Soixante-quinzième session,
4e & 5e séances, Matin, après-midi & soir
AG/12268

Assemblée générale: ouvert dans un format imposé par la COVID-19, le débat général offre l’occasion de dénoncer une communauté internationale profondément divisée

C’est dans le format sans précédent de déclarations retransmises par vidéo devant une salle de l’Assemblée générale sans public et peuplée seulement de quelques délégués que s’est ouvert aujourd’hui le débat de haut niveau de cette session du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Profondément marquée par la pandémie de COVID-19, la première journée a une nouvelle fois illustré les graves divisions du monde, dénoncées avec force par le Président français, alors que se multipliaient les appels à la solidarité et la coopération internationales. 

D’ici au mardi 29 septembre, la salle de l’Assemblée générale devrait résonner des discours de dignitaires des 193 États Membres ainsi que du Saint-Siège, de l’État de Palestine et de l’Union européenne, avec un nombre record de 115 chefs d’État et 57 chefs de Gouvernement.  Mais il s’agit cette année de déclarations préenregistrées, introduites par le représentant permanent du pays physiquement présent dans une enceinte aux trois-quarts vide, comptes tenus des mesures de distanciation sociale.  Seuls le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, et le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, ont prononcé leur discours en personne et aucun des 34 chefs d’État et de gouvernement inscrits sur la liste des orateurs de ce premier jour.  

Aux « quatre cavaliers  » des ténèbres qu’il avait déjà désignés en janvier dernier devant l’Assemblée générale, à savoir les tensions géostratégiques mondiales; la crise climatique ; la méfiance profonde qui ne cesse partout de gagner du terrain; et la face obscure du monde numérique, M. Guterres, qui a présenté son Rapport annuel sur les activités de l’Organisation, en a ajouté un cinquième, «  tapi dans l’ombre  ».  Le Secrétaire général a cité la pandémie de COVID-19, dont le « sinistre bilan » s’alourdit chaque jour.   

Il a, comme bien d’autres intervenants après lui, décrit les familles endeuillées, les sociétés qui chancellent, la destruction des progrès accomplis au cours des dernières décennies.  « Jamais le monde ne s’est autant éloigné des objectifs de développement durable; les gens souffrent; la planète est en feu; le monde est aux abois, stressé: il se cherche de véritables leaders, prêts à l’action  », s’est alarmé M. Guterres.   

« Du jamais vu  ».  La pandémie n’est pourtant qu’une « répétition générale » pour tous les défis dont le monde sera le théâtre, a averti le Secrétaire général, qui a appelé à l’unité et à la solidarité, plutôt qu’au repli.  Il a voulu que l’on se fie à la science plutôt qu’au populisme ou au nationalisme.  

Plusieurs chefs d’État l’ont affirmé, à l’exemple du Président chinois, M.  Xi Jinping: « Le virus sera vaincu, l’humanité remportera le combat  ».  Mais en attendant, il faudra vivre avec, a rappelé son homologue du Chili, M. Sebastián Piñera Echenique.  Seule la solidarité internationale permettra de franchir cette épreuve, ont martelé la plupart des intervenants.  Les exemples n’ont pas manqué. Le Président de l’Afrique du Sud et Président de l’Union africaine, M. Matamela Cyril Ramaphosa, a énoncé les mesures prises par l’UA pour garantir l’accès aux équipements de protection individuelle et aux médicaments.  Celui de la Chine a promis que les futurs vaccins mis au point par les chercheurs chinois seront traités comme un « bien public mondial » fourni en priorité aux pays en développement.  

Le Président sud-coréen, M. Moon Jae-I, a expliqué que son pays participe activement à l’initiative COVAX, un effort collectif visant à négocier avec les fabricants de vaccins mené par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Alliance GAVI.  Le rôle de l’Union européenne au sein du G20 pour garantir un allègement de la dette des pays les plus fragiles a aussi été rappelé.  

Face à la pandémie et à ses conséquences, la grande majorité des orateurs a affiché le désir d’un multilatéralisme renforcé.  Mais pas un « multilatéralisme des mots » qui masque sous le consensus de façade des accords minimalistes et des divergences profondes, a averti le Président français, M. Emmanuel Macron, qui a déploré le paradoxe d’États plus « désaccordés, désalignés, incapables de construire des solutions rapides » alors même que jamais auparavant les sociétés n’ont été aussi interdépendantes.  

Le Président français a dénoncé le temps mis par le Conseil de sécurité pour s’entendre sur un simple soutien à l’appel lancé le 23 mars dernier par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial: « Avoir tant de mal à nous accorder sur si peu! ».  M. Macron a aussi dénoncé les accusations de complaisance des uns et l’instrumentalisation par d’autres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).   

Louée par beaucoup, l’OMS a été prise à partie par le Président des États-Unis, M. Donald Trump, qui l’a accusée d’être « contrôlée par la Chine » lors d’une allocution largement consacrée à une attaque en règle contre ce pays, auquel il entend demander de « rendre des comptes » pour avoir laissé le « virus chinois » infecter le monde et pollué « massivement » la planète, à l’opposé du bilan environnemental « exceptionnel » des États-Unis ».   

M. Trump, qui a, une nouvelle fois, affiché sa « fierté » de faire passer son pays avant tout et recommandé aux autres dirigeants de faire de même, n’en a pas moins affirmé que l’Amérique, « chantre de la liberté et de la sécurité dans le monde », défendra toujours les droits humains.  Il a aussi mis en avant « l’accord de paix révolutionnaire » obtenu au Moyen-Orient avec l’établissement des relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël sous l’égide de son pays, grâce à une « approche différente » des « mêmes solutions défaillantes proposées pendant des décennies par les mêmes voix lasses ».  

Cette « percée décisive » n’est pas apparue comme telle à tous.  Le Roi de Jordanie Abdallah II a répété que la solution au conflit israélo-palestinien passe par un État palestinien indépendant, viable, avec Jérusalem-Est pour capitale. Pour le Président Recep Tayyip Erdoğan de la Turquie, les pays qui ont déclaré leur intention d’ouvrir des ambassades à Jérusalem en violation des résolutions de l’ONU ne font que compliquer le conflit.  «  Je ne crois pas à une paix qui se construira sur l’hégémonie ou l’humiliation, quand bien même celle-ci serait compensée par de l’argent », a commenté le Président français, même s’il s’est réjoui que de nouveaux États arabes aient reconnu Israël.  

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 23 septembre, à partir de 9 heures. 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/75/1)

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a présenté le rapport d’activités de l’Organisation (A/75/1), en rappelant qu’en janvier dernier, devant l’Assemblée générale, il avait identifié « quatre cavaliers des ténèbres », quatre menaces qui hypothèquent notre avenir commun: les tensions géostratégiques mondiales, les plus graves que l’on ait vues depuis des années; la crise climatique, qui menace notre existence même; la méfiance profonde qui ne cesse partout de gagner du terrain; et la face obscure du monde numérique.  Aujourd’hui, le Secrétaire général a identifié un cinquième cavalier « tapi dans l’ombre »: la pandémie de la COVID-19. 

Chaque jour, s’est-il alarmé, son sinistre bilan s’alourdit.  Les familles sont endeuillées, les sociétés chancellent et les piliers déjà fragilisés sur lesquels repose notre monde vacillent encore un peu plus.  La COVID-19 a mis à nu les fragilités du monde, braquant les projecteurs sur les inégalités croissantes, les catastrophes climatiques, les divisions de plus en plus marquées au sein de nos sociétés et de la corruption rampante.  Elle a réduit à néant les progrès accomplis au cours des dernières décennies puisque pour la première fois en 30 ans, la pauvreté augmente et les indicateurs de développement humain sont en berne.  Jamais le monde ne s’est autant éloigné des objectifs de développement durable, s’est inquiété M. Guterres.  « Les gens souffrent.  La planète est en feu.  Le monde est aux abois, stressé: il se cherche de véritables leaders, prêts à l’action. »

Celles et ceux qui ont donné naissance à l’ONU, il y a 75 ans, a rappelé le Secrétaire général, avaient survécu à une pandémie, à une dépression mondiale, à un génocide et à une guerre mondiale.  Aujourd’hui, nous nous trouvons à un moment historique semblable à 1945.  « Cette pandémie, c’est du jamais vu », mais c’est aussi le genre de crise que le monde est condamné à revivre sous une forme ou une autre, encore et toujours.  Plus qu’un avertissement, la COVID-19 est une répétition générale pour tous les défis dont le monde sera le théâtre.  Dès lors, le Secrétaire général a appelé à l’unité et à la solidarité, s’indignant que l’aide apportée jusqu’ici aux pays qui ont le moins de moyens soit totalement inadéquate.  Il faut se fier à la science et obéir au principe de réalité, a-t-il ajouté mettant en garde, contre le populisme et le nationalisme face à la pandémie.  Dans un monde interconnecté, il est grand temps de reconnaître une vérité toute simple, a-t-il tranché.  La solidarité relève de l’intérêt commun.

Le Secrétaire général est ensuite revenu sur l’appel à un cessez-le-feu mondial qu’il a lancé lorsque la pandémie s’est installée.  Il a engagé à nouveau la communauté internationale à redoubler d’efforts pour y répondre d’ici à la fin de l’année.  « Lorsqu’un conflit fait rage en même temps qu’une pandémie, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur: le virus. » 

Mais, a estimé le Secrétaire général, il y aussi des raisons d’espérer: le nouvel accord de paix conclu entre le Gouvernement et les mouvements armés en République du Soudan; le début des négociations intra-afghanes et certains cessez-le-feu qui tiennent mieux que par le passé comme à Edleb en Syrie, ou encore l’accalmie à Gaza alors que l’idée d’annexer certaines parties de la Cisjordanie occupée a été mise de côté, du moins temporairement.

Toutefois, dans les régions où les groupes terroristes sont particulièrement actifs, les obstacles à la paix seront beaucoup plus difficiles à surmonter, a concédé M. Guterres.  Il a évoqué la situation dans la région du Sahel et du lac Tchad où il a dit craindre que les groupes terroristes et extrémistes violents cherchent à exploiter la pandémie. 

Face au spectre de la famine en République démocratique du Congo, dans le nord-est du Nigéria, au Soudan du Sud et au Yémen, le Secrétaire général a appelé à nouveau la communauté internationale à redoubler d’efforts –sous la conduite du Conseil de sécurité– pour parvenir à un cessez-le-feu mondial d’ici à la fin de l’année.  « Il reste à peine 100 jours.  Le temps presse. »

Il a aussi mis en garde contre une nouvelle guerre froide.  Notre monde ne supportera pas un avenir dans lequel les deux plus grandes économies diviseraient la planète de part et d’autre, chacune bardée de ses propres règles commerciales et financières, de son propre Internet et de ses propres capacités d’intelligence artificielle, a martelé le Secrétaire général.  Une fracture technologique et économique risque inévitablement de se muer en fracture géostratégique et militaire.  C’est ce que nous devons éviter à tout prix à son avis, a alerté le Secrétaire général. 

Passant à la riposte mondiale à la pandémie orchestrée par les Nations Unies, le Secrétaire général a fait valoir que sous la conduite de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le système des Nations Unies a aidé les États –et en particulier les pays en développement– à sauver des vies et à contenir la propagation du virus.  Ses chaînes d’approvisionnement mondiales ont permis de fournir des équipements de protection individuelle et d’autres fournitures médicales à plus de 130 pays.  Grâce au Plan de réponse humanitaire global, l’ONU a apporté une aide salvatrice aux pays et populations les plus vulnérables, y compris aux réfugiés et aux personnes déplacées.  L’ensemble du système était en mode « urgence développement », à travers ses équipes de pays et ses orientations générales pour aider les gouvernements. 

L’ONU défend les efforts pour développer « un vaccin du peuple », qui soit abordable et accessible partout.  Le Secrétaire général a d’ailleurs pointé du doigt ceux qui chercheraient à conclure de leur côté des marchés qui ne bénéficieraient qu’à leur propre population.  Le « vaccinationalisme » n’est pas qu’injuste, il est aussi voué à l’échec, a-t-il pronostiqué, parce que personne n’est en sécurité si tout le monde ne l’est pas. 

De même, les économies ne peuvent tourner normalement en temps de pandémie.  C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général a dit avoir plaidé en faveur d’un plan de sauvetage massif représentant au moins 10% de l’économie mondiale.  Il faut absolument veiller à ce que le monde en développement ne s’embourbe pas dans la ruine financière, l’escalade de la pauvreté et les crises de la dette, a-t-il souligné.  Pour éviter une « spirale fatale », il faut, selon lui, une mobilisation collective.  C’est la raison pour laquelle il a dit avoir pris l’initiative de réunir les dirigeants du monde entier dans une semaine au tour du thème du financement du développement à l’ère de la COVID-19 et après.  Le Secrétaire général a réitéré l’attention particulière qu’il porte aux femmes et aux filles, « cette moitié de l’humanité » qui subit le plus durement les conséquences sociales et économiques de la pandémie.  Si nous n’agissons pas maintenant, a-t-il mis en garde, l’égalité des sexes pourrait accuser un recul de plusieurs décennies. 

Au-delà des mesures d’urgence, les efforts de relance d’aujourd’hui doivent jeter les bases d’un monde meilleur pour demain.  Cette relance est ; selon M. Guterres, notre chance de réinventer les économies et les sociétés.  La communauté internationale dispose pour cela des feuilles de route de la Charte des Nations Unies, de la Déclaration universelle des droits de l’homme, du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur le climat.  Relance rime avec résilience et au niveau national, cela exige un nouveau contrat social, et au niveau international, un nouveau pacte mondial. 

Ce contrat social doit permettre de bâtir des sociétés inclusives et durables, a expliqué le Secrétaire général, en misant sur une nouvelle génération de politiques de protection sociale, comprenant notamment la couverture sanitaire universelle et la possibilité d’un revenu minimum universel.  L’inclusion signifie aussi de donner à toutes et à tous l’accès à l’éducation et aux technologies numériques, les deux grands vecteurs de l’autonomisation et de l’égalité de notre époque.  Cela requiert des systèmes fiscaux auxquels tout le monde contribue équitablement et de placer les droits humains au cœur de tous les efforts. 

Pour être véritablement durable, le nouveau contrat social doit assurer la transition vers les énergies renouvelables et ainsi atteindre l’objectif zéro émission d’ici à 2050.  Le Secrétaire général a demandé à tous les pays d’envisager d’inclure six mesures positives pour le climat dans les efforts qu’ils déploient pour sauver, reconstruire et relancer leurs économies.  Il a notamment cité les emplois verts, la fin des subventions pour les combustibles fossiles et la prise en compte des risques climatiques dans toutes les décisions financières et politiques. 

Quant au nouveau pacte mondial, il doit faire en sorte que les systèmes politiques et économiques mondiaux garantissent l’accès de tous aux biens publics essentiels, car ce n’est pas le cas aujourd’hui.  Le nouveau pacte doit reposer sur une mondialisation juste, fondée sur les droits et la dignité de chaque être humain, sur une vie en harmonie avec la nature et sur nos responsabilités envers les générations futures.  IL va falloir intégrer les principes du développement durable dans tous les processus décisionnels, afin d’orienter le flux des ressources vers une économie verte, durable et équitable, a-t-il précisé. 

Plus de 70 ans après leur création, les institutions multilatérales doivent elles aussi être modernisées afin de représenter plus équitablement tous les peuples du monde, plutôt que de conférer un pouvoir disproportionné à certains et de limiter l’influence des autres, a poursuivi le Secrétaire général.  Nous n’avons pas besoin de nouvelles bureaucraties, a-t-il estimé, mais d’un système multilatéral qui innove en permanence, qui bénéficie aux peuples et qui protège notre planète. 

Le multilatéralisme du XXIe siècle doit se structurer en réseau: il doit relier entre elles les institutions mondiales, telles que les banques de développement, les organisations régionales et les blocs commerciaux, à travers les secteurs et les zones géographiques.

Le multilatéralisme du XXIe siècle doit être inclusif: il doit s’ouvrir à un cercle bien plus vaste d’acteurs, en faisant appel aux capacités de la société civile, des régions et des villes, des entreprises, des fondations et des institutions universitaires et scientifiques. 

Pour M. Guterres, ce n’est qu’ainsi que nous garantirons un multilatéralisme efficace, à la hauteur des épreuves du XXIe siècle.  Il a conclu en disant que pour venir à bout des fragilités et des problèmes actuels, il nous faut plus de coopération internationale, et non pas moins; des institutions multilatérales renforcées, et non pas désertées; une meilleure gouvernance mondiale, et non pas une mêlée chaotique.  

La pandémie a bouleversé le monde, a-t-il concédé, mais ce chamboulement a dégagé un espace pour quelque chose de nouveau.  Elle nous a appris que nos choix comptent.  « Au nom de l’avenir, il est impératif que nous fassions les bons choix », a martelé le Secrétaire général.

OUVERTURE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclaration liminaire

M. VOLKAN BOZKIR, Président de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, a rappelé que la salle de l’Assemblée générale avait été le lieu de grands accomplissements et qu’elle symbolise ce que les nations peuvent accomplir lorsqu’elles sont unies.  Le débat général et la semaine de haut niveau, a-t-il ajouté, permettent à nos dirigeants politiques et de la société civile de se rassembler et de discuter des différents défis auxquels nous sommes confrontés.  Certains de ces défis sont locaux ou régionaux, mais nos efforts sont toujours mondiaux. 

Or, a fait observer M. Bozkir, cette année, le débat général a dû prendre une nouvelle forme.  Les dirigeants de nos nations ne sont pas personnellement présents, ils ne pourront pas interagir les uns avec les autres et tenir des réunions bilatérales en marge, et les possibilités de bénéficier de la participation des ONG sont limitées.  Pourtant, la nécessité de délibérer est plus importante que jamais, a déclaré le Président de l’Assemblée générale.  La pandémie, s’est-il expliqué, a affecté bien plus que notre capacité de nous réunir en personne.  Elle a frappé nos économies, poussé nos systèmes de santé dans leurs limites, bouleversé l’éducation et mis en péril notre avenir collectif. 

Les plus vulnérables sont ceux qui ont le plus souffert, a poursuivi M. Bozkir, en mentionnant la situation de plus en plus désastreuse des réfugiés et des migrants, l’exposition des femmes et filles à la violence et à l’exploitation, et celles des enfants au travail, au mariage forcé ou à la traite.  La xénophobie, le racisme et la discrimination, pour des motifs ethniques et religieux, sont en augmentation, de même que la violence à l’encontre des membres de groupes religieux et des lieux de culte. 

Au nom de tous ces gens, le Président de l’Assemblée générale a lancé un appel pour que l’humanité, qui « a rarement fait face à une menace aussi imminente et commune », laisse de côté ses différences et désaccords.  Les États doivent renouveler leur engagement collectif en faveur du multilatéralisme.  « Nous, les peuples des Nations Unies, pouvons y parvenir », a lancé M. Bozkir.

Il a rappelé les origines de l’Organisation dont il a jugé la légitimité « sans égale ».  Le système a été conçu pour être souple.  Il faut donc mieux planifier, innover et reconstruire, pour une reprise durable, inclusive et juste.  Agir seul coûterait plus de vies et plus de ressources, a-t-il poursuivi, en appelant à tirer pleinement parti de cette plateforme essentielle qu’est l’Assemblée générale pour fournir des orientations politiques aux efforts internationaux.  M. Bozkir a donc exhorté les États Membres à faire preuve de coopération et de créativité et à concevoir des solutions qui permettront à l’Assemblée générale de fonctionner efficacement et de rester pertinente.

Avec la pandémie, a-t-il dit, le système de l’ONU est de plus en plus sollicité.  M. Bozkir a donc appelé au renforcement de la coordination, de la cohérence, de l’efficacité et de la capacité d’exécution dudit système.  Il a demandé que soient renforcés encore les efforts des agences des Nations Unies, « y compris l’Organisation mondiale de la Santé, pour combattre cette pandémie ».  Il a demandé une « conversation dure et honnête sur les échecs du système multilatéral ».  Il a réclamé la mise en œuvre des réformes pour que l’ONU puisse « offrir l’avenir que nous voulons ». 

Rappelant que la Charte est le fruit de « nous, les peuples des Nations Unies », M. Bozkir a exposé les priorités de la soixante-quinzième session.  Il a cité en premier lieu le renforcement du multilatéralisme et la reconnaissance de ses réalisations.  Le monde connaît des niveaux croissants de méfiance et de rivalité entre les grandes puissances.  Or, les institutions internationales réussissent lorsqu’elles parviennent à atténuer ces tensions.  C’est l’esprit dans lequel l’ONU est née et le forum qu’elle représente est essentiel pour renforcer la coopération et le consensus, a-t-il plaidé.

M. Bozkir a ensuite annoncé son intention de faire progresser le programme humanitaire de l’ONU, compte tenu des besoins croissants, que la pandémie vient encore amplifier.  Il a également demandé que les efforts faits pour surmonter la pandémie soient pleinement alignés sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable, d’autant plus, a-t-il regretté, que « nous ne sommes pas sur la bonne voie pour atteindre les 17 objectifs d’ici à 2030 ».  Les vaccins contre la COVID-19 doivent être distribués de manière juste et équitable, a-t-il insisté. 

Enfin, il a estimé qu’il faut faire plus en faveur de l’égalité des sexes, rappelant que la Réunion de haut niveau pour marquer le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes marquerait le début des travaux de la session, alors que les inégalités restent profondément enracinées et freinent le progrès, non de la moitié, mais de toute l’humanité.  En conclusion, le Président de l’Assemblée générale a rappelé que les fondateurs de l’ONU avaient su faire preuve de courage et misé sur la confiance pour s’unir à la recherche d’un monde meilleur.  « Tirons notre force de ceux qui ont persévéré dans le passé », a-t-il ajouté.  Affirmant que, « lorsque nous avons travaillé ensemble, l’humanité a prévalu », il a imploré les dirigeants du monde de se rappeler deux points: « utiliser cette Organisation à son plein potentiel » et « se rassembler pour le bénéfice de tous ». 

Déclarations

M. JAIR MESSIAS BOLSONARO, Président du Brésil, a dit avoir mis son pays en garde contre deux problèmes simultanés: le coronavirus et le chômage, et cela, dès le début de la pandémie de COVID-19.  Ces deux problèmes devaient et doivent être réglés simultanément, a soutenu le Président.  Il a assuré que toutes les mesures de distanciation sociale et de restriction de mouvement ont été prises par les 27 gouverneurs de la Fédération brésilienne.  M. Bolsonaro en a profité pour accuser les médias d’avoir politisé la pandémie, au risque de semer le chaos social dans le pays, alors que de véritables efforts ont été menés.

Le Président a aussi dénoncé « la campagne de désinformation » qui frappe son pays au sujet de l’Amazonie, se présentant comme « le chef de file » de la protection de cette zone.  Le Brésil, a-t-il affirmé, n’est responsable que de 3% des émissions de carbone à l’échelle de la planète et n’exploite que 27% de son territoire, tout en étant le plus grand producteur alimentaire au monde.  Le monde dépend du Brésil pour se nourrir.  Notre forêt tropicale est unique et les incendies ne pourront la détruire, a déclaré M. Bolsonaro, en promettant des sanctions contre les auteurs des incendies dans l’Amazonie.  Le Président a également dit avoir tenté de créer un marché du carbone en 2018, mais a dit avoir été victime de la concurrence « illégale » du pétrole du Venezuela.  Aujourd’hui, ce sont près de 400 000 réfugiés vénézuéliens que le Brésil accueille, a rappelé le Président. 

Le Président a par ailleurs fait part de l’intention de son pays de mettre en œuvre de nouveaux cadres d’investissement pour les secteurs clefs comme le secteur énergétique, en vue d’attirer davantage d’investissements étrangers.  Ces investissements ont augmenté cette année en dépit de la pandémie, ce qui prouve que « le monde a confiance en notre gouvernement », s’est enorgueilli le Président d’« un pays chrétien et conservateur ».

M. DONALD J. TRUMP, Président des États-Unis, a commencé son intervention en parlant du « grand combat mondial » mené actuellement contre un ennemi invisible, « le virus de Chine ».  Il a ensuite décrit la « mobilisation la plus agressive depuis la Deuxième Guerre mondiale » de son pays, affirmant qu’il avait déjà réduit de 85% le taux de mortalité depuis le mois d’avril.  Les États-Unis, a affirmé le Président, ont actuellement « trois vaccins en phase finale d’essais cliniques ».  Nous allons distribuer un vaccin, venir à bout du virus et mettre fin à la pandémie, ouvrant ainsi une nouvelle ère de prospérité, a promis M. Trump. 

Le Président a ensuite annoncé son intention d’exiger de « la nation qui est à l’origine de ce fléau mondial de rendre des comptes », précisant: « Je veux parler de la Chine. »  Il a accusé ce pays d’avoir d’un côté interdit les vols intérieurs et enfermé sa population, et de l’autre, d’avoir laissé se poursuivre les vols internationaux au départ de son territoire et d’avoir ainsi « infecté le monde ».  Dénonçant au passage l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) « contrôlée par la Chine », M. Trump a répété que les États-Unis doivent « tenir la Chine comptable de ses actes ».

M. Trump a aussi accusé la Chine d’aggraver la dégradation de l’environnement.  Il lui a ainsi reproché d’emplir les océans de déchets plastiques, d’y pratiquer la surpêche, d’y rejeter plus de mercure que tout autre État ou encore d’émettre aux moins deux fois plus de carbone que les États-Unis.  Pour M. Trump, ceux qui attaquent le bilan environnemental « exceptionnel » de son pays et ignorent la pollution chinoise ne sont pas intéressés par l’environnement mais veulent seulement « punir l’Amérique ».  « Je ne le permettrai pas », a-t-il affirmé. 

M. Trump a demandé aux Nations Unies de se concentrer sur « les vrais problèmes » du monde, parmi lesquels il a cité le terrorisme, l’oppression des femmes, la traite des êtres humains et les persécutions religieuses.  L’Amérique défendra toujours les droits humains, a-t-il ajouté, précisant que son administration promeut la liberté religieuse, les opportunités pour les femmes, la dépénalisation de l’homosexualité, tout comme elle combat la traite et assure la protection « des enfants à naître ».

Après avoir présenté les États-Unis comme le « chantre de la liberté et de la sécurité dans le monde », M. Trump a affirmé que son pays a « bâti en trois ans » l’économie la plus puissante du monde, de même que « l’armée la plus puissante au monde, et de loin ».

Il a ajouté qu’il s’est opposé à « des décennies d’abus commerciaux de la Chine » et a forgé des « partenariats historiques » avec plusieurs pays d’Amérique latine.  Il a vanté le retrait de son pays de « l’accord désastreux » sur le nucléaire iranien, s’est félicité d’avoir « réduit à néant » le califat de l’État islamique d’Iraq et du Levant et éliminé « le pire terroriste au monde, Qassem Soleimani » - le général iranien chef des gardiens de la révolution, tué dans une frappe aérienne américaine en Iraq en janvier 2020. 

Le Président a insisté sur la « percée décisive » de son administration au Moyen-Orient, déjà mentionnée par la représentante des États-Unis lorsqu’elle a présenté le discours vidéo de M. Trump.  Ce dernier a qualifié l’établissement de relations diplomatiques entre les Émirats arabes unis, Bahreïn et Israël sous l’égide des États-Unis, d’« accord de paix révolutionnaire » et d’« aube d’un nouveau Moyen-Orient ».  « Avec une approche différente, nous avons obtenu des résultats différents, bien meilleurs », a-t-il fait valoir, en raillant « les mêmes voix lasses » qui ont proposé « les mêmes solutions défaillantes » pendant des décennies.  Dans le même sens, il a cité une « percée dans les Balkans » grâce au rapprochement facilité entre la Serbie et le Kosovo, « après deux décennies d’absence totale de progrès ». 

« C’est avec fierté que je fais passer l’Amérique avant tout », a encore affirmé le Président des États-Unis, qui a, comme les années précédentes, recommandé aux autres dirigeants de faire de même avec leur propre pays.  Il a conclu par un « Dieu bénisse l’Amérique » doublé d’un « Dieu bénisse les Nations Unies ». 

M. RECEP TAYYİP ERDOĞAN, Président de la Turquie, a commencé par saluer son ancien collègue, l’Ambassadeur Volkan Bozkir, qui vient de prendre la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU.  Il lui a souhaité plein succès dans l’exercice de ses fonctions, qu’il assume à une date aussi importante que le soixante-quinzième anniversaire de la création de l’ONU.  Pour le Chef de l’État turc, la tenue de l’Assemblée générale sur le thème « Lutte contre la COVID-19 et multilatéralisme » est une bonne décision.  La Turquie tiendra ses engagements et est déterminée à maintenir son soutien dans la lutte contre la pandémie, a-t-il assuré. 

M. Erdoğan a reconnu que la COVID-19 a frappé le monde au moment où il avait déjà du mal à relever d’autres défis.  La mondialisation, le système basé sur des règles et le multilatéralisme, qui étaient déjà remis en cause, sont aujourd’hui encore plus bousculés par l’impact de la pandémie, a-t-il constaté.  Il est nécessaire, a-t-il estimé, de réformer les organisations multilatérales, en particulier les Nations Unies.  En effet, a-t-il dit, nous avons vu l’inefficacité des mécanismes mondiaux durant cette crise.  Il a ainsi fallu des semaines, voire des mois, au Conseil de sécurité pour inscrire la pandémie à son ordre du jour.  « Le sort de l’humanité ne peut être laissé à la merci d’un nombre restreint de pays », a-t-il plaidé, appelant à revoir notre mentalité, nos institutions et nos règles. 

Nous devons doter le Conseil d’une structure et d’un fonctionnement plus efficaces, démocratiques, transparents et responsables, a ajouté le Président turc, se disant également favorable à un renforcement de l’Assemblée générale.  Dès les premiers jours de la crise, a-t-il affirmé, la Turquie a appelé à la coopération dans toutes les plateformes internationales et a été à l’avant-garde des efforts menés contre la COVID-19.  Elle a ainsi contacté 146 pays et sept organisations internationales qui ont demandé une assistance en matériel médical, assurant en outre le rapatriement de plus de 100 000 de ses citoyens dans 141 pays.  Avec les mêmes vols, a-t-il ajouté, nous avons transporté plus de 5 500 étrangers de 67 pays chez eux, non pas pour mener une « diplomatie du coronavirus » mais parce que le secours aux victimes et aux opprimés est l’essence de notre « politique étrangère entreprenante et humanitaire ».  Il importe, selon lui, que la fourniture de matériel médical et les efforts de développement des vaccins ne deviennent pas un problème de concurrence.  Quel que soit le pays dans lequel ils sont produits, les vaccins prêts à l’emploi doivent être offerts dans l’intérêt commun de l’humanité, a-t-il insisté.

Pour le dirigeant turc, la pandémie a accru les vulnérabilités.  Il a regretté à cet égard que l’appel lancé par le Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu humanitaire mondial n’ait pas produit de résultats concrets.  En Syrie, où le conflit continue de constituer une menace pour la sécurité de la région, la Turquie a porté le plus sérieux coup contre Daech.  Elle continue aussi de lutter contre l’organisation terroriste PKK-YPG, a-t-il affirmé, jugeant cette approche essentielle pour garantir le retour sûr et volontaire des réfugiés.  La Turquie, a-t-il ajouté, a réussi à empêcher que des millions de Syriens, vivant en particulier à Edleb, quittent leur patrie.  Elle accueille par ailleurs quatre millions d’autres Syriens sur son territoire et mène toutes ces activités avec ses propres moyens, sans un soutien significatif de la communauté internationale ou des organisations internationales.  À ses yeux, la priorité devrait être de résoudre le conflit en Syrie sur la base de la feuille de route approuvée dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité. 

Aujourd’hui, a poursuivi M. Erdoğan, des pays comme le sien, qui accueillent un grand nombre de réfugiés, sauvent la dignité de toute l’humanité grâce à leurs sacrifices.  Pourtant, certains États, parmi lesquels des États européens, violent les droits des réfugiés et des demandeurs d’asile, a-t-il accusé.  Il est temps, a martelé le Président turc, que l’ONU prenne position contre ces violations qui contreviennent aux Conventions de Genève et aux droits de l’homme.  Les attaques lancées par les auteurs du coup d’État en Libye, l’année dernière, qui visait à renverser le gouvernement légitime d’entente nationale, n’ont apporté que douleur et destruction.  La communauté internationale n’a pas pu faire en sorte que les auteurs de ce coup d’État rendent compte de leurs violations, alors que la Turquie a répondu à l’appel à l’aide du gouvernement légitime libyen. 

Appelant à une solution politique permanente en Libye, par le biais d’un dialogue inclusif, il a jugé qu’il est aussi de la responsabilité de la communauté internationale d’arrêter l’effusion de sang au Yémen.  L’histoire ne pardonnera pas à ceux qui convoitent la souveraineté, l’unité politique et l’intégrité territoriale de ce pays ni à ceux qui négligent les souffrances des Yéménites, a-t-il lancé.  Il a également souhaité que l’Iraq ne se transforme pas en une zone de conflit pour les puissances extérieures et a dit vouloir coopérer plus étroitement avec ce pays, en particulier dans la lutte contre le terrorisme.  D’autre part, il s’est dit favorable à la résolution des problèmes du programme nucléaire iranien, réitérant son appel aux parties pour qu’elles respectent leurs obligations au titre du Plan d’action global commun.  Il a aussi estimé que l’occupation et l’oppression israéliennes en Palestine, « plaie saignante de l’humanité », continuent de blesser les consciences.  Selon lui, les pays qui ont déclaré leur intention d’ouvrir des ambassades à Jérusalem, en violation des résolutions de l’ONU, ne font que compliquer le conflit qui ne peut être résolu qu’avec l’établissement d’un État de Palestine indépendant, sur la base des frontières de 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale, a-t-il réaffirmé. 

Dans le même ordre d’idées, le Président turc a estimé que l’Arménie, avec ses attaques contre des territoires azerbaïdjanais en juillet, a une fois de plus prouvé qu’elle est le plus grand obstacle à une paix durable dans le Caucase du Sud.  Le conflit du Haut-Karabakh doit, selon lui, se régler en respectant l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie, conformément aux résolutions de l’ONU et de l’OSCE.

Après avoir évoqué le conflit au Cachemire, autre « question brûlante », appelant là aussi au dialogue dans le cadre des résolutions onusiennes, M. Erdoğan s’est longuement penché sur le dossier chypriote.  Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur la violation des droits de notre pays et des Chypriotes turcs, a-t-il souligné, dénonçant les mesures unilatérales et « maximalistes » de la Grèce et des Chypriotes grecs depuis 2003.  Il a assuré que son pays ne tolérera aucune mesure imposée et a appelé à un dialogue et à une coopération entre les pays côtiers de la Méditerranée orientale.  Il a ainsi proposé la convocation d’une conférence régionale prenant en considération les droits et les intérêts de tous les pays de la région. 

Notant que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, le Chef de l’État turc a plaidé pour une élimination de toutes les armes de destruction massive.  Il a également jugé urgent d’agir ensemble contre les changements climatiques, assurant que son pays remplit ses obligations à cet égard.  Face à l’islamophobie croissante, la Turquie est plus que jamais engagée contre le racisme, la xénophobie et les discours de haine, a ajouté M. Erdoğan.  Avant de conclure, il a noté que la pandémie et la crise économique ont des effets négatifs sur le développement durable et sur le Programme 2030, notamment dans les pays en développement et à faible revenu.  Pour survivre à cette crise, il importe, selon lui, d’utiliser le pouvoir « transformateur » de la technologie numérique. 

M. XI JINPING, Président de la Chine, a rappelé que l’humanité se bat contre la COVID-19 qui renaît sans cesse et a salué les efforts des pays, unis dans un « combat solidaire ».  « Le virus sera vaincu, l’humanité remportera le combat », a-t-il affirmé.  Face au virus, a-t-il dit, nous devons mobiliser toutes les ressources pour placer les peuples et la vie humaine au-dessus de tout.  Le Président a lancé un appel à la solidarité, au respect de la science et au « rôle dirigeant de l’Organisation mondiale de la Santé ».  Toutes politisation et stigmatisation doivent être rejetées, a-t-il ajouté.  M. Xi sa préconisé une relance progressive et intégrée des économies nationales.  La communauté internationale doit rapidement alléger la dette des pays en développement et veiller à la mise en œuvre du Programme 2030. 

Rappelant la contribution essentielle de son pays à la victoire contre le fascisme et à la création des Nations Unies, le Président a affirmé que, de même, son pays participe aujourd’hui à la lutte contre la pandémie.  Quand les vaccins seront au point, ils seront traités comme un bien public mondial offert en priorité aux pays en développement, a-t-il assuré.  La COVID-19 ne sera pas la dernière crise que l’humanité aura à affronter, a ensuite averti le Président, pour qui il faut se préparer à affronter ensemble d’autres défis planétaires.  Pays et peuples sont étroitement liés et partagent un même avenir, a-t-il rappelé.

M. Xi a dit rejeter le « piège idéologique du choc des civilisations ».  La mondialisation est incontestable et la combattre tel Don Quichotte va à contre-courant de l’histoire.  Au contraire, il faut réaliser un développement équilibré et suffisant qui profite de manière équitable à tous les pays, préserver une économie mondiale ouverte et combattre sans équivoque le protectionnisme, a plaidé le dirigeant.

La COVID-19 ouvre la voie à la nécessité d’une transition vers un monde plus « vert », a poursuivi M. Xi.  L’Accord de Paris sur les changements climatiques indique la voie à suivre et la Chine s’efforcera de réaliser la neutralité carbone d’ici à 2060.  Elle promeut d’ailleurs une « reprise verte » de l’économie mondiale après la pandémie, a affirmé le Président qui a plaidé pour une gouvernance mondiale adaptée aux tendances historiques de la paix et du développement.  Les pays peuvent avoir des divergences mais la solution passe par la concertation, a estimé M. Xi.  Les grandes puissances doivent offrir davantage de biens publics mondiaux et agir en démontant leur sens des responsabilités.

La Chine est « le plus grand pays en développement », sans ambition hégémonique, a rassuré le Président.  Mon pays, a-t-il souligné, appuie le rôle central des Nations Unies dans le système international.  Il a d’ailleurs promis à l’ONU la somme de 50 millions de dollars pour la riposte à la pandémie et la même somme pour le Fonds fiduciaire de la FAO pour la coopération Sud-Sud.  La Chine, a-t-il ajouté, entend par ailleurs mettre en place un centre mondial du savoir géospatial sous l’égide de l’ONU. 

 « Les défis de notre génération sont la mère de tous les combats », a déclaré M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHENIQUE, Président du Chili, « car ce sont des combats pour notre survie ».  Il y a un an, a notamment rappelé M. Piñera, personne n’imaginait qu’un virus invisible et microscopique était sur le point de provoquer la pire catastrophe sanitaire, sociale et économique des 100 dernières années.  Tant qu’il n’y aura pas de vaccin efficace et sûr, a poursuivi le Président, nous devrons apprendre à vivre avec ce virus qui a changé nos façons de travailler, d’étudier, de s’approvisionner et de socialiser. 

Aux yeux de M. Piñera, seules des solutions collaboratives et multilatérales permettront de surmonter cette crise.  Pour y parvenir, le Président a insisté sur l’importance du leadership sur la scène internationale.  « Les grandes puissances, au lieu de s’affronter en permanence dans le domaine économique et sanitaire, devraient prendre la tête de la lutte contre cette pandémie et la récession mondiale et ne pas créer un vide de leadership important et inquiétant », a-t-il déclaré. 

En matière de santé, cela passe par le partage des diagnostics et des connaissances, une coordination dans les fermetures et ouvertures des frontières et l’accès partagé à un vaccin efficace et sûr, au bénéfice des pays les plus vulnérables.  Au lieu de cela, le Président a déploré la « guerre commerciale » en cours, responsable selon lui de la stagnation du commerce et des investissements internationaux, de l’affaiblissement du libre-échange, de la montée du protectionnisme et du blocage de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  À contre-pied de cette évolution, M. Piñera a appelé à reconstruire un ordre économique multilatéral, « respecté par tous et fondé sur des règles ».

La pandémie de COVID-19 et la récession économique mondiale ont par ailleurs détourné notre attention du réchauffement climatique, a en outre déclaré le Président chilien.  Mais ces graves menaces continuent de progresser et notre meilleure option est certainement de les affronter simultanément, a-t-il estimé.

À titre national, M. Piñera a indiqué que le Chili s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 au moyen des mesures suivantes: fermeture totale des centrales à charbon d’ici à 2040; 100% des transports en commun à l’électricité d’ici à 2040; tarifs spéciaux pour remplacer progressivement le bois de chauffage par l’électricité; et protection des forêts, de la biodiversité et reboisement, en privilégiant les espèces indigènes et les solutions basées sur la nature.

Passant à la situation politique en Amérique du Sud, le Président a reconnu que le continent a essuyé un certain nombre de revers « qui menacent la liberté, les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et la qualité de vie », citant notamment la situation « dramatique » au Venezuela où ces principes sont violés en permanence.  À ses yeux, le pays traverse actuellement la pire crise politique, sociale, économique et humanitaire de son histoire.  Selon M. Piñera, la meilleure solution pour surmonter la crise vénézuélienne est la formation d’un gouvernement de transition et la tenue d’élections libres et démocratiques pour que le peuple vénézuélien puisse choisir librement et souverainement ses dirigeants.

Passant à la situation politique de son pays, le Président a indiqué qu’à la fin de l’année dernière, d’importants mouvements sociaux y avaient vu le jour, à l’instar d’autres États de la région et du monde.  « Au Chili, des citoyens de tous âges et de tous secteurs sont descendus dans la rue pour réclamer de meilleurs salaires, une meilleure santé et une meilleure éducation », a-t-il précisé.

Malheureusement, a affirmé M. Piñera, ces manifestations ont été instrumentalisées au profit d’une « explosion énorme et inattendue de violence, d’incendies, d’émeutes, de destructions et de crimes ».  Il a souligné que le Gouvernement et la police du Chili ont fait face à cette vague de violences dans le strict respect des droits de l’homme.  Toutes les preuves d’abus ou de recours excessif à la force ont été transférées au Procureur de la République.  « Nous mettrons tout en œuvre pour qu’il n’y ait pas d’impunité au Chili, ni pour ceux qui violent les droits de l’homme, ni pour ceux qui prennent pour cible la société », a encore insisté le Président.  Pour sortir de cette crise, M. Piñera a indiqué que son gouvernement a proposé une « solution institutionnelle et pacifique » sous la forme d’une réforme constitutionnelle, qui fera l’objet d’un référendum national le 25 octobre prochain.

Pour M. MATAMELA CYRIL RAMAPHOSA, Président de l’Afrique du Sud et Président de l’Union africaine (UA), si nous voulons construire un avenir inclusif et commun au lendemain de la crise de la COVID-19, il faut faire prévaloir la solidarité internationale.  Sur le continent africain, a-t-il affirmé, la réponse au coronavirus a été robuste et rapide.  L’UA a créé un fonds de riposte ainsi qu’une plateforme pour garantir l’accès aux équipements et aux médicaments.  Mais, a reconnu le Président, cette pandémie a porté un coup aux progrès de l’Afrique vers la réalisation des objectifs de développement durable, en raison de la réaffectation des ressources consacrées au développement socioéconomique.  Le Président a donc demandé la suspension du paiement des intérêts de la dette extérieure africaine et a appelé les partenaires internationaux à appuyer les mesures de stimulation de l’économie africaine.

Il a aussi, au nom de l’UA, demandé la levée des sanctions imposées au Zimbabwe et au Soudan et réclamé des mesures en faveur de la viabilité de la dette.  Le Président Ramaphosa a plaidé pour des opportunités économiques pour les jeunes, les femmes et les personnes vulnérables, sans oublier des mesures ambitieuses contre le fléau de la corruption.  C’est à un avenir sans faim, sans maladie et sans guerre auquel aspire l’Afrique du Sud.  L’année 2020, a fait observer le Président, entrera dans l’histoire comme celle qui a fait reculer les frontières du racisme grâce au mouvement Black Lives Matter.  L’ONU, a-t-il estimé, doit se saisir de cette question.

À l’heure du vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action de Beijing, il faut redoubler d’efforts pour permettre aux femmes et aux filles de pleinement réaliser leur potentiel.  L’Afrique du Sud travaille à la finalisation d’une convention de l’UA pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, a indiqué M. Ramaphosa.  En tant que pays africain, l’Afrique du Sud poursuit également ses efforts dans le cadre de l’initiative de l’UA « Faire taire les armes ».  À cet égard, le Président a estimé qu’il est indispensable que la coopération entre le Conseil de sécurité de l’ONU et le Conseil de paix et de sécurité de l’UA soit institutionnalisée et que la question du financement des opérations de maintien de la paix de l’UA, autorisée par le Conseil de sécurité de l’ONU, soit réglée.  En tant que membre non permanent dudit Conseil, l’Afrique du Sud a dit utiliser son mandat pour obtenir des progrès en la matière. 

Passant à la problématique des changements climatiques, le Président a encouragé la communauté internationale à avancer sur la voie de l’économie verte et de l’objectif zéro émission.  La pandémie de COVID-19, a-t-il conclu, nous place devant: le choix entre le multilatéralisme et les nationalismes, entre la tolérance et les préjugés, entre la justice économique et les inégalités croissantes.  L’héritage idéal de cette soixante-quinzième session de l’Assemblée générale serait la capacité d’incarner véritablement l’esprit de la Charte des Nations Unies, dont la solidarité.

M. MIGUEL DÍAZ CANEL BERMÚDEZ, Président de Cuba, a jugé urgent non seulement de juguler la pandémie mais de démocratiser dès maintenant cette Organisation qui s’avère indispensable si l’on veut qu’elle réponde efficacement aux besoins et aux aspirations de tous les peuples.  Le Président cubain a dénoncé la politique agressive et belliciste de l’impérialisme dont « le fauteur suprême » est l’Administration actuelle des États-Unis.  Ancrée dans une attitude qui méconnaît les vieux principes de la coexistence pacifique et du respect du droit d’autrui à l’autodétermination, l’Administration Trump manipule à des fins subversives la coopération en matière de démocratie et de droits de l’homme, alors que les expressions de haine, de racisme, de brutalité policière et les irrégularités du système électoral et du droit de vote des citoyens prolifèrent chez elle pratiquement sans contrôle. 

Il est urgent de réformer les Nations Unies, a déclaré M. Bermúdez.  « On ne saurait préserver plus longtemps comme s’il était naturel et inamovible un ordre international inégal, injuste et antidémocratique qui fait passer l’égoïsme avant la solidarité et les intérêts misérables d’une puissance minoritaire avant les justes aspirations de millions de personnes. »

Compte tenu de la gravité de l’époque, que beaucoup attribuent uniquement à la pandémie de COVID-19, le Président cubain a averti que ses effets dépassent largement le domaine sanitaire.  La crise multidimensionnelle qu’elle a suscitée prouve clairement que les politiques déshumanisées qu’impose la dictature jusqu’au-boutiste du marché sont profondément erronées, a-t-il fait valoir.  Il serait, selon lui, « criminel » de renvoyer à demain des décisions d’hier et d’aujourd’hui.  Il est impératif de promouvoir la solidarité et la coopération internationales pour atténuer le coup. 

Cuba n’a pas été prise au dépourvu, a expliqué le Président.  Forte de l’expérience qu’elle a acquise durant des décennies de lutte contre de terribles épidémies, dont certaines ont été introduites délibérément dans le cadre de « la guerre permanente contre son projet politique », elle a aussitôt mis en route un train de mesures fondées sur ses capacités et ses points forts essentiels: un État socialiste organisé et responsable de la santé des citoyens, des ressources humaines hautement qualifiées et une société où le peuple participe largement à la prise de décisions et à la solution des problèmes. 

Nous y sommes parvenus malgré les dures contraintes qu’entraîne le blocus économique, commercial et financier prolongé que nous imposent les États-Unis, et que l’Administration actuelle, même en pleine pandémie, a brutalement durci ces deux dernières années, a rappelé M. Bermúdez. 

Le Président a exigé que l’Administration Trump condamne publiquement l’attaque terroriste perpétrée le 30 avril dernier par un individu qui, armé d’un fusil d’assaut, a tiré à plus de 30 reprises sur l’ambassade cubaine à Washington.  Il a demandé par ailleurs qu’elle cesse d’attaquer et de diffamer l’action altruiste de la coopération médicale internationale de Cuba.  Le pays a dépêché plus de 3 700 coopérants organisés dans 46 brigades médicales dans 39 pays et territoires touchés par la COVID-19. 

M. Bermúdez a encore condamné le chantage « crapuleux » que l’Administration étasunienne exerce sur l’Organisation panaméricaine de la santé pour en faire l’instrument dans son agression « maladive » contre Cuba.  Il a rejeté les actions visant à déstabiliser le Venezuela et le Nicaragua et appuyé les nations des Caraïbes qui exigent une juste réparation pour l’horreur de l’esclavage et de la traite des esclaves. 

La communauté scientifique cubaine travaille sans relâche sur l’un des premiers vaccins dans le monde à être entré dans la phase des essais cliniques, a conclu le Président.  « Des médecins, et non des bombes! » telle est notre devise. 

M. VLADIMIR PUTIN, Président de la Fédération de Russie, a mis l’accent sur la création du Nouvel ordre mondial en 1945 et la Charte, qui demeure la source du droit international.  Il a appelé à réfléchir aux principes intangibles de la Charte: l’égalité souveraine des États, la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, le droit des peuples de déterminer leur propre avenir, le non-recours à la force ou à la menace de la force et le règlement pacifique des différends.

Dressant le bilan des 75 dernières années, M. Putin a estimé que, malgré toutes les difficultés et les changements géopolitiques intervenus, l’ONU a « rempli avec compétence sa mission » de protection de la paix et de promotion du développement durable.  Il a vu dans « cet énorme potentiel et cette expertise de l’ONU » une base solide pour aller de l’avant.  En même temps, il a rappelé que l’ONU ne doit pas se raidir, mais évoluer conformément à la dynamique du XXIsiècle et s’adapter à la réalité d’un monde moderne toujours plus compliqué, multipolaire et multidimensionnel.

M. Putin a reconnu que les changements actuels ont « un effet » sur « le principal organe de l’ONU, le Conseil de sécurité ».  Pour la Fédération de Russie, le Conseil doit tenir compte davantage des intérêts de tous les pays et de la diversité de leurs positions, et il doit fonder ses travaux sur le principe du consensus le plus large possible.  Mais en même temps, il doit continuer d’être la pierre angulaire de la gouvernance mondiale et cela, a-t-il plaidé, ne peut se réaliser que si ses membres permanents conservent leur droit de veto.  Pour M. Putin, le droit des cinq puissances nucléaires, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, « reste révélateur de l’équilibre militaire et politique actuel à ce jour ».  Le Conseil « aide à prévenir les actions unilatérales susceptibles d’entraîner une confrontation militaire directe » entre les principaux États, et donne l’occasion de rechercher un compromis ou du moins d’éviter des solutions qui seraient totalement inacceptables pour d’autres et d’agir dans le cadre du droit international, plutôt que dans une zone grise d’arbitraire et d’illégitimité.

Pour M. Putin, le système fonctionne.  Il l’a opposé à la « tristement célèbre Société des Nations d’avant-guerre », ses « discussions interminables et ses déclarations sans mécanismes d’action réelle ».  Il a donc appelé à ne pas oublier les leçons de l’histoire, une attitude « vile et offensante pour la mémoire des combattants contre le nazisme » et surtout « extrêmement irresponsable » à l’heure où les menaces se multiplient

M. Putin a rappelé les souffrances causées par la pandémie actuelle avant d’ajouter que, si les experts n’ont pas encore pleinement évalué l’ampleur du choc social et économique, il était évident qu’il faudra « vraiment du temps » pour rétablir l’économie mondiale.  Nous aurons besoin de nouvelles solutions innovantes, a estimé le Président, pour qui la seule façon d’élaborer de telles solutions est de travailler ensemble. 

Parlant d’une croissance inclusive qualitative, il a rappelé que cette idée sous-tend l’initiative russe de créer un grand partenariat eurasien, idée « purement pragmatique et de plus en plus pertinente ».  Il a également rappelé la proposition russe de créer des « couloirs verts », « à l’abri des guerres commerciales et des sanctions ».  M. Putin a estimé qu’un commerce sans barrière ni restriction, et sans sanctions illégitimes aiderait beaucoup à revitaliser la croissance mondiale et à réduire le chômage.

Pour M. Putin, la pandémie a mis en évidence une série de problèmes éthiques, technologiques et humanitaires.  Il a souhaité que l’ONU discute très sérieusement des questions liées à la cybersécurité et à l’utilisation des technologies numériques avancées.  À la lumière de la pandémie, M. Putin a déploré « un certain déficit d’humanité et de gentillesse dans les relations interétatiques ».  Il faut désormais, comme dans l’économie, lever les obstacles aux partenariats.  La Fédération de Russie contribue activement aux efforts mondiaux de lutte contre la COVID-19, tout en tenant compte du « rôle central de coordination de l’OMS ».  M. Putin s’est dit totalement disposé à fournir à d’autres pays « le premier vaccin au monde, “Spoutnik-V”, qui s’est avéré fiable, sûr et efficace ».  Il a proposé de « fournir gratuitement notre vaccin au personnel de l’ONU et à ses bureaux ».

Après avoir rappelé l’engagement de la Fédération de Russie à atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, M. Putin a abordé la question de la prorogation du Traité de réduction des armements stratégiques Russie-États-Unis, qui expirera en février 2021, et rappelé que des discussions sont en cours.  Il a souhaité une « retenue mutuelle » s’agissant du déploiement de nouveaux systèmes de missiles et a regretté l’absence de réaction occidentale au moratoire décidé l’an passé par son pays sur le déploiement de missiles à moyenne et courte portée à lancement terrestre tant que les États-Unis feraient de même.  M. Putin a encore proposé une initiative visant à interdire les armes dans l’espace extra-atmosphérique.

M. Putin n’a pas manqué de rappeler sa proposition de convoquer un sommet des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, le « G5 », afin de réaffirmer les principes fondamentaux des relations internationales et d’élaborer des moyens de traiter efficacement les problèmes les plus brûlants du jour.  Il a dit avoir prévu de tenir ce sommet « en personne, dès que la situation épidémiologique le permettra ».

ABDALLAH II IBN AL HUSSEIN, Roi du Royaume hachémite de Jordanie, a annoncé que son pays, désireux de contribuer activement au respect de l’environnement, a élaboré une charte en vertu de laquelle toutes les espèces, végétales et animales, ont droit à l’existence.  Selon le souverain, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les fragilités du monde contemporain et du multilatéralisme, tout en donnant une opportunité historique de repenser les Nations Unies pour leur permettre de mieux lutter contre les problèmes qui se posent à elles aujourd’hui.  Évoquant la situation au Moyen-Orient, le Roi de Jordanie a indiqué que le conflit israélo-palestinien ne peut être réglé que dans le respect du droit international, la seule voie susceptible de mener à un État palestinien indépendant, viable, avec Jérusalem-Est pour capitale, coexistant en paix et en sécurité avec Israël.  Après avoir rappelé la responsabilité qui est la sienne, en tant que « gardien hachémite », de préserver les lieux saints de Jérusalem, le Roi a redit, en ce soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation, son attachement à la promesse d’un monde plus prospère et plus sûr.  Saisissons l’occasion qui se présente pour nous montrer plus audacieux.

Face aux grands bouleversements engendrés par la pandémie de COVID-19, M. MOON JAE-IN, Président de la République de Corée, a appelé les États Membres à mettre en commun leur « sagesse ».  Il a souligné que, pour sa part, la République de Corée a traduit les valeurs fondamentales de la démocratie en trois grands principes de la lutte contre les maladies infectieuses: « ouverture, transparence et démocratie ».  En intégrant la notion de multilatéralisme à son esprit communautaire, le peuple coréen s’est protégé, tout en protégeant ses voisins au-delà de ses frontières, a ainsi expliqué le Président.  En partageant du matériel de prévention avec d’autres pays sans fermer les frontières, la République de Corée a maintenu son économie intacte; les valeurs qui ont permis de surmonter le coronavirus étant identiques à celles défendues par l’ONU. 

Dans un monde post-COVID-19, s’est ensuite projeté M. Moon, l’ONU devrait diffuser encore davantage ses valeurs universelles pour résoudre les défis complexes, tels que la coopération dans le domaine de la santé, la coopération économique au développement durable et l’action climatique.  Les batailles que chaque pays a livrées cette année ont clairement démontré que la crise ne saurait être surmontée par un seul pays ou sans prendre en compte ses voisins, a-t-il insisté, plaidant en faveur du multilatéralisme, sous l’égide de l’ONU.

M. Moon a souligné que l’idée onusienne d’un « multilatéralisme ouvert » est sur le point d’être mise à l’épreuve dans la perspective du futur vaccin contre la COVID-19.  Nous devons non seulement renforcer la coopération internationale en la matière, mais également garantir l’accès de tous les pays.  Pour cela, le Président coréen a appelé à utiliser des fonds internationaux pour acheter à l’avance des doses suffisantes de vaccins au profit des organisations internationales, lesquelles les redistribueraient aux pays pauvres et en développement.  À cette fin, il a précisé que la République de Corée participe activement à l’initiative COVAX, un effort collectif visant à négocier avec les producteurs de vaccins mené par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Alliance GAVI.

Passant à la question de la péninsule coréenne, M. Moon a rappelé qu’avec le soutien de la communauté internationale, son pays a été en mesure d’accueillir les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang en 2018.  Cet événement, auquel a participé la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a donné lieu à trois réunions intercoréennes au sommet, a-t-il salué.  La même année, a poursuivi le Président, le sommet américano-nord-coréen, fruit de décisions « audacieuses » de la part des dirigeants des deux parties, a prouvé que le processus de paix pouvait progresser grâce au dialogue. 

« Cependant la paix n’est toujours pas dans la péninsule coréenne », a déploré M. Moon, constatant que les avancées sur la question étaient « au point mort ».  Mais, a-t-il plaidé, « en fin de compte, le Sud et le Nord sont liés par une seule communauté de vie entrelacée par des montagnes, rivières et mers qui s’étendent de part et d’autre ».  M. Moon a donc espéré que la coopération intercoréenne en matière de prévention et de contrôle des maladies contribuerait à la paix dans la péninsule coréenne. 

Le Président a proposé de lancer une initiative de coopération en Asie du Nord-Est pour le contrôle des maladies infectieuses et la santé publique, à laquelle la République populaire démocratique de Corée (RPDC) participerait aux côtés de la Chine, du Japon, de la Mongolie et de la République de Corée.  Le moment est venu de mettre fin à la tragédie qui persiste dans la péninsule coréenne, a insisté M. Moon.  À ses yeux, une telle avancée doit nécessairement passer par la reconnaissance officielle de la fin de la guerre, qui permettrait « d’ouvrir la porte à une dénucléarisation complète et à un régime de paix permanent dans la péninsule coréenne ».  Le Président a par conséquent appelé l’ONU et la communauté internationale à appuyer son pays dans cette initiative.

CHEIKH TAMIM BIN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar, a souhaité que l’expansion de la pandémie de COVID-19 rappelle à tous que nous vivons sur la même planète et que la coopération multilatérale est le seul moyen de faire face aux défis des épidémies, du climat et de l’environnement, en général.  Il importe de s’en souvenir lorsque nous traitons des questions de la pauvreté, de la guerre et de la paix, et des moyens de réaliser nos objectifs communs pour la sécurité et la stabilité.  En réponse à cette crise sanitaire mondiale, a-t-il dit, le Qatar a fourni une assistance à plus de 60 pays et cinq organisations internationales, participé aux efforts internationaux de mobilisation des ressources et soutenu des centres de recherche pour découvrir rapidement un vaccin contre le virus. 

Le dirigeant du Qatar a ensuite affirmé qu’après plus de trois ans de blocus « injuste et illégal », son pays poursuit sa marche vers le progrès et le développement.  Il a ainsi renforcé sa participation effective à l’action internationale multilatérale pour trouver des solutions à d’autres crises, dans le respect de la souveraineté des États.  L’Émir a par ailleurs exprimé sa gratitude à son homologue du Koweït et aux pays frères pour leurs efforts visant à dénouer le blocus contre son pays. 

Évoquant la crise palestinienne, il a regretté que la communauté internationale soit « impuissante » et ne prenne aucune mesure efficace vis-à-vis de « l’intransigeance israélienne » et de l’occupation des terres arabes, en plus du blocus qui étouffe Gaza, de la poursuite de la colonisation et de l’imposition de la politique du fait accompli, en violation flagrante des résolutions de la légalité internationale et de la solution des deux États.  À ses yeux, le fait que cette cause reste sans règlement « pose le plus grand point d’interrogation sur la crédibilité de la communauté internationale et de ses institutions ». 

L’Émir a invité la communauté internationale, en particulier le Conseil de sécurité, à assumer sa responsabilité juridique; à obliger Israël à lever le siège de la bande de Gaza; à ramener le processus de paix sur la bonne voie grâce à des négociations crédibles; à traiter de toutes les questions relatives au statut final; à mettre fin à l’occupation selon un calendrier précis; à établir un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale; et à mettre fin à l’occupation israélienne de tous les territoires arabes occupés. 

Pour sa part, a-t-il indiqué, le Qatar a continué, en coordination avec ses partenaires internationaux, à fournir une aide humanitaire et au développement aux Palestiniens, répondant notamment aux besoins urgents dans la bande de Gaza assiégée, en plus de l’accroissement de ses contributions à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). 

Les efforts de médiation du Qatar ont d’autre part abouti à la signature de l’accord de paix entre les États-Unis et les Taliban, le 29 février, s’est enorgueilli le Chef de l’État qatari.  Nos efforts, conjugués à ceux de nos partenaires internationaux, ont permis de tenir les négociations de paix interafghanes qui ont commencé le 12 de ce mois-ci, à Doha, a-t-il ajouté.  Leur succès dépend désormais des frères afghans eux-mêmes.  Le Qatar continuera d’agir pour faciliter le dialogue en Afghanistan, à condition que « tout le monde décide de délaisser définitivement la violence et d’accepter la diversité, la différence et l’égalité de citoyenneté dans ce pays ». 

S’agissant de la crise syrienne, l’Émir a regretté l’intransigeance du régime syrien et l’échec de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité, à assurer le maintien de la paix et la sécurité internationales et la protection des civils.  Accusant le régime de Damas de perturber le processus d’élaboration d’une nouvelle constitution, il a réitéré la position selon laquelle le seul moyen de mettre fin à cette crise est la solution politique sur la base de la Déclaration de Genève et la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015). 

Il en va de même pour le conflit au Yémen: le seul moyen de résoudre cette crise est la négociation entre les Yéménites, conformément aux résultats du dialogue national, de l’initiative des pays du Golfe et des résolutions du Conseil de sécurité, en particulier la résolution 2216 (2015), a-t-il soutenu.  Quant au Soudan, il a salué la signature d’un accord de paix entre le Gouvernement de transition et plusieurs mouvements armés, se disant impatient de voir le reste des factions se joindre au processus de paix. 

Le dirigeant qatari a également salué l’accord de cessez-le-feu en Libye et l’activation du processus politique.  Il est bon que chacun comprenne l’impossibilité d’imposer un régime militaire par la force dans ce pays, a-t-il relevé.  Il a par ailleurs assuré que le Qatar se tient aux côtés de son frère libanais après l’explosion au port de Beyrouth.  Mais, selon lui, le terrorisme reste l’un des défis les plus importants auxquels le monde est confronté.  C’est pourquoi, a-t-il précisé en conclusion, le Qatar renforce son partenariat stratégique avec les organismes compétents de l’ONU et ouvrira, en mai prochain à Doha, un bureau rattaché au Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU. 

M. RODRIGO ROA DUTERTE, Président des Philippines, a estimé que la pandémie de COVID-19 est le plus grand test subi par le monde et les Nations Unies depuis la Seconde Guerre mondiale.  Nous sommes à la croisée des chemins et notre façon de traiter la COVID-19 définira notre avenir, a-t-il averti, appelant à placer les peuples au cœur de la réponse.  «  Nous devons nous demander si nous sommes restés fidèles ou non aux principes et idéaux des Nations Unies.  »

Si chaque nation dispose de sa propre stratégie pour combattre cette pandémie, le monde a besoin de plans internationaux coordonnés et d’efforts menés dans un but commun, a fait valoir M. Duterte, rappelant que le coronavirus ne connaît pas de frontières.  Dans cet esprit, il a salué le rôle joué par les Nations Unies et le lancement d’un fonds de riposte à la COVID-19.   Si le monde est aujourd’hui en quête d’un vaccin sûr et efficace, l’accès à celui-ci ne doit être ni refusé, ni suspendu, a-t-il souligné.  Tout au contraire, ce vaccin devrait être mis à la disposition de tous, « pays riches comme pauvres », par principe, car il s’agit d’un « bien public mondial ».

Le Président philippin a également appelé de ses vœux un programme mondial de santé disposant de suffisamment de ressources et d’espace politique.  Nous avons besoin d’une Organisation mondiale de la Santé plus à même de coordonner et plus prompte à réagir.  Les Philippines feront leur part dans cette mise en commun et offriront leurs agents de santé, qui sont « parmi les meilleurs ».  

M. Duterte a ensuite exprimé ses craintes face à la montée des tensions géopolitiques.  « Lorsque les éléphants se battent, l’herbe est piétinée », a-t-il expliqué, appelant toutes les parties prenantes en mer de Chine méridionale, dans la péninsule coréenne, au Moyen-Orient et en Afrique à ne pas se haïr les uns les autres.  

Poursuivant, il a évoqué le sort des migrants philippins, particulièrement affectés par la pandémie.  Le Gouvernement philippin, a-t-il dit, a lancé un programme de rapatriement sans précédent, qui concerne plus de 345 000 travailleurs philippins à l’étranger.  La moitié sont déjà rentrés, s’est-il félicité, remerciant les pays qui leur ont fourni des permis de séjour et un accès aux services de santé.  Selon lui, les États doivent tous adhérer au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  

Avant la pandémie, a-t-il d’autre part noté, les Philippines étaient en passe de devenir un pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, avec un taux de pauvreté réduit à 16,6% et un taux de croissance économique de 6,4% entre 2010 et 2019.  Malgré la récession, le pays reste attaché aux objectifs de développement durable.  

La crise climatique, a poursuivi le Président, est un défi mondial qui aggrave les inégalités et les vulnérabilités existantes à l’intérieur et entre les nations.  Ce sont les peuples des pays en développement qui en souffrent le plus, a-t-il insisté, exhortant tous les pays à ratifier l’Accord de Paris sur le climat et à respecter leurs engagements.  M. Duterte a également assuré que les Philippines continueront à protéger les droits de l’homme de leur peuple, en particulier contre les fléaux des drogues illicites, de la criminalité et du terrorisme.  D’après lui, certains groupes d’intérêt ont « militarisé » les droits de l’homme avec de mauvaises intentions.  Pour aller de l’avant, un dialogue ouvert et un engagement constructif avec l’ONU sont essentiels, dans le respect des principes d’objectivité, de non-ingérence et de non-sélectivité.  Enfin, le Président philippin a assuré que son pays fera tout pour protéger les innocents du terrorisme sous toutes ses formes.  Il vient pour cela de se doter d’une loi antiterroriste. 

M. HASSAN ROUHANI, Président de la République islamique d’Iran, a déclaré que la COVID-19 est désormais une « douleur commune » pour l’humanité qui appelle à plus d’humilité devant le Tout-Puissant et la Vérité de la Création.  Ce fléau universel nous rappelle, une fois de plus, qu’il est impossible de faire face aux problèmes mondiaux communs sans une participation mondiale.  Il a déploré que l’Iran, au lieu de bénéficier d’un partenariat et d’une coopération, soit aux prises avec les sanctions les plus sévères de l’histoire, imposées en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  Les images montrant la manière dont un Afro-Américain est traité par la police américaine nous rappellent notre propre expérience: les « genoux enfoncés sur la nuque » comme les pieds de l’arrogance sur la nuque des nations indépendantes. 

Mais « axe de la paix et de la stabilité et champion de la lutte contre l’occupation et l’extrémisme », l’Iran, s’est enorgueilli le Président, a appuyé les processus de paix en Afghanistan et présenté, en 2019, l’initiative de paix d’Ormuz dans le golfe Persique.  L’Iran, a-t-il poursuivi, s’est tenu aux côtés du peuple iraquien face à la « tyrannie de Saddam », à l’occupation américaine et à la barbarie de Daech.  Il se tient aux côtés du peuple syrien face aux groupes terroristes takfiri et aux séparatistes.  En 2016, en partenariat avec la Russie et la Turquie, l’Iran a formé le processus d’Astana pour appuyer stabilité politique en Syrie. 

Outre les efforts déployés par l’Iran en appui au peuple palestinien, le Président iranien a cité le plan de paix que son pays a présenté au début des hostilités au Yémen.  En 2015, a-t-il aussi rappelé, nous avons réalisé le Plan d’action global commun, « le plus grand succès de l’histoire de la diplomatie », et nous y avons été fidèles malgré les violations persistantes des États-Unis.

Une telle nation, a affirmé le Président Rouhani, ne mérite pas d’être la cible de sanctions.  « Ils nous accusent, sans aucun fondement, de chercher à produire des armes nucléaires et nous imposent des sanctions, en brandissant le prétexte de la prolifération nucléaire, alors qu’ils ont l’infamie d’être le seul utilisateur de bombes atomiques dans l’histoire de l’humanité.  Ils ont vendu des centaines de milliards de dollars d’armes à “leurs” clients, faisant de notre région une poudrière, et tentent en vain de nous priver de moyens minimaux pour notre défense.  Ils nous imposent un embargo sur les armes en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité. »

Le Président Rouhani a remercié les 13 membres du Conseil de sécurité, notamment la Russie et la Chine, qui ont par deux fois opposé un « non » décisif à la tentative illégale des États-Unis d’exploiter le Conseil de sécurité et la résolution 2231.  « Qu’un aspirant à l’hégémonie soit humilié de la sorte dans un isolement autocréé est une victoire non seulement pour l’Iran, mais aussi pour la communauté mondiale. »

Le Président a fustigé un gouvernement qui revient, sans aucune raison, sur le résultat de 13 années de négociations multilatérales, qui viole sans vergogne une résolution du Conseil de sécurité et qui punit ceux qui respectent ladite résolution, tout en prétendant simultanément rechercher des négociations et une « grosse affaire ».  Les États-Unis, a prévenu le Président, ne nous imposeront ni négociation, ni guerre.  Nous ne sommes pas une monnaie d’échange dans les élections et la politique intérieure américaines.  Au monde, le Président a dit que le moment est venu de dire « non » à l’intimidation et à l’arrogance.  L’ère de la domination et de l’hégémonie est révolue depuis longtemps, et nos nations, nos enfants méritent un monde meilleur et plus sûr, fondé sur l’état de droit.  Le moment, a-t-il insisté, est venu de faire le bon choix.

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a commencé par rendre hommage à celles et ceux qui, face à la pandémie de COVID-19, ont été dès le premier jour en première ligne, partout dans le monde, et qui le sont encore aujourd’hui pour soigner, nourrir, accompagner, épauler, tenir.  Il a salué « nos soignants, nos personnels humanitaires » qui attendent désormais que les dirigeants s’engagent et apportent des réponses concrètes, ensemble, car cette crise, plus que toute autre, impose la coopération pour inventer de nouvelles solutions internationales. 

« Je crois en la science et en la connaissance, et l’humanité vaincra cette pandémie; un remède sera trouvé », a affirmé le Président, qui a toutefois reconnu que « nul ne sait combien de temps » l’attente durera.  En attendant, a-t-il alerté, une « nouvelle réalité claire, brutale, certainement vertigineuse » s’impose à tous, révèle nos vulnérabilités, nous place devant nos immédiates responsabilités.  M. Macron a constaté le recul des progrès contre d’autres maladies infectieuses, la remontée de l’extrême pauvreté, la hausse de l’insécurité alimentaire, la menace sur l’éducation et la multiplication des différentes formes de violence contre les femmes. 

Il a aussi noté une accélération de la fracturation des moyens d’action collective: accusations de complaisance des uns, et instrumentalisation de l’OMS, par d’autres, mais aussi « épidémie de la désinformation ».  Le Président Macron s’est alarmé du « risque d’impuissance » de l’ONU, du fait des divisions du Conseil de sécurité sur l’opportunité d’une trêve humanitaire.  M. Macron a dénoncé la préférence accordée par « deux membres permanents à l’affichage de leur rivalité » plutôt qu’à l’efficacité collective.  Il y a vu une illustration du « choc hégémonique des puissances, de la remise en cause du multilatéralisme ou de son instrumentalisation et du piétinement du droit international », toutes fractures que la pandémie a accélérées. 

« Jamais nos sociétés n’ont été aussi interdépendantes, mais jamais nous n’avons été si désaccordés, si désalignés, si incapables de construire des solutions rapides », a fait observer le Président français.  Le monde n’a plus le droit de fermer les yeux et, citant Winston Churchill, il a ajouté: « Il faut prendre le changement par la main avant qu’il ne nous prenne par la gorge. »  M. Macron a réclamé une coopération internationale fonctionnelle fondée sur des règles claires, définies et respectées par tous.  « Le multilatéralisme n’est pas seulement un acte de foi, c’est une nécessité opérationnelle. »

Mais il a refusé de se contenter d’un « multilatéralisme des mots » qui masque sous le consensus de façade des accords minimalistes et des divergences profondes.  Le Président français a appelé à associer aux États les organisations internationales, les acteurs privés, les entreprises, les ONG, les chercheurs et les citoyens.  Il a dit placer ses espoirs dans « un travail déterminé, méthodique, rigoureux, de construction d’un ordre international contemporain » qui permettra de tenir la promesse de la Charte. 

Rejetant la perspective d’un monde qui se résumerait à la rivalité entre la Chine et les États-Unis, M. Macron a appelé à un nouvel ordre dans lequel l’Europe assumerait toute sa part de responsabilité en portant ses propres valeurs.  Il a rappelé l’initiative prise par l’Europe au G20 pour alléger la dette des pays les plus vulnérables à la pandémie et celle qui pèse sur les économies qui mettent en péril l’avenir du continent. 

M. Macron a ensuite énuméré cinq priorités pour construire « les fondations d’un nouveau consensus contemporain » et d’abord, la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et contre le terrorisme.  Dans ce cadre, le Président Macron a défendu l’Accord de Vienne de 2015 sur le nucléaire iranien.  La France, a-t-il averti, n’acceptera pas les violations commises par l’Iran mais ne transigera pas non plus sur l’activation d’un mécanisme que les États-Unis, « de leur propre chef, en sortant de l’Accord, ne sont pas en situation d’activer ». 

La France attend par ailleurs « des gestes d’engagement concrets » de la part de la Corée du Nord et ne tolérera pas non plus l’emploi d’armes chimiques, que ce soit en Europe ou en Syrie.  De même, la France restera engagée au Levant, en Iraq et au Sahel pour lutter contre tous les terroristes.  Au mali, a assuré le Président, la France ne resterait engagée qu’à la demande des autorités et se retirerait aussitôt si elles le demandaient. 

S’agissant de la Syrie, M. Macron a dit que la France continuera de conditionner le financement de la reconstruction et la normalisation des relations avec Damas à la mise en œuvre d’une solution politique crédible, « la seule durable ».  S’il s’est réjoui qu’Israël obtienne la reconnaissance de nouveaux pays arabes, il a estimé qu’une paix juste et durable nécessite « avant tout de retrouver les voies et moyens d’une négociation décisive qui permettent aux Palestiniens de disposer enfin de leurs droits ».  « Je ne crois pas à une paix qui se construira sur l’hégémonie ou l’humiliation, quand bien même celle-ci serait compensée par de l’argent. »

M. Macron a encore estimé que la communauté internationale été collectivement trop silencieuse face aux multiples violations de l’embargo sur les armes en Libye.  Il faudrait « être beaucoup plus durs dans les semaines qui viennent. »  Il s’est enfin prononcé pour un dialogue « efficace et clarifié » sur la situation en Méditerranée orientale et a demandé à la Turquie de respecter la souveraineté européenne, le droit international, et d’apporter « des clarifications sur son action en Libye comme en Syrie ».  Même attitude face au risque de crise au Bélarus: « Non à l’ingérence, non au silence coupable. »

M. Macron a ensuite appelé à la protection des « biens qui nous sont communs » comme la santé, le climat et la biodiversité.  Face aux retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat, il a estimé que la pandémie peut aider à changer la donne car les plans de relance massifs de l’économie adoptés un peu partout sont une occasion historique de transformer les modèles économiques et de développement, l’ambition de l’Union européenne. 

Rappel historique à l’appui, M. Macron a par ailleurs souhaité la construction d’une « nouvelle ère de la mondialisation », qui viendrait succéder à la troisième, commencée en 1989 avec la chute du mur de Berlin et l’ouverture des frontières.  Il faut repenser, a-t-il estimé, « les chaînes de valeur mondiales » contre les « dépendances qui nous fragilisent » et les inégalités « insoutenables ».  La lutte contre les inégalités devra être au cœur de cette mondialisation plus juste, plus équilibrée, plus équitable, plus durable, a ajouté le Président. 

Enfin, M. Macon a annoncé une initiative pour assurer l’effectivité du droit international, la protection du personnel humanitaire et la lutte contre l’impunité.  Il a en particulier dénoncé des « pratiques inacceptables » en Syrie, « y compris de membres permanents du Conseil de sécurité ».  Les droits fondamentaux « ne sont pas une idée occidentale que l’on pourrait opposer comme une ingérence » à tous ceux qui s’y réfèrent, mais des principes de l’ONU que les États Membres ont librement consenti à signer et à respecter.  Il a réitéré sa demande visant à dépêcher une mission internationale au Xinjiang sous l’égide des Nations Unies « afin de prendre en compte les préoccupations que nous avons collectivement sur la situation de la minorité musulmane ouïghoure ». 

M. IVÁN DUQUE MÁRQUEZ, Président de la Colombie, a déclaré que son pays est attaché au dialogue et à la recherche de points de convergence.  La Colombie a une longue tradition de participation aux organes du multilatéralisme et œuvre à la recherche de solutions collectives pour ne laisser personne sur le côté.  Il a affirmé que la dégradation de l’environnement est un défi majeur, avant de rappeler que la Colombie est le second pays au monde par la richesse de sa biodiversité au kilomètre carré.  Le Président a ensuite cité les avancées de son pays dans la préservation de l’environnement, qui est une véritable « question de sécurité nationale ».  

La Colombie a ainsi réduit de 30 millions de tonnes ses émissions de gaz à effet de serre, tandis que le taux de déboisement a été réduit de 19%.  Près de 180 millions d’arbres devraient être plantés d’ici à 2022.  La diversité biologique étant un atout stratégique, la Colombie, sur le territoire de laquelle s’étend une partie de la forêt amazonienne, a empêché la destruction de près de 23 000 hectares de forêts.  M. Duque Marquez a appelé à l’élaboration d’un cadre protecteur pour les hauts plateaux en Amérique latine tropicale, les paramos, où vivent d’importantes communautés autochtones.  

Le Président a déclaré que son pays, qui a connu la violence et la pauvreté, se forge un avenir sur la base de la vérité et de la prospérité, dans le rejet de la violence. Près de six millions de Colombiens ont ainsi pu bénéficier des dividendes de cette politique de paix.  Quelque 780 millions de dollars sont allés à la réintégration de 13 500 anciens combattants et à la prévention d’une nouvelle vague de violence.  Mais M. Duque Marquez a identifié un « ennemi commun »: le trafic de drogues, la lutte contre ce fléau étant une obligation morale. 

Il a aussi insisté sur la nécessité d’une solidarité entre les pays pour « surmonter cette tempête » qu’est la pandémie.  Il faut trouver un vaccin et bâtir une économie juste et durable; la préservation de l’environnement étant un élément clef d’une telle économie.  Le Président a conclu, en dénonçant le « régime de Maduro » au Venezuela, véritable « dictature » qui s’appuie sur le trafic de drogues et le terrorisme et qui est une menace à la sécurité. Il faut rejeter tout processus électoral qui viendrait à légitimer une telle dictature, a-t-il dit.  

M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a abordé d’emblée la pandémie du Covid-19, « ce défi mondial qui ne connaît ni frontière, ni race, ni nationalité », et qui a des effets néfastes sur tous les volets du développement civilisationnel.  Seules l'unité et la solidarité peuvent la surmonter et la vaincre et permettre à l'humanité de se renouveler et de devenir plus sage, plus responsable et plus clairvoyante.  Il a espéré qu’en dépit des difficultés actuelles, cette période aboutisse à un changement dans le destin de la planète entière.  Il est de notre devoir politique et moral de ne pas rater cette chance, de faire preuve de dignité, de solidarité et d'un véritable humanisme, a tranché le Président 

Mon pays, a affirmé le Président, a adopté une stratégie nationale de lutte contre l’infection dès le début de la pandémie qui consiste en un ensemble de mesures de quarantaine, juridiques, financières, économiques, médicales et sanitaires.  Parallèlement, la coopération internationale a été renforcée sur le plan bilatéral et international, a indiqué M. Berdimuhamedov, y compris avec l’ONU et l’OMS. 

Notant l’impact négatif de la pandémie sur l’économie mondiale et la réalisation des objectifs de développement durable, il a appelé à l’intensification de la coopération pour établir des relations économiques et commerciales.  Aujourd’hui, il est nécessaire de créer des plateformes pour mettre l’économie mondiale sur une trajectoire de croissance durable, a fait valoir le Président turkmène, appelant à donner la priorité aux secteurs de l’énergie, des transports, de l’industrie et du commerce.  Dans ce contexte, au cours de la soixante-quinzième session, le Turkménistan a l'intention, a-t-il annoncé, d’intensifier son travail sur l’élaboration d’instruments juridiques internationaux dans le domaine de la stabilité et de la fiabilité du transit énergétique. 

Nous nous proposons, s’est expliqué le Président, d’examiner la question de la stabilité des transports internationaux dans les situations d’urgence et de présenter un projet de résolution de l’Assemblée générale sur cette question.  M. Berdimuhamedov a rappelé la Conférence internationale des pays en développement sans littoral, prévue au Turkménistan l’année prochaine.  Venant d’obtenir le statut d’observateur auprès de l’OMC, le Turkménistan, a annoncé le Président, entend promouvoir des mesures pratiques pour surmonter la crise économique mondiale et faciliter la transition vers une dynamique positive.  

Abordant la question de la mer d’Aral, il a jugé insuffisants les efforts fournis jusqu’ici et a dit avoir lancé l’initiative de créer un programme spécial des Nations Unies dont le projet initial sera présenté en mai 2021.  L’année 2020 marque aussi, a poursuivi le Président, le vingt-cinquième anniversaire du « statut de neutralité permanente » du Turkménistan.  Dans ce contexte, il a estimé qu’il est hautement symbolique que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive pour l’Asie centrale ait été créé à Achgabat, en 2007, s’est-il enorgueilli.  Le Turkménistan, a-t-il aussi annoncé, a l’intention de présenter un projet de résolution sur le rôle du Centre dans la paix régionale.  Cette paix, a-t-il prévenu, dépend directement du règlement de la situation en Afghanistan.  Il n'y a pas d’alternative aux négociations, a tranché le Président.  

M. ABDEL FATTAH AL SISI, Président de l’Égypte, a présenté des « mesures concrètes » afin de réaliser les objectifs des trois piliers du travail de l’ONU.  En ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a estimé qu’il mettra pleinement les résolutions du système multilatéral notamment les règles et principes du droit international inscrits dans la Charte.  Deuxièmement, a poursuivi le Président, il est nécessaire de tenir pour responsables les États qui violent délibérément le droit international et les résolutions de l’ONU, en particulier celles du Conseil de sécurité.  

M. Al Sisi a donc regretté que la communauté internationale ferme les yeux sur un certain nombre d’États qui apportent aux terroristes un soutien matériel et financier, qui leur offrent des cachettes sûres et des plateformes politiques et médiatiques ou qui facilitent le transfert de combattants terroristes vers les zones de conflit, en particulier en Libye et avant la Syrie.  En Libye, a martelé le Président, l’Égypte continue d’adhérer au processus de règlement politique, mené par l’ONU, sur la base de l’Accord de Skhirat, des résultats de la Conférence de Berlin et de la Déclaration du Caire à laquelle ont souscrit le Président de la Chambre libyenne des représentants et le commandant en chef de l’Armée nationale libyenne.   

La Déclaration du Caire, a expliqué M. Al Sisi, sert d’initiative politique globale commune pour mettre fin au conflit et l’Égypte est déterminée à soutenir les Libyens pour débarrasser leur pays des milices armées et des organisations terroristes, et à mettre fin à l’ingérence flagrante de certaines parties régionales qui ont délibérément transporté des combattants étrangers en Libye, dans le but d’assouvir leur avidité et leurs rêves coloniaux.  Par conséquent, a averti le Président, toute violation de la ligne s’étendant entre les villes de Syrte et de Gifra, précédemment délimitées comme une ligne rouge, sera farouchement confronté par l’Égypte au nom de la défense de son peuple et de sa sécurité nationale.   

Au Moyen-Orient, a déclaré M. Al Sisi, la réalisation des aspirations légitimes des Palestiniens dans un État indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, est impérative, si nous voulons ouvrir de nouveaux horizons pour la paix, la coopération et la coexistence.  En Syrie, une solution politique globale est devenue une nécessité pour mettre fin à la guerre.  De même, il est temps de prendre une position ferme au Yémen pour mettre fin à la crise actuelle, conformément à la résolution 2216 du Conseil de sécurité, à l’initiative des pays du Golfe et aux résultats du dialogue national global.  

Le Président Al Sisi s’est longuement attardé sur l’affaire du barrage de la Renaissance, en réitérant ses préoccupations croissantes.  Il a dénoncé les négociations « fastidieuses » avec le Soudan et l’Éthiopie pour parvenir à un accord sur le remplissage et l’exploitation du barrage.  Malheureusement, aucun de ces efforts n’a abouti à des résultats tangibles car pour l’Égypte, a souligné le Président, l’eau du Nil est une question existentielle.  Il a donc jugé inacceptable que l’on fasse trainer les négociations pour imposer une nouvelle réalité sur le terrain.  Avant de conclure, le Président a plaidé pour la réforme du Conseil de sécurité pour qu’il reflète au mieux les réalités du monde d’aujourd’hui et l’équilibre des pouvoirs.  Il a réitéré son attachement au Consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte.  

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan, a salué les efforts inlassables du Secrétaire général et des fonds, programmes et agences de l’ONU pour aider les États Membres à faire face aux répercussions humanitaires et socioéconomiques de la COVID-19.  Il a aussi applaudi les efforts visant à développer un vaccin contre la maladie.  Il a souhaité que ce vaccin soit accessible à tous les États et que la priorité soit donnée aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées.  

Afin de prévenir une propagation du virus, a-t-il indiqué, le Tadjikistan déploie d’importants efforts pour augmenter les volumes de médicaments et d’équipements médicaux, en coopération avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires en développement.  Mais le pays est aujourd’hui confronté à une récession qui affecte tous les domaines de l’économie, a souligné son Président.  En tant que pays montagneux et sans littoral, il ne possède pas suffisamment de ressources pétrolières et gazières.  Il dépend en outre presque totalement de l’importation de carburant et d’autres biens et produits, y compris les aliments et les produits pharmaceutiques.   

Dans ce contexte difficile, a poursuivi M. Rahmon, le Gouvernement du Tadjikistan a pris des mesures pour assurer un fonctionnement cohérent et durable de tous les secteurs socioéconomiques du pays.  Toutefois, a-t-il fait observer, la poursuite de ce processus dépend de la stabilité et de la sécurité globales.  Or, les groupes terroristes et extrémistes posent un énorme défi à la sécurité nationale.  Il a par conséquent appelé à l’élaboration de moyens nouveaux de lutte commune contre le terrorisme, y compris au moyen de la technologie de pointe.  Convaincu que l’ONU doit jouer un rôle clef de coordination, il a assuré que son pays y apportera une contribution déterminante.    

Plaidant à cette fin pour une coopération accrue avec les partenaires et les organisations internationales, à commencer par les agences pertinentes de l’ONU, il a indiqué que le Tadjikistan entretient également des liens fructueux avec des institutions régionales telles que la Communauté d’États indépendants (CEI), l’Organisation de Shanghai pour la coopération et l’Organisation du traité de sécurité collective. 

Soucieux de voir renforcée la dimension « prévention » des Nations Unies, notamment via son centre régional pour l’Asie centrale, le Président tadjik a salué les opérations de maintien de la paix de l’ONU, soulignant que des forces de police de son pays participent aux missions au Darfour, au Soudan du Sud et dans la ville d’Abyei, au Soudan.  Il a ajouté que, compte tenu de son expérience dans la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogues illicites, mais aussi en matière de paix, le Tadjikistan présentera pour la première fois sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2028-2029. 

Évoquant ensuite la situation en Afghanistan, pays avec lequel le Tadjikistan partage 1 400 km de frontières, le dirigeant a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures supplémentaires pour coordonner la lutte contre le terrorisme, faire face à la production et au trafic de drogues, et fournir une assistance au Gouvernement et au peuple afghans.  Tout en se félicitant du processus de négociation et de consolidation de la paix en cours, il a dit appuyer toute approche visant à résoudre la crise politique dans ce pays. 

Avant de conclure, il a insisté sur l’importance d’une réponse aux changements climatiques, indiquant qu’au cours des 60 dernières années, la température annuelle moyenne au Tadjikistan a augmenté d’un degré, ce qui s’est traduit par une augmentation du nombre de jours avec de fortes précipitations.  Avec 93% de son territoire couvert de montagnes, le pays subit des pertes équivalentes à des centaines de millions de dollars par an en raison des catastrophes liées à l’eau, a-t-il expliqué.  

Pour faire face à ce phénomène, il préconise une utilisation généralisée des sources d’énergie renouvelables, un appui des pays donateurs et des institutions financières internationales et régionales à la mise en œuvre des stratégies et programmes nationaux d’adaptation, un meilleur suivi de la génération des ressources en eau, en particulier des glaciers, et la fourniture d’une assistance financière et technique globale aux pays en développement et aux pays les moins avancés.  

Après un long tour d’horizon des trois évènements majeurs de l’histoire mexicaine moderne, de l’indépendance du pays en 1810 à la révolution démocratique de 1910, en passant par les réformes de Benito Juárez, le premier indigène à prendre les rênes de l’État, au milieu du XIXe siècle, M. Andrés Manuel López Obrador, Président du Mexique, a déclaré que son pays est engagé dans une quatrième grande transformation, qui vise à instaurer «  de manière non violente et pacifique  » un véritable ordre démocratique, jusqu’ici mis à mal par une corruption « galopante » de l’État. 

Cette transformation, a expliqué M. Obrador, le pays est en train de la réaliser alors même qu’il est confronté à deux crises: la pandémie de COVID-19 et la crise économique.  Le Président a affirmé que le Mexique gagne actuellement du terrain dans la lutte contre la maladie, grâce à l’aide des experts, des scientifiques, des médecins et du personnel soignant mexicains.  Il a également soutenu que le pays a pris des mesures efficaces pour venir à bout de la crise économique, «  car nous n’appliquons pas la stratégie habituelle  » qui est d’endetter le pays et à n’aider que les classes supérieures.  

Bien au contraire, a dit le Président.  Le Gouvernement soutient les gens «  d’en bas  » en leur allouant des fonds de l’épargne nationale pour éviter que la corruption ne s’enracine à nouveau.  Ces fonds sont également le fruit de «  l’austérité républicaine  », a ajouté M. Obrador, affirmant être venu à bout des dépenses inutiles et du train de vie « luxueux » des gouvernements précédents.  «  Je peux vous dire qu’il y avait un avion présidentiel, il existe toujours, mais il est à vendre  », s’est enorgueilli le Président, en voyant dans le luxe de l’appareil quelque chose «  d’insultant  » pour le citoyen mexicain.  «  Maintenant, le Président du Mexique, qui vous parle, se déplace par la route, en voiture et par les lignes commerciales  ».  De même, a-t-il assuré, il est désormais interdit aux fonctionnaires de se déplacer en hélicoptères privés. 

M. Obrador a indiqué que le «  corps d’élite  » qui assistait auparavant la fonction présidentielle, soit un état-major «  venu des temps anciens  » de 8 000 personnes au total, a été dissout.  «  C’en est ainsi fini du luxe, des extravagances », a-t-il martelé.  Pour le Président, la nouvelle formule du pays consiste à faire barrage à la corruption et à épargner, en évitant toute ostentation et débauche de moyens par les dirigeants.  Ces derniers doivent être «  austères et sobres  » et s’attacher à «  soutenir les gens humbles, les dépossédés  ».   

Le Président s’est dit soutenu dans son action par les 38 millions de Mexicains qui, «  par nécessité, sont partis rechercher une vie meilleure  », y compris aux États-Unis.  Cette diaspora envoie régulièrement de l’argent aux familles restées au Mexique, soit cette année un «  chiffre record  » d’environ 40 millions de dollars.  «  Et cet argent, mois après mois, parvient à 10 millions de familles pauvres dans notre pays  », a salué le Président.  Entre ces envois de fonds des migrants et les fonds investis par le Gouvernement, le pays est en mesure de soutenir la consommation malgré la pandémie et la crise, de sorte que «  il n’y a pas de faim » au Mexique.  Le Président a ajouté que la signature et l’entrée en vigueur d’un accord avec les États-Unis et le Canada contribue également au redressement de l’économie du pays, en attirant davantage d’investissements étrangers. 

M. LUIS LACALLE POU, Président de l’Uruguay, a déclaré que face à l’ampleur de la pandémie actuelle et ses conséquences douloureuses, il devient nécessaire de chercher des solutions pour les plus vulnérables et les plus exposés.  La voie à suivre, a estimé le Président, tant pour la sortie de cette pandémie que pour les 75 prochaines années, est le multilatéralisme et des solutions conformes aux cadres juridiques multilatéraux, y compris sur la santé, l’environnement, le commerce et les migrations.  L’Uruguay, a annoncé le Président, a adhéré, il y a quelques mois, à l’Alliance pour le multilatéralisme, une initiative de défense de l’ordre multilatéral, lancée par l’Allemagne et la France.  L’Uruguay soutient aussi le rôle de l’OMS et celui du système des Nations Unies dans la coordination de la réponse globale à la pandémie.  Pour l’Uruguay, la pandémie actuelle ne doit pas affaiblir le respect des engagements pris au niveau multilatéral.  Il faut éviter de tomber dans les pièges du nationalisme et du protectionnisme qui nuisent aux relations internationales et au commerce ou perturbent les chaînes d’approvisionnement et la circulation même des fournitures médicales qui sont si nécessaires à la sortie de cette crise sanitaire.  

Le Président a plaidé pour la promotion du Programme 2030 « malgré les difficultés importantes actuelles » pour que les pays en développement puissent progresser vers le développement durable.  Dans la foulée, il a dénoncé le fait que l’Uruguay, classé dans la catégorie des pays à haut revenu, n’ait pas accès aux traitements préférentiels ou à des lignes de crédit plus favorables.  Il faut revoir cette classification, s’est énervé le Président, qui a dénoncé une catégorisation fondée sur le revenu par habitant.  Il s’est prononcé pour un critère « multidimensionnel » définissant le niveau du développement et la nécessité du soutien international.  Le développement durable ne sera sans protection de l’environnement, a-t-il insisté, en réitérant son soutien à l’Accord de Paris.  L’Uruguay, a-t-il dit, soutient également l’élaboration, par le Secrétaire général, d’une feuille de route sur la coopération numérique. 

M. Pou a en outre affirmé son attachement et son soutien à la Cour pénale internationale, avant de s’avouer préoccupé par le non-respect des accords de désarmement ou le retrait de certaines parties, qui pourraient conduire à la reprise de la course aux armements et ramener le monde à l’époque où il vivait sous la menace d’un conflit nucléaire.  Le Président s’est également dit préoccupé par le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre qui constitue une menace pour la stabilité des régions et de la planète, alimente la criminalité et l’insécurité et affecte la coexistence pacifique au sein des sociétés.  

M. DANNY FAURE, Président des Seychelles, a déploré qu’en pleine célébration des 75  ans de l’Organisation, le multilatéralisme soit autant mis à mal par la pandémie de COVID 19.  Il a rappelé l’importance d’un système multilatéral inclusif et renforcé, prenant en compte toutes les parties prenantes, y compris les femmes, les jeunes et la société civile.  La gouvernance mondiale telle qu’elle existe n’a pas répondu de manière adéquate au COVID-19 et à son ampleur.  Les Seychelles y ont fait front malgré une économie paralysée par l’effondrement du tourisme, sa principale industrie.  

Pour éviter une catastrophe économique, a expliqué le Président, des mesures sans précédent ont été prises pour atténuer la hausse du chômage et assurer des revenus aux travailleurs.  Le secteur privé, la société civile et les organisations multiconfessionnelles ont été consultés.  Cependant, tout ce qui a été entrepris pour réduire l’impact de la pandémie sur le secteur touristique ne sera pas soutenable sur le long terme à cause de l’épuisement des réserves de devises étrangères.  Avec un déficit budgétaire de 14% prévu cette année, il faudra au moins cinq ans au pays pour revenir à la situation pré-COVID, si tant est qu’un vaccin soit trouvé et que le virus cesse d’être une menace pour le monde. 

Face à ces immenses problèmes, M. Faure a dit placer ses espoirs dans le multilatéralisme, «  crucial  » pour les petits États insulaires en développement (PEID), qui ont déjà fourni d’énormes efforts pour subvenir aux besoins de leur population malgré leurs ressources limitées.  Ces efforts ne pourront être maintenus sur le long terme, au risque d’alourdir le fardeau de la dette alors que la crise de la dette pointe à l’horizon.  Face à un manque « tout à fait alarmant » de solutions en faveur des PEID, l’aide aux économies vulnérables est le défi ultime du multilatéralisme, selon M. Faure.  

Soutenant les initiatives de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le Président a voulu que l’on réexamine les critères d’éligibilité aux financements préférentiels, afin que soit pris en compte la vulnérabilité extrême de ces États aux chocs économique, climatique et, dorénavant, sanitaire. 

La restructuration massive de l’économie menée à l’échelle mondiale est une occasion unique d’adopter une approche transformatrice et holistique.  La relance de l’activité économique ne devrait pas se faire au détriment de l’environnement, a insisté le chef de l’État.  Alors que la pandémie faisait rage dans le monde, les Seychelles ont atteint leur objectif de protéger 30% de leur zone économique gigantesque de 1,34 million de km2.  La pandémie est une nouvelle chance de limiter l’impact du réchauffement, a insisté M. Faure, qui a souhaité conclure en prenant de la hauteur : «  la COVID n’est pas le plus important des défis de notre temps: ce sont les changements climatiques qui restent la plus grande menace pour l’humanité.  »

M. PAUL KAGAMÉ, Président du Rwanda, a déclaré que l’humanité a les outils pour surmonter l’épreuve sans précédent que constitue la pandémie.  Il a rappelé que la Conférence internationale sur les femmes s’est tenue il y a 25 ans à Beijing, aboutissant à un programme transformateur sur l’égalité entre les genres qui « continue de nous guider ».  Mais une véritable égalité n’a été atteinte par aucun pays, a déclaré le Président.  Il a souligné l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du temps qu’il faut accorder aux économies pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles technologies.  

L’amendement de Kigali au Protocole de Montréal, adopté il y a quatre ans, jouera un rôle crucial dans la réduction de la consommation d’hydrofluorocarbures, a dit le Président rwandais qui a appelé les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet amendement déjà en vigueur.  M. Kagamé n’a pas fait mystère des difficultés pour atteindre les cibles du Programme 2030 dans les délais prévus, d’autant que la pandémie devrait saper la croissance économique et la mobilisation des revenus dans les années à venir.  Il a souligné le travail exceptionnel de l’OMS, dirigée par M. Tedros Gebreyesus, avant de souligner l’importance cruciale pour l’Afrique du mécanisme COVAX.  Il a aussi plaidé pour un accès équitable aux vaccins et traitements et insisté sur l’importance de systèmes de santé nationaux résilients.  L’Union africaine en a fait une priorité, en mettant l’accent sur l’importance de « dépenser plus et mieux ». 

Le Président rwandais a ensuite parlé du mouvement mondial pour l’égalité et la justice raciale, qui est loin d’être passager.  Il a plaidé pour des efforts visant à restaurer la confiance publique dans l’égale dignité de tous, comme l’exige le traitement de ceux qui ont été historiquement marginalisés et continuent de souffrir de manière disproportionnée.  M. Kagamé a estimé que le succès dépendra du renforcement des institutions nationales et internationales, y compris du travail des scientifiques, des innovateurs et des créateurs.  « Il ne s’agit pas d’une question de financements.  Il s’agit de valeurs humaines positives que les citoyens et les gouvernements confèrent à ces institutions, et à l’égard desquelles elles doivent être comptables de leurs actes. » 

M. Kagamé a indiqué que les générations futures jugeront comment cette génération, en particulier ses leaders, a répondu à ces défis.  Est-ce que ce qu’ont fait collectivement trois générations au cours des 75 dernières années pour bâtir un ordre international plus robuste se désintègrera dans les récriminations et le ressentiment?  Ou est-ce que nous parviendrons à nous unir une nouvelle fois pour permettre des progrès sur la base de la coopération et du respect mutuel?  Le choix nous appartient.  

M. JOÃO MANUEL GONÇALVES LOURENÇO, Président de l’Angola, a déclaré que la pandémie a mis à nu, à l’échelle mondiale, l’incapacité des structures sanitaires de répondre à un problème d’une telle échelle et d’une telle gravité.  Ce problème sanitaire mondial a paralysé tout l’élan qui avait été rassemblé pour relancer l’économie mondiale après la crise économique de 2008, s’est-il inquiété.  Notre espoir de voir notre réforme économique générer des résultats positifs ne pourra se réaliser, en raison des contraintes qui ont interrompu les chaines de production et provoqué de très hauts niveaux de chômage, ainsi qu’une situation sociale «  alarmante  ».  Le Président a expliqué que les ressources dont disposait l’Angola pour financer la reprise de son secteur de production ont dû être consacrées à la biosûreté et d’autres nécessités épidémiologiques urgentes liées à la pandémie.  Des centres de quarantaine ont dû être rapidement construits dans tout le territoire et les hôpitaux, équipés avec les fournitures nécessaires pour traiter les urgences médicales provoquées par la COVID-19. 

Après avoir salué l’initiative du G20 visant à alléger la dette des pays en développement, le Président de l’Angola a insisté sur l’importance des investissements directs pour booster la croissance économique et le développement.  Il a appelé à des fonds d’aide à l’investissement en Afrique pour soutenir les investisseurs qui cherchent à faire des affaires sur le continent africain. 

Poursuivant, M. Lourenço a souligné que le multilatéralisme doit figurer dans toutes les approches visant à résoudre les questions internationales les plus urgentes.  Il a appelé à des solutions justes et durables à la situation au Moyen-Orient, avant d’indiquer que les problèmes sécuritaires de l’Afrique sont souvent associés au terrorisme international, à l’extrémisme religieux et aux conflits postélectoraux qui, a-t-il ajouté, exigent une attention redoublée de l’ONU.  L’Organisation, a-t-il estimé, doit faire preuve d’impartialité quand elle analyse les facteurs qui sous-tendent les tensions nées des processus politiques et adopter une position qui ne consiste pas à ignorer les gouvernements légitimes.  Avant de conclure, M. Lourenço a insisté sur la nécessité urgente de réformer le Conseil de sécurité de manière à mieux représenter «  les peuples, les nations et les continents  ». 

M. ALBERTO FERNÁNDEZ, Président de l’Argentine, a dit que le monde vit une pandémie qui invite à un nouveau départ.  Le pape François, a-t-il ajouté, nous met tous au défi, en particulier les dirigeants du monde, de réfléchir à la manière de mieux s’y mettre et non de faire pire.  Pour cela, il nous faut recréer un multilatéralisme basé sur la solidarité.  C’est au nom de cet esprit de solidarité que l’Argentine soutient que le futur vaccin contre la CODID-19 devra être un bien public mondial accessible à toutes les nations d’une manière équitable.  

Pour l’après-pandémie, a poursuivi le Président, il nous faut une ONU 4.0, avec ses valeurs fondatrices intactes pour intégrer les immenses changements technologiques en cours et les rendre plus humaines, plus démocratiques et plus inclusives socialement.  La sortie de la pandémie vers les objectifs de développement durable exige un changement structurel des économies.  L’agenda environnemental exige aussi des ressources financières, le renforcement des capacités et le transfert des technologies, à la lumière du principe des responsabilités communes mais différenciées.  L’Argentine, a aussi dit le Président, s’est engagée à mettre en avant un programme de transition équitable visant un développement durable basé sur la productivité, la compétitivité et la création d’emplois.  Elle s’est aussi engagée à parvenir à la mise en œuvre rapide et efficace de l’Accord de Paris.   

M. Fernandez, qui dénonce un endettement toxique et irresponsable à des fins « spéculatives », a annoncé que son gouvernement a réussi à sceller un accord majeur avec la quasi-totalité de ses créanciers privés, devenant ainsi l’un des premiers pays à faire face à la restructuration d’une « dette pandémique ».  Le Président a conclu sur la grave crise des réfugiés et des déplacés, les inégalités entre les sexes et la lutte contre le terrorisme.  S’agissant de cette dernière question, il a exigé de l’Iran qu’il coopère avec son pays dans l’enquête sur l’attentat contre le siège des associations juives de Buenos Aires en 1994.  Il n’a pas oublié d’insister sur les droits « légitimes et imprescriptibles » et la pleine souveraineté de son pays sur les îles Malvinas, la Géorgie du Sud, les îles Sandwich du Sud et les espaces maritimes environnants.   

M. EGIL LEVITS, Président de la Lettonie, a déclaré qu’un multilatéralisme efficace est l’outil le plus essentiel pour le maintien d’un ordre international régi par des règles.  Cet ordre est le même de la justice et de la paix internationale, a-t-il dit, ajoutant qu’il est de la responsabilité de chaque État de le respecter.  Le Président a appelé l’ONU à faire en sorte que cet ordre soit respecté, à la fois par les grands États et les petits, y compris dans le monde virtuel créé par les nouvelles technologies.  M. Levits a indiqué que l’Estonie, qui est membre non-permanent du Conseil de sécurité, est un exemple de la contribution substantielles des petits pays à la paix et à la sécurité internationales.  «  La Lettonie espère également assumer un tel honneur et une telle responsabilité pour les années 2026-2027.  »

Le Président s’est dit en faveur d’un relèvement post-pandémie respectueux de l’environnement, numérique et inclusif.  Il a appelé à lutter plus ardemment contre les changements climatiques et la perte de la biodiversité et à promouvoir des modes de consommation responsables.  La Lettonie fait ainsi partie du Groupe des Amis de la lutte contre la pollution plastique marine.  Il a indiqué que son pays a été l’un des premiers à développer à l’échelle nationale une application sur téléphone «  StopCovid  », conjuguant traçage effectif des contacts et respect de la vie privée.  La Lettonie a aussi été l’un des premiers pays à être dotée d’un Parlement numérique, c’est-à-dire un Parlement fonctionnant entièrement à distance. 

M. Levits a souligné l’importance du respect de la vie privée s’agissant de la collecte de données numériques.  Le profilage numérique, très difficile à éviter, est un danger pour la liberté fondamentale des personnes et un défi sérieux pour les sociétés.  «  En élaborant un cadre juridique et en investissant dans les technologies soucieuses du respect de la vie privée, nous pouvons créer des technologies centrées autour de la personne, avec un plus grand potentiel.  »  Dans ce droit fil, le Président a fait part de sa volonté de voir la Lettonie devenir un modèle mondial pour une économie numérique et multilingue, centrée sur l’homme, appuyant les pays développés dans leur transition numérique et élaborant les normes numériques pour le respect de la vie privée. 

Le Président a indiqué que la pandémie a été le terreau de la désinformation, des «  fake news  » et des discours de haine.  Il a appelé les États à lutter contre la désinformation et à élargir l’accès à des informations fiables, par le truchement de médias libres.  Il s’agit là d’un droit universel, a-t-il poursuivi, en pointant l’expertise de son pays dans ce domaine.  La Lettonie a en effet fait partie d’un groupe de 130 pays à avoir appelé à une action contre la désinformation dans le contexte de la pandémie.  L’augmentation exponentielle de la désinformation, des «  fake news  » et des discours de haine, ces dernières années, est une menace à la paix internationale et aux efforts visant à répondre aux changements climatiques, a insisté M. Levits. 

Il a jugé inacceptable l’approche de plus en plus révisionniste prônée par la Russie, en particulier s’agissant de la Seconde Guerre mondiale.  La Russie, s’est-il expliqué, essaye de faire de l’histoire un outil de désinformation, dans une tentative qui va de pair avec les restrictions à la liberté d’expression.  Le Président a appelé à une enquête internationale et indépendante sur le récent empoisonnement du leader de l’opposition, M. Alexei Navalny. 

Enfin, M. Levits a appelé à la tenue d’élections nouvelles, démocratiques et transparentes au Bélarus, en mentionnant l’aide médicale apportée par son pays aux nombreuses victimes de la répression.  Le Président a exhorté la Russie à s’abstenir de toute ingérence et cité les mots de la Prix Nobel de littérature, Mme Svetlana Alexievich, qui parlait « de la soif de changement, d’une nouvelle vie et d’honnêteté ».  En Lettonie, nous n’avons pas oublié cette soif que nous avons connu, il y a 30 ans, a conclu le Président. 

M.  GITANAS NAUSĖDA, Président de la Lituanie, a constaté à son tour le coût humain de la pandémie de COVID-19.  Nous avons payé non seulement en vies humaines mais aussi en inégalités sociales aggravées, a-t-il relevé, y voyant «  un avertissement colossal pour le multilatéralisme  ». Selon lui, aucun pays ne peut s'attaquer à la pandémie et surmonter seul son impact économique et social. La lutte contre la COVID-19 nécessite donc une meilleure coopération et solidarité internationales.  

En ces temps d’insécurité croissante au niveau mondial, la paix devrait être la priorité de tous, a poursuivi le chef de l’État lituanien.  Mon pays ne le sait que trop, lui qui a connu, avec les deux autres États baltes, les «  pires terreurs du XXe siècle  », a-t-il dit, rappelant l’annexion de son pays, de l’Estonie et la Lettonie par l’Union soviétique au sortir de la Seconde Guerre mondiale.   

Cette expérience a contribué à créer notre relation spéciale avec la Charte des Nations Unies, a expliqué M. Nauseda.  Nous avons appris à rêver de liberté, de démocratie, de primauté du droit, de droits de l’homme, d’ordre international fondé sur des règles et de coopération multilatérale.  «  C’est ce que nous apprécions jusqu'à ce jour.  C'est qui nous sommes  », a-t-il souligné, souhaitant que «  les erreurs du siècle dernier ne se répètent pas  ».  

De fait, a poursuivi le dirigeant, des accords secrets comme ceux de Moscou en 1939 ou de Yalta en 1945 ne doivent plus jamais être signés.  Tous les pays sont membres à part entière de la communauté internationale, avec des droits et des obligations égaux, a-t-il martelé, jugeant extrêmement regrettable qu'on assiste aujourd'hui à des tentatives de saper les valeurs de l’ONU.  

À ses yeux, la crise actuelle au Bélarus est un excellent exemple de cette tendance inquiétante.  L’élection présidentielle « frauduleuse » du 9 août a conduit à des manifestations massives et sans précédent du peuple bélarusse, que le «  régime illégitime  » réprime par la force. De plus, a-t-il ajouté, les prisonniers libérés font état de conditions inhumaines dans les centres de détention.  «  Tout cela se passe en Europe au moment où nous célébrons tous le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies et de son document fondateur  ».  

Pour le Président lituanien, le moment est venu de défendre les valeurs de la communauté internationale. L’ONU et ses institutions devraient, selon lui, suivre de près la situation au Bélarus et exhorter ses autorités à s’abstenir de recourir à la force, à garantir le respect du droit international et des droits de l’homme et à entamer enfin une transition pacifique du pouvoir.  Il a également jugé impératif que le Conseil des droits de l’homme surveille et évalue en permanence la situation des droits de l’homme au Bélarus.  Tous les crimes contre l’humanité et les violations massives de ces droits doivent faire l’objet d'une enquête sans délai, a-t-il plaidé.  

M. Nauseda a indiqué à cet égard que son pays a présenté pour la première fois sa candidature Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Si elle était élue pour un mandat débutant en 2022, la Lituanie accordera une attention particulière à la sécurité des journalistes et à la protection des défenseurs des droits de l'homme, ainsi qu’aux droits des femmes et des filles, de l’enfant et des personnes handicapées, et aux libertés d’expression, de réunion et d’association, a-t-il assuré.  

De fait, a-t-il fait valoir, si nous voulons maintenir l’ordre international, nous devons être prêts à enquêter sur les crimes contre l’humanité et à en punir les auteurs.  Il ainsi rappelé que plus d’une décennie s'est écoulée depuis que la Russie a envahi la Géorgie. Aujourd’hui, un cinquième du territoire géorgien reste occupé par les forces russes, ce qui constitue une violation du droit international. Dans le même temps, la situation dans les régions géorgiennes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud s’aggrave en raison des restrictions de mouvement et des détentions illégales.   

En outre, a encore relevé le dirigeant, les forces russes occupent pour la sixième année consécutive la «  Crimée ukrainienne  » tout en poursuivant leurs actions militaires dans l’est de l'Ukraine.  S’il s’est félicité de efforts de Kiev pour négocier la fin de la guerre, le Président a jugé que tout accord futur devrait respecter pleinement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l'Ukraine.  

En tant que «  membre responsable  » de la communauté internationale, la Lituanie reste fidèle à ses engagements en faveur des objectifs de développement durable et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a-t-il encore souligné.  Malheureusement, a-t-il déploré, une nouvelle centrale nucléaire a été construite au Bélarus, sans évaluation des risques et à seulement 40 km de la capitale lituanienne, remettant en question la sûreté nucléaire et environnementale régionale, ainsi que le fonctionnement des systèmes électriques des États baltes.  «  La sécurité mondiale dépend de nos efforts pour assurer la sûreté nucléaire  », a-t-il averti en conclusion.  

M. MUHAMMADU BUHARI, Président du Nigéria, a rappelé que la pandémie de coronavirus a dévasté l’économie mondiale et mis à rude épreuve les systèmes de santé de nombreux pays, y compris le sien.  Nous avons donné la priorité aux groupes vulnérables et élargi notre registre social pour inclure un million de Nigérians supplémentaires.  Notre programme national d’investissement social (NSIP) a été le moyen d’atteindre les membres pauvres et vulnérables de la population nigériane, ainsi que de fournir une couverture à plus de 22 millions de ménages  », a-t-il précisé.  Par ailleurs, afin d’éradiquer la pauvreté, le Gouvernement a débuté le décaissement d’un montant de 10,9 milliards de nairas pour les ménages et les petites et moyennes entreprises et mis en place un plan de relance budgétaire, tandis que la Banque centrale a lancé un programme de relance de 3,5 milliards de nairas pour stimuler l’industrie et faciliter la substitution des importations, a encore précisé le chef d’État. 

M. Buhari s’est également déclaré profondément préoccupé par le commerce, le transfert et la circulation illicites des armes légères et de petit calibre, en particulier sur le continent africain.  Il a constaté que l’Afrique est toujours confrontée à l’extrémisme violent de Boko Haram, en affirmant qu’elle compte sur une coopération étroite avec les organes de lutte contre le terrorisme des Nations Unies et les pays voisins pour «  vaincre  » les terroristes dans le bassin du lac Tchad et dans la région du Sahel au sens large.  «  Nous appuierons vigoureusement la réhabilitation, la reconstruction et la réinstallation des victimes du terrorisme et de l’insurrection dans le nord-est  », a assuré le Président, en soulignant que la Commission de développement du nord-est avait été créée à cet effet.  

Pour le Nigéria, les changements climatiques sont une crise environnementale qui nécessite une action urgente.  À cette fin, le pays a intensifié son action climatique et reste ferme dans son engagement en faveur de la reconstitution du lac Tchad.  Aussi a-t-il réitéré l’appel au soutien international des efforts sous-régionaux visant à mobiliser les 50 milliards de dollars pour concrétiser cette initiative.  Enfin, M. Buhari a exprimé le soutien de son pays à l’élargissement du Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il reflète la diversité et la dynamique du XXIe siècle : «  L’Afrique mérite des sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations Unies  », a-t-il conclu. 

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Président du Costa Rica, a vu dans la pandémie de COVID-19 une «  alerte précoce  » de ce à quoi l’humanité va devoir faire face dans les décennies à venir.  Depuis le début, a déclaré le Président, le Costa Rica insiste sur le fait que la santé est un bien public mondial et que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est appelée à diriger la riposte multilatérale à la pandémie.  Le 29 mai, le Costa Rica, l’OMS et 40 autres États ont lancé une plateforme d’échange d’informations et de connaissances afin que les tests, traitements et technologies contre la COVID-19 soient accessibles à tous et partout.  Pour sa part, l’Institut Clodomiro Picado de l’Université du Costa Rica a développé un plasma antiviral qui permet de lutter contre le virus dans les premiers stades de son développement. 

 Agir de manière décisive, innovante et organisée est notre seule option pour éviter la déstabilisation économique de nos pays et du système financier international, a martelé M. Quesada.  Fustigeant la croissance «  absurde  » des dépenses militaires mondiales, il a estimé que si au moins une fraction de toutes ces ressources était utilisée pour lutter contre la pandémie, et contre la crise climatique, « notre génération pourrait dire avec fierté qu’elle a su redéfinir ses priorités lorsque les circonstances l’exigeaient ». 

Pour le Président du Costa Rica, la réforme de notre architecture de sécurité collective ne peut plus être reportée.  Cela signifie que le Conseil de sécurité doit être plus démocratique, représentatif, responsable et transparent.   Un Conseil qui examine les causes profondes du conflit et pas seulement ses symptômes, a réclamé le Président qui a dit soutenir Le Code de conduite sur l’abandon du droit de veto en cas de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre.  

«  L’impunité n’est pas acceptable  », a enchaîné M. Quesada.  Un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme exige de veiller à ce que les auteurs de violations et d’abus flagrants des droits de l’homme soient tenus pour responsables de leurs actes.  Le Président a réaffirmé l’attachement du Costa Rica aux principes et valeurs consacrés dans le Statut de Rome, ainsi qu’à l’intégrité et à l’indépendance de la Cour pénale internationale.  

Par ailleurs, il s’est dit préoccupé par la situation au Nicaragua et exhorté vivement le Gouvernement de ce « pays frère » à s’attaquer de manière constructive aux tensions et aux problèmes structurels.  De plus, a plaidé le Président, le drame que vit Haïti appelle une action conjointe.  «  Ce sont des caravanes d’hommes, de femmes, de garçons et de filles haïtiens qui parcourent l’Amérique à la recherche de meilleures conditions, et il est temps qu’ensemble, nous contribuions à résoudre cette grave situation humanitaire.  » 

Il a insisté sur la mise en œuvre des instruments de développement durable les plus pertinents que sont le Programme 2030, l’Accord de Paris, le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Cadre mondial de la biodiversité post-2020 et le Cadre de Sendaï.  On ne peut parler de durabilité sans parler d’une protection efficace de l’océan et de sa biodiversité, a prévenu le chef de l’État.  Le Costa Rica participe donc activement aux négociations du nouvel accord sur la protection de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale et à celles sur le code minier menées au sein de l’Autorité internationale des fonds marins.  Également avec la France, le pays s’est engagé pour que 30% des territoires terrestres et maritimes de la planète soient protégés d’ici à 2030. 

M. GOTABAYA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a salué la création du Plan mondial d’intervention humanitaire COVID-19 et du Fonds d’intervention et de relèvement COVID-19 des Nations Unies.  L’OMS doit maintenant chercher à faciliter l’accès universel à un vaccin contre la COVID-19, une fois qu’il aura été mis au point, a-t-il ajouté.  Au plan national, le Président a indiqué qu’après les élections présidentielle et législatives et la formation du Gouvernement, le Sri Lanka a relevé avec succès le défi de la COVID-19.  Grâce à des mesures préventives bien coordonnées et synchronisées au niveau national, aidées par un système de santé local robuste, nous avons réussi à contenir sa propagation.   

Le Président s’est dit préoccupé par le fait que les pays en développement sont confrontés à une crise économique et de la dette sans précédent en raison de la pandémie.  La nécessité d’un allégement de la dette et d’un stimulus financier doit être dûment reconnue, a-t-il ajouté.  Il a assuré que son Gouvernement s’est engagé à respecter le Programme 2030.  Le Sri Lanka, a poursuivi le Président, est convaincu que l’éducation est un outil important pour sortir de la pauvreté, raison pour laquelle, le système national d’éducation est en cours de restructuration sur le thème « égalité des chances d’apprentissage pour chaque enfant ».  En outre, de nombreuses écoles rurales sont en cours de modernisation.  Un « portail d’apprentissage en ligne » officiel gratuit pour les écoliers, avec le soutien de tous les opérateurs de télécommunications, a contribué avec succès à l’apprentissage à domicile pendant la pandémie.  

Le Sri Lanka reste engagé à s’attaquer aux problèmes socioéconomiques liés à la drogue en particulier chez les enfants et les jeunes, a promis M. Rajapaska.  L’extrême sophistication des groupes criminels transnationaux est inquiétante, a admis le Président qui, pour y remédier, a créé un groupe de travail.  Il a aussi demandé à la communauté internationale d’aider son pays à lutter contre le terrorisme.  

Au plan international, la priorité du Sri Lanka est de veiller à ce que l’océan Indien demeure une zone de paix où aucun pays ne profite d’un autre.  L’océan Indien dispose de nombreuses voies maritimes internationales qui sont économiquement importantes pour un grand nombre de pays et qui devraient rester accessibles au commerce et aux échanges internationaux.  

Pour M. JOKO WIDODO, Président de l’Indonésie, il ne sert à rien de devenir la plus grande puissance économique au milieu d’un monde qui s’écroule.  Avons-nous réussi à créer le monde dont nous avons rêvé?.  La réponse est « pas encore », a répondu le Président, en attirant l’attention sur les  conflits, pauvreté voire la faim.  Les principes de la Charte et du droit international sont souvent négligés, y compris le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale.  À l’heure où il faut s’unir pour combattre la pandémie, nous constatons des division et des rivalités croissantes, au risque de menacer les piliers de la stabilité et de la paix durable.  

L’ONU, a conseillé le Président, doit poursuivre ses efforts de réforme et de revitalisation.  Elle doit prouver que le multilatéralisme fonctionne surtout en temps de crise.  Elle doit être plus réactive et efficace.  Le leadership mondial collectif doit être renforcé, a poursuivi M. Widodo, tout comme la coopération dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses effets socioéconomiques.  Nous devons travailler ensemble pour faire en sorte que tous les pays aient un accès égal à un vaccin sûr et abordable.  La relance économique doit accorder la priorité à la santé de tous les citoyens du monde.  Un monde sain, un monde productif doit être notre priorité, a réitéré M. Widodo.  

M. MARTIN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, a rappelé qu’il a assumé la présidence du Pérou, il y a deux ans et demi, en application de la Constitution, après la démission de son prédécesseur.  Pendant cette période, le peuple péruvien et son gouvernement ont été confrontés à diverses situations critiques.  Nous avons dû lutter contre les réseaux de corruption, pour la défense de la gouvernance démocratique, et maintenant contre la pandémie « inattendue et dévastatrice » de COVID-19, a expliqué M. Vizcarra. 

Le Président a préconisé, avec la Colombie et d’autres pays amis, la convocation d’une Assemblée générale extraordinaire des Nations Unies contre la corruption, qui se tiendra finalement en juin 2021.  Dans le respect de l’état de droit, s’est-il félicité, des élections générales nationales ont été convoquées pour avril 2021.  «  Ainsi, je terminerai mon mandat dans le délai prévu par la Constitution et je transmettrai le pouvoir à mon successeur le 28 juillet 2021  », a promis M. Vizcarra.  

Son gouvernement a convoqué le «  Pacte du Pérou  », un espace démocratique de réflexion au sein de l’Accord national, pour parvenir à un consensus entre les acteurs politiques et les citoyens, autour de cinq questions spécifiques : l’édification d’un système de santé unifié ; la qualité de l’éducation ; la promotion de la croissance économique ; la réforme du système d’administration de la justice ; et la lutte contre la pauvreté et l’extrême pauvreté. 

Pour contenir la propagation de la COVID-19, le Pérou a été l’un des premiers pays de la région à adopter des mesures énergiques, a fait valoir le Président.  Celles-ci ont sauvé des milliers de vies, malgré les taux élevés de décès et d’infections, tout en permettant de rattraper des décennies de retard dans les infrastructures de santé publique.  «  Nous nous sommes battus pour contenir la maladie, tout en renforçant notre capacité de réaction  », a assuré M. Vizcarra.  Six mois après le début de ce combat, le nombre de personnes infectées et décédées commence à baisser fortement.  En outre, le Pérou a mis en place le plus grand plan de relance économique de son histoire et l’un des plus importants de la région, avec un investissement équivalent à 20% de son produit intérieur brut. 

«  La pandémie de COVID-19 est le plus grand défi mondial pour l’humanité depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale  », a insisté le Président.  Il s’est dit convaincu qu’il faut renforcer le multilatéralisme à travers l’ONU et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), notamment pour faire de la couverture sanitaire universelle, en tant qu’objectif du développement durable, une réalité.  

Conformément à cet engagement, le Pérou soutient l’initiative « COVAX Facility », le dispositif visant à accélérer l’accès aux outils de lutte contre ‎la COVID-19 (ACT), l’Alliance du Vaccin (GAVI) et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI).  Nous encourageons, a déclaré le Président, la concurrence pour la recherche de vaccins et de traitements, en tant que bien public mondial au service de l’humanité tout entière.  

Le Pérou, qui est particulièrement vulnérable aux changements climatiques, a approuvé la loi-cadre sur les changements climatiques en 2018 et s’est engagé à mettre en œuvre au niveau national l’Accord de Paris, en établissant des feuilles de route pour 91 mesures d’adaptation et 62 mesures d’atténuation.  La conservation et l’utilisation durable de l’Amazonie et la protection de sa vaste diversité biologique, sont une autre priorité du Pérou.  En décembre dernier, a rappelé M. Vizcarra, le Pacte de Leticia a été signé lors d’un sommet présidentiel régional pour l’Amazonie, et, il y a quelques semaines, un plan d’action régional a été approuvé avec les dirigeants amazoniens, afin de lutter contre la déforestation et les activités illégales.  

M. FÉLIX ANTOINE TSHILOMBO TSHISEKEDI, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a souligné que cette session de l’Assemblée générale se tient dans un contexte « exceptionnel et particulièrement difficile » marqué par la maladie à coronavirus qui a perturbé les économies et freiné la réalisation des efforts pour réduire la pauvreté, maintenir la paix et la sécurité internationales, garantir la justice et les droits humains, favoriser le progrès social, tout en protégeant l’environnement.  

Dès la détection du premier cas de Covid-19 à Kinshasa le 10 mars 2020, a affirmé le Président, le Gouvernement congolais a immédiatement pris des mesures « rapides et décisives » pour contenir la propagation du virus, dont la proclamation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire, capitalisant ainsi sur les acquis de la gestion de l’épidémie d’Ebola.  Le Président a dit avoir lancé, le 18 juin dernier, le Programme multisectoriel d’urgence d’atténuation des impacts de la pandémie.  

Le Président s’est félicité de ce que la coordination multilatérale cohérente assurée par l’ONU en général et l’Organisation Mondiale de la Santé en particulier, ait réussi à garantir une solidarité internationale véritable, efficiente et efficace et permis de promouvoir une plus grande interaction avec les partenaires au développement et les institutions financières et économiques internationales en vue de mobiliser les ressources nécessaires à la lutte contre la pandémie. 

Cette pandémie, a-t-il constaté, nous a montré qu’il n’existe qu’une planète, qu’une santé et que nos sorts sont liés.  Dans ce contexte, le Président a estimé que les efforts de la communauté Internationale devraient inclure l’annulation et autres allègements du fardeau de la dette afin de permettre aux pays de se reconstruire en mieux.  Il a salué les mesures prises par le G20 et les institutions financières internationales qui ont reporté les délais de paiement de la dette, les invitant à prendre des mesures d’annulation totale de la dette.  Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle renforce les partenariats avec tous les pays en développement, y compris dans le domaine des capacités et de l’assistance technique.  Le Président a reconnu le « rôle de premier plan » des Nations Unies, y compris l’OMS.  La leçon principale de la Covid-19, c’est une véritable profession de foi en faveur du multilatéralisme, a-t-il souligné. 

Passant aux changements climatiques, il a rappelé que son pays a pris des engagements contraignants pour réduire ses émissions de gaz carbonique.  Il s’est dit déterminé à tout faire pour parvenir à la mise en œuvre des engagements nationaux en faveur de la préservation des forêts.  Aussi la RDC a-t-elle institué des « Jardins scolaires: un milliard d’arbres à l’horizon 2023 ».  Le Président a dit compter que les partenaires de son pays respectent également leurs engagements financiers dans le cadre de la préservation des forêts tropicales. 

Le Président a ensuite parlé des réformes engagées à plusieurs niveaux dans son pays, dont celui des finances publiques et de l’amélioration de la bonne gouvernance et la réduction de la pauvreté.  Depuis 2016, le pays met en œuvre les objectifs dedéveloppement durable, avec pour objectif ultime de diversifier une économie encore basée sur l’exploitation des ressources naturelles et d’accélérer les investissements dans les infrastructures et le capital humain, tout en favorisant les investissements dans les secteurs sociaux.  Cependant, le contexte actuel marqué par la COVID-19 représente un réel défi. 

Quant à la situation sécuritaire qui prévaut dans la partie orientale du pays, le Président a dénoncé les activités de éléments résiduels des groupes armés, aussi bien nationaux qu’étrangers, qui s’attaquent aussi aux soldats de la paix de la Mission des Nations Unies (MONUSCO).  Ces groupes, s’est impatienté le Président, disposent de moyens provenant souvent de l’exploitation illicite des ressources naturelles « écoulées en dehors de la RDC ».  Il faut donc éradiquer leurs sources d’approvisionnement, a plaidé le Président qui a lancé un appel à des « sanctions appropriées, ciblées et efficaces ». 

C’est dans ce contexte, a-t-il poursuivi, que s’inscrivent le réexamen et le dialogue stratégiques pour la transformation de la présence onusienne en RDC.  Le vœu de la RDC est de voir pendant cette période de préparation à la sortie, le renforcement de la collaboration entre la MONUSCO et les Forces armées nationales.  Sa détermination étant de « redonner le sourire » aux populations de l’est, le Président s’est dit en faveur de l’accroissement de la capacité opérationnelle de la Brigade d’intervention. 

Il s’est aussi attardé sur les efforts qu’il déploie dans les domaines des droits de l’homme et de la justice sociale, indiquant que pour mettre un terme à une certaine mauvaise pratique de la gestion de la chose publique, il a créé une agence de prévention et de lutte contre la corruption.  Le Président a par ailleurs reconnu que le chantier des droits des femmes, des filles et des enfants « demeure vaste ».  Il a professé sa volonté de travailler avec le Fonds Mondial pour la réparation des victimes des crimes sexuels commis pendant le temps des conflits.  Il n’a pas manqué de réitérer son appel urgent à la réforme du Conseil de sécurité afin de rendre cet organe plus transparent, plus démocratique et plus représentatif de la composition de notre Organisation.  Il a dénoncé « l’injustice criante » que subit le continent africain dans sa représentation tant au sein du Conseil de sécurité que dans les différentes organisations internationales qui composent le système des Nations Unies.  La réforme des Nations Unies doit, en outre, tirer les leçons de l’expérience en matière de coopération internationale en vue d’assurer une plus grande efficacité aux agences et fonds engagés dans la bataille du développement économique et social, a conclu le Président. 

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