9135e séance – matin
CS/15036

Devant le Conseil de sécurité, le Secrétaire général et le Procureur de la CPI rappellent la force du droit face aux « horreurs » commises en Ukraine

À l’occasion d’un Conseil de sécurité organisé au niveau ministériel par la présidence française sur la situation en Ukraine, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), M. Karim Khan, et une majorité de délégations ont demandé, aujourd’hui, au nom de la lutte contre l’impunité, que les auteurs d’exactions commises en Ukraine soient traduits en justice.  L’annonce de la tenue prochaine de référendums dans plusieurs régions ukrainiennes tenues par les forces russes et la mobilisation partielle décrétée en Russie ont aussi été au cœur de cette séance très dense.

M. Guterres a déclaré que la guerre de la Russie en Ukraine ne montrait aucun signe de répit, avant de qualifier les évènements récents de « dangereux et alarmants ».  Mettant en garde contre un cycle sans fin « d’horreur et de carnage », le Secrétaire général a demandé que toutes les allégations d’exactions en Ukraine fassent l’objet d’une enquête.  Il a jugé indispensable une pleine coopération avec la CPI.

En Ukraine, « le droit est en première ligne et peut assurer la défense des droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes », a appuyé le Procureur de la CPI.  Pour M. Khan, « l’enjeu est de montrer à ceux qui tirent des missiles et des coups de feu en Ukraine que le droit s’applique et qu’ils devront rendre des comptes ».  Rappelant que ses équipes étaient à pied d’œuvre pour établir les circonstances précises dans lesquelles les crimes allégués ont pu être commis, il a insisté sur le fait que la CPI n’avait aucune autre motivation que d’agir conformément au Statut de Rome et à la Charte des Nations Unies.  Le processus de collecte d’éléments de preuve et leur analyse a pour but de « percer le brouillard de la guerre afin de présenter dans une enceinte judiciaire la vérité à des juges indépendants de la CPI », a-t-il expliqué.  Il a ensuite indiqué qu’au vu de ses propres observations, des crimes relevant de la Cour avaient très probablement été perpétrés dans ce pays.

De nombreuses délégations ont appuyé le travail de la CPI en Ukraine.  La Ministre des affaires étrangères de la France a rappelé que 43 États avaient saisi cette dernière de la situation en Ukraine, un nombre sans précédent, avant de détailler l’appui que lui apporte son pays.  Affirmant que « la justice doit être notre impératif commun », Mme Catherine Colonna a aussi précisé que la CPI agirait en complémentarité avec la juridiction ukrainienne et d’autres juridictions nationales saisies, dont des juridictions françaises. 

L’appel le plus vibrant a été lancé par le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui a rappelé « qu’à l’heure où nous parlons, des corps continuent d’être exhumés des fosses communes découvertes à Izioum ».  Appuyé notamment par la Lituanie au nom des trois États baltes, M. Dmytro Kuleba a demandé la création d’une juridiction spéciale qui serait saisie de ce crime en vue notamment de juger le Président Putin et son entourage.  « Nous avons toute confiance en la CPI », a-t-il affirmé. 

C’est une position radicalement opposée qu’a défendue le Chef de la diplomatie russe, qui a déclaré que son pays avait perdu toute confiance dans la Cour.  Alors que le Procureur de la CPI avait déclaré: « Les corps que j’ai vus à Boutcha étaient bien réels », M. Sergei Lavrov a parlé de « mise en scène », affirmant que celle-ci ne « faisait de doute pour personne ».  Il a accusé ses collègues occidentaux d’être « tombés dans une espèce d’hystérie » en accusant la Russie et en imposant de nouvelles sanctions, tout en accusant les mêmes Occidentaux d’être restés indifférents aux multiples exactions commises par le « régime ukrainien ».  Il a notamment déclaré que 3 000 signalements de crimes contre les habitants du Donbass avaient été envoyés à la CPI durant les huit dernières années, sans qu’il n’y ait aucune réaction. 

L’ordre de mobilisation partielle de 300 000 hommes annoncé la veille par le Président Putin a été largement commenté.  Là où le Ministre ukrainien a vu un « aveu de faiblesse », le Secrétaire d’État des États-Unis a estimé qu’au lieu de changer de cap, M. Putin avait décidé d’intensifier et d’étendre la guerre.  M. Anthony Blinken a accusé le Président russe de « verser de l’huile sur un feu qu’il a lui-même allumé » et d’avoir « trahi sa parole diplomatique » en annonçant qu’il pourrait recourir à toutes les armes à sa disposition.  « C’est ce même homme qui, en janvier dernier, signait une déclaration disant que la guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais être menée », a-t-il fait observer.

Nombre d’intervenants ont dénoncé le projet de tenir des référendums « frauduleux » dans le Donbass.  « Vous prévoyez de les utiliser pour annexer un territoire ukrainien souverain », a lancé le responsable de la diplomatie britannique, M. James Cleverly, à son homologue russe.  M. Blinken a, pour sa part, dénoncé des « simulacres de référendum » et son homologie du Ghana a déclaré que son pays « ne reconnaîtra aucun territoire acquis unilatéralement et par la force ».  Le Secrétaire général lui aussi s’est dit très préoccupé par ces « prétendus référendums ».

Les délégations ont été unanimes à réclamer un règlement pacifique de ce conflit, qui a des conséquences graves pour le « Sud global », comme l’a rappelé le Ministre des affaires extérieures de l’Inde qui a ajouté:  « Ce ne peut être une ère de guerre ».  La poursuite des hostilités compromet la sécurité alimentaire et énergétique de millions de familles dans les pays en développement, a ajouté son homologue du Brésil.  Pour la Chine, les parties doivent revenir à la table des négociations sans condition préalable et sans préjuger du résultat, en faisant des propositions réalistes, et dans le respect de l’intégrité territoriale de tous les pays.

Les appels à la cessation des hostilités ont été nombreux et lancés sur tous les tons.  « C’est une guerre que vous ne gagnerez pas, alors mettez-y fin! » a lancé la Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne à l’intention de la Russie, tandis que le représentant de l’Union européenne affirmait que, « moralement et politiquement, la Russie a déjà perdu la guerre », avant d’ajouter que, de plus en plus, elle la perd également sur le champ de bataille. 

Nous ne permettrons pas que l’Ukraine soit utilisée comme « forteresse » contre la Russie, a au contraire assuré M. Lavrov, qui a dénoncé la volonté de « l’Occident collectif » de voir son pays défait sur le champ de bataille et y a vu une confirmation du bien fondé de « l’opération militaire spéciale » lancée par son pays.  « Alors que la Russie veut nous monter les uns contre les autres, il nous faut rester unis, a rétorqué le Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, qui a averti les États Membres de tous les continents: « Nous sommes tous dans le même bateau », ajoutant que la neutralité ne saurait être de mise dans les circonstances actuelles.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a indiqué que la guerre que mène la Russie en Ukraine ne montre aucun signe de répit.  Les événements récents sont dangereux et alarmants et nous éloignent de toute perspective de paix, a-t-il dit, en mettant en garde contre un cycle sans fin d’horreur et de carnage: « Je l’ai dit et je le répète: cette guerre insensée peut faire des dégâts infinis – en Ukraine et dans le reste du monde. »  Le Secrétaire général a fait observer que l’idée d’un conflit nucléaire, autrefois impensable, est aujourd’hui évoquée par certains, ajoutant que « rien que cela est totalement inacceptable ».  Tous les États dotés d’armes nucléaires devraient de nouveau s’engager à ne pas les utiliser et à les éliminer progressivement de leur arsenal, a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général s’est également dit très préoccupé par les informations faisant état de plans visant à organiser de prétendus référendums dans des régions d’Ukraine qui ne sont actuellement pas sous le contrôle de son gouvernement.  « Toute annexion du territoire d’un État par un autre État par la menace ou le recours à la force constitue une violation de la Charte des Nations unies et du droit international », a-t-il rappelé. 

M. Guterres a en rappelé que quelque 14 millions de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont dû fuir le conflit.  « La situation ne peut qu’empirer, alors que l’hiver approche et que les approvisionnements en gaz et en électricité s’amenuisent », s’est-il alarmé.  Au niveau mondial, le conflit a provoqué une triple crise, alimentaire, énergétique et financière, qui a précipité des millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et la faim, réduisant à néant des années de progrès vers le développement. 

« L’ONU travaille sans relâche pour pleinement exploiter toute opportunité d’atténuer les souffrances, notamment lors de mes déplacements en Ukraine, en Fédération de Russie et dans la région, et dans le cadre de mes échanges directs avec le Président Zelenskyy et le Président Putin », a expliqué le Secrétaire général.  L’ONU, a-t-il ajouté, est venue en aide à près de 13 millions de personnes dans le besoin.  Mais il « est essentiel que le personnel humanitaire puisse intervenir en toute sécurité et sans entrave auprès de tous ceux qui ont besoin d’aide, où qu’ils soient », a rappelé M. Guterres.

Le Secrétaire général a qualifié d’extrêmement préoccupantes les informations faisant état de fosses communes à Izioum, en demandant que toutes les allégations de torture, de traitements dégradants et de violence sexuelle fassent l’objet d’une enquête pour lutter contre l’impunité.  Les responsables doivent être traduits en justice de manière juste et indépendante.  À ce titre, la Cour pénale internationale (CPI) a un rôle important à jouer, a poursuivi M. Guterres, en mentionnant l’ouverture d’une enquête par le Procureur.  « Une pleine coopération avec la Cour est capitale. »

Le Secrétaire général a évoqué la situation alarmante à la centrale de Zaporijia, avant de se féliciter de la présence « dissuasive » de l’AIEA sur place.  « Toute attaque contre des centrales nucléaires doit cesser et leur nature purement civile doit être restaurée », a-t-il ajouté, le monde ne pouvant se permettre une catastrophe nucléaire.  Il a salué le récent échange de 250 prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie et appelé à faire fond sur ce développement positif.

« La seule façon de mettre fin aux souffrances en Ukraine, c’est de mettre fin à la guerre », a affirmé le Secrétaire général, qui a ajouté qu’il continuerait de faire tout son possible pour la paix, une paix fondée sur le respect du droit international et la Charte des Nations Unies.  Enfin, il a appelé tous les États Membres, en particulier ceux qui sont représentés ici aujourd’hui, à redoubler d’efforts pour empêcher une nouvelle escalade et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à la guerre et assurer une paix durable.

M. KARIM KHAN, Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a qualifié la séance du Conseil de moment à saisir pendant lequel nous devons, ensemble, démontrer la pertinence du droit à ceux qui, en Ukraine, craignent pour leur vie.  Et nous devons aussi montrer sans tarder que le droit est en première ligne et peut assurer la défense des droits fondamentaux des enfants, femmes et hommes, a-t-il ajouté, appelant à cette fin à une action collective. 

Pour M. Khan, l’enjeu est celui-ci: montrer à ceux qui tirent des missiles et des coups de feu en Ukraine que le droit s’applique et qu’ils devront rendre des comptes.  Si nous y parvenons, a-t-il dit, nous aurons, je crois, apporté la preuve de la valeur véritable de l’état de droit en tant que point d’ancrage pour la paix et sécurité. 

M. Khan a rappelé combien la CPI avait pris la mesure de la crise, et cela dès fin février dernier.  Depuis le mois de mars, mon équipe, consciente de l’urgence de la situation, est à pied d’œuvre pour établir, sur le plan médico-légal notamment, les circonstances précises dans lesquelles les allégations de crimes ont eu lieu en Ukraine, y compris les crimes de guerre, pour lesquels il n’y a pas de prescription possible, a-t-il poursuivi.  Depuis mai, a-t-il ajouté, la Cour a une présence permanente sur le terrain pour enquêter, parfois de façon innovante et en dialoguant avec les États de la région et les acteurs du secteur privé comme de la société civile. 

M. Khan a précisé que le processus de collecte d’éléments de preuve et leur analyse a pour but de « percer le brouillard de la guerre afin de présenter dans une enceinte judiciaire la vérité à des juges indépendants de la CPI ».  Ceux-ci pourront alors examiner à leur tour notre travail, a expliqué M. Khan, qui a tenu à rappeler que le travail mené par son bureau est le seul qu’il doit conduire et qu’il conduit effectivement.  La Cour n’a aucune autre motivation que d’agir conformément au Statut de Rome et à la Charte des Nations Unies, a-t-il insisté. 

C’est en suivant les règles et en se rendant sur place que je peux dresser un tableau de l’ampleur de la destruction et des souffrances en Ukraine, a poursuivi le Procureur de la CPI.  Pour lui, et d’après ce qu’il a vu sur place de ses propres yeux, des crimes relevant de la Cour ont très probablement été perpétrés dans ce pays.  À Boutcha, les corps que j’ai vus étaient bien réels, a-t-il dit, et quand j’ai quitté Kharkiv, les bombes que j’ai entendues m’ont permis de toucher du doigt la réalité sinistre et terrifiante que subissent les habitants dans cette zone de guerre. 

Enfin, M. Khan en appelé à l’administration d’une justice humaine, qui fasse en sorte que les civils ne soient pas pris pour cible, à une justice internationale profondément apolitique incarnant les promesses qui sous-tendent la Charte et le Statut.  Au Conseil, M. Khan a demandé que la communauté internationale tienne ses promesses, et à l’humanité tout entière de « planter l’étendard du droit sur le sol international ».  Ne décevons pas ceux qui ont le plus besoin du droit au moment où nous nous parlons, a-t-il conclu. 

 Mme CATHERINE COLONNA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, qui présidait cette séance, a estimé que l’agression, que la Fédération de Russie a décidé, seule, de mener contre un État souverain, l’Ukraine, qui n’a eu le tort que de vouloir vivre libre, constitue une violation flagrante des normes fondamentales de la Charte des Nations Unies.  Le non-recours à la force, l’intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes auxquels nous avons tous souscrits autour de cette table du Conseil, a souligné la Ministre.  Ils ont été, chacun d’entre eux, ouvertement violés, a-t-elle constaté avant de dénoncer les exactions, les destructions d’objectifs civils, les crimes insoutenables qui ont été perpétrés. 

Le message de la France aujourd’hui est simple, a poursuivi Mme Colonna: la justice doit être notre impératif commun.  Il n’y aura pas de paix sans justice.  C’est un impératif pour les victimes qui ont droit à la reconnaissance et à la réparation de leurs souffrances.  La justice est aussi un impératif de sécurité internationale, a poursuivi la Ministre en disant à ceux qui ne voient en cette guerre qu’un simple conflit de plus que « si tout est permis ici, tout le sera davantage ailleurs » et la possibilité d’une guerre d’agression ne fera que croître. 

La justice est aussi un impératif politique, a déclaré la Ministre.  Il faut combattre l’idée même que soient possibles de telles atteintes à notre humanité commune, de tels crimes, qui doivent être combattus en paroles et en actes.  Pour cela, un cadre a été posé, celui d’une justice professionnelle et spécialisée.  À son sommet, la Cour pénale internationale a été saisie par 43 États, dont la France, a rappelé Mme Colonna, qui a fait observer que c’était la première fois qu’autant d’États agissaient ainsi en même temps. 

La CPI agira en complémentarité avec la juridiction ukrainienne et d’autres juridictions nationales saisies, au nombre desquelles les juridictions françaises, a ajouté la Ministre.  La France travaille donc avec de nombreux partenaires pour renforcer dans l’ensemble de ces juridictions la collecte de preuves et le recueil d’informations fiables.  Concrètement, elle a dépêché deux équipes d’enquêteurs à Boutcha en avril dernier, elle a fait don d’un laboratoire mobile d’analyse d’ADN et elle vient de décider d’envoyer une nouvelle mission d’appui à Izioum.  Le soutien de la France s’étend à la CPI.  Il est à la fois financier et humain par la mise à disposition de magistrats.  Son soutien s’étend aussi à l’ensemble des juridictions qui doivent collaborer entre elles, a précisé Mme Colonna en affirmant que « ce que nous faisons a du sens ».  Il s’agit de la lutte contre l’impunité mais aussi de l’intégrité de l’ordre international, a-t-elle fait valoir. 

Le choix de la guerre par la Russie sous de faux prétextes et sa manipulation grossière de notions aussi lourdes que celle de génocide, qui constitue le crime des crimes, interpellent profondément, a poursuivi Mme Colonna, qui a noté que la CPI avait relevé le caractère abusif de cette fausse affirmation.  La même manipulation est à l’œuvre lorsqu’on parle de référendum dans des territoires conquis par la force, a encore estimé la Ministre. 

Face à ceux qui privent les mots de leur sens, notre devoir et notre travail autour de la table du Conseil sont de rendre aux choses leur sens, a déclaré Mme Colonna en concluant son intervention par une citation de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne.  Elle a dit attendre les conclusions de la CPI, en disant que, dès aujourd’hui, il est possible de dire que les auteurs des crimes ne resteront pas impunis.  Nous le devons aux victimes et il en va de notre sécurité et des principes universels qui nous lient.

M. JONAS GAHR STØRE, Premier Ministre de la Norvège, a déclaré que la guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine constitue une violation flagrante de la Charte et du droit international, ainsi que de l’égalité souveraine des États.  Il a réfuté les allégations formulées par le Président Putin selon lesquelles la Russie serait menacée par l’Occident, estimant que cette escalade ne fera qu’accroître les souffrances des Ukrainiens et des Russes.  « La Russie a choisi de commencer cette guerre.  Elle doit maintenant choisir d’y mettre un terme » a martelé le Premier Ministre en évoquant ses conséquences mondiales, telles que la flambée des prix de l’énergie et l’insécurité alimentaire, ainsi que les risques d’une catastrophe nucléaire.  La présence de forces russes à la centrale nucléaire de Zaporijjia compromet gravement la sûreté et la sécurité nucléaires, s’est alarmé M. Støre, tout en saluant le travail de l’AIEA.  Toutefois, l’Initiative de la mer Noire constitue un pas dans la bonne direction. 

Le Premier Ministre a jugé inacceptable la récente escalade des attaques contre des cibles civiles, s’insurgeant contre le recours aveugle à des armes explosives lourdes contre des écoles et des hôpitaux.  Les massacres découverts à Izioum s’ajoutent maintenant aux « horreurs indicibles » révélées à Boutcha, en mars, et dans d’autres endroits précédemment sous occupation russe.  Il a également condamné les « prétendus référendums » prévus dans les régions occupées d’Ukraine, estimant qu’ils seraient contraires au droit international et n’auraient aucune valeur juridique ni aucune légitimité.  « Que cela soit clair: de telles consultations n’affecteraient en aucune façon la souveraineté de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues », a-t-il insisté.  Il a au contraire appelé à ouvrir des enquêtes sur les allégations d’atrocités commises par les forces d’occupation russes et à faire en sorte que les responsables soient traduits en justice.  M. Støre a offert à cet effet son plein appui aux actions entreprises à la fois par la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine établie par le Conseil des droits de l’homme et par la CPI.

M. MARCELO EBRARD CASAUBÓN, Secrétaire des relations extérieures du Mexique, a souligné la gravité des conséquences de la guerre en Ukraine et plaidé une nouvelle fois pour une solution diplomatique.  L’aide humanitaire reste essentielle, a-t-il dit, avant d’appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général.  Il a appelé au respect du droit international, en demandant que les auteurs des crimes commis en Ukraine soient traduits en justice.  La CPI a un rôle capital à jouer, a-t-il dit, en ajoutant que le Mexique suivra de très près les enquêtes ouvertes par le Procureur.  Il a estimé que le dialogue reste possible comme l’ont montré les récents accords sur les exportations de céréales via la mer Noire.  Enfin, M. Casaubón a proposé la création d’un comité de haut niveau pour le dialogue et la paix en Ukraine, rassemblant notamment le Premier Ministre indien et le pape François, afin d’appuyer les efforts de médiation du Secrétaire général.

M. ANTONY J. BLINKEN, Secrétaire d’État des États-Unis, a salué l’unité de l’Assemblée générale contre la guerre en Ukraine et ses conséquences inquiétantes.  Cette semaine, la majorité des États Membres a dit ou dira à la tribune de l’Assemblée que la guerre doit cesser, a-t-il ajouté, même les pays ayant des liens étroits avec Moscou.  Pendant ce temps, au lieu de changer de cap, M. Putin a décidé d’intensifier et d’étendre la guerre en mobilisant 300 000 volontaires, en brandissant la menace nucléaire et en rendant impossible toute solution diplomatique, a dénoncé M. Blinken.  Pour lui, M. Putin « verse de l’huile sur un feu qu’il a lui-même allumé, montrant tout son mépris pour la Charte des Nations Unies ».  Le Secrétaire d’État a estimé que défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, c’est protéger un ordre international, « le nôtre », dans lequel aucun pays ne peut changer le visage de celui d’un autre.  Dans les régions d’Ukraine contrôlées par les forces russes, c’est un monde odieux qui prévaut, et que l’on découvre quand ces forces se retirent et que débute la difficile collecte des preuves de crimes de guerre, a ajouté M. Blinken. 

Témoignant de ce qu’il a vu sur place, le Secrétaire d’État a estimé que seul un usage aveugle et délibéré de la force pouvait provoquer de tels ravages et destructions.  À Izioum, ville contrôlée pendant six mois par les forces russes, 450 tombes anonymes ont été découvertes, renfermant des corps marqués par des traces de torture, a-t-il dit, affirmant que les actes de cette nature se répètent dans tous les territoires contrôlés par les Russes, actes dont les auteurs seront tôt ou tard traduits en justice.  Plus les forces russes connaîtront de revers militaires plus elles infligeront de souffrances aux Ukrainiens, a encore affirmé M. Blinken, qui a condamné les innombrables violations du droit international commises par la Russie. 

Le Secrétaire d’État a déploré que M. Putin ait trahi sa parole diplomatique en annonçant qu’il pourrait recourir à toutes les armes à sa disposition.  C’est ce même homme qui, en janvier dernier, signait une déclaration disant que la guerre nucléaire ne peut pas être gagnée et ne doit jamais être menée, a dénoncé M. Blinken.  Il a qualifié de « menace nucléaire éhontée » les déclarations de M. Putin, et « véritable déni de la diplomatie ».  Il a également condamné la préparation de « référendums croupions » dans le Donbass, qui ne servent en réalité qu’à russifier des territoires ukrainiens vidés de leurs populations ukrainiennes. 

Pour M. Blinken, l’agression de l’Ukraine empêche en outre le système de l’ONU de travailler à la résolution des crises climatique et sanitaire, et d’avancer dans la réalisation des objectifs de développement durable, à laquelle sont si attachés les citoyens du monde et la majorité des États Membres.  Au lieu de nous consacrer à cela, nous voilà confrontés aux risques d’insécurité alimentaire et énergétique provoqués par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il accusé. 

Aucun d’entre nous n’a choisi cette guerre: pas les Ukrainiens, pas les États-Unis, ni l’immense majorité des pays à l’ONU, ni les mères et pères russes dont les enfants sont envoyés à la mort, a déclaré le Secrétaire d’État américain.  Après avoir salué le courage des manifestants qui s’opposent à l’ordre de mobilisation de M. Putin en demandant: « Que nos enfants vivent! » il a considéré que c’est le même homme qui a choisi cette guerre qui peut y mettre fin.  Il a conclu son intervention en confirmant que les États-Unis aideront l’Ukraine à se défendre pour, à terme, parvenir à une issue diplomatique, comme le souhaite à juste titre le Président Zelenskyy. 

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a commencé par réitérer la « position claire et constante » de la Chine sur l’Ukraine, à savoir que l’intégrité territoriale et la souveraineté de tous les pays doivent être respectées, tout comme les buts et principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies.  Dans le même temps, il faut prendre au sérieux les préoccupations sécuritaires de tous les pays.  Il a rappelé que, depuis le début de la crise, la Chine avait apporté une aide humanitaire de 35 millions de yuans à l’Ukraine et qu’elle lui a fourni 15 000 tonnes d’aide humanitaire d’urgence.

En réaction à la situation actuelle, M. Wang Yi a fait quatre propositions.  Tout d’abord, il a dit qu’il faut s’en tenir au dialogue et à la négociation en demandant aux parties de revenir à la table de négociation sans condition préalable et sans préjuger du résultat, en faisant des propositions réalistes.  Il faut ensuite œuvrer de concert en faveur d’une désescalade des tensions, et les parties doivent faire montre de retenue alors que la communauté internationale devra contribuer à créer un espace de règlement politique.  Concernant la sûreté et la sécurité des centrales nucléaire, le Ministre a estimé qu’il n’y avait aucune marge de manœuvre et qu’il fallait absolument éviter tout accident.  En cela la Chine appuie l’AIEA « qui a une position objective et équitable et qui cherche à jouer un rôle positif ». 

En troisième lieu, le Ministre a exhorté la communauté internationale à apaiser la situation humanitaire.  Il est essentiel de respecter le droit international humanitaire et de prévenir toute attaque contre des civils et des cibles civils, a-t-il insisté, ajoutant que les enquêtes sur ces attaques doivent être basées sur des faits et éviter toute politisation.  Il faut enfin continuer de fournir une assistance aux personnes en Ukraine et dans les pays voisins.  La Chine a aussi demandé aux fournisseurs d’énergie de travailler ensemble pour stabiliser les prix de l’énergie sur les marchés mondiaux.

La Chine appuie les efforts du Secrétaire général de l’ONU en faveur de l’exportation des céréales russes et ukrainiennes.  M. Wang Yi a rappelé à cet égard que la Chine avait présenté une initiative de coopération sur la sécurité alimentaire mondiale.  Il a estimé qu’aucun pays ne devrait avoir recours à des sanctions unilatérales parce que ce sont les pays en développement qui en payent le prix.  Il faut au contraire prendre des mesures positives et responsables en faveur d’un règlement politique en restant unis et en coopérant afin de défendre un système international avec l’ONU en son cœur, a souhaité le Ministre, qui a appelé à éviter toute forme de « guerre chaude » ou de « guerre froide ». 

Mme OLTA XHAÇKA, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de l’Albanie, a déclaré que les actions de la Russie en Ukraine constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies qui nous rappelle les jours sombres qui ont précédé la création de l’Organisation.  Les preuves et les témoignages recueillis en Ukraine ont montré au monde « le vrai visage de l’occupation russe », celui d’une effroyable brutalité envers la population civile.  Des milliers de victimes civiles et militaires des deux camps continuent de payer un lourd tribut pour la guerre volontaire décidée par le Président Putin, a constaté la Ministre.  Elle a condamné l’annonce d’une mobilisation partielle en Russie et l’organisation de « prétendus référendums » dans l’est de l’Ukraine occupée, estimant que ces actions constituent de nouvelles violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. 

La Ministre a réitéré son appel au retrait inconditionnel et complet des troupes russes du territoire souverain de l’Ukraine.  Nous devons continuer à aider l’Ukraine à se défendre, a insisté Mme Xhaçka, mais nous devons aussi faire en sorte que la Russie soit rendue pleinement redevable de ses actes, non seulement par souci de justice mais également pour éviter que de telles atrocités ne se reproduisent ailleurs. 

M. SIMON COVENEY, Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, a estimé que l’Initiative céréalière de la mer Noire était un bon exemple des réussites du multilatéralisme, ajoutant que « toute solution au conflit en Ukraine doit passer par la recherche d’un accord de paix négocié ».  Il a évoqué un autre « moment d’espoir », déçu celui-là, quand, en janvier dernier, les dirigeants des cinq puissances nucléaires -dont la Russie- ont déclaré d’une seule voix qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée ni même livrée.  Or, à peine six semaines plus tard, la Russie agressait de manière injustifiée et illégale l’Ukraine, un État Membre souverain de l’ONU et un voisin de M. Putin, a ajouté M. Coveney.

Le Ministre a affirmé que si nous ne tenons pas la Russie pour responsable, nous adressons le message aux puissants qu’ils peuvent s’attaquer à leurs voisins en toute impunité.  C’est pourquoi il a annoncé que son pays avait déposé, hier, une déclaration d’intervention auprès de la CPI dans l’affaire de l’agression de la Russie contre l’Ukraine, et « c’est pourquoi nous portons ce même dossier devant la Cour européenne des droits de l’homme ».  M. Coveney a ensuite demandé au Conseil de sécurité d’engager une réflexion approfondie sur la manière dont il doit agir pour protéger réellement les principes et objectifs de la Charte et empêcher les guerres d’agression.  Aucun pays, aussi grand ou puissant soit-il, ne devrait pouvoir opposer son veto à l’application du droit pour poursuivre ses propres intérêts sécuritaires, a-t-il tranché. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires extérieures de l’Inde, a d’emblée tenu à rappeler que son pays n’est pas partie au Statut de Rome et n’est pas membre de la CPI.  Rappelant que le Sud global ressent avec acuité les conséquences du conflit en Ukraine, il a souligné la nécessité d’une cessation immédiate des hostilités et d’un retour au dialogue et à la diplomatie.  « Ce ne peut être une ère de guerre », a-t-il dit, en citant les mots du Premier Ministre indien. 

Le Ministre a déclaré qu’il n’y avait aucune justification à des violations des droits humains et du droit international, même dans des situations de conflit.  « Lorsque de tels actes sont commis, il est capital qu’ils fassent l’objet d’une enquête indépendante et objective », a-t-il ajouté.  Il a insisté sur l’importance de la lutte contre l’impunité, en invitant le Conseil à envoyer, à ce titre, un message dépourvu de toute ambiguïté.  Lorsque des attaques odieuses sont commises en plein jour, alors ce Conseil doit réfléchir aux signaux que nous envoyons s’agissant de la lutte contre l’impunité, a conclu le Ministre.

M. MICHAËL MOUSSA ADAMO, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a déclaré que la guerre en Ukraine nous interpelle à plusieurs égards.  « Elle nous interpelle sur les victimes qui se comptent par milliers, sur les ruines des dévastations et la détresse des meurtris.  Elle nous interpelle sur la propagande, la désinformation ou la propension à la réécriture de la réalité.  Elle nous interpelle sur la menace nucléaire et ses conséquences potentiellement irréparables.  Elle nous interpelle pour son onde de choc sur la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale. »  Les peuples du monde ont les yeux rivés sur ce Conseil pour une réponse aux défis qui se dressent sur la trajectoire de leurs aspirations à la paix et la sécurité internationale, a résumé le Ministre. 

M. Adamo a noté avec intérêt l’ouverture par la Cour pénale internationale (CPI) d’enquêtes sur les crimes commis par toutes les parties dans la guerre en Ukraine, en vue de collecter les éléments de preuve et pouvoir établir les faits ainsi que les responsabilités concernant les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.  Mais les standards qui sont appliqués à la guerre en Ukraine, à tous les niveaux, doivent aussi l’être pour tous les conflits armés, a-t-il demandé.  Et l’élan de compassion, d’assistance et de solidarité qui est, à juste titre, réservé à la guerre en Ukraine, doit pouvoir être identique pour toutes les victimes des conflits armés.  « Nous n’oublierons pas, au moment du bilan, le sort qui a été réservé à de nombreux africains, parmi lesquels de jeunes étudiants, pour qui le chemin de l’exil a été bien trop souvent parsemé de honte et d’humiliation », a dit le Ministre.  « À cause de la couleur de leur peau, nombreux se sont vu refuser l’assistance dont ils avaient autant besoin que ceux dont ils partageaient la même communauté de souffrance, de peur et de détresse », a-t-il encore déploré. 

M. SERGEY V. LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a rappelé que cette séance a été demandée par certaines délégations pour parler du thème de l’impunité en Ukraine, estimant que cela tombe à point nommé pour parler de ce qui s’y passe depuis 2014.  Jusqu’ici les crimes de Maïdan restent impunis, a-t-il souligné en passant en revue une série de faits.  On ignore le fait que depuis huit ans l’armée ukrainienne mène une opération militaire contre les habitants du Donbass en toute impunité parce qu’ils ont refusé le résultat du coup d’État à Kiev, a argué M. Lavrov.  Ils ont été accusés d’être des terroristes, a-t-il ajouté, et il y a une mobilisation totale de tous les adultes en Ukraine pour les recruter dans les bataillons nationalistes.  Kiev sabote les accords de Minsk en privant la population du Donbass de leurs droits fondamentaux, citoyens et politiques, a accusé M. Lavrov.

Le régime de Kiev dit que ces accords ne sont nécessaires que pour maintenir les sanctions contre la Russie, a-t-il affirmé en citant l’ex-Président Porochenko.  Pour M. Lavrov, le « régime de Kiev » doit son impunité à ses parrains occidentaux, l’Allemagne, la France et les États-Unis, qui ont décidé de fermer les yeux de manière cynique sur ce qui se passe au Donbass, où les droits de la population russophone sont foulés au pied à travers des lois russophobes et même une loi qui promeut le nazisme sans que les structures multilatérales n’aient été en mesure de pousser Kiev à respecter ses engagements en matière de droits humains. 

L’État ukrainien fomente une idéologie d’intolérance nationale, a accusé M. Lavrov, pour qui les responsables ukrainiens appellent au meurtre des russophones.  Le Ministre a étayé ses propos en citant certains responsables ukrainiens, dont l’interview du Président Zelenskyy du 5 août, lors de laquelle il a conseillé à tous ceux qui se sentent russes d’aller en Russie.  Les référendums dans plusieurs régions d’Ukraine sont la réponse à son souhait, a expliqué le Ministre.  Toutes ces saillies russophobes sont restées totalement impunies, s’est-il indigné.  Il a aussi parlé de persécutions de journalistes dissidents et de fermeture de chaînes de télévision et de radio russophones dans ces régions. 

Dans ce contexte, les pays qui inondent l’Ukraine d’armes et de matériel militaire paraissent extrêmement civils, a ironisé le Ministre.  Ce qu’ils cherchent, c’est à épuiser et affaiblir la Russie, a poursuivi M. Lavrov, qui a dit n’avoir aucune illusion quant à la capacité de « l’Occident collectif » de se remettre en question par rapport à sa propre machinerie.  L’OTAN fournit des renseignements aux forces armées ukrainiennes et dit même que la Russie doit être défaite sur le champ de bataille, a affirmé le Ministre en citant les propos d’un représentant de l’Union européenne.  Les États-Unis et leurs alliés couvrent depuis huit ans les crimes de Kiev et basent leur politique sur le fameux prétexte que M. Zelenskyy est « un fils de pute, mais c’est notre fils de pute », a accusé M. Lavrov. 

M. Lavrov a également dénoncé l’utilisation de mines et le fait que le pilonnage de la centrale nucléaire de Zaporijia, qu’il a attribué aux autorités ukrainiennes, reste impuni.  Il a tenu à rappeler que les retards de la mission de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur place étaient le fait du « régime de Kiev ».  Il s’est dit inquiet du sort des prisonniers de guerre russes en Ukraine, en parlant d’images montrant qu’on leur tire une balle dans la tête.  « Personne ici n’a commenté cela », a-t-il relevé.

M. Lavrov a également attiré l’attention des membres du Conseil sur le fait qu’en mars dernier, alors que les négociateurs russes et ukrainiens s’étaient pratiquement mis d’accord sur les paramètres pour l’exportations de céréales, il y a eu la tragédie de Boutcha.  Le fait qu’il s’agisse d’une mise en scène ne fait de doute pour personne, a-t-il affirmé.  Il a accusé ses collègues occidentaux d’être « tombés dans une espèce d’hystérie » en accusant la Russie et en imposant de nouvelles sanctions, assurant que, depuis lors, plus personne ne parle de Boutcha « à part nous ».   M. Lavrov a demandé au Secrétaire général de donner suite à sa propre demande aux autorités ukrainiennes de publier une liste des personnes qui auraient péri à Boutcha.

Au contraire, 3 000 signalements de crimes contre les habitants du Donbass ont été envoyés à la CPI ces huit dernières années sans qu’il n’y ait aucune réaction, a poursuivi M. Lavrov.  Par conséquent, la Fédération de Russie a perdu toute confiance en cette institution, a expliqué le Ministre, en disant attendre depuis huit ans que l’on lutte contre l’impunité en Ukraine.  Sur la base des faits exposés, il a estimé que le Russie avait eu raison de lancer son opération militaire spéciale et a conclu en disant que son pays ne permettra pas que l’Ukraine soit utilisée comme « forteresse » contre la Russie.

M. JAMES CLEVERLY, Ministre des affaires étrangères, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a fait état des conséquences « dévastatrices » du conflit en Ukraine, qui a fait plus de 14 000 victimes civiles à ce jour, en plus de 7 millions de personnes déplacées et 7 millions de réfugiés en Europe.  Les preuves des atrocités commises envers les civils continuent de s’accumuler, y compris les violences sexuelles, les attaques indiscriminées contre des centres médicaux, les actes de torture, les détentions arbitraires et les déportations forcées en Russie.  La « guerre du Président Putin » répand la misère et l’insécurité alimentaire dans le monde entier, plongeant des millions de personnes parmi les plus vulnérables du monde dans la faim et la famine, s’est alarmé M. Cleverly.  Pendant ce temps, la Russie tente de rejeter la faute sur ceux qui ont imposé, à juste titre, des sanctions en réponse à ses actions illégales.

M. Cleverly s’est adressé directement à son homologue russe en affirmant qu’il voyait clair dans le « tissu de mensonges » de la Russie concernant la guerre en Ukraine.  De même, la Russie s’apprête maintenant à tenir des référendums frauduleux dénués de fondement juridique, sous la menace de violence et de déportations.  « M. Lavrov, nous savons ce que vous faites.  Vous prévoyez d’inventer un résultat.  Vous prévoyez de l’utiliser pour annexer un territoire ukrainien souverain », a-t-il lancé, en faisant observer que le Ministre russe avait quitté la salle.  Il a évoqué le témoignage d’Olena Yuzvak, dont le fils a été enlevé par les troupes russes à Boutcha.  Si la souveraineté et le territoire de l’Ukraine ne sont pas respectés, aucun pays n’est en sécurité, a conclu le Ministre, car le combat de l’Ukraine pour la liberté est celui du monde entier.

Mme SHIRLEY AYORKOR BOTCHWEY, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration régionale du Ghana, a déclaré que les membres de ce Conseil doivent agir de manière urgente et unifiée pour mettre fin à la quasi-paralysie du Conseil et à la guerre en Ukraine.  Le Ghana est particulièrement préoccupé par l’intensification de la guerre, les zones peuplées de civils et les infrastructures civiles étant les cibles des bombardements.  La Ministre a regretté que les lois fondamentales qui régissent la conduite de la guerre moderne et protègent les citoyens ordinaires, pris dans ses feux croisés, n’aient pas été respectées.  Face aux rapports d’atrocités, elle a souligné l’importance de garantir l’application du principe de responsabilité pour tous les crimes de guerre commis en Ukraine.

À cet égard, a poursuivi Mme Ayorkor Botchwey, son pays appuie les processus d’enquête entrepris par la CPI, la CIJ et le Conseil des droits de l’homme.  Elle a souligné l’importance des mesures de réparation, notamment pour les victimes de violence sexuelle.  « Le Ghana ne reconnaît et ne reconnaîtra aucun territoire acquis unilatéralement et par la force, ni le démembrement d’une entité souveraine. »  Saluant les bons offices du Secrétaire général, la Ministre a noté les impacts positifs de l’Initiative céréalière de la mer Noire et encouragé toutes les parties prenantes à parvenir à un accord sur l’exportation des engrais russes dont dépendent les économies agraires.

M. CARLOS FRANÇA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a condamné tous les crimes perpétrés en Ukraine et défendu une enquête impartiale sur les faits, afin que leurs auteurs soient tenus pour responsables de leurs actes.  « Nous réitérons également notre appel au plein respect du droit international humanitaire par toutes les parties », a-t-il ajouté.  Le Ministre a estimé qu’il n’y avait pas de tâche plus urgente que d’organiser le dialogue entre les parties, afin d’obtenir d’elles un cessez-le-feu immédiat et l’ouverture de négociations pour un accord de paix.  La poursuite des hostilités met en danger la vie de civils innocents et compromet la sécurité alimentaire et énergétique de millions de familles dans d’autres régions, en particulier dans les pays en développement, a-t-il rappelé, avertissant contre les risques d’escalade incontrôlables pour l’ordre mondial qui pourraient découler de la dynamique actuelle du conflit.  La priorité de ce Conseil doit être de créer les conditions permettant aux parties de négocier une solution pacifique au conflit, a-t-il conclu. 

Mme REEM AL HASHIMY, Ministre d’État à la coopération internationale des Émirats arabes unis, a relevé que la guerre en Ukraine a suscité différentes réactions au sein de la communauté internationale.  Pour d’aucuns, c’est une mise en garde face au risque d’avoir un système multilatéral paralysé, alors que d’autres estiment que cette guerre annonce un retour à la polarisation historique.  Ces réactions illustrent les ripostes divergentes des États face à cette guerre, mais ces disparités existent à côté d’une expression unie autour de l’impératif du respect du droit international et d’une reconnaissance de sa fonction pour séparer l’ordre international civilisé de son antithèse, a-t-elle souligné. 

La Ministre a rappelé que le droit international régit les rapports de bon voisinage selon les principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale notamment.  Les Émirats arabes unis appellent toutes les parties au respect du droit international et du droit international humanitaire, et la Ministre a exprimé ses préoccupations face aux violations quotidiennes que subissent les civils, et en particulier sur les femmes et les enfants, notamment celles qui sont déplacées sous la contrainte et dont on signale régulièrement qu’elles sont soumises à des violences ou une exploitation sexuelles, y compris de la part du crime organisé.  C’est pourquoi elle a salué les efforts en cours visant à réagir à la crise humanitaire tout en tenant compte des conséquences spécifiques de la guerre sur les femmes et les filles.  S’il est urgent de parvenir à une cessation des hostilités, la paix doit rester l’objectif ultime, a insisté la Ministre, qui en a profité pour rappeler l’importance de la participation des femmes au processus de maintien de la paix.

Mme Al Hashimy a réitéré l’appel des Émirats arabes unis aux parties prenantes afin que l’on recherche un règlement pacifique à cette crise à travers un dialogue inclusif et la négociation, afin de parvenir à un règlement diplomatique. 

M. GEORGE ORINA, Directeur général et Ministère des affaires étrangères du Kenya, a estimé que l’obligation de respecter l’intégrité territoriale des États Membres de l’ONU sera compromise si le caractère juridique des régions de l’Est de l’Ukraine est modifié par la force.  « Nous vivons un moment de grave danger pour la paix et la sécurité internationales », s’est alarmé M. Orina, alors que des menaces « claires » sont maintenant proférées concernant le déploiement d’armes de destruction massive.  Alors que les civils sont pris pour cibles en violation du droit international et des droits humains, il a appelé les responsables militaires à remettre les personnes suspectées de telles atrocités aux autorités judiciaires afin qu’elles répondent de leurs actes.  Après avoir appelé à une cessation immédiate des hostilités, le Directeur général a plaidé pour la conclusion d’un accord négocié garantissant la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine tout en répondant aux préoccupations de sécurité de toutes les parties. 

Le Président Ruto, a rappelé M. Orina, a lancé un appel en faveur de la démocratisation du Conseil de sécurité, pour faire en sorte « que sa légitimité endommagée ne soit pas totalement détruite ».  À ses yeux, il est temps que le Conseil tienne davantage compte de la voix et de la place de l’Afrique en réformant sa composition.  Les moyens de subsistance des Africains doivent être protégés de la crise climatique et leurs préoccupations prises en compte au lieu d’être marginalisées en raison du conflit en Ukraine, a martelé M. Orina. 

M. DMYTRO KULEBA, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a déclaré qu’au « moment où nous parlons, des corps continuent d’être exhumés des fosses communes découvertes à Izioum », avant de dénoncer l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Jamais, la Russie ne pourra tuer tous les Ukrainiens et toutes les Ukrainiennes, a-t-il déclaré.  Il a évoqué l’ordre de mobilisation du Président Putin qui est, selon lui, un aveu de défaite. 

La Russie échouera et sera jugée responsable du crime d’agression et de crimes de guerre, a déclaré le Ministre, en ajoutant que la responsabilité russe devrait être un élément clef de toute paix.  Il a salué les efforts de la CPI visant à la collecte des éléments de preuve des crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine.  « Nous avons toute confiance en la CPI », a-t-il dit, en ajoutant qu’il ne saurait y avoir de paix sans justice.  Rappelant que le crime d’agression ne doit pas rester impuni, il a demandé la création d’une juridiction spéciale qui serait saisie de ce crime en vue notamment de juger le Président Putin et son entourage. 

M. Kuleba a rappelé qu’aucun pays n’aspire plus à la paix que l’Ukraine.  « Nous voulons une vie normale », a-t-il affirmé avant de dénoncer les « mensonges » proférés par les diplomates russes, qui se rendent ainsi complices des horreurs commises par les soldats russes en Ukraine.  Il semblerait que les diplomates russes s’enfuient aussi rapidement que les soldats russes, a ironisé M. Kuleba après le départ du Ministre des affaires étrangères russe.  Selon lui, la Russie veut agir en toute impunité et entend user de son siège de membre permanent du Conseil de sécurité pour pilonner des centrales nucléaires, attaquer des civils et infrastructures civiles, poursuivre ses visées impérialistes et menacer le monde de ses armes nucléaires.  La Russie doit rendre des comptes, sinon toute puissance serait tentée de lui emboîter le pas, a ajouté le Ministre, en ajoutant que l’Ukraine se bat pour défendre les principes de la Charte des Nations Unies, notamment le respect de l’intégrité territoriale. 

M. Kuleba a entendu répondre aux mensonges russes en précisant que les deux tiers des céréales acheminées par la mer Noire grâce aux récents accords l’ont été vers l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient.  L’Ukraine a décidé de fournir une aide supplémentaire à la Somalie et en Éthiopie, a-t-il déclaré, avant de dénoncer le chantage énergétique de la Russie.  « Nous sommes tous dans le même bateau », a lancé le Ministre à l’intention des pays d’Afrique, d’Europe, d’Asie et d’Amérique latine.  Nous devons affronter la menace russe ensemble, a-t-il insisté.  « Alors que la Russie veut nous monter les uns contre les autres, il nous faut rester unis », a-t-il ajouté, en assurant que la neutralité ne saurait être de mise.  Enfin, le Ministre a évoqué le paquet sécuritaire et de stabilisation proposé par le Président ukrainien jusqu’à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. 

M. JAN LIPAVSKÝ, Ministre des affaires étrangères de la Tchéquie, a condamné les atrocités commises par les forces russes lors de l’agression russe contre l’Ukraine.  « La politique criminelle coloniale et impérialiste de la Russie doit être rejetée », a-t-il ajouté avant de réitérer le plein soutien de son pays aux travaux de la CPI et d’appeler à la création d’un tribunal international spécial pour poursuivre la Russie pour crime d’agression.  S’il vous plaît, agissez! a-t-il ensuite lancé aux membres du Conseil de sécurité, arguant que le monde a besoin de la paix en Ukraine.  Nous devons restaurer l’autorité de la Charte des Nations Unies et du droit international, afin que la justice soit rendue aux victimes ukrainiennes et qu’il soit mis fin à l’impunité des agresseurs, a conclu M. Lipavský.

Mme ANNALENA BAERBOCK, Ministre fédérale des affaires étrangères de l’Allemagne, a rappelé que quand on cite les noms de Boutcha, Marioupol ou Izioum, qu’on parle des horreurs qui se déroulent en Ukraine, « nous ne parlons pas de rapports abstraits » mais « d’enfants, de femmes et d’hommes dont la douleur est crue ».

« C’est une guerre que vous ne gagnerez pas, alors mettez-y fin! » a lancé la Ministre à l’intention de la Russie, qui a aussi appelé à arrêter ses « faux référendums, qui sont aussi illégaux que la guerre qu’ils sont censés légitimer », la « guerre des céréales, qui sème la famine dans le monde », et arrêter aussi de paralyser le Conseil de sécurité.

Pour beaucoup d’entre vous, cette guerre peut ressembler à une guerre régionale, une guerre lointaine, a poursuivi Mme Baerbock, qui a toutefois demandé ce que signifiait pour les Nations Unies de laisser un membre permanent du Conseil lancer une guerre d’agression contre son voisin.  Pour elle, si la Charte, qui stipule clairement que « tous les membres doivent s’abstenir de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État » signifie quelque chose, alors il est impossible de rester les bras croisés.

« Et nous ne resterons pas les bras croisés », a ajouté la Ministre, qui a rappelé le rôle de l’ONU dans la négociation de l’accord sur les céréales et celui du PAM pour les expédier ensuite, y compris avec l’assistance de l’Allemagne, et celui de l’Agence internationale de l'énergie atomique à la centrale nucléaire de Zaporijia.  « Nous ne devons pas laisser la Russie imposer son programme destructeur », a poursuivi la Ministre, qui a rappelé la responsabilité commune des États Membres de faire en sorte que les États résolvent les conflits pacifiquement; que les êtres humains puissent, tous, jouir de leurs droits et libertés; et qu’ils se défendent les uns les autres dans la solidarité.

M. ZBIGNIEW RAU, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a dénoncé la décision de la Russie de violer les principes les plus fondamentaux de notre ordre mondial, bien qu’étant un membre permanent du Conseil de sécurité.  À ses yeux, cette invasion constitue un manque total de respect pour le droit international humanitaire et les droits de l’homme.  Incapables de briser la résistance militaire de l’Ukraine, les forces russes ont commis d’horribles atrocités: exécutions extrajudiciaires de civils, disparitions forcées, tortures et violences sexuelles, y compris sur des enfants.  Le Ministre s’est dit « choqué » par l’accumulation des preuves des crimes russes commis dans les territoires occupés, notamment la découverte de chambres de torture et de fosses communes à Izioum récemment libérée. 

La Pologne plaide en faveur de la reddition de comptes pour les crimes commis, assortie d’une compensation pour les dommages causés.  M. Rau a exprimé son soutien aux enquêtes menées par les autorités judiciaires ukrainiennes et celles d’autres États, et réaffirmé sa pleine coopération avec le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).  La Pologne, a-t-il expliqué, appuie également les actions menées par le Mécanisme de Moscou de la dimension humaine de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Commission d’enquête internationale indépendante du Conseil des droits de l’homme et l’Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust), et a ouvert ses propres enquêtes sur l’agression russe.  De même, le Ministre a appelé à accorder toute l’attention voulue aux initiatives proposées par le Gouvernement ukrainien, notamment la création d’un tribunal spécial pour les crimes d’agression commis contre l’Ukraine et d’un mécanisme international d’indemnisation des dommages causés par la Russie.

M. GABRIELUS LANDSBERGIS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, s’exprimant au nom des pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), a souligné qu’il y a tout juste un an, « la Russie semait le mensonge et la méfiance, maintenant elle sème le chaos et la mort ».  Jour après jour, la Russie défie les principes des Nations Unies, elle est devenue synonyme de brutalité insensée, comme à Izioum, de terrorisme d’État et de génocide. 

Il est de notre devoir, a estimé le Ministre, de traduire Putin en justice.  « Le tribunal spécial chargé de juger le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine doit être créé. »  La guerre de la Russie contre l’Ukraine a des conséquences profondes au-delà de l’Europe, a rappelé M. Landsbergis.  L’Ukraine est l’un des principaux exportateurs de blé, de maïs et d’huile de tournesol.  « La pénurie de nourriture est due à l’agression de la Russie contre l’Ukraine et au blocus des ports ukrainiens.  Pas aux sanctions imposées au niveau international. »  Et, comme si cela ne suffisait pas, a tonné le Ministre, le régime de Moscou a maintenant appuyé sur le bouton des menaces nucléaires, alors que nous savons tous que les conséquences d’une catastrophe à Zaporijia pourraient potentiellement être pires que celles de Tchernobyl ou de Fukushima.  Selon lui, la communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour exiger de la Russie le retrait inconditionnel de son armée de Zaporijia.

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré que son pays comprenait les souffrances engendrées par le conflit ukrainien, lui qui « a connu le génocide et perdu le tiers de sa population pendant la Seconde Guerre mondiale ».  Il a regretté que ce conflit ait découlé de l’ignorance, par les Occidentaux, des risques pour la sécurité des États concernés qui existaient depuis longtemps. 

Les sanctions imposées par l’Ouest pèsent à présent sur la sécurité de la région, réduisant en outre les marges de manœuvre politiques et diplomatiques de mon pays, a poursuivi M. Makei.  Il a souligné combien, contrairement à ce qu’assènent les Occidentaux, les accords de Minsk avaient réussi à atténuer les tensions.  Nous continuons de proposer des mesures concrètes pour aller plus loin dans ce sens, le Bélarus étant à l’origine de nombreux cycles de négociations pour la paix, qui ont représenté un processus positif jusqu’à ce que la partie ukrainienne décide d’ignorer nos propositions de prises de contact direct avec la partie russe et de nous considérer comme un ennemi, a-t-il ensuite soutenu.

Le Ministre a par ailleurs affirmé que les dizaines de milliers de réfugiés ukrainiens « qui viennent chez nous le font volontairement », le Président Loukachenko ayant récemment signé un décret prévoyant d’octroyer les mêmes droits citoyens aux Ukrainiens qu’aux citoyens bélarussiens.  Mais malheureusement, des autorités qui promeuvent le nazisme s’entêtent dans la guerre et les incessantes campagnes de propagande anti-Bélarus, a-t-il accusé, avant d’ajouter qu’aucun soldat ni aucune unité de matériel de son pays n’avait été envoyé en Ukraine pour se battre.  Les accusations lancées sur ce point contre nous par les Occidentaux sont infondées et injustes, a-t-il dit, concluant en souhaitant que l’accord final de paix prenne en compte les demandes « légitimes » de la partie bélarusse. 

M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et de sécurité commune, a observé qu’au cours de cette guerre « illégale, insensée et cruelle », entamée il y a six mois, la Cour internationale de Justice (CIJ) a statué que la Russie devait cesser immédiatement son invasion et l’Assemblée générale a adopté des résolutions appelant la Russie à cesser son agression.  « Moralement et politiquement, la Russie a déjà perdu la guerre. »  De plus en plus, elle la perd également sur le champ de bataille.  « L’Ukraine l’emportera », a assuré M. Borrell Fontelles.  Le monde a entendu les dernières annonces du Président Putin concernant l’organisation de référendums frauduleux en prélude à l’annexion de territoires ukrainiens, la mobilisation de 300 000 réservistes et les menaces nucléaires.  « La sécurité mondiale est en danger », s’est inquiété M. Borrell, avant d’exhorter les dirigeants du monde réunis cette semaine à New York à envoyer un signal clair et uni selon lequel l’utilisation d’armes de destruction massive est inacceptable en toutes circonstances.  La tentative du Président Putin d’intimider l’Ukraine et les pays qui la soutiennent échouera, a-t-il prédit, « comme le font, à terme, toutes les guerres d’invasion ». 

Selon le Haut Représentant, l’enjeu de ce conflit est la protection des États les plus faibles contre les plus puissants.  « Voulons-nous l’état de droit mondial ou bien la loi de la jungle?  Croyons-nous aux sphères d’influence ou au libre choix des États souverains? »  Pendant que la Russie entraîne le monde dans une récession économique et une crise alimentaire mondiales, le soutien de l’Union européenne à la sécurité alimentaire mondiale s’élève à plus de 7,7 milliards d’euros jusqu’en 2024, a précisé M. Borrell Fontelles.  L’Initiative céréalière de la mer Noire a contribué à faire baisser les prix mondiaux des denrées alimentaires, alors que les deux tiers des céréales ukrainiennes ainsi exportées vont aux pays qui en ont le plus besoin.

Aujourd’hui, la question centrale est la responsabilité des forces russes qui terrorisent les populations civiles et commettent des crimes innommables, a fait valoir le Haut Représentant.  Comme l’a dit hier le Président Zelenskyy à l’Assemblée générale, « là où il y a eu des crimes, il doit y avoir justice ».  Nous devons donc tout faire pour assurer la reddition de comptes, en collaboration avec la CPI et les autorités judiciaires ukrainiennes.  « Combattre l’impunité aujourd’hui contribuera à un avenir plus sûr et plus juste », a conclu M. Borrell Fontelles.

 

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