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Assemblée générale: des États réagissent à « Notre Programme commun », les 12 propositions du Secrétaire général pour hâter l’application des accords existants

Soixante-seizième session,
18e séance – matin
AG/12372

Assemblée générale: des États réagissent à « Notre Programme commun », les 12 propositions du Secrétaire général pour hâter l’application des accords existants

Aujourd’hui à l’Assemblée générale, une vingtaine d’États a réagi au rapport* du Secrétaire général intitulé « Notre Programme commun », lequel fait 12 propositions, sous la forme d’un programme d’action, pour hâter la mise en œuvre des accords existants, notamment les objectifs de développement durable.

La séance a été un avant-goût de la réunion officieuse que l’Assemblée a prévue le 25 octobre, pour examiner en profondeur, « Notre Programme commun » dans lequel le Secrétaire général considère que le moment est venu de renouer avec la solidarité mondiale, de refonder le contrat social entre gouvernants et citoyens et de mettre fin à l’« infodémie » qui fait des ravages aux quatre coins de la planète.

Il estime aussi que le moment est venu de changer la manière de mesurer la prospérité et le progrès économiques, d’en faire plus pour les jeunes générations et les générations futures et de mettre sur pied un système multilatéral plus solide et plus inclusif dont le socle serait le système des Nations Unies.  Le Secrétaire général exprime son intention de convoquer un « Sommet de l’avenir » pour forger un nouveau consensus mondial sur ce à quoi notre avenir devrait ressembler et sur les moyens que nous pouvons déployer aujourd’hui pour le faire advenir.

Les 12 propositions de M. António Guterres, a estimé l’Équateur, sont véritablement le début d’une réponse concrète et pas seulement un thème de discussion pour des enceintes comme celle-ci.  Abondant dans ce sens, le Cameroun a exigé une « action concrète » pour passer de la rhétorique et des promesses non tenues, à des résultats.  Il a plaidé pour un système des Nations Unies crédible, audible et légitime, « dans lequel l’Afrique a toute sa place », y compris au Conseil de sécurité.  Il faut, a acquiescé le Costa Rica, hisser l’ONU à la hauteur des défis et ne pas oublier que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un élément essentiel de « Notre Programme commun », lequel vient renforcer les promesses faites à une planète lasse des conflits, des changements climatiques et désormais d’une pandémie.

L’Union européenne a accueilli ce Programme comme « une contribution tangible » au renforcement du système international, heureuse des prochaines consultations prévues le 25 octobre.  Étant donné que « Notre Programme commun » contient un certain nombre de notions, de terminologies et autres propositions de nature à avoir des incidences « majeures » sur le rôle, le fonctionnement et le travail de l’Organisation, il est impératif que les États puissent l’étudier de manière plus approfondie, a renchéri Cuba.

Nous n’avons toujours pas, a par exemple fait observer la Fédération de Russie, de définition agréée d’un « bien public mondial », alors que le Secrétaire général exprime, dans « Notre Programme commun », son intention de demander à un « Conseil consultatif de haut niveau », dirigé par d’anciens chefs d’État et de gouvernement, de dresser la liste des biens publics mondiaux qui pourraient grandement bénéficier d’une gouvernance améliorée.  La Fédération de Russie a aussi épinglé des conclusions « ambigües », rejetant l’idée d’un lien « inextricable » entre climat et sécurité et d’un rapprochement systématique entre paix et sécurité, droits de l’homme et égalité des sexes.

Le Brésil a, quant à lui, dénoncé le fait que le concept de « développement durable » semble avoir pris une autre tournure, faisant fi des liens avec la croissance économique et le développement social.  « Notre Programme commun », a constaté à son tour la Malaisie, ne met pas suffisamment l’accent sur le règlement des conflits et encore moins sur un mécanisme censé traiter de leurs causes sous-jacentes.  Il fait également très peu mention de la plus grande menace à la paix et à la sécurité internationales: le terrorisme, a martelé l’Inde. 

« Notre Programme commun » appelant à « un multilatéralisme revitalisé », la Fédération de Russie a prévenu que la coopération multilatérale doit s’appuyer sur les décisions des organes statutaires de l’ONU.  Elle s’est dite réticente aux approches dites « multipartites » impliquant, outre les États, les ONG, les entreprises et les municipalités, une tendance visant à brouiller le caractère « interétatique » de l’Organisation.  La Fédération de Russie a aussi insisté sur la répartition des mandats entre les différents organes des Nations Unies.  À ce propos, le Pakistan a jugé « problématique » de vouloir changer la nature du Conseil de tutelle, un organe créé pour accompagner la décolonisation, laquelle reste une tâche inachevée.  Dans « Notre Programme commun », le Secrétaire général se propose en effet de revisiter le rôle du Conseil et d’en faire un organe multipartite chargé de remédier aux problèmes émergents et, surtout, un espace de délibération qui permettrait d’agir au nom des générations futures.

Toujours aujourd’hui, l’Assemble générale a suivi la recommandation** de sa Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires et décidé que les Comores, Sao Tomé-et-Principe et la Somalie seront autorisées à participer à ses votes jusqu’à la fin de cette session, parce que « le non-paiement par ces pays de la totalité du montant minimum requis pour éviter l’application de l’Article 19 de la Charte est dû à des circonstances indépendantes de leur volonté ».  

L’Article 19 dispose qu’un État Membre des Nations Unies en retard dans le paiement de sa contribution aux dépenses de l’Organisation ne peut participer au vote à l’Assemblée générale si le montant de ses arriérés est égal ou supérieur à la contribution due par lui pour les deux années complètes écoulées.  L’Assemblée générale peut néanmoins autoriser cet État à participer au vote si elle constate que le manquement est dû à des circonstances indépendantes de sa volonté.

L’Assemblée a prévu une autre séance publique jeudi 14 octobre, à partir de 10 heures, pour élire des membres du Conseil des droits de l’homme et saluer la mémoire d’Abdelaziz Bouteflika, ancien Président de l’Algérie.

* A/75/982
** A/76/383

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie du rapport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel sur la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016-2025) (A/76/275).  Le rapport fait le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des programmes de la troisième Décennie du développement industriel de l’Afrique (2016 2025) au cours de la période allant de juillet 2020 à juin 2021.  Il décrit les activités et interventions en cours, achevées et nouvelles et présente les étapes franchies et les résultats obtenus jusqu’ici.  Il rend compte des efforts collaboratifs consentis par la communauté internationale pour mobiliser, aux niveaux régional, multilatéral et bilatéral, les ressources financières et non financières nécessaires à l’aboutissement des programmes de la troisième Décennie.

RENFORCEMENT DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES

L’Assemblée générale était saisie d’une note du Secrétaire général sur la coopération internationale face aux difficultés connues par les gens de mer à cause de la pandémie de COVID-19 et en appui aux chaînes d’approvisionnement mondiales (A/76/327).

Le Secrétaire général explique que l’Assemblée générale l’a prié, en collaboration avec l’Organisation maritime internationale (OMI), l’Organisation internationale du Travail (OIT), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ainsi que les autres entités compétentes du système des Nations Unies, de l’informer de la situation relative aux changements d’équipage pendant la pandémie de COVID-19, dans le cadre du rapport de l’OMI établi à partir des travaux de l’Équipe de gestion des crises pour les gens de mer et de la section spéciale consacrée à la question dans l’Étude sur les transports maritimes de la CNUCED.  Le Secrétaire général renvoie, par conséquent, l’Assemblée au chapitre 5 de l’Étude sur les transports maritimes de la CNUCED (UNCTAD/RMT/2021).

Débat conjoint

La mise en œuvre de la feuille de route qu’est « Notre Programme commun » est, a estimé Mme IMANE BENZIANE (Maroc), une forte reconnaissance que notre Organisation est le cadre de coopération efficace le plus idoine et approprié et la plateforme d’action multilatérale par excellence, pour relever les défis mondiaux et renforcer la solidarité internationale.  Afin de concrétiser les 12 engagements cruciaux du Programme, nous avons besoin de renforcer notre action commune pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, sachant que moins de 10 ans nous séparent du délai de 2030, a pressé la représentante.

La pandémie de COVID-19, a-t-elle poursuivi, a eu un impact très négatif sur toute la planète, et constitue la principale menace à la sécurité humaine.  Elle a revigoré l’attention internationale portée au défi des changements climatiques, tant les liens entre les aires thématiques des changements climatiques, de la dégradation de la biodiversité, et de la sécurité sanitaire sont devenus davantage évidents.  Elle a estimé que le chevauchement de ces deux grandes menaces planétaires, à savoir la pandémie de COVID-19 et les changements climatiques, devrait catalyser l’émergence d’un nouvel agenda multilatéral basé sur une approche holistique aux défis mondiaux.

L’accès équitable et immédiat aux vaccins, par le biais d’un plan de vaccination mondial, comme mentionné dans « Notre Programme commun », est indispensable pour aider tous les pays, en particulier les pays africains et les moins avancés, à surmonter cette phase aiguë de la pandémie.  La représentante a aussi soutenu l’idée que les vaccins soient des biens publics mondiaux.  Le Maroc, qui soutient l’élaboration d’un traité international sur les épidémies, entend, a indiqué la représentante, organiser une conférence internationale, au courant de 2022, sur la préparation et la réponse aux pandémies, en coopération avec le Rwanda, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Banque mondiale.  Elle a également indiqué que son pays a mis en œuvre un projet ambitieux de fabrication locale des vaccins contre la COVID-19.

Aujourd’hui, a ajouté la représentante, nous avons besoin d’un multilatéralisme plus ouvert, efficace, solide et pragmatique, afin d’assurer le renforcement de la solidarité internationale qui devrait encadrer le monde post-COVID-19.  La représentante en a profité pour réitérer la position du Maroc pour une réforme du Conseil de sécurité et son soutien infaillible à la position africaine contenue dans le consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  Le Maroc, a-t-elle ajouté, soutient également les demandes du Groupe arabe.  La représentante a aussi plaidé pour une revitalisation harmonieuse des travaux des grandes Commissions de l’Assemblée générale, en éliminant les lacunes, les chevauchements et les doubles emplois qu’il pourrait y avoir entre les questions inscrites à l’ordre du jour.  L’alignement de l’ordre du jour de l’Assemblée générale avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est « une nécessité impérieuse », a-t-elle souligné, en conclusion.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a appelé à la promotion du multilatéralisme, à un financement adéquat du développement et à la mise à disposition des vaccins contre les pandémies, sans oublier les efforts renouvelés pour la paix et la sécurité internationales.  Dans ce contexte, a fait observer le représentant, la lutte contre le terrorisme est de la plus grande importance.  Pourtant, s’est-il étonné, le terme « terrorisme » n’apparaît que deux fois dans « Notre Programme commun », alors que l’expression « changements climatiques » y revient une vingtaine de fois.  Pour l’Inde, a souligné le représentant, le terrorisme est bien la plus grande menace à la paix et sécurité internationales et, à ce titre, il mérite plus d’attention.  En ce qui concerne les changements climatiques, l’Inde, a affirmé le représentant, est l’un des rares pays du G20 à respecter ses engagements.  Il est crucial que les pays en développement bénéficient d’une aide plus significative en matière d’adaptation et d’atténuation aux effets des changements climatiques.  Il faut, dans ce cadre, tenir compte de la situation spécifique de chaque pays, tout en se mettant d’accord sur les résultats communs, a prescrit le représentant.

Appuyant fermement le contenu de « Notre Programme commun », M. SYED MOHD HASRIN AIDID (Malaisie) a attiré l’attention sur l’objectif de la Malaisie de devenir un pays à neutralité carbone d’ici à 2050.  Il a ensuite dit espérer, au cours de cette session, une réflexion sur la situation des pays affectés par les mesures unilatérales coercitives lesquelles sont une violation de la Charte et du droit international, compte tenu de leur impact négatif sur la liberté de commerce et le développement.  Il a réitéré l’appel de son pays à la levée de toutes les sanctions, en particulier pendant la pandémie de COVID-19, parce que « le temps est à la solidarité, pas à l’exclusion ».

Le représentant a aussi regretté que « Notre Programme commun » ne mette pas suffisamment l’accent sur le règlement des conflits et encore moins sur un mécanisme censé traiter des causes sous-jacentes des conflits.  Il a aussi relevé l’absence d’un appel à un cessez-le-feu mondial.  Initiatrice de la Déclaration conjointe sur un cessez-le-feu mondial, appuyée par plus de 170 pays, la Malaisie, a dit son représentant, est fermement convaincue que cet appel et cet élan doivent être « solidifiés ».  Le représentant a également appelé à davantage d’efforts contre les crises géopolitiques.  Le risque d’une guerre mondiale n’est pas tout à fait écarté, a-t-il estimé, en réclamant le respect des engagements en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La course aux armements ne saurait faire partie de « Notre Programme commun », a-t-il insisté.  

Le représentant a conclu sur le renforcement des Nations Unies et rappelé les États Membres à leur obligation de payer leur contribution à temps et en totalité.  Ce n’est pas un choix mais une nécessité pour permettre à l’Organisation d’exécuter ses mandats de la manière la plus efficace.  Quant à la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, il a rappelé qu’avec l’Équateur, la Finlande et l’UNITAR, son pays a organisé le premier atelier sur la transition, le mois dernier, pour faciliter un passage sans heurt d’une présidence de l’Assemblée à l’autre et renforcer la mémoire institutionnelle.  La réforme de l’Organisation ne saurait être complète sans celle du Conseil de sécurité, a conclu le représentant, jugeant qu’il faut rendre cette instance plus démocratique, s’agissant de sa composition et de son processus de prise de décisions.

La leçon la plus frappante à tirer des crises actuelles est peut-être la fragmentation de notre système international, a estimé Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica).  « Notre Programme commun » nous invite à nous diriger vers un monde plus inclusif, plus équitable et plus résilient.  Il faut, a-t-elle demandé, hisser l’ONU à la hauteur de ce défi et ne pas oublier que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un élément essentiel de « Notre Programme commun », lequel vient renforcer les promesses faites à une planète lasse des conflits, des changements climatiques et désormais d’une pandémie.  Cette pandémie est grave et continuera sans doute parmi les populations non vaccinées.  Mais, a poursuivi la représentante, la pandémie n’excuse pas le renoncement à nos obligations en vertu des droits de l’homme ni l’affaiblissement de nos normes démocratiques.  La pandémie n’est pas non plus responsable des conflits que nous n’arrivons pas à régler ou que nous tentons de régler avec des résolutions sans effet.  Les sociétés sont surarmées et le système multilatéral perd de sa vitalité.  « Notre Programme commun » nous appelle, a conclu la représentante, à agir.  « Allons-nous maintenir ce cap ou le changer? ».  « Changeons de cap », a-t-elle préconisé.

M. PIEPER, de l’Union européenne, a qualifié « Notre Programme commun » de « contribution tangible » au renforcement du système international.  Il s’est aussi félicité de ce que le Président de l’Assemblée générale se soit proposé pour en assurer le suivi.  Il s’est donc dit favorable à l’adoption d’une résolution « courte ».

Étant donné que « Notre Programme commun » contient un certain nombre de notions, de terminologies et autres propositions de nature à avoir des incidences « majeures » sur le rôle, le fonctionnement et le travail de l’Organisation, il est impératif que les États puissent l’étudier de manière plus approfondie, a plaidé M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba).  Il a donc défendu l’idée de consultations intergouvernementales afin de dégager « un terrain d’entente ».  Nous devons, a-t-il conclu, avancer vers un ordre international plus juste et plus équitable, qui promeut la paix, le développement et la prospérité pour tous.

Au nom d’un groupe de pays, M. MARTIN BILLE HERMANN (Danemark) a salué le fait qu’avant le 25 octobre prochain, les États Membres auront le temps d’examiner en profondeur « Notre Programme commun », au cours de consultations officieuses.  Nous devons analyser les recommandations contenues dans un rapport que nous avons nous-mêmes commandité, a souligné le représentant.

M. EVGENY Y. VARGANOV (Fédération de Russie) a dit souscrire à l’appel du Secrétaire général dans « Notre Programme commun » qui souligne la nécessité de renforcer les relations internationales afin de parvenir à un ordre mondial multipolaire et équitable.  Malheureusement, a alerté le représentant, nous voyons une tendance différente: la désunion s’aggrave au sein de la communauté internationale, menaçant sérieusement la capacité de relever les défis traditionnels et nouveaux comme ceux de la santé, de l’espace numérique, du climat ou encore des inégalités sociales.  Répondant à l’appel à la solidarité du Secrétaire général, la Fédération de Russie, a affirmé le représentant, est prête à coopérer pour renforcer le rôle du Conseil économique et social (ECOSOC), notamment une interaction plus étroite avec le G20.  Il a appelé à une réforme inclusive du système économique mondial, y compris le système fiscal international.  Il a aussi appelé à une meilleure régulation du secteur de l’intelligence artificielle pour limiter l’influence des géants de la technologie et améliorer la gouvernance de l’Internet.

Poursuivant, le représentant a estimé que certaines conclusions de « Notre Programme commun » ont un caractère « ambigu » et rompent avec le cadre des travaux de l’Organisation.  Il est inapproprié, a-t-il estimé, de lier aussi étroitement les questions des droits de l’homme et d’égalité des sexes à celles de la paix et de la sécurité internationales.  De même, il est contre-productif de vouloir établir un lien « inextricable » entre climat et sécurité.  Le délégué a insisté sur la répartition des mandats entre les différents organes de l’ONU, mettant en garde contre « une confusion » qui ne conduirait qu’à des chevauchements et l’inefficacité globale de l’Organisation.  Sur la question des changements climatiques, il a jugé inopportun d’obliger les pays à aller au-delà des engagements convenus dans l’Accord de Paris.  La tentation de vouloir obtenir « d’un seul coup » des objectifs climatiques plus ambitieux pourrait créer de graves déséquilibres énergétiques et même « des cataclysmes », a pronostiqué le représentant.  En ce qui concerne le désarmement, il s’est agacé de l’accent mis sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires qui ne bénéficie pas d’un soutien universel. 

Pour le représentant, la coopération multilatérale devrait s’appuyer principalement sur les décisions des organes statutaires de l’ONU.  Trop souvent, s’est-t-il encore agacé, des initiatives sont prises pour créer des « plateformes » et discuter des problèmes mondiaux urgents avec des structures non gouvernementales.  Cette approche est contraire aux prérogatives exclusives de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, qui connaissent un certain succès en matière de réunions d’urgence.  La Fédération de Russie, a ensuite prévenu le représentant, n’est pas à ce stade prête à adhérer au concept de « bien public commun » tant promu dans les documents de l’ONU.  Il faut d’abord une discussion intergouvernementale sur le sujet.  De même, le représentant s’est dit réticent aux approches dites « multipartites », impliquant outre les États, les ONG, les entreprises, les municipalités.  Cette tendance tend à brouiller le caractère « interétatique » de l’Organisation qui perdra encore plus en efficacité « avec de telles innovations ».  Les avis des autres parties intéressées ou experts peuvent tout à fait bien être recueillis dans leur pays, a tranché le représentant.

Ne regardons pas les propositions de « Notre Programme commun », « comme on fait son marché », a mis en garde M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), en ajoutant « c’est parfois le cas aux Nations Unies, et ce, depuis des années ».  Le représentant s’est dit déçu de la manière dont est abordée la question du développement, malgré l’engagement de ne laisser personne de côté.  Cet engagement, a-t-il souligné, renvoie à des questions très importantes telles que la lutte contre la pauvreté et la promotion du libre-échange.  Or, ces questions ne sont pas traitées comme il se doit dans « Notre Programme commun ».  Le représentant a dénoncé le fait que le concept de « développement durable » ait pris une autre tournure, faisant fi des liens avec la croissance économique et le développement social.

S’agissant de la pandémie de COVID-19, il s’est réjoui que les propositions du Secrétaire général rejoignent « notre pensée ».  Nous devons nous préparer aux crises de demain et régler le problème des inégalités d’accès aux médicaments et aux vaccins.  Mais, a prévenu le représentant, nous ne devons pas oublier que nous n’avons toujours pas de définition agréée d’un « bien public mondial ».  Il a, à son tour, insisté sur la nécessité de réformer l’ONU, en particulier le Conseil de sécurité.

Mme ANDJONGO (Cameroun) a jugé que, dans le contexte international actuel, il n’y a que deux options: le chaos ou le sursaut.  Ce chaos est représenté par les crises comme la pandémie actuelle, les changements climatiques et les inégalités créées par ces phénomènes, qui ne sont, ni une fatalité, ni un accident.  La représentante a donc exigé une action concrète, qui fait passer la rhétorique et les promesses non tenues, à des résultats.  Pour cela, il faut une ONU réformée et tournée vers le développement.  « Notre Programme commun » est un programme qui nécessite de l’action, a insisté la représentante qui a plaidé pour un système international inclusif, ayant pour « pierre angulaire » un système des Nations Unies crédible, audible et légitime, dans lequel l’Afrique a sa place, notamment au sein du Conseil de sécurité.  Ce n’est que comme cela que nous vaincrons la pandémie de COVID-19 et assurerons la survie de la planète, a déclaré sa représentante.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a salué l’Accord de libre-échange continental en Afrique, même s’il tarde à se mettre en route du fait des retards sur certains points qui n’ont pu être traités du fait de la pandémie de COVID-19.  L’appui à l’Accord est crucial pour permettre aux États africains de renforcer leur résilience, bâtir une économie plus verte et ainsi se relever de la pandémie.  Le Gouvernement éthiopien, a-t-il dit, a placé l’industrialisation au centre de son action, en lui donnant une place de choix dans son Plan de développement décennal.  Il y a deux mois, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a lancé le premier centre de créativité en Éthiopie, afin de favoriser l’industrialisation et l’entrepreneuriat.  Au sujet de « Notre Programme commun », le représentant a souligné l’importance d’un multilatéralisme renforcé, avec l’ONU en son centre.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué que son pays sera présent à la prochaine Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow, pour discuter des questions soulevées par « Notre Programme commun » et celles qui n’y figurent pas, afin de faire avancer les enjeux communs.  Ce Programme, a avoué le représentant, « pèche par excès de pessimisme ».  Les actions sont possibles et les États Membres doivent tenir dûment compte des 12 propositions du Secrétaire général et les considérer comme le début d’une réponse concrète et pas seulement comme des thèmes de discussion dans les enceintes comme celle-ci.  Nous sommes disposés à apporter notre contribution à cet objectif, a assuré le représentant. 

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a indiqué que son pays a mis en place des réformes systémiques afin de réaliser les objectifs de développement durable.  « Ne laisser personne de côté » ne doit pas seulement être un slogan.  Il faut véritablement le mettre en pratique.  Ces objectifs et l’Accord de Paris sur le climat sont « nos boussoles », a affirmé le représentant, en indiquant que son pays compte y travailler comme membre du Conseil économique et social (ECOSOC) et Présidente du G20 l’année prochaine.  Au sujet de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les gens de mer, il a déclaré que son pays s’est engagé à prendre des mesures concrètes pour régler leurs problèmes, dont la mise à disposition de ports pour faciliter le rapatriement des équipages.

Nous sommes prêts à discuter de « Notre Programme commun », a promis Mme JIANG HUA (Chine).  Elle a voulu que l’on tienne compte de l’avis des nombreux pays qui sont encore aux prises avec les difficultés nées de la pandémie ou les changements climatiques.  Il faut, a-t-elle estimé, avancer dans la lutte contre la pauvreté et pour le développement durable et le développement vert, en tenant dûment compte des besoins et priorités spécifiques de chaque État.  Il est également primordial que les jeunes et la société civile puissent faire entendre leurs voix, afin de garantir un développement inclusif.  Les propositions de « Notre Programme commun » sont bonnes mais il nous faut un consensus, a conclu la représentante.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a souligné que la commémoration du soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies avait permis de réaffirmer l’attachement de la communauté internationale au multilatéralisme mais aussi d’évaluer les défis actuels et émergents.  La liste des défis est longue, a reconnu la représentante, citant le problème de la dette extérieure, des changements climatiques, des pandémies et de la pauvreté.  L’Argentine, a-t-elle dit, réaffirme une fois encore son soutien inébranlable à toute discussion de nature à renforcer le rôle des Nations Unies et la coordination entre les États, afin de garantir un scénario international plus inclusif.  Le rapport du Secrétaire général n’est pas un document isolé, a rappelé la représentante, ajoutant qu’il doit être lu parallèlement aux instruments pertinents qui traitent des mêmes questions.  « Notre Programme commun » nous propose une feuille de route.  Discutons de ses propositions pour parvenir à un accord car nous, les États Membres, sommes les seuls à pouvoir mener ce processus.  Nous espérons, a conclu la représentante, pouvoir étudier toutes les questions de fond à la prochaine réunion, le 25 octobre.

Bâtir l’avenir ne veut pas dire oublier le passé, a déclaré M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan).  Commençons d’abord par mettre en œuvre les accords passés, dont ceux liés à la gestion des crises, et par nous attaquer aux causes sous-jacentes des inégalités.  L’un des principes de la Charte, a-t-il tenu à rappeler, est la non-ingérence dans les affaires intérieures des États.  Le socle de l’ordre international, c’est la souveraineté nationale.  Le représentant a plaidé pour un multilatéralisme « ouvert », défendant, entre autres, l’idée que tous les membres de l’Assemblée générale aient leur mot à dire dans la sélection des ONG qui participent à leurs travaux.  Il a par ailleurs jugé « problématique » de vouloir changer la nature du Conseil de tutelle, un organe créé pour accompagner la décolonisation laquelle reste une tâche inachevée.  En faire « une instance multilatérale » nécessiterait un amendement à la Charte, a prévenu le représentant qui a aussi rappelé que les questions de « l’espace extra-atmosphérique » et de « la gestion des océans » sont déjà examinées par d’autres instances multilatérales.

M. BÁLINT MOGYORÓSI (Hongrie) a dit appuyer le système international, mais dans le respect des intérêts nationaux de chaque État.  Il a rejeté l’idée d’« une gouvernance mondiale centralisée », privilégiant des gouvernements « forts » qui coopèrent sur les grandes questions internationales.  Par exemple, a insisté le représentant, chaque État devrait pouvoir décider de sa politique migratoire, sans pression extérieure.  L’émigration ne doit pas être encouragée et les pays d’origine doivent assumer leurs responsabilités.  La Hongrie, a dit son représentant, continuera de rejeter toute mention du Pacte de Marrakech sur des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont elle n’est pas partie.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a jugé essentiel de lancer un débat sur la manière de faire avancer les engagements clefs contenus dans « Notre Programme commun ».  Il ne fait aucun doute que le monde a beaucoup changé, de même que le multilatéralisme, a-t-elle relevé, ajoutant que la COVID-19 est une épreuve pour l’ensemble du système multilatéral.  Il nous incombe, a dit la représentante, d’orienter notre approche vers l’action car le multilatéralisme est une nécessité et pas une option.  Revenant à la résolution sur la revitalisation des travaux de l’Assemblée générale, elle a estimé qu’une des mesures les plus pragmatiques a été de préserver la primauté du débat général annuel et limiter le nombre des manifestations parallèles.  Un système multilatéral, a poursuivi la représentant, n’est pas possible sans un Conseil de sécurité plus transparent, plus démocratique et plus représentatif.  Les conséquences de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales exigent de renforcer l’inclusivité dans les décisions du Conseil, a-t-elle plaidé, encourageant la promotion de résultats substantiels permettant la modernisation de l’ONU, tout en préservant sa légitimité et son efficacité.

M. JASSER JIMÉNEZ (Nicaragua) a noté que « Notre Programme commun » contient des concepts qui ne font pas l’unanimité.  Il a promis un avis plus détaillé à la séance prévue le 25 octobre prochain.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

​​​​​​​Quatrième Commission: les défenseurs du droit à l’autodétermination des Sahraouis s’opposent aux représentants issus des dernières élections au Maroc

Soixante-seizième session,
5e séance plénière – après-midi
CPSD/732

​​​​​​​Quatrième Commission: les défenseurs du droit à l’autodétermination des Sahraouis s’opposent aux représentants issus des dernières élections au Maroc

Au troisième et dernier jour des auditions de pétitionnaires à la Quatrième Commission, chargée des questions de politiques spéciales et de la décolonisation, c’est encore de l’avenir du Sahara occidental dont il était question.  Malgré les restrictions sanitaires imposées par la pandémie de COVID-19, ils ont été 66 à se déplacer à New York cette année pour s’exprimer sur le sujet, qui oppose toujours les partisans du Front POLISARIO à ceux du plan d’autonomie élargie pour les « provinces du Sud » proposé par le Maroc; les défenseurs du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui à ceux du développement économique et de la légitimité des urnes des représentants élus du « Sahara marocain ».  

Ainsi, la représentante de l’Association américaine de juristes et du Groupe de soutien de New York pour l’indépendance du Sahara occidental, Mme Vanessa Ramos, a affirmé sans ambages que le Sahara occidental est un cas de décolonisation et d’occupation militaire illégal, et que le peuple sahraoui jouit du droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  L’arrêt du Tribunal de l’Union européenne du 29 septembre 2021 confirme la jurisprudence établie dans les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 et du 27 février 2018, a-t-elle argué, rappelant qu’il stipule qu’aucun accord ne peut être appliqué au Sahara occidental sans le consentement libre, préalable et éclairé du peuple sahraoui.

Renchérissant, M. David Lippiatt, de WE International Inc., est allé jusqu’à dire que l’oppression du Maroc au cours des 40 dernières années justifierait un renvoi à la Cour pénale internationale, en vertu de l’article  13(b) du Statut de Rome, pour « les crimes contre l’humanité commis dans le territoire du Sahara occidental ».

Mais c’est l’intervention de M. Mohamed Hichem Radoui, d’American Peace Supporters Association, qui a fait réagir le Maroc, la délégation invoquant une motion d’ordre pour réfuter en bloc « les mensonges », bons « pour la poubelle », colportés devant la Commission par ce pétitionnaire.  Ce dernier avait dénoncé le blocus et l’oppression exercés par le « régime marocain » dans le territoire sahraoui, en évoquant notamment des transferts illégaux de prisonniers marocains et sahraouis et des arrestations de centaines de Sahraouis et de Marocains à la suite de la publication d’une vidéo sur la situation.  Il faut agir et éviter qu’une catastrophe ne se produise, a exhorté ce pétitionnaire, en déplorant l’absence de mécanisme de protection des citoyens sahraouis en raison du refus du Maroc d’autoriser les observateurs.

À ces critiques du Royaume chérifien, sont venus s’opposer des représentants élus des Sahraouis qui vivent « dans le Sahara marocain ».  Qu’il s’agisse de M. M’hamed Abba, Président du Conseil régional de Laâyoune-Sakia Al Hamra ou de M. Mohammed Ayyach, parlementaire de Laâyoune, ils ont tous deux revendiqué leur légitimité tirée des urnes pour représenter leur peuple.  Les Sahraouis des « provinces sahraouies » ont participé avec un taux record aux élections de septembre 2021 au Maroc, pour élire leurs représentants aux niveaux local et parlementaire, a expliqué M. Ayyach.  En tout, ce sont 667 élus locaux et 25 représentants au sein du Parlement marocain qui ont été élus par des scrutins directs sous observation internationale, a-t-il rappelé.

Tenant à préciser que ce sont environ 85% des Sahraouis qui vivent dans le « Sahara marocain » qui ont élu leurs représentants, il a remis en cause la légitimité de ceux qui font partie de la minorité sahraouie résidant dans des camps en Algérie et qui se prétendent, selon lui, être les représentants de leur peuple.  Pour M. Abba, en participant massivement aux élections de 2021, les Sahraouis du « Sahara marocain » ont de facto exercé leur droit à l’autodétermination puisqu’ils représentent la majorité, et ont « choisi de vivre au Maroc ».

La Quatrième Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 12 octobre, à 15 heures et abordera les missions politiques spéciales.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION (SUITE)

Pétitionnaires du Sahara occidental (fin)

Mme VANESSA RAMOS, de l’Association américaine de juristes et du Groupe de soutien de New York pour l’indépendance du Sahara occidental, a estimé que le Sahara occidental est un cas de décolonisation et d’occupation militaire illégale, affirmant que le peuple sahraoui jouit du droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.  L’arrêt du Tribunal de l’Union européenne du 29 septembre 2021 confirme la jurisprudence établie dans les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne du 21 décembre 2016 et du 27 février 2018, stipulant qu’aucun accord ne peut être appliqué au Sahara occidental sans le consentement libre, préalable et éclairé du peuple sahraoui.  Les violations des droits humains, la grave situation humanitaire des plus de 170 000 réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf, et l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire à travers des accords entre le Maroc et d’autres États ou sociétés transnationales sont illégales.  Mme Ramos a donc exhorté le Conseil de sécurité et le Conseil des droits de l’homme à prendre des mesures pour mettre fin à cette situation.  Elle a demandé à cette Commission de dépêcher une mission d’observation dans le « territoire occupé du Sahara occidental » avec des experts du Bureau des Nations Unies pour les droits de l’homme.

M. DAVID LIPPIATT, de WE International Inc., a déclaré être allé plusieurs fois dans les camps sahraouis de Tindouf, en Algérie.  Selon lui, le Maroc a continuellement opprimé le peuple sahraoui.  La Cour internationale de Justice, Amnesty International, Human Rights Watch, le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme, l’Union africaine, ainsi que de nombreux États-nations ont conclu qu’il y a un réel besoin pour la MINURSO de disposer d’un volet « droits de l’homme » dans son mandat, comme d’autres missions.  Il est clair, a estimé le pétitionnaire, que le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) est une « farce » qui ne réalisera pas de surveillance impartiale.  M. Lippiatt a estimé que l’oppression du Maroc au cours des 40 dernières années justifierait un renvoi à la Cour pénale internationale, en vertu de l’article 13 (b) du Statut de Rome, pour les crimes contre l’humanité commis dans le territoire du Sahara occidental.

M. MOHAMED ALI ARKOUKOU, de Sahrawi Association in USA, a déclaré qu’on avait menti sur les élections au Sahara occidental.  Celles-ci sont illégales et il se trouve que les élus sont souvent des collaborateurs du régime marocain, a-t-il soutenu.  Il a émis l’espoir que ces collaborateurs tirent des enseignements sur ce qui s’est passé dans d’autres pays comme le Viet Nam ou l’Algérie.  Ainsi, il a estimé que ceux qui ont participé aux élections sont des colons marocains qui sont présents depuis 1975, attirés par l’argent.  Il a, en conclusion, exigé la remise en liberté de tous les détenus politiques sahraouis.

M. STEPHEN BRONNER, de International Council for Diplomacy and Dialogue (ICDD), a déclaré que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) devait reconsidérer sa position, car chercher à progresser sur le plan diplomatique tout en poursuivant des activités relevant de la guérilla était intenable à long terme.  Il a de plus estimé que les investisseurs devaient faire pression sur le Maroc pour qu’il renoue des relations diplomatiques avec l’Algérie.  En outre, le pétitionnaire a présenté trois autres alternatives: une autonomie renforcée qui permettrait à la RASD d’avoir sa propre gouvernance démocratique sans que ses lois soient soumises au veto du Maroc; deux États indépendants sans frontière, laquelle entraverait leur développement économique commun; ou encore rétablir le précédent cadre de règlement global de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) impliquant un cessez-le-feu, le retour des réfugiés, le droit des Sahraouis d’exploiter leurs propres ressources naturelles sans entrave du Maroc, ainsi qu’un référendum sur le statut final.

M. MAALAININE YARA, de Laayoune Online, a exhorté le nouvel Envoyé spécial à examiner la situation des droits de la personne dans le « territoire sahraoui occupé ».  Ce volet des droits humains doit être intégré dans le mandat dans la MINUSRO, a plaidé le pétitionnaire.

M. MOHAMED HICHAM RADOUI, d’American Peace Supporters Association, a dénoncé le blocus et l’oppression exercés par le régime marocain dans le territoire sahraoui.  Les femmes font partie des opprimés, a ajouté le pétitionnaire, en accusant le Maroc de transferts illégaux de prisonniers marocains et sahraouis, des violations qui n’épargnent pas, selon lui, les enfants.  M. Radoui a également déploré l’arrestation de centaines de Sahraouis et de Marocains à la suite de la publication d’une vidéo sur la situation.  Il faut agir et éviter qu’une catastrophe ne se produise, a exhorté l’intervenant, en déplorant l’absence de mécanisme de protection des citoyens sahraouis en raison du refus du Maroc d’autoriser les observateurs.  Ce conflit doit être réglé conformément au droit international, a-t-il ajouté.

M. MOHAMMED AYYACH, parlementaire de Laâyoune, a été élu durant les dernières élections de septembre 2021 au Maroc.  Elles ont connu un taux de participation record dans les provinces sahraouies, a-t-il précisé, mettant en exergue la conscience politique des Sahraouis ainsi que leur volonté de bonne gouvernance et de sauvegarde du patrimoine local dans le cadre de l’identité marocaine.  En tout, ce sont 667 élus locaux et 25 représentants au sein du Parlement marocain qui ont été élus à travers des élections directes sous observation internationale.  Environ 85% des Sahraouis sont des résidents du Sahara marocain, a-t-il rappelé, avant de dire que ce sont eux qui ont élu leurs représentants.  Dès lors, M. Ayyach s’est dit surpris du discours de certains Sahraouis résidant dans les camps en Algérie alors qu’ils représentent la minorité sahraouie et n’ont jamais eu l’occasion de s’exprimer dans les urnes.  Comment peuvent-ils revendiquer une légitimité? s’est-il demandé.

M. M’HAMED ABBA, Président du Conseil Régional de Laâyoune-Sakia Al Hamra, a été élu lors des élections générales de 2021 au Maroc qui ont eu lieu sous observation internationale.  Il a estimé être le véritable représentant du Sahara occidental « qui tire sa légitimité des urnes », contrairement à d’autres ici voulant parler en leur nom.  Le Maroc « a suivi la voie de la sagesse » en se mobilisant en faveur du succès des élections au Sahara marocain, a-t-il fait valoir.  Les jeunes et les femmes ont massivement participé à ces élections (8% de nouveaux électeurs âgés de 18 à 24 ans).  Au Sahara marocain, la participation électorale était de plus de 50% malgré la pandémie, a-t-il noté, signifiant que les citoyens sahraouis ont réalisé leur droit à l’autodétermination et choisi de vivre au Maroc. 

Mme KADIATOU SYLLA a expliqué qu’au Sahara occidental, les citoyens sont pris entre des dirigeants irresponsables et des groupes séparatistes.  Dès lors, il n’est pas étonnant que la violence règne.  Et ce sont les groupes marginalisés qui paient le plus lourd tribut, à savoir les femmes et les enfants.  « J’ai vu des femmes victimes d’exploitation sexuelle, des enfants à qui on enseigne le maniement des armes et des jeunes désœuvrés qui n’ont comme espoir que l’extrémisme », a-t-elle déclaré.  Estimant que les vies de tous les Africains sont importantes, l’intervenante a déclaré que « si nous ne faisons rien, nous nous exposons à des catastrophes », a-t-elle ajouté.  

Le représentant du Maroc est intervenu au titre d’une motion d’ordre, en déclarant qu’on accorde le droit de parole aux pétitionnaires pour parler de sujets spécifiques dans le plein respect des règles de l’Organisation.  Le représentant a estimé que M. Mohamed Hicham Radoui venait de colporter des mensonges contre son pays et recouru à une terminologie qui est inacceptable à l’ONU.  Il a condamné et rejeté « les propos fallacieux de cet individu qui ne sont dignes que de la poubelle ».  Notre Organisation ne peut et doit laisser de telles personnes instrumentaliser la Quatrième Commission, a-t-il ajouté en conclusion.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Désarmement: la Haute-Représentante plaide pour un multilatéralisme inclusif

Réunion virtuelle- matin
AG/DSI/3667

Désarmement: la Haute-Représentante plaide pour un multilatéralisme inclusif

Réunie ce matin en séance virtuelle sous la présidence de M. Sasa Milanovic, Vice-Président, la Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a de nouveau entendu la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, demander aux délégations de créer l’atmosphère propice à la création d’un « multilatéralisme inclusif », ouvert au secteur privé et à la société civile.  Empruntant ce terme au Secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres, Mme Nakamitsu a placé les États Membres face à leurs responsabilités, affirmant qu’aucun pays ne pourrait relever seul les défis émergents à la paix et à la sécurité internationales.

La Haute-Représentante a attiré l’attention sur deux défis majeurs, lesquels sont l’objet de deux rapports du Secrétaire général: la réduction des menaces spatiales par des normes, règles et principes de comportements responsables; et la prise en compte des « dernières évolutions scientifiques et techniques et leurs incidences éventuelles sur l’action menée en matière de sécurité internationale et de désarmement ».

Répondant à une question de l’Équateur, Mme Nakamitsu a confirmé ce qu’elle avait déclaré lors de l’ouverture du débat général: la sécurisation de l’espace et des usages des biotechnologies passe par l’inclusion du secteur industriel privé dans la réflexion des États Membres sur les moyens innovants à mettre en place pour rendre le monde plus sûr.  « La réalisation des objectifs de développement durable comme les réponses collectives apportées à la pandémie de COVID-19 sont à ce prix », a estimé Mme Nakamitsu, qui a ajouté: « Elles exigent également une participation accrue des femmes et des jeunes aux activités de désarmement », avant de rendre un hommage appuyé à l’implication souple de la société civile auprès des centres régionaux de désarmement de l’ONU pendant la crise sanitaire.  Mme Nakamitsu a d’ailleurs demandé aux pays de maintenir le contact le plus étroit possible avec les ONG mais aussi avec l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), deux sources d’inspiration et de réflexion précieuses pour trouver des solutions à un environnement sécuritaire particulièrement incertain.

La Haute-Représentante a rappelé que les deux rapports du Secrétaire général et son Programme de désarmement contenaient des amorces de solutions techniques et juridiques ainsi que des évaluations de risque qui ne peuvent que nourrir les négociations des experts à New York et à Genève.  Et si elle n’a pas évoqué de façon approfondie la suite donnée aux résolutions et décisions de la Commission, Mme Nakamitsu a une fois encore déploré l’ampleur des dépenses militaires, qui, en 2020 -en pleine pandémie de COVID-19- ont atteint le chiffre démesuré de 2 000 milliards de dollars. 

Concernant le calendrier des réunions à venir des principaux instruments du mécanisme onusien du désarmement et de non-prolifération, la Haute-Représentante a noté que les délégations auront moins de temps en 2022 pour préparer la tenue de nombreux événements reportés depuis près de deux ans.  C’est pourquoi, elle a encouragé les États Membres à se montrer dès à présent créatifs « pour sortir des sentiers battus et s’engager ensemble dans des négociations fructueuses ».

La prochaine séance de la Commission aura lieu, lundi 11 octobre, à 10 heures.  Les délégations poursuivront le débat général sur tous les points à l’ordre du jour.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Sixième Commission se penche sur l’état de droit aux niveaux national et international et ses lacunes, amplifiées par la crise sanitaire 

Soixante-seizième session,
4e & 5e séances plénières- matin & après
AG/J/3636

La Sixième Commission se penche sur l’état de droit aux niveaux national et international et ses lacunes, amplifiées par la crise sanitaire 

Avec près de 60 orateurs, la Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé aujourd’hui ses échanges sur l’état de droit aux niveaux national et international après avoir terminé l’examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  La pandémie de COVID-19, ont déploré plusieurs pays, a fait apparaître de profondes inégalités dans l’accès à la justice, la protection des droits humains ou la prestation des services de base, et érodé la confiance des populations. 

Les derniers États à intervenir sur la question du terrorisme ont rappelé, à l’instar du Sénégal, l’importance de mener des programmes de développement à titre préventif, mais aussi, comme l’ont dit l’Espagne et l’Algérie, la nécessité de renforcer les capacités opérationnelles des États et d’échanger les meilleures pratiques.  Le Saint-Siège et le Comité international de la Croix Rouge se sont inquiétés de l’impact négatif des mesures de lutte contre le terrorisme sur l’action humanitaire, notamment lorsqu’elles interdisent de fournir une aide à ceux qui en ont le plus besoin.  

Le Sous-Secrétaire général à la coordination stratégique, M. Volker Turk, a ensuite présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement et la coordination de l’action des Nations Unies dans le domaine de l’état de droit.  M. Turk a donné le ton en expliquant que l’assistance des Nations Unies en la matière jouera un rôle central dans le rétablissement de la confiance dans les institutions, notamment en continuant de permettre de faire face aux effets dévastateurs de la pandémie, dans l’action sur les causes profondes et les moteurs des conflits et dans l’appui au respect du droit international.  L’Assemblée générale, a-t-il en outre rappelé, a proposé à la Commission d’examiner cette année le sous-thème intitulé « Promouvoir un état de droit axé sur l’être humain aux niveaux national et international comme fondement de notre programme commun ».

L’importance fondamentale de l’état de droit a été largement soulignée lors du débat.  La représentante du Canada, s’exprimant au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), l’a qualifié de « pierre angulaire » du progrès économique et social.  Dans la foulée, l’Union européenne a déclaré souhaiter que la communauté internationale continue de protéger et de promouvoir l’état de droit, les principes démocratiques, la bonne gouvernance et les droits de l’homme pour relever les multiples défis mondiaux d’aujourd’hui, regrettant que le respect des principes de l’état de droit et des droits de l’homme reste « un sujet de préoccupation » dans trop de régions du monde.  Pour le Danemark, s’exprimant au nom des pays nordiques, l’état de droit fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et est fondamental pour sa réalisation effective.  Le développement de systèmes de justice inclusifs et responsables et les réformes de l’état de droit fourniront des services de qualité aux populations et renforceront la confiance dans la légitimité de leur gouvernement, a-t-elle espéré.  

Par la voix du Cambodge, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a préconisé d’élargir l’accent mis sur la bonne gouvernance et contre la corruption dans le respect d’une « culture de l’intégrité » à tous les niveaux de l’engagement national.  

Les États baltes ont, comme la Sierra Leone ou la Colombie, marqué leur soutien au système de justice pénale internationale qui joue un rôle important dans la prévention de l’impunité et le respect de l’état de droit.  Le représentant de la Lettonie a ainsi encouragé ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).

Par ailleurs, le Mouvement des pays non alignés, représenté par l’Iran, a demandé que soient pris en compte les usages ainsi que la réalité politique et socioéconomique nationale pour éviter l’imposition de modèles préétablis aux États Membres qui pourraient aller à l’encontre de la résolution des problèmes existants dans chaque pays.  « Nous tenons à souligner qu’il n’existe pas de définition unique convenue de l’état de droit », a conclu le délégué iranien.  

La Sixième Commission poursuivra ses travaux mardi 12 octobre, à 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/76/201

Déclarations

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) s’est associé à la déclaration du Mouvement des pays non alignés, condamnant le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations.  Il s’est également érigé contre « les politiques ouvertes ou voilées visant à faire tomber des gouvernements légitimes, notamment par des coups d’état ».  Le Nicaragua a été victime du terrorisme d’État, a affirmé le délégué, et il ne permettra jamais que son territoire soit utilisé pour fomenter des coups d’état.  À cette fin, le Gouvernement a adapté une loi qui tend à ancrer le respect de la souveraineté et à favoriser la paix et la sécurité.  

Le Nicaragua appartient à une région de paix et de stabilité, a continué le représentant, attribuant cette réussite à un « modèle familial et communautaire national » qui favorise également le développement.  Il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, et a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui aspire à promouvoir, entre autres, l’échange d’informations et la lutte contre la collusion entre terroristes.  D’autre part, il a appelé à mettre fin aux mesures coercitives unilatérales illégales qui imposent des souffrances à des millions de victimes, tout comme elles empêchent les pays concernés de bénéficier des ressources dont ils ont besoin.

M. DIAKITE (Sénégal) a déploré que ces dernières années, le continent africain, et en particulier le Sahel, a été « la région la plus touchée par les attaques terroristes ».  Le développement des moyens technologiques et la montée du terrorisme dans certaines régions du monde interpellent tous les pays qui doivent prendre des mesures appropriées.  Malheureusement, l’existence d’un cadre juridique international fort n’a pas encore permis d’endiguer le phénomène, a-t-il regretté.  Il a attiré l’attention sur l’utilisation des moyens technologiques de communication modernes comme outils de propagande.  Il a également souligné que les groupes terroristes, profitant de la crise sanitaire due à la pandémie de COVID-19, avaient élargi leur sphère d’influence en atteignant des cibles plus jeunes et issues le plus souvent de couches défavorisées.  Or, le manque de moyens ne permet pas à de nombreux États de détecter de manière précoce et de combattre la menace terroriste sous ses formes les plus récentes.

Les conséquences humanitaires des attaques terroristes sont encore plus dramatiques dans les pays en développement, a ensuite souligné le représentant, mentionnant les personnes déplacées.  Affirmant que le terrorisme trouvait un terreau fertile dans la pauvreté et l’exclusion sociale, il a cité le « Plan Sénégal Émergent » qui met en place des programmes de développement afin de prévenir l’extrémisme violent.  Des mesures sécuritaires ont aussi été prises, a-t-il ajouté.  En conclusion, il a appelé les États Membres à renforcer leur coopération judiciaire pour rechercher, poursuivre et extrader les auteurs d’actes terroristes, sans oublier la répression du financement du terrorisme.

M. OUMAR IBRAHIM SIDI (Niger) a rappelé que la résolution 1373 (2001) adoptée par le Conseil de sécurité, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, recommande aux États Membres de disposer d’instruments juridiques pour prévenir et réprimer le financement d’actes terroristes.  Dans cet esprit, a-t-il dit, le Niger a pris plusieurs mesures, en coopération avec les entités des Nations Unies, pour améliorer sa stratégie antiterroriste.  Le pays, qui a ratifié 14 instruments universels de lutte contre le terrorisme, a aussi créé plusieurs structures dédiées à ce combat, ainsi qu’une cellule de lutte contre le blanchiment d’argent et une commission de lutte contre la traite des personnes.  Il met par ailleurs en œuvre un programme de déradicalisation d’anciens combattants de Boko Haram.  Toutefois, a constaté le représentant, malgré les progrès réalisés dans cette lutte ces 20 dernières années, les organisations terroristes conservent d’importantes capacités de nuisance, notamment sur le continent africain.  Depuis fin 2019, on recense en effet plus des deux tiers des attaques perpétrées par Daech en Afrique, en particulier au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.  Cette expansion profite de la faiblesse des capacités du continent et de la porosité de ses frontières, a relevé le délégué, saluant à cet égard la création par le Niger et plusieurs de ses voisins de la Force multinationale mixte et de la Force du G5 Sahel.  Mais vaincre le terrorisme et l’extrémisme violent nécessite une approche plus globale, incluant des efforts de bonne gouvernance, a-t-il souligné, non sans rappeler que les populations africaines font face à des défis endémiques qui les rendent vulnérables au terrorisme.  Enfin, jugeant que l’absence d’une définition juridique universelle du terrorisme contribue à entretenir la confusion, il s’est prononcé pour l’élaboration d’une convention sur cette question. 

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, insistant sur l’importance d’investir dans l’éducation pour prévenir le terrorisme.  La lutte contre le terrorisme devra être relevée collectivement, au moyen d’un humanisme renouvelé, a dit la déléguée, avant d’évoquer le tragique anniversaire, cette année, des attaques du 11 septembre 2001.  Elle a salué le récent examen de la Stratégie antiterroriste mondiale et la place qu’elle accorde aux efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT), en particulier en Afrique, devenue le théâtre d’attaques terroristes nombreuses, notamment dans la bande sahélo-saharienne.  La déléguée a salué l’ouverture de bureaux du BLT au Maroc et au Kenya. 

La pandémie a aggravé les vulnérabilités face aux terroristes qui ont diffusé leur propagande haineuse sur Internet, a-t-elle indiqué.  Le défi posé par le retour des combattants terroristes étrangers devra être au centre de la réponse antiterroriste mondiale.  La déléguée a détaillé la stratégie de son pays en vue de la promotion du dialogue interreligieux et interculturel, le Maroc ayant procédé récemment à une profonde réforme du champ religieux.  Elle a ainsi insisté sur le rôle clef joué par le Conseil supérieur des Oulémas.  Le Maroc dispose d’un arsenal juridique antiterroriste complet dans le respect des droits humains, a conclu la déléguée.

M. AGUSTIN SANTOS MARAVER (Espagne) a souligné que, malgré la pandémie, les groupes terrorisme terroristes continuaient leurs attaques, ajoutant que la communauté internationale était confrontée à de nouvelles formes de terrorisme.  Les mesures multilatérales adoptées par consensus doivent jouer un rôle essentiel, a-t-il ajouté, se félicitant de l’adoption du document final lors du septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale.  Ces efforts constructifs ont permis d’élaborer un instrument commun qui inclut des éléments importants sur les nouvelles menaces auxquelles nous sommes confrontés, a-t-il salué.  

Le délégué a ensuite attiré l’attention sur une série de questions importantes dans la lutte contre le terrorisme.  Il faut renforcer les capacités opérationnelles des États, a-t-il encouragé, ajoutant que cela devait s’accompagner d’un effort de prévention.  Il a appelé à inclure l’ensemble de la société dans ces efforts, notamment la société civile.  « Fouler au pied des droits humains est contreproductif à long terme. »  Les victimes du terrorisme sont aussi une priorité absolue, a-t-il poursuivi.  Pour la délégation, il est nécessaire de les dédommager et de travailler à une législation pour reconnaître le droit des victimes, d’autant plus qu’elles peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le terrorisme.  Enfin, il a évoqué la question du financement du terrorisme et celle des combattants étrangers.  

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a souligné que le terrorisme s’adapte, faisant émerger de nouvelles menaces face auxquelles il faut agir de façon coordonnée, la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme demeurant l’instrument complet pour traiter de ce fléau.  Cette Stratégie doit se concentrer sur les nouveaux défis pour la représentante algérienne, qui a apprécié la référence aux nouvelles technologies et au lien entre terrorisme et criminalité dans son dernier examen.  Selon elle, il faut renforcer les capacités, échanger les meilleures pratiques, tout en respectant le droit international.  Et à cet égard, a-t-elle poursuivi, il convient de s’entendre sur une définition du terrorisme et de ne pas confondre ce fléau avec la lutte de peuples vivant sous le joug du colonialisme.  L’Algérie a également appelé à traiter aussi des causes profondes du terrorisme, en restant axée sur la lutte contre les facteurs d’exclusion et d’injustice sociale.  Les efforts internationaux doivent ainsi être complétés et renforcés, en parachevant la Convention sur le terrorisme international, a conclu la délégation.

M. JUAN JOSÉ PORTORREAL BRANDAO (République dominicaine) a rappelé que, depuis 2020 et jusqu’en 2022, la République dominicaine préside le Comité interaméricain contre le terrorisme (CICTE) de l’Organisation des États américains.  Au niveau national, le pays a créé le Comité national antiterroriste et la Direction nationale antiterroriste chargés de prévenir, poursuivre et sanctionner tout acte terroriste, ainsi qu’à établir des politiques publiques de lutte contre ce fléau.  Dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme, le Centre national antiterroriste fusionne les efforts et les informations de plusieurs institutions et organismes publics, dont les services de renseignements, la Direction générale des douanes, la Direction générale des impôts, ou encore l’Unité d’analyse financière.

Dans sa lutte contre le terrorisme, a expliqué le délégué, la République dominicaine maintient une coopération internationale constante en termes de communication avec les institutions d’autres États Membres de l’ONU.  Le pays est également partie à plusieurs traités internationaux sur le terrorisme, et réaffirme son attachement à la Charte et à d’autres normes du droit international, en particulier celles relatives aux droits de l’homme et du droit international humanitaire.  En conclusion, il a salué l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et les efforts « acrobatiques » des cofacilitateurs dans ce processus. 

« Des pays peuvent invoquer la lutte contre le terrorisme pour nuire aux règles fondamentales qui sont au cœur même du droit international », a mis en garde M. RIYAD MANSOUR, Observateur permanent de l'État de Palestine, évoquant notamment le droit à l’autodétermination des peuples.  Nous ne serons jamais complices de tels efforts, car cela sape l’état de droit, a-t-il accusé.  Rappelant que la Palestine avait conclu des mémorandums d’accord avec plus de 80 pays, le représentant a exprimé sa fierté de faire partie du Groupe des Amis des victimes du terrorisme.  « Nous aspirons à la tenue d’un premier Congrès des victimes du terrorisme. » 

Le représentant a réaffirmé l’importance de ne pas associer le terrorisme à une religion, civilisation ou à un groupe ethnique.  Nous regrettons qu’à des fins électoralistes, de telles associations continuent d’être faites, a-t-il accusé.  Le terrorisme est le terrorisme, indépendamment du visage, de la couleur de la peau ou de la religion, a-t-il asséné.  Il a enfin déclaré que le respect du droit international, les droits humains, la lutte contre la discrimination et l’élimination de la pauvreté étaient essentiels pour nourrir l’espoir plutôt qu’attiser la haine.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur permanent du Saint-Siège, a indiqué que « le terrorisme est totalement incompatible avec toute religion véritable ».  Les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a poursuivi le représentant.  Tout irrespect de l’état de droit en la matière ne ferait qu’encourager la radicalisation, sapant ainsi les efforts antiterroristes.  Il a noté les préoccupations grandissantes devant un détournement de l’aide humanitaire par les groupes terroristes, avant d’ajouter que ces préoccupations ne doivent pas empêcher une fourniture de ladite aide à ceux qui en ont besoin.  Des activités humanitaires légitimes, y compris celles menées par des organisations d’obédience religieuse, peuvent contribuer à la prévention du terrorisme.  Il est donc fondamental que les mesures antiterroristes n’entravent pas la capacité des organisations humanitaires et caritatives à apporter une aide, a ajouté le délégué.  Enfin, il a jugé essentiel d’engager les organisations et dignitaires religieux dans la lutte contre le terrorisme.

M. CHRISTOPHER BRADLEY HARLAND, un observateur du Comité international de la Croix Rouge (CICR), a jugé « légitime et nécessaire » que les États prennent des mesures réactives pour assurer leur sécurité et celle de leur population.  Mais on a également vu que les mesures de lutte contre le terrorisme peuvent avoir « un impact négatif sur l’action humanitaire », notamment lorsqu’elles interdisent de fournir des ressources économiques à des personnes et entités répertoriées, ou lorsqu’elles incluent des activités humanitaires autorisées par le droit international humanitaire (DIH).  Cela peut, à son tour, avoir des conséquences inattendues, comme interdire aux organisations humanitaires « impartiales » telles que le CICR de réparer les infrastructures d’approvisionnement en eau, de soigner les blessés ou d’aider à vacciner les populations contre la COVID-19.  Lorsque diverses formes de contact avec des personnes et des groupes répertoriés sont carrément interdites, le CICR peut être empêché de rendre visite aux personnes détenues, de faciliter la libération de détenus, de dispenser une formation sur le DIH ou de réunir les personnes disparues avec leurs familles.  En clair, le CICR, comme d’autres organisations humanitaires, peut être empêché de mener les activités humanitaires mandatées par les Conventions de Genève et le DIH, a illustré le délégué.

Or, a poursuivi M. Harland, lorsque les organisations humanitaires sont entravées dans leur mandat, les conséquences sont graves pour les individus désireux d’avoir des nouvelles de leurs proches, les personnes ayant besoin de protection ou les travailleurs humanitaires.  Il faut « rechercher des solutions concrètes pour atténuer les impacts négatifs potentiels des mesures antiterroristes sur l’action humanitaire impartiale ».  Ces dernières années, a-t-il poursuivi, les États Membres ont pris des mesures pour mieux protéger l’espace humanitaire des conséquences indésirables des mesures antiterroristes.  L’Union européenne a exempté de la directive sur la lutte contre le terrorisme les organisations humanitaires impartiales référencées dans les traités de DIH et la « loi modèle africaine antiterroriste » de l’Union africaine protège l’aide humanitaire effectuée de manière impartiale sans distinction défavorable, s’est félicité le délégué.  Pour autant, le CICR recommande aussi d’inclure des exceptions permanentes dans la lutte contre le terrorisme et les sanctions.  Les futures résolutions devraient par exemple exiger des États qu’ils adoptent des mesures concrètes et pratiques pour garantir que les organisations humanitaires impartiales soient autorisées à protéger et à aider les populations dans le besoin.  Enfin, Le CICR appelle à dialoguer avec les parties prenantes pour s’assurer que ceux qui rédigent et mettent en œuvre les mesures de lutte contre le terrorisme sont conscients de leurs conséquences imprévues.

M. INÁCIO VIRGÍLIO CHICO DOMINGOS (Mozambique) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et appelé au respect de la vie.  Les États doivent agir de concert pour répondre à ce fléau.  Il a salué le récent examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies qui est un instrument majeur dans la lutte antiterroriste.  Le délégué a déclaré que son pays est « en ce moment même » la victime du terrorisme, un groupe perpétrant des attaques dans une province du Mozambique, ayant déjà fait près de 2 000 victimes.  Les motivations de ce groupe ne sont pas claires mais il sème la terreur parmi la population, a-t-il rapporté.  Il a détaillé la stratégie de son pays pour prévenir et contrôler l’extrémisme violent, l’un de ses piliers étant la création d’emplois décents en particulier dans le nord du pays.  Enfin, le représentant du Mozambique a demandé la « consolidation » du cadre juridique international antiterroriste.

L’ÉTAT DE DROIT AUX NIVEAUX NATIONAL ET INTERNATIONAL - A/76/235

S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, M. MOHAMMAD GHORBANPOUR (République islamique d’Iran) a estimé que le respect de l’état de droit aux niveaux national et international est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité internationales ainsi qu’à la réalisation du développement socioéconomique.  Poursuivant, il a fait part de l’inquiétude du Mouvement des pays non alignés face à la mise en œuvre de mesures unilatérales.  « Aucun État ou groupe d’États n’a la prérogative de priver d’autres de leurs droits légitimes », a a-t-il souligné.

Le Mouvement des pays non alignés est également inquiet de l’empiètement du Conseil de sécurité sur les fonctions et pouvoirs de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social, lorsqu’il se saisit de questions qui relèvent de la compétence de ces deux organes, a ensuite indiqué M. Ghorbanpour.  Aussi, pour le Mouvement des pays non alignés, la communauté internationale doit éviter de remplacer les autorités nationales lorsqu’il s’agit d’établir ou de renforcer l’état de droit au niveau national et ne devrait simplement leur fournir le soutien nécessaire qu’à leur demande.

Pour le groupe, il est également nécessaire de prendre en compte les usages ainsi que la réalité politique et socioéconomique nationale pour éviter l’imposition de modèles préétablis aux États membres qui pourraient aller à l’encontre de la résolution des problèmes existants dans chaque pays.  « Nous tenons à souligner qu’il n’existe pas de définition unique convenue de l’état de droit », a relevé M. Ghorbanpour.  « Les indicateurs de l’état de droit qui n’ont pas été convenus par les États membres dans le cadre de discussions et de consultations ouvertes et transparentes ne sont pas acceptables », a-t-il tranché. 

Le Mouvement des pays non alignés a rappelé que les droits de la personne, l’état de droit et la démocratie sont des notions interdépendantes qui se renforcent mutuellement, le représentant condamnant toute tentative de déstabilisation de l’ordre démocratique et constitutionnel dans tout État membre du Mouvement.  Mohammad Ghorbanpour a enfin réaffirmé le soutien du Mouvement à l’État de Palestine dans sa demande d’adhésion présentée par Mahmoud Abbas le 23 septembre 2011, et qui reste en suspens devant le Conseil de sécurité.

Mme AAHDE LAHMIRI (Maroc), au nom du Groupe des États d’Afrique, a dit que l’état de droit et le développement se renforcent mutuellement.  Elle a salué les efforts du Secrétaire général en vue du renforcement des capacités des pays en développement pendant la pandémie de COVID-19, y compris pour lutter contre la corruption.  Elle a estimé que les « ingérences » sont dommageables pour l’état de droit au niveau national et appelé la communauté internationale à y remédier. 

Alors que la pandémie a mis à nu les vulnérabilités, la déléguée a souligné la nécessité d’édifier des sociétés inclusives et résilientes.  Elle a salué le recours à la technologie qui a permis de garantir l’accès à la justice malgré les contraintes imposées par la pandémie, grâce notamment à la tenue d’audiences en ligne.  Elle a aussi salué l’aménagement des conditions pénitentiaires et la libération de prisonniers.  

Mme Lahmiri a plaidé pour des approches novatrices face à la corruption et réitéré l’engagement du Groupe africain de combattre ce phénomène sous toutes ses formes et manifestations.  L’état de droit au niveau international implique de garantir un accès égal aux vaccins ainsi qu’à une éducation de qualité.  Le renforcement des capacités est essentiel pour la promotion de l’état de droit, a-t-elle conclu.

Mme SIMONA POPAN (Union européenne) a souhaité que la communauté internationale continue de protéger et de promouvoir l’état de droit, les principes démocratiques, la bonne gouvernance et les droits de l’homme pour relever les multiples défis mondiaux d’aujourd’hui.  Cela renforcera le multilatéralisme, lequel doit se fonder sur le principe de solidarité entre les peuples, les nations, les générations, les personnes et les institutions.  Alors que la pandémie a mis les systèmes de santé, les économies et les sociétés à rude épreuve, nous devons nous assurer que le respect de l’état de droit fait partie de notre réponse, a-t-elle plaidé, en mettant l’accent sur la nécessité de renforcer la gouvernance et les systèmes judiciaires.  À cet égard, elle a estimé que la lutte contre l’impunité et le soutien à tous les mécanismes de responsabilisation, y compris pour la Cour pénale internationale, est d’une importance capitale.  Ce faisant, a souligné la déléguée, l’ONU doit se mettre au service de tous les citoyens du monde.  Elle doit aussi écouter et impliquer la société civile, les jeunes, le secteur privé et le monde universitaire. 

La représentante a ensuite affirmé que l’état de droit est essentiel au fonctionnement même de l’Union européenne, tant pour l’application du droit que pour le bon fonctionnement du marché intérieur, la libre circulation des personnes, le maintien d’un environnement favorable à l’investissement et la confiance mutuelle.  Déterminée dans son engagement, la Commission européenne a annoncé, en 2019, l’établissement d’un mécanisme européen pour l’état de droit, qui définit des actions concrètes visant à renforcer la capacité de l’Union à promouvoir et défendre l’état de droit.  En 2020, a indiqué Mme Popan, la Commission européenne a publié son premier rapport sur l’état de droit, qui évalue la situation dans chaque État Membre.  Le deuxième rapport sur l’état de droit a été publié en juillet dernier.  

Avant de conclure, la déléguée a relevé que le respect des principes de l’état de droit et des droits de l’homme reste un sujet de préoccupation dans trop de régions du monde, où l’on constate un ciblage des partis politiques, des défenseurs des droits et des médias ainsi qu’une montée en puissance de dirigeants autoritaires.  Ces faits, qui sont des « revers majeurs » pour les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, « ne devraient pas être considérés comme des affaires intérieures », a-t-elle martelé.  « Il est de notre devoir commun d’empêcher qu’ils se produisent et de rester ouvert au dialogue. » 

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. SOVANN KE (Cambodge) a souligné que, depuis 1967, l’ASEAN a fait sienne la promotion de l’état de droit sous tous ses aspects.  Les États membres de l’ASEAN continuent d’œuvrer avec la Chine en vue d’arriver à un code de conduite « efficace et substantiel » sur la mer de Chine méridionale, qui soit en harmonie avec le droit international, notamment avec la Convention internationale sur le droit de la mer, dans des délais mutuellement agréés.  Le délégué a indiqué par ailleurs que le sous-point « Mesures pour prévenir et combattre la corruption », discuté l’année dernière, reste une priorité dans la promotion et la contribution au renforcement de l’état de droit aux plans national et international.  L’ASEAN a mis à nouveau l’accent sur la nécessité d’élargir la focalisation sur la bonne gouvernance et sur l’engagement au respect d’une « culture de l’intégrité » et contre la corruption à tous les niveaux de l’engagement national. 

L’ASEAN, a poursuivi M. Ke, croit en un service public transparent et redevable, « colonne vertébrale de la bonne gouvernance », et en un engagement ouvert avec le secteur privé et les organisations de base.  Insistant sur le fait que la corruption est un problème complexe qui sape le développement socioéconomique et a des répercussions négatives sur l’efficacité des institutions démocratiques, compromettant les progrès pour les générations à venir, il a tenu à préciser que ce phénomène affecte tous les pays et qu’il faudrait se garder de l’associer à une culture ou un peuple en particulier. 

Le représentant de l’ASEAN a ensuite pris note de l’idée d’examiner cette année, à la Sixième Commission, le sous-thème intitulé « promouvoir un état de droit axé sur l’être humain aux niveaux national et international comme fondement de notre programme commun ».  Dans cet esprit, il a vanté le document ASEAN Political-Security Community Blueprint 2025 qui devrait contribuer à la réalisation du Programme 2030 dans la région, notamment l’ODD 16 – « Promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes ».  

Mme MARIE-LOUISE KOCH WEGTER (Danemark), s’exprimant au nom des pays nordiques, à savoir la Finlande, l’Islande, la Norvège, la Suède et le Danemark, a déclaré que le renforcement de l’état de droit implique le respect des normes du droit international, y compris le recours à la force, et la reconnaissance de la responsabilité première des États de protéger leurs populations contre les atrocités.  Il fait partie intégrante du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et est fondamental pour sa réalisation effective.  Les pays nordiques considèrent donc qu’il est prioritaire de promouvoir et de maintenir l’objectif de développement durable concernant la paix, la justice et des institutions fortes, tant le développement de systèmes de justice inclusifs et responsables et les réformes de l’état de droit fourniront des services de qualité aux populations et renforceront la confiance dans la légitimité de leur gouvernement.

La représentante a ensuite indiqué qu’en début d’année, un centre pour l’état de droit avait été créé en Finlande.  L’objectif, qui opère au sein de l’Université d’Helsinki, est d’aider les pays en développement à créer et à renforcer les fondements de l’état de droit.  Son appui portera sur les outils destinés à développer les capacités des institutions chargées de l’état de droit et du renforcement de la législation.  Le Danemark accueillera en outre le 18 novembre prochain une conférence internationale -Copenhague: Tech for Democracy 2021-, qui réunira États, secteur technologique, médias, société civile et monde académique pour discuter des moyens spécifiques de faire en sorte que la technologie soutienne l’état de droit et la démocratie au lieu de les saper, a-t-elle dit.

Mme BEATRICE MAILLE (Canada), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a expliqué que l’état de droit sous-tend le système international fondé sur des règles, essentiel à la paix et à la sécurité internationales, ainsi qu’à la stabilité politique.  Il s’agit d’une « pierre angulaire du progrès économique et social », du développement international, et de la protection des droits humains et des libertés fondamentales, a-t-elle assuré.  Le principe de la primauté du droit nécessite que les droits humains soient placés au premier plan et que tous soient responsables de leurs actes de façon égale devant la loi -personnes physiques, sociétés privées, acteurs non étatiques ou États- en temps de paix comme en temps de conflit.  

À une époque où le terrorisme ne connaît pas de frontières, où les conséquences pour l’environnement peuvent être mondiales, où de puissants acteurs non étatiques ou paraétatiques peuvent menacer les objectifs de développement, il est dans notre intérêt commun de construire un ordre solide fondé sur des règles, dans lequel les lois sont promulguées publiquement, font l’objet de décisions prises en toute indépendance, et sont appliquées de façon égale et uniforme, en conformité avec le droit international.  Pour le groupe CANZ, « la primauté du droit doit désormais s’appliquer au-delà des interactions traditionnelles entre États et individus pour intégrer de nouvelles activités et des environnements émergents, tels que la cybercriminalité et autres activités malicieuses dans l’espace numérique ».  C’est pourquoi les trois pays soutiennent le renforcement de la primauté du droit dans le cyberespace. 

Mme Maille a ensuite abordé la question des ressortissants étrangers détenus arbitrairement et utilisés comme « monnaie d’échange » dans les relations internationales.  « La détention arbitraire est contraire au droit international relatif aux droits de l’homme et porte atteinte aux relations amicales entre États. »  Il est temps de faire en sorte que les citoyens de tous les pays soient à l’abri de cette pratique lorsqu’ils vivent, travaillent ou voyagent outremer, a insisté la déléguée, ajoutant que la Déclaration contre la détention arbitraire dans les relations d’État à État, présentée à Ottawa le 15 février 2021, est un « premier pas » dans cette direction.  Elle exhorte tous les États à prendre des mesures concrètes pour prévenir et éliminer les conditions de détention difficiles, le refus d’accès à un avocat et aux services consulaires, la torture et les autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. 

M. MARTINS PAPARINSKIS (Lettonie) s’est exprimé au nom de trois États baltes (Lettonie, Estonie, Lituanie).  Saluant le rôle des Nations Unies dans la promotion du développement progressif du droit international, le représentant a souligné que les États baltes étaient prêts à prendre une part active à ce processus.  Pour la première fois, les États baltes ont désigné conjointement un candidat à la Commission du droit international pour les élections du mois prochain, a annoncé M. Paparinskis.  Il a ensuite ajouté que la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie avaient rejoint les membres fondateurs du Groupe des amis de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Nous souhaitons soutenir la Constitution des océans et relever les défis auxquels sont confrontés les mers et les océans, a-t-il assuré. 

Les institutions judiciaires internationales jouent un rôle essentiel dans l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a rappelé la délégation, soulignant le rôle de premier plan joué par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Le système de justice pénale internationale joue un rôle important dans la prévention de l’impunité et le respect de l’état de droit, a ajouté M. Paparinskis.  Il a ensuite réaffirmé le soutien des États baltes à la Cour pénale internationale, encourageant ceux qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome.  Rappelant les conséquences de la pandémie de COVID-19, le représentant a déclaré que l’éradication de la pauvreté et le développement durable constituaient un objectif commun.  Les efforts de « Building Back Better » doivent être orientés vers le renforcement de l’état de droit, a-t-il appelé.  Cela favorisera un environnement propice à la réduction de la pauvreté et à une croissance soutenue, a-t-il ajouté en conclusion. 

M. YUSNIER ROMERO PUENTES (Cuba) a déclaré que son pays est déterminé à renforcer un véritable état de droit et à modifier l’ordre international « injuste » qui est en vigueur aujourd’hui.  Il a souligné que toute assistance apportée par l’ONU à un État Membre doit se faire en accord avec cet État.  Il a ensuite constaté avec inquiétude que le point focal pour l’état de droit s’est vu accordé de nouvelles prérogatives, sans l’accord de la Sixième Commission.  « Un état de droit véritable doit avoir pour point de départ une ONU réformée », a fait valoir le délégué.  Il faut, a-t-il poursuivi, consolider le rôle central de l’Assemblée générale, seul organe universel.  Il faut également réformer le Conseil de sécurité pour en faire un organe inclusif, transparent et démocratique.

Le délégué cubain a ensuite dénoncé le fait que, dans le cadre de leur guerre non conventionnelle contre son pays, les États-Unis utilisent les nouvelles technologies pour déstabiliser l’ordre à Cuba, dans le cadre d’une « politique d’intimidation et de pression ».  Les États-Unis mettent selon lui en péril l’état de droit, et il a exigé que les lois extraterritoriales soient abandonnées.

M. NATHANIEL KHNG (Singapour) a déclaré que la codification du droit international s’est poursuivie malgré la pandémie.  La Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI) a ainsi été en mesure d’adopter plusieurs textes lors de sa cinquante-quatrième session, s’est-il félicité.  Il a aussi estimé que la pandémie a incité les systèmes judiciaires dans le monde à améliorer la manière dont ils s’acquittent de leurs tâches.  Il a encouragé le partage des pratiques optimales en vue d’améliorer l’accès à la justice, ainsi que son efficacité et sa transparence.  Il a mentionné le développement dans son pays de captations vidéo des audiences, permettant de concilier accès à la justice et santé du personnel.  Le délégué a salué la poursuite des activités de renforcement des capacités dans le domaine de l’état de droit malgré la pandémie.  Enfin, M. Khng a rappelé que l’année prochaine marquera le quarantième anniversaire de la Convention sur le droit de la mer, l’une des grandes contributions des Nations Unies à la promotion de l’état de droit au niveau international.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a appelé à prendre de manière urgente des mesures pour lutter contre les menaces à la paix, aux personnes et à la planète.  Au niveau national, la Sierra Leone continue d’éliminer les menaces pesant sur les libertés démocratiques et les droits de l’homme, a-t-il déclaré, citant l’abrogation de la peine de mort et le respect des libertés fondamentales d’association, de conscience, d’expression et de la presse.  De même, l’accès à la justice continue à être élargi, y compris grâce aux services d’aide juridique aux personnes indigentes.  M. Kanu a ensuite appelé à une solidarité mondiale en faveur d’un accès à la justice pour les survivants de violences sexuelles, annonçant une résolution en ce sens à l’Assemblée générale.  Il a réaffirmé son attachement au renforcement du système international de responsabilité, en particulier la Cour pénale internationale (CPI) et le Tribunal spécial résiduel pour la Sierra Leone. 

Intervenant à titre national, M. NASER ASIABIPOUR (République islamique d’Iran) a déclaré que, depuis la création des Nations Unies, le multilatéralisme a été une des grandes réalisations du système onusien, mais qu’au cours des dernières années écoulées, il a été sérieusement attaqué par des actions unilatérales.  Il a donc réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de l’état de droit, reconnaissant que l’ONU est la principale plateforme pour le faire respecter et pour renforcer l’état de droit dans sa dimension internationale.  Il a également appuyé les principes du droit international, en l’occurrence l’égalité souveraine des États ainsi que leur immunité, en tant que qu’éléments clefs de l’ordre juridique international.

Partant, il a condamné toute interprétation arbitraire du droit international et toute approche exclusive et sélective de ses principes à des fins politiques étroites.  Il s’est ensuite érigé contre l’abus contre les organes de l’ONU par un recours à des résolutions visant un pays spécifique par des campagnes politiques menées contre des États indépendants.  Il a souligné qu’en revanche, l’adoption de résolutions consensuelles joue un rôle fondamental dans le renforcement de l’état de droit dans toutes ses dimensions.

Réaffirmant le principe du consentement en tant que pilier du mode de fonctionnement de la Cour internationale de Justice (CIJ), le représentant iranien a insisté sur le fait que celle-ci est la principale institution judiciaire dans le renforcement de l’état de droit au niveau international, et saisi l’occasion pour inviter les États-Unis au respect de l’avis provisoire de la CIJ, daté du 18 octobre 2018, par lequel elle a unanimement demandé à ce pays de lever toutes les entraves aux importations de denrées alimentaires et de produits agricoles, de médicaments, et d’équipements médicaux, ainsi que sur les pièces détachées et les services nécessaires à la sûreté de l’aviation civile en Iran.

La délégation a insisté quant au fait que chaque nation a le droit souverain d’établir son propre modèle d’état de droit et de développer son système juridique sur la base de ses traditions juridiques, historiques et culturelles.  Ce droit émane des principes de l’égalité souveraine des États et de la non-ingérence dans leurs affaires internes, principes qui, aux côtés du droit à l’autodétermination, sont consacrés dans le droit international et la Charte.  Le représentant a donc conclu en rappelant que les efforts tendant à la mise en œuvre de l’état de droit au niveau national doivent s’inscrire dans le principe de l’appropriation nationale, en prenant en considération les circonstances socioculturelles du pays concerné.

« Il existe une relation bidirectionnelle: l’état de droit favorise le développement et le développement renforce l’état de droit », a estimé Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras).  Pour cette raison, le Honduras considère que l’on ne peut sous-estimer l’ampleur du défi dans la lutte pour garantir l’égalité juridique aux plus vulnérables.  Le pays s’est doté de politiques visant à l’autonomisation juridique des femmes pour qu’elles puissent participer aux processus décisionnels, avoir droit à la propriété ou accéder à des financements.  Par ailleurs, a poursuivi la déléguée, son gouvernement a fait preuve de détermination et d’une ferme volonté politique dans sa lutte contre la corruption et l’impunité.  En janvier 2021, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime a ouvert un bureau au Honduras.  Le nouveau Secrétariat à la transparence et les autres institutions nationales de lutte contre la corruption disposent désormais d’un appui technique permanent d’experts en matière de transparence, de lutte contre le narcotrafic et contre le blanchiment d’argent et la criminalité transnationale organisée, s’est-elle réjouie.

Par ailleurs, la déléguée a souligné que pour que l’état de droit existe, nous ne devons pas seulement adopter des lois et avoir des procureurs et des juges qui remplissent leurs responsabilités.  « Un changement dans les valeurs de la société s’impose »: une société doit être consciente, soudée et protéger les opportunités de développement et le bien-être des personnes, a-t-elle conclu. 

Mme AZELA GUERRERO ARUMPAC-MARTE (Philippines) a assuré que son pays reconnaît l’importance du respect de l’état de droit au niveau national.  Soulignant le lien existant entre l’état de droit et les trois piliers de l’ONU, elle a indiqué que les Philippines ont signé cette année le tout premier programme conjoint des Nations Unies sur les droits de l’homme au niveau national.  Selon la déléguée, la coopération entre son pays et l’ONU portera sur le renforcement des mécanismes d’enquête et l’application du principe de responsabilité, la collecte de données sur les violations présumées de la police, les échanges avec la société civile et la Commission des droits de l’homme, le mécanisme national de notification et de suivi, la législation antiterroriste et une approche du contrôle des drogues fondée sur les droits humains.  Sur le plan de la sécurité, a-t-elle poursuivi, les Philippines ont établi un partenariat avec des agences de l’ONU pour la fourniture de conseils politiques et législatifs sensibles au genre, notamment sur la prévention dans les stratégies de réponse pour les femmes et les enfants associés au terrorisme.  Par ailleurs, le pays a continué d’œuvrer à l’amélioration de la sécurité et de la justice pour sa population au cours de la pandémie, par exemple en recourant à la technologie numérique. 

La représentante s’est ensuite félicitée que, malgré la pandémie, l’activité judiciaire et le travail des tribunaux internationaux n’aient pas diminué, contribuant au respect de l’état de droit.  Elle a aussi rappelé que les procédures de règlement des différends visent à clarifier les droits et obligations respectifs.  À cet égard, elle a appelé les États à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international, souhaitant que les futurs rapports sur ce sujet examinent la mise en conformité de chacun.  Enfin, elle a indiqué qu’après 20 années d’absence, les Philippines ont présenté leur candidature à la Commission du droit international (CDI).

M. AHMED ABDELAZIZ AHMED ELGHARIB (Égypte) a salué les efforts onusiens pour renforcer l’état de droit, tout en soulignant l’importance que lesdits efforts évitent l’imposition de concepts qui ne font pas l’objet d’un consensus parmi les États Membres.  Il a mentionné deux axes des mesures prises par son pays pour renforcer l’état de droit, à savoir faciliter l’accès à la justice et simplifier le droit, avant de détailler les actions prises pour lutter contre la corruption.  Le délégué a ensuite indiqué que la stratégie nationale pour les droits de l’homme 2021-2026, qui vient d’être adoptée, vise à mettre en conformité le droit interne avec les engagements internationaux de l’Égypte.  Il a ensuite exhorté le Conseil de sécurité à s’acquitter de ses responsabilités en ce qui concerne le Grand barrage de la Renaissance éthiopien, qui menace le bien-être de 150 millions d’Égyptiens et de Soudanais.  Le délégué a exhorté l’Éthiopie à se conformer à la récente déclaration présidentielle adoptée par le Conseil sur ce sujet.

Les efforts de la communauté internationale doivent se baser sur des principaux fondamentaux, tels que l’égalité souveraine des États et le principe de non-ingérence, a souligné M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus).  La souveraineté des États est de nature juridique, a-t-il rappelé, ajoutant que « la protection des droits humains ne devait pas être utilisé pour déstabiliser l’ordre constitutionnel des États ».  Les mesures de sanctions unilatérales impactent les droits humains, et avant tout les catégories les plus vulnérables de la population.  L’atteinte à la souveraineté des États par des mesures de contrainte unilatérales créent des foyers de tensions régionaux, où il n’est pas possible de faire respecter l’état de droit, a mis en garde le représentant.  Soulignant que les réformes des États doivent se faire de manière juridique, et non par la violence, il a déclaré que le Bélarus travaillait actuellement à une réforme de la Constitution.  

M. THABO MICHAEL MOLEFE (Afrique du Sud) a rappelé que la pandémie de COVID-19 a montré de profondes inégalités.  À la suite de cela, les citoyens perdent confiance en la justice et l’état de droit, a-t-il regretté.  L’Afrique du Sud continue à faire respecter l’état de droit: notre justice robuste a permis aux citoyens de s’adresser aux tribunaux lorsqu’ils estimaient que leurs droits avaient été violés pendant la pandémie, a-t-il indiqué.  Le délégué s’est dit convaincu que l’état de droit ne saurait exister sans un système juridique transparent et, pour lui, l’ONU doit appuyer les capacités des États Membres dans ce sens.  Il a encouragé les États à continuer à échanger informations et pratiques optimales.

Mme LUCIA TERESA SOLANO RAMIREZ (Colombie) a dit que son pays est un État de droit et que les instruments internationaux de protection des droits humains font partie de son bloc constitutionnel.  « Les efforts déployés pour renforcer l’état de droit doivent obéir aux priorités des pays. »  Elle a indiqué que l’accord de paix signé en Colombie prévoit la réintégration des anciens combattants, en insistant sur les progrès enregistrés dans sa mise en œuvre.  Des mécanismes de justice transitionnelle ont ainsi été mis en place.  La déléguée a mentionné les dysfonctionnements démocratiques qui peuvent exister en Amérique latine et appelé à y remédier.  Elle a ensuite reconnu l’importance de la Cour pénale internationale (CPI) pour lutter contre l’impunité, avant d’appeler à renforcer les capacités nationales dans ce domaine.  Tout soutien onusien en matière d’état de droit doit venir en complément des efforts des États, a-t-elle conclu. 

M. ALI AHMAD M. A. ALMANSOURI (Qatar)a rappelé que son pays était un fervent partisan du principe de l’état de droit.  Les institutions du Qatar observent l’état de droit et sensibilisent à ce principe, a-t-il assuré.  Le Gouvernement est également en train de transposer les instruments internationaux dans son droit interne.  Les élections législatives organisés au Qatar le 2 octobre dernier sont un pas essentiel sur la voie démocratique, a-t-il ajouté.  Au niveau international, le représentant a souligné que les efforts du Qatar avaient contribué aux règlements de nombreux conflits.  Il a rappelé la création par le Qatar, en 2012, du Centre de l’état de droit et la lutte anti-corruption à Doha avec l’ONU. 

Avant la pandémie de COVID-19, a déclaré M. SINA ALAVI (Liechtenstein), une étude approfondie du Groupe de travail sur l’administration de la justice avait révélé qu’au moins 250 millions de personnes vivaient dans des conditions extrêmes d’injustice, que 1,5 milliard de personnes ne pouvaient pas résoudre leurs problèmes juridiques quotidiens et que 4,5 milliards d’entre elles étaient exclues des opportunités prévues par la loi.  La pandémie a aggravé les choses.  Dans ce contexte, la coopération internationale et un multilatéralisme efficace sont plus que jamais nécessaires pour que nous puissions collectivement prévenir les conflits, maintenir la paix, promouvoir l’état de droit et garantir l’accès à la justice pour tous.  Nous avons donc beaucoup de travail à faire, a reconnu le représentant.  C’est un moment « crucial » pour nous tous pour défendre l’état de droit aux niveaux national et international, a-t-il dit.  

Le Liechtenstein a travaillé d’arrache-pied avec d’autres États pour garantir l’activation de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI) sur le crime d’agression, a expliqué le représentant.  En criminalisant les formes les plus graves de l’usage illégal de la force, la CPI promet aux victimes que la justice sera rendue et offre la dissuasion contre l’agression.  Il s’est félicité que 41 États, dont plus de la moitié des membres de l’OTAN, aient ratifié les amendements de la CPI sur le crime d’agression, qui deviennent ainsi les amendements au Statut de Rome les plus largement ratifiés.  Nous continuerons à travailler vers l’objectif de la ratification universelle du Statut de Rome dans sa version amendée, a-t-il conclu.  

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a souhaité mettre en exergue le fait qu’il n’existe pas pour l’instant de définition convenue de l’état de droit, mais des éléments constitutifs, au nombre de trois: la suprématie du droit, l’égalité devant la loi et des procédures régulières.  Après avoir salué le travail de l’ONU, il a évoqué les efforts réalisés par son pays en matière d’état de droit, y compris pour promouvoir la participation des Indonésiens, ainsi que dans la lutte contre la COVID-19. 

M. MOHAMMAD AAMIR KHAN (Pakistan) a déclaré que tout appui onusien en matière de promotion de l’état de droit au niveau national doit recevoir l’aval des gouvernements.  Il a ensuite insisté sur la centralité de l’ONU dans la promotion de l’état de droit au niveau international.  « Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État est fondamental pour l’état de droit au niveau international. »  Le délégué a rappelé que les États ne doivent pas entraver le droit à l’autodétermination des peuples ou modifier la composition démographique des territoires occupés.  Par ailleurs, il a souligné que la pandémie de COVID-19 a creusé les inégalités entre les nations, avant d’indiquer que le Programme 2030 est la feuille de route pour sortir de la crise.  Enfin, il a détaillé les mesures de création d’emplois et de réduction de la pauvreté prises par le Pakistan.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a estimé que la promotion de l’état de droit contribuait à la paix et la stabilité.  La promotion et l’élaboration d’instruments internationaux doivent faire l’objet de délibérations fondées sur les principes consacrés par la Charte des Nations Unies et le droit international, a-t-elle incité.  Tous les États Membres devraient recevoir l’attention et le soutien requis notamment en ce qui concerne le renforcement de leurs ressources humaines, afin qu’ils puissent mettre en œuvre leurs stratégies nationales, a-t-elle également incité.  La représentante est ensuite revenue sur la stratégie nationale de la République démocratique populaire lao, axée sur la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Des réalisations significatives ont été faites, a-t-elle assuré, citant notamment des mesures pour que le grand public participe au processus de rédaction des lois nationales. 

M. JULIAN SIMCOCK (États-Unis) a jugé préoccupantes et « profondément troublantes » les tendances identifiées par le rapport du Secrétaire général, notamment la politisation des institutions judiciaires et les menaces à leur indépendance.  Dans chaque pays, les institutions judiciaires doivent être autorisées à exercer leurs fonctions sans aucune forme d’ingérence et à appliquer les cadres juridiques nationaux pertinents, même lorsque les décisions d’un gouvernement sont en cause.  En outre, elles doivent être autorisées à effectuer leur travail sans crainte de représailles. 

Tout aussi préoccupantes sont les attaques visant les personnels de l’ONU déployés dans les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales.  Les États-Unis ont condamné « dans les termes les plus énergiques » tous les actes de violence contre le personnel des Nations Unies, qui peuvent constituer des crimes de guerre, a affirmé le représentant.  S’exprimant sur les travaux à venir de la Sixième Commission, les États-Unis espèrent que les délégations parviendront à trouver un consensus sur un sous-thème pour l’année prochaine.  La pratique qui consiste à sélectionner des sous-thèmes peut conduire à des débats plus ciblés et productifs sur l’état de droit, a dit le représentant, insistant sur le fait que lorsque la Sixième Commission se réunit, elle le fait sur la base d’un accord.

Mme YEELA CYTRIN (Israël) a jugé essentiel d’assurer la stabilité et le maintien de l’ordre, même dans les moments les plus incertains, comme pendant cette pandémie.  « En Israël, nous sommes fiers que notre démocratie dynamique, notre législature et notre système judiciaire indépendant soient restés fonctionnels et actifs face aux confinements et restrictions liés à la COVID-19. »  La représentante a mis en exergue les réalisations de son pays en matière de représentation des femmes et des personnes vivant en situation de handicap dont, entre autres, des nominations et élections à des postes de haut niveau.

Mme Cytrin a réitéré l’engagement de son pays à faire respecter le droit national et international, notamment pour prévenir l’impunité et empêcher les crimes les plus graves d’être commis.  « La responsabilité commence avec chaque État, chez lui. »  Poursuivant, elle a dit qu’il est important que les décisions soient prises sans aucune considération ou influence indue.  « Toute institution qui échoue à répondre à ces exigences et succombe aux pressions extérieures sape la validité de ses propres décisions, sa crédibilité et son intégrité, au détriment de la justice et du véritable état de droit », a-t-elle conclu.

Mme ALINA J. LLANO (Nicaragua) a déclaré que l’état de droit aux niveaux national et international se complètent mutuellement pourvu qu’ils soient intégralement respectés, dans le strict respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États, ce qui facilite les mesures requises pour le développement durable des peuples.  Elle a estimé à son tour qu’au niveau international, l’état de droit doit être reflété par le respect de ses normes et principes: la Charte des Nations Unies; l’égalité souveraine, la solution pacifique des différends, la non-intervention et la non-ingérence dans les affaires internes des États et dans l’ordre international, l’absence de recours à la menace ou à la force contre l’intégrité territoriale, ou contre l’indépendance politique des États, et la non-imposition de mesures unilatérales, illégales et coercitives.  La représentante a réitéré que la promotion et le renforcement de l’état de droit passent par le respect des institutions juridiques de tous les États; par la reconnaissance du droit souverain des peuples à créer leurs propres institutions juridiques et démocratiques.  Ayant fondé ses relations internationales sur l’amitié, la solidarité et la réciprocité, le Nicaragua reconnaît le principe de la solution pacifique des différends en se servant des moyens offerts par le droit international.  Il a également appuyé la Cour internationale de Justice (CIJ) et réitéré sa confiance en cette institution. 

À l’échelle nationale, le Nicaragua a lancé, en 2007, un processus de modernisation juridique, en vue de la protection des groupes vulnérables, en particulier des personnes vivant dans une situation de pauvreté, des groupes autochtones, des femmes, des filles, des garçons et des adolescents.  Se voulant le défenseur de la Charte des Nations Unies, la représentante a attiré l’attention sur de nouvelles modalités, incompatibles avec les buts de l’ONU, mises en pratique par des grandes puissances pour porter atteinte aux droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance politique des pays en développement.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a estimé que le ciment d’une société plus juste et inclusive est le respect de la personne humaine.  La notion de démocratie ne se cantonne pas au respect des normes liées au droit de vote, mais elle est aussi liée à la représentation politique et à la participation de chacun, a-t-il souligné.  En garantissant l’accès à la justice, l’on gomme les inégalités intersectorielles, la marginalisation et la discrimination. Le représentant a également affirmé qu’une des priorités de son gouvernement était la lutte contre la corruption et l’impunité, avant de souligner l’importance d’une collaboration en ce sens. 

Mme NIDAA HUSSAIN ABU-ALI (Arabie saoudite) s’est intéressée à la vision stratégique d’un monde multilatéral plus inclusif et plus efficace, qui privilégie les systèmes et les institutions agissant au service de tous et toutes, ainsi que l’état de droit comme fondement d’un contrat social revitalisé.  Elle a rappelé le principe de la responsabilité partagée des États pour relever les défis à l’échelle nationale et internationale.  La représentante a dégagé, parmi les priorités, la mise en place d’une bonne gouvernance, la prévention et la lutte contre la corruption, et la redevabilité tant individuelle qu’institutionnelle, ce à quoi l’Arabie saoudite s’emploie par sa stratégie pro-intégrité et de responsabilisation, et par la mise en œuvre de sa Vision 2030. 

L’Arabie saoudite est embarquée dans un train de réformes en profondeur après avoir mis sur pied l’Autorité de surveillance et de lutte contre la corruption, a précisé Mme Abou Ali.  Le pays a mis à jour des systèmes législatifs et juridiques dans l’objectif de combler les lacunes en la matière.  La représentante a en outre mentionné l’Initiative de Ryad du réseau mondial des autorités chargée de lutter contre la corruption, inaugurée, fin mai 2021, au Bureau de l’ONU à Vienne.  L’Arabie saoudite œuvre également à la lutte contre le terrorisme transnational et au retour des familles de combattants étrangers depuis les zones de conflit.  Environ mille familles sont, d’ores et déjà, retournées dans leurs pays d’origine.  

Mme KHALILAH HACKMAN (Ghana) a indiqué que des audiences vidéo ont été introduites au Ghana à la suite de la pandémie, tandis que des mesures de décongestion des prisons ont également été prises. La question du surpeuplement des prisons est néanmoins toujours d’actualité, a-t-elle dit, en pointant la limitation des ressources disponibles. Une prison de 800 places est en cours de construction.  Soulignant la recrudescence de la violence conjugale pendant la pandémie, elle a redit l’importance pour tous les gouvernements de protéger les droits des femmes et des filles. Au Ghana, une unité se consacre à la lutte contre la violence conjugale et à la protection des victimes, avec l’appui du FNUAP, a indiqué Mme Hackman. Enfin, elle a déclaré que la promotion de l’état de droit exige de démanteler les structures discriminatoires qui empêchent la pleine participation des femmes à la vie publique.

Le développement durable, la poursuite de la paix, l’égalité entre les sexes, la lutte contre la criminalité organisée et la réalisation des droits humains sont autant d’objectifs qui nécessitent des règles claires, a estimé Mme NATALIA JIMÉNEZ ALEGRÍA (Mexique).  Rappelant que les deux dernières années avaient présenté des défis majeurs, elle a souligné que la corruption et la persistance de la criminalité organisée devaient être réglées par les États, tant au niveau national qu’international.  Évoquant la pandémie de COVID-19, elle a relevé que les États étaient contraints de repenser le fonctionnement de leur système judiciaire dans une situation d’urgence. Mais les pays n’ont pas tous été touchés au même degré, a-t-elle observé, soulignant qu’il était crucial d’en être conscient pour formuler la riposte adaptée à cette crise.  Elle a ensuite affirmé que la crise sanitaire était une vraie mise à l’épreuve de la gouvernance mondiale et de la solidité de l’état de droit.  Seul le multilatéralisme pourra offrir une solution, a-t-elle conclu. 

M. PETER MOHAN MAITHRI PIERIS (Sri Lanka) a rappelé que la promotion de l’état de droit relève de la « responsabilité commune » des États, passant notamment par la mise en place d’institutions judiciaires inclusives et efficaces.  Il a rappelé que la Constitution de son pays protège les droits des femmes et des minorités ethniques.  Le délégué a déclaré que la séparation des pouvoirs, la sécurité juridique et les garanties procédurales sont autant d’éléments de l’état de droit.  « L’état de droit n’est pas l’apanage du monde occidental et s’applique de manière universelle. »  La loi doit être accessible, claire et prévisible, a poursuivi le délégué.  Il a accusé ces « entités » qui sapent l’état de droit, avant de rappeler que les organisations internationales doivent, elles aussi, respecter l’état de droit.  Enfin, le délégué a mis en garde contre toute « sélectivité » dans l’application du droit, certains pays étant en effet traités différemment que d’autres.

Mme IRINA ALEXANDRA BARBA BUSTOS (Équateur) a rappelé que l’état de droit s’applique à tous les états, sur un même pied d’égalité, ainsi qu’aux organisations internationales, y compris l’ONU et leurs organes principaux, ce qui permet prévisibilité et légitimité.  De la même façon, elle a reconnu les fonctions importantes de la Cour internationale de Justice (CIJ) et sa compétence d’arbitrage des différends entre États.  La déléguée a aussi déclaré que son pays avait toujours défendu la Cour pénale internationale (CPI) dans la lutte contre l’impunité, en tant que composante essentielle en vue d’une paix et d’une réconciliation pérenne.

Elle s’est aussi félicitée des travaux de la CDI et de son rôle dans la codification.  L’Équateur accorde les mêmes droits à ses ressortissants et aux étrangers vivant sur son territoire, et applique le droit international.  S’agissant du sous-thème proposé dans le rapport du Secrétaire général, elle a indiqué que la liberté est le socle de tout état de droit, ce qui permet à chacun d’opérer ses propres choix.  La corruption est un fléau qui ébranle la stabilité et la sécurité économique et politique de nos sociétés, a-t-elle déclaré par ailleurs, ajoutant que la corruption constitue un problème éthique qui menace la réalisation du développement durable, comme elle limite les fonctions de l’État, porte atteinte à la légitimité de ses institutions et sape l’activité économique et la jouissance des droits de l’homme.  Elle a en conséquence rejeté la corruption, les pots de vins, le blanchiment d’argent, et le transfert de fonds illicites à l’étranger ainsi que les avoirs illégalement acquis.  Ces pratiques sont immorales et inacceptables en toutes circonstances, et plus encore dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19, a-t-elle commenté en conclusion.

Les facteurs qui fragilisent les piliers de l’état de droit rendent improbable la réalisation des objectifs de développement durable d’ici à 2030, a estimé M, WENDPANGA JEAN DIDIER RAMDE (Burkina Faso).  Il a donc salué la poursuite des programmes d’assistance technique des Nations Unies au profit de pays qui en avaient besoin, ce qui permet de consolider les socles de l’état de droit.  Rappelant les crises sécuritaire et humanitaire auxquelles le Burkina Faso est confronté, le représentant s’est réjoui de la tenue des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020.  Il a ensuite évoqué « les réformes ambitieuses » menées par son pays, notamment la formation des forces de défense et sécurité en matière de respect des droits humains ainsi que le recrutement de plus de deux magistrats.  Sur le plan international, le pays poursuit ses efforts dans la mise en œuvre des instruments juridiques internationaux, a assuré le représentant.  Il est important que les Nations Unies et les institutions spécialisées poursuivent leur appui aux États en voie de développement, afin de les accompagner dans la construction de l’état de droit. 

M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) est revenu sur la grave crise politique traversée par son pays il y a deux ans et la mise en place d’un processus démocratique afin de la surmonter.  Il a ainsi mentionné le référendum d’octobre 2020, par lequel les Chiliens ont décidé que le pays devait se doter d’une nouvelle constitution.  Soulignant l’importance de la parité hommes-femmes dans la vie politique et d’une meilleure représentation des peuples autochtones, le délégué a déclaré que ce processus devrait encore durer neuf mois avant d’aboutir à un projet de constitution.  Ce projet devrait ensuite être soumis à un référendum, a-t-il précisé, en ajoutant que ce processus a reçu l’appui de l’ONU.  Le délégué a estimé que le Gouvernement chilien a honoré ses obligations en garantissant un processus transparent. Malgré les difficultés, le Chili a pris en compte les revendications légitimes de son peuple dans le respect de l’état de droit, a conclu le délégué.

Mme VINCENT OLIVIER RITTENER (Suisse) a noté que de nombreux organes internationaux contribuent au renforcement de l’état de droit.  Elle a mentionné à ce titre la Commission du droit international (CDI), qui a pour mission d’encourager le développement progressif du droit international et sa codification.  Soulignant, par ailleurs, l’importance du règlement pacifique des différends entre États, elle a estimé que la Cour internationale de Justice joue un rôle déterminant à cet égard.  La déléguée a ensuite constaté que, depuis plusieurs années, une pression croissante est exercée sur l’ordre international fondé sur le droit, tandis que des attaques visent le multilatéralisme et les institutions internationales.  Elle a relevé à cet égard que la Cour pénale internationale (CPI) est une composante essentielle de l’architecture multilatérale veillant à préserver la primauté du droit.  La CPI est un symbole fort de justice universelle et un rappel que l’état de droit s’applique à tous, a-t-elle souligné, avant d’encourager les États Membres qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Statut de Rome.  Elle a ajouté que, dans le domaine de l’impunité, la Suisse soutient des efforts complémentaires à ceux de la CPI, par exemple le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en Syrie et le Mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar.  Avant de conclure, elle a insisté sur le fait que la CPI et les autres mécanismes internationaux ont un rôle subsidiaire par rapport à celui des États, lesquels ont la responsabilité première d’enquêter et de poursuivre les crimes les plus graves.  

Mme ALESSANDRA FALCONI (Pérou) a estimé que la défense d’un ordre international fondé sur des règles est essentielle pour que la communauté des nations affronte efficacement les défis mondiaux.  À cet égard, elle a salué l’assistance que fournit l’ONU aux États en matière d’état de droit, notamment dans le cadre de la riposte à la COVID-19.  Sur le plan national, le Pérou entend construire une société démocratique solide dans laquelle la liberté et les droits civils sont garantis, a souligné la représentante, avant d’évoquer certains aspects du système judiciaire national.  Elle a ainsi indiqué que le Pérou s’emploie à réinsérer professionnellement les anciens délinquants et à offrir des alternatives viables à l’incarcération.  De plus, dans le cadre de sa politique de justice pour tous, il travaille à assurer un meilleur accès aux institutions judiciaires et reconnaît le droit à la défense publique en tant que droit humain fondamental.  L’égalité des sexes étant l’une de ses priorités, le Gouvernement péruvien s’efforce également d’éliminer tous les obstacles juridiques, sociaux et économiques qui empêchent les femmes et les filles de pleinement jouir de leurs droits, a poursuivi Mme Falconi. 

S’agissant de la promotion de l’état de droit au niveau international, la déléguée a noté que son pays continue de promouvoir le recours aux moyens de règlement pacifique des différends, conformément aux dispositions de la Charte de l’ONU.  Sur ce point, elle a souligné l’importance de renforcer les capacités des Nations Unies sur la diplomatie préventive et les alertes précoces requises à cet effet.  Enfin, après avoir exprimé sa préoccupation face aux fréquentes violations contemporaines du droit international, elle s’est dite convaincue que la paix et la sécurité internationales ne peuvent être préservées sans respecter l’état de droit.

M. IVAN ŠIMONOVIĆ (Croatie) a réaffirmé son attachement à l’ordre international fondé sur des règles ainsi qu’au droit international, deux ingrédients essentiels pour une coexistence pacifique et une coopération entre les États.  Il a soutenu en particulier le travail et les efforts de la Cour pénale internationale (CPI) et appelé les États Membres qui n’ont pas encore ratifié le Statut de Rome à le faire.  « La Cour reste l’instrument le plus important pour lutter contre l’impunité pour les crimes internationaux les plus graves. »  

La Croatie est fermement résolue à faire progresser l’état de droit aux niveaux national et international, a encore assuré M. Šimonović.  Il a appuyé les nouveaux mécanismes visant à défendre et à promouvoir l’état de droit à l’échelle de l’Union européenne (UE), tels que le rapport annuel sur l’état de droit dans l’UE.  Ce document a une dimension préventive importante, en fournissant un cadre utile pour un dialogue ouvert et constructif sur l’état de droit au sein de l’UE et au-delà.  En outre, la lutte contre la corruption est impérative aux niveaux national, régional et international.  Le délégué a ainsi informé que le mois dernier, son gouvernement a adopté une nouvelle stratégie de prévention de la corruption pour la période 2021-2030.  L’inclusion des citoyens, des médias et de la société civile dans la détection de la corruption aide les autorités publiques à travailler de manière plus responsable et transparente pour réduire ce phénomène. 

M. LUIS ANTONIO LAM PADILLA (Guatemala) a souhaité un « dialogue franc et ouvert » sur l’efficacité, la cohérence et la prévisibilité de l’assistance fournie par l’ONU en vue de renforcer l’état de droit au niveau national.  Il a estimé que tout appui doit respecter la souveraineté des États.  Le délégué a déclaré que le développement et l’état de droit sont intimement liés et que l’état de droit et la justice sont les piliers fondamentaux de la prévention des conflits.  La promotion de l’état de droit est de la plus haute importance pour mon pays, a-t-il dit, en citant les organes qui œuvrent à la transparence et à l’établissement des responsabilités.  Il a souligné la centralité de la Cour internationale de Justice dans l’état de droit au niveau international et indiqué que le différend territorial entre le Belize et le Guatemala a été porté devant ladite Cour.  L’état de droit est le socle de la démocratie guatémaltèque, a conclu le représentant.

Le représentant du Japon  a déclaré que son pays continuera de contribuer au maintien et au renforcement de l’état de droit, ce « bien public mondial ».  Le Japon contribue au renforcement du fonctionnement des organisations judiciaires internationales, notamment la Cour internationale de Justice (CIJ), le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) et la Cour pénale internationale (CPI), en fournissant des ressources humaines et financières.  Grâce au soutien des États Membres, les juges Iwasawa Yuji de la CIJ, Akane Tomoko de la CPI et Yanai Shunji du TIDM jouent actuellement un rôle actif dans leurs organisations respectives.  Le Japon est également le plus gros contributeur financier à la Cour permanente d’arbitrage (CPA) et à la CPI. 

La primauté du droit dans le domaine maritime est particulièrement importante pour le Japon en tant que nation maritime.  Pour cette raison, le représentant a estimé que les États devraient formuler et clarifier leurs revendications sur la base du droit international et ne pas recourir à la force ou à la coercition pour essayer de faire valoir leurs revendications.  Les États devraient chercher à régler les différends par des moyens pacifiques, conformes au droit international, en particulier la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  En outre, le Japon soutient fermement les conclusions du rapport, notamment lorsqu’il appelle les États à respecter les accords internationaux qu’ils ont conclus et les engagements qu’ils ont pris et lorsqu’il les exhorte à accepter la juridiction obligatoire de la CIJ et à retirer les réserves aux traités clauses relatives à l’exercice de sa compétence, a dit le représentant.   

Mme KAJAL BHAT (Inde) a fait remarquer que l’application de l’état de droit au niveau international signifie la protection de l’intégrité des États contre les agressions, y compris le terrorisme transfrontalier.  Le respect de l’état de droit est donc fondamental lorsqu’il s’agit des relations entre les États Membres de l’ONU, a-t-elle appuyé.  Malheureusement, le terrorisme est l’un de ces problèmes graves pour lequel nous n’avons pas été en mesure de développer un état de droit international, a-t-elle regretté.  Évoquant ensuite la crise de la COVID-19, la représentante a déclaré que l’Inde, « la plus grande démocratie du monde », avait assuré un accès continu de son peuple à la justice, en permettant notamment aux tribunaux de fonctionner en ligne.  Un multilatéralisme et un état de droit effectif exigent que les mesures de gouvernance mondiale reflètent les réalités contemporaines, a-t-elle poursuivi.  L’ONU devra améliorer son efficacité et devenir plus fiable, en rendant le Conseil de sécurité plus représentatif, a-t-elle lancé.  Les pays en développement doivent se faire entendre, a-t-elle conclu. 

M. ALAA NAYEF ZAID AL-EDWAN (Jordanie), inquiet de la multiplication des violations du droit international et des droits de l’homme par des États et des groupes, a insisté sur le respect de l’état de droit, crucial pour la réalisation du Programme 2030.  Il a fait remarquer que, ces dernières années, de plus en plus d’appels ont été lancés, partout dans le monde, en faveur de la justice et d’un changement systémique, en veillant à promouvoir l’égalité des genres, faire progresser la justice climatique et relever les défis de la transformation numérique. 

Le représentant jordanien a attiré l’attention sur la question de l’usage de la force dans les conflits armés civils et internationaux et le défi de l’application de l’état de droit dans ces situations.  Il a rappelé qu’au regard du droit international, les règles sur le recours à la force stipulent que celle-ci n’est permise que si elle est compatible avec la Charte, mais que l’on constate souvent que ces règles sont bafouées.  Il a également souligné la nécessité pour toutes les parties aux conflits d’adhérer aux règles du droit international humanitaire.  M. Al-Edwan a appelé tous les membres de la communauté internationale à assumer leurs responsabilités pour ce qui est de l’obligation de rendre compte lorsque sont perpétrés des crimes internationaux graves comme le génocide, l’épuration ethnique et la torture.  Par ailleurs, M. Al-Edwan a jugé que les opérations de maintien et de consolidation de la paix ont démontré leur utilité dans le contrôle des conflits armés, internationaux ou civils, tout en participant à l’instauration de l’état de droit au sortir des conflits.  Ces opérations préservent la paix et la sécurité, promeuvent l’organisation d’élections, aident au désarmement et protègent les droits de l’homme.  

Mme PETRA LANGERHOLC (Slovénie) a noté que le rapport du Secrétaire général de cette année est axé sur l’état de droit en tant que « valeur fondamentale d’un contrat social ravivé ».  À cet égard, elle a souligné que la coopération a pour condition préalable que l’individu fasse confiance au système et aux institutions.  Rappelant ensuite que la Déclaration de la réunion de haut niveau organisée, en 2012, par l’Assemblée générale sur la primauté du droit aux niveaux national et international a défini le cadre fondamental pour la construction de relations sociales et la création d’un ordre social juste, la déléguée a estimé que ce texte et l’objectif 16 de développement durable « constituent le fondement sur lequel les États devraient s’efforcer de recréer l’image de l’état de droit ».  À l’avenir, a-t-elle plaidé, nous devons placer les individus au cœur des systèmes judiciaires et transformer ces systèmes de manière à renforcer les liens sociaux.  À ses yeux, c’est particulièrement important aujourd’hui, alors que nous sommes confrontés à une pandémie et que les États doivent trouver un équilibre entre la prise de mesures visant à garantir la santé publique et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. 

Le renforcement de l’état de droit par le biais de la protection des droits de la personne est au cœur de la politique étrangère de la Slovénie, a assuré la représentante, précisant que son pays soutient la Cour pénale internationale (CPI) parce qu’elle vise à protéger les droits des victimes des pires atrocités.  Nous considérons qu’il est crucial de lutter contre l’impunité et de mettre en œuvre les jugements des juridictions internationales et des tribunaux arbitraux, a-t-elle ajouté, avant de rappeler que la Slovénie est l’un des soutiens de l’Initiative MLA, qui appuie le principe d’un traité multilatéral d’entraide judiciaire afin de faciliter la coopération des États qui procèdent à des enquêtes et des poursuites à l’encontre des crimes internationaux les plus graves. 

M. ELIE ALTARSHA (République arabe syrienne) a formulé des commentaires en se basant sur les différents points abordés dans le rapport du Secrétaire général, lequel a fait ressortir les faiblesses du système international et l’inégalité dans la distribution des richesses et des ressources, dans le cadre de la lutte contre la propagation de la pandémie de COVID-19, et de l’état de droit au niveau national.  Il a affirmé l’attachement de la Syrie au droit international et le rôle unique de l’ONU dans la préservation de l’état de droit, conformément à la Charte et à tous les principes y énoncés.

Le représentant a toutefois mentionné des expériences « douloureuses », passées et présentes, qu’il a attribuées au fait que certains pays bafouent la souveraineté nationale, ou font usage de la force ou de la menace dans les relations internationales.  Il a condamné, en conséquence, toute interprétation agressive du droit international.  À l’instar du Secrétaire général, il a mis en garde contre la montée du terrorisme et de l’extrémisme violent, y compris du recrutement à des fins terroristes, en cette période de pandémie, tout en estimant que le rapport a omis de mentionner un facteur clef, au rôle négatif: l’imposition de mesures coercitives unilatérales illégales, qui aggrave la situation économique et sociale et a un impact dévastateur sur la population concernée, qui se voit privée de ses besoins élémentaires.  Il a regretté qu’aujourd’hui encore, la communauté internationale n’ait pas été en mesure de convenir d’une définition du terrorisme universellement agréée en raison du refus de certains États, qui préfèrent mener des opérations agressives sous couvert de la lutte contre le terrorisme.

Notant que le rapport souligne la nécessité pour les États affectés par les combattants étrangers et leurs familles de veiller à la mise en place de stratégies globales relatives à leur comparution devant la justice, à leur réadaptation et réinsertion, le représentant syrien s’est interrogé sur les mesures à prendre contre les pays « exportateurs » de combattants étrangers terroristes.  Il a vivement déploré que la Syrie n’ait pas bénéficié, à ce jour, d’un appui international à cet égard; avant de demander aux pays qui exportent des combattants terroristes étrangers sur le territoire syrien de s’abstenir de faciliter leur passage.  Il a également regretté que le rapport fasse une impasse sur la violation de la souveraineté syrienne par d’autres nations ayant militairement envahi et occupé certaines parties de son territoire, et se sont adonnées au pillage et à l’usurpation de ses richesses et de ses ressources.  Ces mêmes pays refusent de faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire et les ressources nécessaires au développement, dans le but de retarder tout progrès dans le retour des réfugiés et déplacés syriens. 

Le représentant a réaffirmé que la Syrie ne reconnaît pas et n’a jamais sollicité l’établissement du Mécanisme international, impartial et indépendant de l’ONU, pour la simple raison que son gouvernement n’a jamais été consulté, d’une part, et n’a pas demandé une assistance juridique ou financière à cet égard, d’autre part.  L’établissement de ce mécanisme viole en fait les Articles 10 à 12 (Chapitre IV) de la Charte.  Il a lu en particulier l’Article 12 qui stipule que « tant que le Conseil de sécurité remplit, à l’égard d’un différend ou d’une situation quelconque, les fonctions qui lui sont attribuées par la présente Charte, l’Assemblée générale ne doit faire aucune recommandation sur ce différend ou cette situation, à moins que le Conseil de sécurité ne le lui demande ».   

Rien ne témoigne plus du mépris total de l’état de droit que le renversement illégal d’un gouvernement démocratiquement élu, a asséné M. KYAW MOE TUN (Myanmar), appelant les Nations Unies à dénoncer sans équivoque de telles actions.  Il a rappelé que les militaires avaient organisé un coup d’état illégal en février 2021 dans son pays sous le prétexte d’allégations de fraude électorale.  Il a ajouté que les brutalités et atrocités commises par la suite par les militaires à l’encontre de manifestants pacifiques ont été généralisées et systématiques.  Le représentant a souligné que les appels de la communauté internationale n’ont rencontré qu’un mépris total de la junte militaire.  Les forces militaires ont assassiné plus de 1 100 civils et continuent de le faire, a-t-il dénoncé.

Il s’est ensuite alarmé que les arrestations arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les tortures à mort en détention et les disparitions forcées se soient multipliées.  Au 15 juillet, 65 personnes, dont deux enfants, avaient été condamnées à mort, a dénoncé le représentant.  La culture d’impunité dont jouissent les auteurs du coup d’état militaire est la principale cause des violations de l’état de droit, a-t-il ajouté, avant de dire que le rétablissement de l’état de droit au Myanmar doit commencer par la fin de la junte militaire illégitime et l’obligation de rendre des comptes. 

M. PURUSHOTTAM DHUNGEL (Népal) a souligné l’importance d’agir pour que l’état de droit ne soit pas « victime de la pandémie ».  Il a salué le rôle de la Cour internationale de Justice (CIJ) et de la Commission du droit international (CDI) dans le développement et la codification du droit.  La Constitution népalaise garantit l’état de droit, les libertés fondamentales, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la tenue régulière d’élections.  Le délégué a estimé que le respect des traités est fondamental pour des relations de bon voisinage et pour le respect de l’état de droit au niveau international.  Il a ensuite mentionné les institutions de justice transitionnelle mises en place dans son pays, avant de souligner l’indépendance de la Commission nationale des droits de l’homme.  L’état de droit est le socle d’un ordre international, juste et équitable, a conclu le délégué du Népal.

Les prisonniers sont parmi les plus vulnérables à la pandémie, a estimé M. SANDRO INASHVILI (Géorgie), ajoutant que son pays prenait des mesures pour prévenir la propagation de la pandémie en milieu carcéral.  Le représentant a ensuite attiré l’attention sur la lutte contre les crimes odieux, y compris la traite des êtres humains.  De même, le représentant a souligné l’importance de la Cour pénale internationale, et assuré que la Géorgie poursuivrait sa coopération.  Le Gouvernement ne peut pas appliquer l’état de droit dans la région occupée d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, a-t-il ensuite souligné.  Il a rappelé que la Cour européenne des droits de l’homme avait indiqué dans une décision qu’il y avait une occupation de ces territoires par la Fédération de Russie.  La Fédération de Russie y est citée pour avoir mené une guerre, semé la mort et la désolation et violé l’accord de cessez-le-feu, a-t-il accusé.  Nous demandons à la communauté internationale d’appeler la Fédération de Russie à cesser toute provocation, a-t-il lancé en conclusion.

M. DANIEL ABRAHAM HADGU (Érythrée) a souligné la nécessité de respecter les principes de souveraineté des États et de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.  Il a indiqué que certains États ont une politique étrangère incompatible avec le droit international, avant de demander la levée des sanctions illégales et unilatérales qui frappent certains pays.  Ces sanctions, ciblées ou pas, n’ont aucune base juridique, a-t-il dit.  Le délégué a ensuite mentionné les mesures prises par son pays pour promouvoir l’état de droit au niveau national, citant notamment l’achèvement d’un nouveau code des institutions judiciaires.  En conclusion, il a appuyé les efforts onusiens de promotion de l’état de droit, en soulignant l’importance de leur appropriation nationale.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission termine son débat général par de nombreux appels à la solidarité mondiale dans la course contre le virus et pour la résilience

Soixante-seizième session,
4e & 5e séances plénières - matin & après-mid
AG/EF/3552

La Deuxième Commission termine son débat général par de nombreux appels à la solidarité mondiale dans la course contre le virus et pour la résilience

« La vaccination n’est pas une course entre les pays mais une course contre le virus », a lancé aujourd’hui un groupe de 75 pays lors de la clôture du débat général de la Deuxième Commission sur le thème « Crise, résilience et reprise -Accélérer les progrès vers le Programme 2030 ».  Toutes les délégations se sont accordées sur la nécessité d’un accès mondial et équitable aux vaccins afin de surmonter cette crise sanitaire, qui a des conséquences catastrophiques sur le développement des pays les plus vulnérables et qui vient se rajouter à la crise climatique.

Les appels aux pays producteurs de vaccins et aux pays riches se sont multipliés, pour qu’ils continuent à faire des dons aux pays à revenu faible et intermédiaire.  « Ce n’est que par le biais d’approches multilatérales, d’une coopération mondiale et de la solidarité que nous aurons une chance de vaincre le virus partout dans le monde », a assuré le Groupe de 75 pays.

Les États-Unis ont fait observer qu’ils avaient consacré 4 milliards de dollars aux mécanismes GAVI et COVAX et qu’ils allaient acheter 500 millions de doses supplémentaires pour porter ainsi à 1 milliard le nombre de doses fournies pour être distribuées équitablement et sans conditions.  Pour sa part, le Royaume-Uni a annoncé avoir utilisé sa présidence du G7 pour mobiliser 1 milliard de doses de vaccins et plus de 10 milliards de dollars de financement pour les dispositifs ACT-A et COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin de concrétiser l’engagement des dirigeants du G7 de vacciner le monde au cours de l’année prochaine.

Comme l’a rappelé le Cambodge, les souffrances que la pandémie inflige depuis près de deux ans ont révélé et exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques existantes ainsi que l’inégalité du système économique mondial.  Dans ce contexte, les pays surendettés devraient bénéficier d’un allégement de leur dette et les réponses macroéconomiques devraient être adaptées en fonction des circonstances spécifiques de chaque pays, ont plaidé plusieurs délégations, évoquant les responsabilités communes mais différenciées ainsi que les critères multidimensionnels pour identifier les défis structurels devant être surmontés.

La nécessité de renforcer les efforts collectifs, à commencer par le multilatéralisme, a été soulignée à maintes reprises au cours de ce débat général.  Ils demeurent essentiels pour parvenir aux objectifs de développement durable (ODD) du Programme à l’horizon 2030 et relever les défis mondiaux comme la pauvreté, la malnutrition, les risques de catastrophes naturelles ou les effets néfastes des changements climatiques.

Le relèvement, qui doit s’appuyer sur le plein potentiel agricole des pays en développement, ne sera possible que dans le cadre d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, a argumenté le Brésil.

Pour l’Iran, les principaux défis mondiaux restent les « deux virus anti-croissance et anti-développement les plus destructeurs », à savoir la COVID-19 et les mesures coercitives unilatérales.  Le représentant a ciblé les « mesures illégitimes » des États-Unis et l’inaction de la communauté internationale à cet égard, qui ont transformé l’idéal commun du développement durable en « une revendication purement décorative, absurde et dénuée de sens ».  Dans la même veine, le Venezuela a dénoncé « une politique de terrorisme économique ».

Sur la question des changements climatiques, nombre de délégations ont dit attendre beaucoup de la COP26, qui se tiendra à Glasgow le mois prochain.  Pour le Royaume-Uni, pays hôte, elle doit marquer un tournant dans nos efforts pour maintenir le plafond de 1,5 degré Celsius de réchauffement de la planète, investir dans l’adaptation, garantir que le financement climatique est versé aux plus vulnérables, reléguer le charbon à l’histoire et stopper la perte de biodiversité.  Le représentant a aussi appelé à un nouveau consensus autour d’objectifs ambitieux sur la conservation des forêts, des terres et des océans avant les négociations de la Convention sur la diversité biologique.

Pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette de carbone, la Malaisie a appelé les pays développés à montrer la voie en fournissant une assistance financière et un transfert de technologies adéquats et cohérents pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation.  « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de retarder la transition vers un avenir résilient au climat », a abondé la République de Corée, qui envisage de fermer les centrales au charbon plus tôt que prévu et souhaite accueillir la COP28 en 2023.  Les Émirats arabes unis ont émis le même vœu.

Plusieurs délégations ont fait part d’initiatives pour lutter contre les problèmes liés aux changements climatiques.  Ainsi, pour atténuer les effets de la désertification et de la dégradation des sols, la Mongolie vient de lancer une campagne nationale visant à planter 1 milliard d’arbres d’ici à 2030.

Préoccupé par les changements du cycle hydrologique qui entraînent de graves inondations et sécheresses, le Tadjikistan a proposé une initiative visant à déclarer 2025 « année internationale de la préservation des glaciers » et à créer un fonds international pour la préservation des glaciers.  En outre, il s’est félicité d’avoir lancé la Décennie de l’eau 2018-2028, qui a ouvert la voie à la première conférence des Nations Unies sur l’eau, qui aura lieu en mars 2023 à New York.

Le Costa Rica s’est réjoui de l’adoption à Genève d’une résolution qui reconnaît enfin l’accès à un environnement sain comme un droit fondamental.  Le représentant a rappelé que la coalition pour la nature menée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni veut parvenir à protéger 30% des écosystèmes marins et terrestres.

En tant qu’hôte de la septième session de la Plateforme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, prévue à Bali en mai 2022, l’Indonésie entend travailler avec les États Membres et l’ONU à la construction d’une résilience durable et au renforcement des engagements à atteindre les objectifs du Cadre de Sendai ainsi que ceux du Programme 2030.

La Deuxième Commission se retrouvera lundi, à 10 heures, au cours d’une réunion virtuelle consacrée au développement durable.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Au nom d’un Groupe de 75 pays, M. JUAN SANDOVAL MENDIOLEA (Mexique) a insisté sur l’importance de l’accès aux vaccins contre la COVID-19 afin d’assurer une reprise résiliente et durable.  Il s’est dit très inquiet des conséquences dévastatrices et multifacettes de la pandémie sur la vie, les sociétés et les économies, ainsi que des progrès perdus vers la réalisation des objectifs de développement durable.  Au vu de ces défis, le Groupe de pays a renouvelé son soutien aux solutions multilatérales, convaincu qu’une coopération plus efficace, la solidarité et un système multilatéral fort sont essentiels pour surmonter la pandémie de manière sûre, équitable et durable.

Les vaccins contre la COVID-19 jouent un rôle important dans l’ensemble du programme de développement et il est impératif que le monde entier soit vacciné et que personne ne soit laissé pour compte, a rappelé le Groupe de 75 pays.  À ce propos, le Mécanisme COVAX mis en place par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est essentiel pour distribuer les vaccins de manière efficace, a souligné le représentant, appelant tous les États Membres à y contribuer davantage et à respecter leurs engagements.  S’il a salué les dons d’un nombre important de vaccins, il a regretté que l’accès aux vaccins dans le monde reste très inégal, en particulier pour les pays à revenu faible et intermédiaire.  Face à cette situation, le Groupe a appelé à traiter la vaccination comme un bien public mondial.  En cette époque sans précédent, la solidarité et la coopération doivent se renforcer, a insisté le représentant, précisant que la production de vaccins doit passer à la vitesse supérieure dans le monde par un transfert de technologies et de savoir-faire.

Cela étant dit, il faut aussi regarder au-delà des vaccins, a estimé le Groupe: des systèmes de santé robustes sont essentiels non seulement pour une vaccination réussie mais aussi pour la résilience face aux futures pandémies.  Pour ce faire, la couverture sanitaire universelle est d’une importance capitale, de même que l’immunisation contre d’autres maladies transmissibles.  Le Groupe s’est engagé à travailler pour atteindre l’objectif d’une vaccination de 70% de la population mondiale d’ici à septembre 2022.  Il a aussi promis de travailler à la préparation aux pandémies en tirant les enseignements de celle de COVID-19, afin de mieux prévenir, détecter et répondre aux risques sanitaires mondiaux.

« La vaccination n’est pas une course entre les pays mais une course contre le virus », a conclu le représentant du Mexique.  « Ce n’est que par le biais d’approches multilatérales, d’une coopération mondiale et de la solidarité que nous aurons une chance de le vaincre partout dans le monde. »

M. SERGE PAMPHILE MEZANG AKAMBA (Cameroun) a pris note du rapport du Secrétaire général qui fait le point sur les progrès réalisés en vue d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  On y lit que le taux de pauvreté a augmenté à cause de la pandémie, et que les pays en développement ont payé le plus lourd tribut dans ce domaine.  Souscrivant aux remarques du Secrétaire général sur la nécessité d’une solidarité mondiale, il a recommandé, « pour que l’ONU du futur prenne corps », de fournir le financement nécessaire pour accompagner le développement durable.  De même, les pays développés devraient respecter leurs engagements en matière de transferts de technologie.  La dette des pays en développement doit aussi être prise à bras le corps, a dit le délégué qui a aussi demandé un allongement de la suspension du service de la dette.  Le délégué a également appelé à la réforme du système économique mondial, à agir contre l’évasion fiscale et contre les flux financiers illicites.  Il a loué l’initiative pour un taux de fiscalisation uniforme au niveau mondial, pour que personne ne soit laissé de côté.

Selon l’orateur, chaque jour doit être consacré à mobiliser davantage de ressources concernant la lutte contre le terrorisme, les changements climatiques, la criminalité, les fausses informations, la dégradation des forêts et de l’environnement et la piraterie, entre autres, a-t-il énuméré.  Malgré ces défis, il a appelé à rester déterminé et « droit dans nos bottes » pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Mme OH HYUNJOO (République de Corée) a appelé la communauté internationale à renouveler son engagement de ne laisser personne de côté, ce qui implique de garantir un accès équitable et abordable pour tous aux vaccins contre la COVID-19.  La République de Corée s’est engagée à renforcer ses efforts pour étendre l’approvisionnement en vaccins, a-t-elle témoigné, à cet égard.  La lutte contre les inégalités est un autre domaine prioritaire alors que nous prévoyons de reconstruire une économie inclusive qui donne la priorité aux personnes, a-t-elle dit.  Le Gouvernement coréen a lancé le New Deal coréen l’année dernière, lequel s’appuie sur trois piliers: le numérique, l’écologie et l’humain (Digital-Green-Human).  Il s’agira, a expliqué la représentante, de se concentrer particulièrement sur les filets de sécurité sociale et d’accroître les investissements dans les personnes.

Dans le cadre de la coopération internationale, la République de Corée entend augmenter le niveau de son aide publique au développement (APD) dans les domaines où la demande augmente pendant la pandémie, tels que l’écologie, le numérique et la santé.  La représentante a ensuite appelé à des mesures immédiates et audacieuses en réponse aux changements climatiques.  « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de retarder la transition vers un avenir résilient au climat. »  La République de Corée envisage de fermer les centrales au charbon plus tôt que programmé, tout en s’engageant à mettre fin au financement public des nouvelles centrales à charbon à l’étranger.  Le pays souhaite accueillir la COP28 en 2023, a aussi annoncé la représentante.  À l’occasion du dixième anniversaire du Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement, elle a insisté pour des partenariats multipartites en faveur du développement.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a d’entrée de jeu souligné que la pandémie de COVID-19 est l’une des raisons pour lesquelles les objectifs de développement durable (ODD) ne pourront pas être mis en œuvre à temps dans son pays.  Elle a expliqué que son gouvernement se voit contraint de détourner les finances prévues pour les ODD afin de lutter contre la pandémie et de rembourser la dette extérieure.  Dans ce contexte, elle a appelé à soutenir l’initiative du moratoire de la dette en vue de lancer des projets de développement durable dans le pays.  Ces projets visent, a-t-elle précisé, à préserver l’intégrité de l’écosystème unique des montagnes, sa biodiversité et les glaciers, qui sont rapidement dégradés par les changements climatiques.  C’est dans ce cadre que le Kirghizstan compte proposer une résolution visant à déclarer 2022 année internationale de la montagne.

Pour finir, Mme Moldoisaeva a souligné que la lutte contre la pandémie de COVID-19 et ses conséquences socioéconomiques, la réalisation des ODD et la mise en œuvre de l’Accord de Paris doivent rester la priorité absolue de la communauté internationale.

Selon Mme THILMEEZA HUSSAIN (Maldives), la pandémie a mis à nu les asymétries du système international, notamment dans le cadre de l’accès aux matériels de protection et aux vaccins, ainsi que la fracture numérique, les perturbations des chaînes d’approvisionnement, les problèmes de viabilité de la dette et le manque de financement accessible.  « Comment pouvons-nous faire face à ces répercussions qui menacent de défaire des décennies de développement et de progrès? »  Le tourisme étant le plus grand domaine de l’industrie des Maldives, les interdictions de voyager ont paralysé l’économie du pays, a expliqué la représentante.  Rien qu’en 2020, nous avons connu une contraction d’un tiers de notre économie, a-t-elle avoué.

Mme Hussain a demandé de traiter avec une extrême urgence la question des changements climatiques.  Selon elle, ne pas suivre les prescriptions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui demande de limiter le réchauffement à 1,5 degrés et d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, scellerait le sort des Maldives.  La déléguée a donc demandé de faire preuve d’audace, appelant à une action climatique mondiale transformatrice.  Pour leur part, les Maldives sont en train d’élaborer un plan de gestion des ressources marines afin d’assurer l’utilisation durable des ressources océaniques.  Les Maldives sont le leader mondial de la pêche thonière durable du fait de l’utilisation continue de la pêche à la canne et à la ligne à main, a expliqué la représentante, assurant que son pays entend continuer à pratiquer des méthodes de pêche responsables et durables.  En conclusion, elle a plaidé pour que les fonds destinés à aider les petits États insulaires en développement (PEID) soient adéquats, prévisibles et accessibles.

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a appelé à assurer un accès équitable aux vaccins contre la COVID-19 en notant que la pandémie, qui a fait 4,8 millions de morts dans le monde, présente des risques pour les populations des pays en développement, en particulier les PMA, qui restent sous-vaccinées.  Il a souligné que le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et le Mécanisme COVAX sont cruciaux pour parvenir à une reprise durable des pays en développement après la pandémie.  Mettant l’accent sur le plan national de riposte à la crise sanitaire de la Malaisie, le représentant a cité un rythme de 500 000 vaccinations par jour, qui a permis de vacciner 87% de la population adulte.

Par ailleurs, le délégué a indiqué que son gouvernement a intégré les objectifs de développement durable (ODD) dans ses plans de développement quinquennaux depuis 2016.  En juillet 2021, la Malaisie a présenté son examen national volontaire au forum politique de haut niveau pour le développement durable et le 27 septembre 2021, le gouvernement malais a dévoilé son douzième plan (2021-2025) pour une nation prospère, inclusive et durable, a indiqué le représentant.  Il a aussi précisé que la Malaisie a renouvelé ses contributions déterminées au niveau national (CDN) en vue d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.  Il a appelé les autres pays à en faire de même en espérant que la COP26 sera l’occasion de faire face à la crise climatique grâce à la collaboration entre les gouvernements et la diversité de parties prenantes.  « Pour atteindre l’objectif mondial de zéro émission nette, la Malaisie appelle les pays développés à montrer la voie en fournissant une assistance financière et un transfert technologique nouveaux, adéquats et cohérents pour soutenir les pays en développement dans leurs efforts d’atténuation », a demandé le représentant avant de mettre l’accent sur la mobilisation du financement climatique promis de 100 milliards de dollars par an.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a déclaré que le multilatéralisme demeure essentiel pour relever les défis mondiaux comme notamment la malnutrition, les risques de catastrophes naturelles, la lutte contre les changements climatiques et la désertification ou encore la malnutrition.  Annonçant diverses mesures de relèvement prises par son pays après la pandémie de COVID-19, le représentant a demandé à tenir compte de la situation des pays à revenu intermédiaire qui devraient avoir accès à des financements concessionnels.  Déterminé à appliquer le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba, et tous les documents liés au développement durable, l’Équateur, a dit son représentant, est préoccupé que les objectifs de développement durable qui sont loin d’être réalisés. « Les retards s’accumulent. »  Le délégué a annoncé, pour ce qui concerne son pays, que le Plan de l’égalité des chances du Président de l’Équateur met un accent particulier sur l’accès à l’alimentation, la réduction de la malnutrition, le développement agricole, et d’autres objectifs stratégiques.

M. YOSEPH KASSAYE (Éthiopie) a souligné que la COVID-19 fait payer un lourd tribut au développement socioéconomique de nombreux pays en développement, en particulier les pays les moins avancés (PMA), et que la pandémie empêche de progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Même si la mise au point de vaccins a redonné de l’espoir, le manque de ressources ou de systèmes de santé adaptés de ces pays exige davantage d’efforts concertés et d’actions collectives.  Comme l’a indiqué le Secrétaire général, si la majorité des pays riches sont vaccinés, plus de 90% des Africains attendent toujours leur première dose, a-t-il noté.

Les conséquences des changements climatiques continuent par ailleurs d’exacerber les problèmes socioéconomiques dans de nombreuses régions du monde en développement, en particulier dans les pays qui dépendent de l’agriculture.  Le financement pour le climat requiert plus d’ambitions, a lancé M. Kassaye, appelant au respect des promesses de 100 milliards de dollars pour l’action climatique.

Plus généralement, a-t-il poursuivi, les PMA ont besoin de financement pour le développement et d’un nouveau programme d’action, ce qui passe par l’allègement de la dette et des retombées de la récente émission de 650 milliards de droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international (FMI).  En outre, les régimes commerciaux spéciaux, tels que la Zone de libre-échange continentale africaine, devraient recevoir l’appui de toutes les entités, y compris des agences des Nations Unies.

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a déclaré que son pays continuait de se réformer pour assurer le bien-être de sa population et atteindre les objectifs de développement durable (ODD).

Alors que la communauté internationale demeure confrontée à l’impact de la pandémie, l’orateur a appuyé l’appel du Secrétaire général pour un accès équitable aux vaccins et pour une réponse mondiale basée sur une coopération multilatérale renouvelée.  La lutte contre les changements climatiques, pour la biodiversité et l’Accord de Paris sont au cœur des priorités de l’Ouzbékistan, qui tente d’assurer sa transition vers les énergies renouvelables, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement prévoit de doubler ses capacités énergétiques d’ici à 2030, et d’augmenter sa part de production d’énergies renouvelables pour qu’elle atteigne 25%, via la construction de centrales solaires et hydroélectriques à haute capacité.

Le Gouvernement ouzbek compte adopter, dans un avenir proche, un nouveau programme sur la biodiversité, et propose d’accueillir la sixième Assemblée de l’environnement sous les auspices des Nations Unies en 2023, a annoncé le délégué.  Il compte aussi élaborer une charte nationale dont le but serait de rationaliser les efforts pour préserver l’environnement.  L’objectif principal de l’Ouzbékistan, a conclu le délégué, serait de rejoindre les pays aux revenus supérieurs à la moyenne d’ici à 2030.

Mme MONA JUUL (Norvège) a affirmé qu’aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin d’une coopération multilatérale audacieuse et engagée.  Premièrement, en s’attaquant à la COVID-19 en tant que crise sanitaire mondiale, en garantissant l’accès aux vaccins et en faisant face aux conséquences socioéconomiques catastrophiques de la pandémie qui a frappé plus durement les plus vulnérables.  Elle a félicité le système des Nations Unies pour sa réponse à la pandémie, notant que sous la direction des coordonnateurs résidents, la réforme de l’ONU s’est avérée être un catalyseur d’une réponse commune.  Avec l’impact néfaste de la pandémie sur le développement, nous n’avons pas d’autre alternative que de prendre des mesures décisives maintenant et d’augmenter nos efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), a-t-elle plaidé en appelant à financer le développement durable de manière soutenue.  Elle a aussi demandé que les pays surendettés reçoivent un allégement de leur dette de la part des créanciers publics et privés.

En outre, Mme Juul a dit que pour mettre en œuvre les ODD, nous avons besoin d’une planète saine.  « L’océan est notre bien commun, et un océan sain offre une multitude d’opportunités. »  Construire une économie océanique durable est essentiel pour réaliser les ODD, a-t-elle dit.  Elle a souligné que les effets des changements climatiques, de la dégradation de l’environnement et de la perte de biodiversité affectent les progrès sur tous les ODD et ont un impact sur la sécurité humaine.  Elle a par ailleurs prévenu que les sociétés seront perdantes si les femmes ne sont pas incluses dans toutes les décisions, et si la réponse à la pandémie et les plans de rétablissement sont développés sans l’optique du genre nécessaire.

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a estimé primordial que les efforts de redressement, après la crise actuelle, s’accompagnent de mesures pour reconstruire de manière plus résiliente et durable et réduire les inégalités.  Citant le dernier rapport régional sur le développement humain pour la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, Mme Cedona a révélé que le continent est confronté à une série de défis multidimensionnels qui menacent à la fois les objectifs futurs et les progrès réalisés ces dernières années.

Au niveau national, la redistribution par le biais du système fiscal est un problème persistant, tandis qu’au niveau régional, la pandémie a montré que l’Amérique latine et les Caraïbes restent une région présentant de graves lacunes en matière de santé et de protection sociale, a-t-elle fait observer.  En effet, a noté la représentante, cette phase de la pandémie a montré comment les pays les plus développés ont pu se rétablir et retrouver des niveaux de croissance proches de ceux d’avant, tandis que le monde en développement est freiné, voire paralysé.  Il s’agit « d’une lacune dangereuse et difficile à combler », a-t-elle averti.

M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a axé son intervention sur les défis liés aux changements climatiques qui entravent sérieusement la réalisation des objectifs de développement durable (ODD)dans son pays.

Avec 93% de son territoire couvert par des montagnes, le Tadjikistan est préoccupé par les changements du cycle hydrologique qui entraînent de graves inondations et sécheresses.  Les catastrophes liées à l’eau coûtent chaque année près de 500 millions de dollars au budget national.  Au cours des 30 à 40 dernières années, le pays a perdu près de 30% de ses glaciers, l’une des principales sources d’eau douce pour le Tadjikistan et la région alentour.

Pour sensibiliser le public à cette question, le Gouvernement tadjik a proposé une initiative visant à déclarer 2025 « année internationale de la préservation des glaciers » et à créer un fonds international pour la préservation des glaciers, sous les auspices des Nations Unies.  Un projet de résolution sera présenté à l’Assemblée, l’an prochain, a précisé le délégué.  En outre, la Décennie de l’eau 2018-2028, lancée par le Tadjikistan, a ouvert la voie à la première conférence des Nations Unies sur l’eau, depuis presque 50 ans, s’est-il félicité.  Le Tadjikistan et les Pays-Bas accueilleront conjointement cette conférence historique qui se tiendra à New York du 22 au 24 mars 2023.  L’orateur a invité les délégations à y assister et à rejoindre le Groupe des amis de l’eau.

M. MAHMOUD DAIFALLAH HMOUD (Jordanie) s’est inquiété des conséquences de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Notant que la pandémie a mis en exergue les faiblesses et les insuffisances des politiques de développement, le représentant a appelé à une meilleure coopération entre tous les acteurs du développement, notamment pour permettre aux pays en développement de profiter des opportunités des Technologies de l’information et des communications (TIC).  Il a aussi jugé indispensable une réforme de la gestion de la dette en prévenant que les pays à revenu intermédiaire ne pourront pas se relever sans un allègement de la dette.

Par ailleurs, le représentant a mis l’accent sur les plans de développement mis en place par son pays pour atteindre les ODD, promouvoir les énergies renouvelables et une économie numérique.  Il a jugé impérieux que tous les États respectent leurs engagements en matière de lutte contre les changements climatiques pour sauver notre planète.  Le délégué a estimé indispensable de réussir la prochaine COP26 et la prochaine Conférence des Parties à la convention sur la diversité biologique, et a appelé à créer des liens forts entre les trois conventions héritées de Rio.  Enfin, il a demandé aux États développés de respecter leurs engagements, s’agissant du financement international de la résilience et de l’adaptation, avant d’appeler à respecter le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

M. MHER MARGARYAN (Arménie) s’est inquiétée des répercussions de la crise engendrée par la COVID-19 et a souligné que le Programme 2030 demeure la feuille de route du relèvement.  À moins d’une décennie avant l’échéance, il faut redoubler les efforts et aider les gouvernements à accélérer la réalisation de leurs objectifs de développement durable (ODD), a-t-il déclaré.

Rappelant que l’Arménie est un pays en développement sans littoral, M. Margaryan a réclamé une aide pour cette catégorie de pays afin de leur permettre de surmonter les problèmes qui leur sont spécifiques et exploiter leurs potentiels uniques.  Il a appelé à une coopération efficace entre les pays enclavés et de transit et au déblocage de tous les moyens de transport régionaux afin d’éliminer les obstacles politiques à la libre circulation des personnes, des biens et des services et faire face aux conséquences de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, des restrictions de voyage et des fermetures de frontières.  Il a décrié les menaces de recours à la force par certains pour créer de « prétendus couloirs », les politiques de blocus et les mesures coercitives unilatérales, les jugeant préjudiciables pour la paix et au développement durable dans sa région.

Le représentant a ensuite indiqué que l’autonomisation économiques des femmes et des jeunes est une importante priorité pour l’Arménie, s’enorgueillissant par ailleurs du fait que son secteur des TIC connaît une participation de 40% de femmes, comparé à 20% à l’échelon international.  Il a également salué le plan-cadre de coopération des Nations Unies pour le développement durable pour l’Arménie et le descriptif de programme de pays 2021-205 établit par le PNUD, notant que ces documents prennent en compte les priorités nationales et la durabilité environnementale.

Mme SOMOLY HENG (Cambodge) a déploré que la pandémie de COVID-19 ait anéanti des décennies de progrès en matière de développement.  Les souffrances qu’elle inflige depuis près de deux ans ont révélé et exacerbé les vulnérabilités sociales et économiques existantes ainsi que l’inégalité systématique du système économique mondial, a-t-elle noté.  Il faudra, selon elle, des années pour en surmonter les impacts, et certains pays devront faire face à d’énormes défis pour maintenir leurs objectifs de développement durable, en particulier pour atteindre le Programme 2030.

Dans ce contexte, elle a estimé que l’accès abordable et équitable à des vaccins efficaces et sûrs contre la COVID-19, en tant que biens publics, est l’outil le plus efficace pour mettre fin à la pandémie, soutenir la reprise économique et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a appelé à saisir l’occasion pour renforcer le système de santé et progresser vers une couverture sanitaire universelle.  Elle a aussi demandé aux pays producteurs de vaccins de continuer à faire des dons et de mettre des vaccins à la disposition des populations dans le besoin, en particulier dans les pays en développement et les pays les moins avancés.  À ce sujet, le Cambodge est le deuxième pays le plus vacciné de l’Asie du Sud-Est, a-t-elle annoncé.

Dans le même temps, le monde doit renforcer le multilatéralisme en maintenant les pays en développement à l’ordre du jour, a plaidé la déléguée.  L’unilatéralisme et les comportements protectionnistes devraient être relâchés, a-t-elle averti, ajoutant que les traitements commerciaux préférentiels sont essentiels pour permettre aux pays en développement et aux pays les moins avancés de reconstruire leurs économies.

En matière d’allègement de la dette, voire d’annulation complète de tous les types de dettes, elle a souhaité que la communauté internationale et les institutions financières internationales prennent des mesures collectives, estimant qu’il est urgent de chercher des solutions durables pour prévenir et résoudre la crise de la dette en incitant l’investissement privé et les flux de capitaux, en favorisant l’investissement direct étranger ainsi que les mécanismes de partenariat public-privé.  Les initiatives d’allègement de la dette et de suspension du service de la dette permettront aux pays d’aller de l’avant avec leur plan de développement, a fait remarquer la déléguée.  Quant à la numérisation du système économique, elle devrait être ouverte aux investissements publics et privés afin de diversifier le système économique et de garantir des normes élevées et des résultats compétitifs.

Pour conclure, la représentante a souligné que mieux reconstruire pour un avenir résilient demande une évaluation approfondie de tous les aspects, y compris l’élaboration de réponses politiques capables de s’adapter à un nouvel environnement, la mobilisation des ressources et le soutien financier au plan de relance pour sortir de la crise actuelle.

Mme LORATO MOTSUMI(Botswana), notant l’aggravation des faiblesses structurelles des pays en développement en raison de la pandémie, a souligné que celle-ci rendait d’autant plus difficile la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Aussi, s’est-elle prononcée en faveur d’un accès aux vaccins pour tous.  Un partenariat productif et un système multilatéral sur la base de l’unité et de la solidarité sont également nécessaires dans ce contexte, a-t-elle prescrit.  La représentante a considéré que les 10 ans du Programme d’action de Vienne pour les États en développement sans littoral sont importants pour que ces pays puissent se relever.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a salué la communauté scientifique mondiale et la collaboration sans précédent qui a permis d’élaborer des vaccins contre la COVID.  Mais elle a aussi sonné l’alarme et parlé de « crise morale » en évoquant les inégalités d’accès à ces vaccins.  Il n’y aura pas de reprise économique si les vaccins ne sont réservés qu’à quelques privilégiés, a-t-elle prévenu.  Compte tenu de ce fait, le Liban, a-t-elle indiqué, a initié la « Déclaration politique sur l’accès équitable aux vaccins » lesquels doivent être considérés comme un bien public mondial.  L’écart vaccinal persiste en effet: moins de 10% de la population africaine est vaccinée.  La représentante s’est réjouie du Mécanisme COVAX, grâce auquel son pays a pu vacciner plus de 20% de sa population, y compris les réfugiés.

Le Liban, a-t-elle aussi indiqué, traverse une crise économique « existentielle », exacerbée par la pandémie et l’explosion au port de Beyrouth.  Cette crise a forcé le pays à réajuster ses priorités pour éradiquer la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire, soutenir l’accès à l’énergie, à l’eau, à l’éducation, à la santé et garantir des vaccins pour tous.  « Le Plan de réponse d’urgence » a été initié et appuyé par le système des Nations Unies et les partenaires pour aider 1,1 million de personnes vulnérables, soutenir les secteurs clefs et renforcer la protection contre la violence fondée sur le sexe.  Le nouveau Gouvernement, a affirmé la représentante, s’efforce de résoudre les multiples problèmes liés à la crise.  Il a élargi le programme de transfert de fonds, en collaboration avec la Banque mondiale et a entamé des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) pour lancer des négociations sur un programme global d’assistance.  Le Liban est aussi déterminé à explorer le potentiel de ses ressources gazières et pétrolières, tout en déployant des efforts en faveur de l’énergie renouvelable qui devrait représenter 30% de la consommation électrique d’ici à 2030.  Le Liban s’engage aussi à baisser de 20% d’ici à 2030 ses émissions de carbone, a conclu la représentante.

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a expliqué que la pandémie a été particulièrement dévastatrice en Syrie du fait de la guerre et des mesures coercitives dont le pays est victime.  Après avoir évoqué la préparation, par son gouvernement, d’un plan de développement à l’horizon 2030, le représentant a regretté que malgré les appels du Secrétaire général de l’ONU, ces mesures inhumaines contre le peuple syrien n’aient pas été levées.  Il a ensuite souligné que les organisations internationales opérant en Syrie doivent mener leurs activités dans leur domaine de compétence, et sans aucune politisation « comme le souhaiteraient certains États. »  Pour le délégué, on ne pourra respecter notre engagement de ne laisser personne de côté qu’en travaillant main dans la main et en respectant les principes du droit international.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) s’est félicitée de l’adoption à Genève d’une résolution soumise notamment par son pays qui reconnaît enfin l’accès à un environnement sain comme un droit fondamental.  La pandémie a prouvé que le bien-être de tous était inexorablement lié à celui de la planète, toutefois les mesures prises pour répondre à ces urgences ont été lentes et contradictoires, a-t-il constaté.  Elle a déploré que le monde continue d’investir dans la destruction de la nature, tout en mettant en évidence les différentes options qui s’offrent à nous, notamment les solutions fondées sur la nature, à travers un renforcement des écosystèmes et une réflexion sur les avantages à long terme.  Ainsi la coalition pour la nature menée par le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni veut réaliser la protection de 30% des écosystèmes marins et terrestres, a rappelé le représentant.  Elle a plaidé pour une action significative en faveur du climat, avec la participation ambitieuse et active de tous, en particulier en ce qui concerne la promesse d’allouer 100 milliards de dollars d’ici à 2030.

La représentante a aussi indiqué que son pays et d’autres pays en développement ont participé activement aux discussions sur le financement de la relance.  Des propositions ont été soumises en vue de permettre à tous de respecter leurs engagements financiers notamment à l’égard du paiement de la dette.  Elle a aussi évoqué le fonds à hauteur de 500 milliards de dollars, lancé par son pays pour reconstruire après la COVID-19, qui propose des prêts à taux préférentiel et à taux fixe pour les pays en développement.  Bien que le FMI ait crée un plan de relance à hauteur de 2,500 milliards de dollars, seul 1% de ce montant a été mobilisé en faveur des pays en développement, a-t-elle noté.  Poursuivant, elle a évoqué la création de droits de tirage spéciaux (DTS), « une étape dans la bonne direction », mais jugé que cela ne représente même pas la moitié de ce qui serait nécessaire.  C’est pourquoi, elle a exhorté les pays développés à redoubler d’efforts et à faire preuve de responsabilité en allouant des ressources aux différents fonds de relance.

Mme LINOUSE VILMENAY JOSEPH (Haïti) a demandé un changement de paradigme pour ce qui a trait aux questions de politique macroéconomique, d’élimination de la pauvreté et autres questions liées au développement.  Plus précisément, elle a invité les institutions financières internationales et les partenaires mondiaux en général à renoncer à leur approche à taille unique pour tenir compte des spécificités de chaque pays, afin qu’ils puissent appliquer la stratégie de développement appropriée.

La crise socioéconomique d’Haïti s’est exacerbée après le séisme du 14 août 2021, suivi d’un ouragan qui a pratiquement ravagé la partie sud du pays.  Face à cette réalité, la représentante a déclaré que l’engagement de ne laisser personne de côté doit passer de la parole aux actes.  Elle a plaidé en faveur d’une protection sociale universelle dans les pays aux revenus faible et intermédiaire afin de réduire la pauvreté dans le monde.  Quant aux défis posés par la pandémie de COVID-19, elle a salué l’engagement international à partager les vaccins avec les pays les moins pourvus, le Mécanisme COVAX de l’OMS ainsi que les actions bilatérales de solidarité.  « Ils donnent l’espoir que, tous ensemble, nous pourrons arriver à vaincre cette maladie. »

M. NICHOLAS HILL (États-Unis) a jugé impératif de contrôler la pandémie au plus vite pour assurer la reprise économique, et cela implique d’atteindre les objectifs de vaccination.  Les États-Unis, a-t-il souligné, ont versé la somme de 4 milliards de dollars aux Mécanismes GAVI et COVAX, et confirmé leur intention d’acheter 500 millions de doses de vaccin Pfizer supplémentaires pour porter à un milliard le nombre de doses qu’ils offrent aux pays.  Par ailleurs, le représentant a salué l’Initiative de la suspension de la dette qui devrait aider les pays en développement à poursuivre la mise en œuvre du Programme 2030.  Nous comptons, a-t-il affirmé, accroître notre aide publique au développement (APD) pour soutenir le secteur privé dans ces pays, mais aussi, la démocratie.

Le représentant a aussi exprimé l’intention de son pays de doubler d’ici à 2024 les moyens consacrés à la lutte contre les changements climatiques et de tripler les sommes pour les efforts d’adaptation.  Il a jugé « impératif » de mobiliser les 100 milliards de dollars par an auprès des secteurs public et privé, dont des sources innovantes.  Il a conclu en proposant à la Deuxième Commission de s’attaquer aux vulnérabilités des États fragiles ou frappés par les conflits.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que le monde vit dans un état de crise multidimensionnelle inédite, exacerbée par la pandémie de COVID-19.  Ce fardeau sans précédent pèse sur les économies et les communautés et a des conséquences graves sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Le représentant a appelé la communauté internationale à créer des économiques et des sociétés résilientes en mettant l’accent sur la lutte contre la dégradation de l’environnement et des changements climatiques.  Le Programme 2030 doit être notre feuille de route pour reconstruire en mieux, a-t-il affirmé.

Toutefois, le développement durable n’est possible que si l’environnement est protégé, a estimé le délégué qui a attiré l’attention sur la situation des États insulaires menacée par le réchauffement du climat.  Il a appelé à veiller à une réduction de 15% des émissions de carbone d’ici à 2030 ainsi qu’à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris.

Le délégué a également appelé à combler le fossé numérique entre les pays, notant que l’amélioration des technologies numériques offre de nombreuses perspectives pour les pays en développement de diversifier leur économie.  Nous devons exploiter la quatrième révolution industrielle au profit de tous, a-t-il affirmé.  M. Francis s’est en outre préoccupé du déficit de financement des ODD, déplorant que de nombreux petits États insulaires en développement (PIED) continuent de se voir refuser l’accès à un soutien essentiel au relèvement et à un financement concessionnel, sur la seule base de la « mesure archaïque » du revenu par habitant.  Il a insisté sur la nécessité critique d’établir un indice de vulnérabilité multidimensionnel concernant les PEID.

Pour Mme SALOME SUPATASHVILI (Géorgie), la voie vers la résilience et la reprise passe par le respect complet des engagements au titre du Programme 2030 et de l’Accord de Paris.  Puisque la crise dévastatrice provoquée par la COVID-19 a stoppé les progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), la communauté internationale devrait se réengager dans la Décennie d’action par des efforts collectifs ainsi qu’un multilatéralisme « revitalisé, en réseau et inclusif », a estimé la représentante.  En outre, si l’économie mondiale commence à rebondir, la persistance de la pandémie et l’inégalité dans l’accès aux vaccins entre les pays continuent de menacer sa reprise résiliente.

Pour sa part, la Géorgie a répondu à la crise sanitaire par une série de mesures ciblées de façon à soutenir la compétitivité et les groupes vulnérables.  Elle reste attachée à une démarche basée sur les droits humains dans la mise en œuvre des ODD.  La représentante a également voulu souligner l’importance de sociétés justes, paisibles et inclusives.

Quant à la triple crise planétaire posée par les changements climatiques, la perte de biodiversité et la hausse du niveau de pollution de l’air et de l’eau, elle est encore plus complexe en raison des impacts dévastateurs de la pandémie, a constaté la représentante.  Pour appuyer l’Accord de Paris, le Gouvernement de Géorgie a mis à jour sa contribution déterminée au niveau national, avec de nouvelles cibles plus ambitieuses, et travaille à une stratégie de développement faible en émissions à long terme.

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a expliqué qu’en raison de la COVID-19, l’économie mongole s’est contractée de 4,5% en 2020.  Néanmoins, grâce aux mesures d’aide et aux programmes de relance du gouvernement, l’économie devrait rebondir et croître de 4,8% en 2021-2022.  En Mongolie, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID-19 avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Au lendemain de la pandémie, le Gouvernement se concentre sur les réformes structurelles, la diversification économique, la promotion des investissements et le maintien de la stabilité fiscale et financière afin de créer une croissance respectueuse de l’environnement, durable et inclusive.

Pour atténuer les problèmes environnementaux auxquels le pays est confronté, tels que la désertification, les tempêtes de sable, la perte de biodiversité, la pénurie de ressources en eau et la pollution atmosphérique, la Mongolie applique les leçons de son héritage nomade, en associant le respect de la nature aux réalisations de la science et de la technologie modernes.

La désertification est considérée comme l’une des principales priorités à traiter, 77% du territoire du pays étant touché par ce phénomène ainsi que par la dégradation des sols.  Une campagne nationale visant à planter un milliard d’arbres d’ici à 2030 a été lancée le 4 octobre à Oulan-Bator et par décret, le Gouvernement doit désormais consacrer chaque année au moins 1% du PIB à la lutte contre les changements climatiques et la désertification.

Mme EMILY LEK (Singapour) a estimé que la résilience et la reprise passent par le renforcement du système multilatéral fondé sur des règles.  Il s’agit notamment de redynamiser les institutions multilatérales, afin que nous puissions répondre plus efficacement aux défis mondiaux présents et futurs, a-t-elle expliqué.  Elle a prôné un système multilatéral fondé sur des règles, avec l’ONU en son cœur, estimant que c’est « notre meilleur espoir de construire et maintenir une bonne gouvernance mondiale ».  La représentante a aussi appelé à mobiliser les ressources pour renforcer l’architecture mondiale de la santé et veiller à ce que nous soyons prêts pour la prochaine pandémie.

Singapour soutient également l’appel du Secrétaire général de l’ONU en faveur d’un système commercial multilatéral plus résilient, a-t-elle déclaré.  Nous devrions mettre à jour le règlement intérieur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour tenir compte des nouvelles réalités économiques telles que l’économie numérique, a demandé Mme Lek.  Elle a aussi appelé à maintenir ouverts les marchés et les chaînes d’approvisionnement mondiales.  En tant que centre de transbordement, Singapour a toujours joué sa partition pour laisser les fournitures essentielles être acheminées là où elles sont le plus nécessaires, a assuré la déléguée.

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) a déploré l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les « ressources limitées » de son pays qui a ainsi vu se compliquer la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA.  En outre, ces derniers comme les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays sortant d’un conflit sont de plus en plus vulnérables aux effets des changements climatiques, tels que les inondations, les glissements de terrain, la sécheresse, l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement de la planète.  Le Timor-Leste a donc lancé un plan d’adaptation qui fait la part belle à la protection de la biodiversité et des écosystèmes, avec des actions comme le reboisement et la gestion durable des terres.  Pour soutenir cet effort, a conclu le représentant, le Timor-Leste a lancé le Programme « Un citoyen, un arbre » pour une terre plus verte.

M. CARLOS EFRAIN SEGURA ARAGON (El Salvador) a dit la nécessité d’actions multilatérales conjointes pour faire face aux défis des changements climatiques et de la COVID-19, en privilégiant la résilience, pour assurer une reprise durable.

Il a appelé à préserver les principes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Il a jugé indispensable le succès de la prochaine COP26, a-t-il souligné, déplorant l’insuffisance des moyens financiers consacrés à la crise climatique.  C’est pourquoi, M. Segura Aragon a exhorté les pays développés à respecter leur engagement en matière de financement et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.  Il a aussi appelé à privilégier des solutions fondées sur la nature.

Le représentant d’El Salvador a par ailleurs souligné l’engagement de son pays à améliorer les conditions de sécurité alimentaire, la nutrition et le bien-être social de sa population, grâce à des politiques étatiques innovantes, humaines et inclusives.  Il a cité le Plan de développement social 2020-2024 d’El Salvador, qui vise à réduire la pauvreté et la faim, ainsi que la récente Stratégie d’alimentation scolaire saine et durable.

M. BADER AZIZ R. M. KH. ALDEHANI (Koweït) a déclaré que sa délégation était prête à reprendre les efforts visant à réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Sa délégation, a-t-il ajouté, a soutenu et continuera de soutenir les efforts mondiaux dans la lutte contre la pandémie.  Il a rappelé que depuis le début de la crise sanitaire, son gouvernement avait déboursé 320 millions de dollars pour venir en aide aux pays dans le besoin, notamment en matière d’acquisition de vaccins.  Après avoir souligné l’importance du multipartisme dans cette lutte, il a demandé une revitalisation des économies en développement et développées.  Le délégué a également a mis l’accent sur la nécessité de protéger l’environnement.

Réussir la réalisation des ODD est crucial, selon le représentant qui a apprécié que la situation se soit quelque peu améliorée.  Cela devra permettre d’augmenter les recettes et les moyens de la croissance dans les pays en développement.  Cela devra aussi aider à reprendre les activités consacrées au développement.  Avant de conclure, le représentant a fait valoir le rôle du Fonds koweïtien pour le développement qui, depuis sa création, a donné environ 22 milliards de dollars à plus de 100 pays.  Le Fonds continuera son travail en faveur du développement, a promis le délégué.

M. THOMAS RATHMELL WOODROFFE (Royaume-Uni) a fixé trois priorités clefs pour la Deuxième Commission cette année.  Premièrement, a-t-il noté, il y a une opportunité de plus en plus petite de relever les défis existentiels des changements climatiques et de la perte de biodiversité.  Le mois prochain, la COP26 à Glasgow, doit marquer un tournant dans nos efforts pour maintenir le plafond de 1,5 degré Celsius, investir dans l’adaptation, garantir que le financement climatique est versé aux plus vulnérables, reléguer le charbon à l’histoire et stopper et inverser la perte de biodiversité.  La Deuxième Commission doit être un lieu pour faire avancer les résultats de la COP26, a souhaité le Royaume-Uni, en appelant aussi à un consensus supplémentaire autour d’objectifs ambitieux sur la conservation des forêts, des terres et des océans avant les négociations de la Convention sur la diversité biologique.  Nous sommes ravis qu’à ce jour, plus de 100 pays aient approuvé un objectif mondial de « 30 sur 30 » pour étendre les zones protégées des océans mondiaux.  Un engagement similaire sera également nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, a souligné le représentant.

Deuxièmement, alors que le monde est toujours en prise avec sa plus grande crise sanitaire et économique, le Royaume-Uni a utilisé sa présidence du G7 pour mobiliser 1 milliard de doses de vaccins et plus de 10 milliards de dollars de financement pour les installations ACT-A et COVAX, afin de concrétiser l’engagement commun des dirigeants du G7 de vacciner le monde au cours de l’année prochaine.  La deuxième Commission devrait continuer à défendre un accès équitable aux vaccins, aux traitements et aux diagnostics, et favoriser une reprise durable, inclusive et résiliente après la pandémie.  Pour ce faire, il faudra adopter une approche multipartite et mettre l’accent sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes et filles.  Cela inclut d’assurer l’accès à 12 ans d’éducation de qualité à toutes les filles, et l’accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.

En troisième lieu, le Royaume-Uni a insisté sur les besoins des pays les plus vulnérables –les PMA, les PDSL et les PEID– pour qu’ils soient au cœur des efforts collectifs, aux côtés de la reconnaissance des situations spécifiques des pays en conflit et post-conflit et des pays à revenu intermédiaire.  Les pays vulnérables au climat seront au cœur de la COP26, a assuré le représentant.  Pour le Royaume-Uni il est également clair qu’il faut utiliser efficacement tous les outils financiers internationaux pour soutenir les pays en situation particulière.  Dans le cadre de sa présidence du G7, le Royaume-Uni a réitéré son engagement à mettre en œuvre le cadre du G20 et du Club de Paris pour le traitement de la dette au-delà de l’initiative de suspension du service de la dette, a précisé le représentant.

M. ARB KAPISYZI (Albanie) a expliqué que son pays s’est engagé à atteindre tous les objectifs de développement durable (ODD) et se tient prêt à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets (UNOPS).  Dans le cadre de son programme national de développement et d’intégration, l’Albanie a lancé des réformes ambitieuses pour son intégration à l’Union européenne (UE), avec un accent particulier sur l’objectif 16 de développement durable: « Paix, justice et institutions efficaces ».  Il s’agit, a souligné le représentant, d’accélérer l’harmonisation avec l’Union européenne de la lutte contre la corruption, d’assurer un accès équitable au droit et à la justice pour tous et de réaliser l’égalité hommes-femmes dans les domaines social, économique et politique.  L’Albanie souhaite rejoindre la grande famille européenne et espère que ce « rêve » deviendra réalité, a conclu le délégué.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI, (République islamique d’Iran) a déclaré que les principaux défis mondiaux restent les « deux virus anti-croissance et anti-développement les plus destructeurs », à savoir la COVID-19 et les mesures coercitives unilatérales.  Ces mesures illégitimes des États-Unis, y compris l’imposition de sanctions unilatérales illégales aux pays en développement, d’une part, et l’inaction de la communauté internationale à cet égard, d’autre part, ont transformé l’idéal commun du développement durable en une revendication purement décorative, absurde et dénuée de sens, s’est emporté le représentant.  Selon lui, ces mesures sont conçues et exécutées pour priver les gouvernements des moyens essentiels pour parvenir à un développement durable et à des systèmes de santé public viables.

Mais malgré ces mesures, et le retrait unilatéral des États-Unis du Plan d’action global commun (PAGC) suivi de nouvelles sanctions, l’Iran est classé 59e sur 166 pays dans l’indice des objectifs de développement durable selon le « Rapport sur le développement durable 2020 », s’est enorgueilli le représentant.  Cela confirme l’étendue des réalisations de l’Iran malgré toutes les contraintes, a-t-il estimé, citant notamment l’élimination de l’analphabétisme et l’enseignement public gratuit et universel jusqu’à l’école secondaire; ainsi que la participation des femmes dans les secteurs sociaux et économiques.  Il a précisé que ces dernières représentent actuellement 27% des membres du corps professoral, plus de 50% des étudiants universitaires et près de 37% des médecins.  Malgré ces « sanctions injustes », l’Iran a également fait des progrès étonnants dans le domaine de la biotechnologie et des cellules souches et le pays est devenu aujourd’hui l’un des fabricants de vaccins contre la COVID-19.

En termes de lutte contre les catastrophes naturelles, un plan national global a été mis en place pour lutter contre la désertification et la sécheresse et l’Iran coopère avec d’autres pays touchés de la région pour mettre en synergie leurs efforts en vue de faire face à ce problème.  Le représentant a également précisé que son pays a pris des mesures vitales dans le domaine de l’énergie durable et dépensé d’énormes sommes d’argent pour développer l’infrastructure critique pour assurer un accès juste, rentable et durable à celle-ci.  Il a en outre précisé que l’indice d’accès moyen à l’électricité est de plus de 99,80% et de 95% pour le gaz naturel.

Si dans une large mesure, mon pays a pu contenir la propagation de la COVID-19 et renforcer ses systèmes de protection sociale, il a été profondément affecté par les perturbations liées à la pandémie, a indiqué Mme DOMA TSHERING (Bhoutan).  Mon pays, a-t-elle précisé, se livre à la tâche colossale de se relever des problèmes socioéconomiques multidimensionnels et de reconstruire en mieux.  La nécessité d’un leadership fort, d’une approche fondée sur la science et d’une solidarité doublée de l’appui des partenaires a été rendue évidente par la pandémie.  Notre expérience nous dit aussi, a poursuivi la représentante, qu’une percée n’est pas hors de portée, tant que la confiance, la solidarité et la coopération existeront.

Nous ne pouvons, a-t-elle averti, détourner notre regard de la crise climatique et des menaces actuelles à la biodiversité.  Malgré son taux de carbone négatif, le Bhoutan risque comme les autres de subir « la colère » des changements climatiques.  La représentante a donc souligné l’importance de la COP26 à Glasgow pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.  La Conférence doit aussi concrétiser la promesse de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partager équitablement entre les efforts d’adaptation et de résilience, dont plus de la moitié aux pays vulnérables.

Chez nous, s’est enorgueillie la représentante, le bonheur national brut est depuis longtemps notre boussole.  Elle a donc salué le rapport du Secrétaire général sur « Notre Programme commun » qui appelle à corriger la manière dont on évalue la prospérité et le progrès économique.  Le Programme 2030 doit rester la feuille de route dont la mise en œuvre doit être évaluée régulièrement.  Indiquant que son pays devrait sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) en 2023, la représentante a voulu que la Conférence de Doha forge un nouveau partenariat mondial en faveur de la mise en œuvre du Programme 2030 dans les PMA

M. MOHAMMAD YOUSUF ABDULLA MOHAMMAD BASTAKI (Émirats arabes unis) s’est enorgueilli du « rôle pionnier » qu’a joué son pays dans la fourniture d’une assistance médicale et autres aux États qui en avaient besoin pendant la pandémie de COVID-19.  Il a prôné le renforcement de la coopération internationale face aux crises mondiales et estimé que la coopération numérique est l’un des meilleurs moyens de parvenir à un développement durable pour tous.  Concernant les changements climatiques, le délégué a indiqué que son pays a lancé, ce mois-ci, une initiative « stratégique » pour des solutions vertes, dont la réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à l’Accord de Paris sur le climat.  Le pays soutient aussi plusieurs projets d’énergie renouvelable dans 70 pays et à ce titre, il se porte candidat pour organiser sur son sol, en 2023, la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

M. MOHAMMAD K. KOBA (Indonésie) a déploré la tendance inquiétante de la discrimination qui sape l’effort global de développement.  Alors que l’on parle de reprise, il a appelé à accélérer le retour aux niveaux d’avant la pandémie.  À l’avenir, les réponses macroéconomiques devraient être adaptées en fonction des circonstances spécifiques de chaque pays, a-t-il plaidé.  Il a conseillé de se focaliser sur des mesures qui favorisent une reprise durable et inclusive des économies, notamment en aidant à restaurer la productivité, en créant des emplois et par le développement et l’expansion de l’économie numérique.

Le délégué a en outre demandé de renforcer la résilience face aux crises futures.  Pour cela, il est crucial de lutter contre les inégalités, de renforcer les systèmes de santé, d’améliorer les capacités d’adaptation et de réduire la vulnérabilité aux changements climatiques, tout en assurant l’intégration des risques de catastrophe et en réduisant la fracture numérique.  En tant qu’hôte de la septième session de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe, prévue à Bali, du 23 au 28 mai 2022, l’Indonésie entend travailler avec les États Membres et l’ONU dans la construction d’une résilience durable et le renforcement des engagements à atteindre les objectifs du Cadre de Sendai ainsi que ceux du Programme 2030.

M. DIEGO BELEVÁN (Pérou) a voulu que le monde redouble d’efforts pour relever certains défis majeurs et objectifs urgents tels que la « fin de la pauvreté » et la « Faim zéro », dont les progrès ont été considérablement retardés par la pandémie de COVID-19.  Il a insisté sur l’importance du Sommet sur les systèmes alimentaires pour progresser vers des systèmes durables et résilients.  Soulignant les besoins et les particularités des pays à revenu intermédiaire comme le sien, le représentant a préconisé de renoncer à l’évaluation monétaire de la richesse des États, comme le fait la Banque mondiale, et de privilégier l’approche plus fine qu’est l’Indice de pauvreté multidimensionnelle du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Il a insisté sur la nécessité des réformes visant à remédier aux facteurs « structurels » de la vulnérabilité des sociétés et sur l’importance des investissements dans le renforcement des systèmes de protection sociale, qui peuvent, a-t-il conclu, jouer un rôle clef dans la résilience individuelle et sociétale.

Selon M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil), même si des initiatives multilatérales comme COVAX existent, la situation sanitaire demeure très inégalitaire.  Or, le relèvement devrait être juste et équitable pour tous.  La pandémie a des conséquences très larges, particulièrement sur l’insécurité alimentaire, a-t-il mis en garde, relevant que 320 millions de personnes ont perdu l’accès à une alimentation adéquate.  Le relèvement, qui doit s’appuyer sur le plein potentiel agricole des pays en développement, ne sera possible que si l’on a un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, transparent, prévisible, inclusif, non discriminatoire et équitable, a précisé le délégué.

Il a indiqué que le Brésil consacre seulement 8% de son territoire à l’agriculture mais nourrit plus de 1 milliard de personnes dans le monde.  La feuille de route du Brésil, le Plan ABC+, fait la part belle à l’agriculture résiliente, à la chasse au gaspillage alimentaire, aux repas scolaires et à l’alimentation durable.  Le délégué brésilien a déploré que des propositions de développement agricole « à taille unique », « néo-malthusianistes », reviennent sur le devant de la scène.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a rappelé que l’un des défis les plus pressants de notre époque est le développement durable.  Le représentant a réaffirmé la nécessité de préserver les systèmes alimentaires d’une manière qui comprenne la restauration des terres dégradées et la lutte contre la désertification afin de mettre à profit des terres plus productives pour la production alimentaire.  La sécurité alimentaire est essentielle pour relever le triple défi de la faim, de la pauvreté et du maintien des moyens de subsistance, a déclaré M. Gertze qui a demandé que tous les obstacles et toutes les « distorsions commerciales », y compris les mesures économiques unilatérales, soient mis de côté pour garantir aux citoyens du monde entier la possibilité de commercer librement et pour donner un coup de pouce à leurs économies.

À l’approche de la COP26 le mois prochain, le délégué a appelé toutes les parties à veiller à ce que les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris soient honorés, notamment en intensifiant leurs efforts pour faciliter l’accès au financement climatique à des fins d’adaptation et d’atténuation.  Il est urgent d’agir pour préserver notre planète, a-t-il lancé.  À cette fin, il a assuré que la Namibie continuera de tirer parti de ses sources d’énergie renouvelables dans le cadre de son programme de transition énergétique grâce à l’industrialisation verte.  Enfin, M. Gertze a exigé l’accès de son pays à des prêts concessionnels pour soutenir la reprise économique.

Mme PHUONG TRA NGUYEN (Viet Nam) a averti qu’au rythme actuel, il est probable que la région Asie-Pacifique atteigne moins de 10% des objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030.  C’est pourquoi, Mme Nguyen a préconisé de garantir un filet de sécurité sociale fiable dans chaque État Membre et de prévenir les perturbations sociales ou l’instabilité politique qui pourraient résulter d’une défaillance de la sécurité sociale.

Une poursuite résiliente et une réalisation réussie du Programme 2030 est le seul moyen, à son avis, de surmonter les défis imprévisibles.  En vue de respecter ses engagements, le Viet Nam a intégré les ODD dans les priorités politiques nationales et exploite un système statistique multicritère pour suivre et évaluer ses progrès, a dit la représentante.  D’ores et déjà, son pays est prêt à atteindre 5 des 17 objectifs d’ici à 2030, a-t-elle dit, tout en reconnaissant que le pays doit « accélérer et transformer la mise en œuvre » pour atteindre les 12 autres ODD.  Pour finir, la représentante a fait part de l’attachement de son pays au partenariat avec l’ONU et au rôle de celle-ci dans la coordination d’une relance mondiale verte, résiliente et inclusive.

Mme BILLUR AHMADOVA (Azerbaïdjan) a dit que son pays avait lancé une campagne de vaccination en janvier 2021 et avait adopté un plan de relance économique doté de 2,7 milliards de dollars.  Outre les efforts nationaux, la représentante a jugé déterminant le multilatéralisme et une coopération internationale renouvelée pour faire face aux défis conjugués de la pandémie et du développement durable.  Elle s’est dite fière de la contribution effectuée par son pays à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à 35 pays pour faire face à la pandémie.  Par ailleurs, elle a indiqué que l’Azerbaïdjan est le premier pays de la région à avoir soumis pour examen son programme national de mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD), précisant que son pays est le 55e sur 150 États en matière de réalisation des ODD.  Elle a précisé que l’Azerbaïdjan s’est engagé à une réduction de 35% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2035 par rapport aux chiffres de 1990 et que le pays vise des réductions supplémentaires pour 2050.

Mettant l’accent sur les liens entre paix et développement durable, la représentante s’est félicitée de la signature le 10 novembre 2020 d’une déclaration de cessez-le-feu tripartite entre l’Azerbaïdjan, l’Arménie et la Fédération de Russie qui a permis de mettre fin à 30 ans de conflit.  Elle a indiqué que la rencontre trilatérale tenue à Moscou le 11 janvier 2021 avait ouvert des perspectives pour le développement économique des pays de la région et pour la sécurité de toute la région du Caucase du Sud, ainsi que pour la réconciliation des peuples azerbaïdjanais et arménien par le dialogue, le commerce, les investissements mutuels et la coopération économique.  Elle a indiqué que l’Azerbaïdjan prévoit la construction de nouvelles villes dans les zones libérées en s’appuyant sur les concepts architecturaux de villes intelligentes.  Elle a aussi cité la construction d’un aéroport international dans la « zone libérée » et de trois centrales solaires.  À cet égard, elle a indiqué que l’Azerbaïdjan avait atteint un objectif de 17% de production d’énergie d’origine renouvelable, qui devrait atteindre 30% d’ici à 2030.  Elle a dit que la réalisation de la paix et de la réconciliation dans la région sera le meilleur moyen de mettre en œuvre les ODD.

Nous nous trouvons à la croisée des chemins, a souligné M. KYAW MOE TUN (Myanmar), évoquant les conséquences de la pandémie, qui met en péril les efforts consentis par les pays pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  La fin de la pandémie va dépendre de l’accès équitable aux vaccins, car, a-t-il souligné, personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas.

En venant aux changements climatiques, l’orateur a rappelé la mise en garde formulée par le récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).  Pour relever les défis, la solution la plus pertinente est, selon le représentant, la mise en œuvre rapide et équilibrée du Programme 2030.  Le Myanmar a élaboré un plan en ce sens, qui se concentre sur la paix, la bonne gouvernance, la résilience et l’environnement.

Malheureusement, le coup militaire illégal de février 2021 a changé tous les plans et met en péril la vie de millions d’habitants.  Le peuple du Myanmar est en danger, a-t-il averti.  Les dirigeants militaires irresponsables ont réduit à néant l’état de droit et il est impossible de garantir la gouvernance et d’atteindre les ODD dans ces conditions, a-t-il ajouté.  Il s’est dit déterminé à reconstruire le pays et à le relever de ces multiples crises.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a accusé les milices houthistes d’avoir imposées une guerre injuste qui a provoqué une révolution.  Elles se sont emparées des institutions des pays, confisqué les réserves de change et imposé des taxes, des douanes et des redevances exorbitantes.  Toutes ces mesures ont conduit à la contraction de l’économie et à la baisse du niveau de vie entre 2010 et 2020.  Les soins de santé de base pour les enfants sont sur le point de s’effondrer et la moitié des établissements de santé ne fonctionnent plus en raison d’un manque de personnel ou de fournitures et l’incapacité de couvrir les coûts opérationnels.  Alors que le Yémen vit « la pire crise humanitaire au monde », le représentant a invité les partenaires internationaux à soutenir les efforts gouvernementaux.

M. Al-Saadi a rappelé les dangers entourant le pétrolier SAFER qui menace toute la région de la mer Rouge s’il advenait que le pétrole qu’il contient fuit.  Il a affirmé que les milices houthistes empêchent les experts onusiens d’accéder au navire pour y effectuer les réparations nécessaires.  De plus, la pandémie de COVID-19 est « une crise dans la crise ».  Les populations vivant dans les secteurs sous contrôle des houthistes n’ont pas accès aux informations nécessaires pour se préserver de la pandémie, a-t-il regretté, avant d’inviter la communauté internationale à faire pression sur les milices pour qu’elles arrêtent de nier l’existence de la pandémie et autorisent l’utilisation des vaccins disponibles, en particulier pour les médecins, les infirmières et les travailleurs du secteur de la santé.

M. RÓBERT CHATRNÚCH (Slovaquie) a souligné que la Deuxième Commission jouait un rôle important dans la lutte mondiale contre la pandémie et les efforts de relance.  Il a également estimé que la lutte contre les changements climatiques, de loin le plus gros problème à régler de toute l’histoire de l’ONU, doit se coordonner face à la triple menace du réchauffement, de la perte de biodiversité et de la pollution.  La COP26 et les autres événements de haut niveau à venir doivent se montrer à la hauteur, a affirmé le délégué.

Il a appelé à des investissements dans la numérisation, les sciences et les nouvelles technologies.  La Deuxième Commission devrait, selon lui, accorder toute son attention aux résolutions ayant trait aux technologies de l’information et des communications (TIC) et aux sciences.

L’éducation, c’est ce qui tient les communautés et nous assure un développement futur, a-t-il poursuivi, espérant que le retour des élèves dans les écoles advienne le plus rapidement possible.  Il s’est aussi félicité du rôle joué par les jeunes dans la réalisation du Programme 2030.  Ce serait une erreur de les exclure des processus de décision.  Plus terrifiés que jamais, ils savent que les décisions prises aujourd’hui auront un impact sur leur avenir, a-t-il commenté.

M. DIAMANE DIOME (Sénégal) après avoir énuméré les conséquences de la tragédie de la COVID-19, a indiqué que son gouvernement a investi plusieurs milliards de francs CFA pour appuyer le relèvement.  Il a ensuite annoncé que l’Institut Pasteur de Dakar commencera à produire des vaccins pour la population dans quelques semaines, exhortant dans la foulée à corriger l’inégalité vaccinale dont pâtissent les pays en développement.  Face aux défis mondiaux, M. Diome a souligné la nécessité d’adopter une approche holistique.  Si nous voulons réaliser le Programme 2030, nous devons mutualiser nos forces et investir dans l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation financière des femmes, a appuyé le délégué.  Pour lui, l’éducation, la santé et l’emploi doivent être accessibles à tous.  Il a aussi milité pour la révision des règles d’octroi de crédit pour les pays en développement ainsi que pour des mesures d’allègement de la dette pour leur permettre de disposer des ressources pour réaliser leur développement.  Le délégué sénégalais a également appelé à renforcer l’action climatique, notamment par le biais du financement climatique.  Pour sa part, le Sénégal vise à réduire de 29% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030.

Aujourd’hui, les pays en développement sont confrontés à des problèmes redoutables, a relevé M. ROSALES RAMIREZ (Honduras), citant les effets des changements climatiques, les écarts croissants en termes d’inégalités, l’urbanisation accélérée et la dégradation de l’environnement.  Autant de facteurs qui ont conduit, selon lui, un nombre croissant de personnes à souffrir de la faim et de la pauvreté.

En tant que pays à revenu intermédiaire, le Honduras a de moins en moins de possibilités d’accéder à des sources de financement abordables, a constaté le délégué.  Il a expliqué que le modèle actuel de classification des pays par niveau de revenu ne permet pas d’établir des priorités adéquates dans l’allocation des ressources de coopération au développement, ce qui se traduit par une aide moins efficace.  Il a réitéré, à cet égard, la nécessité de migrer vers des indicateurs multidimensionnels pour mesurer les réalités du développement et être en mesure d’identifier précisément où et comment les efforts et les ressources doivent être dirigés.

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (État plurinational de Bolivie) a indiqué que son pays, outre la pandémie de COVID-19, vient de se relever d’une crise politique sans précédent qui fait suite à une tentative de coup d’état en 2019 s’étant traduite par de terribles violences dont des exécutions extrajudiciaires.  Il s’est félicité que le peuple bolivien ait su rétablir la démocratie et l’état de droit en octobre 2020, pour permettre aujourd’hui à la Bolivie de participer aux travaux des Nations Unies pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) partout dans le monde.  Le représentant a indiqué que l’insuffisance de capacités nationales pour faire face aux crises aigües est le premier frein qui gêne la réalisation des ODD en Bolivie.  C’est pourquoi, il a prévenu que sans financements adéquats et sans transferts de technologies conformes aux priorités nationales, la Bolivie ne pourra pas se relever des crises.

Le représentant a salué la pertinence de la Déclaration d’action du Secrétaire général lors du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires en rappelant que l’harmonie entre l’homme et la Terre nourricière n’est pas une option mais une condition sine qua non pour sauver notre planète.  Face aux urgences liées à la crise climatique, le représentant a jugé déterminant que la prochaine COP26 permette d’actionner les « leviers de la justice climatique » dans le respect des principes de responsabilité commune mais différenciée.

La représentante du Chili a relevé que la crise climatique et sanitaire avait mis en exergue l’importance du multilatéralisme pour déployer les efforts mondiaux nécessaires pour parvenir à des résultats plus ambitieux.  En tant que Président de la COP25, le Chili est convaincu qu’il faut faire face aux changements climatiques de façon responsable.  Aussi s’est-il donné pour ambition de parvenir à la neutralité en carbone et à la résilience au plus tard en 2050.  Concernant l’Accord de Paris, la représentante a lancé un appel à tous les pays qui ne l’ont pas encore fait à présenter des contributions déterminées au niveau national renforcées.  Sur le plan énergétique, l’objectif ambitieux du Chili est de fermer toutes les centrales à charbon d’ici à 2040, de mettre en œuvre une nouvelle loi sur l’efficacité énergétique visant à électrifier la totalité du transport urbain d’ici à 2035, et d’encourager la production et l’utilisation de l’hydrogène vert, un combustible propre et durable qui permettra de réduire fortement les émissions de CO2.  Par ailleurs, il travaille à une transition vers des systèmes alimentaires plus durables.

Concernant le Programme 2030, le Chili est convaincu que la connectivité est une condition nécessaire pour réduire la fracture numérique et aussi atténuer les inégalités socioéconomiques qui déterminent l’accès à l’information, au droit à la santé, à l’éducation et au travail, a indiqué la représentante.  Pour parvenir à une reprise durable et inclusive après la pandémie, elle a appelé également à promouvoir un ordre économique multilatéral ouvert, basé sur des règles universelles, qui favorise le libre-échange et l’intégration.  La coopération Sud-Sud est un outil nécessaire pour faire face aux défis actuels, de même qu’une coopération internationale renouvelée qui tienne compte des besoins des pays à revenu intermédiaire et revoie la mesure du développement au-delà du PIB par habitant pour attribuer des ressources, a-t-elle plaidé.

La représentante du Bahreïn a évoqué la vision économique 2020-2030 de son pays pour parvenir au développement durable et a affirmé qu’il poursuit son travail en ce sens malgré les difficultés posées par la pandémie de COVID-19.  Nous mettons l’accent, a expliqué la représentante, sur la coopération avec les agences de l’ONU à différents niveaux mais nous ne renonçons pas pour autant à fournir une aide aux pays pour limiter la propagation du coronavirus.  Le Bahreïn offre d’ailleurs des vaccins à tous les étrangers sur son sol.  Il envisage aussi d’y ouvrir une représentation de l’OMS.

Face aux changements climatiques, surtout à l’élévation du niveau de la mer, le Bahreïn a adopté des stratégies d’énergies renouvelables, convaincu que le travail multipartite est la meilleure approche en la matière, a encore dit la représentante.

M. VILIAMI VA‘INGA TŌNĒ (Tonga) a souligné que les changements climatiques demeurent la plus grande menace pour la région Pacifique.  L’Indice mondial de risque 2020 a classé les Tonga comme le deuxième pays au monde le plus exposé aux catastrophes naturelles, a-t-il indiqué.  Les impacts des changements climatiques intensifient rapidement les vulnérabilités du pays et érodent rapidement ses capacités de résilience.  Il a assuré que son pays tient à accélérer les actions dans le cadre de la mise en œuvre de l’objectif 13 de développement durable et s’est félicité de la finalisation de l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle pour les PIED, à cet égard.  Soulignant en outre le rôle central des océans dans le développement durable des nations du Pacifique, le représentant a expliqué que leur sécurité alimentaire, leurs moyens de subsistance et leurs écosystèmes sont touchés par la surpêche, l’acidification et la pollution, ce qui explique l’attachement des Tonga à la réalisation de l’objectif 14 des objectifs de développement durable.  Bien que les Tonga contribuent à moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le représentant a expliqué que son pays reste néanmoins déterminé à réaliser un avenir énergétique durable.  Les Tonga se sont ainsi engagées à réduire l’utilisation de carburants importés et à promouvoir les énergies renouvelables.

M. JOAQUÍN ALBERTO PÉREZ AYESTÁRAN (Venezuela) a estimé que le monde a les outils pour résoudre les principaux problèmes actuels, y compris les changements climatiques et la pandémie de COVID-19.  En plus de cette pandémie, le délégué a dit que le Venezuela est également confronté à une « pandémie générée par l’agression systématique du Gouvernement des États-Unis d’Amérique par le biais de l’application pénale d’un blocus commercial, économique et financier qui viole de manière flagrante la Charte des Nations Unies, ainsi que toute norme du droit international ».  Il a dénoncé une « politique de terrorisme économique » qui englobe le pillage des ressources souveraines, citant notamment les réserves d’or du Venezuela à la Banque d’Angleterre, ainsi que le pillage des actifs du pays à l’étranger, y compris de la compagnie pétrolière CITGO.

M. Moncada a aussi déploré le refus de droits de tirage spéciaux à son pays par le Fonds monétaire international (FMI), arguant que toutes ces actions s’assimilent à « un acte d’extermination contre le peuple vénézuélien », ce qui constitue selon lui un crime contre l’humanité au regard du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI).  Enfin, il a réitéré la nécessité de renforcer et élargir la coopération Sud-Sud qui est vitale pour la mise en œuvre des ODD et pour parvenir à la réduction des inégalités.  Il a précisé que cette forme de coopération ne peut être qu’un complément et non un substitut à la coopération Nord-Sud.

Évoquant les conséquences dramatiques de la pandémie et des changements climatiques, Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine) a estimé que c’était l’occasion de penser à des sociétés plus justes et égalitaires.  Des mesures concrètes et novatrices s’imposent, a-t-elle insisté, et les vaccins doivent être considérés comme un bien public mondial.  Une bonne fois pour toutes, des mesures multidimensionnelles doivent être adoptées pour apprécier les mesures de développement et l’éligibilité aux mesures internationales qui en découle.  Relevant que la solvabilité économique et financière est un grand problème, elle a estimé qu’il est temps de promouvoir un accord abordant les processus de restructuration de la dette souveraine.

Concernant les changements climatiques, la représentante a espéré que la COP26 sera un succès.  L’Argentine va améliorer sa contribution nationale à l’Accord de Paris qui avait été présentée en 2016, a-t-elle indiqué, tout en appelant à tenir compte des vulnérabilités et des différences de capacités des économies nationales.  Quant au système alimentaire, l’Argentine estime que la transition vers des systèmes durables doit être graduelle. Il n’existe pas de modèle unique de développement, a-t-elle affirmé.

Mme VILAYLUCK SENEDUANGDETH (République démocratique populaire lao) a indiqué que la pandémie entrave la réalisation des objectifs de développement durable, notamment parmi les pays vulnérables et en situations particulières comme le sien.  La pauvreté et la faim sont en hausse, tout comme la dette, alors que les recettes du tourisme, les investissements et le commerce diminuent, ce qui a entraîné d’énormes pertes de revenus, a-t-elle expliqué.  Elle a indiqué que lors de son examen triennal de 2021, le Comité des politiques de développement a recommandé que la République démocratique populaire lao atteigne les seuils de reclassement des PMA pour la deuxième fois.  Cependant, le pays ayant été fortement touché par la pandémie de COVID-19, le Comité a également recommandé de mettre en place une période préparatoire prolongée de cinq ans avec un suivi et des mesures de soutien à la transition.

Elle a appelé la communauté internationale à assurer une réponse mondiale coordonnée basée sur l’unité et la solidarité afin de venir à bout de la pandémie et de ses conséquences délétères.  La représentante a aussi demandé une évaluation complète de l’impact socioéconomique de la COVID-19 et une assistance technique et financière continue de la part des partenaires de développement, entre autres, pour aider les gouvernements nationaux à faire face aux impacts de cette crise mondiale, protéger les acquis et mieux se préparer aux crises futures.

Selon M. CARLOS AMORÍN (Uruguay), le développement durable est un engagement de long terme impliquant toute une série de facteurs.  L’Uruguay a présenté trois rapports volontaires sur les objectifs de développement durable (ODD) et prépare son quatrième pour 2022, a-t-il annoncé.  Pour l’Uruguay, la route des ODD passe par le respect de l’état de droit, la lutte contre la corruption et la transparence de la vie publique.  Soulignant le rôle crucial à jouer par les Nations Unies alors que la crise climatique, l’une des principales menaces pour le bien être des peuples, frappe de plein fouet la planète, le délégué uruguayen a appelé à mettre en œuvre de toute urgence l’Accord de Paris.  De même, la COP26 doit engendrer des engagements concrets de la part de la communauté internationale en matière de réduction d’émissions, a-t-il espéré.

Appelant à renforcer les capacités institutionnelles des Nations Unies, l’orateur a relevé que les dialogues nationaux sont essentiels pour élaborer une réflexion, et que les perspectives de genre doivent être prises en compte dans tous les domaines.  Le délégué a enfin invité la communauté internationale à réfléchir sur la manière d’établir les critères de classement des pays en développement, celui du seul PIB étant devenu obsolète.  Il a appelé à l’élaboration d’un critère multidimensionnel, qui permettrait de mieux cerner les besoins d'un pays en développement à haut revenu tel que l’Uruguay.

M. GUILLEM KALLIS BALDRICH (Andorre) a appelé à « moins d’égoïsme » et à « davantage de coopération » dans la lutte contre la COVID-19.  Alors que la pandémie a remis en question les modèles de travail, la crise climatique appelle à un système multilatéral renouvelé et renforcé, a-t-il plaidé.  En Andorre, a-t-il indiqué, la question de la lutte contre les changements climatiques est centrale et les jeunes sont particulièrement mis à contribution dans ce domaine.  La décarbonisation du secteur de l’énergie est une condition clef pour atteindre les objectifs de l’Andorre, dont celui d’atteindre la neutralité carbone en 2050.  Le représentant a également signalé qu’une stratégie nationale de biodiversité a été élaborée, et qu’un projet de loi sur l’économie circulaire sera prochainement présenté devant le parlement andorran.

M. ALFREDO JERRY DOMINIQUE RATSIMANDRESY (Madagascar) a assuré que son pays reste engagé pour le succès de la Décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable (ODD), notamment dans le cadre de son mandat au Conseil économique et social (ECOSOC) pour 2021-2023.  Il a rappelé que Madagascar a présenté son deuxième Rapport national volontaire pour la mise en œuvre des ODD durant la session 2021 du forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Malgré la COVID-19, Madagascar entend poursuivre ses efforts de mise en œuvre des ODD, a assuré le représentant.  Un des objectifs du pays est d’instaurer une santé pour tous, en construisant des hôpitaux et des centres de santé de base dans toutes les régions et districts.  Nous venons de bâtir et d’inaugurer le plus grand stade de football de l’océan Indien, s’est-il par ailleurs enorgueilli, ajoutant que d’autres infrastructures sportives, notamment des stades, des gymnases et une académie nationale de sport de haut niveau, sont prévues.  À cela s’ajoute la construction d’une nouvelle ville, Tana-Masoandro, qui sera la vitrine de l’océan Indien, a fait valoir le délégué avant de mentionner aussi la modernisation du réseau de transport en commun reliant divers points de la capitale.

Sur le plan social, 2 500 000 personnes, soit 500 000 familles, ont bénéficié d’un transfert monétaire durant la crise de COVID-19.  Pour le représentant, cette crise qui perdure est une opportunité pour rectifier le tir, abandonner les initiatives isolées et privilégier le multilatéralisme en gardant à l’esprit la vision de « reconstruire en mieux tout en ne laissant personne de côté ».  Il a rappelé que pendant que le monde luttait contre la pandémie de la COVID-19, la crise climatique a aussi frappé de plein fouet.  Les tragédies climatiques se sont enchaînées, et il ne faut point perdre de vue la préservation de la nature et la protection de l’environnement, a-t-il conclu.

M. AHMED M. A. ABRAHEEM (Libye)a souligné qu’en dépit de ses difficultés, son pays avait veillé à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) en incluant leurs cibles et indicateurs dans ses stratégies, plans et priorités nationales.

Poursuivant, il a indiqué que son gouvernement avait fait face à de grands défis du fait de l’instabilité politique et de la fragilité de la situation sécuritaire.  En effet, a-t-il fait observer, il n’y a nul développement durable sans sécurité et vice-versa, sans oublier les divisions dont souffrent les institutions de son pays.  De plus, a-t-il rappelé, l’économie de son pays est une économie de rente qui dépend du pétrole et du gaz, et en tant que tel, toute discontinuité dans de ce secteur se traduit par un handicap du moteur économique.

Le représentant est ensuite revenu sur les souffrances de son pays en raison de l’instabilité politique, citant les grandes vagues de migration illégale, le crime organisé et la traite des êtres humains.  Cette situation a contribué à l’aggravation des conditions sécuritaires, économiques, politiques et sociales dans son pays, a-t-il témoigné.  Dès lors, il a préconisé de se pencher sur les racines et causes de ces phénomènes, et non de s’arrêter aux seuls symptômes, en vue de parvenir à un véritable développement local dans les pays d’origine avec l’aide des pays de destination.

Mme EMILIJA MARINKOV (Serbie) a estimé que la réalisation des objectifs de développement durables (ODD) est aujourd’hui plus indispensable que jamais pour atteindre l’objectif d’un monde stable qui nous serve tous dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  La représentante a mis l’accent sur les initiatives de la Serbie pour obtenir les financements nécessaires à la mise en œuvre des ODD alors que l’Assemblée Nationale a créé un groupe de réflexion pour accélérer cette mise en œuvre.  La représentante a invité les organismes des Nations Unies à réexaminer la pertinence de leurs méthodes de travail afin de mieux répondre aux besoins des pays pour réaliser leurs objectifs de développement.

Elle a ajouté que la pandémie de COVID-19 nous rappelle que nous devons travailler main dans la main pour relever les anciens et nouveaux défis.  La représentante a indiqué que la Serbie avait été le premier pays à vacciner son corps diplomatique et qu’elle avait développé les technologies nécessaires pour produire au moins deux types de vaccin.  Mettant l’accent sur le défi des changements climatiques, elle a souhaité que le relèvement postpandémie soit l’occasion de développer des économiques plus vertes.  Elle a dit que la Serbie avait procédé à d’importants investissements pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

M. T.S. TIRUMURTI (Inde) a appelé la communauté internationale à se rassembler pour combattre la pandémie et construire un système résilient qui stimulera la reprise.  Il a constaté que les institutions internationales ont tardé à réagir mais ont fini par agir de manière plus coordonnée.  Selon lui, les technologies numériques ont déjà changé le jeu et leur utilité pour reconstruire en mieux en cette période ne fera qu’augmenter, avec un effet multiplicateur.  L’Inde les a déjà déployées afin d’assurer un développement inclusif, intégré et équitable.  Elle a comblé la fracture numérique par des solutions technologiques conçues pour autonomiser les citoyens.

La plateforme de fourniture de vaccins CoWIN de l’Inde a soutenu la campagne de vaccination et a été mise à disposition du monde comme un bien public.  Il faut garantir une équité vaccinale, a asséné le représentant.  Pour sa part, l’Inde a fourni une assistance médicale et des vaccins à de nombreux pays du monde et elle va renforcer sa capacité de production de vaccins indiens.

Au sujet des changements climatiques, le représentant a fait observer que l’Inde est le seul pays du G20 en voie d’atteindre les cibles de l’Accord de Paris.  La part d’énergie renouvelable dans le mix énergétique atteint par exemple 38%.  Selon lui, l’ambition de parvenir à un monde à zéro émission nette devrait être fondée sur le principe d’une responsabilité commune mais différenciée et sur celui de l’équité.  Les pays développés devraient d’abord montrer qu’ils sont en voie d’atteindre leurs engagements pour 2030 avant de parler de 2050, a-t-il estimé.  En outre, la promesse de ces pays de fournir 100 milliards de dollars pour l’action climatique est loin d’être respectée.

Mme ALLA VOLSKA (Ukraine) a estimé que cette session doit être l’occasion d’examiner le problème de l’insécurité alimentaire en conjuguant les connaissances du passé et le développement scientifique d’aujourd’hui.  L’Ukraine a décidé de rejoindre des initiatives pour contribuer à la sécurité alimentaire au niveau mondial, a-t-elle indiqué, précisant que son pays a exporté des produits alimentaires, avant et pendant la pandémie.  Elle a aussi insisté sur l’importance d’éliminer les obstacles aux échanges commerciaux, pour ensuite suggérer la création d’un mécanisme de prévention de l’insécurité alimentaire et d’alerte rapide en cas de menace à la sécurité alimentaire.

La représentante a également souligné l’importance de la numérisation dans le cadre du développement.  Elle a indiqué que presque la totalité des 70 services du pays sont accessibles en ligne.  Les Ukrainiens ne sont donc plus obligés de faire la queue, de perdre leur temps ou de subir la corruption.  En 2020 un certificat numérique pour les déplacés a été lancé et le Président de l’Ukraine vient par ailleurs de signer une loi portant création du plus grand centre de développement de l’informatique de l’Europe centrale et orientale.  Les services informatiques devraient représenter 12% de notre PIB dans quelques années, a-t-elle ajouté.

M. KUPKUMU (Sierra Leone) est revenu sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) où cette crise a entraîné un recul.  Le représentant a salué la communauté internationale, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les Nations Unies pour avoir mis sur pied le Fonds de relance et de relèvement.  Il a réitéré la nécessité d’un soutien continu à l’ONU pour lui permettre d’aider les PMA à atteindre les ODD.  La Sierra Leone, a affirmé le représentant, continue d’appliquer des initiatives concrètes pour la croissance et la stabilité, grâce au Plan national de développement qui accorde la priorité au développement humain.  L’éducation y est à l’honneur, avec 20% des investissements publics pour assurer à tous les enfants gratuité et qualité de l’enseignement.  Mais, a fait observer le représentant, le déclin de l’aide publique au développement (APD) limite l’accès aux liquidités pour des pays, en particulier les PMA, qui ont déjà des problèmes de solvabilité.  Avant de conclure, il a fait remarquer que la pandémie a mis en évidence le caractère incontournable de la révolution numérique, et, par conséquent, il a demandé des moyens pour un transfert accéléré des technologies et le renforcement des capacités des PMA pour combler le fossé numérique.

M. AHMED HAMOOD FAISAL AL BUSAIDI (Oman)a affirmé partager la préoccupation de la communauté internationale au sujet de l’exploitation par Israël des ressources naturelles dans le territoire palestinien occupé, y compris à Jérusalem-Est et dans le Golan syrien occupé, un point à l’ordre du jour de la Deuxième Commission.  Il a critiqué les dommages causés aux terres agricoles, aux vergers et aux ressources hydriques, en plus de la confiscation de terres, ce qui a considérablement affecté, a-t-il déploré, les capacités du peuple palestinien et de la population arabe des territoires occupés.

Dès lors, le représentant a appelé Israël, en tant que Puissance occupante, à cesser immédiatement de prendre toutes mesures et actions contraires au droit international, notamment le pillage des ressources naturelles dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, et dans le Golan syrien occupé.

M. SONGELAEL W. SHILLA (Tanzanie) a réclamé des efforts coordonnés et l’équité vaccinale pour pouvoir relever les défis conjugués de la pandémie et du développement durable.  À cet égard, il a plaidé pour un système indépendant et apolitique de coordonnateurs résidents des Nations Unies, concentrés sur les priorités du développement durable des pays où ils travaillent.  Depuis 2015, a-t-il affirmé, la Tanzanie intègre le Programme 2030 dans tous ses plans de développement, ce qui lui a permis d’enregistrer une croissance économique « robuste » d’une moyenne de 6 à 7%, sauf pour l’année 2020 où elle a chuté à 4,9%, à cause de la pandémie de COVID-19.  En outre, plusieurs mesures d’atténuation et d’adaptation ont été prises contre les effets des changements climatiques, « l’un des plus grands défis de nos efforts de développement ».

Illustrant la détermination de son pays, le représentant s’est enorgueilli de ce que son pays, en collaboration avec d’autres parties prenantes, ait mis en place un système annuel de reboisement visant à planter 276 millions d’arbres pour constituer un puit de carbone.  Le Gouvernement est sur le point d’interdire le bois de chauffe et le charbon et s’efforce de connecter toute la population au réseau national d’énergie.  Grâce à une production qui est passée de 1 308 mégawatt à 1 602, entre 2015 et 2020, le taux d’accès à l’électricité a bondi de 67,8% à 78,4%.  La centrale hydroélectrique Julius Nyerere en construction devrait produire 2 115 mégawatt, réduire le coût de l’énergie et favorisera l’industrialisation.  Le représentant s’est aussi enorgueilli du succès des réformes qui ont permis de supprimer le chevauchement des mandats parmi les agences de réglementation et d’améliorer le climat des affaires grâce aux plateformes numériques.  La réforme du système fiscal a, quant à elle, attiré les flux d’investissements directs étrangers, s’est aussi réjoui le représentant.

Selon M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie), une des grandes valeurs du nouveau Gouvernement zambien est l’augmentation de la participation des femmes à la gouvernance du pays.  Il a fait savoir que la Zambie a intégré 75% des objectifs de développement durable (ODD) dans son septième plan de développement national ainsi que dans son huitième, le plus récent, courant de 2022 à 2027.

Le pays a enregistré de bons résultats dans le secteur de la santé, de l’éducation et de l’énergie.  Néanmoins, les défis demeurent nombreux, notamment la pandémie, qui a aggravé les inégalités, chamboulé les chaînes d’approvisionnement et les systèmes agricoles, en particulier dans les régions reculées.  Louant les initiatives de l’OMS et d’organisations partenaires visant à faire des vaccins un bien commun, il a indiqué que la Zambie a pour objectif de vacciner 70% de sa population d’ici au troisième trimestre 2022.  En outre, le Gouvernement redouble d’efforts dans sa lutte contre les informations mensongères et les préjugés ayant entraîné une hésitation vaccinale au sein de la population zambienne.

Enfin, concernant l’énergie, l’orateur a déclaré que le secteur privé pouvait engendrer des inégalités d’accès à l’énergie s’il exerçait trop d’influence.  La Zambie veillera donc à ce que ce secteur soit davantage contrôlé.

M. MOHAMED ABDIRAHMAN OMAR (Somalie) a insisté sur l’importance d’adopter des mesures en faveur de la jeunesse, faisant notamment observer que 70% de la population somalienne est jeune.  Il a indiqué que pour éradiquer la pauvreté, le Gouvernement a mené des réformes et élargi son assiette fiscale.  Le pays entend, en outre, préserver la biodiversité et améliorer la gouvernance environnementale, tout en plaçant les changements climatiques au cœur des préoccupations nationales.

M. ALI CHERIF (Tunisie) a relevé que la crise de la COVID-19 avait montré que la communauté internationale avait une destinée commune.  Elle a aussi montré que les mécanismes de coopération et les outils de résilience sont trop fragiles.  Plusieurs pays en développement doivent choisir entre réaliser les objectifs de développement durable (ODD) et se relever après la pandémie, a fait valoir le représentant.  Rappelant que la Tunisie avait présenté son deuxième rapport national volontaire sur la mise en œuvre du Programme 2030 cette année, il a indiqué qu’elle s’était engagée à mettre en œuvre ce programme malgré les défis du terrorisme, des migrations et de la pandémie, entre autres.  La Tunisie s’attache à lutter contre la pauvreté et à assurer la sécurité alimentaire de manière prioritaire, a-t-il précisé, appuyant dans la foulée les résultats du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire tenu en septembre.  Le délégué a insisté sur l’impératif du renforcement de la coopération Sud-Sud et d’une architecture mondiale de lutte contre la corruption.  Il faut, en outre, s’engager à agir résolument contre les changements climatiques, a-t-il plaidé, émettant l’espoir que les résultats de la COP26 seront à la hauteur des attentes de la communauté internationale.

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a d’emblée plaidé pour que les vaccins contre la COVID-19 soient traités comme un bien public mondial.  Parallèlement à la pandémie, le représentant s’est également préoccupé de la menace existentielle des changements climatiques et de leur capacité à infliger des destructions encore plus importantes que celles du coronavirus.

Il a appelé à une action ambitieuse de réduction des émissions pour atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius, alertant du grand risque que courent les petits États insulaires en développement et les États à faible revenu.  Les changements climatiques ne sont pas un phénomène futur, mais actuel.  « Nous en ressentons les effets tous les jours. »

À quelques semaines de la COP26 à Glasgow, le représentant s’est inquiété du fait que l’engagement des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’action climatique dans les pays en développement, n’a pas été respecté.  Il a espéré que cette question sera abordée lors de la COP26 et qu’elle ne restera pas sur la longue liste des engagements non tenus.

Mgr GABRIELE CACCIA, Observateur du Saint-Siège, a déclaré que la pandémie de COVID-19 a fait reculer de cinq ans la réalisation des objectifs de développement durable.  D’ici à 2030, la communauté internationale va devoir déployer des efforts énormes et concertés, a-t-il souligné, et il en va de même pour la mise en œuvre d’autres engagements cruciaux, tels que ceux énoncés dans le Programme d’action d’Addis-Abeba et le Cadre de Sendai.

Pour s’en sortir et mieux se relever, la communauté internationale doit partir d’un sens renouvelé de la fraternité et de la solidarité et miser sur un véritable multilatéralisme, a estimé l’Observateur.  Il a notamment appelé à œuvrer ensemble pour remédier à la situation de ceux qui sont en « marge pharmaceutique » et de ceux qui continuent à endurer des souffrances et des morts inutiles.  C’est particulièrement le cas des vaccins qui doivent être mis à la disposition de tous et partout, a-t-il exigé, appelant par ailleurs à un examen de la fragilité et des insuffisances des systèmes économiques.

Indigné par le fait que les pauvres semblent être devenus presque invisibles, il a appelé à privilégier des modèles économiques centrés sur la personne et le bien commun et qui intègrent aussi des considérations environnementales.  Il a notamment insisté sur l’importance de la protection sociale, y compris pour le secteur informel et les migrants.  Le Saint-Siège souhaiterait, par ailleurs, voir plus de politiques et de programmes axés sur la famille, compte tenu du rôle primordial qu’elle a joué pendant la pandémie.

Pour ce qui est de la Deuxième Commission, le Saint-Siège a appelé à accorder une plus grande attention à la promotion et à la sauvegarde des mandats des différentes entités et forums des Nations Unies, et a dénoncé la tentative de certains de vouloir briser la division utile du travail entre les comités, commissions, réunions et processus, « transformant le tout en organes qui se concentrent sur un nombre limité de questions en litige ».  Plus précisément, a-t-il expliqué, alors que l’importance de respecter les droits de l’homme universels et la dignité humaine dans la promotion du développement humain intégral ne peut être surestimée, la spécificité de ces considérations relève davantage de la Troisième Commission.  Mgr Caccia a également appelé à ne pas perdre de vue le caractère intergouvernemental de la Deuxième Commission, arguant qu’il doit rester la pierre angulaire de ses travaux, y compris de toute délibération sur ses méthodes de travail.  Enfin, il a demandé que le fonctionnement de la Commission pendant la pandémie ne soit jamais utilisé pour modifier de facto son mandat, « qui est et doit continuer d’être la réalisation du développement durable sur ses trois volets intégrés et indivisibles ».

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Arménie a reproché à l’Azerbaïdjan sa rhétorique incendiaire.  Elle a notamment dénoncé ses menaces de recours à la force, mettant en péril la sécurité de la région et cherchant à isoler le Haut-Karabakh du reste du monde.

« L’agression » azérie de 2020 et la destruction d’infrastructures civiles ont été encouragées par un sentiment d’impunité, en violation de la souveraineté du territoire de l’Arménie, selon la délégation, qui a évoqué des « crimes de guerre ».

À son tour, l’Azerbaïdjan a dénoncé les « agressions » et les « attaques délibérées » des forces arméniennes, ayant provoqué de nombreuses victimes civiles, des destructions de maisons, ainsi qu’un « écocide ».  L’Azerbaïdjan n’a fait qu’utiliser son droit à la légitime défense, dans le respect total du droit international, alors que l’Arménie est coupable de « terrorisme environnemental » en exploitant illégalement les ressources naturelles de l’Azerbaïdjan, notamment ses ressources en eau, a affirmé la délégation.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: le P5 affirme sa « responsabilité particulière » en matière de désarmement nucléaire, mais ses membres affichent leurs désaccords

Soixante-seizième session,
5e séance – matin
AG/DSI/3666

Première Commission: le P5 affirme sa « responsabilité particulière » en matière de désarmement nucléaire, mais ses membres affichent leurs désaccords

Dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5 –les puissances nucléaires « officielles au titre du Traité sur la non-prolifération- est essentiel à la stabilité stratégique, a affirmé aujourd’hui le représentant de la France, au nom du groupe, qu’elle préside depuis septembre 2020.  Mais au-delà d’un hommage à la « contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération » apporté par le TNP, les puissances nucléaires qui ont pris la parole aujourd’hui ont surtout affiché leurs désaccords, amenant un État comme la Suisse à insister sur la nécessité de disposer d’un mécanisme de désarmement « qui fonctionne ».

Au quatrième jour du débat général de la Première Commission (chargée des questions de désarmement et de sécurité internationale), les désaccords entre les grandes puissances nucléaires, déjà étalés la veille, se sont de nouveau manifestés à plusieurs reprises.  Certes, au nom du P5, la France a pu saluer le rôle du TNP, rappelé la nécessité de renforcer son troisième pilier consacré aux usages pacifiques de l’énergie atomique, mettre en avant la « responsabilité particulière » du P5 dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, afficher son soutien « aux objectifs » de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est et soutenir la négociation d’un traité multilatéral « non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs » - le projet dit de FMCT.  Mais les déclarations et droits de réponse qui se sont ensuivis ont révélé de nombreux désaccords entre ces États, et pas seulement sur la question nucléaire.

Ainsi, en son nom et en celui de la Fédération de Russie, c’est sur la question des armes biologiques que la Chine s’en est prise aujourd’hui aux États-Unis, les accusant de rester « hors du cadre » de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques et à toxines, à laquelle ils sont partie, et de mener dans leurs laboratoires ou ceux de pays alliés des activités « opaques ».  Ce qui a amené les États-Unis à répondre qu’eux rendaient public le nombre de leurs ogives nucléaires, contrairement à la Russie ou la Chine, reprochant en outre à la seconde de refuser de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles, et à la première de mettre au point de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient s’avérer en contravention avec le Traité New START qu’États-Unis et Fédération de Russie viennent de proroger pour cinq ans.

Toujours dans le domaine des armes de destruction massive, de nouveaux appels ont été lancés à la République populaire démocratique de Corée pour qu’elle s’abstienne de tout nouvel essai nucléaire, et à l’Iran pour qu’il respecte pleinement le Plan d’action global commun et reprenne au plus vite les pourparlers de Vienne.

D’autres intervenants ont intimé à la Syrie de respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), ce à quoi le représentant syrien a répliqué que son pays s’était « mis rapidement en conformité » avec la Convention sur l’interdiction des armes chimiques après y avoir adhéré en octobre 2013, tout en accusant l’OIAC d’être devenu un instrument politisé d’accusation tous azimuts contre la Syrie.  La Bolivie est venue rejoindre la liste des États qui avaient déjà accusé les jours précédents l’OIAC de politisation. 

C’est aussi la politisation trop fréquente des procédures du mécanisme de désarmement que la Suisse a déplorée, estimant qu’elle empêchait les États d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives.

De manière plus positives, les « zones exemptes d’armes nucléaires » ont été souvent citées et saluées comme une contribution importante au désarmement et à la non-prolifération, les pays latino-américains ne manquant jamais de mettre en avant le rôle précurseur du Traité de Tlatelolco, qui avait mis en place la première d’entre elles.  Plusieurs pays arabes ont appelé à la mise en place d’une telle zone au Moyen-Orient, à l’image d’Oman ou du Liban.  Ce dernier pays a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP.

Enfin, la question des systèmes d’armes létaux autonomes a été abordée par plusieurs délégations qui se sont dites préoccupées par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables qu’ils posaient, à l’instar de l’Irlande et de la Suisse.  Rappelant sa candidature à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, cette dernière a dit avoir l’intention d’y promouvoir sa propre stratégie de maîtrise des armements en cours d’élaboration et s’est prononcée pour le maintien d’un contrôle humain en dernier ressort sur les systèmes d’armes létaux autonomes, en raison des menaces qu’elles font peser sur le droit international humanitaire.

La séance a été marquée par l’exercice de nombreux droits de réponse de la part de l’Iran, des États-Unis, de la République populaire démocratique de Corée, de la Fédération de Russie, de l’Arabie saoudite, de l’Arménie, de la Chine et de l’Azerbaïdjan.

Demain, vendredi 8 octobre, à 10 heures, la Première Commission tiendra un débat virtuel par visioconférence avec la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, qui sera suivi d’un dialogue entre les délégations et des organisations non gouvernementales.  Elle reprendra son débat général lundi 11 octobre à 10 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT LE DÉSARMEMENT ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

M. YANN HWANG (France), au nom des cinq puissances nucléaires au sens du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires –le P5: Chine, États-Unis, Fédération de Russie, Royaume-Uni et France-, a réaffirmé que, 50 ans après son entrée en vigueur, le TNP avait apporté une contribution essentielle au désarmement nucléaire et à la non-prolifération.  La France a succédé au Royaume-Uni en tant que coordonnatrice du P5 en septembre 2020, a rappelé le représentant, qui a expliqué que ses membres attachaient une grande importance au dialogue sur les doctrines et les politiques nucléaires comme moyen de renforcer la prévisibilité, la confiance et la compréhension mutuelle.

M. Hwang a affirmé que le P5 soutenait la négociation d’un traité multilatéral non discriminatoire, internationalement et effectivement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles utilisées pour produire des armes nucléaires et d’autres dispositifs nucléaires explosifs.  Il a également réaffirmé son soutien aux objectifs de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est ainsi que sa volonté d’approfondir les échanges avec les États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) concernant le Traité de Bangkok.  Le P5 rappelle en outre la nécessité de renforcer le troisième pilier du TNP, consacré aux usages pacifiques de l’énergie nucléaire.  Il considère par ailleurs qu’il a une responsabilité particulière dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. Hwang a conclu en expliquant que, dans un contexte de sécurité tendu, la poursuite et le renforcement du dialogue entre les membres du P5, ainsi qu’entre États dotés et non dotés, était essentiel à la stabilité stratégique. 

M. GENG SHUANG (Chine), s’exprimant également au nom de la Fédération de Russie, a lu une déclaration commune aux deux pays à propos de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.  Il a notamment indiqué que, pour les deux pays, la Convention représentait un pilier essentiel de la paix et de la sécurité internationale et, qu’à ce titre, ils étaient déterminés à maintenir son statut et sa portée.  La Fédération de Russie et la Chine appellent à consolider le socle de la Convention en la complétant d’un protocole juridiquement contraignant assorti de mécanismes de vérification efficaces.  Évitons de multiplier les dispositifs et créons plutôt des normes opérationnelles pour renforcer en particulier le mécanisme d’enquête existant prévu en cas de violations, a ajouté le représentant. 

M. Geng a ensuite déploré que les États-Unis persistent à rester hors du cadre de la Convention alors que les risques augmentent, liés à la nature à double usage des produits biologiques issus des progrès rapides de la science et des technologies du vivant.  Il a pointé du doigt les nombreux laboratoires américains et de leurs alliés qui se livrent à des activités qu’il qualifiées d’opaques.  La Chine et la Russie leur lancent un appel à la transparence, a dit le représentant, soulignant l’importance de transmettre des informations claires via les rapports soumis à la Convention, rapports qui sont de véritables mesures de confiance

M. ANTONIOS PAPAKOSTAS (Grèce) a déclaré attendre avec impatience les délibérations de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), qui doit se tenir en janvier 2022.  Il a expliqué que la Grèce accordait une grande importance à la mise en œuvre rigoureuse des normes de sûreté et des documents d’orientation de l’AIEA en matière de sécurité nucléaire.  Il a de plus vivement encouragé les États qui ont choisi l’énergie nucléaire dans leur bouquet énergétique à divulguer leurs rapports dans un esprit de transparence.  Un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires (FMCT), associé à l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), constituerait la meilleure façon d’avancer, a-t-il ajouté.

Le Représentant a déclaré que la prochaine Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines, en 2022, constituerait un test décisif pour l’avenir de la coopération internationale et la pertinence continue des traités de désarmement internationaux.  Il a conclu en expliquant que, dans le domaine du désarmement conventionnel, le monde assistait à des avancées par étapes, représentatives d’un dialogue constructif et progressif. 

Mme ALIA AHMED BIN SAIF AL-THANI (Qatar) a rappelé l’émergence et la persistance des conflits armés dans de nombreux pays du monde et a encouragé la communauté internationale à faire plus pour la paix et la stabilité des sociétés.  Concernant la propagation des armes y compris les armes, nucléaires, chimiques, biologiques et autres armes de destruction massive, la représentante a appelé au désarmement à tous les niveaux, pour lutter contre l’intensification des menaces contre l’humanité.  Elle a souligné l’importance d’adhérer à tous les accords et traités relatifs au désarmement afin de parvenir à la paix et à l’espoir.

M. JIM KELLY (Irlande) a déclaré qu’aucun État ni aucune organisation internationale ne serait en mesure de faire face de manière adéquate aux conséquences catastrophiques et humanitaires de la détonation d’une arme nucléaire.  Le TNP reste la pierre angulaire du régime de désarmement et de non-prolifération, a-t-il rappelé, ajoutant que son article VI, ainsi que les résultats des consensus passés, fournissaient un cadre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires, dont la mise en œuvre n’a que trop tardé. 

Plutôt que d’entraver les progrès en matière de désarmement, comme certains le prétendent, les défis actuels en matière de sécurité mondiale renforcent la nécessité d’une action immédiate, a poursuivi M. Kelly.  L’Irlande a expliqué le représentant, soutient fermement le Plan d’action global commun et demande instamment à toutes les parties à l’Accord de retourner à Vienne pour conclure les pourparlers, une coopération totale avec l’AIEA étant essentielle pour que la communauté internationale ait confiance dans la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.  M. Kelly a également déploré les activités nucléaires et balistiques actuelles de la République populaire démocratique de Corée, qui représentent une menace sérieuse.

S’attaquer aux effets très divers de l’utilisation d’armes explosives dans les zones habitées est une priorité absolue pour l’Irlande, a poursuivi M. Kelly.  Lors de la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques, l’Irlande soutiendra en outre l’universalisation de la Convention et de ses protocoles.  M. Kelly s’est enfin dit préoccupé par les dilemmes éthiques, moraux et juridiques considérables que posait le développement de systèmes d’armes létaux autonomes.

Mme YOKA BRANDT (Pays-Bas) s’est inquiétée de l’émergence de nouvelles technologies appliquées aux armes des destruction massive.  Face aux insuffisances de l’architecture internationale de désarmement, la représentante a rappelé que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) demeurait la pierre angulaire du régime de non-prolifération et de désarmement.  La représentante s’est dite vivement préoccupée par les mesures prises par l’Iran ces derniers temps avant d’exhorter ce pays à revenir aux fondamentaux d Plan d’action global commun.  Elle a aussi jugé inacceptable que la République populaire démocratique de Corée soit dotée de l’arme nucléaire.

Face à la triste réalité de récentes utilisations d’armes chimiques, la représentante des Pays-Bas a dit la nécessité de protéger l’intégrité de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  Elle a noté par ailleurs que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence les risques potentiels liés aux armes biologiques.  Elle s’est aussi inquiétée de l’avancée rapide des technologies qui viennent aggraver les risques de prolifération, de tensions et conflits. 

Mettant l’accent sur une utilisation responsable du cyberespace, la représentante des Pays-Bas a salué les contributions du Groupe de travail à composition non limitée sur les progrès de l’informatique et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.  Elle a aussi jugé indispensable une démarche multilatérale pour établir un cadre de prévention face au développement des systèmes d’armes létaux autonomes (SALA).  En tant que « défenseur de longue date de la lutte contre les mines antipersonnel et cette année en tant que Président de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel », les Pays-Bas appellent tous les États à adhérer à cette convention, a encore déclaré Mme Brandt. 

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, jugeant qu’il contribuerait sans aucun doute possible à débarrasser la planète de ces armes qui posent une menace existentielle au monde.  Il a indiqué que les autorités de son pays n’avaient pas pu le ratifier cette année en raison « du coup d’État commis par l’armée ».  Il a également annoncé que le projet de résolution de sa délégation sur le désarmement, projet qui est soumis annuellement depuis 1995, sera de nouveau proposé pour une adoption par consensus.  Les mesures concrètes que suggère ce texte aux États dotés et non dotés en faveur du désarmement nucléaire jouissent d’un large appui de la part de la Commission, a-t-il rappelé.  Enfin, le représentant a exhorté les pays producteurs et fournisseurs d’armes à mettre fin à leurs ventes à l’Armée du Myanmar, le gouvernement civil ne pouvant en contrôler le stockage et en empêcher les usages criminels contre le peuple.

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que le TNP était la pierre angulaire des efforts communs en matière de désarmement, de non-prolifération et d’utilisation pacifique du nucléaire.  En tant que membre de l’Initiative de Stockholm, la Norvège se réjouit du nombre croissant d’États parties au TNP qui s’alignent sur les recommandations de cette dernière.  La représentante a de plus souhaité l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires ainsi que la négociation et la conclusion d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires.

Mme Juul s’est déclarée gravement préoccupée par les efforts continus de la République populaire démocratique de Corée pour développer des armes de destruction massive et a demandé au pays d’abandonner ses programmes nucléaire et balistique.  Elle a ensuite déploré le manque de coopération de l’Iran avec l’Agence internationale de l’énergie atomique et a demandé au pays de se conformer pleinement au Plan d’action global commun.

La représentante a salué la décision de la Fédération de Russie et des États-Unis de prolonger le Traité New START et de reprendre le dialogue stratégique sur la stabilité.  Elle s’est en revanche dite consternée face au refus de la Fédération de Russie de répondre aux appels à une enquête approfondie et transparente sur la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny.  Elle s’est en outre dite profondément préoccupée par l’incapacité persistante de la République arabe syrienne à répondre aux questions en suspens depuis sa déclaration initiale sur son programme d’armes chimiques.

La Norvège reste engagée en faveur de la prévention d’une course aux armements dans l’espace, afin d’y maintenir un environnement pacifique, sûr, stable, sécurisé et durable, accessible à tous.  Par conséquent, elle soutient la création d’un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable des États, comme le propose le Royaume-Uni.  La représentante a conclu en soulignant l’importance d’inclure une perspective de genre dans tous les efforts de contrôle des armes, et a dit soutenir l’intégration du programme pour les femmes, la paix et la sécurité dans ce domaine.

Mme PASCALE CHRISTINE BAERISWYL (Suisse) s’est inquiétée de constater que les dépenses d’armement mondiales ont atteint leur plus haut niveau depuis des décennies alors que de nouveaux types d’armes font peser le risque d’une course technologique aux armements.  « Dans cette perspective, la Suisse développe actuellement sa première stratégie de maîtrise des armements pour les années 2022-2025 », a expliqué Mme Baeriswyl avant de préciser que la Suisse, candidate à un siège au Conseil de sécurité pour la période 2023-2024, souhaite y promouvoir cette stratégie. 

Mettant l’accent sur « trois considérations clefs », la représentante a d’abord souligné la nécessité de promouvoir la stabilité et l’atténuation des risques face à une détérioration de la sécurité internationale liée aux développements technologiques et un affaiblissement de l’architecture de la maîtrise des armements.  La Suisse, dans le cadre de l’Initiative de Stockholm, a proposé un programme d’atténuation des risques pour la prochaine Conférence d’examen du TNP, a expliqué la représentante, qui s’est en outre félicitée que les États-Unis et la Russie aient prorogé le Traité New START et aient amorcé un dialogue sur la stabilité stratégique. 

Deuxièmement, pour la Suisse, le maintien et le renforcement d’un ordre international fondé sur les règles « est une tâche urgente ».  Mme Baeriswyl a souhaité que les instruments et normes existants soient maintenus, intégralement mis en œuvre, respectés et, si nécessaire, universalisés.  Dans ce contexte, elle a estimé que la prochaine Conférence d’examen du TNP devait être l’occasion de réaffirmer les engagements antérieurs.  De même, aux fins de préserver les bénéfices du Plan d’action global commun, la Suisse juge essentiel un retour rapide à sa mise en œuvre intégrale par toutes les parties, y compris l’application provisoire du Protocole additionnel, l’application de toutes les mesures de transparence prévues, et une reprise immédiate d’une collaboration entière et constructive avec l’AIEA.

La représentante a mis en avant la question des systèmes d’armes létaux autonomes, pour lesquels des règles et mesures sont nécessaires, afin d’assurer un contrôle humain sur ces systèmes qui ne peuvent être utilisés conformément au droit international humanitaire.  Elle a par ailleurs salué la proposition de créer un groupe de travail à composition non limitée sur le comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique avant d’appeler à développer le cadre normatif existant relatif à l’utilisation du cyberespace. 

Enfin, pour assurer la mise en œuvre des normes existantes et, lorsque nécessaire, le développement de nouvelles normes, la Suisse a insisté sur la nécessité de disposer d’un mécanisme du désarmement qui fonctionne.  « Trop souvent les procédures de notre mécanisme sont politisées, nous empêchant d’agir ensemble et de prendre des mesures préventives », a-t-elle déploré, avant d’appeler à développer des solutions innovantes avec tous les acteurs clefs, dont la société civile, le monde académique et, lorsqu’approprié, l’industrie.

M. DENNIS FRANCIS (Trinité-et-Tobago) a déclaré que, contrairement à ce qu’affirment les doctrines officielles, la dissuasion faisait le lit de l’escalade.  C’est pourquoi nous restons convaincus que l’élimination totale des armes nucléaires et autres armes de destruction massive offre la seule garantie effective de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Le représentant a rappelé que son pays fait partie d’une région qui a établi la première zone exempte d’armes nucléaires, Trinité-et-Tobago faisant, dans ce contexte, preuve d’un engagement de longue date pour le renforcement du régime multilatéral de non-prolifération.  M. Francis s’est en outre réjoui de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des armes nucléaires au début de cette année et a assuré que son pays participerait activement à la première réunion des États parties, qui se tiendra en 2022.

Concernant les armes classiques, M. Francis a souligné le plein engagement de son pays dans la mise en œuvre des instruments onusiens du désarmement en la matière.  Notre gouvernement réaffirme l’importance de promouvoir le rôle des femmes à tous les niveaux du désarmement, de la non-prolifération et le contrôle des armements, a-t-il encore souligné.

Mme NATASCIA BARTOLINI (Saint-Marin) s’est dite très préoccupée par l’érosion de l’architecture de désarmement et de non-prolifération, en particulier par le risque de prolifération des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires.  « Les risques d’escalade et d’erreur de calcul augmentent », a-t-elle insisté avant de souligner les conséquences humanitaires catastrophiques d’une éventuelle explosion nucléaire.  Face à ce constat, elle a jugé essentiel que les États Membres se réengagent fermement à faire avancer le programme de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  

La représentante s’est inquiétée que 25 ans après l’ouverture à la signature du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la perspective de son entrée en vigueur ne soit toujours en vue.  Elle a espéré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) en 2022 se traduirait par un résultat positif.  « Saint-Marin se félicite de la prorogation du nouveau Traité New START entre les États-Unis et la Fédération de Russie et du dialogue bilatéral en cours pour la future maîtrise des armements », a-t-elle par ailleurs ajouté, avant de souligner que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) représentait une étape historique et prouvait que la majorité des pays soutenait une interdiction totale des armes nucléaires.  Mme Bartolini a aussi rappelé que l’utilisation d’armes chimiques ou biologiques par qui que ce soit, à tout moment et en toutes circonstances, était tout simplement inacceptable.

Par ailleurs, Mme Bartolini a dénoncé l’impact dévastateur et aveugle sur les civils de l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées avant d’appeler toutes les parties à s’abstenir d’utiliser ces armes dans ces zones et à se conformer pleinement au droit international humanitaire.  « L’utilisation abusive du cyberespace est également très préoccupante », a-t-elle dit, avant d’ajouter que la cybercriminalité constituait l’une des menaces à la sécurité internationale qui se développe le plus rapidement.  Elle a jugé essentiel de soutenir un comportement étatique responsable dans le cyberespace, où l’état de droit, les droits de l’homme et les libertés fondamentales doivent être respectés et mis en œuvre.

Mme SARA AlVARADO (Pérou) a déclaré que le monde se trouvait plongé dans un scénario d’incertitude où persistaient les sources de conflits et les menaces pour la paix et la sécurité internationales, encore accrues en raison de la crise sanitaire mondiale.  Dans ce monde instable où les armes nucléaires constituent à nouveau une menace pour la paix, une action régionale concertée visant à établir des zones exemptes d’armes nucléaires et des zones de paix revêt une importance vitale, a ajouté la représentante.

Mme Alvarado a rappelé que la région d’Amérique latine et des Caraïbes avait été pionnière dans la création d’une zone exempte d’armes nucléaires par le Traité de Tlatelolco, qui a ensuite servi d’inspiration à quatre autres zones exemptes d’armes nucléaires dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-Est, en Afrique, en Asie centrale et sur le territoire de la Mongolie, regroupant au total 116 États et couvrant plus de 50% de la surface de la planète.  En outre, le Pérou appuie l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.

La représentante a considéré qu’il était nécessaire d’adopter un instrument juridiquement contraignant afin de mettre pleinement en œuvre le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC), ainsi que l’Instrument international de traçage (ITI).  Par ailleurs, le Pérou se félicite du lancement prochain des travaux du nouveau groupe de travail à composition non limitée en vue d’atteindre un instrument juridiquement contraignant qui, a-t-il estimé, nous permettra de parvenir à un cyberespace ouvert, sûr et pacifique. Enfin, Mme Alvarado a déclaré qu’un équilibre était nécessaire entre les ressources allouées aux dépenses militaires et celles allouées au développement

M. VADIM GUSMAN (Azerbaïdjan) a appuyé tous les efforts de désarmement et de non-prolifération.  Il a précisé que l’Azerbaïdjan, en tant qu’État partie à tous les traités pertinents de désarmement, appuyait les trois piliers du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), lesquels doivent être mis en œuvre de manière équilibrée.  L’objectif du désarmement est de garantir la paix et la stabilité, a insisté le représentant, avant de souligner la valeur ajoutée des mécanismes régionaux de désarmement en matière de promotion de la confiance.

Mettant l’accent sur le récent conflit de son pays avec l’Arménie, le représentant de l’Azerbaïdjan a affirmé que son pays avait dû lancer une contre-offensive le 27 septembre 2021 en réponse à une agression de l’Arménie.  Il a ajouté que l’Azerbaïdjan avait fait usage de droit de légitime défense, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international.  M. Gusman a en outre dénoncé l’utilisation indiscriminée de la force par les forces arméniennes contre des zones densément peuplées en Azerbaïdjan, qui ont fait plus de 400 morts parmi les civils.  Il a dénoncé « l’agressivité de l’Arménie » avant de préciser que les mines antipersonnel disposées par l’Arménie continuaient de tuer des civils innocents en Azerbaïdjan, avant de demander aux dirigeants arméniens de remettre à son gouvernement une carte localisant ces mines.

« Après trois décennies de conflits entre nos deux pays », le représentant a affirmé que la seule priorité du Gouvernement de l’Azerbaïdjan était aujourd’hui la reconstruction des infrastructures, afin de garantir une bonne qualité de vie aux populations qui vont pouvoir rentrer chez elles.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a expliqué que le désarmement était un instrument de prévention des conflits et a souhaité que les travaux visant à créer de nouvelles zones exemptes d’armes nucléaires se poursuivent en mobilisant le plus grand nombre.  Revenant sur le lien entre désarmement et développement, il a expliqué que, malgré les nombreuses preuves indiquant que l’accumulation excessive d’armes détournait les ressources nécessaires au développement et alimentait les conflits armés et la violence, la course aux armements ne ralentissait pas.  Il a d’ailleurs appelé au respect des dispositions de l’Article 26 de la Charte des Nations Unies qui reconnaît le désarmement comme condition préalable au développement. Il existe un lien étroit entre le désarmement et la réalisation de l’objectif 8 de développement durable, relatif à la promotion d’un travail décent et de la croissance économique, a-t-il ajouté.

Le Cameroun soutient l’objectif d’une réduction significative du trafic illicite d’armes, y voyant le reflet de l’importance de la maîtrise des armes pour promouvoir la paix et la sécurité.  Afin de trouver des solutions durables et cohérentes mettant l’accent sur le problème du contrôle des armes légères, véritables armes de destruction massives, M. Nyanid s’est dit favorable au renforcement des capacités institutionnelles des États à prévenir la violence, le terrorisme et la criminalité.  L’éducation en matière de désarmement, qui promeut une culture de la paix et la non-violence, est d’une importance certaine, a poursuivi M. Nyanid.  Le représentant a conclu en disant sa conviction que l’investissement dans le désarmement et la maîtrise des armes était direct à long terme dans la paix et la sécurité et, donc, dans le développement durable.

M. JONIBEK HIKMAT (Tadjikistan) a déclaré que le renforcement des mécanismes multilatéraux de contrôle des armes, de désarmement et de non-prolifération était essentiel au maintien de la sécurité et de la stabilité mondiales.  Il a rappelé que le Tadjikistan faisait partie des cinq pays d’Asie centrale qui avaient créé une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale et s’est déclaré convaincu que la création de telles zones était essentielle pour promouvoir le désarmement nucléaire, la non-prolifération, la paix et la sécurité aux niveaux régional et mondial.  La menace de la prolifération nucléaire reste une source de préoccupation sérieuse, a insisté le représentant, expliquant que le Traité sur la non-prolifération restait sans aucun doute une pierre angulaire de l’architecture de sécurité internationale et du régime de non-prolifération mondial.  Il a appelé à la mise en œuvre des dispositions du TNP, ainsi qu’à l’application rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

M. HikmatJonibek a dit attacher une grande importance à la mise en œuvre efficace de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, et soutenir le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans la lutte contre le commerce illicite des armes légères et de petit calibre.  Il s’est enfin félicité du lancement du processus de négociation dans le format du Groupe de travail à composition non limitée des Nations Unies sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale.

Mme RUTH HILL (Australie) a soutenu la prise de mesures pragmatiques pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.  L’implication de la Chine au dialogue stratégique bipartite entre Russes et Chinois est nécessaire pour ouvrir une nouvelle ère de transparence dans la vérification du désarmement et de la non-prolifération nucléaire, a-t-elle ajouté. 

La représentante a ensuite estimé que les installations nucléaires non déclarées de l’Iran constituaient une violation du Plan d’action conjoint, et que la République populaire démocratique de Corée devait prendre sans délais des mesures claires de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire.  Mme Hill a en outre déclaré que les auteurs d’attaques chimiques en Syrie devraient répondre de leurs actes devant des tribunaux internationaux, la Syrie devant pour l’heure respecter ses obligations envers l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Après avoir plaidé pour une féminisation accrue des activités de désarmement à l’ONU, la représentante a assuré que son pays poursuivait le combat auprès de la Conférence du désarmement à Genève.  Concernant le programme de modernisation des sous-marins de son pays, la représentante a assuré que son gouvernement travaillait main dans la main et de manière constructive avec l’Agence internationale de l'énergie atomique.

M. AHMED DAWOOD ALI AL ZADJALI (Oman) a déclaré être favorable aux relations amicales et à la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi qu’au règlement des différends par des moyens pacifiques en accord avec les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.  Oman attache en outre la plus haute importance aux traités internationaux dans le domaine du désarmement, parmi lesquels figurent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Traité sur les armes biologiques, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le Traité d’interdiction des armes chimiques.

Le représentant a réaffirmé son soutien à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et chimiques et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a de plus affirmé le droit légitime des États parties, sans exception, d’obtenir des matières, équipements et technologies nucléaires à des fins pacifiques, conformément aux dispositions du TNP et dans le cadre des normes et contrôles supervisés par l’Agence internationale pour l’énergie atomique.

Pour le représentant, le monde est à un tournant historique des relations internationales.  L’interdépendance, la compréhension et la coopération constructive sont le moyen de passer du stade de l’instabilité au stade de la coopération et du renforcement de la confiance, afin d’aboutir à un monde exempt de menaces, a-t-il conclu.

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a notamment estimé nécessaire que, tant qu’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes nucléaires ne sera pas conclu, tous les États respectent le moratoire en vigueur sur les matières fissiles.  Il a exhorté la République populaire démocratique de Corée à s’abstenir de toute provocation et à prendre des mesures concrètes de dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de son appareil militaire, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.  Après avoir appuyé les travaux de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques et condamné les attaques chimiques de l’aviation syrienne, il a invité instamment la Russie à faire toute la lumière sur l’affaire Nalvany.  Améliorer la biosûreté et la biosécurité est un élément essentiel du mécanisme de désarmement de demain, alors que se multiplient les progrès de la science et des technologies ayant un double usage potentiel, a également fait valoir le représentant.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé qu’il y a 75 ans, la création des Nations Unies avait pour objectif de débarrasser le monde de la menace nucléaire et a déploré que le régime de contrôle des armes nucléaires soit aujourd’hui au plus bas.  La représentante a insisté sur le fait que certains pays avaient augmenté leur armement nucléaire en infraction avec le TNP, tout en relevant deux signes d’espoir: la prolongation de cinq ans du Traité New START par la Fédération de Russie et les États-Unis ainsi que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en janvier dernier.

Mme Mudallali a mis en avant l’importance de la prochaine Conférence d’examen de la TNP afin de promouvoir la dénucléarisation et en a profité pour souligner la nécessité de progresser vers l’élimination des armes nucléaires.  Elle a de plus souligné l’importance de la zone d’exemption nucléaire au Moyen-Orient et a déploré qu’Israël, seul pays détenteur de l’arme nucléaire dans la région, ne soit pas signataire du TNP.  Israël doit se conformer aux normes internationales, a-t-elle insisté.

Le Liban est engagé dans la Convention sur les armes à sous-munitions, a en outre rappelé Mme Mudallali qui a insisté sur la nécessité de l’universalisation de ce Traité.  La représentante a conclu en mettant en avance l’importance de préserver le cyberespace de la course aux armements.

M. CAROLYN ABENA ANIMA OPPONG-NTIRI (Ghana) a déclaré que l’accumulation d’armes légères et de petit calibre pesait tout particulièrement sur la sécurité des femmes, y compris en Afrique.  C’est en ce sens qu’il a appelé à l’universalisation du Traité sur le commerce des armes, appelant les pays producteurs et exportateurs d’armes de s’engager plus en avant dans la mise en œuvre équilibrée de cet instrument.

Mme WANG SHUO (Singapour) a mis en avant l’importance du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) en tant que pierre angulaire du régime international de désarmement et de non-prolifération.  La représentante a dit espérer que la dixième Conférence d’examen du TNP se traduirait par des efforts conjoints en vue de solutions communes.  Alors que vient d’être célébré le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), Mme Shuo a exhorté tous les États Membres, particulièrement ceux figurant à l’Annexe 2 du Traité, à le ratifier.

La représentante a aussi exhorté les États Membres à poursuivre les discussions sur l’élaboration de normes internationales pour le transfert d’armes classiques afin de mettre fin à leur commerce illicite et de réglementer les stocks.  Elle a réitéré le soutien de Singapour aux efforts visant à promouvoir une plus grande transparence dans les armements, tels que des rapports réguliers sur les transferts internationaux d’armes et les politiques de contrôle des armements.

Les Nations Unies doivent jouer un rôle de premier plan dans le développement de « cybernormes internationales », a encore déclaré Mme Shuo, qui a par ailleurs plaidé en faveur d’une utilisation exclusivement pacifique de l’espace extra-atmosphérique en appelant à éviter la militarisation de ce « bien commun mondial ».

MEMET MEVLÜT YAKUT (Turquie) a déclaré que son pays saluait la prorogation du Traité New START et a noté que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires restait essentiel au régime multilatéral de non-prolifération.  Il a condamné l’utilisation répétée d’armes chimiques en Syrie, qu’il a qualifiée de crimes contre l’humanité.  Sur les armes classiques, il a rappelé l’attachement à la mise en œuvre de la Convention d’Ottawa et la Convention sur les armes à sous-munitions, toutes deux comportant une importante dimension humanitaire.

M.  AGUSTIN SANTOS MARAVER (Espagne) a dit que l’extension du traité New START et la reprise des pourparlers de stabilité stratégique entre les États-Unis et la Russie offrent la perspective d’un nouveau cadre de contrôle des armements nucléaires, couvrant tous les vecteurs et tous les types d’armes.  Il a réaffirmé la centralité du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui a permis d’importantes avancées en matière de désarmement, de non-prolifération et de promotion des utilisations pacifiques de la technologie nucléaire.  « L’Espagne est attachée à l’Initiative de Stockholm, capable de rassembler différentes sensibilités et de jeter des bases solides pour pouvoir avancer de manière décisive vers un désarmement nucléaire général, complet et irréversible », a insisté Santos Maraver.  Il a aussi réitéré le ferme attachement de l’Espagne à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), avant de saluer la reprise des négociations pour l’adoption d’un traité interdisant la production de matières fissiles.  Il a appuyé la tenue d’une nouvelle session de la Conférence pour l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant de qualifier le Plan d’action global entériné par la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, de contribution fondamentale au régime international de non-prolifération nucléaire et à la stabilité régionale. Dans ce contexte, le représentant de l’Espagne a appelé l’Iran à honorer leurs engagements et à reprendre les pourparlers de Vienne dès que possible.

S’inquiétant de l’évolution de la situation en Corée du Nord, le représentant a exhorté la République populaire démocratique de Corée (RPDC) à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, à s’abstenir de nouveaux essais nucléaires et à parier sur le dialogue en vue de leur dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible.  L’Espagne a aussi réitéré sa condamnation la plus ferme de toute utilisation d’armes chimiques en saluant « le travail extraordinaire de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en réponse à l’utilisation de ce type d’armes dans le conflit en Syrie.  Notant que l’impact de la pandémie s’est armé d’arguments en faveur du renforcement du cadre de la Convention sur l’interdiction des armes bactériologiques ou à toxines, le représentant espagnol a souhaité que la prochaine et neuvième Conférence d’examen de cette convention, soit l’occasion d’adopter des mesures concrètes et pratiques, telles qu’un protocole de vérification efficace.  En outre, il a mis l’accent sur le renforcement des capacités pour aider les États à mettre en œuvre le Traité sur le commerce des armes et le Programme d’action de l’ONU contre la prolifération des armes légères. 

M.DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a expliqué que son pays avait le privilège d’être membre d’une région déclarée zone de paix et que, forte de ce statut, la Bolivie s’opposait à toute modernisation et perfectionnement des armes existantes.  Il a ajouté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) était un élément fondamental du désarmement et de la sécurité internationale, et a dit espérer que la dixième Conférence des États parties se tiendrait comme prévu et permettrait d’avancer.  Le représentant a salué l’Accord conclu entre la Fédération de Russie et les États-Unis pour proroger le Traité New START.  Il a en outre rejeté de manière catégorique l’utilisation d’armes chimiques et salué les travaux réalisés par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) dans ce domaine, en souhaitant qu’ils puissent se poursuivre sans être politisés.

« Nous voulons empêcher la militarisation de l’espace extra-atmosphérique » a par ailleurs affirmé le représentant, qui s’est ensuite inquiété des possibles effets des progrès scientifiques sur la sécurité internationale.  Pour la Bolivie, ces progrès ne doivent pas se traduire par de nouvelles menaces pour la sécurité des États.  M. Diego a également mis en avant l’importance de l’ancien groupe de travail à composition non limitée sur la cybersécurité et a rappelé que la pandémie avait démontré que les défis internationaux ne pouvaient être relevés qu’à travers la coopération internationale.

Mme MAKARABO HYCINTH MOLOELI  (Lesotho) s’est dite préoccupée par l’impasse dans laquelle se trouve le mécanisme de désarmement des Nations Unies.  L’incapacité de la Conférence des Nations Unies sur le désarmement à réaliser des progrès substantiels a sans aucun doute mis en péril la crédibilité de cet organe, a-t-elle regretté.  La représentante a reconnu les quelques progrès réalisés récemment avec la ratification et l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Mais il reste beaucoup à faire, notamment de la part des États dotés d’armes nucléaires, a-t-elle estimé, évoquant le stock massif d’armes nucléaires existant ainsi que la modernisation de ces armes.

Le plein respect des dispositions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) est essentiel pour notre programme de désarmement nucléaire, a ensuite poursuivi Mme Moloeli.  La représentante a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires n’était toujours pas entré en vigueur, appelant les États qui se sont engagés à le ratifier à le faire réellement.  

Malgré l’entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, les armes conventionnelles continuent de nous infliger des souffrances indicibles, a également déploré Mme Moloeli, pour qui la mise en œuvre complète du programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre est d’une importance capitale.

LESLIE NORTON (Canada) a déclaré qu’il était profondément préjudiciable à la communauté internationale et à l’humanité dans son ensemble que si peu de progrès aient été accomplis vers un désarmement nucléaire mondial.  Le Canada accueille donc favorablement la prorogation du Traité New START ainsi que l’annonce d’un dialogue stratégique entre la Fédération de Russie et les États-Unis.  Le représentant a en outre mentionné une résolution qui sera présentée par son pays et vise à entamer les négociations d’un traité sur l’interdiction de la production de matières fissiles.  Nous continuerons également à plaider en faveur de l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a-t-il ajouté.

L’adhésion aux principaux accords internationaux sur les armes conventionnelles favorise la stabilité et la coopération, et protège activement les civils contre les conflits armés, a poursuivi M. Norton.  Le représentant a encouragé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à adhérer à la Convention sur certaines armes classiques et à ses protocoles, à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, à la Convention concernant les armes à sous-munitions et au Traité sur le commerce des armes.

Enfin, le Canada accorde une grande importance à la préservation de l’utilisation pacifique et durable de l’espace extra-atmosphérique pour toutes les nations.  Il accueille favorablement l’élaboration de normes internationales en matière de comportement responsable dans l’espace extra-atmosphérique, notamment la création d’un groupe de travail à composition non limitée proposée dans la résolution intitulée « Réduire les menaces spatiales au moyen de normes, de règles et de principes de comportement responsable ».

M. BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a déploré le refus d’Israël, « protégé par les États-Unis », de répondre aux appels de tous les États à renoncer à son arsenal d’armes de destruction massive, un comportement qui, à ses yeux, sape le régime de non-prolifération.  Il a également condamné le recours aux armes chimiques, raison pour laquelle la Syrie « s’est mise rapidement en conformité avec l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques ».  Malheureusement, la politisation de cette Organisation a abouti à en faire un instrument d’accusation tous azimuts de la Syrie, la prenant pour cible dans tous ses mécanismes, a dénoncé le représentant.  M.  Sabbagh a affirmé que son pays avait adressé des centaines de lettres aux différents organes de l’ONU contenant des informations importantes sur l’utilisation sur son sol de toxines par des groupes terroristes étrangers.  Or, ces communications de la Syrie n’ont jamais été utilisées avec sérieux, a-t-il regretté.

Droits de réponse

La République islamique d’Iran a réagi à certaines accusations faites à son encontre par certains pays européens et l’Arabie saoudite.  La réalité c’est que l’Iran a respecté ses obligations au titre du Plan d’action global commun, a affirmé le représentant, alors que d’autres pays partenaires ne l’ont pas fait.  L’Iran est disposé à continuer à le faire à condition que les autres partenaires de l’Accord respectent également leurs engagements.  Il exhorte les pays européens à faire pression sur les États-Unis pour qu’ils reviennent dans le cadre d’action du Programme et respectent les dispositions de la résolution 2231 (2015).  Quant à l’Arabie saoudite, l’Iran lui reproche de ne manquer aucune occasion pour saper la mise en œuvre efficace du Plan d’action global commun.  Alors que le représentant saoudien soulève des questions sans fondement relatives au programme nucléaire iranien, l’Arabie saoudite elle-même ne coopère pas pleinement avec l’AIEA et accumule massivement des armements sur son sol, ce qui alimente l’insécurité régionale, a affirmé le représentant.

Les États-Unis, ont répondu aux accusations « d’opacité » de la part de la Chine et la Russie.  C’est un comble, a lancé le représentant américain, qui a demandé « Combien d’armes ont la Chine et la Russie? » avant de rappeler que son pays venait une nouvelle fois de publier le nombre de ses propres têtes nucléaires.  Pour les États-Unis, la Chine refuse de mettre en place le moratoire sur la production de matières fissiles.  Quant à la Russie, qui respecte le Traité New START, elle élabore en revanche de nouveaux systèmes stratégiques qui pourraient être en contravention avec celui-ci.  Ce ne sont pas les États-Unis qui entravent les progrès sur une Convention sur les armes biologiques, a également affirmé le représentant.  Pour les USA, il faut éviter toute mesure qui risquerait d’entraîner la reprise de la course aux armements nucléaires.

La République populaire démocratique de Corée a répondu aux « fausses accusations » de nombreux pays, notamment les membres de l’Union européenne, les accusant de se concentrer sur une politique de plus en plus hostile à son égard.  Si ces pays veulent vraiment la paix et la sécurité dans la région, pourquoi restent-ils bras croisés devant la création de l’AUKUS, qui pourrait déclencher une course aux armements? a demandé le représentant, pour qui la communauté internationale doit agir et contrer ses tentatives.

La Fédération de Russie a réagi aux accusations « infondées » de la Pologne concernant le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, lequel a bien a été détruit par les Gouvernements américains successifs avec l’aide d’alliés européens, y compris la Pologne, a affirmé le représentant.  Ainsi, une crise des missiles et une nouvelle course aux armements ont-elles été déclenchées, a déploré la Fédération de Russie, qui appelle les pays de l’OTAN à faire preuve de pragmatisme et à accepter la proposition russe de moratoire sur le déploiement de missiles à longue portée. 

L’Arabie Saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord.  L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun.   Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ».  L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne.  L’Arabie Saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.

L’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir commis une agression préméditée contre elle, et non ce que l’Azerbaïdjan appelle « une contre-offensive ».  Le représentant a cité comme preuves la réalisation de vols provocateurs menés par l’Azerbaïdjan, l’interruption des réseaux sociaux et des médias en ligne ainsi que le déploiement de milliers de soldats. L’Arménie a également accusé l’Azerbaïdjan de ne pas respecter les obligations du Traité sur le commerce des armes, faisant planer une menace sécuritaire sur la région.  Le Nagorno-Karabakh a été privé d’assistance humanitaire ces dernières décennies, a enfin déploré le représentant,  ajoutant que l’Azerbaïdjan empêchait la tenue d’opérations de déminage.

L’Arabie saoudite a réagi aux propos de la République islamique d’Iran en affirmant respecter ses engagements au niveau international « alors que l’Iran n’a eu de cesse de violer le Plan d’action global commun dès le départ » et de dépasser les quantités convenues dans cet accord.  L’Iran n’a pas mon plus permis l’accès d’inspecteurs de l’AIEA à certaines de ses installations militaires et autres et il a récemment annoncé qu’il révisait à la baisse ses engagements au titre du Plan d’action global commun.  Le représentant saoudien a tenu à rappeler que la résolution 2231 du Conseil de sécurité appelle l’Iran à adhérer au protocole additionnel, « ce qui n’a pas été fait ».  L’Arabie saoudite a en outre répondu aux propos de l’Union européenne sur la situation au Yémen en rappelant que sont les houthistes qui n’ont pas coopéré avec l’initiative de paix saoudienne et que cette milice « soutenue par l’Iran » continue de viser des installations saoudiennes avec des missiles de fabrication iranienne.  L’Arabie saoudite a également exhorté l’Iran à adopter un comportement responsable, à s’abstenir de telles pratiques et à suivre son exemple en termes de respect des obligations internationales.

La Chine a condamné les propos des États-Unis à son égard.  L’approche utilitaire des États-Unis vis-à-vis de la paix est dangereuse, elle repose sur la surenchère, ce dont témoigne le déploiement de missiles dans le monde entier menée depuis des années, a ajouté le représentant.  La Chine condamne toute course aux armements, en promouvant activement le contrôle des missiles, exactement comme nous l’avons fait dans le domaine des armes nucléaires, a ajouté le représentant.  Pour la Chine, le moratoire sur les matières fissiles n’est pas clairement défini.  Créer un mécanisme de vérification reste le meilleur moyen d’assurer le fonctionnement efficace de la Convention sur les armes biologiques, mécanisme auquel les États-Unis doivent contribuer de façon transparente et responsable, un comportement qu’adoptent conjointement la Russie et la Chine.

L’Azerbaïdjan a réagi aux « mensonges » de l’Arménie, qui déforme de nouveau la réalité, elle qui a ciblé de nombreux civils à l’artillerie et en usant de mines antipersonnel dans tous les territoires libérés.  L’Arménie prône un dialogue sur la reprise de relations normales, un dialogue dans lequel, en vérité, elle ne s’engage jamais, a déclaré le représentant.

La République islamique d’Iran a répondu aux « accusations infondées » de l’Arabie saoudite, qu’il a rejetées, accusant le pays de refuser de respecter son accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, en dépit de l’intensité de ses activités nucléaires.  Concernant le Plan d’action commun, l’Iran rappelle qu’il permet, lui de changer de comportements en fonction des sanctions qui le visent.  Enfin, pour l’Iran, l’Arabie saoudite parle de paix mais bombarde des civils et est l’un de ceux dont les dépenses militaires sont les plus importantes au monde. 

L’Arabie saoudite a réagi à ces propos en précisant avoir bien signé et ratifié un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, lequel prévoit à terme une mise en œuvre de garanties généralisées.  L’Iran doit arrêter de soutenir des groupes qui sapent la stabilité de la région, a conclu le représentant saoudien. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Deuxième Commission: les pays les moins avancés expriment leurs attentes à trois mois de la Conférence de Doha et de leur nouveau Programme d'action

Soixante-seizième session
Réunions virtuelles, Matin & après-midi
AG/EF/3551

Deuxième Commission: les pays les moins avancés expriment leurs attentes à trois mois de la Conférence de Doha et de leur nouveau Programme d'action

Depuis 2010, 4 pays sont sortis de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) et 16 autres sont en voie de le faire, a-t-on appris, ce jeudi, lors du troisième jour de travaux de la Deuxième Commission (économique et financière), menés aujourd’hui par visioconférence.  Les PMA ont enregistré des progrès dans plusieurs domaines essentiels: l’accès aux technologies de l’information et des communications, l’énergie durable, la santé, l’éducation primaire, l’égalité hommes-femmes et la représentation des femmes dans les parlements.  La toute jeune Banque de technologies pour les PMA, mise sur pied, il y a trois ans, a été saluée par les intervenants pour avoir remporté de nombreux succès en matière de partage de technologies, malgré des ressources ténues.

Voilà pour les bonnes nouvelles, à trois mois de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui aura lieu à Doha, au Qatar, en janvier 2022.  Le Groupe des PMA a espéré qu’elle ouvrira « une nouvelle ère dans leur Histoire ».  Le Groupe des 77 et la Chine a évoqué de nombreuses consultations multipartites entre le système des Nations Unies pour le développement, le secteur privé et d’autres acteurs, en préparation de l’événement.  L’élaboration d’un texte commun est en cours.

Ces signes encourageants n’ont cependant pas réussi à endiguer un pessimisme certain exprimé par les pays en situation particulière, dont les PMA.  Ces derniers sont en grande difficulté; ils se décrivent « au bord du gouffre ».  La pandémie a « sans l’ombre d’un doute » touché les PMA de manière disproportionnée, a confirmé Courtenay Rattray, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement: « d’un côté, le PIB, les exportations, les recettes publiques, les investissements étrangers directs (IED) et les envois de fonds ont baissé, tandis que, de l’autre côté, les inégalités, la pauvreté et l’insécurité alimentaire ont augmenté ».  Les PMA ne retrouveront probablement pas leur PIB d’avant la pandémie, avant trois à cinq ans, alors que les pays développés enregistrent déjà un fort rebond.

Les sciences et technologies étant fondamentales pour la progression des PMA, ces derniers ont demandé aux États Membres de soutenir durablement – à l’aide de financements prévisibles, sans restriction - la Banque de technologies pour les PMA, créée en décembre 2016 et devenue opérationnelle en 2018.  La Banque, qui a son siège à Gebze, en Turquie, aide les pays visés à utiliser les sciences et les technologies pour qu’ils puissent un jour changer de catégorie.

Un reclassement qui ne signifierait pas tant la fin des difficultés que l’apparition d’autres incertitudes, ont tenu à rappeler les délégations concernées.  En effet, la plupart des pays reclassés demeurent vulnérables aux chocs externes, a expliqué M. Rattray, qui a jugé essentiel de planifier des transitions nationales « sans heurt », et a invité les partenaires commerciaux et de développement à élargir « de toute urgence » leurs mesures de soutien aux pays reclassés.  De même, pour le Groupe des États d’Afrique, il est indispensable de ne « pas adopter d’approche mécanique » dans le reclassement des PMA.

La sécurité alimentaire, mise à mal par la double catastrophe de la pandémie et des changements climatiques, a continué à provoquer le débat.  Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)a déploré qu’à l’heure actuelle, 811 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et plus de 3 milliards de personnes ne s’alimentent pas de manière saine.  Conformément à la Déclaration d’action du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, tenu à New York en septembre, les efforts sont désormais axés sur « la transformation vers des systèmes agro-alimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables ».  Le Brésil a indiqué avoir rejoint, grâce au Sommet, des initiatives illustrant son adhésion au concept « de la ferme à la table »: élevage durable, lutte contre le gaspillage et la perte de nourritures, et repas scolaires adaptés.

Les changements climatiques, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la pénurie d’eau sont des menaces indiscutables pour la sécurité alimentaire selon le Costa Rica, qui a appelé à mettre en place des systèmes alimentaires plus efficaces et à optimiser l’utilisation des ressources environnementales dans la production, la transformation et la distribution des aliments.  Sri Lanka s’est, elle, engagée à soutenir le secteur agricole et à le moderniser, via la recherche, le développement agricole, et l’élaboration d’un programme favorisant les jardins potagers.

Dans le bilan des obstacles qui continuent d’entraver le développement durable, plusieurs pays ont vivement dénoncé les mesures protectionnistes unilatérales dont ils sont l’objet: le Nicaragua les a qualifiées de « crime contre l’humanité » dans le contexte actuel, et en a appelé à la solidarité internationale pour faire reculer la pauvreté et les inégalités.  Le Bélarus a, lui aussi, dénoncé sans réserve les sanctions économiques, financières et sectorielles contre les pays grands exportateurs agricoles.

La Deuxième Commission se réunira de nouveau demain, à 10 heures, pour la poursuite de son débat général.

RÉUNION VIRTUELLE SUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT

  • Activités relatives à la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) A/76/234
  • Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 A/76/239

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION A/76/216

    • Développement agricole, sécurité alimentaire et nutrition A/76/73 A/76/233
    • Fibres végétales naturelles et développement durable

Clôture de la discussion générale conjointe

La représentante de l’Arabie saoudite a dit que son pays accorde une grande importance au développement, à la croissance, à la coopération et à la lutte contre les catastrophes naturelles.  La pandémie a montré combien la coopération internationale est nécessaire entre les nations, a-t-elle relevé, se désolant qu’elle entrave la réalisation des ODD.  Elle a assuré que l’Arabie saoudite n’avait ménagé aucun effort pour contribuer à l’aide alimentaire aux pays dans le besoin ainsi que pour coopérer avec les entités onusiennes.

L’oratrice, qui a promu les systèmes alimentaires durables, a concédé que l’Arabie saoudite rencontrait des difficultés spécifiques telles que la désertification, la sécheresse et les pénuries d’eau.  Le Royaume a cependant amélioré ses modes de consommation et envisage de réduire sa production de déchets de 50% d’ici à 2050, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi mis en évidence les projets ambitieux menés par son pays pour que les femmes et les jeunes saoudiens prennent part au système agricole et agroalimentaire du pays.  Enfin, elle a plaidé en faveur d’un programme commun en faveur du développement durable.

La représentante de Cuba a prononcé une déclaration qui n’a pas pu être interprétée « en raison de la mauvaise qualité de la liaison », comme l’a expliqué l’interprète.

Le représentant du Burkina Faso a fait savoir que le Burkina Faso n’a cessé d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques et stratégies de développement axées sur la lutte contre la pauvreté.  Ainsi, l’incidence de la pauvreté est passée de 46,7% en 2009 à 36,2% en 2018, le recul étant plus important en milieu urbain qu’en zone rurale.  Fort de ce constat, le pays s’engage dans la poursuite de la transformation des structures économiques, démographiques et sociales permettant la réduction des inégalités et l’impulsion d’une amélioration durable du bien-être des populations.

En ce qui concerne la hausse de l’extrême pauvreté dans le monde, M. Konate a constaté que plus des trois quarts de ces « nouveaux pauvres » vivent dans des pays à revenu intermédiaire et a jugé nécessaire qu’un contrat social renouvelé soit au cœur de la reprise.  Le Burkina Faso y est résolument engagé, a dit le représentant qui a convié l’assistance à la Conférence internationale sur le financement du développement de son nouveau référentiel national, prévu les 2 et 3 décembre 2021 à Bruxelles, en Belgique.

La représentante de l’Inde a appelé à s’attaquer aux problèmes structurels qui ne permettent pas de surmonter les effets négatifs de la pandémie, et notamment la malnutrition.  Pour sa part, l’Inde a adopté des programmes pour les segments les plus vulnérables de la population, comme les travailleurs informels et ceux de l’économie rurale, avec des fonds attribués notamment pour les pauvres et les femmes.  Les partenariats ont été élargis dans un esprit Sud-Sud, a aussi indiqué la représentante.

Quant au secteur agricole, la production a pu continuer malgré la pandémie et elle est même historique, a expliqué la représentante, ajoutant que 15 milliards de dollars ont été déposés sur les comptes de milliers d’agriculteurs.  Des mesures leur permettant, en outre, d’écouler la production.  L’agriculture de subsistance et commerciale ne peuvent être placées sur le même plan, a-t-elle fait observer.  L’Inde s’efforce aussi de lutter contre la malnutrition des écoliers et a été en première ligne pour plusieurs initiatives.  La déléguée a dit que l’Inde est prête à fournir son expertise pour promouvoir l’agriculture durable et mettre un terme à la malnutrition et à la faim.

Le représentant des Philippines a plaidé pour la mise en place de systèmes alimentaires plus résilients.  Il a appelé à agir pour réaliser « les changements transformateurs que nous voulons » pour améliorer les systèmes alimentaires.  Aux Philippines, a-t-il témoigné, ces efforts impliquent l’ensemble du Gouvernement qui œuvre à améliorer en particulier l’agriculture familiale, la forme d’agriculture la plus répandue dans les pays en développement.  Dans ce contexte, le délégué a soutenu le lancement de la Décennie des Nations Unies sur la question: elle servira de prétexte pour la mise en place de politiques d’appui à l’agriculture familiale, a-t-il plaidé.

Le représentant de Sri Lanka a jugé essentiel d’accorder la priorité à l’élimination de la pauvreté sur la base d’idées innovantes, et de politiques de développement axées sur les personnes.  Sri Lanka, a-t-il indiqué, a axé sa politique de soutien sur l’agriculture, la pêche, le développement des entreprises, le tourisme et la production sucrière, entre autres.  Citant les programmes mis en place par le Gouvernement sri-lankais, il a mentionné notamment celui qui vise à fournir de l’électricité aux foyers les plus pauvres, et celui qui tend à répondre aux besoins quotidiens de 1,79 million de foyers à faible revenu.

L’éducation est essentielle pour vaincre la pauvreté, a fait observer le représentant qui s’est félicité qu’elle soit gratuite à Sri Lanka, où de nombreuses écoles rurales ont été modernisées.  Concernant l’agriculture, « composante la plus importante pour lutter contre la faim dans le monde » selon lui, le Gouvernement s’est engagé à soutenir le secteur et à le moderniser, via la recherche, le développement agricole, et l’élaboration d’un programme favorisant les jardins potagers.

La représentante du Costa Rica a expliqué que son pays mesure la pauvreté en tenant compte du « caractère multidimensionnel » de la pauvreté et du développement.  Le processus de reconstruction économique et sociale post-pandémie obligera, selon elle, les pays à étendre leurs systèmes de protection sociale, en termes de couverture et de services sociaux offerts.  La déléguée a évoqué le besoin « d’indices ajustés au risque et à la vulnérabilité » pour « mieux évaluer le concept de développement et ses défis ».  Des outils existent déjà à cet effet, tels que « l’indice de pauvreté multidimensionnelle », « l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle » et un « indice de développement humain ajusté à la question environnementale », entre autres.

Pour le Costa Rica, il est clair que les changements climatiques, la perte de biodiversité, la dégradation des sols et la pénurie d’eau sont des menaces indiscutables pour la sécurité alimentaire et des facteurs de pauvreté et d’inégalité.  La représentante a donc appelé à mettre en place des systèmes alimentaires plus efficaces et à optimiser l’utilisation des ressources environnementales dans la production, la transformation et la distribution des aliments.  Elle a appelé à protéger la santé humaine, animale et végétale; à soutenir la gestion et la conservation des ressources naturelles; à assurer la sécurité alimentaire; à faciliter l’accès à des aliments sûrs et nutritifs; à atténuer et s’adapter aux changements climatiques; et à orienter la pêche et la production agricole vers des systèmes agro-alimentaires résilients et durables.

Le représentant du Brésil a réaffirmé l’engagement de son pays à promouvoir un système agricole efficace, inclusif, résilient et durable, au niveau national et mondial.  Troisième plus grand fournisseur de nourriture au monde en 2020, atteignant plus d’un milliard de personnes, tout en combinant l’une des lois environnementales les plus strictes du monde -le Code forestier brésilien- avec une agriculture tropicale compétitive et à forte intensité technologique, le Brésil a constamment amélioré ses capacités à produire plus de nourritures avec moins de terres, a assuré l’orateur.

Pour accélérer les progrès, il a appelé à combiner des stratégies traditionnelles et innovantes concernant les dimensions sociales, économiques et environnementales des systèmes alimentaires.  Le Brésil a pris des mesures en ce sens: en avril 2021, il a lancé une nouvelle voie décennale pour promouvoir son agriculture à faible émission de carbone, qui englobe une approche intégrée de l’atténuation et de l’adaptation aux changements climatiques et la promotion de la durabilité.  Des pratiques à faible teneur en carbone sont déjà adoptées par les agriculteurs et les éleveurs sur près de 50 millions d’hectares de terres à travers le pays.  Lors du récent Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, le Brésil a rejoint des initiatives dans des domaines qui, combinés, illustrent son adhésion au concept « de la ferme à la table »: l’élevage durable, la lutte contre le gaspillage et la perte de nourritures, et des repas scolaires adaptés.

Le représentant du Brunéi Darussalam a relevé que de nombreux pays dans le monde dépendent du secteur agricole pour faire face à la faim et à la pauvreté.  En outre, la sécurité alimentaire est devenue un grand sujet de préoccupation durant la pandémie, puisqu’elle touche les agriculteurs et les membres de la société les plus vulnérables.  Il est donc important de s’assurer que les systèmes alimentaires soient durables et résilients pour permettre à tous d’avoir un accès à une alimentation sûre et suffisante, a plaidé le délégué.

En janvier 2021, Brunéi Darussalam a adopté une feuille de route économique qui identifie cinq secteurs prioritaires, dont le secteur agricole, a fait savoir M. Nulhadi.  Afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays, le Gouvernement cherche à accélérer la production et la croissance de l’agriculture et de la pêche.  Il a aussi introduit un code qui interdit la publicité pour des aliments de mauvaise qualité pour les enfants et qui prélève une taxe sur le sucre, a fait savoir le représentant.

Le représentant de la Mozambique s’est dit préoccupé par l’augmentation du nombre de personnes souffrant de la faim, phénomène accentué par la pandémie.  La prévalence de l’insécurité alimentaire dans le monde a augmenté lentement ces dernières années, a-t-il insisté, en plaidant pour des efforts audacieux et communs afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme 2030.

L’agriculture est la principale source de revenu au Mozambique, a dit le délégué, en précisant qu’elle emploie 72% de la population active et compte pour 16% des exportations nationales.  Le Gouvernement, a-t-il ajouté, a entrepris des réformes pour passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture plus productive et orientée vers les marchés.  L’objectif est aussi de parvenir à une agriculture durable en mettant la priorité notamment sur la sécurité alimentaire, les revenus des familles et l’emploi.  Pour conclure, le représentant a appelé tous les partenaires, y compris le secteur privé, à renforcer leur engagement en faveur du développement d’une agriculture durable.

Le représentant du Zimbabwe s’est inquiété du nombre croissant d’urbains qui risquent de basculer dans la pauvreté urbaine.  Il a également soulevé la question de l’équité vaccinale, estimant que l’on ne pouvait lutter contre la pauvreté sans en parler.  Par ailleurs, la pandémie de COVID-19 a mis à jour, une fois de plus, la fracture numérique entre riches et pauvres, a-t-il noté, une situation qui risque de créer des inégalités encore plus graves.  Il a ensuite appelé à un renforcement des capacités et à un soutien financier aux pays les plus vulnérables, afin qu’ils puissent atteindre les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, que les conséquences de la pandémie a d’ores-et-déjà retardés.

Le représentant a relevé que le secteur agricole n’avait pas été épargné par les effets de la pandémie.  Les efforts de relance doivent donc porter sur ce secteur clef dans la plupart des économies, a-t-il recommandé.  « On ne saurait trop insister sur l’échange d’expériences et le partage des meilleures pratiques, y compris les technologies appropriées », a-t-il conseillé.  L’augmentation du financement de la recherche agricole et l’exploitation de la technologie devraient figurer en tête du programme de relance du secteur agricole, si nous voulons mettre fin à la faim d’ici à 2030, a plaidé le représentant.

Le représentant du Sénégal a relevé que l’Afrique est le continent le plus touché par la pauvreté, alors qu’elle possède de nombreuses terres arables, d’importantes ressources en eau et une population jeune.  Et pourtant, le continent continue d’importer l’essentiel de ses produits alimentaires, s’est-il désolé.  Cette situation de dépendance n’est plus viable, a prévenu le représentant, appelant à des investissements dans la recherche pour tirer avantage des avancées technologiques et moderniser l’agriculture.  Nous avons aussi besoin de mobiliser des ressources internes et de faire appel aux financements, investissements et prêts externes à long terme pour financer une économie productive, source de croissance, de développement et de bien-être social, a-t-il dit.

Au Sénégal, l’État a mis en place des domaines agricoles communautaires (DAC) qui sont des pôles de compétitivité économique, des lieux d’insertion de jeunes, diplômés ou non.  Le concept vise à mettre en valeur de grands domaines, allant de 1 000 à 5 000 hectares, et à fixer les jeunes dans leur terroir en leur offrant un cadre propice à la réalisation d’activités économiques, a expliqué le représentant.  Il a fait valoir que ce projet est non seulement une réponse pertinente face à la précarité sociale en milieu rural, mais aussi une contribution significative à la création d’emplois dans la chaîne de valeur agricole.

La représentante des Maldives a relevé que l’agriculture et la sécurité alimentaire dans les petits États insulaires en développement (PEID) comme les Maldives sont tributaires des changements climatiques.  Le pays est également dépendant des importations de produits alimentaires, ce qui le rend vulnérable à la volatilité des prix, a-t-elle fait remarquer.  Elle a aussi expliqué que cette dépendance expose les populations aux maladies non infectieuses telles que l’obésité du fait de la consommation de produits alimentaires manufacturés.  Parmi les mesures prises par le Gouvernement des Maldives, la représentante a mentionné des lois qui ont été adoptées pour obliger à suivre des pratiques de pêche durables.

Le représentant de l’Algérie a pris la parole mais son intervention n’a pas pu être interprétée à cause de la mauvaise qualité du son.

La représentante de l’Érythrée a expliqué qu’étant donné que son pays est situé dans une zone désertique, l’accès à l’eau est la question la plus cruciale pour l’agriculture.  Le Gouvernement s’attèle donc à créer un environnement propice à ce secteur, a-t-elle assuré.  Elle a indiqué notamment que le Gouvernement conseille aux agriculteurs d’utiliser des serres et d’accorder la priorité aux variétés résistantes aux températures extrêmes.  L’Érythrée entend réaliser l’objectif de faim zéro d’ici à 2030, a assuré la représentante.

Le représentant de la Fédération de Russie a jugé très important de stimuler l’économie et le commerce agricole par la coopération internationale.  Il a appelé à mettre l’accent sur la recherche de mécanismes pour l’élimination de la pauvreté des travailleurs.  Il a aussi recommandé de prendre en compte le développement durable de manière équilibrée parmi les nations.  Un autre axe d’efforts est, selon la Russie, de mettre l’accent sur les besoins et la santé des personnes.

Louant le rôle essentiel des États Membres assistés de l’ONU, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA) dans l’élimination de la faim et le développement agricole, le délégué russe a mis en avant le potentiel de la culture des plantes pour le développement durable, notamment « une culture prometteuse comme le lin ».  Le représentant a indiqué à cet égard que son pays avait mis en place un plan quinquennal pour soutenir les producteurs de lin.

Il s’est aussi enorgueilli du salon agricole qui se tient en Russie cette semaine même, baptisé « automne doré », qui symbolise la priorité donnée au développement agricole.  Le délégué a donné des chiffres sur les exportations agricoles russes qui ont augmenté de 20% l’an dernier malgré la pandémie, atteignant plus de 30 milliards de dollars, alors qu’en 2020 toujours, la contribution de la Russie au PAM a dépassé les 72 millions de dollars.

La représentante du (Bélarus) a jugé important que la communauté internationale permette aux couches les plus vulnérables de la population d’avoir accès à une alimentation saine et équilibrée.  Elle a dénoncé sans réserve les sanctions économiques, financières et sectorielles contre les pays grands exportateurs agricoles, y compris celles concernant les engrais potassiques, les accusant d’être prises avec des prétextes politiques.  Elle a considéré ces sanctions « inadmissibles ».  Pour promouvoir l’élimination de la faim, la représentante a appelé à changer les modèles de production et à se baser davantage sur une économie circulaire.

Pour la représentante du Nicaragua, l’élimination de la pauvreté est le principal défi à relever pour l’humanité.  La pandémie a exacerbé les crises existantes et pesé sur les efforts visant à éliminer la faim, la pauvreté et les inégalités.  La représentante a souligné la nécessité d’un nouveau modèle économique mondial basé sur l’équité, avec pour priorité l’élimination de la pauvreté et de la faim.

Le Nicaragua a lancé des politiques visant ces objectifs et a ainsi réussi à faire reculer la pauvreté, s’est réjouie la déléguée.  Le Gouvernement a par exemple mis en place des bons de production d’aliments et le microcrédit, dans le but de consolider le développement durable à long terme et résistant aux changements climatiques.  Le Nicaragua produit environ 80% des aliments qu’il consomme et est proche de l’autonomie alimentaire, a-t-elle indiqué.  La représentante a jugé impératif de faire cesser les mesures protectionnistes unilatérales, qu’elle a qualifiées de crime contre l’humanité dans le contexte actuel.  Elle en a appelé à la solidarité internationale pour faire reculer la pauvreté et les inégalités.

La représentante du Nigéria a déploré le retour en arrière en termes de pauvreté provoqué par la pandémie.  Elle a estimé que l’objectif d’éliminer la pauvreté en zones rurales ne peut être séparé de l’action contre les changements climatiques.  Elle a fait savoir que le Gouvernement du Nigéria était déterminé à mettre en œuvre les objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Le Gouvernement a ainsi mis en place diverses mesures pour que personne ne soit laissé pour compte, comme un programme de transfert monétaire pour les pauvres ou un programme pour les coopératives de femmes.

La dégradation des sols est un autre sujet de préoccupation, a dit la représentante.  Elle a aussi attiré l’attention sur les effets de la COVID-19 qui, à son avis, exigent une réponse internationale et une coopération renouvelée.  Un environnement favorable au marché est également important pour renforcer la capacité du secteur privé, a-t-elle plaidé, expliquant en outre l’importance des réformes du monde de l’entreprise qui doivent permettre aux citoyens de prendre les rênes de leur existence.

L’Observateur du Saint-Siège, a relevé que, malgré des progrès considérables, entre 119 et 124 millions de personnes supplémentaires ont été plongées dans la pauvreté en raison de l’impact socioéconomique de la pandémie de COVID-19.  « Cela nous rappelle l’ampleur du défi. »  La pauvreté apparaît dans de nombreuses régions du monde, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, a-t-il déploré, notant aussi que la pandémie a exacerbé ce que le pape François a appelé « la pauvreté pharmaceutique ».  En effet, des millions de personnes n’ont toujours pas accès aux soins de santé de base essentiels, aux médicaments et aux vaccins.

L’Observateur a également relevé que la pauvreté reste la principale cause de la faim et de la malnutrition dans le monde.  À leur tour, la faim et la malnutrition sont le gage d’une pauvreté encore plus grande.  Par conséquent, la pauvreté et la faim doivent être combattues ensemble, a-t-il recommandé.  Si fournir aux affamés leur « pain quotidien » apparaît comme la priorité la plus élevée et l’objectif le plus immédiat, il ne suffit pas de garantir que toutes les femmes et tous les hommes sont capables de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille à long terme, selon le Saint Siège.  L’insécurité alimentaire, la faim et la malnutrition ne prendront fin que lorsque la distribution alimentaire et les structures sociales répondront aux besoins de justice et respecteront la dignité inhérente à chaque personne, a-t-il conclu.

La représentante du Guatemala a indiqué que son pays est un producteur de denrées alimentaires, dont le sol fertile et le climat l’ont rendu célèbre: « Le Pays de l’Éternel Printemps ».  Cependant, nous sommes confrontés à des défis pour atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement des communautés rurales et la résilience aux événements météorologiques extrêmes, a reconnu la déléguée.  Elle en a voulu pour preuve les ouragans Eta et Iota, qui ont intensifié l’insécurité alimentaire aiguë, contribuant à un cycle de pauvreté et de possibilités limitées.  Ils sont devenus également les causes profondes d’une migration accrue, a-t-elle déploré.

Pour autant, le Guatemala continue de mettre en œuvre et de faire avancer la « Grande Croisade nationale pour la nutrition », c’est-à-dire, des programmes de soutien aux familles guatémaltèques, dont l’objectif est d’unir tous les secteurs du pays afin d’améliorer l’état nutritionnel de ces familles.  En réponse à l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies, le Guatemala a participé activement au Sommet sur les systèmes alimentaires et à son processus préparatoire.  Il considère en outre que la School Meals Coalition représente une opportunité importante de coordonner les actions avec le programme national d’alimentation scolaire, pour garantir que tous les enfants aient accès à des repas sains à l’école d’ici à 2030.  Au niveau régional, le Guatemala a participé aux efforts nés de la région et continuera de le faire afin de garantir le développement de systèmes alimentaires durables en Amérique centrale, a conclu la représentante.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a relevé qu’au-delà des dynamiques à court terme, la crise de la COVID-19 est susceptible de laisser des cicatrices durables.  Alors que les activités économiques mondiales pourraient à nouveau croître, le monde ne reprendra pas ses activités normales dans un avenir prévisible, a-t-il prédit.  Il a noté que la pandémie a conduit à l’accélération du rythme de la numérisation et de l’automatisation.  Outre les disparités dans les taux de vaccination contre la COVID-19, la crise a mis en avant les inégalités fondamentales, dont la fracture numérique, des vitesses différentes de reprise économique et différents niveaux de résilience des économies, a encore noté le représentant de l’ONUDI.  La pandémie sert également de rappel d’autres crises imminentes, en particulier les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution.  Sans mesure de contrôle, les changements climatiques devraient plonger quelque 130 millions de personnes dans la pauvreté au cours de la prochaine décennie, a-t-il pronostiqué.

Parmi les nombreux outils disponibles pour le développement économique, le délégué a relevé l’industrialisation inclusive, telle qu’envisagée dans l’objectif 9 de développement durable.  Cela implique de bâtir des infrastructures, faire avancer la transformation structurelle, assurer la sécurité alimentaire et la durabilité de l’agro-industrie afin de lutter contre la pauvreté rurale, a-t-il rappelé.  D’ailleurs, le rapport phare de l’ONUDI sur le développement industriel 2022, qui sera officiellement lancé le mois prochain, révèle que les pays avec des capacités de fabrication et des secteurs industriels plus diversifiés ont mieux résisté à l’impact de la pandémie de COVID-19 que les autres, a—t-il expliqué.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est exprimé également au nom du Fonds international de développement agricole (FIDA) et du Programme alimentaire mondial (PAM).  Il a dit qu’au moment où nous parlons, jusqu’à 811 millions de personnes souffrent de sous-alimentation chronique et plus de 3 milliards de personnes ne peuvent pas se permettre une alimentation saine.  La pandémie de COVID-19 a exacerbé la situation et augmenté le nombre de personnes souffrant de la faim de 161 millions.  Il a relevé que les facteurs d’insécurité alimentaire sont de nature multidimensionnelle et que leurs effets d’entraînement se font ressentir dans la mise en œuvre des autres objectifs de développement durable (ODD).  Dans ce contexte, les membres de la FAO ont adopté un nouveau cadre stratégique 2022-2031 en juin dernier.  Il s’agit de la feuille de route sur la manière dont la FAO contribuera à mieux reconstruire après la pandémie de COVID-19 et œuvrera à la réalisation du Programme 2030.

Conformément à la Déclaration d’action du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires, les efforts sont désormais axés sur la transformation vers des systèmes agro-alimentaires plus efficaces, inclusifs, résilients et durables pour une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie pour tous, sans laisser personne de côté.

La FAO, a indiqué le délégué, a mis en place un programme de soutien aux États intitulé « Main dans la main ».  Il s’appuie sur les outils disponibles, y compris la modélisation géospatiale avancée, et grâce à des partenariats avec des banques multilatérales de développement et d’autres agences des Nations Unies, œuvre à accélérer la transformation agricole et le développement rural durable.  De même, le Programme de réponse et de relèvement COVID-19 de la FAO a identifié sept actions prioritaires pour atténuer les impacts immédiats de la pandémie tout en renforçant la résilience à long terme des systèmes alimentaires et des moyens de subsistance.  Grâce à cette initiative, la FAO entend négocier des partenariats significatifs pour prévenir une urgence alimentaire mondiale.  Enfin, le délégué a indiqué que la transformation des systèmes agro-alimentaires ne peut réussir que s’il y a une cohérence, dans la formulation de la législation, des politiques et investissements, entre les secteurs de l’alimentation, de la santé, de la protection sociale et de l’environnement.

Le représentant du Cameroun a réaffirmé sa détermination à éliminer la pauvreté d’ici à 2030, en prenant en compte les problématiques de genre, d’accès aux services de base et à la propriété foncière, et de protection des personnes vulnérables.  La nouvelle politique nationale camerounaise de protection sociale contribue à développer un capital humain ainsi que le développement durable, a-t-il fait savoir.  Il a aussi indiqué que le pays a réalisé des progrès notables pour démocratiser l’accès aux services de base, à la propriété foncière et aux logements sociaux.  Le pays s’attache en outre à renforcer son système de production durable, à moderniser ses infrastructures rurales, et à augmenter le taux de bancarisation en milieu rural.  Concernant les ressources agro-forestières, plus 7,5 millions d’hectares ont été reboisés et régénérés.

Le Cameroun consacre plus de 14% de son PIB au secteur de l’éducation, a poursuivi le délégué, tout en reconnaissant que le pays aimerait faire plus et mieux.  Mais il fait face à des défis sécuritaires, à l’arrivée de milliers de réfugiés, au terrorisme et à la violence armée, a-t-il énuméré.  Le représentant a regretté que, dans un climat de tensions et de conflits, le dispositif sécuritaire absorbe une grande partie des ressources.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir le Cameroun dans ses efforts pour assurer la sécurité de sa population, nécessaire pour assurer un développement serein et éliminer la faim et la pauvreté.

Selon la représentante du Timor-Leste, la pandémie a révélé les faiblesses du système alimentaire mondial.  Le Timor-Leste, pays très vulnérable, dépend beaucoup des importations, a-t-elle indiqué, en signalant que plus d’un tiers de la population du pays souffre d’insécurité alimentaire chronique.  Elle a en même temps déploré une augmentation de l’obésité et du surpoids chez les adultes hommes et femmes: le pays subit donc un « double fardeau » nutritionnel.

Malgré ces immenses défis, le Timor-Leste développe son secteur agricole et la pêche, a-t-elle annoncé.  Le pays continue de travailler avec les Nations Unies, la société civile et la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) pour promouvoir ses engagements et notamment réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, a fait valoir la représentante.  Elle a aussi assuré que le Timor-Leste s’engage pour la résilience, ainsi que pour le rétablissement de l’équilibre des écosystèmes.

RÉUNION VIRTUELLE SUR LES PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE ET LES PARTENARIATS MONDIAUX

GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE

Présentation de rapports et discussion générale conjointe

M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a présenté deux rapports du Secrétaire général.

Le « rapport sur l’application du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 (Programme d’action d’Istanbul » (A/76/71) retrace et analyse les progrès accomplis au cours de la période considérée.  Depuis 2010, 4 pays sont sortis de la catégorie des PMA et 16 autres ont satisfait aux critères de reclassement, a indiqué M. Rattray.  Les PMA ont enregistré des progrès dans plusieurs domaines essentiels: l’accès aux technologies de l’information et de la communication, l’énergie durable, la santé, l’éducation primaire, l’égalité hommes-femmes et la représentation des femmes dans les parlements.

Toutefois, a précisé le Haut-Représentant, les progrès ont été inégaux au sein et entre les pays, puis stoppés par la COVID-19.  Si les conséquences de la pandémie ont été mondiales, elles ont sans l’ombre d’un doute touché les PMA de manière disproportionnée.  D’un côté, le PIB, les exportations, les recettes publiques, les investissements étrangers directs (IED) et les envois de fonds ont baissé, tandis que, de l’autre côté, les inégalités, la pauvreté et l’insécurité alimentaire ont augmenté.  De plus, ces pays pourraient ne pas retrouver leurs niveaux de PIB d’avant la pandémie avant trois à cinq ans, alors que les pays développés enregistrent déjà une forte croissance, a précisé M. Rattray.  Comme le rapport le souligne, le fossé est important, et il s’élargit.  Il nous faut agir, a-t-il lancé à l’assistance.

Les rapports et les réunions préparatoires sont nombreux et représentent une bonne matière à partir de laquelle travailler pour élaborer un nouveau programme ambitieux à l’issue de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui aura lieu à Doha, au Qatar, en janvier 2022.  Il faut saisir cette occasion et faire un grand pas en avant dans la Décennie d’action, a encouragé M. Rattray, pour ne laisser aucun PMA de côté.

Le Haut-Représentant a ensuite présenté le « rapport sur l’application, l’efficacité et la valeur ajoutée de mesures visant à favoriser une transition sans heurt et d’un accompagnement lors de la sortie de la catégorie des pays les moins avancés »(A/76/271).

Là encore, il a souligné que la pandémie risque d’imposer un recul aux progrès vers le développement durable réalisés par les PMA et qu’il est plus urgent que jamais de suivre attentivement les processus de reclassement.  Par exemple, très peu de pays ont été reclassés en ayant atteint les seuils de l’indice de vulnérabilité économique, ce qui les rend vulnérables aux chocs externes.  Aussi, est-il essentiel d’élaborer et de mettre en place des transitions nationales sans heurt.  À cet effet, et en réponse aux demandes des pays sur le point d’être reclassés, une note d’orientation relative à la stratégie de transition a été établie par le secrétariat du Comité des politiques de développement du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU.

Le Haut-Représentant a invité les partenaires commerciaux et de développement qui ne l’ont pas encore fait à élargir de toute urgence leurs mesures de soutien aux pays reclassés.  Quant aux mesures destinées aux 16 pays en voie de reclassement, elles devraient se concentrer sur le financement concessionnel, l’accès au financement pour le climat, l’accès aux marchés et la mise en place flexible de régimes de protection intellectuelle.

M. JOSHUA SETIPA, Directeur de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, a introduit le « rapport du Secrétaire général intitulé « Examen des trois premières années d’activité de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés » (A/76/272).

Selon le rapport, les PMA ont été les plus touchés par la pandémie de COVID-19 dans leur progression vers la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), alors même qu’il existe des preuves concrètes que l’investissement dans la science, les technologies et l’innovation dans les PMA est une clef de la réalisation des ODD.

Le rapport note que, malgré l’absence de ressources complètes, et dans le contexte de la pandémie mondiale de 2020, la Banque de technologies a été créée, et a fonctionné avec succès au cours de ses trois premières années d’existence.  Il souligne en outre le succès de la Banque de technologies dans la réponse rapide aux défis de la COVID-19 auxquels les PMA ont été confrontés au début de la pandémie.

Le rapport invite instamment les États Membres à s’engager à financer la Banque de technologies en cette période critique, sous la forme d’un financement prévisible et de dons sans restriction.  La récente pandémie a mis davantage en évidence le déficit de financement de la science, de la technologie et de l’innovation pour les PMA.  Elle a également démontré la valeur de la Banque de technologie en apportant sa contribution à la réponse des Nations Unies.

La Banque de technologies a soutenu et facilité diverses initiatives axées sur des besoins spécifiques, telles que la formation aux technologies satellitaires pour la gestion de la réduction des risques de catastrophe, le renforcement des capacités grâce à des bourses en biotechnologie et à des ateliers sur la réglementation, des bourses en design industriel, et un partenariat pour réduire la fracture numérique.

M. COURTENAY RATTRAY, Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a également présenté le « rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne en faveur des pays en développement sans littoral pour la décennie 2014-2024 » (A/76/267).

Il a relevé que le PIB réel des PEID a chuté, passant de 4,3% en 2019 à 2,4% en 2020.  Leur balance commerciale s’est dégradée pour tomber de 36 milliards de dollars en 2019 à 37 milliards de dollars en 2020.  Mais ce sont leurs systèmes de santé, d’éducation et d’alimentation qui ont subi le coup le plus important de la pandémie.  Le rapport du Secrétaire général souligne que le transport en transit vers les pays en développement sans littoral, ainsi que la facilitation des échanges, ont été fortement touchés par les mesures restrictives aux frontières liées à la COVID-19.

Le développement des infrastructures de transport s’est ralenti dans de nombreux pays, tandis que des ressources ont été détournées pour faire face à la pandémie.  En ce qui concerne l’accès à l’énergie, la proportion moyenne de la population ayant accès à l’électricité a augmenté lentement au cours de la période, même si une énorme disparité subsiste entre les citadins et les ruraux.

Les progrès vers la transformation économique structurelle continuent d’être limités dans les pays en développement sans littoral: la contribution à la valeur ajoutée du secteur manufacturier reste à environ 10% depuis 2016.  La part des produits manufacturés dans les exportations totales restent faibles et les produits de base continuent de dominer les exportations des pays en développement sans littoral.  Des pays qui sont en outre durement affectés par les changements climatiques.

Le rapport propose donc des mesures fortes à court terme pour soutenir le redressement des pays en développement sans littoral.  Il s’agit notamment d’augmenter les investissements, y compris dans les infrastructures durables, ou encore de renforcer l’assistance technique.  Il est également nécessaire, selon le rapport, de renforcer l’appui international afin de constituer et de renforcer les capacités d’adaptation nationales des pays en développement sans littoral et de préparer des projets pouvant bénéficier de concours financiers donnant accès à des fonds climatiques.

Mme SANDA OJIAMBO, Directrice exécutive du Pacte mondial des Nations Unies, a présenté le « rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coopération entre l’ONU et tous les partenaires intéressés, en particulier le secteur privé » (A/76/319).  La pandémie et les changements climatiques montrent la nécessité de partenariats plus robustes, a d’emblée souligné Mme Ojiambo.  La crise de la COVID-19 a d’ailleurs été un catalyseur permettant au Système des Nations Unies d’être fédérateur et de nouer des partenariats avec de nouveaux acteurs.  L’engagement avec des entreprises a aussi été renforcé.

Les partenariats sont un moyen de réaliser les objectifs de développement durable de manière plus efficace, a précisé Mme Ojiambo.  Les coordonnateurs résidents de l’ONU ont fait montre d’un pouvoir fédérateur énorme et sont une source d’inspiration, a-t-elle relevé.  Elle a vanté les mérites du Pacte mondial des Nations Unies qui encourage des mesures collectives plus fortes, en connectant les équipes de pays avec des acteurs locaux, y compris les petites et moyennes entreprises.  Le Pacte compte sur les États Membres pour soutenir sa stratégie 2021-2023 et encourager des partenariats aux fins du développement durable, a-t-elle lancé.

Le représentant de la Guinée, au nom du Groupe des 77 et la Chine (G77), a évoqué de nombreuses consultations multipartites entre le système des Nations Unies pour le développement, le secteur privé et d’autres acteurs, en préparation de la cinquième Conférence sur les PMA de Doha.  L’élaboration d’un texte commun est en cours, un document qui répondra au mieux aux intérêts de développement des PMA au moment où se clôture le cycle décennal du Programme d’action d’Istanbul, a espéré le délégué.

Le Groupe a aussi pris fait et cause pour les pays en développement sans littoral en évoquant leur éloignement des marchés mondiaux et leurs problèmes de transit des denrées, autant de contraintes majeures pour les afflux de capitaux privés.  Le délégué a donc appelé à redoubler d’efforts pour la mise en œuvre du Programme d’action de Vienne.

L’orateur a souligné que le développement des infrastructures et des technologies de l’information et des communications (TIC) était essentiel pour que les pays en développement sans littoral soient pleinement intégrés au marché mondial.  Il a insisté sur l’importance de partenariats mondiaux, robustes et à long terme.  Il a salué l’importance de la coopération Sud-Sud, et de l’initiative CODEX notamment, dans le contexte actuel.  Il a précisé que la coopération Sud-Sud complète, sans la remplacer, la coopération Nord-Sud.

Le représentant du Kazakhstan, s’exprimant au nom du Groupe des pays en développement sans littoral, a relevé que cette année est très importante pour les pays les moins avancés (PMA), car c’est l’année préparatoire à la cinquième Conférence portant sur ces pays, prévue en janvier prochain à Doha.  La moitié des pays en développement sans littoral sont également des PMA, a-t-il rappelé.  Par conséquent, il a jugé important de souligner que tout en aidant les PMA à sortir de leur statut, il faut garder à l’esprit qu’un tiers des membres de ce grand Groupe de pays rencontrera encore les défis de l’enclavement après leur changement de statut.  C’est en réglant ensemble les défis des PMA et des pays en développement sans littoral que nous pourrons permettre aux deux groupes de pays de réaliser le Programme 2030, a argué le délégué.

Pour les pays en développement sans littoral, cette année est également cruciale, car ils entament le processus de préparation de la troisième Conférence des Nations Unies sur leur situation qui aura lieu en 2024.  Les effets négatifs disproportionnés de la pandémie sur ces pays étaient au centre de la rencontre de leurs ministres des affaires étrangères le 23 septembre.  Ils ont appelé à une coopération internationale renforcée pour répondre aux besoins immédiats des pays en développement sans littoral contre la pandémie et en atténuer les coûts socioéconomiques, ainsi que pour renforcer leur résilience à long terme.

L’amélioration de la connectivité de ces pays est une condition préalable pour qu’ils deviennent pleinement intégrés dans les chaînes de valeur régionales et mondiales et pour qu’ils puissent faire des progrès significatifs vers la réalisation du Programme d’action de Vienne et les objectifs de développement durable (ODD).  Pour le délégué, cela n’est possible que grâce à des niveaux plus élevés d’investissements, des investissements de qualité et abordables, ainsi que des infrastructures fiables et résilientes, y compris dans les domaines des TIC, des transports et de l’énergie.  Le Groupe a appelé les partenaires au développement à renforcer les mécanismes de soutien aux pays en développement sans littoral, notamment en renforçant le transit et la facilitation du commerce par des mesures telles que l’aide au commerce.  Les pays en développement sans littoral ont besoin d’un soutien particulier pour renforcer leurs capacités productives, accroître la participation aux chaînes de valeur mondiales et régionales et adopter la numérisation et l’automatisation.

Par ailleurs, les pays en développement sans littoral, bien qu’ayant de très faibles parts d’émissions de gaz à effet de serre sont parmi les pays les plus touchés par les changements climatiques.  Le représentant a, de ce fait, appelé à une plus grande assistance de ces pays dans leur volonté de faire face aux impacts des changements climatiques, de la désertification, de la dégradation des terres, de la perte de biodiversité et des catastrophes naturels.

La pauvreté sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions reste un défi, a souligné la représentante du Maroc, au nom du Groupe des États d’Afrique, appelant à la solidarité pour éliminer la pauvreté et la faim.  Pouvoir se doter d’une protection sociale adéquate et fournir des emplois est de la plus grande urgence pour les pays africains qui souffrent de la faim, de la désertification et autres défis climatiques, a-t-elle prévenu.  Un Africain sur cinq a connu la faim en 2020, a lancé la représentante, soit plus du double des autres régions, ce qui confirme l’importance d’atteindre l’objectif 2 du Programme 2030 en Afrique.  Le Groupe des États d’Afrique est convaincu qu’une agriculture durable a un rôle essentiel à jouer pour améliorer la sécurité alimentaire, en particulier en milieu rural.

De plus, les effets des changements climatiques sont importants en Afrique, raison pour laquelle il est également essentiel de renforcer les capacités et de développer l’agriculture, a poursuivi la représentante.  L’Afrique est déterminée à soutenir son développement par une bonne gestion des ressources à long terme, a assuré la déléguée, ajoutant que l’autonomisation des femmes est également essentielle.

Estimant que la transformation des systèmes alimentaires en Afrique sera un des moteurs principaux pour éliminer la pauvreté et la faim, le Groupe a renouvelé son appel à investir sur le continent dans ces systèmes, comme il l’a déjà fait au Sommet sur l’alimentation en septembre.

Enfin, si le fossé numérique est comblé, les technologies de l’information et de la communication présentent un grand potentiel pour réduire l’empreinte carbone, atténuer les changements climatiques et assurer la sécurité alimentaire, a relevé la représentante.

Le représentant du Malawi, s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a déclaré que les PMA s’efforcent d’élaborer un nouveau Programme d'action dans un moment sans précédent de leur Histoire.

Il s’agit de garantir leur développement durable à long terme, et de préparer la cinquième Conférence sur les PMA qui aura lieu en janvier prochain, au Qatar.  Notant que la barre de 1% des exportations mondiales n’a pas encore pu être atteinte par le Groupe des PMA, le représentant a ajouté que si « 18 PMA sont directement victimes des changements climatiques », tous les 46 PMA sans exception souffrent de la crise climatique.

L’orateur a déclaré que les PMA se rapprochent dangereusement d’un gouffre.  Les PMA abritent 14% de la population mondiale mais n’ont reçu que 2% des vaccins, a-t-il dit.  Or, l’équité d’accès aux vaccins doit être un objectif à viser pour tous, a rappelé le représentant.

Les sciences et technologies étant fondamentales pour la progression des PMA, le délégué a appelé les États à s’engager à soutenir durablement la Banque des technologies pour que celle-ci s’acquitte de son mandat.  Il faut aider les PMA à utiliser les sciences et les technologies pour qu’ils puissent un jour changer de catégorie, a-t-il notamment argué.  Concernant la Conférence de Doha prévue en janvier prochain, il a espéré qu’elle ouvrirait « une nouvelle ère dans l’Histoire des PMA ».

La représentante de la (République démocratique populaire lao), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a estimé qu’un soutien et une assistance internationaux accrus sont nécessaires pour que les PMA et les pays en développement sans littoral prennent les mesures nécessaires pour atténuer les impacts socioéconomiques dévastateurs de la COVID-19.  Pour sa part, l’ASEAN a mis en œuvre le cadre de relance global de l’ASEAN, lequel vise à remédier aux conséquences sociales et économiques de la pandémie, telles que les chaînes de production et d’approvisionnement perturbées, les chocs de la demande, la diminution du commerce et des investissements, le taux de chômage élevé, les inégalités croissantes et la réduction d’accès aux ressources et opportunités pour les groupes vulnérables.  En outre, a ajouté la représentante, afin de faire face aux urgences de santé publique, l’ASEAN a créé le Fonds de réponse COVID-19 qui a reçu des contributions importantes des partenaires externes de l’ASEAN.

Par l’entremise de sa Vision 2025, l’ASEAN vise à développer une économie de plus en plus intégrée et compétitive, capable de maintenir une croissance économique élevée et une résilience face aux chocs et à la volatilité économiques.  Pour la représentante, alors que les PMA en sont au stade final de la mise en œuvre du futur programme d’action qui sera adopté à la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, il est essentiel de reconnaître qu’il reste des tâches inachevées qui nécessitent une coopération et un soutien accrus de la communauté internationale.  Elle a évoqué en particulier les domaines du renforcement des capacités productives, de la transformation économique structurelle et de la réduction de la pauvreté.  Plus important encore, les PMA et les pays en développement sans littoral restent vulnérables aux chocs externes et aux phénomènes liés au climat tels que les ouragans, les cyclones, les inondations, la sécheresse et les glissements de terrain, a rappelé la déléguée.

Le représentant du Qatar a indiqué que son pays avait été un partenaire stratégique dans l’aide aux pays en situation particulière.  Il contribuera à hauteur de 100 millions de dollars au soutien pour les pays les moins favorisés, a-t-il annoncé.  Le représentant s’est dit fier que son pays accueille la cinquième Conférence sur les PMA, à Doha, en janvier 2022.  Il a annoncé que les préparatifs vont bon train.  Ce sera l’occasion d’élaborer une plateforme de relance pour ces pays et de galvaniser davantage de soutien pour aider les PMA à se remettre de la pandémie, a-t-il espéré.  Le représentant a assuré que le Qatar fera de son mieux pour que cette Conférence réponde aux aspirations de millions de personnes dans les PMA.  Il faut promouvoir le multilatéralisme et la coopération multilatérale et veiller à ce que les vaccins soient accessibles à tous, a-t-il conclu.

Le représentant de l’Éthiopie a attiré l’attention sur les efforts considérables dans le domaine du développement fournis par les pays en situation particulière.  Mais une situation trop fragile continue de caractériser le paysage économique dans lequel ils évoluent.  Les mesures prises pour lutter contre la pandémie n’ont fait qu’approfondir les inégalités existantes, a regretté le représentant.  Pour sa part, l’Éthiopie a adopté un plan d’action décennal qui met l’accent sur la transformation économique structurelle et un développement durable inclusif.  En tant que pays sans littoral, l’Éthiopie a apprécié de pouvoir utiliser les ports de pays voisins comme Djibouti et le Soudan, a reconnu le représentant.  Pour conclure, il a dit beaucoup attendre de la prochaine Conférence sur les PMA à Doha.

La représentante de la Chine a évoqué les difficultés de plus en plus importantes des PMA et des pays en développement sans littoral.  Elle a appelé à aider les PMA à élaborer une nouvelle feuille de route, à faciliter les investissements en leur direction, à développer la coopération, et à leur fournir un soutien dans le domaine des vaccins, des tests et dans le développement de systèmes sanitaires robustes.  En tant que pays en développement, la Chine tente de venir en aide aux PMA via la « Route de la soie », dans le but de réduire les inégalités et de parvenir à une croissance durable, a témoigné la représentante.

La représentante chinoise a appelé les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD).  Le développement de la Chine est conditionné au développement des autres pays en développement, a-t-elle concédé, avant d’inviter tous les pays à développer des partenariats, dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le représentant de l’Équateur a déclaré que son pays attachait une grande importance aux partenariats pour le développement.  Cette collaboration s’effectue par le biais d’accords de coopération signés avec divers pays du monde, ainsi que par des relations mutuellement bénéfiques et à long terme avec la société civile, le monde universitaire et le secteur privé, a-t-il précisé.  À cet égard, le « plan de création d’opportunités 2021-2025 », qui constitue le nouveau plan de développement équatorien, inclut le maintien d’un environnement commercial adéquat permettant d’attirer les investissements et les partenariats public-privé.

Le rôle joué par le secteur privé dans la lutte contre la pandémie en Équateur a été crucial, a témoigné le représentant.  Plus de 9 millions de personnes ont été vaccinées en peu de temps grâce à un effort de planification et de logistique, et grâce à une coordination méticuleuse entre le Gouvernement, le secteur privé, les universités et des organisations internationales, a salué l’orateur.

Le représentant du Bhoutan a plaidé en premier lieu pour le renforcement des capacités productives en faveur des pays en développement.  Il a aussi attiré l’attention sur les conséquences des changements climatiques sur un pays comme le sien, ce phénomène demeurant le principal obstacle au développement durable du Bhoutan.  Estimant que le reclassement des PMA est un jalon fondamental, il a prévenu qu’il doit s’accompagner d’un soutien conséquent aux PMA qui sortent de la catégorie, afin qu’ils ne tombent pas dans le piège du revenu intermédiaire.  Pour sa part, le Bhoutan élabore une stratégie pour son reclassement qui devrait avoir lieu en 2023, a annoncé le représentant.

La représentante du Tadjikistan a fait observer que les économies de plus de 80% des pays en développement sans littoral dépendent des produits de base.  Or, bien que le commerce mondial ait connu une relance, les exportations de ces pays ont diminué de 8%, a-t-elle informé.  Elle a aussi expliqué que le manque d’accès à la mer et l’isolement de ces pays par rapport aux marchés mondiaux ont un impact négatif sur leur participation au commerce international et à d’autre domaines du développement durable.  Pour le Tadjikistan, il est tout aussi important que des efforts soient faits pour accompagner les pays en développement sans littoral qui font face au défi d’accès à l’eau.

Le représentant du Népal a pris note des progrès réalisés dans les domaines de la santé, l’éducation et l’égalité entre hommes et femmes dans les pays en développement sans littoral, mais a souligné que les progrès en matière de développement restent rares.  Le nouveau Programme d’action qui sera décidé à Doha doit identifier les obstacles et prévoir les mesures nécessaires pour surmonter les défis.  En raison de la flambée de la pandémie, les progrès gagnés de haute lutte risquent d’être anéantis dans les PMA et pays en développement sans littoral, a-t-il mis en garde en demandant une reconstruction résiliente et durable, par exemple par des transferts de technologies dans le cadre du Programme 2030.

Par ailleurs, a continué le représentant, la bonne mise en œuvre de l’Accord de Paris et du Cadre de Sendai est nécessaire pour faire face aux changements climatiques.  Ces efforts devraient s’accompagner d’un accès préférentiel aux marchés.  En tant que pays en développement sans littoral, le Népal est engagé à en faire davantage dans ses efforts de reclassement pour assurer une transition sans heurt.

Le représentant de l’Afrique du Sud a fait remarquer que les répercussions de la crise climatique ont un coût très élevé pour les PMA et les pays en développement sans littoral, alors que ces pays ne contribuent guère aux changements climatiques.  Malheureusement, l’Afrique compte le plus grand nombre de PMA, a-t-il souligné.  Il a donc jugé essentiel que les défis auxquels ils sont confrontés fassent l’objet d’une attention urgente et d’un appui de la communauté internationale.  Le représentant a, par ailleurs, fermement appelé à fournir aux pays en développement un accès aux vaccins et à l’infrastructure sanitaire.

La représentante de l’Inde) a indiqué que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui se tiendra à Doha en janvier prochain, sera l’occasion d’évaluer la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul, de mobiliser un soutien international supplémentaire en faveur des PMA et de forger un nouveau partenariat entre les PMA et les partenaires au développement.  Ce partenariat doit aider ces pays à surmonter leurs défis, éradiquer la pauvreté et réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  La représentante a rappelé que quatre PMA ont été reclassés depuis 2011, alors que quatre autres le seront d’ici à 2024.  Selon elle, le succès du nouveau Programme d’action dépendra de son appropriation par les PMA et du leadership qui sera mis en marche pour élaborer et mettre en œuvre des politiques conformément à leurs priorités.  Ces efforts nationaux devraient être complétés, entre autres, par des solutions de financement innovantes, tant publiques que privées, a-t-elle précisé.

En ce qui concerne les pays en développement sans littoral, l’Inde a déploré leur isolement géographique qui est aggravé par la faiblesse de leurs infrastructures de transit, de transport et douanières, ainsi que leurs faibles capacités technologiques.  De même, certains parmi eux font face à des niveaux de dette extérieure extrêmement élevés, a-t-elle noté avec inquiétude.

La représentante a ensuite indiqué que, dans le cadre de la riposte à la COVID-19, le Fonds de partenariat pour le développement Inde-ONU s’emploie à soutenir les projets de réponse à la pandémie dans les pays qui en ont besoin.  Forte de son expérience de développement et de son long partenariat de développement avec les pays en situation particulière, l’Inde entend appuyer les PMA et les pays en développement sans littoral afin qu’ils retrouvent la croissance et réalisent les ODD d’ici à 2030.

Relevant que les PMA ont fait des progrès, le représentant du Bangladesh a noté que 4 d’entre eux ont été reclassés et 16 sont en voie de reclassement.  Mais la pandémie risque d’invalider ces progrès, a-t-il craint.  Aussi a-t-il estimé que la Conférence de Doha sur les PMA doit adopter une feuille de route pour continuer les progrès, pour reconstruire en mieux et lutter contre la pauvreté.  Le représentant a pris note de l’appel des PMA à faire des vaccins un bien public mondial et a fait observer que certains, comme le Bangladesh, ont la capacité d’en assurer la production.  Par ailleurs, le représentant a demandé à la communauté internationale de respecter ses engagements en faveur des PMA dans le cadre du Programme 2030.  Face aux changements climatiques, le prochain programme d’action pour les PMA doit permettre de renforcer la résilience de ces pays, a-t-il conclu.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Troisième Commission: les titulaires de mandat tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’impact de la COVID-19 sur les enfants

Soixante-seizième session,
6e séance plénière & réunion virtuelle – matin & après-midi
AG/SHC/4320

Troisième Commission: les titulaires de mandat tirent la sonnette d’alarme au sujet de l’impact de la COVID-19 sur les enfants

La Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la  violence contre les enfants, a déclaré, aujourd’hui, devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l’on craignait initialement », celle-ci ayant augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants, que ce soit à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste. 

Mme Najat Maalla M’Jid a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et que son impact économique a exacerbé les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés.  Or, nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale. 

Selon ses chiffres, entre 10 à 30 millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années.  « Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise » a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation.  La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à l’Internet durant la crise sanitaire.  En outre, seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré. 

Même son de cloche du côté de la Présidente du Comité des droits de l’enfant qui s’est inquiétée de la répercussion de la fermeture d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels en raison de la pandémie. 

De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie.  Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a plaidé Mme Mikiko Otani. 

La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit, a renchéri la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire. 

Mme Virginia Gamba s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées en 2020: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ».  De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad.  En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants. 

La Troisième Commission a également entendu un exposé de la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, qui a attiré l’attention sur la vulnérabilité des enfants et des jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre. 

Selon Mme Mama Fatima Singhateh, les filles étant souvent considérées comme exclusivement concernées par l’exploitation sexuelle, les mécanismes d’appui ont été principalement conçus pour traiter leur problématique, ce qui a rendu les garçons, mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre, « invisibles ».  Elle a conseillé d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants et de créer des espaces pour ceux qui sont non binaires. 

Avant de dialoguer avec les titulaires de mandat, la Troisième Commission a achevé son débat général, l’occasion pour l’Organisation internationale du Travail (OIT) d’indiquer que par rapport aux tendances d’avant-crise, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et que 23 millions le seront en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700 milliards de dollars de revenus du travail.  Cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social, a alerté la délégation.

La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 11 octobre, à partir de 15 heures. 

POURSUITE ET CONCLUSION DU DÉBAT GÉNÉRAL

Déclarations

Au nom d’un groupe de pays, Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica), a constaté qu’au cours de la pandémie, les défenseurs des droits de l’homme, les organisations et les représentants de la société civile ont rencontré un certain nombre de difficultés pour accéder et s’engager dans le travail des Nations Unies.  Cela va des limitations d’accès aux locaux et aux réunions virtuelles, à l’inégalité d’accès à l’enregistrement, en passant par l’absence de disponibilité des informations et de possibilités de s’engager avec les États Membres et les autres parties prenantes.  Elle s’est déclarée profondément préoccupée par le rapport présenté au Conseil des droits de l’homme (CDH) par le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, qui fait état de représailles et d’intimidations présumées à l’encontre de 240 membres de la société civile, militants et journalistes, dans 45 pays.  En effet, a-t-elle poursuivi, on ne peut tout simplement pas prétendre offrir un espace ouvert à la société civile si elle est privée de parole.  Ce silence doit être brisé! s’est-il écrié. 

Aujourd'hui, face à une pandémie mondiale qui a bouleversé des vies et des moyens de subsistance, accéléré les changements sociaux, notamment la numérisation, et obligé les Nations Unies à s’adapter à de nouvelles méthodes de travail virtuelles, nous devons redoubler d’efforts pour promouvoir les conditions d’un environnement transparent, accessible et sûr pour la société civile, notamment pour ceux qui travaillent et luttent pour les droits humains.  Ouvrons donc la porte à la société civile, y compris aux défenseurs des droits de l’homme, pour qu’ils puissent participer de manière significative, en commençant ici, au sein de cette Commission, a-t-il affirmé. 

Au nom d’un groupe de pays de l’hémisphère Sud, M.  TAREK LADEB (Tunisie) a souligné que les valeurs du multilatéralisme constituent des caractéristiques communes qui amènent les membres de ce groupe à promouvoir les droits humains et à prôner le développement durable.  Il a précisé que bien que les membres du groupe n’aient pas toujours des vues identiques, ils partagent des positions de principe qui leur permettent d’avancer des idées communes.  Le groupe est ainsi d’avis que, dans le contexte de pandémie actuel, la sécurité de tous passe par la sécurité de chacun.  De plus, a poursuivi le délégué, nous avons vu monter le niveau de violence domestique, tandis que les femmes et les filles ont de plus en plus de difficultés pour accéder aux services sociaux.  Parallèlement, les budgets nationaux sont fragilisés et le fossé numérique s’élargit entre pays développés et en développement.  Il convient donc de lutter contre ces défis et de protéger les droits humains, en particulier les droits des femmes et des filles, a-t-il plaidé, avant de lancer un appel à la coopération mondiale.  Ce n’est qu’en œuvrant de concert que nous pourrons façonner un avenir meilleur pour les générations à venir.  À cette aune, a-t-il souligné, notre groupe de pays de l’hémisphère Sud souhaite élaborer des mesures concrètes pour souligner l’importance des partenariats en vue d’atteindre nos objectifs communs. 

M. JOAQUIN ALBERTO PÉREZ AYESTARÁN (Venezuela) s’est alarmé du creusement des inégalités entre les pays du Nord et du Sud.  L’imposition illégale et immorale de mesures coercitives unilatérales aggrave les souffrances de 30 millions de Vénézuéliens, a-t-il affirmé, précisant que les sanctions imposées par le Gouvernement américain entravent l’accès, en temps voulu, aux médicaments, y compris aux vaccins contre la COVID-19, à la nourriture, au carburant et à d’autres biens et services.  Le représentant a déclaré que les États-Unis ne doivent pas donner des leçons en matière des droits humains car ils sont responsables d’un certain nombre de guerres, de massacres et de génocides, ainsi que de « l’utilisation prédatrice » des migrants.  Le dit Gouvernement ne saurait se faire le gardien des droits de l’homme alors même qu’il les viole « massivement », a accusé le délégué. 

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a déclaré que la crise sanitaire a fait reculer les progrès vers l’égalité entre les sexes, notamment parmi les travailleurs, les personnes vulnérables mais aussi les journalistes et les militants.  Elle s’est notamment inquiétée de la situation en Afghanistan où 20 ans de progrès ont été réduits à néant.  Cela est inacceptable car les femmes afghanes s’emploient à promouvoir l’égalité en excellant dans divers domaines, a-t-elle affirmé.  Elle a notamment décrié la prise pour cible de femmes journalistes, précisant que selon ONU-Femmes, ces dernières ont été les premières cibles d’attaques lors des manifestations.  « La violence contre les journalistes et reporters ne devrait pas être toléré ». 

La pandémie a également mise à rude épreuve l’éducation des enfants et notamment des jeunes filles, a poursuivi la déléguée, notant que 1,3 million d’heures de classes ont été perdues.  Au Liban, la crise économique a fragilisé les salaires des enseignants, alors que le pays compte rouvrir les écoles.  « Le droit de l’éducation est un droit sacré et nous devons veiller qu’une génération entière ne soit pas en retard », a-t-elle souligné.  La représentante a également indiqué que plus de 1,5 million de Syriens sont réfugiés au Liban, ce qui entraîne des « conséquences désastreuses » sur la population libanaise.  Le Liban ne peut plus porter le fardeau de la crise en ces temps difficiles, a-t-elle indiqué. 

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a estimé que l’impact catastrophique de la pandémie de la COVID-19 devrait inciter à une réflexion sur les meilleurs moyens de réduire les inégalités et résoudre les problèmes mondiaux.  L’essence même de la solidarité internationale est menacée par la polarisation, certains pays se présentant comme arbitres, a-t-il toutefois mis en garde.  Il a aussi déploré que malgré les efforts internationaux pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale et l’intolérance qui y est associée, ces phénomènes persistent et s’exacerbent.  Il s’est félicité en revanche de l’adoption de la déclaration politique lors du vingtième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, et de la résolution de l’Assemblée générale sur la préservation des sites culturels. 

Dénonçant en outre la discrimination à l’encontre de droits spécifiques, le représentant a relevé qu’il était clair que des « efforts systémiques » sont déployés pour laisser entendre que certains droits sont plus importants que d’autres.  « Rien ne justifie ce dédain », a-t-il affirmé.  Il a ensuite insisté sur l’importance de l’égalité vaccinale qui est « loin d’être une réalité », en particulier en Afrique.  À cet égard, il a appuyé le Mécanisme COVAX. 

Au plan national, a-t-il poursuivi, l’Égypte a lancé sa première stratégie en matière des droits humains, intégrant les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.  Des mesures ont également été prises pour renforcer les capacités dans le domaine des droits de la personne et l’égalité des genres.  En outre, le rapport présenté dans le cadre de l’Examen périodique universel réitère le droit des femmes en tant que partenaires égaux, a-t-il ajouté. 

Mme  GERELMAA DAVAASUREN, Directrice générale du Département de la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères de la Mongolie, a souhaité que, plutôt que de se diviser, la communauté internationale unisse ses forces pour surmonter la pandémie de COVID- 19.  Nous devons œuvrer ensemble à une distribution équitable des vaccins en tant que biens publics mondiaux et lutter collectivement contre d’autres défis de santé communs par le biais de la coopération technique, du transfert de technologie et de l’échange des meilleures pratiques, a plaidé la déléguée.  En Mongolie, a-t-elle précisé, 65% de la population a été entièrement vaccinée contre la COVID-19 grâce au soutien d’autres pays et aux approvisionnements du Mécanisme COVAX.  En dépit des difficultés occasionnées par cette crise, le Parlement mongol a adopté la « Vision 2050 », politique de développement à long terme du pays, qui vise notamment à offrir l’accès à une éducation de qualité, à développer un système de soins de santé efficace et à améliorer la protection sociale.  Dans ce cadre, la Mongolie entend rendre 90% de ses services publics disponibles sur un système numérique intégré d’ici à 2024. 

La représentante a ensuite indiqué que son pays a entrepris un large éventail de réformes juridiques pour harmoniser ses lois nationales avec les normes et règles internationales relatives aux droits de la personne.  De plus, a-t-elle relevé, le Parlement a adopté en avril dernier une nouvelle loi sur le statut des défenseurs des droits humains, tandis qu’un groupe de travail a été chargé de réviser la loi sur la liberté des médias afin notamment de mieux protéger la confidentialité des sources.  En outre, le Gouvernement a rédigé un projet de révision du Code du travail sur le harcèlement sexuel et a pris des mesures pour lutter contre les pires formes de travail des enfants.  Réaffirmant par ailleurs que la Mongolie continuera de coopérer avec tous les titulaires de mandats spéciaux pour mettre en œuvre leurs recommandations, la déléguée a réaffirmé le soutien de son pays au processus de l’Examen périodique universel (EPU) en tant qu’instrument essentiel pour améliorer la situation des droits de l’homme aux niveaux national et international. 

M.  NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a d’entrée de jeu déploré l’aggravation des violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire dans les zones de crise.  Évoquant la situation en Afghanistan, il a appelé les Taliban à respecter leurs engagements, notamment concernant les droits des femmes et des filles et la préservation de l’accès humanitaire.  Au Yémen, la France appelle à une cessation immédiate des hostilités, à la protection des civils, à la préservation de l’accès humanitaire et à la cessation des violations des droits de l’homme.  Se tournant vers la Syrie, le représentant a regretté que le « régime » continue de torturer des personnes qu’il détient arbitrairement et des réfugiés de retour dans le pays. 

En Éthiopie, a-t-il poursuivi, l’urgence est de faire cesser définitivement les violences, d’assurer la protection des populations civiles, de permettre l’accès à l’aide humanitaire et d’engager un dialogue politique.  Le représentant s’est aussi dit préoccupé par la dégradation de la situation sécuritaire en République centrafricaine, caractérisée par de multiples violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, « commises en particulier par les mercenaires de la société privée russe Wagner ».  Il a ensuite demandé qu’il soit permis à la Haute Commissaire aux droits de l’homme d’accéder sans entrave et en toute indépendance au Xinjiang, déplorant en outre la dégradation continue de la situation à Hong Kong ainsi qu’au Tibet. 

M. de Rivière a par ailleurs constaté que la multiplicité des défis actuels met à l’épreuve le système international de protection des droits de l’homme.  Les pandémies, les changements climatiques, la dégradation de la biodiversité et de l’environnement ainsi que l’accroissement des inégalités socioéconomiques appellent des réponses multilatérales respectant pleinement la règle de droit international, en particulier les droits de l’homme, et favorisant des coopérations plus inclusives pour un développement durable, a-t-il souligné. 

 Il a également estimé que les remises en cause répétées des droits des femmes et des filles –qu’il s’agisse d’égalité des genres, de droits et santé sexuels et reproductifs ou de protection contre les violences  fondées sur le genre–  appellent une réponse « concrète et sans équivoque ».   La France s’y est employée, notamment en organisant le Forum Génération Égalité avec le Mexique, sous l’égide d’ONU-Femmes, a-t-il indiqué, précisant qu’un Plan mondial d’accélération pour l’égalité entre les femmes et les hommes a été lancé à cette occasion.  Avec ses six coalitions d’action et une mobilisation de l’ordre de 40 milliards de dollars, ce plan trace une feuille de route ambitieuse en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes pour les cinq prochaines années, avec plus de 1000 engagements concrets pris à ce jour, s’est-il félicité.  Il s’agit, a conclu M. de Rivière, d’une illustration du « multilatéralisme par les actes » que la France appelle de ses vœux. 

Intervenant en sa capacité nationale, Mme NESRINE ELMANSOURI (Tunisie) s’est déclarée particulièrement préoccupée par les répercussions de la pandémie sur les droits de l’homme et le développement à l’échelle mondiale.  Elle a mis l’accent sur l’importance vitale du multilatéralisme pour garantir le respect des droits humains. 

La Tunisie reste attachée à l’égalité hommes-femmes, a déclaré la représentante.  À cet égard, elle a présenté le pays comme « pays pionner » dans la région en ayant nommée une femme Première Ministre.  C’est la première femme de l’histoire de la Tunisie à être chargée de former un  gouvernement, a-t-elle ajouté, précisant que cette décision s’inscrit dans l’engagement du pays pour une pleine participation effective des femmes dans tous les niveaux des processus décisionnels. 

La représentante a par ailleurs indiqué que la pandémie a eu une conséquence imprévue dans l’espace civique, ainsi que sur la sécurité de journalistes et des défenseurs des droits humains.  Elle a appelé l’ONU à donner l’exemple, en commençant par rassurer les organisations de la société civile, les journalistes et les défenseurs des droits de l’homme sur la valeur de leur contribution.  Des efforts s’imposent également pour atténuer les défis et les restrictions auxquels ils sont confrontés en raison de la pandémie. 

M. JUN ZHANG (Chine) a indiqué que sous la houlette du parti communiste, son pays a choisi un modèle de développement « approprié à nos spécificités ». Le peuple chinois est ainsi devenu le véritable maître du pays et les questions de droits humains et de l’égalité ont été concrétisés dans la pratique, a dit le représentant, précisant que le taux de satisfaction de la population chinoise vis-à-vis du gouvernement dépasse les 90%. 

Il a ensuite reconnu que les droits de l’homme sont universels, tout en estimant que la voie pour les réaliser peut-être différente.  Il faut tenir compte des cultures et chaque pays a le droit d’envisager son modèle de promotion des droits de l’homme, a-t-il martelé.  « Imposer un modèle venu de l’extérieur n’est ni démocratique, ni faisable! »  Il s’est notamment élevé contre les « vieux discours » prônés par « certains pays » qui suscitent à la confrontation et déstabilisent les situations çà et là, imposant des sanctions unilatérales et des mesures coercitives en violation du droit international. 

Cette année « nous avons été témoins de phénomènes étranges » au sein de la Troisième Commission, a-t-il poursuivi.  Les États-Unis et d’autres pays attisent la confrontation et pointent des pays en développement, mais passent sous silence leurs propres problèmes et ferment les yeux sur le triste passé des droits de l’homme de leurs alliés.  La France, a-t-il regretté, vient de prononcer une déclaration de ce type.  Cette sélectivité et cette politisation a nui à l’atmosphère de coopération à l’ONU, a-t-il déploré. 

« Le monde d’aujourd’hui est gouverné par l’égoïsme économique, les ambitions politiques, le chantage, et le chaos orchestré » a fustigé M. IGOR PILIPENKO (Bélarus).  Il a dénoncé « l’ingérence flagrante », de forces étrangères mais également de « hauts représentants du système des Nations Unies ».  À cet égard, il a affirmé qu’un « agent de l’ONU » aurait financé des manifestations avec des fonds alloués aux personnes handicapées par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.  Afin de justifier ces abus, le Haut-Commissariat a qualifié les manifestants de « victimes du régime », a-t-il ajouté. 

Le représentant a ensuite indiqué que l’appui social accordé par le Bélarus aux personnes âgées, handicapées, aux vétérans de le Deuxième Guerre mondiale, aux familles nombreuses et personnes vulnérables, est la « feuille de route du pays pour son développement socioéconomique ».  Il a fait savoir que le Bélarus prévoit de porter à l’examen de la Commission la question de l’abolition de la traite des personnes.  Le représentant a aussi attiré l’attention sur l’importance du renforcement de la coopération contre l’immigration illégale, le trafic illicite de stupéfiant, le terrorisme et son financement, le blanchiment d’argent et la cybercriminalité. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a engagé tous les États à coopérer pleinement en vue d’assurer l’accès complet aux vaccins pour tous.  Il a dénoncé les restrictions imposées à l’espace et à l’expression des représentants de la société civile, notamment les défenseurs des droits humains, les journalistes et le personnel des médias.  Il a appelé tous les gouvernements à prendre les mesures appropriées contre l’intimidation et les représailles à l’encontre de ces derniers, rappelant dans la foulée que lors de la présidence irlandaise au Conseil de sécurité, plusieurs de ces représentants avaient été invités à prendre la parole.  Il s’est alarmé par ailleurs que, dernièrement, certains fonctionnaires des Nations Unis ont été expulsés et déclarés « persona non grata ». 

Le représentant s’est ensuite inquiété de la « pandémie voilée » qu’est la violence à l’égard des femmes, et a insisté sur l’importance de promouvoir l’égalité hommes-femmes.  Il a exprimé plus particulièrement sa préoccupation pour le sort des filles afghanes qui devraient jouir de leur droit à l’éducation et pouvoir se déplacer librement dans leur pays.  Il s’est fermement opposé à la peine capitale et invité tous les États à adopter un moratoire.  Il a par ailleurs relevé que ces derniers mois, « le racisme a montré son visage » dans toutes les régions, et exhorté au respect de la tolérance religieuse, en particulier. 

« Personne ne peut être en sécurité tant que tout le monde n’est pas en sécurité », a déclaré M. BAE JONGIN (République de Corée), qui a regretté les effets disproportionnés de la pandémie, notamment en ce qui concerne la vaccination.  À ce sujet, a précisé le représentant, la République de Corée a contribué au mécanisme COVAX à hauteur de 210 millions de dollars. 

M. Bae s’est ensuite dit préoccupé par la situation en Afghanistan, ainsi qu’au Myanmar où il espère que l’Envoyé spécial des Nations Unies pourra se rendre.  Il a insisté sur la nécessité de fournir une assistance humanitaire dans ces pays avec l’assistance des Nations Unies et des autres partenaires. 

Sur les femmes dites « de réconfort » de la Seconde Guerre mondiale, la République de Corée a déclaré les accompagner pour qu’elles recouvrent honneur et dignité.  M. Bae s’est par ailleurs préoccupé de ce que la pandémie détériore encore plus les moyens de subsistance des habitants de la République populaire démocratique de Corée et a encouragé ce pays à coopérer et à renouer le dialogue avec la République de Corée pour réunir les familles séparées. 

M. ABAKAR MOUCTAR (Tchad) a constaté que le fléau de la pandémie continue d’affecter les peuples du monde entier et de mettre à rude épreuve les systèmes de santé, sans oublier les conséquences sur les économies et les échanges commerciaux.  Face à cette crise qui impacte particulièrement les plus vulnérables, notamment les femmes et les filles, le représentant a appelé à une distribution équitable des vaccins contre la COVID-19, y voyant le seul moyen d’éradiquer le virus.  Dans ce contexte, il a réaffirmé le ferme engagement de son pays à continuer d’œuvrer en faveur des droits humains, à l’autonomisation des femmes et des filles et l’élimination des violences et discriminations sexistes.  Soulignant l’importance qu’accorde le Tchad à l’égalité de genre, il a fait état d’avancées sur le plan juridique et dans la mise en œuvre de programmes en faveur de la parité.  Le nouveau code de procédure pénal a ainsi renforcé la protection des droits des filles en établissant à 18 ans l’âge minimal pour le mariage et en pénalisant les mutilations génitales féminines.  En outre, une nouvelle loi institue la parité dans les fonctions électives, avec un quota de 30% de femmes dans les instances décisionnelles. 

Malgré ces progrès, les défis restent considérables, a concédé le délégué, évoquant la lutte de son pays contre les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad et la période de transition politique qui a fait suite au décès du Président Idriss Déby.  Le pays a besoin de ressources additionnelles pour surmonter ces difficultés qui s’ajoutent à la crise socioéconomique liée à la pandémie, a-t-il souligné, réclamant un accompagnement de la communauté internationale.  Enfin, s’agissant de l’élimination du racisme et de la discrimination raciale, il a rappelé que le Tchad et le Costa Rica ont cofacilité le processus intergouvernemental qui a conduit à la création de l’Instance permanente des personnes d’ascendance africaine.  Les efforts doivent continuer pour que justice soit rendue à ces personnes, a-t-il conclu, réitérant l’universalité des droits humains dans le respect des principes d’indépendance et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

Pour M. AMADOU JAITEH (Gambie) les défis d’aujourd’hui liés à la pandémie requièrent la solidarité de tous.  C’est pourquoi, il a lancé un appel à la communauté internationale pour un partage équitable des vaccins afin de juguler la pandémie. Il a également conseillé de tirer les enseignements de la crise sanitaire et invité à opérer des réformes cruciales de « nos institutions » en vue d’être prêt à affronter la prochaine pandémie et éviter une catastrophe humanitaire.  Il a salué la réforme du système de développement de l’ONU, se disant heureux de le voir s’adapter de façon à atténuer des effets des conflits et de la pandémie dans les pays en développement.  Le représentant a par ailleurs attiré l’attention sur le rôle qu’occupe la femme en Gambie, « véritable dirigeante » dans toutes les tâches qu’elle assume.  Il faut donc reconnaître sa contribution cruciale à la société en tant que partenaire de développement social, a-t-il estimé. 

Mme SOUEDA EL GUERA (Mauritanie) a déclaré que son pays a déployé de grands efforts pour mettre en œuvre des projets et des programmes visant à lutter contre la  marginalisation et  permettre  l’accès universel aux services de base, ainsi que le soutien au système de santé et d’éducation.  Ces efforts sont illustrés également au plan de la consolidation de l’unité nationale et de la vie politique, de l’édification de l’État de droit et des libertés et de la mise en place d’une bonne gouvernance, a-t-elle indiqué. 

En outre, la Mauritanie a créé une Constitution, garantissant à tous les citoyens les droits fondamentaux individuels et collectifs, tel que l’accès à l’eau potable, l’éducation et l’électricité, de même qu’à la protection sociale. Elle a indiqué qu’une loi sur la liberté d’association a été promulguée en début d’année, précisant que l’association peut avoir lieu sans autorisation.  En juin, la Mauritanie a également promulgué une nouvelle loi pénalisant l’esclavage.  Des tables rondes ont été organisées pour mettre en avant les progrès réalisés et à recenser les obstacles, tout en proposant des recommandations pour les surmonter.

M. KYAW MOE TUN (Myanmar) a invité à redoubler d’efforts, en cette période « inédite » de pandémie.  Il a signalé qu’au Myanmar, depuis le renversement du gouvernement légitime, l’armée a procédé à une campagne d’arrestations, d’enlèvements, de meurtres et de violations et abus des droits humains.  Ainsi, des restrictions aux libertés d’expression et de rassemblement sont devenues monnaie courante; et pas moins de 1 500 civils, notamment des femmes et des enfants, ont perdu la vie.  Il a appelé la communauté internationale à réfléchir « avec humanisme » sur cette situation sachant que l’armée a « commis des massacres ». 

M. Tun a ensuite rappelé que le Gouvernement d’unité nationale avait publié un document de position sur les Rohingya dans lequel il reconnaît les crimes graves commis par l’armée contre cette communauté, et envisage des enquêtes et des poursuites pénales en vue de restaurer les droits des Rohingya.  Les personnes prises pour cible par l’armée sont impuissantes car la répression a amené le peuple du Myanmar à vivre dans la peur, a-t-il indiqué.  Il a également expliqué qu’en raison des actes inhumains et de la pandémie, des centaines de milliers de personnes auraient besoin d’une assistance humanitaire d’urgence, notamment aux frontières.  Il a encouragé à la solidarité avec le Gouvernement d’unité nationale pour défendre la démocratie et l’union démocratique au Myanmar, appelant les États Membres à se montrer fidèles à la devise de l’ONU: « Nous peuples des Nations Unies ». 

M.  DIEGO PARY RODRIGUEZ (Bolivie) a souligné l’importance de la légitimité démocratique, mettant en avant la conscience collective des boliviens comme un exemple de démocratie, ce pays ayant dépassé les conséquences d’un coup d’état. 

Après avoir déclaré qu’il est impossible de faire cavalier seul face à la pandémie, le représentant a mis l’accent sur la question de l’éducation et des femmes.  La Bolivie est préoccupée par les problèmes d’accès à l’éducation et a invité à éviter les exclusions.  Les filles doivent pourvoir aller à l’école, ainsi que les personnes en situation de handicap, a souligné le délégué, avant d’insister sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’encontre des femmes. 

M. YOUSEF S. I. SALAH (Libye) a estimé qu’en finir complètement avec la pandémie de COVID-19 implique l’instauration de l’équité dans l’accès universel à des vaccins sûrs et abordables.  Les efforts nationaux ne suffiront pas pour surmonter cette crise, il faut une solidarité régionale et mondiale, a affirmé le délégué.  Dans ce contexte, il souligné l’importance de la famille, en tant qu’unité de base de la société, et a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la protection des droits des enfants et des femmes.  Il a ensuite indiqué que la Libye fait également face à une crise humanitaire causée par le phénomène de l’immigration illégale.  De nombreuses personnes, y compris des enfants et des femmes, trouvent la mort dans le désert en essayant d’atteindre les frontières sud de mon pays, a-t-il déploré, notant que certaines victimes des bandes de passeurs et des trafiquants d’êtres humains font aussi naufrage en mer. 

Selon le représentant, les efforts déployés par la Libye pour réduire ce phénomène ne suffisent pas à l’endiguer et l’augmentation du flux de migrants illégaux a exacerbé les problèmes socioéconomiques du pays.  Il a donc appelé la communauté internationale à y réagir et à se concentrer davantage sur les causes de cette crise, et non sur les seuls symptômes.  Cela exige un développement réel dans les pays d’origine et une lutte contre les gangs impliqués avec l’aide des pays de destination, a-t-il souligné, appelant également l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Bureau de lutte contre le terrorisme à suivre le parcours financier de cette migration. 

Le délégué a ensuite réaffirmé l’engagement de la Libye en matière de développement économique et social pour tous les membres de la société.  Faisant valoir que le droit au développement requiert un financement adéquat, il a enjoint les pays qui ont perçu illégalement des fonds libyens de les restituer afin que cet argent puisse être investi dans des programmes de développement et de reconstruction en Libye.  Enfin, il a appelé la communauté internationale à respecter les droits humains du peuple palestinien et à faire cesser toutes les violations auxquelles celui-ci est exposé. 

Mme HANAA BOUCHIKHI (Maroc) a indiqué que l’approche de son pays dans le domaine des droits de l’homme trouve son fondement dans la Constitution.  Expliquant une série d’initiatives mise en œuvre au cours des dernières années, la déléguée a évoqué, entre autres, la réforme du cursus scolaire qui, a-t-elle précisé, est ancrée dans les valeurs universelles de tolérance, de cohabitation et libre exercice du culte.  Elle s’est enorgueillie du rôle du Maroc au niveau international qui a permis l’adoption, par l’Assemblée générale, en juillet 2019, de la résolution sur la lutte contre le discours de haine, puis l’année dernière, d’un autre texte qui proclame la Journée internationale de la lutte contre les discours de haine. 

La représentante a également fait valoir la politique publique intégrée du Maroc pour la promotion des droits de personnes handicapées, ainsi que sa politique, « humaniste et pionnière au niveau africain », sur la migration.  En outre, l’égalité entre les sexes est consacrée par l’article 19 de la Constitution.  Les femmes sont également représentées dans tous les secteurs et elles siègent en particulier dans le Conseil des Oulémas et sont aussi mourchidates.  La représentante a aussi mis l’accent sur l’interdiction pénale qui est faite de tout acte d’exactions et d’abus corporels, psychiques ou tout autre forme de violence à l’égard des femmes.  S’agissant de la COVID-19, elle a évoqué la création d’un fonds spécial d’assistance matérielle et financière à l’intention de plusieurs groupes de la société. 

M. KIMURA TETSUYA (Japon) s’est tout d’abord préoccupé de la grave crise humanitaire en Afghanistan, indiquant que son pays continuera de suivre de près la ligne d’action réelle des Taliban, ainsi que de la situation au Myanmar depuis le coup d’État.  La question des enlèvements en Corée du Nord est un autre sujet de grave préoccupation pour le Japon, car elle touche à la souveraineté nationale, à la vie et la sécurité de notre peuple.  Alors que les familles des victimes continuent de vieillir, il n'y a pas de temps à perdre avant de résoudre cette question, a-t-il insisté. 

Sur un autre registre, le représentant a appelé à des efforts supplémentaires pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes afin de ne pas perdre les avancées réalisées jusqu’à présent.  Il a aussi engagé à éradiquer la violence contre les enfants.  M. Tetsuya a annoncé, par ailleurs, que son pays et le Brésil présenteront la résolution triennale sur le volontariat.  Pour finir, il a rappelé que cet été, 10 ans après le séisme qui a frappé la partie orientale du pays, le Japon a accueilli les Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo 2020 sous le slogan « unis dans la diversité ». 

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a indiqué que, face à l’urgence sanitaire, économique et sociale engendrée par la pandémie de COVID-19, le Gouvernement équatorien a déployé un dispositif technique et humanitaire qui lui permet, aujourd’hui, d’être en bonne place en matière de vaccination.  Plus de 20  millions de vaccins ont été distribués et près de 60% de la population nationale est pleinement vaccinée, s’est-il enorgueilli, saluant au passage la coopération internationale et les contributions de « pays frères ».  Il a par ailleurs fait état d’un plan national de création d’opportunités 2021-2025, qui prévoit de faciliter l’accession à la prospérité, sans oublier d’être solidaires avec les plus vulnérables, à travers un État « solide et efficace ».  Le pays s’emploie par ailleurs à lutter contre la corruption, la discrimination sexuelle et la violence sexiste, tout en étant une terre d’accueil pour 433 réfugiés vénézuéliens, lesquels ont bénéficié des avantages du travail et de la sécurité sociale. 

S’agissant de la prévention du crime et de la justice pénale, le délégué a réaffirmé l’importance de la coopération internationale et de l’échange d’expériences.  Il a, d’autre part, estimé que la priorité doit être donnée à la lutte contre la corruption, ce fléau continuant d’être un obstacle à la mobilisation de ressources en vue de l’éradication de la pauvreté et du développement durable.  Quant au problème mondial de la drogue, l’Équateur y fait face par le biais d’une approche transversale, équilibrée et de genre, où les dépendances sont considérées un problème de santé publique et où l’État développe des programmes d’information, de prévention et de contrôle.  

Pour ce qui est de la promotion de la femme, l’Équateur dispose d’un cadre juridique solide qui s’appuie sur la Constitution et les instruments internationaux contraignants ratifiés par l’État.  Notant avec préoccupation que la pandémie a exacerbé les inégalités existantes pour les femmes et les filles, le délégué a souhaité que la participation, la protection et le potentiel de ces dernières soient au centre des réponses nationales.  Il a ajouté que son pays accorde une attention particulière à la promotion et à la protection des droits de l’enfant, mis à mal eux aussi par la COVID-19.  Face à la pandémie, a-t-il dit, l’Équateur a aussi mis en place un modèle intégrant la santé mentale aux soins de santé primaires. 

Évoquant ensuite les droits des peuples autochtones, il a souhaité que cette session permette de réfléchir aux progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de la Déclaration des Nations Unies dédiée à cette question.  En tant qu’État plurinational et interculturel, l’Équateur promeut la pleine participation des peuples autochtones et lutte pour la survie, la préservation et la revitalisation des langues ancestrales.  Enfin, s’agissant de la promotion et de la protection des droits humains, le pays a ratifié toutes les conventions internationales et collabore avec les procédures spéciales du système universel des droits de l’homme, a souligné le délégué. 

M. ROVSHEN ANNABERDIYEV (Turkménistan) a présenté les efforts et résultats accomplis par son pays en matière de genre.  La législation nationale prévoit ainsi des mécanismes juridiques et des garanties pour parvenir à une égalité des hommes et des femmes dans les sphères politiques et économiques.  Sur les 125 membres du Parlement du Turkménistan, 32 sont des femmes, soit 25,6%, ce qui correspond au taux des pays développés, a souligné le délégué.  La Présidente du Parlement et la Commissaire aux droits de l’homme sont toutes deux des femmes.  

Le délégué a fait observer que la pandémie de COVID-19 a rendu la mise en œuvre de la Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici à 2030 plus difficile.  Il a souligné que l’accès universel à un vaccin est le seul moyen de mettre fin à la pandémie, de soutenir la reprise économique et de réaliser les objectifs de développement durable. 

Enfin, le représentant du Turkménistan a déclaré que les questions relatives aux droits de humains doivent être débattues dans le cadre d’un dialogue constructif et non politisé, et qu’il faut éviter de désigner des coupables. La Troisième Commission ne devant pas être utilisée comme une instance politique, a-t-il estimé. 

M.  DAHIR SALAD HASSAN (Somalie) a constaté avec préoccupation que la pandémie ne menace pas seulement les systèmes de santé fragiles mais met aussi gravement à mal les structures sociales des pays. Ses effets entravent l’accès aux services de base et freinent les efforts visant à garantir la sécurité, notamment la lutte que mène la Somalie contre les activités terroriste des Chabab.  Dans ce contexte difficile, a ajouté le délégué, le pays fait tout ce qui est en son pouvoir pour instaurer la confiance et l’inclusion au sein de sa population.  Le Gouvernement est également déterminé à tenir des élections crédibles et transparentes, avec un quota de sièges réservés aux femmes. Son objectif est d’édifier une société capable de garantir les droits civils et politique de tous, a assuré le représentant, avant de souligner l’importance de la Déclaration et du Programme d’action de Durban pour le respect de l’égalité et la lutte contre les discriminations. Il a appelé à cet égard les gouvernements du monde entier à remédier à la xénophobie et à toute forme d’intolérance, surtout dans le contexte de la pandémie. 

S’agissant des droits des enfants, le délégué a réitéré l’engagement de son pays à les préserver. Avec la fermeture des écoles, la vie de nombreux enfants est perturbée, a-t-il déploré, faisant cependant état de progrès importants en matière de mortalité infantile.  Le Gouvernement somalien entend également promouvoir le statut socioéconomique des jeunes.  Pour cela, il importe d’éradiquer les conflits armés et les violences communautaires, a-t-il plaidé.  À cet égard, il a rappelé que son pays accueille un grand nombre de personnes déplacées, sans avoir les ressources adéquates pour répondre à cet afflux. 

M. DUSHKO UZUNOVSKI (Macédoine du Nord) a indiqué que, comme partout, la pandémie de COVID-19 a eu de graves conséquences dans son pays, tant sur le plan sanitaire que dans le domaine socioéconomique.  Pour en atténuer les effets, le Gouvernement a adopté plusieurs paquets de mesures, notamment l’octroi d’une aide financière aux citoyens les plus vulnérables et aux secteurs les plus touchés de l’économie, afin de faciliter la reprise.  Parallèlement, le pays a poursuivi ses réformes dans les domaines des droits humains, de l’état de droit et de la démocratie, tout en intensifiant sa lutte contre la criminalité organisée et la corruption.  C’est ainsi qu’une nouvelle loi sur la prévention de la corruption et des conflits d’intérêts introduit des conditions plus strictes dans la lutte contre ce fléau, laquelle fait l’objet d’une stratégie nationale pour la période 2020-2024. 

La Macédoine du Nord accorde également une attention particulière aux droits des femmes et des filles, a souligné le délégué, faisant état d’une budgétisation publique sensible au genre, d’une sensibilisation du public à toutes les formes de violence à l’égard des femmes, d’une meilleure protection des victimes et d’un renforcement de l’égalité des sexes dans tous les domaines.  Le pays a, d’autre part, révisé sa législation restrictive sur l’avortement afin de permettre aux femmes d’exercer leurs droits reproductifs. 

Face aux cas de discrimination dans les médias sociaux, des mesures spéciales sont prises pour sanctionner les auteurs, ainsi que pour sensibiliser le public à la nécessité de respecter la diversité, a encore relevé le représentant, selon lequel tout est également fait pour garantir l’indépendance et la liberté d’expression des journalistes et des professionnels des médias, dont les informations factuelles sont particulièrement essentielles en temps de crise.  Enfin, après avoir noté l’attachement de la Macédoine du Nord aux droits des minorités, il a rappelé qu’elle s’est portée candidate à un siège au Conseil des droits de l’homme pour la période 2025-2027.   

M. KARLITO NUNES (Timor-Leste) s’est inquiété de l’impact de la pandémie de COVID-19, pointant les grandes incertitudes et ses retombées sur les personnes les plus vulnérables.  Il a plaidé pour que le vaccin soit considéré comme un bien public global et distribué de façon globale loin de toute politisation, notamment dans les pays en développement. 

Des millions de personnes ont été poussées dans l’extrême pauvreté et cela a mis en évidence les inégalités qui prévalent.  Cette situation a posé de multiples défis à nos communautés, notamment en matière de paix et de sécurité, ainsi qu'en matière de jouissance des droits de l’homme, a-t-il fait observer. 

Le représentant a appelé à intensifier les efforts pour mieux reconstruire et aller de l’avant.  Ce faisant, notre coopération fondée sur un véritable esprit de solidarité est plus importante que jamais, a-t-il souligné.  M. Nunez a salué, à cet égard, les efforts des pays qui ont fait don de vaccins contre la COVID-19 aux pays dans le besoin, notamment par le biais du Mécanisme COVAX.

Mme ZAKIA IGHIL (Algérie) a relevé que les conséquences de la pandémie auraient été moins grave si le droit à la santé s’était vu octroyer la même importance que les droits civils et politiques.  Elle a souligné que la promotion et la protection des droits humains sont un objectif commun, et non celui « d’un groupe d’États ». Les conversations en la matière doivent se tenir de manière impartiale, « à l’abri de toute politisation et en respectant la souveraineté des États », a-t-elle insisté. 

La représentante a ensuite expliqué que l’Algérie a mis en place des reformes socioéconomique sur cinq axes: la consolidation de l’État de droit, la modernisation du système judiciaire et de l’administration publique, la lutte contre la corruption, la création d’une société civile libre, ainsi que la protection des libertés fondamentales telles que la liberté de réunion et libertés de la presse.  L’éducation est notamment assurée aux enfants sans aucune discrimination et les nouvelles technologies sont incluses dans les programmes scolaires.  Dans le domaine de la santé, le pays a commencé à produire des vaccins qui ont été mis sur le marché depuis le mois de septembre 2021, et que le Gouvernement souhaite distribuer à d’autres pays africains. 

Sur le plan humanitaire, la représentante s’est dite préoccupée par le nombre de personnes dans le besoin, et notamment les réfugiés sahraouis.  À cet égard, elle a indiqué que l’Algérie continuait de répondre aux besoins des réfugiés sahraouis et faire en sorte qu’ils aient accès aux vaccins contre la COVID-19.  Elle a appelé la communauté internationale à les soutenir, car leurs conditions sont « très dépendantes de l’aide humanitaire ». 

Mme  MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a noté que le monde reste aux prises avec un virus invisible qui a mis en exergue des structures de pauvreté et de violence qui préexistaient dans nos sociétés.  Dans ce contexte, comment pouvons-nous mesurer le succès de la commission de l’Assemblée générale chargée de délibérer sur les questions sociales, s’est interrogée la déléguée.  « Nos succès sont-ils déterminés par le nombre de résolutions adoptées ou à l’aune des progrès effectifs en matière de droits humains? »  À ses yeux, « c’est l’humain qui unit nos sociétés ».  Pour récupérer cette valeur, il importe selon elle de se concentrer sur la dignité humaine et sur la coopération internationale.  Ce n’est que si nous unissons nos forces que nous pourrons parvenir à des niveaux plus élevés en matière de droits de la personne, a-t-elle fait valoir, assurant que l’attachement du Costa Rica à la jouissance de ces droits par tous prend la forme de mesures concrètes.  Le pays a ainsi fait de l’égalité femmes-homme le fer de lance de sa « nouvelle normalité ».  Avec la Colombie, il a aussi lancé un appel urgent en faveur des droits des femmes et des filles en Afghanistan.  Le Costa Rica s’inscrit d’autre part dans une longue histoire qui s’est enrichie grâce au legs des personnes d’ascendance africaine, a ajouté la représentante, non sans rappeler que son pays a appuyé la résolution de l’Assemblée générale portant création de l’Instance permanente pour les personnes d’ascendance africaine. 

Mme  GELB (Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a salué d’emblée la solidarité de la Troisième commission en faveur de la vaccination des migrants contre la COVID- 19.  Cependant, a-t-elle mis en garde, il ne faut pour autant négliger les vaccins contre d’autres maladies, car, en règle générale, les migrants ne sont pas inclus dans les campagnes de vaccination.  La Fédération a proposé d’instaurer un environnement propice aux migrants pour que ces derniers aient confiance dans les acteurs sanitaires.  Les sociétés de la Croix-Rouge et Croissant-Rouge sont déterminées à ne ménager aucun effort pour apporter une assistance à tous ceux qui en ont besoin, a-t-elle ajouté. 

La représentante a ensuite signalé que les enfants représentent la majorité des personnes touchés par des catastrophes.  Nous devons accepter qu’aujourd’hui les enfants sont fortement exposés aux catastrophes naturelles.  Et il convient alors d’intégrer, en amont, leurs besoins dans les mesures humanitaires, a souligné la représentante, ajoutant qu’il en va de même en ce qui concerne leur protection de la violence. 

M. LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS (Comité International de la Croix-Rouge) a d’emblée attiré l’attention sur l’importance de travailler de concert pour améliorer la vie des personnes déplacées, dont le sort, a-t-il souligné, doit rester une priorité internationale. Il a noté que les conflits armés, les déplacements de populations et les changements climatiques peuvent faire pression sur des services parfois inexistants, créant des défis colossaux.  « Nous devons mieux comprendre comment les chocs climatiques exacerbent les vulnérabilités des individus en général, et des personnes déplacées en particulier », a-t-il ajouté. 

Dans son intervention, le responsable du CICR a également évoqué l’importance de prévenir les déplacements de population et d’identifier des solutions temporaires.  Il convient également de prendre des mesures pour contribuer à normaliser la situation des personnes déplacées et les aider à trouver une certaine autonomie.  Souvent, lorsque l’on cherche à trouver des solutions sur le long terme, on oublie de restaurer l’accès au droit, a-t-il noté. Il a recommandé de réfléchir de façon holistique et de travailler avec les personnes déplacées et les communautés hôtes pour identifier les besoins et alléger les pressions exercées sur ces dernières. 

M. PAUL BERESFORD-HILL (Ordre Souverain de Malte) a indiqué que « Malteser International », l’agence d’aide humanitaire de l’Ordre, est présente avec des projets médicaux, sociaux et humanitaires dans 120 pays.  Il s’agit d’un réseau efficace qui apporte un soutien constant aux membres oubliés ou exclus de la société, et à ceux qui ont été laissés pour compte.  Parmi eux, il a cité ceux qui sont otages des conflits et des désastres naturels, ainsi que les réfugiés et les victimes de la traite des êtres humains.  Il a noté que la pandémie actuelle, associée à l’instabilité politique dans de nombreux pays, a exacerbé les vulnérabilités existantes à la traite des êtres humains et aux formes contemporaines d’esclavage. 

Le représentant a ensuite invité la Commission à aborder la question, « généralement négligée », de l’utilisation des nouvelles technologies dans l’action humanitaire.  Si la technologie est souvent utilisée à mauvais escient, son utilisation positive peut également nous aider à lutter contre la traite des personnes, a-t-il estimé.  Il a aussi fait part de l’engagement de l’Ordre en faveur de la défense des droits humains des migrants et des croyances religieuses. De même, qu’il appuie pleinement l’action face à l’urgence climatique.  Il a ensuite appelé à accroître les partenariats et la coopération en vue de résoudre, ou tout au moins d’améliorer, certains des besoins les plus pressants dans le monde. 

M. MATTHIEU COGNAC, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a observé que les travaux de la Troisième Commission débutent alors qu’environ 8,8% du total des heures de travail, équivalentes aux heures travaillées en un an par 255 millions de travailleurs à temps plein, ont été perdues en 2020.  Par rapport aux tendances d’avant-crise, a-t-il précisé, on estime que 75 millions d’emplois auront été perdus en 2021 et 23 millions en 2022, ce qui correspond à une perte de 3 700  milliards de dollars de revenus du travail.  Pour le spécialiste, cette situation menace de freiner les progrès en matière de développement social.  En effet, la forte augmentation des inégalités et de la pauvreté maintient des millions de personnes dans le « cercle vicieux » du travail informel, où la protection sociale, les salaires minimums et les droits du travail sont « inexistants », a-t-il relevé, ajoutant que les secteurs les plus touchés sont aussi ceux qui emploient les personnes les plus à risque, notamment les femmes et les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les migrants, les membres de minorités ethniques et raciales, les seniors, les personnes handicapées et celles vivant avec le VIH/sida. 

Cette crise a non seulement stoppé le développement mais elle met également en danger la vie de ceux dont nous dépendons sur le plus, a alerté M. Cognac.  Parmi eux figurent les plus de 1,6  million de gens de mer qui travaillent sur des navires qui transportent plus de 80% du commerce mondial, a-t-il souligné, avant d’appeler à ce que ces derniers puissent travailler dans des conditions décentes et aient accès à la vaccination contre la COVID-19.  Il est donc essentiel, a-t-il plaidé, que les États Membres donnent suite à la résolution adoptée, l’an dernier, par l’Assemblée générale sur la coopération internationale face aux difficultés que connaissent les gens de mer en raison de la pandémie et mettent en œuvre la Convention du travail maritime de l’OIT.  Selon lui, ne pas le faire entraînerait de nouvelles perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales et saperait la reprise économique. 

M. Cognac a, d’autre part, jugé tragique qu’en cette Année internationale de l’élimination du travail des enfants, 160 millions d’entre eux se trouvent dans cette situation, un chiffre en progression pour la première fois depuis des années.  D’ici à la fin 2022, 9  millions d’enfants supplémentaires risquent d’y être contraints, a-t-il averti, souhaitant que la Convention de 1999 sur les pires formes de travail des enfants (no 182), qui a obtenu la ratification universelle en 2019, soit soutenue par des mesures législatives au niveau des pays.  Il en a profité pour appeler les États à ratifier également la Convention concernant l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail (no 190), y compris la violence et le harcèlement fondés sur le genre, des fléaux que la pandémie a notoirement aggravés. 

Avant de conclure, il a noté qu’il « n’existe peut-être pas de vaccin contre le chômage et la pauvreté au travail, mais il existe des solutions quand même », lesquelles prennent la forme de programmes et d’initiatives tels que l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale qui vient d’être lancé par le Secrétaire général, avec pour objectif de créer au moins 400 millions d’emplois d’ici à 2030. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, l’Éthiopie a dénoncé les propos « politisés » de l’Irlande, soulignant avoir déjà expliqué pourquoi certaines mesures ont dû être prises concernant le personnel de l’ONU.  Le personnel des Nations Unies doit respecter les principes d’indépendance et d’impartialité dans ses activités, a-t-elle rappelé.  Enfin, déplorant que des groupes criminels continuent de s’attaquer aux civils de son pays et d’entraver l’action humanitaire, elle a jugé « encore plus regrettable » que certains pays « minimisent la gravité de ces actes ». 

La République arabe syrienne a souhaité répondre à la France, qu’elle a appelée à nommer les États par leur nom.  Elle a d’autre part rappelé à cette délégation qu’un rapport du Conseil de sécurité sur le contre-terrorisme indique que plusieurs États Membres auraient exporté le terrorisme vers la Syrie, dont la France.  Ces États ont fait entrer en Syrie des combattants terroristes étrangers pour y semer le désordre et la zizanie.  Et ce faisant, a-t-elle souligné, ils ignorent leurs propres violations des droits de l’homme. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a appelé le Japon à verser des compensations aux victimes des crimes qu’il aurait commis durant la Deuxième Guerre mondiale.  Autrement, nos pays ne connaîtront jamais de relations pacifiques, a-t-elle dit.  La délégation a également appelé la République de Corée à cesser de critiquer la situation en RPDC.  Nos citoyens jouissent du plein respect de leurs droits et des mesures appropriées ont été prises pour faire face à la pandémie de COVID-19. 

La représentante du Maroc a souligné que la solution de la question du Sahara marocain ne peut être que « politique, pragmatique et de compromis » et ne pourra être conçu que dans le cadre de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.  Elle a affirmé que l’Algérie cherche à infliger à la population sahraouie le même calvaire que celui qu’elle a imposé aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf.  Elle a, à cet égard, dénoncé le détournement « systématique et à grande échelle » de l’aide humanitaire destinée aux populations de Tindouf.  « L’Algérie doit avoir honte », a-t-elle dit. 

De son côté, le Cambodge a rejeté les allégations erronées de la délégation des États-Unis formulées le 4 octobre dernier.  Le Cambodge continue de respecter les principes démocratiques, a souligné la délégation, évoquant les 6 000 organisations de la société civile enregistrées officiellement.  Pour la délégation, ces allégations sont une volonté d’ingérence dans les affaires intérieures des États et doivent « cesser immédiatement ». 

Le Japon a pris, à son tour la parole, pour réagir aux observations de la RPDC qui se basent sur des « chiffres erronés » loin de la réalité.  Il a rappelé à la délégation la promesse faite de lancer une enquête rigoureuse sur les enlèvements et de permettre à toutes les personnes enlevées de regagner le Japon le plus tôt possible.  Il a par ailleurs rejeté l’emploi du terme « esclaves sexuelles » en référence aux femmes de réconfort pour ensuite appeler la RPDC à travailler avec « nous pour un avenir radieux ». 

L’Algérie a fustigé la « tentative de diversion » opérée par le Maroc sur la question du Sahara occidental, dénonçant un « amalgame affligeant ».  Selon elle, l’occupation du Sahara occidental par le Maroc ne relève pas du mensonge mais est un « fait avéré », reconnu et mentionné dans les résolutions pertinentes de l’ONU, lesquelles confirment qu’il est la conséquence d’un processus de colonisation.  La délégation s’est également félicitée du récent verdict de la Cour de justice de l’Union européenne qui, en annulant des accords entre l’UE et le Maroc, a reconnu la représentativité du Front Polisario.  Elle a par ailleurs réaffirmé que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est un droit inaliénable. 

La RPDC a repris la parole pour affirmer que la question des enlèvements a déjà été réglée.  Le Japon cherche à souiller l’image de la RPDC en utilisant cette question à des fins politiques.  Il l’a également enjoint de présenter des excuses sincères et proposer des dédommagements « aux victimes » ajoutant qu’en l’absence de réparations, « il ne peut y avoir d’avenir radieux dans les relations entre les deux pays ». 

Déplorant des propos erronés, le Japon a jugé impératif de surmonter la méfiance mutuelle entre son pays et la RPDC pour réaliser une paix véritable en Asie du Nord-Est et travailler ensemble pour un avenir radieux. 

Prenant la parole pour la deuxième fois, le Maroc a invité l’Algérie à appliquer le droit à l’autodétermination du peuple Kabyle, peuple de près de 8 millions de personnes.  L’Algérie en mauvaise posture pour parler des droits de l’homme, a ajouté la délégation marocaine.  À cet égard, elle a évoqué notamment le soulèvement populaire algérien, les répressions ciblant le Hirak, les centaines d’interpellations de défenseurs des droits humains mais également la dégradation de la liberté de la presse. 

L’Algérie a qualifié les allégations de la délégation marocaine de scandaleuses et de déformation de la réalité.  Le Maroc pleure sur le sort des personnes qu’elle a poussées à l’exil, et au lieu d’instrumentaliser les droits de l’homme, il devrait se préoccuper de ses propres violations des droits de l’homme à la fois sur son propre territoire et dans le Sahara occidental occupé, a-t-elle dit. 

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT - A/76/204, A/76/305, A/76/144, A/76/224, A/76/231

Exposé

Notant que cette année qui marque les 25 ans de son mandat, Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a constaté que les conflits, les violations du droit international humanitaire et des droits humains, l’insécurité et la pandémie de COVID-19 ont continué d’avoir un impact négatif sur les droits des enfants.  La pandémie, avec la fermeture des écoles et la perte de revenus familiaux, a aggravé un environnement de protection déjà vulnérable pour les enfants dans les situations de conflit.  En 2020, les violations graves contre les enfants sont restées à un niveau alarmant, a-t-elle noté, évoquant le recrutement, l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants ainsi que le refus d’accès humanitaire. 

La haute fonctionnaire s’est déclarée particulièrement préoccupée par l’ampleur des violations graves signalées: plus de 26 400 violations affectant plus de 19 300 enfants dans 21 situations, soit « 72 violations par jour ».  De plus, des tendances inquiétantes ont émergé, telles que l’augmentation spectaculaire des enlèvements et des violences sexuelles, tandis que les attaques contre les hôpitaux et les écoles, ainsi que leur utilisation à des fins militaires, ont continué à être vérifiées en grand nombre, affectant de manière disproportionnée l’éducation des filles, notamment dans la région du bassin du lac Tchad.  En 2020, a déploré Mme Gamba, plus de 8 400 enfants ont été tués ou mutilés, l’Afghanistan, la République arabe syrienne, le Yémen et la Somalie restant les conflits les plus meurtriers pour les enfants.  Face à l’utilisation de mines terrestres ou d’engins explosifs improvisés, elle a appelé les États Membres à signer et à appliquer pleinement les instruments internationaux sur ces armes et à promouvoir le déminage et l’éducation aux dangers des mines. 

Malgré cet environnement difficile et instable, des réalisations importantes ont aussi été enregistrées, a relevé la Représentante spéciale, avant de saluer les efforts qui ont conduit en 2020 à la libération de 12 300 enfants et à l’adoption de deux nouveaux plans d’action au Myanmar et au Soudan du Sud, parmi 35 nouveaux engagements pris par les parties au conflit pour mettre fin et prévenir les violations graves contre les garçons et les filles.  En 2021, au Mali, la Plateforme, une coalition de mouvements armés, a signé des plans d’action pour mettre fin et prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants et d’autres violations graves, s’est-elle félicitée.  De même, aux Philippines, les forces armées ont signé un plan stratégique pour prévenir les violations contre les enfants. 

Mme Gamba a d’autre part indiqué qu’en dépit des difficultés liées à la pandémie, le suivi et la vérification des violations graves contre les enfants se sont poursuivis conformément aux normes en vigueur.  Elle a ajouté qu’afin de mieux saisir l’impact de la COVID-19, son bureau entreprendra une étude de suivi en 2022, comme demandé par les États Membres.  Outre l’étude de l’impact des violations sur les objectifs de développement durable et son travail avec l’UNICEF, le Département des opérations de paix (DOP) et le Département des affaires politiques et de consolidation de la paix (DPPA), la Représentante spéciale a dit s’être attelée au renforcement des alliances mondiales pour les enfants, en collaborant avec des organisations régionales et sous-régionales, telles que l’Union africaine, l’Union européenne, la Ligue des États arabes et l’OTAN.  Elle a aussi intensifié son travail avec des organisations de la société civile et des universités, ainsi qu’avec un large éventail de partenaires au sein du système des Nations Unies.  À cet égard, elle a réitéré son appel aux États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés. 

Avant de conclure, Mme Gamba a souligné l’importance d’investir dans la désagrégation des données et d’améliorer l’analyse des données pour mieux éclairer les efforts de plaidoyer et ainsi prévenir les violations graves.  Elle a également invité les États Membres à veiller à ce que les priorités en matière de protection de l’enfance se traduisent en ressources budgétaires et en personnel. 

Dialogue interactif

Que pouvons-nous faire de plus pour réduire le risque d’abandon scolaire dans les zones de conflit, a demandé la Croatie qui a constaté que le taux de décrochage scolaire a explosé dans les zones de conflits pendant la pandémie notamment auprès des filles. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur les efforts déployés par votre Bureau pour rendre compte sur les enfants laissés pour compte à la suite des mesures de confinement et des restrictions de mouvement?  Et quand compte-t-il faire face à l’évolution de la situation en Afghanistan pour veiller à ce que les enfants, en particulier les filles, ne soient pas victimes de ces violations graves, a demandé l’Union européenne.  La délégation a aussi demandé les mesures qui sont recommandées pour assurer l’éducation continue des filles. 

Comment pouvons-nous saisir l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de votre mandat pour renforcer la prévention de ces graves violations, s’est ensuite enquis la France qui a également soulevé la question de la mise à disposition de ressources suffisantes pour les acteurs de la protection de l’enfance. 

L’Inde a appelé à la prudence lorsqu’il est question de situations qui ne sont pas des situations de conflits.  « On ne peut élargir le mandat, ça détournerait l’attention des menaces qui pèsent sur les enfants », a-t-il ajouté.  Comment les États Membres peuvent-ils mieux réagir et plus rapidement face aux nouveaux défis, a voulu savoir l’Azerbaïdjan qui a insisté sur l’importance des données. 

Quelles sont les nouvelles mesures spécifiques à court et long terme préconisées pour ne laisser aucun enfant pour compte, quand on sait que pendant la crise sanitaire nombreux sont ceux qui ont dû délaisser l’école, a demandé le Sénégal.  Le Burkina Faso a pour sa part informé que son pays fait face à des actes terroristes et que cette insécurité a une répercussion significative sur la pleine jouissance des droits de l’enfant, notamment le droit à l’éducation et le droit à la santé. 

Le Myanmar a voulu savoir comment faire cesser les violations des droits des enfants commises par les milices, l’Algérie a demandé des précisions sur les approches régionales utilisées par votre Bureau pour renforcer la protection des enfants et l’Argentine s’est interrogée sur les mesures à prendre pour renforcer le rôle du personnel focalisé dans la protection des enfants, notamment dans les opérations de maintien de la paix.  À ce sujet, la Suisse a souligné l’importance du travail du personnel spécialisé dans la protection de l’enfance sur le terrain.  Comment votre bureau prévoit-il renforcer le mécanisme de collecte de données dans un contexte de conflit face à la pandémie, s’est ensuite enquis l’Italie

Les résultats du rapport sont inquiétants, a constaté le Portugal, tandis que la Pologne a voulu en savoir plus sur les aspects politiques, techniques et financiers et les soutiens nécessaires. 

À son tour, la Turquie a soulevé la question du rapatriement des enfants: quelles sont les mesures supplémentaires pouvant être prises pour encourager les pays à prendre des mesures supplémentaires et notamment ceux qui auraient des liens avec l’organisation Daech?  Et qu’en est-il des bonnes pratiques concernant les groupes non-étatiques, ont demandé les Philippines.  Malgré tous nos efforts, les enfants continuent d’être recrutés de manière illégale par les forces armées et d’être tués, se sont inquiétés les États-Unis qui ont par ailleurs voulu savoir par quel moyen de rapidement déployer des ressources et soutenir les enfants particulièrement touchés par la pandémie de COVID-19. 

En quoi les États-Membres peuvent-ils vous aider dans votre action, a alors demandé la Belgique.  Le Sri Lanka, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Chine ont fait part de leur engagement à protéger les enfants, notamment dans les situations de conflit armé.  Le Royaume Uni s’est inquiété de l’impact du conflit au Yémen sur les enfants, ainsi que des cas de violences sexuelles et d’enlèvements des enfants notamment en Somalie.  Le Pakistan est également intervenu. 

Dans sa réponse, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés, a souligné que plus de la moitié des problèmes soulevés sont dus au manque d’opportunités offertes aux enfants, au manque d’éducation et de débouchés.  « Ils n’ont aucune alternative que de rejoindre les groupes armés » a-t-elle répondu, ajoutant qu’il en va de même pour la traite des jeunes filles, pendant la pandémie de COVID-19.  Elle a également a plaidé pour plus d’efforts pour aider les élèves à rattraper le retard scolaire. 

Elle a par ailleurs indiqué que faute de temps, elle répondrait par écrit aux questions soulevées par les délégations. 

Exposé

Mme NAJAT MAALLA M’JID, Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de laviolence contre les enfants, a d’entrée de jeu alerté que l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enfants « a été pire que ce que l'on craignait initialement ».  Mme M’Jid, qui présentait son rapport annuel axé en particulier sur l’impact dévastateur de la pandémie de COVID-19, les mesures déjà prises pour y répondre et la voie à suivre, a précisé que celle-ci a augmenté les risques de violence à l’encontre des enfants à la maison, dans les communautés et en ligne, ainsi que la violence sexiste. 

Elle a expliqué que la pandémie a porté atteinte à la santé mentale et au bien-être des enfants et des personnes qui s’en occupent, et a perturbé la fourniture de services essentiels aux enfants et aux familles.  L’impact économique de la pandémie exacerbe les inégalités parmi les plus pauvres et les plus marginalisés.  Et nous savons que la pauvreté, l’inégalité et la discrimination sont des facteurs importants de violence et d’exploitation des enfants, a fait observer la Représentante spéciale. 

Mme M’Jid a ensuite indiqué qu’au cours de la période examinée, elle a rencontré les missions permanentes de 38 États Membres qui ont présenté leurs examens nationaux volontaires lors du Forum politique de haut niveau 2021.  À cet égard, elle continuera à soutenir les États Membres en développant et en publiant une série d'outils pratiques, notamment un examen des rapports nationaux volontaires 2021 pour identifier et partager les pratiques prometteuses et les leçons rapportées par les pays sur la façon dont ils abordent la violence contre les enfants et ses facteurs.  Un guide pratique sur l’implication des enfants dans le processus des rapports nationaux volontaires est également prévu, de même qu’un aperçu du « cas d'investissement » pour les services sociaux intégrés afin d’aborder la violence contre les enfants. 

Elle a également indiqué que ses fonctions de Présidente du Groupe de travail interagences des Nations Unies sur la violence contre les enfants et de Présidente du Groupe de travail des Nations Unies sur les enfants privés de liberté sont particulièrement importants pour renforcer la coopération au sein du système de l’ONU. 

Huit ans nous sépare des promesses faites dans le cadre du Programme à l’horizon 2030 de mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants, a rappelé la Représentante spéciale, pressant de veiller à ce que les enfants continuent de figurer en bonne place dans les agendas mondiaux, régionaux et nationaux, en tant que groupe prioritaire distinct.  Elle a appelé à changer de paradigme et considérer les dépenses consacrées aux services intégrés pour les enfants -y compris l’éducation, la santé physique et mentale, la justice, la protection et la protection sociale durable- comme un investissement judicieux pour un redressement inclusif et durable. 

Alors que nous « reconstruisons en mieux », nous devons établir un nouveau contrat social centré sur l’enfant, qui ouvre la voie à des économies plus durables et résilientes et au développement du capital humain, a préconisé Mme M’Jid, avant de conclure sur la nécessité d’impliquer les enfants et les jeunes qui sont déjà actifs dans le monde entier et de les considérer comme faisant partie de la solution. 

Dialogue interactif

Le Maroc a souhaité savoir ce que dit le droit international sur l’embrigadement des enfants, et l’Algérie s’est inquiétée, pour sa part, du sort des enfants sous occupation étrangère.  Comment mieux intégrer les besoins des enfants dans la prévention et la gestion des crises internationales à venir, notamment en vue d’éviter que les violences engendrées par ces crises se perpétuent au cours de multiples années, s’est enquis le Luxembourg.  Plaidant pour une approche globale, la Colombie a milité en faveur d’un renforcement du rôle de l’État et appelé à prendre en compte les situations particulières propre à certains enfants. 

L’Union européenne a voulu savoir quelles solutions immédiates les gouvernements peuvent-ils explorer pour atténuer les impacts négatifs de la crise pandémique sur les enfants et en particulier les filles?  Pendant les confinements, l’utilisation de plateformes en ligne a permis d’éviter une perte importante d’éducation, mais de nombreux enfants sans accès numérique suffisant ont été laissés pour compte.  Quelles mesures recommandez-vous pour améliorer l’accès numérique équitable dans le contexte de l’éducation, a demandé la délégation, tandis que la Malaisie a jugé nécessaire de veiller à la protection des enfants en ligne. 

L’Espagne a appelé les États à garantir des soins de santé mentale plus nombreux et de meilleure qualité aux enfants et adolescents, tandis que le Royaume Uni a estimé que les programmes de développement nationaux multisectoriels doivent s’attaquer pleinement aux facteurs de violence contre les enfants.  La Hongrie a, quant à elle, partagé les mesures mises en œuvre par son gouvernement pour protéger les enfants contre la prostitution et la traite des enfants. 

L’Arabie Saoudite a indiqué avoir mis à jour sa législation et veiller à la mise en œuvre de plusieurs conventions en accordant la priorité à la protection de la famille et la lutte contre violences intrafamiliales.  Quant à la Chine, elle a insisté sur l’importance des soins, de la santé et de l’éducation. 

Face aux effets dévastateurs de la pandémie sur l’équilibre des enfants, Timor-Leste a défendu le droit des enfants à des mesures de protection spéciale au sein des familles et des communautés.  La cessation de la violence est vitale, a insisté à son tour le Japon.  Le Tadjikistan a voulu savoir comment la communauté internationale peut apporter une aide pour empêcher la violence contre les enfants en Afghanistan. 

Enfin, la Belgique s’est alarmée du nombre d’enfants qui ont été privés de protection, sombrés dans la pauvreté et soumis dans les mariages forcés.  L’Uruguay, l’Australie, la Slovénie, le Portugal et le Mexique ont également pris la parole au cours de ce débat interactif. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Représentante spéciale du Secrétaire général chargée de la question de la violence contre les enfants, a indiqué qu’entre 10 à 30  millions d’enfants, particulièrement des filles, risquent d’être mariés de force dans les 10 prochaines années.  Cela, nous le savons car toutes les causes qui existaient avant la pandémie ont été exacerbées après la crise, a fait observer Mme M’Jid, citant pêle-mêle, la pauvreté, l’exclusion sociale, et la déscolarisation.  La situation est analogue en ce qui concerne la violence en ligne, exacerbée par la connexion accrue des enfants à Internet durant la crise sanitaire.  S’en est suivi, cyberharcèlement et autres persécutions et dangers liés aux réseaux sociaux, a-t-elle expliqué.  Si elle reste préoccupée par ce fléau et encourage la protection de la vie privée et des TIC mieux réglementées, elle s’est également dit consciente de la nécessité de combler la fracture numérique.  Ce qui est important, c’est d’atteindre et/puis réaliser les ODD. 

Se penchant sur la santé mentale, domaine négligé avant la pandémie, elle s’est préoccupée de la fragilité des systèmes de santé mentales et de soutien psychosociale.  Seulement 24,6% des enfants bénéficient du système de protection sociale dans le monde, ce qui est vraiment peu, a-t-elle déploré.  Elle a cité, à cet égard, une circulaire de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publiée aujourd’hui, qui souligne que la violence contre les enfants a augmenté, tout en étant moins visible.  Elle a plaidé pour une approche intégrée, soulignant qu’un cadre fragmenté et cloisonné ne permettra pas de mettre fin à la violence contre les enfants. 

La Troisième Commission a également dialogué avec M. SANJAY WIJESEKERA, Directeur de l’équipe de leadership du Groupe des programmes de l’UNICEF, dont l’intervention n’a pas pu être couverte en raison de l’interruption des services d’interprétation. 

Exposé

Mme MIKIKO OTANI, Présidente du Comité des droits de lenfant, a noté que la pandémie de COVID-19 a affecté les enfants d’innombrables manières, notamment par le biais de fermetures d’écoles et d’un accès limité aux services essentiels.  De plus, la pauvreté des enfants continue d’augmenter à un rythme alarmant et nombre d’entre eux ont signalé des symptômes d’anxiété, de peur et de dépression dus à la pandémie.  Dans ce contexte, les États doivent veiller à ce que les enfants puissent reprendre en toute sécurité l’apprentissage en personne et avoir accès au soutien nécessaire à leur bien-être physique et mental, y compris les vaccins et les services essentiels, a-t-elle plaidé.  Mme Otani s’est également alarmée du nombre croissant de preuves sur les effets néfastes des dommages environnementaux, de la perte de biodiversité, de la pollution et des changements climatiques sur la trajectoire de vie des enfants ainsi que sur leur pleine et effective jouissance des droits humains. 

Constatant à cet égard que les appels des enfants sur les questions environnementales ont été largement ignorés par les décideurs nationaux et mondiaux, Mme Otani a indiqué que le Comité avait décidé d’axer sa prochaine observation générale sur les droits de l’enfant et l’environnement, en mettant particulièrement l’accent sur les changements climatiques.  Il s’agit de fournir aux États des orientations mais aussi d’envoyer aux enfants le message que « leur voix compte ».  Dans l’immédiat, a-t-elle précisé, les États ont été invités à commenter la note conceptuelle sur l’observation générale et le Comité consacrera l’année prochaine à rédiger celle-ci en étroite consultation avec les enfants et les parties prenantes, dans le but de la finaliser d’ici à 2023.  Selon elle, les enfants devraient pouvoir exprimer librement leurs opinions et les voir prises en compte non seulement sur les changements climatiques, mais aussi « sur toutes les questions qui les concernent ». 

La Présidente du Comité a ensuite observé qu’alors que la Convention relative aux droits de l’enfant a été ratifiée ou signée par tous les États à l’exception d’un, les États-Unis, le rythme de ratification de ses trois protocoles facultatifs continue d’être lent, avec seulement trois nouveaux États parties.  Regrettant le peu de rapports reçus sur ces textes, elle a aussi constaté que de nombreux rapports initiaux restent en souffrance, certains depuis plus de 10 ans.  Elle a donc encouragé les États parties dont les rapports sont en retard à utiliser les services fournis par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) pour s’acquitter de leurs obligations en la matière. 

Mme Otani a indiqué qu’en raison de la pandémie, le Comité a dû adapter sa méthode de travail aux réalités en ligne, organisant deux de ses sessions virtuellement.  La session de septembre s’est cependant tenue en personne à Genève et quatre États parties ont été examinés.  Malheureusement, a-t-elle noté, l’examen des rapports de l’Afghanistan au titre de la Convention et du Protocole facultatif concernant les enfants impliqués dans les conflits armés a dû être reporté, ce qui porte à 74 l’arriéré de rapports en attente d’examen.  Concernant la procédure de présentation de rapports simplifiée, le Comité a invité 109 États parties à s’en prévaloir et 35 États ont jusqu’à présent décidé d’y participer. Quant au Protocole facultatif établissant une procédure de présentation de communications, le Comité a adopté des décisions sur 30 cas, soit une augmentation de 15% pour la deuxième année consécutive.  La Présidente du Comité a cependant regretté que, sept ans après l’entrée en vigueur de ce mécanisme, il n’y ait toujours pas de ressources humaines dédiées pour le soutenir et donner accès à la justice aux enfants victimes au niveau international. 

Elle a par ailleurs fait état de l’adoption par le Comité de son Observation générale No 25 sur les droits de l’enfant dans l’environnement numérique, avant d’attirer l’attention de la Commission sur l’Étude mondiale sur les enfants privés de liberté, soumise à l’Assemblée générale en 2019.  Regrettant que, contrairement aux études précédentes, aucun mécanisme de suivi spécifique n’ait été mis en place, elle a dit craindre que cela nuise à la mise en œuvre effective des recommandations au niveau national.  Alors que les enfants privés de liberté sont « invisibles dans la société », cette étude mondiale souligne le besoin urgent de promouvoir la désinstitutionalisation et la déjudiciarisation, et de mettre fin à la détention d’enfants liée à la migration, a-t-elle souligné.  Enfin, Mme Otani a déploré que le budget ordinaire adopté par l’Assemblée générale pour 2021 n’ait pas corrigé le manque de ressources en personnel des organes conventionnels des droits de l’homme.  Elle a par conséquent souhaité que le budget 2022 comble ce manque et permette au Comité d’utiliser le temps de réunion auquel il a droit. 

Dialogue interactif 

La Suisse s’est félicitée que le Comité des droits de l’enfant travaille à un projet d’observation générale sur les droits des enfants et l’environnement, avec un accent particulier sur les changements climatiques.  À cet égard, elle a souhaité savoir quelles mesures supplémentaires la Présidente du Comité recommande pour garantir aux enfants un environnement sain.  L’Espagne s’est enquise des moyens d’améliorer l’apprentissage numérique tout en prévenant les risques de harcèlement pour les enfants. 

Comment accélérer la réouverture des établissements scolaires en prenant en compte l’instabilité des sociétés et les conflits sociaux liés notamment aux effets de la pandémie, a voulu savoir l’Indonésie, qui s’est également déclarée préoccupée par la montée des cas de harcèlement et d’exploitation des enfants en ligne. 

Comment pouvons-nous nous assurer de créer des cadres adéquats qui tireront parti des avantages des nouvelles technologies pour tous les enfants, a demandé à son tour l’Union européenne, après avoir appelé à la réouverture rapide et sûre des écoles et à l’inclusion des droits de l’enfant dans tous les plans de relance. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a dit accorder une grande attention à la protection de la santé et de l’éducation des enfants, qui sont « le trésor du pays et les maîtres de son avenir ».  Elle a indiqué, à cet égard, que le Comité central du Parti des travailleurs de Corée a décidé, en juin, de fournir à tous les enfants du pays des aliments nutritifs, notamment des produits laitiers, afin que leur état nutritionnel s’améliore.  Bahreïn a dit avoir autorisé le recours aux vaccins contre la COVID-19 pour les enfants de 12 à 17 ans et créé des tribunaux spéciaux pour des crimes commis par des enfants de plus de 15 ans au moment des faits. 

La République arabe syrienne a, pour sa part, demandé à la Présidente du Comité de prendre position sur la menace que constitue pour les enfants le refus de pays occidentaux de rapatrier les enfants, les épouses et les mères de combattants terroristes étrangers qui se trouvent aujourd’hui en Syrie et en Iraq, tandis que d’autres pays s’opposent au rapatriement d’enfants âgés de moins de 10 ans. 

Pour prévenir et combattre la violence à l’encontre des enfants, il convient de s’attaquer aux problèmes systémiques et aux normes sociales néfastes, a souligné le Royaume-Uni.  À cette aune, il a voulu savoir quelle action devrait être priorisée pour garantir que des personnels, des services et des politiques sont en place pour créer un environnement protecteur pour les enfants.  

La Fédération de Russie a jugé regrettable que le Comité continue d’utiliser des concepts et des termes non agréés au niveau international dans ses documents.  Elle a ainsi noté que, dans son Observation générale n°25 sur les droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique, le Comité a inclus « les enfants issus des milieux lesbiens, gays, bisexuels, transgenres et intersexes » dans l’interprétation des « enfants issus de groupes vulnérables », tout en encourageant les États à développer un environnement numérique pour « donner aux enfants les moyens de façonner » leur « identité sexuelle et politique », y compris à travers « l’éducation à la sexualité ».  Elle s’est également étonnée de la formulation de la note conceptuelle du projet d’observation générale n°26 sur les « droits des enfants et l’environnement, avec un accent sur les changements climatiques », rappelant qu’un tel droit n’existe pas et observant que le libellé est contraire à l’article 5 de la Convention, selon lequel les parents et les représentants légaux sont tenus « de gérer et de guider correctement l’enfant dans l’exercice des droits reconnus par la Convention ».  La délégation a d’autre part exhorté le Comité à abandonner les « tentatives contre-productives » d’imposer des opinions d’experts privés par le biais de commentaires généraux.  Selon elle, de telles déclarations ne sauraient imposer aux États d’autres obligations que celles qu’ils ont volontairement assumées en adhérant au traité international pertinent.

Dans le cadre de la pandémie, El Salvador a expliqué avoir favorisé l’accès aux technologies numériques afin d’assurer la continuité de l’enseignement, dans le respect de la santé des enfants.  Il a par ailleurs lancé un plan national de soins pour les enfants et adolescents migrants, avec des modalités de protection pour les mineurs non accompagnés.  Certes, mais comment s’assurer que le développement des droits des enfants n’est pas affecté par la multiplication des activités en ligne, a demandé la Thaïlande, se disant inquiète, elle aussi, par ce phénomène amplifié par la pandémie. 

La Chine a rappelé que sa population compte plus de 250  millions d’enfants.  Au titre des politiques dédiées à l’enfance, le pays a mis en œuvre un programme de développement des enfants 2021-2030, a indiqué la délégation, avant d’appeler tous les pays sans exception à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant. 

Le Myanmar a rappelé que, sous la direction de son gouvernement civil, le pays a ratifié le Protocole facultatif à la Convention sur l’implication des enfants dans les conflits armés.  Tout cela a été déjoué par le coup d’état militaire de février dernier, a déploré la délégation, affirmant que les enfants du Myanmar ne sont désormais plus en sécurité.  Elle ainsi indiqué que, depuis ce coup de force, au moins 75  enfants ont été tués, 1 000  autres détenus de façon arbitraire et de nombreux privés de soins médicaux.  Dans ce contexte, quelles mesures préventives peuvent être prises pour lutter contre de telles violations des droits de l’enfant, s’est-elle interrogée. 

Le Bangladesh s’est, quant à lui, déclaré préoccupé par les retards enregistrés dans la remise de rapports au Comité.  Il a souhaité savoir comment celui-ci peut aider les États à présenter leurs rapports dans les temps et veiller à ce que la société civile soit impliquée dans ce processus.  L’Éthiopie, le Japon, la Malaisie, les Maldives, l’Inde, l’Algérie et le Qatar ont également participé à ce dialogue interactif. 

En réponse aux observations et commentaires, la Présidente du Comité a indiqué accorder une attention particulière aux impacts de la crise actuelle sur la santé mentale des plus jeunes.  Selon elle, au-delà des préconisations des organes spécialisés, les États ont beaucoup à apprendre des bonnes pratiques en la matière.  S’agissant de la préoccupation exprimée sur l’augmentation du temps passé par les enfants devant les écrans, Mme  Otani a estimé que l’observation générale n°25 consacrée aux droits de l’enfant en lien avec l’environnement numérique est opportune car l’environnement numérique peut se révéler négatif pour les enfants.  Cela étant, a-t-elle relativisé, « nous ne pouvons pas les protéger de tout, cela fait partie de leur vie ».  Plutôt que leur interdire l’accès à Internet, il faut leur apprendre à naviguer en ligne et leur faire prendre conscience des risques que cela implique, a-t-elle professé.  Dans ce cadre, l’appui des familles et des enseignants est essentiel pour aider les enfants à mieux se protéger, a insisté la Présidente du Comité. 

Elle a aussi salué les remarques relatives à la protection des enfants face aux changements climatiques, rappelant à cet égard qu’une observation générale du Comité est en préparation sur ce thème.  À l’instar des impacts de la COVID-19, le traitement de cette question implique une plus grande participation des enfants, a-t-elle plaidé, souhaitant qu’ils soient systématiquement consultés et impliqués sur les problèmes qui les concernent.  Les enfants font partie de la société d’aujourd’hui et créeront la société de demain, a fait valoir Mme  Otani, avant d’appeler à les inclure dans les plans de relance et les programmes communautaires.  Enfin, après avoir remercié les appels en faveur de la ratification de la Convention et de ses Protocoles facultatifs, elle a exhorté les États parties à respecter leurs obligations au titre de la remise de rapports au Comité.  

Exposé

Mme MAMA FATIMA SINGHATEH, Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant, a indiqué que son rapport jette la lumière sur la dimension de genre dans l’exploitation sexuelle des enfants, en appelant l’attention sur le fait que, bien souvent, il y a une tendance à ignorer les garçons dans cette situation, du moment que les filles courent beaucoup plus de risques.  Elle a également souligné la nécessité d’ouvrir un espace pour les enfants et les jeunes qui s’identifient en dehors du binôme/binaire de genre et sur la manière dont ils pourraient s’avérer plus vulnérables et à risque. 

L’étude insiste que n’importe quel enfant peut devenir victime d’exploitation sexuelle.  Or, comme on a plus tendance à penser que les filles sont exclusivement concernées par ce type d’abus, les mécanismes d’appui, ou autres services, ont été principalement conçus pour traiter la problématique des filles, ce qui a rendu les garçons « invisibles », mais aussi les victimes qui s’identifient en dehors du binaire de genre.  Il est nécessaire d’adopter une approche « droits de la personne » pour tous les enfants, a-t-elle conseillé, ce qui pourrait se faire à travers des politiques de l’enfance axées sur l’enfant, qui devra alors être pleinement être informé de ses droits, encouragé à participer aux décisions qui le concerne, et être pris au sérieux.  Le rapport comporte aussi des recommandations sur la promotion de la sensibilisation à la différence du genre et à la divulgation d’informations au sein de la société. 

La Rapporteuse spéciale recommande en outre de mener des recherches sur les répercussions de l’exploitation sexuelle, y compris lorsque celle-ci est facilitée par les technologies de l’information et la des communications.  À cet égard, l’établissement de données ventilées contribuerait à la promotion de mécanismes efficaces de protection de l’enfance.  Enfin, la coopération et la coordination entre les différentes parties prenantes aux niveaux national, régional et international, seraient susceptibles de contribuer grandement à prévenir et à mettre fin à cette forme d’exploitation et à garantir l’identification rapide des victimes, par le truchement de mécanismes sensibles aux enfants et à leur genre. 

Dialogue interactif 

Dans un premier temps, la Fédération de Russie s’est érigée contre certaines parties du rapport, y voyant une tentative d’imposer des notions sociétales, facilement manipulables par le biais des TIC.  La délégation a également reproché à la Rapporteuse spéciale de ne pas avoir parlé de l’orientation sexuelle. 

Quelles mesures prendre pour prévenir l’exploitation des enfants et comment trouver un juste équilibre entre leur liberté et le contrôle de leurs activités en ligne, a demandé l’Union européenne.  Il faut éviter que les victimes le deviennent deux fois, a souligné le Royaume-Uni, qui s’est interrogé sur les moyens d’encourager plus de pays à prendre des mesures plus proactives tendant au renforcement de la prévention de l’exploitation sexuelle des enfants. 

La vente et l’exploitation sexuelle sont parmi les pires crimes qui puissent être commis, se sont érigés les Philippines dont le Sénat a relevé l’âge de consentement sexuel de 12 à 16 ans.  Les sanctions sont également alourdies lorsque les prédateurs, en ligne ou hors ligne, sont des membres de la famille. 

Á leur tour, les États-Unis ont encouragé les États à prendre des mesures sur l’éducation sur l’orientation sexuelle, se disant conscients que les lois comportant un vocabulaire binaire et non binaire est crucial et ont appuyé les droits et la protection des LGBTI. 

Le Maroc a voulu en savoir plus sur la situation d’esclavage d’enfants réfugiés, notamment sexuel, tandis que le Mexique a souhaité connaître l’avis de la Rapporteuse spéciale au sujet de la « toxicité masculine », notant que celle-ci « normalise » la violence sexuelle, notamment à l’égard des minorités.  En outre, certaines législations sur le genre peuvent-elles criminaliser les victimes de l’exploitation sexuelle en raison de leur choix de sexe?

Notant les dernières actualités qui ont révélé qu’entre 165 000 et 200 000 enfants avaient subi des violences sexuelles au sein de l’église en France, la Chine a pour sa part sommé ce pays de prendre des mesures immédiates pour que les auteurs rendent des comptes pour leur forfait.  De son côté, Israël a attiré l’attention sur le phénomène croissant de l’exploitation des enfants sur Internet. Chaque enfant victime d’exploitation sexuelle est « une perte et une faillite » de notre responsabilité, a notamment déclaré la délégation. 

Répondant à ces questions et commentaires, la Rapporteuse spéciale sur la vente et l’exploitation sexuelle d’enfants, y compris la prostitution des enfants et la pornographie mettant en scène des enfants et autres contenus montrant des violences sexuelles sur enfant a souligné que les enfants non binaires doivent également jouir d’une protection.  « Tel est le but de mon rapport, ni plus ni moins », a-t-elle souligné.  Pour cela, il faut commencer par examiner, et connaître, l’étendue du problème, ce qui exige des représentants bien formés.  Tout le personnel doit bénéficier d’une formation spécialisée et il revient aussi aux États de fournir les ressources adéquates aux services publics pour aider toutes les victimes. 

Elle a également appelé à développer des programmes communautaires et scolaires pour que les enfants sachent identifier et détecter un problème d’exploitation.  Il en est de même pour les parents qui doivent être éduqués à travers des programmes nationaux sur les questions sexuelles, et ce, aux fins d’éviter toute exploitation sexuelle des enfants, a-t-elle ajouté. Elle a fait observer qu’avec la pandémie de COVID-19, les enfants sont plus souvent en ligne pour étudier ou communiquer avec leurs amis, et sont donc plus exposés à un risque d’exploitation. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Sixième Commission: conflits et tensions politiques marquent encore la suite du débat sur la lutte contre le terrorisme international

Soixante-seizième session,
3e séance plénière – après-midi
AG/J/3635

Sixième Commission: conflits et tensions politiques marquent encore la suite du débat sur la lutte contre le terrorisme international

Comme hier, les conflits et les tensions politiques se sont invitées cet après-midi à la Sixième Commission chargée des questions juridiques, pour la suite de son examen des mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Certaines délégations ont replacé les discussions sur le terrain du droit, en réclamant notamment l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme international.

Parmi les premières de la trentaine de délégations à prendre la parole, l’Ukraine a dénoncé ces pays qui « ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant ukrainien.

« Ce mot de terrorisme est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande », a rétorqué le représentant de la Fédération de Russie, qui a dénoncé les « insinuations » de l’Ukraine dans un droit de réponse.  Il a aussi accusé le « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années dans le Donbass, avant d’inviter la délégation ukrainienne à mieux choisir ses termes. 

Le délégué du Yémen a, de son côté, accusé les houthistes, « agents du régime iranien et du Hezbollah », de saper les efforts antiterroristes de son pays et de refuser toute proposition de règlement de la crise.  Son homologue de la République populaire démocratique de Corée a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme ».

D’autres délégations ont, quant à elles, tressé les lauriers de la coopération internationale, à l’instar du Cameroun, qui « subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par Boko Haram ».  Son délégué a estimé que seule une action multilatérale peut permettre de faire face à la menace transnationale du terrorisme.  « Les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région », a salué le délégué camerounais.

Son homologue du Togo n’a pas dit autre chose en évoquant la situation au Sahel où Daech et ses groupes affiliés ont diversifié leurs activités.  Il a prôné une réponse internationale menée conformément au droit et aux réalités sociales des zones concernées.  L’« Initiative d’Accra » de 2017, qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Bénin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali, a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations et la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières, a complété le délégué ivoirien.

Certaines délégations se sont concentrées sur des enjeux plus strictement juridiques, à l’instar du délégué de l’Ouganda qui a estimé qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles », y compris en parvenant à une définition du terrorisme.  « C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes », a-t-il affirmé.

Le délégué a exhorté les pays à surmonter leurs divergences pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international, qui a été réclamée par la Turquie, les Émirats arabes unis ou bien encore la Tunisie.  La représentante de l’Éthiopie est, elle aussi, revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme, tout en notant que « cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque question spécifique ».

Le délégué haïtien a indiqué que son pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements, qui sont assimilables, par leur cruauté, à des actions terroristes.  « Le combat ne fait que commencer et risque d’être long », a-t-il averti.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 8 octobre 2021, à partir de 10 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL - A/76/201

Déclarations

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a rappelé les mises en garde de l’an passé quant à l’impact de la pandémie, aujourd’hui amplifié par les disparités, notamment en ce qui concerne l’accès aux vaccins contre la COVID-19.  Le Liban, a-t-elle poursuivi, continue d’insister sur l’importance de s’attaquer aux causes profondes qui contribuent à la propagation du terrorisme.  La déléguée a aussi souligné que le terrorisme ne peut être associé à aucune religion, nationalité ou ethnie et ne doit en aucun cas être confondu avec le droit d’un peuple à résister à l’occupation étrangère.

Mme Mudallali a remercié le système des Nations Unies et les partenaires internationaux pour le soutien apporté a l’Armée libanaise et l’assistance humanitaire.  Elle a ensuite présenté les mesures prises par son pays en matière de lutte contre le terrorisme, telles que la publication d’une liste nationale publique de terroristes ou encore la règlementation pour geler les avoirs.  En outre, a-t-elle rapporté, le Liban élabore depuis l’an dernier une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme qui reposera sur quatre axes: prévention, protection, sécurité et réponse.  Enfin, le Liban reste fermement déterminé à ce que le Tribunal spécial pour le Liban termine ses travaux en 2022, pour faire émerger la vérité et mettre fin à l’impunité au Liban.

Mme HANNA BETACHEW BIRHANU (Éthiopie) a souligné que l’attaque du 11 septembre 2001 avait mis en lumière les périls du terrorisme que certains pays, dont l’Éthiopie, connaissent depuis longtemps.  Depuis 2001, nous avons adopté un changement radical dans la manière dont nous gérons l’immigration, les transactions financières, le commerce et toutes les autres interactions internes et interétatiques, a-t-elle assuré.  La représentante est revenue sur l’absence de définition universellement acceptée du terrorisme.  Cela ne nous a pas empêché d’adopter des régimes élaborés pour chaque méthode spécifique, a-t-elle remarqué.  Elle a toutefois insisté sur l’importance de parvenir à une coopération internationale égale et mutuellement bénéfique.  Mme Birhanu a ensuite estimé qu’une réponse collective et multidimensionnelle était nécessaire.  À cet égard, la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies établit une feuille de route destinée principalement aux États Membres afin qu’ils améliorent leurs efforts de lutte contre le terrorisme, a-t-elle rappelé.  Pour sa part, l’Éthiopie a pris des mesures législatives importantes et progressé dans le domaine de la sécurité financière.

M. OLEG O. MIKHAYLOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance du maintien d’un consensus autour de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies malgré les divergences qui peuvent subsister dans d’autres domaines de la lutte antiterroriste.  Il a demandé un front commun des États contre le terrorisme, en évitant toute approche de « deux poids, deux mesures », ainsi que toute politisation.  Il a vu un véritable défi dans le fait que des groupes terroristes peuvent se procurer des armes et lutter contre les forces armées de certains États.  

Les combattants terroristes étrangers demeurent la colonne vertébrale des cellules disséminées de Daech et ils profitent du morcellement de la lutte antiterroriste pour continuer d’agir, a poursuivi le délégué.  Il a insisté sur la menace qu’Al-Qaida fait peser et demandé une meilleure entraide judiciaire entre les États pour contrecarrer les déplacements de ses membres.  Il a estimé que le sort judiciaire des combattants terroristes étrangers tient en deux options, les extrader ou les juger sur place, afin qu’ils soient effectivement punis pour leurs crimes.  D’après lui « les droits de l’homme et la réintégration des combattants ne doivent pas l’emporter sur la certitude de la peine ».  Enfin, le délégué a accusé les pays occidentaux d’introduire dans les débats des notions vagues et loin d’être consensuelles, telles qu’un ordre international fondé sur les règles.

M. LAKOMOV (Ukraine) a estimé que la Stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme reste un « cadre important » que les États devraient suivre pour lutter contre le terrorisme et prévenir l’extrémisme violent, y compris ses manifestations émergentes.  En tant que coauteur de la résolution 72/165 de l’Assemblée générale, proclamant le 21 août « Journée internationale du souvenir », en hommage aux victimes du terrorisme, et en tant que membre du Groupe des amis des victimes du terrorisme, l’Ukraine reste solidaire des victimes et continue de prôner le respect total et global de leurs droits humains.  Tous les auteurs, organisateurs, mentors et commanditaires d’actes de terrorisme répréhensibles, quels qu’ils soient, doivent être traduits en justice, a demandé le représentant.

Malheureusement, a-t-il déploré, « certains pays ont intégré le terrorisme dans leur politique d’État ».  « La tentative d’annexion de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol, le conflit armé en cours dans la région du Donbass et l’occupation connexe du territoire souverain ukrainien par la Fédération de Russie ont déjà causé des dommages irréparables au peuple ukrainien », dont des milliers de victimes civiles et près de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.  La Fédération de Russie, utilisant le terrorisme comme outil de son « agression hybride » contre l’Ukraine, a violé la plupart des obligations fondamentales découlant des résolutions du Conseil de sécurité et des conventions internationales relatives à la lutte contre le terrorisme, a dénoncé le représentant.  Il est selon lui « évident » que ce pays, doté d’une puissante machine répressive, ne fait aucun effort pour arrêter l’afflux de combattants dans les zones occupées d’Ukraine, et qu’il encourage plutôt le recrutement et le transfert de main-d'œuvre sur le territoire ukrainien par des canaux contrôlés par l’État.

M. ZACHARIE SERGE RAOUL NYANID (Cameroun) a déclaré que son pays subit les assauts du terrorisme avec les atrocités perpétrées par la secte islamiste Boko Haram.  Le terrorisme étant une menace transnationale, le Cameroun demeure convaincu que seule une action multilatérale et concertée, déployée au niveau national, régional et mondial peut y faire face, et qu’il est nécessaire d’améliorer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.  Il a notamment insisté sur le fait qu’il est indispensable de pouvoir accéder rapidement à des informations essentielles sur des activités terroristes ou présumées terroristes, telles que des informations provenant de services de renseignement, de données biométriques, de dossiers sur les passagers et d’informations financières.  Le représentant a donc appelé à tout mettre en œuvre pour lever les obstacles à l’échange d’informations, et à appliquer la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.

M. Nyanid a également appelé à agir sur les causes profondes qui poussent certaines personnes à se laisser séduire par le terrorisme, notamment la pauvreté, les inégalités, l’absence de perspectives et la marginalisation socioéconomique.  Pour lui, la victoire face au terrorisme passe par la sensibilisation et l’implication des communautés locales et des acteurs non gouvernementaux dans l’élaboration de stratégies endogènes adaptées à chaque environnement.  Le Cameroun a ainsi mis en œuvre de nombreux programmes d’éducation et projets de développement qui intègrent et impliquent les jeunes afin de contrer les discours de haine.  Le pays a également adopté une loi portant répression des actes de terrorisme en réponse aux résolutions 1373 (2001) et 1624 (2005) du Conseil de sécurité et a ratifié de nombreux Protocoles de l’ONU relatifs au terrorisme.  Son représentant a souligné la précarité de la situation dans le bassin du Lac Tchad du fait des attaques perpétrées par des groupes terroristes. Face à cette situation, des mécanismes appropriés de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) ont été activés, notamment le Pacte d’assistance mutuelle entre les États membres de cette sous-région et les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX).  Des résultats tangibles ont été atteints, s’est félicité le diplomate camerounais: « les succès engrangés dans la lutte contre la nébuleuse Boko Haram est l’expression vivante de la synergie agissante des États de la sous-région ».

M. ANIL KAYALAR (Turquie) a estimé que le terrorisme continuait à être l’une des plus graves menaces dans le monde.  Les organisations terroristes comme l’État islamique, contre lesquelles lutte la Turquie, fonctionnent avec des camps de formation et des soutiens extérieurs, a-t-il affirmé.  Il a déploré que certains des auteurs d’attentats aient pu se soustraire à la justice.  « La lutte contre une organisation terroriste grâce au soutien d’une autre peut nuire à la lutte contre ce problème », a-t-il ensuite mis en garde.

Évoquant ensuite la lutte contre l’État islamique, il a attiré l’attention sur le problème posé par les combattants terroristes étrangers.  Les familles de ces combattants posent une difficulté supplémentaire, a-t-il estimé.  « Nous pensons que le rapatriement des combattants terroristes dans leurs pays d’origine est de la plus haute importance. »  S’agissant du retour de ces combattants dans des zones de conflit, le représentant a annoncé que tout combattant étranger entrant sur le territoire turc serait confié à ses autorités de tutelle. 

M. ABDULRAHMAN HASAN YAHYA AL-BARATI (Yémen) a condamné le terrorisme et appelé à une réponse robuste pour le vaincre.  Le Yémen a adhéré à la plupart des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme, a-t-il dit.  Il a souligné l’importance de parvenir à une définition du terrorisme et d’élaborer une convention générale sur le sujet, afin de distinguer le terrorisme des luttes légitimes.  Il a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme et son financement, en érigeant notamment comme infraction toute participation à une action terroriste. 

Le délégué a dénoncé les milices houthistes qui nuisent aux efforts antiterroristes du Yémen et propagent la haine.  Les houthistes sont « les agents du régime iranien et du Hezbollah », a-t-il accusé en regrettant qu’ils aient rejeté toute proposition de règlement de la crise.  Enfin, le délégué a indiqué que son pays, malgré les circonstances difficiles qu’il traverse, a réussi à mettre sur pied une unité spécifique dédiée à la lutte antiterroriste.

M. IN CHOL KIM (République populaire démocratique de Corée - RPDC) a souligné que la crise afghane avait sapé les espoirs et la crédibilité quant aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme.  La question de la lutte contre le terrorisme ne doit pas être instrumentalisée à des fins politiques et économiques, a-t-il mis en garde.  L’ONU ne devrait pas l’autoriser, a-t-il appuyé, appelant également à rejeter les attitudes de « deux poids, deux mesures » dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.  De même, le représentant a demandé à la communauté internationale de condamner le « double jeu » de certains États qui désignent arbitrairement les pays leur désobéissant comme des « États soutenant le terrorisme », ou bien appellent « acte terroriste » ce qui est en réalité une lutte de libération nationale pour l’indépendance et l’intégrité territoriale.  Rappelant que son pays s’opposait au terrorisme sous toutes ses formes, M. Kim a ajouté que des mesures fortes avaient été prises afin de protéger la sécurité nationale et la vie de la population.  Enfin, il a déclaré que la RPDC avait adhéré à une série de conventions internationales et remplissait ses obligations de bonne foi. 

M. SACKPASEUTH SISOUK (République démocratique populaire lao) a réitéré son soutien et sa coopération avec la communauté internationale pour trouver tous les moyens d’éliminer le terrorisme international.  Selon lui, toutes les mesures prises à cette fin doivent être utilisées conformément aux principes des Nations Unies et du droit international, et dans le respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale.  Au plan national, le pays s’est activement engagé dans les mécanismes de coopération à tous les niveaux dans le cadre des conventions internationales contre le terrorisme auxquelles il est partie.  La République démocratique populaire lao a régulièrement amélioré son droit interne pour le rendre conforme aux conventions internationales.  Tous les actes de terrorisme possibles ont été incorporés dans le Code pénal et sont identifiés comme des infractions pénales graves, y compris le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  « Néanmoins, il reste encore beaucoup à faire. »  M. Sisouk a recommandé de promouvoir, aux niveaux régional et international, l’échange d’expertise et de bonnes pratiques, afin de renforcer les capacités nationales, notamment celles des fonctionnaires et autorités des pays les moins avancés.

Mme LAUZA ALI (Maldives) a déclaré que le terrorisme, en raison de ses caractéristiques, ne peut pas être combattu de front par les moyens militaires.  Il faut plutôt une approche à multiples facettes afin de vaincre les idéologies alimentant ces actes extrêmes.  Compte tenu des menaces potentielles que l’extrémisme violent fait peser sur leur économie vulnérable basée sur le tourisme, les Maldives ont adopté la loi sur la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme en 2014.  En 2015, la loi sur la prévention du terrorisme a créé le Centre national de lutte contre le terrorisme, qui conseille le Président et le Conseil national de sécurité sur les questions liées au terrorisme et à l’extrémisme violent.  C’est également le point focal national pour toutes les questions liées à la lutte contre le terrorisme.  De plus, en vertu de la loi antiterroriste, les Maldiviens qui partent combattre dans des pays étrangers sont considérés comme des « criminels graves ». 

Sachant que les causes du terrorisme sont souvent complexes, son pays, dont l’Islam définit plusieurs aspects de la vie et de la culture locale, cherche à lutter contre l’extrémisme violent par une approche basée sur l’ensemble de la société, a expliqué Mme Ali.  Les Maldives ont ainsi élaboré une stratégie nationale de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent, qui consiste à construire une société plus cohésive et à s’attaquer à la stigmatisation par le biais de messages positifs en faveur de la solidarité.  Cette stratégie renforce également le dialogue inclusif pour contrer la rhétorique du discours de haine, la xénophobie et les intolérances qui y sont associées.  « Nous visons à enseigner à nos enfants les valeurs de respect et de tolérance.  Mais nous devons également veiller à offrir à nos jeunes des opportunités de réaliser leur plein potentiel », a-t-elle conclu.  

Si l’on discute encore des mesures visant à éliminer le terrorisme international, a déclaré M. WISNIQUE PANIER (Haïti), c’est que les différentes mesures déjà adoptées ainsi que les actions entreprises pour combattre ce fléau n’ont pas encore abouti aux résultats escomptés.  Le combat ne fait que commencer et risque d’être long, a-t-il prévenu, même si la communauté internationale dispose déjà de 55 instruments, dont 19 à caractère universel et 36 à portée régionale.  Le représentant a estimé qu’au-delà des motifs traditionnellement associés aux actions terroristes, il convient aussi de considérer la pauvreté et le chômage comme étant des causes sous-jacentes non négligeables.  La lutte pour l’éradication du terrorisme international est multidimensionnelle: il faut aussi lutter contre le trafic de stupéfiants, l’enrichissement illicite, la contrebande et la corruption qui sont des sources de financement importantes du terrorisme international.

Même si Haïti n’est pas directement touché par le terrorisme international, ses autorités sont très préoccupées par ce fléau, a affirmé M. Panier.  Depuis plus de deux ans maintenant, le pays fait face à « des actes de banditisme notoires », notamment des assassinats et enlèvements.  De telles cruautés sont assimilables à des actions terroristes, a-t-il dit.  Car les objectifs poursuivis par les criminels sont quasiment les mêmes: affaiblir les structures de l’État pour parvenir à leurs fins et porter atteinte à la démocratie et aux droits fondamentaux.  Face à une telle situation, les autorités haïtiennes ont dû prendre des mesures législatives et créer de nouvelles institutions visant à renforcer la sécurité publique dans le pays, dont le renforcement des capacités opérationnelles de la police et du système judiciaire.  Il s’agit là d’une priorité pour le Gouvernement haïtien, a assuré son représentant.  

M. MARTÍN JUAN MAINERO (Argentine) l’a rappelé, la lutte contre ce fléau qu’est le terrorisme ne peut être efficace que par une action globale concertée, sur la base de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité.  L’Argentine a été victime du terrorisme international, avec deux attentats perpétrés à Buenos Aires, en 1992 contre l’ambassade d’Israël, et en 1994 contre le siège de l’Association mutuelle israélite d’Argentine.  Cette expérience, a déclaré le délégué, a renforcé la conviction de l’Argentine que le terrorisme doit être combattu conformément aux principes de la Charte des Nations unies, du droit international et des traités internationaux pertinents. 

L’Argentine a ratifié 14 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et elle est sur le point de ratifier deux instruments supplémentaires.  Le délégué s’est félicité de l’adoption récente de la résolution relative au nouvel examen de la Stratégie antiterroriste mondiale, document qui doit orienter les actions des États en la matière.  Son pays s’est efforcé de progresser dans la mise en œuvre des quatre piliers de la Stratégie, en accordant une attention particulière à la protection des victimes du terrorisme.  Enfin, le délégué de l’Argentine a appelé à travailler ensemble, à percevoir la diversité comme quelque chose de positif et non une menace, et à s’attaquer aux causes du terrorisme en renforçant le tissu social.

M. MUHABI JAMES LUNGU (Zambie) a souligné que les décès liés au terrorisme avaient chuté de 15% en 2019.  Cependant, nous restons préoccupés de l’impact qu’a le terrorisme international sur nos économies, a-t-il déclaré.  Une attaque qui détruit des infrastructures physiques essentielles immobilise souvent d’autres secteurs importants, a-t-il expliqué.  Une attaque terroriste peut provoquer une montée des sentiments xénophobes, du scepticisme des étrangers, et nuire au commerce international et aux investissements directs étrangers, a-t-il également pointé du doigt.  M. Lungu a donc appelé à mettre en place des divisions spécialisées dans la lutte contre le terrorisme international et ses financiers.  La Zambie n’est pas à l’abri des opérations clandestines des organisations terroristes, a-t-il reconnu, avant de détailler les mesures prises par le pays, notamment pour lutter contre le financement du terrorisme.  Le représentant a enfin réclamé une aide supplémentaire pour que la Zambie et d’autres pays en développement améliorent leurs capacités afin de lutter contre le terrorisme.

Pour M. JONATHAN SAMUEL HOLLIS (Royaume-Uni), malgré les efforts et progrès faits depuis 20 ans, la menace du terrorisme continue d’évoluer.  Premièrement, notre travail pour contrer la menace du terrorisme n’est pas achevé, a déclaré M. Hollis.  « Nous ne devons jamais permettre à l’Afghanistan de devenir une base pour le terrorisme.  Nous ne devons pas non plus négliger la propagation du terrorisme ailleurs dans le monde, comme en Afrique subsaharienne », a-t-il indiqué.  Deuxièmement, a-t-il poursuivi, « la science et la technologie ont apporté de nouvelles opportunités mais aussi de nouveaux risques ».  Ces risques incluent l’utilisation d’Internet comme outil de recrutement de terroristes, de radicalisation, de propagande, de financement et de planification d’attaques.  Troisièmement, une coopération internationale inclusive est essentielle, a conclu le représentant.

M. LÉON KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) a déclaré que son pays n’échappe pas à ce fléau, pas plus que d’autres pays africains situés à l’ouest du continent et au Sahel et qui voient s’intensifier ces dernières années des attaques terroristes meurtrières contre les civils et les forces de sécurité locales et internationales, y compris les Casques bleus.  Depuis l’attentat « barbare » perpétré le 13 mars 2016 à Grand-Bassam, le territoire ivoirien, dans sa partie septentrionale frontalière du Burkina Faso et du Mali, est « sans cesse la cible d’attaques terroristes ».  Face à cette situation sécuritaire préoccupante, les autorités ivoiriennes ont pris des mesures aux plans national, sous régional et international.  Sur le plan national, a expliqué le représentant, le Gouvernement ivoirien a adapté son cadre juridique, avec le vote en 2015 de la loi portant répression du terrorisme, complétée par celle de 2016 sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.  En 2018, des dispositions traitant de questions liées au financement et à l’organisation de voyages de terroristes, conformément à la résolution 2253 (2015) du Conseil de sécurité.  Dans la même veine, en coopération avec la France, une académie internationale de lutte contre le terrorisme a été ouverte cette année à Jacqueville, à quelques kilomètres d’Abidjan.  Cette institution vise à contribuer au renforcement des capacités des acteurs nationaux et internationaux engagés dans la lutte contre le terrorisme.

Aux niveaux sous-régional et régional, a poursuivi M. Adom, la Côte d’Ivoire a adhéré aux mécanismes de lutte contre le terrorisme de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine.  Il en est ainsi de « l’Initiative d’Accra », lancée en 2017 et qui regroupe la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Benin, le Togo, le Burkina Faso et le Mali.  Cette initiative a pour objectif de promouvoir l’échange d’informations ainsi que la coopération dans la conduite d’opérations militaires transfrontalières.  Par ailleurs, la Côte d’Ivoire est partie aux 19 instruments internationaux élaborés par la Communauté internationale pour prévenir les actes terroristes et elle est fortement engagée dans la mise en œuvre des résolutions pertinentes en la matière, a assuré le représentant.  Mais alors que le combat contre ce fléau est « loin d’être gagné », la Côte d’Ivoire plaide pour le renforcement de la solidarité et de la coopération internationales en vue de soutenir les efforts des pays africains pour relever les défis de la paix, de la sécurité et du développement durable, « gages » de l’éradication de terreaux fertiles pour l’expansion du terrorisme.

Mme ANA LORENA VILLALOBOS BRENES (Costa Rica) a invité la Sixième Commission à garder à l’esprit que la prévention et la lutte contre le terrorisme doivent être réalisées dans le respect du droit international, en particulier des droits de l’homme, du droit international humanitaire et du droit international des réfugiés.  Elle s’est également dite préoccupée que des organisations non gouvernementales et en particulier des défenseurs des droits humains soient persécutés et arrêtés sous couvert de terrorisme.  Pour le Costa Rica, il est nécessaire de tout mettre en œuvre pour conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Si des conventions isolées ont été approuvées sur des aspects particuliers du terrorisme, il n’existe pas en effet de convention globale pour uniformiser les définitions, les mesures antiterroristes et la coopération internationale.  La déléguée a souhaité que les mesures adoptées, tant au niveau national qu’international, tiennent compte de l’égalité des genres.  « S’il est vrai que les femmes interviennent parfois dans le cadre d’actes terroristes, il est également vrai qu’elles peuvent jouer un rôle fondamental dans la prévention de la violence extrême et du terrorisme. »

M. MOHAMMAD KURNIADI KOBA (Indonésie) a relevé que la pandémie avait peut-être amplifié les moteurs potentiels du terrorisme.  Le terrorisme continue d’évoluer.  Le représentant a attiré l’attention sur le cyberespace et les nouvelles technologies exploitées à des fins de propagande et de recrutement.  Il a également cité les nouvelles formes et manifestations d’actes terroristes, y compris ceux qui sont sous-tendus par des motivations raciales et ethniques.  Il a évoqué la question de la récidive et du nombre croissant de femmes et de membres de la famille devenant des auteurs d’actes terroristes.  Détaillant les mesures prises par l’Indonésie, le représentant a mis en avant le Plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Il a ensuite évoqué la Stratégie antiterroriste mondiale des Nation Unies, se réjouissant que les menaces nouvelles et émergentes y soient mentionnées, ainsi que l’approche des droits humains dans la lutte de terrorisme. 

M. ADONIA AYEBARE (Ouganda) a indiqué qu’une lutte approfondie contre le terrorisme exige de prendre des « décisions difficiles, y compris en parvenant à une définition du terrorisme ».  C’est un minimum si nous voulons identifier le terrorisme et le différencier des autres luttes légitimes, a-t-il poursuivi.  Il a appelé à remédier aux causes profondes du terrorisme et réitéré l’importance de conclure une convention générale sur le terrorisme international.  Il a salué la reprise des négociations et exhorté les États Membres à coopérer pour résoudre les questions en suspens; il s’est dit en faveur de la convocation à cette fin d’une conférence sous les auspices de l’Assemblée générale. 

M. Ayebare a ensuite évoqué la lutte menée par son pays contre l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui, si elle a été vaincue en Ouganda, continue d’infliger des souffrances en République centrafricaine et dans le nord-est de la République démocratique du Congo.  L’Ouganda est aussi en première ligne dans la lutte contre les Chabab.  Enfin, le délégué a appelé à remédier au largage de matières toxiques au large des côtes somaliennes, dont les groupes terroristes pourraient tirer profit.

M. MANZI TCHILABALO KARBOU (Togo) a expliqué que son pays appartient à la sous-région ouest-africaine, une zone où prospèrent malheureusement de plus en plus les groupes terroristes.  En effet, que ce soit au Sahel ou sur la côte ouest-africaine, Daech et ses nombreux groupes affiliés ont diversifié leurs activités, intensifié leurs attaques et élargi leurs zones d’action.  Selon le Togo, les recommandations du Sommet de Pau en 2020 et de celui de N’Djamena en 2021 peuvent servir de base à la réponse internationale globale.  Cette dernière devra, pour une meilleure efficacité, s’inscrire dans une approche holistique menée conformément au droit international et aux réalités sociales des zones concernées.  Il faut donc « faire en sorte que les populations victimes de ces groupes terroristes soient effectivement des parties prenantes à cette lutte », a plaidé le représentant. 

Pour venir à bout de ces groupes qui sèment la mort et la désolation partout dans le monde, a poursuivi M. Karbou, l’ONU doit poursuivre les réformes qui promeuvent une meilleure coordination et cohérence dans les programmes, projets et instruments internationaux dédiés à la lutte contre le terrorisme international.  Toutes les parties prenantes à ce combat doivent également « éviter l’assimilation entre terrorisme et religion » et appuyer toutes les actions sous l’égide des Nations Unies.  Pour sa part, le Togo, outre le fait d’être engagé aux côtés des pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, engage des actions au plan national.  Ces actions, a précisé le représentant, portent sur les cadres juridiques, sociaux, éducatifs et sécuritaires.  Ainsi, la loi de programmation militaire (2021-2025), dotée d’un budget d’environ 1,4 milliard de dollars américains, a été adoptée pour le renforcement des équipements des Forces armées togolaises, la mise en place d’une nouvelle unité des forces spéciales et d’un groupe d’intervention léger antiterroriste, avec des équipements modernes et sophistiqués, a conclu M. Karbou. 

M. SYED MOHAMAD HASRIN AIDID (Malaisie) a indiqué que son pays continue d’axer ses efforts de lutte contre le terrorisme sur des mesures préventives, notamment en renforçant son cadre juridique pour mettre en œuvre les 20 conventions et protocoles internationaux de lutte contre le terrorisme.  Le représentant a souligné que le Centre régional de lutte contre le terrorisme d’Asie du Sud-Est continue de s’engager auprès des jeunes par le biais d’initiatives pour contrer les messages extrémistes.  La déradicalisation est aussi un élément clef de la stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de la Malaisie, a poursuivi M. Aidid.  De janvier 2020 à août 2021, 246 programmes de déradicalisation et de réhabilitation des terroristes ont été menés avec la participation du département pénitentiaire, et 83 programmes communautaires de lutte contre le terrorisme ont été menés dans toute la Malaisie.  La Malaisie agit également en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et contre le financement du terrorisme.  Le délégué a conclu son intervention en déclarant qu’il soutient la convocation d’une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies. 

M. RASHED JAMAL IBRAHIM IBRAHIM AZZAM (Émirats arabes unis) a fait remarquer que la pandémie de COVID-19 avait rendu la situation plus complexe, citant le recrutement et l’exploitation des femmes, ainsi que les sources de financement pour attaquer des peuples et pays.  Coordonner les efforts internationaux et traiter les causes du terrorisme sont les seuls moyens de s’y opposer, a-t-il affirmé.  Le représentant a rappelé que les Émirats arabes unis avaient fait partie de la coalition contre Daech.  « Nous devons continuer à contenir ce groupe terroriste et empêcher qu’il se répande dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique. »  Le représentant a assuré que son pays continuerait de travailler comme un État modéré au Moyen-Orient et a souligné l’importance de parvenir à une convention générale sur le terrorisme. 

M. RABII ZENATI (Tunisie) a réitéré sa condamnation la plus ferme du terrorisme sous toutes ses formes.  Son gouvernement combat et lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent de manière efficace, en tant que menace régionale, sous-régionale et internationale.  En tant que membre du Conseil de sécurité, la Tunisie met également en œuvre les résolutions de cet organe.  Une loi portant sur le blanchiment d’argent a en outre été adoptée.  Cela étant dit, le délégué a estimé aussi que la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ne doit pas seulement se faire de manière frontale, mais en se penchant également sur les causes de ces phénomènes.  Pour cela, il faut aborder la question des conflits et des situations d’occupation qui perdurent. 

M. MOON DONG KYU (République de Corée) a souligné que la communauté internationale disposait de beaucoup plus d’outils aujourd’hui qu’il y a 20 ans pour lutter contre le terrorisme.  Cependant, la menace est toujours présente, comme l’a prouvé la récente attaque terroriste autour de l’aéroport de Kaboul en Afghanistan, a-t-il rappelé.  Il a incité à poursuivre les efforts en évaluant les menaces terroristes en constante évolution et s’attaquant aux causes profondes de ces menaces. 

M. Moon a ensuite appelé à prêter attention aux technologies nouvelles et émergentes.  Elles ont été utilisées par les terroristes à des fins malveillantes et dans le même temps, par les autorités chargées de lutter contre le terrorisme, a-t-il relevé.  De même, le représentant a souligné l’importance de la coopération et la coordination internationales.  « Nous restons engagés dans les travaux en cours pour finaliser le projet de convention générale sur le terrorisme international. »  Enfin, il a déclaré que les droits humains, l’égalité entre les sexes et la participation de la société civile devaient être les éléments centraux de nos efforts.  Le contre-terrorisme ne doit pas être invoqué comme une excuse pour violer les droits humains, a-t-il martelé, appelant à rechercher la participation pleine des femmes dans les efforts de lutte contre le terrorisme. 

M. AMMAR MOHAMMED MAHMOUD MOHAMMED (Soudan) a indiqué que la pandémie a aggravé les conflits et favorisé les activités terroristes.  Il a prôné une coordination et une solidarité internationales face au terrorisme.  « Le Soudan est entré dans une nouvelle ère en ce qui concerne la lutte antiterroriste », a-t-il dit, en soulignant l’efficacité des efforts de son pays.  Le délégué a précisé que lesdits efforts visent à renforcer le tissu social et à promouvoir la bonne gouvernance, des emplois décents ou bien encore l’autonomisation des femmes.  Il a insisté sur l’importance de remédier aux causes profondes du terrorisme, telles que la pauvreté.  En conclusion, il a invité la communauté internationale à appuyer les mécanismes locaux de lutte contre le terrorisme, dans le respect de la souveraineté des États.

Mme MARIAM SAO (Mauritanie) a souligné la nécessité d’une coopération effective pour lutter contre le terrorisme, « principal défi auquel fait face la communauté internationale aujourd’hui ».  Les États Membres doivent veiller à ce que les responsables d’actes de terrorisme soient appréhendés et poursuivis en justice ou extradés, a-t-elle insisté.  La représentante a ensuite évoqué l’approche « multidimensionnelle » adoptée par la Mauritanie pour traiter le phénomène de l’extrémisme.  L’État a œuvré pour prémunir la jeunesse de la déviation, a-t-elle souligné.  La régression de la violence islamiste radicale observée depuis cinq ans a été attribuée à la méthode mauritanienne, a-t-elle ensuite affirmé, évoquant une répression sécuritaire mêlée à une approche plus douce pour lutter contre l’extrémisme violent. 

Face à la menace qui touche toute la région du Sahel, la Mauritanie a renforcé son dispositif législatif antiterroriste, a ensuite précisé Mme Sao, afin de geler immédiatement les fonds, avoirs financiers de personnes ou entités terroristes.  Le Gouvernement mauritanien a développé une stratégie efficace grâce à une approche comprenant les aspects sécuritaires, le dialogue religieux, les dimensions économiques et sociales.  Cette stratégie devrait bénéficier du soutien de la communauté internationale, a-t-elle appuyé.  Enfin, elle a rappelé que, malgré les progrès réalisés par son pays, le danger était toujours imminent dans la région du Sahel. 

Mme AlSHEROOQI (Bahreïn) a appelé la communauté internationale à se coordonner dans la lutte contre le terrorisme.  Le Bahreïn est un des pays arabes présentant le moins de risques en matière de blanchiment d’argent, a-t-elle affirmé.  « Cela prouve que nous sommes actifs dans ce domaine sur la scène internationale et que nous voulons vraiment déraciner le terrorisme. »  La représentante a ensuite ajouté que l’objectif du Bahreïn était d’unifier les institutions du pays en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.  Nous devons tarir toutes les sources de financement, identifier et poursuivre tous les terroristes, a-t-elle insisté.  Évoquant la création d’un centre national pour dénoncer les activités terroristes, la représentante a également souligné l’engagement de son pays au sein du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme. 

« L’Iraq est l’un des pays qui a le plus souffert du terrorisme », a témoigné M. YAARB AHMED NASER AL-TEMEMY (Iraq).  L’Iraq s’engage à collaborer avec la communauté internationale pour éliminer le terrorisme, a-t-il poursuivi, citant en particulier Daech.  La résolution 2373 (2017) sur la constitution d’une commission d’enquête sur les crimes de Daech vise à identifier, collecter et présenter les preuves contre cette organisation pour que la procédure soit respectée, a rappelé le représentant.  « Nous continuons de fournir des preuves pour contribuer à évaluer les risques que représente Daech. »

L’Iraq refuse que son territoire soit exploité à des fins terroristes, conformément à sa constitution de 2005, a déclaré son délégué, qui a ensuite souligné la nécessité de promouvoir le partage de renseignements entre l’Iraq et les autres membres de la communauté internationale.  L’Iraq continue également de coopérer avec le comité des sanctions créé par la résolution 1526 (2004) du Conseil de Sécurité.  Enfin, l’Iraq attache une grande importance à sa stratégie nationale de lutte contre le terrorisme pour que celle-ci soit conforme à la stratégie mondiale, a conclu le délégué. 

M. TOFIG F. MUSAYEV (Azerbaïdjan) a estimé que des attentats terroristes perpétrés dans le cadre de conflit armé peuvent revenir à des crimes de guerre, donnant le droit aux États de prendre des mesures au niveau national.  Nous sommes convaincus qu’aucun pardon et qu’aucune libération précoce ne peuvent être accordés pour des auteurs d’attentats terroristes, a-t-il déclaré.  M. Musayev a ensuite rejeté de façon catégorique les affirmations de l’Arménie « qui souhaite induire en erreur la communauté internationale et cacher des délits terroristes ».  L’Arménie soutient depuis longtemps le terrorisme au niveau étatique, a-t-il ensuite pointé du doigt, affirmant que le pays avait perpétré des attentats terroristes depuis la fin des années 80 contre l’Azerbaïdjan.  Le représentant a ensuite accusé l’Arménie d’avoir recruté des combattants étrangers, tandis que l’Azerbaïdjan est résolu à prendre les actions nécessaires pour lutter contre le terrorisme et à poursuivre les auteurs d’attentats. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a estimé que dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent il n’y a pas de place pour des actions unilatérales, car la coopération conjointe est « le chemin le plus sûr » vers le succès dans ce combat.  L’expérience nous a montré qu’aucun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne peut éradiquer le terrorisme à lui seul sans la coopération des autres États, a-t-il résumé. 

M. Ndong Mba s’est inquiété de la persistance d’actes terroristes dans le monde et en Afrique en particulier.  Cette situation représente un « danger clair » pour le continent, sa stabilité et son développement socioéconomique.  En ce sens, la Guinée équatoriale condamne catégoriquement le financement des terroristes, via des fonds ou la livraison d’armes.  La Guinée équatoriale condamne également la piraterie en mer, qu’elle considère comme une forme de « terrorisme maritime ».  Pour ces raisons, le délégué a salué l’initiative transsahélienne de lutte contre le terrorisme développée par le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme et le Centre africain d’études stratégiques des États-Unis.  Il s’est également félicité de la Déclaration et Plan d’action de Madrid pour renforcer le régime juridique de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et centrale.  

M. BASHAR ABDULAH E. R. S. ALMOWAIZRI (Koweït) a souligné la persistance de la menace terroriste et condamné le terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations.  Il a souhaité une « convergence » des efforts internationaux face à ce fléau, en soulignant l’importance de remédier à ses causes profondes, telles que la pauvreté.  Il a demandé le respect des religions et de leurs symboles, avant d’apporter son appui à la Stratégie antiterroriste mondiale et ses quatre piliers.  Il a aussi plaidé pour une réponse coordonnée au phénomène des combattants terroristes étrangers.  Le délégué a ensuite détaillé les mesures antiterroristes prises par son pays au niveau national, notamment en vue de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  En conclusion, il a de nouveau rejeté avec force le terrorisme et l’extrémisme violent.

Droits de réponse

Le délégué de la Fédération de Russie a dénoncé les “insinuations” de l’Ukraine, avant d’accuser « le régime de Kiev » d’opprimer sa population depuis plusieurs années et de conduire par ses actions à la mort de ses citoyens dans le Donbass. L’Ukraine devrait mieux choisir ses termes, a-t-il tancé, en indiquant que sa délégation se méprend sur la notion de terrorisme. La délégation ukrainienne a ainsi qualifié de terroristes certains médias russes. Enfin, le délégué a déclaré que ce mot de « terroriste » est utilisé par l’Ukraine à des fins de propagande.

Le représentant de l’Arménie a qualifié la déclaration de l’Azerbaïdjan de « faux discours antiterroriste ».  Selon lui, l’Azerbaïdjan a répété son discours erroné sur le Nagorno-Karabakh pour essayer de prendre en otage la Commission et de la détourner des éléments de preuve qui montrent que l’Azerbaïdjan soutient des organisations terroristes.  Ce recours au terrorisme de la part de l’Azerbaïdjan a été reconnu par plusieurs pays, y compris des membres permanents du Conseil de Sécurité, et documenté par des observateurs indépendants, a poursuivi le délégué arménien.  Il a notamment dénoncé des décapitations « de type État Islamique », des prises d’otages de civils, mais aussi un discours de haine propagé en Azerbaïdjan.  Il a notamment jugé « déshumanisant » le « parc des trophées militaires » à Bakou, qui montre des biens de prisonniers arméniens reflétant le niveau extrême de la radicalisation et de la haine en Azerbaïdjan, l’assimilant à de la « propagande nazie ».

Le représentant de l’Ukraine a dénoncé « le discours manipulateur habituel » de la Fédération de Russie.  La composition terroriste de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine est évidente, a-t-il affirmé, l’accusant de continuer à envoyer des armes et combattants en Ukraine.  Nous avons fourni des preuves à la communauté internationale de l’implication de la Russie, notamment en termes de financements des groupes terroristes, a-t-il rappelé.  Il a appelé la Russie à mettre fin à ses agressions contre l’Ukraine et à l’occupation des territoires ukrainiens. 

Pour le représentant de l’Azerbaïdjan, l’Arménie présente une réalité déformée.  Le Nagorno-Karabakh a été créé en Azerbaïdjan et en réponse aux attaques de l’Arménie, l’Azerbaïdjan s’est défendu.  Il a déclaré que l’Azerbaïdjan a agi sur son sol « dans le respect du droit international ».  Des organisations arméniennes ont commis des actes terroristes à travers le monde, a aussi dénoncé le délégué azerbaidjanais, citant plusieurs exemples d’attaques lors desquelles des personnes ont été prises en otage et exécutées, ainsi que des attaques à la bombe.  Les attaques contre l’Azerbaïdjan ont couté la vie à plus de 2 000 Azerbaidjanais.

Le représentant de l’Arménie a encore voulu attirer l’attention de la Commission sur l’attribution malheureuse à l’Arménie d’attentats commis dans les années 1970-80, « piètre tentative » puisque c’était avant son indépendance, a-t-il recadré.

À son tour, le représentant de l’Azerbaïdjan a dénoncé les informations erronées propagées par l’Arménie, soulignant que même des réseaux sociaux tels que Twitter ont retiré de « fausses informations » émanant de l’Arménie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

À la Quatrième Commission, les pétitionnaires continuent d’afficher leurs divergences de vue sur le Sahara occidental

Soixante-seizième session,
4e séance plénière – après-midi
CPSD/731

À la Quatrième Commission, les pétitionnaires continuent d’afficher leurs divergences de vue sur le Sahara occidental

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a consacré l’intégralité de sa séance d’aujourd’hui aux auditions des pétitionnaires inscrits sur la question du Sahara occidental, qui avaient débuté hier, s’en prenant tour à tour au Front POLISARIO et au Maroc.

Une tragédie est en cours dans les camps de Tindouf, a estimé M. Roberto Leon, de Fundación Global Chile Marruecos, qui a estimé qu’ils deviennent des centres de formation pour les terroristes.  Pour M. Youssouf Coulibaly, de l’Université de Bamako, ces camps placés sous le contrôle du Front POLISARIO depuis un demi-siècle sont devenus une « plaque tournante » de la criminalité organisée, avec un impact sur le développement de la sous-région, nécrosant son tissu économique.

Selon lui, toutes les formes de criminalité y seraient observées: trafics de stupéfiants, d’armes, traite humaine, prise d’otages, actes de terrorisme et cybercriminalité.  M. Coulibaly a appelé la communauté internationale à soutenir la solution, proposée par le Maroc, d’autonomie élargie pour le Sahara occidental.

Si plusieurs intervenants ont dénoncé la « militarisation » accrue des camps de Tindouf, Mme Romina Perino a, en revanche, déclaré qu’elle y a toujours été bien reçue, contestant l’accusation de dangerosité portée par le Maroc.

Certains pétitionnaires ont exprimé leur lassitude à propos de l’ONU sur cette question qui, selon eux, est dans l’impasse.  Ainsi, Mme Fatimetu  Bachir  Jatri  Emhamed, de Peace and Justice Center in Decorah, a condamné l’absence d’action de la Quatrième Commission à laquelle elle a reproché d’adopter la même résolution chaque année.  De son côté, Mme Sherry Erb, de Erb Law, a mis en cause l’ONU s’agissant de l’absence d’établissement des responsabilités pour les actes commis par le Front Polisario.

Mme Salma Barca, de Karama Sahara, a demandé à la Quatrième Commission de faire son travail sur la décolonisation.  Jugeant cette séance « inutile », elle a estimé qu’il n’y a ni paix ni justice « sous occupation marocaine », avant d’exiger des preuves s’agissant des accusations de terrorisme prononcées ici et là contre le Front POLISARIO.  M. Andrès Rodriguez et M. El Mahjoub Maliha, du « Sahara occidental occupé », ont tous deux estimé que l’enceinte où délibérer de cette question devrait être le Conseil de sécurité.  C’est le Front POLISARIO et non le Maroc qui a la légitimité de défendre les intérêts des Sahraouis, a estimé ce dernier, tout en expliquant que son peuple commence à perdre sa foi en l’Organisation des Nations Unies.

Ainsi, M. Pablo De La Vega, de Asociación Ecuatoriana de Amistad con el Pueblo Saharaui, a déploré que le référendum d’autodétermination n’ait toujours pas été organisé, tandis que M. Ahmed Mohammed Fall, de Codesa, a demandé à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et d’arrêter une date.

Pour d’autres pétitionnaires en revanche, la question du référendum ne se pose plus, les scrutins de septembre 2021 y ayant répondu.  M. Brahim El Ahmadi a par exemple estimé que les résultats des élections locales, régionales et législatives organisées le 8 septembre dernier, constituent une forme incontestable de l’exercice du droit à l’autodétermination, compte tenu de leur forte participation.  Il s’agit là d’une réalité tangible que « la propagande, la manipulation et le mensonge » auxquels le « Polisario » et ses commanditaires ont toujours eu recours, ne peuvent démentir.  Cette participation massive des Sahraouis a infligé un revers cinglant aux séparatistes, a-t-il estimé.

En fin de séance, la représentante de Cuba a exercé son droit de réponse au pétitionnaire Zardini, qui a cité son pays à propos « d’un cas de lavage de cerveau ».  Elle a déclaré s’opposer à ce que le dialogue avec les pétitionnaires de la Quatrième Commission soit instrumentalisé à des fins politiques contre les États Membres.

La prochaine séance publique de la Quatrième Commission se tiendra lundi 11 octobre, à partir de 15 heures.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR LES POINTS RELATIFS À LA DÉCOLONISATION (SUITE)

Suite de l’audition des pétitionnaires du Sahara occidental

M. NAAMA SGHAYER s’est présenté comme un citoyen sahraoui, qui a évoqué sa frustration au sujet du Conseil de sécurité, qui selon lui ne remplit pas ses obligations.  Il a estimé que le cessez-le-feu qui était en vigueur est désormais un fait du passé, car le Maroc l’a violé.  Nous souffrons d’un blocus militaire et du pillage de nos ressources naturelles et de violations de droits de la personne, s’est élevé le pétitionnaire, qui a en conclusion demandé à la Commission et au Conseil de sécurité de trouver une date pour que l’on puisse accéder à la décolonisation.

M. PABLO ZARDINI, de la John F.Kennedy Argentine University, en tant que professeur de droit, a voulu mettre l’accent sur la situation des femmes dans le camp de Tindouf.  La plupart sont victimes d’abus sexuels de la part de Membres du Front POLISARIO, a-t-il assuré.  Elles sont condamnées à l’esclavage et souvent séparées de leurs enfants, qui sont envoyés à Cuba où ils subissent un lavage de cerveau.  Malgré cela, certaines ont pu rompre le silence et faire connaître leur situation, a-t-il observé.

Mme TOURIA HMYENE, de l’Association for the freedom of women sequestered in the Tindouf camps, a accusé le Front POLISARIO d’agir sous les instructions d’un pays « que nous connaissons tous ».  Le Front POLISARIO est responsable d’abus des droits de la personne commis dans ces « prisons à ciel ouvert », où l’aide humanitaire est détournée par les dirigeants du Front depuis des décennies, a-t-elle poursuivi.  Elle a également affirmé que le Hezbollah forme des membres du Front POLISARIO et lui fournit des armes.  Les actions terroristes qu’ils commettent sont utilisées par le pays hôte alors que les habitants des camps de Tindouf continuent de souffrir, tandis que les Sahraouis dans les provinces du sud du Maroc jouissent de droit et ont élu leurs représentants.

M. KHALID BENDRISS, de l’Association for the support of the Moroccan Autonomy Initiative, a plaidé en faveur du plan d’autonomie élargie que propose le Maroc pour la région du Sahara.  Il s’agit du fruit d’une consultation avec toutes les parties prenantes et qui permet d’aller de l’avant pour régler la question du Sahara occidental en y apportant une solution durable et conforme au droit international, a-t-il expliqué.  Les Sahraouis peuvent élire leurs représentants locaux et ce plan garantit l’intégrité territoriale du Maroc, a-t-il fait valoir en conclusion

M. MOHAMMED ELAISSAOUI, pétitionnaire, a déclaré que la présence d’éléments armés à l’intérieur des camps de réfugiés constitue une menace pour leur caractère civil et humanitaire.  C’est le cas des camps de Tindouf, qui ont été transformés en camps d’entraînement des milices.  Les enfants de ces camps ont été contraints de participer à des activités militaires, exploitées par le Front POLISARIO, a-t-il souligné.  En outre, les camps sont devenus un terrain fertile pour les groupes terroristes cherchant à recruter des membres parmi des jeunes désabusés privés de leurs droits, a-t-il déclaré.

M. HAMMADA EL-BAIHI, de la Ligue du Sahara pour la démocratie et les droits de l’homme, a déclaré que les camps de Tindouf étaient devenus un foyer de fabrication de haine et d’extrémisme, un vivier de violence et de terrorisme.  Il a déploré que le leadership du Front POLISARIO n’ait pas évolué depuis sa création, attirant l’attention sur le détournement de l’aide humanitaire qui atteint les camps de Tindouf.  Il est également revenu sur le développement important qu’a constitué la reconnaissance par les États-Unis du Sahara marocain et l’ouverture de consulats à Dakhla par plusieurs pays.

M. ROBERTO LEON, Fundación Global Chile Marruecos, a déclaré que le monde change sauf dans les camps de Tindouf où une tragédie est en marche.  Il a regretté que personne ne s’en préoccupe alors que les sécessionnistes du Front POLISARIO en coopération avec des organisations terroristes font maintenant du chantage aux pays voisins.  Les camps sont devenus des centres de formation pour les terroristes dans le Sahara et le Front POLISARIO y trompe la population des camps, dont les droits fondamentaux sont violés.  Il y entraîne des enfants au maniement des armes.  Le pétitionnaire a également dénoncé les détournements de l’aide humanitaire envoyée aux résidents des camps de Tindouf.

M. SAAD BENNANI s’est dit préoccupé par le sort des enfants dans les camps de Tindouf.  Il s’agit d’une zone de non-droit où le Front POLISARIO a recours à des pratiques inhumaines, a-t-il dit.  Mais les crimes les plus terribles sont ceux qui ont été commis contre les enfants, a-t-il déploré.  Ils sont traités comme des esclaves et embrigadés comme des terroristes, les filles étant soumises au mariage forcé.  Plusieurs organisations internationales comme Human Rights Watch ont dénoncé ces pratiques dans leurs rapports, a relevé le pétitionnaire, avant de dénoncer le Front POLISARIO de ces crimes inhumains.

M. GODWIN ICHIMI, du Nigerian Institute of International Affairs, de Lagos, a rappelé que le Sud-Sahara marocain avait par le passé un des pires indices de pauvreté pendant des décennies, le niveau de vie y ayant été très faible.  Aussi a-t-il loué l’action du Maroc, dont le plan d’autonomie constitue un modèle, sur lequel le Front POLISARIO devrait s’aligner.

Mme CYNTHIA BASINET, artiste nominée pour le prix Nobel de la paix et militante du changement social, a tenu à préciser qu’elle avait visité les camps de réfugiés sahraouis 20 ans avant les attentats du 11 septembre.  Depuis, son nom et ses photos continuent d’apparaître sur les réseaux sociaux, a-t-elle expliqué, avant de dénoncer l’idée selon laquelle les problèmes du monde vont être réglés par les « riches et célèbres », en occultant la voix des personnes directement concernées, les Sahraouis dans ce cas.  « Nous avons créé un monde qui nie les droits des 99,99%, et vous vend à la place de la culture pop, des marques et des armes », s’est-elle indignée.  Outrée, elle a demandé que la jeunesse saharienne puisse plaider sa cause ici, à l’ONU, en rappelant aux États Membres « que lorsqu’ils plaident leur cause, ils plaident celle des 99,99% ».

M. MOHAMMED AHMED GAIN, de African Institute for Peacebuilding and Conflict Transformation, a attiré l’attention sur la situation dangereuse dans les camps de Tindouf ainsi que les actions provocatrices menées par le Front POLISARIO, qui sapent les efforts de la communauté internationale pour trouver une solution politique au conflit.  Il est revenu sur les inaugurations historiques de consulats généraux par 16 pays ainsi que sur la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté pleine et entière du Royaume du Maroc sur son Sahara.  L’heure est à la reprise du processus politique dans le cadre exclusif du Conseil de sécurité, a conclu le pétitionnaire.

Mme YVONNE LODICO, la représentante de Grace Initiative Global, a rappelé que le Comité spécial considérait le Sahara occidental comme un territoire non autonome en attente d’être décolonisé et que l’ONU avait réaffirmé le droit du peuple sahraoui à son autodétermination, y compris l’option de l’indépendance.  Elle a aussi souligné que la MINURSO devrait également recevoir pour mandat de signaler les violations des droits de la personne commises sur ce territoire.

M. ZINE EL AABIDINE EL OUALI, de African Forum for Research and Studies in Human Rights, a estimé que l’ouverture de consulats dans de nombreuses villes du « Sahara marocain » représente la manière la plus solennelle pour les États d’exprimer leur solidarité avec les revendications légitimes du Maroc et de « dénoncer les convoitises hégémoniques qui visent l’intégrité territoriale de notre pays ».  La liste des consulats qui s’ouvrent dans le Sahara marocain ne cesse de s’allonger au fil des semaines, beaucoup de pays à travers le monde n’attendant que l’occasion propice pour franchir le pas, a-t-il ajouté.  Le pétitionnaire a également noté que si la majorité « écrasante » des pays africains « s’oppose aux velléités séparatistes qui guettent le Sahara marocain », la présence de « l’entité fantomatique des séparatistes au sein de l’Union africaine constitue une aberration flagrante ».

M. YOUSSOUF COULIBALY, de l’Université de Bamako, a regretté que depuis un demi-siècle, la communauté internationale assiste passivement au développement de la plaque tournante du crime organisé que sont devenus les camps de Tindouf sous contrôle du Front POLISARIO.  Cela a un impact sur le développement des pays de la sous-région, a-t-il souligné, et affecte leur tissu économique.  Toutes les formes de criminalité transnationale sont observées dans la zone du Sahara: trafics de drogues, d’armes, traite humaine, prise d’otages, actes de terrorisme et cybercriminalité.  Par ailleurs, la MINURSO doit prioriser la sécurité humaine sans pour autant abandonner le processus politique, a estimé M. Coulibaly, en appelant l’ONU et la communauté internationale à opter pour la solution, proposée par le Maroc, d’autonomie élargie pour le Sahara occidental.

Mme SHERRY ERB, de Erb Law, a déclaré que, dès que les camps de Tindouf ont été installés en 1975, le Front POLISARIO y a assumé un pouvoir complet « sans aucun contrôle extérieur ou interne ».  Cette situation distingue les camps sahraouis de la plupart des camps de réfugiés sous tutelle de l’ONU à travers le monde, a assuré la pétitionnaire.  Pourquoi l’ONU permet-elle à un groupe militaire de gérer des personnes sans avoir de comptes à rendre? a demandé Mme Erb.  À ce jour on ne sait combien de personnes reçoivent de l’aide dans ces camps; or, si le Front POLISARIO donnait un décompte, il ferait au moins preuve de bonne foi pour régler l’affaire au plus vite.  En attendant, on a permis au Front POLISARIO de gouverner les camps pendant des décennies et même de se présenter comme État, « ce qu’il n’est pas ».  Le Front POLISARIO n’a même pas de statut d’observateur à l’ONU, a relevé la pétitionnaire, cependant, ses représentants continuent de s’entretenir avec des chefs d’État pour obtenir un soutien en se présentant comme un pays indépendant qui a perdu ses droits légaux sur le Sahara occidental.  L’intervenante a conclu en demandant que des agences extérieures vérifient les conditions de vie dans les camps et interrogent leurs résidents.

M. PABLO DE LA VEGA, Asociación Ecuatoriana de Amistad con el Pueblo Saharaui, a attiré l’attention sur la situation dramatique du peuple sahraoui qui vit dans le Sahara sous contrôle marocain.  Il a rappelé que cela fait 40 ans que le Comité spécial des Vingt-Quatre a été créé et que la Cour internationale de Justice a conclu à l’absence de lien de souveraineté entre le Maroc et le territoire du Sahara occidental.  Il a déploré que le référendum d’autodétermination auquel s’était engagé le Roi Hassan II n’ait toujours pas été organisé et que se poursuivent les violations des droits humains des Sahraouis par les forces de sécurité du Maroc.

Mme FATIMETU BACHIR JATRI EMHAMED, de Peace and Justice Center in Decorah, Iowa, s’est dite fatiguée de l’absence d’action de la Commission face à la situation au Sahara occidental.  Je perds espoir comme beaucoup de Sahraouis, a ajouté la pétitionnaire.  Chaque année, je me demande si je dois venir alors que chaque année la Commission adopte toujours la même résolution, a-t-elle poursuivi.  « Mettez-vous à la place des Sahraouis.  Ressentez-vous leur souffrance? » s’est interrogée Mme Emhamed.  Mais nous sommes résilients, a-t-elle assuré, avant de dénoncer l’occupation marocaine.  Notre éducation est inutile à cause de l’occupation.  Mais nous sommes prêts à tout sacrifier.  Tout, a insisté la pétitionnaire, car nous n’avons rien à perdre.  Nous n’avons plus confiance en l’ONU et en la France qui soutient le Maroc, a ajouté l’intervenante, qui a demandé une enquête sur les abus des droits humains par le Maroc et l’organisation d’un référendum au Sahara occidental.

Mme SALKA BARCA, de Karama Sahara, a jugé cette séance inutile, estimant qu’il n’y a ni paix ni justice sous occupation marocaine.  « Je vous demande donc que l’occupation du Sahara occidental prenne fin.  Le temps nous est compté.  La population perd patience. »  « En 40 ans notre souffrance s’est prolongée », a plaidé l’intervenante, avant d’exiger des preuves sur les accusations de terrorisme entendues ici et là contre le Front POLISARIO.

M. ANDRES RODRIGUEZ, de John Jay College of Criminal Justice, a déclaré avoir entendu parler des problèmes qui se poseraient dans les camps de réfugiés.  Même s’ils étaient avérés, est-ce un argument suffisant pour envahir un pays? s’est-il demandé.  En fait, l’enceinte où délibérer de cette question devrait être le Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.  Pour qu’un État soit reconnu, il faut un territoire, un peuple et une organisation politique.  Pourquoi ne pas demander aux Sahraouis eux-mêmes s’ils veulent vivre sous occupation ou s’ils veulent gérer leur territoire eux-mêmes? a-t-il conclu.

Mme KHADIJA EZAOUI, de African Forum of Research and Studies in Human Rights, a déclaré parler au nom de nombreuses femmes sahraouies qui vivent au Sahara, et a expliqué que la région connaissait une dynamique de développement unique, à laquelle les femmes sahraouies contribuaient efficacement.  Le nouveau modèle de développement du Sahara marocain, doté d’un budget de 8 milliards de dollars a été adopté après de larges consultations avec la population locale, a-t-elle ajouté, avant d’appeler la communauté internationale à sauver les populations des camps des horreurs du « Polisario » et de leur donner la liberté de retourner dans leur patrie, le Maroc.

Mme ROMINA PERINO a déclaré que sa première visite dans les camps sahraouis remonte à 2017.  Or, le Maroc continue de raconter que ces camps sont dangereux, a relevé l’oratrice, qui a assuré que c’est faux.  Depuis que le Maroc a rompu le cessez-le-feu, de nombreuses familles ont dû fuir le Sahara occidental, a-t-elle dit.  L’occupation du Maroc a fait des Sahraouis des réfugiés dans leur propre pays, a-t-elle déploré, avant de dire qu’ils attendent de pouvoir participer à un référendum d’autodétermination.

M. AHMED MOHAMMED FALL, de CODESA, a fait remarquer que le cadre légal et les résolutions du Comité spécial des Vingt-Quatre, du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale reconnaissent le droit à l’autodétermination des Sahraouis depuis des décennies et pourtant, son peuple n’a toujours pas pu l’exercer.  M. Fall a demandé à la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et de sélectionner une date pour le referendum d’autodétermination.  Il a également demandé la levée du blocus du Sahara occidental ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis.  Le pillage des ressources naturelles du Sahara doit également cesser, a ajouté le pétitionnaire.

M. El MAHJOUB MALIHA, du « Sahara occidental occupé », a rappelé que ce territoire est inscrit sur la liste de la Quatrième Commission depuis 1975.  Il a dénoncé l’occupation brutale qui fait des points de passage une réalité quotidienne.  Pour l’orateur, le sort des Sahraouis repose aujourd’hui dans les mains du Conseil de sécurité.  C’est le Front POLISARIO et non le Maroc qui a la légitimité de défendre les intérêts des Sahraouis, a-t-il martelé en expliquant que son peuple commence à perdre sa foi en l’ONU.  « Ma population veut une situation pacifique », avec la création de mécanismes pour superviser le respect des droits humains et le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental.

Mme FATMA EL GHALIA CHARRADI, Association féminine pour le développement durable, a affirmé que les Sahraouis ont toujours été pro-marocains.  Plus de 85% des Sahraouis se trouvent au Sahara marocain et ont élu leurs représentants librement, a-t-elle rappelé.  Ce n’est pas le cas des habitants des camps de Tindouf qui sont privés du droit de vote et victimes de torture, de viols et de disparitions forcées.  Le chef du Front POLISARIO, qui a été expulsé d’Espagne, a regagné les camps de Tindouf qui est une « zone de non-droit ».  Il n’y a même pas de recensement de la population dans ces camps, s’est émue la pétitionnaire, qui a appelé la Commission à regarder la vérité en face: il existe une minorité qui souffre et une majorité qui a parcouru le chemin du développement et de la démocratie.

M. BRAHIM EL AHMADI a rappelé que le dernier scrutin législatif au Sahara marocain a connu un succès massif auprès des Sahraouis à Laâyoune et Dahla.  Aujourd’hui, les Sahraouis gèrent leurs propres affaires, ce qui constitue un revers cinglant pour les séparatistes et démontre la « faillite » du Front POLISARIO.

Mme GHALLA BAHIYA, du Conseil Régional de Dakhla-Oued Eddahab, a estimé que la grande majorité des Sahraouis qui se sont rendus aux urnes pour voter ne doivent pas avoir leur choix dicté par une minorité menée par le Front POLISARIO.  Ces élections sont une étape vers une structure locale, a-t-elle déclaré.  Sa Majesté le Roi du Maroc, qui supervise le processus, a dit que le progrès passe par une approche décisive visant à moderniser les structures publiques

M. EL FADEL BUA DA MOHAMED, de Human rights defenders, a raconté avoir été torturé en représailles dans des camps de détention pendant six mois, pour avoir dénoncé les pratiques du Front POLISARIO, dont les actes d’esclavage, entre autres.  Malheureusement, a-t-il dit, j’ai remarqué qu’il n’y a pas suffisamment de personnes qui s’expriment depuis les camps et beaucoup d’étrangers qui parlent en leur nom.  Les milices armées y imposent leur programme par la force et la situation dans les camps ne fait qu’empirer, a argué le pétitionnaire.  La violation de l’accord du cessez-le-feu montre bien que les terroristes sont du côté du Front POLISARIO, a-t-il ajouté en conclusion.

Mme CARMEN JOHNS, ancienne chargée d’affaire de la MINURSO, est venue témoigner de la situation sur place à Laâyoune en évoquant une série de drapeaux marocains, mais aussi des graffitis et des drapeaux du Front POLISARIO dans les quartiers pauvres soigneusement effacés et enlevés par la police marocaine « qui est partout à Laâyoune ».  Elle a également témoigné d’un incident où deux voyous marocains auraient maltraité des Sahraouis sous les yeux de la police marocaine.

M. RAFAEL JORGE ESPARZA MACHÍN, de l’Asociación de Amistad y Cooperación Canario-Marroquí, a affirmé que le Sahara a toujours fait partie intégrante du Maroc, regrettant que la situation au Sahel-Sahara soit devenue de plus en plus compliquée et dangereuse ces dernières années avec la présence de groupes terroristes islamistes, notamment dans les camps de Tindouf.  Il a estimé que la seule solution viable pour ce territoire reste la large autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine, « comme celle des Canaries » dont il est originaire.

Mme ERIKA PATRICIA BOTERO VARGAS, de Derechos Humanos Sin Fronteras, a salué la volonté de paix témoignée par le Gouvernement marocain, qui a adopté des mesures économiques et politiques en faveur du Sahara occidental.  Elle a regretté les maladresses de certains acteurs étrangers, en notant que l’Union européenne a souhaité primer une personne qui appelle ouvertement à la lutte armée au Sahara occidental.  Elle a aussi relevé que 25 dirigeants du Front POLISARIO sont aujourd’hui accusés de crimes contre l’humanité par des juridictions espagnoles.

M. JUAN CARLOS MORAGA, de Rehabilitación y Esperanza, a fait part de sa profonde préoccupation face aux récents événements au Sahara.  Alors que certains acteurs du Front POLISARIO sont poursuivis pour crimes contre l’humanité devant les tribunaux espagnols, ils sont dans le même temps soutenus par un pays du Maghreb, l’Algérie, État Membre des Nations Unies.  Ce pays déforme la réalité en parlant de colonialisme pour résoudre une soi-disant crise du Sahara, a soutenu le pétitionnaire.  Or, le peuple sahraoui a manifesté sa volonté lors des dernières élections, dont la forte participation leur donne valeur de référendum, a-t-il estimé.

M. JEROME BESNARD, enseignant français en droit public, a salué la dynamique démocratique qui s’est exprimée lors des élections de septembre 2021, qui résulte selon lui de la réussite institutionnelle du processus marocain de décentralisation et d’investissements massifs pour développer le Sahara et le sentiment d’une appartenance de la population de ses provinces à un destin partagé avec la nation marocaine.  Le pétitionnaire a ajouté que les dernières élections ont été conduites avec la participation de 129 observateurs internationaux et 4 000 observateurs nationaux.  Il a estimé en conclusion que le succès de ces élections a démontré que seule la souveraineté du Maroc est garante du droit à l’autodétermination de la population des provinces du Sahara.

Mme FERNANDEZ PALACIOS (Cuba) s’est dit heurtée par la déclaration faite par le pétitionnaire Zardini, qui a cité Cuba dans le cadre « d’un cas de lavage de cerveau ».  Le pétitionnaire doit faire allusion aux programmes d’étude au titre desquels le Gouvernement cubain propose des formations aux territoire non autonomes, a-t-elle ironisé, en expliquant que ces programmes sont notamment fondés sur l’humanisme, « ce que le pétitionnaire semble ignorer ».  Cuba a déclaré s’opposer à ce que le dialogue avec les pétitionnaires de la Quatrième Commission soit instrumentalisé à des fins politiques contre certains pays.

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