Troisième Commission: le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales appelle à un « renouvellement du contrat social »
La Troisième Commission chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a dialogué, aujourd’hui, avec plusieurs titulaires de mandat au sujet de l’état du développement social, l’occasion pour le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales de préconiser un renouvellement du « contrat social » pour parvenir à un avenir plus juste dans un monde où plus de 100 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté en 2020, notamment dans les zones rurales.
« Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a notamment déclaré M. Liu Zhenmin qui a souligné que les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes.
Insistant sur la nécessité d’opérer une transition « transformationnelle », le Secrétaire général adjoint a souligné que l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités et la promotion de l’inclusion sont des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité alors que le monde essaie de se remettre des répercussions de la pandémie. Le Haut fonctionnaire a également pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non, a-t-il souligné, pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités.
Alors que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, M. Liu a également exhorté à saisir la dynamique créée par le Sommet mondial pour le développement social qui, il y a 25 ans, a posé les jalons d’un consensus international basé sur un « idéal empreint de compassion ».
Il convient d’adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance, a proposé de son côté la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES). Venue présenter plusieurs les rapports du Secrétaire général, Mme Daniela Bas a également encouragé les États Membres à investir dans l’économie numérique, tout en appelant les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale.
Mme Bas a également milité sur l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme avant d’attirer l’attention des délégations sur la situation des personnes âgées.
À ce sujet, l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a regretté que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées n’aient reçu qu’une attention limitée, alors que le vieillissement mondial a un « visage féminin ».
Les femmes âgées sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées », a déploré Mme Claudia Mahler. De fait, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ».
L’Experte a exhorté les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes. Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle notamment insisté.
Lors de cette séance, les États Membres ont également dialogué avec le Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), qui a attiré l’attention sur le « rôle crucial » que le volontariat a joué et continue de jouer dans la riposte à la pandémie.
Pour sa part, le Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, a fait le point sur les progrès réalisés dans le cadre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 7 octobre, à partir de 10 heures.
DÉVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES À LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES AGÉES, AUX PERSONNES HANDICAPÉES ET À LA FAMILLE - A/76/137, A/76/147, A/76/156, A/76/184, A/76/209, A/76/210, A/76/265, A/76/61, A/76/116
Exposés
M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que la pandémie a eu des effets dévastateurs sur le développement social dans tous les pays du monde. Elle a poussé plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté en 2020 et l’insécurité alimentaire et la faim sont à la hausse partout dans le monde, a-t-il alerté, précisant que 2,4 milliards de personnes ont été touchées par une insécurité alimentaire grave ou modérée en 2020, un chiffre en augmentation comparé à 2019. Avant la crise, le monde n’était déjà pas en bonne voie de parvenir aux objectifs de développement durables (ODD) et c’était particulièrement le cas de l’objectif clef d’éliminer la pauvreté. La pandémie a exacerbé l’insécurité et les vulnérabilités économiques; les individus n’ont plus confiance dans les institutions publiques et de nombreuses personnes se détournent de leurs obligations civiques. Aujourd’hui, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, le monde essaie de se remettre sur pied, pour éliminer la pauvreté, réduire les inégalités et promouvoir l’inclusion. Ce sont là des éléments indispensables pour rétablir la confiance et renforcer la cohésion sociale et la solidarité, a martelé le haut responsable. À cet égard, il a rappelé que lors de la commémoration du vingt-cinquième anniversaire du Sommet mondial pour le développement social, les États Membres avaient réaffirmé les objectifs de celui-ci qui demeurent valides aujourd’hui.
Il y a 25 ans, a-t-il poursuivi, ce Sommet avait abouti pour la première fois à un consensus international sur la nécessité de placer l’individu au centre du développement. Les résultats ont fait émerger un « idéal empreint de compassion » et permis de créer un cadre de société pour aller de l’avant et se pencher notamment sur les causes profondes de la pauvreté. Il a exhorté à saisir cette dynamique et collaborer avec les gouvernements, les communautés et la société civile pour réfléchir à la façon de mettre en œuvre le Programme 2030. « Nous avons la possibilité d’apporter une transition transformationnelle absolument nécessaire », a déclaré M. Liu. Pour ce faire, il a préconisé de renouveler le « contrat social », pour que les individus ressentent des améliorations tangibles dans leurs vies, mais aussi de renforcer la confiance dans les institutions internationales et nationales en apportant la prospérité au plus grand nombre. Il faut agir pour parvenir à un avenir plus juste, a-t-il souligné.
Le Secrétaire général adjoint a en outre insisté sur l’importance d’engager des réformes politiques; d’investir dans la protection sociale afin de contribuer au bien-être de l’individu; et d’appuyer une transition juste vers une croissance plus inclusive et plus verte. Or, a-t-il déploré, plus de la moitié de la population mondiale ne bénéficie pas de protection sociale de nos jours. Il a pressé à faire des progrès pour parvenir à une protection sociale universelle, condition sine qua non pour éradiquer la pauvreté et réduire les inégalités.
L’humanité est à la croisée des chemins, a-t-il souligné, citant le Secrétaire général. Les choix politiques opérés aujourd’hui pourraient mener soit à une percée dans le développement durable, soit à un écroulement des sociétés et de leurs écosystèmes. Ils détermineront, a insisté M. Liu, notre capacité à établir un consensus social autour de mesures communes et rétablir la confiance du public, étape nécessaire pour atteindre les ODD.
Mme DANIELA BAS, Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES), a tout d’abord présenté le rapport du Secrétaire général sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/76/181), soulignant sa pertinence dans le contexte d’une pandémie de COVID-19 qui perdure. Le rapport se penche sur les répercussions de cette pandémie et sur la crise sociale qu’elle a engendrée. Il contient des recommandations qui invitent notamment les États Membres à adopter des politiques clairvoyantes pour mettre les capacités et la résilience des individus au cœur des programmes de relance. Il appelle en outre à réduire la fracture numérique et à améliorer la fourniture de services sociaux, tout en plaidant pour davantage de solidarité aux niveaux régional et international.
Mme Bas a ensuite présenté le rapport sur la situation sociale dans le monde (A/76/116), qui fait apparaître que la pauvreté est en progression dans le monde, principalement dans zones rurales. Le rapport sur l’inclusion sociale (A/76/184) promeut quant à lui le concept d’inclusion sociale en encourageant les États Membres à investir dans l’économie numérique. Il a appelle également les décideurs à réfléchir aux implications futures du numérique dans l’inclusion sociale.
Par ailleurs, a poursuivi la haute fonctionnaire, le rapport sur les jeunes (A/76/210) souligne l’importance du rétablissement de la confiance des jeunes dans le multilatéralisme et invite les États Membres à mener des efforts plus collaboratifs à cette fin. Le rapport sur la famille (A/76/61) relève que la pandémie impose de nouveaux défis aux structures familiales, lesquelles jouent un rôle fondamental dans l’économie et la fourniture de soins. Enfin, le rapport sur le vieillissement (A/76/156) note que la pandémie a aggravé les difficultés auxquelles les personnes âgées sont confrontées, tout en rappelant leur rôle clef dans les communautés. Il appelle à promouvoir leur participation à la société et à les inclure dans les prises de décisions.
Dialogue interactif
À l’issue de ces deux premières interventions, l’Éthiopie a estimé que la réalisation des ODD ne sera possible que si l’on réduit effectivement la fracture numérique. Comment procéder alors pour réduire cette fracture et garantir l’accès aux services sociaux, a demandé le Viet Nam qui a précisé que 90% de sa population dispose d’une assurance santé. L’Inde a indiqué que la technologie numérique est mise à profit pour réduire la pauvreté, ainsi que faire face à la COVID-19, notamment en matière de traçage des cas et de fourniture de vaccins. Notre politique d’inclusivité a permis à 271 millions de personnes de sortir de la pauvreté, grâce à la croissance et à l’emploi, s’est notamment enorgueillie la délégation.
Pour œuvrer au développement commun, la Chine a appelé tous les pays à approfondir leur coopération stratégique et donner la priorité à la protection des personnes, notamment les plus vulnérables. C’est une croissance durable et inclusive qu’il faut appuyer, a-t-elle insisté. Il convient aussi de mobiliser les financements et les investissements pour atteindre les cibles du Programme 2030, a souligné le Maroc qui a également insisté sur l’importance de la confiance, de la cohésion et des partenariats pour faire face à la crise engendrée par la pandémie.
Préoccupé par les conséquences socioéconomiques de la crise, l’Iraq a jugé important de protéger tous les membres des familles et de faire en sorte que des recours puissent être déposés en cas de violence. La République arabe syrienne a indiqué pour sa part que sa stratégie d’après-guerre met l’accent sur la réconciliation nationale et le retour des personnes déplacées. Le gouvernement soutient en outre les familles confrontées à des pénuries et accorde des foyers temporaires et des soins de santé aux plus démunis, en particulier dans les régions où les groupes armés sèment la violence.
À son tour, le Sri Lanka a précisé que son gouvernement s’emploie à garantir des services de qualité pour les personnes vivant en milieu urbain comme en zone rurale. Les petites localités bénéficient ainsi de services d’éducation et de santé, tandis que les écarts de revenu entre urbains et ruraux se réduisent. Le Nigeria a de son côté appelé les États à continuer d’assurer la protection sociale des groupes les plus vulnérables, notamment les personnes âgées et les personnes handicapées.
Comment l’ONU peut-elle contribuer aux nécessaires transferts de technologies vers les pays en développement, a demandé l’Algérie qui a par ailleurs insisté sur l’importance de l’éducation et des investissements sociaux, notamment en matière de logement, d’accès à l’eau potable et de couverture sanitaire, pour enrayer la pauvreté. Le Bélarus a ensuite expliqué que son système d’État d’aide sociale, qui a pour caractéristiques d’être holistique et systémique, avait permis d’aider les couches vulnérables de la société tout au long de la pandémie.
Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande a fait savoir que l’Initiative 2025 de l’ASEAN vise à assurer que chaque individu jouit de son droit au développement. Elle intègre également les droits des personnes handicapées et prévoit des plans d’urgence pour les femmes.
Répondant à ces questions et commentaires, la Directrice de la Division pour le développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales (DAES) a formulé plusieurs propositions pour combler la fracture numérique. Tout d’abord, elle a suggéré de tester les infrastructures pour permettre à tout un chacun d’avoir accès aux technologies de l’information et des communications. Elle a également incité les États à fournir une formation technologique aux jeunes comme aux personnes âgées. Il conviendrait également d’adopter des mesures pour prendre à bras le corps les entraves à l’acquisition des compétences dans le domaine des technologies de l’information et de la communication pour les personnes désavantagées, comme celles qui ont des problèmes de vue. « C’est comme ça qu’on fait preuve d’inclusivité », a-t-elle insisté.
Quant au rôle que pourrait jouer l’ONU pour promouvoir le transfert technologique vers le Sud, elle a indiqué que l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies pourra peut-être fournir des réponses spécifiques pour chaque pays.
Exposé
M. TOILY KURBANOV, Coordonnateur exécutif des Volontaires des Nations Unies (VNU), a présenté le rapport du Secrétaire général sur le volontariat à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030 (A/76/137), rappelant dans la foulée que cette année marque le cinquantième anniversaire du programme des VNU qui est administré par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
M. Kurbanov a souligné que ce rapport met en évidence les nouvelles tendances et perspectives en matière de volontariat qui reflètent des changements « spectaculaires » dans le monde. Le rapport appelle notamment à passer des projets de volontariat ponctuels à une intégration systématique du volontariat dans les efforts de développement afin de contribuer à la durabilité des résultats. Il note que 61% des examens nationaux volontaires soumis au forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) reconnaissent les contributions des volontaires à tous les objectifs de développement durable (ODD). Le rapport reconnaît également le rôle crucial que les volontaires ont joué et continuent de jouer dans la riposte à la pandémie.
M. Kurbanov a également indiqué que le rapport recommande d’intégrer le volontariat dans des stratégies de développement durable plus larges. Il apporte également des suggestions concrètes sur la manière de renforcer les données nationales sur les contributions économiques et sociales du volontariat. Le partage d’expérience des États Membres, notamment pour surmonter les obstacles au volontariat, est également préconisé, de même que le renforcement du bénévolat communautaire et intergénérationnel afin de mettre à profit la solidarité générée pendant la pandémie. Le Coordonnateur exécutif a en outre fait observer que différentes pratiques de volontariat façonnent la participation différemment, le volontariat en ligne pouvant par exemple faciliter l’accès à certaines personnes mais en exclure d’autres. Il a ensuite appelé les États Membres à partager leurs efforts et leurs données sur le portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU.
Dialogue interactif
Quel est le lien entre le programme de volontariat des Nations Unies et le programme des jeunes, en sachant que la plupart des volontaires sont des jeunes, a voulu savoir d’emblée Israël.
Le Japon a souligné l’importance des volontaires pendant la période de crise due à la pandémie, en profitant pour saluer le travail des volontaires lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Ces derniers contribueront aussi énormément aux prochains Jeux Olympiques d’hiver en Chine, a ajouté la délégation chinoise qui a elle aussi mis l’accent sur l’aide psychologique et sociale contribuée par les volontaires durant la pandémie.
Quels sont les enseignements tirés au cours de la pandémie et qu’en est-il des efforts d’inclusion dans le volontariat, a demandé à son tour le Brésil.
Comment peut-on utiliser au mieux le volontariat pour créer de nouvelles perspectives pour les jeunes, s’est enquis le Maroc qui a également voulu savoir comment les VNU coopèrent avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse. En outre, comment peut-on renforcer la contribution du volontariat à la résilience dans les pays en développement? Et comment garantir le soutien et l’appui nécessaire pour le volontariat en ligne?
Enfin, la Serbie a fait quelques observations sur les contributions des volontaires dans le pays.
En ce qui concernes le partage des bonnes pratiques mentionnés par différent pays, le Coordonnateur exécutif des VNU a de nouveau appelé les États Membres à partager leurs expériences et leurs données sur le Portail de connaissances sur le volontariat hébergé par le programme VNU. Il a également indiqué un rapport sur l’état du volontariat dans le monde sera publié avant la fin de l’année, conciliant bonnes pratiques, nouvelles tendances et mesures prises pour accroitre la résilience des communautés.
Il a ensuite fait savoir que le programme des VNU travaille en étroite collaboration avec l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse pour permettre aux jeunes de rentrer dans le système de l’ONU en tant que volontaires pour mieux connaître l’Organisation. Une collaboration est également en place pour aider les équipes de pays à recenser les données dans la perspective de l’examen quadriennal.
Sur le volet des enseignements tirés de la pandémie, le Coordonnateur exécutif a indiqué que plus de 1 000 volontaires ont été mobilisés durant la crise pour appuyer la riposte. Il a noté que le capital humain dans les pays du Sud est immense « ce qui a permis de réagir rapidement ». Les actions de sensibilisation dans les pays du Sud nous ont permis de rallier plus de volontaires au système des Nations Unies, fait important quand les voyages n’étaient plus possible, a-t-il indiqué.
Exposé
M. GOPAL MITRA, Spécialiste hors classe des questions sociales de l’Équipe sur le handicap du Bureau exécutif du Secrétaire général, qui présentait le rapport sur l’inclusion du handicap dans le système des Nations Unies (A/76/265), s’est d’emblée félicité des progrès réalisés en matière d’inclusion au Siège et au niveau des pays, et ce en dépit des défis liés à la pandémie. La Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap a permis de s’organiser et de se mobiliser pour une riposte à la COVID tenant compte des personnes handicapées, a-t-il fait observer.
Il a fait état de progrès notables par rapport à 2019, dans des domaines aussi variés que la visibilité et les achats inclusifs, en plus du renforcement de l’inclusion et de l’accessibilité au sein des entités des Nations Unies. Toutefois, il a reconnu des résultats moindres en matière de consultation auprès des personnes handicapées dans l’objectif de répondre à leurs besoins. À cet égard, M. Mitra a évoqué les différents outils mis en place pour remédier à cette situation, se disant convaincu que les résultats suivront dans quelques années.
Poursuivant, il a mentionné les rapports présentés par les quelques 130 équipes de pays sur la mise en œuvre de la Stratégie des Nations Unies pour l’inclusion du handicap, notant que des progrès s’imposent toutefois en matière d’accès physique et numérique. Il a également indiqué que la mise en œuvre de la Stratégie a débouché pour la toute première fois sur la création de données systématiques sur l’inclusion du handicap à l’ONU. Ces données sont utiles pour évaluer le statut de l’inclusion du handicap au sein des Nations Unies, mais aussi pour s’assurer de la reddition de compte interne et envers les États Membres. Il a aussi noté que plusieurs secteurs nécessitent un perfectionnement. Il a souligné que le manque de ressources ne doit pas servir d’excuse pour le manque d’action, suggérant notamment de mobiliser les ressources excédentaires pour appuyer l’inclusion du handicap.
Dialogue interactif
Le coup d’envoi à cette discussion a été donnée par la Nouvelle Zélande qui a voulu savoir quelles mesures ont été prises pour ajuster la Stratégie dans le cadre de la collaboration avec les organisations œuvrant dans le domaine du handicap.
Comment le système des Nations Unies peut renforcer les connaissances et les mesures prises par le personnel en faveur de l’inclusion, s’est enquis le Mexique. Et que faire pour combler les lacunes s’agissant de la question de la transversalité pour les Missions de maintien de la paix?
La Chine, qui a indiqué qu’elle compte 85 millions de personnes handicapées, soit le chiffre le plus élevé au monde, a estimé qu’une meilleure intégration sociale et une vie digne, relève de la responsabilité de chaque gouvernement.
À leur tour, les Philippines ont voulu connaître les défis auxquels s’est heurté le bureau de M. Mitra. Que peuvent faire les États Membres pour soutenir le mandat et s’aider les uns les autres dans le cadre de la pandémie?
À la suite de ces questions, le Spécialiste hors classe des questions sociales a indiqué, qu’il n’existait auparavant aucune orientation pour ce qui est des consultations avec les organisations représentant les personnes handicapées. Il a donc été demandé aux Nations unies de disposer de lignes directrices, et cette année, le Bureau exécutif du Secrétaire général a mis sur pieds des orientations pratiques sur le handicap et engagé des consultations avec les organisations travaillant dans ce domaine.
Pour ce qui est de l’inclusion du handicap dans les missions sur le terrain, « nous sommes partis de loin mais un travail louable a été entamé », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que depuis 2019, on est passé de 12 à 16 missions politiques spéciales qui ont produit un rapport sur cette stratégie. « Le renforcement des capacités est un des grands défis » a reconnu le Spécialiste. Des réformes sont en cours dans le système, des équipes ont commencé à organiser des sessions de renforcement de capacités et des modules seront disponibles pour tous et toutes début 2022, a-t-il annoncé. Il a en outre souligné que les ressources demeurent une pierre d’achoppement et a remercié les pays qui apportent leur appui.
Exposé
Mme CLAUDIA MAHLER, Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme, a rappelé que l’an dernier, sa présentation avait porté sur l’impact disproportionné de la pandémie sur les personnes âgées et l’amplification des violations existantes de leurs droits humains. Depuis lors, des rapports affligeants ont mis en évidence l’isolement, la négligence et le manque d’accès à des soins de santé adéquats dont souffrent les personnes âgées dans le monde entier, a-t-elle relevé, regrettant toutefois que les impacts spécifiques subis par les femmes âgées n’aient reçu qu’une attention limitée. Cela illustre, selon elle, « l’invisibilité des formes uniques d’inégalité et de discrimination » auxquelles sont confrontées les personnes en raison de leur sexe, de leur handicap, de leur origine ethnique, de leur statut de migrant et d’autres facteurs intersectionnels. C’est pourquoi l'Experte indépendante a choisi de consacrer son rapport aux droits humains des femmes âgées.
Observant que le vieillissement mondial a un « visage féminin » car les femmes constituent la majorité des personnes âgées, surtout à un âge avancé, Mme Mahler a fait remarquer que les femmes âgées jouent des « rôles clés » dans nos communautés. Parmi elles, on trouve des leaders dans les domaines de la politique, des affaires, de la culture et de l’engagement civique, des militantes qui promeuvent le changement ou encore des soignantes et des bénévoles qui permettent à leurs communautés et familles de s’épanouir. Pourtant, ces femmes sont largement négligées dans les prises de décision et souvent dépeintes de manière stéréotypée et condescendante comme des « grands-mères nourricières et ridées ». De fait, a souligné l’Experte indépendante, la combinaison d’attitudes âgistes et sexistes « sape la jouissance de leurs droits ». À ce sujet, a-t-elle ajouté, l’hypothèse selon laquelle les femmes âgées ne seraient pas sexuellement actives et désirables signifie que leur santé sexuelle et reproductive est ignorée et que la violence sexuelle contre les femmes plus âgées reste un tabou.
Mme Mahler a ensuite précisé que les inégalités et la discrimination vécues par les femmes âgées n’apparaissent pas soudainement à un âge avancé, mais s’accumulent plutôt au long de la vie. Les désavantages cumulatifs d’une main-d'œuvre plus faible, d’écarts salariaux entre les hommes et les femmes, d’interruptions d’emploi dues aux soins familiaux et d’une prévalence plus élevée du travail à temps partiel et informel signifient que les femmes ne reçoivent souvent qu’une retraite limitée ou pas de retraite du tout. De plus, de nombreuses femmes n’ont pas la possibilité d’acquérir, accumuler et contrôler des actifs et des biens au cours de leur vie, notamment en raison de pratiques successorales discriminatoires. Beaucoup de femmes atteignent donc un âge avancé avec des niveaux d’éducation et d’apprentissage inférieurs, moins d’épargne, d’actifs et de biens, et moins de sécurité sociale, ce qui entrave considérablement la pleine jouissance de leurs droits humains.
Ces désavantages mettent les femmes âgées dans une situation de vulnérabilité accrue à la pauvreté, à l’isolement, à la violence, à la maltraitance et à la négligence, a poursuivi l’Experte. Si les femmes ont tendance à vivre plus longtemps, elles le font souvent sans les ressources et le soutien nécessaires pour répondre à leurs besoins évolutifs, a-t-elle constaté, estimant à cet égard que s’appuyer exclusivement sur les familles pour les soins et le soutien n’est pas une solution satisfaisante. Selon elle, les États ont la responsabilité de veiller à ce que les femmes âgées soient en mesure de jouir pleinement de tous leurs droits humains. Les femmes plus âgées doivent d’abord être considérés comme des « titulaires de droits » plutôt que comme des « bénéficiaires de politiques sociales », a-t-elle insisté avant d’appeler les États à intégrer une dimension de genre dans leur législation et leurs politiques sur le vieillissement, tout en incluant la perspective du vieillissement dans tous les cadres sur l’égalité des sexes. À ses yeux, cela doit inclure la lutte contre l’âgisme, le sexisme et les stéréotypes associés ainsi que la collecte de données désagrégées pour capter les réalités vécues par les femmes âgées.
Dialogue interactif
Dans un premier temps, la Fédération de Russie a noté que la tendance mondiale au vieillissement concerne aussi la Russie, où une personne sur quatre est âgée. C’est pourquoi le gouvernement a lancé en 2016 une stratégie nationale pour améliorer la situation des personnes âgées. Un système de revalorisation des pensions est également en place pour aider les plus de 38 millions de personnes qui en bénéficient, et un soutien est apporté aux personnes âgées qui souhaitent continuer de travailler. Dans ce contexte, la délégation a regretté que la communauté internationale ne soit pas encore parvenue à un consensus sur la nécessité d'élaborer une convention distincte sur les problèmes du vieillissement. Selon elle, le problème vient des approches des organes conventionnels eux-mêmes.
Quelles sont les mesures que prend l’ONU pour faire en sorte que les personnes âgées sont incluses dans les processus de prise de décision au niveau national et international, a voulu savoir l’Union européenne, qui a jugé essentiel de collecter de données sexospécifiques et d’effectuer des analyses précises sur la situation de ces femmes, qui doivent bénéficier d’une protection sociale et de soins de santé physique et mentale.
Que pense l’Experte indépendante du volontariat entre les générations pour combler les fractures sociales dont souffrent les personnes âgées, a pour sa part demandé Israël, en insistant sur la nécessaire solidarité entre les âges. Et comment veiller à ce que les perspectives des femmes âgées soient prises en compte dans les politiques des États, a ajouté le Royaume-Uni, préoccupé par l’impact disproportionné de la COVID-19 sur les personnes âgées et par la montée de l’âgisme et des discriminations contre les séniors. Observant que l’âgisme frappe principalement les femmes et est pour elles un facteur d’isolement et de pauvreté, la Slovénie s’est pour sa part interrogé sur les moyens d’améliorer le cadre des droits de la personne en tenant compte des discriminations croisées que subissent les femmes âgées.
Les Philippines ont évoqué le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur la situation des femmes âgées, notant l’âgisme et la discrimination fondée sur le genre ont de graves conséquences pour ces dernières. Quelles seraient les bonnes pratiques permettant d’inclure les questions concernant les femmes âgées dans les politiques publiques, a demandé le Mexique, après avoir constaté leur « invisibilité » dans les prises de décision. Et que faire pour prévenir les violences à l’égard des femmes âgées, notamment celles fondées sur le genre, dans le contexte de la pandémie, s’est enquis le Canada.
Comment comptez-vous défendre votre programme au sein du système des Nations Unies et veiller à ce qu’il demeure une priorité pour la communauté internationale, a demandé la Malaisie. De son côté, la Chine a rappelé qu’elle est l’un des pays qui enregistrent un taux élevé de vieillissement et que sa population comptera l’an prochain plus de 300 millions de personnes âgées. Face à ce phénomène, elle a fait état du lancement d’un plan national à court et moyen termes pour que chacun puisse vivre dans la dignité. Elle aussi estimé que le relèvement post-COVID-19 sera occasion d’améliorer le sort des personnes âgées.
Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a lui aussi plaidé pour la collecte de données et l’analyse des discriminations et abus dont sont victimes les femmes âgées. A cette aune, il a souhaité savoir comment pourrait être mis en place un instrument international juridiquement contraignant qui protège la dignité des personnes âgées, en particulier des femmes. L’Argentine a elle aussi plaidé pour l’élaboration d’une convention internationale sur ces questions après avoir demandé des précisions sur le lien entre féminisation du vieillissement et féminisation de la pauvreté.
Que peuvent faire les gouvernements pour encourager les femmes âgées à déposer des recours en cas de violences ou abus à leur encontre, ont souhaité savoir les États-Unis. Existe-t-il des moyens de protéger les personnes âgées de l’exploitation et des injustices, a demandé l’Inde.
L’Algérie a, elle, souligné l’importance de la participation des personnes âgées à la vie des sociétés, y voyant la justification d’une protection des valeurs familiales. Enfin, le Maroc a indiqué que la condition des séniors étant une priorité de son gouvernement, un observatoire national pour personnes âgées suit les questions traitant du vieillissement.
La suite de ce dialogue n’a pas pu être couverte en raison d’une interruption de l’interprétation.