de l’État pour fait internationalement illicite; Protection diplomatique; Portée et application du principe de compétence universelle; Mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Ces quatre groupes de travail seront présidés respectivement par Mme Maitê de Souza Schmitz (Brésil), M. Thabo Molefe (Afrique du Sud), M. Christian Guillermet-Fernandez (Costa-Rica) et M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission reprendra ses travaux demain, mardi 8 octobre, à 11 h 30.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Prévention et résolution des conflits en Afrique: le Conseil de sécurité appelé à renforcer son soutien aux initiatives régionales

8633e séance – matin
CS/13973

Prévention et résolution des conflits en Afrique: le Conseil de sécurité appelé à renforcer son soutien aux initiatives régionales

Le Conseil de sécurité a été appelé, ce matin, à « sortir des mots et passer aux actes » pour renforcer son appui aux organisations régionales africaines dans la prévention des conflits sur le continent, plutôt que de devoir régler des crises déjà en cours.  Les outils sont là, mais ils ne sont pas utilisés, ont déploré plusieurs orateurs.

Parce que les États voisins ont une meilleure compréhension que des acteurs extérieurs, ils sont davantage légitimes et susceptibles d’apporter une réponse plus rapidement que l’ONU, d’autant plus qu’ils ont un intérêt immédiat à la stabilité régionale, a expliqué Mme Liberata Mulamula, Directrice associée de l’Institut des études africaines de l’Université George Washington. 

Originaire de Tanzanie, Mme Mulamula, qui fut directement engagée dans les efforts de paix comme Secrétaire exécutive de la Conférence internationale des Grands Lacs de 2006 à 2011, a estimé que les initiatives prises au niveau international, ou même au sein de l’Union africaine, n’avaient que peu d’effets quand elles restaient coupées des initiatives locales.  En outre, elles interviennent souvent trop tard, comme lors de la crise au Burundi en 2010.  Appelant le Conseil de sécurité à « consacrer des ressources à la hauteur de ses promesses en matière de prévention », elle a suggéré que, pour le même coût annuel que la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) -plus d’un milliard de dollars- on pourrait mettre en œuvre « beaucoup de plans régionaux ».

Les trois femmes invitées à s’exprimer devant le Conseil ont toutes insisté sur le rôle que doivent jouer leurs congénères en matière de paix et de sécurité.  Malgré les plans d’action et textes existants pour le formaliser, comme la résolution 1325 (2000), les moyens manquent pour les mettre en œuvre, a regretté Mme Mulamula, qui a aussi présenté le Réseau des femmes africaines pour la prévention des conflits et la médiation, « FemWise-Africa », créé par l’Union africaine en mars 2017, qui se tient « à la disposition du Conseil », « prêt à se déployer » dans toutes les initiatives de prévention.

Après tout, « ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus touchés en temps de guerre » et il faut apprendre à écouter les souffrances des populations, a insisté Mme Naledi Maite, représentante de South African Women in Dialogue (SAWID), alors que Mme Linda Vilazaki, représentante de l’African Women in Dialogue (AfWID) déplorait que le continent n’ait pas su mettre en place les mécanismes permettant de tirer parti de l’expérience des femmes au profit de tous.  Elle a présenté l’AfWID comme un « festival d’idées » aspirant à mettre en relation les Africaines entre elles pour les aider à surmonter leurs différences.  « Si vous voulez que les choses soient faites, confiez-les aux femmes – si vous voulez qu’on en parle, donnez-les aux hommes », a conclu Mme Mulamula.

En ouverture des débats, le Secrétaire général, M. António Guterres, a cité comme exemples de coopération fructueuse le récent accord conclu au Soudan après avoir été négocié par l’Union européenne et l’Éthiopie ainsi que les efforts communs entre son Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine pour soutenir des processus électoraux en Sierra Leone, au Nigéria et au Sénégal. 

L’idée d’impliquer davantage les organisations régionales fait consensus de longue date.  « On en parle depuis longtemps, mais il faudrait agir maintenant », ont relevé les États-Unis, appelant le Conseil à s’interroger sur ce qu’il doit « faire avant un conflit ». 

« Investir en amont des conflits est beaucoup moins coûteux en vies humaines, mais aussi financièrement », a ajouté la France, qui, en matière de prévention, a recommandé la rédaction d’un « rapport régulier du Secrétaire général » visant à évaluer les risques que font peser sur la paix et la sécurité les changements climatiques.  Ceux-ci ont été identifiés par M. Guterres, aux côtés du terrorisme, comme une  « menace croissante ».

Tout en saluant le renforcement de la coopération en amont des conflits entre l’Union africaine et l’ONU depuis la signature, en 2017, d’un Cadre stratégique pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, la Côte d’Ivoire a prévenu que les efforts conjoints ne seraient efficaces que s’ils reposent sur l’identification des signes précurseurs des conflits, en tenant compte de divers indicateurs sociopolitiques, économiques, climatiques et environnementaux.

L’Observatrice permanente de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, région traversée par de nombreux conflits, a souligné que la prévention impliquait de se pencher sur des problèmes systémiques, notamment liés à la gouvernance, à la criminalité et au terrorisme.

Mais alors que l’Indonésie appelait, elle aussi, l’ONU à s’appuyer sur les organisations régionales et à leur fournir les ressources nécessaires en matière de prévention et de résolution des conflits, le Pérou a estimé que la réussite des initiatives était conditionnée par un « mandat des parties concernées ». 

« Il n’y a pas de solution type » adaptée à toutes les situations, a remarqué le Royaume-Uni.  Prenant l’exemple de la Libye, il a estimé que la communauté internationale devait « suivre une feuille de route unique » et appuyer le rôle de l’Envoyé spécial du Secrétaire général.  Mais, a-t-il ajouté, cela « ne signifie pas qu’il faille minimiser les voix des acteurs régionaux ».

La Fédération de Russie s’est cependant interrogée sur la volonté politique de prévenir les conflits et a lancé une mise en garde: « entre diplomatie préventive et pressions politiques, la frontière est parfois ténue », a-t-elle observé, en dénonçant l’opération menée par l’OTAN en Libye en 2011, qui a conduit, selon elle, à la propagation du terrorisme dans la région.  « Nous n’avons pas besoin d’un type d’intervention qui se passe de l’appui des Nations Unies », a insisté le représentant.  Quant à la Chine, elle a répété qu’il fallait aider les pays africains à régler leurs problèmes par eux-mêmes, leur faire confiance et éviter de chercher les solutions à leur place.

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

La centralité de la diplomatie préventive, de la prévention et de la résolution des conflits (S/2019/786)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que l’ONU et ses partenaires – États Membres, organisations régionales et sous-régionales, communautés économiques régionales et autres – ont fait des progrès considérables en matière de prévention.  « En Gambie, une action commune de l’Union africaine (UA), de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’ONU et des pays voisins a empêché une crise politique de s’aggraver et permis de soutenir une transition pacifique et démocratique il y a deux ans », s’est-il félicité.  À Madagascar, nous avons collaboré avec l’UA, l’Union européenne, la Communauté de développement de l’Afrique australe et l’Organisation internationale de la Francophonie afin de faciliter le dialogue qui a contribué aux élections présidentielles pacifiques de 2018, a ajouté le Chef de l’Organisation, avant de citer aussi en exemple les efforts conjoints de l’UA, de la Communauté des pays de langue portugaise, de la CEDEAO et de l’UE, « déterminants dans la résolution des tensions politiques en Guinée-Bissau ».  Et au Cameroun, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique centrale collabore avec les autorités et les parties prenantes nationales et régionales pour soutenir les efforts visant à remédier aux causes profondes de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest par le biais d’un dialogue inclusif.

Poursuivant, M. Guterres a rappelé que le récent accord conclu au Soudan, négocié par l’UE et l’Éthiopie, offre à la communauté internationale l’occasion d’appuyer la paix « dans un pays en proie à de terribles conflits et de nombreuses souffrances ».  Et son Représentant spécial pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a encore fait valoir le haut fonctionnaire, a mené des efforts communs avec la CEDEAO et l’UA pour soutenir des processus électoraux pacifiques et inclusifs en Sierra Leone, au Nigéria et au Sénégal.  Il a ensuite identifié le terrorisme comme une menace croissante pour tout le continent.  « Au Sahel, des groupes terroristes attaquent régulièrement les forces de sécurité locales et internationales, y compris nos Casques bleus de la MINUSMA.  La violence se propage vers les États côtiers du golfe de Guinée.  Au Nigéria, Boko Haram et ses factions dissidentes terrorisent les communautés locales et attaquent les forces de sécurité, malgré les efforts de la Force multinationale mixte.  Nous voyons des réseaux terroristes se propager dans toute la Libye et l’Afrique du Nord, s’étendre à travers le Sahel jusqu’à la région du lac Tchad et apparaître en République démocratique du Congo et au Mozambique.  C’est une bataille que nous ne sommes pas en train de gagner », a mis en garde le Secrétaire général.  Selon lui, il ne s’agit pas seulement d’une question régionale, « mais d’un danger évident » et immédiat pour la paix et la sécurité dans le monde. 

S’il s’est félicité du Sommet de la CEDEAO qui s’est tenu le mois dernier à Ouagadougou et de l’engagement renouvelé des États membres à participer financièrement et militairement à la lutte contre le terrorisme, il a assuré qu’il faut prendre conscience que les répercussions de la crise en Libye s’intensifient et se propagent dans toute la région, « avec des armes et des combattants qui traversent sans cesse les frontières ».  Alors que son Représentant spécial pour la Libye s’emploie à prévenir une nouvelle escalade de la violence et à encourager un retour au processus politique, M. Guterres a rappelé qu’il avait déjà transmis au Président du Conseil de sécurité la proposition du Conseil de paix et de sécurité de l’UA, qui augure de la perspective d’un renforcement de la coopération avec cette organisation régionale en Libye.

« La paix au Mali est également essentielle à la paix au Sahel », a-t-il ensuite déclaré.  « Malgré les terribles attentats perpétrés la semaine dernière dans la région de Mopti, j’espère que le projet d’un dialogue politique inclusif facilitera la mise en œuvre de l’accord de paix de 2015. »  Après avoir félicité le Conseil de la levée des restrictions géographiques imposées au ravitaillement apporté par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à la Force conjointe du G5 Sahel, le haut fonctionnaire a toutefois considéré cette mesure comme « insuffisante ».  Je vous exhorte à nouveau, a-t-il lancé à l’adresse des membres du Conseil, à donner aux opérations africaines de maintien de la paix et de lutte contre le terrorisme des mandats clairs, portés par un financement prévisible et durable grâce à des contributions obligatoires.

Pour le Secrétaire général, aucun doute: le développement durable et inclusif, s’il est un but en soi, est aussi le moyen le plus efficace de traiter les causes profondes des conflits, de l’extrémisme et du terrorisme.  « Pour prévenir les conflits et bâtir des communautés et des sociétés résilientes, il est essentiel de lutter contre la pauvreté et les inégalités, de renforcer les institutions publiques et la société civile et de promouvoir les droits humains, des objectifs qui sont au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 comme de l’Agenda 2063 de l’UA ».  La lutte contre la crise climatique est une autre mesure préventive indispensable, a-t-il exhorté.  Les risques liés aux phénomènes climatiques, notamment les sécheresses, les inondations et l’évolution des régimes pluviométriques, se conjuguent souvent aux facteurs politiques, sociaux et économiques.  « Nous devons de toute urgence réduire les émissions afin d’éviter des conséquences catastrophiques », a plaidé le Chef de l’Organisation.  En outre, près de la moitié des 1,3 milliard de personnes vivant en Afrique est âgée de moins de 15 ans.  Offrir à cette génération des opportunités en matière d’éducation, de formation et d’emploi doit être au cœur de toute stratégie de développement, sachant aussi que les femmes et les jeunes sont des « acteurs clefs de l’édification de sociétés pacifiques ». 

Après avoir appuyé l’initiative Silence the Guns 2020 de l’UA, le Secrétaire général a évoqué le partenariat stratégique renforcé avec l’UA sur la paix et la sécurité, basé sur l’accord-cadre conjoint de 2017.  Un partenariat encore « démontré en février lorsque le Conseil a adopté à l’unanimité la résolution 2457 sur les mesures à prendre pour mettre fin aux conflits en Afrique grâce au renforcement de la coopération et du partenariat internationaux », a noté M. Guterres.  « Nos plus grandes missions de maintien de la paix se trouvent sur le continent africain et plus de 80 000 Casques bleus y servent.  L’Afrique est maintenant la plus grande région fournissant des contingents.  Nous devons à ces Casques bleus notre soutien solide et uni, grâce à un financement solide et à des mandats solides », a-t-il insisté.  La prévention des conflits est difficile à quantifier et peut ne pas faire l’actualité.  Mais aucune nouvelle n’est bonne pour les personnes au service desquelles nous sommes.  « La prévention présente d’énormes avantages », a-t-il ajouté, en concluant que l’engagement vigoureux du Conseil de sécurité, en coopération avec des partenaires régionaux et sous-régionaux, « est plus que jamais nécessaire » à cet égard.

Mme LIBERATA MULAMULA, Directrice associée de l’Institut des Études africaines de l’Université George Washington, a regretté que la communauté internationale n’ait pas été à la hauteur dans la prévention des conflits.  Elle a indiqué qu’elle vient de Tanzanie, un pays qui s’est activement impliqué dans la résolution des conflits dans la région des Grands Lacs et qu’elle a, elle-même, servi comme Secrétaire exécutive de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs de 2006 à 2011, laquelle puise son origine dans le génocide au Rwanda et les crises dans la région.  La signature du Pacte pour la paix, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs témoigne de la détermination politique des États à prendre leurs responsabilités en matière de prévention, a-t-elle analysé.

La complexité des questions traitées et la violence cyclique que connaissait la région, prouvent que toute tentative sérieuse en faveur de la paix et de la sécurité dans la région doit s’appuyer sur une approche et un cadre régionaux, parce que les pays voisins ayant une meilleure compréhension que des acteurs extérieurs, ils en tirent davantage de légitimité et sont susceptibles d’apporter une réponse plus rapidement que l’ONU; d’autant qu’ils ont un intérêt direct à la stabilité régionale.  Son rôle en tant que Secrétaire exécutive, a-t-elle expliqué, était de faciliter le dialogue et d’essayer d’identifier les causes déclenchant les hostilités entre communautés et pays de la région: ce n’était pas facile mais comme le dit un vieux dicton, « si vous voulez faire quelque chose, demandez à une femme, si vous voulez juste en parler, demandez à un homme ».

Elle devait forger des partenariats et renforcer les capacités locales pour prévenir et résoudre les conflits car les initiatives prises au niveau international, ou même au sein de l’Union africaine, n’avaient eu que peu d’effets étant coupées des initiatives locales.  Or, l’implication régionale et nationale est indispensable pour prévenir la résurgence des conflits, a argué Mme Mulamula.  Les différentes interventions étaient dans l’ensemble survenues trop tard, comme au plus fort de la crise au Burundi en 2010, lorsque la Commission de consolidation de la paix avait annulé sa mission en raison de l’insécurité dans le pays. 

S’agissant du rôle des femmes, les dirigeants ont souligné en 2005 leur rôle dans la prévention et la résolution des conflits.  Mais malgré les plans d’action et textes existants, la violence contre les femmes demeure très répandue dans la région, l’absence des femmes dans les processus officiels en Afrique, qu’elles ne soient pas assises autour de la table lors de l’adoption des plans de paix le montre: il y a encore beaucoup à faire, le rôle des femmes n’est pas assez reconnu ni mis en œuvre, a poursuivi l’intervenante.  En mars 2017,  l’Union africaine a donc créé le Réseau des femmes africaines pour la prévention des conflits et la médiation, « FemWise-Africa », qui vise à renforcer leur rôle dans les processus de médiation.

FemWise-Africa était ainsi au Burundi en juin dernier pour prendre contact avec les parties prenantes à la veille des élections générales.  La délégation a été frappée par le fait que les Burundais eux-mêmes étaient très réceptifs à cette initiative; « c’est un bon exemple de diplomatie préventive qui doit être répliqué », a-t-elle estimé.  Le réseau a également organisé une réunion en Algérie sur l’initiative de l’UA « Faire taire les armes d’ici à 2020 »: la vraie question est, « y arriverons-nous »?  Comment renforcer le rôle et le leadership de femmes?

Mme Mulamula a donc demandé au Conseil de reconnaître ces efforts et d’appuyer le réseau FemWise-Africa avec les ressources nécessaires, car il a pour but de lancer des actions concrètes et durables en faveur de la paix.  Inutile pour les femmes de prouver qu’elles ont un impact sur le terrain, il s’agit plutôt de renforcer leur rôle actif en se souvenant que la prévention coûte toujours moins cher que de devoir faire face à une crise dans un pays et pour ses voisins.  Le Conseil doit y consacrer des ressources à la hauteur de ses promesses en matière de prévention, a-t-elle insisté: le moment est vraiment venu de considérer les femmes comme des agents de la paix et pas seulement comme des victimes.

En conclusion, elle a émis quelques recommandations au Conseil: privilégier l’approche régionale pour résoudre les conflits en Afrique, les mécanismes régionaux, notamment juridiques, existent déjà, comme la résolution 1325 sur le rôle des femmes qui n’est « pas mise en œuvre faute de ressources »; elle a par exemple estimé que le coût annuel de plus d’un milliard de dollars consacré à la MONUSCO permettrait de mettre en œuvre beaucoup de plans régionaux.  Le Conseil doit donc renforcer les capacités des organisations de femmes impliquées dans la prévention et la médiation; les différentes initiatives régionales et internationales resteront sans effet si elles ne tiennent pas compte des initiatives locales et de leur appropriation locale, a-t-elle encore souligné.  « Rien ne doit se faire pour nous sans nous », a-t-elle argué, en affirmant que le réseau FemWise-Africa est à la disposition du Conseil, qu’il est prêt à se déployer dans toutes les organisations de maintien et de prévention de la paix.  Elle a cité en conclusion les mots de la chanteuse sud-africaine, Yvonne Chaka-Chaka, pour qui les femmes sont « des hommes bien organisés » 

Mme NALEDI MAITE, représentante de South African Women in Dialogue (SAWID), a déclaré que « ce sont les femmes et les enfants qui sont les plus touchés en temps de guerre ».  Elle a rappelé que son association avait été créée après la tenue d’une session du dialogue de paix intercongolais en Afrique du Sud en 2002.  SAWID a soutenu l’organisation de forums pour la paix avec les femmes du Burundi en 2004 et du Soudan du Sud en 2007 et a participé à plusieurs missions d’observation électorales en Afrique, a-t-elle expliqué. 

Mme Maite a dit retirer trois enseignements majeurs de son expérience: d’abord les femmes doivent exprimer leur propre point de vue et non celui des organisations auxquelles elles appartiennent, ensuite les déléguées ne doivent pas être choisies seulement parmi les femmes éduquées de la classe moyenne, enfin les rencontres doivent se dérouler dans un espace protégé, loin des caméras, permettant un échange intime et l’émergence d’un sentiment de communauté. 

« Le plus souvent, les initiatives comme SAWID sont regardées comme faisant partie des ‘approches douces’ pour prévenir les conflits », alors que dans les situations de post-conflit, ce type d’approche est souvent négligé au profit de grands projets d’infrastructure, a-t-elle regretté.  Pour elle, « les gouvernements doivent reconnaître que rebâtir les liens sociaux, entendre la souffrance des citoyens et investir activement dans la guérison des nations ne constituent en aucun cas une ‘approche douce’ ». 

Mme LINDA VILAZAKI, African Women in Dialogue (AfWID), s’est félicitée qu’un nombre considérable d’Africaines occupe des postes à responsabilité aux niveaux local et international, tout en déplorant le fait qu’en tant que continent, « nous n’avons pas réussi à mettre en place de mécanisme capable de tirer parti de leur expérience et expertise au profit de tous ».  Souvent, nous sommes invités par d’autres en dehors de l’Afrique, par exemple le Forum de Davos ou la Commission de la condition de la femme à l’ONU.  Cette prise de conscience a conduit à s’inspirer du modèle de South African Women in Dialogue, a expliqué l’intervenante, en disant que c’est de là qu’est née la plateforme AfWID, laquelle a réuni, l’an dernier, un millier de femmes en provenance de 16 États Membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe, entre autres.  Mme Vilazaki a annoncé que, fort de cette expérience, l’édition 2019 de ce dialogue était sur le point de se tenir, avec de nouveau 1000 participantes en provenance, cette fois-ci, de 55 pays.

Conçue pour être inclusive, ouverte à tous et à toutes, horizontale et non-partisane, la plateforme AfWID est un « festival » d’idées, dont le seul ordre du jour consiste à mettre en relation les Africaines entre elles, pour qu’elles partagent leurs pratiques optimales dans le cadre des activités qu’elles mènent au sein de leurs villages, de leurs villes et de leurs communautés.  « Le dialogue a la capacité de nous aider à surmonter nos différences et à distinguer ce qui nous relie les unes aux autres », a expliqué la représentante, en demandant aux États Membres de consentir un effort, sur les plans administratif et financier, pour faciliter la venue de ces femmes qui, pour nombre d’entre elles, n’ont jamais quitté leur village natal.  « Nous ne sommes pas naïves et savons que la poursuite d’une Afrique pacifique n’est pas un idéal auquel tout le monde aspire et qu’il y aura des résistances contre le changement de statu quo », a déclaré Mme Vilazaki.  Mais elle a considéré que soutenir des dialogues inclusifs comme celui porté par AfWID est le meilleur moyen de donner effet à l’Article 33 de la Charte des Nations Unies, qui stipule que « les parties à tout différend […] doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation, d’enquête, de médiation ».  Elle a donc demandé au Conseil de sécurité d’apporter son appui à la pratique du dialogue inclusif défendu par AfWID.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a réaffirmé l’importance des principes de la Charte des Nations Unies, en particulier du Chapitre VI.  Selon lui, l’accord de transition conclu au Soudan est une preuve récente du succès de la médiation lorsqu’il s’agit d’atténuer les tensions.  Soulignant à quel point le Conseil de sécurité importe dans le règlement des conflits, le représentant a affirmé qu’il était particulièrement efficace lorsqu’il travaillait de concert avec les organisations régionales.  Il a ensuite plaidé pour une politique de soutien financier davantage prévisible pour les opérations de paix conduite par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité.  C’est à ce titre que le Koweït, qui privilégie la diplomatie préventive, a récemment parrainé des forums sur ce sujet et encourage le recrutement d’équipes de médiation pour maintenir la paix.  « Une mobilisation rapide est essentielle », a-t-il souligné.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déclaré que la signature, le 19 avril 2017 par les Nations Unies et l’Union africaine, du Cadre stratégique pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité avait institutionnalisé une coopération plus prévisible, systématique et stratégique entre ces deux organisations.  Cet instrument leur permet désormais d’intervenir plus rapidement et de manière plus cohérente et décisive pour prévenir, gérer et régler les conflits sur le continent.  Les efforts conjoints déployés par ces acteurs ne seront cependant efficaces que s’ils reposent sur l’identification des signes précurseurs des conflits en tenant compte de divers indicateurs sociopolitiques, économiques, climatiques et environnementaux.  C’est à cette condition qu’ils pourront prévenir le surgissement de crises, ou dans les cas où elles ont déjà éclaté, leur apporter des réponses efficaces et pérennes, a-t-il dit.

Le représentant a par ailleurs indiqué qu’en plaçant le Système d’alerte précoce au cœur de l’Architecture africaine de paix et de sécurité(APSA), l’Union africaine avait démontré sa volonté d’accroître ses capacités d’anticipation et de prévention des conflits.  Témoignant d’une volonté d’anticipation similaire, la Communauté de États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est dotée d’un mécanisme d’alerte précoce dénommé ECOWARN, qui lui a permis, au cours des dernières années, de mener de nombreuses actions de diplomatie préventive.  Mais pour être efficaces, les efforts de prévention et de règlement des conflits doivent s’inscrire dans une démarche collective et coordonnée, permettant la synergie des initiatives onusiennes, de l’Union africaine et des organisations régionales, a-t-il aussi plaidé.

M. VASSILY A. NEBANZIA (Fédération de Russie) s’est interrogé sur la volonté politique concernant la prévention des conflits, surtout sur le continent africain, alors que la diplomatie préventive et les médiations sont plus nécessaires que jamais.  Il est inutile de « réinventer la roue »,  a-t-il estimé, l’ONU disposant selon lui de tous les outils dont elle a besoin sur le sujet.  Le Secrétaire général s’est dit disposé à renforcer ce potentiel, « tant mieux », mais la voix de l’Afrique doit être prise en compte pour les questions de paix et de sécurité sur le continent, a plaidé le représentant.  Le plus important pour la délégation russe, c’est que les pays africains eux-mêmes jouent leur rôle dans la prévention et la résolution des conflits, sur le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.

Tout un éventail de mécanismes et d’instruments de prévention ont fleuri ces dernières années pour prévenir les conflits, comme par exemple le système continental d’alerte rapide ou l’Accord-cadre entre l’ONU et l’Union africaine signé 2017.  En pratique, il a constaté des résultats intéressants comme en République centrafricaine ou au Soudan du Sud, grâce à l’implication de l’UA, ou dans les élections pacifiques en République démocratique du Congo (RDC) et au Nigéria.  Les organisations sous-régionales aussi jouent un rôle important, a-t-il poursuivi en notant la prévention réussie d’une crise politique à Madagascar.  Le délégué a donc appuyé sans réserve le renforcement de la coopération entre l’ONU et l’UA, sur la base du respect mutuel et dans le cadre des initiatives régionales.  Et en gardant à l’esprit qu’entre la diplomatie préventive et les pressions politiques, la frontière est parfois ténue, a fait observer le délégué.  Certains efforts sont parfois « tout à fait inutiles », comme l’opération de l’OTAN en Libye, qui a conduit à la propagation du terrorisme dans la région: « nous n’avons pas besoin de ce type d’action, conduite sans l’appui des Nations Unies », a-t-il prévenu au terme de son intervention.

Pour Mme KAREN VAN VLIERBERGE, (Belgique), « lorsqu’une crise pointe à l’horizon, les États voisins, la sous-région et le continent sont souvent les mieux placés pour agir rapidement et efficacement ».  La représentante a ajouté que l’histoire de son pays lui permettait de mesurer toute la valeur de l’intégration régionale.  « À terme, les opérations de paix de l’Union africaine devront pouvoir bénéficier d’un financement plus prévisible, plus durable et plus souple », a-t-elle ajouté.

La représentante a cité les résultats obtenus en Gambie et en Guinée-Bissau comme des exemples de l’efficacité de l’implication des acteurs sous-régionaux.  Concernant la République centrafricaine, elle a estimé que les visites conjointes de haut niveau UA - Nations Unies constituaient « un outil efficace de suivi de la situation ».  Au Burkina Faso, au Niger et au Nigéria, elle a salué le travail de renforcement de capacités mené par le Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest et au Sahel afin de prévenir « les conflits entre éleveurs et agriculteurs et les conflits de nature communautaire », une tâche qui mérite selon elle une approche régionale. 

La complémentarité entre acteurs sous-régionaux, régionaux et les Nations Unies est tout aussi importante pour les missions de médiation a estimé la représentante, saluant au passage des « progrès accomplis dans l’opérationnalisation de l’Unité de soutien à la médiation de l’Union africaine et le dépècement du réseau de femmes médiatrices FemWise-Africa. »

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a plaidé pour une meilleure intégration des organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention et de résolution pacifique des conflits.  De son point de vue, il faudrait analyser et tirer profit de l’expérience acquise avec l’Architecture de paix de l’Union africaine et les mécanismes d’alerte précoce mis en place sur le continent.  Pour aller plus loin, il faudrait selon la délégation également créer des mécanismes innovants destinés à surmonter les éventuelles réticences de certains États à agir de façon préventive en situation de crise.  De tels mécanismes seraient pertinents dans des cas où les processus électoraux de pays en transition ou en consolidation de la paix peuvent éviter le retour à l’instabilité.  Il serait également avantageux de compléter ces mécanismes par des systèmes nationaux, a ajouté le représentant. 

Quand l’ONU, l’UA et les autres organisations sous-régionales coordonnent leurs efforts, « c’est là que nous réussissons le mieux », a estimé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni).  Il faut créer suffisamment d’espace pour permettre aux organisations régionales de jouer leur rôle et celles-ci doivent faire des progrès, notamment au Burundi pour sortir de la crise avant les élections de 2020.  Cependant, il n’y a pas de solution adaptée à tous les conflits: en Libye par exemple, la communauté internationale doit suivre une feuille de route unique en appuyant le rôle de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ce pays, mais ça ne signifie pas qu’il faille minimiser les voix des acteurs régionaux, a fait remarquer le représentant: il faut en fait mobiliser tous les acteurs; la prévention des conflits nécessitant des capacités d’analyses et des ressources considérables.  La semaine dernière, le Conseil a discuté de la mobilisation de la jeunesse, dont la contribution, comme celle des femmes, est indispensable, a-t-il ajouté, avant de saluer le réseau FemWise-Africa. 

Alors que la prévention est devenue un moyen d’action indispensable au sein de l’ONU, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a déclaré que le Conseil de sécurité, compte tenu de ses responsabilités en matière de paix et de sécurité, doit jouer un rôle majeur à cet effet pour résoudre les crises et relever les défis.  À ce titre, la délégation a souligné l’importance des organisations régionales dans le règlement pacifique des conflits, comme le prévoit le chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Elle estime dans ce contexte, qu’il faut continuer de renforcer les rapprochements stratégiques entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Dans le même esprit, la délégation s’est dit d’avis qu’il faut parallèlement renforcer la participation des jeunes et des femmes aux efforts de construction et de transformation des sociétés et réaliser les objectifs de l’initiative Faire taire les armes à l’horizon 2020, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a rappelé que le Chapitre VI de la Charte des Nations Unies offrait un panel d’outils pertinent en matière de prévention et de résolution des conflits.  C’est pourquoi l’Allemagne encourage les États Membres à se saisir de tous ces outils existants et à leur disposition.  Parmi ces outils, il y a le Fonds pour la consolidation de la paix, qui est un exemple du succès des efforts visant à avoir un impact rapide sur les conflits en Afrique.  L’Allemagne offre une seconde contribution de 15 millions de dollars pour 2019, portant le total de son appui financier à ce fonds à 30 millions de dollars pour cette année. 

Comme autre outil à disposition de la prévention et de résolution des conflits, le représentant a également cité la médiation qui, selon lui, peut aider à combler les divisions idéologiques entre les sociétés.  À ce titre, l’Allemagne estime que l’Unité de soutien à la médiation du Secrétariat des Nations Unies– qui bénéficie de son soutien financier- devrait rester un acteur fort de la médiation, avec le groupe des amis de la médiation. 

En plus de ces outils, le Conseil de sécurité lui-même, par son mandat, a une responsabilité en matière de paix et de sécurité en Afrique, a ajouté le délégué.  Pour le représentant, le Conseil doit agir plus rapidement pour éviter des escalades et sauver des vies; identifier les graves violations des droits de l’homme qui mènent aux conflits; contrer les effets des changements climatiques en tant qu’outil de stabilisation et de prévention des conflits; mieux cibler les personnes visées par ses sanctions; entendre davantage les membres de la société civile; renforcer sa coopération avec l’Union africaine et les organisations régionales, ou encore se réformer pour entendre la voix des pays africains. 

« Investir en amont les conflits est beaucoup moins coûteux en vies humaines, mais aussi financièrement », a plaidé M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France).  Il a salué « les réformes engagées pour rendre le système des Nations Unies plus efficace en vue de prévenir les crises », prenant l’exemple de l’amélioration de la situation à Madagascar.  Cependant, le représentant a regretté que le Conseil de sécurité ne se saisisse pas assez souvent « des situations qui présentent des risques de conflit susceptibles de porter atteinte à la paix et à la sécurité internationales ».  Il a aussi estimé que la Commission de la consolidation de la paix pourrait inscrire davantage de situations à risque et faire davantage de recommandations au Conseil. 

Le délégué a appelé à « coordonner les efforts dans un souci d’efficacité », saluant le partenariat entre l’ONU, l’Union africaine et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a porté ses fruits au Burkina Faso en 2015 et en Gambie en 2016.  Au Soudan, ce sont « l’Union africaine et l’Éthiopie qui étaient les plus à même de faire émerger un accord », les Nations Unies et « tous les amis du Soudan » ayant veillé à ne pas créer d’interférences.  M. de Rivière a, en conclusion, recommandé la présentation d’un rapport régulier du Secrétaire général afin d’évaluer les risques que les changements climatiques font peser sur la paix et la sécurité dans le monde.

M. JUN ZHANG (Chine) a déclaré qu’il fallait aider les pays africains à régler leurs problèmes par eux-mêmes.  Il faut leur faire confiance et éviter de chercher à s’en occuper à leur place et de s’ingérer dans leurs affaires intérieures.  Pour le représentant, il est au contraire nécessaire de tirer profit des expériences régionales et sous-régionales, avant de souligner qu’il faut recourir aux mesures prévues au Chapitre VI de la Charte plutôt qu’à celles figurant au Chapitre VII, a insisté le représentant.  Il a également déclaré qu’accompagner les pays africains et promouvoir le développement durable est un moyen de stabiliser les pays du continent.  C’est exactement cela que s’emploie à faire la Chine, dont les contingents de Casques bleus sont déployés dans cinq pays africains.  La Chine est également présente depuis plusieurs années dans le golfe d’Aden, a rappelé le représentant, avant de préciser que son gouvernement avait versé 100 millions de yuans pour la création d’une force africaine et contribué à hauteur de 300 millions à l’opérationnalisation de la Force conjointe du G5 Sahel.  La Chine « aime et respecte l’Afrique et les Africains », a assuré en conclusion la délégation.

Si la meilleure façon d’épargner les souffrances des conflits aux populations c’est de les éviter, M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a insisté sur le rôle de l’ONU et particulièrement du Conseil et des organisations régionales dans la prévention des conflits. 

Pour une diplomatie préventive efficace, il est indispensable de garantir l’appui et les ressources nécessaires aux médiations déployées et de renforcer la coopération entre l’ONU et l’Union africaine.  De même, il faut s’assurer que le développement de l’Afrique puisse compter sur les ressources humaines et économiques nécessaires: de ce développement, dépendent la paix et la stabilité mondiales, ce qui est dans l’intérêt de la communauté internationale de le garantir.  Enfin, des fonds prévisibles et durables doivent être alloués aux opérations de paix conduites par l’Union africaine, après évaluation au cas par cas des besoins par l’ONU.

Ces questions et notamment la centralité de la diplomatie préventive, la prévention et la résolution des conflits, seront au cœur de la réunion ministérielle organisée à l’appui de l’initiative Faire taire les armes, qui se tiendra à Malabo en novembre prochain et à laquelle seront invités, parmi d’autres, les membres du Conseil, a précisé la Guinée équatoriale.

Il y a consensus sur le rôle des Africains dans la résolution des conflits sur le continent, a affirmé Mme KELLY KRAFT (États-Unis), en regrettant que ce débat revienne sans cesse depuis 25 ans sans avancer.  « Il existe un large consensus sur le fait que la prévention, la gestion ou la résolution des conflits en Afrique exigent que les Africains eux-mêmes donnent le cap, en orientant les processus de paix et en favorisant la conciliation avec les parties prenantes locales.  Des parties extérieures telles que les États-Unis peuvent contribuer en fournissant un soutien pour faire avancer la recherche de la paix, mais la paix ne peut être imposée de l’étranger.  Pourtant, les conflits en Afrique ont des ramifications internationales, évidentes dans les flux de réfugiés et les dommages environnementaux, par exemple, mais aussi en termes purement humanitaires.  Un large consensus existe également selon lequel le vieil adage « mieux vaut prévenir que guérir » s’applique particulièrement aux conflits en Afrique, a souligné la représentante.

« Ces mots n’ont pas été écrits récemment.  Ils n’ont pas été écrits cette année, ni même cette décennie.  Ils proviennent d’un rapport de 1994 de l’Institut de la paix des États-Unis sur la prévention des conflits en Afrique.  Vingt-cinq ans plus tard, on en parle toujours? Allons-nous continuer à avoir la même conversation? Sommes-nous satisfaits de cela? », s’est interrogée Mme Kraft.  Ce Conseil se réunit pratiquement toutes les semaines pour débattre des régions du monde touchées par les conflits et l’instabilité.  Mais trop souvent, nous publions des déclarations, imposons des sanctions, créons des commissions et établissons des missions de maintien de la paix pour régler les conflits après leur éclatement.  S’il y a un message que je souhaite communiquer, c’est ce que le Conseil peut –et devrait– faire pour régler les conflits avant qu’ils n’éclatent.

Elle a donc proposé quatre mesures à prendre avant le conflit.  Premièrement, a plaidé la délégation américaine, nous devrions utiliser des résolutions et des déclarations pour cibler les facteurs de conflit: « Nos résolutions doivent organiser des actions spécifiques axées sur les causes profondes - pas seulement rassembler des mots agréables sur le papier. »  Deuxièmement, nous devrions utiliser les systèmes d’alerte précoce et les outils analytiques à notre disposition, en veillant à nous concentrer sur les domaines dans lesquels un conflit pourrait émerger, « pas seulement là où il se trouve déjà ».  Troisièmement, a poursuivi Mme Kraft, étant donné que les pays voisins portent souvent le fardeau des retombées des conflits, la coordination avec les organismes régionaux et sous-régionaux devrait être renforcée.  Enfin, le Conseil de sécurité doit continuer à intégrer les femmes, la paix et la sécurité dans tous ses travaux car, « comme le Président Trump nous l’a rappelé dans ses remarques devant l’Assemblée générale, les pays qui autonomisent les femmes sont plus riches, plus sûrs et plus stables politiquement ».

Une grande partie de l’engagement bilatéral des États-Unis sur le continent est axée sur la diplomatie préventive.  Au Burkina Faso, les États-Unis mettent à l’essai un programme de 13,5 millions de dollars visant à prévenir les conflits.  Et plus tard ce mois-ci, une délégation américaine se rendra au Burkina Faso pour développer une programmation aux côtés du Gouvernement, de la société civile et d’autres partenaires locaux et internationaux.  Washington investit également des millions de dollars dans l’aide au développement chaque année pour compléter leurs efforts diplomatiques, ainsi qu’une assistance technique à l’UA, à la CEDEAO et à plusieurs États Membres dans le cadre de notre soutien au système d’alerte précoce continental. 

M. PAWEŁ RADOMSKI (Pologne) a déploré que la diplomatie préventive ne soit pas toujours reconnue comme un outil indispensable du travail du Conseil de sécurité, en dépit de son rôle primordial.  Pour autant, la diplomatie préventive ne peut à elle seule résoudre les crises.  Pour la Pologne, le développement économique doit être un des outils de la prévention des conflits.  À cette fin, il faut mobiliser toutes les ressources, y compris les ressources privées, pour permettre un développement économique, facteur de paix.

M DIAN TRAINSAYAH DJANI (Indonésie) a déploré que le Conseil et la communauté internationale soient souvent trop occupés à réagir aux conflits pour avoir le temps de les prévenir car cette approche n’est pas soutenable et trop coûteuse.  Se tourner vers une culture de la prévention est donc une nécessité et une approche doit être adoptée en ce sens.  Le Conseil peut ainsi renforcer sa coopération avec les autres branches du système des Nations Unies pour adopter approche globale.  En effet l’ONU ne manque pas d’outils de prévention, a fait observer le représentant, en citant les exemples du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui œuvrent à la promotion de la bonne gouvernance. 

Cependant, l’ONU ne peut agir seule pour prévenir et résoudre les conflits en Afrique, a poursuivi le représentant.  Alors que les peuples aspirent à un continent à l’abri des conflits, les organisations régionales et sous régionales jouent un rôle croissant et il faut garantir et consolider avec elles un partenariat robuste.  Pour l’Indonésie, il convient d’évaluer les avantages comparatifs de chacune de ces organisations, qui ont une connaissance sans pareil des conflits et des parties prenantes sur le continent.  Elles ont pour elles la proximité géographique et aussi un intérêt à résoudre les crises dès que les premiers signes de tension sont identifiés. 

Ceci impose que l’ONU les écoute et travaille avec elles.  De même, l’ONU doit veiller à toujours apporter son expertise politique et son soutien logistique aux missions de l’Union africaine, ainsi que des ressources adéquates, afin que l’Union africaine puisse assumer ses responsabilités, notamment par ses missions de paix.

Enfin l’ONU et les organisations régionales doivent conjuguer leurs efforts dans les missions de médiation et aider l’Afrique à développer les médiations régionales.  À cet égard, le représentant a estimé que l’Union africaine et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) -dont les membres travaillent beaucoup en matière de prévention- avaient beaucoup à apprendre l’une de l’autre.  Mais les organisations régionales ont une action limitée si le Conseil ne fait pas de son côté le nécessaire pour maintenir la paix, a conclu le représentant. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA, (Afrique du Sud) a cité Nelson Mandela, qui avait écrit depuis sa prison de Robin Island: « Quand nous aurons combattu et réduit ce pays en cendre, nous devrons nous asseoir ensemble et parler des problèmes de la reconstruction – l’homme noir et l’homme blanc, l’Africain et l’Afrikaner » Il y a vu un parfait résumé des mérites de la diplomatie préventive. 

Le représentant a salué les médiations conjointes Nations Unies - Union africaine, notamment en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Soudan.  Il s’est félicité de la récente mise en œuvre du fonds pour la paix de l’Union africaine, dont la dotation actuelle s’élève à 115 millions de dollars, ce qui renforcera ses capacités de médiation et de prévention des conflits, a-t-il estimé.  « On ne pourra jamais assez souligner le rôle des femmes et des jeunes dans la prévention et la résolution des conflits », a-t-il ajouté par ailleurs. 

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a déclaré que l’expérience de son pays tout comme celle du Soudan, témoignaient des succès que la médiation peut obtenir sur le chemin de la paix.  Depuis la création de l’ONU et du Conseil de sécurité, la nature des conflits a changé, a ensuite fait observer le représentant.  De ce fait, les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent s’adapter.  Le Conseil de sécurité ne doit plus seulement être réactif; il doit être proactif et jouer un rôle préventif dans les conflits.  C’est pourquoi il est important d’identifier les causes externes des conflits, comme les changements climatiques ou l’insécurité alimentaire, et de s’y attaquer.  La Namibie est en outre en faveur d’une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine.  Cette coopération doit se traduire aussi par un financement pérenne et prévisible des opérations de paix conduites par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de sécurité, a-t-il plaidé.

M. Gertze a ensuite rappelé que c’est durant la présidence namibienne du Conseil de sécurité, que ce dernier a adopté, à l’unanimité sa résolution 1325 (2000) sur les femmes, la paix et la sécurité.  Pour cette raison, la Namibie continue de plaider pour l’intégration des femmes dans les processus de paix.  Une étude de l’International Peace Institute montre que les femmes y sont impliquées, 35% des accords de paix ont des chances de durer 15 ans au moins, a-t-il conclu. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a dit fermement croire que la prévention des conflits et la médiation étaient des outils essentiels pour la stabilité, la paix et le développement.  Pour cette raison, il croit à la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, tout comme au besoin de financement pérenne et prévisible des opérations conduites par l’Union africaine et autorisées par le Conseil de Sécurité. 

Le représentant a également dit croire en l’inclusivité et en la construction de consensus nationaux pour la résolution de conflits intra-étatiques.  « La paix ne dure que si le développement est inclusif, que si la sécurité des citoyens est garantie, que si les jeunes et les femmes sont activement impliqués dans les processus de prises de décisions et si les barrières entravant leur potentiel économique sont levées », a-t-il insisté, ajoutant qu’il fallait écouter les aspirations des populations, notamment des jeunes et des femmes.

M. Amde a ensuite observé que, dans certains pays en conflit, l’absence d’État, d’infrastructures, tout comme la corruption et la mauvaise gouvernance avaient poussé nombre de jeunes dans les mains des groupes terroristes.  Il est par conséquent crucial de continuer à investir dans la jeunesse, dans la bonne gouvernance et dans la capacité des États et dans les communautés locales. 

En ce qui le concerne, l’Éthiopie reste engagée à mettre en œuvre l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, et l’initiative « faire taire les armes d’ici à 2020 ».  L’Éthiopie est en outre championne de la mise en œuvre des objectifs du mécanisme d’alerte et de réponse précoce de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui vise à prévenir les conflits violents, a indiqué le représentant. 

Mme JEANNE D’ARC BYAJE, Observatrice permanente de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale - CEEAC,  a rappelé que la région était le théâtre de toutes sortes de conflits récurrents dont les racines remontent à la période 1992-1998, quand sept des 11 États membres de l’organisation avaient connu des guerres violentes et des génocides qui l’avaient obligée à choisir de nouvelles orientations. 

Auparavant centrée sur la promotion de la coopération et le développement économique, la CEEAC a changé d’objectif en 1999 avec la création du COPAX, son conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale, qui se concentre sur la prévention des conflits et les mécanismes d’alerte rapide, a expliqué l’Observatrice permanente.

Cependant, prévenir des conflits de nature différente dans cette région en ébullition s’est avéré très ardu et impose de se pencher sur des problèmes systémiques, notamment liés à la gouvernance, a expliqué Mme Byaje.  Ainsi, les tensions ont tendance à augmenter durant les processus électoraux; la criminalité, le terrorisme et les migrations qui en découlent dévorent les ressources qui devraient être dévolues au développement; des traditions anciennes comme le pastoralisme, sont devenues des sources de conflits, ainsi que l’apparition de groupes armés venus piller les ressources naturelles.

La collaboration de tous les acteurs régionaux est indispensable pour lutter contre la prolifération des armes légères et pour lutter contre ces défis, a poursuivi Mme Byaje.  La prévention des conflits doit aussi évoluer et devenir plus complexe et sophistiquée.  C’est pourquoi les organisations régionales essaient de creuser d’autres pistes endogènes.  Des progrès ont ainsi pu être réalisés grâce à des missions de bons offices qui ont permis de réduire les hostilités, parfois de résoudre les crises politiques.  L’engagement des Nations Unies et de l’Union européenne a été essentiel aux côtés des organisations régionales en République centrafricaine, en République démocratique du Congo ou au Cameroun.

La CEEAC renforce actuellement son architecture avec son Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC) et la Force multinationale d’Afrique centrale ,qui ont l’avantage d’être proches du terrain, a encore expliqué l’Observatrice permanente.  Mais, les processus de prises de décisions sont trop lents, qui réclament le feu vert de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement.  De même, le manque de ressources logistiques, humaines et financières constitue une entrave à la capacité de réaction de l’organisation.  Pour relever ces défis, la CEEAC appelle ses partenaires financiers à renforcer leur coopération et à soutenir ses initiatives.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Représentante permanente de l’Union africaine auprès des Nations Unies, a déclaré qu’aucune organisation à elle seule n’était en mesure de répondre à toutes les transformations et évolutions et des défis auxquels la communauté internationale ou l’Afrique sont confrontées.  C’est dans ce contexte que la coopération et la diplomatie préventive sont nécessaires, a-t-elle dit.  Poursuivant, elle a déclaré que l’Union africaine avait développé des mécanismes montrant les avantages comparatifs de son action et expertise.  Ainsi, elle s’est dotée d’outils et de mécanismes de prévention et de diplomatie, notamment l’Architecture africaine de paix et de sécurité et le Groupe des sages qui, depuis son établissement en 2007, a beaucoup contribué à la paix sur le continent.  La commission de l’UA dispose en outre d’une unité de la médiation, ainsi que 13 bureaux de liaison établis sur l’ensemble du continent, a encore fait valoir Mme Mohammed.

En outre, les partenariats stratégiques gagnent également en importance, notamment avec le Cadre de coopération entre l’UA et l’ONU signé en avril 2017, en plus des réunions consultatives entre l’Union africaine et le Conseil de sécurité qui renforcent la capacité collective à évaluer les défis et les moyens de les aborder.  L’adoption de la résolution 2457 (2019) sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité (Faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020) est encore un exemple du renforcement de ces partenariats stratégiques, a-t-elle plaidé. 

Par ailleurs, pour la représentante, la question de la participation des femmes aux processus de paix et de résolution des conflits est également prise à cœur par l’Union africaine, comme le montrent les initiatives FemWise-Africa et Youth for Peace, tout comme la désignation par le Président de la commission de l’Union africaine d’une Envoyée spéciale pour la jeunesse.  Dans une autre mesure, des démarches de diplomatie préventive, visant à éviter les conflits, ont été lancées au Cameroun, au Soudan, en Libye ou encore dans la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs, a indiqué en conclusion la représentante, pour s’en féliciter.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission confrontée aux préoccupations de certains États sur le recul des droits des femmes

Soixante-quatorzième session,
7e & 8e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4261

La Troisième Commission confrontée aux préoccupations de certains États sur le recul des droits des femmes

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé, aujourd’hui, l’examen de la question de la promotion de la femme, l’occasion pour plusieurs délégations d’exprimer leurs vives préoccupations à la perspective d’un recul des acquis obtenus par les femmes, parfois « même au sein des Nations Unies ».  L’émergence de nouvelles formes de violence sexiste a également suscité de nombreuses inquiétudes. 

Relevant la tendance, notamment dans les enceintes internationales, d’un nouveau discours qui cherche à défaire les progrès sociaux et normatifs des dernières décennies, le Luxembourg a indiqué que d’ici les 10 prochaines années, les droits des femmes et des filles auront régressé, au lieu de progresser.  « Pire, au regard du rythme de progression actuel, il faudra 108 ans pour arriver à la parité entre les sexes! » a prévenu la délégation, appuyé par le Royaume-Uni.

Les pays nordiques, par la voix de la Finlande, se sont plus particulièrement inquiétés de la remise en question de la reconnaissance des droits à la santé sexuelle et reproductive et des acquis internationaux en la matière, une tendance notamment observée, a relevé la Suisse, lors des négociations sur la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.

Les voix qui s’élèvent pour nier aux femmes le contrôle de leurs corps et de leur sexualité sont inconcevables, alors qu’un « nombre atterrant » de femmes continuent de perdre ou de risquer leur vie à cause de leur manque d’accès à ces droits, s’est alarmé le Mexique.

Nombre de délégations se sont également souciées de l’apparition de nouvelles formes de violence à la faveur des avancées technologiques, à commencer par le harcèlement sur Internet et autres formes de violence en ligne.  Plusieurs intervenants ont encouragé les femmes et les filles à diffuser des messages de nature à déconstruire les clichés et stéréotypes et ont, d’une manière plus générale, insisté sur la nécessité d’associer les hommes et garçons au combat en faveur de la parité. 

La problématique de la violence en ligne a également été soulignée par la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Hilary Gbedemah, dans sa réponse aux critiques de la Fédération de Russie qui a pointé les « tentatives » du Comité d’imposer « unilatéralement » de nouvelles obligations aux États parties.  Mme Gbedemah a notamment fait observer que lors de la naissance de la Convention, il y a 40 ans, certaines problématiques n’existaient pas, à commencer par le harcèlement en ligne, les changements climatiques et les questions liées à la migration.

Au cours de cette session, les États Membres ont également dialogué avec la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, Mme Dubravka Šimonović, qui a présenté un rapport consacré à la violence obstétricale et pendant l’accouchement.

« Les femmes sont soumises à de mauvais traitements et à la violence même au cours des moments les plus délicats de leur vie, notamment lorsqu’elles ont un enfant », a-t-elle déploré, relevant que les actes de violence commis dans le cadre de soins de santé obstétrique sont souvent tus en raison du « tabou et du silence qui entourent cette question ». 

Les délégations ont aussi entendu la Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, souligner que les préparatifs du vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, prévu en 2020, exige une volonté politique renouvelée pour honorer les engagements pris à l’occasion de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. 

« Face à la recrudescence des menaces, il est indispensable de progresser dans l’élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l’égard des femmes et des filles partout dans le monde.  Il faut faire entendre leurs voix, et appuyer leur participation et leadership », a-t-elle insisté. 

La Troisième Commission poursuivra son débat sur la promotion de la femme le lundi 7 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION DES FEMMES

Promotion des femmes (A/74/38, A/74/137, A/74/224, A/74/235)

Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/220, A/74/222)

Déclarations liminaires, suivies d’une séance de questions-réponses

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a déclaré que face à la remise en question de leurs acquis des femmes en termes de leurs droits, les préparatifs du vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, prévu en 2020, exigent une volonté politique renouvelée pour honorer les engagements pris à l’occasion de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, le Programme 2030 et la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité.

Face à la recrudescence des menaces, a-t-elle dit, il est indispensable de progresser dans l’élimination de toutes les formes de discriminations et de violence à l’égard des femmes et des filles partout dans le monde.  Il faut, a-t-elle insisté, faire entendre leurs voix, et appuyer leur participation et leadership.

Annonçant que les préparatifs pour le vingt-cinquième anniversaire vont bon train, la Directrice exécutive a indiqué avoir reçu 158 rapports nationaux tandis que les cinq commissions régionales veillent au processus d’examen régional conduisant aux réunions intergouvernementales de fin octobre et début novembre prochains.  Elle a félicité l’Assemblée générale pour avoir convenu des modalités de sa réunion de haut niveau Beijing+25 qui se tiendra le 23 septembre 2020.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a également évoqué le Forum de la société civile « Génération égalité » conjointement présidé par la France et le Mexique qui débutera à Mexico, en mai 2020, pour s’achever à Paris en juillet dans le but d’appuyer la nécessité urgente d’action et d’obligation redditionnelle dans le domaine de l’égalité des sexes.  Le Forum « célébrera le pouvoir du militantisme, de la solidarité féministe et du leadership des jeunes pour opérer un changement transformateur », a-t-elle commenté.  Elle a précisé que le Forum débouchera sur une série de coalitions pour l’action, qui sont des partenariats novateurs de la société civile, des États Membres, des business et d’autres parties prenantes.

Mme Mlambo-Ngcuka a ensuite présenté quatre rapports dont est saisie la Troisième Commission au titre du point 26 sur la Promotion des femmes.  Le rapport sur les Mesures prises et progrès réalisés dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/222) montre que 72% des rapports du Secrétaire général soumis à l’Assemblée générale contiennent une perspective de genre, ce qui est un nouveau record, a-t-elle opiné.  Le pourcentage des résolutions de l’Assemblée générale incluant une telle perspective demeurant cependant en-dessous de 50%, elle a appelé cet organe à une intensification des efforts pour faire figurer des recommandations sensibles à l’égalité des sexes dans toutes ses résolutions.

Quant au rapport du Secrétaire général « Amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies » (A/74/220), il révèle que la proportion de ces dernières au niveau professionnel et des hauts fonctionnaires est passée de 42,8% en 2015 à 44,2% deux ans plus tard.  Des défis persistent néanmoins aux niveaux P5, D1 et D2, ainsi que dans les opérations de maintien de la paix.

D’autre part, un sondage mené auprès des points focaux pour le genre a révélé que les principaux obstacles à la parité sont notamment l’évolution professionnelle inadéquate pour le personnel aux échelons moyens; l’absence de reddition de comptes pour les décisions relatives au recrutement; des questions liées à la culture institutionnelle; et le manque de mesures spéciales.

« Dans le souci d’une amélioration durable du statut de la femme au sein du système onusien, il est indispensable de transformer la culture institutionnelle de sorte qu’elle embrasse l’égalité, supprime les stéréotypes et soit inclusive pour l’ensemble du personnel », a voulu la Directrice exécutive.  À cet égard, elle a invité à consulter les bonnes pratiques figurant dans les Lignes directrices pour la création d’un environnement porteur dans le système des Nations Unies (Enabling Environment Guidelines for the United Nations System Directives), lancées par le Secrétaire général en mars 2019.

Le rapport du Secrétaire général « Violence à l’égard des travailleuses migrantes » (A/74/235) met l’accent sur le potentiel de la migration dans la promotion de l’autonomisation économique des femmes mais confirme que l’absence de processus de migration sûrs et réguliers et l’existence de mesures législatives restrictives peuvent accroître les risques de violence, parfois multiples, à l’encontre des travailleuses migrantes, s’agissant en particulier de la migration irrégulière.

Mme Mlambo-Ngcuka a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général « Amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural » (A/74/224) qui met l’accent sur les impacts significatifs des changements climatiques sur les femmes rurales et sur leurs communautés, exacerbés par les inégalités fondées sur le sexe.  Ce document passe aussi en revue les efforts déployés pour renforcer la résilience et les capacités adaptives des femmes et des filles rurales face aux changements climatiques.  Il fait également la lumière sur les écarts significatifs dans la disponibilité de financement climatique sexospécifique et de données sur les femmes et filles rurales.

La Directrice exécutive a en outre attiré l’attention sur l’Étude mondiale sur le rôle des femmes dans le développement (A/74/111), qui sera examiné en octobre par la Deuxième Commission, et qui porte sur l’importance de la lutte contre la pauvreté de revenu et la pauvreté en temps des femmes au regard du développement durable.

Elle a aussi cité le rapport d’ONU-Femmes sur les progrès des femmes dans le monde consacré en 2019 aux « Familles dans un monde en pleine évolution ».

Dialogue interactif

Le Japon a salué la récente campagne sur l’égalité générationnelle lancée par ONU-Femmes et a souhaité connaître l’élément clef pour travailler avec les militants des droits des femmes de la nouvelle génération. 

À son tour, le Guatemala s’est préoccupé du sort des femmes appartenant à des minorités, constatant en outre que les femmes font souvent face à la violence du fait de leurs origines sociales ou ethniques.  De son côté, la Colombie a déploré l’inégalité entre les hommes et les femmes dans l’accès aux ressources naturelles et aux biens de production.  Elle s’est, en revanche, félicitée de figurer dans le rapport du Secrétaire général s’agissant de l’intégration des perspectives sexospécifiques dans l’approche de phénomènes comme les changements climatiques.

Soulignant que l’inclusivité est synonyme d’harmonie et qu’elle ne peut, par conséquent, exclure la moitié de sa population des processus de prise de décisions, la Namibie a fait part de son action pour promouvoir la parité jusqu’au plus haut niveau de l’État.

Enfin, le Libéria a attiré l’attention de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes sur le manque de capacité du pays pour intégrer des perspectives liées à la parité et a appelé à une plus forte assistance en matière d’expertise technique. 

Réagissant à ces observations, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka a souligné que l’action de la nouvelle génération de militants sur le chemin de l’égalité homme-femme est « cruciale », notamment à l’approche du vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing.  C’est pour cela, qu’en plus des États Membres, nous travaillons avec la société civile, a-t-elle expliqué.  Nous mettons également en exergue l’importance de la participation des jeunes aux fora des parties prenantes afin d’encourager la coopération intergénérationnelle.

Elle a ensuite indiqué que la session de l’année prochaine permettra d’examiner la mise en œuvre de la plateforme de Beijing et sera l’occasion pour les jeunes de travailler avec leurs aînés.  Pour elle, les jeunes sont d’ores et déjà des moteurs du changement.  Il y a 25 ans, le monde a été témoin de la naissance d’une génération de militants qui se sont engagés pour faire avancer la condition de la femme et, aujourd’hui, une nouvelle génération va reprendre le relais pour terminer le travail entamé, a-t-elle affirmé.

Mme Mlambo-Ngcuka s’est également félicitée de l’accent mis par les États Membres sur les changements climatiques dans le traitement de cette problématique et la nécessité de lutter contre les discriminations.  Elle a aussi évoqué le Plan d’action à l’échelle du système des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’avancement des femmes (SWAP).

Mme HILARY GBEDEMAH, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a rappelé que cette année marque le quarantième anniversaire de l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, « seul traité international quasi universel qui protège les droits des femmes ».  Si cette Convention a été un vecteur de changement dans presque toutes les sociétés du monde, Mme Gbedemah a rappelé qu’il reste un long chemin à parcourir pour atteindre une égalité réelle des femmes et des hommes dans tous les domaines de la vie.

Les femmes continuent d’être sous-représentées dans les organes de décision nationaux et gouvernements locaux, dans les parlements et dans le secteur privé, a-t-elle déploré.  L’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs restent limité pour la plupart des femmes et des filles.  Et la violence sexiste à l’égard des femmes et des filles, notamment les pratiques néfastes et la violence sexuelle en période de conflits, se poursuit sans relâche dans de nombreuses régions du monde, tandis que les auteurs de ces crimes vivent en toute impunité.

Mme Gbedemah a ensuite indiqué qu’au cours de l’année écoulée, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a continué d’encourager les États parties à produire un rapport sur les mesures prises pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a également poursuivi ses travaux relatifs à une recommandation générale sur la traite des femmes et des filles dans le contexte de la migration mondiale.  En novembre 2019, le Comité mettra en ligne le premier projet de recommandation générale invitant les États parties et autres parties prenantes à présenter leurs observations.  Il est également envisagé de mener de nouvelles consultations au niveau régional, a-t-elle ajouté.

Mme Gbedemah a également informé la Troisième Commission que le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a pu, au cours de l’année écoulée, renforcer ses partenariats avec d’autres mécanismes de protection des droits de l’homme, citant tout particulièrement la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, et le Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Il a aussi publié une déclaration conjointe sur les droits de l’homme et les changements climatiques avec le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Comité pour les travailleurs migrants, le Comité des droits de l’enfant et le Comité des droits des personnes handicapées.

En ce qui concerne le renforcement des organes de traités, le Comité a adopté une décision en juillet 2019 levant l’obligation faite aux États souhaitant bénéficier des procédures simplifiées de soumissions de rapports, de présenter un document commun.  Mme Gbedemah a également rappelé que la résolution 68/268 de l’Assemblée générale condamne fermement tous les actes d’intimidation et de représailles contre des individus et des groupes en raison de leur contribution au travail des organes traitant des droits de l’homme.

La Présidente du Comité a par ailleurs évoqué les avantages considérables à mener des dialogues avec les États sur le plan régional par l’intermédiaire de petites équipes d’experts du Comité.  Elle a également insisté sur l’importance de disposer de ressources adéquates et de bénéficier de l’appui des États Membres.

Elle a indiqué avoir été informée, le 30 avril, de la décision de l’Assemblée générale de réduire de 25% les frais de déplacement des experts de haut niveau, ce qui aurait contraint le report des travaux des Comités qui ont une troisième session.  Fort heureusement, une solution provisoire a pu être trouvée, a-t-elle indiqué.  Mais tel report aurait représenté une grave menace pour la crédibilité des organes de traités des droits de l’homme car les comités auraient été contraints de reporter l’examen de 68 plaintes individuelles alléguant de graves violations.  Elle a appelé à trouver une solution durable au problème pour permettre aux sessions du Comité et aux visites de pays du Sous-Comité sur la prévention de la torture de se dérouler comme prévu.  Évoquant les problèmes de liquidités de l’ONU, elle a appelé les États Membres à honorer leurs responsabilités.

Dialogue interactif

L’Union européenne a pris note de la proposition du Comité d’associer la société civile à l’élaboration des rapports et a souhaité savoir comment le Comité prévoyait d’assurer la participation des ONG et des défenseurs des droits à ses travaux.

L’Allemagne s’est inquiétée, dans un premier temps, des attaques subies par le Comité de la part de « certains États Membres.  La délégation a ensuite relevé la persistance de nombreuses discriminations et stigmatisations s’agissant de la menstruation et de l’hygiène menstruelle et voulu savoir comment la Présidente du Comité entendait traiter de la santé menstruelle dans le cadre de ses travaux.  

Le Japon s’est interrogé sur les difficultés rencontrées par la Présidente pour assurer la bonne mise en œuvre de son mandat, tandis que le Libéria a assuré qu’il respectera ses obligations en matière de suivi.

La Fédération de Russie a jugé inacceptables les tentatives du Comité d’imposer « unilatéralement » de nouvelles obligations aux États parties.  Elle a également fustigé la pratique « viciée » des commentaires généraux et des procédures de suivi qui, a-t-elle affirmé, ne sont pas stipulées par la Convention.  Elle a appelé le Comité à mettre un terme aux « dérives » existantes, pointant notamment l’écart grandissant entre la présentation des rapports et la défense des États qui est actuellement de plus d’un an.  Elle lui a demandé de faire la lumière sur les possibilités de révisions de ces modalités.

La Norvège a considéré de la plus haute importance que les efforts des pays en matière de respect des conventions soient supervisés par des organes indépendants ayant une haute expertise dans leur domaine.  Enfin, elle a voulu savoir quelles étaient les mesures prises par le Comité pour répondre au paragraphe 38 de la résolution 68/268 de l’Assemblée générale qui encourage les organes conventionnels à renforcer le rôle de leurs présidents en matière de procédure, notamment dans la formulation de conclusions sur des questions relatives aux méthodes de travail.    

Préoccupé par les tentatives visant à faire reculer les droits des femmes « durement acquis », observées ces derniers mois au sein d’instances multilatérales, dont les Nations Unies, le Royaume-Uni a demandé quel rôle le Comité comptait jouer pour lutter contre ces discours.

S’agissant de l’interaction du Comité avec les ONG, Mme HILARY GBEDEMAH, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, a indiqué qu’elle veillait à ce que ces organisations puissent travailler de manière novatrice avec lui et a insisté sur l’importance de leur contribution.  « Nous nous assurons que les ONG travaillent dans un espace sûr », notamment en ayant recours aux technologies.  Elle a également indiqué, en ce qui concerne le problème de la traite des femmes et des filles, que le Comité avait travaillé dans toutes les régions du monde et écouté les observations de sorte à identifier les particularités régionales et en comprendre les répercussions.  Il s’agit également pour elle de s’assurer que les défenseurs des droits des femmes ne paient pas le tribut pour leur travail.

Pour ce qui est des stigmatisation et intimidation des femmes et des filles en période menstruelle, Mme Gbedemah a fait observer que de tels actes d’intimidation étaient courants à l’école et dans le milieu universitaire, et a précisé que la Convention contient une disposition à ce sujet.  La question de l’hygiène menstruelle ne devrait pas être un obstacle à l’éducation, c’est pourquoi nous sensibilisons les « établissements scolaires » sur cette question.

La Présidente du Comité a ensuite expliqué que les principaux défis rencontrés dans l’exercice de son mandat étaient liés aux ressources.  Un autre défi, a-t-elle relevé, est lié à un certain recul vis-à-vis des droits des femmes.  Dans ce contexte, « nous engageons un dialogue interactif avec tous les acteurs et poursuivrons cette démarche jusqu’à ce que tous les droits des femmes soient respectés dans leur entièreté ».

Mme Gbedemah a aussi dit avoir pris « bonne note » des remarques de la Fédération de Russie, tout en faisant observer que certaines problématiques n’existaient pas lors de la naissance de la Convention, il y a 40 ans.  Elle a notamment cité la violence en ligne, les changements climatiques et les questions liées à la migration.  Elle a également estimé important que les États Membres « nous donnent des lignes directrices » sur ces questions.  À la Norvège, elle a souligné que le Comité œuvre à rationaliser les procédures pour simplifier l’action des divers acteurs et éviter tout « doublon superflu ».

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, a tout d’abord jugé nécessaire d’établir au niveau institutionnel la plateforme des mécanismes régionaux indépendants de droits des femmes sur l’élimination de la violence faite aux femmes (Plateform of UN regional independent women’s human rights mechanisms on the elimination of violence against women, MEVAW).

Elle a ensuite présenté son rapport thématique consacré à l’adoption d’une approche basée sur les droits de l’homme pour faire face à la maltraitance et à la violence à l’égard des femmes dans les services de santé reproductive, lequel met l’accent sur la violence obstétricale et pendant l’accouchement.

« Les femmes sont soumises à de mauvais traitements et à la violence même au cours des moments les plus délicats de leur vie, comme lorsqu’elles ont un enfant », a dénoncé Mme Šimonović.  Elle a indiqué que depuis la publication, en 2015, d’une déclaration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur les mauvais traitements lors de l’accouchement dans des établissements de soins, de nouveaux mouvements sociaux ont démontré que la maltraitance et la violence pendant l’accouchement sont répandues et enracinées dans les systèmes de santé du monde entier.  Il est donc nécessaire, non seulement de parler de cette question, mais aussi que les États agissent, a-t-elle affirmé.

Elle a expliqué que la violence à l’égard des femmes pendant l’accouchement ne doit pas être considérée comme un épisode sporadique, mais que cela fait partie d'un continuum de la violence sexiste qui se produit dans le contexte plus large de l’inégalité structurelle, de la discrimination et du patriarcat.  Cette forme de violence résulte également d’un manque d’éducation et de formation, ainsi que d’un manque de respect pour la dignité des femmes, l’égalité et les droits humains.

Face à ces formes de maltraitance et de violence, les femmes deviennent les victimes de systèmes de santé défaillants confrontés à des contraintes de temps et des réductions budgétaires, ainsi que des conditions de travail des agents de santé.  Des lois discriminatoires et des stéréotypes sexistes nuisibles sur le rôle « naturel » des femmes dans la société et la maternité jouent un rôle au cours de l’accouchement et contribuent à limiter l’autonomie des femmes.  Ces stéréotypes nuisibles sont en outre justifiés par la conviction que l’accouchement est un événement qui exige de la souffrance de la part de la femme ce qui, a-t-elle expliqué, conduit à une « normalisation » de la maltraitance.  Elle a également vu dans la relation praticien-patient une autre cause fondamentale de la maltraitance et de la violence, tout comme la doctrine de la nécessité médicale, qui est souvent utilisée pour justifier les mauvais traitements durant l’accouchement.

Mme Šimonović a appelé aux États à respecter la Déclaration sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, qui appelait les États à poursuivre une politique d’élimination de la discrimination et la violence basée sur le genre à l’égard des femmes, y compris dans le domaine de la santé.  La Rapporteuse spéciale a également expliqué avoir recommandé aux États de développer des stratégies nationales de santé reproductive appropriées, et de mener des enquêtes indépendantes sur les allégations de maltraitance et de violence basée sur le genre dans les établissements de soins.  Elle a rappelé qu’en vertu du droit international, les États ne peuvent échapper à leur responsabilité de s’attaquer aux violations commises par des institutions de santé.  Elle a également recommandé aux États Membres d’établir des mécanismes de redevabilité fondés sur les droits de l’homme pour garantir une réparation aux victimes de maltraitance et de violence.

Poursuivant, Mme Šimonović a indiqué que la maltraitance et la violence à l'égard des femmes dans les centres de santé reproductive et pendant l’accouchement peuvent laisser des cicatrices durables sur une femme.  Le tabou et le silence qui entourent cette question ont permis à des violations de perdurer, a-t-elle déploré.

Elle a également évoqué le phénomène mondial du féminicide, et a engagé les États à établir des mécanismes de surveillance et à collecter des données sur le féminicide.

La Rapporteuse spéciale a ensuite fait état d’un manque d’harmonisation entre le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et son mandat et a appelé à une meilleure coopération, citant notamment la résolution 41/17 adoptée en juillet 2019 par le Conseil des droits de l’homme.

Dialogue interactif

L’Argentine a appuyé la proposition d’établir des observatoires du féminicide sur le plan international, appelant ensuite les États à prendre les problèmes de maltraitance dans les services de santé à bras le corps, notamment au moment de la grossesse et de l’accouchement.

En la matière, la Suisse a pointé la surreprésentation des hommes dans les services de gynécologie obstétrique et les lois et pratiques discriminatoires.  Elle a demandé à la Rapporteuse spéciale de fournir des exemples de bonnes pratiques en matière de récolte de données pour hisser ce type de violences au rang de priorité.

Déterminé à lutter contre la violence obstétricale, le Brésil a expliqué avoir une loi et un programme pour l’humanisation des soins prodigués à la mère et à l’enfant pendant tout le cycle de la maternité.

« Nous sommes également en train de faire tomber des tabous sur ces questions », a renchéri l’Irlande, qui a voulu pour preuve la stratégie nationale de 2016 pour la santé maternelle qui met l’accent sur le respect et le droit de décision éclairée des femmes.  Un système de prise en charge des femmes qui ont été victimes d’épisiotomie a aussi été mis sur pied.

Le Mexique s’est dit alarmé par les données fournies par Mme Šimonović et a appelé à adopter des mesures urgentes, en particulier en matière de violence obstétricale.  Il a également mis l’accent sur l’importance de disposer de données ventilées pour mieux apprécier l’augmentation des violences faites aux femmes.

Le Liechtenstein a appelé tous les acteurs institutionnels à intervenir pour éliminer la traite des êtres humains, fléau lucratif qui génère 150 milliards de dollars chaque année.  Il a aussi voulu savoir dans quelle mesure Mme Šimonović compte travailler avec d’autres acteurs que les gouvernements sur ce dossier et quel est le potentiel du secteur privé pour lutter contre ce fléau.

Cuba a regretté l’absence d’une analyse plus exhaustive des effets du manque de développement sur les services de santé.  À cet égard, elle a voulu en savoir plus sur l’influence de la pauvreté extrême sur ces violences. 

L’Union européenne a relevé que les mauvais traitements contre les femmes pendant l’accouchement se produisent dans le monde entier et dans tous les contextes, et a voulu savoir comment renforcer le mandat de la Rapporteuse pour améliorer la compréhension de ces violations des droits de l’homme.

Faisant état de son arsenal législatif en matière de protection des droits de femmes, la Slovénie a voulu obtenir d’autres exemples de lutte contre les violences subies pendant les soins, tandis que l’Afrique du Sud a demandé des précisions sur les stratégies nationales spécifiques mises en place dans le cadre de la santé génésique.

Le Maroc a voulu connaître les propositions de la Rapporteuse spéciale pour accroître cette participation et obtenir des exemples de bonnes pratiques applicables pour améliorer la collecte des données afin de lever certains tabous dans le monde médical.

« La femme doit être libre de disposer de son corps et de sa vie », a plaidé la Nouvelle Zélande, qui a voulu connaître le principal défi devant la levée des barrières sociales contre les droits des femmes.

Le Qatar a expliqué que les soins des femmes qataries sont entièrement couverts, de la gestation jusqu’à l’accouchement.

Le Royaume-Uni a mis en évidence la prévalence de la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles, en particulier de la part des partenaires intimes, et lors des conflits, pour ensuite interroger la Rapporteuse pour savoir quelle était son approche dans le traitement des différentes initiatives nationales et régionales visant la parité.

L’Australie a estimé que la question des complications durant l’accouchement ne devrait pas compromettre le bien-être physique et mental des femmes.  Les Pays-Bas se sont interrogés sur les conséquences du manque de consentement plein et éclairé, y compris une éducation sexuelle complète.  De son côté, la Norvège a appelé à pénaliser la violence domestique et à combattre les violences à l’égard des personnes handicapées.

La Fédération de Russie s’est opposée aux accouchements à domicile, estimant que c’est à l’État de les encadrer, car disposant de soins médicaux et de personnels de qualité.  À leur tour, les États-Unis ont appelé à la garantie de la sécurité de la mère et de l’enfant avant et après l’accouchement, mettant en garde contre les complications liées aux accouchements à domicile.  La délégation a également interrogé la Rapporteuse sur les garanties d’accès aux soins des femmes handicapées sur un même pied d’égalité que leurs congénères.  Le Canada a fait part de ses préoccupations sur les violences à l’égard des femmes, notamment en matière de santé génésique et sexuelle.

En réponse aux questions des délégations, Mme Dubravka Šimonović a insisté sur l’importance de briser les tabous et de promouvoir la protection des droits des femmes, en particulier pendant la période de maternité. 

S’agissant de la création d’observatoires des féminicides, la Rapporteuse spéciale a concédé que ces mesures prendront du temps pour se concrétiser.  « À l’ONU, les choses sont compliquées », a-t-elle commenté.  À ses yeux, « il est important que nous envisagions les défis communs auxquels nous sommes confrontés », appelant de ses vœux une coopération accrue avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) afin d’extraire les meurtres familiaux et les féminicides des données dont il dispose.  Sur la base de ces données, il sera alors possible d’analyser les relations entre les victimes et les auteurs, par exemple pour les crimes intimes, a-t-elle expliqué, y voyant aussi un moyen d’identifier les lacunes et de les combler. 

Évoquant les questions liées aux violences obstétriques, elle a déclaré que, dans le cadre de son mandat, elle s’employait à établir de nouvelles relations entre les défenseurs des droits de l’homme et les services de santé, avec notamment l’aide du Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population (FNUAP).  « Nous devons continuer à travailler ensemble », a-t-elle plaidé, jugeant utile de fusionner la protection des droits humains et le travail dans le domaine de la santé.  Elle a observé, à ce sujet, que la situation n’est pas la même dans tous les pays, relevant que dans un certain nombre d’États, on tolère des formes de maltraitance au moment de l’accouchement.  S’il existe des exemples de bonnes pratiques, les recommandations de l’OMS ne sont pas toujours respectées, a-t-elle regretté, citant en exemple la proportion des épisiotomies pratiquées.

Elle a par ailleurs noté que nombre d’ONG se plaignent de ne pas être écoutées sur ces questions.  De l’avis de la Rapporteuse spéciale, il est important de lancer le dialogue entre les gouvernements, les ONG, les universités et tous ceux qui expriment des préoccupations sur les violences à l’égard des femmes.  Mme Šimonović a lancé un appel en faveur d’un soutien accru à son mandat, notamment financier.  Elle a aussi souhaité que l’Assemblée générale s’inspire du fonctionnement du Conseil de l’Europe, dont l’assemblée parlementaire a adopté de recommandations sur ces questions à l’adresse des États.  

Enfin, en réponse à la Fédération de Russie, Mme Šimonović a assuré que son rapport ne faisait pas de recommandations types, mais se concentrait sur la violence obstétrique et appelait les États à permettre l’accouchement à domicile.  Pour la Rapporteuse spéciale, il faudrait donc que les États envisagent cette possibilité.

Débat général

Mme NADYA RIFAAT RASHEED, de l’État de Palestine, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a indiqué que la transversalité de l’approche genre dans tous les efforts de développement, et la réalisation de la pleine participation des femmes dans les sphères de la vie politique, économique et socioculturelle est cruciale pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Malgré les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et l’intégration de l’approche genre dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, de nombreux défis et lacunes persistent, et de nombreuses promesses et des engagements pris sont restés lettre morte, a-t-elle déploré. 

Mme Rasheed a relevé que la violence à l’encontre des femmes et des filles continue d’être un obstacle de taille à l’effectivité de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et filles.  Elle a demandé que des mesures soient prises afin d’éliminer toutes formes de violence sexiste, en particulier les féminicides, et d’assurer que les femmes handicapées, les filles, les jeunes, les autochtones, les afrodescendantes et les femmes âgées, ne soient plus l’objet de plusieurs formes aggravées de discrimination. 

Il est tout aussi important de procéder à une collecte de données ventilées en tenant compte de plusieurs facteurs dont le sexe, le revenu, l’âge, la race, l’ethnicité, le statut migratoire, le handicap et bien d’autres, a poursuivi la représentante.  De plus, la discrimination, la violence, les difficultés d’accès aux soins de santé primaires et à l’éducation et à la protection sociale sont parmi les obstacles majeurs des femmes et filles vivant dans des pays affectés par les conflits armés, en situation d’occupation étrangère, ou encore dans des pays en proie à des mesures coercitives unilatérales. 

Le Groupe des 77 a ensuite plaidé pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes en milieu professionnel, y compris l’accès inégal au marché du travail, l’inégalité salariale, ainsi que l’adéquation entre vie professionnelle et vie privée pour les femmes et les hommes.  Enfin, le G77 a dit espérer que la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, prévue le 23 septembre 2020, sera couronnée de succès et que tous les gouvernements prendront des mesures idoines en ce sens. 

Mme RITA MWALE (Zambie), au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est inquiétée de la situation des femmes en zone rurale qui assument seules le fardeau de leur vulnérabilité.  Pour elle, le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine sont des projets ambitieux et novateurs conçus justement pour répondre aux besoins de ces personnes les plus vulnérables. 

Mais il est difficile d’atteindre cet objectif sans volonté politique, sans financement et sans l’égalité des sexes et encore moins sans l’inclusion des femmes et filles vivant en milieu rural.  Celles-ci doivent être associées à tout le processus décisionnel, a-t-elle martelé.  Cela exige un engagement renouvelé et davantage d’investissements, a-t-elle souligné avant d’appeler les partenaires à débloquer des ressources supplémentaires. 

L’Afrique est un continent en grande partie rural, a-t-elle poursuivi, et il reste beaucoup à faire au regard des inégalités en termes des revenus et d’accès au marché du travail.  La représentante a notamment expliqué que la femme rurale est très active dans l’informel et ne bénéficie pas, par conséquent, de protection sociale.  Ces inégalités se manifestent également au niveau des outils de production, dans l’accès à la terre ainsi qu’au recours au crédit.  « Il faut autonomiser la femme rurale en lui permettant, notamment, de rester à l’école et de bénéficier de formations grâce à l’adoption de cadres ambitieux et transformateurs », a-t-elle affirmé.  C’est la voie idoine, selon elle, pour aller vers une agriculture et une pêche durables. 

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), M. COLLEN VIXEN KELAPILE (Botswana) a souligné que l’égalité entre les sexes est un droit fondamental et un axe de l’intégration régionale, de la croissance économique et du développement social.  L’un des objectifs directeurs de la SADC est d’intégrer la question du genre dans le processus d’édification des communautés, a-t-il ajouté.  Autonomiser les femmes donnerait plus de poids à nos communautés car elles ont un rôle essentiel à jouer dans nos sociétés et nos économies, a fait valoir le représentant. 

M. Kelapile a cependant reconnu que les inégalités entre les sexes restent fortes en Afrique australe en raison de l’accès encore limité des femmes aux moyens de production, à l’éducation formelle et au marché de l’emploi.  De plus, les femmes sont surreprésentées dans le secteur informel, où les revenus sont extrêmement faibles et les moyens de subsistance très précaires, a-t-il constaté, reconnaissant que « cette réalité hypothèque la contribution des femmes à notre développement ».  Pour répondre à ces inégalités, ce qui passe selon lui par l’élimination de toutes les violences liées au genre, la SADC a adopté différents instruments juridiques et programmatiques, notamment la Déclaration de 1997 sur le genre et le développement et son plan de développement stratégique régional révisé 2015-2020. 

Il s’est dit soucieux de faciliter la protection constitutionnelle et juridique des hommes comme des femmes, à un niveau égal, d’augmenter la participation et la représentation des femmes à tous les niveaux de décision, d’autonomiser les femmes économiquement et de prévenir les violences sexistes.  La SADC souhaite également réduire l’inégalité entre les sexes en matière de lutte contre le VIH/sida et entend accroître la participation des femmes aux efforts de maintien de la paix. 

Il a affirmé que la SADC avait fait des progrès remarquables en matière de promotion des droits des femmes dans la région, comme l’atteste sa ratification de textes cadres comme la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes et du Programme d’action de Beijing.  Plusieurs de ses États membres ont également amendé leur constitution et adopté de nouvelles lois pour garantir des droits égaux aux femmes, a-t-il indiqué, concédant toutefois que la région reste confrontée à des défis importants comme les mariages précoces, l’impact de la pandémie de VIH/sida, les maladies transmissibles et non transmissibles ainsi que la traite des personnes.  Il dit compter sur le partenariat international en plus des efforts déployés par l’Union africaine dans le cadre de son Agenda 2063.

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que malgré les progrès significatifs réalisés par les pays de la région pour réduire la pauvreté, l’ASEAN doit renforcer davantage l’égalité des sexes, l’autonomisation ainsi que la participation des femmes dans les sphères décisionnelles.  La communauté de l’ASEAN s’efforce de promouvoir l’égalité des chances en faveur de la femme, en plus de protéger ses droits.  Il a particulièrement mis l’accent sur le soutien aux femmes en situation de vulnérabilité ou celles exposées à la violence. 

Soulignant le rôle des femmes dans la consolidation et le maintien de la paix ainsi que dans la résolution des conflits, il a cité la convention de l’ASEAN contre la traite des personnes, notamment des femmes et des enfants, entrée en vigueur en 2017. 

Il a également parlé de l’autonomisation de la femme dans le cadre du réseau des femmes entrepreneurs (AWEN) établi en 2014, une plateforme inclusive au bénéfice de la femme œuvrant dans les micro, petites et moyennes entreprises.  L’objectif est de lui permettre de tirer avantage des opportunités offertes par l’économie digitale, a-t-il expliqué.  L’égalité de participation des femmes au-delà de la sphère économique est essentielle au développement durable dans la région, a-t-il dit.  Pour finir, il a appelé à plus de coordination dans la mise en œuvre des politiques en faveur de la femme à l’échelle de l’ensemble de la région.

M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que sa région a besoin de l’aide internationale pour appuyer la collecte de données fiables permettant de mesurer les progrès accomplis dans l’autonomisation des femmes et des filles. Il a noté que si les femmes et les filles des Caraïbes ont davantage accès que les hommes à une éducation secondaire et universitaire, elles font face en revanche à une situation plus défavorable sur le marché du travail avec des salaires moins élevés.  Bien que la parité homme-femme ne soit pas encore atteinte, les femmes de la région jouent un plus grand rôle dans les processus de prise de décisions, en particulier sur le plan politique, a-t-il dit.

Le délégué a ensuite mentionné les mesures prises par les gouvernements de la CARICOM pour lutter contre les violences faites aux femmes, les arsenaux législatifs nationaux ayant été notamment renforcés afin de punir les auteurs de telles violences.  Plusieurs séminaires se sont tenus par ailleurs dans la région dont le thème était « Repenser la masculinité, comprendre l’égalité de genre comme moyen de mettre fin à la violence sexiste dans les écoles caribéennes. »  La CARICOM soutient l’engagement des hommes et des garçons en vue de l’élimination des violences contre les femmes et les filles, y compris le harcèlement sexuel.  Enfin, le délégué a rappelé que des ressources insuffisantes sont l’un des éléments majeurs entravant les efforts des États membres en vue de l’autonomisation des femmes.

M. JULIEN BOURTEMBOURG, de l’Union européenne (UE), a souligné qu’honorer les engagements en faveur de la promotion des droits des femmes et des filles et réaliser l’égalité des sexes et l’émancipation de toutes les femmes sont des conditions sine qua non pour des progrès dans la paix et la sécurité, la stabilité et la prospérité.  Investir dans l’égalité des sexes n’est pas seulement une bonne chose, c’est aussi la chose la plus intelligente à faire.  Tout le monde tire un avantage quand les femmes et les filles sont éduquées et en bonne santé et qu’elles peuvent influer sur les politiques, les services et les infrastructures qui ont un impact non seulement sur elles mais aussi sur tous.  Les sociétés s’épanouissent avec une confiance renouvelée dans les institutions et un esprit plus fort de solidarité quand elles s’attaquent aux racines des inégalités et promeuvent les droits de l’homme pour tous sans discrimination aucune.  

Le monde change, a poursuivi le représentant, et le mouvement mondial pour l’égalité des sexes gagne en vigueur.  Il a illustré ses propos en citant l’Alliance globale des réseaux régionaux des femmes médiatrices qui, créée la semaine dernière, est un exemple concret du rôle vital des femmes dans l’avancement des sociétés.  La lutte contre les inégalités entre les sexes est inscrite dans l’ADN normatif et institutionnel de l’Union européenne, s’est enorgueilli le représentant.  L’UE, s’est-il expliqué, est un acteur de taille sur la scène internationale, le premier investisseur dans le développement et le premier donateur de l’assistance humanitaire pour la promotion et la protection des droits des femmes et des filles.  Au fil des ans, l’Union européenne a pris des initiatives « significatives » par leurs objectifs ambitieux, le nombre de femmes et de filles qui en ont bénéficié, l’appropriation partagée avec les partenaires, l’engagement inclusif de la société civile et des défenseurs des droits des femmes et par la taille des investissements financiers. 

Le représentant a attiré « avec fierté » l’attention sur l’initiative « Spotlight » contre la violence à l’encontre des femmes et des filles qui a été lancée, il y a deux ans, ici même au Siège des Nations Unies, à New York.  L’année dernière, l’Union européenne a aussi imprimé un nouvel élan à son cadre politique sur les femmes, la paix et la sécurité.  Dans ce contexte, elle a renforcé son engagement contre la violence sexuelle dans les conflits, y compris en contribuant au Fonds mondial pour les survivantes dont la création a été proposée par les lauréats du prix Nobel de la paix, Mme Nadia Murad et le docteur Denis Mukwege. 

Malgré tous ces efforts, a reconnu le représentant, le rythme des progrès reste lent par rapport à ce que demande le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Tout porte à croire que si l’on ne voit pas d’accélération, l’égalité parfaite des sexes prendra en tout 108 ans.  2019 est une année préparatoire importante qui offre l’occasion unique d’unir nos forces et de réaffirmer notre engagement à renforcer l’action à tous les niveaux, a dit le représentant.  Le dialogue, les réseaux forts et les efforts conjoints entre tous les acteurs pertinents, dont les défenseurs des droits de l’homme, sont la clef pour changer les choses pour le mieux, la moindre des choses n’étant pas l’accès universel à des services de santé sexuelle et reproductive et à une éducation complète sur la sexualité.

Intervenant au nom du Groupe des pays nordiques, M. JUKKA SALOVAARA (Finlande) a jugé indispensable de lier les objectifs de développement durable (ODD) aux droits et besoins des femmes et filles.  Il a également souligné que le succès de l’action climatique requiert une participation égale des femmes à tous les niveaux politiques et à tous les processus de prise de décisions, avant de rappeler que l’insuffisance d’accès à l’eau et à l’assainissement affectait les filles de manière disproportionnée.  Alors que la Déclaration et le Programme d’action de Beijing fêteront leur vingt-cinquième anniversaire en 2020, le représentant a salué le rôle de l’organisation ONU-Femmes qui fête cette année ses 10 ans.  Il a aussi cité l’adoption, en 2000, de la résolution 1325 du Conseil de sécurité en mettant l’accent sur l’importance de la participation des femmes à tous les processus de paix. 

« Alors que nous célébrons tous ces anniversaires », M. Salovaara s’est dit inquiet des reculs constatés au niveau mondial en matière de parité, en particulier dans le domaine de la santé reproductive et santé sexuelle.  Il a appelé à mettre un terme à cette tendance régressive afin que la santé des femmes et des filles puisse être préservée.  Il a mis l’accent sur l’importance de l’éducation en précisant que toutes les écoles des pays nordiques dispensaient une éducation sexuelle.  Il a jugé indispensable que la société civile puisse apporter sa valeur ajoutée aux travaux de l’ONU en matière de lutte contre la discrimination à l’égard des femmes. 

Tout en se félicitant du rythme de développement des technologies observé ces 50 dernières années, M. Salovaara a jugé pertinent d’aborder les incidences négatives des technologies sur les droits et statuts des femmes.  Notant que les harcèlements sur Internet sont souvent motivés par le genre, il a encouragé les femmes et les filles à diffuser des messages de nature à déconstruire les clichés et stéréotypes.  « Pour réaliser la parité entre les genres, nous avons aussi besoin de l’implication de tous les hommes », a-t-il conclu avant d’exhorter les hommes et les garçons à faire montre de solidarité dans cette lutte. 

M. JOHN M. SILK, Ministre des affaires étrangères et du commerce des Îles Marshall, a fait observer que la question essentielle de l’autonomisation des femmes nécessite, au-delà des déclarations dans le cadre de l’ONU, une mise en œuvre et, en fin de compte, une volonté politique à tous les niveaux.  Il s’est félicité de faire partie d’un gouvernement dirigé par une femme, tout en notant que l’élection de celle-ci avait suscité quelques réticences, y compris de la part des femmes.  Cette année, la Présidente Heine terminera son mandat et le Ministre s’est dit fier des progrès enregistrés en termes de participation des femmes.  Ceci dit, a-t-il ajouté, la région reste celle du monde qui a le plus faible taux de femmes parlementaires. 

Malgré les récents progrès juridiques et législatifs, les taux de violence domestique aux Îles Marshall restent inacceptables, a reconnu M. Silk.  Un meilleur accès à la protection juridique a encouragé les dénonciations mais une meilleure volonté politique, et personnelle, reste nécessaire pour parvenir à une évolution sociale et à un changement de comportement, afin de s’attaquer aux causes profondes de la violence fondée sur le genre.  Pour le Ministre, l’autonomisation des femmes doit être renforcée dans tous les secteurs clefs et la communauté internationale doit continuer à faire avancer la volonté politique aux plus hauts niveaux pour que cette question figure au centre de l’action en faveur des droits de l’homme.

Réaffirmant l’engagement de son pays en faveur de l’élimination de toutes les formes de violence basées sur le genre, Mme FRECHIN (Suisse) s’est déclarée convaincue que l’égalité des genres et la réalisation des droits des femmes sont des conditions indispensables pour atteindre les objectifs de développement durable.  Le 14 juin, a-t-elle rappelé, femmes et hommes se sont mobilisés en nombre en Suisse pour revendiquer l’égalité, dans la sphère publique comme privée.  Parmi les revendications figurait la promotion de la santé sexuelle et reproductive et des droits qui y sont liés, notamment le libre choix dans la reproduction et le droit à l’avortement libre et gratuit, a-t-elle précisé.  Pour la représentante, cette manifestation s’inscrit dans la droite ligne de mouvements sociaux au retentissement mondial qui suscitent une attention accrue sur les violences faites aux femmes. 

Se disant inquiète de la remise en question de la reconnaissance des droits à la santé sexuelle et reproductive et des acquis internationaux en la matière, une tendance observée, selon elle, lors des négociations de la Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle, la représentante a soutenu que le respect et la promotion de ces droits contribuent à la réduction de la pauvreté, à une croissance économique inclusive ainsi qu’à un développement durable au bénéfice de tous.  Après avoir salué le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, qui aborde la problématique spécifique des violences commises pendant l’accouchement et des violences obstétricales, elle a encouragé tous les États Membres à mettre en œuvre les recommandations formulées dans ce document de manière rapide et effective.  

Mme AL ABTAN (Iraq) a insisté sur l’importance du rôle de la femme dans le développement du monde rural.  L’autonomisation de la femme est un devoir national, a-t-elle poursuivi, soulignant que la femme est un pilier de toute « bonne famille ».  Elle a indiqué que son gouvernement avait lancé des programmes et séminaires visant à améliorer les compétences des femmes rurales et à leur permettre d’adopter des méthodes agricoles scientifiques pour améliorer les rendements.  De plus, l’Iraq investit dans l’industrie alimentaire pour améliorer les revenus des foyers.  Elle a toutefois indiqué que les défis à relever sont majeurs, notamment à cause des changements climatiques et de la désertification. 

Mme AL ABTAN s’est enorgueillie des progrès réalisés dans son pays en dépit d’un contexte sécuritaire difficile.  Elle a précisé qu’aucun texte juridique en Iraq ne favorise la discrimination, quelle que soit sa forme.  Les lois accordent même une priorité aux femmes en ce qui concerne le renforcement de capacités.  Elles disposent du droit de vote et d’être candidates et bénéficient des mêmes chances dans l’éducation et l’emploi, a-t-elle dit. 

La représentante a par ailleurs indiqué que l’Iraq avait lancé une stratégie nationale pour combattre la violence contre les femmes et que le 17 juin dernier, le Président iraqien avait annoncé la finalisation d’un projet de loi contre la violence domestique.

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a déclaré que l’égalité entre les genres et l’autonomisation des femmes peuvent maximiser leur potentiel et libérer celui des sociétés.  C’est fort de cette conviction que le Japon a adopté, au niveau domestique, des mesures significatives.  Parmi celles-ci, il y a eu, en mai dernier, la révision de la loi sur la promotion de la participation des femmes et pour l’avancement des carrières en milieu professionnel, suivie, en juin, de celle portant sur la prévention et la protection des femmes contre la violence et la protection des victimes. 

Par ailleurs, le Japon, en collaboration avec le G20 et le W20, a accueilli, en mars dernier, la cinquième Assemblée mondiale des femmes, également connue sous le nom de « WAW! ».  Au cours de cette rencontre, a indiqué la déléguée, le Premier Ministre du Japon, M. Shinzo Abe, a réitéré l’engagement du Japon à fournir une éducation de qualité et des opportunités de développement à au moins quatre millions de filles et de femmes dans les pays en développement pendant la période 2018-2020. 

En plus de ces efforts, le Japon a versé 24 millions de dollars l’an dernier à ONU-Femmes et soutient systématiquement le travail de la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit.  Le pays a également contribué à hauteur de 11 millions de dollars aux efforts visant à soutenir l’autonomisation des femmes dans les zones de conflits, en Afrique et au Moyen-Orient.  La ville de Tokyo accueillera en outre, les 3 et 4 avril 2020, le sixième symposium WAW!, a indiqué la délégation. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a fait part de l’engagement de son pays à éliminer toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, y compris en durcissant le Code pénal, et de l’établissement de centres de crise et des abris offrant des services complets aux survivants de violence domestique et de la traite d’êtres humains.  La Hongrie, a poursuivi la représentante, a renforcé ses politiques familiales et sociales afin d’épauler les femmes dans leurs différents rôles et de leur permettre d’exceller dans leurs carrières sans compromettre leurs vies familiales et privées, ou de mères à plein temps.

Mme Bogyay a expliqué que ces objectifs sont consolidés par l’octroi d’une pension alimentaire à l’accouchement, un congé parental payé de trois ans et des services gratuits de garde d’enfants, ainsi que des emplois flexibles.  De plus, les politiques familiales sont conçues pour éliminer l’insécurité de revenu des femmes souhaitant avoir des enfants et un nouveau plan d’action complet en matière de politique familiale a été lancé cette année.  Dans le cadre de ce plan, a-t-elle précisé, les femmes ont droit à un prêt subventionné de 33 000 dollars au mariage, qui est remis à la naissance du troisième enfant.  Les jeunes couples mariés qui s’engagent à avoir deux ou plus enfants ont droit à des subventions de logement d’un montant de 72 000 dollars.  Enfin, reconnaissant que les parents célibataires, et en particulier les mères célibataires, sont particulièrement à risque de marginalisation socioéconomique, le Gouvernement a soutenu la création d’un centre pour les parents uniques à Budapest, qui octroie des formations, des interventions et des conseils en cas de crise, ainsi que le mentorat et la garde d’enfants. 

Mme OPPERMANN (Luxembourg) a regretté le climat politique répressif dans de nombreux pays, avec un nombre croissant d’attaques contre les droits humains, y inclus les droits des femmes et des filles, ce qui est « très inquiétant ». 

Sur le terrain, ces attaques sont non seulement verbales mais également physiques, a-t-elle précisé.  Elle s’est aussi inquiétée de la tendance, notamment dans les enceintes internationales, d’un nouveau discours qui cherche à défaire les progrès sociaux et normatifs des dernières décennies.  Reprenant à son compte les craintes de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, elle a indiqué que d’ici les 10 prochaines années, les droits des femmes et des filles auront régressé, au lieu de progresser.  Pire, au regard du rythme de progression actuel, il faudra 108 ans pour arriver à la parité entre les sexes!  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre aussi longtemps », a-t-elle martelé. 

Le Luxembourg travaille dans cette optique et s’engage, dans sa politique étrangère, à renforcer la représentation et la participation des femmes à tous les niveaux, afin de contribuer au renforcement de la paix, de la sécurité et de la démocratie dans le monde.  De même, la coopération luxembourgeoise a soutenu l’initiative « She decides » (elle décide), dès ses débuts, et continue de financer le Fonds des Nations Unies pour la population, ONU-Femmes, ainsi que d’autres agences onusiennes afin de promouvoir l’autonomisation des femmes. 

Pour finir, elle a appelé à mettre fin à la violence à l’égard des femmes et des filles.  Ce fléau sociétal est non seulement une violation des droits humains mais va également à l’encontre d’une véritable égalité des sexes, a-t-elle souligné.

« La Nouvelle-Zélande est le premier pays du monde où les femmes ont obtenu le droit de vote et nous en sommes fiers.  Mais nous ne devons pas verser dans l’autosatisfaction.  Il nous reste encore beaucoup de chemin à faire », a estimé Mme BUIST-CATHERWOOD (Nouvelle-Zélande).  Elle a notamment précisé que les violences familiales et les violences faites aux femmes demeurent élevées, l’égalité salariale est loin d’être acquise et les femmes sont encore peu nombreuses aux positions de pouvoir dans le secteur privé. 

La représentante s’est alarmée de constater que partout dans le monde, beaucoup de femmes étaient encore laissées pour compte à mi-parcours du Programme 2030.  Elle s’est aussi inquiétée des « efforts déployés, notamment cette année lors des travaux de la Commission sur la condition de la femme, pour revenir en arrière en ce qui concerne le droit à disposer de son corps, l’éducation sexuelle, la santé sexuelle et reproductive, et les violences faites aux femmes.  « Nous sommes inquiets de constater une politisation grandissante de ces questions », a-t-elle dit.

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a déploré que l’inégalité entre les sexes demeure l’un des défis majeurs de notre temps.  Elle a recommandé, pour y remédier, « de se préoccuper des barrières structurelles, telles les normes sociales, les attitudes et les stigmatisations injustes, et d’élaborer un cadre légal progressiste pour l’égalité des sexes ».  Elle a dénoncé l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains qui touchent 40 millions d’individus, dont une écrasante majorité de femmes, victimes d’exploitation sexuelle, de mariages forcés, et contraintes à la servitude domestique ou à la mendicité.

Ces abus constituent des phénomènes complexes qui exigent une stratégie diversifiée et globale, a-t-elle souligné, citant en exemple la résolution 73/146 de l’Assemblée générale qui encourage les États Membres à identifier et perturber les flux financiers provenant du trafic des femmes et des filles, qui génèrent 150 milliards de dollars de revenus chaque année.

Elle a ensuite expliqué que son gouvernement avait lancé l’initiative Liechtenstein, un partenariat public-privé entrepris avec l’Australie et les Pays-Bas, pour la création d’une commission du secteur financier sur l’esclavage moderne et le trafic d’êtres humains.  Cette dernière a remis, moins d’un an plus tard, un plan de mobilisation de la finance contre l’esclavage qui combat ces abus par des financements durables et innovants, des prêts et des investissements et promeut le respect des réglementations. 

Mme Oehri a par ailleurs relevé que les hommes et les jeunes garçons sont eux aussi victimes d’abus sexuels en particulier lors de leur recrutement militaire et de leur détention durant les conflits armés.  Elle a déploré qu’en dépit de la mention spécifique des hommes et des garçons dans la récente résolution 2467 du Conseil de sécurité, on manque toujours d’informations sur ces violences en raison de la faiblesse de cadres juridiques, des tabous et de la crainte de la stigmatisation. 

M. RICHARD ARBEITER (Canada) a estimé que la Troisième Commission est, sans nul doute, la commission de l’Assemblée générale la plus proche de la parité.  Il s’est aussi félicité de l’importance de ses travaux qui, de façon plus ou moins progressive, ont contribué à améliorer la vie des populations, et notamment celle des femmes.  Le représentant a cependant reconnu que la mise en œuvre reste un défi persistant.  Dans ce contexte, la contribution du Canada est ancrée dans sa « conviction sans faille » que la promotion des droits des femmes est « nécessaire et juste », a-t-il indiqué.  À ses yeux, le monde ne peut que tirer profit d’une situation où les femmes et les filles peuvent librement décider du cours de leur vie, sans subir ni discrimination ni violence. 

Évoquant le modèle de politique des Nations Unies sur le harcèlement sexuel et le code de conduite, le représentant a noté que la Convention de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur le harcèlement dans le monde du travail est une réalisation extraordinaire.  Elle reconnaît en effet la protection de tous les travailleurs migrants, y compris les femmes et les travailleurs appartenant à des groupes vulnérables ou en situation de vulnérabilité.  Il a également qualifié d’avancées importantes les résolutions de l’Assemblée générale sur les femmes, la paix et la sécurité. 

Fier que son pays ait été le premier au monde à avoir une femme premier ministre en 1960, Mme THILAKAMUNI REKHA NISANSALA GUNASEKERA (Sri Lanka) a vu là l’illustration des multiples opportunités qui s’offrent à la gent féminine dans le domaine politique.  L’imposition de quotas pour encourager une plus grande participation doit être vue, a-t-elle expliqué, dans le contexte des normes culturelles qui influencent les femmes et leur choix d’entrer en politique ou pas.  Les Sri-Lankaises, a-t-elle ajouté, représentent la moitié de la population du pays et elles excellent à l’université.  Leur nombre accru à tous les niveaux des secteurs public, privé ou administratif est extrêmement encourageant.  Commentant le rapport du Secrétaire général, la représentante a confirmé que les femmes sont les plus touchées par les effets des changements climatiques.  Elle a donc plaidé pour la prise en compte de la dimension sexospécifique lorsqu’on s’attaque à ce phénomène.  Les femmes étant également disproportionnellement touchées par les conflits, dont celui qui a ravagé Sri Lanka pendant près de 30 ans, un plan d’action national pour les femmes chefs de ménage a été lancé, avec un accent particulier sur la santé, la sécurité des revenus et les services psychosociaux. 

La représentante s’est félicitée de la coopération de son pays avec ONU-Femmes qui contribue à l’élaboration d’un plan national sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité.  Contre la violence à l’égard des femmes et des filles, Sri Lanka a contraint tous ses ministères à tenir compte de la dimension sexospécifique.  Des comités ont donc été créés pour budgétiser, intégrer les principes d’équité et d’égalité dans les politiques et sensibiliser l’opinion.  Ces comités sont aussi chargés de combattre le harcèlement sexuel sur le lieu travail.  Sri Lanka s’est aussi doté d’un plan d’action contre la violence sexuelle et fondée sur le sexe, a adhéré au cercle de dirigeantes et de dirigeants pour la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles, signé le Pacte volontaire du Secrétaire général et contribué au fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles.  Le pays, a conclu la représentante, est également membre du Groupe des Amis de la parité des sexes. 

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a indiqué que l’autonomisation et la protection des droits de toutes les femmes et filles sont des priorités de son gouvernement.  La législation sur le genre a été renforcée ces dernières années dans le cadre des lois sur la famille, la violence domestique, la traite des êtres humains, le droit des personnes handicapées, et autres lois et programmes adoptés par le Parlement.  Celui-ci a également adopté sa Vision du développement durable 2030 qui s’engage sur la voie de l’égalité des genres et de l’accès aux avantages sociaux.  En outre, a poursuivi le délégué, la Commission nationale sur l’égalité des genres travaille sous la houlette du Premier Ministre pour la coordination de la mise en œuvre des politiques de genre et des processus budgétaires. 

Le Gouvernement de la Mongolie a également mis en place 12 types de protection sociale, comme les allocations aux femmes enceintes et allaitantes, ainsi qu’une allocation spéciale pour les mères qui s’occupent d’au moins quatre enfants de moins de 3 ans.  Malgré tous ces efforts, le taux de femmes et filles victimes de violence basée sur le genre reste élevé, a reconnu le représentant, en exprimant la détermination de son pays à améliorer l’application des politiques et programmes existants.  Enfin, il a plaidé en faveur de l’amélioration de la situation des femmes rurales, un problème que sa délégation souligne chaque année dans un projet de résolution qu’elle prépare.

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a exposé les efforts entrepris pour améliorer le sort des femmes: en août le Gouvernement a lancé la seconde phase de son plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 sur « femmes, paix et sécurité » pour la période 2019-2022.  Le plan couvre les quatre axes de la résolution: participation, protection, prévention et secours et prévoit des mesures spécifiques pour promouvoir les femmes au niveau décisionnel dans le secteur de la sécurité.  De même dans les efforts de paix: 16 femmes siègent désormais au Haut Conseil pour la paix et représentent 30% des 3 000 participants à l’Assemblée pour la paix, dont elles président 13 des groupes de travail.  Le Gouvernement a également pris des mesures pour les aider à devenir financièrement actives et indépendantes notamment en milieu rural, grâce à la création de microentreprises agricoles.

L’Afghanistan, a poursuivi Mme Raz, a simultanément développé une stratégie de prévention de la violence contre les femmes et créé un bureau d’adjoint pour l’élimination de la violence contre les femmes au Bureau du Procureur.  Il doit permettre d’améliorer l’accès des femmes à la justice et déjà, près de 10 500 affaires ont été poursuivies, s’est-elle félicitée.  Le Gouvernement a également instauré une vingtaine de foyers pour les femmes victimes de violence et leurs témoins afin de les mettre en sécurité.  Et pour la première fois, le pays est représenté devant cette commission par une femme, s’est-elle enorgueillie.

Mme TEGAN BRINK (Australie) a constaté que la discrimination et les inégalités de genre sont toujours bien réelles et omniprésentes.  La violence à l’encontre des femmes est une réalité inacceptable et l’Australie est déterminée à démonter les inégalités structurelles et à répondre aux attitudes négatives sous-jacentes de cette forme de violence, a affirmé la représentante.  Elle a noté que cela signifie des investissements significatifs, une approche coordonnée et une lutte contre des pratiques nuisibles comme les mariages forcés et les mutilations génitales féminines. 

Le Plan national pour réduire la violence à l’égard des femmes et des enfants pour la période 2010-2022 est la feuille de route nationale dans ce domaine, et, sur le plan international, l’Australie soutient le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes ainsi que le Programme conjoint sur les services de base à apporter aux femmes et aux fillettes victimes de violence, a précisé la déléguée.  Elle a également confié que l’Australie soutient des initiatives visant à remédier à des législations et politiques qui limitent la participation économique des femmes.  À cet égard, la représentante a rappelé que l’une des manifestations parallèles du segment de haut niveau de l’Assemblée générale était organisée par l’Australie avec Mme Elizabeth Broderick, l’ancienne Commissaire australienne pour les questions de discrimination sexuelle et Vice-Présidente actuelle du Comité des Nations Unies sur les discriminations sexuelles, dans le but de réfléchir à comment les leaders des milieux d’affaires, du sport et des médias pourraient promouvoir l’égalité de genre et l’autonomisation économique des femmes.  La représentante a également souligné l’importance capitale de l’accès et du droit à la santé sexuelle et reproductive pour pouvoir avancer en matière de parité.

Mme AYŞE INANÇ ÖRNEKOL (Turquie) a indiqué que l’égalité hommes-femmes est l’un des principes consacrés par la Constitution turque.  Le concept de « discrimination positive » a été récemment introduit par un amendement constitutionnel au bénéfice de groupes vulnérables tels que les femmes, les enfants et les personnes handicapées.  S’agissant des violences contre les femmes, la déléguée a indiqué que son pays a mis en place un arsenal répressif conséquent et contribué à la Convention d’Istanbul sur la lutte contre la violence domestique négociée sous les auspices du Conseil de l’Europe.  « Nous avons par ailleurs créé des abris pour femmes afin de protéger les victimes de violence. »  Enfin, la déléguée a indiqué que son pays veille à répondre aux besoins humanitaires, éducatifs et sanitaires des femmes ayant trouvé refuge en Turquie, notamment en provenance de Syrie. 

M. GONZALO ARNALDO RIVERA ROLDAN (Pérou) a indiqué que son gouvernement avait approuvé, en avril dernier, une politique nationale d’égalité des sexes, principal instrument d’orientation pour combler le fossé et proposer des modèles de comportements exempts de discrimination. 

Le Pérou a également choisi de combattre la violence à l’égard des femmes et des filles à partir d’une démarche préventive pour inciter à des changements de comportements socioculturels.  Il a indiqué qu’un pouvoir inégal et des différences hiérarchiques légitiment et exacerbent la violence fondée sur le sexe au sein de la famille, de la société et des institutions publiques et privées.  Des centres d’urgence pour les femmes ont également été établis sur tout le territoire péruvien dont 378 sont à présent opérationnels, a-t-il ajouté. 

Le représentant a aussi indiqué que son gouvernement offre aux femmes de toutes les régions du pays des outils les aidant à exercer une véritable autonomie économique.  Il s’agit notamment de réduire les écarts dans le domaine de l’emploi et sur le lieu de travail et à favoriser un partage équitable des responsabilités professionnelles et au foyer, a-t-il expliqué.  L’égalité salariale et la non-discrimination sont également les maîtres mots dans les politiques publiques actuelles, notamment avec l’approbation de la loi prohibant la discrimination salariale entre hommes et femmes. 

Dans la sphère politique, des mécanismes sont mis en place pour garantir la participation accrue des femmes, y compris dans les processus électoraux et pour occuper des postes publics.  De la même façon, la sélection des ministres d’État promeut l’équilibre des sexes au plus haut niveau de la prise de décisions. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a estimé que la reconnaissance des capacités des femmes et de leurs contributions « indispensables » à la société exige que les systèmes législatifs, les institutions et politiques nationales et les modèles culturels reconnaissent et appliquent l’égalité des droits et l’accès des femmes à la propriété, au contrôle des ressources vivrières, aux semences, aux outils agricoles, aux marchés, aux crédits, aux prêts et aux subventions. 

Préconisant un « monde de valeurs », où tous les êtres sont en mesure de tirer parti du meilleur d’eux-mêmes pour créer les conditions d’un développement juste, durable et souverain, il a souligné que les femmes au Nicaragua jouent un rôle central et prennent les décisions à tous les niveaux et dans toutes les instances.  Le représentant a souligné que le Nicaragua occupe la cinquième place mondiale dans l’indice d’égalité des genres, le premier dans les Amériques, le cinquième pour ce qui est de la participation des femmes au Parlement et le premier à des postes ministériels.  Les femmes représentent 59,7% dans l’appareil judiciaire, 56% dans l’exécutif, 45,7% à l’Assemblée nationale, 46% des maires, 60% des maires adjoints et 60% des conseillers municipaux, s’est-il félicité. 

Mme AURRECOECHEA DURAN (Mexique) a rappelé qu’en 1975, son pays avait accueilli la première Conférence mondiale de la femme, qui avait ouvert la voie, quatre ans plus tard, à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, puis 20 ans plus tard, au Programme d’action de Beijing.

Elle a ensuite indiqué que le Mexique avait atteint, pour la première fois dans son histoire, la parité au sein de son Congrès, et qu’une réforme constitutionnelle garantissant cette même parité dans toutes les branches du gouvernement avait récemment été approuvée.  Elle s’est cependant déclarée préoccupée par l’ambiance de polarisation dans les forums internationaux, facteur de ralentissement des progrès pour les femmes et les filles, en particulier pour les plus vulnérables d’entre elles.  Elle a jugé « inconcevable » à cet égard, les voix qui s’élèvent pour nier aux femmes le contrôle de leurs corps et de leur sexualité.

De plus en plus de pays mettent entre parenthèses les droits sexuels et reproductifs des femmes, alors qu’un « nombre atterrant » de femmes continuent de perdre ou de risquer leur vie à cause de leur manque d’accès à ces droits, s’est-elle alarmée.  Elle s’est également préoccupée des mauvais traitements et les discriminations dans l’accès aux services de santé que subissent les femmes. 

Selon Mme Aurrecoechea Duran, la violence envers les femmes est « la manifestation d’une inégalité structurelle issue de l’asymétrie du pouvoir et du patriarcat ».  Elle a ensuite mentionné les efforts en cours pour l’interdiction du mariage d’enfants, ainsi que la mise en place de l’initiative « Spotlight » en collaboration avec le système des Nations Unies et l’Union européenne.  Le Mexique travaillera également avec la France l’année prochaine au Forum Génération égalité, et y voit l’occasion d’élaborer « une perspective fondée sur des acteurs multiples et soumise à la société civile, dans un programme féministe visant l’égalité des sexes au plus tard en 2030 ».

Mme RITA MWALE (Zambie) s’est attardée sur le programme social de transfert d’argent liquide qui, a-t-elle affirmé, a montré son efficacité dans la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la redistribution des revenus, en particulier dans les communautés rurales où le niveau de pauvreté demeure élevé avec 76,6%.  À ce jour, 632 020 ménages profitent de ce programme dont 72,2% de femmes.  Cette année, l’objectif est de toucher 700 000 ménages et, en conséquence, la part des programmes de protection sociale a été accrue dans le budget 2020.  D’autre part, le programme pour les moyens de subsistance des femmes qui vise 75 000 femmes vulnérables mais « viables », âgées de 19 ans à 64 ans, a permis d’offrir une formation en entrepreneuriat et des dons pour booster la productivité à 34 123 femmes.  La représentante a aussi parlé du succès du programme contre le décrochage scolaire des filles et du train de mesures pour la sécurité alimentaire.  Elle a aussi attiré l’attention sur un projet agricole qui contribue à la création d’emplois et de richesses dans les communautés rurales, en aidant à ce jour 120 coopératives dirigées par des femmes.  La représentante a conclu en expliquant les efforts faits par son gouvernement pour réhabiliter les écoles dans le milieu rural ainsi que les centres de santé dont certains seront totalement neufs. 

Mme ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) a relevé que les femmes et les filles sont, dès le plus jeune âge, confrontées à de nombreux défis en matière d’éducation, d’emploi, de mariage, de santé reproductive, de participation politique et de protection contre la violence basée sur le genre.  Soulignant que leur autonomisation est une question centrale du Programme des Nations Unies pour le développement, elle a recommandé que les femmes soient intégrées dans les efforts visant à renforcer la paix et la sécurité, le développement durable, l’éradication de la pauvreté, les changements climatiques et la protection des droits de l’homme, notant qu’elles doivent aussi jouer un rôle dans les processus de paix et dans la lutte contre le terrorisme.  Il faut continuer, 25 ans après le Programme d’action de Beijing, à forger de nouveaux partenariats et à financer les mécanismes gouvernementaux, a-t-elle ainsi recommandé. 

La représentante a indiqué que son pays est engagé dans des programmes et politiques en faveur des femmes, étant déterminé notamment à lutter contre le trafic d’êtres humains et pour la participation des femmes sur les plans économique et politique.  Elle a parlé de la stratégie de développement, appelée « Kazakhstan 2050 », qui souligne l’importance de la santé maternelle, de l’autonomisation économique des femmes et des droits sociaux de celles-ci.  Les résultats atteints grâce à ce programme sont impressionnants, a-t-elle dit.  La représentante a aussi mentionné le fort taux -57%- de femmes qui font des études supérieures au Kazakhstan.  Enfin, elle a indiqué que son pays jouait un rôle de leader dans la région en hébergeant par exemple un bureau d’ONU-Femmes.

M. ISNOMO (Indonésie) a détaillé les mesures prises par son pays en matière de santé, d’éducation, de lutte contre les violences faites aux femmes et de participation dans la vie publique.  Il a notamment expliqué que l’Indonésie s’est engagée à fournir à chaque femme un accès aux services de santé, ce qui inclut la santé reproductive.  Grâce à la mise en place du régime national d’assurance santé en 2014, 222 millions de personnes, soit 83% de la population, sont désormais couvertes.  Un cinquième des dépenses du pays sont consacrées à l’éducation, et divers programmes de soutien à la création d’entreprises et d’accès au crédit ont été mis en place en faveur des femmes en milieu rural. 

Le délégué a ensuite insisté sur l’importance de protéger les femmes migrantes des violences.  Il y a aujourd’hui 20% de femmes au Parlement indonésien, un taux qui devrait augmenter, a-t-il affirmé, car la loi oblige les partis politiques à présenter au moins 30% de femmes candidates aux élections.  L’Indonésie s’est aussi engagée à augmenter le nombre de femmes dans ses forces de maintien de la paix: elles sont aujourd’hui 126 sur les 2 900 Indonésiens servant sous les couleurs des Nations Unies. 

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a appelé les États Membres à saisir, en 2020, l’occasion de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.  Elle a indiqué que 80% des femmes africaines résident et contribuent au développement économique et social dans des zones rurales.  Elle a prévenu qu’elles subissent de plein fouet les effets des changements climatiques, propices à la perte de récoltes et à la propagation de maladie, cause de déplacement de populations dans lesquelles les femmes et les filles figureront comme les personnes les plus vulnérables. 

En Guinée équatoriale, où plus de 60% des femmes résident en zone rurale et vivent de l’agriculture, a poursuivi Mme Mele Colifa, la banque nationale de Guinée équatoriale a créé un programme de crédits bancaires pour les femmes.  Elle a ajouté que 95% des routes sont goudronnées, ce qui facilite les échanges commerciaux, et que 85% des villes disposent de plans urbains, des progrès qui, a-t-elle souligné, bénéficient en premier lieu aux conditions sociales et économiques des femmes.  De même, une couverture santé est offerte à toute la fonction publique où le nombre de femmes augmente constamment.  Un décret assure par ailleurs la gratuité des soins pour la santé maternelle et infantile, et diverses conditions affectant particulièrement les femmes ainsi que le dépistage du VIH et la prise en charge psychiatrique. 

Mme GUZAL M. KHUSANOVA (Fédération de Russie) a rappelé que l’an prochain, la communauté internationale célébrera un certain nombre de dates anniversaires dans le domaine de l’amélioration de la condition de la femme: les 25 ans de la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur la situation des femmes, les 20 ans de l’adoption de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité ou encore les 10 ans de la fondation d’ONU-Femmes.  Cette année a-t-elle également souligné, verra en outre la commémoration du vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

La représentante s’est ensuite déclarée globalement satisfaite du travail d’ONU-Femmes sur l’année écoulée, mais a toutefois relevé certaines insuffisances, notamment en matière d’efficacité.  Elle s’est notamment inquiétée de l’état de la parité au sein de cette agence et a demandé instamment à ses dirigeants de s’attaquer plus activement aux déséquilibres entre les sexes au sein même de l’entité.  « Un travail de promotion de la parité ne sera efficace que lorsque la parité sera respectée au sein des Nations Unies », a-t-elle souligné.  Elle a estimé que le facteur décisif dans la sélection des candidats ne doit pas être leur sexe, mais leur travail, leurs compétences et leur intégrité, sans oublier le principe de représentation géographique équitable.

M. VIENGKEO KHAOPASEUTH (République démocratique populaire lao) a reconnu le rôle important joué par les femmes dans le développement du pays.  Il a expliqué que le Gouvernement promeut l’autonomisation des femmes et l’égalité des genres, et protège les femmes et les filles afin de s’assurer qu’elles puissent jouer leur rôle dans la vie socioéconomique et politique.  La Commission pour l’avancement des femmes, des mères et des filles est un organe important à cet égard. 

Le nombre de parlementaires femmes a augmenté pour atteindre 27,5%, contre 25% lors de la législature précédente, et elles comptent pour 31,9% des conseils provinciaux; elles dirigent aussi plus de 50% des petites et moyennes entreprises du pays.  Il a également indiqué que le projet de loi sur l’égalité de genre a été présenté à l’Assemblée nationale en début d’année, et devrait être approuvé à la fin de cette année.

À l’échelon régional, le pays participe activement au Comité pour la promotion de la femme de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ainsi qu’à la Commission de l’ASEAN pour la protection et la promotion des droits de la femme et de l’enfant.  Aussi, les huitième et neuvième rapports périodiques soumis au Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ont été présentés et distribués aux agents du Gouvernement, aux parties prenantes et au grand public en langue lao.  Beaucoup de ces réalisations ont été intégrées au Plan national de développement économique et social de 2016-2020, a-t-il précisé.

Mme NOUR ALI (République arabe syrienne) a assuré que, dans son pays, la Constitution et les lois ont amélioré les droits des femmes, qui sont aujourd’hui égales aux hommes dans tous les aspects de la vie économique, politique et sociale.  Depuis des centaines d’années, les Syriennes se battent contre l’oppression et l’occupation étrangère, a souligné la représentante, faisant état d’une succession d’acquis obtenus au fil du temps.  Les femmes syriennes peuvent voter depuis 1948 et leur pays a été le premier État arabe à accorder aux femmes le droit de siéger au Parlement.  En outre, la Constitution de 2012 donne aux femmes le droit de participer à tous les niveaux de la vie politique.  Depuis 2016, a poursuivi la déléguée, c’est une femme qui occupe le poste de présidente du Conseil du peuple et une autre dirige la Cour antiterroriste.  Une nouvelle loi sur le statut personnel, promulguée cette année, actualise celle de 1953. 

Le Gouvernement syrien a pris des mesures importantes pour soutenir les femmes en dépit de la situation de guerre que connaît le pays, confronté aux agressions extérieures et au terrorisme.  Cette guerre, a insisté la représentante, a détruit des centaines d’années d’acquis et de développement.  Malgré les efforts pour assurer la protection des femmes, les défis liés à la guerre ont changé le cours des choses et la vie des Syriennes.  En plus de devoir faire face à la violence des combats et aux menaces de groupes terroristes, les Syriennes se voient souvent refuser le droit à la santé ou à l’éducation.  De fait, a-t-elle argué, il faut des efforts intensifs pour défendre leur statut, compte tenu des souffrances qu’elles endurent du fait des actions illégales menées contre leur pays par la coalition internationale. 

M. MARIO A. ZAMBRANO ORTIZ (Équateur) s’est prévalu d’une constitution qui mentionne explicitement l’égalité de genre et d’un plan de développement qui inclut cette perspective de manière transversale.  En septembre 2018, a-t-il ajouté, l’Équateur est devenu le cinquième pays du monde à ratifier les 18 conventions des Nations Unies sur la protection des droits de l’homme.  Le pays a également signé et ratifié toutes les conventions internationales qui garantissent la protection des droits de la femme.  Le représentant a expliqué que l’Équateur assume ses responsabilités en présentant des rapports aux comités créés en vertu de ces instruments internationaux ainsi qu’en appliquant leurs recommandations. 

Nous nous sommes aussi engagés à mettre en œuvre le Programme 2030 et en particulier l’objectif 5 sur l’égalité de genre, a poursuivi M. Zambrano Ortiz.  Si le pays se félicite des progrès accomplis pour garantir les droits des femmes et des filles, il est conscient que les femmes sont confrontées à des diverses formes de discrimination, a-t-il reconnu.  Mais il a assuré que les institutions du pays se sont orientées vers le développement formel et concret du pays pour que les personnes jouissent effectivement de leurs droits et de l’égalité. 

« La Roumanie se classe pour la deuxième année consécutive en tête des pays de l’Union européenne en termes d’égalité salariale avec une différence de seulement 3% entre hommes et femmes contre une moyenne européenne de 16% », s’est félicitée Mme MARIA-IULIANA NICULAE (Roumanie).  Elle a mis en avant le rôle de son pays à la présidence du Conseil européen lors des négociations sur la « directive relative à l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée » laquelle a permis l’introduction d’un congé paternité de 10 jours ouvrables avant ou après la naissance.  La Roumanie en a profité pour rendre deux des quatre mois de congé paternité non transférables d’un parent à l’autre. 

M. ZHANG ZHE (Chine) a rappelé que lors du Sommet de 2015, le Président chinois avait présenté plusieurs propositions, montrant la voie de la promotion des femmes dans le monde.  Il avait recommandé d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de promotion des femmes et de s’attacher à la Déclaration de Beijing, tout en aidant davantage les pays en développement.  La femme chinoise, a affirmé le représentant, est au centre de toutes les politiques nationales.  Plus de 100 lois de protection des intérêts de la femme ont été adoptées.  En conséquence, les femmes représentent 40% des employés et 55% des entrepreneurs.  Elles ont un taux de 24% au Congrès du parti et leur nombre dans le treizième Comité du parti a également augmenté.  Sur le plan international, la Chine ne cesse à inviter des femmes du monde entier pour leur offrir des formations.  Elle entend poursuivre sur cette voie, a promis le représentant. 

Mme COURTNEY NEMROFF (États-Unis) a rappelé que son pays a une longue tradition d’appui aux femmes.  Une tradition que le Président Donald Trump a intégrée à sa politique nationale.  Dans ce cadre, l’accent principal de l’action de son administration est mis sur l’autonomisation des femmes, notamment par le biais de l’initiative Women’s Global Development and Prosperity (WGDP).  Il s’agit, a-t-elle indiqué, d’une « assistance intelligente au développement » qui vise à atteindre 16 millions de femmes dans les pays en développement d’ici à 2025.  Ses objectifs reposent sur trois piliers: le renforcement de la main d’œuvre, l’accession des femmes au crédit et aux capitaux et l’allégement des réglementations qui entravent l’avancement des femmes, a détaillé la déléguée.  Elle a ajouté que l’Administration Trump s’est engagée à hauteur de 300 millions de dollars annuels pour appuyer les trois piliers de cette initiative.  De plus, la conseillère présidentielle Ivanka Trump a annoncé qu’elle avait dépassé son objectif visant à mobiliser 500 millions de dollars pour les femmes en Amérique latine, a encore relaté la représentante. 

Sur un plan plus institutionnel, elle a rappelé qu’en juin dernier, le Gouvernement américain avait publié la stratégie des États-Unis pour le programme femmes, paix et sécurité.  Il redouble en outre d’efforts pour que toutes les femmes soient traitées sur un pied d’égalité, et ce dans tous les domaines, a-t-elle renchéri.  Prenant note des rapports du Secrétaire générale sur les questions liées aux femmes, elle a précisé que sa délégation n’en approuvait pas toutes les conclusions, de même qu’elle ne reconnaît pas d’obligation spécifique portant sur l’égalité des sexes.  Enfin, pour ce qui est de l’Accord de Paris sur le climat, les États-Unis confirment leur intention de s’en retirer le plus vite possible et ne se considèrent pas liés par les libellés y faisant référence. 

Mme AL SULAITI (Qatar) a déclaré que grâce aux efforts nationaux, la femme qatarie a occupé des positions ministérielles, diplomatiques et autres, marquant sa présence dans les domaines de l’éducation, de la santé ou encore de l’industrie.  Des femmes siègent au Conseil de l’Assemblée du peuple et le nombre d’entre elles qui ont une éducation du troisième cycle, dans le pays, a augmenté de 75%.  La politique du Qatar est de reconnaître l’importance des femmes sur le marché du de l’emploi dans lequel elles représentent 52%.  La représentante a donné l’exemple selon lequel l’Institut du Qatar pour la science et l’éducation comprends 50% de femmes.  Elle a insisté sur l’agenda « femmes, paix et sécurité » et annoncé pour 2020 un sommet sur la participation des femmes dans les processus de paix.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA et Mme LIBNA ELUBINA BONILLA ALARCÓN (Guatemala) ont affirmé que la promotion et l’autonomisation des femmes figurent à titre prioritaire dans les politiques publiques.  Le Secrétariat présidentiel de la femme (SEPREM) veille au développement intégral des femmes ainsi qu’au renforcement institutionnel du système d’égalité hommes-femmes en vue de l’autonomisation politique et socioéconomique des femmes.  D’un autre côté, le Guatemala est pionnier dans le traitement judiciaire des féminicides et autres formes de violence à l’égard des femmes.  En effet, neuf juridictions spécifiquement consacrées à ces délits ont été mises sur pied.  Le Secrétariat de la femme et d’analyse du genre a été également créé pour se charger de la coordination, l’évaluation et l’orientation sur des aspects liés à la sexospécificité.  Il identifie les besoins en matière de sensibilisation et de formation et assure le suivi des accords et engagements internationaux et nationaux. 

Le Bureau du Défenseur de la femme autochtone s’occupe, quant à lui, de faire des propositions de politiques publiques, des plans et des programmes de prévention et de défense pour toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes autochtones.  La délégation a aussi mis en exergue l’importance de l’accès des femmes à la justice, préalable à la jouissance de tous leurs droits et élément fondamental de l’état de droit et de la bonne gouvernance.  « Il est de notre ressort, nous les États Membres, de donner une voix à celles qui ne sont pas écoutées, et d’autonomiser ceux qui ont été marginalisés », a conclu la délégation. 

Mme SIMONA DE MARTINO (Italie) a appelé à faire respecter l’objectif de parité des sexes.  « Pourquoi devrions-nous nous priver de la moitié de la population pour l’avancement de nos sociétés », a-t-elle interrogé.

Elle a ensuite souligné que l’Italie est opposée aux pratiques néfastes des mutilations génitales féminines et des mariages forcés.  Mme De Martino a par ailleurs expliqué que la protection des droits des femmes est une priorité des programmes de coopération pour le développement de son gouvernement.  Les femmes sont des moteurs du changement pour l’Italie, a-t-elle affirmé.

La représentante a également souligné que les processus de paix auxquels les femmes ont participé ont plus de chance de tenir.  Aussi a-t-elle appuyé l’Alliance globale des réseaux régionaux des femmes médiatrices qui a été lancé le 26 septembre dernier.  Les femmes peuvent changer la donne, a déclaré Mme De Martino.  Mais nous avons cependant besoin des hommes dans cette bataille. 

M. STANLEY RALPH CHEKECHE (Zimbabwe) a rappelé l’attachement de son pays à la parité, malgré les défis à surmonter pour y parvenir.  Assurant que l’éducation reste prioritaire au Zimbabwe, il a noté que son gouvernement a garanti des allocations budgétaires pour permettre de progresser vers la parité.  Il a aussi consenti d’importants efforts en faveur de l’alphabétisation, dont le taux figure aujourd’hui parmi les plus élevés en Afrique.  Selon le représentant, l’égalité des sexes constitue une des grandes avancées constitutionnelles de son pays.  En outre, il est illégal, depuis 2016, au Zimbabwe, de se marier à une femme de moins de 18 ans, l’objectif du Gouvernement étant de prévenir le mariage des enfants, notamment dans les zones rurales.  Un autre de ses objectifs est de permettre l’accès aux terres pour les femmes.  C’est pourquoi, a relevé le délégué, une réforme territoriale a été menée ces dernières années.  Elle permet aujourd’hui à 29% des femmes d’accéder à des terres et de pouvoir les exploiter.  Dans un souci d’inclusion, le Gouvernement a par ailleurs lancé en 2018 une banque de microfinance en direction des femmes et des jeunes, qui permet l’octroi de prêts à des conditions favorables.  Enfin, il accorde une grande attention aux membres les plus vulnérables de la société zimbabwéenne auxquels il apporte toutes sortes d’aides et de services.  Le Zimbabwe propose aussi des services de maternité gratuits aux femmes enceintes, a indiqué le représentant. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission face aux défis émergents dans la lutte contre le crime organisé, le trafic de stupéfiants et la cybercriminalité

Soixante-quatorzième session,
5e & 6e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4260

La Troisième Commission face aux défis émergents dans la lutte contre le crime organisé, le trafic de stupéfiants et la cybercriminalité

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a tenu aujourd’hui son débat consacré à la prévention du crime et la justice pénale, la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles et le contrôle international des drogues, l’occasion pour le Directeur de la Division des traités de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. John Brandolino, de souligner que la coopération internationale est une « condition sine qua non » pour qui veut relever ces défis transnationaux. 

Les États Membres ont ensuite échangé sur les défis qui se posent à eux et les moyens à mettre en œuvre pour lutter contre les fléaux.  L’Afghanistan a notamment expliqué qu’outre le conflit et des problèmes socioéconomiques, comme le chômage et la pauvreté, la forte demande internationale en produits stupéfiants a elle aussi contribué à l’augmentation de leur commerce illégal à l’échelon local, sans oublier les importantes quantités de « précurseurs de drogue » qui sont acheminées dans le pays par des organisations criminelles transnationales, y compris des groupes terroristes. 

« Si la surface de culture du pavot a décru de 20% en 2018, la production de drogue a battu de nouveaux records et 53% de la surface cultivable utilisée pour la production de drogue est contrôlée par des forces antigouvernementales et des groupes insurgés », s’est inquiétée la représentante.

Le Pakistan a constaté quant à lui qu’« avec la prolifération des nouvelles technologies, les routes du trafic, les modes opératoires et les méthodes de dissimulation se transforment rapidement ».  Il s’est également inquiété de la tendance actuelle à la légalisation des drogues dans certaines parties du monde, dénonçant une approche « contre-productive » qui, a-t-il prévenu, ouvrirait la porte à une augmentation de la consommation et aurait un impact négatif sur sa région. 

Le Nigéria a mis en garde contre « la légalisation incontrôlée sans étude complète de ses effets », tandis que le Bélarus et la Chine ont eux aussi décrié la tendance à la dépénalisation de certaines drogues comme le cannabis, à l’image d’une réforme citée par Israël qui vise, depuis cette année, à dépénaliser l’usage du cannabis pour les primo-contrevenants, afin de mettre l’accent sur l’éducation, la prévention et les soins.  Singapour a rappelé, quant à elle, que les drogues, dont l’opium, étaient légales sur son territoire jusqu’en 1946, et a prévenu que leurs conséquences nocives sur la criminalité, la violence et les dysfonctions familiales ont perduré pendant plus de 30 ans après leur interdiction. 

Du côté de l’Algérie, on s’est plus particulièrement préoccupé du fait que les bénéfices financiers de la criminalité organisée permettent de financer des groupes terroristes, mais aussi du danger grandissant de l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, dont le recrutement, l’entraînement et la propagande.  Une préoccupation également partagée par le Japon et l’Union européenne, qui ont de surcroît souligné que la lutte contre ces délits suppose de trouver un équilibre « délicat » entre sécurité et défense des valeurs et des droits.  Le Liechtenstein s’est également préoccupé des risques que fait peser la cybercriminalité, entre autres, sur la sécurité des États et leurs citoyens, une forme de criminalité dont l’Ukraine a dit être victime.  Le Qatar a également indiqué avoir été confronté à la piraterie électronique et a expliqué que cela avait été prétexte à une crise régionale « artificielle » qui avait « profondément affecté la stabilité et la sécurité régionales et internationales ».

Face à la prévalence de ces phénomènes, la Chine a estimé que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée ne permet pas de lutter contre la cybercriminalité et a conseillé aux États Membres d’élaborer d’un nouvel instrument pour y faire face.  « L’absence de cadre international inclusif, portant sur la lutte contre la cybercriminalité reste un défi majeur pour la communauté internationale, dans la mesure où les instruments existants, ayant été développés par un nombre restreint d’États, sont inapplicables au plan international », a renchéri l’Iran, appuyé par la Fédération de Russie et Cuba. 

Les États-Unis ont toutefois jugé inutile de se doter d’un nouvel instrument ou de lois spécifiques, arguant que cela ne ferait que compromettre les progrès dans la mise en œuvre des traités existants, tandis que l’Union européenne a préconisé de s’atteler davantage à l’application de la Convention de Budapest sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe.  L’importance des travaux du Groupe d’experts chargé de réaliser une étude approfondie sur la cybercriminalité a également été soulignée à plusieurs reprises.

Si la lutte contre le trafic de stupéfiants et la cybercriminalité a, avec la question de l’utilisation de ces réseaux à des fins terroristes, constitué l’essentiel des discussions de cette séance, d’autres thématiques, comme la traite des êtres humains ou l’émergence de nouvelles substances psychotropes, ont également été soulevées à plusieurs reprises par les délégations qui n’ont cessé d’insister sur l’importance de la coopération internationale pour faire face à ces fléaux.

Au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), l’Angola a également prévenu que le trafic d’espèces sauvages continue de profiter des faiblesses des États et prospère également en raison d’une demande croissante.  À ce sujet, l’Afrique du Sud a expliqué avoir lancé le projet de « code barre » de la vie sauvage, un programme qui a donné naissance à la première bibliothèque ADN de référence sur la faune qui répertorie une centaine d’espèces menacées. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 4 octobre, à partir de 10 heures, avec l’examen du point 26 consacré à la promotion des femmes.

PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE (A/74/125A/74/126A/74/127A/74/128)

LUTTE CONTRE L’UTILISATION DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS À DES FINS CRIMINELLES (A/74/130)

CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES (A/74/129)

Déclaration liminaire

« Comme le sait la Troisième Commission, la coopération internationale est une condition sine qua non pour qui veut relever les défis transnationaux », a d’emblée déclaré M. JOHN BRANDOLINO, Directeur de la Division des traités de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Il a rappelé les préparatifs du quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui se tiendra l’an prochain à Kyoto, et se concentrera sur les moyens de promouvoir la prévention du crime, la justice pénale et l’état de droit en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

« Alors qu’il reste une décennie pour parvenir aux objectifs de développement durable (ODD), nous ne sommes pas encore sur la bonne voie pour atteindre les cibles convenues », a averti M. Brandolino, estimant que le congrès de Kyoto tombera à point nommé pour faire progresser ce processus.  Selon lui, le meilleur moyen d’y arriver est de s’appuyer sur des engagements partagés et des cadres agréés.  Il a cité, à cet égard, l’exemple des efforts déployés pour réduire la corruption et les vols d’avoirs. 

Il a souligné que la Convention des Nations Unies contre la corruption demeure le principal instrument pour soutenir l’action contre la corruption.  L’Assemblée générale a reconnu l’importance de ce travail en programmant, pour 2021, la toute première session spéciale consacrée à cette question, a-t-il relevé.  Par ailleurs, au terme d’une décennie de négociations, les États Membres se sont mis d’accord sur un mécanisme de révision de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses Protocoles relatifs à la traite des personnes et aux trafics illicites de migrants et d’armes à feu, a-t-il ajouté.  Il a de plus rappelé que 2020 marquera le vingtième anniversaire de cette convention qui a « mieux que résisté au temps ».  En effet, a-t-il noté, elle a permis d’apporter des réponses globales à des défis évolutifs ou émergents tels que la criminalité maritime, la criminalité liée aux espèces sauvages et aux forêts, et la cybercriminalité. 

Évoquant le rapport rédigé par l’ONUDC sur ce dernier point, M. Brandolino a indiqué que les États Membres y soulignent l’importance de la coopération pour combattre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles et terroristes.  Il s’agit d’un consensus que l’ONUDC a contribué à développer, a-t-il dit, assurant que l’Office travaille avec les gouvernements à contrer et prévenir la cybercriminalité en formant des policiers, des procureurs et des juges.  L’élaboration de ripostes à cette forme de criminalité, qui inclut aussi le blanchiment d’argent, est une priorité de l’ONUDC, a-t-il insisté. 

Il a expliqué que l’Office aide les États Membres à déjouer ces menaces par le biais de réponses nationales, régionales et interrégionales mais aussi d’une coordination opérationnelle.  De plus, il fournit un soutien scientifique et médico-légal afin de renforcer les capacités à identifier, sécuriser et évaluer les éléments de preuve.  Il s’appuie pour cela sur des synergies avec des partenaires du système onusien, des organisations régionales, des représentants de la société civile et du secteur privé, ainsi que des parlementaires. 

En sus de l’assistance technique qu’il fournit pour prévenir et contrer la traite des êtres humains et le trafic illicite de migrants, l’ONUDC est aussi membre du Comité exécutif du Réseau des Nations Unies sur les migrations, a poursuivi M. Brandolino.  L’Office travaille aux côtés de 24 partenaires pour renforcer l’action collective contre cette criminalité. 

En coordination avec le Bureau de lutte contre le terrorisme, l’ONUDC apporte en outre sa contribution aux efforts visant à combattre le financement du terrorisme, notamment via ses liens avec la criminalité organisée.  D’autre part, il aide les pays confrontés aux défis que représente le retour des combattants terroristes étrangers. 

S’agissant du problème de la drogue, a-t-il précisé, l’ONUDC vient en aide aux pays concernés en leur proposant des partenariats basés sur une approche tenant compte de la science et des droits, conformément à la déclaration ministérielle adoptée en mars lors d’une réunion de haut niveau de la Commission des stupéfiants.  Cela comprend la facilitation des échanges d’expertises et d’expériences, l’assistance sur le terrain pour promouvoir les normes internationales sur la prévention des drogues ainsi qu’une coopération policière et judiciaire pour contrecarrer les trafics de drogues illicites et de précurseurs.  Le Directeur a ajouté que son Office travaillait aussi à des alternatives aux cultures de drogues illicites en proposant des solutions de subsistance durables.  Il s’appuie pour cela sur des partenariats public-privé et sur l’autonomisation des communautés. 

Enfin, l’ONUDC encourage les États Membres à trouver des alternatives thérapeutiques aux peines de prison pour les personnes souffrant de troubles liés à la drogue et œuvre, en partenariat avec ONUSIDA, à la prévention du VIH/sida chez les toxicomanes et les détenus.  La prévention est également au cœur de son action en faveur d’une justice pénale centrée sur les droits de l’homme et les questions de genre, a souligné M. Brandolino, rappelant que l’action de l’Office repose sur une approche mêlant expertise de terrain mais aussi recherche et analyse. 

Suite à cette intervention, l’Afghanistan a souligné qu’en cette période de mondialisation, la communauté internationale est de plus en plus confrontée à ce défi multifacettes qui nécessite une démarche multidimensionnelle au plan mondial.  Il a expliqué qu’en Afghanistan, des facteurs nationaux et externes ont contribué à la production et commercialisation des stupéfiants, un problème notamment aggravé par le conflit et les problèmes socioéconomiques que connaît le pays, ainsi que par l’ampleur de la demande à l’échelle internationale.  Il a également pointé les organisations criminelles et a précisé qu’entre 2,9 et 3,7 millions d’Afghans sont touchés par le fléau de la drogue.

Débat général

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola), au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a expliqué que même si le crime persiste dans la région de la SADC, il est « petit à petit » de mieux en mieux contrôlé par les autorités, et ce, malgré les défis liés aux plateformes numériques.  Il s’est cependant préoccupé de l’impact du trafic de stupéfiants et d’autres violations criminelles, telles que la corruption, sur le développement économique et la stabilité de la région.  Parmi les causes de la criminalité, il a cité la pauvreté et le chômage, ainsi que la faiblesse des systèmes judiciaires, de même que les niveaux élevés d’inégalités, aussi bien au sein qu’entre les pays.

Dans la région de la SADC, a-t-il poursuivi, le trafic d’espèces sauvages, qui est une des principales activités criminelles, continue de profiter des faiblesses des États.  Ce commerce illicite prospère également en raison d’une demande croissante, et la SADC réclame l’aide de la communauté internationale pour l’aider à contrer et prévenir ces crimes.

Le représentant a également alerté que la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, prend aussi de l’ampleur dans la région.  Pour contrer ce fléau, il a insisté sur la nécessité d’agir avec fermeté et de mettre sur pied des cadres législatifs pour prévenir le phénomène.  Treize des 16 membres de la SADC se sont d’ailleurs dotés de législations spécifiques pénalisant la traite des personnes et les autres pays de la sous-région utilisent différentes lois pour pénaliser ces pratiques.

Poursuivant, M. Gimolieca s’est inquiété du fait que les jeunes sont les principales victimes de la consommation de stupéfiants dans la région.  Il a préconisé une démarche multidimensionnelle pour faire face à ce trafic et a expliqué que les États membres de la SADC ont développé des stratégies pour mettre en place des programmes intégrés et des activités pour lutter contre les causes profondes de l’usage de stupéfiants. 

Cependant, la plupart des pays n’étant pas suffisamment équipés pour faire face à la criminalité transnationale, la prévention du crime est tributaire d’une coopération, a souligné M. Gimolieca.  La SADC s’efforce néanmoins d’améliorer la capacités et la transparence des systèmes de justice pour contrer la menace croissante et s’engage à prendre des mesures dans le domaine de la prévention.

Mme JO-PHIE TANG (Singapour), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné qu’une coordination étroite et de solides partenariats demeurent indispensables dans le combat contre la criminalité transnationale si l’on veut préserver la sécurité des communautés.  Elle a expliqué que compte tenu de leur emplacement géographique, les États de l’ASEAN sont vulnérables au terrorisme, à la cybercriminalité, à la criminalité économique internationale, au trafic illicite des drogues et à celui des personnes.  Pour y parer, l’ASEAN tient chaque année une réunion ministérielle sur la criminalité transnationale et œuvre à la mise en œuvre de son plan d’action 2016-2025 contre ce fléau, pour lequel elle a élaboré un programme de travail pour 2019-2021.  Des progrès ont également été réalisés en ce qui concerne le plan de travail Bohol sur la traite des personnes (2017-2020) qui est assorti d’une matrice d’évaluation de la mise en œuvre. 

Elle a rappelé que le rapport de l’ONUDC « Criminalité transnationale organisée dans le Sud-Est asiatique: évolution, croissance et impact », publié en juillet 2019, avait révélé que les drogues synthétiques étaient devenues le commerce illicite le plus profitable dans cette région, les syndicats de la drogue y brassant 60 milliards de dollars par an uniquement sur le marché de la méthamphétamine.  Les nouvelles substances psychotropes ont également commencé à proliférer à un rythme effréné dans la région.  Pour face à ces menaces, l’ASEAN a lancé, en 2017, entre autres, un plan de coopération pour lutter contre la production et le trafic illicite de drogues dans le Triangle d’or, et s’est doté d’un centre de coopération sur les stupéfiants (ASEAN-NARCO) et d’un réseau de surveillance des drogues (ADMN), de même que d’un portail d’éducation à la prévention de la toxicomanie, tout en améliorant la couverture pour les traitements. 

L’ASEAN a par ailleurs adopté, l’année dernière, le Plan d’action pour la prévention et la riposte à la montée de la radicalisation et de l’extrémisme violent (2018-2025) qui promeut la modération et la tolérance en encourageant le dialogue et la prévention, la collaboration avec les chefs de file religieux et les organisations, ainsi qu’une éducation inclusive et équitable pour tous.  Ce plan permet également aux États membres de l’ASEAN de renforcer leurs capacités d’application des lois, l’engagement avec les communautés vulnérables et l’autonomisation des jeunes.  Une conférence régionale sur la sécurité de l’aviation dans le cadre de la lutte contre le terrorisme a en outre eu lieu l’année dernière à Singapour avec le concours d’INTERPOL.  Enfin le « Cyber Capability Desk » a été lancé pour accroître les capacités de lutte contre la cybercriminalité. 

M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie), au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné que la pauvreté, le crime transnational organisé, la traite des personnes, la corruption, le trafic de drogue et la cybercriminalité figurent parmi les principaux défis de notre temps.  Il a également constaté que les conflits, les changements climatiques et les inégalités économiques au sein et entre les communautés, contraignent les personnes à fuir leur pays à la recherche de nouvelles opportunités, les exposant à la traite humaine, aux travaux forcés, voire à la mort.  Il a mis en cause les réseaux criminels transfrontaliers. 

Le représentant a également cité le domaine de la technologie, notant qu’alors même que les avancées technologiques permettent de contribuer positivement au développement durable, elles peuvent également créer de nouvelles formes de criminalité.  La cybercriminalité, à elle seule, génère quelque 1,5 mille milliards de dollars en recette par an, a-t-il déploré, et les femmes et les enfants sont les premières victimes de ces crimes odieux.  Il a de plus indiqué que les pays en développement enregistrent un grand retard en matière de défense contre ce fléau.  Il a saisi cette occasion pour appeler à un appui aux plans technique et financier, se disant favorable à une démarche globale et équilibrée en matière de lutte contre ce phénomène. 

Le représentant a également prévenu que le trafic et l’abus de drogue représentent une véritable menace pour le continent africain et que des ressources supplémentaires sont nécessaires pour prévenir et traiter ce fléau. 

Il a indiqué que le Groupe des États d’Afrique s’engage à lutter contre la corruption et à renforcer la bonne gouvernance et l’état de droit.  Il a également rappelé que l’Union africaine a fait de 2018, l’année de lutte contre la corruption, sous le thème « Gagner la lutte contre la corruption: voie durable pour la transformation de l’Afrique ».  En effet, a-t-il poursuivi, la corruption retarde le développement économique du continent.

M. Kapambwe a aussi parlé de l’impact, sur le financement du développement, de l’évasion fiscale et des flux financiers illicites, y compris le trafic de minerais, d’espèces sauvages, de drogue et d’êtres humains.  Il a en outre relevé que la criminalité est un phénomène largement dominé par les hommes.  De ce fait, les méthodes de prévention de la criminalité doivent cibler les hommes et les garçons en premier lieu afin de prévenir les conditions propices à un comportement criminel, a-t-il estimé.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que le taux de criminalité a des conséquences préoccupantes dans la région des Caraïbes qui fait face à de nombreux défis en raison de la porosité des frontières, de la migration irrégulière, du transbordement des drogues, du flux d’armes illicites et de menaces dans le cyberespace.

La CARICOM s’est engagée à mettre en œuvre son plan stratégique 2015-2019 et à redoubler d’efforts pour s’attaquer aux facteurs sociaux du crime, augmenter la sensibilisation du public et mobiliser l’action régionale pour s’attaquer aux facteurs multidimensionnels de la criminalité.

La CARICOM a élaboré plusieurs stratégies clefs en ce sens, a poursuivi le représentant, qui incluent le renforcement de la résilience, la réduction des vulnérabilités et la collecte de données, tout en mettant l’accent sur la sécurité des citoyens.  La CARICOM élabore également un plan de prévention du crime et de développement social, et a signé un accord sur la confiscation des biens volés. 

La CARICOM continue d’être témoin d’une forte criminalité par les armes.  Au moins 75% de la criminalité violente implique l’utilisation d’armes à feu illicites, et ce, malgré les progrès fait pour réduire les armes à feu, a notamment déploré M. Rattray.

Il a exhorté la communauté internationale à apporter son soutien à l’élaboration de lois et instruments internationaux, notant en outre que la lutte contre le trafic de drogue est un défi complexe et qui doit être réglé par la coopération de toutes les parties prenantes.  Il a par ailleurs indiqué que des ressortissants de la région ont été ciblés pour être recrutés par des organisations extrémistes.

M. CHRISTOPHE FORAX, de l’Union européenne (UE), a estimé que le système des Nations Unies a le mérite d’épauler l’action que chaque gouvernement doit mener pour relever les défis liés au contrôle des drogues, à la criminalité transnationale organisée, y compris la cybercriminalité, et aux éventuels attentats terroristes, et d’encourager la coopération judiciaire entre États et organisations régionales.  La lutte contre ces délits suppose de trouver un équilibre délicat entre sécurité et liberté, efficacité et défense des valeurs et des droits, a-t-il estimé, avant de réaffirmer l’importance de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et Protocoles s’y rapportant.

S’agissant de la traite des personnes, il a expliqué que l’Union européenne s’est dotée d’une politique et d’un cadre juridique ambitieux et solide pour faire face au fléau.  Il a insisté sur la nécessité de forger des partenariats et a indiqué que des jalons ont été posés pour ce qui a trait en particulier à la coopération transfrontière, avec la société civile, et à la mise en place de mécanismes de renvoi nationaux et transnationaux.  Il s’est cependant inquiété de la persistance d’un pourcentage élevé d’impunité de tous les auteurs.  « Ce n’est qu’en mettant fin à l’impunité de tous les acteurs, trafiquants, exploitants, profiteurs et utilisateurs que l’on sera en mesure de garantir la reddition de comptes pour les victimes », a affirmé M. Forax. 

Se penchant ensuite sur le problème du trafic de migrants, le représentant a réaffirmé la détermination de l’Union européenne à combattre les « passeurs et leur modèle de commerce meurtrier ».  Il a encouragé à investir davantage de ressources et à rechercher des moyens novateurs pour s’attaquer aux réseaux criminels.  De son côté, l’Union européenne a adopté en décembre 2018, dans le cadre de son plan d’action contre le trafic de migrants 2015-2020, une série de mesures globales et opérationnelles pour lutter contre les réseaux de trafiquants.  Il a souligné, à cet égard, que le trafic de migrants, qui sape le bien-être et la cohésion sociale des pays d’origine, de transit et de destination, est devenu de plus en plus violent, mettant parfois en péril la vie des migrants.  Nous avons donc tous un intérêt essentiel à renforcer notre coopération pour faire front contre les trafiquants, a-t-il souligné, avant d’appeler à la mise en œuvre du Protocole des Nations Unies contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air. 

M. Forax a ensuite indiqué que des sommes importantes ont été allouées par les membres de l’Union européenne pour contrer le fléau, et que l’opération SOPHIA a conduit à l’arrestation de nombreux passeurs et à la saisie de centaines de bateaux.  Parallèlement, les missions civiles de l’Union européennes en Libye, au Mali et au Niger appuient le renforcement des capacités de la police et d’autres forces nationales pour contrecarrer le trafic des migrants dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Le représentant a aussi résumé les actions récentes de l’Union européenne concernant la criminalité maritime, en particulier la piraterie, les vols armés, le trafic des armes et des stupéfiants.  L’UE a adopté cette année un plan d’action révisé sur la sécurité maritime, axé sur une plus grande action entre acteurs civils et militaires et entre les agences spécialisées.  D’autre part, les membres de l’UE ont renforcé le cadre juridique contre le blanchiment d’argent. 

Le représentant a salué par ailleurs la publication, en mars 2019, de la position commune du système de l’ONU sur le problème mondial de la drogue, tout en appelant de ses vœux une connexion plus forte entre le Programme 2030 et ledit problème.  Rappelant l’opposition de l’UE à la peine de mort, notamment pour des délits liés à la drogue, M. Forax a appelé au respect du principe de proportionnalité et souligné l’engagement de ses membres à recourir à des alternatives au lieu de sanctions coercitives contre les consommateurs de drogue. 

En matière de cybercriminalité, il a insisté sur l’importance des travaux du Groupe d’experts chargé de réaliser une étude approfondie sur la cybercriminalité et a estimé que celui-ci doit continuer d’être le principal processus pour traiter de cette question au niveau de l’ONU.  Il a appelé à continuer d’accorder à la priorité au renforcement des capacités pour combattre cette forme de criminalité.  Le représentant a par ailleurs constaté qu’il n’existe pas encore de consensus quant à la faisabilité d’un nouveau traité international sur la cybercriminalité, et a préconisé de s’atteler davantage à l’application d’instruments d’ores et déjà existants, notamment la Convention de Budapest sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe et son futur deuxième protocole additionnel. 

M. ZENG WEI XIONG (Chine) a rappelé que d’immenses défis persistent en matière de lutte contre la drogue et le crime.  Il a indiqué que la Chine continuera de mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et la Convention des Nations Unies contre la corruption, et à collaborer avec la communauté internationale. 

Le représentant s’est ensuite dit préoccupé par la recommandation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à reclassifier le cannabis.  Tout en préconisant le respect des personnes, il s’est opposé à la légalisation de quelque stupéfiant que ce soit.

Il a ensuite fait part de son appui aux efforts de l’ONU pour combattre la corruption, précisant par ailleurs que le Gouvernement chinois a lancé une campagne de tolérance zéro face au phénomène.

Mme YORIKO SUZUKI (Japon) a rappelé que son pays accueillera, en avril 2020 à Kyoto, le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, et a encouragé les États Membres à finaliser avant le début du Congrès leurs négociations sur la déclaration qui doit être adoptée à cette occasion. 

Elle a ensuite appelé à aborder d’urgence le problème de l’utilisation des médias sociaux par des groupes terroristes.  Lors du Sommet du G20, qui s’est tenu à Osaka, en juin dernier, le Japon a d’ailleurs convaincu les dirigeants réunis d’insérer dans leur déclaration un libellé sur la prévention de l’exploitation d’Internet à des fins terroristes.  Nous devons toutefois traiter avec soin la question difficile de savoir comment réglementer les médias sociaux tout en respectant la liberté d’expression, a estimé la représentante, qui a aussi appelé à ne pas mettre en péril la croissance et la « saine concurrence » dans ce secteur de l’économie. 

Mme Suzuki a ensuite souligné que la cybercriminalité ne connaît pas de contraintes territoriales et temporelles, et que cette catégorie de malfaiteurs peut commettre facilement des crimes en exploitant les pays vulnérables qui n’ont pas de mesures de rétorsion.  La communauté internationale doit donc réduire ce fossé de sorte que chaque pays dispose de mesures adéquates et appropriées de lutte contre la cybercriminalité, a-t-elle estimé.  À cet égard, le Japon s’est engagé dans des programmes de renforcement des capacités et continue de soutenir de tels programmes.  La représentante a estimé que le Groupe d’experts chargé de réaliser une étude approfondie sur la cybercriminalité, qui est basé à Vienne, est le lieu idoine pour identifier les tendances, les défis et les moyens d’aller de l’avant.  Le Japon est fermement convaincu que des discussions sur la cybercriminalité devraient être menées au niveau de ce groupe, a-t-elle dit. 

Mme MYRIAM OEHRI (Liechtenstein) a estimé que l’examen de la question de la cybersécurité faisait pleinement partie de la mission des Nations Unies en faveur de la paix, des droits de l’homme et du développement durable.  Elle a souligné que le risque de militarisation accrue de l’espace et les développements de l’intelligence artificielle et de la cybercriminalité faisaient peser un risque réel sur la sécurité des États et leurs citoyens.  Selon lui, ces questions doivent être analysées de près et faire l’objet d’un renforcement législatif pour, en particulier, mettre fin à l’impunité qui laisse libre cours à l’intensification de la guerre numérique.  La représentante a ainsi annoncé que sa délégation accordera une attention particulière à l’encadrement des cyberattaques et de la guerre numérique par le droit international.  À cet égard, elle a souligné l’importance de veiller à ce que la régulation du cyberspace et de la pénalisation de la cybercriminalité soit respectueuse de la vie privée et du droit des personnes.  Le Liechtenstein appuie fermement un renforcement du droit international en matière de cyberespace basé sur la transparence, la coopération et les droits de l’homme, a-t-elle insisté, rappelant à cet égard la pertinence de la Convention de Budapest et l’opposition de son pays à des mesures ou des normes parallèles.  Enfin, elle a indiqué que son pays avait rejoint le Partenariat pour l’information et la technologie de l’Alliance pour le multilatéralisme, qui réaffirme le droit à la liberté d’opinion et d’expression. 

M. MICHAEL BARUCH BAROR (Israël) a indiqué que les autorités locales sont les acteurs majeurs de la lutte contre les stupéfiants en Israël et sont dotées, à cette fin, des moyens nécessaires.  Les efforts de prévention commencent dès le jardin d’enfants, grâce à des programmes promouvant une vie saine et à des événements sportifs et culturels, a-t-il dit.  Il a également souligné le rôle clef joué par les parents en la matière.  Il a mentionné le programme « La patrouille des parents », par lequel des parents volontaires font des rondes dans des lieux fréquentés par les jeunes, tels que les parcs, pour discuter avec eux de cette question.  Une autre réforme mise en œuvre cette année a dépénalisé l’usage du cannabis pour les primo-contrevenants, afin de mettre l’accent sur l’éducation, la prévention et les soins.  L’usage de stupéfiants est un défi global, qui requiert un engagement global pour le combattre, a conclu le délégué.

Mme HASAN (Iraq) a indiqué que son pays n’est pas à l’abri de la criminalité transfrontalière, mettant en évidence le lien existant entre criminalité transfrontalière et le terrorisme.  À cet égard, elle a rappelé que son gouvernement et le peuple iraquien ont fait les frais d’attaques terroristes et criminelles « sans précédent ».  Ces actes vils, qui ont fait des milliers de morts et détruit villes et villages entiers, ont hypothéqué la sécurité et la sûreté de la société iraquienne, a-t-elle notamment dénoncé. 

La représentante a ensuite indiqué que l’Iraq s’est doté d’une stratégie nationale de lutte contre les drogues et d’un comité supérieur de lutte contre les stupéfiants, présidé par le Ministre de la santé.  L’Iraq est également en train d’amender la législation pour appuyer la réinsertion sociale des toxicomanes.

Sur le volet de la traite des personnes, elle a indiqué que son pays n’a ménagé aucun effort pour la protection des victimes, des témoins et des lanceurs d’alerte.

M. AZIZ (Pakistan) a relevé que la production, la transformation, le trafic et la consommation de la plupart des drogues sont en hausse.  Il a également déploré que 35 millions de personnes à travers le monde souffrent de problèmes liés à la drogue alors qu’une sur sept seulement reçoit un traitement.  « Avec la prolifération des nouvelles technologies, les routes du trafic, les modes opératoires et les méthodes de dissimulation se transforment rapidement », a-t-il constaté. 

Le représentant s’est notamment alarmé de l’augmentation de la culture et de la production de pavot dans sa région et a expliqué que le Pakistan est l’« un des pays de transit les plus touchés » par ce phénomène.  Il a ensuite indiqué que la stratégie nationale de son gouvernement repose sur la réduction de l’approvisionnement et de la demande ainsi que sur la coopération internationale. 

Le représentant s’est par ailleurs inquiété de la tendance actuelle à la légalisation des drogues dans certaines parties du monde, dénonçant une approche « contre-productive » qui, a-t-il prévenu, ouvrirait la porte à une augmentation de la consommation et aurait un impact négatif sur sa région. 

Il a ensuite relevé que l’avènement des nouvelles technologies entraînait une « internationalisation » du crime organisé, en particulier en matière de blanchiment d’argent, de cybercriminalité, de corruption et de trafic des êtres humains, qui rend de plus en plus complexes les enquêtes policières et les poursuites judiciaires.  Des éléments de preuve se trouvent souvent sous une juridiction d’un État autre que celui où le crime avait été commis et appartiennent dans quasiment dans tous les cas à des sociétés de droit privé, a-t-il signalé.  Il a donc appelé à mettre en place des réponses globales en termes de prévention et de judiciarisation pour contrer l’utilisation accrue des nouvelles technologies par les groupes criminels transnationaux. 

M. AHMED (Maldives) a indiqué que son pays est situé au carrefour des routes mondiales les plus utilisées dans le trafic de stupéfiants.  « Bien que nous restions vigilants, nous avons besoin de coopération et de soutien de la part de nos partenaires afin de surveiller et de protéger efficacement ces routes. »  Il a indiqué que son pays a renforcé la surveillance des mers autour des milliers d’îles qui constituent les Maldives.  Le délégué a ensuite mentionné les différentes lois adoptées par son pays pour lutter contre le trafic de stupéfiants, parmi lesquelles une loi contre le blanchiment d’argent.  Mon gouvernement est déterminé à ce que le glaive de la justice frappe chaque individu engagé dans le trafic illicite de stupéfiants, a conclu le délégué.

Mme ZUHAL SALIM (Afghanistan) a expliqué que deux sortes de facteurs contribuaient à la production soutenue de drogue en Afghanistan.  D’abord des facteurs domestiques, qui comprennent les défis lancés à l’état de droit par le conflit en cours dans le pays, et des problèmes socioéconomiques, comme le chômage et la pauvreté, ont aggravé les problèmes liés à la drogue. 

Ensuite des facteurs externes, à commencer par la forte demande internationale en produits stupéfiants, ont contribué à la croissance du commerce illégal de stupéfiants à l’échelon local.  De plus, d’importantes quantités de « précurseurs de drogue » sont acheminées dans le pays par des organisations criminelles transnationales, y compris des groupes terroristes et d’autres associations de crime organisé.  Pour contrer cette épidémie globale, dont les effets négatifs touchent entre 2,9 et 3,5 millions d’Afghans, le Gouvernement a mis en place des politiques de lutte contre le narcotrafic.

La représentante a ensuite indiqué que selon un rapport conjoint de l’ONUDC et du Gouvernement afghan, la surface de culture du pavot a décru de 20% en 2018, mais la production de drogue a battu de nouveaux records.  Qui plus est, 53% de la surface cultivable utilisée pour la production de drogue est contrôlée par des forces antigouvernementales et des groupes insurgés.

Pour lutter contre la pauvreté et les inégalités qui alimentent la dépendance au trafic de stupéfiants, le Gouvernement a mis en place des outils économiques et sociaux comme le Cadre national pour la paix et le développement en Afghanistan, un plan quinquennal stratégique pour appuyer le développement social durable et autonomiser les communautés locales afin de leur donner les outils nécessaires pour accéder à l’emploi. 

Mme Salim a par ailleurs signalé que la sécheresse prolongée de 2018 avait affecté l’agriculture nationale et la subsistance de beaucoup de fermiers, et que les conditions sèches sont de surcroît très propices à la culture du pavot.  Pour gérer l’approvisionnement en eau, le Gouvernement afghan développe un système de canaux pour permettre aux fermiers de cultiver des cultures alternatives.  Le Ministère de l’agriculture, de l’irrigation et du bétail a d’ailleurs mis en place un programme qui promeut la culture de l’aloe vera comme alternative au pavot, en donnant aux fermiers les outils pour cultiver cette plante de manière durable. 

Mme AYŞE INANÇ ÖRNEKOL (Turquie) a exhorté à une étroite coopération de la communauté internationale pour pallier les menaces que constituent les diverses formes de criminalité transnationale organisée, dont la traite des personnes « un des crimes les plus cruels de nos jours ».  Elle a expliqué qu’en tant que pays de destination, la Turquie a intensifié ses efforts pour combattre ce fléau en renforçant l’identification, la protection et la prévention.  La Commission de coordination nationale contre la traite des personnes a été établie en 2013 et un plan d’action de lutte contre ce phénomène est en cours d’élaboration.  Elle a appelé à adopter une approche systémique et transversale incluant la traite des personnes, la migration forcée, le travail, le développement durable et les droits de l’homme.  Elle a également expliqué qu’en Turquie, les victimes de la traite peuvent bénéficier d’une assistance et choisir de retourner dans leur pays d’origine sur une base volontaire. 

La représentante a aussi plaidé pour une coopération accrue entre les États pour lutter contre le terrorisme.  « Nous continuons à lutter avec la même détermination contre toutes les organisations terroristes, y compris l’organisation terroriste Fethullah Güllen (FETO), le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le Parti de l’Union démocratique (PYD), les Unités de protection du peuple (YPG) et Daech », a-t-elle indiqué, ajoutant qu’une « approche sélective » des organisations terroristes est inacceptable ».  Elle a aussi jugé impératif que tous les États prennent les mesures nécessaires pour faire comparaître devant la justice les membres de ces organisations.  Dans ce cadre, le principe universel « extrader ou poursuivre » est crucial dans la réponse collective au terrorisme, a-t-elle dit. 

Mme Inanç Örnekol a par ailleurs indiqué que la politique de lutte contre les stupéfiants de son gouvernement vise à démanteler les réseaux de distribution internes et internationaux et à enquêter sur le financement du terrorisme par le trafic des drogues, en particulier s’agissant de « PKK/PYD/YPG ». 

M. NUNO VAULTIER MATHIAS (Portugal) a tout d’abord précisé la position portugaise quant à la teneur du paragraphe 274 du rapport du Secrétaire général, estimant que le libellé « une nouvelle approche est nécessaire » porte uniquement sur l’inexistence de réglementations internationales globales.  Ledit paragraphe doit être lu conjointement au paragraphe 275 où il est dit que cette lacune en matière de collecte de preuve numérique doit être résolue dans le cadre de la Convention sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe (dite Convention de Budapest).  Il a jugé inutile d’élaborer un nouvel instrument pour combattre l’utilisation des TIC à des fins criminelles, estimant que les traités existants suffisent.

M. FREDRIK HANSEN, observateur du Saint-Siège, a été d’avis que la prévention du crime et la justice pénale doivent reposer sur le respect de la primauté du droit et des droits universels de l’homme.  Il a salué le fait que le quatorzième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, prévu l’année prochaine à Kyoto, au Japon, se penchera sur un spectre plus large de questions afférentes à l’état de droit dans ce contexte. 

Qualifiant, avec le pape François, la traite de personnes comme une « plaie ouverte dans le corps de la société contemporaine » et de crime contre l’humanité », l’observateur a relevé que malgré les ressources allouées et l’engagement des gouvernements, des institutions et des individus, le nombre de personnes soumises à l’esclavage ne cessent de croître.  Il a plaidé pour des ressources supplémentaires pour venir en aide aux victimes, tout en saluant le fait que les personnes « piégées dans l’esclavage moderne » sont désormais considérées comme des victimes plutôt que des « partenaires silencieux », ou même des criminels.  Cependant, en raison de l’ampleur du traumatisme des victimes, il importe d’investir sur le long terme pour leur fournir les soins et l’appui nécessaires pour leur permettre de commencer à mener une vie normale et productive.

S’agissant des stupéfiants, l’observateur a relevé que la faible disponibilité des substances contrôlées utilisées à des fins médicales et scientifiques, notamment pour soulager la douleur, et les manquements des traitements de désintoxication démontrent que le système de contrôle des drogues subit des pressions de toute part.  Le Saint-Siège a recommandé de centrer les efforts sur la mise en œuvre de tous les engagements et objectifs par le biais d’une coopération internationale accrue sur la base d’une approche scientifique intégrée reposant sur des données, multidisciplinaire et équilibrée. 

M. SERGIO ELA MIKO NCHAMA (Guinée équatoriale) s’est déclaré préoccupé par l’impact croissant de la criminalité, de la violence et des conflits armés sur les déplacements forcés de populations, parmi lesquelles figurent le plus souvent des familles et des enfants.  Il a appelé au renforcement de la coopération entre États Membres afin de prévenir les crimes et faire reculer l’impunité, saluant à cet égard le travail de l’Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants.  Le représentant a précisé que son pays s’emploie à lutter contre ces fléaux par le biais de son nouveau plan national de développement économique et social, « Horizonte 2035 », lequel vise notamment à protéger les membres les plus vulnérables de la société équato-guinéenne. 

S’agissant de la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles, elle est prise en charge par l’Autorité de régulation des télécommunications de Guinée équatoriale (ORTEL) qui agit de manière autonome et supervise les questions de cybersécurité, a indiqué M. Miko Nchama.  Sur ce point comme sur celui de la lutte contre le terrorisme et son financement, le représentant a appelé à l’unité de la communauté internationale. 

Enfin, évoquant le contrôle international des drogues, le représentant a noté que l’Afrique était elle aussi affectée par l’augmentation de la production de stupéfiants et la prévalence de leur utilisation.  « Notre population est majoritairement jeune et vulnérable en raison de l’existence de conflits, de la criminalité internationale organisée, de groupes armés, du terrorisme, de mercenaires, d’extrémistes radicaux et de la menace terroriste », a-t-il fait valoir, se prononçant pour une approche antidrogue centrée sur l’amélioration de la santé et le bien-être socioéconomique des personnes, conformément au Plan d’action de l’Union africaine pour le contrôle des drogues. 

Mme DEANDRA CARTWRIGHT (Bahamas) a rappelé que les Bahamas avaient établi un nombre important de traités de coopération bilatéraux et régionaux d’assistance juridique et judiciaire sur le contrôle du trafic de drogue et de crimes liés, dont le Traité d’extradition des Bahamas de 1994.

Elle a ensuite expliqué que le Plan antidrogue actuel, ayant cours de 2017 jusqu’à 2021, repose sur l’effort collaboratif entre le Gouvernement et des ONG, en incorporant les recommandations de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le VIH/sida (UNGASS).

Les Bahamas disposent aussi d’un système national de traitement et d’intégration sociale des toxicomanes qui prend en compte leur âge, leur sexe et les droits humains de manière non discriminatoire.  Ses standards de traitement, en phase de pilotage terminal depuis l’an dernier, sont aux normes internationales en vigueur.  Elle a précisé que la mise en place de ce système est prévue pour l’an prochain et que l’établissement de tribunaux réservés aux consommateurs de drogues est aussi en phase d’implémentation. 

En matière de coopération, un programme tripartite a été mis en place avec les îles Turques et Caïques et les États-Unis pour intercepter les livraisons de drogues.  Le Gouvernement est par ailleurs en train de mettre en place une méthode permettant de récolter des données sur le trafic d’êtres humains, a indiqué la représentante. 

M. ALEXANDER OPIMAKH (Bélarus) a indiqué que son gouvernement accorde une attention particulière à la lutte contre la traite des êtres humains et que sa délégation présentera une résolution sur ce point.  La nature transnationale de cette forme de criminalité nécessite des mesures efficaces et rapides, a-t-il ajouté.

Il a appelé à mettre le potentiel que recèlent les technologies de l’information et des communications au service de la lutte contre le terrorisme, et à utiliser les technologies modernes pour assurer la sécurité de l’espace informatique, notamment pour les jeunes.

Le représentant s’est par ailleurs opposé à la légalisation des stupéfiants.  Il a indiqué que la politique de lutte contre les stupéfiants du Bélarus avait permis d’assainir la situation et d’éviter que les jeunes tombent dans cette dépendance.

M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines) a souligné que le fléau des stupéfiants n’épargne aucun pays, ni âge, ni sexe, et s’est préoccupé de la tendance à la hausse de la production et de la commercialisation de la drogue.  En 2017, quelque 271 millions de personnes, soit 5,5% de la population mondiale âgées de 15 à 64 ans ont utilisé des stupéfiants, a-t-il déploré.  Il s’est également alarmé des rapports faisant état de la progression de l’usage des amphétamines dans la région du Sud-Est asiatique.

« Nous sommes fatigués de voir des vies et familles brisées et refusons de laisser les stupéfiants voler nos jeunes et notre avenir », s’est-il emporté.  Il a souligné que son gouvernement est infaillible pour défendre les personnes qui respectent le droit contre celles qui l’enfreignent sur son territoire.  « Cela est le devoir et le rôle de l’État, et n’est ni le rôle des Nations Unies, ni d’aucun autre organisme international », a-t-il martelé.  Il a aussi affirmé que la lutte contre le fléau de la drogue n’a jamais été menée dans son pays aux « dépens des droits de l’homme ».

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) a rappelé qu’en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée, les objectifs de développement durable (ODD) ne pourront être atteints sans une démarche inclusive basée sur le développement économique et social.  Il s’agit avant tout de lutter contre la pauvreté et le sous-développement, a appuyé le représentant de l’Algérie.

Le représentant a averti que le trafic de stupéfiants représente une menace sérieuse à la sécurité et la stabilité, pour ensuite préciser que plus de 52 tonnes de cannabis ont été confisquées en Algérie en 2017.  Il est indiscutable que les bénéfices financiers permettent le financement de groupes terroristes, avec le paiement de rançons, a souligné le délégué.  Les interactions du terrorisme avec le trafic illégal de stupéfiants, d’armes à feu, de migrants, d’êtres humains exacerbent la situation.  Dans ce contexte, une action effective commence par un engagement commun, a rappelé M. Bessedik.

Par ailleurs, l’Algérie est fortement concernée par la cybercriminalité et le danger grandissant de l’utilisation d’Internet à des fins terroristes, dont le recrutement, l’entraînement et la propagande.  Aussi, le représentant a estimé que l’inclusion d’un point à l’ordre du jour de l’Assemblée générale sur l’utilisation des technologies de l’information et des communications dans la criminalité ne peut être que bénéfique.

M. Bessedik a ensuite rappelé la mobilisation de l’Algérie en faveur de la création d’AFRIPOL, un mécanisme de l’Union africaine dont le siège est à Alger, qui a pour objet de renforcer la coordination policière contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme, le trafic d’armes et la drogue.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a indiqué que dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration de Doha, son pays avait élaboré en janvier 2019, une stratégie nationale de prévention de la criminalité.  Des plans d’action ont été également mis en œuvre dans différentes parties du pays, a-t-il ajouté.  La sensibilisation, les mesures préventives, l’application de la loi, le suivi et l’évaluation continus, ainsi que le renforcement des capacités, sont les tâches essentielles de la prévention de la criminalité, selon lui.  Il s’est en outre emporté contre ce fléau qui affecte et déstabilise le tissu social du pays. 

Sur le volet de la cybercriminalité, le représentant a indiqué que le Myanmar est en train d’élaborer une législation nationale en coopérant notamment avec INTERPOL et d’autres organisations internationales et régionales.

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a indiqué que, malgré les progrès réalisés depuis la Commission de Shanghai sur l’opium, il y a 110 ans, le monde fait toujours face au problème grandissant de la drogue, lequel sape les efforts de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  La drogue constitue aussi un terreau pour d’autres crimes tels que le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent et n’épargne aucun pays, a-t-il poursuivi. 

Il a ensuite expliqué que le Gouvernement vietnamien a développé une stratégie nationale pour contrer le fléau des drogues d’ici à 2020 et a déployé des efforts concrets pour éradiquer la culture illicite de plantes psychotropes et prévenir l’abus des drogues.  Pour les personnes ayant développé une addiction à la drogue, le Viet Nam a diversifié ses méthodes de traitement et leur apporte un soutien, y inclus un appui à leur réintégration.  Le Viet Nam lutte également contre les trafiquants de drogues et des opérations ont été menées pour arrêter ces criminels.

Le mois dernier, a poursuivi le représentant, le Viet Nam a accueilli une rencontre ministérielle pour améliorer la coopération dans le combat transnational contre les stupéfiants qui a accueilli des participants de la zone ASEAN, des États-Unis, et de l’ONUDC.  Cette rencontre, a-t-il précisé, a permis un échange d’informations et d’expériences sur les situations respectives et la lutte contre la drogue.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a appelé l’ONU à accroître la coopération avec d’autres organismes tels que le Groupe d’action financière (GAFI) qui, a-t-elle relevé, joue un rôle significatif dans la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Sur le volet du fléau de la drogue, elle a préconisé une approche équilibrée pour traiter de l’abus et de l’usage détourné des médicaments.  L’Inde, a-t-elle dit, a lancé un plan national pour la réduction de la demande, axé notamment sur la sensibilisation, la conscientisation des jeunes générations ainsi que le traitement et la réinsertion.

En matière de la traite des personnes, elle a suggéré un plus fort partenariat avec la société civile, le secteur privé ainsi que davantage de ressources pour l’application de la loi afin de traquer les criminels qui ont de plus en plus recours à Internet et aux médias sociaux.  L’Inde a d’ailleurs adopté une approche multifacettes pour traiter ce phénomène, et un programme d’envergure a été mis en œuvre pour sauver et réintégrer les victimes. 

S’agissant de la cybercriminalité, elle a préconisé une plus grande coopération multilatérale pour l’échange des informations qui sont essentielles pour lutter contre ce phénomène.

« La situation est grave », a déclaré d’emblée M. JONATHAN LIM (Singapour) qui a mis l’accent sur l’action menée par son gouvernement pour faire face à la cybercriminalité.  Un plan d’action national contre la cybercriminalité a été lancé en 2016 pour renforcer les partenariats internationaux, le développement de l’écosystème de cybersécurité, et améliorer l’éducation préventive.  Singapour a également dirigé la création du Bureau des stupéfiants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui vise à renforcer la capacité de la région à combattre la cybercriminalité en combinant les renseignements, le soutien aux enquêtes et la coordination des opérations.  Pour améliorer la coordination régionale en Asie du Sud-Est, Singapour lancera également, cette année, le centre d’excellence sur la cybersécurité Singapour-ASEAN. 

En deuxième lieu, pour développer un écosystème dynamique de cybersécurité, Singapour a lancé, en 2018, un appel à l’innovation et a reçu plus de 70 propositions de solution des experts de ce secteur.  Le représentant a également insisté sur l’importance de l’éducation préventive.  À Singapour, les étudiants apprennent comment se prémunir contre la cybercriminalité et des menaces connexes par des initiatives comme « GoSafeOnline » et la campagne nationale de sensibilisation à la cybersécurité. 

Lui emboîtant le pas, Mme FOONG WAI LUMM (Singapour) a relevé que le fléau de la drogue est responsable à lui seul d’un demi-million de morts depuis 2017, selon le rapport de 2019 de l’UNODC, et touche aussi l’Asie de l’Est et du Sud-Est, où les saisies de méthamphétamines ont atteint un niveau record en 2017, huit fois plus important qu’il y a 10 ans.  La région, a précisé la déléguée, représente ainsi l’un des plus grands marchés pour les méthamphétamines, se trouve au deuxième rang mondial pour l’opium et l’héroïne, et voit monter la consommation de nouvelles substances psychoactives (NSP).  Elle a ajouté que les méthamphétamines sont aujourd’hui la drogue la plus utilisée à Singapour, suivies par l’héroïne et les NSP, et que les deux tiers des nouveaux consommateurs de drogue détectés en 2018 avaient moins de 30 ans. 

La représentante a ensuite rappelé que les drogues, en particulier l’opium, étaient légales à Singapour jusqu’en 1946, et que leurs conséquences nocives sur la criminalité, la violence et les dysfonctions familiales ont perduré pendant plus de 30 ans après leur interdiction.  La situation en ce domaine est aujourd’hui sous contrôle, et les utilisateurs de drogue représentent moins de 0,1% de la population de Singapour, a-t-elle indiqué, en ajoutant que ce succès n’est pas uniquement dû à la sévérité « bien connue » des lois de ce pays mais également aux efforts d’éducation préventive et de réhabilitation. 

Sur le plan éducatif, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement s’efforce de sensibiliser les jeunes par des bandes dessinées ou des jeux de cartes interactifs, ou par des campagnes sur les réseaux sociaux contenant des messages antidrogue.  Singapour mise aussi sur l’influence des parents, auxquels les autorités fournissent des plaquettes d’information utiles pour parler de ce sujet avec leurs enfants.  Selon un sondage national récent, 90% des jeunes qui ont parlé de la drogue avec leur famille ont été dissuadés d’en consommer. 

Le Gouvernement, a ajouté la représentante, collabore également avec les organisations religieuses et culturelles pour adapter ce message aux différentes communautés, et a partagé cette expérience avec des praticiens d’autres pays lors d’un programme de formation sur la prévention de la drogue dans le cadre de l’éducation. 

La déléguée a également parlé des progrès dans le domaine de la désintoxication et la réinsertion des toxicomanes, grâce à l’offre d’une aide psychologique, de programmes communautaires permettant aux utilisateurs de drogue de renouer les liens avec leur famille et des soutiens propices au retour dans le monde du travail.  Les résultats sont encourageants puisque le taux de récidive à deux ans a chuté, passant de 70% dans les années 90 à seulement 24% aujourd’hui, s’est-elle félicitée.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) s’est alarmé de la menace que fait peser la criminalité transnationale organisée sur la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde.  Il a appelé à la mobilisation de ressources adéquates et d’une approche proactive, ciblant les causes profondes à l’origine du crime.  Il a appelé au respect des lois, à l’arrêt des financements du crime organisé et au renforcement des capacités de lutte contre le crime organisé. 

De plus en plus de jeunes sont pris au piège de la consommation et le commerce de drogues illicites ce qui entrave le développement des communautés, a-t-il déploré.  Il a évoqué des stratégies pour fournir aux jeunes les compétences et l’éducation nécessaires pour obtenir un emploi légitime.  Il a préconisé de cibler le crime organisé et son lien avec la détérioration de l’environnement et de la faune, en particulier le braconnage des rhinocéros.  Son gouvernement a d’ailleurs renforcé ses efforts pour lutter contre cette forme de criminalité qui devient un phénomène transnational en lançant le projet de « code barre » de la vie sauvage.  Ce programme a donné naissance à la première bibliothèque ADN de référence sur la faune qui répertorie une centaine d’espèces menacées.

En matière de cybercriminalité, l’Afrique du Sud reste convaincue que la communauté internationale doit élaborer un véritable instrument international en la matière. 

Le représentant a par ailleurs signalé que le trafic illicite minier et des métaux précieux sont des crimes complexes qui ont des liens avec d’autres crimes organisés, touchant différents secteurs, notamment la traite des personnes, le blanchiment d’argent et les armes illégales.  À cet égard, l’Afrique du Sud et le Pérou ont présenté conjointement une résolution sur cette question adoptée cette année par l’ECOSOC.

M. WAEL AL KHALIL (République arabe syrienne) a annoncé que son gouvernement avait adopté une série de législations pour lutter contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, la privation de libertés, la cybercriminalité, la lutte contre les stupéfiants et les migrations clandestines, entre autres.

Il a souligné que son pays coopère avec l’ONUDC, qui l’a appelé à faire davantage pour identifier les causes profondes, trouver des solutions efficaces, et apporter le soutien nécessaire aux pays touchés par la criminalité organisée.

Le représentant a ensuite indiqué que ces huit dernières années, des groupes terroristes « barbares » se sont permis de pratiquer toutes sortes de crimes dont la traite des personnes, la traite d’enfants, le trafic d’organes, la destruction et le pillage du patrimoine syrien, ou encore la contrebande.  Ces crimes se sont multipliés et se sont accompagnés d’actes de terreur, ce pourquoi beaucoup de Syriens ont dû partir, a-t-il affirmé.  Une criminalité organisée a alors vu le jour autour des migrations. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a assuré que la lutte contre la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogue, la traite des personnes, l’exploitation minière illégale et le blanchiment d’actifs, et contre la corruption et la cybercriminalité est très importante pour le Pérou.  Le pays respecte les instruments internationaux et considère que l’Assemblée générale joue un rôle important comme forum de discussion sur ces thématiques. 

Mme ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) a souligné le lien étroit entre la production et le trafic de drogue avec le crime transnational et le terrorisme, trois fléaux qui ensemble représentent une sérieuse menace à la paix et à la sécurité internationales. 

À cet égard, elle a voulu rappeler la création du Code de conduite pour un monde exempt de terrorisme.  Pour l’heure, 85 États Membres se sont ralliés pour rejoindre ce code de conduite dont l’objectif est simple: créer une coalition de pays partageant une série d’actions pour gagner la bataille du terrorisme, s’est-elle félicitée, avant d’appeler les autres pays à y souscrire pour vaincre ce phénomène. 

La représentante a ensuite parlé du Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale, un projet d’envergure de l’ONUDC basé à Almaty.  Ce centre, mis en place par les cinq principaux pays d’Asie centrale, avec l’Azerbaïdjan et la Fédération de Russie en plus de la participation des États-Unis, du Canada et de pays européens, vise à faciliter l’échange d’informations ainsi qu’à coordonner l’activité des organismes chargés de l’application des lois, a-t-elle expliqué.

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a indiqué qu’en 2017, 14,3 millions de Nigérians prenaient de la drogue de façon irrégulière, les produits les plus utilisés étant le cannabis, suivi par le tramadol.  En 2018, le Nigéria a détruit 3 666 hectares de cannabis cultivé illégalement.  Il a ensuite mis en garde contre « la légalisation incontrôlée sans étude complète de ses effets ».

Le représentant s’est également inquiété de l’usage récréatif de médicaments opioïdes, de sirops pour la toux et d’autres substances, particulièrement répandu chez les femmes et les jeunes de 20 ans à 39 ans qui représentent les forces vives de la population active et l’avenir de la nation.  Face au phénomène, le Nigéria a mis en place des campagnes de prévention sur les réseaux sociaux et le système éducatif à partir de l’école primaire.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) a estimé que le crime organisé doit être abordé comme un phénomène mouvant, qui profite de la mondialisation, tant par la facilité des communications, l’aisance des transferts de capitaux et les voyages internationaux, pour prospérer en diversifiant et en étendant ses activités.  Il a relevé que les groupes criminels traditionnels ont évolué ou ont été partiellement remplacés par des groupes plus petits et flexibles dotés d’antennes et d’incidence dans différentes parties du monde, ce qui nécessite une réponse mondiale concertée.

Il a expliqué que la traite des êtres humains est l’un des fléaux qui touchent le plus le Guatemala et sa région, car le manque de contrôle des frontières et de plans concertés précis facilitent le passage de victimes de différentes nationalités par cette région.  Il a affirmé que les efforts du Guatemala contre les menaces transnationales sont « sans précédent dans la région », et coïncident avec des avancées importantes au niveau national en matière de transparence et de lutte contre la corruption.  Il a notamment cité le « mécanisme de gouvernement ouvert 2018-2020 », dont 70% des mesures ont déjà été mises en œuvre, tant dans le domaine de l’information publique, de la transparence fiscale que de la participation des citoyens et de l’innovation technologique. 

Outre le renforcement sans précédent du budget des autorités judiciaires, le Guatemala se conforme aux normes du Forum mondial sur la transparence fiscale, et a ratifié de la Convention concernant l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale.  Ces efforts, a précisé le représentant, ont permis au Guatemala de sortir de la liste des pays considérés comme des paradis fiscaux. 

Sur la question du crime et de la drogue, M. Castañeda Solares a préconisé une politique qui corresponde à la réalité que nous vivons et dont l’application puisse reposer sur un consensus en faisant de l’individu et non de la drogue l’axe central des mesures entreprises.

Enfin, le représentant s’est félicité de l’action conjointe menée par le Guatemala, El Salvador et le Honduras contre le crime organisé dans la région, le trafic de drogue et d’armes, les vols de voitures, l’extorsion, le trafic de migrants et les gangs ainsi que pour assurer un meilleur contrôle des frontières dans le nord de l’Amérique centrale. 

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a indiqué son pays a adopté une loi pour lutter contre la cybercriminalité il y a deux ans.  Cette loi, a-t-il dit, régit les technologies de l’information et des communications afin d’empêcher notamment toute tentative de vol des informations personnelles et éviter le chantage en ligne et la propagation d’idéologies racistes.  En outre, le Royaume lutte contre des nouveaux phénomènes qui peuvent être utilisés à des fins criminelles, a poursuivi le représentant, regrettant que la communauté internationale dans son ensemble n’ait pas été en mesure jusqu’à présent de se doter d’instruments efficaces pour lutter contre ces fléaux.

À ses yeux, l’utilisation frauduleuse d’Internet rend difficile la poursuite des responsables de crimes et délits en ligne.  En effet, a-t-il relevé, il existe une multiplicité de lois qui pénalisent les crimes en ligne, ce qui permet aux criminels d’exploiter les vides juridiques et d’échapper aux poursuites pénales.  Les lois doivent donc tenir compte de la souveraineté des pays, de la vie personnelle mais aussi des techniques dilatoires des réseaux criminels, a-t-il argué.  Le représentant a ajouté que son pays est favorable à la numérisation des données.  C’est pourquoi, entre autres exemples, le Royaume n’utilise plus le papier pour la bureaucratie de son gouvernement.  Il a par ailleurs regretté que, pour l’instant, rien n’encadre les cryptomonnaies au niveau international.

« Le monde virtuel fait partie de notre monde réel », a fait valoir le représentant.  De fait la communauté internationale, à travers les organes pertinents, doit accroître sa coopération et s’employer à mieux connaître les méthodes criminelles.  Il importe aussi de renforcer les capacités de ceux qui travaillent sur la sécurité de l’information, a-t-il conclu.

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a indiqué que dans la Corne de l’Afrique et le bassin de la mer Rouge, les populations sont confrontées à toutes sortes de crimes transnationaux tels que le trafic illicite de petites armes, la piraterie, la traite des personnes, le terrorisme et le trafic de migrants.  Mais la criminalité ne connaît pas de frontières, a-t-elle fait valoir.  C’est pourquoi, les pays de la région œuvrent de concert pour garantir la libre circulation des biens et des services, ce qui permet de lutter contre ces crimes, a-t-elle expliqué. 

L’Érythrée, a poursuivi la représentante, s’est engagée à travailler avec les pays de la région de manière bilatérale et dans le cadre d’initiatives régionales afin de s’attaquer à la criminalité sous toutes ses formes et manifestations.  Elle a précisé que son pays et l’ONUDC avaient signé en juillet un accord de coopération globale afin de combler les lacunes en matière de capacités mais aussi de promouvoir l’état de droit et les droits de l’homme.  Nous pensons, a-t-elle conclu, que la mise en œuvre de ce projet contribuera à renforcer les capacités régionales dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée. 

M. HERNANDEZ ELOTLAN, délégué de la jeunesse du Mexique, a expliqué que son pays est extrêmement touché par le phénomène de la drogue et en paie un lourd tribut.  Il a encouragé l’inclusion des différents points de vue –population, société civile, universitaires, jeunes– « car les gouvernements n’ont pas le monopole des idées ».  Il a préconisé d’intégrer dans les politiques des impératifs de prévention, de santé publique ainsi que les droits de la personne, notamment des femmes. 

Il a ensuite appelé à traiter le phénomène de la drogue dans un cadre plus holistique et à ne pas se limiter uniquement à l’approche « essentielle mais insuffisante » de la maîtrise de l’offre et la demande.  Il a appelé les États Membres à redoubler d’efforts pour progresser dans la lutte contre la drogue.  « Nous devons passer de la simple interdiction à une réglementation efficace », a-t-il estimé. 

M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a souligné la nécessité de redoubler d’efforts afin de pénaliser et de réprimer la corruption de manière efficace et exemplaire.  En Colombie, le Plan national de développement 2018-2022 considère en outre la lutte contre la contrebande comme un moyen de démanteler les systèmes de l’économie criminelle.  Le pays est en effet extrêmement préoccupé par les conséquences négatives de la contrebande de biens commerciaux par les groupes criminels transnationaux organisés, a-t-il indiqué.  Il a exhorté les États Membres à reconnaître les liens croissants entre des activités criminelles telles que le blanchiment d’argent, le trafic de drogue, la corruption, le trafic illicite d’espèces sauvages, la traite des personnes, le trafic de migrants et le financement du terrorisme, entre autres. 

Par ailleurs, M. Rugeles a jugé nécessaire d’améliorer la coordination et la coopération entre les États dans la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles, par le biais d’une assistance technique aux pays en développement.  Si elle est favorable à un Internet libre, ouvert et sûr, la Colombie considère qu’il est essentiel que les pays disposent d’outils leur permettant de coopérer pour faire front contre la cybercriminalité.  Quant à la coopération judiciaire internationale, elle doit également s’adapter aux nouvelles technologies.  En ce sens, le Gouvernement colombien estime que les sujets liés au crime cybernétique doivent continuer à être examinés du point de vue technique et politique par la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale et le Groupe d’experts chargé de réaliser une étude approfondie sur la cybercriminalité.  À ses yeux, il n’est pas nécessaire d’entamer des négociations sur une nouvelle convention sur la cybercriminalité. 

La lutte contre le problème mondial des drogues requiert l’action de toutes les nations contre la production, la distribution et la consommation de drogues, a fait valoir le délégué.  Il a estimé que le manque de convergence, et de synchronisation des actions individuelles des États a eu pour conséquence une mauvaise approche de ce problème mondial.  Aussi, a-t-il plaidé pour la concertation et la construction de synergies, en adoptant des feuilles de route communes et en renforçant la coopération.  Il a aussi jugé nécessaire de revitaliser et d’élargir le principe de responsabilité commune et partagée. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a rappelé que le crime organisé touche tous les pays et toutes les régions.  Les organisations internationales et régionales doivent par conséquent s’adapter en utilisant les outils à leur disposition.  Elles doivent en outre accorder leurs réponses et s’attaquer aux causes sous-jacentes de la criminalité, a estimé le représentant.  Le Brésil, a-t-il dit, considère que les stratégies efficaces devraient trouver en leur centre des politiques de prévention qui soient pleinement respectueuses des droits de l’homme.  Tout en reconnaissant qu’il est indispensable de lutter contre les organisations criminelles et de traduire les auteurs de crimes en justice, le Brésil est convaincu que toutes les activités de répressions doivent respecter les droits humains et l’état de droit, a insisté le délégué.  Il a indiqué, à cet égard, que le Gouvernement brésilien a mis en place cette année un plan visant à réduire la violence et les activités criminelles dans le pays.  Un projet de loi a aussi été présenté par le Ministre de la justice pour combler les vulnérabilités et lacunes du système judiciaire brésilien, a-t-il précisé. 

M. de Souza Monteiro a par ailleurs rappelé l’attachement de son pays à la lutte contre la corruption.  Il en a voulu pour preuve les enquêtes et les condamnations de haut niveau intervenues ces dernières années.  Il a ajouté que le Brésil était favorable à une approche intégrée, équilibrée et multidisciplinaire pour lutter contre les stupéfiants, dans le respect des droits de l’homme.  Il faut pour cela prévoir des traitements et une réhabilitation des toxicomanes tout en s’attaquant à l’offre et aux réseaux criminels, a estimé le représentant.  La consommation de stupéfiants est une question de santé publique et il importe de ne pas stigmatiser les victimes, a-t-il affirmé.

Mme KAMAL (Égypte) a souligné que la criminalité transnationale organisée ainsi que la cybercriminalité et la traite des personnes représentent une véritable menace à la paix et à la sécurité internationales.  Elle a appelé à s’attaquer aux liens existants entre ces groupes et le terrorisme et a appelé à multiplier les efforts au plan international pour faire face à ces multiples défis.  Elle a ensuite évoqué la stratégie de son pays pour lutter contre l’immigration illégale dans le cadre d’une approche holistique à travers la mise en place d’un comité impliquant plusieurs acteurs. 

Elle a indiqué en outre que l’Égypte, à l’avant-garde en matière de lutte contre la menace terroriste, a mis en œuvre une initiative transversale dépassant la seule approche sécuritaire et militaire pour englober les aspects économique, politique et culturel du phénomène.

L’Égypte œuvre également à faire respecter le droit des migrants et lutte contre la diffusion d’idéologies extrémistes qui font l’apologie du terrorisme.  Mme Kamal a appelé au renforcement de la lutte contre le terrorisme par le biais des TIC pour ensuite énumérer certaines des initiatives prises par l’Égypte pour lutter contre la corruption.

M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal) a jugé essentiel de renforcer la coopération entre les systèmes de justice pénale car l’impunité constitue le principal obstacle à la lutte contre les groupes criminels transnationaux pour lesquels « le franchissement des frontières représente trop souvent l’assurance d’échapper à toute poursuite ». 

Il a souligné, dans ce contexte, l’engagement de l’Afrique de l’Ouest qui a établi un cadre de coopération entre pays membres en matière de renforcement de la collaboration judiciaire pénale, de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants et la criminalité organisée, et qui a récemment adopté un plan quinquennal d’actions prioritaires de lutte contre le terrorisme.  Le Sénégal a rejoint pour sa part l’« initiative MLA » pour un nouveau traité multilatéral sur l’entraide judiciaire et l’extradition pour la poursuite des crimes internationaux les plus graves. 

La lutte contre la cybercriminalité, le terrorisme, le trafic de drogue et les crimes connexes a en outre été érigée en priorité nationale avec notamment la mise en place du Comité interministériel de lutte contre la drogue (CILD), la création du Centre de prise en charge intégrée des addictions de Dakar (CEPIAD) et celle d’une division spéciale en matière de cybercriminalité au sein de la police judiciaire. 

A aussi été créée, il y a un an, une école nationale de cybersécurité à vocation régionale (ENVR) aux fins d’accroître les capacités locales des États africains dans la lutte contre la délinquance, le terrorisme ou la radicalisation et de développer des moyens d’investigation numérique contre les cybercriminels.  Depuis 2014, le Sénégal organise chaque année le Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique.  La sixième édition du Forum sur le thème « Paix et sécurité en Afrique: les défis actuels du multilatéralisme » se déroulera les 18 et 19 novembre prochains. 

M. GABCHE (Cameroun) a indiqué que son pays fait face au phénomène des polydépendances associant alcool, tabac, cannabis et psychotropes ainsi que des abus d’antidouleurs.  Afin de lutter contre ce fléau, le Gouvernement camerounais a élaboré une stratégie s’attaquant à ses aspects socioéconomiques.  Outre la loi de 1997 sur le contrôle des drogues et de substances psychotropes, le Code pénal de 2016 permet de lutter plus efficacement contre le trafic et la consommation de drogues illicites, a-t-il assuré, précisant que ces dispositions visent en premier lieu les jeunes.  Il a indiqué à cet égard que le Conseil interministériel contre les stupéfiants a relancé une campagne d’information et de sensibilisation à destination de cette partie de la population.  Les mesures prises au niveau national ont jusqu’à présent permis de progresser, notamment en ce qui concerne les nouvelles substances psychoactives, a poursuivi le représentant. 

Le représentant a ensuite relevé qu’au niveau international, l’action collective avait freiné l’accès de certains de ces produits au marché.  Toutefois, le problème mondial des drogues demeure une menace croissante en raison de la mobilité des biens et des personnes, a-t-il relativisé, constatant que la criminalité transnationale organisée représente une menace pour la stabilité et l’état de droit.  Le terrorisme et l’extrémisme violent préoccupent le plus le Cameroun, a souligné le délégué en faisant référence aux attentats commis par le groupe Boko Haram.  Soulignant le lien existant entre le trafic de drogue et l’extrémisme violent, il a jugé nécessaire d’agir car, a-t-il dit, le premier permet de financer le second. 

Mme AL KUWARI (Qatar) a rappelé l’adoption de la Déclaration de Doha issue du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  Rappelant que son pays veillait au financement de l’application du plan d’action de cette déclaration par le truchement de l’ONUDC, elle a invité les États à intensifier leurs efforts dans ce sens.  Elle s’est félicitée que plusieurs pays aient ainsi été en mesure de renforcer leurs capacités, notamment en matière de lutte contre la corruption, la préservation des jeunes par le sport, la formation et la réinsertion des détenus.  Le plan d’action a bénéficié à 700 000 élèves et étudiants, détenus et personnel pénitentiaire, s’est-elle félicitée. 

Le Qatar s’efforce par ailleurs de créer des garde-fous pour la protection des données numériques au niveau national et l’entraide internationale dans la lutte contre la cybercriminalité, d’autant plus que le pays a été confronté à la piraterie électronique, ce qui a été prétexte à une crise régionale artificielle qui a profondément affecté la stabilité et la sécurité régionales et internationales.  Avec la collaboration de l’ONUDC, le Qatar a pris l’initiative de proposer une conférence mondiale focalisée sur les voies et moyens d’arriver à un instrument international sur la sécurité en ligne. 

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a appuyé le rôle de « coordonnateur central » de l’ONU, notamment en matière de lutte contre la criminalité organisée, tout en appelant au respect du droit international.  Il a également appelé à lutter avec urgence contre la corruption, notant que ce phénomène a gagné en importance ces dernières années, notamment dans le domaine du sport. 

S’agissant du point relatif à l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins criminelles, M. GENNADY V. KUZMIN a salué le rapport du Secrétaire général qui met en exergue la complexité des défis en raison des différences entre États Membres en matière de procédures pénales.  « Cela entrave la coopération pour l’application de la loi dans ce domaine et crée un terreau fertile à l’usage des TIC dans un cadre criminel », a-t-il averti. 

Le représentant a par ailleurs appelé à la mise en place d’une terminologie commune élaborée sous les auspices de l’ONU.  Il a aussi insisté sur la nécessité d’élaborer des règles qui tiennent compte de la réalité de tous les États Membres dans le cadre de la souveraineté et de la non-ingérence.  Il a jugé opportun de créer un nouvel instrument juridique contraignant en matière de cybercriminalité et appelé tous les États Membres à le parrainer.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a constaté que la réalité du terrain n’est guère réjouissante: le marché des drogues illicites connaît une expansion, la traite des personnes et le trafic des migrants ne faiblissent pas et enrichissent les criminels.  De même, a-t-il ajouté, les flux financiers illicites servent à financer le terrorisme.  Cet ensemble de phénomènes représente une menace concrète pour la paix, la sécurité et le développement durable, a-t-il averti, appelant à la mise en œuvre effective de la Convention de Palerme contre la criminalité transnationale organisée.  Nous devons aussi assurer la mise en application du mécanisme d’examen et poursuivre la coopération avec l’ONUDC et toutes les autres organisations internationales pertinentes, a plaidé le délégué. 

L’Italie, a-t-il poursuivi, soutient le travail des agences qui permettent la coopération internationale dans ce domaine.  Elle entend également mettre en œuvre l’objectif 16 du Programme 2030 qui, selon le représentant, ne pourra être atteint qu’en diffusant une culture de paix, en renforçant l’accès à la justice et en promouvant les droits de l’homme.  Dans ce cadre, a-t-il affirmé, la Troisième Commission devra accorder une attention particulière à la défense des droits de la personne et trouver de nouveaux moyens pour contrer les flux d’argent illicites, les détournements de paiement en ligne et le financement du terrorisme.  Comme chaque année, a-t-il conclu, l’Italie soumettra un projet de résolution qui portera sur les relations connexes entre la criminalité, les drogues et l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles. 

Mme EKA KIPIANI (Géorgie) a indiqué que la prévention de la délinquance est au cœur des efforts du Ministère de l’intérieur de son pays.  Un projet pilote visant à remédier aux lacunes existantes doit être déployé à Tbilissi avant d’être progressivement étendu à l’ensemble du pays, a-t-elle dit.  Elle a souligné l’importance de la sensibilisation et de l’éducation des citoyens pour lutter contre les activités criminelles, avant d’insister sur l’enjeu que constitue le contrôle des frontières.  Ce contrôle a été récemment centralisé et a gagné en efficacité.  La flotte des garde-côtes de la Géorgie a par ailleurs été renouvelée.  Enfin, la déléguée a mentionné le programme visant à fournir une alternative aux poursuites pénales pour toute personne de moins de 21 ans en Géorgie. 

Mme LARSON (États-Unis) a salué les travaux, à Vienne, du Groupe d’experts chargé de réaliser une étude approfondie sur la cybercriminalité, suggérant aux États Membres d’explorer les moyens de renforcer et non de dupliquer les travaux de ce groupe.  S’agissant du fléau des drogues, elle a d’abord fait observer que des milliers d’Américains meurent chaque année des suites de la consommation de drogues synthétiques, peu coûteuses et largement disponibles.  Elle a insisté sur la nécessité d’une réponse multilatérale à ce problème et a par ailleurs fait état de grandes avancées dans la mise en œuvre des trois traités relatifs au contrôle des drogues.

Sur le registre de la cybercriminalité, qui « ne connaît pas de frontières géographiques », elle a soutenu que des conventions, telles que celle de Budapest, constituent une base solide pour la coopération internationale.  Pour elle, il n’est pas nécessaire de se doter d’un nouveau traité ou de lois spécifiques car cela ne ferait que compromettre les progrès dans la mise en œuvre des traités existants. 

Quant à la problématique de la corruption, Mme Larson a d’abord souligné le lien existant entre les différents fléaux et encouragé tous les États à mettre en place un cadre juridique solide.  Elle s’est enfin réjouie de la prochaine tenue, à Abou Dhabi, de la Conférence de la Convention des Nations Unies contre la corruption.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a marqué son désaccord avec la déréglementation et la légalisation de la drogue, qui, à ses yeux, ne représentent pas une option viable car elles promeuvent la prolifération de l’usage de stupéfiants et contreviennent aux dispositions internationales en vigueur sur la fiscalisation de la drogue.  Il a estimé que le problème de la drogue doit être abordé avec respect pour les particularités et priorités nationales, leurs organisations juridiques respectives, en strict accord avec la Charte des Nations Unies et le droit international.  « Pour cela, nous réitérons le principe de la responsabilité commune, partagée et différenciée, et appuyons la coopération internationale par l’échange d’expertise et la mise à disposition de moyens financiers et logistiques aux pays en transition », a indiqué le représentant. 

M. Hermida Castillo a fait observer que le Nicaragua est l’un des trois pays les moins violents d’Amérique latine, avec un taux d’homicides de 7,5 pour 100 000, soit quatre fois moindre que la moyenne d’Amérique centrale.  Il a ajouté que le Rapport sur la compétitivité mondiale cite son pays comme l’un des rares sur son continent doté d’un indicateur de crimes et vols inférieur à 1, ce qui facilite les affaires et lui vaut la meilleure note du continent (5,7) à l’aune des coûts imposés par le crime organisé aux échanges économiques. 

« Alors que le crime a augmenté de 360% en Amérique latine en 20 ans, le Nicaragua a réussi à le réduire de 43% ces sept dernières années », s’est-il félicité.  Ce haut degré de sécurité est garanti par les institutions judiciaires et en particulier par sa police nationale, qui, a-t-il rappelé, est reconnue dans le Rapport régional sur le développement humain du PNUD comme un modèle de sécurité publique.  Le représentant a également expliqué que les différentes politiques de lutte contre le terrorisme, le crime, le trafic de stupéfiants, d’armes et d’êtres humains doivent leur succès à une collaboration constante avec la population, et font du Nicaragua « un rempart contre le crime organisé » et un facteur de stabilité régionale.

Mme MANUSINGHE (Sri Lanka) a souligné que la prévention du crime et la justice pénale sont essentielles pour une croissance économique inclusive et durable.  Au niveau national, Sri Lanka est déterminé à faire respecter l’état de droit et à lutter contre toutes formes de crime, et, sur les plans international et régional, Sri Lanka a renforcé sa coopération bilatérale, régionale et multilatérale dans ce domaine, a assuré la représentante.

Abordant la question de la cybercriminalité, elle a indiqué que Sri Lanka avait adopté la « Computer Crime Act » pour lutter contre ce problème.  Le pays est également devenu partie à la Convention de Budapest sur la cybercriminalité, et s’est doté d’une stratégie de cybersécurité en octobre dernier.

Sri Lanka condamne toutes formes de racisme, de haine et de violence extrême, a poursuivi la représentante en rappelant que le pays en avait fait les frais l’année dernière, pendant le dimanche de Pâques, où 250 personnes ont perdu la vie dans un attentat terroriste.  Dès lors, la délégation souscrit à la Stratégie des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine que le Secrétaire général a lancée. 

S’agissant du fléau de la drogue, la représentante a expliqué que Sri Lanka mise sur la prévention de la consommation de drogues, en mettant cet aspect sur un même pied d’égalité que les efforts de lutte contre l’offre, la demande et le trafic.  C’est l’Agence nationale de lutte contre les drogues dangereuses (NDDCB) qui est chargée, depuis 1984, de formuler et revoir les politiques nationales relatives à la prévention, au contrôle, au traitement et à la réhabilitation de la consommation de stupéfiants.  Expliquant que Sri Lanka est devenu une plaque tournante des trafiquants, du fait de son emplacement à cheval entre les hémisphères Est et Ouest, la représentante a assuré que le Gouvernement faisait son possible pour y répondre de manière musclée et coopère avec l’ONUDC.

M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran) a déclaré qu’aucun État ne pouvait à lui seul venir à bout de la menace que représente le crime organisé transnational, en l’absence d’une coopération internationale coordonnée et renforcée dans le cadre des Nations Unies.  Cela est particulièrement essentielle dans le contexte où le multilatéralisme est attaqué, a-t-il souligné

Il a également exprimé sa préoccupation quant à la faible mise en œuvre du Chapitre 5 de la Convention des Nations Unies contre la corruption, portant sur le recouvrement d’avoirs.  En dépit des nombreux appels, le manque de volonté politique de la part de certains États Membres de l’ONU rend le retour des avoirs presque impossible, a déploré le représentant.  Dans le même ordre d’idées, il a estimé que l’absence de cadre international inclusif, portant sur la lutte contre la cybercriminalité reste un défi majeur pour la communauté internationale, dans la mesure où les instruments existants, ayant été développés par un nombre restreint d’États, sont inapplicables au plan international. 

De son côté, l’Iran a mis en place des politiques efficaces de lutte contre le trafic de drogue.  À tel point que, selon les rapports de l’ONUDC, 76% des saisies d’opium et 30% de celles d’héroïne ont été réalisées en Iran.  En 2018, environ 807 tonnes de différentes drogues et substances psychotiques, dont 45 tonnes d’héroïne et de morphine, y ont été saisies.  Par ailleurs, l’Iran empêche l’introduction de 30% d’héroïne sur les marchés internationaux, s’est réjoui le représentant. 

Cependant, toutes ces politiques ont un coût pour la République islamique d’Iran, qui déploie 30 000 soldats le long de sa frontière de l’est pour arrêter les trafiquants.  De plus, 3 882 membres des forces de l’ordre ont payé de leur vie et 12 000 autres ont été mutilés dans le cadre de cette lutte, a-t-il chiffré. 

Le représentant de l’Équateur a déploré que, dans un monde mondialisé, les technologies de l’information et des communications soient aujourd’hui utilisées à des fins criminelles.  Il s’agit d’une question qui touche à la protection des droits de la personne mais aussi à la protection de nos sociétés tout entières, eu égard aux effets négatifs de ces activités pour l’économie locale et internationale, a relevé le délégué. 

S’agissant du problème mondial de la drogue, il y a vu un phénomène dynamique à causes multiples et aux effets délétères pour la santé et le développement humain.  Il a indiqué que les autorités de son pays abordent le phénomène de façon intégrée en tenant compte de la problématique hommes-femmes et considèrent que la consommation est d’abord une question de santé publique.  Il a enfin estimé qu’il importe de combattre la corruption à tous les niveaux si l’on veut lutter efficacement contre la pauvreté et atteindre les objectifs de développement durable.  Dans ce cadre, il a plaidé pour un accroissement substantiel de la coopération internationale pour renforcer les capacités nationales. 

Reprenant la parole, M. ITEGBOJE (Nigéria) s’est par ailleurs dit profondément préoccupé par les liens entre le trafic de drogue et la criminalité transnationale organisée, notamment en ce qui concerne le financement du terrorisme, qui « sape la sécurité intérieure et le développement autant qu’il affecte le capital social et humain du pays ».  Il a qualifié la coopération internationale « d’impérative » face un mode de trafic de drogue et de crime organisé en pleine mutation.  Il a aussi insisté sur la nécessité de la renforcer sur les volets prévention, désintoxication et réintégration des usagers de drogues dans la société.

M. Itegboje a aussi insisté sur les réformes actuelles du système pénal nigérian en vue de le rendre plus efficace et plus proche des bonnes pratiques au niveau international, notamment en renforçant l’égalité et la responsabilité devant la loi ainsi que l’impartialité dans son application.  Le représentant a aussi parlé sur la lutte de son pays contre le trafic des êtres humains.  Plus de 500 trafiquants ont été condamnés et 14 207 victimes aidées depuis 2003, date de création d’une agence nationale consacrée à ce dossier, a-t-il indiqué. 

M. MOHD HAFIZ BIN OTHMAN (Malaisie) a dit que l’ampleur et la complexité des défis posés par la criminalité transnationale organisée nécessitent une collaboration transfrontalière.  Au niveau national, la criminalité transnationale et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme doivent être considérées de manière globale, par le biais de strictes mesures de respect de la loi, de l’adoption de mesures législatives et du renforcement des capacités des services de maintien de l’ordre.  Le représentant s’est dit convaincu que les actes terroristes continueront tant que les causes qui en sont à l’origine ne seront pas traitées de manière correcte.  Pour sa part, la Malaisie continuera à prendre des mesures pour améliorer les politiques, la législation et les mécanismes pour combattre ces crimes.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a estimé que la lutte contre la criminalité organisée doit s’accompagner d’une lutte contre le sous-développement.  À cet égard, a-t-elle relevé, Cuba est favorable à un mécanisme d’examen de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, à l’image de ce qui a été fait pour la Convention contre la corruption.  Notant par ailleurs que les technologies de l’information et des communications (TIC) ont transformé l’horizon de la sécurité internationale, elle a mis en garde contre une augmentation substantielle du risque qu’elles ne soient employées à des fins criminelles.  Cuba est favorable à la création d’un cadre international normatif sur la cybercriminalité, a-t-elle précisé, plaidant également pour une démocratisation de la gouvernance d’Internet. 

Jugeant que les technologies de l’information et des communications devraient être mises à profit pour assurer une croissance inclusive, la représentante a condamné les « actes irresponsables du Gouvernement américain » qui, selon elle, souhaite « détruire le multilatéralisme » et utilise Internet à des fins de déstabilisation politique « dans sa quête de domination mondiale ». 

Par ailleurs, la représentante a indiqué que le Gouvernement cubain estime que la consommation de drogue et l’addiction constituent des problèmes de santé publique.  Tout en menant une politique de tolérance zéro à l’égard des trafics de stupéfiants, le Gouvernement estime que ce problème ne pourra pas être résolu en militarisant les pays.  Il défend en outre le régime international concernant les stupéfiants et les agences qui les supervisent.  La déléguée a salué à cet égard la Commission des stupéfiants en rappelant qu’elle est le principal organe des Nations Unies sur ces problématiques. 

Mme NAWAL AHMED MUKHTAR AHMED (Soudan) a salué le travail de l’ONUDC avant de brosser les grandes lignes de la stratégie soudanaise de lutte contre le problème des drogues, la publication des critères régissant la coopération internationale en matière d’aide judiciaire et l’application des sentences.  Au sujet de la traite des personnes, le pays a entériné en 2017 plusieurs textes législatifs sur la lutte contre le commerce des personnes, le blanchiment des avoirs et le financement du terrorisme.  Le Soudan a également signé des accords avec plusieurs pays voisins concernant le contrôle aux frontières pour éviter l’entrée sur leur territoire respectif de groupes criminels ou terroristes.  Enfin, une conférence sous le thème « Terrorisme et extrémisme en Afrique » a eu lieu en avril dernier au Soudan, en coopération avec la Ligue islamique mondiale. 

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a souligné que son pays est confronté à de multiples menaces sécuritaires et transfrontalières en raison de sa position géographique stratégique, à la croisée de plusieurs continents.  Son gouvernement a donc fait de la prévention de la lutte contre la criminalité un choix politique irréversible, à travers une politique globale, intégrée et cohérente visant à contrer ce phénomène.

Le Maroc s’est notamment doté d’un arsenal législatif et réglementaire « colossal » dédié à la prévention et la lutte contre la criminalité transnationale organisée, et ce, en parfaite harmonie avec les conventions internationales qu’il a signées et ratifiées.  Conscient de la dimension alarmante de la cybercriminalité, le Maroc a aussi a adopté une stratégie sur plusieurs plans: législatif, organisationnel et de prévention, notamment pour contrer le cyberterrorisme, le cyber-jihad et la cyber-radicalisation, en plus de la sextorsion et de la cyberintimidation.

Le Maroc a également accordé à la prévention et la lutte contre l’usage et le trafic de drogues et de substances psychotropes aux niveaux national et international une priorité centrale.  La déléguée a indiqué, à cet égard, que le Maroc a saisi, en mai 2019, une grande quantité de drogues psychotropes, dont quelque 14 800 comprimés, qui s’ajoute à des centaines de milliers de substances synthétiques et psychotropes saisies l’année dernière et « provenant principalement des frontières Est du Royaume ». 

Mme DEVITA ABRAHAM (Trinité-et-Tobago) a indiqué que l’accroissement continu de la criminalité et de la violence chez les jeunes, conjugué à l’augmentation des activités des gangs, constitue une préoccupation majeure pour son pays.  Nous attendons avec impatience d’accueillir la Conférence des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme en 2020, a ajouté la représentante. 

La représentante a ensuite indiqué que le Gouvernement continue de poursuivre un certain nombre de mesures telles les réformes législatives et institutionnelles, le renforcement des capacités axées sur la prévention de la criminalité et l’amélioration du système de justice pénale.  Elle a de plus estimé que la Cour pénale internationale continue d’être un rayon d’espoir pour toutes les victimes de crimes qui demandent justice et a encouragé les pays qui n’ont pas reconnu la compétence de la Cour à le faire pour qu’elle puisse remplir son mandat. 

En matière de contrôle des drogues, Mme Abraham a expliqué que son pays s’est engagé récemment dans un certain nombre de programmes de coopération visant à renforcer les capacités de ses institutions et des autorités compétentes chargées de réduire la demande et l’offre de stupéfiants. 

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a estimé que les crimes tels que l’exploitation des enfants et des jeunes, l’abus de stupéfiants et la corruption, perpétrés sur Internet, requièrent une action concertée.  Selon elle, faire face à la cybercriminalité demande la coopération et le partage d’informations entre États, notamment du fait de la nature transnationale de la menace.  C’est pourquoi le Ghana soutient l’idée d’établir un traité d’assistance légale mutuelle entre États, afin de briser les obstacles du partage d’informations pour accélérer les enquêtes et les procès relatifs à la cybercriminalité.  La représentante a relevé que les capacités limitées des États et l’absence de cadre global national posent un défi face à ce fléau.  C’est pourquoi il faut se focaliser sur le renforcement des cadres légaux et renforcer les capacités pour lutter contre la cybercriminalité à tous les niveaux. 

Mme Pobee a ensuite indiqué qu’au Ghana, 10,32 millions de gens utilisent l’Internet, et que ce nombre augmente de 2% chaque année, avant d’ajouter que ces faits ont conduit le Gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre la cybercriminalité.  Ainsi, deux lois ont été adoptées: la loi de 2008 sur la communication électronique et celle de la même année sur les transactions électroniques.  Une autre loi sur la cybersécurité devrait être adoptée d’ici à la fin de l’année, a—t-elle annoncé.  Dans le même temps, des campagnes de sensibilisation ont été organisées afin de mettre en garde le public sur des pratiques telles que le chantage en ligne et à caractère sexuel, y compris en rapport avec des enfants. 

Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a convenu que la lutte contre les drogues et la criminalité est un défi permanent qui exige des réponses internationales avec le plein soutien du système des Nations Unies.  Elle a souhaité que des efforts soient faits pour améliorer les échanges d’expériences et de bonnes pratiques.  La représentante a par ailleurs estimé que la tâche de mise en œuvre des instruments internationaux dans le domaine de la traite et des trafics de migrants est rendue plus compliquée en raison du « contexte actuel d’agression par la Fédération de Russie », qui a entraîné le déplacement forcé de plus de 1,5 million de personnes dans le pays. 

L’Ukraine accorde également une grande attention au développement des normes internationales dans le domaine de la cybercriminalité, a-t-elle poursuivi, indiquant qu’un service dédié à cette question a été créé au sein des services de renseignement ukrainiens afin d’assurer la prévention et le suivi des cyberattaques.  La protection des infrastructures clefs contre ce phénomène est devenue une priorité pour les gouvernements et les entreprises, a souligné la représentante qui a souligné que ce renforcement de la sécurité est « une question politique et pas seulement technique ».  Depuis 2014, nous faisons l’objet d’attaques contre notre souveraineté, notamment sur Internet, a-t-elle rappelé, estimant qu’il « ne fait aucun doute qu’il s’agit de techniques utilisées par la Fédération de Russie ». 

Mme THANCHANOK UTHAIWAN (Thaïlande) a déclaré que son pays œuvrait avec de nombreuses parties prenantes, nationales et internationales, en vue de rendre son système de justice pénale plus efficace, juste et à visage humain.  La dernière décennie a permis de promouvoir une réforme des prisons et de l’accès à la justice, notamment par un accès à une assistance judiciaire, des alternatives à l’emprisonnement, des programmes de prévention de la délinquance juvénile, et des mesures de réadaptation et de réinsertion sociale des délinquants.  Des progrès notables ont aussi été accomplis en ce qui concerne le traitement des femmes détenues et les mesures non privatives de liberté pour les femmes délinquantes, aussi bien en Thaïlande que dans d’autres États, grâce au document d’orientation et à l’Index de mise en œuvre des règles de Bangkok. 

La représentante a également souligné la « contribution vitale » de l’éducation et du sport dans la prévention de la délinquance.  Les enfants et les jeunes sont des « acteurs cruciaux du changement » dans le contexte des objectifs de développement durable, a-t-elle souligné, avant d’annoncer que la Thaïlande prépare un programme extrascolaire de promotion de l’état de droit, de la culture, de respect des lois et de prévention du crime à l’intention des jeunes élèves dans 1 000 écoles primaires et secondaires. 

M. TAREQ MD ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a indiqué qu’aucun pays n’est à l’abri des réseaux criminels organisés qui savent comment manipuler et contourner les législations nationales et internationales.

Il est revenu sur la législation de son pays, précisant que la stratégie de prévention du crime du Bangladesh accorde une attention particulière aux pauvres et aux populations les plus vulnérables qui constituent, à ses yeux, la cible idéale pour la nébuleuse criminelle.

Il a, sur un autre registre, estimé que le trafic des stupéfiants et leur abus sont des défis socioéconomiques majeurs, notamment pour des pays comme le sien qui sont sur l’itinéraire des activités de production et de transit.  C’est pourquoi, des initiatives plus strictes ont été mises en œuvre, a-t-il dit, précisant que les jeunes sont associés à cette démarche.

Face au terrorisme, un des grands défis de l’heure, le Bangladesh a adopté une approche de tolérance zéro.  Pour ce qui est de l’usage criminel des technologies de l’information et des communications (TIC), le Gouvernement a mis en place des lois pertinentes et une équipe d’intervention contre ce phénomène.

M. ALISHER BAKHTIYORZODA (Tadjikistan) a appelé à des mesures immédiates pour combattre le trafic et l’usage récréatif de drogues illicites, et à l’amélioration de la coordination et du soutien de la communauté internationale aux pays en première ligne.  À cet égard, le Tadjikistan, signataire des principaux traités de coopération internationale antidrogue, a appelé toutes les parties à respecter les engagements pris en les signant. 

Le représentant a ensuite expliqué que le programme de stratégie nationale pour combattre le trafic de drogues illicites (2013-2020) avait porté ses fruits en matière de prévention.  Rien que l’an dernier, 67 opérations antidrogue ont été menées contre les contrebandiers, et les douanes tadjikes ont saisi quelque 125 tonnes de drogue ces 25 dernières années, contribuant à une réduction significative du trafic dans le pays, preuve, selon M. Bakhtiyorzoda, de l’efficacité du renforcement du contrôle aux frontières afin de contrer le terrorisme et ses sources de financement.

Il a prévenu que la prolifération du trafic génère du terrorisme et du crime organisé et a souligné qu’une coordination accrue s’impose à l’échelon régional et international pour faire face au phénomène.  La prévention joue un rôle important dans ce combat, comme souligné lors de la conférence de haut niveau sur ce thème organisée à Douchanbé, en mai dernier, en coopération avec les Nations Unies, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne, a-t-il ajouté. 

Reprenant la parole pour aborder le point 107 sur les technologies de l’information et des communications, M. LIU (Chine) a dénoncé leur utilisation à des fins criminelles.  Considérant que la cybercriminalité représente un défi pour la justice pénale, il a jugé important de renforcer la coopération internationale dans ce domaine.  Il a par ailleurs estimé que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée ne permet pas de lutter contre la criminalité liée à la cybercriminalité.  Les conventions actuelles présentent des différences et ne peuvent servir d’instrument international sur cette question, a-t-il insisté.  De fait, la communauté internationale a besoin d’un nouvel instrument pour y faire face, a souligné le délégué chinois en se prononçant pour une convention mondiale négociée sous les auspices de l’ONU.  Cette convention coordonnerait les pratiques existantes et servirait de base pour la gouvernance de la cybercriminalité.  Estimant enfin que l’Assemblée générale devrait discuter de ce problème tous les ans, le représentant a dit espérer que le Groupe d’expert interinstitutions poursuivra ses travaux et soumettra des recommandations.  

M. YE MINN THEIM (Myanmar) qui a repris la parole sur le point 108 relatif au contrôle international des drogues, a énuméré les différentes mesures adoptées par son pays pour contrer le trafic de stupéfiants, un phénomène qui, s’est-il inquiété peut perturber le tissu social, favoriser la criminalité et le blanchiment d’argent.

Il a également indiqué que le 14 mars 2017, le Myanmar avait adopté une politique relative aux trois conventions des Nations Unies auxquelles son pays est partie.  C’est ainsi que des « interventions spéciales » ont été lancées par le biais d’images radiographiques, lesquelles ont permis des saisies de plus en plus nombreuses, s’est-il félicité. 

Le Gouvernement travaille également avec les agriculteurs et coopère avec les pays voisins, notamment la Thaïlande, pour trouver des cultures alternatives au pavot. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: la Première Commission reporte l’adoption de son programme de travail à la demande de la délégation russe

Soixante-quatorzième session,
1re séance – après-midi
AG/DSI/3621

Désarmement: la Première Commission reporte l’adoption de son programme de travail à la demande de la délégation russe

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale, n’a pas été en mesure, aujourd’hui, d’approuver son programme de travail pour la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale.

Le Représentant de la Fédération russe, appuyé par ceux de la République arabe syrienne, de la République islamique d’Iran, de Cuba et du Nicaragua, s’est opposé à l’adoption du programme de travail en attendant que soit réglé un problème de délivrance de visas par les autorités américaines aux experts du désarmement de la délégation russe. 

« Nous demandons une pause technique de procédure en attendant que cette question de visa soit réglée », a insisté le représentant russe avant de préciser que la non-délivrance de visas est contraire aux obligations du pays hôte.  Il a expliqué que ces non-délivrances de visas aux experts du désarmement russe se répétaient depuis 2017 et limitaient la capacité de son pays de participer aux mécanismes de désarmement.  « Nous avons présenté officiellement une vigoureuse protestation auprès des autorités américaines le 27 septembre », a-t-il dit, avant de proposer que les réunions de la Première Commission se tiennent à Genève ou à Vienne en 2020 s’il n’y avait pas d’évolution positive de la part des autorités américaines en matière de délivrance de visas.   

Abondant dans ce sens, le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que les autorités américaines avaient refusé des visas à 58 membres de la délégation du président iranien pour le débat de haut-niveau de l’Assemblée générale en septembre. 

Réagissant à ces propos, le représentant des États-Unis a estimé que la délégation russe prenait en otage les travaux de la Première Commission.  Il a précisé que le Comité des relations avec les pays hôtes avait été saisi de ce problème hier et que les États-Unis avaient délivré 160 visas à la délégation russe en 2019. 

« Il vous revient non pas de limiter le nombre de visas à 160, mais de donner des visas à tous les diplomates et experts qui doivent venir travailler au Siège des Nations Unies », a rétorqué le représentant russe à son homologue américain. 

Constatant l’absence de consensus, le Président de la Première Commission, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, de la Bolivie, a annoncé la tenue de consultations officieuses puis a levé la séance. 

Avant cet échange, M. Llorentty Solíz avait présenté le programme de travail, indiquant que la Première Commission avait prévu de tenir 27 réunions de fond entre le 7 octobre et le 8 novembre 2019.  Trois réunions supplémentaires sont envisagées les 16 et 24 octobre ainsi que le 4 novembre, si nécessaire, en fonction de la disponibilité des services de conférence.

Comme chaque année, trois grands segments sont prévus dans ce calendrier: un débat général, prévu du 7 au 16 octobre, une phase de discussions thématiques du 17 octobre au 31 octobre, et enfin, du 1er au 8 novembre, une série de séances consacrées à l’adoption des projets de résolution et de décision portés par les États Membres.

Le Président a également indiqué que la Commission se réunirait matin et après-midi les 14, 22, 29 et 30 octobre et consacrerait la matinée du 30 octobre à une discussion conjointe des Première et Quatrième Commissions aux défis potentiels liés aux aspects du désarmement dans l’espace extra-atmosphérique.

Outre le Président, M. Sacha Sergio Llorentty Solíz, le Bureau de la Première Commission est constitué des Vice-Présidents, Mme Wendbigda Honorine Bonkoungou (Burkina Faso), Mme Amal Mudallali (Liban) et M. Peter Horne (Australie) et de la Rapporteuse, Mme Szilvia Balázs (Hongrie).

La prochaine réunion de la Première Commission sera annoncée dans le Journal de l’ONU

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.