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Conseil de sécurité: 20 ans après les femmes, les jeunes ont désormais une résolution propre sur leur implication dans les efforts de paix et de sécurité

8748e séance – matin
CS/14251

Conseil de sécurité: 20 ans après les femmes, les jeunes ont désormais une résolution propre sur leur implication dans les efforts de paix et de sécurité

La marginalisation de la jeunesse étant préjudiciable à l’établissement d’une paix durable, le Conseil de sécurité a demandé, aujourd’hui, que tous les acteurs concernés envisagent des moyens d’accroître la représentation inclusive des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix, y compris lors de la négociation ou de la mise en œuvre d’accords de paix.

Le programme « jeune, paix et sécurité » est indissociable du programme « femmes, paix et sécurité », a justifié la République dominicaine, coauteur avec la France de cette résolution 2535 (2020) adoptée à l’unanimité, 20 ans après celle relative aux femmes 1325 (2000).

Dans son nouveau texte de 26 paragraphes de fond, le Conseil de sécurité réaffirme l’obligation faite aux États d’offrir aux jeunes qui œuvrent en faveur de la paix et de la sécurité un environnement porteur et sûr, notamment en protégeant l’espace civique et politique et en condamnant les discours de haine et les incitations à la violence.  Le Conseil insiste pour que l’on offre aux jeunes des possibilités de renforcer leur résilience face à la radicalisation de la violence et au recrutement de terroristes.  Le Conseil met d’ailleurs en garde contre le fait qu’Internet et les médias sociaux peuvent être utilisés pour répandre de fausses informations et des idéologies terroristes et menacer et attaquer de jeunes militants.

Le Conseil engage le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse à promouvoir la coordination et la cohérence des activités des organismes des Nations Unies pour mettre en œuvre le programme « jeunes, paix et sécurité », compte tenu des cinq éléments essentiels définis dans la résolution 2250 (2015), à savoir la participation, la protection, la prévention, le désengagement et la réinsertion.

Au Secrétaire général, il est demandé de fournir des orientations à toutes les missions de maintien de la paix et autres missions des Nations Unies sur la mise en œuvre dudit programme.  Ces missions sont priées de mettre en œuvre des stratégies adaptées.

La République dominicaine a rappelé que nous célébrons cette année le cinquième anniversaire de la résolution 2250 (2015) et le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, une organisation qui a toujours mis en avant le rôle des jeunes.  À travers cette nouvelle résolution, c’est le cadre de protection des jeunes travaillant dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité qui s’en trouve amélioré.  Pour la République dominicaine, le programme « jeune, paix et sécurité » est indissociable du programme « femmes, paix et sécurité ».  Quant aux rapports que le Secrétaire général doit soumettre, elle a estimé qu’ils vont permettre de tisser un lien étroit entre le Conseil de sécurité et les jeunes.  Il est essentiel que le États Membres s’approprient cette résolution, a souhaité la délégation.

Celle du Niger, qui s’exprimait également au nom de plusieurs autres membres du Conseil, a déploré que de nos jours, un jeune sur quatre dans le monde soit affecté par les conflits.  Les conséquences négatifs des changements climatiques ont aussi un impact sur la disponibilité des ressources, un problème auquel les jeunes seront confrontés tout au long de leur vie.  Le Niger a donc regretté que le Conseil n’ait pas reconnu que ce sont bien les jeunes qui ressentent le plus les effets négatifs des changements climatiques, pendant les conflits.  À l’avenir, a commenté la Fédération de Russie, les questions de jeunesse soumises au Conseil de sécurité doivent être étudiées sous un angle plus large. 

Pour la première fois depuis le confinement décidé, le 12 mars, par le Conseil en réponse à la COVID-19, c’est en personne que les 15 membres ont adopté la résolution 2535 (2020).  Le traditionnel vote à main levée a cependant été organisé non pas autour de la table en fer à cheval mais dans la salle, plus spacieuse, du Conseil économique et social (ECOSOC) laquelle permet le respect de la distanciation sociale.  À l’avenir, le Conseil compte alterner réunions en personne et réunions virtuelles.  Depuis le 12 mars, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres du Conseil faisaient leurs déclarations et dialoguaient avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. Les votes passaient quant à eux par une procédure électronique. 

Texte du projet de résolution (S/2020/680)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son attachement à l’application intégrale des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) et de la déclaration de sa présidence datée du 12 décembre 2019 (S/PRST/2019/15),

Rappelant ses résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015), 2467 (2019) et 2493 (2019) sur les femmes, la paix et la sécurité, ainsi que toutes les déclarations de sa présidence sur la question,

Rappelant également ses résolutions 1265 (1999), 1674 (2006) et 1894 (2009) sur la protection des civils en période de conflit armé,

Rappelant en outre ses résolutions 1645 (2005), 2282 (2016) et 2413 (2018) sur le dispositif de consolidation de la paix et les déclarations de sa présidence S/PRST/2012/29 et S/PRST/2015/2 sur la consolidation de la paix après les conflits et S/PRST/2016/12 sur la consolidation et la pérennisation de la paix,

Rappelant ses résolutions sur la lutte antiterroriste, notamment les résolutions 2178 (2014), 2195 (2014), 2354 (2017), 2395 (2017) 2396 (2017), 2462 (2019) et 2482 (2019), et les déclarations S/PRST/2015/11 et S/PRST/2020/5 de sa présidence,

Réaffirmant qu’il importe de promouvoir la capacité de l’Organisation des Nations Unies de tenir sa résolution fondatrice de préserver et de soutenir les générations futures face au fléau de la guerre et de mettre l’accent sur la diplomatie préventive, la médiation et les bons offices, et le maintien, la consolidation et la pérennisation de la paix,

Réaffirmant que les jeunes apportent une contribution importante et positive au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité, à la prévention et au règlement des conflits et, singulièrement, pour ce qui est de la stabilisation, de l’inclusivité et de la réussite des activités de maintien et de consolidation de la paix,

Conscient que le monde n’a jamais compté autant de jeunes qu’aujourd’hui et que les jeunes constituent souvent la majorité de la population des pays touchés par des conflits armés,

Notant que, dans la présente résolution, le terme « jeune » s’entend de toute personne âgée de 18 à 29 ans, et notant également que la définition de ce terme peut varier d’un pays à l’autre et à l’échelle internationale, y compris celle qui résulte des résolutions 50/81 et 56/117 de l’Assemblée générale,

Ayant à l’esprit les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et le fait que celle-ci lui confie la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Constatant avec préoccupation que, dans la population civile, les jeunes représentent une forte proportion des personnes qui subissent les effets des conflits armés, y compris comme réfugiés et déplacés, et que le fait qu’ils soient privés d’accès à une éducation de qualité et de perspectives économiques est fortement préjudiciable à l’instauration durable de la paix et à la réconciliation,

Considérant que les jeunes devraient prendre une part active à l’instauration d’une paix durable et œuvrer à la justice et à la réconciliation, et que l’importance démographique de la jeunesse actuelle est un atout qui peut contribuer à instaurer durablement la paix et la prospérité économique, si tant est que des politiques inclusives soient en place,

Considérant que la protection de tous les jeunes, en particulier les jeunes femmes, les jeunes réfugiés et les jeunes déplacés, dans les situations de conflit armé et d’après conflit et leur participation au processus de paix peuvent contribuer grandement au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationales et devraient figurer en bonne place dans toute stratégie globale tendant à régler des conflits et à bâtir la paix,

Mettant l’accent sur l’importance que revêt une approche globale de la consolidation et de la pérennisation de la paix, reposant en particulier sur la prévention des conflits et l’élimination de leurs causes profondes, à tous les stades des conflits,

Réaffirmant qu’il revient en premier lieu aux autorités et aux gouvernements nationaux de recenser, de déterminer et de cibler les priorités, les stratégies et les activités axées sur la consolidation et la pérennisation de la paix et que l’inclusivité, notamment la participation pleine, effective et véritable des jeunes, sans discrimination d’aucune sorte, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de handicap, de religion ou de conviction, d’opinion politique ou autre, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation, est essentielle pour faire avancer les processus locaux, nationaux, régionaux et internationaux de consolidation de la paix et servir les objectifs en la matière, de sorte que les besoins de tous les groupes de la société soient pris en compte,

Réaffirmant que les jeunes peuvent jouer le rôle important d’agents du changement dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme,

Conscient que subsistent des difficultés fondamentales, notamment des obstacles structurels qui entravent la participation des jeunes, en particulier des jeunes femmes, et leur capacité à influencer la prise de décisions, les violations de leurs droits humains et l’insuffisance des investissements visant à faciliter l’inclusion, en particulier par une éducation de qualité,

Reconnaissant l’importance du cinquième anniversaire de la résolution 2250 (2015), du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), de l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’Organisation des Nations Unies, du lancement de la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, du vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies et du cinquième anniversaire de l’adoption des objectifs de développement durable, lesquels événements offrent une occasion privilégiée de mettre en lumière le rôle inestimable des jeunes et de faire mieux entendre leurs voix et leurs perspectives dans la construction du monde et de son avenir,

Prenant note de ce que les gouvernements et les organisations régionales et internationales font pour mobiliser les jeunes au service de la consolidation et de la pérennisation de la paix,

Conscient de l’importance de la société civile, y compris des organisations locales de la société civile, des jeunes, des femmes et des artisans de la consolidation de la paix et, le cas échéant, du secteur privé, des milieux universitaires, des groupes de réflexion, des médias, des personnalités culturelles, des responsables du monde de l’éducation et des chefs religieux dans les efforts visant à consolider et à pérenniser la paix, notamment en sensibilisant l’opinion aux menaces du terrorisme et en y faisant face plus efficacement,

Prenant note avec satisfaction de la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse proposée par le Secrétaire général, laquelle fixe une feuille de route pour le système des Nations Unies qui comprend une priorité axée spécifiquement sur la consolidation de la paix et le renforcement de la résilience directement inspirée des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018),

Conscient des difficultés que rencontrent les jeunes, en particulier les jeunes femmes, et qui les exposent à des risques particuliers, notamment les inégalités entre les sexes qui perpétuent la discrimination et la violence sous toutes leurs formes, soulignant que la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes est essentielle pour la participation pleine, égale et véritable des femmes à tous les stades des processus de paix, étant donné le rôle crucial qu’elles jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix, et réaffirmant le rôle déterminant que les femmes peuvent jouer dans la reconstitution du tissu social des pays sortant d’un conflit et dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies de lendemain de conflit de manière que leur optique et leurs besoins soient pris en compte,

Réaffirmant le droit à l’éducation et sa contribution à la paix et à la sécurité, estimant qu’une éducation et une formation inclusives représentent l’investissement le plus important que les États puissent faire dans leurs politiques pour assurer l’épanouissement immédiat et à long terme des jeunes, et réaffirmant que l’accès de tous à un enseignement scolaire et non scolaire équitable et de qualité est important en ce qu’il permet aux jeunes d’acquérir les compétences dont ils ont besoin et de renforcer leurs aptitudes,

Prenant note du premier rapport du Secrétaire général en date du 2 mars 2020 (S/2020/167) et des recommandations qui y sont formulées, et prenant acte de l’étude indépendante sur les jeunes et la paix et la sécurité, intitulée « Les absents de la paix »,

1.    Demande à tous les acteurs concernés d’envisager des moyens d’accroître la représentation inclusive des jeunes dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans la consolidation de la paix, y compris lors de la négociation ou de la mise en œuvre d’accords de paix, et d’assurer la participation pleine, effective et véritable des jeunes, sachant que la marginalisation de la jeunesse est préjudiciable à l’établissement d’une paix durable;

2.    Réaffirme l’obligation faite aux États de respecter, de promouvoir et de protéger les droits humains et les libertés fondamentales de tous les individus, y compris des jeunes, de garantir l’égalité d’accès à la justice et de préserver l’intégrité des institutions garantes de l’état de droit, ainsi que d’offrir aux jeunes qui œuvrent en faveur de la paix et de la sécurité un environnement porteur et sûr, notamment en protégeant l’espace civique et politique et en condamnant les discours de haine et les incitations à la violence;

3.    Exhorte toutes les parties à un conflit armé à protéger les civils, y compris les jeunes, et à s’acquitter pleinement de leurs obligations découlant du droit international, en particulier les Conventions de Genève de 1949 et les Protocoles additionnels de 1977 s’y rapportant ;

4.    Engage instamment les États Membres à protéger les jeunes de la violence en période de conflit armé, et exhorte toutes les parties à éliminer toutes les formes de violence sexuelle et fondée sur le genre ainsi que la traite des êtres humains;

5.    Demande instamment aux États Membres de faciliter la mise en place d’un environnement inclusif, sûr, favorable et tenant compte des questions de genre dans lequel les jeunes qui agissent, y compris les jeunes de tous milieux, sont reconnus et bénéficient de l’appui et de la protection nécessaires pour mener des activités de lutte contre la violence, aider à renforcer la cohésion sociale et faire leur travail en toute indépendance et sans ingérence indue, y compris dans les situations de conflit armé, et de procéder à des enquêtes approfondies et impartiales sur les menaces et les actes de harcèlement et de violence qui les visent afin de veiller à ce que les auteurs de tels actes soient traduits en justice;

6.    Demande à tous les États Membres de s’acquitter de leurs obligations respectives de mettre fin à l’impunité et les engage à mener des enquêtes et à exercer des poursuites contre quiconque est responsable de génocide, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres crimes odieux sur la personne de civils, y compris les jeunes ;

7.    Souligne qu’il importe d’offrir aux jeunes des possibilités de renforcer leur résilience face à la radicalisation de la violence et au recrutement de terroristes en mettant en place des politiques en faveur des jeunes, tout en s’acquittant des obligations pertinentes découlant du droit international, en particulier du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, pour contribuer au succès de la lutte antiterroriste;

8.    Souligne qu’il importe de concevoir des politiques pour la jeunesse qui viennent renforcer les activités de consolidation de la paix et notamment favoriser le développement économique et social, appuyer les projets de développement de l’économie locale et offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et de formation technique, en stimulant l’éducation, l’esprit d’entreprise et l’engagement politique constructif de la jeunesse;

9.    Constate que les espaces numériques offrent des possibilités de participation innovantes en faveur du dialogue, de la responsabilité et de la transparence de la prise de décision, y compris dans les contextes de conflit, mais que les inégalités en matière d’accès aux technologies restent très répandues et qu’Internet et les médias sociaux peuvent être utilisés pour répandre de fausses informations et des idéologies terroristes et menacer et attaquer de jeunes militants, constate avec inquiétude que, dans une société mondialisée, les terroristes et leurs partisans utilisent de plus en plus l’informatique et les communications à des fins terroristes et engage les États Membres, agissant dans le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et des autres obligations que leur impose le droit international, à coopérer pour empêcher les terroristes d’exploiter la technologie, les moyens de communication et d’autres ressources en vue de la commission d’actes de terrorisme ;

10.   Considère que la participation véritable des jeunes à la planification et à la conduite de l’action humanitaire est essentielle pour améliorer l’efficacité de l’aide humanitaire et que les jeunes jouent un rôle privilégié dans le renforcement des capacités nationales, locales et communautaires nécessaires dans les situations de conflit et d’après conflit pour se préparer et faire face aux phénomènes météorologiques et aux catastrophes naturelles de plus en plus fréquents et graves, ainsi qu’aux défis de santé publique qui pèsent sur la vie et l’avenir des jeunes, y compris la pandémie de COVID-19, et engage à cet égard les États Membres à soutenir et à intégrer les jeunes dans les processus de décision y relatifs ;

11.   Demande aux États Membres de prendre les mesures appropriées pour faciliter la réadaptation physique et psychologique et la réinsertion sociale des jeunes ayant survécu à un conflit armé, y compris des jeunes handicapés, et des personnes ayant survécu à des violences sexuelles liées à un conflit, en leur donnant accès, entre autres, à une éducation de qualité, à un appui financier et à une formation pratique, telle que la formation professionnelle, afin de leur permettre de reprendre une vie normale sur les plans social et économique ;

12.   Demande également aux États Membres de protéger les établissements d’enseignement contre toute forme de violence, de veiller à ce que ceux-ci soient accessibles à tous les jeunes, y compris aux jeunes marginalisés, et de prendre des mesures pour permettre aux jeunes femmes d’exercer, dans des conditions d’égalité, leur droit à l’éducation ;

13.   Demande en outre aux États Membres de prendre des mesures pour encourager la participation véritable des jeunes à la reconstruction des zones dévastées par les conflits, venir en aide aux réfugiés, aux déplacés et aux victimes des conflits, et promouvoir la paix, la réconciliation et le relèvement ;

14.   Engage les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales à élaborer et à mettre en œuvre des politiques et des programmes en faveur de la jeunesse et à faciliter la participation constructive des jeunes, notamment par des plans d’action locaux, nationaux et régionaux relatifs aux jeunes et à la paix et à la sécurité, dotés de ressources suffisantes et élaborés dans un cadre participatif, en particulier avec les jeunes et les organisations de jeunes, et à en assurer l’application, les jeunes étant associés au suivi, à l’évaluation et à la coordination ;

15.   Se félicite des efforts déployés par la Commission de consolidation de la paix pour faire progresser le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité et de son engagement accru en faveur des jeunes artisans de la consolidation de la paix, et pour aborder, dans les débats qu’elle tient et les conseils qu’elle dispense, les moyens d’intégrer véritablement les jeunes dans les initiatives nationales, régionales et internationales de consolidation et de pérennisation de la paix, tout en réaffirmant le principe de la prise en main et de la direction des activités de consolidation de la paix par les pays concernés, et invite la Commission à continuer de soutenir le rôle important que jouent les jeunes dans la consolidation de la paix et de favoriser la participation des organisations dirigées par des jeunes et la prise en compte de leurs opinions dans les efforts de planification et de stabilisation visant à consolider et à pérenniser la paix et à continuer de porter chaque année à son attention ses observations et ses conseils, selon qu’il conviendra ;

16.   Demande aux États Membres, aux organisations régionales et aux organisations des Nations Unies, y compris aux missions de maintien de la paix et aux missions politiques spéciales, de coordonner et d’accroître leur participation à la mise en œuvre des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) et de la présente résolution, notamment par un partenariat inclusif avec les jeunes, et de mobiliser des capacités propres dans le domaine des jeunes et de la paix et de la sécurité, et engage à cet égard le Bureau de l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse à promouvoir la coordination et la cohérence des activités relatives à la jeunesse, à la paix et à la sécurité dans l’ensemble des organismes des Nations Unies dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de la présente résolution et des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) ;

17.   Invite les États Membres à envisager d’augmenter, selon qu’il conviendra, le financement de la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, notamment en mettant des ressources à la disposition des organisations dirigées par les jeunes ou axées sur la jeunesse ;

18.   Exprime son intention de continuer, le cas échéant, à inviter la société civile, y compris les organisations dirigées par des jeunes et les jeunes artisans de la consolidation de la paix, à lui présenter des exposés sur les considérations propres à tel ou tel pays et dans tel ou tel domaine thématique et d’ajouter au programme de ses missions sur le terrain la tenue de débats interactifs et inclusifs avec les jeunes, les organisations dirigées par des jeunes et les jeunes artisans de la consolidation de la paix ;

19.   Reconnaît l’action menée par l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse et de son bureau, ainsi que par les entités compétentes des Nations Unies, des rapporteurs, des envoyés spéciaux et représentants du Secrétaire général et des coordonnateurs résidents, pour mettre en œuvre le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, compte tenu des cinq éléments essentiels définis dans la résolution 2250 (2015), à savoir la participation, la protection, la prévention, le désengagement et la réinsertion, notamment en veillant à ce que le rôle essentiel des jeunes dans la promotion de la paix et de la sécurité soit pleinement reconnu et soutenu, et engage ces acteurs à continuer d’améliorer leur coordination et leur interaction concernant le rôle et les besoins des jeunes au cours et au lendemain des conflits, y compris avec les organisations régionales ;

20.   Prie le Secrétaire général et ses envoyés spéciaux de prendre en considération les vues des jeunes dans les débats sur le maintien de la paix et de la sécurité, la consolidation et la pérennisation de la paix, et de faciliter la participation pleine, effective et véritable des jeunes à la prise de décisions, en accordant une attention particulière à l’inclusion des jeunes femmes, sans distinction ou discrimination d’aucune sorte ;

21.   Prie également le Secrétaire général de fournir des orientations à toutes les missions de maintien de la paix et autres missions des Nations Unies sur la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité, et demande instamment à toutes ces missions d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies adaptées au contexte sur les jeunes et la paix et la sécurité, en tenant compte de leurs mandats respectifs ;

22.   Prie en outre le Secrétaire général d’élaborer expressément des orientations sur la protection des jeunes, notamment de celles et ceux qui participent à l’action menée par l’Organisation des Nations Unies dans le domaine de la paix et de la sécurité et dans le cadre du nouveau programme commun de protection du système des Nations Unies ;

23.   Engage le Secrétaire général et les entités compétentes des Nations Unies à mettre en place des mécanismes internes au sein du système des Nations Unies en vue d’élargir la participation des jeunes aux travaux des organisations des Nations Unies, à redoubler d’efforts pour améliorer le renforcement des capacités et l’élaboration d’orientations techniques, et à intégrer le programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité dans les documents de stratégie et de planification, les analyses de conflit, les cadres, les initiatives et les outils d’orientation de l’Organisation des Nations Unies, aux niveaux mondial, régional et national, notamment par la désignation de points focaux pour la jeunesse, en exploitant les ressources humaines existantes, en vue de la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité dans le cadre de leurs mandats respectifs ;

24.   Prie le Secrétaire général de faire figurer des informations et des recommandations sur les questions intéressant les jeunes, dans le contexte des conflits armés, y compris sur les progrès réalisés en matière de participation des jeunes aux processus de paix, dans les rapports sur tel ou tel thème ou sur telle ou telle zone géographique et dans les exposés qu’il lui présente régulièrement, et d’y inclure des données ventilées sur les jeunes dans la limite des mandats existants;

25.   Prie également le Secrétaire général de veiller, dans les limites des ressources disponibles, à ce que les moyens, savoirs et savoir-faire en place permettent aux jeunes et aux organisations de jeunes de s’investir dans des actions de consolidation et de pérennisation de la paix aux niveaux local, national, régional et international, et à ce que des activités relatives aux programmes soient prévues en vue d’accélérer la mise en œuvre du programme relatif aux jeunes et à la paix et à la sécurité ;

26.   Prie en outre le Secrétaire général de lui présenter un rapport biennal sur l’application de la présente résolution et des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) ;

27.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: la COVID-19 appelle à une lutte collective de la communauté internationale en tant que « nations, unies »

Réunion virtuelle conjointe sur le COVID-19,
Matin
ORG/1706

Assemblée générale: la COVID-19 appelle à une lutte collective de la communauté internationale en tant que « nations, unies »

Stopper net la transmission de la COVID-19, minimiser son impact socioéconomique et relancer une économie plus durable, plus inclusive et plus équitable.  C’est l’action en trois axes que le Secrétaire général de l’ONU a préconisée aujourd’hui lors de la réunion que les Présidents de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social (ECOSOC) ont organisée pour répondre aux questions des États Membres sur la faculté de l’Organisation à poursuivre ses processus intergouvernementaux.  La pandémie ne connaît pas de frontières, nous devons nous y opposer en tant que « nations, unies », a encouragé le Président de l’Assemblée générale.

COVID-19 oblige, la réunion a été « virtuelle ».  Diffusée en direct sur le site Web de l’ONU, Twitter, Facebook et YouTube, elle s’est déroulée à partir de cinq endroits différents de la ville de New York, a expliqué la Secrétaire générale adjointe à la communication et modératrice des discussions.  Mme Melissa Flemming n’a pas oublié de saluer la prouesse technique du personnel de l’ONU.

Comme je l’ai fait au Sommet du G-20, a rappelé le Secrétaire général, je ne cesse de plaider pour une action en trois axes dont le premier est l’arrêt rapide de la transmission de la COVID-19.  Ceci doit être notre stratégie commune, a insisté M. António Guterres.  Une stratégie, a-t-il expliqué, qui nécessite un soutien « massif » pour renforcer la capacité de riposte des pays en développement et des pays les plus fragiles.

Nous devons aussi, a poursuivi le Secrétaire général, travailler ensemble pour minimiser l’impact socioéconomique de la pandémie, en nous concentrant sur la dimension humaine.  Nous devons, a-t-il estimé, nous concentrer sur les gens, protéger les ménages, garantir la solvabilité des entreprises et assurer le paiement des salaires.  Il faudra, pour ce faire, un train de mesures équivalent à un pourcentage à deux chiffres du PNB mondial, y compris des mesures d’accompagnement pour les pays en développement qui nécessitent un investissement massif de la part de la communauté internationale. 

Le Secrétaire général a dit travailler avec le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d’autres institutions financières.  Il en a profité pour appeler à la levée des sanctions qui compromettent « la capacité des pays à répondre à la pandémie ».  Les Présidents de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, MM. Tijjani Muhammad-Bande et Ma Zhaoxu, ont d’ailleurs salué l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial.  Le Conseil de sécurité, a indiqué son Président, est resté en contact avec toutes les opérations de paix de l’ONU pour évaluer les différentes situations.  Le Conseil a dûment relayé l’appel du Secrétaire général lors de sa réunion virtuelle sur la République démocratique du Congo (RDC) et appelé les parties libyennes à désamorcer la situation et à cesser les hostilités. 

Le Président de l’Assemblée générale s’est aussi félicité du Plan mondial de réponse humanitaire de 2 milliards de dollars lancé par le Secrétaire général pour coordonner le travail des agences de l’ONU dans les contextes les plus fragiles.  Son homologue de l’ECOSOC, Mme Mona Juul, a rappelé, en s’en réjouissant, que le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) a déjà débloqué un total de 75 millions de dollars pour appuyer l’action contre la COVID-19.  Le Président de l’Assemblée a également saisi l’occasion pour rappeler aux États les engagements qu’ils ont pris en vertu du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Il faut renforcer la résilience des pays et prévenir l’aggravation des inégalités, s’est-il expliqué.  Il faut, a ajouté le Secrétaire général, installer la rampe de lancement d’une économie plus durable, plus inclusive et plus équitable, guidée par notre promesse commune, le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Nous ne combattons pas seulement une pandémie, a souligné M. Guterres.  Nous combattons une « infodémie »: notre ennemi commun c’est le virus, mais c’est aussi la désinformation qui doit être contrée par les faits et la science.  L’espoir et la solidarité doivent primer sur le désespoir et la division, a plaidé le Secrétaire général, qui a annoncé le lancement de « COVID-19 Communications for Solidarity Initiative ».  La solidarité est en effet notre « première ligne de défense », a confirmé le Président de l’Assemblée générale.  Nous devons nous armer d’informations pour combattre la peur et la haine.  Hier, a rappelé le Secrétaire général, le Haut-Représentant de l’Alliance des civilisations des Nations Unies et le Conseiller spécial pour la prévention du génocide ont exhorté les peuples du monde à se lever contre la multiplication des crimes de haine visant les groupes et individus considérés comme associés au coronavirus. 

La soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale ayant parmi ses priorités la couverture sanitaire universelle, son Président a fait observer qu’aujourd’hui, le monde comprend ce que les dirigeants ont voulu dire lors de leur réunion de haut niveau: la santé est un investissement dans le capital humain, le développement socioéconomique et l’autonomisation des populations.  Nous devons galvaniser l’action multilatérale pour protéger les acquis de la lutte contre la pauvreté et la faim, maintenant que la pandémie compromet la production alimentaire et les chaînes d’approvisionnement, a pressé le Président de l’Assemblée.

Nous devons aussi mettre en œuvre une réponse ciblée pour préserver l’avenir de ces enfants, qui dans plus de 130 États, voient leurs écoles fermées, sans la connectivité nécessaire pour apprendre à distance.  La lutte contre la COVID-19 relève d’une responsabilité collective.  Nous serons jugés à l’aune de notre action individuelle et collective.  Nous devons diriger par l’exemple dans la lutte contre une pandémie qui ne connaît pas de frontières et à laquelle nous devons nous opposer en tant que « nations, unies », a martelé le Président de l’Assemblée. 

Ensemble, a-t-il encouragé, nous devons faire en sorte que l’Assemblée générale poursuive son travail vital et remplisse ses fonctions essentielles dans ces circonstances extraordinaires.  Il a félicité la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires pour avoir réussi à prendre des décisions sur le budget, grâce à la technologie.  À l’ECOSOC, a expliqué sa Présidente, nous nous sommes engagés à mobiliser nos organes, experts et partenaires pour atténuer l’impact multidimensionnel de cette pandémie.  La Présidente a suggéré d’utiliser le segment « activités opérationnelles de développement » pour évaluer les changements rapides sur le terrain.  Le Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a-t-elle ajouté, pourrait aussi jouer un rôle dans le suivi et l’évaluation de l’impact direct et indirect de la pandémie sur la réalisation du Programme 2030.

La pandémie, a souligné la Présidente, montre qu’il faut une approche englobant toute la société, une approche qui rassemble gouvernements nationaux et locaux, secteur privé, monde scientifique, société civile et jeunes gens.  C’est exactement la raison d’être de l’ECOSOC, a-t-elle fait observer.  Pour réussir, la réponse à la COVID-19 doit être multilatérale et, à une époque comme celle-ci, nous devons garder « la tête froide et le cœur chaud » pour relever les défis du jour.  Quant à ceux du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Président du Conseil de sécurité a fait le serment de la transparence.  Marteau et règlement intérieur en main, il a assuré que son organe continue de travailler étroitement avec tous les États Membres.  Le Conseil de sécurité a ajusté son programme de travail pour prévenir les risques de contamination, annulant ou reportant certaines réunions, et organisant des séances virtuelles, même si des problèmes techniques persistent. 

Les États Membres ont fini par se rendre compte à quel point les capacités technologiques de l’ONU sont sous-financées, a relevé le Secrétaire général.  Émaillé de couacs techniques, l’échange avec les délégations a porté notamment sur les aspects juridiques et techniques des procédures de vote dans les trois principaux organes de l’ONU, en l’absence de réunion physique.  L’impossibilité actuelle pour la société civile de participer aux activités de l’ONU a également été soulevée.  Là encore, la transparence a été le mot d’ordre des Présidents du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, leur homologue de l’ECOSOC exprimant son intention d’inclure tous les acteurs de la société. 

En ces temps de crise de liquidités subie par l’ONU, le Secrétaire général a pris la précaution de demander au Département de la communication globale de mobiliser des fonds extrabudgétaires pour booster les capacités technologiques de l’ONU.  En attendant, le Président du Conseil de sécurité a promis l’adoption de plusieurs projets de résolution très bientôt.  Tout est fait, a-t-il assuré, pour maintenir la transparence même si « cette nouvelle situation a créé de grandes difficulté ».  Faites-nous confiance, nous travaillons au nom de tous les États Membres, a-t-il assuré. 

Notre travail, a affirmé à son tour le Secrétaire général, n’a connu aucune perturbation majeure, malgré une ONU désertée par des fonctionnaires convertis rapidement au télétravail.  Mon message a trois aspects, a dit M. Guterres: prendre toutes les précautions pour protéger le personnel, s’adapter pour assurer la poursuite du travail et travailler avec les gouvernements hôtes pour appuyer leurs efforts.  À ce jour, 93% des équipes de pays des Nations Unies aident les autorités nationales à se préparer et à mettre en œuvre des plans de riposte.  Le Bureau de la coordination des activités de développement collecte des données et collabore avec les partenaires pour fournir des informations pertinentes et des directives en matière de communication.  Des réunions hebdomadaires sont organisées avec les 129 coordonnateurs résidents pour fournir un appui politique et opérationnel.  Plusieurs de leurs économistes travaillent avec les commissions régionales de l’ONU et les équipes de pays des Nations Unies à l’analyse de l’impact socioéconomique de la COVID-19. 

Le Secrétaire général a annoncé la publication, la semaine prochaine, d’un rapport qui insiste sur son appel à la responsabilité commune et à la solidarité mondiale.  Le rapport présente une feuille de route concrète pour renforcer la réponse des Nations Unies mais aussi pour aider les gouvernements et les partenaires à agir avec le sentiment d’urgence requis. 

Déclarée dès le 23 janvier dernier « urgence de santé publique de portée internationale », la COVID-19 compte, selon les chiffres publiés hier par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 462 684 cas dans le monde et 20 844 morts.  Il faut, s’est alarmé aujourd’hui le Secrétaire général, aider les pays du Sud chez lesquels la pandémie arrive d’une manière très inquiétante.  Ces pays ont besoin d’un appui massif car cette crise peut se propager comme un feu de forêt, avec le risque de voir une mutation du virus, annihilant l’effet des vaccins qui sont mis au point en ce moment.  L’Afrique a déjà enregistré 1 937 cas et 31 morts.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Yémen: le Conseil de sécurité exhorte les parties au conflit à progresser vers une désescalade afin de permettre une relance du processus politique

8745e séance – matin
CS/14142

Yémen: le Conseil de sécurité exhorte les parties au conflit à progresser vers une désescalade afin de permettre une relance du processus politique

Le Yémen se trouve à un « moment critique », a averti aujourd’hui l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ce pays, devant le Conseil de sécurité, appelant les parties au conflit à renoncer à l’option militaire pour progresser vers une désescalade et relancer un processus politique « qui n’a que trop tardé ».  Les derniers développements sur le terrain et leurs conséquences humanitaires ont également conduit plusieurs délégations à élever le ton à l’égard des houthistes, accusés d’ignorer les accords signés, de faire obstruction à l’aide et de se livrer à une guerre de la monnaie. 

De retour d’un déplacement au Yémen, la semaine dernière, M. Martin Griffiths a souligné que l’escalade observée à Jaouf, dans le nord du pays, risque de s’étendre à d’autres provinces, notamment celle de Mareb, et entraîner le Yémen dans un « nouveau cycle de violence irresponsable ».  Cela aurait des conséquences humanitaires catastrophiques et mettrait gravement en danger les civils, tout en retardant le processus politique aujourd’hui dans l’impasse, a-t-il prévenu, exhortant les parties à faire preuve de retenue afin que Mareb ne devienne pas « le nouvel épicentre du conflit ». 

Plus à l’ouest, la province de Hodeïda continue, elle aussi, d’être le théâtre d’affrontements meurtriers, tout particulièrement dans la ville et la partie sud du territoire, a ajouté l’Envoyé spécial.  Se déclarant inquiet de l’incident survenu au point d’observation conjoint de Hodeïda, qui menace de saper le mécanisme de désescalade et les avancées du Comité de coordination du redéploiement, il a déploré que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) ne puisse accéder à la ville depuis le 20 octobre dernier.  Il a par ailleurs fait état de combats à Sanaa, ainsi que dans les provinces de Dalea, Chaboua, Taëz et Saada, qualifiant de « réel » le risque de propagation de cette escalade à l’ensemble du Yémen. 

Dans ce contexte, et malgré quelques mesures de renforcement de la confiance prises de part et d’autre, à l’image de l’accord conclu à la mi-février pour un échange de prisonniers d’ampleur, M. Griffiths a reconnu qu’il y a « une limite à ce qui peut être atteint en l’absence de processus politique », appelant de ses vœux la relance de ces discussions afin de faire entrer le Yémen dans une phase de transition.  Mais avant cela, davantage doit être fait pour réduire l’impact sur les populations, a-t-il plaidé, appuyé par M. Ramesh Rajasingham, Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence, qui a sommé les parties de protéger les civils, conformément à leurs obligations en droit international. 

La situation sur le terrain demeure en effet alarmante.  Si les chiffres de 2019 font apparaître une baisse d’un tiers des victimes civiles par rapport à 2018, les enfants représentent désormais une victime civile sur quatre, contre une sur cinq en 2018, a relevé M. Rajasingham, ajoutant que plus de la moitié des décès sont survenus dans des habitations, soit une augmentation de 40%.  En 2020, les pertes civiles repartent à la hausse, avec en moyenne plus de six personnes tuées chaque jour, en partie en raison des combats à Jaouf et Mareb, lesquels ont déplacé des dizaines de milliers de personnes. 

S’agissant de l’accès humanitaire, le Sous-Secrétaire général a estimé que les restrictions imposées dans le nord du pays sont maintenant « intenables ».  L’objectif commun étant de maintenir l’aide aux millions de personnes qui en dépendent, il a indiqué qu’à cette fin, l’ONU avait intensifié le dialogue avec les autorités de facto.  Il leur a notamment été demandé de faire aboutir 71 projets d’aide en attente d’approbation, a-t-il précisé, avant de plaider pour l’envoi urgent de missions d’évaluation afin de garantir le maintien des programmes d’aide. 

Cette situation de blocage a fait réagir plusieurs délégations, à commencer par les États-Unis.  « Le temps presse.  Veuillez ne pas nous empêcher de continuer à fournir de l’aide dans les régions où vous êtes présents », a lancé la représentante à l’adresse des houthistes.  Appelant la milice soutenue par l’Iran à lever les restrictions d’accès et à permettre des évaluations et une surveillance sans entrave des projets humanitaires, elle l’a directement mise en demeure: en l’absence d’actions crédibles, Washington suspendra son aide aux zones contrôlées par les houthistes à la fin du mois de mars, à l’exception de certains programmes essentiels. 

À l’instar de plusieurs autres pays, dont la France, le Royaume-Uni s’est félicité que des signes d’amélioration se fassent jour sur le plan humanitaire dans le nord du pays, avant d’appeler les houthistes à respecter les exigences minimales établies par la communauté internationale.  La Belgique a, quant à elle, souhaité que soient supprimées les restrictions et obstructions qui violent les principes humanitaires, exhortant par ailleurs les houthistes à lever l’interdiction d’utilisation de nouveaux billets de banque dans les zones sous leur contrôle.  Une majorité de délégations ont, d’autre part, exigé de la milice qu’elle permette enfin aux équipes de l’ONU d’accéder au pétrolier Safer afin d’éviter une catastrophe environnementale. 

« Les miliciens houthistes sont allés trop loin », a renchéri le représentant du Yémen, accusant les houthistes de ne pas respecter l’Accord de Stockholm et d’entraver l’acheminement de l’aide vers des millions de Yéménites tout en s’en prenant aux zones résidentielles et aux lieux de culte, et en ciblant des femmes et des enfants.  Déplorant à son tour l’absence de mise en œuvre des accords conclus, tant à Stockholm qu’à Riyad, malgré les efforts de l’Envoyé spécial, la Fédération de Russie a plaidé pour un renforcement de la confiance entre les parties, d’autant plus que, selon elle, des « terroristes » profitent du chaos pour renforcer leur position dans le centre du pays. 

Cette séance était aussi la dernière à laquelle participait Mme Karen Pierce, Représentante permanente du Royaume-Uni, appelée à d’autres fonctions à Washington.  L’une après l’autre, les délégations lui ont rendu un hommage appuyé.  Reprenant la parole en fin de réunion, la représentante les a remerciées pour leurs propos aimables à son endroit, se disant « fière » de faire partie de la famille des Nations Unies, « force du bien ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a estimé d’emblée que le pays se trouve aujourd’hui à un « moment critique ».  En effet, a-t-il averti, les parties au conflit vont soit progresser vers une désescalade et une reprise du processus politique, soit –ce qui est à craindre- opter pour davantage de violence et de souffrances, ce qui rendra plus ardu le retour à la table des négociations.  L’escalade militaire la plus alarmante s’est produite à Jaouf, a précisé M. Griffiths, indiquant que des milliers de familles ont été déplacées par les récents combats et ont urgemment besoin d’assistance et d’abris.  Cette escalade pourrait déclencher des conflits dans d’autres provinces et entraîner le Yémen dans un nouveau cycle de violence irresponsable.  Cela aurait des conséquences humanitaires catastrophiques mais aussi politiques et mettrait gravement en danger les civils, tout en retardant le processus politique qui n’a que trop tardé, a-t-il souligné.  Pour l’Envoyé spécial, les parties doivent donc faire preuve de retenue pour éviter une telle situation.  Il est, selon lui, impératif qu’elles respectent leurs obligations en droit international humanitaire. 

M. Griffiths a rappelé qu’il s’est rendu au Yémen la semaine dernière pour appeler à un arrêt des combats.  À Mareb, il rencontré des responsables locaux et de partis, des chefs tribaux et des représentants de la société civile ainsi que des personnes déplacées.  Il a dit avoir pris acte de leurs inquiétudes et les avoir assurés de son engagement à soutenir la paix au Yémen.  À Sanaa, il a également évoqué la nécessité de stopper les hostilités dans la province de Mareb, allant à la rencontre de représentants de tribus et de responsables communautaires pour entendre leurs vues.  À ses yeux, il est clair qu’il n’y a aucune justification à l’escalade militaire à Mareb.  Cette province ne doit pas devenir le nouvel épicentre du conflit, a-t-il insisté. 

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, la province de Hodeïda continue d’être le théâtre d’affrontements, tout particulièrement dans la ville et la partie sud de ce territoire.  En conséquence, le nombre des victimes civiles s’alourdit.  Les événements survenus depuis l’incident d’hier au point d’observation conjoint de la ville de Hodeïda menace de saper le mécanisme de désescalade et les avancées du Comité de coordination du redéploiement.  Dans ce contexte, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), placée sous le commandement du général Guha, s’emploie à mener des médiations et à rétablir la confiance entre les parties, a-t-il indiqué, exhortant les belligérants à se plier aux mécanismes agréés pour permettre un retour au calme.  Il a également noté que la MINUAAH continue d’être confrontée à de graves limitations de mouvement.  Ses patrouilles n’ont pas été autorisées à accéder à la ville de Hodeïda depuis le 20 octobre 2019, ce qui l’empêche de mener à bien à son mandat. 

Dans le reste du pays, a poursuivi M. Griffiths, des combats se poursuivent dans le district de Nehm, à Sanaa, ainsi que dans les provinces de Dalea, Chaboua, Taëz et Saada.  De fait, il existe un réel risque de propagation de l’escalade militaire à l’ensemble du Yémen, a-t-il soutenu, jugeant que tout doit être fait pour aider les parties à inverser la trajectoire actuelle. 

Rappelant qu’il appelle, depuis le 1er janvier, à une désescalade immédiate et inconditionnelle et à une coopération avec son Bureau pour atteindre ce but, l’Envoyé spécial a estimé qu’il est impératif que les parties acceptent de participer à un mécanisme public et national de désescalade afin de sortir le pays de cette logique de guerre.  Il a indiqué avoir réitéré cet appel lors de son déplacement à Mareb et avoir reçu des réponses positives des parties.  Ces réactions doivent maintenant se traduire en engagements tangibles sur le terrain, a-t-il ajouté.  Ces discussions doivent en outre être renforcées par les efforts visant à relancer le processus politique, et ce, tout en prenant en compte les questions qui ont un impact sur la vie des personnes. 

L’Envoyé spécial s’est d’autre part joint au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour condamner les sentences de mort prononcées par un tribunal de Sanaa, ce mois-ci, à l’encontre de 35 parlementaires yéménites.  La fragmentation et la politisation de la justice sont pour lui des sources de préoccupation importantes. 

Il a ensuite exprimé la conviction que la reprise rapide du processus politique est à portée de main.  Les 26 et 27 février, a-t-il indiqué, son Bureau a réuni un groupe de personnalités publiques et politiques.  Toutes ont estimé qu’une paix durable ne pourra résulter que d’un règlement politique négocié.  De nombreux participants à ces réunions ont appelé à une reprise des discussions sans conditions.  Certains ont toutefois fait part de leur frustration face à l’impasse dans laquelle se trouve le processus politique depuis les premiers pourparlers au Koweït en 2016.  M. Griffiths a également assuré qu’il avait entendu les appels lancés à l’occasion de ces réunions en faveur d’une participation des femmes aux consultations politiques. 

Dans ce contexte, l’Envoyé spécial s’est félicité que les parties continuent de prendre des mesures de renforcement de la confiance.  Il a ainsi salué les avancées dans la mise en œuvre de l’accord conclu à la mi-février sur un échange de prisonniers de grande ampleur.  Dans le même temps, des efforts se poursuivent pour s’assurer du bon fonctionnement du pont aérien médical qui doit permettre à des patients yéménites d’aller se faire soigner à l’étranger.  Toutefois, a-t-il admis, davantage doit être fait pour réduire l’impact sur les civils.  Les parties doivent notamment travailler assidûment à l’organisation d’échanges de prisonniers, à l’ouverture de routes d’accès à Taëz, Hodeïda et Mareb, et au paiement des salariés du secteur public dans tout le pays.  De plus, l’aéroport de Sanaa doit rouvrir, a-t-il plaidé, souhaitant que ces mesures humanitaires ne soient pas politisées.  Mais il y a une limite à ce qui peut être atteint en l’absence de processus politique, a-t-il conclu, appelant de ses vœux la relance de ces discussions afin de faire entrer le Yémen dans une phase de transition et de partage du pouvoir. 

M. RAMESH RAJASINGHAM, Sous-Secrétaire général aux affaires humanitaires et Coordonnateur adjoint par intérim des secours d’urgence, a relevé que la reprise des combats souligne l’urgence des cinq questions prioritaires que son Bureau soumet à l’appréciation du Conseil de sécurité depuis un an: premièrement, la protection des civils et le respect du droit international humanitaire; deuxièmement, l’accès et la livraison humanitaires; troisièmement, le financement de l’assistance des Nations Unies; quatrièmement, l’état de l’économie yéménite; et cinquièmement, les progrès vers la paix.

En ce qui concerne la protection des civils, une exigence du droit international humanitaire, il a rappelé que le nombre de victimes civiles avait diminué d’un tiers entre 2018 et 2019.  Même si c’est une bonne nouvelle, il a souligné qu’il existe aussi plusieurs tendances alarmantes.  Par exemple, les enfants représentent désormais une victime civile sur quatre, contre une sur cinq en 2018.  Plus de la moitié des victimes civiles sont faites maintenant dans les habitations, soit une augmentation de 40% par rapport à 2018.  En d’autres termes, même si la violence a globalement fait moins de victimes, elle est désormais plus susceptible de frapper aux endroits où les gens devraient se sentir le plus en sécurité.  Il n’est donc pas surprenant de constater que 90% de ces incidents entraînent un traumatisme psychosocial qui peut durer longtemps après la guérison des blessures physiques, a souligné le Sous-Secrétaire général.

En outre, les chiffres de 2020 laissent voir que les pertes civiles augmentent de nouveau.  En février, 187 civils ont été tués ou blessés à travers le Yémen, soit plus de six personnes par jour et une augmentation de 20% depuis janvier.  Une grande partie de cette augmentation est due aux combats qui ont lieu à Jaouf et Mareb, lesquels ont déplacé des dizaines de milliers de personnes au cours des dernières semaines.  Il a rappelé que Mareb est une zone qui accueille déjà plus de 750 000 déplacés, avant d’appeler à un cessez-le-feu dans tout le pays et d’inviter les parties à protéger les civils, conformément à leurs obligations en droit international. 

Il a ensuite évoqué la question de l’accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave.  Dans le nord du pays, les restrictions sont devenues intenables, a-t-il reconnu, avant de souligner que tout le monde convient que de nouvelles approches sont nécessaires.  L’objectif commun étant de maintenir l’aide aux millions de personnes qui en dépendent pour survivre, il a dit que l’ONU a intensifié le dialogue avec les autorités de facto, afin de garantir que les conditions soient réunies pour faciliter ce travail. 

Le mois dernier, ces autorités de facto ont accepté de supprimer leur prélèvement de 2% sur les projets d’ONG.  Depuis lors, elles ont convenu d’un modèle de contrat d’accord avec les ONG.  Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) est parvenu à un accord avec les autorités pour lancer immédiatement le reciblage et l’enregistrement biométrique.  M. Rajasingham a déploré le fait que de nouvelles conditions soient apparues en dernière minute, après plus de huit mois de difficiles négociations avec les autorités.  Il a dit que les Nations Unies ont fait savoir aux autorités de facto que les actions valent plus que les mots, leur demandant par exemple de faire aboutir ces 71 projets d’aide en attente d’approbation.  Nous avons besoin que plus de missions de suivi soient approuvées, a-t-il aussi plaidé, avant de demander des missions humanitaires d’évaluation en urgence afin de pouvoir maintenir des programmes d’aide respectant les normes internationales.  Tout cela devrait, a-t-il affirmé, permettre de maintenir des programmes d’aide dont les gens ont besoin.

Il a ensuite évoqué la question du pétrolier Safer qui n’a connue aucun progrès.  Des experts techniques indépendants ont récemment estimé qu’en dépit du scénario modélisé, presque tout le pétrole risque de s’échouer sur les côtes de Hodeïda et Hajja, et de dévaster les communautés côtières du nord, ainsi que les pêcheries et les zones marines dont elles dépendent.  Les pays voisins seraient également touchés, a-t-il mis en garde.  L’ONU entend donc prévenir une telle catastrophe et souhaite, comme première étape, mener une évaluation technique.

Le haut fonctionnaire a noté que les agences humanitaires sont également confrontées à des défis dans les zones contrôlées par le Gouvernement, mais pas dans la même mesure que dans le nord du pays.  Il a précisé que l’insécurité reste également un défi dans certaines parties du sud, rappelant que plusieurs incidents récents ont affecté l’action humanitaire. 

Au sujet du financement des opérations d’aide des Nations Unies, le Sous-Secrétaire général a affirmé que ces opérations au Yémen sauvent des millions de vies.  Plus de 13 millions de personnes reçoivent chaque mois une aide alimentaire et d’autres types d’assistance, a-t-il précisé.  Mais avec des retards dans les évaluations clefs dans le nord et le sud, il n’est pas encore possible de quantifier tout changement par rapport à l’année dernière ou de confirmer s’il existe des poches de besoins importants et non satisfaits.  Au fur et à mesure des évaluations, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) entend reconduire le plan d’intervention 2019 pour maintenir les programmes qui ont contribué à prévenir la famine, à faire reculer le choléra et à sauver des millions de vies.  Ce roulement technique nécessitera un financement considérable, mais probablement un peu moins que le plan de l’année dernière.  Si cette année a débuté avec une base financière très solide, les projections de revenus montrent que plus de 30 grands programmes seront réduits ou commenceront à fermer d’ici à la fin avril sans des fonds supplémentaires.  La réunion du 2 avril, à Riyad, pour mobiliser des fonds sera l’occasion de montrer l’engagement du monde envers le peuple yéménite, a dit le haut fonctionnaire. 

Sur le plan économique, il a noté que les importations commerciales de produits alimentaires et de combustibles continuent d’entrer dans le pays par les ports et conformément aux moyennes établies.  Néanmoins, peu de gens sont en mesure d’acheter ces produits du fait de la chute de la monnaie, le rial yéménite, dont la valeur reste bien en dessous de celle d’avant la crise.  Or cette dépréciation rapide a été un facteur clef qui a poussé le Yémen vers la famine en 2018.  L’une des solutions les plus efficaces au problème du taux de change est l’injection de devises étrangères pour renforcer la monnaie locale, a-t-il préconisé.

Enfin, il a parlé des progrès vers la paix, appelant à prendre des mesures audacieuses, comme l’ouverture de l’aéroport de Sanaa, afin de donner l’espoir au peuple que le dialogue politique prévaudra.  Même si les humanitaires ont remarquablement réussi à atténuer certaines des pires conséquences de cette crise pour les civils, M. Rajasingham a souligné que seule une solution politique pourra mettre fin la crise.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est déclarée abasourdie du fait que les combats décrits aujourd’hui persistent au Yémen.  Elle a appelé les parties à promouvoir publiquement la désescalade, à l’échelle du pays.  Les négociations doivent s’intensifier et s’élargir pour pouvoir déboucher sur de réels progrès, a-t-elle ajouté.  Agissez de bonne foi pour que 2020 soit l’année où on mettra fin à ce conflit cataclysmique, a-t-elle lancé, engageant également les parties à appuyer les initiatives de l’Envoyé spécial.  Elle a aussi « imploré » toutes les parties à coordonner leurs efforts avec le général Guha.

S’agissant de l’accès humanitaire, elle a relevé des petits signes d’amélioration dans le nord, pour ensuite appeler les houthistes à respecter les exigences minimales établies par la communauté internationale.  Elle a de plus espéré que les résultats de la conférence du 13 février pourront se concrétiser.  La représentante s’est aussi inquiétée de l’état du pétrolier Safer.  On en entend parler chaque mois, et pourtant rien n’est fait, a-t-elle décrié, dénonçant l’inaction en la matière.  Les dégâts environnementaux doivent être évités à tout prix.

Mme Pierce s’est en outre inquiétée de la diminution des devises détenues par la Banque centrale et a estimé qu’un appui à hauteur de « un à deux milliards » semble nécessaire.  La monnaie doit se stabiliser pour permettre au Yéménites d’acheter vivres et médicaments, a-t-elle dit, avant d’avertir: « Nous nous rapprochons toujours plus du précipice. »  La représentante a aussi parlé de la COVID-19, notant les restrictions croissantes imposée dans la région et appelant à veiller à ce que celles-ci n’entravent pas l’action des agences.

M. ADEL BEN LAGHA (Tunisie) a commencé par saluer sa collègue britannique, dont cette réunion était la dernière.  Il lui a souhaité un plein succès dans ses nouvelles responsabilités à Washington.  Revenant à la situation au Yémen, le représentant a noté qu’un calme relatif y règne, signalant la possibilité d’avancées positives.  Cela étant, a-t-il déploré, des complications menacent le règlement politique et empêchent la mise en œuvre des accords.  La poursuite de cette escalade militaire aggrave la situation humanitaire et par voie de conséquence les souffrances de la population civile, a-t-il souligné.  Il a donc appelé à un accord de cessez-le-feu immédiat et à la poursuite des efforts permettant la reprise de discussions politiques, lesquelles constituent la seule voie pour un règlement durable. 

Le délégué a aussi demandé que les parties gèlent toute opération militaire, assurant soutenir sans conditions les efforts de l’Envoyé spécial et du Conseil pour renforcer le processus politique dans ce « pays frère ».  Dans ce contexte, les Yéménites continuent de souffrir d’une crise humanitaire sans précédent qui s’élargit du fait des combats, a-t-il souligné.  De fait, il faut lever tout obstacle à l’acheminement de l’aide, a-t-il insisté, félicitant les pays donateurs qui ont convenu de se retrouver le mois prochain.  Il a conclu en réaffirmant l’importance de permettre l’accès d’experts de l’ONU au pétrolier Safer pour éviter une catastrophe environnementale. 

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a regretté que la violence se soit intensifiée au Yémen, notamment lorsque les houthistes ont pris la ville de Hazm dans la province de Jaouf.  Elle a espéré que les parties se réengageront en faveur d’une désescalade suivie d’une reprise des pourparlers en vue d’une solution politique et a demandé instamment la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad.  Lorsque l’ONU sera prête à convoquer des pourparlers, les parties devront être prêtes à constituer des délégations fortes et à représenter tous les Yéménites, y compris les femmes, a-t-elle prévenu.

Mme Craft s’est concentrée sur l’obstruction par les houthistes des opérations humanitaires, qui est devenu « le refrain inacceptable de ces séances d’information ».  Les États-Unis réitèrent leur message du mois dernier aux houthistes: « Le temps presse.  Veuillez ne pas nous empêcher de continuer à fournir de l’aide dans les régions où vous êtes présents. »  La représentante a regretté notamment que les entraves à l’aide aient déjà entraîné la fermeture de nombreux programmes d’aide.  Elle a donc exhorté les houthistes à lever les restrictions d’accès, à permettre des évaluations et une surveillance sans entrave des projets, à approuver les accords en retard avec les ONG, à mettre en œuvre l’enregistrement biométrique et à maintenir l’élimination des prétendues « taxes » sur les projets d’aide.  Les déclarations et les accords à eux seuls ne sauveront pas des vies, a-t-elle souligné en demandant aux houthistes de faire des progrès vérifiables et de s’engager à garantir les conditions de fonctionnement minimales pour la fourniture d’une assistance.  En l’absence d’actions crédibles de leur part, les États-Unis suspendront leur aide aux zones contrôlées par les houthistes au Yémen à la fin du mois de mars, à l’exception de certains programmes essentiels de sauvetage, a-t-elle mis en garde.

Parallèlement, les États-Unis sont activement engagés avec d’autres donateurs dans cet effort visant à créer un environnement propice à la fourniture de l’aide humanitaire -conformément au principe de l’indépendance- dans « la plus grande urgence humanitaire du monde ».  Ils reconnaissent cependant que chaque agence doit prendre sa propre décision concernant la suspension ou la réduction de l’aide.  Les États-Unis se félicitent de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2511 (2020) le 25 février, renouvelant le régime de sanctions au Yémen, et réitèrent l’obligation de tous les États Membres d’appliquer intégralement les sanctions.  Enfin, les États-Unis exhortent une fois de plus les houthistes à autoriser l’inspection et l’entretien par l’ONU du pétrolier Safer, leur demandant aussi de cesser d’utiliser le Safer comme monnaie d’échange.

Après avoir salué à son tour la représentante du Royaume-Uni, appelée à d’autres fonctions, M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a exhorté une nouvelle fois les parties yéménites à la désescalade.  Il s’est dit extrêmement inquiet que les combats se poursuivent dans le nord du pays et que ces manœuvres militaires alimentent un cycle de violences toujours croissantes.  À ses yeux, une attaque sur Mareb serait particulièrement préoccupante.  Il a par conséquent appelé la partie houthiste à renoncer à vouloir s’emparer de cette province par la force, ce qui aurait des conséquences pour des milliers de civils et menacerait la sécurité de quelque deux millions de personnes déplacées.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, la frappe aérienne qui a récemment touché le nord de Hodeïda est un rappel de la fragilité de la situation dans cette région et au-delà.  De fait, toutes les parties doivent se conformer au droit international humanitaire et protéger les populations et les infrastructures civiles, a souligné le délégué, rappelant que les femmes et les enfants paient le plus lourd tribut de ce conflit.  Toutes les parties doivent s’employer à alléger les souffrances des personnes les plus vulnérables et en faire leur priorité. 

M. Schulz a ensuite dit soutenir les efforts de l’Envoyé spécial qui visent à mettre en place un mécanisme de désescalade.  Sa visite à Mareb, le week-end dernier, est un signal très clair à cet égard, a-t-il commenté, exhortant toutes les parties à œuvrer à des mesures de confiance et à faire montre de bonne volonté.  Pour le représentant, les échanges de prisonniers sont des mesures cruciales pour parvenir à la reprise des discussions politiques.  Il a enfin demandé aux parties de coopérer pleinement avec la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) et de permettre un accès sans entrave au pétrolier Safer afin d’éviter des dommages environnementaux. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est dit toujours préoccupé par l’intensification des hostilités depuis le début de l’année, ce qui met en péril les progrès réalisés sur le plan politique.  Il s’est aussi inquiété des tensions dans le sud du Yémen.  Vu les conséquences dévastatrices de la situation sur la population civile, il faut de toute urgence un cessez-le-feu au niveau national et la reddition de la justice, a-t-il recommandé.  Le représentant a condamné les actions arbitraires commises contre les civils dans les zones contrôlées par les houthistes.  Il a appelé les parties en conflit à respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire et les droits de l’homme. 

Le représentant a aussi attiré l’attention sur la détérioration de la situation humanitaire et exhorté les parties à fournir un accès sûr à l’aide.  Le problème des criquets pèlerins a aussi inquiété le représentant qui a souligné la menace que cela représente pour la sécurité alimentaire et demandé un appui de la communauté internationale à cet égard.  Il a insisté pour que les parties facilitent l’accès aux organisations pertinentes, pour éviter une situation encore plus catastrophique.  En outre, il a souligné les problèmes économiques que connaît actuellement le Yémen et appelé à trouver une solution pour éviter un effondrement de l’économie.  Pour conclure, il a réitéré la nécessité d’arriver à un accord politique large et inclusif, basé sur le respect mutuel et la mise en œuvre des engagements.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) s’est dite préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire au Yémen et par la lenteur des progrès sur le plan politique.  « Mais nous ne devons pas nous décourager », a-t-elle dit, ajoutant que le Conseil peut avoir de l’influence sur le terrain.  Elle a insisté sur la nécessité d’un dialogue mené par les Yéménites eux-mêmes, avec l’appui de l’ONU, loin de tout « aventurisme militaire ».  Un tel dialogue ne doit pas dépendre de la mise en œuvre des différents accords signés mais viser à instaurer la confiance pour conduire à une diminution des souffrances, a-t-elle dit.  Si elle a reconnu l’utilité des Accords de Stockholm et de Riyad, elle a affirmé qu’attendre une mise en œuvre plus complète desdits accords pour commencer des pourparlers de paix relève de l’inaction. 

« Sans progrès sur le plan politique, le conflit ne sera pas réglé », a prévenu la représentante.  Mme King a donc appelé les parties yéménites à œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu et invité le Conseil de sécurité à, « au minimum », décourager tout acte susceptible de menacer la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays.  Enfin, Mme King a souligné le besoin d’une association de toutes les communautés du pays, y compris les plus marginalisées, au processus politique en vue d’une paix durable. 

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a constaté que le processus de règlement politique piétine et que la situation humanitaire au Yémen se dégrade.  Ces facteurs nous rapprochent d’un point de non-retour et il sera alors impossible de reconstruire la mosaïque de l’État yéménite, a–t-il averti.  Il s’est inquiété des dégâts irréparables déjà subis par le pays et sa population.  Il faut absolument assainir la situation humanitaire, notamment en ouvrant l’aéroport de Sanaa, et dégager une solution politique au conflit, car, a-t-il souligné, les approches militaristes ne fonctionnent pas.

Poursuivant, le représentant a déploré que les Accords de Stockholm et de Riyad ne soient toujours pas mis en œuvre et a appelé à appuyer les efforts de l’Envoyé spécial.  Il a aussi averti que les terroristes profitent du chaos pour renforcer leur position dans le centre du pays.  Des mesures de confiance s’imposent, de même que l’imposition d’un cessez-le-feu à l’échelle du pays, a-t-il insisté, affirmant être convaincu que le renforcement de la confiance est encore possible.

Aux yeux de M. Safronkov, le conflit au Yémen ne pourra pas être résolu par des tentatives d’identification des coupables, car cela ne contribue, selon lui, qu’à compliquer la situation.  Il a attiré l’attention sur le concept russe de sécurité collective dans le golfe Persique, avant de mentionner les « idées intéressantes » de la France pour se rapprocher du Gouvernent iranien.  Le représentant russe a ensuite appelé les Yéménites à constituer de toute urgence, sous l’égide de l’ONU, un « dossier » complet sur le Yémen pour remettre le pays sur les rails.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a réaffirmé que seule une solution politique globale et inclusive peut permettre une sortie de crise au Yémen.  Elle a appelé les parties à mettre un terme sans délais à l’escalade dans le nord du Yémen et à choisir la voie de la négociation.  Elle a espéré que les contacts directs et la médiation menée par l’Envoyé spécial permettront d’aboutir le plus rapidement possible à un cessez-le-feu, en particulier à Jaouf et à Mareb.  Dans le sud, l’Accord de Riyad doit être pleinement et rapidement mis en œuvre, a insisté la représentante avant d’appeler à la reprise des discussions pour parvenir à un accord politique global et pleinement représentatif de l’ensemble des Yéménites.

Par ailleurs, Mme Gueguen a déclaré que le respect du droit international humanitaire n’est pas négociable et qu’il s’impose à tous.  « La protection des civils, y compris celle des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles doit être une priorité absolue », a-t-elle insisté en précisant que les enfants avaient en 2019 représenté un quart des victimes civiles.  Elle a rappelé que toutes les parties sont tenues de respecter le droit international humanitaire.

Tout en se félicitant des récents développements en matière d’accès humanitaire, Mme Gueguen a jugé indispensable que soient accomplis beaucoup de progrès pour garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave.  En outre, elle a jugé essentiel que les Nations Unies puissent avoir accès au pétrolier Safer, qui représente une grave menace potentielle pour l’environnement, puisqu’une fuite de pétrole aurait un impact dramatique sur toute la région. 

Aujourd’hui, a dit M. NIANDOU AOUGI (Niger), le tableau qui vient d’être présenté est loin d’être des plus reluisants.  « C’est pourquoi nous condamnons toute escalade et appelons les parties à s’abstenir de toute action pouvant compromettre les progrès accomplis, vers la reprise des pourparlers et la mise en œuvre des différents accords pour un règlement politique du conflit », a déclaré le représentant.  Il a réitéré l’appel lancé par l’Envoyé spécial pour une cessation immédiate des combats et la reprise, sans conditions, des pourparlers de paix.  Ces pourparlers doivent être inclusifs de toutes les couches sociales notamment les femmes.  M. Aougi a ajouté qu’il était préoccupé par la poursuite des violations des droits de l’homme ainsi que des violations des principes fondamentaux du droit international humanitaire, dans ce pays où au moins un civil est tué toutes les huit heures, et où sévit l’une des prises crises humanitaires au monde.  Il a espéré que la résolution 2511 (2020) jouera un rôle déterminant pour accélérer le processus politique, éliminer les obstacles à l’acheminement de l’aide internationale et à la poursuite des évacuations sanitaires. 

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a observé qu’en dépit des efforts de l’Envoyé spécial et des personnels humanitaires, la situation reste précaire au Yémen.  La situation est encore plus inquiétante alors que le monde est aux prises avec la crise liée au coronavirus, qui limite drastiquement les possibilités de déplacements dans le monde.  Sur le plan politique, le représentant s’est déclaré préoccupé par le manque de progrès dans les discussions entre les parties.  Il a aussi exprimé son inquiétude concernant les combats pour la prise de Mareb, rappelant que ces faits de violences ont pour conséquence le déplacement de milliers de personnes.  Si l’on veut progresser vers un accord de paix, il est impératif de geler les opérations militaires afin de mettre en œuvre le mécanisme de désescalade et reprendre le dialogue.  Sur le plan militaire, les combats entravent les efforts humanitaires et risquent de ramener le Yémen à la situation d’avant 2018, a averti le délégué.  Il est également essentiel que les houthistes permettent aux responsables de l’ONU d’accéder au pétrolier Safer qui menace l’environnement. 

Évoquant ensuite les accords ainsi que les obstacles à leur mise en œuvre, le représentant s’est ému de la récente frappe aérienne près de Hodeïda, qui menace cette région devenue le « centre de gravité pour le Yémen ».  Réitérant l’appel du général Guha, chef de la MINUAAH, il a exhorté les parties à respecter leurs engagements pour garantir la désescalade.  Quant à l’Accord de Stockholm, le représentant a demandé sa mise en œuvre pleine et entière, notamment pour ce qui concerne les échanges de prisonniers et la statut de Taëz.  Tous les acteurs doivent s’engager dans la désescalade afin d’éviter de plonger le pays dans un conflit généralisé, a-t-il conclu, avant de saluer à son tour Mme Pierce pour ses travaux au Conseil. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a fait part de son inquiétude au sujet de l’escalade du conflit dans le nord du Yémen, rappelant que ce sont les civils qui en payent le prix fort, avant d’appeler les parties en conflit à accorder la priorité à la protection des civils et à respecter le droit international humanitaire et le droit international.  Le délégué les a également invitées à se garder de saper le cessez-le-feu concernant Hodeïda, tout en les appelant à mettre en œuvre les accords de Stockholm.  Selon lui, il n’y a pas de solution militaire au conflit et seul un compromis politique inclusif, global et obtenu par le biais des Nations Unies peut conduire à une solution durable.

Le représentant a aussi déploré la situation humanitaire qui ne cesse de se détériorer, s’inquiétant notamment d’une possible épidémie de choléra.  Il a salué l’initiative de l’Arabie saoudite qui entend organiser un événement de haut niveau d’appel à contributions pour le Yémen le 2 avril, à Riyad.  Il a en outre rappelé aux parties en conflit leur obligation de permettre un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Il a demandé aux houthistes de permettre que les personnels des Nations Unies aient accès au pétrolier Safer sans délai afin d’empêcher une catastrophe environnementale.  Il leur a également demandé de permettre l’accès au Représentant du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud), alarmé par la situation humanitaire au Yémen où 24 millions de personnes ont besoin d’une assistance d’urgence, a exprimé également sa consternation face à l’escalade récente des hostilités, ce qui entrave l’avancement d’une solution politique.  Il est d’autant plus inquiet que ces derniers mois, les parties avaient manifesté un véritable intérêt pour la désescalade.  Pour l’Afrique du Sud, il serait judicieux que toutes les parties observent une cessation des hostilités à l’échelle nationale et reviennent au processus de négociation en vue de parvenir à une solution politique globale pour le Yémen.

L’Afrique du Sud déplore l’impact de cette crise sur les civils, d’autant plus que le nombre de victimes de la guerre a augmenté dans les provinces de Hazm, Mareb et Jaouf.  Les femmes et les filles sont particulièrement exposées puisque 3,25 millions d’entre elles connaissent des risques croissants de santé et de protection, a-t-il rappelé.  Dès lors, l’Afrique du Sud salue les efforts de l’Envoyé spécial et d’ONU-Femmes pour promouvoir la participation des femmes au processus de paix à travers des initiatives comme le Pacte pour la paix et la sécurité des femmes yéménites.

Avant de conclure, M. Mabhongo a appelé à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement yéménite et le Conseil de transition du Sud ainsi qu’à celle de l’Accord de Stockholm de décembre 2018.  Il a exigé, en outre, que les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire soient levées, soulignant combien l’aide est nécessaire à la population.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est inquiété de l’escalade militaire dans la province de Jaouf et de l’aggravation de la situation humanitaire dans le nord du Yémen suite à une nouvelle vague d’hostilités.  Il a appelé les parties à parvenir à un cessez-le-feu permanent et sans conditions, les invitant aussi à déployer des efforts supplémentaires pour mettre en œuvre les Accords de Stockholm et de Riyad.  Il a aussi voulu que les pourparlers de paix reprennent sous les auspices de l’ONU.

M. Dang a aussi exhorté les parties à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, se félicitant dans la foulée du lancement du pont aérien pour les évacuations médicales.  Il a aussi appelé les parties concernées à autoriser l’inspection du pétrolier Safer.  Le représentant a ensuite appelé l’ONU et les pays de la région à continuer d’engager les parties yéménites à participer à un dialogue constructif.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est dit extrêmement préoccupé par l’escalade de la violence au Yémen depuis la mi-janvier.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial qui a l’intention d’établir un mécanisme transparent et responsable pour « geler » le recours à la violence et garantir que les parties cessent les hostilités dans le nord.  Plus que jamais, le processus politique doit reprendre, a-t-il insisté, notant que toute désescalade restera fragile si elle n’est pas consolidée par un processus politique.  Les pourparlers entre l’Arabie saoudite et les houthistes constituent une bonne base, mais à un moment donné, le Gouvernement du Yémen devra être impliqué dans les pourparlers et le processus devra être dirigé par l’ONU, a en outre estimé le représentant.

M. Pecsteen de Buytswerve a ensuite appelé à la mise en œuvre des accords de Stockholm, et à supprimer les restrictions, obstructions et interférences violant les principes humanitaires.  Il s’est aussi préoccupé de la situation économique et financière, notant que celle-ci a été exacerbée par la décision des houthistes d’interdire l’utilisation et l’échange de nouveaux billets de banque dans les zones sous leur contrôle.  Le délégué a, de plus, exigé des houthistes qu’ils donnent « enfin » accès au pétrolier Safer afin de permettre l’évaluation de la situation et éviter toute catastrophe écologique.

M. ZHANG JUN (Chine) s’est inquiété des nouvelles escalades militaires au Yémen et a appelé les parties à parvenir à un accord de cessez-le-feu le plus rapidement possible.  Il souligné que seule une solution politique permettra de mettre un terme au conflit, pour ensuite appeler à la pleine mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad.  Il a espéré que l’échange de prisonniers prévu pourrait avoir lieu.  Le représentant s’est ensuite préoccupé de la situation humanitaire qui sévit dans le pays et a appelé l’ensemble des parties à garantir l’acheminement sans entrave de l’aide.  Il aussi invité les agences concernées à suivre le prêt les conséquences de la prolifération de criquets pèlerins et de la pandémie de COVID-19.

Après avoir, lui aussi, rendu hommage à Mme Karen Pierce pour son action au Conseil, M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a constaté que les milices houthistes continuent de faire obstruction aux efforts des Nations Unies pour avancer vers la paix au Yémen.  Elles refusent d’honorer les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Stockholm parrainé par l’ONU, a-t-il dénoncé, rappelant que le Gouvernement a paraphé cet accord de bonne fois afin de trouver une solution politique et de mettre fin aux souffrances des Yéménites.  Pour le représentant, l’escalade militaire à Jaouf est un signal grave qui signifie que les milices houthistes n’ont jamais pensé sérieusement à la paix et ignorent les souffrances endurées par la population depuis cinq ans.  En poursuivant sur la voie militaire, les milices continuent de cibler des hôpitaux et des camps de réfugiés.  Elles procèdent à une escalade armée sans mettre en œuvre l’Accord de Hodeïda et limitent la liberté de mouvement de la MINUAAH, ciblant même des postes d’observation.  Dans ces conditions, a-t-il dit, le Gouvernement a suspendu le travail de son équipe au Comité conjoint de coordination pour le redéploiement.  Déplorant que les milices houthistes ne veuillent pas entendre la voix de la raison, il a appelé la communauté internationale à être la hauteur de ses responsabilités et à forcer les houthistes à respecter cet accord.  Selon lui, aucune consultation politique ne pourra connaître le succès si les accords précédemment signés ne sont pas mis en œuvre et tant qu’il y aura un pillage des denrées humanitaires au détriment de ceux qui en ont besoin. 

Le délégué a par ailleurs réitéré la condamnation de son gouvernement face aux « interférences iraniennes » dans les affaires yéménites.  L’Iran, a-t-il accusé, continue d’alimenter les milices houthistes et de faire obstruction aux efforts de l’ONU et des pays partenaires en ciblant l’Arabie saoudite et la paix régionale.  De fait, a-t-il plaidé, la communauté internationale et le Conseil de sécurité doivent exercer des pressions sur l’Iran pour qu’il cesse ses agissements au Yémen.  De son côté, le Gouvernement du Yémen fait tout son possible pour mettre en œuvre l’Accord de Riyad afin d’unifier tous les pans politiques sous une seule et même bannière.  Le représentant a exprimé à cet égard l’appréciation de son gouvernement pour le travail effectué à cette fin par ses « frères » de l’Arabie saoudite qui parrainent cet accord.  Dans le même temps, le Gouvernement s’emploie à relancer l’économie, à donner des moyens aux services sociaux et à payer les fonctionnaires.  Ces efforts sont néanmoins contrariés dans les zones contrôlées par les houthistes, a-t-il regretté, avertissant que, sans un soutien international, les choses pourraient encore s’aggraver. 

Les miliciens houthistes sont allés trop loin, a renchéri M. Al-Saadi.  Ils entravent les mesures humanitaires, imposent de taxes et menacent l’acheminement de l’aide vers des millions de Yéménites en s’en prenant aux zones résidentielles et aux lieux de cultes, en ciblant des enfants et en continuant de harceler les femmes.  Il a ajouté que le Gouvernement yéménite condamne la peine de mort prononcée contre 35 parlementaires et la confiscation d’avoirs yéménites à l’étranger.  Enfin, s’agissant du pétrolier Safer contrôlé par les houthistes, il a appelé à ce que l’équipe de l’ONU puisse y accéder sans entrave afin d’éviter une marée noire. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix achève sa session de 2020

265e séance plénière - après-midi
AG/PK/239

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix achève sa session de 2020

Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a terminé ses travaux aujourd’hui, en adoptant sans vote son rapport dont la version finale, qui n’est pas encore publiée, sera soumise à l’approbation de l’Assemblée générale.  Le rapport comprendra les recommandations d’un comité chargé de l’étude d’ensemble de toutes les questions des 13 opérations de maintien de la paix actuellement en cours, sous tous leurs aspects.  

Cette année, le rapport 2020 est articulé autour des huit domaines d’action prioritaires de l’Initiative du Secrétaire général de l’ONU « Action pour le maintien de la paix », « un signal fort », avait estimé le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, le 17 février dernier, à l’ouverture de la session, avant que le Comité spécial ne tienne un débat général de deux jours puis ses négociations à huis-clos.  Les huit domaines d’action prioritaire sont la promotion de solutions politiques et l’amplification des effets politiques du maintien de la paix; l’application du programme pour les femmes, la paix et la sécurité; le renforcement de la protection assurée par les opérations de maintien de la paix; celui de la sûreté et de la sécurité du personnel de maintien de la paix, l’appui à la bonne performance de toutes les composantes du maintien de la paix et le respect du principe de responsabilité; le renforcement de l’impact du maintien de la paix sur la pérennisation de la paix; l’amélioration des partenariats relatifs aux maintien de la paix; et celle de la conduite des opérations et de leurs personnels.

Au cours du débat général, le Comité spécial avait entendu de multiples appels à sortir de l’impasse de la session précédente qui s’était soldée sans consensus et donc sans recommandations.  Le Comité s’était alors montré incapable de dégager un accord sur certaines questions, dont les capacités africaines de maintien de la paix et le financement du Fonds pour la paix de l’Union africaine.  Cette année, le Comité a ainsi pu, selon les dires, commencer ses travaux avec « une page vierge », se focaliser sur les questions les plus pertinentes et repenser son approche.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan du Sud : le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la MINUSS

8744e séance – matin
CS/14141

Soudan du Sud : le Conseil de sécurité proroge d’un an le mandat de la MINUSS

Le Conseil de sécurité a décidé, ce matin, de proroger jusqu’au 15 mars 2021 le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), en l’autorisant à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de ses tâches dans les domaines suivants : protection des civils, instauration des conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire, appui à l’exécution de l’Accord revitalisé et au processus de paix , et surveillance et enquêtes en matière de droits de l’homme.  

En adoptant à l’unanimité la résolution 2514 (2020), le Conseil a décidé également de maintenir l’effectif global de la MINUSS à un maximum de 17  000 militaires, qui comprend une force de protection régionale.  Pour ce qui est des effectifs de police, il a décidé de maintenir  2  101 policiers au maximum, dont 88 spécialistes des questions pénitentiaires.  Le Conseil est «  prêt à envisager d’apporter les modifications nécessaires à la MINUSS pour refléter l’état de la sécurité sur le terrain  », précise le texte. 

Le Conseil de sécurité, par ce texte, insiste sur le fait que la priorité doit être accordée à la protection des civils dans les décisions concernant l’utilisation des capacités et ressources disponibles de la Mission, citant notamment la défense des sites de protection des civils.

 Il demande aussi à la MINUSS de renforcer ses activités de prévention et de lutte contre la violence sexuelle et fondée sur le genre.  La Mission devra ainsi continuer d’intensifier et d’étendre sa présence.  Elle devra patrouiller plus activement dans les zones à risque élevé de conflit, où il existe des menaces ou des risques nouveaux de violence sexuelle et fondée sur le genre. 

La MINUSS est également priée d’appuyer les efforts visant à libérer les enfants associés à des groupes et forces armés sur l’ensemble du territoire sud-soudanais.  Elle devra en outre accorder la priorité au renforcement de la mobilité de la force pour qu’elle soit mieux à même d’exécuter son mandat dans les domaines des risques nouveaux en matière de protection, y compris dans les zones reculées. 

Après le vote et l’adoption de la résolution, les États-Unis, délégation porte-plume pour ce texte, se sont félicités du fait que, pour la première fois, le mandat de la MINUSS a été renouvelé dans un contexte positif, évoquant notamment la création du Gouvernement provisoire d’union nationale.  La délégation a espéré que le renouvèlement du mandat de la Mission ouvrira la voie à une stabilité à long terme dans le pays, soulignant le rôle crucial qu’elle joue pour maintenir la paix et la sécurité. 

Pour sa part, la délégation allemande a déploré le manque de référence, dans la résolution, aux changements climatiques alors, a-t-elle affirmé, que la proposition de l’Allemagne en la matière bénéficiait d’un « appui écrasant ».  Le représentant allemand s’est basé sur le dernier exposé du Représentant spécial du Secrétaire général, M. David Shearer, qui établissait clairement le lien entre les effets des inondations sans précédents dans certaines régions et la hausse des violences intercommunautaires dans ces mêmes régions.  Il a expliqué que sa proposition visait à encourager, à l’avenir, une analyse appropriée des effets des changements climatiques pour permettre au Conseil de sécurité d’être plus à même de répondre à cette cause sous-jacente de conflit. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GENERAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD (S/2020/145)

Texte du projet de résolution (S/2020/197)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse concernant la situation au Soudan du Sud,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale au Soudan du Sud et rappelant l’importance des principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale,

Se disant à nouveau profondément alarmé et préoccupé par la crise politique, économique et humanitaire et les conditions de sécurité qui règnent au Soudan du Sud, ainsi que par les violences causées par les dirigeants politiques et militaires du pays depuis décembre 2013, et soulignant qu’il ne peut y avoir de solution militaire à la situation au Soudan du Sud,

Condamnant fermement tous les combats et autres violations de l’Accord sur la cessation des hostilités, la protection des civils et l’accès humanitaire du 21 décembre 2017, se félicitant de la prompte évaluation desdites violations faite par le Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, invitant l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à lui communiquer rapidement ses rapports et notant que l’Union africaine, l’IGAD et lui-même ont exigé que les parties qui commettent des violations des dispositions de l’Accord soient tenues d’en répondre,

Constatant avec satisfaction que la direction de l’IGAD contribue au processus de paix au Soudan du Sud, se félicitant que l’IGAD et ses États membres, la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, l’Union africaine, notamment son Conseil de paix et de sécurité, l’Organisation des Nations Unies et les pays de la région se soient engagés et s’emploient à dialoguer avec les dirigeants sud-soudanais afin de résoudre la crise actuelle, et encourageant la poursuite d’une collaboration active,

Soulignant que l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en République du Soudan du Sud de 2018 constitue un grand pas en avant dans le processus de paix et offre un véritable espoir de paix et de stabilité durables au Soudan du Sud, demandant aux parties sud-soudanaises de faire preuve de la volonté politique de régler le conflit par des moyens pacifiques, soulignant que la négociation d’arrangements de partage du pouvoir et de dispositions de sécurité, ainsi que le retour de toutes les parties sud-soudanaises à Djouba en toute sécurité, sont essentiels à la progression du processus de paix, et demandant aux parties de veiller à ce que les femmes participent pleinement et véritablement au processus, sachant qu’il convient de protéger les organisations de défense des droits des femmes et les bâtisseuses de la paix contre la menace de représailles et de s’acquitter des engagements pris dans l’Accord revitalisé en matière d’ouverture, notamment en ce qui concerne la diversité nationale, le genre, les jeunes et la représentation des différentes régions,

Se félicitant de l’évolution encourageante du processus de paix au Soudan du Sud, y compris le début de la formation d’un gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé, conscient que cela représente une mesure importante sur la voie d’une paix durable par les parties à l’Accord revitalisé et saluant l’esprit de compromis et la volonté politique qu’elles ont manifestés afin d’instaurer les conditions nécessaires pour faire avancer le processus de paix,

Notant une diminution des violences politiques depuis la signature de l’Accord revitalisé et le maintien du respect du cessez-le-feu permanent dans la majeure partie du pays et notant également les mesures visant à renforcer la confiance entre les signataires de l’Accord revitalisé et la mise en place de la plupart des mécanismes de préparation à la transition prévus dans l’Accord revitalisé,

Se félicitant de la médiation entreprise par la Communauté de Sant’Egidio pour favoriser un dialogue politique entre les parties signataires et non signataires de l’Accord revitalisé et encourageant toutes les parties à poursuivre leur action de règlement pacifique des différends en vue de parvenir à une paix inclusive et durable,

Rappelant sa résolution 2117 (2013) et se déclarant vivement préoccupé par la menace que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre font peser sur la paix et la sécurité au Soudan du Sud,

Notant les mesures qu’il a adoptées dans sa résolution 2428 (2018) et prorogées dans sa résolution 2471 (2019),

Rappelant que les personnes ou entités qui sont responsables d’activités ou de politiques faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité du Soudan du Sud, qui en sont complices ou qui y prennent part directement ou indirectement peuvent faire l’objet de sanctions ciblées conformément à ses résolutions 2206 (2015), 2271 (2016), 2280 (2016), 2290 (2016), 2353 (2017), 2428 (2018) et 2471 (2019), y compris les personnes qui préparent, donnent l’ordre de commettre ou commettent des actes contraires aux dispositions applicables du droit international des droits de l’homme ou du droit international humanitaire, des actes constitutifs d’atteintes aux droits de l’homme ou des actes de violence sexuelle et fondée sur le genre au Soudan du Sud, qui attaquent les missions des Nations Unies, les présences internationales de sécurité ou autres opérations de maintien de la paix ou le personnel humanitaire et rappelant sa volonté d’imposer des sanctions ciblées,

Soulignant que l’application effective du régime de sanctions, notamment des mesures d’interdiction de voyager, est d’une importance capitale, tout comme le rôle clef que les États voisins, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales, peuvent jouer à cet égard, soutenant les efforts déployés pour renforcer encore la coopération, et réaffirmant qu’il sera préparé à adapter les mesures énoncées dans la résolution 2428 (2018) et prorogées dans la résolution 2471 (2019), compte tenu des progrès accomplis en matière de paix, de responsabilité et de réconciliation,

Saluant l’action de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et soulignant qu’il importe que la Mission instaure une collaboration et une liaison efficaces avec les populations locales ainsi qu’avec les acteurs humanitaires, notamment en leur communiquant régulièrement des informations sur son mandat, y compris ses activités prévues et ses capacités, sur les risques de sécurité et les questions connexes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des sites de protection des civils, pour s’acquitter de son mandat de protection des civils, et encourageant la MINUSS à mobiliser davantage la population, y compris au cours des patrouilles, afin de remplir son mandat en matière de protection des civils,

Conscient que le fait de protéger les civils sans avoir recours aux armes peut souvent compléter les mesures visant à créer un environnement protecteur, en particulier à décourager les violences sexuelles et fondées sur le genre contre les civils, et encourageant la MINUSS à étudier les méthodes civiles de protection qu’elle pourrait adopter, notamment au moyen de la mobilisation de la population et de sa stratégie de communication, le cas échéant et chaque fois que possible, pour mieux protéger les civils et l’encourageant également à dispenser à son personnel la formation nécessaire,

Conscient également de la situation humanitaire désastreuse et de l’insécurité alimentaire qui atteint des niveaux élevés dans le pays, condamnant les attaques contre les moyens de subsistance et le déni d’accès à la nourriture et, à cet égard, notant qu’il importe que la MINUSS contribue à instaurer des conditions propices à la fourniture d’une assistance humanitaire, et à instaurer, en coordination avec les acteurs humanitaires et du développement, les populations déplacées et les autorités, les conditions d’un retour, d’une réinstallation ou d’une intégration, dans les communautés d’accueil, librement consenti, en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité des personnes déplacées et des réfugiés,

Condamnant fermement le fait que le Gouvernement sud-soudanais et les groupes d’opposition continuent de faire obstacle aux activités de la MINUSS, notamment en imposant de fortes restrictions à sa liberté de circulation, en dirigeant des attaques contre son personnel et en imposant des contraintes à ses opérations, y compris des restrictions aux patrouilles et aux efforts faits par la MINUSS pour surveiller entre autres la situation des droits de l’homme, nombre de ces actes ayant été qualifiés par le Secrétaire général de violations de l’accord sur le statut des forces par le Gouvernement, et rappelant que, conformément audit accord, la MINUSS et ses fournisseurs doivent jouir de la liberté de circuler sans entrave sur tout le territoire sud-soudanais en empruntant la route la plus directe possible, sans avoir besoin de permis de voyage ou de toute autre autorisation ou notification préalable, et du droit d’importer, en franchise de droits, taxes, redevances et frais, sans interdictions ou restrictions, du matériel, des fournitures, des carburants, des matériaux et d’autres biens,

Exigeant que toutes les parties, en particulier le Gouvernement sud-soudanais, les Forces sud-soudanaises de défense du peuple, la Police nationale sud-soudanaise, le Service national de sécurité, l’APLS dans l’opposition et le Front de salut national, mettent fin à toutes les entraves imposées à l’action de la MINUSS, notamment celles qui l’empêchent d’exécuter son mandat de surveillance et d’enquête en matière de droits de l’homme,

Rappelant qu’il condamne fermement toutes les attaques lancées contre des civils, notamment les actes de violence à l’égard des femmes, des enfants et des personnes en situation vulnérable, toutes les violences à caractère ethnique et tous les discours haineux et incitations à la violence, et se déclarant gravement préoccupé par la possibilité qu’un conflit politique puisse dégénérer en une véritable guerre ethnique, ainsi que l’a noté le Conseiller spécial pour la prévention du génocide, Adama Dieng,

Se déclarant vivement préoccupé par les rapports faisant état d’actes de violence sexuelle et fondée sur le genre, notamment par les conclusions du rapport du Secrétaire général (S/2018/250) concernant le recours aux violences sexuelles comme tactique par les parties au conflit contre la population civile au Soudan du Sud, y compris les viols individuels et collectifs de femmes et de filles, les enlèvements, les mariages forcés et l’esclavage sexuel, les violences sexuelles liées au conflit et autres formes de violence contre les femmes et les filles étant devenues la norme et se poursuivant depuis la signature de l’Accord revitalisé et malgré l’interruption de la plupart des offensives militaires, comme il ressort du rapport de février 2019 de la MINUSS et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur les violences sexuelles liées au conflit dans le nord de l’Unité de septembre à décembre 2018, mettant en évidence l’urgence et l’importance d’enquêtes rapides et de la fourniture d’une assistance et d’une protection aux victimes de violences sexuelles et fondées sur le genre,

Condamnant énergiquement toutes les violations des droits de l’homme, atteintes à ces droits et violations du droit international humanitaire par toutes les parties, y compris les groupes armés et les forces de sécurité nationale, ainsi que l’incitation à commettre de telles atteintes et violations, condamnant également les actes de harcèlement dirigés contre les membres de la société civile, le personnel humanitaire et les journalistes et les actes qui les prennent pour cible ou visent à les faire taire, soulignant que quiconque est responsable de violations du droit international humanitaire, de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits doit être amené à répondre de ses actes et qu’il incombe au premier chef au Gouvernement sud-soudanais de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité et se déclarant préoccupé que la signature de l’Accord revitalisé n’ait pas mis un terme aux infractions susceptibles de constituer des crimes internationaux, y compris des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, notamment aux viols et aux violences sexuelles,

Réaffirmant qu’il est urgent de mettre fin à l’impunité au Soudan du Sud et de traduire en justice tous les responsables de violations du droit international humanitaire et de violations des droits de l’homme et autres atteintes portées à ceux‑ci et soulignant l’importance d’appliquer des mesures de justice transitionnelle, y compris celles énoncées dans l’Accord revitalisé, pour mettre un terme à l’impunité, de faciliter la réconciliation et l’apaisement et d’instaurer une paix durable, comme énoncé au chapitre V de l’Accord revitalisé et, à cet égard, appuyant l’action menée par l’Union africaine afin de créer le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et partageant la préoccupation exprimée par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine concernant les retards pris et l’absence de coopération du Gouvernement sud-soudanais, comme l’a indiqué le Président de l’Union africaine en février 2020 à la séance d’ouverture du Conseil exécutif de l’Union africaine,

Se déclarant profondément préoccupé par les rapports sur la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud publiés par la MINUSS et le Secrétaire général, constatant avec une vive inquiétude que, selon certains rapports, notamment le rapport de la Commission d’enquête de l’Union africaine pour le Soudan du Sud, publiés le 27 octobre 2015, et les rapports de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud, publiés le 23 février 2018, le 20 février 2019 et le 20 février 2020, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité avaient pu être commis, soulignant qu’il espère que ces rapports et les autres rapports crédibles sur la question seront dûment pris en compte par les mécanismes de justice transitionnelle du Soudan du Sud, y compris ceux qu’établit l’Accord revitalisé, soulignant également qu’il importe de recueillir et de conserver les preuves afin que le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et d’autres mécanismes d’établissement des responsabilités puissent les utiliser et encourageant les efforts à cet égard,

Conscient de l’importance de la ratification, par le Gouvernement sud-soudanais, du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, demandant instamment que ce Protocole soit immédiatement et pleinement appliqué, se félicitant de la signature par le Gouvernement sud-soudanais le 7 février du Plan d’action global visant à faire cesser et à prévenir toutes les violations graves contre les enfants, prenant note du rôle joué par le Gouvernement dans la négociation de la libération d’enfants par les parties au conflit, notant cependant que quelque 19 000 enfants étaient encore dans les rangs des groupes d’opposition armés des Forces sud-soudanaises de défense du peuple en juillet 2019, selon le rapport de février 2020 de la Commission sur les droits de l’homme, pressant toutes les parties de redoubler d’efforts pour mettre sans délai un terme au recrutement d’enfants par les groupes armés et faire libérer tous ceux qui ont été recrutés jusque-là, et encourageant la poursuite des efforts à cet égard, en particulier au moyen de l’adoption des Principes de Paris par le Gouvernement,

Prenant note du rapport de la MINUSS et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression au Soudan du Sud depuis la crise de juillet 2016, publié en février 2018, se déclarant toujours préoccupé par la grave restriction de la liberté d’opinion, d’expression et d’association, condamnant la diffusion dans les médias de discours haineux et de messages incitant à la violence contre tel ou tel groupe ethnique, pratique qui pourrait entraîner des violences massives et exacerber le conflit armé, et demandant au Gouvernement sud-soudanais de condamner et de contrecarrer immédiatement l’augmentation des discours haineux et de la violence ethnique et de promouvoir la réconciliation entre les Sud-Soudanais,

Se déclarant vivement préoccupé par la situation tragique des personnes handicapées au Soudan du Sud qui sont notamment négligées, soumises à des violences et privées de l’accès aux services de base et soulignant que les besoins particuliers des personnes handicapées doivent être pris en charge dans le cadre des interventions humanitaires,

Constatant les effets néfastes des phénomènes météorologiques extrêmes sur la situation humanitaire et la stabilité au Soudan du Sud et soulignant qu’il importe que le Gouvernement sud-soudanais et l’ONU élaborent des stratégies appropriées d’évaluation et de gestion des risques dans le cadre de ces phénomènes,

Se déclarant profondément alarmé et préoccupé par le fait que près de 3,9 millions de personnes ont été déplacées, que la crise humanitaire persiste, que quelque 5,29 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire grave selon le rapport établi à partir du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, publié en février 2020, et que 7,2 millions de personnes ont besoin d’aide pour survivre, se félicitant des efforts déployés par les organismes humanitaires des Nations Unies, les partenaires et les donateurs pour apporter un appui immédiat et coordonné à la population, demandant à la communauté internationale de poursuivre ces efforts en vue de satisfaire les besoins humanitaires de la population sud-soudanaise,

Condamnant les obstacles imposés par toutes les parties à la circulation des civils et aux déplacements des acteurs humanitaires qui cherchent à atteindre les civils ayant besoin d’assistance, se déclarant préoccupé par l’imposition de taxes et de droits qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire à travers le pays, notant avec préoccupation les rapports selon lesquels le déplacement forcé et le déni d’accès humanitaire exacerbent l’insécurité alimentaire de la population civile et rappelant que toutes les parties au conflit doivent autoriser et faciliter, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire, notamment les principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance, l’accès complet, sûr et sans entrave du personnel, du matériel et des fournitures et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire à tous ceux qui en ont besoin, en particulier aux déplacés et aux réfugiés,

Condamnant fermement toutes les attaques dirigées contre le personnel et les installations humanitaires, qui ont entraîné la mort d’au moins 116 agents depuis décembre 2013, y compris l’attaque perpétrée contre le complexe hôtelier Terrain le 11 juillet 2016 et les attaques dirigées contre du personnel médical et des hôpitaux, notant avec une vive inquiétude la fréquence croissante des actes de harcèlement et d’intimidation dirigés contre des agents humanitaires, et rappelant que les attaques visant le personnel et les biens humanitaires indispensables à la survie de la population civile peuvent constituer des violations du droit international humanitaire,

Exprimant sa profonde reconnaissance aux Casques bleus de la MINUSS et aux pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police pour les mesures qu’ils prennent dans le cadre de l’exécution du mandat de la Mission dans un environnement difficile, notamment afin de protéger les civils menacés de violences physiques, y compris les ressortissants étrangers, et de sécuriser le périmètre des sites de la MINUSS et au-delà, soulignant que le Secrétaire général ne devrait accepter aucune restriction nationale qui nuise à l’efficacité de l’application du mandat, et soulignant également que l’absence de direction et de commandement efficaces, le refus d’obéir aux ordres, l’inaction face aux attaques perpétrées contre des civils, le refus de participer à des patrouilles de longue distance dans les régions rurales du pays ou d’en entreprendre et l’insuffisance des équipements et des ressources financières risquent de compromettre l’exécution efficace du mandat dont chacun partage la responsabilité,

Accueillant avec satisfaction l’engagement pris par le Secrétaire général d’appliquer rigoureusement la politique de tolérance zéro de l’Organisation des Nations Unies à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, notant les diverses mesures prises par la MINUSS et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police pour combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles, mais se déclarant gravement préoccupé par les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles imputées à des soldats de la paix au Soudan du Sud, soulignant qu’il importe au plus haut point que les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police, ainsi que la MINUSS, selon le cas, enquêtent rapidement sur ces allégations de façon crédible et transparente et que les auteurs de telles infractions pénales ou de fautes répondent de leurs actes et soulignant également qu’il faut prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à la résolution 2272 (2016),

Conscient des problèmes considérables de ressources et de capacités auxquels se heurte la MINUSS dans l’exécution de son mandat, remerciant la Mission des efforts qu’elle fait pour assurer la sécurité des déplacés qui cherchent protection sur ses sites, tout en constatant qu’il importe de trouver des solutions durables pour les déplacés, conformément aux Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays et soulignant à cet égard que la Mission devrait étendre sa présence, notamment au moyen de déploiements et de patrouilles systématiques, dans les zones de déplacement et de retour potentiel ou effectif et soulignant qu’elle doit faire preuve de souplesse dans son dispositif à l’intérieur et à l’extérieur des sites de protection des civils et que les décisions en matière de présence et de déploiement demeurent liées à l’analyse des menaces,

Soulignant que les obstacles persistants à la pleine application de la résolution 1325 (2000) et aux résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité, notamment la résolution 2242 (2015), ne seront éliminés qu’au moyen d’un engagement ferme en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes et du respect des droits de l’homme, d’orientations concertées, d’informations et d’activités cohérentes et d’un appui, afin que la participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions soit renforcée,

Condamnant fermement également les attaques commises contre le personnel et les installations des Nations Unies et de l’IGAD par les forces gouvernementales, les forces de l’opposition et d’autres groupes, notamment la destruction en vol, en décembre 2012, d’un hélicoptère des Nations Unies par l’Armée populaire de libération du Soudan (APLS), l’attaque d’avril 2013 contre un convoi des Nations Unies, l’attaque de décembre 2013 contre le camp de la MINUSS à Akobo, la destruction en vol, en août 2014, d’un hélicoptère des Nations Unies par des groupes armés non identifiés, le rapt et la détention, en août 2014, d’une équipe de surveillance et de vérification de l’IGAD, le rapt et la détention de membres de la MINUSS et la confiscation de leur matériel par des forces d’opposition dans l’État du Haut-Nil en octobre 2015, l’attaque de février 2016 contre le site de protection des civils de Malakal, les attaques de juillet 2016 contre le site de protection des civils de Djouba et le complexe hôtelier Terrain, le rapt et la détention de membres du personnel des Nations Unies et du personnel associé, les multiples attaques contre les camps de la Mission à Bor, Bentiu, Malakal et Melut, ainsi que la disparition, imputée à l’APLS, et la mort de trois membres du personnel des Nations Unies recrutés sur le plan local et d’un vacataire local dans l’État du Haut-Nil, et demandant au Gouvernement sud-soudanais de mener à bien en toute diligence les enquêtes qu’il a ouvertes sur ces attaques et de poursuivre les responsables en justice,

Constatant que la situation au Soudan du Sud continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Exige de toutes les parties au conflit qu’elles mettent immédiatement un terme aux combats dans l’ensemble du Soudan du Sud et engagent un dialogue politique, et enjoint aux dirigeants sud-soudanais de mettre en œuvre le cessez-le-feu permanent décrété dans l’Accord revitalisé et les cessez-le-feu qu’ils ont respectivement demandés les 11 juillet 2016 et 22 mai 2017 ainsi que l’Accord sur la cessation des hostilités signé le 21 décembre 2017, et de veiller à ce que les injonctions et décrets émis par la suite, ordonnant à leurs commandants de contrôler leurs forces et de protéger les civils et leurs biens, soient pleinement appliqués;

2.    Exige du Gouvernement sud-soudanais qu’il respecte les obligations énoncées dans l’Accord sur le statut des forces entre le Gouvernement sud-soudanais et l’Organisation des Nations Unies et cesse immédiatement d’entraver la MINUSS dans l’exécution de son mandat, enjoint au Gouvernement de cesser immédiatement d’empêcher les intervenants humanitaires internationaux et nationaux de venir en aide aux civils et de faciliter la liberté de circulation du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité et demande au Gouvernement de prendre des mesures pour dissuader quiconque d’entreprendre une action hostile ou autre susceptible d’entraver la Mission ou les acteurs humanitaires internationaux ou nationaux et pour amener les responsables de tels actes à en répondre, rappelle au Gouvernement sud-soudanais que, conformément à l’Accord sur le statut des forces, la MINUSS n’a pas besoin d’une autorisation ou d’une permission au préalable pour s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées et exhorte le Gouvernement à instaurer un climat de coopération mutuelle pour que la Mission et ses partenaires puissent mener leurs activités;

3.    Exprime son intention d’envisager toutes les mesures appropriées, comme en témoigne l’adoption des résolutions 2206 (2015), 2290 (2016), 2353 (2017), 2428 (2018) et 2471 (2019), contre ceux qui agissent de manière à compromettre la paix, la stabilité et la sécurité du Soudan du Sud, insiste sur l’inviolabilité des sites de protection de l’Organisation des Nations Unies, souligne expressément que les personnes et entités responsables ou complices d’attaques contre le personnel et les locaux de la MINUSS et le personnel des organisations humanitaires, ou qui ont pris part, directement ou indirectement, à de telles attaques, peuvent répondre aux critères de désignation et, à cet égard, prend note du rapport spécial du Secrétaire général sur la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (S/2018/143) daté du 20 février 2018, dans lequel il est indiqué que le réapprovisionnement régulier des parties en armes et en munitions au Soudan du Sud avait eu une incidence directe sur la sécurité du personnel des Nations Unies et la capacité de la Mission de s’acquitter de son mandat, prend note également du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 8 février 2018 dans lequel celui-ci a indiqué qu’il faudrait veiller à ce que les signataires de l’Accord de cessation des hostilités soient privés des moyens de continuer de combattre et insiste sur les mesures adoptées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2428 (2018), notamment l’embargo sur les armes, pour priver les parties des moyens de continuer à combattre et prévenir toute violation de l’Accord de cessation des hostilités;

4.    Se félicite de l’évolution encourageante du processus de paix au Soudan du Sud, de la bonne volonté affichée par les parties en vue d’instaurer les conditions nécessaires pour faire avancer le processus de paix et de la réduction de la violence politique parmi les parties belligérantes et demande aux signataires de l’Accord revitalisé de l’appliquer pleinement et d’établir les institutions prévues, dès que possible;

5.    Condamne les violations de l’Accord sur la cessation des hostilités commises par toutes les parties, notamment la persistance du recours aux violences sexuelles et fondées sur le genre dans les attaques, et l’agression dirigée contre les représentants du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité, qui nuisent aux mesures de renforcement de la confiance entre les parties belligérantes, souligne que l’absence de mesures de sécurité réalistes pourrait freiner le processus de paix, demande à toutes les parties de garantir la participation pleine et effective des jeunes, des femmes, des diverses communautés, des groupes confessionnels et de la société civile à tous les efforts de règlement du conflit et de consolidation de la paix, et prie instamment la MINUSS d’aider toutes les parties à cet égard;

6.    Décide de proroger le mandat de la MINUSS jusqu’au 15 mars 2021;

7.    Décide également de maintenir l’effectif global de la MINUSS à un maximum de 17 000 militaires, qui comprend une Force de protection régionale, et les effectifs de police à 2 101 policiers au maximum, dont 88 spécialistes des questions pénitentiaires, et se déclare prêt à envisager d’apporter les modifications nécessaires à la MINUSS pour refléter l’état de la sécurité sur le terrain;

8.    Décide d’assigner à la MINUSS le mandat ci-après et l’autorise à user de tous les moyens nécessaires pour s’acquitter des tâches suivantes:

a)    Protection des civils :

i)    Protéger les civils se trouvant sous la menace de violences physiques, quelle qu’en soit la source, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement, et particulièrement les femmes et les enfants, notamment en continuant de recourir à ses conseillers pour la protection des enfants, ses conseillers pour la protection des femmes et ses conseillers pour les questions de genre, civils ou militaires, les postes vacants dans ces domaines devant être pourvus dans les plus brefs délais;

ii)   User de dissuasion à l’égard de toute violence contre les civils, y compris les ressortissants étrangers, en particulier en procédant à des déploiements préventifs et en patrouillant activement, en accordant une attention particulière aux déplacés, notamment mais non exclusivement à ceux qui se trouvent dans des sites de protection et des camps de réfugiés, au personnel humanitaire et aux défenseurs des droits de l’homme et en répertoriant les menaces et attaques contre la population civile, y compris par des échanges réguliers avec les civils et une collaboration étroite avec les organisations humanitaires, de défense des droits de l’homme et de développement et les organisations de la société civile dans les zones à risque de conflit élevé, notamment, le cas échéant, les écoles, lieux de culte, hôpitaux et installations pétrolières, et les zones potentielles de retour, en particulier là où le Gouvernement sud-soudanais est incapable d’assurer une telle sécurité ou ne le fait pas;

iii)  Appliquer à l’échelle de la Mission une stratégie d’alerte rapide, y compris la mise en place du Plan d’acquisition des informations, approche coordonnant la collecte, la localisation et l’analyse des faits survenus, le suivi, la vérification, la notification immédiate et la diffusion des informations et les mécanismes de réaction, notamment pour riposter à des menaces ou à des attaques contre les civils qui peuvent donner lieu à des violations des droits de l’homme, à des exactions ou à des violations du droit international humanitaire, ainsi que pour parer à l’éventualité d’attaques futures contre le personnel et les installations des Nations Unies;

iv)   Préserver la sûreté et la sécurité publiques à l’intérieur et autour des sites de protection des civils de la MINUSS;

v)    Décourager et prévenir les violences sexuelles et fondées sur le genre, dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement, ainsi qu’il est signalé au paragraphe 41 du rapport spécial du Secrétaire général du 10 novembre 2016 (S/2016/951);

vi)   User de bons offices et de mesures de confiance et d’encouragement pour appuyer la stratégie de protection de la Mission, en particulier en ce qui concerne les femmes et les enfants, notamment en aidant à la prévention, à l’atténuation et au règlement des conflits intercommunautaires au moyen, notamment, de la médiation et du dialogue de proximité, pour favoriser une réconciliation durable à l’échelle locale et nationale, élément essentiel de la prévention de la violence et de l’édification de l’État à long terme, et aider les autorités compétentes et les organisations de la société civile, dans la limite des ressources disponibles, à élaborer et exécuter des programmes de lutte contre la violence au sein de la collectivité qui tiennent compte des questions de genre, en coopération et en coordination avec les partenaires de développement et les représentants locaux, en particulier les femmes et les jeunes;

vii)  Créer des conditions de sécurité propices au retour, à la réinstallation volontaire et à la réintégration, dans les communautés d’accueil, en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité des déplacés et des réfugiés, y compris en surveillant les services de police, les institutions chargées de la sécurité, les organismes publics et les acteurs de la société civile, en veillant à ce qu’ils respectent les droits de l’homme et en procédant avec eux, si cela est compatible avec la politique de diligence voulue des Nations Unies en matière de droits de l’homme et strictement conforme à cette politique, à une coordination opérationnelle axée sur la protection, notamment dans le cadre d’activités de sensibilisation aux questions de la violence sexuelle et fondée sur le genre et au sort des enfants en temps de conflit armé ainsi qu’en apportant une assistance technique ou des conseils sur le droit international humanitaire et en appuyant les enquêtes et les poursuites concernant les cas de violences sexuelles et fondées sur le genre et de violences sexuelles liées aux conflits ainsi que d’autres violations des droits de l’homme ou atteintes à ceux-ci, afin de renforcer la protection des civils, de combattre l’impunité et de promouvoir l’application du principe de responsabilité;

viii) Apporter un renfort à l’organisation du retour, de la réinstallation volontaire ou de l’intégration, en toute sécurité, en connaissance de cause et dans la dignité des personnes déplacées qui quittent un site de protection des civils des Nations Unies, en coordination avec les acteurs humanitaires et les autres parties prenantes et dans la limite des ressources existantes;

b)    Instauration des conditions nécessaires à l’acheminement de l’aide humanitaire:

i)    Contribuer, en étroite coordination avec les intervenants humanitaires, à la création de conditions de sécurité propices à l’acheminement de l’aide humanitaire, afin de permettre l’accès rapide, en toute sécurité et sans entrave du personnel de secours à tous ceux qui se trouvent dans le besoin au Soudan du Sud et l’acheminement en temps voulu de l’aide humanitaire, en particulier aux déplacés et aux réfugiés, en rappelant la nécessité de se conformer aux dispositions applicables du droit international et de respecter les principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire, notamment l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance;

ii)   Garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé, le cas échéant, et la sécurité de leurs installations et du matériel nécessaire à l’exécution des tâches prescrites;

c)    Appuyer l’exécution de l’Accord revitalisé et le processus de paix:

      Exécuter, dans les limites des moyens disponibles, les tâches ci-après à l’appui de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé et du processus de paix, en ayant à l’esprit que les tâches visées au paragraphe 10 sont indispensables à la création d’un environnement propice à la mise en œuvre de ces derniers;

i)    User de ses bons offices pour appuyer le processus de paix et la mise en œuvre de l’Accord revitalisé, en fournissant notamment des conseils ou une assistance technique;

ii)   Participer aux travaux du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité visant à exécuter son mandat, qui consiste à surveiller le cessez-le-feu et à en suivre l’application, notamment en facilitant le travail du Mécanisme et en l’aidant à constater les violences commises et à recueillir des informations sur celles-ci et en veillant, d’une manière générale, à ce qu’il permette effectivement d’identifier les auteurs de ces violences;

iii)  Participer et concourir activement aux travaux de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, en particulier au niveau sous-national;

d)    Surveillance et enquêtes en matière de droits de l’homme:

i)    Suivre les cas de violations des droits de l’homme, d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire, enquêter sur toutes atteintes et violations, les constater et en rendre compte immédiatement, publiquement et régulièrement, notamment lorsqu’elles peuvent constituer des crimes contre l’humanité ou des crimes de guerre;

ii)   Suivre les cas de violations et sévices dont sont victimes des enfants et des femmes, y compris toutes formes de violence sexuelle et fondée sur le genre commises en période de conflit armé, enquêter sur ces cas, les vérifier et en rendre compte expressément et publiquement en accélérant la mise en œuvre des dispositifs de suivi, d’analyse et de communication de l’information sur la violence sexuelle liée aux conflits et en renforçant le mécanisme de surveillance et de communication de l’information concernant les violations et sévices commis contre les enfants;

iii)  Suivre les cas de discours haineux et d’incitation à la violence, enquêter sur ces cas et en rendre compte, en coopération avec le Conseiller spécial pour la prévention du génocide;

iv)   Agir en coordination avec les mécanismes internationaux, régionaux et nationaux chargés de suivre les violations du droit international humanitaire et les violations des droits de l’homme et les atteintes à ces droits, notamment lorsqu’elles peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, d’enquêter sur celles-ci et de les signaler, partager des informations avec ces mécanismes et leur apporter un concours technique, selon que de besoin;

9.    Souligne qu’à long terme, la viabilité du processus de paix ne pourra être assurée sans l’adhésion totale de toutes les parties et la participation de la société civile, des femmes et des jeunes, exhorte toutes les parties à participer de bonne foi au processus de paix afin d’aboutir aux compromis nécessaires à la paix et à la stabilité au Soudan du Sud, et note son intention de continuer d’examiner activement les tâches et la composition de la MINUSS, en tenant compte de l’évolution du processus de paix et de l’application de l’Accord revitalisé;

10.   Décide que la MINUSS continuera d’être chargée d’assurer un environnement sûr à Djouba et alentour et dans d’autres régions du Soudan du Sud, selon que de besoin, et autorise celle-ci à user de tous les moyens nécessaires, notamment en prenant résolument des dispositions, le cas échéant, et en effectuant activement des patrouilles, de manière à:

i)    Favoriser les conditions susceptibles de garantir la libre circulation, à l’intérieur, en dehors et autour de Djouba, en protégeant les modes d’entrée et de sortie de la ville et les principales voies de communication et de transport à l’intérieur de Djouba;

ii)   Protéger l’aéroport pour le maintenir en service ainsi que les installations clefs à Djouba, essentielles au bien-être de sa population, que le Représentant spécial du Secrétaire général aura désignées;

iii)  Combattre rapidement et efficacement tout acteur qui, selon des informations crédibles, prépare ou mène des attaques contre les sites de protection des civils de l’ONU, d’autres locaux des Nations Unies, le personnel des Nations Unies, des intervenants humanitaires internationaux et nationaux, ou des civils;

11.   Se félicite des efforts déployés par l’IGAD, l’Union africaine, son Conseil de paix et de sécurité et les pays de la région pour trouver des solutions durables aux problèmes qui menacent la paix et la sécurité au Soudan du Sud, encourage ces parties à poursuivre leur coopération soutenue avec les dirigeants sud-soudanais afin que ces derniers honorent sans délai tous les engagements qu’ils ont pris dans le cadre des accords de cessation des hostilités et de l’Accord revitalisé, souligne l’appui apporté par l’IGAD au dialogue national, en coopération avec l’ONU et l’Union africaine, et prie instamment l’IGAD de pourvoir la présidence de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée;

12.   Affirme qu’il est crucial que, pour l’exécution de son mandat, la MINUSS puisse utiliser toutes ses bases sans restriction, notamment mais non exclusivement sa base de Tomping et, à cet égard, demande au Gouvernement sud-soudanais de respecter l’obligation qui lui incombe, au titre de l’Accord sur le statut des forces, de garantir à la Mission l’accès sans entrave aux locaux de l’ONU;

13.   Rappelle sa résolution 2086 (2013), réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels qu’énoncés dans la déclaration de son président publiée sous la cote S/PRST/2015/22, à savoir le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense ou de défense du mandat, et est conscient que le mandat de chaque mission de la paix est déterminé en fonction des besoins et de la situation du pays concerné et qu’il escompte l’exécution intégrale des mandats qu’il autorise;

14.   Insiste sur le fait que la priorité doit être accordée à la protection des civils dans les décisions concernant l’utilisation des capacités et ressources disponibles de la Mission, souligne que le mandat de la MINUSS énoncé aux paragraphes 8 et 10 de la présente résolution recouvre le pouvoir d’user de tous les moyens nécessaires pour mener à bien les activités inscrites audit mandat, en particulier la protection des civils, et souligne que de telles dispositions consistent notamment, dans les limites des capacités et des zones de déploiement de la MINUSS, à défendre les sites de protection des civils, à établir autour des sites des zones qui ne soient pas utilisées à des fins hostiles par quelque force que ce soit, y compris, s’il y a lieu, en étendant les zones exemptes d’armes aux sites de protection des civils de la Mission, à faire face aux menaces qui pèsent sur les sites, à fouiller les personnes cherchant à s’y introduire et à saisir les armes de celles qui s’y trouvent ou tentent d’y pénétrer, en expulsant les intervenants armés des sites de protection des civils et en leur interdisant l’entrée de ces sites;

15.   Constate l’importance de recourir à des mesures de confiance, à la facilitation, à la médiation et à la mobilisation de la population et encourage la MINUSS, s’il y a lieu et lorsqu’elle le peut, à étudier la façon dont elle peut s’appuyer sur ces outils pour améliorer ses capacités en matière de protection, de collecte d’informations et d’appréciation de la situation et pour mener à bien les activités prescrites par son mandat, notamment s’agissant de la protection des civils;

16.   Demande à la MINUSS d’accorder la priorité au renforcement de la mobilité de la force pour qu’elle soit mieux à même d’exécuter son mandat dans les domaines des risques nouveaux en matière de protection, y compris dans les zones reculées, et encourage la Mission à accorder la priorité au déploiement des forces avec les moyens aériens, terrestres et maritimes appropriés, dans le cadre des ressources financières existantes;

17.   Invite et encourage le Représentant spécial du Secrétaire général à diriger les opérations d’une MINUSS intégrée, à coordonner toutes les activités du système des Nations Unies au Soudan du Sud et à exercer ses bons offices en jouant un rôle de premier plan dans le cadre de l’assistance prêtée par les entités du système des Nations Unies présentes au Soudan du Sud à la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée, à l’Union africaine, à l’IGAD et aux autres intervenants, ainsi qu’aux parties, aux fins de l’exécution de l’Accord revitalisé et de la promotion de la paix et de la réconciliation, souligne à cet égard le rôle central du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité ainsi que l’importance de l’aide que celui-ci reçoit de la MINUSS pour exécuter son mandat, et réaffirme à cet égard le rôle crucial que l’Organisation des Nations Unies assume en coordination avec les organisations régionales et d’autres intervenants pour favoriser un dialogue politique entre les parties, contribuer à œuvrer à la cessation des hostilités et amener les parties à un processus de paix inclusif;

18.   Demande à la MINUSS de renforcer ses activités de prévention de la violence sexuelle et fondée sur le genre et de lutte contre celle-ci, notamment en veillant à ce que le risque de violence sexuelle et fondée sur le genre soit pris en compte dans les systèmes de collecte de données, d’analyse des menaces et d’alerte rapide de la Mission et en se concertant avec les personnes rescapées de violences sexuelles et les associations de femmes, demande également à la MINUSS de tenir dûment compte des considérations de genre en tant que question transversale tout au long de son mandat, et réaffirme l’importance d’avoir des conseillers, des spécialistes et des coordonnateurs pour les questions de genre, civils ou militaires, dans toutes les composantes de la mission, et un renforcement des capacités pour l’exécution du mandat de la mission en tenant compte des questions de genre;

19.   Demande à la MINUSS de continuer d’intensifier et d’étendre sa présence et de patrouiller plus activement dans les zones à risque élevé de conflit, où il existe des menaces ou des risques nouveaux de violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris dans les zones à forte concentration de déplacés et de réfugiés, en prêtant une attention particulière aux femmes et aux enfants, notamment dans le cadre de l’exécution de sa stratégie d’alerte rapide, dans toutes les zones, et sur les principaux itinéraires de mouvements de population, pour créer des conditions de sécurité propices au retour volontaire, en connaissance de cause, en toute sécurité et dans la dignité des déplacés et des réfugiés, de leur réinstallation ou de leur intégration dans les communautés d’accueil, et d’examiner périodiquement son déploiement géographique de manière à disposer ses forces au mieux pour s’acquitter de sa mission;

20.   Constate que l’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes et qu’elle dépend de plusieurs facteurs essentiels, notamment la question de savoir si le mandat est bien défini, réaliste et réalisable; la volonté politique, l’efficacité et la responsabilité des dirigeants à tous les niveaux; des ressources suffisantes; la formation et le matériel; et les directives en matière de politiques, de planification et d’opérations;

21.   Se félicite à cet égard des initiatives lancées par le Secrétaire général pour instituer une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, rappelle que, dans ses résolutions 2378 (2017) et 2436 (2018), il l’a prié de veiller à ce que les données relatives à l’efficacité des opérations de maintien de la paix soient utilisées pour améliorer les opérations des missions, notamment les décisions ayant trait au déploiement, à la remédiation, au rapatriement et aux mesures incitatives, se déclare de nouveau favorable à l’élaboration d’un dispositif de gestion de la performance complet et intégré qui définisse des normes de performance claires pour l’évaluation de l’ensemble du personnel civil et en tenue des Nations Unies qui travaille dans les opérations de maintien de la paix ou les appuie, qui permette la bonne et pleine exécution des mandats, qui prévoie des méthodes complètes et objectives fondées sur des critères précis et bien définis pour sanctionner les résultats insuffisants et récompenser ou reconnaître les résultats exceptionnels, et lui demande de l’appliquer à la Mission, comme décrit dans sa résolution 2436 (2018), en particulier en enquêtant sur les manquements graves concernant l’application de la stratégie de protection des civils et en prenant des mesures immédiates, y compris la relève, le rapatriement, le remplacement ou le renvoi des membres du personnel civil ou en tenue de la Mission qui sont fautifs, y compris le personnel d’encadrement de la Mission et le personnel d’appui à la Mission, conformément à la résolution 2436 (2018), note les efforts déployés par le Secrétaire général pour élaborer un système complet d’évaluation de la performance et prie le Secrétaire général et les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police de s’employer à augmenter le nombre de femmes à la MINUSS et de veiller à ce que ces dernières participent pleinement, effectivement et véritablement à tous les aspects des opérations;

22.   Prie le Secrétaire général d’appliquer une politique de tolérance zéro en cas de faute grave, d’exploitation et d’atteintes sexuelles et de harcèlement sexuel, notamment en utilisant pleinement les pouvoirs actuels de son Représentant spécial pour faire en sorte que le personnel de la Mission réponde de ses actes et en mettant en place un dispositif efficace d’appui à la Mission, rappelle la déclaration de son président S/PRST/2015/22 et sa résolution 2272 (2016), prie le Secrétaire général de continuer de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour s’assurer que l’ensemble du personnel de la MINUSS, civil et en tenue, y compris le personnel d’encadrement et le personnel d’appui, respecte la politique de tolérance zéro de l’Organisation à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles, de mener des enquêtes sur toutes les allégations d’exploitation et d’atteintes sexuelles, et de le tenir pleinement informé des progrès réalisés par la Mission à cet égard dans les rapports qu’il lui fait, notamment en lui rendant compte de la date à laquelle ont débuté les examens prescrits, des délais convenus et de leur résultat, souligne qu’il faut prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles et améliorer les mesures prises pour donner suite aux allégations, conformément à sa résolution 2272 (2016), et prie instamment les pays qui fournissent des contingents ou du personnel de police de continuer de prendre des mesures de prévention appropriées, notamment le contrôle des antécédents de tous les membres du personnel, l’organisation d’une formation de sensibilisation avant le déploiement et en cours de mission, d’amener les membres de leurs contingents qui se rendraient coupables de tels actes à en répondre pleinement en ouvrant rapidement des enquêtes conjointement, le cas échéant, et de prendre des mesures pour amener les personnes mises en cause à répondre de leurs actes et pour rapatrier leurs unités lorsqu’il existe des preuves crédibles qu’elles ont commis des actes d’exploitation et d’atteintes sexuelles de manière généralisée ou systématique;

23.   Prie la MINUSS de veiller à ce que tout appui fourni à des forces de sécurité non onusiennes soit strictement conforme à la politique de diligence voulue en matière de droits de l’homme en cas d’appui de l’ONU à des forces de sécurité non onusiennes;

24.   Prie également la MINUSS d’aider, dans la limite des ressources disponibles, le Comité créé en application du paragraphe 16 de la résolution 2206 (2015) et le Groupe d’experts créé par la même résolution, en ce qui concerne les mesures énoncées dans la résolution 2428 (2018), notamment les dispositions relatives à l’embargo sur les armes, et encourage tout particulièrement l’échange rapide d’informations entre la MINUSS et le Groupe d’experts, demande instamment à toutes les parties et à tous les États Membres, ainsi qu’aux organisations internationales, régionales et sous-régionales, de coopérer avec le Groupe d’experts, et prie instamment tous les États Membres concernés d’assurer la sécurité des membres du Groupe d’experts et de leur donner libre accès aux personnes, documents et sites pour permettre au Groupe de s’acquitter de son mandat;

25.   Condamne avec la plus grande fermeté toutes attaques et menaces visant le personnel de la MINUSS et les installations des Nations Unies et ceux de l’IGAD, notamment l’obstruction, la détention et les violences imposées en décembre 2018 à une équipe du Mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et du suivi de l’application des dispositions transitoires de sécurité par des responsables du Gouvernement sud-soudanais, souligne que de telles attaques peuvent constituer des violations de l’Accord sur le statut des forces ou des crimes de guerre, exige de toutes les parties qu’elles respectent l’inviolabilité des locaux des Nations Unies et s’abstiennent immédiatement de toute violence contre les personnes qui y sont rassemblées, réaffirme que le Gouvernement sud-soudanais est lié par les dispositions de l’Accord et exige la libération immédiate et en toute sécurité des membres du personnel des Nations Unies et du personnel associé enlevés et détenus;

26.   Condamne les affrontements qui ont eu lieu à Malakal en février 2016 et les combats survenus à Djouba en juillet 2016, et exhorte l’Organisation des Nations Unies à tenir compte des enseignements à retenir de façon à ce que les réformes menées au sein de la MINUSS lui permettent d’être mieux en mesure d’exécuter son mandat, en particulier concernant la protection des civils, et d’améliorer la chaîne de commandement de la MINUSS, d’accroître l’efficacité de ses opérations, de renforcer la sûreté et la sécurité du personnel et de faire en sorte que la MINUSS soit mieux à même de gérer les situations complexes;

27.   Condamne dans les termes les plus énergiques les attaques dirigées contre l’aide humanitaire et le pillage de secours humanitaires, notamment de vivres et de médicaments, ainsi que le pillage d’installations telles qu’hôpitaux, structures médicales et entrepôts, exige des parties qu’elles permettent, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes directeurs de l’Organisation des Nations Unies relatifs à l’aide humanitaire d’urgence, à savoir l’humanité, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance, l’accès rapide, sûr et libre du personnel, du matériel et des fournitures de secours, et l’acheminement rapide de l’aide humanitaire à tous ceux qui se trouvent dans le besoin partout au Soudan du Sud, en particulier aux déplacés et aux réfugiés, et qu’elles cessent d’utiliser les hôpitaux, écoles et autres bâtiments publics à des fins susceptibles d’en faire les cibles d’attaques, souligne l’obligation de respecter et de protéger l’ensemble du personnel médical et des agents humanitaires dont l’activité est d’ordre exclusivement médical, leurs moyens de transport et leur équipement ainsi que les hôpitaux et les autres installations médicales, souligne également que tout retour doit se faire volontairement, en connaissance de cause et dans la dignité et la sécurité, et qu’il en va de même de toute autre solution durable concernant les déplacés et les réfugiés et note qu’il faut respecter la liberté de circulation des civils et leur droit de demander asile;

28.   Exige de toutes les parties qu’elles mettent fin immédiatement à toutes formes de violence, de violation des droits de l’homme et d’atteinte à ces droits et de violation du droit international humanitaire, notamment aux viols et aux autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, et amènent les responsables de tels actes à rendre des comptes afin de rompre le cycle de l’impunité qui prédomine actuellement;

29.   Condamne toutes les violations des règles applicables du droit international commises par toutes les parties au conflit, en particulier contre les enfants, prie avec insistance toutes les parties au conflit de mettre en œuvre les mesures prescrites dans les Conclusions sur le sort des enfants touchés par le conflit armé au Soudan du Sud adoptées le 17 décembre 2018 par le Groupe de travail du Conseil de sécurité sur le sort des enfants en temps de conflit armé, en particulier la libération immédiate de tous les enfants enrôlés dans leurs rangs et les mesures visant à prévenir et faire cesser les meurtres et mutilations d’enfants, se félicite que certains groupes aient récemment libéré des enfants, engage vivement le Gouvernement sud-soudanais à élaborer et appliquer un plan d’action global de lutte contre l’ensemble des violations et atteintes subies par les enfants, engage également vivement l’APLS dans l’opposition à appliquer son plan d’action visant à faire cesser et à prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants ainsi que le meurtre ou l’atteinte à l’intégrité physique d’enfants, souligne qu’il importe que le Gouvernement sud-soudanais fournisse rapidement aux enfants touchés par les conflits armés une aide appropriée à la réintégration et à la réadaptation et réduise autant que possible le risque de ré‑enrôlement tout en veillant à répondre aux besoins particuliers des filles et des enfants handicapés, tels que l’accès aux soins de santé, à un soutien psychosocial et à des programmes éducatifs, et demande à la communauté internationale d’appuyer ces efforts;

30.   Prie la MINUSS de continuer d’engager le dialogue avec les parties au conflit en ce qui concerne l’élaboration et l’exécution de plans d’action, en application de sa résolution 1612 (2005) et de ses résolutions ultérieures sur le sort des enfants en temps de conflit armé, et d’appuyer les efforts visant à libérer les enfants associés à des groupes et forces armés sur l’ensemble du territoire sud-soudanais;

31.   Se félicite de l’engagement relatif à l’inclusion de femmes, dans l’Accord revitalisé, notamment le taux minimum de 35 % de femmes, demande à toutes les parties de redoubler d’efforts afin que ces engagements soient remplis et de garantir la participation pleine, effective et véritable des femmes dans toutes les sphères et à tous les niveaux de l’action politique, du processus de paix et du gouvernement de transition, et prie instamment la MINUSS de contribuer à ces efforts;

32.   Engage vivement les Forces sud-soudanaises de défense du peuple, l’APLS dans l’opposition et les autres groupes armés à empêcher que de nouveaux actes de violence sexuelle soient commis, demande instamment au Gouvernement sud-soudanais et à l’APLS dans l’opposition de donner effet aux engagements et plans d’action qu’ils ont adoptés conjointement et unilatéralement en vue de la prévention de la violence sexuelle liée au conflit, qui mettent l’accent sur la prévention, la responsabilité et le renforcement de l’assistance aux victimes, encourage le Gouvernement sud-soudanais et l’APLS dans l’opposition à adopter une approche axée sur les personnes rescapées pour ce qui est de prévenir et de combattre les violences sexuelles dans les situations de conflit et d’après-conflit et d’établir des mécanismes disciplinaires internes, y compris un mécanisme confidentiel de signalement pour veiller à ce qu’il soit diffusé parmi les forces et parmi les civils, engage vivement les dirigeants des Forces sud-soudanaises de défense du peuple à donner des ordres exprès concernant la prévention de la violence sexuelle liée au conflit et exige du Gouvernement sud-soudanais qu’il prenne des mesures concrètes pour que les membres de ses forces qui se rendent responsables d’actes de violence sexuelle aient à en répondre, notamment en menant rapidement des enquêtes sur les cas de violences sexuelles et fondées sur le genre, en poursuivant et en punissant rapidement les auteurs et en accordant des réparations aux victimes, selon qu’il conviendra, conformément à sa résolution 2467 (2019), et prie la MINUSS d’aider les parties sur le plan de ces activités, conformément au paragraphe 17;

33.   Demande instamment aux parties à l’Accord revitalisé de démilitariser les zones civiles conformément aux dispositions de son chapitre 2 afin de réduire la prolifération et le détournement d’armes légères et d’autres armes;

34.   Insiste sur le fait que la recherche de la vérité et la réconciliation sont essentielles pour instaurer la paix au Soudan du Sud et, à cet égard, souligne que la Commission vérité, réconciliation et apaisement a un rôle primordial à jouer dans la consolidation de la paix au Soudan du Sud, comme indiqué dans l’Accord revitalisé, en conduisant les efforts visant à parvenir à la cohésion nationale et à promouvoir la paix, la réconciliation nationale et l’apaisement;

35.   Demande également au Gouvernement sud-soudanais, tout en prenant note du paragraphe 3.2.2 du chapitre V de l’Accord revitalisé, d’amener tous les responsables de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits et de violations du droit international humanitaire à répondre de leurs actes, de garantir à toutes les victimes de violences sexuelles l’égale protection de la loi et l’égal accès à la justice, et de garantir l’égal respect des droits des femmes et des filles à l’occasion de ces procédures, et note que l’application de mesures globales de justice transitionnelle, y compris celles énoncées dans l’Accord revitalisé, est fondamentale pour parvenir à l’apaisement et à la réconciliation, et, soulignant l’importance de l’état de droit dans la promotion du processus de paix, exhorte le Gouvernement sud-soudanais à accorder la priorité à la restauration et à la réforme de l’état de droit et du secteur de la justice, se félicite à cet égard des premières mesures prises en ce sens par le Gouvernement, notamment le déploiement, avec l’aide de la MINUSS, d’audiences foraines, prie instamment le Gouvernement de prendre des mesures supplémentaires à cet égard, et encourage la MINUSS à appuyer ces efforts, y compris en apportant une assistance technique et un renforcement des capacités;

36.   Prend note des mesures prises par l’Union africaine en vue de la mise en place du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud prévu par le chapitre V de l’Accord revitalisé et de l’action menée à ce jour par l’Organisation des Nations Unies, se félicite que l’Union africaine ait officiellement demandé à l’Organisation de lui apporter une assistance technique en vue de la mise en place du Tribunal mixte et prie le Secrétaire général de continuer de fournir une assistance technique à la Commission de l’Union africaine et au Gouvernement sud-soudanais pour la mise en place du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud et l’application des autres parties du chapitre V de l’Accord revitalisé, notamment en ce qui concerne l’établissement de la Commission vérité, réconciliation et apaisement et de l’Autorité́ d’indemnisation et de réparation;

37.   Prend note également du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine du 8 février 2018 et à cet égard demande au Gouvernement sud-soudanais de signer sans plus attendre le Mémorandum d’accord portant création du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud conclu avec l’Union africaine, et prie la communauté internationale de prêter son soutien à la création de ce tribunal;

38.   Demande au Gouvernement sud-soudanais de mener à bien en toute diligence et transparence les enquêtes sur les allégations de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, dans le respect de ses obligations internationales, et l’invite à publier les comptes rendus de ces enquêtes;

Rapports

39.   Prie le Secrétaire général de procéder, conformément aux meilleures pratiques, à un examen stratégique indépendant de la MINUSS et de le lui communiquer au plus tard le 15 décembre 2020, afin d’évaluer les menaces contre la paix et la sécurité au Soudan du Sud et de formuler des recommandations détaillées en vue d’une reconfiguration possible du mandat de la MINUSS et de ses composantes civile, militaire et de police, afin de tenir compte de l’évolution du processus de paix, sur la base de consultations élargies, y compris, sans s’y limiter, en ce qui concerne les organes du Gouvernement de transition compétents et les acteurs humanitaires et du développement et les organisations de la société civile;

40.   Prie le Secrétaire général de continuer de lui faire rapport tous les mois sur les violations de l’Accord sur le statut des forces ou sur les manœuvres d’obstruction visant la MINUSS;

41.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte de l’exécution du mandat de la MINUSS et des manœuvres d’obstruction qu’elle rencontre dans l’exécution de son mandat, dans un rapport écrit détaillé devant être soumis dans les quatre-vingt-dix jours suivant l’adoption de la présente résolution, puis tous les quatre-vingt-dix jours par la suite, et souligne que dans ces rapports, il faudrait prêter une attention aux questions mentionnées ci-après et aux points de vue de tous les acteurs:

•     Des informations précises et détaillées sur la manière dont la Mission s’acquitte de ses tâches de protection des civils, notamment, mais pas exclusivement, sur la capacité de réaction et la performance des contingents et les nouvelles zones de patrouille et les déploiements systématiques et la mobilisation de la population,

•     Des informations sur la prise en compte des questions de genre dans tous les aspects du mandat de la Mission,

•     Des informations sur les mesures prises pour décourager et prévenir les violences sexuelles et fondées sur le genre,

•     Des informations sur la participation des femmes aux processus de paix, et une analyse de l’engagement politique de la Mission sur cette question,

•     Des informations sur les mesures prises pour améliorer la sûreté et la sécurité du personnel de l’Organisation des Nations Unies,

•     Une analyse de la performance et de la relève des contingents et du personnel de police, y compris les progrès dans les opérations de la Mission et les sanctions en cas de résultats insuffisants, y compris des informations sur les restrictions nationales qui se répercutent sur l’application du mandat,

•     Un rapport exhaustif sur les questions relatives aux droits de l’homme,

•     Des rapports sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre du dispositif relatif au respect des droits de la personne et des normes de déontologie et de discipline;

42.   Prie le Secrétaire général de lui rendre compte, dans ses rapports trimestriels, de l’assistance technique fournie en application du paragraphe 36 ci‑dessus, invite l’Union africaine à communiquer au Secrétaire général, aux fins de l’établissement de son rapport, des informations sur les progrès accomplis dans la mise en place du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud, et déclare son intention d’évaluer, lorsqu’il recevra les rapports du Secrétaire général, le travail accompli en vue de l’établissement du Tribunal mixte, conformément aux normes internationales;

      43.   Décide de rester saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Pour cause de coronavirus, l’Assemblée générale reporte la quatrième session de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine (BBNJ)

Soixante-quatorzième session,
61e séance plénière – matin
AG/12243

Pour cause de coronavirus, l’Assemblée générale reporte la quatrième session de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine (BBNJ)

C’est en notant avec préoccupation la situation relative à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) que l’Assemblée générale a décidé, ce matin, de reporter, « à une date aussi rapprochée que possible », la quatrième session de la « Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones hors de la juridiction nationale ». 

Après les sessions de septembre 2018, de mars-avril et d’août 2019, cette quatrième et dernière session devait avoir lieu du 23 mars au 3 avril 2020, avant que la Conférence ne présente à l’Assemblée générale, en vertu de sa résolution 72/249, le texte d’un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

C’est le 9 mars dernier que la Présidente de la Conférence intergouvernementale, Mme Rena Lee, a écrit au Président de l’Assemblée générale pour l’informer qu’« à la lumière de la situation concernant la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) », une réunion informelle avec les délégations a arrêté que la quatrième session de la Conférence serait reportée à la date la plus rapprochée possible, à décider par l’Assemblée.

La Conférence, qui est ouverte à tous les États Membres de l’Organisation des Nations Unies, aux membres des institutions spécialisées et aux parties à la Convention, porte sur l’ensemble des questions retenues en 2011 par l’Assemblée générale: les questions concernant les ressources génétiques marines, y compris celles liées au partage des avantages; les mesures telles que les outils de gestion par zone, y compris les aires marines protégées; les études d’impact sur l’environnement; ainsi que le renforcement des capacités et le transfert de techniques marines.

Le Secrétariat de l’ONU a précisé que si jamais la Conférence n’avait pas lieu cette année, il faudra réexaminer les possibles incidences financières. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité appelle à renforcer l’appui accordé à l’Afrique dans la lutte antiterroriste

8743e séance – matin
CS/14140

Le Conseil de sécurité appelle à renforcer l’appui accordé à l’Afrique dans la lutte antiterroriste

Le Conseil de sécurité a exprimé, aujourd’hui, sa vive inquiétude face aux répercussions néfastes que les actes de terrorisme ont sur la paix et la sécurité en Afrique, en adoptant à l’unanimité une déclaration présidentielle par laquelle il prône un appui renforcé aux États africains dans la lutte contre le terrorisme et contre l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme.

Par ce texte, le Conseil appelle notamment à mener des activités de renforcement des capacités et à échanger de meilleures pratiques, s’agissant en particulier de la coopération interinstitutions entre et parmi les États Membres en Afrique.  Il mentionne aussi l’élaboration et une meilleure exécution de stratégies et de plans d’action nationaux et régionaux axés sur la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme.

En outre, le Conseil préconise de détecter les actes de terrorisme et autres infractions graves grâce à l’utilisation d’informations sur les déplacements et de bases de données internationales, à l’échange de bonnes pratiques sur la sécurité et la gestion des frontières, à la promotion du rôle des parlementaires dans l’exécution des obligations relatives à la lutte contre le terrorisme et à la promotion de la coopération Sud-Sud.

Le texte cite également la mise en place et le renforcement de systèmes de justice pénale équitables et efficaces dans le cadre de la lutte antiterroriste; la prévention de l’acquisition d’armes et de munitions par les terroristes et les groupes terroristes; ainsi que l’élaboration et l’exécution de plans d’urgence et de plans d’intervention relatifs aux mesures de protection, d’atténuation, d’enquête, d’intervention et de relèvement face aux dommages causés par des attentats terroristes contre des cibles molles et des infrastructures essentielles.

Par cette déclaration, le Conseil demande aussi à la communauté internationale d’affermir son engagement politique et d’envisager de mobiliser des ressources et compétences plus prévisibles et durables pour renforcer la capacité des pays d’Afrique de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, notamment en facilitant la mise en commun d’informations et de bonnes pratiques, en sensibilisant le public par l’éducation et les médias et en consolidant les mécanismes de coopération internationale.

En raison des menaces que font peser les Chabab, Boko haram, l’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les affiliés de l’EIIL et d’Al-Qaida, ou encore l’État islamique au grand Sahara et le groupe « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique », la trentaine de délégations qui s’est exprimée lors de ce débat se sont inquiétées de l’impact du terrorisme sur le continent africain qui, selon les termes de la délégations de Djibouti, serait en passe de devenir la plaque tournante du terrorisme transnational.

L’Observatrice permanente de l’Union africaine (UA), Mme Fatima Kyari Mohammed, a averti que le terrorisme s’étend à présent à des parties du continent jusqu’alors épargnées et que les outils utilisés par les groupes terroristes deviennent de plus en plus sophistiqués, citant notamment l’utilisation de drones et des méthodes de recrutement améliorées.  Elle a relevé que ces groupes terroristes se sont transformés en quelques années en « gouvernements de l’ombre organisés » qui fournissent des services et, dans certains cas, agissent comme juges et parties. 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a souligné pour sa part que les femmes subissent de manière disproportionnée la violence terroriste, notamment en raison de l’esclavage sexuel.  « Tout comme la misogynie réside au cœur des stratégies de nombreux groupes terroristes, les femmes doivent figurer au cœur de notre riposte », a-t-elle plaidé.

Au cours du débat, les délégations ont été nombreuses à appuyer la Force du G5 Sahel ainsi que l’Initiative « Faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020 », notant l’importance que revêt une coopération multilatérale solide pour faire front contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  L’impératif de répondre en amont aux causes sous-jacentes du terrorisme en Afrique, notamment en appuyant le développement et l’emploi des jeunes, a aussi été souligné à plusieurs reprises.

De son côté, le Conseiller spécial de l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Abdoulaye Mar Dieye, a appelé à investir dans la prévention, afin de protéger les États contre une perte de 2 à 8% de leur PIB.  Or il y a des progrès à faire dans ce domaine car, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seulement 2% de l’aide publique au développement accordée aux pays fragiles sont consacrés à la prévention et 10% à la consolidation de la paix.  De plus, les investissements tendent à privilégier les approches sécuritaires, ce qui risque d’augmenter l’extrémisme violent, a mis en garde M. Dieye.  En effet, selon une étude du PNUD, les violations des droits de l’homme par les forces de l’ordre constituent un facteur déclencheur pour les 71% des personnes qui rejoignent un groupe extrémiste.

C’est pourquoi, dans sa déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité appelle à fournir un appui aux États africains qui s’emploient à garantir le respect des droits humains et de l’état de droit dans toutes leurs politiques de lutte contre le terrorisme, « en tant que fondement essentiel de la lutte contre le terrorisme ».

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

LUTTER CONTRE LE TERRORISME ET L’EXTRÉMISME EN AFRIQUE - S/2020/161

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, le condamne énergiquement et constate la menace croissante que ce phénomène représente pour la paix et la sécurité en Afrique, en particulier dans les régions les plus touchées du Sahel, notamment la zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina Faso), le bassin du lac Tchad et la Corne de l’Afrique, et exprime sa vive inquiétude face aux répercussions néfastes que les actes de terrorisme ont sur la paix et la sécurité en Afrique.

Le Conseil présente ses condoléances aux familles des victimes du terrorisme, se déclare solidaire envers les pays d’Afrique ayant subi des attentats terroristes et exprime son appui aux rescapées de la violence terroriste.

Le Conseil est conscient de la grave menace terroriste qui pèse sur l’Afrique et souligne qu’il importe d’appliquer avec diligence et efficacité ses résolutions relatives à la lutte contre le terrorisme, toutes les mesures de sanction visant les personnes, groupes, entreprises et entités désignés qui sont associés à l’EIIL (Daech), à Al-Qaïda et à leurs affiliés et, à cet égard, se félicite que le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) ait récemment décidé d’inclure le groupe « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique », l’État islamique du Grand Sahara et l’État islamique d’Iraq et du Levant en Libye dans sa liste relative aux sanctions.

Le Conseil souligne que le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme peuvent exacerber les conflits dans les régions touchées et contribuer à affaiblir les États touchés, en particulier sur les plans de la sécurité, de la stabilité, de la gouvernance et du développement économique et social.

Le Conseil salue les efforts déployés et les progrès accomplis par les pays d’Afrique, l’Union africaine et d’autres organisations régionales et sous-régionales dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.

Le Conseil réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’intégrité territoriale et à l’indépendance politique de tous les États conformément à la Charte des Nations Unies, et souligne que c’est aux États Membres qu’il incombe au premier chef de lutter contre les actes de terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme.

Le Conseil réaffirme également que les États Membres doivent veiller à ce que toute mesure de lutte contre le terrorisme soit conforme aux obligations que leur impose le droit international, en particulier le droit international des droits de l’homme, le droit international des réfugiés et le droit international humanitaire, souligne que le respect des droits humains, des libertés fondamentales et de l’état de droit et les mesures efficaces de lutte contre le terrorisme sont complémentaires et se renforcent mutuellement, et sont essentiels au succès d’une action antiterroriste, note l’importance du respect de l’état de droit s’agissant de prévenir et de combattre efficacement le terrorisme, et note également que le non-respect de ces obligations et d’autres obligations internationales, notamment de celles énoncées dans la Charte des Nations Unies, est l’un des facteurs qui contribuent à la radicalisation menant à la violence et favorise un sentiment d’impunité.

Le Conseil exhorte les États Membres et les organismes du système des Nations Unies à prendre des mesures, conformément au droit international, pour lutter contre tous les facteurs de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, tant internes qu’externes, de manière équilibrée, comme le stipule la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.

Le Conseil est conscient des effets et des défis liés au commerce illicite et au détournement d’armes légères et de petit calibre en Afrique, qui permettent aux groupes terroristes d’accroître considérablement leurs capacités armées.

Le Conseil insiste sur le fait que le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme ne peuvent ni ne doivent être associés à aucune religion, nationalité, ou civilisation ni à aucun groupe ethnique.

Le Conseil souligne l’importance d’une approche globale pour combattre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, dans le respect des dispositions applicables du droit international, et d’efforts tenant compte des aspects du problème liés à la gouvernance, à la sécurité, aux droits humains et au développement ainsi qu’à ses dimensions humanitaires et socio-économiques, notamment l’emploi des jeunes et l’élimination de la pauvreté.

Le Conseil souligne qu’il importe d’adopter une approche associant l’ensemble des pouvoirs publics et de la société et insiste sur l’importance de la coopération avec toutes les parties prenantes, en particulier la société civile, dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme en Afrique, encourage à cet égard la participation des femmes et leur représentation à des postes de direction, et engage les États Membres à offrir aux jeunes des perspectives d’emploi et des formations professionnelles, à promouvoir un enseignement de qualité et à envisager d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques et des programmes qui facilitent la participation constructive des femmes et des jeunes à la vie politique, y compris leur participation réelle et entière, sur un pied d’égalité, à tous les niveaux de la prise de décisions.  Le Conseil constate que ces efforts contribuent à la lutte contre le recrutement aux fins du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, et à la promotion de l’inclusion et de la cohésion sociales, rendant les sociétés plus résilientes face à la radicalisation menant à la violence.

Le Conseil se déclare vivement préoccupé par les actes de violence sexuelle et de violence de genre et par le recrutement et l’utilisation d’enfants, dont il sait qu’ils font partie des objectifs stratégiques et de l’idéologie de certains groupes terroristes, qui s’en servent comme tactique de terrorisme et comme instruments permettant de consolider leur pouvoir en facilitant le financement de leurs activités, le recrutement et la destruction des communautés.

Le Conseil se déclare gravement préoccupé par la menace que font peser les combattants terroristes étrangers qui reviennent, en particulier des zones de conflit, vers leur pays d’origine ou de nationalité, ou se réinstallent dans des pays tiers, notamment en Afrique, et souligne combien l’appui et l’assistance fournis aux pays d’Afrique à l’échelle internationale sont importants pour écarter la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, notamment pour ce qui est d’échanger des informations, d’assurer la sécurité des frontières, de mener des enquêtes, d’engager des procédures judiciaires, de prévenir le recrutement de combattants terroristes étrangers et de bloquer l’aide financière qui leur est destinée, ainsi que de définir et de mettre en œuvre des stratégies appropriées de répression, de réadaptation et de réinsertion.

Le Conseil note avec une vive inquiétude que les terroristes et les groupes terroristes qui sévissent, notamment en Afrique, lèvent et transfèrent des fonds par divers moyens, notamment le recours à des passeurs de fonds, l’utilisation à des fins illégales d’entreprises commerciales légitimes, l’exploitation de ressources naturelles, et le produit des activités criminelles, notamment l’enlèvement contre rançon, l’extorsion, la traite d’êtres humains ainsi que le commerce illicite et le trafic de biens culturels, de drogues et d’armes légères et de petit calibre, et rappelle les obligations qu’il a faites à tous les États Membres en matière de prévention et de répression du financement du terrorisme, notamment par ses résolutions 1373 (2001) et 2462 (2019).

Le Conseil constate avec une vive préoccupation que les terroristes présents en Afrique peuvent mettre à profit la criminalité transnationale organisée comme source de financement ou appui logistique, tout en sachant que la nature et l’ampleur des liens qui existent entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée varient en fonction des contextes, et souligne qu’il importe de renforcer la coordination de l’action menée aux niveaux local, national, infrarégional, régional et international pour régler ce grave problème, conformément au droit international.

Le Conseil est conscient de l’engagement des États Membres africains en faveur de la lutte contre le terrorisme, conformément aux traités et conventions internationaux, aux instruments et initiatives de l’Union africaine, à ses propres résolutions et à la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et engage à nouveau la communauté internationale à appuyer les efforts déployés par l’Afrique pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme.

Le Conseil se félicite des efforts entrepris par ses organes subsidiaires chargés de la lutte contre le terrorisme pour favoriser la coopération au moyen d’arrangements régionaux et sous-régionaux.

Le Conseil souligne la nécessité de continuer à fournir un appui renforcé aux États Membres africains dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme aux niveaux national, sous-régional et régional, y compris grâce à des activités efficaces et ciblées de renforcement des capacités, à des formations, à l’échange de meilleures pratiques et de données d’expérience et à d’autres ressources nécessaires à l’appui des efforts engagés, s’agissant en particulier:

–     du renforcement de la coopération interinstitutions entre et parmi les États Membres en Afrique, grâce à la mise en place de mécanismes de coordination interinstitutions au niveau national;

–     de la détection des actes de terrorisme et autres infractions graves grâce à l’utilisation d’informations sur les déplacements et de bases de données internationales, à l’échange de bonnes pratiques sur la sécurité et la gestion des frontières, à la promotion du rôle des parlementaires dans l’exécution des obligations relatives à la lutte contre le terrorisme et à la promotion de la coopération Sud-Sud;

–     de l’élaboration et de la meilleure exécution de stratégies et de plans d’action nationaux et régionaux axés sur la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, sur demande;

–     de la mise en place et du renforcement de systèmes de justice pénale équitables et efficaces dans le cadre de la lutte antiterroriste;

–     de la prévention de l’acquisition d’armes et de munitions par les terroristes et les groupes terroristes;

–     de l’élaboration et de l’exécution de plans d’urgence et de plans d’intervention relatifs aux mesures de protection, d’atténuation, d’enquête, d’intervention et de relèvement face aux dommages causés par des attentats terroristes contre des cibles molles et des infrastructures essentielles;

–     de l’appui aux États africains dans leurs efforts visant à continuer de garantir le respect des droits humains et de l’état de droit dans toutes leurs politiques de lutte contre le terrorisme, en tant que fondement essentiel de la lutte contre le terrorisme.

Le Conseil note les efforts que continuent de déployer les entités compétentes des Nations Unies, notamment la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, le Bureau de lutte contre le terrorisme, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Programme des Nations Unies pour le développement en Afrique, et insiste sur la nécessité de renforcer la coordination et la cohérence avec les donateurs et les bénéficiaires à cet égard, en tenant compte des perspectives nationales et en vue de renforcer l’appropriation par les pays.

Le Conseil demande à la communauté internationale d’affermir son engagement politique et d’envisager de mobiliser des ressources et compétences plus prévisibles et durables pour renforcer la capacité des pays d’Afrique de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme, notamment en facilitant la mise en commun d’informations et de bonnes pratiques, en sensibilisant le public par l’éducation et les médias et en consolidant les mécanismes de coopération internationale, ainsi que de mobiliser les ressources nécessaires là où il existe des besoins.

Le Conseil réaffirme qu’il importe de s’attaquer aux conditions sous-jacentes favorisant la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme en Afrique, notamment en assurant le relèvement et la reconstruction au niveau national, en améliorant la gouvernance et en facilitant le développement socio-économique de l’Afrique, y compris en créant des emplois et en promouvant l’entrepreneuriat, et en fournissant des services d’éducation et de santé pour favoriser le bien-être des populations qui y vivent.

Le Conseil souligne que les entités des Nations Unies devraient collaborer étroitement avec l’Union africaine et les organisations et dispositifs sous-régionaux, ainsi qu’avec les États Membres de la région, salue l’importante contribution à la paix et à la sécurité de la région qu’apportent les initiatives de sécurité menées en Afrique, notamment la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel et la Force multinationale mixte, qui œuvrent dans la région du bassin du lac Tchad, et prend note du Sommet de Pau tenu le 13 janvier 2020.

Le Conseil encourage la tenue de dialogues sous-régionaux, régionaux et continentaux en Afrique destinés à mettre en commun les meilleures pratiques en ce qui concerne les mesures de lutte contre le terrorisme et note à cet égard la tenue de la Conférence régionale africaine de haut niveau sur la lutte contre le terrorisme organisée par le Bureau de lutte contre le terrorisme à Nairobi en juillet 2019.

Le Conseil réaffirme son appui à l’initiative Faire taire les armes d’ici à 2020 en Afrique et estime que la réalisation de cet objectif contribue à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, qui est celui d’une Afrique intégrée, pacifique, sûre et prospère, dans l’esprit du Programme 2030.

Déclarations

Mme ROSEMARY ANNE DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a constaté que le continent africain continue de faire face à des vulnérabilités qui menacent la paix et la sécurité, entravent son développement économique et sapent les droits de l’homme et l’état de droit.  Elle s’est notamment inquiétée de la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent qui, a-t-elle alerté, continue d’augmenter dans différentes parties du continent.  Elle a notamment cité la menace des Chabab en Somalie et l’Afrique de l’Est, des affiliés de l’EIIL et d’Al-Qaida qui mènent des attentats de plus en plus sophistiqués au Burkina Faso, au Mali et au Niger.  Elle a aussi parlé de la présence de l’EIIL en Libye, ainsi que de la situation au Sahel et dans le bassin du lac Tchad où la population est terrorisée par l’État islamique au grand Sahara et dans la « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique ».  Elle a salué la mémoire de dizaines de milliers de victimes africaines du terrorisme, pour ensuite souligner que les femmes subissent de manière disproportionnée cette violence, notamment en raison de l’esclavage sexuel.  Tout comme la misogynie réside au cœur des stratégies de nombreux groupes terroristes, les femmes doivent figurer au cœur de notre riposte, a-t-elle affirmé.

Mme DiCarlo a insisté sur la nécessité de répondre aux causes sous-jacentes du terrorisme, notant que cette menace est souvent la conséquence de défis liés au développement, à la situation humanitaire, aux droits de l’homme et d’ordre sécuritaire que les groupes terroristes tentent d’exploiter.  Des solutions sécuritaires et militaires ne suffiront pas, a-t-elle estimé.  Il faut répondre aux problèmes de la pauvreté, de la faible gouvernance, des tensions intercommunautaires, de l’inégalité entre les sexes, du chômage des jeunes, des activités illicites et de l’utilisation de nouvelles technologies et des médias sociaux pour recruter.  Elle a également jugé nécessaire de mieux comprendre les menaces et les besoins prioritaires de chaque pays et région.  Il n’y a pas de solution à taille unique, a-t-elle insisté.

Le terrorisme ne connaissant aucune frontière, pour le prévenir et le combattre il importe d’établir une solide coopération multilatérale, a-t-elle poursuivi, citant notamment la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et l’appui fourni par l’ONU aux stratégies régionales du Sahel et de l’Afrique centrale et australe ainsi qu’à celle adoptée par l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) dans la Corne de l’Afrique et la Tanzanie.  L’ONU appuie aussi les initiatives africaines dans des domaines prioritaires, notamment la protection des cibles vulnérables, le déplacement des terroristes, l’élaboration de mécanismes de coordination pour l’application de la loi, le renforcement des capacités pour les enquêtes et la prévention des cyberattaques, le rôle des parlementaires dans la mise en œuvre des obligations découlant de la lutte antiterroriste, ainsi que la promotion de la coopération Sud-Sud et du respect des droits et l’homme et de l’état de droit.

Mme DiCarlo a aussi insisté sur l’importance d’appuyer la Force du G5 Sahel qui, a-t-elle affirmé, peut jouer un rôle crucial pour combattre le terrorisme dans les régions frontalières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.  Elle a appelé la communauté internationale à fournir un ferme appui à ces efforts.

Mme FATIMA KYARI MOHAMMED, Observatrice permanente de l’Union africaine (UA) auprès des Nations Unies, a noté que cette réunion se tient en des temps où le terrorisme et l’extrémisme violent continuent de s’étendre et opèrent avec une intensité sans précédent sur le continent africain et au-delà.  Déjà présent au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans la Corne de l’Afrique, le terrorisme s’étend à d’autres parties du continent jusqu’alors épargnées.  Dans ce contexte, a-t-elle constaté, ce sont des régions entières qui se trouvent en guerre aujourd’hui et des dizaines de militaires et de civils y meurent chaque semaine.  Des écoles ont fermé ou ont été détruites, des familles ont dû fuir leur foyer et ont perdu leurs moyens de subsistance, alors que des infrastructures de base ont été endommagées, ce qui a mis en péril les gains de développement. 

En parallèle, les outils utilisés par les groupes terroristes deviennent de plus en plus sophistiqués.  Ces derniers recourent à la technologie et font usage de drones pour perpétrer leurs attentats, a fait observer Mme Mohammed.  Les groupes ont aussi amélioré leurs méthodes de recrutement, lesquelles sont facilitées par les plateformes en ligne et les vulnérabilités structurelles que constituent la pauvreté et les divisions ethniques et religieuses.  Mais la sophistication des groupes terroristes ne s’arrête pas là: ils se sont transformés depuis des années en gouvernements de l’ombre organisés qui fournissent des services et, dans certains cas, agissent comme juges et parties.  En outre, a-t-elle observé, ces groupes alimentent les tensions intercommunautaires dans plusieurs pays. 

Pour Mme Mohammed, la complexité du terrorisme et de l’extrémisme traverse les générations et ne peut être généralisée et réglée par des réponses uniques.  Dès 1992, a-t-elle rappelé, l’UA a pris des mesures pour renforcer la coopération entre ses États membres face à ces fléaux.  Le continent a ainsi reconnu la nécessité d’une approche multidimensionnelle en adoptant en 1999 la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, qui prévoit notamment des mesures visant à endiguer le financement du terrorisme, à renforce les ripostes judiciaires et à encourager la coopération policière entre les États.  Les institutions de l’UA ont aussi continué à renforcer les capacités de renseignement et de maintien de l’ordre pour combattre le terrorisme.  Dans la foulée des processus de Nouakchott et Djibouti pour le renforcement de la coopération dans le domaine de la sécurité, l’UA a mis en place des opérations d’appui à la paix, telles que la Force conjointe du G5 Sahel pour combattre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée au Sahel, démontrant son engagement en faveur de l’élimination de cette menace transfrontalière.  De fait, a ajouté l’Observatrice permanente, la communauté internationale doit comprendre la nécessité d’appuyer ces mécanismes, d’autant plus que les défis dépassent les ressources politique et financière des États membres individuels et des organisations internationales. 

Avant de conclure, Mme Mohammed a mis l’accent sur trois priorités.  Selon elle, il convient tout d’abord de se concentrer sur la prévention, tout en y intégrant des réponses en matière de sécurité et de maintien de l’ordre, ainsi que sur la stabilisation et la reconstruction post-conflit.  Deuxièmement, a-t-elle affirmé, il va falloir mieux comprendre ce qui pousse un grand nombre de jeunes à rejoindre les rangs de groupes extrémistes et apporter des réponses à certaines réalités locales et à une multiplicité de facteurs, économiques, ethniques, politiques et religieux.  Enfin, il importe que la communauté internationale garde à l’esprit que les conditions propices à l’extrémisme violent doivent être abordées sous des angles à la fois local et mondial. 

M. ABDOULAYE MAR DIEYE, Sous-Secrétaire général et Conseiller spécial de l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a appelé à prévenir l’extrémisme violent par l’intermédiaire d’une approche qui privilégie le développement durable et les droits humains, notant que « même » les pays du Sahel ont un important potentiel de croissance économique.  Il ne faut pas oublier les progrès de l’Afrique, ni la promesse qu’est l’Afrique, a-t-il dit, rappelant les investissements qui y sous-tendent le développement.  Il s’est toutefois inquiété de la situation dans « l’arche de l’instabilité », qui s’étend au Sahel, dans la région du lac Tchad et dans la Corne de l’Afrique avec pour épicentres le triangle Liptako-Gourma, le centre du Mali, le bassin du lac Tchad et la Somalie.  Il s’est aussi soucié de l’absence de preuves empiriques, expliquant que cela empêche de connaître avec certitude les besoins des communautés et des institutions, ainsi que les stratégies qui ont réussi à y répondre et les façons d’investir pour obtenir un impact notable.

 M. Dieye a ensuite cité le rapport « Vers l’extrémisme en Afrique » du PNUD qui révèle que 55% des recrues volontaires sont frustrées en raison de leur situation économique, tandis que 83% estiment que leur gouvernement ne se préoccupe pas de leurs intérêts et que plus de 75% n’ont aucune confiance dans les politiciens et les institutions chargées de l’application de la loi.  Nombre d’entre eux n’ont qu’un faible niveau d’éducation et la majorité des recrues viennent de régions frontalières ou de zones périphériques où des générations entières ont été marginalisées.  Ces espaces non-gouvernés et négligés sont les points névralgiques de la violence et sont l’occasion d’influencer les décisions de communautés qui subissent l’impact de l’absence de services.  Le représentant a également signalé que, selon un autre rapport du PNUD, de nombreux groupes extrémistes violents en Afrique ont utilisé le message de l’autonomisation des femmes pour les recruter.

Pour répondre aux racines de l’extrémisme violent, M. Dieye a appelé à investir dans la prévention, affirmant que chaque dollar investi permet, à long terme, de diminuer de 16 dollars le coût des conflits.  Investir dans la prévention permet de protéger l’État d’une perte de 2 à 8% de son PIB.  Or, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), seulement 2% de l’aide publique au développement accordée aux pays fragiles est consacré à la prévention et 10% à la consolidation de la paix.  De plus, les investissements tendent également à privilégier les approches sécuritaires, ce qui risque d’augmenter l’extrémisme violent, a-t-il signalé, précisant que pour 71% des personnes qui rejoignent un groupe extrémiste, le facteur déclencheur a été la violation, par les forces de l’ordre, des droits de l’homme.

Selon M. Dieye, des solutions qui privilégient le développement s’imposent pour répondre aux racines de l’extrémisme violent.  Les projets qui intègrent un appui psycho-social, la formation professionnelle et l’éducation limitent les « tendances extrémistes » chez les jeunes et renforcent la tolérance au sein des communautés, tandis que l’investissement dans l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes renforce la paix et la sécurité.  Une approche intégrée et équilibrée en matière de sécurité et de développement doit donc être privilégiée pour répondre au défi de l’extrémisme violent, a-t-il tranché.  M. Dieye, a par ailleurs, salué l’appui accordé par l’UA à la campagne « Faire taire les armes en Afrique» et a invité son Conseil de paix et de sécurité à unifier les différentes perceptions et interprétations du concept de prévention de l’extrémisme violent.

M. JUN ZHANG (Chine) a constaté que le terrorisme est une menace qui pèse sur tous les peuples.  Les défis sont complexes et aucun pays n’est à l’abri, a-t-il fait remarquer en soulignant que, récemment, l’Afrique a été profondément troublée par ce fléau.  De fait, de nouvelles menaces émergent et l’Afrique se trouve en première ligne.  Des acteurs terroristes s’y infiltrent, semant l’instabilité, sapant la situation socioéconomique et minant la paix et la stabilité.  Dans ce contexte, le délégué a recommandé que la communauté internationale aide l’Afrique à se donner les moyens d’éradiquer les conditions permettant au terrorisme de s’étendre.  Il a souligné, dans cet esprit, les efforts auxquels appelle la Déclaration présidentielle en matière de renforcement des capacités des États et de consolidation des actions de l’ONU pour contrer le terrorisme et l’extrémisme.  À cette fin, a plaidé M. Zhang, il faut adopter des normes uniformes et parvenir à un consensus sur les questions de lutte antiterroriste. 

La Chine, a-t-il assuré, appuie le soutien qu’apporte la communauté internationale aux pays africains sans aucune contrepartie politique.  De même, il faut s’attaquer aux racines et aux branches du terrorisme, dont le sous-développement est un facteur majeur.  Certains pays sont confrontés à de nombreux défis et la communauté internationale a le devoir de les aider à atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et du Programme 2030 de l’ONU.  Il convient de se concentrer tout particulièrement sur l’éducation et l’emploi des jeunes, a-t-il indiqué, soucieux en particulier de la jeunesse africaine qui ne doit pas être la proie d’idéologies terroristes pernicieuses.  Il faut aussi respecter le rôle de chef de file d’Afrique elle-même, a poursuivi le délégué en prônant la recherche de « solutions africaines à des problèmes africains », dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales des États. 

Se prononçant ensuite pour le renforcement des capacités des pays africains, le représentant a espéré que les mesures pertinentes contenues dans la Déclaration présidentielle pourront être mises en œuvre sur le terrain.  Il importe, selon lui, d’aider également les organisations régionales et sous-régionales, qui sont les mieux placées, à trouver des solutions adaptées.  Enfin, rappelant l’appui financier apporté par la Chine au programme de formation de l’ONU pour la lutte contre le terrorisme, il a réaffirmé la détermination de son pays à appuyer les pays africains et à contribuer à la paix et à la stabilité sur le continent. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) s’est préoccupé de la dégradation notable de la situation en Afrique de l’Ouest où le nombre de morts a été multiplié par cinq depuis 2016.  Il a appelé à prendre des mesures audacieuses pour faire front contre le terrorisme et aider les États concernés à surmonter les problèmes qui limitent leur action.  Il faut aussi répondre aux causes du phénomène, notamment le lien entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  C’est une véritable « synergie du mal » qui vient miner les structures étatiques, freiner le développement et entraver le tissu social, a-t-il expliqué.

M. Singer Weisinger a appelé à une participation active des femmes à la prise de décisions en matière de prévention et de règlement des conflits, et à la gestion des scénarios post-conflit.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, renforcer le rôle des jeunes et répondre à leurs besoins, mettre l’accent sur l’éducation et l’emploi et veiller à l’existence de conditions propices au développement.  M. Singer Weisinger s’est aussi inquiété du problème des combattants terroristes étrangers et du défi « colossal » qu’ils représentent pour les pays africains: un appui judiciaire est donc nécessaire.  Le représentant a en outre appelé à mettre en œuvre les résolutions visant à entraver le financement du terrorisme.  À cet égard, la collaboration entre États et l’appui des organisations régionales sont essentiels, a-t-il dit.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souscrit à la Déclaration présidentielle préparée sur proposition de Beijing et a dit sa solidarité avec les gouvernements et les peuples du Sahel et du bassin du lac Tchad dans leur lutte contre le terrorisme.  Il a relevé que la terrible influence du terrorisme et de l’extrémisme violent est observée tout particulièrement en Afrique de l’Ouest, où le nombre d’attentats terroristes va croissant.  À ses yeux, la situation a été compliquée par le transfert de groupes terroristes sous de la bannière de l’EIIL et la création de nouvelles filiales régionales.  Suite à la défaite de l’EIIL en Syrie et en Iraq, sont apparus des flux de combattant étrangers qui sévissent aujourd’hui en différents points.  Ces groupes mènent en outre des activités de recrutement en professant leur idéologie extrémiste.  Face à cette menace, a souligné le représentant, tout appui technique apporté doit se faire à la demande des États concernés. 

À cet égard, a signalé M. Nebenzia, tous les pays sont loin d’accepter les mécanismes de prévention qu’on leur propose.  De même, a-t-il poursuivi, s’il est crucial que la société civile joue un rôle de premier plan dans la prévention du terrorisme, ces efforts seront vains si les organismes étatiques ne reconnaissent pas la responsabilité première qui leur incombe dans ce domaine.  Sans s’appesantir sur les mesures prises par son pays en la matière, le délégué a indiqué que la Russie organiserait prochainement une séance publique sur ce thème avec la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT). 

Pour le représentant, une attention plus grande devrait être portée à la mise en œuvre des protocoles, conventions et résolutions traitant de la question du terrorisme.  Il a invité les pays africains à se joindre à la Convention de l’Organisation de coopération de Shanghai contre le terrorisme.  Pour combattre efficacement le terrorisme, il convient en priorité de régler les crises socioéconomiques qui représentent un terrain fertile mais aussi de contrecarrer les tentatives de « mise en place d’un chaos contrôlé ».  Sur ce point, a-t-il souligné, le contexte libyen ne doit pas être ignoré lorsque l’on parle d’approvisionnement des terroristes en armes.  Cela veut dire que cet afflux d’armes ne se réduit pas alors que la guerre a commencé il y a neuf ans dans ce pays, a-t-il alerté.  Dans ce contexte, a-t-il  conclu, la Russie suit de près la situation et continue de fournir une aide à plusieurs pays du continent, notamment par le biais de formations de militaires et de policiers. 

Au nom du Groupe des A3+1, (Niger, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Afrique du Sud et Tunisie), M. TAREK LADEB (Tunisie), s’est inquiété de l’arrivée croissante de combattants terroristes étrangers sur le continent africain.  Il a noté les conséquences de la crise libyenne, dont l’afflux de terroristes et d’extrémistes qui aggravent les troubles dans le Sahel, le bassin du lac Tchad et la Corne de l’Afrique.  « Pas plus tard que samedi, a dit le représentant, un groupe terroriste a attaqué les villages de Dinguila et Barga dans le nord du Burkina Faso, faisant 43 morts et beaucoup de blessés. » 

Face à ce constat, le représentant du Groupe des A3+1 a d’abord jugé crucial de détecter, perturber et poursuivre tous les appuis dont bénéficie le terrorisme en Afrique, y compris les sources de financement.  Ensuite, il a dit qu’il était important de s’attaquer aux racines et sources du terrorisme en Afrique, comme la marginalisation économique, le manque d’éducation, le non-respect des droits de l’homme et les diverses instabilités politiques.  Puis, il a appelé à s’attaquer aux liens entre criminalité transnationale organisée et terrorisme et à renforcer les capacités des États pour qu’ils soient en mesure d’anticiper et d’atténuer les attaques contre des « cibles molles ».  Enfin, il a estimé qu’il était important de renforcer la coopération aux niveaux bilatéral et régional ainsi que le partage d’information dans les domaines de gestion et sécurité des frontières, justice criminelle, informations de voyage, police et renseignements. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a constaté que la menace terroriste en Afrique évolue rapidement et a insisté sur l’importance de la coopération internationale pour y faire face.  Il a plaidé pour l’élaboration de mécanismes de partage d’information notant que celui-ci est souvent inadéquat, à la fois au sein et entre les pays.  Il a aussi encouragé le PNUD et le Bureau de lutte antiterroriste à respecter les décisions de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT).  Le représentant a par ailleurs appuyé la création de programmes bilatéraux dans tous les pays d’Afrique afin de répondre à toutes les facettes du terrorisme.  Il a donné l’exemple de son pays qui appuie des infrastructures de détention dans certaines régions et travaille avec les organes judiciaires de certains pays pour poursuivre et condamner les terroristes.

M. Allen a reconnu que la lutte antiterroriste ne repose pas uniquement sur la dimension sécuritaire.  Il a notamment relevé que plusieurs groupes terroristes fournissent des services essentiels dans certaines régions et qu’il importe donc de répondre au problème de la fourniture de services.  Il n’y a pas de solution à taille unique et la riposte doit avant tout suivre une approche locale, a-t-il recommandé.  Ce qui fonctionne en Italie ne va pas forcément fonctionner à Mombassa, a-t-il expliqué, avant d’appeler à privilégier le dialogue.  Il a indiqué qu’il ne répondrait pas aux arguments politiques de la délégation russe, mais a insisté sur la coopération entre les États pour faire face à la menace terroriste.  Le délégué a par ailleurs indiqué que certaines mesures prises par les États risquent de pousser certaines personnes dans les bras des terroristes.  La stigmatisation de masse, ou d’une minorité ou religion, risque de radicaliser les individus au niveau local, a-t-il prévenu.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a observé que les intervenants ont dressé un tableau très sombre de la situation de l’Afrique face au terrorisme et à l’extrémisme.  Il s’est dit d’accord avec la Déclaration présidentielle pour dire qu’il faut une approche holistique pour y faire face.  Selon le représentant, le point de convergence principal des efforts à mener porte sur la prévention.  Pour cela, il faut connaître les raisons qui poussent les jeunes à se rallier à ces groupes terroristes.  Mieux cerner les moteurs permettant de créer des sociétés plus résilientes et respectueuses de l’état de droit doit être une priorité, a-t-il plaidé.  Il faut aussi compléter les démarches de long terme avec le travail des agences des forces de l’ordre et du secteur de la sécurité.  Il convient à cet égard de contrôler la manière dont agissent les forces de l’ordre et les mécanismes par lesquels elles rendent des comptes. 

Relevant ensuite que 71% des sondés dans l’étude présentée par M. Dieye ont assuré avoir rejoint des groupes terroristes en raison du mépris que leur opposaient les autorités, le représentant a jugé crucial de cerner les raisons profondes de ces ralliements.  Dans cette étude, a-t-il poursuivi, on évoque aussi la marginalisation et les difficultés socioéconomiques qui alimentent la radicalisation.  Toutefois, a-t-il fait valoir, la pauvreté n’est pas le moteur principal du terrorisme, elle n’entraîne pas automatiquement un recours à l’extrémisme violent.  Pour faire face à ces menaces, il est essentiel non seulement de les prévenir mais aussi d’assurer la dignité humaine, de permettre le développement et de proposer des perspectives sociales et économiques.  L’éducation est une autre condition importante, de même que l’égalité entre les sexes, notamment en matière de prise de décisions, a ajouté le représentant.  Soucieuse d’apporter son concours à ce combat contre les causes du terrorisme, l’Allemagne copréside le Forum de lutte contre le terrorisme, au sein duquel elle travaille aux questions de désarmement.  Elle contribue aussi à l’initiative « Faire taire les armes en Afrique », a signalé M. Heusgen. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que le continent africain est de plus en plus exposé à la menace terroriste.  Pour la France, la priorité est de construire une approche globale de la lutte contre le terrorisme, en impliquant tous les acteurs et en répondant à toutes les causes du phénomène.  À cet égard, il a salué la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel qui poursuit sa dynamique d’engagement opérationnel en coordination étroite avec l’opération Barkhane.  Le renforcement de la coopération internationale, en particulier celle entre les États de la région, est un préalable essentiel à une approche concertée et efficace de la lutte contre le terrorisme.  M. de Rivière est revenu sur les résultats du Sommet de Pau du 13 janvier 2020, qui a permis de réunir les chefs d’État des pays du G5 Sahel et leurs principaux partenaires multilatéraux (ONU, Union européenne, Organisation internationale de la Francophonie) et d’appeler au lancement de la Coalition pour le Sahel.  Celle-ci repose sur quatre piliers: la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités sécuritaires des États du G5 Sahel, l’appui au redéploiement des services régaliens, et l’aide au développement pour répondre à l’ensemble des causes du terrorisme.

Le représentant a aussi recommandé d’agir auprès de la population africaine, car sans une action ciblée sur les populations les plus exposées au terrorisme, dont les femmes et les jeunes, il ne sera pas possible de traiter les causes profondes de cette menace et d’y répondre.  M. de Rivière a appelé à traduire la résolution 2242 sur le rôle des femmes dans la lutte contre l’extrémisme violent dans les faits.  Par ailleurs, rappelant que près de la moitié de la population africaine aura moins de 25 ans d’ici à 2050, il a appelé à intégrer que les groupes terroristes recrutent parmi ces jeunes et que la solution à cela passe par l’éducation et le développement socioéconomique.  La France appelle en outre à lutter contre la propagande terroriste qui cible tout particulièrement les femmes et les jeunes, en particulier sur Internet.  Il faut également tarir les sources de financement, un élément clef de la lutte contre le terrorisme, a poursuivi le représentant, en rappelant les dispositions de la résolution 2462 à cet égard et en appelant à sa pleine mise en œuvre.

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) s’est dit très inquiet de l’augmentation du nombre d’attaques commises par des groupes terroristes comme l’État islamique et les groupes affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique, notamment aux frontières du Burkina Faso, du Mali et du Niger.  Dans ce contexte, il a jugé vital de s’attaquer aux racines de l’extrémisme violent.  Il a appelé à une démarche holistique qui comprenne la prévention du terrorisme par le renforcement de la gouvernance, la résolution des conflits en suspens, le règlement des problèmes d’exclusion, la lutte contre la pauvreté et les inégalités ainsi que le renforcement du développement économique et social. 

« Pour combattre la diffusion du terrorisme nous devons intensifier nos efforts pour rejeter cette idéologie et les incitations à la haine qui en découle », a insisté le représentant.  Notant que le terrorisme ne peut survivre sans financement, il a souligné la nécessité de détruire les réseaux de financement du terrorisme et de renforcer les capacités juridiques et institutionnelles des États pour prévenir, détecter et punir les actes illégaux.  Dans ce contexte, il a exhorté les États Membres à mettre en œuvre la résolution 2462 du Conseil de sécurité sur la lutte contre le financement du terrorisme.  Il a aussi jugé important de renforcer la coopération internationale aux fins de l’assistance aux pays affectés et de la solidarité avec eux.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a souligné l’ancrage de partisans de Daech et Al-Qaida en Afrique, en particulier au Sahel, en Somalie et dans la péninsule arabique, ainsi que l’instrumentalisation de conflits locaux par des mouvements terroristes comme Boko Haram, AQMI, les Chabab et le groupe « Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique ».  Ces groupes s’approprient des compétences dévolues aux États, en imposant leur idéologie d’extrémisme violent, a noté le représentant en s’inquiétant de l’augmentation des attaques terroristes de Daech et Al-Qaida au Sahel.  Notant que ces groupes travaillent de plus en plus souvent ensemble, contrairement aux rivalités qu’ils entretiennent au Moyen-Orient, le représentant a également noté que le terrorisme, sur le continent africain, se conjugue avec la criminalité transnationale.

Conscient du tableau « sombre » qu’il dépeint et de l’énormité des défis à relever, il a insisté pour que le continent africain puisse compter sur le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale.  Il peut compter sur l’appui de la Belgique et de l’Union européenne, a confirmé M. Pecsteen de Buytswerve en soulignant l’importance d’une approche intégrée dans la lutte contre le terrorisme, « l’approche de l’Union européenne en étant une ».  Elle mobilise en effet toute la gamme de ses instruments, y compris la diplomatie politique de haut niveau, la médiation, les consultations, des mesures restrictives et la coopération en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, y compris la traite des êtres humains.

Les pays africains où le terrorisme trouve un terrain fertile ont également besoin de développement économique et de perspectives politiques enracinés dans une éducation de qualité, a poursuivi le représentant avant de proposer, pour augmenter la résilience des communautés africaines contre l’influence néfaste du terrorisme, de renforcer la gouvernance en s’attaquant au sentiment d’exclusion et de manque de confiance dans les structures gouvernementales.  Il faut également permettre à la société civile d’opérer et promouvoir l’inclusion politique, y compris celle des femmes, dans l’élaboration des stratégies de lutte contre l’extrémisme violent, a-t-il suggéré.  La Belgique appelle en outre à reconnaître le rôle considérable joué par les ONG dans la distribution impartiale de l’aide humanitaire.  Elle appelle à mitiger les effets négatifs de la lutte antiterroriste sur ces activités humanitaires.  À cet égard, le représentant a salué la concertation accrue des pays africains sur cette question « épineuse », avec plusieurs initiatives régionales et sous-régionales, en partenariat avec l’ONU.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a rappelé l’action de son pays pour combattre l’EIIL au Moyen-Orient, se préoccupant de sa capacité à s’adapter comme il ressort de la création de ses branches dans le monde entier.  Elle s’est notamment souciée de la situation au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, ainsi que des attentats perpétrés par les Chabab en Somalie et au Kenya.  Pour lutter contre cette menace de manière globale et éliminer les conditions propices à la propagation du terrorisme, elle a recommandé de travailler ensemble.  Cela commence par le leadership, une bonne gouvernance, l’état de droit et le respect des droits de l’homme.  Citant une étude, elle a relevé que les actions de la police et des militaires peuvent pousser à passer de la radicalisation à la violence.  « Nous devons nous assurer que toutes les mesures que nous prenons pour lutter contre le terrorisme respectent pleinement nos obligations en droit international de respecter les droits de l’homme, les libertés fondamentales et l’état de droit. »  Le contre-terrorisme ne peut jamais justifier l’incarcération arbitraire de dissidents, de journalistes ou de membres de groupes religieux et ethniques minoritaires, a ajouté la représentante en rappelant qu’un contre-terrorisme efficace doit être ancré dans le respect plein et entier des droits de l’homme. 

La représentante a parlé des efforts déployés par les États-Unis pour appuyer les efforts de lutte antiterroriste de l’Afrique.  Elle a notamment parlé d’un programme de formation de la police et de l’armée au Niger, qui porte sur la façon de transférer les preuves médico-légales physiques et numériques du champ de bataille aux autorités civiles chargées de l’application des lois.  Les États-Unis travaillent dans toute l’Afrique pour renforcer les systèmes de justice pénale, autonomiser les femmes et les filles exposées à l’extrémisme violent, faciliter la sécurité civile et la cohésion communautaire et réduire les flux financiers vers les terroristes, dont la plupart viennent de l’extérieur de l’Afrique.  Elle s’est par ailleurs félicitée de ce que la DECT ait accordé la priorité à la région, avant de rappeler que son pays avait fait inscrire au Comité des sanctions 1267, le mois dernier, d’autres groupes (l’EIIL-Grand Sahara, l’EIIL-Afrique de l’Ouest et l’EIIL-Libye).  Nous remercions les nombreux pays qui ont coparrainé ces listes et nous encourageons les autres États Membres à se joindre à nous pour identifier, sanctionner et cibler chaque affilié de l’EIIL dans le monde, a-t-elle dit.  Mme Craft a par ailleurs insisté sur l’importance d’inclure la société civile en raison de son expertise au sujet des situations locales.  Elle s’est aussi inquiétée des tentatives de certaines groupes terroristes d’infiltrer les systèmes éducatifs.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a remarqué que le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique sont « une question transfrontalière » exacerbée par la porosité des frontières et l’autorité insuffisante des États.  Revenant sur la résolution adoptée il y a un an par la Conseil sur le financement du terrorisme, qui met en exergue la dépendance des terroristes d’activités illégales souvent transfrontalières, le représentant a appelé à une action coordonnée aux niveaux régional et international.  En Afrique, le rôle de l’UA et d’autres organisations sous-régionales est essentiel, a dit le représentant en saluant la coopération avec les pays du G5 Sahel et en rappelant la contribution de l’Estonie en personnel militaire à l’opération Barkhane.

L’Estonie rappelle aussi que c’est en premier lieu aux États d’assurer la sécurité de leur population, ce qui implique de donner un bon accès aux systèmes de santé et d’éducation et de garantir une présence sécuritaire avec du personnel bien formé.  Le représentant a appelé ces États à veiller à ce que leurs actions de lutte antiterroriste restent dans la conformité avec le droit international, en particulier le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Ignorer le droit international peut saper les activités antiterroristes, a-t-il mis en garde, et pousser à une radicalisation alimentée par la violence et une impression d’impunité.  Dès lors l’Estonie plaide pour une approche holistique qui réponde aux causes profondes de l’extrémisme violent. 

Pour construire des communautés résilientes, il faut accorder plus d’attention à la réduction des tensions intercommunautaires et faciliter les processus de réconciliation, a poursuivi le représentant.  De telles activités doivent souvent commencer au niveau des villages et des quartiers dans les villes, et leur succès dépend de leur inclusivité.  Le représentant a notamment suggéré des dialogues intercommunautaires inclusifs avec la participation des femmes et des jeunes.  Il a également souligné qu’il faut améliorer les conditions socioéconomiques et assurer l’accès aux services gouvernementaux pour ne pas faciliter le recrutement des groupes extrémistes.  Si les gens ont des alternatives pour gagner leur vie et s’ils ont de meilleures opportunités, ils sont moins susceptibles de se faire recruter par des groupes extrémistes, a-t-il expliqué.  S’agissant de l’Afrique, le représentant a également appelé à tenir compte des effets des changements climatiques, notamment dans le bassin du lac Tchad, dans la Corne de l’Afrique et au Sahel.  L’ONU a un rôle important à jouer à cet égard et l’Estonie soutient l’action innovatrice de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) en termes de coordination pour la sécheresse et la nomination d’un conseiller en sécurité environnementale.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a fait remarquer qu’il n’y a pas de solution toute faite et de modèle unique en matière de lutte contre le terrorisme et que chaque pays et chaque région fait face à des défis spécifiques.  Il a noté, par exemple, que la spécificité des liens entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme varie en fonction des pays et des régions.  En outre, il a jugé essentiel de promouvoir le dialogue régional pour partager les meilleures pratiques et expertises en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a aussi recommandé de faciliter la collaboration afin de renforcer les capacités africaines pour permettre notamment aux pays de faire face à des défis comme le retour des combattants étrangers et de leurs familles.  Il a d’ailleurs jugé indispensable de développer des capacités nationales et régionales en matière de poursuite, réhabilitation et réintégration conformément aux résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017). 

Au-delà du renforcement de l’état de droit, le représentant a prôné des approches souples en matière de prévention du terrorisme: il faut favoriser la diffusion de messages de paix, de modération et de tolérance en répondant notamment aux frustrations qui peuvent être exploitées par les groupes terroristes.  M. Djani a aussi invité à renforcer les capacités en matière de lutte contre le terrorisme par le biais de la coopération Sud-Sud, avant de préciser que son pays prévoit d’accueillir dans quelques mois un séminaire sur la lutte contre le terrorisme pour les pays africains. 

Pour M. OLOF SKOOG, Chef de la délégation de l’Union européenne (UE) auprès de l’ONU, la lutte contre le terrorisme est une priorité commune pour l’Afrique comme pour l’Europe.  Exprimant sa solidarité avec les proches des victimes de ce fléau, il a constaté qu’en dépit des efforts déployés, la menace n’a pas été éradiquée.  Loin s’en faut même puisque, selon le rapport de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions paru en janvier, la menace terroriste s’étend en Afrique de l’Ouest, passant du Sahel aux zones côtières, et se propage désormais à des régions dans l’est de l’Afrique, notamment au Mozambique.  Face à ce fléau, a-t-il affirmé, l’UE prône une démarche axée sur les droits de la personne, les libertés fondamentales et le respect de l’état de droit.  Autant de mesures qui doivent aller de pair avec l’égalité des sexes et la protection des enfants. 

Dans ce contexte transnational, les terroristes ont « mondialisé leurs modes opératoires », a souligné le représentant, ce qui réclame une réponse plus coordonnée et plus intégrée.  De surcroît, a-t-il relevé, le lien entre la criminalité organisée et l’expansion de l’extrémisme violent met à mal la stabilité des États fragiles d’Afrique, dont la résilience doit être renforcée.  À cet égard, a précisé le délégué, l’UE appuie les efforts de ses partenaires africains visant à répondre à tout l’éventail des défis posés par le terrorisme.  Elle concentre notamment ses efforts dans la Corne de l’Afrique, en particulier en Somalie via la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), dans le bassin du lac Tchad et au Sahel. 

Parallèlement, a-t-il poursuivi, l’UE coopère avec plusieurs agences des Nations Unies, notamment le Bureau de lutte contre le terrorisme, avec lequel elle a aidé le Soudan à normaliser ses relations avec la communauté internationale, et la DECT.  Enfin, jugeant essentiel de diagnostiquer les causes profondes du terrorisme, le représentant a plaidé pour la coopération internationale face au fléau du terrorisme, évoquant l’exemple du récent sommet de Pau, qui a permis de lancer une « coalition du Sahel » à cette fin.  Il a terminé en se disant impatient de connaître le résultat du prochain sommet extraordinaire de l’UA qui se tiendra en mai en Afrique du Sud avec pour thème la lutte antiterroriste. 

M. ALIE KABBA (Sierra Leone) a appelé à privilégier la prévention pour faire face aux causes du terrorisme en privilégiant une approche reposant notamment sur la bonne gouvernance, la protection des droits de l’homme et l’adaptation climatique.  Il a estimé que la dimension transnationale du terrorisme appelle à renforcer la coopération multilatérale avec l’Afrique.  Il a aussi appelé l’ONU à davantage appuyer les États Membres pour les aider à renforcer leurs capacités de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Les États bien dotés doivent pour leur part fournir un appui technique et financier pour aider l’Afrique à renforcer ses efforts antiterroristes, a-t-il ajouté.

Le représentant a ensuite parlé des mesures déployées par la Sierra Leone pour mettre en œuvre la stratégie antiterroriste de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Une stratégie de communication reposant sur des débats radiophoniques et télévisuels et des conférences de presse, vise notamment à combattre la radicalisation.  Un atelier a également été organisé en février 2020 dans le but de renforcer la collaboration entre le Gouvernement et la communauté religieuse.  De plus, certains dirigeants religieux ont commencé une tournée nationale pour souligner que l’Islam est une religion de paix.  Comme autres mesures en cours, une formation est offerte au personnel de sécurité, une législation antiterroriste vient d’être été élaborée et devrait être promulguée, et la loi de lutte contre le financement du terrorisme a été renforcée.  Le Gouvernement est également en train d’améliorer les capacités du Ministère de la jeunesse pour lui permettre de fournir des formations et des perspectives d’emplois aux jeunes.  M. Kabba a aussi insisté sur l’importance de répondre et de promouvoir les droits des victimes du terrorisme.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) s’est félicité que le Conseil débatte de la lutte contre le terrorisme, qui est un des sujets les plus importants de l’agenda international.  L’Égypte, compte tenu de sa proximité géographique avec des États frappés par le terrorisme et l’extrémisme violent, a acquis une expertise dans la façon d’appréhender cette menace, a-t-il assuré.  Évoquant la menace terroriste au Sahel, le représentant a indiqué que son pays a suivi l’évolution des groupes armés dans cette sous-région.  Selon lui, le  faible contexte institutionnel de certains États du Sahel a permis à ces groupes de proliférer et de gagner en puissance.  De plus, les organisations terroristes au Sahel profitent de différentes formes de criminalité organisée comme le trafic de drogue, la traite des personnes et la levée de taxes illégales.  À cet égard, a souligné le délégué, l’Égypte appuie tous les efforts onusiens et régionaux visant à éradiquer ces fléaux au Sahel et à faire respecter l’état de droit dans les cinq pays concernés, à commencer par le soutien à la Force conjointe du G5 Sahel.  Il a ajouté que son pays croit au rôle d’un État fort pour sortir du terrorisme.  C’est pourquoi l’Égypte met l’accent sur la dimension sécuritaire de cette lutte et fournit 1 000 bourses de formation à des personnels militaires au Sahel. 

S’agissant de la Libye, M. Edrees a jugé que la menace terroriste dans ce pays exige que la communauté internationale se prononce fermement.  La menace a pris une telle ampleur qu’elle met désormais en péril la paix et la sécurité internationales, a-t-il regretté, avant de se dire particulièrement préoccupé par les transferts de combattants étrangers vers ce pays, au mépris des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Ces agissements mettent en danger les efforts de paix, notamment ceux déployés à la suite de la Conférence de Berlin, a averti le représentant, notant que ces milices sont appuyées financièrement et logistiquement par des pays étrangers.  Il est incroyable de constater que ce mépris flagrant du droit international se déroule sous nos yeux, comme indiqué par le rapport de l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions de l’équipe de contrôle et de vérification, a-t-il encore commenté.  Face à des terroristes dont l’objectif est de générer le chaos et d’entretenir les tensions, la mise en œuvre des résolutions et de la justice est essentielle, a-t-il plaidé.  De même, il faut respecter les critères permettant d’inscrire des individus sur les listes de sanctions.  Enfin, invitant le Conseil à faire respecter ses résolutions, notamment la 2393 qui porte sur le déplacement de combattants terroristes étrangers, le représentant a rappelé qu’aux côtés de l’Espagne, l’Égypte présidera le septième examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. 

M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a indiqué que le Premier Ministre soudanais avait été visé, récemment, par une tentative d’assassinat, imaginant que si cet attentat avait réussi, il aurait torpillé les perspectives de paix dans son pays.  Il a appelé à mettre sur pied un régime multipartite efficace pour faire face aux menaces que connaît le monde et a insisté sur le rôle capital joué par l’ONU pour combattre le terrorisme.  Il a aussi indiqué que le Soudan a ratifié toutes les conventions internationales, africaines et arabes de lutte contre le terrorisme.

Le représentant a ensuite condamné le terrorisme sous toute ses formes et a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, notant que sa mise en œuvre incombe aux États Membres.  Il s’est enorgueilli de ce que le Soudan ait été l’un des premiers pays à soumettre son rapport sur la mise en œuvre de cette Stratégie.  Il a aussi insisté sur le rôle important du Conseil de sécurité dans ce domaine et a appelé à renforcer le partenariat entre l’ONU et l’UA.  Il importe aussi de renforcer les capacités nationales des États pour les aider à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a-t-il recommandé.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a déclaré que 2019 fut pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, l’une des années les plus dramatiques en raison de la multiplication des attaques terroristes.  En dépit des efforts consentis par les gouvernements africains, les organisations terroristes continuent de prospérer sur le terreau fertile de la fragilité de certains États et des conflits communautaires récurrents.  De même, le chômage des jeunes, la faiblesse des systèmes de sécurité, l’absence d’infrastructures sociales de base et la corruption participent à la création d’un environnement propice à l’enracinement du terrorisme et de l’extrémisme.  Le représentant a appelé à un engagement plus fort de la communauté internationale pour accompagner les États à investir dans la construction de sociétés résilientes.  Ces États doivent pour leur part veiller à répondre aux multiples préoccupations de leurs populations.

En matière de prévention, le représentant a estimé que les réseaux sociaux peuvent servir à la sensibilisation contre toutes les formes de violence et à la lutte contre toute idéologie et rhétorique radicale des groupes antiterroristes.  Agir sur le levier de l’éducation peut de même contribuer à prévenir ces fléaux, a-t-il ajouté, notant que le désœuvrement des jeunes et le déficit d’éducation les rendent vulnérables aux discours fondamentalistes.  Il a également souligné que le caractère transnational du terrorisme et de l’extrémisme violent exige une coopération renforcée entre les États aux niveaux régional et sous-régional.  Il a rappelé le lancement, en 2017, de l’Initiative d’Accra qui a permis la création d’une plateforme d’échange d’informations et de renseignement entre le Benin, le Burkina Faso, le Ghana, le Togo et la Cote d’Ivoire.  De même les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO et de l’UEMOA ont pris des engagements financiers en vue de renforcer les moyens de lutte contre le terrorisme.  C’est également l’impératif d’une coopération régionale efficace qui est à l’origine de la mise en place du G5 Sahel et de la Commission du bassin du lac Tchad, a fait observer le représentant qui a appelé à un soutien accru à l’opérationnalisation de la Force conjointe et de la Force multilatérale mixte.

Passant à l’action de la Côte d’Ivoire, M. Adom a indiqué qu’avec l’appui de la France, une Académie internationale de lutte contre le terrorisme est en création.  Par ailleurs, le Gouvernement initie diverses actions afin de faire face aux besoins sociaux des populations vulnérables, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé.  Il a ensuite appelé à la mise en œuvre effective de la Stratégie antiterrorisme mondiale des Nations Unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. OMAR HILALE (Maroc) a estimé que ce débat tombe à point nommé, alors que le terrorisme est devenu l’une des menaces les plus graves pour la paix et la sécurité internationales, une menace qui entrave aussi la concrétisation des objectifs de développement durable et des droits humains universels.  Ce constat, a-t-il dit, s’applique à l’Afrique, et tout particulièrement au Sahel, où les terroristes s’attaquent de plus en plus aux infrastructures cruciales et aux cibles vulnérables.  De fait, a souligné le représentant, les séparatistes et les groupes armés non étatiques, notamment ceux dont les liens avec des groupes terroristes sont avérés, représentent une réelle menace à la paix et à la sécurité.  Jugeant impératif de s’attaquer aux causes profondes qui poussent des populations à rejoindre les terroristes, le délégué a assuré que son pays s’est engagé en faveur de la promotion d’une approche globale de ce fléau conjuguant la dimension sécuritaire, la réalisation du développement économique et humain et la préservation de l’identité culturelle et cultuelle.  Cette approche ambitionne de renforcer la résilience face à la nature complexe et multidimensionnelle des défis auxquels le continent est confronté. 

Dans ce cadre, le Maroc s’investit dans des projets concrets au bénéfice de « pays africains frères », notamment dans des projets ciblant les populations les plus défavorisées, a poursuivi M. Hilale.  En plus du développement socioéconomique, le Maroc s’emploie à promouvoir et à protéger l’islam modéré, tolérant et ouvert, « prévalant historiquement dans la région ».  C’est ainsi que l’Institut Mohammed VI de formation des imams prédicateurs a formé 1 754 imams de plusieurs pays africains.  Face à une menace terroriste multiforme, évolutive et durable, il est nécessaire de privilégier l’édification de sociétés pacifiques, inclusives et prospères fondées sur l’état de droit, les droits humains et le développement durable, a aussi plaidé le représentant.  Il est en outre indispensable, selon lui, d’opposer à ces menaces des mesures résolues et proportionnées, complétées par des investissements à moyen et long terme en faveur de la prévention et du renforcement de la résilience. 

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a relevé que si le terrorisme est une menace mondiale, ses racines, à savoir la radicalisation et l’extrémisme, sont locales.  Les terroristes prospèrent, a-t-il reconnu, là où les minorités et les groupes désavantagés sont exclus et marginalisés et où l’autorité de l’état est faible, voire inexistante.  Il a également pointé la prolifération de l’intolérance et des discours de haine sur Internet et les médias sociaux.  Il a estimé, à son tour, que les efforts de lutte contre le terrorisme doivent être assortis de mesures visant à promouvoir le développement socioéconomique à commencer par l’emploi des jeunes, la lutte contre la pauvreté et les violences intercommunautaires.  Les femmes et les jeunes doivent être impliqués de manière active dans la prise de décisions à tous les niveaux, a ajouté le représentant.

Il a souligné que les pays en développement ont beaucoup de mal à mettre en œuvre les cadres juridiques et les régimes de sanctions, sans une contribution au renforcement de leurs capacités et sans un appui technique, en particulier pour couper les sources de revenus des terroristes.  M. Amde a appelé l’ONU à renforcer son partenariat avec l’UA, mais aussi à soutenir l’initiative Faire taire les armes en Afrique.  Il s’est également soucié de l’impact des changements climatiques sur les conflits communautaires, voyant là une situation que les terroristes tentent d’exploiter.  Une coopération régionale plus ferme s’impose en matière de partage d’informations et de renseignements et de gestion conjointe des frontières, a poursuivi le représentant.  Il a préconisé une gestion transfrontalière des ressources naturelles, a-t-il insisté.

Le représentant s’est attardé sur le phénomène des Chabab et leur faculté à lever des fonds et à mener des attaques meurtrières.  Pour éliminer cette menace une fois pour toutes, il faut appuyer l’AMISOM, investir dans le renforcement des capacités de l’Armée nationale somalienne et intensifier l’appui au Gouvernement somalien en cette année électorale, a prêché le représentant.  L’Éthiopie, a-t-il conclu, est en train de mener d’importantes réformes aux niveaux juridique, économique et politique.  Des mesures ont également été prises pour établir un système d’établissement des responsabilités pour les violations graves des droits de l’homme et accélérer la réforme du système de justice pénale et des services de sécurité.

M. MOHAMED SIAD DOUALEH (Djibouti) a observé que le fléau du terrorisme n’a fait que croître en Afrique depuis le début des années 1990.  L’année 2019 a été particulièrement meurtrière, a-t-il déploré, estimant à cet égard que la communauté internationale gagnerait à mener une analyse statistique des schémas d’attaques des terroristes et des réponses apportées.  Rappelant ensuite que le trente-troisième sommet des chefs d’État de l’UA, qui a eu lieu à Addis-Abeba en février, a consacré 2020 comme l’année de « faire taire les armes », le délégué a fait état de « développements positifs » sur le continent, à commencer par la formation d’un gouvernement provisoire d’unité nationale au Soudan du Sud.  Cependant, a-t-il relevé, en remettant en cause les avancées encourageantes, la menace terroriste constitue le plus grand péril à la mise en œuvre de la stratégie continentale de gestion des crises.  Plus grave encore, le flux croissant de combattants étrangers en provenance de Syrie et d’Iraq permet à des groupuscules déjà présents en Afrique de renforcer leurs capacités de mutation et de diversifier leurs sources de financement.  Face à cette situation, le sommet de l’Union africaine a entériné le déploiement de 3 000 soldats au Sahel au travers de la Force africaine en attente, s’est-il félicité. 

Rappelant ensuite que son pays contribue depuis le début des années 2000 aux efforts régionaux, continentaux et internationaux visant à lutter contre le fléau du terrorisme et de la piraterie maritime dans le Golfe d’Aden, le délégué a assuré que Djibouti maintient la plus grande vigilance sur le plan religieux, en favorisant une « immunisation de la pensée contre les discours extrémistes », tout en procédant à des investissements massifs dans les secteurs sociaux prioritaires et en renforçant son arsenal juridique et préventif.  Enfin, après avoir plaidé pour le respect des engagements en matière d’aide au développement, le partage d’expériences dans cette guerre contre la terreur est une plus grande prévisibilité dans le financement des opérations de maintien de la paix, il a conclu sur un avertissement.  « Le continent africain est en passe de devenir la plaque tournante du terrorisme transnational », a-t-il soutenu, estimant que seule une organisation supérieure à celle des groupes terroristes pourra proposer une réponse durable. 

Mme FATOUMATA KABA (Guinée) a indiqué que le terrorisme et l’extrémisme violent sont des défis auxquels l’Afrique est confrontée depuis de trop nombreuses années sans pourvoir y apporter une solution en raison des causes multiples et complexes et de l’évolution permanente des stratégies mises en œuvre par les groupes terroristes.  Elle a alerté que le bilan des activités terroristes en Afrique s’évalue en millier de victimes et en millions de personnes déplacées, avec un retrait des services étatiques dans les zones affectées.  Elle s’est inquiétée du fait que la communauté internationale peine à trouver une définition consensuelle et une réponse appropriée, notant que cette lacune est l’un des obstacles à la mise en œuvre d’une stratégie globale et efficace de lutte contre le fléau.  Il est grand temps que le Conseil de sécurité accorde toute l’attention qu’il faut à la lutte contre le terrorisme en Afrique au regard de l’ampleur et de la complexité des mouvements terroristes qui y opèrent, a-t-elle dit.

La représentante a considéré que la lutte contre le terrorisme dans ce continent doit notamment mettre l’accent sur le règlement urgent des conflits qui persistent, la mise en œuvre effective des instruments pertinents sur la démocratie et la gouvernance et une coopération renforcée entre les organisations régionales et l’ONU.  Elle a aussi appelé au renforcement des capacités des forces armées africaines, au gel des avoirs et des sources financement des activités terroristes, au partage des informations, au renforcement des procédures d’identification des combattants terroristes étrangers, et à la lutte contre la pauvreté endémique en Afrique, entres autres.  Outre l’appui à la campagne qui vise à faire taire les armes en Afrique en 2020, elle a appelé à donner un mandat clair et un mandat conséquent à la force multinationale mixte de lutte contre Boko Haram et à la Force conjointe du G5 Sahel.  Enfin, Mme Kaba a salué la mise en place du Plan de soutien des Nations Unies destiné à 10 pays, dont la Guinée, estimant que cette nouvelle approche contribue à lutter contre l’extrême pauvreté, les inégalités et les effets pervers des changements climatiques, qui sont des terreaux pour le terrorisme.

Pour M. KIMIHIRO ISHIKANE (Japon), le modèle linéaire pour la paix et la sécurité ne peut plus suivre le rythme de l’environnement en mutation rapide en Afrique et en particulier au Sahel.  Il a évoqué à cet égard le « cercle vicieux » qui entretient le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique, en proposant trois moyens potentiels pour en sortir.

En premier lieu, a-t-il plaidé, il faut donner aux communautés locales les moyens de lutter contre ces fléaux parce que trop souvent ce sont les griefs locaux qui donnent aux terroristes une base de soutien.  Pour y remédier -y compris pour combattre le manque de sécurité, de justice, de gouvernance et de services sociaux-, il faut miser sur un système de soutien durable, à savoir la communauté, a expliqué le représentant.  Pour le Japon, une approche centrée sur la personne peut changer la donne et permettre de renforcer la résilience en vue de parvenir à la paix et la stabilité en Afrique, mais cela ne se fait pas automatiquement et cela suppose un développement inclusif, a précisé le représentant.  Il faut également renforcer les capacités institutionnelles pour arriver à toucher les communautés locales.  Cela suppose de miser sur le long terme, a expliqué le délégué, notamment sur des institutions fortes et dignes de confiance et, parallèlement, sur le développement économique.  Les communautés locales peuvent être un rempart contre l’extrémisme violent, a-t-il affirmé, mais uniquement si une bonne gouvernance du secteur sécuritaire est en place.

C’est la raison pour laquelle le Japon a placé le renforcement des capacités dirigé par l’Afrique au cœur de son engagement, en particulier dans le secteur de la sécurité et de la justice.  Depuis 2008, le Japon a ainsi collaboré avec 14 centres de formation au maintien de la paix en Afrique pour renforcer les capacités pluridimensionnelles régionales du maintien de la paix ONU/UA.  Il a également soutenu des programmes de formation en justice pénale dans les pays africains francophones pour consolider les capacités de la police, des procureurs et des juges à travers la coopération Sud-Sud.  Tout en mettant l’accent sur les communautés locales, le Japon est conscient de la menace transfrontalière et transnationale que représente le terrorisme et encourage la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales pour la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a dit le représentant en concluant son intervention. 

Pour M. SOFIANE MIMOUNI (Algérie), le terrorisme reste une menace internationale grave pour laquelle nul pays n’est à l’abri et qui n’a pas épargné l’Afrique.  En dépit des pertes de territoire par certains groupes terroristes, on assiste à une augmentation alarmante dans les recrutements de l’EIIL et d’Al-Qaida en particulier en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel.  Par conséquent, il va falloir s’attaquer aux causes profondes du terrorisme ce qui suppose une démarche globale pour le développement socioéconomique, a martelé le représentant pour qui cela doit inclure la promotion de la transparence et de la bonne gouvernance, la prévention des conflits, le renforcement des institutions de l’État et la lutte contre les inégalités, la pauvreté et la radicalisation.  M. Mimouni a ajouté qu’il fallait en plus veiller à la mise en œuvre du Programme 2030 et à l’implication des communautés locales à cet égard.

L’Algérie est parvenue à tenir en échec le terrorisme dans les années 90, a-t-il rappelé, et le pays se trouve aujourd’hui sur les devants de la scène dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent car il met particulièrement l’accent sur la lutte contre les facteurs d’exclusion, la marginalisation et les injustices sociales, des facteurs qui sont souvent exploités par la propagande terroriste.  Elle s’attache également à promouvoir la démocratie et à défendre les droits de la personne et les libertés fondamentales tout en luttant contre le terrorisme résiduel.  À l’échelle régionale, a indiqué le représentant, l’Algérie coopère notamment avec les pays du Sahel grâce à différents mécanismes comme l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel.  En qualité de champion de l’UA dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, l’Algérie présente des rapports sur une base régulière notamment sur la radicalisation des jeunes, un phénomène qui gagne du terrain, et aussi sur les liens entre terrorisme et criminalité transnationale organisée qui ont atteint des « proportions effrayantes », selon le délégué.

De surcroit l’Algérie a présenté à l’UA un mémorandum sur les sept piliers autours desquels pourrait s’articuler la stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de l’UA notamment en tarissant les sources de financement du terrorisme et en luttant contre le problème des combattants terroristes étrangers.  Plusieurs initiatives de sécurité ont été lancées au niveau du continent, a rappelé M. Mimouni, en citant le processus de Nouakchott ainsi que l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL) et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) qui se trouvent tous deux à Alger et continuent de jouer un rôle important dans le renforcement des capacités africaines de lutte antiterroriste et contre le crime transnational organisé.  Enfin, dans le cadre des efforts internationaux, l’Algérie coopère avec d’autres acteurs comme le Forum mondial de lutte contre le terrorisme et dans le cadre du Groupe de travail pour l’Afrique de l’Ouest qu’elle préside avec l’Allemagne, a encore indiqué M. Mimouni.

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a souligné les souffrances infligées à son pays et à l’Afrique par les groupes terroristes, dont les Chabab et Boko Haram.  Le Kenya continue d’être aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent et reste déterminé à forger des partenariats pour élaborer une approche stratégique et opérationnelle pour prévenir et combattre lesdits terrorisme et extrémisme violent, a-t-il dit.  Le délégué a ensuite rappelé les propositions avancées lors de la conférence de haut-niveau qui s’est tenue en juillet 2019 à Nairobi sur le sujet, dont les coprésidents étaient le Président du Kenya, le Président de la Commission de l’Union africaine et le Secrétaire général de l’ONU.  Parmi ces propositions, le délégué a cité le renforcement de la coopération antiterroriste africaine, régionale et sous-régionale, la tenue de dialogues annuels entre l’ONU et l’UA ou bien encore la création d’une plateforme interagences au Kenya afin de mieux coordonner les efforts antiterroristes régionaux. 

Face au terrorisme, M. Amayo a plaidé pour une approche globale, impliquant toute la société et le gouvernement.  Il a aussi recommandé de lutter contre les facteurs de fragilité, en vue notamment de renforcer l’autorité de l’État dans les territoires vulnérables.  En outre, il faut des initiatives transfrontières et le développement de programmes robustes de désarmement, démobilisation et réintégration.  Le Conseil de sécurité doit faire en sorte que toutes les entités associées à des groupes terroristes notoires soient inscrites sur ses listes pour mieux les contrer, a-t-il dit.  Il a aussi exhorté les États Membres à s’acquitter de leurs obligations en vertu notamment de la résolution 2322 (2016).  Enfin, M. Amayo a appelé la communauté internationale à doter l’AMISOM d’un financement adéquat, étant donné que « la guerre contre le terrorisme des Chabab est loin d’être terminée ».

M. SAMSON SUNDAY ITEGBOJE (Nigéria) a relevé que les moteurs du terrorisme sont l’idéologie, le manque de développement, la prolifération des armes légères et de petit calibre, ou encore le manque d’état de droit.  Il a souligné l’importance des cadres africains pour renforcer les capacités des États Membres à lutter contre le terrorisme, citant notamment les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Il a salué l’importance du Comité des services de renseignement et de sécurité africains (CISSA), du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme ou encore de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL).  Il a souligné la pertinence de la stratégie de la CEDEAO qui s’appuie sur trois piliers, à savoir la prévention, la lutte contre le terrorisme et la reconstruction des communautés après les conflits.

Au niveau national, le Nigéria a adopté en 2014 une stratégie de lutte contre le terrorisme (NACTEST) puis, en 20017, un cadre de prévention de l’extrémisme.  Notant que les groupes terroristes se nourrissent des faiblesses des États, le représentant a demandé au Conseil de sécurité d’aider les pays en développement à agir plus fermement contre le terrorisme.  Il s’est inquiété des faibles capacités de gestion des frontières des pays africains.  Parce que le terrorisme est un fléau mondial, il a jugé important de privilégier une coopération internationale qui permette de soutenir les pays dans le besoin.  Il a aussi salué le rôle de l’ONUDC. 

Mme YOHANNES (Érythrée) a souligné la nécessité de disposer de mécanismes de coordination robustes aux niveaux régional et mondial pour lutter contre le terrorisme.  Elle a suggéré la création d’arrangements flexibles pour la coopération dans le domaine de la défense, pour faire face à des menaces spécifiques.  Mettant l’accent sur l’importance de la coopération régionale, la représentante a indiqué que son pays a accueilli des sommets sur les relations bilatérales et multilatérales.  Illustrant son propos, elle a cité la tenue en janvier 2020 d’une réunion trilatérale au cours de laquelle les présidents de l’Érythrée, de l’Éthiopie et de la Somalie se sont accordés sur un plan pour combattre ensemble et neutraliser des menaces communes, comme le terrorisme ou les trafics d’armes de personnes et de stupéfiants.  La représentante a indiqué que son pays continue d’améliorer son cadre juridique pour prévenir les actes de terrorisme et condamner leurs auteurs, en mettant notamment l’accent sur le financement du terrorisme. 

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a rappelé que le sommet de l’UA, qui s’est tenue en février 2020, a été l’occasion de s’accorder sur la nécessité de lutter contre les liens entre terrorisme et criminalité transnationale organisée.  Il a souligné la difficulté pour les pays africains d’assurer la sécurité de leurs frontières.  Il a précisé que l’Angola a adopté en novembre 2019 une loi encadrant la lutte contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme, expliquant que cette loi impose des devoirs de vérification accrue aux personnes politiquement exposées.  « Cette loi, qui fait suite à des recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), interdit la création de banques intermédiaires, qui sont responsables de 70% de la circulation des capitaux appartenant à des organisations terroristes.  Soulignant le caractère fondamental de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme, le représentant de l’Angola a souligné l’importance des résolutions 1373, 1624 et 2178 du Conseil de sécurité.    

M. CHEIKH NIANG (Sénégal) a constaté que les efforts multidimensionnels jusqu’ici déployés sur le continent africain, notamment dans la bande sahélo-saharienne, n’ont pas encore permis d’endiguer la menace sécuritaire liée au terrorisme et à l’extrémisme violent.  Déplorant une prolifération rapide de la menace dans cette partie du continent, il a rappelé qu’en 2019, plus de 700 attaques terroristes commises par des groupes terroristes, des réseaux criminels et des milices communautaires et tribales ont été recensées au Sahel, notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger.  Cette situation est d’autant plus préoccupante que les attaques menacent désormais les États côtiers et que des trafics en tout genre alimentent les réseaux terroristes, favorisant par là même la migration clandestine. 

Face à ce fléau, qui met en péril la réalisation des objectifs de développement durable, l’heure est venue de revoir nos cadres d’action, a poursuivi le représentant.  Saluant le plan d’action 2020-2024 de lutte contre le terrorisme adopté par la CEDEAO en décembre dernier, il a estimé que cette initiative est à encourager, de même que la stratégie régionale en faveur de la stabilisation menée par l’UA et la Commission du lac Tchad.  Il s’est aussi félicité des actions du G5 Sahel et de la déclaration commune signée en janvier à Pau entre la France certains pays de la sous-région, qui jette les bases d’une « coalition pour le Sahel ».  La mise en œuvre de ces efforts est toutefois confrontée à la difficulté de mobiliser le financement nécessaire, a-t-il noté, appelant les États à respecter les engagements pris dans le cadre de ces initiatives. 

Considérant que la réponse à apporter ne peut être uniquement financière et sécuritaire, le délégué a indiqué que son pays met en œuvre une stratégie antiterroriste axée sur la prévention, via des programmes de développement économique et social pour combattre les causes structurelles et conjoncturelles du terrorisme.  Parallèlement, le Sénégal mène des campagnes de sensibilisation associant société civile, leaders d’opinion, chefs coutumiers et religieux et jeunes, dans le but de promouvoir une alternative aux discours de propagande haineux des groupes terroristes.  Il collabore en outre avec des institutions spécialisées de l’ONU telles que l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Bureau de lutte contre le terrorisme, tout en coopérant avec des partenaires bilatéraux dans les domaines de l’assistance technique, du partage de données et du renseignement en matière de flux de financement.  Dans ce monde globalisé, où aucun pays ne peut faire face, seul, à la menace terroriste, il a jugé impératif d’adopter une stratégie intégrée prenant notamment en compte la lutte contre le financement du terrorisme, dans l’esprit de la résolution 2462 (2019). 

M. KOKOU KPAYEDO (Togo) a insisté sur la gravité croissante de la menace terroriste en Afrique subsaharienne et notamment en Afrique de l’Ouest où « plus un seul jour ne passe sans qu’on ne dénombre une victime du terrorisme ».  Ces quatre dernières années, l’Afrique de l’Ouest a été victime de plus de 2200 attaques qui ont occasionné 11 500 morts, des milliers de blessés et des millions de déplacés, a-t-il rappelé avant de saluer les efforts déployés par la Force G5 Sahel pour lutter contre ce fléau et sécuriser les différentes zones atteintes.  Mais, compte tenu des difficultés rencontrées par la Force sur le terrain, il a plaidé pour une approche plus élargie de ce combat qui « ne peut et ne doit se circonscrire aux seuls États qui y font face de longue date ».

Le Togo salue la nouvelle dynamique impulsée par la CEDEAO dont les membres ont annoncé, en septembre 2019, leur volonté de mobiliser un milliard de dollars sur quatre ans en soutien aux actions du  G5 Sahel.  Il se félicite en outre de l’engagement de l’ONU aux côtés des États Membres qui, à travers le Comité contre le terrorisme, appuie les États dans leurs initiatives nationales pour juguler ce mal.  Dans le cas du Togo, à l’issue d’une visite d’évaluation en juillet 2019, le Comité a formulé des recommandations sur l’architecture nationale du Comité interministériel de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent.  Des mesures ont également été prises pour lutter contre les transferts illicites de fonds afin de tarir les sources potentielles de financement des réseaux terroristes, a encore précisé le représentant.  Le Togo a également misé sur l’inclusion pour empêcher le recrutement par des réseaux terroristes en orientant prioritairement son action vers la consolidation de l’état de droit et l’enracinement de la démocratie, l’éducation à la paix et à la citoyenneté ainsi que la lutte contre les discours de haine, a expliqué M. Kpayedo.  Ces mesures transparaissent clairement dans le Plan national de développement du Togo dont l’Axe 3 est intitulé « consolidation du développement social et  renforcement des mécanismes d’inclusion ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Cinquième Commission examine l’application du principe de responsabilité à l’ONU et les modifications à apporter au Statut et au Règlement du personnel

Soixante-quatorzième session,
25e séance plénière – matin
AG/AB/4354

La Cinquième Commission examine l’application du principe de responsabilité à l’ONU et les modifications à apporter au Statut et au Règlement du personnel

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné aujourd’hui l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU et les modifications proposées par le Secrétaire général pour le Statut et le Règlement du personnel de l’Organisation.  Au moment où un nouveau paradigme est en vigueur s’agissant des ressources humaines et où la trésorerie de l’ONU continue d’être désastreuse, garantir la mise en œuvre du principe de responsabilité, à tous les niveaux, est plus important que jamais, a souligné le Groupe des 77. 

Ce principe est défini comme celui qui veut que le Secrétariat de l’ONU et ses fonctionnaires répondent de toutes les décisions et mesures prises et du respect de leurs engagements, sans réserve ni exception.  Il s’agit notamment d’atteindre les objectifs et de produire des résultats de haute qualité, dans les délais fixés et de manière économique, dans le cadre de la mise en œuvre intégrale de toutes les activités prescrites au Secrétariat par les organes intergouvernementaux de l’ONU et dans le respect de toutes les résolutions, de toutes les règles, de tous les règlements et de toutes les normes déontologiques. 

Il s’agit aussi de faire rapport avec honnêteté, objectivité, exactitude et ponctualité des résultats obtenus et de gérer les fonds et autres ressources de manière responsable.  Tous les aspects de la performance sont visés, notamment l’existence d’un système clairement défini de récompenses et de sanctions, en tenant dûment compte de l’importance du rôle des organes de contrôle.  Les délégations se sont en particulier félicitées de la création de la Division de la transformation opérationnelle, sous la houlette du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité.  Cette division, ont commenté les États-Unis, doit être « la salle des machines » de la responsabilisation du Secrétariat, en montrant la voie par le changement et en tirant la sonnette d’alarme en cas de difficultés. 

L’on ne peut en effet oublier, a renchéri l’Union européenne, la nécessité d’un changement de culture au sein de l’ONU laquelle doit être en mesure de prévenir et de corriger les fautes professionnelles.  Un système solide et global de lutte contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels, axé sur la prévention et la responsabilité, est « essentiel », a-t-elle martelé.  Le principe de responsabilité, a martelé, à son tour le Japon, est vital pour un Secrétariat qui, au bout du compte, est financé par le contribuable de chaque État Membre de l’ONU.  Si la Suisse a plaidé pour un système de responsabilité capable de soutenir une bonne délégation des pouvoirs, le Groupe des 77 a voulu en savoir plus sur l’impact de cette délégation sur la charge de travail des uns et des autres.  La République de Corée a également dit attendre avec intérêt l’évaluation de la « pertinence opérationnelle » des projets pilotes sur la délégation de pouvoirs et le suivi de la performance. 

Les modifications proposées par le Secrétaire général pour le Statut et le Règlement du personnel de l’ONU ont été saluées, puisque l’objectif est d’établir un cadre réglementaire « simplifié, rationalisé, facile à comprendre et à mettre en œuvre » en ce qui concerne la gestion des ressources financières et des ressources humaines.  Ces modifications, s’est expliquée l’Union européenne, sont nécessaires dans le contexte de la modernisation des politiques liées aux ressources humaines de l’ONU, afin de les aligner avec la réforme globale. 

Toutefois, l’idée de faire du « principe de la répartition équitable des postes entre les hommes et les femmes » s’est heurtée à la méfiance du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) qui y a vu une violation de l’article 4.3 du Statut du personnel lequel dit: « conformément aux principes énoncés dans la Charte, le choix des fonctionnaires se fait sans distinction de race, de sexe ou de religion ».  Le Groupe des 77 en a profité pour attirer l’attention sur un autre principe, celui de la représentation géographique équitable prévu également par la Charte.

Il a aussi noté que plusieurs modifications proposées portent sur des questions politiques sensibles et complexes qui n’ont pas encore été examinées ou agréées par l’Assemblée générale.  Comme certaines d’entre elles modifieraient substantiellement les politiques existantes des ressources humaines, le Groupe des 77 a mis en garde contre la tentation de se servir des modifications du Statut et du Règlement du personnel pour apporter des changements de politique qui n’ont pas encore été approuvés. 

Ce matin, la Cinquième Commission a recommandé à l’Assemblée générale de nommer Mme Ji-sun Jun, de la République de Corée, au Comité des contributions, pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2020.  M. Agus Joko Pramono, de l’Indonésie, serait nommé au Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit, pour un mandat allant jusqu’au 31 décembre 2022. 

La prochaine réunion de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies

EXAMEN DE L’EFFICACITE DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur le renforcement de l’application du principe de responsabilité au Secrétariat de l’ONU (A/74/741)

Le principe de responsabilité, rappelle le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB), est celui selon lequel le Secrétariat et ses fonctionnaires doivent répondre de toutes les décisions et mesures prises et du respect de leurs engagements, sans réserve ni exception.  Il s’agit notamment d’atteindre les objectifs et de produire des résultats de haute qualité, dans les délais fixés et de manière économique, dans le cadre de la mise en œuvre intégrale de toutes les activités prescrites au Secrétariat par les organes intergouvernementaux de l’ONU, dans le respect de toutes les résolutions, de toutes les règles, de tous les règlements et de toutes les normes déontologiques. 

Il s’agit aussi de faire rapport avec honnêteté, objectivité, exactitude et ponctualité des résultats obtenus et de gérer les fonds et autres ressources de manière responsable.  Tous les aspects de la performance sont visés, notamment l’existence d’un système clairement défini de récompenses et de sanctions, en tenant dûment compte de l’importance du rôle des organes de contrôle.

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/74/658) qui s’articule autour de deux grandes parties.  Dans la première, il retrace les progrès accomplis dans le renforcement de l’application du principe de responsabilité dans le cadre du nouveau modèle de gestion, notamment la mise en service de la Division de la transformation opérationnelle, créée sous la houlette du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité le 1er janvier 2019.  Le Secrétaire général parle aussi de la mise en œuvre du nouveau dispositif de délégation des pouvoirs, un système de prise de décisions décentralisée entré en vigueur le 1er janvier 2019.  À ce jour, 12 entités ont obtenu des délégations de pouvoirs spéciales ou des pouvoirs spéciaux par mémorandum soit de la Secrétaire générale adjointe chargée du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité, soit du Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel.

L’exercice des délégations de pouvoirs est contrôlé au moyen de 16 indicateurs de résultats, à savoir 6 pour le domaine des ressources humaines; 4 pour celui du budget et des finances; 3 pour celui des achats; 1 pour celui des voyages; et 2 pour celui de la gestion des biens.  Le CCQAB rappelle à ce propos que le Comité des commissaires aux comptes a estimé qu’il est essentiel que des indicateurs supplémentaires soient définis et a jugé important que l’exercice des pouvoirs délégués soit consigné de manière précise et exhaustive dans Umoja et Inspira à des fins d’analyse et de suivi.  L’inclusion d’un indicateur connexe relatif à l’exhaustivité des informations serait utile pour assurer l’interprétation des données mesurées par tous les indicateurs. 

Dans la seconde partie de son rapport, le Secrétaire général donne un aperçu de l’état d’avancement de la mise en œuvre du dispositif d’application du principe de responsabilité au Secrétariat dans ses six composantes, à savoir: Charte des Nations Unies; documents relatifs à la planification des programmes et au budget; résultats et performance; dispositifs de contrôle interne; normes de déontologie et intégrité; et fonctions de contrôle.  S’agissant en particulier des résultats et de la performance, le CCQAB recommande que le Secrétaire général donne des exemples précis des améliorations résultant de la mise en œuvre de la gestion axée sur les résultats, notamment des éléments attestant que les cadres supérieurs ont bien épousé une culture axée sur les résultats; des indicateurs spécifiques permettant d’évaluer l’utilisation efficace et efficiente des ressources et les améliorations apportées à l’exécution des programmes; et des données devant être utilisées pour mettre en évidence le lien entre l’exécution des programmes et celle des budgets.

Le CCQAB ajoute que les données provenant des différents contrats de mission des hauts fonctionnaires pourraient être analysées et traitées afin de donner une vue d’ensemble de l’évolution de la performance et de l’application du principe de responsabilité dans les départements, puis être regroupées afin d’offrir un aperçu de la performance et de l’application du principe de responsabilité dans l’ensemble du Secrétariat.  Il souligne également qu’il importe de continuer à faire figurer dans les contrats de mission un indicateur portant sur le respect des délais de présentation des documents.

Le CCQAB recommande aussi que le Secrétaire général donne davantage de renseignements sur le fonctionnement du Conseil d’évaluation de la performance des hauts fonctionnaires qui vient d’être réactivé.  Il rappelle en outre que l’actuelle répartition des appréciations, selon laquelle le comportement professionnel de 99% des membres du personnel est jugé au moins satisfaisant, pourrait ne pas donner une image fidèle de la performance au Secrétariat.  Il compte que le Secrétaire général communiquera des informations complémentaires sur la méthode pilote de gestion souple de la performance, notamment sur le calendrier de mise en œuvre et les résultats escomptés.  Pour ce qui est des fonctions de contrôle, le CCQAB rappelle qu’il s’est inquiété à plusieurs reprises du recul du taux d’application des recommandations faites par les organes de contrôle. 

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme MEGAYLA ULANA AUSTIN (Guyana) a déclaré qu’au moment où un nouveau paradigme est en vigueur, depuis un an, s’agissant des ressources humaines et où la trésorerie de l’ONU continue d’être désastreuse, garantir la mise en œuvre du principe de responsabilité, à tous les niveaux, est plus important que jamais.  Mon groupe, a-t-elle dit, attend avec intérêt les discussions sur les efforts entrepris mais aussi sur les idées du Secrétaire général pour combler les lacunes, ajuster les 16 premiers indicateurs de performance et tirer les leçons des changements intervenus dans la charge de travail et les responsabilités, dans le cadre du système de délégation de pouvoirs. 

Nous avons pris note, a poursuivi Mme Austin, de l’intention du Secrétaire général de commanditer une évaluation externe pour jauger l’efficacité des composantes du principe de responsabilité.  Nous voulons en savoir plus sur cette évaluation, sur le consultant qui sera engagé et sur la manière dont tout ceci répond à l’appel de l’Assemblée générale à recourir plus systématiquement aux capacités propres de la « Maison ».  Nous allons aussi, a prévenu la représentante, voir comment les États Membres peuvent contribuer à l’amélioration du principe de responsabilité, s’agissant, en particulier, de la publication en temps voulu des documents et des informations.  Il s’agira aussi de voir si la signature d’un pacte par les hauts fonctionnaires ou tout autre indicateur similaire pourrait contribuer aux résultats escomptés. 

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, s’est tout particulièrement félicité de la création de la Division de la transformation opérationnelle, une structure clef pour fournir la base d’un cadre solide de responsabilité.  Mais, a ajouté le représentant, l’on ne peut oublier la nécessité d’un changement de culture au sein de l’ONU.  L’Organisation doit être en mesure de prévenir et de corriger les fautes professionnelles.  Veiller à ce que le personnel respecte les normes de conduite les plus élevées et les principes fondamentaux de l’Organisation est une priorité pour l’Union européenne, a souligné le représentant.  Un système solide et global de lutte contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels, axé sur la prévention et la responsabilité, est « essentiel », a-t-il martelé.  Le représentant s’est félicité des recommandations du Bureau des services de contrôle interne (BSCI), du Comité des commissaires aux comptes (CCC) et du Corps commun d’inspection (CCI) dans le domaine de la responsabilité.  Suivre et surveiller la mise en œuvre de ces recommandations peut rendre plus analytiques les rapports sur le principe de responsabilité et faire en sorte que les normes les plus élevées de responsabilité soient maintenues et respectées. 

Également au nom du Liechtenstein, M. FELIX SIEGFRIED WANNER (Suisse) a approuvé la vision du Secrétaire général pour la réforme de la gestion et sa proposition de changer le paradigme de la gestion aux Nations Unies, y compris la délégation de pouvoirs.  Rappelant que la responsabilité est un principe central de la réforme de la gestion, le délégué a indiqué que la responsabilisation commence avec la haute direction, qui doit montrer l’exemple.  Mais en fin de compte, elle concerne l’ensemble du personnel, qui doit être habilité à faire son travail de la meilleure façon possible.  Partisan d’un système solide de délégation d’autorité soutenu par un système de responsabilité qui fonctionne, le représentant a salué les efforts du Secrétaire général pour mettre en place un système de responsabilisation plus solide et plus efficace.  La restructuration organisationnelle qui a eu lieu il y a un an est un pas important dans la bonne direction.  Le représentant a souligné le rôle crucial du contrôle interne et externe pour mettre en place un système de responsabilisation qui fonctionne bien.  Il s’est dit préoccupé par le fait que les recommandations du BSCI, du CCC, du CCI et du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit ne soient pas pleinement mises en œuvre.  Il a conclu en insistant sur l’importance qu’il y a à présenter en temps voulu les rapports du CCQAB. 

Mme ANCA S. DIGIACOMO (États-Unis) a indiqué que la Division de la transformation opérationnelle, récemment créée, est l’une des composantes les plus importantes du système de responsabilité.  Cette division doit être « la salle des machines » de la responsabilisation du Secrétariat, en montrant la voie par le changement et en tirant la sonnette d’alarme en cas de difficultés.  La représentante a encouragé l’ONU à continuer de promouvoir un changement de culture en son sein afin que le harcèlement sexuel ne soit jamais toléré, que les auteurs d’abus soient tenus pour responsables de leurs actes et que le personnel puisse signaler des incidents en toute sécurité.  Elle a salué les recommandations du CCQAB, s’agissant en particulier de la délégation de pouvoirs, de la mise en œuvre d’une gestion axée sur les résultats et de la présentation en temps voulu des documents.  Le Secrétariat doit continuer de développer et d’améliorer les outils pour renforcer sa responsabilité, a-t-elle insisté, avant de promettre l’appui de son pays au renforcement du système de responsabilité pour une ONU plus transparente et plus responsable dans l’exécution de ses programmes et l’utilisation de ses ressources. 

Mme JI-SUN JUN (République de Corée) a déploré la présentation tardive du rapport du CCQAB et noté les graves conséquences que les retards dans la présentation des documents peuvent avoir pour la session de la Commission.  Nous devons être tous davantage conscients des contraintes de temps, a-t-elle dit, en appelant le Secrétariat et le CCQAB à soumettre leurs rapports avant le début de la session.  La déléguée a ensuite prôné une approche pragmatique et flexible afin d’aboutir à des progrès sur ce point de l’ordre du jour.  Elle a noté qu’il y a 30 rapports à examiner sur ce point, alors que les délibérations n’ont plus que deux semaines et demie au maximum.  Elle a appelé les délégations à faire de leur mieux pour aboutir à un consensus.  À un moment donné, nous devrons nous montrer plus flexibles, c’est-à-dire adopter une résolution sur certains sous-points quand nous trouvons un terrain d’entente et reporter certains sous-points controversés.  La déléguée a aussi prôné la flexibilité dans le choix des rapports à reporter.  Il serait d’ailleurs plus judicieux de ne pas reporter l’examen de rapports annuels ou bisannuels même quand nous ne trouvons pas le consensus.  Cela vaut mieux, a estimé la représentante, que de reporter tout simplement tous les rapports, au risque de rendre les sessions ultérieures encore plus difficiles. 

Mme NISHIMURA YASUKO (Japon) a souligné la nécessité de renforcer le principe de responsabilité au sein du Secrétariat, rappelant que ce dernier est au bout du compte financé par le contribuable de chaque État Membre de l’ONU.  Elle a rappelé que la responsabilité est un principe « central » de la réforme de la gestion et souligné l’importance de la mise en œuvre de ladite réforme, entamée il y a un an.  La déléguée a salué les progrès accomplis et souhaité davantage d’informations sur le nouveau système de délégation de pouvoirs, ainsi que sur les prochaines étapes envisagées pour remédier aux difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de la réforme.  Enfin, Mme Nishimura a appuyé les efforts du Secrétaire général pour créer une culture de responsabilité et de transparence, en vue d’une gestion plus efficace et plus efficiente. 

GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Rapport du Comité́ consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les modifications à apporter au Statut et au Règlement du personnel (A/74/732)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité́ consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné celui du Secrétaire général (A/74/289) qui suit ceux parus sous les cotes A/73/378 et A/73/378/Add.1 relatifs aux résultats de l’examen complet du Statut et du Règlement du personnel dans leur intégralité, en vue de permettre l’établissement d’un cadre réglementaire « simplifié, rationalisé, facile à comprendre et à mettre en œuvre » en ce qui concerne la gestion des ressources financières et des ressources humaines; et à une proposition visant à ce que le Statut et le Règlement du personnel soient modifiés de manière que « le principe de la répartition équitable des postes entre les hommes et les femmes » fasse partie des critères pour la sélection et le maintien en poste des fonctionnaires.  Le Comité consultatif note que cette proposition pourrait être une source de malentendu par rapport au contenu actuel de l’article 4.3, dans lequel il est précisé que « conformément aux principes énoncés dans la Charte, le choix des fonctionnaires se fait sans distinction de race, de sexe ou de religion ».  Le Comité considère qu’une référence à l’Article 8 de la Charte serait préférable à la sélection d’une des nombreuses résolutions adoptées par l’Assemblée générale sur cette question depuis des décennies.  Le Comité consultatif dit craindre des propositions qui modifieraient sensiblement les critères actuels de sélection du personnel, ainsi que l’ordre de préférence existant du maintien en poste du personnel. 

Le Secrétaire général indique que ses propositions n’ont aucune incidence sur le budget-programme mais que certaines d’entre elles pourraient en avoir.  Le Comité consultatif souligne que les révisions apportées au Statut et au Règlement du personnel devraient toujours respecter la hiérarchie des normes établie de l’ONU, selon laquelle le Statut du personnel a pour objet d’énoncer la politique et les principes généraux établis dans la Charte des Nations Unies et par l’Assemblée générale, alors que le Règlement du personnel doit se caractériser par un niveau de détail uniforme pour permettre l’application des dispositions opérationnelles du Statut.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme MEGAYLA ULANA AUSTIN (Guyana) a salué les efforts entrepris pour une révision complète du Statut et du Règlement, arguant qu’une plus grande cohérence et moins de doublons contribueront à soutenir la réforme de la gestion.  Mais, a-t-elle avoué, les modifications proposées manquent de clarté, étant donné que trois rapports sont examinés en même temps.  Certaines propositions semblent inverser la hiérarchie des normes à l’ONU, ajoutant à la confusion au détriment de la clarté.  La représentante a aussi noté que plusieurs propositions portent sur des questions politiques sensibles et complexes qui n’ont pas encore été examinées ou agréées par l’Assemblée générale.  Étant donné que certaines de ces propositions modifieraient substantiellement les politiques existantes s’agissant des ressources humaines, la représentante a mis en garde contre la tentation de se servir des modifications du Statut et du Règlement du personnel pour apporter des changements de politique qui n’ont pas encore été approuvés.  Si elle a soutenu l’idée de parvenir à la parité entre les sexes à tous les niveaux de l’ONU, elle a tout de même estimé que la même attention doit être accordée au principe de la représentation géographique équitable, conformément à l’Article 101 de la Charte.  La représentante a, à son tour, dit craindre les incidences financières de certaines propositions.

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a estimé que la modification du Statut et du Règlement du personnel est nécessaire dans le contexte de la modernisation des politiques liées aux ressources humaines de l’ONU, afin de les aligner avec la réforme globale.  Le représentant a espéré que les amendements proposés seront adoptés par l’Assemblée générale.  Il a dit attacher une importance particulière aux changements en faveur de la parité entre les sexes et de l’accessibilité et de l’inclusivité des lieux de travail. 

M. GEUN-JUNG RYU (République de Corée) est revenu sur les questions liées au principe de responsabilité pour demander plus d’informations sur les progrès.  Nous voulons, a-t-il précisé, en savoir plus sur les enseignements tirés de l’expérience dont des exemples concrets des améliorations apportées.  Le représentant a aussi dit attendre avec impatience l’évaluation de la « pertinence opérationnelle » des projets pilotes sur la délégation de pouvoirs et le suivi de la performance.  S’il est vrai que le changement culturel enclenché par le système de responsabilité prendra du temps, il faut néanmoins, a pressé le représentant, maintenir l’élan jusqu’à ce qu’une solide culture de responsabilité s’instaure à tous les niveaux de l’Organisation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil salue la Déclaration conjointe et l’Accord signés par l’Afghanistan, les États-Unis et les Taliban comme « des progrès considérables »

8742e séance – après-midi
CS/14139

Le Conseil salue la Déclaration conjointe et l’Accord signés par l’Afghanistan, les États-Unis et les Taliban comme « des progrès considérables »

Après avoir observé une minute de silence en hommage à l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Pérez de Cuéllar, décédé le 4 mars dernier, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité une résolution, présentée par les États-Unis, dans laquelle il salue les « progrès considérables » que représentent, « du point de vue de la fin de la guerre et de la possibilité de négociations entre Afghans », la Déclaration conjointe de l’Afghanistan et des États-Unis (S/2020/185) et l’Accord pour l’instauration de la paix en Afghanistan entre les États-Unis et les Taliban (S/2020/184). 

Dans cette résolution 2315 (2020), adoptée à l’unanimité, le Conseil de sécurité se félicite que toutes les parties afghanes entendent prendre en considération ces deux textes pour mener à bon port la négociation d’un règlement politique inclusif et d’un cessez-le-feu permanent et global.  Le 29 février dernier, ont déclaré les États-Unis, nous avons effectué un « pas décisif » vers une paix négociée en Afghanistan, en annonçant une déclaration conjointe avec le Gouvernement afghan et un accord avec les Taliban.  Nous attendons avec impatience la prochaine étape du processus de paix et nous nous félicitons, en conséquence, ont ajouté les États-Unis, de la déclaration faite par le Président Ashraf Ghani, lors de son investiture le 9 mars, sur la poursuite des discussions et des négociations au cours de ces deux prochaines semaines afin de parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif, un gouvernement qui unisse le pays et accorde la priorité à la paix. 

Le décret du 10 mars sur la libération d’un prisonnier taliban contre des personnes détenues par les Taliban, ont fait observer les États-Unis, est une mesure importante qui rapproche les Afghans des négociations.  Le décret veut dire que les pourparlers techniques entre les Taliban et le Gouvernement afghan à Doha peuvent commencer immédiatement.  Aux termes de l’Accord, ont-ils affirmé, les Taliban ont pris l’engagement de mettre fin à leurs relations avec les terroristes internationaux et à empêcher tout groupe ou individu, y compris Al-Qaida, d’utiliser l’Afghanistan pour menacer notre sécurité et nos alliés.  Nous allons, ont prévenu les États-Unis, évaluer avec soin les progrès et voir si les Taliban respectent leur parole. 

Les membres du Conseil de sécurité ont salué ces avancées, le Viet Nam y voyant un « moment historique ».  Ils ont insisté sur la pleine mise en œuvre des engagements pris par toutes les parties, à commencer par la fin de la violence.  Le niveau actuel des attaques perpétrées par les Taliban a été dûment décrié par les États-Unis, en particulier celles contre les forces afghanes qui font craindre pour le succès des négociations. 

Nous n’accepterons aucun gouvernement parallèle ni aucun recours à la force pour régler les différends, a mis en garde l’Allemagne, deuxième contributeur de fonds et de troupes en Afghanistan.  La France et le Royaume-Uni ont plaidé pour une participation effective des femmes au processus de paix.  Dans la résolution, le Conseil de sécurité prie d’ailleurs instamment le Gouvernement afghan de faire progresser ce processus, y compris en participant à des négociations entre Afghans par le truchement d’une équipe de négociation diverse et inclusive composée de personnalités, y compris féminines, de la vie politique et de la société civile afghane.  L’alinéa 12 du préambule de la résolution dit: « Notant que l’Émirat islamique d’Afghanistan n’est pas reconnu par les Nations Unies et le Conseil de sécurité n’est pas favorable à la restauration de cette entité ». 

Dès le début des négociations entre Afghans, le Conseil de sécurité se déclare prêt à envisager de rouvrir le dossier concernant le statut des personnes, groupes, entreprises ou entités inscrits sur la Liste établie et tenue à jour en application de la résolution 1988 (2011).  Il exhorte tous les États à réexaminer sans tarder ce dossier, sachant que le fait que les Taliban prennent ou non des mesures tendant à réduire la violence, à consentir de nouveaux efforts au service des négociations entre Afghans ou de manière générale à cesser d’exécuter ou de soutenir des activités qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, aura une incidence sur ce réexamen.

Après avoir investi plus de 3 000 milliards de dollars, pendant plus de deux décennies, dans la sécurité et le développement de l’Afghanistan, nous ne pouvons tout simplement pas baisser les bras, ont dit les États-Unis.  Nous allons maintenir notre engagement pour aider l’Afghanistan à asseoir sa souveraineté et son inclusivité et à vivre en paix avec lui-même et ses voisins, ont-ils promis. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Texte du projet de résolution (S/2020/191)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier ses résolutions 2255 (2015), 2344 (2017), 2489 (2019) et 2501 (2019), ainsi que la déclaration de son Président en date du 19 janvier 2018 (S/PRST/2018/2),

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies et sa mission d’assistance, la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), continueront de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité dans le pays,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son soutien à la paix, à la stabilité et à la prospérité dans le pays,

Prenant acte de la revendication généralisée et sincère du peuple afghan, qui aspire à une paix durable et à la fin de la guerre, et conscient qu’une paix durable ne peut être instaurée qu’au moyen d’un processus de paix dirigé et contrôlé par les Afghans, devant aboutir à règlement politique inclusif et négocié,

Se félicitant de l’intensification de l’action menée pour faire avancer la réconciliation et saluant et encourageant la poursuite des efforts de tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan à l’appui de la paix, de la réconciliation et du développement dans le pays,

Se félicitant également de la période nationale de réduction de la violence suscitée par les pourparlers entre les États-Unis et les Taliban et les consultations avec le Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan, en ce qu’elle instaure un climat propice aux négociations de paix, permet une plus grande liberté de circulation et fait baisser le nombre de victimes civiles, et soulignant qu’il importe de faire perdurer les efforts propres à réduire encore la violence,

Soulignant qu’il importe d’appuyer le Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan en matière de renforcement des capacités, en particulier celles des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes et de la Police nationale afghane, afin qu’ils puissent sécuriser le pays et lutter contre le terrorisme,

Se félicitant des efforts tendant à entamer sans délai des négociations entre Afghans qui associent toutes les parties, l’objectif étant de parvenir à un accord de paix durable propre à mettre fin au conflit en Afghanistan et à faire en sorte que le pays ne soit plus jamais un sanctuaire pour le terrorisme international,

Saluant l’engagement souscrit par les Taliban d’empêcher tout groupe ou individu, y compris Al-Qaida, de se servir du sol afghan pour menacer la sécurité d’autres pays, ainsi que celui de participer aux négociations entre Afghans avec toutes les parties, l’objectif étant de délibérer et de convenir d’un règlement politique et de la date et des modalités d’un cessez-le-feu permanent et global prévoyant entre autres des mécanismes conjoints d’application,

Réaffirmant qu’il importe de garantir que le territoire de l’Afghanistan ne soit utilisé ni par Al-Qaida, ni par l’EIIL, ni par aucun autre groupe terroriste international pour menacer ou attaquer aucun autre pays, et que les Taliban, de même que tout autre groupe ou personne afghans, s’abstiennent de prêter main forte à des terroristes opérant sur le territoire d’autres pays,

Gardant à l’esprit l’impératif, pour toutes les parties afghanes, de lutter contre le problème mondial de la drogue, l’objectif étant de combattre le trafic d’opiacés en provenance d’Afghanistan,

Notant que l’Émirat islamique d’Afghanistan n’est pas reconnu par les Nations Unies et que le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas favorable à la restauration de cette entité,

1.    Salue les considérables progrès que représentent, du point de vue de la fin de la guerre et de la possibilité de négociations entre Afghans, la Déclaration conjointe de la République islamique d’Afghanistan et des États-Unis d’Amérique pour l’instauration de la paix en Afghanistan (la Déclaration conjointe) (S/2020/185, jointe en annexe A à la présente résolution) et l’Accord pour l’instauration de la paix en Afghanistan entre les États-Unis d’Amérique et les Taliban (l’Accord) (S/2020/184, joint en annexe B à la présente résolution);

2.    Constate et encourage l’appui permanent apporté par l’ONU et par les partenaires internationaux et régionaux et leurs considérables et constantes contributions à la cause de la paix, y compris la disposition de nombreux pays à faciliter ou à convoquer des négociations entre Afghans propres à produire un règlement politique et un cessez-le-feu permanent et global;

3.    Se félicite que toutes les parties afghanes entendent s’employer à mener à bon port la négociation d’un règlement politique inclusif et d’un cessez-le-feu permanent et global en prenant en considération la Déclaration conjointe et l’Accord, souligne qu’il importe d’y associer véritablement et efficacement les femmes, les jeunes et les minorités, et affirme que tout règlement politique doit protéger les droits de tous les Afghans, notamment les femmes, les jeunes et les minorités, satisfaire la forte soif afghane de paix et de prospérité durables et répondre à la forte aspiration des Afghans désireux de conserver et d’étendre les acquis économiques, sociaux, politiques et sur les progrès du développement obtenus depuis 2001, y compris le respect de l’état de droit et l’exécution des obligations internationales du pays, au service d’une gouvernance plus inclusive et responsable;

4.    Prie instamment le Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan de faire progresser le processus de paix, y compris en participant à des négociations entre Afghans par le truchement d’une équipe de négociation diverse et inclusive composée de personnalités, y compris féminines, de la vie politique et de la société civile afghane;

5.  Demande au Gouvernement de la République islamique d’Afghanistan et aux Taliban de s’atteler de bonne foi à des mesures de confiance supplémentaires destinées à créer des conditions propices à la prompte ouverture et au succès des négociations entre Afghans et à une paix durable, y compris à de nouvelles réductions de la violence propres à faire sensiblement baisser le nombre de victimes civiles, notamment parmi les enfants, et à permettre un soutien international accru au pays, avant la conclusion d’un accord de cessez-le-feu permanent et global et de libération des prisonniers;

6.    Appelle tous les États à concourir sans réserve à favoriser l’aboutissement de la négociation d’un accord de paix global et durable qui mette fin à la guerre dans l’intérêt de tous les Afghans et qui contribue à la stabilité régionale et à la sécurité mondiale;

7.    Se déclare prêt, dès le début des négociations entre Afghans, à envisager de rouvrir le dossier concernant le statut des personnes, groupes, entreprises ou entités inscrits sur la Liste établie et tenue à jour en application de la résolution 1988 (2011), conformément à ses résolutions pertinentes, dans le souci de soutenir le processus de paix, et exhorte tous les États à réexaminer sans tarder ce dossier au niveau national, sachant que le fait que les Taliban prennent ou non des mesures tendant à réduire la violence, à consentir de nouveaux efforts au service des négociations entre Afghans ou de manière générale à cesser d’exécuter ou de soutenir des activités qui menacent la paix, la stabilité et la sécurité de l’Afghanistan, aura une incidence sur ce réexamen;

8.    Se félicite que la communauté internationale s’emploie à préparer l’acheminement de l’aide humanitaire et de l’aide au développement dans tout l’Afghanistan, dans le but de répondre aux besoins humanitaires, de promouvoir la réconciliation et d’étendre les dividendes de la paix, se félicite également des efforts de coopération régionale au service du développement régional et insiste sur l’importance de la coopération internationale et régionale à la reconstruction du pays;

9.    Prie le Secrétaire général de présenter dans les rapports sur l’Afghanistan qu’il l’a chargé d’établir au paragraphe 9 de sa résolution 2489 (2019) les faits nouveaux intéressant les efforts visés dans la présente résolution;

10.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a rappelé que le 29 février dernier, son pays a effectué le « pas décisif » vers une paix négociée en Afghanistan, en annonçant une déclaration conjointe avec le Gouvernement afghan et un accord avec les Taliban.  Mon pays, a-t-elle avoué, attend avec impatience la prochaine étape du processus de paix même si, « malheureusement », l’élection présidentielle et les niveaux inacceptables de la violence commise par les Taliban ont retardé le lancement des négociations entre Afghans.  Accorder la priorité à un gouvernement inclusif et à un Afghanistan uni est essentiel pour l’avenir du pays et en particulier pour la cause de la paix, a souligné la représentante.  Elle s’est donc félicitée de la déclaration que le Président Ashraf Ghani a faite, à son investiture le 9 mars, lorsqu’il a promis que les discussions et les négociations se poursuivront au cours de ces deux prochaines semaines pour parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif, un gouvernement qui unisse le pays et accorde la priorité à la paix. 

La représentante a aussi salué l’attachement de M. Abdullah Abdullah à la paix et à l’inclusivité, comme il l’a dit proclamé le 9 mars dernier.  De même, le décret du 10 mars sur la libération d’un prisonnier taliban contre des personnes détenues par les Taliban est une mesure importante qui rapproche les Afghans des négociations, a estimé la représentante.  Le décret veut dire que les pourparlers techniques entre les Taliban et le Gouvernement afghan à Doha peuvent commencer immédiatement. 

Tout ceci, a insisté la représentante, rapproche les Afghans de la possibilité de tracer une feuille de route politique.  Nous espérons, a-t-elle dit, que le peuple afghan saisira cette occasion pour parvenir à un règlement de paix historique qui mette fin au conflit, préserve les acquis de ces dernières décennies en matière de droits de l’homme, de libertés fondamentales et de participation effective des femmes aux institutions politiques et civiles, et qui fasse en sorte que le territoire afghan ne soit plus jamais utilisé par les terroristes internationaux pour menacer le monde.  Les Taliban, a-t-elle affirmé, ont pris l’engagement de mettre fin à leurs relations avec ces terroristes et à empêcher tout groupe ou individu, y compris Al-Qaida, d’utiliser l’Afghanistan pour menacer la sécurité des États-Unis et de leurs alliés.  Nous allons, a prévenu la représentante, évaluer avec soin les progrès et voir si les Taliban respectent leur parole. 

D’autres défis subsistent, a-t-elle reconnu, en citant le niveau actuel des violences commises par les Taliban.  Elle les a appelés à réduire leurs attaques contre les forces afghanes pour assurer le succès des négociations.  Nous comptons, a-t-elle martelé, que les Taliban et tous les Afghans embrasseront les progrès enregistrés dans la condition des femmes et des filles.  Le texte de la résolution, a fait observer la représentante, s’oppose d’ailleurs au rétablissement d’un Émirat islamique, en particulier ses politiques d’oppression contre les femmes, les filles et les minorités.  Après avoir investi plus de 3 000 milliards de dollars, pendant plus de deux décennies, dans la sécurité et le développement de l’Afghanistan, les États-Unis ne peuvent tout simplement pas baisser les bras.  Nous allons, a promis la représentante, continuer à investir dans une relation durable avec le Gouvernement afghan, y compris par une aide au développement et à la sécurité.  Nous allons maintenir notre engagement pour aider l’Afghanistan à asseoir sa souveraineté et son inclusivité et à vivre en paix avec lui-même et ses voisins.

Les progrès considérables endossés aujourd’hui dans la résolution sont, a souligné la représentante, le produit de plus d’un an d’efforts diplomatiques sans précédent auprès des Taliban, en coordination avec nos partenaires, de la région et du monde entier.  Ces efforts ont été rendus possibles par un engagement militaire, diplomatique et économique de 19 ans de la part de l’OTAN et des autres partenaires de la coalition.  « Nous sommes fiers de nos accomplissements mais ce n’est que le début », a reconnu la représentante.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a regretté les dernières flambées de violences en Afghanistan, avant de rappeler que l’Allemagne est le deuxième contributeur de fonds et deuxième contributeur de troupes en Afghanistan.  Il a appelé à consolider les acquis de ces 18 dernières années en matière de gouvernance.  Il a plaidé pour l’avènement d’un gouvernement afghan inclusif et accepté par tous et exhorté tous les Afghans à agir de manière responsable dans l’intérêt de tous.  « Nous n’accepterons aucun gouvernement parallèle ni aucun recours à la force pour régler les différends », a prévenu le représentant.  Il a estimé que l’accord entre les États-Unis et les Taliban est un tremplin important pour parvenir à une paix durable.  Il a remercié le Qatar pour avoir rendu possibles ces avancées.  Les femmes, a-t-il martelé, doivent faire partie des équipes de négociation.  Nous aurions aimé voir dans la résolution, a avoué le représentant, une référence claire au respect des droits de l’homme.  Il est vital, a conclu le représentant, que les Nations Unies restent aux côtés du peuple afghan et en particulier des femmes afghanes.  La Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) doit être dotée d’un mandat robuste. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a estimé que la Déclaration conjointe et l’Accord marquent une étape décisive pour l’avènement d’une paix durable en Afghanistan.  Elle a insisté sur l’importance des négociations inclusives entre Afghans et s’est opposée d’emblée à la création de toute administration ou gouvernement parallèle.  Les parties doivent résoudre leurs différends de manière constructive, a-t-elle insisté.  Elle a conclu en se félicitant de la tenue, ce matin même, d’une réunion du Groupe des Amis des femmes afghanes qui a été l’occasion d’insister sur la protection des droits et libertés fondamentales des femmes. 

Cette résolution ouvre une fenêtre d’opportunités pour la réconciliation en Afghanistan, a estimé, à son tour, M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie).  Les Afghans, a-t-il dit, ont plus que jamais besoin d’un soutien collectif de la part de la communauté internationale.  Le représentant les a pressés de commencer au plus tôt les négociations « avec la participation de tous ».  Mon pays, a-t-il affirmé, a fait beaucoup pour lancer un dialogue direct entre Afghans par le truchement du format de Moscou.  Aujourd’hui, l’impératif absolu est d’avancer vers la paix en misant sur ce dialogue entre Afghans avec la participation de toutes les forces politiques du pays, a martelé le représentant.  Il a appelé ces forces à laisser de côté leurs divergences et à agir dans l’unité en faveur d’une paix tant attendue par le peuple afghan.  Les forces politiques, a-t-il précisé, doivent commencer par rejeter la violence.  Le représentant a insisté sur le soutien des pays voisins pour assurer le succès. 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a salué l’accord « historique » intervenu entre les États-Unis et les Taliban pour mettre fin à ce long conflit.  Il a jugé d’une importance cruciale de garantir la participation significative des femmes, des jeunes et des minorités à la gestion des affaires publiques de l’Afghanistan.  La collaboration et l’assistance des Nations Unies resteront fondamentales pour tracer la voie de la paix durable dans le pays, a estimé le représentant. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a espéré que la résolution permettra de promouvoir des négociations intra-afghanes inclusives en vue d’aboutir à un règlement politique et à un cessez-le-feu complet et permanent.  Ce texte pourrait contribuer aux efforts de tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan pour mobiliser le soutien au processus de paix, a-t-elle dit.  Elle a insisté sur la nécessité de se concentrer sur les éléments d’une paix durable: unité afghane, réconciliation et confiance dans le processus politique.  Nous appelons en conséquence la communauté internationale à appuyer le processus de paix et les prochains pourparlers intra-afghans, a-t-elle dit, demandant que tous les Afghans, y compris les minorités, les jeunes et les femmes soient pleinement associés à tous les stades du processus de paix, de sa mise sur les rails à son application.  Membre du Groupe des Amis des femmes afghanes, Saint-Vincent-et-les Grenadines, a conclu la représentante, salue le fait que la résolution reconnaisse pleinement le rôle des femmes dans le processus de paix.  Les femmes sont les agents du changement et les architectes de la paix.  « Ce fait indéniable devrait être reflété dans tous les processus de paix », a-t-elle voulu. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a salué l’adoption à l’unanimité de la résolution et a estimé que la priorité est maintenant à la pleine mise en œuvre des engagements pris par les différentes parties.  Mettant l’accent sur l’importance des négociations intra-afghanes, elle a jugé indispensable d’assurer une représentation à ces pourparlers de tous les Afghans, et en particulier des femmes.  La France salue à cet égard la création, aujourd’hui, du Groupe des Amis des femmes afghanes.  Le concept de processus de paix dirigé par les Afghans reste plus que jamais valable, a poursuivi Mme Gueguen, en assurant que la France fera sa part et en appelant tous les pays de la région à faire de même.

M. GERT AUVÄÄRT (Estonie) a salué l’adoption d’une résolution qui exprime une position respectueuse des différents points de vue exprimés par les membres du Conseil de sécurité.  Il a exhorté les parties à surmonter à leur tour leurs différends politiques.  Les accords de Doha et de Kaboul, a-t-il précisé, sont importants pour parvenir à des négociations inclusives.  Il a aussi souligné que les droits des femmes et de l’enfant sont inaliénables.  Cette question, a-t-il insisté, doit être mise en avant dans les prochaines négociations.  Le rôle de la MANUA, a-t-il conclu, reste d’une importance capitale pour accompagner les futurs efforts de paix. 

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déclaré que la résolution adoptée aujourd’hui est le signe important de l’engagement du Conseil de sécurité en faveur de toutes les parties en Afghanistan.  Nous attendons, maintenant, a-t-elle dit, la composition des équipes de négociations qui doivent être inclusives et diverses, et la conclusion d’un cessez-le feu global et permanent.  Tout accord, a martelé à son tour la représentante, doit protéger les droits des femmes comme celui de tous les Afghans.  « Un rôle fort de l’ONU reste essentiel pour appuyer tous ces efforts », a-t-elle conclu. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a estimé que la Déclaration conjointe et l’Accord marquent un moment historique et a encouragé le Conseil de sécurité à saisir cette opportunité pour agir en faveur d’une paix et d’une stabilité durables en Afghanistan.  L’unité du Conseil sur la résolution adoptée aujourd’hui envoie un message fort au peuple afghan, s’est-il félicité.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a dit appuyer la résolution, convaincu que la signature de l’Accord et la Déclaration conjointe sont des pas importants pour mettre fin au conflit en Afghanistan.  Conscient du fait que les pourparlers inclusifs intra-afghans ne seront pas chose facile, il s’est néanmoins dit confiant et a assuré que la communauté internationale se tient aux côtés du peuple afghan et qu’elle veillera à la participation effective des femmes à ce processus de paix.  Il est tout aussi essentiel que tous les efforts pour protéger la vie soient poursuivis, a souligné le représentant en exhortant toutes les parties à réduire le niveau de violence. 

M. ZHANG JUN (Chine) a estimé que « nous sommes à un tournant de l’histoire de l’Afghanistan ».  Il a salué la Déclaration conjointe et l’Accord et a appelé à de véritables efforts pour que les troupes étrangères se retirent de manière ordonnée, en évitant tout vide sécuritaire.  Il faut à tout prix éviter que les mouvements terroristes tirent parti de la transition, a-t-il prévenu, insistant, au passage, sur la souveraineté de l’Afghanistan.  Le représentant a espéré que les Afghans parviendront à un accord acceptable pour toutes les parties et a exhorté la communauté internationale à promouvoir des bases solides pour une paix durable.  La Chine, a-t-il promis, est prête à continuer de travailler aux côtés de la communauté internationale pour promouvoir une paix durable et le développement. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a joint sa voix à ceux qui se sont félicités de ce que les États-Unis et les Taliban soient parvenus à un accord.  Il a soulevé trois points importants, à commencer par le fait que la paix se fait toujours avec ses ennemis.  Rien, a-t-il poursuivi, ne peut se substituer à des négociations pour parvenir à un règlement pacifique.  Les parties afghanes, a-t-il insisté, doivent parvenir à une solution durable pour leur pays et le Conseil de sécurité doit se limiter à accompagner le processus, tout comme les autres parties et les pays voisins.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Vingt-cinq ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique lors d’une session écourtée pour cause de coronavirus

Soixante-quatrième session,
2e séance plénière – matin
FEM/2204

Vingt-cinq ans après Beijing, la Commission de la condition de la femme adopte une déclaration politique lors d’une session écourtée pour cause de coronavirus

La soixante-quatrième session de la Commission de la condition de la femme, réduite à sa plus simple expression par mesure de précaution face à l’épidémie de coronavirus, a été marquée, ce matin, par l’adoption d’une déclaration politique appelant à prendre de « nouvelles mesures concrètes » pour assurer l’application intégrale, effective et accélérée de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, dont on célèbre cette année le vingt-cinquième anniversaire.

Adoptée par consensus, cette Déclaration politique souligne que « la réalisation de l’égalité des genres et l’avancement de toutes les femmes et les filles contribueront de manière décisive à l’accomplissement de progrès sur la voie de tous les objectifs et de toutes les cibles fixées dans le Programme 2030 ».

Or, comme le concède la Déclaration, vingt-cinq ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, des difficultés et lacunes « compromettent toujours l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing » ainsi que leur complémentarité avec la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) « d’une manière qui tienne compte des questions de genre ».   

Alors qu’une nouvelle génération de militants se mobilise pour faire avancer cette « action constructive », les femmes sont toujours minoritaires dans les parlements où siègent trois hommes pour une femme, a reconnu le Secrétaire général.  À l’échelle mondiale, les femmes ne touchent que 75 cents quand un homme gagne un dollar, et les travaux de soins non rémunérés demeurent obstinément féminins, a constaté M. António Guterres, observant que si certains pays ont fait reculer les lois censées protégées les femmes de la violence, d’autres ont limité l’espace civil qui leur était réservé.

De plus, a poursuivi le Secrétaire général, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est loin d’être universel.  Face à ce constat alarmant, « nous devons faire reculer le recul », a lancé M. Guterres pour qui l’inégalité entre les sexes représente « la pire des injustices ».

« Il faut que les hommes reconnaissent qu’une femme au pouvoir n’est pas une menace », a pour sa part plaidé M. Tijjani Muhammad-Bande, Président de l’Assemblée générale, tandis que Mme Mona Jull, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), assurait que l’égalité des sexes est « la voie expresse » pour progresser dans la réalisation de tous les ODD.  Une tâche loin d’être achevée, puisqu’aucun pays ne peut affirmer avoir atteint ce but à ce jour.    

La mise en œuvre du Programme d’action de Beijing n’est tout simplement « pas à la hauteur de ses ambitions », a renchéri Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, entité des Nations Unies créée, voilà 10 ans, pour promouvoir ces questions.  Nous observons des progrès mais aussi une érosion des gains obtenus, a-t-elle déploré, non sans relever, à son tour, que 75% des parlementaires sont des hommes, de même que 73% des décideurs, 67% des négociateurs pour le climat, 76% du personnel des médias et 87% des participants aux processus de paix.  « Cela montre que nous avons créé un monde où les femmes sont reléguées dans 25% de l’espace, à la fois physique et narratif, ce qui ne suffit pas. »  

Pour parvenir aux 50%, la Déclaration politique appelle à redoubler d’efforts pour permettre l’application du Programme d’action de Beijing dans ses 12 domaines critiques.  Elle préconise notamment de déployer davantage d’efforts pour réaliser le droit à l’éducation des femmes et des filles et d’assurer l’entière et véritable participation des femmes à la prise de décisions.  Il convient également de veiller à ce que les femmes aient pleinement accès au marché du travail et à un travail décent dans des conditions d’égalité, tout en renforçant les systèmes de protection sociale et faire en sorte que le fardeau de la pauvreté ne pèse plus sur les femmes.

Elle engage en outre à intégrer les questions de genre dans les politiques relatives à l’environnement et aux changements climatiques, d’éliminer, prévenir et combattre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles, y compris dans la sphère numérique, et de mieux protéger ces dernières dans les conflits armés.  Parmi les autres mesures concrètes visant à assurer l’application du Programme d’action de Beijing, elle cite par ailleurs l’élimination de toutes les lois discriminatoires et des stéréotypes de genre.  Cette Déclaration appelle également à éliminer toutes les lois discriminatoires et à débloquer des fonds proportionnés aux engagements pris en ce qui concerne l’égalité des genres et l’avancement des femmes et des filles.

Salué par une majorité de pays, ce texte a néanmoins été critiqué par plusieurs délégations qui ont notamment pointé ses insuffisances en matière de droits à la santé sexuelle et reproductive.  D’autres ont déploré l’absence d’une référence à la résolution 1325 du Conseil de sécurité et au rôle des femmes en matière de maintien de la paix et de la sécurité. 

Dans un contexte aggravé par l’accentuation des inégalités, Mme Anita Nayar, Directrice de l’ONG Regions Refocus et représentante de la société civile, a préféré, quant à elle, dénoncer le néolibéralisme, « incompatible », selon elle, avec la libération des femmes.  Pour cette militante, il importe d’aider à la refonte d’un multilatéralisme plus ambitieux en matière de droits des femmes.

En début de séance, le Président de la Commission, M. Mher Margaryan (Arménie), a exprimé sa déception qu’en raison du coronavirus, cette session se tienne dans des « conditions extraordinaires », sans discussion générale ni manifestations parallèles.  Il a d’autre part pris acte de l’élection par acclamation de Mmes Devita Abraham (Trinité-et-Tobago), Ahlem Sara Charikhi (Algérie) et Zahraa Nassrullah (Iraq), aux postes de Vice-Présidentes, cette dernière assumant, en outre, la fonction de Rapporteuse.

La Commission se réunira à nouveau, le vendredi 13 mars, pour examiner le rapport de son Groupe de travail et ouvrir sa soixante-cinquième session.   

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Déclarations liminaires

M. MHER MARGARYAN, Président de la Commission de la condition de la femme, a souhaité la bienvenue aux participants à cette session de célébration marquant le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.  Il a rappelé qu’initialement, 140 délégations de haut niveau et plusieurs milliers de représentants de la société civile devaient venir à New York à cette occasion mais qu’il a fallu réduire la session en raison de la propagation du coronavirus.  Nous sommes donc réunis sans la passion et l’enthousiasme qu’apportent ces délégations, a-t-il regretté, reconnaissant que le coronavirus pèse sur les modalités de cette session.  Nous sommes déçus mais cela n’affecte pas notre résolution de faire progresser l’égalité entre les sexes, a-t-il assuré.

Pour le Président de la Commission, la meilleure façon de fêter ce vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration de Beijing est d’œuvrer ensemble pour obtenir des résultats concrets, notamment en matière d’égalité femmes-hommes, de protection sociale, d’accès à l’éducation et de protection des droits, le tout de manière harmonieuse et inclusive. Les rapports présentés lors de cette soixante-quatrième session apportent des précisions sur les progrès enregistrés et les difficultés qui perdurent, a indiqué M. Margaryan.  Il a ajouté que cinq commissions régionales ont recensé les stratégies clefs pour progresser, comme souligné dans le projet de déclaration politique que doit adopter la Commission.  Cette déclaration esquisse un certain nombre de domaines critiques qui guideront la Commission dans son action, a-t-il conclu, rappelant que l’objectif commun reste de parvenir à l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déploré que l’impact des « circonstances extraordinaires » liées au coronavirus sur les travaux de la soixante-quatrième session de la Commission de la condition de la femme.  Les militants et les organisations féminines partagent cette déception mais pourront se réjouir du fait que nous avons tous conscience de l’impératif de réaliser l’Objectif de développement durable 5 (ODD-5) sur l’égalité entre les sexes.  Il a souligné que la persistance de l’inégalité entre les sexes est fondamentalement une question de pouvoir, « la pire des injustices ».  « Nous vivons toujours dans un monde dominé par les hommes, avec une culture dominée par les hommes.  Cela doit tout simplement changer », a-t-il dit. 

Alors que l’on fête le vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, M. Guterres a jugé urgent de trouver les moyens d’accélérer la réalisation de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Mais alors qu’une nouvelle génération de militants se mobilise pour faire avancer son action constructive et sa ténacité intrépide, les femmes sont toujours minoritaires dans les parlements où siègent trois hommes pour une femme.  À l’échelle mondiale, les femmes ne touchent que 75 cents quand un homme gagne un dollar, et les travaux de soins non rémunérés demeurent obstinément féminins. Certains pays ont fait reculer les lois censées protégées les femmes de la violence, tandis que d’autres ont limité l’espace civile qui leur était réservé. De plus, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est loin d’être universel.  « Nous devons faire reculer le recul », a-t-il insisté.

Le Secrétaire général a relevé que différents mouvements féminins se mobilisent pour appeler à un changement systémique urgent et demander aux gouvernements et à d’autres acteurs puissants de se montrer redevable.

« Si le processus de Beijing est une dynamique vers l’avant, il faut aujourd’hui mettre en exergue les liens entre la parité entre les genres et le justice sociale, économique et environnementale pour tous », a-t-il estimé.  « Le moment est à présent venu d’établir des alliances et de nous tenir uni en faveur du droit des femmes. »

Pour sa part, l’ONU entend diriger par l’exemple et a réussi à atteindre la parité parmi ses hauts fonctionnaires au mois de janvier, deux ans avant la date butoir qui avait été fixée lors de ma prise de fonctions, s’est félicité M. Guterres.  Une feuille de route a également été établie pour changer les relations de pouvoir au sein de l’Organisation.  

Le Secrétaire général a ensuite voulu que les travaux de la Commission de la condition de la femme soient l’occasion d’animer la dynamique de l’égalité des sexes à travers le monde en utilisant la Plateforme d’action de Beijing pour rappeler que le droit des femmes est essentiel à la réalisation de l’ensemble des Objectifs de développement durable (ODD). 

Mme MONA JUUL, Présidente de l’ECOSOC, s’est déclarée heureuse que la Commission puisse se réunir pour adopter sa déclaration politique à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Néanmoins, a-t-elle regretté, le contexte est rude, du fait de l’épidémie de coronavirus, ce qui a entraîné une diminution du nombre de séances par rapport aux sessions précédentes.  Ce qui nous manque, c’est l’énergie, le courage, toutes ces voix de femmes qui retentissent, a-t-elle souligné, reconnaissant toutefois que l’objectif reste le même, à savoir réaffirmer l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et les filles.

Il y a 25 ans, a-t-elle poursuivi, cette même communauté internationale s’est entendue non seulement sur une vision mais aussi sur un Programme d’action pour promouvoir les droits des femmes et éliminer toutes les formes de violence à leur encontre.  Mais, il est clair que la tâche n’est pas achevée, a admis Mme Juul.  Aucun pays ne peut dire qu’il est parvenu à l’égalité entre les sexes pleine et entière.  L’égalité des sexes est pourtant la voie expresse pour progresser dans la réalisation de tous les objectifs de développement durable, a-t-elle souligné, avant de rappeler que la priorité de l’ECOSOC est justement de faire progresser la mise en œuvre du Programme 2030.

Mme Juul a ensuite indiqué que la Déclaration politique a pour but de renforcer les efforts collectifs pour l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et des filles et le plein exercice des droits des femmes.  Si les circonstances ont entraîné la suppression d’une partie importante de la session, cela n’a pas d’incidence sur notre détermination à faire progresser les droits des femmes, a-t-elle assuré, plaidant pour une action unie en faveur de ces droits.

M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que le Programme d’action de Beijing reste le programme international le plus ambitieux et le plus important en faveur de la parité entre les sexes.  Il s’est réjoui de l’adoption par consensus de la déclaration politique.  Il a dit que le travail de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes, reste cette année d’une importance fondamentale, malgré les difficultés actuelles liées au coronavirus. 

Notant que les évolutions ont été lentes au cours des 25 dernières années pour la mise en œuvre des droits des filles et des femmes, le Président de l’Assemblée générale a jugé urgent d’accélérer les progrès à tous les niveaux.  Faisant le lien entre droit des femmes et développement durable, il a salué le combat des femmes qui sont à la pointe de la lutte contre les changements climatiques.  Il a appelé à développer des systèmes d’éducation prenant en compte les besoins des filles.  Notant cependant que le succès scolaire n’est pas le garant de l’émancipation économique, il a appelé à balayer tous les obstacles qui s’opposent à l’égalité entre les sexes, à tous les niveaux de la société.  Faisant un état des lieux au niveau politique, il a relevé la présence seulement de 16 femmes parmi les 192 représentants qui sont intervenus au débat de haut niveau de l’Assemblée générale en septembre 2019.  De plus, a-t-il ajouté, il n’y a que 24% de femmes parmi les députés au niveau mondial.  « Il faut que les hommes reconnaissent qu’une femme au pouvoir n’est pas une menace », a insisté Muhammad-Bande. 

Mme ANITA NAYAR, Directrice de l’ONG Regions Refocus, a regretté, à son tour, les conséquences de l’épidémie du coronavirus sur cette session.  À ses yeux, cette crise est d’autant plus préoccupante que les systèmes de santé ne sont pas adaptés car fondés, pour nombre d’entre eux, sur la logique du profit.  Des crises de ce type ont des incidences sur les femmes et les filles qui assurent souvent la subsistance du foyer, a-t-elle remarqué.  Faisant le point des progrès réalisés depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, il y a 25 ans, Mme Nayar a salué la force du militantisme et du mouvement féministe, notamment dans le Grand Sud.  Elle s’est aussi félicitée que les investissements dans la santé sexuelle et procréative aient orienté les politiques sociales de nombreux États.

Pour Mme Nayar, toutefois, le néolibéralisme est incompatible avec la libération des femmes.  Elle a donc plaidé pour l’annulation de la dette des gouvernements afin d’éliminer la pauvreté, à commencer par la pauvreté des femmes. En outre, a-t-elle poursuivi, il importe de financer les organisations de femmes pour qu’elles puissent influencer les processus de décisions.  Aujourd’hui, a-t-elle constaté, le système reste basé sur l’exploitation et les gouvernements sont de plus en plus liés au secteur privé, ce qui tend à accentuer les inégalités. Dans ce contexte, l’action des femmes en matière syndicale doit être soutenue tout comme doit être refondu le système multilatéral afin qu’il soit plus ambitieux en matière de droits des femmes, a-t-elle recommandé. Vingt-cinq ans après Beijing, a-t-elle conclu, il faut faire face aux attaques dont font l’objet les femmes et faire en sorte que nulle ne soit exclue.

Intervenant au nom du Groupe des jeunes, Mme HEELA YOON d’une ONG afghane a salué l’importance de la résolution 1325 du Conseil de sécurité et jugé important d’empêcher les conflits armés.  Elle a plaidé pour que les femmes afghanes puissent participer au processus de paix en Afghanistan afin de garantir un processus de paix inclusif.  Elle a noté que 87% des femmes afghanes sont analphabètes et que seulement 2% d’entre elles ont accès à des études universitaires.  En outre, « 90% des filles et femmes afghanes sont confrontées à des abus psychologiques », a-t-elle ajouté.  Pour la représentante, une paix avec les Taliban, sans la participation des femmes, se traduira par une guerre permanente contre les femmes.  Elle a salué la capacité de mobilisation des femmes en estimant que ce sont elles qui ont relancé la lutte contre les changements climatiques.  « Nous devons tous nous mobiliser pour une paix durable », a-t-elle conclu avant de souhaiter que la contribution des femmes à la paix soit au centre des travaux de la Commission de la condition de la femme. 

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a salué la clairvoyance des États Membres qui, il y a 25 ans, a abouti à l’élaboration d’un Programme d’action aussi ambitieux que celui de Beijing.  Nous partageons tous la déception que ce moment de célébration coïncide avec l’épidémie de coronavirus, a-t-elle indiqué, notant que le respect des inquiétudes en matière de santé publique a rendu nécessaire le raccourcissement de cette session.  Elle a toutefois assuré que ce contexte n’empêchera pas l’adoption de la Déclaration politique et du programme pluriannuel de la Commission.

Poursuivant, Mme Mlambo-Ngcuka a jugé que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing n’est pas à la hauteur de ses ambitions.  Nous observons des progrès, mais nous constatons aussi une érosion des gains obtenus, a-t-elle déploré.  L’ampleur et le rythme des changements n’ont pas été ceux qu’ils auraient dû être, a-t-elle considéré, relevant que les jeunes femmes ne veulent pas vivre les mêmes expériences que leurs ainées.

À cet égard, a-t-elle enchaîné, le rapport du Secrétaire général sur les résultats de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale nous donne une idée de l’action à engager.  Cependant, a souligné Mme Mlambo-Ngcuka, la volonté politique est nécessaire.  Cela étant, elle s’est réjouie de certains éléments contenus dans ce rapport, notamment du fait que 131 pays aient promulgué des réformes dans les domaines critiques et que plus des quatre-cinquièmes des États aient pris des mesures législatives pour lutter contre les violences faites aux femmes.  Elle a également salué le fait que plus de filles que jamais sont scolarisées, que des quotas permettent à un nombre croissant de femmes de siéger dans les parlements, et que les mariages forcés et les mutilations sexuelles aient reculé.

Toutefois, toute solution doit être financée a fait valoir Mme Mlambo-Ngcuka qui a rappelé qu’à Beijing, aucune ressource financière n’avait été prévue.  Il ne faut pas rééditer cette erreur, a-t-elle prévenue.  Or, pour l’heure, le pourcentage des ressources de développement allouées à l’égalité des genres représente moins de 5% des budgets en moyenne.  Dans ce contexte, les conflits et les crises humanitaires exposent les femmes et les filles à des niveaux croissants de pauvreté, d’instabilité, et de violence.  De plus, la crise environnementale risque de détruire les gains en développement pour nombre de femmes, à commencer par les plus pauvres et marginalisées.

Quand on examine la situation des femmes, on s’aperçoit aussi qu’un demi-milliard d’entre elles sont analphabètes et que ce phénomène est stagnant depuis plus d’une décennie, a-t-elle signalé, appelant à ce que l’on prenne en compte, sur ce point, les femmes âgées.  Quand une femme est instruite, c’est toute la famille qui en profite, a insisté Mme Mlambo-Ngcuka.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ensuite relevé que le problème de l’inégalité économique n’a pas évolué depuis 20 ans, ni la question de la participation des femmes sur le marché du travail, « sauf en Amérique latine ». Pour l’heure, a-t-elle alerté, 740 millions de femmes demeurent prisonnières de l’économie informelle, gagnent peu et sont privées de sécurité.  Et les femmes et les filles consacrent trois fois plus de temps et d’énergie que les hommes et les garçons pour s’occuper des enfants et du foyer, ce qui les prive d’opportunités en matière d’éducation, d’emploi et de pouvoir.

Sur le plan politique, a-t-elle renchéri, les femmes sont souvent menacées et ceci les décourage à se présenter à des élections.  De même, les femmes sont sous-représentées dans les domaines des sciences et de l’innovation, a-t-elle regretté, notant au passage que la technologie numérique n’a pas été prise en compte à Beijing, ce qui ne doit pas empêcher d’intégrer les aspirations des femmes et des filles dans les politiques afférentes.  Les femmes doivent aussi être entendues en matière environnementale puisque 14% d’entre elles sont propriétaires terriennes et que la dégradation des sols accentue leur insécurité.

Comme le rappelle le rapport du Secrétaire général, a encore souligné Mme Mlambo-Ngcuka, 75% des parlementaires sont des hommes et il en va de même pour 73% des décideurs, 67% des négociateurs pour le climat, 76% du personnel des médias et 87% des participants aux processus de paix.  Cela montre que nous avons créé un monde où les femmes sont reléguées dans 25% de l’espace, à la fois physique et narratif, ce qui ne suffit pas.  Cinquante pour cent c’est l’égalité et cela seulement pourra suffire, a-t-elle martelé, avant de souligner que cet objectif est celui de la campagne « Génération Égalité », qui place en son centre les jeunes et la société civile.  Cette campagne, a-t-elle précisé, établit un lien entre les militants de Beijing, la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et le mouvement mondial actuel pour les droits des femmes. Elle s’est félicitée à cet égard que les gouvernements de la France et du Mexique coorganisent le Forum Génération Égalité qui se tiendra les 7 et 8 mai à Mexico et du 7 au 10 juillet à Paris.  Ces travaux, a-t-elle conclu, viendront compléter les aspirations contenues dans la Déclaration politique adoptée par la Commission.

Déclarations après adoption

L’adoption de la Déclaration a été commentée par une quinzaine de délégations.

Tout en notant que la déclaration n’est pas parfaite, les États-Unis se sont félicités de l’adoption d’un texte qui reprend les engagements essentiels pour promouvoir le droit des femmes à travers le monde.  L’Afrique du Sud, le Mexique, ainsi que la Suisse, qui parlait aussi au nom de la Norvège et du Liechtenstein, ont regretté les insuffisances de la Déclaration en matière de droits à la santé sexuelle et reproductive.

Au nom d’une dizaine d’États Membres du « Groupe Santiago », l’Argentine a mis l’accent sur la nécessité de lutter contre les violences à l’encontre des femmes et des filles en leur permettant d’accéder à la justice pour être protégées.  L’Union européenne a assuré qu’elle continuera de promouvoir le droit à la santé sexuelle et reproductive « sans contrainte et violence », précisant que cette question est au centre de la stratégie européenne 2020-2025 en faveur de l’égalité entre les genres.

De son côté, l’Uruguay a dit son inquiétude face aux tentatives de certaines délégations de faire marche arrière sur les droits sexuels et reproductifs. L’Équateur s’est également préoccupé d’une tendance à la régression, notant que les femmes et les filles continuent d’être victimes de violence.  « L’égalité entre les sexes n’est pas une faveur mais un droit fondamental », a déclaré, pour sa part, Israël qui a regretté que cette déclaration n’ait pas été adoptée au plus haut niveau.  

Le Saint-Siège a, pour sa part, regretté que cette déclaration ne fasse pas référence à l’importance de « politiques familiales », notant que les femmes sont aussi des mères protectrices de la vie.

Le Canada, la Namibie et le Kenya ont par ailleurs appelé à des actions rapides et efficaces conformes à la Déclaration en mettant l’accent sur les liens entre droit des femmes et développement durable.  Tout en saluant une approche constructive pour parvenir à un texte plus équilibré, l’Iran a regretté l’absence de référence aux mesures unilatérales coercitives qui empêchent le développement économique de certains pays.

Plusieurs délégations ont en outre regretté l’absence dans cette déclaration d’une référence à la résolution 1325 du Conseil de sécurité et au rôle des femmes en matière de maintien de la paix et de la sécurité. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.