En cours au Siège de l'ONU

8761e séance – matin
CS/14314

Soudan: le Conseil de sécurité s’informe de l’accord de Djouba du 31 août et de la transition vers la nouvelle mission de l’ONU

Alors que s’organise au Soudan la transition entre l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD) et la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), deux secrétaires généraux adjoints sont venus aujourd’hui présenter au Conseil de sécurité les derniers développements dans le pays, marqués par l’accord de paix conclu le 31 août à Djouba entre le Gouvernement et les principaux groupes armés du Darfour, mais aussi de nombreux défis aggravés par la pandémie de COVID-19.

C’est devant un Conseil réuni physiquement mais une nouvelle fois dans la salle du Conseil économique et social (ECOSOC), qui permet, mieux que la chambre du Conseil de sécurité, de conserver une distance de sécurité sanitaire entre ses membres, que la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, a qualifié de « développement politique significatif » l’accord signé dans la capitale du Soudan du Sud entre le Gouvernement de transition soudanais, l’alliance du Front révolutionnaire soudanais et l’Armée de libération du Soudan (ALS)-faction Minni Minnawi, pour une période transitoire de 39 mois à compter de la date de signature. 

M. Lacroix a tout de même relevé que les accords restaient une « constellation de documents » devant encore être réunis en une vision unique de l’avenir.  Il a surtout rappelé qu’à une semaine de la date de la signature, prévue le 3 octobre, l’ALS-faction Abdul Wahid n’avait pas encore rejoint le processus.  Plusieurs des membres du Conseil ont lancé à ce groupe, qualifié par la Fédération de Russie de « principal fauteur de trouble », un appel à rejoindre la table des discussions.  Le financement sera lui aussi un défi majeur, a souligné M. Lacroix, qui a fait observer que les mouvements armés du Darfour chiffraient la mise en œuvre de l’accord à 13 milliards de dollars sur 10 ans, le Gouvernement s’engageant pour à hauteur de 7,5 milliards de dollars. 

Le représentant du Soudan, M. Omer Mohamed Ahmed Siddig, a plaidé que l’accord convenu avec les principaux groupes armés du Darfour et des deux régions du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu s’attaquait aux causes profondes des conflits armés et de l’instabilité politique du pays.  Il prévoit ainsi le partage des ressources, la propriété foncière, la justice sociale, la gouvernance et l’égalité au niveau national, a-t-il détaillé.  Il vise également à trouver une solution aux conséquences des conflits, comme l’aide humanitaire, le retour sûr et volontaire des personnes déplacées et des réfugiés sur leurs terres d’origine, le désarmement des combattants armés et leur intégration dans l’armée ou la société nationale et le développement et la reconstruction des zones touchées par le conflit. 

Pour M. Siddig, trois éléments rendent cet accord de paix différent des accords précédents: la volonté politique et l’engagement du Gouvernement de transition à assurer la paix, la justice et la liberté; l’accord a été négocié et conclu entre les Soudanais eux-mêmes; et les négociations ont été menées entre anciens camarades, contrairement à l’atmosphère conflictuelle qui avait prévalu pendant l’ère Béchir. 

Mme DiCarlo a aussi fait état de progrès dans la création de la MINUATS, créée le 3 juin par la résolution 2524 (2020).  Elle a notamment expliqué que la conception de la Mission visait à permettre une intégration maximale entre les différentes entités des Nations Unies présentes au Soudan.  L’équipe de planification de la MINUATS travaille en étroite collaboration avec la MINUAD pour maximiser l’impact des deux missions et veiller à ce que l’expérience acquise de la MINUAD soit prise en compte. 

Avec la MINUATS, le Conseil a créé un instrument novateur pour soutenir le Soudan dans sa transition vers la paix et la démocratie parce que nous voulons que le Gouvernement soudanais réussisse et que le peuple soudanais profite des dividendes de la paix et la démocratie, a estimé l’Allemagne.  Pour elle, ce partenariat signifie aussi être franc sur les défis à surmonter et qui relèvent de la compétence de la MINUATS, qu’il s’agisse de trouver des solutions à une situation économique instable, d’assurer la justice pour les crimes et les violences passés, y compris le massacre du 3 juin 2019, ou de faire face à l’augmentation des besoins humanitaires et à l’impact de la pandémie de COVID-19.

Aux yeux de la France, la structure de la MINUATS proposée par le Secrétaire général constitue une ossature adéquate qui doit bénéficier des ressources humaines et financières nécessaires pour prendre corps.  La représentante a jugé indispensable, dans les mois à venir, de tirer le plein parti des synergies entre la MINUAD et la MINUATS, sans logique d’exclusive.  Nombre de délégations comme la Chine ont souligné la nécessité d’une transition « en douceur » de la MINUAD à la MINUATS, notamment en évitant les doublons. 

Le représentant du Soudan assuré que son gouvernement s’attaquait à la mauvaise gestion économique du régime précédent, à la pandémie de COVID-19 et au niveau sans précédent de fortes pluies et d’inondations dévastatrices dans le pays.  Cette situation nécessite toutefois un soutien soutenu et généreux de la part des partenaires régionaux et internationaux, a-t-il plaidé.  Il a obtenu en ce sens le soutien du Royaume-Uni, qui a rappelé avoir déjà accordé cette année 76 millions de dollars à l’aide humanitaire de l’ONU pour le Soudan. 

La Fédération de Russie a appelé à la levée des sanctions unilatérales contre le Soudan, jugées anachroniques, car, a-t-elle justifié, on ne peut pas parler de redressement économique et en même temps lui faire obstacle.  Les membres africains du Conseil de sécurité et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont plaidé dans le même sens.  Quant au Soudan, il a demandé le retrait urgent par les États-Unis de son pays de leur liste des États parrainant du terrorisme, qui empêche le Soudan de bénéficier d’un allégement de sa dette et d’accéder à des prêts concessionnels et des investissements étrangers à grande échelle. 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan et les activités de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (S/2020/912)

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé qu’elle avait expliqué en avril dernier que la pandémie de COVID-19 s’ajoutait aux difficultés politiques, économiques et sécuritaires auxquelles le pays était confronté.  Cette évaluation générale demeure valable aujourd’hui.  Néanmoins, a-t-elle ajouté, il y a eu des développements positifs ces dernières semaines: la transition politique du Soudan continue d’aller dans la bonne direction, d’importantes réformes législatives ont été adoptées pour améliorer les droits fondamentaux et des gouverneurs civils intérimaires ont été nommés dans les 18 États, dont deux femmes. 

Le développement politique le plus significatif a toutefois été la conclusion, le 31 août à Djouba, de l’accord de paix entre le Gouvernement de transition du Soudan, l’alliance du Front révolutionnaire soudanais et l’Armée de libération du Soudan (ALS) - faction Minni Minnawi pour une période transitoire de 39 mois à compter de la date de signature, prévue pour le 3 octobre, a fait valoir la Secrétaire générale adjointe.  En outre, le Premier Ministre Hamdok et la faction Abdelaziz Hélou du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord ont signé un accord sur les principes à Addis-Abeba, le 3 septembre.  Mme DiCarlo a encouragé ceux qui sont absents des efforts de paix en cours au dialogue, ajoutant qu’il n’était pas encore trop tard. 

D’autres efforts importants qui nous attendent, a poursuivi Mme DiCarlo.  Les différents accords et accords de paix respectifs sur les questions régionales doivent être transformés en un cadre unique et cohérent.  En outre, les parties et le Gouvernement doivent former une vision commune sur la voie à suivre et respecter leurs engagements respectifs.  À l’heure où tous les gouvernements sont confrontés à des contraintes économiques majeures, il sera important de fixer des attentes réalistes quant à ce qui peut être fourni pour financer les dividendes de la paix, a-t-elle ajouté. 

Le 10 septembre, a rappelé la Secrétaire générale adjointe, le Gouvernement de transition du Soudan a déclaré l’état d’urgence économique après l’effondrement de la livre soudanaise.  Malgré ces immenses défis, le Gouvernement a pu faire des progrès dans la réalisation de réformes économiques difficiles.  L’aide financière promise lors de la conférence de partenariat tenue à Berlin en juin contribuera à compenser certaines des difficultés économiques que vivent les ménages soudanais.  Mme DiCarlo a appelé les partenaires internationaux à s’attaquer aux obstacles qui empêchent l’intégration complète du Soudan dans la communauté économique internationale se félicitant des progrès sur la radiation de la liste établie par les États-Unis des pays parrainant le terrorisme. 

Depuis le début de la saison des pluies en juillet, les inondations ont touché plus de 730 000 personnes dont plus de 100 ont péri, a indiqué Mme DiCarlo.  Entre juin et septembre, le nombre prévu de personnes en situation d’insécurité alimentaire est passé à 9,6 millions, en partie en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19. 

La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix a en outre fait état de progrès dans la création de la nouvelle Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS).  Le travail de l’équipe de planification s’est déplacé, en juillet, du Siège au Soudan.  La conception de la Mission vise à permettre une façon innovante de travailler, en favorisant une coopération et une intégration maximales entre les différentes entités des Nations Unies.  L’équipe de planification de la MINUATS travaille en étroite collaboration avec la MINUAD pour maximiser l’impact des deux missions et veiller à ce que les leçons apprises soient partagées et que l’expérience de la MINUAD au Soudan soit prise en compte par la nouvelle Mission. 

Mme DiCarlo a promis de travailler en partenariat avec le Gouvernement soudanais et le peuple soudanais.  Elle a annoncé que l’équipe de démarrage de la Mission se déploierait au Soudan le mois prochain pour commencer à mettre en œuvre les quatre objectifs stratégiques prescrits par le Conseil de sécurité: aider la transition politique; soutenir les processus de paix; aider à la consolidation de la paix, à la protection civile et à l’état de droit; et soutenir la mobilisation de l’aide économique, au développement et à l’aide humanitaire.  Elle a assuré que les questions relatives à l’égalité des sexes étaient intégrées tout au long du mandat de la Mission, qui disposera d’une expertise spécialisée en matière d’égalité des sexes. 

Mme DiCarlo a aussi souligné le rôle important que les femmes et la société civile avaient joué dans la transition du Soudan: leurs voix doivent être entendues pour façonner l’avenir du Soudan.  L’équipe de planification a engagé les deux groupes au cours des derniers mois dans le cadre de leurs efforts pour concevoir une mission qui répond aux besoins de tous les Soudanais, a-t-elle fait savoir.  Concernant la protection des civils, la MINUATS aidera le Gouvernement de transition à mettre en œuvre son plan national de protection civile afin d’établir un environnement sûr et stable dans les zones touchées par le conflit.  Il s’agira notamment de contribuer à la formation et au renforcement des capacités de la police soudanaise en matière de protection des civils.  La Mission travaillera également en étroite collaboration avec l’équipe de pays des Nations Unies et les organisations de la société civile en matière de protection et de surveillance.  En définitive, les solutions aux problèmes de longue date sont les Soudanais eux-mêmes, et la MINUATS est mandatée pour les accompagner dans leurs efforts, a conclu la Secrétaire générale adjointe. 

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a qualifié l’accord de paix paraphé le 31 août de « jalon important », et félicité les parties pour leur engagement en faveur de la paix ainsi que le Soudan du Sud pour son rôle de médiateur. 

Néanmoins, à une semaine de la signature prévue, M. Lacroix a fait observer qu’il restait beaucoup à faire pour que la bonne volonté manifestée dans le cadre du processus de négociation se traduise par un changement durable sur le terrain.  Les principaux acteurs, notamment l’ALS-faction Abdul Wahid, n’ont pas encore rejoint le processus; les accords restent une « constellation de documents » devant encore être réunis en une vision unique, non fragmentée de l’avenir du Soudan. 

Avec la poursuite des affrontements armés et des protestations au Darfour, qui témoignent de l’anxiété des citoyens face aux décisions prises à Khartoum et à Djouba, le Secrétaire général adjoint a appelé à « travailler ensemble, plus que jamais », pour rassembler toutes les parties prenantes et empêcher une reprise du conflit, en particulier dans les zones sensibles qui nécessitent une attention continue au-delà de la durée de vie de la MINUAD. 

L’une des principales dispositions des accords de sécurité pour le Darfour prévoit la création, dans les 90 jours suivant la signature de l’accord, d’une force de sécurité commune de 12 000 personnes, composée de 6 000 membres des forces de sécurité soudanaises et de 6 000 membres des groupes armés signataires, a rappelé M. Lacroix.  À mesure que les forces sont déployées et que les ressources sont mobilisées pour soutenir la mise en œuvre, il est « essentiel » de veiller à ce que les communautés locales du Darfour se sentent parties prenantes de l’accord et participent pleinement à sa mise en œuvre, a-t-il fait observer. 

Le financement sera lui aussi un défi majeur, a souligné M. Lacroix.  Les mouvements armés du Darfour ont laissé entendre que la mise en œuvre nécessiterait 13 milliards de dollars sur une période de 10 ans, et le Gouvernement a annoncé qu’il s’engagerait à hauteur de 7,5 milliards de dollars.  Alors que les parties s’efforcent de faire de la vision de l’accord une réalité, la communauté internationale a la responsabilité de soutenir ces efforts, a déclaré le Secrétaire général adjoint. 

Le rôle de l’ONU est précisément défini dans les accords de Djouba, qui lui confie la présidence de certains organes ou prévoient sa présence dans d’autres, a rappelé M. Lacroix.  La MINUAD et les Nations Unies sont prêtes à apporter leur aide, a-t-il ajouté.  Dans l’attente de nouvelles indications des parties concernant des actions spécifiques pour soutenir la mise en œuvre, la MINUAD reste pleinement engagée avec le Gouvernement, notamment pour soutenir son plan national de protection des civils. 

Les dernières étapes vers l’accord de paix ont également été accompagnées d’une augmentation notable de la violence intercommunautaire au Darfour en 2020, avec des incidents majeurs dans l’ouest, le nord et le sud du Darfour, a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Cette violence a coïncidé avec des protestations exigeant une sécurité accrue des communautés du Darfour, en particulier des personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Le Gouvernement a déployé des troupes pour réprimer la violence et envoyé des médiateurs pour soutenir la résolution pacifique des conflits. 

Le Secrétaire général adjoint a rappelé que le Gouvernement restait confronté à de lourds défis, notamment une capacité limitée et un déficit de confiance, surtout dans les zones touchées par le conflit et les camps de personnes déplacées, où la protection est la plus nécessaire.  La MINUAD a travaillé en étroite collaboration avec le Gouvernement pour renforcer cette capacité, faire participer les communautés et apaiser les tensions là où elles se produisent.  M. Lacroix a toutefois rappelé qu’avec sa présence en uniforme concentrée dans le Jebel Marra et ses alentours, la MINUAD était limitée dans sa capacité à répondre aux besoins de protection qui se présentent ailleurs au Darfour, comme ce fut le cas en juillet lors des violences intercommunautaires au Darfour occidental.

Compte tenu de la situation en matière de sécurité, de l’impact du processus de paix et des possibilités et défis liés au plan de protection du Gouvernement au Darfour, un groupe de travail conjoint UA-ONU élabore actuellement des options qui pourraient être présentées au Conseil pour répondre aux défis en matière de protection des civils après l’expiration du mandat actuel de la MINUAD en décembre 2020, a expliqué M. Lacroix.  Chaque option est calibrée par rapport au rôle de la MINUATS, afin d’assurer la coordination et la complémentarité.  Le Secrétaire général adjoint a réaffirmé l’intention de l’ONU d’assurer une « consultation complète » avec le Gouvernement soudanais.

À l’aube de l’accord de paix historique de Djouba, M. Lacroix a conclu en se félicitant progrès réalisés, tout en pointant « les défis importants » qui restent à relever.  Avec le début de la phase de mise en œuvre, il a jugé essentiel que le soutien des Nations Unies contribue à améliorer concrètement le sort des Darfouriens, particulièrement en renforçant la sûreté et la sécurité. 

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a salué les efforts du Gouvernement soudanais pour faire progresser la réforme de la justice et pour la désignation de gouverneurs civils, y compris un certain nombre de femmes.  Mais le Soudan reste confronté à de nouveaux défis, a-t-il noté, comme les inondations, l’invasion de criquets pèlerins et une inflation de l’ordre de 160% alors que la COVID-19 ne fait qu’aggraver ces problèmes.  Le peuple soudanais ne peut pas relever ces défis seuls et la communauté internationale doit intervenir, a estimé le Royaume-Uni, qui a dit avoir déjà contribué 100 millions de dollars au programme d’aide aux familles et, en 2020, attribué 76 millions de dollars à l’aide humanitaire apportée au Soudan par les Nations Unies et diverses ONG.  « Mais il faut faire plus », a ajouté le représentant pour qui, aujourd’hui, les États Membres doivent se demander si nous pouvons nous permettre « de ne pas aider le Soudan ». 

Une fois créée, la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS) sera au cœur des efforts internationaux, a poursuivi M. Allen.  Le Royaume-Uni exhorte l’ONU à travailler avec le Gouvernement soudanais pour faciliter le déploiement rapide de cette mission et, surtout, pour garantir des ressources et une présence géographique adéquates pour permettre à la Mission de répondre aux besoins sur le terrain et de remplir son mandat.  Il demande en outre la désignation rapide, par le Secrétaire général, d’un nouveau représentant spécial.

S’agissant du processus de paix, le représentant s’est félicité du paraphe d’un accord de paix, le 31 août, entre le Gouvernement soudanais et le Front révolutionnaire du Soudan.  Le Royaume-Uni a exhorté les autres parties à tirer parti de la mise en œuvre rapide et complète de l’accord.  Ne pas le faire compromettrait les progrès accomplis à ce jour, causant davantage de souffrances au peuple soudanais, a affirmé le représentant.  M. Allen a également réitéré l’appel à ceux qui restent en dehors du processus de paix pour qu’ils s’engagent de manière constructive, immédiate et sans conditions préalables à conclure rapidement des négociations sur un accord de paix global.

Notant l’augmentation récente des violences intercommunautaires et des déplacements de personnes, notamment dans la région du Jebel Marra, le représentant y a vu un exemple de la complexité des moteurs et des causes profondes des conflits, qui doivent être réglées globalement si nous voulons voir un Darfour stable et sûr.

Le représentant a enfin salué la stratégie nationale de protection des civils du Gouvernement du Soudan, y voyant la preuve de sa détermination à assumer sa responsabilité dans ce domaine.  Il faudra cependant du temps pour disposer des capacités requises, a-t-il averti.  En attendant, le Royaume-Uni encourage le Gouvernement soudanais à faire fond sur sa coopération avec la MINUAD en matière de protection des civils.

M. GUENTER SAUTTER (Allemagne) a mis l’accent sur la notion d’assistance, qui représente l’esprit du nouveau chapitre ouvert dans les relations entre le Conseil de sécurité et le Soudan.  Ce chapitre est fondé sur une véritable coopération et le partenariat, a appuyé le représentant.  En créant la MINUATS, le Conseil a créé un instrument novateur pour soutenir le Soudan dans sa transition vers la paix et la démocratie parce que nous voulons que le Gouvernement soudanais réussisse et que le peuple soudanais profite des dividendes de la paix et la démocratie.  M. Sautter a rappelé que la conférence de partenariat de Berlin, en juin, avait mobilisé une aide de 1,8 milliard de dollars pour le Soudan.  Il a en outre demandé la radiation du Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme.  Saluant les accords de paix signés avec des groupes armés à Djouba, M. Sautter a exigé leur mise en œuvre rapide et a exhorté les non-signataires à « faire partie de la solution ». 

Pour l’Allemagne, le partenariat signifie aussi être franc sur les défis à venir, comme de trouver des solutions à une situation économique instable, d’assurer la justice pour les crimes et les violences passés, y compris le massacre du 3 juin 2019, et de faire face à l’augmentation des besoins humanitaires et à l’impact de la pandémie de COVID-19.  Tous ces défis relèvent de la compétence de la MINUATS, a estimé le représentant.  Certes, la nouvelle Mission ne pourra les surmonter immédiatement, mais elle peut faire une différence significative sur le terrain, en travaillant en partenariat avec le Gouvernement et le peuple soudanais, a ajouté M. Sautter. 

Pour ce faire, la MINUATS doit être adaptée à son but, a plaidé le représentant, qui a rappelé les cinq priorités stratégiques attribuées à la Mission, parmi lesquelles les bons offices du Représentant spécial, la présence dans les zones touchées par le conflit, et la protection des civils et des droits de l’homme.  M. Sautter a demandé des informations sur le déploiement géographique de la Mission et à ce que la police des Nations Unies soit représentée dans tous les bureaux de la MINUATS.  En outre, a-t-il ajouté, il faut que la Mission tire les leçons du concept des fonctions de liaison de l’État et qu’un mécanisme fondé sur ces fonctions soit mis en place au Darfour, y compris au Jebel Marra et dans les Deux Zones. 

Le Conseil devra bientôt prendre une décision sur l’avenir de la MINUAD, a rappelé le représentant, qui s’est dit préoccupé par la détérioration de la situation sécuritaire au Darfour, y voyant un signal alarmant.  Il a enfin demandé davantage d’analyses et de données et une évaluation de la capacité du Gouvernement soudanais à protéger les civils. 

M. DAI BING (Chine) a déclaré que le Soudan connaissait une période critique de transition politique, mais que l’état de son économique constituait un défi pour son processus de transition.  La communauté internationale se doit donc de renforcer l’aide qu’elle lui accorde.  M. Dai a salué l’accord de paix paraphé le 31 août, et a appelé toutes les parties à le signer et à le mettre en œuvre, appelant dans la foulée les parties qui n’y sont pas parties à le rejoindre la plus rapidement possible.

Le représentant a ensuite relevé que la fragilité des systèmes sanitaires et de l’économie du Soudan, à laquelle s’ajoute la pandémie de COVID-19 et les récentes inondations, avait aggravé les conditions de vie de la population.  Il a appelé à fournir une aide ciblée au Gouvernement pour l’aider à mettre en œuvre ses réformes économiques et renforcer le système sanitaire.  Pour sa part, la Chine fournit une importante aide technique et matérielle au Soudan, a-t-il indiqué.

M. Dai a salué le rôle important joué par la MINUAD pour promouvoir le processus de paix, l’appelant par ailleurs à mettre en œuvre sa stratégie de sortie de manière ordonnée.  Après avoir souligné que la MINUATS devait appuyer le processus de transition politique, il a insisté sur la nécessité d’une transition « en douceur » de la MINUAD à la MINUATS, notamment en évitant les doublons. 

Le représentant a en outre appelé le Conseil de sécurité à établir une feuille de route pour la levée des sanctions à l’encontre du Soudan qui, a-t-il ajouté, doit également être retiré le plus rapidement possible de la liste des pays qui appuient le terrorisme.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), au nom du groupe A3+1 (Afrique du Sud, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a loué les progrès importants réalisés au Darfour.  Avec l’avènement de ce nouveau chapitre, il a dit espérer que les acquis demeurent et que la paix pour les Soudanais advienne.  Le Gouvernement de transition continue à mener des réformes, à progresser et à faire face à une situation économique qui se dégrade rapidement.  L’accord paraphé avec l’Armée de libération du Soudan constitue un jalon important vers une paix durable, a-t-il commenté. 

Néanmoins, le Gouvernement de transition est confronté à la pandémie de COVID-19, à un climat politique tendu, à une « inflation galopante » et à un déficit public croissant.  Ces défis ont plongé l’économie du Soudan dans un état critique.  C’est pourquoi le représentant a demandé à ce que « les sanctions envers le Soudan soient levées, sans exception », pour ne pas entraver les progrès dans le pays. 

En matière de sécurité, M. Matjila a noté qu’alors que la MINUAD se retirait, elle faisait face à situation de plus en plus précaire dans le pays.  Il l’a invitée à continuer à œuvrer pour faciliter la médiation et remédier à la question sous-jacente de l’accès aux terres et aux ressources. 

Le Soudan occupe une position géostratégique et a des frontières communes avec des États essentiels pour la paix et la sécurité de la région et de toute l’Afrique.  Il est donc impératif de continuer à assurer la stabilité du Soudan, a rappelé le représentant.  L’Afrique du Sud espère que la nomination urgente d’un représentant spécial du Secrétaire général fournira une direction stratégique pour toutes les activités de la MINUATS, tout en remplissant un rôle de conseil et de défense au niveau politique et en coordonnant les efforts de la communauté internationale.

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a jugé important le moment de la mise en place d’une nouvelle mission, destinée à traduire sur le terrain la décision prise par le Conseil de soutenir la transition politique et d’aider le Soudan à retrouver la paix et la sécurité, avec une attention particulière pour le Darfour et les Deux Zones.

Mme Van Vlierberge a rappelé l’importance pour son pays de la protection des plus vulnérables et du renforcement du respect des droits humains.  Elle s’est dite révoltée par la persistance des violations graves envers les enfants au Soudan, en particulier la fréquence des agressions sexuelles, des mutilations et des meurtres, toutes violations qui, a-t-elle rappelé, sont commises par toutes les parties au conflit.  Le Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, que préside la Belgique, en discute.  La Belgique salue les efforts du Gouvernement soudanais pour intégrer la question des enfants dans son plan national de protection des civils et juge encourageants les amendements au Code pénal qu’il a adoptés en juillet.  Elle souhaite que ces préoccupations soient prises en compte de manière équilibrée dans la planification de la MINUATS, y compris en donnant à la Mission des capacités suffisantes pour assurer la protection des enfants.

La représentante s’est ensuite réjouie des récentes « avancées significatives » dans le processus de paix au Soudan.  La Belgique appelle les parties à poursuivre leur engagement par un dialogue constructif et à mettre en œuvre rapidement les accords une fois ceux-ci conclus.  Elle souhaite que les groupes restés absents rejoignent enfin la table des négociations et se félicite que les pourparlers n’éludent pas des questions difficiles telles que le retour des personnes déplacées, la propriété des terres et la justice transitionnelle.  Mme Van Vlierberge a aussi pris note de l’intention affichée des autorités soudanaises de coopérer avec la Cour pénale internationale.

La représentante a rappelé que la Belgique soutenait les mesures prises en coopération par les autorités soudanaises et la MINUAD pour désamorcer les tensions au Darfour, où les civils restent menacés.  Elle a rappelé qu’en plus du processus de paix et de rétablissement de la sécurité au Darfour et dans les Deux Zones, le Soudan faisait face actuellement à de nombreux défis, dont une situation socioéconomique précaire et aggravée par les effets de la pandémie et d’importantes inondations.  Cette situation, a-t-elle rappelé, est aussi source d’instabilité politique; c’est « un test pour la maturité de la classe politique ».  La Belgique soutient l’ambitieux programme de réformes du Gouvernement de transition et sa volonté de redresser la situation économique.  La MINUATS, en collaboration avec l’équipe pays, sera le partenaire privilégié du Soudan pour cette période de transition.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a estimé que les progrès de ces derniers mois étaient encourageants, en particulier s’agissant de la dynamique des négociations de paix.  Elle a appelé les parties qui restent à l’écart de ce processus à prendre leurs responsabilités, en reprenant les discussions de paix, et à tirer les conséquences de la nouvelle donne politique au Soudan.

La représentante s’est préoccupée de la persistance des violences au Darfour, à la fois entre les communautés et au sein des groupes armés, qui continuent de faire de nombreuses victimes civiles, y compris parmi les personnes déplacées.  Elle a qualifié d’encourageant l’envoi de 1 500 soldats des forces armées soudanaises, annoncé fin juillet, et a indiqué que cela devait se traduire par une protection effective et une réduction des risques pour les populations civiles.  C’est indispensable pour créer les conditions du retrait de la MINUAD, attendu par le Gouvernement soudanais, a-t-elle souligné.

Aux yeux de la représentante, la structure de la MINUATS proposée par le Secrétaire général constitue une ossature adéquate qui, a-t-elle ajouté, doit bénéficier des ressources humaines et financières nécessaires pour prendre corps.  C’est en particulier essentiel s’agissant du mandat de protection des civils, notamment des femmes, des enfants et des travailleurs humanitaires et personnels médicaux.

Mme Broadhurst Estival a également jugé indispensable, dans les mois à venir, de tirer le plein parti des synergies entre la MINUAD et la MINUATS, sans logique d’exclusive.  Il ne fait pas de doute que la mobilisation des capacités et de l’empreinte de la MINUAD peut aider à accélérer la transition vers la MINUATS, a-t-elle affirmé. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné l’importance pour le Soudan de lutter contre la violence intercommunautaire en intensifiant le dialogue et l’engagement communautaire.  Saluant la formation d’un comité national sur la protection des civils, le représentant a indiqué que la situation humanitaire était indissociable du processus politique. 

M. Djani a ensuite demandé à la MINUAD de coopérer étroitement avec le Gouvernement soudanais pour lui fournir l’assistance dont il a besoin pour relever les défis multiples auxquels le pays est confronté, y compris la pandémie de COVID-19. 

Le représentant a souligné la nécessité d’une transition en douceur de la MINUAD vers la MINUATS, qui ne pourra se faire que grâce à une coordination étroite entre les Nations Unies, le Soudan, l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Le succès de la MINUATS doit être la priorité de toutes les parties, a-t-il affirmé.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a félicité le Soudan pour la conclusion de l’accord de paix de Djouba et a encouragé les parties qui ne l’ont pas encore rejoint à le faire urgemment, insistant par ailleurs sur la nécessité impérieuse de répondre aux racines du conflit.  Il a salué les progrès réalisés par le Soudan pour opérer une transition politique vers la démocratie, citant notamment la nomination des gouverneurs civils.  Il a encouragé les États à poursuivre le processus de renforcement des institutions, soulignant que les institutions démocratiques solides sont l’épine dorsale de toute démocratie. 

Le représentant a dit espérer que la MINUATS serait un partenaire solide pour aider le Soudan à bâtir une pleine démocratie.  Étant donné l’étendue des défis qu’affronte le Soudan, il est essentiel de veiller à ce que la MINUATS soit dotée des capacités et des ressources nécessaires, a-t-il souligné.  Il a par ailleurs souhaité que le Soudan considère la MINUATS comme un véritable partenaire. 

M. Jürgenson a aussi salué l’empressement du Gouvernement à se saisir de la question de la protection des civils, tout en relevant que l’ONU pourrait s’avérer utile pour pallier certaines « contraintes de capacités ». 

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a constaté que le Gouvernement soudanais était soumis à une pression intense de la part de sa population, à laquelle viennent s’ajouter la COVID-19, les changements climatiques et les besoins humanitaires provoqués par les affrontements communautaires.  Il s’est également inquiété du niveau élevé de violence sexuelle et sexiste dans certaines zones du pays pendant le confinement dû à la pandémie. 

Le représentant a salué l’adoption d’une législation visant à éradiquer les pratiques culturelles néfastes, notamment les mutilations génitales féminines, et à abolir la peine de mort pour les mineurs.  Il a jugé essentiel de veiller à ce que la MINUATS compte des conseillers de protection de l’enfance avec des postes bien financés.  Il a jugé tout aussi essentiel de veiller à ce que la MINUATS appuie le Gouvernement en matière de protection des civils et souhaité que cet appui débouche sur une réelle possibilité de faire de la protection des civils une réalité. 

M. Singer Weisinger s’est par ailleurs préoccupé du fait que les femmes n’ont que très marginalement participé aux conversations sur la paix.  Il a aussi exhorté le Gouvernement à assurer un accès humanitaire sans entrave aux civils qui en ont besoin.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a salué les progrès accomplis sur le terrain depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur le Soudan au mois de juin, lorsque le Conseil avait autorisé la création de la MINUATS.  De même, les États-Unis se félicitent de la déclaration de principes récemment acceptée par le Gouvernement de transition dirigé par des civils et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord.  Nous exhortons les parties à entamer prochainement des discussions fondées sur ces principes. 

L’accord de paix de Djouba et la déclaration sur les principes d’Addis-Abeba s’appuient sur la formidable dynamique au Soudan qui a commencé à la fin de 2018 et au début de 2019 pour parvenir à la paix, à la liberté et à la justice, ainsi qu’à l’égalité des droits et des chances pour tous les Soudanais, a poursuivi la représentante.  Les États-Unis appellent l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid à engager sans tarder le Gouvernement de transition pour faire avancer la cause de la paix.  Une paix globale nécessitera un processus de paix inclusif et harmonisé. 

Aujourd’hui plus que jamais, la MINUATS est nécessaire pour soutenir le peuple soudanais, a affirmé Mme Norman-Chalet, qui a salué au passage les efforts de l’ONU pour jeter les bases d’une présence efficace des Nations Unies au Soudan et a souhaité que, malgré les retards dans la nomination d’un représentant spécial du Secrétaire général, l’ONU parviendra à recruter et déployer rapidement le personnel de la nouvelle Mission.  Elle s’est dite convaincue que la MINUATS serait en mesure de s’acquitter de son mandat. 

Dans le même temps, les États-Unis sont profondément préoccupés par le manque de reddition de comptes pour les violences récentes au Darfour et dans d’autres régions touchées par le conflit, tout en prenant note des mesures prises par le Soudan pour répondre à cette violence, notamment son plan de protection des civils, la nomination des gouverneurs civils et le déploiement d’une force conjointe.  Pour les États-Unis, les autorités locales et le Gouvernement de transition doivent faire davantage pour empêcher de nouvelles attaques des milices contre les civils, y compris les personnes déplacées, et pour traduire en justice les responsables des horribles violences commises à Masteri et ailleurs.  Mme Norman-Chalet a exhorté la MINUAD et les agences des Nations Unies présentes au Soudan à continuer de se coordonner pour protéger les civils.  La violence, qui a fait des centaines de morts et des milliers de déplacés, nous rappelle à tous que la protection des civils doit toujours être au premier plan de nos délibérations et de nos décisions concernant le Soudan, y compris lors de nos prochaines discussions sur l’avenir de la MINUAD, a conclu la représentante. 

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a salué les progrès significatifs réalisés au Soudan, et en particulier au Darfour, au cours des derniers mois.  Dans le même temps, il a noté que le Soudan continuait de faire face à de nombreux défis.  Pour le représentant, il est essentiel que toutes les parties concernées au Soudan continuent de respecter pleinement leurs accords, contribuant ainsi à la paix et à la stabilité à long terme dans le pays.  Le Viet Nam a notamment appelé à la pleine application de la déclaration constitutionnelle et de l’accord de paix avant de se féliciter, dans ce cadre, de la nomination des gouverneurs par intérim dans 18 États. 

Le représentant a ensuite exhorté les groupes armés restants au Darfour à engager dès que possible des négociations de paix.  Le soutien de l’ONU et de l’Union africaine, ainsi que le rôle de médiation du Soudan du Sud peuvent être encore renforcés à cet égard, a-t-il estimé, soulignant qu’à la lumière des défis posés par la COVID-19, il était important d’aider le Gouvernement à maintenir le dialogue avec les parties concernées au Darfour, y compris par des moyens à distance. 

Le Viet Nam note avec satisfaction que la situation sécuritaire au Soudan en général et au Darfour en particulier est devenue plus stable.  Il demande aux groupes armés au Darfour de continuer de faire preuve de retenue.  Dans le même temps, le représentant a noté que la violence intercommunautaire au Darfour restait un problème particulièrement préoccupant.  Tout en prenant note des efforts déployés par le Gouvernement pour remédier aux récents incidents, il l’a appelé à trouver des solutions globales et durables pour s’attaquer aux causes profondes de cette violence intercommunautaire, y compris des mesures visant à promouvoir le dialogue et la réconciliation entre les différentes tribus et communautés.  Dans ce contexte, le Viet Nam a salué le travail de la MINUAD pour contribuer à la paix et à la stabilité dans la région.  Alors que la MINUAD se retire, il l’a encouragée à poursuivre ses activités de renforcement des capacités des forces de sécurité gouvernementales. 

M. Dang a également insisté sur l’importance de relever les défis économiques et humanitaires au Soudan.  Saluant l’engagement des donateurs concernés à la conférence de partenariat avec le Soudan, le 25 juin, il a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir le Gouvernement soudanais dans la lutte contre la pandémie de COVID-19 et les défis socioéconomiques actuels, notamment l’insécurité alimentaire, les catastrophes naturelles et les changements climatiques.  Comme l’indique le rapport du Secrétaire général, la transition a besoin d’un soutien à la fois financier et politique, a rappelé le représentant, qui a plaidé en faveur de l’accès du Soudan à l’aide financière internationale, aux investissements et à l’allégement de la dette à court et à moyen terme.  Enfin, il a salué la qualité de la coopération entre l’ONU et le Soudan depuis juin 2020 et a dit attendre avec intérêt le déploiement en temps opportun de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS). 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a qualifié d’« événement historique » l’accord sur les principes visant notamment à maintenir la cessation des hostilités durant le processus de paix qui, selon elle, illustre l’adage: « à problèmes africains, solutions africaines ».  Jugeant important que la nouvelle mission de l’ONU devienne opérationnelle, elle a prévenu que le Conseil de sécurité ne devait pas faire faux bond aux Soudanais.  Le lancement de la MINUATS « tombe à point nommé » et la Russie se positionne en faveur du « retrait définitif de l’opération hybride, qui a rempli ses objectifs avec succès ». 

Pour la représentante, le défi et la priorité du jour sont la consolidation de la paix, et pas son maintien.  Il est donc indispensable que la MINUAD se retire dans les délais prévus.  « La dynamique sur le terrain au Darfour n’a pas connu d’inflexion notable », a-t-elle affirmé.  La Russie estime en outre que « le principal fauteur de trouble », « coupable des hostilités », demeure l’ALS-faction Abdul Wahid, qui n’a d’ailleurs pas participé aux négociations menées à Djouba et a rejeté l’accord.  La Russie appelle la communauté internationale à faire pression sur Abdul Wahid. 

S’alignant sur les positions du Secrétaire général, la représentante de la Fédération de Russie a appelé « une fois de plus » à la levée des « sanctions unilatérales anachroniques » contre le Soudan.  On ne peut pas parler de redressement économique et en même temps leur faire obstacle, a-t-elle jugé.  La levée des sanctions n’a en outre rien à voir avec le règlement du problème au Soudan.  Pour la Fédération de Russie, les sanctions « reflètent davantage les intentions de leurs instigateurs ».  « Il y a longtemps qu’un tel cynisme ne nous étonne plus », a sèchement conclu la représentante. 

M. OMER MOHAMED AHMED SIDDIG (Soudan) a déclaré que l’accord signé avec les principaux groupes armés du Darfour et des deux régions du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu s’attaquait aux causes profondes des conflits armés et de l’instabilité politique au Soudan.  Le texte, a précisé le représentant, comprend le partage des ressources, la propriété foncière, la justice sociale, la gouvernance et l’égalité au niveau national.  Il vise à trouver une solutions aux conséquences des conflits, tels que l’aide humanitaire, le retour sûr et volontaire des personnes déplacées et des réfugiés sur leurs terres d’origine, le désarmement des combattants armés et leur intégration dans l’armée ou la société nationale, et le développement et la reconstruction des zones touchées par le conflit, a détaillé le représentant. 

Trois éléments, a poursuivi M. Siddig, caractérisent cet accord de paix et le rendent différent des accords précédents.  D’abord, c’est la volonté politique et l’engagement du Gouvernement de transition à assurer la paix, la justice et la liberté.  Ensuite, l’accord a été négocié et conclu entre les Soudanais eux-mêmes, ce qui a fait dire au Premier Ministre Abdalla Hamdok qu’il s’agit d’une paix soudanaise, faite de nos propres mains et de nos propres efforts.  Enfin, les négociations ont été menées entre anciens camarades, contrairement à l’atmosphère conflictuelle qui avait prévalu pendant l’ère Béchir. 

Au début de ce mois, a expliqué M. Siddig, le Premier Ministre Abdalla Hamdok a tenu des négociations avec le chef du MPLS-N, Abdelaziz Hélou, à Addis-Abeba.  Ils ont signé une déclaration sur les principes, dans laquelle ils ont obtenu la poursuite de la cessation actuelle des hostilités pendant toute la durée du processus de négociation, et se sont mis d’accord sur six principes qui ouvriraient la voie à la résolution des quelques questions restantes.  Le représentant a appelé Abdul Wahid al-Nur à participer lui aussi au processus de paix et chercher un avenir prospère de paix et de stabilité au Darfour. 

M. Siddig a en outre promis que le Gouvernement s’engageait à prendre sa responsabilité de protéger les populations du Darfour en envoyant 15 000 membres des forces armées et policiers après les affrontements de juillet dernier.  En outre, une campagne régionale de collecte d’armes est en cours, et les mécanismes de justice pénale sont améliorés et mis en place.  Plus important encore, la nomination de gouverneurs civils dans tous les « comtés », en particulier au Darfour, aura un effet profond sur la préservation de la sécurité et de la stabilité la région. 

Rappelant le Plan national de protection des civils au Darfour et dans les zones touchées par la guerre, le représentant a indiqué que ce document était guidé par des pratiques exemplaires, ainsi que par des politiques et des normes efficaces.  Il y a 10 jours, a-t-il poursuivi, un rapport périodique sur la mise en œuvre de ce plan a également été communiqué au Conseil.  Après la résolution 2524 (2020) du Conseil de sécurité créant la MINUATS, le Premier Ministre a pris la décision de former le Mécanisme national de coordination avec la MINUATS, et a nommé un coordonnateur national. 

Cet organe interministériel de coordination, a expliqué le représentant, est composé de toutes les autorités nationales compétentes et est chargé de faire la synergie entre le Gouvernement et la Mission aux niveaux fédéral et étatique, ainsi que d’identifier les besoins de soutien dont le Soudan a besoin.  Le Mécanisme a déjà joué un rôle clef dans le succès de la visite de l’équipe de planification du Secrétariat qui s’est rendue au Soudan en août, a-t-il fait valoir.  Il n’en demeure pas moins que le Gouvernement attend d’autres consultations avec l’équipe s’agissant de la planification de la Mission et de l’établissement de sa structure, de ses politiques et de ses priorités. 

Le représentant a assuré que le Gouvernement s’attaquait à la mauvaise gestion économique du régime précédent, à la pandémie de COVID-19 et au niveau sans précédent de fortes pluies et d’inondations dévastatrices dans le pays.  Cette situation nécessite toutefois un soutien soutenu et généreux de la part des partenaires régionaux et internationaux, a-t-il plaidé.  Il a aussi demandé le retrait urgent par les États-Unis du Soudan de leur liste des États parrainant du terrorisme, car sa présence sur cette liste empêche l’allégement de la dette, l’accès à des prêts concessionnels et des investissements étrangers à grande échelle. 

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