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Soudan: « Pas de flambée de violence à grande échelle au Darfour » ces derniers mois, indique la Présidente du Comité 1591 (2005) du Conseil de sécurité

8632e séance – après-midi
CS/13972

Soudan: « Pas de flambée de violence à grande échelle au Darfour » ces derniers mois, indique la Présidente du Comité 1591 (2005) du Conseil de sécurité

La Présidente du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005), concernant le Soudan, Mme Joanna Wronecka (Pologne), a présenté cet après-midi au Conseil son rapport trimestriel portant sur la période allant du 22 juin au 27 septembre, en soulignant l’absence de flambée de violence à grande échelle au Darfour, même si des incidents et violations persistent.

Le Comité a été mis en place le 29 mars 2005 pour surveiller l’application des mesures de sanction pertinentes et s’acquitter des tâches définies par le Conseil de sécurité au paragraphe 3 a) de la résolution susmentionnée, notamment le suivi des mesures concernant l’embargo sur les armes, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs. 

La Présidente a indiqué que le Comité des sanctions s’était réuni en consultations informelles le 16 août dernier afin d’entendre la présentation d’un rapport intérimaire du Groupe d’experts.  Ce rapport, qui portait sur la période du 13 mars au 3 août 2019, laisse voir qu’il n’y a pas eu de flambée de violence à grande échelle au Darfour. 

Pendant cette période, la situation sécuritaire a été caractérisée par des incidents isolés, y compris des accrochages intercommunautaires, des attaques de milices contre des civils, des tensions dans les principaux camps de déplacés, des affrontements au Jebel Marra entre les forces de sécurité et des milices alliées et l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS/AW), ou encore des affrontements entre factions de cette dernière, en plus d’attaques signalées contre l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et les agences humanitaires.

Le Groupe d’experts a également signalé des violations du droit international humanitaire et des abus de droits de l’homme, des cas de viols et de violence sexuelle contre des communautés du Darfour, y compris contre des personnes déplacées.  L’absence d’institutions civiles pleinement fonctionnelles, notamment la police et les tribunaux, a contribué à l’impunité pour ces violations des droits de l’homme, a relevé la Présidente. 

En outre, a-t-elle expliqué, les groupes armés du Darfour qui opèrent en Libye ont mené des opérations militaires aux côtés de leurs partenaires locaux.  Au vu de la situation qui prévaut à Khartoum, ces groupes hésitent à rentrer au Darfour.  En revanche, la présence des groupes armés du Darfour au Soudan du Sud est résiduelle depuis que les autorités de ce pays ne leur apportent plus de soutien significatif.  Mme Wronecka a indiqué que le Groupe d’experts avait également fait un bref rapport de la situation au Darfour dans un rapport transmis au Comité le 24 septembre dernier.

Enfin, la Présidente a informé qu’elle planifiait une visite au Darfour prochainement, étant actuellement en contact avec les autorités soudanaises pour fixer une date.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La région des Grands Lacs est en marche vers la stabilité, affirme l’Envoyé spécial du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité

8630e séance – matin
CS/13970

La région des Grands Lacs est en marche vers la stabilité, affirme l’Envoyé spécial du Secrétaire général devant le Conseil de sécurité

Plus que jamais, la région des Grands Lacs est « résolument engagée dans sa marche vers la stabilité », a estimé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Huang Xia, alors qu’il présentait le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région.

Comme le souligne le rapport, d’importantes étapes ont été franchies.  Ainsi, depuis la passation pacifique du pouvoir en République démocratique du Congo (RDC), le Président Felix Tshisekedi a entamé une « ouverture politique » et tendu la main à ses pairs.  L’Ouganda et le Rwanda se sont rapprochés et ont signé, le 21 août dernier à Luanda, un mémorandum d’accord destiné à apaiser les tensions.  Certains pays comme l’Angola, l’Ouganda, la RDC et le Rwanda ont renouvelé leur engagement en faveur de la coopération et de l’intégration régionales.

Il y a en effet « un vent nouveau porteur d’espoir et de confiance, qui s’est levé sur la région des Grands Lacs », s’est réjoui le représentant de la RDC.  Pour autant, constate aussi le rapport, les tensions n’ont pas disparu, notamment entre le Rwanda et le Burundi.  En République centrafricaine, des groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation sont accusés de violer certaines dispositions dudit accord.  Au Soudan du Sud, des combats sporadiques entre les forces sud-soudanaises de défense du peuple et les forces d’opposition se sont poursuivis dans certaines parties du pays.

À côté de ces tensions, la situation sécuritaire reste préoccupante, en particulier dans l’est de la RDC, où l’exploitation et le commerce illicite des ressources naturelles alimentent une économie illégale, qui à son tour, entretient la présence et l’activisme de groupes armés.  Sur le plan sanitaire, l’épidémie d’Ebola continue de susciter des inquiétudes et nécessite une intervention humanitaire urgente, dit encore le rapport.

En dépit de ce constat en demi-teinte, l’Envoyé spécial a tout de même jugé qu’il y avait là « une opportunité importante de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité » dans cette région.  Selon lui, il convient donc de la saisir pour renforcer la coopération régionale afin de permettre aux populations de mieux bénéficier des richesses de leur région.  Pour M. Huang, « l’espoir est plus que jamais permis, et nous devons redoubler d’efforts afin d’appuyer la région dans le changement positif qu’elle a amorcé ».

L’ensemble des membres du Conseil de sécurité ont salué ces avancées, tout en insistant sur le besoin d’aller plus loin pour ramener la paix et la stabilité dans la région, avec comme outil, la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba qui reste, selon la Côte d’Ivoire, « la pierre angulaire » pour la paix et la stabilité durables en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble.

La pleine mise en œuvre de ces  dispositions aura une incidence positive sur la situation, a estimé la Fédération de Russie, insistant toutefois sur la stabilité décisive en RDC, qui serait un facteur de stabilité régionale.  Cela dit, sa mise en œuvre n’incombe pas à la seule RDC, mais à tous les pays de la région, ont déclaré les États-Unis.

Autre vecteur de paix, la coopération économique doit également être encouragée, notamment par la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence dans les domaines financiers et miniers, ont ajouté la Belgique et les États-Unis, soucieux de voir les autorités congolaises prendre des mesures de nature à « motiver les instances financières internationales à se réengager ».

Ces mesures sont d’autant plus attendues que le développement socioéconomique représente « la » solution à long terme pour la paix et la stabilité, a fait valoir le représentant chinois.  La tenue en novembre prochain, à Kigali, de la deuxième Conférence sur l’investissement et le commerce dans la région des Grands Lacs peut contribuer à l’intégration régionale, a renchéri le représentant de la République dominicaine.

À côté de l’économie et du renforcement de la coopération et des relations de bon voisinage, la lutte contre l’impunité, le renforcement des capacités des Forces armées de la RDC et l’amélioration de la gestion des ressources naturelles « sont indispensables pour réussir à atteindre l’objectif commun de pacification de l’est de la RDC », a, de son côté, plaidé la France, insistant aussi sur l’importance des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des groupes armés.  Les défis sanitaires restent immenses, a réagi le représentant du Royaume-Uni, avant de souligner la nécessité d’agir de façon coordonnée pour lutter contre les maladies dont l'Ebola.  « Le temps joue contre nous », a averti son homologue français, observant que seulement 30% des fonds nécessaires au plan d’aide de réponse humanitaire pour la RDC ont été fournis alors que l’on compte encore plus de 400 000 réfugiés en RDC et au Burundi.

Alors que le Conseil de sécurité se penchera bientôt sur l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et que les élections au Burundi sont planifiées pour 2020, il est crucial de « disposer au plus tôt d’une approche onusienne concertée pour la région des Grands Lacs », a résumé la Belgique.

La MONUSCO devra être « non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté au terrain, à l’image de la Brigade d’intervention rapide », a insisté le représentant congolais, tandis que le représentant russe rappelait qu’il ne fallait pas perdre de vue que les solutions durables doivent être trouvées sur le plan régional sur la base du principe « à problèmes africains, solutions africaines ».

LA SITUATION DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS – (S/2019/783)

Déclarations

M. HUANG XIA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo (RDC) et la région.  Il a affirmé que la région des Grands Lacs est, plus que jamais, « résolument engagée dans sa marche vers la stabilité ».  Ainsi, des étapes importantes ont été franchies dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre, grâce notamment au transfert pacifique du pouvoir en RDC et à la volonté réaffirmée des dirigeants de la région de faire face, ensemble, aux défis qui entravent son émergence. 

Après sa prise de fonctions, le Président de la RDC s’est engagé à travailler étroitement avec ses pairs afin de rétablir la paix et la sécurité dans l’est de son pays, a souligné l’Envoyé spécial, ajoutant que « cette ouverture diplomatique » a été saluée par tous les chefs d’État de la région que le haut fonctionnaire avait rencontrés.  Dans ce contexte, les réunions tripartites et quadripartites, tenues grâce aux bons offices des Présidents congolais et angolais, ont conduit à un rapprochement entre l’Ouganda et le Rwanda, avec la signature d’un mémorandum d’entente entre ces deux pays.  Il a appelé le Conseil de sécurité à encourager la poursuite de ces efforts.

La volonté de coopération au niveau sécuritaire s’est traduite récemment par des consultations entre les services de sécurité et de défense de la RDC et ceux du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, dans le but de renforcer leur coopération contre les groupes armés opérant dans l’est de la RDC.  Selon M. Huang, il y a là « une opportunité importante de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité ».  Il convient donc de la saisir pour renforcer la coopération régionale afin de permettre aux populations de mieux bénéficier des richesses de leur région.  C’est dans cette perspective qu’il a recommandé de renforcer les programmes de développement et d’accélérer l’intégration régionale. 

Parmi les défis qui persistent, l’Envoyé spécial a souligné l’insécurité qui résulte de la présence et de l’activisme, dans l’est de la RDC, de groupes armés, tant étrangers que locaux.  De même, l’exploitation et le commerce illicites des ressources naturelles alimentent une économie illégale qui entretient ces groupes armés.  Par ailleurs, des efforts accrus sont nécessaires en vue de la protection et la promotion des droits de l’homme, afin d’assurer plus de justice, plus d’équité et plus de respect pour la dignité de la personne humaine. 

M. Huang a ensuite mentionné un certain nombre d’initiatives menées par son Bureau, conjointement avec les autres garants de l’Accord-cadre, pour soutenir les pays signataires.  C’est dans ce cadre que le Bureau a entrepris des consultations avec les pays concernés au sujet des mesures non-militaires susceptibles de servir de compléments aux opérations militaires.  Il a jugé utile de mettre en place ces programmes complémentaires, avec l’appui de la communauté internationale, afin de faciliter le désarmement volontaire, le rapatriement et la réintégration de ces groupes dans leur pays d’origine, ainsi que la réhabilitation des communautés affectées.  En outre, des projets transfrontaliers générateurs d’emplois au profit des jeunes doivent être mis en œuvre, a-t-il suggéré. 

M. Huang s’est ensuite félicité de voir que « la coopération et l’intégration régionale sont en cours de revitalisation ».  La RDC, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda ont ainsi manifesté leur intérêt pour « amorcer une conversation politique sur la question des ressources naturelles, en vue d’en faire le levier d’une prospérité partagée ».  Le Bureau de l’Envoyé spécial appuie également les préparatifs de la deuxième édition de la Conférence sur l’investissement et le commerce dans les Grands Lacs, laquelle se tiendra en mars prochain à Kigali.  M. Huang a appelé le Conseil à soutenir cette initiative qui permettra de mettre en évidence le rôle du secteur privé dans la recherche d’une paix durable. 

Sur un autre plan, la coopération judiciaire et la lutte contre l’impunité ont été renforcées grâce à l’adoption, en mai dernier, par les ministres de la justice de la région, de la Déclaration de Nairobi sur la justice et la Bonne gouvernance. 

L’Envoyé spécial a aussi rappelé que la promotion du rôle des femmes, des jeunes et de la société civile est l’une de ses priorités.  Des consultations entre les Garants de l’Accord-cadre et la société civile ont eu lieu en septembre dernier à Nairobi et ont abouti à des recommandations visant à promouvoir une meilleure implication de la société civile dans les processus politiques et dans l’atteinte de la parité des genres.  Pour M. Huang, « l’espoir est plus que jamais permis, et nous devons redoubler nos efforts afin d’appuyer la région dans le changement positif qu’elle a amorcé ». 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué la signature récente d’un mémorandum entre le Rwanda et l’Ouganda destiné à faciliter leurs relations politiques et économiques, mémorandum découlant de la volonté partagée d’œuvrer à réduire l’insécurité dans la région des Grands Lacs.  Toutefois, l’Ambassadeur français a regretté que la situation dans cette région reste encore trop marquée par les tensions et l’insécurité, par la détérioration de la situation humanitaire et la présence de groupes armés étrangers et de diverses milices.  Après avoir salué les efforts menés par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) dans l’est de la RDC, ainsi que ceux du Président Tshisekedi pour lutter contre l’impunité, renforcer les capacités des Forces Armées de la République Démocratique du Congo(FARDC) et améliorer la gestion des ressources naturelles, il a souligné que le développement des relations de bon voisinage et le renforcement de la coopération transfrontalière « sont indispensables pour réussir à atteindre l’objectif commun de pacification de l’est de la RDC ». 

M. de Rivière a en outre mis l’accent sur l’importance des processus de désarmement, démobilisation et réinsertion des groupes armés afin de permettre la réinsertion effective des combattants démobilisés dans leur pays ou communauté.  « En Ituri, le processus a débuté avec le groupe congolais, Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI), il doit être poursuivi rapidement pour éviter toute rechute du conflit .»  « Le temps joue contre nous », a averti le représentant, avant d’appeler la communauté internationale à se mobiliser pour résoudre la crise humanitaire et sanitaire qui sévit dans la région en raison des conflits et de l’ épidémie d’Ebola, de paludisme, de rougeole et de choléra.  « Seulement 30% des fonds nécessaires au plan de réponse humanitaire pour la RDC ont été fournis », a-t-il déploré pour conclure en rappelant de nouveau l’objectif commun: contribuer à forger la stabilité régionale à long terme ». 

Le développement et la coopération économique sont un vecteur important pour la paix dans la région des Grands Lacs, a souligné M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), à partir du moment où ils se font dans le respect des droits de l’homme et de l’environnement.  Ainsi les activités contre la corruption doivent être soutenues, la transparence doit être accrue dans les domaines financiers et miniers, ce qui selon lui permettra de « motiver les instances financières internationales à se réengager ». 

« Notre message le plus important, tant il sous-tend la réussite de tout le reste, concerne la situation sécuritaire, politique, humanitaire et celle des droits de l’homme dans la région », a poursuivi M. Pecsteen.  Il a salué la nouvelle dynamique régionale, « lancée en grande partie par les Présidents Tshisekedi et Lourenço », et la mise en œuvre de l’Accord de paix en République centrafricaine ainsi que la transition politique au Soudan.  La Belgique reste toutefois préoccupée par la situation interne de certains pays, en particulier par la violence intercommunautaire en République démocratique du Congo (RDC) à Djugu, Mahagi et Irumu.  Sans oublier que l’épidémie d’Ebola sévit dans la région et que la malaria et le choléra continuent de faire de nombreuses victimes.  Constatant aussi que trop de cas de violences sexuelles en RDC sont attribués à des agents de l’État, le représentant s’est dit convaincu que la professionnalisation des forces de sécurité et la lutte contre l’impunité sont des priorités.

Enfin, M. Pecsteen a rappelé que le Conseil de sécurité se penchera bientôt sur l’avenir de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et que les élections au Burundi sont planifiées pour 2020.  Il a dès lors jugé crucial de pouvoir « disposer au plus tôt d’une approche onusienne concertée pour la région des Grands Lacs ». 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est réjoui des progrès accomplis dans la mise en œuvre des processus politiques dans certains pays de la région des Grands Lacs, notamment en République Démocratique du Congo (RDC), avec la tenue d’élections pacifiques et la formation d’un gouvernement; en République centrafricaine, avec la signature d’un accord politique entre le Gouvernement et 14 groupes armés; et au Burundi, avec l’avancement des préparatifs pour les élections de 2020. 

Toutefois, ces signaux positifs ne doivent pas faire perdre de vue les défis sécuritaires et sanitaires qui touchent ces pays, en particulier la RDC, où le virus Ebola continue de se propager, et où les groupes armés continuent de déstabiliser les provinces de l’est, contraignant les populations civiles à se déplacer vers les zones plus sûres, aggravant ainsi la crise humanitaire, a dit le représentant.  Pour ces raisons, la Côte d’Ivoire appelle au maintien de tous les appuis consentis à la RDC pour lutter contre cette maladie.  Elle rappelle également que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba reste « la pierre angulaire » pour la paix et la stabilité durables en RDC et dans la région des Grands Lacs dans son ensemble. 

S’il s’est félicité des progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord-cadre, M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est toutefois inquiété de la situation fragile en matière de sécurité, en particulier en RDC, où les groupes armés intensifient leurs attaques contre la population civile, les forces armées et la MONUSCO.  Ces attaques ont un impact négatif sur la paix, la stabilité transfrontalière et toute la région, a-t-il ajouté.  Aussi a-t-il appelé les pays concernés à unir leurs efforts pour démanteler ces groupes, éradiquer le trafic illégal de ressources naturelles ainsi que le trafic d’armes et de munitions.  Selon lui, des plans de développement intégrant les jeunes affectés par les conflits armés sont nécessaires.

S’agissant de la situation humanitaire, M. Singer Weisinger a estimé que les millions de personnes déplacées et de réfugiés au Soudan du Sud et dans d’autres pays de la région soulignent la nécessité de continuer d’encourager des avancées politiques.  Il a salué l’organisation prochaine de la Conférence sur l’investissement et le commerce consacrée à l’investissement transfrontalier, qui peut contribuer à l’intégration économique et au développement durable.  Plus généralement, il a plaidé pour des solutions régionales par le biais du dialogue et de la coopération. 

M. JUN ZHANG (Chine) s’est dit encouragé par l’évolution de la situation au Soudan du Sud avec la constitution d’un gouvernement de transition en août dernier.  Depuis sa prise de fonction, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs a poursuivi ses bons offices, a noté le représentant en relevant que M. Xia a fait énormément pour que s’améliorent encore les relations entre les pays de la région et pour renforcer leur coopération, ainsi que pour garantir l’application de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région.  La Chine demande aux pays de la région de saisir l’élan positif qu’il a imprimé pour renforcer encore la confiance mutuelle et la coopération entre eux, a dit le représentant en appelant en même temps la communauté internationale à appuyer ces efforts.

Pour sa part, le représentant de la Chine a fait trois suggestions.  Tout d’abord, concernant la situation humanitaire en RDC, où le nombre de déplacés et réfugiés est énorme -en plus de la faim et de l’épidémie d’Ebola toujours pas maîtrisée, de la rougeole et du choléra-, il a invité la communauté internationale à renforcer son aide et son assistance.  Le Bureau de l’Envoyé spécial peut aider à renforcer la coopération en demandant aux Nations Unies et aux pays de la région de se coordonner davantage face aux groupes armés illicites, a ajouté le représentant.  Enfin, il a estimé que le développement socio-économique est « la » solution à long terme et que des efforts considérables sont nécessaires pour y arriver.  Les causes profondes de la crise régionale sont la pauvreté et l’absence de développement, a-t-il analysé.  Alors que se prépare une conférence sur le commerce régional au Rwanda en novembre, il a souhaité que l’Envoyé spécial des Nations Unies puisse contribuer à améliorer les échanges dans la région.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a salué les évolutions positives dans la région des Grands Lacs, notamment la tenue d’élections pacifiques, la transition démocratique et la formation d’un nouveau gouvernement en République démocratique du Congo (RDC);  la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD);  la signature d’un mémorandum d’accord entre l’Ouganda et la Rwanda pour mettre fin aux hostilités;  le retour au calme au Burundi, marqué par l’approbation d’une nouvelle constitution et d’un nouveau code électoral, en vue de la tenue d’élections générales en mai 2020;  et la signature en février dernier d’un Accord politique pour la paix et la réconciliation entre le Gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés.

En dépit des efforts des autorités nationales pour faire face à la crise humanitaire dans la région, le représentant s’est cependant dit préoccupé par la présence d’un grand nombre de personnes déplacées de force dans les Grands Lacs, lesquels sont en proie à la malnutrition, au choléra, à la rougeole et au virus Ébola.  Il a également exprimé son inquiétude face aux attaques fréquentes de « groups armés illégaux, étrangers et nationaux » dans la région.  Pour relever ces défis, M. Ndong Mba a appelé l’ONU à redoubler d’efforts pour travailler de concert avec l’Union africaine (UA) et les organisations régionales et sous-régionales du continent.  Il a également appelé l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), la Communauté de développement de l’Afrique australe et les partenaires internationaux de la région à soutenir la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans les Grands Lacs.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a dit se réjouir des avancées qui se sont produites dans les pays de la région des Grands Lacs, notamment en République démocratique du Congo (RDC), avec la tenue d’élections pacifiques et la nomination d’un nouveau gouvernement.  Les États-Unis attendent d’autres mesures de nature à faire revenir les investisseurs dans le pays.  Par ailleurs, les États-Unis estiment que la mise en œuvre de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération incombe à tous les pays de la région et pas uniquement à la RDC, a dit la représentante.  En dépit de ces avancées, les États-Unis restent préoccupés par la violence qui persiste dans l’est de la RDC.  Ils sont d’avis que le désarmement des groupes reste un moyen de ramener la paix et la stabilité dans le pays.  L’Administration américaine est disposée à aider la RDC dans cet objectif, a affirmé la représentante.

En ce qui concerne le Burundi, Mme Craft a indiqué suivre la situation de près et être préoccupée par les restrictions imposées aux partis politiques et à la société civile.  La tenue d’élections crédibles et pacifiques est cruciale aux bonnes relations que le Burundi entretiendra avec les États-Unis et la communauté internationale dans son ensemble, a prévenu la représentante.  Pour cette raison, et alors que l’échéance de l’élection présidentielle de 2020 arrive à grands pas, elle a déclaré que la communauté internationale, et le Conseil de sécurité en particulier, devaient rester saisis de la situation au Burundi, car, a-t-elle conclu, « la vie des millions de personnes en dépend ».

La région des Grands Lacs a toujours été caractérisée par les conflits internes et les conflits entre ses membres, a rappelé M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni), mais récemment, a-t-il constaté, la coopération s’est renforcée.  Il a salué les efforts du Président de la République démocratique du Congo (RDC), M. Tshisekedi, en ce sens, la signature du mémorandum d’accord avec le Rwanda, la tenue de réunions axées sur la confiance entre les services de renseignements et de sécurité pour renforcer leur réponse aux groupes armés illicites.  Simultanément, les défis aux conditions de sécurité, le développement, les droits de l’homme demeurent immenses: il est important d’agir de façon coordonnée pour lutter contre les maladies dont Ebola et de garantir le financement adéquat des programmes de riposte militaire, surtout dans l’est de la RDC où les groupes armés continuent de commettre des atrocités et représentent une menace de taille dans la région.  Il est important, a poursuivi le représentant, que le Président Tshisekedi maîtrise pleinement les forces de sécurité de la RDC et qu’elles ne soient pas autorisées à prendre part aux atrocités. 

Les acteurs de la région doivent aussi agir de concert pour s’attaquer aux causes profondes de ces conflits et empêcher les groupes armés de bénéficier d’appuis au sein et hors de la région et de contrôler des ressources significatives tels l’or, le charbon et autres minerais.  M. Allen a dit qu’il est dans l’intérêt des pays et des populations de transformer ces flux illicites en flux légaux pour contribuer au développement et à la stabilité de la région.  Le Royaume-Uni encourage donc l’Envoyé spécial à poursuivre ses efforts pour créer des chaînes de production stables et à renforcer les relations commerciales régionales.  Au Burundi, les restrictions aux libertés fondamentales, dont la liberté de la presse, sont « inacceptables » alors que le pays prépare des élections pour l’année prochaine, a conclu M. Allen. 

M. PAUL DUCLOS(Pérou) s’est félicité de la consolidation des relations bilatérales et des efforts déployés pour une meilleure coordination et une meilleure intégration régionale.  Sur le plan politique, il a salué l’engagement des pays signataires de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région dans le processus électoral au Burundi en 2020, ainsi que dans la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine.  Il a également jugé positives l’ouverture politique promue en RDC par le Président Tshisekedi, ainsi que la constitution d’un gouvernement civil au Soudan après la médiation de l’Union africaine et de l’Éthiopie.

Cependant, le représentant s’est dit préoccupé par la présence de groupes armés qui attaquent la population civile et exploitent illégalement les ressources naturelles, ainsi que par l’augmentation de la violence intercommunautaire et les violations des droits de l’homme dans plusieurs territoires.  Raisons pour lesquelles il a jugé très important de faire face aux problèmes de sécurité de manière coordonnée, par le biais d’initiatives conjointes telles que la réunion des services d’intelligence et de sécurité du Rwanda, de la Tanzanie, de l’Ouganda et de la RDC, qui s’est tenue en juin dernier à Kinshasa.  Par ailleurs, face à la situation humanitaire dans la région, le représentant du Pérou a souhaité que la communauté internationale continue d’offrir le financement nécessaire.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est réjouie que des opportunités de consolidation de la paix et de la stabilité se soient ouvertes ces derniers mois dans la région des Grands Lacs, notamment avec la tenue d’élections pacifiques en République démocratique du Congo (RDC), la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud, et de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de paix entre le Gouvernement de la République centrafricaine et 14 groupes armés.  En dépit de cela, des défis majeurs persistent, posés en particulier par les groupes armés et les tensions qui émergent entre signataires des accords de paix, et par les nombreuses violations des droits de l’homme, qui entraînent des déplacements de population et l’aggravation de la situation humanitaire. 

Face à cette situation, la Pologne estime que lutter contre les activités illégales transfrontières doit faire partie intégrante des efforts dans la région.  C’est même une précondition essentielle pour lutter contre les groupes armés et garantir le succès du processus de désarmement, démobilisation et réintégration, a déclaré sa représentante. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a insisté sur la nécessité de traiter des causes profondes de conflits dans les Grands Lacs, des difficultés constantes posées aux droits de l’homme dans la région et des menaces créées par les groupes armés, ainsi que de l’exploitation illégale des ressources et du manque de développement, qui est aussi une cause de conflit. 

Le représentant a ensuite salué les efforts du Président Felix Tshisekedi de RDC pour renforcer les relations avec ses voisins.  La confiance est importante et les partenariats déterminants, aussi la communauté internationale doit-elle appuyer ces efforts pour soutenir la paix et la sécurité, a poursuivi M. Djani.  La communauté internationale doit aussi donner la priorité aux secours d’urgence pour améliorer la situation humanitaire, aussi bien en RDC qu’au Burundi, alors qu’on compte encore plus de 400 000 réfugiés.  Les maladies contagieuses exigent une assistance immédiate, a par ailleurs insisté le représentant, qui a rappelé que les financements disponibles couvraient moins de la moitié des besoins.

M. Djani a rendu hommage au rôle joué par les organisations régionales, qui sont avec les Nations Unies les garants de l’Accord-cadre signé par les pays de la région.  Il les a appelées à faire en sorte que tous les pays coopèrent, notamment qu’ils empêchent le transport illégal de ressources naturelles. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a salué des progrès dans la région qu’il a jugés essentiellement attribuables au Président Tshisekedi, de la RDC.  L’Allemagne l’encourage à poursuivre ses efforts et le rapprochement régional.  Les défis restent cependant nombreux, a aussitôt tempéré le représentant, qui a cité les attaques commises par les groupes armés, les déplacements de population ou encore l’exploitation illicite des ressources, qui continuent de faire peser une menace sur les développements positifs. 

Pour l’avenir, le représentant a défendu l’approche holistique de l’Envoyé spécial, insistant sur la bonne gouvernance, notamment au Burundi avec l’approche des élections, qui seront « clef », et sur le respect des droits de l’homme, la lutte contre la corruption, contre l’impunité, le renforcement de la justice dans tous les pays, la participation des jeunes et des femmes.  M. Heusgen a déploré la poursuite des violences, notamment sexuelles, dans l’est de la RDC, dont une grande part sont, a-t-il fait observer, commises par les forces de sécurité.  Ces questions doivent être traitées, a-t-il ajouté, rappelant que le docteur Mukwege, prix Nobel de la paix, avait décrit le 23 avril dernier la situation dans cette région devant le Conseil, avant que ce dernier n’adopte la résolution 2467 (2019) qui doit être mise en œuvre a-t-il insisté.

Sur le plan économique enfin, le représentant a apporté son appui à la coopération frontalière et à la Conférence sur l’investissement qui doit se dérouler à Kigali, en novembre.  Toutefois, a-t-il prévenu, pour créer davantage d’emplois il faut de la bonne gouvernance, faute de quoi les investisseurs ne viendront pas.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a salué les avancées enregistrées dans la région des Grands Lacs, notamment les élections en République Démocratique du Congo (RDC), la formation d’un gouvernement et les initiatives prises par le Président Félix Tshisekedi pour ramener la paix dans la région.  Il ne fait aucun doute que l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération reste l’outil idoine pour ramener la stabilité et promouvoir le développement économique dans cette région, a dit le représentant, se réjouissant aussi de la tenue l’an prochain de la Conférence sur les investissements dans les Grands Lacs.  Estimant que le respect des accords de paix est une garantie de stabilité, la délégation du Koweït reste préoccupée par les agissements de certains groupes armés.  Son représentant a toutefois apprécié « le calme qui règne pour l’heure au Burundi », espérant que ce calme perdure après l’élection présidentielle de l’an prochain. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué l’Accord-cadre comme la pierre angulaire permettant de garantir la stabilité régionale.  La pleine mise en œuvre de ses dispositions aura une incidence positive sur la situation, a-t-il estimé, avant d’insister sur la stabilité en RDC, décisive pour la stabilité régionale.  Le représentant a donc salué les efforts de M. Tshisekedi en faveur de la stabilisation politique et de la mise en place de relations positives avec ses voisins.  Il a notamment salué la réunion tenue à Kinshasa en juin avec les responsables des services de renseignements et de sécurité.  Toutefois, l’Est de la RDC reste plongé dans une situation complexe avec notamment les attaques des groupes armés, les conflits communautaires et l’épidémie d’Ebola, a aussi fait remarquer M. Polyanskiy.

Le représentant a salué les résultats obtenus par la MONUSCO et les Forces armées congolaises face à plusieurs groupuscules armés et appelé à renforcer les efforts de désarmement pour régler le problème des forces illégales et sortir de cette situation militaire complexe.  Il a en outre appelé à harmoniser les stratégies régionales pour régler le sort des réfugiés et traiter des causes profondes de ces déplacements.  Les solutions durables doivent être trouvées sur le plan régional, sur le principe « à problèmes africains, solutions africaines », a-t-il conclu.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est dit inquiet de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) et de la détérioration de la situation humanitaire dans plusieurs parties de ce pays.  Il a souligné la nécessité de former des forces armées congolaises pour qu’elles soient capables de répondre aux développements sur le terrain.  Le représentant a ensuite salué les initiatives régionales et internationales lancées pour éviter que l’épidémie d’Ebola ne devienne endémique.  S’agissant de la République centrafricaine, le délégué s’est déclaré inquiet des difficultés logistiques qui freinent la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Il s’est aussi dit préoccupé des activités menées par des acteurs non étatiques qui procèdent à des taxations illégales et font obstruction au déploiement des institutions étatiques et des forces de sécurité nationales.  Il a espéré que l’assouplissement de l’embargo sur les armes, décidé par le Conseil de sécurité en septembre, permettrait d’accélérer la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire.

Par ailleurs, M. Matjila a noté que la collaboration avec la Banque mondiale, l’Union européenne, la Banque africaine de développement et d’autres acteurs développement était déterminante pour promouvoir le processus de réconciliation en République centrafricaine.  Pour ce qui est du Burundi, l’Afrique du Sud a indiqué qu’elle avait apporté son soutien au dialogue interBurundais, y compris au processus de facilitation mené par la Communauté de l’Afrique de l’Est, dans l’esprit de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation.  Évoquant la situation au Soudan du Sud, il a salué la récente rencontre entre Salva Kiir et Riek Machar avant d’appeler à un dialogue continu qui serait de nature à sortir de l’impasse politique.  Mettant l’accent sur l’importance de la stabilité régionale, le représentant a rappelé à quel point il fallait lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Enfin, il a jugé indispensable une coopération entre les pays du Grands Lacs afin d’éliminer tous les groupes armés par le biais de réformes appropriées du secteur de la sécurité et des processus de désarmement, démobilisation et réintégration.

M. IGNACE GATA MAVITA WA LUFUTA (République démocratique du Congo) a regretté de n’avoir pris connaissance du rapport de l’Envoyé spécial que « tard hier dans la soirée ».  Il a indiqué que le Président Tshisekedi avait décidé de redynamiser le Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre et qu’un travail d’évaluation était en cours pour dresser un état des lieux de sa mise en œuvre.  Dans la recherche de la paix et de la sécurité, le Président a enclenché une nouvelle dynamique sur trois volets: renforcement des capacités des services de défense; promotion de la réconciliation nationale; et activation de la diplomatie régionale.

Pour le premier volet, des opérations militaires sont en cours dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu pour mettre hors d’état de nuire les forces négatives; concernant la réconciliation nationale, un processus vise à promouvoir la coexistence pacifique entre les communautés locales; enfin, des tournées ont été entreprises dans plusieurs pays de la région pour essayer de rétablir, et parfois de rebâtir, la confiance nécessaire entre les États.  C’est dans ce cadre, a expliqué M. Gata Mavita Wa Lufuta, que s’inscrivent le rapprochement et le dialogue amorcés par le Président Tshisekedi à Kinshasa le mois dernier, lors d’un sommet qui a réuni ses pairs de l’Angola et du Rwanda, suivi d’un autre sommet à Luanda avec l’Ouganda et le Rwanda.  Un troisième sommet, à Luanda encore, a donné lieu au mémorandum d’entente entre MM. Kagame et Museveni.  « Ces rencontres marquent la détermination des dirigeants de la région à œuvrer ensemble pour la paix. »

S’agissant de l’ONU, a précisé le représentant, le Président Tshisekedi s’est prononcé pour le maintien de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), mais pour une MONUSCO « non pléthorique, bien équipée, forte et dotée d’un mandat adapté au terrain, à l’image de la Brigade d’intervention rapide », a-t-il insisté. 

Le rapport de l’Envoyé spécial souligne les efforts fournis par les Forces armées de la RDC (FARDC) en collaboration avec la MONUSCO pour éliminer les groupes armés étrangers dans l’est du pays.  « Ces efforts se poursuivront jusqu’à l’éradication totale de ces groupes », a assuré M. Gata Mavita Wa Lufuta .  Il s’est félicité que les ex-combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui s’étaient rendus aient été rapatriés au Rwanda avec l’aide de la Mission.  Alors que le Gouvernement de la RDC réaffirme sa détermination à remplir ses engagements dans le cadre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, il demande que les éléments de l’ex-M23 rentrant au pays soient mis à la disposition des autorités et réclame aussi l’implication des pays de la région et du Conseil de sécurité pour que cette situation soit réglée. 

« Un vent nouveau porteur d’espoir et de confiance s’est levé sur la région des Grands Lacs », a conclu M. Gata Mavita Wa Lufuta.  Le représentant congolais a souhaité que les pays de la région saisissent cette opportunité pour rétablir la confiance entre leurs dirigeants et que la communauté internationale et l’ONU soutiennent les efforts engagés. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge pour une nouvelle période d’un an les mesures contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains en Libye

8631e séance – après-midi
CS/13971

Le Conseil de sécurité proroge pour une nouvelle période d’un an les mesures contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains en Libye

Le Conseil de sécurité a, cet après-midi, prorogé pour une nouvelle période d’un an, les dispositions prises depuis 2015 contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains « ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ ».

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2491 (2019), présentée par le Royaume-Uni, le Conseil a donc reconduit l’autorisation donnée aux États Membres d’inspecter les bateaux naviguant en haute mer au large des côtes libyennes s’ils ont des motifs raisonnables de soupçonner qu’ils sont utilisés pour le trafic de migrants ou la traite d’êtres humains en provenance de la Libye.

Les États Membres peuvent saisir des navires inspectés dont ils ont la confirmation qu’ils sont utilisés à des fins de trafic ou de traite et tous les États du pavillon sont tenus de coopérer et de répondre rapidement aux demandes qui leur seraient faites.

Dans le rapport* dont était saisi le Conseil de sécurité, le Secrétaire général indique qu’entre le 1er septembre 2018 et le 31 juillet 2019, 82 236 réfugiés et migrants ont rejoint l’Europe par la mer, soit 26% de moins qu’en 2018.  En revanche, poursuit-il, avec 2 130 arrivées et 333 décès enregistrés sur la route maritime entre la Libye et l’Europe, le taux de décès a plus que doublé au premier semestre 2019, avec un décès pour six personnes arrivées en Europe, contre un pour 14 en 2018.

Le Secrétaire général, profondément préoccupé par les conditions dans lesquelles les personnes secourues et interceptées en Méditerranée sont débarquées et systématiquement détenues en Libye, parle d’une situation « intolérable ».  D’autant qu’avec le déclenchement de l’offensive en avril 2019, « la Libye ne remplit pas les conditions qui lui permettraient d’être considérée comme un lieu sûr ou comme un pays tiers sûr aux fins du débarquement après un sauvetage en mer », met en garde le Chef de l’Organisation.

S’exprimant après l’adoption de la résolution, l’Allemagne a jugé « indispensable » de reconduire le dispositif existant compte tenu de la situation sur le terrain, précisant néanmoins que la suspension des opérations SOPHIA et EUNAVFOR-MED n’était que temporaire et que l’Europe était toujours restée présente dans la zone.   Mais la Côte d’Ivoire s’est inquiétée de la faiblesse des moyens en navires engagés, souhaitant la relance de l’opération SOPHIA, « comme l’a souhaité le Secrétaire général ».

« On ne mesure pas à quel point cette situation est abominable », a insisté pour sa part la Guinée équatoriale, pour qui il est nécessaire d’améliorer les opérations de surveillance en Méditerranée afin de mettre fin au calvaire des migrants.

La France a cependant rappelé que cette action collective, renouvelée par l’adoption de la résolution, s’inscrivait dans le cadre du droit de la mer pour lutter contre la criminalité organisée et la traite des êtres humains, et qu’à ce titre, elle devait être respectée par tous.   De son côté, la Fédération de Russie a insisté sur la nécessité de traiter des causes profondes, économiques et sociales, à l’origine de ces migrations ainsi que des conditions dans lesquelles les migrants sont accueillis et traités en Libye.  La situation qui prévaut dans ce pays devra trouver une issue, a ajouté le représentant russe, en accord avec le Royaume-Uni qui a estimé qu’« il n’y a pas de solution militaire » au conflit en Libye.

Enfin, la Chine attend le rapport d’étape qui sera présenté en avril par le Secrétaire général pour que soient réexaminées les dispositions de la résolution, espérant que des mesures « plus efficaces » seront trouvées pour faire face au problème en Méditerranée.  D’ici là, le Koweït a appelé l’ONU à veiller à ce que les migrants aient accès à des refuges sûrs en attendant que leur soit accordé le droit d’asile ou que soit organisé leur rapatriement.

*S/2019/711

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES – (S/2019/711)

Textes du projet de résolution (S/2019/788)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017) et 2437 (2018), ainsi que la déclaration de sa présidence en date du 16 décembre 2015 (S/PRST/2015/25),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Accueillant avec satisfaction le rapport du Secrétaire général daté du 5 septembre 2019 (S/2019/711),

Conscient que la Charte des Nations Unies lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Se félicitant des mesures prises pour mettre en œuvre la résolution 2240 (2015) et souhaitant qu’elles continuent d’être appliquées,

Réaffirmant qu’il faut mettre fin à l’expansion actuelle du trafic de migrants et de la traite des êtres humains en Méditerranée au large des côtes libyennes et au danger qu’ils représentent pour la vie humaine et, à cette fin précise, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Condamne tous les actes de trafic de migrants et de traite d’êtres humains ayant le territoire libyen et le large des côtes libyennes comme destination, zone de transit ou point de départ, qui fragilisent davantage le processus de stabilisation de la Libye et mettent en péril les vies de centaines de milliers de personnes;

2.    Décide de reconduire les autorisations visées aux paragraphes 7, 8, 9 et 10 de la résolution 2240 (2015), pour une nouvelle période de douze mois à compter de la date d’adoption de la présente résolution, réaffirme les dispositions du paragraphe 11 de ladite résolution et réaffirme également ses résolutions 2240 (2015), 2312 (2016), 2380 (2017) et 2437 (2018), ainsi que la déclaration de sa présidence publiée sous la cote S/PRST/2015/25;

3.    Réitère, à compter de la date d’adoption de la présente résolution, les demandes formulées au paragraphe 17 de sa résolution 2240 (2015), et prie le Secrétaire général de lui faire rapport, six mois puis onze mois après la date d’adoption de la présente résolution, sur l’état d’avancement de son application, en particulier pour ce qui est des paragraphes 7 à 10 de sa résolution 2240 (2015);

4.    Entend suivre la situation et, le cas échéant, envisager de reconduire pour des périodes supplémentaires les autorisations découlant de la présente résolution;

5.    Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation donne le coup d’envoi de ses travaux pour la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale

Soixante-quatorzième session,
1re séance – matin
CPSD/691

La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation donne le coup d’envoi de ses travaux pour la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale

Chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, la Quatrième Commission a approuvé, ce matin, son programme de travail* et son calendrier pour la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Ses travaux de fond débuteront avec la tenue, du 7 au 16 octobre, d’un débat général sur l’ensemble des points relatifs à la décolonisation, dans le cadre duquel pas moins de 180 pétitionnaires ont demandé à être entendus.

Parmi les représentants des territoires non autonomes à intervenir à cette occasion, le Président de la Commission, M. Mohammed Hussein Bahr Aluloom, de l’Iraq, a cité le Président de la Polynésie française, le Ministre principal de Gibraltar et le Lieutenant-gouverneur de Guam.  Au cours du débat général, les pétitionnaires s’exprimeront également au sujet de ces territoires, ainsi que des Îles Turques et Caïques, de la Nouvelle-Calédonie et du Sahara occidental.  En tout, 17 territoires non autonomes figurent à l’ordre du jour de la Commission.

Les 17 et 18 octobre, celle-ci se penchera sur les questions relatives à l’information.  Le 23, elle abordera l’assistance à la lutte antimines, et le 24, les effets des rayonnements ionisants, avant de se saisir, du 29 octobre au 1er novembre, de la coopération internationale touchant les utilisations pacifiques de l’espace.  La Commission poursuivra ses travaux avec l’étude d’ensemble de la question des opérations de maintien de la paix du 4 au 7 novembre, suivie de celle des missions politiques spéciales le 8.

Le 11 novembre, la Commission passera à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), avant d’examiner, du 13 au 15, le rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés.

En fin de séance, la délégation du Maroc a demandé le retrait de deux des pétitionnaires inscrits sur la liste au titre de la question du Sahara occidental.  Il s’agit de M. Karim Chana et M. Mohamed Hicham Radaoui.  Depuis la création de la Quatrième Commission, a rappelé le représentant, jamais nous ne nous sommes opposés à ce qu’un intervenant désireux de s’exprimer en qualité de pétitionnaire le fasse, « et cela parce que le Maroc croit en la liberté d’expression et privilégie le dialogue » pour autant que l’ordre du jour soit respecté.

Il a toutefois justifié sa demande d’aujourd’hui parce que ces deux pétitionnaires souhaitent, selon lui, intervenir à des fins politiques éloignées de l’ordre du jour.  Élargissant le débat, la délégation marocaine a fait part de ses préoccupations face à la tendance croissante, depuis deux ans, de profiter du segment dévolu aux pétitionnaires pour aborder d’autres sujets que la question pour laquelle ils se sont inscrits.  La Commission a accepté la demande du Maroc au sujet des deux pétitionnaires, demande à laquelle le représentant de la Guinée avait apporté son soutien.

Invoquant un point de procédure, l’Algérie a fait observer que les demandes d’audition de pétitionnaires ne s’accompagnent plus d’une lettre adressée au Bureau de la Commission, ce qui permettait aux délégations de se faire une idée de ces requêtes, a-t-elle argué.  En réponse, le Secrétariat de la Commission a expliqué que depuis deux ans, une procédure électronique avait été mise en place pour ces demandes d’inscription et que cette année, pour rendre la procédure plus efficace, le Secrétariat avait abandonné la nécessité d’envoyer une lettre de demande.  Ce changement a été décidé en collaboration avec le Bureau de la Commission, une décision à laquelle l’Algérie s’est opposée, d’une part, parce que les délégations n’en ont pas été informées, et, d’autre part, parce qu’en l’absence de la lettre, elles manquent d’informations pour approuver ou rejeter les demandes d’intervention.  La suppression de la lettre rend ce processus ambigu, a ajouté le représentant algérien. 

Le Président de la Commission a rappelé que toutes les séances publiques de la Commission seront retransmises en direct sur le site de l’ONU et que les communiqués de presse résumant les délibérations de chaque séance publique seront publiés le jour même en français sur le site https://www.un.org/press/fr.  

Outre le Président, le Bureau de la Quatrième Commission est composé des Vice-Présidents M. Ahidjo, du Cameroun; M. Peter Pindják, de la Slovaquie; et Mme Andrea Bacher, de l’Autriche.  M. Juan Antonio Benard Estrada, du Guatemala, assumera la fonction de Rapporteur.

La Commission, qui devrait achever ses travaux le 15 novembre, tiendra sa prochaine séance plénière, lundi 7 octobre, à partir de 15 heures.

*A/C.4/74/L.1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les jeunes et les pays en développement font entendre leur voix et leurs revendications

Soixante-quatorzième session,
3e & 4e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4259

Troisième Commission: les jeunes et les pays en développement font entendre leur voix et leurs revendications

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles a achevé, aujourd’hui, son débat consacré au développement social en donnant largement la parole à des jeunes du monde entier venus témoigner de leurs espoirs, mais aussi de leurs préoccupations dans un monde où ils représentent 59 millions de chômeurs.  De nombreux pays en développement sont également intervenus pour dénoncer le protectionnisme et faire part de leurs difficultés à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) sans un partenariat international renforcé.

Dans le prolongement des échanges de la veille, les interventions des délégués de la jeunesse ont souvent porté sur les problématiques liées à l’éducation et à l’emploi.  Comme l’ont notamment fait valoir les jeunes représentants de la Bulgarie, ce ne sont pas moins de 1,8 milliard de jeunes à travers le monde qui ont besoin d’éducation et de formation afin de combler le déficit d’un demi-milliard de nouveaux emplois nécessaires d’ici à 2030.  Une enquête menée dans leur pays fait du reste apparaître qu’une « éducation de qualité » vient en tête des préoccupations des jeunes bulgares, suivie par un « emploi décent ».

Le Kirghizistan a souscrit à cette analyse en soulignant que l’absence d’éducation a un « effet multiplicateur » sur des problèmes tels que la faim, la pauvreté ou encore les inégalités, et qu’il importe également de former des jeunes aux postes de demain.  La délégation a notamment jugé nécessaire d’adapter le système éducatif pour le mettre en phase avec les exigences du marché du travail moderne, sachant qu’aujourd’hui, un jeune diplômé met plus d’un an à trouver son premier poste au Kirghizistan.

L’éducation est « une des clefs majeures du combat contre la pauvreté », a martelé à son tour le délégué de la jeunesse du Suriname, non sans rappeler que, selon les données de l’UNESCO, 263 millions d’enfants et d’adolescents étaient déscolarisés dans le monde en 2016.  À ses yeux, son pays, comme nombre de ceux à faible revenu ou à revenu intermédiaire, souffre non seulement de disparités régionales mais également d’un manque d’infrastructures éducatives qui nuisent à l’égalité des chances.

« La clef du changement politique, économique et social est à chercher dans l’éducation », a acquiescé le Nigéria, tandis que la Namibie a expliqué qu’elle compte remédier à la persistance des inégalités en matière de revenus en misant sur une éducation primaire et secondaire gratuite, entre autres.

Plaidant elle aussi pour un investissement accru dans l’éducation, la Serbie s’est inquiétée de la crise du chômage des jeunes, en regrettant au passage la réalité des stages non rémunérés et la faiblesse des liens entre le système éducatif et le monde du travail.  Elle a exhorté, en conséquence, tous les États à faciliter la transition entre l’école et le monde du travail comme mentionné dans la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse 2030.

« Nos rêves sont brisés », ont abondé les délégués de la jeunesse de l’Irlande qui ont déploré que les jeunes ne touchent pas les dividendes des sociétés « censément méritocratiques ».  « Alors que le monde est plus prospère que jamais, un grand nombre de jeunes ne font que survivre.  À tel point qu’il leur est difficile de rester confiants en l’avenir lorsque les emplois décents et une sécurité de revenus manquent à l’appel. »  Dans ce contexte, ils ont pointé les enjeux liés à la santé mentale, faisant remarquer que le taux de suicide des jeunes est particulièrement élevé. 

Plusieurs jeunes ont également soulevé le problème de l’exclusion qui, partout, affecte leur classe d’âge.  Une exclusion qui peut être due aux origines sociales ou ethniques, à l’éloignement des circuits éducatifs et de l’emploi mais aussi aux handicaps et aux conflits.  La déléguée de la jeunesse de la Géorgie a ainsi cité l’exemple de sa camarade de classe dans une école pour aveugles de Tbilissi, qui ne peut rendre visite à sa famille car elle est originaire d’Abkhazie « encore occupée par la Fédération de Russie ».  Dans le même ordre d’idées, l’un de ses homologues ukrainiens a parlé des jeunes de son pays contraints de vivre dans les « bruits de tirs » en raison de « l’agression russe ». 

Sur une note plus positive, la déléguée de la jeunesse d’Israël a fait vibrer l’esprit entrepreneurial de son pays, né « grâce à un groupe de jeunes leaders passionnés qui ont planté les graines de notre nation florissante ».  Des graines qui, selon elle, ont conduit sa « nation de start-ups » à toujours partager son expérience et son savoir-faire pour « aider les autres ». 

La séance a aussi été marquée par les appels pressants de pays en développement qui, à l’image du Libéria et de la République démocratique populaire lao, ont estimé que les partenariats internationaux restaient essentiels pour les aider à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Jugeant important d’appuyer le multilatéralisme et le système onusien, la délégation de la Chine a plus particulièrement appelé à faire front contre le protectionnisme et l’unilatéralisme de « certains pays », et à s’opposer aux tentatives visant à empêcher les pays en développement d’accéder au marché de pays développés.  Abondant dans ce sens, Cuba a exhorté les pays développés à « tenir leurs promesses » en matière d’aide publique et à instaurer un « ordre économique mondial juste », notamment en mettant fin aux politiques « discriminatoires » à l’encontre des pays du Sud.  Un message repris à son compte par la République islamique d’Iran qui a dénoncé la guerre économique « génocidaire » dont elle fait l’objet et qui, assortie de sanctions unilatérales « illégales et inhumaines », sape ses efforts de développement. 

La Colombie a, elle, profité de son temps de parole pour demander à la communauté internationale de mobiliser de toute urgence des ressources pour l’aider à faire face à la « crise migratoire en provenance du Venezuela », qui fait peser sur elle « d’énormes pressions sociales ». 

Demain, jeudi 3 octobre, la Troisième Commission examinera, à partir de 10 heures, les questions liées à la prévention du crime et la justice pénale, la lutte contre l’utilisation des technologies de l’information et des communications à des fins criminelles et le contrôle international des drogues.

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/74/184)

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/205A/74/135)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/74/61-E/2019/4A/74/133A/74/170A/74/175A/74/206)

Suite du débat général

M. GHANSHYAM BHANDARI (Népal) a indiqué que le Népal s’est engagé à mettre en œuvre des politiques pour renforcer et promouvoir l’inclusion sociale, économique et politique de tous les segments de la société, dont les femmes, les personnes handicapées, les communautés autochtones et les autres groupes désavantagés. 

En vertu d’une politique de discrimination positive, des quotas sont alloués à divers groupes dans les services publics.  Le Népal a aussi introduit une large gamme de programmes de protection sociale, dont des programmes de transfert de liquidités pour les personnes âgées, femmes seules, personnes handicapées ou minorités.  Des bourses scolaires ont été allouées aux pauvres, filles et groupes marginalisés, entre autres.  Le Gouvernement népalais a également lancé un programme de prestations de santé et de maternité, de même qu’un régime de protection sociale à destination des seniors, des femmes seules, des minorités ethniques et des personnes handicapées.  Un système de taxation progressive a été introduit pour réduire l’impôt sur le revenu des classes touchant les plus faibles revenus et augmenter ceux des classes qui ont des revenus plus élevés.  Toutes ces mesures ont contribué à réduire la dépendance et les inégalités économiques, et à améliorer la dignité, a-t-il indiqué.  Il a toutefois souligné que les efforts nationaux ne peuvent pas résoudre à eux seuls la pauvreté et l’inégalité, d’où l’importance pour les partenaires internationaux de développement d’appuyer les initiatives nationales. 

M. KHIANE PHANSOURIVONG (République démocratique populaire lao) a souligné combien les changements climatiques frappaient durement le quotidien des habitants de son pays et entravaient le développement socioéconomique.  Il a notamment signalé que les pluies diluviennes des derniers mois avaient provoqué des dégâts considérables sur les infrastructures et l’agriculture.  Il a estimé que reconstruire les moyens de subsistance des populations des zones les plus touchées nécessiterait des moyens colossaux. 

Le représentant a ensuite indiqué qu’en matière de développement social, son gouvernement mettait l’accent sur la fourniture des services sociaux de base, qu’il s’agisse d’éducation, de santé et de création de revenus.  Il a en outre noté que davantage doit être fait pour mobiliser efficacement les ressources requises pour réduire les écarts de développement entre les zones urbaines et rurales.  À cette fin, il a indiqué que son pays mettait activement en œuvre les feuilles de routes internationales pour devenir, à l’horizon 2030, un pays à revenu intermédiaire.  Concernant les secteurs de la santé et de l’éducation, le représentant a déclaré qu’en dépit des avancées obtenues dans l’accès de tous aux soins et à une éducation de qualité, beaucoup de défis doivent encore être relevés pour mettre pleinement en œuvre les objectifs de développement durable et les plans nationaux pertinents.  Il a jugé que les partenariats internationaux restaient essentiels pour aider les pays les moins avancés à réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Mme GRANDA (Cuba) a appelé les pays développés à « tenir leurs promesses » en allouant suffisamment de ressources nationales pour atteindre le seuil d’aide publique au développement auquel ils ont consenti.  Elle a également appelé ces pays à instaurer un ordre économique mondial « juste », notamment en mettant fin à leurs politiques « protectionnistes et discriminatoires » à l’encontre des pays du Sud, en consacrant les millions de dollars dépensés dans l’économie de guerre à des fins de développement et en assumant leur « responsabilité historique » vis-à-vis du réchauffement climatique.  Ce dernier, a-t-elle estimé, est en effet lié avant tout à l’application d’un modèle de production et de consommation mondiale qui n’est pas viable pour les générations futures. 

La représentante a ensuite mis l’accent sur les efforts de son pays pour développer des politiques publiques favorables aux personnes handicapées et aux jeunes, notamment en matière d’insertion et de formation professionnelle, ainsi que pour promouvoir leur participation aux processus de prise de décisions à tous les niveaux du gouvernement.  S’agissant des personnes âgées, la représentante a indiqué que, d’après les estimations actuelles, la population de Cuba compterait environ 3,3 millions de personnes âgées de 60 ans ou plus d’ici à 2030.  La formulation de programmes visant à garantir le bien-être de cette tranche de population est donc une priorité pour son gouvernement.

Mme Granda a toutefois prévenu que ces différents efforts sont minés par le blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à Cuba, ainsi que par l’attitude « irresponsable » de l’Administration américaine actuelle.  « Cette politique criminelle dont est victime mon pays depuis presque 60 ans affecte directement notre développement social et est le principal obstacle à notre développement », a-t-elle insisté.  La représentante a également dénoncé « l’agression récente » de son pays par les États-Unis, via un programme de l’agence américaine USAID, destiné, selon elle, à financer des actions visant à « discréditer et saboter » la coopération internationale octroyée par Cuba dans le domaine de la santé au profit de millions de personnes dans le monde.  À ses yeux, il s’agit là d’une énième « provocation grossière » exercée par Washington pour faire obstacle à la politique de coopération de Cuba sur la scène internationale. 

M. ANDRÉS JOSÉ RUGELES (Colombie) a expliqué que la politique sociale moderne de son pays est centrée sur l’équité, comme l’indique l’intitulé de son plan national de développement 2018-2022: « Pacte pour la Colombie, pacte pour l’équité ».  L’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes, l’inclusion des groupes vulnérables sont reconnus comme des éléments indispensables pour consolider des sociétés fondées sur les principes démocratiques et réaliser le développement durable.  La Colombie, s’est félicité M. Rugeles, a promu l’accès aux soins, à la sécurité alimentaire, à l’éducation, à la formation et à un emploi décent.  En 2018, 7,6 millions de femmes bénéficiaient des programmes du Département du bien-être social.  Toutefois, a souligné le représentant, « la crise migratoire en provenance du Venezuela a mis d’énormes pressions sociales sur la Colombie ».  Depuis 2015, a-t-il précisé, plus de quatre millions de Vénézuéliens ont fui leur pays, dont 1,4 million ont trouvé refuge en Colombie.  Les service locaux sont débordés, a averti M. Rugeles, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la protection des enfants.  Il a donc demandé à la communauté internationale de mobiliser de toute urgence des ressources pour aider son gouvernement à faire face à cette crise majeure, d’autant plus que la Colombie, guidée par les principes de solidarité et de fraternité, maintient « une politique de portes ouvertes » vis-à-vis des migrants. 

M. WU HAITAO (Chine) a constaté que le développement inégal demeure un problème aigu pour les pays en développement, compte tenu du nombre de défis auxquels ils sont confrontés.  Il a notamment dénoncé le protectionnisme et l’unilatéralisme de certains pays, y voyant un frein pour le développement des pays comme le sien.  La Chine, a-t-il dit, considère qu’il convient de s’en tenir au développement, qui est la clef de tous les problèmes.  Les pays en développement devraient tenir compte de leur situation spécifique et faire avancer leur secteur socioéconomique, a-t-il plaidé, jugeant important d’appuyer en parallèle le multilatéralisme et le système onusien.  Il importe aussi de mettre en place un développement inclusif afin de donner voix au chapitre aux pays en développement, a poursuivi le représentant.  Il a appelé à faire front contre le protectionnisme et s’opposer aux tentatives visant à empêcher les pays en développement d’accéder au marché de pays développés.  De plus, a-t-il argué, le développement doit être centré sur la personne afin de lutter contre les inégalités et permettre la création de systèmes de protection sociale tout en protégeant les emplois productifs. 

Notant que cette année marque le soixante-dixième anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine, le délégué a indiqué que son pays est devenu la deuxième économie mondiale et a résolu les problèmes alimentaires de 1,4 milliard de personnes grâce au dur labeur du peuple chinois, lequel, a-t-il souligné, a fait preuve de courage et d’inventivité.  « Le socialisme est la voie qui a permis à la Chine de progresser en matière de développement et la voie qu’elle continuera d’emprunter à long terme », a-t-il affirmé.  Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à faire preuve de davantage de coopération, rappelant que la Chine a, pour sa part, alloué près de 400 milliards de dollars d’assistance dans la cadre de multiples projets.  Elle a en outre fourni une aide médicale à 64 pays et procédé à de nombreuses annulations de dettes, a-t-il indiqué.  Il a par ailleurs fait observer qu’en tant que pays en développement le plus peuplé du monde, la Chine demeure confrontée au problème d’un développement inégal, notamment entre les zones rurales et urbaines.  À nouveau, il a préconisé une coopération plus large entre États Membres afin de promouvoir un monde de prospérité. 

M. RODRIGO A. CARAZO (Costa Rica) a indiqué que son pays s’était lancé dans un « processus d’universalisation » de sa couverture sanitaire nationale, dont bénéficie actuellement environ 95% de la population du pays, moyennant une hausse continue des dépenses publiques de santé qui correspondent à l’heure actuelle à 8% du PIB du pays.  Le représentant a également indiqué que son gouvernement investissait dans l’éducation et dans le bien-être de sa population, notamment afin de lutter contre la corruption et la méfiance envers les institutions de l’État.

En outre, le représentant a indiqué que son gouvernement s’était doté d’un plan de développement national d’investissement public à l’horizon 2022, dont les 270 cibles font écho aux objectifs de développement durable et tiennent tout particulièrement compte des populations vulnérables du pays, y compris les femmes, les personnes d’ascendance africaine, les personnes vivant avec un handicap, les migrants et réfugiés, les personnes âgées et les personnes victimes de discriminations en raison de leur orientation sexuelle ou identité de genre.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a avoué que son pays subit en ce moment un ralentissement de sa croissance économique qui a compromis les efforts pour résorber la pauvreté, les inégalités et le chômage.  Plus que jamais, a prévenu le représentant, l’état de l’économie mondiale exige des pays une coopération étroite.  Nos efforts resteront vains, a-t-il prévenu, si nous n’investissons pas dans la jeunesse, son éducation et sa formation.  Un jeune au chômage, a-t-il souligné, est particulièrement susceptible de causer des troubles sociaux ou de se laisser embrigader dans les groupes armés.  L’exclusion sociale est l’ennemi de la cohésion sociale, s’est résumé le représentant. 

Depuis son accession à la démocratie, a-t-il poursuivi, l’Afrique du Sud n’a épargné aucun effort pour faire avancer le développement et une politique progressive de protection sociale.  Le Gouvernement actuel a fixé sept objectifs, dont la transformation de l’économie et la création d’emplois, l’amélioration des services sociaux ou encore l’intégration de l’espace public.  Dans ce contexte, le Gouvernement se laisse guider par le Plan national de développement mais aussi le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine, en tenant dûment compte des besoins particuliers des personnes âgées et des personnes handicapées.  Le représentant a tout particulièrement insisté sur le rôle important que joue la famille dans le développement social. 

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a indiqué que son pays mène simultanément une réforme économique et une série de mesures visant à garantir la dignité des plus vulnérables.  Les programmes sociaux ont été révisés et affinés pour répondre à l’évolution des besoins des Brésiliens.  « Nous avons réformé et accru les paiements au programme “Bolsa Familia” dont bénéficient plus de 14 millions de familles, ce qui porte le total des bénéficiaires actuels à 50 millions de familles », a-t-il notamment indiqué.  Le représentant a néanmoins estimé qu’il conviendrait que les programmes d’assistance sociale incluent des critères de sortie crédibles et effectifs pour ceux qui n’en ont plus besoin.  Dans cet esprit, le programme « Progrès » offre des cours professionnels, encourage l’esprit d’entreprise et aide les citoyens bénéficiant des programmes sociaux pour qu’ils trouvent des emplois formels.  L’objectif de cette initiative, a-t-il expliqué, est de former les individus pour qu’ils n’aient plus besoin de l’assistance de l’État et puissent se joindre au marché du travail dans de bonnes conditions. 

S’agissant de la famille, le programme « Enfant heureux », axé sur la santé des enfants pauvres, de la naissance à 6 ans, vient de recevoir le Prix WISE, s’est-il félicité.  Il a précisé que depuis son lancement, ce programme a facilité 19,5 millions de visites de familles, assisté plus de 630 000 enfants et accompagné plus de 123 000 femmes enceintes.  Le Brésil procède actuellement à une réforme de son système de retraite, débattu actuellement au Congrès national.  Concluant que la promotion du développement n’était pas du ressort exclusif des pouvoirs publics mais de la société tout entière, le représentant a signalé que son pays avait créé le programme « Voluntary Homeland » qui intègre gouvernement, société civile et secteur privé, et encourage une large participation à la promotion d’activités en rapport avec la culture, l’éducation et la durabilité visant les groupes les plus vulnérables. 

Mme KAMAL (Égypte) a souligné que son pays a fait partie des premiers pays à adopter des programmes nationaux en matière de développement social, et a ajouté que des mises à jour devraient être lancées ces prochains jours.  Elle a expliqué que l’un des efforts principaux de son pays porte sur la santé.  En effet, le Gouvernement égyptien estime que la couverture sanitaire universelle est un droit fondamental.  L’Égypte a aussi lancé une campagne de dépistage de l’hépatite C et des maladies non transmissibles dans la population.  Plus de 60 millions de personnes ont fait l’objet d’un examen et des traitements ont été dispensés.  L’Égypte met aussi l’accent sur les problèmes de santé auxquels se heurtent les femmes et les enfants tels que les problèmes d’audition et d’anémie, entre autres.

La représentante a par ailleurs indiqué que les jeunes représentent plus de la moitié de la population égyptienne.  L’Égypte a donc investi dans la jeunesse avec la tenue de séminaires jeunesse et le lancement d’initiatives telles que « L’avenir est entre nos mains ».  Il existe aussi des programmes de formation de jeunes pour promouvoir leur participation à la vie publique. 

Avant de conclure, la déléguée a demandé que le libellé de la résolution sur les programmes jeunesse soit retenu.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a constaté que l’élimination de la pauvreté représente le plus grand défi mondial et est une condition indispensable à la réalisation du développement durable.  Le développement social reste une composante importante des efforts d’élimination de la pauvreté et un outil très efficace pour la réduction des inégalités, a-t-elle ajouté.  La représentante du Ghana a expliqué que son gouvernement a, au cours des 10 dernières années, mis en place des politiques de développement social et des programmes visant à promouvoir une société inclusive en offrant des opportunités pour tous.  Illustrant les succès du Ghana, elle a notamment indiqué que la proportion de Ghanéens vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 18% à 8% entre 2002 et 2016, et celle des Ghanéens vivant dans la pauvreté, de 28% à 24% entre 2002 et 2013.  La représentante a cité cinq programmes de développement social, en précisant que le programme de renforcement des moyens de subsistance (LEAP) s’est traduit par des aides financières en direction de 407 655 foyers, soit 1 781 877 individus. 

Par ailleurs, Mme Pobee a estimé que l’ODD 3 relatif à la santé est une pierre angulaire pour parvenir à des sociétés durables.  Elle a mis l’accent sur l’adoption, en 2003, du régime national d’assurance-maladie du Ghana et le développement de services de santé communautaires.  Elle a aussi expliqué que son pays a arrêté une feuille de route pour atteindre les objectifs de la couverture sanitaire universelle en identifiant sept domaines d’intervention.  Tout en se félicitant que le régime national d’assurance-maladie couvre aujourd’hui 10 millions de Ghanéens, la représentante a souligné les difficultés rencontrées pour financer ce régime et la nécessité de trouver des voies alternatives de financement.  Elle a par ailleurs exhorté les États Membres à assurer que toutes les filles et garçons aient un accès gratuit à une éducation secondaire.  Le Ghana a, pour sa part, enregistré une augmentation de 36%, entre 2017 et 2018, du nombre d’enfants scolarisés au lycée grâce à un aménagement des emplois du temps de 400 écoles. 

Les enfants et les jeunes, ceux que l’on surnomme « le futur », méritent d’être entendus » insiste M. WINSTON ADABA, délégué de la jeunesse du Suriname.  « La protection et l’inclusion des jeunes doit figurer dans les débats sur l’éradication de la pauvreté, l’éducation et l’action climatique, car tôt ou tard ils seront confrontés à ces défis. »

Rappelant que 783 millions d’individus vivent sous le seuil de pauvreté international de 1,90 dollar par jour, le délégué a relevé qu’en 2016, seulement 45% de la population mondiale bénéficiait d’une quelconque aide sociale.  Ces chiffres suscitent l’inquiétude, quand on sait que les jeunes représentent 16% de la population mondiale, a-t-il indiqué

M. Adaba a ensuite évoqué « l’image bouleversante » d’enfants du Suriname, contraints d’aider leurs parents en vendant des fruits sur le bord des routes, une vision qui ajoute à l’engagement de son pays d’en finir avec la pauvreté.  Cet objectif de développement particulièrement important en ce qui concerne les jeunes, « car il est clair que la pauvreté à un jeune âge peut conduire à la pauvreté à l’âge adulte », a-t-il prévenu.

Quant à l’éducation, « elle est une des clefs majeures du combat contre la pauvreté », a-t-il poursuivi, s’inquiétant du fait que selon l’UNESCO, 263 millions d’enfants et d’adolescents étaient déscolarisés dans le monde en 2016.  Il a parlé du manque d’infrastructures éducatives de son pays et des disparités régionales qui nuisent à l’égalité des chances.

Abordant enfin la question des changements climatiques, le délégué a rappelé que « nous les jeunes, nous devrons nous en charger plus tard, et nous préférons participer à la lutte contre ce danger aujourd’hui plutôt que demain ».  Il a évoqué sa surprise en 2014, lorsqu’il avait vu la grêle tomber dans son pays tropical, « preuve de la réalité des bouleversements climatiques », pour ensuite saluer la prise de conscience de ses concitoyens qui, par exemple, ne brûlent plus aussi souvent leurs ordures en pleine rue. 

Mme RUTH MOATTI, déléguée de la jeunesse d’Israël, a indiqué que son pays est connu comme une nation de « start-ups », dont l’économie, notamment l’esprit d’entreprenariat, est une source d’inspiration pour beaucoup.  Il est difficile d’imaginer qu’il y a 71 ans, rien de cela n’existait, a-t-elle commenté. 

Et pourtant, a poursuivi cette jeune femme de 24 ans, l’État moderne d’Israël a vu le jour grâce à un groupe de jeunes leaders passionnés qui ont planté les graines de notre nation florissante.  Des graines, a-t-elle ajouté, qui ont été arrosées avec les notions de l’entraide, de la compassion et de l’innovation.  Ce sont ces mêmes idées qui représentent la raison d’être de notre succès et qui ont dirigé notre nation, même en temps de pénurie de ressources, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’Israël a toujours cherché les opportunités pour partager son expérience et savoir-faire pour aider les autres.  Elle a ensuite indiqué qu’elle avait momentanément interrompu ses études pour se rendre en Ouganda pour y promouvoir l’indépendance financière des jeunes femmes rurales. 

La déléguée a ensuite estimé que les start-ups qui ont un impact social sont la meilleure représentation d’Israël et doivent tracer la voie vers l’avenir.  Elle a notamment cité des sociétés comme ReWalk, qui a élaboré une technologie de pointe pour permettre aux personnes paralysées de marcher à nouveau, WaterGen, qui distille l’eau contenue dans l’air afin d’assurer un approvisionnement en eau potable « partout », ou encore MobileEye, qui utilise des censeurs pour prévenir les accidents de route.  C’est ce type de société qui incarne les deux valeurs clefs d’Israël, l’aide à autrui et l’innovation, et qui inspire la jeunesse israélienne.  Nous les jeunes, a-t-elle affirmé, continueront d’orienter Israël pour en faire l’#ImpactNation. 

M. DEE-MAXWELL SAAH KEMAYAH (Libéria) a indiqué que son gouvernement fait en sorte de garantir des processus inclusifs visant à ne laisser personne de côté.  Le premier d’entre eux est un plan national de développement mis en place en octobre 2018.  Il a expliqué que ce programme pour la prospérité et le développement constitue la feuille de route sur laquelle se base le Gouvernement pour mettre en œuvre ses politiques en matière d’économie, de créations d’emploi, de soutien à la paix, de bonne gouvernance et de transparence, a indiqué le représentant. 

Le délégué a aussi indiqué que son gouvernement a mis en œuvre deux recommandations de la Commission du développement social relatives à la protection sociale et à la couverture sanitaire universelle.  En outre, il a mis en place un « filet de sécurité » pour les plus vulnérables et institué des interventions qui incluent des transferts de liquidités, des distributions de denrées alimentaires, notamment pour les écoliers, et des subventions.  Cet ensemble de mesures a contribué à assurer la sécurité alimentaire du pays et facilité l’accès des personnes âgées, des femmes et des enfants à l’éducation et à la santé, s’est-il félicité.  Sur ce dernier point, le représentant a souligné les efforts réalisés par son pays dans le cadre de son programme pour la prospérité et le développement, lequel s’est donné pour objectif de faire reculer la mortalité infantile, la malnutrition des enfants de moins de 5 ans.  Cette initiative vise aussi la création de services de soins dans un rayon de cinq kilomètres autour des hôpitaux et la fourniture de médicaments et de produits médicaux aux centres de santé. 

Parallèlement, a-t-il poursuivi, le Libéria reste engagé en faveur d’une couverture sanitaire pour tous, comme le prouvent ses efforts de mise en œuvre de la Déclaration d’Abuja, qui demande de consacrer à la santé 15% du budget national.  Il s’emploie en outre à avancer dans la réalisation des ODD tout en étant conscient que nul ne peut les atteindre de manière isolée.  En conclusion, le représentant a rappelé que son pays continuait de promouvoir les partenariats au niveau international pour mobiliser des ressources et il a exhorté les États Membres à intensifier leur assistance aux pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. 

M. PATRICIO UNTER, délégué de la jeunesse de l’Autriche, a relevé que la crise climatique a provoqué l’une des plus grandes mobilisations des jeunes dans l’histoire.  En Autriche, les jardins d’enfants ainsi que les étudiants ont marché dans les rues demandant des actions pour stopper cette menace, a-t-il témoigné.  Et la semaine dernière, le Parlement autrichien a déclaré l’état d’urgence climatique en réaction à des mois de mobilisation des jeunes dans les rues.  L’Autriche est également un pays qui a pris un rôle de chef de file au sujet de la participation politique des jeunes, qui ont le droit de vote dès leur seizième année, en créant le Conseil national des jeunes. 

Le délégué a appelé les États Membres à ouvrir des espaces pour assurer une plus grande participation des jeunes en particulier dans l’action climatique, afin de sauver la planète, mais aussi pour assurer le respect des droits de l’homme, notamment des enfants.  M. Unter a également fait observer que les préoccupations environnementales et climatiques sont souvent une question d’équité.  La jeunesse autrichienne exige qu’une action efficace soit prise à ce sujet.  Par exemple, a-t-il indiqué, le soutien à une agriculture durable et locale réduirait non seulement les émissions de CO2 mais aussi les risques environnementaux sur les conditions de vie décentes dans d’autres pays.  Cela aiderait ainsi à assurer le respect des droits de l’homme des communautés rurales dans le monde.  M. Unter a par ailleurs estimé que la recherche de matériaux alternatifs et de meilleures façons de réutiliser le plastique et de recycler doit être financée et améliorée. 

Mme NELLY BANAKEN ELEL (Cameroun) a relevé que si les inégalités entre États se sont légèrement réduites, elles demeurent prononcées au sein des pays entre les différentes catégories de population, les populations autochtones et les migrants demeurant toujours au rang des plus vulnérables.  Elle a ensuite expliqué que le Cameroun a mis les questions d’égalité et de justice sociale au centre de ses politiques et programmes.  Cette politique est ancrée dans la vision du développement à l’horizon 2035, par laquelle le Cameroun se projette comme « un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité ».  L’opérationnalisation de cette vision s’appuie sur un certain nombre de stratégies globales, parmi lesquelles « la participation de toutes les catégories ou tous groupes sociaux aux processus de prise de décisions », « la redistribution équitable des richesses » et « la lutte contre les discriminations sociales ».  Les jeunes, personnes âgées, personnes handicapées et populations autochtones figurent au rang des catégories vulnérables sur lesquelles se concentrent les actions d’inclusion sociale du Gouvernement.

S’agissant plus particulièrement des personnes handicapées, l’État leur garantit un accès équitable aux services sociaux essentiels.  Le Gouvernement camerounais a adopté une série de textes réglementaires fixant les modalités d’application de la loi relative à la promotion et à la protection des personnes handicapées.  Elle a précisé que l’un de ces textes prévoit diverses facilités en matière d’accès des personnes handicapées à l’éducation et à la formation professionnelle, pour les préparer à des emplois qualifiés et décents.

Mme RAHIMAH IBRAHIM (Brunéi Darussalam) a indiqué que les jeunes, qui représentent 44% de la population nationale, demeurent une priorité pour son gouvernement car ils sont à un « carrefour historique » du fait des changements rapides dus à la mondialisation et à la révolution numérique.  Partant, il importe que la jeunesse ait accès à des structures susceptibles de les autonomiser et de les aider dans l’acquisition des capacités nécessaires pour être en mesure de s’adapter et de relever les défis d’un monde chaque fois plus compétitif, a-t-elle estimé.  Le Gouvernement de Brunéi Darussalam a mis en place de nombreuses plateformes de discussion permettant aux jeunes d’avoir des échanges sur des questions telles que l’élimination de la pauvreté, le leadership, l’environnement, le développement durable et l’entrepreneuriat.  Parmi ces plateformes, elle a notamment cité le premier Congrès national de la jeunesse, tenu en juin 2019, où les jeunes ont fait connaître leurs opinions sur des sujets jouant un rôle majeur dans leur vie quotidienne. 

Un important investissement dans l’infrastructure et la fourniture d’un appui financier et d’opportunités d’accès au marché visent par ailleurs à favoriser l’entrepreneuriat et l’autosuffisance, notamment par l’amélioration des programmes de renforcement des capacités existants.  Ainsi, l’Écosystème d’entrepreneuriat des jeunes a été lancé en 2018 pour favoriser la compétitivité au niveau international.  Ce système consiste à fournir des usines clef en main pour mettre sur pied des entreprises de fabrication.  Le pays observe également une Journée nationale de la jeunesse (1er août), occasion de décerner des prix spéciaux récompensant des efforts tendant au développement.  Le Brunéi Darussalam s’apprête aussi à adopter la politique et stratégie nationale pour la jeunesse 2019-2035.

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a fait savoir que la Constitution du Guatemala stipule que l’État doit garantir le développement intégral de la personne ainsi que la protection des droits individuels et des droits sociaux.  Comme pays à revenu intermédiaire, il fait face à des problèmes structurels tels que le manque de productivité, la ségrégation sociale et des manquements dans l’accès à des services de base comme l’eau et l’assainissement, l’éducation et autres dimensions du développement, a-t-il indiqué.  Les sociétés inégalitaires sont moins efficaces à l’heure de réduire la pauvreté, a relevé le représentant, précisant que le cycle de la pauvreté se transmet souvent d’une génération à l’autre.  En outre, les changements climatiques affectent gravement les peuples autochtones et les petits exploitants, a-t-il regretté.

En venant à la question des migrations internationales, le représentant du Guatemala a tiré la sonnette d’alarme face à cette réalité qui mine de nombreuses sociétés.  En tant que pays d’origine, de transit et de destination, le Guatemala déplore les manifestations de xénophobie et d’intolérance face à ce phénomène et en a appelé à une gouvernance intégrale de la migration, qui respecte les droits des migrants à chaque instant.

Mme GIULIA PARENTI et M. SIMONE MOSTRATISI, délégués de la jeunesse de l’Italie, ont déclaré que l’héritage culturel permet aux jeunes de se connecter à la fois à l’avenir et au passé, mais aussi de créer un nouveau cadre qui permet aux jeunes générations d’être de véritables protagonistes dans les efforts pour trouver des solutions aux changements climatiques, pour la paix, la sécurité et la croissance économique.  Dans le contexte de la mondialisation et de ses tensions, une profonde connexion avec le passé est essentielle pour bâtir un avenir plus juste avec les jeunes comme leaders, ont estimé les deux représentants.  Et pour garantir ce résultat, il est vital d’assurer une contribution significative des jeunes comme agents de changement, ont-ils exigé avant de souligner que l’Italie a été traditionnellement une défenseuse de l’héritage culturel comme outil pour la paix et le développement. 

En cette ère mondialisée, il est vital de parler de l’héritage culturel, ont renchéri les jeunes délégués italiens.  Si nous observons une statue ou un monument, nous pouvons constater le plus souvent qu’ils cachent une « identité partagée ».  Ces monuments, bâtiments et traditions sont des témoins vivants du fait que ceux qui sont en conflit aujourd’hui ont les racines et des origines communes, ou ont vécu ensemble pacifiquement dans le passé.  L’idée de l’héritage culturel comme moyen pour les jeunes de favoriser le développement, la paix, la sécurité et la croissance économique sera au cœur de nos négociations, ont encore dit les deux représentants. 

Mme AKYLAI BATYRBEKOVA (Kirghizistan) a mis l’accent sur les problématiques auxquelles les jeunes Kirghizes sont confrontés au quotidien.  Elle a dit espérer qu’à l’issue des travaux de la Commission, les représentants de jeunes du monde arriveront à trouver un consensus sur une « résolution universelle » dans laquelle des moyens efficaces de réponse à ces problèmes seront exprimés.  « Regardez nos jeunes, c’est aussi regarder l’avenir de notre région », a estimé la représentante.  Elle a souligné à quel point ils s’avèrent être des observateurs sensibles du développement politique, économique et culturel de leurs pays, « parce qu’ils dépendent » des opportunités de développement personnel qui leur seront offertes.

Dès lors, elle a insisté sur l’importance d’une éducation inclusive, équitable et de qualité pour tous, de l’accès à un travail décent et de la croissance économique, trois objectifs de développement durable essentiels dans le contexte du Kirghizistan.  L’absence d’éducation a, selon elle, un « effet multiplicateur » sur des problèmes tels que la faim, la pauvreté ou encore les inégalités.  Elle a évoqué l’impératif de la formation des enseignants, de la maternelle au supérieur, ainsi que de la scolarisation dès la maternelle.

L’autre défi majeur identifié par la représentante est une croissance économique inclusive et durable qui s’accompagnerait du plein emploi pour tous.  Elle a expliqué que la politique nationale pour la jeunesse du Kirghizistan est articulée autour de la création de conditions socioéconomiques, juridiques et autres favorables à leur épanouissement et la réalisation de soi, et la protection de leurs intérêts.  Elle a noté que le problème de l’emploi des jeunes représente cependant toujours un défi majeur et reconnu, qu’il fallait former des jeunes aux postes de demain et donc adapter et revoir le système éducatif pour le mettre en phase avec les exigences du marché du travail moderne, sachant qu’aujourd’hui, un jeune diplômé met plus d’un an à trouver son premier poste au Kirghizistan.  Il faut également faciliter leur accès au crédit pour encourager leur entrepreneuriat, a encore souligné la représentante.

Mme GANGULALI DE SILVA, déléguée de la jeunesse de Sri Lanka, a reconnu les difficultés rencontrées par son pays pour combler les lacunes dans la formation des jeunes et trouver une solution au problème du chômage des jeunes en mettant à profit les avancées technologiques et en développant de nouvelles industries.  Le Programme global de développement ainsi que la politique nationale en matière de formation professionnelle et technique ont donc été mis en place à cette fin.

En promouvant une éducation de qualité, il est primordial que Sri Lanka comble les disparités sociales, notamment dans les zones postconflits et dans le secteur des plantations, a-t-elle préconisé.  Elle cité deux projets qui visent à consolider la politique d’éducation gratuite du pays, pour ensuite évoquer la capacité de contribution des jeunes sri-lankais au règlement des changements climatiques.

Elle a ensuite passé la parole à M. AMRIT EDIRISOORIYA, délégué de la jeunesse de Sri Lanka, qui a mis l’accent sur l’importance de la cohésion sociale dans son pays.  Il a estimé que les jeunes doivent s’inscrire dans le processus de l’apaisement et de la réconciliation, une démarche qu’il a estimé essentielle, notamment à la suite des attentats qui ont frappé le pays en avril dernier, le dimanche de Pâques et où quelque 250 personnes ont trouvé la mort. 

Il a salué les jeunes qui se sont mobilisés pour apporter leur aide aux victimes indépendamment de leur religion, race ou ethnie.  Ils étaient 200 à faire la queue très tôt le matin devant les banques du sang car chacun d’eux savait qu’ils avaient un rôle à jouer pour que notre « nation insulaire retourne à la vie normale ».  Il a ensuite salué la création du Parlement pour les jeunes.  Les jeunes, a-t-il dit en conclusion, ne sont pas les leaders de demain, mais les leaders d’aujourd’hui, et il nous revient donc d’agir collectivement pour améliorer notre monde.

Mme JULIA IMENE (Namibie) a indiqué que, pour son pays comme pour beaucoup d’autres en Afrique australe, les inégalités persistent, particulièrement en matière de revenus.  Pour y remédier, le Gouvernement namibien a fait adopter différents textes de loi et programmes, dont les plus emblématiques prévoient une éducation primaire et secondaire gratuite et un libre accès aux soins pour tous, a précisé la représentante.  Ces efforts sont répartis de manière égale, indépendamment de la situation urbaine ou rurale des individus, afin de s’attaquer aux causes profondes des inégalités et de proposer des opportunités d’emploi décent au plus grand nombre, a-t-elle souligné.  La Namibie a également fait de la fourniture des soins de santé de qualité une priorité, comme en atteste la part du budget national allouée au Ministère de la santé.  Cela lui a permis d’atteindre et même de dépasser les objectifs fixés par ONUSIDA dans la lutte contre l’épidémie de VIH/sida, a noté la déléguée, qui y a vu le résultat d’une volonté politique et de ressources adéquates.  Elle a aussi salué le soutien de partenaires tels qu’ONUSIDA et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Le prochain objectif, a-t-elle dit, est l’éradication de la transmission mère-enfant du VIH. 

La représentante a par ailleurs souligné que les changements climatiques sont des facteurs de pauvreté et d’inégalité.  En Namibie comme dans les autres pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a-t-elle expliqué, nous faisons face à des événements climatiques extrêmes, notamment de graves sécheresses qui entraînent la perte de récoltes, de têtes de bétail et de revenus.  Ces conditions mettent la politique nationale de gestion des risques à rude épreuve et obligent le Gouvernement à faire preuve d’innovation en matière d’assistance aux victimes, a poursuivi Mme Imene, remerciant à cet égard l’aide internationale, tant alimentaire que financière et technique, fournie à son pays.  Elle a ajouté que la Namibie avait également coordonné les appels humanitaires lancés pour le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi à la suite du passage d’ouragans dans la région cette année.  Avant de conclure, la déléguée a souligné l’importance qu’accorde son gouvernement à la question de la couverture sanitaire universelle, laquelle constitue une autre de ses priorités.  La Namibie, a-t-elle assuré, dispose déjà de l’un des systèmes de protection sociale les plus complets du continent africain. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a expliqué que l’établissement de modèles d’alliances entre le gouvernement, les entreprises et les travailleurs avait permis à son pays de faire face avec efficacité aux principaux défis pour atteindre les indicateurs de croissance économique et de développement social largement reconnus par la communauté internationale.  Ainsi le taux de croissance a atteint plus de 5% par an entre 2014 et 2018 et plus de 40 programmes et projets sociaux de lutte contre la pauvreté ont permis d’aboutir à des résultats concrets pour le bien-être de la population, a précisé le représentant.  Pour que les droits économiques, sociaux, politiques et culturels des Nicaraguayens deviennent réalité, une série d’objectifs a été élaborée, parmi lesquels la remise de titres de propriété, l’octroi de service d’eau potable et d’assainissement, la santé, l’environnement, la création d’emplois dans les zones franches, le soutien aux entrepreneurs et l’éducation.  Des centres d’études et de renforcement des capacités techniques et de production ont également été mis sur pied pour appuyer les filières du café Robusta, de la culture du maïs, de l’amélioration génétique du bétail et du chocolat.

Pour M. MOHAMMAD HASSANI NEJAD PIRKOUHI (République islamique d’Iran), la lutte contre la pauvreté et les inégalités doit s’appuyer sur des objectifs d’inclusion sociale, indépendamment du niveau de développement du pays concerné.  Cependant, la communauté internationale et les partenaires de développement ont la responsabilité de soutenir les efforts nationaux des pays en développement en vue de parvenir à l’inclusion sociale, a-t-il estimé, même si dans la réalité, beaucoup d’entre eux ne reçoivent pas ce soutien et font même face à des barrières dont le but est de contrecarrer leurs progrès sociaux, s’est indigné le représentant en citant l’exemple des impositions « de sanctions unilatérales illégales et inhumaines ». 

Une guerre économique « génocidaire » est lancée contre les Iraniens, a dénoncé le représentant, ce qui a des répercussions graves sur le quotidien des citoyens ordinaires.  Ces mesures visent des civils pour des gains politiques, s’est-il indigné, tout en indiquant que malgré les difficultés financières qui lui sont imposées, le Gouvernement iranien maintient ses investissements sociaux en vue de garantir l’accès universel à l’éducation et la santé ainsi qu’aux protections sociales.  Le représentant a ensuite présenté les résultats du Plan de transformation du secteur de la santé qui a été lancé en 2014 en Iran pour servir de feuille de route vers la couverture sanitaire universelle.

M. Hassani Nejad Pirkouhi a par ailleurs plaidé pour un soutien financier et technique renforcé aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ainsi que pour la mobilisation de ressources supplémentaires à investir dans les infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement.

Mme YAGKOUBI, déléguée de la jeunesse des Pays-Bas, a raconté que lorsqu’elle avait 15 ans, elle était tombée, en cours de sciences sociales, sur un titre de paragraphe qui l’avait interpellée: « le problème marocain ».  Elle a indiqué qu’en tant que ressortissante néerlandaise d’origine marocaine, elle a toujours été attirée par la diversité sous toutes ses formes, y voyant une identité en constante évolution.  Alors pourquoi l’identité est-elle réduite à un seul aspect? s’est-elle interrogée en revenant à son cours de sciences sociales. 

Aux Pays-Bas, a-t-elle poursuivi, les recherches montrent que la polarisation s’est accrue sur les questions des origines ethniques et des classes sociales.  La principale cause est, selon elle, le manque d’interactions entre personnes d’origines et de statuts différents.  En effet, a-t-elle expliqué, lorsque nous vivons dans un environnement homogène, notre perception est floutée, ce qui ouvre la voie à la polarisation.  De l’avis de nombreux jeunes, a-t-elle encore noté, la bulle des réseaux sociaux peut aussi contribuer à la polarisation.  Les algorithmes de ces plateformes sont conçus pour fournir d’autres contenus, notamment publicitaires, que ceux que l’on visionne.  Ces mêmes algorithmes, a-t-elle relevé, fonctionnent de la même façon avec les informations provenant de sources extrémistes: ils renvoient à d’autres contenus extrémistes et font que chacun a le sentiment d’entendre des arguments allant dans son sens. 

Par chance, nous pouvons sortir de cette bulle, a assuré la déléguée de la jeunesse.  Et pour y parvenir, il reste possible d’utiliser les réseaux sociaux.  Elle a notamment expliqué que mis à part leurs algorithmes, ces derniers ont permis de mettre en œuvre des plateformes militantes, de créer des contacts sociaux et d’accroître les interconnexions dans le monde.  Avec la dimension humaine des réseaux sociaux, nous pouvons lutter contre la polarisation, a-t-elle souligné.  Mais il faut pour cela reconnaître que notre identité est si complexe que nous ne pouvons la réduire à un seul aspect.  La jeune femme a ensuite encouragé chacun à aller à la rencontre de personnes différentes sur les plans culturels et socioéconomiques mais aussi de personnes ayant d’autres idées politiques. 

Mme PETRA PAUEROVÁ, déléguée de la jeunesse de la Slovaquie, s’est dite déçue par l’écart qu’elle a observé, au cours des débats des dix derniers jours, entre les jeunes et les dirigeants.  Elle a lancé à la ronde: « Les jeunes et les dignitaires vivent-ils dans une planète différente? ».

Paraphrasant le Président de la Slovaquie, elle a rappelé que sa génération est « la première à ressentir l’impact de notre comportement irresponsable et probablement la dernière en mesure d’agir à cet égard ».  Elle a appelé à une « confiance mutuelle » pour assurer la mise en œuvre concrète des objectifs de développement durable (ODD).  Les dirigeants mondiaux et les jeunes doivent être inclus dans les discussions et les processus conjoints de prise de décisions et de mise en œuvre, unique façon de se rendre des comptes mutuellement, a-t-elle encore suggéré.  Elle a souligné que l’ONU est la seule institution disposant du pouvoir de rassembler les dirigeants du monde et de les rendre redevables. 

Mme Pauerová a par ailleurs signalé qu’il est inabordable pour un étudiant d’être stagiaire à l’ONU.  Et même si je ne vis pas loin de l’Office des Nations Unies à Vienne, un stage non rémunéré et les frais de voyage et de logement qu’il entraîne me pousserait vers la banqueroute.  Elle a estimé que l’octroi de stages rémunérés permettrait de réduire la période de transition entre la fin des études et un potentiel premier emploi pour les jeunes. 

M. EDGAR SISA (Botswana) a indiqué que le Gouvernement de son pays consacrait plus de 25% de son budget annuel à l’éducation et à la formation, et que l’équivalent de 4% du PIB du Botswana sert à financer l’assistance sociale.  Il a expliqué que ces efforts avaient débouché sur une réduction du taux de pauvreté, qui est passé de 19,3% en 2009 à 16,3% en 2016, l’extrême pauvreté ayant baissé de 6,4% à 5,8% au cours de la même période.  Le représentant a ajouté que la politique publique d’éducation inclusive menée depuis 2011 par son pays avait permis une augmentation significative des effectifs d’élèves ayant des besoins particuliers.  Sur ce point, il a aussi signalé que la mise en œuvre de programmes nationaux de santé nutritionnelle en direction des plus jeunes avait entraîné une hausse du taux de fréquentation scolaire.  En date du 27 févier 2019, le Ministère du gouvernement local et du développement rural est venu en aide à près de 9 500 orphelins et enfants vulnérables, a-t-il également dit. 

Mme HOLBOLL, déléguée de la jeunesse de la Suède, a constaté qu’aujourd’hui l’espace démocratique de la société civile est attaqué avant de regretter que « l’espace civique » se réduise partout dans le monde.  Elle s’est ensuite lancée dans un vibrant plaidoyer pour la défense des sociétés civiles, accusant les États membres de les prendre pour cible: « Les lois restreignant les droits d’association, de réunion et d’expression se sont multipliées, les financements pour les organisations de la société civile se sont taris.  Les défenseurs des droits de l’homme, les acteurs du développement et de la société civile sont soumis à des menaces, des actes de violence et même des meurtres.  Beaucoup d’États présents ici même en sont responsables.  Nous, la jeunesse, ne pouvons plus tolérer cette situation. »  « Une société civile ouverte est un des plus importants garde-fous contre la tyrannie et l’oppression », a-t-elle souligné.

Comme l’a prouvé la récente mobilisation des jeunes pour la défense du climat, les jeunes sont fortement engagés dans les luttes vitales de notre temps, a par ailleurs constaté la représentante.  « Notre message est clair: maintenant ça suffit! » a-t-elle martelé. 

Mme ESMA GUMBERIDZE, déléguée de la jeunesse de la Géorgie, a rappelé que l’année 2020 était la date butoir pour la réalisation de certains indicateurs et cibles du Programme 2030.  Elle a salué la participation de Greta Thunberg à l’Assemblée générale, qui est à l’origine du mouvement « Fridays for future » et qui est autiste, y voyant le signe de l’engagement de l’ONU en faveur de l’inclusion. 

De son côté, la Géorgie entreprend l’institutionnalisation de la promotion des Objectifs de développement durable, notamment en incluant leurs principes dans les cursus scolaires, a-t-elle indiqué.  Elle a également salué l’attention accordée par l’ONU aux pays à revenu intermédiaire.

La déléguée a ensuite indiqué que certaines personnes peuvent être considérées comme des minorités sur la base de « circonstances invisibles », et que les identités qui se chevauchent augmentent le risque d’exclusion.  Évoquant l’accent mis sur la lutte contre l’exclusion dans le Programme à l’horizon 2030, elle a cité la situation de sa camarade de classe de l’école publique 202 pour les aveugles à Tbilissi qui ne peut voir sa famille car elle est originaire de Gali, de la région géorgienne d’Abkhazie encore occupée par la Fédération de Russie.  Le fait d’être une jeune femme avec un handicap et originaire d’une zone de conflit a créé de nombreuses barrières pour aller à la fois à Gali et à Tbilissi, a-t-elle témoigné.  Mme Gumberidze a aussi parlé de la situation des jeunes abkhazes contraints de suivre une éducation qui n’est pas dans leur langue. 

Mme VELKOV et M. KARANOVIC (Serbie) ont indiqué que leur pays a, cette année, présenté son premier examen national volontaire relatif à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ils ont aussi fait part la détermination de leur gouvernement de réaliser le plein potentiel de la jeunesse, moyennant la mise en place d’un cadre législatif ambitieux en faveur de la jeunesse, une stratégie nationale 2015-2025 pour la jeunesse et un plan d’action 2018-2020.  Ils ont ajouté que la ville serbe de Novi Sad détenait cette année le titre de capitale européenne de la jeunesse. 

Mettant l’accent sur l’importance de la mobilité, les délégués serbes ont estimé que la mobilité des jeunes de toutes les nations, régions et parties du monde démontrait l’importance de la valeur « unité dans la diversité ».  Ils ont jugé indispensable d’offrir aux jeunes les meilleures opportunités de mobilité.  Par ailleurs, les délégués serbes se sont particulièrement inquiétés de la crise du chômage des jeunes, en regrettant la réalité des stages non rémunérés et de la faiblesse des liens entre le système éducatif et le monde du travail.  Ils ont exhorté tous les États à faciliter la transition entre l’école et le monde du travail comme mentionné dans la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse 2030.  Les délégués serbes ont reconnu un fossé persistant entre la jeunesse et les politiques, malgré tous les progrès réalisés pour adopter des politiques nationales en faveur de la jeunesse.  Face à cette réalité, ils ont jugé nécessaire de continuer à investir dans la qualité de l’éducation et l’éducation des citoyens en général. 

Mme DARYNA HORBACHOVA (Ukraine) a souligné qu’en dépit des dépenses sécuritaires auxquelles elle est contrainte en raison de l’agression armée contre son pays, l’Ukraine connaît des transformations fondamentales dans les domaines sociaux, économiques et politiques.  Ainsi, un décret présidentiel invite le Gouvernement à intégrer les objectifs de développement durable dans tous ses documents politiques et stratégiques et à suivre les progrès atteints de manière régulière. 

La représentante a ensuite souligné que l’une des priorités de l’Ukraine est de renforcer la participation des jeunes à la vie du pays, et a passé la parole à Mme MOKHD, délégué de la jeunesse de l’Ukraine, qui a souligné que le développement durable est impossible sans paix, sans sécurité et sans droits de tous.  Or au XXIe siècle, en Ukraine, au cœur de l’Europe, des gens entendent toujours le bruit des tirs, a-t-elle souligné.  Treize mille personnes sont mortes et 30 000 blessées à cause de l’agression russe dans le Donbass et en Crimée.  Le sens de l’humanité nous dit d’arrêter la violence et d’aider ceux qui souffrent, a-t-elle appelé. 

Lui emboîtant le pas, M. TYMOTSKO, délégué de la jeunesse de l’Ukraine a regretté que beaucoup de jeunes ukrainiens aient à sacrifier leur vie pour la sécurité du pays.  De nombreux Ukrainiens sont toujours détenus illégalement, a-t-il poursuivi, et des millions font face à des violations des droits de l’homme dans les territoires occupés.  M. Tymotsko a ensuite montré à l’Assemblée une carte postale sur le dos de laquelle, figure un calendrier sur laquelle un des 24 jeunes marins russes emprisonnés par la Russie, âgé de 19 ans, a compté ses 286 jours de détention dans une prison russe.

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a souligné que les défis du développement social et la réduction des inégalités sont des priorités nationales de son pays.  Elle a expliqué que le Panama considère la petite enfance comme un groupe de population prioritaire, sujet d’une attention à moyen et long terme afin de renforcer le développement et de rompre les cycles d’inégalité intergénérationnelle, sources de dysfonction de la société.  À cet égard, elle a cité le plan national « Colmena » (la ruche), une initiative de lutte contre la pauvreté impliquant la participation d’acteurs sociaux et politiques multiples et la coordination du travail du gouvernement central et des autorités locales, centrée sur les populations les plus vulnérables.  De même, elle a salué les alliances stratégiques qui associent le secteur privé à la lutte contre la pauvreté dans le cadre du programme 2030. 

La représentante a ensuite souligné qu’une éducation de qualité est essentielle pour vaincre le cercle vicieux de la pauvreté et venir à bout du statu quo.  Ces efforts concernent particulièrement les femmes, les jeunes, les handicapés, les personnes âgées et d’ascendance africaine, et les peuples autochtones.  Elle a également estimé que l’innovation et la technologie sont des outils de transformation de grande importance pour le développement. 

Elle a cité la création d’« espaces jeunesse », tel le Réseau national de la jeunesse pour les ODD, qui permettent aux jeunes citoyens de participer aux prises de décision touchant au bien-être social et économique, ainsi que l’adoption de politiques vouées à la protection des intérêts des personnes âgées.  Elle a précisé que celles-ci visent à prévenir la détérioration de leur santé et à maintenir leur qualité de vie.  Elle a par ailleurs fait savoir que le Panama n’entrevoit la croissance économique qu’en y intégrant le développement social et une attention aux populations les plus vulnérables et en accordant aux femmes une place d’importance dans les politiques nationales. 

Mme VALERY MOLAY et M. JACK O’CONNOR, délégués de la jeunesse de l’Irlande, ont indiqué que les jeunes ne touchent pas les dividendes des sociétés censément méritocratiques.  « Nos rêves sont brisés. »  Nous vivons dans un monde plus prospère que jamais, pourtant, un certain nombre d’entre nous ne font que survivre, ont-ils dit.  Les jeunes veulent créer un monde plus vert, plus juste, meilleur, mais il est difficile de rester confiants en l’avenir lorsque les emplois décents et une sécurité de revenus manquent, ont-ils poursuivi.  Pour réaliser les ODD, nous devons nous libérer des pressions économiques, ont-ils insisté.  « C’est alors que nous pourrons nous concentrer sur les choses qui importent: le PEUPLE, la PLANÈTE et les COMMUNAUTÉS », ont-ils appuyés. 

Les délégués ont également souligné l’importance des enjeux liés à la santé mentale, en rappelant qu’un suicide est commis toutes les 40 secondes.  Les jeunes dissimulent leur lutte sur ce plan-là, la stigmatisation étant une entrave majeure.  « Nous exhortons l’ONU à renforcer ses efforts pour éradiquer la stigmatisation des enjeux liés à la santé mentale et au suicide, en particulier dans les pays à faible revenu et revenu intermédiaire, où 79% des suicides se produisent. »  Enfin, ils ont rappelé que les jeunes ont la responsabilité d’agir, pour allumer une « lumière pour tous ceux qui sont dans les ténèbres ».

Mme NAWAL AHMED MUKHTAR AHMED (Soudan) a dit intervenir alors que son pays connaît des transformations profondes, à la fois politiques et sociales.  Ces transformations, a-t-elle souligné, ouvrent la voie à la jouissance des libertés et des droits pour tous les Soudanais.  Le but est de parvenir au développement durable, comme l’indique le document constitutionnel récemment signé.  Celui-ci prévoit entre autres la fourniture de soins de santé, la construction de logements et la protection d’un environnement propre et de la biodiversité.  Il garantit par ailleurs les droits des femmes et offre des soins de santé maternels et infantiles gratuits.  Dans le cadre du suivi de la Déclaration de Copenhague sur le développement social, le Gouvernement a redoublé d’efforts pour éradiquer la pauvreté, améliorer les conditions de vie de la population et créer des emplois décents.  Il a également promulgué un plan de développement national qui compte 17 domaines d’intervention sociale, a précisé la représentante.  L’un des portefeuilles de ce plan vise ainsi à promouvoir l’alphabétisation et l’éducation de base dans tout le pays. 

La famille étant la pierre angulaire de la société soudanaise, un programme de soutien a aussi été mis en place afin d’évaluer la situation des cellules familiales, recenser les difficultés qu’elles rencontrent, promouvoir des services et protéger les femmes.  La déléguée soudanaise s’est d’autre part félicitée du rapport de l’Experte indépendante sur les droits des personnes handicapées, assurant que le Gouvernement accorde à ce groupe une attention particulière.  Il redouble également d’efforts pour aider les familles à prendre en charge les personnes âgées et a fait de la protection des enfants l’une de ses priorités, avec notamment un programme de réhabilitation des jeunes embrigadés par des groupes armés, a-t-elle indiqué.  À ses yeux, d’autres efforts devront être consentis pour promouvoir le développement social, mais il faudra aussi renforcer les capacités du pays grâce à un partenariat raffermi avec la communauté internationale. 

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a indiqué que l’éducation pour tous est la pierre de touche du développement social et contribue grandement à l’éradication de la pauvreté et à l’édification de sociétés pacifiques et résilientes.  La clef du changement politique, économique et social est à chercher dans l’éducation, a-t-il affirmé.  Il a rappelé qu’une société est aussi forte que l’est son maillon le plus faible.  « C’est pourquoi nous devons tout faire pour que personne ne soit laissé de côté, en particulier les personnes âgées et handicapées. » Dans ce droit fil, il a cité une loi promulguée en 2019 interdisant toute discrimination sur la base du handicap, ainsi qu’une loi de 2018 rendant obligatoire pour les institutions du pays de créer des centres sociaux au bénéfice des personnes âgées.  Il a conclu son intervention par cette citation du poète John Donne: « Aucun homme n’est une île, complet en soi-même; chaque être humain est une partie du continent, une partie du tout. »

Mme BOGOMILA KORMANOVA et M. MINKO DASKALOV, délégués de la jeunesse de la Bulgarie, ont souligné que les 1,8 milliard de jeunes à travers le monde ont besoin d’une éducation de qualité afin de combler le déficit d’un demi-milliard de nouveaux emplois nécessaires d’ici à 2030.  Ils ont également indiqué qu’une enquête menée dans leur pays avait conclu qu’une « éducation de qualité » venait en tête des préoccupations des jeunes, suivie par un « emploi décent ».

« Nous devons développer les compétences de demain comme l’esprit critique, la résolution de problèmes et la créativité dès le plus jeune âge », ont-ils affirmé, estimant que cet objectif peut être réalisé par des professeurs appliquant des méthodes plus modernes, pratiques, stimulantes et encadrantes.

Les délégués ont présenté les nouvelles technologies comme meilleur moyen de résoudre les problèmes d’accessibilité à l’éducation et d’inclusion dans le monde du travail.  Un jeune sur cinq dans le monde n’est ni scolarisé, ni employé, ni en formation selon le rapport sur les objectifs de développement durable (ODD) de 2019, se sont-ils inquiétés. 

« Les jeunes bulgares demandent des salaires justes et proportionnels à leur niveau d’éducation » ont-ils martelé.  Les salaires doivent aussi permettre des conditions de vie décentes et un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, en particulier pour les jeunes parents, les étudiants-travailleurs et les personnes handicapées, sans discrimination d’âge, de sexe ou d’origines ethniques.  Dans ce contexte, les stages rémunérés cofinancés par les gouvernements sont un bon outil, ont-ils estimé. 

Les emplois d’avenir doivent aussi découpler croissance économique et dégradation de l’environnement.  « Nous sommes une force motrice de changement » ont-ils lancé, avant d’en appeler au soutien du secteur privé, des ONG et des États Membres pour garantir une éducation centrée sur l’élève et des emplois de qualité. 

M. ALSENAN (Koweït) a indiqué que le Fond koweitien de développement économique avait alloué des fonds d’un montant de 35 millions de dollars, tout en insistant sur l’importance d’un appui pour relever les défis du développement.  Il a insisté sur le rôle de la famille dans le développement social et a précisé par ailleurs que son gouvernement fournit une aide aux citoyens dans le besoin et veille au bien-être social des populations vulnérables.  Des dispositions existent notamment pour protéger les droits des personnes handicapées et pour leur permettre de s’intégrer dans la société, a-t-il indiqué.

Le représentant a ensuite souligné que l’emploi des jeunes est la garantie d’un développement économique durable.  Le Koweït apporte donc tout le soutien possible aux jeunes avec, par exemple, la création d’un fond national pour les PME qui vise à autonomiser les jeunes et leur permettre de trouver un emploi.  Le Ministère de la jeunesse appuie de son côté la coopération avec le secteur privé.  Le représentant a par ailleurs appelé à identifier des synergies au niveau international afin d’améliorer le bien-être de tous.

Mme LALA MEHDIYEVA (Azerbaïdjan) a expliqué que d’importantes réformes sociales avaient été lancées en 2019 dans son pays.  Le salaire minimum a été multiplié par 2 et devrait augmenter encore l’année prochaine.  La pension minimum a connu une hausse de 40%, et le pays est proche d’un régime universel de retraite.  Le Gouvernement a aussi accéléré la mise en œuvre de systèmes et de mesures de protection sociale pour tous.  Les personnes déplacées ont droit à une allocation mensuelle et plus de 300 000 d’entre elles ont reçu de nouvelles maisons dans un nouvel établissement créé cette année. 

Le Gouvernement a multiplié par 6 ses dépenses dans le domaine de la santé et est en train de mettre en œuvre la phase pilote d’un système d’assurance maladie obligatoire.  La mise en œuvre du Programme d’État pour le développement socioéconomique des régions 2019-2023, qui vise à améliorer les infrastructures, les services sociaux et l’emploi dans les zones rurales, a créé 100 000 nouveaux emplois au premier semestre de 2019. 

Par ailleurs, la Stratégie de l’emploi 2019-2023 vise à réduire le chômage des jeunes, améliorer l’enseignement professionnel et la formation, et accroître l’emploi dans les PME.  Enfin, le Programme d’État pour le développement d’une éducation inclusive 2018-2024 pour les personnes handicapées prévoit une « transition conceptuelle » du modèle médical au modèle social de l’éducation.  Ce programme est déjà mis en œuvre dans six écoles pilotes. 

Mme BELHOUL et M. AL ZAROONI, délégués de la jeunesse des Émirats arabes unis, ont indiqué qu’un jeune astronaute émirati se trouve actuellement dans la station spatiale internationale, saluant un moment historique qui dénote que « lorsque les États donnent les moyens, il n’y plus de limite à l’ambition des jeunes ».  Ils se sont également enorgueillis du fait que leur pays compte la plus jeune ministre au monde, âgée de 22 ans lors de sa nomination.  De même, les Émirats arabes unis ont été le premier pays à avoir mis en œuvre un programme national conçu par et pour les jeunes. 

Les Émirats arabes unis œuvrent également au lancement d’initiatives au profit de la jeunesse arabe, grâce, notamment, à l’établissement du Centre de la jeunesse arabe dont les activités sont axées sur les intérêts de cette tranche d’âge.  Une autre initiative entend assurer la formation gratuite d’une génération aux nouvelles technologies.  Il est nécessaire de redoubler d’efforts pour promouvoir la jeunesse dans tous les domaines, ont-ils souligné, ajoutant que « nous attendons des jeunes ce que nous n’attendons pas des autres ».

M. SHOLA, délégué de la jeunesse de l’Albanie, a fait observer que la crise mondiale à laquelle sa génération fait face est sans commune mesure par rapport aux précédentes et a appelé les décideurs à la prendre au sérieux pour construire un avenir sûr, inclusif et durable.  À cet égard, il a réclamé un partenariat intergénérationnel et la mise en place de plateformes d’engagement des jeunes au sein de chaque entité pertinente afin d’offrir des opportunités pour une pleine participation des jeunes à la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse.  Le délégué a en particulier insisté sur l’objectif 4 de développement durable concernant l’éducation pour tous, rappelant la nécessité de mettre un terme aux inégalités dans ce domaine.  Il a également appelé à faire davantage d’efforts pour fournir des opportunités d’emploi aux jeunes, réduire l’emploi informel et l’écart entre les sexes en termes de salaire. 

En outre, les jeunes sont trop souvent relégués à la catégorie de victimes de conflits, sans que leur potentiel et leur créativité pour résoudre les conflits et soutenir les processus de paix ne soient reconnus, a-t-il déploré.  Aussi le délégué a-t-il lancé un appel à l’inclusion des jeunes dans la gouvernance et les processus de décision.  À cet égard, il a souligné l’importance de la mise en place de l’Office régional de coopération pour la jeunesse des Balkans occidentaux et a appelé les gouvernements des six pays qui l’ont créé à prendre des mesures concrètes pour promouvoir la réconciliation et accroître la coopération régionale entre les jeunes.  Il a également remercié le Fonds de consolidation de la paix des Nations Unies pour le soutien financier qu’il a apporté à cet office. 

Mme CÉLINE PIERRE-FABRE (Haïti) a assuré que des avancées significatives avaient été réalisées dans le domaine du développement social, notamment depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cependant, a-t-elle ajouté, beaucoup de pays, dont Haïti, font face à des difficultés majeures en termes de développement social inclusif, de réduction des inégalités et d’inclusion.  Pour la représentante, les objectifs majeurs de développement social ne peuvent être poursuivis que dans le cadre d’une mise en œuvre adéquate de tous les objectifs de développement durable (ODD). 

Saluant ensuite l’accent mis cette année par l’Assemblée générale sur l’inclusion, elle a indiqué que les autorités haïtiennes s’efforçaient de mener une politique en phase avec les principes du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels afin d’améliorer les conditions de vie de tous, en particulier des plus vulnérables.  Sur ce point, elle a évoqué l’initiative présidentielle intitulée « Caravane du changement », destinée à développer les infrastructures agricoles et rurales du pays et à renforcer la protection de l’environnement.  Mme Pierre-Fabre a souligné l’augmentation du taux de scolarisation primaire dans son pays, de 75% actuellement, et la nécessité de poursuivre l’amélioration du système éducatif haïtien en le rendant accessible à tous « sans distinction ».  Enfin, elle a estimé que l’appui international pour la mise en œuvre des engagements pris par le Gouvernement haïtien restait nécessaire pour favoriser la création d’emplois et réduire les inégalités sociales. 

Mme NASLY ISABEL BERNAL PRADO (Chili) a indiqué que son pays avait présenté, cette année, son deuxième examen national volontaire devant le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, et érigé en politique publique la mise en œuvre du Programme 2030.  Ce dernier est entendu comme le produit d’un travail d’alliances reposant sur une convergence des volontés de la société civile, du secteur privé, du milieu universitaire et des institutions étatiques, a-t-elle précisé.  Elle a aussi expliqué que des défis tels le développement intégral, la question des peuples autochtones, la protection de l’enfance et la santé ont fait l’objet d’accords nationaux entre de multiples acteurs politiques et la société civile.  Cet exercice a permis l’identification de 16 groupes vulnérables pour lesquels on s’efforce de recueillir des propositions abordant leur problématique respective à travers des assises intersectorielles, a-t-elle indiqué. 

L’oratrice a également passé en revue l’accord national pour le développement intégral focalisé sur l’éradication de la pauvreté; l’accord national au profit de l’enfance ainsi que les programmes relatifs à un vieillissement positif.  Une importante réforme du régime des retraites est actuellement en cours d’examen par le Congrès national, a-t-elle ajouté.  L’engagement du Chili en faveur de l’environnement est reflété par la tenue dans le pays de la COP25, a-t-elle par ailleurs souligné.  Elle a aussi mis l’accent sur le « combat collectif sur les scènes multilatérales » pour faire face aux changements climatiques, les progrès dans le secteur des énergies renouvelables et la transformation de la matrice énergétique, y compris par la décarbonisation, et la protection des océans, entre autres. 

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a expliqué que les efforts de son pays sont centrés sur la promotion d’un développement durable inclusif, la création d’opportunités, l’harmonie sociale et la sécurité des citoyens.  Les mesures adoptées incluent l’aménagement du cadre fiscal, des réformes législatives et administratives, ou encore l’élargissement de la protection sociale.  Cependant, les faibles revenus de la Jamaïque ont de sérieuses conséquences sur ses efforts à éradiquer la pauvreté, a-t-il prévenu.

Pour autant, la Jamaïque continue de promouvoir le dialogue entre les partenaires du marché de l’emploi, afin d’assurer des conditions de travail et de productivité décentes pour tous.  Le Gouvernement continue en outre de s’assurer que les plus vulnérables disposent de moyens de se remettre des effets des catastrophes naturelles, de même qu’il implique les personnes âgées dans les processus de résilience.  À cet effet, la politique nationale pour les personnes âgées a été amendée, permettant notamment la création d’un registre sur les compétences des citoyens âgés. 

En matière sociale, la Jamaïque accorde la priorité à la mise en œuvre de la loi sur le handicap, qui facilite l’intégration et l’autonomisation économique.  Des programmes ciblant les jeunes pères et les mères adolescentes ont par ailleurs été mis en place, visant pour les premiers à leur faire participer davantage dans la vie de leurs enfants et pour les secondes à les réintégrer dans le système scolaire.  Les efforts de la Jamaïque portent également sur les jeunes.  Ainsi, le mois dernier, le Forum des jeunes leaders a été convoqué afin de commémorer le quatorzième anniversaire de l’Accord et de la Déclaration sur la conduite politique.  Cette rencontre a donné l’occasion aux jeunes d’exprimer leurs préoccupations et échanger leurs vues, a conclu le représentant. 

Mme LALITA THONG-IAM et M. KRAWEE TONGINTEE, délégués de la jeunesse de la Thaïlande, ont estimé que la plupart des questions de notre temps peuvent être réglées, certes, à travers la volonté politique mais surtout par le biais de l’amélioration des capacités et de la coopération.  Ils ont appelé à un fort engagement et à des actions de la part de tous les secteurs de la société pour traduire dans la réalité toutes les promesses. 

Ils ont qualifié d’historique l’adoption, la semaine dernière, de la première Déclaration politique des Nations Unies sur la couverture sanitaire universelle.  Il s’agit d’une promesse de la part des dirigeants du monde de fournir un système de couverture sanitaire accessible et de meilleure qualité, ont-ils rappelé.  Ils ont indiqué que malgré le rôle de chef de file que joue la Thaïlande dans ce domaine, plusieurs défis persistent, notamment en ce qui concerne la prévention des épidémies, le financement durable de la santé ainsi que l’élargissement de la couverture pour inclure les laissés-pour-compte.  Ils se sont également préoccupés du problème du suicide, deuxième cause de mortalité chez les jeunes et les adolescents, mais qui malheureusement ne bénéficie pas d’une grande priorité.  Ils ont, de même, mis l’accent sur l’éducation qui ne doit pas être limitée à la salle de classe, ou uniquement au marché du travail mais préparer tout un chacun à être un membre actif et productif de la société.

En tant que génération née sous l’ère du numérique, ils ont par ailleurs fait part de leur détermination à utiliser le potentiel des technologies pour aider à la promotion d’une société bien éduquée et en bonne santé.

Mme MARIAME FOFANA (Burkina Faso) a déclaré que son pays a entrepris plusieurs actions en faveur des groupes vulnérables dans les domaines de l’éradication de la pauvreté, de la santé, de l’éducation de qualité, de la lutte contre les effets des changements climatiques et de l’inclusion.

En matière de lutte contre la pauvreté, le projet « Filets sociaux Burkin Naong Sayan » a assuré des transferts monétaires à 101 680 ménages depuis 2015; le programme d’autonomisation économique des jeunes et des femmes a permis de financer 11 049 microprojets en 2018; et divers fonds ont assuré le financement d’activités des populations à faibles revenus avec des taux préférentiels d’une moyenne d’environ 3%, contre 11% dans le système bancaire. 

En ce qui concerne l’éducation, l’indice de parité entre les sexes en termes d’accès au primaire et au postprimaire est presque établi au Burkina Faso, s’est-elle félicitée.  Cela est le fruit de diverses stratégies telles que des subventions et bourses pour les filles et l’accompagnement financier d’associations de mères éducatrices.  Par ailleurs, le Gouvernement a adopté une stratégie nationale de scolarisation des élèves des zones à fort déficit sécuritaire, ainsi que pour les enfants touchés par les fermetures d’établissements et les déplacements de population.

En matière d’inclusion, le Burkina Faso a lancé, en 2016, la gratuité des soins de santé pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.  Dans le cadre de la protection et de la promotion des droits des personnes handicapées, la représentante a cité l’opération de souscription des personnes handicapées aux logements sociaux qui est en cours de réalisation, l’octroi d’un quota d’emploi de 10% lors des recrutements dans la fonction publique et l’inclusion des enfants handicapés dans le système éducatif classique. 

Par ailleurs, la mise en œuvre d’une feuille de route de réinsertion sociale des personnes exclues pour allégation de sorcellerie a permis de réinsérer dans leur famille respective une proportion importante d’entre elles.

M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a déclaré que compte tenu de la magnitude des défis auxquels la communauté internationale est confrontée, les jeunes ne peuvent être les seuls agents du changement.  « Ils ont besoin de décideurs comme partenaires dans la transformation du futur.  À l’heure actuelle, les jeunes frappent aux portes et sont prêts à agir.  La question est: “Êtes-vous prêts à nous laisser entrer?” », a demandé l’intervenant. 

Mme BJERVE, déléguée de la jeunesse du Danemark, a fait observer que de plus en plus de pays intègrent les jeunes dans leurs délégations et que la participation des jeunes croît par ailleurs au plan international, comme on le voit avec le Forum de la jeunesse du Conseil économique et social ou le Sommet de la jeunesse sur l’action pour le climat, qui s’est tenu la semaine dernière.  Pour autant, il faut s’assurer que la participation des jeunes n’est pas qu’une « boîte », a plaidé la déléguée.  Elle a appelé les États à créer des conseils nationaux indépendants de jeunes afin de faciliter leur participation et leur représentation.  Elle a aussi recommandé que les conseils municipaux de jeunes soient inclus dans les groupes de travail locaux visant la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a plaidé enfin pour la reconnaissance de la pluralité et de la diversité parmi les jeunes, afin de s’assurer que tous soient pris en compte. 

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a insisté sur l’importance des investissements dans la santé et l’éducation et a appelé à renforcer la coopération internationale pour promouvoir la couverture maladie universelle et un accès « inclusif et équitable » à l’éducation.  Elle a expliqué que tous les Bhoutanais peuvent recevoir des soins de base gratuits dans le système public, en médecine traditionnelle et en médecine moderne.  Aujourd’hui, 96% des habitants du pays vivent à moins de deux heures de marche d’un centre de santé, s’est-elle félicitée.  Une aide financière à l’allaitement a été mise en place dans le cadre du programme « 1 000 jours dorés plus » qui accompagne mère et enfant dans les 1 000 premiers jours après la conception. 

La déléguée a ajouté que la Constitution bhoutanaise garantit aussi le droit à une éducation de base gratuite pour tous et que le Gouvernement royal avait toujours consacré plus de 10% de ses dépenses budgétaires à ce secteur depuis le début du développement planifié du pays.  En juin dernier, à la faveur d’une révision des traitements des employés du secteur public, les professeurs sont devenus les fonctionnaires les mieux payés du pays, s’est-elle félicitée. 

« Le Bhoutan est déterminé à poursuivre ses investissements dans le capital humain et créer les conditions pour que ses habitants puissent réaliser leur potentiel au sein d’une société juste, heureuse et équitable », a-t-elle ajouté, avant de conclure: « La coopération internationale, les partenariats et l’appui des agences multilatérales resteront déterminants pour atteindre cet objectif. »

M. OPIMAKH (Bélarus) a souligné que les jeunes, les personnes âgées et les handicapés ne doivent pas être laissés pour compte.  Il a ensuite indiqué que son gouvernement parachève sa stratégie pour les jeunes à l’échéance 2030, laquelle vise à leur donner un rôle plus important dans de nombreux domaines, dont l’éducation, la culture, les loisirs, l’emploi, la sécurité et les politiques familiales, et laisse une place notable à l’inclusion.

Il a ensuite indiqué que les personnes de plus de 65 ans représentent 14,7% des habitants du Bélarus, un taux qui atteindra 20,5% en 2030.  Le Bélarus est un pays au vieillissement intensif et a donc lancé une stratégie pour améliorer la qualité de vie des personnes âgées.

Pour ce qui est des personnes handicapées, a poursuivi le représentant, le Bélarus accorde une attention particulière à l’emploi inclusif et promeut des formes souples de travail, comme le télétravail.

Il a par ailleurs indiqué qu’en 2018, la Bélarus avait organisé la première audience publique d’entreprises socialement responsables, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement.

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a indiqué qu’en dépit d’un contexte difficile et de ressources limitées, son gouvernement a mis en place une politique nationale de protection sociale qui prend notamment en compte les catégories de personnes vulnérables.  De même, étant donné que les jeunes de moins de 25 ans constituent plus de la moitié de la population burundaise, l’investissement dans la jeunesse et leur contribution sont, pour le Gouvernement, la condition sine qua non pour le développement durable du pays.  Les autorités ont donc créé, sur l’initiative du Président, une banque d’investissement des jeunes afin de promouvoir l’esprit de créativité et d’entrepreneuriat chez les jeunes.  En ce qui concerne les femmes, elles représentent désormais 47% au Sénat, 33% dans l’Administration communale et plus de 35% dans les commissions nationales spécialisées, s’est-il félicité.  En outre, la scolarisation au niveau du primaire a presque atteint la parité entre les filles et les garçons grâce à une mesure instituant la gratuité de l’école.  Les enfants de la rue sont pour leur part réinsérer dans leurs familles ou dans des familles d’accueil, a affirmé le représentant. 

Mme PASCALINE GERENGBO YAKIVU (République démocratique du Congo) a fait observer que la moitié de la population congolaise a moins de 25 ans, un fait qui a conduit son gouvernement à donner la priorité à l’intégration des jeunes, par la création d’emplois et la promotion de l’entrepreneuriat.  Mon gouvernement, a-t-elle souligné, tient compte de tous les jeunes dont ceux qui vivent avec un handicap.  Aussi un ministère en charge des personnes vivant avec un handicap a-t-il été créé, avec à sa tête une femme, elle-même personne handicapée.  La représentante a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, soulignant que l’aide publique au développement reste « cruciale ».  Elle a aussi insisté sur le renforcement de la coopération Sud-Sud. 

M. AZIZ (Pakistan) a insisté sur l’importance de l’objectif 10 de développement durable qui traite des inégalités au sein et entre les pays.  Il a souligné, à cet égard, l’engagement des États à promouvoir l’inclusion politique, économique et sociale au profit de tous les groupes et individus sans discrimination.  Toutefois, a-t-il fait observer, malgré les grandes avancées en matière de réduction de la pauvreté, des disparités significatives demeurent et les défis demeurent omniprésents, aussi bien à l’échelle des régions que des pays.  De plus, la pauvreté et les inégalités sont, en fait, des défis pluridimensionnels qui nécessitent des politiques sur le long terme, a-t-il préconisé. 

Au Pakistan, a-t-il poursuivi, les priorités du Gouvernement sont alignées sur le Programme 2030, et concernent notamment la revitalisation de l’économie, l’emploi des jeunes, les réformes institutionnelles et la réduction des effets des changements climatiques.  Il a évoqué, à cet égard, le vaste programme « Ehsaas » lancé par son pays en début d’année pour toucher les régions les plus reculées et les populations les plus vulnérables. 

Mme ANEL BAKYTBEKKYZY (Kazakhstan) a déclaré qu’en dépit de la tendance mondiale économique à la baisse, son pays avait consacré un appui croissant à la protection sociale par l’élargissement de ses services aux enfants, aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.  La stratégie « Kazakhstan 2050 » a été alignée avec les objectifs de développement durable, tandis que la politique économique « Chemin vers l’avenir » (Nurly Zhol) vise à garantir un enseignement supérieur de qualité, des soins de santé, un logement social abordable et une meilleure sécurité sociale, en particulier au profit des personnes handicapées.  La représentante a aussi mis l’accent sur les programmes afférents à la promotion des femmes et des jeunes qui font qu’un nombre record de femmes sont présentes dans l’enseignement supérieur, le commerce et les entreprises.  Par ailleurs, 2019 a été proclamée « Année nationale de la jeunesse ». 

Dans le cadre de la Feuille de route pour l’emploi 2020, un programme contenant des mesures positives pour la création d’emplois pour les personnes handicapées a été également mis sur pied.  Un système de quotas a aussi été institué et des subventions offertes aux employeurs en vue du recrutement de personnes handicapées.  Le Kazakhstan a en outre proposé d’établir sur son territoire un centre des Nations Unies pour les ODD dans le but d’épauler les pays d’Asie centrale et l’Afghanistan par la création de synergies, le partage d’expériences et l’apprentissage des bonnes pratiques. 

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a annoncé qu’au cours de la dernière décennie, des transformations de grande ampleur ont eu lieu au Maroc.  Elle a notamment indiqué qu’une politique d’État avait permis d’améliorer le statut des groupes vulnérables, tandis que l’initiative nationale pour le développement humain a permis de remédier à la marginalisation sociale et d’agir dans le cadre des milieux ruraux et défavorisés.  En ce qui concerne les femmes, le Maroc dispose d’une politique publique d’égalité des genres, qui permet notamment d’intégrer les femmes à la vie publique.  Le Maroc met également en œuvre une politique de protection de l’enfant et a promulgué une loi sur la famille et la jeunesse.  Cette loi, a précisé la représentante, a été adoptée sur la base d’une approche participative.  Des programmes ont aussi été mis sur pied pour protéger les personnes âgées de la marginalisation, ainsi que des institutions leur permettant d’avoir accès aux soins nécessaires ainsi qu’à des loisirs.

Mme Bouchikhi a aussi parlé du système de protection sociale, des politiques de réinsertion et d’enseignement à l’intention des personnes handicapées, et de la politique sur les migrations dont dispose son gouvernement.  Ces différentes lois ont permis au Maroc d’effectuer des progrès sur les plans sociaux, économiques, mais aussi des droits et libertés, s’est-elle félicitée.

M. MATTHIEU COGNAC, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a fait le point sur les progrès réalisés depuis 1995, année du Sommet international sur le développement social pendant lequel la lutte contre la pauvreté, l’objectif du plein emploi et la promotion de l’intégration sociale ont émergés comme principaux objectifs du développement.  Aujourd’hui, près de 25 ans plus tard, il a constaté que la grande majorité des 3,3 milliards d’employés dans le monde vivent dans l’insécurité matérielle et économique et n’ont pas pu bénéficier de l’égalité des chances, ni du développement humain.  On estime à 172 millions le nombre de chômeurs dans le monde, dont 59 millions sont des jeunes alors que 140 millions de personnes sont considérées comme « sous-utilisées sur le marché du travail » et que les femmes restent encore trop souvent cantonnées au travail à temps partiel, a-t-il déploré

Cet état des lieux peut sembler peu encourageant, a remarqué le représentant, mais il est représentatif d’un marché du travail en profonde mutation.  Il a notamment expliqué que les changements technologiques ont un impact sur la manière de travailler mais aussi sur la création de nouveaux emplois et l’élimination d’autres.  Les changements démographiques font qu’il faut être en mesure d’offrir des emplois aux jeunes tout en arrêtant la discrimination contre les travailleurs plus âgés, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite fait observer que la lutte contre les changements climatiques représente à elle seule un potentiel de création de 24 millions de nouveaux emplois dans l’économie verte.  C’est à la lumière de ce tableau que l’Assemblée générale a entériné, le mois dernier, la résolution saluant la « Déclaration du centenaire de l’OIT pour l’avenir du travail », a rappelé M. Cognac.  Cette déclaration, qui s’inscrit dans le droit fil du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, représente, selon lui, une plateforme de coopération et de cohérence des politiques au sein du système des Nations Unies.  Il a espéré la voir contribuer à renforcer le multilatéralisme tout en augmentant le rôle essentiel du dialogue social et des normes internationales du travail.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a regretté que le représentant de l’Ukraine ait passé sous silence la situation économique et sociale dans son pays, pointant notamment l’absence d’informations précises sur les conditions de travail, l’accès à l’éducation et aux soins médicaux, de même qu’au sujet des droits relatifs aux langues maternelles, ou les actions en faveur des personnes âgées.  Au lieu de cela, l’Ukraine a proféré des accusations politisées contre la Fédération de Russie, a dénoncé le délégué qui a en outre déploré que des diplomates aient attiré des jeunes « dans leur jeu ».

Réagissant également à l’intervention de la Géorgie, la délégation russe a souligné que l’Abkhazie est un État souverain et a regretté de ne pas avoir pu entendre l’opinion des jeunes abkhazes.

À son tour, l’Ukraine a souligné que depuis plus de six ans, la Crimée et la ville de Sébastopol sont le théâtre de violations des droits fondamentaux, mais que face à cette réalité de l’occupation, la Russie préfère présenter l’image d’une Crimée prospère et florissante « qui n’a rien à voir avec la réalité ».  La représentante a appelé la Russie à respecter le droit international humanitaire et les Conventions de Genève, soulignant en outre que l’agression russe a aussi des effets négatifs en matière humanitaire et de sécurité à Louhansk et Donetsk. 

De son côté, la Géorgie a rappelé que l’occupation de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud avait été soulignée par différentes organisations internationales.  La Russie exerce un contrôle effectif sur ces territoires et assume l’entière responsabilité des violations des droits de l’homme.  N’ayant aucun contrôle effectif sur ces territoires, la Géorgie a estimé que tous les problèmes auxquels sont confrontés les jeunes doivent être résolus au niveau international.  La délégation a de plus prévenu que l’occupation sape tout potentiel d’investissement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Devant le Conseil de sécurité, les jeunes Africains réclament « des actes, pas des promesses » pour faire de la paix une réalité sur leur continent

8629e séance – matin
CS/13968

Devant le Conseil de sécurité, les jeunes Africains réclament « des actes, pas des promesses » pour faire de la paix une réalité sur leur continent

« Des actes, pas des promesses » Les jeunes militants africains pour la paix qui se sont exprimés devant le Conseil de sécurité et la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique, ce matin, ont rappelé les réalités, parfois brutales, d’un continent en proie à divers conflits en soulignant que la jeunesse ne constituait pas un problème mais la solution à bien des maux.

Réunis par la nouvelle présidence sud-africaine sur le thème « Paix et sécurité en Afrique: Mobiliser les jeunes en vue de faire taire les armes d’ici à 2020 », les membres du Conseil ont entendu un jeune Ougandais, Victor Ochen, leur raconter -en visioconférence depuis Kampala- une vie « entamée dans la douleur » dans les camps de déplacés de son pays, craignant chaque jour d’être enlevé ou tué, une vie dédiée depuis à promouvoir la paix à travers la jeunesse du continent. 

« 2020 c’est bientôt », les a-t-il interpellés, alors que « les armes sont partout sur le continent ».  En République démocratique du Congo, un jeune homme lui a expliqué qu’il ne pouvait déposer les armes qui lui permettent de protéger ses parents et d’assurer sa propre sécurité.  Que répondre à cela? a-t-il demandé.  Comment faire pour que la paix soit gratifiante? Les initiatives lancées ne répondent « pas du tout » aux besoins des jeunes, a-t-il jugé.

Avant lui, Hafsa Ahmed, 27 ans, fondatrice de l’ONG Naweza, a expliqué depuis Nairobi, au Kenya, comment elle s’est mobilisée contre les violences policières dans sa communauté jusqu’à devenir une interlocutrice du chef de la police.  En Afrique, 80 % des violences mortelles sont perpétrées hors des zones de conflit, particulièrement en zone urbaine, a-t-elle témoigné.

« Si l’on veut faire taire les armes en 2020, il faut tenir compte de cette réalité, mieux comprendre les processus de transformation de la violence et investir davantage dans la jeunesse », a-t-elle souligné en regrettant que les processus de paix soient souvent « le domaine exclusif des hommes des vieilles générations ».

« Mobiliser la jeunesse et faire taire les armes en Afrique n’est pas un choix, mais une nécessité absolue » sur l’un des continents les plus jeunes du monde, a reconnu en prélude aux débats Mme Bience Gawanas, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l’Afrique.  Il s’agit de l’un des continents les plus jeunes, avec quelque 220 millions de filles et garçons de 19 à 24 ans pour 1,2 milliard d’habitants, et qui seront 350 millions lors de la prochaine décennie, a-t-elle relevé.

Et pourtant: « Nous sommes une génération prise au piège d’un état d’attente perpétuel, parce que nous sommes toujours en train de négocier notre liberté politique et économique », a dénoncé Aya Chebbi, Envoyée spéciale de l’Union africaine pour la jeunesse.  Citant de nombreux exemples, de la Tunisie au Burkina Faso, de l’Afrique du Sud au Kenya et, plus récemment, au Soudan et en Algérie, la jeune femme a appelé à « reconnaître les mouvements initiés par la jeunesse » qui balayent le continent depuis 2010 et demandé davantage de droits pour cette catégorie de population -à la santé, à l’éducation et à des emplois de qualité- pour éviter que la rancœur née de l’injustice et des inégalités ne pousse les jeunes gens vers la violence armée.  « Nous voulons des actions, pas seulement des promesses creuses », a-t-elle martelé avant de préciser: « Ma génération veut davantage d’espace politique pour favoriser le changement, considérer les jeunes comme partie intégrante de la solution et non comme source de problème ».

« Les jeunes doivent avoir leur mot à dire », a reconnu en retour le représentant du Royaume-Uni.  La Côte d’Ivoire a ainsi rappelé qu’elle avait créé un parlement des jeunes qui leur offre un cadre d’expression démocratique et de participation active à la politique gouvernementale de réconciliation nationale, mais favorise également l’émergence d’une « conscience citoyenne ».

L’une des principales inquiétudes manifestées par les membres du Conseil s’est concentrée sur le risque de voir des jeunes délaissés et frustrés grossir les rangs des mouvements terroristes et extrémistes.  « Ignorer les aspirations des jeunes en Afrique, continuer de leur fermer les portes, risque de les pousser vers la radicalisation et l’extrémisme » a averti le Koweït, à l’unisson avec la Fédération de Russie et l’Indonésie.  Cette dernière a aussi jugé important d’associer les jeunes aux processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR). 

Exhortant la région à endiguer le flux des armes, la représentante des États-Unis a dénoncé « certains dirigeants » qui ne défendent que les intérêts d’une petite élite au détriment de la population et des jeunes.  Or, « perçus souvent comme passifs ou fauteurs de troubles, ils sont déjà beaucoup à jouer un rôle positif », a-t-elle relevé.  « Beaucoup d’exemples concrets et instructifs d’initiatives conduites par des jeunes femmes et hommes existent déjà sur le continent » a renchéri la France, regrettant que, « malheureusement », les jeunes continuent d’être victimes de stéréotypes et de discriminations, et largement exclus des processus prises de décisions, des institutions politiques et du marché de l’emploi.

Rappelant que son pays avait proposé la résolution 2457 (2019) sur la « Coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales - Faire taire les armes en Afrique » en février dernier lors de sa présidence, le représentant de la Guinée équatoriale a annoncé la tenue d’une conférence sur ce thème, à Malabo, en novembre prochain. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

MOBILISER LES JEUNES POUR FAIRE TAIRE LES ARMES D’ICI À 2020 (S/2019/779)

Déclarations

Mme BIENCE PHILOMENA GAWANAS, Secrétaire générale adjointe et Conseillère spéciale pour l’Afrique, a affirmé l’absolue nécessité de mobiliser la jeunesse africaine dans le cadre de l’initiative « Faire taire les armes ».  Elle y a vu un moyen essentiel de réaliser l’engagement du développement durable de ne laisser personne sur le bord du chemin et de parvenir à « l’Afrique libérée des conflits que nous voulons », d’autant que l’Afrique est l’un des continents les plus jeunes, qui compte quelque 220 millions de jeunes de 19 à 24 ans pour 1,2 milliard d’habitants, un nombre qui atteindra 350 millions lors de la prochaine décennie.  Pour la Conseillère spéciale, il faut absolument utiliser les dividendes de cette démographie pour faire taire les armes, combattre toutes les formes de menaces pour la paix et la sécurité internationales et traiter des causes profondes des conflits, y compris l’exclusion, la pauvreté, le sous-emploi, les inégalités et les changement climatiques. 

Mme Gawanas a rappelé les stéréotypes qui associent trop souvent les jeunes à la violence, alors que leur grande majorité, en Afrique comme ailleurs, est en fait éprise de paix et désireuse d’entreprendre.  Elle les a décrits comme des partenaires de la paix qui ont une contribution essentielle à apporter à tous les niveaux, en jetant des ponts entre le développement, les droits de l’homme, les questions humanitaires et la paix et la sécurité.

C’est pourquoi, a rappelé Mme Gawanas, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité reconnaissent le rôle positif de la jeunesse dans la protection et la promotion de la paix et la sécurité et du développement durable.  De même, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et la Charte africaine de la jeunesse reconnaissent la créativité, l’énergie et l’innovation dont fait preuve la jeunesse comme une force en faveur de la transformation du continent.

Il reste toutefois à traduire dans la réalité ces normes et il faut le faire maintenant, a poursuivi la Conseillère spéciale.  Partout en Afrique, les jeunes demandent une action urgente et font entendre leur voix, a-t-elle ajouté, citant le rôle des jeunes dans les mouvements en faveur de la démocratie qui ont essaimé en Afrique depuis une décennie.  Elle a cité en exemple la présence de jeunes au sein du Forum de haut niveau pour la revitalisation au Soudan du Sud, qui a permis de garantir par un système de quotas la présence de jeunes dans les structures gouvernementales.  Mme Gawanas a cité plusieurs exemples de pays africains qui ont pris des mesures pour supprimer les obstacles à la participation des jeunes, comme la loi « Not too young to run » (« pas trop jeune pour diriger ») au Nigéria ou encore la loi pour voter à 18 ans au Cameroun.  Elle a également mentionné la campagne visant à créer « un million d’emplois d’ici à 2021 » de l’Union africaine.

L’Union africaine encourage aussi la création de programmes pour l’engagement des jeunes pour faire taire les armes, a poursuivi Mme Gawanas, qui a rappelé que l’organisation régionale incitait ses États Membres à consacrer un pourcentage de leur budget à des programmes visant l’autonomisation des jeunes. 

De même, a poursuivi Mme Gawanas, le Fonds pour la consolidation de la paix des Nations Unies dispose chaque année d’une ligne budgétaire, l’Initiative pour la promotion de la jeunesse, qui vise à soutenir la contribution des jeunes à la paix.  Rien qu’en Afrique, cette initiative a investi 28,8 millions de dollars pour financer, dans 11 pays, 22 projets élaborés par les Nations Unies ou la société civile. 

Il faut toutefois faire encore plus, a affirmé la Secrétaire générale adjointe.  Au niveau national, les États doivent investir davantage dans la protection et la promotion des droits des enfants et des jeunes et la commémoration du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, tout comme la Journée africaine de la jeunesse, en offrent l’occasion.  Les ministères chargés de la jeunesse et les conseils de jeunes devraient promouvoir l’éducation à la paix et les programmes de formation à une culture de la paix, tout en donnant aux jeunes une chance de faire entendre leur voix.  Le secteur privé devrait y prendre sa part.  Au niveau régional, les organisations régionales et sous régionales devraient elles aussi prendre leur part, de même que le système de Nations Unies, notamment par le biais de ses équipes de pays.

Mme Gawanas a également suggéré que le Conseil de sécurité crée un groupe informel d’experts sur la jeunesse, la paix et la sécurité comprenant plusieurs groupes et organisations de jeunes, comme le recommandait d’ailleurs le rapport « Les absents de la paix: étude indépendante sur les jeunes et la paix et la sécurité ».

Mme AYA CHEBBI, Envoyée spéciale pour la jeunesse de l’Union africaine, a salué le bon déroulement des récentes élections présidentielles en Tunisie.  Elle a souhaité un changement dans la façon dont la jeunesse africaine est perçue, celle-ci étant constituée des générations les plus résilientes et informées que l’Afrique ait jamais connues.  Nous devons aussi reconnaître les mouvements initiés par la jeunesse qui balayent le continent depuis 2010 en demandant davantage de droits, a-t-elle dit.  Les mouvements de jeunes et les soulèvements en Tunisie, au Sénégal, en Gambie, au Burkina Faso, en Afrique du Sud, au Nigéria, au Kenya, au Soudan et en Algérie doivent être vus comme des opportunités permettant de traduire les énergies en changement positif.  « Nous sommes une génération prise au piège d’un état d’attente perpétuel, parce que nous sommes toujours en train de négocier notre liberté politique et économique », a-t-elle continué. 

« Tout est intersectionnel pour nous: analyses, défis, fluidité de nos identités; par conséquent toute solution doit être intersectionnelle », a poursuivi Mme Chebbi.  La jeune femme a ensuite insisté sur l’acuité des défis posés par les inégalités et la quête de dignité, les changements climatiques ou bien encore les épidémies, 2000 personnes ayant trouvé la mort en République démocratique du Congo (RDC) depuis le début de l’épidémie du virus Ebola le 1er août 2008.  Elle a espéré que la résolution 2457 (2019) pour faire taire les armes en Afrique et la mobilisation du système onusien par le Secrétaire général permettront de générer le soutien nécessaire pour mettre en œuvre avec succès le programme Faire taire les armes d’ici 2020.  Elle a aussi estimé que l’engagement des jeunes femmes est crucial pour la mise en œuvre des résolutions 1325 (2000) et 2250 (2015). 

« Ma génération est à la recherche d’un espace politique plus important pour conduire le changement tant désiré, ma génération est prête à laisser une marque qui ne soit pas entièrement comprise mais qui ne soit pas pour autant déniée, ma génération est disposée à abandonner toute concurrence malsaine et à forger des partenariats appuyés par des financements durables et innovants », a-t-elle scandé en conclusion.

Mme HAFSA AHMED, Cofondatrice et Présidente de Nawesa, s’est présentée comme une jeune activiste de la paix, de 27 ans, issue d’Eastleigh, un quartier de Nairobi, capitale du Kenya.  Bien qu’historiquement paisible et vivant en harmonie, le quartier a été l’objet en 2013 d’attaques lancées par des extrémistes.  En réponse, le Gouvernement a déployé une opération militaire visant à sécuriser le quartier.  Cette opération s’est traduite par des abus, dont des arrestations arbitraires, des extraditions vers la Somalie ou des demandes de pots-de-vin.  Face à ces actes, la militante a décidé de faire quelque chose: armée d’un simple smartphone, elle a commencé à documenter ces abus, avant d’être rejointe par d’autres jeunes qu’elle avait encouragés à la suivre.  Lorsque le Gouvernement a mis un terme à son opération, ces jeunes ont compris qu’ils avaient contribué à faire changer les choses, a-t-elle témoigné.

Cette prise de conscience l’a poussée à prendre d’autres initiatives, a déclaré Mme Ahmed.  Elle s’est notamment présentée, mais sans succès, aux élections législatives de 2017.  Elle est ensuite devenue modératrice au Life and Peace Institute, un centre kenyan spécialisé dans le dialogue intercommunautaire.  De toutes ces expériences et engagements, l’activiste dit avoir fait plusieurs constats.  Elle a ainsi observé que « les stéréotypes visant les jeunes sont en train de changer ».  Beaucoup de jeunes se rendent par ailleurs compte qu’il y a des alternatives à la criminalité.  Ils s’inspirent désormais de leur potentiel pour créer des entreprises ou pour s’engager dans les communautés.  Enfin, elle a constaté que « les relations entre la police et les communautés s’améliorent aussi, la première n’étant plus vue comme une ennemie ». 

Cependant, a poursuivi la jeune intervenante, des défis persistent aussi, notamment que la violence urbaine qui n’est pas encore considérée comme une priorité dans les politiques de consolidation de la paix.  « Or la réalité est qu’en Afrique, 82% des violences létales se déroulent hors des zones de conflit.  Si l’on veut parvenir à faire taire les armes en 2020, il faut tenir compte de cette réalité, mieux comprendre les processus de transformation de la violence et investir davantage dans la jeunesse », a-t-elle insisté.  Un second défi est que les processus de paix sont souvent « le domaine exclusif des hommes des vieilles générations », a-t-elle déploré. 

Dans ce contexte, la militante a fait trois recommandations.  D’abord, que l’ONU crée plus d’opportunités pour les jeunes et explore des moyens nouveaux de s’engager davantage avec eux, dans la droite ligne de la résolution 2419 (2018).  Ensuite que l’Union africaine renforce son programme « Youth4Peace Africa » et crée des espaces pour la participation des jeunes et l’échange des bonnes pratiques.  Enfin, les États Membres de l’ONU devraient s’engager proactivement dans les politiques qui catalysent les énergies des jeunes et travaillent à mettre ces politiques en œuvre, a conclu Mme Ahmed. 

M. VICTOR OCHEN, militant de la jeunesse s’exprimant depuis Kampala, en Ouganda, a raconté son parcours « entamé dans la douleur »: enfant il voulait être pilote, puis enseignant, il espérait que ses parents le mettraient à l’abri mais ses rêves ont été brisés et ses plus jeunes années se sont déroulées dans les camps en Ouganda.  « Le monde nous avait oubliés, nous ne savions pas s’il fallait prendre les armes, tous les jours on avait peur d’être enlevé ou tué, de marcher sur une mine, nous ne savions pas où dormir, que manger », a témoigné M. Ochen.  Son frère a été enlevé le 10 décembre 2003, Journée des droits de l’homme, et il ne l’a plus jamais revu, comme bien d’autres membres de sa communauté.  Se plaindre?  Il l’a fait pendant quelques temps avant de décider d’agir pour la paix et le continent.  Au lieu de prendre les armes, il a opté pour la paix et, à 13 ans, a lancé une initiative pour décourager le recrutement d’enfants dans sa région.  En 2005, il a lancé un réseau africain consacré aux jeunes pour les encourager à « transformer leurs traumatismes et leur douleur en dynamique de paix ». 

2020 c’est bientôt, a lancé M. Ochen, or les armes sont partout sur le continent.  En République démocratique du Congo (RDC), un jeune homme lui a confié qu’il ne pouvait pas poser les armes, que celles-ci lui permettaient de protéger ses parents et d’assurer sa sécurité.  « Je n’avais pas de réponses à cela », avoue-t-il avant de demander le Conseil à l’aider à répondre aux questions suivantes: Comment faire pour que la paix soit gratifiante, pour récompenser les personnes qui œuvrent en sa faveur?  Comment renforcer la confiance entre les Africains?  Comment enrayer l’afflux d’armes sur le continent, alors que l’Afrique en est « submergée »?  Comment remédier à la marginalisation des Africains par les Africains eux-mêmes et dans les normes internationales?

En voyageant en Afrique, M. Ochen a constaté « l’absence d’élan critique ».  Comment donner la volonté aux jeunes d’agir pour transformer la donne? a-t-il encore demandé.  Les jeunes réclament le départ de leurs dirigeants, il y a beaucoup de douleur, de frustration, ils ont envie de revanche et de vengeance, c’est un véritable défi.  L’autre grand défi, a-t-il averti, c’est la migration: les incertitudes sont grandissantes sur le continent, les jeunes partent par milliers à l’étranger pour trouver un travail; ceux qui restent doivent se contenter de très peu.  « On parle de l’inclusion des jeunes, mais le pouvoir est toujours au même endroit », a-t-il accusé. 

Par ailleurs, selon lui, « beaucoup de personnes profitent de la guerre en Afrique et ailleurs, beaucoup ne veulent pas que la guerre s’arrête car ils en tirent profit ».  Mais sur le continent, ceux qui souffrent sont toujours là et souffrent au quotidien; les initiatives lancées ne répondent pas du tout à leurs besoins.  Le jeune militant a demandé « une volonté politique commune des faibles et des puissants de créer un climat d’épanouissement ».  Le Conseil doit comprendre que les jeunes ont perdu espoir en raison de la militarisation du continent.  Si le monde souhaitait réellement le bien de l’Afrique, il réduirait sa coopération militaire et augmenterait les partenariats pour la paix, a argué M. Ochen.  Il a regretté que les interventions extérieures soient le plus souvent « post facto », presque « post mortem »: le moment est venu d’intervenir en amont des conflits pour les prévenir.  Pour ce faire, la médiation doit prendre en compte les griefs des différents groupes, au niveau local.

« Nous soutenons de tout cœur l’initiative faire taire les armes et accueillons le débat d’aujourd’hui comme une preuve de la profonde détermination de l’Union africaine de débarrasser l’Afrique de tout conflit », a affirmé Mme JOANNA WRONECKA (Pologne).  Mme Wronecka a souligné l’importance de la résolution 2250 du Conseil de sécurité, qu’a qualifié de « révolutionnaire » pour « la reconnaissance des besoins et des capacités de la jeunesse dans la prévention et la résolution des conflits. »  « La jeunesse est la pierre angulaire d’un développement et d’une paix durables » a-t-elle lancé avant d’ajouter: « Elle n’a pas seulement besoin d’une éducation de qualité, de formation professionnelle, de renforcement des compétences et d’accès aux technologies et services digitaux; elle a aussi besoin d’emplois décents et d’opportunités d’entreprendre. » « Si la jeunesse demeure exclue des efforts nationaux et internationaux pour bâtir la paix, alors l’instabilité et l’extrémisme continueront à constituer de graves menaces pour nos sociétés » a-t-elle prévenu.  Elle a insisté sur le besoin d’intégrer les jeunes dans tous les processus de prises de décisions relatifs à la paix et à la sécurité.

Pour Mme KELLY KRAFT (États-Unis), parler de paix et de jeunesse ne relève pas d’une abstraction, mais touche à l’humanité même: trop souvent on parle des jeunes en termes de défis plutôt que d’opportunités.  Alors que 60% de la population en Afrique a moins de 25 ans, que l’âge moyen en Afrique est de 20 ans, le continent dispose d’un potentiel qu’il faut parvenir à déverrouiller.  La représentante a exhorté les pays de la région à endiguer les flux d’armes pour promouvoir la sécurité durable.  Hélas, certains dirigeants s’y sont refusés, et dans certains cas, les gouvernements ne défendent que les intérêts d’une élite restreinte au détriment de ceux de la population et surtout des jeunes.  C’est la raison pour laquelle il faut encourager les dirigeants africains à réfléchir à leur postérité et à respecter les limites de leurs mandats.  Il faut également créer les capacités nécessaires pour permettre aux jeunes de faire entendre leurs voix: alors qu’ils sont souvent perçus comme passifs ou fauteurs de troubles, ils sont déjà beaucoup à jouer un rôle positif.  « C’est un devoir pour l’humanité de ne pas accepter que la violence se perpétue en héritage », a insisté Mme Kraft.  Quand les jeunes ont le sentiment d’avoir un avenir et une dignité, ils se fixent des objectifs et renoncent à la violence.  Les opportunités, quand elles sont disponibles, éliminent le désespoir à l’origine de la violence.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a déclaré qu’en dépit de l’énorme potentiel qu’ils représentent, les jeunes ne parviennent toujours pas à contribuer de manière significative à la consolidation de la paix, en raison des nombreuses pesanteurs politiques et sociales qui entravent leurs efforts.  C’est fort de ce constat que l’Union africaine a, à travers la Feuille de route de l’Architecture africaine de paix et de sécurité pour la période 2016-2020, réaffirmé sa volonté de promouvoir les politiques d’autonomisation des jeunes, en vue d’accroître leurs apports aux processus de paix, ainsi qu’en matière de reconstruction nationale et de développement post-conflit.  Il s’agit, en d’autres termes, de valoriser le potentiel des jeunes et de les amener à investir leur énergie et leur créativité dans les activités de prévention des conflits et de consolidation de la paix, a-t-il expliqué.

Présentant l’expérience de son pays, qui a par le passé connu un conflit interne, le représentant a déclaré que la Côte d’Ivoire avait mis un accent particulier sur les outils associatifs qui permettent de mieux canaliser la contribution des jeunes à la cohésion sociale et à la consolidation de la paix.  Elle a, par exemple, créé un Parlement des jeunes qui constitue non seulement, un cadre d’expression démocratique et de participation active à la politique gouvernementale de promotion de la réconciliation nationale, mais favorise également l’émergence d’une conscience citoyenne.  Abidjan a également mis en place un cadre juridique, en lien avec la Convention de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), sur les armes légères et de petit calibre et le Traité sur le commerce des armes.  La délégation a plaidé à cet égard en faveur de la poursuite de l’appui de l’Union africaine et des autres partenaires internationaux pour renforcer les capacités des organisations régionales dans la lutte contre la prolifération des armes et le désarmement communautaire, a conclu le représentant.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a estimé que la mise en œuvre du Plan d’action « faire taire les armes » était bien entamée.  L’Allemagne, qui a fait de la lutte contre la prolifération des armes et des munitions une priorité au sein de ce Conseil, s’est engagée dans un partenariat avec l’Union africaine pour empêcher l’acheminement d’armes dans les zones de conflit et contrôler le flux d’armes dans les États fragiles, a-t-il précisé. 

Les besoins des enfants sont au cœur des efforts d’assistance humanitaire de l’Allemagne, comme dans la région du lac Tchad, où ce pays apporte un soutien psychosocial aux jeunes survivants de la violence sexuelle et sexospécifique, a poursuivi le représentant, qui a également cité en exemple un projet que l’Allemagne appuie à Bamako en vue « d’encourager les jeunes à s’engager au sein d’activités culturelles telles que le rap, le hip-hop et la danse moderne ».  Enfin, M. Heusgen a invité le Conseil de sécurité à écouter davantage les jeunes et à les convier plus fréquemment à ses débats, y voyant là « un facteur crucial pour une paix et une sécurité durables ».

M. JUN ZHANG (Chine) a déclaré que les jeunes sont une force pour la paix, en tant qu’acteurs pleins de potentiels.  « Les jeunes pleins de vitalité sont comme un soleil qui se lève sur nos espoirs », a dit le représentant, citant aussi Nelson Mandela qui aurait déclaré que « les jeunes sont notre plus grande ressource ».  Pourtant, ces jeunes sont victimes de marginalisation, a-t-il déploré, appelant à ce qu’ils soient mieux intégrés dans les synergies des processus de paix, « dans le plein respect du principe des solutions africaines aux crises africaines ». 

La Chine considère que le développement économique est la voie vers la paix et que chaque pays doit pouvoir choisir son modèle de développement, a poursuivi le représentant.  Il faut selon lui renforcer l’action sur le terrain et sortir des « discours creux ».  Pour sa part et depuis le sommet Chine-Afrique de 2018, son pays a mis sur pied des initiatives concrètes.  La Chine va par exemple offrir 50 000 bourses à des étudiants africains en plus de leur ouvrir les portes à des séminaires de formation en Chine.  « Les Africains sont de bons partenaires, des amis pour nous », a-t-il souligné, ajoutant que son gouvernement reste disposé à continuer de travailler avec ses « frères africains » pour parvenir aux objectifs de développement et faire taire les armes. 

Pour M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), débarrasser l’Afrique, « le continent de la jeunesse », des armes est l’affaire de tous car la tâche est rude et les défis nombreux.  La paix n’est pas seulement l’absence de conflit; elle requiert une approche holistique, a-t-il rappelé.  Il faut agir sur tous les plans et traiter des racines profondes des conflits, qu’elles soient de nature politique ou liées au non-respect des droits de l’homme.  « D’ici à 2050, la moitié de la population du continent aura moins de 25 ans, ce qui ouvre des opportunités considérables en termes d’innovation et de créativité.  Mais s’il n’est pas accompagné, ce bouleversement sera aussi porteur de nouvelles difficultés. »  L’exclusion, politique et sociale, est un facteur de risque, a insisté le représentant, en réclamant des investissements dans une éducation inclusive et de qualité et la création d’un environnement favorable à la participation des jeunes adultes aux processus de paix, y compris aux processus de médiation. 

La résolution 2419 (2018) du Conseil appelle à une inclusion accrue de la jeunesse aux processus de paix.  Ce texte engage toute la communauté internationale à reconnaître les jeunes comme des acteurs à part entière, mais pour cela il faut que chacun change ses pratiques et son attitude, a prévenu M. Pecsteen de Buytswerve.  Enfin les jeunes constituent souvent la majorité des groupes armés en Afrique: leurs points de vue et leurs besoins devraient donc occuper une place centrale dans les processus de réforme du secteur de la sécurité et de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), les programmes de réduction de la violence et la prévention de l’extrémisme violent.

Pour Mme ANNE GUEGUEN (France), la voie de la paix durable en Afrique ne peut se limiter à la seule réponse militaire aux crises et aux menaces; une approche plus large est nécessaire, comme le suggère l’initiative « Faire taire les armes », qui ne saurait être atteindre sans la participation des jeunes.

Beaucoup d’exemples concrets et instructifs d’initiatives conduites par des jeunes femmes et hommes existent déjà sur le continent, a estimé la représentante.  Malheureusement, les jeunes continuent d’être victimes de stéréotypes et de discriminations et ils restent largement exclus des processus de prises de décisions, des institutions politiques et du marché de l’emploi.  Ils sont encore souvent perçus comme des fauteurs de troubles et un vivier pour l’extrémisme violent.  Ces stéréotypes sont fréquemment utilisés pour ignorer leurs revendications et pour brimer leurs droits, voire les réprimer, a poursuivi Mme Gueguen.  Parmi les jeunes, les femmes sont les plus touchées par les injustices et la discrimination sociale et lors des conflits.

La représentante a appelé à garantir à tous les jeunes le respect de leurs droits fondamentaux, dont la liberté d’expression et celle de manifester pacifiquement.  La jeunesse doit pourvoir prendre part aux prises de décisions mais pour cela l’éducation est la priorité absolue car elle constitue la meilleure prévention contre les obscurantismes et les dérives violentes, a-t-elle insisté.  Il est grand temps de saisir pleinement l’immense potentiel des jeunes pour instaurer et maintenir paix et sécurité et construire des sociétés justes et apaisées, a conclu la représentante. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a exprimé la disposition de son pays à relever les obstacles et surmonter les défis en encourageant la coopération avec les organisations régionales et sous-régionales.  « Ignorer les aspirations des jeunes en Afrique, continuer de leur fermer les portes, risque de les pousser vers la radicalisation et l’extrémisme et de faciliter leur recrutement par les groupes terroristes étrangers », a-t-il averti.  Il faut donc répondre à leurs besoins, entendre leur voix, et le Sommet sur le climat la semaine dernière a permis d’aller dans cette direction. 

Les guerres et les conflits qui frappent le continent depuis longtemps contribuent à l’enrôlement d’enfants soldats, brisant leurs rêves, a déploré M. Alotaibi.  En outre, de nombreuses personnes passent de zones de guerre en zones peu sûres.  Il faut résoudre les conflits pour empêcher les déplacements de population, a-t-il ajouté, car 24 millions de réfugiés représentent un fardeau pour ces zones d’accueil.  Pour lui, le terrorisme est l’un des principaux défis du continent africain.  Le nombre de jeunes qui rejoignent les groupes terroristes est considérable.  Il faut donc éliminer le terrorisme en favorisant le respect mutuel et en s’attaquant aux causes profondes du phénomène comme la pauvreté, la marginalisation, le chômage et insister sur la nécessité de donner leur chance aux jeunes pour réaliser leurs objectifs.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déploré les situations qui prévalent au Soudan du Sud et au Cameroun, pays dans lesquels la marginalisation, la violence et les discriminations touchent en particulier les jeunes.  Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), pas moins de 600 000 jeunes sont privés d’école à cause du conflit interne au Cameroun, a affirmé le représentant, tout en le déplorant.  Son gouvernement, a-t-il précisé, avait octroyé 630 000 dollars d’aide pour les femmes et les filles vivant dans les camps de réfugiés au Soudan du Sud, en particulier les victimes de violences sexuelles et sexistes, a précisé le représentant.  Il a également déclaré que le Royaume-Uni souhaitait travailler avec les pays africains dans le but de réaliser les objectifs communs de développement et de paix.  Cette volonté et les différentes approches existantes seront d’ailleurs abordées lors du prochain Forum Investir en Afrique, qui se tiendra l’année prochaine au Royaume-Uni, a annoncé le délégué.

Rappelant que son pays avait proposé la résolution 2457 (2019) « faire taire les armes en Afrique » en février dernier lors de sa présidence, M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a annoncé la tenue d’une conférence sur ce thème, à Malabo, en novembre prochain.  Car la prolifération des conflits, la progression du terrorisme et l’instabilité sont autant d’entraves au développement.  Si cela empêche les peuples de réaliser leur potentiel, les jeunes et les femmes en sont les principales victimes, a-t-il souligné.

L’Afrique doit se pencher sur les symptômes et les causes profondes des conflits qui conditionnent tous les autres aspects de la vie sur le continent et dont l’origine réside souvent dans les tensions religieuses ethniques et sociales.  Les terroristes et les mercenaires en profitent trop souvent pour semer la terreur et exploiter les jeunes, a dénoncé M. Esono Mbengono.

« La principale ressource de l’Afrique est sa jeunesse », a encore relevé le représentant.  Il faut donc inclure les jeunes dans les divers aspects du développement et dans les processus de résolution des conflits, ce qui permettra de conserver une diversité de perspectives selon lui.  Les jeunes doivent aussi participer aux activités de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).  À cet égard, il faut pouvoir leur ouvrir le marché du travail et leur permettre de rester dans leur communauté d’origine.  « Faire taire les armes signifie leur élimination complète, contrôlée, effective et transparente » a-t-il enfin martelé.  C’est vital pour l’Afrique qui doit pouvoir compter sur l’appui de la communauté internationale, tandis que les Africains eux-mêmes doivent conjuguer leurs efforts en ce sens.

Pour M. LUIS UGARELLI (Pérou), la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est l’un des outils permettant de parvenir aux objectifs visant à faire taire les armes en Afrique.  C’est un programme qui nous engage tous, a déclaré le représentant, plaidant en outre pour une synergie entre ce programme et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Le représentant s’est ensuite réjoui de l’adoption de l’Architecture africaine de paix qui, selon lui, permettra aussi de lutter contre les stéréotypes visant les jeunes et de s’attaquer aux causes de conflits en Afrique. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué les progrès réalisés pour mettre fin aux conflits armés en Afrique, en particulier les accords de paix conclus en République centrafricaine et au Soudan du Sud, et les processus démocratiques en République démocratique du Congo et à Madagascar.  « La majorité des jeunes en Afrique rejettent la violence et recherchent des espaces pour contribuer à la consolidation de la paix et au développement. »  D’où l’importance de leur fournir un appui financier et politique pour les associer aux activités ayant trait à la paix et à la sécurité, a fait valoir le représentant.  La République dominicaine a travaillé avec la Guinée équatoriale comme facilitateur de la résolution 2457 (2019) qui reconnaît la capacité d’action des jeunes pour mettre un terme aux conflits en Afrique.

M. Singer Weisinger a proposé la création d’un « réseau de jeunes africains dans la prévention et la médiation des conflits », en vue de renforcer leur rôle dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et de l’Architecture africaine de gouvernance.  Enfin, il a rappelé aux États de l’Union africaine l’importance de l’Instrument international visant à permettre aux États de procéder à l’identification et au traçage rapides et fiables des armes légères et de petit calibre illicites. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a relevé que les États africains consacrent déjà une attention particulière aux jeunes dont le rôle est d’ailleurs reconnu dans l’Agenda 2063: L’Afrique que nous voulons, le principal programme économique et social de l’Union africaine.  L’importance des jeunes et de leur participation est également au cœur de l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes d’ici à 2020 », a-t-il dit, mais force est de constater que subsistent de nombreux obstacles concrets: les jeunes Africains ne disposent pas suffisamment d’expérience, qu’ils soient privés d’une éducation de base et mésinformés les rend particulièrement vulnérables aux groupes extrémistes et terroristes, qui utilisent les technologies de l’information pour les recruter.  Ceci impose de déployer de nouveaux efforts sur ce point, a-t-il souligné.  Les jeunes radicaux sont aussi utilisés souvent pour atteindre certains objectifs intérieurs et renverser des gouvernements légitimes, une situation à laquelle la communauté internationale devrait accorder davantage d’importance selon le délégué.  Pour lui, il faut des mesures qui aident à intégrer socialement les jeunes, surtout les victimes de conflits armés, et encouragent les organisations de la jeunesse et le dialogue interreligieux.  L’Union africaine fait déjà beaucoup, mais il faut intensifier ses efforts, a insisté la Fédération de Russie, en exprimant sa disposition à partager son expérience dans la lutte contre l’extrémisme. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souligné trois points concernant la mobilisation des jeunes pour faire les armes.  En premier lieu, a suggéré le représentant, il faut s’attaquer aux vulnérabilités des jeunes en créant un environnement favorable afin qu’ils puissent avoir accès aux opportunités et participer au fonctionnement de la société.  Ce qui les éloignerait des actes de violence, a estimé M. Syihab.  Ceci peut être achevé à travers la lutte contre la pauvreté, l’investissement dans une éducation et formation inclusives, l’emploi et la promotion de la culture de paix.  Ces efforts doivent être focalisés pour ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les anciens membres de groupes armés et les jeunes réfugiés. 

En second lieu vient l’intégration de la participation des jeunes dans l’initiative.  C’est important d’engager les jeunes dans les efforts pour endiguer la propagation du terrorisme et leur implication dans les crimes organisés, a indiqué le représentant.  De plus, les processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) devraient tenir compte de leurs besoins.  Nous devons aussi assurer la participation active des jeunes dans les initiatives de justice transitionnelle.  Nous pouvons tirer parti de leur familiarité avec la technologie pour sensibiliser sur ces initiatives et militer pour actions concrètes en appui à la cause.  En troisième lieu vient la cohérence des efforts aux niveaux international, régional et national, a suggéré le représentant.  C’est essentiel que les gouvernements, les acteurs régionaux et tout le système des Nations Unies travaillent en harmonie avec des domaines d’intervention clairement définis.  Mobiliser les jeunes pour faire taire les armes exige de nous un changement de mentalité, a aussi déclaré M. Syihab, qui a voulu que l’on regarde les jeunes non comme victimes ou auteurs de violence mais des puissants agents de changements qui peuvent contribuer positivement au maintien et à la promotion de la paix durable et de la stabilité. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a commencé par souligner le rôle important que les jeunes ont à jouer en tant qu’« agents de paix », en particulier en Afrique, dans la mesure où le continent connaît l’expansion démographique la plus rapide au monde, et qu’il pourrait tirer le meilleur parti de ce potentiel.  La jeunesse devrait être représentée au sein des négociations politiques, des processus de paix, de la justice transitionnelle et des efforts de reconstruction, et les États Membres devraient également s’employer à faciliter l’interaction intergénérationnelle dans les processus de paix, a préconisé le représentant.  Après s’être félicité de la mise en œuvre de la Charte africaine de la jeunesse, la délégation a souligné la nécessité de créer des opportunités de formation des jeunes à la consolidation de la paix.  « Opérationnaliser la jeunesse africaine ne peut être la responsabilité d’une seule organisation.  La synergie des efforts déployés au niveau local dans les États africains est nécessaire pour garantir à la jeunesse un impact durable et un rôle de chef de file dans la consolidation de la paix », a estimé le représentant.  Dans cette perspective, le Conseil de sécurité, les organisations régionales et sous-régionales et les acteurs pertinents doivent créer des mécanismes en mesure d’impliquer les jeunes dans la promotion d’une culture de paix, de tolérance et de dialogue interculturel et interreligieux, a ajouté la délégation.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE, Observatrice permanente de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) auprès des Nations Unies, a affirmé que « faire taire les armes en Afrique à l’horizon 2020 » est l’une des priorités des chefs d’État et de gouvernement de la sous-région.  L’Afrique centrale assiste à l’éclosion de plusieurs groupes armés qui ont engendré plusieurs conflits déstabilisateurs et dont le dénominateur commun se présente sous plusieurs formes: la marginalisation et l’exclusion sur une base ethnique, confessionnelle, socioéconomique et régionale.

Mme Byaje a aussi rappelé que lorsque l’Union africaine a adopté, en 2013, l’Initiative de faire taire les armes, les chefs d’État de l’Afrique centrale avaient, depuis 2010, adopté la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication et assemblage (Convention de Kinshasa).  Cette Convention, entrée en vigueur en mars 2017, vise à aider les États à lutter efficacement contre le flux d’armes illicites et renferme des dispositions relatives au traçage et au marquage, au transfert, à la détention, à la tenue des registres et à la gestion des stocks d’armes légères.

L’intervenante a expliqué que le secrétariat général de la CEEAC a établi une collaboration très étroite avec le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) dans le cadre de la mise en œuvre du projet « Soutien aux États africains dans la vision-Faire taire les armes en Afrique d’ici 2020: renforcement des capacités en Afrique centrale ».  Réaliser une paix durable passe d’abord par le démantèlement des causes profondes de ces conflits qui gangrènent la sous-région, affectant au premier chef la vie des membres de la communauté, surtout les enfants et les jeunes pris dans l’engrenage du cercle vicieux de la violence perpétrée par des groupes armés.  Et les jeunes, a-t-elle insisté, paient « un lourd tribut » du fait de « l’augmentation du taux de chômage et de décrochage scolaire qui les pousse à servir de terreau fertile de recrutement pour les instigateurs du terrorisme ». 

Pour faire la promotion de la paix dans sa sous-région, la CEEAC privilégie la prévention des conflits et la gestion des crises en s’attaquant à la prolifération des armes légères et de petit calibre dans le cadre de la Convention de Kinshasa.  Mme Kyaje a également demandé que les groupes de jeunes puissent jouer un rôle prépondérant dans la construction de la paix en contribuant davantage à la réalisation des activités prévues dans le cadre de la Convention de Kinshasa et dans le renforcement de la prévention et des systèmes d’alerte et de réponse rapides.  Dans le même temps, la CEEAC s’efforce d’impliquer d’autres acteurs dont les groupes de femmes et les autres communautés régionales, telle que la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour bâtir une coopération sécuritaire interrégionale. 

D’après l’Observatrice permanente, la construction et le rétablissement d’une paix durable bénéficieraient aussi de la solidarité et de l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux aux initiatives de renforcement des capacités en matière de résolution des conflits et de médiation.  Avec un leadership fort et une volonté politique soutenue de la part des chefs d’État de la sous-région, et l’appropriation de la CEEAC de tous les défis, ainsi qu’un partage et un meilleur échange d’informations et de meilleures pratiques en matière de sécurité, elle s’est dit confiante que l’Afrique centrale sera à même d’endiguer ses défis sécuritaires et de garantir une paix pérenne qui favorise les efforts de développement durable dans la sous-région. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Une semaine après le Sommet de l’Assemblée générale sur les ODD, la Deuxième Commission lance ses travaux en adoptant son ordre du jour

Soixante-quatorzième session,
1re séance – matin
AG/EF/3514

Une semaine après le Sommet de l’Assemblée générale sur les ODD, la Deuxième Commission lance ses travaux en adoptant son ordre du jour

La Deuxième Commission (questions économiques et financières) a approuvé, ce matin, l’ordre du jour et l’organisation des travaux* de sa soixante-quatorzième session, qui débutera lundi 7 octobre par le débat général et se terminera au plus tard le 27 novembre.

Le Président de la Commission, M. Cheikh Niang, du Sénégal, a exprimé sa gratitude pour la confiance qui lui a été accordée pour présider les travaux.  Espérant une session « constructive et couronnée de succès » il a laissé la parole à M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.

Dans un discours liminaire, ce dernier a rappelé que le Sommet sur le suivi de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de ses 17 objectifs de développement durable (ODD), tenu la semaine dernière, avait été l’occasion de faire le point sur les obstacles qui entravent la voie du développement durable.  Il s’est félicité des résultats positifs enregistrés, comme le déclin de la pauvreté, et a mis en avant quatre axes essentiels pour atteindre les objectifs de 2030: l’indispensable croissance économique à long terme; la lutte contre les inégalités croissantes entre et au sein des pays; l’atténuation des changements climatiques, qui sont un facteur d’instabilité et de migration; l’innovation technologique, qui implique de choisir les technologies nécessaires pour le développement durable.

Le Secrétaire général adjoint a rappelé les impératifs de ce développement qui exige de protéger les peuples et de veiller à ce que « personne ne soit laissé de côté », le leitmotiv du Programme 2030.  Les participants au Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur le financement du développement, qui s’est également tenu la semaine dernière, ont d’ailleurs souligné qu’il ne s’agit pas que d’une question d’argent mais aussi de collaboration au plus haut niveau.

Le développement durable repose sur un effort mondial, a dit M. Liu en conclusion, invitant la Deuxième Commission à s’inspirer des progrès réalisés pour poser les jalons d’une décennie d’action.

Le débat général, qui aura lieu lundi 7 et mardi 8 octobre, portera sur les 13 points à l’ordre du jour**.  Il sera précédé d’un discours liminaire de M. Patrick Keys, chercheur à la School of Global Environmental Sustainability de l’Université de l’État du Colorado, et de l’intervention de deux représentants d’ATD Quart Monde. 

Le Président de la Deuxième Commission a donné des indications sur les deux réunions parallèles organisées au cours de cette session.  La première, intitulée « La double contrainte de la pauvreté de revenu et de la pauvreté en temps dans le cadre du développement durable et des solutions stratégiques », aura lieu le jeudi 17 octobre.  La seconde, sur le thème « Les modèles économiques émergents, la transformation économique et leurs conséquences pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », le jeudi 24 octobre.

Comme lors des précédentes sessions, la Deuxième Commission et le Conseil économique et social (ECOSOC) tiendront une séance conjointe le 15 octobre dans l’après-midi, qui cette année aura pour thème « Les approches systémiques qui permettront d’engager le monde sur une voie durable ».

Les trois Vice-Présidents de la Commission sont Mme Yuliana Angelova de la Bulgarie, Mme Anat Fisher-Tsin d’Israël, et M. Ahmad Saif Al-Kuwari du Qatar, tandis que M. David Mulet, du Guatemala, occupe le poste de Rapporteur.

Le Président a par ailleurs détaillé les méthodes de travail de cette session, assurant qu’il veillerait scrupuleusement au respect des horaires de séance et des temps de parole attribués à chaque délégation.  Il a aussi appelé, comme l’an dernier, au respect des dates limites de soumission des projets de résolution.

En fin de séance, la représentante de l’Union européenne, Mme Peggy Vissers, a pris la parole pour annoncer la formation d’un groupe informel pour débattre de la mise en œuvre des ODD.  Le président a appelé tous les États Membres à y prendre part et à faire preuve de « dépassement ».

La Commission a également été informée de l’état de la documentation** pour la soixante-quatorzième session.

La prochaine réunion de la Deuxième Commission aura lieu le lundi 7 octobre, à partir de 10 heures.

* A/C.2/74/L.1

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Troisième Commission examine le phénomène du vieillissement de la population et se mobilise en faveur des jeunes

Soixante-quatorzième session,
1re et 2e séances plénières, matin & après-midi
AG/SHC/4258

La Troisième Commission examine le phénomène du vieillissement de la population et se mobilise en faveur des jeunes

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a ouvert aujourd’hui les travaux de sa soixante-quatorzième session en s’attardant sur le phénomène du vieillissement de la population tout en se mobilisant en faveur des jeunes et encourageant une « solidarité intergénérationnelle ». 

Dressant l’état des lieux, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a indiqué qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire de l’humanité », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, a ajouté M. Liu Zhenmin, elles dépasseront également le nombre de jeunes de 15 à 24 ans.

Si cette tendance illustre certes le succès « énorme » rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, M. Liu n’en a pas moins souligné qu’elle souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développement. 

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a estimé que cette évolution démographique offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer « enfin » les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Le Groupe des Amis a par ailleurs regretté que le Plan d’action de Madrid demeure non contraignant pour les États, notant que sa mise en œuvre inégale et les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits des personnes âgées.  Dès lors, a encouragé le Maroc, il faut avancer dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international. 

L’Union européenne a fait part de son engagement à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie et a partagé son intention de développer un « livre vert » pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  De son côté, Singapour, qui comptera, d’ici à 2030, une personne sur 4 de 65 ans ou plus, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place pour mieux localiser la population senior, afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Des « cliniques numériques » ont également été établies pour transmettre aux seniors des bonnes pratiques pour se protéger des risques du monde numérique.

« Mais si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps », a fait observer la délégation.  Le Saint-Siège a cependant dénoncé l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique », et s’est insurgé de la discrimination dont elles sont parfois victimes, « notamment en fin de vie ». 

Les États Membres ont également dialogué avec l’Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, Mme Rosa Kornfeld-Matte, qui a averti que les seniors sont touchés de manière disproportionnée par les situations d’urgence, contextes dans lesquels ils restent malheureusement invisibles. 

« Il est nécessaire d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence », a répondu en écho la Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), Mme Daniela Bas, qui présentait les sept rapports du Secrétaire général soumis à la Troisième Commission.

Si, ainsi que l’a fait observer El Salvador au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), la tendance démographique du vieillissement augmente rapidement dans les pays en développement, le Groupe des États d’Afrique s’est préoccupé du sort des jeunes, qui, en 2018, étaient plus d’un sur 5 dans le monde à n’être ni employés, ni en train de suivre une éducation ou une formation.  « Et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale », a dénoncé la délégation par la voix de la Zambie.

La prévalence du chômage parmi les jeunes a aussi préoccupé les nombreuses délégations de jeunes qui sont intervenues au cours du débat, à l’instar de la Suisse qui a prévenu que « cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie ».  La Pologne a averti du risque de radicalisation de « certains jeunes » en raison de l’absence d’éducation civique, tandis que la République de Corée s’est plus particulièrement préoccupée de la protection de la santé mentale des jeunes, notamment en ce qui concerne la violence scolaire.  La Slovénie a appelé à « faire tomber le mur numérique » qui sépare les jeunes qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences.  Les jeunes allemands ont, de leur côté, fustigé le fait que les stages qu’offre l’ONU aux jeunes ne sont pas rémunérés.

En début de séance, le Président de la Troisième Commission, M. Christian Braun, du Luxembourg, a présenté l’organisation des travaux et la planification des programmes. 

La Troisième Commission a également adopté la liste provisoire des titulaires de mandats spéciaux appelés à lui présenter leur rapport lors de la présente session.  Elle a aussi complété son bureau en élisant par acclamation Mme Gail Farngalo (Libéria) à la fonction de vice-président, qu’elle partagera avec M. Ihor Yaremenko de l’Ukraine et Mme Maria Emilia Eyheralde Geymonat de l’Uruguay.  M. Firas Hassan Jabbar el-Khaqani, de l’Iraq, occupera les fonctions de rapporteur.

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur le développement social demain, mercredi 2 octobre, à partir de 10 heures. 

DÉVELOPPEMENT SOCIAL (A/74/184)

Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/74/205A/74/135)

Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la famille (A/74/61-E/2019/4A/74/133A/74/170A/74/175A/74/206)

Déclarations liminaires

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé que les dirigeants mondiaux ont réaffirmé, au cours du récent sommet des Nations Unies sur le développement durable, leur engagement à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour ensuite faire le point sur les progrès accomplis dans l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). 

Il s’est félicité du déclin continu de l’extrême pauvreté, le taux de pauvreté mondiale étant passé de 10% en 2015 à 8,6% en 2018.  Des progrès ont également été accomplis dans le monde du travail, avec un taux mondial de chômage s’élevant à 5% en 2018.  La dernière fois que ce taux était si bas remonte à 2008, a indiqué Liu Zhenmin, qui a fait remarquer qu’il aura fallu 10 ans au marché de l’emploi pour se remettre de l’impact dévastateur de la crise financière mondiale.  Des progrès ont également été accomplis en matière de promotion de l’égalité des genres, de réduction de la mortalité maternelle et infantile, ainsi que dans la fourniture d’infrastructures de base et de services tels que l’accès à l’électricité, à l’eau potable et à l’assainissement.

Cependant, les progrès sont toujours trop lents et inégaux, a averti le Secrétaire général adjoint.  Il a notamment indiqué qu’en Afrique subsaharienne, le nombre de personnes extrêmement pauvres continue d’augmenter.  La Banque mondiale estime d’ailleurs qu’en 2030, près de 9 personnes sur 10 vivront dans une situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne.  De plus, le ralentissement de la croissance économique pourrait interrompre les progrès vers la réalisation des ODD, tout particulièrement dans les pays vulnérables.  M. Liu a notamment indiqué que les perspectives de croissance économique mondiale s’étaient assombries en raison des tensions commerciales et de l’impact adverse des progrès technologiques.  Ces derniers étant cependant porteurs d’espoir pour opérer une percée dans la réalisation des ODD, il a appelé à orienter la technologie « dans la bonne direction » afin de contribuer au bien commun.

Outre les effets des changements climatiques et des événements climatiques extrêmes, le Secrétaire général adjoint a averti que la faim augmente: 821 millions de personnes étaient sous-alimentées en 2017 contre 784 millions en 2015.  Les inégalités de revenus, de richesses et d’opportunités se creusent dans de nombreux pays.  Un rapport qui sera publié début 2020 par le Département des affaires économiques et sociales (DESA) démontrera d’ailleurs que les inégalités basées sur le genre, l’âge, la race, l’ethnicité, le statut migratoire, les handicaps et le statut socioéconomique sont omniprésentes dans les pays développés comme dans les pays en développement.  Cette situation représente un défi croissant pour la stabilité et la prospérité mondiales, ainsi que pour la cohésion sociale et la confiance dans les institutions publiques, a-t-il prévenu.

M. Liu s’est également préoccupé de la persistance du manque de travail décent, soulignant que près de 90% des travailleurs des pays pauvres, et près de 84% des travailleurs des pays à revenu intermédiaire, sont toujours « pris au piège » dans le secteur informel.  Des formes d’emploi de mauvaise qualité et non conventionnels se propagent rapidement dans les économies avancées, et en 2018, plus d’un jeune sur 5 dans le monde n’était ni employé, ni en train de suivre une éducation ou une formation.

Les femmes, les jeunes, les personnes en situation de handicap et les personnes âgées font face à un risque élevé de chômage ou de sous-emploi, d’occuper une profession dangereuse ou de manque d’accès à la protection sociale.

De plus, les inégalités de genre persistent, a-t-il indiqué, précisant que les femmes représentent une écrasante majorité des 647 millions de personnes qui travaillent à plein temps sans être rémunérées.

M. Liu s’est également attardé sur le phénomène du vieillissement de la population, notant qu’en 2018, « pour la première fois dans l’histoire », les personnes de plus de 65 ans ont dépassé le nombre d’enfants de moins de 5 ans.  Et d’ici à 2050, elles dépasseront également le nombre d’adolescents et de jeunes de 15 à 24 ans, a-t-il ajouté.  Cette tendance illustre le succès énorme rencontré dans la réduction de la mortalité prématurée, mais souligne également l’importance d’adopter des politiques qui mettent à profit le vieillissement et considèrent les personnes âgées comme des agents actifs des efforts de développements.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite rappelé que le Sommet mondial pour le développement social fêtera son vingt-cinquième anniversaire en 2020 et a émis l’espoir que les États Membres se saisiront de cette occasion pour promouvoir le développement social et réaliser le Programme 2030.

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté les rapports au titre du point à l’ordre du jour. 

Dans un premier temps, elle a indiqué que le rapport du Secrétaire général intitulé « Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale » (A/74/205) souligne la nécessité d’intensifier la coopération internationale et l’accès équitable à l’éducation et à la santé, ainsi que les progrès dans la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet mondial pour le développement social et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le rapport identifie les lacunes et les défis tout en ébauchant les stratégies à même d’aligner la coopération internationale d’appui aux politiques et stratégies nationales aux fins d’accélérer les progrès. 

Le document donne également un aperçu des discussions qui se sont tenues à l’occasion de la cinquante-septième session de la Commission du développement durable.  Mme Bas a déclaré qu’il était essentiel d’investir dans les personnes pour pouvoir réellement développer les capacités humaines et atteindre le développement social.  Pour ce faire, il conviendrait d’accroître les dépenses dans les secteurs de l’éducation et de la santé pour harmoniser les cadres nationaux de financement avec les priorités et maximiser l’utilisation efficace des ressources existantes, a-t-elle estimé.  Le rapport traite, en outre, des besoins spécifiques de l’Afrique et des pays les moins avancés, ainsi que ceux de divers groupes vulnérables.  Il s’achève sur des recommandations visant à l’accélération des progrès en matière de couverture sanitaire universelle; de l’amélioration de la protection sociale, notamment les seuils; de la réponse aux difficultés spécifiques des groupes défavorisés; et de la mobilisation de ressources supplémentaires pour l’investissement dans l’infrastructure en eau et d’assainissement.

Passant à une note du Secrétariat intitulée « Situation sociale dans le monde en 2019: les déterminants de l’évolution future des inégalités » (A/74/135), Mme Bas a indiqué que ce document contient une analyse de l’incidence de quatre des grandes tendances, à savoir les innovations technologiques, les changements climatiques, l’urbanisation et les migrations internationales, sur les inégalités.  Elle a prévenu que si des mesures décisives ne sont pas prises pour gérer chacune de ces grandes tendances de manière équitable, les inégalités s’accroîtront dans le monde. 

La Directrice de la Division du développement social inclusif a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général « Promouvoir l’intégration sociale par l’inclusion sociale » (A/74/133) qui, a-t-elle expliqué, porte sur la réduction des inégalités par l’autonomisation de tous, la promotion de l’inclusion sociale, économique et politique, la protection sociale, l’apprentissage inclusif tout au long de la vie et d’autres mesures visant à faire progresser l’intégration sociale.  Ce document met en évidence les bonnes pratiques en matière d’élaboration de politiques inclusives aux niveaux national et international.  Il présente également une perspective de genre sur les efforts d’inclusion sociale centrée sur l’autonomisation économique des femmes, notamment dans l’accès à l’emploi, l’égalité salariale et les politiques conciliant vie familiale et vie professionnelle, y compris des congés parentaux payés et des services de garde d’enfants abordables.  Là encore, des efforts soutenus s’avèrent nécessaires pour mobiliser les ressources domestiques et optimiser les dépenses publiques, a-t-elle indiqué.  Le rapport a insisté en outre sur l’importance de l’accès à l’éducation pour les groupes en situation vulnérable. 

Poursuivant, Mme Bas a présenté le rapport du Secrétaire général « Rôle des coopératives dans le développement social » (A/74/206) qui est axé cette année sur la couverture sanitaire universelle et le rôle des coopératives dans la fourniture des soins de santé, 100 millions de ménages dans le monde jouissant de cet accès grâce aux coopératives.  Elle a signalé que la présence de ces « entreprises modèles a été confirmée dans 76 pays, avec plus de 3 300 coopératives de santé générant 15 milliards de dollars.  Par ailleurs, certaines coopératives se consacrent à la distribution de produits pharmaceutiques et, dans plusieurs pays, des coopératives fournissent des assurances médicales.  Le rapport examine également la contribution des coopératives à la promotion de l’inclusion financière, et analyse trois questions nouvelles: l’émergence de l’économie des plateformes, les changements climatiques et la crise des réfugiés, ainsi que les moyens pour ces coopératives de contribuer à ces domaines. 

Dans son rapport « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » (A/74/175), a-t-elle enchaîné, le Secrétaire général donne un aperçu des progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 72/146 de l’Assemblée générale, l’accent étant mis sur l’emploi et l’entrepreneuriat; la santé et le bien-être; la lutte contre les inégalités et la marginalisation.  Il recommande à l’Assemblée générale de veiller à intensifier les efforts face aux taux élevés de chômage et de sous-emploi des jeunes, en s’attachant à stimuler les synergies entre le secteur de l’éducation et le marché de l’emploi, et à mieux préparer les jeunes aux emplois de l’économie verte.  Il s’agit en outre de donner accès à des services de santé sûrs, efficaces, durables, non discriminatoires et adaptés, en dispensant notamment des traitements et conseils destinés aux personnes atteintes de troubles de santé mentale, a-t-elle ajouté. 

Mme Bas a également présenté le rapport du Secrétaire général sur la « Réalisation des objectifs de l’Année internationale de la famille et mécanismes mis en œuvre pour y donner suite » (A/74/61-E/2019/4), qui analyse les tendances récentes de la famille et contient de nombreuses bonnes pratiques d’élaboration de politique nationale de la famille.

La Directrice de la Division du développement social inclusif a aussi évoqué le rapport du Secrétaire général « Suite donnée à l’Année internationale des personnes âgées: deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement » (A/74/170), qui insiste sur la nécessité d’un leadership concerté afin d’opérationnaliser l’inclusion des personnes âgées dans la réduction des risques de catastrophes et des cadres locaux et nationaux de planification et de réponse d’urgence. 

Mme ROSA KORNFELD-MATTE, Experte indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a indiqué qu’elle s’était rendue au Mozambique du 24 avril au 2 mai courant pour être témoin des défis que rencontrent les personnes âgées en situation d’urgence.  Les défis sont exceptionnels, a-t-elle dit, avant d’appeler la communauté internationale à soutenir le pays à court, moyen et long terme. 

Elle a expliqué qu’elles soient provoquées par un conflit ou une catastrophe naturelle, les situations d’urgence ont une incidence sur l’exercice des droits de l’homme.  Les personnes âgées sont touchées de manière disproportionnée par ces phénomènes, mais malheureusement, elles restent invisibles, a-t-elle déploré.  Il est donc nécessaire d’accorder une attention particulière à la population âgée, à sa nature hétérogène et aux nombreux facteurs qui contribuent à sa vulnérabilité accrue et spécifique, a-t-elle plaidé.

Il est, en outre, indispensable de reconnaître le rôle important des personnes âgées, hommes et femmes, en cas de déplacements involontaires et forcés.  Le « vieillissement est une « construction sociale contextuelle », a-t-elle souligné, expliquant que les notions d’âge varient selon les circonstances, les conditions, les cultures et d’autres considérations et facteurs.  En situation d’urgence, cette relativité de l’âge affecte la collecte de données et par conséquent le soutien dont peuvent bénéficier les personnes âgées. 

Pour donner une idée de l’ampleur de la situation, l’Experte a indiqué qu’en 2017, 335 catastrophes naturelles avaient été recensées, touchant presque 100 millions de personnes dans le monde.  Trois pour cent des réfugiés avaient plus de 60 ans, des chiffres « énormes »! s’est-elle alarmée. 

Mme Kornfeld-Matte s’est également attardée sur la question « importante » de la santé mentale en situation d’urgence.  Elle a estimé essentiel de recenser « les besoins biopsychosociaux » des personnes âgées tout en considérant également des aspects culturels.  Certaines pathologies peuvent être provoquées par l’urgence, des problèmes préexistants et/ou l’intervention humanitaire, a-t-elle expliqué.  De plus, veiller au respect du droit des patients de donner leur consentement libre et éclairé concernant un traitement est une autre difficulté qui peut être aggravée en situation d’urgence, notamment lorsque l’administration des services de soins de santé est soumise à des pressions supplémentaires.

Dans son intervention, Mme Kornfeld-Matte a également soulevé le problème de la maltraitance des personnes âgées dans les situations d’urgence et de l’insuffisance de la sensibilisation à la prévalence de ce phénomène.  La violence systématique renvoie au non-respect des personnes âgées et de leurs besoins particuliers pendant les interventions d’urgence, les activités de secours ou la fourniture de services, a-t-elle indiqué.  Selon elle, on aurait tort de croire que les personnes âgées ne sont pas « soumises à la violence sexuelle et sexiste, y compris le viol, ou que toutes ces personnes sont prises en charge par leurs familles.

Elle a également signalé qu’outre la tendance générale à ne pas signaler tous les cas d’abus, de mauvais traitements et de violence, en situation d’urgence les obstacles au signalement surviennent également en raison du manque de mobilité, l’isolement, la peur des représailles et les difficultés de communication dues à des troubles du langage, de l’ouïe ou de la vue.

L’Experte a aussi parlé de l’incidence des technologies numériques sur les droits des personnes âgées.  Elle a notamment indiqué que l’identification biométrique qui est de plus en plus utilisée dans le cadre de la gestion de l’aide d’urgence et des réfugiés peut contribuer à en renforcer l’efficacité.  Cependant, ces solutions « prêtes à l’emploi » n’ont pas été conçues pour des acteurs humanitaires et ne suivent pas obligatoirement une approche fondée sur les droits de l’homme, a-t-elle prévenu.

Mme Kornfeld-Matte a, par ailleurs, salué l’Uruguay pour l’avoir accueillie lors de sa mission en novembre 2018.  Elle a expliqué que ce pays est à un stade avancé de transition démographique, près de 20% de sa population ayant plus de 60 ans.  Elle a félicité le Gouvernement uruguayen pour les progrès « significatifs » accomplis dans la protection des personnes âgées, notant qu’il est le premier à avoir ratifié la Convention interaméricaine sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées.  Cependant, a-t-elle poursuivi, davantage de ressources, notamment financières, doivent être allouées pour renforcer les besoins de ces personnes en matière de protection. 

Pour finir, l’Experte a rappelé l’importance de la Journée internationale des personnes âgées et a dit « œuvrer vers une égalité entre les tranches d’âge ».  Elle a conclu en citant la phrase « révélatrice » de l’auteur mozambicain contemporain Mia Couto dans son récit sur le sauvetage d’un homme âgé lors d’une inondation: « S’ils l’ont sauvé de la mort, ils ne l’ont pas sauvé de la vie. »

Dialogue avec l’Experte indépendante des Nations Unies, chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme

Les États-Unis ont reconnu que dans les situations de crise, les personnes âgées sont confrontées à des difficultés de toutes sortes, notamment dans les domaines de l’emploi et du logement.  Ils se sont dits d’accord avec les conclusions de l’Experte selon lesquelles les pensions améliorent la résilience des personnes âgées.  Ils ont toutefois fait valoir que tous les États Membres ne sont pas d’accord avec le concept de retraites non contributives.  Ils ont aussi souligné que les instruments existants protègent les droits de tous les individus, y compris ceux des personnes âgées.  Plutôt que d’utiliser nos ressources humaines et budgétaires, il serait donc préférable de nous consacrer à des mesures à court terme, ont-ils estimé, assurant que cette politique est celle que mènent les États-Unis.  Enfin, ils ont souhaité savoir quelles initiatives ont pris les Nations Unies en matière de collecte de données. 

Le Brésil a appelé à tenir compte de la nature hétérogène de la population âgée et de la contribution positive de ce groupe à la société.  Il a aussi souligné l’importance des enjeux liés au vieillissement rapide et à la vulnérabilité économique des personnes âgées, précisant que le Gouvernement brésilien avait lancé une réforme approfondie du système des retraites.  S’agissant de la protection des droits des personnes âgées, il a souhaité en savoir davantage sur l’importance des données ventilées pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes. 

« Déterminée » à participer au cadre normatif éventuel pour améliorer le statut des personnes âgées, la Slovénie a déclaré qu’elle souhaitait appliquer le principe de non-discrimination, y compris dans les contextes humanitaires.  Elle a demandé à connaître les bonnes pratiques rencontrées pour prendre en charge les personnes âgées dans les situations d’urgence.  Un cadre normatif pourrait-il améliorer la situation de ce groupe?

À son tour, l’Argentine a noté que la multiplication des crises humanitaires a un impact accru sur les populations concernées, à commencer par les groupes les plus vulnérables.  Les personnes âgées sont ainsi touchées de façon disproportionnée.  Elle a voulu savoir quelles mesures seraient efficaces pour améliorer l’accès des personnes âgées réfugiées aux systèmes de santé nationaux.  L’absence d’instrument juridique « complet » peut-il expliquer le manque de visibilité des personnes âgées en situation d’urgence?

Le vieillissement mondial est le grand défi socioéconomique de ce siècle, a reconnu le Royaume-Uni.  Constatant que les personnes âgées rencontrent de vraies difficultés en situation de crise, il a demandé comment les données pourraient être utilisées au mieux pour répondre de façon optimale à leurs besoins en situation d’urgence. 

L’Union européenne a expliqué accorder une attention particulière au problème de la discrimination liée à l’âge et s’est accordée sur l’importance d’appliquer des politiques ciblées afin de répondre de façon spécifique aux besoins de ces personnes.  Elle s’est interrogée sur la manière de surmonter ces défis et a demandé à obtenir des exemples de bonnes pratiques. 

À son tour, le Maroc a souhaité que l’on avance dans les discussions sur l’établissement d’un instrument international sur les droits des personnes âgées.  Il a également voulu savoir comment collecter au mieux des données dans les situations d’urgence et de crise.

Réagissant à ces commentaires, Mme Rosa Kornfeld-Matte a estimé qu’un instrument international serait « extrêmement » utile pour les personnes âgées, notamment en raison de leur vulnérabilité marquée.  S’agissant de la question de la collecte de données et de la meilleure façon d’y procéder, elle a souligné que la définition du concept d’âge peut différer énormément si l’on est réfugié ou simple citoyen d’une capitale.  En effet, a-t-elle expliqué, la situation d’un cinquantenaire dans un pays en situation de crise est différente de celle d’une personne célébrant son anniversaire à Paris, New York ou Londres.  Ces différences sont malheureusement ignorées, ce qui exclut une grande partie des individus. 

Elle a fait observer que la vulnérabilité peut être de nature sociale, l’absence de soutien à ce niveau pouvant avoir un fort impact au plan émotionnel.  À ses yeux, la méthode de collecte des informations doit tenir compte des liens sociaux (famille, proches, voisins) mais aussi de la situation des personnes à mobilité réduite.  De plus, a-t-elle insisté, cette catégorie de personnes est malheureusement moins visible en raison de l’absence de données ventilées.  Cela aggrave la situation de ces personnes qui ne sont pas prises en charge dans l’exécution des programmes. 

L’Experte a aussi soulevé le problème de la disparition des données en cas de catastrophes naturelles.  Elle a suggéré de procéder à des copies pour les préserver afin, par exemple, de connaître les antécédents médicaux des personnes vulnérables.  Elle a insisté sur l’importance de veiller à ce que ces dernières puissent donner leur consentement libre et éclairé dans les contextes médicaux, « ce qui n’est pas toujours le cas ».  Beaucoup de chemin reste à parcourir pour que ces personnes jouissent de leur droit, a-t-elle indiqué.  Elle a estimé que l’adoption d’un instrument international sur les personnes âgées est une nécessité, ces dernières étant des « sujets de droit et non pas seulement des bénéficiaires ». 

Débat général

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SOMAIA BARGHOUTI, de l’État de Palestine, a souhaité que cette session soit l’occasion pour les États Membres de mettre l’accent sur les suites à donner au Sommet mondial pour le développement social et sur les objectifs de développent durable à l’horizon 2030 (ODD).  Près de 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social, d’importantes lacunes persistent a-t-elle relevé, pointant notamment l’augmentation des inégalités en matière de revenus.  Cela entrave la capacité des États Membres à tenir les engagements pris lors Sommet mondial et à tenir la promesse du Programme 2030, a-t-elle prévenu. 

La représentante s’est cependant félicitée que, lors du sommet sur le suivi de la réalisation des ODD, organisé la semaine dernière, il a été suggéré de lancer une décennie pour atteindre les ODD d’ici à 2030.  Elle a également salué l’adoption, pendant la semaine de haut niveau, de la déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi évoqué l’Année internationale de la famille, qui vise à peser sur les politiques familiales, et a invité les États Membres à continuer d’investir dans ce domaine. 

Le Groupe reconnaît par ailleurs la précieuse contribution des personnes âgées au devenir des sociétés et appelle la communauté internationale à lutter contre les discriminations afin de s’assurer que les personnes âgées jouissent de leurs droits de l’homme et de leur dignité.  Le Groupe, a poursuivi la représentante, salue également les progrès réalisés afin d’incorporer la question du handicap dans la mise en œuvre des efforts de développement nationaux.  Le G77 réaffirme enfin que la coopération Nord-Sud demeure un facteur important de développement durable.  De même, la coopération Sud-Sud devrait compléter la coopération Nord-Sud plutôt que d’être considérée comme un substitut, a-t-elle conclu. 

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. LAZAROUS KAPAMBWE (Zambie) a fait part des progrès enregistrés en Afrique, comme en attestent les chiffres de la croissance économique et de la protection sociale.  Malgré cela, a-t-il reconnu, les inégalités de revenus se creusent et l’Afrique est toujours la dernière au monde en matière d’avancement socioéconomique.  La création d’emplois reste faible et une grande majorité de jeunes est sans emploi, sans éducation ni formation, et quand ils travaillent, ce sont des emplois vulnérables, dans le secteur informel, avec des bas salaires et des mauvaises conditions de travail, sans parler de l’absence de protection sociale, a-t-il déploré.  L’Afrique est convaincue que l’industrialisation est une des voies les plus viables pour générer l’emploi, la croissance et le développement.  C’est d’ailleurs ce qu’est la Position commune africaine arrêtée après l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Toutefois, a souligné le représentant, le manque d’infrastructures, le manque d’accès aux marchés et aux technologies ainsi que l’impact des changements climatiques sur le secteur agricole empêchent la diversification d’économies trop lourdement dépendantes des ressources naturelles.  En outre, aujourd’hui, des secteurs comme l’agriculture, la pêche et le tourisme, que certains pays africains ont su exploiter, sont désormais menacés par les catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques.  Le représentant a conclu en appelant à une pleine mise en œuvre de la Déclaration de Copenhague et de l’Accord de Paris sur le climat.

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé qu’en 1995, lors du Sommet mondial sur le développement social, la communauté internationale s’était collectivement engagée à autonomiser les populations, à accroître leur capacités, ressources et opportunités.  Mais 25 ans plus tard, les inégalités persistent, a-t-il déploré, réitérant la détermination des membres de la CARICOM à améliorer le bien-être de leur population.  Pour cette raison, ces pays apprécient le thème de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale. 

Le représentant a ensuite rappelé que sa région était hautement sensible aux effets des changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  Cette réalité empiète sur ses capacités à répondre aux engagements pris au plan international, a-t-il affirmé, ajoutant aussi que la CARICOM restait engagée à continuer d’améliorer différents secteurs, dont celui de la santé. 

Il a également déclaré que le développement social devait prendre en compte la contribution des jeunes.  Pour cette raison les pays de la CARICOM continuent de fournir aux jeunes les moyens de contribuer, de faire entendre leurs voix et d’exprimer leurs talents.  Ils reconnaissent la participation des jeunes aux débats sur les changements climatiques et saluent leurs engagements, notamment lors du dernier sommet sur le climat organisé par les Nations Unies.  La CARICOM espère que les thématiques liées aux jeunes seront mises en œuvre dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a dit le représentant. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a constaté que, plus que jamais, le monde est aujourd’hui confronté à un ensemble de crises et à des défis d’ordre environnemental, social et économique qui ont des conséquences délétères sur le développement social.  À ses yeux, l’accent devrait être mis sur l’importance de la fourniture de produits et services de base aux populations les plus vulnérables.  Le programme de l’ASEAN dans le domaine du développement social se retrouve dans plusieurs documents de l’Association, notamment dans sa Vision 2020, sa déclaration Concord 1 de 1976 et Concord II de 2003, ainsi que dans le Plan d’action de Hanoï visant à créer une ASEAN reposant sur des sociétés équitables, harmonieuses et cohérentes. 

Dans ces différents cadres, a expliqué le représentant, l’ASEAN a pu dresser la liste des difficultés que rencontrent des groupes comme les jeunes, les personnes âgées, les personnes handicapées et les familles pour garantir leurs droits et leur inclusivité.  L’ASEAN est guidée par des textes fondamentaux tels que la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention sur les droits des personnes handicapées et la Déclaration de Madrid sur le vieillissement.  Il a de plus indiqué que pour le groupe régional, le Programme 2030 sert d’excellent cadre en vue de créer une communauté mondiale plus inclusive et plus prospère.  Il importe à cet égard d’investir dans le bien-être de la population afin de garantir le développement social et la paix, a-t-il souligné.  Affirmant par ailleurs accorder une grande importance à la parité hommes-femmes et à la promotion des jeunes, il a confirmé l’engagement de l’ASEAN à participer aux délibérations relatives au développement social au sein de la Troisième Commission, son objectif étant de façonner des sociétés inclusives dans la région de l’Asie du Sud-Est. 

M. HÉCTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), qui s’exprimait au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a indiqué que l’intégration sociale est l’un des cinq piliers du système du SICA qui vise à promouvoir une croissance économique inclusive, le progrès social et le développement durable. 

Cette approche est basée sur l’adoption et la mise en œuvre de programmes de développement et politiques nationales avec des objectifs concrets et un calendrier, le but étant de permettre à tous la jouissance des droits civiques, humains, économiques, politiques, culturels et environnementaux.

À cet égard, il a souligné l’importance de soutenir les États dans leurs efforts de lutte contre les inégalités et les défis à l’inclusion sociale, à travers des politiques de protection budgétaire, salariale et sociale, ainsi que par le biais de l’autonomisation des personnes en situation de vulnérabilité, notamment les femmes, les enfants, les jeunes, les peuples autochtones, les personnes d’ascendance africaine en plus des personnes âgées et des personnes handicapées, des minorités et des migrants.

Le représentant a fait part de la conviction du SICA que des systèmes nationaux de protection sociale appropriés peuvent assurer le respect des droits de l’homme de chacun, en particulier pour les personnes en proie à la pauvreté, la marginalisation et la discrimination. 

Il a de plus estimé que la promotion d’un accès universel aux services sociaux ainsi que la mise en place de filets de sécurité sociale sont de nature à réduire la pauvreté et promouvoir une croissance économique inclusive. 

M. Jaime Calderón a par ailleurs fait part de l’inquiétude de sa région face au nombre des personnes âgées de 60 ans et plus qui représenteront 56% de la population à l’horizon 2050.  Il a indiqué que cette tendance démographique augmente rapidement dans les pays en développement et représente à la fois une opportunité de bénéficier de l’expérience de cette tranche d’âge mais également un défi, en ce qui concerne la conception et la mise en œuvre des politiques d’inclusion sociale et de solidarité intergénérationnelle.  À cet égard, il a souligné le rôle clef des familles dans le développement social.

M. CHRISTOPHE MICHEL JEAN-PIERRE FORAX, de l’Union européenne (UE), a assuré que l’UE était pleinement déterminée à promouvoir une éducation et une formation de qualité à tous les niveaux, sans discrimination de genre ni d’âge ou de handicap, estimant qu’il s’agit d’un droit humain fondamental pour briser le cycle de la pauvreté.  Cet engagement doit contribuer grandement à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et aux ODD, a-t-il estimé.

Il a également indiqué que la santé est un élément central d’une croissance et d’un développement durables et équitables et a réaffirmé le droit de chacun à accéder à la meilleure santé possible, de façon à promouvoir la dignité humaine, le bien-être et la prospérité.  À cette fin, l’UE continue de soutenir les pays partenaires dans leurs efforts pour bâtir des systèmes de santé solides et résilients, ainsi que les efforts en vue d’une protection sociale universelle.

M. Forax a ensuite indiqué que si les inégalités au sein de l’Europe sont moindres que dans les autres régions du monde, ce n’est pas par hasard mais le résultat de ses politiques publiques.  Il a cependant reconnu que certains groupes restent désavantagés dans leur accès aux soins de qualité, à l’emploi et à l’éducation, notamment les personnes handicapées.  Sans les politiques redistributives conduites au sein de l’UE ces inégalités seraient cependant bien pires, a-t-il nuancé, précisant que des salaires minimums sont en vigueur dans 22 des 28 États de l’Union.  Les systèmes de protection sociale ont également aidé l’Europe à minimiser les inégalités croissantes observées dans le monde depuis les années 1980.  Mais maintenir et améliorer le modèle de protection sociale de l’UE sera sans doute le défi le plus redoutable de la prochaine décennie, a-t-il toutefois prévenu.

Le représentant a déploré la persistance des inégalités salariales en Europe, et le fait que les jeunes soient substantiellement moins bien payés que les adultes.  L’UE a donc lancé une « garantie jeunesse » destinée aux moins de 25 ans pour faciliter leur obtention d’offres d’emploi de qualité, entre autres.  Même si le chômage des jeunes a atteint son plus bas niveau depuis 2000, des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment pour atteindre les jeunes qui ont le moins d’opportunités.

L’UE s’engage également à combler les écarts qui persistent aux stades les plus avancés de la vie.  Elle a d’ailleurs l’intention de développer un livre vert de la vie active pour renforcer le droit à l’autonomie des personnes âgées.  Enfin les inégalités se font également au détriment des femmes: pour les surmonter, une recommandation sur la transparence salariale vise à réduire les différences de salaires entre 2017 et 2019, et une directive adoptée cet été établit des normes minimales pour les congés parentaux.  La Commission a également pris des engagements contre la violence faite aux femmes, une sur trois ayant à en souffrir dans l’UE.  Enfin, M. Forax a regretté qu’au sein de l’UE, 30% des personnes handicapées âgées de 16 ans et plus vivent dans un foyer menacé de pauvreté ou d’exclusion – contre moins de 21% pour le reste de la population.

Le représentant a par ailleurs fait savoir que la nouvelle présidence de la Commission européenne a l’intention de proposer des dispositions juridiques qui garantiraient à chaque travailleur de l’UE un salaire minimum, une assurance chômage et renforcerait les garanties des jeunes contre le chômage.

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili), s’exprimant au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, a fait part de l’augmentation mondiale du nombre de personnes âgées et de la tendance croissante au vieillissement des sociétés dans le monde entier, source de nouveaux défis pour le développement qui, a-t-il estimé, doivent être mieux pris en compte.  À ses yeux, cette évolution offre l’occasion de prendre des mesures efficaces contre la discrimination fondée sur l’âge, et de considérer enfin les personnes âgées comme des contributeurs actifs de la société, et non comme des assistés passifs et des fardeaux pour les services sociaux et l’économie. 

Il a parlé de la pauvreté et des conditions de vie inadéquates dont souffrent beaucoup de personnes âgées, trop souvent privées de logement, de sanitaires et de soins pour des maladies chroniques, souffrant également de malnutrition et du manque d’accès à l’eau potable. 

Il a rappelé que malgré leur dénuement, ces personnes font souvent vivre leur famille et ont la charge de petits-enfants et d’autres membres du foyer.  D’où, à son sens, la nécessité de politiques intersectorielles, et de cadres juridiques adaptés, permettant l’insertion des personnes âgées dans la vie sociale, économique, civique et politique, à l’abri des contraintes, des discriminations et des violences, qui assurent également leur dignité et leur participation au développement de la société. 

Le représentant a indiqué que ces mesures sont essentielles pour la réussite du Programme 2030.  Il a regretté que le Plan d’action de Madrid reste un instrument non contraignant pour les États.  Sa mise en œuvre inégale, les écarts entre politiques et pratique effective le rendent encore insuffisant pour garantir les droits de l’homme des personnes âgées, a-t-il prévenu.

Mme AL ABTAN (Iraq) a jugé important de créer des institutions capables de renforcer le développement social afin de s’assurer que personne ne soit laissé de côté.  Soucieux de parvenir à cet objectif, l’Iraq a créé un fonds souverain pour le développement de la jeunesse afin de développer des moyens d’action.  Le Gouvernement iraquien a également lancé un plan quinquennal qui vise à renforcer, à cette fin, le rôle du secteur privé, la création de programmes de travail et des activités économiques pionnières.  Le pays œuvre également à des programmes visant à répondre aux besoins des personnes âgées et à leur inclusion dans la société.  S’agissant des personnes handicapées, la représentante a précisé que l’Iraq collabore avec différentes agences spécialisées pour leur fournir un soutien médical et financier, tout en mettant en place des programmes spéciaux destinés à prévenir les violences à leur encontre. 

Mme AKANE MIYAZAKI (Japon) a assuré que son pays accorde une grande importance à « l’autonomisation holistique » de tous les individus, y compris les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les jeunes et les personnes LGBTI.  Le Japon tirera parti de l’élan créé par les Jeux paralympiques 2020 de Tokyo pour promouvoir la participation active des personnes handicapées dans divers secteurs, au-delà du sport. 

Au niveau international, a expliqué la représentante, son pays promeut la couverture sanitaire universelle, notamment en Afrique, un thème soulevé lors du Sommet du G20 qui s’est tenu en juin dernier à Osaka.  Au mois d’août, la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), organisée à Yokohama, a mis l’accent sur l’augmentation des investissements privés en Afrique.  En outre, depuis 2014, a rappelé Mme Miyazaki, le Japon accueille l’Assemblée mondiale pour les femmes (« WAW! ») et débat des questions de parité.  La prochaine Assemblée se réunira à Tokyo les 3 et 4 avril 2020, a-t-elle précisé.

Mme WAGNER (Suisse) a rappelé que la lutte contre les inégalités constitue l’un des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a toutefois déploré que les États ne disposent, ni au plan national ni à l’échelle internationale, des instruments statistiques idoines pour mener une action efficace en la matière.  Bien que des pistes soient mises à l’étude par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou le Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU, nous ne pouvons nous résigner à cet aspect, a déclaré la représentante.  La Suisse, a-t-elle souligné, soutient les efforts visant à promouvoir l’utilisation des statistiques et considère qu’un élément central consiste à placer les victimes d’inégalités au centre du processus. 

S’exprimant à son tour, la déléguée de la jeunesse suisse, Mme JOHO, a noté que cette année marque le centenaire de l’Organisation internationale du Travail, 100 ans d’engagement en faveur de la sécurité sociale et donc de la paix et de la prospérité.  Elle a cependant constaté que les jeunes générations sont touchées par un taux de chômage très élevé dans le monde et que plus d’un jeune sur 5 est aujourd’hui déscolarisé.  Cet état de fait n’est pas seulement source d’un manque de ressources financières pour les jeunes concernés, il entraîne aussi un isolement et une perte pour toute l’économie, a-t-elle prévenu.  Qualifiant l’accès à l’éducation de priorité pour tous les États, elle a noté que le système de formation professionnelle suisse aide à lutter contre le chômage car la formation théorique est complétée par une expérience en entreprise.  Une telle démarche fortifie la cohésion sociale et solidifie le marché du travail en pleine mutation, a-t-elle conclu.

Pour Mme RENEVIER (Luxembourg), la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) demande une planification intégrée, transversale et cohérente des actions relevant de plusieurs domaines politiques.  Elle a mis l’accent sur l’objectif 10 de développement durable relatif à la réduction des inégalités et l’objectif 8 sur la garantie d’un emploi décent et la croissance économique.  Dans la poursuite de ces deux objectifs, a-t-elle expliqué, le Luxembourg a remplacé le revenu minimum garanti (RMG) par le revenu d’inclusion sociale (REVIS) qui se compose de deux allocations distinctes qui sont « l’allocation inclusion », donnant les moyens de subsistance de base aux personnes n’ayant pas ou très peu de revenus, et « l’allocation d’activation », en échange de laquelle le bénéficiaire doit participer à des activités, des cours ou des formations, ce qui doit permettre aux personnes éloignées du marché de l’emploi de bénéficier de mesures d’activation sociale et professionnelle.

La lutte contre l’exclusion sociale est un objectif essentiel pour le Luxembourg, a-t-elle précisé, ajoutant que le Gouvernement cherche à mettre en place une stratégie « active ageing », une approche transversale qui devrait permettre de promouvoir activement le bien-être et la qualité de vie des personnes âgées.  Par ailleurs, l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration est chargé d’organiser l’accueil des demandeurs d’asile et un parcours d’intégration accompagné a été développé ainsi que des cours de langue.  La représentante a également évoqué les mesures prises en faveur des personnes handicapées afin de leur permettre de pleinement participer aux activités quotidiennes et pouvoir prétendre à un travail correspondant à leurs compétences.  De plus, le Gouvernement a mis en place une législation favorable aux familles, notamment en termes de congé de paternité qui est passé de 2 à 10 jours, dont 8 pris en charge par l’État, a confié la représentante, ajoutant que désormais, le congé parental peut être pris à plein temps sur quatre à six mois, ou de manière fractionnée de plusieurs périodes d’un mois.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a indiqué qu’il y a un an de cela, la population de son pays a voté pour le changement, la justice, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et une plus grande reddition des comptes.  Le nouveau Président a promis de traiter tous les citoyens des Maldives avec dignité et sans discrimination sur la base de l’ethnie et du lieu d’origine, a assuré la représentante.  Et le nouveau Gouvernement accorde une grande importance à la lutte contre les changements climatiques, qu’il intègre à ses programmes de développement social afin de ne pas reculer sur les avancées réalisées dans ce domaine.  Dans le même ordre d’idées, le Ministère du genre, de la famille et des services sociaux a incorporé la couverture sanitaire universelle à ses objectifs. 

Ces dernières années, a poursuivi la déléguée, les Maldives ont tenté d’améliorer la qualité de leurs services sanitaires, ce qui a permis d’éliminer un certain nombre de maladies transmissibles comme la polio, le paludisme, la rougeole et, plus récemment, la transmission du VIH de la mère à l’enfant.  Cela s’est toutefois accompagné d’un essor des maladies non transmissibles liées aux changements dans les modes de vie, a-t-elle concédé.  Le Gouvernement s’engage par ailleurs à fournir une éducation de qualité pour contribuer au développement socioéconomique du pays.  La lutte contre l’inégalité des chances a permis une scolarisation proche de 90%, s’est-elle enorgueillie.  Elle a ajouté qu’une action était menée au plan national dans le domaine de la formation professionnelle afin de créer des possibilités d’emploi pour les jeunes.  Elle a conclu son propos en soulignant l’importance accordée par son pays à l’appui aux personnes âgées et handicapées, via la création d’institutions visant à leur donner les mêmes chances et droits que les autres citoyens. 

Après avoir mis l’accent sur la diversité des jeunes, M. NIKOLAS KARANIKOLAS, délégué de la jeunesse de l’Allemagne, a déclaré que l’ONU est à la croisée des chemins s’agissant de la participation des jeunes.  Il a pointé les États qui laissent les migrants se noyer en mer, progresser les changements climatiques, des personnes être persécutées en raison de leur religion ou croyance, leur ethnicité ou leur orientation.  Il a par ailleurs appelé l’ONU à fournir des stages rémunérés, une mesure que les jeunes délégués allemands réclament depuis 15 ans.  Il a affirmé que sa génération est la première qui peut mettre fin à l’extrême pauvreté et peut-être la dernière à pouvoir arrêter la progression des changements climatiques.  « Nous avons le potentiel, les ressources et le savoir-faire pour changer le monde, mais nous ne le faisons pas, perdus que nous sommes dans nos égoïsmes et nationalismes », a-t-il déploré.  Les jeunes vous observent et « ma hantise est qu’ils perdent espoir en les Nations Unies ». 

À son tour, Mme JOSEPHINE HEBLING, déléguée de la jeunesse de l’Allemagne, a rapporté que lorsqu’elle et ses confrères avaient travaillé avec des jeunes dans le cadre d’ateliers pour collecter des idées, nombre d’entre eux n’avaient jamais entendu parler des Nations Unies.  La plupart, non habitués à exprimer leurs opinions personnelles, étaient même étonnés de l’opportunité qui leur était donnée de contribuer à des changements au plan international.  Mais la problématique la plus citée dans le cadre des différents ateliers est celle de la protection de l’environnement, a fait observer la déléguée qui a précisé que leurs préoccupations portent sur l’impact des activités humaines sur l’environnement.  Elle a également témoigné de leur anxiété et colère face à l’inaction aux niveaux local, national et international.  Elle a prévenu que cela conduit à une perte de confiance vis-à-vis des décideurs qui n’associent pas les jeunes aux processus de prise de décisions. 

Mme ESTER HALLSDOTTIR, déléguée de la jeunesse de l’Islande, s’est dite honorée d’appartenir à la première délégation des jeunes de son pays aux Nations Unies.  Elle a salué la volonté politique croissante des dirigeants de l’Islande de favoriser une meilleure participation de leur jeunesse aux processus de prise de décisions, tout en relevant que des progrès demeurent nécessaires.  Elle a notamment cité la mise en œuvre d’une politique nationale de la jeunesse, et la révision des lois actuelles qui par exemple, empêchent les jeunes de moins de 18 ans de siéger aux conseils d’organisations et de participer pleinement à la démocratie. 

« Nous sommes trop souvent les jeunes de service », a-t-elle regretté.  Malgré l’apparence d’une inclusion, nos voix ne sont pas vraiment entendues, ce qui peut décourager l’engagement civique des jeunes.  Nous ne nous résumons pas à une stratégie de relations publiques.  Au contraire, nous contribuons à la société et au progrès social. »

Mme Hallsdottir a ensuite indiqué qu’en Islande, des enfants et des jeunes gens ont participé comme des millions d’autres dans le monde, aux grèves d’écoles pour la défense du climat, et a constaté que cette unité des jeunes pousse les leaders mondiaux à intensifier la coopération internationale et à se montrer solidaires sans oublier d’associer la jeunesse à leurs efforts.

Enfin, la déléguée a rappelé que « dans le groupe déjà marginalisé des jeunes », certains subissent en outre de multiples discriminations.  « Bien que l’Islande soit considérée comme la nation la plus avancée sur la question de l’égalité des sexes, ce but n’a pas été pleinement atteint », a-t-elle déploré, citant les témoignages de femmes islandaises durant le mouvement #METOO qui ont mis en lumière d’innombrables cas de violences sexuelles et de harcèlement dans leur pays.  Elle s’est également inquiétée du contrecoup infligé aux droits sexuels et reproductifs des femmes et a conjuré « les pays qui aspirent à défendre les droits de l’homme et être des leaders mondiaux de se montrer les ardents défenseurs des droits humains des femmes ».

M. EL-ANSARY, délégué de la jeunesse de l’Australie, a mis l’accent sur le nombre croissant des jeunes confrontés à l’incertitude concernant leur avenir.  Il a expliqué s’être rendu dans les territoires les plus reculés de son pays pour aller à la rencontre des jeunes de son âge.  S’il a vu que le système créé en Australie pouvait leur être utile, il a surtout constaté qu’une fois inclus au sein de la société, les jeunes la façonnent grâce à leur créativité.  Il a souhaité transmettre un message d’espoir, relevant toutefois que cet espoir est aujourd’hui entravé par la peur.  J’ai peur que nous n’ayons pas voix au chapitre, a-t-il avoué. 

Il a notamment rapporté que beaucoup de jeunes lui ont parlé de stigmatisation, d’un manque de formation, de l’absence de travail, des difficultés liées au coût de la vie et au chômage, des problèmes de logement, mais aussi de discriminations.  C’est ainsi que des membres de la communauté LGBTI se sentent ostracisés et que des membres de communautés autochtones ignorent l’importance de leur culture.  Tous m’ont parlé de leur peur liée aux changements climatiques, a-t-il ajouté, parlant de jeunes agriculteurs incapables de nourrir leur bétail en raison de la sécheresse.  Mais il y a de l’espoir, a-t-il néanmoins estimé, car les jeunes Australiens croient à la possibilité de créer un monde meilleur.  Nous croyons que nous pourrons être les architectes de l’avenir, mais cela ne sera possible que si nous sommes inclus dans la conversation qui façonne notre vie, a-t-il conclu. 

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a axé son intervention sur les droits des personnes âgées et l’importance de disposer d’un contenu normatif des obligations qui s’appliqueraient aux États.  Il est de notre devoir, a-t-elle déclaré, de garantir les droits des personnes âgées.  La représentante a reconnu les efforts fournis par la société civile en la matière et a indiqué que son gouvernement promeut des discussions sur l’élaboration d’un cadre contraignant pour le respect des droits des personnes âgées.  La Slovénie développe aussi une campagne pour démontrer comment les perceptions négatives dont pâtissent les personnes âgées représentent le plus grand obstacle à leur inclusion.  La Slovénie développe également un plan d’action national pour la mise en œuvre effective d’une stratégie incluant une approche complète qui comprenne soins de santé, éducation, protection sociale, accès à l’emploi et des questions d’ordre juridique.

Lui emboîtant le pas, M. PATRICK BOLE, délégué de la jeunesse de la Slovénie, a présenté les défis auxquels sont confrontés les jeunes, insistant notamment sur les préoccupations qui accompagnent la numérisation, notamment la désinformation.  Il a expliqué que 99% des jeunes de Slovénie ont accès au monde numérique et que sur les réseaux sociaux, les jeunes s’expriment, notamment au sujet des changements climatiques.  Les jeunes slovènes sont cependant conscients que pas tous n’ont accès au monde numérique.  « Nous avons vu tomber le mur de fer, mais il faudrait à présent faire tomber le mur numérique entre ceux qui maîtrisent le monde numérique et ceux qui n’ont pas ces compétences », a-t-il dit.

Mme INMACULADA AVOMO ESONO KIEBIYENE (Guinée équatoriale) a détaillé le contenu du Plan national de développement économique et social à l’horizon 2035 adopté par son gouvernement pour éradiquer la pauvreté, lutter contre les inégalités sociales, accélérer l’industrialisation du pays et garantir la protection de l’environnement. 

En matière de santé, la représentante a indiqué que son pays garantissait désormais la gratuité de la santé maternelle, néonatale et infantile, y compris pour les accouchements par césarienne et les femmes souffrant de fistules obstétricales.  Au nombre des soins remboursés, figurent également le diagnostic, la prévention et le traitement du cancer du col utérin et les consultations médicales dans les centres hospitaliers régionaux, notamment pour les malades atteintes de paludisme et du VIH/sida.  La représentante a aussi indiqué que la Guinée équatoriale avait procédé à la construction de la première clinique de santé mentale du pays, dans la localité de Sampaka.

S’agissant de l’éducation, la représentante a déclaré que l’école gratuite et obligatoire était désormais de mise aux niveaux maternel et primaire pour les Équato-Guinéens comme pour les résidents étrangers, de même que la formation professionnelle.  En matière d’emploi, la représentante a indiqué que la loi nationale interdisait toute discrimination salariale pour des motifs de genre dans la fonction publique.

En outre, la représentante a indiqué que son gouvernement avait fourni plus de 4 000 logements sociaux à la population du pays.  Tous les Équato-Guinéens, a-t-elle enfin précisé, ont désormais accès à l’eau potable et 66% d’entre eux ont accès à l’électricité.

Mme AYSE INANC-ORNEKOL (Turquie) a observé que, par le biais du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale s’est embarquée sur une voie courageuse qui vise à ne laisser personne de côté.  Mais si des progrès ont été réalisés en matière de développement social, les avancées restent inégales, a-t-elle noté.  Il faut, selon elle, adopter une approche globale pour intégrer les personnes vulnérables aux efforts de développement mondiaux. 

Elle a expliqué que le modèle de développement de la Turquie est centré sur l’humain et se concentre sur la croissance économique, l’inclusion sociale et la protection environnementale.  Le pays a également fait de la mise en œuvre des ODD une priorité, comme en atteste son plan de développement 2019-2023, qui a été élaboré en fonction du Programme 2030.  Dans ce cadre, la Turquie accorde une attention particulière aux jeunes, aux personnes âgées et aux personnes handicapées.  Elle prend notamment en compte les besoins de la population vieillissante, ce qui l’a conduite à organiser en février, à Ankara, le premier Conseil international sur le vieillissement, qui se veut une plateforme pour procéder à des échanges d’idées sur cette question. 

En ce qui concerne les handicapés, la Turquie s’emploie à les intégrer à la vie sociale en tant que citoyens à part entière, notamment en promouvant leur accès à l’éducation et à l’emploi.  Relevant que la moitié de la population turque a moins de 22 ans, la représentante a noté que son pays s’efforce de les faire participer aux décisions les concernant.  Des projets en matière de formation professionnelle sont ainsi menés pour permettre aux jeunes et aux femmes de jouir de meilleures conditions de vie.  Enfin, la représentante a rappelé que la Turquie accueille sur son territoire 1,5 million de réfugiés qui bénéficient de services sociaux et de soins de santé. 

Pour M. GONZALO ARNALDO RIVERA ROLDAN (Pérou), la composante sociale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 doit se concentrer sur l’autonomisation des personnes les plus vulnérables afin de bâtir des sociétés plus inclusives, plus participatives, et plus justes.  Pour y parvenir, le Pérou a fait du développement social et du bien-être de sa population les axes principaux de ses politiques.  Il vise ainsi en priorité la réduction drastique du taux d’anémie chez les enfants de moins de 3 ans et les femmes enceintes et a élaboré un plan spécifique à cette fin qui mobilise toutes les agences du gouvernement et les secteurs concernés.  Le Pérou a également accueilli, en août, la troisième Conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine, qu’il présidera jusqu’en 2020.

Le représentant a ensuite fait observer que le développement social ne dépend pas uniquement d’une croissance économique solide, mais aussi de politiques publiques de lutte contre la pauvreté et d’intégration sociale.  C’est d’ailleurs pour cette raison que le Gouvernement péruvien s’est fixé pour objectif de réduire la pauvreté de 15% en favorisant l’accès à l’eau, à l’hygiène, à l’électricité et aux télécommunications. 

Il a, par ailleurs, fait savoir que le Pérou présentera cette année, pour la cinquième fois, le projet de résolution consacré à la promotion de l’intégration sociale grâce à l’inclusion sociale.

Mme HELLEN MKHWEO CHIFWAILA (Zambie) a estimé que beaucoup de progrès étaient encore attendus, 25 ans après le Sommet mondial pour le développement social.  Elle a expliqué que le Gouvernement zambien était déterminé à établir des politiques de développement social en mettant l’accent sur la protection sociale des plus démunis, notamment dans les zones rurales.  Elle a souligné les efforts de son pays pour permettre à 18 706 travailleurs du secteur économique informel d’être couverts par le régime de retraite à partir de juin 2019.  Elle a aussi expliqué que son gouvernement avait lancé en mai 2015 une politique nationale sur le vieillissement pour s’attaquer à toutes les questions auxquelles font face les personnes âgées, dont la pauvreté, la santé, l’alimentation, les revenus et les conditions de vie en général. 

« Pour améliorer la productivité, le Gouvernement a entrepris des réformes du droit du travail dans le souci de promouvoir les droits des travailleurs », a poursuivi la représentante de la Zambie avant d’annoncer que son pays avait intégré plusieurs législations, dont celles relatives à l’emploi, l’emploi des jeunes, les enfants, les revenus minimums et les conditions de travail, à un code du travail « unique » adopté par le Parlement en avril 2019.  Dans le domaine de la santé, elle a indiqué que la Zambie avait décidé de faire de la réalisation de la couverture sanitaire universelle une priorité.  « Nous sommes conscients que pour atteindre cet objectif, nous devrons non seulement améliorer nos infrastructures mais aussi les compétences humaines de ceux qui sont en charge de nos services de santé », a-t-elle indiqué. 

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que toutes les mesures destinées à bâtir des sociétés inclusives devaient avoir une vision claire de la centralité de la personne humaine, de la dignité humaine et des droits inaliénables qui découlent de celle-ci.  Le développement humain et le plein exercice de la dignité humaine ne peuvent être imposés, ils doivent se développer en chaque être humain et dans chaque famille, en relation avec les autres, a-t-il estimé. 

Mgr Auza s’est attaché au sort des personnes âgées, qui, a-t-il souligné doivent bénéficier de nouvelles opportunités d’accès à l’éducation et à l’emploi afin de continuer à être des membres à part entière de la société.  Il faut aussi mettre fin à l’approche « profondément fallacieuse et utilitariste » qui ne met en valeur les personnes âgées que par leur impact économique, a-t-il ajouté.  Il a appelé à assurer à ces personnes des services médicaux de qualité, sans la discrimination dont elles sont parfois victimes, notamment en fin de vie. 

L’Observateur permanent a de même rappelé l’importance d’un accès à l’éducation et à l’emploi pour les personnes handicapées, soumises à de nombreuses formes de discrimination.  Mgr Auza a notamment insisté sur la discrimination des personnes diagnostiquées comme ayant un handicap avant leur naissance, faisant état d’un haut niveau d’avortement qui montre que « l’une des pires formes de discrimination se produit à cet âge tendre de la vie ».  Il a regretté que la Convention relative aux droits des personnes handicapées n’assure pas de protection dans ce domaine. 

Mgr Auza s’est enfin inquiété de l’exclusion ou de la marginalisation des jeunes qui, privés d’emploi et de perspectives, peuvent devenir la proie de la radicalisation et du recrutement par des groupes armés, à moins qu’ils ne soient contraints d’émigrer vers des pays qui ne veulent pas d’eux. 

Pour l’Observateur permanent, la protection de ces trois groupes vulnérables et la promotion de leur inclusion impliquent un investissement dans la famille, qui est « peut-être le plus efficace filet de protection sociale ».  Les programmes sociaux et initiatives gouvernementales devraient donc soutenir ce rôle premier et irremplaçable de la famille, a-t-il estimé.

M. ALEJANDRO GUILLERMO VERDIER (Argentine) a pointé les niveaux élevés de pauvreté comme obstacle majeur au plein exercice des droits de la personne et à un développement durable inclusif.  En guise de remède, il a souligné le caractère indispensable de l’élaboration et de l’exécution de politiques publiques intégrales d’inclusion sociale axées sur les droits pour garantir l’intégration de tous les groupes sociaux en situation de vulnérabilité à chaque étape de la vie.  L’Argentine s’est dotée d’un solide système de protection sociale axé sur les familles en situation de vulnérabilité sociale et de pauvreté.  Ce système, a-t-il expliqué, repose sur un seuil de revenus minimal, l’amélioration de la qualité de vie et la promotion de la mobilité sociale.  L’application de cette approche multidimensionnelle dans la structure du système de protection sociale a eu pour conséquence l’élargissement de la couverture de tous les segments de la population, a précisé l’orateur. 

Ainsi, le système d’allocations familiales couvre 93% des enfants de moins de 18 ans, tandis que la couverture de protection sociale a été élargie pour couvrir à l’heure actuelle 90% de la population adulte; les femmes représentant 63% des bénéficiaires du système.  Les personnes handicapées jouissent, de leur côté, d’un important système de pension avec plus d’un million de récipiendaires.  Quant à l’éducation publique, elle est obligatoire et gratuite, tout comme le secteur de la santé, qui est également universel et gratuit. 

L’Argentine s’efforce également d’établir un budget national sensible à l’égalité des sexes, et veille par ailleurs à la mise en œuvre d’une stratégie pour la petite enfance visant au renforcement et à la création d’espaces pour cette tranche d’âge, de 45 jours après la naissance à 4 ans.  Le représentant a préconisé la plus haute protection et assistance à la famille, tout en reconnaissant qu’il existe des « formes variées de familles » dans différents systèmes culturels, politiques et sociaux.  Il s’est prononcé en faveur de l’élaboration d’un instrument universel garantissant la pleine participation des personnes âgées au développement de leurs sociétés, exemptes de violence, de discrimination, d’indifférence, d’abus et de mauvais traitements. 

Mme HYUNG WON SUH, déléguée de la jeunesse de la République de Corée a voulu porter la voix des huit millions de membres de la future génération de son pays et plus généralement des 16% de jeunes de la population mondiale, qui ont « des droits et des responsabilités en tant que principaux agents du changement ».  En République de Corée, a-t-elle fait savoir, les institutions et les politiques de soutien à l’entrepreneuriat des jeunes sont mieux financées que jamais.  Cependant, en matière de santé, la protection de la santé mentale des jeunes générations, en particulier en ce qui concerne la violence scolaire, est une source de préoccupation majeure.  Pour élaborer ces politiques, les jeunes ont été invités à participer et certaines de leurs suggestions mises en pratique.  Toutefois, cette participation doit être davantage encouragée et les jeunes doivent occuper une place active dans la société, a estimé la délégation.

M. CHAUDRY, délégué de la jeunesse de la Norvège, a témoigné que lorsque son père avait débarqué à l’aéroport d’Oslo en 1982, « il n’était pas écrit que ce jeune homme pourrait prendre racine dans son nouveau pays.  Heureusement pour lui, il a été intégré dans le système éducatif norvégien. »  Il a ensuite regretté que le scénario d’intégration réussie de son père soit loin d’être la règle.  Il s’est inquiété du fait que 3,7 millions d’enfants déplacés ne sont pas scolarisés, et que le ratio enseignant-élève pour les enfants déplacés soit d’un pour 70, s’appuyant sur les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR).  M. Chaudry a aussi dénoncé le manque d’infrastructures scolaires dans les camps de réfugiés.  Il a prévenu que les périodes de déscolarisation rendent « au mieux chaotique, au pire inexistante » l’intégration dans les systèmes éducatifs des pays d’accueil.

Le délégué a également relevé que beaucoup de jeunes autochtones souffrent des préjugés raciaux et assimilationnistes au sein des systèmes éducatifs nationaux.  Il a averti que l’interdiction d’utiliser les langues maternelles à l’école et la propagande visant à éliminer certaines cultures et traditions produisent des citoyens de seconde zone.  Il a rappelé que l’objectif de développement durable 4.5 fixe comme cible claire l’accès à tous les niveaux d’éducation pour les enfants les plus vulnérables et que la résolution 64/290 fait clairement du droit à l’éducation un des droits de l’homme.  « Il faut désormais passer aux actes! »  Il a également appelé au respect des résolutions 2250 et 2419 du Conseil de sécurité qui soulignent la nécessité de l’inclure à toutes les étapes des processus de paix. 

M. FABIÁN OSWALDO GARCÍA PAZ Y MIÑO (Équateur) a détaillé le contenu du plan national de développement dont s’est doté son pays pour la période allant de 2017 à 2021.  S’agissant de la petite enfance, a-t-il indiqué, ce plan comprend l’octroi de services spécifiques à 180 000 filles et garçons âgés de zéro à 5 ans, dans les domaines de la santé, la nutrition, l’apprentissage et la sécurité.  Le représentant a également mentionné l’intention de son gouvernement de mettre à disposition de la population environ 350 000 logements sociaux d’ici à 2021, ainsi que d’allouer 22 millions de dollars aux personnes handicapées pour aider 294 304 d’entre elles à vivre dignement.  De plus, les autorités équatoriennes ont instauré un programme de rémunération des individus en situation de pauvreté ayant à charge des personnes vivant avec un handicap lourd, via le paiement d’un solde mensuel de 240 dollars dont bénéficient actuellement 24 303 personnes.  Cela s’ajoute, a-t-il précisé, aux 50 dollars mensuels payés par le Gouvernement aux personnes handicapées en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté, dont dépendent actuellement 118 670 personnes. 

Le représentant a également affirmé que son gouvernement était parvenu à insérer professionnellement 81 463 personnes vivant avec un handicap, soit une augmentation de 213% par rapport à 2012.  Outre les personnes handicapées, l’Équateur s’emploie à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes et à garantir le bien-être des personnes âgées, a indiqué le représentant, via notamment des prestations sociales dans les domaines de l’aide médicale, des retraites et des activités récréatives, programmes dont bénéficieront 250 000 seniors d’ici à 2021. 

M. KUZMENKOV (Fédération de Russie) a déclaré que malgré les sanctions illégitimes à son encontre, la Russie respecte ses obligations envers sa population et attache une importance particulière à l’amélioration du bien-être de ses citoyens.  Il a indiqué que depuis le 1er octobre, la Fédération de Russie a indexé à 4,3% le salaire des fonctionnaires publics.  Le salaire minimum augmentera également, une mesure qui touchera 3,2 millions de personnes environ.  Il a précisé que 142 millions de dollars sont dédiés à cette fin.  Également, à partir du 31 janvier, 31 millions de retraités auront droit à une augmentation de leur pension de retraite de 6,6%.  Les allocations pour les personnes handicapées augmenteront quant à elles de 4%.

En un an, la Fédération de Russie a également mis en place un projet en faveur des personnes âgées, afin qu’elles acquièrent de nouveaux savoir-faire.  Afin d’améliorer l’espérance de vie, un ensemble de mesures ont été prises pour favoriser le bien-être des personnes âgées et handicapées, notamment en ce qui concerne les soins hospitaliers et ambulants.  La Fédération de Russie a également adopté plusieurs amendements en faveur des personnes handicapées, notamment sur l’accès aux services publics, tels que les transports.

Concernant les jeunes, le représentant a fait savoir que l’enseignement est une priorité de la politique de son gouvernement.  De nombreuses femmes s’occupent de l’éducation des enfants et la Russie cherche à favoriser l’emploi des femmes.

M. DINH NHO HUNG (Viet Nam) a d’abord énuméré les fruits du Programme national de réduction durable de la pauvreté de 2016-2020 qui a réduit le taux de pauvreté de 9,8% en 2015 à 7,7% en 2017.  Il a ensuite indiqué que parmi les minorités ethniques et des zones montagneuses, 98% des foyers qui sont sortis de la pauvreté n’y ont pas rechuté.  Toutefois, des défis émergents menacent les progrès dont le plus grand est les changements climatiques, a-t-il prévenu.  Pays sévèrement touché par ce phénomène, le Viet Nam met un accent particulier sur l’adaptation, et son programme national d’adaptation aux changements climatiques et à la croissance verte de 2016-2020 se focalise sur la sensibilisation et la capacité d’adaptation, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le développement d’une économie sobre en carbone, et la coopération internationale pour protéger le climat mondial.  Le représentant a également parlé du Programme de développement forestier durable 2016-2020 qui vise à alléger les impacts des catastrophes naturelles, accroître la couverture forestière, et réhabiliter le système forestier dégradé.  Le Viet Nam prend également des mesures pour abolir l’usage du plastique avant 2025. 

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a indiqué que 98,5% des enfants de 6 ans sont scolarisés dans son pays, qui compte par ailleurs 1,5 million d’étudiants, dont 62,19% de femmes.  Le taux d’analphabétisme est aujourd’hui de 8,71%, contre 22,3% en 2008 et 85% en 1962, s’est-il félicité.  Par ailleurs, plus de 31 700 étudiants avec des besoins spécifiques ont rejoint les bancs de l’école, un chiffre en augmentation de 13% par rapport à l’année précédente.  Dans le domaine de la santé publique, le délégué a indiqué que le taux de mortalité infantile est de 22,3 pour 1 000, le taux de mortalité maternelle de 60,5 et l’espérance de vie de 77,1 ans.  Le système de santé algérien est articulé autour des principes de gratuité des soins, d’égal accès aux soins et de solidarité et de continuité des services publics sanitaires, a-t-il précisé.  Enfin, M. Sahraoui a insisté sur l’importance de la mobilisation de ressources financières, en particulier au niveau international, pour réaliser le Programme 2030. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a indiqué que le plan de développement philippin « Ambisyon Natin 2040 » (Notre ambition 2040) aspire à créer une société juste, inclusive et équitable, tendant vers la prospérité.  Avant de mettre en place cette « vision » pour les 25 prochaines années, le pays a mis en œuvre un plan quinquennal 2017-2022 qui vise à réduire la pauvreté de 27% en 2015 à 14% en 2022.  D’ores et déjà, le taux de pauvreté a reculé de 21% cette année aux Philippines, s’est-elle félicitée.  Dans le même temps, la croissance du PIB se poursuit pour atteindre 5,5% en 2019, tandis que le taux d’emploi est aujourd’hui supérieur à 94%. 

Par ailleurs, le pays accorde la priorité à l’éducation en matière de dépenses publiques.  Elle a notamment indiqué que plus de 27 millions d’élèves bénéficient d’une éducation de base et gratuite et que 600 000 jeunes et adultes déscolarisés ont accès à un système de formation alternatif.  Le plan de développement philippin tient également compte du respect des droits des enfants, des femmes, des autochtones, des personnes âgées et des handicapés, a ajouté la déléguée, faisant également état d’une approche visant à intégrer le genre aux questions sexospécifiques.  Le dernier lundi de mars est ainsi devenu la Journée des femmes avec un handicap afin de briser les tabous entourant cette question. 

S’agissant des jeunes, Mme Azucena a expliqué que ces derniers sont en mesure de s’exprimer par le biais du Conseil de la jeunesse, une plateforme fondée en 1991 et composée de huit membres élus par leurs pairs.  Une loi sur l’emploi des jeunes a été adoptée en 2015 afin de leur donner accès à des emprunts et à des formations spécialisées.  Enfin, a-t-elle précisé, la loi sur les droits des peuples autochtones adoptée en 1997 reconnaît leurs droits inhérents aux terres ancestrales, à l’autogouvernance et à l’autodétermination. 

M. HERNANDEZ (Mexique) a expliqué qu’avec l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030, son pays avait donné la priorité aux groupes et communautés autochtones et afro-mexicaines, aux jeunes, aux personnes âgées et aux handicapés, afin de favoriser leur intégration dans la vie politique, sociale et économique du pays.  Le nouveau Plan de développement du Mexique pour 2019-2024 cible les groupes les plus défavorisés afin de réduire les inégalités à travers une série de programmes sectoriels. 

Le représentant a souligné qu’à moins de traiter des thèmes visés par le Programme 2030, il n’y aura ni paix ni développement durable.  Il est urgent d’accélérer les moyens de parvenir à l’égalité des chances pour tous et de veiller à ce que ces opportunités ne soient guidées ni par le genre ni par l’âge, l’origine ethnique ou le statut migratoire, a-t-il indiqué, y voyant autant de facteurs qui accroissent la vulnérabilité des personnes « à l’heure où les discours de haine tendent à stigmatiser certains groupes sociaux ».

Il a indiqué que la protection sociale constitue l’un des principaux instruments des politiques publiques de son Gouvernement visant à réduire les inégalités et la pauvreté et promouvoir l’intégration et l’inclusion sociales. 

En 2050, a-t-il poursuivi, le Mexique comptera 33,4 millions de personnes âgées qui représenteront 22,5% de la population et dont il s’agit d’assurer l’intégration et la dignité, la protection des droits humains et l’autonomie.  À cette fin le Gouvernement a adopté un programme de « Pension pour le bien-être des personnes âgées » destiné aux plus de 65 ans résidant dans une communauté autochtones et aux plus de 68 ans pour le reste de la population.

M. CHAM AYE (Myanmar) a indiqué que son pays avait adopté une loi sur les personnes âgées pour assurer une meilleure protection de ces dernières.  Une pension leur est ainsi distribuée.  De plus, le Gouvernement a amélioré le respect des droits des personnes handicapées.  En outre, la réduction des inégalités a toujours été l’une des priorités du Gouvernement actuel, a affirmé le délégué.  C’est ainsi que l’ODD 10 relatif à la réduction des inégalités a conduit le pays à tenir compte des concepts de croissance équitable, de développement équitable et de développement durable.  M. Aye a enfin plaidé pour la création de stratégies gagnant-gagnant dans le système économique mondial dominant, notamment l’intégration régionale, et afin que les bénéfices de l’intégration économique internationale soient largement partagés entre les nations. 

S’exprimant à deux voix, M. TEODOR BLIDARU et Mme LINH PHAM, délégués de la jeunesse de la Roumanie, ont déploré que, dans trop de régions du monde, il y ait des enfants de 15 ans qui parcourent huit kilomètres par jour pour aller en cours dans un bâtiment délabré d’un village voisin.  De même, il y a encore des étudiants qui souffrent de dépression et d’anxiété sans le savoir parce que personne ne leur parle, et des jeunes de 18 ans qui vivent dans des orphelinats et qui deviennent adultes sans bénéficier d’une aide de l’État ou d’une opportunité d’emploi.  Il y a encore des étudiants qui sont persécutés par leurs condisciples parce qu’ils sont issus d’une minorité ethnique.  Il y a encore des jeunes entrepreneurs ou des jeunes artistes talentueux dont les parents considèrent que leur activité n’est pas un vrai métier, ont-ils expliqué, prenant la parole alternativement.  « Nous sommes Teodor et Linh, nous représentons plus de 2,4 millions de jeunes et nous plaidons pour réduire les disparités », ont-ils expliqué, précisant avoir consulté de nombreux jeunes roumains. 

Après avoir dressé la liste des principaux problèmes rencontrés par les jeunes, les délégués ont indiqué que les objectifs de développement durable ne sont pas seulement des objectifs ambitieux mais aussi le monde dans lequel les jeunes veulent vivre.  Ils ont souligné que l’engagement des jeunes est indispensable pour répondre aux défis de notre temps, notamment les impacts des changements climatiques, la pauvreté, le chômage, l’inégalité de genre, l’absence d’éducation et les soins de santé.  Ils ont appelé les États Membres à lancer une évaluation de l’avancée des ODD au niveau national, pour ensuite encourager les organisations internationales à fournir aux jeunes des infrastructures leur permettant d’accéder à une éducation formelle ou informelle.  Il importe également de reconnaître les troubles de l’anxiété comme maladies mentales et d’établir une couverture sanitaire universelle pour tous les jeunes.  La santé, la prévention, l’éducation sexuelle et la lutte contre la toxicomanie sont indispensables, ont-ils insisté.

M. YOUSSOUF ADEN MOUSSA (Djibouti) a appelé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, se disant par ailleurs convaincu qu’il faut plus d’intégration sociale tout en protégeant l’environnement.  Il a fait savoir que Djibouti déploie d’immenses efforts dans le domaine du développement social.  En 2014, Djibouti a instauré une assurance santé, et au cours de ces cinq dernières années, le pays a déployé de nombreux efforts pour permettre aux personnes migrantes de bénéficier également de cette assurance.  Cependant, Djibouti fait face à une augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies non transmissibles, ce qui implique une augmentation des coûts. 

Par ailleurs, Djibouti a placé l’éducation au cœur de sa politique de développement social.  L’accès pour tous à l’éducation reste essentiel et un plan d’action sur l’éducation a été mis en œuvre avec des stratégies spécifiques, a expliqué le représentant.

Mme LISA KOOPMAN, déléguée de la jeunesse de la Belgique, a relevé que l’an passé, lors de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, 38 pays avaient inclus des représentants de la jeunesse dans leur délégation.  C’était déjà une belle réalisation, et nous sommes encore plus cette année, a-t-elle salué, appelant tous les États Membres à inclure des jeunes dans leurs délégations. 

Les jeunes ont participé au Sommet de la jeunesse des Nations Unies sur l’action pour le climat et ont proposé des solutions.  En juin, une conférence des ministres et délégués de la jeunesse a eu lieu à Lisbonne lors de laquelle les jeunes ont pu exprimer l’importance de la participation des jeunes.  Mais l’écoute est-elle suffisante?  Est-ce que les jeunes ont un impact réel et concret dans le processus de décision?  Leur opinion est-elle prise en compte? s’est-elle toutefois interrogée.

« La participation, ce n’est pas seulement écouter, c’est aussi travailler ensemble, et élaborer les politiques ensemble », a commenté à son tour M. FRANÇOIS DECLERCQ, délégué de la jeunesse de la Belgique.  Constatant que beaucoup reste à faire, il a estimé que les écoles doivent être reconnues comme le terreau de la participation des jeunes.  Il est également important de créer, avec les jeunes, des assemblées pour les représenter au sein des communautés locales telles que les municipalités.  Ils pourraient y donner leur opinion sur les questions locales, et décider comment les budgets concernant les questions relatives à la jeunesse devraient être dépensés.  Il est également important que les jeunes de chaque pays soient représentés au niveau national, par exemple en reconnaissant le rôle des conseils et des organisations de jeunes, et en les appuyant dans leurs tâches d’inclusion dans le processus de prise de décisions. 

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a souligné que la pauvreté est un problème mondial, qui pousse les pays à mettre en place des stratégies d’intervention.  À cette fin, l’Arabie saoudite s’est donnée pour objectif d’éradiquer la pauvreté en mettant en place des programmes nationaux de développement durable.  Toutefois, le problème n’étant pas seulement économique, mais aussi social et culturel, il faut des solutions différentes pour y remédier.  C’est pourquoi, a-t-il indiqué, le Royaume a mis en place des réformes stratégiques pour réduire les difficultés financières des plus pauvres, réglementer les impôts et protéger la société de l’impact de ces mesures, notamment les familles à faibles revenus.  L’Arabie saoudite s’emploie aussi à promouvoir les droits des personnes handicapées afin qu’elles soient mieux intégrées dans la société.  Elle a ainsi mis en place un plan de 24 initiatives et identifié les catégories standards de handicap.  En outre, une entité institutionnelle prodigue des conseils en direction des groupes les plus vulnérables de la société.  Dans le cadre de ses ambitions en matière de développement social, le Gouvernement saoudien a investi dans l’avenir des jeunes et fait tout son possible pour permettre aux personnes âgées de jouir d’une vie agréable, a poursuivi le représentant.  S’agissant, enfin, de la politique en faveur des jeunes, la priorité du Royaume a été donnée à des réalisations comme le Centre Roi Salman pour les secours et l’action humanitaires et la participation des jeunes à la société par le biais d’instances de représentation.

M. JASON SPARKS, délégué de la jeunesse de la Hongrie, a estimé que l’ODD 3 sur la santé et le bien-être est le plus important: « la santé est le produit le plus important que l’on ne peut acheter, c’est un prérequis pour tous les autres aspects de la vie.  La santé est un privilège, et nous devons faire tout notre possible pour la conserver », a-t-il souligné.  Revenant sur les origines latines du mot « prévention », il a noté que la meilleure manière de prendre soin de la jeunesse était de donner la priorité à la prévention, puisqu’à cet âge, « nous sommes en parfaite santé ». 

Enchaînant sur l’ODD 4 portant sur l’accès à une éducation de qualité, il a souligné qu’éduquer un enfant à la prévention dès le plus jeune âge permettait de s’attaquer aux pratiques à risques comme la consommation d’alcool, de tabac et de nourriture industrielle, afin d’éviter le développement de diabète, d’hypertension et de plusieurs types de cancer. 

Il a enfin noté qu’on ne pouvait vivre en bonne santé que sur une planète elle-même en bon état.  Montrant à l’assistance une bouteille d’eau en plastique, il a rappelé que s’il la jetait dans la forêt, elle mettrait quatre siècles à disparaître: « il est temps de se mettre à penser “vert” », a-t-il déclaré. 

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a constaté que des millions de personnes continuent de vivre dans la pauvreté et que les inégalités persistent.  Alors même que nous pouvons produire suffisamment de nourriture et de médicaments, il est absurde que des gens meurent de faim ou en raison d’un manque de médicaments, a-t-elle dénoncé.

Elle a ensuite indiqué que comme beaucoup de pays, l’Érythrée se heurte à de nombreux défis, mais que des progrès ont néanmoins été accomplis.  Le Gouvernement érythréen a notamment mis en place une politique inclusive à l’endroit des personnes handicapées.  Les femmes bénéficient de l’égalité des chances et leur autonomisation est intégrée dans tous les secteurs.  De plus, en 2016, l’association des jeunes et des étudiants a mis en place un plan d’action pour que les jeunes talentueux participent à l’édification de la nation.

Mme BARBORA KVASNICKOVÀ et Mme ALZBÊTA FILIPKOVÀ, déléguées jeunesse de la République tchèque, ont estimé que 2019 est l’année de l’engagement civique pour les jeunes, mais également pour toute la société.  Ainsi, des centaines de milliers de gens se sont mobilisés pour le renforcement des valeurs démocratiques, ce qui démontre la volonté du peuple à jouer un rôle actif sur les questions affectant leur vie.  Elles ont appelé à un plus grand espace pour des discussions sur l’engagement des jeunes à tous les niveaux.  Pour ce faire, le dialogue intergénérationnel doit être la fondation de notre vie de tous les jours, ont-elles argué, ajoutant qu’en plus d’écouter, les jeunes entendent également se faire entendre. 

Les deux jeunes représentantes de la Tchéquie ont ensuite parlé de l’éducation, soulignant que 50% des jeunes Tchèques estiment que les cursus qui sont offerts dans leur pays sont incompatibles avec le monde de l’emploi et avec la vie de tous les jours.  Ainsi, l’esprit critique, la vérification et la prise de décisions informée doivent devenir des composantes du processus d’éducation.  Il serait par exemple opportun, ont-elles plaidé, de renforcer l’éducation relative au climat et à l’Internet.  Elles ont relevé que le manque d’informations précises sur les changements climatiques a une incidence sur la polarisation des sociétés et ont invité à faire évoluer la discussion sur le climat, en la faisant passer du stade des accusations à celui de la confiance mutuelle dans le cadre de la protection des droits de l’homme.  Elles ont affirmé en effet que l’action climatique équivaut à défendre les droits de l’homme, avant de conclure par un appel aux États Membres pour une plus grande implication des jeunes .

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné la persistance de disparités en matière d’accès à la santé et à l’éducation, qui perpétuent, selon lui, les cycles de pauvreté de génération en génération.  Pour y faire face, le représentant a indiqué que le Gouvernement kényan avait fortement investi dans l’éducation et la santé, afin notamment de garantir un taux de 100% de passage des élèves de l’école primaire à l’école secondaire et de parfaire l’éducation des filles ayant quitté l’école à la suite de grossesses.  Grace à ces efforts, les enfants kényans bénéficient désormais de 10,7 années de scolarisation en moyenne, soit le taux le plus élevé de la région, s’est enorgueilli le représentant. 

Dans le domaine de la santé, les dépenses publiques augmenteront de 610 millions de dollars en 2018 à 730 millions en 2021, a-t-il ajouté, précisant que le taux de couverture de la population devrait atteindre 100% d’ici à 2022.  Entre autres mesures, le représentant a également cité l’octroi d’allocations à 1,3 million d’orphelins kényans, d’aides à la jeunesse pour promouvoir l’entrepreneuriat, via l’accès à des formations et au crédit, ainsi que de programmes d’insertion professionnelle au profit des femmes et personnes vivant avec un handicap. 

Mme LOIWAL, déléguée de la jeunesse de l’Inde, a souligné combien les défis actuels sont multidimensionnels, que ce soient les changements climatiques, les systèmes économiques et sociaux, ou encore les disparités dans l’accès aux nouvelles technologies qui, a-t-elle prévenu, menacent d’aggraver les inégalités existantes.

Elle a énuméré les mesures prises par son pays pour réduire la pauvreté multidimensionnelle, citant notamment l’établissement d’un système d’identification biométrique qui couvre 90% de la population du pays et d’une carte d’identité pour personne en situation de handicap.  Une initiative d’inclusion financière a également permis à 370 millions de personnes d’avoir un compte en banque, et les populations des zones rurales disposent aussi d’un système d’accès aux services publics de base.  La campagne d’assainissement « Inde propre » a permis d’installer 110 millions de toilettes en cinq ans et 80 millions de foyers au gaz.  Un ministère pour les questions relatives à l’eau a également été créé.

Poursuivant, la déléguée a indiqué qu’en Inde, l’âge moyen est de 29 ans.  Garantir à ces jeunes un emploi est donc une priorité pour le pays.  Plus de 10 millions de jeunes sont formés à la création d’entreprise, et des prêts abordables sont octroyés à des entrepreneurs, dont 75% de femmes, a-t-elle indiqué, pour ensuite préciser que l’âge moyen des créateurs d’entreprise est de 31 ans seulement.  Par ailleurs, plus de 700 000 Indiens sont employés dans le domaine de l’énergie renouvelable. 

Mme SOFIJA KORAC (États-Unis) a estimé que la réforme de la Commission du développement social devrait permettre d’améliorer le traitement des questions qui sont de son ressort.  La Commission, a-t-elle rappelé, a été créée en 1946 afin d’attirer l’attention sur les différents groupes défavorisés.  Or le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Groupe de travail sur le vieillissement et la Convention relative aux droits des personnes handicapées ont apparemment plus d’influence que ladite Commission.  De fait, a-t-elle argué, il serait souhaitable qu’elle ne constitue pas un doublon par rapport aux autres organes. 

La représentante a de plus estimé que les négociations officielles devraient commencer quelques semaines avant la session afin d’éviter de traiter les mêmes questions en Commission.  À cet égard, a-t-elle encore fait valoir, la résolution sur les méthodes de travail encourage les commissions à travailler sur un rythme biannuel.  Si tel était le cas, la Commission du développement social n’aurait pas le mandat de travailler sur les personnes handicapées, a-t-elle dit.  Mme Korac a par ailleurs estimé qu’au lieu de réexaminer les mêmes projets de résolution, les États Membres gagneraient en négociant un document unique.  Il serait également judicieux de rationaliser le nombre de rapports, de conférences et de négociations, a-t-elle dit.

« En raison de la montée des inégalités et de la diminution des espaces civiques, nous ne rencontrons plus de personnes issues de milieux différents », s’est inquiétée Mme SUNDQVIST, déléguée de la jeunesse de la Finlande.  « En déshumanisant l’autre, le migrant, le chômeur, la personne d’un autre genre, nous devenons insensibles à ses souffrances, nous lui attribuons logiquement la responsabilité des problèmes et nous légitimons nos propres visions du monde », a-t-elle déploré.  Elle a également rapporté qu’en Finlande, 40% des jeunes ont été victimes de messages de haine en ligne: « C’est un problème urgent que nous devons résoudre. »

La déléguée a ensuite évoqué la campagne des jeunes pour la protection de l’environnement, autour du hashtag #fridaysforfuture, comme exemple de nouvelles formes positives d’engagement politique populaire.  Elle a estimé que la foi dans les institutions démocratiques serait renforcée et les positions politiques intolérantes affaiblies « si les gens s’unissaient autour de leurs problèmes communs et réalisaient qu’ils étaient causés non pas par les faiblesses ou les échecs des individus mais par une structure sociale inégalitaire ». 

Mme KHOO FANG XUAN (Singapour) a indiqué que d’ici à 2030, 1 Singapourien sur 4 sera âgé de 65 ans ou plus, dans un pays où l’espérance de vie, 85 ans de moyenne, est la plus élevée de toute la planète.  Bien qu’il faille s’en réjouir, il faut se préparer à cette transition démographique qui aura un impact significatif sur le développement durable, a-t-elle souligné. 

Singapour a donc adopté un programme d’action pour le vieillissement réussi, couvrant tous les aspects des besoins des personnes âgées: santé, transports, pensions de retraite, protection pour les seniors vulnérables et inclusion sociale.  Sans oublier de développer la participation numérique des seniors: des « cliniques numériques » ont été mises en place pour transmettre aux seniors les bonnes pratiques numériques fondamentales, ainsi que les connaissances pour se protéger des risques du monde numérique.  Le pays s’engage en outre à créer des solutions créatives et pratiques pour s’assurer que les seniors aient un accès numérique à leurs bulletins de santé, ainsi qu’à des opportunités de remise en forme près de leur domicile ou de leur lieu de travail. 

Au vu des difficultés rencontrées pour les contacter, un service d’analyse géospatiale urbaine a été mis en place par le Gouvernement pour mieux localiser la population senior, et identifier les « points chauds » afin d’assurer leurs besoins sociaux et sanitaires.  Les données récoltées permettent au Ministère de la santé d’identifier les quartiers avec une grande concentration de population de seniors vivant seuls, et de déployer des programmes de sociabilisation en conséquence.

Dans la mesure où beaucoup de seniors préfèrent rester vivre chez eux, Singapour a transformé son système de soins en développant des programmes favorisant les rencontres intergénérationnelles dans leurs quartiers; garantissant un accès aux soins à proximité de leurs proches et les encourageant à rester indépendants et actifs.

Si le vieillissement de la population est un défi, il offre aussi des opportunités, dans la mesure où l’amélioration de leur santé leur permet de travailler plus longtemps, a poursuivi la représentante.  Singapour apprécie d’ailleurs la contribution des seniors à la bonne marche de l’économie, et, pour les accompagner, des mesures ont été prises en matière de flexibilité du travail, d’ergonomie sur le lieu de travail, de reconversions professionnelles et de formation continue.  Le Gouvernement combat aussi fermement la discrimination liée à l’âge.

Enfin, le Gouvernement de Singapour a développé un outil législatif pour lutter contre les violences faites aux personnes âgées vulnérables, permettant au Sénat d’intervenir en dernier recours dans les cas où un adulte est en situation de risque de violences ou de mauvais traitements, ou s’il se révèle incapable d’être autosuffisant.

Mme NOUR ALI (République arabe syrienne) a déclaré que la société syrienne possède un terreau social fondé sur une tradition de solidarité.  Ces traditions sont restées vivantes et actives malgré les « événements », a-t-elle précisé.  Elle a expliqué que son gouvernement avait entamé un programme de réformes visant à réformer les institutions, renforcer les infrastructures, et mettre en œuvre des programmes ciblés pour toute la société, dont les jeunes, les personnes âgées, et les personnes handicapées. 

De nouveaux défis nous guettent, a indiqué la représentante qui a dénoncé les « mesures unilatérales illégales et illégitimes » à l’encontre de son pays.  Mais malgré les répercussions de la guerre terroriste, la République arabe syrienne est engagée à offrir les services de base, a-t-elle souligné.  Le Ministère des affaires sociales s’attelle d’ailleurs à la gestion des secteurs sociaux et du marché du travail.  Mme Ali a par ailleurs affirmé que les actions d’Israël ont des répercussions sur la capacité de la Syrie à réaliser son développement social.

De l’avis de M. ABDOULAYE BARRO (Sénégal), l’application de la Déclaration de Copenhague sur le développement social et du Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social est, et doit être, une priorité pour les États Membres dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a indiqué que la lutte contre les inégalités et les obstacles à l’inclusion sociale est au cœur de l’action du Gouvernement sénégalais.  Il en a voulu pour preuve le plan Sénégal émergent, qui accorde une place importante à l’inclusion sociale au travers de son axe « capital humain, protection sociale et développement durable ».  Le Gouvernement promeut ainsi un modèle de protection qui garantit aux plus démunis l’accès aux prestations sociales, a-t-il expliqué.  Cette politique a aussi permis, en 2019, de consolider les acquis, de renforcer les programmes sociaux et de lancer de nouvelles initiatives dans les domaines de la santé, du financement des PME/PMI et de l’autonomisation des femmes, a noté le représentant. 

Concernant le secteur de l’éducation, a poursuivi le représentant, le Sénégal, avec un taux de scolarisation de 87,5%, a enregistré des indices de parité en faveur des filles pour les cycles élémentaire, primaire et moyen, et s’emploie à réduire l’analphabétisme au sein des populations, rurales et féminines en priorité.  Il a conclu en appelant au renforcement de la coopération internationale pour le développement social. 

Mme NESSF (Qatar)a annoncé que son pays avait adopté des stratégies de développement centrées sur l’être humain.  Des mesures ont notamment été prises pour permettre à toutes les catégories sociales de bénéficier du développement, et le Qatar accorde la priorité à l’éducation et à l’emploi.

Parmi les actions menées, elle a indiqué que le Qatar accueillera en 2020 une conférence sur la jeunesse dans les processus de paix.  En matière d’emploi, la Fondation Silatech lance de nombreuses initiatives pour lutter contre le chômage parmi les jeunes, leur permettant de lancer leur projet. 

Poursuivant, elle a indiqué que le Qatar a parcouru un long chemin pour la promotion des personnes âgées et se focalise également sur les personnes handicapées lors de l’établissement de législations.  Le Qatar poursuit aussi ses efforts pour réaliser les objectifs de l’Année internationale de la famille. 

Mme ALYSON CALEM-SANGIORGIO (Monaco) a fait valoir que la contribution des personnes âgées à la société est « inestimable » du fait de leurs compétences et de leur expérience.  Mais « elles sont aussi souvent vulnérables, notamment face à la dégradation du tissu social ou au manque de revenus, ou parce qu’elles sont victimes de discrimination et de maltraitance ».  Pourtant, moins de 1% des 13 000 recommandations sur la discrimination adoptées par les organes de l’ONU concerne les personnes âgées, s’est inquiétée Mme Calem-Sangiorgio. 

La représentante a fait savoir que la Principauté de Monaco, avec une espérance de vie de 85,7 ans, soit la plus haute du monde, a une longue tradition de protection et de soins spécifiques aux personnes âgées.  Par exemple, depuis 1949, une allocation nationale de vieillesse est versée sous conditions de ressources afin d’assurer un revenu mensuel minimum.  Quant au Plan national d’accompagnement du vieillissement et de la prise en charge de la dépendance en Principauté, il a pour ambition de faire de la qualité de vie des anciens une priorité.  Ainsi le Département des affaires sociales et de la santé travaille-t-il constamment à relever le niveau de qualité de la prise en charge, avec pour priorité le maintien à domicile, a assuré Mme Calem-Sangiorgio.  Elle a cité en exemples l’installation de téléalarmes, un service de livraison des repas à domicile ou encore la mise à disposition d’aides au foyer et d’auxiliaires de vie.

La représentante a ensuite indiqué que la Principauté de Monaco avait soumis un rapport d’examen sur la mise en œuvre du Plan d’action de Madrid sur le vieillissement au niveau national pour la période 2012-2017.  Il en est ressorti que l’intégralité des orientations prioritaires dudit Plan sont mises en œuvre à Monaco, que ce soit en matière d’inclusion, de lutte contre la marginalisation ou de promotion de la santé physique, mentale et du bien-être, a-t-elle précisé.

Mme WOJCIK, déléguée de la jeunesse de la Pologne, a noté que le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant et le soixante-quinzième anniversaire à venir de l’ONU doivent être l’occasion de promouvoir les droits des jeunes et des enfants dans le monde entier.  Indiquant s’être rendue à la rencontre des jeunes de Pologne, elle a noté que l’accent était le plus souvent mis sur le bien-être et l’épanouissement, deux points que bon nombre de jeunes vivaient négativement sur le plan de leur participation à la vie publique.  Elle a ainsi relevé que l’écart entre les grandes villes et les petits villages allait en s’élargissant.  Dans les petites communautés, a-t-elle noté, les informations concernant les possibilités d’action n’atteignent pas les jeunes et ces derniers rencontrent des obstacles pour accéder à l’emploi.  De surcroît, a-t-elle expliqué, la plupart des organisations susceptibles de répondre aux besoins des jeunes se retrouvent dans les grandes villes.  Les autorités nationales et locales doivent par conséquent travailler à la réduction des inégalités territoriales pour améliorer le sort des jeunes. 

Par ailleurs, l’absence d’éducation civique pouvant entraîner la radicalisation de certains jeunes, les systèmes d’éducation modernes devraient mettre l’accent sur l’ouverture, a plaidé la jeune déléguée.  Sachant que les jeunes représenteront bientôt plus de 50% de la population mondiale, il est également important de leur donner davantage voix au chapitre.  Or les conseils de jeunes n’ont souvent qu’un impact limité sur leur communauté, a-t-elle constaté.  D’après elle, les jeunes demandent une autonomisation, ils veulent des garanties institutionnelles et juridiques, et entendent être les bénéficiaires des décisions prises aujourd’hui.  Enfin, a fait valoir Mme Wojcik, il n’y a pas assez de jeunes issus de pays en conflit armé qui prennent la parole.  Nous ne devons pas négliger les besoins de ces jeunes en matière d’éducation et de chances sociales, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’ils doivent aussi être associés à toutes les étapes de la paix et de la construction de sociétés résilientes.

M. STANLEY RALPH CHEKECHE (Zimbabwe) a indiqué que dans son pays, 20% des terres sont accordées aux femmes qui en deviennent ainsi propriétaires.  Des partenariats ont été noués pour assurer la sécurité alimentaire, et des programmes d’apprentissage ont été lancés pour réduire le chômage des jeunes.  Le Zimbabwe est classé parmi les premiers en matière d’alphabétisation en Afrique, grâce à une politique ambitieuse d’enseignement primaire s’est-il enorgueilli.  Le représentant a également indiqué qu’une banque de microfinancement pour les femmes et les jeunes avait été lancée pour assurer leur inclusion dans tous les programmes de développement national.  Un soutien est apporté aux membres de la communauté les plus vulnérables; le service public est le principal employeur des personnes handicapées, et le mariage des filles de moins de 18 ans est désormais illégal, a-t-il par ailleurs fait savoir. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: À la veille des 75 ans de l’ONU, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre États

Soixante-quatorzième session,
13e séance plénière - matin
AG/12199

Assemblée générale: À la veille des 75 ans de l’ONU, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre États

Loin d’être un principe démodé, la coopération multilatérale demeure une méthode « acceptable et fiable » pour gérer les relations entre nations.  C’est ce qu’a retenu le Président de l’Assemblée générale des discours prononcés, entre le 24 septembre et aujourd’hui, par plus d’une centaine de Chefs d’État et de Gouvernement, sur un total de 192 orateurs, sur le thème « Dynamiser les efforts faits au niveau multilatéral en faveur de l’élimination de la pauvreté, d’une éducation de qualité, de l’action climatique et de l’inclusion ».

Après six jours de débat général et 630 manifestations parallèles, M. Tijjani Muhammad-Bande a espéré que l’enthousiasme exprimé par chaque intervenant s’avèrera précieux au moment où l’on s’achemine vers le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Il est parfaitement légitime, a-t-il concédé, de se poser des questions sur l’essence, voire la nécessité, du multilatéralisme et c’est précisément ce qu’avait fait, au premier jour du débat général, le Président américain.  Dans une diatribe sans merci contre « les mondialistes » et toutes les forces qui entendent exercer « un contrôle » sur la souveraineté des peuples, M. Donald Trump avait martelé: « L’avenir n’appartient pas aux mondialistes, il appartient aux patriotes, aux nations souveraines, indépendantes et qui protègent leurs citoyens et respectent leurs voisins. »

L’érosion du multilatéralisme, tant décriée, avait renchéri, quelques jours plus tard, le Ministre des affaires étrangères des Philippines, est d’abord et avant tout imputable aux tentatives d’usurper les prérogatives d’États souverains.  Les Nations Unies, avait-t-il asséné, sont une collectivité de souverainetés et pas une collectivité souveraine.  « Je crois dans le patriotisme » qui est « l’amour de la patrie et de l’universel », avait alors confessé le Président de la France, mais en prévenant qu’« aucune solution n’existe dans le repli ».  Bien au contraire, il faut réinventer un « multilatéralisme fort ».

Nous sommes ici pour servir, avait rappelé le Secrétaire général de l’ONU, en ouvrant le débat général.  Nous sommes ici pour promouvoir l’intérêt commun dans le respect de notre humanité et nos valeurs communes.  C’est la vision des fondateurs de l’ONU et, en ces temps de divisions, nous devons invoquer cet esprit.  Rétablissons la confiance et l’espoir et avançons ensemble, avait encouragé le Secrétaire général.

Dans un monde extrêmement polarisé, a embrayé aujourd’hui le Président de l’Assemblée générale, le multilatéralisme est la seule garantie de la paix, de la sécurité et du développement durable dont le Sommet, s’est-il une nouvelle fois félicité, a été couronné par l’adoption d’une Déclaration politique intitulée « Préparatifs pour une décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable ».

La semaine, a rappelé le Président, avait commencé avec des annonces sur l’action climatique.  Il a particulièrement salué cette jeunesse qui, après avoir investi les rues du monde, est venue ici s’emparer des rênes du Sommet Action Climat 2019.  La jeune militante suédoise Greta Thunberg, dont le Premier Ministre tchèque avait critiqué la théâtralité « hystérique », « agressive » et « contre-productive », a quitté les lieux, auréolée de l’admiration de presque tous.  « Contrairement aux adultes, les jeunes comprennent les risques qu’encourt notre planète », avait commenté la Première Ministre de la Barbade, pour qui l’implication de la jeunesse dans la bataille contre les changements climatiques veut dire que « la victoire est à portée de main ». 

Quid des fonds nécessaires?  Le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, a répondu, aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale, a mis l’accent sur les engagements pris en 2015, dont celui de mobiliser une somme additionnelle de 2 400 milliards de dollars mais d’inverser la tendance aux flux financiers illicites qui siphonnent l’économie mondiale de quelque 2 600 milliards de dollars par an.  Pour l’Afrique, c’est 100 milliards de dollars qui échappent chaque année aux caisses de l’État, s’était alors emporté le Président du Sénégal, M. Macky Sall.

Le système financier international, a reconnu le Président, doit répondre aux besoins des États, tout en les protégeant contre des engagements intenables et un endettement tout aussi insupportable.  Il s’est réjoui que ces questions aient été au cœur de la Réunion de haut niveau sur l’examen à mi-parcours les « Orientations de Samoa » concernant des petits États insulaires en développement aux prises avec des catastrophes naturelles qui ont causé, comme à la Dominique, des pertes estimées à 226% du PNB.

Il est de plus en plus évident, avait commenté, lors du débat du général, le Premier Ministre de Sainte-Lucie, que l’architecture financière internationale est beaucoup trop lente pour s’attaquer à la « nouvelle norme » des petits États insulaires.  L’incapacité, voire la réticence, à changer le statu quo des pays sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et interdits, en conséquence, d’accès aux prêts concessionnels est simplement « intolérable ».  Notre ambition, avait-il alerté, se fracasse sur des problèmes « insurmontables » dont beaucoup résultent de règles et de systèmes incapables de créer les mécanismes dont nous avons besoin et certaines de ces règles nous imposent des sanctions sans que l’on sache vraiment de quels crimes nous sommes coupables.  Adopter une Déclaration politique, comme celle qui a sanctionné la Réunion de haut niveau, c’est facile, mais se l’approprier, c’est courageux, avait prévenu le Premier Ministre de Samoa, en saluant tout de même comme d’autres l’Initiative « Dette contre adaptation au climat ».

Le Président de l’Assemblée générale a aussi rappelé aujourd’hui l’adoption « historique » d’une Déclaration politique sur la couverture sanitaire universelle, avant de faire observer que cela fait près de 75 ans, que notre Organisation a été créée pour édifier un monde de paix et de sécurité.  Or, au premier jour du débat, le Secrétaire général avait rappelé les situations au Yémen, en Libye, en Afghanistan, au Venezuela, en Asie du Sud, dans la région du Golfe, sans oublier le conflit israélo-palestinien.  Les Chefs d’État et de Gouvernement concernés avaient alors partagé leurs idées pour allant de l’avant.

« La paix est notre objectif commun et les terroristes sont nos ennemis communs, mais il ne faudrait pas hâter la première au risque de renforcer les seconds », a mis en garde, aujourd’hui, le représentant de l’Afghanistan, qui s’est enorgueilli de ce que « trois millions d’Afghans ont affronté la menace du terrorisme et risqué leur vie, il y a deux jours, pour voter lors de la quatrième élection présidentielle de notre jeune démocratie ».  Quelques jours avant, son voisin du Pakistan avait, par la voix de son Premier Ministre, adopté un tout autre ton pour dénoncer avec force la révocation par l’Inde du statut du Jammu-et-Cachemire soumis à un « black-out de 53 jours ». Le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, s’était aussi alarmé: « Une semaine avant les récentes élections israéliennes, le Premier Ministre Netanyahu a annoncé avec arrogance, qu’en cas de victoire, il annexerait la vallée du Jourdain, le nord de la mer Morte et les colonies de peuplement israéliennes, bien que ces zones fassent toutes partie du Territoire palestinien occupé ». 

Au cours du débat général, l’Assemblée générale a vu défiler à sa tribune les dirigeants de 192 États et parmi eux, seulement 16 femmes.  Ce n’est pas ce que l’on entend par « organe le plus représentatif des Nations Unies », s’est désolé le Président de l’Assemblée.  Nous devons redoubler d’efforts pour accélérer l’implication des femmes non seulement dans les structures de prise de décisions mais aussi dans la liste des orateurs.  « Faites de la place aux femmes et facilitez leur participation à tous les niveaux ».  Reste à voir si cet appel sera pris en compte maintenant que l’Assemblée poursuit ses travaux en plénière et dans ses six grandes commissions dont la Troisième, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires lance les hostilités dès demain, mardi 1er octobre, à partir de 10 heures.  

Suite et fin du débat général

M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, s’est réjoui des développements positifs dans sa région.  « Le triste et douloureux chapitre des troubles internes et des conflits régionaux fait place à une lueur d’espoir, une renaissance interne et une coopération régionale. »  Dans un moment charnière, à l’orée d’un nouvel ordre mondial multipolaire et d’un équilibre de pouvoirs changeant, surgissent rivalités et soulèvements, a-t-il poursuivi.  La session actuelle de l’Assemblée générale ne peut que s’attaquer à ces questions et chercher un chemin vers l’avant.  Le sort de l’Afrique est particulièrement lourd, avec des ressources exploitées sans merci, des guerres, des soulèvements.  Un milliard d’Africains restent ostracisés et la corruption demeure endémique. 

La Corne de l’Afrique et le Moyen-Orient ont été touchés plus que toute autre région par les conflits d’origine extérieure, des conflits entre ethnies et clans, des guerres entre pays voisins.  La multiplication des foyers d’instabilité contraste avec les évènements et espoirs du début des années 90.  Cela est dommage car les initiatives de développement et de coopération régionale étaient louables à l’époque.  Le vide du pouvoir a produit un climat propice au terrorisme qui peut prospérer et s'élargir.  Les responsables sont pour la plupart « des acteurs locaux corrompus », qui ont privilégié leur intérêt personnel avant celui de leur peuple.

Mais, a poursuivi le Ministre, les difficultés de la Corne de l’Afrique ont été surmontées et un nouveau chapitre démarre.  « Nous sommes prêts et travaillerons d’arrache-pied pour une croissance forte » mais « les ingérences mal avisées, peu constructives, voire nuisibles, doivent s’arrêter pour que la région puisse s’occuper de ses propres affaires », à savoir lancer un programme ambitieux de développement économique et social, améliorer ses infrastructures, et élargir l’accès aux services sociaux de base.  L’Érythrée y travaille et met en œuvre une politique à long terme avec une approche du développement équilibrée et intégrée, malgré ses ressources limitées et les conditions terribles auxquelles elle fait face, comme la guerre et les sanctions. 

Confrontée à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, l’Érythrée dispose aussi d’une stratégie pour parvenir à la sécurité alimentaire, notamment des barrages de petite taille et le terrassement de ses montagnes.  En outre depuis 1994, un projet de reboisement est en place « auquel participe toute la population ».

M. EZECHIEL NIGIBIRA, Ministre des affaires étrangères du Burundi, a déclaré que sur le plan de la politique intérieure, les préparatifs des élections de 2020 sont très avancés aussi bien sur le plan organisationnel que budgétaire.  Les mécanismes nationaux sur la préparation des élections sont déjà en place pendant que les gestes d’apaisement favorisant un climat propice à la tenue des élections libres, transparentes et apaisées ne cessent de se multiplier.  Le Ministre a cité, à titre d’exemple, la feuille de route de Kayanza adoptée après de très larges consultations au sein de la classe politique burundaise.  La Commission électorale nationale indépendante a publié le calendrier électoral, après l’adoption du Code électoral.  Le Ministre a d’ailleurs confirmé la décision de son pays de financer l’entièreté du budget électoral sans recours aux ressources extérieures « souvent imprévisibles et conditionnelles ».  Comme ailleurs dans le monde, a-t-il insisté, le processus électoral au Burundi est une affaire interne qui relève exclusivement de la souveraineté nationale.  Tout accompagnement doit être fourni à la demande du Gouvernement, conformément aux principes de la Charte des Nations Unies.  Si accompagnement il y a, a-t-il prévenu, il ne saurait donner droit à des actes d’interférence caractérisée.  Toute tentative de vouloir créer un nouveau rôle ou de redéfinir un rôle existant aux Nations Unies sur l’impulsion de certains États pour s’occuper des élections au Burundi à la place des Burundais serait une atteinte à la souveraineté nationale et une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, a averti le Ministre.

M. Nigibira a ajouté que le dialogue entre les parties politiques en vue de l’organisation des élections apaisées en 2020 se poursuit normalement.  Les acteurs étrangers qui semblent vouloir ramener cette question de dialogue hors du Burundi visent trois choses: déstabiliser le Burundi à la veille des élections, donner un coup de pouce aux putschistes de 2015 aujourd’hui en cavale, hébergés, nourris et protégés par ces mêmes acteurs qui ne cessent d’agresser diplomatiquement et politiquement le Burundi depuis 2015, et détourner l’attention des Burundais de l’essentiel, c’est-à-dire l’organisation des élections de 2020 et la mise en œuvre du Plan national de développement.  Tous les acteurs exogènes devront assumer la responsabilité des conséquences de leur ingérence, a ajouté le Ministre.  Le peuple burundais restera opposé, par principe, en tout temps, en tout lieu et en toute circonstance à toute tentative d’interférence étrangère, qu’elle vienne d’un État ou d’une organisation internationale ou régionale.  Sur le plan sécuritaire, a poursuivi le Ministre, la situation est stable, calme et entièrement maîtrisée sur toute l’étendue du territoire.  Pour ce qui est de la situation humanitaire, il s’est félicité du retour massif et volontaire des réfugiés qui avaient fui le pays en 2015.  Entre le 1er août et le 23 septembre 2019, 77 080 réfugiés ont été rapatriés volontairement au Burundi. 

Le Ministre s’est interrogé sur le maintien de son pays à l’ordre du jour du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé des raisons politiques et des intérêts extérieurs qui n’ont rien à voir avec le bien-être du peuple burundais.  Notre situation politico-sécuritaire ne constitue aucune menace à la paix et la sécurité internationales, a-t-il affirmé, rejetant cette agression politico-diplomatique « injustifiée » menée par des gouvernements étrangers dont certains se sont illustrés dans la tentative de changement de régime en 2015 par des voies anticonstitutionnelles.  La « diplomatie des muscles » doit céder la place à une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse, a plaidé le Ministre. 

S’agissant de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a expliqué que son gouvernement poursuit son exercice de « nationalisation » du Programme, en intégrant les objectifs dans les plans de développement communautaire et en assurant le suivi.  Rappelant par ailleurs que son pays compte actuellement plus de 6 000 Casques bleus, il a souligné l’importance que les opérations de paix de l’ONU soient dotées d’un budget adéquat, durable, prévisible, flexible, y compris grâce à des contributions obligatoires. 

M. DATO ERYWAN PEHIN YUSOF, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam, a déclaré que notre quête d’un avenir meilleur est trop souvent perturbée par des défis de plus en plus complexes et interconnectés.  De nombreux pays luttent pour relever des défis multiples comme la déforestation et l’accès à l’air propre.  Cela reflète la nature indivisible et multidimensionnelle des objectifs de développement durable qui doivent être réalisés collectivement et dans leur totalité.  La voie que chaque pays choisit est unique mais ces voies se renforcent mutuellement.  Brunéi Darussalam, a annoncé le Ministre, se soumettra d’ailleurs pour la première fois l’année prochaine à l’examen volontaire du Forum de haut niveau sur le développement durable. 

Face aux dégâts causés à l’environnement, le Ministre a appelé à un « engagement universel », soulignant que les avancées technologiques rendent possibles les solutions inédites.  Il a donc plaidé pour le partage et le transfert des technologies pour passer des réponses réactives aux réponses proactives face aux changements climatiques.  Notant tout de même l’exploitation « malveillante » de la révolution numérique, le Ministre a jugé urgent que l’on s’attaque collectivement à ces menaces émergentes. 

M. RODOLFO NIN NOVOA, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a d’abord déploré, avec une ironie attristée, « l’incertitude de la conjoncture mondiale, causée par des forces opposées qui s’acharnent à établir un nouvel ordre mondial, souvent sans considération pour les conséquences de leurs actions sur la paix mondiale ».  Cette « utopie tant désirée » selon laquelle toute personne peut vivre dans un état de bonheur et de liberté, voir ses besoins essentiels satisfaits, sans craindre que ses droits et sa sécurité soient bafoués.  Soulignant la fragilité des fondements de la coexistence pacifique entre les États, le Ministre s’est dit préoccupé par le retrait des États Unis du Plan d'action global commun sur le nucléaire iranien, un « facteur d’anxiété et de risques » pour la paix et la sécurité de la région.

Le Ministre a fait part de sa crainte devant l’avancée, en Amérique latine, des idéologies extrémistes qui tentent d’appliquer par la force leurs propres recettes à d’autres pays, violant la nature même des institutions régionales et générant des situations de crise et de violence qui servent de prétexte pour imposer leurs doctrines par les armes et spolier les peuples latinoaméricains.  M. Nin Novoa a certes refusé que le principe de non-intervention soit une barrière protectrice pour les violations graves des droits de l’homme.  Mais il a surtout refusé les interventions étrangères initiées sous couvert démocratique, la menace terrifiante des interventions militaires et les sanctions économiques qui, comme c’est le cas au Venezuela, enfoncent encore plus les pays dans la pauvreté.

Le Ministre a condamné une fois encore, comme son pays le fait depuis 27 ans, le blocus commercial et financier imposé à Cuba.  Fidèle à sa longue tradition de défense du multilatéralisme, de la démocratie et de l’autodétermination, a-t-il poursuivi, l’Uruguay reconnaît dans le Conseil de sécurité le seul organe habilité à prendre des mesures contre un État Membre dans le but de maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales, ou à décider de l’usage de la force, conformément au Chapitre VII de la Charte des Nations Unies.  L’Uruguay, a insisté le Ministre, est le pays qui apporte le plus de contributions en personnel aux « Peace Corps » dans tout l’hémisphère occidental.  De même, l’Uruguay réalise les objectifs de développement durable à tous les niveaux, national et local, de son gouvernement, en s’attachant à trois domaines importants, et d’abord la lutte contre la pauvreté, clef de progrès dans de multiples autres domaines tels la faim, l’exclusion, la discrimination, l’environnement et par extension, celui de la paix mondiale.  Mais les progrès, a dit le Ministre, ne peuvent nous empêcher de fustiger la croissance des inégalités dans le monde.  Alors que l’explosion des technologies numériques a augmenté de 66% les richesses mondiales depuis 1995, les pays à haut revenu de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) affichent un revenu par tête d’habitant 52 fois supérieur à celui des pays à bas revenu.

Ces « inégalités abyssales » sont un défi de taille pour les Nations Unies, a estimé le Ministre.  Investir dans les populations et en particulier dans le droit à l’égalité des femmes qui représentent seulement 40% de la richesse nationale en raison des discriminations, permettrait d’augmenter le capital humain de 20% et ses conséquences économiques.  Venant au deuxième domaine, le Ministre a réitéré le soutien de son pays à la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre sur les changements climatiques, prévue au Chili, au mois de décembre.

Ouvrant le troisième dossier, celui de l’éducation, il s’est enorgueilli d’une population alphabétisée à 98,6%, d’un taux de scolarisation de 99% et d’un autre de 100% pour les enseignants titularisés dans le système public et privé.  Grâce au projet « Transformation dans l’équité », des mesures d’envergures ont pu être réalisées, comme l’accès universel à l’Internet et la distribution d’ordinateurs portables à tous les enfants en âge scolaire mais aussi aux personnes du troisième âge.  Ces mesures ont inscrit l’Uruguay dès 2018 dans le groupe des pays les plus avancés dans le domaine numérique.  Ces succès ne contredisent pas la nécessité d’une meilleure coopération internationale et de mesures plus pertinentes en matière de développement, notamment l’abandon du seul critère du revenu par tête d’habitant pour accéder aux prêts concessionnels pour ne pas négliger les groupes les plus vulnérables.

Si le XXIe siècle est souvent décrit comme l’âge des bouleversements, la question qui se pose, a dit M. DON PRAMUDWINAI, Ministre des affaires étrangères de Thaïlande, c’est de savoir « si nous sommes prêts »?  C’est une tautologie que de dire que la croissance et la prospérité exigent la paix.  Les avancées politiques et économiques requièrent la stabilité et les technologies, la conscience et l’environnement, des sacrifices.  Quant au progrès, il nécessite la durabilité.  Mais au regard des réalisations aléatoires, ces notions sont toujours d’actualité.  La question n’est pas de savoir « pourquoi? » mais « comment? »

Comment atteindre ces objectifs, alors que le monde s’est retranché derrière les nationalismes, que les mouvements antimondialistes, le protectionnisme et le mercantilisme ont gagné du terrain, sans parler des écarts de richesse, de la ségrégation qui remplace l’inclusion, de la dégradation de l’environnement et de l’approche « le vainqueur rafle tout ».  C’est tout simplement une « ironie tragique » au moment où « la connectivité et l’interconnexion » sont les normes et non l’exception.

La quatrième révolution industrielle est là, a prévenu le Ministre, ajoutant que cette révolution est complètement indifférente à notre état de préparation.  Elle charrie avec elle une avalanche d’avancées technologiques aux retombées profondes sur nos vies, nos moyens de subsistance et notre avenir.  C’est pourquoi, la Thaïlande, en sa qualité de Présidente de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait de la « Promotion du partenariat pour la durabilité », le but central de l’objectif et de l’engagement de l’organisation régionale.  Il s’agit de transformer les conflits en coopération et de promouvoir l’inclusion et le développement durable.

Le Ministre a rappelé, à cet égard, que durant cette session de l’Assemblée générale, le Premier Ministre a pris part à diverses réunions de haut niveau, reflétant l’engagement résolu de son pays à trouver les réponses aux questions liées à la couverture sanitaire universelle, aux changements climatiques et aux objectifs de développement durable.  Loin d’être de simples abstractions, ces questions revêtent un intérêt particulier pour la Thaïlande.  Elle est en effet classée sixième en matière de couverture sanitaire universelle, par exemple.

En matière de changements climatiques, a poursuivi le Ministre, mon pays a travaillé à l’adoption, par l’ASEAN, d’une position commune sur les débris marins, « l’une des pires débâcles environnementales ».  Et c’est une première, s’est-il enorgueilli, au nom d’un pays qui a dûment ratifié l’Accord de Paris sur le climat.  S’agissant des objectifs de développement durable, le Ministre a expliqué la philosophie thaïlandaise de l’autosuffisance économique (SEP) qui, si elle est appliquée de façon adéquate, permettra d’éradiquer la pauvreté.  Ces trois problématiques, à la base même de la politique étrangère de la Thaïlande, ne pourront se réaliser que sous deux conditions: la paix et la sécurité.  C’est pourquoi, l’action de la Thaïlande dans le cadre de l’ASEAN est de promouvoir le partenariat et la coopération au développement et de veiller à ce que les progrès s’inscrivent dans la durabilité. 

M. DIONISIO DA COSTA BABO SOARES, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Timor-Leste, a d’emblée souligné l’urgence de l’action climatique pour « sauver notre planète », estimant qu’à ce jour les changements de comportement restent insuffisants.  Il s’est néanmoins dit confiant qu’en misant sur des efforts collectifs, il sera possible de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degrés et, pour sa part, le Timor-Leste, dont les émissions sont pourtant faibles, est déterminé à apporter sa pierre à l’édifice en optant pour les énergies renouvelables comme l’hydro, le solaire et la biomasse.  Le Gouvernement est également en train d’aligner sa législation et ses règlementations relatives au climat sur ces priorités, y compris pour la conservation des forêts, la promotion des cultures biologiques, et la gestion des catastrophes naturelles.  Le Ministre a exhorté tous les pays « grands émetteurs » à prendre les mesures qui s’imposent pour freiner le réchauffement climatique.

Passant à la mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Ministre a constaté les retards actuels, en particulier pour ce qui est de l’élimination de la pauvreté et des inégalités.  Ces questions figurent parmi les priorités nationales et sont traitées dans le plan stratégique pour le développement national.  Pour ce qui est de la protection de l’environnement, le Timor-Leste a adopté, l’an dernier, sa politique de « Zéro Plastique » et va commencer le recyclage du plastique.  Il a établi deux zones marines protégées qui couvrent plus de 586 kilomètres carrés, a rappelé le Ministre, pour lequel la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans, qui se tiendra à Lisbonne l’année prochaine, sera l’occasion de faire le point sur l’objectif 14 de développement.  Il a insisté sur le plein soutien du Timor-Leste aux négociations en cours sur un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

Rappelant que le 30 août 2019 a marqué le vingtième anniversaire du referendum d’autodétermination organisé par les Nations Unies et que le Timor-Leste fait partie des États Membres de l’ONU depuis 2002, le Ministre a déclaré que « les Nations Unies occupent une place spéciale dans nos cœurs ».  Le processus de délimitation des frontières maritimes a été parachevé et le pays entretient des relations de bon voisinage avec l’Indonésie et l’Australie, mais également avec d’autres membres de l’ASEAN, une organisation à laquelle le Timor-Leste souhaite accéder et de laquelle il attend une réponse.  Faisant également partie de la communauté des pays lusophones, le Timor-Leste, a dit le Ministre, espère que cette langue parlée par 268 millions de personnes deviendra bientôt une des langues officielles de l’ONU.  Il a également souhaité que le G7+, une plateforme intergouvernementale des pays postconflit, obtienne le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée (RPDC) a estimé que son pays est tenu de répondre aux « actes de plus en plus hostiles » dont il est victime dans la péninsule coréenne, en brandissant « toujours plus haut la bannière de l’autosuffisance et de l’autonomie », clefs de voûte de la « construction socialiste ».  Sous le « leadership expérimenté du camarade Kim Jong Un », a-t-il affirmé, les citoyens nord-coréens s’emploient résolument à surmonter les difficultés et les défis qu’ils traversent, à la gloire de la RPDC, ce pays « puissant et indépendant » dans lequel les idéaux de la population sont « pleinement réalisés ».

Le meilleur moyen de consolider la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne, a estimé le représentant, est de s’en tenir à la mise en œuvre pleine et entière de la Déclaration conjointe publiée, en juin 2018, par les États-Unis et la RPDC, à l’issue du sommet « historique » de l’an dernier à Singapour.  Or, plus d’un an après cet évènement, il faut déplorer, a dit le représentant, l’absence de progrès dans une péninsule coréenne, toujours plongée, dans le « cercle vicieux des tensions ».  Il a rejeté la responsabilité de cette situation aux « provocations politiques et militaires » des États-Unis et à leur « politique anachronique d’hostilité » à l’encontre de la RPDC.  Le représentant a cependant indiqué que M. Kim Jong Un est disposé à s’assoir à la table des négociations avec les États-Unis, pour peu que ces derniers changent leur « méthode de calcul » et leur « approche ».  Le succès des pourparlers entre Pyongyang et Washington dépend uniquement de la contrepartie américaine.  Pour l’heure, a-t-il déploré, la situation s’enlise. 

Le représentant a également rejeté la faute de cette évolution à la « duplicité » de la République de Corée, qu’il a accusée de jouer le jeu de la paix sur la scène internationale et d’amasser des « armes offensives ultramodernes » et de procéder à des exercices militaires conjoints avec les États-Unis en coulisse.  De tels agissements violent les termes de la Déclaration de Panmunjom, dans laquelle les parties se sont engagées à cesser les hostilités et à s’abstenir de renforcer leurs forces armées.  Les relations dans la péninsule coréenne ne pourront pas s’améliorer, a averti le représentant, tant que les autorités de la République de Corée ne mettront pas fin à leur « culte de la grande puissance » et à leur « politique de dépendance vis-à-vis des forces étrangères ».

M. HAMDULLAH MOHIB, Conseiller à la Sécurité nationale de l’Afghanistan, s’est déclaré particulièrement fier de représenter son pays devant l’Assemblée générale alors que « trois millions d’Afghans ont affronté la menace du terrorisme et risqué leur vie, il y a deux jours, pour voter lors de la quatrième élection présidentielle de notre jeune démocratie ».  Il a remercié les membres des Forces nationales de défense et de sécurité pour leur professionnalisme, qui a permis de prévenir la plupart des attaques, notamment celles qui visaient à faire le plus grand nombre de victimes parmi les civils.  Il a également salué les pays membres de l’OTAN qui, a-t-il dit, « se tiennent à nos côtés depuis deux décennies, alors que nous nous remettons de la guerre et construisons un nouvel Afghanistan », sur la base « de valeurs islamiques, de traditions afghanes et de l’espoir d’échapper à jamais à notre passé sanglant ».

Rappelant que le Président Ashraf Ghani s’était exprimé à cette même tribune lors de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Mohib a estimé que, depuis lors, les Afghans ont « rendu ce coin du monde un peu plus sûr » et confirmé leur engagement en faveur de la démocratie et de la paix.  L’incertitude qui persiste est le fait de « ceux qui font obstacle à la paix », a-t-il ajouté, appelant les Taliban et leurs soutiens étrangers à entendre le « message du peuple afghan »: « rejoignez-nous dans la paix ou bien nous continuerons à combattre ».  Selon le Conseiller, la prochaine étape du chemin vers la paix sera l’affaire des Afghans, tout comme l’ont été les précédentes, notamment l’offre sans condition faite aux Taliban, en février 2018, par le Président Ghani et les consultations populaires organisées cette année dans le pays.  En avril dernier, a-t-il précisé, le Gouvernement a ainsi tenu une « jirga nationale historique » qui a permis de présenter les exigences du peuple dans le cadre d’un accord de paix, à savoir un cessez-le-feu immédiat, des pourparlers directs entre le Gouvernement et les Taliban et la préservation de la république islamique.  À ses yeux, « la paix est notre objectif commun et les terroristes sont nos ennemis communs, mais il ne faudrait pas hâter la première au risque de renforcer les seconds ».

M. Mohib a tenu à adresser les remerciements de son pays à ses amis et partenaires internationaux qui ont soutenu ses efforts de paix, parmi lesquels les États-Unis, l’Union européenne, l’Allemagne, la Norvège, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Indonésie et l’Ouzbékistan.  Mais la paix n’est pas un « état permanent », a-t-il averti, elle doit être constamment réévaluée entre partenaires partageant les mêmes valeurs.  À cet égard, a poursuivi le Conseiller, « les terroristes que les soldats afghans tiennent à distance représentent une menace pour nous tous ».  Pour combattre ce fléau, « nous devons continuer à travailler ensemble à l’extinction des idéologies qui se cachent derrière le terrorisme ».  Le Conseiller a appelé à la « tolérance zéro » et à davantage de coopération institutionnelle.  Notre approche sécuritaire collective doit prendre en compte le « nœud » des activités criminelles transnationales qui génère l’afflux des terroristes, leur recrutement et leur financement.  À cette fin, l’Afghanistan entend maintenir son partenariat stratégique avec les États-Unis et l’OTAN, a-t-il dit, exprimant sa gratitude aux 2 438 soldats américains et 1 099 soldats coalisés, qui se sont sacrifiés en combattant aux côtés de l’armée afghane.

Au-delà de ces questions sécuritaires, l’Afghanistan s’emploie aussi à répondre aux défis que représentent les changements climatiques et les crises humanitaires, a poursuivi M. Mohib.  Se prononçant pour une coopération internationale renforcée, il a jugé crucial de dépasser les intérêts individuels « si nous voulons atteindre les objectifs de développement durable ».  L’Afghanistan s’investit dans la réalisation de ces objectifs qu’il a intégrés dans son programme national de développement.  Toutefois, a relevé le Conseiller, le pays fait face à des sécheresses prolongées qui ont plongé un grand nombre de ses citoyens dans la pauvreté.  Il convient donc de répondre à l’urgence humanitaire tout en recherchant des solutions à plus long terme.  En conclusion, il a assuré que l’Afghanistan, qui vient de célébrer le centenaire du rétablissement de sa souveraineté, continue de se transformer en un « centre régional de coopération, de connectivité et de développement ».  Sa mission, a-t-il affirmé, est maintenant de « parvenir à la paix pour mettre fin aux souffrances de tous les Afghans ».   

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a insisté sur l’importance de l’action collective et de la solidarité.  Le représentant est tout d’abord revenu sur les initiatives et mécanismes de mise en œuvre des différents plans stratégiques pour l’atteinte des objectifs de développement durable et les efforts consentis sur le plan national par le Gouvernement togolais afin de réduire la pauvreté et garantir que personne ne soit laissé en marge d’ici à 2030.  Le Togo s’est doté d’un Plan national de développement (PND) 2018-2022 qui répond à l’agenda de l’émergence.  Ce PND sera financé par le secteur privé à hauteur de 65% et par l’État togolais à hauteur des 35% restants.  Le représentant s’est réjoui de la tenue du premier Forum économique Togo-Union européenne qui a permis de mobiliser des opérateurs économiques engagés à financer les projets phares de ce Plan.

Le représentant est ensuite revenu sur les réalisations de son pays, indiquant que, outre la mise en place accélérée des infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et agricoles, le Togo poursuit sur le plan éducatif, sa politique d’instauration de la gratuité de l’éducation primaire, qui a favorisé l’augmentation du taux de scolarité, notamment des jeunes filles, l’objectif ultime étant de réduire l’analphabétisme.  Le Togo poursuit également ses efforts visant à autonomiser les jeunes, les femmes et les personnes handicapées.

Le représentant a cependant annoncé être conscient que la réalisation des engagements de son pays en matière de développement dépend de la capacité de la communauté internationale à mobiliser les financements nécessaires.  Il a donc salué le Programme d’action d’Addis Abeba sur le financement du développement.  Il s’est également félicité du lancement par l’Union africaine, le 30 mai dernier à Niamey, de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un des 14 projets phares de l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui a pour objectifs d’accélérer l’industrialisation de l’Afrique, l’accroissement du commerce intra-africain et la mise en place des infrastructures de qualité.  De même, a-t-il souligné, la mise en place du Marché unique du transport aérien africain (MUTAA) répond au besoin d’unifier le marché intérieur du transport aérien africain.  Sur le plan sous-régional, le représentant a salué l’adoption du principe d’une monnaie commune de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) comme facteur important d’accélération de l’intégration.

Sur les changements climatiques, il a estimé que cette question est indissociable de celle de la sécurité alimentaire et sanitaire, de la lutte contre la pauvreté, de la croissance économique et du développement humain.  Il lui a semblé alors approprié de garantir des fonds pour aider les pays les plus vulnérables, en vue de la préservation de la biodiversité.  Le Togo insiste également sur la nécessité de mieux doter le Fonds vert pour le climat pour aider davantage les États moins pollueurs et plus exposés aux changements climatiques, et de trouver les voies et moyens adéquats pour y faire face.

L’année 2019, a poursuivi le représentant, a été particulièrement éprouvante pour plusieurs pays marqués par la peur existentielle de la menace terroriste, comme le Mali, le Niger, le Nigéria, le Burkina Faso, le Bénin ou encore le Kenya.  Les attaques récurrentes nous prouvent quotidiennement que ce mal rampant reste omniprésent, et nous impose une vigilance permanente, a-t-il souligné.  Le Togo, du fait de sa proximité avec les pays frontaliers durement frappés par le fléau terroriste, mesure l’ampleur de la menace et reste en alerte maximum face à ce risque exogène.  La propagation du fléau du terrorisme nous impose une coopération internationale renforcée, car sa complexité exclue une approche individuelle des États, a poursuivi le représentant, soulignant que le Gouvernement togolais soutient l’initiative d’Accra, prise conjointement avec le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Mali et le Niger, en septembre 2017, et dont l’objectif est justement de mutualiser et d’harmoniser les approches vis-à-vis de la menace terroriste.

Le représentant a insisté sur le fait qu’il est impérieux de trouver des financements durables au G5 Sahel, qui constitue un cadre de coopération exemplaire en matière de lutte contre le terrorisme dans la sous-région ouest-africaine.  Il s’est associé aux multiples appels à la mobilisation internationale pour permettre à cette force d’entrer en action et contribuer à éradiquer ce mal.  Il s’est également interrogé sur la diminution des ressources financières allouées à ces opérations alors que les défis du maintien et de la consolidation de la paix se complexifient.

Il a terminé en parlant du système migratoire international, qualifié d’autre grand défi à relever.  Il a rappelé que, mus par des inégalités économiques croissantes, de plus en plus d’hommes et de femmes quittent leur pays d’origine pour rechercher, en d’autres lieux, des perspectives de vie plus sûres ou meilleures.  Il s’est réjoui de l’adoption, par l’Assemblée générale des Nations Unies, du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et a appelé à s’inspirer de la sagesse africaine qui dit « Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin. »

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a dit avoir entendu les messages des jeunes, des États Membres, du Secrétaire général et du Président de l’Assemblée générale durant le débat général, le Sommet Action Climat 2019, la Réunion de haut niveau sur la couverture sanitaire universelle, le Dialogue sur le financement du développement et le Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  « Nous nous entendons, et nous sommes d’accord », a renchéri le représentant.  Le Canada est prêt à faire sa part.  Nous voulons développer des approches tournées vers l’avant aux problèmes mondiaux les plus durs.  En tant que membre du Conseil de sécurité, nous nous focaliserons sur cinq priorités. 

La première priorité est la paix durable.  Nous soutenons la vision du Secrétaire général à cet égard: la prévention et la consolidation de la paix sont des éléments essentiels d’une approche proactive.  La deuxième priorité est de faire face aux changements climatiques « ensemble ».  Le Conseil de sécurité doit conduire le reste du monde en reconnaissant l’urgence et la nécessité d’agir.  Entouré de trois océans et touché par les changements climatiques, avec une longue tradition de contributions aux solutions aux défis sécuritaires non traditionnels, le Canada apporte beaucoup à la solution.  « Nous espérons exploiter l'énergie, les partenariats et les résultats générés par la Conférence sur l'économie bleue durable que nous avons conjointement organisée avec le Kenya et le Japon pour soutenir également cet objectif », a ajouté M. Blanchard. 

La troisième priorité est la promesse d’utiliser le siège du Canada au Conseil de sécurité pour promouvoir « ensemble » la sécurité économique.  Investir dans les peuples et les pays pour améliorer la prospérité et l’égalité des chances est essentiel pour le maintien de la paix et de la sécurité, a-t-il estimé.  Alors que nombre de conflits sont profondément enracinés dans le manque d’opportunités économiques, se focaliser sur les programmes de prévention et de consolidation de la paix signifie regarder à travers les perspectives économiques.  Le représentant a promis d’appeler l’attention du Conseil de sécurité sur les liens vitaux entre la croissance économique durable et inclusive, la création d’emplois, la prévention de conflits, la consolidation de la paix et la sécurité.  Il a promis de casser la séparation entre la sécurité et le développement, entre les gouvernements et les secteurs privés, entre le Nord et le Sud, entre les partenaires traditionnels et non traditionnels, et entre les organes de l’ONU comme le Conseil de sécurité et la Commission de la consolidation de la paix, pour qu’ils puissent travailler ensemble, pour tous les peuples.

La quatrième priorité consistera à promouvoir l’égalité des genres, ensemble.  L’instauration d’une paix durable ne sera possible que si les femmes participent de manière significative aux opérations de paix des Nations Unies, aux processus de paix et à la consolidation de la paix.  Enfin, la cinquième priorité est le renforcement du multilatéralisme.  Plus de 70 ans après leur création, nos institutions multilatérales doivent être adaptées afin que tous les États puissent en profiter.  « Nos approches doivent également refléter les nouvelles réalités du monde dans lequel nous vivons », a estimé le représentant.   

M. JEAN-CLAUDE F. DO REGO (Bénin) a annoncé que son gouvernement a élaboré et soumis un plan ambitieux de contribution à la réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2030.  Il prévoit de réduire les émissions cumulées de 16,7% sur la période 2021-2030 en accroissant la capacité des énergies renouvelables, en développant une agriculture responsable et en protégeant les forêts naturelles avec une réduction du taux annuel de déforestation de 20 000 hectares et la création de 10 000 hectares de plantations forestières.

Il a souligné que la paix et la sécurité au Sahel est d'une importance cruciale pour la stabilité de la région et a réaffirmé, comme lors du Sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la lutte contre le terrorisme, le 14 septembre dernier, le respect par son pays de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des États contre toutes les velléités séparatistes.

Se félicitant de l’écho favorable trouvé par le plaidoyer du G5 Sahel devant le Conseil de sécurité et du renouvellement du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), il a mis en avant la contribution de troupes du Bénin à cette force, et a renouvelé la solidarité de son gouvernement et du peuple béninois aux pays du G5 Sahel et du Nigéria voisin, durement touchés par le terrorisme.

L'intégration des objectifs de développement durable dans les cadres nationaux de planification est essentielle pour la mise en œuvre du Programme 2030, a-t-il souligné.  Les trois axes empruntés par le Bénin pour y parvenir sont des politiques de sécurité alimentaire durables, des politiques de résilience et des politiques inclusives, lesquelles génèrent des synergies positives.

Dans ce cadre a été mis en œuvre un Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI), améliorant la sécurité alimentaire des élèves et leurs performances et permettant de réduire la prévalence de l'insécurité alimentaire de 1,4% sur la période 2013-2017. 

Un interventionnisme environnemental, à travers la gestion durable des terres pour s’adapter aux changements climatiques, a permis de former plus de 13 000 producteurs dans ce domaine, et le Gouvernement prévoit, à ce titre, de créer un centre international de recherche pour une agriculture résiliente aux changements climatiques (CIRACC).  Ce sont des initiatives qui permettent aussi de réduire la pauvreté et d’assurer une synergie positive avec le Programme 2030. 

Le représentant a aussi parlé du projet « Assurance pour le renforcement du capital humain (ARCH) » au profit des couches les plus vulnérables dans les secteurs de l’agriculture, du commerce, du transport, de l’artisanat, de l’art et de la culture.  En offrant une couverture maladie, une formation, du crédit et l’assurance retraite à 22% de la population sans couverture sanitaire et 18% de la population extrêmement pauvre, et en augmentant l’accès à l’eau potable et sa production électrique, le Bénin a pour objectif de réaliser des objectifs de développement durable cruciaux – dès 2021.  Les réformes du pays concernent aussi la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, ainsi que le retour des avoirs à l'étranger.

Sur le plan politique, le Bénin a entrepris des réformes majeures du système partisan et du système électoral, en votant respectivement en juillet et septembre 2018 la Charte des partis politiques et le Code électoral « à la quasi-unanimité des députés », pour remédier à l’atomisation des partis, éviter l'instabilité des majorités se constituant à la faveur d’alliances et assurer les conditions pour que chaque parti politique joue son rôle et applique de façon cohérente son programme.  Ces textes ont servi de base à l'organisation des élections législatives d'avril 2019 qui, « malgré les contentieux inhérents à toutes réformes », a été sereinement conduit par la Commission électorale nationale autonome (CENA), aboutissant à l'élection des députés de la huitième législature de l'Assemblée nationale.  M. Do Rego a conclu en prônant une coopération plus étroite entre les États et un fonctionnement harmonieux des organisations internationales.  Il a voulu que l’on donne la priorité à l'intérêt commun et à la sécurité collective.

M. RAVINATHA P. ARYASINHA (Sri Lanka) a souligné l'engagement profond de son pays dans la lutte contre les changements climatiques et les maux qui l'accompagnent, comme l’insécurité alimentaire, les déplacements de population et l'augmentation de la pauvreté.  Engagé depuis des décennies dans la réduction de la pauvreté, Sri Lanka travaille à une éducation de qualité pour des citoyens, dont 92% savent lire, soit un des taux d'alphabétisation les plus élevés du monde.

Le représentant s'est inquiété des menaces qui planent sur le multilatéralisme, rappelant que la confiance entre les États et l'ONU ne saurait être « piratée » par des acteurs « aux agendas politiques sélectifs qui ne rendent de compte à personne ».  L’émergence d’acteurs non étatiques ne doit pas entraver le respect des politiques nationales, a-t-il souligné. 

Traditionnellement engagée dans les traités internationaux de désarmement, Sri Lanka est également un grand contributeur de troupes aux opérations de paix de l’ONU.  À partir de 1960, les Casques bleus sri-lankais ont été déployés sur tous les continents.  Compte tenu de ses trois décennies de lutte contre le terrorisme dans des conflits à haute et basse intensité, Sri Lanka dispose d'une expérience dont peu peuvent se prévaloir.

Si le pays est en paix depuis la fin de l’année 2009, l'attaque terroriste meurtrière du 21 avril, revendiquée par l'État islamique, et qui a fait 250 victimes sri-lankaises et étrangères, a représenté un nouveau défi.  Les terroristes se sont attaqués au pluralisme de la société sri-lankaise, au processus de normalisation, de réconciliation et de développement en cours depuis la fin des conflits séparatistes, mais ils ont échoué à déstabiliser la nation et à entraver sa résilience.  L’attaque a cependant rappelé qu'aucun pays n'est à l'abri de la radicalisation, de l'extrémisme et du terrorisme.  Les événements tragiques de Pâques rappellent aussi que la lutte contre le terrorisme va main dans la main avec la protection des droits de l’homme et que l'un ne peut compromettre l'autre: un équilibre délicat, souvent insaisissable, a noté M. Aryasinha.

Dans les faits, la sécurité de la population est revenue rapidement mais l’attaque demeure une épreuve de vérité pour le pays.  Elle est l'occasion de voir si l'on peut combattre le terrorisme avec les forces et les faiblesses des institutions démocratiques.  Consciente de ses obligations internationales, Sri Lanka est en train de modifier sa législation pour la mettre en adéquation avec les nouvelles résolutions du Conseil de sécurité relatives à la lutte contre le terrorisme, comme le financement du terrorisme, la sécurité des frontières, le retour des soldats terroristes et la lutte contre l'extrémisme violent.

Des efforts sont actuellement menés pour contrer l'exploitation par les terroristes d’Internet et des réseaux sociaux.  Des lois ont été adoptées et des mécanismes de police mis en place pour contrer les idéologies radicales qui mènent à l'extrémisme violent et atténuer leur influence sur la jeunesse.  Le rôle de vigie des communautés est, à cet égard crucial, a souligné le représentant.

Il s'est d’ailleurs réjoui des progrès significatifs du pays dans cette situation d'après-conflit, notamment le renforcement de l'indépendance du pouvoir judiciaire et la mise en place du Bureau des personnes disparues et des réparations, désormais opérationnel.  Des discussions sont en cours au sein du Gouvernement pour le lancement d'une commission vérité et réconciliation et enfin, la Commission nationale des droits de l’homme a reçu la note la plus haute de l’Alliance globale des organisations nationales de droits de l’homme (GANHRI), en mai 2018.  « Chaque pays vit une situation postconflit unique.  Nous pouvons chacun apprendre des autres en traçant notre propre chemin vers la réconciliation, tout en respectant le cadre de nos constitutions », a conclu M. Aryasinha.

Droits de réponse

Répondant à Israël, le représentant de l’Iran a ironisé sur la « piètre prestation » de ce dernier qui a du mal à faire oublier l’absence de M. Benjamin Netanyahou au débat général.  Le Ministre d’Israël, a commenté le représentant, a commis des bourdes dans sa déclaration, en déformant le proverbe perse: « On ne compte pas les oiseaux avant la fin de la chasse. »  Plaçons les choses dans leur contexte, a proposé le représentant: 70 ans d’occupation et de commission d’horreurs et de crimes en Palestine et dans la région.  Au Moyen-Orient « rien n’est fini », a corrigé le représentant après des gaffes qui ne devraient faire rire personne.  Le régime israélien est un adepte du racisme qui cherche à légitimer son action en utilisant les technologies prêtées par les États-Unis.  L’occupation israélienne a multiplié les crises et aggravé la colère dans la région.  C’est Israël qui empêche la paix et la sécurité régionales, a martelé le représentant, qui s’est étonné de l’annonce d’une initiative américaine de paix au moment où Israël annexe la vallée du Jourdain.  Les allégations sans fondement d’Israël contre l’Iran ne trompent plus personne.  Israël est une démocratie pour les racistes et les suprémacistes qui veulent écraser les Palestiniens.  Israël est l’ennemi de la démocratie au Moyen-Orient.  

Se tournant vers Bahreïn et ses accusations concernant les trois îles d’Abou Moussa, Grande Tombe, Petite Tombe, le représentant a martelé que ces territoires font partie intégrante du territoire iranien.  Toute affirmation contraire est à rejeter, a-t-il dit, rappelant aussi le terme « golfe Persique » est le nom officiel de la région, reconnu par la communauté internationale et les Nations Unies.  Personne ne peut le modifier et dire que l’Iran a mené des attaques contre les champs pétroliers saoudiens est une autre accusation fausse et sans fondement.  Les Saoudiens eux-mêmes ne croient pas à cette version.  Pour nous, a conclu le représentant, la sécurité du golfe Persique est une priorité qui sera défendue par tous les moyens.  Toute présence extérieure est une source d’insécurité mais les pays voisins resteront des voisins même après le départ des forces étrangères, a conclu le représentant pour illustrer l’attachement de son pays à la paix.

À sa suite, son homologue du Bahreïn a, une nouvelle fois, dénoncé « l’ingérence iranienne » et « son interventionnisme ».  Ces politiques « agressives » ne visent qu’une chose:  « ébranler la paix dans la région et le monde ». Le représentant a accusé l’Iran d’avoir « créé des cellules terroristes pour déstabiliser le Bahreïn » et d'avoir soutenu financièrement, formé, et armé le terrorisme, pour lancer des attaques contre son pays et les autres États du Conseil du Golfe, semer des divisons ethniques et religieuses et imposer la révolution iranienne au Bahreïn.

Son homologue des Émirats arabes unis a, à son tour, répété que les trois îles font partie intégrante de son pays.  Dénonçant l'occupation iranienne, il a qualifié les revendications de l’Iran sur ces terres de « sans fondement » et l’appelé l’Iran à régler pacifiquement ce conflit, conformément aux règles du droit international.

Le représentant de l’Arabie saoudite a tout simplement qualifié les propos de l’Iran de « fallacieux ».  Les milices houthistes, a-t-il ajouté, ne cessent de violer les trêves et le cessez-le-feu au Yémen.

Vous n’avez rien compris! s’est exclamé le représentant iranien.

Nous avons tout compris, a rétorqué son homologue de l’Arabie saoudite.  Voulez-vous une liste des activités de l’Iran qui mettent en péril l’action des Nations Unies et d’autres pays européens? » a-t-il demandé, en dénonçant le rôle destructeur de ce pays en Libye et en Afghanistan: un conseiller iranien a été accusé de meurtres dans l’ouest de l’Afghanistan et le Corps des gardiens de la révolution islamique y ont mené des attaques « de manière très professionnelle ».  En Libye, la saisie d’un navire a permis de découvrir des armes iraniennes envoyées.  

Le représentant du Yémen a qualifié l’Iran de « premier parrain du terrorisme international » pour déstabiliser le Golfe.  Les armes et la technologie iraniennes sont sur notre territoire et le chef de la milice houthiste sera bientôt reçu par le Gouvernement iranien, ce qui prouve qu’il est bien le parrain du terrorisme.  Il a accusé les milices houthistes de « violer quotidiennement le cessez-le-feu », y compris dans la mer Rouge où elles « plantent des mines » et menacent la navigation commerciale internationale. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce le lancement, le 30 octobre, de la Commission constitutionnelle sous l’égide de l’ONU

8628e séance – matin
CS/13967

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour la Syrie annonce le lancement, le 30 octobre, de la Commission constitutionnelle sous l’égide de l’ONU

« Le 30 octobre 2019, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève », a annoncé ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen.

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les membres de la Commission constitutionnelle et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement (A/2019/775) a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  C’est un « signe d’espoir » pour le peuple syrien, a estimé son Envoyé spécial.

À l’instar de M. Pedersen, l’ensemble des délégations ont salué ce premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien », a déclaré l’Envoyé spécial.  La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle (50 désignés par le Gouvernement, 50 par l’opposition et 50 par la société civile), une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Environ 30 % sont des femmes, a confié M. Pedersen.  Il a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, notamment à Edleb, a souligné M. Pedersen. La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

La création de cette Commission offre les conditions d’un règlement à long terme « pour tous les Syriens sans exception », s’est félicité le représentant de la Fédération de Russie, en rappelant la contribution de la Déclaration finale de Sotchi.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a-t-il toutefois noté, en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes. 

« C’est un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne » a estimé la représentante des États-Unis, soulignant le rôle joué par le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni).

Notant que la question syrienne a été l’un des dossiers les plus abordés pendant le débat de haut niveau de l’Assemblée générale, le représentant de la Chine a appelé toutes les parties à créer des contextes propices au règlement pacifique de cette crise, en gardant à l’esprit le respect de l’intégrité nationale de la Syrie.  Réagissant aux déclarations des représentants du Royaume-Uni et de l’Allemagne qui ont pointé la responsabilité des pays ayant recouru au veto contre une résolution humanitaire la semaine dernière, il a déclaré qu’aucun pays n’a le droit de faire « des remarques irresponsables ».

Les représentants de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de la Pologne et de l’Afrique du Sud ont estimé que cette Commission constitutionnelle doit permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus vaste et plus large.  Elle peut « servir de clef aux autres processus politiques appelés par la résolution 2254 (2015) », a renchéri leur homologue de la Belgique.  Ce dernier s’est dit « optimiste de façon prudente » face à cette nouvelle évolution, jugeant difficile de concevoir des pourparlers à Genève tant que la violence se poursuit à Edleb et ailleurs en Syrie. 

« Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien », a ajouté le représentant de la France qui s’est dit préoccupé de l’entêtement militaire du régime syrien à Edleb. 

Cette réunion a donné lieu à de vives invectives, notamment entre l’Iran et l’Arabie saoudite, chacun reprochant à l’autre de sponsoriser des groupes terroristes accusés de détruire non seulement la Syrie, mais aussi le Yémen.  Si la représentante américaine a exhorté l’Iran à retirer de Syrie ses partisans et miliciens, le représentant russe s’est étonné: « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie .» 

Réagissant aux accusations portées contre son pays, le Vice-Ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. Gholamhossein Dehghani, a invité toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien, pointant les Forces américaines, à quitter le pays.  Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Sedat Önal, a jugé que les terroristes dans le nord-est du pays sont une menace directe pour son pays.  Les deux Ministres ont réitéré le rejet, par les garants d’Astana, de « toute tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme ».  La Commission constitutionnelle est « un succès de la Syrie », a dit le représentant syrien.  Cependant, a-t-il averti, les efforts de son pays sur le front politique ne signifient pas qu’il est disposé « à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté ».  Seuls les Syriens débattront de leur constitution, sans ingérence extérieure, a-t-il résumé.  

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a assuré l’Envoyé spécial.  « Le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens. » En outre, il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Le 30 octobre 2019, a annoncé M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, j’entends réunir 150 hommes et femmes syriens pour le lancement d’une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive dirigée et contrôlée par les Syriens sous les auspices de l’ONU à Genève. 

L’accord conclu entre le Gouvernement de la République arabe syrienne et la Commission de négociation syrienne sur les candidats pour la Commission et sur son mandat et ses principales règles de fonctionnement a été annoncé le 23 septembre dernier par le Secrétaire général.  L’Envoyé spécial a salué ce « signe d’espoir » pour le peuple syrien. 

C’est le premier accord politique concret entre le Gouvernement et l’opposition pour commencer à mettre en œuvre un aspect clef de la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à savoir arrêter un calendrier et des modalités pour l’élaboration d’une nouvelle constitution, s’est félicité M. Pedersen.  Il peut s’agir d’une « porte ouverte sur un processus politique plus large qui réponde aux aspirations légitimes du peuple syrien ». 

L’Envoyé spécial a toutefois averti qu’il ne sera pas facile de saisir cette opportunité.  La crise en Syrie reste très grave, a-t-il souligné, en évoquant la violence et le terrorisme qui se poursuivent, les cinq armées internationales qui opèrent sur son territoire, des souffrances et des abus épouvantables, une société profondément divisée, et un sentiment de désespoir au sein du peuple à l’intérieur et à l’extérieur du pays.  La Commission constitutionnelle devra s’accompagner d’autres mesures pour renforcer la confiance entre les Syriens, et entre la Syrie et la communauté internationale.

Le texte du mandat et des principales règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle a été transmis au Conseil de sécurité dans le document 2/2019/775, a informé M. Pedersen. 

L’accord se fonde sur le respect de la Charte des Nations Unies, des résolutions du Conseil de sécurité, de la souveraineté, de l’unité, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de la Syrie; le processus est dirigé et contrôlé par les Syriens, a réitéré l’Envoyé spécial.  Il inclut l’objectif, stipulé dans la résolution 2254 (2015), de tenir des élections libres et régulières, conformément à la nouvelle constitution, qui seraient conduites sous la supervision de l’ONU. 

La Commission constitutionnelle a un mandat clair, a expliqué M. Pedersen.  Elle doit élaborer et rédiger, dans le cadre du processus de Genève mené sous l’égide de l’ONU, une réforme constitutionnelle qui sera soumise à l’approbation du peuple, en vue de contribuer au règlement politique en Syrie et à la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015).  Cette réforme incorpore notamment dans la constitution et les pratiques constitutionnelles syriennes la lettre et l’esprit des 12 Principes de base pour la coexistence entre Syriens, formulés à l’occasion du processus de Genève et affirmés à Sotchi. 

La Commission, a-t-il poursuivi, est libre de revoir et de modifier la Constitution de 2012, y compris à la lumière d’autres expériences constitutionnelles syriennes, ou de rédiger une nouvelle constitution.  M. Pedersen a parlé d’une structure « claire, équilibrée et viable ».  La présidence est assurée par deux Coprésidents égaux, l’un nommé par le Gouvernement et l’autre par l’opposition. 

La Commission constitutionnelle se compose d’un organe élargi et d’un organe restreint.  Siègent à l’organe élargi 150 femmes et hommes, dont 50 personnes sont désignées par le Gouvernement, 50 par la Commission syrienne de négociation et 50 sont issues de la société civile.  Siègent à l’organe restreint 45 femmes et hommes, dont 15 personnes sont désignées par le Gouvernement parmi les 50 qu’il a nommées à l’organe élargi, 15 sont désignées par la Commission syrienne de négociation parmi les 50 qu’elle a nommées à l’organe élargi, et 15 sont issues des 50 membres de la société civile qui siègent à l’organe élargi.  Il est prévu que l’organe restreint élabore et rédige les propositions constitutionnelles et que l’organe élargi les adopte.

L’accord, a encore détaillé l’Envoyé spécial, promeut dans la mesure du possible le consensus au sein de la Commission et précise pour qu’une décision soit adoptée, 75% des voix sont nécessaires au sein de l’organe concerné.  Les parties se sont engagées à travailler rapidement, sans interférence étrangère ni préconditions. 

L’ONU divulguera le nom des 150 membres de la Commission constitutionnelle une fois que tous les nominés auront officiellement confirmé leur participation.  Sur 150 membres, a confié M. Pedersen, environ 30% sont des femmes, dont près de la moitié pour les membres de la société civile. 

« Nous avons travaillé dur pour obtenir des garanties », a assuré le haut fonctionnaire.  L’accord stipule en effet que les membres de la Commission constitutionnelle et leur famille ou les organisations et entités politiques ou organisations et entités de la société civile dont ils font partie ne doivent pas faire l’objet, en raison de leur travail à la Commission, de menaces ou d’actes de harcèlement ou d’autres actes visant des personnes ou des biens, et qu’il faut faire face à tout incident qui se produirait ou de répondre à toute préoccupation qui se manifesterait.

Je continuerai à consulter l’ensemble de la société civile syrienne, a affirmé M. Pedersen, y compris dans le nord-est du pays.  « La future constitution de la Syrie appartient au peuple syrien, et à lui tout seul », a-t-il insisté.  L’ONU gardera « jalousement » l’aspect « dirigé et contrôlé par les Syriens » du processus. 

L’Envoyé spécial s’est dit toutefois conscient que la Commission constitutionnelle ne peut pas résoudre le conflit à elle seule.  La crise humanitaire se poursuit à Edleb.  Des groupes terroristes visés par ce Conseil continuent de « métastaser », touchant toutes les communautés syriennes.  À cet égard, il est essentiel de trouver une solution qui ne mette pas en danger les civils.  Le spectre d’une conflagration régionale plane encore sur le pays, a mis en garde M. Pedersen.  Il faut selon lui prendre des mesures de désescalade en vue de conclure un cessez-le-feu national. 

À l’approche de la première réunion de la Commission constitutionnelle, M. Pedersen a exhorté toutes les parties -les parties syriennes et leurs appuis- à examiner la situation dans une perspective plus vaste, plus inclusive.  Il les a appelées à s’emparer de l’élan offert par la Commission et à agir concrètement pour renforcer la confiance.  Il a également espéré que les parties syriennes sauront trouver « les mots justes » pour signaler clairement leurs bonnes intentions. 

Tout cela requiert un véritable dialogue international à l’appui du processus de Genève, a résumé l’Envoyé spécial. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général, le 23 septembre dernier, de la décision du Gouvernement syrien et de la Commission syrienne de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, chargée de rédiger une nouvelle constitution qui réponde aux attentes de tous les Syriens.  Elle a remercié le Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni) qui a aidé à parvenir à cette mesure encourageante.  Selon elle, la formation de cette Commission est « un premier pas historique dans la résolution de la crise syrienne ».  Elle s’est félicitée que la première réunion de la Commission se tienne le 30 octobre à Genève, avant de souhaiter que ses membres puissent travailler en toute sécurité et sans subir de menaces ni d’intimidations. 

Par ailleurs, la représentante des États-Unis a fustigé le comportement de l’Iran qui selon elle « n’agit pas de bonne foi ».  Regrettant que l’Iran soit aujourd’hui assis à la table du Conseil de sécurité pour donner des conseils, elle a exhorté ce pays à retirer de la Syrie ses partisans et miliciens.  En outre, Mme Craft a espéré que le Président Assad n’utilisera pas le lancement de cette Commission constitutionnelle comme prétexte pour suspendre le processus politique appelé par la résolution 2254 (2015).  Dans ce contexte, elle a demandé aux troupes syriennes de cesser toutes les attaques à Edleb.  « Si la création de cette Commission est un pas encourageant, trop de destructions, d’horreurs et d’atrocités ont été commises par le régime », a insisté la représentante.  Jugeant inacceptable que 128 000 Syriens soient détenus de manière arbitraire, elle a également demandé au Gouvernement syrien de libérer ces personnes. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appelé toutes les parties à soutenir les travaux de la Commission constitutionnelle qui doit entamer ses travaux le 30 octobre à Genève et a demandé au Conseil de sécurité d’appuyer ses efforts.  Il a souhaité que cette mesure marque le début d’un processus permettant au peuple syrien d’atteindre ses aspirations tout en préservant l’intégrité territoriale de la Syrie.  Ce processus politique doit s’accompagner de mesures de confiance, en particulier de progrès concrets, qui doivent être faits concernant les personnes détenues.  Dans ce contexte, les observateurs indépendants doivent pouvoir accéder aux centres de détention, a-t-il insisté.  La situation à Idleb continue de préoccuper le Koweït, alors que plus d’un demi-million de personnes sont déplacées par les combats qui ont fait plus d’un millier de morts parmi les civils.  La lutte antiterroriste n’exonère aucune personne ni aucune partie du respect du droit international et des droits de l’homme, a rappelé la délégation.  Selon elle également, aucune paix durable ne pourra être réalisée en l’absence de justice et sans que les auteurs des crimes aient à en répondre.  En conclusion, a-t-il résumé, ce conflit ne pourra être résolu que grâce à une solution politique sur la base de la résolution 2254.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a salué l’accord sur le lancement de la Commission constitutionnelle comme une première étape positive, une avancée décisive du processus politique en Syrie prévu par la résolution 2254, qui aura mis deux ans à se concrétiser.  Mais des actions et des engagements forts de chacun seront nécessaires pour que des négociations crédibles débutent, a-t-il prévenu.  Selon lui, les travaux de cette Commission doivent constituer un « point de départ » à l’élaboration d’une solution politique globale et inclusive associant également les femmes.  Ce processus passe avant tout par la sécurisation du territoire syrien et, à ce sujet, la France a exprimé sa vive préoccupation au sujet de la situation à Idleb, où le « régime » et ses alliés « s’entêtent dans une opération militaire aveugle » dont les civils sont les « premières victimes » et qui pourrait contribuer à la dispersion des éléments terroristes présents dans le nord-ouest.

« Cet acharnement militaire doit cesser » a-t-il insisté en appelant au gel immédiat du front à Idleb et partout en Syrie pour créer les conditions favorables à la tenue des discussions au sein de la Commission constitutionnelle et permettre de lever les entraves à l’aide humanitaire.  La mise en place de cette instance ne représente qu’une étape dans la mise en œuvre de la résolution 2254, qui constitue la feuille de route de la Communauté internationale en vue d’une solution durable et inclusive pour tous les Syriens.  Ceci suppose notamment de travailler à la création de conditions permettant la tenue d’élections libres et justes sous la supervision de l’ONU, auxquelles pourront participer tous les Syriens, y compris les réfugiés et les déplacés.  Enfin, il n’y aura pas de paix sans justice, a souligné M. de Rivière: les auteurs d’atrocités commises chaque jour en Syrie devront répondre de leurs actes, a-t-il prévenu.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué l’annonce faite par le Secrétaire général, la semaine dernière, sur la composition et les règles de fonctionnement de la Commission constitutionnelle, y voyant un « grand pas » vers une solution au conflit en Syrie.  Il a exprimé le soutien de son pays aux travaux de cette commission et invité les parties à faire preuve d’un maximum d’engagement, de souplesse et de respect mutuel.  Surtout, a-t-il ajouté, elles doivent laisser le peuple syrien au centre de toutes les décisions qu’elles prennent, car « c’est le peuple syrien qui décidera de son propre avenir ».  Le représentant a aussi plaidé pour que la participation des femmes soit respectée, valorisée et renforcée à chaque étape du processus constitutionnel, en parfaite égalité.  Insistant sur l’importance de ce point, il a exhorté l’Envoyé spécial à continuer de plaider en faveur d’une représentation féminine de 30%, au moins, dans ce processus. 

M. Singer Weisinger a également insisté sur l’importance de la participation de la société civile à ce processus en invitant à renforcer la confiance populaire par des mesures urgentes sur le terrain.  Il faut garantir la sécurité des membres de la Commission constitutionnelle et des membres de leurs familles, a-t-il ainsi demandé avant d’appeler à avancer sur la question du traitement des personnes détenues et disparues, en fonction de la nature humanitaire et de ce fait impartiale de la question.  Autre mesure de confiance recommandée par la République dominicaine, il faut protéger la population civile dans le nord-est du pays et éviter les attaques aveugles dans les zones peuplées.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé impérieux d’opérationnaliser la Commission constitutionnelle, qui doit être, selon lui, au cœur du processus politique de sortie de crise, conformément à la résolution 2254 (2015).  Il a accueilli avec satisfaction l’annonce du Secrétaire général le 23 septembre 2019, de la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation, de former une commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive, dont les Nations Unies seraient le facilitateur.  Il a appelé à un soutien résolu de la communauté internationale, notamment du Conseil de sécurité, afin que cet engagement des parties syriennes se matérialise à brève échéance.  Le représentant a invité Monsieur Pedersen à poursuivre ses consultations avec les parties prenantes et souhaité que la réunion qui doit se tenir le 30 octobre 2019 à Genève, sous les auspices des Nations Unies, permette la mise en place effective de la Commission constitutionnelle, afin d’insuffler une dynamique nouvelle au processus politique de sortie de crise en Syrie. 

Notant qu’il est important que les efforts actuels en faveur d’une solution politique au conflit syrien bénéficient d’un environnement apaisé, le représentant s’est félicité de la trêve unilatérale décrétée le 31 août 2019 par la Fédération de Russie et les forces gouvernementales de la province d’Edleb.  Dans ce contexte, il a exhorté les parties au conflit à prendre davantage de mesures de confiance, notamment la libération de prisonniers, avant d’exhorter les belligérants à respecter le cessez-le-feu pour permettre, entre autres, l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations en détresse. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a estimé que la séance de ce jour devrait revêtir un « caractère historique » avec l’annonce de la création tant espérée de la Commission constitutionnelle.  Après huit années de conflit, de nombreux obstacles et des cycles de négociations difficiles entre tous les acteurs du processus politique en Syrie, cette étape est une bonne nouvelle, a dit le représentant.  En accord avec la Déclaration du Groupe restreint sur la Syrie (Allemagne, Arabie saoudite, l’Égypte, États-Unis, France, Jordanie et Royaume-Uni), il a invité à rester conscient que cette étape positive exige une détermination sérieuse et le ferme engagement d’atteindre des résultats positifs et tangibles.

Ce nouveau scénario, lancé grâce à l’appui diplomatique des garants d’Astana (Russie, Turquie et Iran), devait être accompagné de mesures concrètes qui suscitent la confiance et facilitent les progrès dans le processus politique, a souhaité le représentant.  Il a plaidé pour que le processus de travail de la commission garantisse aux membres leur indépendance et leur évitent toute pression externe.  Enfin, le représentant a appelé à ne pas diviser la Syrie en zones d’influence, arguant que cela ne ferait qu’à augmenter la tension, en particulier à Edleb.  Il s’est aussi inquiété de l’existence de cinq armées dans le pays, non seulement parce que c’est une menace à la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, mais aussi parce que cela présente un risque d’escalade et de conflagration dans la région. 

M. JAMES ROSCOE (Royaume-Uni) a accueilli avec satisfaction la décision du Gouvernement syrien et de la commission de négociation de former une Commission constitutionnelle crédible, équilibrée et inclusive.  Un progrès qui couronne selon lui le travail acharné de l’Envoyé spécial depuis qu’il a pris ses fonctions il y a neuf mois.  « Ce n’est que le premier pas vers le règlement politique dont la Syrie a tant besoin et qui devra aussi inclure des élections libres », a insisté le représentant en appelant le Gouvernement syrien à un engagement véritable.  Affirmant que les problèmes de la Syrie ne trouvent pas leur origine dans la Constitution mais dans les politiques répressives du régime, le délégué a rappelé qu’ils ne pourront être résolus isolément.

C’est la raison pour laquelle il a souligné l’importance d’aborder tous les éléments de la résolution 2254.  Notant l’importance de mesures de confiance, le représentant a souligné la nécessité de faire des progrès sur la question de la remise en liberté des personnes détenues de façon arbitraire et d’obtenir des informations sur les personnes disparues.  Pour le Royaume-Uni, il est indispensable que les membres de la Commission puissent travailler sans subir des intimidations.  Il a ensuite fustigé l’opposition russe et chinoise au dernier projet de résolution en date sur l’aide humanitaire mis aux voix au Conseil de sécurité, invitant les membres ayant exercé leur droit de veto à assumer leurs responsabilités.  Il s’est ému du sort de 676 000 Syriens qui ont dû fuir leurs foyers depuis début le mois de mai dans la région d’Edleb, appelant le Gouvernement syrien à cesser de prendre délibérément pour cibles les populations civiles à Edleb.  Le délégué a salué le cessez-le-feu conclu le 31 août, ainsi que les efforts de la Turquie pour mettre fin aux violences à Edleb.  Le Royaume-Uni a rappelé en conclusion que 400 000 Syriens ont été tués depuis le début du conflit et que 12 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire.

M. HAITAO WU (Chine) a noté des progrès importants enregistrés ces derniers temps, dont une percée importante sur le front politique grâce à l’accord sur la formation de la Commission constitutionnelle, saluant la tenue annoncée de la première réunion le 30 octobre.  Il a appelé la communauté internationale à faire fond sur les résultats obtenus pour progresser vers un règlement politique, le seul possible pour le « dossier » syrien, encourageant les parties à saisir cette opportunité.  Les membres de la Commission, a-t-il dit, sont priés de prendre en considération les aspirations du peuple syrien, avec le soutien de l’ONU et, à cette fin, le Conseil de sécurité et la communauté internationale devraient soutenir les parties syriennes en les aidant à réduire leurs différences.

Parallèlement, des garanties de sécurité sont nécessaires: le terrorisme endémique est une entrave au processus politique et doit être éradiqué, a estimé la Chine, qui suit de près les mouvements des forces terroristes à Edleb et le sort des combattants terroristes étrangers et de leurs familles en Syrie.  S’agissant de la crise humanitaire, la Chine a appelé la communauté internationale à fournir une assistance humanitaire au peuple syrien mais sans instrumentaliser ce versant de la crise à des fins politiques.  La question des réfugiés et des déplacés doit être traitée de façon impartiale et les sanctions contre la Syrie levées, a préconisé le représentant.

Enfin, la Chine a rejeté catégoriquement les déclarations du Royaume-Uni concernant son action: Beijing prend ses décisions en se basant sur les faits et dans l’intérêt du peuple syrien quand elle vote sur un projet de résolution: personne n’a le droit de faire des remarques irresponsables en la matière, a prévenu le délégué.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souhaité que l’ouverture prochaine des travaux de la Commission constitutionnelle ouvre la voie à une sortie politique et à une solution durable à la crise syrienne, encourageant ladite Commission à se mettre immédiatement au travail sous les auspices des Nations Unies à Genève.  Un engagement fort et sincère de toutes les parties est absolument nécessaire, sur la base du respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité et de l’unité territoriales de la Syrie.  Chacun doit travailler en parfaite coopération pour faire face aux futurs défis et tous doivent se parler pour parvenir à un terrain d’entente, a préconisé le représentant.  Pour lui, le processus politique doit aller de pair, simultanément, avec un cessez-le-feu: il est absolument nécessaire d’éviter de nouvelles catastrophes humanitaires et de soutenir l’avancée du processus politique.  À cette fin, le soutien du Conseil de sécurité à une solution syrienne, pour les Syriens avec le soutien de l’ONU, est plus nécessaire que jamais alors que nous entrons dans une phase cruciale.  « La route qui s’ouvre n’est pas aisée, mais arriver à bon port reste tout à fait possible », a ajouté M. Djani.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’accord sur la formation d’une commission constitutionnelle syrienne et a dit attendre avec impatience sa première réunion à Genève.  Il a affirmé que toute « véritable transition politique » devrait s’appuyer sur le Communiqué de Genève de 2012 et la résolution 2254 (2015).  Elle s’est inquiétée de l’escalade des violences dans la province d’Edleb et a affirmé qu’une cessation des hostilités était d’une importance cruciale pour le travail de la nouvelle Commission.  Elle a aussi insisté sur la nécessité de libérer « les milliers de personnes placées en détention arbitraire et souvent soumises à des mauvais traitements incluant la torture et le viol », s’inquiétant tout particulièrement du sort des femmes, des enfants et des personnes âgées.  « Cette mesure est une des plus importante, si ce n’est la plus importante, pour bâtir la confiance entre les parties », a-t-elle estimé.  Elle a aussi demandé que des informations soient communiquées aux familles sur les milliers de disparus. 

La représentante de la Pologne a également souligné l’importance de garantir l’accès humanitaire et le respect du droit humanitaire international en Syrie, comme l’a réaffirmé le Conseil de sécurité, en août, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève.  En conclusion, elle a rappelé la position de la Pologne et de l’Union européenne: « Nous ne serons prêts à contribuer à la reconstruction de la Syrie que quand une transition politique globale, véritable et inclusive sera fermement engagée ».  « Nous soutenons pleinement le retour des réfugiés ayant fui leur demeure », a-t-elle ajouté en précisant qu’une solution durable au conflit devrait garantir un retour « volontaire, digne et pérenne » aux Syriens dans leur pays, en accord avec le droit international et le principe de non-refoulement.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a félicité M. Geir Pedersen, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, le Gouvernement, l’opposition et toutes les parties pour l’accord visant à établir une commission constitutionnelle « crédible, équilibrée et inclusive ».  Il a dit avoir hâte de la voir se réunir pour la première fois à Genève, sous les auspices de l’ONU.  Le délégué a souhaité que l’engagement des parties à garantir une représentation minimale de 30% de femmes dans les deux instances qui forment cette Commission, un organe élargi et un organe restreint où siègent 150 et 45 membres respectivement, soit respecté.  Le représentant a ensuite appelé à la pleine application de la résolution 2254 (2015), qui sert de feuille de route pour une résolution politique du conflit syrien, insistant notamment sur la nécessité de libérer les civils détenus, en particulier les femmes, les enfants, les malades et les personnes âgées.  « Ce geste serait un gage de bonne foi et de renforcement de la confiance entre les parties », a-t-il estimé. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a fait sienne l’intervention de M. Pedersen selon laquelle la mise en place d’une commission constitutionnelle est « une promesse faite au peuple syrien d’un nouveau contrat social ».  « Nous devons veiller à ce que toutes les parties s’engagent de bonne foi dans ce processus, en particulier le régime syrien », a ajouté le représentant.  Il a souhaité que tous les membres de cette commission puissent travailler à l’abri des menaces et sans obstacles ou intimidations.  Le représentant s’est dit favorable à une déclaration du Conseil de sécurité entérinant les décisions futures de cette commission.  Celle-ci devrait permettre d’ouvrir la porte à un processus politique plus large, a-t-il estimé. 

Selon le représentant, « nous ne parviendrons à nos objectifs que si les femmes sont impliquées à tous les niveaux » d’un processus qui devra aboutir à la tenue d’élections justes, libres et crédibles.  De plus, il a exhorté les autorités syriennes à procéder à la libération de femmes, d’enfants, de personnes handicapées et de personnes âgées qui se trouvent actuellement en détention.  Il a estimé que cela contribuerait à l’avènement de ce nouveau contrat social qui est nécessaire.  La lutte contre l’impunité est un élément fondamental, a-t-il insisté.  Enfin, il a dit regretter que la Russie et la Chine se soient opposées à la résolution humanitaire concernant Edleb, et que l’appel lancé par 12 membres du Conseil de sécurité n’ait pu être entendu. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souligné qu’après huit ans de violence le Conseil de sécurité se réunit aujourd’hui avec une lueur d’espoir, même fragile.  Pour la première fois, l’ONU a pu faciliter un accord entre toutes les parties et le peuple syrien a pu recevoir de bonnes nouvelles, a-t-il constaté.  Comme répété maintes fois, il n’y a d’autres solutions que politique à la crise syrienne et cette Commission a le potentiel de servir de clef à d’autres approches de négociations, a estimé le représentant, qui a salué le rôle des États, dont les garants du processus d’Astana, pour leur engagement diplomatique.  La Belgique s’est donc déclarée optimiste, mais reste « très prudente »: la Commission reste un moyen d’avancer grâce aux discussions dans lesquelles les parties pourront s’engager – mais le véritable progrès devra être le résultat de ces pourparlers car « beaucoup de temps a été perdu » et il est à présent urgent de se mettre au travail pour enregistrer des progrès concrets.

Ce processus s’accompagne d’obligations pour toutes les parties, qui doivent s’engager de bonne foi et pouvoir s’exprimer librement, sans obstacle ni intimidation, a poursuivi le représentant.  Le Gouvernement syrien a une obligation particulière dans la mise en place d’un environnement calme et sûr dans le pays – la violence à Idlib doit cesser, car il est impensable de mener des pourparlers à Genève si la violence se poursuit sur le terrain, a-t-il insisté en réitérant l’appel à une cessation des hostilités.  Enfin, concernant les milliers de Syriens qui continuent d’être arrêtés arbitrairement, il a encouragé l’Envoyé spécial à œuvrer à leur libération et Damas à prendre en compte l’importance cruciale de ce dossier, en signe de bonne foi pour sa population et alors que des milliers de Syriens attendent toujours un signe de leurs proches arrêtés et disparus.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) s’est félicité des évolutions enregistrées au sujet de l’établissement d’une Commission constitutionnelle et a salué le rôle joué par les garants d’Astana, ainsi que la participation « constructive » du Gouvernement et des groupes de l’opposition syrienne.  Il a souligné que l’élaboration d’une nouvelle constitution était nécessaire pour établir des bases politiques et institutionnelles en Syrie.  L’évolution en cours donne, selon lui, une raison d’être optimiste, même s’il faut rester prudent.  Le représentant a souligné que la Commission devra être efficace et diligente dans l’exercice de son mandat, avant d’appeler les parties à faire preuve de souplesse et d’une véritable ouverture au dialogue.

Le représentant a estimé que 30% des sièges de la Commission doivent être réservés aux femmes.  Il a aussi insisté sur l’importance de la transparence afin de permettre au Conseil de sécurité d’accompagner la mise en œuvre des accords conclus et de renforcer la confiance de toutes les parties envers le processus de paix.  M. Ugarelli a, en outre, appelé à redoubler d’efforts pour procéder à la libération des détenus, à l’identification des disparus et à la restitution des dépouilles mortelles.  Il importe également de veiller au retour volontaire, sûr et digne des millions de déplacés et de réfugiés syriens, a-t-il dit.

M. SERGEY VERSHININ (Fédération de Russie) a estimé que la création de cette Commission constitutionnelle nous offre des conditions pour permettre un règlement à long terme pour tous les Syriens sans exception.  Maintenant que le travail de la formation de cette instance a été achevé, le représentant russe a tenu à rappeler que l’idée de la formation a été adoptée par des représentants de l’ensemble de la société civile réunie à Sotchi en février 2018.  « Il ne s’agit que du début d’un long chemin », a insisté M. Vershinin en encourageant les membres de cette Commission à travailler de façon autonome pour favoriser un processus politique mené par les Syriens eux-mêmes.  Il a assuré que son pays, l’Iran et la Turquie avaient contribué de manière décisive à la définition, la composition et au règlement intérieur de cette Commission.  Insistant sur le respect de l’intégrité territoriale de la Syrie, le représentant russe a rappelé que les États garants du processus d’Astana continueraient d’organiser des rencontres internationales sur la base du format d’Astana, dont la prochaine réunion est prévue au Kazakhstan. 

Le représentant russe a ensuite jugé inadmissible de voir des tentatives d’ingérence dans le dialogue inter-syrien et de créer des délais artificiels et d’exiger des concessions qu’à une seule partie.  « Je trouve bizarre que l’on fustige l’Iran ici, alors que ce pays a beaucoup fait pour lutter contre le terrorisme en Syrie », s’est étonné M. Vershinin, avant de regretter que certains États membres du Groupe restreint « parlent beaucoup et font peu ».  « Le temps est venu d’encourager et non pas de rejeter le retour de la Syrie au sein de la famille arabe », a-t-il ajouté, avant de dire sa déception sur l’impossibilité de trouver un consensus sur la situation à Edleb, parce que certains ont voulu politiser la situation humanitaire.  « La paix avec le terrorisme ne peut exister » a-t-il aussi prévenu. 

Le représentant de la Chine a demandé la parole, en réponse à l’Allemagne qui a fait référence à sa position lors du vote de la résolution 2254: « la Chine l’a dit clairement, elle n’acceptera pas de telles accusations ».  Comme la Russie, la Chine porte une grande attention à la situation humanitaire en Syrie, a assuré le représentant en expliquant que c’était la raison pour laquelle ces deux délégations avaient proposé un projet de résolution.  Mais celui-ci n’a « malheureusement » pas été adopté, a regretté le représentant.  Pour améliorer la situation humanitaire du peuple syrien, le pas important à faire sera de lever les sanctions économiques contre la Syrie, a-t-il ajouté.

M. SEDAT ÖNAL, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Turquie, a salué l’engagement des parties syriennes lors du processus d’Astana, qui a permis la mise en place de la Commission constitutionnelle.  Celle-ci crée une occasion nouvelle de parvenir à une solution politique conforme à la résolution 2254 du Conseil et aux aspirations du peuple syrien.  Cependant, le processus politique qui s’ouvrira bientôt ne donnera pas de résultats sans environnement propice sur le terrain, a ajouté le numéro 2 de la diplomatie turque: Edleb en est le parfait exemple selon lui, et la Turquie, a-t-il assuré, poursuit ses efforts pour que le statu quo dans la province soit préservé.  Il a ensuite reconnu la présence d’éléments radicaux et l’urgence de faire face à la menace mais elle n’est pas d’accord avec la manière dont les civils sont pris pour cibles, car il ne saurait y avoir de solution militaire à la crise.

Pour la délégation, le processus politique doit être pris en mains par les Syriens eux-mêmes et le succès de ce processus dépendra de la capacité internationale à créer un niveau de confiance mutuel entre Syriens.  La Turquie poursuit en ce sens ses efforts pour contribuer à mettre en place des mesures de confiance nécessaires pour appuyer l’ONU.  De même, elle poursuit son appui au groupe de travail du processus d’Astana en faveur des personnes détenues.  La Turquie, a rappelé le Vice-Ministre, a été l’un des pays les plus touchés par le conflit en Syrie et se montre déterminée à lutter contre les menaces qui en émanent: les terroristes à Edleb et dans le nord-est du pays, Daech et autres, n’ont aucune place en Syrie, a-t-il insisté, car ces éléments sont une menace directe pour la sécurité de la Turquie mais aussi pour l’unité et l’intégrité territoriales de la Syrie.  Enfin, la Turquie, qui accueille 3,6 millions de Syriens, a considéré qu’il est temps de commencer à réfléchir au retour, sûr et volontaire, de ces réfugiés dans leur foyer, annonçant qu’elle s’est engagée, à cet égard, dans des discussions avec les pays voisins concernés. 

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé que l’accord sur la formation d’une Commission constitutionnelle constitue une « étape positive » dans le cadre du processus politique intersyrien, facilité par les Nations Unies, que le Gouvernement iranien appelle de ses vœux pour mettre un terme à la crise.  Voyant dans cette avancée le fruit des efforts déployés par les garants d’Astana, il a assuré que l’Iran, aux côtés de la Russie et de la Turquie, soutiendra activement le lancement de la commission constitutionnelle en Syrie, conformément à la Déclaration ministérielle des Garants en date du 24 septembre.  Il a toutefois réaffirmé que « toute forme d’ingérence extérieure ou d’imposition de calendriers artificiels devra être évitée ».  De fait, toute assistance prêtée à la Commission, même de la part de l’ONU, devra se faire à sa demande expresse, dans le plein respect de la souveraineté, de l’indépendance politique, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a-t-il exigé.

Réitérant le rejet par les garants d’Astana de toute « tentative de création de nouvelles réalités sur le terrain sous prétexte de combattre le terrorisme », le représentant a aussi souligné la volonté de ces derniers de s’opposer aux « programmes séparatistes ».  En conséquence, toutes les forces étrangères dont la présence n’est pas autorisée par le Gouvernement syrien « doivent quitter le pays », a-t-il exigé, pointant « l’occupation de certaines parties de la Syrie par des Forces américaines qui continuent d’apporter un soutien et une protection à des groupes terroristes sous couvert d’un combat contre le terrorisme ».  Pour le représentant, les agressions d’Israël contre la Syrie viennent « compliquer la situation » et la communauté internationale doit obliger cet État à cesser ses violations.  Il va de soi, a-t-il poursuivi, que le Gouvernement syrien a le droit souverain de décider de l’opportunité d’appliquer son droit à l’autodéfense. 

De même, a tenu à préciser le délégué, il ne peut y avoir de lien entre les travaux de la Commission constitutionnelle et des mesures aussi importantes que la lutte contre le terrorisme, la reprise de contrôle de l’ensemble du territoire par le Gouvernement syrien, le retour de tous les réfugiés et déplacés internes, et la reconstruction de la Syrie.  Assurer la sécurité des Syriens pris au piège des combats dans les zones sous le contrôle de groupes terroristes est « la responsabilité du Gouvernement syrien », a-t-il renchéri.  Mais « si le combat contre les terroristes doit se poursuivre sans relâche, tous les efforts devraient être déployés pour protéger la vie des civils », a conclu le représentant. 

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a salué le rôle du Secrétaire général et celui de son Envoyé spécial dans cette réalisation de taille que constitue la création d’une commission constitutionnelle.  Il a proposé que la Commission soit lancée le plus vite possible en évitant toute querelle de procédures.  « Nous devons travailler sur plusieurs axes en même temps et suivre les dispositions de la résolution 2254 », a-t-il ajouté avant de souhaiter que les travaux de la Commission constitutionnelle ne soient pas perçus comme une alternative à d’autres procédures. 

Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre le terrorisme et les autres groupes illégitimes sur le terrain.  Il a appelé à s’interroger sur ceux qui ont contribué à l’arrivée de milliers de combattants terroristes étrangers en Syrie, qui les ont armés et formés en violation du droit international humanitaire, des résolutions du Conseil de sécurité et de la souveraineté de la Syrie et finalement de la vie des Syriens.  Il a regretté que certaines parties s’efforcent de changer la composition démographique du nord-ouest de la Syrie.  C’est pourquoi il a demandé que tout soit fait pour permettre le retour de tous les réfugiés.  Le Communiqué conjoint issu de la réunion du Groupe restreint de pays le 26 septembre contient des recommandations pertinentes, a-t-il enfin souligné. 

Mme SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a apporté le plein soutien de son pays aux efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie sur la base de la résolution 2254(2015), qui constituent une évolution et une étape politique méritant, selon lui, un contexte propice pour réussir.  Elle y a vu une chance pour la Syrie de retrouver sa liberté et sa stabilité, une fois libérée des groupes terroristes, et un contexte propice au retour digne aux réfugiés.  Instaurer un tel contexte suppose néanmoins davantage d’efforts, a dit la représentante, en rappelant que la Jordanie accueille actuellement 1,3 million de Syriens.  Les capacités jordaniennes ont d’ailleurs été largement dépassées, mais le pays s’efforce de faire de son mieux pour répondre aux besoins de ces réfugiés.  Cependant, la crise des réfugiés engage la responsabilité de la communauté internationale, a fait remarquer la représentante, en se plaignant que l’assistance internationale ne soit pas à la hauteur.  La Jordanie encourage un retour volontaire et digne des réfugiés mais il est important de le rendre possible et de mener tous les efforts possibles en ce sens, a-t-elle plaidé.  Pour conclure, elle s’est dit convaincue que le Conseil de sécurité est conscient de ses responsabilités: « la Syrie dépend de vous Mesdames et Messieurs », a-t-elle martelé. 

Selon M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite), la création de cette Commission constitutionnelle offre les conditions pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien en permettant le retour sûr, digne et volontaire des réfugiés.  Après avoir annoncé la tenue à Riyad, le 7 octobre prochain, d’une réunion préparatoire sur la Commission, il a appelé les autorités syriennes à saisir cette occasion pour faire de la réunion du 30 octobre « un véritable succès et un premier pas vers une solution politique ». 

Le représentant saoudien a déclaré que la crise syrienne a été exploitée par les ennemis du monde arabe et du peuple syrien.  Il a demandé que « les milices terroristes sectaires appuyées par l’Iran qui ont joué un rôle prépondérant dans la destruction de la Syrie » quittent ce pays.  Ces groupes doivent partir et l’Iran doit réaliser que la Syrie est un État arabe qui a sa place au sein de la fédération des pays arabes, a-t-il insisté, avant de reprocher à l’Iran d’être « un État terroriste qui a transformé la Syrie en un État voyou qui sème le chaos ». 

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a rappelé qu’en collaboration étroite avec ses amis iraniens et russes et avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général, la Syrie est parvenue à créer une Commission constitutionnelle et à s’accorder sur un mandat, « pour les Syriens et par les Syriens », exempt de toute ingérence extérieure.  Le succès engrangé avec la création de cette Commission est « un succès de la Syrie » qui a surmonté tous les obstacles placés sur sa route par les gouvernements hostiles, s’est félicité le représentant.  Le Président syrien y a d’ailleurs contribué, car seuls les Syriens ont le droit et le devoir de débattre de leur constitution et de l’adopter, sans ingérence ni conditions ou extorsions extérieures que recherchent « certaines parties, dont le but est de déstabiliser la Syrie et de piller de ses ressources, et qui ont investi dans le terrorisme dans toutes ses formes ».

La Syrie continue de participer au processus d’Astana qui a permis de déboucher sur des résultats concrets sur le terrain, a indiqué le représentant.  D’après lui, le mandat de la Commission préserve l’intégrité et l’unité du pays.  La Commission, a-t-il poursuivi, vise à garantir l’intégrité du processus politique sans tirer de conclusions à l’avance, car la Syrie est « maître de son destin ».  Aucun pays, ni même le groupe restreint de Sotchi, ne peut avoir d’influence sur son travail, et aucun ultimatum ne saurait lui être imposé, a prévenu le représentant. 

Étant donné que la Commission déterminera l’avenir de la Syrie pour les 25 prochaines années, la Syrie continuera d’avancer dans le processus politique sur des bases solides répondant aux aspirations du peuple syrien, a poursuivi le représentant.  À cet égard, le rôle du Représentant spécial du Secrétaire général est clef, et nous réitérons que nous sommes prêts à travailler avec lui et avec les pays amis pour lancer cette Commission, a-t-il assuré, en se disant cependant « réaliste et conscient » que ce processus politique ne sera pas simple.  La Syrie a déjà, par le passé, mis en garde -notamment en Libye et en Iraq- contre les États qui tentaient de modifier les principes de la Charte des Nations Unies: encore une fois, elle devra éviter que certains ne s’efforcent de mettre la région à feu et à sang, a averti le représentant.  « Donc la Syrie le répète: elle est prête à travailler avec des partenaires dignes de ce nom, pas avec ceux qui utilisent la plateforme du Conseil de sécurité pour imposer des conditions et nuire au peuple syrien. »  Que ceux qui ont pleuré « des larmes de crocodile » sur le sort des civils sachent que, jusqu’à aujourd’hui encore, des scanners sont bloqués aux portes de la Syrie, a-t-il lancé.  L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a expliqué que certains pays d’influence s’opposent à l’envoi de ce matériel médical, a-t-il rapporté. 

Enfin, a conclu M. Ja’afari, le succès des efforts politiques impose de mettre un terme à la présence des forces du Royaume-Uni, des États-Unis et de la France sur le territoire syrien.  « Les efforts de la Syrie sur le front politique ne signifient pas qu’elle est disposée à renoncer à son indépendance ni à sa souveraineté », a-t-il averti. 

Reprenant la parole, le Vice-Ministre de la République islamique d’Iran a regretté que l’ambassadeur du régime « infanticide » de l’Arabie saoudite fasse de son mieux pour détourner le Conseil de sécurité des réalités du terrain afin de dissimuler les crimes saoudiens contre les peuples de la région, notamment contre les enfants du Yémen.  « En accusant les autres, ils veulent dissimuler leurs appuis aux terroristes. »  M. Dehghani a ajouté que l’Arabie saoudite est la source des principaux soutiens idéologiques et financiers des groupes Al-Qaida, Daech et Front el-Nosra.  « Ce qu’ils font est non contraire non seulement aux enseignements de l’Islam, mais aussi aux principes fondamentaux du droit international humanitaire », a encore dit le Vice-Ministre iranien qui a appelé à tenir l’Arabie saoudite pour responsable des crimes commis en Syrie et au Yémen. 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé « ces fausses accusations » avant d’accuser à son tour l’Iran d’avoir sponsorisé des attentats terroristes en Amérique du Sud et en Europe.  Il a déploré que l’Iran, « pays suprême du terrorisme », verse « des larmes de crocodile » au sujet du Yémen alors qu’il n’a offert à ce pays « que des balles ».  L’Iran doit s’abstenir de faire des « affirmations insensées ». 

« Il n’y a aucun doute que l’Arabie saoudite fournit une aide financière à des groupes extrémistes de l’Asie centrale à la Libye » a martelé le Vice-Ministre de l’Iran.  Malheureusement, « l’hostilité de l’Arabie saoudite à l’égard de l’Iran ne semble pas avoir de fin ».  D’après le représentant, l’Arabie saoudite a donné près de 100 milliards de dollars au régime de Saddam Hussein pour financer sa guerre contre l’Iran.  Il a également rappelé que 11 des 15 auteurs des attentats du 11 septembre 2001 à New York étaient des citoyens saoudiens.  « Chaque semaine nous arrêtons des groupes terroristes financés par l’Arabie saoudite qui tentent de commettre des attentats terroristes en Iran. » 

Le représentant de l’Arabie saoudite a dénoncé les fausses accusations de l’Iran et demandé que l’Iran cesse de s’ingérer dans le monde arabe.  « Vous n’arrêtez pas de terroristes, mais vos concitoyens que vous torturez » a-t-il lancé à son homologue iranien avant de regretter que les relations entre son pays et l’Iran se soient dégradées après la révolution iranienne de 1979. 

Reprenant la parole en fin de réunion, le représentant de la Fédération de Russie, en sa qualité de Président du Conseil de sécurité pour le mois de septembre, a estimé que cet échange entre l’Iran et l’Arabie saoudite vient de montrer à quel point les questions de paix et de sécurité sont liées au Moyen-Orient.  C’est pourquoi il s’est dit persuadé qu’un règlement rapide du conflit syrien permettra de résoudre les tensions dans l’ensemble du golfe Persique.  Il a espéré que les idées et les propositions avancées par la Russie pour un système de sécurité dans le golfe Persique seront perçues comme une base indispensable à cette fin. 

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