Soixante-seizième session
1re séance plénière - matin
AG/J/3633

La Sixième Commission, « au rôle et à l’autorité uniques », entame son programme de travail avec l’examen des mesures de lutte contre le terrorisme international

La Sixième Commission, chargée des questions juridiques, a entamé, ce matin, son programme de travail qui sera marqué par la tenue de 33 réunions jusqu’au 18 novembre, date prévue pour la dernière réunion de cette soixante-seizième session.  Pandémie oblige, les consultations relatives aux projets de résolution se tiendront de manière virtuelle, tandis que les réunions en séance plénière se dérouleront, elles, en présentiel.

La Présidente de la Commission, Mme Alya Ahmed Saif Al-Thani, du Qatar, a tenu à rappeler que ces arrangements ont été pris pour une raison exceptionnelle et n’ont pas vocation à modifier le format de ses travaux.  Elle a également souligné « le rôle et l’autorité uniques de la Sixième Commission » parmi les autres grandes commissions de l’Assemblée générale, attestant de l’importance du droit international dans la réalisation des objectifs de l’ONU.  Mme Al-Thani s’est dite convaincue que la présente session se déroulera dans l’esprit de coopération et de consensus qui prévaut traditionnellement.

La Commission a ensuite entamé son débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en entendant plusieurs délégations mettre l’accent sur les droits des victimes du terrorisme.  « La pandémie a eu de profondes conséquences pour les victimes, car les services vitaux qui leur sont destinés ont été interrompus, retardés ou supprimés tandis que les gouvernements concentraient leur attention et leurs ressources sur la lutte contre ladite pandémie », s’est ainsi inquiété le Cambodge, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Le délégué de la Nouvelle-Zélande, qui s’exprimait également au nom du Canada et de l’Australie, a salué les efforts visant à donner une voix aux victimes sur la scène internationale, tandis que l’Union européenne a insisté sur l’importance de leur rôle pour contrer la propagande terroriste.  L’Union européenne a d’ailleurs créé un centre d’expertise des victimes du terrorisme qui fournit conseils et formations et a adopté la première stratégie européenne sur les droits des victimes pour la période 2020-2025, a dit sa déléguée.

Plus globalement, les délégations ont décliné les mesures prises par leur pays pour faire face au fléau du terrorisme.  « L’un des axes de notre lutte est de contrer les discours de haine et l’endoctrinement de la jeunesse », a ainsi affirmé le représentant égyptien.  Son homologue de la Jordanie a, lui, mentionné la promotion de l’égalité des chances, ainsi que des valeurs de l’islam ancrées dans « la modération et la tolérance ».  Plusieurs délégations ont alerté sur les menaces terroristes posées par les groupes d’extrême droite xénophobes.

Le représentant de l’Arabie saoudite, qui s’exprimait au nom de l’Organisation de la coopération islamique, a prôné une approche globale s’attaquant aux racines du terrorisme, tels que notamment le manque de perspectives socioéconomiques.  « L’arme la plus puissante dont nous disposons contre le terrorisme est une société résiliente, diverse et inclusive, où les individus s’épanouissent », a résumé le délégué de la Nouvelle-Zélande.

L’Arabie saoudite et l’Iran, qui s’exprimaient au nom du Mouvement des pays non alignés, ont identifié les occupations et interventions étrangères comme étant une source du terrorisme.  Le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer, a déclaré le Mouvement.

« Les actes terroristes ne devraient jamais être faussement représentés comme des « actes nobles » ou loués d’aucune manière que ce soit », a affirmé pour sa part la déléguée d’Israël.  Elle a appelé la communauté internationale à adopter une politique de « tolérance zéro » lorsqu’il s’agit de terrorisme et à condamner sans ambiguïté l’utilisation de boucliers humains par les organisations terroristes, « un phénomène troublant ».

Les intervenants se sont inquiétés des menaces que continuent de poser des groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida.  L’Union européenne a averti que « l’Afghanistan ne doit pas devenir une base arrière d’exportation du terrorisme vers d’autres États ».

Une majorité de délégations, dont encore l’Union européenne ou bien encore la Sierra Leone, se sont prononcées en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  « Une telle convention, contenant une définition universellement agréée du terrorisme, permettrait de contribuer à prévenir toute action unilatérale dans ce domaine », a notamment argué le délégué iranien, qui a vivement dénoncé le « terrorisme médical et économique » qui frappe son pays avec l’imposition de sanctions.

Même son de cloche du côté de Cuba qui a estimé qu’un tel texte permettrait de remédier aux lacunes existantes, notamment la définition juridique du terrorisme.  Alors que l’élaboration d’une convention divise les pays de longue date, le représentant de la Jordanie a souhaité une « dépolitisation » des débats sur cette question afin d’aller de l’avant.

La Commission a décidé de créer un groupe de travail sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international en vue de la finalisation d’un tel texte.  Il sera de nouveau présidé par M. Rohan Perera (Sri Lanka).

La Commission poursuivra ses travaux demain, mercredi 6 octobre 2021, à 15 heures.

MESURES VISANT À ÉLIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL (A/76/201)

Déclarations

Mme ZAHRA ERSHADI (Iran), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ainsi que les actes terroristes dans lesquels des États sont directement ou indirectement impliqués.  Elle a souligné l’importance de respecter la souveraineté de tous les États, conformément à la Charte de l’ONU.  Mme Ershadi a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte légitime des peuples vivant sous une occupation étrangère ou sous une domination coloniale pour exercer leur droit à l’autodétermination et se libérer.  « La brutalisation des peuples demeurant sous une occupation étrangère doit continuer à être dénoncée comme la forme la plus grave de terrorisme. »  La déléguée a rappelé que le terrorisme ne doit pas être associé à une religion, une civilisation, une nationalité ou un groupe ethnique, avant de souligner l’importance de prendre des mesures « rapides et efficaces » pour éliminer le terrorisme.

Le Mouvement des pays non alignés rejette tout recours à la force ou menace d’user de la force par un État contre un de ses membres sous le prétexte de lutter contre le terrorisme ou de poursuivre un objectif politique, y compris en les qualifiant directement ou indirectement d’États parrains du terrorisme.  Le Mouvement, a-t-elle poursuivi, rejette aussi la préparation unilatérale de listes accusant des États d’apporter un appui aux terroristes, ce qui est une violation du droit international et une « forme de terrorisme politique et psychologique ».  Elle a exhorté les États à faire en sorte que le statut de réfugié ne soit pas détourné par des auteurs ou facilitateurs d’actes terroristes.  Elle s’est dite préoccupée par la menace grandissante posée par les combattants terroristes étrangers et a exhorté les États concernés à y remédier, y compris en mettant en œuvre leurs obligations internationales.  Elle a dénoncé ceux qui veulent « instiller la haine dans le cœur de la jeunesse » en glorifiant la brutalité et la violence.

Mme Ershadi a souligné la nécessité de contrer la propagande terroriste en élaborant un cadre complet et international et en apportant une réponse à ses causes profondes.  Elle a appelé les comités des sanctions du Conseil de sécurité à rationaliser leurs procédures d’inscription et de radiation sur leurs listes des sanctions.  Le Mouvement exhorte tous les États à respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme.  La déléguée a souhaité l’achèvement d’une convention générale sur le terrorisme international, en notant les négociations au sein du Comité ad hoc établi par l’Assemblée générale le 17 décembre 1996.  « Nous appelons tous les États à coopérer pour régler les questions en suspens. »  Enfin, la représentante a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, la responsabilité première dans son application incombant aux États.

« Il n’y a aucune justification au terrorisme », a déclaré M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana), au nom du Groupe des États d’Afrique, condamnant sans équivoque le terrorisme sous toutes ses formes avant de souligner que le celui-ci ne peut ni ne doit être associé avec une quelconque religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique.  Au nom du Groupe africain, le délégué a réaffirmé l’importance de la conclusion d’une convention générale sur le terrorisme international, et a, pour y parvenir, formulé son appui à la proposition de convoquer une conférence de haut niveau sous les auspices de l’ONU.

Rappelant que l’Union africaine a adopté la Convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme en 1999, entrée en vigueur en 2002, M. Agyeman a fait part de certaines inquiétudes des États d’Afrique quant au terrorisme.  Ceux-ci considèrent que le financement du terrorisme est un sujet de grave préoccupation.  Il a ainsi expliqué que le paiement de rançons à des groupes terroristes constitue l’une des principales sources de financement du terrorisme.  Par ailleurs, il a appelé les États Membres à veiller à ce que leurs territoires ne soient pas utilisés à mauvais escient pour la planification et l’incitation au terrorisme contre d’autres pays.  Enfin, le délégué a souligné que la lutte contre ce fléau nécessite une appropriation nationale ainsi que des capacités renforcées.  Or, de nombreux États africains sont limités par des ressources insuffisantes et de faibles capacités, d’où un appel lancé à la communauté internationale afin de recevoir l’assistance nécessaire pour leur permettre de remplir leurs obligations et engagements.

Enfin, M. Agyeman s’est inquiété de ce que les impacts socioéconomiques dévastateurs de la pandémie exacerberont sans aucun doute les conditions connues pour engendrer le terrorisme.  « Il s’agit d’un ensemble de circonstances préoccupantes en Afrique, où l’évolution du terrorisme est alarmante, et où nous avons assisté à une augmentation des attaques terroristes et à la prolifération des groupes terroristes, y compris la multiplication de groupes affiliés à Daech sur tout le continent. »

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) s’est exprimé au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  Nous condamnons le terrorisme, quelle que soit l’identité des auteurs, a souligné le représentant.  Il a réaffirmé que le terrorisme ne pouvait pas être associé à une religion, une confession ou une identité ethnique.  « Toute tentative visant à lier l’islam au terrorisme ne cherche qu’à servir les intérêts des terroristes et promeut la haine à l’égard des musulmans. »

Le représentant a ensuite invité à adopter une approche exhaustive pour lutter contre le terrorisme, en s’attaquant à ses racines.  Il a cité le manque de développement, le manque de perspectives socioéconomiques, les occupations étrangères et différents conflits internationaux prolongés.  Il a ensuite souligné la nécessité de distinguer le terrorisme de l’exercice légitime du droit à la résistance.  Il a jugé en outre essentiel de resserrer la coopération entre les États Membres afin de poursuivre les auteurs d’actes terroristes et les empêcher d’accéder à une assistance ou des armes.  Évoquant la Stratégie antiterroriste mondiale, il a invité à renforcer la capacité des États Membres et à accroître les ressources dont disposent les départements de l’ONU en charge de ces questions.

« Nous appelons les États Membres à prendre des mesures face aux nouvelles menaces découlant de l’augmentation d’actes terroristes motivés par la xénophobie et le racisme. »  Le représentant a également plaidé en faveur d’une convention internationale pour lutter contre le terrorisme et s’est dit déterminé à trouver un consensus en ce sens, en réglant des questions en souffrance comme celle de la définition juridique du terrorisme.  Il nous semble important de convoquer une conférence de haut niveau sous l’égide de l’ONU pour finaliser les questions qui seront ensuite intégrées à cette convention, a-t-il conclu.

Mme DANIELA GAUCI, représentante de l’Union européenne, a indiqué que les États ont dû se concentrer sur la réponse à apporter à la pandémie, au détriment des efforts antiterroristes.  « Pour cette raison nous pensons que la coopération internationale antiterroriste est plus importante que jamais. »  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et souligné la nécessité de répondre aux menaces posées par des groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida mais aussi celles posées par l’extrême droite et l’extrême gauche.  Mme Gauci a indiqué que « l’Afghanistan ne doit pas devenir une base arrière d’exportation du terrorisme vers d’autres États ».  Elle a précisé que l’approche antiterroriste de l’Union européenne (UE) tient en quatre mots: « anticiper, prévenir, protéger et répondre ».

Toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a poursuivi Mme Gauci.  « Cela est fondamental. »  Elle a estimé que cela permet de conférer une légitimité au développement de nouveaux outils pour faire face au terrorisme.  Insistant sur l’importance de la coopération et l’implication de la société civile, elle a estimé que l’appel de Christchurch, lancé par la France et la Nouvelle-Zélande en 2019, est un bon exemple de ce qu’il est possible d’accomplir grâce à des efforts unifiés.  Elle a demandé que les femmes soient pleinement associées aux efforts contre le terrorisme et l’extrémisme violent, avant de souligner l’importance du rôle des victimes pour contrer la propagande terroriste.  L’UE a créé un centre d’expertise des victimes du terrorisme qui fournit conseils et formations et adopté la première stratégie européenne sur les droits des victimes pour la période 2020-2025.  Elle a aussi mentionné l’action de l’UE visant à lutter contre la propagande terroriste sur Internet, tout contenu terroriste devant être supprimé dans l’heure après l’ordre adopté par l’autorité compétente à cette fin.

La déléguée a souhaité l’achèvement d’un projet de convention générale sur le terrorisme international, afin de renforcer le cadre juridique visant à prévenir et réprimer le terrorisme.  Enfin, elle a souligné l’importance de protéger l’action humanitaire dans les contextes marqués par des activités terroristes.

Préoccupée par la menace persistante du terrorisme, Mme SOMALY CHEA (Cambodge), au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que la pandémie de COVID-19 et la récession économique qui s’ensuit font émerger de nouveaux défis dans la lutte contre le terrorisme.  En effet, a-t-elle expliqué, en plus d’exacerber les conditions propices au terrorisme, cette pandémie a eu de profonds impacts sur les victimes du terrorisme, car les services vitaux qui leur sont destinés ont été interrompus, retardés ou supprimés tandis que les gouvernements concentrent leur attention et leurs ressources sur la lutte contre la pandémie.  Mme Chea s’est également inquiétée de la propagation de l’extrémisme violent via les médias sociaux, qui offrent aux terroristes des moyens simples de cibler et de radicaliser des individus réceptifs en ligne.

La lutte contre le terrorisme est une entreprise mondiale qui nécessite des réponses globales et coordonnées de la communauté internationale, a poursuivi la déléguée cambodgienne.  Dans cette optique, l’ASEAN soutient pleinement la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Au niveau régional, le Plan d’action global de l’ASEAN pour la lutte contre le terrorisme ainsi que la Convention de l’ASEAN sur la lutte contre le terrorisme, qui a été ratifiée par ses 10 États membres, servent de cadre à la coopération régionale pour prévenir et réprimer l’extrémisme tout en approfondissant la coordination de la lutte contre le terrorisme.

Mme Chea a ensuite souligné l’importance de l’engagement des communautés locales en vue d’élaborer des stratégies de lutte contre le terrorisme et les discours extrémistes violents, notamment en autonomisant les jeunes, les femmes, les leaders religieux, culturels et éducatifs, et d’adopter des approches sur mesure pour promouvoir l’inclusion sociale parmi la population.

M. ODD INGE KVALHEIM (Norvège) s’est exprimé au nom des pays nordiques.  La pandémie de COVD-19 a alimenté la méfiance à l’égard des gouvernements en raison des restrictions imposées, des difficultés économiques et de l’accès restreint à l’éducation dans certains pays, a affirmé le représentant.  Ces facteurs peuvent conduire à une menace accrue d’extrémisme violent et de terrorisme.  Il a jugé préoccupant que de violents extrémistes de droite et d’autres formations continuent de perpétrer des attentats et de recruter des nouveaux adeptes.  Daech et Al-Qaida continuent de représenter une grave menace.  Et le retour au pouvoir des Taliban en Afghanistan pourrait être utilisé pour renforcer le recrutement et inspirer de nouvelles attaques terroristes dans le monde, a-t-il mis en garde.  

Évoquant la prévention du terrorisme et de l’extrémisme, M. Kvalheim a préconisé une approche qui tienne compte de la société dans son ensemble.  Les femmes jouent des rôles différents en matière de terrorisme et d’extrémisme violent, à la fois comme actrices et comme victimes, a indiqué le représentant, appelant à renforcer leurs droits politiques et économiques.  Selon l’expérience nordique, la menace du terrorisme est mondiale, mais des solutions efficaces et durables peuvent souvent être trouvées au niveau local, a-t-il expliqué.  De plus, « nous devons écouter la voix des jeunes, car ils jouent un rôle clef dans la prévention de la radicalisation ».

Enfin, M. Kvalheim s’est réjoui que la Stratégie antiterroriste mondiale ait abouti à une conclusion positive cette année.  Mais nous avions espéré des progrès supplémentaires, a-t-il reconnu.  Il a appelé à des mécanismes d’évaluation plus solides du Bureau de lutte contre le terrorisme ainsi qu’au renforcement de la coordination des activités de prévention et de lutte entre toutes les entités des Nations Unies.  Enfin, il a tenu à rappeler que les mesures de lutte contre le terrorisme doivent être conformes au droit international.  « Les droits humains doivent être au centre de toute stratégie de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent. » 

M. LUKE ROUGHTON (Nouvelle-Zélande), au nom du groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, avant d’affirmer que la pandémie a aggravé les facteurs de radicalisation, tels que les inégalités sociales et les tensions politiques.  Il a rappelé que les pays du groupe CANZ ont été touchés par ce fléau et appuyé tous les efforts antiterroristes.  « L’arme la plus puissante dont nous disposons contre le terrorisme est une société résiliente, diverse et inclusive, où les individus s’épanouissent et les idéologies violentes ne peuvent prospérer. »  Le délégué a appuyé la Stratégie antiterroriste mondiale et souligné l’importance de promouvoir les droits des victimes.  Il a salué les efforts visant à donner une voix à ces dernières sur la scène internationale et à faire en sorte qu’elles soient au cœur des processus de prise de décisions.

Le délégué a ensuite prôné une pleine participation des femmes aux efforts antiterroristes, ainsi qu’une approche collaborative entre les gouvernements, la société civile et les entreprises concernées pour contrer la menace terroriste sur Internet.  Il a noté les progrès significatifs accomplis dans la mise en œuvre des engagements pris au titre de l’Appel de Christchurch afin d’éliminer tout contenu terroriste ou extrémiste sur Internet.  Mentionnant le défi que constitue le retour des combattants terroristes étrangers, le délégué a plaidé pour une approche globale, incluant des mesures sécuritaires mais aussi de réhabilitation et de réintégration.  Il a demandé que l’intérêt supérieur des enfants desdits combattants soient pleinement pris en compte.  Toutes les mesures antiterroristes doivent respecter le droit international, a-t-il conclu.

Mme JOPHIE TANG (Singapour) a mis en exergue les efforts de Singapour en matière de lutte contre le terrorisme.  Tout d’abord, il s’agit de maintenir une coordination étroite entre les agences gouvernementales pour identifier les principaux risques posés par le terrorisme international.  Une évaluation nationale des risques a pu ainsi être publiée en décembre 2020 qui permettra d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre le financement du terrorisme.  Ensuite, il s’agit d’élaborer des cadres stratégiques pour prévenir et détecter le financement du terrorisme à partir de Singapour, qui, a rappelé Mme Tang, applique une politique de tolérance zéro en la matière.  Enfin, Singapour poursuit son engagement actif dans la coopération et les efforts antiterroristes aux niveaux régional et international.  Ainsi, au niveau international, le pays est partie à 15 accords mondiaux de lutte contre le terrorisme.

Nous devons adopter des mesures pour prévenir, sanctionner et éliminer le terrorisme, a appelé Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras), dénonçant une forme de cruauté qu’aucune cause politique, religieuse et culturelle ne peut justifier.  La représentante a rappelé que le Honduras s’était doté de différentes lois à l’échelle nationale pour lutter contre ce fléau et était également État partie à de nombreux traités et mécanismes internationaux.  Nous réitérons notre détermination à lutter contre le terrorisme en respectant la Charte des Nations Unies, a-t-elle affirmé.  Elle a également appelé, comme plusieurs autres pays, à ce que soit convoquée une conférence de haut niveau pour que soit conclu le projet de convention internationale de lutte contre le terrorisme. 

Il est fondamental de ne jamais oublier le lien qui existe entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, a-t-elle ensuite insisté.  Les liens possibles entre ce phénomène et le terrorisme doivent être l’objet d’une stratégie holistique, a-t-elle souligné, saluant les efforts du Bureau de lutte contre le terrorisme.

M. ALAA NAYEF ZAID AL-EDWAN (Jordanie) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations et mentionné la stratégie suivie par son pays pour alerter sur la menace terroriste et défendre des valeurs de l’islam ancrées dans la modération et la tolérance.  Un autre volet consiste à assurer l’égalité des chances dans la société jordanienne, a-t-il dit, avant d’évoquer les actions pour tarir le financement du terrorisme.  Nous avons aussi adopté des programmes de réhabilitation pour les combattants de retour, a dit le délégué.  Il a précisé que la législation antiterroriste jordanienne ne met pas en péril les droits des individus.  Enfin, il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international en espérant une « dépolitisation » des débats sur cette question.

Mme MAMADI GOBEH KAMARA (Sierra Leone) s’est félicitée de l’adoption de la résolution sur le septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies par l’Assemblée générale, le 30 juin 2021, et a appelé les Nations Unies et les pays bailleurs de fonds à fournir assistance et renforcement de capacités aux États Membres pour leur permettre de mettre en œuvre les obligations contenues dans ce document.  Elle a également appelé à la finalisation de toute urgence du processus qui vise à aboutir à la convention générale sur le terrorisme international, et a exprimé son soutien à la tenue d’une conférence de haut niveau à ce sujet sous les auspices de l’ONU.  Enfin, Mme Kamara a déploré la vague de terrorisme qui touche l’Afrique de l’Ouest, mettant en péril la résilience des pays de la région et limitant leur action dans la lutte contre la pandémie.

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a fait remarquer que les attentats terroristes restaient un défi majeur pour la paix internationale.  La pandémie n’a fait qu’aggraver cette menace et a chamboulé les efforts nationaux et internationaux pour prévenir et contrer le terrorisme.  Nous appelons à davantage de solidarité, notamment dans le renforcement des capacités des États en développement, a-t-elle lancé.  Le Gouvernement bangladais a adopté une politique de tolérance zéro contre le terrorisme, a poursuivi Mme Fatima.  Le terrorisme nous frappe tous et toutes, et il faut des efforts collectifs.  Elle a rappelé que le terrorisme ne saurait être associé à une religion, race, culture ou appartenance ethnique.

La représentante du Bangladesh a appelé à combattre les racines du terrorisme.  S’inquiétant de l’essor des discours de haine pendant la pandémie de COVID-19, elle a souligné l’importance d’établir une culture de paix dans la société.  Elle a ensuite attiré l’attention sur l’utilisation à mauvais escient des technologies, notamment les technologies de jeu exploitées à des fins de recrutement.  Il faut éduquer les jeunes, a-t-elle souligné.  La représentante a ensuite mis en avant les conséquences disproportionnées du terrorisme sur les femmes, obligées d’agir comme recruteuses ou victimes de violences sexuelles en captivité.  Enfin, le Bangladesh appelle à redoubler d’efforts pour parvenir à une convention générale sur le terrorisme international. 

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, y compris le terrorisme d’État, notamment le « terrorisme économique et médical », mené au moyen des sanctions.  Le 3 janvier 2020, le général Qassem Soleimani, une figure centrale dans la lutte contre Daech, était assassiné lors d’une attaque terroriste conduite par les États-Unis à Bagdad.  Il a rappelé que cet assassinat a été célébré par Daech, avant de mentionner les autres actes de terrorisme d’État perpétrés contre son pays, tels que l’assassinat de plusieurs scientifiques iraniens.

M. Ravanchi a estimé que les pays qui ont le plus à souffrir du terrorisme doivent jouer un rôle de chef de file dans la lutte antiterroriste.  Les difficultés socioéconomiques, les présences militaires illégitimes, ainsi que les interventions et occupations militaires étrangères sont les principales sources du terrorisme et de l’extrémisme violent, a-t-il déclaré.  Il a rappelé que le terrorisme ne peut être assimilé à la lutte des peuples vivant sous une occupation étrangère pour exercer leur droit à l’autodétermination, en citant la lutte des Palestiniens contre l’occupation par le « régime sioniste » de leur territoire.  Il a déclaré que les sanctions sapent les efforts antiterroristes des pays touchés et alimentent le terrorisme.  Ces sanctions sont imposées dans le but de fomenter un soulèvement parmi les citoyens, a-t-il déclaré, en les qualifiant d’actes terroristes.  Enfin, il s’est prononcé en faveur de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, contenant une définition universellement agréée du terrorisme.  « Une telle convention permettra de contribuer à prévenir toute action unilatérale dans ce domaine. »

L’adoption d’une loi antiterroriste en 2020 n’est qu’un exemple parmi les nombreuses mesures prises par les Philippines pour prévenir et réprimer le terrorisme international, a indiqué M. ARIEL RODELAS PENARANDA (Philippines).  Les Philippines déploient également des efforts pour lutter contre le financement du terrorisme, renforcer l’application de la loi et le contrôle des frontières, sécuriser et protéger le cyberespace, dans le respect des droits de l’homme.

L’exemple de la ville de Marawi, touchée il n’y a pas si longtemps par une attaque terroriste, montre que les conditions sous-jacentes qui poussent les gens à rejoindre des groupes extrémistes violents doivent être traitées à la base, a indiqué le délégué, pour qui le partenariat avec les acteurs locaux doit être élargi.  À cette fin, les Philippines ont adopté un plan d’action national sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Pour les Philippines, les mesures visant à garantir le respect des droits de l’homme pour tous et l’état de droit constituent la base fondamentale de la lutte contre le terrorisme.  « Dans cet esprit, grâce à un engagement constructif, au respect de la souveraineté et du libre arbitre du peuple, nous pouvons collectivement œuvrer à une convention globale attendue depuis longtemps », a-t-il conclu

M. PEDRO LUIS PEDROSO CUESTA (Cuba) a condamné tous les types de terrorisme, y compris lorsque des gouvernements sont directement ou indirectement impliqués.  Le terrorisme ne saurait être associé à une religion ou un groupe ethnique, a-t-il souligné.  Il a condamné « les tentatives de manipulation d’un thème aussi sensible ».  Certains États décident de financer ou d’appuyer des actes subversifs pour changer des régimes ou encourager des actes de haine, a-t-il dénoncé.  Il a condamné également les mesures unilatérales adoptées par certains États.  De tels comportements minent l’autorité centrale de l’Assemblée générale dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il assuré.  La communauté internationale ne saurait accepter qu’au prétexte d’une supposée lutte contre le terrorisme, « certains États se rendent coupables d’agression contre des peuples souverains ».

Soulignant l’importance de la Stratégie antiterroriste mondiale, le représentant a déploré l’absence de volonté politique qui empêche l’évocation de certains thèmes pertinents comme le recours à des mesures unilatérales.  Cuba ne cessera jamais de défendre sa souveraineté, a-t-il affirmé.  Évoquant « l’attentat terroriste contre l’ambassade cubaine à Washington », le représentant cubain a souligné que le Gouvernement des États-Unis ne s’était jamais exprimé à ce sujet.  Des actes de cette nature ne peuvent être tolérés en toute impunité.  Enfin, il a appuyé l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international pour lutter contre les lacunes existantes, notamment la définition juridique du terrorisme.

M. ALI AHMAD M. A. ALMANSOURI (Qatar), après avoir souligné l’impact du terrorisme sur les efforts de développement durable, a mis en exergue le caractère évolutif de ce danger, avec, entre autres, des groupes terroristes qui exploitent la pandémie, ou encore de nouveaux défis tels que la cybercriminalité.  Par conséquent, a-t-il poursuivi, les efforts doivent être à la hauteur de ces défis émergeants.  Il a ensuite appelé à une coopération accrue entre les États Membres, en vue d’accélérer l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international, qui devrait inclure une définition précise du terrorisme.  Il a notamment déclaré qu’il convient de distinguer terrorisme et résistance légitime à l’occupation étrangère.

Le Qatar veille à prendre les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les résolutions internationales, participe aux mécanismes internationaux et coopère avec les agences spécialisées dans ce domaine.  Notamment, a souligné le représentant, son pays contribue aux ressources du Bureau de lutte contre le terrorisme à hauteur de 75 millions de dollars pour la période 2019-2023.

M. PAVEL EVSEENKO (Bélarus) a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, ajoutant que son pays est « un partenaire fiable » dans la lutte antiterroriste.  Le Bélarus a rejoint 13 instruments onusiens en la matière.  Nous avons adopté des mesures visant à empêcher toute entrée et transit sur notre territoire des membres d’Al-Qaida et des Taliban, a dit le délégué.  Il a estimé que l’ONU doit diriger les efforts antiterroristes mondiaux, avant d’insister sur l’importance de la coopération régionale en la matière.  Il a mentionné l’initiative lancée par son pays visant à promouvoir un « bon voisinage numérique » avec les pays voisins, en s’attaquant notamment de concert à la propagande terroriste sur Internet.  Certains États refusent de coopérer et usent des instruments antiterroristes pour promouvoir leurs intérêts politiques, a conclu le représentant, en dénonçant cette approche de « deux poids, deux mesures ».

M. XOLISA MFUNDISO MABHONGO (Afrique du Sud) a fait remarquer qu’aucun pays ne pouvait relever seul le défi du terrorisme.  Nous appuyons le rôle de l’ONU au cœur des efforts multilatéraux, a affirmé le représentant.  Il a souligné que le terrorisme ne pouvait pas être éliminé par des moyens militaires.  La Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies demeure donc pertinente et continue de jouir du soutien de l’ensemble des États Membres, a-t-il ajouté, précisant appuyer la mise en œuvre des quatre piliers de cette stratégie.  La communauté internationale doit veiller à la mise en œuvre des objectifs qui sont les nôtres en matière de développement et de réduction de la pauvreté, a-t-il ensuite souligné.  Pour lui, l’état de droit et le système de justice pénal doivent être la base de l’approche à adopter pour lutter contre le terrorisme.

La mise en place de lois antiterroristes est un domaine qui nous préoccupe encore et toujours, a continué le délégué, jugeant encourageant que le Conseil de sécurité ait commencé à étudier ces questions.  Mais certaines questions de droit demeurent ouvertes.  « Des questions qui ont des répercussions pratiques pour les agences humanitaires sur le terrain et les États qui peuvent se retrouver face à des obligations contradictoires. »  Les solutions proposées n’accordent pas assez d’attention aux spécificités des différents régimes, a-t-il estimé.  Il a appelé les États Membres à tout faire pour sortir de l’impasse actuelle.  Évoquant ensuite la stratégie de l’Afrique du Sud au niveau national, il a cité le besoin de bien comprendre la menace, de prévenir le recrutement, d’atténuer les risques, de poursuivre les membres de réseaux existants et de renforcer les capacités du pays face aux conséquences des actes terroristes.

Mme SARAH WEISS (Israël), dont le pays a adopté une loi antiterroriste en 2016, s’est félicitée de l’adoption du septième examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies.  Pour la déléguée israélienne, l’une de ses dispositions clefs est la condamnation réitérée par tous les États Membres de l’utilisation de boucliers humains par les organisations terroristes, l’un des principaux modes de fonctionnement des organisations terroristes au Moyen-Orient, a-t-elle précisé.  Poursuivant, elle a expliqué que l’utilisation et l’abus par les terroristes de civils innocents pour protéger leurs opérations et augmenter le nombre de victimes en violation flagrante du droit international pour recueillir la sympathie du public pose des dilemmes déchirants pour les nations respectueuses des lois.  Mme Weiss a ainsi appelé la communauté internationale à condamner clairement et sans ambiguïté ce « phénomène troublant ».

Israël a également appelé la communauté internationale à adopter une politique de « tolérance zéro » et de « zéro excuse » lorsqu’il s’agit de terrorisme.  Pour sa représentante, les actes terroristes ne devraient jamais être faussement représentés comme des « actes nobles » ou loués d’aucune manière que ce soit.

M. OSAMA MAHMOUD ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a mentionné les mesures prises par son pays pour lutter contre le terrorisme.  Le deuxième rapport en la matière a ainsi été publié en août.  L’un des axes de cette lutte est de contrer les discours de haine et l’endoctrinement de la jeunesse.  Il a salué l’examen consensuel de la Stratégie antiterroriste mondiale et rejeté toute amalgame du terrorisme avec un groupe ou une religion.  Le délégué a alerté sur la menace posée par les groupes xénophobes d’extrême droite.  Il a invité les pays à adopter des mesures pour que leur territoire ne serve pas de base arrière pour les terroristes.  Le terrorisme sape les droits humains, y compris le droit à la vie.  Enfin, le délégué a indiqué qu’il n’y a pas de contradiction entre les quatre piliers de la Stratégie précitée, pas plus qu’il n’y a de doublons entre les entités onusiennes chargées de l’appliquer.

La Mongolie a toujours mis l’accent sur l’adoption de toutes les mesures nécessaires à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a souligné M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie).  La Mongolie a par exemple demandé officiellement à bénéficier du programme phare du Bureau de lutte contre le terrorisme sur la lutte contre les « voyages » terroristes, a rappelé le représentant.  La coopération fructueuse et les efforts du Gouvernement de la Mongolie en matière de lutte contre le terrorisme international ont permis d’augmenter le nombre de réalisations en peu de temps, s’est-il félicité.  Il a ensuite salué la tenue de la deuxième Conférence de haut niveau des Nations Unies réunissant les chefs d’organismes antiterroristes des États Membres, à laquelle la Mongolie a participé.

Nous sommes tous conscients des grands avantages de la capacité des technologies numériques et transformatrices.  Cependant, l’abandon de ces technologies aux mains des terroristes et des organisations criminelles transnationales est un risque que nous ne pouvons collectivement pas nous permettre, a mis en garde M. Vorshilov, appelant la communauté internationale à travailler de concert.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.