Soixante-quinzième session,
6e & 7e séances, Matin, après-midi & soir
AG/12269

Les appels à la « solidarité » et la « compassion » dominent la seconde journée du débat de l’Assemblée générale au chevet, même virtuellement, d’un monde confronté à la COVID-19

Alors que la première journée du débat général de l’Assemblée générale a été marquée par des déclarations sombres et alarmantes, ce sont les appels à la « solidarité » et à une « mondialisation de la compassion  », selon l’expression de la Présidente slovaque, qui ont semblé dominer, lors de cette deuxième journée, les interventions d’une trentaine de chefs d’État et de gouvernement, consacrées en grande partie au défi sans précédent que constitue la pandémie de COVID-19. 

Le virus a d’ailleurs contraint l’Assemblée à adapter le format de son débat avec des déclarations retransmises par vidéo devant une salle sans public et un parterre clairsemé de quelques délégués.  « Nous sommes tous tombés ensemble, nous devrions tous nous relever ensemble », a lancé le Président du Ghana, M. Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, en résumant le sentiment général des délégations.  

Après l’explosion du port de Beyrouth le 4 août, le Président du Liban, M. Michel Aoun, a salué la solidarité du monde pour son pays déjà durement frappé par les conséquences de la pandémie.  « L’humanisme est revenu prendre place dans ce monde où régnaient le matérialisme, l’injustice et la loi du plus fort. »  Quarante ans après la création de «  Solidarité  » en Pologne, son Président, M. Andrzej Duda, a appelé à la création, « ensemble », de l’idée de «  Solidarité mondiale » afin de relever les défis contemporains.  

Une solidarité a vu le jour depuis l’apparition du virus, comme l’a rappelé le Président du Kirghizistan, M. Sooronbai Zheenbekov, en saluant la suspension du paiement de la dette des pays pauvres.  Le Président du Kazakhstan, M. Kassym-Jomart Tokayev, a, lui, appelé à un plan de sauvetage représentant 10% de l’économie mondiale, tandis que son homologue de l’Ouzbékistan, M. Shavkat Mirziyoyev, a proposé d’élaborer un code international sur les engagements bénévoles des États en période des pandémies sous l’égide de l’ONU. 

Un éventuel vaccin a été évoqué par de nombreux pays, à commencer par le Président iraquien, M. Barham Salih, qui a souhaité qu’il soit soustrait à la logique du marché.  Même son de cloche du côté de la Présidente slovaque, Mme Zuzana Čaputova, qui a conseillé de ne pas laisser son développement et sa production devenir un autre objet de concurrence mondial.  Pour le Président namibien, M. Hage Geingob, un vaccin devra être considéré comme « un bien public mondial », accessible à tous, gratuitement et équitablement.  

C’est dans un esprit de solidarité et en prenant en compte les conséquences de la pandémie que les dignitaires ont appelé à relever les défis contemporains. Compte tenu de ce qui s’est passé, le Président du Honduras, M.  Juan Orlando Hernández Alvarado, «  survivant  » de la maladie, a jugé «  impératif » que les objectifs de développement durable convenus en 2015 soient révisés, actualisés et repensés à l’aune de cette nouvelle réalité.  

Le Président de la Finlande, M. Sauli Niinistö, qui a déploré que la première réaction face à la pandémie ait été de se replier plutôt que de s’unir, a rappelé l’urgence de combattre les changements climatiques, « une menace existentielle ».  Une inquiétude partagée par le Président des Palaos, M. Tommy Esang Remengesau Jr, qui s’était adressé pour la première fois devant l’Assemblée en septembre 2001.  « Mon appel à l’unité, lancé au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, reste valable », a déclaré celui qui entend reprendre son métier de pécheur à la fin de son mandat présidentiel.  

Le Président du Ghana a posé l’onguent de la solidarité sur les blessures du passé, en rappelant l’invitation au retour lancée par son pays aux descendants d’esclaves qui forment la majorité des populations noires dans les Amériques et les Caraïbes.  « Nous vivons avec la triste réalité que la majorité des esclaves arrachés au continent ont été transportés à partir des forts construits le long des côtes ghanéennes et nous devons à leurs descendants qu’ils puissent trouver un refuge au Ghana, s’ils en ont le besoin. » 

Si le Président de la Macédoine du Nord, M. Stevo Pendarovski, a averti que la pandémie de COVID-19 ne doit pas alimenter les tensions géopolitiques, celles-ci ont néanmoins affleuré dans les discours de certains pays, notamment l’Ukraine. Son Président, M. Volodymyr Zelenskyy, a ainsi vigoureusement dénoncé l’« annexion » par la Fédération de Russie de la péninsule de Crimée et « l’agression militaire russe » dans le Donbass.  

« Qu’auraient ressenti les fondateurs des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, au centre même de l’Europe, une guerre éclaterait? », a-t-il dit.  De son côté, le Roi d’Arabie saoudite, M. Salman Bin Abdulaziz Al-Saud, a dénoncé le programme de missiles balistiques de l’Iran, ainsi que ses ingérences au Yémen et au Liban.  « Les solutions partiales et l’apaisement n’empêchent pas le régime iranien de menacer la paix et la sécurité internationale. »  

Mais c’est bien l’espoir dans un changement qui a marqué cette seconde journée, comme celui de la Présidente slovaque, l’une des rares femmes présidentes à avoir pris la parole.  «  Si nous avons pu faire ce que nous avons fait contre la COVID-19, nous pouvons le faire aussi quand il s’agit d’autres menaces. »  « L’existence est comme un marathon de dimension mondiale », a résumé le Président du Kenya, M. Uhuru Kenyatta, en jugeant possible de « gagner cette course » et de voir l’humanité triompher. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, jeudi 24 septembre, à partir de 9 heures. 

Suite du débat général

M. ŠEFIK DŽAFEROVIĆ, Président de la Bosnie-Herzégovine, a rappelé que dans le monde globalisé d’aujourd’hui, qui repose sur l’interdépendance et la nécessité d’une coopération constante, la pandémie a montré que les plus grands problèmes d’aujourd’hui ne peuvent plus être réglés par un, trois ou cinq États individuellement.  Toute solution passe, selon lui, par une réponse transnationale et multilatérale, basée sur le dialogue et la coopération du plus grand nombre d’États possible.  À ce titre il a rappelé les mesures de relance économique de l’Union européenne (UE) à hauteur de plus de deux mille milliards d’euros, qui montre la force de l’UE.  Le soutien de celle-ci a d’ailleurs bénéficié à d’autres pays hors de l’UE, y compris la Bosnie-Herzégovine qui a reçu une aide de 300 millions d’euros, renforçant ainsi son engagement en faveur de l’intégration européenne et contribuant à la stabilité dans le voisinage de l’UE.

Le Président a rappelé que cette année marque les 25 ans de la signature de l’Accord de paix de Dayton, qui a mis fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine.  Au moment où il a été signé, cet Accord semblait très fragile et intenable, a-t-il concédé, mais il s’est avéré être un cadre de stabilisation très solide qui a pu résister à de nombreux défis.  Le Président a cependant insisté sur la nécessité de pleinement le mettre en œuvre, de respecter toutes les décisions des tribunaux internationaux et de garantir l’égalité des droits de tous les citoyens, conformément à la Convention européenne des droits de l’homme.  Cela concerne en particulier les personnes expulsées qui sont retournées sur les lieux où elles résidaient avant la guerre, a-t-il précisé.  Il a rappelé que l’objectif principal de l’Accord de paix n’était pas de garantir la mise en œuvre de normes constitutionnelles sophistiquées, jugeant tout à fait naturel qu’il nécessite une mise à jour, avec un large consensus politique.  Le Président en a déduit qu’il ne peut y avoir de changements rapides et simples, ni de progrès rapides et simples comme l’attendent beaucoup.  En même temps, cette situation garantit à tous en Bosnie-Herzégovine qu’ils bénéficient d’un niveau de sécurité et de protection important, a-t-il fait valoir.

Le Président a dit pleinement soutenir l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial, après l’escalade de la pandémie de coronavirus.  Il a également réitéré son soutien au dialogue entre Pristina et Belgrade mené sous les auspices de l’UE et des États-Unis.

La Bosnie-Herzégovine est un partenaire sérieux, fiable et résolu dans le renforcement de l’espace de sécurité européen; elle contribue activement aux efforts régionaux dans le but de renforcer la stabilité et la sécurité des Balkans occidentaux, a ensuite affirmé le Président Džaferović en assurant vouloir résoudre les problèmes en suspens avec ses voisins par le dialogue et dans le respect mutuel, ainsi que dans le plein respect du droit international.  À cet égard, M. Džaferović a fait part des préoccupations relatives à des questions importantes non réglées avec les pays voisins, telles que les accords sur les frontières d’État.  Un tel accord a été signé avec le Monténégro, mais pas avec la Serbie ou la Croatie.  « Ces accords doivent être conclus dès que possible, dans le plein respect des frontières internationalement reconnues de la Bosnie-Herzégovine et avec le plein appui et une application cohérente du droit international. »

Abordant ensuite la problématique des migrations illégales que la Bosnie-Herzégovine connaît depuis le dernier trimestre de 2017, M. Džaferović a expliqué qu’elle s’est considérablement aggravée cette année.  En raison de la fermeture des routes migratoires restantes, la majorité des migrants qui viennent d’Extrême-Orient et du Moyen-Orient se dirigent vers les pays de l’UE à travers le territoire de la Bosnie-Herzégovine, et cela pose un énorme problème de sécurité et humanitaire, a-t-il expliqué, affirmant ne pas avoir assez de moyens pour y répondre.  La Bosnie-Herzégovine voudrait pouvoir renforcer ses institutions compétentes chargées de traiter cette question, protéger ses frontières et accroître l’aide aux communautés locales qui souffrent le plus du fardeau de cette crise.  Dès lors, il a demandé un soutien beaucoup plus important de l’UE et une coopération renforcée avec les pays d’origine des migrants.  C’est d’autant plus important que son pays n’est pas la destination finale des migrants et qu’il est confronté à ce problème uniquement en raison de sa proximité géographique avec l’UE en tant que point d’entrée des migrants, a-t-il fait valoir.

M. Džaferović a également évoqué le problème de la fuite des jeunes et des personnes instruites de son pays vers l’UE pour des emplois nettement plus favorables et de meilleures opportunités.  Le seul moyen de lutter efficacement contre cette tendance est de construire une société basée sur les principes de l’égalité des chances, de la stabilité politique et de la sécurité juridique, où il est possible pour les jeunes de planifier leur avenir, a admis le Président, assurant quand même être en bonne voie grâce à la perspective « crédible » de l’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’UE.

M. SHAVKAT MIRZIYOYEV, Président de l’Ouzbékistan, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a mis en évidence les aspects vulnérables de l’humanité.  Il a appelé à la création d’un système mondial juste qui puisse assurer les droits et libertés fondamentaux, la santé et le bien-être de chaque être humain.  À cet égard, il a proposé d’élaborer un code international sur les engagements bénévoles des États en période des pandémies sous l’égide de de l’ONU.  Le Président a également soutenu les initiatives visant à développer et distribuer largement les médicaments et vaccins nécessaires, de même que la proposition du Secrétaire général de convoquer un sommet sur les problèmes urgents de sécurité alimentaire dans le contexte de la crise actuelle.

Attirant ensuite l’attention sur les « réformes radicales » menées en Ouzbékistan, M. Mirziyoyev a assuré que les changements démocratiques dans son pays sont devenus irréversibles.  Les élections législatives de l’an dernier ont démontré l’engagement politique accru de la population et des partis, ainsi que le rôle important des institutions de la société civile et l’influence des médias, a-t-il affirmé.  La politique d’égalité des sexes est devenue une priorité et la situation dans le domaine des droits de l’homme a radicalement changé, a ajouté le Président avant de signaler que, dans la lignée de l’appel de l’ONU à réduire le nombre d’apatrides, 50 000 « compatriotes » ont obtenu la nationalité ouzbèke rien qu’en 2020.  Il s’est également enorgueilli de l’amélioration « considérable » de la situation dans le domaine des libertés religieuses.  De plus, les réformes visant à assurer une véritable indépendance des tribunaux se poursuivent et une agence indépendante de lutte contre la corruption a été créée. 

Le Président ouzbèk a également touché mot des réformes qu’il avait annoncé vouloir entreprendre il y a trois ans, étant déterminé à réduire la pauvreté, les efforts en ce sens étant soutenus par le développement des entreprises, la création d’emplois, l’amélioration du climat d’investissement et d’affaires et la construction d’infrastructures modernes, entre autres. 

Précisant que dans son pays, la majorité de la population est constituée de jeunes, le chef d’État a appelé à l’adoption d’une convention des Nations Unies sur les droits des jeunes.  Une autre proposition du Président ouzbèk est d’adopter une résolution spéciale, à l’Assemblée générale, sur le renforcement du rôle des parlements dans la réalisation des objectifs de développement durable et les garanties des droits humains. 

Se penchant sur les « changements fondamentaux » que connaît la région de l’Asie centrale, M. Mirziyoyev a proposé la création d’un centre régional pour le développement de la connectivité des transports et des communications sous les auspices des Nations Unies.  Il a aussi proposé d’organiser une conférence internationale consacrée aux résultats obtenus et aux perspectives d’interaction dans le cadre du plan conjoint régional sur la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  L’Ouzbékistan est également prêt, en coopération avec l’UNESCO, à accueillir en 2021 le forum international « l’Asie centrale au carrefour des civilisations du monde ».

Poursuivant, le Président a indiqué qu’afin d’engager activement l’Afghanistan dans les processus d’intégration économique régionale, son pays s’est lancé dans la mise en œuvre de grands projets d’infrastructure tels que la construction de la ligne électrique Surkhan-Puli-Khumri et du chemin de fer de Mazar-e Charif.  Il a de plus appelé à la création d’un comité permanent de l’ONU chargé de promouvoir le développement économique et social de l’Afghanistan. 

Le Président ouzbèk a par ailleurs attiré l’attention sur les conséquences désastreuses de l’assèchement de la mer d’Aral, « épicentre d’une catastrophe écologique ».  Il a souhaité que le Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la sécurité humaine, qui a été créé pour la région de la mer d’Aral, devienne une plateforme fiable pour l’aide pratique de la communauté mondiale aux populations de la région.  M. Mirziyoyev a aussi proposé l’adoption d’une résolution spéciale de l’Assemblée générale sur la proclamation de la région de la mer d’Aral en tant que zone d’innovation et de technologie d’environnement, et d’une journée internationale de la protection et de la restauration des systèmes écologiques.  Il a également appelé à faire de l’élimination et de la lutte contre la pauvreté les principaux thèmes de la prochaine session de l’Assemblée générale, ainsi qu’à organiser un sommet mondial consacré à ces questions. 

Pour M. JÁNOS ÁDER, Président de la Hongrie, si nous ne changeons pas radicalement nos modes de vie, cette crise sera suivie par d’autres, qui peuvent être encore plus graves que la pandémie de COVID-19.  Aujourd’hui, a donc interrogé le Président, la question la plus importante est de savoir si nous pouvons tirer des leçons de la crise.  « Et sommes-nous enfin prêts à faire quelque chose dans les domaines où nous savons depuis longtemps qu’un danger se profile? »  Les domaines dans lesquels nous savons ce qu’il faut faire et savons que toute procrastination ne ferait qu’augmenter les risques et les coûts, a-t-il précisé. 

Prenant l’exemple de l’eau, M. Áder a rappelé qu’à plusieurs reprises, à l’ONU, la crise de l’eau qui se déroule sous nos yeux a été discutée: on parlé du « drame de trop d’eau, et de trop peu d’eau, ou de l’eau contaminée ».  Il a prévenu que la majorité des objectifs de développement sont inaccessibles en l’absence d’une politique appropriée de l’eau. 

Le Président a aussi dénoncé le fait que le monde consomme plus de ressources que ce que la nature peut reconstituer.  Il est absurde, a-t-il estimé, de croire que nous disposons d’un approvisionnement illimité en ressources naturelles comme l’eau, la terre, l’environnement, la biodiversité, qui seraient disponibles à moindre coût et jusqu’à la fin des temps.  Comme solution à ces crises, le Président de la Hongrie a proposé l’économie circulaire.  Cela consiste à transformer les déchets comme le verre, le plastique, les métaux, en matières premières recyclables.  Peu de progrès a été réalisé dans ce domaine, a-t-il regretté. 

Dans ce contexte, a informé M. Áder, la Hongrie a organisé le Sommet de l’eau de Budapest à trois reprises au cours des dernières années.  « Le succès de ces événements nous a motivés à faire plus. »  Ainsi, à la fin de l’année prochaine, a indiqué le Président, la Hongrie organisera une exposition sur la durabilité, qui, à côté de la gestion de l’eau, traitera également de questions telles que la production alimentaire, les transports, la gestion de l’énergie et des déchets ainsi que l’éducation. 

M. KASSYM-JOMART TOKAYEV, Président du Kazakhstan, a estimé que cette commémoration du soixante-quinzième anniversaire de l’ONU intervenait à un moment dramatique et critique, avec la pandémie de COVID-19 -le plus grand défi de notre époque– qui continue de causer de profondes souffrances parmi les populations et d’affecter l’économie mondiale.  Cette crise, a-t-il estimé, démontre l’urgence d’améliorer les institutions nationales de santé avec le soutien coordonné des pays développés et des agences des Nations Unies.  Le Président du Kazakhstan a appuyé l’idée d’un réseau de centres régionaux de contrôle des maladies et de biosécurité sous les auspices de l’ONU qui pourrait siéger au Kazakhstan.  À la lumière de la pandémie, il a jugé plus pertinent que jamais le lancement d’un système de contrôle des armes biologiques.  « Le Kazakhstan propose de créer un organe multilatéral spécial –l’Agence internationale pour la sécurité biologique– basé sur la Convention de 1972 sur les armes biologiques et responsable devant le Conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-il précisé.  

Pour favoriser une véritable reprise économique mondiale, le Président du Kazakhstan a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un plan de sauvetage représentant 10% de l’économie mondiale.  À son avis, la suspension du remboursement de la dette par les pays les plus pauvres contribuera à réduire l’incertitude.  Rappelant que les pays en développement sans littoral ont été durement touchés par la COVID-19, M. Tokayev a rappelé que le Kazakhstan a proposé d’adopter une feuille de route de l’ONU pour relancer la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.  

Mettant l’accent sur l’importance du Programme 2030, le Président kazakh a cité en particulier l’objectif « faim zéro » et salué l’idée de la convocation en 2021 d’un sommet sur les systèmes alimentaires.  « L’Organisation islamique pour la sécurité alimentaire », lancée par le Kazakhstan, est prête à aider la campagne humanitaire internationale par la création de réserves alimentaires, a-t-il ajouté. 

Rappelant que le Kazakhstan a été un modèle d’État responsable en abandonnant volontairement son arsenal nucléaire et en fermant le plus grand site d’essais nucléaires au monde, il a exhorté tous les États Membres à se joindre à son appel aux puissances nucléaires pour qu’elles prennent les mesures nécessaires et urgentes pour éviter une catastrophe nucléaire.  « Nous pensons que des garanties négatives de sécurité juridiquement contraignantes devraient être données à tous les États non dotés d’armes nucléaires », a-t-il dit avant d’exhorter tous les pays du P5 à ratifier les protocoles respectifs aux traités sur les zones exemptes d’armes nucléaires, y compris le Traité de Semipalatinsk.   

En outre, mettant l’accent sur la vulnérabilité de son pays face aux divers effets des changements climatiques, le Président du Kazakhstan a averti que les tragédies de la mer d’Aral et du site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, ainsi que la fonte rapide des glaciers et la désertification, menacent non seulement le Kazakhstan et la région d’Asie centrale, mais aussi le monde entier.  

Le Président a conclu son intervention en soulignant l’importance de la bonne gouvernance, sur les plans international et national, et en exprimant sa détermination à construire un « État à l’écoute » économiquement fort, démocratiquement avancé et axé sur l’Homme.  Parmi les avancées en ce sens, il s’est enorgueilli de nouvelles lois sur les partis politiques et le droit de manifester, ainsi que de l’adhésion du Kazakhstan au deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort.

M. SALMAN BIN ABDULAZIZ AL-SAUD, Roi d’Arabie saoudite, Président du Conseil des ministres, Royaume d’Arabie saoudite a dit s’exprimer aujourd’hui « depuis le berceau de l’Islam », voulant partager « le message sur lequel s’appuient les enseignements de notre religion, de notre culture arabe et de nos valeurs humaines communes, qui est un message de coexistence, de paix, de modération et de solidarité entre les nations et les peuples du monde pour faire face aux extraordinaires défis de l’humanité ».  Son pays, a-t-il poursuivi, a coordonné les efforts internationaux face à la pandémie avec la tenue d’un sommet des dirigeants du G20 en mars dernier, pendant lequel l’Arabie saoudite a promis 500 millions de dollars.  Plus largement, le Roi a rappelé que son pays a donné plus de 86 milliards de dollars d’aide humanitaire en faveur de 81 pays au cours des trois dernières décennies.

Le Roi a affirmé que son pays avait toujours veillé à rechercher des solutions pacifiques aux différends et à prévenir les conflits.  Le Moyen-Orient souffre depuis des décennies des « tentatives des forces du chaos et de l’extrémisme » d’imposer leurs vues et politiques néfastes afin de saboter le présent et l’avenir de ses pays.  Dans les sphères régionale et internationale, l’Arabie saoudite défend une politique basée sur le respect du droit international et œuvre à la sécurité et à la prospérité de la région, tout en cherchant des solutions politiques aux conflits et en combattant l’extrémisme sous toutes ses formes, a-t-il déclaré.

Il a affirmé que le Royaume a tendu sa main à l’Iran pour la paix, mais sans résultat.  « Le Royaume a salué les efforts internationaux s’agissant de l’accord sur le programme nucléaire iranien, mais, encore une fois, le monde entier a pu constater comment le régime iranien a tiré profit de ces efforts pour renforcer ses activités expansionnistes, mettre sur pied des réseaux terroristes et recourir au terrorisme, gaspillant au passage les ressources et richesses du peuple iranien. »  Le Roi a accusé le « régime iranien » d’avoir ciblé des installations pétrolières saoudiennes l’année dernière, en violant le droit international et au mépris de la stabilité économique et de la sécurité des approvisionnements pétroliers.  Il l’a accusé d’avoir lancé contre le Royaume, par le biais de ses affidés, plus de 300 missiles balistiques en violation des résolutions du Conseil.  « Notre expérience avec le régime iranien nous apprend que des solutions partiales et l’apaisement ne l’empêchent pas de menacer la paix et la sécurité internationales. »  Le Roi a réclamé une solution complète et une position internationale ferme face à l’Iran face à sa recherche d’armes de destruction massive, à son programme de missiles balistiques, à ses ingérences dans les affaires intérieures d’autres pays et à son parrainage du terrorisme.

Le Roi a encore accusé ce même pays de s’être ingéré dans les affaires du Yémen en appuyant le coup d’État perpétré par ses affidés, les milices houthistes, contre le Gouvernement légitime, conduisant à une crise dans le pays.  Les houthistes entravent l’acheminement de l’aide humanitaire, ainsi que les efforts en vue d’une solution politique, et rejettent les efforts en vue d’une désescalade, tels que l’annonce par la Coalition d’un cessez-le-feu au Yémen en avril dernier à la demande de l’ONU, a accusé le Roi.  « Le Royaume n’hésitera pas à défendre sa sécurité nationale, pas plus qu’il n’abandonnera le peuple yéménite frère jusqu’à ce qu’il recouvre sa totale indépendance et souveraineté face à l’hégémonie iranienne. »

Le Roi a déclaré que la Coalition avait réussi à frapper de manière conséquente Al-Qaida et Daech au Yémen, avant de souligner la nécessité de combattre le financement du terrorisme.  Il a rappelé « la responsabilité éminente de son pays dans la protection de l’Islam, religion de tolérance, face aux tentatives de la détourner de la part des groupes terroristes et extrémistes ».  L’Islam est, sans nul doute, innocent des crimes et atrocités commises en son nom par les forces du terrorisme et de l’extrémisme, a affirmé le Roi.  « Si nous voulons l’emporter face au terrorisme, nous ne devons pas tergiverser face aux pays qui parrainent le terrorisme et le sectarisme et nous devons être fermes face à ces pays qui promeuvent des idéologies extrémistes transnationales et s’appuient sur des slogans politiques fallacieux pour dissimuler leur nature extrémiste, chaotique et destructive. »

Le Roi a ensuite appuyé tous les efforts pour une solution au conflit israélo-palestinien, y compris les efforts actuels de l’Administration américaine visant à ramener les parties à la table des négociations en vue d’un règlement complet et équilibré.  Il a dit se tenir aux côtés du peuple libanais en imputant la récente explosion du port de Beyrouth à l’hégémonie du Hezbollah –organisation affiliée à l’Iran– sur la prise de décisions au Liban.  Cette organisation doit être désarmée afin que le peuple libanais puisse concrétiser ses aspirations à la sécurité, à la stabilité et à la prospérité, a conclu le Roi.

M. STEVO PENDAROVSKI, Président de la Macédoine du Nord, a averti que la pandémie de COVID-19 ne doit pas être utilisée pour soulever des tensions géopolitiques et renforcer la rivalité géopolitique entre les grandes puissances.  Il faut laisser la science à l’écart de la logique du profit, mais aussi des effets destructeurs de la propagande et de la désinformation, a ajouté le Président pour qui la pandémie est l’occasion de restructurer les économies, les technologies et les modes de vie, conformément aux principes du développement durable.  Les États Membres doivent promouvoir l’éducation universelle pour tous, car l’éducation est le garant le plus puissant des droits de l’homme et des libertés, a fait valoir M. Pendarovski.  

Le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes nous rappelle qu’il est nécessaire de poursuivre nos efforts pour réduire les inégalités entre les hommes et les femmes, a poursuivi le Président Pendarovski, qui a aussi plaidé pour renforcer la tolérance à l’égard des différents modes de vie et protéger les groupes minoritaires contre la violence.  Le Président a, par ailleurs, estimé que le développement économique et technologique doit être neutre sur le plan climatique.  

Il a poursuivi en soulignant la nécessité de la promotion de la paix et de la prévention des conflits.  En tant que petit pays d’Europe du Sud-Est, la Macédoine du Nord apporte une stabilité supplémentaire à la région en résolvant, par la médiation de l’ONU, son différend avec la Grèce, a estimé le Président.  Dans le même temps, a ajouté M. Pendarovski, nous sommes prêts à résoudre toutes les questions en suspens par le dialogue dans le cadre du traité de bon voisinage et de coopération avec la Bulgarie.  Le Président a dit en outre être préoccupé du fait que la démocratie est aujourd’hui farouchement attaquée par les idéologies populistes et autoritaires.  Si nous voulons maintenir la supériorité morale de la démocratie sur d’autres modèles de gouvernance politique, nous devons investir, en particulier parmi les jeunes générations, dans l’éducation sur les valeurs démocratiques afin de réprimer les idéologies radicales éveillées, telles que le néofascisme, l’ultranationalisme et le racisme, a suggéré le Président. 

Pour M. NANA ADDO DANKWA AKUFO-ADDO, Président du Ghana, la leçon de la COVID-19 est claire: « Nous sommes tous tombés ensemble, nous devrions tous nous relever ensemble ».  Si la réponse à cette pandémie consiste à trouver un vaccin, ce vaccin doit être mis à la disposition du monde entier, riches comme pauvres, développés et en développement, de toutes races et de toutes croyances, a-t-il renchéri soulignant que ce virus nous a appris que nous sommes tous à risque et qu’il n’existe pas de protection spéciale pour les riches ou pour une classe particulière.

Le Président a cité l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), selon laquelle la COVID-19 a entraîné « une réduction significative des financements disponibles pour les économies en développement ».  Selon l’OCDE, « les entrées de financements extérieurs privés dans les économies en développement pourraient baisser de 700 milliards de dollars en 2020 par rapport aux niveaux de 2019, dépassant de 60% l’impact immédiat de la crise financière mondiale de 2008 ».  Le Président ghanéen a dès lors plaidé en faveur de la restructuration de l’architecture mondiale de financement, pour permettre aux pays en développement d’accéder plus que jamais à des capitaux.  Le risque, sinon, est que les gains liés à la transformation de leurs économies s’érodent et que le niveau de vie de leurs peuples baisse dangereusement, a-t-il mis en garde.  « Le moment est venu pour notre institution, l’Organisation des Nations Unies, très discutée et très analysée, de se montrer à la hauteur », a-t-il tranché.

Rappelant que l’OMS a été dans l’œil de la tempête pendant cette pandémie, il appelé à en tirer les leçons.  S’il concède que des discussions sur l’ONU, ses agences et leurs rôles sont nécessaires, le Président a toutefois refusé l’idée que cela doit porter sur leur existence même.  Il s’agit plutôt de corriger « l’injustice de longue date que la structure et la composition actuelles de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité, représentent pour les nations africaines » et adopter la Position africaine commune sur la réforme des Nations Unies, telle qu’énoncée dans le consensus d’Ezulwini, afin de créer une ONU moderne adaptée aux besoins de notre époque.

Il a également appelé à se concentrer sur les objectifs de développement durable, affirmant qu’il était essentiel de les atteindre.  À cet égard, il a évoqué la menace qui pèse sur la consolidation de la gouvernance démocratique, en particulier en Afrique.  En tant que Président nouvellement élu de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Président ghanéen a attiré l’attention sur la situation politique au Mali.  Il a prévenu que, bien souvent, le terrorisme et l’extrémisme violent ne se limitent pas à des zones géographiques ou à des juridictions particulières, car l’impact d’un seul incident terroriste dans une partie du monde résonne dans le monde entier.  Il incombe, selon lui, à l’ONU et, en fait, à tous les États Membres, d’apporter leur soutien aux efforts déployés par la CEDEAO pour rétablir la normalité au Mali. 

M. Akufo-Addo a également souligné l’importance de la technologie qui a été confirmée avec cette pandémie.  Les réunions virtuelles font maintenant partie de notre quotidien, les jeunes obtiennent leur diplôme lors de cérémonies virtuelles, tandis que les nombreuses conférences du passé risquent de ne plus avoir lieu, a-t-il noté, y voyant la preuve que « la technologie est l’avenir ».  Dès lors, le Ghana se félicite et approuve la recommandation du Secrétaire général, telle qu’elle figure dans le Plan d'action de coopération numérique, de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.

En cette année d’élections présidentielle et parlementaire au Ghana, le Président a assuré « avec une grande fierté » que, malgré les difficultés à mener une élection pendant une pandémie, les Ghanéens sont prêts à travailler ensemble pour garantir des élections transparentes, libres, justes, sûres et crédibles.  Chacune des huit élections depuis l’adoption du régime constitutionnel au Ghana a vu une amélioration par rapport à la précédente, a observé le Président en exprimant sa ferme intention de maintenir et améliorer la réputation du pays en tant que démocratie tolérante et fonctionnelle.

M. FILIPE JACINTO NYUSI, Président du Mozambique, a mis l’accent sur l’importance du concept de « responsabilité commune mais différenciée », ainsi que sur les objectifs de développement convenus sur le plan niveau international, à la lumière de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide au développement.  Tout en saluant les efforts du Secrétaire général pour réformer l’ONU, dans les domaines de la paix et de la sécurité, du développement et de la gestion de l’Organisation, le Président s’est inquiété de l’absence de progrès dans les négociations intergouvernementales en faveur de la réforme du Conseil de sécurité.

Mettant l’accent sur l’importance de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, il a précisé que le Mozambique a présenté en juillet 2020 son premier Rapport national volontaire sur les ODD, qui détaille les attentes du peuple mozambicain reflétées par le programme gouvernemental quinquennal 2020-2024.  Le Président du Mozambique a exposé l’objectif de son pays d’élargir l’accès à l’électricité pour la consommation domestique et industrielle, par le biais de sources renouvelables, qu’il s’agisse d’énergie thermoélectrique, de centrales au gaz naturel, d’énergie éolienne et solaire, en plus de l’hydroélectricité, afin d’assurer la réalisation de l’objectif d’accès universel d’ici à 2030.  « À l’heure actuelle, tous les chefs-lieux des 154 districts du pays sont raccordés au réseau électrique national, et le programme d’électrification des postes administratifs est en cours », s’est-il félicité.  

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a décidé pour la première fois d’allouer 10% de son budget annuel au secteur de l’agriculture, conformément à la Déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire adoptée par l’Union africaine en 2003.  « Nous avons lancé le Programme de gestion intégrée de l’agriculture et des ressources naturelles - SUSTENTA, qui promeut l’intégration socioéconomique de la population mozambicaine », s’est félicité le Président du Mozambique.    

M. Nyusi s’est, par ailleurs, inquiété des conséquences d’actes terroristes et de violences dans certains districts de la province de Cabo Delgado, et des actions armées de groupes présumés dissidents de la RENAMO dans certaines parties des provinces de Manica et de Sofala, au centre du pays.  « Les terroristes tuent des gens, causent des déplacements de personnes, détruisent des logements et des infrastructures socioéconomiques, pillent les biens communautaires et maintiennent les enfants et les femmes en captivité », a dénoncé le Président du Mozambique avant de signaler que plus de 1 000 personnes été tuées et quelque 250 000 personnes déplacées en raison de ces violences.

« Dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation entre le Gouvernement et la RENAMO, nous mettons en œuvre le processus de décentralisation et de désarmement, de démobilisation et de réintégration (DDR) des éléments armés restants de la RENAMO qui a déjà couvert environ 1 000 anciens combattants », a-t-il précisé.  

M. BARHAM SALIH, Président de l’Iraq, a affirmé que la pandémie est un danger pour le monde qui oblige à la solidarité afin de la vaincre.  Les pays les plus développés doivent coopérer à cette fin et porter assistance aux pays en développement, a-t-il dit.  Le Président a appelé à lutter contre la désinformation liée au virus et demandé une équité dans la distribution de l’éventuel vaccin, en la soustrayant à la logique du marché, afin que les plus pauvres en bénéficient. 

M. Salih a rappelé que l’Iraq a été confronté à deux fléaux non moins dangereux que le virus, le terrorisme et la corruption.  Si nous avons vaincu les terroristes sur le plan militaire, la guerre est loin d’être gagnée, a poursuivi le Président, en n’écartant pas une résurgence terroriste.  Il a aussi invité à ne pas baisser la garde devant les menaces des forces obscurantistes mais aussi devant les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures du pays.  Il a aussi souligné la nécessité d’isoler les éléments corrompus qui participent de la fuite des capitaux.  Face au fléau de la corruption, le Président a appelé à la création d’une coalition internationale sur le modèle de la coalition contre le terrorisme.

M. Salih a exhorté la communauté internationale à se tenir aux côtés de l’Iraq afin que les crimes commis contre les Yézidis, notamment les crimes de génocide, ne se reproduisent pas.  Il a détaillé sa rencontre récente avec des femmes yézidies, au cours de laquelle celles-ci lui ont confié « les souffrances indescriptibles » qu’elles continuent d’endurer. 

Le Président a mentionné les mesures entreprises en vue d’un changement pacifique en Iraq, en insistant sur la récente formation d’un nouveau Gouvernement suite à la mobilisation populaire d’ampleur que le pays a connue.  Dans un Iraq postautoritaire, le statu quo ne peut être de mise, a-t-il affirmé, en insistant sur la soif de changement et de dignité des Iraquiens.  Il a évoqué les élections anticipées prévues l’an prochain et souligné la nécessité pour le Gouvernement de garder le monopole sur les armes en circulation dans le pays.  L’Iraq ne doit pas devenir le précarré d’autres forces qui s’entretuent sur son territoire, a-t-il affirmé, en demandant un appui efficace de la part des pays de la région.  Enfin, le Président iraquien a appelé au règlement de la question palestinienne et estimé qu’il n’y a pas d’autre alternative à l’ONU, celle-ci continuant de « nous unir malgré nos différences ».

M. SAULI NIINISTÖ, Président de la Finlande, a fait remarquer que l’épidémie de COVID-19 montre le besoin d’un meilleur niveau de préparation pour la prochaine pandémie.  Il a regretté, lorsque cette pandémie a éclaté, que la première réaction ait été de se replier vers des initiatives nationales plutôt que de s’unir derrière les efforts multilatéraux.  Fort de ce constat, il s’est dit inquiet de la façon dont le monde sera en mesure de lutter contre d’autres défis mondiaux. 

À cet égard, le Président a parlé de la « menace existentielle » que constituent les changements climatiques et de l’action urgente, rapide et audacieuse que cela nécessite.  « Nos engagements envers l’Accord de Paris doivent prévaloir et nous devons redoubler d’efforts pour leur mise en œuvre », a-t-il insisté avant d’appuyer les six principes du Secrétaire général pour « Reconstruire en mieux ».   Le Président de la Finlande a demandé que toutes les mesures de relèvement soient évaluées par rapport à leur impact sur le climat et l’environnement, en prenant en compte les engagements de l’Accord de Paris, du Programme 2030 et de la Convention sur la diversité biologique.  

Soulignant les efforts déployés par son pays dans la lutte contre les changements climatiques, il a précisé que le Gouvernement finlandais avait comme objectif de rendre la Finlande neutre sur le plan climatique d’ici à 2035.  « Nous sommes déterminés à transformer la Finlande en une société socialement, économiquement et écologiquement durable au cours de cette décennie », a insisté le Président de la Finlande avant de vanter aussi le travail actif de son pays en matière de partenariats internationaux.  Illustrant son propos, il s’est enorgueilli de ce que la Coalition des ministres des finances pour l’action pour le climat, dirigée par la Finlande et le Chili, compte aujourd’hui plus de 50 pays.  Cette coopération aide les pays à intégrer les considérations climatiques dans les politiques économiques, fiscales et financières, a-t-il expliqué.     

Par ailleurs, le Président de la Finlande a mis l’accent sur la nécessité de progresser encore en matière de promotion des droits des femmes, en regrettant que, 25 ans après la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, on tente encore de saper les droits des femmes et des filles, en particulier la santé et les droits sexuels et reproductifs.  La Finlande, a-t-il assuré, considère que la promotion des droits des femmes et des filles, ainsi que l’égalité des sexes, sont d’une importance fondamentale.  C’est forte de cet engagement à long terme en faveur des droits humains que la Finlande est candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme de 2022 à 2024, a indiqué le Président finlandais. 

M. SOORONBAI ZHEENBEKOV, Président du Kirghizistan, a noté que le débat général reflète fidèlement la situation troublante dans le monde.  La pandémie de COVID-19 a rappelé à quel point nous sommes étroitement interconnectés, a estimé le Président, qui a informé que son pays a enregistré plus de 44 000 cas de la maladie et, perdu 1 063 citoyens.  La pandémie a entravé la mise en œuvre du Programme 2030 et a considérablement exacerbé la crise de la dette extérieure, a fait savoir M. Zheenbekov qui a salué la décision du G20 et des institutions financières internationales de suspendre le paiement de la dette des pays pauvres.  

Après avoir rappelé l’appui de son gouvernement aux efforts du Secrétaire général pour la réforme de l’ONU, le Président, en tant que dépositaire du Traité d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a préconisé le renforcement des approches en matière de désarmement nucléaire et de non-prolifération.  Le terrorisme et l’extrémisme constituent également une menace sérieuse pour le monde, a-t-il aussi noté, estimant que l’ONU doit jouer un rôle central dans la coordination des efforts de la communauté internationale dans la lutte contre la menace terroriste.  Le Président s’est lui-même engagé à mettre en œuvre efficacement la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme de l’ONU et a salué la nomination du Coordonnateur régional de la Direction de la lutte contre le terrorisme qui se trouve à Bichkek.  

Déterminé à atteindre les objectifs de développement durable sur l’énergie propre et sur la lutte contre les changements climatiques, le Kirghizistan considère le développement d’une économie verte comme l’étape la plus importante dans la mise en œuvre de ses engagements, a annoncé le Président.  Il a fait remarquer que la République kirghize a besoin du soutien de la communauté internationale pour s’adapter aux impacts négatifs des changements climatiques.  M. Zheenbekov a également estimé qu’il est extrêmement important de préserver les écosystèmes de montagne dans les zones de formation des glaciers.  Pour le Président, « la nature ne connaît pas de frontières: la coopération transfrontalière est donc un facteur clef dans la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité ». 

La République kirghize attache aussi une importance particulière à la coopération régionale en Asie centrale et du Sud-Est où le développement de couloirs de transport et de communication, de centres logistiques et de terminaux est vital.  La construction et le lancement du chemin de fer Chine-Kirghizistan-Ouzbékistan contribueront de manière significative à relier l’Asie à l’Europe, a estimé le Président qui a renouvelé son engagement à renforcer l’état de droit et les droits de l’homme comme cela est écrit dans la stratégie nationale de développement durable de Kirghizistan jusqu’en 2040.  

M. TOMMY ESANG REMENGESAU JR, Président des Palaos, a déclaré qu’il s’était adressé devant l’Assemblée générale pour la première fois comme Président de son pays il y a 19 ans, en septembre 2001, et qu’il s’agissait cette fois de la dernière, avant qu’il ne revienne à son métier de pêcheur.  Il a estimé que l’appel à l’unité qu’il avait alors lancé, au lendemain des attaques terroristes du 11 septembre, restait valable aujourd’hui face à la pandémie mondiale.  Le défi de notre réponse n’est pas si différent, a-t-il expliqué: il s’agit d’instaurer une coopération plus étroite entre les nations, grandes et petites, riches et pauvres; de s’unir face à une crise partagée d’une manière improbable, il y a un an ou deux.

Si les Palaos ont eu la chance de ne recenser aucun cas de COVID-19, elles ne sont certainement pas à l’abri des conséquences de la pandémie, a expliqué M. Remengesau.  Certes, la santé est plus importante que l’argent, mais une économie nationale n’est pas de l’argent, a plaidé le Président.  « C’est le système qui détermine la qualité de vie et qui fournit des services publics essentiels; c’est l’environnement, la santé, l’éducation; c’est de la nourriture sur la table. ».  Or, la pandémie a placé les Palaos dans un niveau d’isolement qu’elles n’avaient plus connu depuis de très nombreuses années, a-t-il poursuivi avant d’en énumérer les inconvénients et d’estimer qu’il faudrait des années pour récupérer ce qui a été perdu en quelques mois.  M. Remengesau a répété que d’avoir placé les Palaos comme pays à haut revenu ne correspondait à la réalité et ne reflétait pas « l’immense vulnérabilité » du pays et le privait des financements concessionnels dont il a besoin. 

La sortie des Palaos de la crise économique du COVID ne sera pas possible si le pays ne participe pas au processus de développement d’un vaccin, a poursuivi M. Remengesau, qui a annoncé que les Palaos participeraient à la facilité COVAX, soucieux de l’accès équitable à un futur vaccin.  En attendant, les Palaos continueront de travailler avec les États-Unis, « amis proches », avec lesquels le pays entretient un « lien spécial ».  

Pour le Président des Palaos, la « menace individuelle » de la COVID-19 ne doit toutefois pas détourner l’attention des menaces à long terme, de la nécessité du « rétablissement de notre relation avec la nature » et notamment de « l’urgence océanique » sur laquelle il s’est ensuite étendu, en décrivant les mesures prises par son pays.  « Les Palaos sont un grand État océanique et nous agissons conformément à nos responsabilités de gérance de notre zone économique exclusive », a-t-il fait valoir, en souhaitant que l’exemple de son pays « inspire de l’ambition ailleurs ».  Il a en outre rappelé que le Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable, qu’il copréside, avait élaboré un plan pour cette ambition océanique et annoncerait ses recommandations sur les actions à prendre d’ici à la fin de l’année.  Il a aussi souhaité que les négociations sur un traité sur la haute mer s’achèvent en 2021 et permettent de « combler le fossé de gouvernance » au-delà de la juridiction nationale.

M. Remengesau a également demandé que l’océan ne soit pas négligé lors de la COP15 de la Convention sur la diversité biologique de l’année prochaine, alors que les objectifs fixés il y a 10 ans n’ont pas été atteints.  Il a demandé qu’« au moins 30% de l’océan soit protégé d’ici à 2030 ».  De même, a-t-il plaidé, la pandémie a pu retarder la COP26 sur le climat mais elle ne doit pas retarder une ambition climatique accrue et le soutien à sa mise en œuvre.  Il a rappelé la « préoccupation existentielle » de l’urgence climatique et mis en garde contre toute complaisance suite à la baisse momentanée des émissions cette année.  Il a ensuite décrit les mesures prises par son propre pays, un des premiers à avoir ratifié l’Accord de Paris sur le climat, tout comme le Traité d’interdiction nucléaire, deux textes auxquels il a activement participé, apportant ainsi sa contribution au multilatéralisme. 

C’est aussi au nom de la « contribution significative au renforcement de l’action collective » qu’il pourrait apporter que le Président des Palaos a plaidé une fois de plus pour que Taiwan soit autorisée à participer aux organisations internationales. Il a notamment présenté Taiwan comme « un leader de la santé publique qui a mis en œuvre l’une des réponses à la pandémie les plus efficaces au monde ».  Il a donc déploré qu’une fois encore Taiwan ait été exclu cette année de l’Assemblée mondiale de la Santé, estimant que ce refus avait « rendu le monde moins sûr ».

M. IGOR DODON, Président de la République de Moldova, a déclaré qu’au cours de ses 75 ans d’activité, l’ONU avait su démontrer qu’elle n’avait pas d’alternatives au niveau mondial, ni en termes de légitimité et d’impact normatif, ni en termes de plein engagement dans la résolution des problèmes et des crises internationales.  Il a espéré que la mise en œuvre de la série de réformes de l’ONU donnera du dynamisme aux efforts déployés par les États Membres pour mettre en œuvre le Programme 2030.  La lutte contre la COVID-19 exige une action coordonnée et transparente au niveau international, a-t-il aussi fait remarquer en appelant au renforcement de la coopération internationale.

M. Dodon a ensuite indiqué que la Moldova avait présenté, cette année, son premier examen national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Au cours de l’année, des changements positifs ont été réalisés dans la lutte contre la corruption, a-t-il fait valoir avant de signaler que la réforme du système judiciaire suit son cours, ainsi que le programmes de rénovation des infrastructures routières.  Un programme de réforme constitutionnelle a également été lancé, de même que d’importantes réformes visant à assurer un plus grand accès des femmes aux services sociaux.

Préoccupé par l’ampleur de la course aux armements, le Président moldave a regretté l’incertitude persistante qui entoure les accords existants de contrôle des armes stratégiques.  Il a également déploré que le conflit en Transnistrie demeure irrésolu, attribuant notamment cette situation au manque de volonté politique de certains acteurs.  Il a insisté sur l’importance de l’approche constructive des acteurs participant au format 5+2, se disant convaincu que les États garants et les observateurs définiront rapidement une solution viable qui reposera sur le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de Moldova et accordera un statut spécial à la Transnistrie.

Il a également insisté sur l’importance de garantir la liberté de mouvement dans l’ensemble du pays, de créer un espace économique unique et de mettre en œuvre des mesures de renforcement de la confiance.  Il a regretté que la pandémie ait créé de nouveaux obstacles à la libre circulation des personnes et des biens entre les deux rives du fleuve Nistru.

Le Président Dodon a aussi souligné que l’adoption d’une décision politique finale et le règlement complet du conflit de Transnistrie se fonderont exclusivement sur des propositions formulées directement par la République de Moldova, « pas sur celles développées à l’étranger ».  Il a assuré que son gouvernement déploiera tous les efforts nécessaires pour veiller à ce qu’une première ébauche des paramètres et principes de base du modèle de règlement final soit élaborée rapidement et soumise au cours du premier semestre 2021 à toutes les parties prenantes du format 5+2.  Il a également appelé, « dans ce contexte », au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’OSCE dans la gestion des opérations de maintien de la paix.

M. Dodon s’est également dit convaincu que les conditions nécessaires existent pour assurer la reprise du dialogue bilatéral avec la Fédération de Russie pour trouver une solution aux dépôts de munitions de Cobasna, précisant que plus de 20 000 tonnes de munitions obsolètes se trouvent sur le territoire moldave.  Il a par ailleurs souligné que la Moldova est, de par sa Constitution, un État neutre qui ne se joindra à aucun bloc politico-militaire.

M. ABDELMADJID TEBBOUNE, Président de l’Algérie, a estimé qu’aujourd’hui plus que jamais le monde a besoin d’une ONU forte d’où la nécessité de faire avancer la réforme globale de l’Organisation pour améliorer sa performance et son efficacité.  L’Algérie a fait sienne la position de l’UA, notamment la demande de l’augmentation du nombre de membres au Conseil de sécurité pour qu’il y ait une représentation équitable de l’Afrique en son sein.

M. Tebboune s’est dit fier des réalisations de l’Algérie au fil des ans qui ont mis en exergue la centralité de la diplomatie algérienne.  Partant de cette approche, l’Algérie œuvre toujours au rapprochement entre les différentes parties libyennes qu’elle appelle à s’engager dans un processus politique sous l’égide des Nations Unies, et à refuser toute ingérence étrangère.  Le Président algérien a salué les deux récentes annonces de cessez-le-feu en Libye et a encouragé les parties à traduire leurs paroles en actes.  Concernant le Mali, a-t-il ajouté, l’Algérie, est convaincue que l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale reste le cadre idoine pour faire face aux défis politiques et de gouvernance économique.

Passant à la cause palestinienne, « une question sacrée », selon M. Tebboune, il a exprimé à nouveau le soutien de l’Algérie à la lutte légitime du peuple palestinien et à son droit à un État indépendant avec « Al Qods » pour capitale.  C’est la clef de la stabilité au Proche-Orient, a affirmé M. Tebboune.  Sur le dossier du Sahara occidental, il a regretté l’arrêt des négociations entre les deux parties au conflit et le retard accusé dans la nomination d’un nouvel envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental. 

L’Algérie a ensuite renouvelé son engagement à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Le Président a appelé à renforcer la coopération internationale dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent, y compris pour ce qui est de la restitution des fonds volés aux peuples.  Abordant la question du désarmement nucléaire, M. Tebboune a rappelé que son pays a souffert et souffre encore des effets néfastes des tests nucléaires menés sur son territoire lors de la colonisation, avant de plaider en faveur de l’élimination totale des armes nucléaires.

Il a également assuré que l’Algérie a adopté des mesures en faveur de la protection de l’environnement, mais estimé que, compte tenu de la responsabilité historique des pays avancés sur cette question, ces derniers doivent soutenir les efforts en ce sens du monde en développement.  Les circonstances difficiles de la COVID-19 n’ont pas empêché l’Algérie d’aller de l’avant dans la réalisation des objectifs de développement durable, a ajouté le Président algérien en précisant que son pays travaille à l’intégration prochaine du Programme 2030 dans ses lois financières annuelles ainsi que dans son cadre juridique.

Le Président Tebboune a affirmé que son pays avance à pas résolus pour consacrer les piliers de la démocratie et de la justice sociale, suite au mouvement pacifique « al Hirak », un mouvement qu’il a décrit comme étant « béni ».  L’Algérie a d’ores et déjà franchi des étapes essentielles pour construire une Algérie nouvelle et elle va tenir un référendum sur une révision constitutionnelle le 1er novembre, une date symbolique pour l’Algérie puisqu’elle marque le début de la guerre d’indépendance.

En guise de conclusion, le Président Tebboune a lancé un appel à l’unité et à la solidarité pour venir à bout des différends dans le monde et pour faire face aux circonstances difficiles qu’il traverse, en avançant ensemble sur le chemin de la stabilité et de la prospérité.

« Comme la pandémie nous a plongés dans une nouvelle crise mondiale », a déclaré M. JUAN ORLANDO HERNÀNDEZ ALVARADO, Président du Honduras, il faut chercher de nouvelles idées, forger de nouveaux consensus, se montrer plus créatifs et faire appel à la sagesse pour concrétiser les objectifs fixés en 1945.  Moi-même, a confié le Président, « survivant » de cette maladie et à la tête d’un pays en développement qui veut aller de l’avant après la pandémie, je suis préoccupé par l’impact multidimensionnel de la pandémie sur les secteurs de la santé, de l’éducation, des migrations, des services sociaux de base, des droits de l’homme et de l’économie, fragilisant encore la situation des plus vulnérables.  

La pandémie, a poursuivi le Président, a causé des dégâts sociaux énormes, une pénurie de médecins et de nourriture et une perte massive d’emplois.  La tâche « monumentale » qui nous attend aujourd’hui, est de reconstruire nos économies, a alerté le Président, en accordant la priorité à la santé.  Nous devons, a-t-il précisé, rétablir la confiance de nos peuples qui se demandent de quoi demain sera fait?  Cette nouvelle crise mondiale, a averti le Président, risque de se transformer en conflits sociaux sur toute la planète, compte tenu des problèmes de santé publique mais aussi des problèmes liés à l’accès à la terre, la nourriture et à l’eau, sans oublier les idéologies politiques. 

La COVID-19, a encore dit le Président d’un pays qui a réussi à réduire de 60% la violence, a mis au nu les inégalités dans l’accès aux médicaments, aux équipements médicaux ou vaccins.  Seule une poignée y auront un large accès au détriment de ceux qui en ont le plus besoin.  M. Alvarado a voulu que la science, la technologie et les médias contribuent à anticiper les menaces à la situation sanitaire mondiale.  Les données et informations doivent être partagées entre tous les pays, en toute transparente et sans manipulation au service des intérêts de quelques-uns. 

Si cette pandémie ne change pas notre attitude les uns envers les autres, alors rien ne nous fera plus changer, a encore averti le Président, devant un virus « qui nous a tous attaqués de la même manière, les riches comme les pauvres ».  Ce virus, a-t-il ajouté, nous a rappelé de la manière « la plus brutale » que nous sommes tous des humains, vulnérables, membres de la même communauté.  Le temps est venu pour le système des Nations Unies, a pressé le Président, de devenir plus efficace pour atteindre les objectifs pour lesquels il a été créé.  Cette Organisation doit collecter les connaissances et les informations qui nous préparerons à l’avenir qui nous attend.  Compte tenu de ce qui s’est passé, il est « impératif » que les objectifs de développement durable convenus en 2015 soient révisés, actualisés et repensés à l’aune de cette nouvelle réalité, a estimé le Président. 

Le présent et le futur, a-t-il rappelé, dépendent beaucoup des changements climatiques et il est regrettable de constater une absence d’initiatives en faveur du Fonds vert pour le climat.  « Où est ce fameux Fonds? S’est impatienté le Président d’un des trois pays « les plus vulnérables aux effets des changements climatiques ».  Avant de conclure, il a réclamé l’allègement de la dette du Honduras et proposé au Secrétaire général de l’ONU de créer un groupe de personnalités pour réfléchir aux problèmes liés au développement économique, à la santé, à l’éducation, aux petites et moyennes entreprises ou encore à la technologie.  Ce groupe de réflexion devrait envisager l’élaboration d’un plan ou d’une feuille de route sur la solution à ces problèmes. 

M. MICHEL AOUN, Président du Liban, a salué l’organisation, le 9 août dernier, d’une conférence de soutien en faveur du Liban touché quelques jours avant par la tragique explosion du port de Beyrouth.  « Votre aide à tous a eu un énorme impact positif sur notre pays et notre peuple, à la fois matériellement et moralement. »  Elle a ainsi permis de répondre en urgence aux nombreux besoins médicaux, alimentaires et en matériaux de construction, a poursuivi le Président. 

M. Aoun a expliqué que Beyrouth, qui tente de sortir des décombres, espère pouvoir renaître de ses blessures avec le soutien international et la solidarité de tous les Libanais, comme elle l’a fait tant de fois au cours de l’histoire.  Il a indiqué que les répercussions ne vont pas affecter seulement l’activité économique du Liban mais également peser sur le taux de pauvreté qui s’élevait à 45% avant l’explosion selon l’évaluation de la Banque mondiale.  « Celle-ci estime aujourd’hui la perte économique résultant de la tragédie du port à environ 3,5 milliards de dollars, les dommages matériels à environ 4,5 milliards de dollars et les besoins de reconstruction urgents à environ 2 milliards de dollars. »  

Le Président a estimé que la prochaine étape est celle de la reconstruction, notant que la principale difficulté se pose au niveau des quartiers totalement détruits qui nécessitent une aide indispensable de la communauté internationale.  « Sans doute la solution la plus pratique consisterait à diviser les quartiers dévastés en multiples zones, ainsi chaque pays souhaitant apporter son aide pourrait prendre en charge une zone spécifique et entreprendre directement la reconstruction. » 

En ce qui concerne l’enquête en cours pour déterminer les responsables de l’explosion du port, M. Aoun a déclaré que le dossier avait été confié au Conseil de la magistrature, qui est la plus haute juridiction pénale au Liban.  « Dès le jour de l’explosion, nous avons demandé une assistance technique internationale à la fois pour obtenir les images satellites de l’instant de l’explosion mais également pour connaître l’itinéraire et l’historique du navire chargé de nitrate d’ammonium depuis son affrètement jusqu’à son arrivée au port de Beyrouth. »  Le Président a précisé que des équipes internationales ont prélevé des débris et entrepris des fouilles sur le terrain de l’explosion pour effectuer les analyses techniques nécessaires.  « Nous attendons toujours les informations quant au mystère entourant le navire ainsi que les images satellites pour lever toute ambiguïté sur cette partie de l’enquête. »  Les conclusions seront établies par le Conseil de la magistrature dans le cadre de la souveraineté de la juridiction libanaise, a assuré M. Aoun. 

Le Président a ensuite affirmé que le Liban se débat dans une crise sans précédent, étant victime des accumulations d’erreurs de gestion, d’une récession économique et financière sévère, de l’épidémie de COVID-19 et de la catastrophe de l’explosion du port de Beyrouth, rendant la situation complètement ingérable.  « Il ne faut pas oublier d’ajouter à tous ces cataclysmes, les répercussions de la crise des déplacés syriens qui perdurent depuis 10 ans. »  

M. Aoun a en effet souligné que le nombre de personnes déplacées, qui équivaut à un tiers de la population, entraîne des conséquences économiques, sanitaires et humanitaires insupportables.  Il a renouvelé son appel pour intensifier les efforts afin de permettre un retour sûr et digne des déplacés syriens dans leur pays.  Il a demandé de ne pas conditionner ce retour à une solution politique en Syrie.  Il faut, a-t-il ajouté, aider le Gouvernement libanais à appliquer le plan mis en place maintenant que les conditions sont de plus en plus favorables puisque la majeure partie du territoire syrien est sans risque.  Il a en outre demandé aux donateurs de doubler leurs contributions financières et de les remettre directement aux institutions gouvernementales et aux communautés d’accueil libanaises, selon le plan établi par le Liban en coopération avec les Nations Unies.  

Le Président libanais a salué la décision du Conseil de sécurité de prolonger le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et y a vu un message de soutien fort et unifié de sa part en vue de préserver la stabilité dans la région.  Il a réitéré sa demande à la communauté internationale d’obliger Israël à mettre fin à sa violation de la souveraineté libanaise sur terre, en mer et dans les airs, et notamment d’arrêter d’utiliser l’espace aérien libanais pour frapper les territoires syriens.  Il a appelé Israël à coopérer pleinement avec la FINUL afin de délimiter le reste de la Ligne bleue et d’effectuer un retrait immédiat du nord de Ghajar, des fermes de Chebaa et des collines de Kfarchouba.   

Notant que le débat autour des solutions dans la région du Moyen-Orient continue de s’intensifier, le Président libanais a réaffirmé son adhésion au principe de l’inviolabilité des frontières internationalement reconnues.  « Nous soulignons que toute négociation, quelle que soit sa forme ou la partie qui la mène, devrait aborder des solutions durables parrainées par les autorités compétentes, en particulier les résolutions des Nations Unies, y compris la résolution 194, qui garantit le droit des réfugiés palestiniens au retour. »  En ce centenaire de la déclaration du « Grand Liban », M. Aoun a affirmé que le peuple libanais, avec toutes ses composantes, reste attaché à la préservation d’un Grand Liban uni, sans division ni partition.   

Enfin, le Président a salué la grande empathie manifestée au Liban après la catastrophe qui a frappé Beyrouth, ainsi que la solidarité des peuples du monde.  « L’humanisme est revenu prendre place dans ce monde où régnaient le matérialisme, l’injustice et la loi du plus fort. »  

Mme ZUZANA ČAPUTOVA, Présidente de la Slovaquie, a déclaré que « ce débat général inhabituel prouve que la pandémie de COVID-19 a changé le monde tel que nous le connaissons ».  Mais, a ajouté la Présidente, ce format en ligne est une preuve que nous pouvons nous adapter et agir.  En tout cas, nous ne pouvons plus revenir en arrière, a-t-elle estimé.  L’une des leçons les plus importantes de la pandémie de COVID-19 est que les gens ordinaires peuvent réaliser des choses extraordinaires s’ils sont conduits par la solidarité et la compassion, a constaté Mme Čaputova en recommandant aux dirigeants d’adopter cette même démarche entre les nations.  C’est pourquoi, a continué la Présidente, il faut une véritable « mondialisation de la compassion ». 

Concrètement, elle a conseillé de ne pas laisser le développement et la production de vaccins et de fournitures médicales devenir un autre objet de concurrence mondiale.  C’est pourquoi, a-t-elle continué, il faut partager l’information et favoriser les partenariats entre les scientifiques, les fabricants et les gouvernements.  Il faut enfin fournir un vaccin à tous, a plaidé la Présidente.  

Elle a également estimé que, pour éviter toute crise, il faut un leadership responsable.  « Il incombe aux gouvernements et aux dirigeants politiques de prendre des décisions fondées sur des faits et des connaissances, et non sur les calculs politiques ou les intérêts égoïstes de ceux qui sont au pouvoir. »  L’incompétence, la désinformation ou le populisme a des conséquences fatales, a averti Mme Čaputova pour qui un leadership responsable signifie préserver le meilleur de l’architecture existante des organisations et régimes internationaux de coopération.  

La Présidente a également souligné l’importance de la confiance des citoyens dans ce que font leurs gouvernements.  Les gens doivent savoir qu’ils sont protégés et qu’on ne leur ment pas, a-t-elle dit.  Les gardiens de ces principes doivent être les médias libres et indépendants, les experts et les scientifiques de renom, ainsi que la société civile active.  Malheureusement, a-t-elle regretté, ce n’est pas toujours le cas.  Tout comme nous l’avons vu récemment au Bélarus, ou dans le cas d’Alexeï Navalnyj, et dans de nombreux autres cas, a-t-elle dénoncé.  La Présidente a prévenu que la propagation de « la maladie autoritaire » est une menace pour tous.  

Pour la Présidente, l’autre leçon de la pandémie de COVID-19, c’est que le changement est possible.  « Si nous avons pu faire ce que nous avons fait contre la COVID-19, nous pouvons le faire aussi quand il s’agit d’autres menaces mondiales comme les changements climatiques, qui sont sans aucun doute la plus grande menace pour notre avenir commun. »  La Présidente a appelé à en faire une vraie priorité et permettre à la science, les innovations, mais aussi la solidarité et la compassion, d’ouvrir la voie.  Faisons de cette leçon de la COVID-19 la base de notre action à l’avenir, a plaidé la Présidente. 

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a rappelé que l’ONU était aujourd’hui plus âgée que la majorité de ses États Membres.  L’ONU, à sa naissance, « a apporté des règles et de l’espoir pour un monde en ruines » mais c’était il y a 75 ans. La question est donc: « Mais qu’apporte-t-elle au monde aujourd’hui? » 

Le Président a appelé à « raviver l’idéalisme, la volonté et l’esprit de la Conférence de San Francisco », alors que l’humanité est confrontée à des défis complexes, multiformes et extrêmement graves, qui sont parfaitement définis par la pandémie de COVID-19, même s’il y en a d’autres: la crise climatique et de biodiversité, les tensions géostratégiques croissantes, les inégalités sociales et économiques, la crise de légitimité et de gouvernance ou encore les vulnérabilités du monde numérique.

Pour le Kenya, c’est par le multilatéralisme que la communauté internationale pourra transcender ces défis et garantir une paix et une prospérité durables pour tous.  Le Président a plaidé pour une amélioration collective urgente de la préparation à la gestion des crises mondiales et pour renforcer la résilience.  Après avoir présenté les mesures nationales prises par son pays pour faire face à la pandémie et à ses conséquences sociales et économiques, il a précisé qu’il avait aussi participé lui-même à la définition de la stratégie continentale d’atténuation de la COVID-19 de l’Union africaine, dont il a salué le succès.

La leçon à tenir des six derniers mois, c’est qu’aucun pays ne peut gérer à lui seul une crise de cette ampleur, a insisté le Président du Kenya.  Il a donc demandé à la communauté mondiale d’accroître la coopération et l’assistance aux pays en développement les plus vulnérables afin de renforcer leurs économies et leurs systèmes de soins de santé.

M. Kenyatta s’est ensuite inquiété des tensions géopolitiques mondiales, dont il a regretté l’effet négatif sur la réponse apportée à la pandémie.  Il a appelé à rester collectivement attachés au relèvement mondial même après la phase aigüe de la pandémie, notamment en allégeant la dette.

Pour le Président kényan, le monde dispose, avec les objectifs de développement durable, des réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés.  Il est en revanche nécessaire de réaffirmer notre attachement à ces objectifs, notamment en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté et les inégalités, a-t-il lancé avant de rappeler les risques que les changements climatiques font peser sur la réalisation de ces objectifs, avec des impacts disproportionnés sur les petits États insulaires en développement et sur ceux aux environnements écologiques fragiles.

En tant que Président du pays hôte du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’ONU-Habitat, il a en outre appelé à une action collective urgente pour stopper l’appauvrissement de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes et remettre l’harmonie entre les hommes et la nature.  Il a également rappelé que le Kenya coorganise avec le Portugal la deuxième Conférence des Nations Unies sur les océans au deuxième trimestre de 2021, à Lisbonne.

M. Kenyatta en enfin remercié les États qui avaient permis à son pays d’être élu au Conseil de sécurité pour la période 2021-2022.  Il a rappelé la « menace existentielle du terrorisme » et s’est félicité des perspectives de création à Nairobi d’un bureau du programme de lutte contre le terrorisme des Nations Unies.  Il a rappelé la contribution de longue date de son pays aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et plaidé pour la tenue de consultations triangulaires inclusives entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les pays contributeurs de troupes et de policiers.

Nos défis actuels peuvent paraître décourageants, mais « l’existence est comme un marathon de dimension mondiale », a déclaré M. Kenyatta.  Rappelant qu’il venait « d’un pays de marathoniens » et appréciait à ce titre les exigences d’endurance, de travail d’équipe et de persévérance, il a jugé possible de « gagner cette course » et de voir l’humanité triompher et assurer la paix et la prospérité dans une plus grande biodiversité pour les générations présentes et futures.

M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie, a déclaré que face à la pandémie de COVID-19 et à ses effets dévastateurs, les États Membres doivent réaffirmer leur engagement collectif à coopérer dans un monde gouverné par le droit international et un système multilatéral qui ne laisse personne de côté.  Un système multilatéral efficace, établi sur la base du droit, est notre police d’assurance contre les menaces existentielles, notamment les guerres, la prolifération nucléaire, les pandémies et les changements climatiques, a-t-il affirmé.

Le Président s’est inquiété de l’impact des effets socioéconomiques adverses de la pandémie sur les pays en développement, évoquant notamment le fardeau de la dette, la réduction des revenus fiscaux et des flux de capitaux ainsi que le manque d’accès aux marchés financiers.  C’est pour cela que cette urgence sanitaire doit insuffler un sentiment d’urgence encore plus poussé en faveur d’une solidarité multilatérale percutante, a-t-il estimé.  Il a salué le lancement du Fonds des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement, ainsi que les mesures d’allègement de la dette adoptées par la Banque mondiale, le FMI et le G20, avant de conseiller d’étendre les mécanismes de prêts d’urgence et l’appui technique aux pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure comme le sien.

Poursuivant, M. Geingob a salué les efforts déployés par l’OMS pour créer un vaccin, soulignant qu’une fois disponible, celui-ci devra être considéré comme un bien public mondial, accessible à tous, gratuitement et équitablement.  Notant que la pandémie avait détourné les ressources qui devaient être consacrées à l’atténuation des changements climatiques, il a appelé les États Membres à se réengager envers l’Accord de Paris.  Le Président a également fait part de l’engagement de la Namibie envers les océans du monde.

M. Geingob a appelé à la réforme du Conseil de sécurité, sur la base de la Position africaine commune, pour ensuite annoncer l’ouverture, le mois prochain en Namibie, de l’International Women’s Peace Centre.  Consacré à la médiation et à la prévention de conflit, ce centre dotera les femmes des outils nécessaires pour leur permettre de contribuer à « l’avenir de l’humanité », a-t-il expliqué.  Enfin, le Président a exprimé son appui au droit à l’autodétermination des peuples de Palestine et du Sahara occidental, appelant notamment à la nomination rapide d’un envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental.  Il a aussi appelé à la levée des sanctions à l’encontre du Zimbabwe et de l’embargo imposé à Cuba.

M. GEORGE MANNEH WEAH, Président du Libéria, a commencé par rendre hommage aux agents de première ligne qui ont payé de leur vie le service rendu aux autres en cette période de pandémie.  Il a ensuite estimé que le thème choisi pour ce débat général ne pouvait être plus approprié au moment où les Nations Unies célèbrent leur soixante-quinzième anniversaire.  En l’espace de six mois, la COVID-19 a en effet infecté 30 millions de citoyens des États Membres de l’Organisation et tué près d’un million d’entre eux, a-t-il constaté, saluant la solidarité que cette épreuve a suscitée.  

Le monde est resté uni, s’est félicité le dirigeant.  Les pays riches et pauvres ont tous été touchés et travaillent ensemble pour éradiquer ce fléau.  Si l’Afrique a été touchée, elle aussi, elle n’a pas vu le nombre des cas et des morts atteindre celui des pays avancés, a-t-il relevé, attribuant cette différence à la « miséricorde de notre Dieu tout-puissant  », qui a veillé, selon lui, à ce que les prédictions concernant le continent africain «  ne se matérialisent pas  ».  Il a ajouté que, fort de son expérience acquise avec l’épidémie d’Ebola, le Libéria a su mettre en place une réponse nationale solide qui semble pour l’heure avoir contenu la COVID-19.  

Adressant ses remerciements aux partenaires bilatéraux et multilatéraux du Libéria, M. Weah a estimé que leur soutien a permis au pays de faire face à la COVID-19 et de garder son économie à flot.  Le Gouvernement a maintenant un plan de redressement post-COVID qui donne la priorité aux actions de court terme et aux investissements dans des domaines clefs tels que l’agriculture et le tourisme, a-t-il précisé.    

Il a ensuite souligné l’importance de l’ONU, qui reste à ses yeux le principal forum pour la paix, la résolution des conflits, la prévention de la guerre et le règlement des différends entre nations, ainsi que la première organisation humanitaire.  Néanmoins, a-t-il dit, le monde a changé considérablement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, de même que la configuration du pouvoir qui a décidé des structures de prise de décision.  Il y a donc un besoin urgent de revoir et adapter les priorités des Nations Unies afin qu’elles deviennent plus pertinentes et répondent mieux aux défis actuels, a ajouté le Président libérien, souhaitant qu’une attention accrue soit accordée à l’intégration des plus vulnérables.  

À cette aune, les objectifs de développement durable adoptés par l’ONU doivent servir de feuille de route pour nos efforts collectifs en faveur de la paix et de la prospérité de toute l’humanité, a poursuivi M. Weah, pour qui il convient de redoubler d’efforts pour mener à bien ce programme d’ici à la fin de cette décennie.  

Évoquant les réalisations de son gouvernement en réponse aux problèmes socioéconomiques persistants du Libéria, il a cité la tenue récente d’une conférence nationale sur les violences sexuelles et sexistes, en aggravation dans le pays depuis l’apparition de la COVID-19 et la fermeture des écoles.  Le Gouvernement a ainsi fait de la lutte contre le viol une urgence nationale, nommant un procureur spécial, mettant en place un registre des délinquants sexuels et créant une équipe spéciale de sécurité nationale sur la violence sexuelle et sexiste.  Avant de conclure, il a également fait état de l’adoption d’une loi sur la violence domestique et de progrès dans l’élimination des mutilations génitales féminines.  

M. LENIN MORENO GARCÉS, Président de l’Équateur, a reconnu que la pandémie de COVID-19 a mis une pression considérable sur le multilatéralisme.  Après six mois, l’urgence n’est pas seulement sanitaire, mais aussi sociale et économique.  Nous ne pourrons pas sauver des vies et relancer l’économie sans le soutien des organisations multilatérales, du secteur privé, du milieu universitaire et de la société dans son ensemble, a estimé le Président.  Pour l’Équateur, le soutien des organisations financières internationales, Fonds monétaire internationale (FMI) et Banque mondiale, a été fondamental au cours des derniers mois.   

La pandémie, a poursuivi M. Moreno Garcés, a montré que la technologie est essentielle pour garantir les droits des citoyens tels que l’accès à la télémédecine, à la télé-éducation et au télétravail.  Mais, elle a également révélé le large fossé numérique qui existe entre nos nations, un produit des inégalités.  Dans la période postCOVID-19, a poursuivi le Président, le défi sera de relancer les économies, en mettant l’accent sur les petites et moyennes entreprises qui génèrent des milliers d’emplois.  À cet effet, il a jugé essentiel d’offrir des lignes de crédit flexibles et adéquates, et de respecter les engagements officiels en matière d’aide au développement.  

Le chef de l’État a salué le travail de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)et son leadership pendant cette situation d’urgence.  Il a appuyé l’initiative « Covax Facility », pour accélérer l’accès aux vaccins et aux technologies sans brevets, distribués équitablement et en accordant une attention particulière aux personnes les plus vulnérables. 

M. Moreno Garcés a mis ensuite l’accent sur l’utilisation durable des ressources naturelles et les changements climatiques.  La non mise en œuvre des accords a de graves répercussions économiques et sociales, a-t-il averti.  Préoccupé par la présence d’une importante flotte de pêche étrangère, qui, depuis mai 2020, opère très près des îles Galapagos, le Président a prévenu que son pays fera prévaloir ses droits maritimes dans sa zone économique exclusive. 

Nous sommes conscients de l’énorme responsabilité de protéger les Galapagos, qui ont été le premier patrimoine naturel de l’humanité, a déclaré le Président.  Nous appelons les pays qui pêchent dans les eaux du Pacifique Sud-Est à s’autoréguler et à limiter leurs activités.  Les membres de la Commission permanente du Pacifique Sud, c’est-à-dire le Chili, la Colombie, l’Équateur et le Pérou, condamnent la pêche illégale «  dans les zones adjacentes aux eaux de nos pays  » et ont convenu de renforcer l’échange d’informations sur la localisation des navires, a indiqué le Président.  

Mon pays, a-t-il conclu, réaffirme son engagement à conserver le milieu marin.  Il a d’ailleurs rejoint le 11 août dernier la « Global Ocean Alliance  », une initiative, menée par le Royaume-Uni, pour que 30% des océans du monde soient déclarés aires marines protégées.  De même, s’est félicité le Président, nous nous engageons pour la conservation de l’Amazonie, avec l’adhésion à la Déclaration de Leticia et à l’initiative de financement du développement durable et de la bioéconomie pour l’Amazonie. 

Mme JEANINE AÑEZ CHÁVEZ, Présidente constitutionnelle de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que, pour l’Amérique latine, deux chemins se profilent à l’horizon: le chemin de la liberté et le chemin de l’oppression, celui de la démocratie et celui de la dictature.  Elle a affirmé que des personnalités politiques très haut placées en Amérique latine sont tentées par l’autoritarisme et que plusieurs nations de la région sont menacées par des projets de populisme caudilliste et autoritaire.  Ces projets aspirent à ce que le caudillo et sa caste monopolisent le champ politique, la culture, l'économie et, finalement, répriment la liberté du peuple. 

Mais l’Amérique latine a aussi la possibilité de construire une coexistence politique sur la base de la tradition républicaine, a-t-elle enchaîné.  C’est le chemin qui est en train d’être tracé en Bolivie pour surmonter plus d'une décennie de caudillisme populiste et autoritaire et rétablir la liberté des citoyens.  Elle a indiqué que, pour tracer cette voie, des élections transparentes seront organisées le 18 octobre.  Nous en faisons la promotion malgré le fait que le populisme caudilliste ait tenté de les saboter avec des mobilisations brutales et violentes il y a quelques semaines, a-t-elle dénoncé.  Mme Chávez a fustigé les barrages routiers qui ont empêché le passage des respirateurs destinés aux malades de la COVID-19.  Elle a salué «  le courage  » du peuple bolivien qui a stoppé cette tentative d’abattre la démocratie et de rétablir la dictature en Bolivie.  

Mme Chávez a souligné que la décision de son gouvernement d’investir 10% du budget national dans la santé a été une étape très importante pour la Bolivie.  Elle a affirmé que, dans ce domaine, son pays est parvenu à réaliser en trois mois ce qui n’a jamais été réalisé depuis des décennies.  Pour faire de la Bolivie une république, un système de solidarité et d’aide au peuple a été fondé, un fait «  sans précédent  » dans l’histoire du pays, s’est-elle enorgueillie.  La Bolivie, a-t-elle encore insisté, a choisi la voie de la liberté. 

La Présidente n’a pas manqué de dénoncer le harcèlement «  systématique et abusif  » que le Gouvernement «  kirchneriste  » exerce, depuis l'Argentine, contre les institutions et les valeurs républicaines de la Bolivie.  Elle a accusé le Gouvernement argentin d’avoir fait de l’ingérence «  la clef de sa politique étrangère  » à l’égard de la Bolivie, de protéger une violente conspiration menée par Evo Morales contre la démocratie bolivienne et d’accorder à « l’ancien dictateur » l’impunité dans les enquêtes en cours sur les violations des droits de l’homme, les violences sexuelles et la complicité d’assassinat politique.  Mme  Chávez a plaidé pour des négociations sur les questions liées au manque d’accès de la Bolivie à l’océan Pacifique.  Elle a conclu en invitant la communauté internationale à examiner le processus électoral bolivien qui, contrairement à celui d’Evo Morales l’année dernière, a-t-elle affirmé, sera «  propre et sans fraude  ».  

M. VOLODYMYR ZELENSKYY, Président de l’Ukraine, a comparé l’ONU à «  un logiciel  » qui a sauvé le monde d’«  erreurs critiques  » mais qui est devenu de plus en plus défectueux au fil du temps.  Nous avons un système attaqué par de nouveaux «  bugs  » ou « virus  », dont le «  confinement  » n’est pas des plus efficaces.  M. Zelenskyy s’est décrit comme le chef d’un État qui subit l’« annexion » par la Fédération de Russie de sa péninsule de Crimée et qui tente de contenir «  l’agression militaire russe » dans le Donbass, pour la septième année consécutive.  Qu’auraient ressenti les fondateurs des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, au centre même de l’Europe,  une guerre éclaterait?  Qu’auraient-ils s’ils avaient su qu’en Crimée, les droits de l’homme seraient «  violés de manière flagrante  », que les Ukrainiens et les Tatars de Crimée seraient «  persécutés  » et que la militarisation de la péninsule et des zones maritimes qui l’entourent «  s’accentuerait  », compromettant l’équilibre sécuritaire dans la région de la mer Noire?  Les fondateurs auraient-ils modifié la Charte et les mécanismes des Nations Unies s’ils avaient su que 75 ans plus tard, «  à cause de la guerre » dans le Donbass, 14 000 personnes auraient perdu la vie et près de 1,5 million d’autres auraient dû fuir? 

Depuis l’an dernier, a affirmé le Président, l’Ukraine prouve «  qu’elle s’efforce de parvenir à la paix  », en reprenant le dialogue, notamment dans le cadre du format Normandie.  Des progrès substantiels ont été accomplis dans la libération mutuelle de prisonniers.  Depuis le 27 juillet, un cessez-le-feu complet est en place et malgré les «  tentatives de perturber les choses  », « j’ai encore l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu durable  ».  

Le retrait des formations militaires et des armements illégaux des territoires occupés, le rétablissement des contrôles à la frontière et la restauration de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, à l’intérieur des frontières internationalement reconnues, sont les prochains jalons du chemin de la paix, a énuméré le Président, jugeant tout simplement « inacceptable » que la souveraineté d’un État indépendant soit «  violée  » par l’un des membres permanents du Conseil de sécurité.  

Cela prouve, en a-t-il conclu, que les mécanismes de 1945 ne fonctionnent plus comme il se doit, une situation, a-t-il prédit, qui pourrait entraîner «  un nouveau discrédit » du Conseil de sécurité.  L’Ukraine, a-t-il annoncé, participera « activement  » à la réforme de cet organe pour qu’il devienne «  plus représentatif, plus équilibré, plus transparent et plus efficace  ».  Cette réforme se fera dans l’intérêt des Nations Unies, si l’un des États concernés «  viole et abuse  » de son droit de veto et de son statut de membre permanent. 

Le Président ukrainien a invité les États Membres à participer à la création de la plateforme internationale pour des actions concertées visant à protéger «  les droits des Criméens  » et à «  désoccuper la péninsule  ».  Il a appelé à soutenir la résolution actualisée «  Situation des droits de l’homme dans la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol (Ukraine)  » qui sera présentée à l’Assemblée générale d’ici à la fin de cette année.  L’évocation de la situation en Crimée et dans le Donbass ne doivent pas devenir une routine dans les rapports, les conférences et les déclarations protocolaires.  Le sort du centre de l’Europe, a insisté le Président, concerne le monde entier. 

M. CHANDRIKAPERSAD SANTOKHI, Président du Suriname, a dit que la pandémie COVID-19 a, outre le bilan humain, perturbé les chaînes d’approvisionnement alimentaire, paralysé les économies et érodé le pouvoir d’achat des consommateurs.  La communauté internationale doit faire du multilatéralisme un moyen efficace de gagner cette bataille et la meilleure défense contre les futures menaces mondiales.  Elle doit rechercher des moyens efficaces de soutenir les petits États vulnérables.  L’ONU, a ajouté le Président, demeure la première organisation multilatérale internationale.  Mais, a prévenu M. Santokhi, il faut créer un nouveau multilatéralisme qui se focalise vraiment sur la paix et la prospérité de toutes les nations.  Le Président a dénoncé les actions unilatérales, toujours contre productives. Il a exigé la levée de l’embargo économique, financier et commercial  contre Cuba.  

Le Président a insisté sur la réforme du système financier et du commerce international et exigé l’égale participation des pays en développement, en particulier les petites économies.  Une collaboration stratégique mondiale, étayée par de nouvelles approches financières et économiques sont nécessaires, a estimé M. Santokhi qui a prôné un partenariat plus étroit entre le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  La coopération Sud-Sud doit être explorée et élargie, a ajouté le Président.   

Mme SIMONETTA SOMMARUGA, Présidente de la Confédération suisse, a estimé que l’ONU est plus que jamais indispensable pour la promotion de la paix et de la sécurité dans le monde, 75 ans après sa création.  «  Elle incarne la cause des droits de l’homme, celle du développement durable ainsi que celle d’un monde réglé par le droit  », a insisté la Présidente de la Suisse avant de dire combien son pays est fier de contribuer à la réalisation des objectifs de l’ONU, même si cela n’est pas toujours aisé.   

«  Mon pays plaide aussi pour un ordre international réglé par le droit  », a-t-elle insisté avant de préciser que la Suisse reste engagée en faveur du droit international humanitaire et de la prévention des conflits.  La Suisse, a-t-elle ajouté, offre ses bons offices là où ils sont souhaités.  «  Mon pays est prêt à assumer encore davantage de responsabilités et c’est pour cela que la Suisse est, pour la première fois, candidate à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024  », a-t-elle annoncé.  

Tout en appuyant sans réserve l’appel du Secrétaire-général à un cessez-le-feu mondial, elle a invité à investir encore davantage dans la prévention des conflits.  Elle a plaidé pour que les droits humains restent au centre de notre action, en rappelant que la «  Genève internationale  » contribue à la prévention des conflits, en accueillant par exemple le Conseil des droits de l’homme ou le Secrétariat du Traité sur le commerce des armes.  

Mme Sommaruga a exprimé son soutien à la Cour pénale internationale (CPI) en tant que partie intégrante d’un ordre international réglé par le droit.  Mettant l’accent sur la nécessité de prévenir les conflits et d’en atténuer les pires conséquences humanitaires, et sur l’importance de résoudre durablement les conflits en cours, elle a souligné que la «  Genève internationale  » offre un cadre qui permet le dialogue pour les parties au conflit.  

La Présidente a précisé que la politique de paix de son pays s’appuie sur des éléments fondamentaux de la culture politique suisse, tels que le partage du pouvoir, l’ouverture au dialogue, la tolérance et la prise en compte des intérêts de chacun.  La Suisse, a-t-elle fait valoir, entend renforcer toujours plus ses capacités et son expertise de médiation et de facilitation pour venir en aide à celles et ceux qui souhaitent, par la voie du dialogue, mettre fin à des conflits.  

Par ailleurs, la Présidente de la Confédération suisse a rappelé que la « Genève internationale  » est aussi le siège de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui a joué un rôle crucial depuis le déclenchement de la pandémie de COVID-19.  «  En tant qu’État-hôte de l’OMS et d’autres organisations internationales dans le domaine de la santé, la Suisse s’engage pour qu’elles puissent agir efficacement  », a insisté Mme Sommaruga en souhaitant que l’OMS, dont le budget dépend à 80% de contributions volontaires, puisse disposer des ressources suffisantes pour mener à bien ses réformes.  «  Si toute crise est une souffrance, c’est aussi un moment de changement qui permet de se réinventer  », a-t-elle observé avant d’appeler à se réinventer en gardant à l’esprit les objectifs fixés lors de la création de l’ONU.  Parmi les tâches les plus urgentes, la Présidente suisse a cité la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, ainsi qu’un engagement accru en faveur de la paix.  

M. ALEKSANDAR VUČIĆ, Président de la Serbie, a réitéré le soutien de son pays au multilatéralisme et aux principes de la Charte.  Rappelant les souffrances endurées par son pays sous le nazisme, il a appelé à combattre ensemble toute tentative de relativisation des crimes commis pendant la Seconde Guerre mondiale.  La Serbie n’est un grand pays ni par son territoire ni par sa population et c’est pourquoi l’Assemblée générale est de la plus haute importance pour elle puisqu’elle offre aux petits l’occasion de défendre leur point de vue.  

La Serbie croit fermement que ce n’est que par des actions conjointes, une harmonisation et un respect mutuels que des réponses peuvent être trouvées pour faire face aux défis mondiaux tels que la pandémie actuelle de COVID-19, a affirmé le Président, pour qui ce fléau a mis en évidence la nécessité d’une coopération internationale étroite et intensive, dans laquelle l’ONU et ses agences et organisations spécialisées, comme l’OMS, jouent un rôle irremplaçable.  

La pertinence des Nations Unies comme forum ne doit jamais être remise en question, a affirmé M. Vučić, et ce n’est que par la coopération que l’on pourra travailler à l’adaptation, au renforcement et à l’efficacité du système des Nations Unies.  Le Président serbe a saisi l’occasion pour remercier ses partenaires européens et ses amis chinois et russes pour leur assistance dans la lutte contre la maladie.  Insistant aussi sur l’aide que son propre pays a apporté aux autres, le Président s’est félicité que la Serbie, malgré les effets de la crise, affiche « d’excellents résultats économiques » depuis le début de cette année.  

M. Vučić a mis en avant l’amélioration de la coopération régionale, « point de départ fondamental de notre politique étrangère » et a présenté la Serbie comme un partenaire responsable et fiable pour ses voisins, résolu à préserver la stabilité régionale et à intensifier la coopération dans tous les domaines.  La Serbie, a-t-il ajouté, met l’accent sur la coopération économique.  Elle est en outre persuadée que l’intégration complète des Balkans occidentaux à l’Union européenne est indispensable pour que l’espace économique et politique commun sur le continent européen puisse être finalisé.  

Pour M. Vučić, le récent renouvellement du dialogue Belgrade-Priština sous les auspices de l’Union européenne après près de deux ans d’impasse, est certainement le premier pas sur cette voie.  Il s’est aussi félicité de la signature récente à Washington, grâce au « rôle très constructif et important que l’Administration du Président Trump », d’un accord sur la normalisation économique avec le Kosovo-Metohija, qui devrait selon lui offrir une vie meilleure pour tous les citoyens du pays.  Par ailleurs, il a présenté le dialogue entre « Belgrade et les institutions provisoires d’administration autonome de Priština », poursuivi à Bruxelles sous les auspices de l’UE, comme « la véritable voie » pour parvenir à un accord durable entre les deux parties.  Mais il a rappelé que le point de départ ne peut « en aucun cas être l’humiliante et inacceptable prétendue indépendance du Kosovo ».  

Le Président serbe a répété que son pays est pleinement résolu à trouver une solution de compromis sur la question du Kosovo-Metohija et mène une politique « responsable » qui « fait tout pour protéger les intérêts de notre peuple, mais aussi la paix et la stabilité régionales ».  En défendant sa souveraineté et son intégrité territoriale et en respectant la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité, la Serbie défend en même temps le droit international, la Charte des Nations Unies ainsi que la suprématie du Conseil, a plaidé M. Vučić.  Pour lui, le bombardement en 1999 par les forces de l’OTAN de ce qui était encore la République fédérale de Yougoslavie, sans le consentement du Conseil de sécurité, a été « la plus grave violation de la Charte ».  

M. Vučić a enfin rappelé que la Serbie s’est engagée à faire preuve de neutralité militaire, présentant cette politique comme « l’un des messages de paix les plus forts qui soient passés des Balkans au monde ».  La Serbie « méprise toute forme de violence; la Serbie veut la paix et la prospérité, pour elle-même et pour l’humanité tout entière », a-t-il conclu. 

Au nom de son gouvernement, entré en fonction le 2 août dernier, M. MOHAMED IRFAAN ALI, Président de la République coopérative du Guyana, a adressé ses félicitations à l’ONU, créée il y a 75 ans, pour ouvrir une ère de paix et de prospérité.  Saluant les engagements contenus dans la Charte des Nations Unies et le forum démocratique essentiel que représente l’Assemblée générale, il a estimé que les États en développement ont une dette particulière à l’égard de l’Organisation.  Les agences onusiennes, a-t-il souligné, ont contribué à réduire la pauvreté, la faim et la famine, à sauver des vies, à assurer le respect des droits de l’homme, à promouvoir une plus grande égalité pour les femmes, à protéger les enfants, à promouvoir l’environnement et à fournir une assistance technique aux pays en développement. 

Le dirigeant a ensuite fait référence aux trois «  conférences pivots  » organisées par l’ONU en 2015 -la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, à Addis-Abeba, le Sommet sur le développement durable et l’Accord de Paris sur les changements climatiques-, jugeant que ces événements illustrent le « véritable caractère » de cette Organisation, à savoir l’union des nations pour s'attaquer aux menaces et promouvoir le développement durable. 

Pour le Président du Guyana, l’ONU reste aussi pertinente et nécessaire qu’elle l’était en 1945.  Le monde a beau avoir changé au cours des 75 dernières années, l’Organisation s’est adaptée et a été un agent de changement, a-t-il relevé.  Parmi les bouleversements dont elle a été témoin figurent la prolifération des États nouvellement indépendants, qui représentent plus de la moitié des États et de la population du monde.  La composition des Nations Unies doit refléter cette réalité, a fait valoir le dirigeant.  Le Conseil de sécurité devrait, selon lui, être réformé pour augmenter le nombre de pays en développement qui en sont membres permanents. 

Il a d’autre part noté que les pays en développement continuent d’avoir un accès limité au financement du développement.  Un meilleur accès est vital pour la réalisation des objectifs de développement durable, a-t-il plaidé, avant d’applaudir les travaux sur la réforme du système des Nations Unies pour le développement.  Il a aussi rappelé l’attachement de son pays au multilatéralisme, mis en évidence en janvier par sa présidence du Groupe des 77 et la Chine.  Selon lui, le meilleur exemple de ces efforts multilatéraux est le Programme 2030, entré dans sa Décennie d’action.  Dans ce cadre, il a souhaité que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) jouent un rôle plus proactif dans la stimulation des partenariats.  

Le Président du Guyana a enfin averti que, pour les pays en développement, les changements climatiques sont aggravés par la pandémie.  À ses yeux, la seule façon d’alléger ce fardeau passe par une action climatique concertée et équilibrée, via l’atténuation, le financement, la coopération technique et le renforcement des capacités.  Il a également exhorté tous les États à fixer des objectifs ambitieux dans leurs contributions déterminées au niveau national au titre de l’Accord de Paris.  

Face à la crise sanitaire et économique en cours, M. MARIO ABDO BENITEZ, Président du Paraguay, a estimé qu’aucun pays ne peut agir de manière isolée.  Pour cette raison, le dirigeant paraguayen a plaidé en faveur d’un renforcement du multilatéralisme, qualifiant ce dernier «  d’outil efficace  » pour relever les grands défis mondiaux, tels que la recherche de la paix, la protection des droits de l’homme, la non-prolifération des armes nucléaires, la protection de l'environnement, la lutte contre le changement climatique, la régulation du commerce international et la mise en œuvre du développement durable. 

Dans ce cadre multilatéral, M. Benítez a insisté sur l’importance d’une prise en compte par la communauté internationale des besoins et enjeux spécifiques des pays en développement sans littoral, dont fait partie le Paraguay.  En ce sens, il a appelé à la mise en œuvre pleine et entière du Programme d’action de Vienne par les pays de transit, dont le commerce des pays en développement sans littoral est tributaire, en raison du manque d’accès territorial direct de ces derniers à la mer, ainsi que de leur éloignement des marchés mondiaux. 

Conformément à la logique intégrationniste qui vise à accroître les échanges commerciaux et à engranger des bénéfices mutuels pour les économies nationales, le Président a rappelé que son pays s’est engagé à signer rapidement l'accord entre le Marché commun du Sud (MERCOSUR) et l'Union européenne (UE), ainsi que l’Association européenne de libre-échange (AELE). 

Par ailleurs, M. Benítez a condamné le terrorisme et les groupes criminels qui utilisent des enfants et adolescents comme boucliers humains, les exploitent, les endoctrinent et leur apprennent à utiliser des armes.  Le Paraguay souffre précisément des agissements de tels groupes, qui ont recours à des enlèvements, à l'extorsion et au trafic de drogue, a-t-il déploré.  Pour justifier leurs activités criminelles, a poursuivi le Président, ces groupes ont recours à des prétextes idéologiques et à des dispositifs de propagande destinés, selon lui, à déformer la vérité.  «  Mais le Paraguay n’est pas dupe et nous ne trouverons pas le repos tant que tout le poids de la loi ne leur tombera pas dessus  », a-t-il mis en garde, tout en précisant que les portes de son pays demeurent grandes ouvertes aux organisations internationales qui souhaiteraient réaliser un suivi des actions de son Gouvernement en la matière.  «  Le Paraguay agit avec transparence et se conforme toujours à la loi  », a affirmé le Président. 

S’agissant de la réforme de l’ONU, M. Benítez s’est dit en faveur d’une transformation du Conseil de sécurité, afin de le rendre « plus ouvert » et mieux à même de faire face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Il a également annoncé l’intention de son pays de continuer à fournir des contingents aux opérations de maintien de la paix. 

Abordant les problématiques de sa région, le Président a souligné que la diaspora vénézuélienne est la deuxième plus importante au monde.  Plus de cinq millions de Vénézuéliens ont été contraints d'émigrer dans les pays voisins, dont le Paraguay, a-t-il rappelé.  Dans ce cadre, M. Benítez a tenu une nouvelle fois à faire part de sa solidarité face «  aux souffrances du peuple vénézuélien  ».  Il a signalé son intention de continuer à «  appuyer les plaintes internationales contre les violations des droits de l'homme au Venezuela  ». 

Élargissant son propos à l’actualité internationale, le Président a dit soutenir la demande de Taiwan de faire partie du système des Nations Unies, au nom du «  principe d’universalité qui caractérise cette Organisation  ».  Il a ensuite salué l'établissement «  historique  » par les Émirats arabes unis (EAU) et le Bahreïn de relations diplomatiques avec Israël, sous les auspices des États-Unis.  «  Nous espérons que ces nouveaux liens contribueront à la paix et à la prospérité au Moyen-Orient  », a-t-il conclu. 

M. MOHAMMAD ASHRAF GHANI, Président de la République islamique d’Afghanistan, a expliqué que son pays faisait face aujourd’hui, après 40  ans de conflit, à cinq défis majeurs: l’épidémie de COVID-19, la quatrième révolution industrielle, la cinquième vague de terrorisme international, les changements climatiques et l’explosion des inégalités.  Selon lui, la COVID-19 a eu un impact équivalent à la Seconde Guerre mondiale sur la société mondiale.  S’agissant de la Quatrième révolution industrielle, le Président de l’Afghanistan a expliqué comment son pays essaye de s’adapter à la révolution numérique pour en faire une source d’opportunités économiques pour sa jeune population et renforcer les systèmes de bonne gouvernance et la primauté du droit.  En outre, il a souligné l’impact de la cinquième vague de terrorisme qui menace les efforts de consolidation de paix de son pays qui montre combien les réseaux de terrorisme international sont connectés aux réseaux criminels internationaux.  

Mettant l’accent sur les changements climatiques, il a rappelé que l’Afghanistan est le dix-septième pays le plus gravement touché par les phénomènes climatiques.  «  Rien que le mois dernier, des centaines d’Afghans ont été tués ou blessés, et ont vu leurs maisons et leurs moyens de subsistance détruits, lorsque des eaux de crue massives ont ravagé la province de Parwan et 13  autres provinces.  »  Il a précisé que la sécheresse et les inondations sont des phénomènes saisonniers en Afghanistan et que seules des solutions régionales basées sur des modèles internationaux permettront de résoudre le problème des changements climatiques.  

Le Président de l’Afghanistan a indiqué que son pays a signé des protocoles avec le Fortescue Metals Group pour faire de l’Afghanistan une industrie verte, avec l’objectif de produire 20  000 mégawatts à partir de l’hydroélectricité et de l’utiliser pour produire de l’acier zéro émission et d’autres produits à partir d’une ressource minérale estimée à 1 000  milliards de dollars.  « Nous sommes également en discussion avec d’autres entreprises pour transformer 70  000 mégawatts d’énergie éolienne et 220 000 mégawatts d’énergie solaire en énergie renouvelable, pour devenir une plaque tournante pour les énergies renouvelables et l’industrie verte dans la région » a ajouté M. Ghani.  Il a dit la volonté de l’Afghanistan de faire progresser les valeurs de l’ONU et de transformer son économie en une économie qui ne dépende plus de l’aide. 

Par ailleurs, le Président de l’Afghanistan a dit que le rôle de l’ONU et des partenaires et alliés internationaux continuera d’être extrêmement important, pour appuyer l’équipe de négociations en face des Taliban à Doha.  La priorité du peuple afghan est un cessez-le-feu et la fin urgente de la violence, a-t-il dit.   

En conclusion, le Président de l’Afghanistan a exhorté les États Membres de l’Assemblée générale, et notamment les membres permanents du Conseil de sécurité, à aider son pays à atteindre l’objectif d’un Afghanistan souverain, uni et démocratique, en paix avec lui-même et avec la région, capable de préserver et d’élargir les acquis des 19 dernières années.  «  Un Afghanistan démocratiquement stable et prospère sera un exemple de la façon dont notre volonté collective peut surmonter les troubles et l’incertitude qui définissent notre monde d’aujourd’hui  », a-t-il conclu.  

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a rappelé que son pays avait terminé en 2019 un mandat de deux ans en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité et entamé, cette année, un mandat de trois ans au sein de Conseil des droits de l’homme.  Il a dit que cela témoignait des engagements de la Pologne en faveur du droit international, de la coopération multilatérale, du droit international humanitaire et de la protection des droits de l’homme, sans oublier la protection de l’environnement.  

Le Président de la Pologne a indiqué que son pays avait célébré, en août dernier, le quarantième anniversaire de la création du mouvement de la « Solidarité » (Solidarnosc) – un grand mouvement social qui a conduit à la chute du rideau de fer.  Ce mouvement, a-t-il rappelé, a apporté liberté, souveraineté et indépendance à la Pologne, au peuple polonais ainsi qu’à d’autres États et nations d’Europe centrale et orientale, ayant entraîné l’effondrement du mur de Berlin et la disparition de l’«  empire maléfique  » de l’Union soviétique.  

Quarante ans après la création de «  Solidarité  » en Pologne et 75 ans après celle de l’Organisation des Nations Unies, le Président de la Pologne a exhorté les chefs d’État et de gouvernement à créer, ensemble, l’idée de «  Solidarité mondiale  ».  Il s’est dit persuadé que ce concept conduirait à surmonter les crises contemporaines du monde.  

Parmi celles-ci, il a cité la crise « réémergente  » de la mauvaise qualité des relations entre les États, qui se traduit par des rivalités croissantes voire des réflexes de domination impérialiste dont est victime un pays voisin de la Pologne.  Par ailleurs, le Président de la Pologne a cité la crise résultant de l’absence d’outils pertinents pour permettre une transformation efficace des économies.  «  Permettre aux États de maintenir un niveau permanent et stable de croissance économique tout en prenant soin de la qualité de l’environnement naturel, certainement l’un des défis les plus fondamentaux auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui et dans un avenir proche  », a estimé M. Duda. 

Enfin, le Président Duda a appelé l’attention sur les questions liées au climat, en rappelant que la Pologne avait été l’hôte de trois conférences de l’ONU sur le climat - la COP 14 à Poznań en 2008, la COP 19 à Varsovie en 2013 et la COP 24 à Katowice en 2018.  «  Nous devons assurer que nos actions sont sûres pour les citoyens, les économies et les États.  »  Il a plaidé pour une transition climatique juste et équilibrée, qui tienne compte des conditions internes de chaque État.  

M. LUIS RODOLFO ABINADER CORONA, Président de la République dominicaine, s’est dit convaincu que le monde d’aujourd’hui était meilleur que celui de 1945 et ce, dans une large mesure, grâce aux effort menés par les Nations Unies pour maintenir la paix et la sécurité internationales, encourager la coopération entre les peuples pour résoudre les problèmes mondiaux et servir de point de rencontre pour les nations qui partagent cette planète.  Le monde de 2020 est toutefois loin d'être parfait, a poursuivi le Président en recommandant des solutions communes, fruits d'une coopération loyale entre les 193 États Membres.  Il a rappelé que le multilatéralisme et la coopération internationale, d’outils précieux pendant 75 ans, sont devenus aujourd’hui essentiels.  Pour la République dominicaine, la COVID-19 a des conséquences particulièrement graves du fait qu’il s’agit d’un pays insulaire à revenu intermédiaire déjà très menacé par le changement climatique.  

Le Président Corona a rappelé le rôle joué par son pays au Conseil de sécurité sur la question de la protection des civils en conflit dans le contexte de la COVID-19, en produisant une déclaration présidentielle, laquelle a obtenu l’accord unanime du Conseil.  Il a recommandé de garder cet esprit pour appliquer les politiques qui permettront d’arrêter d’abord la pandémie, de vacciner plus tard et, entre–temps, de reconstruire ce que la pandémie a endommagé.  M. Corona a donc plaidé pour un multilatéralisme et une coopération visant à accroître l’équité afin de sauver des vies.  Il a cité en exemple son pays qui dispose d’un système de protection sociale « précaire », alors même qu’il est l'un des pays des Caraïbes ayant la croissance économique la plus élevée, et ce à cause de son incapacité jusqu’à ce jour à « combler l’écart d'équité ».  Pour le Président dominicain, il n’existe donc pas d’autre solution que d’investir dans la santé et l’éducation et c’est pourquoi la République dominicaine vient de lancer le programme de santé publique le plus ambitieux de son histoire, afin d’offrir une couverture universelle d’ici à la fin de l’année. 

Parallèlement, le pays considère sa jeunesse comme l’une de nos principales priorités et veillera à lui assurer la meilleure éducation.  Pour M. Corona, « parler de paix et de sécurité sans parler de développement est, simplement et clairement, une perte de temps ».  Il a donc préconisé une « mise en œuvre accélérée » du Programme 2030 « avec l’engagement résolu des pays développés ». Les pays à revenu intermédiaire comme la République dominicaine font face à des défis particuliers dus notamment à des faiblesses institutionnelles qui conduisent à inégalité, a relevé le Président en appelant à modifier le Programme pour qu'il réponde aux problèmes de chaque pays.  Au-delà des efforts nationaux, les pays en retard ont besoin d’une « assistance essentielle », a-t-il ajouté.   

Le Président Corona a ensuite plaidé pour que l’ONU adopte des politiques qui combinent les intérêts nationaux légitimes de chaque pays avec les solutions mondiales adoptées par l’ensemble de la communauté internationale.  Pour ce faire, il a recommandé d’agir dans trois domaines: la santé, l’éducation et la réduction de la fracture numérique.  Il a notamment plaidé pour un vaccin contre la COVID-19 accessible à tous les êtres humains de la planète et a jugé essentiels le rôle de l’OM ainsi que la création d'un fonds mondial de solidarité en vue des futures pandémies. 

Le Président de la République dominicaine a encore plaidé en faveur de la dignité humaine, de politiques garantissant l’égalité homme-femme, de la protection des enfants, ainsi que de la protection de l'environnement.  Il a rappelé qu’au Conseil de sécurité, la République dominicaine avait préconisé que les facteurs de sécurité dans le contexte du changement climatique soient étudiés plus en profondeur.  Il a appelé l’ONU à considérer les phénomènes naturels et événements climatiques extrêmes « comme des réalités communes et récurrentes auxquelles nous devons être prêts ».  

S’il a reconnu que l’ONU a, au cours des 75 dernières années, largement contribué à l’humanité, M. NICOLÀS MADURO MOROS, Président du Venezuela, a exhorté à davantage d’efforts pour préserver les acquis et faire progresser les nouveaux objectifs.  Nous insistons sur la nécessité de renforcer la coopération Sud-Sud et de créer des mécanismes alternatifs de financement et d’appui technique aux initiatives et aux priorités définies par nos peuples en matière de développement durable », a déclaré le chef d’État, en citant le poète Benedetti: « Le Sud pense aussi, le Sud compte aussi, le Sud existe aussi ».   

Alors que le monde est confronté à une crise profonde et complexe, marquée notamment par la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, le Président a dénoncé la prétention «  non moins alarmante  » des grandes puissances de conduire l’humanité à une confrontation militaire directe.  Les États-Unis, a-t-il accusé, loin de prendre une position de leadership positif ou proactif, se comportent de manière erratique sous un gouvernement intransigeant et réticent à la diplomatie.  « Ils méprisent ouvertement le multilatéralisme et tout type de règle préexistant.  »  

Dans de nombreux cas, a-t-il poursuivi, le «  néolibéralisme imposé  » a «  asphyxié  » les institutions publiques, privatisant les droits de la population.  Aussi, a-t-il annoncé la création d’un «  fonds renouvelable pour les achats publics dans le système des Nations Unies  » afin de garantir l’accès aux produits alimentaires et de santé, lequel serait financé par des ressources publiques.  Cela permettra aux gouvernements d’acquérir plus facilement les biens et services nécessaires.  Le Président a ensuite plaidé pour la création d’une banque de technologies « gratuites » et de processus d’éducation et de formation universels.  Il a en outre plaidé pour un «  instrument international juridiquement contraignant sur le développement et le droit au développement  ». 

Après avoir rappelé l’adhésion du Venezuela à l’Accord de Genève de 1966 sur le différend territorial «  hérité du colonialisme impérial  » de la Guyana Esequiba, M. Maduro s’est à nouveau élevé contre « les attaques » dont son pays fait l’objet de la part des États-Unis : «  Les mesures coercitives unilatérales ont suscité non seulement l’indignation et la répudiation des peuples, mais elles ont également généré une cohésion et des initiatives nationales autour de nouvelles formes de production et de solutions techniques et technologiques.  L’inventivité a été la réponse à la persécution de notre industrie nationale  », s’est-il enorgueilli.  

Ainsi, face à la pandémie de COVID-19, a-t-il affirmé, nous avons appliqué environ 1 900 000 tests de dépistage gratuits, faisant de notre pays, le pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui a conduit le plus de tests.   Le Venezuela est l’un des rares pays à offrir des traitements gratuits et différenciés pour les cas détectés : asymptomatiques, légèrement symptomatiques, symptomatiques modérés et graves.  Notre politique de prévention et de prise en charge implique l’hospitalisation totale de tous les cas positifs, même s’ils ne présentent pas de symptômes. 

Mais « les attaques » contre le Venezuela, a affirmé le Président, ne se limitent pas à des mesures coercitives unilatérales, comme le gel des avoirs.  Le 3 mai, nous avons été confrontés à une tentative d’incursion par la mer d’un groupe de mercenaires et de terroristes, financé par le Gouvernement américain et entraîné sur le territoire colombien.  « Nous sommes en train de les neutraliser et de les capturer », a averti le Président.  De même, a-t-il ajouté, nous venons de capturer « un espion américain » portant armes de guerre et documents liés à notre industrie pétrolière et électrique. 

M. LAURENTINO CORTIZO COHEN, Président du Panama, a estimé que la pandémie de COVID-19 a mis à l’épreuve les paradigmes de la société d’aujourd’hui et au défi de construire activement l’avenir que nous voulons.  Cela implique des changements dans nos systèmes économiques, s’agissant du leadership et de la gouvernance, de la transparence, de la protection et de la restauration de la biodiversité, des droits de l’homme et de l’intégration sociale, a-t-il affirmé.  Il a estimé que la COVID-19 a mis en lumière certaines contradictions dans les politiques publiques.  Si nous tirons correctement les leçons de cette crise, nous pourrons parvenir au consensus social qui nous permettra d’accélérer les réformes nécessaires pour parvenir à une société prospère, mais surtout juste et plus solidaire, a-t-il pronostiqué.  Selon le chef d’État, l’un des principaux enseignements tirés de cette pandémie, par exemple, est l’importance de miser sur la science, la technologie et l’innovation pour apporter des solutions qui nous permettent de combler les écarts sociaux existants.  La leçon la plus importante que la pandémie nous laisse est de travailler ensemble sur les problèmes qui affectent l’humanité, a insisté M. Cohen. 

Le Panama, a-t-il ensuite déclaré, est le pays qui a la meilleure connectivité maritime et aérienne en Amérique.  Le pays a mis ses infrastructures au service du monde, avec 144 routes maritimes et 1 700 ports desservis par le canal.  Nous avons maintenu ouvert notre système portuaire et aéroportuaire, garantissant ainsi la continuité des chaînes logistiques pour les approvisionnements mondiaux, en particulier la nourriture et les médicaments, a souligné le chef d’État.   Nous manifestons notre solidarité en apportant une aide humanitaire et en ayant autorisé le transit par le canal de Panama des bateaux de croisière Zandaam et Rotterdam touchés par le COVID-19, afin que les passagers puissent être pris en charge à temps.  « Nous avons évité une tragédie majeure », s’est enorgueilli le Président.  

Si la communauté internationale ne réagit pas maintenant, de manière décisive, le Programme 2030 court le risque de dérailler définitivement, a prévenu le Président.  Selon lui, un nouvel ordre multilatéral implique le réel engagement de chaque pays à mener des actions concrètes, basées sur la réalisation des objectifs de développement durable.  Nous avons perdu des grands-parents, des parents et des enfants dans le duel meurtrier contre le virus.  Des infirmières, des médecins, des agents de santé sont tombés sur le champ de bataille.  Nous sommes convaincus qu’un vaccin est proche et que nous pourrons stopper ce mal dont personne ne voulait, a prédit le dirigeant.  Les gouvernements et les dirigeants du monde ont maintenant l’obligation de reconnaître les erreurs commises, de mieux se préparer, de faire en sorte que nos systèmes de santé puissent faire face à des crises comme celle que nous traversons actuellement.  «  De cette horreur », nous devons apprendre que, plutôt que de reconstruire, nous devons construire une nouvelle société, plus solidaire, plus équitable, plus juste.  Ensemble, comme « nations unies », nous bâtirons l’avenir que nous voulons.  « Ne vous y trompez pas, l’action multilatérale est la seule voie  », a conclu M. Cohen. 

M. KHALTMAA BATTULGA, Président de la Mongolie, a alerté sur le fait que, dans ce monde interconnecté, les maladies infectieuses se propagent de manière exponentielle, avec un effet adverse sur l’économie, le bien-être social, les causes humanitaires, la sécurité et les droits de l’homme.  C’est une énorme leçon et un avertissement.  L’humanité a été pris au dépourvu et balayée par une pandémie malgré la sophistication de la médecine du XXIe siècle.  En cette période de crise, le multilatéralisme a pris un rôle encore plus important, a ajouté le Président qui a insisté sur la nécessité urgente de réponses inclusives et planifiées, établies sur la base de la coopération et de l’unité.  

M. Battulga s’est dit convaincu qu’une fois un vaccin sûr et efficace, trouvé, le système de l’ONU jouera un rôle de premier plan pour veiller à l’accès des pays en développement et des pays les moins avancés.  Il a appelé les organisations financières internationales et les pays développés à continuer de fournir un appui à ceux qui ont des ressources limitées et de faibles filets de protection, pour soutenir leur relance économique et leur lutte contre la pandémie. 

Contre cette pandémie, le Président Battulga a appelé tous les gouvernements à agir de manière décisive.  Il les a aussi appelés à redoubler d’efforts pour réaliser le Programme 2030 et à assumer leurs responsabilités avec créativité et souplesse.  À ses yeux, la pandémie et les changements climatiques viennent rappeler à l’humanité la nécessité «  impérieuse  » de chérir la Terre et de vivre en harmonie avec la nature.  Le fait que la Mongolie soit l’un des rares pays au monde où transmission de la COVID-19 a été nulle peut être attribué à sa tradition séculaire d’harmonie avec la nature, a affirmé le Président.  «  Cessons de chercher à la dominer avec des avancées techniques  », a-t-il plaidé. 

M. DAVID  KABUA, Président de la République des Îles Marshall, a estimé que face à la crise sans précédent qu’il traverse, le monde se doit de surmonter ses fractures en matière de coopération internationale.  Sans un leadership accru, les conséquences de la responsabilité partagée seront catastrophiques, qu’il s’agisse de la crise financière, de la santé publique, des tensions sécuritaires ou des changements climatiques, a-t-il averti, soulignant la capacité de son pays, petit État insulaire en développement, à souvent «  voir les menaces plus tôt ou plus nettement » que ses plus grands partenaires.  

À ce jour, a poursuivi le dirigeant, les Îles Marshall restent l’un des rares pays du monde sans un seul cas confirmé de COVID-19.  «  Comme certains de nos voisins, nous avons pris des mesures précoces qui ont évité l’exposition de notre population vulnérable mais nous ont laissés dans un profond isolement  », tandis que les ressortissants vivant à l’étranger ont, eux, été «  exposés à de graves flambées  », a expliqué M. Kabua.  «  Non seulement dans notre propre population, mais dans le monde entier, les communautés sont toutes confrontées à de graves défis  », a-t-il résumé.  

Malgré l’aide fournie par le Forum des îles du Pacifique et de nombreux partenaires multilatéraux et bilatéraux, le pays est confronté à une crise économique aiguë, les mesures anti-COVID-19 ayant un impact négatif sur ses revenus.  Dans ce contexte, le Président des Îles Marshall a jugé essentiel que le système international appuie les stratégies de relance économique adaptées aux îles.  Affirmant vouloir «  reconstruire en mieux » grâce à la résilience verte, il s’est néanmoins déclaré préoccupé par l’état de la coopération multilatérale.  

Il a par ailleurs indiqué que son pays, en tant que nouveau membre du Conseil des droits de l’homme, se sent « frustré par l’écart entre les idéaux et la réalité  ».  Bien que le nombre des «  mauvais acteurs  » aille en s’accroissant, le Conseil devrait continuer d’écouter attentivement les nations vulnérables qui recherchent des réformes et des progrès de bonne foi, a-t-il dit.  Il a également regretté que tous ne soient pas tenus de rendre compte des obligations en matière de droits de l’homme et des violations systématiques, «  y compris par certaines des plus grandes puissances  ».  

Rappelant ensuite le rôle de «  gardien de l’océan  » des nations du Pacifique, M. Kabua a souhaité une réponse mondiale plus large pour garantir que les générations futures bénéficieront d’océans sains.  Selon lui, la bouée de sauvetage économique dans le Pacifique est la pêche, ce qui implique de mettre en place des stratégies de développement plus fortes et ciblées avec des sources de financement mondiales.  Il a également exhorté la communauté internationale à faire front, au travers d’une plateforme de l’ONU, contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.  

Il a enfin prévenu que les changements climatiques constituent «  la plus grande menace pour les peuples du Pacifique  », y compris dans des atolls de basse altitude comme les Îles Marshall.  Appelant la communauté internationale à passer des «  mots contraignants  » de l’Accord de Paris à l’action, il a proposé que la reprise économique qui s’annonce soit l’occasion de «  créer un avenir sans carbone  ».  L’adaptation aux changements climatiques retardera les pires impacts si le monde tient sa promesse d’une hausse limitée à 1,5°C, a-t-il souligné, tout en faisant remarquer que cette adaptation nécessite des fonds.  Il y a donc deux choses dont nous avons besoin pour assurer notre avenir, a-t-il conclu : «  que le monde nous aide à nous adapter et qu’il fasse en sorte que 1,5°C soit la limite  ».  

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