En cours au Siège de l'ONU

À la Première Commission, États-Unis et Fédération de Russie défendent leur vision du désarmement

Soixante-seizième session,
4e séance – après-midi
AG/DSI/3665

À la Première Commission, États-Unis et Fédération de Russie défendent leur vision du désarmement

La relation entre les États-Unis et la Fédération de Russie, les deux plus importants détenteurs d’armes nucléaires, a été aujourd’hui au cœur de la troisième séance du débat général de la Première Commission (désarmement et sécurité internationale).  Si les deux superpuissances ont salué la négociation conjointe ayant abouti à la récente prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START, elles n’ont pas manqué de faire valoir leur vision contrastée de ce que doit être le régime multilatéral de désarmement dans un environnement sécuritaire particulièrement tendu et volatile.

Outre le désarmement nucléaire, plusieurs pays ont évoqué les priorités qu’ils entendent inscrire, par les projets de résolution qu’ils déposeront, dans les questions de désarmement de l’Assemblée générale.  La sécurisation du cyberespace, la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et le lien entre désarmement et développement ont été autant de thèmes évoqués par les délégations.

« La prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START a marqué la relance de la diplomatie américaine du désarmement, cela grâce à l’ouverture d’un dialogue stratégique constructif avec la Russie », ont estimé les États-Unis.  La représentante de son pays a mis en avant son attachement au désarmement et affirmé son respect du pilier du multilatéralisme que demeure le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  « Certains pays poursuivent des politiques visant à saper ce régime, posant de graves dangers nucléaires qui rappellent la nécessité partagée de se garder de toute course aux armements », a-t-elle par ailleurs indiqué.  La représentante a estimé que l’environnement sécuritaire actuel, de plus en plus complexe, exigeait que la communauté internationale « resserre ses rangs et fasse preuve d’innovation et d’esprit d’unité ».

La Fédération de Russie a fait valoir des principes doctrinaires similaires, louant même le « sobre pragmatisme » des États-Unis au cours des négociations sur la prorogation du Traité New START.  « Russes et Américains ont réaffirmé leur attachement au principe d’inadmissibilité de la guerre nucléaire », a assuré le représentant russe, avant de mettre brutalement les États-Unis au banc des accusés: les actions menées par Washington pour tenter d’obtenir des avantages unilatéraux ont conduit à l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le développement de leur système mondial de défense antimissile fait peser de graves menaces à la paix et à la sécurité internationales et le retrait américain du Traité « Ciel ouvert » a rompu l’équilibre des droits, obligations et intérêts de ses parties et causé de graves dommages à la sécurité internationale, a-t-il asséné.

Pour la Fédération de Russie, le temps est ainsi venu de réfléchir au désarmement multilatéral de demain, dans le cadre d’un dialogue inclusif ouvert à tous les États dotés de capacités nucléaires militaires. 

Plusieurs pays ont attiré l’attention sur leurs prérogatives en matière de désarmement et de sécurité internationale, lesquelles, au sein de la Commission, s’expriment dans les projets de résolution entérinées par l’Assemblée générale à l’issue de la session et à travers les différents processus de négociations intergouvernementales qui en découlent. 

L’Islande et le Royaume-Uni ont ainsi souligné l’importance de réduire les menaces tant dans le cyberespace que dans l’espace extra-atmosphérique spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsables. 

« La communauté internationale doit établir des normes pour rendre les comportements des usagers des nouvelles technologies plus responsables, car les sociétés sont de plus en plus vulnérables à la désinformation et aux cyberattaques par des acteurs étatiques et non étatiques », a ainsi souligné l’Islande, qui a proposé la mise en place d’un « programme d’action unique » qui se pencherait sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale. 

L’Islande a aussi rappelé l’importance des activités spatiales pour la réalisation du développement durable à l’échelle mondiale, jugeant, avant beaucoup d’autres pays, impératif de veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique demeure un sanctuaire dont l’exploitation pacifique des ressources bénéficie au plus grand nombre.  À cet égard, le Royaume-Uni a défendu la création d’un groupe de travail à composition non limitée telle que proposé dans le projet de résolution intitulé « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable » adoptée en 2020 et dont il est le principal auteur.  Le Royaume-Uni a en outre salué le travail des organisations internationales et non gouvernementales ayant contribué au rapport du Secrétaire général sur ce thème et que mentionne son projet de résolution.

Le lien entre désarmement et développement, qui fait l’objet de projets de résolution qui divisent les délégations, a été débattu, les Maldives notant l’aggravation des grands déséquilibres entre les dépenses militaires mondiales et le montant de l’aide au développement en direction de pays confrontés directement aux crises sanitaire et climatique. 

« Nous disposons collectivement de suffisamment de richesses et de ressources pour loger, nourrir et assurer une vie digne à tous; il est par conséquent regrettable que le monde continue de détourner d’immenses ressources vers la production d’armes, laissant insatisfaits des besoins de base tels que l’alimentation, la santé et l’éducation », a déclaré la représentante des Maldives.  Comme son homologue cubain, elle a exhorté les pays à renoncer à dépenser « des milliards dans des arsenaux qui ne font que créer un faux sentiment de force et de sécurité » et à réorienter ces ressources vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Lors de l’ouverture du débat général, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement avait estimé à 2 000 milliards de dollars le montant des dépenses militaires mondiales en 2020.

En fin de séance, la Fédération de Russie et la République populaire démocratique de Corée (RPDC) ont exercé leur droit de réponse.

La Première Commission poursuivra son débat général sur tous les points de son ordre du jour demain, jeudi 7 octobre, à 10 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. JÖRUNDUR VALTÝSSON (Islande) a souligné combien il était important de créer les conditions d’accès à un cyberespace ouvert, gratuit, sécurisé et sûr.  Il a estimé qu’à cette fin, la communauté internationale devait établir des normes juridiques pour rendre les comportements des usagers des nouvelles technologies plus responsables, les sociétés étant de plus en plus vulnérables aux usages irresponsables de celles-ci, à la désinformation et aux cyberattaques par des acteurs étatiques et non étatiques.  Le représentant a suggéré la mise en place d’un programme d’action unique regroupant les cadres et normes juridiques internationaux relatifs aux progrès de l’informatique et des télécommunications et liés à la sécurité internationale.

M. Valtýsson a poursuivi en rappelant l’importance des activités spatiales pour la réalisation du développement durable à l’échelle mondiale, estimant à cette aune qu’il était impératif de veiller à ce que l’espace extra-atmosphérique demeure un sanctuaire dont l’exploitation pacifique des ressources bénéficie au plus grand nombre.

Sur la question des armes autonomes létales, l’Islande soutient les travaux du Groupe d’experts gouvernementaux et rappelle la nécessité d’assurer que la production, le commerce et l’utilisation de ces armes soient conforme aux obligations du droit international humanitaire.

M. JOHN KYOVI MUTUA (Kenya) a indiqué que son pays avait joué un rôle central dans la création et le financement du Centre régional sur les armes légères qui coordonne l’action contre la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs ainsi que dans la Corne de l’Afrique et les États limitrophes, ceci en vue d’assurer la sécurité de la sous-région en y jugulant la prolifération de ces armes.  La prolifération des ALPC reste une menace à la paix et à la sécurité car elle alimente la criminalité transnationale organisée, a-t-il souligné.  Le représentant a jugé essentiel que les États s’entendent durablement autour de priorités et d’axes de convergence pour réaliser, dans le cadre des outils de l’ONU prévus à cet effet, leurs objectifs clefs de prévention, de lutte et d’éradication du commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects.

M. RAMÓN EMILIO FLORES(Honduras) a exprimé son inquiétude face à l’augmentation des dépenses à des fins militaires, estimant qu’elles pourraient être mieux utilisées pour le bien commun et notamment pour répondre à des besoins sociaux urgents ainsi qu’à la réalisation de Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a ensuite expliqué que le Honduras était devenu, le 22 janvier 2021, le premier pays au monde à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a condamné les essais nucléaires et a demandé l’élimination des armes de destruction massive par le biais de négociations multilatérales.

Le représentant a ensuite insisté sur les conséquences du trafic illicite des armes conventionnelles sur l’environnement, ainsi que sur les problèmes humanitaires, socioéconomiques et de santé publique qui en découlent.  Il a déploré l’impact effroyable pour les hommes, les femmes, les garçons et les filles de la fabrication, du transfert et de la circulation illicites des armes légères et de petit calibre.  Il a conclu en soutenant l’utilisation de l’espace extra-atmosphérique à des fins exclusivement pacifiques, de manière à créer un espace sûr, stable, accessible et pacifique.

Mme BONNIE JENKINS (États-Unis) a déclaré que la prorogation jusqu’en 2026 du Traité New START avait marqué la relance de la diplomatie américaine du désarmement, cela grâce à l’ouverture d’un dialogue stratégique constructif avec la Russie.  Attachés à la transparence, les États-Unis le sont, la preuve étant que nous dévoilons désormais des informations jadis classées sur les stocks d’armes de destruction massive, a ajouté la représentante.  Mme Jenkins a également souligné l’attachement de son pays au respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, qui permet notamment une coopération internationale sûre en faveur des utilisations pacifiques de l’utilisation nucléaires par tous les États parties au Traité.  En outre, les États-Unis appuient le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et ils respecteront le moratoire en place jusqu’à son entrée en vigueur.

Certains pays poursuivent des politiques visant à saper le régime multilatéral de non-prolifération, posant de graves dangers nucléaires qui rappellent la nécessité partagée de se garder de toute course aux armements, a par ailleurs souligné Mme Jenkins.  La représentante a en outre condamné l’utilisation d’armes chimiques par la Syrie, ajoutant que les auteurs de ces violations des normes établies par le Conseil de sécurité devaient répondre de leurs actes devant des juridictions internationales.  Elle a conclu en estimant que, face à un environnement sécuritaire actuellement complexe, la communauté internationale devait resserrer ses rangs et faire preuve d’innovation et d’un esprit d’unité. 

M. ALEXANDER KMENTT (Autriche), dans une délégation préenregistrée, a déclaré que la majorité des États rejetait l’illusion qu’il était possible d’avoir la sécurité par la dissuasion.  Sur le TNP, il a expliqué attendre 2022 et la dixième Conférence d’examen et a appelé les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre ce traité.  Il faut construire sur les engagements du passé, a-t-il insisté.

Le Représentant a de plus expliqué qu’une résolution serait présentée sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires et a invité les États à la coparrainer.  Il est encore temps de prendre des normes contre les systèmes létaux autonomes, a-t-il estimé par ailleurs.

Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives) a attiré l’attention sur le lien entre désarmement et développement, notant l’aggravation des grands déséquilibres entre les dépenses militaires mondiales et le montant de l’aide au développement en direction de pays confrontés directement aux crises sanitaire et climatique.  Nous disposons collectivement de suffisamment de richesses et de ressources pour loger, nourrir et assurer une vie digne à tous, il est par conséquent regrettable que le monde continue de détourner d’énormes ressources vers la production d’armes, laissant insatisfaits des besoins de base tels que l’alimentation, la santé et l’éducation, a déclaré Mme Hussain.  La représentante a exhorté les pays à renoncer à dépenser « des milliards dans des arsenaux qui ne font que créer un faux sentiment de force et de sécurité », et à réorienter ces ressources vers la réalisation des objectifs de développement durable.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a dénoncé les États-Unis, qui dépensent des milliards dans le développement de leurs arsenaux nucléaires au moment où la crise sanitaire exige l’engagement humanitaire de tous en faveur des pays les plus touchés, socialement, économiquement par la pandémie de COVID-19.  L’embargo des États-Unis imposé à Cuba reste le principal obstacle à notre développement socioéconomique, a ajouté le représentant, avant d’appeler à davantage de coopération internationale et de soutien à ceux des pays qui en font la demande, pour lutter efficacement contre la prolifération des armes légères et de petit calibre.  Toutefois, a poursuivi M. Pedroso Cuesta, la mise en œuvre d’un instrument tel que le Traité sur le commerce des armes doit s’effectuer dans le respect du droit à la légitime défense tel que la Charte le consacre.

Par ailleurs, le représentant a indiqué que son pays était en faveur de la création d’un d’instrument juridiquement contraignant pour empêcher la militarisation dans l’espace extra-atmosphérique et permettre aux États Membres de bénéficier d’une exploitation responsable des ressources spatiales.

M. NAZIM KHALDI (Algérie) a souligné la mise en œuvre urgente du TNP et a appelé les États en possession d’armes nucléaires, qui ont la plus grande responsabilité du désarmement, à s’engager dans le désarmement.  Le représentant a appelé au respect des engagements passés à l’occasion de la prochaine Conférence d’examen du TNP.  Il s’est en outre félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qu’il a qualifié de jalon sur la voie de la délégitimation des armes nucléaires.  Il a dit considérer le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) comme un élément clef de l’architecture de désarmement et de non-prolifération et a invité tous les pays qui n’avaient pas encore ratifié l’Annexe 2 à le faire.   Il a par ailleurs rappelé que l’Algérie était Coprésidente de la Conférence de l’article XIV du TICE.  M. Khaldi a par ailleurs rappelé l’existence en Afrique d’une zone exempte d’armes nucléaires instituée par le Traité de Pelindaba et a demandé aux États d’y adhérer.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a rappelé que la résolution relative au Traité sur une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale avait été adoptée par consensus lors de la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale, souhaitant que la dixième Conférence d’examen des États parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires soit l’occasion d’examiner la question, soulevée dans ce texte, du renforcement le régime juridique international multilatéral pour la maîtrise des armements et la non-prolifération des armes de destruction massive. 

Le Kirghizistan attachant une grande importance à la question de l’atténuation des conséquences environnementales de l’extraction de l’uranium et du cycle du combustible nucléaire associé aux activités de fabrication d’armes nucléaires, il avait aussi, lors de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, fait adopter une résolution sur le rôle de la communauté internationale dans la prévention de la menace radiologique en Asie centrale, a en outre, rappelé la représentante.  Mme Moldoisaeva a précisé que cette résolution note l’importance d’assainir les zones touchées par d’anciens usines d’extraction d’uranium et reconnaît la nécessité de concevoir et de promouvoir des programmes de gestion responsable et sûre des déchets radioactifs et toxiques en Asie centrale.  La représentante a souhaité que la Première Commission encourage la reprise d’échanges sur ces points lors de la présente session.

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka), se référant à la déclaration de la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement lors de l’ouverture du débat général, a déploré que les dépenses militaires aient atteint en 2020, soit en pleine pandémie, le chiffre astronomique de 2 000 milliards de dollars.  Ces ressources auraient pu être consacrées à l’aide en direction des pays les plus touchés sanitairement et économiquement par la COVID-19, a-t-il souligné.  Le représentant a par ailleurs rappelé le rôle dévastateur des armes légères et de petit calibre sur le plan régional, là où leur prolifération alimente les agissements des groupes terroristes et la violence armée.  Il a souligné l’importance de soutenir l’universalisation et la mise en œuvre des outils onusiens de désarmement visant les armes classiques.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao), s’est dite préoccupée par l’augmentation des dépenses militaires mondiales, qui entrave les efforts visant à mobiliser le soutien nécessaire à la coopération et à l’aide humanitaire.  Elle a réaffirmé son ferme soutien aux efforts internationaux visant à rendre notre monde exempt d’armes nucléaires et a insisté sur la nécessité de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les trois piliers du TNP.  Elle s’est également félicitée de l’entrée en vigueur, le 22 janvier 2021, du Traité d’interdiction des armes nucléaires, y voyant une étape importante dans le renforcement des normes mondiales contre les armes nucléaires.  La représentante a de plus exhorté les États Membres qui ne l’avaient pas encore fait à signer et à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE).

La représentante a conclu en réaffirmant son soutien ferme à la Convention sur les armes à sous-munitions et a souligné les besoins spécifiques nécessaires pour faire face aux graves conséquences des munitions non explosées héritées des guerres d’Indochine et du Viet Nam. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que le monde faisait face à des défis sécuritaires, et que des groupes de pays y développaient des technologies qui menaçaient la paix internationale.  Il a souligné la grande importance du TNP, pierre angulaire du désarmement et a soutenu la promotion de l’usage pacifique du nucléaire, invitant tous les États à y adhérer.  Il a appuyé le droit d’accéder à la technologie, à l’usage pacifique de l’énergie nucléaire.

Pour Bahreïn, le Moyen-Orient devrait être une zone sans armes nucléaires.  Il a rappelé que la Conférence d’examen du TNP de 1995 avait accueilli favorablement ce projet.  Il a de plus souligné que la dixième Conférence d’examen du TNP devrait être un succès et renforcer les points d’entente entre les États.  Il a conclu en insistant, jugeant particulièrement important de prévenir l’acquisition par l’Iran de l’arme nucléaire.

M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a déclaré que, face à la menace croissante du terrorisme dans le monde, il avait été possible d’adopter en juin dernier -par consensus- la résolution correspondant au septième Examen biennal de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, qui fournit un cadre réglementaire et des orientations opérationnelles à plus de 40 entités des Nations Unies. 

Le représentant a ajouté que le trafic illicite des armes légères et de petit calibre et leurs munitions constituait un fléau dont les effets destructeurs sont incommensurables, dépassant la sphère de la sécurité internationale puisqu’il a un impact négatif sur le développement de toutes les sociétés.  À cet égard, M. Skoknic a salué les efforts déployés en juillet dernier par le Président et les États Membres pour faire en sorte que la septième Réunion biennale des États chargée d’examiner l’exécution du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre -la BMS7- soit couronnée de succès.  L’inclusion dans le document final d’un libellé portant sur la question spécifique du détournement des ALPC fut une avancée significative, a-t-il estimé.

M. AIDAN LIDDLE (Royaume-Uni) s’est félicité de la prorogation du Traité New START, qui a contribué de manière significative à la sécurité et à la stabilité internationale, ainsi que du début d’un nouveau dialogue stratégique sur la stabilité entre les États-Unis et la Russie.  Il a également encouragé tous les États dotés d’armes nucléaires à s’engager dans des mesures similaires de transparence et de confiance mutuelle.  Le Royaume-Uni attend avec impatience la dixième Conférence d’examen du TNP, prévue en janvier 2022, dans laquelle il voit une occasion importante de célébrer le succès de ce traité et de s’engager à nouveau à le mettre en œuvre.

Le Représentant a par ailleurs remercié les États Membres, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales qui ont contribué au rapport du Secrétaire général sur la réduction des menaces spatiales par des normes, des règles et des principes de comportements responsables.  Il a conclu en mentionnant le fait que le Royaume-Uni présenterait une résolution durant cette session pour établir un groupe de travail à composition non limitée pour faire avancer les questions contenues dans ce rapport, et a appelé les États Membres à soutenir son initiative.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a appelé la communauté internationale à faire progresser les sociétés pour atteindre les objectifs de développement durable, ce qui suppose de les mettre à l’abri de tout risque de destruction massive par l’utilisation d’armes nucléaires.  Tous les pays du Moyen-Orient, y compris Israël, seul pays de la région à n’avoir pas ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, doivent contribuer à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite affirmé que l’Iran, par son obstination à dépasser les limites fixées par le Plan d’action global commun, notamment en poursuivant le développement d’un très dangereux programme de missiles balistiques, faisait peser une menace constante sur la sécurité internationale.

M. VORONTSOV (Fédération de Russie) a salué le « sobre pragmatisme » dont ont fait preuve les nouveaux États-Unis au cours des négociations ayant abouti à la prorogation du Traité New START jusqu’en 2026, « ce que nous avions toujours préconisé ».  Il a souligné que par le biais de cette prorogation, Russes et Américains avaient réaffirmé leur attachement au principe d’inadmissibilité de la guerre nucléaire.  En outre, les Présidents de la Russie et des États-Unis ont jeté les bases d’un véritable dialogue intégré sur la stabilité stratégique, dont l’objectif principal est de poser les jalons d’une future maîtrise des armements, a-t-il ajouté. 

Le représentant a toutefois averti que des problèmes subsistent, causés principalement selon lui par les actions menées par Washington pour tenter d’obtenir des avantages unilatéraux, lesquelles ont notamment conduit à l’effondrement du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire.  Il a pointé du doigt le développement par les États-Unis de leur système mondial de défense antimissile et son déploiement dans diverses régions du monde, qui, combiné à la construction de capacités d’armes non nucléaires de haute précision, font peser de graves menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Le retrait américain du Traité « Ciel ouvert » a rompu l’équilibre des droits, obligations et intérêts de ses parties et causé de graves dommages à la sécurité internationale, a-t-il encore affirmé. 

M. Ermakov a ensuite déclaré que le temps était venu de réfléchir au désarmement multilatéral de demain, dans le cadre d’un dialogue inclusif ouvert à tous les États dotés de capacités nucléaires militaires.  Par ailleurs, il a fait part des inquiétudes de son pays quant au bien-fondé du partenariat conjoint AUKUS en matière de défense, qui liera les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie pour développer des capacités sous-marines nucléaires.  Il a notamment averti du risque potentiel que l’Australie, État non doté, soit utilisée pour déployer des armes nucléaires, ce qui serait source d’instabilité régionale et mondiale et irait à l’encontre des efforts de réduction des arsenaux d’armes nucléaires.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a déploré l’existence d’une prétendue stabilité stratégique proclamée par certaines puissances, alors même qu’existe une rivalité stratégique qui pousse à la rénovation et à la modernisation des arsenaux stratégiques.  Il a précisé que, l’année dernière, 72,6 milliards de dollars avaient été gaspillés pour l’achat d’armes nucléaires et que, malgré l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, les États dotés avaient continué à renforcer leurs arsenaux nucléaires.  Il a aussi déploré que le budget du Gouvernement américain pour 2022 prévoit de maintenir ou augmente le budget de chaque programme d’armement nucléaire proposé par l’administration Trump.

La prorogation du Traité New START par les États-Unis et la Fédération de Russie est futile si elle n’est pas complétée par d’autres actions tangibles pour détruire les armes nucléaires, a encore insisté M. Ravanchi.  Le représentant a exhorté les États-Unis, « seul détenteur d’armes chimiques », à détruire leur arsenal chimique et à retirer leur réserve au Protocole de Genève.

Le représentant a ensuite souligné que l’Iran avait adhéré aux termes du Plan d’action global commun, alors que les États-Unis et les pays européens parties à l’Accord n’avaient pas respecté leurs obligations.  Il a conclu en indiquant que la République islamique d’Iran présenterait un projet de résolution biennale sur le « suivi des obligations en matière de désarmement nucléaire convenues lors des conférences d’examen du TNP », ajoutant qu’il espérait qu’elle serait adoptée sans vote.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a déclaré que l’Argentine avait construit une politique de sécurité internationale et de non-prolifération à deux niveaux: le premier concerne le respect du droit au développement et à l’utilisation pacifique des technologies avancées, et le second sur la non-prolifération des armes de destruction massive, qu’elles soient nucléaires, chimiques ou biologiques.

La représentante a de plus mentionné l’important programme nucléaire, à des fins exclusivement pacifiques, du pays, ajoutant que l’Argentine était productrice et exportatrice de technologie nucléaire dans le cadre du respect le plus strict du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, lequel reste la pierre angulaire du régime de désarmement.  La prochaine Conférence d’examen du TNP, qui sera présidée par l’Argentine, permettra d’insister sur l’importance de maintenir l’équilibre entre les obligations et les droits des États parties qui, aujourd’hui, après plus de 50 ans, reste valable, a poursuivi Mme Squeff.

La représentante a rappelé que l’Argentine faisait partie d’une région qui, historiquement, avait été à l’avant-garde dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération, avant même l’entrée en vigueur du TNP.  La contribution à la paix et à la sécurité régionales et mondiales apportée par le Traité de Tlatelolco de 1967 a été réelle et efficace, a-t-elle fait valoir.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a déclaré qu’alors que les armes biologiques représentent un risque existentiel, la Convention sur les armes biologiques et à toxines souffrait d’un manque persistant de financement. Son organe de mise en œuvre doit être considérablement élargi et renforcé.  La Lettonie condamne l’utilisation d’armes chimiques au titre des armes de destruction massive.

Concernant la prolifération des armes conventionnelles, « aggravée par la COVID-19 » et qui entraînent des souffrances effroyables dans le monde entier, la Lettonie, qui a assuré la vice-présidence de la septième Réunion biennale des États parties au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre, s’efforce de mettre l’accent sur la lutte contre la violence armée ciblant les femmes, a expliqué M. Pildegovičs.  De même, le soutien du pays au Programme pour les femmes, la paix et la sécurité reste intangible, la Lettonie étant convaincue du lien étroit entre sécurité mondiale et participation égale des femmes aux activités en faveur de la paix, a ajouté le représentant. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) s’est dit convaincu que sans avancées majeures en matière de désarmement et de non-prolifération, le régime de non-prolifération ne resterait qu’une utopie.  Il a appelé à tirer parti de la prochaine Conférence d’examen du TNP, « le traité qui reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération ».  Le représentant a exhorté la communauté internationale à se mobiliser en vue de renforcer les instruments juridiquement contraignants en matière d’armes chimiques et d’armes biologiques.

Pour la Côte d’Ivoire, il importe en outre de prendre des mesures fortes pour assurer la gouvernance des technologies de l’information et des communications et M. Ipo a salué le projet de cadre de comportement responsable dans le cyberespace.  La Côte d’Ivoire est d’autre part opposée à la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et encourage une utilisation coopérative de cet espace au service de tous. 

M. Ipo a estimé que les armes légères et de petit calibre alimentent le terrorisme et la criminalité urbaine en Afrique de l’Ouest, Il a rappelé que son pays venait de connaître son premier attentat terroriste avec engin explosif improvisé.  Dès lors, la Côte d’Ivoire souhaite l’opérationnalisation des mécanismes régionaux du désarmement.

M. SULTAN NATHEIR MUSTAFA ALQAISI (Jordanie) a exprimé sa profonde préoccupation face à l’incapacité de la communauté internationale à réaliser des progrès réels et tangibles dans le domaine du désarmement nucléaire et de la mise en œuvre des engagements pris dans ce cadre, ainsi qu’à l’incapacité d’atteindre l’universalité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  Le représentant a souligné la nécessité d’engager un dialogue global et équilibré pour le succès de la dixième Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération nucléaire, qui se tiendra à New York en début d’année prochaine, en adoptant un document global reflétant un consensus plus large dans le domaine du désarmement, en réalisant l’universalité du Traité et en créant une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. 

Le représentant a par ailleurs expliqué que, dans le domaine de la cybersécurité, la Jordanie soutenait les efforts internationaux visant à renforcer la sécurité des communications et des technologies de l’information pour protéger les pays de toute attaque qui porterait atteinte à leurs intérêts.

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a déclaré que la coopération internationale était indispensable pour parvenir à un monde pacifique et prospère, surtout lorsque le paysage géopolitique continue d’évoluer comme aujourd’hui.  « C’est pourquoi il est de notre responsabilité collective de mettre un terme au risque des menaces pour la sécurité et de travailler pour maîtriser les armements », a-t-il estimé.

Le représentant a dit appuyer les efforts internationaux visant à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et a réaffirmé son attachement aux obligations internationales au titre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Il a émis l’espoir que la dixième Conférence d’examen du TNP tant attendue serait à la hauteur de ces attentes et produirait des résultats tangibles.  Il a noté que cette année marquait le vingt-cinquième anniversaire de l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), qui n’est pas encore entré en vigueur.  La Thaïlande demande aux États visés à l’Annexe 2 du TICE de ratifier sans délai le Traité.

M. Prongthura a estimé que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour revitaliser le Plan d’action global conjoint sur le nucléaire iranien.  Il a encouragé toutes les parties à s’engager dans le dialogue de Vienne et a appelé l’Iran à en revenir au plein respect de l’Accord.  Il a soutenu la reprise des efforts diplomatiques pour dénucléariser la péninsule coréenne.  La Thaïlande appelle la République populaire démocratique de Corée à se conformer pleinement à ses obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l’ONU.

M. Prongthura a déclaré attacher la plus haute importance au Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, afin de promouvoir la capacité des États Membres à lutter contre la contrebande et la prolifération de ces armes.  En outre, la Thaïlande est fière de présider le Comité d’assistance aux victimes dans le cadre de la Convention sur l’interdiction des mines.  Enfin, le représentant a affirmé que son pays consacrait tous les efforts possibles aux opérations de déminage, ajoutant qu’à ce jour, plus de 95% des zones du pays contaminées par les mines avaient été nettoyées.

M. KRZYSZTOF MARIA SZCZERSKI (Pologne) a regretté que la pandémie actuelle de COVID-19 continue d’affecter les efforts globaux en matière de contrôle des armements, de désarmement et de non-prolifération.  Le Traité New START reste le seul mécanisme de contrôle des armes non conventionnelles mis en place après la disparition du Traité sur les forces nucléaires intermédiaires en raison de son non-respect prolongé par la Fédération de Russie, a-t-il ajouté.  Pour la Pologne, le dialogue bilatéral en cours entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la stabilité stratégique devrait jeter les bases de futures discussions sur de telles forces.  Le représentant s’est dit favorable à l’extension du dialogue à la Chine.

M. Szczerski a souligné que la Pologne attachait une grande importance à la Convention sur certaines armes classiques et au travail de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).  Il a affirmé que la Pologne était un fervent défenseur d’un cyberespace libre, ouvert, stable et sûr et a appelé tous les acteurs à mettre fin aux activités malveillantes dans le cyberespace.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a reproché à certains États d’avoir bafoué certains traités internationaux en matière de désarmement et a salué la prorogation du Traité New START entre la Fédération de Russie et les États-Unis.  Le représentant a également demandé à la Chine de participer activement au processus de désarmement et de non-prolifération.  Alors que la dixième Conférence d’examen du TNP approche, l’Estonie a défendu une approche progressive et réaliste pour aller de l’avant, a poursuivi le représentant.  L’Estonie regrette que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur.  Elle soutient en outre le Plan d’action global commun et appelle l’Iran à revenir aux négociations de Vienne et à pleinement collaborer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. 

Toute utilisation d’armes chimiques doit faire l’objet d’une enquête impartiale, a exigé le représentant, et, à cet égard, l’Estonie réaffirme son soutien à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.  Le représentant a également appelé à veiller à la sécurité du cyberespace et à s’y comporter de manière responsable.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a plaidé pour un monde sûr pour les générations à venir, c’est-à-dire exempt d’armes nucléaires.  C’est en ce sens que son pays est partie au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, dont, a expliqué le représentant, la composante humanitaire et les dispositifs de surveillance des catastrophes naturelles représentent une plus-value à laquelle le Timor-Leste est très attaché.  En tant que pays jeune, nous appuyons tout particulièrement les projets de résolution liant paix, sécurité et développement durable ainsi que celles encourageant la participation de la jeunesse et des femmes aux activités onusiennes de désarmement, a ajouté M. Nunes.

Mme DUNCAN (Nouvelle-Zélande) a estimé qu’en ce qui concerne la maîtrise des armements, il y avait de bonnes nouvelles, comme le Traité New START, mais a ajouté qu’il semblait aussi y avoir de nombreux revers.  La mécanique de désarmement onusienne semble dans l’impasse, a-t-elle regretté.  Le premier pilier, la non-prolifération, montre à quel point il est urgent de mettre en place le désarmement nucléaire; nous sommes engagés dans un grand pacte et le monde attend.  La représentante a ensuite rappelé que la Nouvelle-Zélande faisait partie d’une zone exempte d’armes nucléaires, tout en rappelant qu’il existait dans la région un passé vis-à-vis du nucléaire.  Elle s’est aussi dite préoccupée par l’utilisation d’armes chimiques.

Mme Duncan a appelé à créer la sécurité dans le cyberespace et à y obtenir un comportement responsable de chacun.  C’est par le travail commun et le partage de nos ambitions que nous pourrons progresser sur le chemin de la paix, a-t-elle conclu.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a déclaré qu’il était injustifiable et inacceptable qu’au cours de la sixième année de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et au milieu d’une crise sanitaire sans précédent, de plus en plus d’argent soit dépensé pour développer, moderniser et tester des armes de toutes sortes, mettant en danger l’ensemble de l’humanité.

Le représentant a estimé qu’il est nécessaire de renforcer le régime juridique de l’espace extra-atmosphérique afin de garantir la sécurité et la transparence dans la conduite des activités spatiales.  Comme chaque année, a-t-il ajouté, le Nicaragua coparrainera les résolutions déposées par la Fédération de Russie au sein de cette Commission et visant à prévenir la course aux armements dans l’espace.

M. Castillo a insisté sur le fait que son pays s’était engagé à prévenir, combattre et éradiquer le trafic illicite d’armes, ajoutant qu’il avait pris des mesures à cette fin.  Il a conclu en notant que beaucoup avait été dit sur la stagnation du mécanisme de désarmement, mais que le vrai problème n’avait pas encore été résolu, à savoir l’absence de volonté politique de certains États de faire de réels progrès, notamment dans le domaine du désarmement nucléaire.

M. ARTSIOM TOZIK (Bélarus) a estimé qu’il fallait reprendre un dialogue international de grande ampleur pour restaurer la confiance.  Après avoir salué le Traité New START et la reprise du dialogue entre les États-Unis et la Fédération de Russie, le représentant a dit attacher une importance fondamentale à ce que les États dotés d’armes nucléaires fournissent des garanties aux États non nucléaires.  Le TNP reste la pierre angulaire du régime de non-prolifération, a-t-il rappelé.  Le représentant a en outre souligné l’importance du régime des zones exemptes d’armes nucléaires mais a regretté que celles-ci soient absentes du continent européen.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le cyberespace devait être régi par l’ONU, et il a apporté le plein soutien de son pays à l’initiative de la Chine sur le cyberespace.  En matière de lutte contre le terrorisme, il a jugé essentielle la résolution 1540 (2003) du Conseil de sécurité pour empêcher les acteurs non étatiques d’accéder à des armes de destruction massive.  Il s’est enfin opposé à toute utilisation de l’ONU pour s’ingérer dans les affaires intérieures des États.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a déclaré qu’il n’y aurait pas de paix sans désarmement complet.  Il a déclaré que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires rapprochait le monde de l’objectif de l’élimination des armes nucléaires.  Il a rappelé le soutien de son pays à l’utilisation nucléaire à des fins pacifiques.  Le représentant a en outre condamné l’utilisation des armes chimiques et s’est déclaré favorable à leur élimination complète.  Il a apporté le soutien du Venezuela à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) mais s’est dit opposé à sa politisation. 

Le représentant a rappelé que toute utilisation de l’espace extra-atmosphérique devait se faire à des fins exclusivement pacifiques.  Enfin, pour le Venezuela, le non-recours en premier à l’utilisation des armes nucléaires devrait être une mesure de bon sens, mais le représentant a estimé que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) éloignait le monde de cet objectif.

Droits de réponse

La Fédération de Russie a rejeté les « insinuations » du Royaume-Uni et de l’Allemagne relatives à sa participation à l’utilisation de produits chimiques paralysants.  Londres refuse de discuter sur ce qui s’est passé à Salisbury en 2018; on nous a refusé de coopérer, s’est emporté le représentant, qui a affirmé que de nombreuses notes verbales de son pays avaient été ignorées.  Concernant M. Navalny, nous n’avons pas reçu d’assistance pour mettre au clair cet incident, a ajouté le représentant, qui a assuré que son pays « voulait la vérité » concernant cet incident.

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a utilisé son droit de réponse après les déclarations de certains pays européens.  Comme on le voit, les États-Unis continuent leur politique hostile à notre encontre, a déclaré le représentant.  En faisant des essais, nous ne faisons que nous défendre et renforcer notre capacité militaire pour faire face aux menaces à notre encontre, a assuré le représentant.  Pour la RPDC; seule la dissuasion peut garantir la paix sur la péninsule coréenne.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: retour des pétitionnaires, venus s’exprimer sur la décolonisation de plusieurs territoires non autonomes

Soixante-seizième session,
3e séance plénière - matin
CPSD/730

Quatrième Commission: retour des pétitionnaires, venus s’exprimer sur la décolonisation de plusieurs territoires non autonomes

Après leur absence exceptionnelle l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, les pétitionnaires ont fait, ce matin, leur retour à la Quatrième Commission, (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation), pour y faire entendre leurs voix au sujet des Îles Vierges britanniques, de la Polynésie française, de Gibraltar, de Guam et du Sahara occidental, cinq des 17 territoires non autonomes figurant sur la liste établie par l’ONU.

Nombreux ont été ceux à prendre aujourd’hui la parole sur la question du Sahara occidental, à commencer par le représentant du Front POLISARIO, M. Sidi Mohamed Omar, qui a fustigé l’« occupation illégale », depuis 1975, du territoire par le Maroc et ses tentatives d’imposer un « fait accompli » et de « s’opposer à sa décolonisation ».

Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et « nous avons progressé en ce sens », « notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité », a argué l’intervenant.  Il s’est cependant désolé de l’absence d’« action décisive » de la part de la communauté internationale s’agissant du « mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU.  Le Front POLISARIO, a-t-il ajouté, ne renoncera jamais aux moyens légitimes de réaliser le droit à l’autodétermination, a-t-il ajouté en conclusion.

Le Front POLISARIO a essuyé les critiques de nombreux autres pétitionnaires, comme Nancy Huff, de Teach the Children International, qui lui a notamment reproché le « détournement » de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf, pour être « vendue sur le marché noir », citant un rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF).  Elle a défendu le plan d’autonomie proposé par le Maroc, plusieurs autres intervenants apportant à sa suite leur soutien à cette initiative.  M. Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, « docteur en politologie », a estimé que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivaudrait à appuyer une nouvelle « balkanisation » du continent africain.

M. Daniel Dart Richert, de DEC Projects, s’est en revanche dit consterné par les actions du Maroc et « le silence et la complaisance des Nations Unies », tandis que M. Agron Pali a assuré qu’il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même, qui qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  Constatant que le Sahara occidental serait le seul territoire non autonome parmi ceux inscrits à l’ordre du jour de la Commission sans puissance administrante, le pétitionnaire a estimé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne saurait lui être plus longtemps refusé.

Par ailleurs, M. Edouard Fritch, le Président de la Polynésie française, s’est également adressé aujourd’hui à la Commission, en expliquant qu’il militait depuis 35 ans en faveur d’une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Sur le dossier nucléaire, le travail se poursuit en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens à ce sujet, demandant à la Quatrième Commission qu’elle y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle, « pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, « tient les rênes » de son développement socioéconomique.  « Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble ».  Tel n’a pas été l’avis de M. Carlyle Corbin, qui a déclaré que les réformes internes entreprises en Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Mme Chantal Minarii Galenon, de Tavini Huiraatira, a également dénoncé les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le « néocolonialisme ».  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.

Gibraltar a également figuré à l’ordre du jour de cette séance, M. David Liston s’exprimant au nom du Ministre principal de ce territoire, en le qualifiant de « nation ».  Estimant qu’il n’y avait pas de recette universelle applicable, il a exhorté le Comité spécial de la décolonisation à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, que nous souhaiterions, mais s’il est impossible de l’obtenir, nous ferons sans, a prévenu M. Liston.

Enfin, le Vice-Gouverneur de Guam, M. Joshua F. Tenorio, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne manifestent aucun intérêt quant aux attentes que ce territoire nourrit depuis longtemps de changer et d’améliorer son statut politique.  Heureusement, ce manque d’intérêt ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  « Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles », s’est donc félicité M. Tenorio, en précisant que cela concernait aussi les programmes de vaccination.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  Cette militarisation est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si elle a eu un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire, a-t-il reconnu.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra demain, jeudi 7 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION

Pétitionnaires des Îles Vierges britanniques

M. NATALIO D. WHEATLEY, Vice-Premier Ministre des Îles Vierges britanniques, a rappelé que les relations entre le territoire et le Royaume-Uni s’étaient détériorées au cours des dernières années, la Puissance administrante ayant adopté une posture hostile, renforcée par la décision du Gouverneur du Royaume-Uni de s’ingérer dans les affaires relevant des Îles Vierges britanniques.  Elles se sont aggravées lorsque l’ancien Gouverneur du Royaume-Uni a voulu ouvrir une enquête sur une soi-disant affaire de corruption au sein des Îles.  Cette annonce officielle s’est faite afin de ternir notre réputation en l’absence de toute présomption d’innocence.  Une équipe de juristes s’en est chargée, financée par le Royaume-Uni.  À cet égard, les chefs de gouvernement de la CARICOM ont fait part de leur consternation.  Le droit à l’autonomie doit être respecté dans les Îles Vierges britanniques, a-t-il insisté.

Malgré les perturbations liées à cette enquête, les fonctionnaires ont coopéré, car ils n’ont rien à cacher.  Ceci étant, cela nous prive d’un temps précieux alors que la saison des ouragans arrive et que la pandémie n’est toujours pas jugulée.  L’enquête avance maintenant vers une remise en question de la capacité du Gouvernement local, ce qui suscite la suspicion de notre part quant aux motivations de l’enquête.  M. Wheatley s’est dit préoccupé par le fait que le Gouvernement britannique essaie de reprendre la gestion des finances au Gouvernement local.  « Cela est une violation du droit international et de notre droit à l’autonomie », a-t-il dénoncé.  Il a cependant insisté sur le fait qu’il se tenait prêt à coopérer en tant que partenaire avec le Royaume-Uni, comme c’est le cas pour la lutte contre la pandémie.

Selon le pétitionnaire M. ELIEZER BENITO WHEATLEY, les relations entre les Îles Vierges britanniques et le Royaume-Uni se sont détériorées à un point tel que l’attention de l’ONU est devenue nécessaire pour aider à trouver une voie de sortie.  Le partenariat moderne qui existait entre le territoire et sa Puissance administrante s’est en grande partie rompu après une période de relations tendues de 2011 à aujourd’hui.  Il existe un profond sentiment de méfiance, a estimé l’intervenant, pour qui, en conséquence, l’engagement politique a pris une tournure négative.  Cela se reflète, selon lui, dans l’absence d’un dialogue politique permanent de haut niveau entre Londres et le Gouvernement du territoire et le récent recours brutal du Royaume-Uni à une commission d’enquête dans les Îles Vierges britanniques.  Plutôt que d’envisager des propositions visant à suspendre la Constitution des Îles Vierges britanniques et à imposer un contrôle direct à la conclusion de la commission d’enquête, le Royaume-Uni devrait engager un dialogue avec le Gouvernement du territoire sur les aspirations de la société pour la décennie à venir, conformément à l’appel des Nations Unies à la décolonisation pour être achevée en 2030.  Il a réitéré la demande adressée à la Quatrième Commission de dépêcher une mission de visite dans les Îles Vierges britanniques.

Pétitionnaires de la Polynésie française

Le Président de la Polynésie française, M. EDOUARD FRITCH, a expliqué qu’il militait depuis 35 ans pour une large autonomie de son territoire, « qui ne vit ni une situation d’oppression, ni une situation de prédation de ses richesses ».  Cette large autonomie ne l’a pas empêché de pouvoir compter sur le soutien de la France pour soutenir ses efforts de lutte contre la COVID-19, a expliqué M. Fritch, notamment par l’envoi d’équipes médicales, des évacuations médicales et l’obtention de 350 000 doses de vaccins ce qui a permis de vacciner 70% des Polynésiens.

Sur le plan économique et financier, plus d’un milliard de dollars ont été mobilisés en un an et demi, 30% par le Gouvernement de la Polynésie française et 70% par l’État français afin de soutenir les entreprises et les familles polynésiennes durant cette période de crise.  Pour financer la relance économique, deux prêts d’un montant total de 680 millions de dollars garantis par l’État français ont été consentis pour financer les mesures d’urgence, sauver les régimes de protection sociale et à engager les premières mesures de relance.  Ces gestes réels et avérés sont une manifestation concrète de la solidarité de la France envers le territoire autonome et ses habitants, a souligné le Président Fritch, qui s’est dit reconnaissant envers l’État français et a salué ainsi le renforcement de ses liens de partenariat.

La Polynésie française est engagée dans la lutte contre les changements climatiques avec un plan climat et énergie, qui mise sur une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 50% d’ici à 2030 et sur l’énergie solaire.  M. Fritch a aussi interpelé l’opinion publique internationale pour qu’elle fasse pression et mette fin à la pêche illégale dans le Pacifique.  Lors du dernier Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature et de ses ressources (IUCN), la Polynésie a officiellement lancé cet appel, a rappelé le Président dont le territoire travaille avec les pays membres du Forum du Pacifique à l’élaboration et à l’adoption de la déclaration sur la préservation des zones maritimes face à l’élévation du niveau de la mer, conformément à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Le Président a lancé un appel solennel aux nations du monde pour qu’elles ralentissent le réchauffement de la planète « parce qu’il y va de la vie des générations actuelles et futures ».

Alors que la Polynésie fait l’objet, ici, d’un débat sur la décolonisation, nous sommes perturbés et très préoccupés, a avoué le Président, par les confrontations géopolitiques et géostratégiques dans le Pacifique.  Ne croyez-vous pas que ce sujet est plus vital pour l’équilibre du monde que celui de la « décolonisation de la Polynésie »? a demandé le Président.

Sur le dossier nucléaire en Polynésie française, le travail se poursuit en partenariat et en concertation avec l’État français, a-t-il affirmé.  Une grande table ronde a été organisée à Paris au début du mois de juillet dernier, intitulée « Justice et vérité sur les essais nucléaires en Polynésie » et des annonces ont été faites par le Président de la République française sur notamment, l’ouverture des archives et l’indemnisation des victimes.  M. Fritch a assuré que l’État français et la Polynésie ont la volonté commune de répondre aux attentes des Polynésiens sur ce sujet.  Il a demandé que la Commission y consacre un paragraphe dans sa résolution annuelle sur la Polynésie française, pour consacrer l’adhésion de son gouvernement au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Avant de conclure, le Président a déclaré que la Polynésie française, pays doté d’une large autonomie, y compris financière, tient les rênes de son développement socioéconomique.  Aujourd’hui, a-t-il souligné, mon peuple désire conserver ce statut particulier au sein de la République française, un statut qui nous confère suffisamment de compétences pour forger notre avenir comme bon nous semble.  La Polynésie française n’est pas une colonie qu’il faut « décoloniser », a-t-il martelé, et l’indépendance n’est pas la seule voie ou « le miracle » qui permet à un peuple d’accéder au bonheur.  La dignité d’un peuple ne se construit pas nécessairement dans l’indépendance.  D’autres voies sont possibles, et elles sont évoquées dans la Charte des Nations Unies, a conclu M. Fritch en invitant les membres du Comité spécial sur la décolonisation à se rendre dans son territoire.

M. CARLYLE CORBIN, Projet d’Études de Dépendance, a déclaré que les réformes internes entreprises dans des territoires tels que la Polynésie française ne constituaient pas une décolonisation et que seul un véritable processus de décolonisation supervisé par les Nations Unies ferait foi.  Il a conclu en rappelant que le statut de territoire non autonome n’était qu’un prélude à la réalisation de la pleine mesure d’autonomie avec une égalité politique absolue, conformément à l’Article 73(b) de la Charte des Nations Unies.

Mme CHANTAL MINARII GALENON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le statut politique de la Polynésie française n’avait pas changé depuis 2013, malgré les tentatives « illusoires » du représentant de l’actuel Gouvernement de justifier le néocolonialisme.  Mentionnant les 30 années d’essais nucléaires français en Polynésie française, elle a souligné la difficulté à obtenir une justice réparatrice pour les victimes.  L’intervenante a conclu en citant Emmanuel Macron, qui avait déclaré que la colonisation était un crime et lui a demandé de joindre l’acte à la parole.

M. MOETAI BROTHERSON, Assemblée de la Polynésie française, a déclaré que le 17 mai 2013, l’Assemblée générale de l’ONU a remis Ma’ohi Nui - Polynésie française sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser.  Il a déploré que la Puissance administrante adopte deux positions très différentes sur deux territoires similaires.  Pour la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, la participation et la coopération totales, avec des missions de l’ONU supervisant les trois référendums depuis le début; pour Ma’ohi Nui, depuis 2013, le déni, la défiance et le mépris des résolutions de l’ONU adoptées depuis le 17 mai 2013, a-t-il soutenu en conclusion.

Pétitionnaires de Gibraltar

M. DAVID LISTON, représentant de Gibraltar aux États-Unis, au nom du Ministre principal de Gibraltar, a déclaré que cela fait 317 ans que la « nation » de Gibraltar existe.  « Notre histoire en tant que nation est plus longue que celle de l’Italie, de l’Allemagne ou des États-Unis.  Le peuple de Gibraltar est caractérisé par des vagues migratoires venant de toute la planète », a-t-il affirmé.  C’est ce peuple qui doit choisir le destin qu’il souhaite.  Nous sommes protégés par l’ONU et c’est la raison pour laquelle nous sommes inscrits sur la liste de territoires non autonomes.  Il a estimé avoir le droit de choisir d’exercer notre droit à l’autodétermination et à la décolonisation.

Les trois premières décennies pour l’élimination de la décolonisation ont échoué, a estimé le pétitionnaire, car il n’y a pas de recette universelle.  Il a exhorté le Comité spécial des Vingt-Quatre à se rendre à Gibraltar.  S’ils refusent toujours de le faire, comment peuvent-ils avoir un point de vue exact sur ce qui s’y passe? s’est-il demandé, avant de les exhorter à « sortir de leurs bureaux ».  Pendant longtemps, nous avons eu une situation conflictuelle avec l’Espagne, a-t-il rappelé, car elle demandait à exercer un droit sur Gibraltar.  Or, le peuple de Gibraltar a droit à sa terre, comme elle se trouve aujourd’hui, et non pas à travers le prisme de celui qui prévalait il y a 300 ans.  Le Conseil européen a donné son feu vert à un accord avec l’Union européenne, mais s’il est impossible d’avoir un accord, nous ferons sans, même si nous préférerions avoir un accord, a-t-il estimé.  Cela va dans notre intérêt, mais aussi dans celui de nos voisins espagnols.  Il a rappelé qu’environ 15 000 personnes, dont 9 000 ressortissants espagnols, travaillent à Gibraltar.  Enfin, il a rappelé qu’il était plus que prêt à occuper toute sa place au sein des Nations.  Nous vous demandons d’écouter, mais aussi d’agir, car vous en avez le devoir, a-t-il conclu.

Pétitionnaires de GUAM

Le Vice-Gouverneur de Guam, M. JOSHUA F. TENORIO, a regretté que les dirigeants élus et nommés de la Puissance administrante ne montrent aucun intérêt à répondre au désir que Guam nourrit depuis longtemps maintenant de changer et d’améliorer son statut politique.  Les tribunaux américains, s’est-il expliqué, ont rejeté la proposition du Gouvernement territorial d’organiser un référendum non contraignant.  Ces décisions de justice sont conformes à une pratique ancienne consistant pour les États-Unis à s’impliquer dans les affaires intérieures de Guam, dans certains cas, et dans d’autres, à considérer Guam comme un territoire étranger hors des frontières nationales.  Tout dépend de ce qui est le plus avantageux à un moment donné, a dénoncé le Vice-Gouverneur.

Heureusement, a-t-il tout de même reconnu, le manque d’intérêt de la Puissance administrante pour la décolonisation de Guam ne s’est pas manifesté dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Guam a en effet reçu une aide comme le reste des 50 États et autres territoires américains, y compris une assistance directe aux individus et aux familles.  Guam a été incluse dans les programmes de vaccination, a ajouté le Vice-Gouverneur, en remerciant la Puissance administrante pour son soutien.  Il a salué l’inclusion « temporaire » de Guam dans plusieurs programmes d’aide intérieure auxquels il n’avait pas accès ou un accès limité.  Le Vice-Gouverneur s’est dit confiant et optimiste quant à la pérennisation de ces « bonnes politiques » d’accès à la santé et de lutte contre la pauvreté.

Malgré ces progrès, il s’est dit déçu qu’aucun ressortissant des territoires n’ait été nommé à la Maison Blanche pour participer à l’élaboration et à l’administration des programmes consacrés aux « zones insulaires », alors qu’il faut « une approche spécialisée » pour y apporter de véritables améliorations.

Le Vice-Gouverneur a poursuivi en attirant l’attention sur le fait que la concurrence géopolitique dans l’Indopacifique, sa région, a entraîné une expansion militaire importante à Guam et des investissements de plusieurs milliards de dollars dans la défense et les infrastructures civiles de l’île.  C’est « un fardeau et un sacrifice » pour l’environnement même si cette expansion a un impact positif sur certains secteurs de l’économie insulaire.  La militarisation de Guam, a rappelé le Vice-Gouverneur, a déjà suscité l’intérêt de trois Rapporteurs spéciaux du Conseil des droits de l’homme qui ont rendu publique une lettre conjointe au Gouvernement américain, exprimant leur inquiétude quant aux graves violations potentielles des droits de l’homme commises contre par le peuple autochtone Chamorro.

Le Vice-Gouverneur a regretté que la demande du Gouverneur de Guam de discuter de ces allégations avec la Puissance administrante soit restée lettre morte.  Il a donc demandé une nouvelle fois au Comité spécial de la décolonisation d’inclure la lettre et les documents conjoints des Rapporteurs spéciaux dans le compte rendu officiel de sa session et dans la résolution annuelle sur Guam.  Cette résolution doit être amendée pour reconnaître les efforts de Guam dans la lutte contre le réchauffement climatique, la pauvreté, la mondialisation effrénée et la militarisation, autant de menaces pour la population, les ressources naturelles et l’environnement de Guam.

Les États-Unis, a conclu le Vice-Gouverneur, doivent autoriser une mission des Nations Unies à Guam pour évaluer les progrès du développement durable, conformément au Programme 2030, la marge de manœuvre qu’a le territoire pour mettre pleinement en œuvre ces politiques.  Une mission des Nations Unies permettrait aux États-Unis et à l’Administration du Président Joe Biden de traiter des violations présumées des droits de l’homme et de nouer de vrais contacts avec le Gouvernement local.

M. MELVIN WON PAT-BORJA, du Bureau du Gouverneur de Guam, a déclaré que la classification des « peuples de Guam » -sans distinction entre ceux qui ont été colonisés par les États-Unis et ceux qui y sont résidents– ne sert pas la cause du peuple colonisé de Guam et n’est pas conforme aux engagements de la résolution 1514, à la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et à la Charte des Nations Unies.  Les États-Unis continuent à tort d’affirmer que tous les « habitants de Guam » devraient avoir le droit de décider du statut politique de Guam, a-t-il ajouté.  Il a jugé qu’à la lumière du récent dépôt conjoint de trois Rapporteurs spéciaux des Nations Unies alléguant de multiples violations des droits de l’homme, y compris « le déni du droit au consentement libre, préalable et éclairé et à l’autodétermination », la Quatrième Commission doit à présent répondre favorablement aux demandes d’organisation, par une délégation de ses membres, d’une mission de visite sur place.

Pétitionnaires du Sahara occidental

M. SIDI MOHAMED OMAR, Front POLISARIO, « seul représentant légitime du peuple du Sahara occidental », a déclaré qu’il est temps pour la Quatrième Commission et l’ONU de s’élever contre l’existence de la dernière colonie en Afrique.  L’occupation illégale du territoire par le Maroc depuis 1975 et les tentatives de l’« État d’occupation » d’imposer un fait accompli et de s’opposer à la décolonisation du Sahara occidental sont un « camouflet » pour tout ce que représente cette Commission, a estimé le pétitionnaire.  Voilà près de trois décennies que le Front POLISARIO s’est engagé en faveur d’une solution durable et pacifique à la situation dans le territoire et nous avons progressé en ce sens, notamment avec la tenue d’élections justes appuyées par les parties et le Conseil de sécurité.  Toutefois, en l’absence d’action décisive de la part de la communauté internationale en ce qui concerne « le mépris du Maroc » pour les mandats de l’ONU, cette Puissance continue d’agir « en toute impunité ».  La population est victime d’une « injustice qui n’aurait jamais dû être permise », a dénoncé l’intervenant, en faisant état de « brutalités indicibles ».  Le Front POLISARIO n’abandonnera jamais son droit à l’autodétermination et ne renoncera pas aux moyens légitimes d’y parvenir, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme NANCY HUFF, de Teach the Children International, a dénoncé le détournement de l’aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf et vendue sur le marché noir ainsi que du rapport rendu public en 2014 par l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) détaillant ces faits.  Elle a également fait état du recours, par le Front POLISARIO, aux enfants comme soldats et boucliers humains.  Ces dirigeants sont-ils ceux qui viendront à la table des négociations pour trouver un règlement dans le meilleur intérêt de leur peuple? s’est-elle demandé, en soulignant que les négations sincères ne réussissent que lorsqu’elles sont faites de bonne foi entre toutes les parties concernées.  Mme Huff a donc demandé à l’ONU d’adopter le plan d’autonomie tel que proposé par le Maroc.

Mme KAREN HARDIN, de Priority PR Group and Literary Agency, a fait part de ses préoccupations relatives au respect des droits de l’homme par la direction du Front POLISARIO dans les camps de Tindouf.  Elle a notamment parlé du problème des enlèvements d’enfants sahraouis qui sont allés vivre dans des familles d’accueil en Espagne et qui, de retour à Tindouf pour rendre visite à leurs familles biologiques, ont été détenus de force par le Front POLISARIO, leurs passeports confisqués.  Des preuves d’enlèvements, d’emprisonnements, de travaux forcés, de tortures et de viols ont toutes révélées la gravité des crimes perpétrés dans les camps, a affirmé la représentante.  C’est une pratique courante du Front POLISARIO depuis longtemps, mais qui n’a été révélée que ces dernières années, s’est indignée Mme Hardin.  Elle a exhorté la Commission à enquêter sur l’identité des membres du Front POLISARIO concernés, quelle idéologie ils suivent, et à considérer attentivement les conséquences du soutien aux « oppresseurs qui ne se soucient pas des personnes qu’ils sont censés « servir ».

Mme VIVIAN EADS, de Capitol Hill Prayer Partners, a dit soutenir et défendre le plan marocain d’autonomie comme solution viable pour résoudre le conflit du Sahara occidental, notamment auprès de membres du Congrès américain.  Elle a exprimé ses vives inquiétudes pour les jeunes des camps de Tindouf et les conséquences de leur manque d’options pour leur avenir.  Si un règlement n’est pas bientôt en vue, une autre génération de jeunes sahraouis sera polarisée et risque de tomber dans les réseaux clandestins des trafics d’armes, de personnes et de stupéfiants, alors que les anciennes routes commerciales du désert sont réactivées pour accueillir les milliers de personnes qui souhaitent rallier les ports de Tripoli et de Benghazi, a-t-elle mis en garde, voyant dans le plan marocain l’option la plus viable et la plus crédible pour un règlement rapide, économiquement sain et politiquement réalisable de la situation.

Pour Mme GRACE NJAPAU, Women Investment Network, le Sahara occidental est la continuation naturelle de pays qui n’ont rien à voir avec la colonisation.  Il prospère grâce au Plan de développement socioéconomique lancé par le Roi Mohammed VI, avec un budget de 8 milliards de dollars.  Les représentants élus démocratiquement en décembre dernier sont « les seuls » représentants légitimes des provinces du sud.  Le Sahara marocain, a-t-elle prédit, sera une plateforme majeure en Afrique grâce au port qui y sera construit et pourra renforcer les liens économiques entre le Maroc, l’Amérique et l’Asie.  Ce nouveau modèle permet un développement sur la durée et donne un coup de fouet au développement local, tout en assurant la bonne gestion des ressources naturelles.  Le Maroc est en bonne position pour veiller à ce que le Sahara jouisse de l’environnement nécessaire à l’épanouissement de ses citoyens, a affirmé la pétitionnaire.

M. JONATHAN HUFF, qui propose des services de sécurité et de renseignement, a estimé que le peuple sahraoui, « piégé dans une situation désespérée depuis plus de 45 ans », a été instrumentalisé et maltraité à des fins politiques et criminelles.  Des organisations militaires comme le Hezbollah, a-t-il assuré, ont établi des camps d’entraînement dans les camps de Tindouf situés dans la zone Sahara/Sahel, et s’y livrent aux trafics de stupéfiants et d’armes ainsi qu’à la traite d’êtres humains.  Dans les camps sahraouis, de nombreux jeunes militants sont mécontents de l’absence de règlement du problème et se livrent désormais à des activités terroristes, a-t-il soutenu.  Depuis le printemps arabe, des groupes jihadistes et des cartels de la drogue latino-américains se sont associés pour transporter davantage de drogues, d’armes et d’êtres humains à travers le désert du Sahara.  M. Huff a demandé à la communauté internationale de prendre des mesures rapides et décisives pour adopter le plan d’autonomie marocain et permettre aux Sahraouis de « rentrer dans leur patrie ».

M. ISMAEL BUCHANAN ABOUI, Université du Rwanda, a estimé que les Nations Unies sont la seule autorité habilitée à gérer la question du Sahara occidental.  Cette question, a-t-il souligné, doit être examinée « exclusivement » par le Conseil de sécurité, « sans processus parallèle ».  Rappelant que les questions aux camps de Tindouf ont gagné en importance, dont le fait que le Front POLISARIO s’y livre à divers trafics, « en toute impunité, M. Aboui a estimé que cette situation fait du pays hôte des camps « une partie au conflit ».  Il a dit soutenir l’initiative d’autonomie élargie du Maroc, qui est en tout point conforme au droit international, à la Charte des Nations Unies et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Ce statut d’autonomie, en consultation avec la population locale, a affirmé M. Aboui, qui a insisté sur le fait que l’initiative marocaine, base de toute solution à ce différend régional, offre une solution politique durable.

M. EVARISTO JULIO GOMES, de Valor Económico, a estimé que la région du Sahara marocain subit, entre autres maux, le trafic d’armes, la menace terroriste, la pauvreté et l’insécurité.  Les pays de cette région restent confrontés à des défis de taille et font face à une menace endémique, car l’affaiblissement de la région du Sahara occidental a de graves conséquences sur la stabilité et la sécurité régionales.  Le plan d’autonomie du Maroc permettrait aux habitants de la région d’accéder aux ressources naturelles et le Sahara occidental pourrait devenir un pôle économique de la région.

M. NYKAKY LYGEROS, de l’Université de Lyon, a défendu le point de vue selon lequel le Front POLISARIO n’a aucune légitimité pour représenter le peuple sahraoui.  Il a noté que les Sahraouis marocains élisent leurs représentants locaux et participent aux élections générales.  Les habitants des deux régions du Sahara marocain ont confirmé leur civisme lors des dernières élections avec un taux de participation record de 68%, ce qui constitue un signal fort de leur attachement à leur « maroquinité ».  Les véritables représentants des Sahraouis sont les élus locaux, a estimé le pétitionnaire.

Le pétitionnaire M. DEREK CONWAY a émis l’espoir que le Comité exhorte toutes les parties à continuer de participer au processus de la table ronde à Genève.  La plupart des États Membres soutiennent le plan d’autonomie en tant que base réaliste, sérieuse et crédible pour résoudre le différend.  « C’est la garantie d’un avenir radieux pour l’ensemble de la région sahélo-saharienne », a-t-il affirmé en conclusion.

M. DANIEL DART RICHERT, DEC Projects, a déclaré qu’au cours des cinq dernières années, il avait rencontré toutes les parties au conflit et avait été consterné par les actions du Maroc et par « le silence et la complaisance des Nations Unies ».  Constatant que la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) n’a pas de mandat en matière de droits humains, il a attiré l’attention sur les violations massives de ces droits dans la région.  Ce à quoi on assiste aujourd’hui, c’est la rationalisation du colonialisme, a-t-il déclaré, en appelant la communauté internationale à donner au peuple sahraoui les droits qu’il mérite et à organiser immédiatement un référendum sur l’autodétermination.

M. ANTONIO YELPI AGUILAR, Fundación Global Africa Latina, a noté que le peuple sahraoui a un sentiment d’appartenance envers le Maroc.  De tels sentiments montrent clairement que le plan d’autonomie du Maroc fournit le seul cadre réaliste pour un bon résultat au Sahara occidental.  En revanche, la République arabe sahraouie démocratique recherche le totalitarisme, a-t-il dit, comparant le Front POLISARIO au Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée.  En effet, le Front POLISARIO a été initialement introduit pour saper les projets démocratiques du Maroc dans la région, a accusé le pétitionnaire

Le docteur en politologie, M. JEAN DELORS BIYOGUE BI NTOUGOU, s’est présenté comme un « pétitionnaire en provenance du Gabon, un pays qui a fondé sa diplomatie sur la consolidation de la paix et la fraternité entre les peuples », comme « un pétitionnaire venu d’un pays qui considère les deux principales puissances au centre de ce différend comme frères ».  Ainsi a-t-il estimé, fort de son suivi de la situation en tant que spécialiste des conflits armés, que ne pas soutenir « la marocanité du Sahara » équivalait à appuyer une nouvelle balkanisation du continent africain.  Ce faisant, « nous risquerions de créer un précédent pour plusieurs autres velléités: « Le Katanga, la Casamance, le Kabinda, le nord malien et j’en passe », a-t-il averti.

Pour M. PIERRE-MICHEL NGUIMBI, ancien Ministre, Président de l’OMA–Congo (Cultures et Développement), la résolution 2548 du Conseil de sécurité définit sans ambages les véritables parties dans le différend régional du Sahara occidental, en pointant expressément le rôle du pays hôte des camps de Tindouf, cité pas moins de cinq fois, alors que ce pays n’était pas du tout évoqué dans les résolutions antérieures à 2017.  Le Conseil de sécurité appelle donc le pays hôte des camps de Tindouf à assumer un rôle à la hauteur de son implication intégrale, notamment humanitaire dans ce différend régional.  C’est ainsi qu’aucun processus politique n’est viable sans l’implication effective et positive de ce pays.  Avec la résolution 2548, le Conseil de sécurité fait le choix du réalisme et pointe le processus politique vers une solution durable.  L’autonomie est l’unique solution sérieuse et crédible susceptible de mettre fin à ce différend régional, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il conclu

M. ANDRÉ GAKWAYA, de Rwanda Media Commission, pétitionnaire, a déclaré que la République arabe sahraouie démocratique n’est pas un État et qu’elle a violé la Charte de l’Union Africaine, alors que le Maroc a toujours eu un lien souverain avec le Sahara occidental, comme l’a confirmé la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a ajouté que le Maroc a soumis aux Nations Unies un plan d’autonomie, qui représente une véritable opportunité de promouvoir des négociations visant à parvenir à un règlement durable de ce différend dans le cadre du droit international et conformément à la Charte des Nations Unies

M. ANDRÉ GRIMBLATT, docteur ès sciences de la Communication de l’Université de Paris-Sorbonne, a déclaré que le plan d’autonomie, présenté en 2007 au Conseil de sécurité, s’imposait comme cadre d’une solution politique durable et acceptable.  Nous parlons de « Région autonome du Sahara » avec des compétences propres; c’est-à-dire avec un gouvernement local dirigé et formé par un chef de gouvernement qui représente l’État marocain, mais élu par le parlement de la région auquel il rendrait des comptes, a-t-il spécifié, avant d’inviter la Quatrième Commission à considérer ce plan comme la solution viable à ce conflit qui dure depuis des nombreuses années.

M. RICARDO BERNARDO SANCHEZ SERRA, Federación de Periodistas del Perú, a déclaré que le « référendum » proposé sur le Sahara Occidental est irréalisable et a été enterré par le Conseil de sécurité il y a 20 ans pour cette raison.  S’en tenir à cette position dépassée est une perte de temps alors que les résidents des camps de Tindouf continuent de languir, vivant dans des conditions inhumaines.  En effet, a-t-il souligné, au cours des 45 dernières années, le Front POLISARIO n’a pas réussi à installer l’électricité, l’eau courante ou des logements décents dans les camps.

M. SIDI LAAROUSSI DAHI, de l’Inspection du Travail de Laâyoune, est revenu sur le projet de développement Dakhla/Atlantique, d’un budget de 8 milliards de dollars avec un potentiel de création de 120 000 emplois qui profiteront en premier lieu au peuple du Sahara marocain.  Il a conclu en signifiant que, contrairement à ceux qui prétendaient que le Maroc pillait ses ressources, le pays avait fourni d’énormes budgets au développement des régions désertiques du Sahara

M. MANSOUR MOHAMED FADEL DOUIHI, de l’Association sahraouie contre l’impunité aux camps de Tindouf, a estimé, en tant que Sahraoui des provinces du sud, que le récent rapport du Secrétaire général sur la question du Sahara occidental prouve la légitimité de la récente intervention militaire du Maroc suite à la présence de groupes armés sur une route principale et d’autres pratiques qui vont à l’encontre du cessez-le-feu et empêchent la MINURSO de s’acquitter de son mandat.  Le rapport insiste aussi sur le rôle central de l’Algérie qui participe aux tables rondes.  Il a évoqué la situation précaire des habitants des camps de Tindouf et le trafic de l’aide internationale qui s’y fait.  Pour M. Douihi, le Front POLISARIO est responsable des entraves dont souffrent les forces de l’ONU.

M. CHRIS SASSI, Président de S.K.C., a reproché au Maroc de continuer d’occuper une grande partie de son voisin, le Sahara Occidental, et de faire obstacle au processus de décolonisation.  Le Maroc est resté dans son aveuglement colonial, a-t-il estimé, et ne veut pas entendre parler de droit à l’autodétermination, encore moins d’indépendance, la seule volonté du Maroc résidant actuellement dans sa stratégie permanente de créer une tension dans la région.  L’enjeu du renouvellement de la MINURSO sera d’amener les deux parties à respecter le cessez-le-feu conclu en 1991 sous l’égide de l’ONU et de permettre à ladite Mission d’accomplir le mandat qui lui a été fixé par le Conseil de sécurité, à savoir, l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.  M. Sassi a ajouté que le Front POLISARIO a proclamé la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976 et ne demande que sa légitimité « ni plus ni moins ».

Mme JANET LENZ, de International Faith and Peace Dialogue, a expliqué que sa rencontre avec les Sahraouis dans sa jeunesse avait changé sa vie.  Ils vivent dans des tentes à même le sol, a-t-elle relaté.  Nous bénéficions d’eau propre et de l’air conditionné, pas eux, s’est-elle émue.  Elle a souligné la différence entre la vie des pays développés et celle des Sahraouis qui se trouvent dans des conditions précaires.  On leur a dérobé leur patrie, a-t-elle ajouté.

M. MALAAININ BOULON a déclaré qu’en tant que natif de la région du Sahara, il avait été témoin en première ligne de tous les problèmes que ce conflit a suscités.  Les provinces du sud jouissent aujourd’hui d’un niveau d’investissement nouveau, avec des infrastructures de premier plan et un attachement à la justice sociale.  « Nous jouissons du niveau de pauvreté le plus bas du Royaume », s’est-il enorgueilli.  Si nos frères et sœurs qui ont été élevés dans les camps avaient le choix, ils préfèreraient vivre dans la liberté, la dignité et la prospérité plutôt que dans la pauvreté, a-t-il assuré.  Une région autonome sous drapeau marocain ne doit pas attendre, a-t-il conclu.

M. PEDRO DÍAZ DE LA VEGA GARCÍA, Banco de Alimentos, a fait observer que la Constitution marocaine de 2011 prévoit un processus de développement des provinces du sud.  Il y a un mois, a-t-il rappelé, des élections générales ont été tenues au Maroc, y compris dans ses provinces du sud.  Lors de cet exercice démocratique, des taux de participation record ont été réenregistrés à Dakhla et Laayoune, ce qui prouve la volonté du peuple de cette région de s’intégrer à la nation marocaine qu’ils reconnaissent comme leur patrie.  Les femmes ont dûment participé à ce processus et plusieurs candidates ont triomphé aux urnes.  La question du Sahara occidental est donc tranchée, s’est réjoui M.  Vega Garcia, qui a attiré l’attention sur les 24 consulats généraux que compte désormais le Sahara.  Les progrès ne pourront être arrêtés « artificiellement » et compte tenu de cela, la Commission devrait supprimer ce point de son ordre du jour.

M. AGRON PALI, a parlé de « la dernière colonie d’Afrique », le Sahara occidental, et a rappelé que l’ONU n’a cessé de militer pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, alors que le Maroc occupe illégalement son territoire.  Il n’existe pas de liens de souveraineté entre le Maroc et le Sahara occidental, ce que reconnaissent le droit international et l’Assemblée générale elle-même puisqu’elle qualifie la présence marocaine « d’acte d’occupation ».  M. Pali a d’ailleurs fait remarquer que le Sahara occidental est le seul territoire sans puissance administrante parmi les 17 territoires non autonomes inscrits à l’ordre du jour de la Commission.  On ne saurait refuser plus longtemps le droit à l’autodétermination au peuple sahraoui, a-t-il martelé, en soulignant les conséquences graves de cette question pour la région et en exhortant l’ONU à agir sans plus tarder.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Au Conseil de sécurité, le Secrétaire général persiste et signe: l’Éthiopie a violé le droit international en expulsant des fonctionnaires de l’ONU

8875e séance – après-midi
CS/14657

Au Conseil de sécurité, le Secrétaire général persiste et signe: l’Éthiopie a violé le droit international en expulsant des fonctionnaires de l’ONU

Pour nous la question est très simple:  L’Éthiopie n’a pas le droit d’expulser des membres du personnel de l’ONU et en le faisant, elle viole le droit international, a martelé aujourd’hui le Secrétaire général lors de la réunion que le Conseil de sécurité a tenue, à la demande  de plusieurs États, après l’expulsion, le 30 septembre dernier, de sept fonctionnaires de l’ONU dont les responsables en Éthiopie du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  

M. António Guterres a attiré l’attention sur la note verbale du Bureau des affaires juridiques, datée du 1er octobre, qui qualifie le comportement du Gouvernement éthiopien de « non conforme » à la norme internationale, « un affront » à l’ONU et à tous ses États Membres, selon les États-Unis. Il existe en effet une procédure officielle qui, dans ce cas précis, n’a pas été suivie, a souligné le Secrétaire général qui a exhorté les autorités éthiopiennes à laisser les organisations onusiennes travailler sans entrave.  Cet appel a été relayé par plusieurs membres du Conseil de sécurité. 

Lorsqu’un État accepte l’aide humanitaire, il ne doit pas la soumettre à des décisions arbitraires, a tancé le Mexique, car ce qui est en jeu, c’est la protection de la population civile.  Il a rappelé l’arrêt du 27 juin 1986 de la Cour internationale de Justice (CIJ), dans l’affaire « Nicaragua c. États-Unis d’Amérique », selon lequel l’acheminement de l’aide humanitaire ne peut être considéré comme une intervention étrangère ou comme contraire au droit international, tant qu’il respecte les principes d’une aide non discriminatoire.  Notre soutien, a prévenu la France, implique que les personnels onusiens et humanitaires puissent travailler en toute sécurité et dans le plein respect des principes humanitaires et du droit international humanitaire.  Nous ne tolérerons ni intimidation, ni violence contre le personnel humanitaire et médical, ni tentative de discréditer ces derniers, a-t-elle encore prévenu.   

La Norvège a appelé à la fin des discours de haine qui mettent en danger la vie des acteurs humanitaires.  Si nos appels continuent d’être ignorés, le Conseil de sécurité prendra la décision qui s’impose pour sauver des vies et promouvoir la paix et la sécurité internationales, ont averti les États-Unis.  La question du personnel de l’ONU opérant en Éthiopie, a plaidé la Tunisie, doit être examinée de manière approfondie, sur la base de preuves tangibles et dans le cadre d’un dialogue « franc et authentique ».  Discuter publiquement de ce type de questions n’est peut-être pas constructif dans les circonstances actuelles et n’allégera certainement pas les souffrances des populations touchées par le conflit dans le nord de l’Éthiopie, a-t-elle fait observer.

La résolution de ce « désaccord », a renchéri la Chine, exige une « diplomatie discrète » pour éviter l’impasse.  Gardons-nous, a-t-elle ajouté, de saper la confiance et privilégions le dialogue et la coopération.  Bien que nous ne connaissions pas les circonstances qui ont conduit aux récents développements, a déclaré l’Inde, nous sommes d’avis que les principes fondateurs de l’aide humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, doivent toujours être respectés.  L’aide humanitaire et ses agents doivent être attentifs, en particulier lorsque l’État hôte est confronté à une situation politico-militaire « complexe ».  Les rhétoriques « délibérément enflammées » ne feront que compliquer la tâche de l’Union africaine, a estimé, à son tour, la Fédération de Russie, et les pressions du Conseil de sécurité ou la création d’une atmosphère toxique n’aideront en rien la situation.  

L’Éthiopie a d’ailleurs avoué avoir du mal à cacher son étonnement, jugeant « incompréhensible » que le Conseil de sécurité discute de la décision d’un « État souverain », alors que ce n’est pas la première fois que des employés de l’ONU sont expulsés d’un pays.  Soulignant qu’elle n’a « aucune obligation juridique » de fournir des explications, elle a tout de même accusé les sept fonctionnaires de s’être livrés à de l’activisme et de s’être mêlés à une conspiration du Front populaire de libération du Tigré (FPLT), en donnant notamment de fausses informations au Conseil de sécurité, pour « créer une situation comparable à celle du Darfour » et en tentant de faire passer la crise éthiopienne au niveau 3 pour déclencher les mesures contenues dans la résolution 2417 (2018).  L’Éthiopie a attiré l’attention sur la lettre que son Vice-Ministre des affaires étrangères a adressée au Secrétaire général, le 8 juillet 2021, pour expliquer la position de son gouvernement.

M. Guterres s’est dit surpris par cette information.  Je n’ai connaissance d’aucun document de ce type, a dit le Secrétaire général, en réclamant une copie.  Il a en revanche précisé qu’à deux reprises, il a demandé en vain au Premier Ministre éthiopien de le saisir de tout soupçon de partialité de la part d’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU « pour que je puisse enquêter ».  Pour nous la question est très simple, a martelé le Secrétaire général: l’Éthiopie a violé le droit international.  Nous sommes prêts, a-t-il affirmé, à coopérer avec le Gouvernement éthiopien sur tous les cas où il a le sentiment qu’un membre du personnel de l’ONU n’agit pas en toute impartialité et en toute indépendance, comme le prescrivent le droit et les principes humanitaires.  Nous n’avons, a-t-il insisté, qu’un seul agenda en Éthiopie et cet agenda, c’est le peuple éthiopien, qu’il soit Somali, du Tigré, d’Amhara ou d’Afar.  Ce peuple souffre et nous n’avons d’autres intérêts que de contribuer à faire cesser ces souffrances. 

M. António Guterres a rappelé qu’au mois d’août dernier, il avait averti le Conseil de sécurité de la situation humanitaire « catastrophique » en Éthiopie, laquelle s’est encore aggravée depuis lors.  Environ sept millions de personnes au Tigré, à Amhara et Afar auraient à présent besoin d’une aide alimentaire et d’une autre forme d’assistance.  Or le niveau actuel de l’aide est loin de répondre aux besoins.  Le Secrétaire général a jugé important de concentrer tous les efforts sur l’humanitaire pour éviter « une tragédie à grande échelle », dans une situation qui fait déjà penser à celle de la Somalie en 2011. 

PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’au mois d’août dernier, il avait averti le Conseil de sécurité sur la situation humanitaire « catastrophique » en Éthiopie, laquelle s’est encore aggravée depuis lors.  Il a égrené les difficultés actuelles, en indiquant qu’environ sept millions de personnes au Tigré, à Amhara et Afar auraient à présent besoin d’une aide alimentaire et d’une autre forme d’assistance.  Cinq millions d’entre elles se trouvent au Tigré et l’on estime à 400 OOO le nombre de celles qui souffrent de la faim.  Le Secrétaire général a souligné que l’assistance humanitaire est loin d’être au niveau nécessaire pour répondre aux besoins.  La seule voie de transport par route au Tigré est le couloir d’Afar, obstrué par les barrages officiels et non officiels, l’insécurité et autres obstacles et problèmes.  Le carburant reste bloqué, de même que les articles et équipements médicaux, alors que l’accès à l’électricité est toujours aléatoire.  Les combats à Amhara sont aussi des obstacles à l’approvisionnement humanitaire. 

Le Secrétaire général a fait état d’informations sur les morts attribuables à la faim, et d’un taux de malnutrition qui rappelle la situation de 2011 en Somalie.  Il a exprimé son inquiétude quant à la violence sexuelle et fondée sur le sexe, jugeant important de concentrer tous les efforts sur l’humanitaire pour éviter « une tragédie à large échelle ». 

M. Guterres a aussi parlé de l’expulsion « sans précédent » de fonctionnaires de l’ONU car elle est au cœur des relations entre les Nations Unies et les États Membres.  Il a attiré l’attention sur la note verbale du Bureau des affaires juridiques, datée du 1er octobre, qui qualifiait le comportement du Gouvernement éthiopien de « non conforme » à la norme internationale, laquelle est « limpide ».  Il existe en effet une procédure officielle qui, dans ce cas précis, n’a pas été suivie.  Le Secrétaire général a exhorté les autorités éthiopiennes à laisser les organisations onusiennes travailler sans entrave, ce qui veut dire que les visas doivent être délivrés promptement et que le personnel soit traité dans tout le pays avec respect et dignité.  Il a aussi exhorté le Gouvernement éthiopien à faciliter l’approvisionnement en carburant et autres articles essentiels.  Toutes les parties doivent cesser les hostilités sans condition préalable.  Les forces étrangères doivent quitter le pays et le personnel humanitaire doit être traité avec respect, a insisté M. Guterres. 

Il a aussi expliqué que la situation politique a évolué en Éthiopie depuis son exposé du mois d’août.  Le nouveau Gouvernement dirigé par M. Ahmed Abiy est entré en fonctions.  Nous l’invitons, a dit le Secrétaire général, à agir comme « le gouvernement de tous », et nous saluons le discours du Premier Ministre à cet égard.  Le Secrétaire général a également exhorté toutes les parties à tirer parti de l’initiative de paix de l’Union africaine.  Le dialogue est le socle de la paix, et la paix est le socle d’un avenir prospère, a-t-il conclu, en invitant le Conseil de sécurité à œuvrer de concert pour le bien de la Corne de l’Afrique.     

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a estimé que l’expulsion de sept fonctionnaires onusiens risque de saper les efforts diplomatiques et humanitaires en cours.  Cette décision est « tout simplement inacceptable », a-t-elle estimé, en appelant les acteurs locaux à dépolitiser la question humanitaire.  Elle a également fait état d’actes de deshumanisation et de violences à l’encontre de la population civile dans le Tigré.  « Une véritable tragédie s’y joue. »  La représentante a donc demandé à toutes les parties de garantir un accès sans entrave de l’aide humanitaire au Tigré, « et maintenant ».  Les décisions politiques ayant un impact immédiat sur la vie des civils, elle a exhorté toutes les parties à reprendre le dialogue et souligné le rôle de l’Union africaine en la matière.

M. ANDRE LIPAND (Estonie) a condamné fermement la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU, en jugeant essentiel la reprise des opérations humanitaires en Éthiopie.  Il a dénoncé la violence et le harcèlement auxquels sont soumis les agents humanitaires.  Toutes les parties au conflit ont l’obligation de faciliter un accès humanitaire sûr et sans entrave et d’assurer la protection des agents humanitaires, conformément au droit international humanitaire.  C’est pourquoi, a dit le représentant, nous exhortons le Gouvernement éthiopien à prendre les mesures qui s’imposent pour faciliter l’accès des convois humanitaires au Tigré, rétablir les services publics dans la région et ouvrir la voie au carburant et aux fournitures médicales. 

Le représentant a aussi exhorté les forces du Tigré à arrêter leur offensive dans les régions voisines d’Amhara et d’Afar et d’y faciliter l’aide humanitaire aux centaines de milliers de déplacés.  Il faut, a-t-il ajouté, conclure l’enquête conjointe sur les violations et abus des droits de l’homme, en particulier contre les défenseurs de ces droits.  Réitérant qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit du Tigré, le représentant a lancé un appel à la cessation immédiate des hostilités, à la protection des civils et à l’atténuation des conséquences humanitaires du conflit.  Tout cela devrait être suivi d’un processus politique inclusif et crédible, tourné vers la réconciliation nationale.  En la matière, le représentant a souligné le rôle de l’Union africaine. 

Face à l’urgence humanitaire, M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a dit attendre des autorités éthiopiennes une pleine coopération avec les Nations Unies et les partenaires internationaux.  Il a condamné la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer sept membres du personnel de l’ONU persona non grata.  Le soutien de la France et de l’Union européenne, a-t-il prévenu, implique que les personnels onusiens et humanitaires puissent travailler en toute sécurité et dans le plein respect des principes humanitaires et du droit international humanitaire.  Les autorités éthiopiennes doivent garantir le plein accès humanitaire pour l’ensemble du personnel humanitaire, médical et des Nations Unies et respecter leurs propres engagements.  Nous ne tolérerons ni intimidation, ni violence contre le personnel humanitaire et médical, ni tentative de discréditer ces derniers, a prévenu le représentant.  La levée du blocus humanitaire en place est un préalable à tout règlement du conflit en cours.

Pour la France, a-t-il poursuivi, seule une solution politique et négociée permettra de sortir de la crise.  Il a dit soutenir les trois points rappelés aujourd’hui par le Secrétaire général à savoir cessation des hostilités, accès humanitaire et dialogue.  Un cessez-le-feu est indispensable pour répondre à l’urgence humanitaire et créer les conditions d’un règlement du conflit, a souligné le délégué, en appelant au retrait « vérifiable et contrôlé » des forces érythréennes du territoire éthiopien, et en particulier de l’ouest du Tigré.  Il a aussi demandé aux forces tigréennes de donner des gages de sincérité et de réintégrer les frontières régionales du Tigré.  Il est important qu’un compromis soit trouvé avec les forces amharas sur le différend frontalier entre les deux régions, et ce, dans le cadre de la Constitution, a déclaré M. de Rivière pour qui la réconciliation passe par la lutte contre l’impunité.  Il a pris note de l’engagement du nouveau Gouvernement éthiopien à identifier et poursuivre les auteurs de violations des droits de l’homme et d’organiser un dialogue national inclusif dès que possible.  

Mme MONA JUUL (Norvège) a rappelé à quel point son pays a été choqué par l’expulsion, le 30 septembre, de sept fonctionnaires des Nations Unies.  Elle s’est étonnée qu’aujourd’hui encore l’Éthiopie ne soit pas revenu sur cette décision « intenable » alors que la crise humanitaire s’aggrave jour après jour et que la famine sévit probablement.  Expulser des membres du personnel essentiel de l’ONU, en l’occurrence des chefs de file humanitaires, dans une situation humanitaire d’ores et déjà catastrophique, ne peut être que profondément troublant.  Il est « inacceptable » que l’Éthiopie choisisse d’entraver le travail « crucial » des organisations de l’ONU. 

En effet, a-t-elle dit, l’ONU fournit une assistance impartiale pour sauver la vie des personnes dans le besoin dans toutes les régions du pays.  Son personnel joue un rôle fondamental dans le suivi et la collecte d’informations sur les questions humanitaires et des droits de l’homme préoccupantes.  L’ONU, a martelé la représentante, « n’est pas partie au conflit en Éthiopie ».  Elle travaille avec impartialité et professionnalisme.  Après avoir insisté pour que l’Éthiopie revienne sur sa décision, la représentante a énuméré quelques mesures à l’intention des autorités fédérales, du Front populaire de libération du Tigré (FPLT) et autres acteurs armés. 

Elle a d’abord réclamé un accès sûr, rapide et sans entrave de l’assistance humanitaire dans la région, soulignant la nécessité « absolue » de faciliter le travail humanitaire et de respecter le droit international humanitaire.  Elle a appelé à la fin des calomnies contre les agents humanitaires, un discours de haine dangereux qui met en danger la vie des acteurs humanitaires.  La représentante a aussi insisté sur l’importance qu’il y a à mettre fin aux violations des droits de l’homme, dont la violence sexuelle.  Elle a enfin prié le Conseil de s’exprimer d’une seule voix pour exiger l’établissement des responsabilités pour ces atrocités.  La représentante n’a pas oublié de saluer la nomination de l’ancien Président du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, comme Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique.   

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a dit avoir été « profondément déçue » par la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU, alors même que la situation humanitaire y est désormais « si grave ».  L’expulsion d’un personnel clef aura un impact direct sur la capacité de la communauté internationale de fournir une aide humanitaire vitale, a regretté la représentante.  Mais, a-t-elle reconnu, cette expulsion est loin d’être le seul obstacle à l’acheminement de l’aide dans le nord de l’Éthiopie.  La représentante a donc réitéré son appel urgent au FPLT pour qu’il cesse sa campagne militaire et agisse dans le meilleur intérêt des gens ordinaires du Tigré, notamment en permettant le rétablissement des télécommunications et des services bancaires, la livraison de nourriture et de carburant et la délivrance des visas au personnel humanitaire.  Le temps presse: nous devons voir des milliers de camions de nourriture et de médicaments et des millions de litres de carburant arriver au Tigré pour éviter des morts à une échelle catastrophique avant la fin de cette année, a prévenu la représentante.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a fermement condamné la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser sept responsables de l’ONU.  Expulser les Chefs du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) sur le terrain est « un affront » à l’ONU et tous ses États Membres, a prévenu la représentante.  Elle a dit ne voir « aucune justification » à cet acte du Gouvernement éthiopien.  Elle a insisté sur l’impartialité de l’ONU dans ses enquêtes sur les violations et abus des droits de l’homme, et d’ailleurs en partenariat avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme. 

La situation actuelle en Éthiopie s’apparente à celle de la Somalie en 2011, s’est alarmée la représentante, attirant l’attention sur une famine qui a fait 250 000 morts malgré les avertissements.  Elle a exhorté le Gouvernement éthiopien à autoriser le retour immédiat des acteurs humanitaires de l’ONU et « si nos appels continuent d’être ignorés, le Conseil de sécurité prendra la décision qui s’imposera pour sauver des vies et promouvoir la paix et la sécurité internationales », a encore prévenu la représentante.  Elle a rappelé que l’Éthiopie était encore il y a trois ans un pays plein de promesses, avec une des plus fortes croissances économiques du continent africain.  Alors que le conflit se propage vers les régions voisines, elle a regretté que les dirigeants éthiopiens aient choisi la voie de l’isolationnisme.  Elle les a invités à accepter « maintenant » un cessez-le-feu sans condition parce qu’il n’y aura pas de solution militaire à ce conflit.    

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), M. TAREK LADEB (Tunisie) s’est dit à son tour préoccupé par la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer persona non grata sept fonctionnaires de l’ONU.  Il a exhorté ce dernier et l’ONU à entreprendre tous les efforts possibles pour résoudre leurs différends et à veiller à ce que l’aide soit fournie aux Éthiopiens dans le besoin.  La question du personnel de l’ONU opérant en Éthiopie doit être examinée de manière approfondie, sur la base de preuves tangibles et dans le cadre d’un dialogue « franc et authentique ».  Discuter publiquement de ce type de questions n’est peut-être pas constructif dans les circonstances actuelles et n’allégera certainement pas les souffrances des populations touchées par le conflit dans le nord de l’Éthiopie, a fait observer le représentant.  La priorité, a-t-il martelé, doit être l’acheminement sans entrave de l’aide dans le nord du pays, et le dialogue pacifique et démocratique est le meilleur mécanisme pour résoudre les graves différends politiques.  

La priorité absolue, a poursuivi le représentant, est, à ce stade, la déclaration d’un cessez-le-feu immédiat, l’accès humanitaire sans restriction et le rétablissement des services publics dans toutes les zones de conflit.  Toutes les parties doivent respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire.  Il a aussi rappelé l’obligation de tout le personnel humanitaire et de l’ONU de respecter les lois du pays hôte.  Les organisations humanitaires doivent respecter les principes de neutralité, d’impartialité et d’humanité, de souveraineté nationale, d’indépendance politique, d’intégrité territoriale et d’unité nationale dans le pays hôte.  

La situation humanitaire dans le nord de l’Éthiopie s’inscrit dans une crise « beaucoup plus vaste et complexe », a prévenu le représentant, devant le risque de débordement dans la région et la menace potentielle à la paix et à la sécurité en Éthiopie et au-delà.  Avec l’expansion des hostilités dans les régions d’Amhara et d’Afar, l’on voit bien qu’il n’y a pas de solution militaire à cette crise.  Le recours aux armes ne fera que prolonger le conflit, a averti le représentant, appelant les parties éthiopiennes à cesser les hostilités et à engager des discussions en vue de conclure un cessez-le-feu global et permanent qui ouvrirait la voie à un dialogue inclusif dirigé par l’Éthiopie et à la réconciliation nationale.  Il a aussi appelé au retrait de toutes les forces non éthiopiennes du Tigré et à la suppression de toutes les milices des États fédéraux voisins.  Le représentant a terminé en soulignant « le rôle majeur » de l’Union africaine pour aider les Éthiopiens dans leurs efforts de réconciliation. 

M. ZHANG JUN (Chine) a appelé le Gouvernement éthiopien à ne ménager aucun effort pour faciliter un bon acheminement de l’assistance humanitaire, sans oublier de lancer un appel à la communauté internationale pour qu’elle fournisse les ressources nécessaires pour aider le Gouvernement éthiopien à aider tous ceux qui en ont besoin.  Le représentant a estimé que le Gouvernement éthiopien avait en réalité réagi positivement aux préoccupations des agences humanitaires, en réduisant le nombre des barrages routiers et en facilitant le transport de l’aide.  Il a déploré « le désaccord » sur l’expulsion des sept membres de l’ONU, en préconisant une « diplomatie discrète » pour éviter l’impasse.  Évitons, a conseillé le représentant, de saper la confiance et privilégions le dialogue et la coopération.  Il s’est félicité de l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement éthiopien et de ses vœux d’unité, de dialogue et d’appropriation nationale.  Insistant sur le principe « solutions africaines aux problèmes africains », il a salué dans ce contexte la nomination de M. Obasanjo comme Haut-Représentant de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique.  Les sanctions imposées à l’Éthiopie devraient être levées dans les plus brefs délais, a encore plaidé le représentant.

M. T. S. TIMURURTI (Inde) a qualifié de « malheureuse », l’expulsion de hauts fonctionnaires de l’ONU, compte tenu de l’impact potentiel sur la situation humanitaire.  Il est donc important de désamorcer la situation par l’engagement et le dialogue, a plaidé le représentant.  Il a également déclaré avoir « pris note », des informations faisant état de détournement de l’aide humanitaire par des groupes armés et autres.  De tels incidents doivent faire l’objet d’une enquête et des mesures correctives, être prises.  Bien que nous ne connaissions pas les circonstances qui ont conduit aux récents développements, nous sommes d’avis que les principes fondateurs de l’aide humanitaire, à savoir l’humanité, la neutralité, l’impartialité et l’indépendance, doivent toujours être respectés.   L’aide humanitaire et ses agents doivent être attentifs, en particulier lorsque l’État hôte est confronté à une situation politico-militaire complexe.

Le représentant a en outre jugé « impératif » que l’ONU et ses institutions continuent de travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement éthiopien pour que l’aide parvienne en temps voulu et dans une quantité adéquate.  Il a émis l’espoir que l’ONU et le Gouvernement éthiopien n’épargneront aucun effort pour résoudre rapidement toutes les questions dans l’intérêt de la population affectée.  Nous devrions éviter la politisation de la question, a suggéré le représentant. 

Mme NGUYEN PHUONG TRA (Viet Nam) a regretté à son tour la décision du Gouvernement éthiopien de déclarer « persona non grata » sept membres du personnel des Nations Unies, dont des responsables de l’UNICEF et de l’OCHA.  Alors que 5,2 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire, dont 400 000 sont proches de la famine, la représentante a jugé crucial d’assurer une livraison et un accès sûrs, efficaces et efficients de l’aide humanitaire dans la région du Tigré et les zones limitrophes.  

Partageant les préoccupations concernant les niveaux alarmants de violence et la destruction d’infrastructures civiles indispensables au Tigré, la représentante a appelé à une cessation immédiate des hostilités dans le respect du droit international humanitaire et des impératifs de protection des civils, en particulier les femmes et les enfants.  La crise du Tigré a des raisons politiques, historiques et ethniques « complexes » et les parties doivent créer les conditions favorables au lancement d’un dialogue politique dirigé par les Éthiopiens eux-mêmes.  La représentante a aussi appelé les autorités éthiopiennes et toutes les autres parties concernées à accorder la plus haute priorité aux intérêts du peuple.  La communauté internationale, y compris le Conseil de sécurité, doivent soutenir tous les efforts à cette fin, dans le plein respect de l’indépendance, de la souveraineté, de l’unité et de l’intégrité territoriale de l’Éthiopie, a souligné la représentante.  

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) s’est alarmé de ce que la décision du Gouvernement éthiopien d’expulser des fonctionnaires de l’ONU ait un impact direct sur les efforts humanitaires sur le terrain.  L’expulsion d’un membre du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pourrait aussi avoir un impact sur l’enquête menée avec la Commission éthiopienne des droits de l’homme sur les violations et abus de ces droits, d’autant plus que le délai prévu pour la remise du rapport final est le 1er novembre.  Lorsqu’un État accepte l’aide humanitaire, il ne doit pas la soumettre à des décisions discrétionnaires, a tancé le représentant.  Ce qui est en jeu, c’est la protection de la population civile, a-t-il ajouté, avant de rappeler l’arrêt du 27 juin 1986 de la Cour internationale de Justice (CIJ), dans l’affaire Nicaragua c. États-Unis d’Amérique.  Selon cet arrêt, l’acheminement de l’aide humanitaire ne peut être considéré comme une intervention étrangère ou comme contraire au droit international, tant qu’il respecte les principes de la Croix-Rouge, c’est-à-dire une aide non discriminatoire.        

Toute accusation portée contre l’ONU ou son personnel doit être fondée sur des faits concrets et être suivie de consultations avec l’Organisation et d’une enquête respectueuse de la loi dont la présomption d’innocence, a professé le représentant.  L’accès humanitaire au Tigré est une nécessité pour des millions de personnes et son approvisionnement ne saurait être politisé.  Le représentant a exhorté les parties à adhérer aux principes consacrés par le droit international humanitaire et la Charte des Nations Unies.  Il a condamné les violations des droits de l’homme, y compris la violence sexuelle et fondée sur le sexe, et réclamé un cessez-le-feu humanitaire et le retrait des acteurs extérieurs du Tigré et des régions voisines pour que l’aide puisse parvenir à tous ceux qui vivent dans la détresse.  Il est temps de mettre fin aux souffrances de ces millions de personnes, a-t-il conclu. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a félicité tous les Éthiopiens pour la constitution récente d’un nouveau Gouvernement, et assuré que son pays continuera à soutenir l’intégrité territoriale et l’indépendance de l’Éthiopie « amie ».  Elle a refusé l’idée que l’on ait épuisé « le potentiel des solutions » et s’est dite confiante dans le dialogue promu par les acteurs régionaux.  Une rhétorique internationale « délibérément enflammée » ne fera que compliquer la tâche de l’Union africaine, a prévenu la représentante.  Les pressions du Conseil de sécurité et la création d’une atmosphère toxique n’aident en rien.  La représentante a jugé « inadmissible » de bloquer les camions humanitaires de l’ONU et regretté l’expulsion des fonctionnaires de l’ONU.  Mais, a-t-elle prévenu, ne dramatisons pas la situation.  Tendons plutôt vers un règlement à l’amiable.  S’interrogeant sur les mesures prises ou pas autour de cette question, elle a souligné que l’aide humanitaire doit être apportée dans le respect des principes humanitaires internationaux, du droit international et de la législation nationale.  Elle a exprimé la disposition de son pays à contribuer à la normalisation de la situation dans le nord de l’Éthiopie et la Corne de l’Afrique.      

M. TAYE ATSKESELASSIE AMDE (Éthiopie) a dit avoir du mal à cacher son étonnement.  Il est « incompréhensible », a-t-il avoué, que « cet auguste organe » discute de la décision qu’un État souverain a prise dans le cadre de l’exercice du droit international et de ses prérogatives souveraines.  Nous connaissons plusieurs cas où des employés de l’ONU ont été expulsés d’un pays, sans que cela ne donne lieu à une réunion du Conseil de sécurité.  Nous n’avons, a prévenu le représentant, aucune obligation juridique de fournir des explications.  

Invoquant la résolution 48/142 de l’Assemblée générale sur les principes directeurs de l’aide humanitaire, qui stipule que la souveraineté et l’intégrité et l’unité territoriales des États doivent être respectées, le représentant a assuré que son pays continuera d’exercer ses droits souverains à cet égard.  En conséquence de quoi, toute suggestion contraire sera considérée comme « inacceptable » et « illégale ». 

Le représentant a également invoqué le paragraphe 3 de l’Article 101 de la Charte des Nations Unies relatif au statut des fonctionnaires, ainsi que le Code de conduite du personnel de l’ONU qui est tenu à un niveau élevé d’intégrité, de neutralité et d’indépendance et d’humanité.  Les fonctionnaires expulsés ont manqué à toutes ces obligations, a affirmé le représentant, les accusant de s’être livrés à de l’activisme et de s’être mêlés à une conspiration du FPLT, en donnant notamment de fausses informations au Conseil de sécurité, pour « créer une situation comparable à celle du Darfour », selon leurs propres mots.  

Ces fonctionnaires, a poursuivi le représentant, ont inventé des données portant à 3,8 millions le nombre de personnes en danger sanitaire en Éthiopie, alors que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) donnait le nombre de 2,8 millions.  Leur but, a dit avoir décelé le représentant, était de faire passer la crise au niveau 3 et de déclencher les mesures contenues dans la résolution 2417 (2018) du Conseil de sécurité.  Outrepassant leur mandat, ces fonctionnaires ont en outre demandé à des agences des Nations Unies de mener des enquêtes, dans le seul but de répondre aux demandes du FPLT, et répandre de fausses informations dans les médias, dans l’espoir de provoquer la saisine de la Cour pénale internationale (CPI).   

L’expulsion de ces personnels a été décidée en dernier ressort.  À plusieurs reprises, les autorités éthiopiennes ont alerté les Nations Unies sur le comportement de ces personnes, en particulier dans une lettre que le Vice-Ministre des affaires étrangères a adressée au Secrétaire général, le 8 juillet 2021.  Lesdites personnes ont également été personnellement rappelées à l’ordre par les autorités, sans succès.  Elles ont poursuivi leur activisme.  Nous ne confondons pas, a promis le représentant, leur mauvaise conduite avec le professionnalisme d’autres personnels des Nations Unies.  Il appartient dès lors au Secrétaire général de les remplacer.  En attendant, nous demandons que toutes les informations et données contenues dans les rapports sur l’Éthiopie, produits ces dernières années, soient revues et vérifiées, si l’on veut recréer un climat de coopération et de confiance entre mon pays et les Nations Unies, a prévenu le représentant.  

S’il est une chose à laquelle je tiens particulièrement pendant cette période, a dit le Secrétaire général, en reprenant la parole, c’est de maintenir des relations efficaces et opérationnelles avec le Gouvernement éthiopien et son Premier Ministre.  À tel point, a-t-il avoué, que j’ai été accusé par certains médias dans le monde d’avoir un préjugé favorable pour le Gouvernement éthiopien.  C’est donc avec une très grande aisance que je voudrais vous dire ceci, a ajouté le Secrétaire général en se tournant vers le représentant de l’Éthiopie.    

Je voudrais, a-t-il affirmé, recevoir une copie de tout document écrit et envoyé par le Gouvernement éthiopien à une institution ou l’autre de l’ONU, sur n’importe lequel des membres de l’Organisation expulsés.  Je n’ai connaissance d’aucun document de ce type, a dit le Secrétaire général.  Si un document envoyé à l’ONU m’a été caché, il me serait très utile de l’obtenir pour enquêter sur ce qui s’est passé.  

Je vous prie, a insisté le Secrétaire général, de bien vouloir me fournir une copie de tout document écrit par le Gouvernement éthiopien sur un des sept expulsés.  Je vous rappelle qu’à deux reprises j’ai dit au Premier Ministre de me saisir de tout soupçon de partialité de la part d’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU pour que je puisse enquêter.  Deux fois, je l’ai dit au Premier Ministre et à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse à cette requête. 

Pour nous la question est très simple, a souligné le Secrétaire général: L’Éthiopie n’a pas le droit d’expulser des membres du personnel de l’ONU et en le faisant, elle viole le droit international.  Nous sommes prêts, a dit le Secrétaire général, à coopérer avec le Gouvernement d’Éthiopie sur tous les cas où il a le sentiment qu’un membre ou l’autre du personnel de l’ONU n’agit pas en toute impartialité et en toute indépendance, comme le prescrivent le droit et les principes humanitaires.   

Je vous le dis, Monsieur l’Ambassadeur, nous voulons coopérer avec votre Gouvernement parce que nous n’avons qu’un seul agenda en Éthiopie et cet agenda, c’est le peuple éthiopien, qu’il soit Somali, du Tigré, d’Amhara ou d’Afar.  Ce peuple souffre et nous n’avons d’autres intérêts que de contribuer à faire cesser ces souffrances, a souligné le Secrétaire général. 

Nous respectons votre franchise, a répondu le Représentant éthiopien, en promettant de communiquer les propos du Secrétaire général à son gouvernement. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la crise sanitaire a creusé les inégalités et sapé les efforts pour éliminer la pauvreté et la faim, s’inquiètent les délégations

Soixante-seizième session
3e séance plénière & réunion virtuelle, Matin & après-midi 
AG/EF/3550 

Deuxième Commission: la crise sanitaire a creusé les inégalités et sapé les efforts pour éliminer la pauvreté et la faim, s’inquiètent les délégations

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence et renforcé les inégalités, ont remarqué, ce matin, nombre de délégations de la Deuxième Commission, lors de la deuxième séance du débat général sur le thème « Crise, résilience et reprise - Accélérer les progrès vers le Programme 2030 ».  La crise sanitaire menace d’anéantir des décennies de progrès pour éliminer la pauvreté, objectif 1 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, et a plongé des millions de personnes dans l’insécurité alimentaire, comme cela a été constaté dans l’après-midi au cours d’une réunion thématique tenue en visioconférence.

Selon les dernières estimations, 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies, a expliqué M. Shantanu Mukherjee, du Département des affaires économiques et sociales (DESA) de l’ONU.

En outre, en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards n’ont pas eu accès à une alimentation saine, a indiqué M. Maximo Torero Cullen, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).  Cet expert a précisé que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  La faim dans le monde ne sera tout simplement pas éliminée d’ici à 2030, à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture ne soit entreprise, a ajouté M. Mukherjee.  L’élimination de la faim, qui constitue l’objectif 2 du Programme 2030, est donc encore loin.

Les délégations ont dénoncé sans détour, au cours du débat général et de la réunion thématique, les conséquences de la crise sanitaire.  Celle-ci a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes, a souligné Cuba.  Après avoir relevé qu’elle a agi comme « un rayon X » pour mettre en évidence les inégalités au sein et entre les pays, le Pakistan a déploré une situation « d’apartheid vaccinal ».  Tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie, a dit l’Algérie.  Les inégalités d’accès au vaccin ne peuvent se justifier sur le plan moral, ont renchéri les Philippines.  La Thaïlande a, pour sa part, rappelé que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour faire face aux crises.

De fait, un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, soit plus du double des autres régions, a déploré le Groupe des États d’Afrique.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de pauvreté est passé de 36,2% à 10,1%, mais les progrès de ces dernières années ont été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux, a fait observer le Groupe des 77 et la Chine.

Les appels à la solidarité et à la coopération internationale se sont donc multipliés, et le Bangladesh a demandé de considérer le vaccin comme un bien public mondial pour parvenir à une équité vaccinale.  Le financement du développement est essentiel pour surmonter la crise sanitaire, a par ailleurs rappelé le Mexique, à l’instar d’autres délégations.  Beaucoup ont appelé à renforcer le multilatéralisme et les efforts pour parvenir à la réalisation des objectifs de développement durable, voire à changer de modèle.

Le respect des engagements en matière d’aide publique au développement (APD) et la suspension du service de la dette pour les pays en développement ont également été évoqués.  Plusieurs pays, comme le Japon ou Israël, ont attiré l’attention sur l’aide qu’ils avaient fourni en guise de solidarité.  Se réjouissant de la tenue de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) à Doha, en janvier 2022, la représentante du Qatar a dit aspirer à ce qu’elle « permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie ».

Mme Daniela Bas, du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, n’a pas dit autre chose: les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.

Pour le G77 et la Chine, la réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement.  Selon le Groupe, renforcer les capacités productives et la diversification de ces économies conduira à la création d’emplois et de richesse ainsi qu’à l’augmentation des ressources fiscales pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

Outre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, l’Accord de Paris sur le climat est l’autre feuille de route qui revient dans les débats de la Deuxième Commission pour faire face à la seconde crise majeure pour l’humanité: les changements climatiques.  Urgence d’une action décisive, respect des engagements pris par les pays, renforcement des mesures d’adaptation, soutien technologique et financier aux pays en développement sont quelques-uns des thèmes qui ont été abordés.

De fait, les changements climatiques ont un impact sur les systèmes alimentaires et, pour le Groupe des États d’Afrique, la transformation de ceux-ci sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont en effet nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.  Une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est indispensable au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, a acquiescé l’Éthiopie.  Les pays devraient investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales, a précisé Mme Bas.

La Colombie a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et mettre en œuvre une « relance économique verte » dans le respect de la nature: il faut « produire en préservant; préserver en produisant ».  Pour sa part, en tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser avec le Portugal la Conférence des Nations Unies sur les océans, du 27 juin au 1er juillet 2022.

La Deuxième Commission poursuivra son débat sur l’élimination de la pauvreté et le développement agricole demain, à 10 heures, au cours d’une réunion virtuelle

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

M. SUPARK PRONGTHURA (Thaïlande) a estimé que la pandémie et la crise climatique ont exacerbé les inégalités et la pauvreté partout dans le monde, mais que les pays en développement sont plus touchés, car ils disposent de moins de ressources et de capacité pour y faire face.  Les mesures d’adaptation et de résilience pour les changements climatiques sont essentiels et 50% du financement devraient servir à l’adaptation, a-t-il recommandé.  Il a plaidé pour que l’on trouve un point d’équilibre dans les plans de relance et de développement, comme son pays le fait avec son modèle d’économie biocirculaire.

Ensuite, des institutions robustes sont nécessaires et la Thaïlande a investi dans un solide système de santé universel, qui passe également par une approche communautaire.  Enfin, la relance doit être axée sur les personnes, a continué M. Prongthura, qui a appelé à réduire les inégalités dans l’accès à l’éducation, aux ressources numériques, à l’énergie et à la sécurité alimentaire.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a mis l’accent sur les dégâts et les défis graves posés par la pandémie pour la mise en œuvre du Programme 2030.  La réalisation des objectifs de développement durable (ODD) requiert beaucoup de détermination et de volonté, a souligné le représentant, pour dire que l’Arabie saoudite a entamé la mise en œuvre pratique des plans de développement dans le royaume, ce qui lui a permis d’enregistrer des avancées.  Elle a créé un environnement propice à la réduction de la dépendance à l’égard du pétrole et développé les infrastructures, a précisé le représentant.  Elle a aussi tenu à développer le secteur touristique, qui est l’un des piliers de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite.

Le représentant a aussi assuré que son pays accorde une grande importance au développement du secteur numérique, en se souciant de faire preuve de solidarité et de coopération internationale pour réduire le fossé numérique, arguant que chacun doit pouvoir prendre part aux nouvelles technologies.  Face aux changements climatiques, l’Arabie saoudite met l’accent sur l’économie circulaire et a lancé les initiatives Arabie saoudite verte et Moyen-Orient vert.  Pour ce qui est de la pandémie, elle a déployé des efforts pour permettre l’accès aux vaccins et le représentant en a, là encore, appelé à la solidarité.

M. SONG KIM (République populaire démocratique de Corée) a regretté que la pandémie et les changements climatiques entravent les efforts de développement durable, et appelé à réfléchir à la manière de surmonter ces défis.  Il a proposé tout d’abord de mettre fin à la pandémie le plus rapidement possible, en renforçant la solidarité internationale et en évitant toute politisation de ces questions.  Il a ensuite recommandé de partager les technologies, avant de demander aussi de revoir et de mettre à jour les différentes conventions dans le domaine de la protection du climat et de la biodiversité.  À cet égard, l’orateur a fermement condamné le Japon « pour avoir pollué l’océan, qui appartient à toute l’humanité ».

Enfin, il a jugé essentiel que la paix et la sécurité règne dans le monde, car on ne peut garantir le développement sans garantir la paix.  Au sujet de la péninsule coréenne, tout comme à Cuba, il a dénoncé les mesures unilatérales et les sanctions imposées par les États-Unis, jugées injustifiables et contre-productives.  La Deuxième Commission devrait se pencher sur ce point, a-t-il insisté.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déclaré que le développement durable figurait en tête de la stratégie du Gouvernement égyptien.  Il a appelé à attirer les investissements pour réduire la pauvreté, l’extension des bidonvilles et l’exode rural.  Appelant à échanger les expertises en matière de développement durable, le délégué a aspiré à poursuive les consultations concernant le rôle des coordonnateurs résidents et des mécanismes de financement du développement.  Assurer les contributions des pays développés au financement des objectifs de développement durable (ODD) est un défi majeur pour l’Égypte qui, en mars dernier, a signé un protocole pour le financement des ODD, en phase avec sa stratégie nationale et l’Agenda 2063 pour l’Afrique.  L’orateur a aussi appelé la communauté internationale et les partenaires de développement à alléger le fardeau de la dette des pays en développement durement touchés par la pandémie.

Il a aussi attiré l’attention sur le problème des flux financiers illicites, qui menacent la capacité des pays en développement à réaliser le Programme 2030.  Le montant de ces flux quittant l’Afrique est estimé à 88,6 milliards de dollars annuels, soit plus de 3% du PIB du continent, a-t-il alerté.  Concernant les changements climatiques, l’Égypte a insisté sur la nécessité de trouver un angle global contre la désertification.  La pénurie d’eau y est un défi existentiel, et le phénomène de pauvreté hydraulique, de plus en plus prégnant.  Il a appelé à plus de coopération entre pays riverains de grands fleuves, et à davantage considérer le sort des pays situés en aval de ces grands fleuves.

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé que son pays avait coorganisé le Sommet COVAX AMC en juin dernier et a consacré 1 milliard de dollars pour fournir plus de 1,8 milliard de doses de vaccins aux économies en développement.  De plus, le Japon va offrir des équipements de chaîne du froid pour assurer la livraison des vaccins dans chaque pays et chaque région du monde.  Dans ce contexte, le représentant a insisté sur la nécessité de parvenir à une couverture sanitaire universelle, ainsi qu’à l’accès aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics pour tous.  Le Japon est pleinement engagé à diriger les efforts internationaux pour atteindre la couverture sanitaire universelle et contribuer à la prochaine réunion de haut niveau sur le sujet qui se tiendra en 2023.

Sur la question des changements climatiques, M. Tetsuya a indiqué que le Japon entend réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 46% d’ici à 2030, par rapport à son niveau de 2013, et vise à long terme d’atteindre la neutralité en carbone d’ici à 2050.  En outre, le Japon fournira des financements climatiques, publics et privés, aux pays en développement, totalisant environ 60 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années.  Grâce à ces efforts, le Japon contribuera au succès de la COP26 pour parvenir à une réduction du carbone à l’échelle mondiale et créer une société verte et durable, a-t-il promis.  Le représentant a aussi recommandé que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans l’ensemble du développement durable, arguant que les catastrophes peuvent annuler des années de gains en un instant.  C’est pourquoi le Japon continuera à promouvoir la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a-t-il dit, espérant que l’examen à mi-parcours du Cadre de Sendai en 2023 soit une occasion importante de promouvoir la préparation aux catastrophes et du concept de « reconstruire en mieux ».

La coopération et l’innovation numériques centrées sur l’humain sont la clef de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), a affirmé M. Tetsuya.  Enfin, réagissant aux propos du représentant de la RPDC, le délégué du Japon a indiqué que toutes les informations concernant la centrale nucléaire de Fukushima ont été partagée avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et la communauté internationale.

M. AMANUEL GIORGIO (Érythrée) s’est demandé comment on peut parler de « reprise » dans le thème de cette session alors que des millions de personnes n’ont pas encore reçu le soutien nécessaire pour y arriver et empêcher la propagation du virus.  Si le Programme 2030 prône de ne laisser personne de côté, depuis deux ans que dure la pandémie de COVID-19, nous laissons des millions de personnes derrière nous, s’est-il exclamé.  Rien qu’en Afrique, 90% de la population n’a pas encore reçu sa première dose de vaccin, tandis que le monde développé parle d’une troisième dose pour ses citoyens.  « Comment cela peut-il être moralement justifiable alors que le virus ne connaît pas de frontières? »  Assurer une distribution équitable des vaccins est le seul moyen pour nous d’assurer le bien-être de tous à l’échelle mondiale, a—t-il argué.

En plus de la pandémie, le représentant a souligné que les changements climatiques deviennent incontrôlables.  Les pays qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, et subissent de plein fouet les conséquences causées par 20% de la population mondiale, ne reçoivent pas le soutien nécessaire pour lutter contre les changements climatiques, a déploré le représentant.  De même, la lutte contre les changements climatiques dans les économies avancées ne peut se faire aux dépens des pays en développement, a-t-il avancé, plaidant pour des approches durables qui ne paralysent pas les nations qui tentent de progresser et de rattraper leur retard afin d’améliorer les moyens de subsistance de leurs citoyens.  Il a plaidé en faveur d’un ordre économique mondial qui vise l’égalité et améliore la qualité de vie de ceux qui se trouvent au niveau de développement le plus bas.

M. VELEZ (Mexique) a reconnu que la pandémie de COVID-19 a accéléré le changement technologique.  Sans les TIC, il n’aurait pas été possible de développer un vaccin contre le COVID-19 en peu de temps, même si le manque d’accès équitable à ce vaccin reste une préoccupation, a pointé l’orateur.  Notant que le progrès technologique ouvre de nouvelles voies aux multiples avantages, il a regretté que peu de gens ait la perspective d’en profiter, car 57% de la population mondiale n’a même pas accès à Internet.  D’autant que l’adaptation technologique se caractérise aussi par des inégalités de genre, a-t-il ajouté.  Le Mexique a d’ailleurs plaidé en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des filles dans des secteurs critiques tels que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

Pour le Mexique, un moyen important d’atténuer les effets négatifs des nouvelles technologies et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) consiste à générer des « stratégies et des politiques appropriées », avec des « cadres réglementaires éthiques et inclusifs ».  Ces stratégies, politiques et cadres doivent aborder des questions telles que le droit à la vie privée, la « cyberintimidation », la liberté d’expression, la désinformation, le racisme, la xénophobie, les discours de haine, la cybercriminalité, le commerce électronique, la cybersécurité ainsi que l’autonomisation en ligne des femmes et des filles, a énuméré le représentant.  Les mêmes droits que ceux dont jouissent les personnes hors ligne doivent également être protégés en ligne, a insisté le délégué mexicain.

M. ADRIAN DOMINIK HAURI (Suisse) a souligné que les leçons à tirer de ces derniers mois difficiles devraient permettre de mieux anticiper les prochaines crises afin de bâtir un monde résilient.  C’est l’occasion de se réorienter vers un modèle de société plus inclusif et durable, en mettant en œuvre le Programme 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Quant à la Deuxième Commission, elle doit continuer à donner les orientations normatives sur les enjeux globaux liés au développement durable et les États Membres doivent faire leur maximum en faveur du compromis et du consensus, a plaidé le délégué, ajoutant que le travail de la Commission doit être recentré sur les résolutions qui ont le plus d’impact dans la mise en œuvre effective de ces deux feuilles de route.

La Suisse est prête à s’engager avec force afin de lutter contre la pauvreté, éliminer les inégalités et les discriminations, prévenir et répondre aux catastrophes, réduire l’impact des changements climatiques et la dégradation de la biodiversité et soutenir la transformation des systèmes alimentaires, a dit la délégation, pour ne citer que quelques thèmes d’actualité.  Tous ces défis ne peuvent être résolus en silo et de solides partenariats sont fondamentaux, a ajouté le représentant.  Sachant que l’engagement pour le développement durable doit nécessairement prendre en compte le contexte sécuritaire, la Suisse sera en 2022, pour la première fois, candidate à un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.  Elle continuera d’œuvrer au sein du Conseil pour l’humanité, le développement durable, le multilatéralisme, l’innovation et la paix.

Le représentant a également attiré l’attention sur les données et statistiques de qualité, indiquant accueillir le prochain Forum mondial des Nations Unies sur les données à Berne ce mois-ci.  La Suisse mise sur l’évolution technologique et la numérisation, qui offrent la possibilité d’accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), tout en permettant une plus grande transparence.  Estimant toutefois que le monde virtuel ne doit pas être une zone de non-droit, la Suisse s’implique au sein de l’Assemblée générale pour la promotion d’une conduite étatique responsable et l’application du droit international dans le cyberespace, a précisé le délégué.

Nous avons besoin d’une feuille de route mondiale ambitieuse, a insisté M. FAHMID FARHAN (Bangladesh), soulignant que les pays en développement faisaient face à deux risques majeurs, la pandémie et les changements climatiques.  Le représentant a appelé à un accès universel aux vaccins, à un coût raisonnable.  Le vaccin doit être considéré comme un bien public mondial, a-t-il martelé, en plaidant aussi pour l’augmentation de la production de vaccins.  Il a également rappelé l’appel de son gouvernement en faveur de la limitation de l’augmentation des températures.  Il faut un appui technologique plus fort en faveur de l’agriculture et des énergies renouvelables, a-t-il souligné, à cet égard.  Il a ensuite insisté sur la nécessité d’utiliser les technologies numériques pour combler les fossés dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Nous appuyons la proposition du Secrétaire général de parvenir à un pacte numérique mondial, permettant de connecter tout le monde à Internet, a ajouté le représentant.

M. Farhan a ensuite appelé à se préoccuper de la situation du genre et de l’écologie et a exprimé son inquiétude quant à l’impact de la pandémie sur les femmes.  Les mesures de redressement post-COVID doivent tenir compte de ces questions, a-t-il incité, soulignant qu’au Bangladesh, les femmes sont placées au centre de la réponse à la pandémie.  Enfin, les sources de financement extérieur ont baissé fortement pour de nombreux pays en développement, a-t-il souligné, en recommandant de revitaliser les sources de financement, y compris grâce à l’aide publique au développement et aux financements privées.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur l’impact de la pandémie sur les travailleurs migrants et les envois de fonds.  Nous voulons qu’ils bénéficient d’un appui pendant cette période, a-t-il conclu.

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a énuméré les inégalités révélées par la pandémie de COVID-19 qui a agi comme « un rayon X ».  Il a dénoncé une situation « d’apartheid vaccinal » et souligné que des milliards de dollars avaient été injectés dans les économies des pays développés, et non dans les pays en développement.  Les pays qui ont contribué le moins à la dégradation de l’environnement portent le plus gros du fardeau des effets des changements climatiques, a-t-il également accusé.  Avec ces tendances actuelles, nous ne parviendrons pas à atteindre la plupart des objectifs de développement durable (ODD), a insisté le représentant.  Évoquant le plan d’action proposé par le Premier Ministre du Pakistan, il a appelé à veiller à l’équité vaccinale et à doubler la production de vaccins.

Le fardeau de la dette des pays en développement doit être allégée notamment grâce à la participation du secteur privé et à l’annulation de la dette, a-t-il demandé, en plaidant aussi pour une assistance concessionnelle.  Selon le délégué, au moins 150 milliards de dollars des droits de tirages spéciaux (DTS) doivent aller aux pays en développement.  Le coût des emprunts des pays en développement doit aussi être réduits, a-t-il incité.  Le délégué a également appelé à mettre fin aux flux financiers illicites, espérant que la Deuxième Commission agisse à cet égard.  Il a aussi attiré l’attention sur les refuges fiscaux.  Le représentant a également plaidé en faveur du maintien du financement de la lutte contre les changements climatiques et appelé à des efforts concertés pour éviter les tendances protectionnistes.  Il a aussi souligné la nécessité de développer l’intégration à l’économie mondiale numérique

M. SALIM SALIM (Kenya) a indiqué qu’alors que le Kenya a pris des mesures rapides pour amortir les impacts de la pandémie sur différents secteurs de l’économie, les perturbations des activités socioéconomiques ont été sérieuses, aggravant la pauvreté et les inégalités de revenus.  Pour reconstruire avec succès, il a recommandé de donner la priorité à un accès mondial équitable aux vaccins.  S’agissant du financement du développement, qui reste un défi majeur pour les pays en développement, en particulier en Afrique, il a plaidé pour des changements structurels concertés dans l’ordre économique mondial pour permettre une augmentation significative des investissements dans les pays en développement.

Alors que la pandémie actuelle a démontré le besoin urgent d’éliminer la fracture numérique, le délégué a demandé instamment une coopération numérique internationale accrue par le transfert de technologies appropriées et le renforcement des capacités dans ce domaine.  En tant qu’économie fondée sur la nature, le Kenya continue de rechercher des solutions vertes et bleues qui créeront des emplois et une prospérité partagée pour les jeunes générations, a-t-il poursuivi.  Nous avons également identifié une gamme de priorités d’adaptation basées sur les océans pour intégrer des solutions climatiques basées sur les océans, a-t-il indiqué.  Il a dit espérer que la COP26 sur le climat aboutira à des actions concrètes sur le financement de l’adaptation.  En outre, le Kenya se félicite de la commémoration du cinquantième anniversaire de la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), de la réunion de haut niveau sur l’agenda urbain et de la réunion internationale Stockholm+ 50, des réunions prévues respectivement en mars, avril et juin 2022.  Avec le Portugal, le Kenya s’est dit impatient de coorganiser la Conférence des Nations Unies sur les océans 2022 du 27 juin au 1er juillet 2022.

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a dit soutenir la reconnaissance mutuelle des vaccins approuvés au niveau national par des autorités de contrôle, afin de pouvoir favoriser la levée, dans les meilleurs délais, des restrictions pesant sur les voyages internationaux.  Il a rappelé que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires récemment organisé avait souligné le besoin de transformer le secteur agro-alimentaire afin d’en faire la locomotive du retour à la trajectoire de la mise en œuvre rapide des objectifs de développement durable (ODD).  Pour y parvenir, il a prôné une agriculture efficace, utilisant des technologies abordables et durables, afin d’éradiquer la pauvreté.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, il a appelé à de nouveaux objectifs ambitieux et la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Le délégué a indiqué que son gouvernement termine actuellement l’élaboration de sa stratégie de développement socioéconomique avec un faible niveau d’émissions de gaz à effet de serre.  Nous sommes favorables à l’accroissement du rôle des régions dans le cadre de la coopération financière et technologique internationale, a-t-il dit.  À cet égard, il a évoqué le projet de construction du Grand partenariat eurasien proposé par le Président Poutine.  Il a également cité le mégaprojet régional intitulé « la ceinture et la route ».  Le représentant a par ailleurs dénoncé les mesures coercitives imposées aux pays en développement.

Enfin, le représentant a défendu la Deuxième Commission en tant que plateforme de consensus entre tous les États Membres de l’ONU sur les questions les plus importantes du développement.  Il a donc regretté cette tendance à saper sa capacité à aboutir aux décisions consensuelles.  Il a aussi dénoncé un déséquilibre dans la sélection des modérateurs et des panélistes clefs, en particulier en dehors du système des Nations Unies.  « Assez souvent, ces personnages représentent le même groupe régional » et agissent sur les schémas des talk-shows, s’autorisant des commentaires très controversés en ce qui concerne les pays, les gouvernements et les peuples individuels, a-t-il décrié.  Il a ainsi exhorté le Secrétariat à adopter une approche plus prudente afin de faire la sélection de modérateurs et de panélistes « appropriés ».

M. HASAN BADRI MHALHAL AL-KHALIDI (Iraq) a déclaré qu’il importe de poursuivre les efforts solidaires de la communauté internationale visant à relever les défis posés par la pandémie de COVID-19 qui n’a épargné aucun pays.  Il a rendu hommage aux travailleurs de la santé, aux agents humanitaires et aux chercheurs scientifiques, ainsi qu’aux volontaires qui, aux quatre coins du monde, n’ont cessé de sauver des vies au péril de la leur.

Le représentant a signalé qu’en dépit de l’attachement sans faille de son pays aux objectifs de développement durable, celui-ci avait signalé, dans son rapport volontaire au Forum politique de haut niveau 2021, que les répercussions de la pandémie, le fardeau de la lutte contre le terrorisme et la baisse tant de la production nationale que du prix du pétrole étaient autant de défis à relever pour le budget national en 2020.

Partant, il s’est félicité de la deuxième Réunion sur les objectifs de développement durable, tenue lors du Sommet de haut niveau de l’Assemblée générale, qui a permis de se focaliser sur les mesures urgentes à prendre en vue de l’élimination de la COVID-19.  Il a également salué la réunion sur l’objectif 7 de développement durable: « garantir l’accès à tous à des services énergétiques », ainsi que le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.  Le représentant a attiré l’attention sur les tempêtes de sable et de poussière, chaque fois plus fréquentes, avant d’insister sur la mise en œuvre de l’objectif 17 de développement durable: « renforcer les moyens de mettre en œuvre les partenariats », notamment pour la reconstruction et la pérennisation du développement.

Face aux conséquences de la pandémie, Mme HIBA JAFAAR ABUBAKR ABUHAJ (Soudan) a demandé de recibler les efforts afin de permettre une approche plus précise et plus souple pour permettre la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a aussi demandé de soutenir les efforts du Soudan pour renforcer sa sécurité alimentaire, ce qui correspond à l’objectif 2 des ODD, par exemple par un transfert de technologies et de capacités.

Rappelant par ailleurs que les États-Unis ont retiré depuis 2020 le Soudan de la liste des États sponsorisant le terrorisme, il a fait valoir que cela lui permet de bénéficier des initiatives pour les pays lourdement endettés et de mettre en place sa réforme socioéconomique.  La Banque mondiale lui a accordé 2 milliards de dollars en ce sens et la représentante a assuré que les réformes ont commencé à porter leurs fruits, avec par exemple une baisse de l’inflation.

M. EMIL BEN NAFTALY (Israël) a fait savoir que le Gouvernement d’Israël a apporté son soutien à plusieurs initiatives dans la lutte contre les changements climatiques, notamment dans le cadre de la préparation de la COP15 sur la biodiversité.  Et dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, son système de santé numérisé fournit des informations sur l’efficacité vaccinale, les populations à risque ou encore les variants.  Les technologies de l’information et de la communication (TIC) se sont révélées être des outils essentiels pour parvenir au développement durable dans de nombreux autres domaines, a fait observer le délégué, évoquant par exemple l’entrepreneuriat au niveau local et l’accès aux services financiers dans les pays en développement.  Beaucoup de ces pays étant très dépendants de l’agriculture, Israël parraine une résolution biennale sur la technologie agricole pour le développement durable, a-t-il rappelé.  En effet, les nouvelles technologies peuvent améliorer l’efficacité de la production et les revenus des producteurs, renforcer la sécurité alimentaire, réduire les déchets et la pression sur l’environnement.

Le délégué s’est par ailleurs félicité des progrès vers la normalisation des relations d’Israël avec ses voisins et de la mise en place de nouveaux partenariats avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan.  Il a ajouté que cette évolution stimulera les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable et qu’elle devrait servir d’exemple.

Selon M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), résoudre la catastrophe sanitaire en cours dépendra de la collaboration et de la solidarité internationale.  À cette fin, l’accès aux vaccins doit être assuré à chacun dans le monde, a-t-il estimé.  La crise actuelle a rappelé la nécessité de mettre en œuvre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-il souligné, en attirant l’attention sur les pays les plus durement touchés, ceux en situation particulière: pays en développement sans littoral, petits États insulaires en développement (PEID), pays les moins avancés (PMA) et pays à revenu intermédiaire.  Leurs ressources fiscales sont à sec, c’est pourquoi l’aide publique au développement, le fonds climatique, entre autres, doivent être renforcés, selon le délégué népalais.

Les changements climatiques se poursuivent, met en garde le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Or, la communauté internationale est en train de faillir à remplir les objectifs de l’Accord de Paris, s’est inquiété le représentant.  Il a déploré que le Népal, en tant que pays vulnérable, en pâtisse le plus, alors qu’il n’a jamais émis beaucoup de gaz à effet de serre dans son Histoire.  Devenir neutre en carbone d’ici à 2050 coûterait seulement 28 milliards de dollars au Népal, a-t-il illustré.  Enfin, le délégué a misé sur les nouvelles technologies numériques, fort prometteuses, mais aussi risquées: elles peuvent contribuer à la réalisation des ODD, mais aussi propager les discours de haine.  Il a, quoi qu’il en soit, jugé urgent de combler le fossé numérique.

M. GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie) a évoqué le rôle de la culture et de « l’économie orange » dans la relance de l’économie comme de bonnes opportunités s’offrant à la communauté internationale pour réaliser le Programme 2030.  Il a aussi appelé au renforcement des capacités et de la coopération Sud-Sud dans le cadre des processus de relance.  Concernant les politiques macroéconomiques, le délégué a remarqué que plusieurs pays avaient mis en œuvre des politiques fiscales ambitieuses.  La Colombie a récemment adopté une « loi sur le développement social » qui envisage la gratuité des inscriptions à l’université pour les plus pauvres, ainsi que l’octroi d’un revenu de base en faveur des plus vulnérables.

Bien que la Colombie ne soit pas un gros pays émetteur de gaz à effet de serre, elle est très vulnérable aux changements climatiques, a enchaîné le représentant.  Il a annoncé que la Colombie s’était engagée à réduire de moitié ses émissions d’ici à 2030 et à devenir neutre en carbone d’ici à 2050.  L'orateur a réclamé un cadre efficace pour relever les défis climatiques et a demandé de mettre en œuvre une « relance économique verte », préservant la nature.  Il faut « produire en préservant; préserver en produisant », a résumé le délégué en conclusion.

M. MOHAN PIERIS (Sri Lanka) a souligné l’importance plus grande que jamais des travaux de la Commission en ces temps de pandémie qui a exacerbé les inégalités.  La Sri Lanka fait face à une pression financière dévastatrice due à la pandémie, a-t-il témoigné, expliquant que le pays utilise des réserves pour financer le redressement économique et social, tout en investissant dans le développement des infrastructures.  Mais la clôture des frontières dans le monde entier ont conduit au déclin des réserves du pays, a-t-il précisé.  La Sri Lanka a donc établi de nouvelles priorités dans ses dépenses, se concentrant sur une approche fondée sur les droits: il offre un accès continu à une éducation et des soins de santé gratuits, à une assistance sociale et à des programmes d’appui aux activités commerciales.  Le plan de reprise économique s’élève à 774 millions de dollars américains, a-t-il précisé.  Citant ensuite les différents programmes mis en place à Sri Lanka, le représentant a insisté sur ceux qui fournissent une aide financière d’urgence et une aide alimentaire essentielle pour les foyers à bas revenu.  Il a également ajouté que la Banque centrale de la Sri Lanka a introduit différents programmes de prêt financier concessionnel à des banques commerciales et spécialisées.

Nos efforts de redressement doivent être appuyés par une forte volonté politique, a-t-il ensuite insisté.  Le représentant a demandé que les pays respectent leurs engagements en termes d’aide publique au développement.  Nous demandons aux institutions financières internationales d’être flexibles et transparentes dans leur financement, en rejetant notamment l’imposition de valeurs dans sa fourniture de financement.  Enfin, le représentant a appelé à réfléchir aux causes profondes de la crise actuelle.  Une reprise mondiale n’est pas possible si la moitié du monde continue de faire face à des confinements ou à des vagues de COVID-19, a-t-il conclu.

Mme. ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a souligné que les investissements du pays avaient été déterminants pour atténuer les effets de la pandémie au Qatar.  Elle a salué le rôle joué par la compagnie Qatar Airways dans le rapatriement de passagers, d’une part, et le transport de denrées alimentaires et d’outils de lutte contre la pandémie à des dizaines de pays, d’autre part.

La représentante s’est ensuite réjouie d’accueillir la cinquième Conférence des Nations Unies sur les Pays les moins avancés (PMA) qui se tiendra à Doha en janvier 2022.  « Nous aspirons à ce que cette conférence permette de concevoir une voie ambitieuse pour le redressement post-pandémie. »  La représentante s’est dit ensuite convaincue de l’importance de travailler ensemble pour lutter contre les changements climatiques, notamment pour les pays les moins avancés.  Le Qatar est soucieux de contribuer positivement à l’aide humanitaire, a-t-elle ensuite souligné.  Saluant le rôle fédérateur des Nations Unies, la représentante a ensuite déclaré aspirer à l’ouverture de la Maison des Nations Unies à Doha, « plateforme de coopération pour tous les pays impliqués dans une action internationale commune ».

M. JÖRUNDUR VALTŸSSON (Islande) a appelé à se réengager à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) plus rapidement et à grande échelle.  Dans l’immédiat, il faut contenir la propagation de la pandémie et aborder son impact socioéconomique, a-t-il recommandé.  Il a mentionné les inégalités dans la lutte contre la CODIV-19, que ce soit dans le cadre des vaccins ou concernant la reprise.  En effet, les pays à revenu élevé et macro économiquement résilients ont investi près de 28% de leur PIB dans la relance économique, tandis que moins de 2% des PMA ont pu le faire.  À moins que des mesures ne soient prises collectivement maintenant, la répartition inégale des vaccins de la COVID-19 et les différentes capacités des pays à faire face aux impacts socioéconomiques vont aggraver les inégalités et stopper la reprise, a-t-il prédit.  L’Islande s’est engagée à faire sa part en contribuant financièrement au Mécanisme COVAX et a commencé à partager des vaccins.  Pour mieux reconstruire, a préconisé le délégué, il faut relever les défis liés aux inégalités et placer l’égalité des genres au centre de notre démarche.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, l’Islande envisage atteindre la neutralité carbone d’ici à 2040, et depuis 2018, le pays a plus que doublé sa contribution au financement climatique international.  Enfin, pour s'assurer que la Deuxième Commission soit apte à remplir ses fonctions, le représentant a demandé la poursuite du processus de revitalisation, encourageant à nouveau les délégations à concentrer leurs efforts sur les résolutions qui ont le plus d’impact sur la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action Addis-Abeba.

M. GBOLIÉ DESIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé qu’avec les effets néfastes de la COVID-19 sur le développement économique, il est plus que jamais nécessaire de faire fond sur le multilatéralisme qui nous offre l’opportunité d’agir de façon solidaire pour tenter d’atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) et construire un monde plus sûr et plus résiliant afin de ne laisser personne de côté.  Nous devons, à cet égard, relever le niveau de nos ambitions en vue d’apporter des réponses pérennes aux défis liés au financement du développement, aux changements climatiques, à la perte de la biodiversité et aux inégalités sociales, tout en promouvant les droits humains, a-t-il recommandé.  Il a conseillé de faire porter les efforts communs principalement sur les actions urgentes, afin de se remettre rapidement de la pandémie.

Le représentant a souligné que la crise du financement du développement constitue une autre source de préoccupation qui commande des solutions concrètes et innovantes, si l’on veut construire durablement.  C’est pourquoi, la Côte d’Ivoire plaide pour une mobilisation accrue des financements aussi bien publics que privés afin de réduire les inégalités et la pauvreté notamment dans les pays en développement, en investissant prioritairement dans le capital humain, la protection sociale, les infrastructures et les technologies durables.  Outre la problématique de la soutenabilité de la dette, M. Kacou Adom a proposé de rechercher des solutions à long terme à la question des liquidités et à celle de la lutte contre le flux financiers illicites.  En dépit du contexte particulièrement difficile lié à la COVID-19, le Gouvernement ivoirien s’attèle à la mise en œuvre d’un Programme social à impacts rapides qui vise à réduire davantage le taux de pauvreté et à assurer une redistribution équitable des richesses.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a indiqué que le Paraguay avait lancé un nouveau cadre stratégique prenant en compte les effets de la pandémie.  S’agissant de la relance mondiale, il a estimé que garantir l’accès équitable et abordable à des vaccins efficaces constitue l’une des priorités principales, car c’est la seule manière de surmonter cette pandémie de manière sûre et durable.  Il s’est dit convaincu qu’il faut contribuer au renforcement normatif international sur la base des responsabilités partagées mais différenciées.  Pour le délégué, il convient également d’examiner les défis spécifiques auxquels sont confrontés les pays en situation particulière ainsi que les pays à revenu intermédiaire.

L’économie paraguayenne se fonde principalement sur la production d’aliments pour le monde, a-t-il expliqué, et un commerce ouvert, transparent et prévisible est nécessaire pour garantir la sécurité alimentaire mondiale, de même que les objectifs de développement durable.  Les changements climatiques sont une menace pour ce commerce et aussi pour la génération d’énergie, a-t-il rappelé.  Le représentant a donc plaidé pour le respect de l’Accord de Paris et pour un soutien renforcé aux pays les plus menacés par la crise climatique.

M. ENRIQUE AUSTRIA MANALO (Philippines) a mis l’accent sur les inégalités d’accès au vaccin, qui ne peuvent se justifier sur le plan moral.  Il a plaidé pour un transfert de technologies afin d’assurer la production locale de vaccins.  Le soutien aux pays en développement est nécessaire pour faire face à la pandémie, a insisté le représentant.

Passant à la question des changements climatiques, il a estimé qu’une action climatique ambitieuse est nécessaire.  Pour sa part, le Président des Philippines a placé un moratoire sur toutes les constructions de nouvelles centrales à charbon, a fait valoir le représentant qui s’est dit impatient de voir des résultats concrets à l’issue de la COP26 à Glasgow.

Mme CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a souligné la nécessité d’une équité vaccinale face à la pandémie de COVID-19.  Cette pandémie devient de plus en plus la pandémie des non-vaccinés, a-t-elle asséné.  Et malheureusement, la plupart des non-vaccinés se trouvent dans les pays en développement, à cause de l’inaccessibilités aux vaccins dans les pays les plus pauvres, a-t-elle ajouté.  Face à tous ces défis, elle a jugé injuste que les pays riches puissent emprunter à faible coût pour relancer leurs économies alors que les autres ne font que survivre.  Elle a rappelé que les gouvernements des pays en développement devaient choisir entre intervenir pour faire face à la situation sanitaire ou lutter contre la pauvreté.  Évoquant ensuite la question des changements climatiques et la prochaine COP26, elle a appelé à ce que des solutions basées sur la nature soient intégrés aux efforts de relance.

L’élimination de la pauvreté doit rester une priorité de la Deuxième Commission, a insisté la représentante, appelant à une réforme de l’architecture financière internationale.  Le financement à long terme doit être augmenté et nourri de sources publiques et privées, internationales et nationales, pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle aussi demandé.  La représentante du Ghana a également souhaité qu’on n’utilise pas seulement le PIB pour mesurer le développement des pays, demandant qu’on mette à jour les paramètres utilisées.  Enfin, elle a réaffirmé son attachement à l’Agenda 2063 de l’Union africaine qui vise notamment à intégrer la jeunesse au secteur formel de l’emploi.

M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI (Zimbabwe) a incité à accroître la résilience pour une meilleure préparation à des chocs futurs.  Il a appelé les délibérations de la Commission à s’orienter notamment vers la lutte contre la pandémie, la lutte contre les changements climatiques, la réduction des écarts numériques et la diminution de l’instabilité.  Un accès équitable aux vaccins est essentiel, a-t-il souligné, demandant que les vaccins soient considérés comme des biens publics.  Rappelant ensuite que l’élimination de la pauvreté reste le principal objectif du Programme 2030, il a souligné la nécessité du financement pour le développement.  La plupart des pays en développement, y compris le Zimbabwe, ont dû détourner des ressources prévues pour le développement pour lutter contre la COVID-19, a-t-il souligné.  Il est donc impératif de trouver des solutions financières pour venir en aide à ces pays dans le cadre des efforts de relance, a-t-il appuyé, précisant que cela devait inclure le respect des promesses en matière d’APD.  Il a également cité le problème d’accès difficile aux marchés et celui des flux financiers illicites.  Nous devons mettre en place des paquets économiques efficaces qui intègrent l’allégement de la dette, a-t-il réclamé.

Évoquant les changements climatiques, il a rappelé que le Zimbabwe avait été confronté à la réalité brutale de ces changements, notamment lors des inondations catastrophiques de 2019.  La communauté internationale doit mettre en place des mécanismes permettant aux pays de réagir de manière efficace, a-t-il estimé, soulignant aussi la nécessité de repenser les instruments de lutte à la disposition des pays.  Le Zimbabwe est un pays en développement sans littoral, a-t-il enfin rappelé.  L’agriculture reste le volet essentiel de notre économie et des efforts sont développés pour réduire notre dépendance vis-à-vis de l’agriculture pluviale, a-t-il conclu.

M. AHMED SAHRAOUI (Algérie) a rappelé que tous les États ne sont pas égaux face à la pandémie.  Il a donc appelé à une révision de l’ordre mondial, notamment sur les volets commerce et économie.  Lutter contre la pandémie et pour le relèvement, sont deux actions importantes pour réaliser le développement durable et assurer un meilleur avenir, a-t-il estimé en, recommandant avant tout de s’atteler à une distribution efficace des vaccins.  Si certains États ont réalisé leurs objectifs, d’autres, surtout les pays les moins avancés, sont à la traîne, a noté l’orateur qui a appelé les États en capacité de produire des vaccins à en fournir à ceux qui n’en ont pas, et à faire des vaccins un bien public mondial.  L’Algérie a justement démarré une production nationale de vaccins, et espère rapidement vacciner la majorité de sa population, a-t-il annoncé.

Jugeant nécessaire que les pays en développement bénéficient des progrès numériques notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, sans quoi les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) n’aboutiront pas, le délégué a déclaré que l’Algérie avait mis en place un fonds pour soutenir ses petites entreprises afin de favoriser la relance économique.  Concernant les changements climatiques, il a appelé à davantage de coordination pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris.  L’Algérie a mis en place, à titre national, une stratégie favorisant les énergies renouvelables, financée par 3,6 milliards de dollars, pour produire 4.000 Mégawatts d’énergie renouvelable à l’horizon 2024.  En 2020, l’Algérie était déjà le troisième pays producteur d’énergie renouvelable du continent africain, a fait valoir le délégué.

Mme MERIEM EL HILALI (Maroc) a déclaré que depuis l’adoption du Programme 2030, le Maroc s’était engagé dans un processus de mobilisation collective aux niveaux national et international.  Au niveau national, il a développé un programme ambitieux et a consacré le développement durable comme valeur constitutionnelle, renforçant son cadre juridique, rédigeant une charte et un plan énergétique solaire.  La représentante a également cité, entre autres, le « Plan Maroc Vert » pour l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Le cadre institutionnel marocain a été renforcé, avec une commission nationale pluridisciplinaire dédiée au développement durable, a-t-elle aussi indiqué.  En outre, a-t-elle ajouté, le Gouvernement s’est attelé à sensibiliser sa population, y compris la jeunesse, à la thématique du développement durable.

La déléguée a souligné l’importance d’un financement prévisible et diversifié pour réaliser les 17 objectifs de développement durable (ODD).  Elle a ensuite évoqué une « trajectoire ascendante et un développement sans précédent » de son pays.  De plus, dès l’apparition de la pandémie, le Maroc a développé une riposte volontariste, avec la création d’un fonds spécial pour lutter contre la pandémie et un fonds de soutien aux TPE-PME.  Le pays a enregistré un taux de croissance économique de 5,8% en 2021 grâce à la réouverture graduelle de son économie nationale.  Enfin, face à une menace de crise alimentaire en Afrique à la suite de la récession, le Maroc tente de dynamiser la coopération au niveau continental, a déclaré la représentante.

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a estimé que la pandémie appelle à renforcer les efforts pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), notamment le premier qui vise l’éradication de la pauvreté.  Pour faire face à la pandémie, elle a invité la communauté internationale à œuvrer pour que les droits de la propriété intellectuelle soient mis en berne afin que les pays en développement puissent fabriquer les médicaments et vaccins contre la COVID-19.  En ce qui concerne les engagements pris dans le cadre du partenariat pour le développement, la représentante a affirmé que les ODD ne seront réalisés que par le biais d’un partenariat efficace.

La réduction de la fracture numérique pourrait aussi favoriser l’essor des pays en développement, a-t-elle noté.  La représentante a également souligné l’importance de l’accès à des sources d’énergie durables pour la relance économique dans les pays en développement.  Enfin, Mme YYYY a dit que dans le contexte de la reconstruction, le multilatéralisme est plus que jamais crucial.

M. DAI BING (Chine) a appelé à combattre la pandémie en se concentrant sur les êtres humains.  Il a aussi appelé à lutter contre le nationalisme vaccinal.  Dans le cadre de la reprise économique post-pandémie, le délégué a estimé que les besoins des pays en développement doivent être au centre des efforts de la communauté internationale.  Pour la Chine, les États doivent considérer le relèvement comme une occasion de promouvoir la transition verte.  De même, la COP26 doit permettre de forger un consensus sur l’action climatique, a espéré le délégué.  Selon lui, il faut désormais bâtir une économie mondiale ouverte, s’appuyant sur les coopérations Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire, tout en donnant davantage voix au chapitre aux pays en développement dans les instances internationales.  C’est dans cette optique que la Chine propose une initiative de coopération internationale pour le développement et elle invite tous les États à s’y associer, a conclu l’orateur.

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a observé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les fortes inégalités et les différences structurelles préexistantes au sein des pays et entre eux, anéantissant les progrès réalisés.  Lorsque les pays en développement en avaient le plus besoin, nous avons vu un multilatéralisme faible et limité, et une coopération internationale insuffisante, a lancé le représentant, évoquant notamment l’accès très inégal aux vaccins.  Selon lui, la crise ne sera surmontée que si les États respectent leur engagement en faveur de la préservation, de la promotion et du renforcement du multilatéralisme, et non pas par des actions unilatérales, isolationnistes, protectionnistes et coercitives.

Les problèmes globaux nécessitent des solutions globales et multilatérales au bénéfice de tous, a martelé le délégué.  L’humanité dispose des connaissances et des ressources suffisantes pour mettre fin à la pauvreté et permettre une croissance économique soutenue et inclusive, le développement social et la protection de l’environnement, a-t-il fait observer, avant de regretter que la majorité des États les plus développés manquent de volonté politique pour honorer leurs engagements internationaux, par exemple en termes d’APD.  S’agissant des changements climatiques qui menacent la survie de l’humanité, le délégué a appelé à respecter l’Accord de Paris et le principe des responsabilités communes mais différenciées, en mobilisant les ressources nécessaires à l’adaptation et à l’atténuation.  Il a appelé les pays développés à respecter leur promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à cette fin pour les pays en développement.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a fait observer que la pandémie de COVID-19 mine les efforts des pays en développement pour résoudre des problèmes tels que la pauvreté, les inégalités, la faim, la malnutrition, le chômage, le manque d’accès aux soins de santé et les changements climatiques.  Aussi a-t-il plaidé pour un renforcement du multilatéralisme, pour la coopération et la solidarité internationale, invitant à déclarer le vaccin comme un bien commun de l’humanité et à en assurer une distribution équitable pour toutes les populations du monde.  Pour M. Castillo, la pandémie a mis en évidence la nécessité de créer un nouveau modèle économique international, fondé sur l’inclusion, l’équité, la justice sociale, l’égalité et se donnant pour priorités l’élimination de la pauvreté et l’accès aux services de santé comme droits universels de l’humanité.

Pour atteindre l’objectif 1 du Programme 2030, c’est-à-dire l’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes, les pays développés doivent respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement, a rappelé M. Castillo.  Il a fait savoir que le Nicaragua a mis en place diverses politiques, qui ont permis de réduire la pauvreté générale: entre 2009 et 2017, celle-ci est passé de 42,5 à 24,9%, et la pauvreté extrême de 14,6 à 6,9%.

RÉUNION VIRTUELLE SUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) A/76/234

Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition A/76/73–E/2021/51 A/76/233

Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif au sein du Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport intitulé « Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/76/234).

Ses conclusions indiquent que les défis économiques et sociaux croissants ainsi que les effets de la crise de la COVID-19 et des changements climatiques exigent des politiques axées sur des mesures intégrées, inclusives et durables qui ne laissent personne de côté, pour un relèvement rapide, meilleur et durable.

Selon les conclusions du rapport, les pays devraient saisir l’occasion donnée par la crise de réajuster les politiques socioéconomiques afin de stimuler la reprise, notamment au moyen d’une réaffectation des ressources publiques visant à protéger les personnes vivant dans la pauvreté ou en situation de vulnérabilité.  Ils devraient aussi investir dans l’agriculture, soutenir les petits exploitants agricoles, préserver l’aide alimentaire et nutritionnelle humanitaire et promouvoir l’inclusion financière, en particulier dans les zones rurales.

En vue de parvenir à la couverture sanitaire universelle, les pays devraient mettre en place des systèmes de santé plus solides en investissant dans les infrastructures sanitaires.  Enfin, pour parvenir à la couverture universelle et s’attaquer aux risques et vulnérabilités auxquels sont confrontés les individus tout au long de leur vie, les gouvernements devraient mettre en place des systèmes de protection sociale adaptés à la réalité de chaque pays.

Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 A/76/239

M. MARCO SÁNCHEZ, Directeur adjoint de la Division de l’économie agroalimentaire de la FAO, a présenté le rapport du Secrétaire général de l’ONU intitulé « Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/76/239).  Le rapport souligne que 70% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) concernent les zones rurales.  Il note que 80% des pauvres vivent dans les zones rurales qui n’abritaient pourtant que 48% de la population mondiale selon des données de 1998.  Le rapport indique que si la plupart des nouveaux pauvres issus de la pandémie de COVID-19 sont surtout localisés en ville, le nombre de pauvres de la COVID-19 qui sont localisés en zones rurales sera à terme plus grand au fur et à mesure que les données seront collectées.  Le rapport conclut qu’une action transformatrice est nécessaire pour réduire la fracture urbaine et rurale.

M. SHANTANU MUKHERJEE, de la Division pour les objectifs de développement durable du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a présenté le rapport (A/76/216) du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.

Après avoir rappelé que l’élimination de la pauvreté et de la faim est une priorité du Programme 2030, il a indiqué que la pandémie de COVID-19 menace d’anéantir des décennies de progrès en ce sens.  Les dernières estimations indiquent en effet que 124 millions de personnes de plus ont été poussées vers la pauvreté en 2020, ce qui inverse la tendance à la baisse qui durait depuis deux décennies.

De nouvelles projections confirment par ailleurs que la faim dans le monde ne sera pas éliminée d’ici à 2030 à moins qu’une action ambitieuse pour accélérer les progrès et lutter contre les inégalités dans l’accès à la nourriture soit entreprise.  Dans le contexte de la pandémie, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde continue d’augmenter, avec 161 millions de plus en un an.

Dans le même temps, les pratiques agricoles actuelles contribuent de manière importante aux changements climatiques et à la perte de biodiversité.  Il est nécessaire de mieux gérer les liens entre les systèmes alimentaires et la santé humaine, étant donné la prévalence de zoonoses comme la COVID-19.

Tous ces défis interdépendants à la durabilité et leurs liens avec les systèmes agro-industriels ont été reconnus le mois dernier lors du Sommet alimentaire mondial, durant lequel la nécessité d’une action urgente et transversale a été soulignée.

Le rapport donne un aperçu des grandes difficultés rencontrées par les systèmes agro-alimentaires et des perspectives d’une transformation qui permettrait de progresser dans l’exécution des engagements pris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris.  Des changements de politique bien ciblés, fondés sur des données probantes et scientifiques, ainsi que l’investissement dans la transformation des systèmes agro-alimentaires peuvent contribuer à renforcer la résilience face aux chocs futurs et à accélérer une reprise verte et inclusive après la pandémie, conclut le rapport.

M. MAXIMO TORERO CULLEN, économiste en chef au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est intervenu au sujet du point sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.  Il a rappelé qu’en 2020, 811 millions de personnes ont souffert de la faim et 3 milliards de personnes n’ont pas eu accès à une alimentation saine.  Il a expliqué que le monde n’est pas en mesure de fournir une alimentation suffisante et saine pour tous, du fait de l’incidence de la pandémie et des modes actuels de production.  Des systèmes agro-alimentaires plus résistants sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a déclaré M. Cullen.

Mme MARCELA VILLAREAL, Directrice du Bureau des partenariats, des activités de plaidoyer et du renforcement des capacités de la FAO, a présenté la Note du Secrétaire général sur la mise en œuvre des activités relevant de la Décennie des Nations Unies pour l’agriculture familiale (2019-2028) (A/76/233).

Mme Villareal a relevé que pendant la période biennale 2019-2020, 8 pays ont approuvé des plans d’action nationaux sur l’agriculture familiale, 4 autres ont entrepris la rédaction de tels plans et 33 ont enregistré des progrès considérables pour ce qui est de mobiliser les acteurs qui participeront à l’élaboration de ces documents.  Plus de 65 mécanismes de coordination intersectorielle, comme des comités nationaux pour l’agriculture familiale ou d’autres instances multipartites de dialogue politique, ont été créés ou renforcés afin d’atteindre des cibles et des objectifs cohérents.

Poursuivant son énumération, Mme Villareal a évoqué 85 lois, politiques et règlements ayant un rapport avec l’agriculture familiale qui ont été élaborés et approuvés.  La plupart vise à atténuer les effets de la pandémie de COVID-19 sur l’agriculture familiale et à promouvoir des approches axées sur ce type d’agriculture pour résoudre les enjeux relatifs aux systèmes alimentaires.  Au cours des deux prochaines années, a-t-elle conclu, il serait souhaitable de changer d’échelle, d’augmenter les investissements et d’apporter un appui plus efficace dans ce domaine.  Elle a aussi appelé à renforcer le dialogue stratégique et la cohérence des politiques, tout en multipliant les engagements nationaux.

Fibres végétales naturelles et développement durable

M. BOUBAKER BEN-BELHASSEN, directeur de la Division du commerce et des marchés de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a évoqué le point consacré aux fibres végétales naturelles et au développement durable.  Il a souligné que les fibres naturelles font partie des plus anciennes industries du monde et qu’elles sont au cœur du Programme 2030, car elles contribuent à l’objectif d’éliminer la pauvreté, la faim et de renforcer la gestion et l’utilisation durables des ressources naturelles.  La production et l’exportation de ces fibres procurent une source de revenus à des dizaines de millions de personnes dans le monde.  Mais la production fait face au défi de trouver un équilibre entre croissance et durabilité, a-t-il indiqué.

Selon des données récentes, la valeur de production des fibres est d’environ 55 milliards de dollars et elle fait vivre quelque 40 millions de foyers, sans compter les travailleurs saisonniers.  Guidée par l’année internationale des fibres naturelles en 2009 et la résolution de l’Assemblée générale sur les fibres végétales naturelles et le développement durable en 2019, la FAO a, avec ses partenaires, sensibilisé aux caractéristiques économiques, sociales et environnementales et à l’importance des fibres naturelles.  La FAO soutient aussi les pays dans la mise en œuvre d’un plan d’action visant à promouvoir un secteur d’activité plus résilient et plus durable.

Discussion interactive

La représentante du Costa Rica a posé une question aux rapporteurs au sujet de l’agriculture familiale.  Étant donné l’impact de la pandémie sur les femmes, que peut faire la Deuxième Commission pour mettre en avant la Décennie sur l’agriculture familiale en cours?

« La Décennie a son propre plan d’action global avec des piliers transversaux », a répondu une rapporteuse de la FAO.  Pendant les deux premières années de la décennie, des résultats très concrets ont été atteints dans les pays tenant compte des questions de genre, avec un accès accru des femmes et des filles à diverses ressources.  Les ressources n’ont pas été faciles à trouver, a cependant concédé la haute-fonctionnaire, et la pandémie n’a pas aidé.  Les engagements de la FAO sont solides, mais les ressources manquent, a déclaré la représentante, qui en a profité pour lancer un appel à contributions.

Déclarations liminaires

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a salué le fait que l’extrême pauvreté soit passée de 1,9 milliard de personnes en 1990, à 969 millions en 2017.  Entre 1990 et 2015, le taux mondial de la pauvreté est passée de 36,2% à 10,1%.  Les progrès de ces dernières années ont toutefois été beaucoup plus lents, même avant la pandémie, et ils ont aussi été inégaux.  Dans la majorité des pays les moins avancés, l’extrême pauvreté est restée élevée - 32,2 % en 2019.  Les derniers chiffres laissent voir que 1,3 milliard de personnes vivaient encore dans la pauvreté en 2020, a noté le représentant.

Il a souligné que l’éradication de l’extrême pauvreté nécessite d’investir dans des politiques conformes au Programme 2030, au Programme d’action d’Addis-Abeba et à l’Accord de Paris sur le climat.  Le groupe a pris note des résultats du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui a proposé de nouvelles actions, solutions et stratégies innovantes pour transformer nos systèmes alimentaires et progresser dans tous les objectifs de développement durable (ODD).  La réduction de la pauvreté passe par l’augmentation de la capacité de production dans les pays en développement, a rappelé le G77.  Selon le Groupe, renforcer nos capacités productives et la diversification de nos économies conduira à la création d’emplois, à la création de richesse et à l’augmentation de la fiscalité pour la mise en œuvre de politiques sociales de lutte contre les inégalités.

De même, le commerce est un puissant moteur de développement économique et technologique, selon le G77.  Alors que nous cherchons à nous remettre de la pandémie, nous devons faciliter un accès équitable aux marchés pour les produits originaires du monde en développement, éliminer les subventions dans les pays développés, en particulier celles qui faussent les échanges agricoles, et éviter la création de nouvelles barrières commerciales sous prétexte de considérations environnementales.  Pour le G77, la voie du redressement doit reposer sur l’inclusion et la solidarité, c’est pourquoi le Groupe a exhorté les partenaires de développement à respecter leurs engagements de dépenser 0,7% de leur PIB à l’APD.

Le Groupe a estimé par ailleurs que des efforts doivent être faits pour la transformation de l’agriculture et des systèmes alimentaires, ainsi que pour l’autonomisation des populations rurales, des petits producteurs alimentaires, en particulier les femmes, les peuples autochtones, les agriculteurs familiaux, les éleveurs et les pêcheurs.  Le Groupe a réitéré son appel aux pays développés pour qu’ils honorent leurs engagements officiels d’assistance au développement par la fourniture de ressources financières et une assistance technique prévisibles.

Le représentant du Kazakhstan, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, s’est dit préoccupé, car aucun des objectifs pour 2030 en termes d’indicateurs de nutrition ne sera atteint, en raison de la pandémie et des changements climatiques.  Le déficit en eau est un problème grandissant, a-t-il noté.  Il a expliqué que si la proportion de la population pauvre dans les pays en développement sans littoral a baissé jusqu’en 2019, la pandémie a inversé cette tendance, aggravant la situation d’insécurité alimentaire dans les pays en développement sans littoral.

Ces pays font face à des problèmes complexes, du fait de leur manque d’accès à la mer, du coût des transports et de l’augmentation du coût des biens importés, a poursuivi le représentant.  Les prix alimentaires nationaux y sont plus volatiles que dans les pays côtiers et, de plus, ces pays sont davantage touchés par la désertification, les inondations et les glissements de terrain.

Le groupe s’est donc félicité des initiatives de la FAO et de sa stratégie de réduction des pertes alimentaires visant, entre autres, à réduire les pertes de récolte.  La FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et d’autres entités sont précieux pour les pays en développement sans littoral, qui travaillent pour développer une agriculture et des systèmes alimentaires soucieux du climat, et pour augmenter les aides aux petits fermiers.

Convaincu que la feuille de route pour une mise en œuvre accélérée du Programme d’Action de Vienne est nécessaire, l’orateur a jugé que seule une action collective, résolue, pourrait améliorer les choses.  Les pays en développement sans littoral ont enfin réclamé davantage de fonds pour limiter leurs vulnérabilités spécifiques, et appelé à mettre fin aux restrictions frontalières liées à la pandémie, qui ont, par ricochet, fortement dégradé le bien-être de leurs populations.

La pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions reste un défi, a souligné la représentante du Maroc, au nom du Groupe des États d’Afrique, appelant à la solidarité pour éliminer la pauvreté et la faim.  Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois est de la plus grande urgence pour les pays africains qui souffrent de la faim, de la désertification et autres défis climatiques, a-t-elle prévenu.  Un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, a lancé la représentante, soit plus du double des autres régions, ce qui confirme l’importance d’atteindre l’objectif 2 du Programme 2030 en Afrique.  Le groupe des États d’Afrique est convaincu qu’une agriculture durable a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire, en particulier en milieu rural.

De plus, les effets des changements climatiques sont importants en Afrique, raison pour laquelle il est également essentiel de renforcer les capacités et de développer l’agriculture, a poursuivi la représentante.  L’Afrique est déterminée à soutenir son développement par une bonne gestion des ressources à long terme, a assuré la déléguée, ajoutant que l’autonomisation des femmes est également essentielle.

Estimant que la transformation des systèmes alimentaires en Afrique sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim, le Groupe a renouvelé son appel à investir sur le continent dans ces systèmes, comme il l’a déjà fait au Sommet sur l’alimentation en septembre.

Enfin, si le fossé numérique est comblé, les technologies de l’information et de la communication (TIC) présentent un grand potentiel pour réduire l’empreinte carbone, atténuer les changements climatiques et assurer la sécurité alimentaire, a relevé la représentante.

La représentante du Cambodge, s’exprimant au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé que la pandémie rend l’objectif mondial de mettre fin à la pauvreté en 2030 impossible à atteindre.  Même avant cette crise sanitaire mondiale, les progrès vers l’objectif 1 de développement durable (ODD) avaient pris du retard et le monde n’était pas en passe de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030, a-t-elle rappelé.  La représentante a reconnu que la reprise économique de l’ASEAN reste fragile et qu’on constate une augmentation des cas de COVID-19 avec de nouveaux variants.  « Alors que la région s’efforce de maintenir l’élan de la reprise, le vaccin contre la COVID-19 reste la priorité. »  À cet égard, l’ASEAN a mis en œuvre le plan de redressement global qui sert de stratégie de sortie consolidée de la crise de la COVID-19, a indiqué la déléguée.  Elle a expliqué que ce cadre met l’accent sur le soutien aux groupes vulnérables, y compris les travailleurs informels, les femmes, et les jeunes.

En outre, a poursuivi la représentante, l’ASEAN a établi un Accord de partenariat économique régional global (RCEP) en novembre 2020, afin de favoriser la création d’emplois et l’expansion du commerce au cours de la période de relèvement post-pandémie.  L’ASEAN a également présenté le Plan directeur 2025 de la Communauté économique de l’ASEAN qui vise à approfondir le programme d’intégration économique et réaffirmé son engagement vers la mise en œuvre complète et efficace de la vision communautaire de l’ASEAN 2025.  De même, l’ASEAN entend soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) pour parvenir à un essor économique durable.  Enfin, la vulnérabilité et l’impact des changements climatiques sont une préoccupation majeure pour l’ASEAN qui est l’une des régions les plus exposées au monde aux impacts du phénomène, a rappelé la déléguée.

Le représentant des Fidji, s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a rappelé que le Programme 2030 faisait de l’éradication de la pauvreté une priorité, et que les systèmes alimentaires et agricoles étaient des instruments essentiels du développement durable.  La région pacifique a un rôle unique à jouer dans le secteur agro-alimentaire mondial, a-t-il reconnu, en expliquant qu’entre 50 et 70% des peuples de la région dépendent de la pêche, tandis que la région concentre 50% des prises mondiales de thon.

La pauvreté extrême y reste relativement faible, mais 1 personne sur 4 vit quand même sous le seuil de pauvreté, a reconnu le représentant.  Il a expliqué que la réduction de cette pauvreté passe par une politique de l'emploi.  Mais celle-ci ne sera pas suffisante, a-t-il prévenu, car la petite taille des pays du Forum, leur éloignement et l’incidence des catastrophes sur leurs économies les empêchent de développer une croissance digne de ce nom.  Le délégué a alerté sur le fait que l’augmentation des tempêtes, de l’élévation de la mer et de la désertification constitue un fardeau de plus en plus lourd.

L’orateur a appelé à des actions audacieuses pour corriger les inégalités d’accès à la nourriture.  Dans le cadre de la Stratégie 2050 pour le continent bleu, la région a accru ses réformes pour parvenir à la souveraineté alimentaire et augmenter sa résilience.  Le délégué a souhaité accélérer les efforts de numérisation et le développement des sciences, pour faire évoluer les systèmes agro-alimentaires des pays du Forum vers davantage de durabilité et de résilience.

La représentante du Thaïlande a souligné que la pandémie continue de mettre en évidence les faiblesses de nos systèmes et d’augmenter la pauvreté et la faim.  Comme producteur de denrées alimentaires, la Thaïlande estime que davantage peut être fait pour modifier les systèmes agro-alimentaires et fournir davantage d’aliments aux populations.

Pour ce qui concerne les politiques nationales, la Thaïlande a lancé un programme pour garantir un accès équitable à une nourriture suffisante et saine et a adopté un modèle biocirculaire, qui met l’accent sur des technologies de pointe pour une agriculture plus durable et verte.  Des systèmes agro-alimentaires dignes de ce nom ne pourront être mis en place sans une action décisive d’adaptation aux changements climatiques, a fait observer la représentante.  Pour sa part, la Thaïlande a lancé des centres d’agro-technologies dans plusieurs provinces en ce sens mais la coopération et la solidarité au niveau international sont nécessaires pour accéder aux objectifs 1 et 2 du Programme 2030, a prévenu la représentante.

Le représentant de l’Éthiopie a fait observer qu’une agriculture durable contribuant à l’élimination de la malnutrition est nécessaire au niveau mondial si l’on veut mettre en œuvre le Programme 2030, mais que la pandémie a exacerbé l’insécurité alimentaire et la malnutrition.  En 2021, la malnutrition en Afrique a affecté une personne sur cinq et les effets de la pandémie se font encore sentir, a-t-il déploré avant d’attirer également l’attention sur la hausse des prix des denrées alimentaires, une difficulté supplémentaire.

L’Éthiopie s’est dotée d’un plan agricole décennal et s’est engagée à éradiquer les causes sous-jacentes de la malnutrition chronique, a indiqué le représentant.  Le système agricole en cours d’élaboration a pour but d’aller plus directement de la production à la consommation, pour un accès plus équitable à la nourriture.  Parmi les difficultés, le délégué a mentionné l’accès limité aux engrais et aux semences, ainsi que la déforestation et l’érosion des sols.  Il a estimé que les efforts doivent pouvoir s’appuyer sur l’assistance technique et financière internationale.

Le représentant de la Chine a insisté sur le fait que l’éradication de la pauvreté doit être le principal objectif de la communauté internationale.  Il a rappelé que la Chine a sorti des millions de gens de la pauvreté, notamment les populations rurales.  À l’échelle internationale, la Chine aide d’autres peuples à sortir de la pauvreté en renforçant leurs capacités de production et par le biais d’investissements dans les infrastructures comme le projet de la route de la soie, a fait valoir le représentant.  Il a aussi fait remarquer que la Chine réussit à nourrir plus d’un milliard de gens avec moins de 9% des terres arables du monde.  Son gouvernement, a-t-il expliqué, a mis l’accent sur le fait de « ne laisser personne sur le côté ».

La représentante du Népal a relevé que les PMA, les pays d’Afrique et les PEID représentent le plus gros des pauvres du monde.  Pour traiter la question de la pauvreté, elle a recommandé de renforcer les capacités de production et d’adopter des politiques holistiques et intégrées.  Dans le même temps, il faut mettre l’accent sur le monde rural et veiller à transformer les systèmes alimentaires grâce au partage des technologies, a-t-elle ajouté.  Relevant que la pandémie de COVID-19 pousse des millions de gens dans la pauvreté, elle a appelé à miser sur un partenariat international renforcé afin de réduire la pauvreté et la faim.

Le représentant de l’Équateur a plaidé pour la création d’un indice de vulnérabilité prenant en compte le caractère multidimensionnel de la pauvreté.  Cet indice, prévu pour mesurer les besoins des pays en situation particulière, devrait aussi être utilisé pour les pays à revenu intermédiaire qui sont devenus plus vulnérables à la suite de la COVID-19.  L’Équateur, a poursuivi le délégué, s’est engagé à lutter contre le gaspillage alimentaire, à garantir de l’eau potable et de l’assainissement pour tous.  Il a aussi indiqué que son pays s’attelle à protéger les espèces menacées de sa faune et de sa flore.  Fournir des aliments sains et nutritifs pour toute sa population est encore un engagement du Gouvernement équatorien, a ajouté le représentant.

Le représentant de la Malaisie a évoqué les efforts déployés par son pays en vue de son redressement économique et pour protéger les plus vulnérables.

Sur le plan national, 240 millions de dollars ont été distribués aux éleveurs, chasseurs et fermiers, a-t-il notamment indiqué.  En outre, pour faciliter le relèvement, un programme de microcrédit a été créé pour les fermiers et les pêcheurs.  Une plateforme de commerce en ligne a également été mise en place, pour que les fermiers puissent vendre plus facilement leurs produits en gros et recruter de la main-d’œuvre agricole.  Le représentant a décrit une politique malaisienne à long terme qui met l’accent sur les petits fermiers, car ceux-ci représentent 75% du secteur agricole.  Il a assuré que les pratiques agricoles durables sont encouragées en Malaisie.

Le représentant d’El Salvador a d’emblée souligné que l’élimination de la pauvreté et de la faim sont des défis pour El Salvador.  Il a aussi déploré que la pandémie ait touché de manière démesurée des pays qui souffraient déjà des conséquences des changements climatiques.  Il a dit compter sur les ressources de la communauté internationale de façon à ce que les pays en développement puissent obtenir des résultats positifs d’ici à 2030.

Pour sa part, El Salvador a adopté des mesures économiques pour que les besoins fondamentaux des ménages soient satisfaits durant la pandémie, en particulier en ce qui concerne l’objectif 2 qui vise l’élimination de la faim.  Le Gouvernement salvadorien a mis en place plusieurs mesures pour assurer la sécurité alimentaire et a défini une feuille de route en ce sens, a ajouté le représentant.  Il a aussi assuré que son pays travaille sur la durabilité écologique et la protection des écosystèmes de façon à protéger l’environnement et à bien gérer les sols et l’eau

La représentante du Bangladesh a appelé les partenaires au développement à renforcer le financement dédié aux pays en développement.  Il faut en effet veiller à réaliser l’objectif commun d’éradiquer la faim d’ici à 2030, a-t-elle souligné.  La représentante a plaidé pour l’adoption, par la communauté internationale, d’un indice multidimensionnel de mesure de la pauvreté.  Pour sa part, le Bangladesh a déjà mis en place un tel indice au niveau national, a-t-elle dit, ajoutant que son pays a invité les partenaires au développement à en tenir compte dans leurs évaluations.

Le représentant de l’Indonésie a rappelé que, selon la FAO, le monde peut réussir à se nourrir convenablement, même si cet objectif semble irréalisable d’ici à 2030.  Il faut, a-t-il plaidé, atteindre un taux de 77% de gens vaccinés contre la COVID-19 d’ici à la fin de l’année 2022.  L’Indonésie a dépensé à cet égard plus de 30 milliards de dollars dans le cadre de son système médical, qui prend soin de plus de 220 millions de personnes, a fait savoir le représentant.  En outre, le représentant a recommandé de transformer les systèmes alimentaires pour éradiquer la faim.  Pour sa part, l’Indonésie entend apporter plus d’appuis et de ressources aux petits fermiers, a-t-il dit.  Le délégué a, enfin, décrié les barrières commerciales qui peuvent entraver le commerce des produits agricoles.

Le représentant de la Mongolie a expliqué que son pays visait à faire de l’année 2026 l’« Année internationale des parcours et des pasteurs ».  Il a expliqué que malgré la modernisation et l’industrialisation rapides de la Mongolie, l’agriculture et l’élevage traditionnels jouent toujours un rôle important dans l’économie nationale.  En 2020, les terres agricoles représentaient 73,6% de la superficie totale du pays et l’agriculture représentait 12,8% du PIB, les produits agricoles, 5,8% des revenus d’exportation, tandis que 26,3% de la main-d’œuvre mongole travaillait dans le secteur agricole.

La Mongolie poursuit une politique visant à combiner les modes de vie traditionnels et modernes, avec l’objectif de préserver le patrimoine nomade traditionnel, l’élevage écologique, durable et biologique, et de promouvoir le patrimoine animal nomade, a indiqué le représentant.  Cependant, quelque 76,9% des terres du pays sont, dans une certaine mesure, confrontées à la désertification, et celle-ci continue de s’étendre, entraînant une pénurie de pâturages.  La nécessité d’améliorer la résilience aux changements climatiques devient urgente, en raison du nombre relativement important de personnes vivant dans les zones rurales, qui représentent près de 20% des ménages mongols, a-t-il expliqué.  Revenant sur l’année 2026, il a conclu que l’initiative de la Mongolie permettra de sensibiliser à l’importance des pâturages et de valoriser l’importance naturelle et culturelle du bétail pastoral et nomade.

La représentante du Maroc a pris note de l’intérêt d’investir dans l’agriculture, un secteur qui est fondamental pour l’humanité, véritable épine dorsale pour des millions de familles.  Elle a reconnu qu’il fallait adopter un système agricole plus durable.  Au Maroc, les nouvelles technologies ont beaucoup progressé et peuvent augmenter la productivité, le tout en utilisant moins d’eau, a-t-elle fait valoir.  La déléguée a toutefois prévenu que produire davantage n’est pas suffisant; il faut aussi faciliter l’accès au marché pour les producteurs, comme la pandémie l’a montré.

La représentante a aussi posé des questions au représentant de la FAO.  Quelle sera la stratégie qu’il adoptera pour mettre en œuvre le suivi des engagements pris envers les pays africains?  Comment lier le Sommet sur les systèmes alimentaires et la COP26?

Le représentant de la République islamique d’Iran a appelé à renforcer le multilatéralisme pour sortir de l’impasse de l’insécurité alimentaire.  Citant les rapports présentés cet après-midi, il a déploré que les sanctions unilatérales « illégitimes » et « illicites » n’aient été mentionnées nulle part.  Or, elles sont, pour l’Iran, la principale raison pour laquelle certains pays peinent à réaliser les objectifs de développement durable (ODD), à éradiquer la pauvreté ou à éliminer la faim.  Il a mis dos à dos la COVID-19 et l’unilatéralisme, les qualifiant tous deux de « cancers »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission poursuit son débat sur la lutte contre le terrorisme international sur fond d’antagonismes politiques

Soixante-seizième session,
2e séance plénière – après-midi
AG/J/3634

La Sixième Commission poursuit son débat sur la lutte contre le terrorisme international sur fond d’antagonismes politiques

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a poursuivi cet après-midi l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Si la trentaine de délégations qui ont pris la parole ont unanimement dénoncé le terrorisme sous toutes ses formes et la nécessité de lutter contre son financement et ses causes profondes, des antagonismes politiques et accusations de soutien à des groupes terroristes ont émergé chez certaines d’entre elles. 

Parmi les moyens de lutter contre le terrorisme, la lutte contre son financement a été amplement évoquée.  El Salvador s’est ainsi dit préoccupé par les liens de plus en plus étroits entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, tout comme le Sri Lanka.  La Colombie a mis en relief le problème du trafic de drogues, ces pratiques criminelles constituant une source de revenus pour les terroristes, avec le blanchiment d’argent.  Il est donc essentiel, pour son représentant, de disposer des ressources et des moyens nécessaires pour s’attaquer aux sources de financement du terrorisme.  Le Ghana a également été dans ce sens, en appelant les États à intensifier leurs efforts afin de tarir les sources de financement du terrorisme. 

Les délégations ont également souligné la nécessité de lutter contre les causes profondes du terrorisme.  Le Paraguay, le Mexique, le Viet Nam, le Népal, le Cameroun ou encore le Burkina Faso ont ainsi considéré que la lutte contre le terrorisme doit s’attaquer à ses causes les plus profondes: la pauvreté, l’absence de perspectives, les inégalités, la marginalisation, le sous-développement, le chômage, ou encore le manque d’accès à l’éducation.  « Les terroristes prospèrent lorsque les migrants sont vulnérables, les jeunes sont sans emploi et les idéologues se radicalisent », a résumé le Népal. 

Pour y remédier, le Paraguay a soutenu que l’éducation, l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion, la justice sociale et le respect de la diversité sont nos meilleurs espoirs.   Pour El Salvador, il faut « gagner le cœur des jeunes », en leur offrant notamment des loisirs et des formations, ce à quoi le Mexique a ajouté qu’il conviendra également de privilégier la reconstruction du tissu social après la pandémie pour contrecarrer la radicalisation.  Enfin, le Nigéria a déclaré qu’alors que Boko Haram perd du terrain, une aide humanitaire et au développement renforcée est cruciale pour empêcher toute résurgence. 

La région de l’Afrique de l’Ouest vit dans la crainte du terrorisme, a rappelé le Burkina Faso.  Depuis 2012, le Mali en fait l’amère expérience, a témoigné son représentant.  Aujourd’hui même, on déplore encore la mort de plus d’une quinzaine de soldats dans le centre du Mali, a-t-il déploré. 

Par ailleurs, plusieurs États Membres ont souligné l’importance de respecter l’état de droit dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  L’Équateur a ainsi reconnu que la lutte contre le terrorisme est légitime, à condition que celle-ci respecte le droit international, le droit international humanitaire et les droits humains.   Allant dans le même sens, le délégué de la Suisse a déclaré « les mesures antiterroristes que nous prenons tant au niveau international que national ne doivent pas entraver nos obligations en vertu du droit international humanitaire». 

Des dissentions sont néanmoins apparues au milieu des condamnations de principe du terrorisme, certains États s’accusant mutuellement de soutien à des groupes terroristes. 

Ainsi, le délégué du Pakistan a accusé son voisin indien d’appuyer des opérations terroristes, y compris à partir de l’Afghanistan.  Le Pakistan, qui « se pose en victime » est « le plus grand parrain du terrorisme », a rétorqué la déléguée de l’Inde en rejetant toutes les accusations proférées contre son pays. Le représentant du Pakistan a en outre regretté que, depuis le 11 septembre 2001, « certains aient associé le terrorisme à l’Islam », ce qui a renforcé selon lui la tendance de groupes extrémistes et xénophobes à prendre pour cible les musulmans. 

Vingt ans après les attentats de 2001, les États-Unis ont fustigé des « États parrains du terrorisme », en citant l’Iran et le Hezbollah libanais.  Surtout, la déléguée américaine a évoqué la situation dans le Xinjiang, dénonçant « les emprisonnements et la stérilisation forcée des Ouïghours », et indiquant qu’il ne s’agit pas d’une lutte antiterroriste, provoquant l’ire de son homologue chinois. Dans son droit de réponse, la Chine lui a reproché de « détourner » la Sixième Commission pour proférer « des accusations sans fondement ».  La région du Xinjiang souffre profondément du terrorisme et de l’extrémisme, a affirmé le délégué chinois, ajoutant que les questions relatives au Xinjiang n’étaient pas liées aux droits humains, mais qu’il s’agissait de lutter contre le terrorisme et la radicalisation.  

Parmi ceux qui ont dénoncé l’appui d’autres pays à des groupes terroristes, l’Arménie a souligné que « le recrutement de combattants terroristes étrangers du Moyen-Orient et leur transfert vers l’Azerbaïdjan et la zone de conflit du Nagorno-Karabakh » ont été largement documentés.  Le Venezuela enfin a alerté sur l’existence d’un réseau criminel transnational dangereux qui finance des mercenaires colombiens missionnés pour commettre des actes de terrorisme dans des pays tiers et pour provoquer la chute de gouvernement légitime.    « C’est un réseau qui dispose de la protection de Bogota et de Washington », a-t-il dénoncé. 

La Commission poursuivra son débat demain, jeudi 7 octobre 2021, à 15 heures. 

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/76/201)

Déclarations

M. SHUANG GENG (Chine) a dénoncé la « politique de deux poids deux mesures » de certains pays et leur « harcèlement » d’autres pays au nom des droits de l’homme, sapant ainsi les efforts antiterroristes.  Il a défendu un multilatéralisme « véritable », avec l’ONU en son centre, pour faire face aux menaces terroristes persistantes. Il a indiqué que la lutte antiterroriste doit respecter l’état de droit, y compris la souveraineté des États, en rejetant toute ingérence au nom de ladite lutte. Le délégué a demandé qu’une convention générale sur le terrorisme international soit élaboré le plus rapidement possible.  La lutte contre le terrorisme ne doit être ni « sélective ni politisée », a-t-il déclaré. 

Le délégué chinois a mentionné la menace que fait peser le Parti islamique du Turkestan, en précisant que cette organisation est inscrite sur les listes onusiennes des groupes terroristes.  Ce groupe a des liens avec Al-Qaïda, a-t-il souligné, en exhortant toutes les parties à reconnaître la menace posée par ledit groupe.  Il a vivement regretté que certains pays aient décidé de ne plus voir dans cette organisation un groupe terroriste.  Enfin, le délégué chinois a demandé une aide internationale en Afghanistan en vue de contribuer à éliminer les causes profondes du terrorisme. 

« Le Pakistan condamne le terrorisme, y compris le terrorisme d’État », a déclaré M. MUNIR AKRAM (Pakistan), avant de préciser que son pays est une victime du terrorisme, avec 80 000 civils et soldats victimes d’attentats. Le délégué a ensuite accusé son voisin indien d’appuyer des opérations terroristes, y compris à partir de l’Afghanistan.  Il lui a reproché d’être impliqué dans plusieurs types de terrorisme: le terrorisme d’État à l’encontre du peuple du Jammu-et-Cachemire ; le financement et l’appui à des organisations désignées comme terroristes par le Conseil de sécurité afin de mener les attaques du 29 juin 2020 à Karachi, du 23 juin 2021 à Lahore et du 14 juillet 2021 dans la province de Khyber Pakhtunkhwa; le financement d’organisations de mercenaires terroristes; et une campagne de violence et d’intimidation à l’encontre des musulmans par le régime nationaliste RSS. 

Le représentant du Pakistan a ensuite regretté que, depuis le 11 septembre 2001, « certains aient associé le terrorisme à l’Islam », ce qui a renforcé selon lui la tendance de groupes extrémistes et xénophobes à prendre pour cible les musulmans.  Il a appelé à ce que des modifications appropriées soient apportées, notamment concernant le régime de sanctions, et à mettre fin à la stigmatisation des musulmans. 

Notre pays soutient tous les efforts internationaux de lutte contre le terrorisme en vue de son élimination par toutes les voies juridiques possibles, a souligné M.  HAZAA MOHAMMED SAIF AL REESI (Oman).  Il a précisé que son gouvernement avait pris de nombreuses mesures et adhérait à tous les efforts et conventions internationaux, notamment contre le blanchiment d’argent.  Mon pays veille à propager la culture de la paix, de la justice, du développement durable et de la coexistence pacifique entre peuples et nations, a-t-il affirmé.  Le représentant a ensuite réitéré son rejet de l’extrémisme et de la pensée qui incitent au terrorisme.  Nous espérons que l’action internationale conjointe se traduira par des mesures pratiques, a-t-il déclaré, rappelant que les efforts doivent s’inscrire dans un contexte multilatéral et se tenir loin de toute politique du « deux poids, deux mesures ».  

Mme ELIZABETH MARYANNE GROSSO (États-Unis) a rappelé les attaques odieuses commises le 11 septembre 2001, avant de souligner le rôle essentiel de l’ONU pour combattre le terrorisme. Elle a noté les progrès accomplis dans la lutte antiterroriste au cours des vingt dernières années. Néanmoins, la récente attaque commise à l’aéroport de Kaboul montre la persistance de la menace terroriste, a dit la déléguée.  Elle a dénoncé les groupes terroristes et suprémacistes qui utilisent internet à des fins de propagande.  

La déléguée a aussi fustigé « ces États parrains du terrorisme », en citant l’Iran et le Hezbollah libanais. La lutte antiterroriste doit respecter le droit international. Elle a évoqué la situation dans le Xinxiang, dénonçant les emprisonnements et la stérilisation forcée des Ouïghours, et indiquant qu’il ne s’agit pas d’une lutte antiterroriste. La déléguée a mentionné la stratégie antiterroriste publiée par les États-Unis en juin dernier qui prend notamment en compte l’attaque perpétrée contre le Capitole le 6 janvier 2021. Par ailleurs, elle a regretté que certains États refusent d’endosser leurs responsabilités en ce qui concerne les combattants terroristes étrangers, avant de se prononcer en faveur du rapatriement et de la réintégration des membres de leurs familles. Enfin, évoquant l’idée d’élaborer une convention générale sur le terrorisme, la déléguée a invité l’ONU à envoyer « un signal clair » sous peine d’invalider les progrès enregistrés. 

Pour GUILLERMO ROQUE FERNANDEZ DE SOTO VALDERRAMA (Colombie), la question du problème mondial des drogues est incontournable, ces pratiques criminelles constituant une source de revenus pour les terroristes. Ainsi faut-il, selon lui, renforcer le concept de responsabilité commune et partagée dans la lutte contre le terrorisme et les drogues. Par ailleurs, le blanchiment d’argent est une source bien connue du financement terroriste. Il est donc essentiel, a continué M. De Soto, de disposer des ressources et des moyens pour s'attaquer aux sources de financement du terrorisme, et de développer les capacités cybernétiques pour lutter contre le cercle vicieux entre terrorisme et crime. C’est pourquoi la Colombie soutient le gel actif de fonds de personnes et d’entités liées à des actes ou groupes terroristes. 

Enfin, le représentant colombien a souligné que la corruption est un autre levier nuisible en matière de financement du terrorisme et requiert donc une attention particulière. Sur la coopération internationale, il a conclu que notre succès repose sur le renforcement de la capacité technique et opérationnelle et l'amélioration des mécanismes d'échange d'informations et coopération judiciaire, sur le respect des droits de la personne, et enfin sur le rôle de la société civile. 

Mme MAITE DE SOUZA SCHMITZ (Brésil) a regretté qu’en dépit de toutes les conventions internationales, les résolutions du Conseil de sécurité et les examens de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, il n’y ait pas de consensus sur ce qui définit le terrorisme.  C’est une tâche que la Sixième Commission doit encore accomplir, a-t-elle insisté.  L'ensemble actuel de conventions n’a pas l’unité et la cohérence qu'offrirait une convention générale contre le terrorisme international, a-t-elle ensuite affirmé.  La représentante a ensuite regretté qu’aucun progrès ne soit réalisé lors des sessions annuelles de la Sixième Commission. Nous devrions donner l’exemple avec une telle convention, a-t-elle appuyé, appelant à l’adopter en urgence. La convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU pourrait donner l’élan nécessaire. 

La représentante du Brésil a ensuite souligné que le terrorisme ne pouvait être traité qu’à travers une approche globale, ajoutant que l’Assemblée générale jouait un rôle unique pour traiter cette question. Mais nous assistons à un transfert du pouvoir de décision de l'Assemblée générale au Conseil de sécurité, a-t-elle regretté. Elle a ensuite plaidé pour une division du travail plus réfléchie au sein de la Sixième Commission, en se concentrant les délibérations sur les questions juridiques en suspens. Elle a notamment évoqué les tentatives de réinterprétation du droit du recours à la force et de la légitime défense. Pour le Brésil, cela doit être interprété de manière restrictive, a-t-elle affirmé, rappelant que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait indiqué à plusieurs reprises que le droit à la légitime défense ne s'appliquait qu'entre États. 

Son pays est signataire de 16 instruments juridiques internationaux en matière de terrorisme, instruments qui sont appliqués dans le cadre de la législation nationale, a indiqué M.  JULIO CESAR ARRIOLA RAMIREZ (Paraguay).  Il s’est félicité du fait que l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies ait accordé une attention particulière aux victimes d’actes terroristes, en particulier les femmes et les mineurs, et que l’accent ait été mis sur le respect des droits de l’homme.  Considérant que la véritable lutte contre le terrorisme doit s’attaquer à ses causes les plus profondes, le Paraguay estime que l’éducation, l’éradication de la pauvreté et de l’exclusion, la justice sociale et le respect de la diversité sont nos meilleurs outils pour libérer le monde de ce fléau.  De plus, le Paraguay, convaincu que la coopération et la coordination au niveau international sont essentielles, soutient la création du groupe de travail en vue de finaliser la préparation d’une convention générale sur le terrorisme international. 

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) s’est dit préoccupé par les liens de plus en plus étroits entre la criminalité transnationale organisée et le terrorisme, avant de détailler les mesures adoptées par son pays contre ces « gangs » qui usurpent l’autorité de l’État et terrorisent la population.  Les peines ont été alourdies et l’infraction de blanchiment des capitaux a vu son champ d’application élargi. Le délégué a indiqué que le but est de « regagner du terrain » face à ces gangs, l’armée jouant un rôle essentiel à ce titre. Un autre objectif est de « gagner le cœur des jeunes », en leur offrant notamment des loisirs et des formations. Il a ensuite évoqué la politique d’appui aux victimes du terrorisme. Enfin, le représentant a indiqué que la promotion du sport peut être un outil pour lutter contre l’extrémisme violent, avant d’affirmer que la lutte antiterroriste doit respecter l’état de droit. 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a déclaré que les actes de terrorisme hypothéquaient la paix et la stabilité internationales.  L’Équateur reconnaît que la lutte contre le terrorisme est légitime, à condition que celle-ci respecte le droit international, le droit international humanitaire et les droits humains, a-t-il précisé.  En 2018, l’Équateur a été le théâtre d’actes violents commis par des groupes armés illicites, montrant que le fléau du terrorisme peut frapper n’importe quel État.  Le délégué a attiré l’attention sur les liens entre terrorisme, criminalité organisée et corruption.  La coopération a été renforcée en matière de lutte contre le terrorisme ces deux dernières décennies, a-t-il ensuite salué.  Cependant, avec le progrès des technologies et les circonstances liées à la pandémie, nous devons tenir compte des nouvelles réalités.  Il a appelé à développer les capacités des États pour travailler sur les causes qui conduisent au terrorisme.  Ces facteurs sont aggravés par un accès limité ou inexistant à l’éducation, a-t-il estimé.  Évoquant enfin l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, le délégué a appelé à une plus grande transparence des actes de la communauté internationale. 

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a estimé que le fléau du terrorisme exige une riposte robuste et intégrée qui ne peut être que le fruit de la coopération internationale. Elle a indiqué que son pays compte mettre à profit son mandat de membre du Conseil de sécurité en 2022 pour promouvoir les efforts de cet organe face au terrorisme et à l’extrémisme violent. Elle a aussi mentionné « l’Initiative d’Accra », lancée en 2017 par le Ghana, le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana et le Togo, qui vise à répondre à l’insécurité grandissante dans la région en raison de l’extrémisme violent.  Mme Hackman a appelé les États membres à intensifier leurs efforts afin de tarir les sources de financement du terrorisme. La déléguée a précisé que son pays a débloqué cinq millions de dollars sur les dix millions promis au fonds de sécurité régionale du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. En conclusion, elle a estimé que la pleine mise en œuvre du Programme 2030 participe de la réponse à apporter pour remédier aux causes profondes du terrorisme. 

M. PABLO ADRIÁN ARROCHA OLABUENAGA (Mexique) a réitéré la nécessité de conclure une convention générale en matière de lutte antiterroriste. Vingt ans après le 11 septembre, les mesures abusives de lutte contre le terrorisme, loin de contribuer à l'éradication de celui-ci, apportent souvent de l’eau à son moulin, a-t-il critiqué. Le représentant a dénoncé l’utilisation abusive de l’article 51 de la Charte, relatif au droit de légitime défense, contre des acteurs non étatiques, exigeant le respect de l’état de droit et du droit international.  Pour lui, nous ne mettrons fin à ce fléau qu’en nous attaquant à ses causes sous-jacentes: la pauvreté, les inégalités, la marginalisation, le sous-développement, l’emploi, l'éducation et l'égalité des sexes.  Il conviendra également de privilégier la reconstruction du tissu social après la pandémie pour contrecarrer la radicalisation. 

Le terrorisme international a des répercussions graves sur les zones de conflit, a fait remarquer M. SEMERE AZAZI AMIR (Érythrée).  Le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale a prouvé le rôle essentiel de l’Assemblée générale pour répondre aux menaces émergentes, notamment celles sur le cyberespace. La pleine mise en œuvre de la Stratégie est essentielle pour assurer la cohérence de la réponse internationale, a-t-il affirmé, estimant que la lutte contre le terrorisme impliquait des efforts à tous les niveaux. Il a précisé que l’Erythrée avait adopté plusieurs lois, y compris contre le blanchiment d’argent. Le partage de renseignement est essentiel à ce sujet, a-t-il souligné.  Au vu de la situation précaire dans la Corne de l’Afrique, l’Erythrée est convaincue que les pays de la région doivent librement identifier leurs priorités, sans pressions politiques externes ni interférences.  À cet égard, les accords bilatéraux et trilatéraux dans la région sont le guide de nos travaux, a-t-il précisé.  Enfin, le représentant a affirmé que l’Erythrée prenait au sérieux toute menace à sa sécurité et sa souveraineté. 

« La pandémie a mis à nu des vulnérabilités que les terroristes ont exploitées », a dit Mme QUYEN THI HONG NGUYEN (Viet Nam).  Elle a prôné une approche globale face au terrorisme, tous les efforts en la matière devant respecter le droit international.  Elle a ensuite appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté et la marginalisation socioéconomique.  La déléguée a détaillé les mesures prises par son pays contre le terrorisme, en citant notamment l’harmonisation de la législation vietnamienne avec les conventions onusiennes en la matière.  Le Viet Nam est partie à 15 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Enfin, elle s’est dite convaincue que la Stratégie antiterroriste mondiale demeurera la boussole des efforts antiterroristes internationaux. 

Pour M. Issa KONFOUROU (Mali), le terrorisme constitue l’une des menaces les plus dangereuses à la paix. Aucune région, aucun pays, aucune religion, nationalité ou civilisation n’est à l’abri de cette idéologie extrémiste et violente, a-t-il déclaré.  Depuis 2012, le Mali en fait l’amère expérience, a poursuivi son représentant.  Aujourd’hui même, on déplore encore la mort de plus d’une quinzaine de soldats dans le centre du Mali, a annoncé Konfourou.  Le vivre ensemble est fortement affecté par cette situation, a-t-il analysé, sur fond d’amalgames et de luttes pour le contrôle des maigres ressources du territoire. 

Le représentant malien a ensuite invité à un soutien accru et à un partenariat avec les États Membres et les organisations sous régionales afin de mieux concevoir et mettre en œuvre les stratégies antiterroristes, pour mieux les adapter à chaque situation.  Au Sahel, le G5 Sahel poursuivra les actions de lutte contre le terrorisme, a-t-il indiqué, avant de réitérer la volonté d’un mandat rehaussé et adapté du G5 Sahel, nécessaire pour mieux protéger les populations. 

M. JOAQUIN ALBERTO PÉREZ AYESTÁRAN (Venezuela) a estimé que le terrorisme international constituait aujourd’hui la plus grave des menaces.  Ce sont des actes criminels qui s’efforcent de déstabiliser des gouvernements légitimes, a-t-il affirmé, ajoutant que le Venezuela avait été récemment victime de ce fléau, y compris pendant la pandémie de COVID-19.  « Cette pandémie a été lâchement utilisée par les États-Unis et ses partenaires pour perpétrer des actes terroristes contre notre peuple. »  Le représentant a alerté sur l’existence d’un réseau criminel transnational dangereux qui finance des mercenaires colombiens missionnés pour commettre des actes de terrorisme dans des pays tiers et pour provoquer la chute de gouvernement légitime.  « C’est un réseau qui dispose de la protection de Bogota et de Washington », a-t-il assuré.  

Le représentant du Venezuela a ensuite appelé à éviter l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme dans le but de défendre des programmes politiques.  Pour lui, la publication illégale de listes -le fait de considérer arbitrairement que certains pays souverains sont défenseurs du terrorisme- entrave la coopération internationale.  Affirmant que seul un multilatéralisme efficace pouvait permettre de lutter contre le terrorisme, il a plaidé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  Enfin, il a appelé à redoubler d’efforts pour lutter conjointement contre le financement du terrorisme international. 

M. OUINIBANI KONATE (Burkina Faso) a jugé la situation préoccupante dans son pays et au Sahel. Il faut donc agir urgemment selon lui, la région de l’Afrique de l’Ouest africaine vivant dans la crainte du terrorisme. Le Burkina Faso a entrepris des réformes institutionnelles et judiciaires, mais, persuadé que le terrorisme se nourrit de la pauvreté, son gouvernement développe de nombreux programmes de développement.  Convaincu de la nécessité d’une coopération renforcée et d’une synergie des acteurs, attaché aux efforts de la communauté internationale et à un multilatéralisme actif, le pays demeure ouvert à toutes les initiatives et actions de la communauté internationale pour une lutte commune contre le terrorisme, a conclu son représentant. 

M. VINCENT OLIVIER RITTENER (Suisse) a déclaré que la lutte contre le terrorisme doit respecter le droit international.  Ce respect est le fondement même d’une lutte contre le terrorisme effective et efficace, raison pour laquelle il constitue l’un des quatre piliers de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a aussi jugé qu’une approche préventive est indispensable afin de lutter efficacement et durablement contre l’extrémisme violent et le terrorisme.  La Suisse a défendu, lors de la révision de la Stratégie, une approche holistique et équilibrée de la mise en œuvre de ces quatre piliers.  « Nous avons mis l’accent sur la nécessité de renforcer le premier pilier relatif aux mesures visant à prévenir la radicalisation et l’extrémisme violent ainsi que le quatrième pilier dédié au respect des droits de l’homme et de l’état de droit en tant que bases fondamentales de la lutte antiterroriste. » 

Le délégué a salué le renforcement du langage relatif au droit international humanitaire.  « Les mesures antiterroristes que nous prenons tant au niveau international que national ne doivent pas entraver nos obligations en vertu du droit international humanitaire. »  S’il s’est félicité de l’ajout du langage relatif au rôle et à l’engagement de la société civile pour renforcer la mise en œuvre de la Stratégie, il a toutefois estimé que des progrès sont encore nécessaires sur ce point.  Enfin, rappelant qu’à l’initiative de son pays et de la Norvège, un nouveau paragraphe sur le renforcement des mécanismes d’évaluation et de l’impact de la Stratégie a été intégré, il a regretté la faiblesse du langage finalement adopté, en particulier le fait que l’approche fondée sur les droits de l’homme et le quatrième pilier n’ait pas été précisée. 

Mme ISABEL LASO GELDRES (Pérou) a souligné être favorable à toute action de l’ONU pour une réponse multilatérale efficace en vue d’éradiquer le terrorisme. Citant le président du Pérou, elle a affirmé que le terrorisme ne sera jamais un outil de transformation sociale. Ses victimes sont les plus pauvres et les plus exclues, a relevé la représentante. Elle a ensuite insisté sur la nécessité de promouvoir le pluralisme, le respect des religions et de faire reculer l’inégalité et le racisme. Il faut créer des sociétés plus inclusives, a-t-elle appuyé.  

Malgré les défaites militaires et l’échec de leurs tentatives d’expansions, les mouvements terroristes constituent toujours une grande menace, a-t-elle ensuite remarqué. Pour elle, la lutte contre le terrorisme doit être non seulement culturelle et politique, et dans certains cas militaire, mais aussi passer par la prévention. La représentante a appelé notamment à la coopération pour lutter contre la cybercriminalité.  La lutte contre le financement du terrorisme doit être une priorité, a-t-elle poursuivi, incitant à aborder les liens entre terrorisme et criminalité organisée.  Enfin, elle a appelé à reprendre les négociations pour trouver un consensus afin d’adopter une convention générale sur le terrorisme international.  

M. GYULA MIKE (Hongrie) a estimé que la présence croissante des groupes terroristes sur internet représente une menace sécuritaire de plus en plus aiguë. Ces groupes ont en effet profité de la pandémie pour être de plus en plus présents. Le délégué a détaillé la politique suivie par son pays pour répondre à la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent, en indiquant notamment que la Hongrie a rejoint l’appel de Christchurch en septembre 2019.  La Hongrie a également débloqué 43 millions de dollars d’aide humanitaire et au développement au profit de plus de 70 000 personnes en Afrique et au Moyen-Orient. Il a précisé que la stabilité et l’intégration euro-atlantique des Balkans occidentaux est une priorité stratégique pour son pays. Enfin, il a évoqué l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale qui reflète bien les défis actuels et la réponse que la communauté internationale doit apporter. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a jugé important d’avancer dans le projet d’une convention générale, en regrettant les divisions des États sur ce sujet depuis plus de 10 ans, « ce dont les terroristes se réjouissent ».  Il a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale et exhorté l’ONU à se baser, pour son application, sur les expériences nationales, et ce, « de façon non sélective ».  Ne négligeons pas les pays qui ont vaincu le terrorisme, a-t-il dit, en mentionnant l’exemple de son pays.  Parce que le terrorisme est une attaque contre chacun d’entre nous, il est temps d’unir nos forces, en évitant toute sélectivité, a poursuivi le délégué.  Il a insisté sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, avant d’appeler à faire bloc contre le racisme et la haine qui se propagent sur Internet.  « Mettons en commun nos ressources ».  Enfin, le délégué a estimé que la lutte sans merci contre le terrorisme doit respecter la souveraineté des États et les droits des individus. 

Rappelant que l’an passé, la Sixième Commission avait tiré la sonnette d’alarme sur les impacts potentiels de la pandémie de COVID-19 sur la lutte contre le terrorisme, Mme MAHO SUGIHARA(Japon) a jugé urgent que la communauté internationale se prépare à l’environnement post-pandémie de lutte contre le terrorisme, qui va requérir une réponse multilatérale revigorée.  Mme Sugihara a mis en exergue l’importance critique de l’état de droit dans la lutte contre le terrorisme. En ce sens, la déléguée du Japon a souligné la nécessité de progresser en matière de prévention de la criminalité, de justice pénale et d’état de droit ; d’enrayer le cycle de la violence tout en garantissant la justice pénale ; de garantir la mise en œuvre de la loi dans le cyberespace ; et enfin de promouvoir la paix et la stabilité en mer en se basant sur l’état de droit. 

M. EDGAR DANIEL LEAL MATTA (Guatemala) a demandé que le phénomène du terrorisme soit traité « à sa racine », avant de saluer l’examen consensuel de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Il a insisté sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée et apporté son soutien aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité afin d’y remédier.  Il a jugé important d’avancer dans le projet d’une convention générale et exhorté les États à mettre de côté leurs divergences pour aboutir à une vision commune dans le domaine antiterroriste.  Il a souligné l’importance d’un meilleur partage des renseignements. 

Mme KAJAL BHAT (Inde) a relevé que le terrorisme se développait dans de nouvelles régions, tout en ayant accès à de nouvelles technologies. Les confinements et la détresse économique liée à la pandémie de COVID-19 ont rendu le monde plus enclin à la propagande extrémiste, a-t-elle analysé. Il n’y a pas de bons ou de mauvais terroristes. Nous pensons que si les mesures ne sont pas prises en temps voulu, elles peuvent être un échec, a-t-elle mis en garde, estimant qu’une convention générale sur le terrorisme renforcerait les instruments existants. Il faut que l’ONU en fasse davantage pour parvenir à l’adoption de cette convention et ses efforts devraient également reposer sur une coopération avec d’autres instances comme le Groupe d’action financière (GAFI), a proposé la représentante. 

Elle a ensuite regretté que le Pakistan utilise cette instance pour répéter « sa litanie de mensonges ». Le Pakistan, qui « se pose en victime » est « le plus grand parrain du terrorisme », a-t-elle accusé en rejetant toutes les accusations proférées contre son pays et en assurant que le Jammu-et-Cachemire fera toujours partie de l’Inde. Nous devons trouver la volonté politique de lutter contre le terrorisme, a-t-elle martelé. Pour elle, l’inscription et la désinscription des entités sur les listes des régimes des sanctions de l’ONU doivent se faire de manière concrète et non de manière politisée. 

M. ELIE ALTARSHA (Syrie) a fermement condamné le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations. La Syrie souffre du terrorisme depuis les années 80, a-t-il dit, ajoutant qu’elle est en proie à « la pire forme de terrorisme » depuis dix ans. Il a accusé certains pays d’appuyer les groupes terroristes en Syrie en violation du droit international. Le délégué a aussi dénoncé le terrorisme d’État, notamment économique, perpétré par le biais de l’imposition de sanctions.  Il a aussi fustigé un « terrorisme médiatique », à savoir ces campagnes médiatiques qui visent à déstabiliser certains pays. 

La Syrie a rejoint la plupart des instruments internationaux de lutte antiterroriste, a déclaré le délégué. Un tribunal spécial a récemment été créé pour les faits de terrorisme. Le délégué a insisté sur la nécessité de tarir les sources de financement du terrorisme et de contrôler les mouvements aux frontières.  Évoquant les combattants terroristes étrangers, il a exhorté les pays d’origine à s’acquitter de leurs responsabilités et à œuvrer pour un retour desdits combattants. Enfin, il a mis en garde contre « tout détournement de l’article 51 de la Charte en vue de s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays ». 

M. GEORGE EHIDIAMEN EDOKPA (Nigéria) a indiqué que plus de 5000 combattants de Boko Haram se sont rendus depuis août 2021.  Il s’agit d’un développement positif, a-t-il dit, tout en assurant que les auteurs d’actes terroristes seront traduits en justice.  Il a mentionné l’initiative de son pays visant à « déradicaliser » les anciens combattants présentant un risque peu élevé et à accroître l’acceptation sociale en vue de leur retour dans la société.  Alors que Boko Haram ne cesse de perdre du terrain, le délégué a déclaré qu’une aide humanitaire et au développement renforcée est cruciale pour empêcher toute résurgence. Il a donc demandé à la communauté internationale de renforcer son appui en faveur des communautés locales. Déplorant les enlèvements d’écoliers, il a indiqué que l’armée nigériane s’est positionnée près des écoles pour répondre à ce phénomène grandissant.  Le Nigéria est pleinement engagé en faveur de l’initiative pour la sécurité des écoles, a déclaré le délégué. 

Mme INDIRA GOHIWAR ARYAL (Népal) a indiqué que la pandémie a créé un environnement propice pour les terroristes, en alimentant les tensions et les frustrations.  Rappelant que le terrorisme est un phénomène mondial, elle a plaidé pour une réponse globale, remédiant notamment à ses causes profondes.  « Les terroristes prospèrent lorsque les migrants sont vulnérables, les jeunes sont sans emploi et les idéologues se radicalisent », a-t-elle dit.  Elle a prôné la tolérance et l’harmonie et condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  « Notre politique étrangère est guidée par un esprit d’amitié avec tous et d’inimitié avec personne. »  Mme Aryal a souligné la nécessité de renforcer les capacités technologiques et financières des pays en développement face aux groupes terroristes.  En conclusion, elle a estimé que le partage de renseignements est un volet essentiel de la lutte antiterroriste mondiale, avant d’appeler à l’élaboration d’une convention générale. 

M. DAVIT KNYAZYAN (Arménie) a estimé que la crise provoquée par la pandémie de COVID-19 avait créé des conditions propices à la radicalisation et au recrutement des terroristes. Ceci est particulièrement pertinent pour les sociétés dont la radicalisation découle de politiques étatiques encourageant la haine, a-t-il ajouté. Il a également attiré l’attention sur l'utilisation abusive des technologies de l’information et des communications et des médias sociaux par les terroristes pour propager leur idéologie radicale et accroître leur potentiel de recrutement. 

Le représentant arménien a ensuite dénoncé l’instrumentalisation des combattants terroristes et mercenaires étrangers dans les conflits de la région du sud du Caucase. Des milliers de combattants et mercenaires ont été employés dans une agression militaire à grande échelle contre le Nagorno-Karabakh l’an dernier, a-t-il assuré.  Il a ajouté que le recrutement de combattants terroristes étrangers du Moyen-Orient et leur transfert vers l’Azerbaïdjan et la zone de conflit du Nagorno-Karabakh ont été largement documentés.  L’Azerbaïdjan, avec ses soutiens extérieurs, porte une responsabilité directe dans le parrainage du flux de terroristes internationaux dans la région, a-t-il accusé.  Enfin, il a reconnu le rôle important que jouent les comités de sanctions du Conseil de sécurité pour assurer l’application du principe de responsabilité qu’il s’agisse d’individus ou d’entités terroristes. 

M. GVARAM KHANDAMISHVILI (Géorgie) a appelé à des efforts redoublés pour remédier aux causes profondes du terrorisme. Il a détaillé les progrès accomplis par son pays afin de tarir les sources de financement du terrorisme. Une nouvelle loi contre le blanchiment d’argent a ainsi été adoptée en 2019.  Il a déclaré que les efforts antiterroristes de son pays sont sapés par l’occupation illégale des régions géorgiennes d’Abkhazie et de Tskhinvali par la Fédération de Russie. Ces régions sont hors du contrôle du Gouvernement géorgien mais aussi inaccessibles pour les entités de surveillance de l’ONU et de l’Union européenne qui disposent pourtant d’un mandat clair pour y accéder.  Il a déclaré que, pour cette raison, la situation sécuritaire et humanitaire dans ces régions est un terreau fertile pour toutes sortes d’activités illicites, y compris terroristes. Le délégué a donc appelé la Fédération de Russie à assurer un accès sans entraves des mécanismes de surveillance internationaux aux régions précitées. 

Droit de réponse

M. YANG LIU (Chine) a exercé son droit de réponse à la suite des déclarations des États-Unis sur la région du Xinjiang. « La représentante des États-Unis a détourné la Sixième Commission pour proférer des accusations sans fondement », a-t-il dénoncé. La région du Xinjiang souffre profondément du terrorisme et de l’extrémisme, a-t-il ensuite affirmé. Il a ajouté que les questions relatives au Xinjiang n’étaient pas liées aux droits humains, mais qu’il s’agissait d’une problématique liée à l’antiterrorisme et à la radicalisation. La Chine a pris une série de mesures pour lutter contre ces problèmes en s’appuyant sur les expériences de la communauté internationale, a-t-il ensuite mis en avant, expliquant avoir appliqué le précepte de l’éducation afin de contenir les idéologies extrémistes. « Les manœuvres américaines notamment pour empêcher le développement économique de la Chine ne seront pas couronnées de succès. »

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales appelle à un « renouvellement du contrat social »

Soixante-seizième session,
Réunion virtuelle – matin
AG/SHC/4319

Troisième Commission: le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales appelle à un « renouvellement du contrat social »

La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué, aujourd’hui, avec plusieurs titulaires de mandat au sujet de l’état du développement social, l’occasion pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de préconiser un renouvellement du « contrat social » pour parvenir à un avenir plus juste dans un monde où plus de 100 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté en 2020, notamment dans les zones rurales. 

« Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a notamment déclaré M. Liu Zhenmin qui a souligné que les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes. 

Insistant sur la nécessité d’opérer une transition « transformationnelle », le Secrétaire général adjoint a souligné que l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités et la promotion de l’inclusion sont des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité alors que le monde essaie de se remettre des répercussions de la pandémie.  Le Haut fonctionnaire a également pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non, a-t-il souligné, pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités. 

Alors que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, M. Liu a également exhorté à saisir la dynamique créée par le Sommet mondial pour le développement social qui, il y a 25 ans, a posé les jalons d’un consensus international basé sur un « idéal empreint de compassion ». 

Il convient d’adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance, a proposé de son côté la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Venue présenter plusieurs les rapports du Secrétaire général, Mme Daniela Bas a également encouragé les États Membres à investir dans l’économie numérique, tout en appelant les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale. 

Mme Bas a également milité sur l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme avant d’attirer l’attention des délégations sur la situation des personnes âgées.   

À ce sujet, l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a regretté que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées  n’aient reçu  qu’une attention  limitée, alors que le vieillissement mondial a un « visage féminin  ». 

Les femmes âgées sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées », a déploré Mme Claudia Mahler.  De fait, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ». 

L’Experte a exhorté les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes.   Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle notamment insisté. 

Lors de cette séance, les États Membres ont également dialogué avec le Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), qui a attiré l’attention sur le « rôle crucial » que le volontariat a joué et continue de jouer dans la riposte à la pandémie. 

Pour sa part, le  Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, a fait le point sur les progrès  réalisés dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap. 

La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 7 octobre, à partir de 10 heures.  

DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES AGÉES, AUX PERSONNES HANDICAPÉES ET À LA FAMILLE - A/76/137, A/76/147, A/76/156, A/76/184, A/76/209, A/76/210, A/76/265, A/76/61, A/76/116

Exposés

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que la pandémie a eu des effets dévastateurs sur le développement social dans tous les pays du monde.  Elle a poussé plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2020 et l’insécurité alimentaire et la faim sont à la hausse partout dans le monde, a-t-il alerté, précisant que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, un chiffre en augmentation comparé à 2019. Avant la crise, le monde n’était déjà pas en bonne voie de parvenir aux objectifs de développement durables (ODD) et c’était particulièrement le cas de l’objectif clef d’éliminer la pauvreté.  La pandémie a exacerbé l’insécurité et les vulnérabilités économiques; les individus n’ont plus confiance dans les institutions publiques et de nombreuses personnes se détournent de leurs obligations civiques.  Aujourd’hui, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le monde essaie de se remettre sur pied, pour éliminer la pauvreté, réduire les inégalités et promouvoir l’inclusion.  Ce sont là des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité, a martelé le haut responsable.  À cet égard, il a rappelé que lors de la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social, les États Membres avaient réaffirmé les objectifs de celui-ci qui demeurent valides aujourd’hui. 

Il y a 25 ans, a-t-il poursuivi, ce Sommet avait abouti pour la première fois à un consensus international sur la nécessité de placer l’individu au centre du développement.  Les résultats ont fait émerger un « idéal empreint de compassion » et permis de créer un cadre de société pour aller de l’avant et se pencher notamment sur les causes profondes de la pauvreté.  Il a exhorté à saisir cette dynamique et collaborer avec les gouvernements, les communautés et la société civile pour réfléchir à la façon de mettre en œuvre le Programme 2030.  « Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a déclaré M. Liu.  Pour ce faire, il a préconisé de renouveler le « contrat social », pour que les individus ressentent des améliorations tangibles dans leurs vies, mais aussi de renforcer la confiance dans les institutions internationales et nationales en apportant la prospérité au plus grand nombre.  Il faut agir pour parvenir à un avenir plus juste, a-t-il souligné. 

Le Secrétaire général adjoint a en outre insisté sur l’importance d’engager des réformes politiques; d’investir dans la protection sociale afin de contribuer au bien-être de l’individu; et d’appuyer une transition juste vers une croissance plus inclusive et plus verte.  Or, a-t-il déploré, plus de la moitié de la population mondiale ne bénéficie pas de protection sociale de nos jours.  Il a pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités. 

L’humanité est à la croisée des chemins, a-t-il souligné, citant le Secrétaire général.  Les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes.  Ils détermineront, a insisté M. Liu, notre capacité à établir un consensus social autour de mesures communes et rétablir la confiance du public, étape nécessaire pour atteindre les ODD. 

Mme  DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a tout d’abord présenté le rapport du Secrétaire général sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/76/181), soulignant sa pertinence dans le contexte d’une pandémie de COVID-19 qui perdure.  Le rapport se penche sur les répercussions de cette pandémie et sur la crise sociale qu’elle a engendrée.  Il contient des recommandations qui invitent notamment les États Membres à adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance.  Il appelle en outre à réduire la fracture numérique et à améliorer la fourniture de services sociaux, tout en plaidant pour davantage de solidarité aux niveaux régional et international. 

Mme Bas a ensuite présenté le rapport sur la situation sociale dans le monde (A/76/116), qui fait apparaître que la pauvreté est en progression dans le monde, principalement dans zones rurales.  Le rapport sur l’inclusion sociale (A/76/184) promeut quant à lui le concept d’inclusion sociale en encourageant les États Membres à investir dans l’économie numérique.  Il a appelle également les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale. 

Par ailleurs, a poursuivi la haute fonctionnaire, le rapport sur les jeunes (A/76/210) souligne l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme et invite les États Membres à mener des efforts plus collaboratifs à cette fin.  Le rapport sur la famille (A/76/61) relève que la pandémie impose de nouveaux défis aux structures familiales, lesquelles jouent un rôle fondamental dans l’économie et la fourniture de soins.  Enfin, le rapport sur le vieillissement (A/76/156) note que la pandémie a aggravé les difficultés auxquelles les personnes âgées sont confrontées, tout en rappelant leur rôle clef dans les communautés.  Il appelle à promouvoir leur participation à la société et à les inclure dans les prises de décisions. 

Dialogue interactif

À l’issue de ces deux premières interventions, l’Éthiopie a estimé que la réalisation des ODD ne sera possible que si l’on réduit effectivement la fracture numérique.   Comment procéder alors pour réduire cette fracture et garantir l’accès aux services sociaux, a demandé le Viet Nam qui a précisé que 90% de sa population dispose d’une assurance santé.  L’Inde a indiqué que la technologie numérique est mise à profit pour réduire la pauvreté, ainsi que faire face à la COVID-19, notamment en matière de traçage des cas et de fourniture de vaccins.  Notre politique d’inclusivité a permis à 271  millions de personnes de sortir de la pauvreté, grâce à la croissance et à l’emploi, s’est notamment enorgueillie la délégation.

Pour œuvrer au développement commun, la Chine a appelé tous les pays à approfondir leur coopération stratégique et donner la priorité à la protection des personnes, notamment les plus vulnérables.  C’est une croissance durable et inclusive qu’il faut appuyer, a-t-elle insisté.  Il convient aussi de mobiliser les financements et les investissements pour atteindre les cibles du Programme 2030, a souligné le Maroc qui a également insisté sur l’importance de la confiance, de la cohésion et des partenariats pour faire face à la crise engendrée par la pandémie.  

Préoccupé par les conséquences socioéconomiques de la crise, l’Iraq a jugé important de protéger tous les membres des familles et de faire en sorte que des recours puissent être déposés en cas de violence.  La République arabe syrienne a indiqué pour sa part que sa stratégie d’après-guerre met l’accent sur la réconciliation nationale et le retour des personnes déplacées.  Le gouvernement soutient en outre les familles confrontées à des pénuries et accorde des foyers temporaires et des soins de santé aux plus démunis, en particulier dans les régions où les groupes armés sèment la violence.  

À son tour, le Sri Lanka a précisé que son gouvernement s’emploie à garantir des services de qualité pour les personnes vivant en milieu urbain comme en zone rurale.  Les petites localités bénéficient ainsi de services d’éducation et de santé, tandis que les écarts de revenu entre urbains et ruraux se réduisent.  Le Nigeria a de son côté appelé les États à continuer d’assurer la protection sociale des groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées.  

Comment l’ONU peut-elle contribuer aux nécessaires transferts de technologies vers les pays en développement, a demandé l’Algérie qui a par ailleurs insisté sur l’importance de l’éducation et des investissements sociaux, notamment en matière de logement, d’accès à l’eau potable et de couverture sanitaire, pour enrayer la pauvreté.  Le Bélarus a ensuite expliqué que son système d’État d’aide sociale, qui a pour caractéristiques d’être holistique et systémique, avait permis d’aider les couches vulnérables de la société tout au long de la pandémie. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande a fait savoir que l’Initiative  2025 de l’ASEAN vise à assurer que chaque individu jouit de son droit au développement.  Elle intègre également les droits des personnes handicapées et prévoit des plans d’urgence pour les femmes. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a formulé plusieurs propositions pour combler la fracture numérique.  Tout d’abord, elle a suggéré de tester les infrastructures pour permettre à tout un chacun d’avoir accès aux technologies de l’information et des communications.  Elle a également incité les États à fournir une formation technologique aux jeunes comme aux personnes âgées.  Il conviendrait également d’adopter des mesures pour prendre à bras le corps les entraves à l’acquisition des compétences dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour les personnes désavantagées, comme celles qui ont des problèmes de vue.  « C’est comme ça qu’on fait preuve d’inclusivité », a-t-elle insisté.  

Quant au rôle que pourrait jouer l’ONU pour promouvoir le transfert technologique vers le Sud, elle a indiqué que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies pourra peut-être fournir des réponses spécifiques pour chaque pays.  

Exposé

M. TOILY KURBANOV, Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le volontariat à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (A/76/137), rappelant dans la foulée que cette année marque le cinquantième anniversaire du programme des VNU qui est administré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). 

M. Kurbanov a souligné que ce rapport met en évidence les nouvelles tendances et perspectives en matière de volontariat qui reflètent des changements « spectaculaires » dans le monde.  Le rapport appelle notamment à passer des projets de volontariat ponctuels à une intégration systématique du volontariat dans les efforts de développement afin de contribuer à la durabilité des résultats.  Il note que 61% des examens nationaux volontaires soumis au forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) reconnaissent les contributions des volontaires à tous les objectifs de développement durable (ODD).  Le rapport reconnaît également le rôle crucial que les volontaires ont joué et continuent de jouer dans la riposte à la pandémie. 

M. Kurbanov a également indiqué que le rapport recommande d’intégrer le volontariat dans des stratégies de développement durable plus larges.  Il apporte également des suggestions concrètes sur la manière de renforcer les données nationales sur les contributions économiques et sociales du volontariat.  Le partage d’expérience des États Membres, notamment pour surmonter les obstacles au volontariat, est également préconisé, de même que le renforcement du bénévolat communautaire et intergénérationnel afin de mettre à profit la solidarité générée pendant la pandémie.  Le Coordonnateur exécutif a en outre fait observer que différentes pratiques de volontariat façonnent la participation différemment, le volontariat en ligne pouvant par exemple faciliter l’accès à certaines personnes mais en exclure d’autres.  Il a ensuite appelé les États Membres à partager leurs efforts et leurs données sur le portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU. 

Dialogue interactif

Quel est le lien entre le programme de volontariat des Nations Unies et le programme des jeunes, en sachant que la plupart des volontaires sont des jeunes, a voulu savoir d’emblée Israël

Le Japon a souligné l’importance des volontaires pendant la période de crise due à la pandémie, en profitant pour saluer le travail des volontaires lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.  Ces derniers contribueront aussi énormément aux prochains Jeux Olympiques d’hiver en Chine, a ajouté la délégation chinoise qui a elle aussi mis l’accent sur l’aide psychologique et sociale contribuée par les volontaires durant la pandémie. 

Quels sont les enseignements tirés au cours de la pandémie et qu’en est-il des efforts d’inclusion dans le volontariat, a demandé à son tour le Brésil

Comment peut-on utiliser au mieux le volontariat pour créer de nouvelles perspectives pour les jeunes, s’est enquis le Maroc qui a également voulu savoir comment les VNU coopèrent avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse. En outre, comment peut-on renforcer la contribution du volontariat à la résilience dans les pays en développement?  Et comment garantir le soutien et l’appui nécessaire pour le volontariat en ligne? 

Enfin, la Serbie a fait quelques observations sur les contributions des volontaires dans le pays. 

En ce qui concernes le partage des bonnes pratiques mentionnés par différent pays, le Coordonnateur exécutif des VNU a de nouveau appelé les États Membres à partager leurs expériences et leurs données sur le Portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU.  Il a également indiqué un rapport sur l’état du volontariat dans le monde sera publié avant la fin de l’année, conciliant bonnes pratiques, nouvelles tendances et mesures prises pour accroitre la résilience des communautés. 

Il a ensuite fait savoir que le programme des VNU travaille en étroite collaboration avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse pour permettre aux jeunes de rentrer dans le système de l’ONU en tant que volontaires pour mieux connaître l’Organisation.  Une collaboration est également en place pour aider les équipes de pays à recenser les données dans la perspective de l’examen quadriennal. 

Sur le volet des enseignements tirés de la pandémie, le Coordonnateur exécutif a indiqué que plus de 1 000 volontaires ont été mobilisés durant la crise pour appuyer la riposte.  Il a noté que le capital humain dans les pays du Sud est immense « ce qui a permis de réagir rapidement ».  Les actions de sensibilisation dans les pays du Sud nous ont permis de rallier plus de volontaires au système des Nations Unies, fait important quand les voyages n’étaient plus possible, a-t-il indiqué. 

Exposé

M. GOPAL MITRA, Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, qui présentait le rapport sur l’inclusion du handicap dans le système des Nations Unies (A/76/265), s’est d’emblée félicité des progrès réalisés en matière d’inclusion au Siège et au niveau des pays, et ce en dépit des défis liés à la pandémie.  La Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap a permis de s’organiser et de se mobiliser pour une riposte à la COVID tenant compte des personnes handicapées, a-t-il fait observer. 

Il a fait état de progrès notables par rapport à 2019, dans des domaines aussi variés que la visibilité et les achats inclusifs, en plus du renforcement de l’inclusion et de l’accessibilité au sein des entités des Nations Unies.  Toutefois, il a reconnu des résultats moindres en matière de consultation auprès des personnes handicapées dans l’objectif de répondre à leurs besoins.  À cet égard, M. Mitra a évoqué les différents outils mis en place pour remédier à cette situation, se disant convaincu que les résultats suivront dans quelques années. 

Poursuivant, il a mentionné les rapports présentés par les quelques 130 équipes de pays sur la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap, notant que des progrès s’imposent toutefois en matière d’accès physique et numérique.  Il a également indiqué que la mise en œuvre de la Stratégie a débouché pour la toute première fois sur la création de données systématiques sur l’inclusion du handicap à l’ONU.  Ces données sont utiles pour évaluer le statut de l’inclusion du handicap au sein des Nations Unies, mais aussi pour s’assurer de la reddition de compte interne et envers les États Membres.  Il a aussi noté que plusieurs secteurs nécessitent un perfectionnement.  Il a souligné que le manque de ressources ne doit pas servir d’excuse pour le manque d’action, suggérant notamment de mobiliser les ressources excédentaires pour appuyer l’inclusion du handicap. 

Dialogue interactif

Le coup d’envoi à cette discussion a été donnée par la Nouvelle Zélande qui a voulu savoir quelles mesures ont été prises pour ajuster la Stratégie dans le cadre de la collaboration avec les organisations œuvrant dans le domaine du handicap. 

Comment le système des Nations Unies peut renforcer les connaissances et les mesures prises par le personnel en faveur de l’inclusion, s’est enquis le Mexique.  Et que faire pour combler les lacunes s’agissant de la question de la transversalité pour les Missions de maintien de la paix? 

La Chine, qui a indiqué qu’elle compte 85 millions de personnes handicapées, soit le chiffre le plus élevé au monde, a estimé qu’une meilleure intégration sociale et une vie digne, relève de la responsabilité de chaque gouvernement.   

À leur tour, les Philippines ont voulu connaître les défis auxquels s’est heurté le bureau de M. Mitra.  Que peuvent faire les États Membres pour soutenir le mandat et s’aider les uns les autres dans le cadre de la pandémie? 

À la suite de ces questions, le Spécialiste hors classe des questions sociales a indiqué, qu’il n’existait auparavant aucune orientation pour ce qui est des consultations avec les organisations représentant les personnes handicapées.  Il a donc été demandé aux Nations unies de disposer de lignes directrices, et cette année, le Bureau exécutif du Secrétaire général a mis sur pieds des orientations pratiques sur le handicap et engagé des consultations avec les organisations travaillant dans ce domaine. 

Pour ce qui est de l’inclusion du handicap dans les missions sur le terrain, « nous sommes partis de loin mais un travail louable a été entamé », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que depuis 2019, on est passé de 12 à 16 missions politiques spéciales qui ont produit un rapport sur cette stratégie.  « Le renforcement des capacités est un des grands défis » a reconnu le Spécialiste.  Des réformes sont en cours dans le système, des équipes ont commencé à organiser des sessions de renforcement de capacités et des modules seront disponibles pour tous et toutes début 2022, a-t-il annoncé.  Il a en outre souligné que les ressources demeurent une pierre d’achoppement et a remercié les pays qui apportent leur appui. 

Exposé

Mme  CLAUDIA MAHLER, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a rappelé que l’an dernier, sa présentation avait porté sur l’impact disproportionné de la pandémie sur les personnes âgées et l’amplification des violations existantes de leurs droits humains.  Depuis lors, des rapports affligeants ont mis en évidence l’isolement, la négligence et le manque d’accès à des soins de santé adéquats dont souffrent les personnes âgées dans le monde entier, a-t-elle relevé, regrettant toutefois que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées n’aient reçu qu’une attention limitée.  Cela illustre, selon elle, « l’invisibilité des formes uniques d’inégalité et de discrimination » auxquelles sont confrontées les personnes en raison de leur sexe, de leur handicap, de leur origine ethnique, de leur statut de migrant et d’autres facteurs intersectionnels.  C’est pourquoi l'Experte indépendante a choisi de consacrer son rapport aux droits humains des femmes âgées.  

Observant que le vieillissement mondial a un « visage féminin » car les femmes constituent la majorité des personnes âgées, surtout à un âge avancé, Mme Mahler a fait remarquer que les femmes âgées jouent des « rôles clés » dans nos communautés.  Parmi elles, on trouve des leaders dans les domaines de la politique, des affaires, de la culture et de l’engagement civique, des militantes qui promeuvent le changement ou encore des soignantes et des bénévoles qui permettent à leurs communautés et familles de s’épanouir.  Pourtant, ces femmes sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées ».  De fait, a souligné l’Experte indépendante, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ».  À ce sujet, a-t-elle ajouté, l’hypothèse selon laquelle les femmes âgées ne seraient pas sexuellement actives et désirables signifie que leur santé sexuelle et reproductive est ignorée et que la violence sexuelle contre les femmes plus âgées reste un tabou.   

Mme Mahler a ensuite précisé que les inégalités et la discrimination vécues par les femmes âgées n’apparaissent pas soudainement à un âge avancé, mais s’accumulent plutôt au long de la vie.  Les désavantages cumulatifs d’une main-d'œuvre plus faible, d’écarts salariaux entre les hommes et les femmes, d’interruptions d’emploi dues aux soins familiaux et d’une prévalence plus élevée du travail à temps partiel et informel signifient que les femmes ne reçoivent souvent qu’une retraite limitée ou pas de retraite du tout.  De plus, de nombreuses femmes n’ont pas la possibilité d’acquérir, accumuler et contrôler des actifs et des biens au cours de leur vie, notamment en raison de pratiques successorales discriminatoires. Beaucoup de femmes atteignent donc un âge avancé avec des niveaux d’éducation et d’apprentissage inférieurs, moins d’épargne, d’actifs et de biens, et moins de sécurité sociale, ce qui entrave considérablement la pleine jouissance de leurs droits humains. 

Ces désavantages mettent les femmes âgées dans une situation de vulnérabilité accrue à la pauvreté, à l’isolement, à la violence, à la maltraitance et à la négligence, a poursuivi l’Experte.  Si les femmes ont tendance à vivre plus longtemps, elles le font souvent sans les ressources et le soutien nécessaires pour répondre à leurs besoins évolutifs, a-t-elle constaté, estimant à cet égard que s’appuyer exclusivement sur les familles pour les soins et le soutien n’est pas une solution satisfaisante.  Selon elle, les États ont la responsabilité de veiller à ce que les femmes âgées soient en mesure de jouir pleinement de tous leurs droits humains.  Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle insisté avant d’appeler les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes.  À ses yeux, cela doit inclure la lutte contre l’âgisme, le sexisme et les stéréotypes associés ainsi que la collecte de données désagrégées pour capter les réalités vécues par les femmes âgées.   

Dialogue interactif

Dans un premier temps, la Fédération de Russie a noté que la tendance mondiale au vieillissement concerne aussi la Russie, où une personne sur quatre est âgée.  C’est pourquoi le gouvernement a lancé en 2016 une stratégie nationale pour améliorer la situation des personnes âgées. Un système de revalorisation des pensions est également en place pour aider les plus de 38 millions de personnes qui en bénéficient, et un soutien est apporté aux personnes âgées qui souhaitent continuer de travailler. Dans ce contexte, la délégation a regretté que la communauté internationale ne soit pas encore parvenue à un consensus sur la nécessité d'élaborer une convention distincte sur les problèmes du vieillissement. Selon elle, le problème vient des approches des organes conventionnels eux-mêmes. 

Quelles sont les mesures que prend l’ONU pour faire en sorte que les personnes âgées sont incluses dans les processus de prise de décision au niveau national et international, a voulu savoir l’Union européenne, qui a jugé essentiel de collecter de données sexospécifiques et d’effectuer des analyses précises sur la situation de ces femmes, qui doivent bénéficier d’une protection sociale et de soins de santé physique et mentale. 

Que pense l’Experte indépendante du volontariat entre les générations pour combler les fractures sociales dont souffrent les personnes âgées, a pour sa part demandé Israël, en insistant sur la nécessaire solidarité entre les âges.  Et comment veiller à ce que les perspectives des femmes âgées soient prises en compte dans les politiques des États, a ajouté le Royaume-Uni, préoccupé par l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les personnes âgées et par la montée de l’âgisme et des discriminations contre les séniors.  Observant que l’âgisme frappe principalement les femmes et est pour elles un facteur d’isolement et de pauvreté, la Slovénie s’est pour sa part interrogé sur les moyens d’améliorer le cadre des droits de la personne en tenant compte des discriminations croisées que subissent les femmes âgées. 

Les Philippines ont évoqué le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur la situation des femmes âgées, notant l’âgisme et la discrimination fondée sur le genre ont de graves conséquences pour ces dernières. Quelles seraient les bonnes pratiques permettant d’inclure les questions concernant les femmes âgées dans les politiques publiques, a demandé le Mexique, après avoir constaté leur « invisibilité » dans les prises de décision.  Et que faire pour prévenir les violences à l’égard des femmes âgées, notamment celles fondées sur le genre, dans le contexte de la pandémie, s’est enquis le Canada

Comment comptez-vous défendre votre programme au sein du système des Nations Unies et veiller à ce qu’il demeure une priorité pour la communauté internationale, a demandé la Malaisie. De son côté, la Chine a rappelé qu’elle est l’un des pays qui enregistrent un taux élevé de vieillissement et que sa population comptera l’an prochain plus de 300 millions de personnes âgées. Face à ce phénomène, elle a fait état du lancement d’un plan national à court et moyen termes pour que chacun puisse vivre dans la dignité. Elle aussi estimé que le relèvement post-COVID-19 sera occasion d’améliorer le sort des personnes âgées. 

Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a lui aussi plaidé pour la collecte de données et l’analyse des discriminations et abus dont sont victimes les femmes âgées. A cette aune, il a souhaité savoir comment pourrait être mis en place un instrument international juridiquement contraignant qui protège la dignité des personnes âgées, en particulier des femmes.  L’Argentine a elle aussi plaidé pour l’élaboration d’une convention internationale sur ces questions après avoir demandé des précisions sur le lien entre féminisation du vieillissement et féminisation de la pauvreté. 

Que peuvent faire les gouvernements pour encourager les femmes âgées à déposer des recours en cas de violences ou abus à leur encontre, ont souhaité savoir les États-Unis. Existe-t-il des moyens de protéger les personnes âgées de l’exploitation et des injustices, a demandé l’Inde

L’Algérie a, elle, souligné l’importance de la participation des personnes âgées à la vie des sociétés, y voyant la justification d’une protection des valeurs familiales.  Enfin, le Maroc a indiqué que la condition des séniors étant une priorité de son gouvernement, un observatoire national pour personnes âgées suit les questions traitant du vieillissement. 

La suite de ce dialogue n’a pas pu être couverte en raison d’une interruption de l’interprétation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité est appelé à « pleinement » intégrer la question « cruciale » du flux illicite des armes légères dans ses travaux

8874e séance – matin
CS/14656

Le Conseil de sécurité est appelé à « pleinement » intégrer la question « cruciale » du flux illicite des armes légères dans ses travaux

À l’occasion de l’examen du rapport biennal du Secrétaire général sur les armes légères et de petit calibre, le Conseil de sécurité s’est vu invité aujourd’hui à « pleinement » intégrer la question du trafic et du flux illicites d’armes légères et de petit calibre (ALPC) dans ses travaux et à agir pour éviter que les armes utilisés par les Casques bleus dans les opérations de paix ne tombent entre des mains étrangères et ne finissent par contribuer à un tel trafic et à ses désastreuses conséquences, notamment humanitaires. 

La Haute-Représentante du Secrétaire général pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a rappelé que le Conseil avait reçu pas moins de sept rapports du Secrétaire général sur la question « cruciale » du flux illicite et de l’accumulation excessive des ALPC et qu’il n’avait lui-même cessé, depuis l’adoption d’une déclaration présidentielle en 2007, de reconnaître que ces phénomènes compromettent sa capacité à s’acquitter de sa responsabilité principale de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil doit maintenant « pleinement » intégrer la question de ce trafic dans ses travaux et prendre le leadership mondial, a-t-elle demandé.  

Le rapport biennal souligne cette année encore que l’utilisation abusive, le transfert illicite et l’accumulation d’ALPC ont continué d’avoir des répercussions sur la sécurité, la situation humanitaire et socioéconomique des États, touchant de façon disproportionnée les groupes vulnérables, notamment les femmes et les enfants.  En 2020, par exemple, l’ONU a compté plus de 8 400 enfants tués ou mutilés par ces armes, dans 21 situations relevant du programme sur les enfants et les conflits armés et dans le bassin du lac Tchad.  Le Centre international pour la lutte contre le terrorisme estime, pour sa part, qu’au cours de la dernière décennie, les terroristes ont utilisé des armes légères pour mener 85 148 attaques.  Ces armes sont en outre l’objet d’un trafic lucratif et durable et peuvent être utilisées pour faciliter les activités comme le contrôle des itinéraires ou les vols à main armée. 

Dans un contexte où 27% des victimes des ALPC sont des civils et où elles alimentent de nouveaux types de violence, que peut faire concrètement le Conseil de sécurité?  Entre autres mesures, Mme Nakamitsu, ainsi que le général Badreldin Elamin Abdelgadir, Secrétaire exécutif du Centre régional sur les armes de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA), et M. David Lochhead, chercheur principal de Small Arms Survey, ont suggéré que le Conseil traite du sujet, non seulement lorsqu’il aborde des situations spécifiques de pays, mais aussi lors de ses discussions thématiques. 

Les propositions des exposants ont été diversement appréciées par les membres du Conseil.  Parmi les membres permanents, la France a été la seule à se prononcer clairement en faveur de l’idée de confier aux opérations de paix, mandatées pour apporter un soutien aux autorités, des mandats « élaborés » visant à surveiller, identifier et interrompre les entrées d’armes et de munitions illicites dans les zones où elles opèrent.  L’Inde, l’Irlande, l’Estonie et la Tunisie ont soutenu la même idée.  Pour le Mexique, le Conseil devrait créer dans ces missions des unités spécialisées dans la collecte, la centralisation et l’analyse des données relatives aux armes légères.  Dans les neuf missions qui disposent d’un mandat portant d’une façon ou d’une autre sur la question des ALPC, le Conseil devrait octroyer un soutien supplémentaire aux États hôtes, afin de mieux les aider à gérer ces questions, en appui des actions de désarmement, démobilisation et intégration et de réforme du secteur de la sécurité, a également plaidé le Viet Nam. 

La nature transnationale de la circulation des armes illicites et ses implications géopolitiques et économiques devraient également amener le Conseil à veiller au renforcement des capacités des pays hôtes pour éviter toute influence négative sur le processus de consolidation de la paix, ont estimé le Niger et le Kenya.  

Les États-Unis ont pour leur part souhaité qu’« à l’avenir », l’ONU élargisse l’utilisation des meilleures pratiques pour la gestion des armes et les mettent en œuvre dans l’ensemble des opérations de maintien de la paix.  Ils ont suggéré de s’inspirer du manuel « Gestion efficace des armes et des munitions dans un contexte dedésarmement, démobilisation et réintégration en évolution », dont la deuxième édition vient d’être publiée. 

 La seule manière de lutter contre ces trafics est que les États qui fabriquent ces armes et se livrent à leur commerce assument leurs responsabilités, faute de quoi tous les efforts seront « vains », a affirmé la représentante de Saint-Vincent-et-les Grenadines.  Celle-ci a ajouté que la disponibilité de telles armes et la facilité avec laquelle elles circulent dans les régions du Sahel et de l’Afrique centrale favorisent le terrorisme et l’extrémisme violent et aggravent les tensions intercommunautaires. 

L’autre moyen « fondamental » d’empêcher les flux illicites d’armes est tout simplement de « faire respecter » les embargos sur les armes imposés par le Conseil de sécurité, ont aussi estimé la France, la Tunisie et la Chine.  Pour cette dernière, il faut aussi mettre pleinement en œuvre l’Instrument international de traçage, complément du Traité sur le commerce des armes.  Ce dernier est apparu au Royaume-Uni comme un outil multilatéral essentiel pour assurer un commerce légal et bien réglementé des armes classiques et lutter contre les transferts illicites. 

À contre-courant, la Fédération de Russie a estimé que la question du trafic illicite des armes légères et de petit calibre était davantage liée à la réforme du secteur de la sécurité dans les pays en conflit.  Sa délégation ne cesse d’appeler ses « partenaires » à discuter des régimes de sanctions concernant certains pays en situation de conflit, comme la République centrafricaine ou la République démocratique du Congo, qui les empêchent de disposer de matériels militaires pour assurer leur propre sécurité, a déploré le représentant.   

ARMES DE PETIT CALIBRE

Rapport du Secrétaire général sur les armes légères et de petit calibre - S/2021/839

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante du Secrétaire général pour les affaires de désarmement, a commencé par rappeler que, depuis sa déclaration présidentielle adoptée il y a 12 ans, le Conseil de sécurité n’avait cessé de reconnaître que le flux illicite et l’accumulation excessive d’armes légères et de petit calibre compromettent l’efficacité de sa capacité à s’acquitter de sa responsabilité principale de maintenir la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil de sécurité a en outre reçu, depuis lors, sept rapports du Secrétaire général sur cette question « cruciale », a précisé Mme Nakamitsu.  

Il existe des thèmes communs à tous ces rapports, notamment la nécessité de lutter contre les menaces posées par les flux illicites des armes légères et de petit calibre dans le cadre des opérations de paix, a fait observer la Haute-Représentante.  Les rapports soulignent aussi que l’utilisation abusive, le transfert illicite et l’accumulation « déstabilisante » d’armes légères et de petit calibre, et de leurs munitions, restent un « facteur déterminant » de mise en péril de la paix et la sécurité aux niveaux national, régional et mondial.  Dans le contexte des opérations de paix de l’ONU, les flux illicites et la disponibilité aisée d’armes peuvent même exacerber et entretenir la dynamique des conflits; rendre inefficaces les embargos sur les armes; mettre en danger les Casques bleus, les travailleurs humanitaires et les populations locales; et compliquer la mise en œuvre des accords de paix.  Le Conseil de sécurité lui-même a accordé une attention « croissante » à cette question, à travers ses nombreuses résolutions, a rappelé Mme Nakamitsu. 

La Haute-Représentante a donc encouragé le Conseil de sécurité à intégrer pleinement les considérations relatives aux armes et aux munitions dans ses travaux, non seulement ceux qui portent sur des pays spécifiques, mais aussi ceux qui concernent des discussions thématiques.  Il s’agit, entre autres, de traiter du lien entre armes, criminalité et terrorisme, en tant que menace sécuritaire interdépendante et multiforme.  

Il faudrait également aborder le lien entre le développement durable et les armes légères et de petit calibre, a poursuivi Mme Nakamitsu.  Le leadership mondial, y compris celui du Conseil de sécurité, sera « vital », notamment pour soutenir les efforts de renforcement des capacités des États pour recueillir des informations et rendre compte du nombre d’armes légères et de petit calibre saisies et collectées.  Il permettrait aussi un meilleur suivi des efforts et progrès dans la réduction significative des flux d’armes illicites d’ici à 2030, a plaidé la Haute-Représentante. 

Mme Nakamitsu a également estimé que les technologies nouvelles et émergentes pouvaient poser de nouveaux défis pour l’efficacité des mesures de contrôle des armes.  Ces technologies devraient donc être sérieusement prises en compte dans les discussions politiques mondiales ainsi que dans la programmation opérationnelle.  La question de la réactivation illicite d’armes légères mal neutralisées continue ainsi de se poser.  De plus, on assiste à un déplacement des achats d’armes, en particulier de leurs pièces et composants, via le Darknet et les plateformes en ligne.  Cela entraîne une augmentation significative de l’utilisation des services postaux et de messagerie pour le trafic de ces articles et rend plus difficile la détection et les enquêtes sur le trafic illicite d’armes, a constaté la Haute-Représentante.  L’adoption rapide de mesures pour relever ces nouveaux défis garantirait que le contrôle des armes légères reste efficace et réponde à ces nouvelles réalités, a-t-elle plaidé, ajoutant qu’un nombre croissant d’États avaient appelé à une action concrète et plus cohérente. 

Mme Nakamitsu a également déclaré que le Secrétaire général continuerait de plaider en faveur de l’universalisation du Protocole relatif aux armes à feu et du Traité sur le commerce des armes.  Il plaide aussi pour la mise en œuvre pleine et effective d’instruments politiquement contraignants tels que le Programme d’action sur les armes légères et l’Instrument international de traçage.  Le Secrétaire général plaide également pour que, partout où une opération de maintien de la paix est mandatée pour apporter un soutien à l’État hôte et aux autorités nationales dans le traitement des armes et munitions récupérées dans la sphère illicite, le Conseil de sécurité crée ou désigne une composante spécialisée au sein de la mission.  Cela permettrait aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies d’être considérablement plus impliquées dans l’appui à la collecte, à la centralisation et à l’analyse systématiques des données relatives aux armes légères et de garantir l’élaboration de politiques et la programmation fondées sur des données factuelles sur le terrain, a expliqué la Haute-Représentante.  J’espère que le Conseil de sécurité envisagera de telles mesures pour continuer à maintenir la paix et la sécurité internationales, a-t-elle conclu. 

M. BADRELDIN ELAMIN ABDELGADIR, général de corps d’armée et Secrétaire exécutif du Centre régional sur les armes de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA), a rappelé que la Déclaration de Nairobi sur le problème de la prolifération des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique a été signée en mars 2000 par 10 États.  Cette déclaration politique a donné le coup d’envoi pour la signature d’un instrument juridiquement contraignant, à savoir le Protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs et la Corne de l’Afrique, signé en avril 2004 par 12 États.  Le Centre régional sur les armes de petit calibre a été établi un an plus tard pour coordonner la mise en œuvre dudit protocole, a-t-il expliqué. 

Ainsi, des institutions nationales ont été créées et chargées de la gestion et du contrôle des armes légères, puis des plans nationaux ont été utilisés pour la mobilisation des ressources, a poursuivi M. Abdelgadir.  Le Centre a distribué 71 dispositifs de marquage des armes à feu dans 11 États Membres.  Il a en outre aidé à planifier la collecte des armes à feu obsolètes et non utilisées, avec la destruction de plus de 400 000 d’entre elles.  Le Centre, a précisé le responsable, a formé plus de 800 personnes aux pratiques exemplaires en matière de gestion des armes et munitions.  Il a aussi construit six salles de stockage permanent et réalisé des campagnes de sensibilisation sachant que plus de 70% des armes à feu sont utilisées par des civils.  D’autre part, des initiatives transfrontières simultanées ont été coordonnées et des campagnes nationales et régionales lancées pour sensibiliser les populations. 

Nombre de facteurs entraînent la prolifération des armes légères et de petit calibre: la faiblesse de la législation dans la plupart des pays; l’insuffisance des conditions de sécurité; la mauvaise gouvernance qui fait que les armes sont utilisées à des fins politiques, ou détournées; la marginalisation économique et le chômage, qui facilitent la radicalisation des jeunes.  Tous ces facteurs favorisent les conflits actuels dans sept États africains, a constaté le général. 

Préoccupé par les conséquences de la prolifération des armes, M. Abdelgadir a posé la question de savoir ce que peut faire le Conseil de sécurité.  Sachant que ces armes circulent déjà dans les zones de conflit avant le déploiement des Casques bleus, il serait opportun que le mandat des opérations de maintien de la paix prévoie davantage d’activités à cet égard.  La gestion et la maîtrise des armes dans des situations de fragilité devraient permettre de trouver les mesures qui s’imposent pour lutter contre le détournement et la prolifération, telles que l’enregistrement avant le déploiement et le marquage des armes de la mission.

Comment les opérations de paix peuvent-elles appuyer une meilleure gestion des armes légères et de petit calibre?  Quelles sont les lacunes et comment les combler? s’est-il encore interrogé, en soulignant que la gestion doit inclure tout un éventail d’activités, y compris une composante durant la formation avant le déploiement.  Il a rappelé que les Nations Unies et le continent africain disposent d’un certain nombre de traités et mécanismes pour assurer la coordination de tous les efforts de toutes les parties prenantes aux niveaux national et régional. 

Quels mécanismes régionaux et internationaux pourraient être élaborés ou renforcés pour resserrer la gestion des armes légères et de petit calibre? s’est demandé M. Abdelgadir, ajoutant que les mécanismes existants gagneraient à être affûtés.  La programmation de la maîtrise des armements n’est pas une question isolée car elle est directement liée à la lutte contre la pauvreté et au développement durable, a-t-il conclu.  

M. DAVID LOCHHEAD, chercheur principal, Small Arms Survey, a déclaré que la recherche, la collecte et l’analyse de données relatives aux armes, aux munitions et aux explosifs sont essentielles à tous les aspects de la mise en œuvre du mandat de l’ONU, de la médiation aux droits de l’homme, de la protection des civils à la réduction des menaces pesant sur le personnel de maintien de la paix.  Au cours des deux dernières décennies, a dit M. Lochhead, nous avons beaucoup appris sur la dynamique de la prolifération des armes dans les zones où opèrent les soldats de la paix.  Des enseignements ont été tirés de la disponibilité des armes pour les groupes armés non étatiques, du fait que le rôle des criminels et des terroristes dans les contextes de maintien de la paix est souvent « le produit d’un conflit régional historique ».  Les armes et munitions qui restent en circulation depuis des années font l’objet d’un trafic transfrontalier et alimentent de nouveaux types de violence.  

L’intervenant a ajouté que les travaux en cours de Small Arms Survey sur le trafic de composants d’engins explosifs improvisés à travers le Sahel ont montré que le détournement d’explosifs commerciaux dans le secteur extractif artisanal alimente également des réseaux de fabrication de bombes dans toute la sous-région.  D’après lui, cette menace croissante ne peut être traitée que par une approche régionale coordonnée impliquant les États, les organisations régionales et les acteurs de l’industrie. 

Pour M. Lochhead, il faut également des réponses qui couvrent à la fois les contextes d’embargo et de non-embargo.  Les missions doivent avoir pour mandat de surveiller, d’identifier et d’interrompre les entrées d’armes et de munitions illicites dans les zones où elles opèrent.  Ensuite, dans les États et régions où l’utilisation illégale d’armes légères a atteint « des proportions chroniques et déstabilisatrices », des interventions et des opérations directes visant à réduire les flux d’armes sont nécessaires pour protéger les civils.  Enfin, les mandats doivent indiquer clairement à qui incombe la responsabilité, au sein d’une mission de maintien de la paix, d’identifier et de casser ces trafics, a-t-il recommandé. 

La prévention du trafic illicite d’armes dans les zones de conflit nécessite des mandats et des capacités spécifiques pour les missions de paix, des outils d’analyse et des ressources humaines, en particulier dans les zones où l’État hôte n’est pas présent, a poursuivi M. Lochhead.  Des programmes de sécurité des frontières au sein des opérations de maintien de la paix sont également essentiels à la lutte contre la prolifération, afin d’aider les États à rétablir le contrôle de leurs frontières souvent poreuses et sujettes aux trafics à mesure que les missions se retirent.  

Pour le chercheur, les missions telles que la MINUSCA en République centrafricaine et la MONUSCO en République démocratique du Congo, devraient apprendre rapidement à s’adapter à partir de l’expérience d’autre missions comme la MINUSMA au Mali.  Il a réclamé des garanties supplémentaires afin de prévenir l’apparition d’effets pervers dans certains programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) et de réforme du secteur de la sécurité.  Il a rappelé que la politique et le manuel du Département des opérations de paix (DPO) fournissent des conseils très complets dans les contextes d’une mission.  Les opérations de paix doivent être en mesure de collaborer avec les États voisins pour prévenir la prolifération.  Le DPO devrait envisager de créer des mandats et des cellules de surveillance des armes illicites au sein des missions où un embargo sur les armes n’existe pas ou ne serait pas approprié.  Il est également temps de tirer parti des innovations importantes dans la technologie pour mener à bien ce travail de manière efficiente et efficace, a ajouté le responsable. 

M. Lochhead a terminé en énumérant les éléments clefs qui permettraient aux opérations de maintien de la paix d’atténuer les dangers associés à la prolifération des armes, des munitions et des explosifs: élaborer des mandats améliorés de lutte contre la prolifération des armes chimiques; améliorer les capacités de renseignement sur les armes des pays fournisseurs de contingents et de personnel de police; développer un axe de travail dans le cadre de la Stratégie de transformation numérique du DPO en se concentrant sur la façon dont les technologies émergentes et les mégadonnées peuvent être exploitées à bon escient pour réduire les flux illicites d’armes, de munitions et d’explosifs; élaborer des approches régionales pour améliorer le partage de renseignements et renforcer les réponses nationales et régionales à la prolifération des armes, des munitions et des explosifs.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a exhorté tous les États Membres à conjuguer leurs efforts à tous les niveaux pour lutter contre les transferts illégaux d’armes légères et de petit calibre en rappelant que 27% des victimes de ces armes étaient des civils.  Il a souligné que la prolifération de ces armes prolonge les conflits, entrave le relèvement économique et social postconflit et sape également la mise en œuvre des mandats des opérations de paix.  Face à cette réalité, le représentant a rappelé que les États étaient les premiers responsables et que les organisations régionales et internationales jouaient également un grand rôle pour aider les États à mettre en œuvre les cadres pertinents de lutte contre la prolifération des armes.   

Illustrant la valeur ajoutée des acteurs régionaux, M. Dang a particulièrement salué l’initiative africaine « Faire taire les armes » et l’initiative européenne d’un contrôle global des armes de petit calibre d’ici à 2024.  Par ailleurs, le représentant a demandé que les 9 missions de paix, dont le mandat inclut la gestion et la maitrise des armes légères et de petit calibre, reçoivent un soutien supplémentaire pour aider les pays hôtes à mieux gérer ces questions, en appui des actions de désarmement, démobilisation et intégration (DDR) et de réforme du secteur de la sécurité.  Enfin, après avoir appelé les États à promouvoir une culture de la paix, M. Dang a demandé que soit respecté le droit des pays de produire ou d’acquérir des armes légères et de petit calibre pour assurer leur protection et leur sécurité nationale.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMIREZ (Mexique) a déclaré que le sujet des armes légères et de petit calibre (ALPC) était d’une importance cruciale pour son pays qui espère poursuivre ses efforts après la réunion du Conseil en formule Arria qu’il a récemment organisée sur la même question.  Il a en outre annoncé l’intention de son pays de se pencher à nouveau sur ce point lors de sa présidence du Conseil de sécurité, en novembre.  Il a salué le Kenya pour sa présidence et les résultats obtenus lors de la septième Réunion biennale des parties au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères (BMS7) tenue en juillet dernier. 

Convaincu que le Conseil pourrait améliorer les pratiques et la transparence des armes à feu, le Mexique propose en particulier de veiller à la promotion de l’égalité des sexes et de tenir compte des victimes de ces armes.  Les informations figurant dans le rapport sont préoccupantes car elles révèlent que le trafic des armes légères ne cesse d’augmenter, a déploré le représentant, qui y a vu une menace à la paix et à la sécurité internationales alors même que les pays s’efforcent de pallier les conséquences de la pandémie de COVID-19.  M. de la Fuente Ramirez a invité à la signature d’accords plus efficaces pour prévenir ou punir sévèrement tout détournement d’armes durant les opérations de maintien de la paix. 

Le Conseil s’est principalement attelé à promouvoir la gestion des armes mais ce n’est qu’une goutte dans l’océan, a fait observer M. de la Fuente Ramirez en soulignant que la gestion ne saurait être complète si la réponse était purement réactive, c’est-à-dire intervienne quand les armes sont d’ores et déjà entre les mains de ceux qui ne devraient pas en disposer au départ.  Le représentant a appelé à tenir compte des réalités sur le terrain, notamment sur les conséquences de ces armes sur les plus vulnérables, les femmes et les enfants plus particulièrement.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’établir des unités spécialement chargées de tout ce qui concerne le contrôle de l’armement.  Il a fermement appelé tous les États à s’engager de façon plus énergique et à contrer les conséquences du trafic des armes sur la paix et le développement.

M. TAREK LADEB (Tunisie) a déclaré que les conséquences négatives du trafic illicite des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions devraient être concrètement examinées.  Cela doit se faire, y compris au sein des missions de l’ONU.  Ces dernières doivent non seulement contrôler leurs propres armes, mais également apporter une aide technique et un renforcement des capacités aux États dans la gestion de leurs stocks. 

Mais pour lutter plus efficacement contre le phénomène de trafic illicite, il faudrait garantir la mise en œuvre des embargos sur les armes imposés par le Conseil de sécurité.  Il faudrait également adopter une approche de genre, et faire le lien entre le trafic illicite, les femmes, la paix et la sécurité.  Il faut en outre soutenir le Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, de même que l’Instrument international pour le traçage des armes, a plaidé le représentant.

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a estimé qu’en dépit d’importants progrès en ce qui concerne la gestion des armes légères et de petit calibre au sein des opérations de maintien de la paix en général et dans les programmes de DDR en particulier, les protocoles restaient inégalement appliqués.  Dans le futur, a suggéré le représentant, l’ONU devra élargir l’utilisation des meilleures pratiques pour la gestion des armes légères et de petit calibre et les mettre en œuvre dans l’ensemble des opération de maintien de la paix, y compris par l’opérationnalisation et la mise à jour continue des protocoles décrits dans le manuel « Gestion efficace des armes et des munitions dans un contexte de désarmement, démobilisation et réintégration en évolution », dont la deuxième édition a été publiée cette année.

En ce qui concerne le trafic illicite d’armes légères et de petit calibre en général, M. DeLaurentis a réitéré l’appel de sa délégation aux États Membres pour qu’ils mettent en œuvre de manière globale le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et son instrument international complémentaire de traçage.  Dans la région des Grands Lacs, les États-Unis se sont associés au Centre régional sur les armes légères pour soutenir les campagnes nationales de marquage et de traçage des armes afin d’améliorer la gestion des stocks détenus par les gouvernements, a expliqué le représentant.  Nous avons construit de nouvelles armureries, fourni 1 500 casiers à armes et aidé à la destruction de 36 000 armes légères et de petit calibre et de 560 tonnes de munitions.  Cette assistance permet de s’assurer que les installations de stockage sont physiquement sécurisées, qu’elles sont sous surveillance et ne contiennent que des munitions utilisables, créant ainsi une zone tampon autour des zones non sécurisées pour prévenir les fuites et améliorer la préparation au combat, a-t-il précisé.  M. DeLaurentis a en outre exhorté les États Membres à lutter contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre, principal moyen à ses yeux d’atténuer la poursuite et l’escalade des hostilités dans les zones de conflit dans le monde entier.

Mme SHERAZ GASRI (France) a affirmé que son pays avait beaucoup œuvré en faveur de l’adoption d’engagements concrets, notamment dans le cadre du Programme d’action des Nations unies sur les armes légères, que la France a présidé en 2018.  Mme Gasri a salué l’action du Kenya qui a présidé la réunion biennale des États parties.  Tout en saluant le rôle du Conseil de sécurité face à ces questions, la représentante a estimé que le Conseil de sécurité pourrait certainement faire davantage sur quatre pistes à explorer.  

Premièrement, elle a invité le Conseil de sécurité à encourager les États à adhérer au Traité sur le commerce des armes et au Protocole de Vienne sur les armes à feu.  

Deuxièmement, le Conseil devrait inciter les États à marquer les armes, afin de les tracer efficacement notamment dans le cadre de violations des embargos, a déclaré la représentante.  À cet égard, elle a expliqué que la France avait promu inlassablement, pendant deux décennies, l’Instrument international de traçage et appelait aujourd’hui à se pencher sur les défis posés par les évolutions dans la conception et la fabrication des ALPC. 

Troisièmement, le Conseil de sécurité « doit faire respecter les embargos sur les armes et actualiser régulièrement les régimes de sanctions de l’ONU », a insisté Mme Gasri. 

Enfin, La France invite le Conseil de sécurité à mandater les opérations de maintien de la paix, lorsque cela est pertinent, pour qu’elles assurent le traçage des armes et de leurs munitions et collecter les données utiles.    

Jugeant essentielle la question des munitions, Mme Gasri a cité des risques spécifiques comme les vols, la fabrication d’engins explosifs improvisés et l’explosion de stocks mal gérés.  Face à ces risques, elle a salué la conclusion du Groupe d’experts gouvernementaux des Nations Unies sur ces questions, qui appelle l’Assemblée générale à faire avancer ces recommandations au sein de la Première Commission. 

En outre, Mme Gasri a exhorté le Conseil de sécurité à soutenir les mesures utiles prises au niveau régional par l’Union européenne, l’OSCE, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou encore la Communauté des Caraïbes (CARICOM), qui présentent l’avantage d’être adaptées aux réalités spécifiques du terrain.  Enfin, elle a jugé urgent d’en faire davantage en matière d’assistance et de renforcement des capacités avant de préciser que c’était précisément l’objectif poursuivi par la feuille de route franco-allemande pour endiguer les trafics illicites dans les Balkans occidentaux.

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a mis l’accent sur la complexité et la nature multidimensionnelle de la prolifération des armes légères et de petit calibre, ajoutant que la responsabilité première incombait aux États Membres.  Le représentant a pris note des observations et recommandations du Secrétaire général, jugeant que son rapport contenait des informations importantes pour les membres du Conseil.  Il s’est inquiété des flux d’armes légères et de petit calibre qui tombent entre les mains des terroristes et d’acteurs non étatiques, ainsi que de la violation des embargos sur les armes existantes et du manque de mise en œuvre des mesures de lutte contre le trafic illicite.  Le représentant a également proposé la mise sur pied d’une unité spécialisée dans le traçage et le marquage des armes dans les missions de maintien de la paix dotées d’un mandat sur la question. 

D’autre part, le Conseil doit mettre l’accent sur le transfert des armes par les terroristes et les groupes terroristes, qui prennent directement pour cible des femmes et des enfants, a souligné M. Tirumurti, qui a ajouté que l’Inde souffrait depuis longtemps du terrorisme et rejetait le terrorisme appuyé par des États.  Le représentant a conclu sur la nécessité de régler la question du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a dit comprendre les problématiques qui se posent à certains États, notamment aux pays africains, qui subissent les effets du trafic illicite de ces armes légères et de petit calibre.  Mais la question de la circulation des armes légères et de petit calibre est également liée à celle de la mise en œuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR), a-t-il ajouté.  Or, le DDR des anciens combattants n’est pas possible sans un climat de confiance, notamment pour leur permettre de renoncer à leurs armes.  Pour la Fédération de Russie, il s’agit donc de créer les conditions de confiance nécessaires afin de parvenir à un meilleur contrôle de la circulation de ces armes. 

Le représentant a également estimé que la question du trafic illicite des armes légères et de petit calibre et de leurs munitions n’avait rien à voir avec les changements climatiques ou les questions de genre, comme entendu de la bouche de certaines délégations.  Elle est davantage liée à la réforme du secteur de la sécurité dans les pays en conflit.  Pour y arriver, il importe que ces États disposent de forces de sécurité bien équipées et bien formées.  La Fédération de Russie réitère donc sa position déjà exprimée à ses « partenaires » du Conseil de sécurité, quant aux régimes de sanctions concernant certains pays comme la République centrafricaine ou la République démocratique du Congo.  Ces régimes les empêchent de disposer de matériels militaires pour assurer leur propre sécurité, a estimé le représentant.  

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a dit que le contrôle des transferts d’armes légères et de petit calibre doit faire partie intégrante des efforts de réduction de la violence armée et postconflit, y compris dans les mandats des opérations de paix des Nations Unies.  Dans ce contexte, M. Jürgenson a appelé à s’inspirer des actions de diverses opérations de paix de l’ONU –en Haïti, au Soudan, au Mali– mandatées pour soutenir la gestion des armes dans le cadre de programmes de réduction de la violence communautaire, de désarmement, de démobilisation et de réintégration, et de réforme du secteur de la sécurité. 

Le représentant a suggéré que le Service de la lutte antimines de l’ONU (UNMAS) devienne une composante intégrée de ces missions afin de leur fournir une assistance technique dans les activités liées au contrôle des armes légères.  Il a aussi appelé à renforcer l’appui que les opérations de paix de l’ONU apportent aux autorités nationales dans la gestion des flux d’armes légères illicites.  Dans cette optique, il a invité le Conseil de sécurité à inclure de manière plus systématique dans les mandats des opérations de paix les tâches telles que la tenue de registres et le traçage des armes conformément aux instruments et normes internationaux.  Afin de maximiser la capacité des missions à répondre à la gestion des armes légères et à mener les tâches liées à l’embargo sur les armes, M. Jürgenson a appuyé la recommandation du Secrétaire général de créer une unité dotée de ces compétences au sein des missions de paix.  Enfin, il a jugé essentiel que tous les États mettent en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes et l’Instrument international de traçage.  Il a particulièrement salué la valeur ajoutée du Traité sur le commerce des armes, largement mis en œuvre, qui contribue à des transferts internationaux d’armes plus responsables et plus transparents.

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a déclaré que sa délégation soutenait le projet de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR) visant à intégrer la maîtrise des armes classiques dans les travaux de prévention des conflits.  Le projet a permis de créer une boîte à outils d’analyse des risques pour les praticiens des conflits en renforçant leur compréhension des risques et de l’impact des armes, et de la manière dont la maîtrise des armes conventionnelles peut contribuer à la prévention, à la gestion et à la résolution des conflits.  Pour le représentant, le Traité sur le commerce des armes est un outil multilatéral essentiel pour assurer un commerce légal et bien réglementé des armes classiques et lutter contre les transferts illicites.  Il a encouragé tous les États à le ratifier et à y adhérer.  

M. Roscoe a rappelé que les armes légères illicites affectent différents pays et régions de différentes manières et a salué les approches régionales dans ce domaine, notamment l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes » et la feuille de route pour les Balkans occidentaux.  Le Royaume-Uni lui-même mène un examen des meilleures pratiques de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur la gestion des stocks d’armes légères et de petit calibre, a précisé M. Roscoe.  Le Royaume-Uni appuie les travaux de gestion des risques liés aux stocks de munitions, notamment par l’intermédiaire du Groupe d’experts gouvernementaux sur les problèmes découlant de l’accumulation de stocks de munitions classiques excédentaires.  Il continuera de donner la priorité au renforcement des cadres nationaux de contrôle des armements par le biais de la législation nationale, à la mise en œuvre de procédures améliorées de gestion des stocks et à relever les graves défis reconnus dans le rapport du Secrétaire général, a assuré M. Roscoe.

Les armes légères et de petit calibre sont à l’origine de la majeure partie des décès dans des situations de conflit et de non-conflit, s’est émue Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande).  Plus que d’autres armes, elles facilitent des abus des droits de l’homme; elles attisent et perpétuent les conflits.  Une fois ces constatations faites, la représentante a jugé vital que le Conseil prenne cette menace à bras le corps.  Pour faire taire ces armes, le Conseil doit assumer la responsabilité de surveiller en permanence l’impact des armes légères et de petit calibre illicites en tant que moteurs de conflits et d’en prévenir le transfert illégal, notamment pour mieux protéger les civils.

De leur côté, les opérations de maintien de la paix ont un rôle déterminant à jouer pour peu qu’elles jouissent d’objectifs clairs et surtout de ressources spécifiques pour les réaliser.  Cela est fondamental, notamment dans le contexte des processus de désarmement, démobilisation et réintégration, a poursuivi Mme Byrne Nason.  Par ailleurs, il convient de veiller à une gestion et à un traitement efficaces des armes et des stocks de munitions, mais également à l’identification et l’élimination des routes de trafic illicite et points de diversion.  Pour plus d’efficacité, les forces de défense irlandaises contribuent à la formation et au renforcement des capacités nationales, a dit la représentante.  Elle a salué le projet de l’Union africaine « Faire taire les armes », « un exemple de leadership régional », selon elle.  Enfin, elle a insisté sur l’attention à octroyer aux femmes et aux filles, souvent victimes d’armes utilisées par des garçons et des hommes, notamment en Somalie et au Soudan.

Selon Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), des partenariats renforcés entre l’ONU et les organisations régionales, sous-régionales et interrégionales sont nécessaires pour lutter contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre, conformément à la résolution 2457 (2019) du Conseil de sécurité.  « Cependant, ces efforts seront vains si les États qui fabriquent des armes et se livrent à leur commerce n’assument pas une plus grande responsabilité des conséquences de ce commerce », a-t-elle averti.  La disponibilité de telles armes et la facilité avec laquelle elles circulent dans les régions du Sahel et de l’Afrique centrale favorisent le terrorisme et l’extrémisme violent et aggravent les tensions intercommunautaires.  Pour protéger efficacement les civils contre le fléau des armes légères et de petit calibre, une approche globale est nécessaire, y compris l’engagement du Conseil de sécurité sur la question, a plaidé la représentante.

Mme King a souligné également la nécessité de renforcer les capacités nationales et les cadres institutionnels et politiques pour soutenir des programmes efficaces de désarmement, démobilisation et réintégration et de réforme du secteur de la sécurité qui prévoient l’inclusion et la participation pleine et effective des femmes, des jeunes et de la société civile.  Les flux d’armes illicites créent des défis mondiaux transversaux et multidimensionnels auxquels tous les États sont vulnérables, a conclu la représentante. 

M. GENG SHUANG (Chine) a indiqué que le flux illégal des armes entravait les opérations de paix et menaçait la sécurité du personnel de l’ONU, entre autres.  Les pays concernés devraient être les premiers à mettre en place les conditions idoines pour éviter que ces armes tombent entre les mains de réseaux illégaux.  Le respect scrupuleux des embargos sur les armes imposés par le Conseil est fondamental dans cette problématique, de même que le renforcement de la réglementation.  À cet égard, le représentant a dit espérer que l’instrument international de traçage serait dûment mis en œuvre, avant d’appeler à l’établissement de mécanismes de surveillance du trafic des ALPC.  Il a fait part d’une initiative chinoise qui veut qu’une partie de la solution consiste à éliminer la pauvreté, à aider les pays à se relever de la pandémie et à assurer la réalisation du développement.  Il a cité, à cet égard, le Fonds de coopération Chine-Afrique dont le but est d’appuyer l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes en Afrique ».

M. ABDOU ABARRY (Niger) a estimé que la réunion de ce jour complétait les discussions entamées lors de la récente réunion en formule Arria organisée à l’initiative du Mexique, et celles qui ont eu lieu lors de la septième Réunion biennale des États pour l’examen de la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères, tenue à New York du 26 au 30 juillet 2021.  Le représentant s’est félicité de la prise en compte de cette problématique dans les mandats des opérations de maintien de paix et a souligné la nécessité de procurer une formation spécialisée en matière de gestion des armes et des munitions avant le déploiement des Casques bleus.  Soulignant la nature transnationale de la circulation des armes illicites et de toutes ses implications géopolitiques et économiques, M. Abarry a exhorté le Conseil à veiller au renforcement des capacités du pays hôte à assurer une bonne gestion des stocks d’armes et de munitions, pour éviter toute influence négative sur le processus de consolidation de la paix. 

Pour la Niger, la répression du trafic d’armes illicite peut être assurée à travers le renforcement de la surveillance des frontières, en coopération avec les pays voisins, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de prévention, du partage d’information et de l’application des conventions et programmes internationaux relatifs au contrôle des armes légères.  M. Abarry a particulièrement salué l’initiative « Faire taire les armes » de l’Union africaine, la portée de la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes et celle de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, réparation et assemblage.  

Le représentant a indiqué que son pays avait créé, en 1994, la Commission nationale pour la collecte et le contrôle des armes illicites (CNCCAI), tout en reconnaissant que son action est rendue difficile aujourd’hui par la porosité des frontières.  Néanmoins, il a assuré de la poursuite des efforts du Niger, grâce à l’appui des partenaires bilatéraux et multilatéraux dont les Nations Unies, notamment dans le domaine du déminage humanitaire et le renforcement des capacités dans le traçage, le marquage et le stockage des ALPC. 

Mettant l’accent sur l’impact de la crise libyenne sur la circulation des ALPC au Sahel, M. Abarry a estimé que la prévention du trafic d’armes reposait fondamentalement sur le renforcement des initiatives de restauration de la paix, sa consolidation, le renforcement de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, et la réforme du secteur de la sécurité.  C’est pourquoi il a jugé important de renforcer les capacités des États à lutter contre le terrorisme, et de soutenir les stratégies nationales pour contenir la propagation des armes légères et de petits calibres.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a déclaré que les flux illicites d’armes légères et de petit calibre ont un effet particulièrement déstabilisateur, notamment lorsqu’ils sont entre les mains de groupes terroristes ou d’autres groupes ayant pour objectif de déstabiliser davantage des situations souvent fragiles.  La représentante a encouragé tous les États Membres à appuyer la volonté du Secrétaire général d’intégrer les mesures relatives aux armes légères dans d’autres domaines thématiques, notamment la protection des civils, les droits de l’homme, la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée, le maintien de la paix et l’aide humanitaire.  Toutes les initiatives de contrôle des armes légères et de petit calibre devraient être menées en accordant l’attention voulue aux impacts potentiels sur les enfants, a-t-elle ajouté.  Il faut prendre des mesures pour assurer la participation pleine, égale et significative des femmes au contrôle des armes légères et de petit calibre et reconnaître « les effets sexospécifiques des flux illicites d’armes légères et de petit calibre ».  

Le Conseil de sécurité doit promouvoir une approche efficace de la gestion des armes et des munitions et continuer de l’intégrer en tant que pilier essentiel pour appuyer les processus de paix, la bonne gouvernance et la réduction de la violence, a poursuivi Mme Heimerback.  Un accent particulier devrait être mis sur une sécurité physique robuste et une gestion des stocks.  En outre, l’appui aux efforts nationaux de gestion des armes et des munitions dans le contexte des opérations de paix devrait être renforcé.  Mme Heimerback a proposé d’appuyer en priorité les efforts de paix et de réconciliation, car les parties au conflit seront moins enclines à recourir à la violence armée si elles sont impliquées dans un processus politique constructif.  

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a mis l’accent sur quatre points en rappelant d’abord que la septième Réunion biennale des États sur le Programme d’action des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, tenue à New York du 26 au 30 juillet 2021, sous la présidence de son pays, a été l’occasion de souligner l’importance d’une architecture globale, fruit de la collaboration entre les agences pertinentes des Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales ainsi que la société civile pour lutter contre la prolifération de ces armes.  Deuxièmement, le représentant a souligné la valeur ajoutée des initiatives régionales, en citant en exemple le Centre régional sur les armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les États limitrophes (RECSA).  Il a appelé la communauté internationale à soutenir les initiatives des organisations régionales, dont l’initiative de l’Union africaine visant à faire taire les armes et celles de plusieurs institutions régionales, sous-régionales et nationales sur la sécurisation du stockage des armes et des munitions ainsi que la sensibilisation et la collecte et la destruction des armes légères et de petit calibre.

Troisième point: « l’impératif du renforcement des mandats du Conseil de sécurité », a insisté M. Kimani, avant d’exhorter le Conseil à soutenir les capacités des gouvernements à lutter contre la prolifération de ces armes, à réformer leur secteur de sécurité et mettre en œuvre des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration de manière coordonnée.  « Quatrième point, nous appelons au renforcement des capacités des missions de l’ONU et des gouvernements en matière de gestion des armes et des munitions », a-t-il conclu, avant de préciser que cet aspect est essentiel à la prévention du détournement et du commerce illicite des armes légères et de petit calibre.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: la communauté internationale doit considérer le Programme 2030 comme son « objectif lune »

Soixante-seizième session,
2e séance plénière & réunion virtuelle, Matin & après-midi
AG/EF/3549

Deuxième Commission: la communauté internationale doit considérer le Programme 2030 comme son « objectif lune »

Cette soixante-seizième session sera « unique », a d’emblée prévenu la Présidente de la Deuxième Commission (questions économiques et financières), Mme Vanessa Frazier, à l’ouverture du débat général.  Unique, parce que pour la première fois dans l’histoire de l’ONU, la Deuxième Commission est guidée par un Bureau exclusivement féminin.  Unique, car bien que la pandémie influence encore cette année les travaux de la Commission sur la forme et le fond, des vaccins efficaces existent désormais, et la communauté internationale, à la croisée des chemins, doit agir vite et de concert.

La distribution de ces vaccins, très inégale, entrave le relèvement des économies et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a relevé M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  Si de nombreux pays en développement et émergents voient le bout du tunnel, d’autres pays, plus pauvres, n’ont pas cette chance, et des « inégalités flagrantes » pèsent sur la reprise économique.  Près de 40% de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin mais à peine 2% de la population des pays pauvres a été vaccinée, s’est désolé M. Liu.  La faute à des droits de propriété intellectuelle « trop larges » et « trop forts », a affirmé la professeure Mariana Mazzucato, invitée de ce débat général, professeure à l’University College London (UCL).  Son mécontentement a été partagé par la plupart des groupes de pays qui se sont exprimés ce matin, tels que le Groupe des 77 et la Chine ou celui des pays les moins avancés (PMA).

Le thème choisi cette année pour le débat général, « Crise, résilience et reprise - Accélérer les progrès vers le Programme 2030 », traduit une forte attente des pays membres et des populations.  Des populations qui veulent que les Nations Unies « fournissent des recommandations concrètes », « renforcent la solidarité internationale », et « déterminent le cours des politiques », a énuméré Mme Frazier, afin d’émerger enfin de la crise et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  « Nous devons leur donner des raisons d’espérer », a martelé la Présidente de la Commission.

L’économiste Mariana Mazzucato n’a pas mâché ses mots.  Selon elle, « de manière évidente, rien ne marche » pour l’instant dans la réalisation des ODD, alors que la communauté internationale devrait agir « avec la même urgence qu’en cas de guerre ».  Lors d’un échange avec les membres de la Deuxième Commission, elle les a sommés de changer de trajectoire économique, sanitaire et environnementale.  Le capitalisme doit « se transformer » et se tourner tout entier vers le Programme 2030.  « Des aides vont encore à des entreprises utilisant des énergies fossiles », s’est-elle étonnée, alors que chaque centime des plans de relance et des prêts accordés par les banques publiques devrait, selon elle, être conditionné à la transition écologique de l’industrie ou de l’entreprise qui en bénéficie.  Les banques publiques qui distribuent de l’argent sans exiger de gages en termes de transition vers le développement durable font « partie du problème », a-t-elle dénoncé.

L’économiste a donc recommandé « une approche complètement nouvelle », réclamant un « New Deal vert » et un « nouveau contrat social ».  Elle a comparé l’effort à fournir avec celui produit lors de la conquête spatiale américaine des années 1960.  « Nous n’aurions jamais marché sur la Lune sans les politiques qui vont avec », a-t-elle formulé.

Consciente des capacités de travail diminuées de la Commission du fait des restrictions sanitaires, la Présidente Frazier n’en a pas moins tracé ses grands axes de travail: l’examen des principaux impacts de la pandémie sur l’économie mondial; l’éradication de la pauvreté; la sécurité alimentaire; la situation des groupes de pays en situation particulières; le développement durable; et, enfin, la question de l’accélération de la mise en œuvre des engagements pris par les États Membres pour limiter l’impact des catastrophes naturelles, malgré la pandémie.

Concernant l’adaptation aux changements climatiques, le groupe des PMA a plaidé pour que la moitié du financement de l’adaptation aux chocs bénéficie aux pays vulnérables, tels que les PMA et les petits États insulaires en développement (PEID).  La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a indiqué qu’un « indice de vulnérabilité multidimensionnelle » permettrait de mieux rendre compte des vulnérabilités et des difficultés particulières de certains pays en termes de développement, une question qui importe beaucoup aux pays à revenu intermédiaire, a relevé le Sous-Secrétaire général Elliott Harris, du Département des affaires économiques et sociales (DESA).

La séance de l’après-midi, tenue virtuellement, fut consacrée notamment au thème des Technologies de l’information et de la communication (TIC).  Y ont été évoqués les opportunités et les défis posés par la révolution numérique rendue plus rapide encore par la pandémie, ainsi que l’ont constaté notamment le groupe des pays en développement sans littoral et le Mexique.  La gouvernance numérique, la règlementation de l’exploitation des données, l’infobésité ont été évoquées.  Le « fossé numérique », entre les pays et au sein des pays, en a inquiété plus d’un, mais aussi l’appétit vorace du secteur en matière d’énergie, désormais comparable au secteur aérien, ainsi que les énormes problèmes de traitement des déchets produits par l’industrie numérique.

Les délégations ont également traité le sujet « mondialisation et interdépendance », l’occasion de demander que la mondialisation devienne plus inclusive, équitable et durable.  M. Ernesto Ottone, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a pour sa part fait valoir que la Culture peut être un secteur productif, un facteur de relance économique ainsi qu’un moteur du développement.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général en réunion plénière demain matin, à 10 heures, dans la salle de l’Assemblée générale.

Discours liminaires

La Présidente de la Deuxième Commission, Mme VANESSA FRAZIER, de Malte, a prévenu que cette soixante-seizième session serait unique, alors que de nombreuses régions du monde émergent lentement d’une pandémie mondiale sans précédent, n’ayant épargné aucun continent, aucun pays, aucune communauté.  Au cours des prochaines semaines, la Commission cherchera les moyens d’assurer une reprise mondiale tout en accélérant la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des objectifs de développement durable (ODD).

Reprenant le thème choisi cette année pour le débat général, « Crise, résilience et reprise - Accélérer les progrès vers le Programme 2030 », Mme Frazier a jugé que ce thème était clair pour les membres réunis ce jour et pour les milliards de personnes qu’ils représentent, dont un trop grand nombre a souffert des impacts de la pandémie.  « Elles attendent de nous davantage que de simplement débattre.  Elles veulent que les Nations Unies fournissent des recommandations concrètes et renforcent la solidarité internationale » et « que nous déterminions le cours des politiques », afin que tous les pays émergent de la crise et atteignent les objectifs de développement durable, a rappelé la Présidente.  « Nous devons leur donner des raisons d'espérer. »

Encourageant à formuler des « recommandations fortes » pour permettre des vaccinations accessibles et abordables partout dans le monde, Mme Frazier a espéré que la Commission ferait la lumière sur les dimensions multiples des impacts de la COVID, et des réponses politiques à adopter.

La Présidente a tout d’abord recommandé d’examiner les principaux impacts de la pandémie sur l’économie mondiale.  « Nous devons apporter un nouvel éclairage sur l’approche des politiques macroéconomiques, des politiques financières, des politiques commerciales et de la gestion de la dette », a-t-elle détaillé.  Le nouveau secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sera entendu plus tard dans la semaine à ce sujet et sur les résultats de la Conférence CNUCED XV récemment organisée à la Barbade.

Deuxièmement, la Commission examinera les questions « cruciales et transversales » de l’éradication de la pauvreté et de la sécurité alimentaire.  « Des millions de personnes ont été frappées par la pauvreté à la suite de la pandémie, et la faim est de nouveau en hausse », a-t-elle déploré, citant les conclusions du dernier Sommet mondial des systèmes alimentaires, qui s’est tenu il y a quelques semaines à peine.

Troisièmement, comme toujours, la Commission débattra de la situation de groupes de pays en situation particulière.

Quatrièmement, la Commission abordera un grand nombre d’aspects liés au développement durable: « il est important de relier nos travaux aux grands processus en cours ailleurs, notamment la COP26 sur les changements climatiques et la COP15 sur la diversité biologique », a relevé Mme Frazier.

Cinquième et dernier point, a rappelé la Présidente: les catastrophes naturelles, liées aux changements climatiques ou à d’autres facteurs, se produisent sur tous les continents.  Elles affectent de plus en plus la vie quotidienne de milliards de personnes dans le monde.  « Nous devrons convenir des modalités de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Cadre de Sendai en 2023 », a-t-elle annoncé.  Dans l’ensemble, la Commission devra se pencher sur les engagements pris par les États Membres lors de diverses conférences et sommets des Nations Unies, et déterminer « comment accélérer leur mise en œuvre malgré la pandémie ».

Une pandémie qui a également eu un impact sur les méthodes de travail de la Commission.  Il a en effet été décidé que toutes les résolutions seraient traitées de la même manière et que nous ne mettrions à jour que trois ou quatre paragraphes.  « Je dois avouer que j’avais de plus grandes ambitions pour la session de cette année, mais le Bureau et moi-même sommes conscients des limites » de ce qu’il est possible de réaliser dans les conditions actuelles, a concédé Mme Frazier.  Quoi qu’il en soit, la Présidente a souhaité montrer que la Deuxième Commission était au fait des nouveaux développements, et qu’elle avait des orientations pertinentes à fournir en de tels temps de crise.

Envisageant des recommandations politiques « innovantes » et « ambitieuses » pour chaque question au programme, Mme Frazier a appelé les membres à être « créatifs », « flexibles » et à travailler dans un esprit de consensus.  La Présidente s’est enfin dite fière que, pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, la Deuxième Commission soit guidée par un Bureau exclusivement féminin.  « Nous ferons de notre mieux pour être à la hauteur de l’événement », a-t-elle promis.

Intervenant pour une déclaration liminaire en visioconférence suivie d’un débat interactif avec les délégations, Mme MARIANA MAZZUCATO, professeure et directrice fondatrice de l’Institute for Innovation and Public Purpose de University College London (UCL), a d’emblée constaté que « de manière évidente, rien ne marche », notamment pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Elle a invité la communauté internationale à renouveler complètement son approche et à tirer les leçons de la pandémie.  S’agissant par exemple de la pénurie de vaccins, les droits de propriété intellectuelle sont trop larges et trop forts, ce qui pèse sur l’innovation collective, a-t-elle noté.  Trop de personnes dans le monde n’ont pas accès aux droits fondamentaux, les systèmes de santé sont faibles et cela n’a fait qu’empirer la crise, a continué l’économiste.  Selon elle, une partie du problème se trouve dans la comptabilité, qui ne tient pas compte par exemple de la solidarité et des soins dans le calcul de la croissance.

Quant à la crise climatique, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a rappelé cet été l’urgence de la résoudre: il ne reste que huit ans, a noté la professeure.  Or, des aides vont encore à des entreprises utilisant des énergies fossiles, a déploré Mme Mazzucato, pour qui chaque centime des plans de relance et des prêts à accorder doit dépendre de la transformation du point de vue écologique de chaque industrie ou chaque entreprise.

Regrettant que les objectifs de développement durable en restent précisément au stade d’objectifs, Mme Mazzucato a demandé d’arrêter de mettre des emplâtres sur des jambes de bois, autrement dit de cesser de chercher des solutions à court terme.  Il faut prendre à bras le corps les risques et les difficultés sur la base d’un partenariat public-privé solide avec un objectif commun, a-t-elle asséné.  Pour étayer son propos, l’économiste a fait un parallèle: « Nous n’aurions jamais marché sur la Lune sans les politiques qui vont avec. »  La NASA a reconçu ses marchés et est passée de contrats en régie à des contrats à prix fixe, a-t-elle précisé, invitant à envisager des objectifs aussi concrets.

L’économiste a estimé que le secteur public peut avoir des objectifs très ambitieux mais qu’il ne peut pas se permettre de ne pas se réorganiser en fonction.  Selon elle, il ne faut pas envisager seulement un Pacte vert mais un New Deal, un nouveau contrat social.  Par exemple, il ne sert à rien d’avoir un vaccin s’il ne peut pas être livré.

Elle s’est dit convaincue que la manière dont nous pratiquons le capitalisme doit être davantage axée vers des objectifs, comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ce qui implique que tous les secteurs investissent et se transforment.  Pour atteindre les ODD, il faut procéder avec la même urgence qu’en cas de guerre: pourquoi n’avoir pas tiré des enseignements que l’on pourrait appliquer aux problèmes sociaux qui impliquent le même degré d’urgence? a-t-elle demandé à l’assistance.  « Nous manquons clairement de préparation, comme nous l’avons vu avec la pandémie et avec les changements climatiques », a conclu Mme Mazzucato, invitant à placer un contrat social au cœur des travaux de la Deuxième Commission.

Discussion interactive

À une question du représentant de la Slovénie sur les limites du modèle capitaliste et la nécessité de le transformer, Mme Mazzucato a répondu que 3,000 Milliards de dollars sont dépensés chaque année pour racheter des actions et accroître des dividendes, selon un modèle se fondant sur la maximalisation de la valeur.  Elle a noté que les outils de mesures manquent pour mesurer la qualité d’un partenariat public-privé, par exemple.

Appelant à un « New Deal vert » et à un « nouveau contrat social », paraphrasant l’activiste suédoise Greta Thunberg, elle a comparé le défi de cette transformation à celui d’envoyer l’Homme sur la Lune.  Elle a appelé l’ONU à se « décloisonner », à faire preuve d’« ambition », à « changer de discours économique » pour « éviter les écueils du capitalisme ».

À une question de la représentante de la République Dominicaine, qui demandait à quoi devrait ressembler la communauté internationale pour « viser la Lune », Mme Mazzucato a cité le CERN, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, et appelé à ce que les sciences sociales disposent du même type d’institution de pointe.

Elle a appelé à utiliser « notre intelligence collective » et à réfléchir à la manière dont sont délivrés les brevets; à investir dans le secteur recherche et développement, à octroyer des salaires décents, et à rompre le consensus de Washington « en le restructurant au service du développement durable », qu’il s’agisse de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), de l’Union européenne (UE) ou des partenariats public-privé.

Mme Mazzucato a aussi répondu à une question de la délégation du Brésil au sujet du secteur agricole et de la participation accrue aux chaînes d’approvisionnement mondiales des pays en développement: étant donné les économies d’échelle et du commerce international, quelles approches les pays en développement pourraient-ils adopter pour produire davantage de biens agricoles et industriels et le faire mieux, afin de ne pas être confrontés aux mêmes défis rencontrés durant la pandémie?

Mme Mazzucato a estimé qu’il fallait que les pays se transforment et que les banques publiques deviennent des « outils de transformation », en incorporant les conditions du changement.  Elle a remarqué que dans de nombreux pays en développement mais aussi dans d’autres, en Italie par exemple, la banque publique fait partie du problème, car elle distribue de l’argent sans contrepartie, sans demander de transformation.  « La part de profit du PIB mondial est à son maximum.  Il faut qu’une partie de ce PIB soit transformée en investissements », a ajouté Mme Mazzucato.

Débat général

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, intervenant par visioconférence depuis la Chine où il participe à la Conférence mondiale sur les transports durables, a indiqué que nombre de pays en développement et émergeant voient le bout du tunnel alors que les plus pauvres n’ont pas accès aux vaccins.  Ces inégalités flagrantes d’accès aux vaccins ont un impact sur la reprise économique mondiale, a-t-il noté.  Alors que près de 40% de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin, à peine 2% de la population des pays pauvres a été vacciné.

La croissance mondiale devrait être de 4% environ en 2022, mais les chiffres ne reflètent pas les disparités entre pays riches et pauvres, a fait remarquer M. Liu.  De même, M. Liu a observé que la pandémie a renforcé les disparités entre les genres.

Avant la pandémie, les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) étaient déjà insuffisants, et maintenant les prévisions sont encore plus sombres, a-t-il constaté, en mettant l’accent sur l’importance cruciale de la solidarité internationale au moment où l’on s’attèle à la relance de l’économie mondiale.  Selon le Secrétaire général adjoint, « les ODD doivent être notre boussole pour la relance et la reconstruction après la crise ».

S’adressant aux délégués de la Deuxième Commission, il leur a dit que leur travail sera essentiel afin de fournir des orientations pour lutter contre la pauvreté qui est un objectif transversal.  L’allocation de 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) répond au besoin urgent de liquidités des pays en développement, a-t-il salué.  De même, l’initiative du G20 sur le moratoire de la dette a été étendue à décembre 2021, mais le rééchelonnement de la dette en 2022 pourrait rendre non soutenable le service de la dette.  M. Guterres a demandé une coopération forte contre l’évasion fiscale et le blanchiment, a-t-il aussi rappelé.  Il a également souhaité que les travaux de la Commission soient menés de manière intégrée, en faisant le lien entre plusieurs domaines connexes.  Par exemple, les liens entre les changements climatiques et la biodiversité doivent être exploités, de même que les nombreuses conférences internationales à venir, dont la COP26 sur le climat de Glasgow en novembre et la Conférence sur les océans de 2022.

M. Liu a en outre appelé à se concentrer sur les pays en situation particulière, y compris les pays les moins avancés (PMA) qui auront besoin de plusieurs années pour retrouver leur produit intérieur brut (PIB) de 2019.  La Conférence sur les PMA de janvier prochain sera l’occasion de discuter de leurs problèmes spécifiques, a-t-il noté.  Il a également attiré l’attention sur les problèmes des pays en développement sans littoral (PDSL), des petits États insulaires en développement (PEID) et des pays à revenu intermédiaire.  Il a appelé à la finalisation par l’ONU de l’index multidimensionnel de pauvreté afin de pourvoir établir la réelle situation de ces différents groupes de pays.  Pour le Secrétaire général adjoint, il faut des solutions novatrices qui pourraient avoir un impact sur l’ensemble du champ de mise en œuvre des ODD.  L’ONU ne peut se laisser paralyser par la pandémie alors que les appels à l’aide sont lancés partout à travers le monde, a—t-il conclu.

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a d’abord reproché au Secrétariat de l’Union européenne, en qualité d’observateur, de parler au nom de son groupe.  « C’est un précédent dangereux qui sape les pratiques de l’ONU. »  Le délégué a aussi souligné l’importance du consensus et désapprouvé toute décision unilatérale de la part du Bureau de la Deuxième Commission.

Le G77 est convaincu que le travail de la Deuxième Commission permettra d’établir des normes solides pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et notamment l’objectif d’éliminer la pauvreté, a dit le représentant, en soulignant le caractère crucial des principes de « ne laisser personne de côté » et de « responsabilité commune, mais différenciée ».  Il a aussi déploré la mise en lumière par la pandémie des inégalités et de la fragilité des systèmes.  Il a appelé à des politiques permettant d’accélérer les transformations afin de parvenir au développement durable.

Le représentant a pris note des conclusions du dernier sommet sur les systèmes alimentaires, ainsi que de l’initiative de convoquer, le 28 septembre, un débat de haut niveau sur la préservation de l’emploi.  Abordant la question de la relève post-COVID, il y a vu l’occasion de réaliser les objectifs de développement durable pour le Groupe.  Il a réaffirmé, à cet égard, que l’aide au développement est un outil essentiel, et a invité les pays donateurs à honorer leurs engagements.  Après avoir appelé à reconnaître la nature multidimensionnelle de la pauvreté, il a dit que le G77 réclame un accès sûr, large et bon marché au vaccin, afin de garantir le relèvement économique.

Pour que la croissance économique contribue à la réduction de la pauvreté, le Groupe des 77 et la Chine a besoin d’investissements dans le secteur agricole, la santé et l’éducation, a poursuivi le délégué.  Il a aussi plaidé pour un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, sous l’égide de l’OMC.

Au sujet de la coopération Sud-Sud, il a insisté sur son caractère complémentaire de la coopération Nord-Sud, qui ne peut pas s’y substituer.  Il a aussi précisé que la coopération Sud-Sud doit être fixée par les pays du sud eux-mêmes, en respectant les souverainetés nationales et les principes de non-ingérence.

Au nom des États membres de l’Union européenne (UE), M. SILVIO GONZATO a déploré les résultats de plus en plus catastrophiques relatifs aux changements climatiques, appelant à « cesser de faire la guerre à la nature » et à adopter un « plan de paix ».  Le pacte vert de l’UE cherche à relancer notre rapport avec la planète et à faire du continent européen le premier en neutralité carbone, a-t-il fait valoir, précisant que l’UE s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 50% d’ici à 2030.  La croissance va de pair avec la santé de la planète, a-t-il insisté, vantant les mérites des systèmes alimentaires solides.  L’UE a aussi doublé son financement pour la biodiversité, en particulier au profit des pays les plus vulnérables, a-t-il ajouté.

Le représentant n’a pas douté que les conférences internationales à venir, notamment la COP26 à Glasgow, joueront un rôle essentiel pour la défense de la planète et de la biodiversité.  Après la pandémie, il faudra reconstruire en mieux et en plus vert, a dit le représentant.  « C’est aussi l’occasion de travailler à un monde plus juste, plus résilient, plus équitable. »

Estimant que la fourniture de vaccins bon marché doit être accessible à tous, l’UE a promis 2 milliards de vaccins et est le principal contributeur du Mécanisme COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Par ailleurs, a dit le représentant, renforcer les systèmes de santé et parvenir à la couverture sanitaire universelle est le meilleur moyen de faire face à une nouvelle pandémie.

Enfin, a-t-il conclu, l’UE demeure engagée à renforcer les partenariats et les moyens de mise en œuvre afin de parvenir à la réalisation du Programme 2030.  Quant aux nouvelles technologies, elles doivent être centrées sur la population, a-t-il précisé.

M. MITCHELL FIFIELD (Australie), s’exprimant au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a appelé à tirer les leçons de la COVID-19 et a recommandé de chercher à renforcer les systèmes de santé et de construire une réponse collective aux futures pandémies grâce à une stratégie favorisant une seule approche sanitaire.  Une partie essentielle de cette réponse consistera à soutenir un accès équitable à des vaccins sûrs et efficaces, a-t-il estimé.  Il a aussi appelé à répondre de toute urgence au défi mondial des changements climatiques, au moment où le monde fait la transition vers une économie mondiale neutre en carbone.  En plus, a-t-il préconisé, nous devons être parfaitement conscients des besoins particuliers et différenciés des pays en situation particulière, notamment les PEID et les PMA.

Pour une communauté mondiale stable et prospère, M. Fifield a prôné l’égalité des sexes, arguant que lorsque les femmes et les filles sont à l’abri de la violence, économiquement sûres et représentées de manière significative à tous les niveaux de prise de décision, les familles, les communautés et les économies en bénéficient.  Les efforts de rétablissement post-COVID-19 tenant compte du genre sont essentiels pour regagner le terrain perdu et nous emmener plus loin, a—t-il estimé.

En tant que délégués de la Deuxième Commission, nous avons le devoir de protéger et de garantir la réalisation du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a plaidé le représentant.  Chercher à poursuivre, réorienter ou annuler ces accords sapera l’objet et l’esprit de cette Commission à un moment où la communauté internationale a le plus besoin de nous, a-t-il averti.  Dans cette perspective, il a recommandé d’améliorer les méthodes de travail de la Commission et de prendre des mesures pratiques pour adapter son travail aux réalités et aux défis d’aujourd’hui.

Pour le représentant, la revitalisation de la Deuxième Commission ne peut et ne doit pas se faire uniquement par l’ajout de nouveaux points de l’ordre du jour et de nouvelles résolutions.  Cela doit également concerner la mise à jour et la restructuration de l’ordre du jour, en s’éloignant de l’accumulation historique des sujets de débat.  Il a rappelé que lors d’une réunion de la Deuxième Commission sur la revitalisation, en février, le CANZ avait invité les membres à restructurer l’ordre du jour de la Commission sur la base de la pertinence avec le Programme 2030 et le Programme d’action d’Addis-Abeba, lesquels forment la feuille de route du développement mondial.

M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala), au nom du Système d’intégration de l’Amérique centrale (SICA), a appelé à plus que jamais mettre en pratique le multilatéralisme, du fait des ravages de la COVID-19 et de la vulnérabilité croissante face aux changements climatiques.  Plaidant pour un accès équitable aux vaccins et aux autres technologies sanitaires, il a appelé à un nouveau modèle, basé sur la résilience et l’inclusion sociale, pour avancer sur un chemin de développement durable menant vers la réalisation du Programme 2030.

La coopération et les ressources ne doivent pas se substituer aux moyens de réalisation du Programme 2030, en particulier la lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.

Le porte-parole du SICA a réaffirmé l’engagement de celui-ci contre l’insécurité alimentaire, qui demeure chronique dans le monde entier, en particulier en Amérique centrale, et appelé les partenaires à financer davantage ce combat.  L’orateur a aussi plaidé pour un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable.

Rappelant ensuite que les effets et phénomènes météorologies extrêmes touchent d’abord les populations les plus vulnérables, il a cité les recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui a pointé sa région comme une des plus vulnérables du globe.  Le représentant du SICA a de nouveau appelé à mettre en œuvre le Cadre de Sendai et rappelé les responsabilités historiques des pays développés dans les émissions de gaz à effet de serre.  Il a appelé ces pays à assumer leurs responsabilités en garantissant aux pays en développement les ressources financières adéquates, ainsi que les mécanismes de financements adéquats, afin que ces derniers soient accessibles aux pays qui en ont le plus besoin.

Cet accès au financement diminue à mesure que les pays changent de catégories, ce que le SICA déplore, a dit le représentant.  Il a expliqué que les pays à revenu intermédiaire font face à des défis spécifiques et que pour pérenniser leurs acquis, il faudrait adapter les financements et élaborer des politiques « échelonnées » et « progressives ».

L’orateur a enfin appelé à sauvegarder le secteur touristique, dont les pays du SICA dépendent beaucoup, et appelé les États Membres à soutenir un projet de résolution présenté par le SICA cette année, « Tourisme durable et développement durable en Amérique Centrale ».

Au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. CLEMENT AMAMAI DIMA NAMANGALE (Malawi), a rappelé que la période allant de 2021 à début 2022 est importante pour les PMA, car ils élaborent une stratégie et identifient leurs priorités et leurs engagements clefs en matière de développement, qui déboucheront sur un nouveau programme d’action.  Le thème de cette session est donc tout à fait approprié et adapté au contexte dans lequel ils se trouvent.  Après deux années pour le moins mouvementées et dont les conséquences continuent de se faire sentir, les pays en développement et les PMA en particulier sont très affectés, ce qui souligne une nouvelle fois la nécessité d’agir de manière décisive et résolue si le monde veut atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030, a plaidé le représentant.

Face à la crise sanitaire et économique, le risque est de voir un groupe de pays se remettre des conséquences de la pandémie tandis que d’autres, comme les PMA, vont s’enfoncer davantage dans un cycle de pauvreté, de dette insoutenable et d’austérité, a relevé le représentant; ce qui serait synonyme d’une nouvelle décennie perdue pour le développement durable.  Si le Groupe apprécie les efforts du Fonds monétaire international (FMI), du groupe de la Banque mondiale et des partenaires de développement en réponse à la crise économique, il a souligné que la pandémie a mis en évidence et exacerbé les lacunes et les vulnérabilités des filets de sécurité financiers mondiaux, ce qui montre l’urgence de les renforcer et de les rendre plus équitables.  En effet, alors que les PMA travaillent à un nouveau programme d’action, le financement en est l’un des principaux ressorts.

En venant au sujet des changements climatiques, le représentant a souligné que les mots ne suffisent pas et qu’une action décisive est plus que jamais nécessaire.  Les PMA restent engagés à zéro émission nette de gaz à effet de serre mais l’adaptation est un élément clef de l’action pour le climat, a-t-il fait remarquer.  Aussi a-t-il plaidé pour un financement de l’adaptation destiné pour moitié aux pays vulnérables tels que les PMA et les PEID.

Abordant les nouvelles technologies qui portent la quatrième révolution industrielle, le représentant a fait observer que la réalité est que les inégalités demeurent en raison de la fracture numérique, et qu’elles se sont mêmes creusées depuis la pandémie.  Pourtant, la technologie a le potentiel de stimuler le changement et les PMA sont favorables à des politiques et à des actions pour l’innovation.

En ce qui concerne la réponse à la pandémie, la délégation n’a pas manqué de rappeler que, fin août 2021, 60% de la population des pays à haut revenu avaient reçu au moins une dose de vaccin, contre seulement 1% dans les PMA.  Aussi, et plus que jamais, la coopération et le multilatéralisme sont essentiels pour garantir la vaccination et la sécurité de tous, ainsi que pour la reprise économique sur toute la planète.  Retrouver la voie du développement durable implique d’importants investissements dans tous les secteurs et à tous les niveaux ainsi que l’accès des pays vulnérables à des financements abordables, comme des subventions et des options à très long terme.

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan), s’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, a relevé que la crise actuelle a particulièrement limité l’espace financier et fiscal déjà restreint dans les pays en développement sans littoral et conduit à l’arrêt brutal des progrès dans presque tous les domaines prioritaires du Programme d’action de Vienne en faveur de ces pays pour la décennie 2014-2024, mais également du Programme 2030.  Il a noté que ces pays ont été durement touchés par les restrictions de mouvements transfrontaliers pour contenir la propagation du virus, ce qui a sérieusement réduit le commerce et la circulation des biens essentiels.  Le PIB de ces pays a diminué et les investissements étrangers directs (IED) se sont contractés, de 31 à 15 milliards de dollars en 2020, soit le niveau le plus bas depuis 2007.  Ainsi, sans soutien international et une aide financière, les pays en développement sans littoral risquent d’être laissés pour compte, comme cela a été d’ailleurs le cas lors de la réunion de haut niveau sur l’architecture de la dette internationale, a regretté le représentant.  Pourtant, a-t-il fait remarquer, dans un nombre important de ces pays, le service de la dette extérieure est un obstacle majeur à leur essor.

En 2019, lors de l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne, on avait constaté qu’il restait encore beaucoup à faire pour atteindre ces objectifs d’ici à 2024, a rappelé le délégué.  Il a aussi fait remarquer que pendant la pandémie, ces pays, qui dépendent des pays voisins pour accéder aux marchés internationaux, ont vu leur part déjà minuscule au commerce mondial se rétrécir davantage.  Il a rappelé que la tragédie de la COVID-19 se déroule simultanément avec d’autres crises mondiales telles que les changements climatiques, la désertification, la perte de biodiversité, l’insécurité alimentaire et hydrique, la dégradation de l’environnement et les conflits, qui exacerbent les vulnérabilités et les inégalités existant dans les pays en développement sans littoral.

Pour favoriser l’essor de ces pays dans le cadre de la reprise post-pandémie, le délégué a proposé un soutien international pour faciliter et accroître tous les moyens de mise en œuvre, notamment l’augmentation des ressources intérieures, l’allégement de la dette, l’aide publique au développement (APD), le commerce, le secteur privé, la coopération Sud-Sud et triangulaire, le transfert de technologie et les investissements étrangers directs (IED), tout comme le renforcement des capacités. M. Ilyassov a aussi préconisé un soutien pour favoriser les transports, le secteur énergétique et la connectivité qui sont cruciaux pour l’intégration de ces pays dans les marchés mondiaux.  Il a ensuite appelé à l’augmentation des exportations de ces pays grâce à une coopération régionale et internationale renforcée.  Ces pays ont également besoin d’un soutien accru pour faire face à la crise des changements climatiques, et enfin, une innovation technologique rapide est essentielle pour parvenir à une structure économique transformatrice, lutter contre la COVID-19 et promouvoir la mise en œuvre accélérée du Programme d’action de Vienne.

Il y a quelques jours, lors de la vingtième Réunion des Ministres des affaires étrangères des pays en développement sans littoral, une Déclaration ministérielle a été adoptée dans laquelle ils ont appelé au renforcement des efforts internationaux pour la réalisation du Programme d’action de Vienne, a signalé le représentant.  À l’approche de 2024, les ministres ont également souhaité que les préparatifs à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral soient lancés.

Mme NOOR QAMAR SULAIMAN, (Brunei Darussalam), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a reconnu que la vaccination demeure une priorité absolue et qu’une « stimulation fiscale et monétaire » est nécessaire pour renforcer l’économie, tout en veillant à surveiller les risques pour le système financier, afin de garantir la stabilité et de préserver la reprise économique.  De son côté, l’ASEAN développe une initiative stratégique et holistique, l’« ASIAN SHIELD », visant à synchroniser les réponses de l’Association aux urgences et aux catastrophes, et à mieux s’y préparer à l’avenir.

La représentante a aussi présenté le cadre global de redressement de l’ASEAN (ACRF) et son plan de mise en œuvre, qui ont été élaborés pour servir de stratégie consolidée.  Celle-ci permettra à l’ASEAN de sortir « plus résiliente et plus forte » de la pandémie.  Réitérant son appel en faveur d’une collaboration accrue et d’un partage d’expériences en matière de recherche, de développement, de production et de distribution de vaccins, la représentante de l’ASEAN a plaidé pour un accès équitable aux vaccins.  Elle les a souhaités disponibles, abordables pour tous, sous la forme d’un bien public mondial.

Mme Sulaiman a reconnu que la période de relèvement est propice à l’élaboration et à la mise en pratique de politiques promouvant un développement inclusif et durable, tout en tirant parti des possibilités offertes par la révolution numérique.  Le numérique a en effet permis la création de nouveaux modèles commerciaux, notamment pour les petites et moyennes entreprises, a-t-elle relevé.  La représentante a aussi souligné l’importance de l’économie circulaire dans la mise en place d’une économie résiliente, d’une utilisation efficace des ressources et d’une croissance durable dans la région.  Elle a ensuite mis l’accent sur l’importance de plus en plus grande de l’économie bleue, notant que les océans et les mers sont des moteurs essentiels de la croissance économique et de l’innovation.

Enfin, concernant la collaboration avec l’ONU, elle a indiqué que l’ASEAN a collaboré avec la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) afin de promouvoir les complémentarités entre la « Vision 2025 » de l’ASEAN et le Programme 2030.  À cet égard, l’ASEAN a mis en place une « Initiative sur les complémentarités », via sa « Feuille de route sur les complémentarités (2021 - 2025) », afin de mettre en œuvre le développement durable dans toutes ses dimensions.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a mis l’accent sur les conséquences multidimensionnelles de la pandémie, qui touche en particulier les petits États insulaires en développement (PIED): la pandémie a exacerbé les inégalités et les vulnérabilités préexistantes, notamment pour ce qui concerne la dette.  De nombreux pays de la CARICOM dépendant du tourisme ont connu une profonde récession en raison des mesures de restriction sanitaire, a-t-elle expliqué.  Pour créer un monde plus résilient, la représentante a plaidé pour des approches plus transformatrices, dans le cadre des Orientations de Samoa et en tenant compte du Programme d’action d’Addis-Abeba.

Les pays les plus vulnérables auront besoin de financements adaptés, entre autres pour rattraper les progrès perdus, a plaidé la représentante.   À ce sujet, elle s’est félicitée de la nouvelle émission de droits de tirage spéciaux (DTS) par le FMI, estimant que l’allocation aux pays en développement doit être la priorité.  Les pays insulaires en développement sont un cas particulier et la pandémie n’est que l’un des nombreux défis auxquels ils font face, a fait observer la représentante.  Ils sont en effet exclus de certains financements concessionnels et appellent depuis longtemps à des mesures nouvelles qui ne soient pas restreintes au seul niveau de revenu national.  Un indice de vulnérabilité multidimensionnelle permettrait par exemple de mieux rendre compte de leur vulnérabilité et de leurs difficultés particulières en termes de développement.

S’agissant de la question des changements climatiques, elle a insisté sur le besoin de faire preuve d’ambition durant la COP26, notant qu’il existe encore des écarts par rapport aux engagements pris en vertu de l’Accord de Paris.  Enfin, elle a estimé que, dans le cadre de la pandémie, le système de développement de l’ONU doit être guidé par une approche multidimensionnelle et s’attacher aux besoins spécifiques des pays.

En sa qualité de président de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), M. WALTON ALFONSO WEBSON (Antigua-et-Barbuda) a souligné la difficulté des petits États insulaires en développement (PEID) d’envisager la reprise après la pandémie alors que la gestion de la crise de la COVID-19 reste encore le souci principal de ces îles.  Il a expliqué que leur capacité à se relever est entravée par les défis des changements climatiques, dont la multiplication des tempêtes et phénomènes climatiques et l’élévation du niveau de la mer, qui se traduisent par une insécurité alimentaire croissante, le coût élevé de l’énergie et le déplacement de populations.  Face à ce constat, il a demandé combien de temps les petits États insulaires devront encore souffrir avant que la communauté internationale ne décide de s’attaquer à ces vulnérabilités?  Le président de l’AOSIS a jugé indispensable que les grands émetteurs de CO2 remplissent leurs obligations en vertu de l’Accord de Paris et trouvent des solutions durables lors de la COP26 à Glasgow.

M. Webson a estimé que la Deuxième Commission devait non seulement s’employer à couvrir les questions pertinentes du Programme de développement durable à l’horizon 2030, mais aussi s’attaquer aux défis émergents et spécifiques des pays en développement.  Il a estimé qu’il sera impossible de réaliser les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 (ODD) sans s’attaquer aux défis très spécifiques qui entravent la croissance des pays en développement.

Par ailleurs, il a dit que la pandémie de COVID-19 a affecté la capacité des petits États insulaires à réaliser le Programme 2030 et les Orientations de Samoa.  Il a assuré que malgré les contraintes liées à la pandémie, l’AOSIS exploitera toutes les opportunités et tous les espaces possibles pour traiter les questions hautement prioritaires pour les PEID.  Il s’est inquiété des difficultés économiques des îles frappées par le confinement et la chute des activités touristiques qui se traduisent par l’augmentation du chômage et de la pauvreté et une remise en cause des gains réalisés dans la mise en œuvre des ODD et des Orientations de Samoa.  Il a exhorté le système de l’ONU et les partenaires de développement à se tenir prêts à répondre aux besoins spécifiques des PEID par le biais de nouveaux mécanismes.

M. Webson a jugé indispensable en particulier que les PEID aient accès à de nouvelles opportunités de financement pour construire des infrastructures en phase avec les demandes mondiales rapides et croissantes s’ils ne veulent pas être laissés pour compte.  En outre, le Président de l’AOSIS s’est dit convaincu que l’imposition de mesures coercitives unilatérales contre des pays en développement n’a pas sa place dans un monde qui vise à réaliser les ODD et les Orientations de Samoa.  C’est pourquoi, il a exhorté la communauté internationale à adopter des mesures urgentes et efficaces pour éliminer l’utilisation de mesures économiques coercitives unilatérales.  À l’aune de la cinquième Conférence des Pays les moins avancés (PMA), le Président de l’AOSIS a aussi appelé à des critères plus souples de sortie de cette catégorie de PMA.  Enfin, il a souligné l’importance d’un indice de vulnérabilité multidimensionnel, y voyant un outil précieux pour faciliter une meilleure compréhension des vulnérabilités des PEID et de leurs besoins.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a d’abord réagi aux explications de la Présidente au sujet du choix de permettre que l’Union européenne (UE) parle avec les Groupes de pays.  Il a expliqué que la question n’aurait pas été posée si la déclaration avait été lue par un État membre de l’Union européenne et non, comme ce fut le cas, par la Délégation observatrice de l’UE.

M. Agyeman a ensuite demandé de capitaliser sur les discussions, recommandations et engagements pris lors des événements de haut niveau qui ont eu lieu pendant la semaine de haut niveau du débat général de l’Assemblée générale.  Au cours de ces événements, de nombreux dirigeants africains avaient exprimé les priorités de l’Afrique, ainsi que des efforts pour parvenir à la prospérité et au développement durable malgré la crise actuelle.  Dans le contexte de la pandémie, le Groupe des États d’Afrique a souligné la nécessité de supprimer les barrières à l’exportation pour fournir aux pays des produits thérapeutiques et de diagnostic et assurer un accès total aux vaccins contre la COVID-19.  Le Groupe a insisté sur la nécessité de faire de ces vaccins un bien public mondial.  De même, au milieu de la crise mondiale actuelle, et alors que nous reconnaissons la nécessité de solutions mondiales aux défis mondiaux actuels, il a jugé nécessaire d’élaborer des solutions aux niveaux local et régional qui soient adaptées aux contextes spécifiques.

Alors que nous cherchons à trouver les solutions financières adéquates pour assurer une reprise durable et résiliente après la pandémie de la COVID-19, et alors qu’elle est la moins contributrice aux changements climatiques, l’Afrique reste touchée de manière disproportionnée par ses effets dévastateurs, a rappelé le délégué.  En effet, a expliqué M. Agyeman, les impacts des changements climatiques sont une réalité en Afrique, en particulier dans la région du Sahel.  Et ces impacts constituent une menace existentielle pour de nombreux pays africains, y compris les PEID de la région.  Le Groupe a donc réitéré son appel à une transformation pour mettre en œuvre l’Accord de Paris et se concentrer sur les besoins des pays en développement et des PMA d’Afrique, notamment.

Selon le représentant, le financement du développement reste au cœur des priorités et préoccupations du Groupe.  Il a plaidé pour un plan de relance économique efficace qui intègre l’allégement de la dette et les paiements différés.  Il a notamment insisté sur la renonciation à tous les paiements d’intérêts sur la dette bilatérale et multilatérale, et l’éventuelle extension des dérogations à moyen terme, afin de fournir un espace budgétaire immédiat et des liquidités aux gouvernements d’Afrique.  Il a aussi demandé la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) vers les pays qui en ont le plus grand besoin.  Le Groupe des États d’Afrique a enfin appelé ses partenaires au développement à respecter leurs engagements liés au transfert de technologie et au financement, en particulier l’APD et le financement climatique.  Il a aussi réitéré l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire en tant que canaux de coopération au développement.

M. TIJJANI MUHAMMAD BANDE (Nigeria) a déclaré qu’il n’existait pas de solutions faciles pour le travail de la Commission, mais que cette dernière devait être transparente, s’engager à des actions et des investissements à long terme, et développer une coopération internationale plus efficace.  Il a misé sur un système commercial universel, fondé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable, qui joue un rôle essentiel pour stimuler la croissance économique et le développement.  Un commerce juste et équitable est nécessaire pour favoriser un relèvement post-COVID, renforcer la résilience aux chocs futurs et poursuivre des stratégies de développement transformatrices afin d’atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle mondiale, a-t-il plaidé.

Notant que la lutte contre les flux financiers illicites, de même que les efforts en vue de la restitution des avoirs acquis de manière illicite pouvaient fournir des ressources immédiates pour financer le développement à l’ère de la COVID-19 et au-delà, le délégué nigérian a invité la communauté internationale à veiller à ce que les acquis du développement ne soient pas érodés par la corruption.  En cela, le représentant a salué le rapport du Groupe de haut niveau sur la responsabilité financière internationale, la transparence et l’intégrité pour la réalisation du Programme 2030.  Il a d’ailleurs demandé que les États Membres fassent preuve de volonté politique pour soutenir les recommandations du panel en faveur de réformes systémiques.

RÉUNION VIRTUELLE SUR LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE A/76/64

Déclarations liminaires

M. ELLIOTT HARRIS, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique, a donné un aperçu du rapport (A/76/375) du Secrétaire général sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire.  Malgré les programmes réalisés en matière de développement économique et en matière sociale, ces pays sont confrontés à de nombreuses difficultés en raison de la pandémie et il n’y a eu qu’une reprise partielle au cours des derniers mois, a-t-il rappelé.  Il a mentionné notamment la hausse du chômage et des inégalités.  Beaucoup de pays à revenu intermédiaire sont aujourd’hui confrontés au piège de leur catégorie et les PEID sont particulièrement vulnérables aux variations climatiques extrêmes, a-t-il souligné.

Le Sous-Secrétaire général a attiré l’attention sur les graves difficultés qu’ont connues les systèmes de santé publics durant la pandémie, notant que l’accès limité au vaccin rend les perspectives d’avenir incertaines.  En outre, comme ces pays avaient déjà des difficultés budgétaires et un niveau d’endettement élevé, ils ne sont pas en mesure de fournir les ressources nécessaires au relèvement, a-t-il déploré.  Il a jugé intéressant l’indice multidimensionnel de vulnérabilité mentionné par ces pays.  Le rapport revient d’ailleurs sur l’élaboration d’un indice de ce type qui permettrait de recenser les priorités pour faire face à ces difficultés.

M. Harris a ajouté que beaucoup de ces pays dépendent de la commercialisation d’un produit ou deux et que les termes des échanges ne sont pas favorables.  La dette est insoutenable en raison de la pandémie, les pays à revenu intermédiaire n’ayant pas accès aux mécanismes d’allègement de la dette, a-t-il ajouté.  Le Département des affaires économiques et sociales (DESA) réfléchit d’ailleurs à l’assouplissement des critères mais il faudrait, pour ce faire, modifier l’architecture financière internationale.

M. ERNESTO OTTONE, de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le dernier rapport de l’UNESCO sur la Culture au service du développement.  Il s’est réjoui de la contribution de la Culture au développement économique et social et de l’accroissement des investissements dans la Culture par les pays.  L’UNESCO veut accroître ses efforts pour adapter le secteur de la Culture au nouvel environnement numérique, a-t-il déclaré.  Il a fait valoir que la Culture peut être un secteur productif, un facteur de relance économique ainsi qu’un moteur du développement.

Le représentant de l’Équateur a demandé à M. Ottone comment, alors que la Culture en elle-même n’est pas un ODD, diffuser le concept de Culture au sein de tous les objectifs de développement durable (ODD)?

La Culture est en lien avec l’éducation, les politiques urbaines, les changements climatiques, lui a répondu M. Ottone.  La Culture ratisse plus large, et couvre de nombreux domaines qui ont trait au développement durable.  Le rôle de l’UNESCO est justement d’aider, de guider les États Membres en ce sens, a-t-il expliqué.  « C’est pourquoi l’UNESCO voudrait qu’au sein de chaque ODD figure un point sur la Culture. »  La Culture permet de lutter contre les inégalités, contre le racisme et contre énormément de choses ayant trait aux ODD, a assuré M. Ottone.

Mme SHAMIKA SIRIMANNE, du Secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre et le suivi des conclusions du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) aux niveaux national et international.  Ce document, qui comporte des informations provenant de 29 organisations internationales et d’autres parties prenantes, est le fruit d’une « collaboration massive », a-t-elle salué.  Elle a souligné que la pandémie de COVID-19 avait fait de 2020 l’année la plus difficile pour la mise en œuvre de la vision du Sommet mondial et avait rendu le rôle des technologies de l’information et de la communication (TIC) plus prédominant que jamais auparavant en termes de développement durable.  Elle a relevé, dans ce contexte, que leur utilisation est devenue la norme dans l’enseignement, le travail à distance et la télémédecine, et que le pourcentage du commerce électronique dans le commerce mondial a grimpé de 14 à 17%.  D’autre part, les mégadonnées et l’intelligence artificielle ont amélioré les interventions médicales et l’invention rapide de vaccins, a-t-elle fait remarquer.

D’un autre côté, la pandémie à mis à nu le fossé numérique, la moitié du monde n’ayant toujours pas accès à Internet et les deux-tiers des enfants en âge de scolarisation n’ayant aucune connectivité à la maison.  En outre, l’écart perdure entre hommes et femmes.  Mme Sirimanne a également indiqué que la CNUCED avait publié son rapport phare sur l’économie numérique pour 2021, qui prévient que faute d’une approche mondiale de la gouvernance des données, l’écart numérique existant sera aggravé par un « fossé des données ».  Les flux de données alimentant l’économie numérique seront fortement contrôlés par les méga-plateformes numériques, a-t-elle expliqué.

Déclarations

M. BOUBACAR DIALLO (Guinée), parlant au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a regretté que, bien que plus de la moitié de la population mondiale soit aujourd’hui « en ligne », il existe des lacunes dans certains pays et des fossés, entre les pays, mais également au sein d’un même pays, entre les zones urbaines et rurales, et entre les différentes catégories de population.  Les bandes passantes sont parfois limitées dans certaines zones rurales, et les compétences numériques aussi, a-t-il noté, regrettant que des millions de personnes restent ainsi exclues de la société de l’information.  Ainsi, l’accès aux nouvelles technologies représente un véritable défi pour les pays en développement, a rappelé M. Diallo.  Pour y faire face, il faut, selon lui, une approche multidimensionnelle, qui nécessite notamment de renforcer les capacités des populations.

M. Diallo a appelé à davantage d’engagement des pays développés et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) pour combler la fracture numérique avec les pays en développement.  Il a aussi invité le système des Nations Unies, avec les institutions financières internationales, à élaborer des indicateurs afin de mesurer les progrès dans ce domaine.

M. MAGZHAN ILYASSOV (Kazakhstan), au nom du groupe des pays en développement sans littoral, a exposé des problèmes importants de fracture numérique au sein de son groupe, avec notamment une augmentation de 4% du tarif des abonnements téléphonique en moyenne chez les pays en développement sans littoral, qui souffrent de leur enclavement.  Le nombre de femmes ayant accès à Internet est lui aussi très faible, qui plus est en zone rurale, et la COVID-19 a accentué cette différence, alors que ces outils permettaient justement de compenser l’éloignement social.  Il faut donc des mesures pour faciliter l’accès des populations à Internet, a plaidé l’orateur.

Le groupe s’est félicité de la séance consacrée aux autoroutes de l’information de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) sur le thème de la réduction des risques de catastrophes.  Le groupe souligne qu’il est nécessaire de faire des études semblables pour d’autres groupes, comme celui des pays en développement sans littoral.

Les pays en développement sans littoral demeurent marginalisés dans leur tentative de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a rappelé l’orateur qui a réclamé une plus grande mobilisation pour soutenir leurs efforts d’exportation de biens manufacturés.  Le groupe a enfin demandé aux banques de développement de soutenir les pays sans littoral dans leurs efforts de numérisation.  Le secteur privé jouant un rôle clef dans ce domaine, M. Ilyassov a demandé une collaboration accrue entre les agences internationales et le secteur privé.

Au nom du Groupe de pays de même sensibilité pour la promotion des pays à revenu intermédiaire, M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala) s’est félicité de la tenue d’une rencontre de haut niveau, les 17 juin et 2 juillet 2021, pour faire le bilan des progrès réalisés depuis la première réunion sur les pays à revenu intermédiaire en 2018, afin de partager les expériences nationales, les meilleures pratiques et les actions prioritaires pour les soutenir.  Il en est ressorti la nécessité de revoir la perspective du financement pour le développement.  L’éligibilité au financement concessionnel par les institutions multilatérales devrait ainsi être élargie aux pays à revenu intermédiaire, a-t-il expliqué, afin de les aider à faire face à leurs vulnérabilités face aux catastrophes climatiques et aux crises humanitaires.

Les pays à revenu intermédiaire représentent 75% de la population mondiale mais seulement un tiers du PIB mondial, a cité le représentant pour donner un aperçu de la situation.  Il a indiqué que ces pays ont des structures sociale et économique fragmentées, qu’ils connaissent des inégalités persistantes sur le plan économique et entre hommes et femmes, que leurs systèmes de santé et d’éducation sont inadaptés, et qu’ils manquent d’infrastructure numérique.  Il a aussi relevé que ces pays subissent des blocages économiques comme la dépendance aux matières premières, aux importations de nourriture et aux médicaments essentiels.  Ces pays, a-t-il encore regretté, souffrent de la prédominance de secteurs à faible productivité, du fardeau de la dette extérieure et d’une marge de manœuvre budgétaire limitée.

Le Groupe s’est inquiété également que la pandémie ait poussé des dizaines de millions de personnes dans la pauvreté, dont 82% se trouvent dans les pays à revenu intermédiaire, pays où les vaccins sont distribués de manière lente et inégale comme dans les pays à faible revenu.  Il a salué la recommandation du Secrétaire général de considérer des mesures multidimensionnelles de la pauvreté et du développement, afin d’évaluer de manière plus efficace les besoins et les difficultés spécifiques, en soulignant que l’accès aux technologies modernes est essentiel pour augmenter la productivité, diversifier la production, parvenir à une croissance plus rapide, réduire la pauvreté et renforcer la résilience aux chocs externes.

À cet égard, il s’est félicité de l’élaboration d’un indice de la vulnérabilité multidimensionnelle qui pourrait permettre de modifier les critères d’éligibilité aux financements concessionnels dont la plupart des pays à revenu intermédiaire sont exclus.  Il a invité le système des Nations Unies, en consultation avec les institutions financières internationales, à élaborer des mesures transparentes du progrès en matière de développement durable qui aillent au-delà du revenu par habitant.

M. SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est(ASEAN), a réaffirmé l’engagement de l’ASEAN pour créer une communauté compétitive, innovante et dynamique, ce qui passe par des technologies et un développement vert, ainsi qu’une évolution de la technologie numérique.  L’ASEAN s’est déclarée convaincue que les technologies de l’information et des communications (TIC) peuvent être un catalyseur, un amplificateur et un accélérateur dans les efforts de reprise en temps de COVID-19.  Le cadre de redressement global de l’ASEAN et son plan de mise en œuvre ont identifié cinq grandes stratégies pour que la région sorte plus résiliente et plus forte de la pandémie de COVID-19.  L’un d’eux est l’accélération de la transformation numérique inclusive pour stimuler l’économie, améliorer la société post COVID-19 et atteindre une résilience à long terme, a expliqué le délégué malaysien.

Enfin, l’ASEAN, consciente de la nature transfrontalière et transversale de la cybersécurité, considère le renforcement de la coopération dans ce domaine comme fondamental, en particulier compte tenu de la récente augmentation des attaques et des menaces mondiales en matière de cybersécurité.

La représentante de la Chine a expliqué que son pays combine l’innovation et la volonté de coopération pour garantir la protection de l’environnement et des écosystèmes.  La Chine continuera de partager son expérience dans le domaine de la recherche et du développement pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a assuré la déléguée.  Elle a expliqué que les technologies de l’information et des communications (TIC), comme l’intelligence artificielle et les métadonnées, sont exploitées par la Chine afin de lutter contre la maladie et accélérer la recherche de vaccins.  La Chine a d’ailleurs décidé de faire de son vaccin contre la COVID-19 un bien public, et de garantir sa distribution dans le monde entier, a fait valoir la représentante.

La représentante de l’Inde a fait remarquer que beaucoup reste à faire pour se relever de la pandémie.  Depuis le début de celle-ci, la représentante a expliqué que l’Inde a mis en place des mesures en faveur des pauvres et qu’elle a utilisé les technologies de l’information et des communications (TIC) pour livrer de la nourriture à des millions de foyers, favoriser l’inclusion et l’émancipation des femmes ou encore faciliter le traçage des contacts pour lutter contre la COVID-19.  Un système numérique dynamique permet de renforcer la productivité mais les TIC posent des risques, notamment pour la vie privée, a-t-elle tempéré.

Les objectifs de développement durable ont pour principe de ne laisser personne pour compte, a rappelé la déléguée en assurant que l’Inde veut veiller à ce que le développement soit inclusif, y compris en réduisant la fracture numérique.  La pandémie a exacerbé les inégalités économiques, a-t-elle aussi souligné, en regrettant que cela ait une incidence sur la capacité de certains pays à atteindre les objectifs.  Elle a demandé de reconnaître que certains défis doivent être relevés ensemble, comme l’a démontré la pandémie.  Pour sa part, l’Inde s’est efforcée de fournir une assistance à 115 pays et a partagé sa production de vaccins, a-t-elle fait valoir.

Le représentant de l’Équateur a estimé que les technologies de l’information et des communications (TIC) sont fondamentales pour parvenir au développement durable.  La pandémie de COVID-19 a mis en évidence leur nécessité mais aussi le fossé qui sépare les habitants des différents pays en matière d’accès, a souligné le représentant, alertant sur l’urgence qu’il y a à réduire ces inégalités.

Pour ce qui est des défis spécifiques aux pays à revenu intermédiaire, le système des Nations Unies doit engager une action pour fournir un appui plus efficace et plus coordonné à ces pays, a plaidé le représentant.  Il a aussi plaidé pour des indicateurs multidimensionnels qui aillent au-delà du seul PIB, notamment dans l’accès au financement du développement.

Quant à la culture, c’est un facteur important d’inclusion sociale et une source d’emplois, a concédé le délégué, en relevant que la pandémie avait mis en lumière la vulnérabilité de ce secteur, qui est essentiel également pour le bien-être des populations.  Le représentant s’est dit favorable à un soutien financier au secteur dans toutes les mesures de relance après la pandémie.

Mme NURUL FITRAH (Singapour) a fait remarquer que la pandémie avait accéléré les tendances mondiales d’ores et déjà existantes, la numérisation plus particulièrement.  Dès lors, ceux qui étaient en mesure de le faire ont adopté le travail et l’apprentissage à distance.  Cette transformation rapide vers le numérique à la fois pose de nouveaux défis et offre des opportunités, a-t-elle noté: ceux qui sont en mesure de bénéficier de ces opportunités ont amélioré la croissance, pendant que de nombreux autres ne peuvent s’atteler à l’utilisation des technologies et solutions numériques.  Le rapport du Secrétaire général vient donc à point nommé, selon elle, car il tire la sonnette d’alarme sur les six grandes disparités.

Mme Fitrah s’est alarmée qu’au XXIe siècle, la moitié de la population mondiale ne dispose toujours pas d’un accès à Internet.  En conséquence, elle a plaidé pour que la transformation numérique devienne une réalité, ce qui requiert de rechercher, ensemble, des solutions durables.  L’ONU fournit pour cela une plateforme inclusive pour que les États Membres œuvrent de concert dans un cadre mondial cohérent qui jetterait les fondements de principes communs.  La représentante a ensuite recommandé de renforcer l’infrastructure numérique et l’investissement dans la connectivité, ajoutant que les accords sur l’économie numérique signés par Singapour avec plusieurs partenaires avaient facilité les flux du commerce numérique et des données transfrontières, qui sont essentiels pour les liens entre entreprises dans le « nouveau normal ».  Elle a donc annoncé que Singapour continuera à appuyer la feuille de route du Secrétaire général pour la coopération numérique et sa proposition de Global Digital Compact.

Le représentant du Mexique a reconnu que la pandémie de COVID-19 a accéléré le changement technologique.  Sans les technologies de l’information et des communications (TIC), il n’aurait pas été possible de développer un vaccin contre le COVID-19 en peu de temps, même si le manque d’accès équitable à ce vaccin reste une préoccupation, a pointé l’orateur.  Notant que le progrès technologique ouvre de nouvelles voies aux multiples avantages, il a regretté que peu de gens ait la perspective d’en profiter, car 57% de la population mondiale n’a même pas accès à Internet.  D’autant que l’adaptation technologique se caractérise aussi par des inégalités de genre, a-t-il ajouté.  Le Mexique a d’ailleurs plaidé en faveur d’une plus grande inclusion des femmes et des filles dans des secteurs critiques tels que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.

Pour le Mexique, un moyen important d’atténuer les effets négatifs des nouvelles technologies et d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) consiste à générer des « stratégies et des politiques appropriées », avec des « cadres réglementaires éthiques et inclusifs ».  Ces stratégies, politiques et cadres doivent aborder des questions telles que le droit à la vie privée, la « cyberintimidation », la liberté d’expression, la désinformation, le racisme, la xénophobie, les discours de haine, la cybercriminalité, le commerce électronique, la cybersécurité ainsi que l’autonomisation en ligne des femmes et des filles, a énuméré le représentant.  Les mêmes droits que ceux dont jouissent les personnes hors ligne doivent également être protégés en ligne, a insisté le délégué mexicain.

Le représentant d’El Salvador a attiré l’attention sur la situation des pays à économie intermédiaire comme le sien.  Il a encouragé à la mise en place de nouveaux indicateurs d’évaluation de la pauvreté qui prenne en considération ces pays.  Les technologies de l’information et des communications (TIC) sont fondamentales, car elles aident à adopter de meilleures pratiques, des pratiques optimales, et contribuent à l’élimination de la dette, a fait remarquer le représentant.  Il a lancé un appel en vue de l’intensification des mesures de mise en place de technologies favorisant la connectivité.  El Salvador a utilisé les TIC pour garantir l’accès à l’éducation, notamment par l’octroi d’ordinateurs portables aux enseignants et aux élèves, a-t-il fait valoir.  Il a aussi indiqué que son pays facilite l’accès aux équipements pour les groupes vulnérables.

La représentante du Maroc a reconnu, au nom du Groupe des pays d’Afrique, le potentiel des technologies de l’information et des communications (TIC) pour parvenir au Programme 2030 mais s’est inquiétée du creusement de la fracture numérique entre pays développés et en développement, qui n’a fait que s’aggraver avec la pandémie.  Elle a précisé que 28% seulement de la population africaine a accès à Internet.  Les besoins sont particulièrement importants à cet égard, l’accès d’ici à 2030 exigeant 230 millions de dollars, a-t-elle prévenu.  Le Groupe africain sollicite dès lors un soutien politique et financier pour garantir cet accès et favoriser l’acquisition des produits numériques par les utilisateurs.  La représentante du Groupe a appelé à une approche axée sur l’accès aux équipements et aux produits.

Toutes les entraves seraient lourdes pour l’éducation, a-t-elle aussi mis en garde.  Pourtant, malgré les difficultés liées à la fracture numérique, les possibilités sont nombreuses pour que l’Afrique, grâce à l’Accord de libre échange sur le continent, puisse utiliser les applications fonctionnelles, notamment dans le domaine commercial.  Les entrepreneurs pourront ainsi tirer pleinement partie des possibilités offertes par les TIC sur le marché.  Au sujet de la pandémie de COVID-19, la représentante a repris l’expression de l’OMS – « épidémie de la désinformation »- et appuyé la proposition de renforcer la coopération et les partenariats pour que les outils numériques aident à sortir de la pandémie.

M. MAHDI HAJIMOHAMED (République islamique d’Iran) a estimé que les thèmes du débat de cet après-midi revêtent une grande importance en raison de la situation internationale actuelle, le multilatéralisme étant en effet affaibli par « les décisions unilatérales et les mesures irresponsables prises par certains pays ».  Il a mis l’accent sur l’énorme potentiel des technologies de l’information et des communications (TIC) pour l’élimination de la pauvreté, l’adaptation aux changements climatiques et l’accélération des progrès dans les domaines de l’éducation et de la santé, entre autres.  Les TIC ont en outre aidé à limiter l’impact de la pandémie de COVID-19, bien que les répercussions économiques aient été graves et l’ampleur de l’atténuation inégale.

Reprenant des données figurant dans le rapport du Secrétaire général, le représentant a rappelé qu’on estime que l’économie mondiale aurait chuté de 4% en 2020, aggravant ainsi les inégalités et les défis pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Il a relevé que les personnes qui ne sont pas connectées sont désavantagées par rapport à celles qui le sont, tout en regrettant que le rapport n’explique pas les raisons de l’inégalité existante dans l’accès aux TIC.  L’un des principaux facteurs, selon lui, réside dans l’approche unilatérale adoptée par certains pays et par leur recours aux mesures coercitives unilatérales et aux sanctions illégales contre des nations indépendantes, dont l’Iran.  Il a appelé la communauté internationale à fermement rejeter ces actes illégaux et à s’employer à leur totale élimination, compte tenu du fait que l’humanité repose chaque fois plus sur les TIC pour la continuité du commerce ainsi que pour l’emploi, l’éducation, les soins de santé et d’autres services vitaux.  Le représentant a conclu en demandant des efforts multilatéraux pour mieux orienter le sens de la mondialisation de façon à ce qu’elle devienne plus inclusive, équitable et durable.

Le représentant de l’Arabie saoudite a relevé qu’avec la pandémie, le numérique est un mode que nous vivons en temps réel.  Ainsi, pour le délégué de l’Arabie saoudite, la transformation numérique est devenue nécessaire.  Ce pays a ainsi accordé une grande importance au secteur numérique et a développé une infrastructure robuste, a déclaré son représentant.  Il s’est félicité que cela ait débouché sur une stratégie nationale pour aller dans le sens d’un système digital robuste.  Le représentant de l’Arabie saoudite a également souligné qu’un avenir numérique plus inclusif est nécessaire si l’on veut combler le fossé numérique et aider les pays en développement à réaliser leur développement numérique.  Enfin, il a réitéré l’importance de la coopération dans le domaine du numérique.

La représentante du Kenya a exprimé sa préoccupation face aux inégalités croissantes, notant que 3,6 milliards de personnes n’ont pas accès à Internet.  Une fracture numérique qui a pour conséquence une fracture dans le développement économique.  « Nous demandons à toutes les parties de prendre des mesures pour que les avantages des technologies de l’information et des communications (TIC) soient accessibles à tous afin d’exploiter le potentiel du continent africain. »  La représentante a noté que la pandémie avait montré l’importance des TIC pour renforcer la résilience contre le virus, en fournissant des plateformes pour l’éducation par exemple.

Evoquant la stratégie nationale du Kenya pour développer les TIC, elle a souligné que le pays prône un accès à Internet pour tous, en favorisant l’installation de la fibre optique.  Nous devons renforcer les compétences de la population pour l’utilisation des TIC, a-t-elle ajouté avant de souligner l’importance de garantir une bonne gestion du cyberespace.  La représentante a expliqué que le Kenya avait créé un environnement propice à l’innovation, étant devenu un centre régional numérique et technologique.  Saluant des progrès évidents, elle a annoncé vouloir continuer à numériser la société et l’économie kenyanes sur le principe de l’équité.  Il est clair que l’accès aux TIC est la condition préalable pour la pleine participation à la société, a-t-elle conclu, appelant à ne laisser personne de côté.

Pour le représentant de Cuba, la pandémie a mis en évidence la nécessité d’une solidarité internationale, d’une coopération et d’un véritable multilatéralisme.  Après avoir rappelé le rôle central des Nations Unies, il a condamné toutes les mesures coercitives unilatérales qui nuisent aux intérêts nationaux et au multilatéralisme.

Le Programme 2030 suppose le respect des différents points de vue, a continué le représentant, soulignant qu’il faut prendre en considération les particularités de chaque pays.  En effet, le fossé qui sépare le Nord du Sud ne cesse de s’approfondir et il est difficile de sortir de chaque catégorie dans laquelle les pays se trouvent.  Un nouvel ordre économique international basé sur l’équité et la coopération entre tous les États est fondamental, a-t-il insisté.  Il a dès lors regretté que les inégalités actuelles ne permettent pas aux pays en développement d’être souverains et de parvenir à un développement durable digne de ce nom.  Pour sa part, et malgré le blocus économique injuste et renforcé auquel il est soumis, Cuba a atteint des jalons en matière économique grâce à la coopération de pays frères.

Mme OUINIBANI KONATE (Burkina Faso) a indiqué que son pays compte saisir les nouvelles possibilités offertes par les technologies de l’information et des communications (TIC) pour faire de l’économie numérique un atout de la transformation structurelle des bases productives de son économie.  Pour ce faire, il s’est doté de deux stratégies: la Stratégie nationale de développement de l’économie numérique et la Stratégie nationale de cybersécurité.  La première s’articule autour de cinq programmes centrés sur la gouvernance de la stratégie nationale de développement de l’économie numérique; l’environnement de la confiance numérique; les infrastructures de large bande; la transformation numérique de l’administration publique, des secteurs économiques et de la société burkinabé; et le capital humain, l’innovation et l’expertise numérique.

Quant à la Stratégie nationale de cybersécurité (SNCS) 2020–2024, elle ambitionne de garantir un cyberespace sûr qui contribue d’une manière efficace aux objectifs de transformation numérique du Burkina Faso, a poursuivi la représentante.  Ses principales orientations sont de: faire de la lutte contre la cybercriminalité et du renforcement des capacités de cybersécurité une priorité; renforcer la coordination entre les différents acteurs du cyberespace et avec les homologues internationaux; respecter les droits fondamentaux des personnes; mettre en œuvre des mesures appropriées et proportionnées aux menaces; mobiliser, fédérer et engager les différents acteurs privés du cyberespace et de la société civile autour des actions prévues dans la SNCS en vue de lutter contre la cybercriminalité.  Mme Knoté a toutefois prévenu qu’à l’entame de la décennie d’action, les sources traditionnelles de financement ne suffiront pas pour répondre aux vastes chantiers du développement durable, ce qui incite le Burkina Faso à optimiser la mobilisation des ressources en exploitant l’ensemble des ressources disponibles, notamment celles émanant des autres instruments innovants, faiblement exploités, comme le financement participatif, les contributions volontaires, les ressources de la diaspora, ainsi que les financements verts et climatiques.

La représentante du Népal a relevé une grande asymétrie dans le partage des avantages de la mondialisation.  Poursuivant, elle a déclaré que les technologies de l’information et de la communication (TIC) doivent être au cœur des stratégies de développement.  En effet, elles se sont déjà révélées utiles dans le cadre de la pandémie, par exemple dans la réalisation du suivi sanitaire ou encore dans le cadre de l’emploi et de l’éducation à distance, a illustré la représentante népalaise.  Mais il y a encore beaucoup à faire, a annoncé la représentante, qui a appelé à un soutien de la part des partenaires au développement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission, « au rôle et à l’autorité uniques », entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

Soixante-seizième session
1re séance plénière - matin
AG/J/3633

La Sixième Commission, « au rôle et à l’autorité uniques », entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé, ce matin, son programme de travail qui sera marqué par la tenue de 33 réunions jusqu’au 18 novembre, date prévue pour la dernière réunion de cette soixante-seizième session.  Pandémie oblige, les consultations relatives aux projets de résolution se tiendront de manière virtuelle, tandis que les réunions en séance plénière se dérouleront, elles, en présentiel.

La Présidente de la Commission, Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar, a tenu à rappeler que ces arrangements ont été pris pour une raison exceptionnelle et n’ont pas vocation à modifier le format de ses travaux.  Elle a également souligné « le rôle et l’autorité uniques de la Sixième Commission » parmi les autres grandes commissions de l’Assemblée générale, attestant de l’importance du droit international dans la réalisation des objectifs de l’ONU.  Mme Al-Thani s’est dite convaincue que la présente session se déroulera dans l’esprit de coopération et de consensus qui prévaut traditionnellement.

La Commission a ensuite entamé son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en entendant plusieurs délégations mettre l’accent sur les droits des victimes du terrorisme.  « La pandémie a eu de profondes conséquences pour les victimes, car les services vitaux qui leur sont destinés ont été interrompus, retardés ou supprimés tandis que les gouvernements concentraient leur attention et leurs ressources sur la lutte contre ladite pandémie », s’est ainsi inquiété le Cambodge, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Le délégué de la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait également au nom du Canada et de l’Australie, a salué les efforts visant à donner une voix aux victimes sur la scène internationale, tandis que l’Union européenne a insisté sur l’importance de leur rôle pour contrer la propagande terroriste.  L’Union européenne a d’ailleurs créé un centre d’expertise des victimes du terrorisme qui fournit conseils et formations et a adopté la première stratégie européenne sur les droits des victimes pour la période 2020-2025, a dit sa déléguée.

Plus globalement, les délégations ont décliné les mesures prises par leur pays pour faire face au fléau du terrorisme.  « L’un des axes de notre lutte est de contrer les discours de haine et l’endoctrinement de la jeunesse », a ainsi affirmé le représentant égyptien.  Son homologue de la Jordanie a, lui, mentionné la promotion de l’égalité des chances, ainsi que des valeurs de l’islam ancrées dans « la modération et la tolérance ».  Plusieurs délégations ont alerté sur les menaces terroristes posées par les groupes d’extrême droite xénophobes.

Le représentant de l’Arabie saoudite, qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique, a prôné une approche globale s’attaquant aux racines du terrorisme, tels que notamment le manque de perspectives socioéconomiques.  « L’arme la plus puissante dont nous disposons contre le terrorisme est une société résiliente, diverse et inclusive, où les individus s’épanouissent », a résumé le délégué de la Nouvelle-Zélande.

L’Arabie saoudite et l’Iran, qui s’exprimaient au nom du Mouvement des pays non alignés, ont identifié les occupations et interventions étrangères comme étant une source du terrorisme.  Le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer, a déclaré le Mouvement.

« Les actes terroristes ne devraient jamais être faussement représentés comme des « actes nobles » ou loués d’aucune manière que ce soit », a affirmé pour sa part la déléguée d’Israël.  Elle a appelé la communauté internationale à adopter une politique de « tolérance zéro » lorsqu’il s’agit de terrorisme et à condamner sans ambiguïté l’utilisation de boucliers humains par les organisations terroristes, « un phénomène troublant ».

Les intervenants se sont inquiétés des menaces que continuent de poser des groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida.  L’Union européenne a averti que « l’Afghanistan ne doit pas devenir une base arrière d’exportation du terrorisme vers d’autres États ».

Une majorité de délégations, dont encore l’Union européenne ou bien encore la Sierra Leone, se sont prononcées en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  « Une telle convention, contenant une définition universellement agréée du terrorisme, permettrait de contribuer à prévenir toute action unilatérale dans ce domaine », a notamment argué le délégué iranien, qui a vivement dénoncé le « terrorisme médical et économique » qui frappe son pays avec l’imposition de sanctions.

Même son de cloche du côté de Cuba qui a estimé qu’un tel texte permettrait de remédier aux lacunes existantes, notamment la définition juridique du terrorisme.  Alors que l’élaboration d’une convention divise les pays de longue date, le représentant de la Jordanie a souhaité une « dépolitisation » des débats sur cette question afin d’aller de l’avant.

La Commission a décidé de créer un groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en vue de la finalisation d’un tel texte.  Il sera de nouveau présidé par M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 6 octobre 2021, à 15 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/76/201)

Déclarations

Mme ZAHRA ERSHADI (Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ainsi que les actes terroristes dans lesquels des États sont directement ou indirectement impliqués.  Elle a souligné l’importance de respecter la souveraineté de tous les États, conformément à la Charte de l’ONU.  Mme Ershadi a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer.  « La brutalisation des peuples demeurant sous une occupation étrangère doit continuer à être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme. »  La déléguée a rappelé que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une civilisation, une nationalité ou un groupe ethnique, avant de souligner l’importance de prendre des mesures « rapides et efficaces » pour éliminer le terrorisme.

Le Mouvement des pays non alignés rejette tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme.  Le Mouvement, a-t-elle poursuivi, rejette aussi la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Elle a exhorté les États à faire en sorte que le statut de réfugié ne soit pas détourné par des auteurs ou facilitateurs d’actes terroristes.  Elle s’est dite préoccupée par la menace grandissante posée par les combattants terroristes étrangers et a exhorté les États concernés à y remédier, y compris en mettant en œuvre leurs obligations internationales.  Elle a dénoncé ceux qui veulent « instiller la haine dans le cœur de la jeunesse » en glorifiant la brutalité et la violence.

Mme Ershadi a souligné la nécessité de contrer la propagande terroriste en élaborant un cadre complet et international et en apportant une réponse à ses causes profondes.  Elle a appelé les comités des sanctions du Conseil de sécurité à rationaliser leurs procédures d’inscription et de radiation sur leurs listes des sanctions.  Le Mouvement exhorte tous les États à respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme.  La déléguée a souhaité l’achèvement d’une convention générale sur le terrorisme international, en notant les négociations au sein du Comité ad hoc établi par l’Assemblée générale le 17 décembre 1996.  « Nous appelons tous les États à coopérer pour régler les questions en suspens. »  Enfin, la représentante a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, la responsabilité première dans son application incombant aux États.

« Il n’y a aucune justification au terrorisme », a déclaré M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), au nom du Groupe des États d’Afrique, condamnant sans équivoque le terrorisme sous toutes ses formes avant de souligner que le celui-ci ne peut ni ne doit être associé avec une quelconque religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  Au nom du Groupe africain, le délégué a réaffirmé l’importance de la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international, et a, pour y parvenir, formulé son appui à la proposition de convoquer une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU.

Rappelant que l’Union africaine a adopté la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 1999, entrée en vigueur en 2002, M. Agyeman a fait part de certaines inquiétudes des États d’Afrique quant au terrorisme.  Ceux-ci considèrent que le financement du terrorisme est un sujet de grave préoccupation.  Il a ainsi expliqué que le paiement de rançons à des groupes terroristes constitue l’une des principales sources de financement du terrorisme.  Par ailleurs, il a appelé les États Membres à veiller à ce que leurs territoires ne soient pas utilisés à mauvais escient pour la planification et l’incitation au terrorisme contre d’autres pays.  Enfin, le délégué a souligné que la lutte contre ce fléau nécessite une appropriation nationale ainsi que des capacités renforcées.  Or, de nombreux États africains sont limités par des ressources insuffisantes et de faibles capacités, d’où un appel lancé à la communauté internationale afin de recevoir l’assistance nécessaire pour leur permettre de remplir leurs obligations et engagements.

Enfin, M. Agyeman s’est inquiété de ce que les impacts socioéconomiques dévastateurs de la pandémie exacerberont sans aucun doute les conditions connues pour engendrer le terrorisme.  « Il s’agit d’un ensemble de circonstances préoccupantes en Afrique, où l’évolution du terrorisme est alarmante, et où nous avons assisté à une augmentation des attaques terroristes et à la prolifération des groupes terroristes, y compris la multiplication de groupes affiliés à Daech sur tout le continent. »

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) s’est exprimé au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Nous condamnons le terrorisme, quelle que soit l’identité des auteurs, a souligné le représentant.  Il a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique.  « Toute tentative visant à lier l’islam au terrorisme ne cherche qu’à servir les intérêts des terroristes et promeut la haine à l’égard des musulmans. »

Le représentant a ensuite invité à adopter une approche exhaustive pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant à ses racines.  Il a cité le manque de développement, le manque de perspectives socioéconomiques, les occupations étrangères et différents conflits internationaux prolongés.  Il a ensuite souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance.  Il a jugé en outre essentiel de resserrer la coopération entre les États Membres afin de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et les empêcher d’accéder à une assistance ou des armes.  Évoquant la Stratégie antiterroriste mondiale, il a invité à renforcer la capacité des États Membres et à accroître les ressources dont disposent les départements de l’ONU en charge de ces questions.

« Nous appelons les États Membres à prendre des mesures face aux nouvelles menaces découlant de l’augmentation d’actes terroristes motivés par la xénophobie et le racisme. »  Le représentant a également plaidé en faveur d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme et s’est dit déterminé à trouver un consensus en ce sens, en réglant des questions en souffrance comme celle de la définition juridique du terrorisme.  Il nous semble important de convoquer une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour finaliser les questions qui seront ensuite intégrées à cette convention, a-t-il conclu.

Mme DANIELA GAUCI, représentante de l’Union européenne, a indiqué que les États ont dû se concentrer sur la réponse à apporter à la pandémie, au détriment des efforts antiterroristes.  « Pour cette raison nous pensons que la coopération internationale antiterroriste est plus importante que jamais. »  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et souligné la nécessité de répondre aux menaces posées par des groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida mais aussi celles posées par l’extrême droite et l’extrême gauche.  Mme Gauci a indiqué que « l’Afghanistan ne doit pas devenir une base arrière d’exportation du terrorisme vers d’autres États ».  Elle a précisé que l’approche antiterroriste de l’Union européenne (UE) tient en quatre mots: « anticiper, prévenir, protéger et répondre ».

Toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a poursuivi Mme Gauci.  « Cela est fondamental. »  Elle a estimé que cela permet de conférer une légitimité au développement de nouveaux outils pour faire face au terrorisme.  Insistant sur l’importance de la coopération et l’implication de la société civile, elle a estimé que l’appel de Christchurch, lancé par la France et la Nouvelle-Zélande en 2019, est un bon exemple de ce qu’il est possible d’accomplir grâce à des efforts unifiés.  Elle a demandé que les femmes soient pleinement associées aux efforts contre le terrorisme et l’extrémisme violent, avant de souligner l’importance du rôle des victimes pour contrer la propagande terroriste.  L’UE a créé un centre d’expertise des victimes du terrorisme qui fournit conseils et formations et adopté la première stratégie européenne sur les droits des victimes pour la période 2020-2025.  Elle a aussi mentionné l’action de l’UE visant à lutter contre la propagande terroriste sur Internet, tout contenu terroriste devant être supprimé dans l’heure après l’ordre adopté par l’autorité compétente à cette fin.

La déléguée a souhaité l’achèvement d’un projet de convention générale sur le terrorisme international, afin de renforcer le cadre juridique visant à prévenir et réprimer le terrorisme.  Enfin, elle a souligné l’importance de protéger l’action humanitaire dans les contextes marqués par des activités terroristes.

Préoccupée par la menace persistante du terrorisme, Mme SOMALY CHEA (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que la pandémie de COVID-19 et la récession économique qui s’ensuit font émerger de nouveaux défis dans la lutte contre le terrorisme.  En effet, a-t-elle expliqué, en plus d’exacerber les conditions propices au terrorisme, cette pandémie a eu de profonds impacts sur les victimes du terrorisme, car les services vitaux qui leur sont destinés ont été interrompus, retardés ou supprimés tandis que les gouvernements concentrent leur attention et leurs ressources sur la lutte contre la pandémie.  Mme Chea s’est également inquiétée de la propagation de l’extrémisme violent via les médias sociaux, qui offrent aux terroristes des moyens simples de cibler et de radicaliser des individus réceptifs en ligne.

La lutte contre le terrorisme est une entreprise mondiale qui nécessite des réponses globales et coordonnées de la communauté internationale, a poursuivi la déléguée cambodgienne.  Dans cette optique, l’ASEAN soutient pleinement la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Au niveau régional, le Plan d’action global de l’ASEAN pour la lutte contre le terrorisme ainsi que la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme, qui a été ratifiée par ses 10 États membres, servent de cadre à la coopération régionale pour prévenir et réprimer l’extrémisme tout en approfondissant la coordination de la lutte contre le terrorisme.

Mme Chea a ensuite souligné l’importance de l’engagement des communautés locales en vue d’élaborer des stratégies de lutte contre le terrorisme et les discours extrémistes violents, notamment en autonomisant les jeunes, les femmes, les leaders religieux, culturels et éducatifs, et d’adopter des approches sur mesure pour promouvoir l’inclusion sociale parmi la population.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) s’est exprimé au nom des pays nordiques.  La pandémie de COVD-19 a alimenté la méfiance à l’égard des gouvernements en raison des restrictions imposées, des difficultés économiques et de l’accès restreint à l’éducation dans certains pays, a affirmé le représentant.  Ces facteurs peuvent conduire à une menace accrue d’extrémisme violent et de terrorisme.  Il a jugé préoccupant que de violents extrémistes de droite et d’autres formations continuent de perpétrer des attentats et de recruter des nouveaux adeptes.  Daech et Al-Qaida continuent de représenter une grave menace.  Et le retour au pouvoir des Taliban en Afghanistan pourrait être utilisé pour renforcer le recrutement et inspirer de nouvelles attaques terroristes dans le monde, a-t-il mis en garde.  

Évoquant la prévention du terrorisme et de l’extrémisme, M. Kvalheim a préconisé une approche qui tienne compte de la société dans son ensemble.  Les femmes jouent des rôles différents en matière de terrorisme et d’extrémisme violent, à la fois comme actrices et comme victimes, a indiqué le représentant, appelant à renforcer leurs droits politiques et économiques.  Selon l’expérience nordique, la menace du terrorisme est mondiale, mais des solutions efficaces et durables peuvent souvent être trouvées au niveau local, a-t-il expliqué.  De plus, « nous devons écouter la voix des jeunes, car ils jouent un rôle clef dans la prévention de la radicalisation ».

Enfin, M. Kvalheim s’est réjoui que la Stratégie antiterroriste mondiale ait abouti à une conclusion positive cette année.  Mais nous avions espéré des progrès supplémentaires, a-t-il reconnu.  Il a appelé à des mécanismes d’évaluation plus solides du Bureau de lutte contre le terrorisme ainsi qu’au renforcement de la coordination des activités de prévention et de lutte entre toutes les entités des Nations Unies.  Enfin, il a tenu à rappeler que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être conformes au droit international.  « Les droits humains doivent être au centre de toute stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. » 

M. LUKE ROUGHTON (Nouvelle-Zélande), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant d’affirmer que la pandémie a aggravé les facteurs de radicalisation, tels que les inégalités sociales et les tensions politiques.  Il a rappelé que les pays du groupe CANZ ont été touchés par ce fléau et appuyé tous les efforts antiterroristes.  « L’arme la plus puissante dont nous disposons contre le terrorisme est une société résiliente, diverse et inclusive, où les individus s’épanouissent et les idéologies violentes ne peuvent prospérer. »  Le délégué a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale et souligné l’importance de promouvoir les droits des victimes.  Il a salué les efforts visant à donner une voix à ces dernières sur la scène internationale et à faire en sorte qu’elles soient au cœur des processus de prise de décisions.

Le délégué a ensuite prôné une pleine participation des femmes aux efforts antiterroristes, ainsi qu’une approche collaborative entre les gouvernements, la société civile et les entreprises concernées pour contrer la menace terroriste sur Internet.  Il a noté les progrès significatifs accomplis dans la mise en œuvre des engagements pris au titre de l’Appel de Christchurch afin d’éliminer tout contenu terroriste ou extrémiste sur Internet.  Mentionnant le défi que constitue le retour des combattants terroristes étrangers, le délégué a plaidé pour une approche globale, incluant des mesures sécuritaires mais aussi de réhabilitation et de réintégration.  Il a demandé que l’intérêt supérieur des enfants desdits combattants soient pleinement pris en compte.  Toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a-t-il conclu.

Mme JOPHIE TANG (Singapour) a mis en exergue les efforts de Singapour en matière de lutte contre le terrorisme.  Tout d’abord, il s’agit de maintenir une coordination étroite entre les agences gouvernementales pour identifier les principaux risques posés par le terrorisme international.  Une évaluation nationale des risques a pu ainsi être publiée en décembre 2020 qui permettra d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre le financement du terrorisme.  Ensuite, il s’agit d’élaborer des cadres stratégiques pour prévenir et détecter le financement du terrorisme à partir de Singapour, qui, a rappelé Mme Tang, applique une politique de tolérance zéro en la matière.  Enfin, Singapour poursuit son engagement actif dans la coopération et les efforts antiterroristes aux niveaux régional et international.  Ainsi, au niveau international, le pays est partie à 15 accords mondiaux de lutte contre le terrorisme.

Nous devons adopter des mesures pour prévenir, sanctionner et éliminer le terrorisme, a appelé Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras), dénonçant une forme de cruauté qu’aucune cause politique, religieuse et culturelle ne peut justifier.  La représentante a rappelé que le Honduras s’était doté de différentes lois à l’échelle nationale pour lutter contre ce fléau et était également État partie à de nombreux traités et mécanismes internationaux.  Nous réitérons notre détermination à lutter contre le terrorisme en respectant la Charte des Nations Unies, a-t-elle affirmé.  Elle a également appelé, comme plusieurs autres pays, à ce que soit convoquée une conférence de haut niveau pour que soit conclu le projet de convention internationale de lutte contre le terrorisme. 

Il est fondamental de ne jamais oublier le lien qui existe entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, a-t-elle ensuite insisté.  Les liens possibles entre ce phénomène et le terrorisme doivent être l’objet d’une stratégie holistique, a-t-elle souligné, saluant les efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme.

M. ALAA NAYEF ZAID AL-EDWAN (Jordanie) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et mentionné la stratégie suivie par son pays pour alerter sur la menace terroriste et défendre des valeurs de l’islam ancrées dans la modération et la tolérance.  Un autre volet consiste à assurer l’égalité des chances dans la société jordanienne, a-t-il dit, avant d’évoquer les actions pour tarir le financement du terrorisme.  Nous avons aussi adopté des programmes de réhabilitation pour les combattants de retour, a dit le délégué.  Il a précisé que la législation antiterroriste jordanienne ne met pas en péril les droits des individus.  Enfin, il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international en espérant une « dépolitisation » des débats sur cette question.

Mme MAMADI GOBEH KAMARA (Sierra Leone) s’est félicitée de l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies par l’Assemblée générale, le 30 juin 2021, et a appelé les Nations Unies et les pays bailleurs de fonds à fournir assistance et renforcement de capacités aux États Membres pour leur permettre de mettre en œuvre les obligations contenues dans ce document.  Elle a également appelé à la finalisation de toute urgence du processus qui vise à aboutir à la convention générale sur le terrorisme international, et a exprimé son soutien à la tenue d’une conférence de haut niveau à ce sujet sous les auspices de l’ONU.  Enfin, Mme Kamara a déploré la vague de terrorisme qui touche l’Afrique de l’Ouest, mettant en péril la résilience des pays de la région et limitant leur action dans la lutte contre la pandémie.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a fait remarquer que les attentats terroristes restaient un défi majeur pour la paix internationale.  La pandémie n’a fait qu’aggraver cette menace et a chamboulé les efforts nationaux et internationaux pour prévenir et contrer le terrorisme.  Nous appelons à davantage de solidarité, notamment dans le renforcement des capacités des États en développement, a-t-elle lancé.  Le Gouvernement bangladais a adopté une politique de tolérance zéro contre le terrorisme, a poursuivi Mme Fatima.  Le terrorisme nous frappe tous et toutes, et il faut des efforts collectifs.  Elle a rappelé que le terrorisme ne saurait être associé à une religion, race, culture ou appartenance ethnique.

La représentante du Bangladesh a appelé à combattre les racines du terrorisme.  S’inquiétant de l’essor des discours de haine pendant la pandémie de COVID-19, elle a souligné l’importance d’établir une culture de paix dans la société.  Elle a ensuite attiré l’attention sur l’utilisation à mauvais escient des technologies, notamment les technologies de jeu exploitées à des fins de recrutement.  Il faut éduquer les jeunes, a-t-elle souligné.  La représentante a ensuite mis en avant les conséquences disproportionnées du terrorisme sur les femmes, obligées d’agir comme recruteuses ou victimes de violences sexuelles en captivité.  Enfin, le Bangladesh appelle à redoubler d’efforts pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État, notamment le « terrorisme économique et médical », mené au moyen des sanctions.  Le 3 janvier 2020, le général Qassem Soleimani, une figure centrale dans la lutte contre Daech, était assassiné lors d’une attaque terroriste conduite par les États-Unis à Bagdad.  Il a rappelé que cet assassinat a été célébré par Daech, avant de mentionner les autres actes de terrorisme d’État perpétrés contre son pays, tels que l’assassinat de plusieurs scientifiques iraniens.

M. Ravanchi a estimé que les pays qui ont le plus à souffrir du terrorisme doivent jouer un rôle de chef de file dans la lutte antiterroriste.  Les difficultés socioéconomiques, les présences militaires illégitimes, ainsi que les interventions et occupations militaires étrangères sont les principales sources du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte des peuples vivant sous une occupation étrangère pour exercer leur droit à l’autodétermination, en citant la lutte des Palestiniens contre l’occupation par le « régime sioniste » de leur territoire.  Il a déclaré que les sanctions sapent les efforts antiterroristes des pays touchés et alimentent le terrorisme.  Ces sanctions sont imposées dans le but de fomenter un soulèvement parmi les citoyens, a-t-il déclaré, en les qualifiant d’actes terroristes.  Enfin, il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, contenant une définition universellement agréée du terrorisme.  « Une telle convention permettra de contribuer à prévenir toute action unilatérale dans ce domaine. »

L’adoption d’une loi antiterroriste en 2020 n’est qu’un exemple parmi les nombreuses mesures prises par les Philippines pour prévenir et réprimer le terrorisme international, a indiqué M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines).  Les Philippines déploient également des efforts pour lutter contre le financement du terrorisme, renforcer l’application de la loi et le contrôle des frontières, sécuriser et protéger le cyberespace, dans le respect des droits de l’homme.

L’exemple de la ville de Marawi, touchée il n’y a pas si longtemps par une attaque terroriste, montre que les conditions sous-jacentes qui poussent les gens à rejoindre des groupes extrémistes violents doivent être traitées à la base, a indiqué le délégué, pour qui le partenariat avec les acteurs locaux doit être élargi.  À cette fin, les Philippines ont adopté un plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Pour les Philippines, les mesures visant à garantir le respect des droits de l’homme pour tous et l’état de droit constituent la base fondamentale de la lutte contre le terrorisme.  « Dans cet esprit, grâce à un engagement constructif, au respect de la souveraineté et du libre arbitre du peuple, nous pouvons collectivement œuvrer à une convention globale attendue depuis longtemps », a-t-il conclu

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a condamné tous les types de terrorisme, y compris lorsque des gouvernements sont directement ou indirectement impliqués.  Le terrorisme ne saurait être associé à une religion ou un groupe ethnique, a-t-il souligné.  Il a condamné « les tentatives de manipulation d’un thème aussi sensible ».  Certains États décident de financer ou d’appuyer des actes subversifs pour changer des régimes ou encourager des actes de haine, a-t-il dénoncé.  Il a condamné également les mesures unilatérales adoptées par certains États.  De tels comportements minent l’autorité centrale de l’Assemblée générale dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il assuré.  La communauté internationale ne saurait accepter qu’au prétexte d’une supposée lutte contre le terrorisme, « certains États se rendent coupables d’agression contre des peuples souverains ».

Soulignant l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale, le représentant a déploré l’absence de volonté politique qui empêche l’évocation de certains thèmes pertinents comme le recours à des mesures unilatérales.  Cuba ne cessera jamais de défendre sa souveraineté, a-t-il affirmé.  Évoquant « l’attentat terroriste contre l’ambassade cubaine à Washington », le représentant cubain a souligné que le Gouvernement des États-Unis ne s’était jamais exprimé à ce sujet.  Des actes de cette nature ne peuvent être tolérés en toute impunité.  Enfin, il a appuyé l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international pour lutter contre les lacunes existantes, notamment la définition juridique du terrorisme.

M. ALI AHMAD M. A. ALMANSOURI (Qatar), après avoir souligné l’impact du terrorisme sur les efforts de développement durable, a mis en exergue le caractère évolutif de ce danger, avec, entre autres, des groupes terroristes qui exploitent la pandémie, ou encore de nouveaux défis tels que la cybercriminalité.  Par conséquent, a-t-il poursuivi, les efforts doivent être à la hauteur de ces défis émergeants.  Il a ensuite appelé à une coopération accrue entre les États Membres, en vue d’accélérer l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, qui devrait inclure une définition précise du terrorisme.  Il a notamment déclaré qu’il convient de distinguer terrorisme et résistance légitime à l’occupation étrangère.

Le Qatar veille à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les résolutions internationales, participe aux mécanismes internationaux et coopère avec les agences spécialisées dans ce domaine.  Notamment, a souligné le représentant, son pays contribue aux ressources du Bureau de lutte contre le terrorisme à hauteur de 75 millions de dollars pour la période 2019-2023.

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ajoutant que son pays est « un partenaire fiable » dans la lutte antiterroriste.  Le Bélarus a rejoint 13 instruments onusiens en la matière.  Nous avons adopté des mesures visant à empêcher toute entrée et transit sur notre territoire des membres d’Al-Qaida et des Taliban, a dit le délégué.  Il a estimé que l’ONU doit diriger les efforts antiterroristes mondiaux, avant d’insister sur l’importance de la coopération régionale en la matière.  Il a mentionné l’initiative lancée par son pays visant à promouvoir un « bon voisinage numérique » avec les pays voisins, en s’attaquant notamment de concert à la propagande terroriste sur Internet.  Certains États refusent de coopérer et usent des instruments antiterroristes pour promouvoir leurs intérêts politiques, a conclu le représentant, en dénonçant cette approche de « deux poids, deux mesures ».

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a fait remarquer qu’aucun pays ne pouvait relever seul le défi du terrorisme.  Nous appuyons le rôle de l’ONU au cœur des efforts multilatéraux, a affirmé le représentant.  Il a souligné que le terrorisme ne pouvait pas être éliminé par des moyens militaires.  La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies demeure donc pertinente et continue de jouir du soutien de l’ensemble des États Membres, a-t-il ajouté, précisant appuyer la mise en œuvre des quatre piliers de cette stratégie.  La communauté internationale doit veiller à la mise en œuvre des objectifs qui sont les nôtres en matière de développement et de réduction de la pauvreté, a-t-il ensuite souligné.  Pour lui, l’état de droit et le système de justice pénal doivent être la base de l’approche à adopter pour lutter contre le terrorisme.

La mise en place de lois antiterroristes est un domaine qui nous préoccupe encore et toujours, a continué le délégué, jugeant encourageant que le Conseil de sécurité ait commencé à étudier ces questions.  Mais certaines questions de droit demeurent ouvertes.  « Des questions qui ont des répercussions pratiques pour les agences humanitaires sur le terrain et les États qui peuvent se retrouver face à des obligations contradictoires. »  Les solutions proposées n’accordent pas assez d’attention aux spécificités des différents régimes, a-t-il estimé.  Il a appelé les États Membres à tout faire pour sortir de l’impasse actuelle.  Évoquant ensuite la stratégie de l’Afrique du Sud au niveau national, il a cité le besoin de bien comprendre la menace, de prévenir le recrutement, d’atténuer les risques, de poursuivre les membres de réseaux existants et de renforcer les capacités du pays face aux conséquences des actes terroristes.

Mme SARAH WEISS (Israël), dont le pays a adopté une loi antiterroriste en 2016, s’est félicitée de l’adoption du septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Pour la déléguée israélienne, l’une de ses dispositions clefs est la condamnation réitérée par tous les États Membres de l’utilisation de boucliers humains par les organisations terroristes, l’un des principaux modes de fonctionnement des organisations terroristes au Moyen-Orient, a-t-elle précisé.  Poursuivant, elle a expliqué que l’utilisation et l’abus par les terroristes de civils innocents pour protéger leurs opérations et augmenter le nombre de victimes en violation flagrante du droit international pour recueillir la sympathie du public pose des dilemmes déchirants pour les nations respectueuses des lois.  Mme Weiss a ainsi appelé la communauté internationale à condamner clairement et sans ambiguïté ce « phénomène troublant ».

Israël a également appelé la communauté internationale à adopter une politique de « tolérance zéro » et de « zéro excuse » lorsqu’il s’agit de terrorisme.  Pour sa représentante, les actes terroristes ne devraient jamais être faussement représentés comme des « actes nobles » ou loués d’aucune manière que ce soit.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme.  Le deuxième rapport en la matière a ainsi été publié en août.  L’un des axes de cette lutte est de contrer les discours de haine et l’endoctrinement de la jeunesse.  Il a salué l’examen consensuel de la Stratégie antiterroriste mondiale et rejeté toute amalgame du terrorisme avec un groupe ou une religion.  Le délégué a alerté sur la menace posée par les groupes xénophobes d’extrême droite.  Il a invité les pays à adopter des mesures pour que leur territoire ne serve pas de base arrière pour les terroristes.  Le terrorisme sape les droits humains, y compris le droit à la vie.  Enfin, le délégué a indiqué qu’il n’y a pas de contradiction entre les quatre piliers de la Stratégie précitée, pas plus qu’il n’y a de doublons entre les entités onusiennes chargées de l’appliquer.

La Mongolie a toujours mis l’accent sur l’adoption de toutes les mesures nécessaires à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a souligné M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie).  La Mongolie a par exemple demandé officiellement à bénéficier du programme phare du Bureau de lutte contre le terrorisme sur la lutte contre les « voyages » terroristes, a rappelé le représentant.  La coopération fructueuse et les efforts du Gouvernement de la Mongolie en matière de lutte contre le terrorisme international ont permis d’augmenter le nombre de réalisations en peu de temps, s’est-il félicité.  Il a ensuite salué la tenue de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies réunissant les chefs d’organismes antiterroristes des États Membres, à laquelle la Mongolie a participé.

Nous sommes tous conscients des grands avantages de la capacité des technologies numériques et transformatrices.  Cependant, l’abandon de ces technologies aux mains des terroristes et des organisations criminelles transnationales est un risque que nous ne pouvons collectivement pas nous permettre, a mis en garde M. Vorshilov, appelant la communauté internationale à travailler de concert.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Cinquième Commission: controverse sur la modification programmée du barème des quotes-parts du budget ordinaire et des opérations de paix de l’ONU

Soixante-seizième session,
2e séance plénière - après-midi
AG/AB/4371

Cinquième Commission: controverse sur la modification programmée du barème des quotes-parts du budget ordinaire et des opérations de paix de l’ONU

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a achevé, aujourd’hui, son débat sur la question qui s’annonce controversée de la modification du barème des quotes-parts du budget ordinaire et des opérations de paix de l’ONU, pour la période allant de 2022 à 2024.  

Comme le Groupe des 77 et la Chine hier, celui des États d’Afrique a critiqué le taux plafond actuel de 22% « au profit d’un seul État », arguant que les circonstances politiques qui ont conduit, en 2000, à cet accord ne sont plus de mise et constituent aujourd’hui une « distorsion » du principe d’équité dans le partage des responsabilités.  « Chaque État Membre doit payer en fonction de sa capacité, ni plus, ni moins », a-t-il martelé.  Le taux plafond, ont prévenu les États-Unis, est un élément « essentiel » de la méthode de calcul du barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU, et ce, depuis 1946.  En conséquence, aucun changement ne saurait y être apporté.

Si les États-Unis ont dit tenir à la disposition selon laquelle le barème des quotes-parts des opérations de maintien de la paix doit refléter les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité, ils ont néanmoins souligné que tant qu’ils siègent au Conseil, les 10 membres non permanents ont les mêmes responsabilités et qu’à ce titre, ils devraient renoncer à leur dégrèvement et pour ceux qui n’en bénéficient pas, « payer une petite prime ».  C’est la chose à faire quand on participe aux décisions du Conseil, ont martelé les États-Unis. 

Toujours à propos du dégrèvement, ils ont pointé un doigt accusateur sur les huit pays qui profitent d’un taux de 7,5% pour la simple raison qu’ils s’identifient au Groupe des 77, alors même qu’ils sont riches.  Ils peuvent s’identifier à qui ils veulent mais ils ne devraient pas en être récompensés, ont fait observer les États-Unis.  Il est « logique et juste » qu’un État ou un groupe d’États voit sa quote-part augmenter en même temps que sa croissance économique, a renchéri le Royaume-Uni, avant que le Qatar ne promette de rejeter toute tentative d’inscrire des membres du Groupe des 77 dans la catégorie B, deuxième des 10 catégories.

L’Union européenne a d’ailleurs fait observer que l’ajustement au titre du faible revenu par habitant, qui devrait rester un élément essentiel de la méthodologie, n’offre pas une aide véritablement ciblée aux pays concernés mais soulage plutôt les pays à revenu intermédiaire.  Continuer sur cette voie n’aide pas les États Membres qui ont vraiment besoin d’un ajustement, a-t-elle estimé, alors que le Groupe des États d’Afrique et Singapour jugeaient « inacceptable » que certaines organisations observatrices continuent de bénéficier des services de l’ONU, tout en étant exemptées des responsabilités financières qui vont de pair.  

Par une résolution adoptée sans vote, la Cinquième Commission a recommandé à l’Assemblée générale de maintenir le droit de vote des Comores, de Sao Tomé-et-Principe et de la Somalie jusqu’à la fin de cette soixante-seizième session, reconnaissant que ces pays n’ont pas payé un montant égal ou supérieur à leurs arriérés de ces deux dernières années en raison de circonstances indépendantes de leur volonté.  L’Article 19 de la Charte, invoqué ici, est l’exception et non la norme, a tenu à souligner le Royaume-Uni.

La Commission a aussi examiné aujourd’hui le rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) que la Fédération de Russie a commenté, ainsi que les rapports du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit et du Bureau des Nations Unies pour les partenariats.

La Cinquième Commission, qui tiendra toutes ses négociations à huis clos et virtuellement, a prévu une autre séance publique mercredi 13 octobre, à partir de 10 heures, pour entamer l’examen du budget-programme 2022.

BARÈME DES QUOTES PARTS POUR LA RÉPARTITION DES DÉPENSES DE L’ONU (SUITE)

Déclarations 

Au nom de l’ASEAN, M. Burhan Gafoor (Singapour) a reconnu à son tour les difficultés auxquelles certains États font face, y compris de nombreux pays en développement dont les économies ont été frappées de manière disproportionnée par la pandémie.  Le représentant a prévenu que l’accord sur le barème des quotes-parts ne doit pas être pris à la légère.  La capacité de paiement doit demeurer le critère principal, a-t-il dit, pronostiquant qu’avec l’évaluation à venir, la contribution des États membres de l’ASEAN au budget ordinaire de l’ONU devrait augmenter de 6%.  Le plafond des 22%, a-t-il martelé à son tour, est le seul élément de la méthodologie qui contrevienne au principe de la capacité de payer et ce, au profit d’un seul État Membre.

Il a aussi estimé que les organisations dotées du statut d’observateur et des mêmes droits et privilèges que les États observateurs doivent avoir les mêmes responsabilités financières.  S’agissant du barème des quotes-parts pour les opérations de maintien de la paix, il a insisté sur la responsabilité spécifique des membres permanents du Conseil de sécurité.  Nous ne saurons tolérer une situation où la domination politique de ces membres permanents s’accroît alors que leur contribution financière diminue.  Aucun pays en développement qui n’est pas membre permanent du Conseil ne devrait être placé dans une catégorie plus élevée que la C, a à son tour conclu le représentant.

M. THIBAULT CAMELLI, de l’Union européenne, a dit que les États membres de l’Union européenne sont prêts à approuver les recommandations du Comité des contributions permettant aux pays qui ont demandé l’exemption au titre de l’Article 19 de voter à l’Assemblée générale jusqu’à la fin de sa soixante-seizième session.  Il a cependant rappelé que le financement des Nations Unies est une responsabilité conjointe et partagée des États Membres, conformément à l’Article 17 de la Charte de l’ONU.  Tout en notant que plusieurs pays demandant l’exemption sont confrontés à de telles difficultés de manière récurrente, il a rappelé que les plans de paiement pluriannuels sont un outil efficace pour les aider à réduire leurs contributions non acquittées.  

S’agissant de la méthode de calcul des barèmes de quote-part, le représentant a rappelé que la priorité collective doit être la viabilité financière de l’Organisation, afin qu’elle puisse s’acquitter efficacement de tous ses mandats.  En ce qui concerne le budget ordinaire, il a expliqué que l’Union européenne s’appuiera sur les domaines d’amélioration identifiés par le Comité des contributions.  Illustrant son propos, M. Camelli a particulièrement salué les commentaires du Comité concernant l’utilisation de données vérifiables et comparables sur les flux de la dette extérieure publique dans les efforts d’ajustement au titre de l’endettement.  Il a aussi noté que l’ajustement au titre du faible revenu par habitant, qui devrait rester un élément essentiel de la méthodologie, ne fournit pas une aide véritablement ciblée aux pays concernés mais soulage plutôt les pays à revenu intermédiaire.  Continuer sur cette voie n’aide pas les États Membres qui ont vraiment besoin d’un ajustement et surcharge inutilement les autres, a estimé le représentant.  

En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, il a expliqué que l’Union européenne, qui contribue activement à ces opérations dans le monde entier, reste déterminée à fournir des ressources financières adéquates.  Comme pour le budget ordinaire, il a souhaité que les quotes-parts reflètent la capacité de payer, tout en tenant compte de la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité.  Sur ce principe, il a proposé d’actualiser la formule pour mieux refléter les réalités d’aujourd’hui, avant d’insister pour que les dégrèvements se fondent sur des critères justifiables, objectifs et comparables, permettant de soulager les pays qui ont une capacité limitée de payer.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. IAN MC DONALD LIBURD (Saint-Kitts-et-Nevis) a insisté sur le critère de la capacité de payer pour le barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU.  Toute modification tendant à augmenter la contribution des pays en développement doit être évitée.  Quant aux quotes-parts pour les opérations de maintien de la paix, il a rappelé les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité et souligné le principe des responsabilités communes mais différenciées.  Aucun pays en développement ne devrait être placé au-delà de la catégorie C, a martelé le représentant, en dénonçant l’idée que les Bahamas soient placés dans la catégorie B, avec le risque de doubler leur contribution.  Il faut, a estimé le représentant, corriger cette situation pour rétablir l’équilibre entre les pays en développement et les pays riches.  Ces deux groupes de pays ne sauraient assumer des responsabilités financières identiques.  

Au nom du Brésil, de la Fédération de Russie, de l’Inde et de la Chine (BRICKS), M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a plaidé pour le maintien des éléments de la méthode de calcul en vigueur pour l’établissement du barème des quotes-parts du budget ordinaire.  Le principe de la capacité de payer et les ajustements en faveur des pays à faible revenu sont des « éléments clefs » pour répartir les dépenses de l’Organisation entre les États Membres.  En revanche, le taux plafond est contraire à ce principe et constitue une source de distorsion du barème.  Il est tout à faire normal, a conclu le représentant, que les pays à revenu par habitant élevé assument une plus grande responsabilité financière que les autres.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. FELIX-FILS EBOA EBONGUE (Cameroun) a déclaré qu’une méthodologie pour calculer le barème des quotes-parts n’est pertinente que si les États Membres s’acquittent de leurs contributions dans les temps, pleinement et sans conditions.  Le principe de la « capacité de payer » demeure l’élément principal pour déterminer la contribution des États.  Il est dès lors « inacceptable » que certains États Membres, qui comptent parmi les plus riches, continuent de vouloir faire endosser leurs responsabilités à d’autres, en particulier les pays en développement.

Le délégué a estimé que les circonstances politiques qui ont conduit à l’accord de 2000 et si profondément altéré la notion de responsabilités partagées équitables ne sont plus de mise et constituent une distorsion du principe précité.  « Chaque État Membre doit payer en fonction de sa capacité, ni plus, ni moins », a-t-il martelé, ajoutant qu’il faut éviter que la modification de la méthodologie actuelle ne vienne alourdir le fardeau des pays en développement.  Les éléments clefs de cette méthodologie, tels que la période de référence, le revenu national brut ou bien encore le taux de change, ne sont pas négociables.  Dans le même temps, le délégué a jugé inacceptable que certains pays et organisations observateurs continuent de bénéficier des services de l’ONU, tout en étant exemptés des responsabilités financières qui vont de pair.  Il a donc demandé que cette situation soit corrigée aussi rapidement que possible.

Le délégué a aussi estimé que le barème des quotes-parts des opérations de maintien de la paix doit clairement refléter les responsabilités spécifiques qui incombent aux membres permanents du Conseil de sécurité.  Enfin, il a demandé d’utiliser les exemptions prévues à l’Article 19 de la Charte et de permettre aux Comores, à Sao Tome-et-Principe et à la Somalie de voter jusqu’à la fin de la session de l’Assemblée générale.

M. RICHARD CROKER (Royaume-Uni) a souligné que cette année, le travail de la Commission est de donner suite à la demande de l’Assemblée générale d’améliorer le barème des quotes-parts et de réformer celui des opérations de maintien de la paix.  Le travail technique du Comité des contributions, a-t-il estimé, jette la lumière sur les problèmes qui empêchent la méthodologie actuelle de refléter au mieux le principe de la capacité de payer.  Dans certains cas, s’est expliqué le représentant, la logique et les données font défaut de même qu’un ordre de l’Assemblée générale de s’adapter, comme c’est le cas pour l’ajustement au titre de l’endettement.  Dans d’autres cas, les mesures liées à cet ajustement sont toujours vues comme une partie intégrante de la méthodologie.  Mais ces mesures, a estimé le représentant, doivent être mieux ciblées et ne s’appliquer qu’à ceux qui en ont vraiment besoin.  On peut donc se demander pourquoi des contributeurs importants de l’ONU devraient en bénéficier.

Quant au barème des quotes-parts pour les opérations de maintien de la paix, les dégrèvements supplémentaires accordés en ce moment ne reflètent en rien la capacité de payer, en particulier ceux offerts aux pays du Groupe C et à certains autres.  De telles réductions, a martelé le représentant, ne se fondent sur aucune donnée comparable, objective ou justifiable.  Le représentant a salué ceux qui se sont engagés à renoncer à ces réductions, surtout mais pas seulement, quand ils entrent au Conseil de sécurité.  Il a aussi encouragé tous ceux qui le peuvent à élever le niveau de leur contribution pour mieux refléter leur capacité de payer que le barème des quotes-parts est justement censé illustrer.  Il est donc logique et juste qu’un État ou un groupe d’États voit sa contribution augmenter en même temps que sa croissance économique.  Il est important que tous les États Membres paient leur contribution à temps et en totalité.  L’Article 19 de la Charte a vocation à être invoqué à titre exceptionnel, comme le souligne d’ailleurs le Comité des contributions, a conclu le représentant. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) a rappelé que, conformément à l’Article 17 de la Charte des Nations Unies, ainsi qu’aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, tous les États Membres partagent la responsabilité de soutenir financièrement les Nations Unies.  Il a souligné la nécessité de maintenir le principe de base selon lequel chaque État Membre doit payer sa quote-part en fonction de sa capacité de payer.  Le Japon, a-t-il dit, est fier d’avoir toujours assumé sa responsabilité, en s’acquittant intégralement de toutes ses quotes-parts.  Il a néanmoins jugé important que la méthode de calcul des quotes-parts tienne pleinement compte de l’évolution de l’économie mondiale, pour refléter la capacité réelle de chaque État Membre de payer à partir des données comparables les plus récentes et les complètes.

S’agissant du barème des opérations de maintien de la paix, il a à son tour insisté sur la responsabilité particulière des membres permanents du Conseil de sécurité.  « Ce principe doit être maintenu et ne saurait être allégé », a insisté M. Kimura.  Enfin, en ce qui concerne l’application de l’Article 19 de la Charte des Nations Unies, le représentant a appuyé les recommandations du Comité des contributions et a encouragé les États Membres qui ont des arriérés importants à envisager de soumettre des plans de paiement pluriannuels, comme le recommande le Comité.

M. PATRICK KENNEDY (États-Unis) a d’emblée estimé que le taux plafond est un élément « fondamental » de la méthode de calcul du barème des quotes-parts du budget ordinaire et ce, depuis 1946.  Aucun changement ne saurait y être apporté, a-t-il prévenu.  S’agissant du barème des opérations de maintien de la paix, il a rappelé que de nombreux pays ont volontairement payé des contributions plus élevées.  Entre 2001 et 2003, 14 pays l’on fait et entre 2004 et 2006, c’était 12 pays.  Si une telle pratique était toujours en place, elle représenterait la somme de 65 millions de dollars.  Mais il est vrai qu’en 2021, seuls quatre pays ont accepté de payer une contribution plus élevée, à savoir la Bulgarie, l’Estonie, le Portugal et la Roumanie.  Nous appelons tous les pays à faire revivre cet « esprit de volontariat », en particulier ceux de deux groupes. 

Les huit pays qui reçoivent un taux de dégrèvement de 7,5% sont des pays riches, a souligné le représentant.  Ils ne reçoivent ce taux que parce qu’ils s’identifient au Groupe des 77.  C’est leur droit mais ils ne devraient pas en être récompensés, a estimé le représentant qui a appelé ces pays à renoncer volontairement à leur dégrèvement et à contribuer au budget des opérations de maintien de la paix sans faveur aucune.  Les 10 membres non permanents du Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, assument une responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales qui doit être reflétée dans le barème des quotes-parts.  Pendant leur mandat au Conseil, ils devraient renoncer à leur dégrèvement et pour ceux qui n’en bénéficient pas, payer une petite prime.  C’est la chose à faire quand on participe aux décisions du Conseil, a martelé le représentant. 

Les principes directeurs actuels de la répartition des dépenses relatives aux opérations de maintien de la paix doivent être la base de tout débat, a estimé Mme ALMAHA MUBARAK F. J. AL-THANI (Qatar), qui a à son tour insisté sur les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité.  Elle a aussi jugé injuste de placer les États membres du Groupe des 77, qui ne siègent pas au Conseil, au-delà de la catégorie C.  La représentante a prévenu qu’elle cherchera la transparence dans les négociations sur ce point et exprimé son intention de rejeter toute pression politique pour obtenir des membres du G77 un placement dans la catégorie B. 

M. AHMED MOHAMED ISMAIL ELMAHS (Égypte) a souligné que la capacité de payer et les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité sont les principaux critères pour calculer les quotes-parts du budget ordinaire et des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Il a rejeté toute tentative de modifier ces critères pour augmenter la contribution des pays en développement.  Cette augmentation, s’est-il indigné, serait de 27%.  Nous manquons déjà de liquidités et la modification des méthodes de calcul représenterait pour nous, pays en développement, un fardeau financier supplémentaire.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) a appuyé les recommandations du Comité des contributions visant à permettre aux Comores, à Sao Tomé-et-Principe et à la Somalie de garder leur droit de vote jusqu’à la fin de cette soixante-seizième session.  S’agissant de son pays, qui est déterminé à honorer ses obligations financières, le représentant a dénoncé les tentatives persistantes des États-Unis d’empêcher le Venezuela de participer aux travaux de l’Organisation.  Nous avions été privés de notre du droit de vote pendant 10 mois alors que nous avions saisi le Comité des relations avec le pays hôte du fait que le blocus américain nous empêchait d’accéder à nos ressources et de payer notre contribution.  Les 300 millions de dollars que nous avons transférés sur notre compte à la Citi Bank ont été tout simplement « volés » et versés aux réserves fédérales de New York, « à quelques pas du Siège de l’ONU ».  Le représentant a exhorté le Gouvernement américain à cesser sa politique d’agression contre son pays et à arrêter d’abuser de son statut de pays hôte.  Les États-Unis doivent lever toutes leurs mesures coercitives unilatérales et éviter que les travaux de l’ONU ne deviennent l’otage « d’intérêts mesquins », a-t-il ajouté.  

Mme JUN JI SUN (République de Corée) a à son tour insisté sur la capacité de payer comme critère du barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU.  Elle a prié la Cinquième Commission de prendre bonne note des recommandations du Groupe de travail chargé de la question. 

M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique) a lui aussi insisté sur le principe de la capacité de payer pour le barème des quotes-parts du budget ordinaire de l’ONU.  S’agissant des opérations de maintien de la paix, le représentant a insisté, à son tour, sur les responsabilités particulières des membres permanents du Conseil de sécurité.  Toute modification du barème devrait être absorbée par ces membres permanents, a estimé le représentant. 

La capacité de payer doit rester la pierre angulaire de la méthode de calcul du barème des quotes-parts pour le budget ordinaire de l’ONU, a martelé M. CHAUDHARY JAWAD ALI CHATHA (Pakistan), en ajoutant que cela a été entériné en 2001 après « des délibérations houleuses ».  Le revenu national brut (RNB) par habitant reste le meilleur moyen de mesurer cette capacité de paiement, a-t-il estimé, avant de s’attarder sur le barème des opérations de maintien de la paix et de rappeler que le taux plafond de 22% ne bénéficie qu’à un seul État, ce qui est une véritablement distorsion du principe d’équité dans la répartition des dépenses. 

RAPPORT SUR LES ACTIVITÉS DU BUREAU DES SERVICES DE CONTRÔLE INTERNE (BSCI)

Rapport du BSCI sur ses activités pendant la période du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021 (A/76/286 (Part I) et Add.1)

Dans ce rapport, le BSCI dit avoir publié, pendant la période considérée, 188 rapports (hors opérations de paix), dont 8 à l’intention de l’Assemblée générale.  Ces rapports comportaient 418 recommandations visant à renforcer la gestion des risques, la gouvernance et les opérations, dont 7 étaient considérées comme d’importance critique.  L’application des recommandations formulées par le BSCI pendant la période a permis de faire des économies et de recouvrer un montant de 3 587 855 dollars.  L’additif du rapport contient une analyse de l’état de l’application des recommandations ainsi que la liste des rapports publiés.

Déclaration

M. EVGENY V. KALUGIN (Fédération de Russie) a souligné l’importance de l’indépendance du BSCI qui doit pouvoir examiner « avec impartialité » tous les cas de mauvaise conduite.  Il faut donc éviter de donner le sentiment que certains membres du personnel de l’ONU ont un statut particulier ou peuvent se soustraire aux règles.  Le représentant s’est particulièrement inquiété de la durée moyenne des enquêtes qui est passée de 10,8 mois à 11,7 mois.  Il faut arriver plus vite au bout de ces enquêtes pour ne pas instaurer une atmosphère d’impunité.  Le représentant a par ailleurs appelé le BSCI à se concentrer sur la question des postes vacants et à faire des propositions pour supprimer les postes inutiles.  Il a conclu en saluant les initiatives du BSCI pour renforcer le principe de responsabilité chez les fonctionnaires chargés des achats.   

EXAMEN DE L’EFFICACITÉ DU FONCTIONNEMENT ADMINISTRATIF ET FINANCIER DE L’ONU

Rapport du Comité consultatif indépendant pour les questions d’audit durant la période du 1er août 2020 au 31 juillet 2021 (A/76/270)

Dans ce rapport, le Comité présente une vue d’ensemble de ses activités, de l’état d’application de ses recommandations et des activités qu’il compte mener en 2022.  Il présente aussi des observations détaillées.

BUDGET-PROGRAMME POUR 2021

Rapport du Secrétaire général sur le Bureau des Nations Unies pour les partenariats (A/76/218)

Le Secrétaire général présente le Bureau comme une passerelle mondiale qui sert à catalyser et créer des collaborations de nature à accélérer la mise en place de solutions en vue d’atteindre les objectifs de développement durable.  Dans ce rapport, il indique qu’en 2020, le Bureau a rassemblé de manière stratégique des initiatives de collaboration pour mener une action axée sur les priorités clefs du programme de l’Organisation, à savoir l’égalité, l’action climatique et la riposte et le relèvement face à la maladie à coronavirus (COVID-19), en s’appuyant entre autres sur les championnes et champions des objectifs de développement durable, un groupe diversifié de 17 personnalités influentes nommées par le Secrétaire général, qui militent en faveur du Programme 2030.  Ce sont des dirigeants représentant de multiples secteurs et zones géographiques.  La Plateforme stratégique sur les objectifs de développement durable sert de guichet unique destiné à mettre en relation le système des Nations Unies et des parties prenantes externes.  En 2020, la Plateforme a continué de mobiliser les parties prenantes en faveur de la décennie d’action et de la création d’un espace de collaboration multipartite.

Quant à lui, le Fonds des Nations Unies pour la démocratie a continué d’œuvrer en faveur de la protection et de la promotion de l’espace civique alors que de nombreux pays entiers prenaient des mesures tendant à réduire ou à fermer cet espace, dans un mouvement amplifié par la pandémie de COVID-19.  Les projets du Fonds ont été réorientés pour faire face à la pandémie et planifier la reprise.  Pendant son quatorzième cycle de financement, 33 projets émanant de la société civile, d’un coût total de 7,5 millions de dollars, ont été financés dans le monde.  Ces projets allaient du renforcement des compétences en matière d’encadrement dans la société civile à la promotion de la participation des femmes et des jeunes, ou soutenaient des programmes visant à faire entendre la voix de la société civile dans les médias.

Enfin, le Fonds des Nations Unies pour les partenariats internationaux est le principal mécanisme de liaison entre le système des Nations Unies et la Fondation pour les Nations Unies.  En 2020, il s’est attaché à promouvoir la réalisation des objectifs de développement durable, ainsi que les travaux menés par l’ONU pour assurer un relèvement inclusif et robuste suite à la pandémie de COVID-19.  Le Fonds a déboursé 9,76 millions de dollars provenant de la Fondation pour les Nations Unies pour financer des projets de l’ONU.  Sur ce montant, 4,98 millions de dollars ont été utilisés pour faire face aux crises sanitaires mondiales.  Ces deux dernières décennies, le Fonds a collaboré avec la Fondation pour les Nations Unies dans le cadre de 676 projets novateurs et intersectoriels mis en œuvre par le système des Nations Unies dans le monde entier.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.