En cours au Siège de l'ONU

9040e séance – après-midi
CS/14900

Somalie: Au Conseil de sécurité, le Représentant spécial salue l’achèvement du processus électoral, un « moment historique »

Le Représentant spécial pour la Somalie, M. James Swan, a salué cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, l’achèvement du processus électoral dans le pays, avec l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  C’est un moment historique dont la Somalie doit tirer profit pour relever les défis urgents, tels que la réconciliation nationale ou bien la lutte contre les Chabab, a déclaré M. Swan, à l’unisson des autres intervenants.  La récente reconfiguration de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) a également été au cœur des discussions.

M. Swan, qui est à la tête de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a rappelé que le Président Hassan Sheikh Mohamud est le dixième de l’histoire du pays.  Le processus électoral, bien qu’ayant traîné en longueur, a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir, s’est-il félicité: le Président a prêté serment et les résultats ont été acceptés.  Le Représentant spécial a salué les priorités du nouveau Président, dont la réconciliation nationale, le renforcement de la sécurité face aux Chabab, la lutte contre la sécheresse et l’amélioration des relations avec les États fédérés. 

« Il convient de rester lucides sur les défis qui ont marqué le processus », a poursuivi le Représentant spécial.  M. Swan a en effet indiqué que les Somaliens n’ont pas pu voter selon le principe « une personne, une voix », tandis que la proportion de femmes élues n’est que de 21%, bien en deçà du quota de 30% prévu.  La situation sécuritaire reste extrêmement précaire en Somalie, a continué M. Swan, en soulignant l’audace des attaques perpétrées par les Chabab.  Il a accusé ces derniers d’avoir voulu faire dérailler le processus électoral. 

Le Représentant spécial a en outre souligné la gravité de la sécheresse et appelé à prévenir la famine dans le pays.  Le Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022 n’est financé qu’à hauteur de 15%, s’est-il alarmé, en appelant à mobiliser davantage de ressources afin de « sauver des vies ».  L’achèvement, ce 15 mai, du processus électoral est l’occasion de progresser sur les autres défis urgents que le pays doit relever, a conclu M. Swan, en demandant la mobilisation d’un soutien constructif pour tirer profit de ce « moment historique ».

Les intervenants ont été unanimes pour saluer l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  « C’est une étape importante vers la stabilisation de la Somalie », a déclaré la déléguée de la France.  À l’instar de son homologue de la Norvège, elle a salué l’élection de Mme Sadia Yasin Haji Samatar, première femme somalienne à exercer les fonctions de vice-présidente de l’Assemblée du peuple.  « La conclusion du processus électoral est l’occasion de mettre fin à l’incertitude politique et de se recentrer sur les questions urgentes, dont la menace posée par les Chabab », a renchéri le représentant du Royaume-Uni.

Cette menace et la reconfiguration de l’AMISOM en ATMIS, endossée par le Conseil dans la résolution 2628 (2022), ont été abondamment commentées par les intervenants, à commencer par le Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie, qui est le Chef de l’ATMIS, M. Francisco Caetano Jose Madeira.  La présence de cette mission de transition est justifiée, a-t-il dit, en prévenant que les Chabab continueront de poser de multiples défis qui nécessiteront une riposte adéquate.  Il a jugé important de doter les forces de sécurité de matériel adéquat et de les payer régulièrement afin de leur permettre de garantir la sécurité du pays. 

De même que l’Inde, le délégué du Gabon a plaidé pour un financement durable et prévisible de l’ATMIS, afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat au cours de la prochaine période de 30 mois jusqu’au moment du transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes.  « Aucun nouveau financement de l’ATMIS, quel que soit son volume, ne pourra suffire sans des efforts de la partie somalienne pour générer des forces armées en lien avec les États fédérés, et sans un soutien fort de l’ATMIS pour appuyer ces forces somaliennes et mener des opérations offensives avec elles », a nuancé la déléguée de la France.

Le représentant de la Somalie a, lui, exprimé la volonté de son gouvernement de renforcer le fédéralisme ainsi que la cohésion en s’attelant aux problèmes socioéconomiques qui frappent des millions de Somaliens.  À la suite des autres intervenants, il s’est dit inquiet de la capacité de nuisance des Chabab, responsables de la perte de nombreuses vies humaines en Somalie.  Mon gouvernement est déterminé à les combattre, a-t-il assuré.  Enfin, le représentant somalien a appelé de ses vœux un investissement international pour le développement durable de son pays, seule « solution pérenne ».

LA SITUATION EN SOMALIE (S/2022/392)

Déclarations

M. JAMES SWAN, Représentant spécial pour la Somalie et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a salué l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud, le dixième Président de l’histoire du pays, après un processus électoral qui, bien qu’ayant traîné en longueur, a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir.  Le Président a prêté serment et les résultats ont été acceptés, a-t-il précisé.  Il a mentionné les priorités du nouveau Président, dont la réconciliation nationale, le renforcement de la sécurité face aux Chabab, la lutte contre la sécheresse et l’amélioration des relations entre l’État fédéral et les États fédérés.  Il convient de rester lucides sur les défis qui ont marqué le processus, a tempéré le Représentant spécial.  M. Swan a en effet indiqué que les Somaliens n’ont pas pu voter selon le principe « une personne, une voix », tandis que la proportion de femmes élues n’est que de 21%, bien en deçà du quota de 30% prévu.  En outre, la situation sécuritaire reste extrêmement précaire en Somalie, a continué M. Swan, en soulignant l’audace des attaques perpétrées par les Chabab.  Il semble que ces derniers aient voulu faire dérailler le processus électoral, a-t-il avancé.

M. Swan a noté la transition de l’AMISOM en ATMIS et appelé au renforcement des capacités des forces de sécurité somaliennes.  La transition sécuritaire convenue doit aller à son terme, a-t-il insisté.  Il a appelé les partenaires à abonder le fonds de financement de l’ATMIS, tous les besoins n’étant pas pourvus.  Le Représentant spécial a souligné la gravité de la sécheresse et appelé à prévenir la famine.  Le Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022 n’est financé qu’à hauteur de 15%, a-t-il signalé en appelant à mobiliser davantage de ressources afin de « sauver des vies ».  Le Représentant spécial a détaillé les efforts de l’ONU visant à soutenir la participation des femmes et la protection de ces dernières contre les violences sexuelles.  L’achèvement du processus électoral le 15 mai est l’occasion de progresser sur les autres défis urgents que le pays doit relever, a conclu M. Swan, en demandant la mobilisation d’un soutien constructif pour tirer profit de ce moment historique.

M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et chef de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS), a dit que la période à l’examen a vu l’achèvement d’un long et douloureux processus électoral qui a connu son apogée avec l’élection du Président de la république le 15 mai 2022.  Il a salué une évolution marquée par l’espoir et la détermination d’un peuple qui a su préserver son identité et ses particularités contre vent et marées pour s’atteler à la réconciliation.  Tout en saluant la représentation grandissante des femmes au Parlement national, M. Madeira a regretté que l’objectif de 30% de femmes n’ait pu être atteint.  « Le fait que le quota minimum de femmes n’ait pas été atteint est un motif de préoccupation même si pour la première fois nous avons assisté à l’élection d’une femme au poste de vice-présidente du Parlement. »  Il a expliqué que le Président Hassan Sheikh Mohamud a fait campagne sur un objectif de réconciliation entre les Somaliens, mais aussi entre les Somaliens et le monde. 

M. Madeira s’est félicité de l’adoption, le 31 mars, par le Conseil de sécurité de la résolution 2628 (2022) approuvant la décision de reconfigurer l’AMISOM en ATMIS et autorisant son mandat pour une période initiale de 12 mois à compter du 1er avril.  Il a souligné la nécessité d’appuyer les forces somaliennes pour qu’elles puissent se reconstituer et se reconfigurer, et ainsi mieux lutter contre les Chabab et les autres groupes armés illégaux.  Il a aussi plaidé pour que soit entrepris un effort collectif en vue de la tenue en 2026 d’élections respectant le principe « une personne, une voix », ce qui justifie selon lui la présence de l’ATMIS.  Enfin, le Représentant spécial a condamné les attaques des Chabab du 19 février et des 23 et 25 mars en prévenant que les Chabab continueront de poser de multiples défis qui nécessiteront une riposte adéquate.  Il a dès lors jugé important de doter les forces de sécurité somaliennes de matériel adéquat et de les rémunérer régulièrement afin de leur permettre de garantir la sécurité dans le pays.

M. JAMES KARIUKI (Royaume-Uni) a félicité M. Hassan Sheikh Mohamud pour son élection le 15 mai dernier.  Il a également salué l’élection « historique » de Mme Sadia Yasin Haji, en tant que première Vice-Présidente du Parlement somalien, tout en déplorant que la représentation des femmes soit encore inférieure à l’objectif de 30%.  La conclusion du processus électoral offre, selon lui, l’occasion de mettre fin à l’incertitude politique et de se recentrer sur les questions urgentes, à savoir la menace posée par les Chabab, le maintien de la stabilité budgétaire, la mise en œuvre des réformes constitutionnelles et la réponse à la sécheresse.  S’agissant de la sécurité, le représentant a remercié la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie pour son soutien tout au long du processus électoral, condamnant l’attaque menée par les Chabab contre le contingent burundais, le 3 mai dernier.  À ses yeux, la menace permanente posée par ce groupe terroriste souligne la nécessité pour le nouveau gouvernement de parvenir à un large accord politique sur un dispositif de sécurité nationale qui soit efficace et qui facilite une transition durable vers un secteur de la sécurité dirigé par les Somaliens eux-mêmes. 

Évoquant ensuite les effets alarmants de la sécheresse, le délégué a jugé de plus en plus probable que la Somalie soit confrontée à la famine, malgré l’engagement collectif à empêcher la résurgence d’une telle situation.  Davantage de financements et d’efforts internationaux sont nécessaires, a-t-il affirmé, non sans rappeler que son pays a annoncé un versement supplémentaire de 31 millions de dollars, en réponse à la crise humanitaire en Somalie, en plus des 25 millions déjà engagés cette année.  Enfin, malgré les réalisations récentes, nous ne devons pas perdre de vue ce qu’il reste à faire pour que la situation en Somalie continue d’évoluer manière pacifique et stable, a-t-il conclu, se réjouissant de travailler avec le Président élu et son gouvernement pour faire avancer la paix, la stabilité et la prospérité au profit de tous les Somaliens.

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a salué l’élection du nouveau Président qui a promis de se focaliser sur la réconciliation nationale, le dialogue, la stabilité et la sécurité.  La représentante a insisté sur l’importance de redynamiser le processus constitutionnel, de tenir compte du fédéralisme et de préparer les élections de 2026.  La communauté internationale, a-t-elle dit, devra accompagner la Somalie.  Elle s’est dite préoccupée du faible nombre de femmes élues au Parlement mais a salué l’élection de la première Vice-Présidente du Parlement.  La représentante s’est aussi dite préoccupée par les attaques persistantes des Chabab.  Plaidant pour l’application du plan de transition de la Somalie, elle a voulu que l’on n’oublie pas les déplacés et les multiples crises socioéconomiques auxquelles sont confrontées les populations.  Elle a insisté sur l’accès à l’éducation, la lutte contre la violence sexuelle et l’aide humanitaire. 

Mme NATHALIE BROADHURST ESTIVAL (France) a réitéré ses félicitations au Président Hassan Sheikh Mohamud pour son élection.  « Malgré toutes les difficultés, le processus électoral a été mené à son terme et a abouti à une transition pacifique du pouvoir. »  C’est un moment historique et une étape importante vers la stabilisation de la Somalie, a poursuivi la déléguée.  Elle a encouragé le nouveau Président à poursuivre la consolidation de l’État, la révision constitutionnelle et le rétablissement de la concorde nationale.  Nous encourageons aussi les autorités somaliennes à poursuivre leurs efforts pour la participation des femmes à la conduite du pays, avec l’atteinte du quota de 30% de femmes au Parlement, a-t-elle dit.  La déléguée a salué à cet égard l’élection de Mme Sadia Yasin Haji Samatar, première femme somalienne à exercer les fonctions de Présidente adjointe de l’Assemblée du peuple. 

La déléguée a ensuite condamné les attaques terroristes commises par les Chabab, notamment le 23 mars et le 3 mai, soulignant l’urgence de mener une lutte plus efficace contre ces derniers.  La résolution 2628 (2022), en endossant la reconfiguration de l’AMISOM en ATMIS (Mission de transition de l’Union africaine en Somalie), est un pas dans la bonne direction, qui doit se traduire par des changements concrets sur le terrain, a affirmé la déléguée.  Enfin, elle a jugé évident qu’aucun nouveau financement de l’ATMIS, quel que soit son volume, ne pourra suffire sans des efforts de la partie somalienne pour générer des forces armées en lien avec les États fédérés, et sans un soutien fort de l’ATMIS pour appuyer ces forces somaliennes et mener des opérations offensives avec elles.  Le Gouvernement somalien et les contingents de l’ATMIS doivent s’engager résolument dans la transition sécuritaire pour atteindre les objectifs fixés par ladite résolution, a-t-elle conclu.

M. DAI BING (Chine) s’est félicité du succès des élections qui permettent à la Somalie de choisir sa propre trajectoire du développement.  Il a espéré qu’un nouveau gouvernement sera formé sans tarder mais s’est inquiété des nombreuses attaques des Chabab, dont la dernière a fait sept victimes au sein du contingent burundais.  Il faut, a plaidé le représentant, renforcer les capacités des forces somaliennes.  Il a souligné la disposition de son pays à appuyer le développement économique de la Somalie, par la coopération bilatérale. 

Mme ALBANA DAUTLLARI (Albanie) a reconnu les développements importants en Somalie depuis le dernier exposé au Conseil de sécurité, notamment l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud, qui a permis d’achever un cycle électoral prolongé et compliqué.  Elle s’est aussi félicitée de l’élection d’une femme à la vice-présidence du Parlement, tout en regrettant que le seuil de 30% de femmes députées n’ait pas été atteint.  Elle a plaidé pour l’inclusion des femmes à tous les échelons de gouvernance, arguant que leur participation à la vie publique est essentielle.  Elle a ensuite appelé les autorités somaliennes à s’atteler au règlement des questions les plus pressantes, en particulier le programme économique conclu avec le FMI, les réformes politiques, la crise humanitaire et les questions de sécurité.  Rappelant à cet égard que, le 25 mars dernier, l’AMISOM est devenue l’ATMIS, elle a déploré une forme de « léthargie » pour ce qui est combattre les Chabab, alors que ces derniers mènent des attaques encore plus meurtrières qu’auparavant et que l’on constate une hausse de 134% du nombre de leurs victimes civiles.  Elle a également regretté l’absence de progrès dans la lutte contre l’impunité, ce qui tend à favoriser les violences sexuelles dans le pays.  Enfin, elle a observé que, malgré les efforts de l’ONU et de ses partenaires, le risque de famine reste élevé.  De plus en plus de personnes déplacées ont besoin d’une aide vitale, a-t-elle alerté, souhaitant que l’insécurité alimentaire en Somalie attire l’attention de la communauté internationale. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a salué la tenue du processus électoral, mais regretté que l’objectif de 30% de femmes n’ait pas été atteint au Parlement tout en saluant Mme Sadia Yasin Haji d’être la première femme à occuper le poste de vice-présidente.  Elle a encouragé la nouvelle Administration à assurer la participation significative des femmes au Gouvernement.  Elle a aussi salué le nouveau Président M. Hassan Sheikh Mohamud et le ton positif et conciliant de son discours d’élection.  L’ONU et les partenaires de la Somalie doivent continuer à répondre aux priorités de la Somalie dont les plus urgentes sont la crise humanitaire, les chocs climatiques et la famine imminente, a-t-elle déclaré.  Dans le soutien de la communauté internationale, les droits fondamentaux de tous les Somaliens, et en particulier des femmes et des filles, doivent être prioritaires, protégés et respectés, a demandé la déléguée.  Elle a appelé le nouveau Président à respecter les obligations de la Somalie de prévenir les abus, de mettre fin à l’impunité et de soutenir les survivants.  Il faut maintenant mettre en œuvre le mandat de l’ATMIS et le Plan de transition pour la Somalie, a demandé la représentante.  Elle a exhorté le prochain Gouvernement à diriger le pays et sa politique sur la base du dialogue, de l’inclusion et du consensus.  La réconciliation nationale et la recherche d’un règlement politique équitable sont essentiels pour faire progresser les mesures de renforcement de l’État, y compris la finalisation de la constitution somalienne et la création d’une cour constitutionnelle, a-t-elle rappelé.

Au nom des A3 (Ghana, Kenya et Gabon), M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a souhaité qu’un nouveau gouvernement somalien soit rapidement mis en place.  L’élan impulsé par le nouveau Président et son prochain gouvernement se traduira par des progrès tangibles dans la stabilisation de la situation sécuritaire, la mise en œuvre des réformes économiques, judiciaires et constitutionnels nécessaires, sans oublier d’apporter des solutions adéquates au désastre humanitaire alimenté par les effets dévastateurs de la sécheresse et de la famine, a estimé le représentant.  Il s’est dit très préoccupé par les attaques terroristes perpétrées par le groupe des Chabab proche d’Al-Qaida et ses affiliés de l’État islamique.  Les récents incidents transfrontaliers dans la région démontrent leur capacité d’adaptation et leur forte capacité d’infliger des dégâts aux infrastructures sécuritaires et civiles, a observé M. Biang. 

Le représentant s’est fait l’écho de l’appel lancé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, invitant les partenaires internationaux de la Somalie à s’engager davantage, pour assurer un financement durable et prévisible de l’ATMIS, afin de lui permettre de s’acquitter efficacement de son mandat au cours de la prochaine période de 30 mois jusqu’au moment du transfert des responsabilités aux forces de sécurité somaliennes.  Le représentant a ensuite exhorté tous les partenaires internationaux à soutenir la Somalie dans cette phase cruciale de son histoire.  Il faut prendre toutes les mesures nécessaires avec la Somalie pour lutter contre l’utilisation de mines et d’engins explosifs et éviter d’assombrir davantage l’avenir des enfants qui en sont souvent les premières victimes.

M. EMERSON CORAIOLA YINDE KLOSS (Brésil) a salué le peuple somalien pour la tenue des élections et l’élection du Président, M. Président Hassan Sheikh Mohamud.  Le représentant a souligné l’importance de soutenir le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) pour que celle-ci puisse atteindre ses objectifs.  Le futur examen stratégique de la Mission devra aider à l’élaboration des politiques et à la consolidation de la paix en Somalie, a-t-il plaidé.  Le délégué a par ailleurs condamné les attaques terroristes sous toutes leurs formes, y compris les derniers assassinats et les attaques qui ont fait des blessés.  Il a dénoncé en particulier l’attaque des Chabab qui a entraîné la mort de Casques bleus burundais, rappelant que les soldats de la paix exécutent l’une des tâches les plus dangereuses auxquelles toute personne puisse être confrontée. 

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a adressé ses félicitations à la Somalie pour la tenue sans heurts des élections parlementaires et présidentielle et pour l’entrée en fonctions, aujourd’hui, du Président Hassan Sheikh Mohamud.  Saluant la contribution apportée à ce processus par l’AMISOM, l’ATMIS et le Représentant spécial, elle a souhaité que cela permette de former rapidement un nouveau gouvernement fédéral, de résoudre les problèmes d’édification de l’État et de répondre aux questions urgentes, à commencer par le terrorisme et la sécheresse.  Elle s’est cependant déclarée vivement préoccupée par le regain d’activités des Chabab pendant les élections, non seulement dans les régions mais aussi dans la capitale.  Pour la déléguée, les incursions de ce groupe dans la zone fortifiée de l’aéroport international de Mogadiscio, en mars, et l’attaque perpétrée contre une base burundaise du contingent de l’ATMIS à Al-Baraf, début mai, témoignent du renforcement significatif de son potentiel. 

Dans ce contexte, la représentante a espéré que l’ATMIS, qui a reçu le soutien unanime du Conseil de sécurité en mars, pourra s’acquitter des tâches qui lui ont été confiées, ce qui, en définitive, devrait permettre à Mogadiscio d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité dans le pays.  Elle s’est également déclarée convaincue que le succès de la Mission dépendra largement du financement durable des soldats de la paix africains, étant entendu que le transfert de responsabilités à l’armée somalienne doit se faire par étapes, en fonction de la situation réelle sur le terrain.  Dans les conditions actuelles de persistance de la menace terroriste, il serait prématuré, selon elle, d’envisager un retrait de la Mission de transition.  Avant de conclure, la déléguée a appelé l’ONU ainsi que les partenaires internationaux et régionaux à continuer d’aider la Somalie en respectant strictement sa souveraineté, son intégrité territoriale et son indépendance politique, sans ingérence dans ses affaires intérieures.  À son avis, un examen stratégique des activités de la mission politique spéciale dirigée par le Représentant spécial contribuerait à augmenter l’efficacité de l’aide internationale à la Somalie.  La Fédération de Russie est prête à fournir l’assistance nécessaire à cette fin, a-t-elle assuré. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) s’est félicitée du succès du processus électoral et de l’élection de M. Hassan Sheikh Mohamud en tant que dixième Président de la Somalie.  Elle a félicité les forces de sécurité somaliennes et de l’ATMIS pour avoir sécurisé le processus électoral.  Tout en saluant l’élection de la première Vice-Présidente du Parlement, elle a regretté que l’objectif de 30% de femmes élues n’ait pu être atteint.  Après avoir vigoureusement condamné les attentats perpétrés par les Chabab, elle a insisté sur la lutte contre le financement du terrorisme.  Elle s’est aussi inquiétée de la gravité de la situation humanitaire, en s’alarmant de ce que le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire soit passé de 2 à 6 millions depuis janvier 2022, en raison de la sécheresse sans précédent et du blocus de l’aide humanitaire par les Chabab.  La représentante a conclu en réclamant une meilleure coopération entre l’ATMIS et le Bureau des Nations Unies afin d’aider la Somalie à s’orienter vers la stabilité et le développement durable. 

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a salué l’élection du nouveau Président de la Somalie, M. Hassan Sheikh Mohamud, l’achèvement du processus électoral étant une étape importante de la voie de la paix.  Il est important, a-t-elle dit, de se focaliser sur la lutte contre le terrorisme et l’impact de la sécheresse.  La représentante a réitéré l’appui de son gouvernement à l’ATMIS qui est un partenaire essentiel de la lutte contre les Chabab.  Plaidant pour un transfert efficace de l’ATMIS aux forces de sécurité somaliennes, elle s’est dite préoccupée par les trafics d’armes entre la Somalie et le Yémen.  Compte tenu de la situation humanitaire aggravée par la sécheresse et les changements climatiques, elle a appelé la communauté internationale à doubler son aide à la Somalie.  Au nom de son pays, elle a promis une enveloppe de 11 millions de dollars et prôné l’implication du secteur privé dans le développement du secteur de l’énergie renouvelable en Somalie. 

M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde) a salué l’achèvement du processus démocratique en Somalie, malgré les retards, et félicité le Président Hassan Sheikh Mohamud pour son élection.  Il s’est inquiété des attaques persistantes des Chabab, avant d’insister sur les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.  Les Chabab sont la plus grave menace pesant sur la Somalie, a-t-il estimé.  Il a par ailleurs regretté que les problèmes de financement de l’ATMIS ne soient pas encore réglés, en demandant un financement prévisible pour cette mission de transition.  Le représentant a également déploré le sous-financement du Plan de réponse humanitaire pour la Somalie en 2022.  Enfin, le délégué a déclaré que son pays continuera d’appuyer la Somalie.

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a déclaré son appui sans faille pour le renouvellement de la MANUSOM et s’est réjouie de l’achèvement du processus électoral et de l’élection du Président Hassan Sheikh Mohamud.  Elle a félicité tous les députés somaliens, à commencer par Mme Sadia Yasin Haji, première femme Vice-Présidente du Parlement, et a dit attendre avec intérêt la nomination rapide d’un premier ministre.  Après quatre années de querelles politiques, la réconciliation entre l’État fédéral et les États confédérés s’impose, a-t-elle plaidé, avant de reconnaître que les Chabab continuent de faire peser une menace très forte sur la sécurité du pays.  Condamnant les attaques perpétrées par ce groupe, notamment celle qui a visé un contingent burundais de l’ATMIS début mai, elle a estimé que la sécurité de la Somalie et de la région dépend de l’engagement de la communauté internationale à lutter contre le terrorisme, ce qui passe, selon elle, par un appui aux forces de sécurité somaliennes et par une inscription des membres des Chabab sur la liste des sanctions de l’ONU. 

Il importe en outre de régler la crise humanitaire qui nourrit l’extrémisme, a poursuivi la déléguée en espérant que le nouveau Gouvernement somalien donne la priorité aux six millions de personnes exposées au risque de faim en raison de la sécheresse.  Affirmant qu’aucun pays ne peut relever seul un tel défi, elle a appelé à la mobilisation internationale, avant d’avertir que la poursuite de la guerre menée par la Russie en Ukraine risque de conduire la Somalie au bord de la famine.  Elle a donc appelé à fournir de toute urgence une aide alimentaire à ceux qui en ont besoin, non sans rappeler que, la semaine dernière, son pays a lancé un « appel à l’action » contre l’insécurité alimentaire dans le monde.  Cet appel a été soutenu par plus de 100 États Membres, s’est-elle félicitée, ajoutant qu’à cette occasion, les États-Unis se sont engagés à verser 100 millions de dollars supplémentaires à la Corne de l’Afrique.  Pour finir, elle a estimé que le bien-être économique du pays dépendra de sa capacité à obtenir un allégement de sa dette.  Elle a donc invité le nouveau Gouvernement à engager des discussions avec les institutions financières internationales pour s’assurer que ce processus reste sur des rails.  Nous devons tous œuvrer à l’unisson pour aider le nouveau Gouvernement à surmonter cette crise et à préparer un avenir plus radieux, a conclu la représentante. 

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a expliqué que l’élection présidentielle s’est tenue la veille du soixante-dix-neuvième anniversaire de la création du premier parti politique en Somalie qui a été déterminant pour permettre à la Somalie d’accéder à l’indépendance.  Il a exprimé la volonté du Gouvernement somalien de renforcer le fédéralisme ainsi que la cohésion en s’attelant aux problèmes socioéconomiques qui frappent des millions de Somaliens.  Il a expliqué qu’un des défis de son pays est d’accéder aux institutions financières internationales pour disposer des moyens d’assurer le développement économique du pays.

Le représentant s’est particulièrement inquiété de la capacité de nuisance des Chabab qui sont responsables de la perte de nombreuses vies humaines et de richesses en Somalie.  Il a assuré de la détermination de son gouvernement à combattre les Chabab par le biais d’une approche à plusieurs volets.  Faisant un terrible bilan des conséquences des sécheresses répétitives, des invasions acridiennes et de la pandémie de COVID-19, le représentant a prévenu que l’aide humanitaire ne constituera pas une solution pérenne à ces chocs sans un investissement international dans le développement durable de la Somalie. 

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