Assemblée générale: l’Afrique cherche à mobiliser l’appui international à la relance de son économie affaiblie par la COVID-19
Au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale, les répercussions sans précédent de la pandémie de COVID-19 figuraient une fois de plus au centre des préoccupations des États Membres, dont une majorité de Chefs d’États africains qui ont plaidé pour un appui à la relance de leurs économies.
En raison des mesures de distanciation sociale imposées par la pandémie, les déclarations des Chefs d’État ont été retransmises par vidéo sur grand écran après avoir été présentées par l’unique représentant de chaque délégation autorisé à prendre place dans la salle de l’Assemblée générale.
« Il ne suffit pas d’éradiquer la COVID-19 », a souligné le Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. « Il est tout aussi important de s’entendre sur des mesures visant à accélérer la reprise post-COVID, pour stimuler l’économie et accélérer le retour à la normalité ».
Alertant que la pandémie pourrait effacer plus d’une décennie de croissance économique et de progrès sociaux réalisés par le continent africain, le Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara a déploré que face à cet « ennemi commun », le monde ait affiché un front désuni. « Les pays en développement, notamment africains, subissent plus durement les effets économiques et sociaux de l’absence d’initiatives de portée mondiale en faveur de leurs économies », a indiqué M. Ouattara.
S’il s’est réjoui de l’initiative du G20 d’accorder un moratoire sur le service de la dette publique bilatérale au profit de plusieurs pays africains, le Chef de l’État ivoirien a cependant appelé l’ensemble des partenaires du continent à prendre des mesures plus courageuses pour soulager les économies africaines, notant que les besoins financiers de l’Afrique sont évalués à 100 milliards de dollars par an sur une période de trois ans. « Le monde doit, enfin, entendre l’appel des Africains à l’annulation de la dette publique », s’est-il impatienté.
Cet appel a été relayé tout au long de cette journée par plusieurs des 34 Chefs d’État qui se sont exprimés aujourd’hui, dont le Président du Malawi. M. Lazarus McCarthy Chakwera a aussi espéré « une annulation pure et simple ». Au regard des défis à relever, son homologue du Niger, M. Mahamadou Issoufou a réclamé la conception et la mise en œuvre d’un « nouveau paradigme » pour prendre en charge les besoins en développement des pays les plus pauvres.
« Le choc de la COVID-19 doit être l’occasion d’ouvrir le débat, y compris sur des questions qui paraissent ‘utopiques’ comme l’impôt mondial sur le capital pour lutter contre les inégalités, le revenu universel de base pour lutter contre la pauvreté, la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage, ou même l’ouverture des frontières pour mieux soutenir la croissance de l’économie mondiale », a-t-il estimé.
Le Président de la Gambie, M. Adama Barrow, a espéré que les circonstances et les défis uniques des pays les moins avancés (PMA) seront pris en considération rapidement, tandis que celui du Zimbabwe, M. Emmerson Dambuzo Mnangagwa, a appelé l’Assemblée générale à se prononcer fermement contre les sanctions illégales unilatérales au regard de leurs effets préjudiciables sur l’économie.
La crise sanitaire, a fait observer, le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso, a mis en relief les écarts flagrants entre les systèmes de santé des pays développés et ceux des pays en développement. Selon son homologue du Niger, l’Afrique concentre environ 17% de la population mondiale, pour 1% des dépenses globales en matière de santé. Comme lors des jours précédents, cette séance a également été ponctuée par les nombreux appels à faire du vaccin contre la COVID-19 un « bien public mondial » abordable et accessible à tous.
Alors que le Président du Burkina Faso, M. Roch Marc Christian Kabore, faisait état du nouveau triptyque « criminalité organisée-terrorisme-COVID-19 », celui du Niger estimait qu’il est temps de créer un nouveau « contrat social » pour la nature. Il est « fondamental », a renchéri le Prince Albert II de Monaco de repenser nos modèles économiques et sociaux, en s’appuyant sur des principes respectueux de l’environnement.
L’impact de la pandémie sur les femmes et les jeunes a également suscité de nombreuses préoccupations, notamment de la part du Président de la Guinée-Bissau, M. Úmaro Sissoco Embaló, qui a estimé que les femmes doivent être l’une des principales forces motrices « dans ce nouveau chemin vers le renouvellement des engagements multilatéraux ». La jeune génération, a ajouté le Chef de l’État zambien, risque une fois de plus de supporter de manière disproportionnée le poids du chômage de masse.
Nous devons sortir de cette crise, a encouragé M. Edgar Chagwa Lungu, « plus forts, meilleurs et plus inclusifs », grâce à la participation de toutes les parties prenantes, y compris en particulier les jeunes. La pandémie, s’est presque réjouie la Présidente de l’Estonie, Mme Kersti Kaljulaid, est l’occasion de faire un « grand bond technologique », les solutions numériques ayant la capacité de rendre les sociétés plus équitables, de prévenir les risques sanitaires et de mettre un terme à la pollution de la planète.
L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 25 septembre, à partir de 9 heures.
Suite du débat général
M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a annoncé que c’est la dernière fois qu’il s’exprime à l’Assemblée générale en qualité de Chef d’État de son pays. La prochaine élection présidentielle qui se tiendra en décembre prochain sera l’occasion pour les Nigériennes et les Nigériens de choisir leur nouveau dirigeant. Quand on sait que c’est la toute première fois de son histoire que le Niger connaîtra un transfert démocratique du pouvoir, « cette échéance me remplit de fierté », a avoué le Président. Il a souligné que dès le début de son premier mandat, il a fait du respect des textes constitutionnels et des institutions « une vertu cardinale » de sa gouvernance pour la renaissance du Niger.
M. Issoufou a confirmé que la COVID-19 met sous forte tension les systèmes de santé et qu’elle a un effet sur la lutte contre le paludisme, la tuberculose et les autres maladies tropicales trop souvent négligées. En plus des efforts pour la fabrication d’un vaccin, le Président a voulu que l’on continue à soutenir la recherche sur les vaccins ou de meilleurs traitements contre le paludisme, le cancer, le diabète et le virus Ebola. Il a également proposé la célébration d’une journée internationale des travailleurs de la santé de première ligne compte tenu de leur rôle dans la lutte contre la COVID-19.
Le Chef d’État a réclamé l’accroissement des investissements dans le système de santé, en particulier, la prise en charge des femmes et des filles. Les besoins sont particulièrement importants sur le continent africain, qui concentre environ 17% de la population mondiale, pour 1% des dépenses globales en matière de santé. Il est également important de repenser la question de l’accès aux médicaments car selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 42% des produits médicaux vendus en Afrique sont de qualité inférieure ou contrefaits. Il a appelé à une action politique coordonnée, décisive et innovante, en partenariat avec les Nations Unies pour faire face à la pandémie de COVID-19 ce qui implique, a-t-il ajouté, d’inclure l’Afrique dans la riposte mondiale sur la base de sa stratégie régionale de riposte.
Après avoir salué le G20 pour son moratoire sur la dette des États les plus fragiles, le Président nigérien a prévenu qu’un simple moratoire ne suffira pas, au regard des défis qui doivent être relevés. Il faut annuler « purement et simplement » la dette, et concevoir et mettre en œuvre un nouveau paradigme pour prendre en charge les besoins de développement des pays les plus pauvres, a-t-il dit.
Le choc de la COVID-19 doit être l’occasion d’ouvrir le débat, y compris sur des questions qui paraissent « utopiques » comme l’impôt mondial sur le capital pour lutter contre les inégalités, le revenu universel de base pour lutter contre la pauvreté, la réduction du temps de travail pour lutter contre le chômage, ou même l’ouverture des frontières pour mieux soutenir la croissance de l’économie mondiale.
M. Issoufou s’est préoccupé de l’évolution de la situation au Mali, surtout après le coup d’État du 18 août. Face à la menace sécuritaire, les efforts des États du Sahel, a-t-il plaidé, doivent être adéquatement accompagnés sur le plan aussi bien bilatéral que multilatéral. Il a aussi préconisé la mise en place d’un mécanisme de surveillance de communication de l’information et de sanctions concernant les attaques contre les humanitaires.
S’agissant de la Libye, le Président du Niger a regretté que les conclusions « pourtant prometteuses » de la Conférence de Berlin n’aient pas été respectées par ceux-là même qui les ont adoptées. Il a dit attendre vivement l’organisation d’une conférence de réconciliation nationale interlibyenne en vue de privilégier une solution politique, appelant par ailleurs à la mise en place d’un envoyé spécial en Libye qui soit commun à l’ONU et à l’UA.
La COVID-19 nous interpelle sur le monde que nous voulons, a enchaîné le Président pour qui le temps est venu de créer un nouveau « contrat social » pour la nature. Pour mieux se remettre, il faut aligner les stratégies de sortie de crise sur les objectifs de développement durable et créer une économie durable et inclusive. Nous devons, a-t-il précisé, inventer une économie respectueuse de l’humain et de l’environnement. Le monde multilatéral que nous voulons ne pourra reposer exclusivement sur les rapports de force entre les grandes puissances. Nous avons aujourd’hui besoin d’une ONU plus agile, plus démocratique, plus coordonnée et plus efficace, qui nous mène vers un monde plus sécurisé, plus inclusif et durable, a conclu le Président.
La pandémie de COVID-19 a plongé le monde dans une crise socioéconomique de grande ampleur, la plus grave depuis le début du XXIe siècle, a constaté M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire. La pandémie pourrait effacer plus d’une décennie de croissance économique et de progrès sociaux réalisés par le continent africain qui fait pourtant preuve d’une extraordinaire résilience. Cette bonne évolution est due, selon le Président, à la capacité d’anticipation des gouvernements et à l’adoption de plans de riposte courageux, en dépit des ressources limitées.
Pour faire face à cette pandémie, a expliqué M. Ouattara, la Côte d’Ivoire a adopté un plan de riposte sanitaire d’environ 171 millions de dollars et un plan de soutien économique, social et humanitaire de 3 milliards de dollars, destiné à soutenir le secteur privé et les ménages à revenu modeste. Au total, cet effort massif « sans précédent », qui représente 5% du PIB ivoirien, a permis d’obtenir des résultats impressionnants dans la lutte contre la COVID-19. Ces résultats sont également le fruit d’importantes réformes réalisées dans le secteur de la santé pour accompagner la mise en place de la couverture sanitaire universelle.
Toutefois, face à cet ennemi commun qu’est la COVID-19, le monde a affiché un front désuni, a regretté le Président. Les pays en développement, notamment africains, subissent plus durement les effets économiques et sociaux de l’absence d’initiatives de portée mondiale en faveur de leurs économies. Dans ce contexte, en sa qualité de « champion de la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine », M. Ouattara s’est réjoui de l’initiative du G20 d’accorder un moratoire sur le service de la dette publique bilatérale au profit de plusieurs pays africains.
Le Chef d’État a appelé l’ensemble des partenaires du continent à prendre des mesures plus courageuses, pour soulager les économies africaines durement affectées par les effets de la pandémie. Les besoins financiers de l’Afrique, a-t-il précisé, sont évalués à 100 milliards de dollars par an sur une période de trois ans. « Le monde doit, enfin, entendre l’appel des Africains à l’annulation de la dette publique. »
La lutte contre la COVID-19 ne doit pas faire oublier les autres maladies telles que le paludisme et le Sida, qui font davantage de victimes dans les pays africains, a rappelé le Président. Elle ne doit surtout pas réduire à néant les efforts de lutte contre la pauvreté. Dans ce domaine, la Côte d’Ivoire a réussi à faire reculer la pauvreté de 15,6% en huit ans, devenant le pays qui a le plus haut revenu par d’habitant dans la sous-région ouest-africaine.
« Nous devons remettre l’ONU au centre de la riposte collective à la pandémie », a plaidé M. Ouattara. Ainsi, au niveau sanitaire, il s’agira de garantir l’accès de tous à un vaccin dès qu’il sera disponible et au niveau économique, d’accroître et de mieux coordonner l’assistance financière en faveur des pays en développement. Le Président s’est dit convaincu que nous devons soutenir et redynamiser le multilatéralisme, seul capable de garantir durablement la paix et la stabilité internationales. Selon lui, il est urgent de forger le consensus le plus large autour de l’accession de l’Afrique au Conseil de sécurité de manière permanente.
Enfin, le peuple ivoirien va élire le 31 octobre 2020 son prochain président de la République. En dépit de la crise sanitaire liée à la COVID-19, toutes les dispositions sont prises pour que cette élection soit apaisée et transparente, à l’image de celle de 2015, a assuré M. Ouattara.
Pour M. ILIR META, Président de l’Albanie, la pandémie a prouvé combien le monde a besoin d’un système multilatéral basé sur la Charte des Nations Unies et le droit international. À cet égard, l’Albanie soutient avec force l’agenda de réformes du Secrétaire général, a souligné le Président qui a loué l’Organisation pour avoir fourni des équipements de protection individuelle et du matériel médical à plus de 130 pays, et avoir déployé des efforts pour obtenir un vaccin rapidement. Ce vaccin devrait être « abordable », et « accessible à tous les peuples de la Terre », a-t-il déclaré.
L’OMS, a ajouté le Président, a accompagné l’Albanie à chaque étape et les Nations Unies ont préparé un plan socioéconomique pour soutenir efficacement la réponse nationale. Pendant ce temps, le pays a continué de travailler d’arrache-pied pour parvenir à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici à la fin de la décennie et atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, conformément à l’Accord de Paris sur le climat. Il a aligné ses priorités s’agissant de la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et professé sa détermination à protéger les communautés rom et égyptienne, les personnes handicapées et autres groupes marginalisés et vulnérables.
Le Président a affirmé que des progrès ont été réalisés en matière d’égalité des sexes, le nombre de femmes fonctionnaires allant toujours croissant. Il s’est enorgueilli de « l’harmonie interconfessionnelle » qui règne dans son pays comme un antidote contre l’intolérance et l’extrémisme violent, et « un exemple à suivre ».
Accéder à l’Union européenne, a souligné le Président, constitue l’objectif stratégique principal de l’Albanie. Il a salué la décision du Conseil européen d’ouvrir des discussions et s’est dit pleinement conscient de la nécessité de remplir les différents critères d’adhésion, tels que le bon fonctionnement des institutions démocratiques et de l’état de droit.
L’intérêt premier de l’Albanie, a confié le Président, est d’assurer une paix et une stabilité durables dans les Balkans occidentaux, malgré l’héritage historique « difficile » qui hante encore la région. Des progrès significatifs ont été réalisés au cours des deux dernières décennies, en grande partie grâce au cycle de réformes enclenché par les processus d’élargissement en cours de l’OTAN et de l’Union européenne. Le Président s’est félicité de l’accord de normalisation économique entre le Kosovo et la Serbie, « négocié et garanti par le Président des États-Unis ». Il a espéré que les « deux pays » saisiront cette occasion pour conclure un accord final et juridiquement contraignant de reconnaissance mutuelle et de normalisation complète, avec la médiation de l’Union européenne.
M. BORUT PAHOR, Président de la Slovénie, a soutenu que le meilleur moyen de faire face aux menaces actuelles est de recourir à un multilatéralisme efficace. Une coopération affaiblie ne ferait qu’amplifier les problèmes. Nous dépendons de plus en plus, a dit le Président, des nouvelles technologies et des infrastructures numériques. Dans un environnement mondial en mutation rapide, les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle sont déjà devenues « l’épine dorsale » de notre vie quotidienne, assurant le bon fonctionnement des entreprises et des services publics essentiels. Ces nouvelles technologies doivent être encadrées afin de les mettre au service de l’humanité, a soutenu M. Pahor.
La Slovénie, a-t-il affirmé, fait un effort en ce sens, en accueillant le tout premier centre mondial de l’UNESCO pour l’intelligence artificielle, créé à Ljubljana en novembre dernier. Après avoir identifié la cybersécurité comme l’un des principaux défis actuels, il a admis que le cyberespace doit être « sûr, mondial, ouvert, libre et inclusif ».
Consciente que la perte de biodiversité est un défi urgent d’ampleur mondiale, la Slovénie, a poursuivi le Président, a inscrit le droit à l’eau potable dans sa Constitution. Elle reconnaît également la préservation des ressources en eau comme un élément clef pour protéger la biodiversité. C’est à notre initiative, s’est-il enorgueilli, que les Nations Unies ont proclamé une Journée mondiale de l’abeille, célébrée chaque année le 20 mai, reconnaissant ainsi l’importance des abeilles et des autres pollinisateurs pour la sécurité alimentaire, la biodiversité et le développement durable.
Notre plaidoyer pour la protection de l’environnement, a expliqué le Président, vise à enclencher des débats publics sur les changements climatiques, à créer un comité pour la gouvernance climatique et à soutenir les mouvements des jeunes pour le climat. Le Président a réaffirmé l’engagement de la Slovénie à freiner ce processus « sans précédent » de perte de biodiversité et à atténuer, voire supprimer les effets du changement climatique.
Le PRINCE ALBERT II de Monaco a déclaré que dans un contexte où ressurgissent des tendances nationalistes et protectionnistes, il est vital que les États Membres se mobilisent de façon coordonnée et solidaire. Aucun État, quelles que soient sa taille, sa puissance militaire ou économique, ne peut affronter seul les enjeux internationaux actuels, a-t-il insisté. L’interconnexion de nos États impose une réponse collective aux menaces transnationales qui mettent à mal les progrès durement acquis et fragilisent la paix et la sécurité internationales.
Le souverain s’est également préoccupé du fait que les femmes et les filles constituent toujours le principal groupe touché par les inégalités. D’une part, a-t-il constaté, les femmes sont les plus impliquées dans la lutte contre la COVID-19 et donc les plus exposées à la contamination et, d’autre part, une forte et intolérable augmentation des cas de violence domestique est à déplorer, ainsi qu’un taux particulièrement élevé de déscolarisation des filles. Il a assuré que son gouvernement poursuivra, au travers du Comité pour la promotion et la protection des droits des femmes, créé en 2018, son action en faveur de la réduction des inégalités et la lutte contre les discriminations et les violences.
C’est aussi en écoutant et en faisant confiance à la jeunesse que nous construirons un avenir plus robuste et plus durable, a poursuivi le Prince Albert II. Aujourd’hui, si les jeunes sont moins affectés par le virus de la COVID-19, ils subissent de plein fouet la crise économique qui en découle, s’est-il inquiété, avant d’appeler à l’établissement de dispositions spécifiques afin d’éviter que les jeunes ne se retrouvent enfermés durablement dans le piège de la pauvreté.
Le souverain monégasque a aussi fait observer que ces derniers mois ont formidablement accéléré la transition numérique, mais que ces progrès se sont accompagnés également d’une explosion des cyberattaques. Le cyberespace est désormais une zone d’affrontements à part entière, au même titre que la terre, la mer et le ciel, a-t-il signalé. Il a appelé à s’entendre sur des règles communes afin d’édicter des mesures d’encadrement et de bonne conduite. Cela n’est pas seulement la garantie d’un meilleur fonctionnement de nos institutions, mais c’est aussi l’assurance de préserver la souveraineté des États et les libertés individuelles, a-t-il affirmé.
Tournant ensuite son attention sur la gravité de la crise climatique, le Prince Albert II a estimé que la pandémie actuelle a démontré à quel point nous sommes vulnérables lorsque nous détruisons les écosystèmes planétaires. À ses yeux, les reports des grands rendez-vous environnementaux ne signifient pas une suspension sine die des engagements des États Membres mais appellent bien au contraire à un redoublement de leurs efforts. L’urgence est toujours là et, plus que jamais, une mobilisation de tous est nécessaire, a-t-il souligné, saluant la décision collective de maintenir le Sommet sur la biodiversité, le 30 septembre.
Notant en outre que la crise actuelle a focalisé une grande partie de l’attention mondiale sur les chiffres de la croissance et sur la relance de l’économie, le Prince de Monaco a jugé « fondamental » de repenser nos modèles économiques et sociaux en s’appuyant sur des principes respectueux de l’environnement. Plus que jamais, a-t-il insisté, la feuille de route que nous avons établie en 2015 doit nous guider dans cette période de grande incertitude. Plus que jamais, la pandémie de Covid-19 démontre qu’il est crucial d’atteindre les objectifs définis par le Programme 2030, l’Accord de Paris sur le climat et le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.
M. ABADRABUH MANSOUR HADI MANSOUR, Président du Yémen, a déploré la guerre imposée à son pays par les « milices putschistes houthistes » avec l’appui de l’Iran. Aux yeux du Président, sous le prétexte de négocier l’avenir du Yémen dans le cadre d’un dialogue national, entamé il y a six ans, les houthistes ont en réalité comploté un coup d’État marqué par l’invasion de Sanaa au mois de septembre 2014. Ce faisant, a dénoncé M. Mansour, les miliciens ont pris en otage les institutions publiques, asphyxié les libertés publiques, bombardé les écoles et les lieux de culte, harcelé les citoyens et transformé la capital, « une ville autrefois riche et dynamique », en une prison à ciel ouvert.
Le Président a parallèlement salué l’action de l’ONU qui avait, selon lui, accompagné le processus de transition politique dans le cadre de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe, laquelle visait notamment à former un gouvernement de transition, élaborer un projet de constitution et le soumettre à un référendum populaire, dans la perspective de l’organisation d’élections libres. Hélas, a déploré M. Mansour, le coup d’État houthiste a mis un terme à ce processus et engendré la répression, les déplacements et la pauvreté.
M. Mansour a dit avoir tout fait pour coopérer avec l’ONU pour mettre fin à l’effusion de sang. Il a rappelé les efforts que son gouvernement a déployés, il y a quelques mois, pour instaurer un cessez-le-feu unilatéral et permettre à l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen de négocier un cessez-le-feu global et permanent. Malheureusement, a poursuivi le dirigeant, ces efforts se sont heurtés aux exactions des houthistes et de l’Iran, qui en ont profité pour « intensifier le carnage » par « l’escalade sauvage de leur campagne militaire aveugle » dans nombreux quartiers résidentiels du pays. Ces « milices terroristes » ont pris pour cible de manière répétée les citoyens saoudiens. Face à ces agissements, le Président a affirmé que le peuple yéménite rejette catégoriquement « le modèle iranien ».
Il a appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à mettre fin à « l’insolence » des putschistes et de leurs parrains. L’aide humanitaire doit être acheminée à tous les Yéménites, a-t-il ajouté, avant de condamner les « chantages » auxquels les houthistes soumettent les agents et organisations humanitaires au Yémen. La communauté internationale, a-t-il martelé, doit empêcher les houthistes d’instrumentaliser l’aide humanitaire et de « piller » les salaires des fonctionnaires. Les États Membres doivent également mettre fin à la tragédie du pétrolier SAFER, abandonné au large du port de Hodeïda, a-t-il conclu, non sans dénoncer les entraves des houthistes au travail de vérification de l’équipe technique de l’ONU.
M. ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ, Président du Burkina Faso, a indiqué que son pays a enregistré ses premiers cas de COVID-19 dès le 9 mars 2020. Le Gouvernement a dû adapter ses actions aux réalités du moment, en prenant des mesures de quarantaine et de confinement des villes, et autres restrictions. La pandémie de COVID-19, est, a-t-il averti, une crise multidimensionnelle qui risque d’anéantir tous les efforts de développement dans de nombreux pays, surtout ceux touchés par les conflits. Le Président a remercié le Secrétaire Général pour l’appel appel mondial à la solidarité qu’il a lancé le 31 mars 2020. S’il a salué les mesures d’allégement de la dette prise par le G20 en faveur des pays en développement, il a surtout réclamé « l’annulation pure et simple ».
Il y a de cela quelques mois, a rappelé le Chef d’État, la question de la criminalité organisée était essentiellement analysée sous le prisme de la lutte antiterroriste. Aujourd’hui, il nous faut tenir compte du triptyque « criminalité organisée-terrorisme-COVID-19 ». S’agissant de la guerre contre le terrorisme dans la région du Sahel, M. Kaboré a fait part d’avancées notables dans l’action de la Force conjointe du G5 Sahel et des troupes amies. Il a cependant regretté que ladite Force n’ait toujours pas atteint le niveau opérationnel souhaité. Aussi a-t-il réitéré son appel au Conseil de sécurité pour que cette Force soit placée sous le Chapitre VII de la Charte des Nations Unies et bénéficie d’un financement pérenne. Il a également appelé tous les partenaires à soutenir activement la Coalition pour le Sahel créée en janvier 2020 à Pau, en France.
Le Président burkinabè a tenu à réaffirmer que les Forces de défense et de sécurité de son pays exécutent leurs missions dans le respect des droits de l’homme, notamment le droit à la vie et le droit à l’intégrité physique des personnes. Toutes les fois où des membres de ces Forces ont été mis en cause, des enquêtes ont été ouvertes afin de situer les responsabilités et de sanctionner les auteurs. En tout état de cause, a assuré M. Kaboré, le Burkina Faso ne ménagera aucun effort pour relever les défis de la lutte contre le terrorisme et pour garantir la protection de ses populations et des réfugies. Mon pays, a-t-il promis, continuera à œuvrer pour ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, dans le respect des règles du droit international. Dans ce sens, le 1er juillet dernier, le Gouvernement a marqué son accord pour l’ouverture sur le territoire national, d’un bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme au Burkina.
Le Président a confirmé la tenue, le 22 novembre 2020, des élections présidentielle et législatives. En prévision, il a dit avoir, dès juillet 2019, institué un cadre de dialogue politique permanent avec l’ensemble des composantes de la classe politique burkinabè. Le Président a expliqué les efforts de son pays pour protéger l’environnement et contribuer aux efforts de maintien de la paix de l’ONU. Il s’est montré préoccupé face à la crise sécuritaire qui persiste dans la région du Sahel et dans le bassin du lac Tchad, invitant le Conseil de sécurité à nommer un nouvel envoyé spécial conjoint ONU-Union africaine pour conduire les négociations. S’agissant du Mali, M. Kaboré a appelé à un retour rapide à l’ordre constitutionnel et soutenu les décisions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour une transition civile. Le Président n’a pas manqué de plaider, une nouvelle fois, pour que l’Afrique soit pleinement représentée dans tous les organes de décision de l’ONU, en particulier au Conseil de sécurité.
Mme KERSTI KALJULAID, Présidente de l’Estonie, a déclaré que la pandémie, qui a provoqué un véritable choc dans notre mode de vie, nous enseigne également une leçon sur ce que signifient réellement les changements climatiques: perte des écosystèmes diversifiés, risques inhérents à la cohabitation entre les êtres humains et d’autres espèces dans des villes surpeuplées, inquiétude pour la survie de l’humanité, et travail à fournir au sein des organisations multilatérales pour éviter les guerres autour des ressources limitées.
La Présidente a souligné l’importance des solutions technologiques et numériques tant pour éviter les risques sanitaires que pour mettre un terme à la pollution de la planète. L’Estonie, a-t-elle affirmé, est le premier État à s’être transformé par le numérique: tous les services publics travaillent en ligne. Par conséquent, l’impact de la pandémie s’est limité à l’élargissement de l’enseignement et du travail à distance. Quelque 30% des emplois ont pu se faire à distance.
L’Estonie, un pays qui s’est industrialisé tardivement, a-t-elle poursuivi, est un modèle pour les pays qui cherchent à sauter les étapes grâce aux technologies. Nous venons d’ailleurs, a annoncé la Présidente, de conclure un mémorandum numérique avec l’Union africaine et nous organiserons cette, année, avec les Émirats arabes unis, un Sommet mondial sur l’entreprise numérique. La Présidente a toutefois souligné que la numérisation des services ne peut, à elle seule, débarrasser les pays de la bureaucratie, de la corruption et de l’inefficacité. Le mot d’ordre, c’est « transparence et rationalisation ».
Insistant sur le rôle des technologies numériques dans la lutte contre les changements climatiques, la Présidente a noté que les réseaux intelligents feront partie intégrante de l’économie à neutralité carbone. D’une certaine manière, a-t-elle constaté, la pandémie nous donne l’occasion de faire un grand bond technologique. Les solutions numériques peuvent rendre nos sociétés plus équitables, plus résilientes, plus accessibles et plus durables, a estimé la Présidente, tout en reconnaissant que le développement numérique porte en lui les menaces à la cybersécurité, une question que l’Estonie n’a cessé de soulever devant le Conseil de sécurité.
M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi, a indiqué qu’il a été élu le 23 juin, dans ce qui était une passation de pouvoir « harmonieuse ». Le Malawi, a-t-il confirmé, a été durement éprouvé par la pandémie de COVID-19, laquelle a porté un sérieux coup à l’économie, compte tenu du manque d’accès à la mer, de l’éloignement des marchés et du coût élevé des transports et du transit. En tant que Président des pays les moins avancés (PMA), le Malawi, a rappelé le Président, a publié le 25 avril une déclaration sur la pandémie qui appelle à renforcer l’appui international en faveur des PMA. Il a salué le moratoire sur l’allégement de la dette des PMA mais il a espéré « une annulation pure et simple ». Il a également appelé à des mesures pour atténuer la perturbation des chaînes d’approvisionnement et, en attendant, a salué les efforts déployés pour réduire le coût des envois de fonds des migrants et mettre en œuvre des plans de sauvetage des petites et moyennes entreprises (PME).
S’agissant des objectifs de développement durable (ODD), le Président Chakwera a expliqué que le Malawi privilégie la mise en œuvre des objectifs ayant un effet multiplicateur afin de maximiser l’impact de ses faibles ressources. Il a aussi appelé à un appui renforcé des partenaires. Afin d’assurer l’efficacité de ses institutions, a indiqué le Chef d’État, le Malawi a établi une Commission nationale de planification pour appuyer la « nationalisation » des objectifs de développement durable. Une stratégie nationale de résilience pour la période 2018-2030 est en train d’être appliquée pour combattre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et la vulnérabilité aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.
M. Chakwera a, à son tour, insisté sur l’urgence de réformer le Conseil de sécurité et d’accorder à l’Afrique deux sièges permanents avec droit de veto et cinq sièges non permanents. Le multilatéralisme, a-t-il conclu, ne consiste pas seulement à affronter les menaces mais aussi à saisir les opportunités que nous avons en commun. Nous devons sortir de cette crise « plus forts, meilleurs et plus inclusifs » et cela exige la participation de toutes les parties prenantes, en particulier les jeunes.
M. DENIS SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, a d’emblée relevé que la crise sanitaire actuelle met en relief les écarts flagrants entre les systèmes de santé des pays développés et ceux des pays en développement. Il importe, dès lors, d’intensifier la solidarité internationale en termes de stratégie afin d’éradiquer cette pandémie, a-t-il plaidé, ajoutant que l’ONU reste le principal instrument en mesure de mobiliser les États autour d’une action collective contre les inégalités et les vulnérabilités.
Face à cette conjoncture difficile, la réaffirmation du multilatéralisme constitue, selon lui, le socle essentiel de l’action internationale pour concrétiser nos engagements collectifs. Or, a déploré M. Sassou N’Guesso, en ce soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, nous assistons à « la résurgence des privations insoutenables pour les peuples ». De fait, a-t-il dit, l’instauration de la santé pour tous et l’éradication de la pauvreté sous toutes ses formes ne seront possibles que « si les États disposent des ressources nécessaires, dans un monde véritablement en paix ».
Dans ce contexte, le dirigeant s’est déclaré préoccupé par la recrudescence du terrorisme et de l’extrémisme violent ainsi que par la prédominance des conflits armés dans le monde. S’agissant de la crise libyenne, il a indiqué que son pays, Président en exercice du Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur cette question, favorise une solution politique et la tenue d’une conférence interlibyenne de réconciliation nationale.
Le Président congolais a par ailleurs constaté que l’est de la République démocratique du Congo (RDC) reste sous la menace de groupes armés, de même que la République centrafricaine, qui se prépare à une élection présidentielle en décembre prochain dans une situation rendue instable. Il a jugé à cet égard qu’une « injustice historique » subsiste aux Nations Unies, qu’il serait possible de réparer en garantissant à l’Afrique « toute sa place au sein du Conseil de sécurité ».
En sa qualité de membre du Comité des dix de l’UA sur la réforme du Conseil de sécurité, la République du Congo réaffirme solennellement « l’urgence de rendre effective la représentativité de l’Afrique au sein de cet organe de l’ONU », a déclaré M. Sassou N’Guesso. « Ainsi se consolideront davantage les valeurs de paix, de solidarité, d’équité et de progrès qu’incarne l’Organisation des Nations Unies », a-t-il conclu.
M. HAMAD BIN ISA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a souligné l’importance d’une action collective efficace contre la pandémie de COVID-19. Ce défi, a ajouté M. Al Khalifa, a prouvé que la communauté internationale se trouve dans l’obligation urgente de mettre de côté ses divergences, de renforcer la solidarité humaine, de rester unie et d’affermir la volonté commune de prévenir de tels risques. Au plan national, le Gouvernement a créé une entité chargée d’élaborer et mettre en œuvre un plan d’urgence intégré visant à préserver la santé et la sécurité des citoyens et des résidents.
Concernant l’établissement des relations avec Israël, le Roi du Bahreïn a expliqué qu’il l’a fait pour préserver la sécurité et la stabilité de la région. C’est un signe de notre approche résolue de l’ouverture et de la coexistence. C’est un message, s’est-il justifié, qui confirme notre « main tendue » et notre désir d’une paix juste et globale. Pour lui, c’est la meilleure garantie pour l’avenir de tous les peuples de la région. Le Roi a aussi salué la mesure « courageuse » des Émirats arabes unis pour raviver l’espoir de paix et de stabilité dans la région. En concluant un « accord de paix historique » avec Israël, sous les auspices des États-Unis, en échange de l’abandon par Israël de sa décision d’annexer des terres palestiniennes, les Émirats arabes unis ont amélioré les possibilités de paix, réduit les tensions et donné aux peuples de la région une nouvelle ère de compréhension, de rapprochement et de coexistence pacifique. Dans le même temps, ils ont préservé leur ferme position sur la question palestinienne, a indiqué le roi de Bahreïn qui a appelé à intensifier les efforts pour mettre fin au conflit israélo-palestinien conformément à la solution des deux États.
Le Roi a saisi cette occasion pour saluer le rôle de l’Arabie saoudite qui a jeté les bases de la sécurité et de la paix dans la région et le monde entier, en tenant compte de l’intérêt de toutes les parties. Il a aussi remercié l’Arabie saoudite pour les efforts qu’il déploie à la présidence du G20. Il a d’autre part soutenu l’action de l’Égypte pour consolider la sécurité et la stabilité régionales, et ses efforts pour parvenir à la paix en Libye.
M. MOKGWEETSI ERIC KEABETWE MASISI, Président du Botswana, a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts dans la mise en œuvre du Programme 2030. Il a réaffirmé la détermination du Botswana à accélérer la réalisation des ODD durant cette « Décennie d’action », en réduisant la dépendance de l’économie de l’extraction minière pour privilégier une croissance fondée sur les connaissances. À cette fin, le Gouvernement a introduit un certain nombre de réformes économiques propices au développement du secteur privé, dans la lignée de l’objectif 8 du Programme 2030 sur le plein emploi productif et le travail décent.
La pandémie, a reconnu le Président, s’est ajoutée à une longue liste de problèmes que vivait déjà le secteur de la santé. La lutte de longue date contre le VIH/sida reste une priorité nationale « essentielle ». M. Masisi a précisé que le Botswana est sur la bonne voie pour atteindre la cible 90-90-90 d’ONUSIDA. Le dirigeant a fait état de taux encourageants: 86% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique; 83% des dépistés reçoivent un traitement antirétroviral durable et 90% de ceux qui reçoivent un traitement antirétroviral ont une charge virale nulle.
M. Masisi a noté qu’avant la pandémie de COVID-19, environ 783 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté dans le monde. Il a rappelé qu’en juin dernier, la Banque mondiale a indiqué que la pandémie pourrait pousser 71 millions d’autres personnes dans l’extrême pauvreté en 2020, au risque d’annihiler les progrès réalisés au cours des dernières décennies. Le Président a par conséquent appelé à une « action collective urgente » pour éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes d’ici à 2030.
M. Masisi a déploré la montée des violences dans le monde à l’encontre des femmes durant la crise sanitaire, dont dans son propre pays. Nous avons lancé, a-t-il indiqué, une Stratégie nationale pour mettre fin à la violence sexuelle. La crise sanitaire, a-t-il poursuivi, a aussi porté un coup dur aux deux piliers de l’économie nationale: le tourisme et l’extraction de diamants. Le Gouvernement travaille à un plan de relance économique. M. Masisi s’est joint aux appels à un « multilatéralisme fondé sur des règles » et ouvert à la société civile, au secteur privé et au monde universitaire.
À la tête d’un pays sans littoral, dont les difficultés ont été aggravées par la pandémie, il a réclamé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, du Programme d’action d’Istanbul et des Orientations de Samoa. L’ONU, a-t-il poursuivi, doit être « flexible, agile et adaptée à ses objectifs », et, a souligné le Président, il reste encore beaucoup à faire.
Pays semi-aride aux précipitations irrégulières et aux sécheresses fréquentes, le Botswana, a conclu le Président, est très attaché à la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Il a réservé son tout dernier à la multiplication des actes terroristes et insurrectionnels en Afrique australe et salué l’appui fourni à son pays par le Bureau des Nations Unies de lutte contre le terrorisme.
M. ALPHA CONDÉ, Président de la Guinée, a estimé que le monde a plus que jamais besoin d’une organisation réformée, forte, agissant sur la base des valeurs consacrées dans la Charte et la Déclaration universelle des droits de l’homme et capable, à travers ses institutions spécialisées, de faire face aux défis de la paix, du développement durable et de la santé. Il a appelé à une gouvernance internationale rénovée et renforcée, prenant mieux en considération les intérêts des pays en développement, notamment dans la mise en œuvre des ODD et du Programme d’action d’Addis-Abeba, sans oublier les engagements antérieurs. C’est dans ce partenariat mondial que nos pays pourront se relever et poursuivre l’agenda du développement durable, a insisté le Président.
Dans ce cadre, il a précisé que la Guinée a intégré toutes les questions importantes relatives à la mise en œuvre des ODD dans son plan national de développement, pour devenir un pays émergent grâce au partenariat bi et multilatéral. Revenant à la gestion de la crise sanitaire, M. Alpha Condé a indiqué que le plan national vise à contrôler et juguler la pandémie, atténuer les conséquences de la crise notamment sur les ménages en situation de précarité, et annihiler les effets de la pandémie sur les petites et moyennes entreprises. Le Président a aussi parlé de la création d’un conseil scientifique pour orienter et renforcer les mesures, avec pour objectif d’éradiquer et stopper la progression du coronavirus à travers le pays. Le coût financier du plan est de 350 millions de dollars, a-t-il souligné. Les populations guinéennes y adhèrent, se basant sur l’expérience de la gestion de l’épidémie à virus Ebola.
Après avoir rappelé les difficultés des petits États et pays en développement à gérer leur fardeau de la dette, tout en essayant de développer leur économie, M. ADAMA BARROW, Président de la Gambie, a déclaré que la pandémie a inversé tous les gains: la chute des recettes et la hausse des dépenses publiques sont devenues la norme. L’économie de la Gambie est tombée à 2% du PIB et elle continue de se contracter. Le secteur du tourisme, qui est un employeur important et un vecteur de devises, est « dévasté », et le chômage augmente rapidement. La mise en œuvre du Plan national de développement, 2018-2021 de la Gambie est tout simplement compromise.
Le Président a jugé urgent d’accélérer la mise en œuvre des engagements internationaux en matière de financement du développement et de protection de l’environnement. Il a réitéré le ferme appel de l’Union africaine à l’allégement et ou à l’annulation de la dette, à un meilleur accès aux circuits financiers internationaux, à la réduction du coût des envois de fonds des migrants et à une solidarité et à un partenariat renforcés. Nous espérons, a confié le Président, que les circonstances et les défis uniques des pays les moins avancés seront pris en considération rapidement.
Mettant l’accent sur le problème sérieux de l’insécurité dans les pays du Sahel, le Président a salué les efforts déployés par les Nations Unies, l’Union africaine, la CEDEAO et les autres partenaires internationaux. La mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel est « importante », a-t-il dit, en se félicitant de l’apport du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest.
Le Président a dit souscrire au Partenariat ONU-UA sur la paix et la sécurité en Afrique. Il a appelé la communauté internationale à ne pas céder dans ses efforts pour rétablir la paix et la stabilité au Mali, en Somalie, au Soudan du Sud, en République centrafricaine et dans d’autres points chauds de la planète. Il a exhorté les Nations Unies et les organisations régionales à faire davantage pour mettre fin aux activités de tous les réseaux terroristes et criminels armés. En conclusion, la Président a jugé « paradoxal » qu’alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, l’Afrique négocie sa représentation au Conseil de sécurité dont l’ordre du jour est pourtant dominé par les questions africaines. « La voix de l’Afrique au Conseil renforcera la confiance et la légitimité des décisions prises », a insisté le Président.
M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a dit que la pandémie de COVID-19 a contribué à amplifier les défis politiques, sécuritaires et socioéconomiques. Une évidence qui se dégage de ce contexte de crise, est l’insuffisance d’un cadre normatif pour faire face aux défis qui se posent à notre monde, a dit M. Bongo Ondimba, avant d’appeler à nous réinventer pour contenir les menaces transnationales et transfrontalières, à l’instar de la pandémie actuelle.
Le monde dans lequel nous vivons, a-t-il estimé, a besoin d’un système multilatéral qui impulse une coopération au bénéfice de tous et à une mutualisation de nos efforts. Le Président a mis l’accent sur la nécessaire réforme du Conseil de sécurité et rappelé la Position commune africaine exprimée par le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. M. Bongo Ondima a ajouté que son pays demeure résolument engagé aux côtés des Nations Unies, de l’Union africaine et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour la promotion de la stabilité et de la paix « dans nos États ».
Sur le plan régional, il a dit avoir reçu de ses pairs, le mandat de conduire la réforme institutionnelle de la CEEAC, pour la rendre plus efficiente et mieux à même de relever les défis pour lesquels elle a été créée, comme l’intégration régionale et le développement. La Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEEAC a adopté, le 28 juillet 2020, une nouvelle nomenclature pour répondre aux défis majeurs de l’heure, notamment la paix, la sécurité et le développement. Lors de son dix-septième Sommet ordinaire, la CEEAC a adopté un Plan d’action communautaire pour la mise en œuvre de la résolution 1325 des Nations Unies, de la stratégie communautaire en matière de riposte à la COVID-19.
Le Président a aussi mis l’accent sur la portée du programme politique pour « l’égalité des chances », qu’il a impulsé en faveur d’un développement plus juste et équitable, revalorisant les femmes, les jeunes, les personnes les plus vulnérables. Il a indiqué avoir nommé récemment une femme aux fonctions de premier ministre, avant de préciser que trois femmes occupent désormais de très hautes responsabilités au sommet de l’État, à la Cour constitutionnelle et au Sénat.
Le Président a par ailleurs réitéré l’appel solennel pour la levée totale de l’embargo qui frappe Cuba depuis plusieurs décennies. En conclusion, il a réaffirmé l’attachement du Gabon au multilatéralisme, seule voie dans notre légitime quête d’un avenir en confiance, et dans notre ambition commune de bâtir une Organisation qui fait face aux enjeux complexes du développement durable.
En présentant l’allocution vidéo du Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, le représentant de la Libye a jugé « étrange » que certains États continuent d’user d’un langage menaçant à l’endroit de son pays et de créer des lignes rouges « artificielles » sur le territoire national. Il a rejeté ces menaces et mis en garde contre l’escalade. Il a appelé les États à faire montre de sagesse et à punir les responsables des violations du cessez-le-feu lesquelles sabotent les initiatives de paix.
Apparaissant à l’écran, M. FAIEZ MUSTAFA SERRAJ, Président du Conseil de la présidence du Gouvernement d’entente nationale, État de Libye, a jugé impossible de combattre le virus de la COVID-19 sans une solidarité internationale. J’aurais aimé, a-t-il confié, pouvoir vous dire que nous sommes arrivés au terme de la transition en Libye et que nous œuvrons à la construction d’un État démocratique, à la protection des droits humains et à une passation de pouvoir pacifique. Malheureusement, certains acteurs sapent nos efforts et usent de tous les moyens pour prendre le pouvoir par la force. M. Serraj a prévenu: « nous ne fléchirons pas et nous tiendrons en échec ceux qui veulent nous imposer leur dictature ». Il a salué les héros qui, à Tripoli, ont fait face à l’agression des milices et à leurs soutiens. Le Président a déclaré que cette agression était soutenue par des États que tout le monde connaît et qui bafouent le droit international. « Le peuple libyen est déterminé à avancer. » M. Serraj a appelé les États concernés à revoir leurs positions, à tourner le dos aux agresseurs et à s’asseoir à la table des négociations avec le Gouvernement d’entente nationale.
S’il a estimé pouvoir vaincre les agresseurs, le Président a déclaré qu’il ne veut pas d’effusion de sang. C’est dans cet esprit qu’un cessez-le-feu a été annoncé le 21 août dernier et que des élections sont prévues pour mars prochain, a continué M. Serraj. Il a précisé que le respect d’un tel cessez-le-feu exige notamment que Syrte soit débarrassée des armes qui y circulent et vidée de ses mercenaires, afin de garantir la souveraineté du pays. Le Président a réclamé le retour des milices chez elles et demandé la réouverture des installations pétrolières. Il a insisté sur les efforts accomplis en vue d’améliorer la vie des Libyens et de remédier à la circulation des armes, avant d’ajouter que ces efforts sont fragilisés par les ingérences étrangères, la fracture des institutions libyennes et l’assèchement des revenus pétroliers.
M. Serraj a appelé à la tenue d’élections législatives et présidentielle appuyées à un fondement constitutionnel agréé par tous les Libyens et a sollicité l’aide de l’ONU pour l’organisation de ces élections attendues par les Libyens depuis de longues années. Il a appelé à la reprise du dialogue impliquant toutes les factions libyennes à l’exception de celles dont il a été prouvé sur le plan juridique qu’elles ont commis des crimes de sang. Le Président a encouragé la Commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme à se pencher sur les violations des droits commises par les milices du Maréchal Haftar à Syrte.
Pays de transit, la Libye, a-t-il poursuivi, gère des flux migratoires très importants et il est nécessaire d’avoir une connaissance plus fine de ces flux, loin des rapports « polémiques et alarmistes » qui passent sous silence les efforts de la Libye dans ce domaine. Il a tenu à rappeler que 500 000 migrants vivent paisiblement sur le sol libyen, avant d’appeler à remédier aux causes profondes, en particulier économiques, de ces migrations. Le Président a regretté le gel des avoirs libyens en raison des sanctions du Conseil de sécurité. Ces sanctions doivent préserver les fonds libyens et non pas aboutir à les diminuer comme c’est le cas actuellement, a-t-il affirmé, en regrettant que le Conseil n’ait pas répondu à la demande légitime de son pays pour leur assouplissement. Enfin, le Président a déclaré que les Libyens ont la capacité de bâtir un État démocratique et de sortir de la phase difficile actuelle.
M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre, s’est inquiété de la résurgence de l’unilatéralisme et du retour des discours nationalistes qui minent l’efficacité de l’Organisation. Alors que la pandémie a mis en évidence les vulnérabilités et les fragilités du monde, il a appelé à des efforts concertés et à une solidarité collective pour soutenir les groupes les plus vulnérables.
S’agissant de l’unilatéralisme, le Président a particulièrement fustigé particulièrement l’action de la Turquie qui affecte l’intégrité territoriale et déstabilise la Libye, la Syrie et l’Iraq, avant de dénoncer aussi les violations par ce pays des droits souverains de la Grèce et de Chypre. Chypre et sa population souffrent encore de l’invasion militaire illégale de 1974, de l’occupation militaire de 37% de notre pays et du déplacement forcé de 40% de ses habitants, a énuméré M. Anastasiades, soulignant Chypre est le dernier pays européen divisé.
Il a regretté que le dernier effort pour parvenir à un règlement en 2017 ait échoué en raison de la position « inflexible » de la Turquie et de son insistance à maintenir le Traité de garantie « anachronique », le droit d’intervention et le maintien de ses troupes. Il a rappelé que cette invasion illégale a été condamnée par de nombreuses résolutions de l’ONU, par le Conseil de sécurité, ainsi que par la Cour européenne des droits de l’homme. Il a accusé la Turquie de ne pas tenir compte des convergences observées entre les dirigeants des deux communautés en 2011 et 2015 qui prévoient qu’une « Chypre fédérale » continuera d’être partie contractante à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 « et que les recettes provenant de l’exploitation des ressources naturelles de l’État seront affectées au Gouvernement fédéral ».
Le Président a aussi accusé la Turquie de ne pas tenir compte du fait que la République de Chypre a créé un Fonds souverain qui protège les intérêts des Chypriotes grecs et turcs s’agissant des revenus provenant de l’exploitation du pétrole. M. Anastasiades a ajouté que les allégations de la Turquie selon lesquelles ses actions illégales visent à protéger les droits des Chypriotes turcs sont « fausses et sans validité », tout aussi fausses que celles qui prétendent que la République de Chypre viole les droits de la Turquie.
Si M. Erdogan croit sincèrement que son action contre Chypre est compatible avec le droit international, alors pourquoi n’accepte-t-il pas un dialogue bilatéral sincère ou ne renvoie-t-il pas toute la question à la Cour internationale de Justice? a demandé le Président. Il a répété que Chypre, en tant que pays européen et conformément aux valeurs et aux principes de l’Union européenne et de l’ONU, n’a jamais eu et n’aura jamais comme intention de priver les compatriotes chypriotes turcs de leurs droits légitimes.
À condition qu’il n’y ait pas d’ingérences étrangères, je crois, s’est dit convaincu le Président, qu’il y a un terrain d’entente entre les deux communautés pour parvenir à un règlement qui réalisera la vision de notre peuple de vivre dans un pays européen, véritablement indépendant et souverain. Il a formulé le vœu d’une Chypre débarrassée des troupes étrangères, qui verrait un règlement sans gagnant ni perdant, dans le plein respect des sensibilités et des préoccupations des deux communautés. « Nous souhaitons un État véritablement dirigé par les Chypriotes et pas un État dirigé par les étrangers » a conclu le Président, avant de rappeler que « l’ère de la colonisation est révolue ».
M. ILHAM HEYDAR OGLU ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a dénoncé le fait que 20% du territoire national, dont le Haut-Karabakh et sept autres régions, soit actuellement sous le joug de l’occupation militaire arménienne. Selon M. Aliyev, l’Arménie est coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité dans ces territoires occupés, où elle a mené une politique de « purification ethnique » à l’encontre des citoyens azerbaïdjanais, qui ont été systématiquement expulsés de chez eux. Au nombre des crimes arméniens, M. Aliyev a également cité le « génocide » perpétré dans la commune de Khodjaly, dans le Haut-Karabakh, en 1992.
Le Président a souligné que quatre résolutions du Conseil de sécurité ont exigé le retrait des forces arméniennes des territoires occupés de l’Azerbaïdjan. Il a cependant déploré le fait que l’Arménie « continue d’ignorer » ces résolutions depuis près de 30 ans et a appelé à imposer des sanctions internationales contre ce pays et sa « politique de colonisation illégale ». Quant au patrimoine culturel azerbaïdjanais dans les territoires occupés, a poursuivi M. Aliyev, il a été soit détruit, soit pillé. « Il s’agit d’effacer toute trace de l’Azerbaïdjan dans ses propres territoires », a-t-il dénoncé.
Le dirigeant a accusé le Gouvernement arménien de prendre délibérément pour cible les populations civiles et de se livrer à des provocations et opérations militaires à la frontière entre les deux pays. Il a notamment dénoncé une attaque délibérée en 2017, qui a fait deux victimes, ainsi qu’une attaque le 12 juillet dernier, dans laquelle un militaire et un civil ont été tués dans une localité azerbaïdjanaise. M. Aliyev a aussi menacé de poursuites judiciaires les entreprises internationales qui exploitent les ressources de l’Azerbaïdjan dans les territoires occupés.
Les autorités arméniennes ont en outre refusé de procéder à des échanges de prisonniers, a déploré le Président. Elles ont organisé de « prétendues » élections dans les territoires occupés en mars dernier, des scrutins qui ont été « fermement condamnés et rejetés par la communauté internationale ». M. Aliyev a estimé que l’Arménie tente globalement de saboter le processus de paix. Il a ainsi considéré la récente déclaration du Premier Ministre arménien, dans laquelle il prétend que le Haut-Karabakh faisait partie de l’Arménie, comme contraire au principe même des négociations.
Le Président a affirmé que l’Arménie recrute « des combattants terroristes étrangers » pour mener des opérations sur le territoire azerbaïdjanais. Il a dénombré plus de 30 actes terroristes commandités par l’Arménie en Azerbaïdjan. En plus de cela, a-t-il ajouté, l’Arménie « entretient des idées racistes » contre l’Azerbaïdjan et mène une « politique publique de glorification du nazisme ».
Craignant une agression militaire imminente contre son pays, M. Aliyev a exhorté la communauté internationale à exiger de l’Arménie qu’elle s’abstienne de toute opération militaire. Malheureusement, a-t-il rappelé, les coprésidents du Groupe de Minsk ne sont pas parvenus à des avancées dans le processus de paix. Les négociations ne se font pour le plaisir de négocier, a-t-il martelé. La France, la Fédération de Russie et les États-Unis ont déclaré que le statu quo inacceptable mais il faut agir, a pressé le Président, en réclamant un calendrier clair pour le retrait des forces arméniennes de son pays.
Sachant que l’Arménie est « l’un des pays les plus pauvre au monde », M. Aliyev en a conclu que les armes qui lui sont fournies le sont « à titre gracieux ». Il a demandé aux pays tiers de s’abstenir de fournir des armes à cet « État à l’idéologie fasciste », qui viole les droits de l’homme, fait chanter les juges et harcèle les défenseurs des droits de l’homme. Pour le Président, l’Arménie n’est ni plus ni moins qu’une dictature, à l’inverse de l’Azerbaïdjan qui garantit toutes les libertés publiques et qui est même parvenu à maitriser la pandémie.
M. EDGAR CHAGWA LUNGU, Président de la Zambie, a appelé à promouvoir le multilatéralisme et à appuyer les appels en faveur de l’allégement ou de l’annulation de la dette, à la collaboration accrue dans la recherche sur les vaccins et les traitements de la COVID-19 et à la mobilisation des ressources aux niveaux national et international.
Le Président a particulièrement mis l’accent sur le chômage des jeunes, en notant qu’avant la COVID-19, ils étaient déjà trois fois plus susceptibles d’être sans emploi que les adultes. Alors que la pandémie pousse l’économie mondiale dans une crise encore plus profonde et que la jeune génération risque une fois de plus de supporter de manière disproportionnée le poids du chômage de masse, le Président a indiqué que son pays a lancé un programme multisectoriel visant à soutenir les jeunes entrepreneurs.
Dans ces circonstances difficiles, le Président a voulu que l’on tienne bon et que l’on ne cède pas au cynisme dans la mise en œuvre du Programme 2030. Il a précisé que son gouvernement, en étroite collaboration avec le secteur privé et la société civile, a élaboré le Cadre national de coordination des ODD pour guider la mise en œuvre.
Il a professé la détermination de son pays à soutenir les efforts internationaux de maintien de la paix. La Zambie, a-t-il souligné, reste un acteur actif dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix dans sa région. Alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, le Président a souhaité souligner l’importance qu’il y a à revitaliser l’Organisation « dans l’intérêt de l’humanité ».
La COVID-19 est l’ennemie de tous et doit être combattue en tant que telle, a déclaré M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale. Il ne suffit pas de l’éradiquer, a-t-il ajouté, il est tout aussi important de s’entendre sur des mesures visant à accélérer la reprise post-COVID, pour stimuler l’économie et accélérer le retour à la normalité. Cela nécessite des efforts communs, sous l’égide de l’ONU. La communauté internationale doit aider l’Afrique à mettre en œuvre le Programme 2030 et le Programme 2063 de l’Union africaine.
Le Président a salué les réformes entreprises par le Secrétaire général qui doivent aboutir à rendre l’Organisation plus efficace, plus souple et plus proche des peuples et de leurs vrais problèmes. Il faut reconnaître que le Conseil de sécurité ne reflète plus la réalité du monde d’aujourd’hui, a déploré M. Obiang Nguema Mbasogo. Par conséquent, a-t-il dit, la Guinée équatoriale continue d’appuyer les revendications contenues dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte. « L’injustice historique envers le continent africain doit être réparée », a-t-il insisté.
En décembre 2019, la participation de la Guinée équatoriale au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent a pris fin, a rappelé le Président. Nous avons contribué de manière indépendante et rigoureuse à la lutte contre les facteurs qui provoquent les conflits dans le monde et les phénomènes tels que les mercenaires, s’est félicité M. Obiang Nguema Mbasogo. Selon lui, le Conseil de sécurité devrait communiquer et se coordonner davantage avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, notamment pour mener un travail commun dans les domaines de l’alerte rapide, de l’examen stratégique et de la conception de mandats.
C’est avec une grande inquiétude que nous observons l’évolution de la situation au Sahel, où les énormes efforts consentis n’ont pas conduit à la nécessaire stabilisation de la situation, a dit le Président. Les changements politiques, a-t-il martelé, ne doivent se faire que par des moyens démocratiques, le recours à la force pour atteindre des objectifs politiques étant inacceptable. Quand l’Afrique est en proie à des problèmes, ce sont tous les continents qui sont menacés, a conclu le Président en prenant l’exemple « des milliers de nos jeunes qui risquent leur vie pour migrer vers d’autres latitudes dans des voyages dangereux ».
M. JOVENEL MOÏSE, Président d’Haïti, a déclaré que le monde est actuellement confronté à une crise sanitaire majeure, provoquée par le virus du COVID-19 et qu’« aujourd’hui plus que jamais », nous avons besoin d’un système multilatéral plus solidaire et plus efficace. Le Président s’est inquiété de ce que les efforts déployés au niveau mondial pour éliminer la pauvreté soient loin d’être à la hauteur des besoins réels. Il a expliqué qu’Haïti a reçu plusieurs milliards de dollars d’aide de la communauté internationale, ces 10 dernières années. Mais l’affectation de ces milliards, a-t-il accusé, n’a presque jamais tenu compte de nos priorités, de nos besoins ni même de notre stratégie de lutte contre la pauvreté. Les bailleurs de fonds, a-t-il martelé, doivent procéder à une analyse critique de leur aide à Haïti et évaluer son efficacité.
Nous voulons des projets qui s’adaptent à nos besoins, qui répondent à nos priorités et qui nous permettent de mettre en œuvre un développement économique axé sur l’humain, sur la production nationale et sur le renforcement des capacités de nos institutions, a-t-il insisté. Il a aussi signalé qu’en Haïti, les besoins en termes d’urgence, de redressement et de développement à long terme demeurent immenses et exigent un investissement cohérent dans plusieurs domaines. En l’état actuel de mon pays, la poursuite des objectifs de développement durable constitue un défi majeur, a-t-il prévenu.
M. Moïse a appelé à déployer des efforts gigantesques et soutenus dans les domaines prioritaires tels que: les infrastructures, l’éducation, la couverture sanitaire, les logements sociaux, la mobilisation de l’investissement direct étranger, la reforestation et la protection de l’environnement. Il a aussi cité la relance de la production agricole, l’accès à l’énergie pour tous à partir de sources renouvelables, et l’accès au crédit pour tous, surtout pour les jeunes et les agriculteurs.
Le Président a reconnu que son gouvernement se heurte depuis quelques mois à une crise socioéconomique complexe et à une polarisation excessive et violente de la classe politique. Aujourd’hui, Haïti est amputée d’une institution indispensable à la bonne marche de la démocratie, le Parlement. Le Président a dit avoir mis en place un nouveau Conseil électoral provisoire pour organiser des élections crédibles, transparentes, inclusives, libres, honnêtes et démocratiques. Avant de conclure, le Chef d’État a plaidé pour que l’on accorde à la « République de Chine de Taïwan » la place qui lui revient dans les instances internationales, particulièrement à l’ONU.
M. NGUYEN PHU TRONG, Président du Viet Nam, a estimé, premièrement, que les mécanismes multilatéraux mondiaux et régionaux doivent être renforcés. Nous avons besoin, a-t-il dit, d’une ONU véritablement cohésive et inclusive, qui serve d’« incubateur » aux initiatives de coopération multilatérale pour la paix, le développement et la prospérité. D’autres réformes devraient être entreprises pour rendre l’Organisation plus forte et plus efficace, face aux changements monumentaux de notre temps.
Deuxièmement, le Président a considéré que la Charte des Nations Unies et les principes fondamentaux du droit international doivent être défendus en tant que normes dans les relations internationales contemporaines. « Nous devons privilégier le dialogue plutôt que l’affrontement, et le règlement pacifique des différends plutôt que les actes unilatéraux. » Dans cet esprit, le Président a appelé à la levée des sanctions unilatérales qui nuisent au développement socioéconomique des pays et aux moyens de subsistance de la population.
Troisièmement, selon M. Trong, la pandémie de COVID-19 sert d’avertissement sévère pour nous tous. Il a demandé des engagements plus forts pour promouvoir le Programme 2030, qui doit demeurer le cadre de la coopération pour surmonter cette pandémie. « Nos politiques et nos actions doivent avoir l’intérêt de notre peuple à cœur, de sorte que personne, ni aucun pays, ne soit laissé pour compte. » Le Président a estimé à cette fin que les pays en développement devraient recevoir une aide financière, technologique et commerciale.
Après 35 ans de réforme, s’est enorgueilli le Président, le Viet Nam est devenu un pays en développement à revenu intermédiaire et vise à devenir un pays industriel à revenu élevé d’ici à 2045. Dans la lutte contre la COVID-19, le Viet Nam a enregistré des résultats positifs et remarquables, s’est félicité M. Trong. « Nous avons réussi à contenir la pandémie tout en favorisant le développement social et économique. » Le Viet Nam s’est en outre engagé dans la coopération et le partage d’expériences avec de nombreux pays, y compris pour aider les personnes les plus touchées par la pandémie.
Le Président a souligné qu’en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2020-2021, le Viet Nam défendra le multilatéralisme, le respect du droit international, la Charte des Nations Unies et les relations entre l’ONU et les organisations régionales, en particulier l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN). Président de l’ASEAN en 2020, le Viet Nam travaille d’ailleurs à la vision d’une communauté politiquement cohésive, économiquement intégrée et socialement responsable, a expliqué M. Trong qui s’est engagé, avec les autres pays de la région et au-delà, à promouvoir la liberté de navigation dans la mer de Chine méridionale. Le dirigeant a appelé toutes les parties concernées à faire preuve de retenue, à éviter les actes unilatéraux qui compliqueraient la situation et à régler les différends par des moyens pacifiques.
M. EMMERSON DAMBUZO MNANGAGWA, Président du Zimbabwe, a déclaré que son pays est sur une nouvelle voie après avoir été confronté à des défis humanitaires aggravés par les sanctions illégales, l’impact négatif des changements climatiques, puis le déclenchement de la pandémie de COVID-19. Il s’est dit déterminé à poursuivre la réalisation des ODD, alors que des projets d’infrastructures majeurs sont en cours. Les investissements dans les secteurs minier, agricole, touristique, énergétique et manufacturier sont en augmentation, a-t-il ajouté.
Le Président a affirmé que son gouvernement entend enraciner le constitutionnalisme, la démocratie, l’état de droit et la protection des droits de propriété. Il a rappelé l’octroi de compensations aux anciens propriétaires des fermes nationalisées. Le Président a aussi souligné les efforts de son pays pour promouvoir l’unité nationale et la réconciliation, conformément au Programme national du Dialogue des acteurs politiques locaux (POLAD).
Le Président a appelé l’Assemblée générale à se prononcer fermement contre les sanctions illégales unilatérales, en précisant que ces sanctions ont des effets préjudiciables sur l’économie, représentent une violation du droit international et compromettent la capacité du Zimbabwe à mettre en œuvre et à réaliser les ODD. Il en a profité pour rappeler que son pays a accueilli le sixième Forum régional africain pour le développement durable, en février dernier, lequel a adopté la Déclaration de Victoria Falls sur la Décennie d’action pour le développement durable en Afrique. Il a aussi évoqué l’adoption par son pays d’une nouvelle législation contre le mariage forcé, le mariage des enfants et la discrimination des femmes en matière d’héritage. Plus de 15 ans après l’adoption du Consensus d’Ezulwini, réaffirmé dans la Déclaration de Syrte, le Président a dit, à son tour, que le continent africain, qui représente 16% de la population du monde, ne soit toujours pas représenté comme il le mérite au Conseil de sécurité.
M. FRANCISCO GUTERRES LÜ OLO, Président du Timor-Leste, a dit la détermination de son pays, devenu Membre de l’ONU il y a 18 ans, de s’engager dans le processus d’adhésion à l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), un bloc régional de plus de 600 millions d’habitants. Parmi ces priorités M. Guterres Lü Olo a mis l’accent sur les changements climatiques. Pour lui, l’Accord de Paris et le Programme 2030 incarnent les moyens essentiels de la reconstruction de nos pays.
En tant que Chef d’État, M. Guterres Lü Olo a dit avoir développé le programme « Un citoyen, un arbre » et a indiqué que la Présidence décerne, chaque année, le Prix Sérgio Vieira de Mello, qui a été remis en 2019 à une organisation de la société civile qui a reboisé les mangroves. Mettant l’accent sur le rôle de l’ONU en matière de maintien et consolidation de la paix, le Président a, une nouvelle fois, salué le succès de l’opération déployée après l’invasion et l’occupation indonésiennes. Il s’est dit heureux de préciser que le processus de réconciliation entre l’Indonésie et le Timor-Leste est un exemple de bon voisinage et de coopération, « malgré un passé douloureux et tragique ».
Soulignant l’importance de résoudre les conflits par la négociation et le dialogue, le Président s’est dit très inquiet de l’aggravation des tensions autour du conflit maritime en mer de Chine méridionale. Il s’est dit fier que le Timor-Leste ait été le premier pays à actionner le mécanisme de conciliation obligatoire, préconisé par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Ayant présidé durant deux ans la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), le Président s’est dit particulièrement frappé par la violence terroriste dans le nord du Mozambique, « un pays frère ». Il a conclu sur la détermination du Timor-Leste à défendre fermement l’égalité des sexes et les droits des minorités et des peuples autochtones.
M. EVARISTO DO ESPIRITO SANTO CARVALHO, Président de Sao Tomé-et-Principe, s’est déclaré convaincu que le multilatéralisme est le meilleur moyen de combiner nos efforts et d’atténuer ensemble les effets de la crise économique et financière que la pandémie de COVID-19 a imposée au monde.
Mais, a-t-il insisté, nous ne devons pas perdre de vue la lutte incessante contre la pauvreté. À son avis, il s’agit là du plus grand fléau qui pèse sur l’humanité et même de « la cause principale de la famine, de la dégradation des sols, de l’exploitation effrénée des ressources naturelles, des conflits armés, des déplacements de population, des flux migratoires Sud-Nord et de leurs pertes en vies humaines ».
Le Président s’est dit préoccupé par les conflits politiques et militaires qui persistent en République centrafricaine, dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Libye, au Sahel et ses groupes terroristes émergents, sans oublier les Chabab en Afrique de l’Est et Boko Haram en Afrique centrale et occidentale.
S’inquiétant également de la flambée de violence dans la province mozambicaine de Cabo Delgado, M. Carvalho a appelé à « une plus grande implication de la communauté internationale dans la lutte contre les tragiques actions terroristes dans cette région du Mozambique ».
Vu les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur les économies des pays fragiles, tels que Sao Tomé-et-Principe, un petit État insulaire, le Président a renouvelé son appel à la solidarité et au soutien à la reprise économique post-COVID-19, « qui risque d’être très difficile ». Il a toutefois saisi cette occasion pour saluer la vague de solidarité bilatérale et multilatérale qui a permis à son pays d’échapper à une catastrophe potentielle.
Sao Tomé-et-Principe se prépare à passer dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire en décembre 2024, a conclu avec fierté M. Carvalho. Cependant, conscient des efforts internes qui seront nécessaires pour surmonter les énormes défis à l’horizon, il a de nouveau demandé le soutien de la communauté internationale dans cette nouvelle étape du développement de son pays.
M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a dit que la grave crise sanitaire mondiale, liée à la COVID-19, a uni le monde autour d’un même objectif: maîtriser et vaincre la pandémie. Il a parlé des efforts pris au niveau national, dans les domaines sanitaire, économique, financier et bancaire. M. Assoumani a voulu que l’on laisse à l’OMS le soin de classer les pays dans sa base de données. Bien que le monde traverse cette crise sanitaire, a poursuivi le Président, le débat autour de la réforme des principaux organes de l’ONU reste toujours d’actualité.
Il a indiqué que son gouvernement travaille étroitement avec le système des Nations Unies à la réalisation des ODD. Nous avons organisé en décembre dernier, à Paris, a dit le Président, une Conférence des partenaires au développement pour créer les conditions devant concrétiser « l’ambitieux engagement » de devenir pays émergent d’ici à 2030. Un Secrétariat exécutif pour assurer le suivi des engagements pris lors de cette Conférence a été mis en place en avril dernier, a annoncé le Président, qui a appelé les partenaires de son pays à fixer un calendrier de travail pour avancer.
Avant de conclure, M. Azali a réaffirmé que Mayotte restera toujours au cœur de la politique étrangère et des revendications de son pays. C’est un combat « légitimé » par l’Assemblée générale et dans lequel tout Comorien, digne de ce nom, doit se retrouver et se reconnaître. L’Union des Comores et la France, a indiqué le Président, ont signé, en juillet 2019, un document qui consacre leur volonté commune d’avancer dans la recherche d’une solution juste et viable à cet « épineux problème ». Il est temps, a pressé le Président, de trouver une solution à ce « contentieux désagréable », car les liens et les intérêts « qui nous unissent » nous imposent le devoir impératif de préserver l’intérêt supérieur de nos deux peuples et des générations présentes et futures de Comoriens, de Français et de Franco-Comoriens.
M. LIONEL ROUWEN AINGIMEA, Président de Nauru, a souligné les progrès de son pays pour développer les infrastructures portuaires, dont un nouveau port, financé conjointement par le Fonds vert pour le climat, la Banque asiatique de développement, l’Australie et le Gouvernement. Ce port pourrait devenir « une plaque tournante » du commerce dans le Pacifique. Le Président de Nauru s’est dit heureux d’annoncer que beaucoup de progrès ont été réalisés pour permettre à Nauru de parvenir à 50% d’énergie solaire d’ici à la fin de l’2020, grâce à sa collaboration des Émirats arabes unis, de la Nouvelle-Zélande, de l’Union européenne et la Banque asiatique de développement
Notant que les petits États insulaires du Pacifique, y compris Nauru, dépendent fortement des ressources marines pour leur subsistance et leur développement économique, M. Lionel Rouwen Aingimea a précisé que la pêche au thon, qui rapporte 6 milliards de dollars par an, est une des pêcheries les mieux gérées au monde. J’attribue ce succès à notre organisation primée, à savoir les Parties à l’Accord de Nauru (ANP), et aux efforts combinés de l’Agence du Forum pour la pêche et de la Communauté du Pacifique.
Face à la réalité des changements climatiques, le Président a appuyé la proposition des petits États insulaires du Pacifique de nommer un représentant spécial des Nations Unies pour le climat et la sécurité, dont le travail devrait commencer par une évaluation de la capacité de l’ONU à répondre aux catastrophes climatiques. Soulignant les risques liés à l’élévation du niveau de la mer, le Président a particulièrement salué les travaux de la Commission du droit international sur cette question.
Il a invité tous les États à examiner sérieusement l’impact de ce phénomène sur les moyens de subsistance des populations. Parce que la sécurité des océans est un problème qui doit être abordé par tous, le Président a fustigé la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, qui constitue une grande menace et une perte économique pour des petites économies comme Nauru. Ces questions sont inscrites dans l’objectif 14 du Programme 2030 et nous attendons avec impatience la convocation de la deuxième Conférence des Nations Unies sur l’océan au Portugal en 2020, a-t-il ajouté.
M. ÚMARO SISSOCO EMBALÓ, Président de la Guinée-Bissau, a appelé à la coopération avec la communauté scientifique pour mobiliser un appui en faveur des plus vulnérables face à l’impact immédiat de la COVID-19, en particulier les systèmes de santé et l’accès équitable aux traitements et aux vaccins. Il a aussi appelé les États Membres à renforcer le multilatéralisme, car c’est le seul moyen de faire avancer l’agenda humanitaire et celui du Programme 2030. Le Président a indiqué qu’à l’approche de la fin du mandat du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS), l’assistance continue de la communauté internationale demeure indispensable pour permettre à son pays de finaliser les réformes nécessaires pour le développement.
Dans mon pays, a-t-il dit, la pandémie de COVID-19 est venue s’ajouter aux fragilités existantes, aggravant les problèmes socioéconomiques. Avec la volatilité de la chaîne d’approvisionnement et la fluctuation des prix à la consommation, la Guinée-Bissau, un pays dépendant de l’agriculture et de ses eaux, n’a pas été épargnée. La campagne de la noix de cajou, principal produit d’exportation, a été gravement affectée, ce qui s’est reflété de manière négative sur l’économie et le bien-être de la population.
Face aux changements climatiques, a poursuivi le Président, le Gouvernement a mis en œuvre des plans d’adaptation à moyen et à long termes et intégré plus de 26% du territoire national au Système national d’aires protégées terrestres et marines, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le Président a par ailleurs estimé que les femmes, qui sont « les meilleures médiatrices des conflits, promotrices du dialogue et pacificatrices », doivent être une des principales forces motrices « dans ce nouveau chemin vers le renouvellement des engagements multilatéraux ».
L’autre groupe de grande importance est la jeunesse, a-t-il ajouté, notant qu’en Guinée-Bissau la participation de cette couche de la société a été positive lors des processus de dialogue pour la paix et la stabilité. Il a aussi exhorté les partenaires au développement de continuer à aider son pays à développer le système de l’éducation et accéder aux technologies au profit des jeunes. Avant de conclure, le Chef d’État a appelé à la levée de l’embargo imposé à Cuba et a espéré que les principaux acteurs du processus de paix israélo-palestinien s’engageront dans des négociations de paix.
Selon M. MOHAMED ABDULLAHI MOHAMED FARMAJO, Président de la République fédérale de Somalie, son gouvernement a travaillé en étroite collaboration avec son peuple pour atténuer les pires effets de la pandémie de COVID-19, donnant la priorité à la santé. Grâce à des « prestations médicales directes » et « des informations de santé publique cohérentes, actualisées et efficaces », le Gouvernement a fait tout son possible pour assurer la sécurité des citoyens. Selon les statistiques officielles, la pandémie a contaminé plus de 3 000 Somaliens et coûté la vie à environ une centaine.
Compte tenu de la gravité de la situation sanitaire mondiale, en particulier dans les pays les plus vulnérables tels que la Somalie, M. Farmajo s’est dit convaincu qu’avec une plus grande collaboration internationale en matière de santé publique, un partage d’informations et une répartition équitable des traitements potentiels contre le COVID-19 actuellement en cours de développement, l’impact mortel du virus pourrait définitivement disparaître.
Confrontée à une douloureuse contraction de son économie, à des pertes d’emplois et à la nécessité de continuer à investir dans ses services sociaux de base pour protéger les citoyens du virus, la Somalie, pays en situation post-conflit, demeure déterminée. Le Gouvernement a procédé à des allègements fiscaux sur la vente de la plupart des produits alimentaires et commence à « rouvrir prudemment » son économie.
Signe positif, les conséquences économiques de la COVID-19 ont été atténuées grâce à l’intervention des institutions financières internationales et des nombreuses autres institutions multilatérales qui ont octroyé à la Somalie l’allègement de sa dette envers ses principaux créanciers internationaux. Partisan d’un commerce international marqué le partenariat et des investissements directs dans les secteurs clefs de la production nationale, et collaborateur actif de la Mission de l’Union africaine (AMISOM) dans la lutte contre le terrorisme international, le Président a estimé que les crises mondiales telles que la pandémie actuelle ne présentent pas seulement un défi à relever mais également une opportunité à saisir pour le renouveau.
M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine (RCA), a estimé que l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19 dans son pays se traduira par une baisse de la croissance économique de l’ordre de 0,8 à 1,2%. Il en a profité pour appeler la communauté internationale à s’investir davantage dans la recherche de solutions à cette crise sanitaire.
Cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale est, à ses yeux, à la fois l’occasion de réaffirmer l’attachement de la communauté internationale au multilatéralisme et de nourrir la réflexion sur la manière par laquelle l’ONU pourra faire face aux nouveaux défis. En dépit des divergences, il a appelé ses homologues à investir dans la coopération internationale et le dialogue pour construire un avenir meilleur, soulignant que l’ONU reste pour cela le cadre par excellence du multilatéralisme. Le Président centrafricain a notamment souligné, qu’à l’instar d’autres nations africaines, il demande une réforme du Conseil de sécurité pour assurer la représentation de l’Afrique dans cet organe de prise de décisions de l’ONU.
Passant à la situation dans son pays, il a rappelé que, grâce aux efforts conjugués de la communauté internationale et sous l’égide de l’Union africaine, un Accord politique pour la paix et la réconciliation a été signé entre le Gouvernement et les 14 groupes armés le 6 février 2019. Depuis la signature de cet Accord, le Gouvernement centrafricain, les garants et facilitateurs de l’Accord, n’ont ménagé aucun effort pour sa mise en œuvre, a-t-il assuré.
Il a également fait état des avancées dans le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, ce qui devrait faciliter le redéploiement progressif des forces de défense et de sécurité ainsi que la poursuite du programme national de désarmement et démobilisation déjà amorcé « en prélude » aux échéances électorales de 2020-2021. Le Président Touadera a cependant concédé qu’en dépit de la bonne volonté du Gouvernement à respecter les engagements contenus dans l’Accord politique, des violations massives du droit international humanitaire et des droits de l’homme continuent d’être perpétrées par certains groupes armés signataires dudit Accord. Ils continuent à se réarmer par des voies illicites, mettant ainsi à mal le processus de paix et de réconciliation nationale, « gage de la cohésion sociale ».
Nonobstant les avancées considérables enregistrées dans la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, beaucoup de défis restent à relever parmi lesquels le Président a cité l’engagement réel des groupes armés à aller au désarmement et à intégrer les Unités spéciales mixtes de sécurité; l’appui durable de la communauté internationale à la mise en œuvre de l’Accord; et la conduite des opérations et la mobilisation des ressources nationales et auprès des partenaires de développement. Le Président a réitéré l’appel du peuple centrafricain à l’endroit du Conseil de sécurité pour la levée totale de l’embargo sur les armes dont le poids limite l’Armée nationale dans son rôle. La levée de ces sanctions est importante pour asseoir l’autorité de l’État et garantir l’intégrité du territoire national, a martelé le Président.
M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a estimé que si le rapport annuel du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation ne propose aucune recette miracle, les solutions qu’il préconise constituent néanmoins un antidote sûr contre le pessimisme et la tentation du désespoir. Djibouti, a ajouté son Président, est préoccupé par certaines tendances « lourdes » qui se dessinent: la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques, la faiblesse du volume d’investissement, la lenteur de la mobilisation des ressources nécessaires pour la mise en œuvre des ODD, la persistance des conflits et la montée du terrorisme. M. Guelleh a souligné l’impact négatif que les bouleversements géopolitiques en cours, la montée des tensions dues à la guerre commerciale et les prévisions de baisse de la croissance économique pourraient avoir sur le combat contre la pauvreté et la promotion de la coopération internationale.
L’irruption de la pandémie de COVID-19 a affecté d’une manière disproportionnée les femmes, les enfants, les personnes âgées, les migrants et les réfugiés. Nous devons, a plaidé le Président, veiller à ce que dans notre riposte une attention particulière soit consacrée à ces catégories de la population. Nous devons accélérer nos efforts en vue de réaliser l’objectif 5 des ODD qui est de parvenir à l’égalité des sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et les filles. S’agissant de l’impact de la COVID-19 sur l’économie et l’emploi, Djibouti, a poursuivi M. Guelleh, a créé un fonds spécial pour la solidarité sociale et la lutte contre le coronavirus. En dépit du lien étroit entre les changements climatiques et la pandémie de COVID-19, les efforts dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris n’ont pas enregistré les progrès escomptés, a dénoncé le Président.
L’onde de choc provoquée par la pandémie pourrait avoir également un impact délétère sur la lutte contre le terrorisme et la gestion de conflits dans de nombreux théâtres, a estimé le Président. Les opérations de maintien de la paix ont heureusement pu s’adapter et l’appel au cessez-le feu du Secrétaire Général a été largement entendu. Le Président s’est dit heureux des progrès économiques et politiques enregistrés en Somalie. Djibouti suit aussi avec attention la mise en œuvre de l’Accord de revitalisation qui a permis l’instauration d’un gouvernement de Transition d’Unité Nationale au Soudan du Sud. M. Guelleh a appelé les parties prenantes à travailler de bonne foi pour mettre en œuvre l’Accord de Riyad. En conclusion et parlant de l’état du monde, le Président a paraphrasé le poète allemand Höderlin: « là où le danger croît, que croît également ce qui sauve! »
M. EVARISTE NDAYISHIMIYE, Président du Burundi, a expliqué que sur le plan de la politique intérieure, son pays est très avancé dans son processus de consolidation de la paix et de démocratisation malgré les défis auxquels il est confronté. Il a organisé des élections générales entre mai et août 2020, lesquelles ont été « justes, libres, démocratiques, transparentes, apaisées et entièrement financées par le contribuable burundais ». Le financement total du processus électoral par les ressources nationales témoigne, a affirmé le Président, de la volonté du peuple burundais de s’approprier définitivement le système de gouvernance politique, administrative et économique sans ingérence étrangère. Maintenant que toutes les bases d’une démocratie renforcée sont là, il ne reste plus qu’à s’atteler au développement, « cheville ouvrière de la lutte contre la pauvreté », a déclaré M. Ndayishimiye.
Sur le plan de la sécurité, il a assuré que la situation est « stable, calme et entièrement maitrisée » sur toute l’étendue du territoire alors que sur le plan humanitaire, il s’est félicité du retour massif et volontaire des réfugiés burundais. En plus des milliers de Burundais qui sont rentés d’eux-mêmes sans l’assistance du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), entre août 2017 et août 2020, 92 285 autres ont été rapatriés volontairement de la Tanzanie, mais aussi du Kenya, du Rwanda, de la RDC et de l’Ouganda.
Le Président a dénoncé la tendance de certains États, qui avec des moyens à la fois « subtils et illégaux », veulent réguler la géopolitique des pays du Sud et se substituer à la communauté internationale pour opprimer et imposer des mesures coercitives unilatérales. Le Burundi, a martelé son Président, rejette fermement « l’agression politico-diplomatique injustifiée » dont il a fait l’objet par des gouvernements étrangers dont certains se sont illustrés en 2015 dans une tentative de changer le régime par des voies anticonstitutionnelles. La « diplomatie des muscles » doit céder la place à une coopération mutuellement bénéfique et respectueuse, a asséné le Président.
Quant à l’inscription du Burundi à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, le Président a vu une décision « politique arbitraire » pour servir les intérêts égoïstes de certaines grandes puissances, qui n’ont rien à voir avec le bien-être du peuple burundais. Mon pays n’est en rien une menace à la paix et la sécurité internationales, a tranché le Président qui a réitéré son « appel légitime » au retrait immédiat de son pays de la table du Conseil. Utilisez plutôt ce temps précieux, a-t-il persiflé, pour traiter du développement socioéconomique de mon pays et l’accompagner dans la mise en œuvre du Plan national de développement 2018-2027 et du Programme 2030. D’ores et déjà, le Burundi, a-t-il affirmé, applique une politique de tolérance zéro contre la corruption, l’injustice sociale, le détournement et la dilapidation des biens de l’État ainsi qu’une gestion « optimale » de la fonction publique.
Selon M. MOHAMED JULDEH JALLOH, Vice-Président de la Sierra Leone, la pandémie de Covid-19 compromet la paix et la sécurité internationales, particulièrement dans les pays en situation de conflit ou sortant d’un conflit. C’est le cas du Mali et des pays du Sahel, où les insurrections sont « très préoccupantes ». Le Président a invité la communauté internationale à y répondre d’urgence en soutenant sans équivoque les efforts en cours initiés par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Sur le plan économique, il a réclamé, à son tour, aux institutions financières internationales un allégement « d’urgence » de la dette et des moratoires. Étant donné l’ampleur et l’impact de la COVID-19 et d’autres maladies persistantes dans le pays, le Gouvernement, a affirmé le Vice-Président, a l’intention d’investir massivement dans son système de santé. Nous cherchons, a-t-il confié, des subventions supplémentaires, un accès au financement, une assistance technique de la part des partenaires ainsi qu’un soutien budgétaire. Au-delà de ces « stratégies à court terme », l’Afrique a besoin d’un engagement mondial pour annuler la dette de ses pays les moins avancés, qui travaillent d’arrache-pied pour résoudre leurs problèmes structurels, a soutenu le Vice-Président.
Il a ensuite détaillé les points saillants du Plan national de développement de la Sierra Leone (2019-2023) qui accorde un rôle central à l’autonomisation des femmes et des filles, favorise le développement d’infrastructures neutres en carbone, la construction de routes, ainsi que l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Une loi vieille de 55 ans contre les opposants politiques a aussi été abrogée, comme promis, afin de protéger et de renforcer la démocratie.
En tant que coordinatrice du Comité des dix de l’Union africaine sur la réforme des Nations Unies, la Sierra Leone, a dit le Vice-Président, affirme que les peuples d’Afrique sont plus que jamais convaincus que la réalité géopolitique et la pandémie nécessitent une réforme globale du Conseil de sécurité. Ce dernier doit faire une place à l’Afrique dans la catégorie des membres permanents et remédier à la sous-représentation africaine dans la catégorie non permanente du Conseil. De plus en plus d’États Membres ont appelé à corriger « l’injustice historique faite à l’Afrique », a affirmé le Vice-Président, en encourageant l’Assemblée à s'y attaquer et à adopter les revendications africaines énoncées dans le Consensus d’Ezulwini et dans la Déclaration de Syrte.