En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-septième session,
Réunion plénière de haut niveau, Matin & après-midi
AG/12453

Risque d’« apocalypse nucléaire » et d’« Armageddon humanitaire »: les États Membres réaffirment leur détermination d’éliminer les armes nucléaires

« Les armes nucléaires sont les armes les plus destructrices jamais créées, elles n’offrent aucune sécurité, seulement la perspective d’un carnage et du chaos »: c’est par une déclaration particulièrement directe que le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a ouvert la réunion plénière pour célébrer et promouvoir la Journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires.  Aux plus de 70 dirigeants, ministres et représentants d’États Membres qui y ont participé, il a demandé de s’affranchir de l’idée qu’un désarmement nucléaire serait « un rêve inaccessible », car la réalisation d’un monde sans armes nucléaires –l’objectif le plus ancien de l’Organisation- constituerait « le plus beau des cadeaux aux générations futures ». 

Le Président de l’Assemblée générale, à qui incombe chaque année la charge de convoquer cette réunion de haut niveau, a invité les États, « forts du souvenir des souffrances inimaginables » engendrées par les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, à réfléchir à des solutions viables pour en finir avec « ces armes horribles qui n’ont aucune place dans le monde moderne ».  M. Csaba Kőrösi a regretté que la guerre en Ukraine et la situation critique à la centrale nucléaire de Zaporijia aient contredit, en quelques mois, la déclaration de janvier dernier des cinq puissances nucléaires qui avaient rappelé « qu’aucune guerre nucléaire ne peut être gagnée ni ne doit être livrée » et provoqué l’échec de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Aujourd’hui, la tension est à son comble, la guerre en Ukraine ayant augmenté le risque crédible d’un désastre nucléaire mondial, comme l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) l’a montré, a-t-il dit.

M. Guterres et M. Kőrösi ont présenté leurs idées pour sortir de l’impasse et rendre sa légitimité au régime multilatéral de non-prolifération, indispensable sur la voie de l’élimination des armes nucléaires.  M. Guterres, citant son « Programme commun », a appelé les pays à envisager les modalités de désarmement nucléaire sur la base d’une appréhension commune des nouveaux risques, y compris ceux liés à l’évolution des armes nucléaires et de leurs vecteurs, et de dissiper le flou qui entoure la distinction entre armes stratégiques et autres.  Pour M. Kőrösi, il s’agit de s’appuyer sur l’architecture existante pour sauvegarder et activer les traités de non-prolifération.  Le cadre multilatéral est là pour assurer à terme l’élimination des 13 000 têtes nucléaires, a-t-il soutenu. 

Brandissant les risques d’« Armageddon humanitaire » et d’ « apocalypse » qui découleraient d’une seule détonation nucléaire, les deux hommes ont souligné combien, sans l’élimination des armes nucléaires, il ne peut y avoir ni paix, ni confiance, ni développement durable.  Les intervenants ont été au diapason de ces déclarations liminaires, tout en défendant la pertinence du Traité d’interdiction des armes nucléaires -entré en vigueur en janvier 2021 après avoir été porté par la société civile-, la création de zones exemptes d’armes nucléaires et le droit des adhérents au TNP aux utilisations pacifiques de l’énergie atomique.  Plusieurs d’entre eux ont demandé aux États dotés de prendre leurs responsabilités en matière de désarmement nucléaire au titre de l’article VI du TNP et d’accorder des garanties négatives de sécurité, par lesquelles ils s’engageraient juridiquement à ne pas utiliser d’armes nucléaires contre les États non dotés et parties au Traité. 

Le caractère complémentaire du Traité d’interdiction des armes nucléaires avec le TNP a été souligné et les États dotés, qui rejettent le Traité d’interdiction, ont été invités à revenir sur leur position et à y adhérer.  Pour l’Inde, c’est toutefois au sein d’une Conférence du désarmement revitalisée qu’un traité prohibant les armes nucléaires et ayant force de loi doit être négocié. 

Les pays africains signataires du Traité de Pelindaba, qui a fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN), et les États arabes, engagés dans un processus de négociation pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient, ont vanté les mérites de ces instruments utiles pour restaurer la confiance régionale.  La Namibie a qualifié les ZEAN de « boucliers régionaux contre la prolifération des armes nucléaires » et le Liban, qui présidera au mois de novembre, à New York, la prochaine conférence chargée de négocier un instrument juridiquement contraignant sur un Moyen-Orient sans armes de destruction massive, a invité « tous les États de la région » à participer à ses travaux. 

Les pays en développement parties au TNP quant à eux ont mis en garde contre des interprétations du Traité pouvant remettre en cause leur droit « inaliénable » aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire.  Sur ce point, ils ont préconisé une coopération accrue avec l’AIEA et les acteurs de la société civile, ces derniers ayant fait entendre leur voix au cours de la journée. 

Le seul membre du P5 (les cinq États dotés d’armes nucléaires) à avoir pris la parole a été la Chine, dont le représentant, qui a dénoncé le renforcement des rivalités et « la coopération en matière de nucléaire sous-marin », a affirmé que la doctrine de son pays repose sur le non-recours de l’arme nucléaire en premier et le rejet de toute course concurrentielle aux armements.

Deux pays dont les activités nucléaires sont controversées ont également fait une déclaration.  Le représentant du Pakistan a regretté que ses propositions pour garantir une Asie du Sud-Est stable et sans armes nucléaires n’aient jamais été retenues.  Dans une allusion à l’Inde, il a déclaré que « les capacités nucléaires ont été introduites en Asie du Sud-Est par un État en 1974, qui s’y est aussi livré aux premières explosions le 11 mai 1998 ».  Le représentant de l’Iran a paour sa part, dénoncé le retrait des États-Unis de « plusieurs traités et conventions relatifs au désarmement », les positions de ce pays représentant à ses yeux « le principal obstacle sur la voie du désarmement nucléaire ». 

D’autre part, les pays ont demandé aux huit États qui doivent encore ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) pour qu’il entre en vigueur, de le faire au plus vite.  Le Président de l’Assemblée générale avait d’ailleurs jugé que la persistance d’essais dans la péninsule coréenne représente une menace à la paix et à la sécurité tant régionales qu’internationales.  Enfin, l’Autriche, qui a accueilli en juin dernier la première Conférence des États parties au Traité d’interdiction des armes nucléaires, a qualifié le Plan d’action de Vienne de « réaliste et ambitieux ».

RÉUNION PLÉNIÈRE DE HAUT NIVEAU POUR CÉLÉBRER ET PROMOUVOIR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION TOTALE DES ARMES NUCLÉAIRES

Déclarations liminaires

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a souligné combien cette journée était nécessaire pour sensibiliser les jeunes générations aux dangers que fait poser l’existence même d’armes nucléaires et à l’importance de les éradiquer.  Il a invité les États à réfléchir, forts du souvenir des souffrances inimaginables subies en 1945 à la suite de l’explosion des bombes larguées sur Hiroshima et Nagasaki.  Cette catastrophe a profondément marqué nos consciences et notre inconscient collectifs, a-t-il ajouté.  Le Président de l’Assemblée générale a ensuite rappelé qu’en janvier dernier, les cinq puissances nucléaires avait cosigné une déclaration soulignant qu’aucune guerre nucléaire ne peut être gagnée ni ne doit être menée.  Or, a-t-il fait observer, « quelques mois plus tard, la tension est à son comble, la guerre en Ukraine ayant augmenté le risque crédible d’un désastre nucléaire mondial, comme l’AIEA l’a montré ». 

Certains jouent avec le feu, a déploré M. Kőrösi, qui a condamné les menaces « à peine voilées de frappes nucléaires » et le fait que l’impasse de la dénucléarisation de la péninsule coréenne continue de peser sur la sécurité de la région et du monde.  Selon lui, que 13 000 têtes nucléaires soient actuellement déployées alors que des milliards de personnes luttent pour se nourrir et éduquer leurs enfants doit pousser la communauté internationale à se demander comment le monde en est arrivé là.  Comment sortir de cette impasse? s’est-il encore demandé, affirmant que ces armes horribles n’ont aucune place dans le monde moderne et qu’il n’existe aucune justification aux essais nucléaires, à la prolifération d’armes de ce type et surtout à leur emploi potentiel. 

Le Président de l’Assemblée générale a exhorté les États Membres à sauvegarder les traités de non-prolifération, en renouvelant leur engagement à mettre pleinement en œuvre le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à s’abstenir de toute rhétorique susceptible de fragiliser la paix et sécurité.  Il a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur et pour que commencent sans délais des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.

Le cadre multilatéral est là pour assurer l’élimination des armes nucléaires, ce qui est l’unique moyen de nous protéger et de protéger les générations futures du risque atroce d’annihilation nucléaire, a poursuivi M. Kőrösi.  Aux pays, il a demandé qu’ils trouvent des compromis rationnels et des solutions viables, afin « que nous avancions sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires et puissions ensemble mettre fin à l’idée même d’un apocalypse nucléaire ». 

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré que cette journée de célébration réunit sur la scène internationale des dirigeants du monde entier pour qu’ils s’engagent d’une seule voix à « défendre notre monde et notre avenir ».  Il a également lancé un appel à rejeter l’affirmation selon laquelle le désarmement nucléaire est un rêve inaccessible.  « Les armes nucléaires sont les armes les plus destructrices jamais créées, elles n’offrent aucune sécurité, seulement la perspective d’un carnage et du chaos », a-t-il relevé, réaffirmant que leur élimination constituerait le plus beau des cadeaux aux générations futures.  M. Guterres a souligné qu’après que la guerre froide a conduit l’humanité au bord de l’annihilation, « nous entendons de nouveau le cliquetis des sabres nucléaires ».  Le Secrétaire général a été voulu être clair, affirmant que l’ère du chantage nucléaire doit prendre fin.  Toute utilisation d’une arme nucléaire conduirait à ce qu’il a nommé un « Armageddon humanitaire ». 

Déplorant l’échec de la dernière Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), laquelle, faute d’un consensus sur les piliers du Traité, n’a pu donner lieu à un document final de fond, il a exhorté tous les États à utiliser les voies du dialogue, de la diplomatie et des négociations pour apaiser les tensions, réduire les risques et éliminer la menace nucléaire.  Soulignant l’importance d’une nouvelle vision pour le désarmement et la non-prolifération nucléaires, M. Guterres a rappelé que son Nouvel Agenda pour la paix appelle à envisager les modalités de désarmement nucléaire sur la base d’une appréhension commune des nouveaux risques sécuritaires.  À cet égard, il a attiré l’attention sur la nécessité de tenir compte de l’évolution de tous les types d’armes nucléaires et de leurs vecteurs et de dissiper le flou qui sépare armes stratégiques et conventionnelles.  De même, il a noté l’importance d’encadrer juridiquement, selon des normes internationales, la cybersécurité et les utilisations de l’espace extra-atmosphérique. 

Après s’être engagé à coopérer de façon étroite avec les États Membres pour forger un nouveau consensus sur les moyens d’atténuer la menace nucléaire et avancer sur la voie de la paix, le Secrétaire général de l’ONU a répété que sans l’élimination des armes nucléaires il ne peut y avoir ni paix, ni confiance, ni avenir durable. 

Déclarations

M. TANETI MAAMAU, Président de Kiribati, a mis l’accent sur les objectifs humanitaires du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) en saluant les obligations positives visant à faire face aux conséquences néfastes des actes passés et essais récents.  Il a appelé à avancer sur les questions d’assistance aux victimes, les réparations environnementales et la coopération internationale.  Il a demandé la création d’un fonds d’affectation spéciale pour les parties affectées. 

M. BRUNO EDUARDO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des affaires étrangères de Cuba, a dit qu’il n’existait aucune justification pour que le monde continue d’être menacé par 12 000 ogives nucléaires en 2022.  Il a particulièrement reproché aux États-Unis d’avoir consacré 44 milliards de dollars aux armes nucléaires en 2021.  Pour Cuba, l’échec de la récente Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération (TNP) nous éloigne encore plus de l’objectif légitime du désarmement nucléaire.  Malgré les échecs, il a appelé à continuer de lutter en faveur d’un monde exempt d’armes nucléaires. 

Mme KANDIA KAMISSOKO CAMARA, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, s’est inquiétée de l’importance croissance prise par les doctrines de dissuasion militaire et les crises de prolifération avant d’appeler à saisir l’opportunité de cette journée pour sonner la mobilisation et agir dans l’urgence alors que le monde est menacé par près de 13 000 ogives nucléaires.  Elle a jugé urgent que les huit pays inscrits à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qui n’ont pas encore ratifié le Traité le fassent rapidement, afin de lutter efficacement contre la prolifération verticale et horizontale.  Enfin, elle a cité en exemple le Traité de Pélindaba, qui a fait en 1996 du continent africain une zone exempte d’armes nucléaires.

Mme MATSEPO RAMAKOAE, Ministre des affaires étrangères du Lesotho, a mis l’accent sur la crédibilité du Traité sur la non-prolifération, estimé que celle-ci dépend de l’entrée en application Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, seul régime juridique permettant d’empêcher la prolifération de ces armes.  Elle s’est inquiétée de l’investissement croissant des pays dotés de l’arme nucléaire et a jugé inquiétant que la dixième Conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération n’ait pu se traduire par un succès.  Le Lesotho appuiera toutes les résolutions sur le contrôle des armes et du désarmement. 

M. AMERY BROWNE, Ministre de la CARICOM et des affaires étrangères de la Trinité-et-Tobago, a rappelé que son pays soutien l’élimination totale des armes nucléaires et considère leur utilisation comme un crime contre l’humanité et une violation de la Charte des Nations Unies.  Il s’est dit préoccupé de l’augmentation de la rhétorique liée à leur utilisation potentielle et a noté que celle-ci pousse à la modernisation des arsenaux nucléaire, occasionnant des dépenses importantes.  Il a invité à imaginer ce qui pourrait être fait avec les sommes consacrées aux armements nucléaires.  Regrettant l’absence de consensus actuel dans le cadre du TNP, il a estimé qu’elle pourrait aller jusqu’à entrainer « des tensions et même une guerre qui aurait des conséquences terribles pour toute forme de vie sur cette planète ».  Rappelant que sa région avait été la première à devenir une zone exempte d’armes nucléaires, il a appelé tous les États Membres à rejoindre le Traité pour l’interdiction des armes nucléaires, estimant que les États dotés devraient faire plus que de débiter des « platitudes sur la conduite à tenir ». 

Mme OLIVIA RAGNAGHNEWENDÉ ROUAMBA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et des Burkinabès de l’extérieur du Burkina Faso, a rappelé que son pays recherche la paix et la sécurité régionales et internationales et a signé le Traité sur la non-prolifération, considérant que ces armes étaient une menace pour l’humanité.  Elle a regretté les « résultats mitigés » de la dixième Conférence des Parties chargée d’examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et lancé un appel à toutes les parties à aller de l’avant, estimant que, dans les circonstances actuelles, il n’y avait plus le choix.  Elle a aussi déploré le fait que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) ne soit toujours pas entré en vigueur et estimé que la responsabilité des États figurant à l’annexe II du Traité était engagée. 

M. VLADIMIR MAKEI, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a soulevé la question « rhétorique » de savoir à quel point, durant les 10 dernières années, la communauté internationale a réussi à se rapprocher de l’objectif du désarmement nucléaire.  Le Traité sur la non-prolifération est mis à mal par différents défis régionaux et mondiaux, a-t-il noté en regrettant que la dernière conférence des États parties n’ait pas pu trouver un consensus.  Mais, a-t-il relevé, cela ne signifie pas pour autant que l’importance de ce traité ait été remise en question.  Il a donc appelé les États dotés à activer le dialogue entre eux pour que le processus de désarmement nucléaire devienne irréversible et multilatéral.  Le Ministre a salué l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, et a encouragé tous les pays à y souscrire.  Pour ce qui est des zones exemptes d’armes nucléaires, il a regretté qu’une telle zone ne soit toujours pas créée au Moyen-Orient et en Europe de l’Est.

Pour Mme RETNO LESTARI PRIANSARI MARSUDI, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, les armes nucléaires restent une menace pour l’humanité.  Elle a déploré le manque d’engagement sincère des puissances nucléaires en faveur du désarmement nucléaire.  Elle en veut pour preuve l’absence de consensus lors de la dernière conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération.  Le désarmement nucléaire doit rester une priorité pour tous et se faire rapidement, a-t-elle insisté, en appelant les puissances nucléaires à ne pas attendre que les autres fassent le premier pas.  Elle a en outre appelé à revitaliser la Conférence du désarmement. 

M. ALAM (Bangladesh) a également plaidé pour l’élimination totale des armes nucléaires qui sont une menace pour l’humanité.  Il a soutenu le plan d’action sur 50 ans du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, auquel le Bangladesh a souscrit.  Les armes nucléaires n’offrent qu’un faux sentiment de sécurité a-t-il tranché en regrettant que la dernière conférence des États parties au Traité sur la non-prolifération n’ait abouti à aucun résultat concret.  Les puissances nucléaires doivent abolir les armes nucléaires et arrêter d’en produire ou d’en acquérir, a-t-il exigé en les appelant à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour appliquer les dispositions des traités sur la non-prolifération.  Pour cela il faut rétablir la confiance entre les parties, a concédé le Ministre, qui a conclu en rappelant que toutes les nations doivent pouvoir accéder aux utilisations pacifiques du nucléaire. 

Mme SONIA MARINA PEREIRA PORTILLA (Colombie) a déclaré que le péril humanitaire total que ferait encourir une seule déflagration nucléaire devrait être l’argument irréfutable en faveur de leur élimination.  Elle a invoqué une nécessité impérieuse d’avancer sur la voie de celle-ci, et cela en revitalisant le dialogue diplomatique.  Nous nous devons de construire un monde sans arme nucléaire pour les générations futures, a-t-elle dit. 

Mme MATUNDU (Namibie) a défendu les principes d’une coopération multilatérale « et véritable » entre États pour mettre un terme à la prolifération des armes nucléaires.  Elle a ajouté que son pays avait récemment adhéré au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, rappelant qu’il s’était engagé à en promouvoir activement l’universalisation.  Elle a aussi souligné le caractère complémentaire du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et du TNP et a appelé, à cet égard, à ce que les pays détenteurs d’armes nucléaires reviennent sur leur position et adhèrent à leur tour au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Elle a par ailleurs salué l’efficacité des zones exemptes d’armes nucléaires, « véritables boucliers régionaux contre la prolifération de ces armes et moyens de renforcer la confiance » à ce niveau. 

La représentante namibienne a regretté l’absence de consensus à l’issue de la Conférence d’examen du TNP, ce qui pourrait mettre en péril le régime qu’il a instauré.  Ainsi a-t-elle plaidé pour la recherche de solutions, qui devraient passer notamment par un réexamen de la lettre du Traité, « qui en aucun cas ne doit faire l’objet d’interprétation remettant en cause le droit de tous ses membres aux utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire ».  Sur ce point, elle a préconisé une coopération accrue avec l’AIEA et la société civile, « qui est éprise de désarmement nucléaire et de développement ». 

M. GIL (Venezuela) a, quant à lui, demandé qu’il soit mis un terme à la rhétorique héritée de la guerre froide et aux idéologies « suprémacistes » qui alimentent l’instauration de blocus et l’hostilité entre pays.  Après avoir condamné la production, le stockage et les menaces d’utilisation d’armes de destruction massive, il a exprimé sa fierté que le consensus en Amérique latine en matière d’armes nucléaires ait conduit, en 1988, à l’entrée en vigueur du Traité de Tlatelolco ayant fait de la région une zone exempte d’armes nucléaire. 

M. NJAFI (Iran) s’est inquiété d’une possibilité élevée de recours aux armes nucléaires dans un monde où existent près de 13 000 ogives nucléaires.  Après avoir dénoncé le retrait des États-Unis de plusieurs traités et conventions relatifs au désarmement, le ministre iranien a estimé que les positions des États-Unis représentaient le principal obstacle sur la voie du désarmement nucléaire.  Il a rappelé que la seule garantie de ne jamais utiliser des armes nucléaires est leur élimination totale.  Après l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, il a demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a jugé indispensable de parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen Orient. 

M. SANJAY VERMA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a appelé à un désarmement nucléaire universel et non discriminatoire s’appuyant sur une politique de petits pas.  Il a estimé que la Conférence de désarmement est la mieux placée pour parvenir à un Traité sur l’interdiction des armes nucléaires juridiquement contraignant.  Il a appelé au lancement de négociations pour parvenir à un traité interdisant la production de matières fissiles.

Mme TEMBO (Malawi) a expliqué que son pays avait ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en juin dernier.  Elle a ensuite expliqué que son pays disposait de stocks de matériels radioactifs et s’était engagé à « l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques dans l’intérêt de notre développement économique et social ».  Dans ce contexte, elle a particulièrement salué l’importance des programmes de coopération technique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour aider des pays comme le sien à recourir à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques pour répondre à des objectifs de santé humaine et animale.  Elle a exhorté les États dotés d’armes nucléaires à réitérer leur engagement en faveur d’un monde libéré de ces armes. 

M. EDUARDO ROSALES, Conseiller du Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Honduras, a appelé à l’interdiction totale des armes nucléaires dans des délais vérifiables.  En tant qu’État membre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) et de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), le représentant du Honduras a cité en exemple la signature le 14 février 1967 du Traité de Tlatelolco, qui a porté création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Il a jugé urgent de parvenir à des instruments juridiquement contraignants pour les États dotés.  Il a dit l’importance de la coopération avec AIEA pour promouvoir l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, compte tenu notamment de la diversité des applications potentielles dans le domaine de la santé et du développement économique et social. 

M. SORRETA (Philippines) a regretté l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, notant que beaucoup de travail restait à accomplir.  Il a appelé à renoncer au terme de « dissuasion », estimant que cette doctrine ne fonctionnait pas et que rien ne pouvait justifier la détention d’armes nucléaires.  Le représentant s’est inquiété des développements technologiques qui avaient le potentiel de « rapprocher la fin de l’humanité ».  Concernant le « conflit tragique » en Ukraine, il a constaté qu’il entraînait une nouvelle course aux armements et que face à certains États qui souhaitent augmenter, voire doubler, leurs dépenses d’armement, d’autres, moins riches, pourraient être tentés de miser sur les armes nucléaires.  Il a dit espérer que ce conflit serait résolu rapidement afin de limiter cette course aux armements. 

Mme ANTONIA URREJOLA, Ministre des affaires étrangères du Chili, a rappelé que si le désarmement nucléaire était le sujet de la première résolution des Nations Unies en 1946, le monde comptait aujourd’hui près de 13 000 armes de ce type et que les dépenses pour leur modernisation étaient considérables.  Elle s’est félicitée qu’un grand nombre d’États aient rejoint, comme le Chili, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaire.  Regrettant l’échec de la dixième Conférence d’examen du TNP, elle a estimé que la situation actuelle était peu encourageante.  Elle a également rappelé que l’Amérique latine avait été pionnière en matière d’élimination des armes nucléaires, ajoutant que le Chili se dédiait à cette cause dans le cadre de nombreux forums internationaux. 

M. ORINA (Kenya) a estimé que les assurances de sécurité nucléaires étaient un outil utile sur la scène internationale, mais n’apportaient pas la sécurité absolue que seule pouvait garantir l’élimination totale des armes nucléaires.  Il a regretté l’absence de consensus au cours de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Il a estimé que le risque de voir des armes nucléaires tomber aux mains de terroristes était sérieux et a appelé les États Membres à agir pour l’écarter.  Il a salué l’utilité essentielle des zones exemptes d’armes nucléaires et a appelé les États Membres à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a aussi rappelé le droit de tous les pays à développer la recherche et les technologies nucléaires pacifiques.  En conclusion, il a qualifié toute menace d’emploi d’armes nucléaires de « répréhensible et insatiable ». 

M. FREDERICK MAKAMURE SHAVA, Ministre des affaires étrangères et du commerce international du Zimbabwe, a appelé à refaire de l’élimination des armes nucléaires une priorité pour l’humanité en mettant en avant la souffrance et la destruction que ces armes infligent et en rappelant les horreurs de Hiroshima et Nagasaki.  Après avoir mis en garde contre l’augmentation de la menace nucléaire dans le contexte des tensions actuelles, il a assuré que le Zimbabwe restait engagé à respecter ses obligations en vertu du TNP et de la zone exempte d’armes nucléaires en Afrique.  Il a en revanche noté avec préoccupation que certains États dotés ne font preuve ni du leadership ni de la volonté nécessaires pour s’en débarrasser et se sont même engagés dans leur modernisation.  La dixième Conférence d’examen du TNP s’est soldée par un échec, a-t-il regretté en espérant que les États parties respecteront néanmoins leurs obligations en vertu du Traité.  Il a reproché aux puissances nucléaires de n’avoir pas rejoint le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires.

M. SAIFUDDIN ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie, a estimé que la communauté internationale restait otage des armes nucléaires à cause des actions de quelques-uns.  L’amélioration qualitative et l’augmentation quantitative des arsenaux nucléaires créent une menace pour l’humanité, s’est-il indigné.  Après l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, il a exigé de la communauté internationale de redoubler d’efforts pour veiller au respect du régime de non-prolifération.  Il a en outre fait valoir que le Traité sur l’interdiction complète des armes nucléaires s’appuyait sur des bases légales très stables avant d’appeler à son universalisation.  Même si l’environnement de sécurité mondiale fait face à des nombreux défis, il faut persévérer sur la voie d’un monde exempt d’armes nucléaires, a conclu le Ministre.

Mme MARÍA DEL CARMEN SQUEFF (Argentine), qui s’exprimait au nom de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a expliqué que, pour les pays de la communauté, l’élimination des armes nucléaires restait une priorité.  Elle a dénoncé la menace que font peser ces armes sur l’humanité, en particulier dans le contexte international actuel.  Prenant note de la première Réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires en 2021 et de l’élection du Mexique à sa présidence en 2023, la représentante a insisté sur le fait que ce traité est venu s’associer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et au Traité de Tlatelolco de 1967, qui a fait de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone dénucléarisée.  Elle a demandé aux puissances nucléaires de respecter ce statut dénucléarisé et de retirer toutes les déclarations d’interprétation des Protocoles I et II au Traité.  Elle a également demandé à la communauté internationale d’entamer les négociations en vue de l’adoption d’un instrument universel et juridiquement contraignant sur des garanties négatives de sécurité dans les plus brefs délais.  Face à l’échec de la dernière Conférence d’examen du TNP, la représentante a enjoint aux États dotés d’armes nucléaires de s’acquitter de leurs obligations à éliminer leurs arsenaux sans équivoque, en leur rappelant que le TNP n’établit aucun droit à la détention indéfinie de ces armes pour aucun État.  Le TNP établit un statut transitoire, a-t-elle affirmé.  Quant au Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires, la représentante a appelé à son universalisation rapide.

M. JAGDISH DHARAMCHAND KOONJUL (Maurice), au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en janvier dernier, avait marqué une date importante qui réaffirme la détermination des peuples du monde à parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires.  Il a ainsi exhorté les États détenteurs d’armes nucléaires à ratifier ce traité pour aller dans le sens voulu par l’opinion publique et par un nombre considérable d’États Membres, 50 d’entre eux l’ayant ratifié à ce jour.  Le représentant a également exhorté les États détenteurs à honorer leurs obligations en matière de désarmement nucléaire au titre de l’article VI du TNP, cela pour apaiser les tensions actuelles.  C’est parce que l’Afrique bénéficie de ce bouclier sécuritaire qu’est le Traité de Pelindaba ayant fait du continent une zone exempte d’armes nucléaires, qu’il a plaidé pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a ainsi appuyé le processus de négociation en cours à New York sur l’établissement d’un instrument juridique menant à « l’instauration effective d’un Moyen-Orient sans armes de destruction massive ».  Enfin, il a souligné le rôle essentiel que les États africains membres du TNP confèrent à l’AIEA, qui contribue à ce que ces derniers puissent exercer leur droit à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et de développement. 

Mme CARLA MARIA RODRÍGUEZ MANCIA (Guatemala) s’est inquiétée de la rupture de confiance entre grandes puissances, laquelle entraîne, comme c’est le cas en Ukraine, une violation flagrante des droits humains et de la Charte des Nations Unies.  Elle a salué les efforts déployés par l’AIEA pour trouver une solution à la situation « intenable » dans laquelle se trouve la centrale nucléaire de Zaporijia.  Par ailleurs, pour restaurer la confiance interétatique, elle a rappelé l’efficacité des garanties offertes par les États dotés d’armes nucléaires aux États non dotés, garanties qui assurent de ne pas recourir ou de ne pas menacer de recourir aux armes nucléaires.  Enfin, elle a rappelé que l’Amérique centrale est la seule région dont tous les pays ont ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ce qui témoigne des aspirations à la sécurité et à la paix de ses habitants. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) s’est dit consterné par les contradictions, voyant les États dotés de l’arme nucléaire moderniser et développer leurs arsenaux nucléaires alors que la majorité des États subissent des difficultés économiques sans précédent en raison d’une inflation galopante.  L’incapacité de la dixième Conférence d’examen du TNP ne fait qu’accentuer les pressions sur l’architecture mondiale visant à un désarmement nucléaire, a-t-il noté.  Il a particulièrement salué les engagements des États non dotés d’armes nucléaires qui choisissent la voie du désarmement.  Il a jugé urgent de mettre en œuvre, enfin, la résolution de 1995 appelant à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a estimé que les conférences portant création d’une telle zone, organisées en 2019 et en 2020 sous les auspices des Nations Unies, ont eu des effets positifs sur la mise en œuvre attendue de la résolution de 1995 et du plan d’action y relatif de 2010. 

Mme VANESSA FRAZIER (Malte)a rappelé qu’aucun État doté ou non de l’arme nucléaire ne sera épargné par les conséquences du recours à de telles armes.  Elle s’est inquiétée des menaces de recours à cette arme par la Russie sur le continent européen, faisant remarquer que ces menaces rappellent les défis qu’il reste à relever pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.  Suite à la première réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, en juin à Vienne, elle a salué le Plan d’action de Vienne de nature à permettre aux États de prendre des mesures détaillées pour faire avancer l’objectif de l’universalité de ce traité. 

M. MONGUNO (Nigéria) a estimé que la modernisation et le développement des arsenaux nucléaires n’a aucun sens dans le contexte des défis urgents en matière de lutte contre les changements climatiques ou contre le terrorisme ou encore pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).  Il a cité en exemple le Traité de Pelindaba qui a érigé en 1996 le continent africain comme zone exempte d’armes nucléaires avant d’insister pour dire que le TNP constitue un instrument essentiel dans les efforts visant à mettre fin à la prolifération verticale et horizontale des armes nucléaires.  Il a jugé important de promouvoir l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, entré en vigueur en janvier 2021, avant de saluer l’adoption du Plan d’action de Vienne, en juin dernier. 

M. SURIYA CHINDAWONGSE (Thaïlande) a regretté que les risques liés aux armes nucléaires augmentent, comme l’illustre l’absence de consensus lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Il a cependant voulu mettre en avant quelques petites avancées comme l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ou le fait que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) compte désormais 174 membres. 

M. ALEXANDER MARSCHIK (Autriche) a dénoncé l’agression d’un État doté, la Fédération de Russie, contre un État non doté, l’Ukraine, et l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporijia.  « C’est un choc pour le régime de non-prolifération », a-t-il affirmé, s’inquiétant d’une menace d’élimination de toute l’humanité et appelant les États Membres à ne pas « attendre qu’une catastrophe se produise ».  Il a estimé que la Russie était responsable de l’absence de document final lors de la dixième Conférence d’examen du TNP.  Constatant qu’une majorité de pays ne se satisfont pas du « statu quo nucléaire », il s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, coparrainé par l’Autriche, et a appelé tous les États Membres à travailler avec le Traité, qualifiant le Plan d’action de Vienne de « réaliste et ambitieux ».  Ce plan prévoit le lancement d’un fonds d’affectation spéciale destiné à soutenir les personnes ayant souffert de l’impact des explosions nucléaires, la création d’un conseil consultatif scientifique, la fixation d’un délai de 10 ans pour la destruction des armes nucléaires et l’adhésion d’autres pays au Traité d’interdiction.

Mme MARITZA CHAN VALVERDE (Costa Rica) a estimé que des progrès avaient été faits en termes de traités mais a regretté que des sommes énormes soient toujours dépensées pour moderniser les armes nucléaires.  Elle s’est inquiétée des risques nouveaux que pouvaient représenter les cyberattaques et l’intelligence artificielle dans ce domaine.  Elle a condamné « de la manière la plus vive » les actions de la Fédération de Russie, État doté qui a mis en péril la paix et la sécurité internationales, et l’a appelé à cesser ses pressions nucléaires et à se retirer de la centrale de Zaporijia.  Elle en a appelé à la « bonne foi » dans l’application du TNP et à des « mesures unilatérales » de la part des États dotés.  Elle a également exhorté tous les États Membres à adhérer au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. MEDER UTEBAEV (Kirghizstan) a souligné la pertinence de la question du désarmement et de la non-prolifération dans le contexte des tensions internationales actuelles.  Il a appelé à éduquer l’opinion publique mondiale à ces questions et aux enjeux du TNP.  Il a proposé que le 5 mars soit déclaré « journée internationale pour la sensibilisation au désarmement et à la non-prolifération » par l’Assemblée générale en appelant la communauté internationale à soutenir cette initiative.

Mme SHABEENA (Maldives) a déclaré que l’existence même des armes nucléaires représente une menace pour l’humanité.  Elle a pris note des efforts de la communauté internationale pour les éliminer au fil des décennies mais, plus de 60 ans après, les neufs pays dotés d’armes nucléaires continuent leur prolifération, a-t-elle constaté.  Les budgets alloués à ces armes auraient pu être alloués au développement durable, a-t-elle souligné y voyant même une obligation morale.  Regrettant que seuls 68 États, dont les Maldives, aient signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, elle a appelé ceux qui ne l’ont pas fait encore à les rejoindre et à s’engager plus fortement dans ce domaine. 

Au nom du Groupe des États arabes, M. TAREK LADEB (Tunisie) a dit que l’élimination totale des armes nucléaires est le seul moyen de garantir que ces armes ne seront jamais utilisées.  Face à une flambée des prix, notamment des denrées alimentaires, sans précédent, il a suggéré aux États dotés de rediriger vers le développement économique et social les moyens traditionnellement consacrés aux armes nucléaires.  Il a également demandé aux huit pays figurant à l’annexe II du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) qui doivent encore le faire de ratifier le Traité pour permettre son entrée en vigueur.  Il a souligné l’importance de parvenir à l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et de commencer sans délais des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires.  Il a dénoncé le refus d’Israël de soumettre ses installations à l’examen du système de garantie généralisée de l’AIEA.  Il a jugé urgent de mettre en œuvre enfin la Résolution de 1995 appelant à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, avant de saluer les conférences organisées en 2019 et 2021 pour faire avancer cet objectif. 

Au nom des 120 membres du Mouvement des pays non alignés, M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a souligné les impacts potentiels d’un désarmement nucléaire sur la réalisation des objectifs de développement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a estimé que le seul moyen de garantir que ces armes ne seront jamais utilisées est de supprimer totalement les armes nucléaires de notre planète.  « La non-prolifération est une obligation qui s’impose aux États dotés de l’arme nucléaire », a insisté le représentant avant d’exhorter les États dotés à agir.  Il a estimé que la mise en œuvre des décisions prises lors des Conférences d’examen du TNP de 1995, 2000 et 2010 pour parvenir à une suppression totale des arsenaux nucléaires.  « Il est temps de revoir notre approche en matière de désarmement nucléaire », a insisté le représentant du Mouvement, avant de saluer la tenue des première et deuxième sessions de la Conférence visant à parvenir à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et de destruction massive Moyen-Orient, conformément aux décisions adoptées en 1995.  Par ailleurs, il s’est félicité de l’adoption le 21 janvier 2021 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, premier accord multilatéral applicable à l’échelle internationale à interdire complètement et explicitement les armes nucléaires sur la base du droit international humanitaire, avant de saluer l’adoption en juin 2022 des Déclaration et Plan d’action de Vienne y relatifs. 

M. RONALDO COSTA FILHO (Brésil) est d’abord intervenu au nom de l’Organisme pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine et dans les Caraïbes (OPANAL), qui compte 33 membres, pour rappeler que celle-ci considère que l’utilisation de telles armes est assimilable à un crime contre l’humanité et que leur interdiction est la seule garantie possible pour s’en prémunir.  Il a appelé les États dotés et les États non dotés intégrant les armes nucléaires dans leur doctrine militaire à revoir ces dernières.  Il a déploré la menace proférée par certains de faire appel à l’arme nucléaire et condamné toute menace, explicite ou implicite, de ce type comme une violation du droit international.  Il a appelé les États dotés de l’armée nucléaire à appliquer l’article VI du TNP et à fournir des garanties de sécurité aux pays de l’Amérique latine et des Caraïbes. 

S’exprimant ensuite à titre national, le représentant du Brésil a regretté l’absence de document final à l’issue de la dixième Conférence d’examen du TNP et s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a dénoncé les « termes absurdes » comme « armes nucléaires tactiques » utilisés pour « justifier l’injustifiable » par les États dotés. 

M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal) s’est inquiété des menaces sur la paix et la sécurité qui planent actuellement sur le monde et a défendu l’universalité des traités de désarmement nucléaire.  Il a regretté l’absence de consensus lors de la dixième Conférence des États parties au TNP et a appelé les États dotés au respect non sélectif des dispositions dudit Traité. 

M. FERGAL TOMAS MYTHEN (Irlande) a souligné que la guerre en Ukraine et le blocage de la Russie, en empêchant la Conférence d’examen du TNP de finaliser un document de fond, ne pouvaient que conforter la communauté internationale dans ses efforts pour parvenir à une élimination totale et irréversible des armes nucléaires.  Il a par ailleurs estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et le TNP étaient complémentaires en raison notamment de l’accent mis au titre par le premier sur les conséquences humanitaires qu’aurait une détonation nucléaire, y compris accidentelle. 

M. DIEGO PARY RODRÍGUEZ (Bolivie) a appuyé les propos de son homologue irlandais concernant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ajoutant que son pays s’oppose au développement des armes existantes et à la mise au point de nouveaux arsenaux, qui vont à l’encontre du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.  Le bien-être économique et social dépend des progrès concrets enregistrés sur la voie de l’élimination des armes nucléaires, a encore dit le représentant, pour qui les États dotés d’armes nucléaires doivent honorer leurs engagements en matière de réduction, dans un cadre transparent, de leurs arsenaux.

Mme AMAL MUDALLALI (Liban) a, quant à elle, exhorté les États détenteurs à mettre en œuvre l’article VI du TNP relatif au désarmement nucléaire et de donner des garanties de sécurité négatives pour restaurer la confiance entre États.  Le Liban, qui présidera en novembre, à New York, la prochaine session de la Conférence sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, appelle tous les États concernés de la région à participer aux négociations. 

M. ENKHBOLD VORSHILOV (Mongolie) a souligné la nécessité d’accroître les efforts de sauvegarde du TNP pour avancer « ensemble » vers la réalisation d’un monde exempt d’armes nucléaires.  En tant que territoire qui, depuis 1998, jouit du statut de pays exempt d’armes nucléaires, la Mongolie ne peut qu’encourager à la création d’autres zones de ce type pour renforcer la confiance régionale. 

M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s’est dit prêt à œuvrer à l’avènement d’un monde exempt d’armes nucléaires avant d’appeler à garantir la sécurité de tous les États avec le niveau d’armement le plus bas possible.  Il a regretté que les propositions du Pakistan pour garantir une Asie du Sud-Est stable sans armes nucléaires n’aient pas été adoptées.  « Les capacités nucléaires ont été introduites en Asie du Sud-Est par un État en 1974, qui s’est aussi livré aux premières explosions le 11 mai 1998 », a aussi rappelé le représentant du Pakistan.

M. ISSIMAIL CHANFI (Comores) a attiré l’attention sur l’impact qu’aurait une guerre nucléaire aux niveau mondial ou régional avant de déplorer que le régime de non-prolifération ait figé la situation au profit des seuls États nucléaires.  « Nous ne pouvons non plus accepter cette situation », a scandé le représentant avant d’exiger des engagements plus précis de la part des États dotés de l’arme nucléaire.  Il a exhorté les dirigeants mondiaux à accorder également leur priorité à la réalisation des ODD et à la lutte contre les changements climatiques. 

M. ZHANG JUN (Chine) a dit qu’un monde exempt d’armes nucléaires est de l’intérêt de tous les États.  Il a regretté que certains pays aient « une véritable obsession » avant de fustiger la pratique du renforcement de rivalités, avec le développement de forces stratégiques et la coopération en matière de nucléaire sous-marin.  « Tout cela doit cesser immédiatement », a dit le représentant avant de vanter l’initiative du Président chinois pour la sécurité mondiale qui s’appuie sur un multilatéralisme sincère pour prévenir les guerres et préserver la paix.  Il a expliqué que la doctrine de la Chine consiste au non-recours de l’arme nucléaire en premier, assurant que la Chine se refuse à toute course aux armements avec un quelconque pays. 

M. ZHANGELDY SYRYMBET (Kazakhstan) a rappelé que les armes nucléaires modernes étaient beaucoup plus puissantes que celles utilisées, en 1945, et pouvaient faire des centaines de milliers de morts.  Il a regretté que plus de 100 milliards de dollars soient dépensés, chaque année, pour l’entretien et la modernisation des arsenaux nucléaires.  Il s’est toutefois félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires. 

M. ABDULAZIZ M. ALWASIL (Arabie saoudite) s’est dit prêt à s’associer à tout instrument juridique pouvant diminuer le risque nucléaire.  Il a affirmé que son pays s’était associé à la Déclaration de Vienne et a rappelé qu’il défendait le droit à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire.  Il a estimé que l’Iran s’était engagé dans une spirale contribuant à la montée des tensions et a demandé à la communauté internationale de s’assurer qu’il développe, comme il l’affirme, un programme nucléaire à des fins uniquement pacifiques et non militaires.  Il a aussi demandé qu’Israël respecte les cadres internationaux en ce qui concerne la détention d’armes nucléaires. 

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a déploré l’existence d’un risque d’utilisation de l’arme nucléaire et le fait que certains pays s’en voient menacés alors même que le monde devrait se concentrer sur des crises bien plus pressantes sociale, environnementale, sanitaire.  Il a regretté qu’il n’ait pas été possible d’adopter un document final à l’issue de la dixième Conférence d’examen des Parties au TNP.  Il a estimé que la possession d’armes nucléaires rendait les États dotés plus audacieux et les incitait à violer le droit international.  Il a appelé à l’émergence d’un contre-récit s’opposant à celui sur l’efficacité de la dissuasion nucléaire.  « Nous sommes au bord de la catastrophe, faisons un pas en arrière! » a-t-il conclu.

M. MICHAEL IMRAN KANU (Sierra Leone) a affirmé que les armes nucléaires ne garantissent la sécurité d’aucun pays et devaient être totalement éliminées.  Il a appelé les États dotés à redéployer les ressources utilisées pour l’armement nucléaire pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a également appelé les États Parties au TNP à progresser et s’est félicité de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, ratifié cette année par son pays. 

M. DANG HOANG GIANG (Viet Nam) a souligné que l’exclusion et la confrontation étaient les moyens les plus sûrs de rendre inatteignable l’objectif historique d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a par ailleurs plaidé pour que débutent à la Conférence du désarmement des négociations sur un traité d’interdiction de la production des matières fissiles, cela « pour s’assurer qu’en attendant que les arsenaux nucléaires diminuent, ils n’augmentent pas ». 

M. HAROLD ADLAI AGYEMAN (Ghana) a appelé les États dotés d’armes nucléaires à revenir sur leur doctrine, étant avéré que ces armes ne garantissent en rien leur sécurité ni l’équilibre stratégique mondial.  L’entretien et la maintenance des 13 000 ogives nucléaires posent à eux seuls un risque sécuritaire local et régional, a-t-il ajouté, condamnant les menaces « à peine voilées » de recourir intentionnellement à des armes nucléaires.  Enfin, il a souhaité que les États dotés réaffirment leurs engagements en matière de réduction de leurs arsenaux, pris lors des Conférences d’examen du TNP de 1995 et 2000, « afin que nous puissions nous rapprocher des objectifs internationaux de désarmement nucléaire et de non-prolifération ». 

M. OMAR HILALE (Maroc) a notamment défendu l’utilité des zones exemptes d’armes nucléaires au niveau régional et international.  À cet égard, il s’est félicité de la conduite, à New York, des travaux de la conférence pour la création d’une zone de ce type au Moyen-Orient.  Il convient, dans ce cadre, d’instituer un dialogue favorable à un traité juridiquement contraignant qui répondra aux aspirations à la paix et à la sécurité des pays de la région, a-t-il dit.  D’autre part, il a appelé à son tour à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. 

M. MEMET MEVLÜT YAKUT (Türkiye) a exprimé sa préoccupation face à la menace d’utilisation d’armes nucléaires en Ukraine.  La Türkiye milite pour un monde exempt de ces armes, a-t-il dit en espérant que, malgré l’échec de la dixième réunion d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le monde parviendrait à un accord ultérieurement.  Il a invité tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et a demandé à tous de ne plus mener d’essais nucléaires. 

Mme HASSAN-SHARPE (Nouvelle-Zélande) a rappelé que la région du Pacifique a été par le passé le lieu de nombreux essais nucléaires.  Elle s’est inquiétée de la nouvelle course aux armements, qui est bien loin des ambitions qui ont prévalu à la mise en place du Traité sur la non-prolifération.  Elle a indiqué que la Nouvelle-Zélande est déçue du fait que la Russie ait bloqué un consensus au cours de la dixième réunion d’examen de ce traité.  La déléguée a également appelé tous les États à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires avant d’inviter tous les États à prendre un engagement plus fort en matière de non-prolifération.

M. CRISTIAN ESPINOSA CAÑIZARES (Équateur) a dit qu’aucune arme nucléaire ne peut être positive, leur simple existence étant une menace à la survie de l’humanité.  Il a appelé les Nations Unies à redoubler d’efforts, avec d’autres partenaires, pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  L’Équateur est fier d’appartenir à la première région au monde à avoir refusé toute arme nucléaire, a dit le délégué.  Il a ensuite invité les États de l’annexe 2 à ratifier au plus vite le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Il a dit rejeter la menace récente d’utilisation d’armes nucléaires, arguant que cette menace vient fragiliser le contexte international. 

Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud) a regretté l’absence de consensus qui a marqué la dixième Conférence d’examen du TNP.  Cette absence de consensus, qui marque 12 années d’échec, est un rappel brutal de tout ce que les États dotés d’armes nucléaires sont prêts à faire pour conserver leurs armes nucléaires sans contrôle et faire passer leurs intérêts égoïstes et étroits avant la paix et la sécurité collectives du reste de l’humanité, a-t-elle déploré.

La tendance que nous observons, à savoir l’augmentation du nombre d’États qui soulignent la valeur de la dissuasion nucléaire et s’appuient davantage sur celle-ci dans leurs doctrines militaires et de sécurité, est de plus en plus préoccupante, a-t-elle ajouté.  L’Afrique du Sud reste convaincue que, tant que les armes nucléaires existeront, l’humanité restera confrontée à la menace de leur utilisation massive, incontrôlable et aveugle. 

M. ISHIKANE KIMIHIRO (Japon) a estimé très préoccupant que la possibilité de l’utilisation de l’arme nucléaire aujourd’hui soit plus élevée que jamais depuis le début de la guerre froide.

C’est dans cette optique, que le Premier Ministre japonais, M. Fumio Kishida, a proposé, lors de la Conférence d’examen du TNP, qui s’est tenue le mois dernier, le « plan d’action d’Hiroshima », première étape d’une évolution réaliste vers l’idéal d’un monde sans armes nucléaires. 

En s’appuyant sur les idées énoncées dans le plan, le Japon continuera à travailler avec la communauté internationale à la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, notamment dans le cadre de la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’élimination des armes nucléaires. 

Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT (Guyana) a estimé que, cette année, la Journée internationale avait pris une plus grande importance du fait notamment de la guerre en cours en Ukraine et des tensions accrues dans le monde entier qui font planer la menace d’une catastrophe nucléaire.  « Nous ne sommes qu’à une erreur de calcul près d’une catastrophe humanitaire d’ampleur mondiale », a-t-elle mis en garde.  Se disant profondément préoccupée par la persistance et le stockage des armes nucléaires, la représentante a fait appel à l’obligation morale, éthique et juridique d’interdire l’utilisation des armes nucléaires.

Mme EGRISELDA ARACELY GONZÁLEZ LÓPEZ (El Salvador) a rappelé que l’utilisation ou la menace du recours à une arme nucléaire constitue un crime et que le TNP est la pierre angulaire du régime de non-prolifération, « auquel El Salvador croit ».  Aucun pays ne pourrait faire face aux conséquences d’une détonation nucléaire, a-t-elle ajouté.  Elle a jugé indispensable l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, qui complète utilement le TNP.  « Une participation égalitaire et paritaire est essentielle si on veut faire du désarmement nucléaire une réalité », a-t-elle ajouté. 

M. MOHAMMED HUSSEIN BAHR ALULOOM (Iraq) a appelé à tout mettre en œuvre pour éviter la prolifération des armes de destruction massive.  Le seul moyen de s’assurer que des armes de destruction ne tomberont pas entre les mains de groupes terroristes est de s’assurer de la destruction de toutes ces armes.  Il a dénoncé une mise en œuvre déséquilibrée et lacunaire du TNP en souhaitant que soient mises en œuvre les décisions prises lors des Conférences d’examen du Traité de 1995, 2000 et 2010.  Après avoir regretté que la dixième Conférence d’examen tenue en août n’ait pu parvenir à un accord, il a jugé urgent de mettre en œuvre enfin la décision de 1995 appelant à une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Il a rappelé le droit inaliénable des pays en développement de recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques aux termes du TNP, sans qu’ils soient victimes de discriminations.  À cet égard, il a particulièrement salué l’opportunité de l’assistance technique de l’AIEA. 

M. JASSIM SAYAR A. J. AL-MAAWDA (Qatar) a salué la pertinence du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en souhaitant que les fonds consacrés à ces essais soient attribués au développement économique et social des pays en développement.  Il a estimé que la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive au Moyen-Orient est urgente et nous rapprocherait de l’objectif de la paix et de la sécurité dans le monde.  Le Qatar est prêt à accueillir au mois de novembre la troisième conférence visant à la création d’une telle zone, qui se tiendra sous présidence libanaise.

M. SUNIL ALGRAM SITALDIN (Suriname) a estimé urgent de libérer le monde de la menace nucléaire en donnant la priorité au désarmement et à l’élimination de telles armes.  Saluant l’établissement dans plusieurs régions du monde de zones exemptes d’armes nucléaires, il a tenu à préciser que son pays ne détient aucune arme de destruction massive et n’a pas l’intention d’en acquérir.  De plus, a-t-il indiqué, le Suriname respecte ses obligations internationales en la matière et a ratifié tous les traités internationaux pertinents.  Selon lui, la création d’un monde exempt d’armes nucléaires est la responsabilité de tous car la survie de l’humanité est en jeu. 

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a rappelé que son pays a ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 1988 et est partie à tous les traités garantissant la sécurité nucléaire.  De même, le Bahreïn soutient toutes les initiatives visant à empêcher des groupes terroristes d’accéder à ce type d’armement et souhaite que l’AIEA puisse exercer pleinement son mandat.  Le représentant s’est également déclaré favorable à l’établissement d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Une telle mesure permettrait, selon lui, aux pays de la région d’échanger en toute confiance et atténuerait les risques de conflit.  Dans ce contexte, il a appelé l’Iran à honorer l’ensemble de ses obligations internationales dans ce domaine et à respecter le régime de l’AIEA, tout en prouvant le caractère pacifique de son programme nucléaire. 

M. AMRIYO BOBOZODA (Tadjikistan) a dit soutenir l’idée selon laquelle la course aux armements nucléaires ne peut avoir de vainqueur.  Il a rappelé que son pays attache une grande importance à la poursuite des programmes de non-prolifération nucléaire et à l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires.  À cet égard, il a relevé que le Tadjikistan a été l’un des cinq pays fondateurs de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale.  Saluant la tenue de cette journée de commémoration, il a ajouté que son pays partage l’objectif d’un monde totalement exempt d’armes nucléaires et appelle tous les pays à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin qu’il puisse entrer en vigueur. 

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a jugé essentiel que les efforts de sensibilisation à la menace nucléaire se poursuivent, étant donné le contexte international toujours plus complexe.  Elle a fait valoir à ce propos que la seule garantie contre l’usage ou la menace des armes nucléaires est leur élimination totale.  Regrettant que la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pu aboutir à un consensus et à un document final, elle s’est dite fière d’appartenir à la première région s’étant déclarée exempte d’armes nucléaires via le Traité de Tlatelolco.  L’établissement de telles zones favorise le désarmement mondial et promeut la paix et la sécurité internationales, a-t-elle affirmé en appelant tous les pays à ratifier le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires pour en garantir l’universalité. 

M. SULEIMAN HAJI SULEIMAN (République-Unie de Tanzanie) a salué l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et s’est félicité que 91 États Membres l’aient signé et 68 ratifié au 23 septembre, précisant que le processus de ratification était en cours dans son pays.  Il a appelé les États Membres à le rejoindre et salué le travail de l’Agence internationale de l’énergie atomique, appelant les membres à travailler avec elle en toute bonne foi. 

M. LUIS UGARELLI (Pérou) a déploré que les menaces nucléaires récemment proférées aient accru les tensions sur la scène internationale.  « Nous sommes au bord de la guerre nucléaire! » s’est-il exclamé.  Il a rappelé que le Pérou avait été un des premiers États parties au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ajoutant qu’en tant que membre du Traité de Tlatelolco, qui a fait de l’Amérique latine et des Caraïbes une zone exempte d’armes nucléaires, il appelait les autres régions du monde à adopter ce type d’instruments.  Regrettant un affaiblissement du TNP après 12 ans sans avancées significatives, il a estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représentait l’avenir dans ce domaine. 

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique) a affirmé sa préoccupation face à une menace « très réelle » de guerre nucléaire et s’est inquiétée du fait qu’une centrale nucléaire se retrouve dans une zone de combats.  Elle a lancé un appel aux États dotés et aux États non dotés appartenant à des alliances détentrices d’armes nucléaires à réviser leur doctrine.  « Les menaces d’utilisation d’armes nucléaires contreviennent au droit international », a-t-elle conclu. 

M. NADER LOUAFI (Algérie) a appelé à prendre des mesures concrètes pour le désarmement nucléaire, notamment dans le cadre de l’article VI du TNP et ce, en toute bonne foi.  Il a regretté que la dixième Conférence d’examen du TNP n’ait pu aboutir à un consensus, tout en se félicitant de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.  Il a appelé à tous les pays à rejoindre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires afin de limiter la course aux armements. 

Mgr PIETRO PAROLIN, du Saint-Siège, a dit que le conflit en Ukraine nous rappelle combien nous sommes proches d’un conflit nucléaire.  Il a rappelé que l’élimination des armes nucléaires est donc un défi urgent et un impératif humanitaire.  Il a accusé les États dotés de préférer le développement de leurs arsenaux au travail en faveur d’un véritable désarmement et une non-prolifération.  Tant que les armes nucléaires existeront, nous ne pourrons pas écarter le risque de leur utilisation, a-t-il prévenu. 

M. RIYAD H. MANSOUR, de l’État de Palestine, s’est dit convaincu que l’élimination totale des armes nucléaires est la seule manière de s’assurer que ces armes ne soient jamais utilisées.  Il a appelé à mettre en œuvre l’objectif d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient en rappelant que les engagements de la Conférence d’examen du TNP de 1995 restaient valides. 

Mme LAETITIA MARIE ISABELLE COURTOIS, du Comité international de la Croix Rouge (CIRC), s’est inquiétée d’un risque délibéré ou accidentel d’utilisation de l’arme nucléaire de plus en plus élevé, alors que l’existence de ces armes fait partie de la pire menace pour l’humanité.  Elle a jugé essentiel de reconcentrer les débats autour des conséquences de l’utilisation de ces armes pour les êtres humains et l’environnement.  « Accepter les armes nucléaires comme moyen de défense relève d’une logique dangereuse et inacceptable », a-t-elle insisté, avant d’estimer que l’universalisation du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires restait le meilleur espoir de désarmement total. 

M. MAGED ABDELFATTAH ABDELAZIZ, de la Ligue des États arabes, a souligné l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires, qui se sont développées dans le monde.  Il a appelé à mettre en œuvre l’objectif d’une telle zone au Moyen-Orient, en rappelant à cet effet les engagements de la Conférence d’examen du TNP de 1995 .  Il a exhorté la communauté internationale à maintenir la pression sur Israël afin que ce pays soumette ses installations au système de l’AIEA.

Déclarations de membres de la société civile

Mme NIKOLIC HUGHES, de la Fondation pour la paix, a appelé à apprendre du passé et à réfléchir au présent et à l’avenir.  Ce serait une erreur de penser que Nagasaki et Hiroshima sont les seuls moments où l’humanité a subi les effets néfastes des armes nucléaires, a-t-elle souligné en évoquant l’impact des essais nucléaires.  Les 13 000 ogives nucléaires qui existent actuellement sont bien plus puissantes que la bombe d’Hiroshima et l’échelle de dévastation qu’elles causeraient est inimaginable, a martelé la représentante de la société civile, pour qui une guerre nucléaire n’est simplement pas une option.  Elle a parlé « d’hiver nucléaire » et de « fin de l’humanité » en appelant tous les pays du monde à reconnaître leurs intérêts dans ce combat et à signer sans tarder le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.

En sa qualité de Jeune Champion du désarmement des Nations Unies, M. PATRICK KAREKEZI, de l’organisation non gouvernementale Restless Development, a dit intervenir au nom de 1,9 milliard de jeunes qui devront veiller à ce que le monde de demain soit un monde pacifié.  Il a appelé l’humanité à renoncer à la peur et à la défiance et abolir l’arme nucléaire. 

Mme MOLLY MCGINTY, de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, a cité une étude indiquant qu’une guerre nucléaire impliquant moins de 3% des arsenaux mondiaux pourraient anéantir un tiers de l’humanité.  « Les armes nucléaires sont le symptôme d’un système abîmé qui permet à ceux qui les détiennent de garder le monde en otage », a-t-elle résumé.  Mme McGinty a ajouté que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires représentait « une lueur d’espoir » à l’heure où la menace s’accroît en raison du conflit en Ukraine.  Elle a rappelé qu’un million de personnes avaient signé une pétition demandant à la Fédération de Russie de ne pas utiliser l’arme nucléaire et a exhorté ce pays ainsi que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à abandonner l’arme nucléaire. 

Déclaration de clôture

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a salué les participants pour avoir fait « entendre leurs voix ».  Vous avez souligné le rôle de plus en plus significatif de l’Assemblée générale dans cette quête de paix, en vous prononçant contre le « chantage nucléaire » et réaffirmé que les armes nucléaires n’avaient aucune place dans le monde dans lequel nous voulons voir vivre nos enfants, a-t-il affirmé. 

M. Kőrösi a encouragé les participants à quitter cette salle, aujourd’hui, avec une « résolution dans vos cœurs et des solutions dans vos esprits » pour débarrasser le monde de la menace nucléaire.  Cet appel, cette aspiration impliquent, selon lui, l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le lancement des négociations sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. 

Cela implique, également, le démantèlement des stocks nucléaires car, sans cela, quelle garantie aurons-nous? a-t-il demandé; de quelle sécurité pourrons-nous bénéficier?

M. Kőrösi a également exprimé sa reconnaissance à la société civile qui, a-t-il dit, par sa contribution aux débats d’aujourd’hui, nous a inspirés par sa détermination et sa volonté de travailler pour la paix et la sécurité dans le monde entier. 

En conclusion, le Président de l’Assemblée générale a mentionné la statue de Sainte Agnès, retrouvée dans les ruines de Nagasaki, carbonisée à la suite de l’explosion nucléaire, qui figure dans la collection permanente des Nations Unies comme témoignage d’un passé qui ne doit jamais se répéter.

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