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Yémen: au moment où le spectre de la famine refait surface, l’Envoyé spécial, devant le Conseil de sécurité, recommande aux parties de faire des compromis

8757e séance – matin
CS/14301

Yémen: au moment où le spectre de la famine refait surface, l’Envoyé spécial, devant le Conseil de sécurité, recommande aux parties de faire des compromis

Au lieu de faire taire les armes et de reprendre le processus politique, le Yémen semble s’être détourné de la voie de la paix, a regretté ce matin M. Martin Griffiths, l’Envoyé spécial pour le Yémen, en faisant son exposé mensuel devant le Conseil de sécurité.  Les combats se sont intensifiés, la crise humanitaire est plus aigüe et la pandémie de COVID-19 y fait des ravages, a-t-il constaté tout en estimant qu’il est possible, ensemble, de revenir vers la recherche d’une solution à ce conflit.  Cela signifie que les parties doivent faire un choix: continuer sur la trajectoire actuelle de l’escalade de la violence et des souffrances humanitaires, ou faire les compromis nécessaires à la relance du processus politique et au règlement politique.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a alerté qu’aujourd’hui, le spectre de la famine est revenu au Yémen, alors que des millions de vies ont pu être sauvées au cours des deux dernières années.  Il a pointé du doigt ceux qui sont en mesure d’aider, et qui ont une responsabilité particulière de le faire, en citant notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui, jusqu’à présent, n’ont pas contribué au financement de l’opération d’aide humanitaire de l’ONU en 2020.  Cette opération n’est financée à ce jour qu’à hauteur de 30%, s’est-il indigné reprochant aux donateurs de faire des promesses qu’ils ne tiennent pas.  Or, « derrière les faits et les chiffres, il y a de vraies personnes », leur a-t-il rappelé.

Ce sont neuf millions de personnes qui ont été directement touchées par l’aggravation des réductions des programmes d’aide, y compris pour l’alimentation, l’eau et les soins de santé.  Continuer à retenir l’argent de la réponse humanitaire revient à une condamnation à mort pour de nombreuses familles, a prévenu M. Lowcock. 

Comme pour M. Griffiths, c’est l’escalade de la situation dans la province de Mareb qui inquiète le Coordonnateur des secours d’urgence, une région où plus d’un million de personnes ont trouvé refuge depuis 2015.  Il a appelé les parties à convenir d’un cessez-le-feu national, y compris à Mareb, et à adopter des mesures de désescalade.  Si cette région tombe, a averti à son tour M. Griffiths, cela sapera les perspectives d’un processus politique inclusif à même d’apporter une transition basée sur le partenariat et la pluralité.

Aux yeux de l’Envoyé spécial, le moment est venu pour les parties de conclure rapidement les négociations et de finaliser la déclaration commune dont il leur a remis un avant-projet la semaine dernière.  L’appel de M. Griffiths est simple: « Choisissez la paix.  Mettez fin à ce conflit.  Travaillez avec nous de toute urgence sur la déclaration commune ».

Allant dans le même sens, le Royaume-Uni a prévenu que seule une solution politique peut mettre un terme à la situation humanitaire désastreuse, enjoignant à cette fin les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial. 

Pourtant, comme l’a dit la Chine, l’Accord de Stockholm est au point mort, tandis que la mise en œuvre de l’Accord de Riyad est loin d’être acquise.  La France a également exigé la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et la finalisation des discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement, y voyant « une étape importante pour la reprise des pourparlers politiques ».  Compte tenu de ce contexte, la plupart des délégations ont demandé aux parties yéménites de s’engager pleinement et sans délai dans un dialogue avec l’Envoyé spécial et de s’accorder sur le projet de déclaration conjointe qu’il a proposé.

Le Yémen leur a répondu que son gouvernement avait accepté sans réserve les propositions de M. Griffiths en ce qui concerne la déclaration conjointe de cessez-le-feu ainsi que les mesures humanitaires et les propositions politiques, affirmant que ce sont les houthistes qui s’y opposent, tout comme ils sapent l’Accord de Stockholm et compromettent la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Il a même affirmé que les « milices houthistes » cherchent à empêcher l’accès au port de Hodeïda, tout comme elles ont menacé de fermer l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires de l’ONU et d’autres partenaires, ce qui a suscité de vives inquiétudes de la part des membres du Conseil.  Compte tenu de cela, son gouvernement a appelé au transfert du quartier général de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) vers un endroit plus neutre. 

Les membres du Conseil se sont également inquiétés de la situation du pétrolier SAFER abandonné au large du port de Hodeïda, qui crée un risque de catastrophe environnementale imminente, et du fait que l’équipe technique de l’ONU n’ait toujours pas pu commencer son travail.  Les procédures et délais imposés par les houthistes à cet égard sont, aux yeux du Yémen, « une nouvelle preuve de l’instrumentalisation de ce dossier à des fins politiques ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

L’Envoyé spécial pour le Yémen, M. MARTIN GRIFFITHS, a regretté qu’au lieu de faire taire les armes et de reprendre le processus politique, le Yémen semble s’être détourné de la voie de la paix: des combats intenses, une crise humanitaire plus aigüe et la pandémie de COVID-19 y font toujours des ravages.  « Cela ne veut pas dire pour autant qu’ensemble nous ne puissions tourner la page et revenir vers la recherche d’une solution à ce conflit. »  Mais cela signifie que les parties doivent choisir, a-t-il martelé, ajoutant que tout le monde sait quels choix doivent être faits pour que le Yémen puisse sortir de ce conflit.

L’Envoyé spécial a dit avoir envoyé, la semaine dernière, un avant-projet de déclaration commune aux deux parties.  Ce projet reflète et équilibre les commentaires des cycles précédents de ces discussions et intègre les contributions de la société civile et des femmes yéménites, a-t-il expliqué.  À ses yeux, le moment est venu pour les parties de conclure rapidement ces négociations et de finaliser la déclaration commune.  Son appel est simple: « Choisissez la paix.  Mettez fin à ce conflit.  Travaillez avec nous de toute urgence sur la déclaration commune. »

Nulle part l’importance de ce choix n’est plus évidente que dans Mareb, a souligné l’Envoyé spécial rappelant que de violents combats s’y déroulent, notamment le long de ses frontières avec les provinces de Jaouf, de Sanaa et de Bayda.  La situation à Mareb est préoccupante à bien des égards, a-t-il expliqué citant le niveau élevé de pertes de vies et la menace réelle qu’elle représente pour des centaines de milliers de personnes déplacées et dans le besoin.  Mareb était jusque-là un havre de paix pour ces personnes, a précisé M. Griffiths, or les combats risquent de les pousser à se déplacer à nouveau.  Il a également rappelé l’importance politique de Mareb et prévenu que si cette région tombe, cela sapera les perspectives d’un processus politique inclusif à même d’apporter une transition basée sur le partenariat et la pluralité.

Passant à la situation à Hodeïda, M. Griffiths a indiqué que des violations du cessez-le-feu sont signalées quotidiennement alors que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda, la MINUAAH, continue de subir des restrictions qui entravent ses opérations.  Il a également fait part de sa profonde préoccupation face aux conséquences humanitaires des pénuries de carburant dans les régions du nord du Yémen contrôlées par Ansar Allah.  M. Griffiths en a profité pour exiger que les flux d’importations commerciales essentielles restent assurés, y compris la nourriture, le carburant et les fournitures médicales, et leur distribution à travers le Yémen aux civils.  Il s’est inquiété de l’annonce récente faite par Ansar Allah de la fermeture de l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires, appréhendant l’impact que cela aura sur les opérations de l’ONU et sur l’aide humanitaire critique.

L’Envoyé spécial a également rappelé que si les dispositions logistiques le permettent, les parties doivent se réunir cette semaine en Suisse pour poursuivre leurs discussions sur la mise en œuvre des échanges de prisonniers, sous les auspices conjoints de son Bureau et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).  Les parties se sont engagées à libérer les prisonniers et détenus liés au conflit en 2018 à Stockholm, a-t-il rappelé, et ont poursuivi leurs discussions pour respecter cet engagement à Amman plus tôt cette année.  M. Griffiths a espéré que cette réunion aboutira à la libération urgente de ces prisonniers, compte tenu notamment de la menace de la COVID-19 dans les lieux de détention.

Bien que la situation soit désastreuse, M. Griffiths a insisté sur le fait que les parties au conflit au Yémen ont un choix à faire: continuer sur la trajectoire actuelle de l’escalade de la violence et des souffrances humanitaires, ou faire les compromis nécessaires à la relance du processus politique et à un règlement politique.  L’ONU et les membres du Conseil doivent, et feront, tout leur possible pour promouvoir et soutenir cette dernière alternative, leur a-t-il assuré, tout en reconnaissant que, en fin de compte, le choix est entre les mains des parties au conflit.  « La communauté internationale et le peuple du Yémen suivront de près ce qu’elles feront. »

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que deux ans après l’appel contre la famine au Yémen, des progrès ont été réalisés: les donateurs ont alloué plus de fonds, répondant à près de 90% des besoins de financement.  Il a ajouté que les bénéficiaires de l’aide alimentaire sont passés de 8 millions à 12 millions de personnes par mois, que les programmes de santé, d’éducation, d’eau et d’autres programmes ont également été renforcés, tandis que des mesures pour soutenir l’économie ont été prises.  Les injections de devises ont stabilisé le rial yéménite, a-t-il aussi signalé en constatant que les résultats sont là: des millions de vies ont été sauvées.  « Il n’y a pas eu de famine à grande échelle au Yémen. »

« Mais aujourd’hui, le spectre de la famine est revenu », a alerté M. Lowcock.  Ceux qui sont en mesure d’aider, et qui ont une responsabilité particulière de le faire, choisissent surtout de ne pas le faire, a-t-il dénoncé.  Il a indiqué que le conflit n’a cessé de s’intensifier ces dernières semaines, en particulier dans le centre du Yémen.  En août, plus de civils ont été tués à travers le pays que n’importe quel autre mois cette année.  Aujourd’hui, une victime civile sur quatre au Yémen est tuée et blessée chez elle.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a dit être inquiet pour Mareb, où plus d’un million de personnes ont trouvé refuge depuis 2015.  Il a appelé les parties à convenir d’un cessez-le-feu national, y compris à Mareb.  Des mesures de désescalades sont nécessaires, comme il y a deux ans, a-t-il lancé. 

Concernant l’accès humanitaire, M. Lowcock a déploré l’insécurité et les obstacles bureaucratiques dans le sud du pays, et le fait que les autorités d’Ansar Allah aient fermé l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires et à l’ONU.  Les autorités attribuent cette décision à des pénuries d’essence dans le nord, a-t-il rapporté en estimant cependant que cela ne justifie pas la fermeture de l’aéroport.  Le haut fonctionnaire a souligné la nécessité cruciale d’un transport sûr et fiable pour le personnel humanitaire et demandé une solution rapide.  Dans les semaines à venir, a-t-il informé, environ 100 tonnes de fret humanitaire devraient être déchargés à l’aéroport de Sanaa, y compris des vaccins essentiels et d’autres fournitures médicales.  Réitérant la nécessité d’un environnement plus sûr pour les organisations humanitaires, M. Lowcock a constaté qu’un an après l’accord relatif à l’enregistrement biométrique des bénéficiaires de l’aide alimentaire, cela n’a toujours pas commencé.

S’agissant du pétrolier SAFER, l’ONU a présenté une proposition révisée pour la mission initiale d’évaluation et de réparation et a tenu plusieurs séries de discussions techniques constructives avec les autorités de fait, a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, qui a souhaité que la nouvelle proposition soit rapidement approuvée afin que les travaux puissent commencer. 

S’agissant du financement de l’opération d’aide humanitaire, M. Lowcock a dit que cette année, 30% de ce qui est nécessaire a été reçu avant de dénoncer plusieurs donateurs dont « l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Koweït, qui ont une responsabilité particulière, mais n’ont jusqu’à présent rien donné au plan de l’ONU de cette année ».  Il a déploré le fait de promettre de l’argent et de briser ensuite les espoirs en ne tenant pas les promesses.  Il a rappelé que plus de neuf millions de personnes ont été touchées par l’aggravation des réductions des programmes d’aide, y compris l’alimentation, l’eau et les soins de santé.  Continuer à retenir l’argent de la réponse humanitaire sera une condamnation à mort pour de nombreuses familles, a enfoncé M. Lowcock.  Il a ainsi appelé tous les donateurs à tenir leurs promesses dès maintenant et à accroître leur soutien.

Pour ce qui est de l’économie du Yémen, a-t-il continué, elle a diminué de 45% depuis 2015.  Les envois de fonds de l’étranger ont diminué jusqu’à 70% depuis le début de la pandémie.  Les Yéménites ont beaucoup moins d’argent pour nourrir leur famille ou payer leurs factures médicales, a dit le haut fonctionnaire notant que le rial s’est encore effondré et que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 140%.  Les coûts du carburant sur le marché informel sont maintenant plus du double du taux officiel dans de nombreux domaines.  En raison du blocus, plus de trois mois de carburant sont bloqués à l’extérieur du port de Hodeïda en attendant l’autorisation du Gouvernement d’entrer.

Cette situation affecte directement les services fournis par les agences humanitaires, a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence.  Les pénuries de carburant ont jusqu’à présent réduit d’au moins 2,5 millions de personnes le nombre de bénéficiaires de l’aide en matière d’eau et d’assainissement.  L’aide alimentaire a été interrompue pour au moins un demi-million de personnes, tandis que 300 000 autres sont en danger, a-t-il averti.  Pour M. Lowcock, le règlement du différend à l’origine du blocus pétrolier est essentiel pour mettre fin à la dérive du Yémen vers la famine.  Il a appelé les partenaires du Yémen à injecter régulièrement des devises dans l’économie du pays car cela aidera à baisser les prix des produits de base et permettra à davantage de personnes de se nourrir.

Concernant la paix, le Secrétaire général adjoint a fait part de données qui montrent très clairement que la plus grande famine au Yémen se trouve principalement dans les zones touchées par le conflit.  Il a informé au passage que c’est la trente et unième première fois qu’il informe le Conseil sur la situation au Yémen depuis sa nomination. 

Derrière les faits et les chiffres, il y a de vraies personnes, a-t-il rappelé en relayant les messages au Conseil de quatre personnes.  Jamila, une mère de quatre enfants, veut dire au Conseil que ses membres tiennent dans leurs mains la vie des gens.  Abdulrahman, un père de famille de six enfants, veut souligner que les Yéménites sont des êtres humains qui méritent le respect.  Il espère que le Conseil renouvellera son soutien humanitaire pour sa famille.  Pour Samia qui vit à Aden, la pandémie de COVID-19 a tué ceux qui gagnaient de l’argent dans sa famille qui n’a maintenant aucune source de revenus.  Samia demande de regarder le Yémen avec compassion et humanité, au moins d’offrir de la nourriture et des médicaments.  Mohammed, réfugié vivant à Sanaa, n’a pas de réponse à ses enfants qui lui demandent à manger.  Il espère que le Conseil fera quelque chose pour les aider.  Sa peur, a informé M. Lowcock, c’est que le monde oublie les des gens comme lui, ou pire, que le monde décide de ne rien faire. 

Des millions de gens ressemblent à ces quatre témoins, a conclu M. Lowcock en soulignant que « ce sont des gens comme nous », mais qu’ils sont victimes d’individus et de forces sur lesquels ils n’ont aucune influence ou contrôle.  Le Yémen se trouve dans cette situation parce que ceux qui ont le pouvoir et l’influence ont décidé qu’il y a des choses plus importantes que le sort de ces gens, a constaté M. Lowcock qui a conclu: « n’est-il pas temps de prendre une décision différente? »

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a qualifié de « désespérée » la situation au Yémen en notant le risque accru de famine, dans un contexte de pandémie, même si le pic semble dépassé.  « Les parties doivent être transparentes sur les cas de COVID-19. »  Il a détaillé la crise économique en cours au Yémen et demandé le financement de l’appel humanitaire pour prévenir la famine dans le pays.  Près de sept millions de Yéménites pourraient se voir privés d’une aide alimentaire si des financements supplémentaires ne sont pas trouvés d’ici à octobre, a-t-il prévenu.  Une solution politique est cruciale pour mettre un terme à cette situation humanitaire, a-t-il dit, en enjoignant les parties à coopérer avec l’Envoyé spécial.

Le représentant a salué l’unité du Conseil sur ce dossier et appelé à la préserver, en appui aux efforts de l’Envoyé spécial.  Le représentant a rappelé que le pétrolier SAFER demeure toujours une menace et souhaité que la mission onusienne puisse démarrer le plus rapidement possible.  Les experts onusiens doivent pouvoir monter à bord du bateau, a conclu le délégué, en appelant les houthistes à s’acquitter de leurs engagements.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a regretté la résurgence du conflit au Yémen avec son risque d’escalade militaire.  Aider le Yémen passe par un abandon des combats et la conduite d’un dialogue positif, tel que préconisé par l’Envoyé spécial, a-t-il déclaré.  « L’option militaire ne pourra qu’aggraver la violence dans le pays. »  Le délégué a exhorté les parties belligérantes à cesser les combats et à placer l’intérêt des Yéménites au-dessus de toute autre considération.  Le délégué tunisien a déploré l’aggravation des souffrances des Yéménites en raison du virus et la détérioration économique du pays, avec un risque de famine.  Il a souligné l’importance d’un bon acheminement de l’aide humanitaire.  S’agissant du pétrolier SAFER, le représentant a appelé à la facilitation du travail des experts de l’ONU afin d’éviter une catastrophe environnementale majeure.

M. GENG SHUAN (Chine) a insisté sur les souffrances inimaginables des Yéménites, avant de noter les efforts diplomatiques consentis par le passé et d’appuyer les bons offices de l’Envoyé spécial.  L’Accord de Stockholm est au point mort, tandis que la mise en œuvre de l’Accord de Riyad est loin d’être acquise, a déploré le délégué.  Estimant que la recherche d’une solution politique est le seul cap à tenir, il a exhorté toutes les parties à cesser les combats.  L’ONU doit mener des consultations avec les parties en vue d’aboutir à un retour à la table des négociations, a-t-il recommandé.

Le représentant chinois a aussi souhaité un échange de prisonniers à grande échelle et exhorté les pays voisins à exercer une influence positive sur la situation dans le pays.  Il a exhorté les pays donateurs à honorer leurs engagements humanitaires et appelé l’ONU à appuyer la lutte contre la pandémie.  Peu d’avancées ont été enregistrées sur le dossier du navire SAFER, a-t-il déploré, en souhaitant que les équipes techniques puissent apporter leur concours pour son règlement.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a exhorté le Gouvernement du Yémen et les houthistes à travailler avec l’Envoyé spécial pour parvenir à un accord sur le projet final de la déclaration commune, regrettant au passage l’absence de progrès sur ce dossier alors même que le peuple yéménite est aux prises avec une crise économique, l’insécurité alimentaire, des pénuries de carburant, le COVID-19 et un conflit.  La délégation a attiré l’attention sur « l’autre force déstabilisatrice » dans le pays, à savoir la République islamique d’Iran, qui n’a guère intérêt à favoriser la stabilité et la sécurité au Yémen ou ailleurs dans la région.  Au contraire, a expliqué la représentante, « l’Iran continue d’envoyer une aide meurtrière aux houthistes », alimentant l’offensive en cours à Mareb et ailleurs.  Le 20 août, les États-Unis ont lancé le processus pour rétablir pratiquement toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran, qui avaient été levées en vertu du paragraphe 7 (a) de la résolution 2231 (2015), a indiqué la délégation, expliquant que l’embargo sur les armes est un élément essentiel des efforts américains visant à freiner les actions de déstabilisation de Téhéran au Yémen.  Pour Mme Norman-Chalet, « le Conseil a échoué dans sa mission de maintenir la paix et la sécurité internationales en permettant à l’Iran de maintenir et d’étendre sans entrave ses activités de déstabilisation dans la région ».  Pour justifier sa position, la délégation a notamment cité les attaques aériennes transfrontalières « inacceptables et persistantes » des houthistes contre des infrastructures civiles en Arabie saoudite, y compris l’aéroport d’Abha.

Encouragée par la reprise des discussions sur la formation du cabinet entre le conseil de transition du Sud et le Gouvernement du Yémen, la représentante a exhorté les deux parties à poursuivre les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad. S’agissant spécifiquement de la situation humanitaire, elle a s’est inquiétée des déficits de financement des opérations d’aide cette année et des conséquences potentielles de la détérioration des perspectives économiques sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire.  L’Administration Trump a versé plus de 1,3 milliard de dollars d’aide humanitaire au Yémen au cours des deux dernières années, a indiqué la déléguée, expliquant que même avec une suspension partielle de certaines opérations dans les zones contrôlées par les houthistes, les États-Unis restent le plus grand donateur humanitaire.  Elle a appelé les autres partenaires et pays donateurs, y compris ceux de la région, à se mobiliser et à contribuer au Plan d’intervention humanitaire, en particulier ceux qui n’ont pas encore honoré leurs promesses de contribution pour 2020.

Parallèlement, la délégation a appelé les houthistes à arrêter d’entraver les opérations d’aide, soulignant que la circulation sans entrave des biens essentiels vers et dans tout le Yémen est plus vitale que jamais, étant donné l’insécurité alimentaire croissante qui sévit.  Elle a également demandé aux houthistes et au Gouvernement du Yémen d’accepter sans délai la demande de l’Envoyé spécial de tenir des discussions sur les importations de carburant et les décaissements des recettes connexes.  De plus, elle a appelé les houthistes à revenir sur leur décision annoncée de fermer l’aéroport de Sanaa aux Nations Unies et à d’autres avions de secours internationaux.  Ceci est simplement un autre exemple d’extorsion des houthistes qui instrumentalisent l’aide internationale, a estimé la délégation, alors que le peuple yéménite continue de souffrir.  « C’est inexcusable. »

M. GERT AUVAART (Estonie) a jugé inacceptable de chercher des gains territoriaux et de mener une guerre économique aux dépens des Yéménites et appelé les parties à rejoindre sans tarder la déclaration commune, en vue de l’entame de la prochaine phase d’un processus politique complet. Le délégué a déclaré que toutes les parties au conflit ont commis des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Il a exhorté les parties à protéger les civils et à remédier au problème de violence sexuelle. Il a ensuite appuyé la recommandation faite à ce Conseil d’intégrer davantage à son ordre du jour la dimension droit de l’homme du conflit yéménite. 

Sur le plan humanitaire, le représentant a regretté la réduction des opérations en raison du manque de ressources financières, compte tenu notamment du risque de famine qui pèse sur le pays. Il a plaidé pour des efforts accrus afin de trouver une solution de long terme en vue de permettre les importations commerciales et de pétrole via le port de Hodeïda. Enfin, le représentant a exhorté les houthistes à prendre des mesures immédiates et concrètes, sans conditions préalables, en vue de permettre à la mission de l’ONU d’accéder au pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe.

M. JERRY MATTHEWS MATIJA (Afrique du Sud) a déclaré que la situation humanitaire désastreuse au Yémen, intensifiée par la pandémie de COVID-19, est inextricablement liée à l’impasse politique.  Il a exhorté les parties à travailler avec l’Envoyé spécial pour assurer à nouveau l’approvisionnement en pétrole par le port d’Hodeïda.  Notant que les organismes des Nations Unies sont contraints de réduire ou de fermer les programmes humanitaires en raison du manque de financement, il a appelé les donateurs à respecter leurs engagements pour empêcher au Yémen de sombrer dans la famine.  Il a également appelé à un ensemble unifié de mesures pour réduire la COVID-19, améliorer l’accès humanitaire et soulager les souffrances.

Concernant l’impasse politique, le représentant a exhorté toutes les parties au conflit à cesser immédiatement les hostilités, conformément à la résolution 2352 (2020) et à convenir de mesures de confiance, telles que le paiement des salaires des fonctionnaires, la réouverture de l’aéroport de Sanaa aux vols humanitaires et la levée des restrictions à l’importation.  En outre, il a appelé toutes les parties à s’engager de bonne foi avec l’Envoyé spécial et il a demandé aux autorités houthistes de respecter l’engagement qu’elles ont pris de permettre aux Nations Unies d’accéder au pétrolier.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a souligné la situation dramatique que connaît le Yémen et apporté son plein appui aux efforts de l’Envoyé spécial, notamment ceux visant à un réengagement des parties en faveur du processus politique.  Il a également salué l’approche de l’Envoyé spécial concernant la place des femmes, un élément clef pour son pays.  Pour être durables, la déclaration commune et le processus de l’Accord de Riyad doivent être inclusifs en prenant en compte les voix des femmes et des groupes marginalisés.

M. Heusgen a jugé déplorables les violations du droit international par toutes les parties, en dénonçant le harcèlement des travailleurs humanitaires, l’empêchement des importations de nourriture et de carburant et la fermeture à l’aide humanitaire de l’aéroport de Sanaa.  « Peut-on faire pire que cela? »  Le délégué a demandé aux Iraniens de « faire pour une fois quelque chose de positif » et d’accroître la pression sur les houthistes pour permettre l’accès de l’aide humanitaire, ouvrir l’aéroport et autoriser une évaluation par l’équipe de l’ONU du pétrolier SAFER.

M. Heusgen a dénoncé la poursuite des frappes aériennes qui touchent les civils de manière disproportionnée.  Rappelant que l’Allemagne s’est engagée en 2020 en faveur du Yémen à hauteur de plus de 360 millions de dollars -décaissés à plus de 90%-, il a déploré que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis n’aient pas honoré leurs engagements.  « Comment peut-on être aussi cynique en promettant de donner de l’argent pour aussitôt doucher les espoirs? »  En conclusion, le représentant a exhorté ces pays à honorer de toute urgence leurs engagements.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) s’est déclarée alarmée par les rapports récents concernant la suspension de tous les vols onusiens et humanitaires vers Sanaa par les houthistes et a insisté sur la nécessité de se mettre d’accord d’urgence sur les questions en suspens dans les négociations de la déclaration conjointe.  Elle a également dit être très préoccupée par la montée de la violence à Mareb et Hodeïda qui menace un processus politique déjà fragile.

S’appuyant sur les conclusions du troisième rapport du Groupe d’experts éminents internationaux et régionaux sur le Yémen, Mme Van Vlierberge a exhorté vivement toutes les parties à s’acquitter de leurs obligations au titre du droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils, en particulier des femmes et des enfants, et de leurs obligations au titre du droit international des droits de l’homme.  « Assurer la justice pour les auteurs de toutes les violations commises au Yémen reste essentiel. »

S’agissant de la « saga » du pétrolier SAFER, elle a évoqué la nouvelle fuite d’eau, qui s’est produite à bord de la salle des machines et qui a apparemment pu être contenue.  « Mais un jour, et ce jour peut arriver bientôt, nous n’aurons pas cette chance », a-t-elle dit en soulignant que cet incident démontre pourquoi il est essentiel qu’une équipe d’experts de l’ONU ait un accès complet et immédiat au SAFER.  Elle a donc incité les dirigeants houthistes à cesser de retarder le processus.  « Il faut empêcher une catastrophe environnementale, humanitaire et économique imminente. »

M. VASSILY NEBENZIA (Fédération de Russie) a fait part de ses préoccupations non seulement face aux affrontements armés au Yémen, mais aussi aux problèmes humanitaires et au manque de financement des programmes d'aide, ce qui conduit à une réduction de ces programmes, y compris ceux visant à assurer la sécurité alimentaire de la population, l'accès à l’eau potable et aux services médicaux.  Une action collective est nécessaire pour aider les Yéménites à répondre à la pandémie, a poursuivi le représentant en appelant les donateurs, dont les pays de la région, à renforcer leur soutien.  « La situation humanitaire dans le pays ne pourra cependant pas s’améliorer tant que le conflit ne trouvera pas un règlement politique et diplomatique. »  M. Nebenzia a regretté que jusqu'à présent, la mise en œuvre d'arrangements majeurs comme l’Accord de Riyad, l’Accord de Stockholm et l’Accord sur Hodeïda, n’ait pas produit les résultats escomptés, à savoir un cessez-le-feu universel et un dialogue intra-yéménite inclusif.  Le blocage de ces accords pourrait entraîner une nouvelle escalade qui ne profitera qu’aux terroristes et aux extrémistes, a-t-il craint.  Ces derniers risquent d’utiliser le Yémen pour étendre leur influence bien au-delà des frontières de ce pays, a mis en garde le représentant qui a dit soutenir les efforts de M. Griffiths.

Le plus important, à ses yeux, c’est que les parties au Yémen reconnaissent qu’elles ont besoin d’un dialogue à l’échelle nationale pour parler de l’avenir de leur pays.  Il est donc essentiel que l’opinion de tous les groupes politiques, sociaux, ethniques et religieux du Yémen soit prise en compte.  Soulignant que « le diable est dans les détails », le représentant a affirmé que c’est la raison pour laquelle le plan proposé par M. Griffiths n’a pas encore été entériné.  La Russie entretient des contacts avec toutes les parties intéressées au Yémen et à l’étranger.  Elle continue d’encourager la recherche de compromis pour soutenir les efforts de l’ONU et M. Griffiths personnellement. Le représentant a ajouté que son pays œuvre en faveur de la MINUAAH en espérant que ses collègues du Conseil, ainsi que les partenaires internationaux, suivront la même voie.

Fermement convaincue que les efforts visant à régler le conflit au Yémen et à faire face à la situation d’autres pays de la région doivent être liés entre eux et s’accompagner de mesures visant à une désescalade générale au Moyen-Orient, la Russie s’est dite prête à coopérer.  Son représentant a d’ailleurs proposé un concept de sécurité collective pour la zone du golfe Persique et a pris note des autres initiatives de paix sur cette voie, toutes unies par le principe directeur de l’inclusivité.  La Russie s’oppose à toute tentative cherchant à rejeter la faute sur un côté ou sur un pays, « comme certains l’ont fait aujourd’hui », d’autant plus que les pays de la région, y compris celui qui a été pris à partie aujourd’hui, peuvent jouer un rôle positif dans la désescalade générale au Yémen. Avant de conclure la délégation a constaté que « certains pays de la région se montrent prêts à normaliser leurs relations », les invitant à être tout aussi constructifs à l’égard d’autres voisins.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a jugé urgent de trouver une solution politique à la crise au Yémen et a appelé les parties yéménites  à  arrêter les hostilités, en particulier les houthistes dans la province de Mareb.  Il a condamné avec la plus grande fermeté les attaques menées par les houthistes  en territoire saoudien, exigeant qu’elles cessent immédiatement.   Déplorant aussi les affrontements dans le sud du pays, il a demandé la pleine mise en œuvre de l’Accord de Riyad et a souhaité que les discussions sur la formation d’un nouveau gouvernement aboutissent, « une étape importante pour la reprise des pourparlers politiques ».   Dès lors, il a demandé aux parties yéménites de s’engager pleinement et  sans délai dans le dialogue avec l’Envoyé spécial et de s’accorder sur le projet de déclaration conjointe qu’il a proposé.  Dans ce contexte, il est également essentiel que les accords de Stockholm  soient entièrement mis en œuvre, y compris s’agissant du versement des salaires, alors que la situation à Hodeïda se dégrade.

Constatant une situation humanitaire extrêmement préoccupante et le spectre de la famine qui se profile de nouveau, au moment où la pandémie de COVID-19 s’étend, le représentant a appelé à tout faire collectivement pour éviter une telle catastrophe.  Alors que les besoins augmentent, le Plan de réponse humanitaire reste sous-financé, s’est-il inquiété, notant que de nombreux programmes humanitaires sont suspendus.   De plus, la décision des houthistes  de fermer l’aéroport de Sanaa aux vols onusiens et humanitaires est  inacceptable et la France les appelle à revenir dessus, a-t-il dit.    S’agissant du pétrolier SAFER, M. de Rivière a demandé aux houthistes d’autoriser sans délai  ni précondition  l’accès de la mission d’experts  des Nations Unies.  « Une fuite de pétrole aurait des conséquences catastrophiques d’un point de vue environnemental, humanitaire et économique pour toute la région. » 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que tant que les différentes parties yéménites font preuve de volonté politique, des progrès restent envisageables.  Plaidant pour un processus politique, seul moyen de résoudre les crises au Yémen, il a regretté que chaque composante des questions posées par ce conflit soit devenue « une monnaie d’échange politique » pour les parties.  Prenant acte de la fermeture de l’aéroport de Sanaa, qui affectera les livraisons de fournitures sanitaires et médicales pour l’assistance humanitaire, le représentant a exhorté les houthistes et le Gouvernement yéménite à continuer de travailler avec l’Envoyé spécial en vue d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Il a condamné à cet égard la poursuite des attaques perpétrées par les houthistes, notamment contre l’Arabie saoudite.

Le représentant a ensuite souhaité que tout soit fait pour éviter une catastrophe humanitaire découlant du conflit, à une époque d’épuisement des ressources et de pandémie de COVID-19.  Face à la violence croissante, le Yémen est aujourd’hui au bord de la famine, a-t-il alerté, invitant à nouveau les parties à faire montre de « sagesse » en privilégiant une solution politique.  Il a enfin évoqué le sort du pétrolier SAFER, appelant le Conseil à débattre à nouveau de cette question et exhortant les houthistes à permettre rapidement à l’équipe des Nations Unies d’entamer ses travaux.  Enfin, revenant à la situation dans le pays, il a fait valoir que tous les accords antérieurs et la contribution du Conseil de sécurité restent pertinents pour tracer la voie d’un règlement politique au conflit.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a estimé que la situation au Yémen exige une action urgente et que la communauté internationale doit plus que jamais respecter ses engagements.  Si la fenêtre d’opportunité pour la paix ne s’est pas encore fermée, elle se rétrécit à vue d’œil, a-t-elle mis en garde, craignant que le Yémen ne tombe dans l’abîme.  Il faut agir rapidement pour le sauver, a-t-elle exigé évoquant les années de conflit, la pandémie de Covid-19, la menace de famine, les pluies torrentielles, l’adversité économique et un Plan d’intervention humanitaire sous-financé.  À cet égard, la représentante a exhorté tous les donateurs qui ont promis des fonds à faire les versements nécessaires dès que possible.  

Constatant que la situation en matière de sécurité reste extrêmement tendue et instable, elle a réaffirmé la nécessité d’un processus politique inclusif, dirigé et contrôlé par les Yéménites.  Le respect du principe de la responsabilité face à toutes les infractions au droit international, y compris les violations des droits de l’homme, est tout aussi important pour une paix durable, a estimé la déléguée.  Elle a ainsi encouragé la communauté internationale et tous les acteurs concernés à soutenir le système judiciaire du Yémen par le renforcement de ses capacités, afin de permettre des poursuites efficaces contre ces crimes et pour promouvoir ainsi la justice et la réconciliation.  Avant de conclure, elle a appelé les parties à prendre des mesures concrètes pour régler le problème du pétrolier SAFER.  À cette fin, elle a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles accordent la priorité à l’environnement et au peuple du Yémen, et plus largement à toute la région.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) s’est préoccupée de la détérioration de la situation au Yémen, citant notamment les attaques indiscriminées, les disparitions forcées, la torture et la répression des journalistes, « un sombre tableau encore assombri par l’absence de justice ».  Les souffrances de la population sont encore aggravées par la pandémie de COVID-19 et la situation économique intenable, a-t-elle ajouté.

La déléguée a exhorté les parties à coopérer de manière constructive avec l’Envoyé spécial pour trouver une solution aux pénuries de carburant.  Elle s’est ensuite inquiétée du risque posé par le manque d'accès au pétrolier SAFER et de la fermeture imminente des programmes d'aide humanitaire en raison du manque de fonds, ce qui, a-t-elle ajouté, pourrait provoquer une situation de famine d’ici à la fin de l’année.  « L’intensification des combats entrave en outre les mesures de lutte contre les criquets pèlerins. »  Soulignant que seul un accord politique « peut montrer la voie », la délégation a exhorté toutes les parties à appuyer sans délai la Déclaration conjointe de l’Envoyé spécial.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) s’est inquiété des récentes escalades militaires au Yémen et de l’annonce, le 25 août 2020, par le conseil de transition du Sud (CST), de la suspension de sa participation aux consultations en cours pour la mise en œuvre de l’Accord de Riyad.  Il s’est dit également préoccupé par le rapport du Conseil des droits de l’homme selon lequel des adolescents yéménites ont été recrutés et exploités à des fins de violence, y compris de violence sexuelle.  Les auteurs de ces abus doivent être traduits en justice, a exigé le représentant.  Il a exhorté les parties yéménites à cesser les combats et à reprendre les pourparlers afin que les négociations sur un cessez-le-feu national puissent reprendre.  Il a en outre souligné la nécessité d’offrir un accès sûr et sans entrave à l’aide humanitaire.  Il a appelé les houthistes à rouvrir l’aéroport international de Sanaa afin que les fournitures d’aide de l’ONU puissent être apportées au Yémen en temps opportun.  À la communauté internationale, aux Nations Unies et aux donateurs, il a demandé de poursuivre les efforts pour trouver une issue au financement de l’aide humanitaire au Yémen.  

Rappelant l’initiative de deux jeunes Londoniens, Ayaan Moosa et Mikaeel Ishaaq, qui ont vendu de la limonade pour lever des fonds au bénéfice du peuple yéménite, le représentant souligné qu’ils ont reçu d’importantes promesses de don de Mme Angelina Jolie.  Cette histoire, a noté le délégué, montre qu’un petit acte peut aussi répandre l’inspiration et apporter de l’espoir au peuple yéménite.  Concernant le problème du pétrolier SAFER, il a exhorté les houthistes à faciliter les procédures nécessaires afin que l’équipe technique des Nations Unies puisse faire son travail.  Il a terminé en soulignant l’importance pour les parties de mettre pleinement en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad.  « La participation significative des femmes au processus politique devrait également être assurée et encouragée. »

N. ABDOU ABARRY (Niger) a constaté que le conflit au Yémen semble  se  transformer  aujourd’hui  en un véritable «  bourbier  »  dont la tendance la  plus inquiétante est l’élargissement du spectre de la violence au-delà des frontières yéménites.    « Si une telle dynamique se confirmait, le conflit au Yémen prendrait définitivement une nouvelle dimension qui laisserait présager de graves menaces à  la paix et  à la  sécurité dans la région. »   En dépit  des efforts inlassables des Nations Unies et des nombreuses initiatives  de  l’Envoyé spécial, à l’impasse militaire  semble s’ajouter  une impasse dans les négociations  en raison de l’intransigeance accrue sur les conditions ainsi qu’un climat de méfiance grandissant, a constaté le représentant en plaidant pour une solution politique, seul moyen de parvenir à une paix durable.  Il a salué l’intérêt exprimé par le  Gouvernement  yéménite  et les houthistes pour les propositions de l’Envoyé spécial, appelant à tout faire pour faire fructifier cette lueur d’espoir et relancer les pourparlers de paix.   Le représentant a aussi invité les acteurs régionaux ainsi que les membres du Conseil ayant une influence sur les parties  au conflit à ne ménager aucun effort  afin d’amener celles-ci à honorer leurs engagements pris dans le cadre des  Accords de Stockholm et de Riyad. 

Bien avant la pandémie de COVID-19, la situation humanitaire  au  Yémen suscitait déjà la plus grande inquiétude, a rappelé le délégué en notant qu’aujourd’hui, elle est exacerbée par la combinaison de plusieurs facteurs, notamment la propagation rapide de la pandémie, la précarité du système de santé, les inondations, l’insécurité alimentaire, la crise du carburant et les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Pour éviter toute détérioration supplémentaire, il a lancé un appel à la communauté internationale pour plus de générosité, afin d’assurer la continuité des programmes d’assistance, dont plusieurs millions de personnes dépendent aujourd’hui. 

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a assuré que son gouvernement fait son possible pour faire progresser le processus global de paix.  Il a réitéré son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial, M. Griffiths, avant d’accuser les milices houthistes d’hypothéquer ces efforts, en particulier dans la province de Mareb.  Les houthistes minent l’action humanitaire, volent des cargaisons d’aide humanitaire et imposent des taxes illégales, ce qui représente un précédent grave, a affirmé le représentant avant de passer en revue d’autres techniques repréhensibles contre des civils.

Il a assuré que son gouvernement fait son possible pour appliquer l’Accord de Riyad, en mentionnant notamment le récent décret présidentiel proposant la nomination de candidats dans différentes provinces.  Le Gouvernement s’efforce en effet de normaliser la situation dans les différentes provinces, a assuré M. Al-Saadi en expliquant aussi que le nouveau gouvernement sera composé d’acteurs compétents qui seront chargés de mener à bien les réformes nécessaires, y compris la lutte contre la corruption. 

Le représentant a également accusé les milices houthistes de compromettre la mise en œuvre de l’Accord de Hodeïda et d’enfreindre les opérations de la MINUAAH.  Les violations fréquentes commises par ces milices se multiplient, a affirmé le représentant en affirmant qu’elles cherchaient notamment à bloquer l’accès au port de Hodeïda.  C’est la raison pour laquelle son gouvernement a appelé au transfert du quartier général de la Mission vers un endroit neutre. 

Nous souhaitons également la paix et le respect de l’Accord de Stockholm, a ensuite assuré le représentant avant d’affirmer que ceux qui le sapent sont les houthistes.  La proposition de M. Griffiths en ce qui concerne la déclaration conjointe de cessez-le-feu ainsi que les mesures humanitaires et les propositions politiques ont été acceptées par son gouvernement sans aucune réserve, alors que les houthistes s’y opposent, a-t-il indiqué.

Abordant, enfin, les risques environnementaux liés à la situation du pétrolier SAFER, le représentant a également imputé les retards dans la date de début des travaux de l’équipe spéciale des Nations Unies aux houthistes qui, à ses yeux, exploitent ce dossier à des fins politiques. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale clôture sa soixante-quatorzième session puis ouvre la soixante-quinzième sur fond de pandémie

Soixante-quatorzième session,
66e séance plénière
AG/12264

L’Assemblée générale clôture sa soixante-quatorzième session puis ouvre la soixante-quinzième sur fond de pandémie

L’Assemblée générale a entamé, cet après-midi, sa soixante-quinzième session après avoir clôturé les travaux de la précédente, deux sessions incontestablement marquées par la riposte à la pandémie de COVID-19.

C’est en effet devant une salle de l’Assemblée générale éparse, où la représentation des délégations était limitée à une seule personne tenue de respecter les consignes de distanciation sociale et port du masque, que le marteau cérémonial de l’Assemblée générale a été transmis des mains du Président de la soixante-quatorzième session, M. Tijjani Muhammad-Bande (Nigéria), à son successeur, M. Volkan Bozkır (Turquie).  Ce dernier a annoncé vouloir faire de la riposte à la pandémie une « priorité absolue » de sa présidence.

Lors de la clôture de la soixante-quatorzième session, son Président a déclaré que l’émergence du coronavirus avait montré la nécessité de continuer d’approfondir la coopération multilatérale dans le secteur de la santé et d’intensifier les efforts nationaux et mondiaux pour construire « un monde plus sain pour tous ». 

« Pour y parvenir, nous devons continuer à approfondir la coopération pour nous assurer que, malgré le défi posé par la COVID-19, nous atteindrons les objectifs et les cibles que nous nous sommes fixés pour 2030 », a-t-il affirmé pour ensuite se féliciter de l’adoption, la semaine dernière, de la résolution omnibus « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » qui souligne l’importance du multilatéralisme et de la solidarité dans le contexte de la lutte contre cette pandémie.

Il a également parlé de l’introduction, en mars lorsqu’a débuté le confinement, de nouvelles procédures de prise de décisions qui ont permis à l’Assemblée générale d’adopter plus de 70 résolutions et décisions sans se réunir en personne.

Alertant, de son côté, que l’unilatéralisme ne contribuera qu’à renforcer la pandémie, son successeur M. Bozkır a appelé à la poursuite d’un dialogue « franc, transparent et axé sur les résultats » pour identifier ce qui n’a pas fonctionné dans les efforts visant à contenir le virus et définir la marche à suivre pour éviter une situation similaire à l’avenir.

« Nous devrons également poser des questions et y répondre sur la manière dont les vaccins COVID-19 peuvent être distribués de manière juste et équitable », a-t-il ajouté.  « Ce n’est pas seulement une question de santé et d’économie, mais aussi une question d’éthique des plus profondes. »

Détaillant les autres priorités de sa présidence, M. Bozkır a souhaité que le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies soit l’occasion de revitaliser l’esprit de coopération qui a jeté les bases de l’Organisation.  Il a estimé qu’au cours de sa soixante-quinzième session, l’Assemblée générale devrait réfléchir à son propre travail et adopter des réformes pour être davantage efficace, pertinente et cohérente, en comblant les lacunes et en évitant les chevauchements et les doubles emplois.  « Les restrictions liées à la pandémie pourraient être l’occasion de rationaliser notre programme sans compromettre le fond », a-t-il suggéré.

Le Président de la soixante-quinzième session, qui considère la salle de l’Assemblée générale comme le « parlement de l’humanité », a également fait part de son intention d’utiliser cette plateforme pour amplifier les voix des personnes les plus vulnérables au monde.  Il souhaite aussi profiter de ses bons offices pour souligner l’importance d’une fourniture impartiale et sans entrave de l’aide humanitaire et du plein respect du droit international humanitaire dans les conflits et les crises.

Alors que débute la décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, M. Bozkır a en outre indiqué qu’il favoriserait l’utilisation des technologies émergentes, des données renforcées et des actions axées sur les résultats.  Son but est de veiller à ce que personne ne soit laissé de côté car « il est clair que nous ne sommes pas sur la bonne voie ».

« L’Assemblée générale ne peut rester les bras croisés pendant que le reste du monde souffre », a lancé le Président de la soixante-quinzième session qui a par ailleurs affirmé qu’il serait le chantre de l’égalité entre les sexes.

Faisant le bilan des travaux de la soixante-quatorzième session, M. Muhammad-Bande a par ailleurs jugé impératif de s’engager de nouveau en faveur des cadres convenus, regrettant notamment que la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) ait, l’an dernier, adopté 64% de ses résolutions par vote enregistré.  Il a également appelé à continuer d’impliquer les jeunes, notant leur engagement en faveur de la justice sociale et de la lutte contre les changements climatiques.

Cette séance de clôture a également été marquée par l’intervention du Secrétaire général, M. António Guterres, qui a signalé que l’ampleur de la pandémie, son impact social et économique et son interaction avec d’autres défis mondiaux et mégatendances sont inconnus.  « Notre seul espoir est d’y répondre avec unité et solidarité, tout en soutenant les plus vulnérables », a-t-il déclaré.  « Tous les yeux sont tourné vers l’ONU et nous continuerons le travail que nous avons commencé ensemble pour vaincre la pandémie et bâtir un avenir meilleur. »

M. Guterres a en outre indiqué que les agences humanitaires de l’ONU ciblent quelque 250 millions de personnes les plus exposées, sans oublier les efforts des missions de maintien de la paix et des équipes de pays.  Il a parlé du lancement de la campagne Verified dans le but de promouvoir les faits et la science et de lutter contre la propagation de fausses informations dangereuses en ligne.  Dans le contexte de la pandémie, il a rappelé les mesures mises en œuvre à New York pour assurer la poursuite du travail quotidien, avec l’aide des nouvelles technologies, de même que pour assurer la sécurité des délégués et du personnel de l’ONU.

L’Assemblée générale a ensuite observé une minute de silence consacrée à la prière et à la méditation, ainsi qu’à la mémoire de Javier Pérez de Cuéllar, ancien Secrétaire général de l’ONU, et de Pierre Nkurunziza, ancien Président du Burundi.

Après s’être retourné pour applaudir le Président sortant, M. Bozkır a prêté serment en tant que Président de la soixante-quinzième session et a saisi le marteau cérémonial de l’Assemblée générale qui avait été déposé sur une table par son prédécesseur.  Quelques minutes plus tard, le temps pour le personnel de l’ONU de désinfecter la tribune, il a donné le coup de marteau marquant l’ouverture de la première séance plénière de la soixante-quinzième session qui a commencé par une minute de silence consacrée à la prière et à la méditation.

M. Bozkır a ensuite annoncé que la semaine prochaine, des chefs d’états plus nombreux que jamais participeront au débat général de la soixante-quinzième session qui sera également marquée par deux séances extraordinaires, l’une consacrée à la COVID-19, la première du genre, et l’autre à la corruption.

Le nouveau Président s’est également engagé à faire tout son possible pour soutenir et diriger les trois réunions de haut niveau prévues à l’issue du débat général: celle qui commémorera le vingt-cinquième anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (1er octobre) et celles qui promouvront le Sommet sur la biodiversité (30 septembre) et la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires (2 octobre).

Les questions suivantes figurent également parmi les priorités de la session: l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies; la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social; la préparation de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés; la réunion de haut niveau concernant les objectifs et les cibles du Programme 2030 relatifs à l’eau; la Conférence sur les océans; la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale et la réforme du Conseil de sécurité.

Le Président de la soixante-quinzième session a, par ailleurs, annoncé qu’il compte poursuivre la tenue des réunions physiques aussi longtemps que les conditions sanitaires le permettront et en prenant des mesures de précaution.  « Dans notre métier de diplomate, a-t-il expliqué, rien ne peut se substituer aux rencontres en tête à tête avec nos homologues qui permettent d’établir une compréhension à long terme des positions de chacun et de forger des compromis. »

« Cette année sera cruciale dans la vie de notre Organisation », a enchaîné le Secrétaire général qui a appelé à continuer de répondre à l’impact immédiat de la pandémie de COVID-19 en renforçant les systèmes de santé et en soutenant le développement et la distribution équitable des traitements et des vaccins.  Il a aussi engagé les États Membres à se préparer à bâtir une reprise solide, sur la base du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

« Alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, il est clair que le monde attend beaucoup de nous en tant que principale plateforme du multilatéralisme et de la coopération dans un système international fondé sur des règles », a déclaré M. Guterres. 

Au cours de cette première séance, l’Assemblée générale a par ailleurs nommé le Cameroun, la Chine, l’Islande, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Fédération de Russie, Trinité-et-Tobago, la République-Unie de Tanzanie, les États-Unis et l’Uruguay à la Commission de vérification des pouvoirs.

Elle a également pris note du fait que les Comores, Sao Tomé-et-Principe, la Somalie et le Venezuela sont en retard dans le paiement de leurs contributions à l’ONU.

Après la réunion de haut niveau de célébration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies, lundi 21 septembre de 9 heures à 21 heures, le débat général débutera le lendemain, mardi 22 septembre, à 9 heures.

Auparavant, l’Assemblée générale se réunira vendredi 18 septembre, à 11 heures, pour examiner les rapports de son Bureau et se prononcer sur l’organisation de ses travaux.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Afghanistan: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 17 septembre 2021 le mandat de la MANUA

8759e séance – matin
CS/14303

Afghanistan: le Conseil de sécurité reconduit jusqu’au 17 septembre 2021 le mandat de la MANUA

À l’unanimité de ses membres, ce matin, le Conseil de sécurité a prorogé d’un an, jusqu’au 17 septembre 2021, le mandat de la Mission d’assistance de Nations Unies en Afghanistan (MANUA).  Dans le souci d’alterner séances en personne et séances virtuelles, les membres du Conseil étaient cette fois réunis dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), au Siège de l’ONU à New York.

Contrairement à la résolution 2489 (2019), adoptée il y a un an à l’issue d’un processus de négociation difficile, la résolution 2543 (2020) s’est révélée consensuelle, les principaux ajouts concernant la première série de négociations intra-afghanes à Doha (Qatar) et l’impact de la pandémie de COVID-19. 

S’agissant des négociations, les premières depuis 19 ans entre le Gouvernement afghan et les Taliban, le Conseil se félicite de leur lancement, le 12 septembre, et engage vivement les parties aux négociations à « continuer de prendre des mesures de confiance, notamment pour réduire davantage la violence ». 

Il les invite également à prendre part aux discussions « de bonne foi » en vue d’atteindre un cessez-le-feu permanent et un règlement politique inclusif visant à mettre fin au conflit en Afghanistan. 

Le Conseil salue par ailleurs les efforts que déploie la MANUA pour s’acquitter de son mandat en employant les ressources y afférentes, « en particulier durant la pandémie de COVID-19 », et demande que soient appliquées les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son appel au cessez-le-feu mondial, soutenu dans la résolution 2532 (2020). 

Il décide également que la MANUA et la Représentante spéciale du Secrétaire général continueront à « piloter et coordonner » les activités civiles internationales, en étroite coopération avec le Gouvernement afghan, et ce, « dans le respect de la souveraineté de l’Afghanistan et compte tenu de la façon dont les Afghans ont pris en main et administrent les affaires du pays ». 

En tant que co-porte-plume de ce texte avec l’Indonésie, l’Allemagne a salué le début des négociations entre Afghans et s’est félicitée de l’implication de toutes les parties, y compris le Qatar.  « Une paix durable ne sera possible que grâce à un processus mené par et pour les Afghans, en intégrant les femmes », a soutenu la délégation, déplorant à cet égard que « pas une seule femme » ne participe aux pourparlers du côté des Taliban. 

L’Allemagne a fait observer que la nouvelle résolution appelle à des négociations inclusives et insiste sur l’importance de la coopération régionale et internationale, notamment pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et le trafic de stupéfiants. 

L’Indonésie, autre porte-plume, a pour a part estimé que l’adoption de cette résolution à l’unanimité constitue un « signal fort de soutien au peuple de l’Afghanistan », un avis partagé par la Belgique.  Notant que l’esprit de coopération a prévalu dans les négociations sur le texte, la délégation indonésienne s’est déclarée « fière de cette entreprise collective et de la sagesse du Conseil de sécurité », qui ont débouché sur « un renouvellement opportun » du mandat de la MANUA. 

Si le Niger, en sa qualité de Président du Conseil, a relevé que « c’est souvent pendant les arrêts de jeu qu’on marque les plus beaux buts », la France a prévenu que le processus engagé ne pourra aboutir que « si les acquis démocratiques et les droits de l’homme sont préservés, ce qui implique la participation des femmes et la protection des enfants ».  À cette fin, a-t-elle ajouté, les Taliban doivent respecter leur engagement en rompant tout lien avec des organisations terroristes, notamment Al-Qaida. 

Les Nations Unies doivent suivre de près la situation et toutes les parties doivent rester mobilisées pour « éviter la résurgence du terrorisme », a appuyé à son tour la Chine, tandis que la République dominicaine plaidait pour que la Mission continue de jouer son rôle pour la préservation des droits économiques et sociaux en Afghanistan.

Tout en affirmant soutenir, eux aussi, les efforts de la MANUA, les États-Unis ont mis l’accent sur la nécessaire mise en place d’un mécanisme de reddition des comptes, en raison des violations à grande échelle sur le territoire afghan.  Ils ont par ailleurs exprimé leur déception quant aux enquêtes de la Cour pénale internationale (CPI) visant des personnels américains.  « La CPI doit respecter notre décision, en tant que non-membre du Statut de Rome, de ne pas soumettre des personnels », a-t-elle indiqué. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (S/2020/809)

Texte du projet de résolution (S/2020/903)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions antérieures sur l’Afghanistan, en particulier sa résolution 2489 (2019) portant prorogation jusqu’au 17 septembre 2020 du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA),

Mettant l’accent sur le rôle important que l’Organisation des Nations Unies continuera de jouer dans la promotion de la paix et de la stabilité en Afghanistan, tout en cherchant des solutions aux problèmes que connaissent le pays et son peuple, en particulier les conséquences de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19), ayant conscience que la pandémie pèse lourdement sur le système de santé et la situation socioéconomique et humanitaire en Afghanistan et qu’elle aggrave la crise alimentaire, et prenant acte du lancement par l’ONU du Plan de réponse humanitaire global COVID-19, qui place les populations au cœur de l’initiative, et conscient des efforts du Gouvernement afghan et des mesures qu’il prend face à la COVID-19,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de l’Afghanistan, ainsi que son appui continu au Gouvernement et au peuple afghans,

Sachant qu’une paix durable ne peut être instaurée que par un processus politique global et inclusif, dirigé et contrôlé par les Afghans, ayant pour objectif l’instauration d’un cessez-le-feu permanent et global et un règlement politique inclusif visant à mettre fin au conflit en Afghanistan, et réaffirmant l’importance de l’Organisation des Nations Unies à cet égard, saluant les efforts consentis par tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan et prenant note des efforts du Gouvernement afghan et de tous les autres acteurs afghans pour faciliter les négociations intra-afghanes,

Lançant un appel en faveur d’un véritable processus de paix comptant avec la participation des femmes, des jeunes et des groupes minoritaires ethniques, religieux ou autres et soulignant que les progrès d’ordre économique, social, politique et en matière de développement réalisés ces dernières 19 années ainsi que le respect des droits humains, notamment ceux des femmes, des enfants et des minorités, doivent être protégés et renforcés,

Rappelant la volonté du Gouvernement et du peuple afghans de redynamiser l’influence de leur pays en tant que plateforme de la coopération internationale, et, à cet égard, saluant les efforts faits par les organisations et partenaires régionaux et internationaux pour promouvoir le développement durable, la connectivité régionale et la reconstruction, éléments essentiels pour assurer la stabilité et la prospérité économique en Afghanistan,

Se félicitant de l’appui continu de la communauté internationale à l’instauration de la paix, de la sécurité, de la stabilité et de la prospérité en Afghanistan, et comptant que la prochaine conférence des donateurs pour l’Afghanistan à Genève permettra de renouveler le consensus stratégique et l’engagement mutuel entre la communauté internationale et le Gouvernement afghan,

Exprimant sa profonde préoccupation face à la persistance d’un niveau élevé de violence et devant les conditions de sécurité en Afghanistan, en particulier face au nombre de victimes civiles, et soulignant qu’il faut une action soutenue pour réduire la violence,

Exprimant sa profonde inquiétude face à la menace que le terrorisme fait peser sur l’Afghanistan et la région, se déclarant gravement préoccupé par la présence continue d’Al-Qaida, de l’ISIL ainsi que d’autres organisations terroristes internationales et des groupes qui leur sont affiliés en Afghanistan, condamnant dans les termes les plus vigoureux toute activité terroriste et toute attaque terroriste, et réaffirmant qu’il importe de veiller à ce que le territoire afghan ne soit pas utilisé par Al-Qaida, l’ISIL ou d’autres organisations terroristes internationales pour menacer ou attaquer un autre pays, et à ce que ni les Talibans ni aucun autre groupe ou individu afghan ne soutiennent des terroristes opérant sur le territoire d’un pays,

Soulignant qu’il importe de soutenir le Gouvernement afghan en matière de renforcement des capacités, en particulier celles des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, notamment celles de la Police nationale afghane, afin qu’il puisse sécuriser le pays et lutter contre le terrorisme,

Exprimant sa préoccupation face à la culture, à la production, au commerce et au trafic de drogues illicites en Afghanistan, qui continuent de menacer la paix et la stabilité dans la région et au-delà, demandant aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour lutter contre cette menace et ayant conscience de l’importance du rôle joué par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à cet égard (ONUDC),

Prenant acte de la poursuite des travaux du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011) et de la coopération que le Gouvernement afghan et la MANUA continuent d’apporter au Comité, notamment à son Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions,

1.    Accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général en date du 18 août 2020 (S/2020/809);

2.    Salue la détermination à collaborer avec le Gouvernement et le peuple afghans dont l’Organisation des Nations Unies fait preuve depuis longtemps, réaffirme son soutien sans réserve aux activités de la MANUA et de la Représentante spéciale du Secrétaire général, et insiste sur la nécessité de continuer à doter la MANUA de ressources suffisantes pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat;

3.    Se félicite des efforts que déploie la MANUA pour s’acquitter des tâches et suivre les priorités énoncées dans son mandat en employant les ressources y afférentes, en particulier durant la pandémie de COVID-19, et demande que soient appliquées les recommandations formulées par le Secrétaire général dans son appel au cessez-le-feu mondial, qu’il a soutenu dans sa résolution 2532 (2020);

4.    Se félicite du début des négociations intra-afghanes à Doha, le 12 septembre 2020, engage vivement les parties aux négociations à continuer de prendre des mesures de confiance, notamment pour réduire davantage la violence, engage également les parties aux négociations à y participer de bonne foi en vue d’atteindre un cessez-le-feu permanent et global et un règlement politique inclusif visant à mettre fin au conflit en Afghanistan, et soulignant qu’il importe d’appliquer la résolution 2513 (2020);

5.    Décide de proroger jusqu’au 17 septembre 2020 le mandat de la MANUA, tel que défini dans ses résolutions 1662 (2006), 1746 (2007), 1806 (2008), 1868 (2009), 1917 (2010), 1974 (2011), 2041 (2012), 2096 (2013), 2145 (2014), 2210 (2015), 2274 (2016), 2344 (2017), 2405 (2018), 2460 (2019) et 2489 (2019);

6.    Décide que la MANUA et la Représentante spéciale du Secrétaire général, agissant dans les limites de leur mandat, dans le respect de la souveraineté de l’Afghanistan et compte tenu de la façon dont les Afghans ont pris en main et administrent les affaires du pays, continueront à piloter et coordonner les activités civiles internationales, en étroite coopération avec le Gouvernement afghan et conformément aux communiqués internationaux pertinents, en s’attachant en particulier à réaliser les priorités suivantes:

a)    apporter une aide, par leurs bons offices et leur rôle d’intermédiaire, au processus de paix dirigé et contrôlé par les Afghans, si le Gouvernement afghan le demande et en étroite consultation avec lui, particulièrement dans la perspective des négociations intra-afghanes commencées à Doha le 12 septembre 2020, en proposant et en facilitant la mise en œuvre de mesures de confiance, dans le cadre posé par la Constitution afghane et en s’attachant à faire pleinement respecter les mesures et procédures définies dans ses résolutions 1267 (1999), 1988 (2011) et toute autre résolution qu’il a adoptée sur la question;

b)    appuyer, en étroites consultation et coordination avec le Gouvernement afghan, l’organisation de futures élections afghanes crédibles, transparentes et ouvertes à tous dans les délais voulus, collaborer étroitement avec les organismes électoraux, en les encourageant à instaurer un système de gestion des résultats qui soit transparent et rigoureux, coordonner les efforts de la communauté internationale, renforcer, en soutien aux efforts déployés par le Gouvernement afghan en matière de réforme électorale, la pérennité, l’intégrité et l’inclusivité du processus électoral, redoubler d’efforts pour offrir aux organismes électoraux et à d’autres institutions afghanes participant au processus une aide au renforcement des capacités et une assistance technique;

c)    promouvoir, en tant que coprésidents du Conseil commun de coordination et de suivi (Conseil commun), une plus grande cohérence de l’appui offert par la communauté internationale à la concrétisation des priorités du Gouvernement afghan en matière de développement et de gouvernance, notamment en apportant un soutien à l’élaboration des programmes prioritaires nationaux et à la planification de leur exécution, en mobilisant des moyens, en coordonnant l’action des donateurs et organismes internationaux, en facilitant et coorganisant des rencontres sur les politiques de développement, tout en assurant la coordination des activités des partenaires internationaux aux fins du suivi, en particulier grâce à l’échange d’informations, et appuyer l’action menée pour accroître la responsabilité mutuelle et la transparence ainsi que la bonne utilisation de l’aide, y compris en ce qui concerne le rapport coût-efficacité, conformément aux engagements pris à la Conférence de Genève en 2018 et devant être examinés à la prochaine conférence des donateurs pour l’Afghanistan à Genève;

d)    soutenir la coopération régionale en vue de contribuer à favoriser la stabilité et la paix et d’aider l’Afghanistan à se prévaloir de la place qu’il occupe au cœur de l’Asie pour promouvoir la coopération et la connectivité régionales, et s’appuyer sur ce qui a déjà été réalisé pour faire avancer l’Afghanistan sur la voie de la prospérité, afin de favoriser la connectivité au moyen de partenariats, dans un esprit de transparence, d’ouverture et d’inclusivité, saluant les efforts conjoints consentis pour améliorer le dialogue et la collaboration et avancer vers des objectifs communs de développement économique dans la région;

e)    continuer, avec l’appui du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, à coopérer avec le Gouvernement afghan, la Commission afghane indépendante des droits de l’homme et la société civile dans le domaine de la protection et de la promotion des droits humains et à renforcer leurs capacités dans ce domaine, à coopérer également avec le Gouvernement afghan et les organisations non gouvernementales internationales et locales concernées afin d’assurer le suivi de la situation des civils, de coordonner l’action menée pour assurer la protection des civils, de surveiller les lieux de détention et la façon dont sont traitées les personnes privées de liberté, de promouvoir le principe de responsabilité et de conseiller, en étroite consultation avec le Gouvernement afghan, les parties prenantes sur la mise en place de procédures judiciaires et non judiciaires visant à régler le passé et faire en sorte que les violations massives des droits humains, les atteintes à ces droits et les crimes internationaux ne se reproduisent pas, et à contribuer à la réalisation pleine et entière des libertés fondamentales et des dispositions relatives aux droits humains figurant dans la Constitution afghane et dans les traités internationaux auxquels l’Afghanistan est partie, en particulier ceux qui concernent le plein exercice des droits fondamentaux des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes;

f)    soutenir, compte tenu de l’importance que cela revêt, l’égalité des genres et l’autonomisation, l’éducation et les droits fondamentaux des femmes et des filles et le fait que les femmes participent, se mobilisent et assument des responsabilités, de façon pleine, effective et véritable, sur un pied d’égalité et en toute sécurité, à tous les niveaux de la prise de décision, y compris dans les pourparlers de paix et les stratégies globales de consolidation de la paix aux niveaux national et infranational, et demande au Gouvernement afghan et à la communauté internationale de mettre en œuvre et de financer intégralement le Plan d’action national afghan pour les femmes et la paix et la sécurité et de veiller à ce que les civils, surtout les femmes, les enfants, les personnes déplacées et les minorités, soient protégés, notamment contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, et à ce que les auteurs de tels actes soient poursuivis;

g)    renforcer les moyens de signaler les violations et atteintes contre des enfants, et appuyer les mesures visant à renforcer la protection des enfants touchés par le conflit armé, notamment en dialoguant avec toutes les parties au conflit pour les amener à prendre des engagements et mesures concrets afin de faire cesser et prévenir les violations et atteintes contre les enfants et en maintenant le dialogue avec le Gouvernement afghan pour assurer la pleine mise en œuvre du plan d’action et du plan de conformité afin de faire cesser et prévenir l’enrôlement des enfants;

h)    appuyer l’action menée par le Gouvernement afghan au titre des engagements pris pour améliorer la gouvernance et renforcer l’état de droit, notamment la justice transitionnelle en tant qu’élément essentiel du processus de paix en cours, l’exécution du budget et la lutte contre la corruption dans tout le pays;

i)    coordonner et faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et s’employer à améliorer l’accessibilité de l’aide humanitaire, en faveur de la population afghane dans le besoin et dans le respect des principes humanitaires, y compris en offrant un appui efficace, selon que de besoin, aux autorités nationales et locales afin qu’elles aident et protègent les déplacés, et établissent des conditions propices au retour volontaire et durable, dans la sécurité et la dignité, des personnes déplacées et des réfugiés, ou de l’intégration locale ou la réinstallation de ces personnes, en accordant une attention particulière aux solutions favorisant le développement durable;

j)    promouvoir, au moyen d’une présence adéquate de la Mission et à l’appui du Gouvernement afghan, un renforcement de la coopération avec l’ONUDC;

k)    se concerter et coopérer étroitement, selon qu’il conviendra, avec la mission non militaire Soutien résolu, dont la mise en place a été convenue par l’OTAN et le Gouvernement afghan, et avec le Haut-Représentant civil de l’OTAN;

7.    Souligne qu’il est crucial que la MANUA et les autres organismes, fonds et programmes des Nations Unies maintiennent sans interruption une présence adéquate dans les provinces, selon le principe de l’unité d’action des Nations Unies, en étroites consultation et coordination avec le Gouvernement afghan et à l’appui de ses priorités;

8.    Demande à la MANUA et à la Représentante spéciale de redoubler d’efforts pour améliorer la cohérence, la coordination et l’efficacité des organismes, fonds et programmes compétents des Nations Unies en Afghanistan en vue d’optimiser leur efficacité collective en pleine conformité avec le programme de réformes défini par le Gouvernement afghan et de continuer, avec la pleine coopération du Gouvernement afghan, à piloter l’action de la communauté internationale sur le plan civil visant à renforcer le rôle des institutions afghanes afin qu’elles puissent s’acquitter de leurs responsabilités;

9.    Demande à toutes les parties afghanes et parties internationales de se concerter avec la MANUA dans le cadre de l’exécution de son mandat et de l’action qu’elle mène pour promouvoir dans tout le pays la sécurité et la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé, note que le personnel de la MANUA est déployé dans des conditions de sécurité et une situation sanitaire complexes et en voie de détérioration, et souligne qu’il importe de prendre des mesures assurant la sûreté, la sécurité et la santé du personnel de la Mission;

10.   Prie le Secrétaire général de lui présenter tous les trois mois un rapport sur l’évolution de la situation en Afghanistan, y compris les conditions de sécurité, dans lequel seront évalués les progrès réalisés au regard des critères définis pour mesurer et suivre l’avancement de la mise en œuvre du mandat, y compris au niveau infranational, et des priorités de la MANUA définies dans la présente résolution;

11.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité proroge d’une nouvelle année le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

8758e séance – matin
CS/14302

Le Conseil de sécurité proroge d’une nouvelle année le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye

En dépit de deux abstentions, celle de la Fédération de Russie et de la Chine, le Conseil de sécurité a adopté, ce matin, la résolution 2542 (2020) qui proroge d’un an, jusqu’au 15 septembre 2021, le mandat de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), en charge de la facilitation du processus de transition dans ce pays. 

Soucieux d’alterner séances en personne et séances virtuelles, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux, en réponse à la pandémie de COVID-19, les membres du Conseil se sont cette fois réunis dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), au Siège de l’ONU, pour procéder à cette adoption.

Si la nouvelle résolution ne modifie par le cœur du mandat de la MANUL, elle s’écarte des priorisations des responsabilités énoncées par les textes précédents et indique que la Mission est désormais « chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices, dans le strict respect du principe d’appropriation nationale », en vue, notamment, de faire progresser la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen. 

La MANUL est également appelée à « appuyer l’instauration d’un cessez-le-feu, une fois convenu par les parties libyennes », et à « fournir le soutien approprié à son observation ».  Le Conseil lui demande en outre de « se coordonner et dialoguer étroitement avec les acteurs internationaux, y compris les pays voisins et les organisations régionales ». 

S’agissant de la pandémie de COVID-19, dont la riposte est à présent intégrée à son mandat, la Mission se doit d’appuyer, « si demande en est faite », la fourniture de services essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire.

La résolution 2542 invite d’autre part la MANUL à « surveiller et signaler les atteintes aux droits humains et les violations de ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire, y compris les violences sexuelles fondées sur le genre et liées aux conflits ». 

Ce texte ayant été adopté après la démission, le 2 mars, du Représentant spécial pour la Libye, M. Ghassan Salamé, le Conseil décide par ailleurs que la MANUL devrait désormais être dirigée par un(e) envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général, tandis qu’un coordonnateur ou une coordonnatrice serait chargé(e) des opérations et de la gestion quotidiennes de la Mission. 

Ce nouveau partage des rôles a été salué par tous les intervenants, de même que le rôle joué par le Maroc dans le récent dialogue interlibyen. 

Outre le rapport périodique contenant des propositions pour « assurer une surveillance efficace du cessez-le-feu sous les auspices de l’ONU », qu’il devra présenter dans les 60 jours, le Secrétaire général est prié, par le Conseil de sécurité, de procéder à un « examen stratégique indépendant » de la MANUL et de lui en rendre compte, au plus tard le 31 juillet 2021. 

En tant que porte-plume sur la Libye, le Royaume-Uni a salué le « vaste appui » recueilli par ce texte, tout en se disant « surpris » par la décision de la Russie et de la Chine. 

La délégation britannique a assuré avoir pris en compte les préoccupations russes en modifiant notamment le libellé sur la mise en œuvre du cessez-le-feu.  Les demandes de la Chine pour une suppression des libellés relatifs aux droits des personnes et à la parité femmes-hommes ont en revanche été écartées, d’autres membres estimant qu’il s’agissait de « questions importantes », a-t-elle expliqué. 

Déplorant toutefois que ses propositions de fond ne soient pas reflétées dans le texte, la Fédération de Russie a fait valoir que ce sont les Libyens eux-mêmes qui doivent s’atteler à la mise en œuvre de leurs propositions et déterminer seuls l’avenir de leur pays.  « C’est ce principe qui doit guider nos décisions, y compris pour la surveillance du cessez-le-feu par la MANUL », a-t-elle souligné.  La Chine a elle aussi déploré les éléments du texte relatif au cessez-le-feu, considérant qu’il y a « des progrès à réaliser en la matière ». 

De son côté, l’Afrique du Sud a réitéré la préoccupation de l’Union africaine quant à l’importance de garantir un processus mené « pour et par les Libyens », avec le soutien de l’ONU.  À l’instar du Viet Nam et de la Tunisie, la délégation a jugé que la coopération entre la MANUL, les pays voisins et les organisations régionales aura un rôle déterminant dans les négociations à venir pour une paix durable en Libye. 

LA SITUATION EN LIBYE

Rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (S/2020/832)

Texte du projet de résolution (S/2020/896)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant sa résolution 1970 (2011) et toutes ses résolutions ultérieures sur la Libye, notamment les résolutions 2259 (2015), 2486 (2019) et 2510 (2020),

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la Libye,

Prenant acte du rapport du Secrétaire général sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) (S/2020/832),

Exprimant son appui sans réserve aux efforts que déploie la MANUL et remerciant l’ancien Représentant spécial du Secrétaire général, Ghassan Salamé, pour tous ses travaux inlassables, ainsi que la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général, Stephanie Williams, pour ses efforts,

Soulignant le rôle central que joue l’ONU dans la facilitation d’un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Libyens et l’instauration d’un cessez-le-feu durable,

Conscient de la nécessité d’intensifier et d’améliorer le dialogue avec les parties libyennes et les acteurs internationaux afin de faciliter un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Libyens, et conscient également qu’il est urgent que le Secrétaire général nomme un(e) Envoyé(e) spécial(e) pour la Libye,

Engageant toutes les parties à œuvrer ensemble dans un esprit de compromis, à s’abstenir de toute action susceptible de compromettre le processus politique, à faire preuve de retenue, à protéger les civils et à s’engager sérieusement sur la voie de la réconciliation nationale, rappelant qu’il ne saurait y avoir de solution militaire en Libye, et appelant à nouveau toutes les parties à s’engager sans délai en faveur d’un cessez-le-feu durable et d’un dialogue politique sous la direction de l’Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général,

Exprimant sa profonde préoccupation face aux hostilités en cours en Libye, ainsi qu’aux actes prenant des biens à caractère civil pour cible et la destruction de ces biens, exprimant également sa préoccupation face à l’exploitation du conflit par des groupes terroristes et extrémistes violents, et constatant les répercussions du conflit sur les pays voisins et la région,

Exhortant les parties à garantir la participation pleine, égale, effective et véritable des femmes à toutes les activités et prises de décision concernant la transition démocratique, le règlement des conflits et la consolidation de la paix, sachant qu’il importe de protéger les organisations de défense des droits des femmes, les défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix contre les menaces et les représailles, et soutenant les efforts consentis par l’Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général et la MANUL pour faciliter une plus grande contribution et participation des femmes issues de tous les secteurs de la société libyenne au processus politique et aux institutions publiques, et sachant que le processus politique doit être ouvert à tous les Libyens et Libyennes,

Demandant instamment que les jeunes participent pleinement, effectivement et véritablement aux efforts de paix,

Rappelant que les parties libyennes ont pris l’engagement de collaborer dans une logique constructive avec l’Organisation des Nations Unies pour organiser des élections législatives et présidentielles crédibles et pacifiques et de respecter les résultats de ces scrutins, comme convenu à Paris en mai 2018, à Palerme en novembre 2018 et à Abou Dhabi en février 2019, se félicitant du travail que continuent d’accomplir la Haute Commission électorale nationale et le Comité central des élections municipales pour préparer et conduire les élections nationales et municipales, se félicitant également du concours que la MANUL apporte à cette entreprise, et reconnaissant le rôle essentiel que jouent l’Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général et la MANUL dans les consultations menées avec les parties libyennes pour poser les bases constitutionnelles des élections et adopter les lois électorales nécessaires,

Demandant à nouveau à tous les Libyens et Libyennes de contribuer dans un esprit constructif à l’unification des institutions militaires et économiques de la Libye, à la constitution de forces nationales de sécurité unifiées et renforcées, placées sous le contrôle des autorités civiles, et à l’unification de la Banque centrale de Libye,

Conscient qu’il est nécessaire de planifier le désarmement, la démobilisation et la réintégration des groupes armés ainsi que la réforme du secteur de la sécurité et d’édifier une architecture de sécurité inclusive et placée sous le contrôle des autorités civiles pour toute la Libye,

Se félicitant du dialogue économique mené en Libye et dans la région et de l’appui apporté par la MANUL à cet égard, demandant aux autorités libyennes de s’employer à réunifier les institutions économiques, restaurer les infrastructures vitales, améliorer la prestation de services et accroître la transparence et la responsabilité des institutions publiques, saluant le rôle joué par la MANUL à l’appui d’un audit indépendant de la Banque centrale, soulignant l’importance de la collaboration avec les institutions financières internationales, et exprimant sa préoccupation face à l’ingérence de groupes armés dans les institutions souveraines de la Libye,

Rappelant que les ressources pétrolières de la Libye doivent être utilisées au profit de tous les Libyens et Libyennes et rester sous le contrôle exclusif de la National Oil Corporation, condamnant la fermeture forcée des installations pétrolières, et rappelant que le Gouvernement d’entente nationale conserve le contrôle exclusif des institutions économiques et financières du pays et porte la responsabilité d’assurer une gestion transparente, équitable et responsable des recettes dans tout le pays,

Rappelant également qu’il est nécessaire que les États Membres cessent de soutenir les institutions parallèles qui ne sont pas parties à l’Accord politique libyen, comme il est précisé dans celui-ci, et cessent tout contact officiel avec elles,

Se déclarant gravement préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Libye, à savoir la dégradation des conditions de vie et l’insuffisance de services de base, ainsi que par la situation dans laquelle se trouvent les migrants, les réfugiés et les déplacés, qui sont notamment exposés à la violence sexuelle et fondée sur le genre, et engageant les autorités libyennes à prendre des mesures aux fins de la fermeture des centres de détention et à atténuer d’urgence les souffrances de toute la population libyenne en accélérant la prestation des services publics dans toutes les zones du pays,

Exhortant toutes les parties à appliquer les résolutions pertinentes relatives aux priorités concernant les femmes et la paix et la sécurité et à prévenir et combattre la violence sexuelle en temps de conflit, et engageant les autorités libyennes à mettre fin à l’impunité des auteurs de crimes de violence sexuelle et fondée sur le genre, conformément à ses résolutions applicables, en particulier la résolution 1325 (2000),

Rappelant sa résolution 2510 (2020) dans laquelle il a enjoint à toutes les parties au conflit de s’acquitter des obligations que leur impose le droit international humanitaire,

Soulignant que les auteurs de violations du droit international humanitaire et de violations des droits humains et d’atteintes à ces droits doivent être tenus responsables,

Engageant les autorités libyennes à prendre toutes les mesures nécessaires pour enquêter sur les violations du droit international des droits de l’homme et sur les informations faisant état de violations des droits humains, dont des faits de torture, de violence sexuelle et fondée sur le genre et de mauvais traitement commis dans les prisons et les centres de détention, et pour en traduire les auteurs en justice,

Rappelant qu’il importe de protéger les enfants, selon les dispositions énoncées dans ses résolutions pertinentes, et de prendre les mesures appropriées à cet égard, se déclarant préoccupé par les informations faisant état de violations et d’atteintes sur la personne d’enfants en Libye, en particulier les meurtres ou les atteintes à l’intégrité physique d’enfants, les enlèvements d’enfants, les violences sexuelles commises contre des enfants, l’enrôlement ou l’utilisation d’enfants, le refus de laisser les enfants bénéficier de l’aide humanitaire et les attaques contre des écoles et des hôpitaux en violation du droit international, et exhortant toutes les parties à mettre immédiatement fin à ces pratiques,

Se déclarant à nouveau gravement préoccupé par le trafic de migrants et de réfugiés et par la traite d’êtres humains qui sévissent sur le territoire libyen, et se félicitant du travail mené par la MANUL pour coordonner et appuyer la fourniture de l’aide humanitaire aux réfugiés et aux migrants,

Rappelant la résolution 2532 (2020), se déclarant gravement préoccupé par les conséquences dévastatrices de la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) en Libye, et constatant que les voyages internationaux sont restreints du fait de la pandémie,

Demandant à nouveau à tous les États Membres d’appuyer sans réserve les efforts déployés par l’Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général et la MANUL, engageant les États Membres à user de leur influence auprès des parties pour parvenir à un cessez-le-feu durable et relancer un processus politique inclusif, ayant conscience du rôle important que jouent les pays voisins et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’Union européenne, et demandant à nouveau à toutes les parties de coopérer pleinement aux opérations de la MANUL, notamment en prenant toutes les mesures voulues pour garantir la sécurité et la totale liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé, et remerciant le Gouvernement tunisien pour son soutien,

Rappelant l’engagement pris par les participants à la Conférence de Berlin de s’abstenir de toute ingérence dans le conflit armé ou dans les affaires intérieures de la Libye et l’appel adressé aux acteurs internationaux pour qu’ils en fassent autant,

Soulignant qu’il importe de veiller à ce que les mesures de sanction existantes soient pleinement appliquées et à ce que les violations soient signalées au Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1970 (2011), et rappelant à cet égard que les personnes et entités se livrant ou prêtant leur concours à des actes qui menacent la paix, la stabilité ou la sécurité en Libye peuvent faire l’objet de sanctions ciblées conformément à la résolution 2441 (2018) et aux résolutions ultérieures sur la question,

Engageant tous les États Membres à respecter pleinement l’embargo sur les armes conformément à la résolution 2441 (2018) et à toutes ses résolutions ultérieures et précédentes sur la question, et engageant également tous les États Membres à ne pas intervenir dans le conflit et à ne pas prendre de mesures susceptibles d’aggraver le conflit,

Rappelant que, dans sa résolution 2213 (2015), il a considéré que la situation en Libye continuait de menacer la paix et la sécurité internationales,

1.    Décide de proroger jusqu’au 15 septembre 2021 le mandat de la MANUL, mission politique spéciale intégrée, qui est chargée de mener des activités de médiation et des missions de bons offices, dans le strict respect du principe d’appropriation nationale, en vue de:

i)    faire progresser un processus politique inclusif et le dialogue sur la sécurité et l’économie;

ii)   faire progresser la poursuite de la mise en œuvre de l’Accord politique libyen;

iii)  appuyer le renforcement des dispositions du Gouvernement d’entente nationale en matière de gouvernance, de sécurité et d’économie, et notamment la réforme économique en collaboration avec des institutions financières internationales;

iv)   appuyer l’instauration d’un cessez-le-feu, une fois convenu par les parties libyennes, et fournir le soutien approprié à son observation;

v)    appuyer les étapes ultérieures de la transition libyenne, y compris le processus constitutionnel et l’organisation des élections;

vi)   se coordonner et dialoguer étroitement avec les acteurs internationaux, y compris les pays voisins et les organisations régionales;

vii)  appuyer les principales institutions libyennes;

viii) appuyer, si demande en est faite, la fourniture de services essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, y compris pour riposter à la pandémie de COVID-19, dans le respect des principes humanitaires;

ix)   surveiller et signaler les atteintes aux droits humains et les violations de ces droits ainsi que les violations du droit international humanitaire, y compris les violences sexuelles fondées sur le genre et liées aux conflits, notamment par le déploiement effectif de conseillères ou conseillers pour la protection des femmes et des enfants;

x)    appuyer la sécurisation des armes incontrôlées et du matériel connexe et la lutte contre leur prolifération;

xi)   coordonner l’assistance internationale et la fourniture de conseils et d’assistance afin d’appuyer l’action dirigée par le Gouvernement d’entente nationale pour stabiliser les zones sortant de conflit, y compris celles qui ont été libérées du contrôle de Daech;

2.    Décide également que la MANUL devrait être dirigée par un(e) Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général, qui devrait être chargé(e) de la direction générale de la Mission en mettant l’accent sur les bons offices et la médiation avec les acteurs libyens et internationaux dans l’objectif de mettre fin au conflit et que, sous l’autorité de l’Envoyé(e) spécial(e), un coordonnateur ou une coordonnatrice de la MANUL devrait être chargé(e) des opérations et de la gestion quotidiennes de la Mission, et demande au Secrétaire général de nommer son Envoyé(e) spécial(e) sans délai;

3.    Demande que la MANUL lui fasse rapport par l’intermédiaire de l’Envoyé(e) spécial(e) du Secrétaire général;

4.    Prie le Secrétaire général d’évaluer les mesures à prendre pour parvenir à un cessez-le-feu durable et de déterminer le rôle que pourrait jouer la MANUL dans la fourniture d’un appui modulable concernant le cessez-le-feu, parallèlement à l’établissement de son rapport périodique qui contiendra des propositions pour assurer une surveillance efficace du cessez-le-feu sous les auspices de l’ONU ainsi qu’à la formulation des recommandations qu’il lui soumettra quant aux options présentées dans le document de mise en œuvre opérationnelle publié sous la cote S/2020/63, comme demandé dans la résolution 2510 (2020), ces documents devant lui être présentés, avec les mises à jour nécessaires, au plus tard 60 jours après l’adoption de la présente résolution, et le prie également d’évaluer ce qui devrait être fait pour relancer le processus politique, et de rendre compte dans ses rapports périodiques des progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs;

5.    Prie en outre le Secrétaire général, conformément aux meilleures pratiques, de procéder à un examen stratégique indépendant de la MANUL qui comportera les éléments ci-après, et de lui en rendre compte, au plus tard le 31 juillet 2021:

i)    une évaluation et des recommandations visant à améliorer l’efficacité de la structure globale de la MANUL, la hiérarchisation des tâches et la capacité et l’efficacité du personnel, notamment en ce qui concerne la médiation et la gestion du processus de paix;

ii)   une évaluation plus approfondie des options qui permettraient d’assurer une surveillance efficace du cessez-le-feu sous les auspices de l’ONU, y compris des recommandations supplémentaires si nécessaire;

6.    Prie en outre le Secrétaire général d’inclure dans ses rapports périodiques les efforts faits par l’ONU pour riposter à la pandémie de COVID-19 et atténuer l’incidence de la pandémie sur la capacité de la MANUL à s’acquitter de son mandat;

7.    Rappelle qu’il a décidé que tous les États Membres devaient respecter l’embargo sur les armes, exige le respect intégral, y compris par tous les États Membres, de l’embargo sur les armes imposé par la résolution 1970 (2011), tel que modifié par les résolutions ultérieures, notamment en cessant tout soutien aux mercenaires armés et en congédiant tout personnel de ce type, et exige de tous les États Membres qu’ils n’interviennent pas dans le conflit et qu’ils ne prennent aucune mesure susceptible d’aggraver le conflit, se félicite des efforts faits par le Groupe d’experts du Comité des sanctions concernant la Libye pour enquêter sur les violations de l’embargo, se félicite également de la coopération entre les organes compétents des Nations Unies, y compris la MANUL, et les autres parties intéressées par les travaux du Groupe d’experts, et fait savoir qu’il entend tenir quiconque viole l’embargo sur les armes responsable de ses actes, par l’intermédiaire de son Comité des sanctions;

8.    Prie la MANUL de tenir systématiquement compte des questions de genre dans l’exécution de son mandat et d’aider le Gouvernement d’entente nationale à assurer la participation pleine, effective et véritable des femmes à la transition démocratique, aux efforts de réconciliation, au secteur de la sécurité et aux institutions nationales et à veiller à ce qu’elles assument de hautes responsabilités dans ces domaines, ainsi qu’à garantir la protection des femmes et des filles contre la violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, conformément à la résolution 1325 (2000), et prie également la MANUL de lui présenter des rapports plus détaillés sur cette question;

9.    Accueille avec satisfaction les progrès accomplis dans la mise au point d’une stratégie politique globale et dans l’amélioration de l’intégration et de la coordination stratégique de la MANUL et des organismes, fonds et programmes des Nations Unies en Libye pour soutenir l’action dirigée par le Gouvernement d’entente nationale pour stabiliser le pays et invite la Mission à poursuivre ses efforts en ce sens, et prie le Secrétaire général de rendre compte, dans ses rapports périodiques, des nouveaux progrès accomplis;

10.   Prie le Secrétaire général de continuer de lui rendre compte, tous les 60 jours au moins, de la mise en œuvre de la présente résolution;

11.   Prie également le Secrétaire général de lui faire rapport, selon qu’il conviendra, après la tenue de consultations avec les autorités libyennes, sur les recommandations concernant l’appui que doit apporter la MANUL aux étapes ultérieures de la transition libyenne et les dispositions en matière de sécurité devant permettre à la Mission de rester agile et réactive face à l’évolution de la situation sur le terrain;

12.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC entérine 58 décisions et résolutions adoptées tacitement depuis le début de la pandémie de COVID-19 et élit des membres à ses organes subsidiaires

Session de 2021,
1re séance – matin
ECOSOC/7026

L’ECOSOC entérine 58 décisions et résolutions adoptées tacitement depuis le début de la pandémie de COVID-19 et élit des membres à ses organes subsidiaires

Pour sa première séance plénière en personne depuis le 9 mars dernier, le Conseil économique et social (ECOSOC), réuni dans la salle de l’Assemblée générale, a entériné 58 décisions et résolutions qui avaient été adoptées selon la procédure de silence (décision 2020/205) entre le 3 avril et le 31 août 2020.  Il a aussi pris des décisions afin de pourvoir à des postes vacants dans certains de ses organes subsidiaires et connexes.

Les membres de l’ECOSOC n’ont en revanche pas pu se décider sur l’opportunité de rouvrir les négociations sur la déclaration ministérielle qui n’avait pas fait l’unanimité au cours du dernier forum politique de haut niveau pour le développement durable, tenu en juillet dernier.  Si pour certains, notamment le Groupe des 77 et la Chine (G77), il est important de revenir sur ce document crucial, le camp des pays occidentaux a de son côté argué que l’« on ne peut rejouer un match après la fin de la partie ». 

En début de séance, les délégations ont entériné les résolutions et décisions (document E/2021/CRP.1 - en anglais) adoptées entre le 3 avril et le 31 août derniers selon une procédure tacite, c’est-à-dire un délai de 72 heures sans objection, et dont le Conseil était tenu de prendre note à sa première séance plénière. 

Cette séance de reprise s’est déroulée aujourd’hui en appliquant les mesures d’atténuation visant à éviter la propagation de la COVID-19, telles que décrites dans la lettre envoyée aux délégations le 11 septembre par le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram (Pakistan).  Ainsi, tous les participants à la réunion étaient tenus de porter un masque facial à tout instant et ils devaient maintenir une distance physique d’au moins deux mètres en tout temps et s’abstenir de tout contact physique, y compris les poignées de main et les discussions en face à face.

Déclaration ministérielle du forum politique

Le Président a invité les délégations à examiner la question relative au projet de déclaration ministérielle du segment de haut niveau de la session de 2020 du Conseil économique et social, qui est aussi celui du forum politique de haut niveau pour le développement durable convoqué sous les auspices du Conseil (voir communiqué de presse du 22 juillet 2020).  Le Conseil était saisi d’un projet de décision sur la question, déposé par la délégation de la Guyane, au nom du G77, suggérant que le Conseil tienne, « à titre exceptionnel », une réunion du forum politique de haut niveau pour le développement durable dès que possible au cours de la session de 2021 de l’ECOSOC, afin de réexaminer le projet de déclaration ministérielle du segment de haut niveau de la session de 2020.

« Je dois noter que la convocation à nouveau du forum politique serait inhabituelle », a avoué le Président, tout en reconnaissant que « nous traversons une période sans précédent ».  Le projet de décision souligne en effet que cela se ferait « à titre exceptionnel ».  « Je suis ouvert à la volonté des États Membres », a-t-il lancé, avant de reconnaître qu’il y a des points de vue divergents sur le projet de décision.  « Je suis disposé à organiser des consultations informelles sur ce projet de décision si vous le jugez utile », a-t-il déclaré.

Pour sa part, le G77 a demandé aux délégations de « ne pas rater la chance d’adopter un document aussi important », plaidant pour que le nouveau projet de déclaration qui serait négocié soit placé à l’ordre du jour de l’ECOSOC au plus vite.

Au nom de l’Union européenne (UE), l’Allemagne a dit être fermement opposée à l’idée de convoquer de nouveau le forum politique, rappelant que la session s’était terminée le 22 juillet sans un accord sur la déclaration et sans décision sur un renvoi de la question.  L’UE a ajouté qu’il ne peut pas y avoir deux déclarations ministérielles du forum politique pour une même session.  Les États-Unis ont prévenu qu’une modification des procédures de l’ECOSOC ne pourrait se faire qu’avec l’avis du Bureau des affaires juridiques, un avis partagé par le Royaume-Uni

Le Canada a, pour sa part, rappelé que les délégations avaient décidé de ne pas remettre au goût du jour « une déclaration ministérielle qui n’a pas fait de consensus ».  L’Australie a aussi souhaité que les efforts soient désormais focalisés sur la présente session, avant de dire son étonnement de voir ce point à l’ordre du jour alors qu’il ne figurait pas sur la documentation distribuée aux délégations.  L’Ukraine, qui assure la vice-présidence de l’ECOSOC, a expliqué que les discussions au sein des divers groupes régionaux ont mis au jour des divergences profondes.  Il n’est donc pas question de « rejouer un match qui s’est terminé », a tranché la délégation.

Le G77 a de nouveau pris la parole en promettant de se rapprocher des services juridiques, tout en réitérant son espoir de voir la version finale de la déclaration ministérielle à nouveau examinée.

Adoption de résolutions

L’ECOSOC a par la suite adopté une série de résolutions.  La première, qui a fait l’objet d’âpres échanges, est intitulée « Répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé » (E/2021/L.6).

Le G77, qui présentait le texte, a expliqué qu’aux termes de celui-ci, il est demandé à la Puissance occupante de cesser l’exploitation des ressources naturelles dans les territoires occupés, tout en demandant la reddition des comptes pour les colons qui commentent des exactions sur les populations de ces zones occupées.

L’observateur de la Palestine a regretté que « le potentiel de sa nation ne puisse pas être assez exploité du fait de l’occupation israélienne depuis 1967 ».  La République arabe syrienne a fait part de son inquiétude devant des nouvelles relayées par la presse israélienne, et qui font état de la volonté de la Puissance occupante de faire passer le nombre de colons dans le Golan syrien occupé à 250 000 d’ici à l’année 2048 et de transformer les terres fertiles en parcs naturels. 

Pourtant, de l’avis d’Israël, le texte soumis aux délégations ne contient rien de nouveau et il omet de mentionner le contexte actuel de la pandémie de COVID-19 qui a fait voir une amélioration de la coopération entre Israël et des autorités palestiniennes.  La délégation israélienne a donc demandé aux délégations de rejeter le texte.

L’Union européenne a précisé que son soutien au texte ne signifie pas que ses membres sont tous favorables à l’indépendance de la Palestine.  Les États-Unis ont dit leur déception de voir un texte identique aux précédents et qui ne fait rien pour garantir un avenir prospère aux deux peuples.  La délégation a salué le fait que les Émirats arabes unis aient été les premiers dans la région à reconnaître Israël, « ce qui ouvre de nouvelles perspectives de paix au Moyen-Orient ». 

La résolution a finalement été adoptée par 47 voix pour, 3 contre (Australie, Canada et États-Unis) et 4 abstentions (Brésil, Malawi, Togo et Ukraine). 

Un autre texte adopté, présenté également par le G77, portait sur la « Situation et assistance aux femmes palestiniennes » (E/2021/L.7).

L’observateur de la Palestine a dit que les Palestiniennes sont les plus vulnérables face à l’occupation.  Il a promis qu’une loi sur la protection familiale est en voie d’adoption, rappelant que depuis la fin du XIXe siècle, les Palestiniennes ont lancé un mouvement pour la reconnaissance de leurs droits, un combat qu’elles continuent même en exil.

Pour sa part, Israël a estimé que le texte présenté l’a été en violation de la procédure.  Le texte contient, selon Israël, « un discours biaisé sur le conflit sur le terrain ».  Israël a aussi déploré le fait que la résolution tienne pour responsable Israël, « comme si le pays était le seul responsable de la situation des femmes palestiniennes ».  Israël a donc invité les délégations à voter contre ce texte afin de rejeter « un texte qui n’a rien à voir avec la réalité et qui viole les dispositions du Règlement intérieur de l’ECOSOC ».

Emboîtant le pas à Israël, les États-Unis ont dénoncé « un texte qui ne fait rien avancer de concret », avant d’exprimer leur inquiétude sur les cas de châtiments imposés aux femmes palestiniennes à cause des crimes dits d’éthique.  Le Brésil a aussi estimé que le texte proposé par le G77 ne contribue pas à la paix et la concorde dans la région, c’est pourquoi la délégation a décidé de s’abstenir, en souhaitant que le prochain texte sur la question défende effectivement les droits des femmes, sans discrimination aucune.

La résolution a néanmoins été adoptée après un vote par 43 voix en faveur, 3 contre (Australie, Canada et États-Unis) et 8 abstentions (Allemagne, Brésil, Jamaïque, Monténégro, Pays-Bas, Suisse, Togo et Ukraine).

La résolution sur l’« Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l’Organisation des Nations Unies » (E/2021/L.5) a ensuite été adoptée.

Après la présentation du texte par la Grenade, les États-Unis ont précisé qu’ils allaient s’abstenir au cours du vote, arguant que les politiques de la puissance administrante sont prépondérantes pour le développement de ces territoires.  Ils ont aussi estimé que le texte proposé n’est pas en adéquation avec les dispositions de la Constitution américaine.

La résolution a été adoptée par 32 voix pour, avec 21 abstentions.

Après le vote, la Fédération de Russie s’est exprimée pour dénoncer le fait que « cette question politique vient entacher le travail de l’ECOSOC » dans le cadre de la promotion du développement économique.  C’est pourquoi le pays s’est toujours abstenu au cours du vote sur ce texte, a expliqué la délégation.

L’ECOSOC a ensuite adopté sans vote une résolution sur « La nouvelle vision stratégique de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) » (E/2020/12). 

Les États-Unis ont salué l’organisation des travaux de la CESAO et ont souhaité que cela permette de réduire ses coûts de fonctionnement.  Le Japon, qui s’est rangé du côté du consensus, a néanmoins déploré « le manque de transparence durant le processus de négociation », un avis partagé par la République de Corée

Adoption d’une décision

L’ECOSOC a ensuite décidé (E/2021/L.4) que la Malawi serait désormais membre du Comité exécutif du Programme du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, faisant ainsi passer le nombre desdits membres à 107.

Observations d’ordre général

Au titre des observations générales, la Fédération de Russie a jugé inacceptable que « des organes de traités utilisent des termes équivoques ».  Elle a par exemple rappelé que le Comité des droits économiques, sociaux et culturels avait fait une déclaration l’année dernière dans laquelle elle demandait de rejeter la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle, sans tenir compte des valeurs familiales défendues par les États Membres.  « Il faut que les organes de traités respectent la répartition des travaux à l’ONU », a plaidé la délégation. 

Répartition des responsabilités au sein du Bureau

En vertu des délibérations du Bureau de l’ECOSOC concernant la répartition des responsabilités entre ses membres pour la session de 2021 du Conseil, il a été décidé que les réunions suivantes seront sous la responsabilité du Président: le segment de haut niveau, le forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices du Conseil, le forum sur le suivi du financement du développement, le forum pour la coopération pour le développement, la réunion spéciale sur la coopération internationale en matière fiscale, ainsi que toutes les réunions conjointes et autres forums et réunions spéciales qui pourraient être convoqués. 

Par ailleurs, le segment des activités opérationnelles de développement incombera au Vice-Président Sergiy Kyslytsya (Ukraine).  Le segment des affaires humanitaires, qui se tiendra à Genève en 2021, sera sous la responsabilité de la Vice-Présidente Pascale Baeriswyl (Suisse).  Le segment de l’intégration sera sous la responsabilité du vice-président à élire parmi les États d’Amérique latine et des Caraïbes.  Enfin, les réunions de gestion, y compris les élections pour pourvoir les sièges devenus vacants dans les organes subsidiaires et apparentés du Conseil, seront sous la responsabilité du Vice-Président Collen Vixen Kelapile (Botswana).

En ce qui concerne la disposition des sièges au cours de la session de 2021, l’Ukraine, qui a été tirée au sort, occupera la première place.  Les 53 autres membres de l’ECOSOC suivront par ordre alphabétique anglais.

Élections et nominations

Le Conseil économique et social a ensuite procédé à l’élection et la nomination des candidats à des postes vacants de ses organes subsidiaires.

Elle a d’abord élu l’Allemagne, la Colombie, la Hongrie, le Mexique, la Suisse et le Royaume-Uni, par acclamation, à la Commission de statistique, pour un mandat de quatre ans commençant le 1er janvier 2021.

L’Argentine, l’Autriche, la République dominicaine, Israël, la Lettonie, le Nigéria, la Turquie et la Zambie ont été élus à la Commission de la condition de la femme, pour un mandat de quatre ans commençant à la soixante-sixième session de la Commission en 2021 et expirant à la clôture de la soixante-neuvième session en 2025.

L’Angola a été élu à la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2021.

L’Allemagne, l’Arabie saoudite, la Chine, la Côte d’Ivoire, les États-Unis, la Gambie, le Guatemala, l’Italie et le Royaume-Uni ont également été plébiscités pour faire partie du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication pour un mandat de trois ans commençant le 1er janvier 2021.

Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, pour sa part, accueillera le 1er janvier 2021, et ce, pour un mandat de quatre ans, M. Nadir Adilov (Azerbaïdjan), Mme Laura Maria Crăciunean–Tatu (Roumanie), M. Seree Nonthasoot (Thaïlande), Mme Lydia Carmelita Ravenberg (Suriname) et M. Shen Yongxiang (Chine).

L’ECOSOC a aussi décidé que l’Allemagne, la Belgique et la Grèce achèveront les mandats du Canada, de l’Autriche et de l’Italie, respectivement, au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS), du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2021.

La Colombie, le Nigéria, la République de Corée, la Suisse et la Thaïlande ont quant à eux été élus au Comité d’organisation de la Commission de consolidation de la paix pour un mandat de deux ans (2021-2022).

Le Conseil a enfin tenu un scrutin secret pour les candidats des États d’Asie et du Pacifique à la Commission de statistique.  Elle a fait de même pour déterminer le représentant des États d’Asie et du Pacifique à la Commission de la condition de la femme, ainsi que pour les candidats des États d’Europe orientale voulant faire partie du Groupe de travail intergouvernemental d’experts des normes internationales de comptabilité et de publication. 

L’élection à bulletin secret a été aussi de mise pour déterminer lesquels des candidats des États africains et des États d’Europe occidentale et autres États devront siéger au Comité des droits économiques, sociaux et culturels.  Les résultats de ces différents scrutins seront annoncés dans une lettre qui sera envoyée aux délégations par le Vice-Président de l’ECOSOC issu du Botswana.

La prochaine réunion de l’ECOSOC sera annoncée dans le Journal officiel des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’adoption de deux résolutions sur la pandémie de COVID-19 interroge certaines délégations

Soixante-quatorzième session,
65e séance – après-midi
AG/12263

Assemblée générale: l’adoption de deux résolutions sur la pandémie de COVID-19 interroge certaines délégations

Après l’adoption, vendredi, de deux résolutions relatives à la COVID-19, l’Assemblée générale s’est réunie, cet après-midi, pour entendre les dernières explications de vote des délégations qui ont été plusieurs à s’interroger sur la présentation de deux textes consacrés à la pandémie.

Dans un premier temps, l’Assemblée générale avait en effet adopté par 169 voix pour, 2 contre (États-Unis et Israël) et 2 abstentions (Hongrie et Ukraine) la résolution omnibus « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » (A/74/L.92), avant de faire sienne par 122 voix pour, zéro contre et 31 abstentions la résolution intitulée « Une riposte unie face aux menaces sanitaires mondiales: lutter contre la COVID-19 » (A/74/L.57). 

Expliquant son vote sur ce dernier texte, l’Allemagne, au nom de l’Union européenne, s’est déclarée surprise par la présentation de cette résolution, notant que celle-ci date des premiers jours de la pandémie, alors que la résolution omnibus a été négociée au cours du mois de septembre.  Si la résolution L.57 était importante à l’époque, même si le processus était alors problématique, certains éléments du texte sont déjà obsolètes en raison de l’évolution de la situation, a commenté la délégation qui a en outre déploré le manque d’efforts pour tenir des négociations supplémentaires. 

Selon l’Union européenne, la résolution L.57 ne permet pas d’appuyer la cohérence de la riposte de l’Assemblée générale face à la COVID-19, d’autant plus que la résolution omnibus est censée se substituer à tous les engagements précédents.  Elle a également souligné certaines lacunes, estimant que le texte aurait dû reconnaître le rôle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et faire mention de l’appel du Secrétaire général au cessez-le-feu.  En outre, le texte aurait dû citer la situation des femmes et le Plan de réponse humanitaire global COVID-19, en insistant aussi sur le droit à la vie privée en cas d’échange de données épidémiologiques de même que sur l’importance de protéger l’environnement pour éviter de prochaines épidémies. 

Des observations similaires ont été formulées par la République arabe syrienne qui s’est, elle aussi, interrogée sur les procédures ayant débouché sur l’adoption de cette résolution non consensuelle alors que la résolution omnibus L.92 avait déjà été plébiscitée.  La délégation syrienne s’est dissociée de toute référence au G20, « certains de ses membres étant à l’origine des mesures précitées » (les mesures unilatérales contre un État), et de tout hommage rendu aux institutions financières internationales qui, a-t-elle dénoncé, adoptent des politiques partiales et politisées.

Elle a également regretté le refus, par les auteurs de la résolution L.57, d’organiser des négociations supplémentaires et d’introduire un libellé relatif à l’impact des mesures coercitives unilatérales sur la capacité des États à faire face à la pandémie, une critique également formulée par la République islamique d’Iran qui a en outre fait observer que l’adoption de la résolution omnibus devait éviter l’examen de textes parallèles.  La délégation iranienne, qui a dit ne pas souscrire à l’alinéa 12 et au paragraphe 5 du texte, a également déploré que la résolution L.57 ne tienne pas compte des préoccupations socioéconomiques des pays en développement.

Pour leur part, les États-Unis ont insisté sur l’importance de la transparence et de l’accès à l’information pour endiguer la propagation du virus, s’inquiétant du fait que « certains gouvernements se servent de la pandémie pour entraver le droit de la population à s’exprimer librement ».  La délégation a déploré que le libellé sur la protection des droits de l’homme n’ait pas été plus fort, pour ensuite accuser la Chine et l’OMS d’avoir fait des erreurs au début de la pandémie.  Elle a en outre marqué son désaccord avec les références à l’OMS contenues dans le texte.

Le Liechtenstein a estimé que la déclaration du G20 en appui à l’OMS, entre autres institutions, doit donner lieu à des contributions concrètes en faveur de l’ONU: le G20 doit investir tout son poids économique et apporter une contribution importante pour remettre le monde sur les rails. 

La Hongrie a indiqué qu’elle aurait souhaité une référence plus neutre à la déclaration politique adoptée à l’issue de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la couverture sanitaire universelle.  Elle a également fait part de ses réserves au sujet de l’alinéa 10 de la résolution.  Djibouti a estimé, pour sa part, que la résolution L.57 souligne l’importance cruciale de développer une compréhension commune de la coopération pour ne laisser personne de côté.

Exerçant son droit de réponse, la Chine a décrié l’intervention des États-Unis et a déclaré que depuis le début de la COVID-19, elle avait fait preuve d’ouverture, de transparence et de responsabilité pour contrôler la maladie, notamment en partageant des informations avec l’OMS et les États-Unis et en publiant le séquençage génétique du virus.

Alors qu’ils comptent le nombre le plus élevé de cas confirmés au monde, les États-Unis montrent du doigt la Chine pour détourner l’attention de l’inefficacité de leurs mesures, a accusé la délégation chinoise, en affirmant aussi que les actions des États-Unis sapent la capacité de l’OMS à aider les pays en développement à faire face à la pandémie.  Politiser la maladie ne permettra jamais de sauver des vies, a averti la Chine, avant d’appeler les États Membres à exiger des États-Unis qu’ils reconnaissent les faits à propos de la maladie.

Après cette séance plénière, l’Assemblée générale a brièvement ouvert la première séance de sa trente-et-unième session extraordinaire consacrée à la « Maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) » qui se tiendra les 5 et 6 novembre.  Après avoir observé une minute de silence, elle a adopté une décision portant sur la présidence et autres membres du bureau de cette session (A/S-31/L.1).  Ce texte, qui a été présenté par l’Azerbaïdjan, a été adopté par 153 voix pour, zéro contre et 3 abstentions (Arménie, Libye et République arabe syrienne).

Exprimant des réserves au sujet cette décision, l’Arménie a jugé essentiel de se concentrer sur la valeur ajoutée de la session extraordinaire, estimant en outre que les questions liées à l’élection de son président et autres membres de son bureau doivent se faire de manière à éviter les doublons.

L’Assemblée générale a également pris note de plusieurs décisions adoptées au cours du processus d’approbation tacite et qui portaient notamment sur le versement des arriérés, les nominations à la Commission de vérification des pouvoirs, l’élection des présidents des Grandes Commissions et l’adoption de l’ordre du jour, entre autres.

Le Président de l’Assemblée générale a aussi précisé que les deux États observateurs, le Saint-Siège et la Palestine, ainsi que l’Union européenne, participeraient à cette session extraordinaire.

L’Assemblée générale clôturera les travaux de sa soixante-quatorzième session demain, mardi 15 septembre, à 15 heures, et donnera ensuite le coup d’envoi aux travaux de sa soixante-quinzième session.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: l’adoption de la résolution omnibus sur la COVID-19 marquée par un amendement de dernière minute et une rupture du consensus

Soixante-quatorzième session,
64e séance – après-midi
AG/12262

Assemblée générale: l’adoption de la résolution omnibus sur la COVID-19 marquée par un amendement de dernière minute et une rupture du consensus

Sachant que la pandémie de COVID-19 est l’un des plus grands défis mondiaux de l’histoire de l’ONU, l’Assemblée générale a adopté, cet après-midi, une résolution omnibus par laquelle elle affirme que la coopération internationale, le multilatéralisme et la solidarité sont « la seule voie possible » à emprunter pour réagir efficacement à la pandémie.  La mise aux voix de la résolution a toutefois été déplorée par de nombreuses délégations qui ont regretté la rupture du consensus autour d’un texte « si important ».

Rejetée par les États-Unis et Israël, mais appuyée par 169 voix pour, tandis que la Hongrie et l’Ukraine se sont abstenues, la résolution « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » (A/74/L.92), qui a été amendée et oralement modifiée, contient toute une série d’engagements pour « Protéger ensemble »; « Se relever ensemble » et « Reconstruire en mieux ». 

Dans un dispositif de plus de 50 paragraphes, l’Assemblée générale demande notamment aux États Membres de concevoir des stratégies de relance fondées sur des politiques de financement durables; de tenir compte du climat et de l’environnement dans les mesures de relance liées à la COVID-19; et d’accélérer le rôle de catalyseur que jouent les technologies numériques pour réduire l’impact de la pandémie de COVID-19 sur l’éducation, la santé, la communication, le commerce et la continuité des activités.

L’Assemblée générale exhorte aussi les États Membres à donner à tous les pays, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19, un accès libre et rapide à des produits de diagnostic, à des traitements, à des médicaments et à des vaccins « de qualité, sûrs, efficaces et abordables », entre autres. 

Elle insiste en outre sur le fait qu’il faut agir à tous les niveaux pour renforcer la résilience, notamment par la gestion durable des écosystèmes ainsi que la protection et l’utilisation durable de la biodiversité, y compris la faune et la flore sauvages, afin de réduire la probabilité d’infections zoonotiques.

Ce texte invite également les États Membres à mettre en place, renforcer et promouvoir des systèmes de prestations sanitaires, et, par ailleurs, à élaborer des plans de relance qui favorisent le développement durable et entraînent des changements en profondeur en vue de sociétés plus justes et plus inclusives, notamment en renforçant l’autonomie et la participation de l’ensemble des femmes et des filles.

Déposée par le Président de l’Assemblée générale, M. Tijjani Muhammad-Bande, cette résolution a été amendée pour inclure un libellé qui demande instamment aux États « de s’abstenir d’adopter et d’appliquer des mesures économiques, financières ou commerciales unilatérales qui font obstacle à la pleine réalisation du développement économique et social, en particulier dans les pays en développement ».  C’est la délégation de Cuba qui a présenté le texte de l’amendement, au nom de plusieurs co-auteurs.

Cet amendement a été adopté par 84 voix pour, 13 contre et 60 abstentions.

À ce sujet, l’Union européenne, par la voix de l’Allemagne, a souligné que les sanctions qu’elle met en œuvre incluent un système d’exemption humanitaire qui s’applique notamment au contexte actuel de la COVID-19, un argument également repris par les États-Unis.  La Fédération de Russie et l’Iran ont cependant alerté sur le fait que ces mesures entravent la riposte à la pandémie, notamment en raison de leur impact sur les importations de médicaments. 

La Chine, qui a été accusée par la délégation américaine d’avoir causé des souffrances incommensurables et d’avoir empêché des chercheurs d’obtenir des informations vitales sur la pandémie, a pour sa part demandé à l’ONU d’exiger que les États-Unis respectent la science concernant la pandémie et qu’ils cessent de propager des « virus politiques ».

La délégation américaine a par ailleurs demandé la mise aux voix des paragraphes 7 et 34 du dispositif, relatifs respectivement aux droits des femmes à la santé, notamment sexuelle et reproductive, et à la mise en œuvre de conventions internationales et instruments multilatéraux sur le transport et le transit.  Ces deux paragraphes ont finalement été maintenus.

Réunie en personne, l’Assemblée générale a également fait sienne par 122 voix pour, zéro contre et 31 abstentions la résolution intitulée « Une riposte unie face aux menaces sanitaires mondiales: lutter contre la COVID-19 » (A/74/L.57), un texte qui appelle à mener d’urgence des actions à court terme pour intensifier les efforts mondiaux de lutte contre les crises sanitaires mondiales et les pandémies et pour maintenir la stabilité économique. 

En début de séance, une résolution consacrée au paludisme et intitulée « Consolider les acquis et intensifier l’action menée pour lutter contre le paludisme et l’éliminer dans les pays en développement, particulièrement en Afrique, à l’horizon 2030 » (A/74/L.91) a été adoptée sans mise aux voix.  Les États-Unis ont toutefois fait part de leur désaccord avec les paragraphes du texte qui font référence à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Avant de clore la séance, l’Assemblée générale a nommé le Bhoutan au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.  On retiendra également l’hommage rendu aux victimes du 11 septembre par le Président de l’Assemblée générale à l’ouverture des travaux.

L’Assemblée générale poursuivra cette séance lundi 14 septembre, à partir de 15 heures.

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

APPLICATION DES RÉSOLUTIONS DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Adoption du projet d’amendement (A/74/L.93)

Venue présenter le projet d’amendement, Cuba a déploré qu’en l’état, le projet de résolution (A/74/L.92) ne prend pas en considération les préoccupations légitimes quant à l’impact négatif des mesures coercitives unilatérales sur les efforts nationaux de lutte contre la pandémie de COVID-19.  Ces préoccupations ont été exprimées de manière constante par la communauté internationale et le Secrétaire général, entre autres, a affirmé la délégation cubaine.

Explications de vote

Belize au nom de l’Alliance des petites États insulaires, a évoqué les difficultés à négocier un texte en ligne.  La délégation a alerté que les petits États insulaires en développement (PEID) sont au bord de l’effondrement et a jugé troublant d’être « obligé de marchander pour une simple reconnaissance ».  Elle a salué la référence aux changements climatiques et les appels à actualiser les objectifs de développement durable, tout en regrettant certaines faiblesses du texte.

L’Allemagne, au nom de l’Union européenne (UE), a réclamé la mise aux voix de l’amendement et précisé qu’elle comptait s’abstenir.  Les sanctions de l’UE sont appliquées dans un contexte précis pour contrer les armes de destruction massive, lutter contre le terrorisme et contrer les menaces de cyberattaques, a expliqué la délégation.  « Les sanctions européennes respectent le droit international et sont ciblées de manière à éviter les effets humanitaires non désirables. »  Elles incluent en outre un système d’exception qui s’applique notamment au contexte actuel de la COVID-19, a fait valoir la délégation. 

Le Nicaragua a regretté l’impossibilité de tenir compte des préoccupations légitimes de la grande majorité des États Membres au sujet des mesures coercitives unilatérales qu’il a qualifiées de « milice autoproclamée ».

L’Ukraine a regretté la présentation de l’amendement, estimant qu’il va à l’encontre des efforts visant à assurer une adoption consensuelle du projet de résolution.  Certains utilisent la pandémie à mauvais escient, a-t-elle estimé.  Les sanctions demeurent un instrument important pour assurer le respect du droit international, a argué la délégation qui a dénoncé l’utilisation de la pandémie à des fins politiques. 

L’Égypte s’est prononcée en faveur de l’amendement.

Le Royaume-Uni a regretté la présentation d’un amendement qui fait s’écrouler le consensus dont bénéficiait le projet de résolution. 

Le projet d’amendement a été adopté par 84 voix pour, 13 contre et 60 abstentions.

Adoption des paragraphes 7 et 34 du dispositif (A/74/L.92)

Les paragraphes 7 et 34 du dispositif du projet de résolution ont ensuite été mis aux voix sur demande des États-Unis.

Le paragraphe 7 a été adopté par 122 voix pour, 3 contre (États-Unis, Iraq et Libye) et 25 abstentions.

Le paragraphe 34 a été adopté par 142 voix pour, 2 contre (États-Unis et Inde) et 13 abstentions. 

Adoption de la résolution intitulée « Action globale et coordonnée face à la pandémie de maladie à coronavirus (COVID-19) » (A/74/L.92)

Le projet L.92 a été adopté par 169 voix, tel qu’amendé et oralement révisé.

Les États-Unis et Israël ont voté contre ce texte, tandis que l’Ukraine et la Hongrie se sont abstenues.

Explications de vote après l’adoption de la résolution L.92

L’Azerbaïdjan a exprimé sa réserve au paragraphe 19 en raison de la non-prise en compte d’un amendement proposé.

Le Mexique a regretté que l’adoption de la version finale de la résolution se soit faite dans la précipitation, estimant que ce document aurait pu être adopté à l’issue de la trente-et-unième session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Le consensus ne doit pas se transformer en camisole de force, a-t-il lancé.  Pour ce qui est du contenu, il a déploré les lacunes du paragraphe 21, pointant l’opposition « d’une seule délégation ».  Il a ensuite appelé à veiller à ce que le vaccin soit un bien public mondial, notant qu’une version précédente du texte était plus ambitieuse à ce sujet.  La délégation a aussi souligné que toute délégation qui interprète de manière erronée les services de santé sexuelle et reproductive comme endommageant les organes du corps fait erreur.  Le texte aurait par ailleurs pu se montrer plus ambitieux en ce qui concerne les travailleurs migrants et les envois de fonds, a estimé le Mexique.

La Hongrie a regretté que la résolution donne l’impression erronée que les migrants et les réfugiés sont les seuls à être touchés par la pandémie alors que celle-ci affecte toutes les tranches de la société.  Elle s’est dissociée des paragraphes 21 et 25.  La prolifération de résolutions inutiles sur la COVID-19 ne contribue pas à la recherche d’une solution et il vaut mieux se concentrer sur des mesures concrètes, a-t-elle dit.

Israël a regretté l’amendement proposé au paragraphe 20, notant que celui-ci a entravé l’adoption consensuelle du texte.

Pour l’Uruguay, cet amendement au paragraphe 20 était au contraire justifié, celui-ci faisant notamment référence à des mesures qui sont contraires au droit international.  Il a toutefois estimé que l’amendement n’aurait pas dû se faire au détriment de l’ancien libellé du paragraphe 20 qui faisait référence à des questions légèrement différentes et pas incompatibles.  La délégation aurait souhaité maintenir le libellé orignal et y ajouter l’amendement.

Intervenant au sujet du paragraphe 7, l’Allemagne a regretté la demande de mise aux voix, notant que la pandémie a eu un impact sur de nombreuses femmes et que le manque d’accès aux services de santé sexuelle se fera durement ressentir. 

Commentant ensuite la résolution dans son ensemble au nom de l’Union européenne, la délégation allemande a fait part de son engagement à accepter certains compromis, notamment en qui concerne le paragraphe 20, saluant par ailleurs l’adoption d’un texte équilibré.  Des références aux droits de l’homme auraient toutefois été souhaitables.  La reconnaissance du rôle central de l’ONU est essentielle, a affirmé la délégation, mais une référence plus forte à l’environnement aurait été souhaitable.  Elle a en outre regretté l’introduction de l’amendement au paragraphe 20.

L’Australie, au nom de 42 États, a commenté le paragraphe 7 et souligné le risque de mortalité accrue qu’entraîne la pandémie chez les femmes, notant qu’une réduction de 20% des services de santé sexuelle et reproductive pourrait entraîner plus de 20 000 morts maternelles supplémentaires ainsi que chez les nouveau-nés.  Elle a également déploré les tentatives visant à remettre en question le consensus dont bénéficiaient auparavant ces questions.

Le Pérou a souligné qu’un vaccin contre la COVID-19 doit être considéré comme un bien public international et la seule stratégie réaliste pour venir à bout de la pandémie.  La délégation a regretté que la résolution ne contienne pas une référence plus précise à cette question.

La Fédération de Russie a salué l’adoption du texte tel qu’amendé et ses références à l’importance de la couverture sanitaire universelle et la lutte contre la tuberculose dans le contexte de l’actuelle pandémie.  Elle s’est aussi félicitée de l’appel à s’abstenir d’adopter des mesures coercitives unilatérales.  L’heure est à la solidarité, a lancé la délégation.  Elle a alerté que le maintien des sanctions à l’encontre des pays en développement entrave la riposte à la pandémie et que les exemptions humanitaires ne sauraient être suffisantes pour justifier le maintien de ces mesures « illégitimes ».  Elle a regretté que certains États aient utilisé « à des fins abusives » la présente résolution pour prédéterminer des négociations sur d’autres thèmes. 

La Fédération de Russie s’est ensuite dissociée du paragraphe 4 du préambule, et du paragraphe 19 du dispositif, pointant l’utilisation du terme « opportun ».  Ce libellé ne peut servir de précédent pour les négociations sur l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence, a-t-elle dit.  La délégation s’est aussi dissociée des paragraphes 20 et 22 du préambule, et 26, 28 et 47 du dispositif.

La République arabe syrienne a dénoncé ceux qui défendent les mesures coercitives unilatérales, les appelant à consulter les rapports du Secrétaire général ainsi que ceux de son Rapporteur spécial sur la question.  Elle a regretté l’impossibilité d’inclure un libellé sur l’impact de la pandémie dans les territoires occupés.  Elle a récusé l’emploi du terme « violence domestique » et émis des réserves sur le paragraphe 32, affirmant que nombre d’institutions financières ont des politiques biaisées.

L’Iraq s’est dissocié de la terminologie « groupe marginalisé » employé dans les paragraphes 21 du dispositif et du préambule.  La délégation a également émis des réserves au sujet du paragraphe 28 du dispositif, et des termes « santé sexuelle et reproductive » et « droit reproductif ».  En outre, le paragraphe 37 porte sur des questions n’ayant pas lieu d’être abordées par la résolution, selon l’Iraq.

La Turquie a fait observer qu’elle n’est pas partie à l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

La Libye a insisté sur son droit de formuler ses politiques selon ses propres cultures et traditions.  Elle a formulé des réserves sur l’emploi de la terminologie « santé sexuelle et reproductive ».

L’Argentine a reconnu la pertinence du paragraphe 20 après son amendement, tout en estimant que le libellé originel du paragraphe aurait pu être maintenu.  Elle a regretté le non-emploi d’un libellé sur la volatilité excessive du prix des aliments, citant notamment le paragraphe 18.

Les États-Unis ont souligné qu’ils sont le principal bailleur de fonds dans le domaine de la santé et que leur appui porte sur toutes les facettes de la pandémie et représente 40% des fonds mobilisés.  Ils ont accusé la Chine d’avoir causé des souffrances incommensurables et d’avoir empêché des chercheurs d’obtenir des informations vitales sur la pandémie.  Les coupables doivent répondre de leurs actes, a lancé la délégation qui a en outre dénoncé l’irresponsabilité du Parti communiste chinois.  Les échecs de l’OMS ont aussi provoqué nombre de souffrances.  L’OMS doit montrer son indépendance vis-à-vis du Parti communiste chinois et être réformée, ont estimé les États-Unis, avant de s’opposer aux références à l’OMS contenues dans le texte. 

La délégation a en revanche salué les références aux droits de l’homme, aux personnes handicapées et aux groupes marginalisés, expliquant cependant ne pas pouvoir appuyer un texte qui ne fait pas référence aux défenseurs des droits de l’homme en tant qu’acteurs de premier plan.  Elle a également marqué son désaccord avec tout libellé laissant penser que l’accès à l’avortement est inclus dans la santé sexuelle et reproductive.  La délégation a ensuite critiqué la référence à des documents non négociés à l’ONU et a estimé qu’il n’y pas de liens clairs entre les transports mondiaux et la pandémie.

Les États-Unis se sont opposés au nouveau libellé du paragraphe 20 qui, ont-ils alerté, met en question le droit des États à mener leur propre politique économique.  Les sanctions sont un moyen légitime d’atteindre la sécurité, a justifié la délégation en expliquant que les États-Unis appliquent des exemptions humanitaires.

Le Brésil a estimé que le libellé sur la santé sexuelle et reproductive ne doit pas être interprété comme appuyant l’avortement.

El Salvador a regretté l’adoption précipitée de la résolution, estimant que des négociations plus longues auraient pu éviter une mise aux voix.  La référence à l’impact de la pandémie sur les pays à revenu intermédiaire laisse à désirer, selon El Salvador, et il en va de même en ce qui concerne les envois de fonds.  La délégation a aussi insisté sur l’importance de faire du vaccin un bien public mondial.  En outre, le libellé du paragraphe 21 n’est pas assez détaillé et ne représente pas le consensus car il ne reflète pas le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a-t-elle ajouté.

L’Indonésie a appuyé la référence aux populations marginalisées, pour ensuite faire part de ses réserves au sujet du paragraphe 26, notamment en ce qui concerne la violence sexuelle et sexiste.

L’Inde a estimé que la résolution aborde trop de problèmes généraux.  La référence aux changements climatiques ressemble à un ajout de dernière minute et le paragraphe 24 s’apparente à un « vaisseau spatial » tentant d’atteindre une région jamais habitée.  La délégation a néanmoins espéré que le texte servira de point de départ à une discussion plus poussée sur la pandémie.

Les Philippines ont regretté que le paragraphe 19 ne mentionne pas les pays à revenu faible et intermédiaire.  L’absence de référence aux migrants représente également une régression, ont-elles dit, indiquant que les migrants philippins comptent parmi les populations les plus touchées par la pandémie.  L’absence de certains mots peut avoir des conséquences de grande envergure, a prévenu la délégation.

La République islamique d’Iran s’est félicitée de l’adoption de la résolution et des projets d’amendement, « un message fort de la communauté internationale ».  Elle a cité les dispositions sur le recours à des mesures unilatérales illégales en particulier contre des pays en développement.  De telles mesures, notamment les sanctions, représentent un fardeau supplémentaire pour les pays qui sont visés au moment où ils luttent contre la COVID-19, a fait remarquer l’Iran.  Le pays s’est plaint que les États-Unis continuent à en imposer contre des pays tels que l’Iran.  « Le Gouvernement américain semble vouloir profiter de la situation créée par cette pandémie pour parvenir à ses fins, en créant des risques pour les pays visés. »  Il a détaillé les différentes conséquences négatives de ces sanctions, notamment sur les importations de médicaments.  Concernant les références à la Conférence de Nairobi, l’Iran a rappelé que celle-ci n’était pas une conférence de l’ONU et son résultat, pas un texte négocié.  L’Iran s’est donc dissocié de ce paragraphe.

Le Pakistan a jugé important que l’Assemblée générale s’exprime collectivement et de façon unie face à la menace commune que constitue la pandémie.  Il a toutefois jugé que le format n’a pas permis aux délégations de participer aux négociations, ce qui a entraîné des lacunes dans le texte qui, à son avis, n’est pas équilibré.  Il s’est réservé le droit de se dissocier de certains éléments du texte s’ils réapparaissaient dans des négociations futures.

La Chine a salué la résolution adoptée mais regretté que les États-Unis aient fait obstruction au consensus et aient choisi de s’opposer à la communauté internationale.  Elle a exhorté les États-Unis à écouter la voix de la justice et à lever les sanctions unilatérales.  Notant que la promotion de l’interconnectivité correspond au vœu de la communauté internationale, la Chine a regretté que les États-Unis se soient là aussi opposés au consensus.  La Chine a fourni une aide considérable à de nombreux pays dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et elle coopère avec la communauté internationale pour lutter contre la pandémie, a-t-elle fait remarquer. 

La Chine a par ailleurs estimé que les États-Unis aient essayé de propager une désinformation sur la COVID.  La Chine a réussi à maîtriser la pandémie en un temps très court, a-t-elle fait valoir, dénonçant toute tentative de calomnier le Parti communiste chinois.  Elle a rappelé avoir partagé des informations à la communauté internationale sur la pandémie et, dès le 3 janvier, avec les États-Unis.  « Mais ces derniers ont choisi de minimiser la pandémie pour ne pas créer la panique. »  La Chine a donc accusé les États-Unis d’avoir manipulé les faits et a rappelé que ce pays avait connu le nombre le plus élevé de cas, « causant même la fermeture de l’ONU alors que celle-ci fête son soixante-quinzième anniversaire ».  Elle a appelé les États-Unis, s’ils veulent lutter contre la pandémie, à lever les sanctions unilatérales.  Elle a demandé aux Nations Unies d’exiger que les États-Unis respectent la science concernant la pandémie et qu’ils cessent de propager des virus politiques.

L’Ukraine a exprimé ses préoccupations quant à l’adoption de documents si importants par le biais d’un vote enregistré.  Elle a regretté que le projet de résolution n’ait pu être adopté par consensus en raison d’amendements de dernière minute au paragraphe 20 du dispositif.  L’Ukraine se dissocie de ce paragraphe, a-t-elle précisé.  L’Ukraine a noté que certaines délégations ont dit ne pas vouloir appliquer des paragraphes entiers de la résolution adoptée, ce qui va l’affaiblir, a-t-elle regretté.  Elle a aussi regretté que la résolution ait fait l’objet d’une négociation accélérée après tant de mois de travail.

Le Royaume-Uni a reconnu que ce n’était pas un processus facile, mais estimé que cela en valait la peine.  Les droits de l’homme doivent guider la riposte à la pandémie et la relance après la crise, a-t-il dit en citant le Secrétaire général.  Il s’est félicité notamment que l’atténuation à la résistance microbienne ait été reconnue comme une façon de lutter contre la pandémie.  Il a réaffirmé son appui au libellé sur les droits sexuels et génésiques, estimant que le texte aurait même pu être plus fort à ce sujet.  Il a aussi souligné le refus de prendre en compte l’effet plus important de la pandémie sur les groupes marginalisés, dont les LGBTI. 

La Colombie a regretté qu’il n’ait pas été possible de trouver un consensus plein et entier sur le texte.  Elle a appelé à la souplesse et au courage.  « Nous ne pouvons pas être complaisants. »  Le monde exige des réponses, notamment de la part de l’ONU et de ses Membres, a-t-elle ajouté en demandant de se concentrer sur la solidarité.  Le texte envoie un message au monde, a-t-elle continué en appelant chacun à « façonner les Nations Unies que nous voulons pour l’avenir ».  « Nous devons, ensemble, développer le multilatéralisme. »

Le Guatemala a dit être favorable au contenu de la résolution, qui se fonde sur la collaboration et la solidarité.  La question des droits génésiques pourrait cependant être mal interprétée, a-t-il craint, faisant référence au droit à l’avortement qui pourrait être interprété comme allant contre sa législation nationale.

La République de Corée a indiqué avoir voté contre l’amendement au paragraphe 20, qui émanait du Programme 2030 adopté il y a cinq ans.  Le libellé ne couvre pas pleinement les difficultés associées à la pandémie, a-t-elle estimé.  Elle a aussi commenté les dispositions sur la fourniture opportune de l’aide humanitaire dans la lutte contre la COVID-19.

Déclarations d’ordre général

Le Saint-Siège a regretté qu’une résolution de portée générale ait été adoptée sans qu’il y ait un consensus.  Il a insisté sur l’importance de la vaccination et a regretté que les organisations confessionnelles aient été exclues de la liste des groupes impliqués dans la lutte contre la pandémie.  Il a aussi insisté sur la référence fondamentale aux personnes âgées en raison de l’impact de la pandémie sur ce groupe, ainsi que sur le droit à la vie.  Un libellé plus fort sur la nécessité de réformer l’architecture financière internationale aurait également été souhaitable, selon le Saint-Siège.  En outre, il a estimé que la pandémie ne doit pas distraire de la crise climatique actuelle.  Enfin, il a fait part de son opposition à l’avortement et au recours à des mères porteuses.

L’Afghanistan, au nom des cofacilitateurs (Afghanistan et Croatie), a indiqué que 25 millions de personnes ont été infectées par le coronavirus, le monde connaissant actuellement la pire récession depuis la Deuxième Guerre mondiale avec des populations entières qui font face à la famine.  « Aujourd’hui, nous avons vu que l’Assemblée générale est prête à apporter une réponse en dépit de l’absence de consensus. »  Il s’est dit convaincu que la résolution aura un réel impact sur le terrain.

Le Président de l’Assemblée générale a remercié les cofacilitateurs pour « un travail remarquable ».  Le poids de la résolution est clair, a-t-il affirmé, avant d’engager les États Membres à l’appliquer.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

Adoption de la résolution intitulée « Une riposte unie face aux menaces sanitaires mondiales: lutter contre la COVID-19 » (A/74/L.57)

Venue présenter ce texte, l’Arabie saoudite s’est alarmée des dégâts catastrophiques provoqués par la pandémie et a appelé à mettre en place une approche transparente pour jeter les bases solides d’un développement durable équilibré et global pour faire face à cette menace.  Elle a souligné que la coopération entre les États est le seul moyen de surmonter la crise.

Explications de vote

Dans une longue intervention, la République arabe syrienne a demandé des précisions sur les procédures entourant l’adoption de certains projets de résolution.  Elle a estimé que la demande des co-auteurs ne pouvait être considérée, en raison notamment des « éléments fallacieux » contenus dans la lettre transmise par les cofacilitateurs.  La délégation s’est également inquiétée de la prolifération de résolutions sur la pandémie de COVID-19.  Expliquant qu’elle ne s’oppose pas au fond du texte, elle a dit vouloir obtenir des précisions d’ordre procédural et juridique.

Le Président de l’Assemblée générale a expliqué que la procédure d’accord tacite avait été interrompue, mais que le texte n’avait pas été rejeté.  C’est comme cela qu’il faut comprendre la situation, a-t-il indiqué.

La résolution L. 57 a ensuite été adoptée par 122 voix pour, zéro contre et 31 abstentions.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité condamne les attaques contre les écoles, en pleine recrudescence, notamment au Sahel, et demande des « mesures concrètes » pour y remédier

8756e séance – matin
CS/14297

Le Conseil de sécurité condamne les attaques contre les écoles, en pleine recrudescence, notamment au Sahel, et demande des « mesures concrètes » pour y remédier

Dans une déclaration présidentielle, le Conseil a réaffirmé, ce matin, le droit à l’éducation, véritable « contribution à la réalisation de la paix et de la sécurité », et a réitéré sa ferme condamnation des attaques commises contre les écoles, les enfants et les enseignants.  Celles-ci connaissent en effet une recrudescence préoccupante en particulier au Sahel, comme l’ont noté à l’entame de ce débat ouvert la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé et la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). 

En 2019, 494 attaques ont été perpétrées dans le monde contre des écoles, tandis que près de 650 000 enfants ont été touchés, depuis 2017, par la fermeture des écoles en raison de l’insécurité au Sahel.  Le Conseil rappelle que les filles et les femmes peuvent être les victimes d’attaques visant des écoles et endurer des conséquences spécifiques, notamment la violence sexuelle.

Par cette déclaration, les membres du Conseil déplorent l’utilisation d’écoles à des fins militaires -une « violation du droit international humanitaire »- et encouragent les États Membres à prendre des mesures concrètes pour empêcher cette utilisation « par des forces armées et des groupes armés non étatiques ».  Toutes les parties à un conflit armé doivent respecter le caractère civil des écoles.

Les forces armées et de sécurité des États Membres doivent, selon le Conseil, intégrer des mesures concrètes de protection, notamment en s’abstenant d’utiliser des écoles à des fins militaires.  Avant tout, le Conseil demande aux parties à des conflits armés énumérées dans les annexes du rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé de faire cesser les attaques contre les écoles. 

Le Conseil déplore aussi la détérioration continue de la sécurité et l’augmentation du nombre d’actes de terrorisme dans la région du Sahel, qui ont privé des enfants de l’accès à l’éducation en raison de la fermeture des écoles.  Enfin, le Conseil reconnaît l’impact négatif disproportionné de la pandémie de COVID-19 et note le risque accru pour les enfants touchés par des conflits armés de ne pas reprendre leurs études après la fermeture des écoles, en particulier les filles. 

« Nous assistons à l’émergence d’une tactique de guerre, en particulier dans le Sahel, qui cible les écoles précisément parce qu’elles sont des écoles et en particulier lorsqu’elles sont fréquentées par des filles », a déclaré Mme Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé.  « Cela doit cesser », a martelé la Représentante spéciale, en demandant la sanctuarisation des écoles et en rappelant que l’éducation est « un droit, pas un choix ». 

La Représentante spéciale a exhorté toutes les parties belligérantes à mieux protéger écoliers et enseignants et à respecter le caractère civil des écoles.  Les gouvernements ont l’obligation de protéger l’éducation, même par temps de pandémie et de guerre, a dit Mme Gamba.  Aucun chiffre ne peut illustrer les dommages infligés à l’âme de ces jeunes gens qui voient leurs écoles attaquées, a appuyé Mme Henrietta Fore, Directrice générale de l’UNICEF. 

La protection des écoles est une obligation morale que nous avons échoué à faire respecter, a poursuivi la Directrice générale.  Comparant les attaques à une véritable « maladie », Mme Fore a exhorté le Conseil à remédier à ses causes profondes et à aller « au-delà de ce que nous avons déjà fait ».  Même son de cloche du côté de Mme Marika Tsolakis, de la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques, qui a indiqué que près de 100 attaques ont déjà été recensées en 2020 au Sahel. 

Ces trois intervenants ont exhorté les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre les 105 États à avoir signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Mme Tsolakis a demandé une application sexospécifique de cette déclaration, ainsi que la dotation des opérations de paix d’un mandat de protection de l’enfance.  La République dominicaine a suggéré à cet égard la désignation au sein des missions de paix d’un expert en protection des enfants. 

La délégation dominicaine a aussi rappelé l’appel de Malala: « Un enfant, un enseignant, un livre et un crayon peuvent changer le monde. »  Sans oublier l’enseignement à distance pour lequel a plaidé une jeune fille nigérienne, Hadiza, qui s’est adressée spécifiquement au Gouvernement de son pays en l’exhortant à œuvrer au développement de cette forme d’enseignement, en prévoyant les moyens nécessaires à cette fin, en particulier des ordinateurs. 

Cette Déclaration sur la sécurité dans les écoles, signée hier par Saint-Vincent-et-les Grenadines, a été au cœur des interventions des États Membres.  L’Estonie, la France ou bien encore le Viet Nam ont demandé l’universalisation de ce texte, tandis que la République dominicaine a rappelé que le Niger, le Burkina Faso et le Mali font partie des signataires.  Le Royaume-Uni a noté les préoccupations de certains pays devant cette déclaration, qui pourrait ne pas respecter ou aller au-delà du droit existant. 

« Mon pays s’est livré à une analyse poussée de son droit interne et de ses pratiques opérationnelles et a conclu que ce n’est pas le cas », a déclaré le délégué britannique.  Il a ainsi a applaudi les « efforts considérables » du Niger et de la Belgique afin que ladite déclaration soit incluse dans la déclaration présidentielle de ce jour « malgré l’opposition ».  La Belgique, qui préside le Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, a appelé les États non seulement à rejoindre la Déclaration mais aussi à ratifier le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.

« La Déclaration sur la sécurité dans les écoles est le fruit d’un groupe restreint de pays et ne bénéficie pas d’une reconnaissance universelle », a tempéré le représentant de la Fédération de Russie.  Ce dernier a également déploré que la déclaration présidentielle n’aborde pas la question du rapatriement des enfants qui se trouvent dans des zones de conflit.  La séance a enfin été marquée par des explications entre la Fédération de Russie et l’Allemagne autour du bombardement d’écoles en Syrie. 

LE SORT DES ENFANTS EN TEMPS DE CONFLIT ARMÉ

Les attaques visant des écoles, une grave violation des droits de l’enfant

Lettre datée du 1er septembre 2020, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Niger auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2020/881)

Texte de la déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme ses résolutions 1261 (1999), 1314 (2000), 1379 (2001), 1460 (2003), 1539 (2004), 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012), 2143 (2014), 2225 (2015) et 2427 (2018), ainsi que toutes les déclarations pertinentes de sa présidence, qui s’inscrivent dans un cadre général de protection des enfants touchés par des conflits armés. 

Le Conseil réaffirme qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et, à cet égard, qu’il est résolu à s’attaquer aux effets généralisés des conflits armés sur les enfants et à leurs conséquences à long terme sur la paix, la sécurité et le développement durables.

Le Conseil souligne que c’est aux gouvernements qu’il incombe au premier chef d’offrir secours et protection à tous les enfants touchés par les conflits armés et a conscience qu’il importe de renforcer les capacités nationales à cet égard. 

Le Conseil rappelle que toutes les parties à des conflits armés sont tenues de respecter strictement les obligations que leur impose le droit international aux fins de la protection des enfants dans les conflits armés, notamment celles résultant des Conventions de Genève du 12 août 1949 et des Protocoles additionnels de 1977 ainsi que de la Convention relative aux droits de l’enfant et de son Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et se félicite des efforts faits par plusieurs États Membres pour prendre des engagements visant à protéger les enfants touchés par des conflits armés, notamment la ratification du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et les initiatives internationales et régionales prises sur le sort des enfants en temps de conflit armé, notamment la conférence internationale tenue à Paris en 2007 sur la protection des enfants contre une utilisation ou un recrutement illégaux par des groupes ou des forces armés et la conférence de suivi tenue à Paris en 2017, et les engagements pris à ces conférences. 

Le Conseil réitère sa ferme condamnation de toutes les violations du droit international applicable impliquant le recrutement et l’utilisation d’enfants par les parties à un conflit armé ainsi que leur réenrôlement, le meurtre et les mutilations, les viols et autres formes de violence sexuelle, les enlèvements, les attaques contre des écoles et des hôpitaux ainsi que le refus de l’accès humanitaire par les parties à un conflit armé et toutes les autres violations du droit international, notamment du droit international humanitaire, du droit des droits de l’homme et du droit des réfugiés, commises contre des enfants dans des situations de conflit armé et exige que toutes les parties concernées mettent immédiatement fin à ces pratiques et prennent des mesures spéciales pour protéger les enfants. 

Le Conseil réaffirme le droit à l’éducation et sa contribution à la réalisation de la paix et de la sécurité et se déclare gravement préoccupé par l’augmentation considérable des attaques contre des écoles ces dernières années et par le nombre alarmant d’enfants qui sont en conséquence privés de l’accès à une éducation de qualité, ainsi que par les attaques contre des écoles et leurs infrastructures évoquées dans le dernier rapport du Secrétaire général en date du 9 juin 2020 sur le sort des enfants en temps de conflit armé (A/74/845-S/2020/525), par la gravité et la fréquence des menaces d’attaques proférées et des attaques commises contre des écoles, des enfants, des enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles, par l’utilisation d’écoles à des fins militaires, ainsi que par les conséquences graves de ces attaques sur la sécurité des élèves et leur capacité d’exercer leur droit à l’éducation. 

Le Conseil réitère sa ferme condamnation des attaques commises ainsi que des menaces d’attaque proférées, en violation du droit international humanitaire applicable, contre des écoles, des enfants, des enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles, réitère la profonde préoccupation que lui inspire la fermeture d’écoles en temps de conflit armé du fait d’attaques et de menaces d’attaque et exhorte toutes les parties à des conflits armés à mettre immédiatement fin à ces attaques et menaces d’attaques et à s’abstenir de toute action qui entrave l’accès des enfants à l’éducation.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par l’utilisation d’écoles à des fins militaires, en violation du droit international humanitaire applicable, et considère qu’une telle utilisation peut faire des écoles des cibles légitimes d’attaque, mettant ainsi en danger la sécurité des enfants et des enseignants et l’éducation des enfants et, à cet égard, encourage les États Membres à prendre des mesures concrètes pour empêcher l’utilisation d’écoles en violation du droit international applicable par des forces armées et des groupes armés non étatiques, et pour faciliter la poursuite de l’enseignement en situation de conflit armé, et exhorte toutes les parties à un conflit armé à respecter le caractère civil des écoles conformément au droit international humanitaire. 

Le Conseil se déclare particulièrement préoccupé par le fait que de nombreux enfants touchés par des conflits armés, en particulier les filles, n’ont pas accès à l’éducation du fait que les écoles sont la cible d’attaques ou que les bâtiments sont endommagés ou détruits, du fait de la présence de mines et de restes explosifs de guerre, de l’insécurité, de la prévalence de la violence, y compris les violences sexuelles et fondées sur le genre commises sur la personne d’enfants, dans les écoles et à leurs abords, ou de la perte ou de l’absence de documents d’état civil. 

Le Conseil demeure profondément préoccupé par le fait que les filles et les femmes peuvent être les victimes désignées d’attaques visant des écoles, et se déclare préoccupé par les conséquences spécifiques de telles attaques, notamment, mais pas exclusivement, les viols et autres formes de violence sexuelle, les menaces d’attaques, à l’école et sur le chemin de l’école, les enlèvements, les mariages forcés, l’esclavage sexuel, la traite des êtres humains, et toute stigmatisation et conséquence grave qui en résultent pour leur santé, qui peuvent être autant d’obstacles supplémentaires à la poursuite de leur éducation. 

Le Conseil condamne l’impunité pour les violations commises contre des enfants, des enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles dans les situations de conflit armé, ainsi que pour les attaques et menaces d’attaques contre des écoles commises ou proférées en violation du droit international humanitaire, ce qui peut contribuer à la répétition de ces actes, et exhorte les États Membres à faire en sorte que les attaques commises contre des personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles et contre des écoles en violation du droit international humanitaire fassent l’objet d’enquêtes et que les responsables soient dûment poursuivis.

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer à suivre la question de l’utilisation d’écoles à des fins militaires en violation du droit international humanitaire, ainsi que des attaques et des enlèvements d’enfants, d’enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles, et à lui rendre compte à ce sujet, et demande aux équipes spéciales de pays des Nations Unies de suivre de plus près l’utilisation d’écoles à des fins militaires et d’améliorer la communication d’informations à ce sujet. 

Le Conseil encourage le Secrétaire général, avec sa Représentante spéciale pour la question des enfants et des conflits armés et les organes de l’ONU ainsi que les acteurs compétents en matière de protection de l’enfance, à mettre en œuvre et à inclure dans ses rapports les enseignements tirés et les meilleures pratiques concernant le mandat relatif au sort des enfants en temps de conflit armé, s’agissant notamment de la protection des écoles contre les attaques en temps de conflit armé commises en violation du droit humanitaire international, en s’appuyant sur sa résolution 1998 (2011)

Le Conseil exhorte les États Membres à mettre au point des mesures concrètes pour prévenir les attaques et les menaces d’attaques contre les écoles et y faire face, y compris, le cas échéant, en élaborant des cadres juridiques nationaux pour assurer le respect des obligations juridiques internationales pertinentes qui leur sont applicables, et encourage les États Membres à veiller à ce que les cadres stratégiques nationaux incluent, selon qu’il convient, des mesures complètes destinées à prévenir les attaques contre des écoles en violation du droit international humanitaire, contre des enfants, des enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles lors des conflits armés ainsi que dans les phases postérieures aux conflits, avec le concours d’entités compétentes des Nations Unies. 

Le Conseil demande aux États Membres de veiller à ce que leurs forces armées et leurs forces de sécurité, dans la limite des compétences respectives que leur confère la législation nationale, intègrent ou continuent d’intégrer des mesures concrètes de protection des écoles, des enfants, des enseignants et d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles dans la planification et la conduite de leurs opérations, notamment en s’abstenant d’utiliser des écoles à des fins militaires en violation du droit international humanitaire. 

Le Conseil souligne qu’il importe de fournir aux militaires, aux policiers et aux civils chargés du maintien de la paix une formation adéquate, avant le déploiement et pendant la mission, sur les questions de protection des enfants propres à la mission, y compris les attaques contre les écoles, et sur les mesures globales de prévention et de protection appropriées. 

Le Conseil encourage les États Membres touchés par des conflits armés qui ne l’ont pas encore fait à procéder à un recensement des écoles qui ont été la cible d’attaques et des écoles dans lesquelles des enfants, des enseignants ou d’autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles ont fait l’objet de menaces d’attaques.

Le Conseil appelle les États Membres à fournir l’assistance nécessaire aux enfants, y compris ceux qui sont en situation de vulnérabilité, tels les déplacés, les réfugiés et les enfants handicapés, les enseignants et les autres personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles touchées par des attaques contre des écoles ou par l’utilisation d’écoles à des fins militaires en violation du droit international et à prendre immédiatement des mesures pour remettre en état, réparer ou remplacer les écoles qui ont été attaquées et rétablir l’accès des enfants aux écoles en toute sécurité, en soulignant qu’il faut protéger et soutenir les enseignants, qui jouent un rôle important à cet égard, et demande que l’UNICEF et les autres entités compétentes des Nations Unies, ainsi que les organismes internationaux et régionaux, continuent d’aider les États Membres qui le souhaitent. 

Le Conseil insiste sur la nécessité pour les États Membres de faciliter la continuité de l’enseignement dans les situations de conflit armé, y compris en recourant à l’apprentissage à distance et aux technologies numériques, et à cet égard appelle les États Membres à promouvoir des tels programmes d’enseignement, et encourage la communauté internationale à soutenir les services d’enseignement à distance.

Le Conseil demande à nouveau aux parties à des conflits armés énumérées dans les annexes du rapport du Secrétaire général sur le sort des enfants en temps de conflit armé qui ne l’ont pas encore fait d’élaborer et de mettre en œuvre sans plus tarder, avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies, des plans d’action destinés à prévenir et à faire cesser les attaques ou les menaces d’attaques contre des personnes ayant droit à une protection qui sont liées aux écoles ainsi que contre des écoles en violation du droit international humanitaire.

Le Conseil se déclare préoccupé par le caractère régional et transfrontalier des violations et atteintes que subissent les enfants touchés par des conflits armés et demande aux États Membres, aux missions de maintien ou de consolidation de la paix et aux missions politiques des Nations Unies ainsi qu’aux équipes de pays des Nations Unies et aux organismes régionaux et sous-régionaux, dans le cadre de leurs mandats respectifs et en étroite coopération avec les gouvernements des pays concernés, de continuer à s’efforcer de mettre au point et d’appliquer des stratégies et des mécanismes de coordination appropriés pour les échanges d’informations et la coopération concernant les questions de protection de l’enfance, en particulier les problèmes transfrontières, et de veiller à ce que la protection de l’enfance soit prise en compte dans les stratégies et mécanismes de coordination transfrontières déjà existants, en ayant à l’esprit les conclusions pertinentes du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés et l’alinéa d) du paragraphe 2 de sa résolution 1612 (2005).

Le Conseil se déclare préoccupé par la détérioration continue de la sécurité et de la situation humanitaire et par l’augmentation du nombre d’actes de terrorisme dans la région du Sahel, qui ont coûté la vie à de nombreux civils ainsi qu’à de nombreuses personnes déplacées, et privé des enfants de l’accès à l’éducation en raison de la fermeture des écoles. 

Le Conseil se félicite du renforcement de la surveillance et de la communication de l’information concernant l’impact des dynamiques régionale et sous-régionale des conflits armés sur les enfants dans le bassin du lac Tchad et encourage l’adoption d’une approche similaire pour la surveillance et la communication de l’information dans les régions concernées, notamment la région du Sahel. 

Le Conseil prend note des initiatives internationales et régionales prises sur le sort des enfants en temps de conflit armé, et prend également note des efforts faits pour promouvoir et protéger le droit à l’éducation et pour faciliter la poursuite de l’enseignement en situation de conflit armé, y compris les efforts faits par les États Membres qui sont signataires de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Le Conseil prend note de la résolution 74/275 de l’Assemblée générale, qui a institué la Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, souligne la nécessité de l’accès à une éducation de qualité pour toutes les filles et tous les garçons en temps de conflit armé, y compris celles et ceux qui suivent des programmes de réintégration, notant que les écoles peuvent offrir des espaces sûrs d’une importance vitale, des services de soutien psychosocial et autres, promouvoir les compétences, être une base pour l’apprentissage tout au long de la vie et contribuer à la stabilité et à la réduction de la pauvreté et, à cet égard, reconnaît l’importance de l’éducation pour ce qui est de prévenir les conflits violents et de pérenniser la paix.

Le Conseil demande aux États Membres de protéger les écoles en tant qu’espaces libres de toute forme de violence, de veiller à ce qu’elles soient accessibles à tous les enfants, y compris aux enfants en situation de vulnérabilité, et de prendre des mesures pour apporter une réponse à la question de l’exercice du droit à l’éducation dans des conditions d’égalité entre les filles et les garçons. 

Le Conseil réaffirme les appels à un cessez-le-feu mondial lancés par le Secrétaire général, tels qu’il les a appuyés dans sa résolution 2532 (2020) et tels que les a réaffirmés la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés à la lumière de la pandémie de COVID-19, ainsi que l’appel de la Représentante spéciale à préserver et à respecter le caractère civil des écoles, comme l’exige la protection des enfants en temps de conflit armé.

Le Conseil reconnaît l’impact négatif disproportionné de la pandémie de COVID-19, notamment l’impact socioéconomique, et les effets néfastes sur les enfants en temps de conflit armé et des enfants séparés de groupes armés et de forces armées qui bénéficient d’une aide à la réintégration, et note le risque accru pour les enfants touchés par des conflits armés de ne pas reprendre leurs études après la fermeture des écoles, en particulier les filles, ce qui les rend plus vulnérables au travail des enfants et au recrutement d’enfants ainsi qu’au mariage forcé et, à cet égard, exhorte les États Membres à assurer l’accès à une éducation de qualité pour tous. 

Le Conseil réitère sa détermination à assurer le respect et la mise en œuvre de ses résolutions et des déclarations de sa présidence concernant le sort des enfants en temps de conflit armé, ainsi que le respect d’autres engagements et obligations internationaux en matière de protection des enfants touchés par les conflits armés. 

Déclarations

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour le sort des enfants en temps de conflit armé, a rappelé que dans sa résolution 2143 (2014), le Conseil de sécurité a reconnu que l’utilisation des écoles à des fins militaires entrave gravement l’accès à l’éducation des enfants et appelé les États à prendre des mesures concrètes pour y remédier.  Certains membres ont ensuite lancé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, qui compte aujourd’hui 105 signataires.  « Cela montre bien que quand on veut, on peut », a déclaré Mme Gamba, tout en notant l’insuffisance des progrès en la matière.  « Au contraire, il semble que nous assistons à l’émergence d’une tactique de guerre, en particulier dans le Sahel, qui cible les écoles précisément parce qu’elles sont des écoles et en particulier lorsqu’elles sont fréquentées par des filles », a déclaré la Représentante spéciale.  Ces deux dernières années au Mali, des enseignants ont essuyé des menaces, tandis que des bâtiments scolaires ont été démolis et du matériel éducatif a été brûlé, conduisant à la fermeture de plus de 1 260 écoles.  Une tendance similaire est à l’œuvre au Burkina Faso, qui a enregistré la fermeture de 2 500 écoles.  En Asie et en Amérique du Sud, la Représentante spéciale a fait état d’attaques grandissantes entravant l’accès à l’éducation au sein des communautés autochtones. 

Mme Gamba a déclaré que la pandémie n’a fait qu’aggraver les choses, les fermetures d’écoles et l’effondrement des économies constituant un terrain favorable pour l’enrôlement d’enfants, les violences sexuelles à leur endroit ou bien encore les mariages d’enfants.  La privation d’éducation des enfants revient à éliminer l’outil à leur disposition pour surmonter le désespoir et se forger un avenir.  « Cela doit cesser », a martelé la Représentante spéciale, en demandant la sanctuarisation des écoles et en rappelant que l’éducation est un droit, pas un choix.  Elle a exhorté toutes les parties belligérantes à mieux protéger écoliers et enseignants et à respecter le caractère civil des écoles.  Les gouvernements ont l’obligation de protéger l’éducation, même par temps de pandémie et de guerre.  En conclusion, la Représentante spéciale a espéré que les différentes mesures et initiatives, y compris ce débat public, permettront de renforcer l’élan en vue d’améliorer la protection des écoles et de mettre un terme aux attaques contre l’éducation.  « Agissons maintenant. »

Mme HENRIETTA FORE, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a indiqué que la pandémie perturbe l’apprentissage scolaire de plus d’un milliard d’enfants dans le monde.  Elle a rappelé les 494 attaques perpétrées contre les écoles l’année dernière, ajoutant que ces attaques semblent n’avoir pour but que de priver des enfants et des communautés de tout espoir en l’avenir.  Un cinquième de ces attaques de 2019 a eu lieu en Afrique de l’Ouest et centrale, y compris la région sahélienne.  D’année en année, ce nombre ne fait que croître, a-t-elle déploré, en mentionnant les 55 écoles attaquées au cours des 18 derniers mois au Burkina Faso ainsi que plus de 340 écoles qui ont dû être fermées au Niger en raison de l’insécurité.  La Directrice générale a déclaré qu’un nombre disproportionné d’enfants ayant besoin d’une protection humanitaire vivent dans le Sahel.  Elle a indiqué que les enfants privés d’école courent un risque accru d’être enrôlés par des groupes armés et d’être la cible de violences.  « Aucun chiffre ne peut illustrer les dommages infligés à l’âme de ces jeunes gens qui voient leurs écoles attaquées », a affirmé Mme Fore. 

La protection des écoles est une obligation morale que nous avons échoué à faire respecter, a poursuivi la Directrice générale, avant de détailler les efforts de l’UNICEF pour remédier aux besoins des enfants privés d’école.  L’UNICEF fournit kits scolaires et cahiers au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie.  L’UNICEF apporte un soutien psychosocial aux enfants ayant été témoins « de ce que l’humanité a de pire » et œuvre de concert avec les gouvernements de la région sahélienne au développement de l’enseignement à distance.  L’UNICEF voit dans cette pandémie l’occasion de développer un tel enseignement, qui constitue une réelle alternative pour les enfants vivant dans une situation de conflit, a-t-elle argué. 

Appelant à la générosité des donateurs, Mme Fore a rappelé que le manque de financement dans le domaine de l’éducation est criant au Sahel, soulignant la nécessité de le combler afin que les pays sahéliens ne perdent pas une « génération entière de jeunes cerveaux ».  Reconnaissant que ces efforts ne visent qu’à remédier aux symptômes, elle a exhorté le Conseil à remédier aux causes de cette maladie que sont les attaques liées à l’éducation.  « Traiter cette maladie implique que nous allions au-delà de ce que nous avons déjà fait. »  Mme Fore a ainsi exhorté le Conseil à condamner toutes ces attaques; à prendre des mesures concrètes pour protéger l’accès à l’éducation; à mettre un terme à l’impunité des responsables de violations du droit international et à signer la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  « Il n’y a pas d’excuses.  Nous devons mettre un terme à l’utilisation militaire des écoles.  Maintenant. »  Enfin, la Directrice générale a exhorté le Conseil à continuer de faire de cette question une priorité.

Mme MARIK TSOLAKIS, chercheuse principale à la Coalition mondiale pour la protection de l’éducation contre les attaques, a relevé que 105 États ont adopté la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, mais que les attaques violentes contre les écoles se poursuivent à un rythme alarmant dans le monde.  La Coalition mondiale a répertorié au moins 11 000 attaques contre l’éducation au cours des cinq dernières années et signalé que, dans au moins 34 pays, les établissements scolaires ont été utilisés à des fins militaires, aussi bien par les forces de l’État que par des groupes armés non étatiques.

Elle a alerté que la situation au Sahel est particulièrement préoccupante, notamment au Burkina Faso, au Mali et au Niger où des groupes armés menacent, enlèvent et tuent régulièrement les enseignants et détruisent les écoles à l’aide d’engins explosifs.  Les militaires et les groupes armés ont également tous deux utilisé des établissements scolaires comme lieu d’exécution.  Près de 100 attaques ont déjà été recensées en 2020 lesquelles, a-t-elle expliqué, provoquent la fuite ou l’arrêt de travail des enseignants et la suspension des cours.  Craignant d’être les prochaines cibles, les écoles environnantes ferment à leur tour leurs portes, ce qui se répercute sur l’apprentissage de centaines de milliers d’enfants.  En outre, les victimes souffrent de répercussions psychologiques et économiques à long terme et n’obtiennent pas l’appui dont elles ont besoin.

Mme Tsolakis a aussi indiqué que des groupes armés ont eu recours à la force pour maintenir la fermeture des écoles qui avaient fermé leurs portes en raison de la pandémie de COVID-19.  Au Mali, 27 attaques et 500 menaces ont été signalées au courant du mois de juin 2020, tandis qu’au Burkina Faso, 13 écoles ont été la cible d’attaques fin juillet dans un seul district, s’est-elle inquiétée.

Poursuivant, l’experte a engagé le Conseil de sécurité à entériner et mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles de façon sexospécifique.  Elle l’a également appelé à appuyer les équipes de pays de l’ONU pour leur permettre d’intervenir en toute sécurité auprès des parties à un conflit pour qu’elles signent des plans d’action visant à mettre un terme et prévenir les attaques contre les écoles.  Mme Tsolakis a également voulu que les opérations de paix et les missions politiques spéciales soient dotées d’un mandat de protection de l’enfance et de l’appui nécessaire pour contrôler et signaler les attaques contre les écoles ou leur utilisation à des fins militaires.  Il conviendrait en outre d’intégrer la question de la protection des étudiants, des enseignants, des écoles et des universités aux agendas « protection des civils » et « jeunes, paix et sécurité », a-t-elle recommandé.

La jeune femme invitée du Conseil, HADIZA, a noté les graves conséquences sociales du déni d’accès à l’éducation des enfants.  Ceux-ci sont pourtant les espoirs de demain, a-t-elle déclaré.  Elle a ensuite égrené les sévices et violences endurés par des camarades au Niger, en particulier la violence sexuelle qui vise les jeunes filles.  Elle a imputé ces violences à des groupes et individus qui ne veulent pas voir les enfants fréquenter « des écoles occidentales ».  « Voudriez-vous voir vos enfants souffrir de la sorte? » a-t-elle lancé aux membres du Conseil.  « Évidemment que non. »

Elle a ainsi demandé l’adoption d’une véritable stratégie au niveau international afin de garantir aux enfants un accès à l’éducation, en particulier pour les filles.  Elle a aussi plaidé pour une meilleure sécurisation des écoles en temps de conflit, afin de mieux protéger les droits des enfants, et appelé à une mobilisation de la communauté internationale afin de prévenir les attaques contre les écoles.  Enfin, elle s’est adressée spécifiquement au Gouvernement du Niger en l’exhortant à œuvrer au développement de l’enseignement à distance, en prévoyant les moyens nécessaires à cette fin, en particulier des ordinateurs.  Les écoles ne doivent pas être utilisées à des fins militaires, a aussi demandé Hadiza. 

Mme RIMANA YOUSSOUF ASSANE MAYAKI, Présidente du Parlement des jeunes du Niger, a indiqué qu’elle n’a pas eu de difficultés lors de sa scolarité mais que cela aurait été une autre histoire si elle était née ailleurs au Niger.  Des écoles ont été brûlées et des enseignants ont été menacés, a-t-elle dit.  Elle a énuméré les causes du terrorisme, parmi lesquelles la pauvreté, le chômage, une idéologie religieuse dévoyée et un manque d’accès à l’éducation.  En conséquence, l’illettrisme gagne du terrain et les parents sont contraints de marier leurs filles afin de les préserver de l’insécurité dans les écoles.  « Une génération entière a vu son enfance se dérouler au son des armes », a-t-elle dit, avant de rappeler l’importance du droit à la vie et à l’éducation. 

Mme Mayaki a déclaré que l’éducation des enfants vivant dans une situation de conflit armé est au cœur du travail du Parlement des jeunes du Niger, qu’elle préside.  Lors de sa dernière session, les membres du Parlement ont, pendant deux heures, pu partager leurs indignations et recommandations avec le Premier Ministre et le Ministre de la justice du Niger, a-t-elle indiqué. 

S’exprimant au nom des A3+1 (Afrique du Sud, Tunisie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Niger), M. ABDOU ABARRY (Niger) s’est félicité qu’à l’occasion de ce débat public sur les attaques contre les écoles, le Conseil de sécurité donne la parole à des victimes de ce phénomène.  Face à cette « barbarie de notre temps », il a jugé essentiel que le Conseil de sécurité évalue les progrès réalisés depuis l’adoption de la résolution 1998 (2011) et des résolutions connexes ultérieures, et qu’il renouvelle son engagement à offrir un environnement d’apprentissage adéquat à tous les enfants. 

Saluant les développements intervenus dans la protection des écoles au niveau mondial, M. Abarry a estimé que la signature d’un plan d’action pour décourager les attaques contre les écoles, entre un groupe armé en République centrafricaine et le Bureau de la Représentante spéciale pour le sort des enfants en temps de conflit armé, mérite d’être citée en exemple.  Il s’est également félicité que le Mali ait mis en œuvre les engagements pris dans la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et que le Burkina Faso, en raison de la pandémie de COVID-19, ait étendu l’enseignement à distance aux enfants touchés par le conflit, en collaboration avec l’UNICEF, l’UNESCO, et les organismes régionaux. 

Convaincu de la nécessité d’assurer une éducation de qualité aux enfants, y compris ceux qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité, M. Abarry a aussi jugé important d’accorder une attention particulière aux violences et aux traumatismes subis par les filles dans les situations de conflit.  Il s’est par ailleurs réjoui que la déclaration présidentielle, adoptée à son initiative et à celle de la Belgique, se concentre sur le ciblage des écoles dans le cadre plus large de la protection des enfants dans les conflits armés et appelle à des « efforts hardis » pour remédier aux effets néfastes de ces attaques, en particulier le travail des enfants, le recrutement forcé des enfants par des groupes armés et le mariage précoce. 

Si les écoles sont devenues la cible des groupes armés terroristes, notamment au Sahel, c’est parce qu’elles constituent « un creuset du savoir », a souligné le représentant.  Dès lors, a-t-il ajouté, il importe que les États adoptent des législations et des politiques axées sur la protection de l’enfant, qui prennent en compte la dimension genre et qui soient conformes au droit international humanitaire, à la Convention relative aux droits de l’enfant et à ses protocoles facultatifs concernant les enfants dans les conflits armés.  Il convient également que les États s’engagent à respecter davantage le caractère civil des écoles, a-t-il plaidé, appelant en conclusion au soutien des opérations de réhabilitation et de reconstruction des écoles détruites, meilleure réponse, selon lui, pour « renforcer le rôle des écoles comme vecteur de promotion et de consolidation de la paix ». 

M. PHILIPPE KRIDELKA (Belgique) a estimé que la première Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques doit servir de « signal d’alarme », l’ONU ayant recensé en 2019 près de 500 attaques contre des écoles dans des zones de conflit, avec un nombre de violations graves vérifiées par l’ONU qui a triplé depuis 2010.  Au Sahel, par exemple, le nombre d’écoles fermées suite aux violences a été multiplié par six depuis 2017.  De plus, des centaines de milliers de filles sont exposées au risque de ne plus jamais retourner à l’école et des générations entières se voient privées de leurs espoirs.  C’est notre devoir collectif de protéger le droit à l’éducation pour tous, a-t-il souligné, apportant son plein soutien à la déclaration présidentielle adoptée ce jour. 

M. Kridelka a rappelé que la lutte contre l’impunité est une des pierres angulaires de la politique étrangère de la Belgique.  Il s’est donc réjoui que la déclaration présidentielle condamne l’absence de responsabilité pour les violations commises et demande aux États Membres d’assurer l’enquête et la poursuite des responsables des attaques en violation du droit international humanitaire.  Conformément aux résolutions de ce Conseil, toute la gamme des mécanismes de justice doit être utilisée, y compris les cours et tribunaux pénaux nationaux, internationaux ou mixtes, et les mécanismes de justice transitionnelle, a-t-il fait valoir.

En tant que Présidente du Groupe de travail sur le sort des enfants en temps de conflit armé, la Belgique a indiqué que son ambition était d’adopter des conclusions concernant chacune des 14 situations de conflit armé avec des parties qui commettent des violations graves contre des enfants.  Elle s’efforce également de maintenir les forces du mandat du Conseil de sécurité concernant les enfants en situations de conflit armé, notamment l’intégrité et l’impartialité du mécanisme d’inscription sur la liste des parties qui se livrent à des violations des droit de l’enfant, un « outil précieux et puissant », selon le représentant.  En outre, M. Kridelka a jugé plus pertinent que jamais que les questions de protection des enfants soient au centre des efforts de médiation et des formations des personnels chargés du maintien de la paix.  En conclusion, il a appelé tous les États à rejoindre la Déclaration sur la sécurité des écoles, à ratifier le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, et à souscrire aux Principes de Paris et de Vancouver. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a déploré la nette augmentation du nombre d’écoles qui ont été obligées de fermer leurs portes en raison de l’insécurité au Sahel, avec des conséquences négatives pour près de 650 000 enfants depuis 2017.  Il a souligné l’importance d’assurer un suivi des attaques liées aux écoles, de ventiler les données selon le genre et de renforcer la reddition de la justice.  Il a également souhaité que les missions onusiennes soient dotées d’une capacité spécifique de protection des enfants, avant de rappeler que son pays a signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.

Le délégué a défendu une protection spécifique pour les filles qui sont souvent prises pour cible en raison de leur genre et sont victimes de violence sexuelle.  L’Estonie continue d’appuyer l’accès à l’éducation au Liban, en Jordanie, en Turquie et en Afrique de l’Est, ainsi qu’auprès des déplacés dans l’est de l’Ukraine.  M. Jürgenson a noté que la pandémie n’a pas abouti à une baisse des attaques et a aggravé la vulnérabilité des écoles et des écoliers.  Enfin, le représentant a indiqué que des mesures concrètes sont à prendre pour mieux protéger les écoles, les écoliers et les enseignants.  Il s’agit d’une des manières les plus efficaces de remédier aux causes des conflits et de la violence et d’assurer une paix et une sécurité sur le long terme, a-t-il conclu.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a rappelé que 494 attaques ont été perpétrées contre des écoles en 2019 et s’est préoccupé de l’utilisation des écoles à des fins militaires.  La pandémie n’a fait qu’aggraver la situation, a-t-il ajouté.  Le délégué a estimé que la protection des enfants par temps de conflit armé demeure une tâche primordiale de ce Conseil, avant de rappeler la responsabilité première qui incombe à chaque État Membre de mieux protéger les enfants, qui sont « notre avenir ».  Les écoles doivent être des sanctuaires dans les zones de conflit et offrir un abri aux enfants vulnérables, a-t-il insisté.

Le délégué a défendu une approche conjuguant prévention, médiation et instauration d’un environnement propice pour remédier aux causes profondes de telles attaques.  Il a appelé toutes les parties belligérantes à se conformer au droit international humanitaire et souligné l’importance, à ce titre, de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Tous les pays qui ne l’ont pas encore fait devraient signer cette déclaration, a-t-il recommandé.  Enfin, le représentant du Viet Nam a redit l’engagement robuste de son pays en faveur de la protection des enfants et de leur accès à l’éducation.

Pour Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis), il faut prendre en compte, dans la quête d’une paix et d’une sécurité durables, les conséquences des échecs à faire respecter les règles de protection des enfants et des écoles.  Les terroristes ciblent de manière délibérée les écoles parce qu’elles sont essentielles à la résilience des communautés et qu’elles sont un symbole des institutions gouvernementales, a-t-elle fait remarquer.  Elle a rappelé que les filles sont disproportionnellement prises pour cibles par les groupes opposés à l’égalité entre les genres s’agissant de l’accès à l’éducation.  Mme Norman-Chalet a déploré la recrudescence des attaques dans le centre du Sahel contre les enfants, près de cinq millions d’entre eux ayant besoin d’une assistance humanitaire.  La fermeture de centaines d’écoles a affecté près de 650 000 enfants.  La violence ayant conduit à ces fermetures doit cesser immédiatement, a martelé la déléguée. 

Mme Norman-Chalet a indiqué que son pays a pour priorité non seulement d’apporter une protection vitale aux enfants mais aussi d’appuyer les efforts permettant une autonomisation des enfants sur le long terme, notamment par l’éducation.  « Nous avons récemment donné 2,3 millions de dollars pour étendre le programme de riposte d’urgence du Burkina Faso dans le cadre du programme “L’Éducation ne peut pas attendre” afin de préserver les services éducatifs auprès des communautés affectées par un conflit. »  L’Administration Trump est plus que jamais engagée en faveur de l’autonomisation des enfants, a conclu la représentante des États-Unis.

Mme MORRISON (République dominicaine) a condamné les attaques contre les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires.  « Les parties doivent immédiatement mettre un terme à une telle utilisation. »  Elle a insisté sur la pertinence de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, tout en notant que le Niger, le Burkina Faso et le Mali font partie des 104 signataires, dont la République dominicaine.  Elle a plaidé pour l’universalisation de ce texte et enjoint les États qui ne l’ont pas encore fait à la signer.  La déléguée a demandé que les attaques contre les écoles fassent l’objet d’une enquête systématique et que leurs auteurs soient traduits en justice, la Cour pénale internationale étant d’un appui crucial à cet égard. 

Une autre mesure importante est la sensibilisation et la formation des forces de défense et de sécurité nationales au droit international, a recommandé la déléguée, qui a aussi souhaité que l’éducation des enfants puisse se poursuivre en temps de conflit armé.  La déléguée a ensuite insisté sur la vulnérabilité particulière des filles, qui sont souvent la cible d’actes de violence odieuse lorsqu’elles sont à l’école ou sur le chemin de l’école.  À cette aune, elle a notamment souhaité la désignation au sein des missions de paix d’un expert en protection des enfants.  La déléguée a conclu son intervention par ces mots de Malala: « Un enfant, un enseignant, un livre et un crayon peuvent changer le monde. »

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a fait remarquer que depuis l’adoption des résolutions 1612 (2005) et 1998 (2011), la situation des enfants impliqués dans un conflit armé fait l’objet d’un suivi constant de la part du Conseil de sécurité.  Il a espéré que l’adoption, aujourd’hui, de la déclaration présidentielle permettra de renforcer le régime de protection des enfants ainsi que le droit international.  Le représentant s’est dit satisfait que les normes du droit international humanitaire permettent d’identifier quelles infrastructures sont civiles ou militaires.  Il est important que les informations en la matière ne soient pas ambiguës, a-t-il insisté avant d’appeler au respect des normes du droit international humanitaire. 

Poursuivant, M. Kuzmin a fait observer que la Déclaration sur la sécurité dans les écoles est le fruit d’un groupe restreint de pays et ne bénéficie pas d’une reconnaissance universelle.  Il a également déploré que la déclaration présidentielle n’aborde pas la question du rapatriement des enfants qui se trouvent dans des zones de conflit.  Il a fait savoir que la Russie avait rapatrié des enfants russes depuis la Syrie et a engagé les autres États Membres à faire de même.  S’agissant justement du conflit Syrien, le délégué a appelé à accorder une attention toute particulière à la reconstruction des écoles, jugeant en outre indispensable de fournir du matériel scolaire à la Syrie.  Il a en outre dénoncé les groupes armés qui s’en prennent délibérément aux écoles. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a rappelé son engagement en faveur de la protection des enfants et des écoles et s’est réjouie de l’adoption de la déclaration présidentielle portée par le Niger et la Belgique.  Au lendemain de la première Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, elle a constaté que la « réalité glaçante » de ces agressions a perduré en 2019 et se poursuit en 2020, en totale violation du droit international.  La pandémie de coronavirus amplifie ces difficultés, a-t-elle relevé, ajoutant que la fermeture des écoles expose davantage les enfants, et en particulier les filles, au travail précoce mais aussi aux mariages précoces et forcés. 

Dans ce contexte, le Conseil de sécurité doit rester mobilisé, à travers son groupe de travail mais également dans l’ensemble de son action, a plaidé la déléguée.  Pour sa part, la France continuera à appeler à l’endossement universel des Principes et engagements de Paris, qui font de la scolarisation une priorité pour lutter contre le recrutement et contre l’exploitation d’enfants, et de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Affirmant avoir fait de l’éducation une priorité de son action extérieure, elle a indiqué avoir sensiblement augmenté son aide bilatérale dans ce domaine et soutenir activement l’UNESCO en la matière, notamment pour renforcer la résilience des jeunes face à l’extrémisme violent au Sahel. 

La France, a poursuivi la représentante, s’est également réengagée en 2018 au sein du Partenariat mondial pour l’éducation, avec une contribution de 200 millions d’euros pour le cycle 2018-2020.  Elle participera activement à la campagne de mobilisation des ressources en vue de la conférence de reconstitution des fonds de ce partenariat pour l’été 2021, a-t-elle assuré.  La France soutient en outre la mise en place d’environnements protecteurs pour les filles au sein des écoles via l’initiative « Priorité à l’égalité », qui intervient dans les pays du Sahel. 

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a rendu hommage aux jeunes intervenants de Niamey et Diffa pour leur courage et leur récit de persévérance dans la recherche de la justice, avant de rappeler que l’Allemagne a été à l’initiative de la résolution 1998 (2011) qui a mis en place des normes et des dispositions pour la protection des écoles et des hôpitaux.  Constatant avec regret que les attaques et les menaces d’attaque sont en augmentation, il a estimé que l’initiative prise par le Niger et la Belgique de mettre à jour la résolution 1998 avec une déclaration présidentielle tombe à point nommé.  Pour la délégation, il importe que le Conseil reconnaisse la menace persistante pour les enfants résultant des attaques contre les écoles et qu’il prescrive des mesures opérationnelles supplémentaires. 

Les écoles sont bien davantage que des lieux d’éducation, a fait valoir le représentant, condamnant notamment les attaques perpétrées en Syrie, où, comme l’a dénoncé en février le Ministre allemand des affaires étrangères, « le régime et la Russie » ont bombardé des infrastructures civiles, telles que des écoles et des hôpitaux.  M. Sautter s’est également élevé contre les attaques ciblant des écoles pour filles, ces dernières souffrant de manière disproportionnée de ces violences.  Il a encouragé ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et à la mettre en œuvre.

M. Sautter s’est déclaré préoccupé des effets de la pandémie de COVID-19, qui prive d’éducation des millions d’écoliers, et de la situation dans les zones de conflit, où les enfants n’ont souvent aucun accès aux services de santé et manquent d’un approvisionnement alimentaire régulier.  Il a appelé à appuyer l’appel du Secrétaire général en faveur de « stratégies agressives de retour à l’école ».  Le délégué s’est par ailleurs réjoui que la déclaration présidentielle adoptée ce jour contienne des mesures concrètes pour améliorer le suivi de la dynamique régionale et sous-régionale des conflits armés concernant les enfants.  Selon lui, les attaques et les enlèvements commis par Boko Haram sont un exemple visible de violations des droits des enfants qu’il faut surveiller, prévenir et juger.  Avant de conclure, il a plaidé pour que le Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés continue de suivre de près la situation des enfants dans les conflits à l’ordre du jour du Conseil, saluant l’action de la Belgique dans ce sens. 

M. ZHANG JUN (Chine) a regretté que plus d’un quart des pays du monde continuent d’être affectés par la violence et les conflits et que pour les enfants qui y vivent, les attaques contre les écoles privent nombre d’entre eux de leur droit à l’éducation.  Les écoles ne doivent pas être les victimes de conflits armés, a-t-il martelé en appelant la communauté internationale à agir pour permettre à chaque enfant de réaliser ses rêves.  Les attaques contre les écoles sont une ligne rouge à ne pas franchir, a-t-il tranché.

L’éducation, a poursuivi le représentant, est fondamentale car elle permet de réaliser une vision de paix et d’engager les pays sur la voie du développement durable.  Il a appelé à renforcer la résilience des écoles et empêcher qu’elles ne deviennent la cible d’attaques armées.  Il faut également régler des problèmes pratiques tels que le financement et la mise à disposition des technologies.  L’éducation ne doit pas être soumise à des interruptions forcées parce que les écoles ont été détruites, a insisté M. Zhang qui a jugé « fondamental » de reconstruire les écoles.  Estimant que les technologies numériques et l’apprentissage à distance doivent permettre de réduire au minimum les perturbations dans l’enseignement, il a appelé à élargir les possibilités d’apprentissage à distance dans les zones de conflit.  Il a aussi appelé à atténuer l’impact des mesures unilatérales.  M. Zhang a ensuite fait le point sur les efforts déployés par la Chine pour reconstruire des écoles, notamment à Bujumbura et au Liban.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a estimé que les droits des enfants doivent être garantis afin de leur permettre de devenir nos futurs agents de paix.  Il a noté à cet égard que l’accès à une éducation de qualité est un droit pour les enfants qui leur donne les bases nécessaires pour contribuer à la paix et à la sécurité.  Les exposés faits à l’occasion de cette séance montrent toutefois que les conflits font obstacle à ce droit, a constaté le délégué, dénonçant les quelque 500 attaques qui ont visé des écoles en 2019.  Dans un tel contexte, il s’est félicité de l’adoption, ce jour, d’une déclaration présidentielle exprimant un soutien ferme à la protection des enfants et des écoles. 

Le représentant a fait valoir qu’il revient en premier lieu aux gouvernements nationaux de protéger les enfants et de répondre à leurs besoins en matière d’éducation.  Soulignant son engagement à assurer l’accessibilité de l’éducation pour tous, il a indiqué que son système éducatif, le quatrième mondial par la taille, représente environ 646 000 établissements, 3 millions d’enseignants et 60 millions d’écoliers et étudiants.  Il a également jugé que les gouvernements, les agences de l’ONU et la société civile ont un rôle à jouer pour rétablir un accès sûr aux écoles.  Il a salué à cet égard le soutien des missions de paix qui s’emploient à réparer ou remplacer les écoles victimes d’attaques, tout en les appelant à trouver des moyens novateurs pour dispenser une éducation de qualité dans les zones de conflit, comme s’efforcent de le faire les Casques bleus indonésiens.  Enfin, il a appuyé fermement le respect du caractère civil des écoles, y compris pendant la pandémie de COVID-19, ajoutant que l’appel à un cessez-le-feu mondial pourrait être un moment critique pour la reconstruction des écoles dans les situations de conflit. 

L’éducation est un droit humain, a déclaré Mme SONIA FARREY (Royaume-Uni), avant de dire sa préoccupation devant la recrudescence des attaques contre les écoles, y compris au Burkina Faso et au Mali.  Elle s’est félicitée de la décision du Secrétaire général d’inclure le Burkina Faso et le Cameroun dans son prochain rapport sur les enfants et les conflits armés.  Elle a rappelé que ces attaques affectent de manière disproportionnée les filles et visent souvent à entraver leur accès à une éducation.  Les filles sont déjà confrontées à des défis de taille dans la région sahélienne et dans le monde, notamment la violence sexuelle, et les fermetures massives d’écoles en raison de la pandémie ont accru ces défis, a-t-elle relevé.  Elle a souhaité que les filles, d’ici à 2030, puissent bénéficier de 12 années d’une éducation de qualité, ajoutant que son pays a fourni 117 millions de dollars au fonds mondial éducatif dans des situations d’urgence intitulé « L’Éducation ne peut pas attendre ».

Le Royaume-Uni a par ailleurs signé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, aux côtés de plus de 100 pays.  Elle a noté les préoccupations de certains pays devant cette déclaration, qui pourrait ne pas respecter ou aller au-delà du droit existant.  Mon pays s’est livré à une analyse poussée de son droit interne et de ses pratiques opérationnelles et a conclu que ce n’est pas le cas, a-t-elle dit.  Elle a applaudi les efforts considérables du Niger et de la Belgique afin que ladite déclaration soit incluse dans la déclaration présidentielle de ce jour malgré l’opposition et exhorté les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à signer cette déclaration.  Il est temps de prendre au sérieux la question de la protection de l’éducation, a conclu la représentante.

Reprenant la parole, M. KUZMIN (Fédération de Russie) s’est étonné des accusations de l’Allemagne qui a affirmé que Russie et Syrie continuent de bombarder des écoles.  Le représentant russe a enjoint la délégation allemande à respecter les normes de politesse diplomatique, soulignant notamment que l’on ne peut pas qualifier des États souverains de « régime », en tout cas dans l’enceinte de l’ONU.

Le délégué a affirmé que suite à des pressions exercées sur l’ONU pour créer une commission d’enquête sur les incidents dans le nord-ouest de la Syrie, la Russie avait organisé, le 16 septembres 2019, une réunion pour présenter des preuves démentant les accusations en question.  S’en est suivi une campagne de « fake news » dont on nous cache les sources, a-t-il déploré.  Le représentant a ensuite affirmé que les forces aériennes russes frappent des cibles précises et non pas des infrastructures civiles.

M. SAUTTER (Allemagne) s’est dit encouragé d’entendre la Russie affirmer qu’elle prend au sérieux les responsabilités qui lui incombent en vertu du droit international.  Le délégué a ensuite dit qu’il n’avait rien à ajouter à ses propos précédents.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte les deux dernières résolutions de sa soixante-quatorzième session dont l’une sur la revitalisation de ses travaux

Soixante-quatorzième session,
63e séance – matin
AG/12261

L’Assemblée générale adopte les deux dernières résolutions de sa soixante-quatorzième session dont l’une sur la revitalisation de ses travaux

L’Assemblée générale s’est une nouvelle fois réunie aujourd’hui en personne pour adopter des résolutions sur la revitalisation de ses travaux et l’interaction entre les Nations Unies, les parlements et l’Union interparlementaire.  C’est hier qu’elle a convoqué sa toute première réunion plénière en personne, depuis les mesures de distanciation sociale imposées par la pandémie de COVID-19, pour entériner ses dernières décisions et résolutions, dont les plus de 70 textes adoptés tacitement, entre le 27 mars et le 31 août.  L’Assemblée, qui a aussi réinscrit plusieurs points à l’ordre du jour de sa soixante-quinzième session, l’a fait à l’issue d’un vote pour la situation en Azerbaïdjan, les territoires ukrainiens temporairement occupés et la responsabilité de protéger.

Le Président de l’Assemblée générale, M. Tijjani Muhammad-Bande du Nigéria, a donc expédié les affaires courantes avant de passer le marteau, le 15 septembre prochain, à M. Volkan Bozkir, diplomate et ancien Ministre turc des affaires de l’Union européenne (AG/12250).

Entre le 27 mars et hier, compte tenu des « circonstances extraordinaires » imposées par la pandémie mais aussi de la  nécessité pour elle de continuer de prendre « les décisions essentielles relatives à l’Organisation », l’Assemblée adoptait ses textes par « la procédure d’approbation tacite » qui autorise son Président à faire circuler auprès de tous les États Membres les projets de décision et de résolution.  Si dans les 72 heures qui suivent, aucune objection n’est faite, le texte est considéré comme adopté, avant d’être entériné par la procédure normale en plénière « dès que les circonstances le permettront » (74/544).

Aujourd’hui, l’Assemblée s’est penchée en personne sur une résolution relative à la revitalisation de ses travaux (A/74/L.90).  Par ce texte, l’Assemblée décide de créer à sa soixante-quinzième session un groupe de travail spécial chargé de trouver de nouveaux moyens de renforcer son rôle, son autorité, son efficacité et son efficience, notamment en faisant fond sur les acquis des sessions passées et sur les précédentes résolutions et en faisant le point de l’application de ces dernières.  L’Assemblée prie son Président de formuler en temps voulu des propositions visant à éliminer les lacunes, les chevauchements et les doubles emplois de l’ordre du jour en ce concerne le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et elle prie aussi ses six grandes commissions de faire de même.

Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne a souligné l’importance de cette résolution en ce soixante-quinzième anniversaire de l’ONU.  Elle a reconnu que, compte tenu de la pandémie de COVID-19, très peu de progrès ont été accomplis.  Elle s’est félicitée de ce que ce renouvellement « technique » du mandat du Groupe de travail souligne la nécessité du processus d’alignement.  À cet égard, l’Allemagne s’est avoué déçue par une absence de résultats tangibles, imputable, a-t-elle dit, à l’impact de la COVID-19 sur les méthodes de travail de l’Assemblée mais surtout au manque de volonté de ceux qui refusent de s’engager de façon constructive dans les discussions, s’agissant en particulier des chevauchements entre les ordres du jour de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social (ECOSOC).  Nous sommes déterminés à aller de l’avant, a martelé l’Allemagne.

Le Mexique a présenté la résolution sur l’interaction entre les Nations Unies, les parlements et l’Union interparlementaire (A/74/L.85), en parlant d’un texte à « vocation démocratique » importante puisqu’il salue la collaboration entre les parlements et l’ONU pour atteindre les objectifs communs.  Le texte appelle à éliminer les violences contre les femmes dans la sphère politique et demande au Secrétaire général un rapport dans lequel l’accent sera mis sur les contributions des États membres, des parlements, de l’ONU et de l’Union interparlementaire qui visent à accroître la représentation des femmes dans les parlements. 

La résolution, a poursuivi le Mexique, souligne aussi le rôle des parlementaires dans la riposte contre la pandémie et insiste sur l’accès aux médicaments et aux vaccins sans discrimination aucune.  Le texte salue la contribution des parlementaires à la réalisation du Programme 2030 et donne des outils pour l’autonomisation des jeunes.  La résolution, a conclu le Mexique, est le fruit d’un processus ouvert, inclusif et transparent.  Cinq réunions ont été organisées et toutes les positions ont été prises en compte.  C’est donc un projet équilibré et pertinent, un projet, a-t-il souligné, qui a toujours été adopté sans vote.

Cette année, les États-Unis ont réclamé la suppression de l’alinéa 6 du préambule qui dit « consciente du rôle important que joue le système des Nations Unies et du rôle de premier plan de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ».  Dans ce cas, a bondi le Mexique, nous demandons un vote séparé ».   Cet alinéa, s’est-il impatienté, a fait l’objet de consultations et se fonde sur un libellé agréé par l’Assemblée générale.  L’amendement américain a été rejeté par 161 voix contre, la voix pour des États-Unis et six abstentions, avant que la résolution ne soit adoptée sans vote. 

La Hongrie s’est plutôt montrée préoccupée par le paragraphe 14 du dispositif qui appelle l’Union interparlementaire et les organismes compétents des Nations Unies à concourir à ce que les migrations et la mobilité se fassent de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable, notamment en mettant en place des politiques migratoires planifiées et bien gérées.  Ce texte, a critiqué la Hongrie, fait référence au Pacte de Marrakech que plusieurs pays ont rejeté.

Compte tenu des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur l’économie et le marché de l’emploi dans les pays de destination, on ne peut, a-t-elle argué, promouvoir la migration.  Plutôt que d’encourager les gens à partir de chez eux, on devrait mettre l’accent sur le développement durable des pays d’origine.  Avec la pandémie, a insisté la Hongrie, les gouvernements doivent s’attaquer à des défis sanitaires et économiques pour soulager leur population.  La migration ou la mobilité n’est donc pas souhaitable, compte tenu des risques pour la sécurité et la santé.

Le paragraphe 14, ont aussi décrié par les États-Unis, est comme contraire à la législation nationale.  Ils en ont profité pour se dissocier des paragraphes faisant mention de l’Accord de Paris sur le climat duquel ils se sont retirés et pour rejeter une nouvelle fois l’alinéa 6 et le paragraphe 6 du dispositif qui parle de l’OMS.  Les États-Unis ont répété l’argument selon lequel l’accès sans discrimination aux médicaments et aux vaccins pourrait étouffer l’innovation. 

Coauteur de la résolution, la Fédération de Russie s’est félicitée de l’adoption de la résolution et s’est dite convaincue qu’un échange d’opinions non politisé entre parlementaires peut permettre de trouver des solutions efficaces aux problèmes de l’heure.  Elle s’est dite impatiente d’accueillir en 2022 la conférence mondiale, organisée par l’Union interparlementaire, pour le dialogue interconfessionnel et interethnique, avec la participation de chefs d’État, de parlementaires et de représentants des religions du monde entier.

L’Assemblée générale a réinscrit plusieurs points non permanents à l’ordre du jour de sa soixante-quinzième session.  L’Arménie s’est dissociée de l’inscription du point lié à la « situation  en Azerbaïdjan ».  Celle du point relatif à la « situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés » a été plus controversée.  Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne a réaffirmé son appui à l’indépendance, à la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Nous ne reconnaissons pas, a-t-elle martelé, l’annexion illégale de la Crimée et de la Ville de Sébastopol par la Fédération de Russie, laquelle est une violation du droit international et une menace à l’ordre juridique internationale.

L’Allemagne a exigé le respect des droits de l’homme dans les territoires occupés, des enquêtes sur les disparitions forcées et les meurtres et un accès sans entrave des observateurs.  Elle a naturellement demandé la pleine mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée sur cette question, en insistant sur la responsabilité particulière de la Fédération de Russie, en la matière.  Elle a conclu en appuyant le format Normandie, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Groupe de contact trilatéral.  Il faut redoubler d’efforts dans les négociations pour parvenir à un règlement du conflit, a-t-elle insisté.

En la matière, la Fédération de Russie doit s’acquitter de ses obligations, a renchéri la Géorgie qui a vu dans les actions russes une violation grave de la Charte des Nations Unies et de l’Acte final d’Helsinki.  Le Royaume-Uni s’est particulièrement inquiété de la situation dans les zones de l’est qui échappent au contrôle du Gouvernement ukrainien.  L’Assemblée doit à tout prix, ont martelé à leur tour les États-Unis, continuer d’examiner les actes d’agression de la Fédération de Russie sur le territoire ukrainien.  L’Ukraine a justement appelé toutes les délégations a appuyé l’inscription du point à l’ordre du jour.

Discuter de questions « multidimensionnelles et complexes » ne contribuera en rien à trouver une solution durable à une question qui fait déjà l’objet d’un accord, a rétorqué l’Iran, en parlant de l’Accord de Minsk.  Quand un mécanisme interne existe, a-t-il professé, y mêler l’Assemblée générale ne peut qu’exacerber les divergences et saper les cadres internationalement reconnus.  Laissons le temps au temps au lieu de se précipiter, a conseillé l’Iran, devant une question « qui ne concerne que l’Ukraine et la Fédération de Russie ».  Hors de ce cadre, aucune solution ne sera viable, a-t-il prévenu. 

L’Assemblée veut se faire l’otage des approches néfastes, en inscrivant à son ordre du jour « un point artificiel » qui n’a aucun rapport avec les solutions aux problèmes mondiaux urgents, a commenté la Fédération de Russie.  L’Assemblée se laisse bercer dans la réalité alternative d’un pays qui refuse un dialogue civilisé avec son propre peuple, préférant se poser en victime de facteurs extérieurs.  L’Ukraine, a affirmé la Fédération de Russie, n’a plus de territoire temporairement occupé depuis les années 40.  La Crimée a été rattachée au terme d’un referendum par lequel 96% des électeurs ont voté pour.

Mais personne ne voit que dans le Donbass, s’est énervée la Fédération de Russie, l’Ukraine fait la guerre à ses propres citoyens qui ont refusé de reconnaître “le coup d’État”.  Le Conseil de sécurité le sait et c’est la raison pour laquelle il a reconnu l’Accord de Minsk que l’Ukraine refuse toujours de respecter.  En Ukraine comme partout ailleurs, le dialogue reste la seule voie, a souligné la Fédération de Russie, indignée que les autorités ukrainiennes choisissent de mépriser les revendications des populations du Donbass, entraînant avec elles l’Assemblée pour condamner une prétendue occupation russe.

La demande de la Fédération de Russie de mettre aux voix la décision d’inscrire le point à l’ordre du jour a été perçue par l’Ukraine comme une tentative de mettre des bâtons dans les roues de l’Assemblée et de l’empêcher d’étudier une question est « très importante » pour la communauté internationale.  Chaque État, a argué l’Ukraine, a le droit d’être entendu et quand on vous demande de rejeter l’inscription d’une question, on vous demande en fait de renoncer à ce droit.  C’est une question que l’Assemblée examine depuis 2014 et le maintien de ce point à l’ordre du jour offrira un cadre pour se pencher sur tous les aspects de ce « problème complexe ».  Ce sera même une plateforme pour la Fédération de Russie, a fait valoir l’Ukraine, en plaidant une dernière fois pour la protection « du droit d’être écouté ».

La décision d’inclure le point à l’ordre du jour a été adoptée par 81 voix pour, 17 voix contre et 65 abstentions.  

Une nouvelle fois, s’est lassée la Syrie, nous sommes devant un acte  politisé pour provoquer l’escalade et faire pression sur la Fédération de Russie, au détriment de la paix, de la sécurité et de la stabilité internationales, et des relations « historiques » entre les peuples ukrainien et russe.  À son tour, la Syrie a attiré l’attention sur l’Accord de Minsk, « approuvé formellement par le Conseil de sécurité ».  Elle a jugé que l’Assemblée viole son mandat quand elle se saisit d’une question qui relève dudit Conseil de sécurité.  Les « États occidentaux » devraient renoncer à leur ingérence et leur détermination à revenir à l’époque de la guerre froide.  Un règlement durable est possible dans le cadre des formats établis et des modalités agréés par les parties.  Il n’existe aucune alternative à un règlement pacifique du conflit, a souligné l’Arménie. 

C’est peut-être l’inscription du point relatif à la « responsabilité de protéger les populations civiles victimes de crimes de génocide, de crimes contre l’humanité, du nettoyage ethnique et de crimes de guerres » qui a suscité le débat le plus long.  Au nom de l’Union européenne, l’Allemagne a estimé qu’une discussion à l’Assemblée générale sur ce concept permettra de comprendre les différents points de vue, de poursuivre sur cette lancée pour parvenir au consensus et de reconstruire en mieux après la pandémie. 

C’est la troisième fois, s’est encore lassée la Syrie, que nous voyons un comportement décevant de la part de certains États qui manipulent la procédure.  Nous ne sommes pas contre le fond de la question, s’est-elle défendue.  Mais « ce jeu unique », qui a commencé il y a trois ans, devient lassant.  L’on voulait d’abord se limiter à une seule session mais depuis lors, tous les ans, le même jeu recommence avec d’autres joueurs enthousiastes.  La Syrie s’est surtout élevée contre le troisième pilier du concept: « la responsabilité de la communauté internationale de protéger lorsque, manifestement, un État n’assure pas la protection de sa population ».

Nous voyons des États invoquer ce pilier, a accusé la Syrie, pour se lancer dans des aventures et autres actes d’agression.  Jusqu’ici, a-t-elle averti, nous n’avons pas encore réussi à mettre « des garde-fous » à ce pilier et nous doutons que l’inclusion de ce point à l’ordre du jour donne lieu à une discussion libre sur cette « idée controversée ».  Quelle serait la valeur ajoutée?  Ne risque-t-on pas de semer la discorde, en ne laissant aucune chance aux discussions informelles et donc plus libres?  On ne voit pas, s’est avancée la Syrie, de rapport entre la Déclaration du Sommet de 2005, qui n’a en rien établi les principes de la responsabilité de protéger et l’intitulé du point.  Avec ce point, a prévenu la Syrie, nous risquons de faire peser sur l’ONU la responsabilité de légitimer des agressions militaires.

Poursuivons les discussions informelles, a-t-elle conseillé, et essayons dans ce cadre, de rapprocher les points de vue, a ajouté l’Iran, sinon, a ajouté à son tour le Venezuela, nous pourrions « détruire » plus systématiquement le consensus qui a émergé entre 2005 et 2007.  Le « squelette » du concept, a confirmé la Fédération de Russie a été dessiné dans la Déclaration du Sommet de  2005 et les États ont ensuite, dans le cadre de discussions informelles, essayé « d’y ajouter de la chair ».  Mais en 2017, a-t-elle aussi confirmé, le consensus s’est effondré parce qu’un groupe d’États tient à des discussions formelles.

Depuis lors, nous voyons un recul considérable et nous ne pouvons plus parler de consensus, séparés que nous sommes par des divergences « fondamentales » qui risquent de s’exacerber si nous poursuivons sur cette voie.  Il est en effet prématuré d’entamer des discussions formelles, ont renchéri Cuba et la Chine.  La notion a encore des vides politiques et juridiques qu’il faut combler.  Informellement, nous pouvons, a poursuivi l’Égypte, affiner le concept et élargir son champ d’application à des questions telles que l’élimination de la pauvreté, la protection de l’environnement ou encore la lutte contre l’intolérance ethnique et religieuse.

Ces propos ont été soutenus par le Nicaragua qui a appelé au respect des différents points de vue, « sans réinterpréter » les engagements pris par les dirigeants du monde en 2005.  Compte tenu des divergences, il serait tout simplement contreproductif de travailler formellement sans consensus, a tranché le Myanmar.  Il est pour le moins ironique, ont persiflé les États-Unis, qu’alors que nous parlons de l’absence de consensus, certaines délégations n’hésitent pas à le briser, en refusant l’inscription du point à l’ordre du jour.  Il est temps, ont acquiescé les Philippines, de formaliser les discussions.

Je doute en effet, a avoué le Danemark, que l’arrêt du partage des expériences auquel nous nous livrons depuis trois ans, nous permettra d’aller de l’avant.  2020 marque le quinzième anniversaire du concept et il est temps d’avancer.  C’est en s’écoutant les uns les autres que l’on trouvera des solutions, a dit l’Ukraine

Avec la pandémie, les citoyens sont encore plus vulnérables, a souligné le Costa Rica qui a attiré l’attention sur l’engagement moral en faveur de la responsabilité de protéger et de ses trois piliers.  Cette question doit devenir un point permanent de l’ordre du jour de l’Assemblée générale.  Cette enceinte, a argué à son tour l’Uruguay, est le forum adéquat pour réfléchir à l’opérationnalisation du concept, d’autant plus que le Conseil de sécurité se retrouve souvent paralysé.  « Nous voulons un échange d’idées fluide pour parvenir au consensus ».

La décision d’inscrire le point à l’ordre du jour a été adoptée par 121 voix pour, 13 voix contre et 32 abstentions.  S’étant abstenu, le Pakistan a jugé inutiles toutes ces discussions sur les modalités des discussions.  

L’Assemblée a pris note des noms des Présidents de ses grandes commissions. La Première Commission chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale sera présidée par M. Agustin Santos Maraver de l’Espagne; la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières, par Amrit Bahadur Rai du Népal; la Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, par Mme Katalin Annamaria Bogyay de la Hongrie; la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, par M. Colleen Vixen Kelapile du Botswana; la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, par M. Carlos Amorim de l’Uruguay; et la Sixième Commission chargée des affaires juridiques, par M. Milenko Esteban Skoknic du Chili.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité de l’information achève sa session en saluant les efforts du Département de la communication globale pour informer le public de façon fiable et innovante

5e séance – après-midi
PI/2288

Le Comité de l’information achève sa session en saluant les efforts du Département de la communication globale pour informer le public de façon fiable et innovante

Le Comité de l’information des Nations Unies a achevé, cet après-midi, sa session de 2020, sous la présidence de M. Omar Hilale (Maroc), qui s’est félicité de voir la Secrétaire générale adjointe à la communication globale mobiliser ses équipes en synergie avec les délégations alors que sévit la pandémie de COVID-19, une crise qui est en même temps une occasion de mieux communiquer.

Cette crise a montré le rôle vital du Département de la communication globale dans la diffusion à l’opinion publique internationale d’informations fiables et fondées sur la science, a relevé M. Oleg Nikolenko (Ukraine), Rapporteur, en présentant le rapport du Comité adopté à l’issue de sa quarante-deuxième session, tenue « virtuellement » du 2 au 4 septembre.   Le Département a joué le rôle de contrepoids en contrebalançant la désinformation sur la pandémie, a-t-il souligné.

M. Nikolenko a ajouté que le rapport a notamment mis l’accent sur les grandes orientations stratégiques de la Division de la sensibilisation du public et donné une description des activités menées auprès du public comme l’établissement de partenariats stratégiques durables, l’innovation et l’exploitation de solutions technologiques.  C’est ainsi que le Département s’est donné les moyens d’atteindre le public partout dans le monde dans le cadre de collaborations créatives, convaincantes et novatrices, et par des campagnes de communication sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels.

Le rapport souligne aussi le rôle joué par le multilinguisme et le réseau mondial des centres d’information des Nations Unies dans l’information du public sur la pandémie de COVID-19, dans plus de 100 langues, y compris le braille.  S’agissant de la fracture numérique, il est noté dans le rapport que la pandémie a accentué le fossé entre les pays.  D’où les appels des membres du Comité à octroyer des ressources adéquates aux médias traditionnels.  Il est aussi rappelé que les jeunes sont désormais parties prenantes dans la mise en œuvre du mandat de l’ONU.  Il faut les informer sur les objectifs de développement durable pour qu’ils puissent les porter au niveau local et participer au maintien de la paix. 

Dans sa déclaration de clôture, la Secrétaire générale adjointe à la communication globale, Mme Melissa Fleming, a rappelé que c’était sa première participation au Comité de l’information et de plus, la première session du Comité tenue en mode virtuel.  Cette session a montré que le travail de la diplomatie multilatérale n’a pas cessé et ne s’arrêtera pas, a-t-elle relevé.  Plus important encore, les résultats de ce travail n’ont pas cessé et, compte tenu des défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, ont pris une nouvelle urgence.  L’ONU, ses États Membres et ses peuples ont besoin aujourd’hui, peut-être plus que jamais, d’un multilatéralisme ciblé et axé sur les résultats, a insisté Mme Fleming. 

Le Département de la communication globale veillera à la bonne circulation de l’information au cours de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, adaptée aux circonstances et aux nouvelles méthodes de travail, afin que les États Membres, les médias et le public puissent suivre les débats ou trouver une couverture des faits saillants, a promis la Secrétaire générale adjointe.  Nous veillerons à ce que l’ONU soit décrite comme étant le centre de la diplomatie multilatérale, une source d’informations fiables et une source d’inspiration pour la collaboration et les solutions mondiales.

La Secrétaire générale adjointe a salué l’appréciation du Comité aux initiatives du Département, y compris celles relatives à la pandémie de COVID-19.  Citant la Stratégie de communication mondiale, elle a réitéré vouloir démontrer que l’ONU sert tout le monde, et partout.  Nous voulons que les gens soient informés de faits fondés sur la science et leur montrer le travail vital de l’ONU en les incitant à s’y intéresser et à agir.  Face à la plus grande crise mondiale de l’histoire de l’ONU, nous avons déjà un impact significatif grâce à cette approche, s’est félicitée Mme Fleming.  Le succès de la stratégie dépend grandement d’une collaboration harmonieuse entre les différentes branches de notre Département et au sein du Secrétariat, a ajouté la haute fonctionnaire. 

La pandémie a démontré la pertinence de nos initiatives de communication de crise axée sur des informations fiables, a encore déclaré Mme Fleming.  « Nous avons la responsabilité de contrer la désinformation », a-t-elle revendiqué.  Elle a souligné, à cet égard, les mesures prises par le réseau de centres d’information des Nations Unies à travers le monde, et la nécessité de faire venir l’ONU auprès de la population en adaptant et en amplifiant les contenus et les messages.  Cela a eu encore plus d’impact grâce au système des coordonnateurs résidents renforcé, a dit la Secrétaire générale adjointe qui a reconnu l’importance de la campagne « Vérifié » dans la lutte contre la désinformation et pour fournir des informations importantes et ciblées à un large éventail de publics et dans autant de langues que possible.

La pandémie a également renforcé l’urgence et mis l’accent sur deux questions cruciales que les délégués ont abordées au cours des débats: les changements climatiques et l’égalité des sexes, a continué Mme Fleming.  Des chercheurs aux États-Unis ont mis en évidence que les personnes vivant dans des régions où les niveaux de pollution atmosphérique sont élevés sont les plus susceptibles de mourir de la COVID-19.  Si les émissions de combustibles fossiles étaient éliminées, l’espérance de vie mondiale pourrait augmenter de plus de 20 mois, évitant ainsi 5,5 millions de décès par an dans le monde.  Elle a promis de continuer de communiquer de façon plus stratégique sur cette question déterminante à notre époque, grâce au travail de l’équipe de communication du laboratoire climatique. 

La pandémie, a encore rapporté Mme Fleming, a exacerbé les obstacles considérables auxquels les femmes sont confrontées pour réaliser leurs droits et leur potentiel.  Au plus fort de l’intensité de la pandémie, le Département a été fier d’appuyer le lancement de l’initiative « Femmes debout, solidaires pour tous » de la Vice-Secrétaire générale, le 27 avril dernier, avec la participation du Président de l’Éthiopie et des Premiers Ministres de la Barbade et de la Norvège.  Le Département de la communication globale continuera de plaider en faveur de l’égalité des sexes, a-t-elle assuré. 

Mme Fleming a affirmé qu’elle a entendu les appels à développer davantage de stratégies pour une utilisation plus innovante des médias traditionnels et numériques en promettant d’utiliser les meilleurs moyens pour chaque public.  Le Département fera tout son possible pour communiquer dans le plus grand nombre de langues compte tenu des ressources dont il dispose.  Paraphrasant le Président du Comité, elle a souligné que des « ressources humaines et financières » doivent être allouées au Département car on ne peut pas avoir un multilatéralisme significatif sans le multilinguisme, on ne peut pas avoir une ONU efficace sans que le public sache ce qu’elle défend et comment elle réagit. 

Dans sa conclusion, elle a indiqué que le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, dans le contexte actuel qu’il était impossible de prévoir il y a quelques mois, rappelle qu’une organisation comme l’ONU est nécessaire lorsque les défis mondiaux exigent des solutions.  Citant encore le Président du Comité, elle a reconnu que « la pandémie est autant une crise qu’une opportunité ».  Il s’agit d’une loupe mettant en évidence les dysfonctionnements des relations internationales et, en même temps, la centralité des Nations Unies.  Cette centralité a une composante de communication vitale à laquelle la sagesse de ce Comité parle.  En ce soixante-quinzième anniversaire, l’ONU ne veut pas seulement être « célébrée », mais elle veut aussi que soit célébrée l’humanité, en démontrant qu’elle a écouté les opinions des gens à travers le monde.

Il est important d’utiliser la situation actuelle pour faire avancer le Comité de l’information, a conclu M. Hilale avant de s’adresser à la Chef du Département de la communication globale: « Vous méritez davantage d’appui financer et de ressources humaines, car c’est grâce à vous que le monde entier écoute, voit et sait ce que nous faisons. »

Adoption du rapport et des projets de résolution

C’est à l’unanimité que le Comité de l’information a adopté son rapport (A/75/21) chapitre par chapitre, avant de l’adopter dans son intégralité.  Si les premiers chapitres ont trait notamment à des questions d’organisation, le chapitre 3 contient le résumé du débat général et l’examen du rapport du Secrétaire général.

Prenant exemple sur l’Assemblée générale qui s’est réunie ce matin en personne pour entériner des projets de résolution adoptés par procédure tacite depuis le début de la pandémie, le délégué de Cuba s’est interrogé sur la nécessité pour le Comité d’en faire de même, arguant que « les réunions virtuelles sont normalement des réunions officieuses ». 

Le Secrétariat du Comité, qui avait demandé au préalable leur avis au Bureau des affaires juridiques et au Bureau des affaires de l’Assemblée générale, a répondu que cela ne serait pas nécessaire: le Comité peut décider d’adopter ses textes comme il l’entend et cette façon de procéder par visioconférence a été confirmée comme valable sur le plan juridique.  Les décisions et projets de résolution ainsi adoptés seront transmis à la Quatrième Commission de l’Assemblée générale qui devra les adopter, ainsi que le rapport, avant l’adoption finale par l’Assemblée générale elle-même.

Le rapport contenait d’ailleurs deux projets de résolution qui ont également été adoptés à l’unanimité.

Le projet de résolution A, intitulé « Information au service de l’humanité », a fait l’objet d’un processus de négociation « assez long », passant d’une plateforme à l’autre, a dit le facilitateur tout en saluant l’esprit consensuel qui a permis d’aboutir au texte adopté. 

Dans ce texte, les pays, les organisations du système des Nations Unies et tous les acteurs concernés sont exhortés à coopérer et à agir ensemble pour réduire les disparités existantes en matière de flux de l’information, notamment en augmentant l’aide au développement.  L’accent est mis en particulier sur la nécessité de développer les ressources humaines et techniques indispensables à l’amélioration des systèmes de l’information et de la communication dans les pays en développement. Ce texte vise aussi la liberté des journalistes d’exercer leur métier.

Pour le projet de résolution B, intitulé « Activités et politiques de communication globale des Nations Unies », trois délégations ont fait des observations. 

La déléguée du Japon a commenté le paragraphe 12 du dispositif.  Elle a noté que la couverture par le Département des mesures, actions et déclarations qui est saluée dans ce dispositif n’inclut pas celle pour laquelle les États Membres avaient des avis divergents.  Elle a dès lors indiqué ne pas saluer la communication faite par le Département qui ne tient compte que d’une partie seulement des positions conflictuelles.

La délégation des États-Unis a, quant à elle, expliqué sa position quant aux dispositions faisant référence aux changements climatiques et à la sécurité énergétique: « nous nous sommes retirés de l’Accord de Paris le 4 novembre 2019 », a rappelé le représentant en expliquant avoir agréé au projet de résolution « sans préjudice de la position des États-Unis ».  En ce qui concerne les dispositions sur la riposte à la COVID-19, s’il a jugé bon que tous les organes de l’ONU participent à cet effort, il a précisé que les États-Unis ne sont pas favorables à la mention de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le représentant du Chili a dit se dissocier de la partie de la résolution qui a trait à la conférence gouvernementale ayant abouti à l’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, même si son pays travaille en ce sens, a-t-il précisé.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.