En cours au Siège de l'ONU

L’Assemblée achève son soixante-quinzième débat général en entendant des appels à un multilatéralisme renouvelé pour faire face aux défis du siècle

Soixante-quinzième session,
14e & 15e séances – matin & après-midi
AG/12273

L’Assemblée achève son soixante-quinzième débat général en entendant des appels à un multilatéralisme renouvelé pour faire face aux défis du siècle

« De nombreux dirigeants politiques ont reconnu que le multilatéralisme est le système le plus efficace pour s’attaquer aux défis mondiaux comme la pandémie ou les changements climatiques », s’est réjoui le Président de cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, dans son discours de clôture du débat général.  L’ancien Ministre turc des affaires européennes s’est félicité de ce que la plupart des 192 États Membres de l’ONU, qui sont intervenus au cours de ces six derniers jours, sans le Mali, aient appuyé un ordre international fondé sur les règles et ancré dans la Charte des Nations Unies.  

Dans une salle clairsemée en raison de la distanciation sociale imposée par la pandémie de COVID-19, qui a touché 30 millions de personnes dans le monde et fait un million de morts, les chefs d’État et de gouvernement, ainsi que les Ministres et les Représentants permanents ont dit craindre que la pandémie n’efface des années de croissance économique et de progrès sociaux, tirée par la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.   

Ce que les peuples du monde attendent de nous, a souligné le Président de l’Assemblée générale, c’est une plus grande solidarité, une coopération et une coordination plus fortes et des nations plus unies.  La pandémie, a estimé le Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, a mis en évidence « les défauts structurels et les carences d’un ordre mondial économique et sécuritaire précaire ».  «  Elle a démystifié les explications et les récits fallacieux colportés dans le passé pour embellir et rationaliser un ordre mondial largement dysfonctionnel ».  C’est un « rappel coûteux qu’il nous faut changer nos habitudes ».  

Son homologue du Nicaragua s’est montré « plus dur ».  Il a déploré « un manque de leadership  » pour rassembler le monde.  Lorsque j’étais enfant, a-t-il raconté, les jeunes imaginaient l’avenir, comme un monde multiculturel avec des voitures volantes et des robots accomplissant des tâches abandonnées par les humains.  Mais aujourd’hui, l’avenir, ce sont les guerres, les catastrophes naturelles et les sociétés dystopiques.  

Le Ministre des affaires étrangères de la Grenade a déclaré que les Nations Unies dont nous avons besoin sont des Nations Unies qui respectent, promeuvent et encouragent la solidarité et l’action commune; des Nations Unies qui encouragent l’égalité et le respect pour toute l’humanité; des Nations Unies qui protègent les populations des effets de l’unilatéralisme; enfin des Nations Unies qui restent les « défenseurs du développement durable pour tous les peuples ». 

Le Président de l’Assemlée générale a en effet dit avoir pris note des appels « forts » à une ONU réformée, plus efficace, adaptée aux réalités du siècle et capable d’offrir l’avenir que nous voulons.  Il a vu dans l’adoption unanime de la Déclaration sur la commémoration du soixante-quinzième anniversairede l’ONU, une preuve de l’attachement au multiltaéralisme.c Une chose est claire: nous sommes plus forts ensemble, a conclu le Président, avant que le Premier Ministre d’Israël ne « savoure » son plaisir d’annoncer « pour une fois », une bonne nouvelle du Moyen-Orient. 

Il a parlé de la signature le 13 août dernier à la Maison Blanche, sous l’égide du Président américain, d’accords « historiques » avec les Émirats arabes unis et Bahreïn lesquels reconnaissent désormais l’État hébreu.  Il s’agit du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe depuis 25 ans, s’est-il réjoui, en regrettant que les progrès aient été si longtemps pris en otage par les Palestiniens qui exigeaient l’expulsion de dizaines de milliers de familles israéliennes et le retour de millions de réfugiés qui avaient fui à cause des « guerres voulues par des pays arabes ».  

Je suis prêt à négocier sur la base du « Plan Trump  » pour réaliser la paix, a dit le Premier Ministre, sans oublier d’ajouter que « le plus grand ennemi » de la paix au Moyen-Orient, c’est l’Iran, ce qui lui a valu un droit de réponse de Téhéran qui a aussi répondu au Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis.  Avant de réitérer la souveraineté de son pays sur les îles de la Grande Tomb, de la Petite Tomb et d’Abu Musa, le Ministre a tenu à souligner que l’appel à la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale restera « une demande ferme ». Il s’est réjoui qu’avec la signature d’un accord de paix « historique » avec Israël, son pays ait permis de geler la décision d’Israël d’annexer des territoires palestiniens.  

L’Assemblée générale tiendra demain mercredi 30 septembre à partir de 10 heures, son Sommet sur la biodiversité. 

Suite du débat général

M. GUÔLAUGUR POR ÞÓRÐARSON, Ministre des affaires étrangères et du développement de l’Islande, a souligné l’engagement de son pays dans la riposte mondiale à la pandémie de COVID-19, y compris dans le développement d’un possible vaccin. Cette crise aura des implications à long terme sur nos économies et nos sociétés, a-t-il averti.  « Il convient donc de redoubler d’efforts collectifs et de poursuivre avec vigueur la réalisation des objectifs de développement durable ».

Si beaucoup a été fait ces 75 dernières années, de l’indépendance d’un grand nombre d’États au recul de la pauvreté et à l’éradication de la polio en Afrique, en passant par l’autonomisation croissante des femmes, « il nous reste un long chemin à parcourir », a-t-il reconnu.  Il est pour cela essentiel de lutter pour le maintien et l’amélioration du système multilatéral, a plaidé le Ministre, réitérant son soutien au programme de réforme du Secrétaire général de l’ONU.

Pour le Chef de la diplomatie islandaise, l’action climatique, « le plus grand défi de notre temps », doit être au cœur de nos efforts pour « reconstruire en mieux et en plus vert ».  L’Islande est pleinement attachée à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.  Mais elle va plus loin encore que ce qui a été convenu, avec son nouveau plan d’action climatique, rendu public cet été, qui prévoit une réduction de 35% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 et une neutralité carbone totale d’ici à 2040.  Cela passe aussi par une utilisation durable de nos océans, qui sont menacés par les changements climatiques, la pollution et une mauvaise gestion, a-t-il souligné.    

Alors que débute la Décennie d’action pour le développement durable, il convient de rester résolus à faire progresser l’égalité des sexes, et ce, afin que les individus et les nations puissent atteindre leur plein potentiel, a poursuivi M. Þórðarson.  À ses yeux, la lenteur des progrès réalisés sur l’objectif n°5 est d’autant plus préoccupante que nous risquons de perdre une génération ou plus en raison de la crise actuelle.  « Nous devons agir maintenant pour assurer la pleine participation des femmes à la vie politique et économique, leur permettre d’accéder à l’éducation et aux services de base, et lutter contre la violence sexuelle et sexiste », a-t-il affirmé.  

Le Ministre s’est ensuite élevé contre le nationalisme croissant, le racisme, l’intolérance religieuse et l’homophobie qui portent atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales, appelant les États à ne pas hésiter à utiliser les outils juridiques, économiques et politiques à leur disposition en cas de violations.  En tant que membre du Conseil des droits de l’homme en 2018 et 2019, l’Islande s’est efforcée de démontrer que même les petites nations peuvent faire entendre leur voix pour défendre les personnes réduites au silence, a-t-il indiqué.  Sur base de cette expérience, le pays a décidé de briguer un siège au Conseil pour la période 2025-2027. 

Saluant par ailleurs l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général, le Ministre a souhaité que les efforts menés pour trouver une solution politique en Syrie, au Yémen et en Libye soient appuyés par toutes les parties impliquées.  En Europe, il s’est dit préoccupé par la violation persistante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de la Géorgie ainsi que par les récents développement au Bélarus.  Le Conseil de sécurité, à commencer par plusieurs de ses membres permanents, devrait selon lui agir conformément à la Charte de l’ONU au lieu d’être motivé par des gains politiques étroits, « dans un jeu à somme nulle qui sape la crédibilité de cet organe vital ».  Comme l’a déclaré l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld, a-t-il conclu, « l’ONU n’a pas été créée pour emmener l’humanité au paradis mais plutôt pour la sauver de l’enfer ».   

M. LUCA BECCARI, Ministre des affaires étrangères, de la coopération économique internationale et des télécommunications de Saint-Marin, a déclaré que la pandémie de COVID-19 est probablement l’un des défis les plus ardus de l’histoire des Nations Unies.  À cet égard, il s’est félicité de l’élaboration par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) d’un Plan stratégique de préparation et de riposte pour répondre aux besoins immédiats en matière de santé et atténuer l’impact dans plus de 63 pays très vulnérables.  Le Ministre s’est aussi félicité de la création d’un Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement des pays à revenu intermédiaire et bas.

Particulièrement préoccupé par l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les groupes vulnérables, M. Beccari a jugé indispensable que la réponse et le relèvement placent les personnes handicapées au centre de tous nos efforts, comme le prévoit la Convention pertinente des Nations Unies et le Programme pour le développement durable à l’horizon 2030. 

Parallèlement à cette pandémie, le Ministre des affaires étrangères a attiré l’attention sur le défi de la « pandémie de désinformation » qui peut augmenter les risques de conflits, de violence, de violations des droits de l’homme et d’atrocités de masse.  Il a dit que Saint-Marin a organisé en 2019 une Conférence de haut niveau sur les dangers de la désinformation.  

Le Ministre a aussi mis l’accent sur la nécessité de contenir le gaspillage de nourriture.  Il a indiqué qu’avec la Principauté d’Andorre, Saint-Marin a parrainé, en 2019, la résolution proclamant le 29 septembre, Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture.

En conclusion, le Ministre a prévenu que nous n’arriverons à mettre fin à cette pandémie que si nous travaillons ensemble, dans un effort collectif qui exige une coopération multilatérale renouvelée et plus forte.  Si la crise met en danger les progrès vers les objectifs de développement durable, elle offre également une occasion unique de travailler à une « reprise transformatrice » après la COVID-19, qui nous conduit à construire des sociétés plus inclusives basées sur le développement durable où personne n’est laissé de côté.  La réponse à la pandémie doit être fondée sur un nouveau contrat social qui respecte les droits et libertés de tous et offre l’égalité des chances pour tous.  Le Ministre a donc jugé essentiel de renforcer le multilatéralisme pour des sociétés justes et pacifiques, où les jeunes peuvent vivre dans la dignité, les femmes, avoir les mêmes possibilités que les hommes, et les minorités et les groupes vulnérables, être protégés.

CHEIKH ABDULLAH BIN ZAYED AL NAHYAN, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale des Émirats arabes unis, a déclaré que la résolution des crises, en particulier dans la région arabe, appelle à une position internationale unifiée, qui rejette la violation de la souveraineté des États et l’ingérence dans leurs affaires intérieures et qui s’attaque aux menaces posées par des groupes terroristes tels que les houthistes, Daech, al-Qaida et les Frères musulmans.  Après avoir réitéré son soutien à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, le Ministre a souligné que les buts et principes de la Charte des Nations Unies continuent d’être au cœur de la politique étrangère de son pays, en particulier dans sa quête du rétablissement de la stabilité dans la région.  

Nous avons mis en garde à plusieurs reprises contre les ambitions expansionnistes de certains États de la région, et nous avons constamment appelé la communauté internationale à mettre fin à l’ingérence et à veiller à ce que ceux qui la financent soient comptables de leurs actes, a insisté le Ministre.  Il a expliqué que les tensions au Yémen, en Syrie, en Libye, en Iraq et dans d’autres États sont toutes liées à une ingérence flagrante dans les affaires arabes de la part de ceux qui incitent à la discorde ou qui ont l’ambition de rétablir une « domination coloniale » sur la région arabe et la Corne de l’Afrique.  Nous rappelons notre position ferme qui est de rejeter l’ingérence et demandons le plein respect de la souveraineté nationale.  La stabilité au Yémen, a-t-il poursuivi, peut être rétablie par le cessez-le-feu complet et une solution politique durable, sous les auspices des Nations Unies.  À cet égard, le Ministre a affirmé que la décision de poursuivre le processus politique revient au Yémen et aux Yéménites.  Nous réitérons le soutien des Émirats arabes unis à l’Accord de Riyad et notre appel à une position yéménite unie afin de parvenir à une solution durable, a insisté le Ministre.

Dans le même contexte, il a exprimé sa profonde préoccupation face à l’ingérence militaire de la Turquie en Libye, qui a exacerbé la crise humanitaire, sapé les efforts visant à parvenir à une solution pacifique et déstabilisé toute la région.  Par conséquent, il a appuyé les appels répétés en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et a appelé toutes les parties à s’engager dans un processus politique sous les auspices des Nations Unies et à s’appuyer sur les résultats de la Conférence de Berlin.

De même, il a appelé à mettre fin à toute ingérence étrangère dans les affaires syriennes, en estimant qu’un processus politique est le seul moyen de mettre fin à la crise et de protéger la sécurité du peuple.  Pour maintenir les progrès réalisés contre Daech en Syrie et en Irak, il a appelé à la poursuite des efforts visant à reconstruire les zones libérées, au renforcement de l’état de droit dans ces régions et à la protection des communautés contre l’extrémisme et le terrorisme.  

L’appel à la création d’un État palestinien indépendant dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément aux résolutions internationales pertinentes et au consensus arabe et international, restera « une demande ferme », a insisté le Ministre qui a affirmé que son pays n’a cessé de déployer des efforts par toutes les voies diplomatiques disponibles.  Il a rejeté catégoriquement l’idée d’annexer des territoires palestiniens.  Avec la signature d’un accord de paix « historique » avec Israël, soutenu par les efforts américains, mon pays a été en mesure de geler la décision d’annexer et d’ouvrir une large perspective de paix, s’est enorgueilli le Ministre, avant d’espérer que cet accord de paix sera l’occasion pour les Palestiniens et les Israéliens de reprendre les négociations.

Mettant l’accent sur le règlement pacifique des différends, le Ministre a réitéré la souveraineté de son pays sur les trois îles de la Grande Tumb, Petite Tumb et Abou Moussa, occupées par l’Iran en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies, et au mépris total de tous les documents historiques « qui affirment clairement la souveraineté émiratie et la domination arabe des îles depuis l’antiquité ».   Il a ajouté que les Émirats arabes unis ne cesseront pas de demander à l’Iran de rendre ces territoires à leurs propriétaires légitimes.  Nous appelons l’Iran à régler pacifiquement cette question par des négociations directes, ou la saisine de la Cour internationale de Justice, mais il reste sourd, a accusé le Ministre.

M. HEIKO MAAS, Ministre fédéral des affaires étrangères de l’Allemagne, a rappelé que 30 millions de personnes ont déjà été infectées par le coronavirus, dont près d’un million sont mortes.  Au-delà de ce constat, il a attiré l’attention sur l’impact à long terme du virus, en citant la faim, la pauvreté, les déplacements et les conflits.  C’est pourquoi l’Allemagne a mis de côté plus de trois milliards d’euros cette année pour la gestion des crises mondiales, a précisé M. Maas, en mettant particulièrement l’accent sur les Nations Unies, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.  Rappelant que l’Allemagne est plus grand exportateur de produits pharmaceutiques au monde, il a dit tenir à une distribution équitable des futurs vaccins et des médicaments contre la COVID-19, reprenant à son compte l’argument du « bien public mondial ».

Le Ministre a mis l’accent sur les priorités de la coopération internationales, à savoir les négociations avec la Fédération de Russie, l’Ukraine et la France qui ont contribué au cessez-le-feu le plus long, depuis le début du conflit en Ukraine.  En Libye aussi, a expliqué le Ministre, nous nous concentrons sur la coopération avec les Nations Unies afin de mettre en œuvre les décisions de la Conférence de Berlin à la lettre.  Il a estimé, par ailleurs, que les derniers développements dans les relations entre Israël et des pays du Golfe sont un motif d’espoir et le fruit d’une coopération « courageuse ».  « J’ai été, a confié le Ministre, en contact étroit avec mes homologues de la Jordanie, de l’Égypte et de la France ces dernières semaines, et nous avons convenu que cette nouvelle dynamique devrait être exploitée par les parties pour de nouvelles négociations crédibles sur une solution des deux États qui, à elle seule, tient la promesse d’une paix durable », a précisé M. Maas. 

Il a aussi expliqué que l’Allemagne soutient les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour aider le Mali à revenir à un ordre constitutionnel le plus rapidement possible.  M. Maas a dit qu’un nouvel effort international est également nécessaire pour apporter la paix en Syrie.  Un cessez-le-feu national et un processus constitutionnel complet et authentique, comme le prévoit la résolution 2254, sont des conditions préalables à toute discussion sur la reconstruction du pays, a-t-il insisté.

Évoquant l’empoisonnement d’Olexeï Navalny qu’il a qualifié de « problème pour l’ensemble de la communauté internationale », le Ministre a appelé la Fédération de Russie à faire plus pour enquêter sur cette affaire.  Il a prévenu que l’Union européenne se réserve le droit d’imposer des sanctions.  Il a d’ailleurs salué les efforts de l’Europe pour promouvoir l’accord nucléaire avec l’Iran, tout en partageant les préoccupations concernant la fin de l’embargo sur les armes tant que l’Iran menacera Israël et déstabilisera toute la région, du Liban à la Syrie en passant par le Yémen.  Enfin, le Ministre a regretté que le Président du Bélarus ait rejeté toutes les offres d’aide pour atténuer les tensions et continué de marcher sur la voie de la violence et de la répression.

M. WILFRED P. ELRINGTON, Ministre des affaires étrangères de Belize, a assuré que son pays s’emploie assidument à contenir la propagation de la COVID-19. Toutefois, a-t-il reconnu, bien qu’une calamité sanitaire ait pour l’heure été évitée, « nous subissons le pire choc économique de l’histoire de notre pays ».  En réponse à la crise sanitaire, le Gouvernement a mis en place un Comité national de surveillance chargé de superviser les efforts de rétablissement.  Il a aussi établi un groupe de travail COVID-19, qui gère la riposte de santé publique au jour le jour, tout en lançant des programmes de relance pour les secteurs les plus touchés, notamment le tourisme et l’agriculture.  « Mais tous ces efforts ne sont rien comparés à l’ampleur de l’impact de la pandémie », a-t-il concédé, anticipant une contraction de 20 à 25% de la croissance économique de Belize, « soit trois fois la moyenne mondiale ».    

Avant même la pandémie, a précisé le Ministre, Belize faisait face à un recul économique dû à des effets climatiques tels qu’une sécheresse prolongée, affectant la production du secteur primaire, et l’invasion d’algues dans l’espace maritime.  Puis, le 4 septembre, l’ouragan Nana a infligé un nouveau coup au secteur agricole, obligeant le pays à gérer deux graves crises avec des ressources limitées mais une détermination à survivre.  Malheureusement, a-t-il déploré, la réponse internationale continue d’être « tiède », les nations les plus faibles devant supporter le poids des ravages des « faux pas mondiaux ».

Pour M. Erlington, les conséquences de ces « faux pas » se font particulièrement sentir dans les pays en développement, alors même qu’ils sont les « moins coupables ».  En plus d’une « dette débilitante », ces pays paient « des décennies perdues de développement », à mesure que les températures augmentent, et devraient maintenant payer pour leur rétablissement post-COVID-19.  Il s’agit, selon lui, de « la plus grave des injustices sociales » et l’ONU ne peut se permettre de la perpétuer.  Il est donc urgent que les nations se lèvent « à l’unisson » pour relever les défis inscrits dans notre programme multilatéral: éradiquer la pauvreté, assurer notre avenir climatique et garantir les droits de l’homme et la justice pour tous, a-t-il martelé.

Au nom de Belize et des petits États insulaires en développement (PEID), il a présenté un plan en cinq points pour l’ONU.  Il convient tout d’abord d’assurer une bonne reprise, en permettant la transition vers une économie mondiale résiliente au climat et soucieuse de l’environnement.  Mais cet avenir dépend du maintien du réchauffement climatique en-dessous de 1,5°C.  Il faut par conséquent que les principaux émetteurs augmentent leurs ambitions climatiques, a-t-il souligné, avant de saluer l’engagement de la Chine de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2060.  Il a enjoint le Royaume-Uni, en tant que Président de la COP26, l’Union européenne et les États-Unis à présenter leurs « meilleurs plans » avant la fin de l’année, assurant que les PEID sont également résolus à agir.

Le troisième point soumis à l’ONU est l’urgence de protéger la biodiversité, aujourd’hui menacée par la dégradation des écosystèmes.   Si nous échouons à arrêter et à inverser cette tendance, les dommages pour la résilience et la stabilité économiques, sociales et politiques mondiales seront importants et rendront la réalisation des objectifs de développement durable impossible, a-t-il prévenu.  Selon lui, la COVID-19 a changé le « scénario » de la Décennie internationale d’action pour le développement durable, effaçant des années de progrès et aggravant la pauvreté.  De fait, a-t-il plaidé, nous devons être prêts à aider ceux qui s’éloignent des ODD et « dont les jambes ploient sous eux ».   

En quatrième point, M. Erlington a cité la nécessité de ne laisser personne de côté.  Alors qu’ils font face au fardeau de la dette, les PEID voient leurs efforts de redressement et de développement freinés par le fait qu’ils n’ont pas accès aux financements concessionnels.  Il est grand temps, à ses yeux, de remplacer le critère « pervers » du revenu par habitant par un indice de vulnérabilité.  Ce nouveau critère devrait examiner les niveaux de pauvreté, d’endettement et d’exposition aux chocs externes.  Enfin, après avoir réitéré son appel en faveur d’une levée des mesures coercitives unilatérales imposées à Cuba, le Ministre a appelé de ses vœux une réforme des institutions de l’ONU, afin qu’elles soient plus inclusives et fassent progresser la vision d’une responsabilité partagée. 

M. BOGDAN AURESCU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, a assuré que, 75 ans après la création des Nations Unies, son pays reste un fervent partisan de l’ordre international multilatéral fondé sur des règles, « avec l’ONU en son cœur ».  Alors que la pandémie démontre à nouveau que les défis mondiaux nécessitent une action commune, il nous faut aller de l’avant dans cet engagement collectif, tout en reconstruisant « en mieux et en plus vert », et en promouvant des sociétés inclusives et durables.  Pour y parvenir, a-t-il dit, « nous devons continuer à réformer l’ONU, pour la rendre plus efficace, efficiente et adaptée à son objectif ».

Propice à l’aggravation des clivages à travers le monde et à l’affaiblissement de la démocratie, la pandémie a facilité la propagation de la désinformation et des informations fallacieuses, susceptibles de propager la violence et l’extrémisme, a observé le Ministre.  Face à ces périls, il a jugé opportun de revitaliser l’agenda de sécurité et de paix, avec un fort accent sur la prévention des conflits et la consolidation des processus de paix.  La Roumanie, qui a participé à plusieurs opérations de paix de l’ONU, entend continuer à « jouer son rôle ».  Elle continuera également à promouvoir la coopération entre l’ONU et les différentes organisations de la région de la mer Noire, théâtre d’une « multitude de conflits non résolus », a indiqué le Ministre.

M. Aurescu a estimé que des actions supplémentaires sont nécessaires pour mettre pleinement en œuvre les objectifs de développement durable (ODD).  À cette fin, il convient non seulement de définir des politiques, des budgets et des cadres réglementaires adéquats mais aussi d’impliquer et écouter nos concitoyens, a-t-il prôné.  La Décennie d’action pour les ODD doit également être mise à profit pour travailler ensemble à la protection de la planète et des écosystèmes, a plaidé le Ministre, appelant en outre à une action ferme pour faire face aux urgences climatiques.  « Nous avons tous le devoir, au nom des générations futures, de faire de la COP26 de Glasgow un succès et d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris », a-t-il souligné, voyant dans le Pacte vert de l’Union européenne « un exemple de bonne pratique ».

À l’aune du développement durable, a poursuivi le Ministre, il importe aussi de défendre l’égalité des sexes, essentielle en vue d’une reprise efficace, et de promouvoir l’utilisation de la technologie numérique, élément central de la réponse à la pandémie et de la réalisation des ODD.  L’ONU devrait, selon lui, contribuer à mobiliser tous les acteurs pour garantir un accès ouvert, sûr et abordable à l’infrastructure numérique pour tous.

Jugeant que l’avenir doit faire la part belle à la solidarité, M. Aurescu a indiqué que son pays a mis ce principe en application en participant aux efforts de riposte mondiaux contre la COVID-19.  La Roumanie a également réorienté plusieurs de ses projets de coopération pour venir en aide à ses voisins mais aussi à l’Afrique subsaharienne.  Par ailleurs, elle a inclus les réfugiés dans sa couverture sanitaire et a plus que doublé le nombre de bourses offertes à des étrangers pour l’année universitaire 2020-2021, avec une attention particulière aux étudiants africains.

L’ONU dont nous avons besoin, a conclu le Ministre, doit « assurer un multilatéralisme efficace et mobiliser toutes les parties prenantes », les gouvernements, le secteur financier, le monde universitaire et la société civile.

« Le monde est à la croisée des chemins », a constaté M. OSMAN SALEH MOHAMMED, Ministre des affaires étrangères de l’Érythrée, en évoquant la pandémie de COVID-19 et son incalculable bilan humain.  Il a rappelé que, l’an dernier, à la tribune de l’Assemblée générale, il avait parlé d’un monde « à l’aube d’un nouvel ordre mondial » où « l’équilibre des pouvoirs économiques est en train de changer inexorablement ».  S’agissant de l’Afrique, il avait appelé la communauté internationale à la plus grande attention face au pillage des ressources, à l’intensification des conflits, en dépit des soi-disant efforts de prévention et de résolution, et à la marginalisation de près d’un milliard d’Africains due à la « collusion de prédateurs externes, de leurs substituts locaux et d’entités d’intérêts spéciaux corrompues ».  

En ce qui concerne la situation dans la région de la Corne de l’Afrique et de la mer Rouge, son discours de l’an dernier faisait état d’une « triste réalité », contrastant avec les espoirs d’intégration régionale des années 1990.  Là encore, avait-il souligné, « une grande partie de la responsabilité incombe aux acteurs locaux corrompus ». 

Dans le contexte actuel, « quelles tendances nouvelles et prometteuses pouvons-nous invoquer en dehors des appels sincères à une plus grande efficacité, formulés solennellement presque chaque année? », s’est-il interrogé.  Hélas, a-t-il répondu, ce qui est nouveau cette année, c’est cette « déprimante calamité » et les énormes pertes en vies humaines qu’elle provoque à travers le monde. 

Au-delà de ses « dimensions angoissantes », la pandémie a mis en évidence « les défauts structurels et les carences d’un ordre mondial économique et sécuritaire précaire », a-t-il souligné.  « Elle a démystifié les explications et les récits fallacieux colportés dans le passé pour embellir et rationaliser un ordre mondial largement dysfonctionnel », a encore relevé le Ministre, y voyant un « rappel coûteux qu’il nous faut changer nos habitudes ».

À ses yeux, « les idéaux d’une paix mondiale durable, de la stabilité et de la prospérité ne peuvent s’épanouir que sur l’édifice d’une organisation mondiale robuste capable de relever tous ces défis ».  Il a par conséquent réitéré son appel au renforcement et à la refonte du « système marginalisé » des Nations Unies, dont l’autorité et l’efficacité ont, selon lui, été « corrodées » au cours des dernières décennies.

M. KYAW TINT SWE, Ministre du Conseil d’État du Myanmar, a rappelé que le Myanmar a connu, il y a quatre ans, l’élection de son premier Gouvernement civil et mis fin à plus de cinq décennies de régime militaire absolu.  Alors que le peuple du Myanmar se rendra à nouveau aux urnes dans un mois, M. Kyaw Tint Swe s’est félicité de la mise en place d’un système politique qui repose sur les bulletins de vote plutôt que sur les balles.  « Chaque pays en transition démocratique traverse une période difficile et le Myanmar ne fait pas exception », a-t-il dit, parlant d’un pays aux prises avec de nombreux défis, notamment la poursuite des conflits ethniques, les questions anciennes, nouvelles et complexes dans l’État rakhine et, en plus de tout cela, les défis posés par la pandémie de COVID-19. 

Si le peuple du Myanmar a commencé à jouir de la liberté et des droits démocratiques, M. Kyaw Tint Swe a précisé que ce n’est que lorsque la Constitution de 2008 pourra être révisée que le Myanmar pourra garantir le plein droit démocratique à son peuple.  Le Ministre a tenu, malgré les défis, à saluer les améliorations visibles dans de nombreux domaines, y compris la santé, l’éducation, les infrastructures, le développement socioéconomique et la bonne gouvernance. 

Par ailleurs, M. Kyaw Tint Swe a assuré de la volonté du Gouvernement de parvenir à une paix durable, à une véritable réconciliation nationale et un développement total.  À cette fin, le Gouvernement a convoqué avec succès quatre sessions de la Conférence de la paix de l’Union.  En conséquence, la troisième partie de l’Accord de l’Union, qui comprend des principes directeurs fondamentaux pour l’avenir de l’Union, a été signée par les délégations participantes.  Ces principes définiront la voie à suivre pour l’édification d’une union fédérale démocratique, quel que soit le gouvernement à la barre. 

« Lorsque le Gouvernement civil a pris ses fonctions en mars 2016, il a identifié les principales priorités à prendre en compte, dont la situation complexe de l’État rakhine », a-t-il précisé.  Il a estimé que les migrations transfrontalières et les cycles de violence intercommunautaire ont semé une méfiance et une peur mutuelles profondément enracinées entre les différentes communautés.  Reconnaissant qu’une approche globale était nécessaire pour assurer une paix durable, dans l’État rakhine, le Gouvernement a pris de nombreuses mesures dont la création d’une commission sous les auspices de Kofi Annan, ancien Secrétaire général de l’ONU, qui a laissé un héritage de 88 recommandations visant à trouver des solutions durables.  

Le Ministre a mis l’accent sur cinq domaines prioritaires en citant les questions de citoyenneté, de liberté de circulation, de fermeture des camps de déplacés, d’éducation et de services de santé.  Il a précisé que ces activités se poursuivent jusqu’à nos jours dans les limites de la pandémie de COVID et du conflit armé déclenché par l’Armée arakan (AA) dans l’État rakhine.  Il a expliqué que pour résoudre le problème, le Gouvernement s’est concentré sur la situation humanitaire, le rapatriement, la réinstallation, la réconciliation et le développement, en accordant un accès humanitaire aux organisations internationales, telles que le Programme alimentaire mondiale (PAM), le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). 

M. ABDULLA SHAHID, Ministre des affaires étrangères des Maldives, a réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme en général et à l’ONU en particulier.  Il a également rendu hommage à tous ceux qui luttent contre la pandémie de COVID-19, une crise sanitaire mondiale qui a arrêté l’activité de son pays du jour au lendemain.  Sans touristes, les revenus ont diminué et la dette a augmenté, a-t-il expliqué, ajoutant que l’économie nationale est sur le point de se contracter pour la première fois depuis 10 ans.

En riposte à cette crise sans précédent, a poursuivi le Ministre, les Maldives ont décrété l’état d’urgence sanitaire.  Le Président Solih a établi un centre national d’opérations d’urgence, qu’il a lui-même présidé.  La deuxième priorité a été de minimiser le choc pour l’économie et de soutenir les ménages et les entreprises.  En outre, un groupe de travail national a été constitué pour préparer le redressement et éviter que les progrès en matière de développement ne soient effacés par les effets de la pandémie. 

Pour M. Shahid, plusieurs leçons peuvent déjà être tirées de cette expérience.  Tout d’abord, aucun pays n’a été épargné par l’impact de la pandémie mais tous n’ont pas été touchés de la même façon.  « Dans des pays comme le mien, où la contribution du secteur du tourisme représente directement et indirectement 75% du PIB, la perte a été incommensurable », a-t-il souligné.  Ensuite, compte tenu du poids de la dette sur les économies, les petits États insulaires en développement (PEID) ont besoin d’un meilleur accès aux financements concessionnels, qui tiennent compte de leurs vulnérabilités.

La pandémie a aussi mis en évidence l’importance de la coopération mondiale.  « Aux Maldives, sans le soutien de nos amis, de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, nous ne pourrions pas continuer à résister à cette tempête », a-t-il reconnu, exprimant l’espoir que le vaccin en développement contre la COVID-19 soit accessible à tous et de manière équitable.

Le Ministre a ensuite longuement évoqué la grave menace que représentent les changements climatiques pour des pays comme le sien.  Le nombre d’îles nécessitant une protection côtière d’urgence et des secours en cas d’inondation ou de catastrophe augmente chaque année, a-t-il averti, signalant aussi une tendance à la hausse des événements à évolution lente tels que l’élévation du niveau de la mer.  « Pour nous, c’est une réalité vécue » De fait, a expliqué M. Shahid, notre espoir repose dans la réalisation des ambitions de l’Accord de Paris et dans la facilitation du financement de l’adaptation climatique.  

Une action significative est également nécessaire pour protéger l’océan, dont dépend la survie de millions de personnes, a encore relevé le Ministre, faisant observer que les Maldiviens veillent sur plus de 90 000 km2 de l’océan Indien.  Il est notamment essentiel de lutter contre les effets néfastes de la pollution plastique, a-t-il affirmé, avant de rappeler l’engagement de son pays auprès de la « Global Ocean Alliance » pour atteindre l’objectif mondial de protection de 30% de l’océan dans les années à venir.

Enfin, il a souligné l’engagement fort de son Président en faveur de la promotion et de la protection des droits de l’homme.  Parmi les principales conventions relatives à ces droits, les Maldives en ont ratifié sept et ont retiré plusieurs réserves concernant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Nous ratifierons également la Convention sur les disparitions forcées dans les prochains mois, a assuré le Ministre.

M. SRĐAN DARMANOVIĆ, Ministre des affaires étrangères du Monténégro, a dit que face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, et à la pandémie de COVID-19, il est nécessaire de préserver le multilatéralisme, en tant que seule modalité d’action possible pour régler les problèmes et relever les défis mondiaux.  La pandémie de COVID-19 rappelle l’importance de trouver des solutions mondiales, a ajouté le Ministre qui a demandé que l’on « tire quelque chose de bon » de toutes ces difficultés.  À l’heure où l’on assiste à une tendance négative à l’unilatéralisme et au protectionnisme, et à une déviation croissante du multilatéralisme, M. Darmanović, a encouragé l’ONU à défendre la paix et la stabilité.  Mais, a-t-il prévenu, des réformes sont nécessaires, y compris une réforme globale du Conseil de sécurité et la revitalisation de l’Assemblée générale, pour une ONU plus efficace, transparente, démocratique et responsable, dans laquelle toutes les parties du monde seraient représentées de manière égale.

Le Monténégro, a dit le Ministre, soutient l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial pendant la pandémie actuelle.  Mais, a-t-il indiqué, réagir après le déclenchement d’un conflit ou d’une crise ne suffit pas.  Il faut accorder plus d’attention à la prévention des conflits, à la radicalisation et à l’extrémisme violent en travaillant à des sociétés impartiales et plus inclusives qui offrent à tous l’égalité des chances et protègent les groupes marginalisés et les plus vulnérables, principalement les femmes et les jeunes.

Le Monténégro, a poursuivi le Ministre, appuie la mise en œuvre des instruments internationaux dans le domaine du désarmement et du contrôle des armements.  Il continuera de promouvoir l’intégration des droits de l’homme et des perspectives sexospécifiques dans tous les aspects du fonctionnement des Nations Unies.  Le Monténégro tient à une meilleure synergie entre le Conseil des droits de l’homme, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  S’agissant des objectifs de développement durable, le Ministre a jugé que le moment est venu de passer de la parole aux actes d’autant que la pandémie de COVID-19 affectera la réalisation des objectifs fixés.

Cette pandémie, a-t-il conclu, a également confirmé que la mise en œuvre intégrale du Programme 2030 et de l’Accord de Paris sont essentielles pour préparer le monde aux futurs chocs systémiques. Les efforts visant à atteindre la couverture sanitaire universelle et à assurer l’accès à un système de santé de qualité, abordable, inclusif et résilient doivent être intensifiés. Afin de bâtir des économies plus inclusives, plus vertes et plus durables, a ajouté le Ministre, il faut des modèles de reprise qui ont le plus grand potentiel de transformer le monde et de faire avancer le développement durable.  M. Darmanović n’a pas manqué de saluer le fait que son pays soit en bonne voie d’intégrer la communauté européenne.  L’avenir des Balkans occidentaux, se trouve en Europe, et ce n’est qu’en consolidant une telle position que nous pourrons être des partenaires responsables de la communauté internationale, argué le Ministre.

M. ISMAIL OULD CHEIKH AHMED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, a rappelé combien la crise sanitaire actuelle a affecté « tous les aspects de la vie », en plus de faire des centaines de milliers de victimes à travers le monde et de provoquer une « paralysie » de l’économie planétaire.  Cette crise a également révélé la faiblesse des approches nationales actuelles, a estimé le Ministre, appelant les États Membres à mutualiser leurs efforts pour minimiser les effets de la pandémie dans les pays en développement.

En Mauritanie, le dirigeant a indiqué que les autorités se sont attachées à surveiller les marchés locaux pour éviter une flambée des prix, à garantir la disponibilité de médicaments essentiels à des prix fixes et à fournir un appui à la population.  Toutefois, il a ajouté que la COVID-19 a entraîné une baisse du taux de croissance qui a provoqué, à son tour, une baisse des rentrées fiscales, une augmentation des dépenses publiques et, de fil en aiguille, un creusement de la dette.  Le Ministre a par conséquent insisté sur l’importance d’un allégement de la dette, notamment pour les pays d’Afrique.

Rentrant dans le détail du plan de relance économique du pays, le dirigeant mauritanien a estimé qu’il devrait permettre de parvenir à une croissance nationale dont chacun récolterait les fruits, dans le respect de l’environnement, afin d’atteindre les objectifs de développement durable.  Il a notamment indiqué que l’État investit en priorité dans l’éducation, la santé, la cohésion sociale et la bonne gouvernance.  Le Ministre a également insisté sur les efforts du pays en matière de promotion du rôle de la femme et sa participation à la vie publique et politique.  De manière générale, a-t-il affirmé, la Mauritanie tente de consolider la démocratie, les droits de l’homme et des libertés individuelles et collectives.

« Il ne saurait y avoir de développement sans sécurité, et inversement », a par ailleurs déclaré le Ministre.  En ce sens, il a indiqué que son pays s’est doté d’une stratégie « efficace » de lutte contre le terrorisme, grâce à une approche qui tienne compte des dimensions sécuritaire, idéologique, économique et sociale.  Le pays dispose ainsi, selon lui, d’une feuille de route pour neutraliser le terrorisme et tarir ses sources de financement.

Sur le plan régional, le Ministre a rappelé la médiation de la Mauritanie pour obtenir que l’ex-Président malien, M. Ibrahim Boubacar Keïta, puisse se faire soigner à l’étranger.  Il a également indiqué que son pays est engagé auprès des autorités maliennes actuelles et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour parvenir à un retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. 

La pandémie de COVID-19 a imposé d’énormes changements dans notre vie quotidienne, a reconnu M. SAYYID BADR BIN HAMAD BIN HAMOOD ALBUSAIDI, Ministre des affaires étrangères d’Oman.  Cependant, a-t-il recommandé, il faut s’adapter à de nouveaux modes de vie et rester optimiste.  La communauté internationale doit veiller à ce que les ressources pour lutter contre la pandémie, en particulier les vaccins, soient équitablement réparties, en particulier dans les régions les moins développées, où les installations médicales sont limitées.  La pandémie de COVID-19 ayant créé des défis économiques, Oman appelle également les bailleurs de fonds à tout mettre en œuvre pour faciliter le processus de restructuration de la dette.

M. Albusaidi a réitéré le soutien de son pays aux revendications « légitimes et justes » du peuple palestinien et à la création d’un État indépendant de Palestine, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Par ailleurs, Oman appelle toutes les parties au Yémen à se rassembler autour de la table des négociations, afin de parvenir à une solution pacifique et consensuelle au conflit en cours.  À cet égard, M. Albusaidi a demandé à tous d’appuyer les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen.  Il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour acheminer une aide humanitaire, en raison de la situation critique et des souffrances de la population. 

Oman exprime également son soutien au Liban, qui a besoin d’assistance pour se reconstruire après la récente explosion dans le port de Beyrouth.  En ce qui concerne la Libye, M. Albusaidi s’est félicité de l’accord de cessez-le-feu et des travaux visant à mettre en place les mécanismes pour la reprise des opérations de production et d’exportation de pétrole, et pour la gestion des revenus générés au profit du peuple libyen.

Cette année, a expliqué M. Albusaidi, Oman a pris des mesures importantes pour restructurer et moderniser son appareil administratif, dans le cadre de sa Vision 2020-2040.  Les principes de l’économie de marché guident le système économique de son pays, a-t-il indiqué.  Le rôle d’Oman dans le commerce international au XXIsiècle devrait être renforcé, du fait également de sa stabilité politique, de son potentiel touristique et des opportunités d’investissement.

M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a savouré le plaisir d’annoncer, « pour une fois », une bonne nouvelle du Moyen-Orient.  Il a parlé de la signature le 13 août dernier à la Maison Blanche, sous l’égide du Président américain, M. Donald Trump, d’accords « historiques » avec les Émirats arabes unis et Bahreïn lesquels reconnaissent désormais l’État hébreu.  Il s’agit du premier traité de paix entre Israël et un pays arabe depuis 25 ans et nous avons même eu deux traités de paix signés en un jour, s’est félicité le Premier Ministre qui a précisé que ces accords concernent la coopération en matière de transport, de tourisme et de nombreux autres domaines.  Il a espéré que d’autres pays arabes se joindront à ces accords.

Après avoir salué le soutien du Président américain à cette avancée, le Premier Ministre a dénoncé le fait que les progrès aient été si longtemps pris en otage par les Palestiniens qui exigeaient l’expulsion de dizaines de milliers de familles israéliennes et le retour de millions de réfugiés qui avaient fui à cause des guerres « voulues par des pays arabes ».  Le Premier Ministre a regretté que de nombreux partenaires aient perdu du temps à essayer de convaincre son pays d’accepter « ces revendications inacceptables ».  Il a remercié le Président Trump qui a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan et Jérusalem, comme capitale de l’État hébreu. 

M. Netanyahu s’est donc félicité que deux États arabes aient accepté d’élargir « le cercle de la paix » qui rend plus probable un traité de paix israélo-palestinien.  Je suis prêt à négocier sur la base du « Plan Trump » pour réaliser la paix, a dit le Premier Ministre, sans oublier d’ajouter que « le plus grand ennemi de la paix au Moyen-Orient, c’est l’Iran ». 

Rappelant qu’une puissante explosion a secoué mardi après-midi un bâtiment du mouvement chiite armé Hezbollah dans le sud-Liban, un mois après les explosions dans Beyrouth, le Premier Ministre a prévenu des risques qu’encourent les habitants du quartier de Janna, près de l’aéroport de Beyrouth, où le Hezbollah a installé un dépôt d’explosif et de missiles.  Il a conseillé aux habitants de ce quartier de protester et d’obtenir du Hezbollah qu’il cesse d’utiliser le Liban et les Libanais comme « bouclier humain ».

Le Premier Ministre a aussi félicité le Président Trump pour s’être retiré de l’accord sur le nucléaire iranien qu’il a qualifié « d’accord bancal » qui n’empêchera pas l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.  L’Iran, a-t-il prévenu, aura assez d’uranium enrichi d’ici deux mois pour construire deux bombes nucléaires.  Ce pays, a accusé le Premier Ministre, cherche à se doter de l’arme nucléaire, comme en attestent des « preuves irréfutables ».  Le Premier Ministre a affirmé que son pays ripostera lourdement et rapidement à toute menace iranienne.  « Nous avons ouvert la cage du tigre », en signant cet accord, a estimé le Premier Ministre qui a dénoncé la passivité du Conseil de sécurité face à « ce danger ».  « Nous, Israël et pays arabes, sommes unis », contrairement au Conseil, a déclaré le Premier Ministre, avant d’exhorter ledit Conseil à se tenir aux côtés des États-Unis pour contrer la menace iranienne, « la menace la plus grave dans la région ». 

M. AURÉLIEN A. AGBENONCI, Ministre des affaires étrangères du Bénin, a expliqué qu’avec l’adhésion de son peuple et le soutien de la communauté internationale, son pays poursuit ses efforts pour faire face à la pandémie, à ses conséquences et surtout pour assurer la relance de son économie qui est fortement affectée.  Combattre efficacement ce fléau requiert une réponse internationale coordonnée et une coopération renforcée à l’échelle planétaire, a estimé M. Agbenonci, réaffirmant dans la foulée son attachement à la promotion et au renforcement du multilatéralisme.

Il a mis l’accent sur la nécessaire mise en place urgente d’un programme global pour vaincre la pauvreté extrême à travers une action collective et volontariste.  Le multilatéralisme qui a permis aux Nations Unies de doter le monde de l’Accord de Paris sur le climat, devrait être l’outil adéquat pour atteindre cet objectif.  Le Président béninois a salué, à cet égard, les réformes courageuses entreprises par le Secrétaire général pour le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Son pays soutient également sans équivoque les négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité qui permettra de réparer « l’injustice historique faite à l’Afrique », seul continent non représenté au sein de ce Conseil au titre des membres permanents. 

Depuis avril 2016, le Bénin s’est engagé dans des réformes profondes aux plans politique et économique, destinées à assainir son économie, à créer un environnement favorable à l’investissement, à lutter contre la corruption et la prévarication.  Le Bénin a décidé de rompre avec les erreurs et errements du passé pour s’engager dans une gouvernance rigoureuse et sans compromission dans tous les secteurs.  Le Gouvernement conduit méthodiquement la mise en œuvre de réformes majeures à travers son Programme d’actions dont les objectifs sont en adéquation avec les ODD.  Les résultats obtenus, aussi bien sur le plan national qu’international, ont convaincu le peuple béninois qu’avec un peu de sérieux et de rigueur, il est possible de sortir de l’ornière pour retrouver le chemin du développement et de la prospérité.  Le programme d’action accorde notamment une importance de premier ordre à la préservation de l’environnement et à la transition énergétique.

Avant de conclure, l’orateur est revenu sur la situation sécuritaire de la sous-région du Bénin, une situation qui nécessite, selon lui, une conjugaison d’efforts et une mutualisation des actions pour y faire face.  Il a salué le Plan d’action 2020-2024 de la CEDEAO en vue d’induire une lutte efficace et intégrée contre le fléau du terrorisme dans la sous-région ouest-africaine, et a témoigné la solidarité du Bénin aux pays membres du G5 Sahel avant de lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle appuie les efforts régionaux par un soutien accru à la lutte contre le terrorisme en Afrique.

La pandémie de COVID-19, a déclaré M. DENIS MONCADA COLINDRES, Ministre des relations étrangères du Nicaragua, a mis à rude épreuve l’humanité et pourrait aggraver toutes les crises qu’elle connaît en raison d’un système économique injuste qui foule au pied la dignité de l’être humain.  « Nous devons de toute urgence refonder l’ONU, afin de servir les peuples et non pas les grandes puissances hégémoniques de cette planète », a-t-il fait valoir.  Il faut pouvoir compter sur une véritable alliance mondiale, pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 10 ans.

Le Nicaragua, a assuré M. Moncada Colindres, ne cessera jamais de promouvoir une culture de paix, y compris en Amérique centrale et dans la région.  À cette fin, il a lancé un appel pour que se poursuivent les efforts mondiaux en faveur de migrations ordonnées, sûres et régulières.  Ensuite, a-t-il plaidé, il ne faut pas perdre de vue la menace existentielle que représentent les changements climatiques.  Le Nicaragua appelle également à un désarmement général et complet.

Les mesures coercitives unilatérales imposées par les États-Unis doivent cesser, a martelé le Ministre.  Il a condamné les attaques répétées contre son pays, et contre le Venezuela et Cuba, « fondées sur l’ingérence et l’impérialisme ».  M. Moncada Colindres a insisté sur l’importance de la défense des droits du peuple vénézuélien et salué la résistance du Président Nicolas Maduro.  Il a dénoncé toute politisation du système de l’ONU, les États-Unis voulant faire des organes onusiens « autant d’instruments au service de leurs intérêts propres ».  Il a notamment jugé déficients les rapports du Conseil des droits de l’homme sur son pays.

« Nous appelons à la décolonisation de notre continent », a continué le Ministre nicaraguayen, en évoquant le statut de Porto Rico et la restitution des îles Malvinas à l’Argentine.  Nous devons défendre le principe du dialogue et de la négociation, a-t-il ajouté, et le non-recours à la menace de l’utilisation de la force.  Ce n’est qu’unis et animés d’un esprit de solidarité et d’amour que nous réussirons à relever les défis colossaux auxquels l’humanité fait face, a-t-il argué.  Il faut se doter d’un nouveau modèle économique international, en accordant la priorité à la santé, droit universel de l’humanité, et en consacrant à la vie et à la paix les ressources habituellement dédiées à la guerre.

M. PEDRO BROLO VILA, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, reconnaissant que personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas, a exprimé l’intérêt de son pays pour un accès immédiat et équitable à un vaccin, et s’est dit prêt à coopérer à sa distribution dans les pays de la région, en particulier en Amérique centrale.

Malgré la promulgation rapide de l’état de catastrophe et la création d’une commission spécifique pour la prévention du coronavirus, le Guatemala a été gravement touché par la COVID-19, a témoigné M. Brolo Vila.  « Dans le domaine de la santé, nous avons trouvé un système abandonné, oublié pendant de nombreuses années », a-t-il avoué.  Cette situation a obligé le Gouvernement à mettre en œuvre des plans « agressifs » de relèvement dès le premier jour.  Nous avons rénové les hôpitaux existants et en avons activé cinq autres en un temps record, dans différentes régions du pays, a précisé M. Brolo Vila.  Nous avons augmenté le nombre de lits à plus de 2 000 au cours des derniers mois, ainsi que les ressources et les capacités nécessaires pour fournir des soins médicaux en temps opportun à la population.

Dans le domaine économique, a encore expliqué le Ministre, la loi de sauvetage économique pour les familles touchées par la COVID-19 a été promulguée, et un fonds d’obligations pour les familles a été créé, comme mesure de compensation sociale visant à atténuer les effets de la crise.  De même, la prime de protection du travail aide les entreprises en difficulté à garantir un revenu à leur personnel.  Dans le cas des microentreprises et petites et moyennes entreprises, le Gouvernement promeut des programmes d’octroi de prêts à des conditions avantageuses pour résoudre les problèmes de liquidités et éviter les saisies.

Cette pandémie a exacerbé l’un des problèmes les plus difficiles au Guatemala, la malnutrition chronique, a poursuivi M. Brolo Vila.  Un programme de livraison de nourriture de base aux familles vulnérables ou à celles qui vivent dans des zones à risque a été mis en place.  De façon générale, le Gouvernement met en œuvre la « Grande Croisade Nationale pour la Nutrition ».  Cette initiative vise à unir tous les secteurs du pays afin d’améliorer l’état nutritionnel des familles guatémaltèques, en mettant l’accent sur les zones les plus pauvres et les plus marginalisées.

Le Ministre a ensuite mis l’accent sur le sort des migrants, « une partie importante de la population qui continue de souffrir d’abus et de discriminations injustifiées en raison de son origine ».  Il y a deux ans, a-t-il rappelé, le Guatemala, avec d’autres États amis, a lancé l’initiative de la Journée internationale des envois de fonds à la famille, célébrée le 16 juin.  En raison de notre situation géographique, nous sommes un pays d’origine, de transit, de destination et de retour, a-t-il souligné.  Profondément attaché au respect des droits des migrants, il a exhorté la communauté internationale à éviter la criminalisation de la population migrante.  C’est pourquoi le Guatemala promeut un accord avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) pour créer une plateforme viable de dialogue et d’échange de propositions qui permettra une meilleure prise en charge de la population migrante rapatriée.

M. KENNETH DARROUX, Ministre des affaires étrangères de la Dominique, a dit que le premier cas de COVID-19, dans le pays, a été détecté le 20 mars 2020.  À ce jour, 30 cas ont été confirmés et aucun mort n’est à déplorer, a ajouté le Ministre.  Le Gouvernement a pris des mesures pour préserver la santé publique dont la fermeture des frontières, a indiqué M. Darroux qui a souligné la mise en place de mesures d’atténuation de l’impact de la pandémie sur la vie économique.  C’est la raison pour laquelle, la Dominique est le pays qui a le mieux résisté à la COVID-19, s’est réjoui le Ministre.  Toutefois, a-t-il poursuivi, le Gouvernement se prépare à une deuxième vague, « très préoccupante » car elle fait courir le risque de perdre toute une génération. 

Notant que l’économie de son pays repose en partie sur l’industrie touristique, il a reconnu que la pandémie a frappé ce secteur de plein fouet.  Il a aussi dénoncé les difficultés et les inégalités d’accès aux financements internationaux.  Il faut, a-t-il martelé, aider les petits États comme la Dominique à accéder à ces financements pour qu’ils puissent renforcer leur résilience aux changements climatiques.  La Dominique, a déclaré le Ministre, a élaboré sa Stratégie nationale de résilience après le passage en 2017 de l’ouragan Maria.  La situation est « grave », a-t-il souligné, et « l’appui à la résilience climatique nous est essentiel ».  Par ailleurs, le Ministre n’a pas hésité à proposer l’octroi du Prix Nobel de médecine aux médecins cubains qui ont apporté leur aide à moins 40 pays du monde pendant la COVID-19.  Le Ministre a appelé à la levée du blocus « injuste » des États-Unis contre Cuba et a conclu en estimant que cette crise a montré que nous sommes tous vulnérables et que notre vie peut changer du jour au lendemain.  « Voilà une raison de plus en faveur de l’accès des petits pays comme la Dominique au vaccin contre le virus. »

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, a souligné les défis posés par la pandémie de COVID-19 et ses retombées négatives sur la paix et la sécurité dans le monde, appelant à davantage de coopération internationale et à un multilatéralisme plus efficace.  Le Ministre a redit l’attachement de la Tunisie à la Charte des Nations Unies.  En tant que membre du Conseil de sécurité, le pays participe aux efforts collectifs visant la paix et la sécurité internationales, en donnant notamment la priorité à la diplomatie préventive. 

L’une des priorités pour rétablir la paix et la sécurité régionale et internationale reste le règlement de la question de Palestine, sur la base des résolutions internationales, a fait valoir le Ministre.  Il a également exprimé ses préoccupations face à la situation en Libye et appelé à la fin des ingérences étrangères « dans ce pays voisin ».  Après avoir salué le récent accord de cessez-le-feu, le Ministre et a appelé de ses vœux un règlement politique à travers un dialogue intralibyen sous l’égide des Nations Unies.

Malgré les retombées négatives de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation du Programme 2030, le Ministre a assuré que la Tunisie fera tout son possible pour réaliser les objectifs fixés et lever les obstacles sur ce chemin, aux côtés de ses « frères africains ».  À cet égard, le Ministre a appelé la communauté internationale à soutenir l’initiative Faire taire les armes de l’Union africaine et a mis en garde contre l’instrumentalisation de cette pandémie par les groupes terroristes.  La menace terroriste n’a pas disparu, a-t-il mis en garde, et elle nous appelle à coordonner davantage nos efforts à tous les niveaux, « surtout pour protéger les jeunes », a conclu le Ministre.

M. NAYIB ARMANDO BUKELE, Président d’El Salvador, a rappelé que lors de son intervention à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, il avait souligné la nécessité de modifier le format du débat général et, en raison de la pandémie, ce format a effectivement changé, « mais pas tant que ça ».  M. Bukele a estimé que l’Assemblée est devenue « si peu pertinente » que plus personne ne sait à quel point elle l’est.  « Le monde change et si vous ne changez pas, vous risquez de devenir obsolète », a-t-il averti.  Mes propos peuvent être durs, mais je souhaite voir l’Assemblée changer pour qu’elle survive et devienne un formidable outil pour l’humanité.  

Décrivant la pandémie comme l’une des plus grandes crises de l’histoire moderne, il a remercié les États-Unis et le Japon pour avoir aidé à renforcer la riposte de son pays.  Mais cette assistance a été essentiellement bilatérale et n’a pas été effectuée dans le cadre du système des Nations Unies où il y a eu « un manque de leadership » pour rassembler le monde.  L’ONU doit se préparer à la prochaine menace mondiale, a dit M. Bukele. 

Lorsque j’étais enfant, « et il n’y a pas si longtemps », les jeunes imaginaient l’avenir, comme un monde multiculturel avec des voitures volantes et des robots accomplissant des tâches abandonnées par les humains.  Mais aujourd’hui, pour les jeunes, l’avenir, ce sont les guerres, les catastrophes naturelles et les sociétés dystopiques.  Pourtant, s’est désolé M.  Bukele, des millions de personnes se promènent avec des iPhones plus puissants que les superordinateurs des années 1970, 1980 et 1990. 

Des milliards d’ordinateurs sont connectés par le plus grand réseau de l’histoire de l’humanité dont le potentiel n’est pas « entièrement compris » et qui nous permet de nous mettre en rapport avec les esprits les plus brillants.  Imaginez ce que nous parviendrions à faire si tout le monde s´y mettait, a-t-il lancé, évoquant notamment la course au développement des vaccins pour la COVID-19. 

S’attardant sur la situation nationales, M. Bukele a indiqué qu’El Salvador est en passe de construire un système de santé de premier plan, dans un contexte où les indicateurs de l’insécurité ont considérablement diminué.  Neuf vies sont épargnées chaque jour, s’est-il félicité, relevant qu’il y a deux ans, El Salvador était considéré comme l’un des pays les plus dangereux au monde.  Nous travaillons à la conception et à l’édification d’une « société modèle » pour le monde entier, a-t-il affirmé, invitant les penseurs, les concepteurs et les entrepreneurs  à faire partie du « miracle salvadorien ».  « Nous sommes un pays en construction », doté d’un Gouvernement tourné vers l’avenir.  L’humanité, a-t-il affirmé, a les outils pour se rapprocher un peu plus de la bonne direction et, en travaillant ensemble, nous pourrons parvenir à un âge d’or de l’humanité, a conclu M.  Bukele. 

M. C. PETER DAVID, Ministre des affaires étrangères et de l’emploi de la Grenade, a averti que les défis croissants auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés en tant que communauté mondiale, tels que la pauvreté, le manque d’éducation et les changements climatiques, ont été aggravés par cette redoutable pandémie.  Cela risque de compromettre les progrès accomplis dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la réalisation les objectifs de développement durable.  Il s’agit là de problèmes qui ne peuvent être réglés par les États Membres individuellement et qui exigent des efforts collectifs, ciblés et stratégiques, a affirmé le Ministre.  Aujourd’hui, « les Nations Unies dont nous avons besoin sont des Nations Unies qui respectent, promeuvent et encouragent la solidarité et l’action commune; des Nations Unies qui encouragent l’égalité et le respect pour toute l’humanité; des Nations Unies qui protègent les populations des effets de l’unilatéralisme; enfin des Nations Unies qui restent les défenseurs du développement durable pour tous les peuples », a déclaré M. David.

Il a saisi cette occasion pour attirer l’attention sur l’impact négatif de la COVID-19 sur l’économie des petits États, en particulier des petits États insulaires en développement, et sur la réalisation des objectifs de développement durable.  La Grenade, par exemple, est confrontée aux effets dévastateurs de la pandémie et à une croissance négative, qui est largement due à l’impact significatif sur les secteurs du tourisme, de la construction et de l’éducation.  Cela a entraîné une baisse drastique des recettes publiques, a expliqué le Ministre.  Le Gouvernement puise donc dans ses réserves et sollicite l’aide internationale pour financer les déficits et soulager ses citoyens, tout en poursuivant la lutte contre ce « virus mortel », a-t-il expliqué.  L’île a déjà attiré des organisations financières internationales et régionales et des gouvernements amis, mais elle continue à chercher d’autres sources de financement sous la forme de dons et de prêts à des conditions concessionnelles.  Le pays explore aussi les options d’allégement de sa dette.

Cependant il est indéniable que malgré les meilleurs efforts des gouvernements, ce fléau mondial sans précédent a un impact économique et social si profond et si durable sur des États déjà vulnérables qu’il est urgent de renforcer la coopération internationale, a souligné M. David, ajoutant que l’ONU est l’organisation la mieux placée pour relever ce défi.  Au nom du multilatéralisme, il a appelé à la levée de l’embargo contre Cuba, rappelant que ce pays a apporté son aide médicale à la Grenade et d’autres nations des Caraïbes et ailleurs pendant cette pandémie.  Dans l’environnement mondial actuel, nous devons être toujours plus conscients du fait que l’intégration au processus de l’économie mondiale est « vitale », a conclu le Ministre.

M. JEROME X. WALCOTT, Ministre des affaires étrangères de la Barbade, a évoqué un monde en crise et en «  perte de repères moraux  ».  Il a énuméré les injustices raciales structurelles, le terrorisme, la traite des êtres humains et les autocraties, qui ont le vent en poupe, et fustigé « certains pays » qui ont une « appétence pour l’unilatéralisme ».  Faute d’équilibre, le monde perd pied, a-t-il souligné.  Le déséquilibre est évident quand on se penche sur les problèmes d’allégement de la dette, des moratoires, des refinancements et des dons.  Les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays d’Afrique sont à la peine: des maux hérités de leur indépendance, a-t-il déploré.   

Quant à la catégorisation des États Membres, M. Walcott a évoqué « un attelage fallacieux  » fondé sur un revenu par habitant qui n’a pas grand-chose à voir avec le quotidien des Barbadiens.  Il a donc préconisé le traitement de la dette par des mesures novatrices.  Dans le domaine fiscal, le Ministre a fustigé les « listes noires » qui constituent « une ingérence », une entrave économique et une violation de la souveraineté nationale et du droit légitime du pays de mettre sur pied son propre système fiscal.  

Les changements climatiques, a poursuivi le Ministre, sont une autre manifestation du « déséquilibre mondial »: 60% des récifs coralliens viennent de disparaître.  La Barbade, quant à elle, a pris l’engagement de parvenir à zéro émission d’énergie fossile d’ici à 2030, a affirmé le Ministre.  

La COVID-19 a constitué un « orage parfait », a-t-il estimé, puisqu’elle a remis en question tous les progrès accomplis pour réaliser le Programme 2030. Appuyant l’appel de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) pour la mise en place d’un « indice de vulnérabilité » qui reprogrammerait l’accès aux capitaux et le règlement de la dette, le Ministre a aussi dit appuyer la création d’un mécanisme de prêt à conditions préférentielles pour aider les pays d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes à accéder aux prêts et aux investissements.  La renaissance de l’économie barbadienne se fera dans la douleur: des arbitrages entre les différents acteurs du tourisme et des transports seront nécessaires dans les prochaines années, a prévenu M. Walcott.  

M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des affaires étrangères du Cameroun., a mis en garde contre le fait que le nationalisme peut parfois séduire, alors que les problèmes de notre temps sont de nature transnationale, comme le réchauffement climatique, les migrations et le terrorisme, qui ne peuvent être combattus que par la coopération internationale.  Le Cameroun souhaite que, dans ce monde globalisé, une attention particulière soit portée à la manipulation de l’opinion publique, et de manière singulière à la dissémination de fausses informations par les réseaux sociaux.  Au-delà des déclarations de bonne volonté, M. Mbella s’est dit d’avis que l’atteinte des objectifs de développement durable dépend aussi de la façon dont chaque membre de la communauté internationale assume ses responsabilités.  En dépit de ses moyens limités, le Cameroun s’efforce de progresser dans le sens de l’éradication de la pauvreté, de la promotion de l’état de droit et de l’amélioration de la qualité de l’éducation, a-t-il assuré.

M. Mbella a rappelé que plus de 70 missions de maintien de la paix sont assurées par l’ONU pour soutenir les processus de paix en engageant, entre autres, des opérations de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de rapatriement, d’observation de cessez-le-feu ou de maintien de l’ordre public.  La collaboration accrue entre les Nations Unies et d’autres instances multilatérales dans ces domaines va dans le sens du progrès du multilatéralisme, a-t-il souligné, et c’est notamment le cas de l’Union africaine avec laquelle des missions conjointes ont été déployées.  En tant que contributeur de troupes aux opérations l’ONU, le Cameroun a montré un engagement constant en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales, a rappelé M. Mbella.  Il s’est félicité de ce que les missions onusiennes prennent en compte désormais l’impact des changements climatiques sur la sécurité et a regretté que certains persistent à nier leur existence alors même qu’ils représentent une menace sérieuse pour la vie humaine.

Parce que la paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais aussi l’accès à la nourriture et aux services de base, le Cameroun souhaite qu’une plus grande attention soit portée à la question du développement.  À l’heure où de nombreux pays en développement, en Afrique et ailleurs, luttent contre la pauvreté, il serait important, selon M. Mbella, que les marchés des pays développés soient davantage ouverts.  L’objectif du Cameroun est de parvenir à une société dans laquelle les besoins fondamentaux de tous sont satisfaits, notamment leur sécurité alimentaire, a -t-il précisé, et c’est dans cet esprit que le Cameroun a adopté sa stratégie nationale de réduction de la pauvreté dont la mise en œuvre souffre des exactions commises par la secte Boko Haram dans sa partie septentrionale.

Ces difficultés se sont ajoutées à la crise sociopolitique dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun où des bandes armées terrorisent les populations, a expliqué M. Mbella.  L’action du Gouvernement, qui vise à protéger celles-ci et à rétablir les conditions d’une vie normale dans les zones concernées, a commencé à porter ses fruits, a assuré l’orateur pour lequel un retour progressif au calme est en perspective.  Son gouvernement est déterminé à poursuivre son action en s’appuyant sur les principes de l’état de droit, des droits de l’homme, ainsi que sur les efforts visant à éradiquer toutes les formes de discrimination, d’exploitation et d’injustice.

Ainsi, privilégiant la concertation, le Gouvernement a organisé « avec succès » un grand dialogue national en vue de traiter, entre autres, des causes profondes de la crise dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest.  Ces débats ont permis l’adoption de la loi sur la décentralisation qui octroie notamment un statut spécial aux régions du nord-ouest et du sud-ouest, a expliqué M. Mbella, et la mise en œuvre d’un plan de reconstruction et de développement de ces régions.  Plaidant en faveur d’un multilatéralisme authentique, M. Mbella a appelé à la revitalisation de l’Assemblée générale et à la réforme du Conseil de sécurité où l’Afrique devrait se voir octroyée deux sièges permanents, avec tous les droits associés, et deux sièges non permanents « pour réparer une injustice historique ».

Pour M. CRAIG J. HAWKE, (Nouvelle-Zélande), l’interdépendance de son pays avec les autres nations n’a jamais été plus évidente que pendant la pandémie de COVID-19.  Pour vaincre ce virus à l’échelle mondiale, il a appelé la communauté internationale à mettre en commun ses meilleures idées, à penser de manière innovante et à partager ses ressources.  Nous devons nous investir et nous faire confiance, a déclaré le représentant, avant de rappeler que la Nouvelle-Zélande soutient l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le rôle qu’elle a joué dans la coordination d’une réponse rapide.  Le système international a bien réagi pour faire face aux premiers impacts de la COVID-19 sur la santé, l’humanitaire et le développement, mais la nécessité d'une coopération internationale va au-delà.

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, nous devons travailler ensemble pour développer et distribuer équitablement les futurs vaccins.  Pour y parvenir, la Nouvelle-Zélande a rejoint la plateforme COVAX.  Une fois un vaccin trouvé et distribué, il va falloir encore travailler ensemble pour une reprise économique mondiale qui protège les plus vulnérables et respecte et promeut les droits humains de tous, a déclaré M. Hawke avant de renouveler l’engagement de son pays en faveur du Programme 2030. Il a également appelé à se rallier à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.  Dans le Pacifique, les effets socioéconomiques de la pandémie ont été et continueront d’être particulièrement préjudiciables, a-t-il expliqué puisque de nombreux petits États insulaires en développement dépendent du secteur du tourisme qui a été gravement touché par la fermeture des frontières.  La communauté internationale doit veiller à ce que des financements concessionnels appropriés soient mis à la disposition des PEID pour soutenir leur relèvement de ce choc économique, a demandé le représentant. 

« Comme dans toutes les crises, il y a des opportunités », la Nouvelle-Zélande a appelé la communauté internationale à reconstruire en mieux, à repenser la manière dont nos économies peuvent fonctionner pour le plus grand nombre, à se concentrer sur les plus vulnérables et à bâtir des sociétés plus résilientes aux changements climatiques. « Beaucoup de choses que j’ai dites à propos de la COVID-19 s’appliquent également aux changements climatiques, mais il n’y aura pas de vaccin contre les changements climatiques », a mis en garde M. Hawke, alors que cette menace est plus réelle dans le Pacifique que dans toute autre région du monde.  L’élévation du niveau de la mer constitue une menace extrême pour de nombreuses îles du Pacifique qui paient le prix de « notre inaction collective » et dont le destin est entre « nos mains ».  Les Nations Unies et ses États Membres doivent prendre des décisions politiques et prendre des engagements pour protéger leur avenir.  La pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris est essentielle, a-t-il tranché appelant à une « réinitialisation globale » vers une économie plus verte.  Nous devons arrêter les subventions aux combustibles fossiles et détourner ces milliards de dollars vers la transition vers la production d’énergie propre, a exigé le représentant, appelant dans la foulée à se pencher sur l’importance cruciale que joue la biodiversité pour assurer le bien-être des populations, de l’économie et de l’environnement.  Enfin, rappelant que les trois principaux postes constitutionnels sont tous occupés par des femmes en Nouvelle-Zélande, qui a aussi sa troisième femme Premier Ministre, M. Hawke a dit que son pays est fier de ses progrès, mais conscient de l’écart persistant.  Dès lors, la Nouvelle-Zélande s’est engagée de nouveau à achever le travail inachevé du Programme d’action de Beijing et à honorer les engagements pris à Pékin, il y a 25 ans.  « La réalisation de l’égalité des sexes est la responsabilité de tous.  Elle est tout simplement non négociable et nous ne nous reposerons pas tant que cela n’aura pas été atteint », a conclu le représentant.

M. KIM SONG (République populaire démocratique de Corée) a constaté que la pandémie de COVID-19 s’aggrave et a appelé les gouvernements à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités.  Il a affirmé que grâce aux efforts de son gouvernement, qui a placé l’être humain au cœur de son action, la situation épidémiologique est sous contrôle.  Le Président Kim Jong Un a veillé à l’adoption de mesures de prévention et l’état d’urgence restera en vigueur jusqu’à l’élimination « complète » du danger que représente la pandémie. 

Le représentant a déploré que la menace nucléaire qui pèse sur son pays ne diminue pas et que les actes hostiles se poursuivent.  Du matériel militaire de pointe et des combattants « silencieux » continuent de se déverser dans la péninsule, multipliant « les frappes en tout genre » contre la RPDC.  Le représentant a dénoncé la prévalence de l’unilatéralisme dans le monde, soulignant que seules des mesures de dissuasion « fiables et efficaces » permettront d’assurer la sécurité de la péninsule. 

M. Song a aussi insisté sur l’importance d’un environnement favorable à la reconstruction économique de la RPDC, « mais pas au prix de notre dignité ».  Le Président Kim Jong Un, a-t-il prévenu, compte surmonter les difficultés de la construction socialiste, en les affrontant « avec audace » sur la base de l’autonomie de la RPDC.  Le représentant n’a pas manqué de se féliciter de l’inauguration de l’hôpital général de Pyongyang.  

Mais, a-t-il répété, des forces hostiles tentent de nous empêchent d’avancer, sans savoir qu’au contraire, elles intensifient notre lutte pour se frayer un chemin vers la prospérité, a martelé le représentant.  Le multilatéralisme est la condition sine qua non de la paix, de la sécurité et du développement durable, a-t-il souligné, ajoutant que l’époque où un seul pays pouvait imposer sa volonté au monde est révolue.  Il a appelé l’ONU à faire preuve de tolérance zéro à l’égard des manœuvres unilatérales et à se débarrasser de la partialité dans son travail. 

Le délégué a rejeté le blocus imposé à Cuba, qu’il a qualifié de « génocide économique ».  Il a aussi appuyé les efforts du peuple syrien pour reprendre le Golan syrien, occupé par Israël; la juste cause du peuple palestinien, et la lutte du peuple vénézuélien contre l’ingérence étrangère. 

M. YOWERI KAGUTA MUSEVENI, Président de l’Ouganda, a déclaré que, face à la pandémie de COVID-19, son gouvernement a combiné les tests systématiques, traçage, mise en quarantaine et traitement, avec des restrictions de mouvement et de contact.  Nous avons conjugué tout cela avec une vaste campagne de sensibilisation, a-t-il précisé, tout en faisant part du renforcement du système de santé, conforme à l’engagement en faveur de la couverture sanitaire universelle.  Grâce à ces décisions « délibérées et ciblées », l’Ouganda a été en mesure de prévenir une propagation massive du virus dans le pays, s’est-il félicité.

La crise de COVID-19, a poursuivi M. Museveni, a montré à quel point notre monde est devenu interconnecté et interdépendant.  Nous devons embrasser les technologies numériques pour la production et les services, dont les services publics.  En Ouganda, s’est enorgueilli M. Museveni, les usines de vêtements fabriquent des masques, les universités, des respirateurs et les raffineries de sucre, du désinfectant pour les mains.  L’Ouganda a d’ailleurs enregistré de réels progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Mon pays, a dit M. Museveni, a adopté son troisième Plan de développement sur le thème « Industrialisation durable pour une croissance inclusive, l’emploi et la création de richesses ». 

Ce Plan met l’accent sur les interventions clefs dans les grandes catégories de la transformation, y compris la protection de l’environnement, la gouvernance et l’industrialisation, en étroite collaboration avec les partenaires au développement et d’autres parties prenantes concernées.  Le plan, a ajouté M. Museveni donne la priorité à l’abandon de l’approche « en silo » pour ce qui est de la prestation des services et renforce les synergies entre les secteurs dans la mise en œuvre des priorités et politiques nationales de développement durable.

Alors que l’Ouganda continue de subir des sécheresses prolongées et la fonte des glaciers du Mont Ruwenzori, sans compter les inondations, les précipitations irrégulières et les glissements de terrain, le Gouvernement continuera d’investir dans des mesures d’adaptation et d’atténuation lesquelles comprennent l’élargissement de l’accès à l’énergie propre et la protection de la couverture forestière et des zones humides.  Nous demandons donc instamment aux pays développés d’honorer leur engagement financier, conformément à l’Accord de Paris et de fournir 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, a insisté M. Museveni.

Après 75 ans d’existence, la nécessité de réformer le Conseil de sécurité est plus urgente et impérative que jamais.  Les réalités géopolitiques actuelles, telles que la pandémie sanitaire mondiale, sont des raisons impérieuses d’une réforme globale de ce Conseil, a plaidé M. Museveni.  Les questions africaines dominent l’ordre du jour et pourtant le continent reste la seule région sans représentation dans la catégorie des membres permanents et sous-représenté dans celle des non-permanents.  Nous devons faire preuve de volonté politique pour réparer l’injustice historique faite à l’Afrique.  Nous demandons donc instamment à tous les États Membres d’œuvrer à des progrès dans la réforme « globale » du Conseil de sécurité, a conclu M. Museveni.

M. KOKOU KPAYEDO, (Togo), a déclaré que l’année 2020 restera sans nul doute, parmi les années les plus difficiles, eu égard à la crise de santé publique liée à la Covid-19.  La tragédie humaine qui en découle met à rude épreuve le multilatéralisme et nous interpelle quant à notre détermination à agir ensemble pour contenir ce fléau.  Notre succès à juguler cette crise de la pandémie de COVID-19 dépendra de notre volonté à unir nos efforts afin d’inverser la tendance et éviter que nos populations ne retombent dans l’extrême pauvreté.  Notant que la pandémie de COVID-19 a ralenti la réalisation des objectifs de développement durable, notamment la santé, la faim et le travail décent, le représentant a jugé indéniable que la communauté internationale doit agir dans une approche concertée, globale et cohérente, pour trouver des réponses adéquates à cette pandémie.  Il a salué la riposte globale du système des Nations Unies.

Il a jugé indispensable que l’accès au futur vaccin contre la COVID-19 soit équitable, abordable et affranchi des lois du marché.  Dans ce contexte, il s’est réjoui de l’adoption d’une résolution par la soixante-treizième Assemblée générale de l’OMS, par laquelle les États Membres ont prévu que tout accès à ce vaccin et d’autres médicaments connexes sera rapide et équitable, de qualité, sûr et abordable pour tous.  Mon pays se félicite également du Mécanisme COVAX lancée par l’OMS qui est un mécanisme de groupement des achats, coordonné par l’Alliance GAVI pour les nouveaux vaccins anti-Covid-19, qui garantira à chaque pays participant, un accès juste et équitable aux vaccins grâce à un cadre d’allocation que l’OMS entend mettre sur pied.

Par ailleurs, le représentant a indiqué que l’Union africaine (UA) a mis en œuvre une stratégie de lutte et de prévention recommandée par le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CCPM-Afrique) qui est estimée à plus de 200 milliards de dollars.  Elle a mis en place une Plateforme africaine de fournitures médicales (AMSP) qui vise à mobiliser des produits et matériels nécessaires contre la COVID-19.  Il a cité un partenariat entre les Nations Unies et l’Union africaine pour relever les défis qu’impose la pandémie.  Il a espéré que l’appel du Secrétaire général aux dirigeants du G20 à adopter un plan de relance en faveur des pays en développement ainsi que les appels à la suspension et à l’annulation de la dette, seront suivis d’effet.  Le représentant a aussi décrit les efforts nationaux dont la création du Fonds national de solidarité et de relance économique doté de 400 milliards de FCFA, soit environ 665 millions de dollars.

M. KENNEDY GASTORN (République-Unie de Tanzanie) a dit apprécier toutes les initiatives de l’ONU face à la pandémie, y compris le partage des pratiques exemplaires.  Au niveau national, le Gouvernement a pris des mesures « concertées et décisives » pour atténuer et prévenir la propagation de la COVID-19 et, aujourd’hui, toutes les activités socioéconomiques ont repris leur cours normal, a assuré le représentant.   

Malgré ce succès, les effets néfastes de la pandémie en Tanzanie et dans le monde en général sont « patents ».  S’il a exprimé sa gratitude aux partenaires au développement de son pays, le représentant a en revanche appelé les institutions financières internationales à concevoir des mécanismes pour compléter les efforts des pays les moins avancés et des pays en développement, et ce, « sans condition ».  M. Gastorn a pris pour exemple « les nouvelles mesures d’allégement de la dette » pour permettre à ces pays de relancer leur économie plus rapidement. 

Contributrice de troupes aux opérations de paix de l’ONU, avec 2 303 Casques bleus actuellement déployés dans six missions, la Tanzanie, a dit le représentant, est convaincue que la paix et la sécurité sont la pierre angulaire du développement socioéconomique. 

Dans le contexte de la mise en œuvre du Programme 2030, l’économie nationale croît à un taux de 6,9%, contre 6,2% en 2015.  Mais la COVID-19 a réduit les prévisions de croissance à 5,5%.  Le représentant a donc réclamé une aide internationale pour soutenir cette croissance.  

Il a tout de même retenu de cette année un point positif: la Banque mondiale a annoncé, le 1er juillet, le retrait de la Tanzanie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) à celui de pays à revenu moyen inférieur, cinq ans avant la date prévue par le Plan national de développement.  

La crédibilité des Nations Unies, a conclu le représentant, repose sur « un Conseil de sécurité bien représenté et réactif  », a souligné M. Gastorn qui a de nouveau fait sienne la position commune africaine sur la réforme du Conseil, telle qu’élaborée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  M. Gastorn a enfin appelé à la levée de toutes les mesures coercitives unilatérales imposées au Zimbabwe, « afin d’ouvrir la voie à la transformation socioéconomique et au développement économique du pays ».   

Déclaration de clôture

M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, s’est félicité d’une session « substantielle et exceptionnelle ».  Pour la première fois, dans l’histoire de cette Organisation, les dirigeants du monde ne se sont pas présentés en personne mais cela n’a pas empêché le multilatéralisme de fonctionner au plus haut niveau.  Les chefs d’État et de gouvernement, et les Ministres ont présenté un ordre du jour complet qui, non seulement appuie mes priorités, a dit le Président, mais éclaircit aussi les directives sur les mesures à prendre pour relever les défis du monde actuel.  Le fait que tant de dirigeants du monde aient fait des déclarations à l’Assemblée témoigne du pouvoir et de la pertinence des Nations Unies, a estimé le Président. 

Aucune autre plateforme, s’est-il expliqué, n’a ce « pouvoir de convocation ».  Aucun autre ogane n’a le potentiel de traiter des défis mondiaux.  Par leur présence virtuelle, a poursuivi le Président, nos dirigeants politiques ont démontré leur egagement en faveur du multilatéralisme et des Nations Unies.  Beaucoup ont reconnu, a insisté le Président, que le multilatéralisme est le système le plus efficace pour s’attaquer aux défis mondiaux comme la pandémie ou les changements climatiques.  Le Président a remercié les orateurs pour leur appui à un ordre international fondé sur les règles et ancré dans la Charte des Nations Unies.  Il a aussi dit avoir pris note des appels forts à une ONU réformée et plus efficace, adaptée aux réalités du siècle et capable d’offrir l’avenir que nous voulons.  

Comme preuve de l’attachement au multilatéralisme, le Président a cité l’adoption unanime de la Déclaration sur la commémoration du soixante-quinzième anniversairede de l’ONU.  Une chose est claire, a dit le Président: nous sommes plus forts ensemble.  Ce que les peuples du monde attendent de nous c’est une plus grande solidarité, une coopération et une coordination plus fortes et des nations plus unies.  Durant son mandat, le Président a promis de se concenter sur les systèmes d’alerte précoce et sur la prévention des crises sanitaires.  Il a aussi promis de travailler à l’inclusivité dans les approches de la crise et à veiller à l’équité dans l’accès aux futurs vaccins.  Il s’est dit heureux des appels à saisir cette occasion pour « reconstruire en mieux » et en l’occurrence, il a salué l’appui unanime au Progamme 2030 et à la Décennie d’action.  Il n’a pas oublié de demander aux États d’intensifier leurs efforts climatiques avant la COP 26 à Glasgow.  Le Président n’a pas non plus voulu conclure sans appuyer l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu pendant la pandémie.  Il s’est également attardé sur les efforts attendus pour parvenir à l’égalité des sexes et à une participation effective de la société civile au travail de l’ONU.  

Droits de réponse 

Le Bangladesh a réagi à l’intervention du Myanmar, en dénonçant une nouvelle série de mensonges, dont les allégations selon lesquelles le pays accueillerait « des terroristes en provenance du Myanmar ».  Il a souligné que la question rohingya n’est pas une question « bilatérale mais une question interne au Myanmar ».  C’est là qu’elle doit être résolue, a insisté le Bangladesh.  Les conditions au Myanmar, a-t-il accusé, sont telles qu’aucun réfugié rohingya ne veut y retourner.  Le Bangladesh a appelé le Myanmar à ouvrir l’État rakhine aux médias pour que chacun puisse y constater la situation.  Il a rappelé qu’il a organisé à deux reprises un processus de rapatriement mais qu’aucun Rohingya n’en a profité, craignant pour sa vie.  Qui sont les 350 personnes qui seraient retournées au Myanmar comme le prétend le Gouvernement du Myanmar?  Sait-on où elles se trouvent? a lancé le Bangladesh, avant d’appeler le Myanmar à lever les obstacles au retour volontaire des Rohingya.  Le Bangladesh a affirmé qu’il prêt à dialoguer avec le Myanmar sur la question du rapatriement des Rohingya. 

À son tour la République islamique d’Iran a estimé que le Premier Ministre israélien a proféré des accusations injustifiées.  Une « pratique normale pour Israël », dont l’objectif est de « détourner l’attention de ses crimes envers la population palestinienne ».  L’Iran a dénoncé « la nature criminelle et expansionniste de ce régime » qui viole le droit international et fait fi des résolutions du Conseil de sécurité.  Il a dénoncé un régime qui continue de violer la dignité et les droits fondamentaux du peuple palestinien et d’autres peuples arabes, sous son joug.  Le régime israélien, a accusé l’Iran, poursuit ses activités de colonisation et d’annexion, et renforce encore son occupation militaire.  Dans le même temps, l’étouffant blocus de Gaza ne fait qu’exacerber la crise humanitaire et musèle la population palestinienne.  Au niveau international, l’occupation du Golan occupé et les ingérences israéliennes multiples dans la région ont mis en péril l’équilibre régional.  Israël, a dénoncé l’Iran, refuse toujours d’adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et continue d’hypothéquer la création d’une zone exempte d’arme nucléaire tel que l’Iran l’a proposé dès 1974.  

  Malgré nos activités nucléaires pacifiques sous le contrôle strict de l’AIEA, nous sommes présentés comme « une menace », s’est étonné l’Iran pour qui c’est Israël la véritable menace nucléaire.  Avec l’appui « discriminatoire » des États-Unis, le Conseil de sécurité, a encore accusé l’Iran, ferme les yeux sur des crimes et des mesures illégales, donnant à Israël  « plus d’audace encore » pour agir dans l’impunité la plus totale.  Compte tenu des mesures brutales prises contre la Palestine et la région, la communauté internationale doit faire cesser les activités « illégales et inhumaines » d’Israël, a martelé l’Iran. 

Quant à l’intégrité territoriale, l’Iran a répondu aux Émirats arabes unis que les trois îles sont bien « une partie intégrante du territoire iranien ». Toutefois, nous proposons le dialogue pour dissiper tout malentendu, a affirmé l’Iran.  

Les Émirats arabes unis (EAU) ont répondu aux allégations de l’Iran, en réaffirmant que les trois îles de Petite Tomb, Grande Tomb et Abou-Moussa font intégralement partie de leur territoire national.  Ils ont renouvelé l’invitation à régler pacifiquement cette question par des négociations directes ou par le biais de la CIJ.  Les EAU ont dénoncé le non-respect par l’Iran de la résolution 2231 et estimé que la communauté internationale doit prendre les mesures qu’il faut pour contrer les agissements de l’Iran.  C’est l’Iran, ont ajouté les Émirats arabes unis, qui soutient les Houthistes au Yémen alors que nous, dans le cadre de la Coalition, ne prenons que des dispositions pour offrir un avenir meilleur au peuple yéménite.  En Libye, ont-ils aussi souligné, nous soutenons le règlement politique, sous l’égide des Nations Unies.  

Le Myanmar a regretté les fausses accusations du Bangladesh, affirmant qu’il est clair que ce Gouvernement a tenté d’entraver le processus de rapatriement et il doit aussi reconnaître que la présence de certains éléments dans les camps représente une menace pour le Myanmar.  Le pays a appelé le Bangladesh à agir de bonne foi, déplorant qu’il cherche à promouvoir une action internationale contre lui, notamment l’imposition de sanctions.  Le Myanmar a appelé le Bangladesh à cesser de le diaboliser, soulignant que la coopération bilatérale est le seul moyen de régler la question du rapatriement.  

Le conflit avec l’Arménie a commencé dès 1987, a rappelé l’Azerbaïdjan, arguant que les revendications arméniennes sont sans « fondement, cruelles et violentes ».  L’Arménie, a-t-il accusé, a procédé à un « nettoyage ethnique complet » et ses tentatives de réunification du Haut-Karabagh sont « illégales ». Le Conseil de sécurité, a rappelé l’Azerbaïdjan, a déjà condamné le recours à la force.  Des résolutions ont été adoptées après la déclaration unilatérale d’indépendance par les forces extrémistes arméniennes.  Ces prétentions ont déjà été invalidées une fois pour toutes et le statut du Haut-Karabagh est « sans équivoque », a souligné l’Azerbaïdjan, en rejetant « les spéculations arméniennes sans aucun fondement ».  

Il a balayé d’un revers de main les soupçons d’une «  soi-disant arménophobie ».  Le 27 septembre 2020, ce sont les forces armées de l’Arménie qui ont frappé les forces azerbaidjanaises à coups d’armes lourdes et de mortiers, en  violation flagrante du droit international.  Même les hôpitaux n’ont pas été épargnés, s’est indigné l’Azerbaïdjan qui a exigé de l’Arménie « le retrait immédiat, complet et sans conditions » de tous les territoires occupés de l'Azerbaïdjan. 

L’Arménie a répondu à la déclaration « sans fondement » de l’Azerbaïdjan qui ne vise qu’ à dissimuler son agression militaire contre le peuple du Haut Karabagh.  L’Azerbaïdjan a frappé des lieux habités et des écoles, tuant quatre civils, a affirmé l’Arménie pour laquelle l’Azerbaïdjan n’a jamais fait de secret de son objectif de récupérer les territoires par la force.  Ce pays, a accusé l’Arménie, a bloqué les corridors humanitaires et effectué des survols aériens « provocateurs » le long de la ligne de contact, tout en refusant une nouvelle fois la mission d’observateurs de l’OSCE.  

Après les derniers exercices militaires conjoints entre l’Azerbaïdjan et la Turquie, le matériel militaire turque est resté.  La Turquie, a accusé l’Arménie, a ouvertement appuyé l’Azerbaïdjan le 27 septembre dans son attaque dans le Haut-Karabagh.  L’Arménie s’est est dite prête à accepter l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial immédiat mais cela suppose le plein engagement de toutes les parties au conflit.  Or, l’Azerbaïdjan a rejeté cet appel, a affirmé l’Arménie, en faisant porter à ce dernier la pleine responsabilité de l’agression militaire dans le Haut Karabagh.  Nous défendrons, a assuré l’Arménie, le droit du peuple de cette enclave à l’autodétermination et nous condamnons l’intervention militaire de l’Azerbaïdjan qui risque de causer une guerre de grande ampleur dans la région. 

Reprenant la parole, l’Iran a de nouveau souligné que les îles d’Abu Moussa, de la Grande Tomb et de la Petite Tomb, sont une partie intégrante de son territoire.  Après presque six ans d’agression au Yémen, a-t-il poursuivi, les Émirats arabes unis s’efforcent de détourner l’attention de tous les crimes qu’ils commettent.  Aucune campagne de diffamation ne peut cacher l’utilisation par les Émirats arabes unis de la famine comme tactique de guerre au Yémen. 

Les Émirats arabes unis a, une nouvelle fois, souligné que les trois territoires sont des îles Émiraties, sous occupation.  S’agissant du Yémen, ils ont noté que la Coalition y est intervenue après un appel officiel des autorités yéménites.  Ils ont plutôt dénoncé les agissements de l’Iran, assurant appuyer les appels de l’Envoyé spécial du Secrétaire général. 

À son tour, le Yémen a dénoncé les allégations de l’Iran qui, a-t-il affirmé, continue d’appuyer sa déstabilisation pour servir son expansionnisme régional.  L’Iran fournit des armes aux milices houthistes pour tuer des civils sur le sot yéménite et en Arabie saoudite, a décrié le Yémen, qui a dit s’appuyer sur des rapports de l’ONU. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: dans un monde déstabilisé par la pandémie, les États critiquent le manque d’unité et d’efficacité de la communauté internationale

Soixante-quinzième session,
12e & 13e séances, Matin & après-midi
AG/12272

Assemblée générale: dans un monde déstabilisé par la pandémie, les États critiquent le manque d’unité et d’efficacité de la communauté internationale

La paralysie de la diplomatie en ces temps de pandémie de COVD-19 a continué de préoccuper les délégations au cinquième jour du grand rendez-vous qu’est le débat général de l’Assemblée générale, organisé virtuellement cette année.  Après neuf mois de lutte contre le virus, la notion même de communauté internationale est « franchement, plutôt en lambeaux  », s’est désolé le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Boris Johnson.  Où est l’ONU dans cette lutte commune contre la pandémie?  Où est l’efficacité de sa réponse? S’est demandé le Premier Ministre de l’Inde, M. Narendra Modi.  

Si la COVID-19 a uni l’humanité comme jamais auparavant, elle a surtout été une « force extraordinaire de division », a résumé le Premier Ministre britannique.  Il est « absurde », et à bien des égards, « scandaleux », que cet ennemi « microscopique » ait mis en déroute la communauté de la race humaine, s’est indigné M. Johnson.  «  Nous ne devons plus jamais mener 193  campagnes différentes contre le même ennemi  », a plaidé M. Johnson.  Pourquoi ne pas profiter de la situation  pour changer la donne  et oublier « les différends inutiles  »  entre multilatéralistes et unilatéralistes? a préconisé le Ministre fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche, M. Alexander Schallenberg. 

Face à une pandémie qui a exacerbé les vulnérabilités climatiques des pays du Sud en général, comme le Sénégal, le Bangladesh et plus particulièrement, les petits États insulaires, le Premier Ministre des Bahamas, M. Hubert Alexander Minnis, dont le pays a subi en 2018, avec l’ouragan Dorian, « la plus grande tempête de l’histoire de l’Atlantique », a demandé, une nouvelle fois, aux institutions financières internationales d’instituer «  un indice de vulnérabilité  ».   Cet appel a été relayé par les Fidji et Vanuatu, frappés par des cyclones de niveaux 4 et 5 au mois d’avril.  Le Premier Ministre de Samoa, M. Tuilaepa Sailele Malielegaoi, a exigé que cesse immédiatement «  la procrastination climatique  », au risque d’annihiler toute possibilité de stabiliser le climat de la planète.  

Les petits États insulaires ont tout de même apporté quelques bonnes nouvelles: le Premier Ministre des Îles Salomon, M. Manasseh Sogavare a annoncé que son pays reste l’une des 12 nations sans cas de COVID-19.  Son homologue de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Timothy Harris, a parlé d’un pays qui a enregistré un faible taux d’infection et aucun décès.  Grand État insulaire, Madagascar, par la voix de son Premier Ministre, M. Christian Ntsay, a vanté le « Covid-Organics (CVO)  » qu’il a décrit comme un « remède traditionnel amélioré pour lutter efficacement » contre le virus.  

Pour la trentaine de délégations qui sont intervenues à l’Assemblée aujourd’hui, la priorité a tout de même été la recherche d’un vaccin sûr et efficace et son accès « équitable et abordable ».  Le vaccin attendu dans les prochains mois sera-t-il disponible pour tous les peuples du monde ou seule comptera la vie des riches? s’est en effet inquiété le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les  Grenadines, M. Ralph Gonsalves.  

Il serait vain, a prévenu son homologue britannique, ex-patient de la COVID-19, de voir dans la quête d’un vaccin une course à des bénéfices « étroits et immoraux » servie par « des moyens sournois  ».  Pour M. Boris Johnson, comme pour l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qu’il a défendue, notre santé dépend de l’accès « du monde entier » à un vaccin sûr et efficace.  Au Royaume-Uni, où le vaccin de l’Université d’Oxford est au stade 3, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir, a-t-il promis. 

Outre la recherche d’un vaccin, la pandémie, a estimé le Premier Ministre de la Suède, M. Stefan Lofven, est aussi l’occasion de s’attaquer collectivement à d’autres défis mondiaux, dont le creusement des inégalités, l’aggravation des violations du droit international et, bien sûr, les menaces à la paix internationale. 

Le Premier Ministre malaisien Muhyiddin Mohd Yasa a en effet dénoncé « les atrocités  » commises contre les Rohingya dans l’État rakhine, au Myanmar, rappelant qu’elles ont provoqué une migration massive aux « répercussions importantes » sur son pays et États pays voisins.  Le Bangladesh a, a rappelé sa Première Ministre, Mme Sheikh Hasina, a accueilli plus de 1,1 million de ressortissants du Myanmar mais après plus de trois ans, pas un seul Rohingya n’a été rapatrié.  « Le problème a été créé par le Myanmar et la solution doit être trouvée par le Myanmar  », a tranché Mme  Hasina qui a demandé à la communauté internationale de s’impliquer. 

Une autre situation vulnérable a été mise en avant par la Première Ministre de la Norvège: les quelque 500 000 marins dans le monde qui attendent d’être autorisés à débarquer ou à embarquer, en raison de la pandémie.  Mme Erna Solberg a plaidé pour que les gens de mer soient reconnus comme « travailleurs essentiels ».  

Une nouvelle fois, le rôle « central » de l’ONU dans l’atténuation de la crise sanitaire et les efforts pour reconstruire en mieux a été souligné.  La foi et le respect dont jouit l’ONU auprès de 1,3 milliard d’Indiens sont sans précédent, a affirmé le Premier Ministre de l’Inde, M. Modi.  Mais le peuple indien attend depuis longtemps que le processus de réforme de l’ONU soit mené à bien : « pendant combien de temps l’Inde sera-t-elle tenue à l’écart des structures décisionnelles de l’Organisation? » s’est-il impatienté.   

L’Assemblée générale poursuivra son débat général le mardi 28 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. NARENDRA MODI, Premier Ministre de l’Inde, a rappelé qu’au cours des derniers mois, le monde entier avait lutté contre la pandémie du coronavirus.  Où est l’ONU dans cette lutte commune contre la pandémie?  Où est sa réponse efficace? a-t-il demandé. 

La foi et le respect dont jouit l’ONU parmi le 1,3 milliard d’habitants de l’Inde sont sans précédent, a reconnu M. Modi.  Mais le peuple indien attend depuis longtemps que le processus de réforme de l’ONU soit mené à bien.  « Pendant combien de temps l’Inde sera-t-elle tenue à l’écart des structures décisionnelles de l’ONU? » a-t-il demandé. 

Le Premier Ministre a rappelé que l’Inde était la plus grande démocratie du monde.  C’est un pays qui compte plus de 18% de la population mondiale.  Un pays avec des centaines de langues et de dialectes, de nombreuses sectes et idéologies.  Un pays qui a été une économie mondiale de premier plan pendant des siècles.  « Quand nous étions forts, nous n’avons jamais été une menace pour le monde; quand nous étions faibles, nous ne sommes jamais devenus un fardeau pour le monde », a résumé M. Modi. 

L’Inde a également envoyé ses soldats dans une cinquantaine de missions de maintien de la paix dans le monde, a rappelé le Premier Ministre.  « Aujourd’hui, tout Indien, tout en voyant la contribution de l’Inde à l’ONU, aspire au rôle élargi de l’Inde aux Nations Unies », a insisté le Premier Ministre. 

L’Inde a toujours pensé aux intérêts de l’humanité tout entière et non à ses propres intérêts, et cette philosophie reste le moteur des politiques du pays, a assuré M. Modi, qu’il s’agisse de ses relations de voisinage ou de sa politique « Agir à l’Est », en passant par l’idée de sécurité et de croissance pour tous dans la région, ou ses points de vue sur la région indopacifique. 

À partir de janvier 2021, l’Inde s’acquittera également de ses responsabilités en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, a rappelé le Premier Ministre.  L’Inde parlera toujours en faveur de la paix, de la sécurité et de la prospérité, a-t-il assuré.  Mais elle « n’hésitera pas à élever sa voix contre les ennemis de l’humanité, de la race humaine et des valeurs humaines - parmi lesquels le terrorisme, la contrebande d’armes illégales, la drogue et le blanchiment d’argent », a prévenu M. Modi. 

Le Premier Ministre a ensuite expliqué que, suivant le mantra « Reform-Perform-Transform », l’Inde avait consacré de grands efforts à transformer la vie de millions de ses ressortissants.  En à peine quatre à cinq ans, l’Inde a permis à plus de 400 millions de personnes d’accéder au secteur financier formel, a-t-il souligné.  Dans le même temps, 600 millions de personnes ont été libérées de la défécation à l’air libre.  Et en à peine deux à trois ans, plus de 500 millions de personnes ont pu obtenir des services de santé gratuits. 

Aujourd’hui, s’est enorgueilli M. Modi, l’Inde est l’un des leaders des transactions numériques.  Un vaste projet de connexion de 600 000 villages à la fibre optique à large bande a été lancé il y a quelques jours à peine.  Le pays a également lancé une campagne ambitieuse pour une Inde sans tuberculose d’ici à 2025 et met en œuvre un programme de fourniture d’eau potable courante pour 150 millions de foyers ruraux. 

Dans l’ère post-pandémique, nous avançons avec la vision d’une « Inde autonome », a déclaré M. Modi.  Des efforts à grande échelle sont ainsi déployés pour promouvoir l’entrepreneuriat et le leadership des femmes.  Les femmes indiennes, aujourd’hui, sont les principales bénéficiaires du plus grand programme de microfinancement du monde, a-t-il encore fait valoir. 

M. PRAVIND KUMAR JUGNAUTH, Premier Ministre, Ministre des affaires intérieures, des communications externes et du groupe chargé du développement national et Ministre des finances et du développement économique de la République de Maurice, s’est félicité du thème retenu pour cette Assemblée générale, affirmant que faire face à la COVID-19 au moyen d’une réelle action multilatérale, « c’est exactement ce dont nous avons besoin ». 

Pour faire barrage au virus, a expliqué M. Jugnauth, Maurice a dû prendre des mesures drastiques, imposant un confinement à sa population dès le 20 mars et mettant en œuvre une réponse complète de santé publique qui a permis au pays de contenir de manière significative la propagation de la maladie.  À ce jour, nous n’avons que quelques cas importés qui font l’objet d’un suivi attentif, a précisé le dirigeant, avant d’exprimer sa gratitude à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour ses directives avisées. 

Cette pandémie, qui s’ajoute à d’autres crises mondiales de l’inégalité et des changements climatiques, a exacerbé les vulnérabilités des pays du Sud en général et des petits États insulaires comme Maurice en particulier.  Pour eux, a constaté M. Jugnauth, des décennies de progrès en développement ont été érodées et les moyens de subsistance des populations ont été mis à mal. 

S’agissant de Maurice, l’industrie des services et les secteurs des voyages, du tourisme et de l’hôtellerie ont été gravement touchés.  À court terme, il s’agit de préserver l’emploi, avant de tracer une voie menant à un développement plus inclusif et durable, a indiqué le Premier Ministre.  Mais la priorité absolue est pour l’heure d’éviter le risque d’une deuxième vague de COVID-19, qui serait catastrophique pour l’économie de l’île. 

Au niveau mondial, la pandémie a fait apparaître que plus de 4,4 milliards de personnes sont privées de toute forme de filet de sécurité sociale ou de soins de santé, a fait observer M. Jugnauth.  De ce fait, la poursuite de la couverture sanitaire universelle doit être au centre du développement humain, a-t-il plaidé.  Quant au futur vaccin contre la COVID-19, il faut veiller à ce qu’il soit distribué équitablement et à un prix abordable pour tous.  « Nos besoins collectifs doivent être pris en compte et ce n’est que grâce à notre attachement au multilatéralisme que nous pourrons réussir », a ajouté le Premier Ministre. 

Évoquant ensuite la marée noire provoquée par le naufrage d’un pétrolier sur des récifs de l’île le 25 juillet, M. Jugnauth l’a qualifiée de « pire catastrophe environnementale que Maurice n’ait jamais connue ».  Remerciant le système onusien et tous les pays et qui se sont précipités pour aider son pays, il a indiqué qu’une grande campagne de nettoyage et d’évaluation était entreprise.  Toutefois, a-t-il ajouté, les mangroves mettront du temps à retrouver leur état d’origine et les personnes impliquées dans les activités côtières ont perdu leurs moyens de subsistance. 

Un deuxième incident naval survenu au large des côtes de Sri Lanka, quelques semaines plus tard, a mis en évidence la nécessité de mettre en place un système régional de prévention et de gestion des catastrophes, a encore souligné le Premier Ministre.  Pour M. Jugnauth, il faut aussi revoir la gouvernance concernant les pétroliers et les régimes de responsabilité en cas de déversement d’hydrocarbures.  Il a appelé l’Organisation maritime internationale (OMI) à traiter ces questions de toute urgence. 

Dans l’optique de l’après-pandémie, M. Jugnauth a jugé impératif que soient prises toutes les mesures nécessaires pour garantir que l’économie mondiale ne sombre pas dans la dépression.  Il est aussi essentiel que les pays se remettent sur les rails des objectifs de développement durable et qu’ils se réengagent au titre de l’Accord de Paris.  « C’est le moment où le multilatéralisme ne peut être mis en péril ni remis en question », a-t-il martelé. 

Enfin, le Premier Ministre a salué l’important travail entrepris pour parvenir à un instrument juridiquement contraignant sur la biodiversité au-delà de la juridiction nationale.  Il a cependant souhaité plus de clarté, lors de l’étape de la rédaction, sur la question des organismes marins dans le plateau continental étendu des États côtiers.

M. XAVIER ESPOT ZAMORA, Chef du Gouvernement de la Principauté d’Andorre, a rappelé qu’avant la pandémie de COVID-19, 2020 était censée être une année charnière pour l’action climatique, à l’image des nouveaux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui devaient être adoptés dans le cadre du Sommet sur le climat (COP26). 

Crise sanitaire oblige, l’événement, qui devait avoir lieu au Royaume-Uni à l’automne, a finalement été reporté.  M. Zamora a toutefois appelé les États Membres à ne pas reléguer les efforts contre les changements climatiques « au second plan ».  Dans cette perspective, il a rappelé que l’Andorre avait approuvé « sans hésitation ni délai » l’Accord de Paris de 2015, ainsi qu’une loi sur la transition énergétique et la lutte contre les changements climatiques.  « Nous avons d’ailleurs été l’un des premiers pays à définir un plan de réduction des émissions », a-t-il affirmé. 

Entre autres preuves de l’engagement environnemental de l’Andorre, M. Zamora a indiqué que la Principauté assumait, pour une période de deux ans, le secrétariat pro tempore du Sommet ibéro-américain, dont le thème est « L’innovation pour le développement durable – Objectif 2030 ».  Selon lui, la déclaration conjointe qu’ont adoptée, le 16 septembre dernier, les ministres de l’environnement des 22 États membres de la Conférence ibéro-américaine permettra à ces derniers de définir un agenda environnemental. 

Toutefois, le Chef du Gouvernement andorran a reconnu que la crise provoquée par la COVID-19 avait contraint la Principauté à revoir sa feuille de route pour la présente législature, via l’élaboration d’un plan d’action plus « réaliste ».  M. Zamora a ainsi rappelé que, quelques semaines à peine après la notification de la première victime de la COVID-19, le monde s’était arrêté net: les écoles, les usines de fabrication, les bureaux, les routes et les stades sont tous « devenus silencieux » pour permettre la lutte contre cet « ennemi invisible ». 

M. Zamora a noté que cette situation avait entraîné une accélération de la transformation numérique, la généralisation du télétravail et de l’enseignement à distance, ainsi que « l’alphabétisation technologique » de millions de personnes.  Mais, a-t-il ajouté, ce processus a également révélé des failles importantes.  M. Zamora a notamment appelé à reconsidérer les valeurs sur lesquelles se fondent les soins aux personnes âgées, principales victimes de ce virus; à reconnaître que le télétravail ne permet pas une meilleure conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale lorsque les espaces ne sont pas adaptés; à agir face aux inégalités profondes entre familles, mis en évidence par l’éducation à distance, lorsque ces dernières n’ont pas accès aux services; et à encadrer la surexposition à l’information qui, « en plus de freiner le contact humain, a créé parfois des environnements manipulables et non sécurisés ». 

Le Chef de Gouvernement a cependant appelé à ne pas perdre l’espoir.  Il s’est notamment dit encouragé par les nombreuses manifestations de solidarité et d’empathie, la reconnaissance sincère envers tous les professionnels du secteur médico-social et de la santé, ainsi que le civisme et la conscience écologique des populations dans l’intérêt commun. 

M. Zamora a appelé à prendre appui sur ces éléments positifs pour relever les défis mondiaux tels que la persistance de conflits « sans solution », d’actions « sanglantes » et d’un monde « déséquilibré » où la pauvreté perdure, où la faim augmente de nouveau, où l’accès à la santé n’est pas universel, où les changements climatiques témoignent de carences structurelles, « en bref, un monde où la Déclaration universelle des droits de l’homme présente plusieurs lectures et applications ».  Il a appelé à renverser cette situation « tous ensemble » dans un esprit d’ouverture. 

Dans ce cadre, M. Zamora a salué le travail du Secrétaire général concernant la réforme du système de développement, la participation des États aux résolutions et les propositions d’amélioration.  « Nous devons maîtriser les procédures et faire preuve d’efficacité pour respecter notre engagement envers la Charte et atteindre nos objectifs de paix, de sécurité, de respect des droits et de développement », a-t-il estimé. 

Pour y parvenir, M. Zamora a réaffirmé que l’Andorre, « fidèle à sa trajectoire de paix », se tenait « plus que jamais » aujourd’hui aux côtés des Nations Unies afin de reformuler un ordre multilatéral capable de relever les défis à surmonter, réaliser les changements possibles et concevoir l’urgence sanitaire comme une opportunité de mettre fin à un modèle de développement et de mondialisation « épuisé et insoutenable ». 

À la faveur d’un véritable plaidoyer pour davantage de solidarité, le Chef du Gouvernement de l’Andorre a déclaré en conclusion: « Soixante-quinze ans après, nous devons, plus que jamais, avoir à l’esprit les raisons pour lesquelles les Nations Unies ont été créées. »

Pour M. BORIS JOHNSON, Premier Ministre, Premier Lord du Trésor et Ministre de la fonction publique du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, « jamais dans l’histoire de notre espèce -pas depuis que le Tout-Puissant a abattu la tour de Babel- la race humaine n’a été aussi obsédée par un seul sujet de conversation ».  Nous avons suivi les mêmes débats, recherché les mêmes médicaments, et nous avons tapé à maintes reprises le même mot dans nos moteurs de recherche: la COVID-19 a uni l’humanité comme jamais auparavant, a-t-il affirmé. 

Et pourtant, la crise a également été une force extraordinaire de division, s’est désolé le Premier Ministre.  Nous avons tous affronté « le même petit adversaire menaçant », mais les Membres de l’ONU ont mené 193 campagnes distinctes, comme si chaque pays contenait en quelque sorte une espèce humaine différente.  Partout dans le monde, il y a eu une variété infinie de couvre-feux, de restrictions et de fermetures, et nous nous sommes battus dans un esprit de « sauve qui peut », a déploré M. Johnson. 

« Après neuf mois de lutte contre la COVID-19, la notion même de communauté internationale est, franchement, plutôt en lambeaux », a constaté le Premier Ministre, pour qui « nous savons que nous ne pouvons tout simplement pas continuer ainsi ».  À moins de nous unir contre notre ennemi commun, nous savons que tout le monde perdra, a-t-il averti, estimant que le résultat inévitable serait de prolonger cette calamité et d’augmenter le risque d’une autre calamité.  Il est temps que l’humanité répare « ces vilaines fractures », a-t-il réagi, en espérant que ce sera la première et la dernière fois que l’Assemblée générale se réunira ainsi en format « Zoom ».  « Guérissons le monde - littéralement et métaphoriquement », a plaidé M. Johnson. 

Avec près d’un million de morts et des souffrances économiques colossales, il y a un « impératif moral » pour l’humanité d’être honnête et de parvenir à une compréhension commune de la façon dont la pandémie a commencé et comment elle a pu se propager, a poursuivi le Premier Ministre, et ce, « non parce que je veux blâmer n’importe quel pays ou gouvernement, ou marquer des points ».  « Je crois simplement -en tant qu’ancien patient COVID- que nous avons tous le droit de savoir, afin que nous puissions collectivement faire de notre mieux pour éviter une récidive », a-t-il précisé. 

« Le Royaume-Uni soutient les efforts de l’OMS et de mon ami Tedros, pour explorer l’étiologie de la maladie car, quelle que soit la nécessité d’une réforme, l’OMS reste la seule organisation qui rassemble l’humanité contre des légions de maladies », a assuré M. Johnson.  C’est pourquoi le Royaume-Uni est l’un des plus grands bailleurs de fonds de l’OMS, avec une contribution de 340 millions de livres sterling prévue pour les quatre prochaines années, soit une augmentation de 30%. 

« Comme nous envoyons maintenant nos détectives médicaux interroger les témoins et les suspects -chauves-souris, pangolins, qui que ce soit-, nous devrions avoir assez d’humilité pour reconnaître que la sonnette d’alarme a été tirée avant que cette calamité ne se produise », a poursuivi le dirigeant britannique.  Au cours des 20 dernières années, il y a eu huit éclosions d’un virus mortel, dont chacune aurait pu dégénérer en pandémie, a-t-il fait observer.  Il a notamment rappelé que Bill Gates avait lancé l’alerte en 2015, et que « nous avons répondu comme à un message d’erreur Microsoft persistant en cliquant sur OK ». 

Désormais, a poursuivi le Premier Ministre, nous nous efforçons de nous rattraper et, avec une lenteur « angoissante », nous progressons.  Les épidémiologistes de l’Université d’Oxford ont ainsi identifié le premier traitement de la COVID-19.  Ils ont constaté qu’un médicament bon marché appelé dexaméthasone réduisait le risque de décès de plus d’un tiers pour les patients sous ventilateurs.  Le Royaume-Uni a immédiatement partagé cette découverte avec le monde, de sorte que jusqu’à 1,4 million de vies pourraient être sauvées dans les six prochains mois grâce à cette seule avancée. 

Au moment où je parle, a ajouté le Premier Ministre, il y a 100 vaccins potentiels qui tentent de surmonter les obstacles de la sécurité et de l’efficacité, « comme dans un steeple-chase mondial géant ».  Nous ne savons pas si l’un d’entre eux réussira.  Le vaccin d’Oxford est maintenant au stade 3 des essais cliniques, et prêt pour une distribution rapide en cas de succès, l’entreprise AstraZeneca a déjà commencé à fabriquer des millions de doses et conclu un accord avec le Serum Institute of India pour fournir un milliard de doses à des pays à revenu faible et intermédiaire. 

« Mais il serait vain de traiter la quête d’un vaccin comme un concours pour un avantage national étroit et immoral de chercher une longueur d’avance en obtenant des recherches par des moyens sournois », a fait valoir M. Johnson.  Pour lui, la santé de chaque pays dépend de l’accès du monde entier à un vaccin sûr et efficace.  Au Royaume-Uni, a-t-il promis, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.  Le Premier Ministre a annoncé que le Royaume-Uni contribuera jusqu’à 571 millions de livres sterling à l’initiative COVAX conçue pour distribuer un vaccin contre la COVID-19 à travers le monde.  Sur cette somme, 500 millions iront aux pays en développement pour leur permettre de se protéger.  Le Royaume-Uni est déjà le plus gros donateur de GAVI, l’Alliance du Vaccin.

Mais même si nous aspirons à un vaccin, nous ne devons jamais sacrifier la sécurité à la vitesse, a martelé le Premier Ministre.  « Parce que ce serait une tragédie absolue si dans notre empressement, nous devions relancer les fous -les anti-vaxxers-, de dangereux obsessionnels qui font campagne contre le concept de vaccination et qui risqueraient encore des millions de vies ». 

Le moment est venu de regarder vers l’avenir et de réfléchir à la manière d’empêcher une pandémie de se reproduire et « nous ne devons plus jamais mener 193 campagnes différentes contre le même ennemi », a répété le Premier Ministre. 

Le Royaume-Uni entend utiliser sa présidence du G7 en 2021 pour créer une nouvelle approche mondiale de la sécurité sanitaire basée sur un plan en cinq points pour protéger l’humanité contre une autre pandémie: forger un réseau mondial de centres de recherche sur les zoonoses afin de repérer les agents pathogènes animaux dangereux qui pourraient traverser la barrière des espèces et infecter les êtres humains; développer la capacité de fabrication de traitements et de vaccins afin que l’humanité tout entière puisse les tenir « comme des missiles dans des silos » en cas d’attaque; concevoir un système mondial d’alerte précoce en cas de pandémie; avoir tous les protocoles prêts pour une réponse d’urgence; lever les contrôles à l’exportation dans la mesure du possible et annuler toutes les taxes douanières sur les outils vitaux de notre lutte contre la COVID-19: gants, équipements de protection, thermomètres et autres produits critiques.  C’est ce que fera le Royaume-Uni dès l’entrée en vigueur de son nouveau régime tarifaire indépendant le 1er janvier 2021. 

Aussi tragiques que soient les conséquences de la COVID-19, elles n’ont pas été aussi destructrices que d’autres fléaux - sans parler de la grippe d’il y a un siècle, a remarqué M. Johnson.  Mais « il est absurde, et à bien des égards, scandaleux, que cet ennemi microscopique ait mis en déroute l’unité de la race humaine », a conclu le Premier Ministre. 

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, a averti d’entrée que la pandémie de COVID-19 avait entravé le progrès économique de son pays.  Dès le début, a-t-elle expliqué, nous avons pris des initiatives mettant l’accent sur la vie et les moyens de subsistance de notre peuple.  De la nourriture et d’autres aides ont ainsi profité à près de 10 millions de familles sans emploi et des bourses ont été offertes à quatre millions d’étudiants.  Le Gouvernement a accordé des primes en espèces à cinq millions de personnes, dont des agriculteurs et des ouvriers touchés par la pandémie.  Pour assurer la santé des gens ordinaires, nous fournissons 30 types de médicaments gratuitement à travers 18 000 cliniques communautaires et centres de santé syndicaux, a précisé Mme Hasina. 

« J’ai moi-même collecté des fonds et distribué plus d’un montant de 2,5 milliards de taka (environ 29,5 millions de dollars des États-Unis) à des orphelins, étudiants pauvres, madrasas, mosquées, aux temples, enseignants, artistes, ou journalistes qui ne seraient pas inclus dans les programmes d’aide du Gouvernement », a témoigné la Première Ministre.  En conséquence, l’impact de la pandémie sur la population a été minime, a-t-elle assuré. 

Peu de temps après la détection des cas de COVID-19 dans le pays, le Gouvernement a lancé des campagnes de sensibilisation et distribué des kits de protection individuelle, qui ont aussi permis de contenir des maladies saisonnières.  Pas moins de 21 plans de relance ont été annoncés pour le secteur financier.  Encore une fois, la plus grande importance a été accordée à la production alimentaire, a affirmé Mme Hasina.  Malgré la stagnation induite par la COVID-19 de la production industrielle mondiale, notre PIB a enregistré un taux de croissance de 5,24% et qui devrait être de 7% au cours du prochain exercice, contre 8,2% en 2018-2019, a-t-elle noté. 

La Première Ministre a souhaité que le vaccin contre la COVID-19 soit bientôt disponible dans le monde et a jugé impératif de le traiter comme un bien public mondial.  « Si l’on nous fournit le savoir-faire technique et les brevets, l’industrie pharmaceutique du Bangladesh a la capacité de produire des vaccins à grande échelle », a-t-elle assuré. 

Mme Hasina a présenté sa vision pour le Bangladesh: un pays à revenu intermédiaire d’ici à 2021, un pays développé d’ici à 2041 et un delta prospère d’ici à 2100. 

La Première Ministre a évoqué le sort des travailleurs migrants, qui sont les principaux contributeurs à l’économie de leurs pays d’accueil et d’origine.  Beaucoup d’entre eux ont perdu leur emploi pendant la pandémie tandis que beaucoup ont été renvoyés chez eux.  Elle a dit avoir alloué 361 millions de dollars des États-Unis aux travailleurs migrants rapatriés.  Ajoutant qu’il était essentiel de les aider à retrouver un emploi sur le marché du travail post-COVID-19, Mme Hasina a exhorté la communauté internationale et les pays d’accueil à « traiter les travailleurs migrants de manière équitable et avec empathie ». 

La pandémie aggrave également la situation des pays vulnérables au climat, a relevé Mme Hasina.  Au Bangladesh, nous sommes confrontés au double impact des récentes inondations et du cyclone Amphan, a-t-elle expliqué.  En tant que président actuel du Forum de la vulnérabilité climatique (Climate Vulnerable Forum - CVF) et du Groupe V-20 des ministres des finances, le Bangladesh propose de tracer une voie qui soit résiliente face aux changements climatiques pour sortir de la crise. 

La contribution des femmes, qui sont à l’avant-garde des efforts de riposte à la pandémie et de relèvement, reste au cœur de notre développement national, a poursuivi Mme Hasina.  Au Bangladesh, s’est-elle félicitée, nous avons comblé 72,6% de notre écart global entre les sexes. 

Mme Hasina a rappelé que son pays était actuellement le plus grand pays contributeur de troupes et de policiers aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  Nos soldats de la paix mettent leur vie en jeu pour garantir et maintenir la paix dans les pays ravagés par les conflits, a-t-elle dit, ajoutant que la communauté internationale devait assurer leur sûreté et leur sécurité. 

Enfin, la Première Ministre a tenu à souligner que le Bangladesh avait fourni un abri temporaire à plus de 1,1 million de ressortissants du Myanmar déplacés de force.  Après plus de trois ans, pas un seul Rohingya n’a pu être rapatrié, a-t-elle déploré.  Estimant que « le problème a été créé par le Myanmar et sa solution doit être trouvée au Myanmar », Mme Hasina a toutefois demandé à la communauté internationale de jouer un rôle plus efficace pour trouver une solution à cette crise.

M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre et Ministre des questions iTaukei, de l’industrie sucrière et des affaires étrangères des Fidji, a rappelé que son pays avait été frappé par un cyclone de niveau 4, le cyclone Harold, au mois d’avril, alors même qu’il s’évertuait à lutter contre l’épidémie de COVID-19. 

Les Fidji sont prêtes à reconstruire après le cyclone Harold et à renforcer sa résilience aux tempêtes futures et à la montée du niveau de la mer, a ajouté le Premier Ministre, affirmant: « Nous devons continuer à tracer la voie vers l’émission zéro et les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. »  Ce sont là, a-t-il insisté, des questions de survie. 

Si les changements climatiques et le coronavirus sont des « monstres très différents », le Premier Ministre a estimé que les insuffisances de moyens restaient les mêmes pour les petits États en développement.  Affirmant que le fossé entre ces derniers et les pays développés n’avait jamais été aussi marqué, M. Bainimarama a vu dans la Charte des Nations Unies des motifs d’espoir.  « Si notre réponse aux changements climatiques est à l’image de l’incohérence de notre réponse mondiale à la pandémie de COVID-19, alors nos enfants verront des horreurs bien plus grandes », a-t-il toutefois prévenu.  Dans ces conditions, a-t-il ajouté, nous n’arriverons pas à limiter la hausse de la température mondiale à l’objectif de 1,5 degré Celsius ou de 2 degrés, nous n’empêcherons pas nos écosystèmes océaniques de devenir inhospitaliers, et nous n’empêcherons pas une sixième extinction de masse. 

M. Bainimarama a jugé indispensable que le rétablissement après cette pandémie marque la transition vers un système économique décarboné et résilient face aux changements climatiques.  Les Fidji ont travaillé en ce sens en étroite collaboration avec les Nations Unies et ses partenaires du Canada, de la Jamaïque, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et du Rwanda grâce à un engagement de haut niveau sur le financement du développement, afin d’explorer comment faire en sorte que ce rétablissement soit le plus rapide possible.  « Récupérer mieux, récupérer plus bleu, récupérer plus vert et récupérer ensemble », a-t-il insisté. 

M. MUHYIDDIN MOHD YASSIN, Premier Ministre de la Malaisie, s’est inquiété de l’impact économique et financier de la pandémie, qui a mis à genoux les petites et grandes entreprises.  Constatant que des décennies de travail acharné avaient été réduites à néant, il a estimé qu’une dévastation économique de cette ampleur exigeait l’action collective de la communauté internationale et qu’il était nécessaire d’atténuer l’impact sur les moyens de subsistance de toutes les personnes touchées.  Mettant l’accent sur les stratégies d’atténuation mise en place par le Gouvernement de la Malaisie pour faire face aux impacts socioéconomiques de la COVID-19, M. Yassin souhaité que son pays sorte plus fort de la pandémie. 

Abordant la question de la réforme du système des Nations Unies, le Premier Ministre de la Malaisie a jugé urgent de modifier la composition du Conseil de sécurité afin que celui-ci reflète mieux la diversité des membres actuels de l’ONU.  Limiter le nombre de sièges permanents du Conseil de sécurité aux cinq vainqueurs de la guerre mondiale, seuls détenteurs d’un droit de veto, n’a rien de démocratique à ses yeux.  Notant que le veto avait été exercé plus de 200 fois depuis 1946, le Premier Ministre a appelé certains États Membres à cesser de penser qu’ils avaient davantage que les autres le droit de prendre des décisions. 

M. Yassin s’est inquiété de la situation des Palestiniens.  Estimant que la situation qui prévaut dans le territoire palestinien occupé constituait l’un des échecs les plus flagrants de l’ONU, il a rappelé que l’acquisition d’un territoire par la force était inadmissible et illégale.  Dans ce contexte, il a réaffirmé le soutien de la Malaisie à la réalisation de l’État de Palestine sur la base des frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. 

Le Premier Ministre a ensuite dénoncé les atrocités commises contre les Rohingya dans l’État rakhine, au Myanmar, rappelant qu’elles avaient provoqué une migration massive aux répercussions importantes sur la Malaisie et les pays voisins.  Il a indiqué que la Malaisie accueillait actuellement le plus grand nombre de réfugiés en Asie du Sud-Est, en assurant le coût de la gestion et de la protection de près de 180 000 réfugiés, dont 86% en provenance du Myanmar.  Bien que la Malaisie ne soit pas partie à la Convention de 1951 sur les réfugiés et à son Protocole de 1967, elle a pris la responsabilité sociale et financière de fournir une aide humanitaire et une protection aux réfugiés rohingya pour des raisons humanitaires, a-t-il expliqué. 

S’agissant enfin des objectifs de développement durable, le Premier Ministre de la Malaisie a cité la mise en œuvre de plans nationaux de développement quinquennaux.  M. Yassin a indiqué que ces plans avaient été inclus dans la Vision de prospérité partagée 2030 de son pays, qui vise à développer une répartition juste et équitable du développement. 

M. SAMDECH AKKA MOHA SENA PADEI TECHO HUN SEN, Premier Ministre du Cambodge, a déclaré que le monde faisait face à une métamorphose irréversible vers une structure polycentrique, caractérisée par l’adversité entre les superpuissances et la proéminence des puissances intermédiaires qui prennent les devant de la scène au niveau des politiques régionales.  L’unilatéralisme et l’usage de la force à l’encontre des pays plus faibles sont en hausse; le système de contrôle des armements se détériore et le risque nucléaire augmente de manière significative, sans oublier l’évolution des doctrines militaires qui privilégient l’idée de faire la guerre pour maintenir sa suprématie.  Les risques d’une nouvelle guerre froide sont également très préoccupants, a averti le Premier Ministre. 

S’agissant de la pandémie, et pour permettre à l’économie mondiale de se relever plus rapidement, M. Hun Sen a appelé à travailler de manière plus rapprochée avec les institutions internationales sur la base de la transparence et de l’efficacité.  Il faut renoncer au « moi d’abord », a-t-il lancé, avant de rappeler que le Cambodge, dans un geste humanitaire, avait autorisé cette année le navire de croisière MS Westerdam à accoster et ses passagers et équipages à débarquer. 

Le Premier Ministre s’est inquiété de l’impact de la pandémie sur la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a aussi dénoncé le manque d’action des États Membres pour honorer leurs engagements concernant le climat pris lors de la COP21.  Il a ensuite souligné que l’action climatique était un élément essentiel de la politique de développement du Cambodge, qui remettra à jour sa contribution, déterminée au niveau national, à l’approche de la COP26. 

Après avoir insisté sur l’importance de la lutte contre le terrorisme non étatique et de la fourniture de ressources adéquates aux opérations de maintien de la paix, M. Hun Sen a dénoncé la suspension de son pays par l’Union européenne de son programme Everything But Arms (EBA) alors que le Cambodge, a-t-il affirmé, peine à survivre face à la pandémie.  Il a comparé la décision de l’Union européenne à l’isolement dans lequel les survivants du régime des Khmers rouges qui tentaient de reconstruire leur pays avaient été placés il y a 40 ans, quand la majorité des États Membres de l’ONU avait continué, pendant 12 ans, de laisser les Khmers rouges à occuper le siège du Cambodge aux Nations Unies.

Mme ERNA SOLBERG, Première Ministre de la Norvège, a expliqué qu’à la lumière des leçons tirées d’autres crises et maladies infectieuses, la Norvège maintenait son engagement indéfectible en faveur des Nations Unies et de solutions multilatérales.  En réponse à la pandémie, elle a ainsi pris l’initiative de créer un fonds de réponse et de relève des Nations Unies contre la COVID-19, et elle copréside l’effort mondial pour l’accès aux tests, aux traitements et aux vaccins COVID-19 -l’accélérateur ACT-, a précisé la Première Ministre, pour qui les problèmes mondiaux ont besoin de solutions mondiales. 

Alors qu’elle s’apprête à entrer au Conseil de sécurité, la Norvège entend aborder les situations nationales inscrites à son ordre du jour en se concentrant sur quatre domaines thématiques en particulier, a expliqué Mme Solberg.  Premièrement, elle utilisera son expérience de la diplomatie de paix pour aider à réaliser le potentiel inexploité des Nations Unies pour prévenir et résoudre les conflits et maintenir la paix.  Deuxièmement, elle insistera sur le programme relatif aux femmes, la paix et la sécurité.  La Norvège se concentrera aussi sur la protection des civils, y compris des enfants, sur la base du droit international humanitaire et des droits de l’homme. Enfin, elle intégrera les menaces à la sécurité liées au climat dans les débats du Conseil. 

Constatant la tendance actuelle vers plus d’autoritarisme et de populisme, Mme Solberg a regretté que la pandémie n’ait fait que l’amplifier.  Nous avons vu des exemples où la pandémie a été utilisée comme prétexte pour affaiblir les principes démocratiques et les droits de l’homme, a-t-elle déploré, soulignant que cette pandémie constituait un examen de gouvernance pratique pour tous les États et que le « bulletin de note » serait vu par le monde entier.  Nous devons veiller à ce que les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et l’égalité des sexes soient au cœur de nos efforts de réponse et de relèvement, a-t-elle insisté, car ce n’est qu’alors que nous pourrons espérer non seulement atténuer la chute, mais aussi reconstruire en mieux.  Se disant choquée et attristée, la Première Ministre a condamné l’augmentation de la violence contre les femmes et les filles à la suite des confinements en cours dans le monde.  La Norvège a une longue tradition de promotion des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes, a-t-elle rappelé, affirmant que ce n’est pas seulement la bonne chose à faire, mais aussi la chose intelligente à faire. 

Alors que de nombreux États Membres sont confrontés à des catastrophes liées au climat -plus fréquentes et plus dangereuses que jamais- et que les plus vulnérables sont les plus durement touchés, la Norvège a appelé à investir dans la résilience, en particulier dans les régions du monde les plus durement affectées par les changements climatiques.  L’année 2020 reste une année cruciale pour que les pays mettent à jour et renforcent leurs objectifs climatiques nationaux dans le cadre de l’Accord de Paris, a rappelé la Première Ministre, un exercice que la Norvège a fait en février cette année.  Le pays est activement engagé sur la route de l’économie verte, a assuré la Première Ministre, qui a aussi appelé à ne pas perdre de vue l’importance des océans et à reconstruire à la fois plus vert et plus bleu.  Une économie océanique durable présente des avantages pour la santé et la société, ainsi que pour l’économie et l’environnement, a-t-elle précisé, ajoutant que chaque dollar investi dans des actions océaniques clefs rapportait en moyenne 5 dollars en retour. 

Mme Solberg a saisi cette occasion pour attirer l’attention sur les quelque 500 000 marins qui attendent actuellement à travers le monde d’être autorisés à débarquer ou à embarquer, en raison de la pandémie.  Près de 80% du commerce mondial est transporté par bateau, y compris la nourriture, le matériel médical et les produits énergétiques, a-t-elle rappelé, avertissant que, si cette crise devait persister, elle pourrait entraîner une perturbation majeure du commerce mondial, des chaînes d’approvisionnement et de l’économie mondiale.  Mme Solberg a encouragé les États Membres à désigner les gens de mer comme « travailleurs essentiels » et à mettre en œuvre les Protocoles de l’Organisation maritime internationale pour les changements d’équipage.

M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Îles Salomon, a déclaré que jamais auparavant il n’y a eu un moment où l’action collective de tous les États Membres de l’ONU était apparue aussi nécessaire que face à la pandémie mondiale de COVID-19.  Il a tout de même eu « le plaisir » d’annoncer que les Îles Salomon restent l’une des 12 nations indemnes de COVID-19, « sans cas signalé », aux côtés de neuf autres petits États insulaires en développement du Pacifique.  Ce qui ne signifie pas que nous ne sommes restés sans rien faire, a-t-il assuré, en dressant la liste des mesures prises par son gouvernement.  Mais la COVID-19 a provoqué la fermeture des frontières, qui a eu un impact négatif sur l’économie mondiale.  « Notre pays ne fait pas exception, nous traversons une période difficile, cependant, nous avons lancé un paquet de relance économique pour réinitialiser et stimuler notre économie », a fait valoir M. Sogavare, qui a annoncé la création de la Banque de développement des Îles Salomon, destinée à fournir des services financiers durables axés sur le développement des zones rurales, en particulier pour les petites et moyennes entreprises qui exercent principalement des activités commerciales et industrielles.

Parallèlement, les Îles Salomon continuent de lutter contre les effets incrémentiels des changements climatiques et les impacts négatifs qu’il a sur leurs moyens de subsistance, leur sécurité et leur bien-être.  Les Îles Salomon restent déterminées à réduire leur empreinte carbone et à doubler ses contributions déterminées au niveau national grâce à ses travaux en cours sur le projet hydroélectrique de Tina, a indiqué le Premier Ministre.  « Ce projet hydroélectrique de 15 watts réduira notre dépendance aux combustibles fossiles de 70%.  Malgré les défis posés par la COVID-19, nos efforts pour que le projet soit mis en service d’ici à 2024 restent sur la bonne voie et nous continuons d’appeler les partenaires au développement à rester avec nous sur cette trajectoire régulière », a précisé le Premier Ministre. 

Il a également appelé tous les États à se fixer des contributions ambitieuses au niveau national.  En tant que grand État océanique d’une superficie de 1,5 million de kilomètres carrés, la conservation et la préservation de l’océan et de ses ressources restent une priorité pour les Îles Salomon, a souligné le Chef de Gouvernement en indiquant que son industrie du thon génère environ 60 millions de dollars de revenus par an et fournit des emplois à 2 000 habitants.  Il a cependant alerté sur la menace pour ces ressources que représente la pêche illégale non déclarée et non réglementée, dans sa juridiction maritime.  Près de 150 millions de dollars de valeur économique directe pour les petits États insulaires en développement sont perdus en raison de cette pêche dans le Pacifique, a-t-il signalé, avant d’appeler les pays de pêche hauturière à en réduire les incidences dans les eaux de son pays.

Son gouvernement, a-t-il poursuivi, reste déterminé à négocier un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale.  Assurer la souveraineté sur nos zones maritimes demeure important pour les Îles Salomon, a-t-il assuré: « Nous œuvrons activement à l’achèvement de la délimitation de toutes nos zones maritimes et n’avons plus qu’une frontière maritime à conclure. »  La position de son gouvernement est qu’une fois que les zones maritimes nationales seront déposées auprès des Nations Unies, elles ne devraient pas être sujettes à changement « même avec l’élévation du niveau de la mer ».  Les Îles Salomon sont un État océanique, le territoire souverain du pays ne devrait pas changer en raison des effets des changements climatiques et de l’élévation du niveau de la mer, a-t-il insisté.

Le retrait de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) est une étape importante dans la trajectoire de développement d’un pays en développement, a rappelé le Premier Ministre en rappelant que les Îles Salomon devraient ainsi changer de catégorie d’ici à 2024.  Cependant, les deux seules fois où les Îles Salomon ont subi l’examen triennal, elles n’ont pas satisfait au critère de vulnérabilité, celle-ci étant d’autant plus évidente maintenant avec la COVID-19.  M. Sogavare a salué l’intention de la Commission des politiques de développement de tenir compte des impacts de la COVID-19 sur tous les secteurs lors du prochain examen triennal en 2021. 

M. ANDREW HOLNESS, Premier Ministre et Ministre de la défense, de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, a cité les conséquences de l’épidémie, affirmant que celle-ci avait remis en cause des années de progrès économiques et sociaux.  Il a décrit une économie maintenant confrontée au triple défi de la réduction des revenus, de l’augmentation des dépenses de santé et sociales, et de la crise climatique en cours, qui menace d’annuler des années de gains de développement durement gagnés.  « La pandémie a mis en évidence les vulnérabilités préexistantes et les multiples faiblesses structurelles au sein de nos économies –grandes et petites, riches et pauvres- et a clairement démontré la nature systémique du risque dans le monde entier », a insisté M. Holness. 

Face à ce défi, les pays en développement doivent concevoir des stratégies pour réagir efficacement, a poursuivi le Premier Ministre.  « Nous devons rééquilibrer nos économies et repenser la nature de la coopération mondiale afin que non seulement nous nous rétablissions plus fort, mais que nous nous positionnions pour devenir plus résilients aux chocs systémiques futurs », a insisté M. Holness. 

Si la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’interconnexion et l’interdépendance de notre monde, elle a aussi souligné la nécessité d’un multilatéralisme renforcé et renouvelé, a estimé le Premier Ministre.  Soulignant les difficultés particulières des petits États des Caraïbes, qui sont désignés comme pays à revenu intermédiaire, M. Holness a salué la création, par l’ONU, d’un fonds d’intervention et de relèvement COVID-19, qualifié d’excellent exemple de l’efficacité du « multilatéralisme à l’œuvre ». 

Le Premier Ministre a estimé que la « fracture numérique » était un domaine qui nécessite un soutien identique.  Notant que la pandémie a forcé les écoliers et les salariés à pratiquer la distanciation sociale et que la moitié de la population mondiale n’est toujours pas connectée à Internet, il a appelé à financer une connectivité universelle, sûre et abordable, qu’il a jugée essentielle pour une plus grande participation à l’économie numérique mondiale et pour la réalisation d’un développement inclusif et durable. 

Alors que la communauté internationale travaille sérieusement à la mise au point d’un vaccin contre la COVID-19, le Premier Ministre a salué les efforts visant à accélérer l’accès équitable aux vaccins, aux diagnostics et aux traitements.  Conformément à notre engagement en faveur de la pleine réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la Jamaïque est profondément investie dans la recherche de solutions aux niveaux national, régional et multilatéral pour répondre efficacement et de manière décisive à cette pandémie, a-t-il ajouté. 

M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce du Samoa, a demandé que cesse immédiatement la procrastination climatique, avant que ne disparaisse toute possibilité de stabiliser le climat de la Terre.  Il a rappelé que des réunions cruciales telles que la COP26 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique et la Conférence des Nations Unies sur l’océan 2020 avaient été reportées. 

Ces reports ne devraient pas nous empêcher de respecter les engagements pris dans l’Accord de Paris et maintenir l’élan nécessaire pour une action ambitieuse sur le climat, a déclaré le Premier Ministre.  « L’ONU reste le meilleur espoir de fournir la volonté politique et l’engagement nécessaire pour éviter ce qui est une menace existentielle pour de nombreux petits États de cette famille des Nations Unies », a-t-il estimé. 

M. Malielegaoi a appelé à mobiliser tous les dirigeants des gouvernements, des ONG et du secteur privé afin de donner à nos jeunes et aux communautés rurales les moyens de lutter contre la menace constante des changements climatiques et contre la dégradation de l’environnement.  Il a souhaité que le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU soit un point d’espoir pour les générations à venir plutôt qu’un point final du fait d’un héritage d’égoïsme, de déni et d’ignorance.  Bien que ce soient les petits États insulaires comme le Samoa qui sont les plus touchés par les impacts des changements climatiques, aucun État ne sera épargné à terme, a-t-il averti. 

Le Premier Ministre a indiqué que le Samoa avait présenté cette année au forum politique de haut niveau son deuxième examen national volontaire sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a aussi précisé que le Samoa avait accueilli, cette année, la quatre-vingt-quatrième session du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies, une « première » historique.  Il a dit attendre avec intérêt l’impact positif de la réforme du système de développement des Nations Unies, qui promet une meilleure présence de l’ONU dans la région du Pacifique avec la création d’un bureau multipays pour les États du Pacifique-Nord. 

« En tant que petit État insulaire en développement (PEID), le Samoa a besoin d’une Organisation des Nations Unies qui produira un instrument juridiquement contraignant sur la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones au-delà de la juridiction nationale (BBNJ) », a insisté le Premier Ministre du Samoa.  Il a enfin exhorté l’ONU à prendre en compte les vulnérabilités uniques des PEID aux impacts des changements climatiques en assurant la mise en œuvre efficace des Orientations de Samoa. 

M. MOEKETSI MAJORO, Premier Ministre du Lesotho, s’est inquiété des conséquences de la COVID-19 sur les capacités de son pays de réaliser les objectifs de développement durable liés à la santé.  M. Majoro s’est aussi dit convaincu que l’ONU était la seule institution universelle à même de sauvegarder la paix mondiale et d’assurer la survie de tous.  Parmi les plus importants défis pour la sécurité internationale, il a cité la prolifération des armes nucléaires et autres armes de destruction massive, le terrorisme, le commerce et trafic illicites d’armes, le trafic de drogue, les pressions sur la résolution des conflits et les efforts de consolidation de la paix, les menaces d’injustice sociale et économique et le sort des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Dans le même temps, le Premier Ministre a regretté que « le racisme relève sa tête laide dans certaines parties du monde, menaçant les gains incommensurables de la civilisation ». 

Face à tous ces défis, M. Majoro a jugé raisonnable de suggérer que la composition du Conseil de sécurité inclue une proportion appropriée de pays en développement dans les catégories permanente et non permanente, conformément au Consensus d’Ezulwini. 

Parmi ses préoccupations au niveau international, le Premier Ministre du Lesotho s’est dit préoccupé de l’absence de progrès sur la question palestinienne.  Il a aussi regretté que, 29 ans après que le Conseil de sécurité a approuvé le Plan de règlement de la question du Sahara occidental puis créé la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) chargée de mettre en œuvre ce plan, le référendum d’autodétermination n’ait toujours pas eu lieu.  Il a regretté que le Conseil de sécurité semble réticent à utiliser tous les outils diplomatiques à sa disposition pour assurer le respect du plan de paix. 

Tout en saluant les efforts des pays africains pour lutter contre les conflits sur le continent, le Premier Ministre du Lesotho a rappelé à la communauté internationale le rôle premier des Nations Unies en tant que gardien de la paix et de la stabilité mondiales partout, y compris en Afrique. 

M. STEFAN LÖFVEN, Premier Ministre de la Suède, a souligné que la pandémie de COVID-19 était l’occasion de s’attaquer collectivement aux défis mondiaux, dont, outre la crise sanitaire, les changements climatiques, le creusement des inégalités, les violations du droit international et les menaces à la paix mondiale.  M. Löfven a renouvelé sa confiance dans les Nations Unies pour faire face à ces défis, à commencer par les efforts en cours de lutte contre la pandémie.  La Suède, a dit le Premier Ministre, a débloqué plus de 170 millions de dollars pour contribuer à ces efforts et appelle à garantir un accès « équitable et mondial » aux futurs vaccins contre la COVID-19, par l’entremise de la coopération internationale.

S’agissant de la crise climatique, le dirigeant suédois a appelé les États Membres à redéfinir leurs sociétés et diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre, dans le respect des recommandations de la communauté scientifique.  Il a précisé que la Suède avait pour ambition de devenir la première nation à éliminer intégralement le recours à l’énergie fossile.  Parallèlement, M. Löfven a indiqué que son gouvernement travaillait main dans la main avec le secteur privé pour parvenir à l’objectif de neutralité carbone.  Dans la perspective de la future conférence sur le climat (COP26), qui se déroulera à Glasgow, il a exhorté les États Membres à définir des mesures ambitieuses pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.

Le Premier Ministre a par ailleurs déploré la montée des discriminations sexuelles et de la violence de genre engendrée par la pandémie.  Cette dernière a également fourni un prétexte à de nombreux dirigeants du monde pour réduire au silence leur opposition, la société civile et les défenseurs des droits de l’homme, a-t-il dénoncé.

Quant aux millions de personnes dans le monde qui ont perdu leur emploi et leurs moyens de subsistance à cause de la pandémie, M. Löfven a estimé que le dialogue social sur le lieu de travail pouvait permettre d’infléchir cette tendance et d’élaborer des solutions.  « Nous avons besoin d’une transition durable sur le marché mondial du travail », a-t-il insisté, précisant avoir réfléchi à la question, en étroite collaboration avec le Président sud-africain, M. Cyril Ramaphosa, lors de leur rédaction conjointe du rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur l’avenir du travail. 

Face à la montée du protectionnisme occasionnée par la crise sanitaire, le Premier Ministre a défendu les vertus du commerce libre, équitable et durable.  À ses yeux, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a un rôle essentiel à jouer pour le maintien d’un système commercial international fondé sur des règles.

Passant en revue l’actualité internationale, M. Löfven a appelé à l’instauration d’un cessez-le-feu doublé d’une augmentation du financement humanitaire au Yémen; à une transition démocratique rapide marquée par des élections libres au Mali; à une solution négociée, mettant fin à « l’occupation illégale » des territoires palestiniens sur la base de « paramètres convenus au niveau international », pour résoudre le conflit entre Israël et la Palestine; à une solution politique fondée sur la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité en Syrie; et à appuyer davantage le Soudan « sur le chemin difficile vers la démocratie ».

En Europe, le Premier Ministre a dénoncé « l’annexion illégale » de la Crimée et de Sébastopol par la Fédération de Russie, ainsi que « l’agression » dans l’est de l’Ukraine, qui constituent selon lui de graves violations du droit international et mettent en péril la sécurité mondiale.  Il a appelé, aux côtés de l’Union européenne (UE), à mettre en œuvre les accords de Minsk.  Condamnant l’empoisonnement du leader de l’opposition russe, M. Alexei Navalny, il a exhorté le Gouvernement russe à enquêter de manière approfondie et transparente sur la tentative d’assassinat.  Il s’est aussi inquiété de la situation au Bélarus et de la tenue d’élections, le 9 août, qui n’étaient selon lui ni libres ni équitables.  Il a jugé inacceptable « la répression accrue des manifestants pacifiques, des journalistes et des dirigeants de l’opposition » et appelé les dirigeants bélarussiens à mettre fin à la répression et à engager un véritable dialogue avec l’opposition. 

Le Premier Ministre a en outre exhorté les États-Unis et la Fédération de Russie à s’entendre sur une prorogation du « nouveau traité START », tout en invitant la Chine à se joindre aux discussions sur les arrangements de suivi.  En tant que dirigeant de l’un des 15 États non dotés d’armes nucléaires à poursuivre l’Initiative de Stockholm pour le désarmement nucléaire, M. Löfven a milité en faveur du succès de la future Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Enfin, s’agissant du dossier nucléaire iranien, le Premier Ministre a renouvelé son soutien et celui de l’UE en faveur de la mise en œuvre intégrale du Plan d’action global commun. 

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre, Ministre des finances, du service public, de la sécurité nationale, des affaires juridiques et des affaires intérieures de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a souligné qu’en ces temps de pandémie, mais aussi de changements climatiques, de désertification, de défis pour la biodiversité, d’inégalités de l’économie mondiale et de contradictions d’un système multilatéral favorable aux puissants, « nous sommes en effet à un carrefour important ».  À ses yeux, « il nous faut d’urgence une ONU qui fonctionne bien et soit apte à sauvegarder les principes fondamentaux d’égalité souveraine, d’intégrité territoriale et d’indépendance politique de tous les États, tout en s’attaquant aux problèmes critiques de notre époque ». 

En effet, a poursuivi M. Gonsalves, les défis urgents de notre temps ne peuvent être résolus en construisant des murs, ni en se repliant dans l’isolationnisme nationaliste.  Tout au contraire, « nous devons construire des ponts », a-t-il lancé, plaidant pour davantage de solidarité face à la COVID-19.  À cet égard, s’est-il interrogé, le vaccin attendu dans les prochains mois sera-t-il disponible pour tous les peuples du monde?  Ou bien est-ce que seule la vie des riches compte?  Au-delà des « bonnes intentions » de l’ONU et de ses institutions spécialisées telles que l’OMS, il faut, selon le Premier Ministre, un « pacte international exécutoire fondé sur des règles entre tous les pays et les grandes sociétés pharmaceutiques, prévoyant la fourniture universelle et à moindre coût des fruits de la science et de l’ingéniosité humaine ». 

Tout en invitant les individus à renoncer à leur « individualisme atomisé », M. Gonsalves a souhaité que les pays lancent un « nouveau pacte de solidarité durable », à l’image de ce qu’a fait avec succès la Communauté des Caraïbes (CARICOM).  L’ONU doit être le lieu de ce « multilatéralisme de bonne foi », fondé sur le droit international, a-t-il ajouté.  Mais pour cela, les États puissants doivent faire reculer les contraintes « unilatérales, malsaines et préjudiciables » qu’ils imposent aux nations les plus faibles. 

En tant que petit État insulaire en développement (PEID), Saint-Vincent-et-les Grenadines s’efforce de mener un programme de développement progressiste et centré sur les personnes, a fait valoir son Premier Ministre.  Ces avancées sont aujourd’hui menacées par les conséquences économiques désastreuses de la récession mondiale due à la COVID-19.  Sans prêts concessionnels, sans une aide au développement accrue et sans un allégement de la dette, « nous risquons de prendre du retard », a-t-il averti, appelant à une « réforme ambitieuse » de l’architecture financière internationale, qui tienne compte de « l’exceptionnalisme » des PEID. 

Dénonçant par ailleurs l’embargo économique « illégal et inhumain » contre Cuba, ainsi que les sanctions unilatérales visant à renverser le « régime » de la République bolivarienne du Venezuela, M. Gonsalves s’est félicité de la solidarité dont font preuve ces deux pays en réponse à la COVID-19.  Il a vu une « absurde contradiction » dans le fait que « ceux qui emploient le mantra des droits de l’homme comme prétexte à une action unilatérale » privent des millions de personnes de leur droit à la dignité et au développement en déployant « les outils de politique étrangère les plus débilitants ». 

Dans ce contexte, a ajouté le Premier Ministre, il importe d’aborder la question de la réforme du Conseil de sécurité, notamment en élargissant le nombre des membres permanents pour y inclure « nos frères et sœurs du continent africain », en incorporant les « perspectives nuancées » des PEID et en améliorant les méthodes de travail de l’instance.  Actuellement et jusqu’à la fin de 2021 membre élu du Conseil de sécurité, Saint-Vincent-et-les Grenadines y veillera, dans le cadre du partenariat qu’elle a forgé au Conseil avec les trois membres non permanents de l’Afrique, a assuré M. Gonsalves. 

Enfin, alors que résonnent des appels à la justice raciale et sociale dans le monde entier, le Premier Ministre a réaffirmé que « la vie des Noirs compte ».  En cette Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, la campagne internationale pour la justice réparatrice doit faire partie de « tout effort sérieux visant à réaliser le programme de développement durable », a-t-il conclu.

En l’espace de 75 ans, la communauté internationale a réalisé de grandes avancées sous les auspices de l’ONU, a observé M. THONGLOUN SISOULITH, Premier Ministre de la République démocratique populaire lao.  Le mécanisme de résolution des conflits par des moyens pacifiques est devenu un principe dominant et les lois et traités internationaux ont servi d’outil pour prévenir et résoudre des problèmes dans des domaines tels que le désarmement, la discrimination raciale, la religion et les différences culturelles, la promotion et la protection des droits de l’homme et l’égalité des sexes, a-t-il énuméré. 

Plus important encore, a poursuivi le dirigeant, la coopération multilatérale sous le drapeau de l’ONU a mis en synergie les efforts collectifs pour relever les grands défis communs qu’aucun pays ne peut relever seul, notamment les changements climatiques, les pandémies et le terrorisme.  En outre, dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD), des efforts collectifs ont aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté et de la faim et à avoir accès à l’éducation et aux services de santé. 

Il n’en demeure pas moins que, compte tenu de l’évolution de l’environnement régional et international, l’ONU doit « s’adapter et se renforcer » si elle veut s’acquitter de ses mandats en matière de paix et de sécurité internationales ainsi que de développement de la coopération, a nuancé M. Sisoulith.  À ses yeux, une réforme de l’Organisation est indispensable pour parvenir au règlement de problèmes tels que la question palestinienne ou encore l’embargo économique contre Cuba.  L’ONU doit également élever la coopération pour le développement au rang de priorité, ce qui implique d’agir collectivement. 

Face à la pandémie de COVID-19, qui frappe les populations, impacte les économies et efface les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté et la réalisation des ODD, la priorité est, selon lui, de contenir la progression du virus et de prendre des mesures strictes de prévention.  C’est ainsi que la République démocratique populaire lao n’a enregistré que 23 cas d’infection et aucun décès lié au virus, un succès en dû à la coopération et à l’assistance de pays amis et d’organisations internationales. 

Le Premier Ministre a déclaré avoir bon espoir qu’un vaccin sûr et efficace soit développé sous peu.  Toutefois, a-t-il souligné, il convient qu’un accès universel à ce vaccin soit assuré, faute de quoi nous ne serons pas en mesure de répondre effectivement à la pandémie.  Il a remercié à cet égard l’OMS et les pays qui viennent en aide aux États Membres en difficulté. 

Pour M. Sisoulith, une autre priorité est le redressement économique post-COVID-19.  Pour revitaliser l’économie mondiale et stimuler la croissance, il a appelé la communauté internationale à s’attaquer à ce qui fait obstacle au commerce international, tout en contribuant à une coopération gagnant-gagnant et en trouvant des solutions au problème de la dette. 

Il importe aussi, selon lui, de construire une société résiliente aux changements climatiques, dont l’impact est énorme sur la sécurité alimentaire et le développement.  À cette fin, la communauté internationale doit fournir un soutien financier et un savoir-faire technologique aux pays les moins avancés pour qu’ils puissent répondre aux catastrophes naturelles, a plaidé le dirigeant.  De même, il a appelé tous les pays à consommer les ressources naturelles de manière durable, à recourir davantage aux énergies alternatives et à honorer les engagement pris dans le cadre de l’Accord de Paris. 

Mme SOPHIE WILMÈS, Première Ministre de la Belgique, a parlé des trois piliers sur lesquels la Belgique bâtit l’entraide et la coopération avec des pays partenaires pour parvenir à un multilatéralisme efficace: « confiance, responsabilité et engagement ».  L’année 2020 restera dans nos mémoires comme une année douloureuse, a dit Mme Wilmès en faisant référence à un virus qui a emporté des centaines de milliers de personnes et brisé de nombreuses familles à travers le monde, avec un impact économique colossal.  La COVID-19 ne doit pas nous aveugler mais nous ouvrir les yeux sur les faiblesses que cette pandémie a mises à nu, a-t-elle recommandé, évoquant les modèles de société et les sources de tensions géopolitiques et des conflits. 

S’agissant des tensions géopolitique, Mme Wilmès a noté que la situation dans le Golfe reste une source de grave préoccupation et exige une grande prudence.  Elle a dit que le Plan d’action global commun restait crucial pour garantir le caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, avant de souhaiter que la levée prochaine de l’embargo sur les armes classiques ne mette pas en péril l’accord.  Au Moyen-Orient, l’objectif à atteindre est une perspective de paix juste et durable, a-t-elle poursuivi, rappelant qu’il ne peut y avoir de paix au Moyen-Orient sans une solution permanente et juste à la question palestinienne. 

En Afrique, elle a jugé très préoccupante la situation sécuritaire dans une grande partie du Sahel, malgré les nombreux efforts déployés et une mobilisation internationale accrue.  Elle s’est également inquiétée des conséquences du coup de force mené par des membres mutins des Forces armées maliennes, qui a remis en cause l’ordre juridique et constitutionnel du Mali. 

Par ailleurs, la Première Ministre a estimé que l’urgence climatique est un défi pour la paix, sachant que de plus en plus de régions du monde subissent les implications sanitaires, sécuritaires et humanitaires du dérèglement climatique et de la dégradation de la biodiversité.  Elle a jugé que la poursuite des objectifs de développement durable et plus généralement du Programme 2030 sont des outils essentiels pour répondre aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, qu’il s’agisse de pauvreté, d’inégalités, de climat ou encore de dégradation de l’environnement.

En outre, Mme Wilmès a appelé à faire confiance à la justice qui doit être bâtie sur la conviction inébranlable que tous les individus sont égaux et qu’aucune forme de discrimination ne peut altérer cette égalité.  « En tant que Nations Unies, nous avons la responsabilité de faire fonctionner la gouvernance mondiale », a-t-elle insisté, avant d’appeler à une réforme en vue de gagner en efficacité, en vue d’une plus grande transparence et en vue d’une meilleure réactivité et adaptabilité.  « Faire fonctionner la gouvernance mondiale et le multilatéralisme implique aussi de ne pas entraver le fonctionnement de ses organes existants », a insisté la Première Ministre, avant de réaffirmer son ferme soutien à la CPI, organe essentiel dans la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves. 

Soulignant que l’attachement au multilatéralisme fait partie de l’ADN du Royaume de Belgique, Mme Wilmès a indiqué que cet engagement avait aidé la Belgique à obtenir son sixième mandat au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’exercice 2019-2020.  Un Conseil qu’elle a trouvé « imparfait » et dont les 15 États membres ne sont, à son avis, pas toujours capables de résoudre tous les conflits. 

En outre, elle a estimé que les Nations Unies pouvaient faire preuve d’ambition en matière de justice transitionnelle, en adoptant une approche globale axée sur les droits humains, la centralité de la justice et de la reddition des comptes.  Elle a dit que l’engagement était le moteur de la coopération au développement et de l’aide humanitaire de son pays, avant de plaider en faveur d’un cadre politique mondial pour les droits des femmes, soit la moitié de la population mondiale.

M. MICHEÁL MARTIN, Taoiseach de l’Irlande, a indiqué que son pays, qui vient d’être élu membre non permanent du Conseil, fera tout pour honorer la confiance placée en lui par l’Assemblée générale.  Trois principes guideront le mandat de l’Irlande: instaurer la paix, renforcer la prévention et assurer une reddition de comptes.  L’Irlande a l’intention d’améliorer tous les aspects du maintien de la paix, à la fois pour les Casques bleus et les communautés hôtes.  M. Martin a déclaré que la défense des droits de l’homme et de l’égalité entre les genres doit être au cœur de toutes les missions.  « Les processus de paix ne peuvent pas réussir sans une pleine implication des femmes. »  Il a jugé vitale la prévention des conflits, en exhortant l’ONU à intervenir de manière précoce, à mettre un terme aux violations des droits de l’homme et à appuyer les efforts de paix des acteurs locaux.  Il a rejeté l’argumentation selon laquelle les questions de changements climatiques, la famine et les droits humains ne sont pas du domaine du Conseil de sécurité.  « Je veux être très clair à ce sujet. »

M. Martin a aussi apporté son appui à la Cour pénale internationale, avant de dire sa préoccupation devant les atteintes portées à la Cour et à son personnel.  Il a insisté sur la responsabilité du Conseil de sécurité de prévenir les atrocités de masse, avant de dénoncer les abus dans l’usage du droit de veto.  Dans ce droit fil, M. Martin a plaidé pour une réforme de la composition du Conseil, afin d’assurer une meilleure représentation des pays africains. 

L’Irlande compte œuvrer sans relâche pour promouvoir des progrès tangibles en vue d’une solution à deux États entre Palestiniens et Israéliens, a-t-il dit, avant d’insister sur la nécessité de négociations directes.  Il a ensuite exhorté la République populaire démocratique de Corée à abandonner toutes ses armes de destruction massive de manière vérifiable et irréversible.  S’agissant de l’Iran, il a appelé à pleinement appliquer le Plan d’action global commun, avant d’exhorter ce pays à cesser ses activités déstabilisatrices dans la région. 

M. Martin a souhaité attirer l’attention sur les succès du Conseil de sécurité, notamment en Colombie, tandis que de nombreux accords de paix ont été négociés avec son appui.  « Mais nous avons besoin de résultats plus concrets, plus souvent. »  Enfin, M. Martin a rappelé que les petits pays comme l’Irlande dépendent d’un ordre international régi par des règles pour survivre et prospérer.  « En tant que membre du Conseil, nous défendrons inlassablement la primauté des Nations Unies et du multilatéralisme. »

M. SAAD-EDDINE EL OTHMANI, Chef du Gouvernement du Royaume du Maroc, a indiqué que la pandémie avait révélé trois vulnérabilités à cause des changements climatiques, des inégalités et d’une coopération internationale inefficace. Rappelant qu’il reste neuf ans pour réaliser le Programme 2030, il a indiqué que « si nous avions progressé dans la réalisation dudit Programme, les retombées de la pandémie auraient été moins graves ».  Il a appelé à un réexamen des plans de développement, comme cela va être le cas au Maroc.  Il a rappelé que le Maroc a rejoint l’ONU en 1956, l’une des premières décisions du pays après son indépendance, avant de plaider pour une réforme de l’ONU.  L’heure est à la prise de mesures concrètes, axées sur des résultats, a déclaré le Chef du Gouvernement. « Le multilatéralisme est toujours en vie et demeure une nécessité. »  

M. El Othmani a détaillé la réponse marocaine au virus, qui a mobilisé toute la société sous la direction du Roi, avant d’appeler à la fourniture de vaccins de manière juste et équitable.  Il s’est dit en faveur de l’adoption d’un instrument juridique souple pour une mobilisation internationale face à de futures urgences sanitaires.  La pandémie nous a montré que ce nous croyions était faux, a-t-il dit.  Il a en effet expliqué que les prédictions terribles sur les conséquences de la pandémie en Afrique ne se sont pas réalisées, grâce à la résilience de sa population et à la compétence des gouvernements.  M. El Othmani a appelé à une réduction de la dette des pays vulnérables, ainsi qu’à des solutions novatrices au financement du développement. 

Il a indiqué que la position de son pays sur le dossier du Sahara marocain demeure « sans ambiguïté ».  Il a précisé que tout règlement définitif devra respecter certains critères, tels que la reconnaissance de la pleine souveraineté du Maroc et de la validité de son plan d’autonomie, le respect des principes contenus dans les résolutions du Conseil en vue d’une solution réaliste et le rejet de toute proposition contraire auxdits principes.  Il a noté que toutes les propositions susceptibles de jeter le trouble ont été rejetées, avant de se féliciter du nouvel élan pris par le processus sous les auspices de l’ONU.  M. El Othmani a cité la tenue récente de deux tables rondes à Genève. 

Il s’est ensuite dit vivement préoccupé par la situation dans les camps de Tindouf et déploré le fait que le pays hôte ait placé à leur tête « un groupe armé sécessionniste » en violation des normes internationales.  Il s’est dit soucieux du sort des personnes prises au piège dans ces camps et exhorté le pays hôte à permettre l’accès du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) à ces camps afin de procéder à l’enregistrement de leur population.  Un tel enregistrement est crucial pour mettre un terme au détournement de l’aide humanitaire, a déclaré M. El Othmani.  

Enfin, rappelant que la sécurité du Maroc est liée à celle de la Libye, le Chef du Gouvernement a plaidé pour une solution politique, sans ingérence extérieure.  Il a aussi défendu une solution juste et durable au Moyen-Orient, permettant aux Palestiniens d’établir un État indépendant. 

M. TIMOTHY HARRIS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, a présenté son pays comme un exemple mondial en matière de lutte contre la COVID-19 puisqu’il a réussi à contenir la propagation, avec un faible taux d’infection et aucun décès.  Par ailleurs, il a déclaré que l’assistance multilatérale est essentielle pour des pays comme le sien lorsqu’ils sont confrontés à des défis mondiaux.  « Nos ressources fiscales sont limitées et ont été sévèrement mises à l’épreuve », a-t-il dit avant d’exhorter les pays avancés et les institutions financières internationales à répondre positivement à l’appel des pays en développement.  

Compte tenu des vulnérabilités économiques et environnementales des petits États insulaires en développement, il a fait remarquer que ces pays seront probablement confrontés à l’effet multiplicateur de la pandémie, en particulier lorsque ces pays devront faire face aux ouragans.  Le Premier Ministre a ajouté que l’impact des changements climatiques pèse lourdement sur la vie quotidienne des habitants de Saint-Kitts-et-Nevis qui est la plus petite nation indépendante de l’hémisphère occidental.  

Alors que l’ONU a averti, le mois dernier, que les pays risquent de ne pas atteindre les objectifs cruciaux de préservation et de protection de la biodiversité de la terre, le Premier Ministre a souligné la pertinence de l’Objectif 15 de développement durable 15, qui nous demande de protéger, de restaurer et de promouvoir l’utilisation durable des écosystèmes terrestres, de gérer durablement les forêts, de lutter contre la désertification, d’arrêter et d’inverser la dégradation des terres et de stopper la perte de biodiversité.  Il a dit son impatience de se joindre à ses collègues des petits États insulaires en développement au Sommet de haut niveau sur la biodiversité pour défendre la cause de la biodiversité non seulement sur terre, mais aussi en haute mer.  Le Premier Ministre a appelé à protéger l’océan qui est une force vitale pour les petits États insulaires.  

Dans ce contexte, il s’est réjoui de la tenue, en 2021, du Sommet sur les systèmes alimentaires, disant qu’il arrivera à point nommé.  Il a estimé que les insuffisances actuelles, exposées par la pandémie, exigent un examen rigoureux de nos stratégies de production alimentaire et de sécurité nutritionnelle.  Il s’est dit particulièrement encouragé par la réponse positive des habitants de Saint-Kitts-et-Nevis à l’appel du Gouvernement à renforcer la sécurité alimentaire en intensifiant les investissements dans l’agriculture et la pêche.  

M. ALLEN MICHAEL CHASTANET, Premier Ministre de Sainte-Lucie, a rappelé que les petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien étaient particulièrement sujets aux chocs environnementaux, économiques et financiers.  « Nos circonstances uniques et les vulnérabilités qui en résultent nous ont exposés aux ravages de la double crise de la pandémie et des changements climatiques », a-t-il déclaré. 

Or, selon lui, l’architecture économique mondiale créée après la Seconde Guerre mondiale n’a jamais pris en compte les PEID.  Et malgré « l’empathie et la compréhension des technocrates » du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de notre propre Banque de développement des Caraïbes, ainsi que d’autres institutions financières internationales », M. Chastanet a estimé que ces organismes demeuraient régis par leurs « structures de gouvernance inflexibles ». 

Le Premier Ministre a ensuite énoncé une série de paradoxes dont sont, selon lui, victimes les PEID.  Ces pays sont les plus endettés, mais les moins susceptibles d’obtenir un allégement de la dette ou un financement concessionnel.  Ce sont les plus petits producteurs de biens et services mondiaux, mais les plus limités par les règles du commerce international.  Ce sont les plus faibles contributeurs au financement du terrorisme ou aux infractions bancaires, mais les plus ciblés par les « listes grises et listes noires placardées dans le monde entier, sapant notre réputation ».  Ce sont, enfin, les plus faibles émetteurs de carbone, mais les plus touchés par les changements climatiques. 

M. Chastanet a rappelé que, ces dernières années, les PEID avaient plaidé pour la création d’un indice de vulnérabilité, afin de déterminer avec plus de précision l’éligibilité d’un pays à l’aide au développement et à des conditions préférentielles.  « Pourtant, rien n’a changé », a-t-il constaté.  Notre richesse est toujours déterminée en fonction du PIB par habitant, même si nous savons désormais avec certitude que ce n’est pas une mesure précise.  « Réunion après réunion, tout ce que nous recevons, ce sont des platitudes et toujours plus de discussions », s’est impatienté le Premier Ministre.  « Et pendant ce temps, les tempêtes et les ouragans, les crises et les pandémies continuent de se produire. »

Après chaque nouveau choc, a poursuivi M. Chastanet, les PEID sont contraints de s’endetter encore davantage.  «  Il nous sera bientôt impossible de survivre avec ces règles figées qui ont été créées sans tenir compte de nos circonstances exceptionnelles », s’est insurgé le dirigeant, appelant à créer un nouvel ordre mondial pour permettre aux PEID de s’en sortir par eux-mêmes. 

Il est par ailleurs temps de lever l’embargo économique imposé à Cuba, a déclaré le Premier Ministre.  Selon lui, cette mesure touche non seulement le peuple cubain, mais également la région des Caraïbes tout entière.  Il est également temps, selon lui, de « reconnaître sur le plan international des États tels que Taiwan », afin qu’ils puissent s’engager de manière significative dans des processus mondiaux et partager leurs meilleures pratiques.  « Taiwan a ses propres élections, sa propre monnaie, contrôle son propre espace aérien et possède sa propre force militaire », a insisté M.  Chastanet.  « Une population de près de 24 millions de personnes est trop nombreuse pour être laissée de côté. »  Au point qu’aux yeux du Premier Ministre, l’exclusion continue de Taiwan remet en question les principes mêmes sur lesquels l’ONU est fondée. 

M. KEITH ROWLEY, Premier Ministre de Trinité-et-Tobago, a indiqué qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID) frappé par la pandémie de COVID-19, son pays était obligé de trouver l’équilibre entre sauver des vies et préserver les moyens de subsistance avec des moyens limités.  Les frontières ont été fermées dès mars de cette année, ainsi que les services non essentiels afin d’empêcher l’importation et la propagation du virus, a-t-il dit en expliquant les ajustements apportés pour remédier aux conséquences économiques sur les populations les plus vulnérables qui ont perdu les moyens de subvenir à leurs besoins.  Cette expérience, a relevé le Premier Ministre, témoigne de la nécessité pour les PEID d’être soutenus par un environnement économique international favorable, par l’activité et le financement des entreprises, par le commerce international, ainsi que par la coopération technique et, surtout, le multilatéralisme. 

La pandémie de COVID-19 menace d’inverser les gains réalisés pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), a reconnu M. Rowley.  Elle accentue les menaces posées par le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre, la piraterie, le trafic d’êtres humains et la cybercriminalité.  C’est la raison pour laquelle Trinité-et-Tobago reste attachée au Traité sur le commerce des armes, un instrument indispensable pour faire face au commerce illicite des armes, a indiqué le Premier Ministre.  Trinité-et-Tobago soutient aussi le mandat de la Cour pénale internationale (CPI), qui a été créée pour tenir responsables ceux qui commettent des crimes en vertu du droit international.  Le Premier Ministre a exhorté les États, qui ne l’ont pas encore fait, à soutenir la CPI.  

M. Rowley a dit que son pays s’est rapidement adapté à l’utilisation de plates-formes à distance pour travailler.  Cette dépendance aux plates-formes numériques devra se traduire par des possibilités pour les jeunes dans des domaines liés à la cyber technologie et à la cybersécurité, a-t-il espéré.  Face au risque élevé pour Trinité-et-Tobago d’être affectée par les effets néfastes des changements climatiques, le Premier Ministre a dit que le pays continue de mettre l’accent sur des approches à plusieurs volets pour l’adaptation future et l’atténuation, dans les limites de ses capacités financières.  

La pandémie de COVID-19, conjuguée à la baisse importante des prix de l’énergie, a accéléré les efforts de diversification de l’économie du pays, a-t-il poursuivi en signalant que le Gouvernement avait alloué des ressources et augmenté les investissements dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme.  Le Premier Ministre a rappelé que la Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (ECLAC) a averti qu’une crise de la dette se profile pour les économies de la sous-région avant d’exhorter la communauté internationale à apporter son aide financière aux pays en développement, y compris aux pays à revenu intermédiaire comme Trinité-et-Tobago.  

Concernant les Nations Unies, M. Rowley a soutenu la réforme du Conseil de sécurité et l’adaptation de l’ONU à l’environnement géopolitique en constante évolution.  Le Conseil doit refléter la diversité qui caractérise et représente vraiment l’ONU, a-t-il demandé.  Il a également appelé à la levée inconditionnelle de l’embargo économique, commercial et financier contre Cuba, et demandé aux États Membres de soutenir les initiatives de la CARICOM, encouragées par la Norvège et la Barbade, pour amener tous les parties au Venezuela à accepter le dialogue et à respecter les droits de l’homme. 

M. HUBERT  ALEXANDER MINNIS, Premier Ministre des Bahamas, a rappelé que la dernière fois qu’il s’est adressé à l’Assemblée, au lendemain de l’ouragan Dorian, il avait imploré les dirigeants mondiaux de traiter l’urgence climatique mondiale comme le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée.  « Nous ne savions pas que quelques mois plus tard à peine, un défi encore plus grand émergerait, forçant le monde à s’arrêter brutalement », a-t-il regretté en parlant de la pandémie de COVID-19.  Alors que le tourisme est la principale source de l’économie des Bahamas, le Premier Ministre a expliqué que le pays avait dû fermer temporairement ses frontières et réglementer la circulation des personnes pour limiter la propagation de la maladie, la priorité étant de protéger les vies et d’assurer la sécurité des habitants de l’île.  Cela a provoqué l’une des baisses les plus importantes du nombre de visiteurs depuis l’avènement du tourisme moderne aux Bahamas, a-t-il indiqué en parlant des conséquences du ralentissement de l’activité économique, dont une augmentation sans précédent du chômage.  Cela a conduit le Gouvernement à mettre en place un programme d’allocations chômage et d’aide aux travailleurs indépendants, ainsi que d’autres programmes de sécurité sociale, y compris le Programme national de distribution alimentaire, le plus grand programme d’alimentation de l’histoire de son pays, a-t-il expliqué. 

Les petits pays insulaires en développement comme les Bahamas semblent toujours opérer dans un cercle vicieux: la reprise est toujours confrontée à des chocs exogènes et à des événements climatiques successifs.  Les Bahamas, a poursuivi M.  Minnis, ont connu des ouragans majeurs en 2015, 2016, 2017 et en septembre 2018 avec l’ouragan Dorian, la plus grande tempête de l’histoire de l’Atlantique.  Les évaluations initiales de l’ONU des pertes et dommages étaient de 3,4 milliards de dollars.  Aujourd’hui, les projets d’infrastructure et de logement sont en cours, tandis que les Bahamas luttent contre l’impact de la COVID-19 et continuent à tendre la main aux partenaires internationaux pour obtenir l’aide indispensable à la restauration et à la reconstruction de l’île. 

La question cruciale qui demeure, pour le Premier Ministre, c’est de savoir pourquoi les pays à revenu intermédiaire sont toujours évalués par les institutions financières internationales en utilisant des méthodologies dépassées qui ne tiennent pas compte du niveau d’exposition, de vulnérabilité et de capacité d’un pays à se remettre de chocs exogènes.  Il convient de noter que l’examen par la CEPALC de l’impact de la COVID-19 conclut que les réalisations en matière de développement dans les Caraïbes et en Amérique latine ont été inversées d’au moins une décennie, a souligné le Premier Ministre, alors que les projections de la Banque mondiale indiquent qu’au moins 100 millions de personnes vont tomber dans l’extrême pauvreté.  Il a donc réitéré son appel à l’institutionnalisation d’un indice de vulnérabilité dans les processus décisionnels des institutions financières internationales et de la communauté internationale des donateurs.  Il a également fait écho à l’appel de la région pour la capitalisation d’un fonds pour la résilience caribéenne.  Saluant la décision du groupe G20 de suspendre les paiements du service de la dette pour les pays les moins avancés, le Premier Ministre a proposé que cette concession soit étendue à d’autres groupements économiques. 

Pour ce qui est de la relève post-COVID-19, le Ministre a demandé que les pays en développement aient accès aux vaccins via un processus d’achat transparent et à des prix abordables.  Alors que les Bahamas commencent prudemment à rouvrir le pays aux visiteurs, M. Minnis a déclaré que «  même si nous nous adaptons à cette nouvelle normalité, aucun pays ne peut survivre seul à cette pandémie  ». 

M. ABDALLA HAMDA HAMDOK, Premier Ministre du Soudan, a salué le rôle joué par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le soutien technique qu’elle a apporté à son pays dans le cadre de la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Une aide d’autant plus appréciée, a-t-il observé, que des pluies torrentielles ont provoqué depuis le mois d’août de gigantesques crues dans la vallée du Nil.  Évoquant ensuite la situation politique au Soudan, le Premier Ministre s’est enorgueilli de la signature, le 31 août à Djouba, au Soudan du Sud, d’un accord de paix qui a pris en compte toutes les causes profondes du conflit et qui a été paraphé par son gouvernement et plusieurs groupes rebelles avant sa ratification prévue le 3 octobre prochain, a-t-il annoncé.  Le Chef de gouvernement a exprimé ses remerciements à l’ONU et à ses agences humanitaires, ainsi qu’à la communauté des donateurs pour leurs efforts en vue de faciliter le retour des personnes qui avaient fui les violences.  Le « Gouvernement de la révolution », a-t-il assuré, a levé tous les obstacles à l’acheminement de l’aide aux populations dans les zones de conflit.  

Mettant en cause le précédent Gouvernement, le Premier Ministre a affirmé que le sien a entrepris des réformes visant à corriger les « malformations de la structure économique » qui avaient contribué à l’inflation, avec l’impact négatif que l’on sait sur les populations locales.  L’objectif recherché est de renforcer la production et la productivité aussi bien dans les villes que les zones rurales.  M. Hamdok a aussi évoqué les grandes lignes de la future constitution soudanaise, qui consacre un chapitre entier aux droits de l’homme.  Afin de pouvoir la mettre en œuvre, son gouvernement a entrepris d’évaluer les dommages causés par le précédent « régime totalitaire ».  Le texte, a-t-il promis, garantira les droits de la femme et les libertés d’expression et de réunion.  Il a précisé qu’en septembre 2019, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a rouvert et débuté son travail en janvier 2020.  

Après avoir salué l’initiative de l’Allemagne, qui a établi le Groupe des Amis du Soudan après un isolement « de plus de 30 ans », le Premier Ministre a soutenu que son pays n’a cessé de contribuer positivement à la stabilité de l’Afrique, particulièrement dans la sous-région, notamment en tant que Président de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Tout en plaidant pour l’annulation de la dette extérieure et un « traitement préférentiel » de la part des institutions financières internationales, M. Hamdok a demandé que les États-Unis retirent le Soudan de leur liste des pays qui parrainent le terrorisme.  Khartoum est de retour dans le giron de la communauté internationale, a-t-il souligné. 

M. BOB LOUGHMAN WEIBUR, Premier Ministre de Vanuatu, a déploré qu’en cette époque d’incertitude et de danger, pendant laquelle les États auraient tout à gagner à se réunir en personne, ils ne peuvent le faire.  Il faut, a-t-il dit auxdits États, s’unir pour vaincre le fléau qu’est la COVID-19 et pour aider les familles séparées, baisser les taux de chômage, atténuer l’impact de la fermeture des entreprises et fournir des soins à tous, tout en compensant la chute drastique des revenus. 

La pandémie creuse les divisions communautaires, attise les tensions géopolitiques, modifie les relations commerciales et menace la paix, a prévenu le Premier Ministre.  Il est particulièrement inquiétant, a-t-il estimé, de voir ces problèmes complexes s’aggraver dans le monde alors que le multilatéralisme subit de graves pressions.  M. Weibur a appelé à un multilatéralisme « sans exclusive », à la solidarité mondiale et à une coopération internationale concertée, insistant sur le rôle « central » de l’ONU. 

Pour le moment, s’est réjoui le Premier Ministre, aucun cas du virus n’a été détecté à Vanuatu, mais la fermeture précoce des frontières, qui a permis de préparer la riposte sanitaire, a eu de graves répercussions économiques et sociales.  Vanuatu a également été frappé, en avril dernier, par un cyclone tropical de catégorie 5 et reste menacé par d’autres phénomènes climatiques extrêmes.  

Pour autant, l’année 2020 est importante car elle marque le quarantième anniversaire de l’indépendance et le retrait du pays de la liste des pays les moins avancés (PMA).  Vanuatu est donc à la recherche de partenaires au développement et commerciaux aux niveaux bilatéral, régional et multilatéral pour mener sa stratégie de transition, dont les mesures prioritaires exigeant un appui ciblé sur une période de cinq ans et celles visant à appuyer le commerce et la participation aux fora internationaux. 

M. Weibur a jugé impératif de mettre en place l’architecture internationale nécessaire pour faire face aux changements climatiques et assurer une bonne gestion des océans.  Il a appelé les institutions financières multilatérales à annuler et alléger la dette et à créer des programmes de financement concessionnels et de subventions sur mesure.  Ces programmes offriraient aux pays concernés l’espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise actuelle, tout en finançant la mise en œuvre des priorités liées au développement durable, a-t-il estimé. 

Le Premier Ministre a également plaidé pour la recapitalisation des instruments financiers tels que le Fonds vert pour le climat mais pour la simplification du processus d’accès à ce type de fonds.  L’ONU, a ajouté le Premier Ministre, doit trouver les moyens de traiter des mesures d’atténuation des risques prises par les grandes banques internationales qui empêchent les banques nationales, en particulier celles des petits États insulaires en développement, à nouer des relations de correspondance bancaire.  Il a aussi insisté sur la nécessité pour chaque pays d’avoir un accès équitable, juste et opportun au futur vaccin contre la COVID-19.  L’ONU devra notamment veiller à ce que les pays les plus vulnérables y aient accès, a-t-il insisté. 

M. Weibur s’est par ailleurs attardé sur les liens culturels qui unissent Vanuatu et les îles Umaenupne et Umaeneag, plus communément connues sous le nom de Matthew et Hunter.  Il a dénoncé les revendications de la France, alors que ces îles faisaient déjà partie de Vanuatu pendant la période coloniale.  Aujourd’hui les Ni-Vanuatu ne peuvent même y effecteur leurs rites culturels et religieux.  Il s’est félicité de la perspective de la restitution de ces territoires, grâce à l’aide de l’ancien Rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones. 

M. JOSÉ ULISSES CORREIA E SILVA, Premier Ministre et Ministre de la réforme de Cabo Verde, a estimé que la pandémie a aggravé encore les inégalités entre pays développés et en développement.  Peu de pays dans le monde ont les ressources pour faire face aux pertes « extraordinaires » occasionnées par la pandémie de COVID-19 et aux dépenses nécessaires pour relancer les économies. 

Il a cité l’exemple de l’Union européenne, qui a débloqué une enveloppe de 750 milliards d’euros pour soutenir ses États membres.  Les stimuli financiers des pays les plus riches dépassent les centaines de milliards de dollars, a-t-il observé.  Mais qu’en est-il de l’Afrique et des petits États insulaires en développement?  Sont-ils en mesure de supporter les coûts, la reprise et la relance sur la seule base de leurs économies? «  Bien sûr que non!  », s’est résigné le Premier Ministre. 

Il a par conséquent plaidé en faveur d’une « collaboration  mondiale  » et insisté pour que l’accès au futur vaccin soit «  équitable et universel  ».  Il n’a pas oublié de réclamer l’annulation pure et simple de la dette extérieure des pays comme le sien, arguant tout cela doit faire l’objet d’un «  pacte de responsabilité globale » pour ne laisser personne de côté. 

L’annulation de la dette extérieure, a insisté le Premier Ministre, est « essentielle », non seulement pour faire face à la récession et aux déséquilibres macroéconomiques provoqués par la crise sanitaire, mais également pour relancer le développement durable des pays africains. 

Le dirigeant s’est prononcé en faveur d’une approche qui tienne compte des spécificités des petits États insulaires en développement (PEID), à savoir leur grande vulnérabilité aux chocs économiques et écologiques et leur dépendance au secteur du tourisme, «  dévasté par la pandémie mondiale  ».  Il a jugé «  parfaitement logique » de multiplier les initiatives d’annulation ou d’allégement de la dette.  Pour les PEID, a-t-il dit, la réponse de la communauté internationale ne saurait se borner à un problème de revenu par habitant.  Il faut plutôt se concentrer sur « les preuves ». 

En ce soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, le dirigeant a appelé à poursuivre la réforme de l’Organisation, notamment en ce qui concerne la composition et le fonctionnement du Conseil de sécurité, la revitalisation de l’Assemblée générale, le renforcement du Conseil économique et social (ECOSOC) et l’alignement des méthodes de travail entre ces principaux organes.  «  Il est urgent de mener à bien ces réformes pour la consolidation de la paix et la promotion du développement  », a-t-il insisté. 

M. CHRISTIAN NTSAY, Premier Ministre de Madagascar, a réaffirmé que, dans le contexte d’incertitude instauré par la pandémie, les valeurs partagées de l’Organisation telles que « l’unité, la solidarité entre les peuples et la coopération entre les nations » doivent prévaloir. 

Depuis l’annonce officielle de la pandémie du COVID-19 en mars 2020, Madagascar, a dit le Premier Ministre, a rapidement mis en œuvre une « stratégie de riposte multisectorielle ».  Les trois objectifs du Gouvernement ont été de « juguler la propagation de la COVID-19 », de « venir en aide aux populations vulnérables, de répondre efficacement aux besoins vitaux » et de «  protéger et stimuler l’économie pour maintenir le capital humain et faciliter la relance ».  

Le Gouvernement a également mis en place un centre de commandement opérationnel aux niveaux national et régional, et développé des « aides sociales multiples » pour soutenir les familles impactées par la crise sanitaire.  L’État malgache aide par ailleurs le secteur privé à préserver les emplois et les outils de production à travers des allègements fiscaux « sans précédent  ».  Il appuie les différents secteurs impactés pour mieux faire face aux conséquences de la crise sanitaire, grâce à des palettes d’aides, comme la dotation de semences et intrants aux paysans, l’octroi de « packs-vivres » à certains travailleurs impactés, la commande de plus de 5  millions de masques auprès des entreprises franches et des petites entreprises privées, et le lancement d’un grand projet d’infrastructures.  

Dans le domaine de la recherche et l’innovation, le Premier Ministre Ntsay a vanté la fabrication d’un produit nommé le « Covid-Organics (CVO) », qu’il a décrit comme un « remède traditionnel amélioré pour lutter efficacement contre la Covid-19 ».  Fruit d’importants travaux de recherche effectués par l’Institut Malagasy de Recherche Appliquée (IMRA), le produit profite du statut reconnu de Madagascar comme sanctuaire de la biodiversité mondiale, déployant une pharmacopée traditionnelle très variée et riche.  Le CVO, « aux vertus préventives et curatives », a pu « sans nul doute » éviter à Madagascar « une tragédie humaine » puisque le pays a procédé à une distribution massive du traitement, couplée à la prise de multiples mesures sanitaires et sociales.  

Le Premier Ministre a rendu hommage à l’ensemble du corps médical de Madagascar, aux forces de défense et de sécurité, à tous les volontaires et bénévoles, et à tous les acteurs des services essentiels publics et privés.  Grace à eux, l’île affiche un taux de guérison de 93%, et un taux de létalité de 1,2%, a affirmé le Premier Ministre. 

Selon M. WALID AL-MOUALEM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des expatriés de la République arabe syrienne, l’ONU s’éloigne de ses principes fondateurs car certains gouvernements ont « illégalement imposé leurs propres intérêts à d’autres », en utilisant les Nations Unies pour faire avancer leurs intérêts.  Déplorant une réalité « aux antipodes » du multilatéralisme et la « primauté du politique sur l’humanitaire », M. Al-Moualem a dénoncé les mesures coercitives unilatérales imposées au peuple syrien alors que la pandémie fait rage. 

Il a particulièrement insisté sur les conséquences de la nouvelle loi américaine, le « Caesar Syria Civilian Protection Act », sur la population civile syrienne.  Il a décrit le blocus des médicaments et équipements médicaux « vitaux », une entrave, a—t-il souligné, aux efforts de reconstruction « après les destructions causées par les terroristes », les « champs de blé incendiés » et les « champs de pétrole pillés  » du fait de cette loi.  Cette loi, a-t-il insisté, aggrave les conditions de vie des Syriens et empêche le retour des réfugiés et des déplacés.  

Il est clair, a constaté le Vice-Premier Ministre, que le véritable objectif du « Caesar Act » est de faire pression sur les Syriens, sur leurs moyens de subsistance et sur leur vie quotidienne.  C’est une « tentative inhumaine » d’étouffer les Syriens, comme l’a été George Floyd et les autres victimes de la police américaine.  Nous sommes étouffés comme Israël étouffe les Palestiniens « au quotidien » , a ajouté le Vice-Premier Ministre.  Ce type de mesures coercitives unilatérales, a-t-il dit, viole clairement le droit international.  Il a aussi dénoncé l’échec de la mise en en œuvre des résolutions du Conseil contre le terrorisme.  

Le Vice-Premier Ministre s’est particulièrement montré virulent contre la Turquie qu’il a accusée de « financer le terrorisme » et de « sponsoriser la terreur » dans la région.  La Turquie, a-t-il accusé, « a facilité le passage de dizaines de milliers de combattants terroristes étrangers en Syrie ».  Elle  continue à soutenir sous diverses formes le Front el-Nosra et les groupes terroristes affiliés.  Le Vice-Premier Ministre a utilisé le néologisme de « turquification » pour qualifier « la politique de déplacement forcé » dans les territoires syriens contrôlés par la Turquie.  M. Al-Moualem a qualifié les actes turcs dans la ville d’Hasakeh et une douzaine d’autres localités, de « crimes de guerre » et de crimes contre l’humanité ». 

Selon lui, la « présence illégitime » des forces américaines et turques sur le sol syrien répond à toutes les conditions légales d’une « occupation » : la Syrie y mettra fin « par tous les moyens possibles » en vertu du droit international, a prévenu le Vice-Premier Ministre.  Concernant les pourparlers de paix, il a affirmé que son gouvernement participe bien aux conférences de Genève, aux consultations à Moscou, au processus d’Astana ou encore au Congrès du dialogue national syrien de Sotchi.  Les discussions avec l’Envoyé Spécial des Nations Unies pour la Syrie sont « sérieuses et constructives », comme en atteste la création de la Commission constitutionnelle, a rappelé le Vice-Premier Ministre.  Il a tout de même prévenu que le succès ne sera possible que s’il n’y a « aucune ingérence étrangère ».  L’ensemble du processus, a-t-il martelé, doit être « exclusivement dirigé et contrôlé par les Syriens », qui jouissent du « droit exclusif » de déterminer l’avenir de leur pays. 

La Ministre des affaires étrangères de Singapour, Mme VIVIAN BALAKRISHNAN’S, a constaté d’emblée que le système multilatéral est confronté aujourd’hui au nationalisme, à la xénophobie, au rejet du libre-échange et de l’intégration économique mondiale et au détournement des technologies et des chaînes d’approvisionnement.  Même si ces menaces ne sont pas nouvelles, la COVID-19 n’a fait que les accélérer et les intensifier.  Mais, a prédit la Ministre, le protectionnisme et l’unilatéralisme finiront par « s’autodétruire », compte tenu de la « complexité » des chaînes d’approvisionnement modernes.  C’est parce que les pays sont ouverts au partage des connaissances scientifiques que nous avons pu produire des kits de test rapidement pendant cette pandémie, a-t-elle rappelé, affirmant que ce dont nous avons besoin maintenant c’est d’une coopération internationale accrue pour garantir un accès équitable et universel aux futurs vaccins contre la COVID-19.  

La Ministre a dénoncé le non-respect des obligations contractuelles s’agissant de la libre circulation des biens et des personnes, ce qui érode la confiance dans les relations entre États.  Fort de ce constat, la Ministre a pronostiqué que le chemin du « nouveau normal » ne sera pas linéaire.  À chaque étape du processus, il faudra trouver un équilibre entre les préoccupations sanitaires, économiques et sociales, et faire des compromis en fonction des situations particulières.  Une coopération internationale renforcée est essentielle pour surmonter les effets dévastateurs de la pandémie, reconstruire et recommencer à voyager. 

La Ministre a réaffirmé son attachement au multilatéralisme même si le système actuel n’est pas parfait.  Il reste encore beaucoup à faire, s’est-elle expliquée, pour renforcer et réformer le système multilatéral fondé sur des règles, lequel doit pouvoir s’adapter à la réalité changeante du monde actuel. 

Pour ce qui est de la relance et de la reconstruction post-COVID-19, l’une des priorités, a estimé la Ministre, est de promouvoir le multilatéralisme dans la recherche d’un vaccin et d’en garantir un accès universel et équitable.  Singapour et la Suisse ont d’ailleurs travaillé avec 13  autres partenaires qui partagent les mêmes idées en tant qu’Amis du Centre d’accès mondial aux vaccins contre la COVID-19.  Il va falloir aussi remédier aux inégalités de nos sociétés que la pandémie a révélées, a poursuivi la Ministre.  Un système commercial ouvert est la clef des efforts de reconstruction et aucun pays ne peut être totalement autosuffisant.  Il est dans l’intérêt de tous de maintenir et de renforcer la connectivité de la chaîne d’approvisionnement, a insisté la Ministre. 

Elle a également plaidé pour la poursuite du travail important de renforcement face aux problèmes liés à la révolution numérique, aux menaces à la cybersécurité, aux changements climatiques et à la pollution transfrontière.  Les changements climatiques sont « un danger évident et réel » pour Singapour.  C’est pourquoi, a expliqué la Ministre, Singapour prend ses obligations climatiques très au sérieux et a d’ores et déjà soumis, en mars 2020, à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, sa contribution nationale à l’horizon  2030, à l’Accord de Paris et à la stratégie de développement à faible émission d’ici à 2050.  

« L’infiniment petit a eu donc raison de nous », a constaté M. AMADOU BA, Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur du Sénégal, au sujet de la pandémie.  « Cela est inédit en 75 ans d’existence de notre Organisation commune.  »  Appelant à la mise en œuvre effective de la résolution adoptée par la soixante-treizième  Assemblée mondiale de la santé en vue d’ assurer un accès rapide, abordable, sûr et de qualité aux produits et technologies de santé essentiels que sont les tests diagnostiques, les médicaments et les vaccins, le Sénégal, a confié le Ministre, a acquis la conviction que tout potentiel vaccin ou traitement contre la COVID 19 devrait être considéré comme un « bien public mondial ».  

Alors qu’elle avait amorcé des dynamiques de croissance soutenue, l’Afrique subit de plein fouet les graves conséquences de cette crise. Pour garantir un rétablissement correct des économies et assurer la stabilité sociopolitique mondiale, il faudra, selon le Ministre, davantage faire jouer la carte de la solidarité et de la coopération internationales. Il a donc appelé, en plus du respect des engagements des pays développés en faveur de l’aide publique au développement (APD), à l’annulation de la dette publique et à la restructuration de la dette privée. Ce dont l’Afrique a vraiment besoin, a précisé le Ministre, « ce n’est pas seulement d’un moratoire de la dette mais plutôt son effacement ». 

Soutenant l’appel du Secrétaire général de l’ONU à une « réponse multilatérale à grande échelle », en vue de mobiliser des ressources financières d’au moins 10% du PIB mondial, le Ministre a réaffirmé le besoin pour l’ONU d’un « multilatéralisme revigoré ».  Il serait d’ailleurs légitime, selon lui, de se demander « pourquoi l’Afrique demeure le seul Continent à ne pas disposer de siège permanent au Conseil de Sécurité, qui lui consacre pourtant une large part de son agenda ».  Le terrorisme et l’extrémisme violent frappant le Sahel ne devraient pas occulter «  l’autre Afrique », celle qui «  entreprend, innove, invente, réussit », fait face à la pandémie de COVID-19 et aux prévisions les plus alarmistes, « suscitant l’admiration ». 

Face à la pandémie, le Sénégal, a dit le Ministre, a lancé un Programme de résilience économique et sociale d’un montant de 1,6 milliard de dollars ayant permis de prendre en charge les besoins d’urgence et d’équipements sanitaires, d’assister les ménages et la diaspora, de soutenir le secteur privé, y compris à travers des incitations fiscales, et d’assurer l’approvisionnement correct en hydrocarbures.  Un plan d’investissements d’environ 900 millions de dollars pour la période 2020-2024 a été lancé pour rendre le système national de santé résilient et pérenne.  

Quant à la protection de la biodiversité, une somme de 90 millions de dollars a été dédiés à la reforestation durable du territoire national ainsi qu’à la création d’un Institut national de recherche forestière et à l’Agence sénégalaise de protection forestière.  Le Sénégal, a conclu le Ministre, renouvelle son « engagement constant » pour un retour définitif de la paix et de la stabilité au Mali, comme en atteste sa participation à la Mission des Nations Unies (MINUSMA).   

Mme KATRIN EGGENBERGER, Ministre des affaires étrangères, de la justice et de la culture du Liechtenstein, a estimé que la pandémie en cours constitue une « expérience difficile et humiliante » pour nous tous, ce qui explique la forte tentation de souhaiter le retour le plus rapide possible au statu quo ante.  Mais c’est impossible, « il n’y a aucun moyen de retourner là où nous étions ».  La pandémie a changé notre réalité et nos conditions de vie de manière fondamentale et a eu un impact profond.  Elle a aussi exacerbé les inégalités existantes au sein des nations et entre les nations, en particulier dans le domaine de la santé et de l’éducation.  C’est pourquoi la Décennie d’action revêt une importance encore plus grande.  En effet, a insisté Mme Eggenberger, si nous avions fait mieux pour atteindre les objectifs de développement durable du Programme 2030, nous aurions été beaucoup mieux préparés à lutter efficacement contre la pandémie, dans un esprit de solidarité authentique.  Mettre l’accent sur le Programme 2030 doit donc être au sommet de notre ordre du jour. 

La Ministre a rappelé que l’érosion de la confiance dans les institutions et l’état de droit a été signalée par le Secrétaire général comme un risque majeur pour les sociétés pacifiques.  Or, la réponse à la pandémie ne peut être coordonnée, unifiée et efficace que lorsque la confiance dans les institutions est élevée.  Le manque d’accès aux institutions pertinentes, les inégalités de traitement et la corruption sapent fondamentalement cette confiance.  Le Liechtenstein estime, a dit la Ministre, que la prochaine session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la corruption est encore plus pertinente dans le contexte de la pandémie.  

Mme Eggenberger a qualifié l’ONU d’« un des plus beaux triomphes de l’état de droit » et salué les règles communes sur lesquelles elle repose.  C’est pourquoi elle a déploré le fait que « certains de nos partenaires » aient tendance à remettre en question la centralité de l’état de droit et la nécessité de lutter « collectivement » contre les menaces à la paix internationale et à notre planète. Le respect des règles sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord et du droit international est d’une importance « capitale » pour les petits États, qui constituent la majorité des membres de cette Assemblée, a ajouté la Ministre, qui a rappelé que son pays, entré il y 30 ans à l’ONU, a fait du renforcement du droit international une de ses priorités. 

Le Liechtenstein, a-t-elle promis, continuera de défendre l’état de droit et le multilatéralisme et surtout de promouvoir le respect des règles qui régissent l’usage de la force entre États.  La Ministre a reconnu qu’elles sont claires mais « de plus en plus diluées dans la pratique ».  Le Liechtenstein, a-t-elle martelé, déplore la manière dont les règles de légitime défense sont interprétées et une situation particulièrement dangereuse à une époque de militarisation accrue et de cyberguerre.  

Mme Eggenberger a encore rappelé l’implication du Liechtenstein dans la lutte contre les formes d’esclavage modernes et la traite des êtres humains, « l’un des modèles de crime organisé les plus rentables », et en particulier le travail forcé.  Mais elle a fait observer que si les États avaient adopté depuis 75 ans des normes élevées et universelles en matière de droits de l’homme, leur mise en œuvre avait souvent été un point faible.  Elle a salué la création de la Cour pénale internationale (CPI) et souligné tout autant que la CPI, le Conseil de sécurité est d’une importance cruciale.  Mais Mme Eggenberger a accusé le Conseil d’appliquer « une notion dépassée de la sécurité » qui nuit à la pertinence de ses travaux.  Elle a qualifié d’« effet pernicieux omniprésent » le droit de veto.  Elle a répété l’appui du Liechtenstein à un renforcement de la responsabilité de l’Assemblée générale en cas de blocage au Conseil de sécurité.  L’Assemblée doit débattre de chaque situation où le droit de veto est invoqué au Conseil de sécurité.  La pandémie, a conclu la Ministre, a souligné « de manière impressionnante » la nécessité pour cette Assemblée de fonctionner pleinement à tout moment.   

Pour M. ALEXANDER SCHALLENBERG, Ministre fédéral des affaires européennes et internationales de l’Autriche, comme toute organisation, l’ONU n'est pas sans défauts. Souvent écartée du règlement des conflits et avec un Conseil de sécurité qui peine trop souvent à parvenir à un consensus, il a toutefois concédé que dans l'ensemble, en comparant les normes actuelles à celles d’il y a 75 ans, par exemple sur l’éducation des enfants, les droits des femmes, la mortalité infantile, l’accès à l'eau potable ou l’extrême pauvreté et la faim, l'ONU peut vraiment être « fière » de ses résultats.  Cependant, a-t-il poursuivi, le monde est toujours confronté à de nombreuses menaces: les dizaines de conflits armés; les près de 80 millions de personnes déplacées; le terrorisme; la répression politique; l’extrême pauvreté auxquelles s’ajoutent des menaces émergentes comme la cyber-guerre et le risque d'échec de la gouvernance technologique, le bioterrorisme, les nouvelles tensions géopolitiques dues à un système mondial de plus en plus polycentrique, le changement climatique et la COVID-19.  

Cette pandémie COVID-19 nous a appris ce que nous prenions pour acquis est plus vulnérable que nous ne le pensions, a constaté le Ministre citant les restrictions à la libre circulation et l’impact de la COVID-19 sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Près de 24 millions d’enfants et de jeunes abandonneront ou n’auront plus accès à l’école l’année prochaine et nous voyons déjà un record négatif dans les taux de croissance négative, le chômage et les inégalités, s’est-il alarmé.  Le Ministre s’est aussi inquiété des retombées de la pandémie sur les relations internationales, en pointant du doigt la résurgence du nationalisme, du protectionnisme et du populisme; l’érosion de la confiance dans le système international et l’intensification de la désinformation, dont « les faits alternatifs ». 

Si les progrès technologiques ont fait un bond en avant, le Ministre a regretté qu’une grande partie de la population mondiale soit laissée sur le côté. Aux fléaux du déclassement humain, de la cybercriminalité, du commerce des données et de la protection des données personnelles et de la vie privée, il faut ajouter, a dit le Ministre, les systèmes d’armes autonomes « ces machines qui dont le pouvoir de décider de la mort et de la vie ».  «  Ce n’est pas de la science-fiction, s’est fait sérieux le Ministre, cela devient rapidement la réalité », une réalité que le Secrétaire général a qualifié de « politiquement inacceptable et moralement répugnante ».  

IL faut agir maintenant, a pressé le Ministre, avant que la survie des civils dans une zone de conflit ne soit déterminée par « un algorithme », que toutes les contraintes fixées par le droit international humanitaire ne deviennent « superflues » et que les décisions soient prises par « des robots tueurs sans humanité ni éthique ».  L’Autriche, a annoncé le Ministre, organisera l’année prochaine à Vienne une conférence internationale sur cette question urgente, « si la COVID-19 le permet ».  

Lorsque le virus a frappé, s’est-il souvenu, même les multilatéralistes les plus fervents se sont concentrés sur la protection de leurs populations, la fermeture des frontières et le stockage des masques et du matériel médical. Pendant ce temps-là, a relevé le Ministre, les unilatéralistes les plus durs recherchaient la coopération internationale pour obtenir fournitures médicales et assistance à la relance économique.  Alors, s’est interrogé le Ministre, pourquoi ne pas profiter cette pandémie « pour changer la donne » et simplement oublier ce « différend inutile » entre multilatéralistes et unilatéralistes.  Choisissons la coopération dans la prévention et le traitement de la COVID-19.  Les futurs vaccins doivent être des « biens publics mondiaux », accessibles et abordables, a plaidé le Ministre. 

Des experts et analystes de premier plan pérorent sur les conséquences politiques et économiques mondiales de la pandémie, allant jusqu’à parler de «  changements de paradigme  », voire de «  mouvements tectoniques  », a noté M. Vladimir Makeï, Ministre des affaires étrangères du Bélarus.  « C’est possible. Seul l’avenir nous le dira ».  Pour l’heure, a poursuivi le Ministre, force est de constater que la communauté internationale n’a pas été à la hauteur des espoirs placés en elle dans sa réponse à la crise sanitaire.  De toute évidence, la logique selon laquelle il est plus facile de relever seul le défi a pris le dessus.  La plupart des États Membres se sont replié « dans leur coquille nationale  », fermant les frontières et se coupant du monde extérieur. 

M. Makeï a affirmé que le Bélarus a rejeté ce « choix douteux ».  Au départ, a-t-il dit, nous avons cru et continuons de croire au succès des efforts collectifs.  Mais face à l’absence d’une position commune, nous avons défini notre propre approche.  Le Ministre a parlé d’une approche qui repose sur deux éléments: la préservation, dans toute la mesure du possible, de la viabilité de l’État et de son économie et, la garantie d’une protection maximale de la population.  La situation actuelle du Bélarus et la propagation de l’épidémie dans le monde a démontré le bienfondé de cette approche, s’est enorgueilli le Ministre.  

Tirant les leçons de la crise sanitaire, le Ministre a estimé que cette crise a révélé « sans la moindre équivoque » le  besoin urgent d’un État fort.  La crise a également démontré à quel point le monde est interconnecté.  Aucun pays, a dit avoir constaté le Ministre, ne peut trouver seul des solutions à un problème mondial, sans prendre en considération les autres nations, dans le cadre d’un dialogue constructif et d’efforts collectifs. 

Le Ministre a donc déploré les tentatives d’un certain nombre d’États « d’abuser de la tribune » de l’ONU et du Conseil de sécurité, « pour défendre leurs ambitions politiques étroites  ».  Il a regretté l’attention portée par « les pays occidentaux » à la situation dans son pays.  Cette situation est « difficile », a-t-il reconnu mais « principalement à cause de certaines circonstances imposées de l’extérieur ». 

M. Makeï a rappelé qu’en août dernier, à l’issue de l’élection présidentielle, le peuple du Bélarus a fait le choix « clair » d’un État « stable et prospère », soucieux de la paix, des relations de bon voisinage et du développement durable.  Or, a-t-il déploré, plutôt que de respecter ce choix, certains tentent de « déstabiliser » le pays.  Après une tentative « infructueuse » de nous imposer une «  révolution de couleur », a poursuivi le Ministre, nous subissons une ingérence étrangère visant à saper notre régime politique. 

Le Ministre a fustigé le « cynisme  » d’un certain nombre de « voisins occidentaux » du Bélarus qui, sous prétexte de se préoccuper de la souveraineté et de la prospérité du pays, tentent en réalité de le plonger «  dans le chaos et l’anarchie ».  M. Makeï a appelé les partenaires du Bélarus à faire preuve de sagesse, de retenue et d’impartialité.  Il a averti que l’ingérence dans les affaires intérieures du Bélarus et l’imposition de sanctions ou autres mesures coercitives ne peuvent qu’avoir l’effet inverse et porter préjudice à toutes les parties. 

L’avenir de la République du Bélarus sera décidé par son peuple, a martelé M. Makeï, « pas sur les barricades », mais par le biais d’un « dialogue civilisé ».  Il a fermement rejeté les mesures coercitives unilatérales dans les relations internationales et estimé que le blocus commercial, financier et économique imposé à Cuba par les États-Unis depuis plusieurs décennies, est un exemple flagrant des effets « néfastes » de ce type de mesures.  Pour le Ministre, les « moyens d’asphyxie » pour faire pression de manière « arbitraire  » sur des États souverains sont « inacceptables » et doivent cesser immédiatement. 

Droits de réponse 

Répondant à l’intervention de l’Azerbaïdjan, l’Arménie a rejeté les « discours répétitifs » qui ne cessent de défendre des interprétations « biaisées » des causes profondes du différend dans le Nagorno-Karabakh.  Le régime azerbaïdjanais, a-t-elle accusé, brosse un tableau trompeur de la situation, en oubliant opportunément de dire que la population du Nagorno-Karabakh a obtenu son indépendance dans le cadre de la dissolution de l’ex-Union soviétique.  Un référendum a eu lieu en 1991, a souligné l’Arménie, arguant que le peuple du Nagorno-Karabakh a toujours aspiré à la paix, ce à quoi l’Azerbaïdjan a répondu par la violence et des crimes de masse.  L’Arménie a accusé les autorités d’Azerbaïdjan d’avoir par le passé chercher à exterminer totalement les Arméniens. Cette ambition, a estimé l’Arménie, reste au cœur de la politique d’un État qui propage la haine et l’« arméniophobie ».  L’Arménie a affirmé que les atrocités de masse commises par l’Azerbaïdjan sont largement documentées.  Ce pays, a-t-elle affirmé, a réduit à néant toute trace de civilisation arménienne, préférant rejeter toutes les demandes du Parlement européen d’envoyer des missions d’établissement des faits. 

Le discours de l’Azerbaïdjan à l’Assemblée générale cette année, a poursuivi l’Arménie, n’est que l’interprétation biaisée habituelle des résolutions de l’ONU. Si l’Azerbaïdjan veut vraiment appliquer ces résolutions, elle devrait commencer par contacter les dirigeants « élus » du Nagorno-Karabakh et discuter d’un accord de paix.  L’Arménie a reproché à l’Azerbaïdjan de ne pas respecter ses obligations en vertu de l’Accord de cessez-le feu de 1994, et de refuser de répondre à l’appel à un cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général en ces temps de COVID-19.  Le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple du Nagorno-Karabakh est « incontestable » au regard du droit international, a martelé l’Arménie, soulignant que les représentants élus de ce territoire ont été reconnus par la communauté internationale.  L’Azerbaïdjan, a tranché l’Arménie, devrait renoncer à ses tentatives de déstabiliser la région.  Elle devrait renoncer à la force, a-t-elle ajouté. 

Reprenant également la parole, l’Indonésie a jugé « honteux » que Vanuatu continue d’entretenir une «  obsession malsaine » sur la gouvernance indonésienne.  Faire ce qui est juste, c’est respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États et c’est respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un pays, a martelé l’Indonésie, en ajoutant: «  veuillez donc garder vos sermons pour vous  ».  Le pays a reproché à Vanuatu de vouloir « semer la discorde » et de promouvoir des inimitiés, en faisant mention de « soi-disant violations des droits de l’homme ».  Riche de centaines d’ethnies, s’est défendue l’Indonésie, notre archipel est caractérisé par la « tolérance » et l’égalité des droits.  À l’opposé, a attaqué le pays, Vanuatu ne se préoccupe pas vraiment du sort de ses peuples autochtones, comme en atteste le fait qu’il n’a pas daigné signer plusieurs des traités internationaux sur les droits de l’homme.  

Les accusations « typiques » qu’il profère une nouvelle fois aujourd’hui au sujet de ces droits ne valent rien.  Vous ne représentez pas le peuple de Papouasie  a lancé l’Indonésie.  « Les Papous sont des Indonésiens, et jouent un rôle important dans le développement du pays ».  Le respect de la souveraineté territoriale est un principe de la Charte et nous nous défendrons contre toute tentative séparatiste « masquée derrière les droits de l’homme », a prévenu l’Indonésie.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À l’Assemblée générale, la lutte concertée contre la COVID-19 n’occulte pas des différends territoriaux et des conflits de souveraineté

Soixante-quinzième session,
10e & 11e séances – matin & après-midi
AG/12271

À l’Assemblée générale, la lutte concertée contre la COVID-19 n’occulte pas des différends territoriaux et des conflits de souveraineté

Le quatrième jour du débat général de l’Assemblée générale, toujours rythmé par les vidéos préenregistrées des chefs d’État et de gouvernement, a été marqué par le « retour » du pape François, cinq ans après sa dernière intervention en personne à la tribune.  L’occasion pour le Saint-Père d’alerter, à l’heure de la COVID-19, sur le sort « intolérable » des réfugiés, migrants et personnes déplacées, abandonnés « à la périphérie de la vie » dans leur pays d’origine, de transit et de destination. 

Devant une audience éparse de représentants permanents, le souverain pontife a rappelé la vocation du multilatéralisme, qui est l’expression d’une « coresponsabilité mondiale » et d’une solidarité fondée sur la justice et la réalisation de la paix et de l’unité – « rien d’autre que le projet de Dieu pour notre monde ».  La pandémie nous engage « à vivre cette épreuve comme un choix entre l’essentiel ou le trivial, le permanent ou l’éphémère  », a tranché le pape, partisan d’une refonte des systèmes économiques et sociaux au profit de tous et soucieux de la santé de la « maison commune ». 

Plaidant lui aussi pour une action structurée autour des principes de solidarité et de responsabilité, et fondée sur des partenariats entre pays d’origine, de transit et de destination, le Premier Ministre italien, M. Giuseppe Conte, a souhaité une vision à long terme qui remonte aux causes profondes des flux migratoires: « L’Italie, en tant que pays d’entrée dans l’Union européenne, est à nouveau en première ligne pour soutenir un changement de perspective conduisant à une gouvernance européenne à plusieurs niveaux basée sur une véritable solidarité et le développement de canaux sécurisés pour la migration légale », a assuré le Chef de Gouvernement. 

À rebours de ces appels à la solidarité, des voix discordantes se sont fait entendre, révélant que le COVID-19 n’a pas relégué à l’arrière-plan des différends territoriaux vieux de plusieurs décennies.  Le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Khan, s’est ainsi lancé dans un réquisitoire virulent contre l’Inde, accusée de piétiner la vision séculière de Ghandi et Nehru en cherchant à livrer le pays à un «  corps politique hindou dominant ». 

Le dirigeant pakistanais a tout particulièrement fustigé l’occupation «  illicite de plus de 72 ans » du Jammu-et-Cachemire, où le déploiement récent de troupes préparerait le terrain à une « solution finale », selon les termes qu’il a prêtés à l’organisation « terroriste » Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS). 

De son côté, le Président de l’État de Palestine a dénoncé le « deal du siècle », proposé par les États-Unis, ainsi que « l’annexion planifiée » par Israël de plus de 33% des terres palestiniennes, outre Jérusalem-Est.  M. Mahmoud Abbas a également considéré que les accords de normalisation des relations entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn constituent une violation de l’Initiative de paix arabe et des termes de référence d’une solution globale, durable, juste et conforme au droit international du conflit israélo-palestinien.  Désireux de relancer un « véritable  » processus de paix sous l’égide de l’ONU, M. Abbas a invité le Secrétaire général à lancer, en coopération avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, les préparatifs d’une conférence internationale début 2021 à laquelle seraient conviées toutes les parties concernées. 

Une autre crise géopolitique s’est invitée à l’ordre du jour, celle qui oppose la Grèce à la Turquie.  Le Premier Ministre grec, M. Kyriakos Mitsotakis, a regretté qu’Ankara ait répondu à « la main qu’il a tendue » lors de la précédente Assemblée générale par « l’escalade, la provocation, la désinformation et l’agression ».  Aucun doute que ces actions portent atteinte au droit international et menacent la sécurité et la stabilité de la Méditerranée orientale et de tous les États membres de l’Union européenne.  Du même avis, le Président du Conseil européen, M. Charles Michel, a annoncé l’organisation prochaine d’une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale, dans le cadre de laquelle seraient abordées des questions telles que les délimitations maritimes, la sécurité, les questions énergétiques et la migration. 

La Turquie a également été mise en cause par le Premier Ministre arménien, M. Nikol Pashinyan, qui lui a reproché ses velléités de «  puissance  » régionale, notamment dans le Caucase du Sud, où elle soutiendrait «  unilatéralement  » l’Azerbaïdjan, pays avec lequel l’Arménie est dans un conflit de souveraineté sur le Haut-Karabakh.  Dans cette même sous-région, le Premier Ministre de Géorgie, M. Giorgi Gakharia, s’en est pris à la Fédération de Russie, qui occuperait 20% de son territoire, en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali, territoires où un processus de «  frontiérisation  illégale » serait en cours, sur fond de campagne de désinformation. 

Le nouveau Premier Ministre du Japon, M. Yoshihide Suga, qui a pris ses fonctions le 16 septembre 2020, a confirmé que la position de son pays reste inchangée sur la question des « enlèvements par la Corée du Nord  » de ressortissants japonais.  Il a toutefois, déclaré que son gouvernement cherche à normaliser ses relations avec Pyongyang, en vue d’un règlement du dossier nucléaire et des missiles balistiques.  M. Suga s’est dit prêt à rencontrer le Président Kim Jong-un « sans condition », persuadé qu’une relation constructive entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) servirait non seulement leurs intérêts mutuels, mais aussi la paix et à la stabilité régionales. 

Plusieurs petits États insulaires en développement se sont exprimés aujourd’hui, s’alarmant une fois de plus de « l’enjeu existentiel » que représente les changements climatiques.  Certes, comme l’a rappelé le Président de Kiribati, M. Taneti Maamau, ces nations ont été protégées de la COVID-19 par leur insularité, mais la fermeture des frontières a été « un couteau à double tranchant » sur le plan économique.  Le Premier Ministre de Tuvalu, M. Kausea Natano, a lancé un appel aux pays développés, accaparés par la lutte contre la pandémie, pour qu’ils ne perdent pas de vue la priorité climatique, «  la plus grande menace pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être du Pacifique et de ses peuples à long terme ». 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 26 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

Le Président de la Micronésie, M. DAVID W. PANUELO,  a rappelé que son pays est un produit du multilatéralisme, bénéficiant d’un partenariat durable avec les États-Unis tel que codifié par leur pacte de libre association.  Ce pacte énonce d’importants accords de réciprocité entre les deux nations et instaure un cadre d’assistance américaine pour soutenir les efforts de la Micronésie vers l’autosuffisance, a expliqué le Président avant de rappeler les autres partenaires clefs de son pays comme le Japon, la Chine et l’Australie.  Il a dit être un fervent défenseur d’une coopération cohérente entre toutes les nations et tous les peuples pour une solidarité mondiale.  Qu’il s’agisse de la lutte mondiale contre la COVID-19 ou des changements climatiques, des efforts internationaux pour lutter contre la traite des êtres humains ou la pêche illégale, la Micronésie demande « à ses amis américains et chinois » de renforcer leur coopération et leur amitié afin de réaliser ce qui est le mieux pour la communauté mondiale.  

Soulignant l’intensité renouvelée et croissante de la concurrence pour l’accès et l’influence dans « sa » région du Pacifique, le Président a dit craindre que ces activités menacent potentiellement de rompre des alliances de longue date au sein de « notre famille du Pacifique », et a prévenu qu’elles pourraient devenir contre-productives pour la solidarité, la sécurité et la stabilité régionales.  Il a donc appelé les autres dirigeants des îles du Pacifique, ainsi que ceux des pays voisins du Pacifique développés et industrialisés, à rester concentrés et fidèles aux « objectifs collectifs » qui les unissent, et non aux intérêts unilatéraux qui pourraient certainement les diviser à long terme.   

Dans le même esprit, il a exhorté les États-Unis et la Chine à défendre conjointement des causes mondiales à travers la solidarité et la coopération en citant les changements climatiques et la lutte contre la COVID-19.  Les solutions à ces deux crises nécessitent une collaboration internationale, a tranché le Président Panuelo avant de préciser que son pays reste l’un des très rares pays sans COVID-19 au monde.  Il en a profité pour remercier le système des Nations Unies et de l’OMS et d’autres pays « généreux » pour leur soutien dans la lutte contre la menace de la COVID-19.  La Micronésie croit fermement en l’objectif 17 du développement -Partenariats- a dit le Président en espérant qu’une fois des vaccins efficaces contre la COVID-19 disponibles, ils seront partagés largement et immédiatement -accessibles et abordables- avec toutes les nations et peuples du monde.

Pour la Micronésie, les changements climatiques représentent la plus grande menace à long terme.  La montée des eaux menace de rendre impossible la vie dans les atolls éloignés, a-t-il expliqué en indiquant aussi que les températures plus élevées menacent les cultures, le bétail et les poissons.  M. Panuelo a martelé que le monde doit passer aux énergies durables et renouvelables.  « Pour honorer les engagements pris au titre de l’Accord de Paris, toutes les nations doivent faire un effort unifié et mondial. »  Nous avons vu, grâce au Protocole de Montréal, que 98% des substances appauvrissant la couche d'ozone ont été éliminées par la communauté mondiale, a-t-il rappelé affirmant que l’on peut réussir en travaillant ensemble.   C’est à la fois possible et essentiel, a-t-il tranché.  

La Micronésie demande par conséquent au Secrétaire général de l’ONU de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité auprès du Conseil de sécurité et que les efforts de l’ONU soient plus inclusifs sur ce dossier.  Cette conviction est partagée par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique, a indiqué le Président Panuelo en citant la récente Déclaration Kainaki II (2019).

Le pape FRANÇOIS, Chef d’État du Saint-Siège, cinq ans après s’être adressé à l’Assemblée générale, a relevé combien la pandémie de COVID-19 change notre mode de vie, remet en question nos systèmes -économique, sanitaire et social-, et expose notre fragilité humaine.  La pandémie, selon le souverain pontife, nous appelle « à vivre cette épreuve comme le moment de choisir entre ce qui est essentiel ou accessoire, entre ce qui est permanent ou éphémère ».  Elle peut être l’occasion de repenser notre façon de vivre et nos systèmes économiques et sociaux, qui creusent le fossé entre riches et pauvres.  Ou elle peut être l’occasion d’un « repli défensif » vers un plus grand individualisme et un élitisme, a-t-il averti.

Pour le pape François, nous sommes donc confrontés à un choix entre deux voies possibles.  Une voie mène à la consolidation du multilatéralisme en tant qu’expression d’un sens renouvelé de la coresponsabilité mondiale, d’une solidarité fondée sur la justice et la réalisation de la paix et de l’unité au sein de la famille humaine, qui est « le plan de Dieu pour notre monde ».  L’autre voie met l’accent sur l’autosuffisance, le nationalisme, le protectionnisme, l’individualisme et l’isolement.  Elle exclut les pauvres, les vulnérables et ceux qui vivent « à la périphérie de la vie ». 

La pandémie a également mis en évidence la nécessité urgente de promouvoir la santé publique et de faire du droit de chacun à des soins médicaux de base une réalité, a constaté le pape en appelant à nouveau les dirigeants politiques et ceux du secteur privé à n’épargner aucun effort pour garantir l’accès aux vaccins contre la COVID-19 et aux technologies essentielles nécessaires pour soigner les malades.  « Si quelqu’un doit avoir la préférence, que ce soit les plus pauvres, les plus vulnérables, ceux qui sont si souvent victimes de discrimination parce qu’ils n’ont ni pouvoir ni ressources économiques. »

Dans le même ordre d’idées, le Saint-Père s’est inquiété des effets de la pandémie sur l’emploi.  Il a jugé urgent de trouver de nouvelles formes de travail permettant à chacun de réaliser son potentiel et d’affirmer sa dignité.  Il a plaidé à cette fin pour un changement dans le paradigme économique dominant, qui vise uniquement à accroître les bénéfices des entreprises.  Le pape a plaidé pour un cadre éthique plus solide, capable de surmonter « la culture actuelle du gâchis ».

Il est douloureux de voir le nombre de droits de l’homme fondamentaux qui, de nos jours, continuent d’être violés en toute impunité, a confié le pape François en se désolant de la longue liste de ces violations, qui offre l’image « effrayante » d’une humanité maltraitée, blessée, privée de dignité, de liberté et d’espoir pour l’avenir.  Il a dénoncé en particulier les persécutions que les croyants continuent de subir, comme le génocide.  « Nous autres chrétiens en sommes victimes: combien de nos frères et sœurs dans le monde souffrent, parfois contraints de fuir leurs terres ancestrales, coupés de leur riche histoire et culture. »

Le souverain pontife s’est attardé sur le sort des réfugiés, migrants et personnes déplacées qui se retrouvent abandonnés dans leurs pays d’origine, de transit et de destination, privés de toute chance d’améliorer leur vie et celle de leurs familles.  Pire encore, s’est-il lamenté, des milliers de personnes sont interceptées en mer et renvoyées de force dans des camps de détention, où elles subissent des tortures et des abus.  Beaucoup d’entre elles sont victimes de la traite des êtres humains, de l’esclavage sexuel ou du travail forcé, exploitées dans des emplois dégradants et privées d'un juste salaire.  « C’est intolérable, mais intentionnellement ignoré par beaucoup! »

Les efforts internationaux pour répondre à ces crises commencent par de grandes promesses, a constaté le pape François en évoquant les deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations, tout en notant que beaucoup ne reçoivent pas le soutien politique nécessaire pour réussir.  D’autres échouent parce que les États fuient leurs responsabilités et leurs engagements.  Néanmoins, a-t-il voulu croire, « la crise actuelle offre à l’ONU l’occasion de contribuer à l’édification d’une société plus fraternelle et plus compatissante ».

Cela implique notamment de reconsidérer le rôle des institutions économiques et financières de Bretton-Woods, qui doivent répondre à l’inégalité croissante entre les superriches et les pauvres, a poursuivi le Saint-Père.  Ici, il a renouvelé son appel pour la réduction, voire l’annulation, de la dette qui pèse sur les budgets des nations les plus pauvres. 

Le pape François a noté la situation alarmante de l’Amazonie et de ses peuples autochtones.  « On voit ici que la crise environnementale est indissolublement liée à une crise sociale, et que la protection de l’environnement nécessite une approche intégrée de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. »  Nous ne devons pas imposer aux générations futures le fardeau des problèmes créés par les générations précédentes, a mis en garde le pape, assurant que le Saint-Siège continuera à jouer son rôle pour « prendre soin de notre maison commune ». 

Le pape s’est par ailleurs inquiété de voir que, dans le cadre de la réponse humanitaire à la pandémie, certains pays et institutions internationales promeuvent l’avortement comme un service soi-disant essentiel.  « Il est troublant de voir à quel point il est devenu simple et commode pour certains de nier l’existence d’une vie humaine comme solution à des problèmes qui peuvent et doivent être résolus tant pour la mère que pour l’enfant à naître. »  Le pape a exhorté les autorités civiles à être particulièrement attentives aux enfants qui se voient refuser leurs droits fondamentaux et leur dignité, en particulier leur droit à la vie et à l’école.  Il a rappelé que les premiers enseignants de chaque enfant sont sa mère et son père, la famille, que la Déclaration universelle des droits de l’homme décrit comme « l'unité naturelle et fondamentale de la société ».  Trop souvent, a-t-il regretté, la famille est victime de formes de « colonialisme idéologique » qui l’affaiblissent et conduisent à une fragmentation sociale. 

« Nous devons rompre avec le climat actuel de méfiance », a aussi recommandé le souverain pontife, à l’heure où nous assistons à une érosion du multilatéralisme, qui est « d’autant plus grave à la lumière du développement de nouvelles formes de technologie militaire ».  « Nous devons démanteler la logique perverse qui lie la sécurité personnelle et nationale à la possession d’armes », a-t-il ajouté.

« On ne sort pas inchangé d’une crise », a conclu le pape François.  « On en ressort meilleur ou pire. »  La pandémie nous a montré que nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres, ou pire encore, opposés les uns aux autres.  L’ONU a été créée pour rassembler les nations, pour être un pont entre les peuples.  « Faisons bon usage de cette institution pour transformer le défi qui nous attend en une occasion de construire ensemble, une fois de plus, l'avenir que nous souhaitons tous”, a-t-il exhorté.

Que dire de plus sur la « tragédie perpétuelle et les souffrances endurées par mon peuple? »  Combien de temps encore les Palestiniens demeureront-ils sous le joug de l’occupation israélienne?  Et jusqu’à quand les millions de réfugiés palestiniens seront-ils privés d’une solution conforme à la vision énoncée par l’ONU il y a plus de 70 ans?  C’est par une série de questions laissées sans réponses que M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a entamé son allocation au débat général.

Le peuple palestinien est présent dans sa patrie, la Palestine, « la terre de ses ancêtres », depuis plus de 6 000 ans, a poursuivi M.  Abbas.  « Et il continuera à vivre sur cette terre », a-t-il promis, « inébranlable face à l’occupation, à l’agression, aux déceptions et aux trahisons, jusqu’à la réalisation de ses droits ».  Malgré tout ce que les Palestiniens ont enduré et continuent de subir, malgré le blocus « injuste »  dont ils font l’objet, a insisté le Président, « nous ne mettrons pas un genou à terre, nous ne déposerons pas les armes, nous ne dévierons pas de nos positions fondamentales, et nous vaincrons ».

M. Abbas a souligné que son pays avait accepté la primauté du droit international et les résolutions de l’ONU sur la question palestinienne, en dépit, selon lui, de « l’injustice historique que nous avons subie depuis 1917 et du fait que ces résolutions ne reconnaissaient comme palestiniens que les territoires occupés en 1967 ».  Or, le Président a dénoncé le fait que la Puissance occupante israélienne, avec le soutien du Gouvernement américain actuel, tente aujourd’hui de substituer à ces résolutions le « deal du siècle » proposé par les États-Unis et « l’annexion planifiée » de plus de 33% des terres de Palestine, en plus de celle de Jérusalem-Est.

M. Abbas a affirmé que la Palestine avait toujours recherché une paix juste, globale et durable, au point d’accepter « toutes les initiatives » qui lui ont été présentées.  « J’ai personnellement consacré ma vie à la réalisation de cette paix tant désirée, notamment depuis 1988, puis avec la Conférence de Madrid et les Accords d’Oslo en 1993, et encore aujourd’hui », a-t-il rappelé, précisant qu’il demeurait attaché à l’Initiative de paix arabe.

« En retour, qu’a fait Israël? », a demandé le Président palestinien.  Selon lui, la Puissance occupante a violé tous les accords signés avec les Palestiniens et sapé la solution des deux États, à coup « de meurtres et de mutilations, d’arrestations, de démolitions de maisons, d’asphyxie de notre économie et d’actions systématiques pour modifier le caractère et l’identité de Jérusalem occupée, en attaquant ses lieux saints musulmans et chrétiens ».  M. Abbas a également dénoncé la poursuite de la politique israélienne de colonisation des terres palestiniennes.  

Dernièrement, a poursuivi le Président, Israël a annoncé des accords de normalisation de ses relations avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn, en violation, selon lui, de l’Initiative de paix arabe et des termes de référence d’une solution globale, durable, juste et conforme au droit international.  « L’Organisation de libération de la Palestine n’a pourtant donné de mandat à personne pour parler ou négocier au nom du peuple palestinien », s’est-il étonné.  À ses yeux, la seule voie possible pour parvenir à une paix durable, globale et juste dans la région passe par la fin de l’occupation israélienne et la garantie de l’indépendance de l’État de Palestine, sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.

À cet égard, M. Abbas a invité le Secrétaire général de l’ONU à entreprendre, en coopération avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, des préparatifs en vue de convoquer une conférence internationale à laquelle seraient conviées toutes les parties concernées.  Cette conférence, a-t-il précisé, aurait lieu en début d’année prochaine et permettrait de relancer un « véritable » processus de paix, fondé sur le droit international et les résolutions de l’ONU.  Elle devrait notamment conduire à la fin de l’occupation et à l’indépendance de la Palestine, ainsi qu’à la résolution de toutes les questions concernant son statut final, notamment celle des réfugiés, sur la base de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Sur le plan de la politique intérieure, M. Abbas a indiqué en conclusion que son pays, malgré tous les obstacles auxquels il est confronté, se préparait à organiser des élections législatives suivies d’élection présidentielle, avec la participation de toutes les factions et partis politiques palestiniens.  « Nous continuerons de donner la vie et l’espoir sous l’étendard de l’unité nationale et de la démocratie », a affirmé le Président palestinien.  « Nous continuerons de résister à toutes les tentatives et à tous les plans visant à nous effacer ».

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, parlant au nom de l’Union européenne, a rappelé être un soutien indéfectible des Nations Unies, ainsi que des organisations internationales, citant en particulier l’OMS.  L’Europe a été durement touchée par la pandémie, a-t-il reconnu en indiquant que dans l'Union européenne (UE), plus de 142 000 personnes ont perdu la vie.  Il aussi fait valoir que l'UE a été à la tête de la coopération internationale qui a permis de lever près de 16 milliards d'euros pour financer la recherche et le développement de vaccins, tests et traitements contre la COVID-19.  Elle est mobilisée, aux côtés de tous les acteurs impliqués, pour que ces vaccins et traitements soient universellement accessibles et abordables.   

Le Président du Conseil européen a ensuite expliqué « pourquoi l'Union européenne a entrepris de devenir plus forte, stratégiquement autonome dans le cadre d'une économie ouverte  ».  Avant la crise, l'Europe s’était déjà engagée sur la voie de transformations fondamentales, notamment pour devenir en 2050 le premier continent neutre sur le plan carbone, et en se dotant d’un agenda digital ambitieux, dans le respect de ses valeurs fondamentales.  

Cette pandémie a décuplé notre volonté de transformer nos économies et nos sociétés, a résumé M. Michel.  D’emblée et en urgence, 540 milliards d’euros ont été mobilisés.  Ensuite, le Conseil européen a décidé en juillet de dégager des moyens financiers ambitieux et sans précédents: plus de 1 800 milliards d’euros pour les prochaines années, dont 750 milliards qui proviendront d’une émission, inédite par sa nature et par sa taille, d’obligations de l’UE. 

« La responsabilité, elle commence d’ailleurs par voir les choses comme elles sont, et non comme on voudrait qu’elles soient. »  Dans le monde d’aujourd’hui, a déploré M. Michel, l’abus de la force, militaire mais aussi économique, évince trop souvent l’argumentation et la négociation.  « Le respect des traités, principe de base du droit international, en vient même à être considéré comme optionnel.  Même par ceux qui en étaient il y a peu encore les garants historiques.  Tout cela au nom d’intérêts partisans. »

Plus que jamais, l’UE défend un monde basé sur des règles et une coopération internationale fondée sur les valeurs universelles, a assuré M. Michel en soulignant notamment que l’UE est « à l’avant-garde de la mise en œuvre des accords de Paris ».  Dans le même esprit, les objectifs du Programme 2030 sont déjà intégrés dans notre système de gouvernance économique, a-t-il fait savoir avant de souligner aussi que l’UE est attachée à faire progresser l’équité fiscale, de manière générale, et en particulier dans le secteur numérique.  Des activités importantes réalisées dans ce domaine ne peuvent plus échapper à une taxation juste, a-t-il dit en signalant que l’UE est engagée, aux côtés de l’OCDE et du G20, dans la coopération internationale pour corriger cette injustice.  

L’UE est un acteur de paix et de progrès, a poursuivi M. Michel.  « L’UE veut mobiliser son influence et sa force pour rendre les autres plus robustes aussi. »  Ainsi, a-t-il, elle soutient les six partenaires des Balkans occidentaux dans leur transformation et leur intégration, et vient de décider d’ouvrir les négociations d’adhésion avec deux pays de plus parmi eux: l’Albanie et la République de Macédoine du Nord. 

Venant au Bélarus, M. Michel a estimé que « la dernière élection présidentielle a été falsifiée ».  « Nous n’en acceptons pas les résultats. »  Il a condamné la répression violente de l’opposition et des manifestations pacifiques, en exigeant que cessent la répression et les intimidations et que justice soit rendue.  « Nous sommes au côté du peuple bélarusse qui doit être libre, sans la moindre contrainte extérieure, de choisir son propre avenir.  Le dialogue national inclusif, avec le soutien de l’OSCE, est le seul chemin réaliste. » 

Lutter contre l’impunité, c’est aussi exiger une enquête indépendante et crédible lorsque l’opposant russe Navalny est victime d’une tentative d’assassinat à l’arme chimique, a enchaîné le haut responsable avant de parler de la relation entre l’Europe et l’Afrique qui doit être « la colonne vertébrale d’un monde plus juste et plus solide ».  Reconnaissant qu’une Europe forte a besoin d’une Afrique forte, et inversement, il a réitéré son appel à régler la question des dettes des pays les plus pauvres dans un esprit de solidarité qui doit aussi prendre en compte les effets de la pandémie.  

Préoccupé par les tensions en Méditerranée orientale, le Président du Conseil européen a redit que les actions unilatérales et les infractions au droit international doivent absolument cesser.  Il a proposé l’organisation d’une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale, en lien avec l’ONU, signalant que de nombreux acteurs déjà ont répondu positivement.  Les délimitations maritimes, la sécurité, les questions énergétiques, la migration sont quelques-uns des sujets qui devraient être abordés.  

« Notre logique c’est aussi d’appuyer les efforts des Nations Unies, et le cas échéant des organisations régionales, notamment en Libye et en Syrie”, a assuré M. Michel qui a aussi jugé crucial l’accord sur le nucléaire avec l’Iran et appelé à le préserver.  « Toutes les parties doivent continuer de souscrire à sa pleine mise en œuvre », a-t-il exigé en rappelant qu’il a été endossé par le Conseil de sécurité (résolution 2231) et qu’il reste en vigueur.  « Et il ne fait aucun doute pour nous que les sanctions sur le nucléaire levées lors de la conclusion du Plan d’action global commun restent bien levées. »

Sur la question de la paix entre Palestiniens et Israéliens, M. Michel a souligné que l’UE reste fermement attachée à la solution des deux États.  Nous ne ménagerons pas nos efforts avec nos partenaires internationaux, notamment le Quatuor, pour faciliter le retour des Israéliens et des Palestiniens à la table des négociations, afin de trouver une solution négociée conforme aux paramètres internationalement convenus, a-t-il indiqué. 

Depuis que j’ai accédé à la fonction de Président du Conseil européen, a rapporté M. Michel, on me pose souvent une question à la fois simple et brutale: « Dans la nouvelle rivalité entre les États-Unis et la Chine, de quel côté se situe l’Union européenne? »  « Nous partageons des idéaux, des valeurs et une affection réciproque fortifiés dans les épreuves de l’histoire.  Ils restent incarnés aujourd’hui dans une alliance transatlantique vitale.  Cela ne nous empêche pas d’avoir occasionnellement des approches ou des intérêts divergents. »

Par contre, a précisé M. Michel, « nous ne partageons pas les valeurs sur lesquelles s’appuie le système politique et économique en Chine ».  L’UE ne cessera de promouvoir le respect des droits humains universels, y compris ceux des minorités comme les Ouïgours, et à Hong Kong où les engagements internationaux qui garantissaient l’état de droit et la démocratie sont remis en question.  « Nous commerçons, et nous sommes partenaires de la Chine face à des défis mondiaux tels que le réchauffement climatique.  Mais nous sommes décidés à rééquilibrer cette relation vers plus de réciprocité et de concurrence loyale », a ajouté M. Michel avant de conclure son allocution par un rappel du soutien de l’UE au multilatéralisme, à l’ordre international fondé sur des règles et à l’ONU.

Pour la première fois, « nous avons une Assemblée virtuelle », a déclaré M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, la qualifiant d’« un peu surréaliste ».  «  Mais il est important –malgré les restrictions– que nous partagions nos points de vue sur la situation internationale, surtout cette année, parce que c’est l’année du coronavirus  », a-t-il observé.  L’ONU a donné l’exemple, notamment en mettant en place la réponse ONU COVID-19 et en établissant le Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19, à l’initiative du Secrétaire général, fonds dont les Pays-Bas sont à ce jour le plus important donateur.  Mais si nous voulons vraiment vaincre ce virus, nous devrons faire encore plus pour renforcer la coopération internationale, a estimé le Chef du Gouvernement, en exhortant à soutenir l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui joue un rôle crucial.  Cela signifie également que les États Membres doivent coopérer pleinement avec l’Organisation et faire preuve de transparence, même si, « dans certains cas, cela a fait défaut  ».  Dans le même temps, a-t-il reconnu, l’OMS a également suscité des critiques: «  Les Pays-Bas conviennent qu’une fois la crise maîtrisée, nous devrions évaluer la situation et examiner comment nous pouvons renforcer ses pouvoirs. »   

Malheureusement, alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, nous assistons à une autre tendance.  «  L’ordre mondial multilatéral, qui nous a tant apporté au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, est soumis à de fortes pressions.  »  Pour l’inverser, la première étape consiste pour tous les pays à assumer la responsabilité du bon fonctionnement du système multilatéral, en choisissant de défendre leurs intérêts nationaux sans perdre de vue «  l’intérêt commun  ».  La deuxième étape consiste, selon lui, à évaluer de manière critique le système lui-même, parce que nous ne pouvons «  relever les défis d’aujourd’hui avec les structures d’hier  ».  Il est essentiel d’améliorer, de réformer et de moderniser nos institutions mondiales, et l’ONU ne fait pas exception, a insisté M. Rutte. 

Au Conseil de sécurité, les Pays-Bas, a rappelé le Premier Ministre, ont planché sur des réformes pratiques de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et ils continueront de fournir des ressources financières: « nous sommes l’un des 10 plus gros donateurs du système multilatéral », s’est enorgueilli le dirigeant néerlandais.  Cela passe par le partage de notre expertise dans des domaines comme l’adaptation au climat, «  un sujet qui figure dans l’ADN même de notre Royaume  », qui est composé d’un détroit de basse altitude en bordure de la mer du Nord et de plusieurs petites îles caraïbéennes.  En janvier 2021, les Pays-Bas accueilleront le Sommet sur l’adaptation climatique, a annoncé le Premier Ministre. 

Une autre contribution de son pays est de fournir une assise à l’ordre juridique international, comme en témoigne le fait que La Haye accueille la Cour internationale de Justice et la Cour pénale internationale.  Pour notre pays, la mise en place de procédures judiciaires spéciales pour juger les personnes accusées d’avoir abattu le vol MH17 a été une étape importante, s’est félicité M. Rutte, «  parce que justice doit être rendue  ». 

M. K. P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a déploré que les catégories de pays tels que les pays moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral, auxquelles son pays appartient, soient confrontées à une limitation des ressources, de la protection sociale et des infrastructures sanitaires nécessaires pour faire face à la pandémie de COVID-19.  La détresse est encore aggravée par l’arrêt du tourisme, des transferts de fonds ainsi que par une perturbation profonde des chaînes d’approvisionnement et du commerce.  Pour la première fois au cours des 20 dernières années, la pauvreté augmente, principalement dans les pays en développement, a constaté le Premier Ministre en se désolant que la crise actuelle menace des objectifs durement atteints dans des domaines clefs  et qu’elle mette en péril l’objectif du Népal de quitter la catégorie des PMA.

Profondément préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire en Libye, en Syrie et au Yémen, le Premier Ministre du Népal a appelé à un règlement pacifique de tous les conflits.  Il a exprimé son souhait de voir naître la paix au Moyen-Orient, notamment via une solution des deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Fort de plus de six décennies de partenariat dans les opérations de paix de l’ONU, l’engagement du Népal en faveur de la paix et de la stabilité internationales est plus fort que jamais, a insisté M. Oli, qui considère par ailleurs que les pays fournisseurs de troupes et de police devraient davantage être représentés dans les postes à responsabilité, tant au Siège que dans les missions sur le terrain.

Le Premier Ministre a milité pour une réduction généralisée des dépenses militaires à l’échelon mondial au profit d’une augmentation du budget alloué à la recherche médicale.  Le monde a besoin de « plus de masques, pas de mousquets; de plus d’équipements de protection, pas d’armes destructrices; d’investissement social pour sauver des vies, pas de dépenses militaires pour en détruire ».

Les montagnes népalaises contribuent grandement au maintien de l’écosystème, a tenu à souligner le Premier Ministre en expliquant que leur neige alimente des centaines de rivières se déversant dans les océans.  « L’Himalaya au Népal fonctionne comme un stabilisateur naturel du climat », a-t-il insisté, réclamant la réalisation pleine et entière des Accords de Paris pour protéger l’écosystème mondial. 

M. GIORGI GAKHARIA, Premier Ministre de Géorgie, a assuré que, malgré les difficultés, son pays avait réussi à faire face à l’assaut de la pandémie de COVID-19.  Grâce à des décisions proactives, aux efforts des autorités, des médecins et des épidémiologistes, et surtout à la responsabilité sociale de ses citoyens, la Géorgie a pu se maintenir sur la liste des « zones vertes », s’est-il enorgueilli, remerciant les États-Unis, l’Union européenne (UE) et les institutions financières internationales pour leur aide capitale.  

Au-delà de ce nouveau défi, a poursuivi M. Gakharia, la Géorgie reste confrontée à l’occupation de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali, soit 20% de son territoire.  Aujourd’hui encore, alors que le monde mène la guerre contre le coronavirus, la Fédération de Russie poursuit son processus de « frontiérisation » illégale et de provocations dans les territoires occupés, a-t-il accusé.  D’après lui, les outils de guerre hybride sont largement utilisés, y compris la désinformation contre la principale installation nationale de lutte contre la pandémie, le Centre Richard Lugar de recherche en santé publique.

La Fédération de Russie n’a toujours pas respecté l’accord de cessez-le-feu du 12  août 2008 négocié par l’UE, au mépris de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie, ainsi que des principes fondamentaux du droit international, a déploré le Chef du Gouvernement géorgien.  Dans ce contexte, les populations frappées par le conflit se trouvent dans un état de crise humanitaire et sont privées de leur liberté de mouvement et de leurs droits à la propriété, à l’éducation et aux soins de santé de base, a-t-il décrit, faisant également état d’enlèvements et de cas de torture.   

Invitant la communauté internationale à évaluer de manière adéquate les actions illégales de la Fédération de Russie, il a exhorté cette dernière à adopter une position constructive dans le cadre des discussions internationales de Genève.  C’est là que sont débattues, avec la participation de l’ONU, de l’OSCE, de l’UE et des États-Unis, les questions sécuritaires et humanitaires liées à l’Abkhazie et la région de Tskhinvali, notamment le retrait des troupes russes, la création de mécanismes de sécurité internationaux et le retour des déplacés internes et des réfugiés dans leurs foyers.

Le Premier Ministre géorgien a précisé que son gouvernement entend parvenir à la paix de manière pacifique.  Cela implique d’assurer d’une part la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, d’autre part la réconciliation et le rétablissement de relations entre les communautés déchirées par la guerre.  L’initiative de paix gouvernementale « Un pas vers un avenir meilleur » témoigne, selon lui, de cette volonté de dialogue avec les habitants d’Abkhazie et de Tskhinvali.  Notre objectif est de développer ces régions et d’améliorer les conditions de vie de leurs résidents, tout en préservant leur culture et leur identité, qui constituent « notre patrimoine commun  », a-t-il expliqué. 

Après avoir exprimé sa gratitude aux partenaires de la Géorgie pour le soutien qu’ils apportent à sa souveraineté, à son intégrité territoriale et à sa politique de non-reconnaissance, M. Gakharia a rappelé que son pays avait mis en œuvre une réforme constitutionnelle prévoyant le passage, cette année, à la gouvernance parlementaire européenne et la tenue, en 2024, d’élections législatives à la proportionnelle.  La Géorgie a également signé un accord d’association avec l’UE, avec des voyages sans visa et un accord de libre-échange. 

En outre, a encore déclaré le Premier Ministre, la Géorgie participe depuis des années à des missions internationales de maintien de la paix dans divers pays.  Ses soldats veillent à la paix et à la stabilité mondiales, et 32 d’entre eux sont tombés en accomplissant cette mission honorable.  Aujourd’hui, a-t-il conclu, « nous sommes un acteur important pour garantir la sécurité mondiale, car la sécurité de la Géorgie est indissociable de la sécurité mondiale ». 

M. ANDREJ BABIŠ, Premier Ministre de la République tchèque, a plaidé en faveur de réformes ambitieuses face à la crise actuelle qui permettront à la communauté internationale de « reconstruire en mieux ».  Il s’est dit favorable à une discussion ouverte sur une révision de l’architecture multilatérale de la santé, basée sur une évaluation juste et objective de la réponse internationale à la pandémie.  Or, a-t-il regretté, l’OMS n’a pas su exercer un leadership mondial en matière de santé: elle n’a pas agi résolument après la pandémie qui s’est déclarée à Wuhan, en Chine ; elle a même échoué dans l’application de son expertise épidémiologique et de son savoir-faire médical pour aider les gouvernements à lutter contre les flambées du virus.  Les recommandations confuses de l’OMS concernant le port du masque facial ne sont qu’un exemple de son rôle « discutable » au cours des derniers mois, a encore déploré M. Babiš.

Face à la prolifération d’initiatives concernant l’accès à un vaccin contre la COVID-19, M. Babiš a appelé à un rôle de coordination de l’ONU afin de garantir que ces initiatives soient complémentaires et non en conflit les unes avec les autres.  Il a précisé que des chercheurs tchèques se sont concentrés sur l’application de la nanotechnologie à la construction de masques faciaux.

D’après le Premier Ministre, la pandémie a accéléré trois grandes tendances mondiales qui sapent un multilatéralisme efficace: la confrontation géopolitique mondiale ; la fragmentation politique et économique croissante ; un choc entre les libertés personnelles et la surveillance technologique, y compris la tendance à une introduction plus rapide de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé.

D’après lui, une réforme crédible de l’OMC exigera l’engagement de tous les États Membres et des investissements en capital politique de la part des dirigeants mondiaux.  La République tchèque, principalement par l’intermédiaire de l’Union européenne, fera tout son possible pour faire appliquer les règles commerciales internationales existantes face à la montée des tensions et des mesures protectionnistes.  « Notre ambition est un commerce international aussi ouvert que possible », a assuré M. Babiš.

À la lumière de la pandémie de COVID-19 et de ses implications socioéconomiques, l’Europe devra redéfinir son rôle dans le monde, a analysé le Premier Ministre.  « Les décisions politiques que l’UE prend actuellement pour faire face à la crise façonneront l’avenir du projet européen et le rôle de l’UE en tant qu’acteur mondial dans les années à venir. »

Nous devons utiliser d’énormes sommes d’argent pour rendre l’Europe plus durable et innovante, a plaidé M. Babiš en recommandant que l'Europe s’impose comme un leader de l’industrie technologique, « tâche très difficile face à la concurrence actuelle, en particulier de la part des entreprises américaines et chinoises  ».  « Néanmoins, l’Europe a montré qu’elle pouvait être un leader mondial dans de nombreux domaines spécifiques, comme la lutte contre les changements climatiques. »  La pandémie a en outre éclipsé de nombreux problèmes mondiaux qui n'ont pas disparu et l’Europe devra à terme faire face à la migration illégale, au Brexit ou à d'importants défis étrangers et sécuritaires, a-t-il prévenu.

La République tchèque, comme de nombreux autres pays, pas seulement en Europe, a eu sa propre expérience malheureuse de cyberattaques contre ses hôpitaux, a révélé le Premier Ministre.  La communauté internationale doit montrer qu’elle ne tolérera pas les cybercomportements agressifs et qu’elle est prête à travailler de manière coordonnée pour devenir plus résiliente.

Par ailleurs, M. Babiš s’est dit préoccupés par l’instabilité dans la région du Sahel.  La République tchèque est un membre actif du groupe de la Coalition mondiale contre Daech et de la nouvelle Coalition pour le Sahel.  Ses activités de sécurité se concentrent sur la mission de formation de l’UE au Mali, où elle a le deuxième plus grand contingent.  La République tchèque a également mis en place un programme national doté d’un budget de 12 millions d’euros pour s’attaquer aux causes profondes de la migration dans les pays africains d’origine et de transit, ainsi que pour soutenir le développement socioéconomique de cette région.

Enfin, le Premier Ministre a mentionné un autre sujet de préoccupation: le Bélarus. « Je crois fermement que chaque société doit pouvoir décider de son avenir par des élections libres et démocratiques.  »  Il a jugé que les médias indépendants et la société civile sont essentiels car ils fournissent des informations en temps réel, documentent les fraudes électorales et la brutalité des forces de sécurité.  « Un dialogue intrabiélorusse est le seul moyen de résoudre la crise.  Son résultat logique devrait être de nouvelles élections  », a-t-il conclu.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a souligné que le monde est confronté à une crise de santé publique sans précédent, la première des temps modernes.  « Les principales économies du monde sont en récession.  Notre système vital de biodiversité semble au bord de l’effondrement, avec un million d’espèces au bord de l’extinction.  Les problèmes transnationaux menacent notre sécurité individuelle, régionale et collective.  Et les acteurs malveillants représentent une menace insidieuse et croissante pour notre mode de vie, le multilatéralisme et le bon fonctionnement du droit international », a-t-il constaté.  Et pourtant, la manière dont la Grèce et le peuple grec ont répondu à ces défis a prouvé qu’il y avait un moyen de surmonter cette incertitude, s’est enorgueilli le Chef de Gouvernement.  « Nous avons prouvé que l’agilité, la flexibilité et les nouvelles technologies peuvent responsabiliser la population et produire des résultats qui semblaient auparavant impossibles  », a estimé le Président.  Et contre toute attente, la Grèce a très bien réussi à faire face à la première vague de la pandémie, s’est-il encore félicité.  Cependant, la deuxième vague est à nos portes, a mis en garde le Premier Ministre, pour qui il faudra de la persévérance, des politiques agiles qui protègent les plus vulnérables, une confiance continue dans les experts et la responsabilité individuelle pour s’en sortir. 

L’autre grand défi géopolitique auquel la Grèce est confrontée concerne la Turquie, a relevé M. Mitsotakis.  « Lors de l’Assemblée générale de 2019, j’avais tenu à tendre la main de l’amitié et de la coopération au Président Erdoğan.  Malheureusement, la Turquie a répondu par l’escalade, la provocation, la désinformation et l’agression.  Là où la Grèce a choisi la voie du dialogue de bonne foi, la Turquie a choisi la voie de l’intransigeance  », a-t-il regretté.  Selon lui, il ne fait aucun doute que les actions de la Turquie portent atteinte au droit international et menacent la sécurité et la stabilité de la région élargie de la Méditerranée orientale et de tous les États membres de l’Union européenne.  Celle-ci a clairement indiqué que les actions unilatérales ne resteraient pas sans réponse lorsqu’elles menacent les droits souverains des États membres, a prévenu le dirigeant grec. 

Malgré ces événements, il s’est déclaré optimiste : « Tout le monde comprend que cette escalade constante des tensions ne peut continuer.  Et je refuse de croire qu’un partenariat entre voisins proches n’est pas possible.  Regardez le récent accord conclu entre Israël et les Émirats arabes unis.  Tous deux amis de la Grèce, maintenant amis l’un avec l’autre.  Des années de suspicion et d’animosité ont été remplacées par la coopération et la compréhension mutuelles  », s’est enthousiasmé le Premier Ministre.  « Alors, rencontrons-nous, parlons-en et cherchons une solution mutuellement acceptable.  Donnons une chance à la diplomatie.  Si, après tout, nous ne pouvons toujours pas nous mettre d’accord, nous devons nous fier à la sagesse de la Cour internationale de La Haye  », a-t-il préconisé.  Le début des pourparlers entre nos deux parties, qui a été annoncé il y a deux jours, est un pas dans la bonne direction, a estimé M. Mitsotakis.  Si le Président Erdoğan croit vraiment que l’ONU est un phare d’espoir et un bastion de coopération mondiale, je lui demanderais instamment d’agir conformément à ses valeurs, a-t-il plaidé.

Évoquant le terrible incendie du camp de Moria, à Lesbos, survenu au début du mois, le Premier Ministre a mis en évidence l’énorme problème posé par les migrations massives, en particulier aux frontières méridionales de l’Europe.  « La Grèce ne peut gérer seule cette question », a-t-il rappelé, en reconnaissant le soutien inestimable du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Il s’agit selon lui d’un « échec » de la communauté internationale et nous devons tous partager la responsabilité de cet échec.  C’est pourquoi nous devons faire davantage ensemble pour lutter contre les causes profondes des migrations : pauvreté, privation, économie, incertitude, exploitation, violence et guerre. 

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de Croatie, a déclaré que la riposte à la pandémie de doit pas aboutir à une défiance et à un isolationnisme accrus au sein de la communauté internationale mais au contraire promouvoir une véritable solidarité.  La victoire contre le virus exige une gouvernance inclusive et responsable, une coopération étroite et une mutualisation des ressources afin de renforcer les systèmes de santé.  Il a souhaité qu’un éventuel vaccin bénéficie au plus grand nombre et devienne un bien public mondial, avant d’insister sur le rôle crucial de l’OMS.  Au regard des circonstances sans précédent dans lequel le monde se trouve, le Premier Ministre a appelé à repenser le rôle mondial du multilatéralisme et à renforcer un ordre international régi par des règles.  Une approche basée sur les droits humains est la seule manière d’aller de l’avant afin que personne ne reste de côté, a-t-il rappelé.  Il a également appelé à appuyer l’ONU, à la fois financièrement et politiquement, en précisant que son pays a contribué à hauteur de 600 000 euros aux efforts de l’OMS.

M. Plenković a insisté sur l’engagement de l’Union européenne à devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050, une croissance économique climatiquement neutre étant dans l’intérêt du monde.  Il a aussi plaidé pour une « numérisation intelligente » de l’économie et insisté sur la nécessité d’assurer la sécurité des infrastructures numériques.  Malheureusement, la pandémie a facilité la propagation de la désinformation et du trolling sur Internet, a-t-il dit, en dénonçant les consternantes attaques cybernétiques qui ont frappé les institutions sanitaires luttant contre la pandémie.  « Il n’y a pas de vaccin contre les fake news. »  Le Premier Ministre a néanmoins salué la responsabilisation grandissante des grandes entreprises technologiques et des médias à ce sujet.  Il a, par ailleurs, souligné l’importance que la prochaine Conférence d’examen du TNP soit couronnée de succès, avant de plaider pour une action multilatérale efficace face aux transferts illicites d’armes conventionnelles.

Rappelant la signature, il y a 25 ans, de l’Accord de paix de Dayton-Paris, M. Plenković a été d’avis que cet anniversaire devrait être employé pour réfléchir non seulement aux avancées permises par l’Accord mais aussi à la situation actuelle en Bosnie-Herzégovine dans la perspective de placer résolument ce pays important sur la voie européenne.  La Croatie, partie à l’Accord et voisin de ce pays, a un intérêt à voir une Bosnie-Herzégovine stable et prospère.  Une pleine égalité pour les Croates, l’une des trois communautés bosniennes, demeure notre priorité, a poursuivi le Premier Ministre, en demandant une représentation institutionnelle adéquate.  Il a indiqué que la perspective européenne des Balkans occidentaux avait contribué de manière importante à la paix et à la démocratie en Europe.  Pour la stabilité de la région, il a demandé une réconciliation sincère, sur la base de la vérité et de faits, conjuguée à la recherche des personnes disparues et à une justice rendue pour toutes les victimes.

Enfin, M. Plenković a indiqué que le monde ne peut plus fermer les yeux devant les effets des changements climatiques, en rappelant qu’entre 8 et 14 millions de tonnes de plastique sont rejetées chaque année dans les mers et océans.  Unissons nos efforts pour créer un monde plus sain, plus égalitaire et plus durable pour les générations à venir, a conclu le Premier Ministre croate.

M. GIUSEPPE CONTE, Premier Ministre de l’Italie, a rappelé que la pandémie de COVID-19 avait frappé sans discrimination toutes les régions et tous les peuples du monde, mettant l’humanité, une fois de plus, à l’épreuve.  « L’Italie a été le premier pays d’Europe et d’Occident à avoir fait face à l’urgence à grande échelle  », a rappelé le Chef de Gouvernement.  Au cours des semaines les plus traumatisantes de la situation d’urgence, l’Italie a pu constater le soutien et l’amitié que lui a témoignés la communauté internationale.  Il a aussi tenu à remercier ses concitoyens «  pour l’extraordinaire sens de la responsabilité  » dont ils ont fait preuve.  

L’Italie, a souligné M. Conte, a proposé la constitution d’une «  alliance internationale dans la lutte contre la COVID-19 ».  Cette initiative nous a permis de mobiliser, en un temps record, plus de 40 milliards d’euros dans le cadre de la réponse globale de l’Union européenne à la crise, notamment pour garantir un accès égal et universel à un vaccin, des diagnostics et des traitements thérapeutiques: «  La santé est un bien commun, inaliénable, et en tant que telle, doit être garantie pour chaque femme et chaque homme de la planète  », a tranché le Chef de Gouvernement, avant d’annoncer la tenue, en 2021, d’un «  Sommet mondial sur la santé  », précisément pendant la présidence italienne du G20.   

Notant par ailleurs que la pandémie avait ouvert de nouveaux horizons aux stratégies de lutte contre les changements climatiques et de protection de l’environnement, M. Conte a appelé à œuvrer ensemble à ce que nos ambitions renouvelées dans ces domaines ne soient pas déconnectées de la promotion des investissements et des politiques de relance socioéconomique: « Le Green Deal européen est plus que jamais nécessaire pour remporter ce défi de la transition verte », a estimé M.  Conte.  Notre partenariat avec le Royaume-Uni dans l’organisation de la vingt-sixième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) réaffirmera notre rôle dans ce domaine.  «  Nous nous concentrerons particulièrement sur l’augmentation de la participation des jeunes au débat », a-t-il également annoncé, en y voyant un « impératif moral  ».  

Évoquant la situation en Libye, le Premier Ministre a estimé qu’il y avait des raisons de nourrir des espoirs devant « l’évolution timide mais encourageante  » du processus de paix dans ce pays.  Ses chances de succès sont, selon lui, liées à deux facteurs: le respect de l’appropriation par le peuple libyen d’une solution inclusive et le rôle de médiation essentiel joué par l’ONU.  Le cessez-le-feu, malgré sa fragilité, a finalement rouvert un espace de dialogue intra-libyen, a-t-il noté, en saluant aussi le message fort qu’envoient les récents pourparlers à Montreux.  «  La prochaine étape à franchir en Libye sera de permettre une reprise de la production pétrolière, dans tout le pays, en promouvant une gestion équitable des ressources au profit de toute la population libyenne  », a préconisé le Premier Ministre. 

Parmi les effets négatifs que la pandémie a causés dans les zones de crise, M. Conte a cité l’aggravation des vulnérabilités déjà graves des migrants.  Les flux migratoires irréguliers sont un défi mondial et, en tant que tel, ne peuvent être surmontés que grâce à une réponse multilatérale de la communauté internationale.  «  Ce qu’il faut, c’est une action structurée autour des principes de solidarité et de responsabilité, et fondée sur des partenariats avec les pays d’origine, de transit et de destination des flux  », a recommandé M. Conte.  Nous avons donc besoin d’une action collective contre les réseaux de trafiquants d’êtres humains, a-t-il dit.  En même temps, nous devons entretenir une vision à long terme qui commence par remonter aux causes profondes de ces mouvements.  «  L’Italie, en tant que pays d’entrée dans l’Union européenne, est à nouveau en première ligne pour soutenir un changement de perspective conduisant à une gouvernance européenne à plusieurs niveaux basée sur une véritable solidarité et le développement de canaux sécurisés pour la migration légale  », a assuré le Premier Ministre. 

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a tenu à souligner une fois de plus le soutien sans équivoque de son pays à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et à la résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité sur la COVID-19, exigeant la cessation générale et immédiate des hostilités dans toutes les situations.  Alors que les efforts mondiaux à cet égard se poursuivent, « nous avons été témoins de déplorables tentatives de déstabilisation de la paix et de la sécurité dans notre région », a dénoncé le Premier Ministre.  En juillet, a-t-il expliqué, l’Azerbaïdjan a tenté un autre acte d’agression.  « Les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé une offensive militaire dans la région frontalière de Tavush en Arménie », a accusé le Chef de Gouvernement.  L’Arménie a appelé à une désescalade immédiate et accepté de mettre fin aux hostilités quelques heures après leur déclenchement, mais l’Azerbaïdjan a continué de cibler la population et les infrastructures civiles et d’attaquer les zones frontalières en employant de l’artillerie, des armes lourdes, des drones et de grandes unités d’infanterie, a-t-il relaté.  Le Premier Ministre a ajouté que les autorités azerbaïdjanaises avaient intensifié leurs menaces de guerre.  Le Ministère azerbaïdjanais de la défense a même menacé de frappes la centrale nucléaire d’Arménie, ce qui équivaudrait à un acte de « terrorisme nucléaire », a estimé le Chef de Gouvernement.

Selon lui, les batailles de juillet ont « brisé » le mythe de la supériorité militaire de l’Azerbaïdjan et validé l’évidence selon laquelle il n’existe pas de solution militaire au conflit dans le Haut-Karabakh.  « Il est grand temps que les dirigeants azerbaïdjanais reconnaissent ce fait et renoncent au recours à la force et à la menace de la force dans le contexte du règlement du conflit. »  Le Premier Ministre a fait valoir que le droit à l’autodétermination du peuple du Haut-Karabakh est à la base du processus de paix, qui est reconnu par la communauté internationale et les médiateurs internationaux.  En vertu de ce droit, le peuple du Haut-Karabakh devrait être en mesure de déterminer son statut sans limitation et les autorités élues pouvoir participer aux négociations, a encore estimé M. Pashinyan. 

Assurer la sécurité globale du peuple de l’Artsakh est une autre priorité essentielle pour l’Arménie, a-t-il poursuivi en soulignant que la liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme fondamentaux sont des conditions essentielles d’un environnement propice à un règlement durable et global du conflit.  « Seuls les gouvernements légitimement élus peuvent véritablement exprimer les intérêts de leur peuple et avancer vers un compromis. »   Le Premier Ministre a affirmé que les autorités azerbaïdjanaises avaient constamment utilisé le conflit pour légitimer leur longue emprise sur le pouvoir.  Pendant des décennies, l’Arménie et les Arméniens ont été « des ennemis utiles pour les dirigeants de l’Azerbaïdjan » pour justifier le bas niveau de vie, l’absence de démocratie et les violations systématiques des droits de l’homme dans leur pays, a tonné le Premier Ministre. 

Il a plaidé pour que le cessez-le-feu soit renforcé par des actions concrètes sur le terrain : il faut renoncer à la rhétorique belliqueuse et aux discours de haine, étendre le domaine d’action des observateurs de l’OSCE sur la ligne de contact et aux frontières, établir un mécanisme d’enquête sur les violations du cessez-le-feu et établir des lignes de communication directe entre les commandants sur le terrain.  Pendant l’escalade de juillet, les appels de la communauté internationale portaient principalement sur le respect du cessez-le-feu, le dialogue et la retenue, a noté le Premier Ministre. 

« Cependant, la Turquie, tout à fait conforme à ses politiques déstabilisatrices de projection de puissance dans ses autres régions voisines, notamment la Méditerranée orientale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, n’a épargné aucun effort pour alimenter les tensions dans le Caucase du Sud », a déclaré M. Pashinyan.  Il a estimé que, en soutenant unilatéralement l’Azerbaïdjan et en étendant sa présence militaire dans ce pays, la Turquie sape les efforts de paix et de stabilité dans la région, ainsi que les efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Il s’est plaint que la Turquie menace directement l’Arménie et met en scène « des postures militaires agressives » au moyen d’exercices militaires conjoints provocateurs avec l’Azerbaïdjan à proximité immédiate de l’Arménie et du Haut-Karabakh.  M. Pashinyan a encore accusé la Turquie de construire sa politique dans la région sur des traditions de parenté, sur l’exploitation des conflits, sur la justification du génocide arménien et sur l’impunité de ce crime.  « La Turquie constitue une menace pour la sécurité de l’Arménie et de la région. »  Dans ce contexte, l’Arménie, a-t-il assuré, continuera de participer activement aux efforts régionaux et internationaux pour maintenir la paix et la sécurité par le dialogue et la coopération. 

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a indiqué que son gouvernement s’était engagé à fondamentalement transformer le Pakistan en le modelant selon les principes de l’État de Médine fondé par le Prophète Mahomet, en vue d’« une société humaine et juste où toutes les politiques gouvernementales ont pour but de sortir les citoyens de la pauvreté et d’assurer une redistribution équitable ».  Pour atteindre ce but, nous avons besoin de paix et de stabilité, c’est pourquoi notre politique étrangère vise à la paix avec nos voisins et au règlement des différends par le dialogue, a déclaré le Premier Ministre. 

M. Khan a dressé un portrait très sombre de l’ordre international actuel, avec une fragilisation de ses principes fondamentaux, une prolifération des conflits, un retour en force des rivalités entre grandes puissances et la persistance d’occupations militaires et d’annexions illicites.  « Selon le renommé professeur Noam Chomsky, l’humanité court un plus grand risque aujourd’hui qu’avant les Première et Deuxième Guerres mondiales en raison de la menace accrue d’une guerre nucléaire, des changements climatiques et, malheureusement, de l’essor de régimes autoritaires. »  M. Khan a donc appelé à s’unir afin de remédier à une telle catastrophe, en réaffirmant son appui au multilatéralisme. 

S’agissant de la pandémie, le Pakistan a fait le pari d’un « confinement intelligent », avec l’ouverture notamment du secteur agricole, dans la mesure où si un confinement strict avait été imposé, davantage de personnes seraient mortes de faim plutôt que du virus, a expliqué M. Khan.  Si ce confinement a été fortement critiqué au début de sa mise en œuvre, M. Khan a indiqué que, « par la grâce d’Allah le Tout-Puissant », le pays a réussi à contrôler le virus, à stabiliser l’économie et surtout à protéger les plus pauvres des conséquences les plus négatives du confinement. 

Le Premier Ministre a mentionné les dommages considérables infligés par les transferts financiers illicites des pays en développement vers les pays riches et les paradis fiscaux.  Ces ressources qui pourraient être consacrées au développement humain sont détournées par des élites corrompues, a-t-il déploré, en indiquant que le retour de ces ressources volées est impossible en raison de la lourdeur des procédures.  De plus, parce ce qu’ils en sont les bénéficiaires, il y a un manque de volonté politique au sein des pays riches pour combattre ces activités criminelles. Face à cette situation, M. Khan a exhorté l’Assemblée générale à jouer un rôle de chef de file en vue de bâtir un cadre global visant à remédier à ces flux financiers illicites et à assurer un rapatriement rapide de ces avoirs dérobés.  « Il est important de réaliser que l’aide des pays riches vers le monde en développement est minuscule en comparaison des fuites de capitaux massives du fait de nos élites corrompues. » 

Le Premier Ministre a ensuite dénoncé une accentuation de l’islamophobie, en prenant l’exemple d’incidents en Europe, y compris la republication de caricatures blasphématoires par Charlie Hebdo.  Les provocations et incitations à la haine et à la violence délibérées doivent être universellement proscrites, a-t-il exigé avant d’encourager cette Assemblée à déclarer « une journée internationale de lutte contre l’islamophobie » et à bâtir une coalition pour combattre ce fléau qui divise l’humanité.  Dans ce droit fil, M. Khan a accusé l’Inde d’être un État parrain de l’islamophobie, en dénonçant l’idéologie extrémiste de l’organisation Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) qui pense que l’Inde appartient uniquement aux Hindous et que les autres citoyens ne sont pas des égaux.  L’approche séculière de Gandhi et Nehru a été remplacée par le rêve de la création d’un corps politique hindou, en dominant et même en procédant au « nettoyage » des 200 millions de musulmans et des membres des autres minorités.  Dans l’État d’Assam, a poursuivi M. Khan, près de deux millions de musulmans pourraient être arbitrairement déchus de leur nationalité en raison de lois discriminatoires.  Il a aussi mentionné des informations faisant état d’importants camps de concentration pour des citoyens indiens musulmans.  La marginalisation de près de 300 millions d’êtres humains –musulmans, chrétiens et sikhs– est sans précédent dans l’histoire et n’augure rien de bon pour l’avenir de l’Inde, a-t-il martelé.  « Nous savons tous que la marginalisation d’êtres humains conduit à la radicalisation. » 

Le Premier Ministre a également accusé l’Inde d’occuper illicitement le Jammu-et-Cachemire depuis plus de 72 ans, bafouant la volonté de la population et les résolutions du Conseil de sécurité, avant de dénoncer le récent déploiement de troupes et l’imposition d’un siège militaire.  L’objectif de cette campagne est d’imposer ce que le RSS-BJP a lui-même appelé une « solution finale » pour le Jammu-et-Cachemire, a-t-il accusé, ajoutant que le siège militaire s’accompagne de changements démographiques du territoire occupé.  M. Khan y a vu la tentative d’oblitération de l’identité cachemirie afin d’influer sur le résultat du plébiscite envisagé par les résolutions du Conseil.  « Le changement de la composition démographique d’un territoire occupé est un crime de guerre », a -t-il déclaré, en ajoutant que le peuple cachemiri n’acceptera jamais l’oppression indienne.  

Le Premier Ministre a accusé l’Inde, « afin de détourner l’attention de ses atrocités au Jammu-et-Cachemire », de jouer le jeu dangereux d’une rivalité militaire avec le Pakistan dans un environnement stratégique nucléarisé.  Le Pakistan a exercé une retenue maximale, malgré les constantes provocations indiennes, a-t-il dit.  M. Khan a néanmoins promis que toute tentative du Gouvernement indien dirigé par le « RSS fasciste et totalitaire » visant à agresser le Pakistan verrait se dresser une nation déterminée à se battre pour sa liberté jusqu’au bout.  Il a assuré qu’il n’y aura pas de paix et de stabilité en Asie du Sud sans le règlement du Jammu-et-Cachemire, « un point chaud nucléaire ».  Il a exhorté le Conseil à y appliquer ses résolutions comme il l’a fait pour le Timor-Leste et à protéger « les Cachemiris d’un génocide imminent du fait de l’Inde ». 

Enfin, M. Khan a rappelé que son pays a pleinement facilité en Afghanistan le processus qui a culminé avec l’accord entre les États-Unis et les Taliban du 29 février dernier.  Les dirigeants afghans doivent maintenant se saisir de cette opportunité historique pour restaurer la paix, a conclu le Premier Ministre. 

Le CHEIK SABAH KHALED AL-HAMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souligné que la pandémie de COVID-19 avait contribué à la détérioration des crises à travers le monde arabe et le Moyen-Orient.  Il a indiqué que le Koweït avait contribué à hauteur de 290 millions de dollars à la lutte contre cette pandémie, afin d’appuyer les efforts internationaux de fabrication d’un vaccin.  Tout en appelant à garantir aux pays qui en auraient le plus besoin un accès « équitable » au futur vaccin, le Cheik s’est dit prêt à accueillir des membres du personnel de l'ONU gravement infectés par le virus afin de les prendre en charge dans les hôpitaux koweïtiens.  

Passant à la situation sécuritaire au Moyen-Orient, le Premier Ministre a estimé que la cause palestinienne occupait toujours une place « historique et centrale  » au sein du monde arabe et islamique.  Réaffirmant la légitimité des droits et aspirations du peuple palestinien, il a appelé à redoubler d’efforts pour relancer les négociations selon un calendrier précis, dans le but de parvenir à une paix juste, globale et conforme aux termes de référence du processus de paix, aux résolutions de l’ONU et à l’Initiative de paix arabe.  Une telle solution, a-t-il précisé, devra mettre fin à l’occupation israélienne et établir un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale et selon les frontières antérieurs au 4  juin 1967.  

Passant à la crise yéménite, qui menace la sécurité et la stabilité régionales, le cheik a insisté sur le respect des résolutions du Conseil et sur la mise en œuvre de l'Accord de Stockholm.  À ses yeux, seule une solution politique sera à même de mettre fin au conflit, conformément aux termes de référence de l'Initiative du Golfe et de son mécanisme exécutif, aux résultats du dialogue national yéménite et à la résolution 2216 (2015) du Conseil.  Dans cette perspective, il a appelé toutes les parties à faire preuve d’ouverture et à accepter les propositions avancées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen.  Parallèlement, le Cheik a salué le « rôle constructif » joué par l’Arabie saoudite pour initier la mise en œuvre de l'Accord de Riyad.  Il a de nouveau condamné toutes les attaques contre le territoire saoudien et a réaffirmé son soutien envers toutes les mesures prises par l’Arabie saoudite afin de préserver sa sécurité et sa stabilité.  Le dirigeant koweïtien a également appelé à prendre des mesures rapides pour éviter que la situation du pétrolier SAFER ne dégénère en catastrophe environnementale. 

Par ailleurs, le Premier Ministre a déploré l'évolution de la crise syrienne, qui, en raison selon lui de la « perte du consensus international » et de « l’ingérence étrangère accrue », est entrée dans sa dixième année.  Saluant la reprise des pourparlers à Genève, à la fin du mois d'août, il a plaidé en faveur d’un règlement politique dans la lignée de la résolution 2254 (2015) du Conseil et du Communiqué de Genève de 2012.  Le seul moyen de mettre fin à la « détresse humanitaire » actuelle, a-t-il estimé, est de faire en sorte que toutes les parties soient à la table des négociations, sous l’égide de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie. 

Le Cheik s’est en outre dit très préoccupé par la situation en Libye et par la « division constitutionnelle » qui y règne, exhortant toutes les parties libyennes à faire preuve de retenue et à permettre à des solutions pacifiques fondées sur le dialogue.  Le Premier Ministre a salué, en ce sens, les avancées obtenues dans le cadre du dialogue entre les parties, en vue de l'élaboration d'une feuille de route pour unifier les institutions souveraines de l'État, conformément à la résolution 2510 (2020) du Conseil.  Le Cheik a également salué le rôle constructif du Maroc dans la conduite de ce dialogue.  

Sur la base des règles de bon voisinage énoncées dans la Charte des Nations Unies, le Premier Ministre a en outre appelé la République islamique d’Iran à prendre des « mesures sérieuses » pour instaurer un climat de confiance, pour entamer un dialogue fondé sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, ainsi que pour apaiser les tensions dans le Golfe et préserver la sécurité de la navigation maritime.  À ses yeux, cela contribuerait à établir de relations fondées sur la coopération et le respect mutuel des aspirations de tous les pays de la région à la sécurité, à la stabilité et au développement.  

Enfin, le Cheik a appelé la communauté internationale à intensifier les efforts de lutte contre la menace terroriste et l'extrémisme violent.  C’est d’autant plus urgent, a-t-il ajouté, que la région du Moyen-Orient est sous le coup d'une recrudescence des opérations menées par Daech.  

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre de Tuvalu, a souligné que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques de son pays, qui fait partie à la fois des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays les moins avancés (PMA).  Cette crise est survenue alors que Tuvalu se remettait du passage des cyclones tropicaux Tino en janvier et Harold en avril.  Si le pays reste exempt de COVID-19, les impacts du virus se font sentir sur son économie, a expliqué le dirigeant, faisant état d’une forte hausse du chômage dans les secteurs de la pêche et du tourisme, et d’une chute des envois de fonds.  En outre, la sécurité alimentaire est affectée en raison des perturbations des chaînes d’approvisionnement.  Il y a donc urgence à réaffecter les ressources nationales pour soutenir la relance économique et assurer une protection sociale minimale.  

Saluant les efforts importants déployés pour développer un vaccin contre la COVID-19, M.  Natano a également invité les États Membres de l’ONU à collaborer à un redressement des pays et des économies, en ne laissant personne de côté, en protégeant la santé et le bien-être de tous, en préservant l’environnement naturel et marin, en réduisant les émissions et en construisant une résilience aux crises futures.  

De l’avis du Premier Ministre, l’ONU dispose de systèmes et de processus qui devraient permettre de faire face à une crise sanitaire et économique, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris, les Orientations de Samoa pour les PEID et le Programme d’action d’Istanbul pour les PMA.  «  Nous avons les ressources et la technologie, mais cela nécessite un engagement politique fort et une action immédiate et ambitieuse.  »

Il a toutefois reconnu qu’alors que débute la Décennie d’action, « le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à  2030 ».  Partisan d’un réengagement collectif, il a estimé que l’économie numérique est essentielle pour soutenir la transformation vers le développement durable et l’autosuffisance des personnes.  Il convient aussi, selon lui, d’adopter une approche d’économie circulaire et de réduire la demande de ressources mondiales en voie d’épuisement. 

Enfin a-t-il averti, au-delà de la crise actuelle, les changements climatiques demeurent « la plus grande menace pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être du Pacifique et de ses peuples à long terme ».  Pour M.  Natano, la prospérité et la sécurité partagées de « notre Pacifique bleu » ne peuvent être assurées que si la communauté internationale poursuit ses efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.  «  En travaillant ensemble, en tant que famille mondiale, dans le plein respect des droits de l’homme, nous pouvons construire ensemble un avenir qui soit réactif et résilient face aux crises sanitaires, économiques et environnementales  », a-t-il conclu. 

La crise de la COVID-19 est la plus grande crise de notre génération, a déclaré M. PEDRO SANCHEZ PEREZ-CASTEJON, Président du Gouvernement de l’Espagne. Cette urgence nous a soudainement fait prendre conscience, plus qu’un millier de traités ou de discours, que nous faisons partie d'un seul monde, a-t-il dit. 

D’après M. Sanchez, les conséquences sanitaires, économiques et sociales du coronavirus ne sont comparables qu’à ce que l’humanité a subi pendant l’épidémie de grippe de 18 années, la grande dépression ou la Deuxième Guerre mondiale.  Le virus affecte toute l'humanité sans distinction d’idéologie, de frontières ou de fortunes, a-t-il noté en soulignant que la pandémie a accentué les difficultés et les inégalités ; elle a creusé le fossé de l’injustice et de la vulnérabilité. 

Outre l’urgence sanitaire, le Président du Gouvernement espagnol a énuméré quatre défis auxquels le monde est confronté: l’urgence climatique; le progrès technique et la quatrième révolution industrielle induite par la numérisation ; les inégalités et la pauvreté; l’égalité totale entre les femmes et les hommes et l’éradication de toute forme de discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine. 

Sur le plan climatique, « nous ne pouvons ni baisser la garde ni être conformiste, car tout reste à faire », a résumé M. Sanchez.  Cette année, deux millions d’hectares ont déjà brûlé en Californie.  Une île en plastique trois fois plus grande que la France flotte dans l’océan Pacifique et détruit nos écosystèmes marins.  La désertification et la sécheresse menacent gravement les moyens de subsistance de plus de 1,2 milliard de personnes dans le monde et produisent des mouvements migratoires intenables.  

La quatrième révolution industrielle que nous vivons a une portée et une rapidité inhabituelles et peut altérer toutes les sphères de la vie « pour le meilleur ou pour le pire », a poursuivi M. Sanchez.  Elle peut aboutir à plus de loisirs ou générer plus de chômage; promouvoir la connaissance ou permettre le contrôle et la manipulation des personnes ; faire progresser l'humanité ou aggraver les inégalités.  

« Je représente un gouvernement à orientation progressiste qui lutte pour l’éradication de la pauvreté des enfants et la réduction des inégalités à l’intérieur de ses frontières  », a expliqué le Président du Gouvernement espagnol. Mais au-delà des frontières, la pauvreté, en plus de constituer une injustice flagrante, est un obstacle au progrès des sociétés.  Enfin, il est impossible d'ignorer à quel point nous sommes loin d’atteindre le cinquième des objectifs de développement durable, car les mutilations génitales féminines persistent, la violence sexiste réapparaît et l’écart entre les sexes persiste. 

M. Sanchez a souligné l’obligation, pratique et morale, d’agir ensemble, mais relevé que ce concept se heurte de front aux positions de ceux qui remettent en question le système multilatéral et érodent ses fondements.  « Comment demander à l’OMS de mener efficacement la riposte à la pandémie si ses ressources s’épuisent?  Comment plaider pour un monde ouvert et interconnecté, où les citoyens ont la liberté et une meilleure qualité de vie si nous diabolisons l’immigration et inversons les règles du commerce international?  Comment avancer dans la défense des droits de l’homme et dans la protection du patrimoine de l’humanité si nous tournons le dos aux initiatives créées à cet effet? », a lancé M. Sanchez. 

M. Sanchez a estimé que la seule solution acceptable pour l’ONU est de se perfectionner et il a développé à cet effet cinq grands axes pour guider la refonte de l’architecture multilatérale: renforcer le système de santé mondial; revoir à la hausse les engagements en matière d'ambition climatique; renforcer le système multilatéral pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  

À ce sujet, le statut de Gibraltar après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne présente un intérêt particulier pour l’Espagne.  « Nous sommes appelés à nous conformer à la doctrine de l’ONU sur Gibraltar, sur laquelle l’Espagne s’aligne pleinement. Nous souhaitons œuvrer au développement d'une zone de prospérité sociale et économique qui englobe toute la zone de Gibraltar et le Campo de Gibraltar  », a précisé M. Sanchez. 

Ensuite, M. Sanchez a dit qu’il fallait défendre plus que jamais la démocratie et les droits de l’homme, et a proposé de «  parier » sur le multilatéralisme financier. Selon lui, les institutions financières internationales sont appelées à jouer un rôle fondamental pour surmonter cette crise mondiale, en contribuant au développement des technologies vertes et numériques, avec un accent particulier sur les secteurs de la santé et de l'éducation.  

Certaines régions, comme l’Amérique latine et les Caraïbes, sont plongées dans la crise économique la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale. C’est pourquoi, le Président du Gouvernement espagnol a convoqué une conférence de haut niveau en juin, appelant les institutions financières internationales à leur apporter leur soutien.  De la même manière, il a jugé crucial d’accélérer le processus de réforme de l’OMC.  

«  À quel moment avons-nous décidé que l’expression changer le monde avait cessé de faire sens? » a demandé M. Sanchez en guise de conclusion et en faisant appel au devoir historique, moral, urgent et incontournable d'agir ensemble pour donner au monde un nouvel horizon de croissance et de progrès. 

M. TANETI MAAMAU, Président, Chef du Gouvernement et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration, République de Kiribati, a déclaré que cette époque difficile et incertaine appelle à une coopération plus ferme et requiert une ONU capable de faire face aux défis et de fournir une aide aux plus vulnérables.  

Il a indiqué que l’isolement de son pays lui a permis d’échapper au virus mais que la suspension des vols et la fermeture des frontières représentent des défis sans précédents, précisant que de nombreux Kiribatiens se retrouvent bloqué à l’étranger.  Alors que de nombreux pays rapatrient leurs ressortissants, Kiribati ne dispose pas des infrastructures et des capacités adéquates pour isoler les siens à leur retour.  L’état d’urgence de la santé publique a été déclaré il y a quelques mois afin de solliciter l’aide des partenaires pour renforcer le secteur de la santé publique. 

Préoccupé par la pauvreté et l’inégalité, il a affirmé que la sécurité sociale et économique de tout pays ne peut être renforcée que si le système d’appui vise en premier lieu le foyer.  Il est donc crucial que les programmes de l’ONU ciblent la famille, au niveau des foyers.  Il a prévenu que la fragmentation des valeurs peut lézarder les sociétés.  De son côté, le Gouvernement de Kiribati fournit une aide aux personnes qui se sont retrouvées au chômage en raison de la COVID-19.  Au cours des quatre prochaines années, une aide sera également apportée à certains groupes d’âge parmi les plus vulnérables afin d’améliorer leur bien-être socioéconomique.  

Poursuivant, M. Maamau a affirmé que la véritable indication du succès du multilatéralisme ne se trouve pas dans le nombre de traités conclus ou de résolutions adoptées, ni dans le nombre de pays radié de la liste des moins pays développés, mais plutôt dans la manière dont les peuples les plus vulnérables, les plus défavorisés et les moins avancés peuvent obtenir un soutien ciblé pour qu’ils soient moins touchés en cas d’irruption de pandémies telles que la COVID-19. 

M. Maamau a ensuite indiqué que la pêche représente 70% du revenu de Kiribati et que la COVID-19 a provoqué une situation compliquée pour les gens de mer, la fermeture des frontières les contraignant à rester à bord des navires pendant de longues périodes.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a déclaré, le 26  août, que les gens de mer sont des « travailleurs essentiels ».  Un projet sur la sécurité climatique est également mis en œuvre à Kiribati pour faire face aux changements climatiques. 

M. ANTÓNIO COSTA, Premier Ministre du Portugal, a jugé que l’ONU est plus que jamais indispensable pour relever les défis qui ignorent les frontières et ne peuvent s’accommoder d’approches égoïstes.  «  Nous savons combien le système multilatéral se trouve sous pression.  »  Il a pointé les limitations croissantes qui freinent la réponse aux menaces et aux défis communs, avant d’affirmer que la dénommée Quatrième révolution industrielle est à la fois un défi et une opportunité.  «  Qu’il s’agisse d’intelligence artificielle et de robotisation, de mise en place de réseaux intelligents et de gestion des infrastructures et de données 5G ou encore de la restructuration de pans entiers de l’économie, l’impact des nouvelles technologies —dans l’économie, dans le monde du travail, dans les relations entre les États— demandera de nouvelles règles de conduite sur le plan international.  »  L’ONU doit tenir un rôle central dans leur définition, en apportant des solutions de compromis à mêmes de défendre l’intérêt général, a poursuivi M. Costa. 

Le Premier Ministre a affirmé que les organisations internationales elles-mêmes révèlent des difficultés au moment de répondre aux défis et aux menaces, en citant le cas paradigmatique du Conseil de sécurité.  « Il révèle la capacité limitée de réagir aux crises et aux conflits et sa composition ne reflète pas les réalités géopolitiques du XXIe siècle. »  C’est pourquoi le Portugal plaide pour un élargissement du nombre de membres permanents et non permanents, notamment pour inclure le continent africain et, au moins, le Brésil et l’Inde, a-t-il déclaré. 

M. Costa a souligné la nécessité de coopération entre les États et les organisations internationales dans la riposte au défi sanitaire et à ses conséquences socioéconomiques, la pandémie ayant mis en évidence de nombreuses vulnérabilités.  « Il nous faut récupérer rapidement la croissance et l’emploi et accroître la résilience de nos économies, de nos sociétés et de l’État », a-t-il dit, ajoutant que ce sera une priorité de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2021. 

Le Premier Ministre a estimé que la sécurité internationale n’est pas compatible avec une distribution aussi inéquitable des ressources à l’échelle mondiale.  «  Nous avons besoin d’un nouvel engagement mondial fondé sur la dignité humaine, en équilibrant l’accès concret aux opportunités et à l’espérance.  »  La crise provoquée par cette pandémie ne doit donc pas servir d’excuse pour interrompre les politiques destinées à contrer l’urgence climatique actuelle, a-t-il ajouté. 

Il a ainsi jugé essentiel de creuser la relation entre océans et changements climatiques, en accordant une attention particulière aux petits États insulaires.  « De ce fait, le Portugal réaffirme son engagement à coorganiser en 2021, avec le Kenya, la Conférence des Nations Unies sur les océans et compte sur la participation de tous les États Membres de l’ONU, au plus haut niveau. »  M. Costa a ensuite défendu des sociétés libres, plurielles et tolérantes, qui rejettent le racisme, la xénophobie, l’homophobie et le populisme et qui travaillent pour l’inclusion, pour l’égalité de genre et pour la liberté d’expression.  

Eu égard à la persistance des guerres et des conflits, le Premier Ministre a soutenu le récent appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, avant d’ajouter que le Portugal apporte une contribution en contingents à sept opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. 

« Nous estimons que la solution des deux États est la seule capable de résoudre le conflit israélo-palestinien; que l’accord nucléaire avec l’Iran doit être préservé et intégralement respecté par toutes les parties; que les processus de médiation et de compromis menés par l’ONU sont ceux qui permettront de dépasser les crises profondes vécues aujourd’hui en Syrie, au Yémen ou en Libye.  »  Il a également lancé un appel à une solution politique pacifique et inclusive au Venezuela.  

Le Premier Ministre a souligné la contribution favorable à l’ordre international de la Communauté des pays de langue portugaise qui rassemble des nations de quatre continents.  Il a salué la sortie de l’impasse post-électorale en Guinée-Bissau, tout en espérant qu’elle inaugure un nouveau cycle de stabilité et de prospérité pour le pays, avant d’exprimer sa profonde solidarité envers le Mozambique, victime d’attaques terroristes et de tentatives de déstabilisation de ses régions du Nord.  En conclusion, M. Costa a appelé à ne pas « succomber au cynisme » et de «  chérir et renforcer les conquêtes que nous avons atteintes ensemble  ».  

M. BOYKO BORISSOV, Premier Ministre de la Bulgarie, a estimé que la crise mondiale engendrée par la pandémie de COVID-19 met à l’épreuve le multilatéralisme.  Le monde a plus que jamais besoin du leadership moral des Nations Unies, mais l’Organisation traverse une crise structurelle qui nécessite une revitalisation.  Pour le dirigeant, ce soixante-quinzième anniversaire est l’occasion d’intensifier le travail de réforme du Conseil de sécurité.  La Bulgarie soutient à cet égard le lancement de négociations intergouvernementales sur cette question.   

Saluant le rôle de leader joué par le système de l’ONU dans la réponse humanitaire à la crise actuelle, M.  Borissov s’est également félicité de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2532 (2020).  Il a ajouté que son pays continuera à soutenir les mécanismes existants, en particulier l’OMS et l’OMC, institutions multilatérales à même de coordonner les réponses aux crises.  

L’Union européenne (UE) et d’autres organisations régionales ont rejoint l’initiative des Nations Unies pour une réponse mondiale à la pandémie, a rappelé le Premier Ministre, soulignant que la réponse stratégique de l’UE est le multilatéralisme, combiné à des économies compétitives et à la solidarité.  À cet égard, a-t-il noté, les priorités de l’Alliance pour le multilatéralisme, à laquelle la Bulgarie a adhéré le 26 septembre 2019, sont conformes aux orientations de l’action de l’ONU énoncées par le Secrétaire général.  

Membre actif du programme « Team Europe » mis en œuvre par l’UE pour aider des pays tiers à lutter contre la pandémie, la Bulgarie a également fourni une assistance humanitaire financière et en nature aux activités de l’UNICEF en faveur des enfants victimes de la tragédie au Liban.  Elle s’emploie en outre à atténuer les effets de la pandémie dans les Balkans occidentaux en s’appuyant sur des mécanismes de coopération tels que le processus de Berlin, qu’elle copréside cette année avec la République de Macédoine du Nord, a indiqué M.  Borissov.  

Il a par ailleurs réaffirmé son soutien à l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général et au rôle central de l’ONU dans les efforts visant à résoudre les conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Sur ce point, il s’est réjoui de l’accord de normalisation des relations entre Israël et deux États arabes, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, obtenu avec le parrainage des États-Unis, y voyant une « avancée diplomatique majeure ».  La suspension des projets d’annexion unilatérale de la Cisjordanie occupée permet d’éviter une catastrophe humanitaire dans le contexte de la pandémie, a-t-il aussi fait valoir.  

Évoquant ensuite le conflit en cours dans l’est de l’Ukraine, source de grave préoccupation pour son pays, le Premier Ministre a réaffirmé son soutien à l’unité et à l’intégrité territoriales de l’Ukraine, conformément à la résolution 262 de l’Assemblée générale de 2014.  Il a d’autre part déclaré suivre avec inquiétude la situation au Bélarus.  La Bulgarie, a-t-il dit, appuie les droits et les revendications du peuple bélarussien en faveur d’élections libres et équitables.  Enfin, il a indiqué que son pays, au sein de l’OTAN, développe la coopération et la solidarité transatlantiques dans le cadre d’un dialogue stratégique avec les États-Unis couvrant les aspects pratiques de l’après-pandémie.  

Il ne fait aucun doute que la pandémie a submergé les systèmes de santé du monde entier et paralysé l’économie mondiale, a déclaré M. ABIY AHMED, Premier Ministre de l’Éthiopie, à l’entame de son discours.  À cela s’ajoute, pour de nombreux pays africains, dont l’Éthiopie, un risque d’accroissement de l’insécurité alimentaire en raison des conséquences socioéconomiques de la crise sanitaire, a-t-il indiqué, citant les prévisions du Programme alimentaire mondial (PAM), selon lesquelles le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans la région devrait augmenter considérablement cette année. 

Le Premier Ministre a rappelé que la pandémie était venue s’ajouter aux nombreuses crises qui affectent sa région, dont les invasions massives de criquets pèlerins et la multiplication des événements météorologiques extrêmes induits par les changements climatiques.  Tout cela menace de détruire les moyens de subsistance de millions de personnes, a mis en garde M. Ahmed.  Par conséquent, il a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une réponse multilatérale « à grande échelle, coordonnée et globale », d’une valeur équivalente à au moins 10% du PIB mondial, afin de donner aux pays en développement la « puissance de feu financière » dont ils ont besoin pour survivre à la situation actuelle. 

Notre objectif ne devrait pas seulement être de reconstruire un avenir meilleur, mais de le reconstruire dans le respect de l’environnement, a poursuivi le Premier Ministre.  À ses yeux, cela passe nécessairement par une réduction drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie, afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.  Il a affirmé l’intention de son pays de redoubler d’efforts pour y parvenir, notamment via la construction d’une économie verte et résiliente aux changements climatiques. 

À titre d’exemple, M. Ahmed a mentionné le plus grand projet d’infrastructure éthiopien de ces dernières années, dit le grand barrage de la renaissance éthiopienne.  Construit au moyen de ressources locales, ce dernier contribue à la conservation de ressources hydriques qui, selon le Premier Ministre, auraient été perdues dans l’évaporation des eaux dans les pays situés en aval.  «  Je tiens à dire clairement que nous n’avons aucune intention de nuire à ces pays », a-t-il précisé.  Nous voulons simplement répondre à nos besoins en électricité à partir de l’une des sources d’énergie les plus propres, a expliqué le Premier Ministre, affirmant que son pays avait pris soin de ne pas causer de dommages importants lors de la construction du barrage. 

Abordant la situation sécuritaire dans la sous-région, M. Ahmed a salué la formation du Gouvernement de transition revitalisé d’unité nationale au Soudan du Sud.  Il a invité les parties prenantes à continuer de travailler ensemble dans un esprit de collégialité pour régler les problèmes en suspens et améliorer le sort du peuple sud-soudanais, « qui souffre depuis trop longtemps ». 

Quant à la situation au Soudan, le Premier Ministre a estimé que le Gouvernement de transition avait besoin de tout le soutien de la communauté internationale pour s’attaquer aux graves difficultés socioéconomiques auxquelles le pays est confronté et répondre aux espoirs et aux aspirations du peuple soudanais.  

S’agissant de la Somalie, M. Ahmed s’est dit profondément préoccupé par la persistance des attaques perpétrées par les Chabab dans le pays.  Il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer les efforts sécuritaires du Gouvernement somalien. 

Pour sa part, l’Éthiopie reste attachée à la voie des réformes que nous avons engagées il y a deux ans et demi, a enfin déclaré le Premier Ministre.  «  Malgré la résistance qui accompagne toute tentative de faire basculer le statu quo en faveur de la justice sociale, nous poursuivrons la voie inexorable de la démocratisation de l’Éthiopie  », a-t-il affirmé. 

« Nous avons besoin de plus de multilatéralisme et de coopération », a déclaré Mme  METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark.  Elle a énuméré les nombreux défis auxquels le monde est confronté, tels que la pandémie, les changements climatiques, les difficultés économiques, le terrorisme, l’instabilité et le danger croissant posé par les attaques cybernétiques, la désinformation et les armes nucléaires.  Tous ces défis ont cette chose en commun qu’ils ne pourront être réglés que si nous travaillons ensemble, a-t-elle dit.  « Le faisons-nous aujourd’hui?  Dans certains domaines, oui, mais la vérité est que nous pouvons faire mieux. »

Mme Frederiksen a indiqué que son pays fait sa part, lui qui a alloué un milliard de couronnes danoises pour aider les personnes les plus vulnérables au virus dans le monde et s’est engagé en faveur de la réforme de l’OMS pour la rendre plus forte.  Elle a indiqué que les « investissements verts » non seulement préservent le climat mais créent des millions d’emplois.  Dans les années à venir, le Danemark a pour ambition de réduire de 70% ses émissions.  Elle a insisté sur la nécessité de remédier aux inégalités globales brutalement révélées par la pandémie, sous peine de nourrir les conflits de demain.  Nous devons davantage miser sur la prévention des conflits, a poursuivi la Première Ministre, en appuyant l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. 

Si le Danemark continue de respecter le cadre international sur les migrations et les réfugiés, sa Première Ministre a estimé que le système de demande d’asile du passé n’est pas adapté aux défis à venir.  «  Nous avons besoin d’un système plus juste et, de fait, plus humain.  »  Elle a appelé à des efforts pour remédier aux facteurs qui encouragent les gens à entreprendre des voyages périlleux et pour s’attaquer aux trafiquants.  Les pays de transit doivent être davantage appuyés pour gérer les migrations irrégulières et les pays d’origine doivent aussi être davantage aidés pour offrir d’autres alternatives. 

S’agissant de l’égalité des sexes, elle a estimé que la pandémie compromet les progrès accomplis.  « Chaque femme et chaque fille a un droit de décision sur sa vie, son corps et son avenir. »  Les droits et la dignité doivent être au cœur des efforts de l’ONU, a conclu Mme  Frederiksen. 

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre, Ministre d’État, Ministre de la communication et des médias et Ministre des affaires religieuses du Grand-Duché de Luxembourg, a constaté que la crise de la COVID a été accompagnée de limitations des libertés publiques, d’un retour des frontières, d’une remise en question des acquis de la liberté des échanges commerciaux et de l’intégration économique ainsi que d’une mise à l’épreuve sans précédent des systèmes de soins publics et privés, « sans parler des questions éthiques auxquelles nombre d’entre nous n’avaient plus été confrontés depuis si longtemps  ».  Il a notamment déploré la remise en question de la libre circulation des personnes dans l’Union européenne, « parfois bien au-delà du raisonnable  », pour ensuite saluer les « décisions historiques  » qui ont été prises pour assurer une sortie de crise et une relance qui tiennent compte de la transition écologique et des défis du développement durable.

Il a souligné que ce n’est qu’en garantissant un accès équitable à un vaccin COVID-19 dans le monde entier que l’on mettra fin à cette pandémie.  La crise du COVID, a-t-il ajouté, est devenue une crise sanitaire qui va au-delà du de la seule COVID-19 à travers la charge qu’il fait peser sur les systèmes de soins de santé, et plus généralement la remise en cause de stratégies pour lutter contre d’autres maladies comme la malaria, la tuberculose, le sida. 

Poursuivant, M. Bettel a indiqué que le Luxembourg soutient pleinement les efforts en matière de moratoire et de réduction de la charge de la dette des pays les moins avancés.  Alertant que les pays en développement risquent de faire un saut en arrière de 20 ans, il a souligné que l’aide publique au développement (APD) doit continuer à jouer un rôle déterminant.  Dans les circonstances actuelles, plus encore qu’avant la crise du COVID, on ne peut hypothéquer l’assistance, avec les aléas d’un financement par le marché des capitaux ou par d’autres instruments financiers, aussi innovants soient-ils, a-t-il affirmé.  L’APD du Luxembourg, a-t-il assuré, continuera à se chiffrer à 1% du revenu national brut, les dépenses internationales climatiques et en matière de migration venant s’y ajouter. 

En l’absence de réunions physiques et malgré toutes les limitations d’ordre procédural que cela impliquait, a-t-il enchaîné, l’Assemblée générale a montré au monde que l’ONU était bien présente dans les réponses à la crise.  Il a conseillé d’envisager à l’avenir des dispositions pour pallier les inconvénients de ce type de prise de décisions par consensus dans tous les cas de figure, pour ensuite saluer l’adoption de la résolution Omnibus sur la COVID-19.  Le Premier Ministre luxembourgeois a souhaité que les expériences récentes en matière de gouvernance sanitaire internationale fassent l’objet d’un examen à la suite de la pandémie actuelle, préconisant l’OMS pour le faire et invitant à renforcer le rôle de celle-ci dans cette gouvernance. 

M. Bettel a par ailleurs fait savoir que l’implication de la société civile dans les enceintes des Nations Unies constituera une des priorités de la candidature du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme en 2021.  Il a relevé que la régression de la reconnaissance de certains droits touche aussi la santé sexuelle et reproductive « et cela jusque dans les instances de notre Organisation ».  Pour le Luxembourg, qui poursuit une politique étrangère féministe, le maintien des acquis de nombreuses années de lutte doit rester une priorité absolue, a-t-il affirmé.

Le Premier Ministre a ensuite appelé tous les acteurs du Sahel, où une bonne partie de la coopération du Luxembourg est concentrée, à se ressaisir par la mise en œuvre des engagements pris, y compris le rétablissement d’un pouvoir civil au Mali.

M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a exprimé la détermination de son gouvernement à contrôler la propagation de la COVID-19.  Un centre national de gestion de la situation a été mis en place et les mesures de lutte contre la pandémie sont appliquées conformément aux directives de l’OMS, a-t-il indiqué, assurant que tous les patients, quelle que soit leur nationalité, se voient garantir l’égalité d’accès aux soins.  En outre, a-t-il dit, la Thaïlande a entrepris un programme de recherche sur les vaccins et souhaite que ces derniers soient considérés comme des «  biens publics mondiaux  », accessibles à tous.  À ses yeux, l’ONU doit jouer un rôle important à cet égard.  

Le général Prayut a ensuite évoqué la réponse économique de son gouvernement, destinée à alléger le fardeau financier des personnes et des exploitants, qu’il s’agisse des groupes à faible revenu, de femmes entrepreneurs, des agriculteurs ou des individus vulnérables.  Les efforts se sont concentrés sur l’augmentation de la liquidité financière des entrepreneurs afin qu’ils puissent soutenir leurs activités, a-t-il expliqué.  

Grâce à la coopération et à la générosité de tout le peuple thaïlandais, les conséquences de la pandémie ont été minimisées et la situation maîtrisée, s’est félicité le Premier Ministre.  Il a remercié à cet égard l’OMS d’avoir reconnu la Thaïlande comme l’un des pays ayant fourni la réponse la plus efficace à la COVID-19.  Le dirigeant a cependant réitéré son appel à la vigilance afin d’éviter une deuxième épidémie.  Il a également encouragé tous les pays à se fournir une assistance mutuelle et à faire preuve de solidarité tant au niveau régional que mondial.  La Thaïlande, a-t-il souligné, est fière d’avoir contribué aux fonds de riposte de l’ONU et de l’ASEAN.  

Pour le général Prayut, le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies doit être l’occasion de renforcer le système multilatéral pour répondre à la situation changeante du monde, aux nouveaux défis et aux attentes des générations futures.  En ce qui concerne la paix et la sécurité, a-t-il relevé, l’ONU est reconnue depuis 75 ans pour sa réussite dans le règlement pacifique des différends et son assistance aux populations dans les zones sortant d’un conflit.  Dans ce cadre, plus de 27 000  militaires, policiers et civils thaïlandais ont servi dans plus de 20 missions de paix des Nations Unies dans le monde depuis 1958, s’est-il enorgueilli, indiquant que cette contribution se poursuit au milieu de la crise pandémique actuelle. 

Alors qu’il ne reste que 10 ans pour accélérer les actions en vue d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, il a reconnu que la pandémie risque de retarder cette réalisation.  Appelant tous les pays à coopérer plus étroitement et à promouvoir la voie d’un développement centré sur l’humain, il a également mis l’accent sur l’importance d’une utilisation de la technologie pour le développement.  Il a ajouté que son pays, co-hôte de l’Exposition mondiale pour le développement Sud-Sud 2021 prévue l’an prochain à Bangkok, est prêt à partager ses meilleures pratiques en matière de développement durable, guidées par les principes de la philosophie de l’économie de suffisance (SEP). 

S’agissant des droits de l’homme, il a réaffirmé l’attachement de son pays aux instruments internationaux qui ont établi des principes et des obligations en la matière.  Il a ajouté que la Thaïlande mettait actuellement en œuvre son quatrième plan national des droits de l’homme dans un esprit axé sur les résultats.  Enfin, il s’est dit fier qu’elle soit le premier pays d’Asie à avoir adopté, en 2019, un plan d’action national sur les entreprises et les droits de l’homme.  

« Le monde est en crise », a déclaré d’entrée de jeu M.  JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, en concédant que ce n’est « pas seulement à cause de la COVID-19, mais à cause des dernières décennies et à cause de nous ».  La crise actuelle est à ses yeux l’avertissement que nous ne pouvons ignorer, rappelant qu’à maintes reprises, l’histoire nous a montré le prix beaucoup trop élevé à payer pour l’inaction.  Les institutions multilatérales de 1945 ne sont plus en mesure de faire ce pour quoi elles ont été conçues, a estimé M.  Trudeau, à savoir défendre le multilatéralisme et le droit international, protéger les droits de l’homme et ouvrir les marchés.  C’est là ce que la crise du COVID-19 a mis en exergue, sans l’ombre d’un doute, a-t-il souligné, martelant que « les choses doivent changer, et pas seulement sur la scène mondiale, mais aussi à la maison ».  

« Nous n’en faisons pas assez pour les personnes les plus vulnérables » – que ce soient les personnes âgées qui meurent dans des établissements de soins de santé, ou les personnes sans-abri pour qui chaque soir est une lutte, a poursuivi le Premier Ministre.  «  Nous n’allons pas assez loin pour éliminer l’injustice systémique, qu’il soit question de racisme envers les Noirs ou les Autochtones, d’homophobie ou de sexisme.  »  Pour lui, les difficultés que rencontrent les citoyens sont le reflet de l’échec des institutions mondiales.  

M. Trudeau a regretté que de nombreux pays, après avoir vu leurs économies et services de base décimés par la pandémie, soient maintenant au bord du gouffre.  Il en a conclu que nous sommes confrontés à une crise humanitaire mondiale, alors que cette pandémie ne constitue même pas la plus grande menace, qui est à son avis les changements climatiques.  M. Trudeau a dénoncé le fait que le monde en soit à ce stade en raison de son incapacité collective, au cours des dernières décennies, à prendre les décisions difficiles et à faire les sacrifices nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et sauver les générations futures.  «  La pandémie n’a pas changé cela.  Nos échecs communs ont continué.  Et nos citoyens en paient le prix.  »

Il faut une nouvelle façon de penser, a-t-il recommandé, qu’il s’agisse du climat, des inégalités ou de la santé.  Il a pointé du doigt le fait que, trop souvent, l’action concertée est bloquée.  Les besoins des citoyens sont niés en raison de l’impasse dans les organes de décision, a-t-il insisté.  La raison, selon lui, est qu’il y a peu de conséquences pour les pays qui ignorent les règles internationales.  «  Peu de conséquences pour les pays où les personnalités de l’opposition sont empoisonnées alors que les cyber-outils et la désinformation sont utilisés pour déstabiliser les démocraties.  Peu de conséquences lorsque des citoyens innocents sont détenus arbitrairement et que les libertés fondamentales sont réprimées.  »  

M. Trudeau a estimé que nous nous trouvons dans une impasse.  L’approche internationale sur laquelle nous nous appuyons depuis la seconde moitié du XXe siècle a été fondée sur l’idée que les pays travailleraient ensemble, a-t-il rappelé.  « Mais aujourd’hui, ces mêmes pays regardent vers l’intérieur et sont divisés.  »  Notre système est cassé et le monde est en crise, a mis en garde le Premier Ministre qui s’est dit convaincu que les choses risquent même d’empirer.  Dès lors, M. Trudeau a appelé à «  travailler ensemble  ».  Une collaboration mondiale réelle et constructive est la seule façon de procéder, a-t-il martelé, en concédant que le Canada ne peut pas, à lui seul, faire bouger les lignes des grands dossiers internationaux.  

« Comme tant d’autres, nous sommes soumis aux caprices des superpuissances  », a-t-il regretté, « mais en tant que Canadiens, nous savons que nous ne sommes pas seuls  ».  D’autres pays sont dans la même situation et en ont pris conscience, a-t-il poursuivi, mais plutôt que de se recroqueviller et d’espérer qu’on en sortira indemne, « rappelons-nous que nous sommes tous dans le même bateau ».  Au lieu de croiser les doigts et d’espérer que les grandes puissances le comprendront, voyons ce que nous pouvons faire pour faire une différence ensemble, a renchéri le Premier Ministre canadien.  Utilisons notre pouvoir partagé non seulement pour obtenir un vaccin, mais aussi pour le distribuer à tous.  Laissez-nous inspirer par l’appel de nos citoyens à restaurer l’économie mondiale tout en luttant contre les changements climatiques.  En d’autres termes, n’attendons pas que quelqu’un d’autre agisse.  Faisons-le nous-mêmes, a conclu M. Trudeau. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances et de la gouvernance d’entreprise d’Antigua-et-Barbuda, a estimé que, collectivement, les États Membres ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité envers la planète.  Les bénéfices à grande échelle d’une coopération internationale ouverte sont désormais « sacrifiés par les puissants », au profit de la recherche d’avantages nationaux « exclusifs et plus restreint », s’est indigné le dirigeant.  Pourtant, a-t-il ajouté, le monde n’a jamais disposé de ressources techniques et financières aussi importantes pour relever les défis auxquels l’humanité entière est confrontée, dont les ravages des changements climatiques, les pandémies, l’insécurité alimentaire et la pauvreté.  Selon lui, le problème est que ces ressources sont concentrées dans les capitales de quelques nations qui ont renoncé à la poursuite du bien commun. 

M. Browne a déclaré que les pays en développement, notamment les petits États, étaient à l’heure actuelle « pris au piège » entre le déclin économique et la dégradation de l’environnement, dont ils ne sont en rien responsables.  Parallèlement, « les tambours du nationalisme étouffent les appels à la solidarité mondiale », a-t-il dénoncé.  Pour le Premier Ministre, il s’agit là d’une erreur d’autant plus grande qu’aucune nation, si riche soit elle, ne peut survivre si ses marchés se restreignent et ses sources d’approvisionnement s’amenuisent.  « Grands ou petits, nous sommes tous interdépendants », a-t-il déclaré. 

M. Browne a plaidé en faveur d’un système multilatéral fonctionnel qui respecte les principes démocratiques de souveraineté, de participation et de consentement, tout en rejetant la doctrine de l’intimidation, de l’exclusion, de la coercition et de l’abus de sanctions économiques.  Mais alors même que les pays des Caraïbes sont les premiers touchés par les effets des changements climatiques et la crise économique liée à la pandémie de COVID-19, le Premier Ministre a constaté qu’on leur refuse une voix dans le processus décisionnel international. 

M. Browne a cité les prévisions alarmantes de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui prévoit que le produit intérieur brut (PIB) des Caraïbes se contractera de 6,9% en 2020, en raison des effets de la pandémie.  Avant la crise sanitaire, a-t-il précisé, Antigua-et-Barbuda anticipait une croissance de plus de 6,2%, après un taux de croissance moyen de 5% au cours des six années précédentes.  Or, en tant que pays fortement dépendant du tourisme, la fermeture des frontières, la cessation du tourisme de croisière et les limitations du trafic aériens ont « dévasté notre économie du jour au lendemain », a déploré M. Browne. 

Dans ce contexte de baisse inédite des revenus et des devises, le Premier Ministre a indiqué que les gouvernements de la région avaient été contraints de dépenser des ressources importantes, allant jusqu’à 8% de leur PIB national, pour atténuer les effets de la crise sanitaire.  Dans le cas de mon petit pays, nous nous sommes vu refuser des prêts de la part des institutions financières internationales, en raison du critère asymétrique du revenu par habitant appliquées par ces dernières.  « En dehors d’un crédit octroyé par la Banque interaméricaine de développement, Antigua-et-Barbuda n’a reçu aucune aide des institutions financières internationales. »

L’approche des créanciers du Club de Paris, a poursuivi M. Browne, a été « particulièrement impitoyable » et « absolument insensible ».  Aux dires du Premier Ministre, le Club de Paris a en effet refusé d’annuler, de suspendre ou même de rééchelonner le paiement de la dette d’Antigua-et-Barbuda.  À l’inverse, a-t-il affirmé, le Club de Paris exige le remboursement de prêts en souffrance vieux de plusieurs décennies, qui ne peuvent tout simplement pas être remboursés à l’heure actuelle. 

Pire encore, le Club de Paris a, selon lui, empêché le Fonds monétaire international (FMI) d’envisager une aide financière et un allégement du service de la dette à moins qu’Antigua-et-Barbuda ne se soumette à un programme qui entraînerait, au final, une plus grande austérité et une augmentation du fardeau de la dette. 

« Cela, nous ne pouvons pas l’accepter », a martelé M. Browne, tout en saluant la résilience et le courage des habitants de son pays.  En dépit de tous les défis auxquels ces derniers ont été confrontés, il s’est dit fier du fait qu’Antigua-et-Barbuda n’ait enregistré que trois décès depuis le début de la pandémie.  À l’heure actuelle, a-t-il précisé, nous n’avons qu’un seul cas d’infection de COVID-19 confirmé en laboratoire. 

Mais sans une réponse appropriée de la communauté internationale, le Premier Ministre a estimé que de nombreux pays comme le sien ne seraient pas en mesure de payer la dette existante et ne pourraient prétendre à aucun nouvel emprunt.  «  La viabilité socioéconomique de la région sera compromise sans une suspension et une restructuration proactives de la dette et, en fin de compte, un allégement de la dette  », a-t-il conclu. 

M. SCOTT MORRISON, Premier Ministre de l’Australie, a déclaré que son pays fait face à la tempête de la pandémie de COVID-19 et de la récession avec une grande détermination.  Malheureusement, plus de 800 Australiens ont perdu la vie à cause de la COVID-19, a-t-il dit.  Mais en termes comparatifs, nous avons mieux réussi que la plupart des autres, a fait valoir le Premier Ministre.  Et bien que l’économie n’ait pas été épargnée par la récession, la première en près de 30 ans en Australie, l’impact a été bien moindre que celui de presque toutes les autres économies développées du monde.  Près de la moitié des emplois perdus à cause du virus au début ont déjà été récupérés. 

Notre plan d’action national COVID-Safe a été simple, a expliqué M. Morrison: « Sécurisez nos frontières rapidement et systématiquement.  Enraciner les comportements COVID-Safe dans notre communauté et dans notre économie  ». 

Il a fallu créer de solides capacités de test, de traçage et de confinement, et investir dans les hôpitaux et les fournitures médicales pour s’assurer que le virus ne submerge pas le système de santé.  De plus, a poursuivi le Premier Ministre, le Gouvernement a fourni des aides aux revenus et à l’investissement représentant plus de 15% du produit intérieur brut (PIB). 

« En Australie, nous avons également été conscients de notre merveilleuse famille du Pacifique pendant cette pandémie, nos Wantoks, nos Vuvale, nos Whanau, en particulier les nations insulaires du Pacifique Sud-Ouest », a assuré le Premier Ministre.  Il a indiqué que l’Australie avait fourni à ses voisins du Pacifique, et à d’autres régions de l’Asie du Sud-Est, des équipements de protection individuelle et de test et une expertise médicale.  

«  Celui qui trouve le vaccin doit le partager  », a ensuite martelé M. Morrison en faisant appel à la responsabilité morale mondiale et en faisant valoir que l’Australie a contribué 80 millions de dollars à l’engagement de marché Gavi COVAX Advance.  Certains pourraient voir un avantage à court terme, voire un profit.  Mais, a prédit le Premier Ministre, « l’humanité aura une très longue mémoire et sera un juge très, très sévère ».  Si nous trouvons le vaccin, nous le partagerons, a-t-il promis avant de souligner le rôle vital de l’OMS à cet égard: elle doit veiller à l’accès universel à un vaccin. 

M. Morrison a ensuite mis en lumière « les dangers de la désinformation », indiquant que l’Australie avait récemment travaillé avec l’ONU pour corédiger une déclaration contre la désinformation généralisée, une déclaration signée par plus de 120 pays.  Il a ensuite plaidé pour le respect du droit international et le règlement pacifique des différends par le dialogue, réclamant que les revendications territoriales et maritimes soient fondées sur le droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

«  Nous ne nous replierons pas dans la spirale descendante du protectionnisme en Australie », a continué le Premier Ministre qui a mentionné ses efforts de réforme de l’OMC et sa position en faveur de règles commerciales prévisibles, transparentes et non discriminatoires.  Il a indiqué que son pays participe à la conception du tout premier ensemble de règles commerciales numériques mondiales, et qu’il travaille dur pour préserver les éléments cruciaux du système de règlement des différends de l’OMC afin que les règles commerciales puissent continuer d’être appliquées. 

Enfin, en tant que signataire des accords de Kyoto et de Paris, M.  Morrison a informé que l’Australie réduit efficacement ses émissions de carbone.  Entre 2017 et mi-2020, plus de 30 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables en Australie, soit un taux par habitant trois fois plus élevé que dans des pays comme l’Allemagne, la Chine ou la France, s’est félicité le chef du Gouvernement. 

 

M. LOTAY TSHERING, Premier Ministre du Bhoutan, pays du « bonheur national brut », a souhaité partager l’expérience de sa petite nation himalayenne face à la pandémie de COVID-19.  Sous la supervision directe de notre Roi, a-t-il narré, nous avons mis en place des systèmes de surveillance comprenant un contrôle des points d’entrée internationaux, l’imposition d’une quarantaine de 21 jours et des installations de dépistage gratuites.  En complément aux efforts du Gouvernement, les Bhoutanais se sont pliés au port du masque, à la distanciation physique, au lavage des mains et au confinement.  Grâce à cet acte d’« unité inconditionnelle », s’est-il enorgueilli, le Royaume n’a enregistré que 261 cas positifs, dont 192 se sont rétablis; la mortalité due à la COVID-19 restant nulle.  

Pour M. Tshering, la pandémie a fait ressortir l’essence même « u bonheur national brut », qui vise le bien-être de toutes les personnes et pas seulement de soi-même.  En effet, a-t-il avancé, cette maladie très contagieuse nous oblige à agir de manière responsable afin que nos actions ne compromettent pas la sécurité de ceux qui sont plus vulnérables.  En tant que médecin, il s’est dit convaincu que, jusqu’à ce que nous ayons un vaccin efficace, la combinaison d’une distanciation physique bien mise en œuvre et de tests accessibles et fiables est la meilleure approche. 

Afin de sauvegarder les moyens de subsistance de la population malgré la crise, des mesures fiscales et monétaires ont été prises à la demande de Sa Majesté, a-t-il poursuivi, évoquant aussi des actions de solidarité avec le secteur informel.  La grande préoccupation du Roi étant que cette crise ne fasse de laissés-pour-compte, un fonds royal de secours a été créé pour venir en aide aux plus vulnérables.  

Le Premier Ministre a ensuite abordé le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, jugeant qu’à cette occasion, le thème du multilatéralisme ne peut être plus pertinent.  À ses yeux, la coexistence pacifique entre nous et avec la nature qui nous entoure est le meilleur vaccin pour que l’humanité prospère sur cette planète.  Toutefois, a-t-il dit, ce serait une « grave erreur » que de ne pas aider le monde en développement à avoir accès à toutes les ressources essentielles, y compris aux vaccins lorsqu’ils seront disponibles.    

S’agissant des objectifs de développement durable (ODD), le dirigeant a assuré qu’avant la pandémie, son pays était en passe de devenir l’un des premiers pays à les réaliser, comme l’a démontré l’examen volontaire de 2018.  Depuis, une Commission nationale de planification étudie de près l’impact de la COVID-19 sur les plans de développement mais tout porte à croire que le Royaume ne pourra atteindre les ODD d’ici à 2030.  Il est, selon lui, temps de créer une équipe spéciale chargée de travailler sur un nouveau cadre pour les ODD, qui aiderait les pays à « marcher sur la voie de la nouvelle normalité ». 

En ces temps de remise en question du multilatéralisme, la confiance du Bhoutan en l’ONU reste inébranlable, a affirmé M. Tshering.  Dans le même temps, a-t-il nuancé, l’Organisation doit évoluer et s’adapter aux réalités changeantes.  En effet, la structure et la composition existantes du Conseil de sécurité ne reflètent pas les réalités du monde actuel.  Il a ainsi réitéré son souhait de voir les pays du G4 devenir membres permanents et l’Afrique mieux représentée.  Enfin, il a assuré que le Bhoutan, qui participe aux opérations de maintien de la paix de l’ONU depuis 2014, est prêt à déployer des contingents et des policiers à tout moment.      

M. YOSHIHIDE SUGA, Premier Ministre du Japon, annoncé que le Japon dirigerait de manière proactive les efforts internationaux pour sauver des vies face aux nouvelles infections de type coronavirus, et ce de trois manières.  

D’abord, en soutenant le développement de thérapies, de vaccins et de diagnostics, et en s’efforçant d’assurer un accès juste et équitable pour tous, y compris les pays en développement.  Ensuite, pour se préparer à de prochaines crises: le Japon collabore avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et avec les Centres de contrôle et de prévention des maladies d’Afrique. Au Ghana, la Japon soutient l’Institut Noguchi, qui réalise à l’heure actuelle près de 80% des tests au COVID-19 du pays.  Enfin, dans un contexte plus large de sécurité sanitaire face à la crise actuelle, le Japon a fourni une aide internationale de plus de 1,54 milliard de dollars aux secteurs de la médecine et de la santé.  

Dans le domaine de la reprise économique, le Japon a mis en œuvre un prêt de soutien d’urgence d'un montant maximum de 4,5 milliards de dollars sur une période de deux ans. 

Réaffirmant l’importance du multilatéralisme et le respect que l’ONU lui inspire, le dirigeant japonais a toutefois souligné que cette dernière avait « grand besoin d’une gouvernance neutre et équitable  ».  Il a notamment appelé à un examen et une réforme de l’OMS, un processus auquel le Japon s’est dit prêt à coopérer.  Quant à la réforme des Nations unies, y compris celle du Conseil de sécurité, pour refléter les réalités du XXIe siècle, elle a été qualifiée « d’urgente » par le Premier ministre. 

Concernant les relations avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le dirigeant a soulevé « la question des enlèvements par la Corée du Nord », sujet de « grave préoccupation » pour la communauté internationale.  «  Cette année, deux parents de victimes sont décédés », a déploré M. Suga.  «  Les familles des victimes vieillissent.  Il n’y a pas de temps à perdre », et la position du Japon à ce sujet demeure inchangée.  Le Japon cherche à normaliser ses relations avec ce pays, conformément à la déclaration de Pyongyang entre le Japon et la RPDC, en résolvant de manière globale les questions préoccupantes en suspens telles que les enlèvements, les questions nucléaires et les missiles.  En tant que nouveau Premier ministre du Japon, M. Suga s’est dit prêt à rencontrer le président Kim Jong-un « sans aucune condition ».  L’établissement d'une relation constructive entre le Japon et la RPDC ne servira pas seulement les intérêts des deux parties, mais contribuera aussi grandement à la paix et à la stabilité régionales, a-t-il insisté.  

Alors que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire du bombardement nucléaire des villes d’Hiroshima et Nagasaki, ainsi que le cinquantième de l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), M. Suga a réaffirmé l’importance du maintien et du renforcement du traité, afin qu’« Hiroshima et Nagasaki ne se reproduisent plus jamais ».  

Déterminé à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo l’été prochain pour «  prouver que l’humanité a vaincu la pandémie », le Gouvernement japonais ne ménagera aucun effort pour accueillir le monde pour des Jeux « sûrs et sécurisés  », a assuré son Premier Ministre.    

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de la République de Malte, a appelé à un avenir dans lequel la solidarité devienne une réalité mondiale.  Alors que la pandémie a porté un coup dévastateur au développement économique et social de tous les pays, en particulier les pays en développement, M. Abela a jugé indispensable d’intensifier les efforts collectifs et la coordination pour assurer la mise en œuvre réussie des objectifs, notamment les objectifs de développement durable (ODD).   

« Conscients qu’il est de notre responsabilité collective de promouvoir la sécurité alimentaire », le Premier Ministre a venté l’initiative de « Solidarjeta’ Malte » - lancée par Malte pour lutter contre la pénurie alimentaire dans les pays touchés.  Cette initiative, a-t-il expliqué, a permis de nourrir environ un demi-million de personnes en Namibie, tout en évitant le gaspillage alimentaire à Malte.  

En tant que Premier Ministre d’un pays qui prône la paix et qui a une clause de neutralité dans sa Constitution, M. Abela a exhorté toutes les parties impliquées dans des conflits à renoncer aux hostilités en cours, à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et à dépolitiser les infrastructures humanitaires par la levée des restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. 

Dans ce contexte, le Premier Ministre a salué les annonces faites par le Président du Conseil présidentiel de la Libye, M. Fayez al-Serraj, et le Président de la Chambre des représentants de ce pays, M. Aguila Saleh, en vue d’un cessez-le-feu en Libye.  « Le moment est venu de traduire les résultats du Comité militaire mixte 5+5 en un cessez-le-feu permanent pour permettre la reprise des pourparlers en vue d’une transition politique réussie sous les auspices des Nations Unies  », a insisté le Premier Ministre, avant d’appeler à poursuivre en justice tous ceux qui ont violé le droit international humanitaire et les droits de l’homme en Libye.  Cela enverra un message clair à toutes les personnes impliquées dans la guerre par procuration qui se joue en Libye: leur impunité ne restera pas sans réponse, a-t-il souligné.  

Rappelant qu’une solution politique au conflit en Libye reste la seule qui soit viable, il a dit plaidé pour un processus dirigé et géré par le pays lui-même.  À cet égard, il a félicité le Conseil de sécurité d’avoir approuvé les conclusions de la Conférence de Berlin sur la Libye par le biais de la résolution 2510 (2020).  Au cours des 12 derniers mois, Malte est devenue membre du Comité exécutif du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), a adhéré à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides puis a rejoint la Campagne du Cœur bleu de l’ONUDC contre la traite des êtres humains, s’est enorgueilli le Premier Ministre, avant de signaler que Malte est candidate pour devenir membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2023-2024.  

M. JAMES MARAPE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a cité la vision « Reprendre la Papouasie-Nouvelle-Guinée » élaborée par son gouvernement pour reconstruire en mieux, être résilient, être plus vert et avancer dans la réalisation d’une vision de développement à long terme d’ici à 2050.  

Pour mieux se remettre de la COVID-19, le Gouvernement a adopté une approche stratégique en cinq points en utilisant cette crise comme un moyen de remodeler la société et la rendre plus juste, unie et inclusive, a ajouté le Premier Ministre.  Il a expliqué que cette stratégie a été mise en place avec le soutien des partenaires pour le développement tels que les banques nationales, les fonds de pension et les entreprises publiques, sans oublier le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement et les partenaires bilatéraux, dont l’Australie et le Japon.  

M. Marape a aussi indiqué que son gouvernement vient d’amender les lois sur les ressources renouvelables et non renouvelables afin de remédier aux déséquilibres dans les grands projets d’exploitation.  Les modifications apportées permettent maintenant à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de négocier des rendements justes et équitables pour toutes les parties prenantes, y compris les multinationales. 

Le Premier Ministre a souligné que son pays s’acquitte toujours de ses obligations d’État partie à la Convention des Nations Unies contre la corruption (UNCAC).  Le Gouvernement, a-t-il indiqué, par ailleurs, s’est doté d’un programme d’électrification rurale pour couvrir les 70% du pays encore plongé dans le nord avec une énergie fiable et abordable d’ici à 2025.  Il a aussi parlé du nouveau câble sous-marin à fibre optique et du lancement du câble international de la mer de corail reliant son pays à l’Australie, aux Îles Salomon et au reste du monde. 

Nation maritime, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a souligné son Premier Ministre, accorde une grande priorité à la protection du secteur maritime et des pêches, lequel représente un quart du budget annuel et emploie 80% de femmes, en particulier dans les conserveries du thon.  En appui à ce secteur, le Gouvernement a lancé en juillet 2020 sa toute première Politique nationale sur les océans 2020-2030, pour veiller à ce que les océans, les mers et leurs ressources soient correctement et durablement coordonnés, gérés, protégés, gouvernés et utilisés.  Le Premier Ministre a insisté sur la décision prise en août 2019 par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique de veiller à ce que leurs zones maritimes délimitées conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ne puissent être remises en cause ou réduites en raison de l’élévation du niveau de la mer.  

Enfin, le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis l’accent sur le processus de paix de Bougainville, en rappelant que l’Accord de paix a permis près de deux décennies de paix ininterrompue.  Après le référendum de 2019, le Gouvernement est prêt à accueillir les membres nouvellement élus de la Chambre des représentants de Bougainville et attend avec impatience de nouer une relation de travail «  cordiale » et d’entamer un processus de consultation « fructueux  », avant que le Parlement national ne prenne une décision sur l’avenir du territoire.  

M. AMBROSE MANDVULO DLAMINI, Premier Ministre d’Eswatini, a déclaré que son pays, comme le reste du monde, a dû faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19.  «  C'est arrivé à un moment où le Royaume était confronté à de multiples batailles contre les fléaux du VIH, du paludisme et de la tuberculose, qui avaient tous fait peser une pression énorme sur nos ressources. »  Il a ajouté que son pays, en tant qu’économie relativement petite, ne dispose pas d’énormes réserves pour financer la lutte contre le nouvel assaut.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’événement de haut niveau sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà.  

Les défis et les crises mondiaux ont tendance à nous rassembler ou à nous séparer, a noté le Premier Ministre, pour qui la crise de la COVID-19 a créé un lien sans précédent entre les pays.  « La crise nous a rappelé que nous appartenions tous à la même planète.  »  Il a ajouté que cette crise nous donne l’occasion de repenser l’avenir que nous voulons et que nous vivons le moment opportun de « poser de grandes questions, de prendre de grandes décisions, de s’engager et d’agir en solidarité ».  Le Premier Ministre a prévenu que nous ne pourrons pas, sans engagement collectif en faveur du multilatéralisme, accomplir les idéaux de la « Décennie d’action » en faveur des ODD et ceux visant à ne laisser personne derrière nous.  

Par ailleurs, M. Dlamini a déclaré que la communauté de nations doit accepter la réalité, à savoir que la crise a changé à jamais notre mode de vie et que nous devons « résister à la tentation de revenir à ce que nous pensions comme normal ».  Il a appelé à façonner un avenir qui nous prépare à faire face à d’autres crises possibles.  

Après avoir salué les débats en cours pour revitaliser l’Assemblée générale et rationaliser les travaux du Conseil économique et social (ECOSOC), le Premier Ministre a estimé que la plus fondamentale des réformes est celle du Conseil de sécurité.  À cet égard, le Royaume d’Eswatini a tenu à réitérer la pertinence du consensus d’Ezulwini qui demande au moins deux sièges permanents pour les pays africains au Conseil de sécurité.  

Par ailleurs, le Premier Ministre a défendu le droit du peuple de Taiwan de participer au système des Nations Unies, en rappelant que Taiwan a consacré d’importantes ressources à la réalisation des objectifs de développement durable, non seulement à l’intérieur de ses propres frontières, mais aussi en direction d’autres pays.  

M. POHIVA TU‘I‘ONETOA, Premier Ministre du Royaume de Tonga, a indiqué que bien que le virus n’ait pas encore atteint les Tonga, des mesures d’urgence ont été activées et la priorité est accordé à l’achat d’équipements médicaux afin d’améliorer l’état de préparation du système de santé.  Les répercussions économiques se font ressentir dans différents secteurs de l’économie qui affichera, en 2020, un taux de croissance nul.  La COVID-19 a également fait ressortir le fossé numérique, ce qui exige des solutions rapides pour qu’écoliers étudiants puissent étudier en ligne ou par la radio et la télévision. Face à la gravité de la pandémie, les Déclarations de Biketawa et de Boe ont été actionnées afin d’accélérer la coopération et l’aide entre les États membres du Forum des îles du Pacifique, ainsi que le rapatriement des Tongiens bloqués à l’étranger. 

M. Tu’i’onetoa a attiré l’attention sur les cyclones tropicaux « d’une violence sans précédent » qui s’abattent sur les États insulaires du Pacific, notamment le cyclone Harold d’avril dernier.  Cela fait au moins 30 ans que les dirigeants du Forum des îles du Pacifique appellent à une action climatique urgente, s’est impatienté le Premier Ministre qui, évoquant l’approche du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, a appelé les États à réaffirmer leur engagement à limiter à 1,5 degré Celsius l’élévation de la température terrestre. Il a aussi indiqué qu’en dépit du report de la COP26, Tonga demeure engagé à mettre en œuvre une stratégie à long terme de développement à faible émission de carbone. 

Le Premier Ministre a d’ailleurs reconnu que 2020, dans son pays, devait être marqué par un taux de pénétration de 50% des énergies renouvelables.  Mais, a-t-il concédé, les retards provoqués par la pandémie, dont l’interruption « soudaine » des chaînes d'approvisionnement, ont provoqué une perturbation majeure des contributions déterminée au niveau national.  Des accords ont toutefois pu être signés pour obtenir des financements, grâce à des partenariats publics/privés, pour la création des systèmes de stockage d’énergie solaire, éolienne et à pile; la rénovation des réseaux et l’accès à l’électricité dans les îles les plus reculées. 

M. Tu’i’onetoa s’est également préoccupé des effets du changement climatique sur l’environnement marin. Des mesures ont été prises pour établir des zones de gestion spéciale et lancer le projet de planification spatiale maritime de Tonga. Le Gouvernement a en outre approuvé l’instauration des zones marines protégées représentant 30% du territoire.  Le Premier Ministre s’est alarmé des 12 millions de tonnes de déchets plastiques déversées dans les océans chaque année et a appelé à l’interdiction des plastiques à usage unique. Il a aussi indiqué que la bactérie utilisée pour détecter la présence de la COVID-19 se trouve dans les profondeurs de l’océan. On ne saurait exagérer l’urgence de protéger et d’assurer une gestion durable des océans et des ressources marines, a-t-il affirmé. 

Le Premier Ministre a par ailleurs estimé que les références utilisées pour déterminer les limites territoriales doivent demeurer inchangées malgré l’élévation du niveau de la mer. Notre souveraineté ne saurait être compromise, a-t-il prévenu.  

M. AMINE ABBA SIDDIK, Ministre des affaires étrangères du Tchad, a appelé l’OMS à s’adapter pour faire face à d’éventuelles pandémies futures, avant de qualifier la COVID-19 « d’ennemi implacable et invisible » qui a mis le monde à rude épreuve.  Il a réaffirmé l’importance du multilatéralisme en tant que moyen de relever les grands défis tels que les pandémies, le dérèglement climatique, le terrorisme et les inégalités, l’ONU devant jouer à cet égard un rôle central.  Il a plaidé pour une adaptation de la gouvernance mondiale et défendu une « solidarité agissante » envers les pays les plus vulnérables.  Les pays africains sont les plus exposés à la pandémie, à l’instar du Tchad, pays enclavé, a-t-il dit, en jugeant inquiétante la situation économique et sociale dans son pays.  Les données économiques pour 2021 ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices.  

M. Siddik a regretté la faible mobilisation des ressources au profit du plan de développement national du Tchad et appelé à y remédier.  Les promesses contenues dans le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba n’ont pas été réalisées, s’est désolé le Ministre.  C’est pourquoi la Décennie d’action pour le développement durable est capitale pour passer de la parole aux actes, a-t-il affirmé.  Il a souhaité un engagement accru de l’ONU et des parties prenantes en vue de la mobilisation des ressources nécessaires pour la réalisation du Programme 2030.  Les pertes de l’Afrique devraient s’élever à des milliards de dollars en raison de la pandémie, a signalé M. Siddik. 

Le Ministre des affaires étrangères a dénoncé les incursions de Boko Haram au Tchad, heureusement déjouées par l’armée de son pays, avant de rappeler que la lutte antiterroriste est à l’échelle mondiale.  Il a souligné l’importance de la Force conjointe du G5 Sahel et demandé la matérialisation des contributions pour rendre pleinement opérationnelle cette Force.  Il faut financer de manière pérenne et prévisible de ladite Force, mieux répondre aux défis et produire des résultats concrets au Sahel, a demandé le Ministre.  

M. Siddik s’est ensuite félicité du cessez-le-feu en Libye et a renouvelé son appel au Conseil de sécurité pour qu’il mette un terme aux ingérences extérieures.  Il a recommandé que les parties s’engagent dans un processus de négociation inclusif. Par ailleurs, le Ministre a appelé les pays concernés à privilégier le dialogue s’agissant du Barrage de la Renaissance en vue d’une solution sous les auspices de l’Union africaine.  Il a défendu la solution des deux États au Moyen-Orient et appelé à la levée définitive de l’embargo frappant Cuba.  L’Afrique doit avoir toute sa place au sein des organes onusiens et il est temps que la justice et l’équité prévalent, a conclu le Ministre, en se ralliant au consensus d’Ezulwini. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Inde a fustigé ce qu’il a appelé « la diatribe » du Premier Ministre du Pakistan ce matin.  Il a dénoncé un discours qui n’a rien à proposer au monde et qui incite au conflit et à la violence.  Il a déclaré que le Pakistan, qu’il a qualifié « d’État médiéval », a fait souffrir l’Asie du Sud-Est en se livrant à des « génocides » et en finançant des organisations terroristes.  Il a dit que le Pakistan abritait entre 3 000 et 4 000 terroristes formés au Cachemire.  Le représentant de l’Inde a déclaré que le Jammu-et-Cachemire est une partie intégrante de l’Inde.  Il a demandé au Pakistan de se retirer de toutes les zones qu’il occupe toujours illégalement au Jammu-et-Cachemire. 

Le représentant de l’Azerbaïdjan a répondu aux propos tenus aujourd’hui par le Premier Ministre de l’Arménie pour justifier l’occupation par l’Arménie du territoire du Haut-Karabagh.  Le représentant azéri a déclaré que le Haut-Karabagh est toujours occupé par l’Arménie qui a expulsé tous les Azéris.  Il a ajouté que cette guerre d’occupation avait fait des dizaines de milliers de victimes et détruit d’importantes infrastructures civiles.  Il a fustigé les tentatives illégales de l’Arménie de justifier cette occupation en invoquant des principes d’autodétermination.  Il a invoqué la position unanime de la communauté internationale qui reconnaît que le Haut-Karabagh est occupé par l’Arménie.  « En juillet 2020, les forces arméniennes ont tiré sur des zones densément peuplées en Azerbaïdjan », a-t-il dénoncé en notant que même la pandémie de COVID-19 n’avait pas empêché l’Arménie de se livrer à des provocations armées.  

Le délégué du Pakistan a exercé son droit de réponse en comparant « l’art de la propagande dans laquelle l’Inde est passée maître » à celui des Nazis.  L’Inde devra rendre des comptes pour ses crimes, a martelé le représentant.  Il a estimé que le Premier Ministre pakistanais, ce matin, n’avait fait que « verser la lumière sur l’Inde de Modhi caractérisée par des violations des droits de l’homme et une idéologie d’oppression des musulmans ».   New Dehli fait régner la terreur dans la région, a-t-il ajouté en faisant remarquer que les politiques funestes de l’Inde sont en train de se faire sentir.  Le délégué a dénoncé non seulement les discriminations contre les musulmans indiens mais aussi les véritables pogroms, comme cela a été le cas à New Dehli, et ce avec la complicité de l’État indien.  Il a fustigé « une idéologie hindoue intolérante et fasciste », qui montre que les extrémistes hindous ne reculent devant aucune mesure face à la soi-disant menace musulmane.  Une tragédie se joue, celle qui vise à effacer des siècles de présence musulmane en Inde, a déclaré le représentant.  « Le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde et n’en fera jamais partie », a-t-il affirmé.  « Un jour, il sera libre, c’est une question de justice. »  Enfin, il a affirmé que l’Inde soutient le terrorisme contre ses voisins et contre sa propre population.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soudan: le Conseil de sécurité s’informe de l’accord de Djouba du 31 août et de la transition vers la nouvelle mission de l’ONU

8761e séance – matin
CS/14314

Soudan: le Conseil de sécurité s’informe de l’accord de Djouba du 31 août et de la transition vers la nouvelle mission de l’ONU

Alors que s’organise au Soudan la transition entre l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), deux secrétaires généraux adjoints sont venus aujourd’hui présenter au Conseil de sécurité les derniers développements dans le pays, marqués par l’accord de paix conclu le 31 août à Djouba entre le Gouvernement et les principaux groupes armés du Darfour, mais aussi de nombreux défis aggravés par la pandémie de COVID-19.

C’est devant un Conseil réuni physiquement mais une nouvelle fois dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), qui permet, mieux que la chambre du Conseil de sécurité, de conserver une distance de sécurité sanitaire entre ses membres, que la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a qualifié de « développement politique significatif » l’accord signé dans la capitale du Soudan du Sud entre le Gouvernement de transition soudanais, l’alliance du Front révolutionnaire soudanais et l’Armée de libération du Soudan (ALS)-faction Minni Minnawi, pour une période transitoire de 39 mois à compter de la date de signature. 

M. Lacroix a tout de même relevé que les accords restaient une « constellation de documents » devant encore être réunis en une vision unique de l’avenir.  Il a surtout rappelé qu’à une semaine de la date de la signature, prévue le 3 octobre, l’ALS-faction Abdul Wahid n’avait pas encore rejoint le processus.  Plusieurs des membres du Conseil ont lancé à ce groupe, qualifié par la Fédération de Russie de « principal fauteur de trouble », un appel à rejoindre la table des discussions.  Le financement sera lui aussi un défi majeur, a souligné M. Lacroix, qui a fait observer que les mouvements armés du Darfour chiffraient la mise en œuvre de l’accord à 13 milliards de dollars sur 10 ans, le Gouvernement s’engageant pour à hauteur de 7,5 milliards de dollars. 

Le représentant du Soudan, M. Omer Mohamed Ahmed Siddig, a plaidé que l’accord convenu avec les principaux groupes armés du Darfour et des deux régions du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu s’attaquait aux causes profondes des conflits armés et de l’instabilité politique du pays.  Il prévoit ainsi le partage des ressources, la propriété foncière, la justice sociale, la gouvernance et l’égalité au niveau national, a-t-il détaillé.  Il vise également à trouver une solution aux conséquences des conflits, comme l’aide humanitaire, le retour sûr et volontaire des personnes déplacées et des réfugiés sur leurs terres d’origine, le désarmement des combattants armés et leur intégration dans l’armée ou la société nationale et le développement et la reconstruction des zones touchées par le conflit. 

Pour M. Siddig, trois éléments rendent cet accord de paix différent des accords précédents: la volonté politique et l’engagement du Gouvernement de transition à assurer la paix, la justice et la liberté; l’accord a été négocié et conclu entre les Soudanais eux-mêmes; et les négociations ont été menées entre anciens camarades, contrairement à l’atmosphère conflictuelle qui avait prévalu pendant l’ère Béchir. 

Mme DiCarlo a aussi fait état de progrès dans la création de la MINUATS, créée le 3 juin par la résolution 2524 (2020).  Elle a notamment expliqué que la conception de la Mission visait à permettre une intégration maximale entre les différentes entités des Nations Unies présentes au Soudan.  L’équipe de planification de la MINUATS travaille en étroite collaboration avec la MINUAD pour maximiser l’impact des deux missions et veiller à ce que l’expérience acquise de la MINUAD soit prise en compte. 

Avec la MINUATS, le Conseil a créé un instrument novateur pour soutenir le Soudan dans sa transition vers la paix et la démocratie parce que nous voulons que le Gouvernement soudanais réussisse et que le peuple soudanais profite des dividendes de la paix et la démocratie, a estimé l’Allemagne.  Pour elle, ce partenariat signifie aussi être franc sur les défis à surmonter et qui relèvent de la compétence de la MINUATS, qu’il s’agisse de trouver des solutions à une situation économique instable, d’assurer la justice pour les crimes et les violences passés, y compris le massacre du 3 juin 2019, ou de faire face à l’augmentation des besoins humanitaires et à l’impact de la pandémie de COVID-19.

Aux yeux de la France, la structure de la MINUATS proposée par le Secrétaire général constitue une ossature adéquate qui doit bénéficier des ressources humaines et financières nécessaires pour prendre corps.  La représentante a jugé indispensable, dans les mois à venir, de tirer le plein parti des synergies entre la MINUAD et la MINUATS, sans logique d’exclusive.  Nombre de délégations comme la Chine ont souligné la nécessité d’une transition « en douceur » de la MINUAD à la MINUATS, notamment en évitant les doublons. 

Le représentant du Soudan assuré que son gouvernement s’attaquait à la mauvaise gestion économique du régime précédent, à la pandémie de COVID-19 et au niveau sans précédent de fortes pluies et d’inondations dévastatrices dans le pays.  Cette situation nécessite toutefois un soutien soutenu et généreux de la part des partenaires régionaux et internationaux, a-t-il plaidé.  Il a obtenu en ce sens le soutien du Royaume-Uni, qui a rappelé avoir déjà accordé cette année 76 millions de dollars à l’aide humanitaire de l’ONU pour le Soudan. 

La Fédération de Russie a appelé à la levée des sanctions unilatérales contre le Soudan, jugées anachroniques, car, a-t-elle justifié, on ne peut pas parler de redressement économique et en même temps lui faire obstacle.  Les membres africains du Conseil de sécurité et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont plaidé dans le même sens.  Quant au Soudan, il a demandé le retrait urgent par les États-Unis de son pays de leur liste des États parrainant du terrorisme, qui empêche le Soudan de bénéficier d’un allégement de sa dette et d’accéder à des prêts concessionnels et des investissements étrangers à grande échelle. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan et les activités de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (S/2020/912)

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé qu’elle avait expliqué en avril dernier que la pandémie de COVID-19 s’ajoutait aux difficultés politiques, économiques et sécuritaires auxquelles le pays était confronté.  Cette évaluation générale demeure valable aujourd’hui.  Néanmoins, a-t-elle ajouté, il y a eu des développements positifs ces dernières semaines: la transition politique du Soudan continue d’aller dans la bonne direction, d’importantes réformes législatives ont été adoptées pour améliorer les droits fondamentaux et des gouverneurs civils intérimaires ont été nommés dans les 18 États, dont deux femmes. 

Le développement politique le plus significatif a toutefois été la conclusion, le 31 août à Djouba, de l’accord de paix entre le Gouvernement de transition du Soudan, l’alliance du Front révolutionnaire soudanais et l’Armée de libération du Soudan (ALS) - faction Minni Minnawi pour une période transitoire de 39 mois à compter de la date de signature, prévue pour le 3 octobre, a fait valoir la Secrétaire générale adjointe.  En outre, le Premier Ministre Hamdok et la faction Abdelaziz Hélou du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord ont signé un accord sur les principes à Addis-Abeba, le 3 septembre.  Mme DiCarlo a encouragé ceux qui sont absents des efforts de paix en cours au dialogue, ajoutant qu’il n’était pas encore trop tard. 

D’autres efforts importants qui nous attendent, a poursuivi Mme DiCarlo.  Les différents accords et accords de paix respectifs sur les questions régionales doivent être transformés en un cadre unique et cohérent.  En outre, les parties et le Gouvernement doivent former une vision commune sur la voie à suivre et respecter leurs engagements respectifs.  À l’heure où tous les gouvernements sont confrontés à des contraintes économiques majeures, il sera important de fixer des attentes réalistes quant à ce qui peut être fourni pour financer les dividendes de la paix, a-t-elle ajouté. 

Le 10 septembre, a rappelé la Secrétaire générale adjointe, le Gouvernement de transition du Soudan a déclaré l’état d’urgence économique après l’effondrement de la livre soudanaise.  Malgré ces immenses défis, le Gouvernement a pu faire des progrès dans la réalisation de réformes économiques difficiles.  L’aide financière promise lors de la conférence de partenariat tenue à Berlin en juin contribuera à compenser certaines des difficultés économiques que vivent les ménages soudanais.  Mme DiCarlo a appelé les partenaires internationaux à s’attaquer aux obstacles qui empêchent l’intégration complète du Soudan dans la communauté économique internationale se félicitant des progrès sur la radiation de la liste établie par les États-Unis des pays parrainant le terrorisme. 

Depuis le début de la saison des pluies en juillet, les inondations ont touché plus de 730 000 personnes dont plus de 100 ont péri, a indiqué Mme DiCarlo.  Entre juin et septembre, le nombre prévu de personnes en situation d’insécurité alimentaire est passé à 9,6 millions, en partie en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19. 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a en outre fait état de progrès dans la création de la nouvelle Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS).  Le travail de l’équipe de planification s’est déplacé, en juillet, du Siège au Soudan.  La conception de la Mission vise à permettre une façon innovante de travailler, en favorisant une coopération et une intégration maximales entre les différentes entités des Nations Unies.  L’équipe de planification de la MINUATS travaille en étroite collaboration avec la MINUAD pour maximiser l’impact des deux missions et veiller à ce que les leçons apprises soient partagées et que l’expérience de la MINUAD au Soudan soit prise en compte par la nouvelle Mission. 

Mme DiCarlo a promis de travailler en partenariat avec le Gouvernement soudanais et le peuple soudanais.  Elle a annoncé que l’équipe de démarrage de la Mission se déploierait au Soudan le mois prochain pour commencer à mettre en œuvre les quatre objectifs stratégiques prescrits par le Conseil de sécurité: aider la transition politique; soutenir les processus de paix; aider à la consolidation de la paix, à la protection civile et à l’état de droit; et soutenir la mobilisation de l’aide économique, au développement et à l’aide humanitaire.  Elle a assuré que les questions relatives à l’égalité des sexes étaient intégrées tout au long du mandat de la Mission, qui disposera d’une expertise spécialisée en matière d’égalité des sexes. 

Mme DiCarlo a aussi souligné le rôle important que les femmes et la société civile avaient joué dans la transition du Soudan: leurs voix doivent être entendues pour façonner l’avenir du Soudan.  L’équipe de planification a engagé les deux groupes au cours des derniers mois dans le cadre de leurs efforts pour concevoir une mission qui répond aux besoins de tous les Soudanais, a-t-elle fait savoir.  Concernant la protection des civils, la MINUATS aidera le Gouvernement de transition à mettre en œuvre son plan national de protection civile afin d’établir un environnement sûr et stable dans les zones touchées par le conflit.  Il s’agira notamment de contribuer à la formation et au renforcement des capacités de la police soudanaise en matière de protection des civils.  La Mission travaillera également en étroite collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies et les organisations de la société civile en matière de protection et de surveillance.  En définitive, les solutions aux problèmes de longue date sont les Soudanais eux-mêmes, et la MINUATS est mandatée pour les accompagner dans leurs efforts, a conclu la Secrétaire générale adjointe. 

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a qualifié l’accord de paix paraphé le 31 août de « jalon important », et félicité les parties pour leur engagement en faveur de la paix ainsi que le Soudan du Sud pour son rôle de médiateur. 

Néanmoins, à une semaine de la signature prévue, M. Lacroix a fait observer qu’il restait beaucoup à faire pour que la bonne volonté manifestée dans le cadre du processus de négociation se traduise par un changement durable sur le terrain.  Les principaux acteurs, notamment l’ALS-faction Abdul Wahid, n’ont pas encore rejoint le processus; les accords restent une « constellation de documents » devant encore être réunis en une vision unique, non fragmentée de l’avenir du Soudan. 

Avec la poursuite des affrontements armés et des protestations au Darfour, qui témoignent de l’anxiété des citoyens face aux décisions prises à Khartoum et à Djouba, le Secrétaire général adjoint a appelé à « travailler ensemble, plus que jamais », pour rassembler toutes les parties prenantes et empêcher une reprise du conflit, en particulier dans les zones sensibles qui nécessitent une attention continue au-delà de la durée de vie de la MINUAD. 

L’une des principales dispositions des accords de sécurité pour le Darfour prévoit la création, dans les 90 jours suivant la signature de l’accord, d’une force de sécurité commune de 12 000 personnes, composée de 6 000 membres des forces de sécurité soudanaises et de 6 000 membres des groupes armés signataires, a rappelé M. Lacroix.  À mesure que les forces sont déployées et que les ressources sont mobilisées pour soutenir la mise en œuvre, il est « essentiel » de veiller à ce que les communautés locales du Darfour se sentent parties prenantes de l’accord et participent pleinement à sa mise en œuvre, a-t-il fait observer. 

Le financement sera lui aussi un défi majeur, a souligné M. Lacroix.  Les mouvements armés du Darfour ont laissé entendre que la mise en œuvre nécessiterait 13 milliards de dollars sur une période de 10 ans, et le Gouvernement a annoncé qu’il s’engagerait à hauteur de 7,5 milliards de dollars.  Alors que les parties s’efforcent de faire de la vision de l’accord une réalité, la communauté internationale a la responsabilité de soutenir ces efforts, a déclaré le Secrétaire général adjoint. 

Le rôle de l’ONU est précisément défini dans les accords de Djouba, qui lui confie la présidence de certains organes ou prévoient sa présence dans d’autres, a rappelé M. Lacroix.  La MINUAD et les Nations Unies sont prêtes à apporter leur aide, a-t-il ajouté.  Dans l’attente de nouvelles indications des parties concernant des actions spécifiques pour soutenir la mise en œuvre, la MINUAD reste pleinement engagée avec le Gouvernement, notamment pour soutenir son plan national de protection des civils. 

Les dernières étapes vers l’accord de paix ont également été accompagnées d’une augmentation notable de la violence intercommunautaire au Darfour en 2020, avec des incidents majeurs dans l’ouest, le nord et le sud du Darfour, a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Cette violence a coïncidé avec des protestations exigeant une sécurité accrue des communautés du Darfour, en particulier des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Le Gouvernement a déployé des troupes pour réprimer la violence et envoyé des médiateurs pour soutenir la résolution pacifique des conflits. 

Le Secrétaire général adjoint a rappelé que le Gouvernement restait confronté à de lourds défis, notamment une capacité limitée et un déficit de confiance, surtout dans les zones touchées par le conflit et les camps de personnes déplacées, où la protection est la plus nécessaire.  La MINUAD a travaillé en étroite collaboration avec le Gouvernement pour renforcer cette capacité, faire participer les communautés et apaiser les tensions là où elles se produisent.  M. Lacroix a toutefois rappelé qu’avec sa présence en uniforme concentrée dans le Jebel Marra et ses alentours, la MINUAD était limitée dans sa capacité à répondre aux besoins de protection qui se présentent ailleurs au Darfour, comme ce fut le cas en juillet lors des violences intercommunautaires au Darfour occidental.

Compte tenu de la situation en matière de sécurité, de l’impact du processus de paix et des possibilités et défis liés au plan de protection du Gouvernement au Darfour, un groupe de travail conjoint UA-ONU élabore actuellement des options qui pourraient être présentées au Conseil pour répondre aux défis en matière de protection des civils après l’expiration du mandat actuel de la MINUAD en décembre 2020, a expliqué M. Lacroix.  Chaque option est calibrée par rapport au rôle de la MINUATS, afin d’assurer la coordination et la complémentarité.  Le Secrétaire général adjoint a réaffirmé l’intention de l’ONU d’assurer une « consultation complète » avec le Gouvernement soudanais.

À l’aube de l’accord de paix historique de Djouba, M. Lacroix a conclu en se félicitant progrès réalisés, tout en pointant « les défis importants » qui restent à relever.  Avec le début de la phase de mise en œuvre, il a jugé essentiel que le soutien des Nations Unies contribue à améliorer concrètement le sort des Darfouriens, particulièrement en renforçant la sûreté et la sécurité. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a salué les efforts du Gouvernement soudanais pour faire progresser la réforme de la justice et pour la désignation de gouverneurs civils, y compris un certain nombre de femmes.  Mais le Soudan reste confronté à de nouveaux défis, a-t-il noté, comme les inondations, l’invasion de criquets pèlerins et une inflation de l’ordre de 160% alors que la COVID-19 ne fait qu’aggraver ces problèmes.  Le peuple soudanais ne peut pas relever ces défis seuls et la communauté internationale doit intervenir, a estimé le Royaume-Uni, qui a dit avoir déjà contribué 100 millions de dollars au programme d’aide aux familles et, en 2020, attribué 76 millions de dollars à l’aide humanitaire apportée au Soudan par les Nations Unies et diverses ONG.  « Mais il faut faire plus », a ajouté le représentant pour qui, aujourd’hui, les États Membres doivent se demander si nous pouvons nous permettre « de ne pas aider le Soudan ». 

Une fois créée, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) sera au cœur des efforts internationaux, a poursuivi M. Allen.  Le Royaume-Uni exhorte l’ONU à travailler avec le Gouvernement soudanais pour faciliter le déploiement rapide de cette mission et, surtout, pour garantir des ressources et une présence géographique adéquates pour permettre à la Mission de répondre aux besoins sur le terrain et de remplir son mandat.  Il demande en outre la désignation rapide, par le Secrétaire général, d’un nouveau représentant spécial.

S’agissant du processus de paix, le représentant s’est félicité du paraphe d’un accord de paix, le 31 août, entre le Gouvernement soudanais et le Front révolutionnaire du Soudan.  Le Royaume-Uni a exhorté les autres parties à tirer parti de la mise en œuvre rapide et complète de l’accord.  Ne pas le faire compromettrait les progrès accomplis à ce jour, causant davantage de souffrances au peuple soudanais, a affirmé le représentant.  M. Allen a également réitéré l’appel à ceux qui restent en dehors du processus de paix pour qu’ils s’engagent de manière constructive, immédiate et sans conditions préalables à conclure rapidement des négociations sur un accord de paix global.

Notant l’augmentation récente des violences intercommunautaires et des déplacements de personnes, notamment dans la région du Jebel Marra, le représentant y a vu un exemple de la complexité des moteurs et des causes profondes des conflits, qui doivent être réglées globalement si nous voulons voir un Darfour stable et sûr.

Le représentant a enfin salué la stratégie nationale de protection des civils du Gouvernement du Soudan, y voyant la preuve de sa détermination à assumer sa responsabilité dans ce domaine.  Il faudra cependant du temps pour disposer des capacités requises, a-t-il averti.  En attendant, le Royaume-Uni encourage le Gouvernement soudanais à faire fond sur sa coopération avec la MINUAD en matière de protection des civils.

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a mis l’accent sur la notion d’assistance, qui représente l’esprit du nouveau chapitre ouvert dans les relations entre le Conseil de sécurité et le Soudan.  Ce chapitre est fondé sur une véritable coopération et le partenariat, a appuyé le représentant.  En créant la MINUATS, le Conseil a créé un instrument novateur pour soutenir le Soudan dans sa transition vers la paix et la démocratie parce que nous voulons que le Gouvernement soudanais réussisse et que le peuple soudanais profite des dividendes de la paix et la démocratie.  M. Sautter a rappelé que la conférence de partenariat de Berlin, en juin, avait mobilisé une aide de 1,8 milliard de dollars pour le Soudan.  Il a en outre demandé la radiation du Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme.  Saluant les accords de paix signés avec des groupes armés à Djouba, M. Sautter a exigé leur mise en œuvre rapide et a exhorté les non-signataires à « faire partie de la solution ». 

Pour l’Allemagne, le partenariat signifie aussi être franc sur les défis à venir, comme de trouver des solutions à une situation économique instable, d’assurer la justice pour les crimes et les violences passés, y compris le massacre du 3 juin 2019, et de faire face à l’augmentation des besoins humanitaires et à l’impact de la pandémie de COVID-19.  Tous ces défis relèvent de la compétence de la MINUATS, a estimé le représentant.  Certes, la nouvelle Mission ne pourra les surmonter immédiatement, mais elle peut faire une différence significative sur le terrain, en travaillant en partenariat avec le Gouvernement et le peuple soudanais, a ajouté M. Sautter. 

Pour ce faire, la MINUATS doit être adaptée à son but, a plaidé le représentant, qui a rappelé les cinq priorités stratégiques attribuées à la Mission, parmi lesquelles les bons offices du Représentant spécial, la présence dans les zones touchées par le conflit, et la protection des civils et des droits de l’homme.  M. Sautter a demandé des informations sur le déploiement géographique de la Mission et à ce que la police des Nations Unies soit représentée dans tous les bureaux de la MINUATS.  En outre, a-t-il ajouté, il faut que la Mission tire les leçons du concept des fonctions de liaison de l’État et qu’un mécanisme fondé sur ces fonctions soit mis en place au Darfour, y compris au Jebel Marra et dans les Deux Zones. 

Le Conseil devra bientôt prendre une décision sur l’avenir de la MINUAD, a rappelé le représentant, qui s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Darfour, y voyant un signal alarmant.  Il a enfin demandé davantage d’analyses et de données et une évaluation de la capacité du Gouvernement soudanais à protéger les civils. 

M. DAI BING (Chine) a déclaré que le Soudan connaissait une période critique de transition politique, mais que l’état de son économique constituait un défi pour son processus de transition.  La communauté internationale se doit donc de renforcer l’aide qu’elle lui accorde.  M. Dai a salué l’accord de paix paraphé le 31 août, et a appelé toutes les parties à le signer et à le mettre en œuvre, appelant dans la foulée les parties qui n’y sont pas parties à le rejoindre la plus rapidement possible.

Le représentant a ensuite relevé que la fragilité des systèmes sanitaires et de l’économie du Soudan, à laquelle s’ajoute la pandémie de COVID-19 et les récentes inondations, avait aggravé les conditions de vie de la population.  Il a appelé à fournir une aide ciblée au Gouvernement pour l’aider à mettre en œuvre ses réformes économiques et renforcer le système sanitaire.  Pour sa part, la Chine fournit une importante aide technique et matérielle au Soudan, a-t-il indiqué.

M. Dai a salué le rôle important joué par la MINUAD pour promouvoir le processus de paix, l’appelant par ailleurs à mettre en œuvre sa stratégie de sortie de manière ordonnée.  Après avoir souligné que la MINUATS devait appuyer le processus de transition politique, il a insisté sur la nécessité d’une transition « en douceur » de la MINUAD à la MINUATS, notamment en évitant les doublons. 

Le représentant a en outre appelé le Conseil de sécurité à établir une feuille de route pour la levée des sanctions à l’encontre du Soudan qui, a-t-il ajouté, doit également être retiré le plus rapidement possible de la liste des pays qui appuient le terrorisme.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), au nom du groupe A3+1 (Afrique du Sud, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a loué les progrès importants réalisés au Darfour.  Avec l’avènement de ce nouveau chapitre, il a dit espérer que les acquis demeurent et que la paix pour les Soudanais advienne.  Le Gouvernement de transition continue à mener des réformes, à progresser et à faire face à une situation économique qui se dégrade rapidement.  L’accord paraphé avec l’Armée de libération du Soudan constitue un jalon important vers une paix durable, a-t-il commenté. 

Néanmoins, le Gouvernement de transition est confronté à la pandémie de COVID-19, à un climat politique tendu, à une « inflation galopante » et à un déficit public croissant.  Ces défis ont plongé l’économie du Soudan dans un état critique.  C’est pourquoi le représentant a demandé à ce que « les sanctions envers le Soudan soient levées, sans exception », pour ne pas entraver les progrès dans le pays. 

En matière de sécurité, M. Matjila a noté qu’alors que la MINUAD se retirait, elle faisait face à situation de plus en plus précaire dans le pays.  Il l’a invitée à continuer à œuvrer pour faciliter la médiation et remédier à la question sous-jacente de l’accès aux terres et aux ressources. 

Le Soudan occupe une position géostratégique et a des frontières communes avec des États essentiels pour la paix et la sécurité de la région et de toute l’Afrique.  Il est donc impératif de continuer à assurer la stabilité du Soudan, a rappelé le représentant.  L’Afrique du Sud espère que la nomination urgente d’un représentant spécial du Secrétaire général fournira une direction stratégique pour toutes les activités de la MINUATS, tout en remplissant un rôle de conseil et de défense au niveau politique et en coordonnant les efforts de la communauté internationale.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a jugé important le moment de la mise en place d’une nouvelle mission, destinée à traduire sur le terrain la décision prise par le Conseil de soutenir la transition politique et d’aider le Soudan à retrouver la paix et la sécurité, avec une attention particulière pour le Darfour et les Deux Zones.

Mme Van Vlierberge a rappelé l’importance pour son pays de la protection des plus vulnérables et du renforcement du respect des droits humains.  Elle s’est dite révoltée par la persistance des violations graves envers les enfants au Soudan, en particulier la fréquence des agressions sexuelles, des mutilations et des meurtres, toutes violations qui, a-t-elle rappelé, sont commises par toutes les parties au conflit.  Le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, que préside la Belgique, en discute.  La Belgique salue les efforts du Gouvernement soudanais pour intégrer la question des enfants dans son plan national de protection des civils et juge encourageants les amendements au Code pénal qu’il a adoptés en juillet.  Elle souhaite que ces préoccupations soient prises en compte de manière équilibrée dans la planification de la MINUATS, y compris en donnant à la Mission des capacités suffisantes pour assurer la protection des enfants.

La représentante s’est ensuite réjouie des récentes « avancées significatives » dans le processus de paix au Soudan.  La Belgique appelle les parties à poursuivre leur engagement par un dialogue constructif et à mettre en œuvre rapidement les accords une fois ceux-ci conclus.  Elle souhaite que les groupes restés absents rejoignent enfin la table des négociations et se félicite que les pourparlers n’éludent pas des questions difficiles telles que le retour des personnes déplacées, la propriété des terres et la justice transitionnelle.  Mme Van Vlierberge a aussi pris note de l’intention affichée des autorités soudanaises de coopérer avec la Cour pénale internationale.

La représentante a rappelé que la Belgique soutenait les mesures prises en coopération par les autorités soudanaises et la MINUAD pour désamorcer les tensions au Darfour, où les civils restent menacés.  Elle a rappelé qu’en plus du processus de paix et de rétablissement de la sécurité au Darfour et dans les Deux Zones, le Soudan faisait face actuellement à de nombreux défis, dont une situation socioéconomique précaire et aggravée par les effets de la pandémie et d’importantes inondations.  Cette situation, a-t-elle rappelé, est aussi source d’instabilité politique; c’est « un test pour la maturité de la classe politique ».  La Belgique soutient l’ambitieux programme de réformes du Gouvernement de transition et sa volonté de redresser la situation économique.  La MINUATS, en collaboration avec l’équipe pays, sera le partenaire privilégié du Soudan pour cette période de transition.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que les progrès de ces derniers mois étaient encourageants, en particulier s’agissant de la dynamique des négociations de paix.  Elle a appelé les parties qui restent à l’écart de ce processus à prendre leurs responsabilités, en reprenant les discussions de paix, et à tirer les conséquences de la nouvelle donne politique au Soudan.

La représentante s’est préoccupée de la persistance des violences au Darfour, à la fois entre les communautés et au sein des groupes armés, qui continuent de faire de nombreuses victimes civiles, y compris parmi les personnes déplacées.  Elle a qualifié d’encourageant l’envoi de 1 500 soldats des forces armées soudanaises, annoncé fin juillet, et a indiqué que cela devait se traduire par une protection effective et une réduction des risques pour les populations civiles.  C’est indispensable pour créer les conditions du retrait de la MINUAD, attendu par le Gouvernement soudanais, a-t-elle souligné.

Aux yeux de la représentante, la structure de la MINUATS proposée par le Secrétaire général constitue une ossature adéquate qui, a-t-elle ajouté, doit bénéficier des ressources humaines et financières nécessaires pour prendre corps.  C’est en particulier essentiel s’agissant du mandat de protection des civils, notamment des femmes, des enfants et des travailleurs humanitaires et personnels médicaux.

Mme Broadhurst Estival a également jugé indispensable, dans les mois à venir, de tirer le plein parti des synergies entre la MINUAD et la MINUATS, sans logique d’exclusive.  Il ne fait pas de doute que la mobilisation des capacités et de l’empreinte de la MINUAD peut aider à accélérer la transition vers la MINUATS, a-t-elle affirmé. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné l’importance pour le Soudan de lutter contre la violence intercommunautaire en intensifiant le dialogue et l’engagement communautaire.  Saluant la formation d’un comité national sur la protection des civils, le représentant a indiqué que la situation humanitaire était indissociable du processus politique. 

M. Djani a ensuite demandé à la MINUAD de coopérer étroitement avec le Gouvernement soudanais pour lui fournir l’assistance dont il a besoin pour relever les défis multiples auxquels le pays est confronté, y compris la pandémie de COVID-19. 

Le représentant a souligné la nécessité d’une transition en douceur de la MINUAD vers la MINUATS, qui ne pourra se faire que grâce à une coordination étroite entre les Nations Unies, le Soudan, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Le succès de la MINUATS doit être la priorité de toutes les parties, a-t-il affirmé.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a félicité le Soudan pour la conclusion de l’accord de paix de Djouba et a encouragé les parties qui ne l’ont pas encore rejoint à le faire urgemment, insistant par ailleurs sur la nécessité impérieuse de répondre aux racines du conflit.  Il a salué les progrès réalisés par le Soudan pour opérer une transition politique vers la démocratie, citant notamment la nomination des gouverneurs civils.  Il a encouragé les États à poursuivre le processus de renforcement des institutions, soulignant que les institutions démocratiques solides sont l’épine dorsale de toute démocratie. 

Le représentant a dit espérer que la MINUATS serait un partenaire solide pour aider le Soudan à bâtir une pleine démocratie.  Étant donné l’étendue des défis qu’affronte le Soudan, il est essentiel de veiller à ce que la MINUATS soit dotée des capacités et des ressources nécessaires, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs souhaité que le Soudan considère la MINUATS comme un véritable partenaire. 

M. Jürgenson a aussi salué l’empressement du Gouvernement à se saisir de la question de la protection des civils, tout en relevant que l’ONU pourrait s’avérer utile pour pallier certaines « contraintes de capacités ». 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a constaté que le Gouvernement soudanais était soumis à une pression intense de la part de sa population, à laquelle viennent s’ajouter la COVID-19, les changements climatiques et les besoins humanitaires provoqués par les affrontements communautaires.  Il s’est également inquiété du niveau élevé de violence sexuelle et sexiste dans certaines zones du pays pendant le confinement dû à la pandémie. 

Le représentant a salué l’adoption d’une législation visant à éradiquer les pratiques culturelles néfastes, notamment les mutilations génitales féminines, et à abolir la peine de mort pour les mineurs.  Il a jugé essentiel de veiller à ce que la MINUATS compte des conseillers de protection de l’enfance avec des postes bien financés.  Il a jugé tout aussi essentiel de veiller à ce que la MINUATS appuie le Gouvernement en matière de protection des civils et souhaité que cet appui débouche sur une réelle possibilité de faire de la protection des civils une réalité. 

M. Singer Weisinger s’est par ailleurs préoccupé du fait que les femmes n’ont que très marginalement participé aux conversations sur la paix.  Il a aussi exhorté le Gouvernement à assurer un accès humanitaire sans entrave aux civils qui en ont besoin.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a salué les progrès accomplis sur le terrain depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Soudan au mois de juin, lorsque le Conseil avait autorisé la création de la MINUATS.  De même, les États-Unis se félicitent de la déclaration de principes récemment acceptée par le Gouvernement de transition dirigé par des civils et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord.  Nous exhortons les parties à entamer prochainement des discussions fondées sur ces principes. 

L’accord de paix de Djouba et la déclaration sur les principes d’Addis-Abeba s’appuient sur la formidable dynamique au Soudan qui a commencé à la fin de 2018 et au début de 2019 pour parvenir à la paix, à la liberté et à la justice, ainsi qu’à l’égalité des droits et des chances pour tous les Soudanais, a poursuivi la représentante.  Les États-Unis appellent l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid à engager sans tarder le Gouvernement de transition pour faire avancer la cause de la paix.  Une paix globale nécessitera un processus de paix inclusif et harmonisé. 

Aujourd’hui plus que jamais, la MINUATS est nécessaire pour soutenir le peuple soudanais, a affirmé Mme Norman-Chalet, qui a salué au passage les efforts de l’ONU pour jeter les bases d’une présence efficace des Nations Unies au Soudan et a souhaité que, malgré les retards dans la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général, l’ONU parviendra à recruter et déployer rapidement le personnel de la nouvelle Mission.  Elle s’est dite convaincue que la MINUATS serait en mesure de s’acquitter de son mandat. 

Dans le même temps, les États-Unis sont profondément préoccupés par le manque de reddition de comptes pour les violences récentes au Darfour et dans d’autres régions touchées par le conflit, tout en prenant note des mesures prises par le Soudan pour répondre à cette violence, notamment son plan de protection des civils, la nomination des gouverneurs civils et le déploiement d’une force conjointe.  Pour les États-Unis, les autorités locales et le Gouvernement de transition doivent faire davantage pour empêcher de nouvelles attaques des milices contre les civils, y compris les personnes déplacées, et pour traduire en justice les responsables des horribles violences commises à Masteri et ailleurs.  Mme Norman-Chalet a exhorté la MINUAD et les agences des Nations Unies présentes au Soudan à continuer de se coordonner pour protéger les civils.  La violence, qui a fait des centaines de morts et des milliers de déplacés, nous rappelle à tous que la protection des civils doit toujours être au premier plan de nos délibérations et de nos décisions concernant le Soudan, y compris lors de nos prochaines discussions sur l’avenir de la MINUAD, a conclu la représentante. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a salué les progrès significatifs réalisés au Soudan, et en particulier au Darfour, au cours des derniers mois.  Dans le même temps, il a noté que le Soudan continuait de faire face à de nombreux défis.  Pour le représentant, il est essentiel que toutes les parties concernées au Soudan continuent de respecter pleinement leurs accords, contribuant ainsi à la paix et à la stabilité à long terme dans le pays.  Le Viet Nam a notamment appelé à la pleine application de la déclaration constitutionnelle et de l’accord de paix avant de se féliciter, dans ce cadre, de la nomination des gouverneurs par intérim dans 18 États. 

Le représentant a ensuite exhorté les groupes armés restants au Darfour à engager dès que possible des négociations de paix.  Le soutien de l’ONU et de l’Union africaine, ainsi que le rôle de médiation du Soudan du Sud peuvent être encore renforcés à cet égard, a-t-il estimé, soulignant qu’à la lumière des défis posés par la COVID-19, il était important d’aider le Gouvernement à maintenir le dialogue avec les parties concernées au Darfour, y compris par des moyens à distance. 

Le Viet Nam note avec satisfaction que la situation sécuritaire au Soudan en général et au Darfour en particulier est devenue plus stable.  Il demande aux groupes armés au Darfour de continuer de faire preuve de retenue.  Dans le même temps, le représentant a noté que la violence intercommunautaire au Darfour restait un problème particulièrement préoccupant.  Tout en prenant note des efforts déployés par le Gouvernement pour remédier aux récents incidents, il l’a appelé à trouver des solutions globales et durables pour s’attaquer aux causes profondes de cette violence intercommunautaire, y compris des mesures visant à promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les différentes tribus et communautés.  Dans ce contexte, le Viet Nam a salué le travail de la MINUAD pour contribuer à la paix et à la stabilité dans la région.  Alors que la MINUAD se retire, il l’a encouragée à poursuivre ses activités de renforcement des capacités des forces de sécurité gouvernementales. 

M. Dang a également insisté sur l’importance de relever les défis économiques et humanitaires au Soudan.  Saluant l’engagement des donateurs concernés à la conférence de partenariat avec le Soudan, le 25 juin, il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir le Gouvernement soudanais dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et les défis socioéconomiques actuels, notamment l’insécurité alimentaire, les catastrophes naturelles et les changements climatiques.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, la transition a besoin d’un soutien à la fois financier et politique, a rappelé le représentant, qui a plaidé en faveur de l’accès du Soudan à l’aide financière internationale, aux investissements et à l’allégement de la dette à court et à moyen terme.  Enfin, il a salué la qualité de la coopération entre l’ONU et le Soudan depuis juin 2020 et a dit attendre avec intérêt le déploiement en temps opportun de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a qualifié d’« événement historique » l’accord sur les principes visant notamment à maintenir la cessation des hostilités durant le processus de paix qui, selon elle, illustre l’adage: « à problèmes africains, solutions africaines ».  Jugeant important que la nouvelle mission de l’ONU devienne opérationnelle, elle a prévenu que le Conseil de sécurité ne devait pas faire faux bond aux Soudanais.  Le lancement de la MINUATS « tombe à point nommé » et la Russie se positionne en faveur du « retrait définitif de l’opération hybride, qui a rempli ses objectifs avec succès ». 

Pour la représentante, le défi et la priorité du jour sont la consolidation de la paix, et pas son maintien.  Il est donc indispensable que la MINUAD se retire dans les délais prévus.  « La dynamique sur le terrain au Darfour n’a pas connu d’inflexion notable », a-t-elle affirmé.  La Russie estime en outre que « le principal fauteur de trouble », « coupable des hostilités », demeure l’ALS-faction Abdul Wahid, qui n’a d’ailleurs pas participé aux négociations menées à Djouba et a rejeté l’accord.  La Russie appelle la communauté internationale à faire pression sur Abdul Wahid. 

S’alignant sur les positions du Secrétaire général, la représentante de la Fédération de Russie a appelé « une fois de plus » à la levée des « sanctions unilatérales anachroniques » contre le Soudan.  On ne peut pas parler de redressement économique et en même temps leur faire obstacle, a-t-elle jugé.  La levée des sanctions n’a en outre rien à voir avec le règlement du problème au Soudan.  Pour la Fédération de Russie, les sanctions « reflètent davantage les intentions de leurs instigateurs ».  « Il y a longtemps qu’un tel cynisme ne nous étonne plus », a sèchement conclu la représentante. 

M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a déclaré que l’accord signé avec les principaux groupes armés du Darfour et des deux régions du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu s’attaquait aux causes profondes des conflits armés et de l’instabilité politique au Soudan.  Le texte, a précisé le représentant, comprend le partage des ressources, la propriété foncière, la justice sociale, la gouvernance et l’égalité au niveau national.  Il vise à trouver une solutions aux conséquences des conflits, tels que l’aide humanitaire, le retour sûr et volontaire des personnes déplacées et des réfugiés sur leurs terres d’origine, le désarmement des combattants armés et leur intégration dans l’armée ou la société nationale, et le développement et la reconstruction des zones touchées par le conflit, a détaillé le représentant. 

Trois éléments, a poursuivi M. Siddig, caractérisent cet accord de paix et le rendent différent des accords précédents.  D’abord, c’est la volonté politique et l’engagement du Gouvernement de transition à assurer la paix, la justice et la liberté.  Ensuite, l’accord a été négocié et conclu entre les Soudanais eux-mêmes, ce qui a fait dire au Premier Ministre Abdalla Hamdok qu’il s’agit d’une paix soudanaise, faite de nos propres mains et de nos propres efforts.  Enfin, les négociations ont été menées entre anciens camarades, contrairement à l’atmosphère conflictuelle qui avait prévalu pendant l’ère Béchir. 

Au début de ce mois, a expliqué M. Siddig, le Premier Ministre Abdalla Hamdok a tenu des négociations avec le chef du MPLS-N, Abdelaziz Hélou, à Addis-Abeba.  Ils ont signé une déclaration sur les principes, dans laquelle ils ont obtenu la poursuite de la cessation actuelle des hostilités pendant toute la durée du processus de négociation, et se sont mis d’accord sur six principes qui ouvriraient la voie à la résolution des quelques questions restantes.  Le représentant a appelé Abdul Wahid al-Nur à participer lui aussi au processus de paix et chercher un avenir prospère de paix et de stabilité au Darfour. 

M. Siddig a en outre promis que le Gouvernement s’engageait à prendre sa responsabilité de protéger les populations du Darfour en envoyant 15 000 membres des forces armées et policiers après les affrontements de juillet dernier.  En outre, une campagne régionale de collecte d’armes est en cours, et les mécanismes de justice pénale sont améliorés et mis en place.  Plus important encore, la nomination de gouverneurs civils dans tous les « comtés », en particulier au Darfour, aura un effet profond sur la préservation de la sécurité et de la stabilité la région. 

Rappelant le Plan national de protection des civils au Darfour et dans les zones touchées par la guerre, le représentant a indiqué que ce document était guidé par des pratiques exemplaires, ainsi que par des politiques et des normes efficaces.  Il y a 10 jours, a-t-il poursuivi, un rapport périodique sur la mise en œuvre de ce plan a également été communiqué au Conseil.  Après la résolution 2524 (2020) du Conseil de sécurité créant la MINUATS, le Premier Ministre a pris la décision de former le Mécanisme national de coordination avec la MINUATS, et a nommé un coordonnateur national. 

Cet organe interministériel de coordination, a expliqué le représentant, est composé de toutes les autorités nationales compétentes et est chargé de faire la synergie entre le Gouvernement et la Mission aux niveaux fédéral et étatique, ainsi que d’identifier les besoins de soutien dont le Soudan a besoin.  Le Mécanisme a déjà joué un rôle clef dans le succès de la visite de l’équipe de planification du Secrétariat qui s’est rendue au Soudan en août, a-t-il fait valoir.  Il n’en demeure pas moins que le Gouvernement attend d’autres consultations avec l’équipe s’agissant de la planification de la Mission et de l’établissement de sa structure, de ses politiques et de ses priorités. 

Le représentant a assuré que le Gouvernement s’attaquait à la mauvaise gestion économique du régime précédent, à la pandémie de COVID-19 et au niveau sans précédent de fortes pluies et d’inondations dévastatrices dans le pays.  Cette situation nécessite toutefois un soutien soutenu et généreux de la part des partenaires régionaux et internationaux, a-t-il plaidé.  Il a aussi demandé le retrait urgent par les États-Unis du Soudan de leur liste des États parrainant du terrorisme, car sa présence sur cette liste empêche l’allégement de la dette, l’accès à des prêts concessionnels et des investissements étrangers à grande échelle. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Colombie: le Conseil proroge d’un an la Mission de vérification des Nations Unies et se déclare prêt à étendre son mandat « en temps opportun »

8760e séance – matin
CS/14313

Colombie: le Conseil proroge d’un an la Mission de vérification des Nations Unies et se déclare prêt à étendre son mandat « en temps opportun »

Le Conseil de sécurité a reconduit ce matin jusqu’au 25 septembre 2021 le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, chargée de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), de l’Accord final.  Adoptée à l’unanimité, la résolution 2545 (2020) fait suite à une demande officielle du Président colombien, convenue par le Gouvernement colombien et la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC). 

La résolution 2545 (2020)ouvre en outre la voie à une extension du rôle de la Mission de vérification dans le contrôle de l’application des peines prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix.  L’Accord final prévoit un tel rôle et, dans la résolution, le Conseil se déclare « prêt à envisager, en temps opportun, d’intégrer cette tâche dans le mandat de la Mission de vérification, à la lumière des résultats du processus de consultation qui est en cours sous la coordination du Gouvernement colombien ». 

Texte du projet de résolution (S/2020/937)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant son attachement sans réserve au processus de paix en République de Colombie,

Rappelant toutes ses résolutions et toutes les déclarations de sa présidence concernant le processus de paix en Colombie,

Saluant les progrès accomplis sur la voie de la paix en Colombie depuis l’adoption de l’Accord final pour la fin du conflit et la construction d’une paix stable et durable (l’Accord final) et exhortant les parties, avec le soutien des institutions publiques et des forces de sécurité compétentes ainsi que de la société civile, à unir leurs efforts afin de pérenniser les progrès accomplis et de résoudre les problèmes rencontrés, notamment la poursuite des violences dans les zones touchées par le conflit, en mettant en œuvre intégralement l’Accord final,

Rappelant en particulier sa résolution 2366 (2017), par laquelle il a mis en place la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie (la Mission de vérification) chargée de contrôler la mise en application, par le Gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie – Armée populaire (FARC-EP), des clauses 3.2 et 3.4 de l’Accord final, comme le prévoit la clause 6.3.3 de celui-ci, et rappelant le rôle constructif joué par la Mission de vérification à cet égard,

Prenant acte de la lettre du Président colombien en date du 1er septembre 2020, dans laquelle celui-ci a demandé une reconduction du mandat de la Mission de vérification telle que convenue par le Gouvernement colombien et la Force alternative révolutionnaire du peuple (FARC),

1.    Décide de reconduire, jusqu’au 25 septembre 2021, le mandat de la Mission de vérification, dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, et les obligations concernant l’établissement de rapports, conformément à ses résolutions 2366 (2017), 2377 (2017), 2435 (2018) et 2487 (2019);

2.    Se déclare disposé à coopérer avec le Gouvernement colombien en vue d’une nouvelle reconduction du mandat de la Mission de vérification par voie d’accord entre les parties;

3.    Rappelle que l’Accord final prévoit que la Mission de vérification jouera un rôle dans le contrôle de l’application des peines prononcées par la Juridiction spéciale pour la paix et se déclare prêt à envisager, en temps opportun, d’intégrer cette tâche dans le mandat de la Mission de vérification, à la lumière des résultats du processus de consultation qui est en cours sous la coordination du Gouvernement colombien. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’Afrique cherche à mobiliser l’appui international à la relance de son économie affaiblie par la COVID-19

Soixante-quinzième session,
8e & 9e séances – Matin & après-midi
AG/12270

Assemblée générale: l’Afrique cherche à mobiliser l’appui international à la relance de son économie affaiblie par la COVID-19

Au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale, les répercussions sans précédent de la pandémie de COVID-19 figuraient une fois de plus au centre des préoccupations des États Membres, dont une majorité de Chefs d’États africains qui ont plaidé pour un appui à la relance de leurs économies. 

En raison des mesures de distanciation sociale imposées par la pandémie, les déclarations des Chefs d’État ont été retransmises par vidéo sur grand écran après avoir été présentées par l’unique représentant de chaque délégation autorisé à prendre place dans la salle de l’Assemblée générale. 

« Il ne suffit pas d’éradiquer la COVID-19  », a souligné le Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. « Il est tout aussi important de s’entendre sur des mesures visant à accélérer la reprise post-COVID, pour stimuler l’économie et accélérer le retour à la normalité ». 

Alertant que la pandémie pourrait effacer plus d’une décennie de croissance économique et de progrès sociaux réalisés par le continent africain, le Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara a déploré que face à cet « ennemi commun », le monde ait affiché un front désuni.  « Les pays en développement, notamment africains, subissent plus durement les effets économiques et sociaux de l’absence d’initiatives de portée mondiale en faveur de leurs économies  », a indiqué M. Ouattara. 

S’il s’est réjoui de l’initiative du G20 d’accorder un moratoire sur le service de la dette publique bilatérale au profit de plusieurs pays africains, le Chef de l’État ivoirien a cependant appelé l’ensemble des partenaires du continent à prendre des mesures plus courageuses pour soulager les économies africaines, notant que les besoins financiers de l’Afrique sont évalués à 100 milliards de dollars par an sur une période de trois ans.  « Le monde doit, enfin, entendre l’appel des Africains à l’annulation de la dette publique », s’est-il impatienté. 

Cet appel a été relayé tout au long de cette journée par plusieurs des 34 Chefs d’État qui se sont exprimés aujourd’hui, dont le Président du Malawi. M. Lazarus McCarthy Chakwera a aussi espéré « une annulation pure et simple ».  Au regard des défis à relever, son homologue du Niger, M. Mahamadou Issoufou a réclamé la conception et la mise en œuvre d’un « nouveau paradigme » pour prendre en charge les besoins en développement des pays les plus pauvres. 

« Le choc de la COVID-19 doit être l’occasion d’ouvrir le débat, y compris sur des questions qui paraissent ‘utopiques’ comme l’impôt mondial sur le capital pour lutter contre les inégalités, le revenu universel de base pour lutter contre la pauvreté, la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage, ou même l’ouverture des frontières pour mieux soutenir la croissance de l’économie mondiale », a-t-il estimé.  

Le Président de la Gambie, M. Adama Barrow, a espéré que les circonstances et les défis uniques des pays les moins avancés (PMA) seront pris en considération rapidement, tandis que celui du Zimbabwe, M. Emmerson Dambuzo Mnangagwa, a appelé l’Assemblée générale à se prononcer fermement contre les sanctions illégales unilatérales au regard de leurs effets préjudiciables sur l’économie. 

La crise sanitaire, a fait observer, le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso, a mis en relief les écarts flagrants entre les systèmes de santé des pays développés et ceux des pays en développement.  Selon son homologue du Niger, l’Afrique concentre environ 17% de la population mondiale, pour 1% des dépenses globales en matière de santé.  Comme lors des jours précédents, cette séance a également été ponctuée par les nombreux appels à faire du vaccin contre la COVID-19 un « bien public mondial » abordable et accessible à tous. 

Alors que le Président du Burkina Faso, M. Roch Marc Christian Kabore, faisait état du nouveau triptyque « criminalité organisée-terrorisme-COVID-19  », celui du Niger estimait qu’il est temps de créer un nouveau « contrat social » pour la nature.  Il est « fondamental », a renchéri le Prince Albert II de Monaco de repenser nos modèles économiques et sociaux, en s’appuyant sur des principes respectueux de l’environnement. 

L’impact de la pandémie sur les femmes et les jeunes a également suscité de nombreuses préoccupations, notamment de la part du Président de la Guinée-Bissau, M. Úmaro Sissoco Embaló, qui a estimé que les femmes doivent être l’une des principales forces motrices «  dans ce nouveau chemin vers le renouvellement des engagements multilatéraux  ».  La jeune génération, a ajouté le Chef de l’État zambien, risque une fois de plus de supporter de manière disproportionnée le poids du chômage de masse. 

Nous devons sortir de cette crise, a encouragé M. Edgar Chagwa Lungu, « plus forts, meilleurs et plus inclusifs », grâce à la participation de toutes les parties prenantes, y compris en particulier les jeunes.  La pandémie, s’est presque réjouie la Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, est l’occasion de faire un «  grand bond technologique  », les solutions numériques ayant la capacité de rendre les sociétés plus équitables, de prévenir les risques sanitaires et de mettre un terme à la pollution de la planète. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 25 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a annoncé que c’est la dernière fois qu’il s’exprime à l’Assemblée générale en qualité de Chef d’État de son pays.  La prochaine élection présidentielle qui se tiendra en décembre prochain sera l’occasion pour les Nigériennes et les Nigériens de choisir leur nouveau dirigeant.  Quand on sait que c’est la toute première fois de son histoire que le Niger connaîtra un transfert démocratique du pouvoir, « cette échéance me remplit de fierté », a avoué le Président.  Il a souligné que dès le début de son premier mandat, il a fait du respect des textes constitutionnels et des institutions « une vertu cardinale » de sa gouvernance pour la renaissance du Niger. 

M. Issoufou a confirmé que la COVID-19 met sous forte tension les systèmes de santé et qu’elle a un effet sur la lutte contre le paludisme, la tuberculose et les autres maladies tropicales trop souvent négligées.  En plus des efforts pour la fabrication d’un vaccin, le Président a voulu que l’on continue à soutenir la recherche sur les vaccins ou de meilleurs traitements contre le paludisme, le cancer, le diabète et le virus Ebola.  Il a également proposé la célébration d’une journée internationale des travailleurs de la santé de première ligne compte tenu de leur rôle dans la lutte contre la COVID-19. 

Le Chef d’État a réclamé l’accroissement des investissements dans le système de santé, en particulier, la prise en charge des femmes et des filles.  Les besoins sont particulièrement importants sur le continent africain, qui concentre environ 17% de la population mondiale, pour 1% des dépenses globales en matière de santé.  Il est également important de repenser la question de l’accès aux médicaments car selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 42% des produits médicaux vendus en Afrique sont de qualité inférieure ou contrefaits.  Il a appelé à une action politique coordonnée, décisive et innovante, en partenariat avec les Nations Unies pour faire face à la pandémie de COVID-19 ce qui implique, a-t-il ajouté, d’inclure l’Afrique dans la riposte mondiale sur la base de sa stratégie régionale de riposte. 

Après avoir salué le G20 pour son moratoire sur la dette des États les plus fragiles, le Président nigérien a prévenu qu’un simple moratoire ne suffira pas, au regard des défis qui doivent être relevés.  Il faut annuler « purement et simplement » la dette, et concevoir et mettre en œuvre un nouveau paradigme pour prendre en charge les besoins de développement des pays les plus pauvres, a-t-il dit.

Le choc de la COVID-19 doit être l’occasion d’ouvrir le débat, y compris sur des questions qui paraissent « utopiques » comme l’impôt mondial sur le capital pour lutter contre les inégalités, le revenu universel de base pour lutter contre la pauvreté, la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage, ou même l’ouverture des frontières pour mieux soutenir la croissance de l’économie mondiale. 

M. Issoufou s’est préoccupé de l’évolution de la situation au Mali, surtout après le coup d’État du 18 août.  Face à la menace sécuritaire, les efforts des États du Sahel, a-t-il plaidé, doivent être adéquatement accompagnés sur le plan aussi bien bilatéral que multilatéral.  Il a aussi préconisé la mise en place d’un mécanisme de surveillance de communication de l’information et de sanctions concernant les attaques contre les humanitaires.

S’agissant de la Libye, le Président du Niger a regretté que les conclusions « pourtant prometteuses » de la Conférence de Berlin n’aient pas été respectées par ceux-là même qui les ont adoptées.  Il a dit attendre vivement l’organisation d’une conférence de réconciliation nationale interlibyenne en vue de privilégier une solution politique, appelant par ailleurs à la mise en place d’un envoyé spécial en Libye qui soit commun à l’ONU et à l’UA. 

La COVID-19 nous interpelle sur le monde que nous voulons, a enchaîné le Président pour qui le temps est venu de créer un nouveau « contrat social » pour la nature.  Pour mieux se remettre, il faut aligner les stratégies de sortie de crise sur les objectifs de développement durable et créer une économie durable et inclusive.  Nous devons, a-t-il précisé, inventer une économie respectueuse de l’humain et de l’environnement.  Le monde multilatéral que nous voulons ne pourra reposer exclusivement sur les rapports de force entre les grandes puissances.  Nous avons aujourd’hui besoin d’une ONU plus agile, plus démocratique, plus coordonnée et plus efficace, qui nous mène vers un monde plus sécurisé, plus inclusif et durable, a conclu le Président. 

La pandémie de COVID-19 a plongé le monde dans une crise socioéconomique de grande ampleur, la plus grave depuis le début du XXIe siècle, a constaté M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire.  La pandémie pourrait effacer plus d’une décennie de croissance économique et de progrès sociaux réalisés par le continent africain qui fait pourtant preuve d’une extraordinaire résilience.  Cette bonne évolution est due, selon le Président, à la capacité d’anticipation des gouvernements et à l’adoption de plans de riposte courageux, en dépit des ressources limitées. 

Pour faire face à cette pandémie, a expliqué M. Ouattara, la Côte d’Ivoire a adopté un plan de riposte sanitaire d’environ 171 millions de dollars et un plan de soutien économique, social et humanitaire de 3 milliards de dollars, destiné à soutenir le secteur privé et les ménages à revenu modeste.  Au total, cet effort massif « sans précédent », qui représente 5% du PIB ivoirien, a permis d’obtenir des résultats impressionnants dans la lutte contre la COVID-19.  Ces résultats sont également le fruit d’importantes réformes réalisées dans le secteur de la santé pour accompagner la mise en place de la couverture sanitaire universelle. 

Toutefois, face à cet ennemi commun qu’est la COVID-19, le monde a affiché un front désuni, a regretté le Président.  Les pays en développement, notamment africains, subissent plus durement les effets économiques et sociaux de l’absence d’initiatives de portée mondiale en faveur de leurs économies.  Dans ce contexte, en sa qualité de « champion de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine », M. Ouattara s’est réjoui de l’initiative du G20 d’accorder un moratoire sur le service de la dette publique bilatérale au profit de plusieurs pays africains. 

Le Chef d’État a appelé l’ensemble des partenaires du continent à prendre des mesures plus courageuses, pour soulager les économies africaines durement affectées par les effets de la pandémie.  Les besoins financiers de l’Afrique, a-t-il précisé, sont évalués à 100 milliards de dollars par an sur une période de trois ans.  « Le monde doit, enfin, entendre l’appel des Africains à l’annulation de la dette publique. »

La lutte contre la COVID-19 ne doit pas faire oublier les autres maladies telles que le paludisme et le Sida, qui font davantage de victimes dans les pays africains, a rappelé le Président.  Elle ne doit surtout pas réduire à néant les efforts de lutte contre la pauvreté.  Dans ce domaine, la Côte d’Ivoire a réussi à faire reculer la pauvreté de 15,6% en huit ans, devenant le pays qui a le plus haut revenu par d’habitant dans la sous-région ouest-africaine. 

« Nous devons remettre l’ONU au centre de la riposte collective à la pandémie », a plaidé M. Ouattara.  Ainsi, au niveau sanitaire, il s’agira de garantir l’accès de tous à un vaccin dès qu’il sera disponible et au niveau économique, d’accroître et de mieux coordonner l’assistance financière en faveur des pays en développement.  Le Président s’est dit convaincu que nous devons soutenir et redynamiser le multilatéralisme, seul capable de garantir durablement la paix et la stabilité internationales.  Selon lui, il est urgent de forger le consensus le plus large autour de l’accession de l’Afrique au Conseil de sécurité de manière permanente. 

Enfin, le peuple ivoirien va élire le 31 octobre 2020 son prochain président de la République.  En dépit de la crise sanitaire liée à la COVID-19, toutes les dispositions sont prises pour que cette élection soit apaisée et transparente, à l’image de celle de 2015, a assuré M. Ouattara. 

Pour M. ILIR META, Président de l’Albanie, la pandémie a prouvé combien le monde a besoin d’un système multilatéral basé sur la Charte des Nations Unies et le droit international.  À cet égard, l’Albanie soutient avec force l’agenda de réformes du Secrétaire général, a souligné le Président qui a loué l’Organisation pour avoir fourni des équipements de protection individuelle et du matériel médical à plus de 130 pays, et avoir déployé des efforts pour obtenir un vaccin rapidement.  Ce vaccin devrait être « abordable », et « accessible à tous les peuples de la Terre », a-t-il déclaré. 

L’OMS, a ajouté le Président, a accompagné l’Albanie à chaque étape et les Nations Unies ont préparé un plan socioéconomique pour soutenir efficacement la réponse nationale.  Pendant ce temps, le pays a continué de travailler d’arrache-pied pour parvenir à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici à la fin de la décennie et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.  Il a aligné ses priorités s’agissant de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et professé sa détermination à protéger les communautés rom et égyptienne, les personnes handicapées et autres groupes marginalisés et vulnérables. 

Le Président a affirmé que des progrès ont été réalisés en matière d’égalité des sexes, le nombre de femmes fonctionnaires allant toujours croissant.  Il s’est enorgueilli de « l’harmonie interconfessionnelle » qui règne dans son pays comme un antidote contre l’intolérance et l’extrémisme violent, et « un exemple à suivre ».

Accéder à l’Union européenne, a souligné le Président, constitue l’objectif stratégique principal de l’Albanie.  Il a salué la décision du Conseil européen d’ouvrir des discussions et s’est dit pleinement conscient de la nécessité de remplir les différents critères d’adhésion, tels que le bon fonctionnement des institutions démocratiques et de l’état de droit. 

L’intérêt premier de l’Albanie, a confié le Président, est d’assurer une paix et une stabilité durables dans les Balkans occidentaux, malgré l’héritage historique « difficile » qui hante encore la région.  Des progrès significatifs ont été réalisés au cours des deux dernières décennies, en grande partie grâce au cycle de réformes enclenché par les processus d’élargissement en cours de l’OTAN et de l’Union européenne.  Le Président s’est félicité de l’accord de normalisation économique entre le Kosovo et la Serbie, « négocié et garanti par le Président des États-Unis ».  Il a espéré que les « deux pays » saisiront cette occasion pour conclure un accord final et juridiquement contraignant de reconnaissance mutuelle et de normalisation complète, avec la médiation de l’Union européenne.

M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a soutenu que le meilleur moyen de faire face aux menaces actuelles est de recourir à un multilatéralisme efficace.  Une coopération affaiblie ne ferait qu’amplifier les problèmes.  Nous dépendons de plus en plus, a dit le Président, des nouvelles technologies et des infrastructures numériques.  Dans un environnement mondial en mutation rapide, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle sont déjà devenues « l’épine dorsale » de notre vie quotidienne, assurant le bon fonctionnement des entreprises et des services publics essentiels.  Ces nouvelles technologies doivent être encadrées afin de les mettre au service de l’humanité, a soutenu M. Pahor. 

La Slovénie, a-t-il affirmé, fait un effort en ce sens, en accueillant le tout premier centre mondial de l’UNESCO pour l’intelligence artificielle, créé à Ljubljana en novembre dernier.  Après avoir identifié la cybersécurité comme l’un des principaux défis actuels, il a admis que le cyberespace doit être « sûr, mondial, ouvert, libre et inclusif ». 

Consciente que la perte de biodiversité est un défi urgent d’ampleur mondiale, la Slovénie, a poursuivi le Président, a inscrit le droit à l’eau potable dans sa Constitution.  Elle reconnaît également la préservation des ressources en eau comme un élément clef pour protéger la biodiversité.  C’est à notre initiative, s’est-il enorgueilli, que les Nations Unies ont proclamé une Journée mondiale de l’abeille, célébrée chaque année le 20 mai, reconnaissant ainsi l’importance des abeilles et des autres pollinisateurs pour la sécurité alimentaire, la biodiversité et le développement durable. 

Notre plaidoyer pour la protection de l’environnement, a expliqué le Président, vise à enclencher des débats publics sur les changements climatiques, à créer un comité pour la gouvernance climatique et à soutenir les mouvements des jeunes pour le climat.  Le Président a réaffirmé l’engagement de la Slovénie à freiner ce processus « sans précédent » de perte de biodiversité et à atténuer, voire supprimer les effets du changement climatique.

Le PRINCE ALBERT II de Monaco a déclaré que dans un contexte où ressurgissent des tendances nationalistes et protectionnistes, il est vital que les États Membres se mobilisent de façon coordonnée et solidaire.  Aucun État, quelles que soient sa taille, sa puissance militaire ou économique, ne peut affronter seul les enjeux internationaux actuels, a-t-il insisté.  L’interconnexion de nos États impose une réponse collective aux menaces transnationales qui mettent à mal les progrès durement acquis et fragilisent la paix et la sécurité internationales. 

Le souverain s’est également préoccupé du fait que les femmes et les filles constituent toujours le principal groupe touché par les inégalités.  D’une part, a-t-il constaté, les femmes sont les plus impliquées dans la lutte contre la COVID-19 et donc les plus exposées à la contamination et, d’autre part, une forte et intolérable augmentation des cas de violence domestique est à déplorer, ainsi qu’un taux particulièrement élevé de déscolarisation des filles.  Il a assuré que son gouvernement poursuivra, au travers du Comité pour la promotion et la protection des droits des femmes, créé en 2018, son action en faveur de la réduction des inégalités et la lutte contre les discriminations et les violences. 

C’est aussi en écoutant et en faisant confiance à la jeunesse que nous construirons un avenir plus robuste et plus durable, a poursuivi le Prince Albert II.  Aujourd’hui, si les jeunes sont moins affectés par le virus de la COVID-19, ils subissent de plein fouet la crise économique qui en découle, s’est-il inquiété, avant d’appeler à l’établissement de dispositions spécifiques afin d’éviter que les jeunes ne se retrouvent enfermés durablement dans le piège de la pauvreté. 

Le souverain monégasque a aussi fait observer que ces derniers mois ont formidablement accéléré la transition numérique, mais que ces progrès se sont accompagnés également d’une explosion des cyberattaques.  Le cyberespace est désormais une zone d’affrontements à part entière, au même titre que la terre, la mer et le ciel, a-t-il signalé.  Il a appelé à s’entendre sur des règles communes afin d’édicter des mesures d’encadrement et de bonne conduite.  Cela n’est pas seulement la garantie d’un meilleur fonctionnement de nos institutions, mais c’est aussi l’assurance de préserver la souveraineté des États et les libertés individuelles, a-t-il affirmé.

Tournant ensuite son attention sur la gravité de la crise climatique, le Prince Albert II a estimé que la pandémie actuelle a démontré à quel point nous sommes vulnérables lorsque nous détruisons les écosystèmes planétaires.  À ses yeux, les reports des grands rendez-vous environnementaux ne signifient pas une suspension sine die des engagements des États Membres mais appellent bien au contraire à un redoublement de leurs efforts.  L’urgence est toujours là et, plus que jamais, une mobilisation de tous est nécessaire, a-t-il souligné, saluant la décision collective de maintenir le Sommet sur la biodiversité, le 30 septembre.

Notant en outre que la crise actuelle a focalisé une grande partie de l’attention mondiale sur les chiffres de la croissance et sur la relance de l’économie, le Prince de Monaco a jugé « fondamental » de repenser nos modèles économiques et sociaux en s’appuyant sur des principes respectueux de l’environnement.  Plus que jamais, a-t-il insisté, la feuille de route que nous avons établie en 2015 doit nous guider dans cette période de grande incertitude.  Plus que jamais, la pandémie de Covid-19 démontre qu’il est crucial d’atteindre les objectifs définis par le Programme 2030, l’Accord de Paris sur le climat et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement. 

M. ABADRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a déploré la guerre imposée à son pays par les « milices putschistes houthistes » avec l’appui de l’Iran.  Aux yeux du Président, sous le prétexte de négocier l’avenir du Yémen dans le cadre d’un dialogue national, entamé il y a six ans, les houthistes ont en réalité comploté un coup d’État marqué par l’invasion de Sanaa au mois de septembre 2014.  Ce faisant, a dénoncé M. Mansour, les miliciens ont pris en otage les institutions publiques, asphyxié les libertés publiques, bombardé les écoles et les lieux de culte, harcelé les citoyens et transformé la capital, « une ville autrefois riche et dynamique », en une prison à ciel ouvert. 

Le Président a parallèlement salué l’action de l’ONU qui avait, selon lui, accompagné le processus de transition politique dans le cadre de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe, laquelle visait notamment à former un gouvernement de transition, élaborer un projet de constitution et le soumettre à un référendum populaire, dans la perspective de l’organisation d’élections libres.  Hélas, a déploré M. Mansour, le coup d’État houthiste a mis un terme à ce processus et engendré la répression, les déplacements et la pauvreté. 

M. Mansour a dit avoir tout fait pour coopérer avec l’ONU pour mettre fin à l’effusion de sang.  Il a rappelé les efforts que son gouvernement a déployés, il y a quelques mois, pour instaurer un cessez-le-feu unilatéral et permettre à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen de négocier un cessez-le-feu global et permanent.  Malheureusement, a poursuivi le dirigeant, ces efforts se sont heurtés aux exactions des houthistes et de l’Iran, qui en ont profité pour « intensifier le carnage » par « l’escalade sauvage de leur campagne militaire aveugle » dans nombreux quartiers résidentiels du pays.  Ces « milices terroristes » ont pris pour cible de manière répétée les citoyens saoudiens.  Face à ces agissements, le Président a affirmé que le peuple yéménite rejette catégoriquement « le modèle iranien ».

Il a appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à mettre fin à « l’insolence » des putschistes et de leurs parrains.  L’aide humanitaire doit être acheminée à tous les Yéménites, a-t-il ajouté, avant de condamner les « chantages » auxquels les houthistes soumettent les agents et organisations humanitaires au Yémen.  La communauté internationale, a-t-il martelé, doit empêcher les houthistes d’instrumentaliser l’aide humanitaire et de « piller » les salaires des fonctionnaires.  Les États Membres doivent également mettre fin à la tragédie du pétrolier SAFER, abandonné au large du port de Hodeïda, a-t-il conclu, non sans dénoncer les entraves des houthistes au travail de vérification de l’équipe technique de l’ONU.  

M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a indiqué que son pays a enregistré ses premiers cas de COVID-19 dès le 9 mars 2020.  Le Gouvernement a dû adapter ses actions aux réalités du moment, en prenant des mesures de quarantaine et de confinement des villes, et autres restrictions.  La pandémie de COVID-19, est, a-t-il averti, une crise multidimensionnelle qui risque d’anéantir tous les efforts de développement dans de nombreux pays, surtout ceux touchés par les conflits.  Le Président a remercié le Secrétaire Général pour l’appel appel mondial à la solidarité qu’il a lancé le 31 mars 2020.  S’il a salué les mesures d’allégement de la dette prise par le G20 en faveur des pays en développement, il a surtout réclamé « l’annulation pure et simple ».

Il y a de cela quelques mois, a rappelé le Chef d’État, la question de la criminalité organisée était essentiellement analysée sous le prisme de la lutte antiterroriste.  Aujourd’hui, il nous faut tenir compte du triptyque « criminalité organisée-terrorisme-COVID-19 ».  S’agissant de la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel, M. Kaboré a fait part d’avancées notables dans l’action de la Force conjointe du G5 Sahel et des troupes amies.  Il a cependant regretté que ladite Force n’ait toujours pas atteint le niveau opérationnel souhaité.  Aussi a-t-il réitéré son appel au Conseil de sécurité pour que cette Force soit placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et bénéficie d’un financement pérenne.  Il a également appelé tous les partenaires à soutenir activement la Coalition pour le Sahel créée en janvier 2020 à Pau, en France.

Le Président burkinabè a tenu à réaffirmer que les Forces de défense et de sécurité de son pays exécutent leurs missions dans le respect des droits de l’homme, notamment le droit à la vie et le droit à l’intégrité physique des personnes.  Toutes les fois où des membres de ces Forces ont été mis en cause, des enquêtes ont été ouvertes afin de situer les responsabilités et de sanctionner les auteurs.  En tout état de cause, a assuré M. Kaboré, le Burkina Faso ne ménagera aucun effort pour relever les défis de la lutte contre le terrorisme et pour garantir la protection de ses populations et des réfugies.  Mon pays, a-t-il promis, continuera à œuvrer pour ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, dans le respect des règles du droit international.  Dans ce sens, le 1er juillet dernier, le Gouvernement a marqué son accord pour l’ouverture sur le territoire national, d’un bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Burkina.

Le Président a confirmé la tenue, le 22 novembre 2020, des élections présidentielle et législatives.  En prévision, il a dit avoir, dès juillet 2019, institué un cadre de dialogue politique permanent avec l’ensemble des composantes de la classe politique burkinabè.  Le Président a expliqué les efforts de son pays pour protéger l’environnement et contribuer aux efforts de maintien de la paix de l’ONU.  Il s’est montré préoccupé face à la crise sécuritaire qui persiste dans la région du Sahel et dans le bassin du lac Tchad, invitant le Conseil de sécurité à nommer un nouvel envoyé spécial conjoint ONU-Union africaine pour conduire les négociations.  S’agissant du Mali, M. Kaboré a appelé à un retour rapide à l’ordre constitutionnel et soutenu les décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour une transition civile.  Le Président n’a pas manqué de plaider, une nouvelle fois, pour que l’Afrique soit pleinement représentée dans tous les organes de décision de l’ONU, en particulier au Conseil de sécurité.

Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a déclaré que la pandémie, qui a provoqué un véritable choc dans notre mode de vie, nous enseigne également une leçon sur ce que signifient réellement les changements climatiques: perte des écosystèmes diversifiés, risques inhérents à la cohabitation entre les êtres humains et d’autres espèces dans des villes surpeuplées, inquiétude pour la survie de l’humanité, et travail à fournir au sein des organisations multilatérales pour éviter les guerres autour des ressources limitées. 

La Présidente a souligné l’importance des solutions technologiques et numériques tant pour éviter les risques sanitaires que pour mettre un terme à la pollution de la planète.  L’Estonie, a-t-elle affirmé, est le premier État à s’être transformé par le numérique: tous les services publics travaillent en ligne.  Par conséquent, l’impact de la pandémie s’est limité à l’élargissement de l’enseignement et du travail à distance.  Quelque 30% des emplois ont pu se faire à distance.

L’Estonie, un pays qui s’est industrialisé tardivement, a-t-elle poursuivi, est un modèle pour les pays qui cherchent à sauter les étapes grâce aux technologies.  Nous venons d’ailleurs, a annoncé la Présidente, de conclure un mémorandum numérique avec l’Union africaine et nous organiserons cette, année, avec les Émirats arabes unis, un Sommet mondial sur l’entreprise numérique.  La Présidente a toutefois souligné que la numérisation des services ne peut, à elle seule, débarrasser les pays de la bureaucratie, de la corruption et de l’inefficacité.  Le mot d’ordre, c’est « transparence et rationalisation ».

Insistant sur le rôle des technologies numériques dans la lutte contre les changements climatiques, la Présidente a noté que les réseaux intelligents feront partie intégrante de l’économie à neutralité carbone.  D’une certaine manière, a-t-elle constaté, la pandémie nous donne l’occasion de faire un grand bond technologique.  Les solutions numériques peuvent rendre nos sociétés plus équitables, plus résilientes, plus accessibles et plus durables, a estimé la Présidente, tout en reconnaissant que le développement numérique porte en lui les menaces à la cybersécurité, une question que l’Estonie n’a cessé de soulever devant le Conseil de sécurité.

M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a indiqué qu’il a été élu le 23 juin, dans ce qui était une passation de pouvoir « harmonieuse ».  Le Malawi, a-t-il confirmé, a été durement éprouvé par la pandémie de COVID-19, laquelle a porté un sérieux coup à l’économie, compte tenu du manque d’accès à la mer, de l’éloignement des marchés et du coût élevé des transports et du transit.  En tant que Président des pays les moins avancés (PMA), le Malawi, a rappelé le Président, a publié le 25 avril une déclaration sur la pandémie qui appelle à renforcer l’appui international en faveur des PMA.  Il a salué le moratoire sur l’allégement de la dette des PMA mais il a espéré « une annulation pure et simple ».  Il a également appelé à des mesures pour atténuer la perturbation des chaînes d’approvisionnement et, en attendant, a salué les efforts déployés pour réduire le coût des envois de fonds des migrants et mettre en œuvre des plans de sauvetage des petites et moyennes entreprises (PME). 

S’agissant des objectifs de développement durable (ODD), le Président Chakwera a expliqué que le Malawi privilégie la mise en œuvre des objectifs ayant un effet multiplicateur afin de maximiser l’impact de ses faibles ressources.  Il a aussi appelé à un appui renforcé des partenaires.  Afin d’assurer l’efficacité de ses institutions, a indiqué le Chef d’État, le Malawi a établi une Commission nationale de planification pour appuyer la « nationalisation » des objectifs de développement durable.  Une stratégie nationale de résilience pour la période 2018-2030 est en train d’être appliquée pour combattre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et la vulnérabilité aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.

M. Chakwera a, à son tour, insisté sur l’urgence de réformer le Conseil de sécurité et d’accorder à l’Afrique deux sièges permanents avec droit de veto et cinq sièges non permanents.  Le multilatéralisme, a-t-il conclu, ne consiste pas seulement à affronter les menaces mais aussi à saisir les opportunités que nous avons en commun.  Nous devons sortir de cette crise « plus forts, meilleurs et plus inclusifs » et cela exige la participation de toutes les parties prenantes, en particulier les jeunes.

M. DENIS SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, a d’emblée relevé que la crise sanitaire actuelle met en relief les écarts flagrants entre les systèmes de santé des pays développés et ceux des pays en développement.  Il importe, dès lors, d’intensifier la solidarité internationale en termes de stratégie afin d’éradiquer cette pandémie, a-t-il plaidé, ajoutant que l’ONU reste le principal instrument en mesure de mobiliser les États autour d’une action collective contre les inégalités et les vulnérabilités.   

Face à cette conjoncture difficile, la réaffirmation du multilatéralisme constitue, selon lui, le socle essentiel de l’action internationale pour concrétiser nos engagements collectifs.  Or, a déploré M. Sassou N’Guesso, en ce soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, nous assistons à « la résurgence des privations insoutenables pour les peuples ».  De fait, a-t-il dit, l’instauration de la santé pour tous et l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes ne seront possibles que «  si les États disposent des ressources nécessaires, dans un monde véritablement en paix  ».  

Dans ce contexte, le dirigeant s’est déclaré préoccupé par la recrudescence du terrorisme et de l’extrémisme violent ainsi que par la prédominance des conflits armés dans le monde.  S’agissant de la crise libyenne, il a indiqué que son pays, Président en exercice du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur cette question, favorise une solution politique et la tenue d’une conférence interlibyenne de réconciliation nationale.  

Le Président congolais a par ailleurs constaté que l’est de la République démocratique du Congo (RDC) reste sous la menace de groupes armés, de même que la République centrafricaine, qui se prépare à une élection présidentielle en décembre prochain dans une situation rendue instable.  Il a jugé à cet égard qu’une «  injustice historique  » subsiste aux Nations Unies, qu’il serait possible de réparer en garantissant à l’Afrique « toute sa place au sein du Conseil de sécurité ».  

En sa qualité de membre du Comité des dix de l’UA sur la réforme du Conseil de sécurité, la République du Congo réaffirme solennellement «  l’urgence de rendre effective la représentativité de l’Afrique au sein de cet organe de l’ONU  », a déclaré M. Sassou N’Guesso.  «  Ainsi se consolideront davantage les valeurs de paix, de solidarité, d’équité et de progrès qu’incarne l’Organisation des Nations Unies  », a-t-il conclu.  

M. HAMAD BIN ISA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a souligné l’importance d’une action collective efficace contre la pandémie de COVID-19. Ce défi, a ajouté M. Al Khalifa, a prouvé que la communauté internationale se trouve dans l’obligation urgente de mettre de côté ses divergences, de renforcer la solidarité humaine, de rester unie et d’affermir  la volonté commune de prévenir de tels risques.  Au plan national, le Gouvernement a créé une entité chargée d’élaborer et mettre en œuvre un plan d’urgence intégré visant à préserver la santé et la sécurité des citoyens et des résidents.   

Concernant l’établissement des relations avec Israël, le Roi du Bahreïn a expliqué qu’il l’a fait pour préserver la sécurité et la stabilité de la région.  C’est un signe de notre approche résolue de l’ouverture et de la coexistence.  C’est un message, s’est-il justifié, qui confirme notre « main tendue » et notre désir d’une paix juste et globale.  Pour lui, c’est la meilleure garantie pour l’avenir de tous les peuples de la région.  Le Roi a aussi salué la mesure « courageuse » des Émirats arabes unis pour raviver l’espoir de paix et de stabilité dans la région.  En concluant un « accord de paix historique » avec Israël, sous les auspices des États-Unis, en échange de l’abandon par Israël de sa décision d’annexer des terres palestiniennes, les Émirats arabes unis ont amélioré les possibilités de paix, réduit les tensions et donné aux peuples de la région une nouvelle ère de compréhension, de rapprochement et de coexistence pacifique.  Dans le même temps, ils ont préservé leur ferme position sur la question palestinienne, a indiqué le roi de Bahreïn qui a appelé à intensifier les efforts pour mettre fin au conflit israélo-palestinien conformément à la solution des deux États.  

Le Roi a saisi cette occasion pour saluer le rôle de l’Arabie saoudite qui a jeté les bases de la sécurité et de la paix dans la région et le monde entier, en tenant compte de l’intérêt de toutes les parties.  Il a aussi remercié l’Arabie saoudite pour les efforts qu’il déploie à la présidence du G20.  Il a d’autre part soutenu l’action de l’Égypte pour consolider la sécurité et la stabilité régionales, et ses efforts pour parvenir à la paix en Libye.  

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETWE MASISI, Président du Botswana, a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a réaffirmé la détermination du Botswana à accélérer la réalisation des ODD durant cette « Décennie d’action », en réduisant la dépendance de l’économie de l’extraction minière pour privilégier une croissance fondée sur les connaissances.  À cette fin, le Gouvernement a introduit un certain nombre de réformes économiques propices au développement du secteur privé, dans la lignée de l’objectif 8 du Programme 2030 sur le plein emploi productif et le travail décent.

La pandémie, a reconnu le Président, s’est ajoutée à une longue liste de problèmes que vivait déjà le secteur de la santé.  La lutte de longue date contre le VIH/sida reste une priorité nationale « essentielle ».  M. Masisi a précisé que le Botswana est sur la bonne voie pour atteindre la cible 90-90-90 d’ONUSIDA.  Le dirigeant a fait état de taux encourageants: 86% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique; 83% des dépistés reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90% de ceux qui reçoivent un traitement antirétroviral ont une charge virale nulle.

M. Masisi a noté qu’avant la pandémie de COVID-19, environ 783 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté dans le monde.  Il a rappelé qu’en juin dernier, la Banque mondiale a indiqué que la pandémie pourrait pousser 71 millions d’autres personnes dans l’extrême pauvreté en 2020, au risque d’annihiler les progrès réalisés au cours des dernières décennies.  Le Président a par conséquent appelé à une « action collective urgente » pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes d’ici à 2030. 

M. Masisi a déploré la montée des violences dans le monde à l’encontre des femmes durant la crise sanitaire, dont dans son propre pays.  Nous avons lancé, a-t-il indiqué, une Stratégie nationale pour mettre fin à la violence sexuelle.  La crise sanitaire, a-t-il poursuivi, a aussi porté un coup dur aux deux piliers de l’économie nationale: le tourisme et l’extraction de diamants.  Le Gouvernement travaille à un plan de relance économique.  M. Masisi s’est joint aux appels à un « multilatéralisme fondé sur des règles » et ouvert à la société civile, au secteur privé et au monde universitaire.

À la tête d’un pays sans littoral, dont les difficultés ont été aggravées par la pandémie, il a réclamé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, du Programme d’action d’Istanbul et des Orientations de Samoa.  L’ONU, a-t-il poursuivi, doit être « flexible, agile et adaptée à ses objectifs », et, a souligné le Président, il reste encore beaucoup à faire.

Pays semi-aride aux précipitations irrégulières et aux sécheresses fréquentes, le Botswana, a conclu le Président, est très attaché à la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Il a réservé son tout dernier à la multiplication des actes terroristes et insurrectionnels en Afrique australe et salué l’appui fourni à son pays par le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme.

M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a estimé que le monde a plus que jamais besoin d’une organisation réformée, forte, agissant sur la base des valeurs consacrées dans la Charte et la Déclaration universelle des droits de l’homme et capable, à travers ses institutions spécialisées, de faire face aux défis de la paix, du développement durable et de la santé.  Il a appelé à une gouvernance internationale rénovée et renforcée, prenant mieux en considération les intérêts des pays en développement, notamment dans la mise en œuvre des ODD et du Programme d’action d’Addis-Abeba, sans oublier les engagements antérieurs.  C’est dans ce partenariat mondial que nos pays pourront se relever et poursuivre l’agenda du développement durable, a insisté le Président. 

Dans ce cadre, il a précisé que la Guinée a intégré toutes les questions importantes relatives à la mise en œuvre des ODD dans son plan national de développement, pour devenir un pays émergent grâce au partenariat bi et multilatéral.  Revenant à la gestion de la crise sanitaire, M. Alpha Condé a indiqué que le plan national vise à contrôler et juguler la pandémie, atténuer les conséquences de la crise notamment sur les ménages en situation de précarité, et annihiler les effets de la pandémie sur les petites et moyennes entreprises.  Le Président a aussi parlé de la création d’un conseil scientifique pour orienter et renforcer les mesures, avec pour objectif d’éradiquer et stopper la progression du coronavirus à travers le pays.  Le coût financier du plan est de 350 millions de dollars, a-t-il souligné.  Les populations guinéennes y adhèrent, se basant sur l’expérience de la gestion de l’épidémie à virus Ebola. 

Après avoir rappelé les difficultés des petits États et pays en développement à gérer leur fardeau de la dette, tout en essayant de développer leur économie, M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a déclaré que la pandémie a inversé tous les gains: la chute des recettes et la hausse des dépenses publiques sont devenues la norme.  L’économie de la Gambie est tombée à 2% du PIB et elle continue de se contracter.  Le secteur du tourisme, qui est un employeur important et un vecteur de devises, est « dévasté », et le chômage augmente rapidement.  La mise en œuvre du Plan national de développement, 2018-2021 de la Gambie est tout simplement compromise. 

Le Président a jugé urgent d’accélérer la mise en œuvre des engagements internationaux en matière de financement du développement et de protection de l’environnement.  Il a réitéré le ferme appel de l’Union africaine à l’allégement et ou à l’annulation de la dette, à un meilleur accès aux circuits financiers internationaux, à la réduction du coût des envois de fonds des migrants et à une solidarité et à un partenariat renforcés.  Nous espérons, a confié le Président, que les circonstances et les défis uniques des pays les moins avancés seront pris en considération rapidement. 

Mettant l’accent sur le problème sérieux de l’insécurité dans les pays du Sahel, le Président a salué les efforts déployés par les Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO et les autres partenaires internationaux.  La mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est « importante », a-t-il dit, en se félicitant de l’apport du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest. 

Le Président a dit souscrire au Partenariat ONU-UA sur la paix et la sécurité en Afrique.  Il a appelé la communauté internationale à ne pas céder dans ses efforts pour rétablir la paix et la stabilité au Mali, en Somalie, au Soudan du Sud, en République centrafricaine et dans d’autres points chauds de la planète.  Il a exhorté les Nations Unies et les organisations régionales à faire davantage pour mettre fin aux activités de tous les réseaux terroristes et criminels armés.  En conclusion, la Président a jugé « paradoxal » qu’alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, l’Afrique négocie sa représentation au Conseil de sécurité dont l’ordre du jour est pourtant dominé par les questions africaines.  « La voix de l’Afrique au Conseil renforcera la confiance et la légitimité des décisions prises », a insisté le Président. 

M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a dit que la pandémie de COVID-19 a contribué à amplifier les défis politiques, sécuritaires et socioéconomiques.  Une évidence qui se dégage de ce contexte de crise, est l’insuffisance d’un cadre normatif pour faire face aux défis qui se posent à notre monde, a dit M. Bongo Ondimba, avant d’appeler à nous réinventer pour contenir les menaces transnationales et transfrontalières, à l’instar de la pandémie actuelle.  

Le monde dans lequel nous vivons, a-t-il estimé, a besoin d’un système multilatéral qui impulse une coopération au bénéfice de tous et à une mutualisation de nos efforts.  Le Président a mis l’accent sur la nécessaire réforme du Conseil de sécurité et rappelé la Position commune africaine exprimée par le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  M. Bongo Ondima a ajouté que son pays demeure résolument engagé aux côtés des Nations Unies, de l’Union africaine et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour la promotion de la stabilité et de la paix « dans nos États ».   

Sur le plan régional, il a dit avoir reçu de ses pairs, le mandat de conduire la réforme institutionnelle de la CEEAC, pour la rendre plus efficiente et mieux à même de relever les défis pour lesquels elle a été créée, comme l’intégration régionale et le développement.  La Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC a adopté, le 28 juillet 2020, une nouvelle nomenclature pour répondre aux défis majeurs de l’heure, notamment la paix, la sécurité et le développement.  Lors de son dix-septième Sommet ordinaire, la CEEAC a adopté un Plan d’action communautaire pour la mise en œuvre de la résolution 1325 des Nations Unies, de la stratégie communautaire en matière de riposte à la COVID-19.  

Le Président a aussi mis l’accent sur la portée du programme politique pour « l’égalité des chances », qu’il a impulsé en faveur d’un développement plus juste et équitable, revalorisant les femmes, les jeunes, les personnes les plus vulnérables.  Il a indiqué avoir nommé récemment une femme aux fonctions de premier ministre, avant de préciser que trois femmes occupent désormais de très hautes responsabilités au sommet de l’État, à la Cour constitutionnelle et au Sénat.  

Le Président a par ailleurs réitéré l’appel solennel pour la levée totale de l’embargo qui frappe Cuba depuis plusieurs décennies.  En conclusion, il a réaffirmé l’attachement du Gabon au multilatéralisme, seule voie dans notre légitime quête d’un avenir en confiance, et dans notre ambition commune de bâtir une Organisation qui fait face aux enjeux complexes du développement durable.  

En présentant l’allocution vidéo du Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, le représentant de la Libye a jugé « étrange » que certains États continuent d’user d’un langage menaçant à l’endroit de son pays et de créer des lignes rouges «  artificielles  » sur le territoire national.  Il a rejeté ces menaces et mis en garde contre l’escalade.  Il a appelé les États à faire montre de sagesse et à punir les responsables des violations du cessez-le-feu lesquelles sabotent les initiatives de paix. 

Apparaissant à l’écran, M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, État de Libye, a jugé impossible de combattre le virus de la COVID-19 sans une solidarité internationale.  J’aurais aimé, a-t-il confié, pouvoir vous dire que nous sommes arrivés au terme de la transition en Libye et que nous œuvrons à la construction d’un État démocratique, à la protection des droits humains et à une passation de pouvoir pacifique.  Malheureusement, certains acteurs sapent nos efforts et usent de tous les moyens pour prendre le pouvoir par la force.  M.  Serraj a prévenu: « nous ne fléchirons pas et nous tiendrons en échec ceux qui veulent nous imposer leur dictature ».  Il a salué les héros qui, à Tripoli, ont fait face à l’agression des milices et à leurs soutiens.  Le Président a déclaré que cette agression était soutenue par des États que tout le monde connaît et qui bafouent le droit international.  « Le peuple libyen est déterminé à avancer.  »  M.  Serraj a appelé les États concernés à revoir leurs positions, à tourner le dos aux agresseurs et à s’asseoir à la table des négociations avec le Gouvernement d’entente nationale. 

S’il a estimé pouvoir vaincre les agresseurs, le Président a déclaré qu’il ne veut pas d’effusion de sang.  C’est dans cet esprit qu’un cessez-le-feu a été annoncé le 21 août dernier et que des élections sont prévues pour mars prochain, a continué M.  Serraj.  Il a précisé que le respect d’un tel cessez-le-feu exige notamment que Syrte soit débarrassée des armes qui y circulent et vidée de ses mercenaires, afin de garantir la souveraineté du pays.  Le Président a réclamé le retour des milices chez elles et demandé la réouverture des installations pétrolières.  Il a insisté sur les efforts accomplis en vue d’améliorer la vie des Libyens et de remédier à la circulation des armes, avant d’ajouter que ces efforts sont fragilisés par les ingérences étrangères, la fracture des institutions libyennes et l’assèchement des revenus pétroliers.  

M. Serraj a appelé à la tenue d’élections législatives et présidentielle appuyées à un fondement constitutionnel agréé par tous les Libyens et a sollicité l’aide de l’ONU pour l’organisation de ces élections attendues par les Libyens depuis de longues années.  Il a appelé à la reprise du dialogue impliquant toutes les factions libyennes à l’exception de celles dont il a été prouvé sur le plan juridique qu’elles ont commis des crimes de sang.  Le Président a encouragé la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme à se pencher sur les violations des droits commises par les milices du Maréchal Haftar à Syrte. 

Pays de transit, la Libye, a-t-il poursuivi, gère des flux migratoires très importants et il est nécessaire d’avoir une connaissance plus fine de ces flux, loin des rapports «  polémiques et alarmistes  » qui passent sous silence les efforts de la Libye dans ce domaine.  Il a tenu à rappeler que 500 000 migrants vivent paisiblement sur le sol libyen, avant d’appeler à remédier aux causes profondes, en particulier économiques, de ces migrations.  Le Président a regretté le gel des avoirs libyens en raison des sanctions du Conseil de sécurité.  Ces sanctions doivent préserver les fonds libyens et non pas aboutir à les diminuer comme c’est le cas actuellement, a-t-il affirmé, en regrettant que le Conseil n’ait pas répondu à la demande légitime de son pays pour leur assouplissement.  Enfin, le Président a déclaré que les Libyens ont la capacité de bâtir un État démocratique et de sortir de la phase difficile actuelle. 

M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, s’est inquiété de la résurgence de l’unilatéralisme et du retour des discours nationalistes qui minent l’efficacité de l’Organisation.  Alors que la pandémie a mis en évidence les vulnérabilités et les fragilités du monde, il a appelé à des efforts concertés et à une solidarité collective pour soutenir les groupes les plus vulnérables. 

S’agissant de l’unilatéralisme, le Président a particulièrement fustigé particulièrement l’action de la Turquie qui affecte l’intégrité territoriale et déstabilise la Libye, la Syrie et l’Iraq, avant de dénoncer aussi les violations par ce pays des droits souverains de la Grèce et de Chypre.  Chypre et sa population souffrent encore de l’invasion militaire illégale de 1974, de l’occupation militaire de 37% de notre pays et du déplacement forcé de 40% de ses habitants, a énuméré M.  Anastasiades, soulignant Chypre est le dernier pays européen divisé.  

Il a regretté que le dernier effort pour parvenir à un règlement en 2017 ait échoué en raison de la position «  inflexible  » de la Turquie et de son insistance à maintenir le Traité de garantie «  anachronique  », le droit d’intervention et le maintien de ses troupes.  Il a rappelé que cette invasion illégale a été condamnée par de nombreuses résolutions de l’ONU, par le Conseil de sécurité, ainsi que par la Cour européenne des droits de l’homme.  Il a accusé la Turquie de ne pas tenir compte des convergences observées entre les dirigeants des deux communautés en 2011 et 2015 qui prévoient qu’une « Chypre fédérale  » continuera d’être partie contractante à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 «  et que les recettes provenant de l’exploitation des ressources naturelles de l’État seront affectées au Gouvernement fédéral ».  

Le Président a aussi accusé la Turquie de ne pas tenir compte du fait que la République de Chypre a créé un Fonds souverain qui protège les intérêts des Chypriotes grecs et turcs s’agissant des revenus provenant de l’exploitation du pétrole.  M. Anastasiades a ajouté que les allégations de la Turquie selon lesquelles ses actions illégales visent à protéger les droits des Chypriotes turcs sont «  fausses et sans validité  », tout aussi fausses que celles qui prétendent que la République de Chypre viole les droits de la Turquie.  

Si M. Erdogan croit sincèrement que son action contre Chypre est compatible avec le droit international, alors pourquoi n’accepte-t-il pas un dialogue bilatéral sincère ou ne renvoie-t-il pas toute la question à la Cour internationale de Justice? a demandé le Président.  Il a répété que Chypre, en tant que pays européen et conformément aux valeurs et aux principes de l’Union européenne et de l’ONU, n’a jamais eu et n’aura jamais comme intention de priver les compatriotes chypriotes turcs de leurs droits légitimes.  

À condition qu’il n’y ait pas d’ingérences étrangères, je crois, s’est dit convaincu le Président, qu’il y a un terrain d’entente entre les deux communautés pour parvenir à un règlement qui réalisera la vision de notre peuple de vivre dans un pays européen, véritablement indépendant et souverain.  Il a formulé le vœu d’une Chypre débarrassée des troupes étrangères, qui verrait un règlement sans gagnant ni perdant, dans le plein respect des sensibilités et des préoccupations des deux communautés.  «  Nous souhaitons un État véritablement dirigé par les Chypriotes et pas un État dirigé par les étrangers  » a conclu le Président, avant de rappeler que « l’ère de la colonisation est révolue  ».  

M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a dénoncé le fait que 20% du territoire national, dont le Haut-Karabakh et sept autres régions, soit actuellement sous le joug de l’occupation militaire arménienne.  Selon M. Aliyev, l’Arménie est coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans ces territoires occupés, où elle a mené une politique de «  purification ethnique  » à l’encontre des citoyens azerbaïdjanais, qui ont été systématiquement expulsés de chez eux.  Au nombre des crimes arméniens, M. Aliyev a également cité le « génocide  » perpétré dans la commune de Khodjaly, dans le Haut-Karabakh, en 1992.  

Le Président a souligné que quatre résolutions du Conseil de sécurité ont exigé le retrait des forces arméniennes des territoires occupés de l’Azerbaïdjan.  Il a cependant déploré le fait que l’Arménie « continue d’ignorer » ces résolutions depuis près de 30 ans et a appelé à imposer des sanctions internationales contre ce pays et sa «  politique de colonisation illégale ».  Quant au patrimoine culturel azerbaïdjanais dans les territoires occupés, a poursuivi M. Aliyev, il a été soit détruit, soit pillé.  « Il s’agit d’effacer toute trace de l’Azerbaïdjan dans ses propres territoires  », a-t-il dénoncé.  

Le dirigeant a accusé le Gouvernement arménien de prendre délibérément pour cible les populations civiles et de se livrer à des provocations et opérations militaires à la frontière entre les deux pays.  Il a notamment dénoncé une attaque délibérée en 2017, qui a fait deux victimes, ainsi qu’une attaque le 12 juillet dernier, dans laquelle un militaire et un civil ont été tués dans une localité azerbaïdjanaise.  M. Aliyev a aussi menacé de poursuites judiciaires les entreprises internationales qui exploitent les ressources de l’Azerbaïdjan dans les territoires occupés.  

Les autorités arméniennes ont en outre refusé de procéder à des échanges de prisonniers, a déploré le Président.  Elles ont organisé de « prétendues » élections dans les territoires occupés en mars dernier, des scrutins qui ont été « fermement condamnés et rejetés par la communauté internationale ».  M. Aliyev a estimé que l’Arménie tente globalement de saboter le processus de paix.  Il a ainsi considéré la récente déclaration du Premier Ministre arménien, dans laquelle il prétend que le Haut-Karabakh faisait partie de l’Arménie, comme contraire au principe même des négociations.  

Le Président a affirmé que l’Arménie recrute « des combattants terroristes étrangers » pour mener des opérations sur le territoire azerbaïdjanais.  Il a dénombré plus de 30 actes terroristes commandités par l’Arménie en Azerbaïdjan.  En plus de cela, a-t-il ajouté, l’Arménie «  entretient des idées racistes  » contre l’Azerbaïdjan et mène une « politique publique de glorification du nazisme ».  

Craignant une agression militaire imminente contre son pays, M. Aliyev a exhorté la communauté internationale à exiger de l’Arménie qu’elle s’abstienne de toute opération militaire.  Malheureusement, a-t-il rappelé, les coprésidents du Groupe de Minsk ne sont pas parvenus à des avancées dans le processus de paix.  Les négociations ne se font pour le plaisir de négocier, a-t-il martelé. La France, la Fédération de Russie et les États-Unis ont déclaré que le statu quo inacceptable mais il faut agir, a pressé le Président, en réclamant un calendrier clair pour le retrait des forces arméniennes de son pays.  

Sachant que l’Arménie est « l’un des pays les plus pauvre au monde  », M. Aliyev en a conclu que les armes qui lui sont fournies le sont «  à titre gracieux  ».  Il a demandé aux pays tiers de s’abstenir de fournir des armes à cet « État à l’idéologie fasciste  », qui viole les droits de l’homme, fait chanter les juges et harcèle les défenseurs des droits de l’homme.  Pour le Président, l’Arménie n’est ni plus ni moins qu’une dictature, à l’inverse de l’Azerbaïdjan qui garantit toutes les libertés publiques et qui est même parvenu à maitriser la pandémie. 

M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a appelé à promouvoir le multilatéralisme et à appuyer les appels en faveur de l’allégement ou de l’annulation de la dette, à la collaboration accrue dans la recherche sur les vaccins et les traitements de la COVID-19 et à la mobilisation des ressources aux niveaux national et international.

Le Président a particulièrement mis l’accent sur le chômage des jeunes, en notant qu’avant la COVID-19, ils étaient déjà trois fois plus susceptibles d’être sans emploi que les adultes.  Alors que la pandémie pousse l’économie mondiale dans une crise encore plus profonde et que la jeune génération risque une fois de plus de supporter de manière disproportionnée le poids du chômage de masse, le Président a indiqué que son pays a lancé un programme multisectoriel visant à soutenir les jeunes entrepreneurs.

Dans ces circonstances difficiles, le Président a voulu que l’on tienne bon et que l’on ne cède pas au cynisme dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a précisé que son gouvernement, en étroite collaboration avec le secteur privé et la société civile, a élaboré le Cadre national de coordination des ODD pour guider la mise en œuvre.

Il a professé la détermination de son pays à soutenir les efforts internationaux de maintien de la paix.  La Zambie, a-t-il souligné, reste un acteur actif dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix dans sa région.  Alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, le Président a souhaité souligner l’importance qu’il y a à revitaliser l’Organisation « dans l’intérêt de l’humanité ». 

La COVID-19 est l’ennemie de tous et doit être combattue en tant que telle, a déclaré M.  TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale.  Il ne suffit pas de l’éradiquer, a-t-il ajouté, il est tout aussi important de s’entendre sur des mesures visant à accélérer la reprise post-COVID, pour stimuler l’économie et accélérer le retour à la normalité.  Cela nécessite des efforts communs, sous l’égide de l’ONU.  La communauté internationale doit aider l’Afrique à mettre en œuvre le Programme 2030 et le Programme 2063 de l’Union africaine.

Le Président a salué les réformes entreprises par le Secrétaire général qui doivent aboutir à rendre l’Organisation plus efficace, plus souple et plus proche des peuples et de leurs vrais problèmes.  Il faut reconnaître que le Conseil de sécurité ne reflète plus la réalité du monde d’aujourd’hui, a déploré M. Obiang Nguema Mbasogo.  Par conséquent, a-t-il dit, la Guinée équatoriale continue d’appuyer les revendications contenues dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  « L’injustice historique envers le continent africain doit être réparée », a-t-il insisté. 

En décembre 2019, la participation de la Guinée équatoriale au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent a pris fin, a rappelé le Président.  Nous avons contribué de manière indépendante et rigoureuse à la lutte contre les facteurs qui provoquent les conflits dans le monde et les phénomènes tels que les mercenaires, s’est félicité M.  Obiang Nguema Mbasogo.  Selon lui, le Conseil de sécurité devrait communiquer et se coordonner davantage avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment pour mener un travail commun dans les domaines de l’alerte rapide, de l’examen stratégique et de la conception de mandats.

C’est avec une grande inquiétude que nous observons l’évolution de la situation au Sahel, où les énormes efforts consentis n’ont pas conduit à la nécessaire stabilisation de la situation, a dit le Président.  Les changements politiques, a-t-il martelé, ne doivent se faire que par des moyens démocratiques, le recours à la force pour atteindre des objectifs politiques étant inacceptable.  Quand l’Afrique est en proie à des problèmes, ce sont tous les continents qui sont menacés, a conclu le Président en prenant l’exemple « des milliers de nos jeunes qui risquent leur vie pour migrer vers d’autres latitudes dans des voyages dangereux ».

M. JOVENEL MOÏSE, Président d’Haïti, a déclaré que le monde est actuellement confronté à une crise sanitaire majeure, provoquée par le virus du COVID-19 et qu’« aujourd’hui plus que jamais », nous avons besoin d’un système multilatéral plus solidaire et plus efficace.  Le Président s’est inquiété de ce que les efforts déployés au niveau mondial pour éliminer la pauvreté soient loin d’être à la hauteur des besoins réels.  Il a expliqué qu’Haïti a reçu plusieurs milliards de dollars d’aide de la communauté internationale, ces 10 dernières années.  Mais l’affectation de ces milliards, a-t-il accusé, n’a presque jamais tenu compte de nos priorités, de nos besoins ni même de notre stratégie de lutte contre la pauvreté.  Les bailleurs de fonds, a-t-il martelé, doivent procéder à une analyse critique de leur aide à Haïti et évaluer son efficacité. 

Nous voulons des projets qui s’adaptent à nos besoins, qui répondent à nos priorités et qui nous permettent de mettre en œuvre un développement économique axé sur l’humain, sur la production nationale et sur le renforcement des capacités de nos institutions, a-t-il insisté.  Il a aussi signalé qu’en Haïti, les besoins en termes d’urgence, de redressement et de développement à long terme demeurent immenses et exigent un investissement cohérent dans plusieurs domaines.  En l’état actuel de mon pays, la poursuite des objectifs de développement durable constitue un défi majeur, a-t-il prévenu.

M. Moïse a appelé à déployer des efforts gigantesques et soutenus dans les domaines prioritaires tels que: les infrastructures, l’éducation, la couverture sanitaire, les logements sociaux, la mobilisation de l’investissement direct étranger, la reforestation et la protection de l’environnement.  Il a aussi cité la relance de la production agricole, l’accès à l’énergie pour tous à partir de sources renouvelables, et l’accès au crédit pour tous, surtout pour les jeunes et les agriculteurs. 

Le Président a reconnu que son gouvernement se heurte depuis quelques mois à une crise socioéconomique complexe et à une polarisation excessive et violente de la classe politique.  Aujourd’hui, Haïti est amputée d’une institution indispensable à la bonne marche de la démocratie, le Parlement.  Le Président a dit avoir mis en place un nouveau Conseil électoral provisoire pour organiser des élections crédibles, transparentes, inclusives, libres, honnêtes et démocratiques.  Avant de conclure, le Chef d’État a plaidé pour que l’on accorde à la « République de Chine de Taïwan » la place qui lui revient dans les instances internationales, particulièrement à l’ONU.

M. NGUYEN PHU TRONG, Président du Viet Nam, a estimé, premièrement, que les mécanismes multilatéraux mondiaux et régionaux doivent être renforcés.  Nous avons besoin, a-t-il dit, d’une ONU véritablement cohésive et inclusive, qui serve d’«  incubateur  » aux initiatives de coopération multilatérale pour la paix, le développement et la prospérité.  D’autres réformes devraient être entreprises pour rendre l’Organisation plus forte et plus efficace, face aux changements monumentaux de notre temps. 

Deuxièmement, le Président a considéré que la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux du droit international doivent être défendus en tant que normes dans les relations internationales contemporaines.  «  Nous devons privilégier le dialogue plutôt que l’affrontement, et le règlement pacifique des différends plutôt que les actes unilatéraux.  »  Dans cet esprit, le Président a appelé à la levée des sanctions unilatérales qui nuisent au développement socioéconomique des pays et aux moyens de subsistance de la population.  

Troisièmement, selon M. Trong, la pandémie de COVID-19 sert d’avertissement sévère pour nous tous.  Il a demandé des engagements plus forts pour promouvoir le Programme 2030, qui doit demeurer le cadre de la coopération pour surmonter cette pandémie.  «  Nos politiques et nos actions doivent avoir l’intérêt de notre peuple à cœur, de sorte que personne, ni aucun pays, ne soit laissé pour compte.  »  Le Président a estimé à cette fin que les pays en développement devraient recevoir une aide financière, technologique et commerciale.  

Après 35 ans de réforme, s’est enorgueilli le Président, le Viet Nam est devenu un pays en développement à revenu intermédiaire et vise à devenir un pays industriel à revenu élevé d’ici à 2045.  Dans la lutte contre la COVID-19, le Viet Nam a enregistré des résultats positifs et remarquables, s’est félicité M. Trong.  «  Nous avons réussi à contenir la pandémie tout en favorisant le développement social et économique.  »  Le Viet Nam s’est en outre engagé dans la coopération et le partage d’expériences avec de nombreux pays, y compris pour aider les personnes les plus touchées par la pandémie.  

Le Président a souligné qu’en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021, le Viet Nam défendra le multilatéralisme, le respect du droit international, la Charte des Nations Unies et les relations entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  Président de l’ASEAN en 2020, le Viet Nam travaille d’ailleurs à la vision d’une communauté politiquement cohésive, économiquement intégrée et socialement responsable, a expliqué M. Trong qui s’est engagé, avec les autres pays de la région et au-delà, à promouvoir la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale.  Le dirigeant a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue, à éviter les actes unilatéraux qui compliqueraient la situation et à régler les différends par des moyens pacifiques. 

M. EMMERSON DAMBUZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a déclaré que son pays est sur une nouvelle voie après avoir été confronté à des défis humanitaires aggravés par les sanctions illégales, l’impact négatif des changements climatiques, puis le déclenchement de la pandémie de COVID-19.  Il s’est dit déterminé à poursuivre la réalisation des ODD, alors que des projets d’infrastructures majeurs sont en cours.  Les investissements dans les secteurs minier, agricole, touristique, énergétique et manufacturier sont en augmentation, a-t-il ajouté.  

Le Président a affirmé que son gouvernement entend enraciner le constitutionnalisme, la démocratie, l’état de droit et la protection des droits de propriété.  Il a rappelé l’octroi de compensations aux anciens propriétaires des fermes nationalisées.  Le Président a aussi souligné les efforts de son pays pour promouvoir l’unité nationale et la réconciliation, conformément au Programme national du Dialogue des acteurs politiques locaux (POLAD). 

Le Président a appelé l’Assemblée générale à se prononcer fermement contre les sanctions illégales unilatérales, en précisant que ces sanctions ont des effets préjudiciables sur l’économie, représentent une violation du droit international et compromettent la capacité du Zimbabwe à mettre en œuvre et à réaliser les ODD.  Il en a profité pour rappeler que son pays a accueilli le sixième Forum régional africain pour le développement durable, en février dernier, lequel a adopté la Déclaration de Victoria Falls sur la Décennie d’action pour le développement durable en Afrique.  Il a aussi évoqué l’adoption par son pays d’une nouvelle législation contre le mariage forcé, le mariage des enfants et la discrimination des femmes en matière d’héritage.  Plus de 15 ans après l’adoption du Consensus d’Ezulwini, réaffirmé dans la Déclaration de Syrte, le Président a dit, à son tour, que le continent africain, qui représente 16% de la population du monde, ne soit toujours pas représenté comme il le mérite au Conseil de sécurité. 

M. FRANCISCO GUTERRES LÜ OLO, Président du Timor-Leste, a dit la détermination de son pays, devenu Membre de l’ONU il y a 18 ans, de s’engager dans le processus d’adhésion à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), un bloc régional de plus de 600 millions d’habitants.  Parmi ces priorités M. Guterres Lü Olo a mis l’accent sur les changements climatiques.  Pour lui, l’Accord de Paris et le Programme 2030 incarnent les moyens essentiels de la reconstruction de nos pays.

En tant que Chef d’État, M. Guterres Lü Olo a dit avoir développé le programme « Un citoyen, un arbre » et a indiqué que la Présidence décerne, chaque année, le Prix Sérgio Vieira de Mello, qui a été remis en 2019 à une organisation de la société civile qui a reboisé les mangroves.  Mettant l’accent sur le rôle de l’ONU en matière de maintien et consolidation de la paix, le Président a, une nouvelle fois, salué le succès de l’opération déployée après l’invasion et l’occupation indonésiennes.  Il s’est dit heureux de préciser que le processus de réconciliation entre l’Indonésie et le Timor-Leste est un exemple de bon voisinage et de coopération, « malgré un passé douloureux et tragique ». 

Soulignant l’importance de résoudre les conflits par la négociation et le dialogue, le Président s’est dit très inquiet de l’aggravation des tensions autour du conflit maritime en mer de Chine méridionale.  Il s’est dit fier que le Timor-Leste ait été le premier pays à actionner le mécanisme de conciliation obligatoire, préconisé par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Ayant présidé durant deux ans la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), le Président s’est dit particulièrement frappé par la violence terroriste dans le nord du Mozambique, « un pays frère ».  Il a conclu sur la détermination du Timor-Leste à défendre fermement l’égalité des sexes et les droits des minorités et des peuples autochtones. 

M. EVARISTO DO ESPIRITO SANTO CARVALHO, Président de Sao Tomé-et-Principe, s’est déclaré convaincu que le multilatéralisme est le meilleur moyen de combiner nos efforts et d’atténuer ensemble les effets de la crise économique et financière que la pandémie de COVID-19 a imposée au monde.

Mais, a-t-il insisté, nous ne devons pas perdre de vue la lutte incessante contre la pauvreté.  À son avis, il s’agit là du plus grand fléau qui pèse sur l’humanité et même de « la cause principale de la famine, de la dégradation des sols, de l’exploitation effrénée des ressources naturelles, des conflits armés, des déplacements de population, des flux migratoires Sud-Nord et de leurs pertes en vies humaines  ».

Le Président s’est dit préoccupé par les conflits politiques et militaires qui persistent en République centrafricaine, dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Libye, au Sahel et ses groupes terroristes émergents, sans oublier les Chabab en Afrique de l’Est et Boko Haram en Afrique centrale et occidentale.

S’inquiétant également de la flambée de violence dans la province mozambicaine de Cabo Delgado, M. Carvalho a appelé à « une plus grande implication de la communauté internationale dans la lutte contre les tragiques actions terroristes dans cette région du Mozambique ».

Vu les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur les économies des pays fragiles, tels que Sao Tomé-et-Principe, un petit État insulaire, le Président a renouvelé son appel à la solidarité et au soutien à la reprise économique post-COVID-19, « qui risque d’être très difficile ».  Il a toutefois saisi cette occasion pour saluer la vague de solidarité bilatérale et multilatérale qui a permis à son pays d’échapper à une catastrophe potentielle. 

Sao Tomé-et-Principe se prépare à passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire en décembre 2024, a conclu avec fierté M. Carvalho.  Cependant, conscient des efforts internes qui seront nécessaires pour surmonter les énormes défis à l’horizon, il a de nouveau demandé le soutien de la communauté internationale dans cette nouvelle étape du développement de son pays.

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a dit que la grave crise sanitaire mondiale, liée à la COVID-19, a uni le monde autour d’un même objectif: maîtriser et vaincre la pandémie.  Il a parlé des efforts pris au niveau national, dans les domaines sanitaire, économique, financier et bancaire.  M. Assoumani a voulu que l’on laisse à l’OMS le soin de classer les pays dans sa base de données.  Bien que le monde traverse cette crise sanitaire, a poursuivi le Président, le débat autour de la réforme des principaux organes de l’ONU reste toujours d’actualité.

Il a indiqué que son gouvernement travaille étroitement avec le système des Nations Unies à la réalisation des ODD.  Nous avons organisé en décembre dernier, à Paris, a dit le Président, une Conférence des partenaires au développement pour créer les conditions devant concrétiser « l’ambitieux engagement » de devenir pays émergent d’ici à 2030.  Un Secrétariat exécutif pour assurer le suivi des engagements pris lors de cette Conférence a été mis en place en avril dernier, a annoncé le Président, qui a appelé les partenaires de son pays à fixer un calendrier de travail pour avancer. 

Avant de conclure, M. Azali a réaffirmé que Mayotte restera toujours au cœur de la politique étrangère et des revendications de son pays.  C’est un combat « légitimé » par l’Assemblée générale et dans lequel tout Comorien, digne de ce nom, doit se retrouver et se reconnaître.  L’Union des Comores et la France, a indiqué le Président, ont signé, en juillet 2019, un document qui consacre leur volonté commune d’avancer dans la recherche d’une solution juste et viable à cet « épineux problème ».  Il est temps, a pressé le Président, de trouver une solution à ce « contentieux désagréable », car les liens et les intérêts « qui nous unissent » nous imposent le devoir impératif de préserver l’intérêt supérieur de nos deux peuples et des générations présentes et futures de Comoriens, de Français et de Franco-Comoriens.

M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA, Président de Nauru, a souligné les progrès de son pays pour développer les infrastructures portuaires, dont un nouveau port, financé conjointement par le Fonds vert pour le climat, la Banque asiatique de développement, l’Australie et le Gouvernement.  Ce port pourrait devenir « une plaque tournante » du commerce dans le Pacifique. Le Président de Nauru s’est dit heureux d’annoncer que beaucoup de progrès ont été réalisés pour permettre à Nauru de parvenir à 50% d’énergie solaire d’ici à la fin de l’2020, grâce à sa collaboration des Émirats arabes unis, de la Nouvelle-Zélande, de l’Union européenne et la Banque asiatique de développement  

Notant que les petits États insulaires du Pacifique, y compris Nauru, dépendent fortement des ressources marines pour leur subsistance et leur développement économique, M. Lionel Rouwen Aingimea a précisé que la pêche au thon, qui rapporte 6 milliards de dollars par an, est une des pêcheries les mieux gérées au monde.  J’attribue ce succès à notre organisation primée, à savoir les Parties à l’Accord de Nauru (ANP), et aux efforts combinés de l’Agence du Forum pour la pêche et de la Communauté du Pacifique.  

Face à la réalité des changements climatiques, le Président a appuyé la proposition des petits États insulaires du Pacifique de nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité, dont le travail devrait commencer par une évaluation de la capacité de l’ONU à répondre aux catastrophes climatiques.  Soulignant les risques liés à l’élévation du niveau de la mer, le Président a particulièrement salué les travaux de la Commission du droit international sur cette question.  

Il a invité tous les États à examiner sérieusement l’impact de ce phénomène sur les moyens de subsistance des populations.  Parce que la sécurité des océans est un problème qui doit être abordé par tous, le Président a fustigé la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui constitue une grande menace et une perte économique pour des petites économies comme Nauru.  Ces questions sont inscrites dans l’objectif 14 du Programme 2030 et nous attendons avec impatience la convocation de la deuxième Conférence des Nations Unies sur l’océan au Portugal en 2020, a-t-il ajouté.    

M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a appelé à la coopération avec la communauté scientifique pour mobiliser un appui en faveur des plus vulnérables face à l’impact immédiat de la COVID-19, en particulier les systèmes de santé et l’accès équitable aux traitements et aux vaccins.  Il a aussi appelé les États Membres à renforcer le multilatéralisme, car c’est le seul moyen de faire avancer l’agenda humanitaire et celui du Programme 2030.  Le Président a indiqué qu’à l’approche de la fin du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), l’assistance continue de la communauté internationale demeure indispensable pour permettre à son pays de finaliser les réformes nécessaires pour le développement.  

Dans mon pays, a-t-il dit, la pandémie de COVID-19 est venue s’ajouter aux fragilités existantes, aggravant les problèmes socioéconomiques.  Avec la volatilité de la chaîne d’approvisionnement et la fluctuation des prix à la consommation, la Guinée-Bissau, un pays dépendant de l’agriculture et de ses eaux, n’a pas été épargnée.  La campagne de la noix de cajou, principal produit d’exportation, a été gravement affectée, ce qui s’est reflété de manière négative sur l’économie et le bien-être de la population. 

Face aux changements climatiques, a poursuivi le Président, le Gouvernement a mis en œuvre des plans d’adaptation à moyen et à long termes et intégré plus de 26% du territoire national au Système national d’aires protégées terrestres et marines, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Le Président a par ailleurs estimé que les femmes, qui sont « les meilleures médiatrices des conflits, promotrices du dialogue et pacificatrices », doivent être une des principales forces motrices « dans ce nouveau chemin vers le renouvellement des engagements multilatéraux ». 

L’autre groupe de grande importance est la jeunesse, a-t-il ajouté, notant qu’en Guinée-Bissau la participation de cette couche de la société a été positive lors des processus de dialogue pour la paix et la stabilité.  Il a aussi exhorté les partenaires au développement de continuer à aider son pays à développer le système de l’éducation et accéder aux technologies au profit des jeunes.  Avant de conclure, le Chef d’État a appelé à la levée de l’embargo imposé à Cuba et a espéré que les principaux acteurs du processus de paix israélo-palestinien s’engageront dans des négociations de paix.

Selon M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED FARMAJO, Président de la République fédérale de Somalie, son gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec son peuple pour atténuer les pires effets de la pandémie de COVID-19, donnant la priorité à la santé.  Grâce à des «  prestations médicales directes  » et «  des informations de santé publique cohérentes, actualisées et efficaces  », le Gouvernement a fait tout son possible pour assurer la sécurité des citoyens.  Selon les statistiques officielles, la pandémie a contaminé plus de 3 000 Somaliens et coûté la vie à environ une centaine.  

Compte tenu de la gravité de la situation sanitaire mondiale, en particulier dans les pays les plus vulnérables tels que la Somalie, M. Farmajo s’est dit convaincu qu’avec une plus grande collaboration internationale en matière de santé publique, un partage d’informations et une répartition équitable des traitements potentiels contre le COVID-19 actuellement en cours de développement, l’impact mortel du virus pourrait définitivement disparaître. 

Confrontée à une douloureuse contraction de son économie, à des pertes d’emplois et à la nécessité de continuer à investir dans ses services sociaux de base pour protéger les citoyens du virus, la Somalie, pays en situation post-conflit, demeure déterminée.  Le Gouvernement a procédé à des allègements fiscaux sur la vente de la plupart des produits alimentaires et commence à «  rouvrir prudemment  » son économie.  

Signe positif, les conséquences économiques de la COVID-19 ont été atténuées grâce à l’intervention des institutions financières internationales et des nombreuses autres institutions multilatérales qui ont octroyé à la Somalie l’allègement de sa dette envers ses principaux créanciers internationaux.  Partisan d’un commerce international marqué le partenariat et des investissements directs dans les secteurs clefs de la production nationale, et collaborateur actif de la Mission de l’Union africaine (AMISOM) dans la lutte contre le terrorisme international, le Président a estimé que les crises mondiales telles que la pandémie actuelle ne présentent pas seulement un défi à relever mais également une opportunité à saisir pour le renouveau.  

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine (RCA), a estimé que l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 dans son pays se traduira par une baisse de la croissance économique de l’ordre de 0,8 à 1,2%.  Il en a profité pour appeler la communauté internationale à s’investir davantage dans la recherche de solutions à cette crise sanitaire. 

Cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale est, à ses yeux, à la fois l’occasion de réaffirmer l’attachement de la communauté internationale au multilatéralisme et de nourrir la réflexion sur la manière par laquelle l’ONU pourra faire face aux nouveaux défis.  En dépit des divergences, il a appelé ses homologues à investir dans la coopération internationale et le dialogue pour construire un avenir meilleur, soulignant que l’ONU reste pour cela le cadre par excellence du multilatéralisme.  Le Président centrafricain a notamment souligné, qu’à l’instar d’autres nations africaines, il demande une réforme du Conseil de sécurité pour assurer la représentation de l’Afrique dans cet organe de prise de décisions de l’ONU. 

Passant à la situation dans son pays, il a rappelé que, grâce aux efforts conjugués de la communauté internationale et sous l’égide de l’Union africaine, un Accord politique pour la paix et la réconciliation a été signé entre le Gouvernement et les 14 groupes armés le 6 février 2019.  Depuis la signature de cet Accord, le Gouvernement centrafricain, les garants et facilitateurs de l’Accord, n’ont ménagé aucun effort pour sa mise en œuvre, a-t-il assuré.  

Il a également fait état des avancées dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, ce qui devrait faciliter le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité ainsi que la poursuite du programme national de désarmement et démobilisation déjà amorcé « en prélude  » aux échéances électorales de 2020-2021.  Le Président Touadera a cependant concédé qu’en dépit de la bonne volonté du Gouvernement à respecter les engagements contenus dans l’Accord politique, des violations massives du droit international humanitaire et des droits de l’homme continuent d’être perpétrées par certains groupes armés signataires dudit Accord.  Ils continuent à se réarmer par des voies illicites, mettant ainsi à mal le processus de paix et de réconciliation nationale, « gage de la cohésion sociale ».  

Nonobstant les avancées considérables enregistrées dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, beaucoup de défis restent à relever parmi lesquels le Président a cité l’engagement réel des groupes armés à aller au désarmement et à intégrer les Unités spéciales mixtes de sécurité; l’appui durable de la communauté internationale à la mise en œuvre de l’Accord; et la conduite des opérations et la mobilisation des ressources nationales et auprès des partenaires de développement.  Le Président a réitéré l’appel du peuple centrafricain à l’endroit du Conseil de sécurité pour la levée totale de l’embargo sur les armes dont le poids limite l’Armée nationale dans son rôle.  La levée de ces sanctions est importante pour asseoir l’autorité de l’État et garantir l’intégrité du territoire national, a martelé le Président.  

M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a estimé que si le rapport annuel du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation ne propose aucune recette miracle, les solutions qu’il préconise constituent néanmoins un antidote sûr contre le pessimisme et la tentation du désespoir.  Djibouti, a ajouté son Président, est préoccupé par certaines tendances « lourdes » qui se dessinent: la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, la faiblesse du volume d’investissement, la lenteur de la mobilisation des ressources nécessaires pour la mise en œuvre des ODD, la persistance des conflits et la montée du terrorisme.  M. Guelleh a souligné l’impact négatif que les bouleversements géopolitiques en cours, la montée des tensions dues à la guerre commerciale et les prévisions de baisse de la croissance économique pourraient avoir sur le combat contre la pauvreté et la promotion de la coopération internationale.   

L’irruption de la pandémie de COVID-19 a affecté d’une manière disproportionnée les femmes, les enfants, les personnes âgées, les migrants et les réfugiés.  Nous devons, a plaidé le Président, veiller à ce que dans notre riposte une attention particulière soit consacrée à ces catégories de la population.  Nous devons accélérer nos efforts en vue de réaliser l’objectif 5 des ODD qui est de parvenir à l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles.  S’agissant de l’impact de la COVID-19 sur l’économie et l’emploi, Djibouti, a poursuivi M. Guelleh, a créé un fonds spécial pour la solidarité sociale et la lutte contre le coronavirus.  En dépit du lien étroit entre les changements climatiques et la pandémie de COVID-19, les efforts dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris n’ont pas enregistré les progrès escomptés, a dénoncé le Président.  

L’onde de choc provoquée par la pandémie pourrait avoir également un impact délétère sur la lutte contre le terrorisme et la gestion de conflits dans de nombreux théâtres, a estimé le Président.  Les opérations de maintien de la paix ont heureusement pu s’adapter et l’appel au cessez-le feu du Secrétaire Général a été largement entendu.  Le Président s’est dit heureux des progrès économiques et politiques enregistrés en Somalie.  Djibouti suit aussi avec attention la mise en œuvre de l’Accord de revitalisation qui a permis l’instauration d’un gouvernement de Transition d’Unité Nationale au Soudan du Sud.  M. Guelleh a appelé les parties prenantes à travailler de bonne foi pour mettre en œuvre l’Accord de Riyad.  En conclusion et parlant de l’état du monde, le Président a paraphrasé le poète allemand Höderlin: « là où le danger croît, que croît également ce qui sauve! »  

M. EVARISTE NDAYISHIMIYE, Président du Burundi, a expliqué que sur le plan de la politique intérieure, son pays est très avancé dans son processus de consolidation de la paix et de démocratisation malgré les défis auxquels il est confronté.  Il a organisé des élections générales entre mai et août 2020, lesquelles ont été « justes, libres, démocratiques, transparentes, apaisées et entièrement financées par le contribuable burundais ».  Le financement total du processus électoral par les ressources nationales témoigne, a affirmé le Président, de la volonté du peuple burundais de s’approprier définitivement le système de gouvernance politique, administrative et économique sans ingérence étrangère.   Maintenant que toutes les bases d’une démocratie renforcée sont là, il ne reste plus qu’à s’atteler au développement, «  cheville ouvrière de la lutte contre la pauvreté  », a déclaré M. Ndayishimiye.   

Sur le plan de la sécurité, il a assuré que la situation est « stable, calme et entièrement maitrisée » sur toute l’étendue du territoire alors que sur le plan humanitaire, il s’est félicité du retour massif et volontaire des réfugiés burundais.  En plus des milliers de Burundais qui sont rentés d’eux-mêmes sans l’assistance du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), entre août 2017 et août 2020, 92 285 autres ont été rapatriés volontairement de la Tanzanie, mais aussi du Kenya, du Rwanda, de la RDC et de l’Ouganda.    

Le Président a dénoncé la tendance de certains États, qui avec des moyens à la fois « subtils et illégaux », veulent réguler la géopolitique des pays du Sud et se substituer à la communauté internationale pour opprimer et imposer des mesures coercitives unilatérales.  Le Burundi, a martelé son Président, rejette fermement « l’agression politico-diplomatique injustifiée » dont il a fait l’objet par des gouvernements étrangers dont certains se sont illustrés en 2015 dans une tentative de changer le régime par des voies anticonstitutionnelles.  La « diplomatie des muscles » doit céder la place à une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse, a asséné le Président. 

Quant à l’inscription du Burundi à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, le Président a vu une décision « politique arbitraire » pour servir les intérêts égoïstes de certaines grandes puissances, qui n’ont rien à voir avec le bien-être du peuple burundais.  Mon pays n’est en rien une menace à la paix et la sécurité internationales, a tranché le Président qui a réitéré son «  appel légitime  » au retrait immédiat de son pays de la table du Conseil. Utilisez plutôt ce temps précieux, a-t-il persiflé, pour traiter du développement socioéconomique de mon pays et l’accompagner dans la mise en œuvre du Plan national de développement 2018-2027 et du Programme 2030.    D’ores et déjà, le Burundi, a-t-il affirmé, applique une politique de tolérance zéro contre la corruption, l’injustice sociale, le détournement et la dilapidation des biens de l’État ainsi qu’une gestion « optimale » de la fonction publique. 

Selon M. MOHAMED JULDEH JALLOH, Vice-Président de la Sierra Leone, la pandémie de Covid-19 compromet la paix et la sécurité internationales, particulièrement dans les pays en situation de conflit ou sortant d’un conflit.  C’est le cas du Mali et des pays du Sahel, où les insurrections sont « très préoccupantes ».  Le Président a invité la communauté internationale à y répondre d’urgence en soutenant sans équivoque les efforts en cours initiés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  

Sur le plan économique, il a réclamé, à son tour, aux institutions financières internationales un allégement « d’urgence » de la dette et des moratoires.  Étant donné l’ampleur et l’impact de la COVID-19 et d’autres maladies persistantes dans le pays, le Gouvernement, a affirmé le Vice-Président, a l’intention d’investir massivement dans son système de santé.  Nous cherchons, a-t-il confié, des subventions supplémentaires, un accès au financement, une assistance technique de la part des partenaires ainsi qu’un soutien budgétaire.  Au-delà de ces «  stratégies à court terme », l’Afrique a besoin d’un engagement mondial pour annuler la dette de ses pays les moins avancés, qui travaillent d’arrache-pied pour résoudre leurs problèmes structurels, a soutenu le Vice-Président. 

Il a ensuite détaillé les points saillants du Plan national de développement de la Sierra Leone (2019-2023) qui accorde un rôle central à l’autonomisation des femmes et des filles, favorise le développement d’infrastructures neutres en carbone, la construction de routes, ainsi que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement.  Une loi vieille de 55 ans contre les opposants politiques a aussi été abrogée, comme promis, afin de protéger et de renforcer la démocratie.  

En tant que coordinatrice du Comité des dix de l’Union africaine sur la réforme des Nations Unies, la Sierra Leone, a dit le Vice-Président, affirme que les peuples d’Afrique sont plus que jamais convaincus que la réalité géopolitique et la pandémie nécessitent une réforme globale du Conseil de sécurité.  Ce dernier doit faire une place à l’Afrique dans la catégorie des membres permanents et remédier à la sous-représentation africaine dans la catégorie non permanente du Conseil.  De plus en plus d’États Membres ont appelé à corriger « l’injustice historique faite à l’Afrique  », a affirmé le Vice-Président, en encourageant l’Assemblée à s'y attaquer et à adopter les revendications africaines énoncées dans le Consensus d’Ezulwini et dans la Déclaration de Syrte. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les appels à la « solidarité » et la « compassion » dominent la seconde journée du débat de l’Assemblée générale au chevet, même virtuellement, d’un monde confronté à la COVID-19

Soixante-quinzième session,
6e & 7e séances, Matin, après-midi & soir
AG/12269

Les appels à la « solidarité » et la « compassion » dominent la seconde journée du débat de l’Assemblée générale au chevet, même virtuellement, d’un monde confronté à la COVID-19

Alors que la première journée du débat général de l’Assemblée générale a été marquée par des déclarations sombres et alarmantes, ce sont les appels à la « solidarité » et à une « mondialisation de la compassion  », selon l’expression de la Présidente slovaque, qui ont semblé dominer, lors de cette deuxième journée, les interventions d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, consacrées en grande partie au défi sans précédent que constitue la pandémie de COVID-19. 

Le virus a d’ailleurs contraint l’Assemblée à adapter le format de son débat avec des déclarations retransmises par vidéo devant une salle sans public et un parterre clairsemé de quelques délégués.  « Nous sommes tous tombés ensemble, nous devrions tous nous relever ensemble », a lancé le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, en résumant le sentiment général des délégations.  

Après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août, le Président du Liban, M. Michel Aoun, a salué la solidarité du monde pour son pays déjà durement frappé par les conséquences de la pandémie.  « L’humanisme est revenu prendre place dans ce monde où régnaient le matérialisme, l’injustice et la loi du plus fort. »  Quarante ans après la création de «  Solidarité  » en Pologne, son Président, M. Andrzej Duda, a appelé à la création, « ensemble », de l’idée de «  Solidarité mondiale » afin de relever les défis contemporains.  

Une solidarité a vu le jour depuis l’apparition du virus, comme l’a rappelé le Président du Kirghizistan, M. Sooronbai Zheenbekov, en saluant la suspension du paiement de la dette des pays pauvres.  Le Président du Kazakhstan, M. Kassym-Jomart Tokayev, a, lui, appelé à un plan de sauvetage représentant 10% de l’économie mondiale, tandis que son homologue de l’Ouzbékistan, M. Shavkat Mirziyoyev, a proposé d’élaborer un code international sur les engagements bénévoles des États en période des pandémies sous l’égide de l’ONU. 

Un éventuel vaccin a été évoqué par de nombreux pays, à commencer par le Président iraquien, M. Barham Salih, qui a souhaité qu’il soit soustrait à la logique du marché.  Même son de cloche du côté de la Présidente slovaque, Mme Zuzana Čaputova, qui a conseillé de ne pas laisser son développement et sa production devenir un autre objet de concurrence mondial.  Pour le Président namibien, M. Hage Geingob, un vaccin devra être considéré comme « un bien public mondial », accessible à tous, gratuitement et équitablement.  

C’est dans un esprit de solidarité et en prenant en compte les conséquences de la pandémie que les dignitaires ont appelé à relever les défis contemporains. Compte tenu de ce qui s’est passé, le Président du Honduras, M.  Juan Orlando Hernández Alvarado, «  survivant  » de la maladie, a jugé «  impératif » que les objectifs de développement durable convenus en 2015 soient révisés, actualisés et repensés à l’aune de cette nouvelle réalité.  

Le Président de la Finlande, M. Sauli Niinistö, qui a déploré que la première réaction face à la pandémie ait été de se replier plutôt que de s’unir, a rappelé l’urgence de combattre les changements climatiques, « une menace existentielle ».  Une inquiétude partagée par le Président des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr, qui s’était adressé pour la première fois devant l’Assemblée en septembre 2001.  « Mon appel à l’unité, lancé au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, reste valable », a déclaré celui qui entend reprendre son métier de pécheur à la fin de son mandat présidentiel.  

Le Président du Ghana a posé l’onguent de la solidarité sur les blessures du passé, en rappelant l’invitation au retour lancée par son pays aux descendants d’esclaves qui forment la majorité des populations noires dans les Amériques et les Caraïbes.  « Nous vivons avec la triste réalité que la majorité des esclaves arrachés au continent ont été transportés à partir des forts construits le long des côtes ghanéennes et nous devons à leurs descendants qu’ils puissent trouver un refuge au Ghana, s’ils en ont le besoin. » 

Si le Président de la Macédoine du Nord, M. Stevo Pendarovski, a averti que la pandémie de COVID-19 ne doit pas alimenter les tensions géopolitiques, celles-ci ont néanmoins affleuré dans les discours de certains pays, notamment l’Ukraine. Son Président, M. Volodymyr Zelenskyy, a ainsi vigoureusement dénoncé l’« annexion » par la Fédération de Russie de la péninsule de Crimée et « l’agression militaire russe » dans le Donbass.  

« Qu’auraient ressenti les fondateurs des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, au centre même de l’Europe, une guerre éclaterait? », a-t-il dit.  De son côté, le Roi d’Arabie saoudite, M. Salman Bin Abdulaziz Al-Saud, a dénoncé le programme de missiles balistiques de l’Iran, ainsi que ses ingérences au Yémen et au Liban.  « Les solutions partiales et l’apaisement n’empêchent pas le régime iranien de menacer la paix et la sécurité internationale. »  

Mais c’est bien l’espoir dans un changement qui a marqué cette seconde journée, comme celui de la Présidente slovaque, l’une des rares femmes présidentes à avoir pris la parole.  «  Si nous avons pu faire ce que nous avons fait contre la COVID-19, nous pouvons le faire aussi quand il s’agit d’autres menaces. »  « L’existence est comme un marathon de dimension mondiale », a résumé le Président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta, en jugeant possible de « gagner cette course » et de voir l’humanité triompher. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 24 septembre, à partir de 9 heures. 

Suite du débat général

M. ŠEFIK DŽAFEROVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que dans le monde globalisé d’aujourd’hui, qui repose sur l’interdépendance et la nécessité d’une coopération constante, la pandémie a montré que les plus grands problèmes d’aujourd’hui ne peuvent plus être réglés par un, trois ou cinq États individuellement.  Toute solution passe, selon lui, par une réponse transnationale et multilatérale, basée sur le dialogue et la coopération du plus grand nombre d’États possible.  À ce titre il a rappelé les mesures de relance économique de l’Union européenne (UE) à hauteur de plus de deux mille milliards d’euros, qui montre la force de l’UE.  Le soutien de celle-ci a d’ailleurs bénéficié à d’autres pays hors de l’UE, y compris la Bosnie-Herzégovine qui a reçu une aide de 300 millions d’euros, renforçant ainsi son engagement en faveur de l’intégration européenne et contribuant à la stabilité dans le voisinage de l’UE.

Le Président a rappelé que cette année marque les 25 ans de la signature de l’Accord de paix de Dayton, qui a mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine.  Au moment où il a été signé, cet Accord semblait très fragile et intenable, a-t-il concédé, mais il s’est avéré être un cadre de stabilisation très solide qui a pu résister à de nombreux défis.  Le Président a cependant insisté sur la nécessité de pleinement le mettre en œuvre, de respecter toutes les décisions des tribunaux internationaux et de garantir l’égalité des droits de tous les citoyens, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme.  Cela concerne en particulier les personnes expulsées qui sont retournées sur les lieux où elles résidaient avant la guerre, a-t-il précisé.  Il a rappelé que l’objectif principal de l’Accord de paix n’était pas de garantir la mise en œuvre de normes constitutionnelles sophistiquées, jugeant tout à fait naturel qu’il nécessite une mise à jour, avec un large consensus politique.  Le Président en a déduit qu’il ne peut y avoir de changements rapides et simples, ni de progrès rapides et simples comme l’attendent beaucoup.  En même temps, cette situation garantit à tous en Bosnie-Herzégovine qu’ils bénéficient d’un niveau de sécurité et de protection important, a-t-il fait valoir.

Le Président a dit pleinement soutenir l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial, après l’escalade de la pandémie de coronavirus.  Il a également réitéré son soutien au dialogue entre Pristina et Belgrade mené sous les auspices de l’UE et des États-Unis.

La Bosnie-Herzégovine est un partenaire sérieux, fiable et résolu dans le renforcement de l’espace de sécurité européen; elle contribue activement aux efforts régionaux dans le but de renforcer la stabilité et la sécurité des Balkans occidentaux, a ensuite affirmé le Président Džaferović en assurant vouloir résoudre les problèmes en suspens avec ses voisins par le dialogue et dans le respect mutuel, ainsi que dans le plein respect du droit international.  À cet égard, M. Džaferović a fait part des préoccupations relatives à des questions importantes non réglées avec les pays voisins, telles que les accords sur les frontières d’État.  Un tel accord a été signé avec le Monténégro, mais pas avec la Serbie ou la Croatie.  « Ces accords doivent être conclus dès que possible, dans le plein respect des frontières internationalement reconnues de la Bosnie-Herzégovine et avec le plein appui et une application cohérente du droit international. »

Abordant ensuite la problématique des migrations illégales que la Bosnie-Herzégovine connaît depuis le dernier trimestre de 2017, M. Džaferović a expliqué qu’elle s’est considérablement aggravée cette année.  En raison de la fermeture des routes migratoires restantes, la majorité des migrants qui viennent d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient se dirigent vers les pays de l’UE à travers le territoire de la Bosnie-Herzégovine, et cela pose un énorme problème de sécurité et humanitaire, a-t-il expliqué, affirmant ne pas avoir assez de moyens pour y répondre.  La Bosnie-Herzégovine voudrait pouvoir renforcer ses institutions compétentes chargées de traiter cette question, protéger ses frontières et accroître l’aide aux communautés locales qui souffrent le plus du fardeau de cette crise.  Dès lors, il a demandé un soutien beaucoup plus important de l’UE et une coopération renforcée avec les pays d’origine des migrants.  C’est d’autant plus important que son pays n’est pas la destination finale des migrants et qu’il est confronté à ce problème uniquement en raison de sa proximité géographique avec l’UE en tant que point d’entrée des migrants, a-t-il fait valoir.

M. Džaferović a également évoqué le problème de la fuite des jeunes et des personnes instruites de son pays vers l’UE pour des emplois nettement plus favorables et de meilleures opportunités.  Le seul moyen de lutter efficacement contre cette tendance est de construire une société basée sur les principes de l’égalité des chances, de la stabilité politique et de la sécurité juridique, où il est possible pour les jeunes de planifier leur avenir, a admis le Président, assurant quand même être en bonne voie grâce à la perspective « crédible » de l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’UE.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les aspects vulnérables de l’humanité.  Il a appelé à la création d’un système mondial juste qui puisse assurer les droits et libertés fondamentaux, la santé et le bien-être de chaque être humain.  À cet égard, il a proposé d’élaborer un code international sur les engagements bénévoles des États en période des pandémies sous l’égide de de l’ONU.  Le Président a également soutenu les initiatives visant à développer et distribuer largement les médicaments et vaccins nécessaires, de même que la proposition du Secrétaire général de convoquer un sommet sur les problèmes urgents de sécurité alimentaire dans le contexte de la crise actuelle.

Attirant ensuite l’attention sur les « réformes radicales » menées en Ouzbékistan, M. Mirziyoyev a assuré que les changements démocratiques dans son pays sont devenus irréversibles.  Les élections législatives de l’an dernier ont démontré l’engagement politique accru de la population et des partis, ainsi que le rôle important des institutions de la société civile et l’influence des médias, a-t-il affirmé.  La politique d’égalité des sexes est devenue une priorité et la situation dans le domaine des droits de l’homme a radicalement changé, a ajouté le Président avant de signaler que, dans la lignée de l’appel de l’ONU à réduire le nombre d’apatrides, 50 000 « compatriotes » ont obtenu la nationalité ouzbèke rien qu’en 2020.  Il s’est également enorgueilli de l’amélioration « considérable » de la situation dans le domaine des libertés religieuses.  De plus, les réformes visant à assurer une véritable indépendance des tribunaux se poursuivent et une agence indépendante de lutte contre la corruption a été créée. 

Le Président ouzbèk a également touché mot des réformes qu’il avait annoncé vouloir entreprendre il y a trois ans, étant déterminé à réduire la pauvreté, les efforts en ce sens étant soutenus par le développement des entreprises, la création d’emplois, l’amélioration du climat d’investissement et d’affaires et la construction d’infrastructures modernes, entre autres. 

Précisant que dans son pays, la majorité de la population est constituée de jeunes, le chef d’État a appelé à l’adoption d’une convention des Nations Unies sur les droits des jeunes.  Une autre proposition du Président ouzbèk est d’adopter une résolution spéciale, à l’Assemblée générale, sur le renforcement du rôle des parlements dans la réalisation des objectifs de développement durable et les garanties des droits humains. 

Se penchant sur les « changements fondamentaux » que connaît la région de l’Asie centrale, M. Mirziyoyev a proposé la création d’un centre régional pour le développement de la connectivité des transports et des communications sous les auspices des Nations Unies.  Il a aussi proposé d’organiser une conférence internationale consacrée aux résultats obtenus et aux perspectives d’interaction dans le cadre du plan conjoint régional sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  L’Ouzbékistan est également prêt, en coopération avec l’UNESCO, à accueillir en 2021 le forum international « l’Asie centrale au carrefour des civilisations du monde ».

Poursuivant, le Président a indiqué qu’afin d’engager activement l’Afghanistan dans les processus d’intégration économique régionale, son pays s’est lancé dans la mise en œuvre de grands projets d’infrastructure tels que la construction de la ligne électrique Surkhan-Puli-Khumri et du chemin de fer de Mazar-e Charif.  Il a de plus appelé à la création d’un comité permanent de l’ONU chargé de promouvoir le développement économique et social de l’Afghanistan. 

Le Président ouzbèk a par ailleurs attiré l’attention sur les conséquences désastreuses de l’assèchement de la mer d’Aral, « épicentre d’une catastrophe écologique ».  Il a souhaité que le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine, qui a été créé pour la région de la mer d’Aral, devienne une plateforme fiable pour l’aide pratique de la communauté mondiale aux populations de la région.  M. Mirziyoyev a aussi proposé l’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale sur la proclamation de la région de la mer d’Aral en tant que zone d’innovation et de technologie d’environnement, et d’une journée internationale de la protection et de la restauration des systèmes écologiques.  Il a également appelé à faire de l’élimination et de la lutte contre la pauvreté les principaux thèmes de la prochaine session de l’Assemblée générale, ainsi qu’à organiser un sommet mondial consacré à ces questions. 

Pour M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, si nous ne changeons pas radicalement nos modes de vie, cette crise sera suivie par d’autres, qui peuvent être encore plus graves que la pandémie de COVID-19.  Aujourd’hui, a donc interrogé le Président, la question la plus importante est de savoir si nous pouvons tirer des leçons de la crise.  « Et sommes-nous enfin prêts à faire quelque chose dans les domaines où nous savons depuis longtemps qu’un danger se profile? »  Les domaines dans lesquels nous savons ce qu’il faut faire et savons que toute procrastination ne ferait qu’augmenter les risques et les coûts, a-t-il précisé. 

Prenant l’exemple de l’eau, M. Áder a rappelé qu’à plusieurs reprises, à l’ONU, la crise de l’eau qui se déroule sous nos yeux a été discutée: on parlé du « drame de trop d’eau, et de trop peu d’eau, ou de l’eau contaminée ».  Il a prévenu que la majorité des objectifs de développement sont inaccessibles en l’absence d’une politique appropriée de l’eau. 

Le Président a aussi dénoncé le fait que le monde consomme plus de ressources que ce que la nature peut reconstituer.  Il est absurde, a-t-il estimé, de croire que nous disposons d’un approvisionnement illimité en ressources naturelles comme l’eau, la terre, l’environnement, la biodiversité, qui seraient disponibles à moindre coût et jusqu’à la fin des temps.  Comme solution à ces crises, le Président de la Hongrie a proposé l’économie circulaire.  Cela consiste à transformer les déchets comme le verre, le plastique, les métaux, en matières premières recyclables.  Peu de progrès a été réalisé dans ce domaine, a-t-il regretté. 

Dans ce contexte, a informé M. Áder, la Hongrie a organisé le Sommet de l’eau de Budapest à trois reprises au cours des dernières années.  « Le succès de ces événements nous a motivés à faire plus. »  Ainsi, à la fin de l’année prochaine, a indiqué le Président, la Hongrie organisera une exposition sur la durabilité, qui, à côté de la gestion de l’eau, traitera également de questions telles que la production alimentaire, les transports, la gestion de l’énergie et des déchets ainsi que l’éducation. 

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, a estimé que cette commémoration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU intervenait à un moment dramatique et critique, avec la pandémie de COVID-19 -le plus grand défi de notre époque– qui continue de causer de profondes souffrances parmi les populations et d’affecter l’économie mondiale.  Cette crise, a-t-il estimé, démontre l’urgence d’améliorer les institutions nationales de santé avec le soutien coordonné des pays développés et des agences des Nations Unies.  Le Président du Kazakhstan a appuyé l’idée d’un réseau de centres régionaux de contrôle des maladies et de biosécurité sous les auspices de l’ONU qui pourrait siéger au Kazakhstan.  À la lumière de la pandémie, il a jugé plus pertinent que jamais le lancement d’un système de contrôle des armes biologiques.  « Le Kazakhstan propose de créer un organe multilatéral spécial –l’Agence internationale pour la sécurité biologique– basé sur la Convention de 1972 sur les armes biologiques et responsable devant le Conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-il précisé.  

Pour favoriser une véritable reprise économique mondiale, le Président du Kazakhstan a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un plan de sauvetage représentant 10% de l’économie mondiale.  À son avis, la suspension du remboursement de la dette par les pays les plus pauvres contribuera à réduire l’incertitude.  Rappelant que les pays en développement sans littoral ont été durement touchés par la COVID-19, M. Tokayev a rappelé que le Kazakhstan a proposé d’adopter une feuille de route de l’ONU pour relancer la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  

Mettant l’accent sur l’importance du Programme 2030, le Président kazakh a cité en particulier l’objectif « faim zéro » et salué l’idée de la convocation en 2021 d’un sommet sur les systèmes alimentaires.  « L’Organisation islamique pour la sécurité alimentaire », lancée par le Kazakhstan, est prête à aider la campagne humanitaire internationale par la création de réserves alimentaires, a-t-il ajouté. 

Rappelant que le Kazakhstan a été un modèle d’État responsable en abandonnant volontairement son arsenal nucléaire et en fermant le plus grand site d’essais nucléaires au monde, il a exhorté tous les États Membres à se joindre à son appel aux puissances nucléaires pour qu’elles prennent les mesures nécessaires et urgentes pour éviter une catastrophe nucléaire.  « Nous pensons que des garanties négatives de sécurité juridiquement contraignantes devraient être données à tous les États non dotés d’armes nucléaires », a-t-il dit avant d’exhorter tous les pays du P5 à ratifier les protocoles respectifs aux traités sur les zones exemptes d’armes nucléaires, y compris le Traité de Semipalatinsk.   

En outre, mettant l’accent sur la vulnérabilité de son pays face aux divers effets des changements climatiques, le Président du Kazakhstan a averti que les tragédies de la mer d’Aral et du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, ainsi que la fonte rapide des glaciers et la désertification, menacent non seulement le Kazakhstan et la région d’Asie centrale, mais aussi le monde entier.  

Le Président a conclu son intervention en soulignant l’importance de la bonne gouvernance, sur les plans international et national, et en exprimant sa détermination à construire un « État à l’écoute » économiquement fort, démocratiquement avancé et axé sur l’Homme.  Parmi les avancées en ce sens, il s’est enorgueilli de nouvelles lois sur les partis politiques et le droit de manifester, ainsi que de l’adhésion du Kazakhstan au deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort.

M. SALMAN BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Roi d’Arabie saoudite, Président du Conseil des ministres, Royaume d’Arabie saoudite a dit s’exprimer aujourd’hui « depuis le berceau de l’Islam », voulant partager « le message sur lequel s’appuient les enseignements de notre religion, de notre culture arabe et de nos valeurs humaines communes, qui est un message de coexistence, de paix, de modération et de solidarité entre les nations et les peuples du monde pour faire face aux extraordinaires défis de l’humanité ».  Son pays, a-t-il poursuivi, a coordonné les efforts internationaux face à la pandémie avec la tenue d’un sommet des dirigeants du G20 en mars dernier, pendant lequel l’Arabie saoudite a promis 500 millions de dollars.  Plus largement, le Roi a rappelé que son pays a donné plus de 86 milliards de dollars d’aide humanitaire en faveur de 81 pays au cours des trois dernières décennies.

Le Roi a affirmé que son pays avait toujours veillé à rechercher des solutions pacifiques aux différends et à prévenir les conflits.  Le Moyen-Orient souffre depuis des décennies des « tentatives des forces du chaos et de l’extrémisme » d’imposer leurs vues et politiques néfastes afin de saboter le présent et l’avenir de ses pays.  Dans les sphères régionale et internationale, l’Arabie saoudite défend une politique basée sur le respect du droit international et œuvre à la sécurité et à la prospérité de la région, tout en cherchant des solutions politiques aux conflits et en combattant l’extrémisme sous toutes ses formes, a-t-il déclaré.

Il a affirmé que le Royaume a tendu sa main à l’Iran pour la paix, mais sans résultat.  « Le Royaume a salué les efforts internationaux s’agissant de l’accord sur le programme nucléaire iranien, mais, encore une fois, le monde entier a pu constater comment le régime iranien a tiré profit de ces efforts pour renforcer ses activités expansionnistes, mettre sur pied des réseaux terroristes et recourir au terrorisme, gaspillant au passage les ressources et richesses du peuple iranien. »  Le Roi a accusé le « régime iranien » d’avoir ciblé des installations pétrolières saoudiennes l’année dernière, en violant le droit international et au mépris de la stabilité économique et de la sécurité des approvisionnements pétroliers.  Il l’a accusé d’avoir lancé contre le Royaume, par le biais de ses affidés, plus de 300 missiles balistiques en violation des résolutions du Conseil.  « Notre expérience avec le régime iranien nous apprend que des solutions partiales et l’apaisement ne l’empêchent pas de menacer la paix et la sécurité internationales. »  Le Roi a réclamé une solution complète et une position internationale ferme face à l’Iran face à sa recherche d’armes de destruction massive, à son programme de missiles balistiques, à ses ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays et à son parrainage du terrorisme.

Le Roi a encore accusé ce même pays de s’être ingéré dans les affaires du Yémen en appuyant le coup d’État perpétré par ses affidés, les milices houthistes, contre le Gouvernement légitime, conduisant à une crise dans le pays.  Les houthistes entravent l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que les efforts en vue d’une solution politique, et rejettent les efforts en vue d’une désescalade, tels que l’annonce par la Coalition d’un cessez-le-feu au Yémen en avril dernier à la demande de l’ONU, a accusé le Roi.  « Le Royaume n’hésitera pas à défendre sa sécurité nationale, pas plus qu’il n’abandonnera le peuple yéménite frère jusqu’à ce qu’il recouvre sa totale indépendance et souveraineté face à l’hégémonie iranienne. »

Le Roi a déclaré que la Coalition avait réussi à frapper de manière conséquente Al-Qaida et Daech au Yémen, avant de souligner la nécessité de combattre le financement du terrorisme.  Il a rappelé « la responsabilité éminente de son pays dans la protection de l’Islam, religion de tolérance, face aux tentatives de la détourner de la part des groupes terroristes et extrémistes ».  L’Islam est, sans nul doute, innocent des crimes et atrocités commises en son nom par les forces du terrorisme et de l’extrémisme, a affirmé le Roi.  « Si nous voulons l’emporter face au terrorisme, nous ne devons pas tergiverser face aux pays qui parrainent le terrorisme et le sectarisme et nous devons être fermes face à ces pays qui promeuvent des idéologies extrémistes transnationales et s’appuient sur des slogans politiques fallacieux pour dissimuler leur nature extrémiste, chaotique et destructive. »

Le Roi a ensuite appuyé tous les efforts pour une solution au conflit israélo-palestinien, y compris les efforts actuels de l’Administration américaine visant à ramener les parties à la table des négociations en vue d’un règlement complet et équilibré.  Il a dit se tenir aux côtés du peuple libanais en imputant la récente explosion du port de Beyrouth à l’hégémonie du Hezbollah –organisation affiliée à l’Iran– sur la prise de décisions au Liban.  Cette organisation doit être désarmée afin que le peuple libanais puisse concrétiser ses aspirations à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité, a conclu le Roi.

M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a averti que la pandémie de COVID-19 ne doit pas être utilisée pour soulever des tensions géopolitiques et renforcer la rivalité géopolitique entre les grandes puissances.  Il faut laisser la science à l’écart de la logique du profit, mais aussi des effets destructeurs de la propagande et de la désinformation, a ajouté le Président pour qui la pandémie est l’occasion de restructurer les économies, les technologies et les modes de vie, conformément aux principes du développement durable.  Les États Membres doivent promouvoir l’éducation universelle pour tous, car l’éducation est le garant le plus puissant des droits de l’homme et des libertés, a fait valoir M. Pendarovski.  

Le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes nous rappelle qu’il est nécessaire de poursuivre nos efforts pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, a poursuivi le Président Pendarovski, qui a aussi plaidé pour renforcer la tolérance à l’égard des différents modes de vie et protéger les groupes minoritaires contre la violence.  Le Président a, par ailleurs, estimé que le développement économique et technologique doit être neutre sur le plan climatique.  

Il a poursuivi en soulignant la nécessité de la promotion de la paix et de la prévention des conflits.  En tant que petit pays d’Europe du Sud-Est, la Macédoine du Nord apporte une stabilité supplémentaire à la région en résolvant, par la médiation de l’ONU, son différend avec la Grèce, a estimé le Président.  Dans le même temps, a ajouté M. Pendarovski, nous sommes prêts à résoudre toutes les questions en suspens par le dialogue dans le cadre du traité de bon voisinage et de coopération avec la Bulgarie.  Le Président a dit en outre être préoccupé du fait que la démocratie est aujourd’hui farouchement attaquée par les idéologies populistes et autoritaires.  Si nous voulons maintenir la supériorité morale de la démocratie sur d’autres modèles de gouvernance politique, nous devons investir, en particulier parmi les jeunes générations, dans l’éducation sur les valeurs démocratiques afin de réprimer les idéologies radicales éveillées, telles que le néofascisme, l’ultranationalisme et le racisme, a suggéré le Président. 

Pour M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, la leçon de la COVID-19 est claire: « Nous sommes tous tombés ensemble, nous devrions tous nous relever ensemble ».  Si la réponse à cette pandémie consiste à trouver un vaccin, ce vaccin doit être mis à la disposition du monde entier, riches comme pauvres, développés et en développement, de toutes races et de toutes croyances, a-t-il renchéri soulignant que ce virus nous a appris que nous sommes tous à risque et qu’il n’existe pas de protection spéciale pour les riches ou pour une classe particulière.

Le Président a cité l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon laquelle la COVID-19 a entraîné « une réduction significative des financements disponibles pour les économies en développement ».  Selon l’OCDE, « les entrées de financements extérieurs privés dans les économies en développement pourraient baisser de 700 milliards de dollars en 2020 par rapport aux niveaux de 2019, dépassant de 60% l’impact immédiat de la crise financière mondiale de 2008 ».  Le Président ghanéen a dès lors plaidé en faveur de la restructuration de l’architecture mondiale de financement, pour permettre aux pays en développement d’accéder plus que jamais à des capitaux.  Le risque, sinon, est que les gains liés à la transformation de leurs économies s’érodent et que le niveau de vie de leurs peuples baisse dangereusement, a-t-il mis en garde.  « Le moment est venu pour notre institution, l’Organisation des Nations Unies, très discutée et très analysée, de se montrer à la hauteur », a-t-il tranché.

Rappelant que l’OMS a été dans l’œil de la tempête pendant cette pandémie, il appelé à en tirer les leçons.  S’il concède que des discussions sur l’ONU, ses agences et leurs rôles sont nécessaires, le Président a toutefois refusé l’idée que cela doit porter sur leur existence même.  Il s’agit plutôt de corriger « l’injustice de longue date que la structure et la composition actuelles de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité, représentent pour les nations africaines » et adopter la Position africaine commune sur la réforme des Nations Unies, telle qu’énoncée dans le consensus d’Ezulwini, afin de créer une ONU moderne adaptée aux besoins de notre époque.

Il a également appelé à se concentrer sur les objectifs de développement durable, affirmant qu’il était essentiel de les atteindre.  À cet égard, il a évoqué la menace qui pèse sur la consolidation de la gouvernance démocratique, en particulier en Afrique.  En tant que Président nouvellement élu de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Président ghanéen a attiré l’attention sur la situation politique au Mali.  Il a prévenu que, bien souvent, le terrorisme et l’extrémisme violent ne se limitent pas à des zones géographiques ou à des juridictions particulières, car l’impact d’un seul incident terroriste dans une partie du monde résonne dans le monde entier.  Il incombe, selon lui, à l’ONU et, en fait, à tous les États Membres, d’apporter leur soutien aux efforts déployés par la CEDEAO pour rétablir la normalité au Mali. 

M. Akufo-Addo a également souligné l’importance de la technologie qui a été confirmée avec cette pandémie.  Les réunions virtuelles font maintenant partie de notre quotidien, les jeunes obtiennent leur diplôme lors de cérémonies virtuelles, tandis que les nombreuses conférences du passé risquent de ne plus avoir lieu, a-t-il noté, y voyant la preuve que « la technologie est l’avenir ».  Dès lors, le Ghana se félicite et approuve la recommandation du Secrétaire général, telle qu’elle figure dans le Plan d'action de coopération numérique, de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.

En cette année d’élections présidentielle et parlementaire au Ghana, le Président a assuré « avec une grande fierté » que, malgré les difficultés à mener une élection pendant une pandémie, les Ghanéens sont prêts à travailler ensemble pour garantir des élections transparentes, libres, justes, sûres et crédibles.  Chacune des huit élections depuis l’adoption du régime constitutionnel au Ghana a vu une amélioration par rapport à la précédente, a observé le Président en exprimant sa ferme intention de maintenir et améliorer la réputation du pays en tant que démocratie tolérante et fonctionnelle.

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a mis l’accent sur l’importance du concept de « responsabilité commune mais différenciée », ainsi que sur les objectifs de développement convenus sur le plan niveau international, à la lumière de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement.  Tout en saluant les efforts du Secrétaire général pour réformer l’ONU, dans les domaines de la paix et de la sécurité, du développement et de la gestion de l’Organisation, le Président s’est inquiété de l’absence de progrès dans les négociations intergouvernementales en faveur de la réforme du Conseil de sécurité.

Mettant l’accent sur l’importance de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, il a précisé que le Mozambique a présenté en juillet 2020 son premier Rapport national volontaire sur les ODD, qui détaille les attentes du peuple mozambicain reflétées par le programme gouvernemental quinquennal 2020-2024.  Le Président du Mozambique a exposé l’objectif de son pays d’élargir l’accès à l’électricité pour la consommation domestique et industrielle, par le biais de sources renouvelables, qu’il s’agisse d’énergie thermoélectrique, de centrales au gaz naturel, d’énergie éolienne et solaire, en plus de l’hydroélectricité, afin d’assurer la réalisation de l’objectif d’accès universel d’ici à 2030.  « À l’heure actuelle, tous les chefs-lieux des 154 districts du pays sont raccordés au réseau électrique national, et le programme d’électrification des postes administratifs est en cours », s’est-il félicité.  

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a décidé pour la première fois d’allouer 10% de son budget annuel au secteur de l’agriculture, conformément à la Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire adoptée par l’Union africaine en 2003.  « Nous avons lancé le Programme de gestion intégrée de l’agriculture et des ressources naturelles - SUSTENTA, qui promeut l’intégration socioéconomique de la population mozambicaine », s’est félicité le Président du Mozambique.    

M. Nyusi s’est, par ailleurs, inquiété des conséquences d’actes terroristes et de violences dans certains districts de la province de Cabo Delgado, et des actions armées de groupes présumés dissidents de la RENAMO dans certaines parties des provinces de Manica et de Sofala, au centre du pays.  « Les terroristes tuent des gens, causent des déplacements de personnes, détruisent des logements et des infrastructures socioéconomiques, pillent les biens communautaires et maintiennent les enfants et les femmes en captivité », a dénoncé le Président du Mozambique avant de signaler que plus de 1 000 personnes été tuées et quelque 250 000 personnes déplacées en raison de ces violences.

« Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et la RENAMO, nous mettons en œuvre le processus de décentralisation et de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) des éléments armés restants de la RENAMO qui a déjà couvert environ 1 000 anciens combattants », a-t-il précisé.  

M. BARHAM SALIH, Président de l’Iraq, a affirmé que la pandémie est un danger pour le monde qui oblige à la solidarité afin de la vaincre.  Les pays les plus développés doivent coopérer à cette fin et porter assistance aux pays en développement, a-t-il dit.  Le Président a appelé à lutter contre la désinformation liée au virus et demandé une équité dans la distribution de l’éventuel vaccin, en la soustrayant à la logique du marché, afin que les plus pauvres en bénéficient. 

M. Salih a rappelé que l’Iraq a été confronté à deux fléaux non moins dangereux que le virus, le terrorisme et la corruption.  Si nous avons vaincu les terroristes sur le plan militaire, la guerre est loin d’être gagnée, a poursuivi le Président, en n’écartant pas une résurgence terroriste.  Il a aussi invité à ne pas baisser la garde devant les menaces des forces obscurantistes mais aussi devant les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.  Il a aussi souligné la nécessité d’isoler les éléments corrompus qui participent de la fuite des capitaux.  Face au fléau de la corruption, le Président a appelé à la création d’une coalition internationale sur le modèle de la coalition contre le terrorisme.

M. Salih a exhorté la communauté internationale à se tenir aux côtés de l’Iraq afin que les crimes commis contre les Yézidis, notamment les crimes de génocide, ne se reproduisent pas.  Il a détaillé sa rencontre récente avec des femmes yézidies, au cours de laquelle celles-ci lui ont confié « les souffrances indescriptibles » qu’elles continuent d’endurer. 

Le Président a mentionné les mesures entreprises en vue d’un changement pacifique en Iraq, en insistant sur la récente formation d’un nouveau Gouvernement suite à la mobilisation populaire d’ampleur que le pays a connue.  Dans un Iraq postautoritaire, le statu quo ne peut être de mise, a-t-il affirmé, en insistant sur la soif de changement et de dignité des Iraquiens.  Il a évoqué les élections anticipées prévues l’an prochain et souligné la nécessité pour le Gouvernement de garder le monopole sur les armes en circulation dans le pays.  L’Iraq ne doit pas devenir le précarré d’autres forces qui s’entretuent sur son territoire, a-t-il affirmé, en demandant un appui efficace de la part des pays de la région.  Enfin, le Président iraquien a appelé au règlement de la question palestinienne et estimé qu’il n’y a pas d’autre alternative à l’ONU, celle-ci continuant de « nous unir malgré nos différences ».

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a fait remarquer que l’épidémie de COVID-19 montre le besoin d’un meilleur niveau de préparation pour la prochaine pandémie.  Il a regretté, lorsque cette pandémie a éclaté, que la première réaction ait été de se replier vers des initiatives nationales plutôt que de s’unir derrière les efforts multilatéraux.  Fort de ce constat, il s’est dit inquiet de la façon dont le monde sera en mesure de lutter contre d’autres défis mondiaux. 

À cet égard, le Président a parlé de la « menace existentielle » que constituent les changements climatiques et de l’action urgente, rapide et audacieuse que cela nécessite.  « Nos engagements envers l’Accord de Paris doivent prévaloir et nous devons redoubler d’efforts pour leur mise en œuvre », a-t-il insisté avant d’appuyer les six principes du Secrétaire général pour « Reconstruire en mieux ».   Le Président de la Finlande a demandé que toutes les mesures de relèvement soient évaluées par rapport à leur impact sur le climat et l’environnement, en prenant en compte les engagements de l’Accord de Paris, du Programme 2030 et de la Convention sur la diversité biologique.  

Soulignant les efforts déployés par son pays dans la lutte contre les changements climatiques, il a précisé que le Gouvernement finlandais avait comme objectif de rendre la Finlande neutre sur le plan climatique d’ici à 2035.  « Nous sommes déterminés à transformer la Finlande en une société socialement, économiquement et écologiquement durable au cours de cette décennie », a insisté le Président de la Finlande avant de vanter aussi le travail actif de son pays en matière de partenariats internationaux.  Illustrant son propos, il s’est enorgueilli de ce que la Coalition des ministres des finances pour l’action pour le climat, dirigée par la Finlande et le Chili, compte aujourd’hui plus de 50 pays.  Cette coopération aide les pays à intégrer les considérations climatiques dans les politiques économiques, fiscales et financières, a-t-il expliqué.     

Par ailleurs, le Président de la Finlande a mis l’accent sur la nécessité de progresser encore en matière de promotion des droits des femmes, en regrettant que, 25 ans après la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, on tente encore de saper les droits des femmes et des filles, en particulier la santé et les droits sexuels et reproductifs.  La Finlande, a-t-il assuré, considère que la promotion des droits des femmes et des filles, ainsi que l’égalité des sexes, sont d’une importance fondamentale.  C’est forte de cet engagement à long terme en faveur des droits humains que la Finlande est candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme de 2022 à 2024, a indiqué le Président finlandais. 

M. SOORONBAI ZHEENBEKOV, Président du Kirghizistan, a noté que le débat général reflète fidèlement la situation troublante dans le monde.  La pandémie de COVID-19 a rappelé à quel point nous sommes étroitement interconnectés, a estimé le Président, qui a informé que son pays a enregistré plus de 44 000 cas de la maladie et, perdu 1 063 citoyens.  La pandémie a entravé la mise en œuvre du Programme 2030 et a considérablement exacerbé la crise de la dette extérieure, a fait savoir M. Zheenbekov qui a salué la décision du G20 et des institutions financières internationales de suspendre le paiement de la dette des pays pauvres.  

Après avoir rappelé l’appui de son gouvernement aux efforts du Secrétaire général pour la réforme de l’ONU, le Président, en tant que dépositaire du Traité d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a préconisé le renforcement des approches en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération.  Le terrorisme et l’extrémisme constituent également une menace sérieuse pour le monde, a-t-il aussi noté, estimant que l’ONU doit jouer un rôle central dans la coordination des efforts de la communauté internationale dans la lutte contre la menace terroriste.  Le Président s’est lui-même engagé à mettre en œuvre efficacement la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme de l’ONU et a salué la nomination du Coordonnateur régional de la Direction de la lutte contre le terrorisme qui se trouve à Bichkek.  

Déterminé à atteindre les objectifs de développement durable sur l’énergie propre et sur la lutte contre les changements climatiques, le Kirghizistan considère le développement d’une économie verte comme l’étape la plus importante dans la mise en œuvre de ses engagements, a annoncé le Président.  Il a fait remarquer que la République kirghize a besoin du soutien de la communauté internationale pour s’adapter aux impacts négatifs des changements climatiques.  M. Zheenbekov a également estimé qu’il est extrêmement important de préserver les écosystèmes de montagne dans les zones de formation des glaciers.  Pour le Président, « la nature ne connaît pas de frontières: la coopération transfrontalière est donc un facteur clef dans la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité ». 

La République kirghize attache aussi une importance particulière à la coopération régionale en Asie centrale et du Sud-Est où le développement de couloirs de transport et de communication, de centres logistiques et de terminaux est vital.  La construction et le lancement du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan contribueront de manière significative à relier l’Asie à l’Europe, a estimé le Président qui a renouvelé son engagement à renforcer l’état de droit et les droits de l’homme comme cela est écrit dans la stratégie nationale de développement durable de Kirghizistan jusqu’en 2040.  

M. TOMMY ESANG REMENGESAU JR, Président des Palaos, a déclaré qu’il s’était adressé devant l’Assemblée générale pour la première fois comme Président de son pays il y a 19 ans, en septembre 2001, et qu’il s’agissait cette fois de la dernière, avant qu’il ne revienne à son métier de pêcheur.  Il a estimé que l’appel à l’unité qu’il avait alors lancé, au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, restait valable aujourd’hui face à la pandémie mondiale.  Le défi de notre réponse n’est pas si différent, a-t-il expliqué: il s’agit d’instaurer une coopération plus étroite entre les nations, grandes et petites, riches et pauvres; de s’unir face à une crise partagée d’une manière improbable, il y a un an ou deux.

Si les Palaos ont eu la chance de ne recenser aucun cas de COVID-19, elles ne sont certainement pas à l’abri des conséquences de la pandémie, a expliqué M. Remengesau.  Certes, la santé est plus importante que l’argent, mais une économie nationale n’est pas de l’argent, a plaidé le Président.  « C’est le système qui détermine la qualité de vie et qui fournit des services publics essentiels; c’est l’environnement, la santé, l’éducation; c’est de la nourriture sur la table. ».  Or, la pandémie a placé les Palaos dans un niveau d’isolement qu’elles n’avaient plus connu depuis de très nombreuses années, a-t-il poursuivi avant d’en énumérer les inconvénients et d’estimer qu’il faudrait des années pour récupérer ce qui a été perdu en quelques mois.  M. Remengesau a répété que d’avoir placé les Palaos comme pays à haut revenu ne correspondait à la réalité et ne reflétait pas « l’immense vulnérabilité » du pays et le privait des financements concessionnels dont il a besoin. 

La sortie des Palaos de la crise économique du COVID ne sera pas possible si le pays ne participe pas au processus de développement d’un vaccin, a poursuivi M. Remengesau, qui a annoncé que les Palaos participeraient à la facilité COVAX, soucieux de l’accès équitable à un futur vaccin.  En attendant, les Palaos continueront de travailler avec les États-Unis, « amis proches », avec lesquels le pays entretient un « lien spécial ».  

Pour le Président des Palaos, la « menace individuelle » de la COVID-19 ne doit toutefois pas détourner l’attention des menaces à long terme, de la nécessité du « rétablissement de notre relation avec la nature » et notamment de « l’urgence océanique » sur laquelle il s’est ensuite étendu, en décrivant les mesures prises par son pays.  « Les Palaos sont un grand État océanique et nous agissons conformément à nos responsabilités de gérance de notre zone économique exclusive », a-t-il fait valoir, en souhaitant que l’exemple de son pays « inspire de l’ambition ailleurs ».  Il a en outre rappelé que le Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, qu’il copréside, avait élaboré un plan pour cette ambition océanique et annoncerait ses recommandations sur les actions à prendre d’ici à la fin de l’année.  Il a aussi souhaité que les négociations sur un traité sur la haute mer s’achèvent en 2021 et permettent de « combler le fossé de gouvernance » au-delà de la juridiction nationale.

M. Remengesau a également demandé que l’océan ne soit pas négligé lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique de l’année prochaine, alors que les objectifs fixés il y a 10 ans n’ont pas été atteints.  Il a demandé qu’« au moins 30% de l’océan soit protégé d’ici à 2030 ».  De même, a-t-il plaidé, la pandémie a pu retarder la COP26 sur le climat mais elle ne doit pas retarder une ambition climatique accrue et le soutien à sa mise en œuvre.  Il a rappelé la « préoccupation existentielle » de l’urgence climatique et mis en garde contre toute complaisance suite à la baisse momentanée des émissions cette année.  Il a ensuite décrit les mesures prises par son propre pays, un des premiers à avoir ratifié l’Accord de Paris sur le climat, tout comme le Traité d’interdiction nucléaire, deux textes auxquels il a activement participé, apportant ainsi sa contribution au multilatéralisme. 

C’est aussi au nom de la « contribution significative au renforcement de l’action collective » qu’il pourrait apporter que le Président des Palaos a plaidé une fois de plus pour que Taiwan soit autorisée à participer aux organisations internationales. Il a notamment présenté Taiwan comme « un leader de la santé publique qui a mis en œuvre l’une des réponses à la pandémie les plus efficaces au monde ».  Il a donc déploré qu’une fois encore Taiwan ait été exclu cette année de l’Assemblée mondiale de la Santé, estimant que ce refus avait « rendu le monde moins sûr ».

M. IGOR DODON, Président de la République de Moldova, a déclaré qu’au cours de ses 75 ans d’activité, l’ONU avait su démontrer qu’elle n’avait pas d’alternatives au niveau mondial, ni en termes de légitimité et d’impact normatif, ni en termes de plein engagement dans la résolution des problèmes et des crises internationales.  Il a espéré que la mise en œuvre de la série de réformes de l’ONU donnera du dynamisme aux efforts déployés par les États Membres pour mettre en œuvre le Programme 2030.  La lutte contre la COVID-19 exige une action coordonnée et transparente au niveau international, a-t-il aussi fait remarquer en appelant au renforcement de la coopération internationale.

M. Dodon a ensuite indiqué que la Moldova avait présenté, cette année, son premier examen national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Au cours de l’année, des changements positifs ont été réalisés dans la lutte contre la corruption, a-t-il fait valoir avant de signaler que la réforme du système judiciaire suit son cours, ainsi que le programmes de rénovation des infrastructures routières.  Un programme de réforme constitutionnelle a également été lancé, de même que d’importantes réformes visant à assurer un plus grand accès des femmes aux services sociaux.

Préoccupé par l’ampleur de la course aux armements, le Président moldave a regretté l’incertitude persistante qui entoure les accords existants de contrôle des armes stratégiques.  Il a également déploré que le conflit en Transnistrie demeure irrésolu, attribuant notamment cette situation au manque de volonté politique de certains acteurs.  Il a insisté sur l’importance de l’approche constructive des acteurs participant au format 5+2, se disant convaincu que les États garants et les observateurs définiront rapidement une solution viable qui reposera sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de Moldova et accordera un statut spécial à la Transnistrie.

Il a également insisté sur l’importance de garantir la liberté de mouvement dans l’ensemble du pays, de créer un espace économique unique et de mettre en œuvre des mesures de renforcement de la confiance.  Il a regretté que la pandémie ait créé de nouveaux obstacles à la libre circulation des personnes et des biens entre les deux rives du fleuve Nistru.

Le Président Dodon a aussi souligné que l’adoption d’une décision politique finale et le règlement complet du conflit de Transnistrie se fonderont exclusivement sur des propositions formulées directement par la République de Moldova, « pas sur celles développées à l’étranger ».  Il a assuré que son gouvernement déploiera tous les efforts nécessaires pour veiller à ce qu’une première ébauche des paramètres et principes de base du modèle de règlement final soit élaborée rapidement et soumise au cours du premier semestre 2021 à toutes les parties prenantes du format 5+2.  Il a également appelé, « dans ce contexte », au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE dans la gestion des opérations de maintien de la paix.

M. Dodon s’est également dit convaincu que les conditions nécessaires existent pour assurer la reprise du dialogue bilatéral avec la Fédération de Russie pour trouver une solution aux dépôts de munitions de Cobasna, précisant que plus de 20 000 tonnes de munitions obsolètes se trouvent sur le territoire moldave.  Il a par ailleurs souligné que la Moldova est, de par sa Constitution, un État neutre qui ne se joindra à aucun bloc politico-militaire.

M. ABDELMADJID TEBBOUNE, Président de l’Algérie, a estimé qu’aujourd’hui plus que jamais le monde a besoin d’une ONU forte d’où la nécessité de faire avancer la réforme globale de l’Organisation pour améliorer sa performance et son efficacité.  L’Algérie a fait sienne la position de l’UA, notamment la demande de l’augmentation du nombre de membres au Conseil de sécurité pour qu’il y ait une représentation équitable de l’Afrique en son sein.

M. Tebboune s’est dit fier des réalisations de l’Algérie au fil des ans qui ont mis en exergue la centralité de la diplomatie algérienne.  Partant de cette approche, l’Algérie œuvre toujours au rapprochement entre les différentes parties libyennes qu’elle appelle à s’engager dans un processus politique sous l’égide des Nations Unies, et à refuser toute ingérence étrangère.  Le Président algérien a salué les deux récentes annonces de cessez-le-feu en Libye et a encouragé les parties à traduire leurs paroles en actes.  Concernant le Mali, a-t-il ajouté, l’Algérie, est convaincue que l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale reste le cadre idoine pour faire face aux défis politiques et de gouvernance économique.

Passant à la cause palestinienne, « une question sacrée », selon M. Tebboune, il a exprimé à nouveau le soutien de l’Algérie à la lutte légitime du peuple palestinien et à son droit à un État indépendant avec « Al Qods » pour capitale.  C’est la clef de la stabilité au Proche-Orient, a affirmé M. Tebboune.  Sur le dossier du Sahara occidental, il a regretté l’arrêt des négociations entre les deux parties au conflit et le retard accusé dans la nomination d’un nouvel envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental. 

L’Algérie a ensuite renouvelé son engagement à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Le Président a appelé à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, y compris pour ce qui est de la restitution des fonds volés aux peuples.  Abordant la question du désarmement nucléaire, M. Tebboune a rappelé que son pays a souffert et souffre encore des effets néfastes des tests nucléaires menés sur son territoire lors de la colonisation, avant de plaider en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.

Il a également assuré que l’Algérie a adopté des mesures en faveur de la protection de l’environnement, mais estimé que, compte tenu de la responsabilité historique des pays avancés sur cette question, ces derniers doivent soutenir les efforts en ce sens du monde en développement.  Les circonstances difficiles de la COVID-19 n’ont pas empêché l’Algérie d’aller de l’avant dans la réalisation des objectifs de développement durable, a ajouté le Président algérien en précisant que son pays travaille à l’intégration prochaine du Programme 2030 dans ses lois financières annuelles ainsi que dans son cadre juridique.

Le Président Tebboune a affirmé que son pays avance à pas résolus pour consacrer les piliers de la démocratie et de la justice sociale, suite au mouvement pacifique « al Hirak », un mouvement qu’il a décrit comme étant « béni ».  L’Algérie a d’ores et déjà franchi des étapes essentielles pour construire une Algérie nouvelle et elle va tenir un référendum sur une révision constitutionnelle le 1er novembre, une date symbolique pour l’Algérie puisqu’elle marque le début de la guerre d’indépendance.

En guise de conclusion, le Président Tebboune a lancé un appel à l’unité et à la solidarité pour venir à bout des différends dans le monde et pour faire face aux circonstances difficiles qu’il traverse, en avançant ensemble sur le chemin de la stabilité et de la prospérité.

« Comme la pandémie nous a plongés dans une nouvelle crise mondiale », a déclaré M. JUAN ORLANDO HERNÀNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, il faut chercher de nouvelles idées, forger de nouveaux consensus, se montrer plus créatifs et faire appel à la sagesse pour concrétiser les objectifs fixés en 1945.  Moi-même, a confié le Président, « survivant » de cette maladie et à la tête d’un pays en développement qui veut aller de l’avant après la pandémie, je suis préoccupé par l’impact multidimensionnel de la pandémie sur les secteurs de la santé, de l’éducation, des migrations, des services sociaux de base, des droits de l’homme et de l’économie, fragilisant encore la situation des plus vulnérables.  

La pandémie, a poursuivi le Président, a causé des dégâts sociaux énormes, une pénurie de médecins et de nourriture et une perte massive d’emplois.  La tâche « monumentale » qui nous attend aujourd’hui, est de reconstruire nos économies, a alerté le Président, en accordant la priorité à la santé.  Nous devons, a-t-il précisé, rétablir la confiance de nos peuples qui se demandent de quoi demain sera fait?  Cette nouvelle crise mondiale, a averti le Président, risque de se transformer en conflits sociaux sur toute la planète, compte tenu des problèmes de santé publique mais aussi des problèmes liés à l’accès à la terre, la nourriture et à l’eau, sans oublier les idéologies politiques. 

La COVID-19, a encore dit le Président d’un pays qui a réussi à réduire de 60% la violence, a mis au nu les inégalités dans l’accès aux médicaments, aux équipements médicaux ou vaccins.  Seule une poignée y auront un large accès au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.  M. Alvarado a voulu que la science, la technologie et les médias contribuent à anticiper les menaces à la situation sanitaire mondiale.  Les données et informations doivent être partagées entre tous les pays, en toute transparente et sans manipulation au service des intérêts de quelques-uns. 

Si cette pandémie ne change pas notre attitude les uns envers les autres, alors rien ne nous fera plus changer, a encore averti le Président, devant un virus « qui nous a tous attaqués de la même manière, les riches comme les pauvres ».  Ce virus, a-t-il ajouté, nous a rappelé de la manière « la plus brutale » que nous sommes tous des humains, vulnérables, membres de la même communauté.  Le temps est venu pour le système des Nations Unies, a pressé le Président, de devenir plus efficace pour atteindre les objectifs pour lesquels il a été créé.  Cette Organisation doit collecter les connaissances et les informations qui nous préparerons à l’avenir qui nous attend.  Compte tenu de ce qui s’est passé, il est « impératif » que les objectifs de développement durable convenus en 2015 soient révisés, actualisés et repensés à l’aune de cette nouvelle réalité, a estimé le Président. 

Le présent et le futur, a-t-il rappelé, dépendent beaucoup des changements climatiques et il est regrettable de constater une absence d’initiatives en faveur du Fonds vert pour le climat.  « Où est ce fameux Fonds? S’est impatienté le Président d’un des trois pays « les plus vulnérables aux effets des changements climatiques ».  Avant de conclure, il a réclamé l’allègement de la dette du Honduras et proposé au Secrétaire général de l’ONU de créer un groupe de personnalités pour réfléchir aux problèmes liés au développement économique, à la santé, à l’éducation, aux petites et moyennes entreprises ou encore à la technologie.  Ce groupe de réflexion devrait envisager l’élaboration d’un plan ou d’une feuille de route sur la solution à ces problèmes. 

M. MICHEL AOUN, Président du Liban, a salué l’organisation, le 9 août dernier, d’une conférence de soutien en faveur du Liban touché quelques jours avant par la tragique explosion du port de Beyrouth.  « Votre aide à tous a eu un énorme impact positif sur notre pays et notre peuple, à la fois matériellement et moralement. »  Elle a ainsi permis de répondre en urgence aux nombreux besoins médicaux, alimentaires et en matériaux de construction, a poursuivi le Président. 

M. Aoun a expliqué que Beyrouth, qui tente de sortir des décombres, espère pouvoir renaître de ses blessures avec le soutien international et la solidarité de tous les Libanais, comme elle l’a fait tant de fois au cours de l’histoire.  Il a indiqué que les répercussions ne vont pas affecter seulement l’activité économique du Liban mais également peser sur le taux de pauvreté qui s’élevait à 45% avant l’explosion selon l’évaluation de la Banque mondiale.  « Celle-ci estime aujourd’hui la perte économique résultant de la tragédie du port à environ 3,5 milliards de dollars, les dommages matériels à environ 4,5 milliards de dollars et les besoins de reconstruction urgents à environ 2 milliards de dollars. »  

Le Président a estimé que la prochaine étape est celle de la reconstruction, notant que la principale difficulté se pose au niveau des quartiers totalement détruits qui nécessitent une aide indispensable de la communauté internationale.  « Sans doute la solution la plus pratique consisterait à diviser les quartiers dévastés en multiples zones, ainsi chaque pays souhaitant apporter son aide pourrait prendre en charge une zone spécifique et entreprendre directement la reconstruction. » 

En ce qui concerne l’enquête en cours pour déterminer les responsables de l’explosion du port, M. Aoun a déclaré que le dossier avait été confié au Conseil de la magistrature, qui est la plus haute juridiction pénale au Liban.  « Dès le jour de l’explosion, nous avons demandé une assistance technique internationale à la fois pour obtenir les images satellites de l’instant de l’explosion mais également pour connaître l’itinéraire et l’historique du navire chargé de nitrate d’ammonium depuis son affrètement jusqu’à son arrivée au port de Beyrouth. »  Le Président a précisé que des équipes internationales ont prélevé des débris et entrepris des fouilles sur le terrain de l’explosion pour effectuer les analyses techniques nécessaires.  « Nous attendons toujours les informations quant au mystère entourant le navire ainsi que les images satellites pour lever toute ambiguïté sur cette partie de l’enquête. »  Les conclusions seront établies par le Conseil de la magistrature dans le cadre de la souveraineté de la juridiction libanaise, a assuré M. Aoun. 

Le Président a ensuite affirmé que le Liban se débat dans une crise sans précédent, étant victime des accumulations d’erreurs de gestion, d’une récession économique et financière sévère, de l’épidémie de COVID-19 et de la catastrophe de l’explosion du port de Beyrouth, rendant la situation complètement ingérable.  « Il ne faut pas oublier d’ajouter à tous ces cataclysmes, les répercussions de la crise des déplacés syriens qui perdurent depuis 10 ans. »  

M. Aoun a en effet souligné que le nombre de personnes déplacées, qui équivaut à un tiers de la population, entraîne des conséquences économiques, sanitaires et humanitaires insupportables.  Il a renouvelé son appel pour intensifier les efforts afin de permettre un retour sûr et digne des déplacés syriens dans leur pays.  Il a demandé de ne pas conditionner ce retour à une solution politique en Syrie.  Il faut, a-t-il ajouté, aider le Gouvernement libanais à appliquer le plan mis en place maintenant que les conditions sont de plus en plus favorables puisque la majeure partie du territoire syrien est sans risque.  Il a en outre demandé aux donateurs de doubler leurs contributions financières et de les remettre directement aux institutions gouvernementales et aux communautés d’accueil libanaises, selon le plan établi par le Liban en coopération avec les Nations Unies.  

Le Président libanais a salué la décision du Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et y a vu un message de soutien fort et unifié de sa part en vue de préserver la stabilité dans la région.  Il a réitéré sa demande à la communauté internationale d’obliger Israël à mettre fin à sa violation de la souveraineté libanaise sur terre, en mer et dans les airs, et notamment d’arrêter d’utiliser l’espace aérien libanais pour frapper les territoires syriens.  Il a appelé Israël à coopérer pleinement avec la FINUL afin de délimiter le reste de la Ligne bleue et d’effectuer un retrait immédiat du nord de Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba.   

Notant que le débat autour des solutions dans la région du Moyen-Orient continue de s’intensifier, le Président libanais a réaffirmé son adhésion au principe de l’inviolabilité des frontières internationalement reconnues.  « Nous soulignons que toute négociation, quelle que soit sa forme ou la partie qui la mène, devrait aborder des solutions durables parrainées par les autorités compétentes, en particulier les résolutions des Nations Unies, y compris la résolution 194, qui garantit le droit des réfugiés palestiniens au retour. »  En ce centenaire de la déclaration du « Grand Liban », M. Aoun a affirmé que le peuple libanais, avec toutes ses composantes, reste attaché à la préservation d’un Grand Liban uni, sans division ni partition.   

Enfin, le Président a salué la grande empathie manifestée au Liban après la catastrophe qui a frappé Beyrouth, ainsi que la solidarité des peuples du monde.  « L’humanisme est revenu prendre place dans ce monde où régnaient le matérialisme, l’injustice et la loi du plus fort. »  

Mme ZUZANA ČAPUTOVA, Présidente de la Slovaquie, a déclaré que « ce débat général inhabituel prouve que la pandémie de COVID-19 a changé le monde tel que nous le connaissons ».  Mais, a ajouté la Présidente, ce format en ligne est une preuve que nous pouvons nous adapter et agir.  En tout cas, nous ne pouvons plus revenir en arrière, a-t-elle estimé.  L’une des leçons les plus importantes de la pandémie de COVID-19 est que les gens ordinaires peuvent réaliser des choses extraordinaires s’ils sont conduits par la solidarité et la compassion, a constaté Mme Čaputova en recommandant aux dirigeants d’adopter cette même démarche entre les nations.  C’est pourquoi, a continué la Présidente, il faut une véritable « mondialisation de la compassion ». 

Concrètement, elle a conseillé de ne pas laisser le développement et la production de vaccins et de fournitures médicales devenir un autre objet de concurrence mondiale.  C’est pourquoi, a-t-elle continué, il faut partager l’information et favoriser les partenariats entre les scientifiques, les fabricants et les gouvernements.  Il faut enfin fournir un vaccin à tous, a plaidé la Présidente.  

Elle a également estimé que, pour éviter toute crise, il faut un leadership responsable.  « Il incombe aux gouvernements et aux dirigeants politiques de prendre des décisions fondées sur des faits et des connaissances, et non sur les calculs politiques ou les intérêts égoïstes de ceux qui sont au pouvoir. »  L’incompétence, la désinformation ou le populisme a des conséquences fatales, a averti Mme Čaputova pour qui un leadership responsable signifie préserver le meilleur de l’architecture existante des organisations et régimes internationaux de coopération.  

La Présidente a également souligné l’importance de la confiance des citoyens dans ce que font leurs gouvernements.  Les gens doivent savoir qu’ils sont protégés et qu’on ne leur ment pas, a-t-elle dit.  Les gardiens de ces principes doivent être les médias libres et indépendants, les experts et les scientifiques de renom, ainsi que la société civile active.  Malheureusement, a-t-elle regretté, ce n’est pas toujours le cas.  Tout comme nous l’avons vu récemment au Bélarus, ou dans le cas d’Alexeï Navalnyj, et dans de nombreux autres cas, a-t-elle dénoncé.  La Présidente a prévenu que la propagation de « la maladie autoritaire » est une menace pour tous.  

Pour la Présidente, l’autre leçon de la pandémie de COVID-19, c’est que le changement est possible.  « Si nous avons pu faire ce que nous avons fait contre la COVID-19, nous pouvons le faire aussi quand il s’agit d’autres menaces mondiales comme les changements climatiques, qui sont sans aucun doute la plus grande menace pour notre avenir commun. »  La Présidente a appelé à en faire une vraie priorité et permettre à la science, les innovations, mais aussi la solidarité et la compassion, d’ouvrir la voie.  Faisons de cette leçon de la COVID-19 la base de notre action à l’avenir, a plaidé la Présidente. 

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a rappelé que l’ONU était aujourd’hui plus âgée que la majorité de ses États Membres.  L’ONU, à sa naissance, « a apporté des règles et de l’espoir pour un monde en ruines » mais c’était il y a 75 ans. La question est donc: « Mais qu’apporte-t-elle au monde aujourd’hui? » 

Le Président a appelé à « raviver l’idéalisme, la volonté et l’esprit de la Conférence de San Francisco », alors que l’humanité est confrontée à des défis complexes, multiformes et extrêmement graves, qui sont parfaitement définis par la pandémie de COVID-19, même s’il y en a d’autres: la crise climatique et de biodiversité, les tensions géostratégiques croissantes, les inégalités sociales et économiques, la crise de légitimité et de gouvernance ou encore les vulnérabilités du monde numérique.

Pour le Kenya, c’est par le multilatéralisme que la communauté internationale pourra transcender ces défis et garantir une paix et une prospérité durables pour tous.  Le Président a plaidé pour une amélioration collective urgente de la préparation à la gestion des crises mondiales et pour renforcer la résilience.  Après avoir présenté les mesures nationales prises par son pays pour faire face à la pandémie et à ses conséquences sociales et économiques, il a précisé qu’il avait aussi participé lui-même à la définition de la stratégie continentale d’atténuation de la COVID-19 de l’Union africaine, dont il a salué le succès.

La leçon à tenir des six derniers mois, c’est qu’aucun pays ne peut gérer à lui seul une crise de cette ampleur, a insisté le Président du Kenya.  Il a donc demandé à la communauté mondiale d’accroître la coopération et l’assistance aux pays en développement les plus vulnérables afin de renforcer leurs économies et leurs systèmes de soins de santé.

M. Kenyatta s’est ensuite inquiété des tensions géopolitiques mondiales, dont il a regretté l’effet négatif sur la réponse apportée à la pandémie.  Il a appelé à rester collectivement attachés au relèvement mondial même après la phase aigüe de la pandémie, notamment en allégeant la dette.

Pour le Président kényan, le monde dispose, avec les objectifs de développement durable, des réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés.  Il est en revanche nécessaire de réaffirmer notre attachement à ces objectifs, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et les inégalités, a-t-il lancé avant de rappeler les risques que les changements climatiques font peser sur la réalisation de ces objectifs, avec des impacts disproportionnés sur les petits États insulaires en développement et sur ceux aux environnements écologiques fragiles.

En tant que Président du pays hôte du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’ONU-Habitat, il a en outre appelé à une action collective urgente pour stopper l’appauvrissement de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes et remettre l’harmonie entre les hommes et la nature.  Il a également rappelé que le Kenya coorganise avec le Portugal la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans au deuxième trimestre de 2021, à Lisbonne.

M. Kenyatta en enfin remercié les États qui avaient permis à son pays d’être élu au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022.  Il a rappelé la « menace existentielle du terrorisme » et s’est félicité des perspectives de création à Nairobi d’un bureau du programme de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Il a rappelé la contribution de longue date de son pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et plaidé pour la tenue de consultations triangulaires inclusives entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes et de policiers.

Nos défis actuels peuvent paraître décourageants, mais « l’existence est comme un marathon de dimension mondiale », a déclaré M. Kenyatta.  Rappelant qu’il venait « d’un pays de marathoniens » et appréciait à ce titre les exigences d’endurance, de travail d’équipe et de persévérance, il a jugé possible de « gagner cette course » et de voir l’humanité triompher et assurer la paix et la prospérité dans une plus grande biodiversité pour les générations présentes et futures.

M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a déclaré que face à la pandémie de COVID-19 et à ses effets dévastateurs, les États Membres doivent réaffirmer leur engagement collectif à coopérer dans un monde gouverné par le droit international et un système multilatéral qui ne laisse personne de côté.  Un système multilatéral efficace, établi sur la base du droit, est notre police d’assurance contre les menaces existentielles, notamment les guerres, la prolifération nucléaire, les pandémies et les changements climatiques, a-t-il affirmé.

Le Président s’est inquiété de l’impact des effets socioéconomiques adverses de la pandémie sur les pays en développement, évoquant notamment le fardeau de la dette, la réduction des revenus fiscaux et des flux de capitaux ainsi que le manque d’accès aux marchés financiers.  C’est pour cela que cette urgence sanitaire doit insuffler un sentiment d’urgence encore plus poussé en faveur d’une solidarité multilatérale percutante, a-t-il estimé.  Il a salué le lancement du Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement, ainsi que les mesures d’allègement de la dette adoptées par la Banque mondiale, le FMI et le G20, avant de conseiller d’étendre les mécanismes de prêts d’urgence et l’appui technique aux pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comme le sien.

Poursuivant, M. Geingob a salué les efforts déployés par l’OMS pour créer un vaccin, soulignant qu’une fois disponible, celui-ci devra être considéré comme un bien public mondial, accessible à tous, gratuitement et équitablement.  Notant que la pandémie avait détourné les ressources qui devaient être consacrées à l’atténuation des changements climatiques, il a appelé les États Membres à se réengager envers l’Accord de Paris.  Le Président a également fait part de l’engagement de la Namibie envers les océans du monde.

M. Geingob a appelé à la réforme du Conseil de sécurité, sur la base de la Position africaine commune, pour ensuite annoncer l’ouverture, le mois prochain en Namibie, de l’International Women’s Peace Centre.  Consacré à la médiation et à la prévention de conflit, ce centre dotera les femmes des outils nécessaires pour leur permettre de contribuer à « l’avenir de l’humanité », a-t-il expliqué.  Enfin, le Président a exprimé son appui au droit à l’autodétermination des peuples de Palestine et du Sahara occidental, appelant notamment à la nomination rapide d’un envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  Il a aussi appelé à la levée des sanctions à l’encontre du Zimbabwe et de l’embargo imposé à Cuba.

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a commencé par rendre hommage aux agents de première ligne qui ont payé de leur vie le service rendu aux autres en cette période de pandémie.  Il a ensuite estimé que le thème choisi pour ce débat général ne pouvait être plus approprié au moment où les Nations Unies célèbrent leur soixante-quinzième anniversaire.  En l’espace de six mois, la COVID-19 a en effet infecté 30 millions de citoyens des États Membres de l’Organisation et tué près d’un million d’entre eux, a-t-il constaté, saluant la solidarité que cette épreuve a suscitée.  

Le monde est resté uni, s’est félicité le dirigeant.  Les pays riches et pauvres ont tous été touchés et travaillent ensemble pour éradiquer ce fléau.  Si l’Afrique a été touchée, elle aussi, elle n’a pas vu le nombre des cas et des morts atteindre celui des pays avancés, a-t-il relevé, attribuant cette différence à la « miséricorde de notre Dieu tout-puissant  », qui a veillé, selon lui, à ce que les prédictions concernant le continent africain «  ne se matérialisent pas  ».  Il a ajouté que, fort de son expérience acquise avec l’épidémie d’Ebola, le Libéria a su mettre en place une réponse nationale solide qui semble pour l’heure avoir contenu la COVID-19.  

Adressant ses remerciements aux partenaires bilatéraux et multilatéraux du Libéria, M. Weah a estimé que leur soutien a permis au pays de faire face à la COVID-19 et de garder son économie à flot.  Le Gouvernement a maintenant un plan de redressement post-COVID qui donne la priorité aux actions de court terme et aux investissements dans des domaines clefs tels que l’agriculture et le tourisme, a-t-il précisé.    

Il a ensuite souligné l’importance de l’ONU, qui reste à ses yeux le principal forum pour la paix, la résolution des conflits, la prévention de la guerre et le règlement des différends entre nations, ainsi que la première organisation humanitaire.  Néanmoins, a-t-il dit, le monde a changé considérablement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de même que la configuration du pouvoir qui a décidé des structures de prise de décision.  Il y a donc un besoin urgent de revoir et adapter les priorités des Nations Unies afin qu’elles deviennent plus pertinentes et répondent mieux aux défis actuels, a ajouté le Président libérien, souhaitant qu’une attention accrue soit accordée à l’intégration des plus vulnérables.  

À cette aune, les objectifs de développement durable adoptés par l’ONU doivent servir de feuille de route pour nos efforts collectifs en faveur de la paix et de la prospérité de toute l’humanité, a poursuivi M. Weah, pour qui il convient de redoubler d’efforts pour mener à bien ce programme d’ici à la fin de cette décennie.  

Évoquant les réalisations de son gouvernement en réponse aux problèmes socioéconomiques persistants du Libéria, il a cité la tenue récente d’une conférence nationale sur les violences sexuelles et sexistes, en aggravation dans le pays depuis l’apparition de la COVID-19 et la fermeture des écoles.  Le Gouvernement a ainsi fait de la lutte contre le viol une urgence nationale, nommant un procureur spécial, mettant en place un registre des délinquants sexuels et créant une équipe spéciale de sécurité nationale sur la violence sexuelle et sexiste.  Avant de conclure, il a également fait état de l’adoption d’une loi sur la violence domestique et de progrès dans l’élimination des mutilations génitales féminines.  

M. LENIN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, a reconnu que la pandémie de COVID-19 a mis une pression considérable sur le multilatéralisme.  Après six mois, l’urgence n’est pas seulement sanitaire, mais aussi sociale et économique.  Nous ne pourrons pas sauver des vies et relancer l’économie sans le soutien des organisations multilatérales, du secteur privé, du milieu universitaire et de la société dans son ensemble, a estimé le Président.  Pour l’Équateur, le soutien des organisations financières internationales, Fonds monétaire internationale (FMI) et Banque mondiale, a été fondamental au cours des derniers mois.   

La pandémie, a poursuivi M. Moreno Garcés, a montré que la technologie est essentielle pour garantir les droits des citoyens tels que l’accès à la télémédecine, à la télé-éducation et au télétravail.  Mais, elle a également révélé le large fossé numérique qui existe entre nos nations, un produit des inégalités.  Dans la période postCOVID-19, a poursuivi le Président, le défi sera de relancer les économies, en mettant l’accent sur les petites et moyennes entreprises qui génèrent des milliers d’emplois.  À cet effet, il a jugé essentiel d’offrir des lignes de crédit flexibles et adéquates, et de respecter les engagements officiels en matière d’aide au développement.  

Le chef de l’État a salué le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)et son leadership pendant cette situation d’urgence.  Il a appuyé l’initiative « Covax Facility », pour accélérer l’accès aux vaccins et aux technologies sans brevets, distribués équitablement et en accordant une attention particulière aux personnes les plus vulnérables. 

M. Moreno Garcés a mis ensuite l’accent sur l’utilisation durable des ressources naturelles et les changements climatiques.  La non mise en œuvre des accords a de graves répercussions économiques et sociales, a-t-il averti.  Préoccupé par la présence d’une importante flotte de pêche étrangère, qui, depuis mai 2020, opère très près des îles Galapagos, le Président a prévenu que son pays fera prévaloir ses droits maritimes dans sa zone économique exclusive. 

Nous sommes conscients de l’énorme responsabilité de protéger les Galapagos, qui ont été le premier patrimoine naturel de l’humanité, a déclaré le Président.  Nous appelons les pays qui pêchent dans les eaux du Pacifique Sud-Est à s’autoréguler et à limiter leurs activités.  Les membres de la Commission permanente du Pacifique Sud, c’est-à-dire le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou, condamnent la pêche illégale «  dans les zones adjacentes aux eaux de nos pays  » et ont convenu de renforcer l’échange d’informations sur la localisation des navires, a indiqué le Président.  

Mon pays, a-t-il conclu, réaffirme son engagement à conserver le milieu marin.  Il a d’ailleurs rejoint le 11 août dernier la « Global Ocean Alliance  », une initiative, menée par le Royaume-Uni, pour que 30% des océans du monde soient déclarés aires marines protégées.  De même, s’est félicité le Président, nous nous engageons pour la conservation de l’Amazonie, avec l’adhésion à la Déclaration de Leticia et à l’initiative de financement du développement durable et de la bioéconomie pour l’Amazonie. 

Mme JEANINE AÑEZ CHÁVEZ, Présidente constitutionnelle de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que, pour l’Amérique latine, deux chemins se profilent à l’horizon: le chemin de la liberté et le chemin de l’oppression, celui de la démocratie et celui de la dictature.  Elle a affirmé que des personnalités politiques très haut placées en Amérique latine sont tentées par l’autoritarisme et que plusieurs nations de la région sont menacées par des projets de populisme caudilliste et autoritaire.  Ces projets aspirent à ce que le caudillo et sa caste monopolisent le champ politique, la culture, l'économie et, finalement, répriment la liberté du peuple. 

Mais l’Amérique latine a aussi la possibilité de construire une coexistence politique sur la base de la tradition républicaine, a-t-elle enchaîné.  C’est le chemin qui est en train d’être tracé en Bolivie pour surmonter plus d'une décennie de caudillisme populiste et autoritaire et rétablir la liberté des citoyens.  Elle a indiqué que, pour tracer cette voie, des élections transparentes seront organisées le 18 octobre.  Nous en faisons la promotion malgré le fait que le populisme caudilliste ait tenté de les saboter avec des mobilisations brutales et violentes il y a quelques semaines, a-t-elle dénoncé.  Mme Chávez a fustigé les barrages routiers qui ont empêché le passage des respirateurs destinés aux malades de la COVID-19.  Elle a salué «  le courage  » du peuple bolivien qui a stoppé cette tentative d’abattre la démocratie et de rétablir la dictature en Bolivie.  

Mme Chávez a souligné que la décision de son gouvernement d’investir 10% du budget national dans la santé a été une étape très importante pour la Bolivie.  Elle a affirmé que, dans ce domaine, son pays est parvenu à réaliser en trois mois ce qui n’a jamais été réalisé depuis des décennies.  Pour faire de la Bolivie une république, un système de solidarité et d’aide au peuple a été fondé, un fait «  sans précédent  » dans l’histoire du pays, s’est-elle enorgueillie.  La Bolivie, a-t-elle encore insisté, a choisi la voie de la liberté. 

La Présidente n’a pas manqué de dénoncer le harcèlement «  systématique et abusif  » que le Gouvernement «  kirchneriste  » exerce, depuis l'Argentine, contre les institutions et les valeurs républicaines de la Bolivie.  Elle a accusé le Gouvernement argentin d’avoir fait de l’ingérence «  la clef de sa politique étrangère  » à l’égard de la Bolivie, de protéger une violente conspiration menée par Evo Morales contre la démocratie bolivienne et d’accorder à « l’ancien dictateur » l’impunité dans les enquêtes en cours sur les violations des droits de l’homme, les violences sexuelles et la complicité d’assassinat politique.  Mme  Chávez a plaidé pour des négociations sur les questions liées au manque d’accès de la Bolivie à l’océan Pacifique.  Elle a conclu en invitant la communauté internationale à examiner le processus électoral bolivien qui, contrairement à celui d’Evo Morales l’année dernière, a-t-elle affirmé, sera «  propre et sans fraude  ».  

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a comparé l’ONU à «  un logiciel  » qui a sauvé le monde d’«  erreurs critiques  » mais qui est devenu de plus en plus défectueux au fil du temps.  Nous avons un système attaqué par de nouveaux «  bugs  » ou « virus  », dont le «  confinement  » n’est pas des plus efficaces.  M. Zelenskyy s’est décrit comme le chef d’un État qui subit l’« annexion » par la Fédération de Russie de sa péninsule de Crimée et qui tente de contenir «  l’agression militaire russe » dans le Donbass, pour la septième année consécutive.  Qu’auraient ressenti les fondateurs des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, au centre même de l’Europe,  une guerre éclaterait?  Qu’auraient-ils s’ils avaient su qu’en Crimée, les droits de l’homme seraient «  violés de manière flagrante  », que les Ukrainiens et les Tatars de Crimée seraient «  persécutés  » et que la militarisation de la péninsule et des zones maritimes qui l’entourent «  s’accentuerait  », compromettant l’équilibre sécuritaire dans la région de la mer Noire?  Les fondateurs auraient-ils modifié la Charte et les mécanismes des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, «  à cause de la guerre » dans le Donbass, 14 000 personnes auraient perdu la vie et près de 1,5 million d’autres auraient dû fuir? 

Depuis l’an dernier, a affirmé le Président, l’Ukraine prouve «  qu’elle s’efforce de parvenir à la paix  », en reprenant le dialogue, notamment dans le cadre du format Normandie.  Des progrès substantiels ont été accomplis dans la libération mutuelle de prisonniers.  Depuis le 27 juillet, un cessez-le-feu complet est en place et malgré les «  tentatives de perturber les choses  », « j’ai encore l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu durable  ».  

Le retrait des formations militaires et des armements illégaux des territoires occupés, le rétablissement des contrôles à la frontière et la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur des frontières internationalement reconnues, sont les prochains jalons du chemin de la paix, a énuméré le Président, jugeant tout simplement « inacceptable » que la souveraineté d’un État indépendant soit «  violée  » par l’un des membres permanents du Conseil de sécurité.  

Cela prouve, en a-t-il conclu, que les mécanismes de 1945 ne fonctionnent plus comme il se doit, une situation, a-t-il prédit, qui pourrait entraîner «  un nouveau discrédit » du Conseil de sécurité.  L’Ukraine, a-t-il annoncé, participera « activement  » à la réforme de cet organe pour qu’il devienne «  plus représentatif, plus équilibré, plus transparent et plus efficace  ».  Cette réforme se fera dans l’intérêt des Nations Unies, si l’un des États concernés «  viole et abuse  » de son droit de veto et de son statut de membre permanent. 

Le Président ukrainien a invité les États Membres à participer à la création de la plateforme internationale pour des actions concertées visant à protéger «  les droits des Criméens  » et à «  désoccuper la péninsule  ».  Il a appelé à soutenir la résolution actualisée «  Situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine)  » qui sera présentée à l’Assemblée générale d’ici à la fin de cette année.  L’évocation de la situation en Crimée et dans le Donbass ne doivent pas devenir une routine dans les rapports, les conférences et les déclarations protocolaires.  Le sort du centre de l’Europe, a insisté le Président, concerne le monde entier. 

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a dit que la pandémie COVID-19 a, outre le bilan humain, perturbé les chaînes d’approvisionnement alimentaire, paralysé les économies et érodé le pouvoir d’achat des consommateurs.  La communauté internationale doit faire du multilatéralisme un moyen efficace de gagner cette bataille et la meilleure défense contre les futures menaces mondiales.  Elle doit rechercher des moyens efficaces de soutenir les petits États vulnérables.  L’ONU, a ajouté le Président, demeure la première organisation multilatérale internationale.  Mais, a prévenu M. Santokhi, il faut créer un nouveau multilatéralisme qui se focalise vraiment sur la paix et la prospérité de toutes les nations.  Le Président a dénoncé les actions unilatérales, toujours contre productives. Il a exigé la levée de l’embargo économique, financier et commercial  contre Cuba.  

Le Président a insisté sur la réforme du système financier et du commerce international et exigé l’égale participation des pays en développement, en particulier les petites économies.  Une collaboration stratégique mondiale, étayée par de nouvelles approches financières et économiques sont nécessaires, a estimé M. Santokhi qui a prôné un partenariat plus étroit entre le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  La coopération Sud-Sud doit être explorée et élargie, a ajouté le Président.   

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Présidente de la Confédération suisse, a estimé que l’ONU est plus que jamais indispensable pour la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde, 75 ans après sa création.  «  Elle incarne la cause des droits de l’homme, celle du développement durable ainsi que celle d’un monde réglé par le droit  », a insisté la Présidente de la Suisse avant de dire combien son pays est fier de contribuer à la réalisation des objectifs de l’ONU, même si cela n’est pas toujours aisé.   

«  Mon pays plaide aussi pour un ordre international réglé par le droit  », a-t-elle insisté avant de préciser que la Suisse reste engagée en faveur du droit international humanitaire et de la prévention des conflits.  La Suisse, a-t-elle ajouté, offre ses bons offices là où ils sont souhaités.  «  Mon pays est prêt à assumer encore davantage de responsabilités et c’est pour cela que la Suisse est, pour la première fois, candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024  », a-t-elle annoncé.  

Tout en appuyant sans réserve l’appel du Secrétaire-général à un cessez-le-feu mondial, elle a invité à investir encore davantage dans la prévention des conflits.  Elle a plaidé pour que les droits humains restent au centre de notre action, en rappelant que la «  Genève internationale  » contribue à la prévention des conflits, en accueillant par exemple le Conseil des droits de l’homme ou le Secrétariat du Traité sur le commerce des armes.  

Mme Sommaruga a exprimé son soutien à la Cour pénale internationale (CPI) en tant que partie intégrante d’un ordre international réglé par le droit.  Mettant l’accent sur la nécessité de prévenir les conflits et d’en atténuer les pires conséquences humanitaires, et sur l’importance de résoudre durablement les conflits en cours, elle a souligné que la «  Genève internationale  » offre un cadre qui permet le dialogue pour les parties au conflit.  

La Présidente a précisé que la politique de paix de son pays s’appuie sur des éléments fondamentaux de la culture politique suisse, tels que le partage du pouvoir, l’ouverture au dialogue, la tolérance et la prise en compte des intérêts de chacun.  La Suisse, a-t-elle fait valoir, entend renforcer toujours plus ses capacités et son expertise de médiation et de facilitation pour venir en aide à celles et ceux qui souhaitent, par la voie du dialogue, mettre fin à des conflits.  

Par ailleurs, la Présidente de la Confédération suisse a rappelé que la « Genève internationale  » est aussi le siège de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a joué un rôle crucial depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19.  «  En tant qu’État-hôte de l’OMS et d’autres organisations internationales dans le domaine de la santé, la Suisse s’engage pour qu’elles puissent agir efficacement  », a insisté Mme Sommaruga en souhaitant que l’OMS, dont le budget dépend à 80% de contributions volontaires, puisse disposer des ressources suffisantes pour mener à bien ses réformes.  «  Si toute crise est une souffrance, c’est aussi un moment de changement qui permet de se réinventer  », a-t-elle observé avant d’appeler à se réinventer en gardant à l’esprit les objectifs fixés lors de la création de l’ONU.  Parmi les tâches les plus urgentes, la Présidente suisse a cité la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ainsi qu’un engagement accru en faveur de la paix.  

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a réitéré le soutien de son pays au multilatéralisme et aux principes de la Charte.  Rappelant les souffrances endurées par son pays sous le nazisme, il a appelé à combattre ensemble toute tentative de relativisation des crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale.  La Serbie n’est un grand pays ni par son territoire ni par sa population et c’est pourquoi l’Assemblée générale est de la plus haute importance pour elle puisqu’elle offre aux petits l’occasion de défendre leur point de vue.  

La Serbie croit fermement que ce n’est que par des actions conjointes, une harmonisation et un respect mutuels que des réponses peuvent être trouvées pour faire face aux défis mondiaux tels que la pandémie actuelle de COVID-19, a affirmé le Président, pour qui ce fléau a mis en évidence la nécessité d’une coopération internationale étroite et intensive, dans laquelle l’ONU et ses agences et organisations spécialisées, comme l’OMS, jouent un rôle irremplaçable.  

La pertinence des Nations Unies comme forum ne doit jamais être remise en question, a affirmé M. Vučić, et ce n’est que par la coopération que l’on pourra travailler à l’adaptation, au renforcement et à l’efficacité du système des Nations Unies.  Le Président serbe a saisi l’occasion pour remercier ses partenaires européens et ses amis chinois et russes pour leur assistance dans la lutte contre la maladie.  Insistant aussi sur l’aide que son propre pays a apporté aux autres, le Président s’est félicité que la Serbie, malgré les effets de la crise, affiche « d’excellents résultats économiques » depuis le début de cette année.  

M. Vučić a mis en avant l’amélioration de la coopération régionale, « point de départ fondamental de notre politique étrangère » et a présenté la Serbie comme un partenaire responsable et fiable pour ses voisins, résolu à préserver la stabilité régionale et à intensifier la coopération dans tous les domaines.  La Serbie, a-t-il ajouté, met l’accent sur la coopération économique.  Elle est en outre persuadée que l’intégration complète des Balkans occidentaux à l’Union européenne est indispensable pour que l’espace économique et politique commun sur le continent européen puisse être finalisé.  

Pour M. Vučić, le récent renouvellement du dialogue Belgrade-Priština sous les auspices de l’Union européenne après près de deux ans d’impasse, est certainement le premier pas sur cette voie.  Il s’est aussi félicité de la signature récente à Washington, grâce au « rôle très constructif et important que l’Administration du Président Trump », d’un accord sur la normalisation économique avec le Kosovo-Metohija, qui devrait selon lui offrir une vie meilleure pour tous les citoyens du pays.  Par ailleurs, il a présenté le dialogue entre « Belgrade et les institutions provisoires d’administration autonome de Priština », poursuivi à Bruxelles sous les auspices de l’UE, comme « la véritable voie » pour parvenir à un accord durable entre les deux parties.  Mais il a rappelé que le point de départ ne peut « en aucun cas être l’humiliante et inacceptable prétendue indépendance du Kosovo ».  

Le Président serbe a répété que son pays est pleinement résolu à trouver une solution de compromis sur la question du Kosovo-Metohija et mène une politique « responsable » qui « fait tout pour protéger les intérêts de notre peuple, mais aussi la paix et la stabilité régionales ».  En défendant sa souveraineté et son intégrité territoriale et en respectant la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, la Serbie défend en même temps le droit international, la Charte des Nations Unies ainsi que la suprématie du Conseil, a plaidé M. Vučić.  Pour lui, le bombardement en 1999 par les forces de l’OTAN de ce qui était encore la République fédérale de Yougoslavie, sans le consentement du Conseil de sécurité, a été « la plus grave violation de la Charte ».  

M. Vučić a enfin rappelé que la Serbie s’est engagée à faire preuve de neutralité militaire, présentant cette politique comme « l’un des messages de paix les plus forts qui soient passés des Balkans au monde ».  La Serbie « méprise toute forme de violence; la Serbie veut la paix et la prospérité, pour elle-même et pour l’humanité tout entière », a-t-il conclu. 

Au nom de son gouvernement, entré en fonction le 2 août dernier, M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de la République coopérative du Guyana, a adressé ses félicitations à l’ONU, créée il y a 75 ans, pour ouvrir une ère de paix et de prospérité.  Saluant les engagements contenus dans la Charte des Nations Unies et le forum démocratique essentiel que représente l’Assemblée générale, il a estimé que les États en développement ont une dette particulière à l’égard de l’Organisation.  Les agences onusiennes, a-t-il souligné, ont contribué à réduire la pauvreté, la faim et la famine, à sauver des vies, à assurer le respect des droits de l’homme, à promouvoir une plus grande égalité pour les femmes, à protéger les enfants, à promouvoir l’environnement et à fournir une assistance technique aux pays en développement. 

Le dirigeant a ensuite fait référence aux trois «  conférences pivots  » organisées par l’ONU en 2015 -la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, à Addis-Abeba, le Sommet sur le développement durable et l’Accord de Paris sur les changements climatiques-, jugeant que ces événements illustrent le « véritable caractère » de cette Organisation, à savoir l’union des nations pour s'attaquer aux menaces et promouvoir le développement durable. 

Pour le Président du Guyana, l’ONU reste aussi pertinente et nécessaire qu’elle l’était en 1945.  Le monde a beau avoir changé au cours des 75 dernières années, l’Organisation s’est adaptée et a été un agent de changement, a-t-il relevé.  Parmi les bouleversements dont elle a été témoin figurent la prolifération des États nouvellement indépendants, qui représentent plus de la moitié des États et de la population du monde.  La composition des Nations Unies doit refléter cette réalité, a fait valoir le dirigeant.  Le Conseil de sécurité devrait, selon lui, être réformé pour augmenter le nombre de pays en développement qui en sont membres permanents. 

Il a d’autre part noté que les pays en développement continuent d’avoir un accès limité au financement du développement.  Un meilleur accès est vital pour la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il plaidé, avant d’applaudir les travaux sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Il a aussi rappelé l’attachement de son pays au multilatéralisme, mis en évidence en janvier par sa présidence du Groupe des 77 et la Chine.  Selon lui, le meilleur exemple de ces efforts multilatéraux est le Programme 2030, entré dans sa Décennie d’action.  Dans ce cadre, il a souhaité que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) jouent un rôle plus proactif dans la stimulation des partenariats.  

Le Président du Guyana a enfin averti que, pour les pays en développement, les changements climatiques sont aggravés par la pandémie.  À ses yeux, la seule façon d’alléger ce fardeau passe par une action climatique concertée et équilibrée, via l’atténuation, le financement, la coopération technique et le renforcement des capacités.  Il a également exhorté tous les États à fixer des objectifs ambitieux dans leurs contributions déterminées au niveau national au titre de l’Accord de Paris.  

Face à la crise sanitaire et économique en cours, M. MARIO ABDO BENITEZ, Président du Paraguay, a estimé qu’aucun pays ne peut agir de manière isolée.  Pour cette raison, le dirigeant paraguayen a plaidé en faveur d’un renforcement du multilatéralisme, qualifiant ce dernier «  d’outil efficace  » pour relever les grands défis mondiaux, tels que la recherche de la paix, la protection des droits de l’homme, la non-prolifération des armes nucléaires, la protection de l'environnement, la lutte contre le changement climatique, la régulation du commerce international et la mise en œuvre du développement durable. 

Dans ce cadre multilatéral, M. Benítez a insisté sur l’importance d’une prise en compte par la communauté internationale des besoins et enjeux spécifiques des pays en développement sans littoral, dont fait partie le Paraguay.  En ce sens, il a appelé à la mise en œuvre pleine et entière du Programme d’action de Vienne par les pays de transit, dont le commerce des pays en développement sans littoral est tributaire, en raison du manque d’accès territorial direct de ces derniers à la mer, ainsi que de leur éloignement des marchés mondiaux. 

Conformément à la logique intégrationniste qui vise à accroître les échanges commerciaux et à engranger des bénéfices mutuels pour les économies nationales, le Président a rappelé que son pays s’est engagé à signer rapidement l'accord entre le Marché commun du Sud (MERCOSUR) et l'Union européenne (UE), ainsi que l’Association européenne de libre-échange (AELE). 

Par ailleurs, M. Benítez a condamné le terrorisme et les groupes criminels qui utilisent des enfants et adolescents comme boucliers humains, les exploitent, les endoctrinent et leur apprennent à utiliser des armes.  Le Paraguay souffre précisément des agissements de tels groupes, qui ont recours à des enlèvements, à l'extorsion et au trafic de drogue, a-t-il déploré.  Pour justifier leurs activités criminelles, a poursuivi le Président, ces groupes ont recours à des prétextes idéologiques et à des dispositifs de propagande destinés, selon lui, à déformer la vérité.  «  Mais le Paraguay n’est pas dupe et nous ne trouverons pas le repos tant que tout le poids de la loi ne leur tombera pas dessus  », a-t-il mis en garde, tout en précisant que les portes de son pays demeurent grandes ouvertes aux organisations internationales qui souhaiteraient réaliser un suivi des actions de son Gouvernement en la matière.  «  Le Paraguay agit avec transparence et se conforme toujours à la loi  », a affirmé le Président. 

S’agissant de la réforme de l’ONU, M. Benítez s’est dit en faveur d’une transformation du Conseil de sécurité, afin de le rendre « plus ouvert » et mieux à même de faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Il a également annoncé l’intention de son pays de continuer à fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix. 

Abordant les problématiques de sa région, le Président a souligné que la diaspora vénézuélienne est la deuxième plus importante au monde.  Plus de cinq millions de Vénézuéliens ont été contraints d'émigrer dans les pays voisins, dont le Paraguay, a-t-il rappelé.  Dans ce cadre, M. Benítez a tenu une nouvelle fois à faire part de sa solidarité face «  aux souffrances du peuple vénézuélien  ».  Il a signalé son intention de continuer à «  appuyer les plaintes internationales contre les violations des droits de l'homme au Venezuela  ». 

Élargissant son propos à l’actualité internationale, le Président a dit soutenir la demande de Taiwan de faire partie du système des Nations Unies, au nom du «  principe d’universalité qui caractérise cette Organisation  ».  Il a ensuite salué l'établissement «  historique  » par les Émirats arabes unis (EAU) et le Bahreïn de relations diplomatiques avec Israël, sous les auspices des États-Unis.  «  Nous espérons que ces nouveaux liens contribueront à la paix et à la prospérité au Moyen-Orient  », a-t-il conclu. 

M. MOHAMMAD ASHRAF GHANI, Président de la République islamique d’Afghanistan, a expliqué que son pays faisait face aujourd’hui, après 40  ans de conflit, à cinq défis majeurs: l’épidémie de COVID-19, la quatrième révolution industrielle, la cinquième vague de terrorisme international, les changements climatiques et l’explosion des inégalités.  Selon lui, la COVID-19 a eu un impact équivalent à la Seconde Guerre mondiale sur la société mondiale.  S’agissant de la Quatrième révolution industrielle, le Président de l’Afghanistan a expliqué comment son pays essaye de s’adapter à la révolution numérique pour en faire une source d’opportunités économiques pour sa jeune population et renforcer les systèmes de bonne gouvernance et la primauté du droit.  En outre, il a souligné l’impact de la cinquième vague de terrorisme qui menace les efforts de consolidation de paix de son pays qui montre combien les réseaux de terrorisme international sont connectés aux réseaux criminels internationaux.  

Mettant l’accent sur les changements climatiques, il a rappelé que l’Afghanistan est le dix-septième pays le plus gravement touché par les phénomènes climatiques.  «  Rien que le mois dernier, des centaines d’Afghans ont été tués ou blessés, et ont vu leurs maisons et leurs moyens de subsistance détruits, lorsque des eaux de crue massives ont ravagé la province de Parwan et 13  autres provinces.  »  Il a précisé que la sécheresse et les inondations sont des phénomènes saisonniers en Afghanistan et que seules des solutions régionales basées sur des modèles internationaux permettront de résoudre le problème des changements climatiques.  

Le Président de l’Afghanistan a indiqué que son pays a signé des protocoles avec le Fortescue Metals Group pour faire de l’Afghanistan une industrie verte, avec l’objectif de produire 20  000 mégawatts à partir de l’hydroélectricité et de l’utiliser pour produire de l’acier zéro émission et d’autres produits à partir d’une ressource minérale estimée à 1 000  milliards de dollars.  « Nous sommes également en discussion avec d’autres entreprises pour transformer 70  000 mégawatts d’énergie éolienne et 220 000 mégawatts d’énergie solaire en énergie renouvelable, pour devenir une plaque tournante pour les énergies renouvelables et l’industrie verte dans la région » a ajouté M. Ghani.  Il a dit la volonté de l’Afghanistan de faire progresser les valeurs de l’ONU et de transformer son économie en une économie qui ne dépende plus de l’aide. 

Par ailleurs, le Président de l’Afghanistan a dit que le rôle de l’ONU et des partenaires et alliés internationaux continuera d’être extrêmement important, pour appuyer l’équipe de négociations en face des Taliban à Doha.  La priorité du peuple afghan est un cessez-le-feu et la fin urgente de la violence, a-t-il dit.   

En conclusion, le Président de l’Afghanistan a exhorté les États Membres de l’Assemblée générale, et notamment les membres permanents du Conseil de sécurité, à aider son pays à atteindre l’objectif d’un Afghanistan souverain, uni et démocratique, en paix avec lui-même et avec la région, capable de préserver et d’élargir les acquis des 19 dernières années.  «  Un Afghanistan démocratiquement stable et prospère sera un exemple de la façon dont notre volonté collective peut surmonter les troubles et l’incertitude qui définissent notre monde d’aujourd’hui  », a-t-il conclu.  

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a rappelé que son pays avait terminé en 2019 un mandat de deux ans en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité et entamé, cette année, un mandat de trois ans au sein de Conseil des droits de l’homme.  Il a dit que cela témoignait des engagements de la Pologne en faveur du droit international, de la coopération multilatérale, du droit international humanitaire et de la protection des droits de l’homme, sans oublier la protection de l’environnement.  

Le Président de la Pologne a indiqué que son pays avait célébré, en août dernier, le quarantième anniversaire de la création du mouvement de la « Solidarité » (Solidarnosc) – un grand mouvement social qui a conduit à la chute du rideau de fer.  Ce mouvement, a-t-il rappelé, a apporté liberté, souveraineté et indépendance à la Pologne, au peuple polonais ainsi qu’à d’autres États et nations d’Europe centrale et orientale, ayant entraîné l’effondrement du mur de Berlin et la disparition de l’«  empire maléfique  » de l’Union soviétique.  

Quarante ans après la création de «  Solidarité  » en Pologne et 75 ans après celle de l’Organisation des Nations Unies, le Président de la Pologne a exhorté les chefs d’État et de gouvernement à créer, ensemble, l’idée de «  Solidarité mondiale  ».  Il s’est dit persuadé que ce concept conduirait à surmonter les crises contemporaines du monde.  

Parmi celles-ci, il a cité la crise « réémergente  » de la mauvaise qualité des relations entre les États, qui se traduit par des rivalités croissantes voire des réflexes de domination impérialiste dont est victime un pays voisin de la Pologne.  Par ailleurs, le Président de la Pologne a cité la crise résultant de l’absence d’outils pertinents pour permettre une transformation efficace des économies.  «  Permettre aux États de maintenir un niveau permanent et stable de croissance économique tout en prenant soin de la qualité de l’environnement naturel, certainement l’un des défis les plus fondamentaux auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui et dans un avenir proche  », a estimé M. Duda. 

Enfin, le Président Duda a appelé l’attention sur les questions liées au climat, en rappelant que la Pologne avait été l’hôte de trois conférences de l’ONU sur le climat - la COP 14 à Poznań en 2008, la COP 19 à Varsovie en 2013 et la COP 24 à Katowice en 2018.  «  Nous devons assurer que nos actions sont sûres pour les citoyens, les économies et les États.  »  Il a plaidé pour une transition climatique juste et équilibrée, qui tienne compte des conditions internes de chaque État.  

M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, s’est dit convaincu que le monde d’aujourd’hui était meilleur que celui de 1945 et ce, dans une large mesure, grâce aux effort menés par les Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationales, encourager la coopération entre les peuples pour résoudre les problèmes mondiaux et servir de point de rencontre pour les nations qui partagent cette planète.  Le monde de 2020 est toutefois loin d'être parfait, a poursuivi le Président en recommandant des solutions communes, fruits d'une coopération loyale entre les 193 États Membres.  Il a rappelé que le multilatéralisme et la coopération internationale, d’outils précieux pendant 75 ans, sont devenus aujourd’hui essentiels.  Pour la République dominicaine, la COVID-19 a des conséquences particulièrement graves du fait qu’il s’agit d’un pays insulaire à revenu intermédiaire déjà très menacé par le changement climatique.  

Le Président Corona a rappelé le rôle joué par son pays au Conseil de sécurité sur la question de la protection des civils en conflit dans le contexte de la COVID-19, en produisant une déclaration présidentielle, laquelle a obtenu l’accord unanime du Conseil.  Il a recommandé de garder cet esprit pour appliquer les politiques qui permettront d’arrêter d’abord la pandémie, de vacciner plus tard et, entre–temps, de reconstruire ce que la pandémie a endommagé.  M. Corona a donc plaidé pour un multilatéralisme et une coopération visant à accroître l’équité afin de sauver des vies.  Il a cité en exemple son pays qui dispose d’un système de protection sociale « précaire », alors même qu’il est l'un des pays des Caraïbes ayant la croissance économique la plus élevée, et ce à cause de son incapacité jusqu’à ce jour à « combler l’écart d'équité ».  Pour le Président dominicain, il n’existe donc pas d’autre solution que d’investir dans la santé et l’éducation et c’est pourquoi la République dominicaine vient de lancer le programme de santé publique le plus ambitieux de son histoire, afin d’offrir une couverture universelle d’ici à la fin de l’année. 

Parallèlement, le pays considère sa jeunesse comme l’une de nos principales priorités et veillera à lui assurer la meilleure éducation.  Pour M. Corona, « parler de paix et de sécurité sans parler de développement est, simplement et clairement, une perte de temps ».  Il a donc préconisé une « mise en œuvre accélérée » du Programme 2030 « avec l’engagement résolu des pays développés ». Les pays à revenu intermédiaire comme la République dominicaine font face à des défis particuliers dus notamment à des faiblesses institutionnelles qui conduisent à inégalité, a relevé le Président en appelant à modifier le Programme pour qu'il réponde aux problèmes de chaque pays.  Au-delà des efforts nationaux, les pays en retard ont besoin d’une « assistance essentielle », a-t-il ajouté.   

Le Président Corona a ensuite plaidé pour que l’ONU adopte des politiques qui combinent les intérêts nationaux légitimes de chaque pays avec les solutions mondiales adoptées par l’ensemble de la communauté internationale.  Pour ce faire, il a recommandé d’agir dans trois domaines: la santé, l’éducation et la réduction de la fracture numérique.  Il a notamment plaidé pour un vaccin contre la COVID-19 accessible à tous les êtres humains de la planète et a jugé essentiels le rôle de l’OM ainsi que la création d'un fonds mondial de solidarité en vue des futures pandémies. 

Le Président de la République dominicaine a encore plaidé en faveur de la dignité humaine, de politiques garantissant l’égalité homme-femme, de la protection des enfants, ainsi que de la protection de l'environnement.  Il a rappelé qu’au Conseil de sécurité, la République dominicaine avait préconisé que les facteurs de sécurité dans le contexte du changement climatique soient étudiés plus en profondeur.  Il a appelé l’ONU à considérer les phénomènes naturels et événements climatiques extrêmes « comme des réalités communes et récurrentes auxquelles nous devons être prêts ».  

S’il a reconnu que l’ONU a, au cours des 75 dernières années, largement contribué à l’humanité, M. NICOLÀS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a exhorté à davantage d’efforts pour préserver les acquis et faire progresser les nouveaux objectifs.  Nous insistons sur la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud et de créer des mécanismes alternatifs de financement et d’appui technique aux initiatives et aux priorités définies par nos peuples en matière de développement durable », a déclaré le chef d’État, en citant le poète Benedetti: « Le Sud pense aussi, le Sud compte aussi, le Sud existe aussi ».   

Alors que le monde est confronté à une crise profonde et complexe, marquée notamment par la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, le Président a dénoncé la prétention «  non moins alarmante  » des grandes puissances de conduire l’humanité à une confrontation militaire directe.  Les États-Unis, a-t-il accusé, loin de prendre une position de leadership positif ou proactif, se comportent de manière erratique sous un gouvernement intransigeant et réticent à la diplomatie.  « Ils méprisent ouvertement le multilatéralisme et tout type de règle préexistant.  »  

Dans de nombreux cas, a-t-il poursuivi, le «  néolibéralisme imposé  » a «  asphyxié  » les institutions publiques, privatisant les droits de la population.  Aussi, a-t-il annoncé la création d’un «  fonds renouvelable pour les achats publics dans le système des Nations Unies  » afin de garantir l’accès aux produits alimentaires et de santé, lequel serait financé par des ressources publiques.  Cela permettra aux gouvernements d’acquérir plus facilement les biens et services nécessaires.  Le Président a ensuite plaidé pour la création d’une banque de technologies « gratuites » et de processus d’éducation et de formation universels.  Il a en outre plaidé pour un «  instrument international juridiquement contraignant sur le développement et le droit au développement  ». 

Après avoir rappelé l’adhésion du Venezuela à l’Accord de Genève de 1966 sur le différend territorial «  hérité du colonialisme impérial  » de la Guyana Esequiba, M. Maduro s’est à nouveau élevé contre « les attaques » dont son pays fait l’objet de la part des États-Unis : «  Les mesures coercitives unilatérales ont suscité non seulement l’indignation et la répudiation des peuples, mais elles ont également généré une cohésion et des initiatives nationales autour de nouvelles formes de production et de solutions techniques et technologiques.  L’inventivité a été la réponse à la persécution de notre industrie nationale  », s’est-il enorgueilli.  

Ainsi, face à la pandémie de COVID-19, a-t-il affirmé, nous avons appliqué environ 1 900 000 tests de dépistage gratuits, faisant de notre pays, le pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui a conduit le plus de tests.   Le Venezuela est l’un des rares pays à offrir des traitements gratuits et différenciés pour les cas détectés : asymptomatiques, légèrement symptomatiques, symptomatiques modérés et graves.  Notre politique de prévention et de prise en charge implique l’hospitalisation totale de tous les cas positifs, même s’ils ne présentent pas de symptômes. 

Mais « les attaques » contre le Venezuela, a affirmé le Président, ne se limitent pas à des mesures coercitives unilatérales, comme le gel des avoirs.  Le 3 mai, nous avons été confrontés à une tentative d’incursion par la mer d’un groupe de mercenaires et de terroristes, financé par le Gouvernement américain et entraîné sur le territoire colombien.  « Nous sommes en train de les neutraliser et de les capturer », a averti le Président.  De même, a-t-il ajouté, nous venons de capturer « un espion américain » portant armes de guerre et documents liés à notre industrie pétrolière et électrique. 

M. LAURENTINO CORTIZO COHEN, Président du Panama, a estimé que la pandémie de COVID-19 a mis à l’épreuve les paradigmes de la société d’aujourd’hui et au défi de construire activement l’avenir que nous voulons.  Cela implique des changements dans nos systèmes économiques, s’agissant du leadership et de la gouvernance, de la transparence, de la protection et de la restauration de la biodiversité, des droits de l’homme et de l’intégration sociale, a-t-il affirmé.  Il a estimé que la COVID-19 a mis en lumière certaines contradictions dans les politiques publiques.  Si nous tirons correctement les leçons de cette crise, nous pourrons parvenir au consensus social qui nous permettra d’accélérer les réformes nécessaires pour parvenir à une société prospère, mais surtout juste et plus solidaire, a-t-il pronostiqué.  Selon le chef d’État, l’un des principaux enseignements tirés de cette pandémie, par exemple, est l’importance de miser sur la science, la technologie et l’innovation pour apporter des solutions qui nous permettent de combler les écarts sociaux existants.  La leçon la plus importante que la pandémie nous laisse est de travailler ensemble sur les problèmes qui affectent l’humanité, a insisté M. Cohen. 

Le Panama, a-t-il ensuite déclaré, est le pays qui a la meilleure connectivité maritime et aérienne en Amérique.  Le pays a mis ses infrastructures au service du monde, avec 144 routes maritimes et 1 700 ports desservis par le canal.  Nous avons maintenu ouvert notre système portuaire et aéroportuaire, garantissant ainsi la continuité des chaînes logistiques pour les approvisionnements mondiaux, en particulier la nourriture et les médicaments, a souligné le chef d’État.   Nous manifestons notre solidarité en apportant une aide humanitaire et en ayant autorisé le transit par le canal de Panama des bateaux de croisière Zandaam et Rotterdam touchés par le COVID-19, afin que les passagers puissent être pris en charge à temps.  « Nous avons évité une tragédie majeure », s’est enorgueilli le Président.  

Si la communauté internationale ne réagit pas maintenant, de manière décisive, le Programme 2030 court le risque de dérailler définitivement, a prévenu le Président.  Selon lui, un nouvel ordre multilatéral implique le réel engagement de chaque pays à mener des actions concrètes, basées sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Nous avons perdu des grands-parents, des parents et des enfants dans le duel meurtrier contre le virus.  Des infirmières, des médecins, des agents de santé sont tombés sur le champ de bataille.  Nous sommes convaincus qu’un vaccin est proche et que nous pourrons stopper ce mal dont personne ne voulait, a prédit le dirigeant.  Les gouvernements et les dirigeants du monde ont maintenant l’obligation de reconnaître les erreurs commises, de mieux se préparer, de faire en sorte que nos systèmes de santé puissent faire face à des crises comme celle que nous traversons actuellement.  «  De cette horreur », nous devons apprendre que, plutôt que de reconstruire, nous devons construire une nouvelle société, plus solidaire, plus équitable, plus juste.  Ensemble, comme « nations unies », nous bâtirons l’avenir que nous voulons.  « Ne vous y trompez pas, l’action multilatérale est la seule voie  », a conclu M. Cohen. 

M. KHALTMAA BATTULGA, Président de la Mongolie, a alerté sur le fait que, dans ce monde interconnecté, les maladies infectieuses se propagent de manière exponentielle, avec un effet adverse sur l’économie, le bien-être social, les causes humanitaires, la sécurité et les droits de l’homme.  C’est une énorme leçon et un avertissement.  L’humanité a été pris au dépourvu et balayée par une pandémie malgré la sophistication de la médecine du XXIe siècle.  En cette période de crise, le multilatéralisme a pris un rôle encore plus important, a ajouté le Président qui a insisté sur la nécessité urgente de réponses inclusives et planifiées, établies sur la base de la coopération et de l’unité.  

M. Battulga s’est dit convaincu qu’une fois un vaccin sûr et efficace, trouvé, le système de l’ONU jouera un rôle de premier plan pour veiller à l’accès des pays en développement et des pays les moins avancés.  Il a appelé les organisations financières internationales et les pays développés à continuer de fournir un appui à ceux qui ont des ressources limitées et de faibles filets de protection, pour soutenir leur relance économique et leur lutte contre la pandémie. 

Contre cette pandémie, le Président Battulga a appelé tous les gouvernements à agir de manière décisive.  Il les a aussi appelés à redoubler d’efforts pour réaliser le Programme 2030 et à assumer leurs responsabilités avec créativité et souplesse.  À ses yeux, la pandémie et les changements climatiques viennent rappeler à l’humanité la nécessité «  impérieuse  » de chérir la Terre et de vivre en harmonie avec la nature.  Le fait que la Mongolie soit l’un des rares pays au monde où transmission de la COVID-19 a été nulle peut être attribué à sa tradition séculaire d’harmonie avec la nature, a affirmé le Président.  «  Cessons de chercher à la dominer avec des avancées techniques  », a-t-il plaidé. 

M. DAVID  KABUA, Président de la République des Îles Marshall, a estimé que face à la crise sans précédent qu’il traverse, le monde se doit de surmonter ses fractures en matière de coopération internationale.  Sans un leadership accru, les conséquences de la responsabilité partagée seront catastrophiques, qu’il s’agisse de la crise financière, de la santé publique, des tensions sécuritaires ou des changements climatiques, a-t-il averti, soulignant la capacité de son pays, petit État insulaire en développement, à souvent «  voir les menaces plus tôt ou plus nettement » que ses plus grands partenaires.  

À ce jour, a poursuivi le dirigeant, les Îles Marshall restent l’un des rares pays du monde sans un seul cas confirmé de COVID-19.  «  Comme certains de nos voisins, nous avons pris des mesures précoces qui ont évité l’exposition de notre population vulnérable mais nous ont laissés dans un profond isolement  », tandis que les ressortissants vivant à l’étranger ont, eux, été «  exposés à de graves flambées  », a expliqué M. Kabua.  «  Non seulement dans notre propre population, mais dans le monde entier, les communautés sont toutes confrontées à de graves défis  », a-t-il résumé.  

Malgré l’aide fournie par le Forum des îles du Pacifique et de nombreux partenaires multilatéraux et bilatéraux, le pays est confronté à une crise économique aiguë, les mesures anti-COVID-19 ayant un impact négatif sur ses revenus.  Dans ce contexte, le Président des Îles Marshall a jugé essentiel que le système international appuie les stratégies de relance économique adaptées aux îles.  Affirmant vouloir «  reconstruire en mieux » grâce à la résilience verte, il s’est néanmoins déclaré préoccupé par l’état de la coopération multilatérale.  

Il a par ailleurs indiqué que son pays, en tant que nouveau membre du Conseil des droits de l’homme, se sent « frustré par l’écart entre les idéaux et la réalité  ».  Bien que le nombre des «  mauvais acteurs  » aille en s’accroissant, le Conseil devrait continuer d’écouter attentivement les nations vulnérables qui recherchent des réformes et des progrès de bonne foi, a-t-il dit.  Il a également regretté que tous ne soient pas tenus de rendre compte des obligations en matière de droits de l’homme et des violations systématiques, «  y compris par certaines des plus grandes puissances  ».  

Rappelant ensuite le rôle de «  gardien de l’océan  » des nations du Pacifique, M. Kabua a souhaité une réponse mondiale plus large pour garantir que les générations futures bénéficieront d’océans sains.  Selon lui, la bouée de sauvetage économique dans le Pacifique est la pêche, ce qui implique de mettre en place des stratégies de développement plus fortes et ciblées avec des sources de financement mondiales.  Il a également exhorté la communauté internationale à faire front, au travers d’une plateforme de l’ONU, contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.  

Il a enfin prévenu que les changements climatiques constituent «  la plus grande menace pour les peuples du Pacifique  », y compris dans des atolls de basse altitude comme les Îles Marshall.  Appelant la communauté internationale à passer des «  mots contraignants  » de l’Accord de Paris à l’action, il a proposé que la reprise économique qui s’annonce soit l’occasion de «  créer un avenir sans carbone  ».  L’adaptation aux changements climatiques retardera les pires impacts si le monde tient sa promesse d’une hausse limitée à 1,5°C, a-t-il souligné, tout en faisant remarquer que cette adaptation nécessite des fonds.  Il y a donc deux choses dont nous avons besoin pour assurer notre avenir, a-t-il conclu : «  que le monde nous aide à nous adapter et qu’il fasse en sorte que 1,5°C soit la limite  ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: ouvert dans un format imposé par la COVID-19, le débat général offre l’occasion de dénoncer une communauté internationale profondément divisée

Soixante-quinzième session,
4e & 5e séances, Matin, après-midi & soir
AG/12268

Assemblée générale: ouvert dans un format imposé par la COVID-19, le débat général offre l’occasion de dénoncer une communauté internationale profondément divisée

C’est dans le format sans précédent de déclarations retransmises par vidéo devant une salle de l’Assemblée générale sans public et peuplée seulement de quelques délégués que s’est ouvert aujourd’hui le débat de haut niveau de cette session du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Profondément marquée par la pandémie de COVID-19, la première journée a une nouvelle fois illustré les graves divisions du monde, dénoncées avec force par le Président français, alors que se multipliaient les appels à la solidarité et la coopération internationales. 

D’ici au mardi 29 septembre, la salle de l’Assemblée générale devrait résonner des discours de dignitaires des 193 États Membres ainsi que du Saint-Siège, de l’État de Palestine et de l’Union européenne, avec un nombre record de 115 chefs d’État et 57 chefs de Gouvernement.  Mais il s’agit cette année de déclarations préenregistrées, introduites par le représentant permanent du pays physiquement présent dans une enceinte aux trois-quarts vide, comptes tenus des mesures de distanciation sociale.  Seuls le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, et le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, ont prononcé leur discours en personne et aucun des 34 chefs d’État et de gouvernement inscrits sur la liste des orateurs de ce premier jour.  

Aux « quatre cavaliers  » des ténèbres qu’il avait déjà désignés en janvier dernier devant l’Assemblée générale, à savoir les tensions géostratégiques mondiales; la crise climatique ; la méfiance profonde qui ne cesse partout de gagner du terrain; et la face obscure du monde numérique, M. Guterres, qui a présenté son Rapport annuel sur les activités de l’Organisation, en a ajouté un cinquième, «  tapi dans l’ombre  ».  Le Secrétaire général a cité la pandémie de COVID-19, dont le « sinistre bilan » s’alourdit chaque jour.   

Il a, comme bien d’autres intervenants après lui, décrit les familles endeuillées, les sociétés qui chancellent, la destruction des progrès accomplis au cours des dernières décennies.  « Jamais le monde ne s’est autant éloigné des objectifs de développement durable; les gens souffrent; la planète est en feu; le monde est aux abois, stressé: il se cherche de véritables leaders, prêts à l’action  », s’est alarmé M. Guterres.   

« Du jamais vu  ».  La pandémie n’est pourtant qu’une « répétition générale » pour tous les défis dont le monde sera le théâtre, a averti le Secrétaire général, qui a appelé à l’unité et à la solidarité, plutôt qu’au repli.  Il a voulu que l’on se fie à la science plutôt qu’au populisme ou au nationalisme.  

Plusieurs chefs d’État l’ont affirmé, à l’exemple du Président chinois, M.  Xi Jinping: « Le virus sera vaincu, l’humanité remportera le combat  ».  Mais en attendant, il faudra vivre avec, a rappelé son homologue du Chili, M. Sebastián Piñera Echenique.  Seule la solidarité internationale permettra de franchir cette épreuve, ont martelé la plupart des intervenants.  Les exemples n’ont pas manqué. Le Président de l’Afrique du Sud et Président de l’Union africaine, M. Matamela Cyril Ramaphosa, a énoncé les mesures prises par l’UA pour garantir l’accès aux équipements de protection individuelle et aux médicaments.  Celui de la Chine a promis que les futurs vaccins mis au point par les chercheurs chinois seront traités comme un « bien public mondial » fourni en priorité aux pays en développement.  

Le Président sud-coréen, M. Moon Jae-I, a expliqué que son pays participe activement à l’initiative COVAX, un effort collectif visant à négocier avec les fabricants de vaccins mené par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Alliance GAVI.  Le rôle de l’Union européenne au sein du G20 pour garantir un allègement de la dette des pays les plus fragiles a aussi été rappelé.  

Face à la pandémie et à ses conséquences, la grande majorité des orateurs a affiché le désir d’un multilatéralisme renforcé.  Mais pas un « multilatéralisme des mots » qui masque sous le consensus de façade des accords minimalistes et des divergences profondes, a averti le Président français, M. Emmanuel Macron, qui a déploré le paradoxe d’États plus « désaccordés, désalignés, incapables de construire des solutions rapides » alors même que jamais auparavant les sociétés n’ont été aussi interdépendantes.  

Le Président français a dénoncé le temps mis par le Conseil de sécurité pour s’entendre sur un simple soutien à l’appel lancé le 23 mars dernier par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial: « Avoir tant de mal à nous accorder sur si peu! ».  M. Macron a aussi dénoncé les accusations de complaisance des uns et l’instrumentalisation par d’autres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).   

Louée par beaucoup, l’OMS a été prise à partie par le Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui l’a accusée d’être « contrôlée par la Chine » lors d’une allocution largement consacrée à une attaque en règle contre ce pays, auquel il entend demander de « rendre des comptes » pour avoir laissé le « virus chinois » infecter le monde et pollué « massivement » la planète, à l’opposé du bilan environnemental « exceptionnel » des États-Unis ».   

M. Trump, qui a, une nouvelle fois, affiché sa « fierté » de faire passer son pays avant tout et recommandé aux autres dirigeants de faire de même, n’en a pas moins affirmé que l’Amérique, « chantre de la liberté et de la sécurité dans le monde », défendra toujours les droits humains.  Il a aussi mis en avant « l’accord de paix révolutionnaire » obtenu au Moyen-Orient avec l’établissement des relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël sous l’égide de son pays, grâce à une « approche différente » des « mêmes solutions défaillantes proposées pendant des décennies par les mêmes voix lasses ».  

Cette « percée décisive » n’est pas apparue comme telle à tous.  Le Roi de Jordanie Abdallah II a répété que la solution au conflit israélo-palestinien passe par un État palestinien indépendant, viable, avec Jérusalem-Est pour capitale. Pour le Président Recep Tayyip Erdoğan de la Turquie, les pays qui ont déclaré leur intention d’ouvrir des ambassades à Jérusalem en violation des résolutions de l’ONU ne font que compliquer le conflit.  «  Je ne crois pas à une paix qui se construira sur l’hégémonie ou l’humiliation, quand bien même celle-ci serait compensée par de l’argent », a commenté le Président français, même s’il s’est réjoui que de nouveaux États arabes aient reconnu Israël.  

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 23 septembre, à partir de 9 heures. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/75/1)

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a présenté le rapport d’activités de l’Organisation (A/75/1), en rappelant qu’en janvier dernier, devant l’Assemblée générale, il avait identifié « quatre cavaliers des ténèbres », quatre menaces qui hypothèquent notre avenir commun: les tensions géostratégiques mondiales, les plus graves que l’on ait vues depuis des années; la crise climatique, qui menace notre existence même; la méfiance profonde qui ne cesse partout de gagner du terrain; et la face obscure du monde numérique.  Aujourd’hui, le Secrétaire général a identifié un cinquième cavalier « tapi dans l’ombre »: la pandémie de la COVID-19. 

Chaque jour, s’est-il alarmé, son sinistre bilan s’alourdit.  Les familles sont endeuillées, les sociétés chancellent et les piliers déjà fragilisés sur lesquels repose notre monde vacillent encore un peu plus.  La COVID-19 a mis à nu les fragilités du monde, braquant les projecteurs sur les inégalités croissantes, les catastrophes climatiques, les divisions de plus en plus marquées au sein de nos sociétés et de la corruption rampante.  Elle a réduit à néant les progrès accomplis au cours des dernières décennies puisque pour la première fois en 30 ans, la pauvreté augmente et les indicateurs de développement humain sont en berne.  Jamais le monde ne s’est autant éloigné des objectifs de développement durable, s’est inquiété M. Guterres.  « Les gens souffrent.  La planète est en feu.  Le monde est aux abois, stressé: il se cherche de véritables leaders, prêts à l’action. »

Celles et ceux qui ont donné naissance à l’ONU, il y a 75 ans, a rappelé le Secrétaire général, avaient survécu à une pandémie, à une dépression mondiale, à un génocide et à une guerre mondiale.  Aujourd’hui, nous nous trouvons à un moment historique semblable à 1945.  « Cette pandémie, c’est du jamais vu », mais c’est aussi le genre de crise que le monde est condamné à revivre sous une forme ou une autre, encore et toujours.  Plus qu’un avertissement, la COVID-19 est une répétition générale pour tous les défis dont le monde sera le théâtre.  Dès lors, le Secrétaire général a appelé à l’unité et à la solidarité, s’indignant que l’aide apportée jusqu’ici aux pays qui ont le moins de moyens soit totalement inadéquate.  Il faut se fier à la science et obéir au principe de réalité, a-t-il ajouté mettant en garde, contre le populisme et le nationalisme face à la pandémie.  Dans un monde interconnecté, il est grand temps de reconnaître une vérité toute simple, a-t-il tranché.  La solidarité relève de l’intérêt commun.

Le Secrétaire général est ensuite revenu sur l’appel à un cessez-le-feu mondial qu’il a lancé lorsque la pandémie s’est installée.  Il a engagé à nouveau la communauté internationale à redoubler d’efforts pour y répondre d’ici à la fin de l’année.  « Lorsqu’un conflit fait rage en même temps qu’une pandémie, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur: le virus. » 

Mais, a estimé le Secrétaire général, il y aussi des raisons d’espérer: le nouvel accord de paix conclu entre le Gouvernement et les mouvements armés en République du Soudan; le début des négociations intra-afghanes et certains cessez-le-feu qui tiennent mieux que par le passé comme à Edleb en Syrie, ou encore l’accalmie à Gaza alors que l’idée d’annexer certaines parties de la Cisjordanie occupée a été mise de côté, du moins temporairement.

Toutefois, dans les régions où les groupes terroristes sont particulièrement actifs, les obstacles à la paix seront beaucoup plus difficiles à surmonter, a concédé M. Guterres.  Il a évoqué la situation dans la région du Sahel et du lac Tchad où il a dit craindre que les groupes terroristes et extrémistes violents cherchent à exploiter la pandémie. 

Face au spectre de la famine en République démocratique du Congo, dans le nord-est du Nigéria, au Soudan du Sud et au Yémen, le Secrétaire général a appelé à nouveau la communauté internationale à redoubler d’efforts –sous la conduite du Conseil de sécurité– pour parvenir à un cessez-le-feu mondial d’ici à la fin de l’année.  « Il reste à peine 100 jours.  Le temps presse. »

Il a aussi mis en garde contre une nouvelle guerre froide.  Notre monde ne supportera pas un avenir dans lequel les deux plus grandes économies diviseraient la planète de part et d’autre, chacune bardée de ses propres règles commerciales et financières, de son propre Internet et de ses propres capacités d’intelligence artificielle, a martelé le Secrétaire général.  Une fracture technologique et économique risque inévitablement de se muer en fracture géostratégique et militaire.  C’est ce que nous devons éviter à tout prix à son avis, a alerté le Secrétaire général. 

Passant à la riposte mondiale à la pandémie orchestrée par les Nations Unies, le Secrétaire général a fait valoir que sous la conduite de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le système des Nations Unies a aidé les États –et en particulier les pays en développement– à sauver des vies et à contenir la propagation du virus.  Ses chaînes d’approvisionnement mondiales ont permis de fournir des équipements de protection individuelle et d’autres fournitures médicales à plus de 130 pays.  Grâce au Plan de réponse humanitaire global, l’ONU a apporté une aide salvatrice aux pays et populations les plus vulnérables, y compris aux réfugiés et aux personnes déplacées.  L’ensemble du système était en mode « urgence développement », à travers ses équipes de pays et ses orientations générales pour aider les gouvernements. 

L’ONU défend les efforts pour développer « un vaccin du peuple », qui soit abordable et accessible partout.  Le Secrétaire général a d’ailleurs pointé du doigt ceux qui chercheraient à conclure de leur côté des marchés qui ne bénéficieraient qu’à leur propre population.  Le « vaccinationalisme » n’est pas qu’injuste, il est aussi voué à l’échec, a-t-il pronostiqué, parce que personne n’est en sécurité si tout le monde ne l’est pas. 

De même, les économies ne peuvent tourner normalement en temps de pandémie.  C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a dit avoir plaidé en faveur d’un plan de sauvetage massif représentant au moins 10% de l’économie mondiale.  Il faut absolument veiller à ce que le monde en développement ne s’embourbe pas dans la ruine financière, l’escalade de la pauvreté et les crises de la dette, a-t-il souligné.  Pour éviter une « spirale fatale », il faut, selon lui, une mobilisation collective.  C’est la raison pour laquelle il a dit avoir pris l’initiative de réunir les dirigeants du monde entier dans une semaine au tour du thème du financement du développement à l’ère de la COVID-19 et après.  Le Secrétaire général a réitéré l’attention particulière qu’il porte aux femmes et aux filles, « cette moitié de l’humanité » qui subit le plus durement les conséquences sociales et économiques de la pandémie.  Si nous n’agissons pas maintenant, a-t-il mis en garde, l’égalité des sexes pourrait accuser un recul de plusieurs décennies. 

Au-delà des mesures d’urgence, les efforts de relance d’aujourd’hui doivent jeter les bases d’un monde meilleur pour demain.  Cette relance est ; selon M. Guterres, notre chance de réinventer les économies et les sociétés.  La communauté internationale dispose pour cela des feuilles de route de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.  Relance rime avec résilience et au niveau national, cela exige un nouveau contrat social, et au niveau international, un nouveau pacte mondial. 

Ce contrat social doit permettre de bâtir des sociétés inclusives et durables, a expliqué le Secrétaire général, en misant sur une nouvelle génération de politiques de protection sociale, comprenant notamment la couverture sanitaire universelle et la possibilité d’un revenu minimum universel.  L’inclusion signifie aussi de donner à toutes et à tous l’accès à l’éducation et aux technologies numériques, les deux grands vecteurs de l’autonomisation et de l’égalité de notre époque.  Cela requiert des systèmes fiscaux auxquels tout le monde contribue équitablement et de placer les droits humains au cœur de tous les efforts. 

Pour être véritablement durable, le nouveau contrat social doit assurer la transition vers les énergies renouvelables et ainsi atteindre l’objectif zéro émission d’ici à 2050.  Le Secrétaire général a demandé à tous les pays d’envisager d’inclure six mesures positives pour le climat dans les efforts qu’ils déploient pour sauver, reconstruire et relancer leurs économies.  Il a notamment cité les emplois verts, la fin des subventions pour les combustibles fossiles et la prise en compte des risques climatiques dans toutes les décisions financières et politiques. 

Quant au nouveau pacte mondial, il doit faire en sorte que les systèmes politiques et économiques mondiaux garantissent l’accès de tous aux biens publics essentiels, car ce n’est pas le cas aujourd’hui.  Le nouveau pacte doit reposer sur une mondialisation juste, fondée sur les droits et la dignité de chaque être humain, sur une vie en harmonie avec la nature et sur nos responsabilités envers les générations futures.  IL va falloir intégrer les principes du développement durable dans tous les processus décisionnels, afin d’orienter le flux des ressources vers une économie verte, durable et équitable, a-t-il précisé. 

Plus de 70 ans après leur création, les institutions multilatérales doivent elles aussi être modernisées afin de représenter plus équitablement tous les peuples du monde, plutôt que de conférer un pouvoir disproportionné à certains et de limiter l’influence des autres, a poursuivi le Secrétaire général.  Nous n’avons pas besoin de nouvelles bureaucraties, a-t-il estimé, mais d’un système multilatéral qui innove en permanence, qui bénéficie aux peuples et qui protège notre planète. 

Le multilatéralisme du XXIe siècle doit se structurer en réseau: il doit relier entre elles les institutions mondiales, telles que les banques de développement, les organisations régionales et les blocs commerciaux, à travers les secteurs et les zones géographiques.

Le multilatéralisme du XXIe siècle doit être inclusif: il doit s’ouvrir à un cercle bien plus vaste d’acteurs, en faisant appel aux capacités de la société civile, des régions et des villes, des entreprises, des fondations et des institutions universitaires et scientifiques. 

Pour M. Guterres, ce n’est qu’ainsi que nous garantirons un multilatéralisme efficace, à la hauteur des épreuves du XXIe siècle.  Il a conclu en disant que pour venir à bout des fragilités et des problèmes actuels, il nous faut plus de coopération internationale, et non pas moins; des institutions multilatérales renforcées, et non pas désertées; une meilleure gouvernance mondiale, et non pas une mêlée chaotique.  

La pandémie a bouleversé le monde, a-t-il concédé, mais ce chamboulement a dégagé un espace pour quelque chose de nouveau.  Elle nous a appris que nos choix comptent.  « Au nom de l’avenir, il est impératif que nous fassions les bons choix », a martelé le Secrétaire général.

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclaration liminaire

M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, a rappelé que la salle de l’Assemblée générale avait été le lieu de grands accomplissements et qu’elle symbolise ce que les nations peuvent accomplir lorsqu’elles sont unies.  Le débat général et la semaine de haut niveau, a-t-il ajouté, permettent à nos dirigeants politiques et de la société civile de se rassembler et de discuter des différents défis auxquels nous sommes confrontés.  Certains de ces défis sont locaux ou régionaux, mais nos efforts sont toujours mondiaux. 

Or, a fait observer M. Bozkir, cette année, le débat général a dû prendre une nouvelle forme.  Les dirigeants de nos nations ne sont pas personnellement présents, ils ne pourront pas interagir les uns avec les autres et tenir des réunions bilatérales en marge, et les possibilités de bénéficier de la participation des ONG sont limitées.  Pourtant, la nécessité de délibérer est plus importante que jamais, a déclaré le Président de l’Assemblée générale.  La pandémie, s’est-il expliqué, a affecté bien plus que notre capacité de nous réunir en personne.  Elle a frappé nos économies, poussé nos systèmes de santé dans leurs limites, bouleversé l’éducation et mis en péril notre avenir collectif. 

Les plus vulnérables sont ceux qui ont le plus souffert, a poursuivi M. Bozkir, en mentionnant la situation de plus en plus désastreuse des réfugiés et des migrants, l’exposition des femmes et filles à la violence et à l’exploitation, et celles des enfants au travail, au mariage forcé ou à la traite.  La xénophobie, le racisme et la discrimination, pour des motifs ethniques et religieux, sont en augmentation, de même que la violence à l’encontre des membres de groupes religieux et des lieux de culte. 

Au nom de tous ces gens, le Président de l’Assemblée générale a lancé un appel pour que l’humanité, qui « a rarement fait face à une menace aussi imminente et commune », laisse de côté ses différences et désaccords.  Les États doivent renouveler leur engagement collectif en faveur du multilatéralisme.  « Nous, les peuples des Nations Unies, pouvons y parvenir », a lancé M. Bozkir.

Il a rappelé les origines de l’Organisation dont il a jugé la légitimité « sans égale ».  Le système a été conçu pour être souple.  Il faut donc mieux planifier, innover et reconstruire, pour une reprise durable, inclusive et juste.  Agir seul coûterait plus de vies et plus de ressources, a-t-il poursuivi, en appelant à tirer pleinement parti de cette plateforme essentielle qu’est l’Assemblée générale pour fournir des orientations politiques aux efforts internationaux.  M. Bozkir a donc exhorté les États Membres à faire preuve de coopération et de créativité et à concevoir des solutions qui permettront à l’Assemblée générale de fonctionner efficacement et de rester pertinente.

Avec la pandémie, a-t-il dit, le système de l’ONU est de plus en plus sollicité.  M. Bozkir a donc appelé au renforcement de la coordination, de la cohérence, de l’efficacité et de la capacité d’exécution dudit système.  Il a demandé que soient renforcés encore les efforts des agences des Nations Unies, « y compris l’Organisation mondiale de la Santé, pour combattre cette pandémie ».  Il a demandé une « conversation dure et honnête sur les échecs du système multilatéral ».  Il a réclamé la mise en œuvre des réformes pour que l’ONU puisse « offrir l’avenir que nous voulons ». 

Rappelant que la Charte est le fruit de « nous, les peuples des Nations Unies », M. Bozkir a exposé les priorités de la soixante-quinzième session.  Il a cité en premier lieu le renforcement du multilatéralisme et la reconnaissance de ses réalisations.  Le monde connaît des niveaux croissants de méfiance et de rivalité entre les grandes puissances.  Or, les institutions internationales réussissent lorsqu’elles parviennent à atténuer ces tensions.  C’est l’esprit dans lequel l’ONU est née et le forum qu’elle représente est essentiel pour renforcer la coopération et le consensus, a-t-il plaidé.

M. Bozkir a ensuite annoncé son intention de faire progresser le programme humanitaire de l’ONU, compte tenu des besoins croissants, que la pandémie vient encore amplifier.  Il a également demandé que les efforts faits pour surmonter la pandémie soient pleinement alignés sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, d’autant plus, a-t-il regretté, que « nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les 17 objectifs d’ici à 2030 ».  Les vaccins contre la COVID-19 doivent être distribués de manière juste et équitable, a-t-il insisté. 

Enfin, il a estimé qu’il faut faire plus en faveur de l’égalité des sexes, rappelant que la Réunion de haut niveau pour marquer le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes marquerait le début des travaux de la session, alors que les inégalités restent profondément enracinées et freinent le progrès, non de la moitié, mais de toute l’humanité.  En conclusion, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que les fondateurs de l’ONU avaient su faire preuve de courage et misé sur la confiance pour s’unir à la recherche d’un monde meilleur.  « Tirons notre force de ceux qui ont persévéré dans le passé », a-t-il ajouté.  Affirmant que, « lorsque nous avons travaillé ensemble, l’humanité a prévalu », il a imploré les dirigeants du monde de se rappeler deux points: « utiliser cette Organisation à son plein potentiel » et « se rassembler pour le bénéfice de tous ». 

Déclarations

M. JAIR MESSIAS BOLSONARO, Président du Brésil, a dit avoir mis son pays en garde contre deux problèmes simultanés: le coronavirus et le chômage, et cela, dès le début de la pandémie de COVID-19.  Ces deux problèmes devaient et doivent être réglés simultanément, a soutenu le Président.  Il a assuré que toutes les mesures de distanciation sociale et de restriction de mouvement ont été prises par les 27 gouverneurs de la Fédération brésilienne.  M. Bolsonaro en a profité pour accuser les médias d’avoir politisé la pandémie, au risque de semer le chaos social dans le pays, alors que de véritables efforts ont été menés.

Le Président a aussi dénoncé « la campagne de désinformation » qui frappe son pays au sujet de l’Amazonie, se présentant comme « le chef de file » de la protection de cette zone.  Le Brésil, a-t-il affirmé, n’est responsable que de 3% des émissions de carbone à l’échelle de la planète et n’exploite que 27% de son territoire, tout en étant le plus grand producteur alimentaire au monde.  Le monde dépend du Brésil pour se nourrir.  Notre forêt tropicale est unique et les incendies ne pourront la détruire, a déclaré M. Bolsonaro, en promettant des sanctions contre les auteurs des incendies dans l’Amazonie.  Le Président a également dit avoir tenté de créer un marché du carbone en 2018, mais a dit avoir été victime de la concurrence « illégale » du pétrole du Venezuela.  Aujourd’hui, ce sont près de 400 000 réfugiés vénézuéliens que le Brésil accueille, a rappelé le Président. 

Le Président a par ailleurs fait part de l’intention de son pays de mettre en œuvre de nouveaux cadres d’investissement pour les secteurs clefs comme le secteur énergétique, en vue d’attirer davantage d’investissements étrangers.  Ces investissements ont augmenté cette année en dépit de la pandémie, ce qui prouve que « le monde a confiance en notre gouvernement », s’est enorgueilli le Président d’« un pays chrétien et conservateur ».

M. DONALD J. TRUMP, Président des États-Unis, a commencé son intervention en parlant du « grand combat mondial » mené actuellement contre un ennemi invisible, « le virus de Chine ».  Il a ensuite décrit la « mobilisation la plus agressive depuis la Deuxième Guerre mondiale » de son pays, affirmant qu’il avait déjà réduit de 85% le taux de mortalité depuis le mois d’avril.  Les États-Unis, a affirmé le Président, ont actuellement « trois vaccins en phase finale d’essais cliniques ».  Nous allons distribuer un vaccin, venir à bout du virus et mettre fin à la pandémie, ouvrant ainsi une nouvelle ère de prospérité, a promis M. Trump. 

Le Président a ensuite annoncé son intention d’exiger de « la nation qui est à l’origine de ce fléau mondial de rendre des comptes », précisant: « Je veux parler de la Chine. »  Il a accusé ce pays d’avoir d’un côté interdit les vols intérieurs et enfermé sa population, et de l’autre, d’avoir laissé se poursuivre les vols internationaux au départ de son territoire et d’avoir ainsi « infecté le monde ».  Dénonçant au passage l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) « contrôlée par la Chine », M. Trump a répété que les États-Unis doivent « tenir la Chine comptable de ses actes ».

M. Trump a aussi accusé la Chine d’aggraver la dégradation de l’environnement.  Il lui a ainsi reproché d’emplir les océans de déchets plastiques, d’y pratiquer la surpêche, d’y rejeter plus de mercure que tout autre État ou encore d’émettre aux moins deux fois plus de carbone que les États-Unis.  Pour M. Trump, ceux qui attaquent le bilan environnemental « exceptionnel » de son pays et ignorent la pollution chinoise ne sont pas intéressés par l’environnement mais veulent seulement « punir l’Amérique ».  « Je ne le permettrai pas », a-t-il affirmé. 

M. Trump a demandé aux Nations Unies de se concentrer sur « les vrais problèmes » du monde, parmi lesquels il a cité le terrorisme, l’oppression des femmes, la traite des êtres humains et les persécutions religieuses.  L’Amérique défendra toujours les droits humains, a-t-il ajouté, précisant que son administration promeut la liberté religieuse, les opportunités pour les femmes, la dépénalisation de l’homosexualité, tout comme elle combat la traite et assure la protection « des enfants à naître ».

Après avoir présenté les États-Unis comme le « chantre de la liberté et de la sécurité dans le monde », M. Trump a affirmé que son pays a « bâti en trois ans » l’économie la plus puissante du monde, de même que « l’armée la plus puissante au monde, et de loin ».

Il a ajouté qu’il s’est opposé à « des décennies d’abus commerciaux de la Chine » et a forgé des « partenariats historiques » avec plusieurs pays d’Amérique latine.  Il a vanté le retrait de son pays de « l’accord désastreux » sur le nucléaire iranien, s’est félicité d’avoir « réduit à néant » le califat de l’État islamique d’Iraq et du Levant et éliminé « le pire terroriste au monde, Qassem Soleimani » - le général iranien chef des gardiens de la révolution, tué dans une frappe aérienne américaine en Iraq en janvier 2020. 

Le Président a insisté sur la « percée décisive » de son administration au Moyen-Orient, déjà mentionnée par la représentante des États-Unis lorsqu’elle a présenté le discours vidéo de M. Trump.  Ce dernier a qualifié l’établissement de relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël sous l’égide des États-Unis, d’« accord de paix révolutionnaire » et d’« aube d’un nouveau Moyen-Orient ».  « Avec une approche différente, nous avons obtenu des résultats différents, bien meilleurs », a-t-il fait valoir, en raillant « les mêmes voix lasses » qui ont proposé « les mêmes solutions défaillantes » pendant des décennies.  Dans le même sens, il a cité une « percée dans les Balkans » grâce au rapprochement facilité entre la Serbie et le Kosovo, « après deux décennies d’absence totale de progrès ». 

« C’est avec fierté que je fais passer l’Amérique avant tout », a encore affirmé le Président des États-Unis, qui a, comme les années précédentes, recommandé aux autres dirigeants de faire de même avec leur propre pays.  Il a conclu par un « Dieu bénisse l’Amérique » doublé d’un « Dieu bénisse les Nations Unies ». 

M. RECEP TAYYİP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a commencé par saluer son ancien collègue, l’Ambassadeur Volkan Bozkir, qui vient de prendre la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU.  Il lui a souhaité plein succès dans l’exercice de ses fonctions, qu’il assume à une date aussi importante que le soixante-quinzième anniversaire de la création de l’ONU.  Pour le Chef de l’État turc, la tenue de l’Assemblée générale sur le thème « Lutte contre la COVID-19 et multilatéralisme » est une bonne décision.  La Turquie tiendra ses engagements et est déterminée à maintenir son soutien dans la lutte contre la pandémie, a-t-il assuré. 

M. Erdoğan a reconnu que la COVID-19 a frappé le monde au moment où il avait déjà du mal à relever d’autres défis.  La mondialisation, le système basé sur des règles et le multilatéralisme, qui étaient déjà remis en cause, sont aujourd’hui encore plus bousculés par l’impact de la pandémie, a-t-il constaté.  Il est nécessaire, a-t-il estimé, de réformer les organisations multilatérales, en particulier les Nations Unies.  En effet, a-t-il dit, nous avons vu l’inefficacité des mécanismes mondiaux durant cette crise.  Il a ainsi fallu des semaines, voire des mois, au Conseil de sécurité pour inscrire la pandémie à son ordre du jour.  « Le sort de l’humanité ne peut être laissé à la merci d’un nombre restreint de pays », a-t-il plaidé, appelant à revoir notre mentalité, nos institutions et nos règles. 

Nous devons doter le Conseil d’une structure et d’un fonctionnement plus efficaces, démocratiques, transparents et responsables, a ajouté le Président turc, se disant également favorable à un renforcement de l’Assemblée générale.  Dès les premiers jours de la crise, a-t-il affirmé, la Turquie a appelé à la coopération dans toutes les plateformes internationales et a été à l’avant-garde des efforts menés contre la COVID-19.  Elle a ainsi contacté 146 pays et sept organisations internationales qui ont demandé une assistance en matériel médical, assurant en outre le rapatriement de plus de 100 000 de ses citoyens dans 141 pays.  Avec les mêmes vols, a-t-il ajouté, nous avons transporté plus de 5 500 étrangers de 67 pays chez eux, non pas pour mener une « diplomatie du coronavirus » mais parce que le secours aux victimes et aux opprimés est l’essence de notre « politique étrangère entreprenante et humanitaire ».  Il importe, selon lui, que la fourniture de matériel médical et les efforts de développement des vaccins ne deviennent pas un problème de concurrence.  Quel que soit le pays dans lequel ils sont produits, les vaccins prêts à l’emploi doivent être offerts dans l’intérêt commun de l’humanité, a-t-il insisté.

Pour le dirigeant turc, la pandémie a accru les vulnérabilités.  Il a regretté à cet égard que l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu humanitaire mondial n’ait pas produit de résultats concrets.  En Syrie, où le conflit continue de constituer une menace pour la sécurité de la région, la Turquie a porté le plus sérieux coup contre Daech.  Elle continue aussi de lutter contre l’organisation terroriste PKK-YPG, a-t-il affirmé, jugeant cette approche essentielle pour garantir le retour sûr et volontaire des réfugiés.  La Turquie, a-t-il ajouté, a réussi à empêcher que des millions de Syriens, vivant en particulier à Edleb, quittent leur patrie.  Elle accueille par ailleurs quatre millions d’autres Syriens sur son territoire et mène toutes ces activités avec ses propres moyens, sans un soutien significatif de la communauté internationale ou des organisations internationales.  À ses yeux, la priorité devrait être de résoudre le conflit en Syrie sur la base de la feuille de route approuvée dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité. 

Aujourd’hui, a poursuivi M. Erdoğan, des pays comme le sien, qui accueillent un grand nombre de réfugiés, sauvent la dignité de toute l’humanité grâce à leurs sacrifices.  Pourtant, certains États, parmi lesquels des États européens, violent les droits des réfugiés et des demandeurs d’asile, a-t-il accusé.  Il est temps, a martelé le Président turc, que l’ONU prenne position contre ces violations qui contreviennent aux Conventions de Genève et aux droits de l’homme.  Les attaques lancées par les auteurs du coup d’État en Libye, l’année dernière, qui visait à renverser le gouvernement légitime d’entente nationale, n’ont apporté que douleur et destruction.  La communauté internationale n’a pas pu faire en sorte que les auteurs de ce coup d’État rendent compte de leurs violations, alors que la Turquie a répondu à l’appel à l’aide du gouvernement légitime libyen. 

Appelant à une solution politique permanente en Libye, par le biais d’un dialogue inclusif, il a jugé qu’il est aussi de la responsabilité de la communauté internationale d’arrêter l’effusion de sang au Yémen.  L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui convoitent la souveraineté, l’unité politique et l’intégrité territoriale de ce pays ni à ceux qui négligent les souffrances des Yéménites, a-t-il lancé.  Il a également souhaité que l’Iraq ne se transforme pas en une zone de conflit pour les puissances extérieures et a dit vouloir coopérer plus étroitement avec ce pays, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.  D’autre part, il s’est dit favorable à la résolution des problèmes du programme nucléaire iranien, réitérant son appel aux parties pour qu’elles respectent leurs obligations au titre du Plan d’action global commun.  Il a aussi estimé que l’occupation et l’oppression israéliennes en Palestine, « plaie saignante de l’humanité », continuent de blesser les consciences.  Selon lui, les pays qui ont déclaré leur intention d’ouvrir des ambassades à Jérusalem, en violation des résolutions de l’ONU, ne font que compliquer le conflit qui ne peut être résolu qu’avec l’établissement d’un État de Palestine indépendant, sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il réaffirmé. 

Dans le même ordre d’idées, le Président turc a estimé que l’Arménie, avec ses attaques contre des territoires azerbaïdjanais en juillet, a une fois de plus prouvé qu’elle est le plus grand obstacle à une paix durable dans le Caucase du Sud.  Le conflit du Haut-Karabakh doit, selon lui, se régler en respectant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie, conformément aux résolutions de l’ONU et de l’OSCE.

Après avoir évoqué le conflit au Cachemire, autre « question brûlante », appelant là aussi au dialogue dans le cadre des résolutions onusiennes, M. Erdoğan s’est longuement penché sur le dossier chypriote.  Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la violation des droits de notre pays et des Chypriotes turcs, a-t-il souligné, dénonçant les mesures unilatérales et « maximalistes » de la Grèce et des Chypriotes grecs depuis 2003.  Il a assuré que son pays ne tolérera aucune mesure imposée et a appelé à un dialogue et à une coopération entre les pays côtiers de la Méditerranée orientale.  Il a ainsi proposé la convocation d’une conférence régionale prenant en considération les droits et les intérêts de tous les pays de la région. 

Notant que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, le Chef de l’État turc a plaidé pour une élimination de toutes les armes de destruction massive.  Il a également jugé urgent d’agir ensemble contre les changements climatiques, assurant que son pays remplit ses obligations à cet égard.  Face à l’islamophobie croissante, la Turquie est plus que jamais engagée contre le racisme, la xénophobie et les discours de haine, a ajouté M. Erdoğan.  Avant de conclure, il a noté que la pandémie et la crise économique ont des effets négatifs sur le développement durable et sur le Programme 2030, notamment dans les pays en développement et à faible revenu.  Pour survivre à cette crise, il importe, selon lui, d’utiliser le pouvoir « transformateur » de la technologie numérique. 

M. XI JINPING, Président de la Chine, a rappelé que l’humanité se bat contre la COVID-19 qui renaît sans cesse et a salué les efforts des pays, unis dans un « combat solidaire ».  « Le virus sera vaincu, l’humanité remportera le combat », a-t-il affirmé.  Face au virus, a-t-il dit, nous devons mobiliser toutes les ressources pour placer les peuples et la vie humaine au-dessus de tout.  Le Président a lancé un appel à la solidarité, au respect de la science et au « rôle dirigeant de l’Organisation mondiale de la Santé ».  Toutes politisation et stigmatisation doivent être rejetées, a-t-il ajouté.  M. Xi sa préconisé une relance progressive et intégrée des économies nationales.  La communauté internationale doit rapidement alléger la dette des pays en développement et veiller à la mise en œuvre du Programme 2030. 

Rappelant la contribution essentielle de son pays à la victoire contre le fascisme et à la création des Nations Unies, le Président a affirmé que, de même, son pays participe aujourd’hui à la lutte contre la pandémie.  Quand les vaccins seront au point, ils seront traités comme un bien public mondial offert en priorité aux pays en développement, a-t-il assuré.  La COVID-19 ne sera pas la dernière crise que l’humanité aura à affronter, a ensuite averti le Président, pour qui il faut se préparer à affronter ensemble d’autres défis planétaires.  Pays et peuples sont étroitement liés et partagent un même avenir, a-t-il rappelé.

M. Xi a dit rejeter le « piège idéologique du choc des civilisations ».  La mondialisation est incontestable et la combattre tel Don Quichotte va à contre-courant de l’histoire.  Au contraire, il faut réaliser un développement équilibré et suffisant qui profite de manière équitable à tous les pays, préserver une économie mondiale ouverte et combattre sans équivoque le protectionnisme, a plaidé le dirigeant.

La COVID-19 ouvre la voie à la nécessité d’une transition vers un monde plus « vert », a poursuivi M. Xi.  L’Accord de Paris sur les changements climatiques indique la voie à suivre et la Chine s’efforcera de réaliser la neutralité carbone d’ici à 2060.  Elle promeut d’ailleurs une « reprise verte » de l’économie mondiale après la pandémie, a affirmé le Président qui a plaidé pour une gouvernance mondiale adaptée aux tendances historiques de la paix et du développement.  Les pays peuvent avoir des divergences mais la solution passe par la concertation, a estimé M. Xi.  Les grandes puissances doivent offrir davantage de biens publics mondiaux et agir en démontant leur sens des responsabilités.

La Chine est « le plus grand pays en développement », sans ambition hégémonique, a rassuré le Président.  Mon pays, a-t-il souligné, appuie le rôle central des Nations Unies dans le système international.  Il a d’ailleurs promis à l’ONU la somme de 50 millions de dollars pour la riposte à la pandémie et la même somme pour le Fonds fiduciaire de la FAO pour la coopération Sud-Sud.  La Chine, a-t-il ajouté, entend par ailleurs mettre en place un centre mondial du savoir géospatial sous l’égide de l’ONU. 

 « Les défis de notre génération sont la mère de tous les combats », a déclaré M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHENIQUE, Président du Chili, « car ce sont des combats pour notre survie ».  Il y a un an, a notamment rappelé M. Piñera, personne n’imaginait qu’un virus invisible et microscopique était sur le point de provoquer la pire catastrophe sanitaire, sociale et économique des 100 dernières années.  Tant qu’il n’y aura pas de vaccin efficace et sûr, a poursuivi le Président, nous devrons apprendre à vivre avec ce virus qui a changé nos façons de travailler, d’étudier, de s’approvisionner et de socialiser. 

Aux yeux de M. Piñera, seules des solutions collaboratives et multilatérales permettront de surmonter cette crise.  Pour y parvenir, le Président a insisté sur l’importance du leadership sur la scène internationale.  « Les grandes puissances, au lieu de s’affronter en permanence dans le domaine économique et sanitaire, devraient prendre la tête de la lutte contre cette pandémie et la récession mondiale et ne pas créer un vide de leadership important et inquiétant », a-t-il déclaré. 

En matière de santé, cela passe par le partage des diagnostics et des connaissances, une coordination dans les fermetures et ouvertures des frontières et l’accès partagé à un vaccin efficace et sûr, au bénéfice des pays les plus vulnérables.  Au lieu de cela, le Président a déploré la « guerre commerciale » en cours, responsable selon lui de la stagnation du commerce et des investissements internationaux, de l’affaiblissement du libre-échange, de la montée du protectionnisme et du blocage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  À contre-pied de cette évolution, M. Piñera a appelé à reconstruire un ordre économique multilatéral, « respecté par tous et fondé sur des règles ».

La pandémie de COVID-19 et la récession économique mondiale ont par ailleurs détourné notre attention du réchauffement climatique, a en outre déclaré le Président chilien.  Mais ces graves menaces continuent de progresser et notre meilleure option est certainement de les affronter simultanément, a-t-il estimé.

À titre national, M. Piñera a indiqué que le Chili s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 au moyen des mesures suivantes: fermeture totale des centrales à charbon d’ici à 2040; 100% des transports en commun à l’électricité d’ici à 2040; tarifs spéciaux pour remplacer progressivement le bois de chauffage par l’électricité; et protection des forêts, de la biodiversité et reboisement, en privilégiant les espèces indigènes et les solutions basées sur la nature.

Passant à la situation politique en Amérique du Sud, le Président a reconnu que le continent a essuyé un certain nombre de revers « qui menacent la liberté, les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et la qualité de vie », citant notamment la situation « dramatique » au Venezuela où ces principes sont violés en permanence.  À ses yeux, le pays traverse actuellement la pire crise politique, sociale, économique et humanitaire de son histoire.  Selon M. Piñera, la meilleure solution pour surmonter la crise vénézuélienne est la formation d’un gouvernement de transition et la tenue d’élections libres et démocratiques pour que le peuple vénézuélien puisse choisir librement et souverainement ses dirigeants.

Passant à la situation politique de son pays, le Président a indiqué qu’à la fin de l’année dernière, d’importants mouvements sociaux y avaient vu le jour, à l’instar d’autres États de la région et du monde.  « Au Chili, des citoyens de tous âges et de tous secteurs sont descendus dans la rue pour réclamer de meilleurs salaires, une meilleure santé et une meilleure éducation », a-t-il précisé.

Malheureusement, a affirmé M. Piñera, ces manifestations ont été instrumentalisées au profit d’une « explosion énorme et inattendue de violence, d’incendies, d’émeutes, de destructions et de crimes ».  Il a souligné que le Gouvernement et la police du Chili ont fait face à cette vague de violences dans le strict respect des droits de l’homme.  Toutes les preuves d’abus ou de recours excessif à la force ont été transférées au Procureur de la République.  « Nous mettrons tout en œuvre pour qu’il n’y ait pas d’impunité au Chili, ni pour ceux qui violent les droits de l’homme, ni pour ceux qui prennent pour cible la société », a encore insisté le Président.  Pour sortir de cette crise, M. Piñera a indiqué que son gouvernement a proposé une « solution institutionnelle et pacifique » sous la forme d’une réforme constitutionnelle, qui fera l’objet d’un référendum national le 25 octobre prochain.

Pour M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud et Président de l’Union africaine (UA), si nous voulons construire un avenir inclusif et commun au lendemain de la crise de la COVID-19, il faut faire prévaloir la solidarité internationale.  Sur le continent africain, a-t-il affirmé, la réponse au coronavirus a été robuste et rapide.  L’UA a créé un fonds de riposte ainsi qu’une plateforme pour garantir l’accès aux équipements et aux médicaments.  Mais, a reconnu le Président, cette pandémie a porté un coup aux progrès de l’Afrique vers la réalisation des objectifs de développement durable, en raison de la réaffectation des ressources consacrées au développement socioéconomique.  Le Président a donc demandé la suspension du paiement des intérêts de la dette extérieure africaine et a appelé les partenaires internationaux à appuyer les mesures de stimulation de l’économie africaine.

Il a aussi, au nom de l’UA, demandé la levée des sanctions imposées au Zimbabwe et au Soudan et réclamé des mesures en faveur de la viabilité de la dette.  Le Président Ramaphosa a plaidé pour des opportunités économiques pour les jeunes, les femmes et les personnes vulnérables, sans oublier des mesures ambitieuses contre le fléau de la corruption.  C’est à un avenir sans faim, sans maladie et sans guerre auquel aspire l’Afrique du Sud.  L’année 2020, a fait observer le Président, entrera dans l’histoire comme celle qui a fait reculer les frontières du racisme grâce au mouvement Black Lives Matter.  L’ONU, a-t-il estimé, doit se saisir de cette question.

À l’heure du vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, il faut redoubler d’efforts pour permettre aux femmes et aux filles de pleinement réaliser leur potentiel.  L’Afrique du Sud travaille à la finalisation d’une convention de l’UA pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, a indiqué M. Ramaphosa.  En tant que pays africain, l’Afrique du Sud poursuit également ses efforts dans le cadre de l’initiative de l’UA « Faire taire les armes ».  À cet égard, le Président a estimé qu’il est indispensable que la coopération entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA soit institutionnalisée et que la question du financement des opérations de maintien de la paix de l’UA, autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU, soit réglée.  En tant que membre non permanent dudit Conseil, l’Afrique du Sud a dit utiliser son mandat pour obtenir des progrès en la matière. 

Passant à la problématique des changements climatiques, le Président a encouragé la communauté internationale à avancer sur la voie de l’économie verte et de l’objectif zéro émission.  La pandémie de COVID-19, a-t-il conclu, nous place devant: le choix entre le multilatéralisme et les nationalismes, entre la tolérance et les préjugés, entre la justice économique et les inégalités croissantes.  L’héritage idéal de cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale serait la capacité d’incarner véritablement l’esprit de la Charte des Nations Unies, dont la solidarité.

M. MIGUEL DÍAZ CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, a jugé urgent non seulement de juguler la pandémie mais de démocratiser dès maintenant cette Organisation qui s’avère indispensable si l’on veut qu’elle réponde efficacement aux besoins et aux aspirations de tous les peuples.  Le Président cubain a dénoncé la politique agressive et belliciste de l’impérialisme dont « le fauteur suprême » est l’Administration actuelle des États-Unis.  Ancrée dans une attitude qui méconnaît les vieux principes de la coexistence pacifique et du respect du droit d’autrui à l’autodétermination, l’Administration Trump manipule à des fins subversives la coopération en matière de démocratie et de droits de l’homme, alors que les expressions de haine, de racisme, de brutalité policière et les irrégularités du système électoral et du droit de vote des citoyens prolifèrent chez elle pratiquement sans contrôle. 

Il est urgent de réformer les Nations Unies, a déclaré M. Bermúdez.  « On ne saurait préserver plus longtemps comme s’il était naturel et inamovible un ordre international inégal, injuste et antidémocratique qui fait passer l’égoïsme avant la solidarité et les intérêts misérables d’une puissance minoritaire avant les justes aspirations de millions de personnes. »

Compte tenu de la gravité de l’époque, que beaucoup attribuent uniquement à la pandémie de COVID-19, le Président cubain a averti que ses effets dépassent largement le domaine sanitaire.  La crise multidimensionnelle qu’elle a suscitée prouve clairement que les politiques déshumanisées qu’impose la dictature jusqu’au-boutiste du marché sont profondément erronées, a-t-il fait valoir.  Il serait, selon lui, « criminel » de renvoyer à demain des décisions d’hier et d’aujourd’hui.  Il est impératif de promouvoir la solidarité et la coopération internationales pour atténuer le coup. 

Cuba n’a pas été prise au dépourvu, a expliqué le Président.  Forte de l’expérience qu’elle a acquise durant des décennies de lutte contre de terribles épidémies, dont certaines ont été introduites délibérément dans le cadre de « la guerre permanente contre son projet politique », elle a aussitôt mis en route un train de mesures fondées sur ses capacités et ses points forts essentiels: un État socialiste organisé et responsable de la santé des citoyens, des ressources humaines hautement qualifiées et une société où le peuple participe largement à la prise de décisions et à la solution des problèmes. 

Nous y sommes parvenus malgré les dures contraintes qu’entraîne le blocus économique, commercial et financier prolongé que nous imposent les États-Unis, et que l’Administration actuelle, même en pleine pandémie, a brutalement durci ces deux dernières années, a rappelé M. Bermúdez. 

Le Président a exigé que l’Administration Trump condamne publiquement l’attaque terroriste perpétrée le 30 avril dernier par un individu qui, armé d’un fusil d’assaut, a tiré à plus de 30 reprises sur l’ambassade cubaine à Washington.  Il a demandé par ailleurs qu’elle cesse d’attaquer et de diffamer l’action altruiste de la coopération médicale internationale de Cuba.  Le pays a dépêché plus de 3 700 coopérants organisés dans 46 brigades médicales dans 39 pays et territoires touchés par la COVID-19. 

M. Bermúdez a encore condamné le chantage « crapuleux » que l’Administration étasunienne exerce sur l’Organisation panaméricaine de la santé pour en faire l’instrument dans son agression « maladive » contre Cuba.  Il a rejeté les actions visant à déstabiliser le Venezuela et le Nicaragua et appuyé les nations des Caraïbes qui exigent une juste réparation pour l’horreur de l’esclavage et de la traite des esclaves. 

La communauté scientifique cubaine travaille sans relâche sur l’un des premiers vaccins dans le monde à être entré dans la phase des essais cliniques, a conclu le Président.  « Des médecins, et non des bombes! » telle est notre devise. 

M. VLADIMIR PUTIN, Président de la Fédération de Russie, a mis l’accent sur la création du Nouvel ordre mondial en 1945 et la Charte, qui demeure la source du droit international.  Il a appelé à réfléchir aux principes intangibles de la Charte: l’égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, le droit des peuples de déterminer leur propre avenir, le non-recours à la force ou à la menace de la force et le règlement pacifique des différends.

Dressant le bilan des 75 dernières années, M. Putin a estimé que, malgré toutes les difficultés et les changements géopolitiques intervenus, l’ONU a « rempli avec compétence sa mission » de protection de la paix et de promotion du développement durable.  Il a vu dans « cet énorme potentiel et cette expertise de l’ONU » une base solide pour aller de l’avant.  En même temps, il a rappelé que l’ONU ne doit pas se raidir, mais évoluer conformément à la dynamique du XXIsiècle et s’adapter à la réalité d’un monde moderne toujours plus compliqué, multipolaire et multidimensionnel.

M. Putin a reconnu que les changements actuels ont « un effet » sur « le principal organe de l’ONU, le Conseil de sécurité ».  Pour la Fédération de Russie, le Conseil doit tenir compte davantage des intérêts de tous les pays et de la diversité de leurs positions, et il doit fonder ses travaux sur le principe du consensus le plus large possible.  Mais en même temps, il doit continuer d’être la pierre angulaire de la gouvernance mondiale et cela, a-t-il plaidé, ne peut se réaliser que si ses membres permanents conservent leur droit de veto.  Pour M. Putin, le droit des cinq puissances nucléaires, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, « reste révélateur de l’équilibre militaire et politique actuel à ce jour ».  Le Conseil « aide à prévenir les actions unilatérales susceptibles d’entraîner une confrontation militaire directe » entre les principaux États, et donne l’occasion de rechercher un compromis ou du moins d’éviter des solutions qui seraient totalement inacceptables pour d’autres et d’agir dans le cadre du droit international, plutôt que dans une zone grise d’arbitraire et d’illégitimité.

Pour M. Putin, le système fonctionne.  Il l’a opposé à la « tristement célèbre Société des Nations d’avant-guerre », ses « discussions interminables et ses déclarations sans mécanismes d’action réelle ».  Il a donc appelé à ne pas oublier les leçons de l’histoire, une attitude « vile et offensante pour la mémoire des combattants contre le nazisme » et surtout « extrêmement irresponsable » à l’heure où les menaces se multiplient

M. Putin a rappelé les souffrances causées par la pandémie actuelle avant d’ajouter que, si les experts n’ont pas encore pleinement évalué l’ampleur du choc social et économique, il était évident qu’il faudra « vraiment du temps » pour rétablir l’économie mondiale.  Nous aurons besoin de nouvelles solutions innovantes, a estimé le Président, pour qui la seule façon d’élaborer de telles solutions est de travailler ensemble. 

Parlant d’une croissance inclusive qualitative, il a rappelé que cette idée sous-tend l’initiative russe de créer un grand partenariat eurasien, idée « purement pragmatique et de plus en plus pertinente ».  Il a également rappelé la proposition russe de créer des « couloirs verts », « à l’abri des guerres commerciales et des sanctions ».  M. Putin a estimé qu’un commerce sans barrière ni restriction, et sans sanctions illégitimes aiderait beaucoup à revitaliser la croissance mondiale et à réduire le chômage.

Pour M. Putin, la pandémie a mis en évidence une série de problèmes éthiques, technologiques et humanitaires.  Il a souhaité que l’ONU discute très sérieusement des questions liées à la cybersécurité et à l’utilisation des technologies numériques avancées.  À la lumière de la pandémie, M. Putin a déploré « un certain déficit d’humanité et de gentillesse dans les relations interétatiques ».  Il faut désormais, comme dans l’économie, lever les obstacles aux partenariats.  La Fédération de Russie contribue activement aux efforts mondiaux de lutte contre la COVID-19, tout en tenant compte du « rôle central de coordination de l’OMS ».  M. Putin s’est dit totalement disposé à fournir à d’autres pays « le premier vaccin au monde, “Spoutnik-V”, qui s’est avéré fiable, sûr et efficace ».  Il a proposé de « fournir gratuitement notre vaccin au personnel de l’ONU et à ses bureaux ».

Après avoir rappelé l’engagement de la Fédération de Russie à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, M. Putin a abordé la question de la prorogation du Traité de réduction des armements stratégiques Russie-États-Unis, qui expirera en février 2021, et rappelé que des discussions sont en cours.  Il a souhaité une « retenue mutuelle » s’agissant du déploiement de nouveaux systèmes de missiles et a regretté l’absence de réaction occidentale au moratoire décidé l’an passé par son pays sur le déploiement de missiles à moyenne et courte portée à lancement terrestre tant que les États-Unis feraient de même.  M. Putin a encore proposé une initiative visant à interdire les armes dans l’espace extra-atmosphérique.

M. Putin n’a pas manqué de rappeler sa proposition de convoquer un sommet des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, le « G5 », afin de réaffirmer les principes fondamentaux des relations internationales et d’élaborer des moyens de traiter efficacement les problèmes les plus brûlants du jour.  Il a dit avoir prévu de tenir ce sommet « en personne, dès que la situation épidémiologique le permettra ».

ABDALLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi du Royaume hachémite de Jordanie, a annoncé que son pays, désireux de contribuer activement au respect de l’environnement, a élaboré une charte en vertu de laquelle toutes les espèces, végétales et animales, ont droit à l’existence.  Selon le souverain, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les fragilités du monde contemporain et du multilatéralisme, tout en donnant une opportunité historique de repenser les Nations Unies pour leur permettre de mieux lutter contre les problèmes qui se posent à elles aujourd’hui.  Évoquant la situation au Moyen-Orient, le Roi de Jordanie a indiqué que le conflit israélo-palestinien ne peut être réglé que dans le respect du droit international, la seule voie susceptible de mener à un État palestinien indépendant, viable, avec Jérusalem-Est pour capitale, coexistant en paix et en sécurité avec Israël.  Après avoir rappelé la responsabilité qui est la sienne, en tant que « gardien hachémite », de préserver les lieux saints de Jérusalem, le Roi a redit, en ce soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, son attachement à la promesse d’un monde plus prospère et plus sûr.  Saisissons l’occasion qui se présente pour nous montrer plus audacieux.

Face aux grands bouleversements engendrés par la pandémie de COVID-19, M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, a appelé les États Membres à mettre en commun leur « sagesse ».  Il a souligné que, pour sa part, la République de Corée a traduit les valeurs fondamentales de la démocratie en trois grands principes de la lutte contre les maladies infectieuses: « ouverture, transparence et démocratie ».  En intégrant la notion de multilatéralisme à son esprit communautaire, le peuple coréen s’est protégé, tout en protégeant ses voisins au-delà de ses frontières, a ainsi expliqué le Président.  En partageant du matériel de prévention avec d’autres pays sans fermer les frontières, la République de Corée a maintenu son économie intacte; les valeurs qui ont permis de surmonter le coronavirus étant identiques à celles défendues par l’ONU. 

Dans un monde post-COVID-19, s’est ensuite projeté M. Moon, l’ONU devrait diffuser encore davantage ses valeurs universelles pour résoudre les défis complexes, tels que la coopération dans le domaine de la santé, la coopération économique au développement durable et l’action climatique.  Les batailles que chaque pays a livrées cette année ont clairement démontré que la crise ne saurait être surmontée par un seul pays ou sans prendre en compte ses voisins, a-t-il insisté, plaidant en faveur du multilatéralisme, sous l’égide de l’ONU.

M. Moon a souligné que l’idée onusienne d’un « multilatéralisme ouvert » est sur le point d’être mise à l’épreuve dans la perspective du futur vaccin contre la COVID-19.  Nous devons non seulement renforcer la coopération internationale en la matière, mais également garantir l’accès de tous les pays.  Pour cela, le Président coréen a appelé à utiliser des fonds internationaux pour acheter à l’avance des doses suffisantes de vaccins au profit des organisations internationales, lesquelles les redistribueraient aux pays pauvres et en développement.  À cette fin, il a précisé que la République de Corée participe activement à l’initiative COVAX, un effort collectif visant à négocier avec les producteurs de vaccins mené par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Alliance GAVI.

Passant à la question de la péninsule coréenne, M. Moon a rappelé qu’avec le soutien de la communauté internationale, son pays a été en mesure d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang en 2018.  Cet événement, auquel a participé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a donné lieu à trois réunions intercoréennes au sommet, a-t-il salué.  La même année, a poursuivi le Président, le sommet américano-nord-coréen, fruit de décisions « audacieuses » de la part des dirigeants des deux parties, a prouvé que le processus de paix pouvait progresser grâce au dialogue. 

« Cependant la paix n’est toujours pas dans la péninsule coréenne », a déploré M. Moon, constatant que les avancées sur la question étaient « au point mort ».  Mais, a-t-il plaidé, « en fin de compte, le Sud et le Nord sont liés par une seule communauté de vie entrelacée par des montagnes, rivières et mers qui s’étendent de part et d’autre ».  M. Moon a donc espéré que la coopération intercoréenne en matière de prévention et de contrôle des maladies contribuerait à la paix dans la péninsule coréenne. 

Le Président a proposé de lancer une initiative de coopération en Asie du Nord-Est pour le contrôle des maladies infectieuses et la santé publique, à laquelle la République populaire démocratique de Corée (RPDC) participerait aux côtés de la Chine, du Japon, de la Mongolie et de la République de Corée.  Le moment est venu de mettre fin à la tragédie qui persiste dans la péninsule coréenne, a insisté M. Moon.  À ses yeux, une telle avancée doit nécessairement passer par la reconnaissance officielle de la fin de la guerre, qui permettrait « d’ouvrir la porte à une dénucléarisation complète et à un régime de paix permanent dans la péninsule coréenne ».  Le Président a par conséquent appelé l’ONU et la communauté internationale à appuyer son pays dans cette initiative.

CHEIKH TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, a souhaité que l’expansion de la pandémie de COVID-19 rappelle à tous que nous vivons sur la même planète et que la coopération multilatérale est le seul moyen de faire face aux défis des épidémies, du climat et de l’environnement, en général.  Il importe de s’en souvenir lorsque nous traitons des questions de la pauvreté, de la guerre et de la paix, et des moyens de réaliser nos objectifs communs pour la sécurité et la stabilité.  En réponse à cette crise sanitaire mondiale, a-t-il dit, le Qatar a fourni une assistance à plus de 60 pays et cinq organisations internationales, participé aux efforts internationaux de mobilisation des ressources et soutenu des centres de recherche pour découvrir rapidement un vaccin contre le virus. 

Le dirigeant du Qatar a ensuite affirmé qu’après plus de trois ans de blocus « injuste et illégal », son pays poursuit sa marche vers le progrès et le développement.  Il a ainsi renforcé sa participation effective à l’action internationale multilatérale pour trouver des solutions à d’autres crises, dans le respect de la souveraineté des États.  L’Émir a par ailleurs exprimé sa gratitude à son homologue du Koweït et aux pays frères pour leurs efforts visant à dénouer le blocus contre son pays. 

Évoquant la crise palestinienne, il a regretté que la communauté internationale soit « impuissante » et ne prenne aucune mesure efficace vis-à-vis de « l’intransigeance israélienne » et de l’occupation des terres arabes, en plus du blocus qui étouffe Gaza, de la poursuite de la colonisation et de l’imposition de la politique du fait accompli, en violation flagrante des résolutions de la légalité internationale et de la solution des deux États.  À ses yeux, le fait que cette cause reste sans règlement « pose le plus grand point d’interrogation sur la crédibilité de la communauté internationale et de ses institutions ». 

L’Émir a invité la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à assumer sa responsabilité juridique; à obliger Israël à lever le siège de la bande de Gaza; à ramener le processus de paix sur la bonne voie grâce à des négociations crédibles; à traiter de toutes les questions relatives au statut final; à mettre fin à l’occupation selon un calendrier précis; à établir un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale; et à mettre fin à l’occupation israélienne de tous les territoires arabes occupés. 

Pour sa part, a-t-il indiqué, le Qatar a continué, en coordination avec ses partenaires internationaux, à fournir une aide humanitaire et au développement aux Palestiniens, répondant notamment aux besoins urgents dans la bande de Gaza assiégée, en plus de l’accroissement de ses contributions à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Les efforts de médiation du Qatar ont d’autre part abouti à la signature de l’accord de paix entre les États-Unis et les Taliban, le 29 février, s’est enorgueilli le Chef de l’État qatari.  Nos efforts, conjugués à ceux de nos partenaires internationaux, ont permis de tenir les négociations de paix interafghanes qui ont commencé le 12 de ce mois-ci, à Doha, a-t-il ajouté.  Leur succès dépend désormais des frères afghans eux-mêmes.  Le Qatar continuera d’agir pour faciliter le dialogue en Afghanistan, à condition que « tout le monde décide de délaisser définitivement la violence et d’accepter la diversité, la différence et l’égalité de citoyenneté dans ce pays ». 

S’agissant de la crise syrienne, l’Émir a regretté l’intransigeance du régime syrien et l’échec de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, à assurer le maintien de la paix et la sécurité internationales et la protection des civils.  Accusant le régime de Damas de perturber le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution, il a réitéré la position selon laquelle le seul moyen de mettre fin à cette crise est la solution politique sur la base de la Déclaration de Genève et la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015). 

Il en va de même pour le conflit au Yémen: le seul moyen de résoudre cette crise est la négociation entre les Yéménites, conformément aux résultats du dialogue national, de l’initiative des pays du Golfe et des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2216 (2015), a-t-il soutenu.  Quant au Soudan, il a salué la signature d’un accord de paix entre le Gouvernement de transition et plusieurs mouvements armés, se disant impatient de voir le reste des factions se joindre au processus de paix. 

Le dirigeant qatari a également salué l’accord de cessez-le-feu en Libye et l’activation du processus politique.  Il est bon que chacun comprenne l’impossibilité d’imposer un régime militaire par la force dans ce pays, a-t-il relevé.  Il a par ailleurs assuré que le Qatar se tient aux côtés de son frère libanais après l’explosion au port de Beyrouth.  Mais, selon lui, le terrorisme reste l’un des défis les plus importants auxquels le monde est confronté.  C’est pourquoi, a-t-il précisé en conclusion, le Qatar renforce son partenariat stratégique avec les organismes compétents de l’ONU et ouvrira, en mai prochain à Doha, un bureau rattaché au Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU. 

M. RODRIGO ROA DUTERTE, Président des Philippines, a estimé que la pandémie de COVID-19 est le plus grand test subi par le monde et les Nations Unies depuis la Seconde Guerre mondiale.  Nous sommes à la croisée des chemins et notre façon de traiter la COVID-19 définira notre avenir, a-t-il averti, appelant à placer les peuples au cœur de la réponse.  «  Nous devons nous demander si nous sommes restés fidèles ou non aux principes et idéaux des Nations Unies.  »

Si chaque nation dispose de sa propre stratégie pour combattre cette pandémie, le monde a besoin de plans internationaux coordonnés et d’efforts menés dans un but commun, a fait valoir M. Duterte, rappelant que le coronavirus ne connaît pas de frontières.  Dans cet esprit, il a salué le rôle joué par les Nations Unies et le lancement d’un fonds de riposte à la COVID-19.   Si le monde est aujourd’hui en quête d’un vaccin sûr et efficace, l’accès à celui-ci ne doit être ni refusé, ni suspendu, a-t-il souligné.  Tout au contraire, ce vaccin devrait être mis à la disposition de tous, « pays riches comme pauvres », par principe, car il s’agit d’un « bien public mondial ».

Le Président philippin a également appelé de ses vœux un programme mondial de santé disposant de suffisamment de ressources et d’espace politique.  Nous avons besoin d’une Organisation mondiale de la Santé plus à même de coordonner et plus prompte à réagir.  Les Philippines feront leur part dans cette mise en commun et offriront leurs agents de santé, qui sont « parmi les meilleurs ».  

M. Duterte a ensuite exprimé ses craintes face à la montée des tensions géopolitiques.  « Lorsque les éléphants se battent, l’herbe est piétinée », a-t-il expliqué, appelant toutes les parties prenantes en mer de Chine méridionale, dans la péninsule coréenne, au Moyen-Orient et en Afrique à ne pas se haïr les uns les autres.  

Poursuivant, il a évoqué le sort des migrants philippins, particulièrement affectés par la pandémie.  Le Gouvernement philippin, a-t-il dit, a lancé un programme de rapatriement sans précédent, qui concerne plus de 345 000 travailleurs philippins à l’étranger.  La moitié sont déjà rentrés, s’est-il félicité, remerciant les pays qui leur ont fourni des permis de séjour et un accès aux services de santé.  Selon lui, les États doivent tous adhérer au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  

Avant la pandémie, a-t-il d’autre part noté, les Philippines étaient en passe de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, avec un taux de pauvreté réduit à 16,6% et un taux de croissance économique de 6,4% entre 2010 et 2019.  Malgré la récession, le pays reste attaché aux objectifs de développement durable.  

La crise climatique, a poursuivi le Président, est un défi mondial qui aggrave les inégalités et les vulnérabilités existantes à l’intérieur et entre les nations.  Ce sont les peuples des pays en développement qui en souffrent le plus, a-t-il insisté, exhortant tous les pays à ratifier l’Accord de Paris sur le climat et à respecter leurs engagements.  M. Duterte a également assuré que les Philippines continueront à protéger les droits de l’homme de leur peuple, en particulier contre les fléaux des drogues illicites, de la criminalité et du terrorisme.  D’après lui, certains groupes d’intérêt ont « militarisé » les droits de l’homme avec de mauvaises intentions.  Pour aller de l’avant, un dialogue ouvert et un engagement constructif avec l’ONU sont essentiels, dans le respect des principes d’objectivité, de non-ingérence et de non-sélectivité.  Enfin, le Président philippin a assuré que son pays fera tout pour protéger les innocents du terrorisme sous toutes ses formes.  Il vient pour cela de se doter d’une loi antiterroriste. 

M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que la COVID-19 est désormais une « douleur commune » pour l’humanité qui appelle à plus d’humilité devant le Tout-Puissant et la Vérité de la Création.  Ce fléau universel nous rappelle, une fois de plus, qu’il est impossible de faire face aux problèmes mondiaux communs sans une participation mondiale.  Il a déploré que l’Iran, au lieu de bénéficier d’un partenariat et d’une coopération, soit aux prises avec les sanctions les plus sévères de l’histoire, imposées en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Les images montrant la manière dont un Afro-Américain est traité par la police américaine nous rappellent notre propre expérience: les « genoux enfoncés sur la nuque » comme les pieds de l’arrogance sur la nuque des nations indépendantes. 

Mais « axe de la paix et de la stabilité et champion de la lutte contre l’occupation et l’extrémisme », l’Iran, s’est enorgueilli le Président, a appuyé les processus de paix en Afghanistan et présenté, en 2019, l’initiative de paix d’Ormuz dans le golfe Persique.  L’Iran, a-t-il poursuivi, s’est tenu aux côtés du peuple iraquien face à la « tyrannie de Saddam », à l’occupation américaine et à la barbarie de Daech.  Il se tient aux côtés du peuple syrien face aux groupes terroristes takfiri et aux séparatistes.  En 2016, en partenariat avec la Russie et la Turquie, l’Iran a formé le processus d’Astana pour appuyer stabilité politique en Syrie. 

Outre les efforts déployés par l’Iran en appui au peuple palestinien, le Président iranien a cité le plan de paix que son pays a présenté au début des hostilités au Yémen.  En 2015, a-t-il aussi rappelé, nous avons réalisé le Plan d’action global commun, « le plus grand succès de l’histoire de la diplomatie », et nous y avons été fidèles malgré les violations persistantes des États-Unis.

Une telle nation, a affirmé le Président Rouhani, ne mérite pas d’être la cible de sanctions.  « Ils nous accusent, sans aucun fondement, de chercher à produire des armes nucléaires et nous imposent des sanctions, en brandissant le prétexte de la prolifération nucléaire, alors qu’ils ont l’infamie d’être le seul utilisateur de bombes atomiques dans l’histoire de l’humanité.  Ils ont vendu des centaines de milliards de dollars d’armes à “leurs” clients, faisant de notre région une poudrière, et tentent en vain de nous priver de moyens minimaux pour notre défense.  Ils nous imposent un embargo sur les armes en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité. »

Le Président Rouhani a remercié les 13 membres du Conseil de sécurité, notamment la Russie et la Chine, qui ont par deux fois opposé un « non » décisif à la tentative illégale des États-Unis d’exploiter le Conseil de sécurité et la résolution 2231.  « Qu’un aspirant à l’hégémonie soit humilié de la sorte dans un isolement autocréé est une victoire non seulement pour l’Iran, mais aussi pour la communauté mondiale. »

Le Président a fustigé un gouvernement qui revient, sans aucune raison, sur le résultat de 13 années de négociations multilatérales, qui viole sans vergogne une résolution du Conseil de sécurité et qui punit ceux qui respectent ladite résolution, tout en prétendant simultanément rechercher des négociations et une « grosse affaire ».  Les États-Unis, a prévenu le Président, ne nous imposeront ni négociation, ni guerre.  Nous ne sommes pas une monnaie d’échange dans les élections et la politique intérieure américaines.  Au monde, le Président a dit que le moment est venu de dire « non » à l’intimidation et à l’arrogance.  L’ère de la domination et de l’hégémonie est révolue depuis longtemps, et nos nations, nos enfants méritent un monde meilleur et plus sûr, fondé sur l’état de droit.  Le moment, a-t-il insisté, est venu de faire le bon choix.

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a commencé par rendre hommage à celles et ceux qui, face à la pandémie de COVID-19, ont été dès le premier jour en première ligne, partout dans le monde, et qui le sont encore aujourd’hui pour soigner, nourrir, accompagner, épauler, tenir.  Il a salué « nos soignants, nos personnels humanitaires » qui attendent désormais que les dirigeants s’engagent et apportent des réponses concrètes, ensemble, car cette crise, plus que toute autre, impose la coopération pour inventer de nouvelles solutions internationales. 

« Je crois en la science et en la connaissance, et l’humanité vaincra cette pandémie; un remède sera trouvé », a affirmé le Président, qui a toutefois reconnu que « nul ne sait combien de temps » l’attente durera.  En attendant, a-t-il alerté, une « nouvelle réalité claire, brutale, certainement vertigineuse » s’impose à tous, révèle nos vulnérabilités, nous place devant nos immédiates responsabilités.  M. Macron a constaté le recul des progrès contre d’autres maladies infectieuses, la remontée de l’extrême pauvreté, la hausse de l’insécurité alimentaire, la menace sur l’éducation et la multiplication des différentes formes de violence contre les femmes. 

Il a aussi noté une accélération de la fracturation des moyens d’action collective: accusations de complaisance des uns, et instrumentalisation de l’OMS, par d’autres, mais aussi « épidémie de la désinformation ».  Le Président Macron s’est alarmé du « risque d’impuissance » de l’ONU, du fait des divisions du Conseil de sécurité sur l’opportunité d’une trêve humanitaire.  M. Macron a dénoncé la préférence accordée par « deux membres permanents à l’affichage de leur rivalité » plutôt qu’à l’efficacité collective.  Il y a vu une illustration du « choc hégémonique des puissances, de la remise en cause du multilatéralisme ou de son instrumentalisation et du piétinement du droit international », toutes fractures que la pandémie a accélérées. 

« Jamais nos sociétés n’ont été aussi interdépendantes, mais jamais nous n’avons été si désaccordés, si désalignés, si incapables de construire des solutions rapides », a fait observer le Président français.  Le monde n’a plus le droit de fermer les yeux et, citant Winston Churchill, il a ajouté: « Il faut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge. »  M. Macron a réclamé une coopération internationale fonctionnelle fondée sur des règles claires, définies et respectées par tous.  « Le multilatéralisme n’est pas seulement un acte de foi, c’est une nécessité opérationnelle. »

Mais il a refusé de se contenter d’un « multilatéralisme des mots » qui masque sous le consensus de façade des accords minimalistes et des divergences profondes.  Le Président français a appelé à associer aux États les organisations internationales, les acteurs privés, les entreprises, les ONG, les chercheurs et les citoyens.  Il a dit placer ses espoirs dans « un travail déterminé, méthodique, rigoureux, de construction d’un ordre international contemporain » qui permettra de tenir la promesse de la Charte. 

Rejetant la perspective d’un monde qui se résumerait à la rivalité entre la Chine et les États-Unis, M. Macron a appelé à un nouvel ordre dans lequel l’Europe assumerait toute sa part de responsabilité en portant ses propres valeurs.  Il a rappelé l’initiative prise par l’Europe au G20 pour alléger la dette des pays les plus vulnérables à la pandémie et celle qui pèse sur les économies qui mettent en péril l’avenir du continent. 

M. Macron a ensuite énuméré cinq priorités pour construire « les fondations d’un nouveau consensus contemporain » et d’abord, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et contre le terrorisme.  Dans ce cadre, le Président Macron a défendu l’Accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien.  La France, a-t-il averti, n’acceptera pas les violations commises par l’Iran mais ne transigera pas non plus sur l’activation d’un mécanisme que les États-Unis, « de leur propre chef, en sortant de l’Accord, ne sont pas en situation d’activer ». 

La France attend par ailleurs « des gestes d’engagement concrets » de la part de la Corée du Nord et ne tolérera pas non plus l’emploi d’armes chimiques, que ce soit en Europe ou en Syrie.  De même, la France restera engagée au Levant, en Iraq et au Sahel pour lutter contre tous les terroristes.  Au mali, a assuré le Président, la France ne resterait engagée qu’à la demande des autorités et se retirerait aussitôt si elles le demandaient. 

S’agissant de la Syrie, M. Macron a dit que la France continuera de conditionner le financement de la reconstruction et la normalisation des relations avec Damas à la mise en œuvre d’une solution politique crédible, « la seule durable ».  S’il s’est réjoui qu’Israël obtienne la reconnaissance de nouveaux pays arabes, il a estimé qu’une paix juste et durable nécessite « avant tout de retrouver les voies et moyens d’une négociation décisive qui permettent aux Palestiniens de disposer enfin de leurs droits ».  « Je ne crois pas à une paix qui se construira sur l’hégémonie ou l’humiliation, quand bien même celle-ci serait compensée par de l’argent. »

M. Macron a encore estimé que la communauté internationale été collectivement trop silencieuse face aux multiples violations de l’embargo sur les armes en Libye.  Il faudrait « être beaucoup plus durs dans les semaines qui viennent. »  Il s’est enfin prononcé pour un dialogue « efficace et clarifié » sur la situation en Méditerranée orientale et a demandé à la Turquie de respecter la souveraineté européenne, le droit international, et d’apporter « des clarifications sur son action en Libye comme en Syrie ».  Même attitude face au risque de crise au Bélarus: « Non à l’ingérence, non au silence coupable. »

M. Macron a ensuite appelé à la protection des « biens qui nous sont communs » comme la santé, le climat et la biodiversité.  Face aux retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat, il a estimé que la pandémie peut aider à changer la donne car les plans de relance massifs de l’économie adoptés un peu partout sont une occasion historique de transformer les modèles économiques et de développement, l’ambition de l’Union européenne. 

Rappel historique à l’appui, M. Macron a par ailleurs souhaité la construction d’une « nouvelle ère de la mondialisation », qui viendrait succéder à la troisième, commencée en 1989 avec la chute du mur de Berlin et l’ouverture des frontières.  Il faut repenser, a-t-il estimé, « les chaînes de valeur mondiales » contre les « dépendances qui nous fragilisent » et les inégalités « insoutenables ».  La lutte contre les inégalités devra être au cœur de cette mondialisation plus juste, plus équilibrée, plus équitable, plus durable, a ajouté le Président. 

Enfin, M. Macon a annoncé une initiative pour assurer l’effectivité du droit international, la protection du personnel humanitaire et la lutte contre l’impunité.  Il a en particulier dénoncé des « pratiques inacceptables » en Syrie, « y compris de membres permanents du Conseil de sécurité ».  Les droits fondamentaux « ne sont pas une idée occidentale que l’on pourrait opposer comme une ingérence » à tous ceux qui s’y réfèrent, mais des principes de l’ONU que les États Membres ont librement consenti à signer et à respecter.  Il a réitéré sa demande visant à dépêcher une mission internationale au Xinjiang sous l’égide des Nations Unies « afin de prendre en compte les préoccupations que nous avons collectivement sur la situation de la minorité musulmane ouïghoure ». 

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a déclaré que son pays est attaché au dialogue et à la recherche de points de convergence.  La Colombie a une longue tradition de participation aux organes du multilatéralisme et œuvre à la recherche de solutions collectives pour ne laisser personne sur le côté.  Il a affirmé que la dégradation de l’environnement est un défi majeur, avant de rappeler que la Colombie est le second pays au monde par la richesse de sa biodiversité au kilomètre carré.  Le Président a ensuite cité les avancées de son pays dans la préservation de l’environnement, qui est une véritable « question de sécurité nationale ».  

La Colombie a ainsi réduit de 30 millions de tonnes ses émissions de gaz à effet de serre, tandis que le taux de déboisement a été réduit de 19%.  Près de 180 millions d’arbres devraient être plantés d’ici à 2022.  La diversité biologique étant un atout stratégique, la Colombie, sur le territoire de laquelle s’étend une partie de la forêt amazonienne, a empêché la destruction de près de 23 000 hectares de forêts.  M. Duque Marquez a appelé à l’élaboration d’un cadre protecteur pour les hauts plateaux en Amérique latine tropicale, les paramos, où vivent d’importantes communautés autochtones.  

Le Président a déclaré que son pays, qui a connu la violence et la pauvreté, se forge un avenir sur la base de la vérité et de la prospérité, dans le rejet de la violence. Près de six millions de Colombiens ont ainsi pu bénéficier des dividendes de cette politique de paix.  Quelque 780 millions de dollars sont allés à la réintégration de 13 500 anciens combattants et à la prévention d’une nouvelle vague de violence.  Mais M. Duque Marquez a identifié un « ennemi commun »: le trafic de drogues, la lutte contre ce fléau étant une obligation morale. 

Il a aussi insisté sur la nécessité d’une solidarité entre les pays pour « surmonter cette tempête » qu’est la pandémie.  Il faut trouver un vaccin et bâtir une économie juste et durable; la préservation de l’environnement étant un élément clef d’une telle économie.  Le Président a conclu, en dénonçant le « régime de Maduro » au Venezuela, véritable « dictature » qui s’appuie sur le trafic de drogues et le terrorisme et qui est une menace à la sécurité. Il faut rejeter tout processus électoral qui viendrait à légitimer une telle dictature, a-t-il dit.  

M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a abordé d’emblée la pandémie du Covid-19, « ce défi mondial qui ne connaît ni frontière, ni race, ni nationalité », et qui a des effets néfastes sur tous les volets du développement civilisationnel.  Seules l'unité et la solidarité peuvent la surmonter et la vaincre et permettre à l'humanité de se renouveler et de devenir plus sage, plus responsable et plus clairvoyante.  Il a espéré qu’en dépit des difficultés actuelles, cette période aboutisse à un changement dans le destin de la planète entière.  Il est de notre devoir politique et moral de ne pas rater cette chance, de faire preuve de dignité, de solidarité et d'un véritable humanisme, a tranché le Président 

Mon pays, a affirmé le Président, a adopté une stratégie nationale de lutte contre l’infection dès le début de la pandémie qui consiste en un ensemble de mesures de quarantaine, juridiques, financières, économiques, médicales et sanitaires.  Parallèlement, la coopération internationale a été renforcée sur le plan bilatéral et international, a indiqué M. Berdimuhamedov, y compris avec l’ONU et l’OMS. 

Notant l’impact négatif de la pandémie sur l’économie mondiale et la réalisation des objectifs de développement durable, il a appelé à l’intensification de la coopération pour établir des relations économiques et commerciales.  Aujourd’hui, il est nécessaire de créer des plateformes pour mettre l’économie mondiale sur une trajectoire de croissance durable, a fait valoir le Président turkmène, appelant à donner la priorité aux secteurs de l’énergie, des transports, de l’industrie et du commerce.  Dans ce contexte, au cours de la soixante-quinzième session, le Turkménistan a l'intention, a-t-il annoncé, d’intensifier son travail sur l’élaboration d’instruments juridiques internationaux dans le domaine de la stabilité et de la fiabilité du transit énergétique. 

Nous nous proposons, s’est expliqué le Président, d’examiner la question de la stabilité des transports internationaux dans les situations d’urgence et de présenter un projet de résolution de l’Assemblée générale sur cette question.  M. Berdimuhamedov a rappelé la Conférence internationale des pays en développement sans littoral, prévue au Turkménistan l’année prochaine.  Venant d’obtenir le statut d’observateur auprès de l’OMC, le Turkménistan, a annoncé le Président, entend promouvoir des mesures pratiques pour surmonter la crise économique mondiale et faciliter la transition vers une dynamique positive.  

Abordant la question de la mer d’Aral, il a jugé insuffisants les efforts fournis jusqu’ici et a dit avoir lancé l’initiative de créer un programme spécial des Nations Unies dont le projet initial sera présenté en mai 2021.  L’année 2020 marque aussi, a poursuivi le Président, le vingt-cinquième anniversaire du « statut de neutralité permanente » du Turkménistan.  Dans ce contexte, il a estimé qu’il est hautement symbolique que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive pour l’Asie centrale ait été créé à Achgabat, en 2007, s’est-il enorgueilli.  Le Turkménistan, a-t-il aussi annoncé, a l’intention de présenter un projet de résolution sur le rôle du Centre dans la paix régionale.  Cette paix, a-t-il prévenu, dépend directement du règlement de la situation en Afghanistan.  Il n'y a pas d’alternative aux négociations, a tranché le Président.  

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a présenté des « mesures concrètes » afin de réaliser les objectifs des trois piliers du travail de l’ONU.  En ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a estimé qu’il mettra pleinement les résolutions du système multilatéral notamment les règles et principes du droit international inscrits dans la Charte.  Deuxièmement, a poursuivi le Président, il est nécessaire de tenir pour responsables les États qui violent délibérément le droit international et les résolutions de l’ONU, en particulier celles du Conseil de sécurité.  

M. Al Sisi a donc regretté que la communauté internationale ferme les yeux sur un certain nombre d’États qui apportent aux terroristes un soutien matériel et financier, qui leur offrent des cachettes sûres et des plateformes politiques et médiatiques ou qui facilitent le transfert de combattants terroristes vers les zones de conflit, en particulier en Libye et avant la Syrie.  En Libye, a martelé le Président, l’Égypte continue d’adhérer au processus de règlement politique, mené par l’ONU, sur la base de l’Accord de Skhirat, des résultats de la Conférence de Berlin et de la Déclaration du Caire à laquelle ont souscrit le Président de la Chambre libyenne des représentants et le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne.   

La Déclaration du Caire, a expliqué M. Al Sisi, sert d’initiative politique globale commune pour mettre fin au conflit et l’Égypte est déterminée à soutenir les Libyens pour débarrasser leur pays des milices armées et des organisations terroristes, et à mettre fin à l’ingérence flagrante de certaines parties régionales qui ont délibérément transporté des combattants étrangers en Libye, dans le but d’assouvir leur avidité et leurs rêves coloniaux.  Par conséquent, a averti le Président, toute violation de la ligne s’étendant entre les villes de Syrte et de Gifra, précédemment délimitées comme une ligne rouge, sera farouchement confronté par l’Égypte au nom de la défense de son peuple et de sa sécurité nationale.   

Au Moyen-Orient, a déclaré M. Al Sisi, la réalisation des aspirations légitimes des Palestiniens dans un État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, est impérative, si nous voulons ouvrir de nouveaux horizons pour la paix, la coopération et la coexistence.  En Syrie, une solution politique globale est devenue une nécessité pour mettre fin à la guerre.  De même, il est temps de prendre une position ferme au Yémen pour mettre fin à la crise actuelle, conformément à la résolution 2216 du Conseil de sécurité, à l’initiative des pays du Golfe et aux résultats du dialogue national global.  

Le Président Al Sisi s’est longuement attardé sur l’affaire du barrage de la Renaissance, en réitérant ses préoccupations croissantes.  Il a dénoncé les négociations « fastidieuses » avec le Soudan et l’Éthiopie pour parvenir à un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage.  Malheureusement, aucun de ces efforts n’a abouti à des résultats tangibles car pour l’Égypte, a souligné le Président, l’eau du Nil est une question existentielle.  Il a donc jugé inacceptable que l’on fasse trainer les négociations pour imposer une nouvelle réalité sur le terrain.  Avant de conclure, le Président a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité pour qu’il reflète au mieux les réalités du monde d’aujourd’hui et l’équilibre des pouvoirs.  Il a réitéré son attachement au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.  

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a salué les efforts inlassables du Secrétaire général et des fonds, programmes et agences de l’ONU pour aider les États Membres à faire face aux répercussions humanitaires et socioéconomiques de la COVID-19.  Il a aussi applaudi les efforts visant à développer un vaccin contre la maladie.  Il a souhaité que ce vaccin soit accessible à tous les États et que la priorité soit donnée aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées.  

Afin de prévenir une propagation du virus, a-t-il indiqué, le Tadjikistan déploie d’importants efforts pour augmenter les volumes de médicaments et d’équipements médicaux, en coopération avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires en développement.  Mais le pays est aujourd’hui confronté à une récession qui affecte tous les domaines de l’économie, a souligné son Président.  En tant que pays montagneux et sans littoral, il ne possède pas suffisamment de ressources pétrolières et gazières.  Il dépend en outre presque totalement de l’importation de carburant et d’autres biens et produits, y compris les aliments et les produits pharmaceutiques.   

Dans ce contexte difficile, a poursuivi M. Rahmon, le Gouvernement du Tadjikistan a pris des mesures pour assurer un fonctionnement cohérent et durable de tous les secteurs socioéconomiques du pays.  Toutefois, a-t-il fait observer, la poursuite de ce processus dépend de la stabilité et de la sécurité globales.  Or, les groupes terroristes et extrémistes posent un énorme défi à la sécurité nationale.  Il a par conséquent appelé à l’élaboration de moyens nouveaux de lutte commune contre le terrorisme, y compris au moyen de la technologie de pointe.  Convaincu que l’ONU doit jouer un rôle clef de coordination, il a assuré que son pays y apportera une contribution déterminante.    

Plaidant à cette fin pour une coopération accrue avec les partenaires et les organisations internationales, à commencer par les agences pertinentes de l’ONU, il a indiqué que le Tadjikistan entretient également des liens fructueux avec des institutions régionales telles que la Communauté d’États indépendants (CEI), l’Organisation de Shanghai pour la coopération et l’Organisation du traité de sécurité collective. 

Soucieux de voir renforcée la dimension « prévention » des Nations Unies, notamment via son centre régional pour l’Asie centrale, le Président tadjik a salué les opérations de maintien de la paix de l’ONU, soulignant que des forces de police de son pays participent aux missions au Darfour, au Soudan du Sud et dans la ville d’Abyei, au Soudan.  Il a ajouté que, compte tenu de son expérience dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogues illicites, mais aussi en matière de paix, le Tadjikistan présentera pour la première fois sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2028-2029. 

Évoquant ensuite la situation en Afghanistan, pays avec lequel le Tadjikistan partage 1 400 km de frontières, le dirigeant a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures supplémentaires pour coordonner la lutte contre le terrorisme, faire face à la production et au trafic de drogues, et fournir une assistance au Gouvernement et au peuple afghans.  Tout en se félicitant du processus de négociation et de consolidation de la paix en cours, il a dit appuyer toute approche visant à résoudre la crise politique dans ce pays. 

Avant de conclure, il a insisté sur l’importance d’une réponse aux changements climatiques, indiquant qu’au cours des 60 dernières années, la température annuelle moyenne au Tadjikistan a augmenté d’un degré, ce qui s’est traduit par une augmentation du nombre de jours avec de fortes précipitations.  Avec 93% de son territoire couvert de montagnes, le pays subit des pertes équivalentes à des centaines de millions de dollars par an en raison des catastrophes liées à l’eau, a-t-il expliqué.  

Pour faire face à ce phénomène, il préconise une utilisation généralisée des sources d’énergie renouvelables, un appui des pays donateurs et des institutions financières internationales et régionales à la mise en œuvre des stratégies et programmes nationaux d’adaptation, un meilleur suivi de la génération des ressources en eau, en particulier des glaciers, et la fourniture d’une assistance financière et technique globale aux pays en développement et aux pays les moins avancés.  

Après un long tour d’horizon des trois évènements majeurs de l’histoire mexicaine moderne, de l’indépendance du pays en 1810 à la révolution démocratique de 1910, en passant par les réformes de Benito Juárez, le premier indigène à prendre les rênes de l’État, au milieu du XIXe siècle, M. Andrés Manuel López Obrador, Président du Mexique, a déclaré que son pays est engagé dans une quatrième grande transformation, qui vise à instaurer «  de manière non violente et pacifique  » un véritable ordre démocratique, jusqu’ici mis à mal par une corruption « galopante » de l’État. 

Cette transformation, a expliqué M. Obrador, le pays est en train de la réaliser alors même qu’il est confronté à deux crises: la pandémie de COVID-19 et la crise économique.  Le Président a affirmé que le Mexique gagne actuellement du terrain dans la lutte contre la maladie, grâce à l’aide des experts, des scientifiques, des médecins et du personnel soignant mexicains.  Il a également soutenu que le pays a pris des mesures efficaces pour venir à bout de la crise économique, «  car nous n’appliquons pas la stratégie habituelle  » qui est d’endetter le pays et à n’aider que les classes supérieures.  

Bien au contraire, a dit le Président.  Le Gouvernement soutient les gens «  d’en bas  » en leur allouant des fonds de l’épargne nationale pour éviter que la corruption ne s’enracine à nouveau.  Ces fonds sont également le fruit de «  l’austérité républicaine  », a ajouté M. Obrador, affirmant être venu à bout des dépenses inutiles et du train de vie « luxueux » des gouvernements précédents.  «  Je peux vous dire qu’il y avait un avion présidentiel, il existe toujours, mais il est à vendre  », s’est enorgueilli le Président, en voyant dans le luxe de l’appareil quelque chose «  d’insultant  » pour le citoyen mexicain.  «  Maintenant, le Président du Mexique, qui vous parle, se déplace par la route, en voiture et par les lignes commerciales  ».  De même, a-t-il assuré, il est désormais interdit aux fonctionnaires de se déplacer en hélicoptères privés. 

M. Obrador a indiqué que le «  corps d’élite  » qui assistait auparavant la fonction présidentielle, soit un état-major «  venu des temps anciens  » de 8 000 personnes au total, a été dissout.  «  C’en est ainsi fini du luxe, des extravagances », a-t-il martelé.  Pour le Président, la nouvelle formule du pays consiste à faire barrage à la corruption et à épargner, en évitant toute ostentation et débauche de moyens par les dirigeants.  Ces derniers doivent être «  austères et sobres  » et s’attacher à «  soutenir les gens humbles, les dépossédés  ».   

Le Président s’est dit soutenu dans son action par les 38 millions de Mexicains qui, «  par nécessité, sont partis rechercher une vie meilleure  », y compris aux États-Unis.  Cette diaspora envoie régulièrement de l’argent aux familles restées au Mexique, soit cette année un «  chiffre record  » d’environ 40 millions de dollars.  «  Et cet argent, mois après mois, parvient à 10 millions de familles pauvres dans notre pays  », a salué le Président.  Entre ces envois de fonds des migrants et les fonds investis par le Gouvernement, le pays est en mesure de soutenir la consommation malgré la pandémie et la crise, de sorte que «  il n’y a pas de faim » au Mexique.  Le Président a ajouté que la signature et l’entrée en vigueur d’un accord avec les États-Unis et le Canada contribue également au redressement de l’économie du pays, en attirant davantage d’investissements étrangers. 

M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay, a déclaré que face à l’ampleur de la pandémie actuelle et ses conséquences douloureuses, il devient nécessaire de chercher des solutions pour les plus vulnérables et les plus exposés.  La voie à suivre, a estimé le Président, tant pour la sortie de cette pandémie que pour les 75 prochaines années, est le multilatéralisme et des solutions conformes aux cadres juridiques multilatéraux, y compris sur la santé, l’environnement, le commerce et les migrations.  L’Uruguay, a annoncé le Président, a adhéré, il y a quelques mois, à l’Alliance pour le multilatéralisme, une initiative de défense de l’ordre multilatéral, lancée par l’Allemagne et la France.  L’Uruguay soutient aussi le rôle de l’OMS et celui du système des Nations Unies dans la coordination de la réponse globale à la pandémie.  Pour l’Uruguay, la pandémie actuelle ne doit pas affaiblir le respect des engagements pris au niveau multilatéral.  Il faut éviter de tomber dans les pièges du nationalisme et du protectionnisme qui nuisent aux relations internationales et au commerce ou perturbent les chaînes d’approvisionnement et la circulation même des fournitures médicales qui sont si nécessaires à la sortie de cette crise sanitaire.  

Le Président a plaidé pour la promotion du Programme 2030 « malgré les difficultés importantes actuelles » pour que les pays en développement puissent progresser vers le développement durable.  Dans la foulée, il a dénoncé le fait que l’Uruguay, classé dans la catégorie des pays à haut revenu, n’ait pas accès aux traitements préférentiels ou à des lignes de crédit plus favorables.  Il faut revoir cette classification, s’est énervé le Président, qui a dénoncé une catégorisation fondée sur le revenu par habitant.  Il s’est prononcé pour un critère « multidimensionnel » définissant le niveau du développement et la nécessité du soutien international.  Le développement durable ne sera sans protection de l’environnement, a-t-il insisté, en réitérant son soutien à l’Accord de Paris.  L’Uruguay, a-t-il dit, soutient également l’élaboration, par le Secrétaire général, d’une feuille de route sur la coopération numérique. 

M. Pou a en outre affirmé son attachement et son soutien à la Cour pénale internationale, avant de s’avouer préoccupé par le non-respect des accords de désarmement ou le retrait de certaines parties, qui pourraient conduire à la reprise de la course aux armements et ramener le monde à l’époque où il vivait sous la menace d’un conflit nucléaire.  Le Président s’est également dit préoccupé par le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre qui constitue une menace pour la stabilité des régions et de la planète, alimente la criminalité et l’insécurité et affecte la coexistence pacifique au sein des sociétés.  

M. DANNY FAURE, Président des Seychelles, a déploré qu’en pleine célébration des 75  ans de l’Organisation, le multilatéralisme soit autant mis à mal par la pandémie de COVID 19.  Il a rappelé l’importance d’un système multilatéral inclusif et renforcé, prenant en compte toutes les parties prenantes, y compris les femmes, les jeunes et la société civile.  La gouvernance mondiale telle qu’elle existe n’a pas répondu de manière adéquate au COVID-19 et à son ampleur.  Les Seychelles y ont fait front malgré une économie paralysée par l’effondrement du tourisme, sa principale industrie.  

Pour éviter une catastrophe économique, a expliqué le Président, des mesures sans précédent ont été prises pour atténuer la hausse du chômage et assurer des revenus aux travailleurs.  Le secteur privé, la société civile et les organisations multiconfessionnelles ont été consultés.  Cependant, tout ce qui a été entrepris pour réduire l’impact de la pandémie sur le secteur touristique ne sera pas soutenable sur le long terme à cause de l’épuisement des réserves de devises étrangères.  Avec un déficit budgétaire de 14% prévu cette année, il faudra au moins cinq ans au pays pour revenir à la situation pré-COVID, si tant est qu’un vaccin soit trouvé et que le virus cesse d’être une menace pour le monde. 

Face à ces immenses problèmes, M. Faure a dit placer ses espoirs dans le multilatéralisme, «  crucial  » pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui ont déjà fourni d’énormes efforts pour subvenir aux besoins de leur population malgré leurs ressources limitées.  Ces efforts ne pourront être maintenus sur le long terme, au risque d’alourdir le fardeau de la dette alors que la crise de la dette pointe à l’horizon.  Face à un manque « tout à fait alarmant » de solutions en faveur des PEID, l’aide aux économies vulnérables est le défi ultime du multilatéralisme, selon M. Faure.  

Soutenant les initiatives de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Président a voulu que l’on réexamine les critères d’éligibilité aux financements préférentiels, afin que soit pris en compte la vulnérabilité extrême de ces États aux chocs économique, climatique et, dorénavant, sanitaire. 

La restructuration massive de l’économie menée à l’échelle mondiale est une occasion unique d’adopter une approche transformatrice et holistique.  La relance de l’activité économique ne devrait pas se faire au détriment de l’environnement, a insisté le chef de l’État.  Alors que la pandémie faisait rage dans le monde, les Seychelles ont atteint leur objectif de protéger 30% de leur zone économique gigantesque de 1,34 million de km2.  La pandémie est une nouvelle chance de limiter l’impact du réchauffement, a insisté M. Faure, qui a souhaité conclure en prenant de la hauteur : «  la COVID n’est pas le plus important des défis de notre temps: ce sont les changements climatiques qui restent la plus grande menace pour l’humanité.  »

M. PAUL KAGAMÉ, Président du Rwanda, a déclaré que l’humanité a les outils pour surmonter l’épreuve sans précédent que constitue la pandémie.  Il a rappelé que la Conférence internationale sur les femmes s’est tenue il y a 25 ans à Beijing, aboutissant à un programme transformateur sur l’égalité entre les genres qui « continue de nous guider ».  Mais une véritable égalité n’a été atteinte par aucun pays, a déclaré le Président.  Il a souligné l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du temps qu’il faut accorder aux économies pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles technologies.  

L’amendement de Kigali au Protocole de Montréal, adopté il y a quatre ans, jouera un rôle crucial dans la réduction de la consommation d’hydrofluorocarbures, a dit le Président rwandais qui a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet amendement déjà en vigueur.  M. Kagamé n’a pas fait mystère des difficultés pour atteindre les cibles du Programme 2030 dans les délais prévus, d’autant que la pandémie devrait saper la croissance économique et la mobilisation des revenus dans les années à venir.  Il a souligné le travail exceptionnel de l’OMS, dirigée par M. Tedros Gebreyesus, avant de souligner l’importance cruciale pour l’Afrique du mécanisme COVAX.  Il a aussi plaidé pour un accès équitable aux vaccins et traitements et insisté sur l’importance de systèmes de santé nationaux résilients.  L’Union africaine en a fait une priorité, en mettant l’accent sur l’importance de « dépenser plus et mieux ». 

Le Président rwandais a ensuite parlé du mouvement mondial pour l’égalité et la justice raciale, qui est loin d’être passager.  Il a plaidé pour des efforts visant à restaurer la confiance publique dans l’égale dignité de tous, comme l’exige le traitement de ceux qui ont été historiquement marginalisés et continuent de souffrir de manière disproportionnée.  M. Kagamé a estimé que le succès dépendra du renforcement des institutions nationales et internationales, y compris du travail des scientifiques, des innovateurs et des créateurs.  « Il ne s’agit pas d’une question de financements.  Il s’agit de valeurs humaines positives que les citoyens et les gouvernements confèrent à ces institutions, et à l’égard desquelles elles doivent être comptables de leurs actes. » 

M. Kagamé a indiqué que les générations futures jugeront comment cette génération, en particulier ses leaders, a répondu à ces défis.  Est-ce que ce qu’ont fait collectivement trois générations au cours des 75 dernières années pour bâtir un ordre international plus robuste se désintègrera dans les récriminations et le ressentiment?  Ou est-ce que nous parviendrons à nous unir une nouvelle fois pour permettre des progrès sur la base de la coopération et du respect mutuel?  Le choix nous appartient.  

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a déclaré que la pandémie a mis à nu, à l’échelle mondiale, l’incapacité des structures sanitaires de répondre à un problème d’une telle échelle et d’une telle gravité.  Ce problème sanitaire mondial a paralysé tout l’élan qui avait été rassemblé pour relancer l’économie mondiale après la crise économique de 2008, s’est-il inquiété.  Notre espoir de voir notre réforme économique générer des résultats positifs ne pourra se réaliser, en raison des contraintes qui ont interrompu les chaines de production et provoqué de très hauts niveaux de chômage, ainsi qu’une situation sociale «  alarmante  ».  Le Président a expliqué que les ressources dont disposait l’Angola pour financer la reprise de son secteur de production ont dû être consacrées à la biosûreté et d’autres nécessités épidémiologiques urgentes liées à la pandémie.  Des centres de quarantaine ont dû être rapidement construits dans tout le territoire et les hôpitaux, équipés avec les fournitures nécessaires pour traiter les urgences médicales provoquées par la COVID-19. 

Après avoir salué l’initiative du G20 visant à alléger la dette des pays en développement, le Président de l’Angola a insisté sur l’importance des investissements directs pour booster la croissance économique et le développement.  Il a appelé à des fonds d’aide à l’investissement en Afrique pour soutenir les investisseurs qui cherchent à faire des affaires sur le continent africain. 

Poursuivant, M. Lourenço a souligné que le multilatéralisme doit figurer dans toutes les approches visant à résoudre les questions internationales les plus urgentes.  Il a appelé à des solutions justes et durables à la situation au Moyen-Orient, avant d’indiquer que les problèmes sécuritaires de l’Afrique sont souvent associés au terrorisme international, à l’extrémisme religieux et aux conflits postélectoraux qui, a-t-il ajouté, exigent une attention redoublée de l’ONU.  L’Organisation, a-t-il estimé, doit faire preuve d’impartialité quand elle analyse les facteurs qui sous-tendent les tensions nées des processus politiques et adopter une position qui ne consiste pas à ignorer les gouvernements légitimes.  Avant de conclure, M. Lourenço a insisté sur la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité de manière à mieux représenter «  les peuples, les nations et les continents  ». 

M. ALBERTO FERNÁNDEZ, Président de l’Argentine, a dit que le monde vit une pandémie qui invite à un nouveau départ.  Le pape François, a-t-il ajouté, nous met tous au défi, en particulier les dirigeants du monde, de réfléchir à la manière de mieux s’y mettre et non de faire pire.  Pour cela, il nous faut recréer un multilatéralisme basé sur la solidarité.  C’est au nom de cet esprit de solidarité que l’Argentine soutient que le futur vaccin contre la CODID-19 devra être un bien public mondial accessible à toutes les nations d’une manière équitable.  

Pour l’après-pandémie, a poursuivi le Président, il nous faut une ONU 4.0, avec ses valeurs fondatrices intactes pour intégrer les immenses changements technologiques en cours et les rendre plus humaines, plus démocratiques et plus inclusives socialement.  La sortie de la pandémie vers les objectifs de développement durable exige un changement structurel des économies.  L’agenda environnemental exige aussi des ressources financières, le renforcement des capacités et le transfert des technologies, à la lumière du principe des responsabilités communes mais différenciées.  L’Argentine, a aussi dit le Président, s’est engagée à mettre en avant un programme de transition équitable visant un développement durable basé sur la productivité, la compétitivité et la création d’emplois.  Elle s’est aussi engagée à parvenir à la mise en œuvre rapide et efficace de l’Accord de Paris.   

M. Fernandez, qui dénonce un endettement toxique et irresponsable à des fins « spéculatives », a annoncé que son gouvernement a réussi à sceller un accord majeur avec la quasi-totalité de ses créanciers privés, devenant ainsi l’un des premiers pays à faire face à la restructuration d’une « dette pandémique ».  Le Président a conclu sur la grave crise des réfugiés et des déplacés, les inégalités entre les sexes et la lutte contre le terrorisme.  S’agissant de cette dernière question, il a exigé de l’Iran qu’il coopère avec son pays dans l’enquête sur l’attentat contre le siège des associations juives de Buenos Aires en 1994.  Il n’a pas oublié d’insister sur les droits « légitimes et imprescriptibles » et la pleine souveraineté de son pays sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants.   

M. EGIL LEVITS, Président de la Lettonie, a déclaré qu’un multilatéralisme efficace est l’outil le plus essentiel pour le maintien d’un ordre international régi par des règles.  Cet ordre est le même de la justice et de la paix internationale, a-t-il dit, ajoutant qu’il est de la responsabilité de chaque État de le respecter.  Le Président a appelé l’ONU à faire en sorte que cet ordre soit respecté, à la fois par les grands États et les petits, y compris dans le monde virtuel créé par les nouvelles technologies.  M. Levits a indiqué que l’Estonie, qui est membre non-permanent du Conseil de sécurité, est un exemple de la contribution substantielles des petits pays à la paix et à la sécurité internationales.  «  La Lettonie espère également assumer un tel honneur et une telle responsabilité pour les années 2026-2027.  »

Le Président s’est dit en faveur d’un relèvement post-pandémie respectueux de l’environnement, numérique et inclusif.  Il a appelé à lutter plus ardemment contre les changements climatiques et la perte de la biodiversité et à promouvoir des modes de consommation responsables.  La Lettonie fait ainsi partie du Groupe des Amis de la lutte contre la pollution plastique marine.  Il a indiqué que son pays a été l’un des premiers à développer à l’échelle nationale une application sur téléphone «  StopCovid  », conjuguant traçage effectif des contacts et respect de la vie privée.  La Lettonie a aussi été l’un des premiers pays à être dotée d’un Parlement numérique, c’est-à-dire un Parlement fonctionnant entièrement à distance. 

M. Levits a souligné l’importance du respect de la vie privée s’agissant de la collecte de données numériques.  Le profilage numérique, très difficile à éviter, est un danger pour la liberté fondamentale des personnes et un défi sérieux pour les sociétés.  «  En élaborant un cadre juridique et en investissant dans les technologies soucieuses du respect de la vie privée, nous pouvons créer des technologies centrées autour de la personne, avec un plus grand potentiel.  »  Dans ce droit fil, le Président a fait part de sa volonté de voir la Lettonie devenir un modèle mondial pour une économie numérique et multilingue, centrée sur l’homme, appuyant les pays développés dans leur transition numérique et élaborant les normes numériques pour le respect de la vie privée. 

Le Président a indiqué que la pandémie a été le terreau de la désinformation, des «  fake news  » et des discours de haine.  Il a appelé les États à lutter contre la désinformation et à élargir l’accès à des informations fiables, par le truchement de médias libres.  Il s’agit là d’un droit universel, a-t-il poursuivi, en pointant l’expertise de son pays dans ce domaine.  La Lettonie a en effet fait partie d’un groupe de 130 pays à avoir appelé à une action contre la désinformation dans le contexte de la pandémie.  L’augmentation exponentielle de la désinformation, des «  fake news  » et des discours de haine, ces dernières années, est une menace à la paix internationale et aux efforts visant à répondre aux changements climatiques, a insisté M. Levits. 

Il a jugé inacceptable l’approche de plus en plus révisionniste prônée par la Russie, en particulier s’agissant de la Seconde Guerre mondiale.  La Russie, s’est-il expliqué, essaye de faire de l’histoire un outil de désinformation, dans une tentative qui va de pair avec les restrictions à la liberté d’expression.  Le Président a appelé à une enquête internationale et indépendante sur le récent empoisonnement du leader de l’opposition, M. Alexei Navalny. 

Enfin, M. Levits a appelé à la tenue d’élections nouvelles, démocratiques et transparentes au Bélarus, en mentionnant l’aide médicale apportée par son pays aux nombreuses victimes de la répression.  Le Président a exhorté la Russie à s’abstenir de toute ingérence et cité les mots de la Prix Nobel de littérature, Mme Svetlana Alexievich, qui parlait « de la soif de changement, d’une nouvelle vie et d’honnêteté ».  En Lettonie, nous n’avons pas oublié cette soif que nous avons connu, il y a 30 ans, a conclu le Président. 

M.  GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, a constaté à son tour le coût humain de la pandémie de COVID-19.  Nous avons payé non seulement en vies humaines mais aussi en inégalités sociales aggravées, a-t-il relevé, y voyant «  un avertissement colossal pour le multilatéralisme  ». Selon lui, aucun pays ne peut s'attaquer à la pandémie et surmonter seul son impact économique et social. La lutte contre la COVID-19 nécessite donc une meilleure coopération et solidarité internationales.  

En ces temps d’insécurité croissante au niveau mondial, la paix devrait être la priorité de tous, a poursuivi le chef de l’État lituanien.  Mon pays ne le sait que trop, lui qui a connu, avec les deux autres États baltes, les «  pires terreurs du XXe siècle  », a-t-il dit, rappelant l’annexion de son pays, de l’Estonie et la Lettonie par l’Union soviétique au sortir de la Seconde Guerre mondiale.   

Cette expérience a contribué à créer notre relation spéciale avec la Charte des Nations Unies, a expliqué M. Nauseda.  Nous avons appris à rêver de liberté, de démocratie, de primauté du droit, de droits de l’homme, d’ordre international fondé sur des règles et de coopération multilatérale.  «  C’est ce que nous apprécions jusqu'à ce jour.  C'est qui nous sommes  », a-t-il souligné, souhaitant que «  les erreurs du siècle dernier ne se répètent pas  ».  

De fait, a poursuivi le dirigeant, des accords secrets comme ceux de Moscou en 1939 ou de Yalta en 1945 ne doivent plus jamais être signés.  Tous les pays sont membres à part entière de la communauté internationale, avec des droits et des obligations égaux, a-t-il martelé, jugeant extrêmement regrettable qu'on assiste aujourd'hui à des tentatives de saper les valeurs de l’ONU.  

À ses yeux, la crise actuelle au Bélarus est un excellent exemple de cette tendance inquiétante.  L’élection présidentielle « frauduleuse » du 9 août a conduit à des manifestations massives et sans précédent du peuple bélarusse, que le «  régime illégitime  » réprime par la force. De plus, a-t-il ajouté, les prisonniers libérés font état de conditions inhumaines dans les centres de détention.  «  Tout cela se passe en Europe au moment où nous célébrons tous le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies et de son document fondateur  ».  

Pour le Président lituanien, le moment est venu de défendre les valeurs de la communauté internationale. L’ONU et ses institutions devraient, selon lui, suivre de près la situation au Bélarus et exhorter ses autorités à s’abstenir de recourir à la force, à garantir le respect du droit international et des droits de l’homme et à entamer enfin une transition pacifique du pouvoir.  Il a également jugé impératif que le Conseil des droits de l’homme surveille et évalue en permanence la situation des droits de l’homme au Bélarus.  Tous les crimes contre l’humanité et les violations massives de ces droits doivent faire l’objet d'une enquête sans délai, a-t-il plaidé.  

M. Nauseda a indiqué à cet égard que son pays a présenté pour la première fois sa candidature Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Si elle était élue pour un mandat débutant en 2022, la Lituanie accordera une attention particulière à la sécurité des journalistes et à la protection des défenseurs des droits de l'homme, ainsi qu’aux droits des femmes et des filles, de l’enfant et des personnes handicapées, et aux libertés d’expression, de réunion et d’association, a-t-il assuré.  

De fait, a-t-il fait valoir, si nous voulons maintenir l’ordre international, nous devons être prêts à enquêter sur les crimes contre l’humanité et à en punir les auteurs.  Il ainsi rappelé que plus d’une décennie s'est écoulée depuis que la Russie a envahi la Géorgie. Aujourd’hui, un cinquième du territoire géorgien reste occupé par les forces russes, ce qui constitue une violation du droit international. Dans le même temps, la situation dans les régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud s’aggrave en raison des restrictions de mouvement et des détentions illégales.   

En outre, a encore relevé le dirigeant, les forces russes occupent pour la sixième année consécutive la «  Crimée ukrainienne  » tout en poursuivant leurs actions militaires dans l’est de l'Ukraine.  S’il s’est félicité de efforts de Kiev pour négocier la fin de la guerre, le Président a jugé que tout accord futur devrait respecter pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l'Ukraine.  

En tant que «  membre responsable  » de la communauté internationale, la Lituanie reste fidèle à ses engagements en faveur des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il encore souligné.  Malheureusement, a-t-il déploré, une nouvelle centrale nucléaire a été construite au Bélarus, sans évaluation des risques et à seulement 40 km de la capitale lituanienne, remettant en question la sûreté nucléaire et environnementale régionale, ainsi que le fonctionnement des systèmes électriques des États baltes.  «  La sécurité mondiale dépend de nos efforts pour assurer la sûreté nucléaire  », a-t-il averti en conclusion.  

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a rappelé que la pandémie de coronavirus a dévasté l’économie mondiale et mis à rude épreuve les systèmes de santé de nombreux pays, y compris le sien.  Nous avons donné la priorité aux groupes vulnérables et élargi notre registre social pour inclure un million de Nigérians supplémentaires.  Notre programme national d’investissement social (NSIP) a été le moyen d’atteindre les membres pauvres et vulnérables de la population nigériane, ainsi que de fournir une couverture à plus de 22 millions de ménages  », a-t-il précisé.  Par ailleurs, afin d’éradiquer la pauvreté, le Gouvernement a débuté le décaissement d’un montant de 10,9 milliards de nairas pour les ménages et les petites et moyennes entreprises et mis en place un plan de relance budgétaire, tandis que la Banque centrale a lancé un programme de relance de 3,5 milliards de nairas pour stimuler l’industrie et faciliter la substitution des importations, a encore précisé le chef d’État. 

M. Buhari s’est également déclaré profondément préoccupé par le commerce, le transfert et la circulation illicites des armes légères et de petit calibre, en particulier sur le continent africain.  Il a constaté que l’Afrique est toujours confrontée à l’extrémisme violent de Boko Haram, en affirmant qu’elle compte sur une coopération étroite avec les organes de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et les pays voisins pour «  vaincre  » les terroristes dans le bassin du lac Tchad et dans la région du Sahel au sens large.  «  Nous appuierons vigoureusement la réhabilitation, la reconstruction et la réinstallation des victimes du terrorisme et de l’insurrection dans le nord-est  », a assuré le Président, en soulignant que la Commission de développement du nord-est avait été créée à cet effet.  

Pour le Nigéria, les changements climatiques sont une crise environnementale qui nécessite une action urgente.  À cette fin, le pays a intensifié son action climatique et reste ferme dans son engagement en faveur de la reconstitution du lac Tchad.  Aussi a-t-il réitéré l’appel au soutien international des efforts sous-régionaux visant à mobiliser les 50 milliards de dollars pour concrétiser cette initiative.  Enfin, M. Buhari a exprimé le soutien de son pays à l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il reflète la diversité et la dynamique du XXIe siècle : «  L’Afrique mérite des sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies  », a-t-il conclu. 

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa Rica, a vu dans la pandémie de COVID-19 une «  alerte précoce  » de ce à quoi l’humanité va devoir faire face dans les décennies à venir.  Depuis le début, a déclaré le Président, le Costa Rica insiste sur le fait que la santé est un bien public mondial et que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est appelée à diriger la riposte multilatérale à la pandémie.  Le 29 mai, le Costa Rica, l’OMS et 40 autres États ont lancé une plateforme d’échange d’informations et de connaissances afin que les tests, traitements et technologies contre la COVID-19 soient accessibles à tous et partout.  Pour sa part, l’Institut Clodomiro Picado de l’Université du Costa Rica a développé un plasma antiviral qui permet de lutter contre le virus dans les premiers stades de son développement. 

 Agir de manière décisive, innovante et organisée est notre seule option pour éviter la déstabilisation économique de nos pays et du système financier international, a martelé M. Quesada.  Fustigeant la croissance «  absurde  » des dépenses militaires mondiales, il a estimé que si au moins une fraction de toutes ces ressources était utilisée pour lutter contre la pandémie, et contre la crise climatique, « notre génération pourrait dire avec fierté qu’elle a su redéfinir ses priorités lorsque les circonstances l’exigeaient ». 

Pour le Président du Costa Rica, la réforme de notre architecture de sécurité collective ne peut plus être reportée.  Cela signifie que le Conseil de sécurité doit être plus démocratique, représentatif, responsable et transparent.   Un Conseil qui examine les causes profondes du conflit et pas seulement ses symptômes, a réclamé le Président qui a dit soutenir Le Code de conduite sur l’abandon du droit de veto en cas de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.  

«  L’impunité n’est pas acceptable  », a enchaîné M. Quesada.  Un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme exige de veiller à ce que les auteurs de violations et d’abus flagrants des droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes.  Le Président a réaffirmé l’attachement du Costa Rica aux principes et valeurs consacrés dans le Statut de Rome, ainsi qu’à l’intégrité et à l’indépendance de la Cour pénale internationale.  

Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par la situation au Nicaragua et exhorté vivement le Gouvernement de ce « pays frère » à s’attaquer de manière constructive aux tensions et aux problèmes structurels.  De plus, a plaidé le Président, le drame que vit Haïti appelle une action conjointe.  «  Ce sont des caravanes d’hommes, de femmes, de garçons et de filles haïtiens qui parcourent l’Amérique à la recherche de meilleures conditions, et il est temps qu’ensemble, nous contribuions à résoudre cette grave situation humanitaire.  » 

Il a insisté sur la mise en œuvre des instruments de développement durable les plus pertinents que sont le Programme 2030, l’Accord de Paris, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre mondial de la biodiversité post-2020 et le Cadre de Sendaï.  On ne peut parler de durabilité sans parler d’une protection efficace de l’océan et de sa biodiversité, a prévenu le chef de l’État.  Le Costa Rica participe donc activement aux négociations du nouvel accord sur la protection de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale et à celles sur le code minier menées au sein de l’Autorité internationale des fonds marins.  Également avec la France, le pays s’est engagé pour que 30% des territoires terrestres et maritimes de la planète soient protégés d’ici à 2030. 

M. GOTABAYA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a salué la création du Plan mondial d’intervention humanitaire COVID-19 et du Fonds d’intervention et de relèvement COVID-19 des Nations Unies.  L’OMS doit maintenant chercher à faciliter l’accès universel à un vaccin contre la COVID-19, une fois qu’il aura été mis au point, a-t-il ajouté.  Au plan national, le Président a indiqué qu’après les élections présidentielle et législatives et la formation du Gouvernement, le Sri Lanka a relevé avec succès le défi de la COVID-19.  Grâce à des mesures préventives bien coordonnées et synchronisées au niveau national, aidées par un système de santé local robuste, nous avons réussi à contenir sa propagation.   

Le Président s’est dit préoccupé par le fait que les pays en développement sont confrontés à une crise économique et de la dette sans précédent en raison de la pandémie.  La nécessité d’un allégement de la dette et d’un stimulus financier doit être dûment reconnue, a-t-il ajouté.  Il a assuré que son Gouvernement s’est engagé à respecter le Programme 2030.  Le Sri Lanka, a poursuivi le Président, est convaincu que l’éducation est un outil important pour sortir de la pauvreté, raison pour laquelle, le système national d’éducation est en cours de restructuration sur le thème « égalité des chances d’apprentissage pour chaque enfant ».  En outre, de nombreuses écoles rurales sont en cours de modernisation.  Un « portail d’apprentissage en ligne » officiel gratuit pour les écoliers, avec le soutien de tous les opérateurs de télécommunications, a contribué avec succès à l’apprentissage à domicile pendant la pandémie.  

Le Sri Lanka reste engagé à s’attaquer aux problèmes socioéconomiques liés à la drogue en particulier chez les enfants et les jeunes, a promis M. Rajapaska.  L’extrême sophistication des groupes criminels transnationaux est inquiétante, a admis le Président qui, pour y remédier, a créé un groupe de travail.  Il a aussi demandé à la communauté internationale d’aider son pays à lutter contre le terrorisme.  

Au plan international, la priorité du Sri Lanka est de veiller à ce que l’océan Indien demeure une zone de paix où aucun pays ne profite d’un autre.  L’océan Indien dispose de nombreuses voies maritimes internationales qui sont économiquement importantes pour un grand nombre de pays et qui devraient rester accessibles au commerce et aux échanges internationaux.  

Pour M. JOKO WIDODO, Président de l’Indonésie, il ne sert à rien de devenir la plus grande puissance économique au milieu d’un monde qui s’écroule.  Avons-nous réussi à créer le monde dont nous avons rêvé?.  La réponse est « pas encore », a répondu le Président, en attirant l’attention sur les  conflits, pauvreté voire la faim.  Les principes de la Charte et du droit international sont souvent négligés, y compris le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.  À l’heure où il faut s’unir pour combattre la pandémie, nous constatons des division et des rivalités croissantes, au risque de menacer les piliers de la stabilité et de la paix durable.  

L’ONU, a conseillé le Président, doit poursuivre ses efforts de réforme et de revitalisation.  Elle doit prouver que le multilatéralisme fonctionne surtout en temps de crise.  Elle doit être plus réactive et efficace.  Le leadership mondial collectif doit être renforcé, a poursuivi M. Widodo, tout comme la coopération dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses effets socioéconomiques.  Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que tous les pays aient un accès égal à un vaccin sûr et abordable.  La relance économique doit accorder la priorité à la santé de tous les citoyens du monde.  Un monde sain, un monde productif doit être notre priorité, a réitéré M. Widodo.  

M. MARTIN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, a rappelé qu’il a assumé la présidence du Pérou, il y a deux ans et demi, en application de la Constitution, après la démission de son prédécesseur.  Pendant cette période, le peuple péruvien et son gouvernement ont été confrontés à diverses situations critiques.  Nous avons dû lutter contre les réseaux de corruption, pour la défense de la gouvernance démocratique, et maintenant contre la pandémie « inattendue et dévastatrice » de COVID-19, a expliqué M. Vizcarra. 

Le Président a préconisé, avec la Colombie et d’autres pays amis, la convocation d’une Assemblée générale extraordinaire des Nations Unies contre la corruption, qui se tiendra finalement en juin 2021.  Dans le respect de l’état de droit, s’est-il félicité, des élections générales nationales ont été convoquées pour avril 2021.  «  Ainsi, je terminerai mon mandat dans le délai prévu par la Constitution et je transmettrai le pouvoir à mon successeur le 28 juillet 2021  », a promis M. Vizcarra.  

Son gouvernement a convoqué le «  Pacte du Pérou  », un espace démocratique de réflexion au sein de l’Accord national, pour parvenir à un consensus entre les acteurs politiques et les citoyens, autour de cinq questions spécifiques : l’édification d’un système de santé unifié ; la qualité de l’éducation ; la promotion de la croissance économique ; la réforme du système d’administration de la justice ; et la lutte contre la pauvreté et l’extrême pauvreté. 

Pour contenir la propagation de la COVID-19, le Pérou a été l’un des premiers pays de la région à adopter des mesures énergiques, a fait valoir le Président.  Celles-ci ont sauvé des milliers de vies, malgré les taux élevés de décès et d’infections, tout en permettant de rattraper des décennies de retard dans les infrastructures de santé publique.  «  Nous nous sommes battus pour contenir la maladie, tout en renforçant notre capacité de réaction  », a assuré M. Vizcarra.  Six mois après le début de ce combat, le nombre de personnes infectées et décédées commence à baisser fortement.  En outre, le Pérou a mis en place le plus grand plan de relance économique de son histoire et l’un des plus importants de la région, avec un investissement équivalent à 20% de son produit intérieur brut. 

«  La pandémie de COVID-19 est le plus grand défi mondial pour l’humanité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale  », a insisté le Président.  Il s’est dit convaincu qu’il faut renforcer le multilatéralisme à travers l’ONU et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment pour faire de la couverture sanitaire universelle, en tant qu’objectif du développement durable, une réalité.  

Conformément à cet engagement, le Pérou soutient l’initiative « COVAX Facility », le dispositif visant à accélérer l’accès aux outils de lutte contre ‎la COVID-19 (ACT), l’Alliance du Vaccin (GAVI) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI).  Nous encourageons, a déclaré le Président, la concurrence pour la recherche de vaccins et de traitements, en tant que bien public mondial au service de l’humanité tout entière.  

Le Pérou, qui est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, a approuvé la loi-cadre sur les changements climatiques en 2018 et s’est engagé à mettre en œuvre au niveau national l’Accord de Paris, en établissant des feuilles de route pour 91 mesures d’adaptation et 62 mesures d’atténuation.  La conservation et l’utilisation durable de l’Amazonie et la protection de sa vaste diversité biologique, sont une autre priorité du Pérou.  En décembre dernier, a rappelé M. Vizcarra, le Pacte de Leticia a été signé lors d’un sommet présidentiel régional pour l’Amazonie, et, il y a quelques semaines, un plan d’action régional a été approuvé avec les dirigeants amazoniens, afin de lutter contre la déforestation et les activités illégales.  

M. FÉLIX ANTOINE TSHILOMBO TSHISEKEDI, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que cette session de l’Assemblée générale se tient dans un contexte « exceptionnel et particulièrement difficile » marqué par la maladie à coronavirus qui a perturbé les économies et freiné la réalisation des efforts pour réduire la pauvreté, maintenir la paix et la sécurité internationales, garantir la justice et les droits humains, favoriser le progrès social, tout en protégeant l’environnement.  

Dès la détection du premier cas de Covid-19 à Kinshasa le 10 mars 2020, a affirmé le Président, le Gouvernement congolais a immédiatement pris des mesures « rapides et décisives » pour contenir la propagation du virus, dont la proclamation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire, capitalisant ainsi sur les acquis de la gestion de l’épidémie d’Ebola.  Le Président a dit avoir lancé, le 18 juin dernier, le Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la pandémie.  

Le Président s’est félicité de ce que la coordination multilatérale cohérente assurée par l’ONU en général et l’Organisation Mondiale de la Santé en particulier, ait réussi à garantir une solidarité internationale véritable, efficiente et efficace et permis de promouvoir une plus grande interaction avec les partenaires au développement et les institutions financières et économiques internationales en vue de mobiliser les ressources nécessaires à la lutte contre la pandémie. 

Cette pandémie, a-t-il constaté, nous a montré qu’il n’existe qu’une planète, qu’une santé et que nos sorts sont liés.  Dans ce contexte, le Président a estimé que les efforts de la communauté Internationale devraient inclure l’annulation et autres allègements du fardeau de la dette afin de permettre aux pays de se reconstruire en mieux.  Il a salué les mesures prises par le G20 et les institutions financières internationales qui ont reporté les délais de paiement de la dette, les invitant à prendre des mesures d’annulation totale de la dette.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle renforce les partenariats avec tous les pays en développement, y compris dans le domaine des capacités et de l’assistance technique.  Le Président a reconnu le « rôle de premier plan » des Nations Unies, y compris l’OMS.  La leçon principale de la Covid-19, c’est une véritable profession de foi en faveur du multilatéralisme, a-t-il souligné. 

Passant aux changements climatiques, il a rappelé que son pays a pris des engagements contraignants pour réduire ses émissions de gaz carbonique.  Il s’est dit déterminé à tout faire pour parvenir à la mise en œuvre des engagements nationaux en faveur de la préservation des forêts.  Aussi la RDC a-t-elle institué des « Jardins scolaires: un milliard d’arbres à l’horizon 2023 ».  Le Président a dit compter que les partenaires de son pays respectent également leurs engagements financiers dans le cadre de la préservation des forêts tropicales. 

Le Président a ensuite parlé des réformes engagées à plusieurs niveaux dans son pays, dont celui des finances publiques et de l’amélioration de la bonne gouvernance et la réduction de la pauvreté.  Depuis 2016, le pays met en œuvre les objectifs dedéveloppement durable, avec pour objectif ultime de diversifier une économie encore basée sur l’exploitation des ressources naturelles et d’accélérer les investissements dans les infrastructures et le capital humain, tout en favorisant les investissements dans les secteurs sociaux.  Cependant, le contexte actuel marqué par la COVID-19 représente un réel défi. 

Quant à la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie orientale du pays, le Président a dénoncé les activités de éléments résiduels des groupes armés, aussi bien nationaux qu’étrangers, qui s’attaquent aussi aux soldats de la paix de la Mission des Nations Unies (MONUSCO).  Ces groupes, s’est impatienté le Président, disposent de moyens provenant souvent de l’exploitation illicite des ressources naturelles « écoulées en dehors de la RDC ».  Il faut donc éradiquer leurs sources d’approvisionnement, a plaidé le Président qui a lancé un appel à des « sanctions appropriées, ciblées et efficaces ». 

C’est dans ce contexte, a-t-il poursuivi, que s’inscrivent le réexamen et le dialogue stratégiques pour la transformation de la présence onusienne en RDC.  Le vœu de la RDC est de voir pendant cette période de préparation à la sortie, le renforcement de la collaboration entre la MONUSCO et les Forces armées nationales.  Sa détermination étant de « redonner le sourire » aux populations de l’est, le Président s’est dit en faveur de l’accroissement de la capacité opérationnelle de la Brigade d’intervention. 

Il s’est aussi attardé sur les efforts qu’il déploie dans les domaines des droits de l’homme et de la justice sociale, indiquant que pour mettre un terme à une certaine mauvaise pratique de la gestion de la chose publique, il a créé une agence de prévention et de lutte contre la corruption.  Le Président a par ailleurs reconnu que le chantier des droits des femmes, des filles et des enfants « demeure vaste ».  Il a professé sa volonté de travailler avec le Fonds Mondial pour la réparation des victimes des crimes sexuels commis pendant le temps des conflits.  Il n’a pas manqué de réitérer son appel urgent à la réforme du Conseil de sécurité afin de rendre cet organe plus transparent, plus démocratique et plus représentatif de la composition de notre Organisation.  Il a dénoncé « l’injustice criante » que subit le continent africain dans sa représentation tant au sein du Conseil de sécurité que dans les différentes organisations internationales qui composent le système des Nations Unies.  La réforme des Nations Unies doit, en outre, tirer les leçons de l’expérience en matière de coopération internationale en vue d’assurer une plus grande efficacité aux agences et fonds engagés dans la bataille du développement économique et social, a conclu le Président. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ONU, « née d’immenses souffrances », fête son soixante-quinzième anniversaire à l’heure où le monde, en proie à une pandémie, a plus que jamais besoin d’elle

Soixante-quinzième session,
3e séance - matin, après-midi & soir
AG/12267

L’ONU, « née d’immenses souffrances », fête son soixante-quinzième anniversaire à l’heure où le monde, en proie à une pandémie, a plus que jamais besoin d’elle

L’ambiance était solennelle, mais la salle semblait vide.   Dans l’enceinte de l’Assemblée générale, face à un auditoire singulièrement clairsemé, la cérémonie tant attendue, dépourvue du faste onusien des grands jours, contrastait avec la portée historique monumentale de l’évènement:  la célébration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, marquée par l’adoption d’une déclaration politique qui accorde une large place à la revitalisation du multilatéralisme. 

Oubliées, en effet, la cohue et l’effervescence qui règnent habituellement fin septembre au Siège des Nations Unies à New York.  En cette veille d’inauguration du débat général annuel de l’Assemblée, la pandémie de COVID-19 a contraint les nombreux chefs d’État et de gouvernement désireux de marquer les trois quarts de siècle d’existence des Nations Unies, à s’exprimer dans une série de messages vidéo préenregistrés et projetés sur grand écran.  Chacun de ces messages a été présenté depuis la salle par les délégations, dorénavant limitées à une seule personne tenue de respecter les règles de distanciation sociale rendues nécessaires par l’épidémie. 

En dépit des circonstances, plus de 180 chefs d’État et de gouvernement, ministres et hauts responsables de l’ONU ont rendu un hommage appuyé à l’Organisation, lors de cette commémoration qui avait pour thème « L'avenir que nous voulons, l’ONU qu’il nous faut: réaffirmer notre engagement collectif en faveur du multilatéralisme ». 

Le Secrétaire général, M. António Guterres, a rappelé à l’entame de la réunion que l’ONU était «  née d’immenses souffrances  ».  C’est en effet au sortir de la Seconde Guerre mondiale qu’elle a été créée, le 26 juin 1945, lors de la signature par 51 pays de la Charte des Nations Unies, à la Conférence de San Francisco.  

Désormais forte de 193 États Membres, l’Organisation peut, 75 ans plus tard, s’enorgueillir de nombreuses réussites, a poursuivi le Secrétaire général, à commencer par l’absence d’une troisième guerre mondiale.  Elle a également permis de passer à côté d’une catastrophe nucléaire durant la guerre froide, a renchérit le Président de l’Assemblée, M. Volkan Bozkir pour qui l’ONU est plus que jamais d’actualité.  « Le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité », a souligné ce dernier. 

Aux louanges des deux hauts fonctionnaires, se sont ajoutées celles des présidents du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui ont tour à tour crédité l’Organisation pour la décolonisation , la fin de l’apartheid , la signature de nombreux traités de paix et l’évolution des normes relatives aux droits de l’homme, au développement, au droit international  et à l’environnement . 

«  Pourtant, il reste encore tant à faire  », a tranché M. Guterres, avant d’ajouter que la pandémie de COVID-19 avait mis à nu les fragilités du monde.  Ce n’est qu’«  ensemble  » que l’humanité sera en mesure de résoudre les défis qui s’offrent à elle, a-t-il ajouté, citant notamment les inégalités entre des sexes, l’imminence de la catastrophe climatique, la destruction de la biodiversité, l’augmentation de la pauvreté et la montée des tensions géopolitiques et de la haine, le tout dans un monde où les armes nucléaires restent opérationnelles.  

Faisant écho à ses propos, les États Membres ont adopté en début de réunion une déclaration politique dans laquelle ils s’engagent à ne laisser «  personne de côté », à protéger «  notre planète  », à «  prévenir les conflits  », à faire «  régner la justice  », à «  attribuer une place centrale aux femmes  », à être «  à l’écoute des jeunes  », à financer l’ONU « de manière durable et prévisible  », tout en la modernisant, et à préparer davantage le monde aux crises telles que la pandémie en cours. 

L’Assemblée générale a également réservé une place d’honneur à la jeunesse en invitant quatre de ses représentants à prononcer une déclaration d’ouverture. Ces derniers en ont profité pour exhorter à l’action face aux changements climatiques  et assurer une reprise «  verte et juste », dénonçant par ailleurs la «  pandémie silencieuse  » de la violence sexuelle et sexiste.  Ils ont également engagé à appuyer davantage l’accès des jeunes à un emploi décent et à défendre l’équité intergénérationnelle.  

Au cours du débat plénier, la pandémie de COVID-19 a figuré au cœur des préoccupations de nombreux intervenants qui ont mis en garde contre la tentation du repli sur soi pour résoudre la crise sanitaire.  «  La pandémie menace l’esprit du multilatéralisme  », ont notamment mis en garde les cinq pays du Groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), qui ont appelé les États Membres à maintenir un haut degré d’ouverture, y compris de leurs frontières, pour relancer l’économie.   

De nombreux pays du Sud ont ainsi plaidé en faveur d’une coopération accrue dans le cadre de la réponse à la pandémie.  Le Président du Honduras a toutefois noté que l’accès aux médicaments était déjà « accaparé par les pays les plus puissants » avant la crise.  Pour que tous les pays puissent en bénéficier, de nombreux appels ont été lancés pour considérer ces médicaments comme des biens mondiaux. 

Préoccupé par le sort des millions de personnes qui n’ont toujours pas accès au développement, le Groupe des 77 et de la Chine ont appelé à mobiliser davantage de ressources à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, à l’heure où la pandémie de COVID-19 est en passe d’accroître les inégalités entre nations.   

C’est d’autant plus important que pour la première fois depuis 1998, la pauvreté va augmenter cette année à l’échelle mondiale, ont déploré les 47 Pays les moins avancés (PMA).  En matière de développement comme la COVID-19, la plupart des pays ont estimé que la meilleure réponse possible résidait dans un engagement renouvelé des États Membres en faveur du multilatéralisme onusien.  

Pour leur part, les États-Unis, en leur capacité de pays hôte, ont vu dans ce soixante-quinzième anniversaire l’occasion de faire le bilan des échecs de l’Organisation.  La délégation a notamment déploré la résistance historique de l’ONU aux initiatives de réforme visant à la rendre plus transparente, efficace et moins sujette aux désidératas des dictateurs.  

Dans son intervention, le Secrétaire général est par ailleurs revenu sur la consultation internationale lancée par l’ONU cette année auprès de plus d’un million de personnes qui estiment que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux réalités de notre époque, d’autant plus à l’aune de la pandémie du COVID-19.  «  Les gens voient l’ONU comme un instrument pour bâtir un monde meilleur  », a indiqué M. Guterres.  «  Aujourd’hui, c’est à nous qu’il appartient de se frayer un chemin hors du danger. » 

RÉUNION DE HAUT NIVEAU ORGANISÉE À L’OCCASION DU SOIXANTE-QUINZIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Déclarations d’ouverture

À l’entame de cette cérémonie anniversaire, M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que l’ONU était née « des décombres de la guerre », en référence à sa création en 1945 à la Conférence de San Francisco, au sortir de la Seconde Guerre mondiale.  Il a salué la vision des fondateurs, incarnée dans les trois piliers interdépendants de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l'homme.  « C’est bien cela que l’ONU s’efforce de réaliser depuis maintenant 75 ans, avec votre soutien, celui les États Membres », a-t-il déclaré.

Dans cette perspective, le Président de l’Assemblée a appelé à ne pas sous-estimer les progrès auxquels l’ONU a contribué depuis sa création, à commencer par l’augmentation du nombre de ses États Membres, qui est passé de 51 à 193, signe, selon M. Bozkir, que de nombreuses nations ont acquis leur indépendance.  L’Organisation, a-t-il poursuivi, a également permis d’éviter que la guerre froide ne dégénère en conflit nucléaire.  Ses missions de maintien de la paix ont atténué et mis fin à de nombreux conflits.  Quant à ses missions politiques spéciales, elles ont largement contribué à désamorcer des crises, promouvoir des solutions durables aux conflits et accompagner des transitions démocratiques cruciales, a-t-il ajouté.  Au nombre des réalisations onusiennes clefs, le Président a également cité l’élaboration progressive des normes du droit international et du développement durable.

En cette période difficile marqués par la pandémie de COVID-19, M. Bozkir a affirmé que l’ONU était plus que jamais d’actualité.  « Le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité », a-t-il déclaré, appelant à construire les bases d’un monde « meilleur et plus vert ». 

Pour relever ce défi, le Président a estimé que l’Organisation devait se montrer plus ouverte, notamment en consultant davantage les organisations régionales et sous-régionales, la société civile, le secteur privé et le monde académique.  L’ONU doit également devenir « plus flexible et efficace », a-t-il ajouté.

Aucune autre organisation mondiale ne suscite autant d’espoir que les Nations Unies, a ajouté le Président, avant de préciser que la force de l’ONU dépendait avant tout de l’attachement des États Membres à ses idéaux et à la coopération internationale.  « Il est grand temps de mobiliser vos ressources, de redoubler d’efforts et de faire preuve d’une volonté politique et d’un leadership sans précédent pour construire l’avenir que nous voulons et l’ONU dont nous avons besoin », a conclu M. Bozkir.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’en dépit du travail accompli depuis la création, il y a 75 ans, de l’Organisation, « née d’immenses souffrances », des réalisations historiques sont à mettre à son compte: évitement d’une troisième guerre mondiale; signature de nombreux traités de paix; processus de décolonisation; évolution des normes relatives aux droits de l’homme et mise en place de mécanismes pour les faire respecter; développement progressif du droit international; fin de l’apartheid; fourniture d’une aide humanitaire vitale; éradication des maladies; réduction constante de la faim; et pactes historiques pour protéger l’environnement. 

« Pourtant, il reste encore tant à faire », a observé M. Guterres.  « Vingt-cinq ans après l’adoption du Programme d’action de Beijing, les inégalités entre les sexes restent le plus grand défi pour les droits de l’homme à travers le monde.  Une catastrophe climatique se profile.  La biodiversité s’effondre.  La pauvreté augmente.  La haine se répand.  Les tensions géopolitiques s’intensifient.  Les armes nucléaires restent opérationnelles. »  Selon le Secrétaire général, la pandémie de COVID-19 a mis à nu les fragilités du monde et des menaces émergentes, qui ne peuvent être combattues qu’« ensemble ».  Aussi a-t-il salué la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire que s’apprête à adopter l’Assemblée générale et l’engagement prise par celle-ci à revitaliser le multilatéralisme.

La souveraineté nationale, a-t-il rappelé, va de pair avec une coopération internationale renforcée fondée sur des valeurs communes et des responsabilités partagées dans la poursuite du progrès pour tous.  « Personne ne veut d’un gouvernement mondial, mais nous devons travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale », a observé le haut fonctionnaire.  Pour lui, dans un monde interconnecté, nous avons besoin d’un multilatéralisme en réseau et inclusif, qui fasse aussi appel à la société civile, aux villes, aux entreprises, aux autorités locales et aux jeunes.

Les participants à la consultation internationale lancée par l’ONU cette année –plus d’un million de personnes– estiment que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux réalités de notre époque, d’autant plus à l’aune de la pandémie du COVID-19.  « Et ils ont souligné que le monde a besoin de systèmes de santé et de services de base universels », a ajouté le Secrétaire général.  « Les gens voient l’ONU comme un instrument pour bâtir un monde meilleur », une responsabilité qui incombe au premier chef aux États Membres: ils ont le devoir de lui fournir les moyens dont elle a besoin pour avoir un impact véritable, a-t-il souligné.  Aujourd’hui, c’est à nous qu’il appartient de se frayer un chemin hors du danger.  Pour reprendre les termes de notre Charte, c’est à nous, Nations Unies, « d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins ».

M. ABDOU ABARRY (Niger), Président du Conseil de sécurité pour le mois de septembre, s’est attaché à rappeler les conditions très particulières dans lesquelles se déroule la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, marquée par « les horreurs de la pandémie du nouveau coronavirus ».  Insistant sur l’exacerbation des défis que provoquent les conséquences sociales, économiques et politiques désastreuses de la pandémie, il a noté que « beaucoup se demandent si le système international issu de la Conférence de San Francisco est encore efficace » pour promouvoir le développement économique et social de tous les peuples et maintenir la paix et la sécurité internationales, conformément à la Charte. 

M. Abarry a rappelé l’importance d’une gouvernance mondiale tenant compte de l’évolution des réalités et des défis mondiaux et rappelé qu’au niveau mondial, seule l’ONU, « creuset par excellence du multilatéralisme », a la légitimité, le pouvoir de rassemblement et l’impact normatif nécessaires. 

Le Président du Conseil de sécurité a enfin rappelé le débat de haut niveau que le Conseil doit consacrer, le 24 septembre, à la gouvernance mondiale post-COVID-19, y voyant « l’occasion de renforcer la coopération et la solidarité conformément au Chapitre I de la Charte », traitant des principes sur lesquels repose le multilatéralisme. 

M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la déclaration que sera adoptée sous peu rappelle que l’ONU a fait progresser les normes internationales en matière de développement, contribué à éliminer les maladies et à élargir l’accès à l’éducation, sauvé des vies et œuvré à combattre les conflits et à promouvoir les droits de l’homme.  « Aujourd’hui toutefois, nous savons trop bien que nous n’ayons pas encore atteint le monde pacifique et juste qu’envisageaient les fondateurs de l’ONU. »  Or, la pandémie de COVID-19 a maintenant des effets dévastateurs sur nos sociétés, nos économies et nos peuples.  Elle aggrave les inégalités et la pauvreté, compromettant davantage la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a analysé le Président, pour qui cette situation montre que la solidarité mondiale et la coopération internationale sont plus que jamais nécessaires.

L’ECOSOC est un instrument clef du multilatéralisme, a estimé M. Akram, en soulignant qu’il joue un rôle primordial pour façonner notre réponse commune à la pandémie et réaliser les objectifs de développement durable.  Parallèlement, le Conseil est actuellement soumis à un processus d’examen par l’Assemblée générale, lui offrant l’occasion de renforcer son rôle dans le contexte plus large d’un renouveau du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale.  L’ECOSOC a contribué à cette commémoration du soixante-quinzième anniversaire en organisant une réunion de haut niveau le 17 juillet 2020.  Les discussions ont amplifié le message selon lequel, en cette période de crise, un engagement ferme est nécessaire en faveur de la solidarité internationale et du multilatéralisme.  « Enfin, cette session a souligné qu’un Conseil économique et social revitalisé doit être au cœur d’un multilatéralisme renouvelé », a ajouté le Président.

M. ABDULQAWI AHMED YUSUF, Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), a rappelé que lors de la création de l’ONU, les États participant à la Conférence de San Francisco avaient décidé de faire prévaloir le droit sur la force et a rappelé les conséquences pour les milliards d’habitants de cette planète de cette décision, « synonyme depuis 75 ans de liberté, d’indépendance, de progrès et de paix, tout cela grâce à la création de l’Organisation, institution sans pareille ». 

Le juge Yusuf a rappelé qu’il était parfois aisé de tenir pour acquise la prééminence du droit à l’échelle internationale ou d’oublier l’importance qu’elle revêt, non seulement pour la paix, mais aussi pour le progrès et la prospérité de toutes les nations.  Nul État, quelle qu’en soit la puissance, ne peut assurer la sécurité et la prospérité de son peuple et lui offrir un environnement sain sans coopérer avec d’autres États, pas davantage qu’il ne peut régler à l’échelon national tous les problèmes, a-t-il affirmé.  Dès lors, la coopération internationale doit être fondée sur un ensemble de règles.

« Qu’un seul État manque de s’y conformer, et c’est tout l’édifice des relations multilatérales qui menace de s’effondrer », a averti le juge Yusuf.  Les États, a-t-il rappelé, ne sont pas seulement rapprochés par leurs relations diplomatiques, leurs échanges commerciaux et les progrès technologiques réalisés dans divers domaines.  Ils sont également liés entre eux par ce vaste ensemble de règles qui rendent ces interactions possibles.  Un État souhaitant s’affranchir de ses obligations juridiques envers d’autres États ne peut le faire unilatéralement sans perdre les avantages qu’il retire de sa coopération avec ceux-ci et d’autres.  Ces règles, a-t-il insisté, ne sont pas imposées aux États par un législateur externe.  Elles sont conçues et consenties par les États eux-mêmes, et reposent souvent sur des intérêts mutuels et des valeurs communes. 

La CIJ, a rappelé son Président, a été instituée pour aider les États à régler leurs différends en créant « les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international ».  Il a rappelé que le Statut de la Cour figure en annexe de la Charte, dont il fait partie intégrante, y voyant le signe de « l’importance de la Cour dans l’architecture de l’ordre juridique international bâti par l’ONU, dont elle est l’organe judiciaire principal ». 

Mettant en avant le travail de la CIJ depuis 75 ans, le Président a rappelé le nombre croissant d’affaires dont elle est saisie, voyant dans ce recours croissant aux règles du droit international plutôt qu’à l’arbitraire, et dans le règlement pacifique des différends plutôt que le recours à la force, « les réussites les plus éclatantes des Nations Unies ». 

« Nous pouvons tous aspirer à un monde plus pacifique et plus stable pour autant que les relations entre les nations respectent les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et que les États s’acquittent des obligations qu’ils ont volontairement contractées », a répété le Président de la Cour, qui a rappelé la disponibilité de celle-ci à continuer d’y contribuer.

« Êtes-vous tous restés fidèles à la Charte des Nations Unies?  Avez-vous soutenu les droits de l’homme et la justice en toutes circonstances?  Avez-vous priorisé avant tout le bien-être social et économique de toutes les personnes, y compris les groupes minoritaires, les femmes et les enfants ainsi que les personnes handicapées?  Avez-vous honoré l’esprit du multilatéralisme souligné par la Charte? », a lancé Mme AKOSUA ADUBEA AGYEPONG, représentante de la jeunesse, Ghana, à l’adresse de l’Assemblée générale.  Compte tenu des défis socioéconomiques, politiques et culturels actuels auxquels nous sommes confrontés, nous devons accepter le fait que le multilatéralisme est indispensable dans la diplomatie internationale.  Devant une pandémie qui a affecté la vie de milliards de personnes dans le monde et, tout en y faisant face, nous avons dû nous confronter aux nombreuses complexités et défis au sein de nos communautés, pays et régions.  « Permettez-moi de souligner ici que ce monde fait front depuis des siècles à la pandémie silencieuse de la violence sexuelle et sexiste qui affecte 35% des femmes et des filles dans le monde et influe sur les inégalités entre les sexes. »

Aborder les questions d’égalité des sexes commence par aborder les problèmes de leadership et de représentation des femmes.  L’Assemblée générale a appelé à la réalisation de la parité des sexes 50/50 au sein de l’ONU et je dois saluer le leadership exemplaire du Secrétaire général dans la réalisation de la parité au sein du groupe de la haute direction et entre les coordonnateurs résidents.  « Aujourd’hui, cependant, nous avons un autre impératif à vous présenter: le monde doit maintenant atteindre la parité des jeunes!  Vous êtes les représentants des aspirations de 1,2 milliard de jeunes dans le monde et vous ne pouvez ignorer que nous devons être les architectes de notre propre avenir.  En nous appuyant sur la stratégie Jeunesse 2030 lancée en 2018, nous demandons aux États Membres de défendre l’équité intergénérationnelle et la cogouvernance à tous les niveaux, en garantissant un quota de 20% de jeunes dans tous les cabinets, a conclu la représentante.

À l’occasion de ce soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, Mme SHARIFAH NORIZAH (Malaisie), représentante de la jeunesse, Malaisie, a appelé à « nous arrêter, repenser nos systèmes, réaligner nos valeurs et mettre en œuvre des réformes structurelles ».  À ces yeux, cela suppose que l’ONU crée un élan en faveur de l’inclusion des jeunes dans les processus de consolidation de la paix.  Nous avons besoin d’un appui institutionnel et financier plus concret pour sensibiliser les populations à la paix et à la sécurité, ainsi que d’une reconnaissance de la contribution des jeunes artisans de la paix à l’atténuation des risques sous-jacents qui continuent de donner naissance à des conflits, a-t-elle expliqué.

La représentante des jeunes a également appelé les dirigeants du monde à appuyer davantage l’accès des jeunes à un emploi décent et à l’entrepreneuriat.  Les jeunes ne doivent pas être uniquement pris en compte de manière symbolique, a-t-elle insisté, appelant à prendre des mesures concrètes et durables en ce sens, notamment pour les jeunes qui sont handicapés, vivent dans des zones rurales ou appartiennent aux minorités de genre. 

De ce point de vue, la représentante a salué la consultation planétaire entreprise dans le cadre de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation.  Dans ce cadre, les jeunes ont selon elle lancé un appel vigoureux à une participation plus importante et durable aux prises de décisions mondiales. 

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence le besoin d'une gouvernance plus forte et plus responsable, a enfin déclaré la représentante, estimant que l’innovation par les jeunes a un rôle essentiel à jouer pour créer un pont entre les gouvernements et le secteur privé.

M. CHARLES HAMILTO, activiste dans les domaines du changement climatique et de la santé publique, Bahamas, a commencé par rappeler que, pour 87% des jeunes, la coopération internationale est vitale pour relever les défis d’aujourd’hui.  Les deux premières priorités auxquelles l’ONU doit s’attaquer, identifiées par les jeunes, sont le rétablissement post-COVID-19 et la lutte contre la crise climatique.  Selon M. Hamilton, la pandémie a aggravé les inégalités, tandis que les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) sont confrontés à une triple menace, formée par la crise climatique, la COVID-19 et la dette, malgré une « contribution historique minimale » à ces problèmes.  Or, les cartes remises aux jeunes sont « truquées », a-t-il estimé.

Il y a un an, les îles les plus peuplées des Bahamas ont été décimées par l’ouragan Dorian avec des pertes et des dommages représentant plus de 25% de son PIB.  Maintenant, combinez ce scénario avec la COVID-19 et ses retombées économiques.  Ce scénario effrayant est possible pour d’autres PEID et PMA, « car les changements climatiques sont notre réalité à tous ».  Alors que nous manquons de noms pour les nombreux ouragans cette année, que des pans entiers de la planète sont ravagés par les incendies et que de plus en plus de pays s’enfoncent dans l’océan -la crise climatique ne devrait-elle pas être le signal d’alarme le plus fort sur la nécessité d’un multilatéralisme renforcé, au lieu de reculer face à ces défis environnementaux?  En outre, nous ne pouvons plus refuser d’élargir la couverture sanitaire universelle pour tous.  Les efforts multilatéraux pour une reprise verte et juste, et non une approche isolationniste du type « nous d’abord », sont la meilleure solution pour éradiquer rapidement cette pandémie et remettre les jeunes sur la voie d’un avenir plein d’espoir.

Par conséquent, accroître la responsabilité dans la mise en œuvre des cadres convenus au niveau international, comme le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, aux niveaux local et national, avec la participation active des jeunes, n’est pas négociable.  C’est une condition préalable au succès, a tranché M. Hamilton.  « Êtes-vous mal à l’aise? », a-t-il lancé à l’adresse de l’Assemblée générale.  « Bien. ».  Canalisez ce sentiment inconfortable et veiller à soutenir le travail des jeunes, grâce à des espaces de financement et de prise de décisions aux niveaux national et multilatéral.  Pour conclure, le représentant a cité le Réseau des jeunes de l’UNESCO sur les changements climatiques dans les Caraïbes qui note: « Les changements climatiques sont devenus pour notre génération l’unique problème déterminant et nous attendons de vous que vous soyez le leader à cet égard.  Notre survie dépend de votre capacité à agir. » 

M. NATHAN MÉTÉNIER, activiste de la jeunesse pour l’environnement et le climat, France, a mis en doute la sincérité de l’engagement des États Membres à respecter la Charte des Nations Unies, en reprochant notamment aux dirigeants actuels une vision court-termisme face aux défis climatiques actuels et à venir.  Réclamant un « changement systémique » face aux inégalités devenues « intolérables » et aux ressources inégalement partagées, il a appelé à « regarder au-delà du PIB ».  La pandémie de COVID-19 a montré que le statut quo pouvait être changé ; M. Méténier a appelé à reconstruire un monde différent, à « réintroduire la nature dans nos vies », et à faire confiance à la population et à sa jeunesse. 

Débat plénier

Le débat plénier qui a suivi l’adoption de la Déclaration a été l’occasion pour plus de 180 États Membres, nombreux à être représentés par leur Chef d’État, de mettre l’accent sur les nombreux défis que la communauté internationale devra relever, parmi lesquels la pandémie de COVID-19 a occupé une place de taille.

Pour de nombreuses délégations, la pandémie actuelle, que le Président du Kazakhstan a jugée « étonnamment difficile à surmonter », apparaît en effet comme un défi supplémentaire de dimension mondiale qui vient s’ajouter à des défis anciens et récurrents comme la course aux armements, la faim et les inégalités croissantes, ainsi qu’à des défis globaux émergents comme la dégradation de l’environnement, les atteintes à la biodiversité ou les changements climatiques. La pandémie est l’un des plus grands défis venus se présenter au monde depuis la création des Nations Unies, a souligné le Président du Kirghizistan, qui a fait état de ses conséquences négatives sur l’économie de son pays et sa dette souveraine. 

Nombre d’États Membres ont également mis l’accent sur les effets négatifs de la pandémie sur la réalisation des objectifs de développement durable, déjà menacés avant même cette crise.  Le Premier Ministre du Lesotho a ainsi attiré l’attention sur les impacts mondiaux de la pandémie sur les pays vulnérables ou connaissant des situations particulières comme le Lesotho, petit pays montagneux et enclavé.  Le Président du Nigéria a, de son côté, dénoncé les tendances au repli sur soi alors qu’il est au contraire particulièrement urgent, a-t-il insisté, de renforcer la coopération, l’unité et la solidarité internationales pour faire face à toutes ces évolutions négatives.

Le caractère indispensable que revêt le multilatéralisme pour faire face à la pandémie a d’ailleurs été souligné à plusieurs reprises, à commencer par le Président de l’Azerbaïdjan, au nom du Mouvement des pays non alignés, qui s’est dit préoccupé par les tentatives visant à imposer des mesures unilatérales et a plaidé en faveur du respect des règles de droit international.

« La pandémie menace l’esprit du multilatéralisme », a mis en garde le Président de la République de Corée, au nom des cinq pays du Groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), qui a appelé à centrer les efforts de reprise économique sur l’ouverture, y compris au niveau des mouvements transfrontaliers de personnes, plutôt que d’avoir recours au confinement à l’échelle nationale.  Dans cette perspective, il a également appelé à faire en sorte que les organisations internationales disposent d’un accès aux futurs vaccins, afin que les pays en développement puissent eux aussi en bénéficier.  À ce sujet, le Président du Conseil européen de l’Union européenne (UE) a souligné que la coopération internationale est le meilleur moyen de déployer efficacement et rapidement des vaccins et traitements contre la maladie. 

Le Président du Honduras s’est toutefois dit préoccupé par les inégalités déjà observées dans l’accès aux médicaments et fournitures médicales, « accaparés par les pays les plus puissants » au début de la pandémie.  Quelle possibilité sera offerte aux pays en développement d’y accéder de manière juste et rapide? s’est-il interrogé.

La question des futurs vaccins et traitements figurait également parmi les préoccupations du Président du Pérou qui a souhaité que ceux-ci soient considérés comme des biens mondiaux et bénéficient d’un accès équitable.  « Personne n’est à l’abri de la COVID-19 tant que nous ne serons pas tous à l’abri », a-t-il notamment affirmé.

Le Président du Mexique a lui aussi appelé à se montrer plus solidaires que jamais face à la pandémie, tandis que le Premier Ministre du Viet Nam, s’il a fait état des succès de son pays pour contenir la pandémie, les a attribués à ses efforts nationaux mais aussi à la collaboration de tous ses partenaires internationaux.

L’accélération, du fait de la pandémie, d’une prise de conscience d’une humanité unique a également été soulignée par le Secrétaire aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement du Royaume-Uni, qui a estimé qu’elle avait mis en évidence l’imbrication des destins de chacun.  C’est pourquoi le Président de la France, qui a relevé que la pandémie « nourrissait la peur du déclin et le récit de l’impuissance collective », a estimé que « c’est ici et maintenant qu’il faut agir ».

Il a toutefois été des intervenants pour, non pas minimiser la pandémie, mais la replacer dans un contexte plus large.  Le Premier Ministre de Cabo Verde a ainsi estimé que la crise de la COVID-19 ne devait pas confiner l’ambition de développement durable du Programme 2030, mais qu’elle imposait « un défi supplémentaire fort: surmonter la pandémie sans laisser aucun pays pour compte et relancer l’économie mondiale sans renoncer à notre responsabilité partagée ».  Tout en défendant un accès libre et universel à un vaccin dans le cadre d’une nécessaire coopération interrégionale, le Premier Ministre de la Suède a, pour sa part, déclaré que les changements climatiques étaient « LA grande question de notre époque ».

Alors que s’ouvre la Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), le débat plénier a également été l’occasion pour nombre de délégations d’insister sur l’importance d’une accélération du Programme 2030, a fortiori en cette période de crise sanitaire mondiale occasionnée par la pandémie de COVID-19.  

Constatant que, 75 ans après la création de l’ONU, des millions de personnes n’ont toujours pas accès au développement, le Président du Guyana, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face demeure la pauvreté, dans la mesure où elle touche tous les aspects de la vie et constitue une entrave au développement durable.  Pour s’en prémunir, le Guyana a appelé à mobiliser davantage de ressources à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 est en passe d’accroître les inégalités de développement.  

C’est d’autant plus important que, pour la première fois depuis 1998, la pauvreté va augmenter cette année à l’échelle mondiale, a déploré le Président du Malawi, qui s’exprimait au nom des 47 Pays les moins avancés (PMA).  Or, selon lui, l’Objectif de développement durable numéro 1, à savoir l’éradication de la pauvreté, n’était déjà pas bien engagé avant la pandémie.  Cette dernière, a-t-il ajouté, ne fera qu’empirer cette situation, principalement au détriment des PMA, au sein desquels des millions de personnes vont basculer cette année dans l’extrême pauvreté.  

Pour le Président du Bostwana, le Programme 2030, cinq ans après son adoption par les États Membres, « reste un plan ambitieux qui consacre notre meilleur espoir de réduire les inégalités  ».  Dans un monde en proie aux fléaux de la pauvreté et des maladies, «  il faut donner suite à l’appel du Secrétaire général de l’ONU, qui vise à accélérer la réalisation des ODD en cette Décennie d’action  », a-t-il plaidé, se félicitant que cette urgence ait inspiré la Déclaration politique adoptée à l’occasion des 75 ans de l’Organisation.  

«  Il est clair que nous allons devoir redoubler d’efforts et accélérer dans bien des secteurs si nous voulons concrétiser ces objectifs  », a renchéri le Président du Libéria, pour qui la COVID-19 «  a ralenti nos progrès tout en nous permettant de constater les défauts existants dans notre ordre mondial  ».  

De l’avis du Président de Djibouti, la crise existentielle provoquée par la pandémie « pose avec acuité l’urgence d’un réinvestissement massif en faveur du développement durable  ». Les progrès réalisés ces dernières années sont en effet remis en question par les effets de la COVID-19, lesquels affectent également tous les domaines d’action des Nations Unies, a-t-il observé en appelant au soutien des pays en développement.  

Un constat repris par le Président de Palau, pour qui les ODD et l’Accord de Paris sur le climat sont remis en cause par « l’absence de solidarité à l’échelle mondiale ».  À ses yeux, il est urgent de renforcer le multilatéralisme et de favoriser les partenariats au moment où la pandémie retarde la réalisation de ces objectifs dans les pays les plus vulnérables. « Il faut agir maintenant pour éviter que l’idéal des ODD nous échappe », s’est-il alarmé.  

Dans la perspective d’un relèvement post-COVID-19, il importe de créer un avenir inclusif, qui «  respecte la valeur et la dignité de chaque être humain  », a pour sa part relevé le Président de l’Afrique du Sud.  Cela passe, selon lui, par un monde sans conflit mais aussi sans inégalités, un monde ou les jeunes peuvent prospérer et où les femmes jouissent des mêmes droits.  Et « ce n’est qu’en réalisant les ODD que l’on pourra y parvenir », a-t-il soutenu.   

« On ne saurait envisager un monde sans l’ONU et sans ses ODD  », a abondé le Président de Nauru.  Si les changements climatiques sont la plus grande menace pour les petits États insulaires, l’accès de tous les pays au numérique, à moindre coût et sûr, est une autre priorité du développement durable, a-t-il estimé, avant de se prononcer pour un réengagement des nations en faveur du multilatéralisme « à travers une ONU réformée, robuste et agile ».  

Face au coronavirus, ce «  nouvel ennemi  » qui frappe tous les pays et devant lequel le monde doit être uni, l’ONU reste «  la pierre angulaire du multilatéralisme pour reconstruire un monde plus résilient et plus robuste  », a assuré à son tour le Président de l’Albanie, fervent partisan d’une réforme de l’Organisation en vue de la réalisation effective du Programme 2030.  

«  Nous avons intérêt à atteindre nos objectifs pour le bien de chaque être humain  », a insisté son homologue de Bosnie-Herzégovine, tandis que le Président des Seychelles, en appelait à une revitalisation de l’ONU «  pour réussir la mise en œuvre des ODD et de l’Accord de Paris  ».  

Il n’est toutefois pas question d’abandonner l’ONU « quand les choses se compliquent », a souligné le dirigeant de Brunei Darussalam.  «  Si cette organisation échoue nous échouerons tous  », a-t-il averti, jugeant essentiel que les petits pays puissent « se faire entendre sur un pied d’égalité ».  

Même son de cloche de la part du Président du Ghana.  Si les Nations Unies ont changé en 75 ans d’existence et doivent être reformées pour répondre à la réalité du XXIe siècle, la pandémie a démontré, selon lui, que « nous dépendons les uns des autres » et que l’ONU reste «  le lieu idoine pour répondre ensemble aux défis de demain  ».  

Si pour le Secrétaire général de l’ONU des réalisations historiques sont à mettre à son compte notamment des pactes historiques pour protéger l’environnement, les changements climatiques sont une véritable menace globale, a insisté pour sa part le Premier Ministre des Tuvalu, au nom du Forum des 14 îles du Pacifique.   

Ce dernier a souligné que ce défi à long terme ne pourra être relevé que grâce au multilatéralisme, rappelant que dans la région Pacifique, le niveau des mers augmente plus rapidement que partout ailleurs et les récifs de corail meurent, tandis que les catastrophes naturelles, en particulier les cyclones, les inondations et les sécheresses ont vu leur intensité croître.  « À l’instar des navigateurs des océans qui suivent une constellation fixe au travers des eaux démontées et inconnues, nous devons demeurer résolus afin d’atteindre notre destination », a exhorté le Premier Ministre. 

Il a été soutenu par son homologue des Tonga qui a prévenu que les objectifs de développement durable ne sauraient être réalisés si les questions prioritaires qui touchent aux changements climatiques et à la montée du niveau des mer continuaient d’être bloquées.  Ces questions sont devenues des problèmes de sécurité qui menacent les petits États insulaires en développement, a-t-il renchéri.  

Constatant que les efforts déployés ces dernières décennies pour surmonter les défis des changements climatiques sont mis à mal par la COVID-19, la Première Ministre de la Barbade a appelé à prendre des mesures pour rétablir la trajectoire, a exigé la Première Ministre.  

Ce problème mondial requiert une solution mondiale car nous ne pouvons pas agir seuls, a plaidé de son côté le Président des Îles Marshall avant de demander aux « grands émetteurs » de se joindre aux efforts pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, faire front commun et se réengager dans le multilatéralisme en faveur de nos enfants et petits-enfants.  « Serons-nous présents ici pour célébrer le centième anniversaire de l’ONU? » a demandé le Président.    

Le Président des Maldives a rappelé leur « obligation morale » d’aider face à l’urgence climatique.  « Nous avons besoin de l’aide de la communauté internationale pour nous relever économiquement et pour renforcer notre résilience afin de faire face aux défis qui nous attendent », a insisté ce dernier, tandis que pour la Présidente de la Bolivie l’heure est venue de préserver l’environnement et notamment les peuples autochtones qui en dépendent.  

Rappelant également les impacts de la pandémie de COVID-19, le Président des États fédérés de Micronésie a demandé de lancer des projets de développement réellement durables, construire un monde plus vert et plus bleu après la pandémie de COVID-19.  Il faut restaurer notre paradis, a-t-il demandé, avant d’exiger de ceux qui sont à l’origine de la crise climatique, d’aider à atténuer ses effets et donner les moyens de mise en œuvre.  

Les défis sans précédent des changements climatiques et des catastrophes exigent une riposte plus efficace et rapide de l’ONU, a estimé le Président de Kiribati alors que pour le Premier Ministre du Liechtenstein, l’ONU est la meilleure chance offerte au monde pour faire face aux changements climatiques.  Le Président de l’Irlande a indiqué que l’ONU est la seule entité au sein de laquelle toutes les nations au monde peuvent coopérer pour combattre les changements climatiques, tout en s’inquiétant du fait que ces 50 dernières années « nous avons perdu la moitié de notre diversité écologique ».  Le Président de la République dominicaine a estimé, pour sa part, que l’action de l’ONU en faveur de la protection de l’environnement avait une incidence positive pour des millions de personnes à travers le monde. 

Le Premier Ministre des Fidji a rappelé que sa « diplomatie des océans » a été le fer de lance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Aujourd’hui, a ajouté le Premier Ministre, nous éclairons la voie vers une gestion durable de l’océan et de ses ressources.  Nous avons les moyens de faire de ces défis une réalité, a insisté le Premier Ministre. 

De son côté, le Chef de gouvernement de la Principauté d’Andorre a souligné l’importance de donner une plus grande place à la jeunesse qui s’est illustrée dans la lutte contre les changements climatiques et les défis environnementaux et sociaux. 

Ce débat plénier a aussi été l’occasion pour de nombreuses délégations de mettre l’accent sur la nécessité de préserver et redynamiser le multilatéralisme à une période où nous vivons « l’émergence d’un populisme qui est un frein à la coopération internationale », pour reprendre les propos de la Première Ministre de l’Islande.  Dans ce contexte, des délégations ont estimé que seule une réforme des Nations Unies, notamment du Conseil de sécurité, permettra l’avènement d’une ONU plus efficace et plus transparente, de nature à promouvoir une coopération internationale dans le cadre d’un multilatéralisme redynamisé. 

« Nous devons redire notre foi dans le multilatéralisme et dans les buts et principes consacrés par la Charte des Nations Unies », a scandé le Premier Ministre de la République fédérale d’Éthiopie en espérant que ce soixante-quinzième anniversaire inspirera de nouveaux efforts collectifs pour relever « notre défi le plus important », à savoir la promotion de sociétés pacifiques dans un ordre international équitable.  Dans ce contexte, il a notamment appelé à une réforme du Conseil de sécurité dont il a fustigé « la paralysie qui menace la crédibilité de l’ONU ».   

Parce que l’efficacité de l’ONU dépend de la volonté de ses membres, notamment des membres du Conseil de sécurité, la Chancelière de la République fédérale de l’Allemagne a, elle aussi, appelé à la réforme de cet organe qui se trouve «  trop souvent dans l’impasse  ».  Elle a également insisté sur l’importance de la coopération au-delà des frontières.  Si le Président d’Haïti a souligné l’importance de renforcer le système multilatéral pour le rendre plus solidaire, le Premier Ministre d’Eswatini a appelé l’ONU à s’adapter en réitérant l’appel de l’Afrique pour un siège permanent au sein du Conseil de sécurité.   

Faisant également le lien entre renforcement du multilatéralisme et réforme de l’ONU, le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines a souligné que la réforme du Conseil de sécurité figure au cœur de celle de l’ONU.  Il a également exhorté les partenaires de développement, dont les institutions financières internationales, à adopter des critères de vulnérabilité qui reconnaissent l’importance de la réduction de la dette.  

À son tour, le Premier Ministre du Bangladesh a estimé que seul un multilatéralisme efficace permettra de faire face aux défis émergents dont la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) qui sera plus compliquée en raison de l’épidémie de COVID-19.  

Parce que les changements climatiques et l’épidémie de COVID-19 nous rappellent combien nous sommes interconnectés et que nous sommes « une seule humanité partageant la même planète », les Premiers Ministres du Bhoutan , du Portugal et de Malte ont appelé à s’appuyer sur cette prise de conscience pour promouvoir la coopération nécessaire à la résolution des problèmes collectifs et à l’adhésion à un nouveau multilatéralisme.  

Si le Premier Ministre du Népal a jugé qu’il n’y avait pas d’alternative à une action collective pour mettre en œuvre les domaines d’action qui figurent dans la déclaration adoptée aujourd’hui, le Premier Ministre de Maurice a en revanche estimé que l’ONU n’était pas prête à faire face à des fléaux tels que les catastrophes naturelles et le terrorisme international.  C’est pourquoi, ce dernier a estimé que la coopération internationale n’a jamais été aussi importante, a-t-il affirmé.   

« Nous ne pouvons pas relever les défis d’aujourd’hui avec des structures surannées ; nous avons besoin d’un multilatéralisme réformé qui soit le reflet fidèle des réalités », a insisté pour sa part le Premier Ministre de l’Inde.  

Un multilatéralisme efficace avec l’ONU en son centre est indispensable pour rendre la communauté internationale plus résiliente face aux défis, a renchéri le Premier Ministre de l’Arménie, avant de fustiger «  les révisionnistes insensés qui tentent de tirer parti des faiblesses perçues du système international ».  Le Président de Moldova a, de son côté, appelé à une meilleure coopération numérique.  

La Première Ministre de la Belgique a réaffirmé les valeurs de la coopération, du dialogue, de la solidarité et du compromis, tandis que le Chancelier fédéral de l’Autriche s’est dit prêt à appuyer tous les efforts visant à rendre l’ONU adaptée aux 75 prochaines années.  

«  Nous devons tous agir car nous sommes tous en danger  », a averti le Premier Ministre du Canada.  L’ONU, a-t-il rappelé, a un immense pouvoir de rassemblement mais sa capacité à agir dépend de la volonté politique des États Membres, a-t-il rappelé avant d’appeler à redoubler d’efforts pour répondre aux défis d’aujourd’hui, à commencer par la pandémie. 

Le Premier Ministre du Cambodge a dénoncé les attaques contre le multilatéralisme qui empêchent les pays en développement de réaliser les objectifs du Programme 2030.  Son homologue de la République démocratique populaire lao, a redit l’importance de promouvoir ensemble les objectifs et les buts de l’Organisation et d’améliorer ses mécanismes pour relever les défis mondiaux.  

«  Capitalisons sur notre unité dans la diversité pour le bien commun de l’humanité  », a exhorté le Premier Ministre des Samoa, fier d’avoir contribué à la reconnaissance du statut particulier des petits États insulaires en développement.  Parce que « l’ONU ne sera jamais plus que la somme de ses parties », le Premier Ministre du Danemark a dit la nécessité d’un ordre international fondé sur des règles justes et transparentes, indispensable à l’avènement d’un nouvel élan pour la coopération internationale. 

Tout en se disant fiers d’accueillir les Nations Unies sur leur sol et d’en être le principal contributeur financier, les États-Unis ont appelé à faire le bilan non seulement des succès, mais également des échecs de l’Organisation.  Au nombre de ces derniers, le pays hôte a déploré la résistance aux initiatives de réforme visant à rendre l’ONU plus transparente et moins sujette aux désidératas des dictateurs et autocrates du monde entier.  Les États-Unis ont également estimé que l’Organisation devait se montrer plus efficace dans certains domaines internationaux, dont la défense de la liberté sur Internet et la lutte contre le vol de propriétés intellectuelles.  Si, a bien des égards, l’ONU est allée au-delà de la vision de ses fondateurs, en devenant un véritable «  réseau d’organisations  », le pays a estimé qu’elle devait également remplir les fonctions qui lui ont été assignées à sa création, à savoir le maintien de la paix et la promotion des droits de l’homme.  

L’initiative du Roi des Pays-Bas a été particulièrement remarquée : jugeant nécessaire de donner la parole aux jeunes dont l’avenir est profondément ébranlé par la pandémie, il s’est effacé quelques instants devant une jeune déléguée qui a réclamé «  du courage  » aux dirigeants de ce monde pour prendre les décisions qui s’imposent et inclure les jeunes dans ce processus. 

Garantir le droit des femmes et des filles ainsi que des marginalisés fait également partie des priorités d’Antigua-et-Barbuda, selon son Premier Ministre, tandis que le Premier Ministre de la Malaisie a évoqué l’enquête de la campagne ONU75, dont les résultats sont sans appel : «  les sondés réclament un monde sans discriminations de toutes sortes  ».  Une série d’instruments et de conventions dans le domaine des droits humains nous permettent à tous de progresser, s’est-il réjoui, en déplorant néanmoins que l’ONU ait échoué à épargner ses États Membres du fléau de la guerre.  

La Ministre de Gouvernement de la Bulgarie, a rappelé que l’éducation et les soins de santé des enfants figurent au cœur des missions les plus emblématiques de l’ONU depuis sa création.  Même si les idéaux de la Charte ne sont pas réalisés, « faisons-en sorte que l’optimisme l’emporte.  À quoi l’ONU ressemblera-t-elle demain ? Cela dépend de nous  ». 

Si la coopération entre nations a souvent été encouragée, le thème plus étroit de la coopération numérique, une revendication forte des pays en développement et en situation particulière pour réduire leur retard dans ce domaine, a été évoquée par le Président de Nauru.  Ce dernier a réclamé un accès de tous les pays au numérique, «  à moindre coût  » et «  sûr  », pour remplir les objectifs de développement durable.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a aussi appelé à réduire le fossé numérique et à se battre contre les flux financiers illicites pour répartir équitablement les richesses entre toutes les nations.  

Le Premier Ministre de la Croatie, a entamé une réflexion sur cette révolution technologique qui a changé nos vies de façon vertigineuse en trois quarts de siècle.  Se comparer avec l’époque des fondateurs de l’Organisation est devenu impossible : la pauvreté a reculé et la population mondiale a fortement augmenté tandis que la consommation mondiale d’énergie s’est multipliée.  Appelant à tirer parti des nouvelles technologies pour parvenir aux objectifs de développement durable, le Ministre a voulu que cet anniversaire serve de «  tremplin  » pour s’adapter à la nouvelle réalité climatique.  

Droit de réponse

Répondant au Pakistan, qui avait estimé que les situations au Jammu-et-Cachemire et en Palestine étaient les échecs de longue date les plus flagrants de l’ONU, et que le peuple du Jammu-et-Cachemire attendait toujours de l’Organisation qu’elle tienne son engagement de l'aider à réaliser son droit à l’autodétermination, la représentante de l’Inde a regretté les «  fabrications insensées  » du Pakistan au sujet du Jammu-et-Cachemire, affirmant que ce pays est reconnu comme un «  sanctuaire du terrorisme  ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte les 183 questions de son ordre du jour, avec un vote pour inclure celle de « la responsabilité de protéger »

Soixante-quinzième session,  
2e séance – matin
AG/12266

L’Assemblée générale adopte les 183 questions de son ordre du jour, avec un vote pour inclure celle de « la responsabilité de protéger »

L’Assemblée générale a pris note, ce matin, du premier rapport* de son Bureau sur l’organisation de sa soixante-quinzième session, de l’adoption de l’ordre du jour et la répartition des 183 questions dont les dates de clôture de la session de l’Assemblée et de ses six commissions.  Seule l’inscription de la question relative à « la responsabilité de protéger » a fait l’objet d’un vote, à la demande de la délégation syrienne, alors que la délégation russe, de son côté, a souhaité se dissocier du consensus relatif à la question de « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés ».

La proposition d’inclure la « responsabilité de protéger » à l’ordre du jour a été adoptée par 101 voix pour, 13 contre et 22 abstentions.  À l’instar de la Syrie qui a demandé la mise aux voix de ce texte, les représentants de Cuba, du Nicaragua, de la République islamique d’Iran et de la Fédération de Russie ont estimé que cette question ne devait pas être discutée en séance publique tant qu’il n’y aura pas de consensus sur la définition, les modalités et le champ d’application de ce concept. 

La Syrie a même jugé dangereux » ce concept dans la mesure où l’expérience montre que des gouvernements l’ont utilisé, l’utilisent et l’utiliseront comme prétexte pour des intervention militaires et une ingérence dans les affaires intérieures des États.  Allant dans le même sens, la Fédération de Russie a estimé que ce noble objectif de responsabilité de protéger a été transformé « en apologie de l’ingérence » de certains États dans les affaires intérieures d’autres pays.  Cette notion de responsabilité de protéger, a renchéri l’Iran, sert les desseins politiques de certains États plutôt que les droits des personnes.

« Il n’y a aucune raison valable de s’opposer à l’inscription de cette question », a, de son côté, insisté l’Allemagne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, en rappelant que les débats ayant eu lieu ces trois dernières années à l’Assemblée générale ont permis des échanges fructueux sur la question de responsabilité de protéger.

Par ailleurs, l’inscription à l’ordre du jour du point sur « la situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés » a été fustigée par la Fédération de Russie qui a jugé inacceptable le recours au terme « occupés ».  Dans ce contexte la délégation russe s’est dissociée du consensus.  Réagissant à cette intervention, l’Ukraine a regretté qu’un petit nombre d’États aient tenté d’empêcher l’inscription de cette question.  Il a dénoncé le déni de la Fédération de Russie face à ce qui se passe en Ukraine avant d’exhorter cet État Membre à respecter ses obligations au regard du droit international en tant que puissance occupante dans l’est de l’Ukraine. 

Les 183 questions de l’ordre du jour de la soixante-quinzième session sont réparties entre la plénière de l’Assemblée générale et ses six grandes commissions.  La session sera suspendue le lundi 14 décembre 2020, avant d’être clôturée le 13 septembre 2021.

La Première Commission, chargée des questions de désarmement et de la sécurité internationale, et la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, achèveront leurs travaux le 10 novembre.  La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, et la Troisième Commission, chargée des questions sociales, culturelles et humanitaires, se termineront le 20 novembre.  La Deuxième Commission, chargée des questions économiques et financières, clôturera ses travaux le 25 novembre, tandis que la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, travaillera jusqu’au 11 décembre.

Dans le rapport examiné aujourd’hui, le Bureau de l’Assemblée générale appelle l’attention des États Membres sur le fait que la maladie à coronavirus (COVID-19) influera sur les modalités pratiques de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, notamment s’agissant de déterminer si certaines manifestations seront maintenues, comment elles se dérouleront et combien de personnes y participeront.

Les aménagements seront effectués à la lumière des évaluations des risques et des avis émanant du Comité pour la santé et la sécurité au travail de la Cellule de gestion des crises, lesquels tiennent compte des directives publiées par la ville de New York et par le pays hôte, de la phase en cours du plan de retour dans les locaux du Siège de l’Organisation et des dernières connaissances concernant les risques que la pandémie fait peser sur les représentants et le personnel de l’ONU.

À la fin de cette séance, le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir (Turquie), a demandé aux délégations de sortir de la salle selon le protocole sanitaire en place, c’est-à-dire rangée par rangée, en commençant par la dernière.

*A/75/250

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.