En cours au Siège de l'ONU

Cinquième Commission: inquiétudes face aux retards et à la hausse « considérable » des coûts de rénovation du Palais des Nations à Genève

Soixante-quatorzième session,
12e séance – matin
AG/AB/4341

Cinquième Commission: inquiétudes face aux retards et à la hausse « considérable » des coûts de rénovation du Palais des Nations à Genève

Face à l’annonce d’un retard de six mois dans les travaux de rénovation du Palais des Nations à Genève, doublée d’une augmentation « considérable » des coûts de construction, plusieurs délégations ont appelé ce matin, à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, à l’amélioration de la gouvernance du projet, à la recherche de mécanismes de financement alternatifs pour réduire les risques de dépassement et à la levée de « l’incertitude persistante » concernant le cadre de financement du projet.

Lancé en 2014, le projet de rénovation du Palais des Nations à Genève, dit « plan stratégique patrimonial », était censé s’échelonner jusqu’en 2023, pour un coût total de 836,5 millions de francs suisses.  Le projet comprend trois grands volets: la construction d’un nouveau bâtiment permanent, dit bâtiment H, dont les travaux ont commencé en avril 2017; la remise en état du garage souterrain du bâtiment E, finalisée l'an dernier; et la rénovation des bâtiments historiques datant des années 1930, qui devait s’échelonner de 2018 à 2023. 

Cependant, en raison de l’affinement de la stratégie d’exécution du dernier volet, le Secrétaire général explique que la rénovation des bâtiments historiques a pris six mois de retard et devrait se terminer en 2024.  À cela s’ajoute une hausse des prévisions de dépenses de 4,9 millions de francs suisses pour la construction du nouveau bâtiment H et de 31,2 millions de francs suisses pour la rénovation des bâtiments historiques.  De sorte que, sur les 836,5 millions de francs suisses budgétés, s’inquiète le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), il ne reste désormais plus que 36,9 millions pour les imprévus.

La hausse « considérable » des coûts et la « baisse continue » des ressources disponibles en cas d’imprévus sont en effet préoccupantes, a déclaré l’Union européenne (UE), précisant que, selon le modèle de risque le plus récent, le projet avait désormais plus de chances de dépasser le budget approuvé que le contraire.  Pour remédier au « glissement des coûts » et réduire les risques, l’UE a voulu que l’on envisage des mécanismes de financement alternatifs et que l’on augmente les revenus locatifs des autres entités des Nations Unies hébergées dans les bâtiments rénovés.  En parallèle, l’Union a insisté sur l’importance de la bonne gouvernance.  Cela suppose notamment de mettre pleinement en œuvre les recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC), a-t-elle insisté, appelant le Secrétaire général à n’épargner aucun effort pour éviter d’autres délais et dépassements de coûts et réduire les risques et vulnérabilités.  Toutes les options alternatives pour réduire le « fardeau financier » des États sont en effet bonnes à prendre, ont acquiescé les États-Unis.  À titre d’exemple, le pays a suggéré d’affecter au projet tous les revenus tirés de la location de biens immobiliers et de la valorisation des terrains appartenant à l’ONU.

Les changements de calendrier sont inhérents à des projets de construction aussi vastes et aussi complexes, a cependant nuancé la Suisse, qualifiant les six mois de retard par rapport au calendrier initial de « léger report », consécutif aux « efforts d’adaptation nécessaire » à la stratégie d’adjudication des marchés publics pour la rénovation des bâtiments historiques.  En tant qu’État hôte, la Suisse a par ailleurs rappelé qu’elle avait consenti un prêt de 400 millions de francs suisses sans intérêt pour financer le projet, dont plus de la moitié était déboursée au 13 décembre 2019.  Dans la mesure où 2020 marquera le début du remboursement sur 50 ans et où des contrats à long terme pour les travaux de rénovation sont en train d’être négociés, la Confédération helvétique a exhorté les États Membres à « lever l’incertitude persistante » concernant le cadre de financement non résolu du projet. 

La Cinquième Commission doit en effet conclure, durant cette session, un accord de financement du projet, a renchéri le Mexique.  Il est également grand temps que l’Assemblée générale prenne une décision sur les modalités d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions, sur la monnaie à utiliser et sur la création d’un compte spécial pluriannuel, ont insisté le Groupe des 77 et la Chine, appelant toutefois à séparer la question de la stratégie de valorisation de celle du plan patrimonial.

Les délégations étaient également saisies du rapport du Secrétaire général sur la pratique suivie en matière disciplinaire et en cas de faits constitutifs d’infraction pénale en 2018.  Le Groupe des 77 et la Chine ont noté avec préoccupation que le nombre de recours formés contre les sanctions disciplinaires en instance avait doublé depuis 2015, passant de 16 à 32 au 30 septembre 2019.  « Nous estimons que ces affaires devraient être réglées aussi rapidement que possible », a déclaré le Groupe, tout en saluant les efforts visant à renforcer la responsabilité en matière disciplinaire, notamment via l’actualisation des directives applicables et l’amélioration des moyens d’enquête.

La prochaine séance publique de la Commission aura lieu lundi 2 décembre, à partir de 10 heures, et portera notamment sur le financement de la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR 2020

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le sixième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/74/7/Add.13)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires a examiné celui du Secrétaire général (A/74/452) qui, portant sur la période du 1er septembre 2018 au 31 août 2019, renferme des informations sur l’état d’avancement du projet, les stratégies de gestion souple de l’espace de travail, les prévisions de dépenses, les dispositifs d’évaluation envisageables et les divers mécanismes de financement possibles.  Le Comité consultatif prend note des progrès accomplis et de l’achèvement de certaines activités, mais s’inquiète du fait que le projet ait été prolongé de six mois, de l’augmentation des coûts et des risques qui pèsent sur le calendrier d’exécution des travaux et sur le plan de dépenses.

Il note que les prévisions de dépenses relatives au nouveau bâtiment H ont déjà progressé de 4,9 millions de francs suisses et que celles relatives aux travaux de rénovation des bâtiments historiques, y compris au démantèlement du bâtiment E, devraient augmenter de 31,2 millions de dollars, entraînant une diminution du même montant des ressources disponibles en cas d’imprévus.  Le Comité recommande que l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de veiller à ce que des mesures d’atténuation soient prises pour finir les travaux dans les délais et dans la limite de l’enveloppe globale qu’elle a approuvée.  La gestion du projet doit être assurée de manière rigoureuse et les domaines qui présentent des risques et des vulnérabilités doivent être suivis de près.  Le Comité souligne les attributions qui sont celles du maître d’ouvrage et du Comité directeur, lesquels ont un rôle essentiel à jouer pour ce qui est de piloter et de superviser la gestion de l’exécution du projet, de faciliter la prise de décision, de trouver rapidement des solutions aux problèmes et de veiller à ce que l’exécution du projet se déroule conformément au calendrier et au budget établis.

Dans son rapport, le Secrétaire général indique que le prêt à taux zéro d’un montant de 400 millions de francs suisses est destiné à financer la construction du nouveau bâtiment (estimée à 125,1 millions) et les travaux de rénovation (estimés à 274,9 millions), mais que les montants effectivement imputés sur ce prêt ne pourront être déterminés que lorsque la construction du bâtiment H sera achevée et que son coût réel sera connu.  Tout reliquat de la part du prêt destinée à ce bâtiment sera alors reporté sur la rénovation des bâtiments anciens, s’il y a lieu.  En ce qui concerne le remboursement du prêt, le Secrétaire général indique que, selon le calendrier d’exécution le plus récent, le remboursement sur 50 ans des annuités correspondant à la partie du prêt destinée à la construction du bâtiment H débutera à la fin de 2020, année au cours de laquelle ce bâtiment commencera à être occupé.  Le remboursement de la partie du prêt destinée à la rénovation commencera dès l’achèvement des travaux.

Selon le modèle de risque trimestriel le plus récent, il est recommandé que le montant de la provision pour imprévus, à savoir la différence entre l’enveloppe budgétaire globale et les prévisions de dépenses totales, soit de 69,5 millions de francs suisses (71,7 millions si l’on inclut la hausse des coûts) pour un niveau de confiance de 80%.  Or, le montant de la provision pour imprévus s’élève à 36,9 millions de francs suisses (38,1 millions si l’on inclut la hausse des coûts).  Le Comité consultatif s’inquiète de voir que, selon le modèle de risques le plus récent, la probabilité que le budget approuvé pour le projet suffise à couvrir les coûts du plan stratégique est tombée en dessous de 50% pour la première fois et que le niveau de la provision pour imprévus est allé en s’amenuisant ces dernières années et souligne qu’il faut adopter de nouvelles stratégies d’atténuation.  Le Comité consultatif réaffirme que le projet a atteint un stade où il est nécessaire d’assurer son financement et souligne qu’il importe que l’Assemblée générale se prononce, à cette session, sur les modalités d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions, sur la monnaie à utiliser et sur la création d’un compte spécial pluriannuel.  Il réaffirme que le choix de l’une des formules est une question de politique générale qui relève de la compétence de l’Assemblée.  Quant aux autres mécanismes de financement possibles, le Comité estime que le Secrétaire général devrait veiller à ce que les donateurs potentiels reçoivent des informations claires quant au cahier des charges du projet pour lequel leur concours est sollicité, y compris pour ce qui est des montants qui réduiraient effectivement les contributions mises en recouvrement auprès des États Membres aux fins du plan stratégique patrimonial.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. SAED KATKHUDA, de l’État de Palestine, a pris note des progrès réalisés l’année dernière dans la concrétisation d’étapes clefs du projet concernant les activités de conception, d’achat et de construction.  Le Groupe a noté un risque de retard et de six mois de glissement, avec les conséquences financières qui en résultent.  Le représentant a réaffirmé qu’une surveillance étroite et rigoureuse du projet de gestion, un contrôle interne efficace et d’importantes mesures d’atténuation sont des facteurs clefs pour assurer le respect des délais et du budget approuvés.  Les meilleures pratiques tirées des autres projets de construction doivent continuellement inspirer le plan stratégique patrimonial. 

Le Groupe a aussi noté que les variations du coût des travaux et de conception ont entraîné une actualisation du coût du nouveau bâtiment permanent H, de 4,9 millions de francs suisses.  Il a dit compter que les stratégies de gestion souple de l’espace de travail et les autres variations du projet soient mises en œuvre tout en respectant la rentabilité du projet et les délais fixés.  Le représentant a rappelé la résolution 73/279 de l’Assemblée générale et a estimé qu’il est temps que cette dernière prenne une décision sur les modalités d’ouverture des crédits et de mise en recouvrement des contributions, sur la monnaie à utiliser et sur la création d’un compte spécial pluriannuel.  Sur la question de la stratégie de valorisation, le représentant a dit comprendre que le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a recommandé de séparer cette question du plan stratégique patrimonial.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a rappelé que, d’après le calendrier initial du plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève, le projet en est désormais à mi-parcours.  « Un travail considérable a été accompli ces dernières années, et nous félicitons le Secrétariat », a dit M. De Preter, soulignant notamment les efforts déployés par l’équipe chargée du projet pour améliorer l’accessibilité des locaux, mettre en œuvre des stratégies de gestion souple de l’espace de travail afin d’accueillir davantage d’entités des Nations Unies et réduire la consommation d’énergie.  Le représentant en a également profité pour remercier la Suisse pour son appui financier et matériel au projet.

M. De Preter s’est toutefois dit préoccupé par les retards dans la mise en œuvre du projet et le report de sa date d’achèvement à 2024.  Il a également exprimé son inquiétude face à la hausse « considérable » des coûts et la baisse continue des ressources disponibles en cas d’imprévus.  Selon le modèle de risque le plus récent, a-t-il poursuivi, l’achèvement du plan stratégique patrimonial a désormais plus de chances de dépasser le budget approuvé que le contraire.  Compte tenu de cette tendance, le représentant a dit l’intention de l’Union européenne de suivre de très près le financement du plan.  Afin de remédier au « glissement des coûts » et de réduire les risques, M. De Preter a voulu que l’on envisage des mécanismes de financement alternatifs et que l’on augmente les revenus locatifs des autres entités des Nations Unies hébergées dans les bâtiments rénovés.  Il a également indiqué que l’UE demandera des comptes au Secrétariat concernant les efforts de valorisation prévus et entrepris. 

Pour s’assurer du respect des objectifs, du calendrier et du budget, le représentant a en outre insisté sur l’importance de la bonne gouvernance, au moyen d’une surveillance interne forte et d’un contrôle externe indépendant.  Il a notamment appelé à mettre pleinement et rapidement en œuvre l’intégralité des recommandations du Comité des commissaires aux comptes (CCC).  M. De Preter a également appelé le Secrétaire général à tout mettre en œuvre pour éviter des délais et dépassements de coûts supplémentaires, ainsi que pour réduire les risques et vulnérabilités.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a insisté sur la transparence et la bonne gouvernance et sur la nécessité de réduire le fardeau financier des États grâce à des options alternatives.  Afin de contenir les coûts, tous les revenus tirés de la location de biens immobiliers ou de la valorisation des terrains appartenant à l’ONU doivent être affectés au plan, a suggéré la représentante.  Elle a pris note des recommandations du Comité des commissaires aux comptes et a dit attendre avec intérêt les discussions informelles, en particulier sur l’accord de financement.  Concernant « le Palais », la représentante se dit impatiente d’entendre le Secrétariat et l’équipe du plan stratégique patrimonial expliquer les plans visant un espace de travail plus souple avec une capacité accrue. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a rappelé que le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève a pour double objectif de conserver le patrimoine historique onusien et de l’adapter de façon à optimiser son fonctionnement, notamment en matière d’efficience, d’ouverture, de durabilité environnementale, de sécurité, d’accessibilité et d’innovation.

Tout en reconnaissant les progrès accomplis à ce jour dans la mise en œuvre du projet, le représentant a cependant appelé à améliorer la prise en compte des risques et des vulnérabilités au moyen d’une gestion plus rigoureuse et d’une coordination efficace, dans le respect du calendrier et du budget établis.

Le représentant a salué les efforts pour mettre en œuvre des stratégies de gestion souple de l’espace de travail.  Il a jugé tout aussi important d’améliorer l’accès aux locaux pour les personnes handicapées, ainsi que de réduire la consommation d’énergie de façon durable.  Le représentant a souligné l’intention du Mexique de demander des informations complémentaires concernant ces deux aspects lors des délibérations sur la question.

Par ailleurs, tout en saluant l’appui financier du Gouvernement suisse, le représentant s’est dit conscient des défis auxquels se heurte le projet en termes de financement.  Pour être en mesure de mener le plan à son terme, il a appelé la Cinquième Commission à conclure, durant cette session, un accord de financement du projet.  Il a également enjoint aux États Membres d’adopter une décision concernant le plan de mise en recouvrement des contributions et la monnaie de comptabilisation des crédits à ouvrir et des montants à mettre en recouvrement.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a pris note du « léger » report de la date de fin du chantier par rapport au calendrier initial.  Les six mois de retard s’expliquent par les efforts d’adaptation nécessaire à la stratégie d’adjudication des marchés publics pour la rénovation des bâtiments historiques, a expliqué le représentant.  Les retards et les changements de calendrier sont inhérents à des projets de construction aussi vastes et aussi complexes.  M. Lauber s’est félicité de la réduction des risques d’exécution que les adaptations réalisées permettront au cours de la rénovation prochaine.  Il a aussi salué l’existence d’une infrastructure provisoire dédiée aux conférences, qui permet d’assurer la continuité des opérations durant les travaux de rénovation.  Toutefois, a-t-il prévenu, comme nous concluons à présent des contrats à long terme pour les travaux de rénovation, nous exhortons les États Membres à lever l’incertitude persistante concernant le cadre de financement non résolu du projet et nous encourageons le Secrétaire général à veiller à ce que le projet reste fermement dans les limites du budget maximal, du champ et du calendrier, telles qu’approuvées et confirmées par les États Membres.

Le plan stratégique patrimonial représente un investissement dans le multilatéralisme en vue de garantir une Organisation efficace, durable, qui respecte les personnes, l’environnement et les ressources financières, a poursuivi le représentant.  Ce plan permettra d’accroître la productivité, le bien-être et l’efficacité, en modernisant l’infrastructure obsolète.  Il permettra aussi d’éliminer les obstacles que rencontrent les personnes handicapées.  En tant qu’État hôte, la Suisse, a assuré son représentant, s’est engagée à soutenir financièrement le plan en consentant un prêt de 400 millions de francs suisses sans intérêt.  Au 13 décembre 2019, la Suisse aura déboursé plus de la moitié du prêt réservé à la construction.  En 2020, le nouveau bâtiment pourra être occupé.  Cette année marquera également le début du remboursement de l’emprunt sur 50 ans, a-t-il rappelé. 

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur la pratique suivie par le Secrétaire général en matière disciplinaire et en cas de faits constitutifs d’infraction pénale (A/74/558)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif a examiné celui du Secrétaire général sur la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2018 (A/74/64).  Ce dernier indique que 149 affaires ont été renvoyées au Bureau des ressources humaines en vue de mesures disciplinaires éventuelles en 2018, contre 123 affaires au cours de la période annuelle précédente.  Sur ces 149 affaires, 51 portaient sur des faits de fausses déclarations et de fausses attestations, 32 sur des faits d’abus de pouvoir, de harcèlement ou de discrimination (dont 16 de harcèlement sexuel) et 20 sur des faits de vol et de détournement.  Quant à l’origine des affaires, le Secrétaire général précise que 91 (61%) concernaient des fonctionnaires en poste sur le terrain et 58 (39%) des fonctionnaires en poste au Siège de l’Organisation des Nations Unies et dans les bureaux hors Siège.  Le Comité consultatif note avec préoccupation que le nombre de recours formés contre les sanctions disciplinaires en instance a doublé depuis 2015, passant de 16 à 32 au 30 septembre 2019.  Il compte que tout sera fait pour résorber cet arriéré.

Déclaration

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. SAED KATKHUDA, de l’État de Palestine, s’est dit très préoccupé par les retards dans la publication des rapports sur la gestion des ressources humaines concernant les sujets à l’examen de la Cinquième Commission.  S’agissant des pratiques suivies par le Secrétaire général en matière disciplinaire et en cas de faits constitutifs d’infraction pénale, le représentant a souligné l’attachement de son groupe à un environnement de travail « équitable, transparent et responsable », capable de répondre aux besoins de ses États membres.  À ses yeux, disposer d’un cadre disciplinaire « solide et fiable » est primordial pour parvenir à cet objectif.

Dans ce cadre, M. Katkhuda a noté avec préoccupation que le nombre de recours formés contre les sanctions disciplinaires en instance avait doublé depuis 2015.  « Nous estimons que ces affaires devraient être réglées aussi rapidement que possible », a-t-il déclaré.  Par ailleurs, le représentant a salué les efforts visant à renforcer la responsabilité en matière disciplinaire, notamment via l’actualisation des directives applicables et l’amélioration des moyens d’enquête.  Il a appelé à continuer dans cette voie, de façon à améliorer la sensibilisation et à enquêter rapidement sur les faits, afin que les auteurs de faute professionnelle avérée soient sanctionnés.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de tutelle élit M. Jonathan Guy Allen, du Royaume-Uni, à sa présidence

Soixante-douzième session,
1717e séance - matin
TR/2434

Le Conseil de tutelle élit M. Jonathan Guy Allen, du Royaume-Uni, à sa présidence

Le Conseil de tutelle s’est réuni, ce matin, pour ouvrir sa soixante-douzième session et élire, par acclamation, M. Jonathan Guy Allen, du Royaume-Uni, à sa présidence et Mme Anne Gueguen, de la France, à la vice-présidence, pour un mandat de cinq ans.

Avec l’indépendance des Palaos, le 1er octobre 1994, dernier territoire sous tutelle des Nations Unies, le Conseil, composé des cinq permanents du Conseil de sécurité, a officiellement suspendu ses activités à partir du 1er novembre 1994.  Il ne se réunit désormais que dans les cas et aux endroits où les circonstances le justifient, à sa demande ou sur décision de son Président ou à la requête d’une majorité de ses membres ou de l’Assemblée générale ou du Conseil de sécurité. 

Institué, en 1945, par la Charte des Nations Unies, le Conseil de tutelle est l’un des six organes principaux des Nations Unies, aux côtés de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC), du Secrétariat et de la Cour internationale de Justice (CIJ).

Le Conseil de tutelle a été créé pour assurer la surveillance à l’échelon international des 11 territoires sous tutelle placés sous l’administration de 7 États Membres, et garantir que les mesures appropriées étaient prises pour préparer les territoires à l’autonomie ou l’indépendance.

Les 11 territoires étaient le Tanganyika britannique qui, avec Zanzibar, a formé la République-Unie de Tanzanie actuelle; le Rwanda-Urundi belge qui a donné naissance au Rwanda et au Burundi; le Cameroun britannique qui a été rattaché au Nigéria; le Cameroun français qui est devenu le Cameroun actuel; le Togo britannique qui est devenu le Ghana; le Togo français qui devenu le Togo actuel; la Nouvelle-Guinée australienne qui, avec la Papouasie, a formé la Papouasie-Nouvelle-Guinée; Nauru, administré par l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni, qui a gardé son nom; les territoires américains des îles du Pacifique qui ont donné naissance aux Îles Marshall, aux États fédérés de Micronésie et aux Palaos; et la Somalie italienne, qui, avec la Somalie britannique, est devenue la Somalie actuelle.

La prochaine réunion du Conseil se tiendra en novembre 2021, à une date qui sera déterminée au moins 30 jours à l’avance.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: malgré le démarrage encourageant de la Commission constitutionnelle, un règlement en Syrie appelle d’urgence un cessez-le-feu

8674e séance – après-midi
CS/14032

Conseil de sécurité: malgré le démarrage encourageant de la Commission constitutionnelle, un règlement en Syrie appelle d’urgence un cessez-le-feu

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie a appelé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, la communauté internationale à saisir l’élan qu’offre la Commission constitutionnelle et à s’éloigner de toute « tendance » pouvant mener à un plus grand conflit international au sujet de la Syrie.

Venu détailler la tenue de la première réunion de la Commission le 30 octobre à Genève, qu’il a qualifiée de « moment potentiellement historique », M. Geir Pedersen a indiqué que si celle-ci doit permettre de renforcer la confiance, la dynamique sur le terrain doit changer, notamment en ce qui concerne le plein respect des droits de l’homme et du droit humanitaire, en particulier à Edleb et dans le nord-est du pays.

S’agissant de la Commission, l’Envoyé spécial a indiqué que pour la première fois depuis cinq ans, 150 hommes et femmes syriens se sont retrouvés représentant le Gouvernement, l’opposition et divers segments de la société civile, de l’intérieur et de l’extérieur du pays. 

Saluant « leur courage et leur patriotisme » malgré les soupçons et des sentiments très forts de colère et de perte, un ordre du jour a pu être établi, s’est-il félicité.  « Les émotions étaient à vif mais tout le monde a continué de participer », a-t-il noté.  Et au terme de ces deux jours de travaux, les membres de la Commission sont convenus de se retrouver le lundi 25 novembre: les discussions initiales ont été robustes et vont faire fond, a-t-il estimé, en espérant désormais des deux présidents un programme de travail détaillé. 

Mais si la confiance semble établie entre les membres des groupes de travail à Genève, elle doit encore se confirmer sur le terrain et s’ancrer dans la population, a remarqué M. Pedersen.  Il s’est montré extrêmement préoccupé par la poursuite des violences, en particulier à Edleb qui a vu une recrudescence des attaques terrestres et aériennes, y compris ces derniers jours contre des infrastructures civiles, a-t-il affirmé – ce que la Russie a ensuite démenti en dénonçant une « guerre de l’information ». 

Pour l’Envoyé spécial, les Syriens exigent plus que jamais des « actions concrètes » pour croire à un règlement, dont des mesures visant à faire lumière sur le sort des personnes disparues, et la libération des prisonniers.

Or, sur ce point, Mme Sabah Al Hallak, qui siège à la Commission constitutionnelle comme membre de la Syrian Women’s League, a ramené le Conseil aux tristes réalités du terrain: plus de 100 000 Syriens restent détenus ou sont portés disparus, soumis à la torture ou à de mauvais traitements, des femmes ou des enfants sont arrêtés afin de faire pression sur leur mari ou père politiquement actifs, a-t-elle rappelé.  Toutes les parties agissent en toute impunité, a-t-elle dénoncé.  La militante a également critiqué la faible représentation des femmes au sein de la Commission (deux femmes dans la délégation du Gouvernement et deux dans celle de l’opposition) et prévenu qu’il ne peut y avoir de démocratie en Syrie sans participation pleine, égale et significative des femmes.

Mme Al Hallak a encore dénoncé la « lamentable incapacité du Conseil » à mettre un terme au conflit pour lui demander d’appeler au cessez-le-feu immédiat: tous les Syriens attendent désespérément le jour où ils seront à l’abri de la violence et de la guerre, mais leur avenir comme leur présent dépendent des mesures prises par le Conseil, a-t-elle souligné. 

En l’occurrence, pour l’Allemagne, la mise en place de la Commission ne constitue pas la transition politique qu’elle escompte en vertu de la résolution 2254 et du Communiqué de Genève de 2012.  Avec la France et la Pologne, elle a de nouveau réclamé une cessation immédiate des hostilités à Edleb et condamné la poursuite de frappes indiscriminées lancées par le régime et ses alliés, dont celles du 20 novembre contre un camp de déplacés à proximité de la frontière turque et contre des structures médicales dont certaines sont soutenues par l’Union européenne et la France.  La lutte contre le terrorisme ne justifie pas des attaques indiscriminées contre des populations et des infrastructures civiles, a insisté le représentant allemand. 

Dans l’attente, la France, l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni ont prévenu qu’il ne saurait y avoir d’aide internationale à la reconstruction de la Syrie tant que les combats n’auront pas cessé et qu’une transition politique complète aura été effectuée.  Ce que la Fédération de Russie a déploré, en réitérant ses appels à lever les sanctions contre Damas. 

La Fédération de Russie a également insisté sur la nécessité de préserver l’intégrité, la souveraineté et l’indépendance de la Syrie, sans ingérence extérieure d’aucune sorte.  « Il est impossible d’imposer aux Syriens des solutions qui ne sont pas conformes à leurs attentes ou qui ne concernent qu’une seule des parties », a insisté son représentant.  « L’opposition négocie à Genève mais les terroristes sévissent en Syrie » et il ne faut pas les voir comme l’opposition modérée, a-t-il mis en garde, affirmant que les travaux de la Commission constitutionnelle associent des groupes de l’opposition qui contrôlent des groupes armés.

La réunion a donné lieu à de vifs échanges entre la Fédération de Russie, d’une part, l’Allemagne et le Royaume-Uni, d’une autre, sur les notions de droit humanitaire.  Décriant les attaques verbales au sein du Conseil de sécurité, la Présidente du Conseil de sécurité, Mme Karen Pierce, du Royaume-Uni, a prévenu que si de tels propos « calomnieux » devaient être répétés au-dehors, « ils appelleraient une réponse judiciaire ».

La Syrie a pour sa part fait observer que le dialogue engagé au sein de la Commission est avant tout un dialogue entre les Syriens et dirigé par les Syriens, et que le principal risque est celui d’une ingérence extérieure.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a fait le point sur la première réunion, qui s’est tenue le 30 octobre, à Genève, entre 150 hommes et femmes syriens pour lancer la Commission constitutionnelle, précisant que 50 des délégués avaient été désignés par le Gouvernement syrien et 50 par l’opposition, les 50 restants étant des militants et experts de la société civile venant de l’intérieur et de l’extérieur de la Syrie. 

Il a salué un « moment potentiellement historique » rassemblant les Syriens dans une seule salle pour tenir des discussions en tête-à-tête pour la première fois en cinq ans.  Cette réunion est également la première à s’être tenue depuis l’accord politique conclu entre le Gouvernement et l’opposition et pour la toute première fois en présence de la société civile.

Ce lancement, a poursuivi l’Envoyé spécial, a été un signe d’espoir pour le peuple syrien, et une occasion pour les parties syriennes d’entamer un dialogue direct sous leur propre direction sur l’avenir d’un pays brisé.  Il a permis de lancer un effort politique destiné à surmonter près de neuf ans de conflit et de tracer la voie vers une « nouvelle aube » pour la Syrie.

Durant les deux jours qui ont suivi, les membres de l’organe élargi ont proposé des pratiques de procédure et un accord a été trouvé au sujet des 45 membres, à savoir 15 représentants de chaque groupe, appelés à servir au sein d’un organe restreint.  Ces derniers ont ensuite examiné les propositions des membres de l’organe élargi et identifié d’éventuels principes constitutionnels.  Ils se sont accordés pour revenir le 25 novembre à Genève. 

M. Pedersen a salué les membres de la Commission pour leur courage et leur patriotisme.  Et ce ne fut pas chose aisée, a-t-il commenté, notant la méfiance, les soupçons et des sentiments très forts de colère et de perte.  Parfois, les travaux ont été difficiles et douloureux: les émotions étaient à vif, les positions et propositions extrêmement divergentes.  Mais tout le monde a continué de participer, un ordre du jour initial a été adopté et les discours de chacun ont été entendus.  L’Envoyé spécial a également fait état d’efforts dans le langage, le ton, la gestuelle et le positionnement pour signaler une ouverture au dialogue.  En outre, les deux vice-présidents ont été à la hauteur de leurs responsabilités et ont permis aux membres de la Commission de s’exprimer franchement et ouvertement.

L’Envoyé spécial a signalé qu’il est encore trop tôt pour évoquer un accord sur les principes constitutionnels ou sur les questions qui doivent être traitées dans un futur texte constitutionnel.  Mais, s’est-il félicité, les discussions initiales ont été robustes et vont faire fond.  Les deux présidents doivent maintenant proposer un programme de travail détaillé.

Concernant le « tiers moyen » qui inclut la société civile et les experts, M. Pedersen a précisé que ses membres n’ont pas d’affiliations politiques officielles, mais que, malgré leurs divergences, ils se sont assis ensemble et ont entamé le difficile travail de confiance.  Il a également signalé que quelque 30% des membres sont des femmes qui ont fait entendre leurs voix sur toutes les questions.  L’égalité entre les sexes et les droits de la femme ont occupé une place proéminente dans les discussions, un domaine où il y a, selon M. Pedersen, un potentiel terrain d’entente.

Sur un plan plus large, les travaux doivent servir à établir la confiance, mais pour qu’elle s’enracine au sein du peuple syrien il faut que la dynamique sur le terrain commence à changer, a-t-il prévenu, notamment en ce qui concerne le plein respect des droits de l’homme et du droit humanitaire.

M. Pedersen s’est dit extrêmement préoccupé par la situation à Edleb, où se trouvent trois millions de Syriens dont beaucoup ont fui les combats ailleurs dans le pays.  Ces dernières semaines ont vu la recrudescence des attaques terrestres et aériennes, et, il y a deux jours, des dizaines de civils ont été tués lorsqu’un missile a frappé un camp de déplacés.

Il a aussi parlé de l’évolution notable dans le nord-est du pays où plusieurs accords de cessez-le-feu ont conduit à réduire la violence après l’offensive turque et où des troupes américaines ont été redéployées, notamment à proximité des puits de pétrole. Mais les bombardements continuent et plus de 90 civils ont été tués.  En outre des frappes israéliennes sur Damas auraient tué deux civils.

Il a averti que ces « dynamiques » sont extrêmement préoccupantes et a appelé à s’éloigner de toute « tendance » pouvant mener à un plus grand conflit international au sujet de la Syrie

Il a rappelé que la résolution 2254 appelle à établir un cessez-le-feu dans l’ensemble du pays et une démarche commune contre le terrorisme: or le défi que pose la résurgence de l’EIIL montre la nécessité d’une démarche commune qui accorde la priorité à une solution politique, a-t-il insisté.

Alors que la violence et les souffrances se poursuivent, les Syriens exigent des actions concrètes et, notamment, l’Envoyé spécial a estimé que la libération unilatérale des personnes détenues et enlevées et des mesures visant à faire la lumière sur le sort des personnes disparues demeurent essentielles.

Il s’est dit aussi convaincu qu’il fallait un ensemble plus large de mesures concrètes pour renforcer la confiance parmi les Syriens et avec la communauté internationale.

Les discussions entre la Fédération de Russie et les États-Unis se poursuivent et M. Pedersen a aussi rapporté avoir eu des discussions fructueuses avec la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel.  Le dialogue au sein du Groupe Astana se poursuit également.  Ces efforts, a-t-il enchaîné, devraient mener vers l’établissement d’un environnement sûr, calme et neutre, propice à ce que toute réforme constitutionnelle trouve son écho dans l’amélioration de la situation sur le terrain; à la tenue d’élections inclusives et libres et permettant aux réfugiés d’envisager un retour calme et digne. 

Il a espéré qu’avec la Commission, le Gouvernement et l’opposition parviennent à établir une relation et à créer les conditions d’une solution globale et décisive au profit de tous les Syriens.  Les parties syriennes doivent saisir cette occasion et la communauté internationale doit saisir l’élan qu’offre la Commission constitutionnelle, a-t-il conclu.

Mme SABAH AL HALLAK, membre de la Commission constitutionnelle et membre de la Syrian Women’s League, qui s’est exprimée en tant que féministe de la société civile syrienne, a d’abord souligné que la crise politique et humanitaire exacerbe la discrimination à l’encontre des femmes, ce qui accroît l’incidence de la violence basée sur le genre, de mariages forcés et de la traite.  Les Syriennes ont été confrontées à des menaces sur leurs droits de tous les côtés et elles représentent la majorité des personnes déplacées, a-t-elle ajouté.

En venant à la question de l’établissement des responsabilités, Mme Al Hallak a fait observer que l’ensemble des parties au conflit en Syrie agissent en toute impunité, avant de demander au Conseil de sécurité de faire pression pour que le droit international soit respecté et pour garantir la redevabilité de tous ceux qui ont commis des violations.  Les mesures pour veiller à la reddition de comptes et à la justice transitionnelle doivent intégrer les droits des femmes et les problématiques de genre, a-t-elle ajouté, précisant que cela ne peut attendre la conclusion d’un processus politique. 

S’agissant de la participation des femmes au processus politique, Mme Al Hallak a signalé que les militantes de terrain des droits des femmes et les mouvements politiques continuent à s’organiser et à demander voix au chapitre quant à l’avenir de la Syrie, notamment sur les questions relatives à la justice, à la citoyenneté et au processus constitutionnel.  Il ne peut y avoir de démocratie en Syrie sans participation pleine, égale et significative des femmes ou sans codifier leurs droits et l’égalité entre les sexes dans les processus politiques, a-t-elle assené.  Malheureusement, seulement deux femmes dans la délégation du Gouvernement et deux femmes dans celle de l’opposition participent au processus de négociation à Genève.  L’égalité entre les sexes doit être fermement ancrée dans la nouvelle Constitution pour garantir les droits des femmes et assurer l’avenir de la Syrie, a insisté la militante.

En ce qui concerne la libération des détenus et des personnes ayant fait l’objet de disparitions forcées, Mme Al Hallak a fait observer qu’aucun progrès n’a été enregistré malgré les demandes du Conseil de sécurité.  Plus de 100 000 Syriens restent détenus ou sont portés disparus, et soumis à la torture ou à de mauvais traitements, a déploré la militante, ajoutant que des femmes ou des enfants sont arrêtés afin de faire pression sur leurs pères ou maris politiquement actifs.  Tous les civils arrêtés de façon arbitraire doivent être libérés immédiatement, conformément au droit international des droits de l’homme et à la résolution 2254 (2015), a-t-elle demandé. 

Pour conclure, Mme Al Hallak a appelé le Conseil de sécurité à assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2254, qui a été adoptée par consensus.  Elle lui a demandé de se donner pour priorité les actions suivantes: appeler au cessez-le-feu immédiat; à veiller à la représentation des femmes dans les processus politiques; intégrer à la nouvelle Constitution l’égalité entre les sexes et la non-discrimination, ainsi que des dispositions sur la primauté des conventions internationales; libérer toutes les personnes arrêtées de façon arbitraire.  Selon elle, la « lamentable incapacité du Conseil de sécurité » à mettre un terme au conflit et à l’impunité met en péril sa crédibilité dans le maintien de la paix et de la sécurité.  Tous les Syriens attendent désespérément le jour où ils seront à l’abri de la violence et de la guerre, mais force est de reconnaître que leur avenir et leur présent dépendent des mesures prises par le Conseil, a-t-elle conclu. 

Pour M. JEFFREY (États-Unis), ce qui se passe à Genève est important: deux endroits sont maintenant reconnus par la communauté internationale pour traiter du dossier syrien: un régime à Damas et un congrès à Genève, représentant des opinions politiques variées.  Selon lui, cet équilibre permettra sans aucun doute d’écrire un nouveau chapitre si le soutien du Conseil s’ensuit, ce qui est nécessaire pour résoudre cette terrible crise.

Il a rappelé la priorité de la résolution 2254, qui prévoit un cessez-le-feu, notant que depuis la dernière réunion du Conseil, de nouveaux fronts majeurs ont été ouverts dans le nord-est du pays: outre une incursion turque, quatre des cinq armées étrangères impliquées dans le conflit sont intervenues, s’affrontant parfois dans des zones restreintes alors qu’Edleb connaît un regain de violence.  Un missile stratégique a été notamment tiré contre l’hôpital d’un camp de déplacés, tuant de nombreux enfants hier, a-t-il dénoncé.  Le représentant a blâmé le Gouvernement iranien qui, a-t-il affirmé, continue d’acheminer des armes puissantes en Syrie afin de poursuivre son action dangereuse à travers ses partenaires.  Quant à Israël, il a le droit d’exercer sa légitime défense, a-t-il défendu.

M. Jeffrey a souligné que la priorité est d’établir un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays.  Il a estimé que la pression constante qu’exerce la communauté internationale sur Damas est nécessaire pour faire progresser cet objectif sinon, « rien n’avancera ».  De plus, il ne sera pas possible de procéder à la reconstruction dans les zones contrôlées par Damas tant que la résolution 2254 n’aura pas été pleinement appliquée.  Cette position est conforme à celle de beaucoup de partenaires européens et du Moyen-Orient, a fait observer le représentant pour qui tout effort de reconstruction et d’aide serait prématuré à ce stade.  Il a appelé à trouver des compromis et des alternatives à une solution militaire.  Selon lui, il est possible d’avancer en mettant la pression sur le régime et en continuant d’exiger une solution politique pour mettre un terme à cette guerre « atroce ».

Pour M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie), la réunion du 30 octobre a constitué un succès pour le peuple syrien.  Il s’est félicité des premiers résultats d’un processus qui doit définir l’avenir du pays.  Mais ce n’est que le début d’une longue et difficile route et il convient de faire preuve de prudence en la matière: il est impossible d’imposer aux Syriens des solutions qui ne sont pas conformes à leurs attentes ou qui ne concernent qu’une seule des parties.  Il a appelé les autres pays à respecter ces principes.  La Turquie, l’Iran et la Fédération de Russie, garants du processus d’Astana, veilleront à apporter leur soutien en se basant sur le strict respect de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité de la République arabe syrienne.  Selon lui, l’amélioration de la situation permet de prendre des mesures concrètes afin d’apporter une aide au relèvement de la Syrie et il a regretté les propos américains en sens inverse.  Les zones les plus préoccupantes restent celles qui échappent au contrôle du Gouvernement syrien; la situation dans le nord-est a pu être maîtrisée mais la Fédération de Russie estime que la question kurde reste impossible à traiter sans que le Gouvernement syrien ne reprenne le contrôle de tout le nord du territoire et de sa frontière.

Le représentant a noté que les travaux de la Commission constitutionnelle associent des groupes de l’opposition qui contrôlent des groupes armés: les véritables bandits et terroristes continuent de menacer le peuple syrien comme à Edleb où les insurgés terrorisent la population locale, utilisent les infrastructures civiles comme des sites militaires et la population en bouclier humain: au cours des dernières 24 heures, il y a eu 28 pilonnages et plus de 600 en octobre, a-t-il affirmé.  L’opposition négocie à Genève mais les terroristes sévissent en Syrie et il ne faut pas les voir comme l’opposition modérée, a-t-il prévenu.  Pour lui, de nombreux signalements de frappes sont faux et les sources de ces informations sont manipulées.  Des actions militaires de grande ampleur n’ont pas été menées à Edleb, a-t-il affirmé, en mettant en garde contre « une guerre de l’information » servant les terroristes.  Il a appelé toutes les parties à participer à l’aide humanitaire et à lever les sanctions unilatérales. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué le succès du processus de négociation mené à Genève, à l’issue duquel le Gouvernement syrien et la Commission syrienne de négociation ont conclu, le 23 septembre dernier, un accord sur la création d’une commission constitutionnelle, sous les auspices des Nations Unies.  Le représentant a appelé les membres de la Commission constitutionnelle à poursuivre les délibérations en cours et à réaliser les aspirations légitimes du peuple syrien.  Toutefois, a-t-il mis en garde, leur travail ne pourra être couronné de succès que si les conditions pour l’instauration d’une « vision nationale unifiée » sont réunies sur le terrain.  Aussi le représentant a-t-il appelé les parties à prendre des mesures de confiance mutuelles, notamment en procédant à la libération des personnes détenues arbitrairement et en fournissant des renseignements aux familles des disparus.

Le représentant a en outre jugé qu’un cessez-le-feu à l’échelle nationale était plus que jamais de mise, car il permettrait d’instaurer le calme et la tranquillité dont la population syrienne a besoin.  Tout en soulignant l’importance de respecter le droit international humanitaire dans le cadre des opérations antiterroristes en Syrie, le représentant a déploré les rapports faisant état de missiles lancés depuis la zone sous le contrôle du Gouvernement, qui ont coûté la vie à 12 personnes et blessé 56 autres.  « Aucun processus politique ne saurait porter ses fruits si une tragédie humanitaire se déroule en parallèle », a-t-il averti en conclusion.

Pour la Pologne, toute solution durable au conflit en Syrie nécessite une véritable transition politique négociée par les parties dans le cadre du processus de Genève sous les auspices les Nations Unies, a affirmé Mme JOANNA WRONECKA (Pologne).  Et ce processus a finalement débuté, s’est-elle réjouie.  Elle a, de même, partagé l’avis de l’Envoyé spécial selon lequel la future constitution appartient au peuple syrien, et à lui seul.  C’est pourquoi, a-t-elle poursuivi, les travaux de la Commission constitutionnelle devraient permettre une discussion approfondie sur l’avenir de la Syrie.  Elle a encouragé toutes les parties en conflit à s’engager, dès à présent, dans l’établissement de mesures de confiance.  La représentante a, par ailleurs, évoqué les souffrances endurées par le peuple syrien en raison de la guerre, et fait part de son inquiétude face aux milliers de personnes en détention, nombre d’entre elles subissant des sévices, y compris la torture et le viol.  De même, des milliers de personnes sont portées disparues et leurs familles sans nouvelles.  Elle a appelé, à cet égard, à leur libération, notamment les enfants, les femmes et les personnes âgées.  La délégation s’est dite convaincue que des progrès dans ce sens contribueraient à accroître le niveau de confiance entre les parties et les efforts pour une paix durable en Syrie.  Pour finir, elle a déploré l’escalade du conflit à Edleb, et condamné les attaques contre les installations médicales et leur personnel. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a qualifié l’ouverture des travaux de la Commission constitutionnelle syrienne de « premier pas symbolique important vers un processus politique ».  Il s’est dit préoccupé par les déclarations de Bashar Al-Assad lors desquelles il a tenté de prendre ses distances avec la Commission.  Il a appelé toutes les parties, mais tout particulièrement le régime syrien, à s’engager pleinement dans le processus constitutionnel.  « L’indépendance et l’autorité de la Commission doivent être respectées et la sécurité de ses membres, garantie », a-t-il demandé.

Le représentant a cependant estimé que la mise en place de la Commission ne constituait pas la transition politique demandée par l’Allemagne en vertu de la résolution 2254 et du Communiqué de Genève de 2012.  Ni l’Allemagne, ni les autres pays de l’Union européenne ne soutiendront la reconstruction de la Syrie tant qu’une transition politique complète, authentique et inclusive ne sera pas fermement engagée, a-t-il réaffirmé.

Le délégué a réitéré l’appel de son pays à une cessation immédiate des hostilités à Edleb, condamnant « l’attaque brutale et inacceptable » contre le camp de déplacés de Qah la nuit dernière, qui a fait de nombreuses victimes dont des enfants.  « Cela montre une nouvelle fois la sauvagerie du régime syrien et de ses alliés », a-t-il accusé, se disant extrêmement préoccupé par une éventuelle reprise des hostilités dans et autour de la province d’Edleb.  Il a aussi réitéré la demande de l’Allemagne pour que toute frappe aérienne sur des infrastructures civiles soit examinée par la Commission d’enquête.

« Nous sommes aussi préoccupés de la présence et des attaques de Hay’at Tahrir el-Cham et des autres groupes terroristes désignés par l’ONU dans la province d’Edleb », a affirmé le délégué, tout en estimant que la lutte contre le terrorisme ne justifie pas des attaques indiscriminées contre des populations et des infrastructures civiles.  Il a rappelé au « régime » syrien et à la Fédération de Russie leur obligation de les protéger.  Le délégué a réaffirmé son refus de toute réinstallation de réfugiés dans le nord-est de la Syrie qui ne soit pas sûre, volontaire, digne et dans leurs propres foyers.  Il s’est en outre inquiété d’une déstabilisation généralisée de la région et a appelé les acteurs engagés dans le nord-est syrien à cesser les hostilités, mettant notamment en avant les risques de réapparition de Daech.

M. Heusgen a réaffirmé que, selon lui, le premier responsable du conflit était la violence et la répression du régime syrien.  Citant un récent rapport de l’association des détenus et disparus de la prison de Sednaya, il a affirmé que le régime syrien lui-même n’était pas capable de fournir de compte précis des détenus en raison du nombre élevé d’exécutions extrajudiciaires.  Le délégué a exigé du régime syrien « qu’il mette fin aux arrestations arbitraires, à la torture, aux violences sexuelles, aux disparitions forcées et aux exécutions extrajudiciaires des détenus ».  En conclusion, il a martelé: « le régime syrien doit changer son comportement brutal et ses violations continues du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire ». 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les importants succès enregistrés dans le processus politique syrien, après des années de souffrance dans ce « pays arabe frère ».  Il a appelé les parties à mettre avant tout l’accent sur l’intérêt de la population, dans un règlement qui protégera la souveraineté territoriale et l’indépendance de la Syrie.  Quant aux prisonniers, les organisations internationales doivent pouvoir leur rendre visite, a poursuivi le représentant, et une paix durable n’est pas possible sans que justice ne soit rendue.  Il a renouvelé son soutien au Mécanisme international, impartial et indépendant et à la Commission constitutionnelle qui vient d’entamer ses travaux.  Préoccupé par l’escalade militaire à Edleb, il a condamné toute attaque contre les civils et par des groupes terroristes inscrits sur la liste du Conseil de sécurité.  Les opérations antiterroristes n’absolvent aucune partie de ses obligations au regard du droit international, a fait valoir le représentant, appelant à un cessez-le-feu sur tout le territoire.  Il n’y a pas de solution militaire, seulement un règlement politique conformément à la résolution 2254 (2015), a-t-il conclu.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a, à son tour, estimé que la mise en place de la Commission constitutionnelle n’est qu’une étape du processus politique.  Il a appelé à une cessation complète des hostilités pour créer un environnement favorable au bon déroulement des pourparlers.  À cet égard, il a salué les accords signés par la Turquie avec les États-Unis et la Fédération de Russie sur l’arrêt de l’offensive contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.  Il s’est d’ailleurs dit préoccupé par la persistance des tensions dans cette région mais aussi par l’escalade militaire entre Tel Aviv et Damas qui risque d’aggraver les tensions régionales.  La délégation ivoirienne a conclu en appelant le Conseil à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial. 

Mme HARSHANA BHASKAR GOOLAB (Afrique du Sud) a exprimé sa profonde préoccupation au sujet des allégations faisant état de tirs d’obus et de missiles à Edleb, dans le nord-ouest de la Syrie, ayant fait plusieurs morts et blessés parmi les civils, dont des enfants.  Elle a exhorté toutes les parties à respecter leurs obligations au regard du droit international, en particulier s’agissant de la protection des civils et des infrastructures civiles.  Mme Goolab a formé le vœu que les forces gouvernementales syriennes prennent le contrôle de leur propre territoire, la menace posée par l’EIIL et par d’autres groupes armés étant entièrement anéantie.  Bien que les activités de lutte contre le terrorisme soient vitales pour atteindre cet objectif, elle a noté qu’il convient qu’elles soient menées dans le plein respect du droit international et du droit relatif aux droits de l’homme. 

Concernant les processus politique et constitutionnel, la représentante a appuyé la tenue de la première réunion, fin octobre 2019, de la Commission constitutionnelle syrienne.  Elle a indiqué que des progrès tangibles auraient été accomplis dans les travaux de l’organe élargi ainsi que de l’organe restreint de la Commission, en appelant tous les membres à s’acquitter consciencieusement de leur tâche conformément au code de conduite adopté.  Parallèlement, a-t-elle recommandé, il faut poursuivre la mise en œuvre des autres aspects de la résolution 2254, notamment l’engagement actif de toutes les parties à continuer le processus politique facilité par l’Envoyé spécial.  Celles-ci pourraient, par exemple, envisager des mesures de confiance, dont la libération de prisonniers civils, notamment des femmes, enfants, personnes âgées et malades.  Dans la perspective du renouvellement du mandat de l’assistance humanitaire transfrontière, Mme Goolab a annoncé que son pays œuvrera avec toutes les parties intéressées pour parvenir à un consensus. 

Une solution politique est la seule issue en Syrie, a d’emblée rappelé M. WU HAITAO (Chine), se félicitant des travaux du groupe restreint à Genève.  Il a estimé que la Commission constitutionnelle est un bon point de départ pour le processus politique syrien et qu’il faut maintenir l’indépendance de ses travaux.  La Syrie ne doit pas être déchirée ou divisée et il faut maintenir son intégrité et sa souveraineté territoriale, a insisté le représentant.  Il a demandé à la communauté internationale de fournir un appui à cet égard afin d’aider les parties syriennes à surmonter leurs divergences et à parvenir au consensus.  Actuellement, la situation dans le nord reste délicate et la priorité est de faire face au risque de retour des terroristes de l’EIIL.  La communauté internationale doit adopter des objectifs globaux et un point de vue équilibré concernant la crise humanitaire, qu’exacerbent les sanctions, a-t-il souligné, ajoutant que les nombreux réfugiés constituent aussi un facteur de déstabilisation dans la région. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a souligné trois points.  Premièrement, il est important de créer des conditions favorables pour la Commission constitutionnelle, que toutes les parties doivent soutenir sans pression supplémentaire d’acteurs extérieurs: la communauté internationale devrait laisser les membres de la Commission se concentrer sur la substance et laisser les Syriens décider de leur avenir, a-t-il plaidé.  « Nous souhaitons que les membres puissent débattre de leurs visions, de manière constructive, durant les prochains cycles de discussions de la Commission », a déclaré le représentant.  Deuxièmement, M. Syihab a soutenu les efforts de l’Envoyé spécial dans la consolidation de la confiance entre les parties, susceptible de mener à un véritable dialogue si elle est soigneusement entretenue.  Le Conseil de sécurité doit en outre réaffirmer son appui continu à ce processus et signaler à toutes les parties son total soutien au travail de l’Envoyé spécial.  Troisièmement, pour parvenir à une paix durable, il est absolument essential que toutes les parties appuient le chemin initial vers la paix en Syrie, y compris le plein respect des accords de cessez-le-feu.  Le processus politique et le cessez-le-feu doivent avancer rapidement et la désescalade être la priorité pour le bien-être des millions de Syriens, a conclu la délégation.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) s’est félicité de la représentation, au sein de la Commission constitutionnelle, d’une large partie de la société civile, de différents groupes ethniques et mouvements politiques, avant de rappeler que ses travaux doivent s’accompagner du respect de la Charte des Nations Unies et de « principes indubitables » tels l’unité, l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie.  Il a de plus souhaité qu’elle recherche le consensus sans ingérence extérieure, condition d’une large acceptation de ses conclusions par le peuple syrien.  « Néanmoins, ce serait une erreur de croire que la solution au conflit dépend seulement de la Commission constitutionnelle », a tempéré M. Esono Mbengono.  « La guerre ne s’achèvera qu’après la fin des hostilités et du terrorisme dans le pays. »  Il a en conclusion rappelé qu’il n’existe pas d’issue militaire à la guerre, ni d’alternative à une solution politique qui bénéficiera d’une amélioration des relations entre les parties au conflit, de la libération des prisonniers, et de l’aide humanitaire. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’abord insisté sur l’urgence de faire taire les armes partout en Syrie afin de créer les conditions propices à la lutte contre le terrorisme et à la poursuite du processus de paix.  Il est essentiel d’empêcher à tout prix une reprise des hostilités dans le nord-est du pays, a-t-il précisé.  Le représentant s’est ensuite félicité que, le 14 novembre à Washington, les membres de la coalition internationale contre Daech aient réaffirmé leur détermination à poursuivre l’engagement contre le groupe terroriste en Syrie et en Iraq, y compris en maintenant une présence dans le nord-est.  Le représentant s’est d’ailleurs dit préoccupé par la forte détérioration de la situation dans cette région depuis fin octobre.  Il a condamné la poursuite des frappes indiscriminées lancées par le régime et ses alliés à Edleb, dont celles du 20 novembre contre un camp de déplacés à proximité de la frontière turque et contre des structures médicales dont certaines sont soutenues par l’Union européenne et la France.  La lutte antiterroriste ne saurait se faire au détriment du respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, a rappelé la délégation, en condamnant la répression par le groupe Hay’at Tahrir el-Cham de manifestations pacifiques.  Il est nécessaire, a-t-il ajouté, de réaffirmer la pleine et entière restauration du cessez-le-feu à Edleb.  La Commission constitutionnelle, a conclu le représentant, ne représente qu’une première étape.  Il est nécessaire d’avancer parallèlement sur la mise en œuvre de l’ensemble des éléments de la résolution 2254.  Sans avancées en ce sens, les positions de la France et de l’Union européenne sur la reconstruction et les sanctions resteront inchangées. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souligné que les travaux du « Comité constitutionnel » peuvent et doivent constituer un premier pas dans le processus politique.  Il a, à ce sujet, appelé à ce que toutes les parties respectent pleinement leur accord par rapport à la constitution du « Comité » et honorent leurs engagements en permettant à leurs représentants de s’acquitter de leur rôle.  Il a également répété que pour lui, « il n’y a pas de solution militaire à la crise syrienne, la solution est politique ».  M. Pecsteen de Buytswerve a appelé ensuite toutes les parties à instaurer un cessez-le-feu à l’échelle nationale, comme le prévoit la résolution 2254, soulignant que le Gouvernement syrien a une obligation particulière dans la mise en place, dans le pays, d’un environnement sûr, stable et calme, dans lequel les pourparlers à Genève pourront se dérouler.

Par ailleurs, expliquant que des milliers de Syriens continuent d’être arrêtés et détenus arbitrairement, il a appelé la Syrie à prendre en compte l’importance cruciale de ce dossier comme signe de bonne foi envers sa population.  En conclusion, le délégué a souligné que le renouvellement de la résolution 2165 sur l’aide humanitaire transfrontalière relève de la responsabilité conjointe des membres du Conseil de sécurité, étant donné que cette résolution répond aux besoins les plus élémentaires de quatre millions de personnes.

M. LUIS UGARELLI (Pérou) s’est félicité de la teneur constructive des travaux de la Commission constitutionnelle à Genève et de la volonté de compromis manifestée par ses membres, espérant que des points de convergence se feront jour pour progresser vers un processus de réconciliation nationale.  Pour le représentant, il importe que les réunions de la Commission constitutionnelle continuent de se dérouler dans la transparence afin de permettre à la communauté internationale de contrôler la mise en œuvre des accords passés et de favoriser une plus grande confiance de toutes les parties dans le processus de paix.  En ce moment critique, il est essentiel d’agir rapidement et de prendre des engagements concrets, conformément à la résolution 2254 et au Communiqué de Genève, a-t-il dit, notant que la situation humanitaire et la menace terroriste latente en Syrie l’exigent.  Outre ces efforts, il convient également d’œuvrer à des mesures propices à un climat de compréhension, notamment à la libération de détenus, à l’identification des personnes disparues et à la restitution des dépouilles.  Dans ce cadre, le représentant a jugé important que le Gouvernement syrien et l’opposition se concentrent sur des solutions plus larges que les simples échanges individuels de prisonniers et se dirigent vers une libération simultanée de groupes inégaux.

Un autre défi majeur consiste à répondre à la grave situation que traversent des millions de réfugiés et de personnes déplacées dans leur propre pays, a poursuivi M. Ugarelli.  Cela nécessite non seulement des moyens financiers mais aussi de la volonté politique, afin de garantir le retour sûr et digne de ces personnes, selon les paramètres internationalement acceptés.  Dans cette optique, a-t-il ajouté, il est impératif d’éviter une escalade du conflit qui saperait les perspectives de solution politique.  Un cessez-le-feu effectif à Edleb et dans ses environs revêt par conséquent une importance cruciale, a-t-il souligné, réaffirmant en conclusion qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit syrien. 

M. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a réagi aux propos de son homologue allemand pour affirmer qu’il avait bien évoqué le droit international humanitaire dans son intervention et qu’il n’avait pas parlé davantage de la situation humanitaire car le sujet du jour est le processus politique. 

M. HEUSGEN (Allemagne) a répondu que le droit international humanitaire et l’aide humanitaire sont des sujets éminemment politiques.  Qui place les Syriens entre le marteau et l’enclume, l’Allemagne ou la Russie? a lancé le représentant.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a salué le « travail extraordinaire » de l’Envoyé spécial et jugé que la Commission pourrait constituer une étape décisive sur la voie de la paix en Syrie.  Mais le processus politique va bien au-delà de la Constitution, a-t-elle reconnu, citant notamment la libération des prisonniers.  Elle a insisté sur le fait qu’aucune aide ne sera octroyée à la Syrie sans processus politique crédible.  Elle a aussi plaidé pour une véritable participation des femmes aux pourparlers, le plus important étant, selon elle, de faire entendre les voix des femmes de la société civile.

Sur le terrain, Mme Pierce a dénoncé les attaques contre les civils, estimant que sur ce plan, la République arabe syrienne et ses alliés, dont la Fédération de Russie, sont plus en tort que les Occidentaux.  D’aucuns essaient de présenter les Occidentaux comme étant du côté des terroristes, mais c’est faux, a-t-elle affirmé.  « Nous essayons d’aider les Nations Unies à établir la paix en Syrie », a-t-elle martelé, et pour cette raison, « nous défendons le droit international humanitaire ».  Elle a décrié les attaques verbales prononcées au sein même du Conseil de sécurité.  Si de tels propos « calomnieux » devaient être répétés hors de cette salle, « ils appelleraient une réponse judiciaire », a-t-elle prévenu, jugeant qu’il s’agissait d’une mauvaise représentation de la situation en Syrie.

M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a affirmé que l’État syrien avait fait preuve d’une attitude positive lors de la réunion préparatoire à la Commission constitutionnelle, qui s’est réunie en organe restreint et en organe élargi.  Il a insisté sur la nécessité de se conformer aux règles de fonctionnement et de respecter l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie.  Il est nécessaire également de respecter le rôle impartial de l’Envoyé spécial sans imposer de calendrier préalable, a-t-il voulu.  M. Ja’afari a accueilli favorablement les assurances et garanties fournies par les Nations Unies, espérant qu’elles se concrétiseront lors de la prochaine réunion de la Commission constitutionnelle la semaine prochaine. 

Ce dialogue est avant tout un dialogue entre les Syriens et dirigé par les Syriens, le principal risque étant celui d’une ingérence extérieure, a fait observer M. Ja’afari.  Il s’est dit surpris que certaines parties régionales et internationales en aient jugé autrement, accusant notamment le régime turc d’avoir envahi une partie du territoire syrien sous couvert d’établissement d’une prétendue zone sûre.  Quant à l’Administration américaine, a-t-il continué, elle a mis la main sur des puits de pétrole syriens et a pillé des ressources, ajoutant son occupation à celle de la Turquie.  Quant à Israël, il annexe sans détour le Golan syrien et a mené une nouvelle agression le 20 novembre, faisant plusieurs victimes civiles, a dit le représentant, déplorant dans la foulée la protection dont ce pays jouit au sein du Conseil.

Affirmant que certains États tentent de modifier la carte géopolitique de la région, M. Ja’afari a prévenu que la guerre ne prendra fin que lorsque certains États cesseront leurs interventions.  Le peuple syrien refuse catégoriquement l’occupation et le terrorisme, quel que soit son nom, ainsi que tout projet séparatiste sous quelque forme que ce soit, a-t-il dit.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Conférence sur un Moyen-Orient sans armes nucléaires clôt sa session en s’engageant à poursuivre un processus « ouvert à tous les États invités »

Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires,
1re session - après-midi
CD/3821

La Conférence sur un Moyen-Orient sans armes nucléaires clôt sa session en s’engageant à poursuivre un processus « ouvert à tous les États invités »

La première session de la Conférence pour la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui s’est tenue cette semaine, à New York, s’est achevée cet après-midi par l’adoption, en séance publique, d’une déclaration politique.  Par ce document, fruit de négociations que la Présidente jordanienne de la Conférence, Mme Sima Sami Bahous, a qualifiées de constructives et d’ouvertes, les États qui participent se disent convaincus « que la réalisation de cet objectif de longue date serait facilitée par la participation de tous les États du Moyen-Orient ».

Le texte, non disponible en français et qui devrait figurer en annexe du rapport final de la Conférence*, souligne en outre que ces États, à savoir les pays arabes et la République islamique d’Iran, croient que l’établissement d’une telle zone contribuerait grandement à renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales.  Ils s’engagent ainsi à poursuivre un processus « ouvert à tous les États invités » devant aboutir à l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant portant création de ladite zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

C’est le Secrétaire général qui avait lancé les invitations à l’ensemble des États de la région, comme le lui avait demandé l’Assemblée générale par sa décision 73/546.  Seul État de la région doté de l’arme nucléaire et qui n’est pas partie au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, la représentante d’Israël avait annoncé le 17 octobre, devant la Première Commission de l’Assemblée générale, que son pays ne participerait pas à une conférence jugée « contre-productive », tout en avertissant qu’aucune architecture de sécurité ne pourrait être mise en œuvre au Moyen-Orient sans un engagement direct avec Israël et sans reconnaître le droit à l’existence d’Israël dans des frontières sûres et garanties.  Quelques jours plus tard, le représentant des États-Unis avait également annoncé, qu’en l’absence de certains des pays de la région, le sien ne participerait pas non plus et considérerait toute décision que pourrait prendre la Conférence comme « nulle et non avenue ».

Lors de l’ouverture de la Conférence, de nombreuses délégations avaient regretté l’absence d’Israël, mais le représentant de l’Égypte avait fait observer que de nombreux traités avaient été initialement conçus en l’absence de nombreux États, qui les avaient rejoints ensuite.  Les quatre autres puissances nucléaires « officielles » au titre du TNP –Chine, France, Fédération de Russie et Royaume-Uni– ont assisté en tant qu’observateurs.

Dans ses remarques de clôture, la Présidente de la Conférence s’est félicitée de la volonté politique manifestée par les participants au cours des délibérations et négociations de créer une telle zone.  « Nous avons fait un pas dans la bonne direction pour concrétiser une vision commune en une action historique », a ajouté Mme Bahous, qui s’est dite consciente que le chemin serait long et semé « d’illusions à écarter ».  Ce n’est qu’en travaillant ensemble, forts du soutien du Secrétaire général de l’ONU et des États Membres, que nous surmonterons les obstacles et les difficultés qui nous attendent, a-t-elle encore dit.

En l’état, la Présidente a jugé que la déclaration politique envoyait un message fort à la communauté internationale quant à « notre détermination à travailler sans relâche à la création d’un Moyen-Orient plus sûr et contribuant à la promotion de la paix et de la sécurité régionales et internationales ».

Les Émirats arabes unis, l’Égypte, le Djibouti, l’État de Palestine, l’Iraq, Bahreïn, le Yémen et le Koweït, ont appuyé ces propos, saluant le lancement réussi d’un processus ambitieux qui, selon eux, servira de base à la création d’un Moyen-Orient sans armes nucléaires.  Ils ont également estimé que l’objectif ne pourrait être atteint que si les pays concernés œuvrent ensemble à sa réalisation et se gardent de toute politisation des débats.

*https://www.un.org/disarmament/topics/conference-on-a-mezf-of-nwandowom…

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Déclaration présidentielle: le Conseil de sécurité réaffirme son ferme appui à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

8673e séance - après-midi
CS/14031

​​​​​​​Déclaration présidentielle: le Conseil de sécurité réaffirme son ferme appui à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques

Le Conseil de sécurité a adopté, cet après-midi, une déclaration présidentielle par laquelle il se félicite que le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) soit venu lui présenter, le 5 novembre 2019, un exposé au titre de la question intitulée « La situation au Moyen-Orient ».

Dans ce texte, le Conseil réaffirme son ferme appui à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction, et à l’action menée par l’OIAC, conformément à la Convention.  Il exhorte tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir sans tarder parties à la Convention.

Le Conseil se déclare en outre fermement convaincu que les personnes responsables de l’emploi de ces armes doivent répondre de leurs actes, et il se félicite de la coopération dans laquelle sont engagées l’ONU et l’OIAC dans le cadre de l’accord régissant leurs relations, conformément aux dispositions de la Convention. 

Le délégué de la Fédération de Russie a indiqué que si son pays s’est rangé au consensus, c’est d’abord parce qu’il est préoccupé par de nombreux incidents qui ont vu les groupes terroristes et extrémistes utiliser les armes chimiques au Moyen-Orient, y compris à des fins de provocation.  Il a invité les membres du Conseil à considérer ce consensus comme une invitation à régler les problèmes selon une approche qui fasse fi des confrontations.  Il a également appelé les parties à la Convention à la mettre pleinement en œuvre et à « restaurer les réels objectifs de l’OIAC ».

Son homologue de la France a appelé toutes les parties prenantes à veiller à ce que les inspecteurs de l’OIAC aient accès à tous les sites qu’ils entendent visiter.  Il a aussi plaidé pour que les parties prenantes et les membres du Conseil de sécurité œuvrent au désarmement complet de la République arabe syrienne.

Cette déclaration présidentielle a trait à la réunion que le Conseil a tenue le 5 novembre dernier avec le Directeur général de l’OIAC et à la collaboration entre cette organisation et l’ONU, a précisé la représentante du Royaume-Uni, qui assure la présidence du Conseil ce mois-ci.  Elle a demandé que tous les États Membres, y compris la République arabe syrienne, respectent les obligations mises à leur charge par la Convention.

Déclaration de la Présidente du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité se félicite, dans le cadre de la coopération constante entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, que le Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques soit venu lui présenter, le 5 novembre 2019, un exposé au titre de la question intitulée « La situation au Moyen-Orient ».

Le Conseil rappelle qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales, conformément à la Charte des Nations Unies, et réaffirme que la prolifération des armes chimiques, ainsi que de leurs vecteurs, constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales.

Le Conseil réaffirme son ferme appui à la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et sur leur destruction (« la Convention ») et à l’action menée par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques conformément à la Convention, et souligne qu’il importe d’appliquer la Convention, qui interdit une catégorie entière d’armes de destruction massive et vise à l’élimination complète des armes chimiques, dont elle interdit l’emploi.

Le Conseil insiste sur le fait que l’universalité de la Convention est fondamentale pour la réalisation de son objet et de son but, pour le renforcement de la sécurité des États parties, ainsi que pour la paix et la sécurité internationales, et souligne que les objectifs de la Convention ne seront pas pleinement atteints tant qu’il restera ne serait-ce qu’un État qui n’y est pas partie et qui est susceptible de posséder ou d’acquérir de telles armes, et exhorte tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir sans tarder parties à la Convention.

Le Conseil réaffirme que l’emploi d’armes chimiques constitue une violation du droit international et condamne dans les termes les plus vigoureux l’emploi d’armes chimiques, soulignant que l’emploi d’armes chimiques en tout lieu, à tout moment, par quiconque, en quelque circonstance que ce soit, est inacceptable et représente une menace pour la paix et la sécurité internationales.

Le Conseil se déclare fermement convaincu que les personnes responsables de l’emploi de ces armes doivent répondre de leurs actes.

Le Conseil appuie résolument les mesures prises par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques afin de réaliser l’objet et le but de la Convention, d’assurer l’application de l’ensemble de ses dispositions, notamment celles qui prévoient la vérification internationale de son application, et d’offrir aux États parties un espace de concertation et de coopération.

Le Conseil demande instamment à tous les États parties à la Convention de s’acquitter dans les délais requis de l’ensemble des obligations que celle-ci leur impose et d’apporter leur appui à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dans les activités qu’elle mène pour en assurer l’application.

Le Conseil se félicite de la coopération dans laquelle sont engagées l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques dans le cadre de l’accord régissant leurs relations, conformément aux dispositions de la Convention.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen est lancée, selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général

8672e séance – matin
CS/14030

Conseil de sécurité: la dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen est lancée, selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général

En présentant son exposé mensuel sur la situation au Yémen, ce matin, devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a été plus optimiste encore qu’en octobre.  Depuis son appel lancé en faveur d’une action décisive pour le Yémen en août dernier, a-t-il rappelé, une dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen a été lancée.  « On commence à voir au Yémen des dirigeants qui souhaitent la paix », a-t-il assuré.

Selon l’Envoyé spécial, plusieurs étapes allant « immanquablement dans le sens de la paix » ont été franchies, notamment avec l’Accord de Riyad signé le 5 novembre dernier entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud, sous l’égide de l’Arabie saoudite.

De plus, le nombre d’attaques aériennes à travers le pays a été réduit de presque 80%, tandis que l’organisation Ansar Allah a cessé, pour le second mois consécutif, ses tirs de missiles vers l’Arabie saoudite.  Le Gouvernement est retourné à la capitale provisoire Aden.

À Hodeïda, a informé M. Griffiths, la violence a été réduite de 40% depuis la mise en place du cessez-le-feu et aucun incident n’a été enregistré depuis plusieurs jours.  Tout cela a été possible grâce à une coopération « constructive » des parties, s’est réjoui M. Griffiths.

Cela dit, a pondéré l’Envoyé spécial, alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) n’a cessé de jouer un rôle vital dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, son personnel continue de subir des restrictions de mouvement.

Hélas, les attaques contre les civils continuent, a enchaîné la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Ursula Mueller.  Avec 13 millions de personnes assistées par quelque 250 partenaires humanitaires, le Yémen reste la plus importante opération humanitaire en cours dans le monde.

L’accès aux populations, en particulier celles vivant dans les zones sous contrôle d’Ansar Allah, représente un défi majeur, en raison des nombreuses restrictions et incidents nés de l’immixtion de ce groupe dans les opérations humanitaires.  Pas moins de 60 incidents ont été enregistrés au cours des trois derniers mois et la moitié des projets portés par les organisations non gouvernementales sont bloqués. 

Sur le plan sécuritaire aussi, la situation n’est pas stabilisée, même si on enregistre une baisse du nombre de victimes civiles en octobre par rapport à un septembre « meurtrier ».  Il y a deux semaines, le seul établissement chirurgical de la province de Taëz a été gravement endommagé.  Il y a deux jours, des tirs d’artillerie ont tué et blessé des dizaines de personnes.  Ces incidents s’ajoutent aux mines et autres explosifs qui tuent et blessent sans relâche, a déploré Mme Mueller.

Le Royaume-Uni, qui a déboursé un milliard de dollars pour l’aide humanitaire au Yémen depuis le début du conflit, a exhorté les houthistes à travailler de concert avec le coordonnateur humanitaire sur le terrain.  

Préoccupées par ce sombre tableau humanitaire, les délégations ont néanmoins jugé l’évolution de la situation au Yémen globalement « positive » et « encourageante ».

Ces progrès montrent que « l’Arabie saoudite et la coalition » sont fermement engagées en faveur de la stabilité du Yémen, s’est félicité le Koweït, assurant que l’Accord de Riyad se solderait par un renforcement de la mise en œuvre des différentes dispositions de l’Accord de Stockholm et, à terme, par la conclusion d’une solution globale à la crise yéménite.

La France et l’Allemagne ont, à leur tour. salué des signes encourageants de « désescalade » et souhaité la reprise « sans délais ni préconditions » des discussions en vue d’une paix globale et inclusive.  Les États-Unis ont appelé le Gouvernement yéménite à se consacrer intégralement aux négociations avec les houthistes pour mettre enfin un terme à ce conflit.  Toutefois, a averti la représentante américaine, la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda ne doit pas se faire au détriment d’un accord de paix global à l’échelle de tout le Yémen. 

L’Accord de Riyad montre que les solutions politiques peuvent apporter la paix, a renchéri la Chine, qui a prié le Conseil de s’exprimer à l’unisson sur cette question.  De même, la Fédération de Russie a espéré que l’Accord de Riyad permettra de relancer le processus de règlement de cette crise.  À l’évidence, les dirigeants yéménites ont la volonté de s’entendre, a dit le représentant russe. 

Ces progrès montrent la « sincère volonté de parvenir à une paix juste », a ainsi assuré le représentant du Yémen, ajoutant que l’Accord de Riyad ouvrait la voie à une nouvelle ère de sécurité, de sérénité et de développement, tout en évitant la confrontation sectaire et en permettant la lutte contre le terrorisme.  Il a toutefois regretté que l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an, n’ait toujours pas produit de résultats concrets.  « Il est temps de se demander pourquoi », a-t-il lancé, avant de pointer du doigt les milices houthistes.  

Enfin, à l’instar de Mme Mueller, plusieurs membres du Conseil de sécurité ont demandé que l’ONU puisse avoir accès au navire pétrolier Safer, qui continue de poser « un énorme risque environnemental et humanitaire en mer Rouge ». 

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, intervenant par visioconférence depuis Amman, en Jordanie, a déclaré que depuis son appel lancé en faveur d’une action décisive pour le Yémen en août dernier, « une dynamique pour obtenir une paix durable au Yémen a été lancée ». 

Les acteurs, sous l’égide de l’Arabie saoudite, des autres puissances régionales, de la communauté internationale et de l’ONU sont parvenus à un compromis sur un certain nombre de sujets, dont la situation dans les provinces du sud, la désescalade des hostilités et les défis économiques.  « On commence à voir au Yémen des dirigeants qui souhaitent la paix », a reconnu M. Griffiths.  Il a défini un « dirigeant » comme quelqu’un qui pratique l’art de la concession et de l’inclusion, sans exiger trop de droits.  « On commence à voir émerger ce type de dirigeants, notamment depuis la signature, le 5 novembre dernier, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud », s’est-il encore félicité. 

L’Envoyé spécial a identifié un second signe de changement au Yémen: la désescalade dans le cycle de la violence.  Rien que ces deux dernières semaines, le nombre d’attaques aériennes à travers le pays a été réduit de presque 80% par rapport aux deux semaines précédentes.  Pour la première fois depuis le début du conflit, le Yémen a même connu deux jours sans attaques aériennes.  Par ailleurs, l’organisation Ansar Allah a respecté sa promesse de cesser ses tirs de missiles et attaques par drones vers le territoire saoudien pour le second mois consécutif, s’est réjoui l’Envoyé spécial, ajoutant que « ces étapes vont immanquablement dans le sens de la paix ». 

Le troisième signe d’une évolution positive de la situation au Yémen est la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm signé il y a un an, a poursuivi M. Griffiths.  Des avancées ont été observées à Hodeïda, notamment avec les mesures gouvernementales visant à faciliter la livraison de carburant et le paiement des salaires à Hodeïda et dans le reste du pays. 

Par ailleurs les parties ont respecté le cessez-le-feu prévu dans l’Accord  sur Hodeïda, ce qui a permis une réduction de la violence de 40% par rapport à la mise en place de ce mécanisme.  En outre, depuis la création des cinq postes conjoints d’observation le long des lignes de front, le nombre d’incidents sécuritaires ont été réduits d’environ 80%.  Enfin, depuis plusieurs jours, aucun incident n’a été enregistré à Hodeïda, a relevé l’Envoyé spécial, avant de se féliciter de la « coopération constructive » des parties.  Celles-ci ont fait « des concessions créatives » qui ont supplanté leur désir de victoire.

Cela dit, a poursuivi l’Envoyé spécial, alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) n’a cessé de jouer un rôle vital dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, son personnel continue de subir des restrictions de mouvement dans Hodeïda.  Or, ces restrictions peuvent non seulement entraver le travail quotidien de la mission, mais aussi mettre en péril l’exécution de son mandat, a-t-il mis en garde, avant de demander aux autorités pertinentes de prendre toutes les mesures pour permettre une libre circulation du personnel de la MINUAAH.

Mme URSULA MUELLER, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a indiqué que chaque mois quelque 250 partenaires travaillent avec les Nations Unies pour venir en aide à plus de 13 millions de personnes à travers le Yémen, soit la plus importante opération humanitaire en cours, dans un environnement particulièrement difficile. 

Pour cette raison, les travailleurs humanitaires ont toujours insisté sur le respect du droit international humanitaire et la protection des civils, l’accès sans entrave aux populations, le financement de la réponse humanitaire, le soutien à l’économie et la recherche d’une solution politique.  Si tous ces points étaient respectés, les souffrances des populations seraient allégées et faciliteraient la recherche d’une paix durable, a assuré Mme Mueller.

Hélas, chaque mois le Conseil de sécurité entend des exemples de dévastation et les attaques contre les civils continuent, a informé la Sous-Secrétaire générale.  Il y a deux jours, des tirs d’artillerie sur le marché de Saada ont tué et blessé des dizaines de personnes.  Il y a deux semaines, c’est un hôpital de la province de Taëz qui a été gravement endommagé: c’était le seul établissement chirurgical de la région.  En outre, des mines et autres explosifs tuent et blessent sans relâche, non seulement des Yéménites mais aussi des réfugiés et des migrants dont la plupart proviennent de la Corne de l’Afrique.  Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 160 000 migrants sont arrivés cette année, qui sont exposés aux abus de toutes sortes dont les viols, tortures et travail forcé.  Malgré tout, Mme Mueller a souligné la baisse du nombre de victimes civiles en octobre après un mois de septembre particulièrement meurtrier.

L’accès aux populations reste un défi majeur, a poursuivi la responsable, citant en particulier les zones sous contrôle d’Ansar Allah.  Même si le groupe a récemment délivré davantage d’autorisations aux organisations non gouvernementales, il continue d’imposer de nombreuses restrictions qui se traduisent par des retards inacceptables dans la délivrance de l’aide humanitaire, affectant les civils.  La moitié des projets portés par les ONG sont bloqués ainsi que les missions d’évaluation des besoins, et des refus de passage sont fréquents. 

En outre, le groupe cherche fréquemment à s’immiscer dans les opérations humanitaires pour choisir les bénéficiaires de l’aide, a insisté la Sous-Secrétaire générale, qui a également dénoncé une « augmentation alarmante » d’incidents visant les travailleurs humanitaires: 60 incidents au cours des trois derniers mois.  Ces questions ont été régulièrement soulevées avec Ansar Allah mais l’environnement reste compliqué, a-t-elle souligné.  Elle a espéré que le groupe permettrait l’expertise que doivent conduire les Nations Unies sur le pétrolier Safer, qui continue de poser « un énorme risque environnemental et humanitaire en mer Rouge ».  Notre équipe d’évaluation reste prête à se déployer dans les trois semaines, a-t-elle précisé.

Sur le plan financier, grâce à l’aide de plusieurs pays –Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Koweït et États-Unis- des programmes suspendus faute de fonds ont pu reprendre, notamment des vaccinations, a annoncé Mme Mueller.  Actuellement, 70% du Plan de réponse humanitaire sont financés, un progrès considérable par rapport à il y a quelques mois, a-t-elle noté.  Mais le Yémen continue d’importer tout ce dont il a besoin, y compris du carburant et des médicaments, et le taux de change a un énorme impact sur le coût de la vie.  Le rial coûte actuellement deux fois plus cher en dollars qu’avant la crise, a-t-elle expliqué en réclamant un appui à l’économie locale pour stabiliser le taux de change, car il est essentiel de continuer d’assurer les approvisionnements en combustible et autres biens de première nécessité. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a salué la signature, le 5 novembre 2019, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  La formation d’un nouveau gouvernement « ouvert » devrait accroître la représentativité de ce dernier vis-à-vis du peuple yéménite, s’est-elle félicitée, appelant les parties à mettre en œuvre sans tarder toutes les dispositions de l’Accord.  En effet, a-t-elle poursuivi, le retour du Gouvernement à Aden et la réintégration des forces nationales dans le sud du pays constituent des étapes essentielles pour parvenir à un règlement politique global au Yémen.  De ce point de vue, la représentante a tenu à remercier les efforts de médiation déployés par le Royaume d’Arabie saoudite.

Sur la base de ces avancées récentes, Mme Craft a appelé le Gouvernement yéménite à se consacrer intégralement aux négociations avec les houthistes pour mettre enfin un terme à ce conflit, dont elle a rappelé qu’il avait fait plus de 100 000 morts depuis 2015.  La représentante a en outre salué les progrès enregistrés afin de permettre au pétrolier Safer de retourner dans le port d’Hodeïda.  Toutefois, a-t-elle mis en garde, la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda ne doit pas se faire au détriment d’un accord de paix global à l’échelle de tout le Yémen.  Mme Craft a par ailleurs insisté sur l’importance des contributions financières des États Membres pour venir en aide aux Yéménites, en proie à l’une des pires crises humanitaires au monde.  Elle s’est ainsi félicitée du rôle joué par les États-Unis, en tant que principal donateur humanitaire au Yémen.  Pour que cette aide soit véritablement efficace, la représentante a appelé les parties à garantir un accès humanitaire sans entraves aux personnes dans le besoin.  « Les faits survenus récemment au Yémen sont encourageants », a-t-elle conclu, avant d’exhorter M. Martin Griffiths à redynamiser le processus politique et à œuvrer en faveur d’un retour dans la dignité des Yéménites déplacés dans les prochains mois.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a déploré la situation humanitaire difficile qui prévaut encore au Yémen et le manque de mise en œuvre complète de l’Accord de Stockholm.  C’est pour ces raisons que la délégation espère que l’Accord de Riyad récemment signé permettra de relancer le processus de règlement de cette crise.  À l’évidence, les dirigeants yéménites ont la volonté de s’entendre, a-t-il dit.  Le représentant a salué le travail de M. Griffiths, ajoutant, que comme lui, la Fédération de Russie n’a cessé de dire que le conflit yéménite ne pourra pas se régler par la voie militaire, mais uniquement par la voie politique.  Face aux évolutions positives sur le terrain, il a été d’avis que la communauté internationale doit maintenant encourager ces progrès, tout en ayant à cœur la priorité de l’aide humanitaire.  Celle-ci doit pouvoir entrer dans toutes les régions du Yémen et être distribuée selon les principes de l’aide humanitaire, sans discrimination ni politisation.

M. Polyanskiy a également déclaré qu’il fallait continuer de lutter, « maintenant et non plus tard », contre les groupes terroristes qui confortent leurs positions au Yémen.  Il a également déclaré que, sur la base de la résolution 598 (1987) l’initiative russe de sécurité dans le golfe persique conserve son actualité.  Il a appelé toutes les parties concernées à étudier ce document afin de joindre leurs efforts pour appuyer l’Envoyé spécial dans ses efforts de résoudre ce conflit. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a pris acte de l’évolution positive de la situation au Yémen, à l’image de la signature, début novembre, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  À ses yeux, la mise en œuvre de la première disposition de cet Accord démontre que « l’Arabie saoudite et la coalition » sont fermement engagées en faveur de la stabilité du Yémen.  Le représentant a ainsi espéré que l’Accord de Riyad se solderait par un renforcement de la mise en œuvre des différentes dispositions de l’Accord de Stockholm et, à terme, par la conclusion d’une solution globale à la crise yéménite.  Sur ce dernier point, le représentant a rappelé que le Koweït avait l’intention d’accueillir sur son sol les parties au conflit, sous l’égide des Nations Unies, afin de conduire des négociations pour un règlement global à la crise.

Le représentant a par ailleurs salué l’augmentation du financement et des promesses de financement du plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  Il a précisé que le Koweït avait prévu de financer ce plan à hauteur de 600 millions de dollars, dont 350 millions ont déjà été alloués aux organismes humanitaires.  Il s’est cependant dit préoccupé par la persistance d’obstacles à l’accès humanitaire dans les zones sous le contrôle des houthistes.  Il a appelé toutes les parties à lever ces entraves et à se conformer aux principes du droit international humanitaire.  M. Alotaibi a en outre salué le Gouvernement yéménite pour avoir autorisé l’entrée de 10 pétroliers dans le pays, ce qui a eu selon lui des effets positifs, étant donné la pénurie de pétrole traversée par le Yémen.  Il a toutefois regretté que l’équipe des Nations Unies n’ait pas été en mesure d’atteindre le pétrolier Safer, au large des côtes de Hodeïda.  En conclusion, il a appelé les parties yéménites à mettre intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm et à œuvrer à la résolution du conflit par la voie du dialogue.

« Nous percevons des signes encourageants de désescalade », a affirmé M. NICOLAS DE RIVIÈRE(France), en saluant l’Accord de Riyad parrainé par l’Arabie saoudite, sur la situation au sud du Yémen.  Selon lui, cet Accord, qui permet de préserver l’unité et l’intégrité territoriale du Yémen, doit être pleinement mis en œuvre.  Il a appelé à une reprise « sans délais ni préconditions » des discussions en vue d’une paix globale et inclusive.

Le représentant a également appelé toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire, insistant sur deux priorités absolues: la protection des civils et la garantie d’un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entraves.  Les restrictions croissantes imposées par les houthistes aux acteurs humanitaires empêchent des millions de personnes de bénéficier d’aide, a-t-il déploré, évoquant une situation « inacceptable ».  M. de Rivière a par ailleurs demandé que les Nations Unies aient accès au navire pétrolier Safer, « qui représente une grave menace potentielle pour l’environnement: une fuite de pétrole aurait un impact dramatique sur toute la région ». 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a commenté les signes d’évolution positive au Yémen décrits par M. Griffiths et appelé les acteurs concernés à tirer parti avec « célérité et pragmatisme » de cette nouvelle disposition au dialogue.  Le délégué a jugé que des avancées sont plus que jamais nécessaires en raison du risque toujours latent d’une famine généralisée, la persistance de cas de choléra, l’effondrement des services publics et de l’économie qui touchent plus de vies que les seules actions militaires.  « Assumer notre responsabilité de protéger les plus vulnérables, a-t-il déclaré, passe par l’élimination des obstacles à l’arrivée des secours et l’arrêt des menaces au personnel humanitaire dans l’exercice de ses fonction. » 

M. Ugarelli a ainsi enjoint aux autorités d’Ansar Allah de faciliter les déploiements humanitaires dans les territoires qu’elles contrôlent, de maintenir en service les aéroports et voies de communications du Yémen et en particulier d’ouvrir l’aéroport de Sanaa pour les livraisons de matériel médical et les évacuations humanitaires d’urgence.  Saluant l’arrivée récente de combustible au Yémen, le délégué a enfin rappelé l’urgence de stabiliser et réactiver l’économie yéménite, afin de consolider l’appréciation de sa monnaie, observée ces dernières semaines, et contenir l’inflation qui pénalise tant les plus démunis.

Seul un accord négocié sur la base d’un dialogue ouvert permettra de résoudre le conflit au Yémen et de répondre aux attentes légitimes de tous les Yéménites, y compris ceux résidant dans le sud du pays, a estimé M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine).  Le représentant a salué les efforts de médiation déployés à cette fin par l’Arabie saoudite, qui se sont soldés par la signature, le 5 novembre 2019, de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Selon lui, cet Accord ouvre la voie à une solution négociée sur l’ensemble du territoire yéménite.  Il a également salué les efforts qui ont conduit à une désescalade des combats à l’intérieur comme à l’extérieur du Yémen.

S’agissant de l’Accord sur Hodeïda, M. Singer Weisinger a appelé les parties à respecter le cessez-le-feu, à prendre les mesures nécessaires pour éviter toute escalade de la situation et à faciliter la libre circulation de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) dans la zone.  S’agissant du pétrolier Safer, au large des côtes du port d’Hodeïda, le représentant a appelé à éviter une catastrophe environnementale « sans précédent » en mer Rouge.  Pour ce faire, il a exhorté tous les acteurs impliqués, dont les milices houthistes, à faciliter l’accès de l’équipe d’évaluation de l’ONU au navire.

M. JUN ZHANG (Chine) a relevé que, au moment où la situation semble s’améliorer au Yémen, la communauté internationale doit encourager ce processus.  L’Accord de Riyad montre que les solutions politiques peuvent apporter la paix, a dit le représentant, appelant aussi à soutenir les efforts de M. Griffiths.  Selon la Chine, le Conseil de sécurité devrait s’exprimer à l’unisson sur cette question.  Il devrait appuyer le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen et travailler avec M. Griffiths et les acteurs de la région, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, les efforts devraient se concentrer sur les questions économiques et humanitaires. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a commencé par remercier l’Arabie saoudite pour son « excellent rôle » de facilitateur ayant abouti à l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Un accord que son pays souhaite voir mis en œuvre sans délai.  Le seul moyen d’éviter la crise humanitaire et de soulager les souffrances du peuple yéménite passe par un règlement politique global, a-t-il insisté.  De même, le délégué a réaffirmé son appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour la reprise des pourparlers avant la fin de l’année. 

Pour M. Syihab, il ne fait aucun doute qu’il n’y aurait pas eu d’amélioration de la situation à Hodeïda sans l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an.  Sur la base des acquis des Accords de Stockholm et de Riyad, le processus politique intrayéménite devrait, selon lui, reprendre, sous l’égide de l’ONU, avec la participation de toutes les parties prenantes légitimes, notamment les femmes et les jeunes.  Le représentant a, pour finir, souligné le rôle central des pays de la région dans le soutien de ce processus de paix, qui doit être bien compris de tous et pleinement mis en œuvre. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué la signature de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud, ainsi que les efforts diplomatiques de l’Arabie saoudite pour y parvenir.  Le retour du Premier ministre du Gouvernement du Yémen à Aden marque un premier pas essentiel pour mettre cet accord en œuvre, a-t-elle ajouté, appelant toutes les parties prenantes à faire preuve de bonne foi en ce sens.  Selon elle, cet accord offre une opportunité de reprise d’un processus politique inclusif qui permettrait de résorber les divergences et de répondre aux préoccupations légitimes des Yéménites. 

Un autre facteur essentiel pour restaurer la stabilité et créer les conditions favorables à la reprise de ce processus est de renoncer à la violence, de faire baisser les tensions et de rétablir la confiance, a avancé la représentante.  Il est donc indispensable que les parties respectent leurs obligations en vertu de l’Accord sur Hodeïda et prennent toutes les mesures nécessaires pour maintenir le cessez-le-feu, en coopération avec la MINUAAH, et qu’elles veillent à mettre en œuvre toutes les dispositions de l’Accord de Stockholm.  Préoccupée par la situation humanitaire, la représentante a également appelé les parties à permettre et faciliter une aide sûre, rapide et sans entraves dans toutes les régions du pays.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a exhorté toutes les parties prenantes yéménites à surmonter leurs divergences afin de parvenir à une solution politique négociée qui permettra de trouver une issue pacifique et durable à la crise.  Le représentant a réaffirmé la nécessité de la mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de Stockholm entre le Gouvernement et les houthistes, notamment les dispositions relatives au redéploiement des forces militaires des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa.  Le déploiement de forces de sécurité locales dans ces ports devrait permettre de redynamiser le processus politique, a estimé le représentant.  Il a exhorté les parties yéménites à poursuivre le redéploiement des forces militaires des ports, sous l’égide du Comité de coordination du redéploiement, et à coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH). 

Ces actions, a encore dit M. Adom, devraient permettre de créer un environnement favorable à la poursuite des échanges de prisonniers et à la mise en œuvre de la Déclaration d’entente sur la ville de Taëz.  Préoccupé par la détérioration continue de la situation humanitaire, le délégué a appelé tous les protagonistes au respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit encouragé par les développements politiques de ces dernières semaines au Yémen, qui témoignent, selon lui, de la volonté de désescalade des parties au conflit et de leur souhait de progresser vers une transition pacifique.  Saluant les efforts de médiation de l’Arabie saoudite concernant la situation dans le sud du pays, le représentant s’est félicité de la signature de l’Accord de Riyad, qui crée les bases d’un gouvernement yéménite plus inclusif.  Il s’est réjoui à cet égard du retour du Premier ministre à Aden et a appelé toutes les parties à saisir l’opportunité qu’offre cet accord pour parvenir à une solution politique globale. 

S’agissant de la situation sur le terrain, M. Heusgen a qualifié de « nouvelle positive » la baisse du nombre d’attaques, notamment transfrontalières, ces dernières semaines, appelant de ses vœux un cessez-le-feu plus large.  Il a également encouragé les houthistes et l’Arabie saoudite à poursuivre sur la voie de la désescalade.  Le représentant a constaté que la MINUAAH a d’ores et déjà réussi à renforcer la confiance entre les parties, citant en exemple l’établissement de postes d’observation conjoints.  Il a cependant averti que la situation à Hodeïda reste fragile, la province continuant d’enregistrer un grand nombre de victimes civiles.

Évoquant ensuite la situation humanitaire « catastrophique », le représentant a constaté qu’il y a plus de 3,5 millions de Yéménites déplacés sur une population de 30 millions de personnes, qui ont besoin d’une assistance.  Il a plaidé pour un accès sûr, rapide et sans entraves à l’aide humanitaire et annoncé que l’Allemagne continuera en 2020 à contribuer substantiellement au Plan de réponse humanitaire pour le Yémen.  Enfin, le représentant a appelé à placer le respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme au centre de toutes les actions menées au Yémen, afin de protéger les civils.  Il importe aussi de résoudre la crise liée à la pénurie de carburant et d’éviter une catastrophe environnementale en mer Rouge, le pétrolier Safer continuant de présenter une menace au nord de Hodeïda, a-t-il ajouté avant d’exhorter tous les acteurs, en particulier les houthistes, à permettre à une mission d’évaluation de l’ONU d’accéder au navire. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué les initiatives « importantes » lancées par les parties yéménites afin de changer la dynamique du conflit dans le nord comme dans le sud du pays, à l’image de la libération récente par les houthistes de 290 détenus.  Dans le même ordre d’idée, le représentant s’est félicité de l’annonce par le mouvement houthiste, le 20 septembre dernier, de la suspension des attaques au moyen de drones et de missiles balistiques contre l’Arabie saoudite.  Il a également salué les efforts diplomatiques parrainés par l’Arabie saoudite pour promouvoir les dispositions de l’Accord de Riyad, signé le 5 novembre dernier entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud.  Il a appelé les parties à mettre en œuvre les dispositions de cet Accord, dont dépendent le retour à Aden du Gouvernement et le fonctionnement des institutions du pays.  L’Accord de Riyad est donc un pas décisif vers un règlement du conflit, a-t-il insisté.

Par ailleurs, le représentant a salué le leadership de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), qui a selon lui permis de créer, en coopération avec les parties à l’Accord de Stockholm, un centre conjoint d’opérations.  Aux yeux du représentant, l’existence de ce centre a contribué à la réduction « tangible » des violations au cessez-le-feu.  Le représentant s’est cependant dit préoccupé par la situation humanitaire « grave » dans laquelle se trouve la population yéménite.  Parallèlement, a-t-il ajouté, les agences humanitaires font face à des restrictions importantes imposées par les autorités, ainsi qu’à des harcèlements et tentatives d’interférences, au détriment de l’accès aux personnes dans le besoin.  M. Esono Mbengono a en outre dénoncé les violations du droit international humanitaire, dont le recrutement d’enfants par les parties, les violences sexuelles et de genre, les détentions arbitraires, et les attaques contre la population et les infrastructures civiles, y compris des établissements de santé, des écoles et des agents humanitaires. 

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a salué l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud et félicité l’Arabie saoudite pour son rôle de facilitateur dans ce qui pourrait être « un premier pas vers une solution politique ».  Il a appelé les parties à dialoguer pour réduire les souffrances des civils, et leur a demandé de mettre en œuvre les éléments essentiels de l’Accord de Stockholm, notamment des échanges de prisonniers.

D’après le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, la crise humanitaire au Yémen demeure la pire du monde, a rappelé le représentant, soulignant qu’environ 80% de la population, soit 24 millions de personnes, avait besoin d’aide ou de protection humanitaire.  Il a aussi noté une aggravation de la crise avec 14,3 millions de personnes en situation de « nécessité absolue » soit une augmentation de 27% par rapport à l’année dernière.  « On estime que 85 000 enfants yéménites de moins de cinq ans pourraient être morts de faim », a souligné M. Ntsoane, ajoutant qu’environ deux millions d’enfants n’allaient plus à l’école depuis le début du conflit.  Il a appelé toutes les parties à garantir un accès humanitaire libre, sûr et sans entraves aux populations civiles.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souhaité que l’on puisse conserver l’élan actuel dans les prochaines étapes du processus politique, qui doit être inclusif, avec une participation significative des femmes et des jeunes reflétant la diversité ethnique, géographique, sociale et politique de la population du Yémen.  Saluant les efforts de désescalade au Yémen, il a toutefois noté que la population civile souffre toujours d’une façon disproportionnée et encouragé la poursuite des efforts pour faire cesser les hostilités dans l’ensemble du pays.  L'accès humanitaire demeure très difficile, a relevé M. Pecsteen de Buytswerve, qui a jugé primordial que toutes les parties le facilitent et respectent le droit international humanitaire.  Il a insisté auprès des parties pour que soient levées toutes les restrictions à l’accès humanitaire et aux importations commerciales.

Le représentant a aussi encouragé le Gouvernement yéménite à suspendre l’application du décret 49 dans l’attente d’une solution durable à la crise pétrolière, et encouragé les houthistes à donner accès au pétrolier Safer, afin de faciliter l’examen de la situation, et d’éviter une « possible catastrophe écologique ».  Enfin, M. Pecsteen de Buytswerve a appelé toutes les parties prenantes à mettre entièrement en œuvre l’Accord de Stockholm, y compris l’Accord sur Hodeïda, l’Accord sur l’échange de prisonniers, ainsi que l’Accord sur Taëz.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a salué la signature de l’Accord de Riyad et le rôle de médiateur joué par l’Arabie saoudite.  Elle a appelé à inscrire l’Accord et la désescalade actuelle des combats dans le cadre d’un processus plus large et d’une approche globale, avec l’appui des médiateurs et du Conseil de sécurité.  Elle a également appelé à poursuivre la mise en œuvre de l’intégralité de l’Accord de Stockholm.  Face au « sombre » tableau humanitaire dressé par Mme Mueller, la représentante a rappelé que son pays avait alloué, au total, un milliard de dollars d’aide au Yémen depuis le début du conflit et axé son action humanitaire sur la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition et l’acheminement de nourriture et d’eau potable à la population.

Mme Pierce a exhorté les houthistes à travailler de concert avec le coordonnateur humanitaire sur le terrain pour faciliter, de toute urgence , l’acheminement sans entraves de l’aide aux personnes dans le besoin, dans le respect de la résolution 2451 (2018) du Conseil.  Il est en effet préoccupant, a-t-elle déploré, que les houthistes aient refusé de signer 60% des accords humanitaires, privant ainsi plusieurs millions de personnes d’un accès à l’aide.  S’agissant du pétrolier Safer, la représentante a partagé les préoccupations de la communauté internationale face aux risques de marée noire dans la mer Rouge.  « L’inaction des houthistes est irresponsable », a-t-elle estimé, appelant ces derniers à fournir à l’équipe d’inspection de l’ONU un accès au navire.  Sur le plan économique, Mme Pierce a salué la décision du Gouvernement yéménite de laisser rentrer plusieurs pétroliers dans le pays.  Pour continuer sur cette lancée, elle a appelé les parties à travailler de concert, sous l’égide de l’ONU, à la conclusion d’un accord sur des mécanismes de partage des recettes portuaires dans la mer Rouge, afin de relancer le commerce de carburant vers le pays.

Mon Gouvernement, a déclaré M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen), a fait part de sa « sincère volonté de parvenir à une paix juste », sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et du dialogue national.  Cette volonté a pour but de lutter contre les tendances sectaires et le terrorisme qui détruisent la société yéménite, a-t-il assuré, avant de louer les efforts de l’Arabie saoudite qui a permis la signature de l’Accord de Riyad.  Cet accord ouvre la voie à une nouvelle ère de sécurité, de sérénité et de développement, tout en évitant la confrontation sectaire et en permettant la lutte contre le terrorisme.  Le Yémen attend maintenant le soutien de ses partenaires internationaux pour mettre en œuvre cet accord, a ajouté le représentant.

M. Al-saadi a ensuite regretté que l’Accord de Stockholm, conclu il y a un an, n’ait pas produit de résultats concrets aujourd’hui.  « Il est temps de se demander pourquoi », a-t-il lancé, avant de désigner le refus des milices houthistes de cessez-le-feu comme l’une des causes.  « Ce refus démontre que leurs dirigeants n’ont pas la volonté de vouloir la paix.  Ils continuent de faire souffrir les populations yéménites », a-t-il encore dénoncé.  Par ailleurs, le Gouvernement du Yémen condamne fermement la reconnaissance par la République islamique d’Iran de dirigeants houthistes.  Cela est une claire violation du droit international, dont la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, a fait valoir le représentant, ajoutant que son gouvernement prenait toutes les mesures pour dénoncer cet acte.  Il a également demandé à la communauté internationale de faire pression sur ces milices pour permettre un accès de l’équipe d’inspection de l’ONU au pétrolier Safer afin d’éviter qu’une catastrophe écologique, dont ces milices seraient responsables, ne se produise.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Trentième anniversaire de la Convention sur les droits de l’enfant à l’Assemblée générale: un petit garçon libyen veut un monde « où on n’a pas peur et où on ne pleure pas »

Soixante-quatorzième session,
32e séance plénière (reprise) – matin & après-midi
AG/12216

Trentième anniversaire de la Convention sur les droits de l’enfant à l’Assemblée générale: un petit garçon libyen veut un monde « où on n’a pas peur et où on ne pleure pas »

Ovationné, la tête émergeant à peine du pupitre, mais déjà très à l’aise dans son costume deux-pièces onusien, nœud papillon à l’appui, Mahmoud, un petit garçon libyen de 10 ans a déclaré: « Je veux un pays où chaque enfant peut jouer et s’amuser, un monde où les enfants n’ont pas peur et où ils ne pleurent pas ».  Avec les mots de son âge, le garçonnet a fait écho aux appels à la pleine mise en œuvre de la Convention de 1989 relative aux droits de l’enfant, qui ont retenti hier, Journée mondiale de l’enfance, et aujourd’hui alors que l’Assemblée générale achevait la célébration du trentième anniversaire d’une Convention ratifiée par tous les pays du monde, à l’exception des États-Unis.

Des dizaines de jeunes activistes et plus d’une centaine d’États se sont succédé à la tribune dont certains étaient représentés par des enfants dont Mahmoud et Tasneem, une petite iraquienne qui a dénoncé les « choses horribles » que Daech a fait subir à ses congénères.  Le nombre des enfants tués ou mutilés dans des conflits armés a atteint des niveaux record, a alerté la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  Le financement de l’éducation dans les situations de conflit armé, de catastrophe et autres urgences reste largement inadéquat et de trop nombreux enfants non accompagnés et séparés de leur famille sont victimes de trafiquants ou placés dans des centres de rétention inadaptés, a diagnostiqué la Fédération qui a précisé qu’à ce jour 28 000 enfants sont piégés dans le nord-est de la Syrie. 

Tout le monde sait que les conséquences des traumatismes de l’enfance peuvent durer, a renchéri le Royaume-Uni.  Les conflits interminables et les guerres urbaines font courir d’énormes risques aux enfants.  Le Royaume-Uni a identifié d’autres obstacles sur le chemin des enfants et d’abord l’incohérence dans la mise en œuvre de la Convention.  Il nous faut, a-t-il dit, des actions concrètes et durables pour avoir des progrès réels mais il nous faut aussi reconnaître que le monde a radicalement changé en 30 ans.  La vigilance est donc de mise face aux nouveaux défis du XXIe siècle, en particulier les préoccupations légitimes des jeunes.  À ce jour, 262 millions d’enfants et de jeunes sont déscolarisés, 650 millions de filles ont été mariées avant leur dix-huitième anniversaire et un enfant sur quatre vivra dans une région disposant de ressources en eau extrêmement limitées d’ici à 2040, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

S’il y a quelqu’un aux Nations Unies qui mérite la médaille de la mise en œuvre de la Convention, c’est bien l’UNICEF, a estimé l’Autriche.  Le Fonds a été particulièrement applaudi pour son initiative « Une promesse mondiale: Pour chaque enfant, tous ses droits ».  Cette année étant une nouvelle occasion d’intensifier l’action et les résultats en faveur des enfants, l’UNICEF a obtenu des États la promesse de déployer un effort collectif immédiat pour veiller à ce que chaque enfant jouisse des droits à la participation, à des soins de santé de qualité et à la protection contre la violence.  La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a annoncé l’adoption, en décembre, de son cadre stratégique sur l’éducation de qualité pour les enfants confrontés à des situations de crise. 

Désormais trentenaire, la Convention sur les droits de l’enfant est assortie de trois Protocoles facultatifs sur l’implication d’enfants dans les conflits armés; sur la vente, la prostitution et la pornographie les impliquant; et sur une procédure de plaintes pour des violations de leurs droits.  Les enfants disent haut et fort qu’il faut préserver leurs droits et que les gouvernements doivent se montrer à la hauteur de ces exigences.  « C’est une obligation », a tranché le Panama.  Les enfants doivent être encouragés à participer à l’élaboration des politiques, car c’est une façon de les éduquer et de les préparer à la gestion de leur avenir, a ajouté le Cambodge. 

« Les enfants doivent pouvoir devenir qui ils veulent », a martelé la petite iraquienne qui a confié que, chaque jour à l’école, elle voit des enfants qui ont du mal à s’intégrer.  « Je voudrais qu’ils comprennent que rien ne les oblige à changer de personnalité ou d’identité. ».  Mahmoud, qui ne veut pas seulement jouer, l’œil sec et le sourire aux lèvres, n’a pas dit autre chose.  « Nous voulons que tous les enfants aient les moyens de réaliser leurs rêves. » 

Toujours orientée vers l’action, l’Assemblée générale a également décidé aujourd’hui, dans un projet de décision* que le thème principal du Forum politique de haut niveau pour le développement durable et du Conseil économique et social pour 2020 sera « Action accélérée et solutions transformatrices: une décennie d’action et des résultats pour le développement durable ».

L’Assemblée tiendra une autre séance publique, le 25 novembre à 10 heures, pour examiner la question de la représentation équitable au Conseil de sécurité. 

*A/74/L.11

RÉUNION DE HAUT NIVEAU À L’OCCASION DU TRENTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT

Suite du débat général

Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a souligné qu’en tant que pays en développement, le Panama est conscient des défis qui persistent.  Il a d’ailleurs multiplié ses efforts pour réduire le fossé « historique » dont souffrent les populations touchées par la pauvreté multidimensionnelle, notamment dans les zones autochtones et les communautés les plus vulnérables.  Le leadership des enfants et des jeunes, s’est félicitée la représentante, se fait chaque fois ressentir davantage dans cet hémicycle.  Les enfants disent haut et fort qu’il faut préserver leurs droits et que les gouvernements doivent se montrer à la hauteur de ces exigences.  « C’est une obligation », a-t-elle tranché.

Mme MIRYAM DJAMILA SENA VIEIRA (Cabo Verde) a estimé que la Journée mondiale de l’enfance devrait être célébrée tous les jours pour promouvoir et donner corps aux droits de l’enfant et faire en sorte qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte.  La Convention, a-t-elle poursuivi, nous a offert un cadre universel pour mettre en œuvre les politiques et programmes aux niveaux national, régional et international.  Dans la droite ligne de ce traité, le Gouvernement caboverdien a établi des cadres juridiques, fondés sur une Constitution qui consacre les droits de l’enfant.  Le Gouvernement s’emploie à réduire les inégalités et à promouvoir l’intégration sociale avec l’aide d’instruments comme la Stratégie pour la santé des adolescents et le Plan national de lutte contre les violences sexuelles commises sur les enfants.  Enfin, a conclu la déléguée, Cabo Verde est heureux d’entériner la promesse mondiale « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a indiqué que la promulgation et la mise en œuvre de plusieurs instruments juridiques dans son pays ont contribué à la réalisation progressive des droits de l’enfant.  Le Ghana a non seulement incorporé la Convention dans sa Constitution, mais a aussi promulgué des lois qui démontrent son engagement à mettre en œuvre cette Convention.  Nous avons, a affirmé la représentante, poursuivi diverses initiatives et programmes basés sur les quatre principes qui sont au cœur de la Convention.  Le plus récent de ces programmes, basé sur le respect de l’opinion de l’enfant, est le lancement, aujourd’hui-même, du Parlement des enfants, qui leur offre une plateforme pour exprimer la vision de leur épanouissement.

M. MICHAL MLYNÁR (Slovaquie) a souligné qu’en tant que candidat à un siège au Conseil des droits de l’homme, son pays s’est engagé à appuyer les droits de l’enfant et à créer un plan d’action national pour l’enfance.  Aujourd’hui, en sa qualité de Vice-Présidente dudit Conseil pour 2020, la Slovaquie fait tout son possible pour la mise en œuvre de l’ordre du jour de l’ONU en faveur des enfants.  Il y a quelques jours, la Troisième Commission de l’Assemblée générale a adopté, par consensus, la résolution omnibus sur les droits de l’enfant parrainée par 107 États.  La Slovaquie a aussi coparrainé toutes les résolutions relatives à la protection de l’enfant au Conseil de sécurité et a endossé toutes les initiatives sur cette question, comme les Principes et Engagements de Paris, ceux de Vancouver, la campagne « Des enfants, pas des soldats » et la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  

M. ANDRES JOSE RUGELES PINEDA (Colombie) a rappelé que la Convention est l’instrument international qui cumule le plus de ratifications, preuves, que les États présents s’accordent tous, malgré leurs divergences, pour reconnaître comme principe universel que les enfants ont des droits et besoins spécifiques et que l’action des États doit être guidée par l’intérêt supérieur de l’enfant.  En Colombie, a expliqué le délégué, le Président Ivan Duque a lancé l’Alliance nationale contre la violence envers les enfants, les filles et les adolescents, une politique participative fondée sur la tolérance zéro à l’égard de la violence.  De même, le pays a accueilli le Congrès panaméricain de l’enfant, des filles et des adolescents qui a promu l’échange d’informations et d’expériences sur une protection intégrale des droits de l’homme.  Enfin, M. Rugeles Pineda a évoqué le Plan national de développement pour 2018-2022, qui aborde les défis spécifiques à l’enfance, posés par la vie dans le monde rural, l’appartenance à des groupes ethniques et les problèmes liés au handicap, tout en renforçant les stratégies d’élimination de la pauvreté et d’accès au marché du travail.

M. MOHAMED FOUAD AHMED (Égypte) a indiqué à son tour que la Convention a poussé, à juste titre, les États à réviser leur législation.  En Égypte, des services juridiques sont désormais offerts aux enfants en cas de violence ou maltraitance et une série de mesures ont été adoptées pour mieux lutter contre le harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux.  Une campagne a aussi été lancée en mai dernier contre les mutilations génitales féminines.  Les enfants victimes de la traite font aussi l’objet d’une attention particulière, a ajouté le représentant, avant de souligner le rôle fondamental de la famille pour un développement sain de l’enfant.

M. RODRIGO A. CARAZO ZELEDÓN (Costa Rica) a déclaré que la Convention est un instrument « novateur » pour la société traditionnelle costaricienne qui a élevé l’intérêt supérieur de la fille et du garçon en principe directeur de l’action publique.  Il est donc tout à fait naturel que le Costa Rica ait souscrit à la promesse « Pour chaque enfant, tous ses droits » de l’UNICEF, qui permet de renouveler l’obligation d’appliquer la Convention au XXIe siècle.  Le représentant a émis l’espoir que parmi les enfants qui ont participé aux célébrations de l’Assemblée générale se trouve un futur secrétaire général de l’ONU ou un futur chef d’État.  Mais, a-t-il prévenu, aucune menace n’est plus grave pour les futures générations que la crise climatique.  Il a rappelé à cet égard la force avec laquelle les jeunes réclament une action urgente, reconnaissant le « pouvoir » de ces enfants. 

M. MHER MARGARYAN (Arménie) a rappelé que son pays a présenté au Comité sur les droits de l’enfant ses engagements pour répondre aux besoins les plus pressants.  Il s’est, à son tour, associé à la promesse mondiale « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  Sur le plan national, a-t-il poursuivi, le Programme stratégique pour la protection des droits de l’enfant vise à améliorer les systèmes de protection, à garantir une éducation inclusive et accessible aux enfants handicapés et à prévenir la violence contre les plus jeunes.  L’une des évolutions récentes en matière de protection sociale des enfants a été la décision du Gouvernement de proposer une couverture sanitaire universelle et gratuite aux moins de 18 ans.  Par ailleurs, en tant que coauteur traditionnel de la résolution sur les droits de l’enfant, l’Arménie se félicite que le texte de cette année ait pour thème les enfants sans soins parentaux.  À cet égard, le délégué a indiqué que l’une des priorités de son gouvernement est de « désinstitutionnaliser » les enfants.  Les réformes entreprises s’appuient sur la conviction que tout enfant a le droit de vivre au sein d’une famille et visent à empêcher que les enfants se retrouvent dans des institutions.  

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) a voulu que l’on tire les leçons de chaque expérience nationale.  Plus de 250 millions d’enfants ne vont pas à l’école et un enfant sur cinq vit dans une zone de conflit, a-t-il dit, par exemple, en sa capacité de Coprésident du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable.  Il a rappelé qu’en 2002, son pays a mis en place un comité indépendant et neutre pour accompagner le processus législatif sur les domaines liés à la situation des enfants et nécessitant l’attention.  La réforme législative va introduire des garanties procédurales spécifiques pour les mineurs et promouvoir un système de justice adapté aux enfants.  En 2019, le pays a aussi versé 6,2 millions d’euros à l’UNICEF.  

M. LUIS ANTÓNIO LAM PADILLA (Guatemala) a déclaré que la Convention a été élaborée pendant plus d’une décennie avec les contributions de sociétés, cultures et religions diverses.  Les États ont ainsi reconnu, pour la première fois dans l’histoire, que les enfants sont des sujets de droits.  Depuis lors, le Guatemala a créé un mécanisme de coopération pour activer, à travers les réseaux sociaux, un système de prévention et de lutte contre la traite des personnes.  C’est le premier pays de la région à avoir lancé ce type d’action, en coopération avec les plateformes numériques.  Le représentant a plaidé pour la promotion du concept de « pérennisation de la paix ». 

Mme FLOR DE LIS VASQUEZ MUÑOZ (Mexique) a observé à son tour que des difficultés restent à surmonter pour mettre en œuvre de manière effective les droits contenus dans la Convention de 1989.  Tant que des enfants devront travailler, vivront dans la pauvreté, seront victimes de maltraitance ou contraints à des mariages forcés, seront hors des écoles ou sans accès à la santé, nous n’aurons pas respecté les engagements pris, a tranché la représentante.  Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, les nouvelles technologies, les changements climatiques, les migrations et les conflits armés ont une incidence différenciée sur les enfants et les adolescents, à telle enseigne que la Convention reste le plus souvent lettre morte.

Depuis sa ratification de la Convention en 1990, a-t-elle poursuivi, le Mexique a lancé plusieurs initiatives dont la loi générale de 2014 sur les droits des filles, des garçons et des adolescents et le système national de protection intégrale des enfants et des adolescents, qui est un nouveau modèle institutionnel permettant d’établir des politiques transversales et intégrales en matière de droits de l’enfant.  Dans ce cadre, l’élimination de la violence contre les enfants a été érigée en priorité, comme en atteste l’adhésion du pays, en 2016, à l’Alliance globale pour mettre fin à toutes les formes de violence.  Pour le Mexique, a souligné la déléguée, la violence, la discrimination et la xénophobie sont inacceptables, a fortiori quand elles visent des enfants migrants.  Dénonçant la séparation de ces enfants de leur famille, la stigmatisation à laquelle ils font face et les conditions insalubres dans lesquelles ils doivent vivre, elle a lancé un appel pour qu’il soit mis un terme à ces formes de violence, y compris les mauvais traitements infligés par les autorités des migrations.

Mme NYAGURA (Zimbabwe) s’est enorgueillie de ce que son pays affiche l’un des taux de scolarisation les plus élevés d’Afrique grâce à un système d’enseignement primaire totalement financé par l’État et comprenant des écoles adaptées aux enfants handicapés.  Le Gouvernement a pris d’autres mesures dont la criminalisation du mariage des filles avant l’âge de 18 ans et la levée d’une taxe pour assurer le traitement des malades du sida. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a estimé que cette année est l’occasion de réfléchir à ce qui a été réalisé et aux écueils à surmonter pour parvenir à un monde meilleur.  Il a rappelé l’engagement de son pays à mettre en œuvre la Convention et, dans ce cadre, à créer un environnement favorable aux membres les plus jeunes de la société.  Relevant que Bahreïn a toujours été un État pionnier dans les efforts visant à consacrer les droits de l’enfant, le représentant s’est dit convaincu de l’importance d’une éducation complète et intégrale.  En 2012, la loi no 37 sur les droits de l’enfant a été promulguée pour améliorer l’accès des enfants à une éducation, une alimentation et des services de santé de qualité.

Le Gouvernement a en outre renforcé la collaboration entre le Comité de l’enfance et le Ministère de la justice.  Dans le souci de lutter contre les violences faites aux enfants, un centre national de protection de l’enfance a été ouvert avec une ligne directe.  Nous avons aussi la chance d’avoir un taux de 100% de scolarisation et des associations caritatives qui prennent totalement en charge les quelque 10 000 orphelins du pays, a ajouté le délégué, qui s’est dit fier de la coopération avec l’UNICEF.  Il a salué l’aide apportée aux autorités nationales par les experts des Nations Unies pour une pleine réalisation des objectifs de développement durable.  

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a souligné que, dans le rapport de 2019 sur la situation des enfants dans le monde, son pays a été salué pour avoir réduit la malnutrition chronique chez les enfants, de 33% en 2000 à 12% aujourd’hui.  Le représentant a attribué ce succès à l’engagement et aux efforts politiques, à la coordination entre les services publics et les organismes internationaux, à l’allocation d’une enveloppe budgétaire spécifique et à un système de surveillance efficace orienté vers les résultats.  Le Pérou, qui interdit les châtiments corporels, a mis en place un système de plainte et de recours, gratuit et confidentiel, pour dénoncer toute forme de violence à l’école et ailleurs.  Le pays s’est aussi doté d’une stratégie nationale de prévention et d’élimination du travail des enfants pour devenir, dans un proche avenir, un pays débarrassé de ce fléau.

M. LUIS GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a affirmé que son pays, dans le cadre de la Convention et des efforts menés pour la réalisation des objectifs de développement durable, entend veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte.  Premier pays d’Amérique latine à avoir ratifié la Convention, l’Équateur, a rappelé son représentant, a une population jeune qui compte près de six millions d’enfants.  La Constitution reconnaît ces enfants comme un « groupe prioritaire » à protéger contre la violence, la maltraitance et l’exploitation sexuelle.  Soucieux de garantir l’égalité entre tous les enfants, le pays a pris plusieurs initiatives dans ce sens dont la « Mission tendresse », menée dans le cadre du plan « Toda une vida » axé sur la petite enfance.

Les enfants sont « le présent et l’avenir de nos peuples », a souligné le délégué, qui s’est attardé sur la violence contre les enfants dans les situations de conflit armé.  Il a appelé à une application stricte du droit international et fustigé la pratique consistant à se servir des enfants comme boucliers humains.  Il a plaidé pour la ratification universelle du Protocole facultatif à la Convention concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

Mme IRMA ALEJANDRINA ROSA SUAZO (Honduras) a décrit les multiples efforts de son pays pour mettre en œuvre la Convention depuis sa ratification en 1990.  Elle a parlé de la réforme des Codes de l’enfance et de l’adolescence, de la famille, civil et pénal et aussi de la loi contre la violence domestique.  En 2014, le pays s’est doté d’une Direction de l’enfance, de l’adolescence et de la famille placée sous la tutelle du Secrétariat au développement et à l’intégration sociale.  Le Honduras, signataire des neuf traités des Nations Unies sur les droits de l’homme et de la Convention américaine sur les droits de l’homme, est aussi le premier pays à avoir ratifié les quatre accords relatifs à la protection de l’enfance de la Conférence de La Haye de droit international privé.  Enfin, la représentante a expliqué le large éventail des dispositions juridiques et le Système intégral de garantie des droits de l’enfance et de l’adolescence (SINAGDEH) qui rassemble tous les niveaux de l’État et de la société civile ainsi que les entités internationales spécialisées comme l’UNICEF.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a mis l’accent sur les résolutions relatives aux droits de l’enfant du Conseil des droits de l’homme et de la Troisième Commission.  Priorités nationales, a-t-il affirmé, les droits de l’enfant se déclinent dans le programme « Enfants heureux » fondé sur le développement intégral depuis la petite enfance, dans le Plan national pour la vie familiale et communautaire et dans le système d’assistance aux adolescents aux prises avec la loi.  Le Brésil s’est aussi doté d’une politique de prévention et de lutte contre les atteintes et l’exploitation sexuelles des enfants.  Compte tenu du contexte national, le pays a jugé bon de décréter la Semaine de prévention des grossesses précoces et de formuler une politique spécifique contre l’automutilation et le suicide chez les enfants.  « Nous devons écouter les enfants », a conclu le représentant. 

M. NIKOLA NENOV (Bulgarie) a déclaré que son pays, la Jamaïque et le Luxembourg ont adhéré à la promesse volontaire de l’UNICEF car il offre l’occasion de montrer son engagement en faveur des droits de l’enfant et des objectifs de développement durable.  Il a salué le fait que 105 États aient, d’ores et déjà, adhéré à la promesse et s’est aussi félicité de l’adoption, par consensus à la Troisième Commission, de la résolution sur les droits de l’enfant qui, cette année, est axée sur les enfants sans protection parentale.  Il a aussi évoqué le dixième anniversaire des Lignes directrices relatives à la protection de remplacement pour les enfants, une question cruciale pour la Bulgarie qui n’a jamais cessé d’élargir le cadre juridique en la matière pour désinstitutionnaliser les enfants et promouvoir cette question à travers son aide publique au développement (APD). 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a déclaré que son pays a proclamé l’école obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans, interdit le travail des enfants sous toutes les formes et les mutilations sexuelles, tout comme il s’est engagé à prévenir la vulnérabilité des populations, en particulier des enfants et des femmes.  Deux enquêtes ont été conduites sur le travail des enfants, ce qui a permis de disposer d’une cartographie et de données probantes sur la problématique.  Plusieurs initiatives « hardies », encadrées au plus haut niveau, ont fait que plus de 3 000 dénonciations ont été enregistrées et plus de 8 000 enfants ont été sortis des plantations depuis 2012, et remis à leur famille pour leur scolarisation.  Le taux de scolarisation dans le pays est d’ailleurs passé à 91,3%.  Sur le front de la santé, la Côte d’Ivoire a enregistré une « réduction drastique » du taux des mutilations génitales infantiles, s’est réjoui le représentant. 

Mme BONGOZA MABHONGO (Afrique du Sud) a rappelé que la Convention a été le premier traité sur les droits humains signé par Nelson Mandela.  Le Président Mandela qualifiait d’ailleurs la Convention de « texte lumineux et vivant qui consacre le droit de chaque enfant, sans exception, à une vie digne et épanouie ».  La déléguée a indiqué que, le 6 décembre 2019, le Parlement des enfants Nelson Mandela sera accueilli à l’Assemblée législative provinciale du Kwa-Zulu.  En Afrique du Sud, a-t-elle rappelé, plus de neuf millions d’enfants sont scolarisés gratuitement et dans les 10 prochaines années, tout enfant de 10 ans sera capable de lire et d’écrire correctement.  Lorsque nous investissons dans les droits de l’enfant, nous investissons dans un monde plus juste, plus sûr, plus prospère et plus durable, a-t-elle souligné.  Chaque enfant a des droits, peu importe où il vit ou qui il est.

BEYZA KÜCÜK et son ami MUHAMMET RÜŞTÜ AKTAŞ, Coordonnateurs des Comités sur les droits de l’enfant en Turquie, ont rappelé que leur pays est le premier et le seul pays au monde à avoir offert à ses enfants une journée nationale, célébrée le 23 avril de chaque année depuis 1924, soit bien avant l’adoption de la Convention.  Dans cet esprit, des comités sur les droits de l’enfant ont été établis dans chaque province sous la coordination du Ministère de la famille, du travail et des services sociaux pour veiller à une bonne mise en œuvre de la Convention et garantir la pleine participation des enfants à la prise de décisions sur les sujets qui les concernent.  Ces comités sont actifs depuis 2000 et tout enfant âgé de 12 à 18 ans peut en devenir membre.

Les comités s’occupent de programmes à vocation sociale, dont un prévoit l’intégration des enfants syriens qui vivent en dehors des camps, dans la société turque.  De plus, ont ajouté les Coordonnateurs, un bureau consultatif sur l’enfance a été créé pour renforcer la coordination entre les comités et organiser des activités aux niveaux national et international.  Dans ce même cadre, ont précisé les deux jeunes Turcs, le Forum national des enfants se tient chaque année sur le thème de la Journée mondiale de l’enfance. 

Mme HIBA JAAFAR ABUHAJ (Soudan) a rappelé que la Directrice exécutive de l’UNICEF vient d’effectuer une visite dans son pays, une grande première pour le Soudan qui recevait ainsi un haut fonctionnaire de l’ONU après le changement de gouvernement.  Ce nouveau gouvernement s’est d’ailleurs engagé à répondre aux besoins des enfants, en les écoutant « directement » pour prendre les mesures les plus pertinentes.  Elle a aussi rappelé que le Soudan a ratifié tous les traités internationaux sur les droits de l’enfant, y compris la Convention.

M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti) a brossé un tableau sombre de la situation des enfants dans la Corne de l’Afrique, où ils représentent 40% de la population, menacés par les effets des changements climatiques, la faim et les crises humanitaires.  Il a exhorté la communauté internationale à apporter un plus grand appui, pour permettre aux enfants non seulement de survivre mais surtout de prospérer.  Candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, Djibouti, a affirmé son représentant, n’épargnera aucun effort pour la protection des enfants dans les conflits armés.  Si nous sommes élus, nous plaiderons pour l’inclusion des dispositions relatives à la protection des enfants dans toutes les résolutions sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a promis le représentant.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a loué l’ambition de la Convention mais déploré qu’un seul État, les États-Unis, refuse toujours de la ratifier, reflet, selon elle, du manque d’engagement d’un pays qui ignore quotidiennement l’intérêt supérieur de l’enfant.  La représentante a voulu que l’on s’attaque aux causes profondes d’une situation qui voit 15 000 enfants mourir chaque jour de maladies curables; plus de 124 millions d’enfants déscolarisés et 1,2 million affectés par le VIH/sida, tandis que 420 millions d’entre eux, soit un cinquième de la population infantile mondiale, vivent toujours dans des zones de conflit armé.

La déléguée a rappelé que Cuba, qui a ratifié la Convention en 1991, a mis en place des programmes nationaux conformes à cet accord international.  Elle s’est félicitée du faible taux de mortalité infantile dans son pays, limité à 4 pour 1 000 naissances et du Programme national de vaccination et de détection de maladies congénitales, notant avec fierté que Cuba a été le premier pays à recevoir la validation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour éliminer la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.  En dépit de ces succès qui placent Cuba à la tête des pays en développement et à des niveaux comparables à ceux des pays développés, la représentante a dénoncé les graves conséquences du blocus économique, financier et commercial « génocidaire » imposé par les États-Unis, qui freine le développement de son pays et perturbe les services de santé, d’éducation et d’assistance sociale au détriment des enfants, des filles et des adolescents cubains.

M. COSMOS RICHARDSON (Sainte-Lucie) a souligné les progrès effectués par son pays dans la protection de l’enfant, citant l’accès universel à l’éducation secondaire; la promulgation, en 2018, de législations garantissant la protection de l’enfant; l’assistance spéciale aux enfants handicapés; ou encore le renforcement des capacités des agences publiques chargées de la protection de l’enfant, s’agissant en particulier des familles d’accueil et de l’adoption.  M. Richardson a également indiqué que des projets de loi sur le statut de l’enfant, la prise en charge des enfants et la violence domestique devraient être adoptés en 2020.  De même, un programme de réforme des services de santé est en cours de formulation pour garantir l’accès de tous aux soins, y compris les enfants.

Mme GUZAL M. KHUSANOVA (Fédération de Russie) a estimé que l’enfant ne peut s’épanouir harmonieusement qu’au sein de la famille.  C’est d’ailleurs cette réalité qui a guidé la rédaction de la Convention et c’est aussi dans cette optique que la Fédération de Russie a initié la Décennie des enfants 2018 à 2027.  La représentante a ensuite énuméré les obstacles à l’épanouissement des enfants, dont la toxicomanie et la violence, avant d’appeler toutes les parties prenantes internationales à unir leurs efforts pour le bien-être des tout petits.

Mme DOMA TSHERING (Bhoutan) a expliqué que son gouvernement a soumis, à ce jour, cinq rapports au Comité des droits de l’enfant, des interactions qui lui ont fourni des indications sur les domaines à améliorer.  Mme Tshering a également mis l’accent sur le douzième Plan quinquennal, qui porte une attention particulière à la promotion d’une éducation de qualité, à la santé maternelle et infantile, ou encore à la protection particulière des enfants qui vivent dans des circonstances difficiles dont ceux en conflit avec la loi.  Avec le Plan national d’action pour le bien-être et la protection de l’enfant, tous ces plans constituent des mesures importantes qui permettront au pays d’aller vers la pleine réalisation des droits de l’enfant.  Reconnaissant un manque de conscientisation et de capacités, le Gouvernement du Bhoutan a fourni des efforts de sensibilisation sur les droits de l’enfant et les questions de protection, notamment concernant le VIH/ sida, la violence contre les enfants, le mariage des enfants ou encore les grossesses précoces.  Des formations ont également été organisées pour les points focaux de la protection de l’enfant, les organismes de maintien de l’ordre, les avocats et autres services sociaux.

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a souligné que les droits et le bien-être des enfants figurent parmi les priorités de la politique nationale et étrangère de la Slovénie.  Un engagement réaffirmé, d’ailleurs, la semaine dernière par l’adhésion à la promesse mondiale « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  Cette année, a poursuivi la représentante, les écoles primaires slovènes ont mis en place le Parlement des enfants, un programme qui vise l’éducation sur la démocratie et la citoyenneté.  Interrogés sur leurs attentes, les enfants slovènes de différents environnements et milieux se sont dits préoccupés par les questions liées au numérique, la protection de l’environnement, les changements climatiques et l’égalité des chances, a-t-elle révélé.  Sur le volet de la coopération internationale, la représentante a souligné que la Slovénie aide l’UNICEF à alléger les souffrances des enfants yéménites.  La Slovénie soutient aussi les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en matière de lutte contre les violences sexuelles en République démocratique du Congo (RDC).

M. SEM KOKOU KPAYEDO (Togo) a estimé que s’il y a des motifs sérieux de se réjouir des acquis enregistrés depuis l’adoption de la Convention, qu’il s’agisse de la baisse de la mortalité infantile ou de la hausse de la scolarisation, de nombreux défis restent à relever.  Dans ce contexte, a indiqué le représentant, le Togo réaffirme son engagement en faveur de la mise en œuvre de la Convention et de son Protocole facultatif sur la vente, la prostitution des enfants et la pornographie les mettant en scène, qu’il a tous deux ratifiés en 1990.  Il s’est ainsi joint, avec plus de 90 autres pays, à l’initiative d’une promesse mondiale intitulée « Pour chaque enfant, tous 151515ses droits », lancée par l’UNICEF dans le cadre de ce trentième anniversaire.

Par ailleurs, a rappelé le délégué, le pays a entrepris, au lendemain de la ratification de la Convention, une vaste réforme du cadre juridique national relatif aux droits et à la protection des droits de l’enfant.  Cet engagement s’est notamment traduit, ces dernières années, par l’adoption de mesures phares comme le Code de l’enfant, adopté en juillet 2007.  D’autres mesures ont été prises, telles que la création de la Direction générale de la protection de l’enfant, la mise en place du Comité national des droits de l’enfant, le lancement d’une ligne verte dénommée « Allo 1011 » pour les enfants en danger et l’appui financier aux structures non étatiques de protection des enfants.  Enfin, a-t-il encore indiqué, dans le contexte des objectifs de développement durable, le Plan national de développement fait la part belle aux droits de l’enfant, composante essentielle de la société.

Mme GLORIA CORINA PETER TIWET (Malaisie) a expliqué que, pour assurer le plein respect des droits et intérêts de l’enfant, la Malaisie a amendé, en 2016, la loi sur l’enfant, ce qui a permis, entre autres, l’abolition de la flagellation des enfants délinquants, conformément à l’article 37 de la Convention.  Pour lutter contre les crimes sexuels commis contre les enfants, une loi a été adoptée en 2017 et une cour spéciale pour les crimes sexuels contre les enfants a été mise en place.  Ont également été mis en place un centre d’interrogatoire pour enfants au sein de la Police malaisienne, spécialisée dans l’approche des enfants victimes et témoins; des programmes de formation des enseignants et conseillers scolaires à la santé mentale des adolescents; des programmes de vaccination pour réduire la mortalité néonatale et infantile; et une politique d’éducation « zéro rejet » afin qu’aucun enfant handicapé ne soit écarté du système scolaire.  Enfin, a souligné le représentant, le Gouvernement a nommé un commissaire aux enfants pour maintenir l’attention sur les questions liées aux droits de l’enfant.

M. AHMED HAMOOD FAISAL AL BUSAIDI (Oman) a dit que son pays a élaboré, en coopération étroite avec l’UNICEF, la Stratégie pour l’enfant 2016-2026 qui constitue un pilier pour la réalisation du programme de développement durable du Sultanat.  Nous avons d’ailleurs créé sur l’ensemble du territoire des comités chargés de recevoir les plaintes des enfants en cas de violence ou de mauvais traitements.  Un système d’information numérique multisectoriel facilitant l’analyse des données a aussi été mis en place, a encore indiqué le représentant.  

LAMIN JATTA, du Parlement des jeunes de la Gambie, a lu une déclaration adoptée par ses pairs et dans laquelle ils demandent à leur gouvernement de respecter et de protéger les droits de tous les enfants gambiens.  Ils plaident, entre autres, pour la gratuité et la qualité de l’école primaire et secondaire, et l’application des lois de protection de l’enfance, particulièrement celles sur l’interdiction du mariage des enfants et sur les mutilations génitales féminines et autres pratiques culturelles néfastes.  Les jeunes parlementaires gambiens veulent également que l’on brise le silence sur les abus sexuels et que l’on promeuve les droits des enfants handicapés et l’accès de tous les enfants à des services de santé sexuelle et reproductive soucieux de leurs besoins.

M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon) a dit l’engagement de son pays à se joindre aux initiatives internationales de promotion de l’enfant, y compris celle de l’UNICEF « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  Dans le cadre du Partenariat mondial pour mettre fin à la violence envers les enfants, le Japon entend établir un plan d’action national, en commençant par recueillir les idées des enfants japonais.  Le pays compte aussi s’impliquer dans la lutte contre la violence faite aux enfants, en travaillant avec des partenaires internationaux.

Pour les quelque deux millions d’enfants et adolescents que compte El Salvador, le Gouvernement prévoit des programmes adaptés depuis la plus petite enfance à l’adolescence, a dit Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador).  Il s’agit de réaliser en particulier la cible 4.2 du Programme 2030 visant à garantir, d’ici à 2030, l’accès à une éducation de qualité dès la petite enfance.  Le représentant est par ailleurs, revenu sur le cas « sordide » du viol d’une fillette de 10 ans qui a ému tout le pays.  L’histoire est d’autant plus choquante que le premier verdict a qualifié cet acte de « faute » et non de « crime sexuel », ce qui a été perçu comme une violation flagrante des droits de l’enfant.  Un nouveau verdict prononcé à la suite de la réforme du Code pénal a rendu justice à la fillette, en reconnaissant une « agression sexuelle » et en condamnant le coupable à 12 ans de prison.  Le représentant a donc exhorté tous les États Membres à faire en sorte que toute violence à l’égard des enfants et adolescents soit régie par les dispositions de la Convention.  Il est essentiel, a-t-il conclu, de réexaminer les réglementations pénales et de procéder aux ajustements nécessaires pour que ce genre de crime ne reste pas impuni.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a regretté que le coup d’état des milices houthistes armées ait mis à mal les acquis du pays en matière protection et de promotion des droits de l’enfant.  Quelque 4,5 millions d’enfants sont déscolarisés, les milices ayant occupé les établissements scolaires et obligé plus de 30 000 enfants à prendre part aux combats.  Le représentant a aussi fustigé ces milices qui inculquent aux enfants les idéologies de l’extrémisme violent.  Aujourd’hui au Yémen, s’est désolé le représentant, de nombreux enfants sont mutilés et laissés-pour-compte.  Le Gouvernement prend toutes les mesures nécessaires pour rendre les enfants à leurs familles par le truchement du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et pour faciliter leur guérison physique et mentale.

M. RAYMOND SERGE BALÉ (République du Congo) a souligné que le Congo, qui a adhéré à la Convention le 14 octobre 1993, s’est doté d’un arsenal juridique en matière de protection et de promotion des droits de l’enfant constitué, entre autres, du Code du travail fixant l’âge minimum de travail, ou encore de la loi portant protection de l’enfance.  Le délégué a appelé la communauté internationale à s’investir davantage dans la réalisation des objectifs de développement durable, notamment par le biais d’un partenariat plus efficace et mieux coordonné.  Il a précisé que tous les efforts doivent tenir compte du fait que l’enfant est un individu appartenant à une communauté, et ayant des obligations envers sa famille, la société et l’État.

Hier, 20 novembre, l’Andorre s’est habillée en bleu pour montrer son engagement en faveur de la Convention, a dit Mme ELISENDA VIVES BALMAÑA (Andorre).  La loi nationale garantit le principe de coordination des administrations publiques, des entités citoyennes et des familles dans un contexte de protection de l’enfance avec la participation des enfants et des adolescents.  La loi prévoit la création d’une commission nationale de l’enfance et de l’adolescence, un organe de participation sociale active afin de permettre une intervention plus directe des enfants dans la vie publique ainsi que dans les décisions qui les concernent aux niveaux régional et national.  La représentante a salué le travail du Bureau de la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé, s’agissant en particulier de leur réintégration.  Andorre y contribue d’ailleurs régulièrement, tout comme elle collabore étroitement avec l’UNICEF.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a rappelé que son pays a, de même que 80 autres, signé l’engagement « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  L’Irlande s’est aussi alliée aux Îles Marshals pour lancer l’initiative « Kwon Gesh », « promesse solennelle ».  L’objectif, a expliqué le représentant, est d’inciter les États Membres des Nations Unies à inclure les jeunes et le public dans l’élaboration des politiques climatiques.  Plus de 50 États s’y sont déjà engagés, et c’est dans cette perspective que l’Irlande a organisé une réunion des jeunes sur les changements climatiques, la semaine dernière.  Cette semaine, le Parlement des jeunes irlandais va légiférer sur l’action climatique et le Gouvernement entend établir un conseil national des jeunes pour l’action et la justice climatiques.  Les changements climatiques mettent en effet en danger les droits fondamentaux contenus dans la Convention, y compris le droit à la vie et à un environnement sain.

Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde) a dit que, malgré les progrès dans la mise en œuvre de la Convention, plus de la moitié des pauvres du monde sont des enfants dont l’avenir est menacé, comme celui des autres, par les changements climatiques.  De même, les enfants sont affectés de manière disproportionnée par le terrorisme et les conflits armés, alors que le nombre des victimes mineures de la traite des personnes a doublé en une décennie.  On peut proclamer les droits de l’enfant à l’infini et continuer de formuler des politiques, mais si les conditions de vie des enfants ne s’améliorent pas dans les familles et les communautés, tout cela s’avèrera vain.  La représentante a souligné que l’un des défis dans la mise en œuvre de la Convention est, aujourd’hui, le cyberespace, ses opportunités et ses risques pour les enfants.  Il faut protéger les enfants des contenus inappropriés et du harcèlement, et préserver leur vie privée en ligne.  Prônant des cadres solides de modération des contenus, la représentante a souligné que l’Inde, qui compte 472 millions d’enfants, entend faire en sorte que chacun d’eux vive dans la dignité et la sécurité et soit protégé contre la discrimination et l’exploitation pour jouir de l’avenir qu’il mérite.

M. E. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a rappelé que son pays a ratifié la Convention, en 1991, et a depuis pris une série de mesures destinées à protéger et promouvoir le bien-être des enfants, dont dépend l’avenir de la nation.  Dans ce cadre, a expliqué le représentant, le plan de développement national, Vision 2030, représente une promesse pour les enfants.  Une promesse que nous devons tous tenir, dans la mesure où nous partageons la responsabilité de garantir la croissance et le développement des enfants.  Le représentant a indiqué que son pays est devenu, en 2017, partie à la Convention sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants.  La loi sur les enfants a depuis été amendée pour y inclure les dispositions de ce traité.

De même, a poursuivi M. Rattray, la loi sur la protection et la prise en charge des enfants a été amendée, en 2018, afin d’allonger, de 10 à 20 ans, la durée d’emprisonnement des personnes qui se livrent à la traite.  Par ailleurs, la Jamaïque est devenue membre du Partenariat mondial pour mettre un terme à la violence contre les enfants et a adopté, le 19 novembre dernier, un plan national d’action pour une réponse intégrée à la violence contre les enfants, destiné à devenir le cadre des politiques gouvernementales dans ce domaine.

M. RUDOLPH MICHAEL TEN-POW (Guyana) a estimé que la Convention a changé la façon dont les enfants sont perçus et traités.  Elle reflète aussi le consensus mondial sur le rôle fondamental de la famille dans le développement et l’épanouissement de l’enfant.  Dans ce cadre, le représentant a réitéré l’engagement de son pays à éliminer toutes les manifestations de violence et de maltraitance.  La Constitution nationale a d’ailleurs incorporé les dispositions de la Convention, surtout le concept d’intérêt supérieur de l’enfant.  La désinstitutionalisation est aussi encouragée grâce à un appui aux parents et à la famille au sens large.  Mais le phénomène de violence et de négligence persiste, a reconnu le représentant, imputant cette situation au manque de ressources dont souffrent les organismes chargés de la question. 

La Convention relative aux droits de l’enfant représente le cadre « stratégique » dont s’inspire Trinité-et-Tobago pour ses efforts de protection et promotion des droits des enfants, a affirmé Mme DEVITA ABRAHAM (Trinité-et-Tobago).  De fait, plusieurs articles ont été incorporés dans la législation nationale qui fournit une orientation à long terme pour assurer les droits de chaque enfant.  La représentante a, par ailleurs, indiqué qu’en 2018, Trinité-et-Tobago, en collaboration avec l’UNICEF, a mis en œuvre le deuxième programme « Jeunes ambassadeurs des droits auprès des enfants ».  Ce programme vise à offrir aux enfants l’occasion d’être les ambassadeurs de leurs droits et de leurs responsabilités et de s’exprimer sur les questions qui les concernent.

Mme HARM (Fidji) s’est enorgueillie des programmes de protection sociale soucieux du bien-être des enfants et de la gratuité de l’éducation et de la santé mis en place dans son pays.  La législation prévoit en outre des garanties plus fortes contre les abus, la négligence et l’exploitation, les enfants ayant désormais une ligne verte à leur disposition.  La représentante a en outre fait état d’un programme d’accès à une éducation de qualité, en partenariat avec l’Australie, qui permet aux enfants handicapés d’être scolarisés dans des établissements adaptés.  Au niveau international, elle a mis l’accent sur les millions d’enfants dont les droits sont encore bafoués, privés d’accès à la santé, à l’éducation et à la protection contre la violence ou encore forcés d’abandonner l’école, sans autre choix que de travailler dans des milieux dangereux, se marier, combattre dans les guerres ou encore grossir les rangs de la population carcérale. 

M. ION JINGA (Roumanie) a présenté les diverses mesures entreprises dans son pays pour assurer la promotion, la protection et l’application des droits de l’enfant, en particulier le processus de désinstitutionalisation et la transition vers des services locaux pour remplacer les institutions qui seront fermées dès 2020.  M. Jinga a annoncé, au nombre des priorités de son gouvernement, le recours aux familles d’accueil qui offrent de meilleures conditions de vie aux enfants, la lutte contre la violence et le harcèlement scolaire et le lancement d’un nouvel ensemble de stratégies pour combattre la pauvreté des plus jeunes, assurer un suivi médical, éviter les décrochages scolaires et améliorer l’intégration des Roms.  Le délégué s’est aussi félicité de la meilleure participation des enfants aux processus de prise de décisions, comme en témoigne la « Déclaration de Bucarest des enfants de l’Union européenne », élaborée par des enfants roumains lorsque leur pays présidait le Conseil de l’UE au premier semestre 2019.  C’est un document, a expliqué le représentant, qui est un modèle pour la définition et la défense des droits de l’enfant et qui sera fort utile aux futures politiques et décisions de l’UE. 

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a indiqué que, depuis la ratification de le Convention et son intégration dans la Constitution nationale, la législation argentine a affiné le concept de protection intégrale des droits et de l’intérêt supérieur de l’enfant et a fait des principes consacrés dans le traité la base du développement de son système de protection des enfants et des adolescents.  Dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention, l’Argentine a mis en place un système d’éducation publique, gratuite et obligatoire, qui a eu un impact positif sur le taux de scolarisation.  Le pays, a souligné le représentant, a également promulgué une loi sur l’éducation sexuelle complète visant à garantir le droit des enfants et adolescents à recevoir cet enseignement, à tous les niveaux et dans tous les établissements scolaires. 

Le pays, a-t-il poursuivi, œuvre en outre à un plan national pour la petite enfance, qui se fixe pour objectif de renforcer les services de santé pour les enfants âgés de 45 jours à 4 ans.  Saluant par ailleurs le choix du thème central de la résolution annuelle de l’Assemblée générale, le représentant a noté que la loi sur les enfants sans prise en charge parentale adoptée par son pays est la première du genre dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Avec la Bulgarie et le Luxembourg, l’Argentine a aussi l’initiative mondiale « Pour chaque enfant, tous ses droits », qui vient confirmer son ferme engagement à appliquer les droits contenus dans la Convention. 

Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a passé en revue les nombreuses lois adoptées par son pays afin de donner aux enfants un « très bon départ » dans la vie.  Elle s’est attardée sur la loi des « 1 000 premiers jours », adoptée en 2018, et qui vise à mettre en place des programmes pour répondre aux besoins nutritionnels des nourrissons et des enfants de moins de 2 ans.  Cette loi prévoit également des soins spéciaux en faveur des adolescentes, des femmes enceintes et allaitantes.  Elle a en outre, cité pêle-mêle, le Plan d’action 2017-2022 pour l’élimination de la violence à l’encontre des enfants et le droit à l’enseignement élémentaire gratuit, d’ailleurs étendu à l’enseignement supérieur dans les collèges et universités publics.  Aux Philippines, les enfants ont, dès l’âge de 15 ans, le droit de donner leur avis sur la gestion de la chose publique dans le cadre des « Barangays ng Kabataan » ou assemblées des jeunes présentes dans quelque 42 000 villages du pays.  Pour finir, la représentante a évoqué la prochaine conférence internationale prévue dans le cadre du trentenaire de la Convention et qui portera sur le rôle des adolescents face à la violence faite aux enfants.

Mme ELISABETH MILLARD (États-Unis) a rappelé que son pays croit toujours, comme il l’avait dit il y a 30 ans, à la nécessité de protéger les enfants.  Le rôle des parents et de la famille est crucial pour l’épanouissement des enfants, a-t-elle souligné.  La Première Dame mène d’ailleurs la campagne « Be best » pour aider les enfants à exploiter tout leur potentiel.  Ces enfants, a affirmé la représentante, sont au cœur de la politique étrangère américaine.  Donnant l’exemple de la contribution de son pays à la lutte contre la traite des enfants, elle a indiqué que le Département du travail a permis de sauver plus de deux millions d’enfants victimes du travail forcé dans le monde.  L’Agence américaine pour le développement international (USAID) contribue, de son côté, aux programmes de vaccination et de santé en faveur des mères et des enfants. 

Les enfants exploités ou affectés par le VIH/sida et les crises humanitaires sont parmi les plus vulnérables.  Il faut donc leur apporter un appui conséquent, notamment au sein de leur famille, et réduire le nombre des enfants qui vivent sans famille.  Les États-Unis, a conclu la représentante, condamnent le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines.  Ils invitent toutes les parties prenantes à continuer de travailler pour créer un environnement dans lequel les enfants s’épanouissent. 

S’il y a quelqu’un aux Nations Unies qui mérite la médaille de la mise en œuvre de la Convention, c’est bien l’UNICEF, a dit M. JOCHEN HANS-JOACHIM ALMOSLECHNER (Autriche).  Il a fait part de l’extrême reconnaissance de son pays à la société civile dans son ensemble, notamment le Comité des ONG de l’UNICEF qui a œuvré sans relâche en faveur des droits de l’enfant, ces mêmes enfants qui nous ont rappelé, hier, combien leurs voix méritent d’être entendues.  Il est particulièrement important, a renchéri le représentant, d’écouter leurs points de vue sur la pertinence des objectifs de développement durable et sur le lien entre le Programme 2030 et la Convention.  En, effet, a-t-il poursuivi, de nombreuses cibles dudit Programme sont directement reliées au traité.  Par conséquent échouer, c’est non seulement un recul dans le développement et les chances des enfants mais aussi une violation des droits de l’homme.  C’est dans ce sens, a estimé le représentant, qu’il faut envisager la réalisation des droits de l’enfant: la mise en œuvre du Programme 2030 et de la Convention, soit un investissement intelligent dans le développement et une obligation juridique. 

S’attardant sur la violence faite aux enfants, dont les châtiments corporels, le représentant a indiqué que 90% des enfants ont grandi dans un environnement où ce genre de pratiques et autres violences sont fréquentes.  Pour célébrer le trentenaire de la Convention, l’Autriche s’est engagée à œuvrer à la création d’une « zone Europe sans violence » où les enfants pourront grandir à l’abri des punitions violentes. 

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré que la Convention est un « consensus d’amour » de la communauté internationale pour les filles et les garçons du monde.  Cet instrument est venu façonner, orienter et compléter, d’une manière ou d’une autre, les décisions nationales.  Le représentant a rappelé qu’au cours des 12 dernières années, son gouvernement a réussi à restituer aux enfants les droits dont ils avaient été privés durant les 16 années des gouvernements néolibéraux.  Grâce au « modèle chrétien, socialiste et solidaire », le Nicaragua a élaboré une stratégie tendant à démonter les racines culturelles à l’origine de la violence, à protéger les enfants en préservant leur intérêt supérieur, leur droit à la vie et à un environnement familial propice au développement et à déraciner les différentes discriminations.  Il s’est félicité que l’UNICEF ait reconnu que le Nicaragua a atteint, avant la date butoir, plusieurs indicateurs des objectifs de développement durable sur le bien-être tout au long de la vie.  Ces résultats ont été obtenus grâce à la volonté politique au plus haut niveau et à l’appui résolu des communautés.  Parmi les obstacles au développement de l’enfant, le représentant a pointé les mesures coercitives unilatérales, le blocus et les sanctions imposées par certaines puissances, la pauvreté, la guerre et la violence.  

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a rappelé que son pays a éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant et que la couverture sanitaire universelle a permis d’améliorer considérablement la santé des enfants.  Le représentant a insisté sur la Stratégie 2017-2021 de promotion et de protection des enfants et des jeunes sur Internet, l’une des dernières mesures prises par le Gouvernement pour lutter contre le harcèlement en ligne. 

M. FRANCISCO DUARTE LOPES (Portugal) a rappelé que son pays fait partie des premiers signataires de la Convention et de ses trois Protocoles facultatifs.  Il a ensuite brossé le tableau de quelques mesures prises, notamment la diffusion d’informations à l’attention des enfants et des jeunes pour les sensibiliser à leurs droits; la création du Conseil national des enfants et des jeunes; et l’initiative « Action pour les enfants et les jeunes à risque ».  À l’occasion du trentième anniversaire de la Convention, des programmes et initiatives ont été lancés pour encourager les enfants et les jeunes à se faire entendre et à participer à la mise en œuvre du traité.  En plus d’une conférence à Lisbonne le 29 octobre, une série d’initiatives a été organisée dans les écoles et les hôpitaux en vue d’accorder une attention particulière à tous les enfants, y compris les plus vulnérables.  Le représentant s’est félicité de l’adoption par consensus de la résolution sur les « droits de l’enfant » à la Troisième Commission.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a indiqué que son pays a établi, en 2016, une commission interagences sur les droits de l’enfant.  De son côté, le Parlement a adopté le Code des droits de l’enfant, document transversal de la législation géorgienne définissant non seulement les droits et libertés mais aussi les mécanismes juridiques de protection et le fonctionnement du système d’appui.  Le pays s’est aussi engagé à créer un mécanisme pour les enfants de 7 à 18 ans.  Le représentant n’a pas manqué de dénoncer l’occupation de l’Abkhazie et de Tskhinvali qui empêche le Gouvernement géorgien d’intégrer les enfants de ces régions dans le système de protection sociale.  Ces enfants vivent encore derrière des barbelés, s’est-il indigné. 

M. SOVANN KE (Cambodge) a déclaré qu’en tant que partie à la Convention et à ses Protocoles, son pays a adopté des politiques, des mécanismes et des cadres juridiques pour promouvoir les droits de l’enfant et, en particulier, la lutte contre l’exploitation et les abus.  Le but du Gouvernement est d’autonomiser les enfants, « force motrice » de l’avenir du pays.  Le Cambodge, qui a connu une croissance économique « remarquable » ces deux dernières décennies, a pu investir massivement dans l’éducation, la santé et la protection sociale des enfants.  L’éducation primaire et secondaire est gratuite et les cursus universitaires publics et privés sont largement abordables.  Pour le Cambodge, a souligné le représentant, il est important d’inclure les jeunes dans la réalisation du Programme 2030, en leur confiant carrément des responsabilités.  Les enfants doivent en effet être encouragés à participer à l’élaboration des politiques car c’est une façon de les éduquer et de les préparer à la gestion de leur avenir. 

M. VICTOR MORARU (République de Moldova) a insisté sur le fait que la Convention mentionne que les enfants doivent être protégés, partout et en toutes circonstances.  Écoutez la voix des enfants, a-t-il dit, y compris celle des jeunes activistes qui se sont exprimées hier et qui réclament des solutions concrètes, notamment aux effets des changements climatiques.  Inspirée par la Convention à laquelle elle a souscrit le 25 février 1993, la République de Moldova, a poursuivi le représentant, a opéré des changements positifs dans la pratique et dans la loi.  Mais des difficultés subsistent, comme en atteste le sort des enfants défavorisés, vulnérables, marginalisés, en particulier ceux sans prise en charge parentale ou risquant de le devenir.  En tant que coparrain de la résolution omnibus « droits de l’enfant » à la Troisième Commission, axée cette année sur cette question, le représentant a assuré que son pays s’efforcera d’en appliquer les recommandations. 

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a indiqué que les dispositions de la Convention ont dûment été insérées dans la législation nationale.  De même, en 2017, un plan d’action national allant jusqu’en 2020 a défini la politique sociale du Gouvernement vis-à-vis des enfants.  La déléguée a rappelé que beaucoup a été fait en faveur des enfants depuis l’indépendance du pays, notamment en matière de gratuité de l’enseignement pour les enfants issus des foyers défavorisés. 

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a déploré les violations faites aux enfants, notamment en temps de conflit armé.  En Azerbaïdjan, a-t-il affirmé, les enfants du pays qui ont des besoins spéciaux, notamment les réfugiés et les déplacés, bénéficient d’une éducation gratuite, du cycle primaire jusqu’à l’université.  La stratégie nationale de l’enfance est en cours d’adoption, fondée sur la conviction des autorités que les enfants sont des agents du changement.

TASNEEM FIRAS AL KHAQONI, jeune Iraquienne, a souligné que de nombreux enfants dans le monde sont privés d’éducation, de santé, de nourriture et d’eau.  Pour beaucoup, a-t-elle ajouté, leur quotidien est fait de violence et de guerre.  En Iraq, par exemple, Daech a fait subir « des choses horribles » aux enfants, a poursuivi la jeune femme, rappelant que ces derniers ont été arrachés à leur famille et forcés d’obéir au groupe terroriste, sous peine d’être assassinés.  Tasneem a également pris fait et cause pour les enfants victimes de discrimination en raison de la couleur de leur peau, leur appartenance ethnique, leur genre ou leur religion.  À l’école, je vois chaque jour des enfants qui ont du mal à s’intégrer et je voudrais qu’ils comprennent que rien ne les oblige à changer de personnalité ou d’identité.  En dépit des défis auxquels ils sont confrontés, les enfants pourront toujours rêver et espérer, a dit Tasneem.  « Les enfants doivent pouvoir rêver et devenir qui ils veulent », a-t-elle martelé. 

M. JAMES ROSCOE (Royaume-Uni) a identifié trois obstacles qui se dressent sur le chemin des enfants et d’abord l’incohérence dans la mise en œuvre de la Convention.  Il nous faut, a-t-il dit, des actions concrètes et durables pour avoir des progrès réels.  Deuxièmement, il faut reconnaître que le monde a radicalement changé en 30 ans.  La vigilance est donc de mise face aux nouveaux défis du XXIe siècle, en particulier les préoccupations légitimes des jeunes face aux changements climatiques.  Troisièmement, a ajouté le représentant, il y a les conflits.  Tout le monde sait que les conséquences des traumatismes de l’enfance peuvent durer.  Les conflits interminables et les guerres urbaines font donc courir d’énormes risques aux enfants. 

La promotion et la protection des droits de l’enfant sont des priorités pour le Gouvernement britannique, a assuré le représentant dont le pays soutient l’initiative « Pour chaque enfant, tous ses droits ».  Le 26 novembre, a-t-il annoncé, nous organiserons une réunion au Conseil de sécurité sur la réintégration des enfants associés aux forces et groupes armés.  Avec la campagne « Ne laisser aucune fille de côté », le Royaume-Uni montre l’exemple dans la scolarisation des filles, s’est enorgueilli le représentant.  Le « Girls’ Education Challenge » aide 1,5 million de filles marginalisées dans 17 pays à avoir une éducation de qualité.  Au plan national, les droits de l’enfant sont de plus en plus intégrés dans tous les programmes et décisions. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a déclaré que la Convention ne deviendra une réalité qu’une fois que toutes les régions et les États du monde auront respecté leurs engagements.  Nous avons, a indiqué le représentant, apporté en septembre dernier, une contribution volontaire de 1,6 million de dollars à l’UNICEF pour l’appui psychosocial aux enfants, adolescents et parents affectés par le VIH/sida.  Précisant que son pays compte 5,6 millions d’enfants de la naissance à l’âge de 17 ans, soit 31% de la population totale, le représentant a parlé d’un projet « unique » consacré à la « catégorie spéciale » des enfants piégés dans les conflits contre Daech.  Il a fait état des efforts visant à ramener de Syrie 595 Kazakhs, dont 400 enfants parmi lesquels 31 orphelins.  Cette opération novatrice, « Zhusan », a été rendue possible grâce à une coopération internationale en quatre phases entre janvier et juin 2019.  L’objectif a toujours été de secourir les Kazakhs qui ont été attirés, sous de faux prétextes, dans un pays étranger en guerre.  Ceux qui rentrent passent pas un programme de réadaptation et de réinsertion qui a déjà donné des résultats très positifs.  Plusieurs femmes de la première vague des retours ont déjà obtenu un emploi, des enfants ont été réunis avec leurs proches et ils sont retournés à l’école.  Le projet, qui est toujours en cours, servira de modèle, a estimé le représentant, en proposant de partager cette expérience et des enseignements que son pays en tirera. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a rappelé que la Constitution éthiopienne reconnaît le droit à la vie, à l’éducation et à la santé, pour chaque enfant.  En plus de l’appropriation nationale de la Convention et de l’intégration du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba dans les politiques nationales, l’Éthiopie sait que les investissements dans les enfants sont « cruciaux » pour un développement inclusif, équitable et durable.  Le Plan national d’action pour les enfants 2015-2020 en témoigne.

M. NNAMDI OKECHUKWU NZE (Nigéria) a dit la fierté de son pays d’avoir signé et ratifié la Convention, mais aussi de l’avoir mise en œuvre, via une loi sur les droits de l’enfant qui prouve l’engagement sans faille à protéger chaque enfant et à lui assurer les conditions de son développement holistique.  Au-delà de son caractère commémoratif, a poursuivi le représentant, cette journée doit permettre d’examiner la manière de donner la priorité aux intérêts de chaque enfant, en toutes circonstances.  La violence et les conflits armés ne sont pas seulement traumatisants pour les enfants, ils participent à la tragédie mondiale.  Il faut tout faire pour « extirper les enfants de ces chaînes » en les secourant, les réinstallant et les réintégrant. 

Le Nigéria, a affirmé le représentant, s’est engagé à faire en sorte que tous les enfants restent à l’école et à protéger son système éducatif des « attaques ».  Il a appuyé à la fois l’initiative et la déclaration sur la sécurité dans les écoles, un texte qui rejette toute forme de présence militaire dans les établissements scolaires, quelles que soient les circonstances.  Le Nigéria, a ajouté le représentant, a aussi été le fer de lance des efforts depuis la proclamation de la Journée internationale de l’éducation.  Il a conclu sur la nécessité pour les Nations Unies de « définir juridiquement » ce que nous appelons déjà exploitation et atteintes sexuelles commis contre des enfants, que ce soit en ligne ou hors ligne. 

Mme JO-PHIE TANG (Singapour) a rappelé que son pays a accédé à la Convention en 1995 et a depuis pris un ensemble de mesures pour harmoniser ses lois et politiques avec ce traité des droits de l’homme.  Singapour a ainsi consacré dans sa législation le principe directeur de la Convention selon lequel l’intérêt supérieur de l’enfant doit être pris en considération dans toute action concernant les moins de 18 ans.  Le pays a également amendé la Charte des femmes et la loi sur les enfants et les jeunes pour renforcer les dispositions relatives à la protection des enfants et la réhabilitation de ceux en situation de conflit avec la loi.  La représentante a aussi parlé des textes législatifs sur la justice et la famille, la prévention de la traite des personnes et le développement de la petite enfance. 

Conformément aux dispositions de la Convention, a ajouté la déléguée, Singapour s’emploie à collecter et traiter les données afin de suivre les progrès dans le bien-être des enfants et évaluer les politiques en vigueur.  Le pays prévoit également des formations pour ceux qui travaillent au contact d’enfants et en la matière, la société civile est sollicitée.  Au niveau international, a-t-elle ajouté, Singapour fournit une assistance technique par le biais de son programme de coopération, pour promouvoir l’accès de tous les enfants à l’éducation et à la santé. 

M. FRANCISCO ANTONIO CORTORREAL (République dominicaine) a reconnu que, dans son pays, la violence reste l’un des principaux dangers pour les droits de l’enfant: 63% des mineurs de moins de 14 ans sont victimes de violence physique ou psychologique, utilisée comme méthode de discipline par leurs parents.  Par ailleurs, les mariages et les unions précoces restent une réalité puisque 35,9% des filles de 20 à 24 ans se sont mariées ou unies avant l’âge de 18 ans et 12,3% avant celui de 15 ans.  Depuis 2013, le Gouvernement met en place le plan « Quisqueya Empieza Contigo » qui a permis de créer l’Institut national de la petite enfance en 2015.  Aujourd’hui, le nombre d’enfants et d’adolescents couverts par l’assurance-santé est passé de 849 000 à près de 2,2 millions.  Plus de 90% des enfants ont été vaccinés avant l’âge de 29 mois, ce qui a permis d’éradiquer des maladies comme la polio, la rougeole et la rubéole.  Le représentant s’est également félicité des progrès enregistrés en matière de malnutrition infantile chronique, qui est passée de 20% à 5%, et du programme qui a efficacement contribué à la protection sociale de l’enfance et de l’adolescence et qui s’attache à prévenir les grossesses chez les adolescentes. 

M. DAMIANO BELEFFI (Saint Marin) a rappelé que son pays a ratifié la Convention en 1991, et qu’il a, depuis lors, inséré ses dispositions dans la législation nationale.  Il a plaidé pour la protection des enfants, « notre force et notre avenir ».  Les mots ne suffisent plus.  L’heure est aux actes pour montrer l’importance que nous accordons à nos enfants. 

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a appelé la communauté internationale à accorder une attention primordiale à des politiques publiques et des accords faisant des enfants une véritable priorité.  C’est la seule manière de matérialiser les aspirations des générations présentes et futures, a-t-il déclaré.  Le représentant a parlé d’un monde où les droits de l’homme ne seraient pas une arme aux mains des plus puissants pour attaquer les plus petits et leur imposer une réalité contraire aux aspirations légitimes de leurs peuples. 

Le délégué a rappelé que le Venezuela célèbrera, l’année prochaine, le vingtième anniversaire de sa loi organique sur la protection des enfants et des adolescents.  Il s’est félicité de la coopération avec l’ONU, en particulier l’UNICEF, illustrée par un récent accord sur l’éducation, la nutrition et la santé.  Il a par ailleurs décrié les violations des droits de l’enfant, dans son pays, commises par les États-Unis et leurs mesures coercitives unilatérales illégales.  Des mesures « criminelles et inhumaines », a-t-il dénoncé, destinées à promouvoir un changement de régime.  C’est un châtiment collectif infligé à plus de 30 millions de Vénézuéliens et qui affecte les acteurs les plus vulnérables de la société, en particulier les enfants, s’est-il indigné. 

Grâce aux différentes lois adoptées dans le cadre du Plan d’action 2016, mon pays est devenu le quarante-neuvième pays à apporter une protection juridique aux enfants contre toutes les formes de négligence, de violence, d’abus ou d’exploitation, a dit M. BAASANKHUU PUREV (Mongolie).  Il a rappelé qu’en mai 2017, le Parlement mongole a adopté une loi sur le développement des jeunes pour encadrer leur rôle et leurs responsabilités et mis à leur disposition un fonds de développement.  La même année, le Programme national quadriennal pour le développement et la protection des enfants a été adopté.  Toujours dans le souci de promouvoir les droits de l’enfant, la Mongolie a lancé cette année une campagne nationale pour protéger les enfants contre la cybercriminalité et renforcer le contrôle parental.  Par ailleurs, a poursuivi le représentant, la Mongolie a développé, en 2017, un plan d’action pour réduire de 80% la pollution de l’air, notamment dans la capitale Oulan-Bator où elle a atteint un pic 20 fois supérieur au niveau de sécurité établi par l’OMS, ce qui est un véritable danger pour la santé de l’enfant et de la femme enceinte. 

M. AIBEK MOLDOGAZIEV (Kirghizistan) a rappelé que son pays a été le premier État d’Asie centrale à adopter, en 2006, un Code de l’enfant, qu’il a qualifié « d’étape significative » dans la mise en œuvre de la Convention et les recommandations du Comité des droits de l’enfant.  Il a aussi indiqué que le Kirghizistan fait partie des 62 États à avoir atteint l’objectif visant à réduire la mortalité infantile de deux tiers.  Désormais, 64% des enfants de moins de 5 ans vont à l’école maternelle.  Le délégué a annoncé que son pays compte atteindre les objectifs de développement durable sur l’enfance et qu’il a lancé, à cet égard, une campagne de sensibilisation.  Pour être heureux, un enfant doit grandir dans une famille heureuse, d’où l’importance de renforcer l’institution familiale. 

M. DAVID TSHISHIKU TSHIBANGU (République démocratique du Congo (RDC)) a déclaré que, dans le but de réaffirmer son adhésion et son attachement à la Convention, la RDC a placé au centre de sa loi fondamentale l’un des principes directeurs de la Convention, à savoir l’intérêt supérieur de l’enfant.  En effet, le préambule et certaines dispositions de la Constitution congolaise reconnaissent comme enfant toute personne, sans distinction de sexe, qui n’a pas encore atteint 18 ans révolus, comme bénéficiant des droits inhérents à la dignité humaine, et comme ayant le droit à des protections et à des garanties spéciales de la part de ceux qui ont des responsabilités à l’égard de sa vie sur le plan individuel et au sein de la communauté.  La ratification de la Convention est « une promesse faite aux enfants congolais » et certaines de ces promesses dans les domaines de l’éducation, ou de la santé notamment, sont en voie de réalisation.  Mais malgré ces avancées notables, de nombreux défis subsistent, a reconnu le représentant.

M. MOHAMMED ESSAM M. KHASHAAN (Arabie saoudite) a déclaré que, parmi les nouveautés, le Royaume avait créé une commission d’urgence chargée d’analyser les méfaits des jeux vidéo sur les enfants, en consultation avec plusieurs organismes publics et autres parties concernées, aux fins de trouver des solutions à l’utilisation d’Internet et des jeux électroniques en général.  De son côté, l’Autorité audiovisuelle nationale visionne les films et les vidéos, en particulier ceux destinés aux mineurs, et contrôle les lieux de vente.  D’autre part, le programme de sécurité de la famille est chargé du suivi des cas de négligence, maltraitance et violence, de même que de la sensibilisation sur cet aspect. 

Mme SOPHIA TESFAMARIAM YOHANNES (Érythrée) a déploré le fait que 30 ans après la rédaction de la Convention, les enfants font toujours face à plusieurs obstacles, en particulier ceux des pays en développement.  Mon pays, a dit la représentante, a mis en place un Comité interministériel afin d’assurer le suivi de la mise en œuvre de la Convention.  Les droits de l’enfant sont devenus le centre de gravité autour duquel s’articulent toutes les initiatives nationales de développement.  Parmi les obstacles à l’essor des enfants, la représentante a cité la pauvreté perpétuée par les inégalités structurelles mondiales, la guerre et les interventions militaires. 

MAHMOUD ELJAFARI, petit Libyen, a lancé un message de paix et de justice et plaidé pour un monde où tous les enfants peuvent vivre heureux, sans avoir peur, sans pleurer, sans souffrir.  Tous les enfants ont le droit d’avoir une famille pour grandir et avoir de l’amour.  Mon appel est pour la paix et la justice, pour un monde où tous les enfants sont heureux, où il n’y a ni guerre ni destruction ni discrimination ni discours de haine.  Nous voulons un monde où tous les enfants peuvent vivre joyeux et dans la sécurité.  Le petit Libyen a réclamé une patrie dans laquelle chaque enfant peut jouer et s’amuser.  « Ne volez pas nos rêves, notre enfance », a-t-il dit, demandant un environnement sain, de l’eau potable, des bonnes terres pour vivre en harmonie avec la nature.  Nous voulons que tous les enfants puissent aller à l’école pour avoir une bonne éducation.  Nous voulons qu’ils puissent se faire soigner gratuitement et qu’ils aient les moyens de réaliser leurs rêves.  Nos rêves sont simples mais nous ne pourrons pas les réaliser, tant que vous n’ouvrirez pas la voie de la justice et de la paix durables pour tous, où que l’on soit, quelle que soit notre nationalité, notre race, notre religion, notre couleur ou notre sexe », a conclu l’enfant. 

M. SALIM MOHAMMED SALIM (Kenya) a estimé que cette commémoration est l’occasion pour la communauté internationale de maintenir l’élan et de renforcer l’action des droits de l’enfant.  Ces droits sont garantis par la Constitution kényane, et c’est dans cette optique que le Président vient d’annoncer l’ambition du pays de mettre fin aux mutilations génitales féminines d’ici à 2022.  M. Salim a aussi affirmé que la protection et la promotion des droits de l’enfant passent par des efforts de collaboration, notamment avec le secteur privé, les partenaires au développement, les agences onusiennes, les organisations multilatérales et la société civile.  En tant que candidat à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022, le Kenya entend œuvrer en faveur de la paix et la sécurité internationales, afin d’assurer un environnement favorable à l’épanouissement des enfants. 

Mgr FREDRIK HANSEN, observateur du Saint Siège, a mis en exergue trois points qu’il pense cruciaux pour une bonne mise en œuvre de la Convention.  Il a tout d’abord rappelé que l’objectif fondamental de la Convention est de protéger la dignité de chaque enfant en tant qu’être humain.  Nous devons garder à l’esprit que la Convention est un instrument juridiquement contraignant et qu’il contient des obligations auxquelles les États ont « volontairement » souscrit.  Ces obligations sont celles qui sont explicitement énoncées dans le texte et modifiées par les réserves de chaque État.  La Convention, a-t-il poursuivi, dit que les droits de la personne ont une dimension sociale.  Dans le cas des enfants, ces droits s’inscrivent dans la famille, « unité naturelle et fondamentale » de la société humaine.  Les droits de l’enfant ne peuvent être réalisés que si la famille et ses droits sont respectés.  Les États parties à la Convention, a-t-il conclu, doivent rester vigilants face aux nouvelles formes de violence, d’abus et d’exploitation des enfants, y compris celles venant du monde numérique.

M. RICHARD BLEWITT, de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a estimé que l’un des accomplissements les plus notables de la Convention est d’avoir souligné l’importance de la protection de l’éducation dans les situations d’urgence, les besoins spécifiques de protection des enfants migrants ainsi que le caractère crucial de la protection des enfants contre la discrimination, l’exclusion et les inégalités.  L’observateur s’est cependant déclaré préoccupé par des lacunes constatées dans la mise en œuvre du traité, liées le plus souvent aux problèmes humanitaires et à la migration.  Il a ainsi signalé que le nombre des enfants tués ou mutilés dans des conflits armés atteint des niveaux record, que le financement de l’éducation dans des contextes de conflit armé, de catastrophe et autres urgences reste largement inadéquat et que de trop nombreux enfants non accompagnés et séparés de leur famille sont victimes de trafiquants ou placés dans des centres de rétention inadaptés. 

De l’avis de M. Blewitt, ces exemples montrent qu’il reste beaucoup à faire au niveau intergouvernemental, non seulement pour combler les manques liés à la migration, aux catastrophes et à l’éducation, mais aussi pour relever les défis émergents tels que les changements climatiques et l’impact de l’environnement sur la santé.  Enfin, revenant aux questions d’accès à une éducation de qualité pour les enfants confrontés à des situations de crise, il a indiqué que la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge adoptera en décembre, lors de son assemblée générale à Genève, son cadre stratégique sur l’éducation destiné à apporter des réponses à cette problématique.  Il a enfin rappelé que l’on estime à 28 000 le nombre d’enfants piégés dans le nord-est de la Syrie et exhorté toutes les parties concernées à agir pour protéger et alléger les souffrances de chaque enfant vulnérable, notamment les déplacés qui vivent dans les camps. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: les parties somaliennes appelées à respecter le calendrier électoral en 2020-2021 pour consolider les progrès enregistrés

8671e séance – matin
CS/14028

Conseil de sécurité: les parties somaliennes appelées à respecter le calendrier électoral en 2020-2021 pour consolider les progrès enregistrés

Malgré de sérieux défis sécuritaires et humanitaires, la Somalie progresse, mais les avancées enregistrées doivent être confortées par la tenue des élections législatives en 2020-2021, ont reconnu, ce matin, les membres du Conseil de sécurité, lors d’une séance d’information avec le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).

Pour la première fois depuis 1969 -et seulement la troisième fois depuis son indépendance en 1960-, ce pays de la Corne de l’Afrique qui a basculé dans une guerre des clans et le chaos en 1991 s’apprête à organiser un scrutin au suffrage universel.

À cet égard, le respect du calendrier prévu sera indispensable pour consolider tant l’édification d’un État stable que les progrès enregistrés sur les plans économique et structurel, a insisté le Représentant spécial, M. James Swan, en présentant son rapport sur les principaux faits survenus en Somalie au cours des trois derniers mois. 

M. Swan a enjoint le Parlement à adopter « sans plus tarder » le code électoral et la loi sur les partis, d’ici à fin décembre.  Le bon déroulement des élections nécessitera un consensus politique entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, lequel fait défaut depuis un an, s’est-il inquiété en appelant les dirigeants somaliens à faire preuve de responsabilité pour protéger l’intégrité des institutions.  M. Swan a également rappelé que le Gouvernement fédéral s’est engagé publiquement à achever l’élaboration de la Constitution d’ici à juin 2020.  « La paix et la stabilité en Somalie impliquent d’avoir des institutions solides » qui protègent les droits des citoyens et gagnent leur confiance, a-t-il insisté.

« 2020 sera une année charnière » pour la Somalie a renchéri la Présidente de la Commission électorale nationale indépendante, Mme Halima Ismail Ibrahim.  Rappelant que la grande majorité des Somaliens « n’a jamais pu exercer leur droit universel à la participation politique », elle a demandé à tous les protagonistes de s’engager fermement en faveur du principe « une personne, une voix ».  Ces élections doivent constituer une obligation constitutionnelle et une priorité nationale pour les dirigeants somaliens et la communauté internationale, a martelé Mme Ibrahim.  Ainsi, elles corrigeront le processus de désignation clanique des délégués aux deux chambres du Parlement, en 2016-2017, qui a été marqué, selon elle, par les « achats de voix », une participation limitée des femmes et l’exclusion de groupes minoritaires.  Si le principe « une personne, une voix » n’est pas respecté, « le pays n’avancera pas », a prédit un représentant de la société civile, M. Osman Moallim, Directeur exécutif du Réseau de développement de la jeunesse somalienne s’exprimant en visioconférence depuis Mogadiscio.

Mme Ibrahim a estimé le coût global des élections en Somalie à 53 millions de dollars – hors frais liés à la sécurité et frais opérationnels annuels.  Dans plusieurs pays en situation de postconflit, l’ONU et la communauté internationale ont soutenu des élections qui ont coûté beaucoup plus cher, a-t-elle fait remarquer.  Or, la sécurité reste une préoccupation majeure sur le terrain comme en témoigne la mort, mercredi, de Mme Almaas Elman Ali, éminente défenseure des droits de l’homme, tuée par balles sur l’aéroport de Mogadiscio, dont la sœur avait participé la veille au débat public du Conseil sur le rôle de la réconciliation dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, a affirmé à son tour que le Gouvernement fédéral semble toujours déterminé à respecter les délais.  Une équipe spéciale pour la sécurité des élections a été mise sur pied, de même qu’un comité pour la révision de la loi électorale.  Même s’il a relevé des signes d’espoir et un déclin des activités des Chabab depuis octobre, M. Madeira a recommandé de maintenir la pression militaire contre ce groupe terroriste afin de pouvoir obtenir les résultats stratégiques escomptés par le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  M. Madeira a dit « beaucoup attendre » de la conférence sur la constitution des forces qui doit se tenir, le mois prochain, à Mogadiscio.

Pourtant, la Côte d’Ivoire -au nom du groupe A3 des membres africains du Conseil de sécurité, avec la Guinée équatoriale et l’Afrique du Sud– a regretté « la lenteur » de la transition entre l’AMISOM et les Forces de sécurité somaliennes.  Celles-ci devraient « au moins » pouvoir mener des opérations en commun avec l’AMISOM, tenir les territoires libérés des Chabab et protéger les populations, a estimé le représentant ivoirien.  Notant qu’en février 2020, la Mission devrait voir ses effectifs réduits d’un millier de soldats, il a prié le Conseil de conduire une évaluation avant toute nouvelle réduction.

La France, en revanche, a mis l’accent sur le respect des échéances fixées par la résolution 2472 (2019), dont la baisse du plafond du personnel en uniforme. « De toute évidence », cette force africaine ne pourra pas rester éternellement en Somalie, a enchaîné la Fédération de Russie, tout en prônant une réduction « graduelle » de ses effectifs.  Enfin, les orateurs se sont inquiétés de la crise humanitaire qui met à rude épreuve la population somalienne.  Le Royaume-Uni a engagé les donateurs à combler le déficit de financement et à débourser l’aide promise jusqu’en 2020, car, comme l’a souligné la République dominicaine, deux millions au moins de personnes souffrent d’insécurité alimentaire.  Une crise aggravée par la sécheresse et les récentes inondations qui ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes, illustrant l’impact des changements climatiques sur les populations vulnérables, a remarqué l’Allemagne.

Mais alors que le représentant de la Somalie se félicitait notamment de voir son pays « construire sa résilience » face aux épisodes climatiques, la représentante britannique a espéré que le Gouvernement de Mogadiscio poursuivrait ses efforts d’assainissement sur le plan économique et que les progrès enclenchés allaient se poursuivre.  Le représentant somalien a affirmé que son gouvernement avait l’intention de continuer les préparatifs afin de tenir des élections sur le principe « un homme, une voix, » au dernier trimestre de 2020.  Il a précisé que le Gouvernement fédéral prévoyait de voter la loi électorale d’ici à fin décembre 2019 et de terminer la révision constitutionnelle pour juin 2020.

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2019/884)

Déclarations

M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie, MANUSOM, a insisté sur les progrès importants réalisés en Somalie au cours de la décennie écoulée, parmi lesquels l’édification d’institutions nationales et fédérales, les points marqués face aux Chabab, la croissance économique et l’amélioration du secteur public.  Les Somaliens espèrent voir ces progrès consolidés en 2020, a-t-il indiqué en notant les évaluations favorables du Fonds monétaire international et le fait que le pays est en bonne voie pour l’allègement de sa dette.  Par ailleurs, un nouveau plan de développement a été adopté par les autorités en septembre, qui servira de cadre aux programmes des partenaires internationaux, les territoires repris aux Chabab dans le Bas-Chébéli ont été tenus par l’Armée nationale et, enfin, sur le front diplomatique, le Président Mohammed Abdullahi Mohammed « Farmajo » et son homologue kényan sont en train de normaliser leurs relations.

Consolider ces progrès nécessitera cependant un consensus politique entre le Gouvernement central et les États de la fédération, lequel a fait défaut depuis un an.  La dynamique politique est dominée par les élections prévues en 2020, a souligné M. Swan, qui a appelé le Parlement à promulguer le code électoral et la loi sur les partis d’ici à la fin décembre, tout nouveau retard mettra la tenue du scrutin en péril.  Là encore, le Représentant spécial a déploré le manque de consensus sur le système électoral lui-même et a appelé les dirigeants somaliens à faire preuve de responsabilité pour protéger l’intégrité des institutions.  Les Somaliens scrutent également avec attention le processus de réconciliation et les tensions qui persistent par endroit comme au Djoubaland risquent de susciter des violences, a-t-il mis en garde.  S’agissant du Somaliland, il a demandé aux responsables de se concentrer sur les besoins de la population. 

Le Gouvernement fédéral s’est engagé à adopter une constitution amendée d’ici à juin 2020 et le Représentant a appelé les responsables à redoubler d’efforts pour y parvenir.  La paix et la stabilité en Somalie impliquent d’avoir des institutions solides qui protègent les droits des citoyens et gagnent leur confiance. 

L’insécurité continue de constituer un défi terrible, a ensuite nuancé M. Swan.  Les Chabab continuent de perpétrer des attaques meurtrières contre les civils et l’Armée nationale.  Toutefois, après sa dernière offensive en août, l’armée a pu maintenir son emprise malgré les attaques répétées des Chabab: il faut donc former et constituer davantage de forces pour consolider les acquis et continuer de progresser dans la mise en œuvre du plan sécuritaire de transition. 

Quant à l’aspect humanitaire, M. Swan a souligné que la Somalie continuait de souffrir d’une grave crise qui frappe les populations malgré l’engagement des nombreux partenaires internationaux.  À cet égard, il a salué l’engagement et la ténacité des Forces somaliennes et de la Mission d’assistance des Nations Unies (MANUSOM), dont il est le chef.

M. FRANCISCO CAETANO JOSÉ MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), intervenant par visioconférence depuis Mogadiscio, a déclaré que l’Union africaine était solidaire avec les victimes des récentes inondations survenues dans la région de Chébeli.  L’AMISOM a aidé à transporter des personnes depuis les zones inondées vers des zones plus sûres.  La Mission a également aidé à reconstruire les routes et les ponts détruits par ces inondations.  Elle va par ailleurs fournir des moustiquaires, en plus des produits médicaux qu’elle distribue déjà, a-t-il indiqué.

Concernant la situation en Somalie, M. Madeira a réitéré, comme dans ses précédents exposés, qu’elle s’était considérablement améliorée.  Il y a des signes et des lueurs d’espoirs, qui doivent être préservés pour permettre à ce pays d’avancer vers la paix et la stabilité, a-t-il dit, ajoutant que si le Gouvernement fédéral s’est engagé à entretenir de bonnes relations avec les États fédérés, il reste cependant des difficultés avec le Djoubaland et le « Somaliland. »  Cela dit, les hauts responsables se sont engagés à se rencontrer pour résoudre ces difficultés, a-t-il ajouté. 

S’agissant de l’État de Galmudug, une conférence a été organisée en septembre, avec l’appui de l’AMISOM.  Cette rencontre a réuni 700 délégués de 11 clans.  En octobre le Gouvernement fédéral a également rencontré les chefs de clans de l’État du Sud-Ouest, a-t-il indiqué, appelant à continuer ce processus politique afin de parvenir à une réunification et à l’adoption à l’horizon juin 2020 d’une constitution fédérale.  Concernant la question de l’organisation des élections, M. Madeira a affirmé que le Gouvernement fédéral semble toujours déterminé à tenir les délais.  Une équipe spéciale pour la sécurité des élections a été mise sur pied, de même qu’un comité pour la révision de la loi électorale.  Le Gouvernement a aussi approuvé la liste des bureaux de vote et rédigé une note de cadrage pour l’enregistrement des électeurs. 

Concernant la situation sécuritaire, le Chef de l’AMISON a déclaré qu’alors que le groupe terroriste des Chabab continue de représenter une menace à la paix et à la sécurité, l’AMISOM a constaté depuis octobre dernier un déclin de ses activités.  Cette baisse peut être attribuée à trois facteurs: l’isolation progressive de ce groupe grâce aux coups portés par les opérations militaires menées contre lui, la saison des pluies qui rend plus difficile l’accès aux zones qu’il attaquait régulièrement, et enfin la réduction du champ d’action de ce groupe, qui est désormais confiné à quelques régions.  Les Chabab sont désormais actifs dans quelques régions, dont Mogadiscio, a-t-il dit. 

Cela dit, la pression militaire imposée contre ce groupe doit être maintenue sans relâche afin de pouvoir obtenir les résultats stratégique escomptés par le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.  Pour cela il faudra des Forces de sécurité somaliennes bien entraînées et bien équipées, a insisté le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine, ajoutant reconnaître les efforts déjà déployés par les partenaires, dont l’Union européenne.  L’Union africaine attend beaucoup de la conférence sur la constitution des forces qui doit se tenir en décembre prochain à Mogadiscio, a conclu M. Madeira. 

Mme HALIMA ISMAIL IBRAHIM, Présidente de la Commission électorale nationale indépendante de la Somalie a rappelé que depuis son indépendance en 1960, le pays n’a connu que deux élections au suffrage universel, en 1964 et 1969, année où le gouvernement militaire s’est emparé du pouvoir.  Vingt et un ans plus tard, le régime militaire a été chassé du pouvoir par des milices claniques et le pays a sombré dans la guerre civile.  Concrètement, cela signifie que « la grande majorité des Somaliens n’a jamais pu exercer leur droit universel à la participation politique », a-t-elle souligné. 

Actuellement, la population somalienne est estimée à 12 millions de personnes, dont une grande partie vivent en tant que personnes déplacées dans les grandes villes de tous les États membres de la Fédération.  En l’absence d’un gouvernement fonctionnel, un modèle de partage du pouvoir basé sur les clans a été mis en place en 2016, et les leaders de ces clans avaient pour mandat de nommer des candidats et délégués de leur clan respectif.  Les « sages » ont fini par choisir les 275 membres de la Chambre basse et les 54 membres de la Chambre haute et ces deux chambres ont fini par élire le Président.  Cependant, a regretté Mme Ibrahim, ce processus a été entaché par « l’achat de votes » dans des proportions significatives, une participation limitée de femmes dans les deux chambres et l’exclusion totale de groupes marginalisés.

La Somalie n’avait jamais eu d’instance de gestion des élections jusqu’à la création de la Commission électorale nationale indépendante en 2015, s’est félicitée sa Présidente.  Rapidement après sa création, le Conseil des commissaires a commencé à jeter les bases institutionnelles pour préparer la Somalie aux élections de 2020/2021, à commencer par un plan stratégique inspiré des principes constitutionnels et harmonisé avec le plan de développement national.  Mme Ibrahim a passé en revue les initiatives lancées par la Commission ces quatre dernières années, comme la formation de son personnel, l’enregistrement provisoire de 57 partis politiques, la création de bureaux de la Commission dans tous les États fédérés, la préparation d’un curriculum pour l’éducation des électeurs, l’identification et la vérification de sites potentiels pour l’enregistrement des électeurs ou encore la mise en place d’un centre de traitement des données de la Commission qui devrait être opérationnel en février 2020.  Pour Mme Ibrahim, ces avancées significatives dans la préparation des élections de 2020/2021 n’auraient pas été possibles sans le soutien du Gouvernement fédéral somalien, des États membres de la Fédération et des partenaires internationaux, et en particulier du Groupe intégré d’appui électoral, qui est le bras de l’ONU, créé pour soutenir les élections 2020/2021 en Somalie.

L’intervenante a saisi cette opportunité pour rappeler aux membres du Conseil que « 2020 est une année charnière » pour la Somalie.  Cette élection marque un jalon pour la communauté internationale qui s’est activement investie en Somalie pendant plusieurs décennies pour y promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance.  Cependant, ce jalon ne pourra être atteint qu’une fois que les leaders somaliens et la communauté internationale se seront engagés en faveur du principe d’« une personne, une voix » pour ces prochaines élections, a-t-elle mis en garde.

Mme Ibrahim a rappelé que le modèle de partage du pouvoir basé sur des clans était initialement une mesure temporaire pour soutenir le Gouvernement de transition en Somalie et préparer le pays aux élections sur la base du principe « une personne, une voix ».  Qui plus est, aucun modèle électoral qui ne permettrait pas aux Somaliens d’exercer leur droit de vote serait contraire à la Constitution somalienne et aux différentes conventions des droits de l’homme signées par la Somalie.  Dès lors, a-t-elle indiqué, pour rétablir le droit intrinsèque du peuple somalien à des élections libres, la Commission électorale demande aux leaders somaliens de traiter les élections de 2020/2021 sur la base de ce principe, comme une obligation constitutionnelle et une priorité nationale et de lui apporter tout le soutien politique et financier nécessaire.  Cela suppose l’adoption d’une loi électorale d’ici à décembre 2019 et l’allocation des fonds nécessaires aux opérations électorales, a-t-elle souligné.

La Commission électorale demande en outre aux partenaires internationaux de débloquer ces fonds.  Mme Ibrahim a précisé que le coût global des élections en Somalie est estimé à 53 millions de dollars – sans les frais liés à la sécurité des élections ni les frais opérationnels annuels.  Dans plusieurs pays en situation postconflit, l’ONU et la communauté internationale ont soutenu des élections qui ont coûté beaucoup plus cher, a-t-elle fait remarquer. 

Pour M. OSMAN MOALLIM, Directeur exécutif du Réseau de développement de la Jeunesse somalienne, la Somalie est à un carrefour délicat: si les élections sont annulées ou retardées, cela mettra en péril des années d’effort pour bâtir l’État; mais si le processus est juste et équitable il servira de base pour faire avancer tous les autres secteurs - l’économie, la sécurité et le développement.  M. Moallim a regretté le manque de clarté de la part des parties prenantes quant à la certitude d’une bonne tenue des élections.  La société civile a soumis ses recommandations au Gouvernement et elle a dit clairement qu’elle soutenait le principe « une personne, une voix » pour protéger les droits des minorités ou des groupes vulnérables, comme les femmes et les jeunes.  Si ce principe n’est pas respecté, le pays n’avancera pas, a-t-il insisté. 

Les États fédérés ont des relations tendues avec le Gouvernement central, ce qui a des effets sur la sécurité a ensuite relevé M. Moallim.  Mais surtout, sans la participation des États fédérés, il y aura peu de chances de faire aboutir un processus électoral crédible.  De plus, dans certaines régions les électeurs risquent d’avoir du mal à se déplacer et ces défis doivent être surmontés pour que ces élections aient bien lieu; il est donc essentiel de garantir la stabilité dans le pays pour renforcer la confiance dans les institutions. 

La communauté internationale doit aider à améliorer la sécurité, à rassembler les États et le Gouvernement, élargir la participation, renforcer le rôle des femmes, informer le public et réduire les délais bureaucratiques, atténuer les tensions entre les États fédérés et l’État fédéral, a plaidé M. Moallim.  Il a souhaité que le consensus prévale autour de la bonne tenue des élections car, selon lui, la société somalienne est prête et capable de soutenir ce processus, qui conduira à la transition politique.

M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a commencé par exprimer sa tristesse après l’assassinat hier à Mogadiscio, de la militante des droits de l’homme Almaas Elman, avant d’appeler à l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce qui s’est passé. 

Le représentant a ensuite dit sa préoccupation face au blocage des relations entre le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés.  Du point de vue de la France, ce blocage constitue un obstacle majeur à l’aboutissement de chantiers cruciaux pour la Somalie, notamment la préparation des élections de 2020-2021, la mise en œuvre de l’architecture nationale de sécurité ou encore l’allègement de la dette. 

S’agissant des élections, la France salue l’adoption d’un code électoral et rappelle l’importance d’un processus transparent et pacifique qui garantisse de surcroît la participation des femmes.  Elle est par ailleurs préoccupée par les attaques fréquentes des Chabab, notamment à Mogadiscio.  C’est pourquoi M. Michon a rappelé l’importance de la mise en œuvre du plan de transition sécuritaire de l’AMISOM vers les Forces de sécurité somaliennes. 

En ce qui concerne l’AMISOM, la France reste attentive au respect des échéances fixées par la résolution 2472 (2019), notamment au respect de la baisse du plafond du personnel en tenue de 1 000 personnes d’ici au 28 février 2020.  Pour la France, le soutien apporté par l’Union européenne s’inscrit dans le cadre d’une coopération basée sur la confiance et des engagements mutuels.  « Nos efforts impliquent des résultats concrets de la part des autorités fédérales somaliennes, tant sur la transition sécuritaire que sur la reprise du dialogue avec les États fédérés », a-t-il conclu.

M. BARKIN (États-Unis) a noté certains progrès vers la sécurité et stabilité depuis le mois d’août, ainsi que des progrès marqués contre les Chabab grâce notamment à l’AMISOM, dont il a salué le rôle dirigeant: il y a eu moins d’incidents pendant cette période comparé à l’an dernier et les forces de sécurité ont pu récupérer des territoires, a-t-il noté.  Le représentant a aussi souhaité des réformes, nécessaires, au sein des institutions nationales, conformément au plan de transition, tout en appelant à assurer la cohérence des efforts internationaux en soutien à la Somalie.

Le représentant a salué les progrès effectués dans la réforme budgétaire et vers l’allègement de la dette et a souligné l’importance des sanctions pour affaiblir les Chabab et empêcher le groupe de perpétrer de nouvelles attaques.  Cependant, les divisions politiques et l’absence d’échanges entre les États fédérés et le Gouvernement central restent préoccupants, a-t-il jugé, se disant « troublé » par les événements au Djoubaland, région qu’il a invitée à reprendre le dialogue avec le Gouvernement central.  Enfin, il s’est prononcé pour une adoption sans tarder du code électoral pour garantir la tenue des élections car tout retard du scrutin mettrait en péril les acquis.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA s’exprimant au nom des trois membres africains du Conseil de Sécurité (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale et Afrique du Sud, le « A3 ») s’est félicité des progrès enregistrés par la Somalie sur la route du rétablissement.  Il a cependant noté que le soutien de la communauté internationale demeurait crucial, notamment en vue d’accélérer les préparatifs pour les élections prévues en 2020 et 2021.  Le représentant a appelé le Conseil à soutenir le travail de la Commission électorale nationale indépendante, en particulier pour l’enregistrement des votants.  Il s’est félicité du rôle croissant des femmes sur la scène politique, rappelant toutefois qu’elles représentent 24% des députés contre un objectif de 30% affiché avant les élections de 2016-2017.  Il a aussi souligné le rôle crucial de la jeunesse. 

M. Matjila a noté des progrès dans la lutte contre les Chabab, regrettant toutefois la lenteur du passage de témoin entre la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les Forces de sécurité somaliennes, qui, selon lui, devraient au moins pouvoir mener des opérations en commun avec l’AMISOM. Notant qu’en février 2020, l’AMISOM doit voir ses effectifs réduits de 1 000 soldats, il a demandé au Conseil que toute nouvelle diminution soit soumise à une évaluation des conditions sur le terrain et à la capacité des Forces de sécurité somaliennes à prendre le relais. 

Le représentant s’est en outre inquiété de la dégradation de la situation humanitaire, liée à la sécheresse et qui a provoqué une insécurité alimentaire et des déplacements de populations.  Il a demandé aux partenaires internationaux de continuer à financer les plans de réponse humanitaire 2019 et 2020. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué la tenue, les 1er et 2 octobre à Mogadiscio, du Forum de partenariat sur la Somalie, au cours duquel les participants se sont accordés sur des engagements prioritaires, tels que l’organisation d’élections fin 2020 ou début 2021, l’adoption du projet de loi électorale d’ici à décembre 2019 et la finalisation du processus de révision constitutionnelle, au plus tard en juin 2020.

Toutefois, le représentant a déploré l’impasse politique dans laquelle se trouve actuellement le pays.  Il a exhorté le Gouvernement fédéral et ses États fédérés à redoubler d’efforts pour conclure un accord sur les questions électorales fondamentales et la future révision constitutionnelle. 

Le représentant a par ailleurs condamné l’assassinat de la militante des droits de l’homme Almass Elman, qualifiant cette dernière de « consolidatrice de la paix brillante ».  Il a appelé à identifier les auteurs de cet « acte inhumain » et à les traduire en justice.  Le représentant a également condamné les attaques à l’explosif régulièrement perpétrées par les Chabab dans des lieux publics somaliens ou contre des sites gouvernementaux et privés, ainsi que des forces de sécurité.

Passant à la situation humanitaire du pays, M. Singer Weisinger s’est dit préoccupé par les niveaux élevés de malnutrition en Somalie, aggravés selon lui par les obstacles à l’accès humanitaire dans certaines zones.  Tout en appelant l’ensemble des acteurs somaliens à garantir un accès humanitaire sans entrave aux personnes dans le besoin, il a enjoint à la communauté internationale d’appuyer le plan de réponse humanitaire pour la Somalie.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, notamment en termes économiques et politiques.  Le Koweït se félicite des mesures prises pour la tenue des élections de 2020-2021, notamment la modification de la loi électorale.  Sa délégation souligne, à ce titre, le rôle joué par la Ligue des États arabes dans ces progrès.

Concernant la lutte contre les Chabab, le représentant s’est dit préoccupé par la recrudescence des moyens dont dispose ce groupe pour commettre ses attentats.  Pour cette raison, il a appelé les partenaires internationaux à renforcer les Forces de sécurité somaliennes, notamment à travers le plan de transition sécuritaire.  Il les a appelés aussi à fournir une assistance pour répondre aux besoins humanitaires de 2 millions de personnes en Somalie, dont celles qui ont été victimes des récentes inondations.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a salué les engagements pris en vue d’organiser les élections fin 2020 ou début 2012 et afin d’adopter le code électoral d’ici à la fin décembre.  Le respect de ces calendriers est crucial pour le succès d’un État fédéral doté d’une large base, a-t-il dit.  Il a appelé le Gouvernement fédéral et les États fédérés à résoudre les points de friction et insisté sur l’importance de promouvoir la participation des femmes et des jeunes au processus électoral, rappelant le seuil fixé en 2016 de 30% minimum pour la participation des femmes.  Malgré les capacités croissantes des Forces somaliennes, le représentant a regretté que les Chabab continuent de menacer et d’attaquer des objectifs civils et a demandé aux partenaires internationaux de continuer d’appuyer la Somalie face à la menace terroriste.  D’autant plus que la situation humanitaire de millions de Somaliens reste très préoccupante et qu’elle est encore aggravée par le contexte climatique des deniers mois, sécheresse puis inondations.

Pour surmonter les défis en Somalie, a déclaré M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), la relance d’une concertation entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés sur les niveaux de leurs relations est « absolument » nécessaire.  Il est aussi temps d’avancer dans la préparation des élections au suffrage universel de 2020-2021.  Le représentant a appelé les instances fédérales à redoubler d’efforts pour tenir le calendrier prévu, en parvenant à un accord avec les États fédérés couvrant les questions électorales clefs, et en adoptant rapidement la loi électorale avec les amendements nécessaires.  La loi sur les partis politiques doit également être amendée, a-t-il ajouté.  L’Équipe spéciale sur la sécurité des élections doit rapidement se mettre au travail et le Plan de transition doit rester le fil rouge de l’action du Gouvernement dans le secteur de la sécurité. 

M. Pecsteen de Buytswerve a dit que les opérations de l’Armée nationale somalienne sont un signe « encourageant » de développement des capacités nationales.  Ces capacités doivent à présent contribuer aux conditions de transfert des responsabilités de l’AMISOM.  Le sort de la population somalienne continue d’être au centre de nos préoccupations, a conclu le représentant qui a estimé que « nous avons le devoir de protéger ». 

La Somalie est un pays important dans la Corne de l’Afrique, a déclaré M. HAITAO WU (Chine).  De fait, la paix et stabilité dans ce pays a des répercussions dans toute la région.  C’est pour cette raison que la communauté internationale devrait continuer d’apporter son aide à ce pays, en respectant le principe d’appropriation nationale pour l’organisation des élections de l’an prochain.  La communauté internationale devrait également aider l’AMISOM à remplir son mandat, en particulier en lui fournissant des moyens suffisants, et permettre que les Forces de sécurité somaliennes reprennent le contrôle progressif des frontières du pays.  Enfin, a poursuivi le représentant, la communauté internationale devait travailler en coopération avec les organisations régionales et sous régionales, c’est-à-dire l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).

En ce qui concerne la Chine, a assuré M. Wu, elle a toujours été aux côtés de la Somalie.  La Chine a envoyé un navire dans le golfe d’Aden pour y combattre la piraterie maritime.  Lors du dernier Sommet Afrique-Chine, elle a promis 6 500 tonnes d’aide alimentaire à la Somalie.  Une partie de cette aide, destinée en priorité aux femmes et aux enfants est déjà arrivée sur place, a-t-il précisé. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a appelé le Gouvernement fédéral de Somalie et les États fédérés à résoudre les questions en suspens par le dialogue et le compromis.  Cela exige le consensus et des efforts concertés de tous les acteurs pour faire avancer les réformes politiques et sécuritaires et bâtir un avenir stable pour le peuple somalien.  L’approche des élections en 2020 et 2021 devrait encourager le Gouvernement et les États fédérés à n’épargner aucun effort pour trouver un accord sur un cadre politique pour les questions électorales.  La représentante a souligné l’importance d’adopter, avant la fin de l’année, une loi électorale inclusive et crédible afin d’assurer que les élections se déroulent dans le cadre du calendrier établi. 

Mme Wronecka a aussi souligné l’importance de promouvoir la participation effective des femmes dans la vie politique du pays, y compris aux niveaux des décideurs gouvernementaux.  Les réformes devraient inclure des dispositions fondées sur le genre et prévoir un quota de 30% pour les femmes dans le Parlement fédéral.  Avant de terminer, la représentante a rappelé les défis sécuritaires posés par les Chabab, la lenteur de la mise en œuvre du Plan de transition et la grave situation humanitaire.  C’est par une coopération et étroite collaboration entre le Gouvernement fédéral, les États fédérés, l’Union africaine, l’ONU et les autres partenaires internationaux que le pays pourra réaliser la paix durable. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a souligné les progrès enregistrés depuis une décennie dans l’édification d’un État stable en Somalie mais a estimé qu’elle se trouve à un carrefour essentiel.  Pour le représentant, le défi consiste aujourd’hui à consolider les gains et à continuer de progresser par la coopération entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, tout  en respectant le calendrier électoral.  Une coopération politique constructive sera une priorité de l’année à venir, a estimé M. Schulz, qui a déploré l’absence de progrès depuis la tenue du forum de partenariat pour la Somalie, il y a un an. 

En ce qui concerne les élections -premières élections démocratiques depuis 1969, a estimé le représentant- l’Allemagne souligne que des élections justes et équitables sont essentielles et constitueront certainement l’une des tâches les plus importantes du Gouvernement: les Somaliens méritent de se prononcer sur le principe « une personne, une voix », en garantissant l’implication des femmes, a ajouté le représentant.  Il faut donc, dans les cinq semaines qui viennent, adopter le code électoral et garantir sa mise en œuvre par un large consensus car aucune prorogation du calendrier n’est pas envisageable, a-t-il prévenu. 

Enfin, le représentant a souligné que la sécurité restait un défi majeur malgré des progrès importants: le fait que le complexe de l’ONU ait une fois de plus été ciblé par les Chabab témoigne des difficultés qui contribuent à l’instabilité.  De même, la situation humanitaire, aggravée par la sécheresse puis des inondations qui sont venues s’ajouter aux conditions impossibles dans lesquelles vivent les Somaliens, doit susciter une réponse des partenaires internationaux, notamment sur le plan alimentaire.  Cette situation illustre aussi les conséquences humanitaires des changements climatiques, a ajouté M. Schulz.

Le représentant a conclu en demandant à Mme Ibrahim ce qu’elle pensait souhaitable pour l’organisation des élections en matière d’enregistrement des électeurs.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a déclaré que le Gouvernement fédéral et les États fédérés doivent s’impliquer dans un dialogue constructif pour résoudre pacifiquement tous leurs différends.  Mettre fin au blocage politique est essentiel pour accélérer les progrès sur de nombreux fronts et assurer que le calendrier convenu soit respecté, y compris les préparations des élections de 2020 et 2021. 

Le représentant s’est dit très préoccupé par la menace des Chabab, y compris leur utilisation améliorée d’engins explosifs improvisés et l’élargissement de leurs sources de revenus.  Sur le plan sécuritaire, M. Syihab a demandé une assistance internationale accélérée et coordonnée visant à soutenir la création de forces de sécurité somaliennes bien formées.

Soulignant la gravité de la situation humanitaire, M. Syihab a regretté que les attaques contre les travailleurs humanitaires et les obstacles à leur activité persistent en Somalie, aggravant ainsi le défi que représente le travail dans un environnement dangereux.  Pour le représentant, il est impératif de protéger les civils et de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire.  Il a réclamé un accès humanitaire sûr et sans entrave.   

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) a dit que son pays appuyait les efforts pour ramener la stabilité en Somalie. Sa délégation est disposée à œuvrer au sein du Conseil de sécurité à cette fin, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Somalie.  S’il a salué les mesures entreprises par le Gouvernement fédéral pour instaurer le dialogue avec les États fédérés, le représentant a néanmoins considéré que les ultimatums adressés par les États fédérés et les dissensions entre clans pourraient entraver cette bonne marche.

Concernant la question de l’AMISOM, M. Repkin a déclaré que « de toute évidence », cette force africaine ne pourra pas rester éternellement en Somalie.  Toutefois, a-t-il dit, la réduction de ses effectifs doit être « graduelle », jusqu’à ce que les Forces de sécurité somaliennes soient capables de reprendre le contrôle des frontières somaliennes.  Mais cela ne pourra se faire qu’en respectant « scrupuleusement » la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie, sans ingérence extérieure, a en conclusion insisté le représentant.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dite très préoccupée par les inondations qui ont entraîné le déplacement de milliers de personnes et a appelé à soutenir le pays dans ses efforts de relèvement en fournissant eau et aliments.  La représentante a appelé de nouveaux États à garantir des financements humanitaires sûrs et le Gouvernement fédéral à travailler étroitement avec la communauté internationale pour mettre en œuvre les échéances convenues. 

L’aide promise pour l’an prochain par les partenaires internationaux atteint plus de 400 millions de dollars et Mme Pierce a dit espérer que le Gouvernement poursuivrait ses efforts d’assainissement sur le plan économique et que les progrès enclenchés suivraient.

La représentante a apporté son soutien au processus électoral sur le principe « une personne, une voix » dans les délais impartis, sur la base de lois validées garantissant un consensus large.  Elle a engagé les partenaires somaliens à renouer le dialogue avec le Gouvernement central.  Ces efforts doivent provenir tant de l’État fédéral que des États fédérés, a-t-elle insisté, en notant qu’il restait beaucoup à faire dans les années qui viennent pour assurer le succès de la transition.

En réponse à la question posée par la délégation de l’Allemagne, Mme IBRAHIM, Présidente de la Commission nationale électorale de la Somalie, a déclaré que la mort de Mme Almaas Elman est « une tragédie pour ce pays ».  Comme d’autres avant elle, Mme Elman a été tuée par des personnes qui veulent la déstabilisation de la Somalie.  Son propre mari, qui travaillait dans le domaine du développement a également été tué, a-t-elle indiqué.

Revenant aux prochaines élections, la Présidente de la Commission électorale a jugé essentiel qu’elles se fondent sur le principe « une personne, une voix » et non plus sur un principe clanique.  Cela est important pour éviter la corruption, qui a été largement constatée lors des élections de 2016.  Concernant la question de donner une place aux Chebab dans l’assemblée, elle a estimé qu’il y avait là un risque, en particulier que ce groupe donne des instructions et des consignes de vote aux chefs de clans.

Mme Ibrahim a également expliqué que la Commission avait choisi la méthode de la biométrie pour le vote en raison de son avantage comparatif par rapport à la méthode papier traditionnelle.  La Somalie n’a pas de recensement de population fiable.  De plus, la plupart des Somaliens portent les mêmes noms.  Il y a notamment « beaucoup de Mohammed et d’Ali », a-t-elle dit, se demandant comment il serait possible de différencier deux Mohammed ou deux Ali.  Elle a ensuite dit entendre la voix des partenaires qui plaident pour un retour à la méthode papier avec une photo d’identité, mais, a-t-elle conclu, « nous, nous savons ce qui est bon pour le peuple somalien ».

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a affirmé que son gouvernement avait l’intention de continuer les préparatifs afin de tenir des élections sur le principe « un homme ,une voix » au dernier trimestre 2020.  Il a précisé qu’à cette fin, le Gouvernement fédéral prévoyait de voter la loi électorale d’ici à la fin décembre 2019 et de terminer la révision constitutionnelle pour juin 2019.

Nous sommes en train de vaincre le groupe terroriste des Chabab grâce à des opérations menées par l’Armée nationale somalienne, s’est félicité le représentant, qui a affirmé que, « pour la première fois, notre armée est capable de tenir ses positions et de repousser avec succès les attaques vicieuses des Chabab ».  Il a aussi rendu hommage aux « collègues » de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) qui « combattent aux côtés des Forces de sécurité somaliennes ».

M. Osman a souligné que le Gouvernement fédéral avait demandé aux États de « contribuer à l’avenir et non au passé » de la Somalie, en organisant des élections justes, transparentes et inclusives.  Là où le processus électoral ne respectera pas ces critères, le Gouvernement fédéral ne reconnaîtra les résultats et nos partenaires non plus ne devraient pas le faire, a-t-il ajouté.  Le représentant a appelé les partenaires du pays à soutenir la « Commission électorale nationale ».  Techniquement et financièrement, afin notamment de pouvoir inscrire deux à trois millions de citoyens sur les listes électorales. Il a reconnu qu’une meilleure conduite des autorités fédérales et étatiques était nécessaire pour rebâtir la confiance dans le Gouvernement.   

M. Osman a également assuré que son pays avait fait un pas en vue d’atteindre les critères ambitieux du quatrième programme de référence du Fonds monétaire international au début de l’année prochaine.  Il a annoncé une hausse du budget national, qui s’établit à 340 millions de dollars pour l’exercice 2019–2020, grâce à la réforme fiscale.  Il s’est félicité que 55% de ce budget soit financé par des sources intérieures et que le déficit soit pris en charge par le soutien des donateurs, ce qui représente, selon lui « un autre pas significatif vers l’autosuffisance de la Somalie ».  Il a précisé que son pays travaillait sans relâche en vue d’obtenir un allégement de sa dette début 2020 et comptait sur ses partenaires à cette fin.

Le représentant s’est aussi félicité de voir son pays « construire sa résilience » face aux épisodes climatiques, inondations ou sécheresse, tout en améliorant les services sociaux pour tous les Somaliens.  Il a exhorté tous les partenaires du pays à soutenir le « programme de réformes audacieux » de son gouvernement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission adopte deux projets de résolution, dont un par vote qui dénonce les effets négatifs des mesures économiques coercitives unilatérales

Soixante-quatorzième session,
23e séance – matin
AG/EF/3527

La Deuxième Commission adopte deux projets de résolution, dont un par vote qui dénonce les effets négatifs des mesures économiques coercitives unilatérales

Prendre d’urgence des mesures efficaces pour mettre fin au recours unilatéral à des mesures économiques, financières ou commerciales qui ne sont pas autorisées par les organes compétents de l’ONU, qui sont contraires aux principes du droit international ou à la Charte des Nations Unies ou qui contreviennent aux principes de base du système commercial multilatéral.  C’est ce que l’Assemblée générale est invitée à demander à la communauté internationale, comme recommandé par sa Deuxième Commission (questions économiques et financières), qui a adopté, ce matin, un projet de résolution sur les « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement ».

Ce texte a été adopté à l’issue d’un vote demandé par les États-Unis, qui se sont exprimés contre, de même qu’Israël.  La représentante américaine a défendu la position de son gouvernement, expliquant qu’il avait le droit d’appliquer des sanctions économiques unilatérales au motif qu’elles peuvent être un bon moyen de parvenir à des objectifs de politique étrangère, comme la réinstauration de l’état de droit dans le pays ciblé.

Pour leur part, les États membres de l’Union européenne se sont abstenus, même s’ils considèrent que les mesures économiques unilatérales sont admissibles dans certaines circonstances, en particulier pour combattre le terrorisme et la prolifération d’armes de destruction massive, ainsi que pour faire respecter les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et la bonne gouvernance.

De nombreuses délégations se sont toutefois exprimées en faveur de ce projet de résolution qui a été adopté par 116 voix.  Elles ont condamné les sanctions unilatérales, soulevant leur illégalité et leur atteinte à la souveraineté des pays visés.  La République arabe syrienne et la République islamique d’Iran ont qualifié les mesures commerciales unilatérales de « châtiments collectifs économiques » contre certains pays en développement, les accusant de saper leurs efforts pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le multilatéralisme et la coopération internationale sont attaqués par quelques pays aux « prétentions hégémoniques », a ajouté Cuba, rappelant au passage qu’il est victime du « régime de sanctions le plus sévère et le plus long jamais enregistré ».

Pour un bon suivi de la question, la résolution prévoit de demander au Secrétaire général de lui présenter, à sa prochaine session, un rapport sur l’application du texte qui mette particulièrement l’accent sur l’incidence des mesures économiques unilatérales sur la réalisation du développement durable.

La Deuxième Commission a également adopté, cette fois par consensus, un projet de résolution consacré aux fibres végétales et au développement.  Le texte vise à promouvoir la production et l’utilisation durables des fibres végétales.  Produites dans de nombreux pays, elles sont en effet une importante source de revenus pour les agriculteurs et peuvent donc jouer un rôle important en contribuant à la sécurité alimentaire et à l’élimination de la pauvreté et, partant, à la réalisation des objectifs de développement durable.

En début de séance, la représentante des États-Unis a demandé la parole pour préciser la position politique de son gouvernement sur plusieurs documents dont il est fait référence dans les projets de résolution, notamment le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Elle a rappelé qu’il s’agit de documents non contraignants ne créant pas de droits ou d’obligations au regard du droit international.  Après avoir défendu le droit souverain de chaque État Membre de mener des échanges commerciaux comme il l’entend avec d’autres pays, ce qui inclut des restrictions dans certains cas, la représentante a fait savoir que son pays entendait agir dans son intérêt, notamment sur le plan commercial.

La représentante de l’État de Palestine a ensuite présenté, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, 15 projets de résolution sur le développement agricole, la mondialisation, le financement du développement, l’élimination de la pauvreté, les groupes de pays en situation particulière ou encore les activités opérationnelles de développement.  Elle n’a pas manqué de souligner que la mondialisation est un outil utile pour le développement.  Au titre du point de l’ordre du jour consacré au développement agricole, à la sécurité alimentaire et à la nutrition, le G77 et la Chine ont proposé un texte visant à proclamer le 21 mai Journée internationale du thé.

La Deuxième Commission devrait terminer ses travaux le 27 novembre et statuer d’ici là sur tous les projets de résolution à l’examen, a rappelé M. Ahmad Saif Al-Kuwari, son Vice-Président. 

La prochaine séance plénière aura lieu le 26 novembre, à 10 heures.

Déclaration générale

Mme COURTNEY R. NEMROFF (États-Unis) a demandé la parole avant la présentation et l’adoption des projets de résolution inscrits à l’ordre du jour de la séance pour préciser la position politique du Gouvernement des États-Unis sur plusieurs documents dont il est fait référence dans les projets de résolution, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba issus de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.  Elle a rappelé qu’il s’agit de documents non contraignants ne créant pas de droits ou d’obligations au regard du droit international.  Les États-Unis reconnaissent le Programme 2030 comme un cadre global qui peut aider les pays à œuvrer pour la paix et la sécurité mais, a souligné Mme Nemroff, il ne comporte aucun nouvel engagement financier.  En outre, le Programme 2030 doit respecter et ne pas porter atteinte aux mandats indépendants d’autres processus et institutions et ne préjuge en rien des décisions prises dans d’autres forums, a-t-elle ajouté.  Par exemple, a-t-elle précisé, il ne représente pas un engagement à fournir un nouvel accès aux marchés pour les biens et services, pas plus qu’il ne modifie tout accord ou décision de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.  Quant au Programme d’action d’Addis-Abeba, il n’a pas d’implication sur les négociations en cours concernant le commerce, a plaidé Mme Nemroff.

En venant à l’annonce du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, le 4 novembre 2019, la représentante a précisé que le retrait ne sera effectif qu’un an après la notification.  Elle a expliqué que les références à l’Accord et aux changements climatiques dans les textes de la Deuxième Commission ne préjugent pas de la position des États-Unis.

En abordant aussi le Nouveau Programme pour les villes, Mme Nemroff a expliqué sa position sur les sanctions commerciales: les États-Unis considèrent que chaque État Membre a le droit souverain de mener des échanges commerciaux comme il l’entend avec d’autres pays, ce qui inclut des restrictions dans certains cas.  Lorsque les États-Unis appliquent des sanctions, c’est pour des raisons particulières, a expliqué Mme Nemroff, par exemple pour encourager un retour à l’état de droit ou pour prévenir des menaces à la sécurité internationale.  « Les sanctions économiques ciblées peuvent être appropriées, efficaces et une alternative légitime à l’usage de la force », a-t-elle déclaré.  La représentante a indiqué que son pays entendait agir dans son intérêt, notamment sur le plan commercial.  L’ONU n’est pas le bon endroit pour ce type de discussions, a-t-elle estimé, prévenant qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que les États-Unis considèrent comme contraignantes les recommandations de l’Assemblée générale ou du Conseil économique et social (ECOSOC) sur ces questions.

L’ONU n’est pas non plus l’enceinte idoine pour discuter de mesures d’éligibilité s’agissant de l’Aide publique au développement (APD), a encore plaidé la représentante pour qui ce sont plutôt les banques multilatérales de développement ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui sont compétentes en la matière.  Enfin, elle a relevé que le terme de « croissance inclusive » apparaît dans de nombreux projets de résolution, sans être clairement défini.

PRÉSENTATION DE PROJETS DE RÉSOLUTION

Mondialisation et interdépendance

  1. Science, technologie et innovation au service du développement durable: A/C.2/74/L.27
  2. Culture et développement durable: A/C.2/74/L.17
  3. Rôle des Nations Unies dans la promotion du développement à l’heure de la mondialisation et de l’interdépendance: A/C.2/74/L.26
  4. Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire: A/C.2/74/L.25

Groupes de pays en situation particulière

  1. Suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés: A/C.2/74/L.29
  2. Suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral: A/C.2/74/L.30

Élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement

  1. Participation des femmes au développement: A/C.2/74/L.28
  2. Mise en valeur des ressources humaines: A/C.2/74/L.20
  3. Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027): A/C.2/74/L.19
  4. Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030: A/C.2/74/L.22

Activités opérationnelles de développement

  1. Activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies: A/C.2/74/L.38
  2. Coopération Sud-Sud pour le développement: A/C.2/74/L.39

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition

A/C.2/74/L.6 et A/C.2/74/L.7

Suivi et mise en œuvre des textes issus des Conférences internationales sur le financement du développement

A/C.2/74/L.13

ADOPTION DE PROJETS DE RÉSOLUTION

Questions de politique macroéconomique

Le projet de résolution intitulé « Mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique sur les pays en développement » (A/C.2/74/L.5/Rev.1) a été adopté par 116 voix pour, 2 voix contre (États-Unis et Israël) et 52 abstentions.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée générale, gravement préoccupée de constater que le recours unilatéral à des mesures économiques coercitives porte préjudice en particulier à l’économie et aux efforts de développement des pays en développement et produit dans l’ensemble des effets négatifs sur la coopération économique internationale et sur l’action mondiale en faveur d’un système commercial multilatéral non discriminatoire et ouvert, engagerait instamment la communauté internationale à prendre d’urgence des mesures efficaces pour mettre fin au recours unilatéral à des mesures économiques, financières ou commerciales qui ne sont pas autorisées par les organes compétents de l’ONU, qui sont contraires aux principes du droit international ou à la Charte des Nations Unies ou qui contreviennent aux principes de base du système commercial multilatéral et qui touchent tout particulièrement, mais pas seulement, les pays en développement.

Elle demanderait à la communauté internationale de condamner et de rejeter l’imposition de mesures visant à exercer une pression économique et politique sur les pays en développement qui fasse obstacle à la pleine réalisation du développement économique et social.

Elle prierait le Secrétaire général de surveiller l’imposition de mesures économiques unilatérales utilisées pour exercer une pression politique et économique et d’étudier les répercussions de telles mesures sur les pays touchés, en particulier leurs incidences sur le commerce et le développement.

Elle prierait également le Secrétaire général de lui présenter, à sa soixante-seizième session, un rapport sur l’application de la présente résolution qui mette particulièrement l’accent sur l’incidence des mesures économiques unilatérales sur la réalisation du développement durable.

Avant le vote, qu’ils ont demandé, les États-Unis ont expliqué que les États avaient le droit d’exercer des sanctions économiques unilatérales et que ces mesures pouvaient être un bon moyen de parvenir à des objectifs de politique étrangère.  Quand les États-Unis ont exercé ce droit, il s’agissait soit de faire revenir l’état de droit dans le pays ciblé, soit de combattre des menaces à la sécurité interne des États-Unis, a expliqué la représentante américaine.  Elle a estimé que, en adoptant cette résolution, l’Assemblée générale limiterait les moyens de la communauté internationale de répondre à des menaces telles que les violations des droits de l’homme et la sécurité mondiale.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a appuyé la résolution avec le Mouvement des pays non alignés et le Groupe des 77 et la Chine, a, quant à elle, condamné toutes mesures économiques unilatérales contre les pays en développement, en raison de l’atteinte qu’elles portent à leur souveraineté, aux droits de l’homme et au développement économique des pays en développement.  Évoquant en exemple les mesures unilatérales exercées contre Cuba, la République islamique d’Iran, la République arabe syrienne et le Venezuela, la RPDC a appelé les délégations à faire preuve de solidarité et à adopter le projet de résolution.

Après le vote, la Finlande, au nom de l’Union européenne (UE), a expliqué pourquoi les États membres de l’UE s’étaient abstenus de voter en faveur du projet de résolution.  De son point de vue, les mesures économiques unilatérales devraient respecter les principes du droit international, y compris les obligations contractuelles de l’État qui les applique, ainsi que les règles de l’OMC, dans les cas où celles-ci peuvent s’appliquer. L’UE et ses États membres considèrent que les mesures économiques unilatérales sont admissibles dans certaines circonstances, en particulier pour combattre le terrorisme et la prolifération d’armes de destruction massives, ainsi que pour faire respecter les droits humains, la démocratie, l’état de droit et la bonne gouvernance.  L’UE et ses États membres souhaitent aussi que les mesures économiques unilatérales soient utilisées dans le cadre d’une approche politique globale et intégrée, incluant un dialogue politique, des encouragements et des conditions.  Cette approche peut aboutir, en dernier recours, à l’usage de mesures coercitives, en accord avec la Charte des Nations Unies, a reconnu le représentant.

La Fédération de Russie a plaidé en soulevant l’illégalité des mesures économiques unilatérales, arguant qu’elles vont à l’encontre du droit international et de la Charte des Nations Unies.  Ces mesures « déloyales », sont utilisées pour obtenir des avantages concurrentiels sur les marchés mondiaux, a affirmé la Russie, en soulignant que cela va à l’encontre du système commercial multilatéral.  La Russie a également exhorté le Secrétariat de l’ONU à se pencher, dans son prochain rapport, sur les conséquences négatives de ces sanctions sur la réalisation des objectifs de développement durable.  « Aucun État n’a le droit de dicter sa volonté à un autre », a conclu la Russie.

Dans une déclaration générale après le vote, la République arabe syrienne, qui a voté en faveur du projet, a qualifié les mesures commerciales unilatérales de « châtiments collectifs économiques » contre certains pays en développement.  Selon la Syrie, ces mesures sapent les principes de l’Organisation ainsi que les efforts des pays en développement pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Onze ans avant 2030, nul ne peut contester que le blocus économique multilatéral imposé par des gouvernements à plusieurs pays du monde entrave durablement la jouissance et le développement économique et social, selon la Syrie.  Elle a appelé l’ONU à prendre des mesures contre les sanctions multilatérales et contre les États qui les adoptent.  Le peuple syrien souffre depuis des décennies de ces sanctions, a insisté la Syrie: leurs effets sont destructeurs sur l’économie et le développement, et sur le retour des réfugiés syriens chez eux.

Le Zimbabwe, dans une déclaration générale, a dénoncé des sanctions illégales exercées à son encontre par l’UE et les États-Unis depuis plusieurs décennies.  « Ces sanctions ne sont ni intelligentes, ni ciblées », a dénoncé le Zimbabwe; elles ont des conséquences négatives sur la croissance économique du Zimbabwe et la réalisation du Programme 2030.  Elles entravent gravement la liberté des populations ainsi que les échanges commerciaux, a-t-il dénoncé.

La Chine a déclaré avoir voté pour le projet de résolution, estimant que le monde est entré dans une phase essentielle pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Ces dernières années, certaines régions et pays ont connu des turbulences, aggravées par des ingérences extérieures, ce qui sape les objectifs des Nations Unies, a estimé le représentant, soulignant que l’ère de la mondialisation ne doit pas voir certains s’opposer à d’autres, mais au contraire voir le multilatéralisme s’imposer.

Pour le Venezuela, les mesures coercitives unilatérales portent atteinte de manière flagrante au droit international tel que consacré dans la Charte des Nations Unies.  Un État Membre de l’Organisation a appliqué de manière arbitraire et systématique ce type de mesures, appelant d’autres États Membres à le rejoindre pour violer la légalité internationale et imposer des mesures coercitives à l’encontre d’États souverains afin de les mettre à l’écart, a dénoncé le représentant.  La prétention à transformer des lois nationales en droit international est inacceptable, a dit le représentant, en rappelant que son propre pays, le Venezuela, souffre de ce type de sanctions.  Dans tous les États affectés par des sanctions économiques, les mesures ont porté atteinte aux droits des peuples et au développement, a-t-il constaté.

Pour la République islamique d’Iran, l’application croissante de mesures unilatérales pose un grave problème à la stabilité du monde et va à l’encontre de l’égalité des États Membres en termes de souveraineté.  Ce châtiment collectif mène au terrorisme économique pour des rivalités politiques, a dénoncé le représentant d’un pays touché par de telles sanctions.  C’est une guerre sous un autre nom, qui est menée contre les femmes, les enfants, les personnes âgées et les pauvres, a-t-il encore décrié.

La représentante de Cuba a évoqué une situation mondiale complexe et dangereuse, le multilatéralisme et la coopération internationale étant attaqués par quelques pays aux « prétentions hégémoniques », selon lui.  Ces mesures portent atteinte à la souveraineté, contreviennent au principe de non-ingérence et portent atteinte au développement, créant des difficultés économiques et politiques pour les États ciblés, a précisé la représentante.  Cuba refuse l’imposition de mesures coercitives unilatérales, quel que soit le pays visé, a-t-elle insisté, rappelant que Cuba est victime du « régime de sanctions le plus sévère et le plus long jamais enregistré ».  La représentante a souligné que le blocus imposé par les États-Unis est le principal obstacle au développement du pays, un blocus qui a même été intensifié récemment par l’application de la loi Helms-Burton dans son intégralité.  Le coût humain de cette politique est incalculable, a conclu la représentante.

Le Nicaragua a condamné l’application de mesures coercitives unilatérales pour exercer une pression politique sur des États.  Ces mesures nuisent à des secteurs sensibles de la population et aucun État n’a le droit d’imposer de telles souffrances à d’autres peuples, a dit le représentant, dénonçant une « triste pratique sans fondement dans le droit international et la Charte des Nations Unies ».  Il s’est, dès lors réjoui, que le projet de résolution adopté crée une nouvelle dynamique visant à renforcer le multilatéralisme.

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition

Par le projet de résolution (A/C.2/74/L.2/Rev.1) intitulé « Fibres végétales et développement durable », présenté par le Bangladesh et adopté sans vote, l’Assemblée générale noterait que les fibres végétales très diverses produites dans de nombreux pays sont une importante source de revenus pour les agriculteurs et peuvent donc jouer un rôle important en contribuant à la sécurité alimentaire et à l’élimination de la pauvreté et, partant, à la réalisation des objectifs de développement durable.

Consciente que les fibres végétales sont facilement recyclables, biodégradables et renouvelables, qu’elles peuvent encourager l’utilisation rationnelle de l’énergie et afficher des taux d’émission de gaz à effet de serre relativement faibles, l’Assemblée encouragerait toutes les parties prenantes à promouvoir la production et l’utilisation durables des fibres végétales dans tous les domaines et secteurs concernés.

Considérant que la production, la transformation, l’application, la gestion appropriée et l’exportation de fibres végétales sont susceptibles de présenter des avantages pour l’économie de nombreux pays en développement et pour les moyens de subsistance de millions de petits agriculteurs et de travailleurs à bas salaires, l’Assemblée exhorterait les États Membres à prendre des mesures concrètes pour contribuer à l’intégration des petits agriculteurs dans les chaînes mondiales de production, de valeur et d’approvisionnement et ainsi favoriser la production et l’utilisation durables des fibres végétales.

En adoptant ce projet de résolution, l’Assemblée générale engagerait les États Membres à encourager et soutenir les mesures visant à s’assurer que la production des fibres végétales est compatible avec la préservation des forêts naturelles et de la diversité biologique et qu’elle ne contribue pas à la conversion des forêts naturelles à d’autres usages ou à la surexploitation de ressources naturelles telles que l’eau.  Elle les engagerait également à promouvoir la recherche et l’élaboration de solutions de remplacement écologiques aux produits fabriqués à partir de plastique à usage unique.

Après l’adoption, la représentante des États-Unis a qualifié le texte d’« enthousiasmant » mais a renvoyé à sa déclaration générale sur les changements climatiques faite en ouverture de séance.

Le représentant du Mexique a reconnu que la promotion des fibres végétales est un outil qui peut contribuer au développement.  Toutefois, il a regretté le manque d’harmonisation entre certains textes de la Deuxième Commission et le Programme 2030, ainsi que la prolifération de nouvelles résolutions.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: les moins de 18 ans confient leur rêve d’un avenir meilleur à l’occasion du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant

Soixante-quatorzième session,
31e et 32e séances plénières – matin & après-midi
AG/12215

Assemblée générale: les moins de 18 ans confient leur rêve d’un avenir meilleur à l’occasion du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant

Ils ne l’ont pas joué comme Beckham, mais aux côtés de la star mondiale du football, les moins de 18 ans ont pris d’assaut l’Assemblée générale pour célébrer la Journée mondiale de l’enfance mais surtout le trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant.  Nous refusons que les adultes parlent en notre nom, a prévenu Millie Bobby Brown, l’actrice britannique de 15 ans et plus jeune Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF.  Alors les jeunes activistes ont raconté leur rêve d’un avenir meilleur, appelant les adultes à l’action contre les changements climatiques, les crises humanitaires et les inégalités d’accès à l’éducation comme en attestent les 260 millions d’enfants déscolarisés dans le monde. 

Nous n’avons pas tenu nos promesses, a confessé la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, dans un aveu relayé par la quarantaine d’États entendus aujourd’hui sur les 106 prévus.  Trente ans après la Convention et 10 ans avant la date butoir du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la Vice-Secrétaire générale a parlé des enfants laissés pour compte qui vivent dans des bidonvilles et dans des villages isolés, sans accès à la santé.  Ils se couchent affamés et assoiffés.  Au nombre de 200 millions et plus, ces enfants risquent d’être recrutés comme enfants soldats, voire par des groupes terroristes. 

Le monde compte actuellement, a affirmé la Vice-Secrétaire générale, 10 millions d’enfants esclaves, victimes de la traite ou d’autres formes de travail forcé.  Elle a mis l’accent sur les risques particuliers que courent les filles, forcées d’abandonner l’école, de se marier et d’enfanter.  Elles sont déjà 650 millions dans le monde, dont Esther, qu’a rencontrée le Président de « World Vision International », une petite Africaine de 8 ans, victime de la mutilation génitale, violée dans l’indifférence de sa famille et forcée de se marier à un homme sept fois plus âgé qu’elle contre six vaches.  Le trentième anniversaire de la Convention, ratifiée par tous les pays du monde à l’exception des États-Unis, comme l’a rappelé le Président du Comité des droits de l’enfant, M. Luis Ernesto Pedernera Reyna, a été l’occasion de réunir de nombreux jeunes activistes du monde entier, aux côtés de Skip Marley, petit-fils du légendaire reggae man. 

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’enfance et c’est « votre Assemblée générale », a lancé, le Président de l’Assemblée, M. Tijjani Muhammad-Bande, aux jeunes.  Ils ne se sont pas fait prier: le jeune reporter ivoirien Hans Boua a parlé de son travail de sensibilisation à la prévention du VIH/sida, à la santé physique et à l’assainissement.  Aucun enfant ne devrait, comme moi, perdre un frère, a-t-il plaidé en se souvenant de Loïc, mort 10 jours à peine après sa naissance prématurée par manque de couveuse.  Volodymyr Charushyn, jeune ukrainien malentendant, a expliqué « Entendre avec le cœur », un projet visant à assurer l’autonomie sociale, économique et financière des enfants atteints de troubles auditifs.

La jeune Nanse Mohand Ghanan, réfugiée syrienne de 13 ans qui vit aux États-Unis, a plaidé pour le droit de ses congénères à « vivre comme des enfants ».  Les normes « sur papier » ne changent rien pour les enfants touchés par la guerre, a lancé la Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  Mme Virginia Gamba a voulu que l’on transforme les bonnes intentions en changements réels.  Son homologue, chargée de la question de la violence contre les enfants, Mme Najat Maalla M’Jid, a rappelé que la violence faite aux enfants coûte 7 000 milliards de dollars par an. 

Il reste beaucoup à faire pour protéger les rêves des enfants du monde entier, a concédé David Beckham, star mondiale du football et Ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF.  Il faut terminer le travail entamé en 1989 et accélérer les avancées au cours des 30 prochaines années, a embrayé la Directrice exécutive de l’UNICEF, Mme Henrietta Fore.  Les droits de l’enfant, a-t-elle estimé, sont à la croisée des chemins, et les gains historiques de ces 30 dernières années doivent aller de pair avec un nouvel engagement à la hauteur de ce monde extrêmement complexe et en constante évolution. 

Si vous voulez résoudre les problèmes des enfants, écoutez-les, s’est impatientée l’actrice britannique de 15 ans et Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF, Millie Bobby Brown.  « Les entendons-nous? » s’est demandée la Vice-Secrétaire générale, avant que le Ministre de l’enfance de l’Islande ne s’insurge contre ces décideurs qui n’écoutent pas vraiment, se contentant de « coups médiatiques », alors que les enfants sont de « véritables sources d’inspiration ».  La Convention relative aux droits de l’enfant dispose en son article 12: « Les États parties garantissent à l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité ».

L’Assemblée poursuivra la commémoration du trentième anniversaire de la Convention demain, 21 novembre, à partir de 10 heures.

RÉUNION DE HAUT NIVEAU À L’OCCASION DU TRENTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT

Déclarations d’ouverture

« Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’enfance » et c’est « votre Assemblée générale », a lancé d’emblée M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE, Président de l’Assemblée générale, aux enfants et aux jeunes présents dans la salle et en ligne.  Nous sommes à l’une des nombreuses manifestations organisées à travers le monde, a-t-il ajouté.  L’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, il y a 30 ans, a rappelé le Président, a été un évènement marquant car « nos enfants ont des droits individuels ».  À cette occasion, les États ont pris des mesures pour faire respecter ces droits, protéger et autonomiser les enfants à qui l’on disait depuis trop longtemps qu’« ils doivent être vus et pas entendus ». 

Les politiques et les mesures concrètes prises, depuis lors, ont permis de diminuer les taux de mortalité infantile grâce à la réalisation progressive des droits de l’enfant et au respect des obligations consacrées par la Convention: santé, alimentation, éducation et protection.  Le Président a toutefois reconnu que beaucoup reste à faire « car tous les enfants ne profitent pas de leur enfance ».  Des millions d’entre eux continuent de se heurter à des obstacles dans la réalisation de leurs droits aux services sociaux de base.  Il a lancé un appel à la réalisation de l’objectif « Faim zéro » et s’est alarmé du fait qu’en ce moment même quelque 265 millions d’enfants ne sont pas scolarisés.  « C’est un scandale! » s’est écrié le Président, avant de souligner que la moitié des enfants scolarisés n’ont pas le niveau de lecture et de mathématiques requis, et la situation est encore plus grave dans les pays pauvres et en conflit.  Un enfant non scolarisé sur quatre, a rappelé le Président, vit dans un pays en crise ou touché par une urgence climatique. 

Dans un monde en mutation rapide, a-t-il poursuivi, il faut veiller à ce que les technologies de l’information et des communications (TIC) soient intégrées dans les programmes pédagogiques non seulement pour avoir des enfants alphabétisés mais aussi dotés d’une culture numérique.  Le Président a d’ailleurs relevé le fossé numérique « criant » entre les sexes: aujourd’hui, un milliard de filles et de femmes n’ont pas les compétences nécessaires pour réussir dans ce domaine.  La petite fille doit être au centre des priorités nationales, surtout que 650 millions de filles, dans le monde, ont été forcées de se marier avant l’âge de 18 ans.  Les mariages précoces et forcés, a-t-il martelé, sont catastrophiques pour les femmes et les filles. 

Aujourd’hui, a encore fait observer le Président, il y a plus de pays en conflit qu’il n’y en avait à l’adoption de la Convention.  Au cours de l’année écoulée, environ un milliard d’enfants ont été victimes de violences physique, sexuelle, émotionnelle ou de négligence.  Les traumatismes de l’enfance durent et c’est pourquoi, il faut veiller à une pleine mise en œuvre de la cible 16.2 du Programme 2030 qui exhorte à « mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants ».  Alors que nous inaugurons la Décennie d’action sur les objectifs du développement durable, « nous devons veiller à ce que toutes les actions en faveur de ces objectifs soient menées dans le respect des droits de tous les enfants, partout dans le monde », a insisté le Président. 

Il a rappelé aux États que « nous sommes les garants de l’avenir de nos enfants ».  Nous avons le devoir, a-t-il souligné, d’agir ensemble pour assurer non seulement leur survie, mais aussi leur épanouissement.  Se tournant vers les jeunes, il les a encouragés à ne surtout pas « baisser d’intensité » dans leurs revendications car vous comprenez mieux que quiconque les défis auxquels votre génération est confrontée.  Vous êtes descendus dans la rue pour nous demander d’agir sur le climat et sur d’autres questions qui vous tiennent à cœur.  « Laissez-moi vous dire que nous vous entendons! » a assuré le Président. 

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a déclaré que les droits énoncés dans la Convention s’appliquent à tous les enfants, dans tous les pays, indépendamment de la religion, de l’appartenance ethnique ou de la langue.  « Tous les droits pour tous les enfants », a-t-elle réaffirmé.  En dépit des progrès dont l’augmentation du taux de scolarisation, la baisse du taux de mortalité infantile et le meilleur accès à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement, la Vice-Secrétaire générale a estimé que notre tâche est loin d’être tout à fait accomplie.  Nous n’avons, s’est-elle expliquée, pas honoré notre promesse à tous les enfants du monde et beaucoup d’entre eux risquent encore d’être laissés pour compte.  Elle a parlé des enfants qui sont forcés de fuir de chez eux à cause des conflits ou des catastrophes naturelles comme les inondations ou les sécheresses.

Les enfants laissés pour compte vivent dans des bidonvilles et dans des villages isolés, sans accès à la santé.  Ils se couchent affamés et assoiffés.  Au nombre de 200 millions et plus, ces enfants risquent d’être recrutés comme enfants soldats voire par des groupes terroristes.  Ils risquent d’être sexuellement abusés, emprisonnés ou forcés de travailler comme esclaves.  Le monde compte actuellement, a affirmé la Vice-Secrétaire générale, 10 millions d’enfants esclaves, victimes de la traite ou d’autres formes de travail forcé.  Elle a mis l’accent sur les risques particuliers que courent les filles, forcées d’abandonner l’école, de se marier et d’enfanter. 

Comme l’avenir appartient aux enfants, Mme Mohammed a voulu que l’on agisse maintenant car beaucoup de ces enfants font face à un « futur sombre ».  Les 30 prochaines années poseront de très sérieux défis à la Convention: crise climatique, creusement des inégalités, technologies transformatrices et explosion du nombre de familles et d’enfants déplacés.  Dix ans avant la date butoir du Programme de développement durable à l’horizon 2030, nous ne sommes pas prêts du but, a insisté la Vice-Secrétaire générale qui a attiré l’attention sur la Décennie d’action en vue d’accélérer la réalisation des objectifs fixés.  Les enfants, a-t-elle dit, doivent être au cœur de tous nos efforts.  Travaillons avec les enfants, écoutons leurs idées et rêves car ils sont les principaux leaders de notre temps: des enfants militants, passionnés et engagés sonnent l’alerte.  « Les entendons-nous? » 

Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a salué les avancées et les progrès dans la vie des enfants depuis l’entrée en vigueur de la Convention.  Notre tâche aujourd’hui, a-t-elle mis en garde, n’est pas seulement de célébrer les avancées mais aussi de les accélérer au cours des 30 prochaines années et de terminer le travail entamé en 1989.  Aujourd’hui encore, a-t-elle rappelé à son tour, des millions d’enfants dans le monde n’ont pas accès ni à la vaccination, ni à la nutrition ni à l’éducation dont ils ont besoin.  Des millions d’enfants vivent l’horreur de la guerre et de nos jours, ils font face à de nouveaux défis qui n’étaient pas imaginables en 1989: changements climatiques, migration, sécurité sur Internet et conflits prolongés. 

Les droits de l’enfant, a estimé Mme Fore, sont à la croisée des chemins.  Les gains historiques de ces 30 dernières années doivent aller de pair avec un nouvel engagement à la hauteur de ce monde extrêmement complexe et en constante évolution.  La Directrice exécutive a invité la communauté internationale à se joindre à l’UNICEF pour traduire les mots en action, à savoir, fournir davantage de soins de santé primaires dans les communautés ou encore concevoir de nouveaux programmes pour aider les jeunes à acquérir les compétences dont ils ont besoin sur le marché de l’emploi.  Il faut aussi travailler avec le monde des affaires et les innovateurs pour développer des nouvelles technologies qui couvrent tout, de l’éducation de qualité aux tests médicaux, en passant par les certificats de naissance. 

Pour la Directrice exécutive de l’UNICEF, il est également question d’investir dans des programmes qui enseignent aux parents et aux familles à faire le bon choix en matière de nutrition, tout en travaillant avec l’industrie agroalimentaire pour assurer un meilleur accès aux aliments non transformés.  Mme Fore a aussi plaidé pour que les communautés plongées dans les conflits et/ou les catastrophes naturelles soient aidées à construire des écoles, des hôpitaux et des systèmes d’adduction d’eau résilients.  Il faut aussi, a poursuivi la Directrice exécutive, travailler avec les parties au conflit pour encourager le dialogue, le respect du droit international et la fin de la guerre.  Mme Fore a demandé à la communauté internationale de faire en sorte que chaque fille puisse aller à l’école, sans craindre un mariage ou une grossesse précoce.  Écoutons les jeunes, a-t-elle conclu, car la meilleure voie vers un avenir meilleur et durable pour tous, ce sont les investissements dans tous les enfants et la transformation de leurs droits en programmes, politiques et services dans chaque communauté, chaque pays et partout dans le monde. 

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, a tout d’abord rappelé que les conflits demeurent la plus grande menace à la réalisation des droits de l’enfant tels que définis dans la Convention.  En temps de guerre, la vulnérabilité des enfants est aggravée et ils ont, plus que jamais, besoin d’une protection urgente.  La Convention est au cœur du cadre juridique de la protection des enfants affectés par les conflits armés, a poursuivi Mme Gamba, qui a notamment évoqué ses articles 38 sur le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits armés, et 39 sur l’obligation faite aux États parties de prendre toutes les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et psychologique et la réinsertion sociale d’un enfant victime d’un conflit armé.

Cependant, a souligné Mme Gamba, les normes « sur papier » ne changent rien pour les enfants touchés par la guerre.  Ce qu’il faut, a-t-elle soutenu, c’est une pleine mise en œuvre appuyée par des lois et des politiques nationales, et des initiatives contre les violations des droits de l’enfant dans les conflits.  Mme Gamba a voulu que l’on transforme les bonnes intentions en changements réels.  « Nos enfants sont notre plus grand trésor.  Ils sont notre avenir.  Ceux qui les maltraitent détruisent le tissu de notre société et affaiblissent notre nation », a-t-elle conclu, en citant Nelson Mandela.

« Il y a 30 ans, la Convention a refaçonné la façon dont nous appréhendons les enfants et leur pouvoir », a d’emblée déclaré Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants.  « De destinataires passifs de services, les enfants sont passés à titulaires de droits dotés d’une voix ».  Observant que la Convention est l’un des instruments des droits de l’homme les plus complets et qu’elle s’applique en temps de paix comme en temps de guerre, elle a noté que cette approche holistique trouve un écho dans le Programme 2030.  En fait, a-t-elle relevé, « tout comme le Programme est un outil crucial pour réaliser les droits compris dans la Convention, les objectifs de développement durable ne peuvent être atteints si les droits inclus dans la Convention ne sont pas respectés ». 

Trente ans après l’adoption de la Convention et près de cinq ans après l’adoption du Programme 2030, des progrès se font jour dans la prévention et l’élimination de la violence contre les enfants.  Toutefois, ces progrès sont lents, « trop lents pour que nous soyons en mesure de tenir les promesses faites aux enfants du monde pour qu’ils puissent vivre à l’abri de toute violence d’ici à 2030 ». 

D’inquiétantes tendances et des défis croissants viennent menacer les avancées réalisées, a constaté Mme Maalla M’jid, évoquant pêle-mêle les changements climatiques, les conflits au long terme, les catastrophes humanitaires, le nombre grandissant des enfants migrants, les nouvelles technologies et l’essor du terrorisme et de l’extrémisme violent. 

Le coût de la violence est important non seulement pour les enfants en tant qu’individus mais aussi pour la société dans son ensemble, a souligné la Représentante spéciale.  Les enfances brisées se traduisent en familles, communautés, sociétés et nations endommagées.  De fait, a-t-elle ajouté, le coût financier de la violence faite aux enfants est immense, de l’ordre de 7 000 milliards de dollars par an. 

« Alors que nous célébrons le trentième anniversaire de la Convention cette année, nous devons défendre avec force et passion les valeurs qu’elle représente et le système dont elle fait partie », a poursuivi Mme Maalla M’jid, appelant à ce que des opportunités soient créées pour permettre aux enfants d’être associés aux décisions qui affectent leur vie et d’être de vrais agents du changement.  À ses yeux, il est urgent de mobiliser un leadership mondial en faveur des enfants et de leurs droits de mener une vie à l’abri de toute violence, dans des sociétés pacifiques, justes et inclusives.  Il importe pour cela de galvaniser l’action à l’échelle mondiale et régionale, mais en premier lieu aux niveaux national et local, et ce, afin de prévenir et combattre toutes les formes de violence contre les enfants, à commencer par les plus vulnérables. 

À cette fin, nous devons nous concentrer sur les enfants en tant que groupe distinct défini par la Convention, a-t-elle encore affirmé.  Une coopération plus efficace entre les différents acteurs impliqués dans ce domaine est également indispensable, avec à la clef des financements adéquats, une priorité donnée aux situations de grande vulnérabilité et la production de données ventilées reflétant la situation de tous les enfants, notamment ceux qui courent le risque d’être laissés pour compte.  Créer un monde exempt de violence pour les enfants implique aussi que leur participation soit reconnue et leur voix entendue. 

En conclusion, Mme Maalla M’jid a rappelé que le dernier Sommet sur les objectifs de développement durable a donné lieu à l’adoption d’une déclaration politique dans laquelle les dirigeants du monde appellent à une Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  La mise en œuvre effective du Programme 2030 est également cruciale pour la réalisation de tous les droits compris dans la Convention, a-t-elle affirmé, invitant la communauté internationale à agir « mieux et plus vite », non seulement pour les enfants d’aujourd’hui mais aussi pour le milliard d’enfants qui naîtront d’ici à 2030.  

M. LUIS ERNESTO PEDERNERA REYNA, Président du Comité des droits de l’enfant, a indiqué qu’avec 196 États parties, la Convention est un instrument mondial mais pas encore universel car un seul État manque à l’appel.  Il a donc saisi cette occasion spéciale pour inviter les États-Unis à se rallier à une Convention qui implique un changement important dans la vie des garçons, des filles et des adolescents.  Le Président a salué les États qui ont apporté des changements rapides et « surprenants » à leur législation pour l’harmoniser avec la Convention.  Il a particulièrement rendu hommage aux 51 pays qui ont répondu favorablement à l’appel du Comité visant à ce que les États s’engagent encore plus concrètement en faveur de la promotion, de la protection et de la réalisation des droits de l’enfant.  Ces 51 États, qui ont fait 200 promesses, doivent être suivis par d’autres, a souhaité le Président. 

Cela est d’autant plus important, a-t-il insisté, que des problèmes de taille persistent: pauvreté, inégalités et exclusion, criminalité, violence, châtiments corporels et humiliants, discrimination, traite, exploitation sexuelle, peine de mort, migration, conflits armés, répercussions des activités incontrôlées des entreprises, corruption, impunité et changements climatiques, a-t-il énuméré.  Aujourd’hui, a souligné le Président, après des décennies de silence imposé par les adultes, les garçons, les filles et les adolescents du monde entier ont pris en main la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, en particulier ceux affectant leur vie et leur développement. 

Le Président a parlé du mouvement « Vendredi pour le futur » et de l’action de Greta Thunberg qui montrent clairement que les enfants ne sont pas des spectateurs mais des acteurs prêts à assumer leurs responsabilités.  Ils disent: « Ne nous regardez pas, joignez-vous à nous ».  M. Reyna a rappelé qu’en son article 12, la Convention demande aux États d’écouter et de prendre en compte ce que disent les enfants.  « Nous, adultes, devons les écouter et prendre en considération leurs opinions », a-t-il répété, insistant à l’instar de Nelson Mandela sur le fait que la Convention est un « document vivant » qu’il faut relire en fonction des changements et des nouvelles réalités mais aussi de la richesse et de la diversité des enfances dans le monde. 

Au nom de la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a observé que la Convention est « à la fois un rappel et une révolution ».  Un rappel parce que les enfants n’ont pas attendu la Convention pour voir leurs droits reconnus par la Déclaration universelle des droits de l’homme et une révolution parce que la Convention a conduit les États à reconnaître que les enfants ne constituent pas un groupe homogène de personnes dépendantes mais des individus titulaires de leurs droits.  La Convention rappelle aussi que, si la famille assume une responsabilité primaire s’agissant de la protection et de l’éducation des enfants, l’État est garant de la mise en œuvre de tous les droits des enfants, a-t-elle souligné. 

Voyant un « signal important » dans le fait que la ratification de cet instrument est aujourd’hui proche de l’universalité, elle s’est félicitée que le Protocole facultatif concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants, avec ses 176 États parties, énonce des obligations juridiques fondamentales pour protéger les enfants de la vente et de l’exploitation sexuelle. 

Mme Maalla a noté à cet égard que l’étendue et la nature de la vente et de l’exploitation sexuelle des enfants ont évolué de manière significative au cours de la dernière décennie, donnant lieu à de nouvelles manifestations de ce crime atroce.  En ces temps de numérisation, le développement rapide et la diffusion des technologies de l’information et des communications (TIC), les flux migratoires et le recours croissant aux technologies de procréation assistée ont des implications de grande portée pour les enfants.  Pour la Représentante spéciale, l’un des principaux défis est la mondialisation d’Internet et l’absence d’un code d’éthique pour son utilisation.  Les autres défis affectant les enfants se rapportent aux persécutions, aux conflits, aux catastrophes naturelles et à la pauvreté, mais aussi aux mariages forcés, à l’exploitation sexuelle, au travail forcé et au recrutement dans des conflits armés. 

Trente ans après l’adoption de la Convention et 71 ans après l’adoption de la Déclaration universelle, a-t-elle constaté, le respect de la dignité et des droits des enfants continue, dans le meilleur des cas, d’être relégué à l’arrière-plan, alors qu’il devrait être ancré dans toutes les actions et les décisions. 

De l’avis de la Représentante spéciale, la vente et l’exploitation sexuelle des enfants figurent parmi les pires crimes.  Traiter les enfants comme des marchandises, nier leur individualité et leur statut de personne revient à s’en prendre à leurs droits fondamentaux.  Quand cela se produit, la probabilité est forte que les conséquences durent toute la vie, a-t-elle affirmé, ajoutant qu’au-delà du coût humain, la vente et l’exploitation des enfants ont aussi un coût social et économique. 

De fait, la dignité de l’enfant ne peut être une simple arrière-pensée, a insisté Mme Maalla.  Qu’il s’agisse d’élaborer une politique, d’adopter une loi, de concevoir un logiciel, de faire avancer la science, de bâtir un commerce ou de guider une communauté religieuse, l’impact potentiel sur les enfants doit être évalué et les droits des enfants protégés, promus et respectés, a-t-elle plaidé, ajoutant que tout développement, technologique, médical, économique ou social sacrifiant la dignité humaine ne peut être considéré comme un progrès et doit être combattu avec courage et détermination. 

Appelant à une action fondée sur une approche holistique, elle a estimé que la prévention est essentielle et doit commencer dans la recherche des causes profondes, y compris la pauvreté, les normes sociales et l’inégalité de genre.  Il est par conséquent impératif de comprendre les facteurs sociaux, culturels et institutionnels qui contribuent à la création d’un environnement dans lequel la vente et l’exploitation sexuelle des enfants sont ignorées, tolérées ou acceptées.  Il importe également de s’assurer que les enfants connaissent leurs droits, que leur avis compte et qu’ils puissent dénoncer les abus dont ils sont victimes.  À cet égard, a conclu la Représentante spéciale, la redevabilité est d’une importance cruciale et le combat contre l’impunité est une dimension importante.  « Trop souvent oublié, il doit faire partie de notre réponse aux souffrances infligées aux enfants. » 

Est-ce que le travail a été fait maintenant que 30 ans sont passés depuis l’adoption de la Convention et toutes les promesses faites aux enfants? a demandé M. ANDREW J. MORLEY, Président et Directeur général de « World Vision International » et Représentant de la Société civile.  Si le travail avait été fait, je n’aurais jamais rencontré Esther en Afrique de l’est, une victime de la mutilation génitale, violée dans l’indifférence de sa famille, forcée de se marier à un homme sept fois plus âgé qu’elle contre six vaches.  Esther a réussi à s’enfuir, sa famille l’a ramenée à son vieux mari et elle a été de nouveau violée.  Esther a seulement 8 ans!  Si le travail avait été fait, a poursuivi M. Morley, il n’y aurait pas des millions de garçons et de filles comme Esther, victimes d’abus et de discrimination, ravagés par la pauvreté et les conflits, avec des rêves et un avenir en mille morceaux. 

Nous tous ici avons quelques leviers de pouvoir que nous pouvons actionner pour faire la différence et combler les lacunes.  Les lois doivent être appliquées, les ressources doivent être trouvées, les investissements faits dans la santé, l’éducation, les services sociaux et le maintien de l’ordre.  Nous devons écouter et autonomiser les enfants et travailler ensemble pour Esther et les millions d’autres comme elle. 

Segment interactif

Passant le relais à New York depuis Genève après trois jours de festivités, Mme MICHELLE BACHELET, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a lancé un appel à l’action pour protéger les enfants de l’exploitation et des abus.  Nous devons agir pour que les enfants soient autonomisés et qu’ils puissent se faire entendre et être à l’abri des attaques physiques ou autres formes d’abus.  Pour des millions d’enfants, s’est-elle alarmée, à son tour, l’enfance est encore synonyme de privation, de misère, d’exploitation et de violence.  La Haut-Commissaire a attiré l’attention sur deux « nouveautés » qui ont des répercussions sur les droits de l’enfant: l’énorme changement dicté par la technologie numérique qui a libéré et émancipé les enfants en tant qu’acteurs du changement mais qui les a aussi exposés aux brimades et aux intimidations.  Les outils numériques peuvent aussi favoriser l’exploitation, y compris sexuelle. 

Mme Bachelet a attiré l’attention sur le fait que les enfants d’aujourd’hui veulent participer à la recherche des solutions à leurs problèmes.  Après trois jours de festivités ici à Genève, la conclusion est qu’il faut une action plus robuste pour protéger les enfants et leur céder la place qui leur revient autour de la table, en tant que défenseurs des droits de l’homme et acteurs du changement, a indiqué la Haut-Commissaire.  Elle a plus particulièrement plaidé contre la violence et les conflits pour en finir avec des situations qui empêchent des millions de filles et de garçons de bénéficier d’une éducation et d’une santé de qualité.  Elle a dénoncé les retards dans la réalisation des objectifs de développement durable et s’est félicitée en conséquence des engagements que viennent de prendre des dizaines d’États. 

DAVID BECKHAM, ex-star du football et Ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF, a évoqué son enfance dans l’est de Londres, quand il rêvait d’être footballeur professionnel.  J’ai travaillé dur et, contrairement à d’autres enfants, j’ai eu le soutien de ma famille, de mes enseignants et de mes proches, a raconté l’ancienne star qui œuvre depuis 2001 aux côtés de l’UNICEF.  David Beckham dit avoir rencontré des enfants aux histoires différentes de la sienne et qui demandent tous des changements dans leur vie quotidienne.  En Indonésie, a-t-il dit, les enfants voulaient être à l’abri du harcèlement sur le chemin de l’école.  En Afrique du Sud, ils voulaient être préservés du VIH/sida. 

L’Ambassadeur de bonne volonté a salué les efforts de l’UNICEF mais, a-t-il prévenu, il reste beaucoup à faire pour protéger les rêves des enfants du monde entier.  Il a dit avoir beaucoup appris de sa fille qui déploie détermination et passion pour la protection de la planète.  David Beckham a demandé à tous les enfants de se cultiver et d’exiger toujours plus de la société et aux dirigeants du monde, il leur a demandé de saisir l’occasion de cette commémoration pour prendre de nouveaux engagements, en particulier celui à mieux les écouter et à protéger leurs rêves.

Les enfants montent à la tribune pour l’action climatique, humanitaire et éducative

Plus jeune Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF, l’actrice britannique de 15 ans, MILLIE BOBBY BROWN, a prévenu que les jeunes ne veulent plus que les adultes parlent en leur nom.  La jeune fille a parlé du harcèlement et harcelée elle-même à l’école et sur Internet, elle a dit avoir tenu grâce au soutien de ses proches.  Tout le monde n’a pas cette chance, a-t-elle avoué, en rappelant que le harcèlement peut pousser les enfants et les jeunes au stress voire au suicide.  « Vous n’êtes pas seuls », a-t-elle lancé à tous les jeunes du monde.  Millie Bobby Brown est aussi revenue sur la visite que Greta Thunberg a effectuée en septembre dernier, à l’ONU pour « demander des comptes aux dirigeants du monde et susciter l’action climatique ».  C’est un défi, a-t-elle souligné, qui unit les enfants et les jeunes parce que les changements climatiques peuvent saper des décennies de progrès si rien n’est fait. 

Nous devons agir aujourd’hui et pas demain, a dit à sa suite DANTE VERGARA, jeune activiste chilien de 11 ans, qui milite pour l’action climatique.  Il a attiré l’attention sur la chaîne qu’il a créée sur YouTube pour faire connaître la nature aux jeunes et susciter l’action climatique pour protéger le monde dont les enfants vont hériter. 

Le jeune chanteur de 23 ans, SKIP MARLEY a ensuite interprété une chanson avec Amrit Kaur Lohia et la chorale de l’École publique PS22.

Après que la Directrice exécutive de l’UNICEF a décrit la réalité de la guerre pour des millions d’enfants, NANSE MOHAND GHANAN, jeune réfugiée syrienne de 13 ans qui vit aux États-Unis, a parlé au nom des autres enfants réfugiés.  « Je viens d’un pays où tous les bâtiments sont détruits au lieu d’être construits, où le bruit vient des bombes et pas des feux d’artifice.  Je viens de la Syrie.  Je suis née en pleine guerre et je n’ai pas pu aller à l’école.  La nourriture était chère et le travail, difficile à trouver.  Avec l’aide de l’Organisation internationale des migrations (OIM), j’ai pu fuir en Jordanie où j’ai très vite réalisé que laisser ses amis et ses proches est plus dur que je ne l’imaginais.  D’autres organisations nous ont aidés ici mais je n’ai jamais oublié les enfants qui sont restés là-bas.  Donnez-leur le droit de « vivre comme des enfants », a supplié la jeune fille. 

Pour tous les enfants réfugiés, déplacés, handicapés ou « piégés par les erreurs des adultes », WOLE SOYINKA, Prix Nobel 1986 de littérature, a lu un poème célébrant l’enfance, « seul lien qui nous unit tous ». 

Le chanteur, parolier, animateur de télévision et acteur chinois de 19 ans, ROY WANG, Ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF, a rappelé aux enfants que c’est l’éducation qui est le gage de leur avenir.  Il s’est réjoui qu’en Chine, la scolarisation des enfants se soit nettement améliorée, ces 30 dernières années, surtout pour les filles.

Activiste laotien de 15 ans, PANYPHORN VONGMALA a plaidé pour l’accès des enfants à la technologie, un moyen d’exploiter leur potentiel.  Il a voulu des investissements massifs dans les technologies de l’information et des communications chez lui et partout ailleurs dans le monde. 

Table ronde sur le thème « Ne laisser aucun enfant pour compte: Pour chaque enfant, tous ses droits »

Nous sommes à la « croisée des chemins » s’agissant des droits de l’enfant, a déclaré l’actrice britannique et Ambassadrice de bonne volonté de l’UNICEF, MILLIE BOBY BROWN, qui, à l’instar de plusieurs jeunes participants à la table ronde, n’a cessé de réclamer que l’on écoute les enfants.  Le monde doit écouter les enfants pour pouvoir répondre aux problèmes dont ils vont hériter. 

La Convention garantit à « l’enfant qui est capable de discernement le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant, les opinions de l’enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité ».  La table ronde était animée par Jade Dixon, une jeune newyorkaise de 13 ans, qui s’est réjouie de la diversité des participants. 

Venue d’un pays qui est sorti des « horreurs de la guerre » il y a 25 ans, Amila Alikadic, de la Bosnie-Herzégovine a décrit comment les jeunes s’appliquent à créer un mouvement pour ne pas être négligés mais inspirés et pour ne pas seulement s’inspirer mais inspirer.  « Aidez-nous à avoir un avenir chez nous et pas à l’étranger », a-t-elle exhorté.  La violence n’est pas la solution, parlons et écoutons.  Activiste de l’éducation, la jeune fille de 16 ans a dénoncé le décalage entre le comportement des adultes et les réalités actuelles: à l’ère numérique, peut-on vraiment punir les enfants lorsqu’ils ont de mauvaises notes?

Comment faire avancer la cause des enfants?  Amira Bah Ahmadou, jeune parlementaire camerounaise de 13 ans, a parlé du Parlement des enfants ou « députés juniors » comme un cadre permettant aux enfants de mieux connaître leurs droits et d’échanger avec les gouvernements sur des questions pertinentes.  Moi, a-t-elle confié, je parle de l’enregistrement des naissances, « la preuve tangible de l’existence d’un enfant », car au Cameroun « les chiffres nous parlent »: un enfant sur trois de moins de 5 ans n’a pas d’acte de naissance, ce qui veut dire que plus de 40 000 enfants n’ont pas pu, l’année dernière, passer les examens de la fin du cycle primaire, dans ma région.  Sans acte de naissance, ces enfants n’auront ni carte d’identité ni citoyenneté « puisqu’ils n’existent pas ». 

Moi mes questions, ce sont la sensibilisation à la prévention du VIH/sida, la santé physique et l’assainissement, a poursuivi Hans Aboua, jeune reporter ivoirien.  Aucun enfant ne devrait comme moi perdre un frère, a-t-il plaidé.  « Loïc est né avant terme et n’a vécu que 10 jours par manque de couveuse. »  Vice-Président du club santé de son école, Hans Aboua a revendiqué le droit de faire entendre sa voix sur les problèmes qui touchent directement les enfants.  Il a invité les décideurs à faire du respect des droits de l’enfant une priorité, surtout ceux des droits à la santé et à la vie. 

Venue de la République de Macédoine du Nord, Jane Velkosvki, handicapée et joueuse de football a dit: c’est le sport qui m’a fait tenir pendant mon traitement et qui m’a fait connaître des célébrités.  « Moi, je pense que je suis l’égale de tous même dans ma chaise roulante », a-t-elle affirmé, en s’avouant tout de même « embêtée » par les problèmes d’accessibilité qui l’empêchent d’aller où elle veut.  Mettez fin à cette discrimination, a-t-elle lancé aux adultes. 

Le jeune ukrainien Volodymyr Charushyn, malentendant, a dit avoir créé le projet « Entendre avec le cœur » pour répondre aux besoins des jeunes atteints de troubles auditifs et assurer leur autonomie sociale, économique et financière.  Ayant créé un abécédaire en bois et en papier, il a dit attendre des propositions pour mettre en œuvre les idées des jeunes.

L’innovation industrielle peut être un allié solide, a commenté le Directeur général de GMSA, Mats Granryd, dont l’engagement est tout entier focalisé sur l’enfant.  Il a vu dans la téléphonie mobile un véritable espoir d’autant qu’il existe plus de 5,2 milliards de téléphones mobiles dans le monde contre 7 millions, il y a 30 ans.  La technologie mobile offre la possibilité de créer des passerelles, notamment pour l’enregistrement des naissances.  Les opérateurs mobiles ont ainsi contribué à l’enregistrement de plus de 4 millions de naissances dans plusieurs régions.  Il faut faire davantage et de façon plus inclusive, a-t-il admis, en invitant les enfants à dire comment ils envisagent l’apport de ces technologies.  Le Ministre des affaires sociales et de l’enfance d’Islande, M. Asmundu Einar Daoason, s’est impatienté devant ces décideurs qui n’écoutent pas vraiment, se contentant de coups médiatiques.  « Il faut que ça change » et d’ailleurs l’Islande est en train de réformer toutes ses structures publiques pour y inclure systématiquement les enfants « véritables sources d’inspiration ». 

On a fait des progrès dans la manière dont on travaille avec les jeunes, s’est félicitée la Secrétaire générale de « Child Fund Alliance », Mme Meg Gardiner.  Elle a parlé d’un jeune reporter qui a créé une radio écoutée, aujourd’hui, par plus de deux millions d’auditeurs.  Les jeunes doivent « se lever tôt » et persévérer pour faire bouger les choses.  Nous, a dit le Vice-Président du FC Barcelone et la Fondation Barça, Jordi Cardoner, nous travaillons depuis 13 ans maintenant, avec plus de 1,5 million d’enfants dans 58 pays autour de l’axe « sport-développement », en coopération avec l’UNICEF.  Ce partenariat est devenu une référence dans le monde du sport, s’est-il enorgueilli.  Partant du constat que les enfants ne sont pas « coupables » de la situation mondiale, il a demandé à Jane Velkosvki, handicapée et joueuse de football, ce qui l’inspire dans le football.  L’esprit d’équipe, a-t-elle répliqué sans hésitation.  Le Représentant permanent de la Bulgarie et Coprésident du Groupe des Amis des enfants et des objectifs de développement durable a demandé aux enfants comment mettre fin à la violence.  Travaillons ensemble, a conseillé Amila Alikadic, de la Bosnie-Herzégovine, qui, une nouvelle fois, a dénoncé les châtiments corporels. 

Débat général

M. DADASON, Ministre des affaires sociales et de l’enfance d’Islande, a rappelé que la Convention est l’instrument des droits de l’homme le plus largement ratifié au monde.  À cet égard, a-t-il relevé, l’un des membres du groupe nordique, la Suède, a été l’un des premiers pays à la ratifier.  Les pays nordiques sont fiers d’avoir intégré les principes généraux, les droits et les obligations contenus dans la Convention dans leurs législations, a-t-il dit, ajoutant que ces principes doivent devenir une réalité pour tous les enfants, quels que soient leur situation et leurs besoins. 

S’agissant de la protection des enfants, le Ministre a noté que les pays nordiques ont insisté sur l’importance cruciale d’avoir les bonnes réponses lorsque les enfants sont victimes de violences sexuelles ou d’autres graves violences.  Dans tous les pays nordiques, a-t-il précisé, le modèle Barnahus, ou Maison des enfants, a été mis en œuvre et permet aux enfants de recevoir tous les services dont ils ont besoin dans un même lieu. 

À l’occasion du trentième anniversaire de la Convention, a poursuivi le Ministre, le Conseil des Ministres nordiques a choisi de mettre l’accent sur les droits de l’enfant, le but étant de faire de la région un lieu idéal pour grandir.  En janvier prochain, des enfants de toute la région se réuniront à Copenhague pour discuter de leurs droits et surtout de leur participation et de leur implication dans les processus de prise de décisions.  Ce forum des enfants nordiques rassemblera enfants et responsables gouvernementaux pour développer plus la coopération sur les droits de l’enfant. 

À titre national, le Ministre a indiqué qu’en prenant ses fonctions ministérielles, il savait que son action devrait se concentrer sur le bien-être et les droits de l’enfant.  Il savait aussi que si la situation était plutôt satisfaisante en Islande, les choses pouvaient aller mieux.  Il a estimé à cet égard que, pour créer un environnement favorable aux enfants, ces derniers doivent pouvoir jouir des droits consacrés par la Convention dans leur vie de tous les jours, que ce soit chez eux, à l’école ou partout ailleurs. 

Pour les 30 ans de la Convention, le Gouvernement islandais a également décidé, en plus d’un examen complet des services dédiés aux enfants et à leurs familles, de lancer une coopération avec l’UNICEF afin de promouvoir la Convention et les activités des autorités locales.  Par ailleurs, a indiqué le Ministre, nous allons élaborer un système de mesures systématiques à l’aide d’un tableau de bord développé avec le concours de l’UNICEF et la ville de Kopavogsbaer.  Les municipalités pourront ainsi analyser des statistiques sur le bien-être des enfants en vue de prendre des mesures vers une plus grande égalité et pour l’intérêt supérieur de l’enfant, conformément à l’article 3 de la Convention. 

Mme PAULINE IRENE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a rappelé que son pays a ratifié le 11 janvier 1993 la Convention ainsi que des lois incriminant la violence à l’égard des enfants.  La Ministre a également évoqué les multiples innovations, notamment dans le domaine de la justice, lesquelles proposent des plans alternatifs à la détention.  En matière de santé, elle a évoqué l’élargissement de la couverture vaccinale ainsi que le Plan d’action de lutte contre les mutilations génitales.  Elle a parlé de la mise en place de la chirurgie réparatrice.  De même, la prise en charge de la fistule obstétricale, qui touche de nombreuses jeunes mères, est gratuite.  Dans ce contexte, Mme Nguene a évoqué la campagne menée contre les mariages précoces. 

Sur un autre registre, elle a évoqué une campagne d’aide aux quelque 2 000 enfants des rues ainsi que les différentes formations pour leur réinsertion dans la société.  La Ministre a aussi parlé de l’enregistrement des naissances et des mesures de discrimination positive pour les enfants handicapés.  Pour finir, elle a abordé les programmes de déradicalisation et de réinsertion des enfants victimes de la secte Boko Haram. 

Mme PRISLA KOHO, Ministre de la promotion et de l’intégration de la femme au développement, chargée de la lutte contre les violences faites aux femmes du Gabon, a indiqué qu’en ratifiant, le 9 février 1994, la Convention, son pays a pris la pleine mesure de ses engagements.  Pour le Gabon, a-t-elle dit, la protection des enfants et la réalisation des objectifs de développement durable vont de pair, étant donné que ces derniers ne seront atteints que si les peuples, dont les enfants constituent un des maillons, bâtissent ensemble un avenir plus juste, plus pacifique, plus prospère et plus sûr.  Le Gabon a ainsi harmonisé sa législation afin de donner un effet direct à la Convention et à ses trois Protocoles facultatifs.  Par ailleurs, le Code pénal récemment actualisé intègre les dispositions pertinentes du Protocole de Palerme visant notamment la répression des infractions commises contre les enfants. 

Sous l’impulsion du Président Ali Bongo Ondimba, a poursuivi la Ministre, le Gabon a pris un large éventail de mesures en matière d’éducation, de santé, de couverture sociale en vue de rendre opérationnel le bloc juridique et institutionnel en faveur de la protection des droits de l’enfant.  D’après les évaluations de cette action, il ressort que le taux de scolarisation atteint 98% et celui d’alphabétisation 96%.  De plus, le respect de l’égalité des sexes dans la scolarisation est obligatoire.  Sur le plan de la santé, Mme Koho a fait état de soins prénatals et postnatals gratuits pour toutes les femmes, d’une couverture vaccinale infantile très large et de l’éradication de maladies telles que la poliomyélite.  Elle a, d’autre part, indiqué que l’interdiction des mariages précoces ou forcés est effective et que, sur le plan institutionnel, des sous-comités consacrés aux droits de l’enfant ont été créés au sein des deux chambres du Parlement. 

M. BOUNSAVAD BOUPHA, Vice-Ministre de la justice de la République démocratique populaire lao, a rappelé que l’ambition de son pays, dans le cadre de la Vision 2030, est d’éliminer la pauvreté et de sortir de la catégorie des pays en développement.  Il a ensuite décrit les points principaux de « Lao Generation 2030 » en faveur de l’enfance, un programme visant à développer le capital humain, par l’élimination de la pauvreté.  Le programme se concentre sur le suivi des enfants tant du point de vue de la santé publique que de l’incitation aux changements de comportements néfastes et dangereux.  Il accorde une attention spéciale à l’égalité des genres et vise à renforcer le système des statistiques nationales pour assurer un contrôle solide. 

Une déléguée de la jeunesse a présenté les souhaits de sa génération pour 2030: ordinateurs et connections Internet pour l’apprentissage en ligne, amélioration des maternités et des services pédiatriques gratuits, cantines scolaires gratuites pour tous les enfants, et promotion du recyclage dans les écoles et tous les lieux publics. 

Mme LYDIA MAI SHERMAN (Libéria) est revenue sur certaines des mesures prises par son pays.  En 2011, une loi sur la réforme de l’éducation a été adoptée, puis en 2012, une autre sur les enfants.  En 2014, le pays a lancé un Plan d’action quinquennal contre la traite des personnes, y compris les enfants.  Le Libéria met vigoureusement en œuvre une loi sur le travail décent, qui prévient les pires formes de travail des enfants.  Enfin, un forum représentatif des enfants a été mis en marche pour que les enfants puissent plaider leur cause.  À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, des conférences de presse et des émissions radios animées par des enfants ont été organisées dans le pays, a expliqué Mme Sherman, qui a conclu par une citation de Nelson Mandela « il ne peut y avoir aucune illustration plus réelle de l’âme de la société que la façon dont elle traite ses enfants ».

Mme ANA LIMA, Secrétaire d’État aux services sociaux d’Espagne, a fait savoir que près de 5 000 garçons et filles espagnols ont présenté lundi, à l’issue d’un processus participatif, les conclusions de leur « excellent travail » sur l’application de la Convention, pointant ses réussites et les défis qui restent à relever.  La création d’un conseil national de participation des enfants est, d’ores et déjà, à l’étude, après la proposition qu’ils ont faite à la Commission de l’enfance du Congrès des députés.  Ces derniers mois, le Gouvernement a également lancé des politiques en faveur de l’égalité des chances et un haut-commissariat à la lutte contre la pauvreté infantile, a ajouté la Secrétaire d’État, qui s’est elle-même concentrée sur le programme VECA, dont l’objectif est de rendre effectif le droit à l’alimentation et l’accès à des activités culturelles et de loisirs.  En outre, la prestation sociale annuelle par enfant a été augmentée. 

D’autre part, Mme Lima a indiqué qu’un avant-projet de loi organique de protection intégrale de l’enfance et de l’adolescence contre la violence est bien avancé, suivant ainsi les recommandations du Comité des droits de l’enfant à l’issue de l’examen des rapports périodiques de l’Espagne.  De plus, une campagne de sensibilisation vient d’être lancée dans tout le pays.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. MONCEF BAATI (Tunisie) a indiqué que, depuis l’adoption de la Convention, l’Afrique a adopté plusieurs accords allant dans le sens du bien-être de l’enfant.  Il a salué les progrès que le continent a connus, avant de plaider pour le renforcement de la coopération technique avec la communauté internationale dans le secteur de l’éducation.  Il a aussi rappelé que les États d’Afrique ont lancé une campagne pour mettre fin au mariage des enfants et que les dirigeants du continent se sont également engagés à mettre fin aux mutilations génitales féminines. 

M. Baati a reconnu que beaucoup reste à faire en Afrique pour l’essor de l’enfant, soulignant que l’instabilité politique, les crises financières et économiques, les changements climatiques et le manque de fonds rendent difficiles la construction des infrastructures et la mise en place d’un environnement favorable aux besoins des enfants africains, notamment ceux souffrant de handicap.  Les enfants africains souffrent également des conflits armés.  Il a appelé la communauté internationale à œuvrer pour la protection et le bien-être de l’enfant africain, et partant, de contribuer à l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes d’ici à 2020 ». 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a tout d’abord souligné que tous les membres de l’ASEAN ont ratifié la Convention et a mis en exergue les progrès réalisés dans le monde.  Malgré ces progrès, des millions d’enfants continuent quotidiennement d’être menacés par la pauvreté, la faim, les maladies, le manque d’éducation et les discriminations basées sur le genre.  La violence et les abus à l’encontre des enfants restent des problèmes majeurs, comme le harcèlement et le cyberharcèlement.  M. Dang Dinh Quy a recommandé le renforcement des efforts pour la promotion des droits de l’enfant.  Il a notamment souligné la nécessité de renforcer les capacités nationales des États membres et attiré l’attention sur le fait que l’ASEAN a publié quatre documents officiels sur les droits de l’enfant en 2019.  Le représentant a conclu en rappelant l’existence du Plan d’action 2016-2025 de l’ASEAN pour l’élimination de la violence à l’égard des enfants et du Forum des enfants de l’ASEAN.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme KEISHA McGUIRE (Grenade) a reconnu que rien n’était plus important que de veiller à ce qu’aucun enfant ne soit laissé pour compte et que la protection des droits de l’enfant et de ses intérêts soit assurée.  La CARICOM, a-t-elle dit, a développé son propre cadre de protection des droits de l’enfant qui a pour mission de mettre totalement en œuvre les droits à la santé et à l’éducation, particulièrement durant la petite enfance; de renforcer les efforts pour prévenir et protéger les enfants de la violence, des négligences, de l’exploitation et du travail forcé; de lever les barrières empêchant les enfants d’accéder aux ressources naturelles pour leur survie, leur croissance et leur développement; de protéger les enfants des conséquences des catastrophes naturelles et des urgences humanitaires, y compris les migrants et les enfants handicapés; et d’inclure les besoins des enfants dans l’adaptation aux changements climatiques.

En conséquence, en avril 2018, l’UNICEF et l’Agence caraïbe de gestion d’urgence des catastrophes (CDEMA) ont signé un mémorandum d’accord pour coopérer davantage.  Ce mémorandum prévoit d’augmenter les capacités des gouvernements et des organisations régionales pour promouvoir la résilience climatique et les réponses aux chocs dans les domaines de l’eau, de la protection, de l’hygiène, de l’éducation, des services psychosociaux et de la protection sociale.

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a réaffirmé que la Convention et ses protocoles facultatifs forment les normes internationales de base pour la promotion et la protection des droits de l’enfant.  Guidée par ces principes, l’UE coopère avec le Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes sur deux projets de résolution relatifs aux droits de l’enfant: l’un sera présenté en mars, durant la séance du Conseil des droits de l’homme, et l’autre l’a été devant la Troisième Commission. 

Saluant l’adoption par consensus du projet de résolution présenté à la Troisième Commission sur les enfants privés de protection parentale, M. Gonzato a expliqué que ce projet donnerait un ensemble de recommandations clefs pour empêcher la séparation des enfants de leurs familles lorsque cela n’est pas nécessaire.  Il exhorterait les États à assurer l’exercice des droits de l’enfant par des actions concrètes.  Pour l’UE, la protection de ces droits est un engagement central de sa politique intérieure comme extérieure.  Conformément au Programme 2030, l’UE s’est engagée à faire en sorte que tous les enfants bénéficient de cette politique, avec une attention spéciale à ceux qui se trouvent dans une situation désavantageuse, vulnérable ou marginale. 

Notant que les conflits armés, la pauvreté, les catastrophes naturelles ou d’origine humaine et les déplacements impactent en premier les enfants, l’UE s’est engagée dans la prévention de la violence, y compris les violences sexuelles et les mauvais traitements, l’enrôlement et l’utilisation des enfants, et pour la réinsertion des enfants qui ont appartenu à des groupes ou forces armés.  En 2019, plus de 64 millions d’euros d’aide humanitaire de l’UE ont été alloués à des activités de protection de l’enfance. 

Cependant M. Gonzato a voulu que l’on réfléchisse aux tendances globales affectant les droits de l’enfant comme les technologies numériques, l’intelligence artificielle ou les médias sociaux; les changements climatiques; la dégradation de l’environnement; les migrations; et la nouvelle nature des conflits armés.  Si les nouvelles technologies apportent des opportunités pour faire progresser le bien-être des enfants, elles comportent également des risques.

MAYLEEN BRAQUETTI vient de fêter ses 9 ans et dit avoir de la chance d’être une citoyenne de Monaco.  Comme chaque année, a-t-elle poursuivi, mon pays se mobilise pour l’anniversaire de la Convention.  Depuis plusieurs jours et comme chaque année depuis 20 ans, des milliers de personnes courent pour la « No Finish Line », qui permet à des enfants d’être opérés à Monaco et accueillis dans des familles.  Je sais, a dit Mayleen, qu’il y a des enfants qui ne sont pas libres comme moi et qui n’ont pas ce que j’ai.  Monaco m’a donné son identité mais je sais que, dans le monde, beaucoup d’enfants ne sont pas enregistrés à leur naissance. 

Sans nom et sans nationalité, ils ne sont pas reconnus, et ne peuvent pas voir de médecin ni aller à l’école, où moi je peux apprendre le « coding » et me sentir en sécurité.  Dans mon pays, a-t-elle poursuivi, je n’ai pas à m’inquiéter des dépenses médicales.  Je n’ai pas non plus à m’inquiéter pour mon éducation ou ma sécurité.  Globalement, je peux toujours faire ce que fait un enfant et c’est pourquoi pour ce trentième anniversaire de la Convention, j’espère, a conclu Mayleen, que tous les enfants pourront faire comme moi.

SONYA RASHKOVAN, jeune de l’Ukraine, a reconnu que les technologies numériques et Internet peuvent aider à résoudre certains des problèmes auxquels les jeunes font face, citant les changements climatiques, la pauvreté ou les inégalités.  Toutefois, elle s’est inquiétée des risques induits, dont les violations du droit à la vie privée des enfants, puisque leurs informations personnelles peuvent être exploitées par des marques commerciales ou les services de l’État, dont les pratiques échappent à toute régulation dans la plupart des régions du monde.  « Il faut changer cela », a lancé la jeune fille.  Les enfants savent encore moins que les adultes que leurs activités en ligne sont enregistrées en permanence, a-t-elle ajouté, s’inquiétant de devenir une cible pour des entreprises et des politiciens, ce qui affecterait ses choix démocratiques.  Les droits numériques des enfants sont violés alors qu’ils sont aussi importants que tous les autres droits qui leur sont garantis.  « Je veux être propriétaire de mes données, avoir le droit de les utiliser et avoir le droit de les effacer », a-t-elle asséné, appelant les jeunes à s’unir pour protéger leurs droits numériques. 

M. AKRAM (Pakistan) a décrit les multiples progrès réalisés depuis l’adoption de la Convention, dont le Pakistan a été l’un des premiers signataires.  Mais il a aussi déploré les défis toujours présents: le milliard d’enfants toujours touchés par la pauvreté, la malnutrition; les inégalités d’accès à l’éducation; les risques d’épidémie; l’avenir incertain de la planète en raison des changements climatiques; et les nouveaux dangers qu’encourent les enfants sur Internet.  Autant de problèmes qui, selon lui, doivent être abordés pour réaliser pleinement le Programme 2030 et assurer la protection des droits de tous les enfants. 

Une jeune fille des Maldives a indiqué que la ratification quasi universelle de la Convention est la preuve de l’engagement à ne laisser personne pour compte.  Les Maldives viennent d’ailleurs de ratifier le troisième Protocole facultatif de la Convention et ont adopté une loi sur les droits de l’enfant à l’éducation, à la sécurité et à la sûreté.  Un médiateur pour les enfants sera aussi désigné à la Commission nationale des droits de l’homme.  La jeune fille a mis l’accent sur l’attention portée aux besoins spécifiques des garçons et des filles dans son pays, y compris les enfants handicapés. 

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a fait remarquer que, peu après l’adoption de la Convention, le monde a été témoin de l’un des pires épisodes de l’Histoire de l’humanité: le génocide de 1994 contre les Tutsis.  Les enfants et les jeunes de moins de 24 ans en ont été les principales cibles, soit 53,7% des victimes.  Quant aux enfants qui ont survécu, ils ont eu du mal à surmonter cette expérience, hantés par les cauchemars, les problèmes de santé et les traumatismes psychiques.  Le Gouvernement, qui a mis fin au génocide, a élaboré des politiques et mis en place des institutions comme la Commission nationale pour les enfants, l’Observatoire des droits de l’enfant ou encore la politique intégrée sur les droits de l’enfant.  En outre, l’enregistrement des naissances est garanti, 99% des enfants de moins de 5 ans sont vaccinés, 84% des ménages sont couverts par le plan d’assurance santé dans un pays qui affiche l’un des taux de scolarisation les plus élevés au monde avec 97%.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a affirmé que son pays a érigé en priorité le droit à l’éducation et aidé environ 10 millions d’élèves dans le monde par le biais de son initiative « L’éducation d’abord ».  Le Qatar a aussi versé à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) une somme de 50 millions de dollars pour l’éducation des réfugiés palestiniens en Jordanie, à Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem-Est, en Syrie et au Liban.  D’autre part, 77 millions de dollars ont permis la consolidation de la paix et la réinsertion des enfants soldats au Darfour.  Une autre somme de 7,5 millions de dollars a été consacrée à quelque 3,25 millions d’enfants yéménites et à la lutte contre le choléra.  Le Qatar contribue également, en partenariat étroit avec l’UNICEF, au projet visant l’amélioration de l’assainissement et l’aménagement en eau dans les écoles et centres de santé primaire en Iraq. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a déclaré que dans son pays, les défis tels que le harcèlement, la traite des enfants et les violations de leurs droits dans les zones de conflit font partie des questions urgentes sur lesquelles le Gouvernement entend agir.  En Indonésie, l’on estime que la protection de l’enfance commence au sein de l’unité sociale de base qu’est la famille.  Les politiques tendent donc à l’essor de la famille, avec l’accès de la mère et de l’enfant à la santé, l’accès à une éducation de qualité et l’autonomie économique. 

M. GEORG HELMUT ERNST SPARBER (Liechtenstein) a regretté qu’à ce jour la Convention ne soit pas encore universelle et ni pleinement mise en œuvre.  En effet, a-t-il fait observer, chaque jour des millions d’enfants continuent de souffrir de violations de leurs droits, en particulier les filles.  Un enfant sur quatre ne va pas à l’école et près d’un enfant sur cinq vit dans un pays en conflit.  Le représentant a rappelé les frissons d’horreur qui ont provoqué en lui les milliers de cartables installés dans les jardins des Nations Unies pour symboliser les enfants qui ont perdu la vie pendant l’année, dans des conflits « insensés ».  Il a aussi parlé des 50 millions d’enfants réfugiés dans le monde.  Nous n’avons peut-être jamais été aussi éloignés de l’esprit de la Convention, a-t-il asséné, étonné des questions sur le droit des enfants de se brosser les dents ou s’ils peuvent être séparés de leurs parents sans procédure régulière.  Priver les enfants de leurs droits, c’est les réduire au silence et ce cercle vicieux peut être combattu, en reconnaissant à l’enfant une voix et des droits. 

Le Liechtenstein, a conclu le représentant, a ratifié le troisième Protocole facultatif de la Convention pour permettre aux enfants d’être les acteurs du changement, des enfants qui atteindront l’âge adulte quand les objectifs de développement durable sont censés être atteints.  Ces enfants, a-t-il prévenu, nous tiendront pour responsables de notre incapacité à tenir nos promesses. 

Pour Mme JOANNA WRONECKA (Pologne), il ne fait aucun doute que l’adoption de la Convention a transformé la vie des enfants: la mortalité infantile a été réduite de moitié depuis 1990, de même que la proportion d’enfants malnutris.  Les enfants ont commencé à être des agents du changement, ce qui est peut-être encore plus important.  Mme Wronecka s’est réjouie de voir des filles et des garçons déterminés à lutter pour le droit à l’éducation pour tous ou pour un environnement propre.  Les enfants ont souvent le courage de dire tout haut ce que l’on pense tout bas.  En ce trentième anniversaire, a poursuivi la représentante, il faut regarder la vérité en face: les droits de millions d’enfants sont encore violés chaque jour dans le monde.  Les enfants sont aussi souvent les plus touchés par la pauvreté, le manque de logement, la négligence, les inégalités d’accès à l’éducation, en particulier les enfants qui vivent dans des situations vulnérables, comme les handicapés, trop souvent laissés pour compte.  La protection des enfants est la priorité de la Pologne durant son mandat au Conseil de sécurité, a assuré la représentante, et il en sera de même durant son mandat au Conseil des droits de l’homme en 2020-2022. 

M. JÜRG LAUBER (Suisse) s’est alarmé de ce que beaucoup d’enfants ne soient pas scolarisés, subissent toutes sortes de violence et de discrimination, d’abus, de négligence, ou soient privés de liberté.  Pour renforcer la mise en œuvre des recommandations du Comité des droits de l’enfant en Suisse, le Gouvernement a adopté un ensemble de mesures en faveur notamment de la protection des enfants contre la violence, du respect des droits des enfants placés ou des enfants dont un parent est privé de liberté.  Le représentant a souligné que les enfants ne sont pas seulement des êtres vulnérables qui ont besoin de notre protection.  Comme les récentes grèves du climat l’ont bien illustré, les enfants sont aussi des acteurs et des agents du changement.  Il est donc de notre devoir de prendre en compte leurs demandes et leurs idées novatrices.  Enfin, le représentant a souligné l’importance de la collaboration avec la société civile ainsi qu’avec tous les mécanismes onusiens pour le respect, la promotion et la protection des droits de l’enfant.

M. MASUD BIN MOMEN (Bangladesh) a fait part de l’attachement inébranlable de son pays à la promotion et la protection des enfants.  Il a indiqué que sous l’égide de son gouvernement, une campagne de lutte contre la maltraitance, la traite des enfants et l’élimination des violences qui leur sont faites a, d’ores et déjà, porté ses fruits.  Il a également évoqué les efforts consentis dans le domaine de la santé ainsi que l’approche visant à retirer les enfants des lieux de travail dangereux et de les réinsérer dans la société.  Le Bangladesh, a dit le représentant, espère qu’en 2021, l’année de la célébration du cinquantième anniversaire de son indépendance, il sortira de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), pour pouvoir offrir un meilleur avenir à ses enfants.  Le représentant s’est par ailleurs félicité du prix que l’UNICEF a décerné à son pays pour la mise en valeur des jeunes.  Pour nos efforts dans le domaine de la vaccination, nous avons reçu, s’est enorgueilli le représentant, le « Prix du héros » des mains de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Le représentant n’a pas manqué d’évoquer le million de déplacés forcés du Myanmar, dont 60% sont des femmes et des enfants.  La prolongation de cette situation peut entraîner une hausse de la criminalité, dont la traite des personnes ou la prostitution. 

M. AMOS (Canada) a souligné qu’en matière de mise en œuvre des droits de l’enfant, aucun pays au monde n’a un bilan parfait.  Au Canada par exemple, de nombreux enfants continuent de faire face à des défis importants, en particulier ceux des communautés autochtones et nordiques.  Alors que les enfants autochtones représentent 8% de tous les enfants du pays, ils comptent pour la moitié de ceux se trouvant en foyer d’accueil, a relevé le délégué.  Les autorités sont déterminées à trouver des solutions qui privilégient l’enfant, et qui sont menées par les communautés autochtones et axées sur la prévention. 

Le représentant a rappelé que le Canada a été l’un des principaux défenseurs de la création de la Journée internationale de la fille.  Mon pays, a-t-il dit, participe au Programme mondial FNUAP-UNICEF visant à accélérer la lutte contre le mariage d’enfants, et c’est à juste titre qu’il a déposé un projet de résolution conjoint avec la Zambie sur le sujet.  Le représentant a ensuite plaidé pour la protection des enfants en temps de conflit, rappelant à cet effet que les Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats visent à améliorer les efforts de la communauté internationale à cet égard.  Il a terminé en promettant que le Canada, qui aspire à un siège au Conseil de sécurité, serait un membre inclusif, novateur, ouvert, honnête et fiable, collaborant avec tous les États Membres, pour le bien-être de l’ensemble d’entre eux et pour les enfants du monde entier. 

M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie) a souligné que, depuis le recouvrement de sa souveraineté nationale, l’Algérie a placé les enfants au cœur des politiques et des programmes nationaux visant à garantir et à promouvoir leurs droits aux plans législatifs et réglementaires.  Il en a voulu pour preuve les résultats probants enregistrés dans ce domaine qui témoignent des efforts soutenus, illustrés dans le rapport national volontaire présenté en juillet 2019, au Forum politique de haut niveau de l’ECOSOC.  Ainsi, le principe d’obligation et de gratuité de l’enseignement sans aucune discrimination entre les filles et les garçons a abouti à un taux de scolarisation de 98,5% en 2018.  Des acquis similaires ont été enregistrés au niveau des prestations de santé.  En effet, a poursuivi M. Mimouni, du fait de la gratuité de l’accès à la santé et à la vaccination en Algérie, le programme élargi de vaccination, considéré par l’UNICEF comme l’un des programmes de santé les plus performants, a permis de réduire le taux de mortalité infantile qui est passé de 4% en 2000 à 2,3% en 2018.  Par ailleurs, a-t-il conclu, le Gouvernement a adopté, en juillet 2015, une loi qui consacre la garantie de la protection de l’enfant contre toutes les formes de préjudice, de négligence, de violence, de mauvais traitements et d’exploitation et vise à protéger ses droits dans les situations d’urgence, de catastrophe. 

Mme ADELA RAZ (Afghanistan) a déclaré que l’heure est venue « d’exiger » une action car beaucoup d’enfants ne jouissent pas encore de protection, de sécurité et des droits élémentaires, certains se jetant de plus en plus dans des périples maritimes dont ils ne reviennent pas.  La protection infantile est une priorité nationale en Afghanistan, le Gouvernement ayant alloué des ressources institutionnelles et juridiques à cette fin.  Plus de 9 millions d’enfants, dont 3,5 millions de filles vont à l’école, bravant les Talibans pour aller étudier.  Des mesures préventives ont aussi été prises pour éliminer le travail des enfants d’ici à 2030.  La guerre dans des zones résidentielles menace la vie des enfants surtout là où se trouvent les Taliban, s’est alarmée la représentante, accusant ces derniers et les autres groupes terroristes de ne reculer devant rien.  Elle les a appelés à « cesser de tuer des enfants innocents » et évoqué la tragédie d’une même famille qui a perdu plusieurs enfants dans un attentat alors qu’elle fêtait l’anniversaire de l’un d’eux. 

M. CRAIG JOHN HAWKE (Nouvelle-Zélande) a noté que le trentième anniversaire de la Convention vient nous rappeler ce sur quoi nous devons nous concentrer.  Si la plupart des jeunes de la Nouvelle-Zélande vont bien, force est de reconnaître que ce n’est le cas de tous les enfants dans le monde.  De trop nombreux enfants, jeunes et familles font face à l’adversité, aux privations et au stress, ce qui réduit leur bien-être et leurs chances.  Pour s’attaquer à ces défis, la Nouvelle-Zélande a lancé, au mois d’août, sa première stratégie sur le bien-être des enfants et des jeunes.  Dans ce cadre, les enfants, les jeunes et leurs familles ont été invités à partager leurs idées, expériences et perspectives sur ce qui permettrait au pays d’être le meilleur endroit au monde.  Plus de 6 000 enfants et jeunes ont été interrogés, l’accent étant mis sur ceux dont la voix porte le moins, notamment les enfants vivant dans la pauvreté, dépendant de l’assistance de l’État, handicapés, identifiés comme LGBTQI+, migrants ou atteints de troubles mentaux. 

Les enfants et les jeunes nous ont parlé du bonheur, de la famille et des amis.  Ils nous ont dit qu’ils veulent être acceptés pour ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent devenir », a expliqué le représentant.  Ils nous ont dit que la vie est dure pour certains d’entre eux et que la santé mentale est un grand problème, qu’avoir de l’argent pour les besoins de base et une bonne maison est difficile pour trop de gens, a-t-il ajouté, assurant que ces témoignages ont permis de façonner la stratégie.  Les enfants et les jeunes, a-t-il assuré, seront associés à la mise en œuvre des objectifs qui en découlent, dans la droite ligne de la Convention. 

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a déclaré que cet anniversaire a une signification particulière pour la Hongrie qui célèbre également le trentième anniversaire de sa transition démocratique.  Le pays a aussi été parmi les premiers à prendre l’engagement mondial proposé par l’UNICEF.  La représentante a présenté en détail les divers aspects du système de protection et de bien-être de l’enfance, qui a connu de nombreuses améliorations au cours des 30 années écoulées, notamment par le renforcement des mécanismes contre la violence, la maltraitance, les abus et les négligences, avec une attention spéciale sur les familles à risque.  La Hongrie a aussi introduit, cette année, le modèle Barnahus d’enquête spécialisée et de thérapie sensible aux enfants négligés et abusés, l’accent étant mis sur les survivants d’abus sexuels.  Un programme de prévention, de soins et de réinsertion des survivants de la prostitution a aussi été mis en place. 

M. FIFIELD (Australie) a souligné que la majeure partie des enfants australiens vont à l’école, ont accès aux services de santé et vivent en sécurité chez eux.  L’Australie s’efforce d’assurer l’égalité des droits, un objectif clef.  Mais, a reconnu le représentant, des obstacles, surtout pour les enfants autochtones, ceux du Détroit de Torres, en situation de handicap ou appartenant à la communauté LGBTI persistent.  À cet égard, il a indiqué que, depuis sa nomination en 2013, la première Commissaire indépendante chargée de l’enfance a tenu des consultations avec plus de 28 000 enfants, pour entendre directement ce qu’ils ont à dire sur les questions qui affectent leur quotidien et leur avenir.  Mon pays s’est engagé à relever les défis qui empêchent certains jeunes de jouir de tous leurs droits, a assuré le représentant. 

Mme KSHENUKA SENEWIRATNE (Sri Lanka) s’est déclarée préoccupée par le fait qu’en dépit des progrès réalisés depuis l’adoption de la Convention, un très grand nombre d’enfants sont laissés pour compte.  Les effets prolongés de la pauvreté et des inégalités, l’impact néfaste des changements climatiques, les conflits prolongés et les crises humanitaires ont tous des répercussions négatives sur la vie des enfants dans de nombreux points du globe.  Il importe par conséquent de redoubler d’efforts pour parvenir aux objectifs fixés par la Convention, a plaidé la représentante, appelant de ses vœux une évaluation des réalisations et des mesures à prendre.  Les enfants doivent non seulement pouvoir jouir de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels mais aussi être protégés des discriminations, inégalités et abus, conformément aux objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle souligné. 

Au niveau national, Sri Lanka a adopté une approche holistique dans la mise en œuvre de la Convention, laquelle est associée aux efforts tendant à atteindre les ODD, a poursuivi la représentante, précisant que son pays condamne toutes les formes de violence contre les enfants et applique une politique de tolérance zéro à cet égard.  C’est du reste l’un des premiers pays à avoir ratifié le Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, a-t-elle relevé, avant de rappeler que Sri Lanka a également prouvé son engagement en faveur de l’éradication des défis liés à la vente, à la prostitution et à la pornographie des enfants en ratifiant le Protocole facultatif traitant de ces fléaux.  Avant de conclure, la déléguée à tenu à saluer l’action menée par l’UNICEF en faveur des enfants sri-lankais en collaboration avec les institutions nationales. 

M. OMAR KADIRI (Maroc) a assuré que l’engagement résolu de son pays dans la dynamique internationale en faveur de l’enfance est un choix stratégique et irréversible, basé sur la clairvoyance du Roi Mohammed VI, qui a fait de la protection et de la promotion des droits de l’enfant une priorité nationale, régionale et internationale.  De même, a indiqué le représentant, grâce à l’engagement personnel de la Princesse Lalla Meryem, Présidente de l’Observatoire national des droits de l’enfant, le Royaume a accompli des « réalisations remarquables pour garantir la plénitude des droits des enfants et assurer leur bien-être ». 

Le représentant a en outre rappelé qu’alors que se tient cette réunion à New York, la seizième édition du Congrès national des droits de l’enfant a lieu à Marrakech, du 20 au 23 novembre, permettant de célébrer le trentième anniversaire de la Convention et le vingtième anniversaire du Parlement de l’enfant marocain.  De plus, le Maroc œuvre en faveur des droits de l’enfant à l’échelle de l’Afrique, comme l’illustre la campagne lancée en novembre 2018 par la Princesse Lalla Meryem « pour des villes africaines sans enfants en situation de rue ».  Par ailleurs, le pays préside, cette année, le Conseil d’administration de l’UNICEF et exercera sa vice-présidence en 2020. 

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a mis en exergue les progrès réalisés par le Myanmar depuis son adhésion à la Convention.  Elle a expliqué que la Loi sur l’enfant de 1993 a été révisée en juillet 2019 pour aligner les politiques nationales et son cadre règlementaire avec la Convention.  De plus, a-t-elle poursuivi, le Comité interministériel pour la prévention des six graves violations contre les enfants en période de conflits a été établi le 7 janvier 2019.  Enfin, au cours de la semaine de haut niveau de cette soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, le Myanmar a ratifié le Protocole facultatif à la Convention concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

Soulignant que la paix et le développement économique sont essentiels à un environnement favorable à la pleine réalisation des droits de l’enfant, Mme Khyne a indiqué que le Gouvernement du Myanmar s’est efforcé de mettre fin à une décennie de conflit armé qui a eu un impact négatif sur les enfants.  Le processus de paix de la Conférence de Panglong du XXIe siècle, qui est en cours, inclut la protection des droits de l’enfant comme l’un de ses principes de base pour construire une paix durable, a précisé la représentante du Myanmar.

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste) a présenté les actions mises en œuvre par son pays.  Ainsi, une campagne contre la violence faite aux enfants a été lancée et l’implication des enfants dans des activités commerciales informelles a été bannie pour prévenir leur exploitation.  Aussi, des panels de discussion ont mis en lumière l’importance de s’attaquer à la discrimination et à la violence contre les enfants au niveau familial, dont les stéréotypes et attitudes négatives à l’égard des enfants vivant avec handicap.  Une exposition de peintures représentant leurs droits a été réalisée par des enfants.  Également, le Timor-Leste a mis en place un parlement des jeunes, composé de jeunes de 12 à 17 ans qui débattent sur des questions clefs et soumettent leurs recommandations aux décideurs politiques. 

Par ailleurs, Mme Lopes De Jesus Pires a indiqué que le Gouvernement s’assure que chaque enfant dispose d’un statut légal: au vu du passé récent du pays, le Gouvernement a adopté des mesures pour permettre aux enfants nés des viols commis lors de l’occupation militaire d’acquérir des actes de naissance, ce qu’ils ne pouvaient pas faire auparavant sans l’identité de leur père.  La représentante a reconnu que des améliorations sont toujours nécessaires.  Le Gouvernement poursuit notamment ses efforts pour améliorer l’éducation, en s’assurant par exemple de la présence d’installations sanitaires, notamment pour les filles menstruées, et en prenant soin des besoins des enfants vivant avec handicap.

M. ČERNJUL (Croatie) a rappelé que, parallèlement à l’anniversaire de la Convention, le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relative aux droits civils et politiques, qui appelle à l’abolition de la peine de mort, célèbre aussi son trentième anniversaire.  Il a tenu à attirer l’attention sur l’article 37 (a) de la Convention, interdisant l’imposition de cette peine à toute personne de moins de 18 ans.  Aujourd’hui, a-t-il relevé, cette norme est reconnue par les 196 pays qui ont ratifié la Convention.  M. Černjul a toutefois relayé l’inquiétude de la Commission internationale contre la peine de mort face aux allégations faisant état d’enfants susceptibles d’être condamnés à la peine de mort dans sept pays au moins. 

Une jeune déléguée croate a parlé des droits des enfants dont les parents sont condamnés à mort, qualifiés à juste titre de « deuxième victime », et voulu que l’on prenne en compte, en toutes circonstances, de l’intérêt supérieur de l’enfant contenu.  Elle a aussi réclamé plus d’actions contre les changements climatiques, principal problème pour tous les enfants du monde. 

M. CARLOS AMORIN (Uruguay) a indiqué que le Code de l’enfance et l’adolescence de 2004 est calqué sur les grands principes de la Convention: non-discrimination, intérêt supérieur de l’enfant et participation.  Il a été assorti d’un ensemble de lois visant à consolider l’engagement public en faveur de ces droits.  Il a souligné l’importance de la continuité de ces processus, avec des objectifs précis pour arriver à un modèle de développement centré sur les droits civils, politiques, économiques et culturels de l’enfance et de l’adolescence.  Le défi réside encore dans la réduction de la pauvreté, en particulier des ménages avec enfants, la lutte contre les inégalités entre les sexes, le combat contre les discriminations ethniques, raciales et territoriales.  La victoire sur ces fléaux est une condition indispensable à des sociétés plus démocratiques et plus égalitaires où les enfants et les adolescents peuvent atteindre leur plein potentiel et faire entendre leur voix. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban), qui a écouté ce matin les plaidoyers des jeunes, a espéré que leurs revendications seront entendues.  Ils veulent que les choses changent et nous devons les aider.  Nous devons reconnaître leur peur et, 30 ans après l’adoption de la Convention, admettre que le chemin est encore long pour les millions d’enfants laissés pour compte.  La représentante a voulu que le monde tienne ses promesses et a saisi cette occasion pour remercier l’action de l’UNICEF au Liban, de la société civile et des défenseurs des droits de l’enfant.  Aux jeunes délégués, elle a dit l’espoir placé s’agissant de la paix.  Vous ferez mieux que vos aînés, a-t-elle conclu, avant de citer le poème de Khalil Jibran « vos enfants ne sont pas vos enfants ».

M. ZHANG JAN (Chine) a déclaré qu’il reste encore une tâche « titanesque » à accomplir pour les enfants car ce sont eux qui vont reprendre le flambeau, alors qu’en 2018, des millions d’entre eux étaient encore touchés par la violence et les conflits armés dans différentes régions du monde.  Le maître mot doit être « protection », a-t-il affirmé, en invitant à faire davantage comme l’a fait la Chine ces dernières années.  Dans mon pays, s’est enorgueilli le représentant, le taux de mortalité infantile a considérablement baissé, l’éducation est garantie et obligatoire pendant au moins neuf ans, les handicapés sont intégrés grâce à des mesures spéciales et les institutions ont été renforcées, notamment pour prévenir, lutter et traiter la maltraitance des enfants. 

Flanquée de son fils « qui se plaint toujours de ne pas comprendre ce qui se dit à l’ONU », Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a choisi de parler le langage des enfants pour qu’ils comprennent bien l’importance de cette manifestation spéciale.  L’accord signé, il y a 30 ans, est plus important que jamais, a-t-elle dit à son fils: des enfants comme toi n’ont pas la chance d’aller à l’école.  Ils vont travailler dans des fermes, des usines ou aident leurs parents à élever leurs frères et sœurs.  Beaucoup n’ont pas d’examens médicaux ou de vaccins, des choses ennuyeuses pour toi, mais qui veulent dire, maladies douloureuses.  En 2018, 258 millions d’enfants entre 6 à 17 ans n’allaient pas à l’école, 12 millions, dont la plupart sont des filles, risquaient de ne jamais y mettre les pieds et 149 millions n’avaient pas la taille qu’ils devraient avoir car ils n’ont pas eu la nourriture qu’il faut pour bien grandir.   

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) s’est félicité de ce nouveau jalon en matière des droits de l’homme.  La Constitution népalaise a d’ailleurs intégré les principes fondamentaux de la Convention.  Le représentant a cité la loi relative à l’enfance mise en œuvre, en 2018, et qui garantit le bien-être des enfants.  Il a également évoqué les plans périodiques et les politiques sur la protection des droits de l’enfant.  Il a souligné les efforts entrepris pour la gratuité de l’éducation et des vaccins.  Il s’est félicité de la réduction des taux de mortalité infantile et maternelle.

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA  (Italie) s’est énorgueillie de ce que son pays ait contribué à l’engagement volontaire mondial lié à la mise en œuvre de la Convention, conformément à son engagement bien connu à protéger les droits de l’enfant aux plans national et international.  À cet égard, elle a évoqué la création du premier Centre international de développement de l’enfant et souligné que, depuis lors, l’Italie abrite et finance le Bureau de recherche de l’UNICEF « Innocenti » à Florence et qui a pour mandat de contribuer à une « éthique mondiale émergente » axée sur les enfants.

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