Soixante-quinzième session,
10e & 11e séances – matin & après-midi
AG/12271

À l’Assemblée générale, la lutte concertée contre la COVID-19 n’occulte pas des différends territoriaux et des conflits de souveraineté

Le quatrième jour du débat général de l’Assemblée générale, toujours rythmé par les vidéos préenregistrées des chefs d’État et de gouvernement, a été marqué par le « retour » du pape François, cinq ans après sa dernière intervention en personne à la tribune.  L’occasion pour le Saint-Père d’alerter, à l’heure de la COVID-19, sur le sort « intolérable » des réfugiés, migrants et personnes déplacées, abandonnés « à la périphérie de la vie » dans leur pays d’origine, de transit et de destination. 

Devant une audience éparse de représentants permanents, le souverain pontife a rappelé la vocation du multilatéralisme, qui est l’expression d’une « coresponsabilité mondiale » et d’une solidarité fondée sur la justice et la réalisation de la paix et de l’unité – « rien d’autre que le projet de Dieu pour notre monde ».  La pandémie nous engage « à vivre cette épreuve comme un choix entre l’essentiel ou le trivial, le permanent ou l’éphémère  », a tranché le pape, partisan d’une refonte des systèmes économiques et sociaux au profit de tous et soucieux de la santé de la « maison commune ». 

Plaidant lui aussi pour une action structurée autour des principes de solidarité et de responsabilité, et fondée sur des partenariats entre pays d’origine, de transit et de destination, le Premier Ministre italien, M. Giuseppe Conte, a souhaité une vision à long terme qui remonte aux causes profondes des flux migratoires: « L’Italie, en tant que pays d’entrée dans l’Union européenne, est à nouveau en première ligne pour soutenir un changement de perspective conduisant à une gouvernance européenne à plusieurs niveaux basée sur une véritable solidarité et le développement de canaux sécurisés pour la migration légale », a assuré le Chef de Gouvernement. 

À rebours de ces appels à la solidarité, des voix discordantes se sont fait entendre, révélant que le COVID-19 n’a pas relégué à l’arrière-plan des différends territoriaux vieux de plusieurs décennies.  Le Premier Ministre du Pakistan, M. Imran Khan, s’est ainsi lancé dans un réquisitoire virulent contre l’Inde, accusée de piétiner la vision séculière de Ghandi et Nehru en cherchant à livrer le pays à un «  corps politique hindou dominant ». 

Le dirigeant pakistanais a tout particulièrement fustigé l’occupation «  illicite de plus de 72 ans » du Jammu-et-Cachemire, où le déploiement récent de troupes préparerait le terrain à une « solution finale », selon les termes qu’il a prêtés à l’organisation « terroriste » Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS). 

De son côté, le Président de l’État de Palestine a dénoncé le « deal du siècle », proposé par les États-Unis, ainsi que « l’annexion planifiée » par Israël de plus de 33% des terres palestiniennes, outre Jérusalem-Est.  M. Mahmoud Abbas a également considéré que les accords de normalisation des relations entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn constituent une violation de l’Initiative de paix arabe et des termes de référence d’une solution globale, durable, juste et conforme au droit international du conflit israélo-palestinien.  Désireux de relancer un « véritable  » processus de paix sous l’égide de l’ONU, M. Abbas a invité le Secrétaire général à lancer, en coopération avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, les préparatifs d’une conférence internationale début 2021 à laquelle seraient conviées toutes les parties concernées. 

Une autre crise géopolitique s’est invitée à l’ordre du jour, celle qui oppose la Grèce à la Turquie.  Le Premier Ministre grec, M. Kyriakos Mitsotakis, a regretté qu’Ankara ait répondu à « la main qu’il a tendue » lors de la précédente Assemblée générale par « l’escalade, la provocation, la désinformation et l’agression ».  Aucun doute que ces actions portent atteinte au droit international et menacent la sécurité et la stabilité de la Méditerranée orientale et de tous les États membres de l’Union européenne.  Du même avis, le Président du Conseil européen, M. Charles Michel, a annoncé l’organisation prochaine d’une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale, dans le cadre de laquelle seraient abordées des questions telles que les délimitations maritimes, la sécurité, les questions énergétiques et la migration. 

La Turquie a également été mise en cause par le Premier Ministre arménien, M. Nikol Pashinyan, qui lui a reproché ses velléités de «  puissance  » régionale, notamment dans le Caucase du Sud, où elle soutiendrait «  unilatéralement  » l’Azerbaïdjan, pays avec lequel l’Arménie est dans un conflit de souveraineté sur le Haut-Karabakh.  Dans cette même sous-région, le Premier Ministre de Géorgie, M. Giorgi Gakharia, s’en est pris à la Fédération de Russie, qui occuperait 20% de son territoire, en Abkhazie et dans la région de Tskhinvali, territoires où un processus de «  frontiérisation  illégale » serait en cours, sur fond de campagne de désinformation. 

Le nouveau Premier Ministre du Japon, M. Yoshihide Suga, qui a pris ses fonctions le 16 septembre 2020, a confirmé que la position de son pays reste inchangée sur la question des « enlèvements par la Corée du Nord  » de ressortissants japonais.  Il a toutefois, déclaré que son gouvernement cherche à normaliser ses relations avec Pyongyang, en vue d’un règlement du dossier nucléaire et des missiles balistiques.  M. Suga s’est dit prêt à rencontrer le Président Kim Jong-un « sans condition », persuadé qu’une relation constructive entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) servirait non seulement leurs intérêts mutuels, mais aussi la paix et à la stabilité régionales. 

Plusieurs petits États insulaires en développement se sont exprimés aujourd’hui, s’alarmant une fois de plus de « l’enjeu existentiel » que représente les changements climatiques.  Certes, comme l’a rappelé le Président de Kiribati, M. Taneti Maamau, ces nations ont été protégées de la COVID-19 par leur insularité, mais la fermeture des frontières a été « un couteau à double tranchant » sur le plan économique.  Le Premier Ministre de Tuvalu, M. Kausea Natano, a lancé un appel aux pays développés, accaparés par la lutte contre la pandémie, pour qu’ils ne perdent pas de vue la priorité climatique, «  la plus grande menace pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être du Pacifique et de ses peuples à long terme ». 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, samedi 26 septembre, à partir de 9 heures.

Suite du débat général

Le Président de la Micronésie, M. DAVID W. PANUELO,  a rappelé que son pays est un produit du multilatéralisme, bénéficiant d’un partenariat durable avec les États-Unis tel que codifié par leur pacte de libre association.  Ce pacte énonce d’importants accords de réciprocité entre les deux nations et instaure un cadre d’assistance américaine pour soutenir les efforts de la Micronésie vers l’autosuffisance, a expliqué le Président avant de rappeler les autres partenaires clefs de son pays comme le Japon, la Chine et l’Australie.  Il a dit être un fervent défenseur d’une coopération cohérente entre toutes les nations et tous les peuples pour une solidarité mondiale.  Qu’il s’agisse de la lutte mondiale contre la COVID-19 ou des changements climatiques, des efforts internationaux pour lutter contre la traite des êtres humains ou la pêche illégale, la Micronésie demande « à ses amis américains et chinois » de renforcer leur coopération et leur amitié afin de réaliser ce qui est le mieux pour la communauté mondiale.  

Soulignant l’intensité renouvelée et croissante de la concurrence pour l’accès et l’influence dans « sa » région du Pacifique, le Président a dit craindre que ces activités menacent potentiellement de rompre des alliances de longue date au sein de « notre famille du Pacifique », et a prévenu qu’elles pourraient devenir contre-productives pour la solidarité, la sécurité et la stabilité régionales.  Il a donc appelé les autres dirigeants des îles du Pacifique, ainsi que ceux des pays voisins du Pacifique développés et industrialisés, à rester concentrés et fidèles aux « objectifs collectifs » qui les unissent, et non aux intérêts unilatéraux qui pourraient certainement les diviser à long terme.   

Dans le même esprit, il a exhorté les États-Unis et la Chine à défendre conjointement des causes mondiales à travers la solidarité et la coopération en citant les changements climatiques et la lutte contre la COVID-19.  Les solutions à ces deux crises nécessitent une collaboration internationale, a tranché le Président Panuelo avant de préciser que son pays reste l’un des très rares pays sans COVID-19 au monde.  Il en a profité pour remercier le système des Nations Unies et de l’OMS et d’autres pays « généreux » pour leur soutien dans la lutte contre la menace de la COVID-19.  La Micronésie croit fermement en l’objectif 17 du développement -Partenariats- a dit le Président en espérant qu’une fois des vaccins efficaces contre la COVID-19 disponibles, ils seront partagés largement et immédiatement -accessibles et abordables- avec toutes les nations et peuples du monde.

Pour la Micronésie, les changements climatiques représentent la plus grande menace à long terme.  La montée des eaux menace de rendre impossible la vie dans les atolls éloignés, a-t-il expliqué en indiquant aussi que les températures plus élevées menacent les cultures, le bétail et les poissons.  M. Panuelo a martelé que le monde doit passer aux énergies durables et renouvelables.  « Pour honorer les engagements pris au titre de l’Accord de Paris, toutes les nations doivent faire un effort unifié et mondial. »  Nous avons vu, grâce au Protocole de Montréal, que 98% des substances appauvrissant la couche d'ozone ont été éliminées par la communauté mondiale, a-t-il rappelé affirmant que l’on peut réussir en travaillant ensemble.   C’est à la fois possible et essentiel, a-t-il tranché.  

La Micronésie demande par conséquent au Secrétaire général de l’ONU de nommer un représentant spécial pour le climat et la sécurité auprès du Conseil de sécurité et que les efforts de l’ONU soient plus inclusifs sur ce dossier.  Cette conviction est partagée par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique, a indiqué le Président Panuelo en citant la récente Déclaration Kainaki II (2019).

Le pape FRANÇOIS, Chef d’État du Saint-Siège, cinq ans après s’être adressé à l’Assemblée générale, a relevé combien la pandémie de COVID-19 change notre mode de vie, remet en question nos systèmes -économique, sanitaire et social-, et expose notre fragilité humaine.  La pandémie, selon le souverain pontife, nous appelle « à vivre cette épreuve comme le moment de choisir entre ce qui est essentiel ou accessoire, entre ce qui est permanent ou éphémère ».  Elle peut être l’occasion de repenser notre façon de vivre et nos systèmes économiques et sociaux, qui creusent le fossé entre riches et pauvres.  Ou elle peut être l’occasion d’un « repli défensif » vers un plus grand individualisme et un élitisme, a-t-il averti.

Pour le pape François, nous sommes donc confrontés à un choix entre deux voies possibles.  Une voie mène à la consolidation du multilatéralisme en tant qu’expression d’un sens renouvelé de la coresponsabilité mondiale, d’une solidarité fondée sur la justice et la réalisation de la paix et de l’unité au sein de la famille humaine, qui est « le plan de Dieu pour notre monde ».  L’autre voie met l’accent sur l’autosuffisance, le nationalisme, le protectionnisme, l’individualisme et l’isolement.  Elle exclut les pauvres, les vulnérables et ceux qui vivent « à la périphérie de la vie ». 

La pandémie a également mis en évidence la nécessité urgente de promouvoir la santé publique et de faire du droit de chacun à des soins médicaux de base une réalité, a constaté le pape en appelant à nouveau les dirigeants politiques et ceux du secteur privé à n’épargner aucun effort pour garantir l’accès aux vaccins contre la COVID-19 et aux technologies essentielles nécessaires pour soigner les malades.  « Si quelqu’un doit avoir la préférence, que ce soit les plus pauvres, les plus vulnérables, ceux qui sont si souvent victimes de discrimination parce qu’ils n’ont ni pouvoir ni ressources économiques. »

Dans le même ordre d’idées, le Saint-Père s’est inquiété des effets de la pandémie sur l’emploi.  Il a jugé urgent de trouver de nouvelles formes de travail permettant à chacun de réaliser son potentiel et d’affirmer sa dignité.  Il a plaidé à cette fin pour un changement dans le paradigme économique dominant, qui vise uniquement à accroître les bénéfices des entreprises.  Le pape a plaidé pour un cadre éthique plus solide, capable de surmonter « la culture actuelle du gâchis ».

Il est douloureux de voir le nombre de droits de l’homme fondamentaux qui, de nos jours, continuent d’être violés en toute impunité, a confié le pape François en se désolant de la longue liste de ces violations, qui offre l’image « effrayante » d’une humanité maltraitée, blessée, privée de dignité, de liberté et d’espoir pour l’avenir.  Il a dénoncé en particulier les persécutions que les croyants continuent de subir, comme le génocide.  « Nous autres chrétiens en sommes victimes: combien de nos frères et sœurs dans le monde souffrent, parfois contraints de fuir leurs terres ancestrales, coupés de leur riche histoire et culture. »

Le souverain pontife s’est attardé sur le sort des réfugiés, migrants et personnes déplacées qui se retrouvent abandonnés dans leurs pays d’origine, de transit et de destination, privés de toute chance d’améliorer leur vie et celle de leurs familles.  Pire encore, s’est-il lamenté, des milliers de personnes sont interceptées en mer et renvoyées de force dans des camps de détention, où elles subissent des tortures et des abus.  Beaucoup d’entre elles sont victimes de la traite des êtres humains, de l’esclavage sexuel ou du travail forcé, exploitées dans des emplois dégradants et privées d'un juste salaire.  « C’est intolérable, mais intentionnellement ignoré par beaucoup! »

Les efforts internationaux pour répondre à ces crises commencent par de grandes promesses, a constaté le pape François en évoquant les deux pactes mondiaux sur les réfugiés et sur les migrations, tout en notant que beaucoup ne reçoivent pas le soutien politique nécessaire pour réussir.  D’autres échouent parce que les États fuient leurs responsabilités et leurs engagements.  Néanmoins, a-t-il voulu croire, « la crise actuelle offre à l’ONU l’occasion de contribuer à l’édification d’une société plus fraternelle et plus compatissante ».

Cela implique notamment de reconsidérer le rôle des institutions économiques et financières de Bretton-Woods, qui doivent répondre à l’inégalité croissante entre les superriches et les pauvres, a poursuivi le Saint-Père.  Ici, il a renouvelé son appel pour la réduction, voire l’annulation, de la dette qui pèse sur les budgets des nations les plus pauvres. 

Le pape François a noté la situation alarmante de l’Amazonie et de ses peuples autochtones.  « On voit ici que la crise environnementale est indissolublement liée à une crise sociale, et que la protection de l’environnement nécessite une approche intégrée de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. »  Nous ne devons pas imposer aux générations futures le fardeau des problèmes créés par les générations précédentes, a mis en garde le pape, assurant que le Saint-Siège continuera à jouer son rôle pour « prendre soin de notre maison commune ». 

Le pape s’est par ailleurs inquiété de voir que, dans le cadre de la réponse humanitaire à la pandémie, certains pays et institutions internationales promeuvent l’avortement comme un service soi-disant essentiel.  « Il est troublant de voir à quel point il est devenu simple et commode pour certains de nier l’existence d’une vie humaine comme solution à des problèmes qui peuvent et doivent être résolus tant pour la mère que pour l’enfant à naître. »  Le pape a exhorté les autorités civiles à être particulièrement attentives aux enfants qui se voient refuser leurs droits fondamentaux et leur dignité, en particulier leur droit à la vie et à l’école.  Il a rappelé que les premiers enseignants de chaque enfant sont sa mère et son père, la famille, que la Déclaration universelle des droits de l’homme décrit comme « l'unité naturelle et fondamentale de la société ».  Trop souvent, a-t-il regretté, la famille est victime de formes de « colonialisme idéologique » qui l’affaiblissent et conduisent à une fragmentation sociale. 

« Nous devons rompre avec le climat actuel de méfiance », a aussi recommandé le souverain pontife, à l’heure où nous assistons à une érosion du multilatéralisme, qui est « d’autant plus grave à la lumière du développement de nouvelles formes de technologie militaire ».  « Nous devons démanteler la logique perverse qui lie la sécurité personnelle et nationale à la possession d’armes », a-t-il ajouté.

« On ne sort pas inchangé d’une crise », a conclu le pape François.  « On en ressort meilleur ou pire. »  La pandémie nous a montré que nous ne pouvons pas vivre les uns sans les autres, ou pire encore, opposés les uns aux autres.  L’ONU a été créée pour rassembler les nations, pour être un pont entre les peuples.  « Faisons bon usage de cette institution pour transformer le défi qui nous attend en une occasion de construire ensemble, une fois de plus, l'avenir que nous souhaitons tous”, a-t-il exhorté.

Que dire de plus sur la « tragédie perpétuelle et les souffrances endurées par mon peuple? »  Combien de temps encore les Palestiniens demeureront-ils sous le joug de l’occupation israélienne?  Et jusqu’à quand les millions de réfugiés palestiniens seront-ils privés d’une solution conforme à la vision énoncée par l’ONU il y a plus de 70 ans?  C’est par une série de questions laissées sans réponses que M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a entamé son allocation au débat général.

Le peuple palestinien est présent dans sa patrie, la Palestine, « la terre de ses ancêtres », depuis plus de 6 000 ans, a poursuivi M.  Abbas.  « Et il continuera à vivre sur cette terre », a-t-il promis, « inébranlable face à l’occupation, à l’agression, aux déceptions et aux trahisons, jusqu’à la réalisation de ses droits ».  Malgré tout ce que les Palestiniens ont enduré et continuent de subir, malgré le blocus « injuste »  dont ils font l’objet, a insisté le Président, « nous ne mettrons pas un genou à terre, nous ne déposerons pas les armes, nous ne dévierons pas de nos positions fondamentales, et nous vaincrons ».

M. Abbas a souligné que son pays avait accepté la primauté du droit international et les résolutions de l’ONU sur la question palestinienne, en dépit, selon lui, de « l’injustice historique que nous avons subie depuis 1917 et du fait que ces résolutions ne reconnaissaient comme palestiniens que les territoires occupés en 1967 ».  Or, le Président a dénoncé le fait que la Puissance occupante israélienne, avec le soutien du Gouvernement américain actuel, tente aujourd’hui de substituer à ces résolutions le « deal du siècle » proposé par les États-Unis et « l’annexion planifiée » de plus de 33% des terres de Palestine, en plus de celle de Jérusalem-Est.

M. Abbas a affirmé que la Palestine avait toujours recherché une paix juste, globale et durable, au point d’accepter « toutes les initiatives » qui lui ont été présentées.  « J’ai personnellement consacré ma vie à la réalisation de cette paix tant désirée, notamment depuis 1988, puis avec la Conférence de Madrid et les Accords d’Oslo en 1993, et encore aujourd’hui », a-t-il rappelé, précisant qu’il demeurait attaché à l’Initiative de paix arabe.

« En retour, qu’a fait Israël? », a demandé le Président palestinien.  Selon lui, la Puissance occupante a violé tous les accords signés avec les Palestiniens et sapé la solution des deux États, à coup « de meurtres et de mutilations, d’arrestations, de démolitions de maisons, d’asphyxie de notre économie et d’actions systématiques pour modifier le caractère et l’identité de Jérusalem occupée, en attaquant ses lieux saints musulmans et chrétiens ».  M. Abbas a également dénoncé la poursuite de la politique israélienne de colonisation des terres palestiniennes.  

Dernièrement, a poursuivi le Président, Israël a annoncé des accords de normalisation de ses relations avec les Émirats arabes unis et le Bahreïn, en violation, selon lui, de l’Initiative de paix arabe et des termes de référence d’une solution globale, durable, juste et conforme au droit international.  « L’Organisation de libération de la Palestine n’a pourtant donné de mandat à personne pour parler ou négocier au nom du peuple palestinien », s’est-il étonné.  À ses yeux, la seule voie possible pour parvenir à une paix durable, globale et juste dans la région passe par la fin de l’occupation israélienne et la garantie de l’indépendance de l’État de Palestine, sur la base des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.

À cet égard, M. Abbas a invité le Secrétaire général de l’ONU à entreprendre, en coopération avec le Quatuor pour le Moyen-Orient et le Conseil de sécurité, des préparatifs en vue de convoquer une conférence internationale à laquelle seraient conviées toutes les parties concernées.  Cette conférence, a-t-il précisé, aurait lieu en début d’année prochaine et permettrait de relancer un « véritable » processus de paix, fondé sur le droit international et les résolutions de l’ONU.  Elle devrait notamment conduire à la fin de l’occupation et à l’indépendance de la Palestine, ainsi qu’à la résolution de toutes les questions concernant son statut final, notamment celle des réfugiés, sur la base de la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Sur le plan de la politique intérieure, M. Abbas a indiqué en conclusion que son pays, malgré tous les obstacles auxquels il est confronté, se préparait à organiser des élections législatives suivies d’élection présidentielle, avec la participation de toutes les factions et partis politiques palestiniens.  « Nous continuerons de donner la vie et l’espoir sous l’étendard de l’unité nationale et de la démocratie », a affirmé le Président palestinien.  « Nous continuerons de résister à toutes les tentatives et à tous les plans visant à nous effacer ».

M. CHARLES MICHEL, Président du Conseil européen, parlant au nom de l’Union européenne, a rappelé être un soutien indéfectible des Nations Unies, ainsi que des organisations internationales, citant en particulier l’OMS.  L’Europe a été durement touchée par la pandémie, a-t-il reconnu en indiquant que dans l'Union européenne (UE), plus de 142 000 personnes ont perdu la vie.  Il aussi fait valoir que l'UE a été à la tête de la coopération internationale qui a permis de lever près de 16 milliards d'euros pour financer la recherche et le développement de vaccins, tests et traitements contre la COVID-19.  Elle est mobilisée, aux côtés de tous les acteurs impliqués, pour que ces vaccins et traitements soient universellement accessibles et abordables.   

Le Président du Conseil européen a ensuite expliqué « pourquoi l'Union européenne a entrepris de devenir plus forte, stratégiquement autonome dans le cadre d'une économie ouverte  ».  Avant la crise, l'Europe s’était déjà engagée sur la voie de transformations fondamentales, notamment pour devenir en 2050 le premier continent neutre sur le plan carbone, et en se dotant d’un agenda digital ambitieux, dans le respect de ses valeurs fondamentales.  

Cette pandémie a décuplé notre volonté de transformer nos économies et nos sociétés, a résumé M. Michel.  D’emblée et en urgence, 540 milliards d’euros ont été mobilisés.  Ensuite, le Conseil européen a décidé en juillet de dégager des moyens financiers ambitieux et sans précédents: plus de 1 800 milliards d’euros pour les prochaines années, dont 750 milliards qui proviendront d’une émission, inédite par sa nature et par sa taille, d’obligations de l’UE. 

« La responsabilité, elle commence d’ailleurs par voir les choses comme elles sont, et non comme on voudrait qu’elles soient. »  Dans le monde d’aujourd’hui, a déploré M. Michel, l’abus de la force, militaire mais aussi économique, évince trop souvent l’argumentation et la négociation.  « Le respect des traités, principe de base du droit international, en vient même à être considéré comme optionnel.  Même par ceux qui en étaient il y a peu encore les garants historiques.  Tout cela au nom d’intérêts partisans. »

Plus que jamais, l’UE défend un monde basé sur des règles et une coopération internationale fondée sur les valeurs universelles, a assuré M. Michel en soulignant notamment que l’UE est « à l’avant-garde de la mise en œuvre des accords de Paris ».  Dans le même esprit, les objectifs du Programme 2030 sont déjà intégrés dans notre système de gouvernance économique, a-t-il fait savoir avant de souligner aussi que l’UE est attachée à faire progresser l’équité fiscale, de manière générale, et en particulier dans le secteur numérique.  Des activités importantes réalisées dans ce domaine ne peuvent plus échapper à une taxation juste, a-t-il dit en signalant que l’UE est engagée, aux côtés de l’OCDE et du G20, dans la coopération internationale pour corriger cette injustice.  

L’UE est un acteur de paix et de progrès, a poursuivi M. Michel.  « L’UE veut mobiliser son influence et sa force pour rendre les autres plus robustes aussi. »  Ainsi, a-t-il, elle soutient les six partenaires des Balkans occidentaux dans leur transformation et leur intégration, et vient de décider d’ouvrir les négociations d’adhésion avec deux pays de plus parmi eux: l’Albanie et la République de Macédoine du Nord. 

Venant au Bélarus, M. Michel a estimé que « la dernière élection présidentielle a été falsifiée ».  « Nous n’en acceptons pas les résultats. »  Il a condamné la répression violente de l’opposition et des manifestations pacifiques, en exigeant que cessent la répression et les intimidations et que justice soit rendue.  « Nous sommes au côté du peuple bélarusse qui doit être libre, sans la moindre contrainte extérieure, de choisir son propre avenir.  Le dialogue national inclusif, avec le soutien de l’OSCE, est le seul chemin réaliste. » 

Lutter contre l’impunité, c’est aussi exiger une enquête indépendante et crédible lorsque l’opposant russe Navalny est victime d’une tentative d’assassinat à l’arme chimique, a enchaîné le haut responsable avant de parler de la relation entre l’Europe et l’Afrique qui doit être « la colonne vertébrale d’un monde plus juste et plus solide ».  Reconnaissant qu’une Europe forte a besoin d’une Afrique forte, et inversement, il a réitéré son appel à régler la question des dettes des pays les plus pauvres dans un esprit de solidarité qui doit aussi prendre en compte les effets de la pandémie.  

Préoccupé par les tensions en Méditerranée orientale, le Président du Conseil européen a redit que les actions unilatérales et les infractions au droit international doivent absolument cesser.  Il a proposé l’organisation d’une conférence multilatérale sur la Méditerranée orientale, en lien avec l’ONU, signalant que de nombreux acteurs déjà ont répondu positivement.  Les délimitations maritimes, la sécurité, les questions énergétiques, la migration sont quelques-uns des sujets qui devraient être abordés.  

« Notre logique c’est aussi d’appuyer les efforts des Nations Unies, et le cas échéant des organisations régionales, notamment en Libye et en Syrie”, a assuré M. Michel qui a aussi jugé crucial l’accord sur le nucléaire avec l’Iran et appelé à le préserver.  « Toutes les parties doivent continuer de souscrire à sa pleine mise en œuvre », a-t-il exigé en rappelant qu’il a été endossé par le Conseil de sécurité (résolution 2231) et qu’il reste en vigueur.  « Et il ne fait aucun doute pour nous que les sanctions sur le nucléaire levées lors de la conclusion du Plan d’action global commun restent bien levées. »

Sur la question de la paix entre Palestiniens et Israéliens, M. Michel a souligné que l’UE reste fermement attachée à la solution des deux États.  Nous ne ménagerons pas nos efforts avec nos partenaires internationaux, notamment le Quatuor, pour faciliter le retour des Israéliens et des Palestiniens à la table des négociations, afin de trouver une solution négociée conforme aux paramètres internationalement convenus, a-t-il indiqué. 

Depuis que j’ai accédé à la fonction de Président du Conseil européen, a rapporté M. Michel, on me pose souvent une question à la fois simple et brutale: « Dans la nouvelle rivalité entre les États-Unis et la Chine, de quel côté se situe l’Union européenne? »  « Nous partageons des idéaux, des valeurs et une affection réciproque fortifiés dans les épreuves de l’histoire.  Ils restent incarnés aujourd’hui dans une alliance transatlantique vitale.  Cela ne nous empêche pas d’avoir occasionnellement des approches ou des intérêts divergents. »

Par contre, a précisé M. Michel, « nous ne partageons pas les valeurs sur lesquelles s’appuie le système politique et économique en Chine ».  L’UE ne cessera de promouvoir le respect des droits humains universels, y compris ceux des minorités comme les Ouïgours, et à Hong Kong où les engagements internationaux qui garantissaient l’état de droit et la démocratie sont remis en question.  « Nous commerçons, et nous sommes partenaires de la Chine face à des défis mondiaux tels que le réchauffement climatique.  Mais nous sommes décidés à rééquilibrer cette relation vers plus de réciprocité et de concurrence loyale », a ajouté M. Michel avant de conclure son allocution par un rappel du soutien de l’UE au multilatéralisme, à l’ordre international fondé sur des règles et à l’ONU.

Pour la première fois, « nous avons une Assemblée virtuelle », a déclaré M. MARK RUTTE, Premier Ministre et Ministre des affaires générales des Pays-Bas, la qualifiant d’« un peu surréaliste ».  «  Mais il est important –malgré les restrictions– que nous partagions nos points de vue sur la situation internationale, surtout cette année, parce que c’est l’année du coronavirus  », a-t-il observé.  L’ONU a donné l’exemple, notamment en mettant en place la réponse ONU COVID-19 et en établissant le Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19, à l’initiative du Secrétaire général, fonds dont les Pays-Bas sont à ce jour le plus important donateur.  Mais si nous voulons vraiment vaincre ce virus, nous devrons faire encore plus pour renforcer la coopération internationale, a estimé le Chef du Gouvernement, en exhortant à soutenir l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui joue un rôle crucial.  Cela signifie également que les États Membres doivent coopérer pleinement avec l’Organisation et faire preuve de transparence, même si, « dans certains cas, cela a fait défaut  ».  Dans le même temps, a-t-il reconnu, l’OMS a également suscité des critiques: «  Les Pays-Bas conviennent qu’une fois la crise maîtrisée, nous devrions évaluer la situation et examiner comment nous pouvons renforcer ses pouvoirs. »   

Malheureusement, alors que nous célébrons le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, nous assistons à une autre tendance.  «  L’ordre mondial multilatéral, qui nous a tant apporté au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, est soumis à de fortes pressions.  »  Pour l’inverser, la première étape consiste pour tous les pays à assumer la responsabilité du bon fonctionnement du système multilatéral, en choisissant de défendre leurs intérêts nationaux sans perdre de vue «  l’intérêt commun  ».  La deuxième étape consiste, selon lui, à évaluer de manière critique le système lui-même, parce que nous ne pouvons «  relever les défis d’aujourd’hui avec les structures d’hier  ».  Il est essentiel d’améliorer, de réformer et de moderniser nos institutions mondiales, et l’ONU ne fait pas exception, a insisté M. Rutte. 

Au Conseil de sécurité, les Pays-Bas, a rappelé le Premier Ministre, ont planché sur des réformes pratiques de l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et ils continueront de fournir des ressources financières: « nous sommes l’un des 10 plus gros donateurs du système multilatéral », s’est enorgueilli le dirigeant néerlandais.  Cela passe par le partage de notre expertise dans des domaines comme l’adaptation au climat, «  un sujet qui figure dans l’ADN même de notre Royaume  », qui est composé d’un détroit de basse altitude en bordure de la mer du Nord et de plusieurs petites îles caraïbéennes.  En janvier 2021, les Pays-Bas accueilleront le Sommet sur l’adaptation climatique, a annoncé le Premier Ministre. 

Une autre contribution de son pays est de fournir une assise à l’ordre juridique international, comme en témoigne le fait que La Haye accueille la Cour internationale de Justice et la Cour pénale internationale.  Pour notre pays, la mise en place de procédures judiciaires spéciales pour juger les personnes accusées d’avoir abattu le vol MH17 a été une étape importante, s’est félicité M. Rutte, «  parce que justice doit être rendue  ». 

M. K. P. SHARMA OLI, Premier Ministre du Népal, a déploré que les catégories de pays tels que les pays moins avancés (PMA) et les pays en développement sans littoral, auxquelles son pays appartient, soient confrontées à une limitation des ressources, de la protection sociale et des infrastructures sanitaires nécessaires pour faire face à la pandémie de COVID-19.  La détresse est encore aggravée par l’arrêt du tourisme, des transferts de fonds ainsi que par une perturbation profonde des chaînes d’approvisionnement et du commerce.  Pour la première fois au cours des 20 dernières années, la pauvreté augmente, principalement dans les pays en développement, a constaté le Premier Ministre en se désolant que la crise actuelle menace des objectifs durement atteints dans des domaines clefs  et qu’elle mette en péril l’objectif du Népal de quitter la catégorie des PMA.

Profondément préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire en Libye, en Syrie et au Yémen, le Premier Ministre du Népal a appelé à un règlement pacifique de tous les conflits.  Il a exprimé son souhait de voir naître la paix au Moyen-Orient, notamment via une solution des deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Fort de plus de six décennies de partenariat dans les opérations de paix de l’ONU, l’engagement du Népal en faveur de la paix et de la stabilité internationales est plus fort que jamais, a insisté M. Oli, qui considère par ailleurs que les pays fournisseurs de troupes et de police devraient davantage être représentés dans les postes à responsabilité, tant au Siège que dans les missions sur le terrain.

Le Premier Ministre a milité pour une réduction généralisée des dépenses militaires à l’échelon mondial au profit d’une augmentation du budget alloué à la recherche médicale.  Le monde a besoin de « plus de masques, pas de mousquets; de plus d’équipements de protection, pas d’armes destructrices; d’investissement social pour sauver des vies, pas de dépenses militaires pour en détruire ».

Les montagnes népalaises contribuent grandement au maintien de l’écosystème, a tenu à souligner le Premier Ministre en expliquant que leur neige alimente des centaines de rivières se déversant dans les océans.  « L’Himalaya au Népal fonctionne comme un stabilisateur naturel du climat », a-t-il insisté, réclamant la réalisation pleine et entière des Accords de Paris pour protéger l’écosystème mondial. 

M. GIORGI GAKHARIA, Premier Ministre de Géorgie, a assuré que, malgré les difficultés, son pays avait réussi à faire face à l’assaut de la pandémie de COVID-19.  Grâce à des décisions proactives, aux efforts des autorités, des médecins et des épidémiologistes, et surtout à la responsabilité sociale de ses citoyens, la Géorgie a pu se maintenir sur la liste des « zones vertes », s’est-il enorgueilli, remerciant les États-Unis, l’Union européenne (UE) et les institutions financières internationales pour leur aide capitale.  

Au-delà de ce nouveau défi, a poursuivi M. Gakharia, la Géorgie reste confrontée à l’occupation de l’Abkhazie et de la région de Tskhinvali, soit 20% de son territoire.  Aujourd’hui encore, alors que le monde mène la guerre contre le coronavirus, la Fédération de Russie poursuit son processus de « frontiérisation » illégale et de provocations dans les territoires occupés, a-t-il accusé.  D’après lui, les outils de guerre hybride sont largement utilisés, y compris la désinformation contre la principale installation nationale de lutte contre la pandémie, le Centre Richard Lugar de recherche en santé publique.

La Fédération de Russie n’a toujours pas respecté l’accord de cessez-le-feu du 12  août 2008 négocié par l’UE, au mépris de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie, ainsi que des principes fondamentaux du droit international, a déploré le Chef du Gouvernement géorgien.  Dans ce contexte, les populations frappées par le conflit se trouvent dans un état de crise humanitaire et sont privées de leur liberté de mouvement et de leurs droits à la propriété, à l’éducation et aux soins de santé de base, a-t-il décrit, faisant également état d’enlèvements et de cas de torture.   

Invitant la communauté internationale à évaluer de manière adéquate les actions illégales de la Fédération de Russie, il a exhorté cette dernière à adopter une position constructive dans le cadre des discussions internationales de Genève.  C’est là que sont débattues, avec la participation de l’ONU, de l’OSCE, de l’UE et des États-Unis, les questions sécuritaires et humanitaires liées à l’Abkhazie et la région de Tskhinvali, notamment le retrait des troupes russes, la création de mécanismes de sécurité internationaux et le retour des déplacés internes et des réfugiés dans leurs foyers.

Le Premier Ministre géorgien a précisé que son gouvernement entend parvenir à la paix de manière pacifique.  Cela implique d’assurer d’une part la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, d’autre part la réconciliation et le rétablissement de relations entre les communautés déchirées par la guerre.  L’initiative de paix gouvernementale « Un pas vers un avenir meilleur » témoigne, selon lui, de cette volonté de dialogue avec les habitants d’Abkhazie et de Tskhinvali.  Notre objectif est de développer ces régions et d’améliorer les conditions de vie de leurs résidents, tout en préservant leur culture et leur identité, qui constituent « notre patrimoine commun  », a-t-il expliqué. 

Après avoir exprimé sa gratitude aux partenaires de la Géorgie pour le soutien qu’ils apportent à sa souveraineté, à son intégrité territoriale et à sa politique de non-reconnaissance, M. Gakharia a rappelé que son pays avait mis en œuvre une réforme constitutionnelle prévoyant le passage, cette année, à la gouvernance parlementaire européenne et la tenue, en 2024, d’élections législatives à la proportionnelle.  La Géorgie a également signé un accord d’association avec l’UE, avec des voyages sans visa et un accord de libre-échange. 

En outre, a encore déclaré le Premier Ministre, la Géorgie participe depuis des années à des missions internationales de maintien de la paix dans divers pays.  Ses soldats veillent à la paix et à la stabilité mondiales, et 32 d’entre eux sont tombés en accomplissant cette mission honorable.  Aujourd’hui, a-t-il conclu, « nous sommes un acteur important pour garantir la sécurité mondiale, car la sécurité de la Géorgie est indissociable de la sécurité mondiale ». 

M. ANDREJ BABIŠ, Premier Ministre de la République tchèque, a plaidé en faveur de réformes ambitieuses face à la crise actuelle qui permettront à la communauté internationale de « reconstruire en mieux ».  Il s’est dit favorable à une discussion ouverte sur une révision de l’architecture multilatérale de la santé, basée sur une évaluation juste et objective de la réponse internationale à la pandémie.  Or, a-t-il regretté, l’OMS n’a pas su exercer un leadership mondial en matière de santé: elle n’a pas agi résolument après la pandémie qui s’est déclarée à Wuhan, en Chine ; elle a même échoué dans l’application de son expertise épidémiologique et de son savoir-faire médical pour aider les gouvernements à lutter contre les flambées du virus.  Les recommandations confuses de l’OMS concernant le port du masque facial ne sont qu’un exemple de son rôle « discutable » au cours des derniers mois, a encore déploré M. Babiš.

Face à la prolifération d’initiatives concernant l’accès à un vaccin contre la COVID-19, M. Babiš a appelé à un rôle de coordination de l’ONU afin de garantir que ces initiatives soient complémentaires et non en conflit les unes avec les autres.  Il a précisé que des chercheurs tchèques se sont concentrés sur l’application de la nanotechnologie à la construction de masques faciaux.

D’après le Premier Ministre, la pandémie a accéléré trois grandes tendances mondiales qui sapent un multilatéralisme efficace: la confrontation géopolitique mondiale ; la fragmentation politique et économique croissante ; un choc entre les libertés personnelles et la surveillance technologique, y compris la tendance à une introduction plus rapide de l’intelligence artificielle dans le secteur de la santé.

D’après lui, une réforme crédible de l’OMC exigera l’engagement de tous les États Membres et des investissements en capital politique de la part des dirigeants mondiaux.  La République tchèque, principalement par l’intermédiaire de l’Union européenne, fera tout son possible pour faire appliquer les règles commerciales internationales existantes face à la montée des tensions et des mesures protectionnistes.  « Notre ambition est un commerce international aussi ouvert que possible », a assuré M. Babiš.

À la lumière de la pandémie de COVID-19 et de ses implications socioéconomiques, l’Europe devra redéfinir son rôle dans le monde, a analysé le Premier Ministre.  « Les décisions politiques que l’UE prend actuellement pour faire face à la crise façonneront l’avenir du projet européen et le rôle de l’UE en tant qu’acteur mondial dans les années à venir. »

Nous devons utiliser d’énormes sommes d’argent pour rendre l’Europe plus durable et innovante, a plaidé M. Babiš en recommandant que l'Europe s’impose comme un leader de l’industrie technologique, « tâche très difficile face à la concurrence actuelle, en particulier de la part des entreprises américaines et chinoises  ».  « Néanmoins, l’Europe a montré qu’elle pouvait être un leader mondial dans de nombreux domaines spécifiques, comme la lutte contre les changements climatiques. »  La pandémie a en outre éclipsé de nombreux problèmes mondiaux qui n'ont pas disparu et l’Europe devra à terme faire face à la migration illégale, au Brexit ou à d'importants défis étrangers et sécuritaires, a-t-il prévenu.

La République tchèque, comme de nombreux autres pays, pas seulement en Europe, a eu sa propre expérience malheureuse de cyberattaques contre ses hôpitaux, a révélé le Premier Ministre.  La communauté internationale doit montrer qu’elle ne tolérera pas les cybercomportements agressifs et qu’elle est prête à travailler de manière coordonnée pour devenir plus résiliente.

Par ailleurs, M. Babiš s’est dit préoccupés par l’instabilité dans la région du Sahel.  La République tchèque est un membre actif du groupe de la Coalition mondiale contre Daech et de la nouvelle Coalition pour le Sahel.  Ses activités de sécurité se concentrent sur la mission de formation de l’UE au Mali, où elle a le deuxième plus grand contingent.  La République tchèque a également mis en place un programme national doté d’un budget de 12 millions d’euros pour s’attaquer aux causes profondes de la migration dans les pays africains d’origine et de transit, ainsi que pour soutenir le développement socioéconomique de cette région.

Enfin, le Premier Ministre a mentionné un autre sujet de préoccupation: le Bélarus. « Je crois fermement que chaque société doit pouvoir décider de son avenir par des élections libres et démocratiques.  »  Il a jugé que les médias indépendants et la société civile sont essentiels car ils fournissent des informations en temps réel, documentent les fraudes électorales et la brutalité des forces de sécurité.  « Un dialogue intrabiélorusse est le seul moyen de résoudre la crise.  Son résultat logique devrait être de nouvelles élections  », a-t-il conclu.

M. KYRIAKOS MITSOTAKIS, Premier Ministre de la Grèce, a souligné que le monde est confronté à une crise de santé publique sans précédent, la première des temps modernes.  « Les principales économies du monde sont en récession.  Notre système vital de biodiversité semble au bord de l’effondrement, avec un million d’espèces au bord de l’extinction.  Les problèmes transnationaux menacent notre sécurité individuelle, régionale et collective.  Et les acteurs malveillants représentent une menace insidieuse et croissante pour notre mode de vie, le multilatéralisme et le bon fonctionnement du droit international », a-t-il constaté.  Et pourtant, la manière dont la Grèce et le peuple grec ont répondu à ces défis a prouvé qu’il y avait un moyen de surmonter cette incertitude, s’est enorgueilli le Chef de Gouvernement.  « Nous avons prouvé que l’agilité, la flexibilité et les nouvelles technologies peuvent responsabiliser la population et produire des résultats qui semblaient auparavant impossibles  », a estimé le Président.  Et contre toute attente, la Grèce a très bien réussi à faire face à la première vague de la pandémie, s’est-il encore félicité.  Cependant, la deuxième vague est à nos portes, a mis en garde le Premier Ministre, pour qui il faudra de la persévérance, des politiques agiles qui protègent les plus vulnérables, une confiance continue dans les experts et la responsabilité individuelle pour s’en sortir. 

L’autre grand défi géopolitique auquel la Grèce est confrontée concerne la Turquie, a relevé M. Mitsotakis.  « Lors de l’Assemblée générale de 2019, j’avais tenu à tendre la main de l’amitié et de la coopération au Président Erdoğan.  Malheureusement, la Turquie a répondu par l’escalade, la provocation, la désinformation et l’agression.  Là où la Grèce a choisi la voie du dialogue de bonne foi, la Turquie a choisi la voie de l’intransigeance  », a-t-il regretté.  Selon lui, il ne fait aucun doute que les actions de la Turquie portent atteinte au droit international et menacent la sécurité et la stabilité de la région élargie de la Méditerranée orientale et de tous les États membres de l’Union européenne.  Celle-ci a clairement indiqué que les actions unilatérales ne resteraient pas sans réponse lorsqu’elles menacent les droits souverains des États membres, a prévenu le dirigeant grec. 

Malgré ces événements, il s’est déclaré optimiste : « Tout le monde comprend que cette escalade constante des tensions ne peut continuer.  Et je refuse de croire qu’un partenariat entre voisins proches n’est pas possible.  Regardez le récent accord conclu entre Israël et les Émirats arabes unis.  Tous deux amis de la Grèce, maintenant amis l’un avec l’autre.  Des années de suspicion et d’animosité ont été remplacées par la coopération et la compréhension mutuelles  », s’est enthousiasmé le Premier Ministre.  « Alors, rencontrons-nous, parlons-en et cherchons une solution mutuellement acceptable.  Donnons une chance à la diplomatie.  Si, après tout, nous ne pouvons toujours pas nous mettre d’accord, nous devons nous fier à la sagesse de la Cour internationale de La Haye  », a-t-il préconisé.  Le début des pourparlers entre nos deux parties, qui a été annoncé il y a deux jours, est un pas dans la bonne direction, a estimé M. Mitsotakis.  Si le Président Erdoğan croit vraiment que l’ONU est un phare d’espoir et un bastion de coopération mondiale, je lui demanderais instamment d’agir conformément à ses valeurs, a-t-il plaidé.

Évoquant le terrible incendie du camp de Moria, à Lesbos, survenu au début du mois, le Premier Ministre a mis en évidence l’énorme problème posé par les migrations massives, en particulier aux frontières méridionales de l’Europe.  « La Grèce ne peut gérer seule cette question », a-t-il rappelé, en reconnaissant le soutien inestimable du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).  Il s’agit selon lui d’un « échec » de la communauté internationale et nous devons tous partager la responsabilité de cet échec.  C’est pourquoi nous devons faire davantage ensemble pour lutter contre les causes profondes des migrations : pauvreté, privation, économie, incertitude, exploitation, violence et guerre. 

M. ANDREJ PLENKOVIĆ, Premier Ministre de Croatie, a déclaré que la riposte à la pandémie de doit pas aboutir à une défiance et à un isolationnisme accrus au sein de la communauté internationale mais au contraire promouvoir une véritable solidarité.  La victoire contre le virus exige une gouvernance inclusive et responsable, une coopération étroite et une mutualisation des ressources afin de renforcer les systèmes de santé.  Il a souhaité qu’un éventuel vaccin bénéficie au plus grand nombre et devienne un bien public mondial, avant d’insister sur le rôle crucial de l’OMS.  Au regard des circonstances sans précédent dans lequel le monde se trouve, le Premier Ministre a appelé à repenser le rôle mondial du multilatéralisme et à renforcer un ordre international régi par des règles.  Une approche basée sur les droits humains est la seule manière d’aller de l’avant afin que personne ne reste de côté, a-t-il rappelé.  Il a également appelé à appuyer l’ONU, à la fois financièrement et politiquement, en précisant que son pays a contribué à hauteur de 600 000 euros aux efforts de l’OMS.

M. Plenković a insisté sur l’engagement de l’Union européenne à devenir le premier continent climatiquement neutre d’ici à 2050, une croissance économique climatiquement neutre étant dans l’intérêt du monde.  Il a aussi plaidé pour une « numérisation intelligente » de l’économie et insisté sur la nécessité d’assurer la sécurité des infrastructures numériques.  Malheureusement, la pandémie a facilité la propagation de la désinformation et du trolling sur Internet, a-t-il dit, en dénonçant les consternantes attaques cybernétiques qui ont frappé les institutions sanitaires luttant contre la pandémie.  « Il n’y a pas de vaccin contre les fake news. »  Le Premier Ministre a néanmoins salué la responsabilisation grandissante des grandes entreprises technologiques et des médias à ce sujet.  Il a, par ailleurs, souligné l’importance que la prochaine Conférence d’examen du TNP soit couronnée de succès, avant de plaider pour une action multilatérale efficace face aux transferts illicites d’armes conventionnelles.

Rappelant la signature, il y a 25 ans, de l’Accord de paix de Dayton-Paris, M. Plenković a été d’avis que cet anniversaire devrait être employé pour réfléchir non seulement aux avancées permises par l’Accord mais aussi à la situation actuelle en Bosnie-Herzégovine dans la perspective de placer résolument ce pays important sur la voie européenne.  La Croatie, partie à l’Accord et voisin de ce pays, a un intérêt à voir une Bosnie-Herzégovine stable et prospère.  Une pleine égalité pour les Croates, l’une des trois communautés bosniennes, demeure notre priorité, a poursuivi le Premier Ministre, en demandant une représentation institutionnelle adéquate.  Il a indiqué que la perspective européenne des Balkans occidentaux avait contribué de manière importante à la paix et à la démocratie en Europe.  Pour la stabilité de la région, il a demandé une réconciliation sincère, sur la base de la vérité et de faits, conjuguée à la recherche des personnes disparues et à une justice rendue pour toutes les victimes.

Enfin, M. Plenković a indiqué que le monde ne peut plus fermer les yeux devant les effets des changements climatiques, en rappelant qu’entre 8 et 14 millions de tonnes de plastique sont rejetées chaque année dans les mers et océans.  Unissons nos efforts pour créer un monde plus sain, plus égalitaire et plus durable pour les générations à venir, a conclu le Premier Ministre croate.

M. GIUSEPPE CONTE, Premier Ministre de l’Italie, a rappelé que la pandémie de COVID-19 avait frappé sans discrimination toutes les régions et tous les peuples du monde, mettant l’humanité, une fois de plus, à l’épreuve.  « L’Italie a été le premier pays d’Europe et d’Occident à avoir fait face à l’urgence à grande échelle  », a rappelé le Chef de Gouvernement.  Au cours des semaines les plus traumatisantes de la situation d’urgence, l’Italie a pu constater le soutien et l’amitié que lui a témoignés la communauté internationale.  Il a aussi tenu à remercier ses concitoyens «  pour l’extraordinaire sens de la responsabilité  » dont ils ont fait preuve.  

L’Italie, a souligné M. Conte, a proposé la constitution d’une «  alliance internationale dans la lutte contre la COVID-19 ».  Cette initiative nous a permis de mobiliser, en un temps record, plus de 40 milliards d’euros dans le cadre de la réponse globale de l’Union européenne à la crise, notamment pour garantir un accès égal et universel à un vaccin, des diagnostics et des traitements thérapeutiques: «  La santé est un bien commun, inaliénable, et en tant que telle, doit être garantie pour chaque femme et chaque homme de la planète  », a tranché le Chef de Gouvernement, avant d’annoncer la tenue, en 2021, d’un «  Sommet mondial sur la santé  », précisément pendant la présidence italienne du G20.   

Notant par ailleurs que la pandémie avait ouvert de nouveaux horizons aux stratégies de lutte contre les changements climatiques et de protection de l’environnement, M. Conte a appelé à œuvrer ensemble à ce que nos ambitions renouvelées dans ces domaines ne soient pas déconnectées de la promotion des investissements et des politiques de relance socioéconomique: « Le Green Deal européen est plus que jamais nécessaire pour remporter ce défi de la transition verte », a estimé M.  Conte.  Notre partenariat avec le Royaume-Uni dans l’organisation de la vingt-sixième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 26) réaffirmera notre rôle dans ce domaine.  «  Nous nous concentrerons particulièrement sur l’augmentation de la participation des jeunes au débat », a-t-il également annoncé, en y voyant un « impératif moral  ».  

Évoquant la situation en Libye, le Premier Ministre a estimé qu’il y avait des raisons de nourrir des espoirs devant « l’évolution timide mais encourageante  » du processus de paix dans ce pays.  Ses chances de succès sont, selon lui, liées à deux facteurs: le respect de l’appropriation par le peuple libyen d’une solution inclusive et le rôle de médiation essentiel joué par l’ONU.  Le cessez-le-feu, malgré sa fragilité, a finalement rouvert un espace de dialogue intra-libyen, a-t-il noté, en saluant aussi le message fort qu’envoient les récents pourparlers à Montreux.  «  La prochaine étape à franchir en Libye sera de permettre une reprise de la production pétrolière, dans tout le pays, en promouvant une gestion équitable des ressources au profit de toute la population libyenne  », a préconisé le Premier Ministre. 

Parmi les effets négatifs que la pandémie a causés dans les zones de crise, M. Conte a cité l’aggravation des vulnérabilités déjà graves des migrants.  Les flux migratoires irréguliers sont un défi mondial et, en tant que tel, ne peuvent être surmontés que grâce à une réponse multilatérale de la communauté internationale.  «  Ce qu’il faut, c’est une action structurée autour des principes de solidarité et de responsabilité, et fondée sur des partenariats avec les pays d’origine, de transit et de destination des flux  », a recommandé M. Conte.  Nous avons donc besoin d’une action collective contre les réseaux de trafiquants d’êtres humains, a-t-il dit.  En même temps, nous devons entretenir une vision à long terme qui commence par remonter aux causes profondes de ces mouvements.  «  L’Italie, en tant que pays d’entrée dans l’Union européenne, est à nouveau en première ligne pour soutenir un changement de perspective conduisant à une gouvernance européenne à plusieurs niveaux basée sur une véritable solidarité et le développement de canaux sécurisés pour la migration légale  », a assuré le Premier Ministre. 

M. NIKOL PASHINYAN, Premier Ministre de l’Arménie, a tenu à souligner une fois de plus le soutien sans équivoque de son pays à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et à la résolution 2532 (2020) du Conseil de sécurité sur la COVID-19, exigeant la cessation générale et immédiate des hostilités dans toutes les situations.  Alors que les efforts mondiaux à cet égard se poursuivent, « nous avons été témoins de déplorables tentatives de déstabilisation de la paix et de la sécurité dans notre région », a dénoncé le Premier Ministre.  En juillet, a-t-il expliqué, l’Azerbaïdjan a tenté un autre acte d’agression.  « Les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé une offensive militaire dans la région frontalière de Tavush en Arménie », a accusé le Chef de Gouvernement.  L’Arménie a appelé à une désescalade immédiate et accepté de mettre fin aux hostilités quelques heures après leur déclenchement, mais l’Azerbaïdjan a continué de cibler la population et les infrastructures civiles et d’attaquer les zones frontalières en employant de l’artillerie, des armes lourdes, des drones et de grandes unités d’infanterie, a-t-il relaté.  Le Premier Ministre a ajouté que les autorités azerbaïdjanaises avaient intensifié leurs menaces de guerre.  Le Ministère azerbaïdjanais de la défense a même menacé de frappes la centrale nucléaire d’Arménie, ce qui équivaudrait à un acte de « terrorisme nucléaire », a estimé le Chef de Gouvernement.

Selon lui, les batailles de juillet ont « brisé » le mythe de la supériorité militaire de l’Azerbaïdjan et validé l’évidence selon laquelle il n’existe pas de solution militaire au conflit dans le Haut-Karabakh.  « Il est grand temps que les dirigeants azerbaïdjanais reconnaissent ce fait et renoncent au recours à la force et à la menace de la force dans le contexte du règlement du conflit. »  Le Premier Ministre a fait valoir que le droit à l’autodétermination du peuple du Haut-Karabakh est à la base du processus de paix, qui est reconnu par la communauté internationale et les médiateurs internationaux.  En vertu de ce droit, le peuple du Haut-Karabakh devrait être en mesure de déterminer son statut sans limitation et les autorités élues pouvoir participer aux négociations, a encore estimé M. Pashinyan. 

Assurer la sécurité globale du peuple de l’Artsakh est une autre priorité essentielle pour l’Arménie, a-t-il poursuivi en soulignant que la liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme fondamentaux sont des conditions essentielles d’un environnement propice à un règlement durable et global du conflit.  « Seuls les gouvernements légitimement élus peuvent véritablement exprimer les intérêts de leur peuple et avancer vers un compromis. »   Le Premier Ministre a affirmé que les autorités azerbaïdjanaises avaient constamment utilisé le conflit pour légitimer leur longue emprise sur le pouvoir.  Pendant des décennies, l’Arménie et les Arméniens ont été « des ennemis utiles pour les dirigeants de l’Azerbaïdjan » pour justifier le bas niveau de vie, l’absence de démocratie et les violations systématiques des droits de l’homme dans leur pays, a tonné le Premier Ministre. 

Il a plaidé pour que le cessez-le-feu soit renforcé par des actions concrètes sur le terrain : il faut renoncer à la rhétorique belliqueuse et aux discours de haine, étendre le domaine d’action des observateurs de l’OSCE sur la ligne de contact et aux frontières, établir un mécanisme d’enquête sur les violations du cessez-le-feu et établir des lignes de communication directe entre les commandants sur le terrain.  Pendant l’escalade de juillet, les appels de la communauté internationale portaient principalement sur le respect du cessez-le-feu, le dialogue et la retenue, a noté le Premier Ministre. 

« Cependant, la Turquie, tout à fait conforme à ses politiques déstabilisatrices de projection de puissance dans ses autres régions voisines, notamment la Méditerranée orientale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, n’a épargné aucun effort pour alimenter les tensions dans le Caucase du Sud », a déclaré M. Pashinyan.  Il a estimé que, en soutenant unilatéralement l’Azerbaïdjan et en étendant sa présence militaire dans ce pays, la Turquie sape les efforts de paix et de stabilité dans la région, ainsi que les efforts des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE.  Il s’est plaint que la Turquie menace directement l’Arménie et met en scène « des postures militaires agressives » au moyen d’exercices militaires conjoints provocateurs avec l’Azerbaïdjan à proximité immédiate de l’Arménie et du Haut-Karabakh.  M. Pashinyan a encore accusé la Turquie de construire sa politique dans la région sur des traditions de parenté, sur l’exploitation des conflits, sur la justification du génocide arménien et sur l’impunité de ce crime.  « La Turquie constitue une menace pour la sécurité de l’Arménie et de la région. »  Dans ce contexte, l’Arménie, a-t-il assuré, continuera de participer activement aux efforts régionaux et internationaux pour maintenir la paix et la sécurité par le dialogue et la coopération. 

M. IMRAN KHAN, Premier Ministre du Pakistan, a indiqué que son gouvernement s’était engagé à fondamentalement transformer le Pakistan en le modelant selon les principes de l’État de Médine fondé par le Prophète Mahomet, en vue d’« une société humaine et juste où toutes les politiques gouvernementales ont pour but de sortir les citoyens de la pauvreté et d’assurer une redistribution équitable ».  Pour atteindre ce but, nous avons besoin de paix et de stabilité, c’est pourquoi notre politique étrangère vise à la paix avec nos voisins et au règlement des différends par le dialogue, a déclaré le Premier Ministre. 

M. Khan a dressé un portrait très sombre de l’ordre international actuel, avec une fragilisation de ses principes fondamentaux, une prolifération des conflits, un retour en force des rivalités entre grandes puissances et la persistance d’occupations militaires et d’annexions illicites.  « Selon le renommé professeur Noam Chomsky, l’humanité court un plus grand risque aujourd’hui qu’avant les Première et Deuxième Guerres mondiales en raison de la menace accrue d’une guerre nucléaire, des changements climatiques et, malheureusement, de l’essor de régimes autoritaires. »  M. Khan a donc appelé à s’unir afin de remédier à une telle catastrophe, en réaffirmant son appui au multilatéralisme. 

S’agissant de la pandémie, le Pakistan a fait le pari d’un « confinement intelligent », avec l’ouverture notamment du secteur agricole, dans la mesure où si un confinement strict avait été imposé, davantage de personnes seraient mortes de faim plutôt que du virus, a expliqué M. Khan.  Si ce confinement a été fortement critiqué au début de sa mise en œuvre, M. Khan a indiqué que, « par la grâce d’Allah le Tout-Puissant », le pays a réussi à contrôler le virus, à stabiliser l’économie et surtout à protéger les plus pauvres des conséquences les plus négatives du confinement. 

Le Premier Ministre a mentionné les dommages considérables infligés par les transferts financiers illicites des pays en développement vers les pays riches et les paradis fiscaux.  Ces ressources qui pourraient être consacrées au développement humain sont détournées par des élites corrompues, a-t-il déploré, en indiquant que le retour de ces ressources volées est impossible en raison de la lourdeur des procédures.  De plus, parce ce qu’ils en sont les bénéficiaires, il y a un manque de volonté politique au sein des pays riches pour combattre ces activités criminelles. Face à cette situation, M. Khan a exhorté l’Assemblée générale à jouer un rôle de chef de file en vue de bâtir un cadre global visant à remédier à ces flux financiers illicites et à assurer un rapatriement rapide de ces avoirs dérobés.  « Il est important de réaliser que l’aide des pays riches vers le monde en développement est minuscule en comparaison des fuites de capitaux massives du fait de nos élites corrompues. » 

Le Premier Ministre a ensuite dénoncé une accentuation de l’islamophobie, en prenant l’exemple d’incidents en Europe, y compris la republication de caricatures blasphématoires par Charlie Hebdo.  Les provocations et incitations à la haine et à la violence délibérées doivent être universellement proscrites, a-t-il exigé avant d’encourager cette Assemblée à déclarer « une journée internationale de lutte contre l’islamophobie » et à bâtir une coalition pour combattre ce fléau qui divise l’humanité.  Dans ce droit fil, M. Khan a accusé l’Inde d’être un État parrain de l’islamophobie, en dénonçant l’idéologie extrémiste de l’organisation Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS) qui pense que l’Inde appartient uniquement aux Hindous et que les autres citoyens ne sont pas des égaux.  L’approche séculière de Gandhi et Nehru a été remplacée par le rêve de la création d’un corps politique hindou, en dominant et même en procédant au « nettoyage » des 200 millions de musulmans et des membres des autres minorités.  Dans l’État d’Assam, a poursuivi M. Khan, près de deux millions de musulmans pourraient être arbitrairement déchus de leur nationalité en raison de lois discriminatoires.  Il a aussi mentionné des informations faisant état d’importants camps de concentration pour des citoyens indiens musulmans.  La marginalisation de près de 300 millions d’êtres humains –musulmans, chrétiens et sikhs– est sans précédent dans l’histoire et n’augure rien de bon pour l’avenir de l’Inde, a-t-il martelé.  « Nous savons tous que la marginalisation d’êtres humains conduit à la radicalisation. » 

Le Premier Ministre a également accusé l’Inde d’occuper illicitement le Jammu-et-Cachemire depuis plus de 72 ans, bafouant la volonté de la population et les résolutions du Conseil de sécurité, avant de dénoncer le récent déploiement de troupes et l’imposition d’un siège militaire.  L’objectif de cette campagne est d’imposer ce que le RSS-BJP a lui-même appelé une « solution finale » pour le Jammu-et-Cachemire, a-t-il accusé, ajoutant que le siège militaire s’accompagne de changements démographiques du territoire occupé.  M. Khan y a vu la tentative d’oblitération de l’identité cachemirie afin d’influer sur le résultat du plébiscite envisagé par les résolutions du Conseil.  « Le changement de la composition démographique d’un territoire occupé est un crime de guerre », a -t-il déclaré, en ajoutant que le peuple cachemiri n’acceptera jamais l’oppression indienne.  

Le Premier Ministre a accusé l’Inde, « afin de détourner l’attention de ses atrocités au Jammu-et-Cachemire », de jouer le jeu dangereux d’une rivalité militaire avec le Pakistan dans un environnement stratégique nucléarisé.  Le Pakistan a exercé une retenue maximale, malgré les constantes provocations indiennes, a-t-il dit.  M. Khan a néanmoins promis que toute tentative du Gouvernement indien dirigé par le « RSS fasciste et totalitaire » visant à agresser le Pakistan verrait se dresser une nation déterminée à se battre pour sa liberté jusqu’au bout.  Il a assuré qu’il n’y aura pas de paix et de stabilité en Asie du Sud sans le règlement du Jammu-et-Cachemire, « un point chaud nucléaire ».  Il a exhorté le Conseil à y appliquer ses résolutions comme il l’a fait pour le Timor-Leste et à protéger « les Cachemiris d’un génocide imminent du fait de l’Inde ». 

Enfin, M. Khan a rappelé que son pays a pleinement facilité en Afghanistan le processus qui a culminé avec l’accord entre les États-Unis et les Taliban du 29 février dernier.  Les dirigeants afghans doivent maintenant se saisir de cette opportunité historique pour restaurer la paix, a conclu le Premier Ministre. 

Le CHEIK SABAH KHALED AL-HAMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souligné que la pandémie de COVID-19 avait contribué à la détérioration des crises à travers le monde arabe et le Moyen-Orient.  Il a indiqué que le Koweït avait contribué à hauteur de 290 millions de dollars à la lutte contre cette pandémie, afin d’appuyer les efforts internationaux de fabrication d’un vaccin.  Tout en appelant à garantir aux pays qui en auraient le plus besoin un accès « équitable » au futur vaccin, le Cheik s’est dit prêt à accueillir des membres du personnel de l'ONU gravement infectés par le virus afin de les prendre en charge dans les hôpitaux koweïtiens.  

Passant à la situation sécuritaire au Moyen-Orient, le Premier Ministre a estimé que la cause palestinienne occupait toujours une place « historique et centrale  » au sein du monde arabe et islamique.  Réaffirmant la légitimité des droits et aspirations du peuple palestinien, il a appelé à redoubler d’efforts pour relancer les négociations selon un calendrier précis, dans le but de parvenir à une paix juste, globale et conforme aux termes de référence du processus de paix, aux résolutions de l’ONU et à l’Initiative de paix arabe.  Une telle solution, a-t-il précisé, devra mettre fin à l’occupation israélienne et établir un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale et selon les frontières antérieurs au 4  juin 1967.  

Passant à la crise yéménite, qui menace la sécurité et la stabilité régionales, le cheik a insisté sur le respect des résolutions du Conseil et sur la mise en œuvre de l'Accord de Stockholm.  À ses yeux, seule une solution politique sera à même de mettre fin au conflit, conformément aux termes de référence de l'Initiative du Golfe et de son mécanisme exécutif, aux résultats du dialogue national yéménite et à la résolution 2216 (2015) du Conseil.  Dans cette perspective, il a appelé toutes les parties à faire preuve d’ouverture et à accepter les propositions avancées par l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen.  Parallèlement, le Cheik a salué le « rôle constructif » joué par l’Arabie saoudite pour initier la mise en œuvre de l'Accord de Riyad.  Il a de nouveau condamné toutes les attaques contre le territoire saoudien et a réaffirmé son soutien envers toutes les mesures prises par l’Arabie saoudite afin de préserver sa sécurité et sa stabilité.  Le dirigeant koweïtien a également appelé à prendre des mesures rapides pour éviter que la situation du pétrolier SAFER ne dégénère en catastrophe environnementale. 

Par ailleurs, le Premier Ministre a déploré l'évolution de la crise syrienne, qui, en raison selon lui de la « perte du consensus international » et de « l’ingérence étrangère accrue », est entrée dans sa dixième année.  Saluant la reprise des pourparlers à Genève, à la fin du mois d'août, il a plaidé en faveur d’un règlement politique dans la lignée de la résolution 2254 (2015) du Conseil et du Communiqué de Genève de 2012.  Le seul moyen de mettre fin à la « détresse humanitaire » actuelle, a-t-il estimé, est de faire en sorte que toutes les parties soient à la table des négociations, sous l’égide de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie. 

Le Cheik s’est en outre dit très préoccupé par la situation en Libye et par la « division constitutionnelle » qui y règne, exhortant toutes les parties libyennes à faire preuve de retenue et à permettre à des solutions pacifiques fondées sur le dialogue.  Le Premier Ministre a salué, en ce sens, les avancées obtenues dans le cadre du dialogue entre les parties, en vue de l'élaboration d'une feuille de route pour unifier les institutions souveraines de l'État, conformément à la résolution 2510 (2020) du Conseil.  Le Cheik a également salué le rôle constructif du Maroc dans la conduite de ce dialogue.  

Sur la base des règles de bon voisinage énoncées dans la Charte des Nations Unies, le Premier Ministre a en outre appelé la République islamique d’Iran à prendre des « mesures sérieuses » pour instaurer un climat de confiance, pour entamer un dialogue fondé sur le respect de la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, ainsi que pour apaiser les tensions dans le Golfe et préserver la sécurité de la navigation maritime.  À ses yeux, cela contribuerait à établir de relations fondées sur la coopération et le respect mutuel des aspirations de tous les pays de la région à la sécurité, à la stabilité et au développement.  

Enfin, le Cheik a appelé la communauté internationale à intensifier les efforts de lutte contre la menace terroriste et l'extrémisme violent.  C’est d’autant plus urgent, a-t-il ajouté, que la région du Moyen-Orient est sous le coup d'une recrudescence des opérations menées par Daech.  

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre de Tuvalu, a souligné que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques de son pays, qui fait partie à la fois des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays les moins avancés (PMA).  Cette crise est survenue alors que Tuvalu se remettait du passage des cyclones tropicaux Tino en janvier et Harold en avril.  Si le pays reste exempt de COVID-19, les impacts du virus se font sentir sur son économie, a expliqué le dirigeant, faisant état d’une forte hausse du chômage dans les secteurs de la pêche et du tourisme, et d’une chute des envois de fonds.  En outre, la sécurité alimentaire est affectée en raison des perturbations des chaînes d’approvisionnement.  Il y a donc urgence à réaffecter les ressources nationales pour soutenir la relance économique et assurer une protection sociale minimale.  

Saluant les efforts importants déployés pour développer un vaccin contre la COVID-19, M.  Natano a également invité les États Membres de l’ONU à collaborer à un redressement des pays et des économies, en ne laissant personne de côté, en protégeant la santé et le bien-être de tous, en préservant l’environnement naturel et marin, en réduisant les émissions et en construisant une résilience aux crises futures.  

De l’avis du Premier Ministre, l’ONU dispose de systèmes et de processus qui devraient permettre de faire face à une crise sanitaire et économique, notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris, les Orientations de Samoa pour les PEID et le Programme d’action d’Istanbul pour les PMA.  «  Nous avons les ressources et la technologie, mais cela nécessite un engagement politique fort et une action immédiate et ambitieuse.  »

Il a toutefois reconnu qu’alors que débute la Décennie d’action, « le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à  2030 ».  Partisan d’un réengagement collectif, il a estimé que l’économie numérique est essentielle pour soutenir la transformation vers le développement durable et l’autosuffisance des personnes.  Il convient aussi, selon lui, d’adopter une approche d’économie circulaire et de réduire la demande de ressources mondiales en voie d’épuisement. 

Enfin a-t-il averti, au-delà de la crise actuelle, les changements climatiques demeurent « la plus grande menace pour les moyens de subsistance, la sécurité et le bien-être du Pacifique et de ses peuples à long terme ».  Pour M.  Natano, la prospérité et la sécurité partagées de « notre Pacifique bleu » ne peuvent être assurées que si la communauté internationale poursuit ses efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.  «  En travaillant ensemble, en tant que famille mondiale, dans le plein respect des droits de l’homme, nous pouvons construire ensemble un avenir qui soit réactif et résilient face aux crises sanitaires, économiques et environnementales  », a-t-il conclu. 

La crise de la COVID-19 est la plus grande crise de notre génération, a déclaré M. PEDRO SANCHEZ PEREZ-CASTEJON, Président du Gouvernement de l’Espagne. Cette urgence nous a soudainement fait prendre conscience, plus qu’un millier de traités ou de discours, que nous faisons partie d'un seul monde, a-t-il dit. 

D’après M. Sanchez, les conséquences sanitaires, économiques et sociales du coronavirus ne sont comparables qu’à ce que l’humanité a subi pendant l’épidémie de grippe de 18 années, la grande dépression ou la Deuxième Guerre mondiale.  Le virus affecte toute l'humanité sans distinction d’idéologie, de frontières ou de fortunes, a-t-il noté en soulignant que la pandémie a accentué les difficultés et les inégalités ; elle a creusé le fossé de l’injustice et de la vulnérabilité. 

Outre l’urgence sanitaire, le Président du Gouvernement espagnol a énuméré quatre défis auxquels le monde est confronté: l’urgence climatique; le progrès technique et la quatrième révolution industrielle induite par la numérisation ; les inégalités et la pauvreté; l’égalité totale entre les femmes et les hommes et l’éradication de toute forme de discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine. 

Sur le plan climatique, « nous ne pouvons ni baisser la garde ni être conformiste, car tout reste à faire », a résumé M. Sanchez.  Cette année, deux millions d’hectares ont déjà brûlé en Californie.  Une île en plastique trois fois plus grande que la France flotte dans l’océan Pacifique et détruit nos écosystèmes marins.  La désertification et la sécheresse menacent gravement les moyens de subsistance de plus de 1,2 milliard de personnes dans le monde et produisent des mouvements migratoires intenables.  

La quatrième révolution industrielle que nous vivons a une portée et une rapidité inhabituelles et peut altérer toutes les sphères de la vie « pour le meilleur ou pour le pire », a poursuivi M. Sanchez.  Elle peut aboutir à plus de loisirs ou générer plus de chômage; promouvoir la connaissance ou permettre le contrôle et la manipulation des personnes ; faire progresser l'humanité ou aggraver les inégalités.  

« Je représente un gouvernement à orientation progressiste qui lutte pour l’éradication de la pauvreté des enfants et la réduction des inégalités à l’intérieur de ses frontières  », a expliqué le Président du Gouvernement espagnol. Mais au-delà des frontières, la pauvreté, en plus de constituer une injustice flagrante, est un obstacle au progrès des sociétés.  Enfin, il est impossible d'ignorer à quel point nous sommes loin d’atteindre le cinquième des objectifs de développement durable, car les mutilations génitales féminines persistent, la violence sexiste réapparaît et l’écart entre les sexes persiste. 

M. Sanchez a souligné l’obligation, pratique et morale, d’agir ensemble, mais relevé que ce concept se heurte de front aux positions de ceux qui remettent en question le système multilatéral et érodent ses fondements.  « Comment demander à l’OMS de mener efficacement la riposte à la pandémie si ses ressources s’épuisent?  Comment plaider pour un monde ouvert et interconnecté, où les citoyens ont la liberté et une meilleure qualité de vie si nous diabolisons l’immigration et inversons les règles du commerce international?  Comment avancer dans la défense des droits de l’homme et dans la protection du patrimoine de l’humanité si nous tournons le dos aux initiatives créées à cet effet? », a lancé M. Sanchez. 

M. Sanchez a estimé que la seule solution acceptable pour l’ONU est de se perfectionner et il a développé à cet effet cinq grands axes pour guider la refonte de l’architecture multilatérale: renforcer le système de santé mondial; revoir à la hausse les engagements en matière d'ambition climatique; renforcer le système multilatéral pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  

À ce sujet, le statut de Gibraltar après le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne présente un intérêt particulier pour l’Espagne.  « Nous sommes appelés à nous conformer à la doctrine de l’ONU sur Gibraltar, sur laquelle l’Espagne s’aligne pleinement. Nous souhaitons œuvrer au développement d'une zone de prospérité sociale et économique qui englobe toute la zone de Gibraltar et le Campo de Gibraltar  », a précisé M. Sanchez. 

Ensuite, M. Sanchez a dit qu’il fallait défendre plus que jamais la démocratie et les droits de l’homme, et a proposé de «  parier » sur le multilatéralisme financier. Selon lui, les institutions financières internationales sont appelées à jouer un rôle fondamental pour surmonter cette crise mondiale, en contribuant au développement des technologies vertes et numériques, avec un accent particulier sur les secteurs de la santé et de l'éducation.  

Certaines régions, comme l’Amérique latine et les Caraïbes, sont plongées dans la crise économique la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale. C’est pourquoi, le Président du Gouvernement espagnol a convoqué une conférence de haut niveau en juin, appelant les institutions financières internationales à leur apporter leur soutien.  De la même manière, il a jugé crucial d’accélérer le processus de réforme de l’OMC.  

«  À quel moment avons-nous décidé que l’expression changer le monde avait cessé de faire sens? » a demandé M. Sanchez en guise de conclusion et en faisant appel au devoir historique, moral, urgent et incontournable d'agir ensemble pour donner au monde un nouvel horizon de croissance et de progrès. 

M. TANETI MAAMAU, Président, Chef du Gouvernement et Ministre des affaires étrangères et de l’immigration, République de Kiribati, a déclaré que cette époque difficile et incertaine appelle à une coopération plus ferme et requiert une ONU capable de faire face aux défis et de fournir une aide aux plus vulnérables.  

Il a indiqué que l’isolement de son pays lui a permis d’échapper au virus mais que la suspension des vols et la fermeture des frontières représentent des défis sans précédents, précisant que de nombreux Kiribatiens se retrouvent bloqué à l’étranger.  Alors que de nombreux pays rapatrient leurs ressortissants, Kiribati ne dispose pas des infrastructures et des capacités adéquates pour isoler les siens à leur retour.  L’état d’urgence de la santé publique a été déclaré il y a quelques mois afin de solliciter l’aide des partenaires pour renforcer le secteur de la santé publique. 

Préoccupé par la pauvreté et l’inégalité, il a affirmé que la sécurité sociale et économique de tout pays ne peut être renforcée que si le système d’appui vise en premier lieu le foyer.  Il est donc crucial que les programmes de l’ONU ciblent la famille, au niveau des foyers.  Il a prévenu que la fragmentation des valeurs peut lézarder les sociétés.  De son côté, le Gouvernement de Kiribati fournit une aide aux personnes qui se sont retrouvées au chômage en raison de la COVID-19.  Au cours des quatre prochaines années, une aide sera également apportée à certains groupes d’âge parmi les plus vulnérables afin d’améliorer leur bien-être socioéconomique.  

Poursuivant, M. Maamau a affirmé que la véritable indication du succès du multilatéralisme ne se trouve pas dans le nombre de traités conclus ou de résolutions adoptées, ni dans le nombre de pays radié de la liste des moins pays développés, mais plutôt dans la manière dont les peuples les plus vulnérables, les plus défavorisés et les moins avancés peuvent obtenir un soutien ciblé pour qu’ils soient moins touchés en cas d’irruption de pandémies telles que la COVID-19. 

M. Maamau a ensuite indiqué que la pêche représente 70% du revenu de Kiribati et que la COVID-19 a provoqué une situation compliquée pour les gens de mer, la fermeture des frontières les contraignant à rester à bord des navires pendant de longues périodes.  Pour faire face à cette situation, le Gouvernement a déclaré, le 26  août, que les gens de mer sont des « travailleurs essentiels ».  Un projet sur la sécurité climatique est également mis en œuvre à Kiribati pour faire face aux changements climatiques. 

M. ANTÓNIO COSTA, Premier Ministre du Portugal, a jugé que l’ONU est plus que jamais indispensable pour relever les défis qui ignorent les frontières et ne peuvent s’accommoder d’approches égoïstes.  «  Nous savons combien le système multilatéral se trouve sous pression.  »  Il a pointé les limitations croissantes qui freinent la réponse aux menaces et aux défis communs, avant d’affirmer que la dénommée Quatrième révolution industrielle est à la fois un défi et une opportunité.  «  Qu’il s’agisse d’intelligence artificielle et de robotisation, de mise en place de réseaux intelligents et de gestion des infrastructures et de données 5G ou encore de la restructuration de pans entiers de l’économie, l’impact des nouvelles technologies —dans l’économie, dans le monde du travail, dans les relations entre les États— demandera de nouvelles règles de conduite sur le plan international.  »  L’ONU doit tenir un rôle central dans leur définition, en apportant des solutions de compromis à mêmes de défendre l’intérêt général, a poursuivi M. Costa. 

Le Premier Ministre a affirmé que les organisations internationales elles-mêmes révèlent des difficultés au moment de répondre aux défis et aux menaces, en citant le cas paradigmatique du Conseil de sécurité.  « Il révèle la capacité limitée de réagir aux crises et aux conflits et sa composition ne reflète pas les réalités géopolitiques du XXIe siècle. »  C’est pourquoi le Portugal plaide pour un élargissement du nombre de membres permanents et non permanents, notamment pour inclure le continent africain et, au moins, le Brésil et l’Inde, a-t-il déclaré. 

M. Costa a souligné la nécessité de coopération entre les États et les organisations internationales dans la riposte au défi sanitaire et à ses conséquences socioéconomiques, la pandémie ayant mis en évidence de nombreuses vulnérabilités.  « Il nous faut récupérer rapidement la croissance et l’emploi et accroître la résilience de nos économies, de nos sociétés et de l’État », a-t-il dit, ajoutant que ce sera une priorité de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne au premier semestre 2021. 

Le Premier Ministre a estimé que la sécurité internationale n’est pas compatible avec une distribution aussi inéquitable des ressources à l’échelle mondiale.  «  Nous avons besoin d’un nouvel engagement mondial fondé sur la dignité humaine, en équilibrant l’accès concret aux opportunités et à l’espérance.  »  La crise provoquée par cette pandémie ne doit donc pas servir d’excuse pour interrompre les politiques destinées à contrer l’urgence climatique actuelle, a-t-il ajouté. 

Il a ainsi jugé essentiel de creuser la relation entre océans et changements climatiques, en accordant une attention particulière aux petits États insulaires.  « De ce fait, le Portugal réaffirme son engagement à coorganiser en 2021, avec le Kenya, la Conférence des Nations Unies sur les océans et compte sur la participation de tous les États Membres de l’ONU, au plus haut niveau. »  M. Costa a ensuite défendu des sociétés libres, plurielles et tolérantes, qui rejettent le racisme, la xénophobie, l’homophobie et le populisme et qui travaillent pour l’inclusion, pour l’égalité de genre et pour la liberté d’expression.  

Eu égard à la persistance des guerres et des conflits, le Premier Ministre a soutenu le récent appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, avant d’ajouter que le Portugal apporte une contribution en contingents à sept opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales. 

« Nous estimons que la solution des deux États est la seule capable de résoudre le conflit israélo-palestinien; que l’accord nucléaire avec l’Iran doit être préservé et intégralement respecté par toutes les parties; que les processus de médiation et de compromis menés par l’ONU sont ceux qui permettront de dépasser les crises profondes vécues aujourd’hui en Syrie, au Yémen ou en Libye.  »  Il a également lancé un appel à une solution politique pacifique et inclusive au Venezuela.  

Le Premier Ministre a souligné la contribution favorable à l’ordre international de la Communauté des pays de langue portugaise qui rassemble des nations de quatre continents.  Il a salué la sortie de l’impasse post-électorale en Guinée-Bissau, tout en espérant qu’elle inaugure un nouveau cycle de stabilité et de prospérité pour le pays, avant d’exprimer sa profonde solidarité envers le Mozambique, victime d’attaques terroristes et de tentatives de déstabilisation de ses régions du Nord.  En conclusion, M. Costa a appelé à ne pas « succomber au cynisme » et de «  chérir et renforcer les conquêtes que nous avons atteintes ensemble  ».  

M. BOYKO BORISSOV, Premier Ministre de la Bulgarie, a estimé que la crise mondiale engendrée par la pandémie de COVID-19 met à l’épreuve le multilatéralisme.  Le monde a plus que jamais besoin du leadership moral des Nations Unies, mais l’Organisation traverse une crise structurelle qui nécessite une revitalisation.  Pour le dirigeant, ce soixante-quinzième anniversaire est l’occasion d’intensifier le travail de réforme du Conseil de sécurité.  La Bulgarie soutient à cet égard le lancement de négociations intergouvernementales sur cette question.   

Saluant le rôle de leader joué par le système de l’ONU dans la réponse humanitaire à la crise actuelle, M.  Borissov s’est également félicité de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2532 (2020).  Il a ajouté que son pays continuera à soutenir les mécanismes existants, en particulier l’OMS et l’OMC, institutions multilatérales à même de coordonner les réponses aux crises.  

L’Union européenne (UE) et d’autres organisations régionales ont rejoint l’initiative des Nations Unies pour une réponse mondiale à la pandémie, a rappelé le Premier Ministre, soulignant que la réponse stratégique de l’UE est le multilatéralisme, combiné à des économies compétitives et à la solidarité.  À cet égard, a-t-il noté, les priorités de l’Alliance pour le multilatéralisme, à laquelle la Bulgarie a adhéré le 26 septembre 2019, sont conformes aux orientations de l’action de l’ONU énoncées par le Secrétaire général.  

Membre actif du programme « Team Europe » mis en œuvre par l’UE pour aider des pays tiers à lutter contre la pandémie, la Bulgarie a également fourni une assistance humanitaire financière et en nature aux activités de l’UNICEF en faveur des enfants victimes de la tragédie au Liban.  Elle s’emploie en outre à atténuer les effets de la pandémie dans les Balkans occidentaux en s’appuyant sur des mécanismes de coopération tels que le processus de Berlin, qu’elle copréside cette année avec la République de Macédoine du Nord, a indiqué M.  Borissov.  

Il a par ailleurs réaffirmé son soutien à l’initiative « Action pour le maintien de la paix » du Secrétaire général et au rôle central de l’ONU dans les efforts visant à résoudre les conflits au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Sur ce point, il s’est réjoui de l’accord de normalisation des relations entre Israël et deux États arabes, les Émirats arabes unis et le Bahreïn, obtenu avec le parrainage des États-Unis, y voyant une « avancée diplomatique majeure ».  La suspension des projets d’annexion unilatérale de la Cisjordanie occupée permet d’éviter une catastrophe humanitaire dans le contexte de la pandémie, a-t-il aussi fait valoir.  

Évoquant ensuite le conflit en cours dans l’est de l’Ukraine, source de grave préoccupation pour son pays, le Premier Ministre a réaffirmé son soutien à l’unité et à l’intégrité territoriales de l’Ukraine, conformément à la résolution 262 de l’Assemblée générale de 2014.  Il a d’autre part déclaré suivre avec inquiétude la situation au Bélarus.  La Bulgarie, a-t-il dit, appuie les droits et les revendications du peuple bélarussien en faveur d’élections libres et équitables.  Enfin, il a indiqué que son pays, au sein de l’OTAN, développe la coopération et la solidarité transatlantiques dans le cadre d’un dialogue stratégique avec les États-Unis couvrant les aspects pratiques de l’après-pandémie.  

Il ne fait aucun doute que la pandémie a submergé les systèmes de santé du monde entier et paralysé l’économie mondiale, a déclaré M. ABIY AHMED, Premier Ministre de l’Éthiopie, à l’entame de son discours.  À cela s’ajoute, pour de nombreux pays africains, dont l’Éthiopie, un risque d’accroissement de l’insécurité alimentaire en raison des conséquences socioéconomiques de la crise sanitaire, a-t-il indiqué, citant les prévisions du Programme alimentaire mondial (PAM), selon lesquelles le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans la région devrait augmenter considérablement cette année. 

Le Premier Ministre a rappelé que la pandémie était venue s’ajouter aux nombreuses crises qui affectent sa région, dont les invasions massives de criquets pèlerins et la multiplication des événements météorologiques extrêmes induits par les changements climatiques.  Tout cela menace de détruire les moyens de subsistance de millions de personnes, a mis en garde M. Ahmed.  Par conséquent, il a appuyé l’appel du Secrétaire général en faveur d’une réponse multilatérale « à grande échelle, coordonnée et globale », d’une valeur équivalente à au moins 10% du PIB mondial, afin de donner aux pays en développement la « puissance de feu financière » dont ils ont besoin pour survivre à la situation actuelle. 

Notre objectif ne devrait pas seulement être de reconstruire un avenir meilleur, mais de le reconstruire dans le respect de l’environnement, a poursuivi le Premier Ministre.  À ses yeux, cela passe nécessairement par une réduction drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre au cours de la prochaine décennie, afin d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat.  Il a affirmé l’intention de son pays de redoubler d’efforts pour y parvenir, notamment via la construction d’une économie verte et résiliente aux changements climatiques. 

À titre d’exemple, M. Ahmed a mentionné le plus grand projet d’infrastructure éthiopien de ces dernières années, dit le grand barrage de la renaissance éthiopienne.  Construit au moyen de ressources locales, ce dernier contribue à la conservation de ressources hydriques qui, selon le Premier Ministre, auraient été perdues dans l’évaporation des eaux dans les pays situés en aval.  «  Je tiens à dire clairement que nous n’avons aucune intention de nuire à ces pays », a-t-il précisé.  Nous voulons simplement répondre à nos besoins en électricité à partir de l’une des sources d’énergie les plus propres, a expliqué le Premier Ministre, affirmant que son pays avait pris soin de ne pas causer de dommages importants lors de la construction du barrage. 

Abordant la situation sécuritaire dans la sous-région, M. Ahmed a salué la formation du Gouvernement de transition revitalisé d’unité nationale au Soudan du Sud.  Il a invité les parties prenantes à continuer de travailler ensemble dans un esprit de collégialité pour régler les problèmes en suspens et améliorer le sort du peuple sud-soudanais, « qui souffre depuis trop longtemps ». 

Quant à la situation au Soudan, le Premier Ministre a estimé que le Gouvernement de transition avait besoin de tout le soutien de la communauté internationale pour s’attaquer aux graves difficultés socioéconomiques auxquelles le pays est confronté et répondre aux espoirs et aux aspirations du peuple soudanais.  

S’agissant de la Somalie, M. Ahmed s’est dit profondément préoccupé par la persistance des attaques perpétrées par les Chabab dans le pays.  Il a appelé la communauté internationale à continuer d’appuyer les efforts sécuritaires du Gouvernement somalien. 

Pour sa part, l’Éthiopie reste attachée à la voie des réformes que nous avons engagées il y a deux ans et demi, a enfin déclaré le Premier Ministre.  «  Malgré la résistance qui accompagne toute tentative de faire basculer le statu quo en faveur de la justice sociale, nous poursuivrons la voie inexorable de la démocratisation de l’Éthiopie  », a-t-il affirmé. 

« Nous avons besoin de plus de multilatéralisme et de coopération », a déclaré Mme  METTE FREDERIKSEN, Première Ministre du Danemark.  Elle a énuméré les nombreux défis auxquels le monde est confronté, tels que la pandémie, les changements climatiques, les difficultés économiques, le terrorisme, l’instabilité et le danger croissant posé par les attaques cybernétiques, la désinformation et les armes nucléaires.  Tous ces défis ont cette chose en commun qu’ils ne pourront être réglés que si nous travaillons ensemble, a-t-elle dit.  « Le faisons-nous aujourd’hui?  Dans certains domaines, oui, mais la vérité est que nous pouvons faire mieux. »

Mme Frederiksen a indiqué que son pays fait sa part, lui qui a alloué un milliard de couronnes danoises pour aider les personnes les plus vulnérables au virus dans le monde et s’est engagé en faveur de la réforme de l’OMS pour la rendre plus forte.  Elle a indiqué que les « investissements verts » non seulement préservent le climat mais créent des millions d’emplois.  Dans les années à venir, le Danemark a pour ambition de réduire de 70% ses émissions.  Elle a insisté sur la nécessité de remédier aux inégalités globales brutalement révélées par la pandémie, sous peine de nourrir les conflits de demain.  Nous devons davantage miser sur la prévention des conflits, a poursuivi la Première Ministre, en appuyant l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. 

Si le Danemark continue de respecter le cadre international sur les migrations et les réfugiés, sa Première Ministre a estimé que le système de demande d’asile du passé n’est pas adapté aux défis à venir.  «  Nous avons besoin d’un système plus juste et, de fait, plus humain.  »  Elle a appelé à des efforts pour remédier aux facteurs qui encouragent les gens à entreprendre des voyages périlleux et pour s’attaquer aux trafiquants.  Les pays de transit doivent être davantage appuyés pour gérer les migrations irrégulières et les pays d’origine doivent aussi être davantage aidés pour offrir d’autres alternatives. 

S’agissant de l’égalité des sexes, elle a estimé que la pandémie compromet les progrès accomplis.  « Chaque femme et chaque fille a un droit de décision sur sa vie, son corps et son avenir. »  Les droits et la dignité doivent être au cœur des efforts de l’ONU, a conclu Mme  Frederiksen. 

M. XAVIER BETTEL, Premier Ministre, Ministre d’État, Ministre de la communication et des médias et Ministre des affaires religieuses du Grand-Duché de Luxembourg, a constaté que la crise de la COVID a été accompagnée de limitations des libertés publiques, d’un retour des frontières, d’une remise en question des acquis de la liberté des échanges commerciaux et de l’intégration économique ainsi que d’une mise à l’épreuve sans précédent des systèmes de soins publics et privés, « sans parler des questions éthiques auxquelles nombre d’entre nous n’avaient plus été confrontés depuis si longtemps  ».  Il a notamment déploré la remise en question de la libre circulation des personnes dans l’Union européenne, « parfois bien au-delà du raisonnable  », pour ensuite saluer les « décisions historiques  » qui ont été prises pour assurer une sortie de crise et une relance qui tiennent compte de la transition écologique et des défis du développement durable.

Il a souligné que ce n’est qu’en garantissant un accès équitable à un vaccin COVID-19 dans le monde entier que l’on mettra fin à cette pandémie.  La crise du COVID, a-t-il ajouté, est devenue une crise sanitaire qui va au-delà du de la seule COVID-19 à travers la charge qu’il fait peser sur les systèmes de soins de santé, et plus généralement la remise en cause de stratégies pour lutter contre d’autres maladies comme la malaria, la tuberculose, le sida. 

Poursuivant, M. Bettel a indiqué que le Luxembourg soutient pleinement les efforts en matière de moratoire et de réduction de la charge de la dette des pays les moins avancés.  Alertant que les pays en développement risquent de faire un saut en arrière de 20 ans, il a souligné que l’aide publique au développement (APD) doit continuer à jouer un rôle déterminant.  Dans les circonstances actuelles, plus encore qu’avant la crise du COVID, on ne peut hypothéquer l’assistance, avec les aléas d’un financement par le marché des capitaux ou par d’autres instruments financiers, aussi innovants soient-ils, a-t-il affirmé.  L’APD du Luxembourg, a-t-il assuré, continuera à se chiffrer à 1% du revenu national brut, les dépenses internationales climatiques et en matière de migration venant s’y ajouter. 

En l’absence de réunions physiques et malgré toutes les limitations d’ordre procédural que cela impliquait, a-t-il enchaîné, l’Assemblée générale a montré au monde que l’ONU était bien présente dans les réponses à la crise.  Il a conseillé d’envisager à l’avenir des dispositions pour pallier les inconvénients de ce type de prise de décisions par consensus dans tous les cas de figure, pour ensuite saluer l’adoption de la résolution Omnibus sur la COVID-19.  Le Premier Ministre luxembourgeois a souhaité que les expériences récentes en matière de gouvernance sanitaire internationale fassent l’objet d’un examen à la suite de la pandémie actuelle, préconisant l’OMS pour le faire et invitant à renforcer le rôle de celle-ci dans cette gouvernance. 

M. Bettel a par ailleurs fait savoir que l’implication de la société civile dans les enceintes des Nations Unies constituera une des priorités de la candidature du Luxembourg au Conseil des droits de l’homme en 2021.  Il a relevé que la régression de la reconnaissance de certains droits touche aussi la santé sexuelle et reproductive « et cela jusque dans les instances de notre Organisation ».  Pour le Luxembourg, qui poursuit une politique étrangère féministe, le maintien des acquis de nombreuses années de lutte doit rester une priorité absolue, a-t-il affirmé.

Le Premier Ministre a ensuite appelé tous les acteurs du Sahel, où une bonne partie de la coopération du Luxembourg est concentrée, à se ressaisir par la mise en œuvre des engagements pris, y compris le rétablissement d’un pouvoir civil au Mali.

M. PRAYUT CHAN-O-CHA, Premier Ministre de la Thaïlande, a exprimé la détermination de son gouvernement à contrôler la propagation de la COVID-19.  Un centre national de gestion de la situation a été mis en place et les mesures de lutte contre la pandémie sont appliquées conformément aux directives de l’OMS, a-t-il indiqué, assurant que tous les patients, quelle que soit leur nationalité, se voient garantir l’égalité d’accès aux soins.  En outre, a-t-il dit, la Thaïlande a entrepris un programme de recherche sur les vaccins et souhaite que ces derniers soient considérés comme des «  biens publics mondiaux  », accessibles à tous.  À ses yeux, l’ONU doit jouer un rôle important à cet égard.  

Le général Prayut a ensuite évoqué la réponse économique de son gouvernement, destinée à alléger le fardeau financier des personnes et des exploitants, qu’il s’agisse des groupes à faible revenu, de femmes entrepreneurs, des agriculteurs ou des individus vulnérables.  Les efforts se sont concentrés sur l’augmentation de la liquidité financière des entrepreneurs afin qu’ils puissent soutenir leurs activités, a-t-il expliqué.  

Grâce à la coopération et à la générosité de tout le peuple thaïlandais, les conséquences de la pandémie ont été minimisées et la situation maîtrisée, s’est félicité le Premier Ministre.  Il a remercié à cet égard l’OMS d’avoir reconnu la Thaïlande comme l’un des pays ayant fourni la réponse la plus efficace à la COVID-19.  Le dirigeant a cependant réitéré son appel à la vigilance afin d’éviter une deuxième épidémie.  Il a également encouragé tous les pays à se fournir une assistance mutuelle et à faire preuve de solidarité tant au niveau régional que mondial.  La Thaïlande, a-t-il souligné, est fière d’avoir contribué aux fonds de riposte de l’ONU et de l’ASEAN.  

Pour le général Prayut, le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies doit être l’occasion de renforcer le système multilatéral pour répondre à la situation changeante du monde, aux nouveaux défis et aux attentes des générations futures.  En ce qui concerne la paix et la sécurité, a-t-il relevé, l’ONU est reconnue depuis 75 ans pour sa réussite dans le règlement pacifique des différends et son assistance aux populations dans les zones sortant d’un conflit.  Dans ce cadre, plus de 27 000  militaires, policiers et civils thaïlandais ont servi dans plus de 20 missions de paix des Nations Unies dans le monde depuis 1958, s’est-il enorgueilli, indiquant que cette contribution se poursuit au milieu de la crise pandémique actuelle. 

Alors qu’il ne reste que 10 ans pour accélérer les actions en vue d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030, il a reconnu que la pandémie risque de retarder cette réalisation.  Appelant tous les pays à coopérer plus étroitement et à promouvoir la voie d’un développement centré sur l’humain, il a également mis l’accent sur l’importance d’une utilisation de la technologie pour le développement.  Il a ajouté que son pays, co-hôte de l’Exposition mondiale pour le développement Sud-Sud 2021 prévue l’an prochain à Bangkok, est prêt à partager ses meilleures pratiques en matière de développement durable, guidées par les principes de la philosophie de l’économie de suffisance (SEP). 

S’agissant des droits de l’homme, il a réaffirmé l’attachement de son pays aux instruments internationaux qui ont établi des principes et des obligations en la matière.  Il a ajouté que la Thaïlande mettait actuellement en œuvre son quatrième plan national des droits de l’homme dans un esprit axé sur les résultats.  Enfin, il s’est dit fier qu’elle soit le premier pays d’Asie à avoir adopté, en 2019, un plan d’action national sur les entreprises et les droits de l’homme.  

« Le monde est en crise », a déclaré d’entrée de jeu M.  JUSTIN TRUDEAU, Premier Ministre du Canada, en concédant que ce n’est « pas seulement à cause de la COVID-19, mais à cause des dernières décennies et à cause de nous ».  La crise actuelle est à ses yeux l’avertissement que nous ne pouvons ignorer, rappelant qu’à maintes reprises, l’histoire nous a montré le prix beaucoup trop élevé à payer pour l’inaction.  Les institutions multilatérales de 1945 ne sont plus en mesure de faire ce pour quoi elles ont été conçues, a estimé M.  Trudeau, à savoir défendre le multilatéralisme et le droit international, protéger les droits de l’homme et ouvrir les marchés.  C’est là ce que la crise du COVID-19 a mis en exergue, sans l’ombre d’un doute, a-t-il souligné, martelant que « les choses doivent changer, et pas seulement sur la scène mondiale, mais aussi à la maison ».  

« Nous n’en faisons pas assez pour les personnes les plus vulnérables » – que ce soient les personnes âgées qui meurent dans des établissements de soins de santé, ou les personnes sans-abri pour qui chaque soir est une lutte, a poursuivi le Premier Ministre.  «  Nous n’allons pas assez loin pour éliminer l’injustice systémique, qu’il soit question de racisme envers les Noirs ou les Autochtones, d’homophobie ou de sexisme.  »  Pour lui, les difficultés que rencontrent les citoyens sont le reflet de l’échec des institutions mondiales.  

M. Trudeau a regretté que de nombreux pays, après avoir vu leurs économies et services de base décimés par la pandémie, soient maintenant au bord du gouffre.  Il en a conclu que nous sommes confrontés à une crise humanitaire mondiale, alors que cette pandémie ne constitue même pas la plus grande menace, qui est à son avis les changements climatiques.  M. Trudeau a dénoncé le fait que le monde en soit à ce stade en raison de son incapacité collective, au cours des dernières décennies, à prendre les décisions difficiles et à faire les sacrifices nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et sauver les générations futures.  «  La pandémie n’a pas changé cela.  Nos échecs communs ont continué.  Et nos citoyens en paient le prix.  »

Il faut une nouvelle façon de penser, a-t-il recommandé, qu’il s’agisse du climat, des inégalités ou de la santé.  Il a pointé du doigt le fait que, trop souvent, l’action concertée est bloquée.  Les besoins des citoyens sont niés en raison de l’impasse dans les organes de décision, a-t-il insisté.  La raison, selon lui, est qu’il y a peu de conséquences pour les pays qui ignorent les règles internationales.  «  Peu de conséquences pour les pays où les personnalités de l’opposition sont empoisonnées alors que les cyber-outils et la désinformation sont utilisés pour déstabiliser les démocraties.  Peu de conséquences lorsque des citoyens innocents sont détenus arbitrairement et que les libertés fondamentales sont réprimées.  »  

M. Trudeau a estimé que nous nous trouvons dans une impasse.  L’approche internationale sur laquelle nous nous appuyons depuis la seconde moitié du XXe siècle a été fondée sur l’idée que les pays travailleraient ensemble, a-t-il rappelé.  « Mais aujourd’hui, ces mêmes pays regardent vers l’intérieur et sont divisés.  »  Notre système est cassé et le monde est en crise, a mis en garde le Premier Ministre qui s’est dit convaincu que les choses risquent même d’empirer.  Dès lors, M. Trudeau a appelé à «  travailler ensemble  ».  Une collaboration mondiale réelle et constructive est la seule façon de procéder, a-t-il martelé, en concédant que le Canada ne peut pas, à lui seul, faire bouger les lignes des grands dossiers internationaux.  

« Comme tant d’autres, nous sommes soumis aux caprices des superpuissances  », a-t-il regretté, « mais en tant que Canadiens, nous savons que nous ne sommes pas seuls  ».  D’autres pays sont dans la même situation et en ont pris conscience, a-t-il poursuivi, mais plutôt que de se recroqueviller et d’espérer qu’on en sortira indemne, « rappelons-nous que nous sommes tous dans le même bateau ».  Au lieu de croiser les doigts et d’espérer que les grandes puissances le comprendront, voyons ce que nous pouvons faire pour faire une différence ensemble, a renchéri le Premier Ministre canadien.  Utilisons notre pouvoir partagé non seulement pour obtenir un vaccin, mais aussi pour le distribuer à tous.  Laissez-nous inspirer par l’appel de nos citoyens à restaurer l’économie mondiale tout en luttant contre les changements climatiques.  En d’autres termes, n’attendons pas que quelqu’un d’autre agisse.  Faisons-le nous-mêmes, a conclu M. Trudeau. 

M. GASTON ALPHONSO BROWNE, Premier Ministre et Ministre des finances et de la gouvernance d’entreprise d’Antigua-et-Barbuda, a estimé que, collectivement, les États Membres ne sont pas à la hauteur de leur responsabilité envers la planète.  Les bénéfices à grande échelle d’une coopération internationale ouverte sont désormais « sacrifiés par les puissants », au profit de la recherche d’avantages nationaux « exclusifs et plus restreint », s’est indigné le dirigeant.  Pourtant, a-t-il ajouté, le monde n’a jamais disposé de ressources techniques et financières aussi importantes pour relever les défis auxquels l’humanité entière est confrontée, dont les ravages des changements climatiques, les pandémies, l’insécurité alimentaire et la pauvreté.  Selon lui, le problème est que ces ressources sont concentrées dans les capitales de quelques nations qui ont renoncé à la poursuite du bien commun. 

M. Browne a déclaré que les pays en développement, notamment les petits États, étaient à l’heure actuelle « pris au piège » entre le déclin économique et la dégradation de l’environnement, dont ils ne sont en rien responsables.  Parallèlement, « les tambours du nationalisme étouffent les appels à la solidarité mondiale », a-t-il dénoncé.  Pour le Premier Ministre, il s’agit là d’une erreur d’autant plus grande qu’aucune nation, si riche soit elle, ne peut survivre si ses marchés se restreignent et ses sources d’approvisionnement s’amenuisent.  « Grands ou petits, nous sommes tous interdépendants », a-t-il déclaré. 

M. Browne a plaidé en faveur d’un système multilatéral fonctionnel qui respecte les principes démocratiques de souveraineté, de participation et de consentement, tout en rejetant la doctrine de l’intimidation, de l’exclusion, de la coercition et de l’abus de sanctions économiques.  Mais alors même que les pays des Caraïbes sont les premiers touchés par les effets des changements climatiques et la crise économique liée à la pandémie de COVID-19, le Premier Ministre a constaté qu’on leur refuse une voix dans le processus décisionnel international. 

M. Browne a cité les prévisions alarmantes de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), qui prévoit que le produit intérieur brut (PIB) des Caraïbes se contractera de 6,9% en 2020, en raison des effets de la pandémie.  Avant la crise sanitaire, a-t-il précisé, Antigua-et-Barbuda anticipait une croissance de plus de 6,2%, après un taux de croissance moyen de 5% au cours des six années précédentes.  Or, en tant que pays fortement dépendant du tourisme, la fermeture des frontières, la cessation du tourisme de croisière et les limitations du trafic aériens ont « dévasté notre économie du jour au lendemain », a déploré M. Browne. 

Dans ce contexte de baisse inédite des revenus et des devises, le Premier Ministre a indiqué que les gouvernements de la région avaient été contraints de dépenser des ressources importantes, allant jusqu’à 8% de leur PIB national, pour atténuer les effets de la crise sanitaire.  Dans le cas de mon petit pays, nous nous sommes vu refuser des prêts de la part des institutions financières internationales, en raison du critère asymétrique du revenu par habitant appliquées par ces dernières.  « En dehors d’un crédit octroyé par la Banque interaméricaine de développement, Antigua-et-Barbuda n’a reçu aucune aide des institutions financières internationales. »

L’approche des créanciers du Club de Paris, a poursuivi M. Browne, a été « particulièrement impitoyable » et « absolument insensible ».  Aux dires du Premier Ministre, le Club de Paris a en effet refusé d’annuler, de suspendre ou même de rééchelonner le paiement de la dette d’Antigua-et-Barbuda.  À l’inverse, a-t-il affirmé, le Club de Paris exige le remboursement de prêts en souffrance vieux de plusieurs décennies, qui ne peuvent tout simplement pas être remboursés à l’heure actuelle. 

Pire encore, le Club de Paris a, selon lui, empêché le Fonds monétaire international (FMI) d’envisager une aide financière et un allégement du service de la dette à moins qu’Antigua-et-Barbuda ne se soumette à un programme qui entraînerait, au final, une plus grande austérité et une augmentation du fardeau de la dette. 

« Cela, nous ne pouvons pas l’accepter », a martelé M. Browne, tout en saluant la résilience et le courage des habitants de son pays.  En dépit de tous les défis auxquels ces derniers ont été confrontés, il s’est dit fier du fait qu’Antigua-et-Barbuda n’ait enregistré que trois décès depuis le début de la pandémie.  À l’heure actuelle, a-t-il précisé, nous n’avons qu’un seul cas d’infection de COVID-19 confirmé en laboratoire. 

Mais sans une réponse appropriée de la communauté internationale, le Premier Ministre a estimé que de nombreux pays comme le sien ne seraient pas en mesure de payer la dette existante et ne pourraient prétendre à aucun nouvel emprunt.  «  La viabilité socioéconomique de la région sera compromise sans une suspension et une restructuration proactives de la dette et, en fin de compte, un allégement de la dette  », a-t-il conclu. 

M. SCOTT MORRISON, Premier Ministre de l’Australie, a déclaré que son pays fait face à la tempête de la pandémie de COVID-19 et de la récession avec une grande détermination.  Malheureusement, plus de 800 Australiens ont perdu la vie à cause de la COVID-19, a-t-il dit.  Mais en termes comparatifs, nous avons mieux réussi que la plupart des autres, a fait valoir le Premier Ministre.  Et bien que l’économie n’ait pas été épargnée par la récession, la première en près de 30 ans en Australie, l’impact a été bien moindre que celui de presque toutes les autres économies développées du monde.  Près de la moitié des emplois perdus à cause du virus au début ont déjà été récupérés. 

Notre plan d’action national COVID-Safe a été simple, a expliqué M. Morrison: « Sécurisez nos frontières rapidement et systématiquement.  Enraciner les comportements COVID-Safe dans notre communauté et dans notre économie  ». 

Il a fallu créer de solides capacités de test, de traçage et de confinement, et investir dans les hôpitaux et les fournitures médicales pour s’assurer que le virus ne submerge pas le système de santé.  De plus, a poursuivi le Premier Ministre, le Gouvernement a fourni des aides aux revenus et à l’investissement représentant plus de 15% du produit intérieur brut (PIB). 

« En Australie, nous avons également été conscients de notre merveilleuse famille du Pacifique pendant cette pandémie, nos Wantoks, nos Vuvale, nos Whanau, en particulier les nations insulaires du Pacifique Sud-Ouest », a assuré le Premier Ministre.  Il a indiqué que l’Australie avait fourni à ses voisins du Pacifique, et à d’autres régions de l’Asie du Sud-Est, des équipements de protection individuelle et de test et une expertise médicale.  

«  Celui qui trouve le vaccin doit le partager  », a ensuite martelé M. Morrison en faisant appel à la responsabilité morale mondiale et en faisant valoir que l’Australie a contribué 80 millions de dollars à l’engagement de marché Gavi COVAX Advance.  Certains pourraient voir un avantage à court terme, voire un profit.  Mais, a prédit le Premier Ministre, « l’humanité aura une très longue mémoire et sera un juge très, très sévère ».  Si nous trouvons le vaccin, nous le partagerons, a-t-il promis avant de souligner le rôle vital de l’OMS à cet égard: elle doit veiller à l’accès universel à un vaccin. 

M. Morrison a ensuite mis en lumière « les dangers de la désinformation », indiquant que l’Australie avait récemment travaillé avec l’ONU pour corédiger une déclaration contre la désinformation généralisée, une déclaration signée par plus de 120 pays.  Il a ensuite plaidé pour le respect du droit international et le règlement pacifique des différends par le dialogue, réclamant que les revendications territoriales et maritimes soient fondées sur le droit international, y compris la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. 

«  Nous ne nous replierons pas dans la spirale descendante du protectionnisme en Australie », a continué le Premier Ministre qui a mentionné ses efforts de réforme de l’OMC et sa position en faveur de règles commerciales prévisibles, transparentes et non discriminatoires.  Il a indiqué que son pays participe à la conception du tout premier ensemble de règles commerciales numériques mondiales, et qu’il travaille dur pour préserver les éléments cruciaux du système de règlement des différends de l’OMC afin que les règles commerciales puissent continuer d’être appliquées. 

Enfin, en tant que signataire des accords de Kyoto et de Paris, M.  Morrison a informé que l’Australie réduit efficacement ses émissions de carbone.  Entre 2017 et mi-2020, plus de 30 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables en Australie, soit un taux par habitant trois fois plus élevé que dans des pays comme l’Allemagne, la Chine ou la France, s’est félicité le chef du Gouvernement. 

 

M. LOTAY TSHERING, Premier Ministre du Bhoutan, pays du « bonheur national brut », a souhaité partager l’expérience de sa petite nation himalayenne face à la pandémie de COVID-19.  Sous la supervision directe de notre Roi, a-t-il narré, nous avons mis en place des systèmes de surveillance comprenant un contrôle des points d’entrée internationaux, l’imposition d’une quarantaine de 21 jours et des installations de dépistage gratuites.  En complément aux efforts du Gouvernement, les Bhoutanais se sont pliés au port du masque, à la distanciation physique, au lavage des mains et au confinement.  Grâce à cet acte d’« unité inconditionnelle », s’est-il enorgueilli, le Royaume n’a enregistré que 261 cas positifs, dont 192 se sont rétablis; la mortalité due à la COVID-19 restant nulle.  

Pour M. Tshering, la pandémie a fait ressortir l’essence même « u bonheur national brut », qui vise le bien-être de toutes les personnes et pas seulement de soi-même.  En effet, a-t-il avancé, cette maladie très contagieuse nous oblige à agir de manière responsable afin que nos actions ne compromettent pas la sécurité de ceux qui sont plus vulnérables.  En tant que médecin, il s’est dit convaincu que, jusqu’à ce que nous ayons un vaccin efficace, la combinaison d’une distanciation physique bien mise en œuvre et de tests accessibles et fiables est la meilleure approche. 

Afin de sauvegarder les moyens de subsistance de la population malgré la crise, des mesures fiscales et monétaires ont été prises à la demande de Sa Majesté, a-t-il poursuivi, évoquant aussi des actions de solidarité avec le secteur informel.  La grande préoccupation du Roi étant que cette crise ne fasse de laissés-pour-compte, un fonds royal de secours a été créé pour venir en aide aux plus vulnérables.  

Le Premier Ministre a ensuite abordé le soixante-quinzième anniversaire de l’ONU, jugeant qu’à cette occasion, le thème du multilatéralisme ne peut être plus pertinent.  À ses yeux, la coexistence pacifique entre nous et avec la nature qui nous entoure est le meilleur vaccin pour que l’humanité prospère sur cette planète.  Toutefois, a-t-il dit, ce serait une « grave erreur » que de ne pas aider le monde en développement à avoir accès à toutes les ressources essentielles, y compris aux vaccins lorsqu’ils seront disponibles.    

S’agissant des objectifs de développement durable (ODD), le dirigeant a assuré qu’avant la pandémie, son pays était en passe de devenir l’un des premiers pays à les réaliser, comme l’a démontré l’examen volontaire de 2018.  Depuis, une Commission nationale de planification étudie de près l’impact de la COVID-19 sur les plans de développement mais tout porte à croire que le Royaume ne pourra atteindre les ODD d’ici à 2030.  Il est, selon lui, temps de créer une équipe spéciale chargée de travailler sur un nouveau cadre pour les ODD, qui aiderait les pays à « marcher sur la voie de la nouvelle normalité ». 

En ces temps de remise en question du multilatéralisme, la confiance du Bhoutan en l’ONU reste inébranlable, a affirmé M. Tshering.  Dans le même temps, a-t-il nuancé, l’Organisation doit évoluer et s’adapter aux réalités changeantes.  En effet, la structure et la composition existantes du Conseil de sécurité ne reflètent pas les réalités du monde actuel.  Il a ainsi réitéré son souhait de voir les pays du G4 devenir membres permanents et l’Afrique mieux représentée.  Enfin, il a assuré que le Bhoutan, qui participe aux opérations de maintien de la paix de l’ONU depuis 2014, est prêt à déployer des contingents et des policiers à tout moment.      

M. YOSHIHIDE SUGA, Premier Ministre du Japon, annoncé que le Japon dirigerait de manière proactive les efforts internationaux pour sauver des vies face aux nouvelles infections de type coronavirus, et ce de trois manières.  

D’abord, en soutenant le développement de thérapies, de vaccins et de diagnostics, et en s’efforçant d’assurer un accès juste et équitable pour tous, y compris les pays en développement.  Ensuite, pour se préparer à de prochaines crises: le Japon collabore avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et avec les Centres de contrôle et de prévention des maladies d’Afrique. Au Ghana, la Japon soutient l’Institut Noguchi, qui réalise à l’heure actuelle près de 80% des tests au COVID-19 du pays.  Enfin, dans un contexte plus large de sécurité sanitaire face à la crise actuelle, le Japon a fourni une aide internationale de plus de 1,54 milliard de dollars aux secteurs de la médecine et de la santé.  

Dans le domaine de la reprise économique, le Japon a mis en œuvre un prêt de soutien d’urgence d'un montant maximum de 4,5 milliards de dollars sur une période de deux ans. 

Réaffirmant l’importance du multilatéralisme et le respect que l’ONU lui inspire, le dirigeant japonais a toutefois souligné que cette dernière avait « grand besoin d’une gouvernance neutre et équitable  ».  Il a notamment appelé à un examen et une réforme de l’OMS, un processus auquel le Japon s’est dit prêt à coopérer.  Quant à la réforme des Nations unies, y compris celle du Conseil de sécurité, pour refléter les réalités du XXIe siècle, elle a été qualifiée « d’urgente » par le Premier ministre. 

Concernant les relations avec la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le dirigeant a soulevé « la question des enlèvements par la Corée du Nord », sujet de « grave préoccupation » pour la communauté internationale.  «  Cette année, deux parents de victimes sont décédés », a déploré M. Suga.  «  Les familles des victimes vieillissent.  Il n’y a pas de temps à perdre », et la position du Japon à ce sujet demeure inchangée.  Le Japon cherche à normaliser ses relations avec ce pays, conformément à la déclaration de Pyongyang entre le Japon et la RPDC, en résolvant de manière globale les questions préoccupantes en suspens telles que les enlèvements, les questions nucléaires et les missiles.  En tant que nouveau Premier ministre du Japon, M. Suga s’est dit prêt à rencontrer le président Kim Jong-un « sans aucune condition ».  L’établissement d'une relation constructive entre le Japon et la RPDC ne servira pas seulement les intérêts des deux parties, mais contribuera aussi grandement à la paix et à la stabilité régionales, a-t-il insisté.  

Alors que cette année marque le soixante-quinzième anniversaire du bombardement nucléaire des villes d’Hiroshima et Nagasaki, ainsi que le cinquantième de l’entrée en vigueur du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), M. Suga a réaffirmé l’importance du maintien et du renforcement du traité, afin qu’« Hiroshima et Nagasaki ne se reproduisent plus jamais ».  

Déterminé à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo l’été prochain pour «  prouver que l’humanité a vaincu la pandémie », le Gouvernement japonais ne ménagera aucun effort pour accueillir le monde pour des Jeux « sûrs et sécurisés  », a assuré son Premier Ministre.    

M. ROBERT ABELA, Premier Ministre de la République de Malte, a appelé à un avenir dans lequel la solidarité devienne une réalité mondiale.  Alors que la pandémie a porté un coup dévastateur au développement économique et social de tous les pays, en particulier les pays en développement, M. Abela a jugé indispensable d’intensifier les efforts collectifs et la coordination pour assurer la mise en œuvre réussie des objectifs, notamment les objectifs de développement durable (ODD).   

« Conscients qu’il est de notre responsabilité collective de promouvoir la sécurité alimentaire », le Premier Ministre a venté l’initiative de « Solidarjeta’ Malte » - lancée par Malte pour lutter contre la pénurie alimentaire dans les pays touchés.  Cette initiative, a-t-il expliqué, a permis de nourrir environ un demi-million de personnes en Namibie, tout en évitant le gaspillage alimentaire à Malte.  

En tant que Premier Ministre d’un pays qui prône la paix et qui a une clause de neutralité dans sa Constitution, M. Abela a exhorté toutes les parties impliquées dans des conflits à renoncer aux hostilités en cours, à prendre des mesures immédiates pour protéger les civils et à dépolitiser les infrastructures humanitaires par la levée des restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. 

Dans ce contexte, le Premier Ministre a salué les annonces faites par le Président du Conseil présidentiel de la Libye, M. Fayez al-Serraj, et le Président de la Chambre des représentants de ce pays, M. Aguila Saleh, en vue d’un cessez-le-feu en Libye.  « Le moment est venu de traduire les résultats du Comité militaire mixte 5+5 en un cessez-le-feu permanent pour permettre la reprise des pourparlers en vue d’une transition politique réussie sous les auspices des Nations Unies  », a insisté le Premier Ministre, avant d’appeler à poursuivre en justice tous ceux qui ont violé le droit international humanitaire et les droits de l’homme en Libye.  Cela enverra un message clair à toutes les personnes impliquées dans la guerre par procuration qui se joue en Libye: leur impunité ne restera pas sans réponse, a-t-il souligné.  

Rappelant qu’une solution politique au conflit en Libye reste la seule qui soit viable, il a dit plaidé pour un processus dirigé et géré par le pays lui-même.  À cet égard, il a félicité le Conseil de sécurité d’avoir approuvé les conclusions de la Conférence de Berlin sur la Libye par le biais de la résolution 2510 (2020).  Au cours des 12 derniers mois, Malte est devenue membre du Comité exécutif du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), a adhéré à la Convention de 1954 relative au statut des apatrides puis a rejoint la Campagne du Cœur bleu de l’ONUDC contre la traite des êtres humains, s’est enorgueilli le Premier Ministre, avant de signaler que Malte est candidate pour devenir membre non permanent du Conseil de sécurité pour 2023-2024.  

M. JAMES MARAPE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a cité la vision « Reprendre la Papouasie-Nouvelle-Guinée » élaborée par son gouvernement pour reconstruire en mieux, être résilient, être plus vert et avancer dans la réalisation d’une vision de développement à long terme d’ici à 2050.  

Pour mieux se remettre de la COVID-19, le Gouvernement a adopté une approche stratégique en cinq points en utilisant cette crise comme un moyen de remodeler la société et la rendre plus juste, unie et inclusive, a ajouté le Premier Ministre.  Il a expliqué que cette stratégie a été mise en place avec le soutien des partenaires pour le développement tels que les banques nationales, les fonds de pension et les entreprises publiques, sans oublier le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement et les partenaires bilatéraux, dont l’Australie et le Japon.  

M. Marape a aussi indiqué que son gouvernement vient d’amender les lois sur les ressources renouvelables et non renouvelables afin de remédier aux déséquilibres dans les grands projets d’exploitation.  Les modifications apportées permettent maintenant à la Papouasie-Nouvelle-Guinée de négocier des rendements justes et équitables pour toutes les parties prenantes, y compris les multinationales. 

Le Premier Ministre a souligné que son pays s’acquitte toujours de ses obligations d’État partie à la Convention des Nations Unies contre la corruption (UNCAC).  Le Gouvernement, a-t-il indiqué, par ailleurs, s’est doté d’un programme d’électrification rurale pour couvrir les 70% du pays encore plongé dans le nord avec une énergie fiable et abordable d’ici à 2025.  Il a aussi parlé du nouveau câble sous-marin à fibre optique et du lancement du câble international de la mer de corail reliant son pays à l’Australie, aux Îles Salomon et au reste du monde. 

Nation maritime, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a souligné son Premier Ministre, accorde une grande priorité à la protection du secteur maritime et des pêches, lequel représente un quart du budget annuel et emploie 80% de femmes, en particulier dans les conserveries du thon.  En appui à ce secteur, le Gouvernement a lancé en juillet 2020 sa toute première Politique nationale sur les océans 2020-2030, pour veiller à ce que les océans, les mers et leurs ressources soient correctement et durablement coordonnés, gérés, protégés, gouvernés et utilisés.  Le Premier Ministre a insisté sur la décision prise en août 2019 par les dirigeants du Forum des îles du Pacifique de veiller à ce que leurs zones maritimes délimitées conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer ne puissent être remises en cause ou réduites en raison de l’élévation du niveau de la mer.  

Enfin, le Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis l’accent sur le processus de paix de Bougainville, en rappelant que l’Accord de paix a permis près de deux décennies de paix ininterrompue.  Après le référendum de 2019, le Gouvernement est prêt à accueillir les membres nouvellement élus de la Chambre des représentants de Bougainville et attend avec impatience de nouer une relation de travail «  cordiale » et d’entamer un processus de consultation « fructueux  », avant que le Parlement national ne prenne une décision sur l’avenir du territoire.  

M. AMBROSE MANDVULO DLAMINI, Premier Ministre d’Eswatini, a déclaré que son pays, comme le reste du monde, a dû faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19.  «  C'est arrivé à un moment où le Royaume était confronté à de multiples batailles contre les fléaux du VIH, du paludisme et de la tuberculose, qui avaient tous fait peser une pression énorme sur nos ressources. »  Il a ajouté que son pays, en tant qu’économie relativement petite, ne dispose pas d’énormes réserves pour financer la lutte contre le nouvel assaut.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’événement de haut niveau sur le financement du développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà.  

Les défis et les crises mondiaux ont tendance à nous rassembler ou à nous séparer, a noté le Premier Ministre, pour qui la crise de la COVID-19 a créé un lien sans précédent entre les pays.  « La crise nous a rappelé que nous appartenions tous à la même planète.  »  Il a ajouté que cette crise nous donne l’occasion de repenser l’avenir que nous voulons et que nous vivons le moment opportun de « poser de grandes questions, de prendre de grandes décisions, de s’engager et d’agir en solidarité ».  Le Premier Ministre a prévenu que nous ne pourrons pas, sans engagement collectif en faveur du multilatéralisme, accomplir les idéaux de la « Décennie d’action » en faveur des ODD et ceux visant à ne laisser personne derrière nous.  

Par ailleurs, M. Dlamini a déclaré que la communauté de nations doit accepter la réalité, à savoir que la crise a changé à jamais notre mode de vie et que nous devons « résister à la tentation de revenir à ce que nous pensions comme normal ».  Il a appelé à façonner un avenir qui nous prépare à faire face à d’autres crises possibles.  

Après avoir salué les débats en cours pour revitaliser l’Assemblée générale et rationaliser les travaux du Conseil économique et social (ECOSOC), le Premier Ministre a estimé que la plus fondamentale des réformes est celle du Conseil de sécurité.  À cet égard, le Royaume d’Eswatini a tenu à réitérer la pertinence du consensus d’Ezulwini qui demande au moins deux sièges permanents pour les pays africains au Conseil de sécurité.  

Par ailleurs, le Premier Ministre a défendu le droit du peuple de Taiwan de participer au système des Nations Unies, en rappelant que Taiwan a consacré d’importantes ressources à la réalisation des objectifs de développement durable, non seulement à l’intérieur de ses propres frontières, mais aussi en direction d’autres pays.  

M. POHIVA TU‘I‘ONETOA, Premier Ministre du Royaume de Tonga, a indiqué que bien que le virus n’ait pas encore atteint les Tonga, des mesures d’urgence ont été activées et la priorité est accordé à l’achat d’équipements médicaux afin d’améliorer l’état de préparation du système de santé.  Les répercussions économiques se font ressentir dans différents secteurs de l’économie qui affichera, en 2020, un taux de croissance nul.  La COVID-19 a également fait ressortir le fossé numérique, ce qui exige des solutions rapides pour qu’écoliers étudiants puissent étudier en ligne ou par la radio et la télévision. Face à la gravité de la pandémie, les Déclarations de Biketawa et de Boe ont été actionnées afin d’accélérer la coopération et l’aide entre les États membres du Forum des îles du Pacifique, ainsi que le rapatriement des Tongiens bloqués à l’étranger. 

M. Tu’i’onetoa a attiré l’attention sur les cyclones tropicaux « d’une violence sans précédent » qui s’abattent sur les États insulaires du Pacific, notamment le cyclone Harold d’avril dernier.  Cela fait au moins 30 ans que les dirigeants du Forum des îles du Pacifique appellent à une action climatique urgente, s’est impatienté le Premier Ministre qui, évoquant l’approche du cinquième anniversaire de l’Accord de Paris, a appelé les États à réaffirmer leur engagement à limiter à 1,5 degré Celsius l’élévation de la température terrestre. Il a aussi indiqué qu’en dépit du report de la COP26, Tonga demeure engagé à mettre en œuvre une stratégie à long terme de développement à faible émission de carbone. 

Le Premier Ministre a d’ailleurs reconnu que 2020, dans son pays, devait être marqué par un taux de pénétration de 50% des énergies renouvelables.  Mais, a-t-il concédé, les retards provoqués par la pandémie, dont l’interruption « soudaine » des chaînes d'approvisionnement, ont provoqué une perturbation majeure des contributions déterminée au niveau national.  Des accords ont toutefois pu être signés pour obtenir des financements, grâce à des partenariats publics/privés, pour la création des systèmes de stockage d’énergie solaire, éolienne et à pile; la rénovation des réseaux et l’accès à l’électricité dans les îles les plus reculées. 

M. Tu’i’onetoa s’est également préoccupé des effets du changement climatique sur l’environnement marin. Des mesures ont été prises pour établir des zones de gestion spéciale et lancer le projet de planification spatiale maritime de Tonga. Le Gouvernement a en outre approuvé l’instauration des zones marines protégées représentant 30% du territoire.  Le Premier Ministre s’est alarmé des 12 millions de tonnes de déchets plastiques déversées dans les océans chaque année et a appelé à l’interdiction des plastiques à usage unique. Il a aussi indiqué que la bactérie utilisée pour détecter la présence de la COVID-19 se trouve dans les profondeurs de l’océan. On ne saurait exagérer l’urgence de protéger et d’assurer une gestion durable des océans et des ressources marines, a-t-il affirmé. 

Le Premier Ministre a par ailleurs estimé que les références utilisées pour déterminer les limites territoriales doivent demeurer inchangées malgré l’élévation du niveau de la mer. Notre souveraineté ne saurait être compromise, a-t-il prévenu.  

M. AMINE ABBA SIDDIK, Ministre des affaires étrangères du Tchad, a appelé l’OMS à s’adapter pour faire face à d’éventuelles pandémies futures, avant de qualifier la COVID-19 « d’ennemi implacable et invisible » qui a mis le monde à rude épreuve.  Il a réaffirmé l’importance du multilatéralisme en tant que moyen de relever les grands défis tels que les pandémies, le dérèglement climatique, le terrorisme et les inégalités, l’ONU devant jouer à cet égard un rôle central.  Il a plaidé pour une adaptation de la gouvernance mondiale et défendu une « solidarité agissante » envers les pays les plus vulnérables.  Les pays africains sont les plus exposés à la pandémie, à l’instar du Tchad, pays enclavé, a-t-il dit, en jugeant inquiétante la situation économique et sociale dans son pays.  Les données économiques pour 2021 ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices.  

M. Siddik a regretté la faible mobilisation des ressources au profit du plan de développement national du Tchad et appelé à y remédier.  Les promesses contenues dans le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba n’ont pas été réalisées, s’est désolé le Ministre.  C’est pourquoi la Décennie d’action pour le développement durable est capitale pour passer de la parole aux actes, a-t-il affirmé.  Il a souhaité un engagement accru de l’ONU et des parties prenantes en vue de la mobilisation des ressources nécessaires pour la réalisation du Programme 2030.  Les pertes de l’Afrique devraient s’élever à des milliards de dollars en raison de la pandémie, a signalé M. Siddik. 

Le Ministre des affaires étrangères a dénoncé les incursions de Boko Haram au Tchad, heureusement déjouées par l’armée de son pays, avant de rappeler que la lutte antiterroriste est à l’échelle mondiale.  Il a souligné l’importance de la Force conjointe du G5 Sahel et demandé la matérialisation des contributions pour rendre pleinement opérationnelle cette Force.  Il faut financer de manière pérenne et prévisible de ladite Force, mieux répondre aux défis et produire des résultats concrets au Sahel, a demandé le Ministre.  

M. Siddik s’est ensuite félicité du cessez-le-feu en Libye et a renouvelé son appel au Conseil de sécurité pour qu’il mette un terme aux ingérences extérieures.  Il a recommandé que les parties s’engagent dans un processus de négociation inclusif. Par ailleurs, le Ministre a appelé les pays concernés à privilégier le dialogue s’agissant du Barrage de la Renaissance en vue d’une solution sous les auspices de l’Union africaine.  Il a défendu la solution des deux États au Moyen-Orient et appelé à la levée définitive de l’embargo frappant Cuba.  L’Afrique doit avoir toute sa place au sein des organes onusiens et il est temps que la justice et l’équité prévalent, a conclu le Ministre, en se ralliant au consensus d’Ezulwini. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l’Inde a fustigé ce qu’il a appelé « la diatribe » du Premier Ministre du Pakistan ce matin.  Il a dénoncé un discours qui n’a rien à proposer au monde et qui incite au conflit et à la violence.  Il a déclaré que le Pakistan, qu’il a qualifié « d’État médiéval », a fait souffrir l’Asie du Sud-Est en se livrant à des « génocides » et en finançant des organisations terroristes.  Il a dit que le Pakistan abritait entre 3 000 et 4 000 terroristes formés au Cachemire.  Le représentant de l’Inde a déclaré que le Jammu-et-Cachemire est une partie intégrante de l’Inde.  Il a demandé au Pakistan de se retirer de toutes les zones qu’il occupe toujours illégalement au Jammu-et-Cachemire. 

Le représentant de l’Azerbaïdjan a répondu aux propos tenus aujourd’hui par le Premier Ministre de l’Arménie pour justifier l’occupation par l’Arménie du territoire du Haut-Karabagh.  Le représentant azéri a déclaré que le Haut-Karabagh est toujours occupé par l’Arménie qui a expulsé tous les Azéris.  Il a ajouté que cette guerre d’occupation avait fait des dizaines de milliers de victimes et détruit d’importantes infrastructures civiles.  Il a fustigé les tentatives illégales de l’Arménie de justifier cette occupation en invoquant des principes d’autodétermination.  Il a invoqué la position unanime de la communauté internationale qui reconnaît que le Haut-Karabagh est occupé par l’Arménie.  « En juillet 2020, les forces arméniennes ont tiré sur des zones densément peuplées en Azerbaïdjan », a-t-il dénoncé en notant que même la pandémie de COVID-19 n’avait pas empêché l’Arménie de se livrer à des provocations armées.  

Le délégué du Pakistan a exercé son droit de réponse en comparant « l’art de la propagande dans laquelle l’Inde est passée maître » à celui des Nazis.  L’Inde devra rendre des comptes pour ses crimes, a martelé le représentant.  Il a estimé que le Premier Ministre pakistanais, ce matin, n’avait fait que « verser la lumière sur l’Inde de Modhi caractérisée par des violations des droits de l’homme et une idéologie d’oppression des musulmans ».   New Dehli fait régner la terreur dans la région, a-t-il ajouté en faisant remarquer que les politiques funestes de l’Inde sont en train de se faire sentir.  Le délégué a dénoncé non seulement les discriminations contre les musulmans indiens mais aussi les véritables pogroms, comme cela a été le cas à New Dehli, et ce avec la complicité de l’État indien.  Il a fustigé « une idéologie hindoue intolérante et fasciste », qui montre que les extrémistes hindous ne reculent devant aucune mesure face à la soi-disant menace musulmane.  Une tragédie se joue, celle qui vise à effacer des siècles de présence musulmane en Inde, a déclaré le représentant.  « Le Jammu-et-Cachemire ne fait pas partie de l’Inde et n’en fera jamais partie », a-t-il affirmé.  « Un jour, il sera libre, c’est une question de justice. »  Enfin, il a affirmé que l’Inde soutient le terrorisme contre ses voisins et contre sa propre population.

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