En cours au Siège de l'ONU

Le Comité des ONG ne recommande le statut consultatif spécial pour aucune des 42 ONG examinées aujourd’hui dont les demandes avaient déjà été reportées

Session ordinaire de 2022,
12e séance plénière – après-midi
ONG/936

Le Comité des ONG ne recommande le statut consultatif spécial pour aucune des 42 ONG examinées aujourd’hui dont les demandes avaient déjà été reportées

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a poursuivi l’examen des réponses obtenues par les ONG ayant demandé l’octroi du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) et ayant fait l’objet d’un report à la suite de questions posées par des membres du Comité.  Sur les plus de 70 réponses reçues à ce jour, seules 42 ont pu être examinées aujourd’hui et aucune des ONG concernées n’a obtenu le statut consultatif, certains des 19 membres du Comité leur ayant adressé des questions supplémentaires. 

Seule l’organisation Goal de l’Irlande a retiré sa demande de statut consultatif. 

Le Comité peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Le Comité des ONG poursuivra l’examen des réponses des ONG et finira les travaux de cette session le jeudi 26 mai, à partir de 10 heures.

SUITE DES NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

En début de séance, l’Estonie et les États-Unis ont relevé qu’en raison d’un problème technique, les questions soumises aux ONG figurant sur la liste des demandes reportées leur seraient parvenues avec retard, estimant qu’il serait « juste » de leur donner plus de temps pour y répondre.  Le Chef de la Section des ONG a expliqué que ces problèmes techniques, associés à un manque de ressources et de personnel, avaient retardé les vérifications requises et la reformulation des questions avant même de les retransmettre aux ONG.  « C’est un système à l’ancienne », mais la Section est en train d’en mettre un nouveau au point pour simplifier les procédures, notamment pour ce qui est de la transmission des informations sans support papier, a-t-il assuré, avant que la Présidente du Comité propose de poursuivre l’examen des demandes reportées demain au cas où certaines réponses des ONG seraient arrivées entre-temps.  S’inquiétant toutefois du précédent que cela pourrait créer, et rappelant que la reprise de session aura lieu dans deux mois, Cuba, appuyée par la Fédération de Russie, a demandé à s’en tenir à la pratique établie et à ne pas revoir l’ordre de la liste des demandes reportées.  Avec 70 réponses, la Présidente a remarqué que la session de cet après-midi ne suffirait pas de toute façon pour toutes les examiner. 

Examen des demandes de statut consultatif

Le Pakistan a demandé à Anukulan (Inde) les détails du projet sur lequel elle travaille avec le Gouvernement et son budget.  S’adressant à l’Association de la femme saharienne pour le développement intégré (Maroc), le Nicaragua a souhaité obtenir une liste complète des projets réalisés ces trois dernières années et leurs budgets.  S’agissant de l’Association de l’Alliance Nationale des Chourafa Naciryiene et leurs cousins, chargés des affaires de la Zaouia Naciria (Maroc), Cuba a remarqué que dans sa réponse du 25 mai 2022, l’organisation dit être autofinancée par les contributions de ses membres alors que dans les documents fournis au Comité il est indiqué que 21% de ses ressources proviennent du secteur privé.  Le Pakistan a noté que dans sa réponse l’Association for Social Solidarity and Empowerment Training Trust (ASSET) (Inde) affirme avoir gardé tous les reçus des contributions étrangères, alors que la délégation souhaitait simplement connaître l’identité de ceux qui financent l’ONG. 

Suite à la réponse apportée par Belarusian Fund of Peace (Bélarus), l’Estonie a demandé un aperçu des derniers projets réalisés dans la région, alors que les États-Unis ont souhaité avoir une ventilation de ses dépenses administratives et pour des projets.  Le Pakistan a constaté que dans les états financiers de Blue Cross & Blue Crescent Society (Inde), il y a des biens détenus par des membres de l’organisation et non pas au nom de l’organisation, en demandant si cela ne pose pas un conflit d’intérêt. 

Le Bahreïn a demandé une liste des activités menées par Dialogue & Development Forum (Yémen) en 2021 et 2022, y compris les projets prévus pour 2022. 

Revenant sur la réponse apportée par Forum for Development and Human Rights Dialogue (Égypte), la Turquie a souhaité en savoir plus sur la nature du groupe médiatique qu’elle compte mettre en place. 

Les États-Unis ont ensuite demandé à la Fundación Venezolana por el Derecho a la Vivienda (Venezuela), combien de familles et de locataires l’organisation a aidé à loger entre 2019 et 2021. 

La Chine a souhaité savoir quel type de contribution reçoit General Union of Arab Experts (Maroc) de ses bailleurs de fonds.  S’adressant à l’organisation Global Village Forum Chakwal c/o Shaheen Degree College Chappar Bazar Chakwal (Pakistan), le Pakistan a souhaité savoir si les dons proviennent uniquement d’individus ou aussi d’organisations membres.  Le Pakistan a également noté que dans sa demande, l’organisation Gramin Vikas Vigyan Samiti (Inde) dit appuyer l’ODD 4 qui a trait à l’éducation mais que sa demande ne mentionne aucun projet dans ce domaine.  Pourrait-elle apporter un complément d’informations?  

S’agissant de Human Rights Protection Group and MFP Federation (Inde), l’Inde a souhaité savoir si l’organisation a des liens avec une organisation américaine mentionnée dans sa demande.  La délégation a également demandé pourquoi elle se considère comme organisation nationale quand elle dit avoir 2 000 bénévoles dans le monde.  Passant à l’organisation Human Welfare Charitable Trust (Inde), la délégation indienne a demandé des éclaircissements, sur ses catégories de membres puisque dans sa réponse l’organisation fait une distinction entre ses 12 000 volontaires et ses membres dédiés.  Pour ce qui est de Humanitarian Aid International (Inde), le Pakistan est revenu sur les dons à hauteur de 1,3 millions de roupies qui figurent dans ses états financiers en demandant la ventilation de ces dons. 

La Chine a ensuite demandé à l’organisation Instance démocratique pour la citoyenneté et les droits de l’homme (Maroc) de fournir des détails sur les ateliers qu’elle organise. 

Dans une question de suivi à l’organisation Institute for Integrated Rural Development (Inde), le Pakistan a demandé des explications sur la baisse de ses recettes entre 2017 et 2018.  La même délégation a demandé plus de détails sur les projets réalisés dans le domaine de l’éducation par l’Institute of Peace and Diplomatic Studies-IPD (Pakistan) ces quatre dernières années. 

À son tour, l’Inde a demandé des précisions sur la participation du directeur exécutif de Mentor Amiable Professional Society (Pakistan) à une réunion de l’OIM à New York en 2019 en souhaitant savoir quelles activités cette organisation a mené dans le domaine des migrations ces cinq dernières années.  La délégation indienne a également demandé à l’Organization of female conscience renewal (Maroc), si le symposium qu’elle devait organiser en 2018 avait bien eu lieu et avec quels financements. 

Le Pakistan a souhaité savoir quelles sont les organisations qui financent le travail de Pak Special Persons Welfare Society (Pakistan).  La même délégation a remarqué que l’organisation Piramal Swasthya Management and Research Institute (Inde) déclare n’avoir aucune organisation membre, « or cela semble impossible ».  Le Pakistan a donc souhaité obtenir des clarifications sur ses membres.  Poursuivant avec l’organisation Populous Education Foundation (Inde), la même délégation a remarqué que lors de sa demande initiale, elle a déclaré être nationale, or actuellement il est question d’expansion à l’étranger.  Il a également relevé que l’organisation dit ne pas admettre d’organisations comme membre, alors que plus tard, elle en mentionne trois. 

S’adressant à l’organisation Public Association « Regional Consumer Protection Society » (PA « Regional Consumer Protection Society ») (Bélarus), l’Estonie a demandé une liste des organisations qui en sont membre.  Elle a également souhaité savoir si l’organisation avait des antennes en dehors de Minsk sur le territoire bélarusse.  Le Pakistan est revenu sur la conférence organisée par The New Woman Foundation (Égypte) sur la participation économique des femmes à ses projets, en demandant des détails sur les objectifs et le financement de cet évènement.  Quant à l’organisation Vishwa manavadhikar parishad (Inde), la délégation pakistanaise a noté que sa principale source de revenus vient de frais scolaires alors que dans son dossier il n’est question d’aucune école ou établissement scolaire géré par cette organisation.  Qu’en est-il? a donc demandé la délégation. 

La Turquie a demandé des détails sur les projets financés par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et que mène ARCS Arci Culture Solidali APS (Italie) au Liban.  Ensuite, l’Estonie s’est enquise des noms des organisations membres qui constituent l’ONG Autonomous Nonprofit Organization « International Centre Save the Children from Cybercrimes » (Fédération de Russie).  La délégation a également voulu savoir si l’ONG a participé à des activités onusiennes sous le couvert d’un autre groupe ou en son nom propre.  Les États-Unis ont sollicité plus de détails sur les fonds que reçoit l’Autonomous non-profit organization humanitarian programs organization « Russian Humanitarian Mission » (Fédération de Russie).  À Brussels International Center for Research and Human Rights (Belgique), la Fédération de Russie a demandé des détails sur l’identité des mécènes qui la financent.  La même délégation a aussi voulu comprendre pourquoi la première demande faite par Center for Military Human Rights Korea (CMHRK) (République de Corée) n’avait pas prospéré. 

Comment comptez-vous contribuer aux activités des Nations Unies? a demandé la Chine a Database Center for North Korean Human Rights (NKDB) (République de Corée), avant que l’Estonie ne sollicite les rapports financiers 2019 et 2020, y compris des indications sur l’origine des financements de Eiropas demokrātijas attīstības centrs (Lettonie).  Elle a également demandé les détails sur les activités de l’ONG en Fédération de Russie.  La délégation russe a rappelé que la demande d’admission de l’ONG date de 2020 et qu’il est clairement mentionné dans son dossier comment les recettes sont utilisées et d’où viennent les fonds.  L’Estonie a alors précisé qu’elle tient à consulter les états financiers établis après la demande afin de comprendre ce qui s’est passé en termes d’activités et de fonds depuis cette date.  Les États-Unis ont appuyé cette demande estonienne, avant que la Fédération de Russie ne fasse amende honorable en reconnaissant que la demande de l’ONG avait été faite en 2018 comme l’a précisé le secrétariat. 

Suite à cet échange, la Turquie a voulu avoir plus d’informations sur les organes internes et leur rôle dans le fonctionnement global de l’ONG Ethiopian Genocide Committee 1935-1941, Inc. (États-Unis).  À Global Action for Trans* Equality Inc. (États-Unis), la Fédération de Russie a demandé plus de détails sur les organisations avec lesquelles elle coopère.  Après que les États-Unis ont demandé à la délégation russe de préciser ces questions, celle-ci a souhaité que les acronymes soient clairement définis pour savoir quelles sont les organisations partenaires mentionnées dans la demande de l’ONG.  L’Estonie a ensuite souhaité en savoir plus sur la procédure de sélection à la direction de Global Alumni Alliance (Fédération de Russie).  À son tour, la Chine a demandé des précisions sur les « activités autres » financées à hauteur de 91% du budget de Global Detention Project (Suisse).  Quelles sont les détails sur les activités menées ou que Health and Environment Justice Support e.V. (Allemagne) entend mener en Fédération de Russie, a demandé cette dernière.  La même délégation a souhaité savoir le degré d’implication de l’Open Society dans les activités et le fonctionnement de l’ONG Institute for Development of Freedom of Information (IDFI) (Géorgie). 

L’Estonie a par ailleurs invité International Association for the Development of the Abaza-Abkhaz Ethnos « Alashara » (Fédération de Russie) à utiliser la terminologie onusienne agréée pour désigner l’« Abkhazie ».  Les États-Unis ont appuyé cette demande, avant de solliciter des précisions sur le niveau d’implication du Gouvernement russe dans les activités de cette ONG.  International Association of Genocide Scholars, Inc. (Australie) a été invitée par l’Inde à fournir des états financiers audités.  À l’ONG International Funders for Indigenous Peoples Inc. (États-Unis), la Fédération de Russie a demandé de nouveau de préciser ses sources de financements.  La Chine a voulu savoir quelles contributions International Society of Criminology (États-Unis) a apportées à la conférence à laquelle elle avait pris part en Chine. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour Commonwealth Association of Planners et Servare et Manere

Session ordinaire de 2022,
11e séance plénière – après-midi
ONG/935

Le Comité des ONG recommande le statut consultatif spécial pour Commonwealth Association of Planners et Servare et Manere

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a recommandé cet après-midi au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à la Commonwealth Association of Planners (CAP) du Royaume-Uni, ainsi qu’à Servare et Manere de la Slovaquie.  Ces deux recommandations ont été formulées après que la Chine s’est déclarée être satisfaite des changements que les deux ONG ont opérés sur leur site Internet respectif sur les noms officiels de Taïwan et de Hong Kong. 

Le Comité a en revanche reporté sa décision pour 31 autres ONG dont l’américaine The Malala Fund en attendant leur réponse aux questions supplémentaires posées par les membres du Comité. 

Créée en 1971, Commonwealth Association of Planners travaille en Sierra Leone sur un projet de préparation d’une boîte à outils pour une urbanisation rapide et des villes durables.  Il s’agit de la première demande de statut consultatif pour l’ONG. 

Fondée pour sa part en 2010 dans le village slovaque de Podhorie, Servare et Manere veut promouvoir la culture et l’histoire de la Slovaquie.  Elle s’est également spécialisée dans les négociations avec les gouvernements pour la plantation d’arbres pour la paix, un projet qui est mis en œuvre dans huit pays différents. 

Le Comité peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.  Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux mercredi 25 mai, à partir de 15 heures. 

SUITE DES NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif

  1. Commonwealth Association of Planners (CAP) (Royaume-Uni)
  2. Servare et Manere (Slovaquie)

Examen des demandes de statut consultatif

La Chine a demandé à BOOSTGREEN Association (Cameroun) si l’ONG exécute des projets en dehors du Cameroun.  Quelles sont les contributions individuelles des cinq associations membres de Jan Lok Kalyan Parishad (Inde), a interrogé le Pakistan.  Et de quelle façon OxYGen Foundation for Protection of Women and Youth Rights (Arménie) tire-t-elle parti de ses partenariats, a questionné la Turquie.  Le Pakistan a voulu que Pro Rural (Inde) lui explique la nature de ses revenus.

Uttarakhand Jan Jagriti Samiti (Inde) a été priée par le Pakistan de donner des détails sur l’utilisation des subventions octroyées par l’État d’Uttarakhand.  Dans quels pays Y S Makhdoomi Memorial Educational Trust (Inde) veut ouvrir de nouveaux bureaux et quelles activités y seront menées, a encore demandé le Pakistan.  En 2020, Youth Development Center (Cameroun) a reçu des financements d’ambassades étrangères au Cameroun: comment seront-ils utilisés et quelle est la fréquence de ces dons? a voulu savoir la Chine.

Zam Zam Foundation (Sri Lanka) devra préciser au Pakistan si l’ONG a des programmes pour les érudits et les religieux.  « Garmoniya » Samara Center for Youth Employment, Socialization and Cultural Development Autonomous Non-profit Organization (Fédération de Russie) a été invitée par l’Estonie à fournir des éclaircissements sur le travail mené avec le Parlement et le Gouvernement.  Qui sont les sources des dons et des financements?  L’Estonie a aussi voulu savoir si Autonomous Non-Profit Organization « Research Center Minority Report » (Fédération de Russie) est membre d’organes gouvernementaux et si elle reçoit des dons du Gouvernement.

Que fait Eduactive Società Cooperativa (Italie) en Turquie et quels sont ses partenaires dans ce pays, a interrogé la Grèce, tandis que la Fédération de Russie a voulu savoir si European Network of Migrant Women (Belgique) a l’intention de travailler en Russie.  Comment la Foundation for a Drug-Free World (États-Unis) préserve-t-elle son indépendance alors que son budget est fourni par une autre association, a questionné Cuba.  Le Pakistan a voulu savoir dans quelles villes d’Iraq Luftbrücke Irak e.V. (Allemagne) a ouvert des bureaux ainsi que des précisions sur leurs activités.  Comment procède SAM pour les droits et les libertés (Suisse) pour diffuser des informations sur les droits humains dans les pays en développement, a demandé la Fédération de RussieThe Assembly of Representatives of the Peoples Living on the Territory of the Republic of Tatarstan Regional Public Organization (Fédération de Russie) a été invitée par les États-Unis à détailler les sources de financement.

Comment sont choisi les dirigeants de l’Aliança Nacional LGBTI (Brésil), a ensuite voulu savoir la TurquieIsraël a demandé à Instituto Campanha Nacional pelo Direito à Educação (Brésil) de préciser ses éventuelles relations avec une association qui porte le même nom.  Quel est le montant des contributions des membres individuels de John Retreat Center Cameroon (Cameroun), a demandé Cuba.  Quelles sont les différences entre les prises de positions sur l’environnement et sur la politique de Youth love Egypt foundation (Égypte), a interrogé Israël, tandis que la Chine a voulu en savoir plus sur les « témoins oculaires » de l’Action League for Palestinians of Syria LTD (Royaume-Uni).  La Fédération de Russie a ensuite réclamé le détail des revenus de American Kratom Association (États-Unis).

Est-ce que Harm Reduction Australia Limited (Australie) a participé à des tables rondes à l’ONU?  Quels étaient les thèmes de ces tables rondes, s’est aussi renseignée la Fédération de Russie.  Comment Grupo Português de Activistas sobre Tratamentos de VIH/SIDA – Pedro Santos (Portugal) maintient son indépendance alors que plus de 50% de son budget est assuré par un tiers, a demandé Cuba.  La Chine a ensuite voulu en savoir plus sur les projets de parrainages de Merciful Souls (Al-Qolub Al-Rahima) (R/A) (Israël), alors que NTC-Hands off Cain (Italie) a été priée par le Pakistan de fournir un rapport sur l’application de la peine de mort ces deux dernières années.  Selon quelle modalité Syria Relief (Royaume-Uni) travaille-t-elle en Syrie, a voulu savoir Cuba.  La même délégation a demandé à Syrian Legal Development Programme (Royaume-Uni) dans quels pays sont présents ses « acteurs ». 

Enfin, la Chine a demandé à The Malala Fund (États-Unis) de détailler les dépenses pour le plaidoyer et à US Council of Muslim Organizations (États-Unis) de préciser si l’une ou l’autre de ses associations-membres est dotée du statut consultatif auprès de l’ECOSOC. 

Dialogue avec les ONG

En réponse au Bahreïn, qui voulait en savoir plus sur les partenaires avec lesquels travaille Mwatana Organization for Human Rights (Yémen), l’ONG a indiqué qu’elle n’a pas de collaborateurs locaux mais qu’elle travaille avec la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ainsi qu’avec des partenaires internationaux comme l’UNICEF et d’autres entités de l’ONU sur la question des violations graves contre les enfants.  L’ONG n’est pas inscrite aux Pays-Bas, a précisé son représentant en réponse au Yémen.  Le Bahreïn a ensuite demandé plus d’informations sur le fondateur, les membres du Conseil d’administration et les états financiers de l’ONG.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: le temps presse pour que les Soudanais parviennent à une solution politique de sortie de crise, avertit le Représentant spécial

9041e séance – matin
CS/14901

Conseil de sécurité: le temps presse pour que les Soudanais parviennent à une solution politique de sortie de crise, avertit le Représentant spécial

Malgré les efforts internationaux destinés à faciliter le rétablissement d’une transition démocratique, sept mois après le coup d’État militaire du 25 octobre 2021, le Soudan reste dans une impasse, a constaté le Représentant spécial pour ce pays, ce matin devant le Conseil de sécurité.  De fait, a souligné M. Volker Perthes, « le temps presse pour que les Soudanais parviennent à une solution politique pour sortir de cette crise », un avis relayé par la plupart des membres du Conseil, compte tenu de la détérioration rapide de la situation économique, des conditions de vie et de la situation humanitaire, à laquelle s’ajoutent les violences communautaires au Darfour.     

M. Perthes, qui est également le Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a néanmoins fait état de développements positifs.  L’établissement du « mécanisme trilatéral » réunissant l’Union africaine (UA), l’ONU et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a donné lieu en avril à des entretiens avec les principales composantes politiques soudanaises, qui ont presque toutes exprimé la volonté de s’engager positivement dans ces efforts de facilitation, même si certaines préfèrent y participer indirectement.   

Autre élément positif, les autorités soudanaises ont remis en liberté au moins 86 détenus à travers le pays, y compris des hauts responsables affiliés au Comité de démantèlement et des militants des comités de résistance, s’est félicité le haut fonctionnaire, qui a par ailleurs observé une sensible diminution des violences des forces de sécurité contre des manifestants.  Il n’en reste pas moins que 111 personnes seraient toujours en détention et qu’un manifestant a été abattu samedi dernier, portant le nombre total des tués à 96.  Pour instaurer la confiance, il est essentiel que les responsables de ces violences rendent des comptes, a plaidé le Représentant spécial, avant d’exhorter les autorités à « tendre la main » et à indiquer clairement qu’elles soutiennent le dialogue comme seul moyen d’atteindre une solution politique.

Pour l’heure, a noté M. Perthes, l’absence d’accord politique et d’un gouvernement pleinement crédible a un impact sur la situation sécuritaire.  Les événements récents au Darfour occidental ont de nouveau exposé le manque de capacité de l’État à assurer la sécurité et la protection des civils, a-t-il déploré, tout en saluant l’accord de cessation des hostilités signé le 29 avril entre les communautés en conflit.  Il a jugé encourageant, à cet égard, que groupes armés et forces régulières aient accepté d’utiliser le Comité du cessez-le-feu permanent, présidé par la MINUATS, comme institution conjointe pour résoudre le conflit.  Le haut fonctionnaire a d’autre part applaudi la mise sur pied par les autorités soudanaises de la force conjointe de maintien de la sécurité au Darfour prévue dans l’Accord de Djouba pour la paix au Soudan. 

Évoquant le bilan socioéconomique et humanitaire de cette impasse politique, M. Perthes a souligné que les effets conjugués de l’instabilité institutionnelle, de la crise économique, des mauvaises récoltes et des chocs mondiaux ont un effet désastreux sur l’inflation et l’alimentation.  Le nombre de Soudanais confrontés à une crise aiguë de la faim devrait ainsi doubler pour atteindre environ 18 millions d’ici septembre alors que le plan de réponse humanitaire pour 2022 ne sera financé qu’à hauteur de 13%.  En outre, a-t-il ajouté, l’aide essentielle allouée au Soudan dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) risque d’être réaffectée à d’autres pays d’ici fin juin si une solution politique n’est pas trouvée entre-temps.  

Soucieux de donner des gages de bonne volonté, le représentant du Soudan a assuré que son gouvernement travaille en coordination avec les partenaires du processus de paix afin de mettre en œuvre les termes de l’Accord de paix de Djouba.  Il soutient également des réformes économiques et compte sur un renforcement de ses partenariats avec la communauté internationale, d’une part pour réduire sa dette par le biais de l’Initiative PPTE, d’autre part pour mieux gérer le flux de réfugiés venant de pays voisins comme l’Éthiopie et le Soudan du Sud.  Il a également souhaité que l’aide économique ne soit pas conditionnée par la situation politique et sécuritaire, demandant à ce sujet qu’il soit tenu compte du contexte régional qui conduit à la violence au Darfour, notamment la circulation des armes.

Au nom des trois membres africains du Conseil, le Kenya a lui aussi demandé à la communauté internationale d’étendre son soutien au Gouvernement soudanais pour accélérer la mise en œuvre de l’Accord de Djouba et du Plan national de protection des civils.  À l’instar des autres intervenants, il a salué le démarrage de la deuxième phase du dialogue intra-soudanais facilité par le mécanisme trilatéral ONU-UA-IGAD, appelant tous les acteurs soudanais, civils et militaires, à s’engager rapidement dans un dialogue sans condition.  Il a cependant exprimé sa préoccupation face à la flambée récurrente des violences intercommunautaires au Darfour, rejoint sur ce point par une majorité de délégations.  Devant la persistance des violences contre des manifestants pacifiques, les États-Unis ont rappelé que seul l’avènement d’une démocratie dirigée par les civils permettra la reprise du soutien financier international et de l’aide au développement.  Une position partagée par le Royaume-Uni, qui, comme la Norvège, s’est également prononcé en faveur du renouvellement du mandat de la MINUATS dans les prochaines semaines.        

La Fédération de Russie s’est, pour sa part, déclarée convaincue de la capacité du peuple soudanais à résoudre en toute indépendance ses problèmes internes par le biais d’un dialogue national inclusif avec la participation de toutes les forces politiques du pays.  Elle a donc demandé à la « mission politique spéciale » de l’ONU de se conformer strictement à son mandat et de faciliter la mobilisation de l’aide financière internationale, rejetant toute tentative de « chantage » en contrepartie de l’aide au développement.

Même son de cloche du côté de la Chine, qui, tout en appelant à la « patience » dans le dialogue politique, a souhaité que l’on évite d’exercer trop de pression sur les autorités soudanaises.  Considérant que les difficultés économiques du pays ont pour origine des problèmes sécuritaires et de rivalité pour l’accès aux ressources, elle a regretté que certains partenaires aient suspendu leur aide au pays, qualifiant cette décision de « dommageable ».

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD - S/2022/400

Déclarations

M. VOLKER PERTHES, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), a constaté que, depuis son précédent exposé, la situation globale est restée précaire, beaucoup restant en jeu s’agissant de la stabilité politique, économique et sociale du Soudan.  De fait, « le temps presse pour que les Soudanais parviennent à une solution politique pour sortir de cette crise », a-t-il souligné.  Depuis l’établissement d’un « mécanisme trilatéral » destiné à faciliter les pourparlers entre les Soudanais, l’ONU, l’Union africaine (UA) et l’IGAD, des émissaires ont fait savoir que ces discussions ne pourraient aboutir que dans un environnement propice, a indiqué le haut fonctionnaire, rappelant sa position selon laquelle il appartient aux Soudanais, en particulier aux autorités, de créer cet environnement.  Cela étant, certaines mesures positives ont été prises, a-t-il relevé.  Les autorités soudanaises ont remis en liberté au moins 86 détenus à travers le pays, y compris des hauts responsables affiliés au Comité de démantèlement et des militants des comités de résistance.  De plus, les violences des forces de sécurité contre les manifestants semblent avoir globalement diminué, même si des violations se produisent encore, a-t-il ajouté. 

Qualifiant cette récente libération des prisonniers d’étape importante vers la création de conditions favorables pour rétablir la confiance, M. Perthes a indiqué qu’au moins 111 personnes seraient toujours en détention à Khartoum, Port-Soudan et ailleurs.  Il a d’autre part rappelé que, samedi dernier, un nouveau manifestant a été tué par les forces de sécurité, portant le nombre total des tués à 96.  Si les autorités veulent instaurer la confiance, il est essentiel que les responsables de violences contre les manifestants rendent des comptes, a-t-il plaidé, avant d’exhorter les autorités à « tendre la main » et à indiquer clairement qu’elles soutiennent le dialogue comme seul moyen d’atteindre une solution politique.  Selon lui, les demandes de changement et de rétablissement du processus de transition démocratique prennent principalement la forme de manifestations pacifiques.  Parallèlement, un nombre croissant des partis soudanais et de personnalités nationales éminentes ont présenté des initiatives pour résoudre la crise politique, tandis que plusieurs partis et coalitions politiques formaient de nouvelles alliances autour de positions communes.  Dans l’État de Khartoum, les comités de résistance ont achevé leur charte politique et dialoguent avec les comités d’autres États, a noté le Représentant spécial, faisant également état d’une reconnaissance croissante de la nécessité d’un dialogue civilo-militaire pour sortir de la crise. 

Dans ce contexte, le mécanisme trilatéral UA-ONU-IGAD a eu des entretiens initiaux avec les principales composantes de la société et de la scène politique soudanaises tout le mois d’avril, mois de Ramadan.  Le but était de sonder les points de vue des parties prenantes sur le fond et la forme d’un processus de pourparlers dirigé et contrôlé par les Soudanais, a expliqué M. Perthes, selon lequel presque toutes les composantes ont exprimé la volonté de s’engager positivement dans ces efforts de facilitation.  Néanmoins, certaines parties prenantes clefs continuent de rejeter les pourparlers directs ou préfèrent participer indirectement, a nuancé le haut fonctionnaire.  C’est pourquoi, après la libération de prisonniers et la réduction de la violence, des pourparlers indirects sur le fond ont été initiés entre les parties, le 12 mai, sur des questions comprenant la durée et la composition des principaux organes constitutionnels, les relations futures entre les composantes militaires et civiles, et les critères de sélection d’un premier ministre.

Pour le Représentant spécial, il s’agit de répondre au vide institutionnel qui a suivi le coup d’État.  Une fois qu’un environnement propice sera en place, le mécanisme trilatéral réunira les principales parties prenantes autour d’une table de négociation.  Il faut pour cela que les parties soudanaises ne permettent pas à ceux qui sont opposés à une transition pacifique vers la démocratie de saper cette tentative de sortie de crise, a-t-il souligné, ajoutant que le mécanisme soutient vigoureusement l’inclusion des femmes dans le processus politique.  Pour l’heure, a observé M. Perthes, l’absence d’accord politique et d’un gouvernement pleinement crédible a aussi un impact sur la situation sécuritaire.  Les événements récents au Darfour occidental, en particulier les destructions et les déplacements à Kerenik et la poursuite des violences à Geneina, ont de nouveau exposé le manque de capacité de l’État à assurer la sécurité et la protection des civils, a-t-il déploré, avant de préciser qu’un accord de cessation des hostilités a été signé entre les communautés en conflit le 29 avril.  Le Comité du cessez-le-feu permanent, présidé par la MINUATS, s’est engagé à désamorcer les tensions et a lancé une enquête sur d’éventuelles violations, a indiqué le haut fonctionnaire, pour qui le risque d’une nouvelle flambée de violence demeure malgré tout élevé.  Il est toutefois encourageant, selon lui, que des groupes armés et les forces régulières aient accepté d’utiliser le Comité du cessez-le-feu permanent comme institution conjointe pour résoudre le conflit.

La protection des civils, a poursuivi M. Perthes, doit être la priorité du Gouvernement soudanais et des gouvernements locaux au Darfour.  Pour sa part, la MINUATS continue de former les forces de police communautaires soudanaises à la protection contre les violences sexuelles et sexistes, a-t-il dit, saluant par ailleurs le fait que les autorités soudanaises aient mis sur pied la force conjointe de maintien de la sécurité au Darfour prévue dans l’Accord de Djouba pour la paix au Soudan.  Une fois qu’un accord politique sera trouvé, un soutien supplémentaire sera exigé de la communauté internationale pour mettre en œuvre d’autres aspects de l’Accord de paix de Djouba, a-t-il précisé, avant d’évoquer le bilan socioéconomique de l’impasse politique.  Alors que les besoins humanitaires augmentent, les facteurs géopolitiques mondiaux font flamber les prix des produits de base au Soudan, a relevé le haut fonctionnaire.  De fait, les effets conjugués de l’instabilité politique, de la crise économique, des mauvaises récoltes et des chocs mondiaux ont un impact désastreux sur l’inflation et l’alimentation.  Le nombre de Soudanais confrontés à une crise aiguë de la faim devrait doubler pour atteindre environ 18 millions d’ici septembre de cette année, a-t-il alerté.  Pour répondre à cette crise, l’OCHA a alloué 20 millions de dollars de son Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) et les donateurs continuent de fournir une assistance, mais le plan de réponse humanitaire pour 2022 n’est pour l’heure financé qu’à 13%.  Faute d’accord politique pour rétablir la légitimité constitutionnelle, l’assistance des pays et l’engagement des institutions financières internationales institutions sont restés en pause, a regretté le Représentant spécial, qui a également dit craindre que l’aide essentielle de l’Association internationale de développement 19 (IDA-19), allouée au Soudan dans le cadre du processus PPTE (pays pauvre très endetté), soit réaffectée à d’autres pays d’ici fin juin si une solution politique à la crise n’est pas atteinte de sitôt.  Cela signifie, selon lui, que si une solution à l’impasse actuelle n’est pas trouvée, les conséquences se feront sentir au-delà des frontières du Soudan et pendant une génération.  En fin de compte, a-t-il conclu, « c’est aux Soudanais de s’entendre sur une sortie de crise ». 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a regretté le manque de progrès dans le règlement de la crise politique créée par le coup d’État du 25 octobre 2021.  Il a dénoncé l’assassinat de près de 100 manifestants depuis octobre et appelé à la cessation de la violence.  Afin d’assurer le succès du processus politique, le représentant a exhorté les militaires soudanais à progresser en ce qui concerne les mesures de confiance, y compris la libération de tous les détenus politiques, la fin de l’emploi de la force contre les manifestants et la levée de l’état d’urgence.  Le délégué a affirmé que la restauration d’un gouvernement civil crédible permettra de créer les conditions pour des réformes économiques grandement nécessaires et d’obtenir un appui international, y compris un allègement de la dette.  Il a appuyé le mandat de la MINUATS et souhaité son renouvellement dans les semaines à venir.  Son mandat doit refléter la réalité au Soudan et permettre à la Mission de fournir au Soudan l’appui dont ce pays a besoin, a conclu le délégué du Royaume-Uni.

M. MARTIN KIMANI (Kenya), qui parlait au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), a abordé en premier lieu la situation politique au Soudan en se félicitant du démarrage de la deuxième phase du dialogue intra-soudanais facilité par le mécanisme trilatéral ONU-UA-IGAD.  Il a lancé un appel à tous les acteurs soudanais (civils et militaires) pour qu’ils profitent de cette plateforme pour s’engager rapidement dans un dialogue sans condition et trouver un accord sur une transition démocratique viable.  Les autorités soudanaises ont la responsabilité fondamentale de créer un environnement propice à l’instauration d’un dialogue politique viable, a souligné M. Kimani, saluant au passage la libération de certains détenus politiques, signe important du renforcement de la confiance.  Il est impératif que le dialogue soit inclusif, a ajouté le représentant, en demandant que l’on veille à la participation des femmes et des jeunes qui ont été les piliers de la révolution de 2019, ainsi que d’autres groupes et communautés marginalisés.

Sur le front sécuritaire, il a exprimé sa profonde préoccupation par rapport à la flambée récurrente des violences intercommunautaires au Darfour et dans d’autres parties du pays.  Tout en saluant les mesures prises par le Gouvernement du Soudan pour répondre à la situation, le représentant a souhaité voir davantage d’efforts pour s’attaquer aux causes profondes de ces confrontations.  Il a exhorté le Gouvernement et toutes les parties à accélérer la mise en œuvre de toutes les activités et programmes du Plan national de protection des civils et de l’Accord de paix de Djouba.  Il a également demandé à la communauté internationale de continuer d’étendre son aide diplomatique et son soutien technique, financier et logistique à cet égard.  Il s’est félicité des progrès réalisés au sein du Comité du cessez-le-feu permanent et de la force conjointe de maintien de la sécurité, y compris de la formation initiale des 2 000 membres des mouvements armés au Darfour.  Face à la détérioration rapide de la situation économique, des conditions de vie et de la situation humanitaire dans le pays, M. Kimani a fait valoir que l’absence de progrès sur la voie politique risque d’anéantir les gains initiaux réalisés en termes de réformes économiques et structurelles.  Les A3, a-t-il dit, se sont joints à l’appel du Secrétaire général pour des modalités exceptionnelles en vue de soutenir les communautés vulnérables et protéger le capital humain et social par la poursuite de l’aide internationale au Soudan.  

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) s’est particulièrement inquiétée de constater que le plan de réponse humanitaire en faveur du Soudan n’est actuellement financé qu’à hauteur de 10%, alors que l’ONU estime que 39% de la population du pays sera en situation d’insécurité alimentaire d’ici septembre.  Dans ce contexte alarmant, elle a estimé que la suspension de l’aide internationale complique une situation économique déjà désastreuse au Soudan, exacerbée en outre par les tensions géopolitiques, les changements climatiques, et les perturbations qui affectent les récoltes.  Par ailleurs, elle a salué les mesures importantes prises par le Soudan pour relever les défis sécuritaires actuels, y compris pour désamorcer les tensions dans la région du Darfour, où les récents affrontements ont fait de nombreuses victimes.  La représentante s’est ensuite dite encouragée par les efforts gouvernementaux pour promouvoir les arrangements sécuritaires de transition au Darfour prévus par l’Accord de paix de Djouba, y compris l’opérationnalisation progressive du cessez-le-feu.  En conclusion, Mme Alhefeiti a souligné la nécessité d’appuyer les efforts du Soudan pour réaliser une paix et une sécurité durables, notamment en s’attaquant aux conditions économiques qui touchent disproportionnellement les groupes plus vulnérables.

M. DAI BING (Chine) a relevé des divergences claires sur des questions précises au Soudan, et a appelé les parties soudanaises à poursuivre le dialogue, « processus qui nécessite de la patience ».  Il a souligné que ce processus doit continuer d’être dirigé par les Soudanais, appelant à éviter d’exercer trop de pression sur eux.  Il a ensuite pris note des efforts déployés par le Gouvernement soudanais pour mettre en œuvre l’Accord de paix de Djouba.   

Le délégué a en outre constaté que les problèmes économiques du pays sont à la base de nombreux problèmes de sécurité.  La violence intercommunautaire tient aussi du fait de la concurrence pour l’accès aux ressources, a—t-il ajouté.  Malheureusement, certains partenaires ont suspendu leur aide au pays et cela est dommageable, a-t-il regretté.  Il a appelé le Représentant spécial à poursuivre ses efforts afin de s’assurer que le mécanisme de coopération trilatérale puisse pleinement fonctionner.  Il a enfin appelé à tenir compte des réalités sur le terrain ainsi que des besoins des Soudanais dans les efforts d’aide au pays.  

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a constaté que, depuis la dernière réunion du Conseil consacrée à la MINUATS, la situation sur le terrain avait continué de se détériorer avec la montée des violences intercommunautaires, une impasse politique persistante et des violences contre les civils, y compris des manifestants pacifiques, tout cela dans le contexte d’une situation humanitaire désastreuse.  Face au recul des réalisations en matière de droits humains à la suite du coup d’État militaire, elle s’est dite profondément préoccupée par le démantèlement des mesures de responsabilisation mises en place par le précédent gouvernement civil.  La représentante a toutefois relevé certains développements positifs, à commencer par le début des travaux du mécanisme trilatéral de coopération entre l’ONU, l’Union africaine et l’IGAD.  Saluant les efforts des trois organisations à œuvrer ensemble à consolider le cadre d’un dialogue intra-soudanais, elle a dit attendre avec intérêt les résultats des premiers pourparlers indirects tenus la semaine dernière.

La déléguée a par ailleurs estimé que la création d’un groupe de soutien aux femmes facilité par la MINUATS est une étape importante pour faire entendre la voix des femmes, des jeunes et des personnes handicapées, tout en intégrant une perspective de genre dans tous les points en discussion.  Elle s’est également félicitée de la libération de certains détenus politiques, y voyant un premier pas encourageant.  Elle a cependant exhorté les autorités militaires à remettre en liberté tous les détenus, à mettre fin aux arrestations arbitraires, à lever l’état d’urgence et à éviter tout acte susceptible de compromettre le dialogue.  Dans ce contexte, la représentante a exprimé son inquiétude face à l’intensification de la violence au Darfour ces derniers mois, qui entraîne de nouvelles vagues de déplacements et des souffrances humanitaires.  Cette situation risque d’annuler tous les progrès réalisés et tous les gains de consolidation de la paix et de développement obtenus, a-t-elle averti, appelant à revenir à la transition démocratique du Soudan avant qu’il ne soit trop tard.  Dans cette perspective, a-t-elle ajouté, des enquêtes indépendantes sur toutes les violences commises par tous les acteurs sont essentielles.  À ses yeux, ce n’est que lorsque les faits seront établis que la confiance mutuelle pourra être rétablie.  

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a présenté ses condoléances aux familles des victimes à Kereneik, au Darfour occidental, et dénoncé les attaques perpétrées contre les centres de soins.  Il a appuyé les enquêtes annoncées et plaidé pour des mesures additionnelles pour la bonne protection des civils au Darfour.  Il a salué les activités de la MINUATS, de l’UA et de l’IGAD, estimant que toute solution à l’impasse politique au Soudan doit bénéficier d’un soutien multilatéral et régional.  Les consultations actuelles, larges et inclusives, avec l’appui du Mécanisme trilatéral, devraient faire renaître l’espoir pour les millions de Soudanais qui ont manifesté pacifiquement en 2019.  Enfin, le délégué du Brésil a insisté sur les défis qui subsistent au Soudan s’agissant de la réalisation du programme sur les femmes et la paix et la sécurité.  La légitimité des consultations en cours et de la transition vers la démocratie est ancrée dans le leadership et la participation politique des femmes, a conclu le délégué.

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a constaté que le pays est en pleine crise politique, la « rue » soudanaise continuant d’être agitée, sans compter les défis humanitaires et socioéconomiques consécutifs à la suspension d’une partie importante de l’aide des donateurs.  Elle a pleinement soutenu les efforts déployés dans ce contexte par le Gouvernement du Soudan pour stabiliser la situation et nouer un dialogue national constructif.  Il est d’une importance fondamentale, a souligné la représentante, que les autorités réaffirment leur attachement à l’Accord de paix de Djouba en date du 3 octobre 2020 et déclarent leur intention de tenir des élections générales en juillet 2023.  Dans le même temps, l’influence persistante des forces radicales dans le pays qui rejettent l’idée de tout dialogue avec le Gouvernement, même par médiation, suscite de vives inquiétudes.  La représentante a souhaité que le mécanisme de coordination tripartite de l’ONU, de l’UA et de l’IGAD, mis en place en mars pour accompagner le dialogue intra-soudanais, contribue au règlement de ce problème. 

La Fédération de Russie reste cependant convaincue de la capacité du peuple soudanais à résoudre en toute indépendance ses problèmes internes par le biais d’un dialogue national inclusif avec la participation de toutes les forces politiques du pays, a indiqué le représentant.  La déléguée a donc demandé à la mission politique spéciale et à M. Perthes de suivre strictement leur mandat et d’accorder la même attention à toutes ses composantes, en particulier à la facilitation de la mobilisation de l’aide financière et des donateurs internationaux pour soutenir les institutions du pouvoir de transition dans la mise en œuvre l’Accord de paix de Djouba.  Elle a rejeté toute tentative de « chantage » en contrepartie de l’aide au développement économique et de la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de paix. 

Les dernières flambées d’affrontements intercommunautaires au Darfour sont préoccupantes, a relevé la représentante, tout en notant que le Gouvernement soudanais prend des mesures pour faire face à la situation en citant la nomination de gouverneurs adjoints dans les États du Kordofan occidental et méridional pour quatre mois et les progrès dans la formation d’une force de sécurité conjointe dans la région ou encore les travaux du Comité du cessez-le-feu permanent.  Plaidant pour une position équilibrée, la déléguée a regretté que les rapports du Secrétariat de l’ONU restent « politisés ».  Il faut tenir compte des particularités de la culture politique soudanaise et des changements irréversibles qui se sont produits dans le paysage politique du pays, a-t-elle insisté en conclusion.

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a encouragé la reconstitution de la Commission soudanaise pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), pour faciliter l’intégration des mouvements armés signataires.  La récente violence intercommunautaire au Darfour occidental est un sujet de préoccupation et reflète la réalité complexe sur le terrain, a ajouté le représentant avant d’appeler à des mesures pour désamorcer les tensions et promouvoir un engagement actif entre les communautés pour instaurer la confiance.  Sur le plan économique, il a noté que la suspension temporaire d’une importante partie de l’aide des donateurs internationaux ainsi que la pause de l’engagement de institutions financières internationales ont sévèrement impacté le développement.  C’est pourquoi il a jugé urgent d’intensifier l’aide et de veiller à ce que les agences humanitaires reçoivent les fonds nécessaires pour exécuter pleinement leurs projets sans politisation des besoins fondamentaux des populations. 

Le représentant a estimé que le soutien de la MINUATS sera essentiel au cours des prochains mois, notamment dans l’accompagnement de la transition politique, la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba et les efforts de consolidation de la paix.  Il a dit attendre de la MINUATS, après son renouvellement de mandat d’ici au 3 juin, qu’elle se concentre sur la mise en œuvre des quatre objectifs stratégiques en partenariat avec l’UA et l’IGAD.  Enfin, il a rappelé que l’Inde entretient des relations de longue date avec le Soudan et qu’elle a aidé le Soudan à travers plusieurs projets dans le cadre de concessions de lignes de crédit, du renforcement des capacités et de l’aide humanitaire.

Mme MONA JUUL (Norvège) a dit soutenir pleinement les efforts conjoints de la MINUATS, l’UA et l’IGAD pour débloquer la crise politique, tout en soulignant que la recherche d’un accord durable doit être dirigée et prise en charge par les Soudanais.  Elle a affirmé que les groupes historiquement marginalisés doivent également être intégrés au processus, y compris les femmes et les jeunes qui doivent pouvoir bénéficier d’une pleine et égale participation.  Tout gouvernement qui ne résulte pas d’un processus ouvert manquera de crédibilité auprès du peuple soudanais et de la communauté internationale, a-t-elle prévenu.  Elle a ensuite appelé à mettre un terme à la violence en réponse aux manifestations pacifiques et à libérer sans délai les détenus politiques.  La fin de l’état d’urgence enverra également un signal politique positif, a-t-elle ajouté.  

La représentante s’est ensuite inquiétée de l’évolution négative au Darfour où la violence a des dimensions ethniques qui rappellent la situation en 2003-2004.  L’Accord de paix de Djouba est important, mais seulement s’il est pleinement mis en œuvre, a-t-elle prévenu.  Selon elle, il est important de s’attaquer aux causes profondes des conflits récurrents.  Mais cela nécessite de la volonté politique et des ressources que les autorités ont la responsabilité de mobiliser.  Elle a indiqué qu’une situation stable permettrait à la Norvège et d’autres partenaires -avec les autorités soudanaises- de faire plus que la précarité actuelle ne le permet.  Dans les circonstances actuelles, la MINUATS est indispensable, a-t-elle ajouté, faisant part de son plein appui au renouvellement de son mandat.

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a réitéré son soutien à la facilitation menée conjointement par les Nations Unies, l’Union africaine et l’IGAD qui constitue, selon elle, une perspective viable pour sortir de l’impasse politique.  Elle a encouragé l’ensemble des Soudanais, issus de la société civile et militaires, à prendre part au dialogue dans un esprit de compromis et de responsabilité.  Elle a également appelé les autorités militaires à poursuivre leurs efforts afin de créer des conditions propices à une sortie de crise en souhaitant que les engagements se matérialisent dans les meilleurs délais, en faveur du retour à une transition civile et démocratique, avec la perspective d’élections à l’issue de ce processus. 

Notant que l’instabilité politique continue d’aggraver la situation sécuritaire, économique et humanitaire, la représentante a appelé à tout mettre en œuvre afin que la crise politique n’alimente pas une aggravation de la situation sécuritaire, notamment au Darfour.  Également préoccupée par la dégradation de la situation économique et humanitaire, elle a fait savoir que la coopération européenne a été réorientée vers la société civile, avec un soutien de 12 millions d’euros en 2021, et que l’assistance humanitaire européenne est maintenue à hauteur de 40 millions d’euros pour les cinq premiers mois de 2022.  Elle a ensuite appelé les autorités soudanaises à coopérer avec la MINUATS. 

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a souligné la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel au Soudan et d’un processus politique réellement dirigé et contrôlé par les Soudanais.  Il a demandé la levée de l’état d’urgence et la libération des personnes arbitrairement détenues.  Il a rappelé que la révolution a, pour une grande partie, été le fruit des efforts des femmes et demandé leur pleine participation au dialogue politique.  La situation au Darfour s’est considérablement détériorée, s’est-il inquiété, en soulignant le vide sécuritaire créé par le retrait de la MINUAD.  Il a demandé la pleine application du Plan national de protection des civils.  Le délégué a exhorté les autorités à réaliser des enquêtes sur les violations des droits humains commises lors des manifestations pacifiques contre le coup d’État et a appelé à préserver la coopération avec la Cour pénale internationale (CPI).  

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a dit craindre un retour à la dictature militaire au Soudan à la lumière de la tournure actuelle des choses.  Elle a fait écho à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un retour à un gouvernement démocratique dirigé par des civils, par le biais d’un dialogue politique inclusif et appartenant aux Soudanais.  À cet égard, elle a salué les efforts de la MINUATS, de l’UA et de l’IGAD pour faciliter le dialogue politique entre toutes les parties prenantes soudanaises.  La représentante les a encouragées à jouer leur rôle, à faire preuve de bonne foi et à créer un environnement propice aux pourparlers de paix et au dialogue inclusif.  En particulier, elle a exhorté les autorités militaires et de sécurité à mettre immédiatement fin à la violence contre les manifestants, à respecter la liberté de rassemblement pacifique et à lever l’état d’urgence.  L’Irlande reste également attachée au droit des femmes soudanaises à jouer un rôle décisif dans l’économie, la politique, la consolidation de la paix et la société au sens large, et Mme Byrne Nason a insisté pour que ces droits soient protégés.

Alors que 40% de la population soudanaise est à risque en termes d’insécurité alimentaire d’ici septembre, la représentante a déclaré qu’il est vital que l’accès humanitaire ne soit pas entravé, a-t-elle précisé.  Face à la recrudescence de la violence au Darfour, depuis la crise politique à Khartoum, Mme Byrne Nason a insisté sur la pleine mise en œuvre du Plan national de protection des civils et de l’Accord de paix de Djouba sans délai, tout en saluant le rôle joué par le Comité du cessez-le-feu permanent au Darfour.  

M. RICHARD M. MILLS, JR. (États-Unis) a mis l’accent sur trois priorités en citant la transition vers la démocratie dirigée par les civils, la libération des détenus politiques et une meilleure protection des civils.  Il a exhorté toutes les parties soudanaises à utiliser le processus de paix en veillant à ce que les femmes, les jeunes et les membres des autres groupes marginalisés soient pleinement intégrés à toutes les étapes du processus de paix.  Il a rappelé que seule l’avènement d’une démocratie dirigée par les civils permettra la reprise du soutien financier international et de l’aide au développement.  Par ailleurs, il a appelé les autorités soudanaises à cesser les détentions injustes des membres de la société civile et des militants des droits humains.  Tout en reconnaissant les progrès réalisés sur la voie de la transition, le représentant s’est inquiété de la persistance de violences qui atteste de l’urgence de mieux protéger les civils.  Dans ce contexte, il a notamment appelé à promouvoir une justice transitionnelle inclusive et transparente. 

M. AL-HARITH IDRISS AL-HARITH MOHAMED (Soudan) a indiqué que le mouvement qui a pris en main la transition soudanaise s’emploie à former un gouvernement civil au travers d’un consensus national qui résultera d’un processus de négociation parrainé par le mécanisme tripartite.  En ce qui concerne la situation sécuritaire et la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba, il a assuré que le Gouvernement soudanais coopère avec les partenaires du processus de paix afin de mettre en œuvre les termes de l’Accord.  À cet égard, au cours des prochains jours, le premier lot de forces des mouvements signataires de l’Accord sera en fin de formation, et les 2 000 membres des mouvements armés vont représenter le noyau de la force de sécurité pour protéger les civils au Darfour, avec à terme la formation d’une force au Darfour de 12 000 hommes, dont la moitié issue des forces gouvernementales et l’autre des groupes signataires de l’Accord de paix de Djouba.  Le délégué a assuré que le Gouvernement a la volonté politique de mettre en œuvre les dispositions de l’Accord de Djouba.  Il a tout de même noté que cette tâche est ardue pour le Gouvernement qui a besoin du soutien de la communauté internationale, notamment sur le plan financier.

Le représentant a ensuite rendu hommage aux victimes des conflits tribaux au Darfour.  Selon lui, ce conflit fait partie du fardeau laissé au nouveau gouvernement par l’ancien régime.  Il a indiqué que le Soudan continue à mettre en œuvre des réformes économiques et le pays entend voir se renforcer ses partenariats avec la communauté internationale.  Par exemple, il a appelé à réduire la dette du pays par le biais de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Le délégué a en outre appelé la communauté internationale à prendre ses responsabilités en aidant le Soudan à mieux gérer le flux de réfugiés venant de pays voisins comme l’Éthiopie et le Soudan du Sud.  Il a parlé des propositions en 11 points faites par son gouvernement à l’ONU pour la consolidation de la paix au Soudan.  Il a établi que les trois priorités pour son pays sont la consolidation de la paix, la gouvernance démocratique et l’appui à la mise en œuvre de l’Accord de paix de Djouba. 

Le délégué a par ailleurs appelé la communauté internationale à ne pas lier l’aide économique à la situation politique.  La violence existe dans toutes les sociétés du monde, a-t-il rappelé, avant de demander que soit pris en compte le contexte régional qui conduit à la violence au Darfour, notamment la grande circulation des armes.  C’est pourquoi il a appelé à mobiliser l’aide internationale pour appuyer le cessez-le-feu au Darfour.  Il a également évoqué les efforts de protection des enfants en temps de conflits qui sont mis entre parenthèses par son gouvernement en raison de la suspension de l’aide dont le pays bénéficiait.  Il a dit que les autorités entendent aller vers la consolidation de la paix, mais cela dépend des fonds disponibles.  Le représentant a plaidé pour une coopération avec le Soudan « sans jugement de valeur », critiquant la réduction des activités de consolidation de la paix en raison de considérations politiques, qui pourrait aboutir à des résultats négatifs.  Il a enfin dit souscrire à un certain nombre de recommandations du Secrétaire général, y compris la nécessité d’investir dans des initiatives locales de cessez-le-feu au Soudan.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG reporte sa décision sur l’octroi du statut consultatif spécial à 18 organisations et demande que soient complétés 31 rapports quadriennaux

Session ordinaire de 2022,
9e et 10e séances plénières – matin & après-midi
ONG/934

Le Comité des ONG reporte sa décision sur l’octroi du statut consultatif spécial à 18 organisations et demande que soient complétés 31 rapports quadriennaux

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales a entamé aujourd’hui l’examen des 610 rapports quadriennaux qui sont sur sa table pour cette session, appelant 31 ONG à revoir leur copie.  Il a également rejeté les 18 demandes d’admission au statut consultatif spécial qu’il a examinées ce matin, invitant notamment les ONG recalées à apporter des précisions sur les activités menées ou sur leurs états financiers. 

Le Comité a en outre pris note des rapports quadriennaux 2017-2020 des ONG dotées d’un statut consultatif, ainsi que les rapports quadriennaux présentés au cours de sessions précédentes et pour lesquels les soumissionnaires avaient été invités à apporter des corrections et des précisions.  La plupart des rapports ont été jugés conformes, et approuvés, à quelques exceptions près. 

En rappel, en vertu de la résolution 1996/31 de l’ECOSOC, les ONG dotées du statut consultatif général ou spécial auprès du Conseil économique et social doivent soumettre au Comité des ONG un bref rapport de leurs activités tous les quatre ans.  Ce rapport, dit quadriennal, doit comprendre des informations sur les contributions de l’ONG au travail des Nations Unies.  Pour souligner la nécessité de se conformer strictement à cette exigence, la résolution 2008/4 de l’ECOSOC stipule que le Conseil peut suspendre, puis retirer le statut consultatif des organisations qui ne soumettent pas leurs rapports dans les délais. 

L’examen quadriennal offre également aux ONG l’occasion d’informer les États Membres de leurs activités d’appui aux Nations Unies et, en même temps, de recevoir des commentaires des États Membres sur leur programme de travail ainsi qu’une reconnaissance officielle de leur contribution en tant que partenaires au développement. 

En règle générale, les rapports doivent être soumis au plus tard le 1er juin de l’année suivant la dernière année de la période de rapport.  Par conséquent, un rapport quadriennal couvrant la période 2018-2021 devrait être soumis au plus tard le 1er juin 2022. 

Les organisations de la société civile peuvent accéder à trois différents statuts auprès de l’ECOSOC.  Le premier, le statut consultatif général est attribué aux grandes ONG internationales, dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  Le statut consultatif spécial est réservé aux ONG qui travaillent dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre à l’ECOSOC que des communications écrites. 

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux demain, mardi 24 mai, à partir de 15 heures. 

SUITE DES NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Examen des demandes de statut consultatif

La Chine a demandé des précisions sur les activités outre-mer de The Conflict and Environment Observatory (Royaume-Uni), alors que la Fédération de Russie a demandé des explications sur les liens qui existent entre The Humanitarian Forum (Royaume-Uni) et son principal bailleur de fonds.  Le Nicaragua s’est interrogé sur les activités de l’ONG The International Center for Supporting Rights and Freedoms (Suisse), avant de solliciter des explications de l’ONG The International Institute on Race, Equality and Human Rights (États-Unis) sur les modalités du choix des pays dans lesquels elle se déploie.  Dans la même veine, le Bahreïn a voulu savoir comment sont réparties les bourses offertes par The National Democratic Institute for International Affairs (États-Unis).  Alors que la Chine s’est enquise des projets à l’étranger de l’organisation The ONE Campaign (États-Unis), le Bahreïn a voulu avoir des détails sur les cours et formations dispensés par The Omani Center for Human Rights (Royaume-Uni).  Avez-vous mis à jour votre plan stratégique? a demandé la Grèce à l’endroit de Turkiye Diyanet Vakfi (Turquie), tandis que le Nicaragua demandait des explications sur les activités menées en Amérique latine et les Caraïbes par UAAR -Unione degli Atei e degli Agnostici Razionalisti (Italie). 

La Grèce a dit attendre que soient présentés des exemples concrets d’activités culturelles menées par Uluslararasi Ogrenci dernekleri Federasyonu (Turquie).  Au sujet de Uluslararası Mülteci Hakları Derneği (Turquie), la Chine a souhaité obtenir les noms des organisations internationales qui fournissent 75% de son budget.  La délégation chinoise s’est ensuite intéressée aux dépenses engagées par United for Human Rights (Suisse) et a voulu comprendre comment la Vang Pao Peace Institute (États-Unis) travaille avec ses partenaires locaux.  À Verein Euro Mea (Suisse) la Fédération de Russie a demandé spécifiquement des détails sur le voyage effectué par l’ONG en Russie.  La Chine a demandé si Vithu Trust Fund (Royaume-Uni) a mené des projets dans d’autres pays en dehors du Sri Lanka.  Les détails des activités menées par Women’s Refugee Commission, Inc. (États-Unis) sont attendus par Cuba, alors qu’Israël a la même préoccupation pour les deux dernières années d’activités de Òmnium Cultural (Espagne).  İslam Dünyası Sivil Toplum Kuruluşları Birliği (Turquie) a été invitée par la Grèce à expliquer comment elle apporte une assistance technique à d’autres organisations. 

Examen des rapports quadriennaux des ONG dotées d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC

La Turquie a demandé à AUA Americas Chapter Inc (États-Unis) d’expliciter davantage ses objectifs notant que ceux-ci ne figurent pas dans leur rapport 2017–2020.  La même délégation a demandé plus amples informations des pays dans lesquels se déroulent les activités de l’Alliance internationale pour la défense des droits et libertés (France).  À Christian Solidarity Worldwide (Royaume-Uni) Cuba a demandé des détails dans les pays en dehors de son siège.  La Turquie a ensuite interpellé Greek Council for Refugees (Grèce) sur les agences et bureaux qu’elle aurait créés, et leur mode de fonctionnement et de financement.  La Chine a demandé à Human Rights Watch (États-Unis) d’expliquer comment fonctionne son nouveau laboratoire mis en place pour mieux faciliter les enquêtes sur les violations des droits humains dans le monde, tandis que Cuba a souhaité obtenir le détail des nouveaux domaines de travail évoqués dans le rapport.  La Turquie a par ailleurs souhaité que soient présentés les résultats de la coopération entre International Press Institute (Autriche) et l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Le même pays a aussi sollicité des détails sur les projets et activités menés par Lawyers for Lawyers (Pays-Bas). 

Rapports quadriennaux reportés lors des sessions précédentes du Comité présentés par des ONG dotées d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC  

La Chine a demandé si les représentants de Academic Council on the United Nations System (États-Unis) ont participé à des conférences des Nations Unies en 2019.  La Chine a également demandé plus de détails sur le rapport sur la peine de mort que Advocates for Human Rights (États-Unis) dit soumettre au Secrétaire général dans son rapport quadriennal. 

La Chine a souhaité avoir plus d’exemples de la contribution d’Amnesty International (Royaume-Uni) aux travaux du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, y compris sur les examen périodiques universels pour la période 2008-2011.  S’agissant du rapport d’Amnesty International pour la période 2012 – 2015, la Chine a demandé si l’organisation était en contact avec des gouvernements pour vérifier les informations reçues par d’autres canaux durant la période 2012 – 2015.  Elle a également souhaité obtenir plus de détails sur les présentations faites par l’organisation au forum politique de haut niveau de l’ECOSOC entre 2016 et 2019.

La Turquie a voulu en savoir plus sur l’évènement organisé par Avocats Sans Frontières (Belgique) en marge de la seizième Assemblée des États Parties au Statut de Rome de 2017, s’intéressant notamment aux organisations partenaires et aux sujets discutés.  Cuba a demandé à CIVICUS - World Alliance for Citizen Participation (Afrique du Sud) d’expliquer pourquoi une seule des manifestations que l’ONG a organisé en parallèles à la session du Conseil des droits de l’homme, abordait la situation des droits humains dans des pays développés. 

La Chine a demandé au Committee to Protect Journalists, Inc (États-Unis) de préciser sur quelles questions portaient les réponses fournies à l’UNESCO.  Elle a également souhaité en savoir plus sur le travail effectué par la Coordination des Associations et des Particuliers pour la Liberté de Conscience (France), auprès des minorités religieuses et avec des entités onusiennes.  La Grèce a demandé plus de précisions sur le rapport 2014-2017 de Federation of Western Thrace Turks in Europe (Allemagne), qui se dit être l’organisation parapluie des organisations turques en Europe.  En quoi et comment France Libertés: Fondation Danielle Mitterrand (France) a-t-elle contribué aux travaux de l’ONU en dehors de ceux du Conseil des droits de l’homme entre 2011 et 2014, a demandé la Chine

Cuba a fait observer au Secrétariat que Freedom House (États-Unis) n’a pas répondu aux questions posées par le Comité sur les deux rapports quadriennaux reportés (2011-2014 et 2015-2018) en demandant à parler à un représentant de l’ONG.  Les États-Unis sont intervenus pour dire que l’organisation a bien répondu en expliquant qu’elle comprenait l’objet de la question.  Il faut donc lui apporter des précisions plutôt que de la punir pour ne pas avoir répondu, a estimé la délégation américaine, Cuba estimant en revanche que la question du 16 juin est « très claire ».  La Chine et le Pakistan ont appuyé l’intention du Chef du Service des ONG de prendre contact avec cette ONG. 

S’agissant de Freedom Now (États-Unis), la Chine a voulu savoir si les informations dont dispose l’ONG se fondent sur des entretiens directs ou sur des sources secondaires.  Elle a ensuite demandé à Front Line, The International Foundation for the Protection of Human Rights Defenders (Irlande), plus de détails sur l’expansion de son programme de travail et la composition de son équipe. 

La Turquie a souhaité plus de détails sur les réunions organisées par Fundacion Pro Humanae Vitae (Argentine), tandis que la Chine a voulu connaître l’identité des États Membres que Human Rights Watch (États-Unis), a rencontré entre 2009 et 2012 et la liste des pays dans laquelle l’ONG a travaillé pendant la période 2013-2016.  Pour ce qui de International Bar Association (Royaume-Uni), la Chine a souhaité savoir si les informations contenues dans les rapports sur les objectifs de développement durable 2016 produits par l’ONG sont le fruit d’entretiens directs ou de sources secondaires. 

S’agissant de International Service for Human Rights (Suisse), la Chine a demandé des précisions sur la réunion de 35 défenseurs des droits humains qui s’est déroulée au Caire en 2011.  Cuba a pour sa part demandé la liste des résolutions à l’élaboration desquelles l’organisation aurait contribué entre 2015 et 2018.  La Chine a ensuite demandé plus de détails sur le projet de réunification de Successful Corean Reunification (République de Corée), tandis que Cuba a demandé comment UPR Info (Suisse) s’assure de la validité des informations diffusées sur sa base de données.

La Chine a souhaité obtenir plus de précisions sur les objectifs modifiés de l’Union internationale des avocats (France), tandis que Cuba s’est intéressé aux titulaires de mandats du Conseil des droits de l’homme avec lesquels United Nations Watch (Suisse)a eu des contacts pendant la période 2014-2017. 

Le Comité a en outre pris note des rapports quadriennaux des organisations suivantes: Freemuse -The World Forum on Music and Censorship (Danemark) pour la période 2016 – 2019; Heritage Foundation (États-Unis) pour la période 2015-2018; Human Rights Information and Training Center (Yémen) pour la période 2016-2019; Reporters Sans Frontiers International - Reporters Without Borders International (France) pour la période 2013–2016. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Somalie: Au Conseil de sécurité, le Représentant spécial salue l’achèvement du processus électoral, un « moment historique »

9040e séance – après-midi
CS/14900

Somalie: Au Conseil de sécurité, le Représentant spécial salue l’achèvement du processus électoral, un « moment historique »

Le Représentant spécial pour la Somalie, M. James Swan, a salué cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, l’achèvement du processus électoral dans le pays, avec l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  C’est un moment historique dont la Somalie doit tirer profit pour relever les défis urgents, tels que la réconciliation nationale ou bien la lutte contre les Chabab, a déclaré M. Swan, à l’unisson des autres intervenants.  La récente reconfiguration de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) a également été au cœur des discussions.

M. Swan, qui est à la tête de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a rappelé que le Président Hassan Sheikh Mohamud est le dixième de l’histoire du pays.  Le processus électoral, bien qu’ayant traîné en longueur, a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir, s’est-il félicité: le Président a prêté serment et les résultats ont été acceptés.  Le Représentant spécial a salué les priorités du nouveau Président, dont la réconciliation nationale, le renforcement de la sécurité face aux Chabab, la lutte contre la sécheresse et l’amélioration des relations avec les États fédérés. 

« Il convient de rester lucides sur les défis qui ont marqué le processus », a poursuivi le Représentant spécial.  M. Swan a en effet indiqué que les Somaliens n’ont pas pu voter selon le principe « une personne, une voix », tandis que la proportion de femmes élues n’est que de 21%, bien en deçà du quota de 30% prévu.  La situation sécuritaire reste extrêmement précaire en Somalie, a continué M. Swan, en soulignant l’audace des attaques perpétrées par les Chabab.  Il a accusé ces derniers d’avoir voulu faire dérailler le processus électoral. 

Le Représentant spécial a en outre souligné la gravité de la sécheresse et appelé à prévenir la famine dans le pays.  Le Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022 n’est financé qu’à hauteur de 15%, s’est-il alarmé, en appelant à mobiliser davantage de ressources afin de « sauver des vies ».  L’achèvement, ce 15 mai, du processus électoral est l’occasion de progresser sur les autres défis urgents que le pays doit relever, a conclu M. Swan, en demandant la mobilisation d’un soutien constructif pour tirer profit de ce « moment historique ».

Les intervenants ont été unanimes pour saluer l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  « C’est une étape importante vers la stabilisation de la Somalie », a déclaré la déléguée de la France.  À l’instar de son homologue de la Norvège, elle a salué l’élection de Mme Sadia Yasin Haji Samatar, première femme somalienne à exercer les fonctions de vice-présidente de l’Assemblée du peuple.  « La conclusion du processus électoral est l’occasion de mettre fin à l’incertitude politique et de se recentrer sur les questions urgentes, dont la menace posée par les Chabab », a renchéri le représentant du Royaume-Uni.

Cette menace et la reconfiguration de l’AMISOM en ATMIS, endossée par le Conseil dans la résolution 2628 (2022), ont été abondamment commentées par les intervenants, à commencer par le Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie, qui est le Chef de l’ATMIS, M. Francisco Caetano Jose Madeira.  La présence de cette mission de transition est justifiée, a-t-il dit, en prévenant que les Chabab continueront de poser de multiples défis qui nécessiteront une riposte adéquate.  Il a jugé important de doter les forces de sécurité de matériel adéquat et de les payer régulièrement afin de leur permettre de garantir la sécurité du pays. 

De même que l’Inde, le délégué du Gabon a plaidé pour un financement durable et prévisible de l’ATMIS, afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat au cours de la prochaine période de 30 mois jusqu’au moment du transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes.  « Aucun nouveau financement de l’ATMIS, quel que soit son volume, ne pourra suffire sans des efforts de la partie somalienne pour générer des forces armées en lien avec les États fédérés, et sans un soutien fort de l’ATMIS pour appuyer ces forces somaliennes et mener des opérations offensives avec elles », a nuancé la déléguée de la France.

Le représentant de la Somalie a, lui, exprimé la volonté de son gouvernement de renforcer le fédéralisme ainsi que la cohésion en s’attelant aux problèmes socioéconomiques qui frappent des millions de Somaliens.  À la suite des autres intervenants, il s’est dit inquiet de la capacité de nuisance des Chabab, responsables de la perte de nombreuses vies humaines en Somalie.  Mon gouvernement est déterminé à les combattre, a-t-il assuré.  Enfin, le représentant somalien a appelé de ses vœux un investissement international pour le développement durable de son pays, seule « solution pérenne ».

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2022/392)

Déclarations

M. JAMES SWAN, Représentant spécial pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a salué l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud, le dixième Président de l’histoire du pays, après un processus électoral qui, bien qu’ayant traîné en longueur, a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir.  Le Président a prêté serment et les résultats ont été acceptés, a-t-il précisé.  Il a mentionné les priorités du nouveau Président, dont la réconciliation nationale, le renforcement de la sécurité face aux Chabab, la lutte contre la sécheresse et l’amélioration des relations entre l’État fédéral et les États fédérés.  Il convient de rester lucides sur les défis qui ont marqué le processus, a tempéré le Représentant spécial.  M. Swan a en effet indiqué que les Somaliens n’ont pas pu voter selon le principe « une personne, une voix », tandis que la proportion de femmes élues n’est que de 21%, bien en deçà du quota de 30% prévu.  En outre, la situation sécuritaire reste extrêmement précaire en Somalie, a continué M. Swan, en soulignant l’audace des attaques perpétrées par les Chabab.  Il semble que ces derniers aient voulu faire dérailler le processus électoral, a-t-il avancé.

M. Swan a noté la transition de l’AMISOM en ATMIS et appelé au renforcement des capacités des forces de sécurité somaliennes.  La transition sécuritaire convenue doit aller à son terme, a-t-il insisté.  Il a appelé les partenaires à abonder le fonds de financement de l’ATMIS, tous les besoins n’étant pas pourvus.  Le Représentant spécial a souligné la gravité de la sécheresse et appelé à prévenir la famine.  Le Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022 n’est financé qu’à hauteur de 15%, a-t-il signalé en appelant à mobiliser davantage de ressources afin de « sauver des vies ».  Le Représentant spécial a détaillé les efforts de l’ONU visant à soutenir la participation des femmes et la protection de ces dernières contre les violences sexuelles.  L’achèvement du processus électoral le 15 mai est l’occasion de progresser sur les autres défis urgents que le pays doit relever, a conclu M. Swan, en demandant la mobilisation d’un soutien constructif pour tirer profit de ce moment historique.

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), a dit que la période à l’examen a vu l’achèvement d’un long et douloureux processus électoral qui a connu son apogée avec l’élection du Président de la république le 15 mai 2022.  Il a salué une évolution marquée par l’espoir et la détermination d’un peuple qui a su préserver son identité et ses particularités contre vent et marées pour s’atteler à la réconciliation.  Tout en saluant la représentation grandissante des femmes au Parlement national, M. Madeira a regretté que l’objectif de 30% de femmes n’ait pu être atteint.  « Le fait que le quota minimum de femmes n’ait pas été atteint est un motif de préoccupation même si pour la première fois nous avons assisté à l’élection d’une femme au poste de vice-présidente du Parlement. »  Il a expliqué que le Président Hassan Sheikh Mohamud a fait campagne sur un objectif de réconciliation entre les Somaliens, mais aussi entre les Somaliens et le monde. 

M. Madeira s’est félicité de l’adoption, le 31 mars, par le Conseil de sécurité de la résolution 2628 (2022) approuvant la décision de reconfigurer l’AMISOM en ATMIS et autorisant son mandat pour une période initiale de 12 mois à compter du 1er avril.  Il a souligné la nécessité d’appuyer les forces somaliennes pour qu’elles puissent se reconstituer et se reconfigurer, et ainsi mieux lutter contre les Chabab et les autres groupes armés illégaux.  Il a aussi plaidé pour que soit entrepris un effort collectif en vue de la tenue en 2026 d’élections respectant le principe « une personne, une voix », ce qui justifie selon lui la présence de l’ATMIS.  Enfin, le Représentant spécial a condamné les attaques des Chabab du 19 février et des 23 et 25 mars en prévenant que les Chabab continueront de poser de multiples défis qui nécessiteront une riposte adéquate.  Il a dès lors jugé important de doter les forces de sécurité somaliennes de matériel adéquat et de les rémunérer régulièrement afin de leur permettre de garantir la sécurité dans le pays.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a félicité M. Hassan Sheikh Mohamud pour son élection le 15 mai dernier.  Il a également salué l’élection « historique » de Mme Sadia Yasin Haji, en tant que première Vice-Présidente du Parlement somalien, tout en déplorant que la représentation des femmes soit encore inférieure à l’objectif de 30%.  La conclusion du processus électoral offre, selon lui, l’occasion de mettre fin à l’incertitude politique et de se recentrer sur les questions urgentes, à savoir la menace posée par les Chabab, le maintien de la stabilité budgétaire, la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et la réponse à la sécheresse.  S’agissant de la sécurité, le représentant a remercié la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie pour son soutien tout au long du processus électoral, condamnant l’attaque menée par les Chabab contre le contingent burundais, le 3 mai dernier.  À ses yeux, la menace permanente posée par ce groupe terroriste souligne la nécessité pour le nouveau gouvernement de parvenir à un large accord politique sur un dispositif de sécurité nationale qui soit efficace et qui facilite une transition durable vers un secteur de la sécurité dirigé par les Somaliens eux-mêmes. 

Évoquant ensuite les effets alarmants de la sécheresse, le délégué a jugé de plus en plus probable que la Somalie soit confrontée à la famine, malgré l’engagement collectif à empêcher la résurgence d’une telle situation.  Davantage de financements et d’efforts internationaux sont nécessaires, a-t-il affirmé, non sans rappeler que son pays a annoncé un versement supplémentaire de 31 millions de dollars, en réponse à la crise humanitaire en Somalie, en plus des 25 millions déjà engagés cette année.  Enfin, malgré les réalisations récentes, nous ne devons pas perdre de vue ce qu’il reste à faire pour que la situation en Somalie continue d’évoluer manière pacifique et stable, a-t-il conclu, se réjouissant de travailler avec le Président élu et son gouvernement pour faire avancer la paix, la stabilité et la prospérité au profit de tous les Somaliens.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué l’élection du nouveau Président qui a promis de se focaliser sur la réconciliation nationale, le dialogue, la stabilité et la sécurité.  La représentante a insisté sur l’importance de redynamiser le processus constitutionnel, de tenir compte du fédéralisme et de préparer les élections de 2026.  La communauté internationale, a-t-elle dit, devra accompagner la Somalie.  Elle s’est dite préoccupée du faible nombre de femmes élues au Parlement mais a salué l’élection de la première Vice-Présidente du Parlement.  La représentante s’est aussi dite préoccupée par les attaques persistantes des Chabab.  Plaidant pour l’application du plan de transition de la Somalie, elle a voulu que l’on n’oublie pas les déplacés et les multiples crises socioéconomiques auxquelles sont confrontées les populations.  Elle a insisté sur l’accès à l’éducation, la lutte contre la violence sexuelle et l’aide humanitaire. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a réitéré ses félicitations au Président Hassan Sheikh Mohamud pour son élection.  « Malgré toutes les difficultés, le processus électoral a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir. »  C’est un moment historique et une étape importante vers la stabilisation de la Somalie, a poursuivi la déléguée.  Elle a encouragé le nouveau Président à poursuivre la consolidation de l’État, la révision constitutionnelle et le rétablissement de la concorde nationale.  Nous encourageons aussi les autorités somaliennes à poursuivre leurs efforts pour la participation des femmes à la conduite du pays, avec l’atteinte du quota de 30% de femmes au Parlement, a-t-elle dit.  La déléguée a salué à cet égard l’élection de Mme Sadia Yasin Haji Samatar, première femme somalienne à exercer les fonctions de Présidente adjointe de l’Assemblée du peuple. 

La déléguée a ensuite condamné les attaques terroristes commises par les Chabab, notamment le 23 mars et le 3 mai, soulignant l’urgence de mener une lutte plus efficace contre ces derniers.  La résolution 2628 (2022), en endossant la reconfiguration de l’AMISOM en ATMIS (Mission de transition de l’Union africaine en Somalie), est un pas dans la bonne direction, qui doit se traduire par des changements concrets sur le terrain, a affirmé la déléguée.  Enfin, elle a jugé évident qu’aucun nouveau financement de l’ATMIS, quel que soit son volume, ne pourra suffire sans des efforts de la partie somalienne pour générer des forces armées en lien avec les États fédérés, et sans un soutien fort de l’ATMIS pour appuyer ces forces somaliennes et mener des opérations offensives avec elles.  Le Gouvernement somalien et les contingents de l’ATMIS doivent s’engager résolument dans la transition sécuritaire pour atteindre les objectifs fixés par ladite résolution, a-t-elle conclu.

M. DAI BING (Chine) s’est félicité du succès des élections qui permettent à la Somalie de choisir sa propre trajectoire du développement.  Il a espéré qu’un nouveau gouvernement sera formé sans tarder mais s’est inquiété des nombreuses attaques des Chabab, dont la dernière a fait sept victimes au sein du contingent burundais.  Il faut, a plaidé le représentant, renforcer les capacités des forces somaliennes.  Il a souligné la disposition de son pays à appuyer le développement économique de la Somalie, par la coopération bilatérale. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a reconnu les développements importants en Somalie depuis le dernier exposé au Conseil de sécurité, notamment l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud, qui a permis d’achever un cycle électoral prolongé et compliqué.  Elle s’est aussi félicitée de l’élection d’une femme à la vice-présidence du Parlement, tout en regrettant que le seuil de 30% de femmes députées n’ait pas été atteint.  Elle a plaidé pour l’inclusion des femmes à tous les échelons de gouvernance, arguant que leur participation à la vie publique est essentielle.  Elle a ensuite appelé les autorités somaliennes à s’atteler au règlement des questions les plus pressantes, en particulier le programme économique conclu avec le FMI, les réformes politiques, la crise humanitaire et les questions de sécurité.  Rappelant à cet égard que, le 25 mars dernier, l’AMISOM est devenue l’ATMIS, elle a déploré une forme de « léthargie » pour ce qui est combattre les Chabab, alors que ces derniers mènent des attaques encore plus meurtrières qu’auparavant et que l’on constate une hausse de 134% du nombre de leurs victimes civiles.  Elle a également regretté l’absence de progrès dans la lutte contre l’impunité, ce qui tend à favoriser les violences sexuelles dans le pays.  Enfin, elle a observé que, malgré les efforts de l’ONU et de ses partenaires, le risque de famine reste élevé.  De plus en plus de personnes déplacées ont besoin d’une aide vitale, a-t-elle alerté, souhaitant que l’insécurité alimentaire en Somalie attire l’attention de la communauté internationale. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué la tenue du processus électoral, mais regretté que l’objectif de 30% de femmes n’ait pas été atteint au Parlement tout en saluant Mme Sadia Yasin Haji d’être la première femme à occuper le poste de vice-présidente.  Elle a encouragé la nouvelle Administration à assurer la participation significative des femmes au Gouvernement.  Elle a aussi salué le nouveau Président M. Hassan Sheikh Mohamud et le ton positif et conciliant de son discours d’élection.  L’ONU et les partenaires de la Somalie doivent continuer à répondre aux priorités de la Somalie dont les plus urgentes sont la crise humanitaire, les chocs climatiques et la famine imminente, a-t-elle déclaré.  Dans le soutien de la communauté internationale, les droits fondamentaux de tous les Somaliens, et en particulier des femmes et des filles, doivent être prioritaires, protégés et respectés, a demandé la déléguée.  Elle a appelé le nouveau Président à respecter les obligations de la Somalie de prévenir les abus, de mettre fin à l’impunité et de soutenir les survivants.  Il faut maintenant mettre en œuvre le mandat de l’ATMIS et le Plan de transition pour la Somalie, a demandé la représentante.  Elle a exhorté le prochain Gouvernement à diriger le pays et sa politique sur la base du dialogue, de l’inclusion et du consensus.  La réconciliation nationale et la recherche d’un règlement politique équitable sont essentiels pour faire progresser les mesures de renforcement de l’État, y compris la finalisation de la constitution somalienne et la création d’une cour constitutionnelle, a-t-elle rappelé.

Au nom des A3 (Ghana, Kenya et Gabon), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souhaité qu’un nouveau gouvernement somalien soit rapidement mis en place.  L’élan impulsé par le nouveau Président et son prochain gouvernement se traduira par des progrès tangibles dans la stabilisation de la situation sécuritaire, la mise en œuvre des réformes économiques, judiciaires et constitutionnels nécessaires, sans oublier d’apporter des solutions adéquates au désastre humanitaire alimenté par les effets dévastateurs de la sécheresse et de la famine, a estimé le représentant.  Il s’est dit très préoccupé par les attaques terroristes perpétrées par le groupe des Chabab proche d’Al-Qaida et ses affiliés de l’État islamique.  Les récents incidents transfrontaliers dans la région démontrent leur capacité d’adaptation et leur forte capacité d’infliger des dégâts aux infrastructures sécuritaires et civiles, a observé M. Biang. 

Le représentant s’est fait l’écho de l’appel lancé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, invitant les partenaires internationaux de la Somalie à s’engager davantage, pour assurer un financement durable et prévisible de l’ATMIS, afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat au cours de la prochaine période de 30 mois jusqu’au moment du transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes.  Le représentant a ensuite exhorté tous les partenaires internationaux à soutenir la Somalie dans cette phase cruciale de son histoire.  Il faut prendre toutes les mesures nécessaires avec la Somalie pour lutter contre l’utilisation de mines et d’engins explosifs et éviter d’assombrir davantage l’avenir des enfants qui en sont souvent les premières victimes.

M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a salué le peuple somalien pour la tenue des élections et l’élection du Président, M. Président Hassan Sheikh Mohamud.  Le représentant a souligné l’importance de soutenir le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) pour que celle-ci puisse atteindre ses objectifs.  Le futur examen stratégique de la Mission devra aider à l’élaboration des politiques et à la consolidation de la paix en Somalie, a-t-il plaidé.  Le délégué a par ailleurs condamné les attaques terroristes sous toutes leurs formes, y compris les derniers assassinats et les attaques qui ont fait des blessés.  Il a dénoncé en particulier l’attaque des Chabab qui a entraîné la mort de Casques bleus burundais, rappelant que les soldats de la paix exécutent l’une des tâches les plus dangereuses auxquelles toute personne puisse être confrontée. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a adressé ses félicitations à la Somalie pour la tenue sans heurts des élections parlementaires et présidentielle et pour l’entrée en fonctions, aujourd’hui, du Président Hassan Sheikh Mohamud.  Saluant la contribution apportée à ce processus par l’AMISOM, l’ATMIS et le Représentant spécial, elle a souhaité que cela permette de former rapidement un nouveau gouvernement fédéral, de résoudre les problèmes d’édification de l’État et de répondre aux questions urgentes, à commencer par le terrorisme et la sécheresse.  Elle s’est cependant déclarée vivement préoccupée par le regain d’activités des Chabab pendant les élections, non seulement dans les régions mais aussi dans la capitale.  Pour la déléguée, les incursions de ce groupe dans la zone fortifiée de l’aéroport international de Mogadiscio, en mars, et l’attaque perpétrée contre une base burundaise du contingent de l’ATMIS à Al-Baraf, début mai, témoignent du renforcement significatif de son potentiel. 

Dans ce contexte, la représentante a espéré que l’ATMIS, qui a reçu le soutien unanime du Conseil de sécurité en mars, pourra s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées, ce qui, en définitive, devrait permettre à Mogadiscio d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité dans le pays.  Elle s’est également déclarée convaincue que le succès de la Mission dépendra largement du financement durable des soldats de la paix africains, étant entendu que le transfert de responsabilités à l’armée somalienne doit se faire par étapes, en fonction de la situation réelle sur le terrain.  Dans les conditions actuelles de persistance de la menace terroriste, il serait prématuré, selon elle, d’envisager un retrait de la Mission de transition.  Avant de conclure, la déléguée a appelé l’ONU ainsi que les partenaires internationaux et régionaux à continuer d’aider la Somalie en respectant strictement sa souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance politique, sans ingérence dans ses affaires intérieures.  À son avis, un examen stratégique des activités de la mission politique spéciale dirigée par le Représentant spécial contribuerait à augmenter l’efficacité de l’aide internationale à la Somalie.  La Fédération de Russie est prête à fournir l’assistance nécessaire à cette fin, a-t-elle assuré. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est félicitée du succès du processus électoral et de l’élection de M. Hassan Sheikh Mohamud en tant que dixième Président de la Somalie.  Elle a félicité les forces de sécurité somaliennes et de l’ATMIS pour avoir sécurisé le processus électoral.  Tout en saluant l’élection de la première Vice-Présidente du Parlement, elle a regretté que l’objectif de 30% de femmes élues n’ait pu être atteint.  Après avoir vigoureusement condamné les attentats perpétrés par les Chabab, elle a insisté sur la lutte contre le financement du terrorisme.  Elle s’est aussi inquiétée de la gravité de la situation humanitaire, en s’alarmant de ce que le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire soit passé de 2 à 6 millions depuis janvier 2022, en raison de la sécheresse sans précédent et du blocus de l’aide humanitaire par les Chabab.  La représentante a conclu en réclamant une meilleure coopération entre l’ATMIS et le Bureau des Nations Unies afin d’aider la Somalie à s’orienter vers la stabilité et le développement durable. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué l’élection du nouveau Président de la Somalie, M. Hassan Sheikh Mohamud, l’achèvement du processus électoral étant une étape importante de la voie de la paix.  Il est important, a-t-elle dit, de se focaliser sur la lutte contre le terrorisme et l’impact de la sécheresse.  La représentante a réitéré l’appui de son gouvernement à l’ATMIS qui est un partenaire essentiel de la lutte contre les Chabab.  Plaidant pour un transfert efficace de l’ATMIS aux forces de sécurité somaliennes, elle s’est dite préoccupée par les trafics d’armes entre la Somalie et le Yémen.  Compte tenu de la situation humanitaire aggravée par la sécheresse et les changements climatiques, elle a appelé la communauté internationale à doubler son aide à la Somalie.  Au nom de son pays, elle a promis une enveloppe de 11 millions de dollars et prôné l’implication du secteur privé dans le développement du secteur de l’énergie renouvelable en Somalie. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a salué l’achèvement du processus démocratique en Somalie, malgré les retards, et félicité le Président Hassan Sheikh Mohamud pour son élection.  Il s’est inquiété des attaques persistantes des Chabab, avant d’insister sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Les Chabab sont la plus grave menace pesant sur la Somalie, a-t-il estimé.  Il a par ailleurs regretté que les problèmes de financement de l’ATMIS ne soient pas encore réglés, en demandant un financement prévisible pour cette mission de transition.  Le représentant a également déploré le sous-financement du Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022.  Enfin, le délégué a déclaré que son pays continuera d’appuyer la Somalie.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré son appui sans faille pour le renouvellement de la MANUSOM et s’est réjouie de l’achèvement du processus électoral et de l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  Elle a félicité tous les députés somaliens, à commencer par Mme Sadia Yasin Haji, première femme Vice-Présidente du Parlement, et a dit attendre avec intérêt la nomination rapide d’un premier ministre.  Après quatre années de querelles politiques, la réconciliation entre l’État fédéral et les États confédérés s’impose, a-t-elle plaidé, avant de reconnaître que les Chabab continuent de faire peser une menace très forte sur la sécurité du pays.  Condamnant les attaques perpétrées par ce groupe, notamment celle qui a visé un contingent burundais de l’ATMIS début mai, elle a estimé que la sécurité de la Somalie et de la région dépend de l’engagement de la communauté internationale à lutter contre le terrorisme, ce qui passe, selon elle, par un appui aux forces de sécurité somaliennes et par une inscription des membres des Chabab sur la liste des sanctions de l’ONU. 

Il importe en outre de régler la crise humanitaire qui nourrit l’extrémisme, a poursuivi la déléguée en espérant que le nouveau Gouvernement somalien donne la priorité aux six millions de personnes exposées au risque de faim en raison de la sécheresse.  Affirmant qu’aucun pays ne peut relever seul un tel défi, elle a appelé à la mobilisation internationale, avant d’avertir que la poursuite de la guerre menée par la Russie en Ukraine risque de conduire la Somalie au bord de la famine.  Elle a donc appelé à fournir de toute urgence une aide alimentaire à ceux qui en ont besoin, non sans rappeler que, la semaine dernière, son pays a lancé un « appel à l’action » contre l’insécurité alimentaire dans le monde.  Cet appel a été soutenu par plus de 100 États Membres, s’est-elle félicitée, ajoutant qu’à cette occasion, les États-Unis se sont engagés à verser 100 millions de dollars supplémentaires à la Corne de l’Afrique.  Pour finir, elle a estimé que le bien-être économique du pays dépendra de sa capacité à obtenir un allégement de sa dette.  Elle a donc invité le nouveau Gouvernement à engager des discussions avec les institutions financières internationales pour s’assurer que ce processus reste sur des rails.  Nous devons tous œuvrer à l’unisson pour aider le nouveau Gouvernement à surmonter cette crise et à préparer un avenir plus radieux, a conclu la représentante. 

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a expliqué que l’élection présidentielle s’est tenue la veille du soixante-dix-neuvième anniversaire de la création du premier parti politique en Somalie qui a été déterminant pour permettre à la Somalie d’accéder à l’indépendance.  Il a exprimé la volonté du Gouvernement somalien de renforcer le fédéralisme ainsi que la cohésion en s’attelant aux problèmes socioéconomiques qui frappent des millions de Somaliens.  Il a expliqué qu’un des défis de son pays est d’accéder aux institutions financières internationales pour disposer des moyens d’assurer le développement économique du pays.

Le représentant s’est particulièrement inquiété de la capacité de nuisance des Chabab qui sont responsables de la perte de nombreuses vies humaines et de richesses en Somalie.  Il a assuré de la détermination de son gouvernement à combattre les Chabab par le biais d’une approche à plusieurs volets.  Faisant un terrible bilan des conséquences des sécheresses répétitives, des invasions acridiennes et de la pandémie de COVID-19, le représentant a prévenu que l’aide humanitaire ne constituera pas une solution pérenne à ces chocs sans un investissement international dans le développement durable de la Somalie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale appelle à agir contre l’insécurité alimentaire, crée une Journée des herbiers marins et prévoit une cinquième session de la Conférence « BBNJ »

Soixante-seizième session,
74e séance – matin
AG/12421

L’Assemblée générale appelle à agir contre l’insécurité alimentaire, crée une Journée des herbiers marins et prévoit une cinquième session de la Conférence « BBNJ »

L’Assemblée générale a, ce matin, demandé à la communauté internationale de soutenir d’urgence les pays touchés par la crise de la sécurité alimentaire.  Elle a d’autre part proclamé le 1er mars « Journée mondiale des herbiers marins » et décidé de convoquer une cinquième session pour la conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale (« BBNJ », selon l’acronyme anglais).  Elle a en outre nommé M. Evgeny Kalugin (Fédération de Russie) membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) pour terminer le mandat de son concitoyen M. Pavel Chernikov, qui a démissionné.

Rappelant ses résolutions 76/222 du 17 décembre 2021 sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition, et 76/166 du 16 décembre 2021 sur le droit à l’alimentation, l’Assemblée générale a adopté par acclamation une résolution dont le texte a été présenté par le Liban.  Outre son appel à une action internationale coordonnée contre l’insécurité alimentaire, le texte demande de promouvoir un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 

Intitulée « État de l’insécurité alimentaire mondiale », la résolution demande de maintenir en état de fonctionnement les chaînes d’approvisionnement alimentaires et agricoles, d’assurer en continu le commerce et le transport vers les marchés de la nourriture, du bétail et des produits et intrants essentiels à la production agricole et alimentaire, de réduire au minimum les pertes et le gaspillage de denrées alimentaires, d’aider les agriculteurs à poursuivre leur travail en toute sécurité, de mobiliser et d’allouer les ressources voulues et de renforcer les infrastructures et les capacités institutionnelles permettant d’accélérer l’instauration d’une agriculture et de systèmes alimentaires durables. 

Alors que 811 millions de personnes ont pâti de la faim en 2020, elle enjoint également la communauté internationale, notamment le Groupe des Sept (G7) et le Groupe des Vingt (G20), à s’attaquer à titre prioritaire à la question de la sécurité alimentaire mondiale et se félicite de l’initiative du Secrétaire général de créer un Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière. 

Sans faire mention du conflit en Ukraine, l’Assemblée générale prie instamment les États Membres et les autres parties prenantes concernées de s’abstenir de thésauriser les denrées alimentaires et les produits de base, notamment le blé, le maïs, le millet, le riz, l’huile de tournesol et les engrais. 

Elle demande, d’autre part, aux États Membres de répondre à l’appel humanitaire lancé par l’ONU pour apporter une aide et des fonds d’urgence aux pays touchés par un conflit armé, par la sécheresse et par la famine. 

Dans son explication de position, l’Ukraine a accusé la Fédération de Russie d’être à l’origine de la crise alimentaire qui frappe l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient, en raison de son agression militaire et du blocus qu’elle impose aux exportations ukrainiennes de céréales.  Appelant la Russie à cesser de voler sa production céréalière, de bloquer les ports et de perturber la liberté de navigation, elle a assuré que, dès que ce pays aura arrêté sa guerre, « la menace de famine cessera ».  La délégation russe a, elle, imputé la crise de l’insécurité alimentaire aux « sanctions illégales » prises contre son pays, lesquelles déstabilisent les marchés énergétiques et perturbent les chaînes d’approvisionnement.  Tout en regrettant que le Groupe de réponse aux crises « ferme les yeux » sur les effets de ces sanctions, elle a dit refuser de « porter le chapeau » de cette crise et a renvoyé ceux qui reprochent à la Russie de saper le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de se pencher sur leur propre bilan: « armer l’Ukraine à hauteur de dizaines de milliards de dollars contribue-t-il vraiment au développement durable? »

Affirmer que ce sont les sanctions qui ont causé les problèmes actuels est fallacieux, a réagi l’Union européenne en assurant que ces mesures coercitives ont été conçues pour éviter toute incidence sur le secteur agricole.  Exhortant la Russie à faciliter l’approvisionnement en denrées alimentaires depuis la mer Noire, elle a dit faire en sorte que les céréales stockées en Ukraine puissent être accessibles aux Ukrainiens.  Les États-Unis ont, de leur côté, regretté que la résolution n’évoque pas le « principal facteur » ayant conduit à la flambée des prix alimentaires, avant de rappeler que l’« appel à l’action » contre l’insécurité alimentaire lancé le 18 mai par le Secrétaire d’État américain a débouché sur une « feuille de route » qui vise à renforcer les approvisionnements agricoles, maintenir en état les marchés alimentaires et soutenir la résilience agricole sur le long terme. 

L’Assemblée générale a, par ailleurs, adopté sans vote une résolution présentée par Sri Lanka, par laquelle elle décide de faire du 1er mars la « Journée mondiale des herbiers marins ».  Ce texte répond aux préoccupations suscitées par les effets néfastes des changements climatiques sur la biodiversité marine et la santé des écosystèmes marins.  Comme l’explique la résolution, la conservation des herbiers marins contribue à l’adaptation aux changements climatiques, à l’atténuation de leurs effets et à la réduction des risques de catastrophe.  Elle a également un effet bénéfique sur la sécurité alimentaire, le bien-être humain et les moyens de subsistance. 

Enfin, elle a aussi décidé, par consensus, de convoquer une cinquième session de la conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale, qui se tiendra pendant 10 jours en août de cette année.  En présentant ce texte, dont l’incidence budgétaire est estimée à 1 003 000 dollars en 2022, Singapour a justifié la tenue de cette session supplémentaire par le besoin de faire progresser des négociations déjà retardées par la pandémie de COVID-19.

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION: PROJET DE RÉSOLUTION (A/76/L.55)

Adoption d’une résolution

Alors que 811 millions de personnes, en 2020, ont pâti de la faim, l’Assemblée générale a adopté par acclamation une résolution intitulée « État de l’insécurité alimentaire mondiale » par laquelle elle demande à la communauté internationale de soutenir d’urgence les pays touchés par la crise de la sécurité alimentaire au moyen de mesures coordonnées.  Elle suggère notamment de fournir des denrées alimentaires d’urgence, de prévoir des programmes alimentaires ainsi qu’un soutien financier et d’augmenter et de diversifier la production agricole.  L’Assemblée demande également à la communauté internationale, notamment au Groupe des Sept et au Groupe des Vingt, de s’attaquer à titre prioritaire à la question de la sécurité alimentaire mondiale et de soutenir les efforts déployés au niveau multilatéral pour trouver des solutions abordables à la crise.

Dans le texte de la résolution, présentée par la représentante du Liban, l’Assemblée se félicite de l’initiative du Secrétaire général de créer un Groupe mondial d’intervention en cas de crise alimentaire, énergétique et financière, dont le comité directeur est présidé par la Vice-Secrétaire générale.

Elle demande notamment aux États Membres et aux autres parties prenantes concernées de maintenir en état de fonctionnement les chaînes d’approvisionnement alimentaires et agricoles.  Pour que les pratiques durables soient à la portée de tous, l’Assemblée invite à coopérer dans les domaines de la science, de la recherche, de la technologie et de l’innovation, y compris en échangeant des connaissances traditionnelles.

Les États Membres sont également invités à continuer d’œuvrer résolument en faveur d’une transformation durable du système agroalimentaire mondial, tandis que le Secrétaire général est prié de rendre compte périodiquement de l’évolution de la situation.

Le texte a été parrainé par 27 coauteurs.

Explications de position après l’adoption

Le représentant de l’Ukraine a dit comprendre la nécessité urgente de réagir à l’insécurité alimentaire, en tant que grand fournisseur mondial de denrées alimentaires.  La délégation a toutefois souligné que la situation a changé cette année avec l’agression de la Fédération de Russie contre son pays.  La Russie, a-t-il accusé, est à l’origine de la crise alimentaire qui touche l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient.  En raison des bombardements que mène la Russie et du blocus qu’elle impose à son pays, les exportations ukrainiennes de céréales sont à l’arrêt, a constaté le délégué, précisant que la récolte de cette année ne représente que 50% de celle de l’an dernier.  Il a ajouté que, de surcroît, la Russie se saisit des céréales ukrainiennes pour les revendre.  Ces céréales sont sorties du pays via le port de Sébastopol, a relevé la délégation, avant d’appeler la Russie à cesser de voler la production ukrainienne de céréales, de bloquer les ports du pays et de perturber la liberté de navigation.  Dès que la Russie aura arrêté sa guerre, la menace de famine cessera, a-t-il assuré. 

Le représentant de la Fédération de Russie s’est déclaré ravi de se rallier au consensus sur cette résolution.  Il a dit partager les préoccupations relatives à la détérioration de la sécurité alimentaire mondiale, en partie provoquée par la flambée, ces six derniers mois, des prix des denrées alimentaires, mais aussi des engrais et des carburants.  Rappelant avoir déjà détaillé devant l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité les facteurs ayant mené à la situation actuelle, il a formé le vœu que les documents qu’il a fournis pourront être étudiés par le Groupe de réponse aux crises créé par le Secrétaire général.  À cet égard, il a constaté que les recommandations du premier rapport du Groupe « ferment les yeux » sur le rôle des sanctions illégales qui ont été décidées contre la Russie.  Ce sont pourtant ces sanctions qui ont déstabilisé les marchés énergétiques, a-t-il fait valoir.  De plus, ces sanctions perturbent les chaînes d’approvisionnement et les chaînes logistiques de transport, ce qui risque d’empêcher l’entrée des marchandises dans les ports.  Pour le délégué, parler de sanctions ciblées ne suffit pas.  De fait, si le Groupe souhaite travailler de manière neutre et régler les problèmes auxquels nous nous heurtons tous, il ne peut ignorer cet aspect, a-t-il insisté, avant de se dissocier de la phrase « prend note avec satisfaction de l’analyse et des recommandations que le Groupe a présentées dans son premier rapport sur cette crise tridimensionnelle » au paragraphe 3 du dispositif du texte.  Réaffirmant que la Russie reste un « fournisseur responsable » de ressources énergétiques et alimentaires, il a indiqué que le pays peut proposer 25 millions de tonne de céréales, via le port de Novorossiysk.  Il a d’autre part rejeté les tentatives visant à faire « porter le chapeau » à la Russie pour la situation alimentaire mondiale, indiquant à ce sujet que ce n’est pas elle qui pose des mines pour empêcher la navigation et que l’Ukraine continue d’exporter des denrées par voie ferroviaire.  Enfin, répondant aux pays qui l’accusent de saper le Programme 2030, il les appelés à se pencher sur leur propre bilan: le fait d’armer l’Ukraine à hauteur de dizaines de milliards de dollars, est ce que cela contribue vraiment au développement durable, leur a-t-il demandé. 

La représentante de l’Argentine a dit partager l’inquiétude de la communauté internationale sur l’insécurité alimentaire et appuyer toute initiative visant à lutter contre ce fléau.  Elle a cependant regretté que la procédure de consultation n’ait pas été suffisamment transparente et inclusive, ce qui a débouché sur un texte « fermé ».  Elle a malgré tout choisi de se rallier au consensus. 

Le représentant d’El Salvador a affirmé que la sécurité alimentaire est une priorité nationale, comme en attestent les efforts visant à garantir le droit à l’alimentation et la nutrition tout au long de la vie.  Il a indiqué que, face aux effets des changements climatiques, notamment dans le couloir sec de l’Amérique centrale, son pays a adopté des mesures pour augmenter la résilience.  Jugeant urgent que cette question soit traitée à l’échelle internationale, il a regretté à son tour que la résolution n’ait pas été le fruit de consultations ouvertes, transparentes et inclusives. 

La représentante du Bélarus a déploré le fait que la résolution ne prenne pas en considération les mesures coercitives unilatérales qui contribuent à l’insécurité alimentaire dans le monde.  En empêchant l’exportation des engrais potassiques bélarusses, ces mesures ont contribué à faire flamber les prix en 2021 et à saper les efforts destinés à assurer la sécurité alimentaire, a-t-elle affirmé, rappelant que cette interdiction avait été décidée par l’Occident avant même le début du conflit en Ukraine.  En raison de ces mesures restrictives, les chaînes d’approvisionnement et le potentiel commercial des pays visés sont considérablement affectés, a ajouté la déléguée, qui s’est élevée contre les tentatives de désinformation visant à faire porter la responsabilité de l’insécurité alimentaire à des pays qui n’en sont pas responsables. 

Déclarations après l’adoption

Le représentant de l’Union européenne s’est félicité de l’adoption de ce texte dont 27 États Membres se sont portés coauteurs.  En ces temps de crise, nous sommes déterminés à trouver des réponses à tous les niveaux, notamment au niveau multilatéral, a-t-il affirmé, souhaitant que l’on mette en perspective l’accélération de l’insécurité alimentaire dans le monde.  Cependant, a-t-il souligné, c’est bien la guerre russe en Ukraine qui a bloqué et perturbé l’approvisionnement des denrées alimentaires vers d’autres pays.  Tout cela est documenté et la manipulation de l’information orchestrée par la Russie ne peut laisser de place à la naïveté, a fait valoir le délégué.  Selon lui, dire que ce sont les sanctions qui ont causé les problèmes actuels est fallacieux.  Les sanctions ont été conçues pour éviter toute incidence sur le secteur agricole, a-t-il soutenu, avant de rappeler que l’Union européenne, acteur majeur de l’aide alimentaire, a mobilisé 10 milliards de dollars pour la Corne de l’Afrique, le Sahel et la Syrie.  Appelant à faciliter l’approvisionnement en denrées alimentaires depuis la mer Noire, il a dit faire en sorte que les céréales stockées en Ukraine puissent être accessibles aux Ukrainiens.  Enfin, il a souhaité que les pays partenaires contribuent à la durabilité des systèmes alimentaires sur le long terme, conformément aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant des États-Unis a assuré que son pays reste engagé en faveur de la sécurité alimentaire par le biais de son aide au développement.  Il a rappelé que, le 18 mai dernier, le Secrétaire d’État américain a lancé un « appel à l’action » et convoqué une réunion ministérielle à New York, qui a permis d’échanger sur ce qu’il faut faire face à la montée de la malnutrition et de la faim dans le monde.  La « feuille de route » adoptée à cette occasion vise à renforcer les approvisionnements agricoles, à maintenir les marchés alimentaires et à appuyer la résilience agricole sur le long terme, a noté le délégué, qui a appelé tous les États Membres à adhérer à cette initiative pour démontrer leur solidarité.  Il a toutefois regretté que la résolution adoptée aujourd’hui n’évoque pas le principal facteur ayant conduit à la flambée des prix alimentaires, à savoir l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Il a d’autre part rappelé que les États-Unis ne sont pas partie au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  En conséquence, ils ne considèrent pas cette résolution comme contraignante s’agissant du droit coutumier à l’alimentation.  Il a également maintenu sa position selon laquelle il n’y a pas de droit distinct d’accès à une alimentation nutritive.  Enfin, il a considéré que ce texte ne contraint pas les États-Unis à prendre des mesures commerciales particulières. 

Le représentant du Royaume-Uni a redit sa solidarité avec les populations qui souffrent d’insécurité alimentaire, ajoutant qu’il continuera à les appuyer à hauteur de 3,5 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.  Il continuera en outre à faire en sorte que les marchés restent transparents, a-t-il précisé, avant d’estimer que la réponse la plus urgente à la crise alimentaire mondiale est entre les mains d’un seul pays, la Russie.  Des prétextes et des excuses peuvent être présentés, nous savons tous que la Russie peut mettre fin à cette crise en cessant sa guerre en Ukraine, a souligné le délégué.  

Le représentant de la Suisse a salué l’adoption de la résolution en plaidant pour une amélioration des conditions cadres en faveur de la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous.  Rappelant que son pays apporte une aide alimentaire dans plusieurs zones de conflit ainsi qu’aux populations de la Corne de l’Afrique, région frappée par l’une des pires sécheresses de son histoire, la délégation s’est déclarée préoccupée par la destruction des capacités de production, de transformation et de commerce qui ont des effets néfastes sur la disponibilité et l’accès permanent et stable à une nourriture qualitative et abordable pour tous.  Elle a appelé les États à s’abstenir d’imposer des restrictions et interdictions d’exportation, saluant à cet égard les recommandations du Groupe de réponse aux crises du Secrétariat de l’ONU. 

Reconnaissant la gravité de la crise alimentaire mondiale, le Brésil a jugé qu’il n’est pas utile de pointer du doigt des coupables à des fins politiques.  Si les sanctions ne s’appliquent pas aux engrais et aux intrants agricoles, elles ont néanmoins des retombées sur les prix des denrées alimentaires, a-t-il constaté, regrettant que le texte ait évité de les évoquer.  En tant que grand exportateur mondial de céréales, le Brésil fournit de la nourriture à 10% de la population mondiale, a relevé le délégué, avant de déplorer que, du fait des conflits et des sanctions, les prix agricoles explosent et les accès aux marchés sont de plus en plus limités, tandis que l’inflation alimente l’instabilité économique et sociale.  Selon le représentant, si la communauté internationale ne stabilise pas la situation des intrants agricoles, la situation risque de se dégrader encore.  Il a donc appelé à dépasser la polarisation actuelle pour empêcher des millions de personnes supplémentaires de tomber dans l’insécurité alimentaire. 

Le représentant de la Thaïlande a estimé qu’avec la pandémie, les effets de la crise climatique et la hausse des prix énergétiques et agricoles, le monde se retrouve dans une situation de « tempête parfaite ».  Face à ce constat, il convient d’agir de manière unie et concertée, a-t-il souligné, appelant de ses vœux une action mondiale sous l’égide de l’ONU.  Dans ce cadre, il a souhaité que des financements à taux préférentiels soient alloués aux pays endettés, aux petits exploitants agricoles et aux groupes vulnérables.  Il a aussi appelé à sécuriser et ouvrir les chaînes d’approvisionnement au niveau mondial. 

Le représentant de la Tunisie a estimé que cette résolution offre un nouvel espoir en termes d’efficacité de la communauté internationale, surtout face à la crise alimentaire.  Rappelant que la famine constitue un danger qui menace des millions de personnes dans de nombreux pays en développement et des pays à revenu intermédiaire, il a souligné qu’elle menace aussi la paix sociale dans de nombreux pays.  Il n’y a plus de temps à perdre et il faut prendre des mesures afin de limiter les effets de la crise alimentaire, a-t-il lancé en appelant à ouvrir des crédits, contrer l’augmentation des prix des produits de première nécessité et de l’énergie, reporter les remboursements des dettes et interdire la rétention des denrées alimentaires.  Cette résolution devrait aider à arrêter la propagation de la faim dans le monde, a espéré le délégué. 

Le représentant de l’Égypte a rappelé que cette résolution n’est pas une fin en soi.  Elle marque le début d’un nouvel effort international pour remédier à l’insécurité alimentaire, a-t-il analysé.  Chaque être humain doit bénéficier de l’accès à la nourriture et atteindre l’objectif no2 de développement durable de « faim zéro », a-t-il espéré. 

NOMINATION DE MEMBRES DU COMITÉ CONSULTATIF POUR LES QUESTIONS ADMINISTRATIVES ET BUDGÉTAIRES

Rapport de la Cinquième Commission (A/76/516/Add.1)

L’Assemblée générale a nommé (A/76/L.55) M. Evgeny Kalugin, de la Fédération de Russie, membre du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) pour un mandat prenant effet le 21 août 2022 et expirant le 31 décembre 2023, suivant ainsi la recommandation de sa Commission chargée des questions administratives et budgétaires (Cinquième Commission).  Ce poste s’était libéré à la suite de la démission de M. Pavel Chernikov (Fédération de Russie), prenant effet le 21 août 2022.

APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS LES DOMAINES CONNEXES: PROJET DE RÉSOLUTION (A/76/L.56)

Adoption d’une résolution

L’Assemblée générale a décidé de proclamer le 1er mars « Journée mondiale des herbiers marins », qui sera donc célébrée tous les ans.  Cette résolution est motivée par des préoccupations quant aux effets néfastes des changements climatiques sur la biodiversité marine et la santé des écosystèmes marins.  Or, explique le texte, la conservation des herbiers marins contribue à l’adaptation aux changements climatiques, à l’atténuation de leurs effets et à la réduction des risques de catastrophe.  Elle a également un effet bénéfique sur la sécurité alimentaire, le bien-être humain et les moyens de subsistance.

Le représentant de Sri Lanka, qui a présenté cette résolution, a déclaré que les herbiers marins offrent de nombreux avantages environnementaux essentiels, en particulier leur potentiel de séquestration du carbone.  Les herbiers marins fournissent également de la nourriture à de nombreux animaux marins, a-t-il ajouté.  Il s’est réjoui de la future célébration de la Journée mondiale des herbiers marins le 1er mars de chaque année, qui contribuera à sensibiliser le public à l’importance de la conservation de ces herbiers. 

LES OCÉANS ET LE DROIT DE LA MER: PROJET DE DÉCISION (A/76/L.46) ET RAPPORT DE LA CINQUIÈME COMMISSION (A/76/838)

Adoption d’une décision

En outre, l’Assemblée générale a décidé de convoquer une cinquième session de la « conférence intergouvernementale chargée d’élaborer un instrument international juridiquement contraignant se rapportant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale » (« BBNJ » selon l’acronyme anglais), qui se tiendra pendant 10 jours en août 2022.  En adoptant cette décision, l’Assemblée générale a été informée (A/76/838) par la Cinquième Commission que des ressources supplémentaires d’un montant de 1 003 000 dollars seront nécessaires en 2022 pour l’organisation de cette cinquième session.  Le représentant de Singapour, qui a présenté le texte de la décision, a justifié la tenue d’une cinquième session par le besoin de faire progresser les négociations déjà retardées par la pandémie de COVID-19. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: Les technologies numériques présentent autant de défis que d’opportunités en matière de paix et de sécurité 

9039e séance - matin
CS/14899

Conseil de sécurité: Les technologies numériques présentent autant de défis que d’opportunités en matière de paix et de sécurité 

Les technologies numériques ont profondément transformé toutes les facettes de nos sociétés, présentant autant de défis que d’opportunités, y compris en matière de paix et de sécurité, ont convenu, ce matin, les membres du Conseil de sécurité lors d’une séance organisée par les États-Unis, qui en assurent la présidence pour le mois de mai.  À cette occasion, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a mis en exergue le potentiel que de telles technologies recèlent dans le cadre des opérations de paix de l’ONU, dans un contexte où les acteurs non étatiques s’en servent aussi pour porter atteinte à la sûreté des personnels déployés sur le terrain. 

Mme Rosemary DiCarlo a ainsi fait valoir le lancement de la Stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies, qui représente une étape essentielle vers une mise en œuvre plus efficace des mandats que leur confie le Conseil, en renforçant notamment les capacités d’alerte précoce.  La haute fonctionnaire a fait également valoir qu’au Yémen, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), a utilisé divers outils de cartographie, d’information géographique et de technologie satellitaire pour améliorer sa surveillance du cessez-le-feu dans cette province. 

En outre, dans le cadre de diverses négociations de paix, l’ONU a recouru à des dialogues numériques assistés par intelligence artificielle pour toucher des milliers d’interlocuteurs, afin d’entendre leurs points de vue et priorités, a encore relevé Mme DiCarlo, en citant notamment des groupes traditionnellement exclus, comme les femmes.  Conscients de la nécessité de libérer le potentiel de la technologie pour faire progresser la paix et la sécurité, les États-Unis ont rappelé qu’ils ont, le 28 avril dernier, rendu public la Déclaration pour le futur de l’Internet, conjointement signée par 60 pays, pour revitaliser une « vision démocratique » de l’Internet dans le monde.   

Cependant, a reconnu la Secrétaire générale adjointe, les progrès technologiques peuvent aussi altérer la dynamique des conflits pour le pire, le nombre d’incidents impliquant leur utilisation malveillante à des fins politiques ou militaires, parrainés par des États ou non, ayant presque quadruplé depuis 2015.  Professeur au Centre d’études sur la paix et la sécurité internationales de l’Université McGill, M. Dirk Druet a indiqué qu’au Myanmar par exemple, l’incitation incontrôlée à la violence sur Facebook et l’existence d’algorithmes qui « élèvent le profil » d’idées extrêmes ont contribué à la violence génocidaire contre les Rohingya.  De même en Éthiopie, où une rhétorique incendiaire sur les réseaux sociaux est allée jusqu’à inciter à la violence ethnique, a précisé de son côté Mme DiCarlo.      

La Directrice d’Advox, Mme Nanjala Nyabola, pour qui les droits numériques sont des « droits humains », a considéré que tout effort pour relever ces défis doit commencer par la protection de chacun contre les excès de pouvoir de l’État et des entreprises privées.  Aussi s’est-elle alarmée de voir que les entités étatiques et non étatiques utilisent de plus en plus de mégadonnées, dont des données biométriques de demandeurs d’asile.  « En 2021, 182 fermetures d’Internet ont été documentées dans 34 pays, dont la plus longue dure depuis plus de trois ans », a-t-elle fait observer, en dénonçant aussi la multiplication à travers le monde de législations interdisant aux personnes de participer aux débats publics sur Internet, pour museler journalistes et voix dissidentes.   

« Nulle part, cela n’est plus évident que dans la guerre de choix que mène la Russie contre l’Ukraine », ont accusé les États-Unis, rejoints par l’Albanie, la France et le Royaume-Uni.  « Le Gouvernement russe continue de couper, de restreindre et de détériorer la connectivité Internet, de censurer des contenus, de diffuser de la désinformation en ligne, d’intimider et d’arrêter des journalistes pour avoir fait la lumière sur son invasion », a poursuivi la représentante américaine. 

Des propos rejetés en bloc par la Fédération de Russie, qui a livré sa version des faits: ces dernières années, toute une « armée de pseudo-enquêteurs » est apparue parmi les ONG internationales qui mènent des enquêtes biaisées, générant et reproduisant de nombreuses informations « fausses » et non confirmées provenant de sources ouvertes pour dénigrer les États répréhensibles « aux yeux de l’Occident », désireux d’imposer un « cybertotalitarisme » conforme à sa vision du monde. 

Exemple emblématique d’un travestissement de la vérité selon la délégation russe: l’incident meurtrier de Boutcha, en Ukraine, prêté à l’armée russe et promu par les médias occidentaux « sur ordre » de leurs gouvernements.  Le Royaume-Uni a rétorqué que l’imagerie satellite avait prouvé que les corps étaient là depuis plus de trois semaines, période pendant laquelle précisément les forces russes occupaient toujours la ville. 

S’inquiétant en outre des liens entre les technologies numériques et le terrorisme, l’Inde a estimé que l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle (IA) et de l’impression 3D à diverses fins terroristes exige l’attention immédiate du Conseil de sécurité, relevant en outre que l’émergence de nouvelles technologies financières telles que les monnaies virtuelles, les méthodes de collecte de fonds en ligne, les jetons non fongibles et les plateformes de financement participatif ont permis aux entités terroristes de collecter et transférer des fonds en échappant aux systèmes de surveillance.  

« Nous sommes dans un état hobbesien en ce qui concerne l’utilisation de la technologie par des acteurs non étatiques surpuissants.  L’inaction n’est pas une option: car en l’absence de réglementation, nous ne faisons qu’encourager la prolifération », ont prévenu les Émirats arabes unis.    

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Technologie et sécurité

Déclarations

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que les technologies numériques ont profondément transformé toutes les facettes de nos sociétés, en offrant des opportunités illimitées pour le développement durable, ou l’inclusion.   Les réseaux sociaux, par exemple, ont transformé la défense des droits humains et l’action humanitaire en permettant de mobiliser rapidement et efficacement des personnes du monde entier autour de questions nécessitant une action urgente.  Ils ont également ouvert de nouvelles possibilités en matière de paix et de sécurité, les progrès technologiques ayant amélioré notre capacité à détecter les crises, à mieux prépositionner les stocks humanitaires de l’ONU et à concevoir des programmes de consolidation de la paix fondés sur des données.  

Illustrant son propos, elle a notamment indiqué qu’au Yémen, la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) a utilisé divers outils de cartographie, d’information géographique et de technologie satellitaire pour améliorer sa surveillance du cessez-le-feu dans la province.  Les nouvelles technologies peuvent en outre être bénéfiques pour soutenir les processus politiques, notamment pour promouvoir l’inclusion.  « Dans le cadre de diverses négociations de paix, nous avons utilisé des dialogues numériques assistés par intelligence artificielle pour atteindre des milliers d’interlocuteurs, afin d’entendre leurs points de vue et leurs priorités », a relevé la haute fonctionnaire, en citant notamment des groupes traditionnellement exclus, comme les femmes.   

L’utilisation des technologies numériques peut également améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et du personnel civil de l’ONU sur le terrain.  Le lancement de la Stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies représente une étape essentielle vers cet objectif, et vers une mise en œuvre plus efficace des mandats, en augmentant les capacités d’alerte précoce, s’est encore félicitée la Secrétaire générale adjointe.  

Cependant, les progrès technologiques ont également créé de nouveaux risques importants et peuvent affecter la dynamique des conflits pour le pire.  Selon certaines estimations, le nombre d’incidents d’utilisation malveillante des technologies numériques à des fins politiques ou militaires, parrainés par des États ou non, a presque quadruplé depuis 2015.  L’activité ciblant les infrastructures qui fournissent des services publics essentiels, comme les organismes de santé et humanitaires, est particulièrement préoccupante, s’est alarmée Mme DiCarlo.  Parallèlement, les armes autonomes létales soulèvent des questions morales concernant la responsabilité humaine dans l’utilisation de la force.  

En outre, les acteurs non étatiques sont de plus en plus habiles dans le recours aux technologies numériques peu coûteuses et largement répandues pour poursuivre leurs objectifs.  Des groupes comme Daech et Al-Qaida restent actifs sur les réseaux sociaux et recourent à des plateformes et à des applications de messagerie pour diffuser des informations et communiquer avec leurs adeptes à des fins de recrutement, de planification et de collecte de fonds.  Et la disponibilité croissante des méthodes de paiement numériques telles que les cryptomonnaies présente des défis supplémentaires.  En outre, les technologies numériques ont soulevé des préoccupations majeures en matière de droits de la personne, avec des systèmes d’intelligence artificielle qui peuvent être discriminatoires et cibler des communautés ou des individus. 

La Secrétaire générale adjointe s’est dite également préoccupée par le recours croissant aux coupures d’Internet, y compris dans les situations de conflit actif.  Au Myanmar, par exemple, le nombre et la durée des coupures d’Internet et de téléphonie mobile ont augmenté depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, en particulier dans les zones d’opérations militaires.  Les réseaux sociaux peuvent également alimenter la polarisation et, parfois, la violence.  L’utilisation abusive des réseaux sociaux et la réponse parfois limitée ou inadéquate des plateformes facilite la propagation de la désinformation, de la radicalisation, du racisme et de la misogynie, a dénoncé Mme DiCarlo.  Ainsi, en Éthiopie, alors que les combats s’intensifiaient, on a constaté une hausse alarmante des messages sur les réseaux sociaux diffusant une rhétorique incendiaire, certains allant jusqu’à inciter à la violence ethnique, comme l’a reconnu le Conseil de sécurité le 5 novembre 2021 dans une déclaration à la presse.   

Dans ce contexte, l’ONU prend un certain nombre de mesures pour atténuer ces risques, sous l’impulsion de la Stratégie et du Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine et d’initiatives telles que Verified.  Et par l’intermédiaire de l’Assemblée générale, les États Membres ont réalisé des progrès importants dans l’élaboration d’un cadre normatif visant à garantir des comportements responsables sur Internet.  Dans son rapport intitulé Notre programme commun, le Secrétaire général a appelé à l’élaboration d’un Pacte numérique mondial qui définirait des principes communs pour un « avenir numérique ouvert, libre et sûr pour tous ».  Mais l’action collective des États Membres reste essentielle pour atteindre cet objectif, a exhorté Mme DiCarlo en conclusion.   

Mme NANJALA NYABOLA, Directrice d’Advox, le projet des droits numériques de Global Voices, a déclaré que l’expansion du numérique ne s’est pas accompagnée de mesures et d’engagements à protéger des risques liés à ces technologies.  Elle a mis l’accent sur les principaux défis posés par la numérisation, tout en mettant en garde contre toute velléité à militariser la sécurité de l’Internet.  L’Internet est une innovation très importance et doit être préservé comme un bien public mondial, a souligné Mme Nyabola, tout en reconnaissant que des menaces que l’on ignorait jusqu’à maintenant ont commencé à se concrétiser.  À ses yeux, les droits numériques sont des droits humains, et tout effort pour relever ces défis doit d’abord commencer par la protection de chacun contre les excès de pouvoir de l’État et des entreprises privées. 

Poursuivant, la panéliste a indiqué que les entités étatiques et non étatiques utilisent de plus en plus de mégadonnées, y compris des données biométriques de demandeurs d’asile.  En 2021, l’Organisation Access Now a documenté 182 fermetures d’Internet dans 34 pays, dont la plus longue dure depuis plus de trois ans.  Elle a également fait état d’une augmentation des fermetures de réseaux sociaux, notamment en période pré-électorale.  En outre, les femmes ont toujours plus de problèmes d’accès à Internet, y compris les filles pendant la pandémie lorsque que l’éducation se faisait principalement en ligne.  De même, Mme Nyabola a regretté l’insuffisance des investissements dans certains pays, y compris dans des pays riches, pour rendre l’Internet accessible aux personnes handicapées ou dans les langues autochtones.  

Mme Nyabola s’est également inquiétée de l’augmentation des législations interdisant aux personnes de participer aux débats publics sur Internet.  Ces lois ont des définitions très larges et sont souvent utilisées en premier lieu contre des journalistes et des critiques de l’État, a relevé l’intervenante qui s’est également préoccupée de la propagation de la désinformation sur les réseaux sociaux notamment en raison de la prépondérance de la publicité sur Internet.  Toutes ces pratiques font qu’il est difficile de parvenir à la paix parce que les personnes ne sont pas d’accord sur les causes des conflits en fonction des informations qu’elles reçoivent.  L’intervenante a également mis en garde contre l’exportation de technologies qui permettent de renforcer l’autoritarisme.  Les défis auxquels est confronté l’Internet ne sont pas uniquement d’ordre national, a-t-elle souligné, mais aussi transnationaux précisément en raison des transferts de technologies.  

La Directrice d’Advox a ensuite appelé le Conseil de sécurité à souligner que les droits numériques sont des droits humains et à insister sur l’impératif de veiller à ce que l’Internet demeure un bien public pour tous.  « Il faut protéger les futures générations », a-t-elle déclaré en appelant à se poser la question de savoir si nous voulons plus ou moins de gouvernance de l’Internet.  Quel rôle les sociétés privées devraient-elles jouer?  Comment équilibrer notre volonté de progrès technique avec notre volonté d’un usage holistique et équitable?  Pour Mme Nyabola, l’ONU peut utiliser son pouvoir de mobilisation inégalé pour favoriser le soutien à la préservation de l’Internet en tant que bien public mondial, discuter de stratégies pour réaliser cette ambition, et veiller à l’intégration « rétroactive et proactive » des droits humains dans les technologies numériques.  Ella a aussi appelé à l’élaboration d’un accord sur les normes relatives aux droits humains pour assurer un avenir numérique libre, sûr et juste, pour les générations présentes et futures.  Alors que nous nous dirigeons vers un avenir numérique injuste, il est encore temps d’ajuster la trajectoire et pour le Conseil d’agir, a conclu la représentante de la société civile. 

M. DIRK DRUET, professeur au Centre d’études sur la paix et la sécurité internationales de l’Université McGill et chercheur invité de l’Institut international pour la paix, a indiqué qu’au Myanmar, il a été bien documenté que l’incitation incontrôlée à la violence sur Facebook et l’existence d’algorithmes qui « élèvent le profil » d’idées extrêmes ont contribué à la violence génocidaire perpétrée contre les Rohingya.  Il a aussi expliqué que dans certains contextes, les populations sont particulièrement vulnérables à la mésinformation et à la désinformation, notamment en République centrafricaine, où l’absence d’une culture professionnelle journalistique traditionnelle et d’une infrastructure médiatique laisse la population presque exclusivement dépendante des médias sociaux pour s’informer. 

L’intervenant a également indiqué que lors de la crise des migrants provoquée par le conflit en Syrie, et plus récemment lors du conflit en Ukraine, il y a eu de sérieuses préoccupations concernant le consentement éclairé pour la collecte et la gestion des données biométriques, y compris par l’ONU.  Il s’est aussi inquiété des campagnes de désinformation à l’encontre des missions de l’ONU en République centrafricaine et au Mali, avertissant de leurs répercussions sur la capacité de l’ONU d’atteindre les populations dans le besoin et les relations avec les parties au processus de paix.  Mais les technologies numériques permettent également d’améliorer la mise en œuvre des mandats, notamment en Somalie où les opérations de paix utilisent des technologies de traitement du langage naturel pour acquérir une compréhension nuancée des perceptions locales et du discours politique national.

Pour M. Druet, l’accès à des informations précises peut de plus en plus être considéré comme un droit humain dans les situations de guerre de l’information.  Notant que l’ONU a un rôle à jouer comme vecteur d’informations fiables, il a jugé pertinent d’examiner comment les bonnes pratiques pourraient être mises à profit pour informer plus largement les sociétés.  Il a aussi invité les opérations de paix de l’ONU à renforcer considérablement leurs capacités de suivi et d’analyse des informations, de réagir et d’anticiper les communications malveillantes. 

En outre, il a estimé que l’ONU a besoin de nouvelles capacités dans les domaines de la sensibilisation, du renseignement et de l’analyse des données pour la planification stratégique des OMP, ainsi que pour faciliter les dialogues et la médiation.  Il a souligné que le recours à ces outils est corrélé à des éléments éthiques et juridiques complexes avant d’inviter le Conseil de sécurité à reconnaître que les opérations de l’ONU sont distinctes de celles des États Membres dans leurs intérêts et leurs responsabilités en ce qui concerne l’utilisation de technologies dans les situations de conflit. 

Il a exhorté le Secrétariat à développer ses propres outils, politiques et procédures qui tiennent compte de la nature distincte de l’ONU en tant qu’utilisateur de ces technologies.  Il a salué les travaux en cours au Département des opérations de paix pour enrichir ses politiques sur le suivi et la surveillance, ainsi que l’initiative Global Pulse pour déployer une politique de confidentialité des données dans tout le système.  Il a aussi appelé à un examen des limites de la capacité de l’ONU à protéger les informations individuelles sensibles contre les intrusions des acteurs étatiques et non étatiques, notamment en marge de récoltes de données biométriques effectuées dans le cadre d’opérations humanitaires.  De même, il a suggéré l’élaboration d’orientations supplémentaires sur la manière dont l’ONU partage des informations avec des forces armées, y compris les forces militaires parallèles, les autorités hôtes et les acteurs du droit international, conformément à la politique de diligence raisonnable en matière de droits humains.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a estimé que le Conseil de sécurité a la possibilité d’exploiter la puissance et l’immense potentiel de la technologie numérique pour faire progresser la paix et la sécurité.  Mais il doit également relever un défi urgent, à savoir la manière dont les technologies numériques sont utilisées à mauvais escient pour restreindre les droits humains et alimenter les conflits.  Entre les mains d’acteurs étatiques, et dans certains cas d’acteurs non étatiques, ces technologies sont utilisées pour couper l’accès à l’information, réprimer la liberté d’expression et désinformer, avec pour effet d’intensifier les conflits et de fragiliser les valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies. 

« Cela n’est nulle part plus évident que dans la guerre de choix que mène la Russie contre l’Ukraine », a accusé la représentante américaine.  Le Gouvernement russe continue de couper, de restreindre et de détériorer la connectivité Internet, de censurer des contenus, de diffuser de la désinformation en ligne, d’intimider et d’arrêter des journalistes pour avoir fait la lumière sur son invasion, a ajouté Mme Thomas-Greenfield.  Parallèlement, des acteurs non étatiques, notamment des terroristes et des extrémistes violents, utilisent des plateformes de communication en ligne pour recruter, radicaliser et mobiliser en faveur de la violence.  C’est la raison pour laquelle les États-Unis œuvrent avec la société civile, le secteur privé et d’autres parties prenantes pour promouvoir l’effort international destiné à faire de la technologie numérique une « force positive du changement ».   

Elle a dénoncé le recours à des fermetures partielles ou totales d’Internet, à la censure et à d’autres tactiques visant à empêcher l’exercice de la liberté d’expression en ligne.  Conscient que les outils de surveillance et autres technologies à double usage peuvent être utilisés pour menacer les défenseurs des droits humains et d’autres personnes, elle a fait savoir que Washington recourt aux contrôles à l’exportation pour tenir pour responsables les entreprises qui développent, se livrent au commerce illicite ou utilisent des logiciels espions et autres technologies qui permettent cette activité malveillante.  Nous devons également saisir les occasions de libérer le potentiel latent de la technologie pour faire progresser la paix et la sécurité, a-t-elle plaidé.  Ainsi, le mois dernier, un groupe de 60 partenaires mondiaux a lancé la Déclaration pour le futur de l’Internet afin de revitaliser une vision démocratique de l’Internet mondial. 

M. FERIT HOXHA (Albanie) a indiqué qu’Internet ne devrait pas être une arme mais un bien public mondial.  Il a insisté sur les menaces que posent les nouvelles technologies telles que la surveillance de masse ou leur utilisation malveillante par certains États qui continuent de déformer la réalité et de s’immiscer dans les affaires intérieures d’autres États au moyen de ces technologies.  Le droit international doit s’appliquer dans le cyberespace, a insisté le représentant.  Il a dénoncé les actions malveillantes de la Russie, telles que des attaques cybernétiques commises en Ukraine mais aussi dans les Balkans occidentaux.  La République populaire démocratique de Corée use aussi de ces moyens, a-t-il noté.  En conclusion, le délégué a plaidé pour une coopération internationale responsable dans le domaine des nouvelles technologies afin qu’elles puissent bénéficier à tous.

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a déclaré que les technologies numériques sont d’abord une opportunité pour la paix et la sécurité internationales et contribuent en outre à la sécurité des Casques bleus et à la performance des opérations, notamment pour améliorer la protection des civils.  En facilitant la circulation de l’information, les technologies contribuent aussi à la lutte contre l’impunité, comme l’illustrent la couverture médiatique et le renseignement en source ouverte dans le contexte du conflit en Ukraine, a-t-il observé.  

Le représentant s’est cependant inquiété de la prolifération des usages malveillants des technologies, avant de condamner en particulier la cyberattaque conduite par la Russie contre un réseau de satellites une heure avant l’invasion de l’Ukraine dans l’objectif de faciliter son agression.  Il a aussi condamné les activités cyber malveillantes de la « Corée du Nord » consistant à voler des informations sensibles et des cryptomonnaies pour contribuer à leurs programmes nucléaire et balistique, ainsi que l’usage croissant des cryptomonnaies pour le financement du terrorisme.  De même, le délégué a condamné les campagnes de désinformation massive en cours en République centrafricaine et au Mali, indiquant que la France a récemment déjoué une tentative de manipulation de l’information par les mercenaires du groupe Wagner.  Il a expliqué que cet exemple montre la menace que représentent les stratégies hybrides qui cherchent à brouiller la frontière entre acteur étatique et non étatique.  Il a ensuite fait savoir qu’avec un groupe de 60 pays, la France promeut l’établissement au sein des Nations Unies d’un programme d’action visant à augmenter la capacité des États de mettre en œuvre les normes agréés dans le domaine cyber et à renforcer la résilience des réseaux. 

M. T. S. TIRUMURTI (Inde) a insisté sur la nécessité de lutter contre l’utilisation abusive des technologies numériques par les groupes terroristes pour diffuser leurs idéologies, inciter à la violence et recruter la prochaine génération d’acteurs terroristes en profitant de la présence accrue des jeunes en ligne.  L’habilité des groupes terroristes à utiliser des salles de chat, le dark Web et d’autres sites à accès restreint et non réglementé ne fait que souligner le besoin croissant de réglementer les contenus incendiaires en ligne.  Il a également exigé que les instigateurs soient tenus pour responsables des actes terroristes au même titre que ceux qui les commettent.  C’est essentiel lorsque l’on considère le terrorisme dans le domaine cybernétique, a-t-il tranché.  Le représentant a aussi relevé que l’émergence de nouvelles technologies financières telles que les monnaies virtuelles, les méthodes de collecte de fonds en ligne, les jetons non fongibles et les plateformes de financement participatif, ainsi que l’anonymat qu’elles offrent, ont permis aux entités terroristes de collecter et transférer des fonds en échappant aux systèmes de surveillance.  L’utilisation abusive de l’intelligence artificielle (IA) et de l’impression 3D à diverses fins terroristes exige également l’attention immédiate du Conseil de sécurité et de la communauté internationale, a-t-il estimé.

M. Tirumurti a également reproché à « certains États » de tirer parti de leur expertise dans le domaine numérique pour atteindre leurs objectifs politiques et sécuritaires et se livrer à des formes contemporaines de terrorisme transfrontalier, notamment en attaquant des infrastructures nationales critiques, y compris des installations de santé et d’énergie.  Les sociétés ouvertes, « y compris les démocraties comme la nôtre », ont été particulièrement vulnérables à ces menaces et campagnes de désinformation.  En outre, l’utilisation de l’apprentissage automatique et des mégadonnées a le potentiel d’accroître la létalité de tels actes, constituant ainsi une menace considérable pour la paix et la sécurité internationales.  La communauté internationale doit éviter le deux poids, deux mesures lorsqu’il s’agit de faire face à ces menaces, a-t-il exigé.  Enfin, le représentant a souligné le besoin d’adopter une approche collaborative fondée sur des règles pour assurer l’ouverture, la stabilité et la sécurité de l’espace numérique, y compris en promouvant un accès équitable aux technologies numériques et à ses avantages.  La dépendance numérique croissante dans l’ère post-COVID-19 a exacerbé les risques et exposé les inégalités numériques, a relevé M. Tirumurti.  Celles-ci doivent être comblées par le renforcement des capacités et les transferts de technologie.

M. ZHANG JUN (Chine) a déclaré que l’innovation est fondamentale pour l’économie mondiale et le progrès social.  La technologie est le bien commun de l’humanité, a-t-il ajouté, en dénonçant la fracture numérique.  Il a invité le Conseil à user de nouvelles technologies notamment pour appuyer la prévention des crises et les systèmes d’alerte précoce.  La communauté internationale doit défendre le concept de technologie pour le bien commun de l’humanité et refuser toute course aux armements dans le cyberespace, a-t-il insisté.  

Poursuivant, le représentant a affirmé que certains pays ont politisé la question des nouvelles technologies.  Ils ont en effet imposé des blocus technologiques contre certains États et font obstacle à la coopération dans ce domaine, a déclaré le délégué, en y voyant là une « mentalité de guerre froide ».  Ces pays doivent cesser leurs attaques infondées contre les entreprises technologiques d’autres pays et cesser de nourrir les tensions dans certaines zones géographiques.  Il a dit son opposition à l’utilisation des nouvelles technologies pour détruire des infrastructures critiques avant de faire part de l’engagement de son pays à protéger le droit d’accès des pays en développement à ces technologies aux fins de développement pacifique.

M. MICHAEL KAPKIAI KIBOINO (Kenya) a déclaré qu’il revient au Conseil de sécurité de veiller à ce que l’ONU dispose de la capacité et l’expertise nécessaires pour aider les pays à faire face aux conséquences de la révolution numérique sur leurs citoyens et leur stabilité nationale, citant notamment l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle (IA), des mégadonnées et des médias sociaux.  Il a jugé important d’« apprécier » le lien entre les technologies numériques et la paix, notamment durant les transitions politiques et des processus électoraux.  Il faut appuyer davantage les gouvernements pour leur permettre de répondre au lien entre la cybersécurité et la sécurité de leur systèmes électoraux, notamment dans les situations de conflit.

Le représentant a également insisté sur l’importance des partenariats entre le secteur privé et les législateurs, conseillant notamment aux entreprises technologiques d’ouvrir des pôles régionaux pour mieux aider les gouvernements à faire face aux désinformations et aux algorithmes nuisibles.  S’inquiétant en outre des liens entre les technologies numériques et le terrorisme, le délégué a jugé nécessaire de veiller à ce que les États disposent des capacités nécessaires pour atténuer la menace terroriste en ligne, renforcer les compétences d’enquête, collaborer à la réduction du taux de radicalisation en ligne et des flux financiers illicites et supprimer des contenus extrémistes en ligne.  Enfin, il a estimé que la responsabilité gouvernementale en matière d’accessibilité à Internet doit inclure la protection de ceux qui utilisent les médias sociaux.

M. JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a convenu de la nécessité de rechercher des solutions innovantes aux défis actuels du maintien de la paix, notamment par le renforcement des capacités en matière de technologie numérique, notant que son utilisation peut contribuer à l’alerte précoce, à la détection des menaces émergentes, à la prévention des crises humanitaires et des violations des droits humains, ainsi qu’au renforcement des mesures nécessaires à la protection et à l’assistance de la population et des infrastructures civiles.  Il a estimé que les nouvelles technologies sont particulièrement prometteuses dans des domaines tels que l’assistance médicale, notamment la fourniture de soins de santé mentale et de soins psychosociaux.  

Le représentant a ensuite relevé que la mise en œuvre complète de la Stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies, nécessitera une plus grande coordination entre le système des Nations Unies et les acteurs sur le terrain, ainsi qu’une coopération avec les organisations régionales, le secteur privé, la société civile et le monde universitaire.  Il a fait savoir que lors de la dernière conférence ministérielle sur les opérations de paix, le Mexique a souscrit à l’initiative promue par la République de Corée sur le renforcement des capacités technologiques et médicales dans le domaine du maintien de la paix.  Il a également jugé nécessaire de travailler dans une perspective de genre dans les domaines de la technologie et de la sécurité afin de continuer à promouvoir la participation pleine, égale et effective des femmes au maintien de la paix.

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a souligné l’apport des technologies numériques aux efforts de consolidation de la paix, avant de détailler les menaces qu’elles peuvent aussi représenter pour l’unité des sociétés notamment.  Il a dénoncé les utilisations malveillantes de ces technologies par des groupes terroristes et appelé au renforcement des capacités des pays les plus vulnérables pour y faire face.  Le délégué a aussi souhaité la mise en place de politiques nationales pour contrer de telles menaces.  Les États doivent respecter le droit international dans la collecte et l’utilisation des données numériques, a-t-il poursuivi, avant d’appeler à la pleine mise en œuvre de la Convention de Budapest.  Enfin, le représentant du Ghana a appelé à la pleine mobilisation des femmes et des jeunes pour maximiser les incidences positives des nouvelles technologies dans le domaine du maintien de la paix.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a remarqué que pendant l’épidémie de COVID-19, c’est grâce aux technologies de l’information et des communications (TIC) qu’il a été possible de sauver des emplois et que les services que l’État fournit à la population ont presque tous été numérisés, y compris le fonctionnement des hôpitaux, du secteur financier, des écoles et d’autres institutions critiques pour la société.  Mais, a reconnu le représentant, l’utilisation des TIC comme une « force inconditionnelle pour le bien » ne s’est pas réalisée car elles ont commencé à être utilisées pour atteindre des objectifs géopolitiques et imposer l’hégémonie.  Ces dernières années, la manipulation de l’information a pris des proportions alarmantes: toute une armée de pseudo-enquêteurs est apparue parmi les ONG qui, à la demande des gouvernements occidentaux, mènent des enquêtes biaisées, générant et reproduisant de nombreuses informations « fausses » et non confirmées provenant de sources ouvertes pour dénigrer les États répréhensibles aux yeux de l’Occident, a accusé le représentant en citant notamment les Casques blancs et le site Bellingcat.  

La vérité est supplantée par un flux intense de « spams » informatifs et idéologiquement chargés afin de ne pas donner au public la moindre chance de se faire une idée objective de ce qui se passe.  Un exemple flagrant est, selon lui, l’incident relatif à la mort de civils à Boutcha, en Ukraine, qui a été imputé à l’armée russe et promu par les médias occidentaux sur ordre de leurs gouvernements.  Tous les faits et preuves objectifs ont été étouffés par eux; à la place, des « faux » purs et simples ont été promus, a dénoncé le représentant russe.  Mais sous la pression des faits, même les médias occidentaux ont été contraints d’admettre que les civils de Boutcha n’étaient pas morts de blessures par balle, mais d’obus d’artillerie d’un type obsolète, qui ont été utilisés par les forces armées ukrainiennes lors du bombardement de cette ville.  Dommage que les délégations occidentales, qui ont tant crié au « massacre de Boutcha », préfèrent désormais timidement éviter cet épisode, a-t-il ironisé.  

Ces derniers mois, le travail du collectif occidental « Ministère de la vérité » a atteint son paroxysme.  Une campagne de désinformation et de manipulation de l’opinion publique sans précédent a été lancée contre la Russie, a poursuivi le représentant.  Les médias occidentaux, qui brillaient autrefois d’objectivité, se sont finalement transformés en porte-parole d’une grossière propagande étatique.  Les plateformes numériques ne cachent plus leur partisanerie politique, bloquant tout compte dont le contenu ne rentre pas dans l’agenda dicté par les élites occidentales.  La société Meta a même explicitement autorisé les discours de haine et les appels à la violence contre les Russes, a affirmé le délégué.  Les États qui se disent « communauté des démocraties » construisent en réalité un véritable cybertotalitarisme et veulent créer un monde dans lequel eux seuls contrôleront complètement le flux d’informations, détermineront ce qui est vrai et ce que le public devrait lire et voir.  Tout point de vue alternatif est immédiatement qualifié de « désinformation et de propagande », et les faits gênants sont balayés d’un revers de main.  Les chaînes de télévision russes sont interdites d’émission, les journalistes russes sont expulsés, l’accès aux sites Web russes est bloqué.  C’est ce que vous appelez la liberté d’accès à l’information? s’est-il indigné. 

Accusant « Kiev » d’avoir ouvertement annoncé la création d’une cyberarmée qui a admis avoir commis des cyberattaques contre des cibles russes et bélarusses, le représentant a reproché aux « sponsors occidentaux du régime de Kiev » d’avoir délibérément nourri cette armée de hackers, sans penser aux conséquences.  Dans le même temps, en avril, Washington a annoncé une récompense de 10 millions de dollars pour quiconque pourrait aider à justifier la théorie selon laquelle les services de renseignement russes auraient été impliqués dans des cyberattaques contre les États-Unis.  Nos appels répétés à résoudre les problèmes via les services compétents ont été ignorés, a regretté le représentant.  Il a fait état d’une distribution incontrôlée d’armes cybernétiques et de leurs méthodes d’utilisation par l’Occident en Ukraine.  Selon Zelenskyy, il y a plus de 300 000 « combattants » dans sa « cyberarmée », a souligné le représentant.  Ce n’est pas une armée régulière, et les experts sont bien conscients de la difficulté de traquer l’activité des hackers qui vont se propager partout dans le monde, créant une menace pour les citoyens des pays occidentaux également, a mis en garde le représentant, alertant que les cyberattaques contre des infrastructures critiques peuvent engendrer une cyberconfrontation qui impliquera également d’autres pays.

Il a ensuite rappelé que la Russie, en 1998, a été la première à soulever le sujet de la sécurité internationale de l’information à l’ONU et qu’elle a proposé depuis des projets spécifiques pour un ensemble de règles pour un comportement responsable dans ce domaine, reprochant aux pays occidentaux de refuser d’y donner suite tout en élaborant le « cynique » Manuel de Tallinn sur l’application du droit international dans l’espace de l’information, qui réglemente en détail comment mener « humainement » une « cyberguerre ». 

Alors, lequel d’entre nous s’est-il préparé à la cyberguerre pendant toutes ces années? a-t-il demandé: la Russie, qui a appelé à l’interdiction de l’utilisation des TIC à des fins militaro-politiques, ou les pays occidentaux, qui ont rejeté à maintes reprises toutes ces initiatives afin de se laisser une « marge de manœuvre » complète dans l’espace de l'information?  Aujourd’hui plus que jamais, il existe une demande de conversation professionnelle visant à développer des solutions pratiques spécifiques.  Notre devoir est de soutenir cette volonté, quel que soit le « climat » politique, a-t-il dit en souhaitant une discussion dépolitisée sur tous les aspects de la fourniture d’information sur une plateforme spécialisée sous les auspices de l’Assemblée générale. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a souligné que les groupes terroristes et extrémistes ne doivent pas être autorisés à utiliser Internet pour disséminer leurs agendas et manipuler les réseaux sociaux et leurs milliards d’utilisateurs.  Elle a notamment appelé à accélérer les efforts de renforcement des cadres réglementaires et législatifs visant à protéger les internautes des contenus terroristes et extrémistes, et à s’attaquer en outre aux effets pernicieux des campagnes de désinformation en ligne, qui mettent en danger les Casques bleus et les travailleurs humanitaires.  Elle a recommandé de réfléchir à la possibilité de créer un « emblème numérique » pour signaler clairement que les acteurs médicaux et humanitaires ne doivent jamais être pris pour cible, en ligne comme hors ligne.  

La représentante a ensuite fait savoir que le 3 mars 2020, le « groupe terroriste houthiste » a utilisé un « bateau-drone » télécommandé chargé d’explosifs pour attaquer un pétrolier au large des côtes du Yémen.  Si elle avait réussi, l’attaque aurait eu des effets dévastateurs non seulement sur le pétrolier et son équipage, mais aussi sur l’environnement, sur les voies d’approvisionnement mondiales et sur les communautés locales le long de la côte yéménite qui dépendent de la mer pour leur subsistance.  « Nous sommes dans un état hobbesien en ce qui concerne l’utilisation de la technologie par des acteurs non étatiques surpuissants.  L’inaction n’est pas une option: car en l’absence de réglementation, nous ne faisons qu’encourager la prolifération », a prévenu la représentante. 

M. GEORGE DE OLIVEIRA MARQUES (Brésil) a souligné la nécessité de combler le fossé numérique et déploré l’utilisation malveillante des technologies du numérique par certains États et acteurs non étatiques.  La Charte des Nations Unies s’applique dans le cyberespace, a dit le délégué, en appelant aussi au respect du droit international humanitaire.  Il a aussi plaidé pour un comportement responsable des États dans le cyberespace.  Face à la menace de la désinformation, le délégué a plaidé pour une coopération entre les États et les entreprises du numérique et pour une sensibilisation du grand public.  La coopération internationale a permis d’identifier les menaces posées par les acteurs non étatiques.  Enfin, le délégué a invité les opérations de paix onusiennes à user des nouvelles technologies pour une meilleure application de leurs mandats et pour une lutte renforcée contre la désinformation. 

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a jugé crucial que les forces de maintien de la paix puissent disposer des outils technologiques à la hauteur des nouveaux défis.  Il a jugé nécessaire d’encourager l’innovation et le progrès technologiques sur le terrain et de maximiser le potentiel des technologies en vue d’améliorer la capacité des missions de paix à s’acquitter efficacement de leurs mandats.  Il faut aussi permettre aux opérations de paix de détecter, d’analyser et de traiter les menaces contre les civils, les soldats de la paix et les missions humanitaires et politiques de manière opportune.  Il a appuyé la Stratégie des Nations Unies pour la transformation numérique des opérations de maintien de la paix ainsi que la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies contre le discours de haine.  Il a appelé au renforcement de la coopération triangulaire qui est essentielle, entre autres, à la mise en œuvre de la résolution 2518 (2020) relative à la sureté et à la sécurité des soldats de la paix.  Enfin, le représentant du Gabon a souligné l’importance d’une mobilisation à l’échelle internationale, régionale et nationale en vue de parvenir à une gouvernance optimale de l’espace numérique et du progrès technologique, pour en faire un réel catalyseur des mandats des missions de paix de l’ONU et des instruments d’envergure au service de la paix et de la sécurité internationales. 

Mme MONA JUUL (Norvège) a estimé que les technologies numériques émergentes présentent autant d’opportunités que de défis.  Et lorsqu’elles sont utilisées à des fins malveillantes, il ne fait aucun doute qu’elles peuvent constituer une menace pour la paix et la sécurité internationales, a-t-elle reconnu.  Aussi devons-nous coopérer avec tous ceux qui développent et utilisent ces technologies, y compris avec le monde universitaire et les organisations non gouvernementales, car elles peuvent contribuer à promouvoir l’inclusion dans les processus de prise de décision en permettant l’accès de groupes traditionnellement exclus, tels que les femmes et les minorités.  Mais la désinformation reste également un défi dans de nombreux domaines, notamment pour les missions de maintien de la paix de l’ONU.  Par exemple, lorsque de fausses informations sont diffusées pour créer un environnement plus hostile au sein des communautés que les soldats de la paix de l’ONU ont pour mission d’aider, a relevé la représentante.  Pour sa délégation, la meilleure défense contre la désinformation reste cependant un secteur des médias libre, indépendant et professionnel.  Soutenir des médias indépendants et pluralistes, et garantir la sécurité des journalistes, peut donc également contribuer à réduire les tensions et à prévenir les conflits, a-t-elle ajouté.

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a indiqué que la technologie peut jouer un rôle dans la prévention de l’éclatement d’un conflit, raison pour laquelle le Royaume-Uni coopère avec l’industrie pour développer des modèles de prévention des conflits basés sur l’intelligence artificielle.  Il a également mis en exergue le fait que pendant un conflit, une connaissance précise de la situation est essentielle pour les missions de maintien de la paix de l’ONU.  Le Royaume-Uni a aidé l’ONU à développer et à intégrer le renseignement dans le maintien de la paix et, aux côtés de partenaires tels que l’Inde, à mettre en œuvre les plateformes technologiques comme SAGE et UNITE Aware pour renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  

Il a constaté que les médias sociaux permettent aux gens de dire au reste du monde ce qu’ils vivent dans les zones de conflit.  Cela signifie que la vérité –y compris les preuves d’atrocités de masse ou de violations du droit international humanitaire– ne peut plus être cachée.  Malheureusement, certains États tentent de cacher la vérité en bloquant l’accès aux médias sociaux ou aux sites de médias indépendants, a-t-il déploré, en rappelant que l’année dernière la junte militaire a bloqué l’accès à Internet au Myanmar.  Les régimes autoritaires utilisent également la technologie de surveillance pour persécuter leurs citoyens, et la technologie peut aussi être utilisée par ceux qui cherchent à déstabiliser, a-t-il poursuivi, arguant que cela est particulièrement vrai dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.  Il a accusé la Russie d’avoir mené des cyberattaques et diffusé de la désinformation sur leur guerre illégale.  Mais, « heureusement », la technologie peut aussi nous aider à lutter contre la désinformation, puisque lorsque la Russie a tenté d’affirmer que les corps des victimes gisant dans les rues de Boutcha étaient une « provocation mise en scène » par l’Ukraine, l’imagerie satellite a prouvé que les corps étaient là depuis plus de trois semaines, période pendant laquelle les forces russes tenaient toujours la ville.  Le représentant a ensuite appelé à travailler avec les organisations de la société civile, le secteur privé et les communautés, pour réaliser les avantages et contrer les risques associés aux technologies numériques.  Il faut également que le Conseil veille à ce que les cadres existants et le droit international restent les principes directeurs.

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a dénoncé les cyberattaques, la cybercriminalité et les abus de la technologie qui visent à propager la désinformation.  Il a déclaré que les médias contrôlés par l’État russe ont cultivé la désinformation dans le but de créer un prétexte à sa guerre injustifiée en Ukraine, avant de citer aussi le recours abusif des nouvelles technologies pour opprimer les défenseurs des droits humains au Myanmar ou propager la haine en Éthiopie.  Dans de nombreux autres cas, les nouvelles technologies sont utilisées à mauvais escient pour menacer la sécurité et l’intégrité des États, cibler des infrastructures, s’ingérer dans les processus démocratiques et entraver les droits humains, mettant ainsi en danger la paix et la sécurité internationales, a-t-il prévenu.

Néanmoins, le représentant a reconnu le potentiel des médias pour encourager des processus de paix, notamment en Colombie et en Libye, en facilitant la participation des femmes, des jeunes et des minorités.  Il a aussi salué le potentiel de ces technologies en termes de renforcement des capacités et de la confiance.  Il a estimé que la mise en œuvre de la Stratégie pour la transformation numérique du maintien de la paix des Nations Unies est un élément essentiel pour garantir la liberté d’expression et l’accès à l’information, qui sont des piliers essentiels à la promotion d’une paix durable.  Il a vivement encouragé la Commission de consolidation de la paix à prendre en compte l’impact des technologies numériques, à la fois positif et négatif, dans ses discussions et ses conseils. 

Reprenant la parole, la représentante des États-Unis a regretté les attaques sans fondement propagées par la Russie dans le but d’alimenter la désinformation.  Elle a indiqué qu’elle ne s’aventurerait pas sur le terrain des théories du complot de la Russie, faisant part de son intention de travailler avec d’autres membres du Conseil pour poursuivre ces conversations importantes.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Syrie: l’avenir du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide humanitaire divise le Conseil de sécurité, sur fond de ressources insuffisantes

9038e séance – matin
CS/14897

Syrie: l’avenir du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide humanitaire divise le Conseil de sécurité, sur fond de ressources insuffisantes

Si la sixième Conférence de Bruxelles, organisée il y a 10 jours, a été l’occasion pour la communauté internationale de démontrer sa générosité vis-à-vis de la Syrie, reste encore à concrétiser les annonces de contribution, a prévenu, ce matin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires devant le Conseil de sécurité, auquel il a par ailleurs demandé de renouveler l’autorisation du mécanisme transfrontière d’acheminement de l’aide, qui expire dans six semaines. 

M. Martin Griffiths, qui est également le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU, a demandé sans ambiguïté de traduire en espèces « sonnantes et trébuchantes » les promesses faites par les bailleurs de fonds pour 2022, pour un montant total de près de 6,7 milliards de dollars.  Il a précisé que la somme totale nécessaire pour financer à la fois le Plan d’aide humanitaire et le Plan régional pour les réfugiés et la résilience est de 10,5 milliards de dollars, soit l’appel le plus important jamais lancé pour faire face à la crise syrienne. 

Or, l’insuffisance du financement contraindra l’ONU et ses partenaires à faire des choix difficiles cette année encore, a anticipé le haut fonctionnaire.  Ainsi, le Programme alimentaire mondial (PAM) devra probablement réduire ses opérations en Syrie d’ici à juillet, sous l’effet également de la hausse des prix des denrées alimentaires.  La conséquence ? 1,9 million de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans l’insécurité alimentaire en raison de l’inflation et des effets domino du conflit en Ukraine, s’est alarmé M. Griffiths, en prévenant des risques de sécheresse avec l’arrivée de l’été. 

Car les besoins sont toujours aussi importants en Syrie, notamment dans le nord-ouest du pays, où les frappes aériennes et les bombardements continuent de toucher les civils.  « La situation dans le camp de Hol est une honte pour les 56 000 civils qui y vivent, en grande majorité des femmes et des enfants », s’est exclamé le Secrétaire général adjoint, également ému par le sort de près de 10 000 enfants et de leurs mères qui sont détenus dans des prisons ou des camps assimilables à des prisons, dans le nord-est du pays, au seul motif qu’ils auraient un lien présumé avec des groupes armés.  

Le docteur Farida Almouslem, de la Syrian American Medical Society (SAMS), qui a notamment travaillé comme gynécologue-obstétricienne à Alep de 2011 à 2016, a repris à son compte l’analyse de M. Griffiths, en notant les courbes inverses suivies par des besoins humanitaires à la hausse et des financements à la baisse.  Cette femme, qui a fait aujourd’hui le récit de plusieurs atrocités « encore gravées dans sa mémoire », a réclamé des fonds supplémentaires pour éviter de nouvelles fermetures d’hôpitaux et apporter une aide nutritionnelle cruciale.  Le Forum des ONG du nord-ouest de la Syrie estime d’ailleurs que jusqu’à trois millions de bénéficiaires perdront l’accès aux services de santé si les fonds ne sont pas débloqués, a mis en garde Mme Almuslem. 

C’est à une tout autre évaluation de la crise humanitaire que s’est livré le représentant de la Syrie, qui a contesté la légitimité de la « soi-disant » Conférence de Bruxelles, qui n’est plus parrainée par l’ONU et dont son pays et la Fédération de Russie sont exclus.  Lui, y a vu une réunion de nations occidentales « bien connues pour leur non-respect des principes convenus en matière d’aide humanitaire », qu’ils lient à l’aide au développement, en les assortissant toutes deux de conditions politiques qui entravent le redressement rapide du pays. 

Le représentant syrien a argué que son gouvernement avait facilité le passage d’un quatrième convoi d’aide composé de 14 camions en provenance d’Alep vers le Nord-Ouest et qu’il espérait pouvoir élargir ces opérations au travers des lignes de front à condition de lever les obstacles posés à l’acheminement de l’aide par les forces turques et les éléments terroristes.  Mais pour la France, même si ces convois étaient déployés régulièrement, ils ne pourraient se substituer aux opérations transfrontières, a-t-elle prévenu.  Selon elle, ces convois, « soumis au bon vouloir du régime syrien », n’ont jamais permis de compenser la fermeture du point de passage de Yaroubiyé. 

C’est la raison pour laquelle la France, à la suite du Secrétaire général adjoint et aux côtés de plusieurs membres du Conseil, dont l’Albanie, le Royaume-Uni ou la Norvège, a plaidé pour le renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière, qui relève d’un « impératif moral et humanitaire ».  Une formule reprise par la Turquie, qui a estimé que le mécanisme, « l’un des plus transparents au monde », avait fait ses preuves. 

Opposée comme la Syrie et la République islamique d’Iran à ce renouvellement, la Fédération de Russie a comparé ceux qui cherchent à sauvegarder le mécanisme à tout prix à des « parents d’élèves paresseux et négligents » qui supplient qu’on les garde à l’école l’année suivante, avant de leur lancer: « Aucun d’entre vous n’a simplement voulu assumer la responsabilité d’un travail de fond avec les terroristes d’Edleb afin qu’ils cessent de saboter les convois à travers les lignes de front ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a rappelé qu’il y a 10 jours, était organisée la sixième Conférence de Bruxelles sur le thème « Soutenir l’avenir de la Syrie et de la région », organisée par l’Union européenne (UE), l’occasion pour la communauté internationale de démontrer son engagement continu envers le peuple syrien.  Près de 6,7 milliards de dollars ont fait l’objet d’annonces de contributions pour 2022 et au-delà, s’est-il félicité.  Pourtant, malgré ces chiffres considérables, les engagements représentent moins de 50% du besoin total de financement pour 2022.  C’est de 10,5 milliards dont nous avons besoin pour financer à la fois le Plan d’aide humanitaire et le Plan régional pour les réfugiés et la résilience, a-t-il précisé, soit l’appel le plus important jamais lancé pour faire face à la crise syrienne.  Le sous-financement nous contraindra cependant à établir des priorités dans notre réponse et à faire des choix difficiles cette année encore, a anticipé M. Griffiths.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a ainsi assuré que de nouvelles coupes dans ses opérations pourraient se matérialiser d’ici à juillet, sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires et de la stagnation des financements: 1,9 million de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans l’insécurité alimentaire en raison de l’impact de l’inflation et des effets du conflit en Ukraine, s’est alarmé le haut fonctionnaire.  Il s’est dit cependant heureux du consensus dégagé à Bruxelles autour du besoin urgent d’une planification du relèvement rapide.  Des investissements immédiats sont nécessaires dans les domaines de l’éducation, de l’eau et de l’assainissement, de la santé, de l’électricité et de la protection sociale, a précisé le Secrétaire général adjoint.  Mais il faut pour cela que la générosité affichée à Bruxelles se traduise en décaissements rapides, a-t-il insisté.  

Les hostilités, notamment les frappes aériennes et les bombardements dans le nord-ouest de la Syrie continuent de toucher les civils, notamment des femmes et des enfants, a ensuite rappelé le haut fonctionnaire.  Jusqu’à présent en 2022, 13 meurtres et 4 tentatives de meurtre ont été signalés dans le camp de Hol, où règne l’insécurité.  « La situation à Hol est une honte pour les 56 000 civils qui y vivent, en grande majorité des femmes et des enfants », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que, dans le nord-est du pays, près de 10 000 enfants et leurs mères sont détenus dans des prisons ou des camps assimilables à des prisons.  « Nous devons agir.  Les enfants ne doivent pas être détenus sur la seule base d’une association présumée avec des groupes armés. »  Il a plaidé pour que les enfants soient remis en liberté et placés dans des structures d’accueil adéquates, notant qu’ils ont besoin de protection et de services de base et d’une vie de famille.  Il a donc appelé « une fois de plus » les États Membres concernés à prendre des mesures urgentes et à assumer leur responsabilité de rapatrier leurs citoyens par tous les moyens disponibles. 

Par ailleurs, nous approchons rapidement de l’été, qui entraînera mécaniquement une hausse de la demande en eau, a prévenu M. Griffiths en constatant que les niveaux de l’Euphrate sont en train de s’amenuiser de manière critique.  Près de 5,5 millions de personnes en Syrie dépendent de ce fleuve et de ses filiales pour leur eau potable et l’autorité du barrage de Techrine a prévenu que celui-ci n’est opérationnel que six heures par jour.  Or, sans électricité, les pompes d’irrigation ne peuvent fonctionner, les hôpitaux et autres services essentiels ne peuvent être soutenus, et les habitants doivent acheter de l’eau potable, érodant encore plus leur pouvoir d’achat.  Quant à la station d’eau d’Alouk, elle continue de fonctionner par intermittence et le pompage a été interrompu plusieurs fois au cours du mois dernier en raison des pénuries d’électricité, ce qui a eu pour effet de limiter le débit disponible.  De plus, la ville de Hassaké continue d’être approvisionnée par des camions-citernes, « une solution intenable sur la durée ». 

L’ONU et ses partenaires, a poursuivi le Coordonnateur des secours d’urgence, aident actuellement plus de 12 000 étudiants à traverser les zones sous contrôle pour qu’ils puissent passer leurs examens à la fin de ce mois, des enfants qui sont « le seul espoir pour l’avenir de la Syrie ».  Par ailleurs, l’ONU redouble d’efforts pour étendre l’accès humanitaire transfrontière, par exemple dans le nord-est, où il est prévu d’effectuer une mission à Ras el-Aïn afin de fournir des vaccins contre la COVID-19 et les maladies infantiles, ainsi que des médicaments contre la leishmaniose.  Le 16 mai, le quatrième convoi à travers les lignes de front a permis de fournir une aide alimentaire à plus de 40 000 personnes se trouvant dans le nord-ouest de la Syrie et l’ONU travaille actuellement sur les modalités d’un cinquième convoi interagences devant passer à travers les lignes de front.  Le plan, qui se concentre sur la mise en œuvre de convois interagences vers les communautés des provinces d’Edleb et d’Alep, a été prolongé jusqu’en décembre 2022, a-t-il rappelé.  

Alors que l’autorisation donnée par le Conseil de sécurité à l’assistance transfrontière fournie par l’ONU et ses partenaires dans le nord-ouest expire dans un peu plus de six semaines, le Secrétaire général adjoint a prévenu que son non-renouvellement perturberait l’aide vitale dont dépendent les personnes vivant dans le nord-ouest, y compris plus d’un million d’enfants.  

Le docteur FARIDA ALMOUSLEM, de la Syrian American Medical Society (SAMS), qui a notamment travaillé comme gynécologue-obstétricienne à Alep de 2011 à 2016, y compris dans la partie est de la ville qui a été assiégée et soumise à des bombardements aériens impitoyables, est venue témoigner de centaines d’atrocités qui sont encore gravées dans sa mémoire.  Mme Almouslem a parlé « des larmes d’une femme d’une quarantaine d’années, qui me suppliait de l’aider à retomber enceinte après avoir perdu ses quatre enfants en un instant à cause d’un baril d’explosifs ».  Elle a aussi donné un exemple terrifiant datant du 10 décembre 2016, alors qu’elle travaillait dans un hôpital souterrain aux côtés de son mari, où ils avaient déménagé les blocs opératoires au sous-sol à cause des bombardements intenses: alors que les bombes anti-bunker n’avaient pas pu pénétrer le sous-sol, une munition contenant du chlore gazeux avait été larguée directement sur l’hôpital.  Parce que le gaz est plus lourd que l’air, il était parvenu jusqu’au sous-sol et les blocs opératoires s’étaient rapidement transformés en chambres à gaz.  « Or, nous n’avions qu’un seul masque à oxygène pour tous les patients et médecins. »  Sa fille de 8 ans, Huda, était là avec elle, a-t-elle dit en expliquant qu’elle avait eu du mal à respirer et s’était mise à pleurer, mais sa mère lui avait donné son masque à oxygène .  « Pour ceux d’entre vous qui êtes parents, pouvez-vous imaginer cela, voir votre enfant suffoquer sous vos yeux? »

Après cela, ils avaient évacué l’hôpital et, en quelques jours, ils avaient été déplacés de force d’Alep à Edleb.  Sa famille a tout perdu – « notre maison, nos souvenirs et surtout notre dignité ».  En tant que rescapée et survivante, elle a posé la question: « où est la reddition de la justice? »  Après ce déplacement, Mme Almouslem avait continué à travailler dans les hôpitaux du nord de la Syrie.  Elle avait dirigé des écoles qui formaient de nouvelles sage-femmes et infirmières.  Résumant ses expériences de travail des 10 dernières années en Syrie, elle a parlé d’immenses souffrances humaines.  « Je pense à la femme enceinte blessée par un éclat d’obus à l’abdomen, à qui je devais faire une césarienne d’urgence, et dont le bébé avait été coupé en deux.  Je pense aux nombreux nouveau-nés qui sont morts dans mes bras parce que je n’avais aucun médicament à leur donner ni à leurs mères.  Je pense aux nombreuses femmes et enfants syriens qui continuent de vivre dans une pauvreté totale.  Je pense à ma propre famille et à mes amis qui restent à Alep - des gens éduqués qui gagnent l’équivalent de 30 dollars par mois comme salaire.  Je pense à la maison de mes parents qui n’a que quelques heures d’électricité par jour. »  Les Syriens de tout le pays souffrent et chacun d’entre nous a l’obligation de leur venir en aide, s’est-elle impatientée.

Alors que les besoins humanitaires continuent de croître, les financements diminuent, a-t-elle constaté en plaidant pour des fonds supplémentaires pour éviter de nouvelles fermetures d’hôpitaux et apporter une aide nutritionnelle cruciale.  Le Forum des ONG du nord-ouest de la Syrie estime que jusqu’à trois millions de bénéficiaires perdront l’accès aux services de santé si les financements nécessaires ne sont pas débloqués, a mis en garde Mme Almouslem.  Elle a également souligné les besoins croissants en matière de soins prénataux et de soins de santé maternelle.  Concrètement, a-t-elle exigé, s’il est urgent de trouver des ressources pour soutenir la réponse humanitaire, il est également nécessaire d’augmenter la capacité du système de santé dans toute la Syrie.

Mme Almouslem a dit qu’en réalité, les énormes besoins humanitaires en Syrie exigent un accès humanitaire dans toutes les modalités, et surtout par le biais du mécanisme transfrontalier.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes:  4,1 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie ont besoin d’aide humanitaire, soit 700 000 de plus que l’année dernière.  À ce jour, l’impact des livraisons au travers des lignes de front au nord-ouest de la Syrie a été minime par rapport aux besoins, et ces livraisons ont été marquées par une mauvaise coordination avec les ONG partenaires et un manque d’évaluations appropriées des besoins, a-t-elle estimé en plaidant pour que l’accès transfrontalier soit amélioré grâce à une planification et une coordination accrues.  Il faut aussi garantir que les articles dont les besoins sont urgents soient livrés, a-t-elle ajouté.  Elle a assuré que les livraisons à travers les lignes de front ne peuvent pas remplacer l’énorme opération transfrontalière en cours.  Si vous considérez la résolution uniquement sous l’angle des besoins humanitaires, il est clair qu’un renouvellement minimum de 12 mois est la bonne chose à faire, a-t-elle affirmé avant de mettre en garde contre la corruption et le détournement de l’aide, et d’exiger, là encore, la reddition de comptes.  S’adressant aux États Membres préoccupés par les groupes armés dans le nord-ouest de la Syrie, Mme Almouslem a expliqué que le mécanisme transfrontalier est l’outil le plus efficace pour repousser leurs tentatives d’exercer un contrôle accru sur la population civile ou de détourner l’aide.

Elle a tenu à finir son intervention sur la situation de la santé mentale en Syrie.  Après plus d’une décennie de conflits brutaux, toute la population syrienne souffre de blessures psychologiques et pour certains, ce traumatisme peut être trop lourd à supporter, a-t-elle regretté.  Aucun enfant ne devrait avoir à endurer ces traumatismes.  Huda, sa fille, est toujours hantée par ces traumatismes et, comme des millions d’autres enfants syriens, elle a besoin d’avoir accès à des services de santé mentale de qualité.  Davantage de ressources doivent être engagées pour fournir de tels services dans toute la Syrie, a exigé la médecin en faisant état des conséquences négatives de ce manque de services:  une augmentation des suicides, des cas croissants de violence domestique et sexiste et des taux plus élevés de toxicomanie.  Les enfants de Syrie sont l’avenir -que deviendront-ils s’ils ne reçoivent pas l’aide dont ils ont désespérément besoin? a-t-elle demandé aux membres du Conseil.  Elle a conclu en leur disant: « Il est de votre devoir de renouveler la résolution transfrontalière afin que les médecins continuent à disposer de médicaments et des outils dont ils ont besoin pour aider leurs patients, et financer intégralement ce travail.  Il est également de votre devoir d’exiger une surveillance et un suivi appropriés, afin que les ressources qui entrent en Syrie soient correctement utilisées. »

Mme MONA JUUL (Norvège), intervenant également au nom de l’Irlande, a indiqué que l’augmentation en flèche du prix de la nourriture a provoqué une insécurité alimentaire généralisée, insistant sur l’importance de renforcer l’aide humanitaire.  Après avoir exhorté le Conseil à se montrer uni pour atténuer les besoins humanitaires en Syrie, elle a salué l’arrivée, à travers les lignes de front, d’un nouveau convoi d’aide dans le nord-ouest du pays, tout en estimant qu’il faut faire plus.  Elle a ainsi appelé les parties à appuyer les livraisons à travers les lignes de front dans toutes les parties de la Syrie et à dépolitiser les livraisons d’aide.  Il faut aussi fournir les garanties nécessaires pour assurer le passage sûr des convois à travers les lignes de front.

La représentante a également souligné que le mécanisme transfrontière demeure une bouée de sauvetage pour des millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie.  Avec l’arrivée de plusieurs centaines de camion chaque mois, il est évident qu’il n’existe pas d’alternative qui pourrait reproduire l’ampleur, la portée et les avantages de cette opération.  Sans le mécanisme transfrontière, des millions de vies seraient encore plus menacées, a-t-elle prévenu, avant d’appeler le Conseil à empêcher une telle situation.

Au nom des A3 (Gabon, Ghana et Kenya), M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a condamné toutes les violations des droits humains, en particulier dans le camp de Hol, se disant préoccupé par les informations faisant état de l’utilisation d’armes à guidage laser contre des centres humanitaires et des hôpitaux.  Compte tenu de la détérioration de la situation, il a jugé vital que l’accès humanitaire soit accordé à toutes les zones où les gens sont dans le besoin.  Il a demandé qu’un soutien continu soit apporté à tous les mécanismes d’aide, notant que le mécanisme de livraison transfrontière constitue une bouée de sauvetage cruciale pour 2,5 millions de Syriens dans le nord-ouest du pays.  Selon lui, le mécanisme à travers les lignes de front devrait néanmoins continuer à fonctionner pour compléter l’aide facilitée par les convois transfrontières de l’ONU.  

Le représentant a ensuite exprimé son inquiétude au sujet des menaces que font peser des groupes tels que Daech et Hay’at Tahrir el-Cham (HTS).  Il a jugé impératif de mener des actions collectives décisives pour combattre ces groupes terroristes de telle sorte que les victimes obtiennent justice.  Il a par ailleurs dénoncé la menace que représentent les engins non explosés pour la population civile et l’acheminement de l’aide humanitaire.  Enfin, il a exprimé son soutien aux efforts menés par plusieurs pays de la région pour renforcer la résilience des communautés syriennes et stabiliser leurs moyens de subsistance grâce à des programmes de redressement, avant d’appeler à un cessez-le-feu national et à un règlement politique générateur de stabilité. 

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a rappelé que le Conseil de sécurité décidera dans les prochaines semaines de l’avenir du mécanisme d’acheminement de l’aide humanitaire transfrontière en Syrie.  Lorsque le Conseil a autorisé l’ONU à fournir une aide transfrontalière en 2014, plus de 10 millions de personnes avaient besoin d’une assistance humanitaire.  Ce chiffre est aujourd’hui passé à environ 14,6 millions de Syriens, soit plus de 80% de la population.  Dès le début du conflit, a-t-il souligné, le Royaume-Uni a soutenu le peuple syrien en déboursant plus de 4 milliards de dollars en aide et s’est en outre engagé, lors de la Conférence de Bruxelles la semaine dernière, à verser près de 200 millions de dollars en 2022.  

De l’avis du délégué, le mandat transfrontière de l’ONU est au cœur de ce soutien humanitaire car il permet de desservir plus de quatre millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie.  Il n’y a pas d’alternative viable à ce mécanisme, a-t-il fait valoir.  Dans ce contexte, la fermeture du point de passage de Bab el-Haoua entraînerait selon lui un accès réduit aux services de santé sexuelle et reproductive pour les femmes et les filles, perturberait gravement les efforts de relèvement rapide et entraverait les campagnes de vaccination contre la COVID-19.  Et sans le mécanisme de surveillance de l’ONU, l’aide pourrait plus facilement tomber entre les mains de terroristes, a-t-il mis en garde, avant d’exhorter les membres du Conseil à soutenir le renouvellement et l’élargissement du mandat transfrontière de l’ONU en juillet prochain. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a constaté que, après 11 ans de conflit, les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi élevés en Syrie.  Or, la « guerre d’agression » russe contre l’Ukraine contribue à aggraver l’insécurité alimentaire à travers le monde et la Syrie en subit les conséquences « de plein fouet », a-t-il déploré.  Près de 10 millions d’enfants syriens ont besoin d’aide humanitaire, « un sinistre record », alors que de nombreux enfants n’ont connu que la guerre, a-t-il déploré.  Il a ensuite fait savoir que les annonces de l’UE et de ses États membres lors de la Conférence de Bruxelles VI représentent les trois quarts des annonces de contribution totales, dont 373 millions d’euros de la France. 

« Soyons clairs: le renouvellement du mécanisme d’aide humanitaire transfrontière n’a jamais été aussi crucial », a poursuivi le délégué français, y voyant un impératif moral et humanitaire.  Dans le nord-ouest, le nombre de nécessiteux atteint désormais 4,1 millions, soit une hausse de plus de 20% depuis l’an dernier.  Chaque mois, le mécanisme transfrontière achemine près de 800 camions d’aide, à destination d’environ 2,4 millions de personnes.  Mais même si les convois à travers des lignes de front étaient déployés régulièrement, ils ne pourraient se substituer aux opérations transfrontières, a prévenu le représentant.  Selon lui, ces convois, « soumis au bon vouloir du régime syrien », n’ont jamais permis de compenser la fermeture du point de passage de Yaroubiyé.  Il a ensuite réitéré son appel à ce qu’un accès humanitaire sûr et sans entraves soit garanti dans l’ensemble de la Syrie. 

M.  DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a commencé par réaffirmer l’opposition de son pays au mécanisme d’acheminement d’aide humanitaire transfrontière en Syrie, arguant que ce mécanisme viole la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie. Pourtant, il y a un an, puis il y a six mois, nous vous avions permis de nous convaincre que la préservation de ce mécanisme était nécessaire à ce stade jusqu’à ce que les approvisionnements via la ligne de contact soient pleinement opérationnels. C'est ainsi qu'est apparue la résolution 2585 (2021), contenant un certain nombre d'autres éléments, notamment le soutien aux projets de relèvement précoce.  Mais dès le début, la mise en œuvre de cette résolution « a calé », a-t-il dit en y voyant une raison évidente: « Aucun d'entre vous n'a simplement voulu assumer la responsabilité d'un travail de fond avec les terroristes d'Edleb afin qu'ils cessent de saboter les convois transfrontaliers ». 

Face à la forte demande de projets de relèvement rapide prévus dans la résolution 2585, qui sont nécessaires pour fournir aux Syriens des conditions de vie normales et un soutien vital, à ce stade, la Fédération de Russie ne peut que saluer les intentions de l'ONU d'étendre ce travail. M. Martin Griffiths s'est prononcé à plusieurs reprises de manière convaincante en faveur de l'intensification des efforts dans cette direction, a souligné le représentant en estimant que l'effet cumulatif de la reconstruction post-conflit des infrastructures de base contribuera à accroître la stabilité de la société syrienne dans son ensemble et permettra d’économiser les injections des donateurs. Le représentant a cependant dénoncé le fait que les rares projets de développement précoce et de reconstruction continuent d'être soumis à des conditions politiques préalables de la part des pays donateurs. 

La Fédération de Russie regrette en outre que, compte tenu de ce qui se passe dans l'enclave terroriste d'Edleb, il y ait toujours une attitude plus qu'unilatérale d'un certain nombre de membres du Conseil.  « Vous essayez à tout prix de maintenir le statu quo actuel, très inconfortable même pour vous, sans proposer de solutions et sans répondre aux exigences légitimes de Damas », leur a asséné le représentant en exprimant son mécontentement. Il a comparé ses collègues qui cherchent à sauvegarder le mécanisme à tout prix à des parents d’élèves paresseux et négligents qui supplient de les garder à l’école l’année d’après. Ils essaient de se faire passer pour des élèves excellents, a-t-il ironisé en estimant que le choix de l’invité du jour le démontre. 

On ne peut pas fermer les yeux sur le fait que les terroristes du Hay’at Tahrir el-Cham usurpent le pouvoir et manipulent l’aide humanitaire dont l'approvisionnement, si on le souhaitait, peut être facilement organisé depuis Damas, a-t-il poursuivi en dénonçant notamment le Front el-Nosra qui a déclaré ne pas vouloir autoriser les cargos à traverser les frontières vers la Turquie depuis le nord de la Syrie. L’approvisionnement des trois zones d'opérations turques au nord de la Syrie n'a pas encore commencé et ceci en dépit du fait que Damas coordonne rapidement toutes les demandes de l'ONU, a-t-il regretté. 

La Fédération de Russie a ensuite reproché à l'ONU de toujours vouloir éviter le problème de l'impact dévastateur des sanctions unilatérales illégales de l'UE et des États-Unis sur l'économie syrienne et la fourniture d’une aide humanitaire internationale à celle-ci. Ceux qui en sont les otages sont les Syriens ordinaires, privés d'accès non seulement à leurs ressources pétrolières, mais aussi aux champs agricoles qui alimentaient autrefois toute la région, a soutenu le représentant. Washington, qui occupe ces terres syriennes, crée en effet délibérément la faim dans un pays autrefois autosuffisant d'un point de vue alimentaire, a affirmé le représentant accusant même les États-Unis d’avoir autorisé, le 12 mai, l’accès des investisseurs privés étrangers aux régions du nord-ouest et du nord-est de la Syrie et de légaliser ainsi le « vol de céréales syriennes ».  Il faut mettre fin à cette situation, contraire au droit international, a lancé le représentant russe.  Cela faciliterait à son avis la vie non seulement d’un grand nombre de Syriens ordinaires, mais aussi de leurs voisins, à qui la Syrie vendait des surplus de nourriture avant l'intervention américaine. 

Évoquant une « crise de la protection » parmi les pires au monde, M. FERIT HOXHA (Albanie) a estimé que les Syriens se retrouvent au cœur d’un « cyclone de violence, de famine et d’isolement », notant que 90% d’entre eux sont dans le grand besoin et que l’insécurité alimentaire est omniprésente.  Il a souligné que des millions de personnes dépendent de l’aide transfrontière pour vivre.  À quelques semaines de l’expiration de ce mécanisme, il est indispensable que l’aide puisse continuer à parvenir à ceux qui en ont besoin, a-t-il insisté, avant d’alerter le Conseil sur la situation dans le camp de Roukban, situé dans un no man’s land proche de la frontière avec la Jordanie et l’Iraq.  Des milliers de personnes y sont retenues mais le blocus du régime syrien contraint les résidents à survivre grâce à de maigres biens obtenus par contrebande, a dénoncé le délégué, avant d’appeler Damas à permettre un accès sans entrave de l’aide humanitaire à ce camp qui se trouve dans une zone contrôlée par le Gouvernement.  Il a aussi demandé la remise en liberté de tous les enfants privés de liberté et leur réintégration dans leurs familles, appelant également de ses vœux la création d’un mécanisme portant sur les personnes disparues. 

M. RAGHORAM (Inde) a souhaité que, dans le contexte actuel de conflit en Ukraine, la communauté internationale ne perde pas de vue les souffrances de la population syrienne.  Pour réduire la crise humanitaire qui affecte à présent plus de 14 millions de personnes dans ce pays, il est impératif d’avancer sur la voie d’un règlement politique, a affirmé le représentant.  Il faut cependant éviter de lier l’assistance humanitaire et l’aide au développement à l’avancement du processus politique, a-t-il fait valoir, estimant que cela ne ferait qu’exacerber les souffrances.  Selon lui, il est urgent d’intensifier l’assistance et de veiller à ce que les agences humanitaires reçoivent les financements nécessaires pour exécuter pleinement leurs plans, sans politisation des besoins fondamentaux de la population.  Dans ce contexte, le délégué a estimé que, tout importantes et prévisibles qu’elles soient, les opérations transfrontières « ne peuvent continuer d’exister à perpétuité ».  Prenant note des opérations facilitées par la Syrie, notamment l’envoi d’un quatrième convoi depuis Alep, il a appelé le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) et les agences des Nations Unies à concentrer davantage d’efforts pour améliorer les opérations à travers les lignes de front. 

Le représentant a d’autre part jugé qu’on ne peut parler de la situation humanitaire en Syrie sans faire référence aux activités croissantes des groupes terroristes tels que Daech.  L’attaque d’une prison à Hassaké en janvier a démontré la gravité du problème, a-t-il souligné.  Dénonçant l’implication d’acteurs externes dans la croissance des groupes terroristes en Syrie, il a averti qu’une négligence prolongée de la communauté internationale sur cette question causera des dommages irréparables à la lutte collective contre ce fléau.  Enfin, après avoir appelé à une augmentation urgente de l’aide humanitaire à ce pays, il a demandé à l’OCHA d’harmoniser les données relatives aux projets de relèvement rapide et de résilience afin que le Conseil puisse avoir une vision holistique de la situation d’ici à fin juin, avant l’expiration du mandat de l’aide transfrontière. 

M.  JISHEG XING (Chine) a constaté lui aussi que les besoins humanitaires n’ont cessé de croître en Syrie, où 10 millions de personnes sont maintenant en difficulté.  Il a rappelé la nécessité de ne pas politiser l’aide humanitaire, qui, a-t-il insisté, doit être fournie conformément aux principes d’impartialité et de neutralité, et dans le respect de la souveraineté nationale du pays.  La priorité doit être l’accès au nord-ouest de la Syrie, a souligné le représentant.  Il a indiqué que le relèvement de l’économie syrienne permettra de venir à bout de la situation humanitaire, mais la hausse des prix des denrées alimentaires a compromis ce redressement. Il a ensuite espéré que les bailleurs de fonds qui ont fait des annonces de contribution lors de la Conférence de Bruxelles tiendront leurs engagements. 

M.  JUAN GÓMEZ ROBLEDO VERDUZCO (Mexique) a appelé à donner la priorité aux activités de déminage, notant qu’en 2021, ces artefacts ont causé la mort de 805 personnes et blessé près de 3 000 autres et s’inquiétant du risque de contamination.  Il s’est également inquiété de la situation des plus de 56 000 habitants du camp de Hol, principalement des femmes et des enfants. L'insécurité, en plus du manque de services de base, font que ce camp n’est pas un endroit convenable pour les enfants, s’est indigné le représentant. Il a appelé à ne pas perdre de vue cette crise et à donner la priorité au rapatriement et à la réintégration des ressortissants d’autres pays. 

En ce qui concerne l’accès humanitaire, il a salué le passage d’un quatrième convoi d’aide le 16 mai à Sarmada, et les plans pour continuer à développer cette voie d’accès jusqu'en décembre 2022. L'aide humanitaire qui entre dans le nord-ouest à travers les lignes de front continue d'être complémentaire à celle du passage transfrontière de Bab el-Haoua, a-t-il cependant estimé en soulignant qu’à l’heure actuelle, les passages à travers les lignes de front ne peuvent pas remplacer les plus de 800 camions d’aide humanitaire qui entrent chaque mois par le passage transfrontière. Rien qu'à Bab el-Haoua, 1,8 million de personnes reçoivent une aide alimentaire, a constaté le délégué qui a appelé à renouveler l’autorisation dudit point de passage. 

Mme  LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) s’est tout d’abord félicitée de la tenue de la sixième Conférence de Bruxelles, y voyant un pas positif pour soutenir la Syrie et les pays de la région. Cela montre que la communauté internationale reste solidaire, a-t-elle relevé, avant de constater la dégradation de la situation humanitaire, notamment dans les camps de personnes déplacées qui sont dépourvus des services de base.  Il faut que le peuple syrien vive dans la dignité, a plaidé la représentante, avant d’appeler au renouvellement du mécanisme d’aide transfrontalière prévu par la résolution 2585 (2021), dont les faits prouvent la nécessité. Quelles que soient nos divergences de vue, il importe que nous agissions de concert pour que l’aide arrive à ceux qui en sont besoin, a-t-elle martelé, ajoutant que, bien qu’imparfait, le mécanisme transfrontalier reste indispensable.  Elle a toutefois déclaré soutenir l’acheminement par tous les moyens possibles, y compris par-delà les lignes de front. Étant donné que le point de passage de Bab el-Haoua est le seul permettant le passage de l’aide transfrontalière, il doit être préservé, a fait valoir la déléguée.  Elle a ensuite mis l’accent sur la dégradation de la situation humanitaire dans le camp de Hol, réclamant l’acheminement d’urgence de vivres et d’eau potable ainsi que le rapatriement des familles et des résidents étrangers. Saluant le rappel par l’Iraq de ses ressortissants présents dans ce camp, elle a invité les autres pays concernés à lui emboîter le pas. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) a espéré que les ressources mises à disposition après la Conférence des donateurs de la semaine dernière à Bruxelles permettront non seulement de fournir l’aide immédiate dont ont besoin les Syriens, mais aussi de contribuer aux initiatives de redressement rapide et de résilience en cours visant à rétablir la fourniture de services essentiels, tels que la santé, l’éducation, l’électricité, l’eau et l’assainissement.  Le représentant a salué le fait qu’un troisième convoi transfrontalier ait pu être acheminé au début du mois et qu’il existe déjà un plan pour permettre d’autres livraisons jusqu’à la fin de l’année.  À cet égard, a-t-il ajouté, le Brésil réitère l’appel lancé à toutes les parties pour qu’elles se conforment à leur obligation de garantir un accès humanitaire libre et sans entrave, conformément aux principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Il a également souligné l’importance du maintien de toutes les opérations humanitaires sous un contrôle détaillé et étroit, et de chercher des moyens de faciliter la multiplication des opérations au travers des lignes de front.  Cependant, nous savons qu’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et une solution politique conforme à la résolution 2254 (2015) restent la seule issue à ce conflit qui dure depuis dix ans et qui a causé tant de destruction et de souffrance, a-t-il conclu. 

Mme  LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis), a indiqué que son gouvernement s’est engagé à faire une contribution de 800 millions de dollars pour l’aide humanitaire à la Syrie lors de la Conférence de Bruxelles.  Elle a aussi fait savoir qu’elle s’était rendue à Bab el-Haoua pour voir de ses propres yeux la situation sur le terrain.  Elle a insisté sur la nécessité d’atteindre les personnes dans le besoin, aussi bien à travers les lignes de front qu’avec l’aide du mécanisme transfrontières. Chiffres à l’appui, la représentante a estimé qu’il ne fait pas de doute que les opérations humanitaires à travers les lignes de front ne peuvent pas apporter le même volume d’aide que les convois transfrontières.  À cet égard elle a précisé que les convois passant par Bab el-Haoua fournissent une aide mensuelle à 1,4 million de personnes. 

L’an dernier, le Conseil de sécurité a démontré ce dont il est capable lorsqu’il travaille à l’unisson, a remarqué Mme  Thomas-Greenfield qui s’est dite surprise des propos de la Fédération de Russie qui prétend « s’être laissée convaincre ».  L’objectif aujourd’hui est de réussir à augmenter de 10% l’aide humanitaire à la Syrie en renouvelant le mécanisme transfrontière, a-t-elle insisté.  Des millions de Syriens souffrent déjà d’insécurité alimentaire aiguë. Nous ne pouvons pas devenir indifférents à leurs besoins et pour cela il faut proroger le mécanisme transfrontière, a exigé la représentante.  Cela va dans l’intérêt de tous, y compris de la Syrie et de la Fédération de Russie, a affirmé la déléguée qui a espéré que la résolution pourra cette année encore être adoptée à l’unanimité. 

M.  BASSAM SABBAGH (République arabe syrienne) a commencé par rappeler l’amnistie générale décrétée par son gouvernement le 30 avril dernier. Cette mesure a été octroyée aux auteurs syriens de « délits terroristes », à l’exception de ceux ayant causé des morts humaines, a précisé le représentant, selon lequel le décret ne concerne pas non plus les combattants terroristes étrangers.  Selon lui, la proclamation de ce décret intervient dans le cadre des mesures adoptées depuis des années pour améliorer la situation humanitaire, contribuer à la réconciliation, favoriser le retour de personnes déplacées et réinsérer les citoyens dans leurs communautés. D’ores et déjà, a-t-il indiqué, le Ministère de la justice a fait libérer des prisonniers et a annulé des mandats de poursuite, d’arrestation et de perquisition avec effet immédiat. Depuis 2011, le Président Bachar Al-Assad a octroyé 20 amnisties générales qui ont bénéficié à des dizaines de milliers de Syriens dans le pays et à l’étranger, a encore précisé le délégué, avant de constater que les efforts de son gouvernement contrastent avec la persistance des pays occidentaux à mener des pratiques hostiles à la Syrie, en contravention avec la Charte des Nations Unies.  Il en a voulu pour preuve la présence illégale de la Turquie et des États-Unis, accusant en outre ces pays de parrainer des organisations terroristes et de se livrer au pillage de richesses nationales, sans parler du « terrorisme économique » émanant des mesures coercitives unilatérales.  À cet égard, il a jugé que la décision du Gouvernement américain d’octroyer des licences pour mener des activités économiques dans des zones du nord-ouest de la Syrie est le reflet du soutien direct apporté par Washington à des « entités illégales ».  Cela foule au pied les résolutions du Conseil et vise à imposer des mesures discriminatoires aux citoyens syriens, a-t-il dénoncé. 

Par ailleurs, prenant note de la « soi-disant » Conférence de Bruxelles en appui à la région, il a rappelé qu’elle n’est plus parrainée par l’ONU et que son pays et la Fédération de Russie en sont exclus. Sa tenue montre à son avis qu’elle est devenue une réunion de pays occidentaux « bien connus pour leur non-respect des principes convenus en matière d’aide humanitaire ».  Pour le représentant, ce n’est que de la « poudre aux yeux » de la part des organisateurs, qui veulent ainsi dissimuler leurs pratiques à l’égard de la Syrie. Ils continuent d’ailleurs de lier le travail humanitaire et l’aide au développement, tout en assortissant cela de conditions politiques qui entravent le redressement rapide du pays, s’est-il indigné. Ces « politiques agressives », a-t-il ajouté, ont été concomitantes avec l’attaque au missile récemment menée par Israël contre des objectifs dans le centre de la Syrie, laquelle a également coïncidé avec des attentats terroristes contre des unités de l’armée dans le nord-ouest du pays.  Le délégué a indiqué que son gouvernement a informé le Secrétaire général et le Conseil de sécurité de ces faits et exigé que l’ONU assume ses responsabilités face à la menace israélienne pour la paix et la sécurité internationales. 

Le représentant a ensuite évoqué la situation humanitaire, précisant que son gouvernement a facilité le passage d’un quatrième convoi d’aide composé de 14 camions, d’Alep vers le nord-ouest. Nous espérons élargir ces opérations qui passent par les lignes de front et lever les obstacles posés par les forces turques et les éléments terroristes à l’acheminement de l’aide, a-t-il affirmé, avant de réaffirmer son opposition au « soi-disant » mécanisme transfrontière, qui enfreint la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie. Enfin, il a condamné la tentative de la Turquie de créer une zone antisyrienne dans son pays, y voyant une menace pour l’unité et l’intégrité de la Syrie. Il a enjoint les organisations internationales à ne pas « marchander » avec le « régime d’Erdogan » et à rejeter ce projet « fondé sur le génocide ».  

M.  MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a considéré que, bien que la résolution 2585 (2021) soutienne les projets de relèvement rapide et de reconstruction, ainsi que la fourniture de services de base, la poursuite des sanctions unilatérales a malheureusement fait obstacle à sa mise en œuvre, entravant les efforts de reconstruction de la Syrie et empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire.  Il a jugé irresponsable, immoral et illégal au regard du droit international d’utiliser des sanctions unilatérales pour affamer les civils syriens.  Ces mesures illégales et perturbatrices doivent immédiatement prendre fin, a déclaré le représentant. 

Le représentant a ensuite rappelé que le mécanisme d’acheminement de l’aide transfrontière est une « mesure temporaire exceptionnelle imposée par certaines circonstances » et que l’aide humanitaire aux nécessiteux doit être acheminée en coopération et en coordination avec le Gouvernement syrien « à partir du territoire syrien ».  Cela permettra d’éviter que l’aide ne soit détournée au profit de groupes terroristes, a-t-il estimé.  À cet égard, le délégué a salué les efforts du Gouvernement syrien pour faciliter le passage d’un quatrième convoi de l’ONU d’Alep au nord-ouest de la Syrie en début de semaine.  Il a également appuyé les initiatives visant à faciliter le rapatriement des réfugiés et des personnes déplacées. Toute initiative concernant la Syrie doit être parrainée par l’ONU et coordonnée avec le Gouvernement syrien et respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie, a souligné le représentant qui a récusé la politisation des questions humanitaires. 

M.  FERIDUN HADI SINIRLIOGLU (Turquie) a souligné d’emblée l’ampleur des souffrances humanitaires en Syrie.  Or, le Plan d’aide humanitaire pour la Syrie n’a été financé qu’à 46% pour 2021, alors que pour 2022-2023 l’ONU aura besoin de plus de 4 milliards de dollars de financements, s’est inquiété le représentant qui a appelé la communauté internationale à s’assurer que l’aide humanitaire puisse être acheminée sans entrave vers la Syrie et avec des volumes toujours plus importants. En 2022, a-t-il ajouté, pas moins de 4,2 millions de Syriens ont besoin de l’aide internationale alors que 58% des populations déplacées sont des enfants.  Il a également relevé que selon le PAM, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 57% en Syrie depuis le début de la guerre en Ukraine. 

Le délégué a ensuite souligné que le mécanisme transfrontière de l’ONU a fait ses preuves comme étant l’un des plus transparents au monde. Il a appelé à faciliter à la fois les convois à travers les lignes de front et les opérations transfrontières. La prorogation du mandat de ce mécanisme est une obligation morale pour les membres du Conseil de sécurité et ne devrait pas être politisée, a-t-il souligné. Après avoir rappelé le fardeau que représente la crise syrienne pour les pays voisins, le représentant a indiqué qu’il refusait de répondre aux accusations « dénuées de tout fondement » de la Syrie. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale rend hommage au cheik Khalifa bin Zayed Al Nahyan, Président « visionnaire » des Émirats arabes unis

Soixante-seizième session,
73e séance plénière – matin
AG/12420

L’Assemblée générale rend hommage au cheik Khalifa bin Zayed Al Nahyan, Président « visionnaire » des Émirats arabes unis

L’Assemblée générale s’est réunie, ce matin, en hommage à la mémoire de Son Altesse le cheik Khalifa bin Zayed Al Nahyan, Président des Émirats arabes unis, décédé le 13 mai dernier.  Les orateurs ont unanimement salué un président « visionnaire », « tolérant » et « généreux », doté d’une « grande sagesse ».  Notre cœur est lourd mais empli d’espérance, a déclaré la déléguée des Émirats arabes unis, qui a rappelé que le défunt ne fixait aucune limite à l’espoir qu’il avait en son pays. 

C’est le Président de l’Assemblée générale, M. Abdulla Shahid, qui a ouvert cet hommage solennel, en rappelant la vision et le « brio politique » du cheik, soulignant notamment son engagement en faveur du développement durable et d’une plus grande participation des femmes. 

Après que l’Assemblée a observé une minute de silence, le Secrétaire général a pris la parole pour rappeler tout ce que le défunt avait appris de son propre père, le fondateur des Émirats arabes unis.  Le cheik Khalifa bin Zayed Al Nahyan a ensuite participé à la métamorphose des Émirats arabes unis en faisant surgir des mégalopoles de ce pays désertique, a dit M. António Guterres qui a aussi souligné son action en faveur de la lutte contre les changements climatiques.  « Nous sommes en deuil mais nous sommes inspirés par son Altesse », a-t-il ajouté.

Nous disons adieu à un pionnier, a renchéri le Koweït, au nom du Groupe des États arabes.  Il a insisté sur les progrès économiques, scientifiques et civilisationnels des Émirats arabes unis, dirigés par un cheik, qui pendant son long parcours de plus de 40 ans, a participé aux grands événements du monde, avec responsabilité et l’objectif d’assurer à son pays une place de premier plan.  Il a en effet fait des Émirats arabes unis la deuxième économie de la région, en mettant l’accent sur la santé et l’éducation, piliers du développement durable, a souligné le Danemark, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États.

La Mauritanie, au nom du Groupe africain, a rappelé les dons faits par les Émirats arabes unis à de nombreux pays au Moyen-Orient et en Afrique, notant que ceux-ci ont permis de sauver des vies humaines.  Le cheik Khalifa bin Zayed Al Nahyan était un fervent partisan du développement durable, a renchéri Oman, au nom des États d’Asie et du Pacifique, en rappelant la sagesse, la modération et l’intelligence du défunt. 

La République tchèque, au nom des pays d’Europe orientale, a parlé d’une « immense perte » pour son peuple et le monde entier, tandis que le Pérou, au nom des pays d’Amérique latine et des Caraïbes, a rappelé l’attachement du défunt à la justice.  Son héritage nous accompagnera toujours, a renchéri la représentante des États-Unis.  À l’instar de son homologue du Pakistan, qui s’exprimait au nom de l’Organisation de coopération islamique, elle a salué un dirigeant « sage et visionnaire », tandis que le Conseil de coopération du Golfe, par la voix de l’Arabie saoudite, a honoré un modèle de tolérance et d’humanité.  Enfin, la déléguée des Émirats arabes unis a fait valoir que, grâce au leadership du défunt, 50% des représentants élus dans son pays sont désormais des femmes, tandis que quelque 135 pays ont reçu une aide pour faire face à la pandémie de COVID-19.  « Qu’il repose en paix », a-t-elle déclaré, en conclusion de cet hommage solennel. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Comité des ONG achève sa première semaine de travaux en recommandant le statut consultatif spécial à seulement quatre organisations

Session ordinaire de 2022,
7e et 8e séances plénières – matin & après-midi
ONG/933

Le Comité des ONG achève sa première semaine de travaux en recommandant le statut consultatif spécial à seulement quatre organisations

Le Comité chargé des organisations non gouvernementales (ONG) a recommandé aujourd’hui au Conseil économique et social (ECOSOC) d’octroyer le statut consultatif spécial à quatre ONG, tout en recalant 115 autres.  Depuis l’ouverture des travaux, la tendance qui s’affirme est qu’il y a de nombreuses demandes examinées, mais peu d’élues parmi les ONG. 

Pour rappel, au premier jour de ses travaux, le Comité a accédé à la demande de 92 ONG, puis 71 au second jour et 34 le troisième.  Dans le même temps, les organisations de la société civile ayant été invitées à revoir leur copie sont passées de 32 pour le premier jour de session, à 98 au second et 96 le jeudi 19 mai.  Une bonne partie des 586 demandes à examiner pour cette session sont déjà passées au crible des 19 membres du Comité qui ont notamment invité les ONG recalées à apporter des précisions sur les activités menées, leurs états financiers, ainsi que des garanties de leur indépendance quand elles utilisent des fonds gouvernementaux.

L’Estonie a par exemple souhaité avoir les faits d’armes de Russian Union of Journalists (Fédération de Russie) dans le domaine de la défense des droits des journalistes dans leur pays, tandis que la Turquie a voulu en savoir plus sur le travail qu’effectue RüstungsInformationsBüro e.V. (Allemagne) en matière de résolution de conflit.  De même, le Pakistan a demandé des détails sur les ateliers organisés par Secours Islamique France (France).  La Fédération de Russie a demandé pour sa part des détails sur les activités que mène en Syrie Stitching Impunity Watch (Pays-Bas).  Parmi les ONG recalées au cours de cette semaine, 18 ont été priées par les États-Unis de préciser leurs relations avec le guru Swami Nithyananda qui est accusé de viol et d’enlèvement en Inde.

À l’ouverture de la session, plusieurs délégations avaient dénoncé les manœuvres dilatoires mises en œuvre par certains membres du Comité afin de retarder ou bloquer les dossiers des ONG.  C’est ainsi que l’Union européenne avait argué que les ONG de sa zone géographique étaient particulièrement victimes de cette pratique.  Aujourd’hui, certains membres du Comité ont pris la parole pour défendre les ONG issues de leur pays.  Ainsi, lorsque la Fédération de Russie a demandé une liste des organisations partenaires de Urgent Action Fund for Women's Human Rights (États-Unis), la délégation américaine a estimé que la question n’est pas légitime, puisque l’organisation y avait déjà répondu.  Le Secrétariat a précisé que l’ONG avait choisi de ne pas publier les détails de ses sponsors, avant que la Chine ne demande à la même ONG une liste des dépenses administratives, étant donné que celles-ci dépassent 30% de son budget.

Ensuite, alors que la Turquie sollicitait des détails sur le travail spécifique des deux branches de « Mission Armenia » Charitable Non-governmental Organization (Arménie), la délégation arménienne s’est insurgée contre « les manœuvres d’une délégation » qui empêche les ONG arméniennes d’accéder au statut consultatif spécial de l’ECOSOC, insistant sur l’importance pour les membres du Comité de travailler dans l’impartialité.  L’approche de la Turquie respecte les principes du Comité des ONG, a rétorqué la délégation turque, avant de rappeler que plusieurs ONG arméniennes ont déjà été recommandées pour le statut consultatif spécial.

Parmi les ONG ayant eu l’onction du Comité ce jour, on compte la Women's Entrepreneurship Day Organization, Inc. des États-Unis.  Cette ONG créée en 2016 se présente comme un mouvement de soutien aux femmes d’affaires dans le monde.  Ainsi, elle incite les femmes dirigeantes, innovatrices et entrepreneuses à lancer des startups, à stimuler l’expansion économique et s’est donnée pour mission d’autonomiser les 4 milliards de femmes du monde, et de sortir de la pauvreté 250 millions de filles.

En rappel, le Comité peut recommander trois différents statuts consultatifs auprès de l’ECOSOC: le statut consultatif général, le statut consultatif spécial et l’inscription sur la Liste.

Le premier statut est réservé aux grandes ONG internationales dont les domaines d’action et de travail couvrent la majorité des points contenus dans l’agenda de l’ECOSOC et de ses organes subsidiaires.  Ces ONG sont habilitées à soumettre au Conseil des communications écrites et des pétitions, et à proposer l’inscription de points à l’ordre du jour.  Le statut consultatif spécial est octroyé aux ONG travaillant dans un domaine spécifique et les autorise à soumettre des communications écrites et des pétitions à l’ECOSOC.  Enfin, la Liste va aux ONG qui ont plutôt tendance à travailler d’une manière plus technique et/ou restreinte.  Elles ne peuvent soumettre au Conseil que des communications écrites.  

Le Comité des ONG poursuivra ses travaux lundi, 23 mai, à partir de 10 heures, en entamant l’examen des 610 rapports quadriennaux qui sont sur sa table. 

SUITE DES NOUVELLES DEMANDES D’ADMISSION AU STATUT CONSULTATIF ET NOUVELLES DEMANDES DE RECLASSEMENT

Octroi du statut consultatif spécial

  1. South Asian Legal Clinic (Ontario) (Canada)
  1. Students for Sensible Drug Policy Australia Inc. (Australie)
  1. Treatment Action Group (États-Unis)
  1. Women's Entrepreneurship Day Organization, Inc. (États-Unis) 

Examen des demandes de statut consultatif 

L’Estonie souhaiterait avoir les faits d’armes de Russian Union of Journalists (Fédération de Russie) dans le domaine de la défense des droits des journalistes dans leur pays, tandis que la Turquie entend avoir des détails sur le travail qu’effectue RüstungsInformationsBüro e.V. (Allemagne)en matière de résolution de conflit.  Le Pakistan a demandé des précisions sur les ateliers organisés par Secours Islamique France (France).  Israël a également sollicité des détails sur les activités de Sheikh Abdullah Al Nouri Charity Society (Koweït), alors que Cuba veut savoir si les ressources reçues par Social Progress Imperative, Inc. (États-Unis) de la part des philanthropes sont affectées à des projets spécifiques.  La même délégation veut savoir pourquoi les frais administratifs de Solidarity for Peace and Reunification of Korea (République de Corée) sont si élevés.  De même, la Grèce veut comprendre pourquoi à peine 2% des dépenses de SosyalBen Vakfı (Turquie) sont affectées aux activités.  La Fédération de Russie a demandé pour sa part des détails sur les activités que mène en Syrie Stitching Impunity Watch (Pays-Bas).  

La Grèce a ensuite demandé des éclaircissements sur les activités de Su Politikaları Derneği (Turquie).  La Fédération de Russie veut savoir à quel titre Tai Studies Center (États-Unis) avait été accréditée à l’Instance permanente pour les droits des peuples autochtones.  La Chine a demandé à The American India Foundation (États-Unis) si ses organisations partenaires sont accréditées auprès de l’ECOSOC, et la Turquie a sollicité les détails financiers de The Auschwitz Institute for Peace and Reconciliation (États-Unis).  Bahreïn s’intéresse aux activités de 2021 et 2022 de The Bar Human Rights Committee (Royaume-Uni).  L’Estonie s’est enquise des modes d’accession à la direction de The Global Energy Association on Development of International Research and Projects in the Field of Energy (Fédération de Russie), avant que les États-Unis ne s’intéressent aux fonds dépensés dans ses activités.  The Center for Justice and Accountability (États-Unis) doit apporter des détails sur ses sources de financement à la demande de l’Inde, alors que la Turquie veut savoir comment sont choisis les experts de The Global Initiative against Transnational Organized Crime (Suisse).

Nous attendons la liste des pays dans lesquels travaille Tom Lantos Foundation for Human Rights and Justice (États-Unis), puisqu’elle déclare être une ONG internationale, a souligné l’Inde.  Cuba veut des détails financiers de Transitional Justice Working Group (République de Corée), tandis que la Grèce souhaite des informations précises sur les activités en mer Noire de Turkish Marine Research Foundation (TUDAV) (Turquie).  La même délégation attend le dernier budget de Türk Kadınlar Birliği Derneği (Turquie).  Elle a aussi demandé la liste des pays européens où se déploie Türkiye Gençlik Vakfi (Tügva) (Turquie).

À son tour, la Fédération de Russie a demandé une liste des organisations partenaires de Urgent Action Fund for Women's Human Rights (États-Unis).  Les États-Unis ont toutefois estimé que la question n’est pas légitime, puisque l’organisation y avait déjà répondu.  Le Secrétariat a précisé que l’ONG avait choisi de ne pas publier les détails de ses sponsors.  La Chine a demandé à la même ONG une liste des dépenses administratives, étant donné que celles-ci dépassent 30% de son budget.  Le Nicaragua a demandé comment War Child (Royaume-Uni) prévoit de participer aux activités des agences onusiennes alors qu’elle n’a pas encore obtenu de statut consultatif auprès de l’ECOSOC.  La Chine veut savoir si Wikimedia Foundation Inc (États-Unis) a établi des partenariats avec des pays d’Asie et comment sont choisies les écoles bénéficiaires des projets de World Without Genocide (États-Unis). 

La Grèce a demandé des détails sur les groupes de travail mis en place par Österreichischer Rat Für Nachhaltige Entwicklung -Österreichischer Nachhaltigkeitsrat für soziale, ökologische und ökonomische Angelegenheiten (Autriche), tandis que la Turquie veut voir clair sur le nombre de membres de « Armenian Women for Health and Healthy Environment » NGO (Arménie).  La Turquie a également demandé les détails sur le travail spécifique des deux branches de « Mission Armenia » Charitable Non-Governmental Organization (Arménie).  L’Arménie s’est alors insurgée contre « les manœuvres d’une délégation » qui empêche cette ONG et les ONG arméniennes d’accéder au statut consultatif spécial de l’ECOSOC, et a insisté sur l’importance pour les membres du Comité de travailler dans l’impartialité.  Une remarque qui a fait réagir la Turquie qui a dit soutenir l’implication de toutes les ONG dans le travail de l’ONU.  L’approche de la Turquie respecte les principes du Comité des ONG, s’est-elle défendue, avant de rappeler que plusieurs ONG arméniennes ont déjà été recommandées pour le statut consultatif spécial.

À la suite de cet échange, le Bahreïn a réclamé des détails sur les sponsors de Arab Media Union (Égypte), alors que la Fédération de Russie attend la liste des financiers de Asia Pacific Transgender Network (Thaïlande).  Pour sa part, la Chine veut avoir des précisions sur le financement des projets de Associación Red de Mujeres Afrolatinoamericanas, Afrocaribeñas y de la Diáspora (Nicaragua).  Cuba a demandé si l’ONG internationale Associação Nacional de Juristas Evangélicos –ANAJURE (Brésil) est ouverte aux autres nationalités, étant donné que ses membres actuels sont tous brésiliens.  Le Pakistan veut des explications sur les activités lucratives de Aurat Publication and Information Service Foundation Lahore (Pakistan), alors que l’Inde cherche à comprendre comment Baghbaan (Pakistan) mène des actions dans la Corne de l’Afrique.  Le Nicaragua souhaite examiner la liste des activités pour 2020 et 2021 de Charity Organization « International Charity Foundation Global Ukraine » (Ukraine), alors que la Fédération de Russie a voulu avoir des détails sur les réunions portant sur la coopération Sud-Sud auxquelles a pris part la China Biodiversity Conservation and Green Development Foundation (Chine).  La même délégation s’est aussi enquise des noms des gouvernements partenaires de ERA -LGBTI Equal Rights Association (Serbie).

Ensuite, la Turquie a demandé si Engineering Association for Development and Environment (Iraq) compte des succursales dans d’autres pays.  Les États-Unis veulent la liste des victimes du terrorisme que Habilian Association (Iran) a aidées et savoir comment Imam Khomeini Relief Foundation (Iran) aide les jeunes à se marier.  Pour sa part, le Nicaragua a voulu savoir dans quels pays du Moyen-Orient travaille International Anti Terrorism Movement (Inde).  Le Pakistan veut des détails sur certaines activités de International Human Right Organization (Pakistan), tandis que la Chine veut savoir qui sont les partenaires de Lanka Fundamental Rights Organization (Sri Lanka).  La même demande a été formulée par Bahreïn à Mwatana Organization for Human Rights (Yémen).  La Fédération de Russie a demandé des détails sur les partenariats engagés par National Human Rights Civic Association « Belarusian Helsinki Committee » (Bélarus).  Même préoccupation pour l’Inde au sujet de l’ONG Noble World Records (Inde).  La Chine veut des détails sur les partenariats de Organization « Association Of Wives And Mothers Of Soldiers Participating In Ato » (Ukraine) avec les agences onusiennes, alors qu’Israël veut en savoir plus sur les partenaires de Palestinian Association for Human Rights (Witness) (Liban).

L’Inde a ensuite demandé des précisions sur les partenaires de Solidariteit/Solidarity (Afrique du Sud), une requête également adressée par le Pakistan a The Gulmit Educational and Social Welfare Society, Hunza Gilgit (Pakistan).  La Fédération de Russie attend pour sa part les détails des activités de 2021 et 2022 de The Union of Non-governmental Associations « The International Non-governmental Organization « The World Union of Cossack Atamans »(Kazakhstan).  Le Pakistan veut des précisions sur les activités de Youth for Human Rights Pakistan (Pakistan) et souhaite en outre comprendre pourquoi ALQST Human Rights (Royaume-Uni) n’a aucun membre.  De son côté, Cuba veut avoir des détails sur les pays d’Amérique latine où travaille ASOCIACION ENRAIZADOS EN CRISTO Y EN LA SOCIEDAD (Espagne).  La Chine attend toujours les réponses aux questions précédemment posées à Allianz für Demokratie in Laos (ADL) e.V (Allemagne), et veut le détail des répartitions budgétaires des activités menées par American Center for International Labor Solidarity (États-Unis).  Elle souhaite aussi des éclaircissements sur les activités de American Medical Women's Association, Inc. (États-Unis).  Elle a réitéré cette demande à American Sociological Assn. (États-Unis).  La Fédération de Russie a par ailleurs souhaité avoir la liste complète des partenaires financiers de Associazione European Federation for Freedom of Belief (Italie), et le Nicaragua a voulu savoir comment se font les contributions au budget de Associazione Luca Coscioni per la libertà di ricerca scientifica (Italie) par ses membres.

L’Assyrian Aid Society of America Inc. (États-Unis) et l’Assyrian Documentation Centre (États-Unis) devront expliquer à la Turquie le mode électoral des membres de leur Conseil d’administration.  Le Bahreïn a demandé à Avaaz Foundation (États-Unis) comment l’ONG travaille en dehors de son pays d’origine.  Cuba a voulu en savoir plus sur les liens et les projets menés par Bahrain Center for Human Rights (Danemark) avec la Fédération internationale des droits de l’homme.  Est-ce que l’ONG est indépendante de ses bailleurs de fonds ? 

Israël a demandé à C.A.R.E Scandinavia -Citizens Against Radicalism & Extremism (Danemark) comment l’ONG peut se considérer « danoise » alors que ses membres se trouvent hors du Danemark.  Comment fait Ceasefire Centre for Civilian Rights (Royaume-Uni) pour faire le suivi de la situation en Syrie sans personnel sur place, a interrogé la Fédération de Russie.  Quelles sont les origines des fonds reçus par Christian Solidarity International (CSI) (Suisse), a questionné Cuba.

Que fait le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie (Belgique) en Belgique et en Tunisie ? a voulu savoir la Turquie.  La Chine a ensuite demandé des précisions sur le recrutement des employés de Common Good Foundation (États-Unis).  Est-ce qu’elle emploie des chercheurs ?  Et quel est le mandat du Conseil d’administration de Coptic Solidarity (États-Unis) ? a encore questionné la délégation chinoise.  Diakonia (Suède) devra pour sa part fournir au Pakistan l’état financier de 2021.

Avec quels gouvernements Disability-IN (États-Unis) travaille ? a interrogé la ChineEmberi Méltóság Központ (Hongrie) devra préciser au Mexique l’origine des dons individuels et la provenance des fonds publics.  La Fédération de Russie a demandé à Eurazijos žalos mažinimo asociacija (Lituanie) des détails de ses projets en Russie et une liste de ses partenaires.  Comment fait Euro-Mediterranean Human Rights Monitor (Suisse) pour collecter les données, a questionné Israël

La Chine a ensuite voulu savoir avec quel partenaires European Foundation for South Asian Studies (Pays-Bas) travaille en Asie du Sud-Est avant de demander si l’European Interreligious Forum for Religious Freedom (EIFRF) (France) a participé à des événements à l’ONU et quelles avaient été ses contributions. Israël a demandé à Fundació Josep Irla (Espagne) de fournir ses états financiers de 2020 et de 2021. 

Le Nicaragua a prié la Fundacja Otwarty Dialog (Pologne) de donner des détails sur ses partenaires.  La Chine a demandé à Global Doctors for Choice, LLC (États-Unis) d’utiliser les noms officiels de Taïwan, de Hong-Kong et de Macao.  Elle a aussi réclamé le détail de la manifestation organisée en 2021 par le Gulf Centre for Human Rights (GCHR) Limited (Irlande).

Combien de membres font partie de Hellenic Institute of Cultural Diplomacy -Non-profit Civil Association (Grèce), a voulu savoir la Turquie.  Quelles sont les sources de financement de Hokok Coalición Internacional Contra la Impunidad (Espagne), a questionné BahreïnHuman Concern International (HCI) (Canada) a pour sa part été priée par Israël de clarifier ses états financiers de 2019.  Human Rights at Sea (Royaume-Uni) est-elle une organisation de lobbying ou de plaidoyer, a ensuite interrogé la Chine avant que Cuba demande à Humanium (Suisse) des informations sur les pays où elle travaille.  Quels sont les objectifs et les impacts de ses projets ? 

L’Inde a réclamé des détails sur les projets de IFEX (Canada) avec les entités des Nations Unies, ainsi que sur les activités que l’ONU mène dans les 65 pays et leurs financements.  La Fédération de Russie a demandé à INPUD Limited (Royaume-Uni) de préciser quels projets ont été menés avec l’Open Society Foundation.  Ilankai Thamil Sangam, Inc. (États-Unis) a été priée par le Pakistan de fournir les états financiers de 2019. 

La Fédération de Russie a demandé à Inimõiguste Instituut (Estonie) une liste de ses projets à l’étranger.  Qu’a fait Interfaith Center on Corporate Responsibility (États-Unis) en 2020 et en 2021 ? a questionné la Chine.  Quelles sont les contributions de International Action Network for Gender Equity and Law (États-Unis) aux réunions des entités des Nations Unies ? a interrogé la Chine.  

Cuba a demandé à International Civil Society Action Network, Inc. (États-Unis) les raisons de son déficit budgétaire.  Pourquoi International Dalit Solidarity Network (Danemark) utilise deux adresses différentes et quel était son état financier en 2020, a demandé l’IndeInternational Human Rights Commission La Commission Internationale des Droits de l'homme Mezinárodní komise pro lidská práva -nadační fond, ve zkrácené formě IHRC- nadační fond (République tchèque) est-elle basée à Prague ou à Zurich, a interrogé l’Estonie. Cette ONG est-elle une organisation nationale ou internationale ? 

Quel est le budget consacré par International Legal Assistance Consortium (Suède) à ses projets, a voulu savoir Israël.  Comment Interregional non-governmental human rights organization « Man and Law » (Fédération de Russie) garantit-elle son indépendance, a questionné la Chine qui a également voulu en savoir plus sur les projets et partenaires de Intl. WeLoveU Foundation (République de Corée). 

Quelles sont les activités de Kuwait Bar Association (Koweït) en 2022 et au-delà, a interrogé Israël.  Les projets de Kvinnors Nätverk (Suède) prévus pour 2019 ont-ils été réalisés et quelle est leur portée, a questionné la Turquie.  Dans quels pays travaille L'institut européen de droit international et les relations internationales (IEDI) -The European Institute for International Law and International Relations (EIIL) (France), a ensuite demandé la Fédération de Russie.

Israël a ensuite demandé des éclaircissements sur les contacts de Muslim Hands (Royame-Uni) avec la Goodwill Commission ainsi que sur les relations entre Nations Global Consulting LLC (États-Unis) et Euro-mediterranean Human Rights Monitor.

La Chine a voulu savoir pourquoi Non c’è pace senza giustizia (Italie) a attendu 15 ans après sa création pour demander un statut.  Quels sont les rôles et les relations de Panhellenic Union of Cappadocian Associations (Grèce) avec les associations qui sont membres, a demandé la Turquie.  Et comment Photographers without Borders (Canada) garantit la « précision » de ses articles, s’est enquise la Chine qui a également souhaité connaître les partenaires locaux de SKT Welfare (Royame-Uni).  Quelles sont les activités de consultance de Salam for Democracy and Human Rights (Royame-Uni)? a questionné Bahreïn

Quelle est la valeur des projets de Syrian American Medical Society Foundation (États-Unis), a demandé la Fédération de Russie.  Les États-Unis ont ensuite expliqué que cette ONG travaille avec plus de 100 hôpitaux en Syrie malgré des attaques contre les travailleurs humanitaires y compris les attaques chimiques.  Elle a secouru plus de 1,5 millions de personnes en Syrie et nous soutenons le travail de cette ONG, a dit la représentante.  

Terre Des Femmes -Menschenrechte fuer die Frau e.V. (Allemagne) a été priée par le Nicaragua de donner des détails sur les contrats qu’elle a signés.  La Fédération de Russie a ensuite demandé à The Andrey Rylkov Foundation for Health and Social Justice (Fédération de Russie) si parmi ses membres figurent des ONG qui ont déjà le statut consultatif.  Comment The Center for Bioethics and Culture (États-Unis) garantit l’efficacité de son budget, a voulu comprendre la Chine.

Dialogue avec les ONG

Au cours du dialogue avec les ONG, les États-Unis ont demandé à Nithyananda Dhyanapeetam (Inde) de préciser la nature de ses liens avec le guru Swami Nithyananda qui est accusé d’abus et de prises d’otages en Inde.  L’ONG a précisé être une organisation caritative qui se concentre sur la réalisation des ODD en particulier la lutte contre la faim.  Nous sommes nous-mêmes victimes d’enlèvement et nous n’avons jamais été accusés de crimes, a-t-elle souligné.  L’Inde a noté des anomalies sur le site Internet de l’ONG qui méritent des éclaircissements par écrit. 

Les États-Unis ont également voulu en savoir plus sur les relations de Nithanandeshwara Hindu Temple, Charlotte (États-Unis) avec Swami Nithyananda.  C’est notre « guru » a répondu le représentant de l’ONG.  Nous étudions ses textes qui sont axés sur la non violence.  Le budget de l’ONG est de 1 dollar, a constaté l’Inde.  Comment fait-elle pour travailler avec un budget si modeste ? 

La National Committee on BRICS Research (Fédération de Russie) a expliqué qu’elle a été créée pour faire la promotion de BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) par des échanges et des événements comme l’école des BRICS.  Les États-Unis ont demandé des réponses écrites sur le financement des activités académiques de l’ONG, les dates, les lieux et le nombre des participants à ces activités.  

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