En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quinzième session,
3e séance - matin, après-midi & soir
AG/12267

L’ONU, « née d’immenses souffrances », fête son soixante-quinzième anniversaire à l’heure où le monde, en proie à une pandémie, a plus que jamais besoin d’elle

L’ambiance était solennelle, mais la salle semblait vide.   Dans l’enceinte de l’Assemblée générale, face à un auditoire singulièrement clairsemé, la cérémonie tant attendue, dépourvue du faste onusien des grands jours, contrastait avec la portée historique monumentale de l’évènement:  la célébration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, marquée par l’adoption d’une déclaration politique qui accorde une large place à la revitalisation du multilatéralisme. 

Oubliées, en effet, la cohue et l’effervescence qui règnent habituellement fin septembre au Siège des Nations Unies à New York.  En cette veille d’inauguration du débat général annuel de l’Assemblée, la pandémie de COVID-19 a contraint les nombreux chefs d’État et de gouvernement désireux de marquer les trois quarts de siècle d’existence des Nations Unies, à s’exprimer dans une série de messages vidéo préenregistrés et projetés sur grand écran.  Chacun de ces messages a été présenté depuis la salle par les délégations, dorénavant limitées à une seule personne tenue de respecter les règles de distanciation sociale rendues nécessaires par l’épidémie. 

En dépit des circonstances, plus de 180 chefs d’État et de gouvernement, ministres et hauts responsables de l’ONU ont rendu un hommage appuyé à l’Organisation, lors de cette commémoration qui avait pour thème « L'avenir que nous voulons, l’ONU qu’il nous faut: réaffirmer notre engagement collectif en faveur du multilatéralisme ». 

Le Secrétaire général, M. António Guterres, a rappelé à l’entame de la réunion que l’ONU était «  née d’immenses souffrances  ».  C’est en effet au sortir de la Seconde Guerre mondiale qu’elle a été créée, le 26 juin 1945, lors de la signature par 51 pays de la Charte des Nations Unies, à la Conférence de San Francisco.  

Désormais forte de 193 États Membres, l’Organisation peut, 75 ans plus tard, s’enorgueillir de nombreuses réussites, a poursuivi le Secrétaire général, à commencer par l’absence d’une troisième guerre mondiale.  Elle a également permis de passer à côté d’une catastrophe nucléaire durant la guerre froide, a renchérit le Président de l’Assemblée, M. Volkan Bozkir pour qui l’ONU est plus que jamais d’actualité.  « Le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité », a souligné ce dernier. 

Aux louanges des deux hauts fonctionnaires, se sont ajoutées celles des présidents du Conseil de sécurité, du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Cour internationale de Justice (CIJ), qui ont tour à tour crédité l’Organisation pour la décolonisation , la fin de l’apartheid , la signature de nombreux traités de paix et l’évolution des normes relatives aux droits de l’homme, au développement, au droit international  et à l’environnement . 

«  Pourtant, il reste encore tant à faire  », a tranché M. Guterres, avant d’ajouter que la pandémie de COVID-19 avait mis à nu les fragilités du monde.  Ce n’est qu’«  ensemble  » que l’humanité sera en mesure de résoudre les défis qui s’offrent à elle, a-t-il ajouté, citant notamment les inégalités entre des sexes, l’imminence de la catastrophe climatique, la destruction de la biodiversité, l’augmentation de la pauvreté et la montée des tensions géopolitiques et de la haine, le tout dans un monde où les armes nucléaires restent opérationnelles.  

Faisant écho à ses propos, les États Membres ont adopté en début de réunion une déclaration politique dans laquelle ils s’engagent à ne laisser «  personne de côté », à protéger «  notre planète  », à «  prévenir les conflits  », à faire «  régner la justice  », à «  attribuer une place centrale aux femmes  », à être «  à l’écoute des jeunes  », à financer l’ONU « de manière durable et prévisible  », tout en la modernisant, et à préparer davantage le monde aux crises telles que la pandémie en cours. 

L’Assemblée générale a également réservé une place d’honneur à la jeunesse en invitant quatre de ses représentants à prononcer une déclaration d’ouverture. Ces derniers en ont profité pour exhorter à l’action face aux changements climatiques  et assurer une reprise «  verte et juste », dénonçant par ailleurs la «  pandémie silencieuse  » de la violence sexuelle et sexiste.  Ils ont également engagé à appuyer davantage l’accès des jeunes à un emploi décent et à défendre l’équité intergénérationnelle.  

Au cours du débat plénier, la pandémie de COVID-19 a figuré au cœur des préoccupations de nombreux intervenants qui ont mis en garde contre la tentation du repli sur soi pour résoudre la crise sanitaire.  «  La pandémie menace l’esprit du multilatéralisme  », ont notamment mis en garde les cinq pays du Groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), qui ont appelé les États Membres à maintenir un haut degré d’ouverture, y compris de leurs frontières, pour relancer l’économie.   

De nombreux pays du Sud ont ainsi plaidé en faveur d’une coopération accrue dans le cadre de la réponse à la pandémie.  Le Président du Honduras a toutefois noté que l’accès aux médicaments était déjà « accaparé par les pays les plus puissants » avant la crise.  Pour que tous les pays puissent en bénéficier, de nombreux appels ont été lancés pour considérer ces médicaments comme des biens mondiaux. 

Préoccupé par le sort des millions de personnes qui n’ont toujours pas accès au développement, le Groupe des 77 et de la Chine ont appelé à mobiliser davantage de ressources à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, à l’heure où la pandémie de COVID-19 est en passe d’accroître les inégalités entre nations.   

C’est d’autant plus important que pour la première fois depuis 1998, la pauvreté va augmenter cette année à l’échelle mondiale, ont déploré les 47 Pays les moins avancés (PMA).  En matière de développement comme la COVID-19, la plupart des pays ont estimé que la meilleure réponse possible résidait dans un engagement renouvelé des États Membres en faveur du multilatéralisme onusien.  

Pour leur part, les États-Unis, en leur capacité de pays hôte, ont vu dans ce soixante-quinzième anniversaire l’occasion de faire le bilan des échecs de l’Organisation.  La délégation a notamment déploré la résistance historique de l’ONU aux initiatives de réforme visant à la rendre plus transparente, efficace et moins sujette aux désidératas des dictateurs.  

Dans son intervention, le Secrétaire général est par ailleurs revenu sur la consultation internationale lancée par l’ONU cette année auprès de plus d’un million de personnes qui estiment que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux réalités de notre époque, d’autant plus à l’aune de la pandémie du COVID-19.  «  Les gens voient l’ONU comme un instrument pour bâtir un monde meilleur  », a indiqué M. Guterres.  «  Aujourd’hui, c’est à nous qu’il appartient de se frayer un chemin hors du danger. » 

RÉUNION DE HAUT NIVEAU ORGANISÉE À L’OCCASION DU SOIXANTE-QUINZIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Déclarations d’ouverture

À l’entame de cette cérémonie anniversaire, M. VOLKAN BOZKIR (Turquie), Président de l’Assemblée générale, a rappelé que l’ONU était née « des décombres de la guerre », en référence à sa création en 1945 à la Conférence de San Francisco, au sortir de la Seconde Guerre mondiale.  Il a salué la vision des fondateurs, incarnée dans les trois piliers interdépendants de l’Organisation, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l'homme.  « C’est bien cela que l’ONU s’efforce de réaliser depuis maintenant 75 ans, avec votre soutien, celui les États Membres », a-t-il déclaré.

Dans cette perspective, le Président de l’Assemblée a appelé à ne pas sous-estimer les progrès auxquels l’ONU a contribué depuis sa création, à commencer par l’augmentation du nombre de ses États Membres, qui est passé de 51 à 193, signe, selon M. Bozkir, que de nombreuses nations ont acquis leur indépendance.  L’Organisation, a-t-il poursuivi, a également permis d’éviter que la guerre froide ne dégénère en conflit nucléaire.  Ses missions de maintien de la paix ont atténué et mis fin à de nombreux conflits.  Quant à ses missions politiques spéciales, elles ont largement contribué à désamorcer des crises, promouvoir des solutions durables aux conflits et accompagner des transitions démocratiques cruciales, a-t-il ajouté.  Au nombre des réalisations onusiennes clefs, le Président a également cité l’élaboration progressive des normes du droit international et du développement durable.

En cette période difficile marqués par la pandémie de COVID-19, M. Bozkir a affirmé que l’ONU était plus que jamais d’actualité.  « Le multilatéralisme n’est pas une option mais une nécessité », a-t-il déclaré, appelant à construire les bases d’un monde « meilleur et plus vert ». 

Pour relever ce défi, le Président a estimé que l’Organisation devait se montrer plus ouverte, notamment en consultant davantage les organisations régionales et sous-régionales, la société civile, le secteur privé et le monde académique.  L’ONU doit également devenir « plus flexible et efficace », a-t-il ajouté.

Aucune autre organisation mondiale ne suscite autant d’espoir que les Nations Unies, a ajouté le Président, avant de préciser que la force de l’ONU dépendait avant tout de l’attachement des États Membres à ses idéaux et à la coopération internationale.  « Il est grand temps de mobiliser vos ressources, de redoubler d’efforts et de faire preuve d’une volonté politique et d’un leadership sans précédent pour construire l’avenir que nous voulons et l’ONU dont nous avons besoin », a conclu M. Bozkir.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’en dépit du travail accompli depuis la création, il y a 75 ans, de l’Organisation, « née d’immenses souffrances », des réalisations historiques sont à mettre à son compte: évitement d’une troisième guerre mondiale; signature de nombreux traités de paix; processus de décolonisation; évolution des normes relatives aux droits de l’homme et mise en place de mécanismes pour les faire respecter; développement progressif du droit international; fin de l’apartheid; fourniture d’une aide humanitaire vitale; éradication des maladies; réduction constante de la faim; et pactes historiques pour protéger l’environnement. 

« Pourtant, il reste encore tant à faire », a observé M. Guterres.  « Vingt-cinq ans après l’adoption du Programme d’action de Beijing, les inégalités entre les sexes restent le plus grand défi pour les droits de l’homme à travers le monde.  Une catastrophe climatique se profile.  La biodiversité s’effondre.  La pauvreté augmente.  La haine se répand.  Les tensions géopolitiques s’intensifient.  Les armes nucléaires restent opérationnelles. »  Selon le Secrétaire général, la pandémie de COVID-19 a mis à nu les fragilités du monde et des menaces émergentes, qui ne peuvent être combattues qu’« ensemble ».  Aussi a-t-il salué la Déclaration du soixante-quinzième anniversaire que s’apprête à adopter l’Assemblée générale et l’engagement prise par celle-ci à revitaliser le multilatéralisme.

La souveraineté nationale, a-t-il rappelé, va de pair avec une coopération internationale renforcée fondée sur des valeurs communes et des responsabilités partagées dans la poursuite du progrès pour tous.  « Personne ne veut d’un gouvernement mondial, mais nous devons travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale », a observé le haut fonctionnaire.  Pour lui, dans un monde interconnecté, nous avons besoin d’un multilatéralisme en réseau et inclusif, qui fasse aussi appel à la société civile, aux villes, aux entreprises, aux autorités locales et aux jeunes.

Les participants à la consultation internationale lancée par l’ONU cette année –plus d’un million de personnes– estiment que la coopération internationale est indispensable pour faire face aux réalités de notre époque, d’autant plus à l’aune de la pandémie du COVID-19.  « Et ils ont souligné que le monde a besoin de systèmes de santé et de services de base universels », a ajouté le Secrétaire général.  « Les gens voient l’ONU comme un instrument pour bâtir un monde meilleur », une responsabilité qui incombe au premier chef aux États Membres: ils ont le devoir de lui fournir les moyens dont elle a besoin pour avoir un impact véritable, a-t-il souligné.  Aujourd’hui, c’est à nous qu’il appartient de se frayer un chemin hors du danger.  Pour reprendre les termes de notre Charte, c’est à nous, Nations Unies, « d’associer nos efforts pour réaliser ces desseins ».

M. ABDOU ABARRY (Niger), Président du Conseil de sécurité pour le mois de septembre, s’est attaché à rappeler les conditions très particulières dans lesquelles se déroule la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, marquée par « les horreurs de la pandémie du nouveau coronavirus ».  Insistant sur l’exacerbation des défis que provoquent les conséquences sociales, économiques et politiques désastreuses de la pandémie, il a noté que « beaucoup se demandent si le système international issu de la Conférence de San Francisco est encore efficace » pour promouvoir le développement économique et social de tous les peuples et maintenir la paix et la sécurité internationales, conformément à la Charte. 

M. Abarry a rappelé l’importance d’une gouvernance mondiale tenant compte de l’évolution des réalités et des défis mondiaux et rappelé qu’au niveau mondial, seule l’ONU, « creuset par excellence du multilatéralisme », a la légitimité, le pouvoir de rassemblement et l’impact normatif nécessaires. 

Le Président du Conseil de sécurité a enfin rappelé le débat de haut niveau que le Conseil doit consacrer, le 24 septembre, à la gouvernance mondiale post-COVID-19, y voyant « l’occasion de renforcer la coopération et la solidarité conformément au Chapitre I de la Charte », traitant des principes sur lesquels repose le multilatéralisme. 

M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que la déclaration que sera adoptée sous peu rappelle que l’ONU a fait progresser les normes internationales en matière de développement, contribué à éliminer les maladies et à élargir l’accès à l’éducation, sauvé des vies et œuvré à combattre les conflits et à promouvoir les droits de l’homme.  « Aujourd’hui toutefois, nous savons trop bien que nous n’ayons pas encore atteint le monde pacifique et juste qu’envisageaient les fondateurs de l’ONU. »  Or, la pandémie de COVID-19 a maintenant des effets dévastateurs sur nos sociétés, nos économies et nos peuples.  Elle aggrave les inégalités et la pauvreté, compromettant davantage la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a analysé le Président, pour qui cette situation montre que la solidarité mondiale et la coopération internationale sont plus que jamais nécessaires.

L’ECOSOC est un instrument clef du multilatéralisme, a estimé M. Akram, en soulignant qu’il joue un rôle primordial pour façonner notre réponse commune à la pandémie et réaliser les objectifs de développement durable.  Parallèlement, le Conseil est actuellement soumis à un processus d’examen par l’Assemblée générale, lui offrant l’occasion de renforcer son rôle dans le contexte plus large d’un renouveau du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale.  L’ECOSOC a contribué à cette commémoration du soixante-quinzième anniversaire en organisant une réunion de haut niveau le 17 juillet 2020.  Les discussions ont amplifié le message selon lequel, en cette période de crise, un engagement ferme est nécessaire en faveur de la solidarité internationale et du multilatéralisme.  « Enfin, cette session a souligné qu’un Conseil économique et social revitalisé doit être au cœur d’un multilatéralisme renouvelé », a ajouté le Président.

M. ABDULQAWI AHMED YUSUF, Président de la Cour internationale de Justice (CIJ), a rappelé que lors de la création de l’ONU, les États participant à la Conférence de San Francisco avaient décidé de faire prévaloir le droit sur la force et a rappelé les conséquences pour les milliards d’habitants de cette planète de cette décision, « synonyme depuis 75 ans de liberté, d’indépendance, de progrès et de paix, tout cela grâce à la création de l’Organisation, institution sans pareille ». 

Le juge Yusuf a rappelé qu’il était parfois aisé de tenir pour acquise la prééminence du droit à l’échelle internationale ou d’oublier l’importance qu’elle revêt, non seulement pour la paix, mais aussi pour le progrès et la prospérité de toutes les nations.  Nul État, quelle qu’en soit la puissance, ne peut assurer la sécurité et la prospérité de son peuple et lui offrir un environnement sain sans coopérer avec d’autres États, pas davantage qu’il ne peut régler à l’échelon national tous les problèmes, a-t-il affirmé.  Dès lors, la coopération internationale doit être fondée sur un ensemble de règles.

« Qu’un seul État manque de s’y conformer, et c’est tout l’édifice des relations multilatérales qui menace de s’effondrer », a averti le juge Yusuf.  Les États, a-t-il rappelé, ne sont pas seulement rapprochés par leurs relations diplomatiques, leurs échanges commerciaux et les progrès technologiques réalisés dans divers domaines.  Ils sont également liés entre eux par ce vaste ensemble de règles qui rendent ces interactions possibles.  Un État souhaitant s’affranchir de ses obligations juridiques envers d’autres États ne peut le faire unilatéralement sans perdre les avantages qu’il retire de sa coopération avec ceux-ci et d’autres.  Ces règles, a-t-il insisté, ne sont pas imposées aux États par un législateur externe.  Elles sont conçues et consenties par les États eux-mêmes, et reposent souvent sur des intérêts mutuels et des valeurs communes. 

La CIJ, a rappelé son Président, a été instituée pour aider les États à régler leurs différends en créant « les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international ».  Il a rappelé que le Statut de la Cour figure en annexe de la Charte, dont il fait partie intégrante, y voyant le signe de « l’importance de la Cour dans l’architecture de l’ordre juridique international bâti par l’ONU, dont elle est l’organe judiciaire principal ». 

Mettant en avant le travail de la CIJ depuis 75 ans, le Président a rappelé le nombre croissant d’affaires dont elle est saisie, voyant dans ce recours croissant aux règles du droit international plutôt qu’à l’arbitraire, et dans le règlement pacifique des différends plutôt que le recours à la force, « les réussites les plus éclatantes des Nations Unies ». 

« Nous pouvons tous aspirer à un monde plus pacifique et plus stable pour autant que les relations entre les nations respectent les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et que les États s’acquittent des obligations qu’ils ont volontairement contractées », a répété le Président de la Cour, qui a rappelé la disponibilité de celle-ci à continuer d’y contribuer.

« Êtes-vous tous restés fidèles à la Charte des Nations Unies?  Avez-vous soutenu les droits de l’homme et la justice en toutes circonstances?  Avez-vous priorisé avant tout le bien-être social et économique de toutes les personnes, y compris les groupes minoritaires, les femmes et les enfants ainsi que les personnes handicapées?  Avez-vous honoré l’esprit du multilatéralisme souligné par la Charte? », a lancé Mme AKOSUA ADUBEA AGYEPONG, représentante de la jeunesse, Ghana, à l’adresse de l’Assemblée générale.  Compte tenu des défis socioéconomiques, politiques et culturels actuels auxquels nous sommes confrontés, nous devons accepter le fait que le multilatéralisme est indispensable dans la diplomatie internationale.  Devant une pandémie qui a affecté la vie de milliards de personnes dans le monde et, tout en y faisant face, nous avons dû nous confronter aux nombreuses complexités et défis au sein de nos communautés, pays et régions.  « Permettez-moi de souligner ici que ce monde fait front depuis des siècles à la pandémie silencieuse de la violence sexuelle et sexiste qui affecte 35% des femmes et des filles dans le monde et influe sur les inégalités entre les sexes. »

Aborder les questions d’égalité des sexes commence par aborder les problèmes de leadership et de représentation des femmes.  L’Assemblée générale a appelé à la réalisation de la parité des sexes 50/50 au sein de l’ONU et je dois saluer le leadership exemplaire du Secrétaire général dans la réalisation de la parité au sein du groupe de la haute direction et entre les coordonnateurs résidents.  « Aujourd’hui, cependant, nous avons un autre impératif à vous présenter: le monde doit maintenant atteindre la parité des jeunes!  Vous êtes les représentants des aspirations de 1,2 milliard de jeunes dans le monde et vous ne pouvez ignorer que nous devons être les architectes de notre propre avenir.  En nous appuyant sur la stratégie Jeunesse 2030 lancée en 2018, nous demandons aux États Membres de défendre l’équité intergénérationnelle et la cogouvernance à tous les niveaux, en garantissant un quota de 20% de jeunes dans tous les cabinets, a conclu la représentante.

À l’occasion de ce soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, Mme SHARIFAH NORIZAH (Malaisie), représentante de la jeunesse, Malaisie, a appelé à « nous arrêter, repenser nos systèmes, réaligner nos valeurs et mettre en œuvre des réformes structurelles ».  À ces yeux, cela suppose que l’ONU crée un élan en faveur de l’inclusion des jeunes dans les processus de consolidation de la paix.  Nous avons besoin d’un appui institutionnel et financier plus concret pour sensibiliser les populations à la paix et à la sécurité, ainsi que d’une reconnaissance de la contribution des jeunes artisans de la paix à l’atténuation des risques sous-jacents qui continuent de donner naissance à des conflits, a-t-elle expliqué.

La représentante des jeunes a également appelé les dirigeants du monde à appuyer davantage l’accès des jeunes à un emploi décent et à l’entrepreneuriat.  Les jeunes ne doivent pas être uniquement pris en compte de manière symbolique, a-t-elle insisté, appelant à prendre des mesures concrètes et durables en ce sens, notamment pour les jeunes qui sont handicapés, vivent dans des zones rurales ou appartiennent aux minorités de genre. 

De ce point de vue, la représentante a salué la consultation planétaire entreprise dans le cadre de la célébration du soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation.  Dans ce cadre, les jeunes ont selon elle lancé un appel vigoureux à une participation plus importante et durable aux prises de décisions mondiales. 

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence le besoin d'une gouvernance plus forte et plus responsable, a enfin déclaré la représentante, estimant que l’innovation par les jeunes a un rôle essentiel à jouer pour créer un pont entre les gouvernements et le secteur privé.

M. CHARLES HAMILTO, activiste dans les domaines du changement climatique et de la santé publique, Bahamas, a commencé par rappeler que, pour 87% des jeunes, la coopération internationale est vitale pour relever les défis d’aujourd’hui.  Les deux premières priorités auxquelles l’ONU doit s’attaquer, identifiées par les jeunes, sont le rétablissement post-COVID-19 et la lutte contre la crise climatique.  Selon M. Hamilton, la pandémie a aggravé les inégalités, tandis que les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) sont confrontés à une triple menace, formée par la crise climatique, la COVID-19 et la dette, malgré une « contribution historique minimale » à ces problèmes.  Or, les cartes remises aux jeunes sont « truquées », a-t-il estimé.

Il y a un an, les îles les plus peuplées des Bahamas ont été décimées par l’ouragan Dorian avec des pertes et des dommages représentant plus de 25% de son PIB.  Maintenant, combinez ce scénario avec la COVID-19 et ses retombées économiques.  Ce scénario effrayant est possible pour d’autres PEID et PMA, « car les changements climatiques sont notre réalité à tous ».  Alors que nous manquons de noms pour les nombreux ouragans cette année, que des pans entiers de la planète sont ravagés par les incendies et que de plus en plus de pays s’enfoncent dans l’océan -la crise climatique ne devrait-elle pas être le signal d’alarme le plus fort sur la nécessité d’un multilatéralisme renforcé, au lieu de reculer face à ces défis environnementaux?  En outre, nous ne pouvons plus refuser d’élargir la couverture sanitaire universelle pour tous.  Les efforts multilatéraux pour une reprise verte et juste, et non une approche isolationniste du type « nous d’abord », sont la meilleure solution pour éradiquer rapidement cette pandémie et remettre les jeunes sur la voie d’un avenir plein d’espoir.

Par conséquent, accroître la responsabilité dans la mise en œuvre des cadres convenus au niveau international, comme le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat, aux niveaux local et national, avec la participation active des jeunes, n’est pas négociable.  C’est une condition préalable au succès, a tranché M. Hamilton.  « Êtes-vous mal à l’aise? », a-t-il lancé à l’adresse de l’Assemblée générale.  « Bien. ».  Canalisez ce sentiment inconfortable et veiller à soutenir le travail des jeunes, grâce à des espaces de financement et de prise de décisions aux niveaux national et multilatéral.  Pour conclure, le représentant a cité le Réseau des jeunes de l’UNESCO sur les changements climatiques dans les Caraïbes qui note: « Les changements climatiques sont devenus pour notre génération l’unique problème déterminant et nous attendons de vous que vous soyez le leader à cet égard.  Notre survie dépend de votre capacité à agir. » 

M. NATHAN MÉTÉNIER, activiste de la jeunesse pour l’environnement et le climat, France, a mis en doute la sincérité de l’engagement des États Membres à respecter la Charte des Nations Unies, en reprochant notamment aux dirigeants actuels une vision court-termisme face aux défis climatiques actuels et à venir.  Réclamant un « changement systémique » face aux inégalités devenues « intolérables » et aux ressources inégalement partagées, il a appelé à « regarder au-delà du PIB ».  La pandémie de COVID-19 a montré que le statut quo pouvait être changé ; M. Méténier a appelé à reconstruire un monde différent, à « réintroduire la nature dans nos vies », et à faire confiance à la population et à sa jeunesse. 

Débat plénier

Le débat plénier qui a suivi l’adoption de la Déclaration a été l’occasion pour plus de 180 États Membres, nombreux à être représentés par leur Chef d’État, de mettre l’accent sur les nombreux défis que la communauté internationale devra relever, parmi lesquels la pandémie de COVID-19 a occupé une place de taille.

Pour de nombreuses délégations, la pandémie actuelle, que le Président du Kazakhstan a jugée « étonnamment difficile à surmonter », apparaît en effet comme un défi supplémentaire de dimension mondiale qui vient s’ajouter à des défis anciens et récurrents comme la course aux armements, la faim et les inégalités croissantes, ainsi qu’à des défis globaux émergents comme la dégradation de l’environnement, les atteintes à la biodiversité ou les changements climatiques. La pandémie est l’un des plus grands défis venus se présenter au monde depuis la création des Nations Unies, a souligné le Président du Kirghizistan, qui a fait état de ses conséquences négatives sur l’économie de son pays et sa dette souveraine. 

Nombre d’États Membres ont également mis l’accent sur les effets négatifs de la pandémie sur la réalisation des objectifs de développement durable, déjà menacés avant même cette crise.  Le Premier Ministre du Lesotho a ainsi attiré l’attention sur les impacts mondiaux de la pandémie sur les pays vulnérables ou connaissant des situations particulières comme le Lesotho, petit pays montagneux et enclavé.  Le Président du Nigéria a, de son côté, dénoncé les tendances au repli sur soi alors qu’il est au contraire particulièrement urgent, a-t-il insisté, de renforcer la coopération, l’unité et la solidarité internationales pour faire face à toutes ces évolutions négatives.

Le caractère indispensable que revêt le multilatéralisme pour faire face à la pandémie a d’ailleurs été souligné à plusieurs reprises, à commencer par le Président de l’Azerbaïdjan, au nom du Mouvement des pays non alignés, qui s’est dit préoccupé par les tentatives visant à imposer des mesures unilatérales et a plaidé en faveur du respect des règles de droit international.

« La pandémie menace l’esprit du multilatéralisme », a mis en garde le Président de la République de Corée, au nom des cinq pays du Groupe MIKTA (Mexique, Indonésie, République de Corée, Turquie et Australie), qui a appelé à centrer les efforts de reprise économique sur l’ouverture, y compris au niveau des mouvements transfrontaliers de personnes, plutôt que d’avoir recours au confinement à l’échelle nationale.  Dans cette perspective, il a également appelé à faire en sorte que les organisations internationales disposent d’un accès aux futurs vaccins, afin que les pays en développement puissent eux aussi en bénéficier.  À ce sujet, le Président du Conseil européen de l’Union européenne (UE) a souligné que la coopération internationale est le meilleur moyen de déployer efficacement et rapidement des vaccins et traitements contre la maladie. 

Le Président du Honduras s’est toutefois dit préoccupé par les inégalités déjà observées dans l’accès aux médicaments et fournitures médicales, « accaparés par les pays les plus puissants » au début de la pandémie.  Quelle possibilité sera offerte aux pays en développement d’y accéder de manière juste et rapide? s’est-il interrogé.

La question des futurs vaccins et traitements figurait également parmi les préoccupations du Président du Pérou qui a souhaité que ceux-ci soient considérés comme des biens mondiaux et bénéficient d’un accès équitable.  « Personne n’est à l’abri de la COVID-19 tant que nous ne serons pas tous à l’abri », a-t-il notamment affirmé.

Le Président du Mexique a lui aussi appelé à se montrer plus solidaires que jamais face à la pandémie, tandis que le Premier Ministre du Viet Nam, s’il a fait état des succès de son pays pour contenir la pandémie, les a attribués à ses efforts nationaux mais aussi à la collaboration de tous ses partenaires internationaux.

L’accélération, du fait de la pandémie, d’une prise de conscience d’une humanité unique a également été soulignée par le Secrétaire aux affaires étrangères, au Commonwealth et au développement du Royaume-Uni, qui a estimé qu’elle avait mis en évidence l’imbrication des destins de chacun.  C’est pourquoi le Président de la France, qui a relevé que la pandémie « nourrissait la peur du déclin et le récit de l’impuissance collective », a estimé que « c’est ici et maintenant qu’il faut agir ».

Il a toutefois été des intervenants pour, non pas minimiser la pandémie, mais la replacer dans un contexte plus large.  Le Premier Ministre de Cabo Verde a ainsi estimé que la crise de la COVID-19 ne devait pas confiner l’ambition de développement durable du Programme 2030, mais qu’elle imposait « un défi supplémentaire fort: surmonter la pandémie sans laisser aucun pays pour compte et relancer l’économie mondiale sans renoncer à notre responsabilité partagée ».  Tout en défendant un accès libre et universel à un vaccin dans le cadre d’une nécessaire coopération interrégionale, le Premier Ministre de la Suède a, pour sa part, déclaré que les changements climatiques étaient « LA grande question de notre époque ».

Alors que s’ouvre la Décennie d’action pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), le débat plénier a également été l’occasion pour nombre de délégations d’insister sur l’importance d’une accélération du Programme 2030, a fortiori en cette période de crise sanitaire mondiale occasionnée par la pandémie de COVID-19.  

Constatant que, 75 ans après la création de l’ONU, des millions de personnes n’ont toujours pas accès au développement, le Président du Guyana, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que le plus grand défi auquel l’humanité doit faire face demeure la pauvreté, dans la mesure où elle touche tous les aspects de la vie et constitue une entrave au développement durable.  Pour s’en prémunir, le Guyana a appelé à mobiliser davantage de ressources à la mise en œuvre du Programme à l’horizon 2030, d’autant plus que la pandémie de COVID-19 est en passe d’accroître les inégalités de développement.  

C’est d’autant plus important que, pour la première fois depuis 1998, la pauvreté va augmenter cette année à l’échelle mondiale, a déploré le Président du Malawi, qui s’exprimait au nom des 47 Pays les moins avancés (PMA).  Or, selon lui, l’Objectif de développement durable numéro 1, à savoir l’éradication de la pauvreté, n’était déjà pas bien engagé avant la pandémie.  Cette dernière, a-t-il ajouté, ne fera qu’empirer cette situation, principalement au détriment des PMA, au sein desquels des millions de personnes vont basculer cette année dans l’extrême pauvreté.  

Pour le Président du Bostwana, le Programme 2030, cinq ans après son adoption par les États Membres, « reste un plan ambitieux qui consacre notre meilleur espoir de réduire les inégalités  ».  Dans un monde en proie aux fléaux de la pauvreté et des maladies, «  il faut donner suite à l’appel du Secrétaire général de l’ONU, qui vise à accélérer la réalisation des ODD en cette Décennie d’action  », a-t-il plaidé, se félicitant que cette urgence ait inspiré la Déclaration politique adoptée à l’occasion des 75 ans de l’Organisation.  

«  Il est clair que nous allons devoir redoubler d’efforts et accélérer dans bien des secteurs si nous voulons concrétiser ces objectifs  », a renchéri le Président du Libéria, pour qui la COVID-19 «  a ralenti nos progrès tout en nous permettant de constater les défauts existants dans notre ordre mondial  ».  

De l’avis du Président de Djibouti, la crise existentielle provoquée par la pandémie « pose avec acuité l’urgence d’un réinvestissement massif en faveur du développement durable  ». Les progrès réalisés ces dernières années sont en effet remis en question par les effets de la COVID-19, lesquels affectent également tous les domaines d’action des Nations Unies, a-t-il observé en appelant au soutien des pays en développement.  

Un constat repris par le Président de Palau, pour qui les ODD et l’Accord de Paris sur le climat sont remis en cause par « l’absence de solidarité à l’échelle mondiale ».  À ses yeux, il est urgent de renforcer le multilatéralisme et de favoriser les partenariats au moment où la pandémie retarde la réalisation de ces objectifs dans les pays les plus vulnérables. « Il faut agir maintenant pour éviter que l’idéal des ODD nous échappe », s’est-il alarmé.  

Dans la perspective d’un relèvement post-COVID-19, il importe de créer un avenir inclusif, qui «  respecte la valeur et la dignité de chaque être humain  », a pour sa part relevé le Président de l’Afrique du Sud.  Cela passe, selon lui, par un monde sans conflit mais aussi sans inégalités, un monde ou les jeunes peuvent prospérer et où les femmes jouissent des mêmes droits.  Et « ce n’est qu’en réalisant les ODD que l’on pourra y parvenir », a-t-il soutenu.   

« On ne saurait envisager un monde sans l’ONU et sans ses ODD  », a abondé le Président de Nauru.  Si les changements climatiques sont la plus grande menace pour les petits États insulaires, l’accès de tous les pays au numérique, à moindre coût et sûr, est une autre priorité du développement durable, a-t-il estimé, avant de se prononcer pour un réengagement des nations en faveur du multilatéralisme « à travers une ONU réformée, robuste et agile ».  

Face au coronavirus, ce «  nouvel ennemi  » qui frappe tous les pays et devant lequel le monde doit être uni, l’ONU reste «  la pierre angulaire du multilatéralisme pour reconstruire un monde plus résilient et plus robuste  », a assuré à son tour le Président de l’Albanie, fervent partisan d’une réforme de l’Organisation en vue de la réalisation effective du Programme 2030.  

«  Nous avons intérêt à atteindre nos objectifs pour le bien de chaque être humain  », a insisté son homologue de Bosnie-Herzégovine, tandis que le Président des Seychelles, en appelait à une revitalisation de l’ONU «  pour réussir la mise en œuvre des ODD et de l’Accord de Paris  ».  

Il n’est toutefois pas question d’abandonner l’ONU « quand les choses se compliquent », a souligné le dirigeant de Brunei Darussalam.  «  Si cette organisation échoue nous échouerons tous  », a-t-il averti, jugeant essentiel que les petits pays puissent « se faire entendre sur un pied d’égalité ».  

Même son de cloche de la part du Président du Ghana.  Si les Nations Unies ont changé en 75 ans d’existence et doivent être reformées pour répondre à la réalité du XXIe siècle, la pandémie a démontré, selon lui, que « nous dépendons les uns des autres » et que l’ONU reste «  le lieu idoine pour répondre ensemble aux défis de demain  ».  

Si pour le Secrétaire général de l’ONU des réalisations historiques sont à mettre à son compte notamment des pactes historiques pour protéger l’environnement, les changements climatiques sont une véritable menace globale, a insisté pour sa part le Premier Ministre des Tuvalu, au nom du Forum des 14 îles du Pacifique.   

Ce dernier a souligné que ce défi à long terme ne pourra être relevé que grâce au multilatéralisme, rappelant que dans la région Pacifique, le niveau des mers augmente plus rapidement que partout ailleurs et les récifs de corail meurent, tandis que les catastrophes naturelles, en particulier les cyclones, les inondations et les sécheresses ont vu leur intensité croître.  « À l’instar des navigateurs des océans qui suivent une constellation fixe au travers des eaux démontées et inconnues, nous devons demeurer résolus afin d’atteindre notre destination », a exhorté le Premier Ministre. 

Il a été soutenu par son homologue des Tonga qui a prévenu que les objectifs de développement durable ne sauraient être réalisés si les questions prioritaires qui touchent aux changements climatiques et à la montée du niveau des mer continuaient d’être bloquées.  Ces questions sont devenues des problèmes de sécurité qui menacent les petits États insulaires en développement, a-t-il renchéri.  

Constatant que les efforts déployés ces dernières décennies pour surmonter les défis des changements climatiques sont mis à mal par la COVID-19, la Première Ministre de la Barbade a appelé à prendre des mesures pour rétablir la trajectoire, a exigé la Première Ministre.  

Ce problème mondial requiert une solution mondiale car nous ne pouvons pas agir seuls, a plaidé de son côté le Président des Îles Marshall avant de demander aux « grands émetteurs » de se joindre aux efforts pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, faire front commun et se réengager dans le multilatéralisme en faveur de nos enfants et petits-enfants.  « Serons-nous présents ici pour célébrer le centième anniversaire de l’ONU? » a demandé le Président.    

Le Président des Maldives a rappelé leur « obligation morale » d’aider face à l’urgence climatique.  « Nous avons besoin de l’aide de la communauté internationale pour nous relever économiquement et pour renforcer notre résilience afin de faire face aux défis qui nous attendent », a insisté ce dernier, tandis que pour la Présidente de la Bolivie l’heure est venue de préserver l’environnement et notamment les peuples autochtones qui en dépendent.  

Rappelant également les impacts de la pandémie de COVID-19, le Président des États fédérés de Micronésie a demandé de lancer des projets de développement réellement durables, construire un monde plus vert et plus bleu après la pandémie de COVID-19.  Il faut restaurer notre paradis, a-t-il demandé, avant d’exiger de ceux qui sont à l’origine de la crise climatique, d’aider à atténuer ses effets et donner les moyens de mise en œuvre.  

Les défis sans précédent des changements climatiques et des catastrophes exigent une riposte plus efficace et rapide de l’ONU, a estimé le Président de Kiribati alors que pour le Premier Ministre du Liechtenstein, l’ONU est la meilleure chance offerte au monde pour faire face aux changements climatiques.  Le Président de l’Irlande a indiqué que l’ONU est la seule entité au sein de laquelle toutes les nations au monde peuvent coopérer pour combattre les changements climatiques, tout en s’inquiétant du fait que ces 50 dernières années « nous avons perdu la moitié de notre diversité écologique ».  Le Président de la République dominicaine a estimé, pour sa part, que l’action de l’ONU en faveur de la protection de l’environnement avait une incidence positive pour des millions de personnes à travers le monde. 

Le Premier Ministre des Fidji a rappelé que sa « diplomatie des océans » a été le fer de lance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Aujourd’hui, a ajouté le Premier Ministre, nous éclairons la voie vers une gestion durable de l’océan et de ses ressources.  Nous avons les moyens de faire de ces défis une réalité, a insisté le Premier Ministre. 

De son côté, le Chef de gouvernement de la Principauté d’Andorre a souligné l’importance de donner une plus grande place à la jeunesse qui s’est illustrée dans la lutte contre les changements climatiques et les défis environnementaux et sociaux. 

Ce débat plénier a aussi été l’occasion pour de nombreuses délégations de mettre l’accent sur la nécessité de préserver et redynamiser le multilatéralisme à une période où nous vivons « l’émergence d’un populisme qui est un frein à la coopération internationale », pour reprendre les propos de la Première Ministre de l’Islande.  Dans ce contexte, des délégations ont estimé que seule une réforme des Nations Unies, notamment du Conseil de sécurité, permettra l’avènement d’une ONU plus efficace et plus transparente, de nature à promouvoir une coopération internationale dans le cadre d’un multilatéralisme redynamisé. 

« Nous devons redire notre foi dans le multilatéralisme et dans les buts et principes consacrés par la Charte des Nations Unies », a scandé le Premier Ministre de la République fédérale d’Éthiopie en espérant que ce soixante-quinzième anniversaire inspirera de nouveaux efforts collectifs pour relever « notre défi le plus important », à savoir la promotion de sociétés pacifiques dans un ordre international équitable.  Dans ce contexte, il a notamment appelé à une réforme du Conseil de sécurité dont il a fustigé « la paralysie qui menace la crédibilité de l’ONU ».   

Parce que l’efficacité de l’ONU dépend de la volonté de ses membres, notamment des membres du Conseil de sécurité, la Chancelière de la République fédérale de l’Allemagne a, elle aussi, appelé à la réforme de cet organe qui se trouve «  trop souvent dans l’impasse  ».  Elle a également insisté sur l’importance de la coopération au-delà des frontières.  Si le Président d’Haïti a souligné l’importance de renforcer le système multilatéral pour le rendre plus solidaire, le Premier Ministre d’Eswatini a appelé l’ONU à s’adapter en réitérant l’appel de l’Afrique pour un siège permanent au sein du Conseil de sécurité.   

Faisant également le lien entre renforcement du multilatéralisme et réforme de l’ONU, le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines a souligné que la réforme du Conseil de sécurité figure au cœur de celle de l’ONU.  Il a également exhorté les partenaires de développement, dont les institutions financières internationales, à adopter des critères de vulnérabilité qui reconnaissent l’importance de la réduction de la dette.  

À son tour, le Premier Ministre du Bangladesh a estimé que seul un multilatéralisme efficace permettra de faire face aux défis émergents dont la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD) qui sera plus compliquée en raison de l’épidémie de COVID-19.  

Parce que les changements climatiques et l’épidémie de COVID-19 nous rappellent combien nous sommes interconnectés et que nous sommes « une seule humanité partageant la même planète », les Premiers Ministres du Bhoutan , du Portugal et de Malte ont appelé à s’appuyer sur cette prise de conscience pour promouvoir la coopération nécessaire à la résolution des problèmes collectifs et à l’adhésion à un nouveau multilatéralisme.  

Si le Premier Ministre du Népal a jugé qu’il n’y avait pas d’alternative à une action collective pour mettre en œuvre les domaines d’action qui figurent dans la déclaration adoptée aujourd’hui, le Premier Ministre de Maurice a en revanche estimé que l’ONU n’était pas prête à faire face à des fléaux tels que les catastrophes naturelles et le terrorisme international.  C’est pourquoi, ce dernier a estimé que la coopération internationale n’a jamais été aussi importante, a-t-il affirmé.   

« Nous ne pouvons pas relever les défis d’aujourd’hui avec des structures surannées ; nous avons besoin d’un multilatéralisme réformé qui soit le reflet fidèle des réalités », a insisté pour sa part le Premier Ministre de l’Inde.  

Un multilatéralisme efficace avec l’ONU en son centre est indispensable pour rendre la communauté internationale plus résiliente face aux défis, a renchéri le Premier Ministre de l’Arménie, avant de fustiger «  les révisionnistes insensés qui tentent de tirer parti des faiblesses perçues du système international ».  Le Président de Moldova a, de son côté, appelé à une meilleure coopération numérique.  

La Première Ministre de la Belgique a réaffirmé les valeurs de la coopération, du dialogue, de la solidarité et du compromis, tandis que le Chancelier fédéral de l’Autriche s’est dit prêt à appuyer tous les efforts visant à rendre l’ONU adaptée aux 75 prochaines années.  

«  Nous devons tous agir car nous sommes tous en danger  », a averti le Premier Ministre du Canada.  L’ONU, a-t-il rappelé, a un immense pouvoir de rassemblement mais sa capacité à agir dépend de la volonté politique des États Membres, a-t-il rappelé avant d’appeler à redoubler d’efforts pour répondre aux défis d’aujourd’hui, à commencer par la pandémie. 

Le Premier Ministre du Cambodge a dénoncé les attaques contre le multilatéralisme qui empêchent les pays en développement de réaliser les objectifs du Programme 2030.  Son homologue de la République démocratique populaire lao, a redit l’importance de promouvoir ensemble les objectifs et les buts de l’Organisation et d’améliorer ses mécanismes pour relever les défis mondiaux.  

«  Capitalisons sur notre unité dans la diversité pour le bien commun de l’humanité  », a exhorté le Premier Ministre des Samoa, fier d’avoir contribué à la reconnaissance du statut particulier des petits États insulaires en développement.  Parce que « l’ONU ne sera jamais plus que la somme de ses parties », le Premier Ministre du Danemark a dit la nécessité d’un ordre international fondé sur des règles justes et transparentes, indispensable à l’avènement d’un nouvel élan pour la coopération internationale. 

Tout en se disant fiers d’accueillir les Nations Unies sur leur sol et d’en être le principal contributeur financier, les États-Unis ont appelé à faire le bilan non seulement des succès, mais également des échecs de l’Organisation.  Au nombre de ces derniers, le pays hôte a déploré la résistance aux initiatives de réforme visant à rendre l’ONU plus transparente et moins sujette aux désidératas des dictateurs et autocrates du monde entier.  Les États-Unis ont également estimé que l’Organisation devait se montrer plus efficace dans certains domaines internationaux, dont la défense de la liberté sur Internet et la lutte contre le vol de propriétés intellectuelles.  Si, a bien des égards, l’ONU est allée au-delà de la vision de ses fondateurs, en devenant un véritable «  réseau d’organisations  », le pays a estimé qu’elle devait également remplir les fonctions qui lui ont été assignées à sa création, à savoir le maintien de la paix et la promotion des droits de l’homme.  

L’initiative du Roi des Pays-Bas a été particulièrement remarquée : jugeant nécessaire de donner la parole aux jeunes dont l’avenir est profondément ébranlé par la pandémie, il s’est effacé quelques instants devant une jeune déléguée qui a réclamé «  du courage  » aux dirigeants de ce monde pour prendre les décisions qui s’imposent et inclure les jeunes dans ce processus. 

Garantir le droit des femmes et des filles ainsi que des marginalisés fait également partie des priorités d’Antigua-et-Barbuda, selon son Premier Ministre, tandis que le Premier Ministre de la Malaisie a évoqué l’enquête de la campagne ONU75, dont les résultats sont sans appel : «  les sondés réclament un monde sans discriminations de toutes sortes  ».  Une série d’instruments et de conventions dans le domaine des droits humains nous permettent à tous de progresser, s’est-il réjoui, en déplorant néanmoins que l’ONU ait échoué à épargner ses États Membres du fléau de la guerre.  

La Ministre de Gouvernement de la Bulgarie, a rappelé que l’éducation et les soins de santé des enfants figurent au cœur des missions les plus emblématiques de l’ONU depuis sa création.  Même si les idéaux de la Charte ne sont pas réalisés, « faisons-en sorte que l’optimisme l’emporte.  À quoi l’ONU ressemblera-t-elle demain ? Cela dépend de nous  ». 

Si la coopération entre nations a souvent été encouragée, le thème plus étroit de la coopération numérique, une revendication forte des pays en développement et en situation particulière pour réduire leur retard dans ce domaine, a été évoquée par le Président de Nauru.  Ce dernier a réclamé un accès de tous les pays au numérique, «  à moindre coût  » et «  sûr  », pour remplir les objectifs de développement durable.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a aussi appelé à réduire le fossé numérique et à se battre contre les flux financiers illicites pour répartir équitablement les richesses entre toutes les nations.  

Le Premier Ministre de la Croatie, a entamé une réflexion sur cette révolution technologique qui a changé nos vies de façon vertigineuse en trois quarts de siècle.  Se comparer avec l’époque des fondateurs de l’Organisation est devenu impossible : la pauvreté a reculé et la population mondiale a fortement augmenté tandis que la consommation mondiale d’énergie s’est multipliée.  Appelant à tirer parti des nouvelles technologies pour parvenir aux objectifs de développement durable, le Ministre a voulu que cet anniversaire serve de «  tremplin  » pour s’adapter à la nouvelle réalité climatique.  

Droit de réponse

Répondant au Pakistan, qui avait estimé que les situations au Jammu-et-Cachemire et en Palestine étaient les échecs de longue date les plus flagrants de l’ONU, et que le peuple du Jammu-et-Cachemire attendait toujours de l’Organisation qu’elle tienne son engagement de l'aider à réaliser son droit à l’autodétermination, la représentante de l’Inde a regretté les «  fabrications insensées  » du Pakistan au sujet du Jammu-et-Cachemire, affirmant que ce pays est reconnu comme un «  sanctuaire du terrorisme  ». 

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