Conseil de sécurité: les parties somaliennes appelées à respecter le calendrier électoral en 2020-2021 pour consolider les progrès enregistrés
Malgré de sérieux défis sécuritaires et humanitaires, la Somalie progresse, mais les avancées enregistrées doivent être confortées par la tenue des élections législatives en 2020-2021, ont reconnu, ce matin, les membres du Conseil de sécurité, lors d’une séance d’information avec le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM).
Pour la première fois depuis 1969 -et seulement la troisième fois depuis son indépendance en 1960-, ce pays de la Corne de l’Afrique qui a basculé dans une guerre des clans et le chaos en 1991 s’apprête à organiser un scrutin au suffrage universel.
À cet égard, le respect du calendrier prévu sera indispensable pour consolider tant l’édification d’un État stable que les progrès enregistrés sur les plans économique et structurel, a insisté le Représentant spécial, M. James Swan, en présentant son rapport sur les principaux faits survenus en Somalie au cours des trois derniers mois.
M. Swan a enjoint le Parlement à adopter « sans plus tarder » le code électoral et la loi sur les partis, d’ici à fin décembre. Le bon déroulement des élections nécessitera un consensus politique entre le Gouvernement fédéral et les États membres de la fédération, lequel fait défaut depuis un an, s’est-il inquiété en appelant les dirigeants somaliens à faire preuve de responsabilité pour protéger l’intégrité des institutions. M. Swan a également rappelé que le Gouvernement fédéral s’est engagé publiquement à achever l’élaboration de la Constitution d’ici à juin 2020. « La paix et la stabilité en Somalie impliquent d’avoir des institutions solides » qui protègent les droits des citoyens et gagnent leur confiance, a-t-il insisté.
« 2020 sera une année charnière » pour la Somalie a renchéri la Présidente de la Commission électorale nationale indépendante, Mme Halima Ismail Ibrahim. Rappelant que la grande majorité des Somaliens « n’a jamais pu exercer leur droit universel à la participation politique », elle a demandé à tous les protagonistes de s’engager fermement en faveur du principe « une personne, une voix ». Ces élections doivent constituer une obligation constitutionnelle et une priorité nationale pour les dirigeants somaliens et la communauté internationale, a martelé Mme Ibrahim. Ainsi, elles corrigeront le processus de désignation clanique des délégués aux deux chambres du Parlement, en 2016-2017, qui a été marqué, selon elle, par les « achats de voix », une participation limitée des femmes et l’exclusion de groupes minoritaires. Si le principe « une personne, une voix » n’est pas respecté, « le pays n’avancera pas », a prédit un représentant de la société civile, M. Osman Moallim, Directeur exécutif du Réseau de développement de la jeunesse somalienne s’exprimant en visioconférence depuis Mogadiscio.
Mme Ibrahim a estimé le coût global des élections en Somalie à 53 millions de dollars – hors frais liés à la sécurité et frais opérationnels annuels. Dans plusieurs pays en situation de postconflit, l’ONU et la communauté internationale ont soutenu des élections qui ont coûté beaucoup plus cher, a-t-elle fait remarquer. Or, la sécurité reste une préoccupation majeure sur le terrain comme en témoigne la mort, mercredi, de Mme Almaas Elman Ali, éminente défenseure des droits de l’homme, tuée par balles sur l’aéroport de Mogadiscio, dont la sœur avait participé la veille au débat public du Conseil sur le rôle de la réconciliation dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano José Madeira, a affirmé à son tour que le Gouvernement fédéral semble toujours déterminé à respecter les délais. Une équipe spéciale pour la sécurité des élections a été mise sur pied, de même qu’un comité pour la révision de la loi électorale. Même s’il a relevé des signes d’espoir et un déclin des activités des Chabab depuis octobre, M. Madeira a recommandé de maintenir la pression militaire contre ce groupe terroriste afin de pouvoir obtenir les résultats stratégiques escomptés par le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. M. Madeira a dit « beaucoup attendre » de la conférence sur la constitution des forces qui doit se tenir, le mois prochain, à Mogadiscio.
Pourtant, la Côte d’Ivoire -au nom du groupe A3 des membres africains du Conseil de sécurité, avec la Guinée équatoriale et l’Afrique du Sud– a regretté « la lenteur » de la transition entre l’AMISOM et les Forces de sécurité somaliennes. Celles-ci devraient « au moins » pouvoir mener des opérations en commun avec l’AMISOM, tenir les territoires libérés des Chabab et protéger les populations, a estimé le représentant ivoirien. Notant qu’en février 2020, la Mission devrait voir ses effectifs réduits d’un millier de soldats, il a prié le Conseil de conduire une évaluation avant toute nouvelle réduction.
La France, en revanche, a mis l’accent sur le respect des échéances fixées par la résolution 2472 (2019), dont la baisse du plafond du personnel en uniforme. « De toute évidence », cette force africaine ne pourra pas rester éternellement en Somalie, a enchaîné la Fédération de Russie, tout en prônant une réduction « graduelle » de ses effectifs. Enfin, les orateurs se sont inquiétés de la crise humanitaire qui met à rude épreuve la population somalienne. Le Royaume-Uni a engagé les donateurs à combler le déficit de financement et à débourser l’aide promise jusqu’en 2020, car, comme l’a souligné la République dominicaine, deux millions au moins de personnes souffrent d’insécurité alimentaire. Une crise aggravée par la sécheresse et les récentes inondations qui ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de personnes, illustrant l’impact des changements climatiques sur les populations vulnérables, a remarqué l’Allemagne.
Mais alors que le représentant de la Somalie se félicitait notamment de voir son pays « construire sa résilience » face aux épisodes climatiques, la représentante britannique a espéré que le Gouvernement de Mogadiscio poursuivrait ses efforts d’assainissement sur le plan économique et que les progrès enclenchés allaient se poursuivre. Le représentant somalien a affirmé que son gouvernement avait l’intention de continuer les préparatifs afin de tenir des élections sur le principe « un homme, une voix, » au dernier trimestre de 2020. Il a précisé que le Gouvernement fédéral prévoyait de voter la loi électorale d’ici à fin décembre 2019 et de terminer la révision constitutionnelle pour juin 2020.
LA SITUATION EN SOMALIE (S/2019/884)
Déclarations
M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie, MANUSOM, a insisté sur les progrès importants réalisés en Somalie au cours de la décennie écoulée, parmi lesquels l’édification d’institutions nationales et fédérales, les points marqués face aux Chabab, la croissance économique et l’amélioration du secteur public. Les Somaliens espèrent voir ces progrès consolidés en 2020, a-t-il indiqué en notant les évaluations favorables du Fonds monétaire international et le fait que le pays est en bonne voie pour l’allègement de sa dette. Par ailleurs, un nouveau plan de développement a été adopté par les autorités en septembre, qui servira de cadre aux programmes des partenaires internationaux, les territoires repris aux Chabab dans le Bas-Chébéli ont été tenus par l’Armée nationale et, enfin, sur le front diplomatique, le Président Mohammed Abdullahi Mohammed « Farmajo » et son homologue kényan sont en train de normaliser leurs relations.
Consolider ces progrès nécessitera cependant un consensus politique entre le Gouvernement central et les États de la fédération, lequel a fait défaut depuis un an. La dynamique politique est dominée par les élections prévues en 2020, a souligné M. Swan, qui a appelé le Parlement à promulguer le code électoral et la loi sur les partis d’ici à la fin décembre, tout nouveau retard mettra la tenue du scrutin en péril. Là encore, le Représentant spécial a déploré le manque de consensus sur le système électoral lui-même et a appelé les dirigeants somaliens à faire preuve de responsabilité pour protéger l’intégrité des institutions. Les Somaliens scrutent également avec attention le processus de réconciliation et les tensions qui persistent par endroit comme au Djoubaland risquent de susciter des violences, a-t-il mis en garde. S’agissant du Somaliland, il a demandé aux responsables de se concentrer sur les besoins de la population.
Le Gouvernement fédéral s’est engagé à adopter une constitution amendée d’ici à juin 2020 et le Représentant a appelé les responsables à redoubler d’efforts pour y parvenir. La paix et la stabilité en Somalie impliquent d’avoir des institutions solides qui protègent les droits des citoyens et gagnent leur confiance.
L’insécurité continue de constituer un défi terrible, a ensuite nuancé M. Swan. Les Chabab continuent de perpétrer des attaques meurtrières contre les civils et l’Armée nationale. Toutefois, après sa dernière offensive en août, l’armée a pu maintenir son emprise malgré les attaques répétées des Chabab: il faut donc former et constituer davantage de forces pour consolider les acquis et continuer de progresser dans la mise en œuvre du plan sécuritaire de transition.
Quant à l’aspect humanitaire, M. Swan a souligné que la Somalie continuait de souffrir d’une grave crise qui frappe les populations malgré l’engagement des nombreux partenaires internationaux. À cet égard, il a salué l’engagement et la ténacité des Forces somaliennes et de la Mission d’assistance des Nations Unies (MANUSOM), dont il est le chef.
M. FRANCISCO CAETANO JOSÉ MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), intervenant par visioconférence depuis Mogadiscio, a déclaré que l’Union africaine était solidaire avec les victimes des récentes inondations survenues dans la région de Chébeli. L’AMISOM a aidé à transporter des personnes depuis les zones inondées vers des zones plus sûres. La Mission a également aidé à reconstruire les routes et les ponts détruits par ces inondations. Elle va par ailleurs fournir des moustiquaires, en plus des produits médicaux qu’elle distribue déjà, a-t-il indiqué.
Concernant la situation en Somalie, M. Madeira a réitéré, comme dans ses précédents exposés, qu’elle s’était considérablement améliorée. Il y a des signes et des lueurs d’espoirs, qui doivent être préservés pour permettre à ce pays d’avancer vers la paix et la stabilité, a-t-il dit, ajoutant que si le Gouvernement fédéral s’est engagé à entretenir de bonnes relations avec les États fédérés, il reste cependant des difficultés avec le Djoubaland et le « Somaliland. » Cela dit, les hauts responsables se sont engagés à se rencontrer pour résoudre ces difficultés, a-t-il ajouté.
S’agissant de l’État de Galmudug, une conférence a été organisée en septembre, avec l’appui de l’AMISOM. Cette rencontre a réuni 700 délégués de 11 clans. En octobre le Gouvernement fédéral a également rencontré les chefs de clans de l’État du Sud-Ouest, a-t-il indiqué, appelant à continuer ce processus politique afin de parvenir à une réunification et à l’adoption à l’horizon juin 2020 d’une constitution fédérale. Concernant la question de l’organisation des élections, M. Madeira a affirmé que le Gouvernement fédéral semble toujours déterminé à tenir les délais. Une équipe spéciale pour la sécurité des élections a été mise sur pied, de même qu’un comité pour la révision de la loi électorale. Le Gouvernement a aussi approuvé la liste des bureaux de vote et rédigé une note de cadrage pour l’enregistrement des électeurs.
Concernant la situation sécuritaire, le Chef de l’AMISON a déclaré qu’alors que le groupe terroriste des Chabab continue de représenter une menace à la paix et à la sécurité, l’AMISOM a constaté depuis octobre dernier un déclin de ses activités. Cette baisse peut être attribuée à trois facteurs: l’isolation progressive de ce groupe grâce aux coups portés par les opérations militaires menées contre lui, la saison des pluies qui rend plus difficile l’accès aux zones qu’il attaquait régulièrement, et enfin la réduction du champ d’action de ce groupe, qui est désormais confiné à quelques régions. Les Chabab sont désormais actifs dans quelques régions, dont Mogadiscio, a-t-il dit.
Cela dit, la pression militaire imposée contre ce groupe doit être maintenue sans relâche afin de pouvoir obtenir les résultats stratégique escomptés par le Conseil de sécurité et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Pour cela il faudra des Forces de sécurité somaliennes bien entraînées et bien équipées, a insisté le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine, ajoutant reconnaître les efforts déjà déployés par les partenaires, dont l’Union européenne. L’Union africaine attend beaucoup de la conférence sur la constitution des forces qui doit se tenir en décembre prochain à Mogadiscio, a conclu M. Madeira.
Mme HALIMA ISMAIL IBRAHIM, Présidente de la Commission électorale nationale indépendante de la Somalie a rappelé que depuis son indépendance en 1960, le pays n’a connu que deux élections au suffrage universel, en 1964 et 1969, année où le gouvernement militaire s’est emparé du pouvoir. Vingt et un ans plus tard, le régime militaire a été chassé du pouvoir par des milices claniques et le pays a sombré dans la guerre civile. Concrètement, cela signifie que « la grande majorité des Somaliens n’a jamais pu exercer leur droit universel à la participation politique », a-t-elle souligné.
Actuellement, la population somalienne est estimée à 12 millions de personnes, dont une grande partie vivent en tant que personnes déplacées dans les grandes villes de tous les États membres de la Fédération. En l’absence d’un gouvernement fonctionnel, un modèle de partage du pouvoir basé sur les clans a été mis en place en 2016, et les leaders de ces clans avaient pour mandat de nommer des candidats et délégués de leur clan respectif. Les « sages » ont fini par choisir les 275 membres de la Chambre basse et les 54 membres de la Chambre haute et ces deux chambres ont fini par élire le Président. Cependant, a regretté Mme Ibrahim, ce processus a été entaché par « l’achat de votes » dans des proportions significatives, une participation limitée de femmes dans les deux chambres et l’exclusion totale de groupes marginalisés.
La Somalie n’avait jamais eu d’instance de gestion des élections jusqu’à la création de la Commission électorale nationale indépendante en 2015, s’est félicitée sa Présidente. Rapidement après sa création, le Conseil des commissaires a commencé à jeter les bases institutionnelles pour préparer la Somalie aux élections de 2020/2021, à commencer par un plan stratégique inspiré des principes constitutionnels et harmonisé avec le plan de développement national. Mme Ibrahim a passé en revue les initiatives lancées par la Commission ces quatre dernières années, comme la formation de son personnel, l’enregistrement provisoire de 57 partis politiques, la création de bureaux de la Commission dans tous les États fédérés, la préparation d’un curriculum pour l’éducation des électeurs, l’identification et la vérification de sites potentiels pour l’enregistrement des électeurs ou encore la mise en place d’un centre de traitement des données de la Commission qui devrait être opérationnel en février 2020. Pour Mme Ibrahim, ces avancées significatives dans la préparation des élections de 2020/2021 n’auraient pas été possibles sans le soutien du Gouvernement fédéral somalien, des États membres de la Fédération et des partenaires internationaux, et en particulier du Groupe intégré d’appui électoral, qui est le bras de l’ONU, créé pour soutenir les élections 2020/2021 en Somalie.
L’intervenante a saisi cette opportunité pour rappeler aux membres du Conseil que « 2020 est une année charnière » pour la Somalie. Cette élection marque un jalon pour la communauté internationale qui s’est activement investie en Somalie pendant plusieurs décennies pour y promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance. Cependant, ce jalon ne pourra être atteint qu’une fois que les leaders somaliens et la communauté internationale se seront engagés en faveur du principe d’« une personne, une voix » pour ces prochaines élections, a-t-elle mis en garde.
Mme Ibrahim a rappelé que le modèle de partage du pouvoir basé sur des clans était initialement une mesure temporaire pour soutenir le Gouvernement de transition en Somalie et préparer le pays aux élections sur la base du principe « une personne, une voix ». Qui plus est, aucun modèle électoral qui ne permettrait pas aux Somaliens d’exercer leur droit de vote serait contraire à la Constitution somalienne et aux différentes conventions des droits de l’homme signées par la Somalie. Dès lors, a-t-elle indiqué, pour rétablir le droit intrinsèque du peuple somalien à des élections libres, la Commission électorale demande aux leaders somaliens de traiter les élections de 2020/2021 sur la base de ce principe, comme une obligation constitutionnelle et une priorité nationale et de lui apporter tout le soutien politique et financier nécessaire. Cela suppose l’adoption d’une loi électorale d’ici à décembre 2019 et l’allocation des fonds nécessaires aux opérations électorales, a-t-elle souligné.
La Commission électorale demande en outre aux partenaires internationaux de débloquer ces fonds. Mme Ibrahim a précisé que le coût global des élections en Somalie est estimé à 53 millions de dollars – sans les frais liés à la sécurité des élections ni les frais opérationnels annuels. Dans plusieurs pays en situation postconflit, l’ONU et la communauté internationale ont soutenu des élections qui ont coûté beaucoup plus cher, a-t-elle fait remarquer.
Pour M. OSMAN MOALLIM, Directeur exécutif du Réseau de développement de la Jeunesse somalienne, la Somalie est à un carrefour délicat: si les élections sont annulées ou retardées, cela mettra en péril des années d’effort pour bâtir l’État; mais si le processus est juste et équitable il servira de base pour faire avancer tous les autres secteurs - l’économie, la sécurité et le développement. M. Moallim a regretté le manque de clarté de la part des parties prenantes quant à la certitude d’une bonne tenue des élections. La société civile a soumis ses recommandations au Gouvernement et elle a dit clairement qu’elle soutenait le principe « une personne, une voix » pour protéger les droits des minorités ou des groupes vulnérables, comme les femmes et les jeunes. Si ce principe n’est pas respecté, le pays n’avancera pas, a-t-il insisté.
Les États fédérés ont des relations tendues avec le Gouvernement central, ce qui a des effets sur la sécurité a ensuite relevé M. Moallim. Mais surtout, sans la participation des États fédérés, il y aura peu de chances de faire aboutir un processus électoral crédible. De plus, dans certaines régions les électeurs risquent d’avoir du mal à se déplacer et ces défis doivent être surmontés pour que ces élections aient bien lieu; il est donc essentiel de garantir la stabilité dans le pays pour renforcer la confiance dans les institutions.
La communauté internationale doit aider à améliorer la sécurité, à rassembler les États et le Gouvernement, élargir la participation, renforcer le rôle des femmes, informer le public et réduire les délais bureaucratiques, atténuer les tensions entre les États fédérés et l’État fédéral, a plaidé M. Moallim. Il a souhaité que le consensus prévale autour de la bonne tenue des élections car, selon lui, la société somalienne est prête et capable de soutenir ce processus, qui conduira à la transition politique.
M. ANTOINE IGNACE MICHON (France) a commencé par exprimer sa tristesse après l’assassinat hier à Mogadiscio, de la militante des droits de l’homme Almaas Elman, avant d’appeler à l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur ce qui s’est passé.
Le représentant a ensuite dit sa préoccupation face au blocage des relations entre le Gouvernement fédéral somalien et les États fédérés. Du point de vue de la France, ce blocage constitue un obstacle majeur à l’aboutissement de chantiers cruciaux pour la Somalie, notamment la préparation des élections de 2020-2021, la mise en œuvre de l’architecture nationale de sécurité ou encore l’allègement de la dette.
S’agissant des élections, la France salue l’adoption d’un code électoral et rappelle l’importance d’un processus transparent et pacifique qui garantisse de surcroît la participation des femmes. Elle est par ailleurs préoccupée par les attaques fréquentes des Chabab, notamment à Mogadiscio. C’est pourquoi M. Michon a rappelé l’importance de la mise en œuvre du plan de transition sécuritaire de l’AMISOM vers les Forces de sécurité somaliennes.
En ce qui concerne l’AMISOM, la France reste attentive au respect des échéances fixées par la résolution 2472 (2019), notamment au respect de la baisse du plafond du personnel en tenue de 1 000 personnes d’ici au 28 février 2020. Pour la France, le soutien apporté par l’Union européenne s’inscrit dans le cadre d’une coopération basée sur la confiance et des engagements mutuels. « Nos efforts impliquent des résultats concrets de la part des autorités fédérales somaliennes, tant sur la transition sécuritaire que sur la reprise du dialogue avec les États fédérés », a-t-il conclu.
M. BARKIN (États-Unis) a noté certains progrès vers la sécurité et stabilité depuis le mois d’août, ainsi que des progrès marqués contre les Chabab grâce notamment à l’AMISOM, dont il a salué le rôle dirigeant: il y a eu moins d’incidents pendant cette période comparé à l’an dernier et les forces de sécurité ont pu récupérer des territoires, a-t-il noté. Le représentant a aussi souhaité des réformes, nécessaires, au sein des institutions nationales, conformément au plan de transition, tout en appelant à assurer la cohérence des efforts internationaux en soutien à la Somalie.
Le représentant a salué les progrès effectués dans la réforme budgétaire et vers l’allègement de la dette et a souligné l’importance des sanctions pour affaiblir les Chabab et empêcher le groupe de perpétrer de nouvelles attaques. Cependant, les divisions politiques et l’absence d’échanges entre les États fédérés et le Gouvernement central restent préoccupants, a-t-il jugé, se disant « troublé » par les événements au Djoubaland, région qu’il a invitée à reprendre le dialogue avec le Gouvernement central. Enfin, il s’est prononcé pour une adoption sans tarder du code électoral pour garantir la tenue des élections car tout retard du scrutin mettrait en péril les acquis.
M. JERRY MATTHEWS MATJILA s’exprimant au nom des trois membres africains du Conseil de Sécurité (Côte d’Ivoire, Guinée équatoriale et Afrique du Sud, le « A3 ») s’est félicité des progrès enregistrés par la Somalie sur la route du rétablissement. Il a cependant noté que le soutien de la communauté internationale demeurait crucial, notamment en vue d’accélérer les préparatifs pour les élections prévues en 2020 et 2021. Le représentant a appelé le Conseil à soutenir le travail de la Commission électorale nationale indépendante, en particulier pour l’enregistrement des votants. Il s’est félicité du rôle croissant des femmes sur la scène politique, rappelant toutefois qu’elles représentent 24% des députés contre un objectif de 30% affiché avant les élections de 2016-2017. Il a aussi souligné le rôle crucial de la jeunesse.
M. Matjila a noté des progrès dans la lutte contre les Chabab, regrettant toutefois la lenteur du passage de témoin entre la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et les Forces de sécurité somaliennes, qui, selon lui, devraient au moins pouvoir mener des opérations en commun avec l’AMISOM. Notant qu’en février 2020, l’AMISOM doit voir ses effectifs réduits de 1 000 soldats, il a demandé au Conseil que toute nouvelle diminution soit soumise à une évaluation des conditions sur le terrain et à la capacité des Forces de sécurité somaliennes à prendre le relais.
Le représentant s’est en outre inquiété de la dégradation de la situation humanitaire, liée à la sécheresse et qui a provoqué une insécurité alimentaire et des déplacements de populations. Il a demandé aux partenaires internationaux de continuer à financer les plans de réponse humanitaire 2019 et 2020.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué la tenue, les 1er et 2 octobre à Mogadiscio, du Forum de partenariat sur la Somalie, au cours duquel les participants se sont accordés sur des engagements prioritaires, tels que l’organisation d’élections fin 2020 ou début 2021, l’adoption du projet de loi électorale d’ici à décembre 2019 et la finalisation du processus de révision constitutionnelle, au plus tard en juin 2020.
Toutefois, le représentant a déploré l’impasse politique dans laquelle se trouve actuellement le pays. Il a exhorté le Gouvernement fédéral et ses États fédérés à redoubler d’efforts pour conclure un accord sur les questions électorales fondamentales et la future révision constitutionnelle.
Le représentant a par ailleurs condamné l’assassinat de la militante des droits de l’homme Almass Elman, qualifiant cette dernière de « consolidatrice de la paix brillante ». Il a appelé à identifier les auteurs de cet « acte inhumain » et à les traduire en justice. Le représentant a également condamné les attaques à l’explosif régulièrement perpétrées par les Chabab dans des lieux publics somaliens ou contre des sites gouvernementaux et privés, ainsi que des forces de sécurité.
Passant à la situation humanitaire du pays, M. Singer Weisinger s’est dit préoccupé par les niveaux élevés de malnutrition en Somalie, aggravés selon lui par les obstacles à l’accès humanitaire dans certaines zones. Tout en appelant l’ensemble des acteurs somaliens à garantir un accès humanitaire sans entrave aux personnes dans le besoin, il a enjoint à la communauté internationale d’appuyer le plan de réponse humanitaire pour la Somalie.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a salué les progrès enregistrés par le Gouvernement fédéral, notamment en termes économiques et politiques. Le Koweït se félicite des mesures prises pour la tenue des élections de 2020-2021, notamment la modification de la loi électorale. Sa délégation souligne, à ce titre, le rôle joué par la Ligue des États arabes dans ces progrès.
Concernant la lutte contre les Chabab, le représentant s’est dit préoccupé par la recrudescence des moyens dont dispose ce groupe pour commettre ses attentats. Pour cette raison, il a appelé les partenaires internationaux à renforcer les Forces de sécurité somaliennes, notamment à travers le plan de transition sécuritaire. Il les a appelés aussi à fournir une assistance pour répondre aux besoins humanitaires de 2 millions de personnes en Somalie, dont celles qui ont été victimes des récentes inondations.
M. PAUL DUCLOS (Pérou) a salué les engagements pris en vue d’organiser les élections fin 2020 ou début 2012 et afin d’adopter le code électoral d’ici à la fin décembre. Le respect de ces calendriers est crucial pour le succès d’un État fédéral doté d’une large base, a-t-il dit. Il a appelé le Gouvernement fédéral et les États fédérés à résoudre les points de friction et insisté sur l’importance de promouvoir la participation des femmes et des jeunes au processus électoral, rappelant le seuil fixé en 2016 de 30% minimum pour la participation des femmes. Malgré les capacités croissantes des Forces somaliennes, le représentant a regretté que les Chabab continuent de menacer et d’attaquer des objectifs civils et a demandé aux partenaires internationaux de continuer d’appuyer la Somalie face à la menace terroriste. D’autant plus que la situation humanitaire de millions de Somaliens reste très préoccupante et qu’elle est encore aggravée par le contexte climatique des deniers mois, sécheresse puis inondations.
Pour surmonter les défis en Somalie, a déclaré M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), la relance d’une concertation entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés sur les niveaux de leurs relations est « absolument » nécessaire. Il est aussi temps d’avancer dans la préparation des élections au suffrage universel de 2020-2021. Le représentant a appelé les instances fédérales à redoubler d’efforts pour tenir le calendrier prévu, en parvenant à un accord avec les États fédérés couvrant les questions électorales clefs, et en adoptant rapidement la loi électorale avec les amendements nécessaires. La loi sur les partis politiques doit également être amendée, a-t-il ajouté. L’Équipe spéciale sur la sécurité des élections doit rapidement se mettre au travail et le Plan de transition doit rester le fil rouge de l’action du Gouvernement dans le secteur de la sécurité.
M. Pecsteen de Buytswerve a dit que les opérations de l’Armée nationale somalienne sont un signe « encourageant » de développement des capacités nationales. Ces capacités doivent à présent contribuer aux conditions de transfert des responsabilités de l’AMISOM. Le sort de la population somalienne continue d’être au centre de nos préoccupations, a conclu le représentant qui a estimé que « nous avons le devoir de protéger ».
La Somalie est un pays important dans la Corne de l’Afrique, a déclaré M. HAITAO WU (Chine). De fait, la paix et stabilité dans ce pays a des répercussions dans toute la région. C’est pour cette raison que la communauté internationale devrait continuer d’apporter son aide à ce pays, en respectant le principe d’appropriation nationale pour l’organisation des élections de l’an prochain. La communauté internationale devrait également aider l’AMISOM à remplir son mandat, en particulier en lui fournissant des moyens suffisants, et permettre que les Forces de sécurité somaliennes reprennent le contrôle progressif des frontières du pays. Enfin, a poursuivi le représentant, la communauté internationale devait travailler en coopération avec les organisations régionales et sous régionales, c’est-à-dire l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
En ce qui concerne la Chine, a assuré M. Wu, elle a toujours été aux côtés de la Somalie. La Chine a envoyé un navire dans le golfe d’Aden pour y combattre la piraterie maritime. Lors du dernier Sommet Afrique-Chine, elle a promis 6 500 tonnes d’aide alimentaire à la Somalie. Une partie de cette aide, destinée en priorité aux femmes et aux enfants est déjà arrivée sur place, a-t-il précisé.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a appelé le Gouvernement fédéral de Somalie et les États fédérés à résoudre les questions en suspens par le dialogue et le compromis. Cela exige le consensus et des efforts concertés de tous les acteurs pour faire avancer les réformes politiques et sécuritaires et bâtir un avenir stable pour le peuple somalien. L’approche des élections en 2020 et 2021 devrait encourager le Gouvernement et les États fédérés à n’épargner aucun effort pour trouver un accord sur un cadre politique pour les questions électorales. La représentante a souligné l’importance d’adopter, avant la fin de l’année, une loi électorale inclusive et crédible afin d’assurer que les élections se déroulent dans le cadre du calendrier établi.
Mme Wronecka a aussi souligné l’importance de promouvoir la participation effective des femmes dans la vie politique du pays, y compris aux niveaux des décideurs gouvernementaux. Les réformes devraient inclure des dispositions fondées sur le genre et prévoir un quota de 30% pour les femmes dans le Parlement fédéral. Avant de terminer, la représentante a rappelé les défis sécuritaires posés par les Chabab, la lenteur de la mise en œuvre du Plan de transition et la grave situation humanitaire. C’est par une coopération et étroite collaboration entre le Gouvernement fédéral, les États fédérés, l’Union africaine, l’ONU et les autres partenaires internationaux que le pays pourra réaliser la paix durable.
M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a souligné les progrès enregistrés depuis une décennie dans l’édification d’un État stable en Somalie mais a estimé qu’elle se trouve à un carrefour essentiel. Pour le représentant, le défi consiste aujourd’hui à consolider les gains et à continuer de progresser par la coopération entre le Gouvernement fédéral et les États fédérés, tout en respectant le calendrier électoral. Une coopération politique constructive sera une priorité de l’année à venir, a estimé M. Schulz, qui a déploré l’absence de progrès depuis la tenue du forum de partenariat pour la Somalie, il y a un an.
En ce qui concerne les élections -premières élections démocratiques depuis 1969, a estimé le représentant- l’Allemagne souligne que des élections justes et équitables sont essentielles et constitueront certainement l’une des tâches les plus importantes du Gouvernement: les Somaliens méritent de se prononcer sur le principe « une personne, une voix », en garantissant l’implication des femmes, a ajouté le représentant. Il faut donc, dans les cinq semaines qui viennent, adopter le code électoral et garantir sa mise en œuvre par un large consensus car aucune prorogation du calendrier n’est pas envisageable, a-t-il prévenu.
Enfin, le représentant a souligné que la sécurité restait un défi majeur malgré des progrès importants: le fait que le complexe de l’ONU ait une fois de plus été ciblé par les Chabab témoigne des difficultés qui contribuent à l’instabilité. De même, la situation humanitaire, aggravée par la sécheresse puis des inondations qui sont venues s’ajouter aux conditions impossibles dans lesquelles vivent les Somaliens, doit susciter une réponse des partenaires internationaux, notamment sur le plan alimentaire. Cette situation illustre aussi les conséquences humanitaires des changements climatiques, a ajouté M. Schulz.
Le représentant a conclu en demandant à Mme Ibrahim ce qu’elle pensait souhaitable pour l’organisation des élections en matière d’enregistrement des électeurs.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a déclaré que le Gouvernement fédéral et les États fédérés doivent s’impliquer dans un dialogue constructif pour résoudre pacifiquement tous leurs différends. Mettre fin au blocage politique est essentiel pour accélérer les progrès sur de nombreux fronts et assurer que le calendrier convenu soit respecté, y compris les préparations des élections de 2020 et 2021.
Le représentant s’est dit très préoccupé par la menace des Chabab, y compris leur utilisation améliorée d’engins explosifs improvisés et l’élargissement de leurs sources de revenus. Sur le plan sécuritaire, M. Syihab a demandé une assistance internationale accélérée et coordonnée visant à soutenir la création de forces de sécurité somaliennes bien formées.
Soulignant la gravité de la situation humanitaire, M. Syihab a regretté que les attaques contre les travailleurs humanitaires et les obstacles à leur activité persistent en Somalie, aggravant ainsi le défi que représente le travail dans un environnement dangereux. Pour le représentant, il est impératif de protéger les civils et de respecter les droits de l’homme et le droit international humanitaire. Il a réclamé un accès humanitaire sûr et sans entrave.
M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) a dit que son pays appuyait les efforts pour ramener la stabilité en Somalie. Sa délégation est disposée à œuvrer au sein du Conseil de sécurité à cette fin, dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Somalie. S’il a salué les mesures entreprises par le Gouvernement fédéral pour instaurer le dialogue avec les États fédérés, le représentant a néanmoins considéré que les ultimatums adressés par les États fédérés et les dissensions entre clans pourraient entraver cette bonne marche.
Concernant la question de l’AMISOM, M. Repkin a déclaré que « de toute évidence », cette force africaine ne pourra pas rester éternellement en Somalie. Toutefois, a-t-il dit, la réduction de ses effectifs doit être « graduelle », jusqu’à ce que les Forces de sécurité somaliennes soient capables de reprendre le contrôle des frontières somaliennes. Mais cela ne pourra se faire qu’en respectant « scrupuleusement » la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie, sans ingérence extérieure, a en conclusion insisté le représentant.
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est dite très préoccupée par les inondations qui ont entraîné le déplacement de milliers de personnes et a appelé à soutenir le pays dans ses efforts de relèvement en fournissant eau et aliments. La représentante a appelé de nouveaux États à garantir des financements humanitaires sûrs et le Gouvernement fédéral à travailler étroitement avec la communauté internationale pour mettre en œuvre les échéances convenues.
L’aide promise pour l’an prochain par les partenaires internationaux atteint plus de 400 millions de dollars et Mme Pierce a dit espérer que le Gouvernement poursuivrait ses efforts d’assainissement sur le plan économique et que les progrès enclenchés suivraient.
La représentante a apporté son soutien au processus électoral sur le principe « une personne, une voix » dans les délais impartis, sur la base de lois validées garantissant un consensus large. Elle a engagé les partenaires somaliens à renouer le dialogue avec le Gouvernement central. Ces efforts doivent provenir tant de l’État fédéral que des États fédérés, a-t-elle insisté, en notant qu’il restait beaucoup à faire dans les années qui viennent pour assurer le succès de la transition.
En réponse à la question posée par la délégation de l’Allemagne, Mme IBRAHIM, Présidente de la Commission nationale électorale de la Somalie, a déclaré que la mort de Mme Almaas Elman est « une tragédie pour ce pays ». Comme d’autres avant elle, Mme Elman a été tuée par des personnes qui veulent la déstabilisation de la Somalie. Son propre mari, qui travaillait dans le domaine du développement a également été tué, a-t-elle indiqué.
Revenant aux prochaines élections, la Présidente de la Commission électorale a jugé essentiel qu’elles se fondent sur le principe « une personne, une voix » et non plus sur un principe clanique. Cela est important pour éviter la corruption, qui a été largement constatée lors des élections de 2016. Concernant la question de donner une place aux Chebab dans l’assemblée, elle a estimé qu’il y avait là un risque, en particulier que ce groupe donne des instructions et des consignes de vote aux chefs de clans.
Mme Ibrahim a également expliqué que la Commission avait choisi la méthode de la biométrie pour le vote en raison de son avantage comparatif par rapport à la méthode papier traditionnelle. La Somalie n’a pas de recensement de population fiable. De plus, la plupart des Somaliens portent les mêmes noms. Il y a notamment « beaucoup de Mohammed et d’Ali », a-t-elle dit, se demandant comment il serait possible de différencier deux Mohammed ou deux Ali. Elle a ensuite dit entendre la voix des partenaires qui plaident pour un retour à la méthode papier avec une photo d’identité, mais, a-t-elle conclu, « nous, nous savons ce qui est bon pour le peuple somalien ».
M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a affirmé que son gouvernement avait l’intention de continuer les préparatifs afin de tenir des élections sur le principe « un homme ,une voix » au dernier trimestre 2020. Il a précisé qu’à cette fin, le Gouvernement fédéral prévoyait de voter la loi électorale d’ici à la fin décembre 2019 et de terminer la révision constitutionnelle pour juin 2019.
Nous sommes en train de vaincre le groupe terroriste des Chabab grâce à des opérations menées par l’Armée nationale somalienne, s’est félicité le représentant, qui a affirmé que, « pour la première fois, notre armée est capable de tenir ses positions et de repousser avec succès les attaques vicieuses des Chabab ». Il a aussi rendu hommage aux « collègues » de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) qui « combattent aux côtés des Forces de sécurité somaliennes ».
M. Osman a souligné que le Gouvernement fédéral avait demandé aux États de « contribuer à l’avenir et non au passé » de la Somalie, en organisant des élections justes, transparentes et inclusives. Là où le processus électoral ne respectera pas ces critères, le Gouvernement fédéral ne reconnaîtra les résultats et nos partenaires non plus ne devraient pas le faire, a-t-il ajouté. Le représentant a appelé les partenaires du pays à soutenir la « Commission électorale nationale ». Techniquement et financièrement, afin notamment de pouvoir inscrire deux à trois millions de citoyens sur les listes électorales. Il a reconnu qu’une meilleure conduite des autorités fédérales et étatiques était nécessaire pour rebâtir la confiance dans le Gouvernement.
M. Osman a également assuré que son pays avait fait un pas en vue d’atteindre les critères ambitieux du quatrième programme de référence du Fonds monétaire international au début de l’année prochaine. Il a annoncé une hausse du budget national, qui s’établit à 340 millions de dollars pour l’exercice 2019–2020, grâce à la réforme fiscale. Il s’est félicité que 55% de ce budget soit financé par des sources intérieures et que le déficit soit pris en charge par le soutien des donateurs, ce qui représente, selon lui « un autre pas significatif vers l’autosuffisance de la Somalie ». Il a précisé que son pays travaillait sans relâche en vue d’obtenir un allégement de sa dette début 2020 et comptait sur ses partenaires à cette fin.
Le représentant s’est aussi félicité de voir son pays « construire sa résilience » face aux épisodes climatiques, inondations ou sécheresse, tout en améliorant les services sociaux pour tous les Somaliens. Il a exhorté tous les partenaires du pays à soutenir le « programme de réformes audacieux » de son gouvernement.