En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
1re séance – matin
AG/AB/4329

La Cinquième Commission entame ses travaux à la veille de l’examen du premier budget annualisé de l’ONU, « en baisse de 79 millions »

Le moment tant attendu par les États Membres est enfin arrivé!  La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires se prononcera durant cette session sur une enveloppe budgétaire annuelle et non plus biennale, comme en avait décidé l’Assemblée générale en 2017, en revenant sur une décision de 1972.  Dans ce contexte « unique », la Commission a entamé ses travaux ce matin, à la veille de la présentation par le Secrétaire général de la nouvelle mouture du projet de budget 2020.  Les États-Unis ont donné un avant-goût des débats de demain, en dévoilant que l’enveloppe proposée est en baisse de 79 millions de dollars par rapport à 2019.

En début de séance, les États Membres ont élu à l’unanimité le Représentant permanent de Chypre, à la Présidence de la Commission.  M. Andreas D. Mavroyiannis a immédiatement provoqué l’hilarité quand il a rappelé que la date de la fin des travaux, au mois de décembre, est un vendredi 13.  « N’y voyez rien de particulier », a-t-il plaisanté.

Aujourd’hui, plusieurs États Membres ont mis l’accent sur l’annualisation du budget ordinaire, l’une des mesures phares introduites par l’Assemblée en décembre 2017.  C’est une session « unique », ont estimé les États-Unis, impatients d’examiner les fruits de cette réforme, dont le but, ont-ils souligné, est de renforcer l’efficacité de l’ONU et sa capacité de planifier stratégiquement.  Les États-Unis ont dit avoir examiné avec soin le projet de budget que proposera demain le Secrétaire général, en baisse de 79 millions de dollars par rapport à celui de 2019.  La budgétisation annualisée étant à l’essai pendant deux ans, le Japon a dit son intention d’examiner avec soin la méthodologie utilisée par M. António Guterres.  Avec l’abandon des exercices biennaux, il est d’autant plus important d’utiliser les ressources de manière efficace, a renchéri le Royaume-Uni.

N’oublions pas que l’allocation des ressources est là pour permettre une bonne exécution des mandats, ont souligné le Groupe des 77 et la Chine.  « Les mandats doivent déterminer les budgets et pas l’inverse », ont-ils insisté.  Le Japon a estimé utile de changer la méthodologie actuelle de calcul des contributions annuelles au budget de l’ONU, pour refléter plus équitablement la capacité réelle de paiement de chaque État, en se fondant sur les données les plus récentes, les plus exhaustives et les plus comparables. 

Tout changement à la méthodologie actuelle visant à augmenter les contributions des pays en développement serait tout simplement « inacceptable », a prévenu Sri Lanka.  Les éléments actuels de calcul « ne sont pas négociables », ont renchéri le G77 et la Chine qui ont en revanche exhorté l’Assemblée à réexaminer le plafond actuel du barème, fruit selon eux d’un « compromis politique contraire au principe de la capacité de paiement ».  Aux yeux du G77 et de la Chine, ce taux est une « source fondamentale de distorsion », qui a entraîné une « redistribution sur 5,982 points de pourcentage » du calcul du barème, dont « seul un pays a bénéficié ».  Les États-Unis n’ont pas fait de commentaire mais à titre national, la Chine, « pays en développement responsable et deuxième plus grand contributeur au budget de l’ONU », a tout de même insisté sur une meilleure « discipline budgétaire ».  Il est surtout fondamental que le travail des Nations Unies ne serve pas que les intérêts étroits d’une poignée d’États, soi-disant grands payeurs, tout en marginalisant les aspirations légitimes des autres, a ajouté Sri Lanka.

Le pays a, par ailleurs, dénoncé le sort « injuste » qui lui aurait été réservé par le Département des opérations de paix, dans le cadre d’une décision « unilatérale » sur l’ajustement de sa contribution à une opération de paix, « en violation du Mémorandum d’accord ».  Le Département aurait tenté de lier sa décision de ne pas remplacer un contingent en rotation avec une nomination faite par Sri Lanka.  C’est un précédent dangereux qui pourrait devenir la norme et un risque de politisation du travail de l’ONU, s’est indigné le pays.

Les États Membres ont examiné les demandes des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie à bénéficier d’une dérogation à l’application de l’Article 19 de la Charte de l’ONU lequel prévoit qu’un État en retard dans le paiement de sa contribution ne peut participer au vote à l’Assemblée si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.

Outre l’adoption de son programme de travail, la Commission a également recommandé à l’Assemblée de nommer Mme Chiurazzi-Maxfield, des États-Unis, au Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), jusqu’au 31 décembre 2020.

La Cinquième Commission se réunira demain, mardi 8 octobre, pour examiner la proposition de budget-programme du Secrétaire général pour l’exercice 2020.

Élection du Président

Mme ARMAĞAN AYŞE CAN CRABTREE (Turquie) a profité de l’élection du Représentant permanent de Chypre, M. Andreas D. Mavroyiannis, à la Présidence de la Commission, pour réaffirmer la détermination de son pays à trouver une solution politique à la question chypriote.  La République de Chypre a « cessé d’exister » dès lors que sa Constitution a été considérée comme « nulle et non avenue », a-t-elle souligné, et la Turquie n’acceptera jamais une situation dans laquelle les Chypriotes turcs ne seraient pas traités sur un pied d’égalité avec les Chypriotes grecs.  Notre participation aux travaux de la Cinquième Commission ne doit en aucun cas être considérée comme une reconnaissance de la République de Chypre, a-t-elle asséné.

Chypre, a répondu son représentant, est « membre à part entière » de l’ONU.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, cette enceinte ne se prête pas aux questions soulevées par la Turquie.  Nous sommes déterminés à coopérer « de bonne foi et de façon ouverte » avec toutes les délégations ici à la Cinquième Commission et ailleurs, a promis le représentant.

Organisation des travaux (A/C.5/74/1, A/C.5/74/L.1)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme FEDA ABDELHADY-NASSER (Palestine) a estimé que le programme de travail de la Commission devrait prévoir suffisamment de temps pour discuter de chaque point à l’ordre du jour.  Cela suppose que les États Membres puissent disposer des documents en temps voulu et dans toutes les langues officielles de l’Organisation, a-t-elle ajouté, soulignant que la publication tardive des rapports, ces dernières années, est devenue un « problème chronique ».

Sur le fond, la représentante a mis l’accent sur l’importance des futures négociations concernant la planification des programmes et le projet de budget-programme pour 2020.  De ce point de vue, elle a estimé que l’allocation des ressources est là pour permettre une bonne exécution des mandats.  « Les mandats doivent déterminer les budgets et pas l’inverse », a-t-elle insisté.

S’agissant de la gestion des ressources humaines, la représentante a dit attendre avec impatience la Stratégie globale des ressources humaines du Secrétaire général, notamment sur les questions liées à la parité entre hommes et femmes et à la représentation géographique équitable à tous les niveaux du Secrétariat.  Elle a d’emblée regretté l’absence de proposition permettant une approche exhaustive. 

La représentante a enfin appelé les États Membres à faire en sorte que les travaux de la Commission se terminent dans les délais prévus et que les délibérations se déroulent de manière « transparente et constructive ».

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est dit préoccupé par la situation actuelle de trésorerie de l’Organisation, en dépit des mesures prises pour l’améliorer.  Il a exhorté tous les États Membres à s’acquitter de leur contribution, dans l’intégralité et à temps. 

S’agissant de la conduite des travaux de la Commission, le représentant a voulu que l’on évite les « redondances » entre les différents points à l’ordre du jour.  Tous les documents, a-t-il poursuivi, doivent être soumis aux États Membres en temps voulu et dans toutes les langues officielles des Nations Unies.  C’est là, a-t-il insisté, une condition essentielle du succès des négociations.  Le représentant a d’ailleurs appelé les États Membres à rechercher le consensus et à discuter des questions à l’ordre du jour durant « les heures normales de travail ».  Travailler la nuit ou les fins de semaine doit être « l’exception et non la règle ». 

Le représentant a enfin invité les États Membres à ne pas « se perdre en micro-gestion » et à accorder la priorité aux décisions liées à la gestion « stratégique » de l’Organisation.

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. BURHAN GAFOOR (Singapour) a insisté pour que le Secrétaire général et son équipe aient les ressources nécessaires pour exécuter les mandats.  Citant les différents points à l’ordre du jour, le représentant s’est attardé sur la gestion des ressources humaines pour se féliciter des efforts en faveur de la parité entre les sexes mais aussi pour réclamer une répartition géographique équitable du personnel.  Il a, à son tour, demandé des mesures pour assurer la publication à temps des documents de travail.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. KATLEGO BOASE MMALANE (Botswana) a lui aussi réitéré l’importance de la publication à temps des documents de travail.  Il a attiré l’attention sur la nécessité de respecter le nouveau modèle de budgétisation et jugé urgent d’examiner la question des retards de paiement, le but étant de faire en sorte que les retardataires puissent tout de même participer aux travaux.  En conclusion, le représentant a mis en garde contre le dépassement des délais impartis.  Finir les travaux en retard ne doit pas devenir la règle.

Mme CHERITH NORMAN CHALET (États -Unis) a estimé que cette session est une session « unique » dans le sens où il est question d’examiner les fruits des décisions que la Commission a prises sur une réforme dont le but est de faire en sorte que l’ONU travaille plus efficacement, planifie plus stratégiquement et identifier la marche à suivre après l’élimination des structures et fonctions redondantes.  Ce sera là notre priorité au moment où nous examinons le budget de 2020 et les rapports sur la gestion des ressources humaines.  L’ONU, a poursuivi la représentante, est à la phase cruciale de la mise en œuvre des réformes et cette Commission doit à tout prix la tenir responsable de ses actes pour que lesdites réformes conduisent aux avantages que nous voulons tous: une ONU plus comptable de ses actes, plus efficace et mieux à même de gérer ses finances pour exécuter comme il se doit ses mandats.  Une ONU, a ajouté la représentante, qui fait collaborer ses divisions sur les opérations importantes de paix et de sécurité et qui rationalise et coordonne ses activités de développement aux niveaux des pays, des régions et du monde.

Le Dispositif de prestation de services centralisé est un élément clef de la réforme susceptible d’optimiser et de rationnaliser la manière dont le Secrétariat fournit les services administratifs.  Mais, a prévenu la représentante, pour que cette réforme donne les résultats escomptés, elle doit s’ancrer sur une base technique solide et ne pas être prise en otage par des « machinations politiques ». 

Revenant au budget 2020, la représentante a dit la détermination de son pays à continuer à améliorer le format de la budgétisation au fil du temps pour les documents se concentrant vraiment sur les résultats et l’efficacité des mandats.  Nous avons examiné avec soin le budget qui propose une réduction de 79 millions de dollars par rapport à celui de 2019 qui, à cause des projets de construction, des révisions et autres dépenses supplémentaires, pourrait exploser et passer à plus de 3,2 milliards de dollars.  Voilà une situation « préoccupante », a commenté la représentante. 

Elle a rappelé que pendant l’été, le Tribunal administratif de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a pris une décision qui risque de menacer le régime commun des Nations Unies et l’autorité de l’Assemblée générale, en annihilant une décision de la Commission de la fonction publique internationale sur l’ajustement au coût de la vie à Genève, laquelle avait été approuvée en son temps par les États Membres.  Cette question doit être examiné au plus tôt, s’est impatientée la représentante.

M. FU DAOPENG (Chine) a appelé la Commission à s’en tenir uniquement au mandat qui lui a été conféré par la Charte des Nations Unies.  Il a donc appelé les États Membres à accorder une attention accrue à l’exécution du budget.  En tant que « pays en développement responsable et deuxième plus grand contributeur au budget de l’ONU », la Chine, a dit le représentant, est fermement attachée à « la cause des Nations Unies et du multilatéralisme ».  Il a toutefois appelé à « renforcer la discipline budgétaire » et la « responsabilité » s’agissant de l’utilisation des ressources par le Secrétariat. 

Le représentant a, en outre, conseillé aux États Membres de travailler de manière constructive et de rechercher le consensus.  Pour ce faire, il a demandé au Secrétariat de prendre des mesures pour régler le problème du « retard chronique » dans la publication des documents dans toutes les langues officielles de l’Organisation.

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a souligné l’importance d’avoir une vision d’ensemble et une bonne harmonie dans le travail de la Commission.  Énumérant les points à l’ordre du jour, le représentant s’est arrêté sur la question du budget ordinaire pour demander un budget équilibré et équitable respectant le principe d’économie et de responsabilité.  Il a prévenu qu’il accorderait une attention particulière aux budgets des missions politiques spéciales, nommément celles en Colombie et en Haïti « parce que ce sont les seules missions déployées dans la région d’Amérique latine et des Caraïbes ».  Le représentant a aussi demandé une redéfinition du régime commun des Nations Unies.

Au moment où l’ONU passe d’un cycle budgétaire biennal à un cycle annuel, Mme AL HAIDAN (Émirats arabes unis) s’est dite prête à participer de manière constructive à l’élaboration du budget-programme.  Elle a par ailleurs salué le fait que quatre Émiratis travaillent désormais à temps plein aux Nations Unies.  « C’est un point de départ », a-t-elle estimé, appelant à redoubler d’efforts pour faire avancer la représentation géographique équitable des États Membres à tous les niveaux de l’Organisation.

M. TOSHIYA HOSHINO (Japon) a dit son intention d’examiner avec soin la proposition budgétaire pour 2020 y compris sa méthodologie, en gardant à l’esprit que le budget annuel sera pour la première fois mis à l’essai depuis le début de la phase de mise en œuvre des réformes.  Le représentant, qui a dit tenir à une bonne exécution des mandats, a souligné le caractère essentiel de la discipline budgétaire pour que l’ONU puisse travailler efficacement et durablement. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit s’attendre à des discussions détaillées sur le projet de budget 2020.  Il a d’emblée regretté que le Comité du programme et de la coordination ait échoué, en juin dernier, à parvenir à un consensus sur un cadre stratégique.  Or cette année, la Commission doit, outre le budget, se pencher sur les programmes dont leur harmonisation.  Le représentant a insisté sur la hiérarchisation: d’abord s’entendre sur les programmes puis sur leur financement.  Il a aussi dit attacher la plus grande importance à la gestion des ressources humaines et au régime commun des Nations Unies, compte tenu de la décision du Tribunal administratif de l’OIT sur l’ajustement au coût de la vie à Genève.  Il s’est dit impatient de recevoir les réponses « exhaustives » du Secrétariat sur toutes les propositions qui ont des incidences financières.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a rappelé que son pays quittera l’Union européenne le 31 octobre prochain.  « Mais nous continuerons de travailler étroitement avec elle pour défendre nos valeurs communes », a souligné le représentant.  Dans la perspective de cette sortie, il a présenté les priorités de son pays s’agissant des travaux de la Commission.  Il a appelé cette dernière à œuvrer en faveur d’une Organisation « plus robuste, plus efficace et plus efficiente », mais également plus « responsable » vis-à-vis des États Membres.  Le représentant a également appelé à améliorer la situation financière de l’ONU et regretté l’absence de consensus concernant les mesures à prendre sur cette question.  Maintenant que l’ONU passe à un budget annualisé, il a jugé d’autant plus important qu’elle utilise les ressources de manière efficace.

Le représentant a aussi plaidé pour une gestion des ressources humaines plus égalitaire et plus représentative.  Il a également dit attendre avec intérêt les discussions à venir sur le régime commun, le principe de responsabilité et le financement des missions politiques spéciales.

Notre objectif partagé, a rappelé Mme MONA JUUL (Norvège), est une ONU du XXIsiècle, plus concentrée sur les peuples et moins sur les processus.  Une ONU qui fait plus pour l’exécution des mandats et moins pour la bureaucratie.  Nous avons déjà fait beaucoup, a poursuivi la représentante en parlant des réformes, mais nous, tout comme les entités des Nations Unies, devons faire plus encore.  La véritable preuve du succès, a-t-elle insisté, sera une ONU plus cohérente, plus efficace et plus efficiente au niveau des pays.   La représentante a donc salué la nouvelle proposition budgétaire qui reflète un processus simplifié, intégré et transparent.  Elle a dit la détermination de son pays à continuer à promouvoir une gestion basée sur les résultats dans toutes les entités des Nations Unies.  Il s’agira aussi de promouvoir la souplesse pour faire en sorte que l’ONU ait ce qu’il faut pour exécuter ses mandats et ceci s’applique aussi aux opérations de paix.

Les États Membres, a poursuivi la représentante, doivent veiller à donner les ressources qu’il faut pour couvrir les mandats qu’ils ont eux-mêmes conféré à l’ONU, y compris à l’architecture des droits de l’homme.  Le système des coordonnateurs résidents est au cœur de la réforme et le partage des coûts est une question « critique ».  La Norvège, a assuré la représentante, continuera à assumer sa part dans le financement de ce système.

La Cinquième Commission, a-t-elle conclu, a un rôle important à jouer: pousser l’ONU vers une culture forte de responsabilité, de transparence et d’efficacité.  La valeur essentielle de la Commission, a-t-elle estimé, est de travailler sans relâche pour parvenir au consensus, même autour des questions les plus controversées. 

M. ANJANI KUMAR (Inde) a déclaré que l’examen du budget ordinaire annuel est l’élément le plus important de la session qui commence.  Le représentant a ensuite salué la poursuite de la réforme de la gestion menée par le Secrétaire général et jugé important de préserver les prérogatives du Comité du programme et de la coordination et du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB).  Il s’est dit préoccupé par les coupes budgétaires dans de nombreux programmes, fonds et missions et s’agissant du barème des quotes-parts, il a appuyé l’idée que les États en retard de paiement à cause de leur situation financière puissent tout de même prendre part aux débats.  Il a dénoncé le fait que plus de 3 milliards de dollars soient encore à verser au budget ordinaire de l’exercice qui se termine le 31 décembre 2019.

Barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses de l’Organisation des Nations Unies (A/74/11 et A/74/68)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme NADA TARBUSH (État de Palestine) a jugé essentiel que l’ONU dispose des ressources financières nécessaires à l’exécution de ses mandats.  « On ne peut pas attendre de l’Organisation qu’elle en fasse toujours plus, tout en retenant unilatéralement le versement de ses contributions », a accusé Mme Tarbush, en appelant tous les États Membres à s’acquitter de leur obligation juridique de contribuer aux dépenses des Nations Unies.  « Tous les États Membres doivent payer leurs contributions intégralement, à temps et sans conditions », a-t-elle martelé.

La représentante a ensuite dit avoir pris note des demandes des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie à bénéficier d’une dérogation à l’application de l’Article 19 de la Charte de l’ONU.  Elle s’est dite convaincue que l’incapacité de ces pays à s’acquitter dans les temps de leur contribution auprès de l’Organisation est due à des facteurs indépendants de leur volonté.

S’agissant des échéanciers de paiement pluriannuels, la représentante a rappelé que ces derniers doivent être établis sur une base volontaire.  Elle a encouragé les États Membres qui ont accumulé d’importants arriérés à envisager de présenter des échéanciers.

Par ailleurs, Mme Tarbush a estimé que la méthodologie actuelle de calcul du barème des quotes-parts reflète de manière satisfaisante les changements dans la situation économique des États Membres.  Elle a réaffirmé que le principe de la « capacité de paiement » doit être le principal critère de la répartition des dépenses de l’Organisation.  Dans ce cadre, elle a estimé que les principaux éléments actuels de calcul « doivent demeurer inchangés et ne sont pas négociables », notamment la période de référence, le revenu national brut, les taux de conversion, le dégrèvement accordé aux pays à faible revenu par habitant, les taux plancher et plafond pour les pays les moins avancés (PMA) et l’ajustement au titre de l’endettement.

Mme Tarbush a ensuite estimé que le taux maximum actuel du barème, ou taux plafond, est le fruit d’un « compromis politique contraire au principe de la capacité de paiement ».  À ses yeux, ce taux est une « source fondamentale de distorsion » du calcul du barème des quotes-parts, qui a entraîné une « redistribution sur 5,982 points de pourcentage » dont « seul un pays a bénéficié » à ce jour.  Mme Tarbush a exhorté l’Assemblée générale à procéder à un réexamen de ce compromis, conformément au paragraphe 2 de sa résolution 55/5 C.

Enfin, la représentante a estimé que les organisations bénéficiant d’un statut d'observateur privilégié aux Nations Unies, lequel leur confère des droits d’ordinaire réservés aux États observateurs, comme celui de s’exprimer à l’Assemblée et d’exercer un droit de réponse, devraient se voir appliquer les mêmes obligations financières que les États observateurs.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a reconnu que des États peuvent avoir des difficultés à s’acquitter de leur contribution au budget ordinaire de l’ONU.  Il s’est dit prêt à approuver la proposition du Comité des contributions concernant les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie.  Il a, à son tour, demandé à ces pays de payer leur contribution dès qu’ils en auront les moyens.

En tant que grand contributeur au budget de l’ONU, mon pays attache une grande importance au barème des quotes-parts, a prévenu M. TOSHIYA HOSHINO (Japon).  Il a dit tenir au strict respect du principe fondamental selon lequel chaque État Membre paye sa contribution selon sa capacité de payer.  Compte tenu des changements intervenus dans l’économie mondiale, le représentant a estimé qu’il faut changer la méthodologie pour mieux refléter et de manière plus équitable la capacité réelle de chaque État, en se fondant sur les données les plus récentes, les plus exhaustives et les plus comparables.  Quant à l’application de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies, le représentant a appuyé les dérogations que propose le Comité des contributions en faveur de certains pays africains.  Il a tout de même encouragé ces pays à envisager de présenter des échéanciers de paiement pluriannuel.

Le Comité des contributions a une longue histoire d’analyses solides et de recommandations à l’Assemblée générale.  Ses rapports, a estimé Mme CHERITH NORMAN CHALET (États-Unis), ont amélioré la qualité des discussions à la Cinquième Commission.  La représentante a dit apprécier la décision du Comité de renforcer la transparence des barèmes de quotes-parts « historiques » et des données sur son site Internet.  Elle a encouragé le Comité à continuer d’améliorer l’accès aux informations, en les présentant par exemple dans des formats plus accessibles que le PDF.  La transparence, y compris celle des données, est « fondamentale » pour la responsabilité aux Nations Unies, a martelé la représentante.  Elle s’est dite heureuse que le Comité des contributions ait proposé son expérience et ses conseils sur les barèmes des quotes-parts des opérations de paix.  L’Assemblée général en sortirait gagnante car elle serait en mesure de prendre des décisions mieux informées et fondée sur une base plus solide.

Rejetant l’idée d’introduire de la sélectivité dans la mise en œuvre des mandats, M. KSHENUKA SENEWIRATNE (Sri Lanka) a souligné l’importance pour les États Membres d’honorer leur obligation juridique de contribuer aux dépenses des Nations Unies à temps et en intégralité, sans conditions ni restrictions.  Il a réaffirmé le principe de la « capacité de payer » comme critère pour le calcul des quotes-parts.  Tout changement à la méthodologie actuelle qui viserait à augmenter les contributions des pays en développement serait tout simplement « inacceptable », a prévenu le représentant.  Il a jugé tout aussi important que le Secrétariat de l’ONU utilise les ressources reçues des États Membres d’une manière efficace qui assure l’impartialité et la transparence, sans politisation ni double standard.  Il est fondamental, a martelé le représentant, que le travail des Nations Unies ne serve pas que les intérêts étroits d’une poignée d’États, soi-disant grands payeurs, tout en marginalisant les aspirations légitimes des autres.

Sri Lanka, s’est-il expliqué, est en effet contrainte de dénoncer une procédure douteuse qui l’a exposée au traitement « injuste » du Secrétariat, et plus précisément du Département des opérations de paix.  Le représentant a fustigé une décision « unilatérale » sur l’ajustement de la contribution de son pays à une opération de paix, en violation du Mémorandum d’accord.  Le Département, a-t-il affirmé, a tenté de lier sa décision ne pas remplacer un contingent en rotation avec une nomination que Sri Lanka a faite en tant que pays souverain.  Le représentant a vu là un précédent dangereux qui pourrait devenir la norme et un risque de politisation du travail de l’ONU.  C’est, s’est-il indigné, défier le Chef d’État d’un pays membre de l’ONU.  On dit souvent que « la confiance arrive à pied et part à cheval », a prévenu le représentant qui a exprimé l’intention de sa délégation « d’explorer » les diverses propositions du chapitre V de la proposition budgétaire pour trouver les voies et moyens d’améliorer « l’éthique » dans le travail de l’ONU.  L’Organisation, a-t-il conclu, doit rester une organisation dirigée par les États Membres et son Secrétariat doit servir les intérêts de tous les pays sur un pied d’égalité. 

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