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Assemblée générale: les délégations de la Libye, de l’Égypte et de la Somalie font état de la situation dans leur pays à l’heure de la transition

AG/11153

Assemblée générale: les délégations de la Libye, de l’Égypte et de la Somalie font état de la situation dans leur pays à l’heure de la transition

Une douzaine de petits États insulaires en développement

plaident leur cause face à la menace que posent les changements climatiques

Au quatrième jour de son débat général, l’Assemblée générale a entendu pour la première fois le Président du Bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) de la Lybie, dont la délégation avait été autorisée*, le 16 septembre dernier, à occuper le siège d’État Membre de la Libye.

Deux ans après que le colonel Al-Qadhafi eut jeté la Charte des Nations Unies à terre, « geste pathétique et théâtral », le Président du Bureau exécutif, M. Mahmoud Jibreel, a assuré l’Assemblée générale qu’une Libye nouvelle était entrée en scène, soucieuse de tourner la page et de s’ouvrir au reste du monde.

Avec des infrastructures en ruine, une personne sur cinq vivant en dessous du seuil de la pauvreté et un système éducatif considéré comme le pire de la région, la Libye postconflit a beaucoup à faire, a reconnu M. Jibreel.  La réconciliation nationale, priorité de son gouvernement de transition, a-t-il dit, passe par l’adoption d’une constitution respectueuse des droits fondamentaux et des libertés individuelles de tous les Libyens.  Mais pour rendre possible la reconstruction, la levée du gel des avoirs libyens, approuvée partiellement par le Conseil de sécurité**, doit être menée à son terme, a-t-il plaidé.

Réagissant à ces propos, le Vice-Chancelier et Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, M. Michael Spindelegger, a indiqué que plus de 150 millions d’euros, bloqués sur des comptes bancaires autrichiens, avaient été dégelés à des fins humanitaires.  Plusieurs autres États membres de l’Union européenne ont félicité le CNT, notamment le Portugal et le Luxembourg, représentés respectivement par le Premier Ministre, M. Pedra Passos Coelho, et le Vice-Premier Ministre, M. Franco Frattini.

De son côté, le Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, qui a félicité la délégation du CNT, s’est déclaré « fier de représenter son pays sous un nouveau visage », rappelant que les revendications du peuple égyptien, qui était « descendu dans la rue », avait été soutenues par les Forces armées du pays.  « Nous avons bénéficié de circonstances exceptionnelles qui ne sauraient se répéter.  Des circonstances qui ont permis au peuple égyptien de changer la destinée de leur pays d’une façon merveilleuse et historique », s’est réjoui M. Mohamed Kamel Ali Amr, affirmant que l’Égypte est désormais engagée dans une phase de transition caractérisée par un débat national et des dynamiques internes nouvelles auxquelles toute la société égyptienne participe.

Une fois la nouvelle constitution rédigée et les élections législatives et présidentielle organisées, ce processus devrait se solder par une passation du pouvoir à une autorité civile, a précisé le Ministre.  Appuyant la demande de reconnaissance, présentée hier, par l’Autorité palestinienne pour l’admission de la Palestine comme État Membre des Nations Unies, il a déploré l’incapacité du Quatuor pour le Moyen-Orient à trouver une solution équilibrée à l’objectif ultime « que nous partageons tous ».

Autre nation d’Afrique à connaître des mutations profondes, la Somalie, par la voix du Premier Ministre des institutions fédérales de transition, M. Abdiweli Mohamed Ali, a expliqué que le retrait des milices Al-Chabaab de la capitale Mogadiscio n’en laissait pas moins son pays vulnérable à diverses menaces, qui vont de « dirigeants faibles et kleptocrates » à « des batailles claniques pour des ressources limitées », en passant par des cycles de sécheresse et une économie sous-développée.

Dans un souci de réussir, eux aussi, leur réconciliation nationale, les autorités somaliennes ont annoncé qu’elles avaient organisé la première Conférence nationale consultative, au cours de laquelle les institutions transitoires et les représentants des administrations régionales ont adopté une feuille de route en vue du rétablissement d’un gouvernement permanent, légitime et représentatif en Somalie.

Le débat général de l’Assemblée a également été l’occasion d’entendre une série d’interventions par les chefs de gouvernement de petits États insulaires en développement (PEID).  Ainsi, les Premiers Ministres de Maurice, de la Barbade, de Tuvalu, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, d’Antigua-et-Barbuda, du Cap-Vert, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Samoa, de Vanuatu, des Îles Salomon et de Tonga, ainsi que le Représentant permanent de Saint-Kitts-et-Nevis auprès des Nations Unies, se sont livrés à un plaidoyer vibrant en faveur de la lutte contre les changements climatiques et la montée des eaux, qui menace la survie de leurs populations.

Le Premier Ministre de la Barbade, pays qui avait accueilli la toute première Conférence internationale sur les PEID en 1994, a rappelé, pour sa part, qu’il avait été choisi par le Secrétaire général de l’ONU pour siéger au sein du Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale.

« La tâche qui consiste à formuler des directives pour la croissance économique, qui tiennent à la fois compte de la nécessité d’éradiquer la pauvreté, d’assurer l’égalité des chances pour tous et de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement et les écosystèmes, sera difficile », a-t-il reconnu, mais il a été en mesure d’annoncer que les travaux du Groupe progressaient rapidement.

Avant de suspendre la séance, l’Assemblée générale a entendu les représentants de la Serbie et de l’Albanie qui ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale poursuivra son débat général, lundi 26 septembre, à partir de 9 heures.

* Voir communiqué de presseAG/11137

 ** Voir communiqué de presse CS/10389



 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)

Suite du débat général

M. PAKALITHA B. MOSISILI, Premier Ministre et Ministre de la défense du Lesotho, a estimé que le monde continuait d’être confronté à d’énormes obstacles dans ses efforts vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Malgré la mondialisation, les pays les moins avancés ne sont pas encore pleinement intégrés dans les marchés mondiaux, et la dégradation environnementale continue de peser sur les écosystèmes et l’approvisionnement énergétique, de même des épidémies comme le VIH/sida et le terrorisme.  Le Premier Ministre du Lesotho a aussi exhorté tous les États Membres à tenir leurs engagements relatifs au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), estimant toutefois illogique de demander aux États qui ne sont pas dotés de l’arme nucléaire de mettre fin à la prolifération alors que ceux qui possèdent les armes nucléaires continuent de les perfectionner et de menacer de leur utilisation à la moindre occasion.

La communauté internationale n’a pas agi avec consistance dans son approche des conflits, a regretté M. Mosisili.  Dans certains pays, elle a lancé des actions militaires rapides et décisives, dans d’autres, elle a privilégié la médiation et parfois elle a préféré détourner le regard.  Quoiqu’il en soit, les Nations Unies n’ont pas suffisamment utilisé la médiation comme outil de règlement des conflits, a-t-il dit, rappelant que le Conseil de sécurité, en charge du maintien de la paix internationale, devrait adopter une approche multilatérale, seul moyen de garantir la transparence, l’impartialité et l’appropriation d’un processus de médiation.  Une paix imposée sans consulter toutes les parties à un conflit ne peut être durable, a-t-il averti, en souhaitant une plus grande coopération avec les organisations régionales et une réforme globale du Conseil de sécurité.

M. Mosisili a estimé que le règlement pacifique du conflit au Kenya en 2007 ou la fin de la guerre au Soudan étaient des exemples des succès remportés par la communauté internationale grâce à la médiation.  Là où l’on a laissé sa chance à la médiation, des vies ont été sauvées, a-t-il estimé, tout en déplorant que l’intervention militaire ait été privilégiée en Libye.  Il a assuré que l’Union africaine avait développé une feuille de route générale qui aurait permis une solution pacifique à la crise mais avait été marginalisée.  Toutefois, cette feuille de route reste pertinente et les Nations Unies doivent mener la reconstruction du pays par une approche transparente et neutre, a-t-il dit.  Pour permettre de développer la médiation, il a appelé à renforcer humainement et financièrement le Bureau de bons offices du Secrétaire général dans la prévention et la résolution des conflits, plaidant pour une médiation sincère qui permette de régler la question de la Palestine, et celle du différend entre Cuba et les États-Unis. 

M. IGOR LUKŠIĆ, Premier Ministre du Monténégro, a indiqué que son pays s’engageait à favoriser la compréhension mutuelle et à renforcer toutes les formes de coopération.  Il s’est dit convaincu que le Monténégro ferait preuve de suffisamment de volonté pour contribuer au processus de son intégration au sein de l’Union européenne.  Il a notamment évoqué son engagement à mettre en œuvre un processus de réformes internes établies sur la base des sept recommandations clefs formulées par la Commission européenne.  M. Lukšić a ensuite souligné la nécessité de renforcer la diplomatie préventive et les activités de médiation pour répondre aux conflits éventuels, avant de déclarer que la priorité devrait être accordée à la signature « urgente » d’un accord de paix entre Israël et la Palestine.  Il a ensuite estimé que l’expérience du Monténégro en matière d’accueil des réfugiés pouvait servir de base à des compromis politiques à long terme destinés à consolider la paix dans sa région.  Il a également estimé que le renforcement du Mécanisme d’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme s’imposait.  Son pays, a-t-il ajouté, appuie les travaux de la Cour pénale internationale.

La mise en œuvre par son gouvernement d’une politique économique pour lutter contre la crise mondiale actuelle a permis d’affaiblir l’impact de la crise économique et de mettre un terme à la chute de l’économie nationale, a-t-il assuré.  Son gouvernement, a-t-il ajouté, envisage d’adopter des mesures d’austérité pour stabiliser la situation économique du pays.  Passant ensuite à la question de la réforme de l’ONU, M. Lukšić a appelé au renforcement de l’autorité et du rôle de l’Assemblée générale, et à une meilleure représentativité au sein du Conseil de sécurité en accordant notamment un siège supplémentaire de membre non permanant au Groupe des États d’Europe orientale.  Le Premier Ministre a par ailleurs fait savoir que depuis sa ratification de la Convention sur les armes à sous-munitions, le Monténégro avait détruit toutes ses réserves d’armes de ce type.  « Le Monténégro est un État écologique », a ensuite déclaré M. Lukšić.  Il a expliqué que son gouvernement s’efforçait de faire l’équilibre entre la croissance, la création d’emplois, l’équité sociale ainsi que la protection de l’environnement et des ressources naturelles.  Il a ensuite appelé à l’adoption d’un accord international « global, coordonné et décisif » pour répondre aux effets des changements climatiques.

Mme E. IVETA RADIČOVÁ, Premier Ministre de la Slovaquie, a affirmé que pour répondre à la crise actuelle, un petit pays comme le sien devrait assurer la durabilité de son système de retraites, adopter une politique fiscale « responsable envers les générations à venir et contre cyclique », et appuyer la création d’emplois.  Elle a également évoqué la lutte contre la corruption et la promotion de la transparence.  Mme Radičová a ensuite avancé que la crise financière que connaît l’Europe démontre que la zone euro n’était pas préparée pour faire face à une telle situation.  Elle a souhaité l’adoption de mesures fiscales plus strictes aux plans national et européen.  « Il faut être honnête avec nos citoyens car nous devons nous assurer que les solutions techniques apportées à la crise ne provoquent pas une flambée de nationalisme et de populisme », a notamment prévenu Mme Radičová, qui a insisté sur la nécessité de réduire le risque de compromettre le projet de l’Europe pour réaliser l’intégration politique.  Elle a par ailleurs souhaité que le mandat du Conseil économique et social soit modifié « d’urgence » afin de renforcer sa capacité à répondre aux besoins économiques et sociaux de la planète.  Mme Radičová a ensuite souligné la nécessité de faire avancer les négociations sur le projet de convention générale sur le terrorisme international.  Elle a également souligné l’importance que revêt le développement durable dans le cadre de la consolidation de la paix.  Mme Radičová a par ailleurs salué les mérites de la médiation, mettant l’accent sur l’importance d’éliminer les causes premières des conflits plutôt que de chercher à gérer « de manière hâtive » leurs conséquences.  Elle a également observé que le rôle des femmes au cours de ces processus était souvent sous-estimé.

M. MANMOHAN SINGH, Premier Ministre de l’Inde, a déclaré qu’il n’y avait pas d’autre choix que de relever les nombreux défis qui se posent aujourd’hui à la communauté internationale, mais que le succès ne serait garanti qu’en privilégiant une approche fondée sur la coopération plutôt que sur la confrontation et en s’appuyant sur l’internationalisme et le multilatéralisme, valeurs sur lesquelles reposent les Nations Unies.  Le respect de l’état de droit est aussi important au niveau international qu’il ne l’est au sein même des pays, a-t-il poursuivi, en rappelant que les sociétés ne pouvaient pas être « restructurées » depuis l’extérieur ou par la force militaire.  La communauté internationale peut prêter une assistance dans le cadre des processus de transition et du renforcement des institutions, « mais l’idée que des prescriptions puissent être faites de l’étranger est dangereuse », a insisté M. Singh.  Toutes les actions entreprises sous l’égide de l’ONU doivent respecter l’unité, la souveraineté et l’intégrité territoriales des États, a-t-il ajouté sur ce point.

Pour le Premier Ministre de l’Inde, une tâche importante est de réformer la gouvernance mondiale, en commençant par les Nations Unies, qui doivent devenir plus fortes et plus efficaces et répondre aux aspirations de tous.  Dans ce contexte, l’élargissement et la réforme du Conseil de sécurité est déterminante afin de refléter les réalités du monde contemporain, a estimé M. Singh.  En outre, a-t-il estimé, nous ne devons pas prendre pour prétexte la crise économique pour ériger des murs entre nous, mais au contraire promouvoir la coordination des politiques macroéconomiques.  C’est la raison pour laquelle il a appelé de ses vœux une réforme des institutions financières internationales.  L’Inde, qui est un pays émergent, n’a pas manqué de forger des partenariats avec d’autres pays, notamment les moins avancés (PMA), a fait remarquer M. Singh.  Pour réaliser leur développement, les pays ont cependant besoin d’un environnement pacifique, a expliqué le Premier Ministre, qui a soutenu que la lutte contre le terrorisme doit être implacable.  Il s’est félicité, à cet égard, de la coopération régionale renforcée en Asie du Sud dans le domaine de la sécurité, notamment entre l’Inde et le Bangladesh.  Après avoir condamné l’assassinat de M. Burhanuddin Rabbani, perpétré la semaine dernière à Kaboul, M. Singh a réaffirmé l’engagement de son pays de se tenir aux côtés de l’Afghanistan.  Il a enfin attiré l’attention sur la nécessité de lutter contre le phénomène de la piraterie au large des côtes somaliennes et dans la mer Rouge.

M. CARLOS GOMES JÚNIOR, Premier Ministre de la Guinée-Bissau, intervenant tout d’abord sur la réforme du secteur de la sécurité dans son pays, que son gouvernement et la communauté internationale considèrent comme indispensables, a déclaré que l’engagement de la Guinée-Bissau en faveur de la mobilisation des ressources à l’appui de cette réforme l’a conduit à ouvrir un fonds spécial de pension, sur lequel ont déjà été déposés 200 000 dollars sur le demi-million promis jusqu’à fin 2011.  Conscient que l’Afrique de l’Ouest en général, et la Guinée-Bissau en particulier, étaient considérées comme une plaque tournante du trafic illicite de stupéfiants, M. Gomes Junior a annoncé que son pays fut l’un des premiers à solliciter l’assistance de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) en vue de lutter efficacement contre ce fléau.  Le Conseil des ministres, a-t-il précisé, s’est doté de deux instruments importants, une Déclaration politique et un Plan opérationnel, qui incluent tout un éventail de mesures dans trois domaines spécifiques: le renforcement du système juridique, le renforcement du système judiciaire ainsi que la lutte contre la toxicomanie et le VIH/sida.  Outre ces mesures prises au niveau national, le Gouvernement s’efforce de signer des accords bilatéraux, convaincu que sans une coopération stratégique entre les pays d’où provient le trafic, les pays de transit et les pays consommateurs de stupéfiants, la lutte contre ce phénomène sera vouée à l’échec.  Le Premier Ministre a saisi l’occasion pour redemander à cet égard le soutien des États-Unis, de l’Union européenne et de ses États membres.

Le Premier Ministre a ensuite évoqué les efforts de son gouvernement pour lutter contre la pauvreté et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a notamment adopté un Document stratégique national de réduction de la pauvreté, qui trace la voie à suivre pour les cinq prochaines années, a expliqué M. Gomes Júnior.  Au nombre des mesures récemment prises sous son autorité, le Premier Ministre s’est félicité des lois qui répriment la mutilation génitale féminine et renforcent les sanctions contre le trafic de mineurs.  Sur le plan international, il a salué la décision de l’Autorité palestinienne de présenter la demande de reconnaissance de la Palestine en tant qu’État Membre.  La Guinée-Bissau appuie, par ailleurs, la position de l’Union africaine concernant la Libye et a exprimé son entière disposition à coopérer avec les représentants légitimes de ce pays.  Le Premier Ministre a conclu en rappelant que sous les auspices du Président Malam Bacai Sanhá, l’Assemblée nationale avait entrepris un processus de réconciliation nationale impliquant tous les secteurs de la société de Guinée-Bissau.

M. WILLY TELAVI, Premier Ministre de Tuvalu, a salué le rôle joué par l’ONU dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité, estimant cependant que l’intégrité et la souveraineté des pays devaient être respectées à tout prix.  Il a ensuite fait savoir que la crise économique avait eu un grave impact sur le Fonds d’affectation de Tuvalu, « la principale source de revenus pour stabiliser le budget récurrent du pays ».  Il a appelé la communauté internationale et les partenaires pour le développement à « honorer d’urgence » leurs engagements en faveur des pays les moins développés par le biais, notamment, de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.  Il a ensuite fait savoir que les principaux éléments de ce programme seraient intégrés, le mois prochain, à la Stratégie nationale de Tuvalu pour le développement durable, Kakega II.  Le Premier Ministre a également appelé l’ONU à prendre en compte l’impact des changements climatiques et des maladies non transmissibles sur les PMA avant de les retirer de cette liste.  Tuvalu, a-t-il insisté, est fermement convaincu que sa vulnérabilité économique et environnementale de même que sa dépendance continue de l’aide publique au développement (APD) ne peut être ignorée, a lancé le Premier Ministre qui a plaidé pour que les critères de radiation prennent en compte la vulnérabilité de son pays.

M. Telavi s’est ensuite félicité du fait que Tuvalu allait plus que probablement atteindre cinq des Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015, tout en avertissant que les progrès réalisés risquaient à tout moment d’être anéantis à cause de la vulnérabilité du pays.  S’inquiétant par ailleurs de la lenteur de la réforme de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, il a souhaité l’instauration d’un calendrier afin d’achever ce processus dans un avenir proche.  Il a également appelé l’ONU à reconnaître « sans réserves » les contributions de Taiwan au maintien de la paix dans le monde.

Commentant la question des changements climatiques, le Premier Ministre de Tuvalu a estimé que la Réunion de Durban sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, prévue pour décembre prochain, devrait déboucher sur l’adoption d’amendements au Protocole de Kyoto afin d’établir une deuxième période d’engagement.  Il a également appelé à la création rapide d’un mécanisme international pour répondre aux pertes et aux dommages liés aux changements climatiques.  Pour un pays fortement vulnérable comme Tuvalu, cela est d’une importance vitale, a-t-il souligné.  M. Telavi a également appelé à la réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation du couvert forestier par le biais de l’adoption de mesures appropriées pour répondre à leurs causes.  Il a également appelé à la réglementation des produits qui font avancer la déforestation.  Le Premier Ministre a ensuite exhorté les principaux pays émetteurs à prendre des mesures décisives pour réduire leurs émissions.  Il a notamment estimé que les mesures contenues dans l’Accord de Cancun étaient inappropriées.  À Durban, son pays initiera des négociations sur un nouvel accord juridiquement contraignant pour les principaux pays émetteurs qui n’ont toujours pas pris d’engagements en vertu du Protocole de Kyoto.  M. Telavi a par ailleurs souhaité que la Conférence Rio+20 accorde une attention particulière aux besoins des petits États insulaires en développement.

M. RALPH E. GONSALVES, Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a estimé que des courants pour le changement sont intervenus dans certaines régions de la planète, parfois pour le meilleur, comme au Soudan du Sud, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, parfois pour le pire avec des catastrophes naturelles, ouragans et tempêtes tropicales qui ont touché une nouvelle fois la région des Caraïbes.  Les Nations Unies se trouvent dans l’œil de ces turbulences géopolitiques et socioéconomiques, a-t-il souligné, en plaidant pour la médiation, trop souvent abandonnée prématurément au profit d’une solution militaire.  Les plus bruyants des champions de l’action militaire onéreuse et inutile sont ces mêmes dirigeants des puissances militaires qui cherchent à avoir la mainmise sur les ressources naturelles locales, a-t-il dénoncé.  Les aventures néocolonialistes et impérialistes ne triompheront jamais sur le droit des peuples à l’autodétermination et à la souveraineté, a-t-il dit.  Une résolution ferme de l’Assemblée générale envers la médiation marquerait le début de la fin pour le cercle vicieux de l’interventionnisme unilatéral, a-t-il insisté.  M. Gonsalves a aussi souligné que les effets de la crise financière se faisaient à présent sentir bien au-delà des multinationales, entraînant chômage, pauvreté et désespoir, particulièrement chez les jeunes, comme les violences qui ont éclaté dans le monde l’ont montré de Tottenham à Tripoli.  Après plus de trois ans de crise économique, nous pouvons maintenant affirmer que les réponses tièdes et timides apportées par les pays développés riches ont échoué à guérir l’économie mondiale, engendrant des conséquences inquiétantes sur les économies à revenus moyens très endettées, a-t-il dit.  Ces économies ne peuvent attendre une reprise hypothétique, car les petits États ont besoin d’un espace fiscal et politique pour leur développement, centré sur les populations, a-t-il souligné, regrettant que les institutions financières internationales n’en aient pas suffisamment mesuré l’importance.

Remerciant la communauté internationale pour l’assistance dont Saint-Vincent-et-les Grenadines a bénéficié après le passage dévastateur de l’ouragan Thomas, M. Gonsalves a néanmoins indiqué que la reconstruction du pays, comme de la région, était loin d’être accomplie.  « Je reste choqué, a-t-il dit, par l’intransigeance des principaux responsables des émissions et des pays développés qui refusent d’assumer leurs responsabilités dans les changements climatiques. »  Nous n’avons plus beaucoup de temps, a-t-il prévenu, estimant que les citoyens du monde et nombre de gouvernements avaient perdu la foi dans des sommets interminables qui produisent peu de résultats tangibles.  Les promesses doivent être tenues, et si les paroles ne coûtent rien, le développement, lui, a un coût, a-t-il souligné.  Enfin, le Premier Ministre a accusé les Nations Unies d’être enfermées dans un marasme de stagnation, dénonçant un Conseil de sécurité fossilisé.  Il a demandé à intensifier les efforts pour venir en aide aux populations d’origine africaine partout dans le monde, notamment dans la corne de l’Afrique et en Haïti.  Il a aussi salué la demande d’admission de l’État de Palestine aux Nations Unies, plaidé pour la levée de l’embargo américain imposé à Cuba, et estimé qu’il n’y avait aucune justification pratique, juridique ou logique expliquant l’absence de Taiwan au sein des Nations Unies. 

M. BABURAM BHATTARAI, Premier Ministre du Népal, s’est félicité de la transformation de son pays, qui est passé en l’espace de quelques années du statut de « monarchie autocratique et féodale » à celui de « nouvelle république fédérale démocratique ».  Toutefois, a-t-il expliqué, son pays, qui fait partie de la catégorie des pays les moins avancés (PMA), est bien placé pour prendre la mesure des inégalités qui caractérisent le monde d’aujourd’hui: « Les îlots de prospérité dans une mer de pauvreté ne sont pas tolérables », a-t-il martelé.  La récurrence des crises économique et financière exige le réexamen des paradigmes sur lesquels s’appuie aujourd’hui l’ordre économique mondial, a poursuivi M. Bhattarai.  Les efforts de développement des PMA se heurtent ainsi à de graves contraintes structurelles, qui compromettent la possibilité pour eux de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), d’ici à 2015.  Aussi, le Premier Ministre a-t-il appelé à mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action adoptés lors de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA qui s’était tenue à Istanbul en mai dernier, en particulier les mesures portant sur le financement du développement.

Le Népal, qui préside le Groupe des pays les moins avancés, a souligné M. Bhattarai, n’oublie pas le sort des pays en développement sans littoral, dont il fait également partie.  Il a ensuite évoqué la lutte contre les changements climatiques, qui frappent directement le Népal, avec la fonte des neiges et des glaciers de l’Himalaya.  Le Premier Ministre a donc appelé de ses vœux la réalisation de progrès significatifs dans les négociations sur les changements climatiques, en particulier les mesures d’adaptation et d’atténuation.  Évoquant ensuite la question du désarmement, le Premier Ministre népalais s’est félicité de la mise en place d’un Centre régional pour la paix et le désarmement pour l’Asie et le Pacifique, installé à Katmandou.  Il a par ailleurs encouragé la finalisation du projet de convention générale sur le terrorisme international, tout en insistant sur la nécessite d’établir une distinction entre le terrorisme et la lutte pour l’autodétermination.  Avant de conclure, M. Bhattarai a réaffirmé le soutien de son pays aux opérations de maintien de la paix, pour lesquelles le Népal est un important contributeur de troupes, avec près de 80 000 Casques bleus déployés à ce jour.

M. NAVINCHANDRA RAMGOOLAM, Premier Ministre de Maurice, a estimé que les tensions dans le monde, entre les États et au sein même des États, naissaient d’un accès inégal aux ressources, d’un manque de sécurité alimentaire et de l’incapacité à s’attaquer aux changements climatiques.  L’insécurité économique menace la paix internationale, a-t-il insisté, notant que le monde en développement se trouvait confronté aux conséquences d’une crise économique et financière résultant d’échecs qui ne sont pas les siens.  Les petits États insulaires en développement sont particulièrement vulnérables, a-t-il déclaré, regrettant qu’une reconnaissance formelle de cette vulnérabilité ne leur ait pas été accordée.  M. Ramgoolam a estimé que les Nations Unies étaient l’unique organisation internationale dotée de la légitimité et l’universalité nécessaires pour avoir une vue d’ensemble sur le développement économique mondial, et a souhaité qu’elles assurent la coordination politique, fixent des principes pour des négociations par secteur et assument leur responsabilité pour la sécurité économique de tous les pays.  Dans ce contexte, le Conseil économique et social doit jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu par la Charte des Nations Unies en tant que l’un des principaux organes de l’Organisation.  Maurice subit déjà les conséquences des changements climatiques, a poursuivi son Premier Ministre.  La température de l’air est plus élevée, le niveau de la mer augmente de 1,2 millimètre par an dans l’océan Indien et les chutes de pluie ont baissé de 8% par rapport aux années 1950, a-t-il indiqué, prévenant que les conséquences de ces changements seront dévastatrices pour tous les pays, sans une coopération internationale renforcée et des actions concertées.  La Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) reste le forum international et intergouvernemental premier pour négocier sur cette question des changements climatiques, a-t-il réitéré.  De son côté, Maurice continue de poursuivre une stratégie de développement durable, en augmentant sa part d’utilisation d’énergie renouvelable de 18 à 35% d’ici à 2025.

M. Ramgoolam a également identifié quatre menaces majeures en matière de sécurité humaine: la course aux armements, le terrorisme, le trafic de drogues et le VIH/sida.  La sécurité nécessite un cadre de travail légal pour un règlement pacifique des différends, a-t-il souligné, en demandant que le débat des Nations Unies sur la question de l’état de droit puisse être élargi aux relations entre États.  Évoquant l’affaire de l’archipel Chagos l’opposant à l’ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni, le Premier Ministre a précisé que ce territoire avait été retiré à Maurice lors de son accession à l’indépendance, au mépris des résolutions 1514 et 2066.  Quand la Cour internationale de Justice (CIJ) avait été saisie de l’affaire, le Royaume-Uni avait déclaré que la Cour n’était pas compétente pour connaître d’un différend le liant à un membre actuel ou passé du Commonwealth, a-t-il dénoncé.  Ceci illustre bien les difficultés qu’un État peut rencontrer lorsqu’il essaie de régler une question en vertu du droit international, a-t-il dit, demandant aux Nations Unies de montrer l’exemple.  Une meilleure sécurité juridique exige une meilleure gouvernance mondiale, a-t-il souligné.  Dans cette perspective, une réforme du Conseil de sécurité doit être entreprise.  L’absence de sécurité, que ce soit sur le plan économique, écologique, juridique ou même dans certains cas, existentiel, appelle à une révision des obligations statutaires des Nations Unies, a conclu le Premier Ministre.

M. SALI BERISHA, Premier Ministre de l’Albanie, a rappelé qu’en dépit des énormes difficultés indiscutables auxquelles il continue d’être confronté, 20 ans après la chute de la dictature communiste, son pays a fait de la liberté individuelle la plus précieuse des richesses.  « L’Albanie était le plus isolé des pays du monde », elle est aujourd’hui membre de l’OTAN et demeure fermement engagée en faveur de son intégration à l’Union européenne.  « L’Albanie a pour ambition de devenir un pays développé », a déclaré M. Berisha, en réaffirmant la volonté de son gouvernement de réaliser un développement durable.  Les pays en développement, a-t-il dit, ont l’avantage de pouvoir tirer les leçons des échecs connus par les pays développés et de ne pas répéter les erreurs du passé.  « Avec ses ressources naturelles considérables, l’Albanie a pour objectif de devenir la Norvège de la péninsule balkanique », a assuré le Premier Ministre, qui a fait part de la signature de 220 contrats avec le secteur privé.  Des projets de centrales hydroélectriques sont en cours, tandis que des plateformes éoliennes sont installées partout dans le pays, a poursuivi M. Berisha, qui a indiqué que l’Albanie comptait également tirer un parti maximal de son ensoleillement exceptionnel en développant l’énergie solaire.  Enfin, le Gouvernement a entrepris de planter, au cours des huit prochaines années, 50 millions d’oliviers et près de 200 millions d’amandiers dans tout le pays.

Abordant la question des relations de bon voisinage de l’Albanie avec les autres pays des Balkans, le Premier Ministre a formé le vœu de pouvoir consolider ces relations avec la Serbie.  « Je suis fermement convaincu que les Serbes et les Albanais doivent s’engager dans un dialogue et dans un processus de coopération afin d’ouvrir un nouveau chapitre dans leurs relations », a-t-il déclaré.  Rappelant que l’indépendance du Kosovo avait été reconnue par plus de 80 États, il a donc appelé la Serbie, qui avait saisi la Cour internationale de Justice par le biais de cette Assemblée générale, à s’aligner sur l’avis consultatif rendu par cette juridiction internationale.  Affirmant que le Kosovo avait mis en place, avec le soutien de l’EULEX et de la KFOR des normes élevées en matière de droits des minorités, le Premier Ministre albanais a estimé que les problèmes les plus inquiétants pour les Serbes du Kosovo étaient « les tensions créées et orchestrées à des fins nationalistes ».  Les structures parallèles mises sur pied par Belgrade dans le nord du Kosovo, où se trouvent trois enclaves serbes, ont transformé cette zone en plaque tournante de la criminalité organisée et du trafic en tout genre, a accusé M. Berisha, qui a déclaré son soutien sans équivoque au Gouvernement légitime du Kosovo.

M. NIKOLA GRUEVSKI, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a déclaré que la diplomatie préventive méritait davantage d’attention à la fois comme notion et mécanisme de prévention de conflit.  Les organisations régionales et sous-régionales ont un rôle à jouer pour assister les États nouvellement indépendants à régler les questions en suspens.  M. Gruevski a par ailleurs estimé que l’engagement en faveur des Objectifs du Millénaire pour le développement ne devrait pas faiblir du fait de la crise économique.  Il a également lancé un appel pour que l’on réponde de manière « responsable, engagée et adéquate » aux effets des changements climatiques sur la base du principe de responsabilité commune mais différenciée.  M. Gruevski a ensuite fait observer que les conflits enlisés demeuraient un défi sur les plans régional et international.  Il a soutenu que l’ONU demeurait le point central du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale.  Le défi du cynisme et du scepticisme, a-t-il ajouté, ne peut être vaincu que par le défi d’une vision et de l’action.  Le Chef d’État a par ailleurs estimé qu’en 2012, la « réunion des dirigeants » devrait être consacrée à l’éducation, l’innovation et les progrès technologiques dans le cadre du développement durable.  Il a ensuite fait part de l’ambition de son pays de devenir un leader régional en matière de réforme éducative, d’éducation, d’investissements, de technologies, et de protection de l’environnement et des droits de l’homme.

Le Président a ensuite évoqué le droit de son pays d’avoir une identité et l’objection de son « voisin du Sud » à l’égard de son nom et de son identité.  Ce différend, a-t-il affirmé, est unique au monde.  « Il est imposé par le besoin d’un pays, notre voisin, de monopoliser deux noms et par sa détermination stratégique à ne pas nous laisser exister comme nous le ressentons ».  « Imaginez l’état d’esprit dans lequel mes citoyens se trouvent », s’est indigné M. Gruevski.  «  Nous sommes victimes de chantage et nos efforts de développement sont freinés par les entraves imposées par notre voisin du Sud à notre entrée dans les institutions euro-atlantiques ».  M. Gruevski a engagé les États Membres à mettre un terme à cette situation, et à appuyer « la fierté et la dignité » de son pays.  « Nous voulons une solution qui ne fera de mal à personne, un nom qui marquera notre engagement, notre désir et notre détermination en faveur de la coexistence, la communauté, l’individualité et l’identité ».  Il s’est ensuite félicité de ce que 131 États Membres aient reconnu, à ce jour, le nom de « République de Macédoine ».

M. BALDWIN SPENCER, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a déclaré que son pays continuait d’appuyer les aspirations du peuple palestinien et l’idée d’une solution de deux États, qui permettra au peuple palestinien d’exercer leurs droits inaliénables et de créer un État souverain vivant côte à côte avec Israël.  C’est sur cette base que nous avons décidé de nous associer à ceux qui ont déjà reconnu l’État de Palestine.  Nous sommes convaincus que cette reconnaissance contribuerait à la recherche d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien sur la base des frontières de 1967.  Il a ensuite observé que de nombreux conflits actuels étaient alimentés par le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre.  Il a évoqué l’impact dévastateur de ces « petites armes de destruction massive » dans sa région.  En 2007, a-t-il précisé, cette région avait connu le taux de meurtres le plus élevé au monde et des armes légères avaient été utilisées pour commettre 70% de ces crimes.  Il a ensuite fait savoir que lors du dernier Sommet de la CARICOM, qui s’est tenu au mois de juillet dernier, les dirigeants s’étaient engagés à accorder la plus haute priorité à la lutte contre le trafic illicite de ces armes.  M. Spencer a ensuite appelé à une nouvelle restructuration de la dette souveraine qui prenne en compte les multiples aspects de la dette pour surmonter la crise actuelle.  Il a ensuite évoqué le différend qui oppose son pays aux États-Unis au sujet des sites de jeux en ligne, et a appelé ce dernier à maintenir son engagement pour trouver une solution mutuellement acceptable.  Il a ensuite fait part de son engagement à favoriser l’ouverture des marchés dans des secteurs clefs, à combattre le trafic de drogues et à promouvoir la création d’emplois.  Il a par ailleurs appelé les États-Unis à lever immédiatement l’embargo imposé à Cuba.

Le Premier Ministre a ensuite salué l’adoption de la Déclaration politique de l’Assemblée générale sur les maladies non transmissibles (MNT), regrettant cependant qu’elle ne contienne pas d’objectifs précis relatifs à la campagne mondiale de lutte contre les MNT.  Commentant le dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, M. Spencer a observé que le racisme et le legs de l’esclavage continuaient d’avoir des répercussions dans la vie des personnes d’ascendance africaine.  Il a notamment appelé les anciens États esclavagistes à présenter des excuses officielles pour les crimes commis pendant les 400 ans qu’a duré le commerce esclavagiste et à les assortir de nouveaux engagements pour appuyer le développement économique des pays ayant souffert le plus de cette tragédie humaine.  Notant que la planète comptera bientôt sept milliards d’habitants, M. Spencer a souligné qu’il était nécessaire d’accorder une attention particulière au développement et de mettre sur pied des politiques de promotion de la santé et de la dignité de tous les habitants du monde qui sachent également assurer la protection de la planète.  Il a également insisté sur la nécessité de promouvoir la participation des femmes et des jeunes et de transformer les économies des pays en développement afin d’éliminer la pauvreté.  M. Spencer a ensuite évoqué les répercussions néfastes de la crise mondiale sur l’économie de son pays, faisant notamment état d’une importante baisse du tourisme, des investissements étrangers directs et des envois de fonds.  « Notre PIB a chuté de 5,7% en 2009 et la dette du secteur public est en hausse », a-t-il notamment fait savoir.  Il a ensuite expliqué que les États membres de l’Union monétaire des Caraïbes orientales avaient renforcé les arrangements relatifs à l’intégration économique dans le but d’atteindre un statut d’union économique.

Mme CHEIKH HASINA, Premier Ministre du Bangladesh, a assuré que la justice pour la paix, fondement de la politique intérieure et étrangère de son pays, était au cœur de ses idéaux laïcs, démocratiques et tournés vers le progrès.  L’attention portée aux négociations pacifiques a aussi permis au Bangladesh de maintenir une croissance annuelle de 6%, de créer des milliers d’emplois et de réduire la pauvreté, tout en signant un Accord de paix avec les communautés marginalisées de la région des Hill Tracts, ainsi qu’un Traité de partage des ressources en eau et de démarcation des frontières avec l’Inde.  En outre, un Tribunal indépendant a été établi pour poursuivre les responsables de crimes de guerre commis durant la guerre de libération du Bangladesh en 1971.  Mme Hasina a réaffirmé son plein engagement dans la lutte contre le terrorisme, rappelant que son père, qui était le premier Président du Bangladesh, fut assassiné en 1975 dans un attentat qui tua aussi sa mère et trois de ses frères, et qu’elle-même avait échappé miraculeusement à un attentat en 2004.

Comme la justice amène la paix, la paix est vitale au développement, a-t-elle poursuivi, en détaillant les mesures prises par le Bangladesh pour réaliser les OMD, notamment les efforts pour intégrer l’éducation des filles dans les politiques de l’État.  La participation des femmes a aussi augmenté au niveau politique, y compris au sein du Gouvernement, à la Cour suprême, dans la police, l’armée et les missions des Nations Unies auxquelles le Bangladesh participe.  En outre, le pays développe l’accès aux nouvelles technologies avec 4 500 centres d’information implantés dans les communautés rurales et la connexion à Internet de 8 500 bureaux de poste.  Les services de santé ont également été étendus, avec 11 000 nouveaux centres de soins communautaires implantés dans les zones rurales.  Toutefois, Mme Hasina a souligné que les pays les moins avancés, comme le Bangladesh, avaient besoin du soutien international, à la fois en matière d’accès aux marchés, de levée des barrières douanières et d’égalité de poids dans les institutions de Bretton Woods.  Un tel soutien est particulièrement important pour le Bangladesh qui subit en plus les conséquences des changements climatiques, a-t-elle déclaré.  « Une montée des eaux d’un mètre inonderait un cinquième de nos terres et entraînerait le déplacement de 30 millions de personnes, ce qui constituerait la plus importante crise humanitaire de l’histoire », a-t-elle alerté, en appelant à ne pas perdre de temps pour prendre les mesures appropriées.  Le Bangladesh a préparé un plan visant à réduire les risques, comprenant notamment une augmentation de sa couverture forestière de 20%, et établi un Fonds spécial de 300 millions de dollars.  Avant de conclure, Mme Hasina a souhaité que le Bangla, parlé par 300 millions de personnes dans le monde, soit déclaré langue officielle des Nations Unies. 

M. FREUNDEL STUART, Premier Ministre de la Barbade, a déclaré qu’aucun pays représenté à l’Assemblée générale ne connaîtrait une prospérité durable si nous continuons d’abuser de notre environnement.  Il a donc lancé un appel à une utilisation plus parcimonieuse des ressources naturelles de la planète, en particulier des énergies fossiles, des émissions de gaz carbonique et de la gestion dérèglementée des déchets.  Comme l’attestent les effets de plus en plus visibles des changements climatiques, les petits États insulaires en développement des Caraïbes et du Pacifique dépendent de ces ressources pour leur survie, a rappelé M. Stuart.  Il a assuré l’Assemblée générale que la Barbade déploierait tous les efforts nécessaires pour que la Conférence des Nations Unies sur le développement durable Rio+20 soit couronnée de succès.  Le Premier Ministre s’est ensuite déclarée honorée d’avoir été choisi pour siéger au sein du Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale établi par le Secrétaire général.  « La tâche qui consiste à formuler des directives pour la croissance économique, qui tiennent à la fois compte de la nécessité d’éradiquer la pauvreté, d’assurer l’égalité des chances pour tous et de réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement et les écosystèmes, sera une tâche difficile », a-t-il reconnu, avant de dire que les travaux du Groupe progressaient.

M. Stuart a ensuite déclaré que le conflit de longue date au Moyen-Orient entre Israël et la Palestine était devenu une « anomalie dérangeante » dans un monde où d’autres différends ont pu être résolus de manière pacifique.  Il a estimé que la seule solution envisageable à cette situation était de permettre aux Palestiniens d’avoir leur propre État.  De même, le Premier Ministre a lancé un appel pour que soit levé l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis, pays qui a été privé d’être pleinement intégré sur le plan régional.  Il a ajouté que le développement d’Haïti constituait une priorité pour son pays, et qu’il soutenait les appels lancés à la communauté internationale par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour qu’elle tienne ses promesses de contributions en faveur de la reconstruction de ce pays après le séisme de janvier 2010.  Les mêmes chefs d’État et de gouvernement avaient réaffirmé, en juillet dernier, lors du Sommet de la CARICOM, qu’il fallait accorder la plus haute importance à la lutte contre le trafic d’armes légères et de petits calibre, à la fois aux niveaux national et régional, a précisé M. Stuart.

M. MAHMOUD JIBREEL, Président du Bureau exécutif du Conseil national de transition (CNT) de la Lybie, a déclaré que 30 000 personnes avaient perdu la vie dans le conflit qui les avait opposées au régime du colonel Al-Qadhafi, « afin d’écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays et œuvrer à l’avènement d’une Libye libre ».  Il y a deux ans, a-t-il rappelé, le colonel Al-Qadhafi avait jeté la Charte des Nations Unies à terre, « un geste pathétique et théâtral », comme si les règles qui régissent la communauté internationale n’avaient aucune importance à ses yeux.  « Je m’adresse à vous pour vous assurer qu’une Libye nouvelle est aujourd’hui présente aux Nations Unies et sur la scène internationale, une Libye désireuse de surmonter ses difficultés et de s’ouvrir au reste du monde ».  M. Jibreel a assuré que la nouvelle constitution garantirait les libertés fondamentales de tous les Libyens, sans discrimination aucune.  Toutefois, nous ne sommes pas en train de dire que nous avons « une baguette magique », comme le faisait le colonel Qadhafi, qui se considérait comme un prophète, alors que la Libye qu’il nous a laissée en héritage est un pays aux infrastructures en ruine, où une personne sur cinq vit en dessous du seuil de la pauvreté et où le système éducatif est le pire de la région.

Le Président du Bureau exécutif a ensuite remercié tous les « États frères » qui ont permis aux résolutions 1973 et 2009 du Conseil de sécurité d’être adoptées.  Appelant maintenant le Conseil de sécurité à dégeler les fonds de la famille Al-Qadhafi, le Président a déclaré qu’une assistance était nécessaire pour mettre en place des institutions étatiques, dans un pays qui en a été privé depuis 42 ans.  Conscient que les attentes placées en lui étaient élevées, le CNT a déclaré que la réalisation de la réconciliation nationale était urgente, y compris pour un gouvernement de transition.  « La Libye que nous voulons est un État de droit », a assuré M. Jibreel, qui estime que, de par sa position géostratégique, son pays peut devenir un lien entre le Sud et le Nord, l’Est et l’Ouest.  De manière plus générale, il a défendu l’idée selon laquelle l’Afrique, grâce à ses ressources et à son dynamisme, peut jouer un rôle de premier plan sur la scène mondiale, et que les migrations africaines peuvent continuer à contribuer au développement économique de l’Europe.  « Notre politique étrangère sera basée sur le respect de la souveraineté des autres États », a-t-il promis.  Le temps est également venu de placer au premier plan les jeunes et les femmes, non seulement parce qu’ils représentent 67% du monde arabe, mais aussi parce qu’ils sont l’avenir, a martelé le Président du Bureau exécutif, avant de conclure.

M. LAWRENCE GONZI, Premier Ministre de Malte, a estimé que l’année écoulée avait été marquée par de multiples troubles et soubresauts dus à la pauvreté et aux inégalités sociales qui persistent dans de nombreuses régions du monde.  Cette situation, aggravée par l’insécurité alimentaire et exacerbée par la sécheresse et la famine, menace la survie de millions de personnes en Somalie et dans le reste de l’Afrique, a-t-il souligné.  Tout en déclarant que Malte, par son réseau d’organisations non gouvernementales et son aide au développement, soutenait de nombreux projets dans les pays en développement et les moins avancés, il a fait remarquer qu’elle avait cependant besoin d’assistance pour gérer l’afflux de migrants illégaux qui arrivent sur ses côtes depuis la Libye et d’autres pays de l’Afrique du Nord. 

La région de la Méditerranée n’a pas été épargnée par les défis et les difficultés et Malte, historiquement connue pour être « l’infirmière de la Méditerranée », salue le courage des peuples du « printemps arabe », a-t-il dit.  Les prochains mois, en particulier, seront un défi majeur pour la communauté internationale et pour la population libyenne, a estimé M. Gonzi, qui a plaidé pour la pleine solidarité internationale avec la Libye sur les fronts politique, économique et financier.  Les réformes et la transition démocratique en Égypte et en Tunisie doivent aussi être soutenues, a-t-il dit, car la démocratie a plus de chance de s’épanouir si elle s’accompagne d’un développement économique et d’améliorations tangibles des conditions de vie de la population.  Alors que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont pris un nouveau chemin vers la liberté, des efforts supplémentaires doivent aussi être faits pour répondre aux aspirations du peuple palestinien, ce qui, a-t-il dit, doit passer par la reprise des négociations avec les Israéliens.  M. Gonzi a ensuite rappelé que le terrorisme ne connaissait pas de frontières, tuant en Afghanistan, en Iraq, en Inde, au Pakistan, en Fédération de Russie, en Espagne, en Indonésie, en Chine ou au Royaume-Uni, et plus récemment au Nigéria.  Les évènements qui se déroulent actuellement en Afrique du Nord nous rappellent que nous devons poursuivre la promotion et la protection des droits de l’homme partout dans le monde, a-t-il estimé, réitérant la proposition de son pays d’élaborer une déclaration universelle des responsabilités de l’homme, en complément de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui serait présentée lors de la prochaine session de l’Assemblée générale, en 2012.

M. MOHAMED KAMEL ALI AMR, Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, a déclaré qu’il « était fier de s’exprimer aujourd’hui devant l’Assemblée générale pour représenter son pays, désormais sous un nouveau visage ».  Le 25 janvier, le peuple égyptien est descendu dans la rue pour réclamer des réformes démocratiques, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi que la justice sociale, a rappelé le Ministre avant d’ajouter que son peuple avait obtenu gain de cause et que sa lutte avait été soutenue par les Forces armées égyptiennes « qui sont l’image du patriotisme et de l’unité du peuple égyptien ».  Le Ministre a insisté sur le fait que les forces armées sont « les gardiens de la nation » et non pas d’un régime politique.  « Nous avons bénéficié de circonstances exceptionnelles qui ne sauraient se répéter.  Des circonstances qui ont permis au peuple égyptien de changer la face de leur pays d’une façon merveilleuse et historique », s’est encore réjouit le Ministre.  Aujourd’hui, l’Égypte est résolument engagée dans une phase de transition caractérisée par un débat national et des dynamiques internes nouvelles auxquelles toute la société égyptienne participe, a-t-il expliqué.  Ce processus, une fois la nouvelle constitution rédigée et les élections législatives et présidentielle organisées, devrait se solder par une passation du pouvoir à une autorité civile, a précisé le Ministre.

Rappelant que son pays avait assumé la présidence du Mouvement des pays non alignés depuis 2009, lequel célèbre cette année son cinquantième anniversaire, le Ministre a fait état des multiples activités engagées pour améliorer la capacité du Mouvement à répondre à la nouvelle donne internationale qui est en perpétuelle évolution.  Il a également noté que le Mouvement jouait un rôle crucial dans la coordination des positions de ses États Membres sur différentes questions d’ordre international, comme le désarmement, la sécurité collective, la réforme des Nations Unies ou encore la promotion de valeurs internationales comme la démocratie et le respect des droits de l’homme.  La présidence égyptienne du Mouvement a œuvré pour le renforcement du rôle du Comité conjoint de coordination avec le Groupe des 77 et de la Chine.  Ainsi, il a été possible d’adopter un certain nombre d’initiatives importantes qui portaient notamment sur la sécurité alimentaire, l’autonomisation des femmes et la lutte contre la traite des êtres humains.  L’Égypte, qui assurera ce mandat jusqu’en 2012, poursuivra ses efforts, a assuré le Ministre, qui a réaffirmé le plein soutien du Mouvement des pays non alignés à la « lutte historique du peuple frère palestinien » en vue d’exercer ses droits légitimes et de créer un État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale et dans les frontières de 1967, et en vue de son admission à l’ONU.

Abordant la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre a expliqué que le Mouvement des pays non alignés souhaitait qu’une telle réforme se fasse rapidement de manière à permettre aux Nations Unies d’être le reflet de la réalité actuelle, ce qui suppose, selon lui, une réforme du Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité doit devenir plus représentatif, plus transparent et fidèle à la nature démocratique du multilatéralisme, a précisé le Ministre.  Revenant à la question de la Palestine, le Ministre a regretté qu’à la suite à la déclaration prononcée par le Président Abbas, hier, devant l’l'Assemblée générale, dans laquelle il demandait que son pays devienne membre à part entière des Nations Unies, le Quatuor avait « à nouveau » échoué à trouver une solution équilibrée à l’objectif ultime « que nous partageons tous » même si nos approches diffèrent.  Pour le Ministre égyptien, il est absurde de continuer à parler d’un processus de paix alors même qu’Israël poursuit sa politique de colonisation, son blocus de la bande de Gaza et sa violence contre les civils palestiniens, sans aucun égard pour l’opinion internationale.  Il est urgent aujourd’hui que « nous intensifions nos efforts » en vue de mettre un terme à ce conflit, a-t-il poursuivi.  Pour sa part, l’Égypte restera fidèle au principe de parvenir à une paix juste et globale au Moyen-Orient.  Elle poursuivra ses efforts pour venir à bout de l’occupation israélienne du Territoire palestinien et pour trouver des solutions à toutes les questions en suspens, conformément à un calendrier établi au plan international.  Elle essayera aussi de capitaliser sur les succès obtenus au Caire par le biais de la signature de l’Accord de réconciliation palestinien dans le but de consolider l’unité palestinienne et les efforts de paix.  Se félicitant de l’adhésion de la République du Soudan du Sud aux Nations Unies, le Ministre a émis l’espoir de voir ce nouvel État contribuer au maintien de la stabilité régionale et de faire des progrès rapides sur la route du développement et de la mise en place de ses institutions.  L’Égypte rend également hommage au Soudan pour son engagement à respecter l’Accord de paix et la volonté du peuple soudanais.  Le Ministre a également rendu hommage à la révolution tunisienne qui a permis, a-t-il dit, « d’accélérer le printemps arabe ».  Il a également fait part du soutien de son pays au peuple libyen et a félicité le Conseil national de transition pour « occuper la place de la Libye aux Nations Unies ».  S’agissant de la situation en Syrie, le Gouvernement et le peuple égyptiens suivent de très près son évolution, a-t-il assuré.  Le Ministre s’est dit convaincu que la seule issue possible de cette crise est de mettre fin à la violence et d’ouvrir la voie à un dialogue entre toutes les parties.

M. PEDRA PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, félicitant tout d’abord la délégation du CNT libyen, a estimé que le peuple libyen avait fait preuve d’un courage exceptionnel et d’une ténacité sans précédent pour obtenir sa liberté et son droit à déterminer démocratiquement son destin.  Pour le Ministre, le plus grand défi à relever aujourd’hui au niveau de la planète est celui de l’emploi et de la relance de la croissance.  La crise économique et financière mondiale a prouvé à quel point le monde actuel est interconnecté et, pour sortir de cette crise, a-t-il dit, il faudrait ensemble trouver des solutions durables et structurées.  Il faudrait réduire les inégalités macroéconomiques, renforcer la sécurité monétaire et rééquilibrer le commerce mondial.  Soulignant que la croissance économique a un effet multiplicateur sur l’emploi, à la fois aux plans national et régional, le Ministre a insisté sur l’importance de la coordination économique à l’échelle mondiale.  La gouvernance mondiale suppose également, a-t-il estimé, la complémentarité et une meilleure coordination entre les Nations Unies, le G-20 et les groupes régionaux pertinents.  Pour le Portugal, il est capital d’impliquer les économies émergentes, le secteur privé et la société civile dans cette gouvernance mondiale.  Dans ce contexte, le Ministre a assuré que son pays ne ménageait aucun effort pour respecter ses engagements pris vis-à-vis du Fonds monétaire international et de l’Union européenne, ajoutant que la crise « représente une opportunité pour le Portugal pour adapter son modèle économique et consolider l’économie du pays ».

Le Ministre a ensuite remercié les États Membres d’avoir permis l’élection du Portugal afin de siéger au sein du Conseil de sécurité l’année dernière.  Depuis son accession au Conseil de sécurité, le Portugal s’engage en faveur de la complémentarité institutionnelle entre le Conseil et l’Assemblée générale, a-t-il assuré.  M. Coelho a estimé que « l’organe principal des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité mondiales » doit engager une réforme.  Ainsi, sa délégation plaide en faveur d’un Conseil de sécurité plus efficace et plus représentatif.  « Sa composition devrait refléter de manière correcte les changements intervenus depuis sa création », a-t-il précisé, ajoutant qu’il lui semblait évident que le Brésil et l’Inde obtiennent un siège permanent et que le continent africain y soit représenté.  Revenant sur le « printemps arabe », le Ministre a déclaré que ces révoltes arabes avaient prouvé que la démocratie et les droits de l’homme ne sont pas des valeurs qui dépendent de la géographie, de l’ethnicité, de la religion ou encore du niveau de développement économique.  Il a poursuivi en souhaitant le « succès » du processus de paix au Moyen-Orient, rappelant que 60 ans sont passés et que ce n’est plus le moment de faire quelques pas en avant pour mieux reculer, ni pour un statu quo ou encore des actions unilatérales qui viennent saper les négociations.  « Nous ne devons pas réinventer la roue, la Feuille de route et les principes sont connus de tous », a-t-il rappelé.  La paix peut sembler difficile mais elle est à la portée des Palestiniens et des Israéliens.  La création d’un État palestinien est une promesse qui doit être tenue, de même que la sécurité d’Israël doit être assurée par la communauté internationale, a également soutenu le Ministre.  S’agissant de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, présentée hier par son Président, M. Mahmoud Abbas, le Premier Ministre a estimé qu’elle devrait être le résultat logique de négociations.  C’est pourquoi, il a interprété cette demande comme un souhait qui pourra se réaliser avec la signature d’un accord de paix.  En attendant cela, le Portugal est disposé à faciliter un meilleur statut de la Palestine au sein de l’Organisation.  La transformation du monde arabe appelle également l’Europe à redéfinir ses politiques de voisinage, a déclaré le Ministre, qui souhaite un renouveau de l’Union pour la Méditerranée (UPM).  Le Portugal, qui a connu sa transition démocratique en 1974, est conscient de l’importance des partenariats et des encouragements de la communauté internationale et assure qu’il est prêt à jouer ce rôle à son tour.  Face à la situation difficile en Syrie, le Ministre a demandé que le Conseil de sécurité prenne position et a lancé un appel au Gouvernement syrien pour mettre un terme à la violence et à la répression des aspirations démocratiques légitimes de son peuple.  Pour conclure, il a appelé le monde à ne ménager aucun effort pour soutenir les processus de transition et de démocratisation au Moyen-Orient.

M. JOSÉ MARIA PEREIRA NEVES, Premier Ministre et Ministre de la réforme du Cap-Vert, s’est d’abord vivement félicité du choix du thème général de cette année qui est la médiation.  En tant qu’État soumis aux principes et aux règles des Nations Unies, a-t-il dit ensuite, le Cap-Vert demeure convaincu que la paix et les droits de l’homme constituent les éléments clefs pour la construction de la souveraineté, de l’état de droit et du développement durable.  Ceci indique, a-t-il estimé, que les médiateurs impliqués dans toute résolution de conflits doivent toujours, dans leurs approches, accorder une priorité à ces deux notions de paix et de droits de l’homme.  Évoquant l’action générale de l’ONU, M. Pereira a estimé qu’il était crucial pour l’Organisation de se focaliser sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles à travers le monde, particulièrement dans le contexte des défis auxquels font face les pays en développement.  Après avoir apporté son soutien à la prochaine conférence «  Rio+20 », le Premier Ministre a rappelé que le Cap-Vert, en tant que petit État insulaire en développement souffrait des conséquences des changements climatiques.  « Nous sommes conscients de l’importance de l’économie verte et de celle dite bleue, pour le développement durable », a-t-il souligné, avant d’inviter les Nations Unies à œuvrer à la prévention des changements climatiques, et à s’attaquer au manque des produits alimentaires et produits pétroliers.  « Nous comptons également sur la communauté des États réunis dans cette Assemblée, à la fois aux niveaux bilatéral et multilatéral pour adhérer à l’objectif de l’économie verte et au développement durable », a-t-il plaidé. 

Le Cap-Vert n’est pas uniquement un partenaire fort, en matière de sécurité globale, il est aussi un membre actif dans le combat contre les trafics et autres crimes associés, s’est réjoui son Premier Ministre.  Il a par ailleurs passé en revue les cinq piliers adoptés par son gouvernement dans le cadre de sa stratégie de réduction de la pauvreté, citant entre autres, le renforcement du développement humain, et l’investissement dans l’infrastructure.  Abordant la situation régionale, il s’est dit préoccupé par la persistance de la famine dans la corne de l’Afrique « où des milliers d’enfants meurent chaque jour de faim ».  Nous exhortons l’ONU à déployer des efforts plus effectifs pour renverser la tendance actuelle de cette tragédie en Afrique de l’Est, a déclaré le Premier Ministre, avant d’appeler à l’édification d’« un monde débarrassé de la famine ».

M. PETER O’NEILL, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a déclaré que le nouveau Programme pays de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, établi avec la participation de plusieurs institutions des Nations Unies, sera lancé en janvier 2012 et sera axé sur la gouvernance, la justice sociale, la santé, l’éducation, la parité entre les hommes et les femmes, l’environnement, les changements climatiques et la gestion des catastrophes.  Évoquant les Objectifs du Millénaire pour le développement, le Premier Ministre s’est félicité de l’augmentation, à hauteur de 53%, du nombre d’enfants engagés à l’école primaire et il a annoncé des mesures telles que la gratuité de l’école primaire et les améliorations du secteur santé, notamment la couverture vaccinale, la protection maternelle et infantile ainsi que la réduction des affections telles que le VIH et la malaria.  Sur un plan global, il a affirmé que le nouveau Plan de développement stratégique pour la période de 2010-2030 a pour ambition de faire entrer la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans la classe des pays à revenus moyens.  C’est dans cette optique, a-t-il ajouté, que le Gouvernement a investi dans les infrastructures de transport et dans l’électrification rurale.

Au sujet de l’autonomisation de la femme, M. O’neill s’est félicité de la nouvelle loi votée par le Parlement afin de réserver 22 sièges de parlementaires aux femmes pour l’élection de l’an prochain, et ceci sans tenir compte d’autres postes que les femmes pourraient éventuellement briguer.  Le Premier Ministre a ensuite souligné que la région du Pacifique reste une zone sans armes nucléaires et a souhaité que la communauté internationale prenne au sérieux la question de la prolifération des armes légères.  « Nous soutenons et encourageons la réforme des Nations Unies », a noté le Premier Ministre, ajoutant que le nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité devrait être augmenté afin d’épouser la nouvelle configuration géopolitique du monde.  Soulignant que la Papouasie-Nouvelle-Guinée reste engagée à lutter contre le trafic de drogues, le trafic d’hommes et le blanchiment d’argent, il a relevé les performances économiques remarquables du pays qui, durant les neuf dernières années, a connu une croissance économique fluctuant entre 6 et 8%.  Des performances qui ont placé le pays parmi les partenaires clefs de la région du Pacifique, s’est-il réjoui.

Les Nations Unies demeurent l’un des derniers bastions, sinon le dernier, face aux défis et incertitudes qui caractérisent notre monde, a déclaré M. TUILAEPA SAILELE MALIELEGAOI, Premier Ministre des Samoa.  Dans ce contexte, il a salué la visite dans la région du Pacifique du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, au début de ce mois, où ce dernier a pu constater, de première main, l’étendue des défis auxquels les petits États insulaires en développement sont confrontés.  Exhortant les Nations Unies à jouer un rôle plus actif encore vers la réalisation du droit à l’autodétermination de toutes les populations du Pacifique, il a aussi rappelé que les progrès en matière de développement, de sécurité et de droits de l’homme devaient aller de front et être la norme, non l’exception.  À cet égard, il a déploré que certains pays bénéficient d’une aide internationale pour faire face à leurs difficultés budgétaires, tandis que certains luttent seuls pour répondre aux besoins premiers de leurs populations.  Les pays qui souffrent le plus des crises économique, climatique et alimentaire sont les pays les moins avancés et les petits États en développement, et Samoa appartient à ces deux catégories, avec des besoins qui sont toujours plus importants que les ressources disponibles, a-t-il souligné.

M. Malielegaoi a émis l’espoir que la prochaine Conférence sur le développement durable –Rio+20-, prévue au Brésil en 2012, permettrait à la communauté internationale d’identifier les moyens et de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre des Programmes d’action existants.  Il a évoqué le Forum Pacifique de cette année, tenu sur le thème « Convertir les potentialités en prospérité », soulignant l’opportunité représentée pour les îles du Pacifique par les ressources de la pêche, dont les pays de la région ne touchent que 1% des bénéfices dégagés.  Depuis longtemps, des navires de grands pays continuent de pêcher illégalement dans les eaux du Pacifique, a-t-il expliqué, appelant à la coopération de tous dans une région qui abrite les dernières grandes réserves de la planète.  C’est pourquoi, il faut une conservation et une gestion efficaces pour préserver ces stocks de poissons dans la région du Pacifique, a-t-il souligné.  Le Premier Ministre a également souligné que les changements climatiques constituaient la principale menace sur les ressources, la sécurité et le bien-être des populations du Pacifique.  À cette fin, il a souligné qu’il faudrait assurer les ressources adéquates, notamment par le biais du Fonds de Copenhague pour le climat.  De son côté, les Samoa continuent de contribuer aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies au Soudan, au Libéria et au Timor-Leste, ainsi qu’à la Mission régionale d’assistance aux Îles Salomon (RAMSI).  Avant de conclure, M. Malielegaoi a appelé les parties au conflit au Moyen-Orient à négocier de bonne foi, en s’attaquant aux symptômes et aux causes du conflit.   

Pour M. MELTEK SATO KILMAN LIVTUVANU, Premier Ministre de la République de Vanuatu, le règlement des différends par l’usage des moyens pacifiques, comme le recommande la Charte des Nations Unies, demeure un élément central du système des Nations Unies.  Dans ce contexte, a-t-il dit, nous encourageons nos frères et sœurs israéliens et palestiniens, à poursuivre de façon pacifique des négociations qui assureront la stabilité de la région entière.  Il a également exhorté l’ONU à réviser le cadre de fonctionnement des médiations et à développer des partenariats avec les organisations régionales, en ce domaine.  La diplomatie bilatérale ne peut se substituer au multilatéralisme et nos pays ont besoin d’un système multilatéral plus robuste et plus efficient afin de répondre aux défis qui se posent à nous aujourd’hui, a défendu M. Livtuvanu.  C’est dans cadre qu’il a appelé à la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies qui, a-t-il préconisé, doit devenir « plus démocratique et plus représentatif de la nouvelle dimension géostratégique mondiale ».  Le Premier Ministre a par ailleurs condamné fermement le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  L’ensemble des États doivent travailler de façon collaborative à l’élimination de ce fléau, a-t-il souhaité, avant d’appeler les grandes puissances à remplir leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire et de désarmement.

Comme pour les autres petits États insulaires en développement, la situation économique de Vanuatu est menacée d’instabilité, à cause de la hausse des prix des produits alimentaires et des produits pétroliers.  De même les effets conjugués des catastrophes naturelles et des changements climatiques menacent l’économie de notre petit État insulaire en développement, s’est inquiété M. Livtuvanu.  Il est urgent que les partenaires pour le développement augmentent leur contribution, a-t-il souligné.  Se voulant plus précis, il a plaidé pour le financement des efforts déployés au bénéfice des communautés les plus vulnérables et pour la survie de l’île.  M. Livtuvanu a ensuite réaffirmé l’attachement de son pays à la question de la décolonisation des territoires encore sous occupation.  Souhaitant que la demande du droit à l’autodétermination de la Polynésie française ne soit pas rejetée, Vanuatu et plusieurs autres îles du Pacifique soutiennent la réinscription de ce territoire français à l’ordre du jour du Comité spécial pour ladécolonisationde l'ONU, a indiqué le Premier Ministre en conclusion.

M. DANNY PHILIP, Premier Ministre des Îles Salomon, a remercié le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, pour la visite effectuée dans son pays en début du mois.  Il a précisé que ce fut la première visite d’un Secrétaire général de l’ONU dans un petit État insulaire en développement du Pacifique.  Il a affirmé que le rôle de la thématique de « la médiation » aux Îles Salomon renvoie à parler d’une seule voix pour ces populations qui s’expriment en 87 langues différentes.  C’est dans cette optique, a-t-il mentionné, que le Ministre de l’Unité nationale œuvre à la tolérance, au respect et au dialogue entre habitants des Îles Salomon.  Six personnes sur dix meurent de maladies non transmissibles dans la zone du Pacifique, a-t-il indiqué, précisant que c’est la raison pour laquelle son pays a mis en place un Plan stratégique de lutte contre les maladies non transmissibles sur la période 2011-2015.  Il a invité les donateurs à soutenir la mise en œuvre de ce Plan.  Le Premier Ministre a salué l’adoption, en mai dernier à Istanbul, du Programme d’action des pays les moins avancés pour la prochaine décennie.  Ce Programme, a-t-il noté, présente l’opportunité de sortir les 880 millions de personnes de la pauvreté à travers le monde.  Les Îles Salomon soutiennent, a-t-il dit, l’appel du Secrétaire général pour tenir des discussions de fond sur ce qui se fera après la date butoir pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Évoquant les changements climatiques, il a également appelé le Secrétaire général à œuvrer afin que les pays développés puissent prendre de nouveaux engagements en rapport avec le Protocole de Kyoto.  Afin de démontrer le caractère tragique des impacts des changements climatiques dans son pays, le Premier Ministre a soutenu que les Îles Salomon envisagent de relocaliser le plus grand centre hospitalier du pays qui est menacé par la montée du niveau de la mer. 

Les Îles Salomon, a rappelé le Premier Ministre, un pays qui a connu des conflits récents, restent engagées à œuvrer pour la paix.  C’est dans ce contexte que son pays a mis en place un partenariat avec les Fidji, Vanuatu et la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour mettre sur pied une école de police commune afin de répondre aux catastrophes naturelles autant qu’aux conflits.  M. Philip a, en outre, soutenu l’inscription des territoires français de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française dans la liste de la décolonisation des Nations Unies.  Dans le cadre de la préservation de leurs ressources naturelles, il a relevé que les Îles Salomon œuvrent pour la protection du thon grâce à la création de la première industrie de pêche durable au monde.  Il a également annoncé que son pays va abriter le onzième festival des arts du Pacifique du Sud l’an prochain, un rendez-vous de promotion et de célébration de la diversité culturelle unique des populations autochtones du Pacifique.  Au sujet de la réforme des Nations Unies, les Îles Salomon, a-t-il déclaré, souhaitent que les petits États insulaires en développement soient représentés au sein du Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que son pays occupe le siège dévolu à sa région au sein du Conseil d’administration d’ONU-Femmes.  Taiwan, a-t-il ajouté, devrait pouvoir participer activement aux travaux des Nations Unies en tant que membre à part entière.

M. TU’IVAKANO DE NUKUNUKU, Ministre des affaires étrangères de Tonga, est revenu sur l’importance de la Réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles.  Il a souligné que lors de la réunion du Forum des dirigeants des Îles du Pacifique, qui a eu lieu plus tôt en septembre, une Déclaration sur les MNT avait été adoptée.  Par ce texte, les dirigeants se sont engagés à prendre cinq mesures clefs pour contrecarrer les MNT, à savoir le contrôle du tabagisme, une alimentation plus saine, plus d’activité physique, limitation de la consommation d’alcool et facilitation de l’accès aux médicaments et aux nouvelles technologies.  Saluant la visite du Secrétaire général dans de nombreux pays de la région du Pacifique plus tôt cette année, le Ministre a expliqué que cela lui a permis de voir de ses propres yeux les effets des changements climatiques sur cette région.  À cet égard, il a appelé au respect des engagements pris à Copenhague et à Cancún.  Il a également demandé au Conseil de sécurité de poursuivre son rôle de leadership sur la question des changements climatiques et de leurs effets sur la paix et la sécurité internationales.  Le Ministre a estimé que, si l’année dernière avait été l’occasion de faire le point sur les réalisations des OMD d’ici à 2015, cette année devrait celle des bilans à la veille de la Conférence de Rio+20.  Il a fait savoir que la contribution des îles du Pacifique à cette Conférence consisterait à définir une « économie bleue », basée sur la gestion durable des ressources de la mer et des océans.  Pour sa part, Tonga respecte à la lettre ses obligations sous la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, a précisé le Ministre.

Le Ministre a également réitéré l’appel de son pays pour qu’une catégorie propre de « petits États insulaires en développement » soit créée au sein des Nations Unies.  « Nous avons besoin de notre propre définition qui tienne compte de notre diversité en termes de taille, de population, d’éloignement, d’isolement et de niveaux de développement socioéconomique disparates », a estimé le Ministre.  Il a ensuite fait part de l’intérêt continu de son pays pour les énergies renouvelables et a évoqué la « feuille de route énergétique » de son pays qui est appelée à évoluer, compte tenu de son élection au Conseil de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).  En conclusion, il a fait part de sa fierté de s’adresser à l’Assemblée générale en tant que premier Premier Ministre démocratiquement élu de son pays, suite aux élections qui ont eu lieu en novembre dernier et au processus de réformes qui les a précédées.

M. ABDIWELI MOHAMED ALI, Premier Ministre de la Somalie, a déclaré que la crise humanitaire en Somalie avait de nombreuses causes.  Des décennies de conflit, la disparition de l’État central, des dirigeants faibles et kleptocrates, des batailles claniques pour des ressources limitées, exacerbées par des cycles de sécheresse, ont créé des pénuries alimentaires chroniques, une économie sous-développée, et conduit la population au désespoir.  Au cours des dernières années, l’organisation terroriste Al-Qaida a cherché à exploiter ces divisions pour attaquer le reste du monde.  « C’est le groupe Al-Chabaab, affilié à Al-Qaida, qui est responsable de la famine », a accusé M. Ali.  Ce groupe pille les réserves de grains, recrute par la force, extorque les fermiers et empêche l’accès des institutions humanitaires dans les régions les plus affectées.  La menace terroriste n’est pas limitée à nos frontières, a expliqué le Premier Ministre somalien.  Des combattants étrangers tentent d’exporter leur extrémisme dans la corne de l’Afrique et dans des pays voisins comme l’Ouganda.  L’insécurité qu’ils ont créée dans le sud de la Somalie a poussé un grand nombre de réfugiés au Kenya et en Éthiopie.  Ils veulent poursuivre leur bataille contre le Gouvernement de la Somalie et détruire les États-Unis et les Nations Unies.  Le groupe Al-Chabaab concentre en outre ses efforts de radicalisation sur les diasporas somaliennes en Australie, en Europe, au Canada et aux États-Unis, a insisté M. Ali.

Le Premier Ministre a assuré que son pays faisait ce qu’il pouvait, avec ses ressources limitées, pour remplir ses obligations dans la lutte contre Al-Qaida.  Avec l’aide des forces de l’Union africaine, l’Armée nationale somalienne a ainsi réussi à chasser l’essentiel des forces extrémistes de la Mogadiscio.  « Nous sommes maintenant en mesure de fournir une aide humanitaire aux personnes déplacées dans la capitale », a-t-il ajouté.  Les dirigeants somaliens redoublent d’efforts pour réaliser la réconciliation nationale et établir une gouvernance démocratique.  Il y a trois semaines, le Gouvernement somalien a accueilli la première Conférence nationale consultative à Mogadiscio, au cours de laquelle les institutions transitoires et les représentants des administrations régionales ont adopté une feuille de route en vue du rétablissement d’un gouvernement permanent, légitime et représentatif en Somalie.  Le Premier Ministre a souligné l’importance de cette feuille de route pour le processus de paix somalien et remercié la communauté internationale, et l’Union africaine en particulier, pour leur appui.  M. Ali a jugé essentiel de renforcer d’urgence l’armée somalienne et les forces de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) pour assurer la sécurité de Mogadiscio.  Le déploiement immédiat des 3 000 soldats supplémentaires autorisés par le Conseil de sécurité constitue une première étape cruciale.  M. Ali a demandé au Conseil d’étudier la demande de l’Union africaine d’élargir la Mission à 20 000 hommes et de leur fournir les ressources et l’appui nécessaires, y compris une composante aérienne et navale.

Sur le plan économique, le Premier Ministre somalien a indiqué que le Gouvernement fédéral de transition faisait des progrès pour créer un système fiscal et monétaire professionnel et transparent.  La Banque centrale de Somalie fonctionne et les revenus du port de Mogadiscio et de l’aéroport international Aden (ADE) ont respectivement doublé et quadruplé.  Il a indiqué que 15% des revenus du port servent à la réhabilitation de la ville.  « Pour la première fois depuis 20 ans, les ruines de Mogadiscio sont déblayées; les routes sont réparées et les rues éclairées; les marchés, les hôpitaux et les écoles rouvrent », s’est-t-il félicité.  Le Premier Ministre a exhorté la communauté internationale à continuer d’aider généreusement les institutions économiques émergentes, non sans faire remarquer: « La Somalie est le géant endormi de l’Afrique ».  La situation humanitaire reste grave, a poursuivi le Premier Ministre.  La Somalie coordonne ses efforts avec le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM).  Si rien n’est entrepris d’urgence pour modifier la situation, ce sont près de 750 000 personnes qui risquent de périr au cours de prochains mois, a-t-il averti.  Il est donc essentiel d’accélérer nos efforts pour atteindre ceux qui sont dans les zones contrôlées par le groupe Al-Chabaab, tout en protégeant les travailleurs humanitaires contre les attaques et les enlèvements perpétrés par les insurgés.  Enfin, M. Ali a rappelé que la corne de l’Afrique souffrait actuellement d’une sécheresse terrible.

Aujourd’hui plus que jamais, les défis de notre planète appellent à une approche plus solidaire, a déclaré M. GILBERT FOSSOUN HOUNGBO, Premier Ministre du Togo, assurant que son pays avait fait du renforcement de la cohésion nationale, de la bonne gouvernance, de la dynamisation des leviers de la croissance économique et de la lutte contre l’injustice sociale, son cheval de bataille.  Dans sa volonté de consolider les acquis démocratiques, le Togo s’attèle à la mise en œuvre des recommandations de la Mission électorale de l’Union européenne avant la tenue d’élections locales et législatives en 2012, et son Gouvernement a renoué le dialogue avec l’ensemble des acteurs politiques et sociaux, a-t-il affirmé, alors que la Commission vérité, justice et réconciliation en est à la phase cruciale des audiences publiques.  De plus, le pays vient de transmettre au Conseil des droits de l’homme, à Genève, son rapport national dans le cadre de l’examen périodique prévu en octobre.  Dans le domaine de la gouvernance économique, les réformes pour une gestion plus saine des finances publiques ont été poursuivies, atteignant le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), ce qui a permis au Togo de bénéficier d’une annulation de sa dette à hauteur d’1,8 milliard de dollars. 

Malgré tout, le Premier Ministre a rappelé que l’Afrique était de nouveau menacée par une famine telle qu’elle n’en avait plus connu depuis une vingtaine d’années, et demandé des mesures urgentes pour éviter une tragédie humaine à grande échelle.  Il a jugé réconfortants les progrès réalisés dans le règlement de certains conflits, en particulier en Côte d’Ivoire et au Soudan du Sud, et a appelé à soutenir les mouvements de manifestations et de soulèvements qui ont lieu actuellement dans le monde, non seulement pour un aboutissement heureux des attentes légitimes des peuples, mais aussi pour éviter tout risque de dérive.  Au Moyen-Orient, les parties au conflit israélo-palestinien et la communauté internationale doivent continuer à chercher une solution politique, a-t-il estimé.  Au moment où la région ouest-africaine connaît un regain de violence dû au trafic de drogues et au terrorisme ambiant, l’on ne saurait admettre que nos côtes soient prises en otage par des pirates, comme ce fut le cas récemment au large du Bénin et du Togo, a poursuivi M. Houngbo.  Il a appelé les Nations Unies à repenser leur rôle dans le domaine de la sécurité et du développement économique et social, et à engager les réformes nécessaires en son sein pour corriger, notamment, les injustices « flagrantes et inacceptables » prévalant au Conseil de sécurité.  Le Togo est par ailleurs candidat à un siège de membre non permanent au Conseil pour la période 2012-2013.  Contrairement à la pratique observée jusqu’ici au niveau de l’Afrique, trois candidats sont en lice pour deux postes, a-t-il déploré, souhaitant une représentation équilibrée de toutes les régions de l’Afrique au Conseil et rappelant l’engagement du Togo dans les missions en Côte d’Ivoire, au Soudan et au Soudan du Sud.

M. MICHAEL SPINDELEGGER, Vice-Chancelier et Ministre fédéral pour les affaires européennes et internationales de l’Autriche, a salué les changements en cours dans le monde arabe et « les demandes légitimes exprimées par les hommes et les femmes qui souhaitent choisir leur propre destin et avoir une vie meilleure ».  À cet égard, l’Autriche condamne fermement les violations systématiques des droits de l’homme et la répression en Syrie et, dans une certaine mesure, au Yémen.  L’Autriche appuie le peuple libyen dans sa lutte pour la liberté.  Plus de 150 millions d’euros, bloqués sur des comptes bancaires autrichiens, ont été dégelés pour des motifs humanitaires, a précisé M. Spindelegger.  Le Gouvernement autrichien et le secteur privé ont fourni à la Libye des médicaments, des articles humanitaires et de l’essence.  La communauté internationale et les Nations Unies doivent accompagner le processus de transition dans le monde arabe, comme l’ONU le fait maintenant en Libye, a insisté le Vice-Chancelier autrichien. 

Le siège des Nations Unies à Vienne sert de centre dynamique pour la promotion de la paix, de la sécurité et du développement durable.  M. Spindelegger a annoncé l’ouverture prochaine d’un bureau de liaison pour le Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies.  L’année dernière, l’Académie internationale de lutte contre la corruption a établi son siège à Vienne.  De même, le Centre de Vienne pour le désarmement et la non-prolifération ainsi qu’un bureau de l’Institut international pour la paix ont été créés.  En outre, l’Autriche fournit un appui substantiel à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) en matière d’énergie et d’environnement.

Le Vice-Chancelier autrichien a estimé que la catastrophe nucléaire de Fukushima devrait servir à réorienter nos approches en matière de sécurité nucléaire.  Pour sa part, l’Autriche a décidé dès 1978 de ne pas utiliser l’énergie nucléaire.  Il s’est félicité de ce que d’autres pays ont récemment adopté une position similaire.  La promotion et la protection des droits de l’homme sont au cœur de la politique étrangère de l’Autriche.  Fière de siéger au sein du Conseil des droits de l’homme pour la période 2011-2012, l’Autriche met notamment l’accent sur le respect de la liberté de religion et de croyance et sur la lutte contre la traite et l’exploitation des enfants.  Par ailleurs, M. Spindelegger a noté que l’Autriche avait récemment décidé de déployer 160 soldats auprès de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), en plus de sa présence continue au sein de la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) et de l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST).

M. JEAN ASSELBORN, Vice-Premier Ministre du Luxembourg, a rappelé que, le 19 janvier dernier, un nouvel État est né sous le regard du monde entier.  Affirmant que « l’indépendance du Soudan du Sud témoigne de la volonté des deux parties au long conflit civil soudanais de mettre en œuvre l’Accord de paix global », il a invité la communauté internationale à accompagner le nouvel État sur la voie de la viabilité, de la stabilité et de la prospérité.  Abordant la question libyenne, il a salué la reconnaissance du Conseil national de transition par les Nations Unies et a rendu hommage aux populations égyptienne et tunisienne qui ont manifesté pour plus de liberté.  Il a aussi regretté que le régime syrien continue de mener « une campagne brutale contre sa propre population ».  Au sujet du Moyen-Orient, M. Asselborn a dit espérer que « l’appel vibrant lancé la veille par le Président palestinien, M. Mahmoud Abbas, soit entendu ».  Il a ajouté qu’au delà de la reconnaissance de la Palestine, « les négociations entre les deux parties doivent impérativement reprendre, et au plus vite ».  Dans ce contexte, il a souscrit à la proposition du Quatuor qui suggère un calendrier strict et une échéance d’un an pour arriver à un accord global.

Concernant la coopération internationale, M. Asselborn a réaffirmé son souci d’accompagner la Guinée dans la voie de la réconciliation nationale et il a, en outre, promis de faire tout ce qui est en son pouvoir afin que la Conférence de Rio+20 (Conférence sur le développement durable), qui se tiendra l’année prochaine au Brésil, soit un véritable succès.  Il a souligné que le développement durable, sous ses trois composantes -économique, sociale et environnementale- occupe une place de choix dans la politique de coopération du Luxembourg.  Il s’est en outre félicité que son pays ait réussi, l’an dernier, à consacrer 1,09% de son produit national brut à l’aide publique au développement.  S’exprimant également sur la question des changements climatiques, le Vice-Premier Ministre du Luxembourg a déclaré que son pays offre son soutien et son assistance technique aux petit États insulaires en développement, en particulier dans la région du Pacifique.  Parlant des maladies non transmissibles, il a regretté qu’elles soient la cause de 36 millions de décès par an à travers le monde et a précisé que ces affections touchent plus particulièrement les pays en développement.  S’agissant du terrorisme, il a indiqué que les actes dont ont été victimes les États-Unis et les Nations Unies, invitent la communauté internationale à agir pour faire progresser les idéaux et les valeurs des Nations Unies.  « Le Luxembourg est prêt à assumer ses responsabilités et à poursuivre son engagement pour un multilatéralisme efficace », a-t-il rappelé, avant d’annoncer la candidature de son pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013.

M. STEVEN VANACKERE, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères et des réformes institutionnelles de la Belgique, a rappelé que les atrocités massives commises en Côte d’Ivoire et en Libye avaient été référées à la Cour pénale internationale.  Il a exhorté les États Membres ne l’ayant pas encore fait à embrasser le Statut de Rome, de façon à contribuer à un système juridique international durable.  Il a souligné que les dirigeants européens avaient une obligation de responsabilité vis-à-vis des peuples qu’ils représentent, quels que soient leur origine ethnique, leur religion ou leur croyance, leur sexe, leur orientation sexuelle ou leur position sociale.  La Belgique ne reste pas impassible quand les peuples demandent un futur exempt de coercition et de terreur.  « Au lieu de la non-interférence, la Belgique croit à la non-indifférence », a fait valoir M. Vanackere.  « Voyez la Libye, où le Conseil de sécurité a pu empêcher un massacre à Benghazi ».  La Belgique a décidé de participer à l’opération militaire « Unified Protector », car elle est convaincue que la communauté internationale a la responsabilité de passer à l’action lorsque des populations sont exposées à une menace imminente.  Maintenant, cette même communauté internationale a la responsabilité d’assister lors de la reconstruction de la Libye, une responsabilité qui fait partie intégrante de la responsabilité de protéger.

Le Ministre des affaires étrangères belge a mentionné la République démocratique du Congo où, après des années de violence, des progrès indéniables ont été réalisés.  Le rôle important des Nations Unies ne peut pas être ignoré.  Il demeure encore des défis importants à relever: la continuation et le renforcement des efforts de stabilisation à l’est du Congo, la réforme du secteur de sécurité, l’établissement de l’état de droit, la lutte contre l’impunité et les violences sexuelles.  En tant que partenaire important de la République démocratique du Congo, le Gouvernement belge contribue financièrement aux préparations électorales et insiste pour que tous les candidats et tous les citoyens puissent participer aux élections de manière pacifique et dans le plein respect des règles démocratiques.  S’agissant de la situation au Moyen-Orient, M. Vanackere a tenu à souligner que l’Union européenne et son Haut Représentant n’avaient pas ménagé leurs efforts pour enclencher un processus de négociations.  Les peuples palestinien et israélien ont des aspirations légitimes.  « Il n’y a pas d’alternative aux négociations », a-t-il ajouté, en espérant que les étapes proposées hier par le Quatuor seront pleinement mises en œuvre.

M. SAM CONDOR, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis, a mis l’accent sur le rôle critique de la jeunesse pour l’avenir de son pays.  « La violence des jeunes a atteint les proportions d’une épidémie dans les Caraïbes », a-t-il déploré.  Aux niveaux national et régional, les États de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) s’attaquent activement à ce défi.  Les institutions des Nations Unies peuvent les aider à renverser cette tendance en appuyant leurs efforts dans les secteurs de la sécurité, de la santé et du développement.  Le problème de la violence des jeunes est lié à la prolifération des armes légères et de petit calibre, a poursuivi le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis.  La CARICOM demande l’adoption d’un traité sur le commerce des armes.

En tant que petit État en développement insulaire, Saint-Kitts-et-Nevis ressent au quotidien les effets des changements climatiques, a souligné ensuite M. Condor.  « La question n’est plus de savoir « si » et « comment », mais plutôt « quand » et « combien » nous serons affectés », a-t-il insisté.  Pour contrer les effets des changements climatiques, les États comme le sien ont un besoin vital d’une stratégie de financement.  Évoquant la situation des pays voisins, le Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis a encouragé les États à honorer les promesses faites à Haïti pour sa reconstruction.  Il a souhaité la levée de l’embargo contre Cuba.

M. FRANCO FRATTINI, Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a affirmé que son pays avait une longue tradition de médiation dans son approche des affaires internationales.  Depuis des décennies, l’Italie insiste sur la nécessité de bâtir un pont entre les rives nord de la Méditerranée et les espoirs de ses voisins du sud, des populations qui sont proches d’un point de vue géographique mais drastiquement lointains en termes de droits des citoyens, a-t-il dit.  L’approche privilégiée par les Européens et les autres nations occidentales, y compris les États-Unis, fut de forger des partenariats avec des régimes non démocratiques et d’accorder la priorité à la sécurité, à la coopération antiterroriste et aux politiques migratoires, a-t-il expliqué.

À cet égard, le « printemps arabe » a été un réveil salutaire, a souligné M. Frattini, qui nous a rappelé qu’aucun dirigeant politique ne peut maintenir son pouvoir aux dépens de son peuple.  « Notre première réaction aux soulèvements a été cohérente avec nos valeurs », a-t-il assuré, mais cela n’a pas été suffisant en Libye où le régime a fait le serment de massacrer ses citoyens.  La seule façon d’empêcher ce massacre a été pour la communauté internationale d’invoquer le principe de la responsabilité de protéger, a-t-il expliqué, et nous sommes passés d’une culture d’impunité souveraine à celle de la souveraineté responsable.  Le cas de la Libye peut être un cas pilote pour un rôle plus fort des Nations Unies, a poursuivi le Ministre, plaidant pour que ces dernières président les mécanismes de coordination internationale en Libye, avec le soutien des organisations régionales pertinentes comme la Ligue des États arabes, l’Union africaine et l’Union européenne.  Il nous faut prévenir les ressentiments et l’extrémisme, a-t-il averti, et construire de nouveaux partenariats respectueux car si le Printemps arabe ne produit pas de résultats rapidement, nous le paierons tous au prix fort.

De même, la médiation n’a jamais été aussi importante pour mettre fin à la stagnation de la situation entre les Israéliens et les Palestiniens, a estimé M. Frattini.  Au sein de l’Union européenne, qui doit parler d’une seule voix, l’Italie est prête à exercer un leadership et à définir une vision politique pour relancer le processus de paix.  Par ailleurs, il a souligné le rôle important du contingent italien au sein de la FINUL (Force d’intervention des Nations Unies au Liban) et la contribution de son pays à la paix, à la sécurité et au développement de la corne de l’Afrique.  En Somalie, le soutien international doit passer à la vitesse supérieure, a-t-il néanmoins reconnu, afin de fournir les services de base à une population affamée et renforcer la réconciliation politique.  Il a plaidé pour une place renforcée accordée au sein des Nations Unies à la médiation, à la prévention des conflits, au règlement des différends et aux efforts de consolidation de la paix.  Une réforme du Conseil de sécurité, inspirée des principes centraux des Nations Unies, à savoir la démocratie, la responsabilité, le consensus et la flexibilité, est aussi nécessaire.  Enfin, le Ministre a assuré que l’Italie entendait placer les droits de l’homme et l’environnement au cœur de la société, afin de bâtir et de consolider un humanisme moderne.  Il ne peut y avoir de meilleure défense contre la haine et l’intolérance criminelle qui ont touché cette ville et ce pays il y a 10 ans, a-t-il déclaré.

Mme TRINIDAD JIMÉNEZ GARCÍA-HERRERA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a déclaré que son pays prenait, avec ses partenaires de l’Union européenne, des décisions difficiles pour s’attaquer à la crise économique et financière qui reste une source de préoccupation pour le monde entier.  Par ailleurs, évoquant le « printemps arabe », elle a célébré le succès des mouvements populaires en Tunisie et en Égypte et joint ses efforts à ceux de la communauté internationale pour appuyer le processus de transition dans ces deux pays.  Mme García-Herrera a estimé que le peuple libyen devrait aussi être en mesure de jouir enfin de sa liberté.  Par contre, elle a condamné la répression brutale des manifestants civils par les autorités syriennes.  Pour ce qui est du conflit israélo-arabe, l’Espagne considère qu’une paix durable et efficace ne peut être réalisée qu’à travers des négociations entre les parties.  La Ministre espagnole des affaires étrangères a estimé que l’octroi du statut d’observateur pourrait inciter les Palestiniens à reprendre rapidement les négociations.  Elle a rappelé que son pays avait toujours apporté un appui politique, économique et moral aux aspirations légitimes du peuple palestinien.  De même, les relations historiques entre l’Espagne et le peuple juif remontent à plusieurs siècles.  « L’identité de l’Espagne ne peut pas se comprendre sans son héritage juif et arabe », a-t-elle souligné.

Mme García-Herrera a considéré que la Stratégie pour la Méditerranée développée dans le cadre de l’Alliance des civilisations des Nations Unies, pourrait contribuer à diffuser les valeurs démocratiques et le respect des droits de l’homme, tout en coexistant avec les cultures locales.  Elle a souligné l’importance de prévenir le renforcement du terrorisme d’Al-Qaida dans la région du Sahel du fait du commerce illicite des armes.  L’Espagne, qui est particulièrement sensible au sort des victimes du terrorisme, a légiféré sur la question et possède l’un des systèmes les plus progressifs du monde pour la protection des victimes.  Enfin, la Ministre des affaires étrangères a rappelé les liens étroits que l’Espagne entretient avec l’Amérique latine.  La force de l’économie de l’Amérique latine est essentielle pour surmonter la crise et créer une nouvelle gouvernance économique internationale.  D’autres régions du monde méritent une attention spéciale du fait de la situation dramatique dans laquelle se trouvent leurs peuples.  C’est le cas de la corne de l’Afrique.  Avec d’autres donateurs et les institutions des Nations Unies, l’Espagne s’efforce de soulager la famine en Somalie, mais elle ne saurait que trop insister sur l’importance de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.

M. HENRI EYEBE AYISSI, Ministre des relations extérieures du Cameroun, a relevé que l’avènement de l’État du Soudan du Sud « permet de tourner la page de la période noire des décennies de guerre ayant entraîné leur lot de pertes en vies humaines et de déchirement de toutes sortes au sein des populations de ce pays du continent africain.  Il a ensuite rendu hommage aux dirigeants du Soudan, du Soudan du Sud, ainsi qu’aux Nations Unies et à l’Union africaine pour le travail accompli pour la paix.  Le Cameroun, a-t-il indiqué, espère que ce rôle de garant de la paix, que les Nations Unies jouent, puisse se faire dans la transparence autant que dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Il a en outre rappelé que la Charte des Nations Unies fixe pour but premier à l’ONU de « maintenir la paix et la sécurité internationales », et il a souhaité que le règlement pacifique des différends internationaux et des conflits internes, se fasse en privilégiant la négociation et la médiation, par rapport au recours à la force.  Le Cameroun, a noté le Ministre, a pris acte de la reconnaissance, par l’Assemblée générale, du Conseil national de transition comme autorité légitime représentant le peuple libyen.

M. Eyebe Ayissi a soutenu que la communauté internationale devrait accompagner les États et leurs peuples respectifs dans la conduite de leurs affaires nationales, ajoutant que les gouvernements doivent, quant à eux, s’efforcer de répondre aux aspirations légitimes et aux attentes multiples de leurs populations.  Évoquant son pays, le Cameroun, le Ministre a affirmé que « le Gouvernement poursuit la mise en œuvre des réformes engagées, depuis plusieurs années, pour la consolidation des institutions politiques nationales et la modernisation de la démocratie ».  Il a indiqué que le Cameroun s’est doté, depuis 2009, d’un Document stratégique de la croissance et de l’emploi, qui s’inscrit dans une vision globale du développement du Cameroun à l’horizon 2035.  Ce Document, a-t-il noté, met l’accent sur l’accélération de la croissance, la création d’emplois, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations.  À ce propos, il a évoqué « des grands projets structurants sur l’ensemble du territoire national » avec des secteurs clefs tels que l’énergie, l’exploitation minière et la formation du capital humain.

Dans le cadre de la politique nationale du Cameroun, le Ministre a noté que l’institution électorale indépendante mise en place en 2006, et chargée du processus électoral, ELECAM -Election Cameroon-, est devenue pleinement opérationnelle, ainsi que ses démembrements territoriaux.  Il a en outre affirmé que le vote des Camerounais de l’étranger est désormais acquis grâce à une loi promulguée en juillet 2011.  M. Eyebe Ayissi a annoncé que des élections seront organisées au Cameroun le 9 octobre prochain pour désigner le Président de la République et a indiqué que des observateurs indépendants, nationaux et internationaux, seront agréés pour le suivi du déroulement dudit scrutin.  Le Ministre a réitéré l’attachement et la fidélité du Cameroun en faveur de la Charte des Nations Unies et à l’Acte constitutif de l’Union africaine.  « Mon pays émet également le vœu, a-t-il mentionné, de voir se renforcer la coopération entre ces deux institutions internationales pour examiner des questions concernant ou impliquant les pays africains, conformément à la lettre et à l’esprit desdits instruments internationaux de référence », a-t-il conclu.

Droits de réponse

En réponse à l’allocution prononcée ce matin par le Premier Ministre de l’Albanie, le représentant de la Serbie a fait valoir que le paragraphe relatif au Kosovo contenait « les mensonges et les idées fausses habituels ».  Le Kosovo a pris des actions unilatérales de nature coercitive, en essayant de créer un « fait accompli » sur des questions pour lesquelles les négociations sont toujours en cours.  Ce faisant, le Kosovo provoque des tensions et incidents, mettant en danger les négociations dans lesquelles il prétend être engagé.  « La vérité est que le Kosovo n’est pas du tout engagé dans ce processus », a estimé le représentant de la Serbie

Le représentant de la Serbie a dit que le Premier Ministre de l’Albanie avait présenté, de manière erronée, l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 2010.  La vraie question posée est restée sans réponse, ce qui a donné lieu à l’opinion dissidente de plusieurs juges de la Cour.  Par ailleurs, ni la Serbie ni le Conseil de sécurité n’ont jamais accepté l’ensemble de mesures proposées par M. Martti Ahtisaari ».  Le représentant a évoqué ensuite le pogrom des Serbes par les Albanais en 2004, le nombre minuscule de Serbes qui retournent chez eux au Kosovo et le récit quotidien d’attaques contre les Serbes.  Il a dénoncé aussi « une tentative de nier les crimes les plus odieux jamais commis contre les Serbes pendant le conflit dans l’ex-Yougoslavie.  La communauté internationale devra procéder à une enquête approfondie, a-t-il averti.

Le représentant de l’Albanie a réagi aux propos du représentant de la Serbie.  Il a reconnu qu’il y avait un désaccord entre la Serbie et l’Albanie au sujet du statut du Kosovo.  Il a dit que la plupart des États sont unanimes sur le fait que l’indépendance du Kosovo était incontournable.  Il a espéré que la Serbie acceptera les décisions de la Cour internationale de Justice au sujet de la proclamation d’indépendance du Kosovo.  Le représentant a dit espérer que les conflits dans les Balkans ne se reproduiront plus et a réitéré le soutien de son pays au Kosovo.  Il a réagi aux accusations d’actes criminels commis en Albanie contre les Serbes et a estimé que l’enquête en cours permettra de lever le voile sur ces évènements.

Reprenant la parole, le représentant de la Serbie a déclaré qu’il appartenait aux membres de l’Assemblée générale de tirer leurs propres conclusions. 

Le représentant de l’Albanie a dit qu’il n’y avait pas lieu de prolonger outre mesure ce débat.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

la septième Conférence pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a eu lieu à New York

CD/3302

la septième Conférence pour l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a eu lieu à New York

23/09/2011
Assemblée généraleCD/3302
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conférence en vue de faciliter l’entrée

en vigueur du Traité d’interdiction

complète des essais nucléaires

(Article XIV)                                               

1re & 2e séances – matin & après-midi                       


LA SEPTIÈME CONFÉRENCE POUR L’ENTRÉE EN VIGUEUR DU TRAITÉ D’INTERDICTION COMPLÈTE

DES ESSAIS NUCLÉAIRES A EU LIEU À NEW YORK


La ratification du TICE est un élément essentiel de l’avenir

de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaires


« Avec cinq nouvelles ratifications -Trinité-et-Tobago, République centrafricaine, Îles Marshall, Ghana, Guinée- portant à 182 le nombre de signataires et 155 celui des ratifications du Traité, une cinquantaine d’États Membres, dont une quarantaine représentés au niveau ministériel, ont estimé aujourd’hui que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) se rapprochait encore de l’universalisation. 


Réunies dans le cadre de la septième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICE, au Siège des Nations Unies à New York, la plupart des délégations qui sont intervenues au cours du débat tenu ce jour ont estimé que l’entrée en vigueur de ce Traité, qui avait été ouvert à la signature en 1996 dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales et en vue d’atteindre l’objectif d’un monde débarrassé d’armes nucléaires, était plus que jamais urgente. 


« La Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), qui s’est déroulée en mai 2010, a rappelé combien cette perspective était essentielle pour l’avenir de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaires », a déclaré M. Alain Juppé, Ministre des affaires étrangères de la France, qui est une des nations dotées de l’arme nucléaire à avoir ratifié le TICE. 


M. Sergei Ryakov, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie et M. Alistair Burt, Sous-Secrétaire d’État du Royaume-Uni, se sont dits optimistes quant à l’avenir du Traité en raison de la dynamique positive qui existe en ce moment en sa faveur et en celle du désarmement nucléaire.  Si le premier a constaté qu’une majorité écrasante de pays reconnaissait que la sécurité de la planète passe par des accords juridiquement contraignants, comme le TICE, le second a ajouté que la ratification par tous les États dotés de l’arme nucléaire aurait une incidence positive pour l’entrée en vigueur de ce Traité. 


Malgré les progrès constatés, les délégations ont aussi rappelé que, conformément à l’annexe II du Traité, le TICE doit être ratifié par 44 pays détenteurs de technologies nucléaires spécifiques avant d’entrer en vigueur et que neuf parmi ces États, qui figurent dans l’annexe II au texte du Traité, n’ont toujours pas franchi ce pas.  L’Union européenne, à l’instar de nombreuses délégations, a exhorté ces neuf pays à déposer leurs instruments de ratification pour que l’entrée en vigueur du TICE puisse enfin devenir réalité.  Le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie a indiqué que le Parlement indonésien examinait un projet de loi autorisant la ratification du TICE qui lui a été soumis par le Gouvernement.  L’Indonésie espère qu’une telle ratification encouragera les huit autres pays de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le TICE à le faire, a dit M. Marty Natalegawa.  «  Nous sommes attachés au TICE et nous souhaitons son entrée en vigueur, mais nous ne pouvons pas le faire seuls », a pour sa part déclaré la Sous-Secrétaire d’État américaine au contrôle des armements.


« N’attendez pas que les autres fassent le premier pas.  Jouez un rôle de chef de file, car il ne s’agit plus d’attendre », a quant à lui souligné le Secrétaire général des Nations Unies, M. Ban Ki-moon, en indiquant qu’il se rendrait dans tout pays qui se déclarerait prêt à ratifier le TICE, en compagnie de l’Ambassadeur Tibor Tóth, pour lever tout doute ou éclaircir toute zone d’ombre. 


Notant que trois pays avaient rompu le moratoire et procédé à des essais d’armes nucléaires depuis 1996 -l’Inde, le Pakistan, et la République populaire démocratique de Corée (RPDC)-, de nombreuses délégations ont insisté que les moratoires volontaires, bien qu’importants, ne peuvent pas remplacer des accords juridiquement contraignants.  Estimant que l’essai nucléaire conduit par la RPDC en 2009 avait rappelé que la seule détermination ou volonté de la communauté internationale en la matière n’était pas suffisante, le Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël, M. Daniel Ayalon, a indiqué qu’il était difficile de parvenir à des accords sur cette question au niveau régional, alors qu’au Moyen-Orient, certains pays appellent encore à la disparition de l’État d’Israël.


L’entrée en vigueur du TICE ne représentera pas seulement un pas significatif vers la paix et la sécurité internationales, mais elle apportera une valeur ajoutée significative dans plusieurs domaines scientifique et civil.  Ainsi de nombreux intervenants ont indiqué que le renforcement du Système de surveillance international de l’Organisation du TICE (OTICE) -qui comprend près de 500 installations de surveillance en fonctionnement- s’est avéré un outil précieux dans la prévention et la gestion des catastrophes naturelles ou accidentelles.  D’aucuns ont rappelé que ce Système a contribué de manière décisive à l’alerte aux tsunamis ou à la détection des contaminations radiologiques.  Ils ont notamment évoqué à cet égard le suivi de l’accident nucléaire de Fukushima. 


Mettant l’accent sur les conséquences sanitaires des essais nucléaires, le Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, M. Guido Westerwelle, a indiqué que les 2 000 essais nucléaires menés entre 1945 et 1996 -dont plus de 1 000 par les États-Unis, 700 par l’Union soviétique, et plus de 200 par la France– ont relâché plus de radioactivité dans l’atmosphère que les accidents de Tchernobyl et de Fukushima réunis.  Sur le même ton, intervenant au nom d’une coalition d’organisations non gouvernementales (ONG), Mme Togzhan Kassenova a appuyé la proposition du Kazakhstan de créer un fonds international pour assister les personnes dont les vies ont été affectées par les essais nucléaires. 


En début de journée, après avoir nommé la Suède et le Mexique en tant que Coprésidents de la septième Conférence, lesdélégations ont adopté sans vote une Déclaration finale, en date du 23 septembre 2010, qui appelle à promouvoir la ratification du TICE.  Cette Déclaration sera jointe au rapport de la Conférence, adopté en fin de journée.  La Conférence a aussi entendu la présentation du rapport des coprésidences française et marocaine (2009-2011) répertoriant les initiatives menées par ces deux délégations. 


Déclarations liminaires

M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a déclaré que la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération, qui s’est déroulée en mai 2010, avait permis aux États Membres de rappeler combien cette perspective était essentielle pour l’avenir de l’architecture globale de désarmement et de non-prolifération nucléaire.  Citant des résultats positifs et encourageants enregistrés depuis deux ans, M. Juppé a déclaré quecinq États ont ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Trinité-et-Tobago, République centrafricaine, Îles Marshall, Ghana, Guinée) portant à 155 le nombre de ratifications.  « Alors que l’Indonésie est également engagée dans un processus de ratification, cela réduira bientôt à 7, je l’espère, le nombre des États dont la ratification est encore indispensable à l’entrée en vigueur du Traité », a dit M. Juppé

Il a noté que, grâce au travail du Secrétariat technique de l’Organisation du TICE (OTICE), le Système de surveillance international (SSI) de l’Organisation continue de se renforcer.  Il se révèle un outil précieux dans la prévention ou la gestion des catastrophes naturelles ou accidentelles, en contribuant de manière décisive aux systèmes d’alerte aux tsunamis ou à la détection des contaminations radiologiques, a ajouté le Ministre des affaires étrangères de la France, en se félicitant de la coopération entre l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), dans le cadre du suivi de l’accident nucléaire de Fukushima.  Au-delà de ces avancées, M. Juppé a salué les intentions positives de l’Administration américaine à l’égard du Traité.  Après 15 ans d’efforts, nous devons désormais obtenir les dernières ratifications nécessaires à l’entrée en vigueur du TICE, qui sera un progrès majeur pour la sécurité du monde.

M. TAÏB FASSI FIHRI, Ministre des affaires étrangères du Maroc, a rappelé que son pays a eu le plaisir de présider, conjointement avec laFrance, en 2009, la sixième Conférence en vue de rendre le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires plus attrayant pour les États qui n’ont pas encore franchi le pas de la ratification.  Il a précisé que deux ans après la désignation du Maroc et de la France pour coprésider la sixième Conférence, les deux coordonnateurs ont adopté une stratégie globale et inclusive basée sur le partenariat et la transparence à travers la tenue d’une série de consultations informelles avec les États signataires, notamment à Vienne.  Il s’est félicité que le Traité se rapprochait de l’universalité, avec 155 États parties et 182 États signataires.  Au moment ou nous passons le relais de deux ans de coprésidence, le Maroc estime que la communauté internationale ne peut se permettre aujourd’hui, d’ignorer les appels multiples en faveur de l’élimination totale des armes de destruction massive, particulièrement les armes nucléaires, a-t-il insisté.  Le Ministre des affaires étrangères du Maroc s’est, par ailleurs, dit convaincu que l’entrée en vigueur du TICE jouera également un rôle clef en tant qu’instrument de confiance aux multiples applications civiles, comme par exemple l’alerte contre les tsunamis et la prévention de leurs effets, ainsi que l’alerte contre les catastrophes naturelles à caractère sismique.


Échange de vues général entre les États ratifiants et les États signataires sur les moyens de faciliter l’entrée en vigueur du TICE


Assumant la coprésidence de la septième Conférence aux côtés de la Suède, Mme PATRICIA ESPINOSA CANTELLANO, Secrétaire d’État aux relations extérieures du Mexique, a regretté que 15 ans après l’ouverture à la signature du TICE, neuf États de l’annexe II n’ont toujours pas franchi le pas de la ratification.  Elle a salué l’annonce faite en avril 2009 par le Président Barack Obama de transmettre une demande de ratification du TICE au Sénat américain.  Elle a également souligné l’importance de l’entrée en vigueur du nouveau Traité START de réduction stratégique des armes nucléaires entre les États-Unis et la Fédération de Russie.  Mme Espinosa Cantellano a déclaré que les six pays de la région d’Amérique latine qui figurent à l’annexe II ont ratifié le TICE.  Elle a précisé que cinq stations de contrôle certifiées se trouvaient désormais sur le territoire du Mexique.


Intervenant au nom de l’Union européenne, M. JACEK NAJDER, Vice-Ministredes affaires étrangères de la Pologne, a déclaré que l’entrée en vigueur d’un nouveau Traité START de réduction stratégique des armes nucléaires entre les États-Unis et la Fédération de Russie était très encourageante.  Il a indiqué que l’Union européenne continuera à apporter son appui à l’objectif d’universalisation du TICE et à l’établissement de son régime de vérification.  Il a appelé tous les États à ratifier le TICE dans le souci de renforcer l’architecture de la paix et de la sécurité internationale, en particulier les neuf États de l’annexe II dont la ratification est essentielle pour permettre l’entrée en vigueur du TICE.  Les moratoires sur les essais nucléaires doivent être maintenus en attendant l’entrée en vigueur du Traité, a-t-il insisté. 


M. MICHAEL SPINDELEGGER, Vice-Chancelier fédéral et Ministre des affaires européennes et internationales de l’Autriche, a déclaré que le monde a été le témoin de l’effet positif qu’a eu la création de la Commission préparatoire, qui a permis qu’il y ait une réduction du nombre d’essais nucléaires.  Nous avons déjà mis en place une partie du Système de surveillance international qui devra être complet au moment de l’entrée en vigueur du TICE, a noté M. Spindelegger.  Il a notamment mis l’accent sur les avantages qu’offrent les applications scientifiques et civiles du Système de surveillance international, notamment lorsqu’il s’agit de faire face aux conséquences de catastrophes naturelles, comme la récente catastrophe de Fukushima. 


M. EAMON GILMORE, Ministre des affaires étrangères et du Commerce de l’Irlande, a estimé qu’après 15 ans d’efforts, il est grand temps que le TICE puisse entrer en vigueur.  Ce Traité est un « instrument vital » pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération sous tous ses aspects, a poursuivi le Ministre, ajoutant qu’il s’agissait là d’une priorité de la politique extérieure de son pays.  « Le monde ne peut plus attendre », a-t-il déclaré avant de dénoncer les essais nucléaires « provocateurs » menés par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) en 2006 et 2009.  Ce type d’incident démontre bien la nécessité de disposer d’un instrument international juridiquement contraignant comme le TICE, a poursuivi le Ministre.  Tant que le monde ne dispose pas d’un tel instrument, la menace indéniable pour la paix et la sécurité mondiales, qui découle directement du développement et de la prolifération de nouvelles armes nucléaires plus avancées, planera sur l’humanité, a prévenu M. Gilmore.  Rappelant que 182 pays ont d’ores et déjà signé le TICE et que 153 l’ont ratifié, le Ministre a estimé que, même sans être entré officiellement en vigueur, ce Traité représente déjà une norme internationale puissante contre les tests nucléaires.  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à tous les États qui n’ont pas encore signé et ratifié le TICE à le faire sans plus attendre.  M. Gilmore a également souligné qu’aujourd’hui marquait le dix-neuvième anniversaire du dernier test nucléaire américain, réaffirmant, dans ce contexte, le rôle de leadership mondial que les États-Unis devraient jouer pour encourager l’entrée en vigueur et l’universalisation du TICE.


M. JEAN ASSELBORN, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a estimé que le fait qu’aujourd’hui 182 pays aient signé le TICE et que et 155 l’aient ratifié, témoigne de l’appui solide qu’apporte la grande majorité de la communauté internationale au Traité.  Malheureusement, les ratifications par le Ghana et la Guinée ont été les seules qui soient survenues depuis la réunion tenue l’année dernière, a déploré M. Asselborn.  La cadence des ratifications reste le plus grand défi à relever, malgré les efforts soutenus et constants déployés par les États parties et par la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en vue de l’universalisation de l’interdiction de ces tests.  Le Luxembourg souscrit à l’appel lancé par l’Union européenne aux neuf pays qui figurent à l’annexe II qui ne l’ont pas encore fait, de déposer leurs instruments de ratification pour que l’entrée en vigueur du Traité, 15 ans après l’ouverture à sa signature, puisse enfin devenir réalité.  En attendant l’universalisation du Traité, les moratoires volontaires sur les explosions nucléaires adoptés par plusieurs pays doivent être maintenus, a conclu M. Asselborn. 


M. URI ROSENTHAL, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a rappelé que la prolifération des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive représentait une menace grave pour la paix et la sécurité mondiales.  C’est la raison pour laquelle le TICE doit entrer en vigueur dans les plus brefs délais.  Ce Traité constitue un instrument clef pour le régime de non-prolifération et du désarmement, a encore soutenu le Ministre, en indiquant que son pays a toujours été un fervent supporteur du TICE.  À ce titre, les Pays-Bas ont récemment accueilli une conférence, conjointement avec le Kazakhstan, qui portrait sur un certain nombre de questions liées au nucléaire, y compris les essais nucléaires.  Rappelant que le Kazakhstan avait été le théâtre d’une centaine d’essais nucléaires sur le site de Semipalatinsk, et qu’il subit toujours les effets dévastateurs de ces essais, le Ministre a insisté sur le fait que cela prouvait bien la nécessité urgente de l’entrée en vigueur du TICE.  Les Pays-Bas ont été très actifs dans la publication d’un livre sur la détection et la dissuasion des essais nucléaires, livre qui a été présenté en Autriche et le sera sous peu à New York, a dit M. Rosenthal.  S’agissant du régime de vérification du TICE, le Ministre a estimé que son importance devait être mise en avant cette année, à la lumière de la catastrophe nucléaire qui a touché le Japon.  En effet, les systèmes de surveillance ont permis de détecter les niveaux de radioactivité dans le monde entier au lendemain de cette catastrophe, a-t-il rappelé.  Les applications de ce régime de vérification doivent impérativement être élargies pour également porter sur les utilisations civiles du nucléaire, a-t-il proposé.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a noté que six essais nucléaires ont eu lieu depuis l’ouverture à la signature du TICE, il y a 15 ans.  Il a jugé indispensable l’entrée en vigueur d’un traité d’interdiction des essais nucléaires dont les termes soient contraignants.  M. Rudd s’est félicité des progrès considérables accomplis par le Système de surveillance international de l’Organisation qui s’est révélé un outil précieux pour détecter l’essai nucléaire mené par la République populaire démocratique de Corée, en 2009.  Il a noté que 85% des stations du Système étaient en fonctionnement, avant d’insister que l’entrée en vigueur du TICE sera aussi un moyen d’instaurer la confiance dans les régions où les menaces sont multiples. 


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, s’est particulièrement félicité de la décision de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) d’inscrire dans sa stratégie une vision d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Il s’est inquiété du fait que les 2 000 essais nucléaires effectués depuis 50 ans ont libéré dans l’atmosphère des quantités de radiation bien plus élevées que les niveaux de radiation libérés par les accidents de Tchernobyl et Fukushima.  En outre, il a estimé que si les moratoires actuels étaient importants, ils n’étaient pas suffisants.  Il a exhorté les neuf pays dont la ratification est indispensable pour l’entrée en vigueur du TICE, de franchir le pas de la ratification du texte du Traité.  Il s’est félicité de la déclaration conjointe faite au mois de janvier 2011 par le Président des États-Unis, M. Barack Obama, et le Président de la Chine, M. Hu Jintao, qui se sont engagés à appuyer une entrée en vigueur rapide du TICE. 


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que la communauté internationale se réunissait aujourd’hui pour agir.  Rappelant que les appels lancés en faveur de l’entrée en vigueur du TICE se multiplient, le Secrétaire général a exhorté les États Membres à y donner suite.  Dans le cadre de ses fonctions, M. Ban Ki-moon a indiqué qu’il s’est rendu dans différents endroits touchés par des catastrophes nucléaires pour y rencontrer les victimes.  Ces visites ont suscité en lui une « détermination humaine » de vouloir éviter à tout prix que ce type de situations puisse se répéter.  « Le désarmement et la non-prolifération nucléaires font partie de mes priorités », a déclaré le Secrétaire général, avant de souligner que son nom s’écrivait « BAN », comme « nuclear test ban... » (« interdiction des essais nucléaires », en langue anglaise), ce qui semble, a-t-il estimé, naturellement le prédisposer à se battre pour que le monde parvienne à l’interdiction totale de ces tests.


Rappelant que depuis 2009, « plusieurs pays se sont ralliés à cette cause commune pour parvenir à l’interdiction complète des essais nucléaires », le Secrétaire général a estimé que cela témoignait de l’attachement d’une grande partie de la communauté internationale à l’entrée en vigueur du TICE.  Fort de ce constat, le Secrétaire général a dit aux États Membres: « n’attendez pas que les autres fassent le premier pas.  Jouez un rôle de chef de file, car il ne s’agit plus d’attendre ».  Il a exhorté tous les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier sans plus attendre le TICE, en leur rappelant l’offre qu’il a faite: à savoir qu’il rendrait personnellement visite à tout pays qui serait prêt à ratifier le TICE, en compagnie de l’Ambassadeur Tibor Tóth, pour lever tous les doutes ou zones d’ombre restants.  « Nous ne pouvons pas nous voiler la face!  Sans l’adhésion universelle au TICE, il n’y aura pas de garanties de dénucléarisation.  Nous avons besoin de volonté politique et d’action concrète, a conclu le Secrétaire général, avant de réitérer son appel à l’action en vue de l’entrée en vigueur du TICE d’ici à 2012.


Intervenant en sa qualité de Coprésident de la Conférence, M. CARL BILDT, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a dit que le TICE est une contribution indispensable à la non-prolifération nucléaire.  Quinze ans après l’ouverture à la signature du TICE, une majorité écrasante des États Membres a convenu de l’importance de son entrée en vigueur, a-t-il estimé.  Il a souligné la responsabilité spécifique qui incombe aux 44 pays de l’annexe II, dont 35 seulement ont ratifié à ce jour le TICE.  Notant que neuf États de l’annexe II n’ont toujours pas ratifié le Traité, le Ministre des affaires étrangères de la Suède s’est dit convaincu que les choses allaient évoluer dans le bon sens.  Avec le parachèvement quasi complet de l’installation du Système de surveillance international de l’Organisation du TICE, il est devenu impossible de mener des essais sans qu’ils soient détectés, a-t-il souligné. 


M. TIBOR TÓTH, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire pour le TICE, a rappelé qu’avec 182 signatures dont 155 ratifications, le Traité est aujourd’hui quasiment universel.  Avec 500 installations de surveillance en fonctionnement, c’est désormais plus de 80% du Système de surveillance international de l’Organisation qui est en place, s’est félicité M. Tóth.  La norme est claire pour tous, et toute transgression rencontre une condamnation rapide et résolue comme nous l’avons démontré en 2006 et 2009, a-t-il insisté.  Soulignant l’importance du Système de surveillance international de l’Organisation, il a rappelé que la dissémination de nucléides radioactifs suite à l’accident de Fukushima a été détectée par 19 stations à travers le monde et que des informations ont été, en temps réel, partagées avec 95% de taux de précision, avec tous les pays participants à cet effort.  Il n’y a eu que deux essais nucléaires –certes deux essais de trop– au cours de la dernière décennie, alors que nous comptions 400 et 500 essais nucléaires par décennie avant l’ouverture à la signature du TICE, a fait remarquer Tibor Tóth.  Nous devons redoubler d’efforts et ne pas perdre de temps, a-t-il insisté, si nous voulons parvenir à l’universalisation du TICE. 


M. PHAM BINH MINH, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a rappelé que la politique de son pays consiste à soutenir et promouvoir le désarmement total et complet, en accordant une priorité particulière au désarmement et à la non-prolifération nucléaires.  À ce titre, le Viet Nam a souscrit à tous les instruments internationaux allant vers cette direction.  Le Ministre a émis l’espoir de voir le TICE, une fois entré en vigueur, renforcer de manière significative les mécanismes existants pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  C’est la raison pour laquelle le Viet Nam a fait partie des premiers pays à avoir ratifié ce Traité dès 1996, a précisé M. Pham Binh Minh.  Il a regretté qu’aujourd’hui encore, il n’ait pas été possible de parvenir à un consensus sur certaines questions clefs du désarmement et de l’ordre du jour de la non-prolifération.  En attendant l’entrée en vigueur du TICE, le Ministre a encouragé tous les États à maintenir et respecter le moratoire sur les essais nucléaires et à éviter des comportements qui pourraient saper les objectifs du Traité. 


M. KAREL SCHWARZENBERG, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a réaffirmé le plein appui de son pays au processus d’entrée en vigueur rapide du TICE qui « contribuera efficacement à renforcer l’architecture mondiale en matière de sécurité, qui est basée sur le Traité de non-prolifération nucléaire ».  La République tchèque estime qu’il est également important de développer davantage le régime de vérification du TICE, car il s’agit là d’un instrument favorisant la non-prolifération et le renforcement de la confiance mutuelle.  Suite aux évènements tragiques survenus cette année au Japon, la pertinence du régime de vérification prévu par le TICE a encore été renforcée, a encore estimé le Ministre, en particulier pour ce qui est des technologies relatives aux applications pacifiques du nucléaire.  Saluant la nouvelle signature et les quatre nouvelles ratifications du TICE survenues depuis 2009, M. Schwarzenberg a émis l’espoir que cette Conférence enverrait « un signal fort de notre détermination à ne ménager aucun effort pour accélérer l’entrée en vigueur du Traité ».


M. GOMBOJAVYN ZANDANSHATAR, Ministre des affaires étrangères de la Mongolie, a déclaré que la vertu et la valeur du TICE résident dans le caractère global du texte plutôt que dans la somme de ses composantes.  Il a précisé que la Mongolie a organisé en 2010 en collaboration avec l’Organisation du TICE, une conférence régionale de sensibilisation sur l’importance de l’entrée en vigueur du Traité.  La Mongolie s’engage non seulement à promouvoir la non-prolifération, mais aussi à utiliser davantage les applications scientifiques et pacifiques du Système de surveillance international.  Par ailleurs, le Ministre des affaires étrangères de la Mongolie s’est félicité du fonctionnement des 321 stations de surveillance et 16 laboratoires de nucléides qui mesurent les changements radioactifs dans l’atmosphère.  Le Système peut aussi être utilisé à des fins scientifiques et pacifiques, notamment pour mesurer les risques des changements climatiques et des catastrophes naturelles, a-t-il relevé.  L’accident de Fukushima a montré que le Système de surveillance international de l’OTICE était devenu indispensable, a-t-il insisté. 


M. RUSLAN KAZAKBAEV, Ministre des Affaires étrangères du Kirghizistan, a dit que le Kirghizistan était partie au TICE et à une série de conventions internationales, dont la Convention de l’ONU contre les risques de terrorisme nucléaire.  Il a rappelé que le Kirghizistan est dépositaire du Traité de Semipalatinsk, signé en septembre 2006, qui fait de la région de l’Asie centrale une zone exempte d’armes nucléaires (ZEAN).  Citant les dangers et les conséquences sur les populations civiles des essais nucléaires menés par le passé en Asie centrale, il a jugé essentiel de parvenir à l’interdiction complète de tous les essais nucléaires et à la rapide entrée en vigueur du TICE


Mme ELLEN TAUSCHER, Sous-secrétaire d’État au contrôle des armes des États-Unis, a précisé que depuis l’arrivée du Président Barack Obama, il y a eu plusieurs évolutions notables dont l’entrée en vigueur du nouveau Traité START, la révision de la stratégie nucléaire américaine et l’affirmation d’une nouvelle position américaine lors de la conférence d’examen du TNP.   Elle a mis l’accent sur la vision défendue par le Président Barack Obama à Prague en avril 2009.  Elle a dit qu’elle était persuadée que l’entrée en vigueur du TICE renforcerait la sécurité internationale et faciliterait une meilleure coopération internationale sur d’autres priorités de désarmement et de non-prolifération.  « Nous sommes attachés au TICE et nous souhaitons son entrée en vigueur, mais nous ne pouvons pas le faire seuls », a dit la Sous-Secrétaire d’État, en rappelant que cet engagement s’est traduit par des contributions financières américaines importantes, dont 25 millions de dollars pour la mise en place de la station de surveillance de l’île de Creuset.  Elle a particulièrement souligné l’importance du Système de surveillance international pour les alertes de tsunamis et le traçage de la radioactivité après des accidents.


M. KOSTYANTYN GRYSHENKO, Ministre des affaires étrangères de l’Ukraine, a souligné d’emblée l’importance du TICE pour le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  Le fait qu’il ne soit pas encore entré en vigueur, en dépit des efforts consentis en ce sens, a poussé l’Ukraine à regretter qu’il reste encore beaucoup à faire pour son universalisation, a dit le Ministre.  En attendant l’entrée vigueur du TICE, l’Ukraine demande que les moratoires sur les essais nucléaires soient maintenus.  Sa délégation lance un appel aux États figurant à l’annexe II du Traité, afin qu’ils le signent et le ratifient sans plus attendre, car la prolifération des armes de destruction massive reste l’une des plus grandes menaces pour l’humanité, et seule une approche multilatérale peut en venir à bout, a dit M. Gryshenko.  Le Gouvernement de l’Ukraine reste fermement convaincu du fait que les mesures de non-prolifération permettraient de mettre « l’atome au service de l’humanité » par le biais de ses applications civiles pacifiques.  Pour sa part, l’Ukraine s’est d’ores et déjà acquittée d’une grande partie de son engagement pris en vue de supprimer ses stocks d’uranium enrichi d’ici à 2012, a encore précisé le Ministre.  


M. NIKOLA POPOSKI, Ministre des affaires étrangères de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a rappelé que le 29 août dernier, le monde avait célébré pour la deuxième fois la Journée internationale contre les essais nucléaires.  Cette Journée symbolise l’élan historique en faveur d’un moratoire international sur les essais nucléaires, a-t-il estimé.  Il a salué les signes d’engagement en faveur de la ratification du TICE, en particulier de la part de certains pays qui figurent à l’annexe II du Traité.  Le Ministre a dit que son pays reste convaincu que le TICE constitue la pierre angulaire du régime de non-prolifération, car il limite le développements des capacités nucléaires des pays qui n’en disposent pas encore, tout en imposant des contraintes fermes à ceux qui sont dotés de l’arme nucléaire.  Nous sommes attachés à la pleine mise en œuvre des obligations du Traité et à son universalisation, a conclu M. Poposki.


M. KOICHIRO GEMBA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rendu hommage à l’assistance internationale que son pays avait reçue à la suite du tremblement de terre de Fukushima, et de l’accident nucléaire qu’il a provoqué dans la centrale de Fukushima Dai-ichi.  À ce titre, il a notamment mentionné le fait que le Secrétariat provisoire technique du TICE a fait tout son possible pour apporter des informations objectives et correctes sur les niveaux de radioactivité à la communauté internationale le plus rapidement possible.  Le TICE constitue un instrument indispensable pour la réalisation d’un monde sans armes nucléaires, et le Japon regrette profondément que, 15 ans plus tard, ce Traité ne soit toujours pas entré en vigueur, a dit M. Gemba.  Il a lancé un appel à tous les États pour qu’ils agissent afin de faciliter cette entrée en vigueur en dépassant les confrontations entre nations nucléaires et celles qui ne disposent pas d’armes nucléaires.


Un premier pas en ce sens serait, a dit M. Gemba, que les neuf pays figurant à l’annexe II du Traité signent et ratifient au plus tôt le TICE.  A cet égard, il s’est dit encouragé par le fait que l’Indonésie et les Etats- Unis semblent disposés à ratifier le TICE.  Quant aux pays ayant refusé de le ratifier jusque là en invoquant des raisons de sécurité régionales, le Ministre a insisté sur la nécessité de continuer à faire passer le message que le TICE constitue en soi un moyen efficace pour promouvoir la confiance mutuelle et la sécurité.  En attendant l’entrée en vigueur du Traité, le Japon demande qu’il y ait néanmoins une interdiction des tests nucléaires, et, à ce titre, souhaite que les moratoires existants soient maintenus.  En cas de violation d’un de ces moratoires, la communauté internationale doit répondre d’une seule voix et condamner de tels essais nucléaires a poursuivi le Ministre, invoquant notamment le cas de la République populaire démocratique de Corée.


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a mis l’accent sur l’importance du TICE pour prévenir la prolifération nucléaire et promouvoir la sécurité internationale.  Il a précisé que la Bosnie-Herzégovine a joué un rôle actif dans la promotion des normes internationales promues par le Traité en accédant à la présidence de la Commission préparatoire.  Il a exhorté tous les pays dont la ratification est indispensable à l’entrée en vigueur du TICE à franchir ce pas. 


M. MICHAEL CHRISTOS DIAMESSIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que le TICE est un élément clef de la sécurité internationale et de la stabilité mondiale et un instrument indispensable pour lutter contre la prolifération nucléaire.  Il a dit que les moratoires volontaires interdisant les essais ne peuvent être considérés comme remplaçant les obligations liées à la mise en œuvre du TICE.  Il a estimé que la Conférence sur la zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, qui doit se tenir en 2012, est plus importante que jamais. 


M. SIPHO GEORGE NENE, Directeur général adjoint aux affaires multilatérales de l’Afrique du Sud, a estimé que le TICE fait partie d’un régime de traités qui couvre le cadre interconnecté des traités visant à empêcher la prolifération des armes nucléaires, tout en promouvant l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  Les essais nucléaires de la RPDC, menés en 2006 et 2009, ont montré que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers, a-t-il dit.  Il a salué les efforts de la Commission préparatoire qui a beaucoup aidé les pays en leur fournissant conseils et informations techniques.  Il a souligné l’importance du Système de surveillance international.  Il a rappelé que les moratoires volontaires ne pouvaient avoir la même valeur que les engagements juridiquement contraignants 


M. VINCENZO SCOTTI, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de l’Italie, s’est dit persuadé que l’entrée en vigueur du TICE était sur la bonne voix.  Il a rappelé que la communauté internationale a célébré la Journée internationale contre les essais nucléaires le 2 septembre 2010, et qu’elle marque ce mois le quinzième anniversaire de l’ouverture à la signature du TICE.  Il a jugé incontournable l’entrée en vigueur du TICE en tant que moyen de renforcer la sécurité internationale.  Dans le contexte de l’accident nucléaire de Fukushima, il a souligné la contribution du Système de surveillance international comme outil d’alerte rapide.  Il s’est dit persuadé que, grâce aux mesures de confiance, la communauté internationale pouvait surmonter les difficultés et obstacles à l’entrée en vigueur du TICE. 


Mme KERRY BUCK, Ministre adjointe à la sécurité internationale du Ministère des affaires étrangères du Canada, a rappelé que lorsque le TICE a été ouvert aux signatures en 1996, les attentes de la communauté internationale étaient élevées, mais que « malheureusement 15 ans plus tard, ce Traité n’est toujours pas entré en vigueur ».  Dénonçant les essais nucléaires conduits en 2006 et 2009 par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), elle a souligné que le Gouvernement canadien les avait fermement condamnés.  Saluant le fait que le Document final et le Plan d’action adoptés lors de la dernière Conférence de revue du Traité sur la non-prolifération nucléaire mentionnaient expressément l’importance de l’entrée en vigueur du TICE, le Canada exhorte tous les États à prendre des mesures concrètes pour assurer l’application de ce Plan d’action.  La Ministre adjointe a précisé que cela était chose faite en ce qui concerne son pays, qui a également attiré l’attention du G-8 sur l’importance de l’entrée en vigueur du TICE lors de sa présidence, a-t-elle encore rappelé.  Le Canada exhorte les pays qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE le plus rapidement possible, « car il n’existe nul obstacle insurmontable, si ce n’est l’absence de volonté politique », a dit la Ministre adjointe.


Mme VERA MACHADO (Brésil) a rappelé que son pays avait été parmi les premiers pays à ratifier le TICE en 1998.  Le Brésil estime que ce Traité est un élément clef pour les efforts collectifs déployés en vue de parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires et mettre un terme à la course aux armements.  Mme Machado a insisté sur la nécessité pour la Commission préparatoire du TICE de mettre au point le régime international de vérification du TICE.  À cet égard, elle a salué le fait que 276 stations du Système de surveillance international sont déjà installées, ce qui représente 90% des installations du réseau total du régime de vérification.  Ces stations ont d’ores et déjà prouvé leur efficacité en détectant notamment les essais nucléaires de la RPDC en 2006 et 2009, a-t-elle remarqué.  Cependant, malgré les perspectives positives concernant le système surveillance du TICE, c’est une source de frustration de constater que, 15 ans plus tard, le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur, a déploré la représentante.  Par conséquent, le Brésil exhorte tous les pays à le signer et à le ratifier sans plus attendre.


M. ÖMER TÜZEL, Directeur général adjoint pour le contrôle des armes et le désarmement au Ministère des affaires étrangères de la Turquie, a estimé que l’entrée en vigueur du TICE marquera un pas important pour mettre un terme à la prolifération nucléaire.  « Par conséquent, il est important que tous les États le signent et le ratifient dans les plus brefs délais », a-t-il insisté.  En effet, ce Traité, sans même être officiellement entré en vigueur, a déjà fait ses preuves, a remarqué M. Tüzel, qui a invoqué à ce titre le travail mené par la Commission préparatoire et le Secrétariat technique provisoire du TICE.  La pertinence du réseau de vérification du TICE ne peut plus être remise en cause, a dit M. Tüzel.  Pour sa part, la Turquie a toujours respecté ses engagements en faveur du désarmement et de la non-prolifération et continuera à contribuer à l’entrée en vigueur rapide du TICE, a-t-il assuré, ajoutant que son pays organisera un atelier de sensibilisation à l’intérêt et à l’importance du TICE en novembre prochain.


M. ZOLTÁN SZTÁRAY a pris la parole au nom de M. JANOS MARTONYI, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, et a réaffirmé le plein appui de son pays au TICE.  Il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore signé et ratifié à le faire sans plus attendre.  Pour la Hongrie, le moratoire sur les essais nucléaires ne saurait être une alternative à long terme à l’entrée en vigueur du TICE, a indiqué le représentant.  Il a noté qu’il existait actuellement une volonté politique renouvelée en faveur de l’entrée en vigueur du Traité et qu’il fallait saisir cette opportunité.  Il a salué les progrès remarquables accomplis dans les travaux de la Commission préparatoire du TICE et, en particulier, la mise en place de son Système de surveillance international, qui offre une perspective réaliste, en attendant l’entrée en vigueur du Traité.  Il a également salué la coopération fructueuse entre le Secrétariat technique provisoire du TICE et l’AIEA.  Au cours de sa présidence de l’Union européenne, la Hongrie a activement participé à la promotion du TICE.  Elle a notamment organisé un évènement parallèle à la Conférence technique et scientifique du TICE sur les applications civiles et scientifiques du réseau de vérification du Traité en avril dernier.  Pour la Hongrie, la Commission préparatoire a besoin d’appuis politiques et financiers pour pouvoir pleinement s’acquitter de son mandat.  Par conséquent, elle exhorte les États Membres à lui apporter ces appuis, a dit M. Sztáray.


M. MARTY NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a affirmé que son pays a toujours soutenu la mise en œuvre du TICE, mais qu’il avait conditionné sa ratification du Traité à la signature de tous les pays classés comme puissances nucléaires.  Néanmoins, a-t-il ajouté, le Président de l’Indonésie a transmis le projet de loi de ratification du TICE à l’Assemblée nationale indonésienne en octobre dernier et le Parlement et le Gouvernement sont en ce moment dans un processus de travail en synergie en vue de la ratification du Traité.  Il a enfin réaffirmé l’engagement de son pays en faveur d’un monde débarrassé de toute arme nucléaire.


M. YERZHAN KAZYKHANOV, Vice-Ministredes affaires étrangères du Kazakhstan, a indiqué que son pays a fermé, le 29 août 1991, le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk.  Il a jugé nécessaire que soient prises des mesures énergiques pour éliminer le danger nucléaire, en estimant que l’entrée en vigueur du TICE est le meilleur moyen d’y parvenir.  Il a indiqué que le Kazakhstan a organisé le 30 août dernier une Conférence internationale sur la sécurité et non-prolifération nucléaire intitulée: « Dilemme nucléaire: présent et futur » organisée en collaboration avec le Ministère des affaires étrangères des Pays-Bas, à La Haye.  Il a indiqué que le Kazakhstan organisera un Forum international pour un monde exempt d’armes nucléaires.  Il a cité la création avec le soutien de la Norvège, d’un Centre international de formation d’experts aux activités sismiques et en essais nucléaires.


M. ESPEN BARTH EIDE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a constaté que des progrès réels et bienvenus ont été accomplis dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, au moment où quatre États ont signé le TICE, ceci s’étant produit depuis la dernière Conférence de 2009.  Il a noté que l’Indonésie examine actuellement un projet de ratification du Traité.  Un moratoire volontaire ne remplacera jamais un accord juridiquement contraignant, a-t-il estimé.  La détection immédiate des essais nucléaires menés par la RPDC, en 2006 et 2009, montre la fiabilité du Système de surveillance international du TICE, qui s’est avéré un outil précieux en la matière. 


M. ALEXIS AQUINO (Pérou) a espéré que la prochaine et huitième Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du TICEsera l’occasion de célébrer l’entrée en vigueur de ce Traité.  Il a précisé que le Pérou a été le premier pays d’Amérique latine, et le deuxième pays de la liste de l’annexe II à ratifier le TICE.  Il a cité la mise en place au Pérou de deux installations de surveillance.  Le fait que 182 pays aient signé le TICE, et que 155 l’aient ratifié, montre que l’universalisation du Traité est sur la bonne voie, a dit M. Aquino.  Il a espéré que d’autres progrès soient accomplis dans les instances internationales et permettent ainsi au monde d’avancer sur les questions du désarmement nucléaire.  Il a jugé que certains pays auront besoin d’assistance pour avancer dans leur processus de ratification. 


Pour M. VALENTIN RYBAKOV, Conseiller du Président du Bélarus, le TICE est sans aucun doute un mécanisme sûr pour parvenir à un arrêt total des essais nucléaires.  Faisant l’éloge de son réseau de vérification, qui est d’ores et déjà opérationnel, et qu’il a jugé « fiable », il a regretté que le TICE ne soit toujours pas entré en vigueur.  Le Bélarus fait appel à tous les pays figurant à l’annexe II du TICE pour qu’ils fassent preuve de la volonté politique nécessaire pour signer et ratifier ce Traité, a dit M. Rybakov.  Le Traité donnera au monde une garantie juridique de cessation des essais nucléaires, a fait valoir le représentant.  Cependant son intérêt ne s’arrête pas là, puisque, par le biais de son Système de surveillance international, le TICE a également des applications concrètes dans le domaine des utilisations scientifiques et civiles de l’énergie nucléaire, a-t-il précisé. 


Mme BEÁTRIZ PATTI LONDONO, Sous-Secrétairepour les affaires multilatérales de la Colombie, a expliqué que la politique extérieure de son pays appuyait la promotion du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires, ce dont témoigne le fait que la Colombie a ratifié tous les instruments internationaux existant dans ce domaine.  Elle a également rappelé que la Colombie faisait partie de la première zone exempte d’armes nucléaires, celle de Tlatelolco, qui couvre l’Amérique latine et les Caraïbes.  La Colombie invite tous les pays à partager cette même vision et encourage les nations qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE.


M. MOURAD MEDELCI, Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, a jugé important que le Secrétariat technique provisoire du TICE accompagne les organes naissants du Traité de Pelindaba, entré en vigueur l’an dernier, et qui fait de l’Afrique une zone exempte d’armes nucléaires.  Par ailleurs, tout en appuyant l’objectif principal de vérification dévolu au Système de surveillance international, le Ministre a estimé que l’optimisation de l’utilisation de ce Système à des fins civiles devrait également être encouragée.  L’utilisation de ce Système peut en effet contribuer à d’autres objectifs stratégiques sans pour autant entraver la mission principale de vérification, a expliqué M. Medelci.  Se félicitant ensuite des cinq nouvelles ratifications qui donnent un total de 182 signataires au TICE et 155 ratifications, il a lancé un appel à la ratification universelle du Traité en se tournant vers les neuf pays dont la ratification est nécessaire à l’entrée en vigueur du TICE.


M.SAMUEL ZBOGAR, Ministre des affaires étrangères de la Slovénie, a salué l’élan nouvellement retrouvé du débat international sur la non-prolifération et le désarmement.  « Le monde était très différent en 2009, lors de la dernière Conférence sur l’article IV du TNP », a remarqué le Ministre.   Il a rappelé que désormais le TICE pour sa part comptait 182 pays signataires et 154 Etats parties,  et que le document final et le plan d’action du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) soulignait expressément l’importance de l’entrée en vigueur du TICE.  En effet, le TICE constitue la pierre angulaire du régime international de non-prolifération et du désarmement nucléaire a souligné le Ministre, qui a appelé tous les pays à démanteler leurs sites d’essais nucléaires de manière transparente et ouverte.  Pour sa part, la Slovénie encourage l’entrée en vigueur rapide du TICE et de son régime de vérification.  A cet effet, elle encourage les Etats, et en particulier ceux figurant à l’Annexe II du Traité, à signer et ratifier le TICE sans plus attendre et sans condition.  En attendant son entrée en vigueur, le moratoire sur les essais nucléaires doit être maintenu, a encore précisé le Ministre.


Pour M. DIMITER TZANTCHEV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, le nombre croissant de pays signataires du TICE est la preuve même de son importance et de sa pertinence ainsi que du fait qu’il représente la norme internationale acceptée en termes de comportement responsable des États dans le domaine nucléaire.  Il a salué la détermination des puissances nucléaires à se conformer à leurs moratoires respectifs sur les essais nucléaires.  Cependant, ces mesures unilatérales doivent être remplacées, au plus tôt, par un instrument international juridiquement contraignant, a-t-il précisé.  À ce titre, le TICE reste la pierre angulaire du processus de désarmement et de non-prolifération, a soutenu le Ministre, qui a également rappelé que son entrée en vigueur était une mesure essentielle prévue par le Plan d’action de la Conférence de revue du TNP de 2010.  La Bulgarie encourage les États figurant à l’annexe II du TICE à ratifier le Traité sans plus attendre, ce qui s’inscrit dans les efforts d’universalisation de ce Traité, a dit M. Tzantchev.   Saluant les travaux et progrès de la Commission préparatoire du TICE et de son Secrétariat technique provisoire, le Ministre a notamment cité le Système de surveillance international qu’ils ont mis en place et qui compte déjà 276 stations opérationnelles.  Il s’est rallié aux propos en faveur de l’élargissement du champ d’action de ce réseau de vérification aux facilités et usages « civils » de l’énergie nucléaire.


M. MILAN JEZOVICA, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie, a rappelé que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a été ouvert à la signature des États depuis déjà 15 ans, et il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité afin qu’il puisse entrer en vigueur.  La Slovaquie, a-t-il indiqué, reconnaît le rôle central du régime de vérification du TICE et a réitéré son engagement à continuer d’accueillir des exercices pratiques de contrôle et de vérification sur son territoire.  Il a aussi appelé à une impulsion politique nouvelle afin que le Traité puisse entrer en vigueur.


M. DORU ROMULUS COSTEA, Secrétaire d’état au Ministère des affaires étrangères de la Roumanie, a déclaré que le TICE est l’un des piliers de l’architecture mondiale en matière de sécurité.  Il a salué les acquis de la Conférence de revue 2010 du TNP en ce qui concerne le TICE, et en particulier le fait que l’entrée en vigueur du traité d’interdiction des essais fasse partie des 64 étapes pratiques préconisées dans le Plan d’action du TNP.  La Roumanie, qui appuie pleinement l’entrée en vigueur rapide du TICE, se félicite que 182 pays aient signé le Traité et que 154 l’aient ratifié à ce jour.  Elle appelle les pays qui ne l’ont pas encore fait, à le ratifier sans plus tarder.  Cette entrée en vigueur contribuera de manière significative à créer un monde plus sûr et plus stable, a estimé M. Costea.  Pour sa part, la Roumanie a ratifié le TICE dès 1999, et elle continue d’apporter son plein appui aux travaux de sa Commission préparatoire dans la mise en œuvre de son Système de surveillance international, a rappelé le représentant.


M. DANIEL AYALON, Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël, a dit le souci d’Israël de participer à la promotion du TICE, en citant la participation de son pays à des cours de formation et des ateliers techniques.  Il reste des lacunes à combler, a dit le Vice-Ministre, en rappelant que l’essai nucléaire de la RPDC, conduit en 2009, était un rappel que la détermination de tous les États n’était pas suffisante.  Nous devons améliorer le Système de surveillance international du TICE, fournir des équipements pour les inspections, renforcer la formation des inspecteurs, et compléter le Manuel de règles et obligations, a-t-il aussi suggéré.  Il a estimé que la région du Moyen-Orient n’était pas encore assez couverte par le Système de surveillance et le réseau de vérification.  Nous avons construit des installations de vérification des activités sismiques et un laboratoire de nucléides qui doit encore être certifié, a précisé M. Ayalon.  Le Vice-Ministre des affaires étrangères d’Israël a évoqué la difficulté de parvenir à des accords au niveau régional, alors que certains pays appellent encore à la disparition de l’État d’Israël.


M. SERGEI RYAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a dit que l’entrée en vigueur du TICE était un impératif de désarmement et de non-prolifération, en précisant que cette importance a été reflétée dans un ensemble de décisions et de conférences en 2010.  Il s’est dit optimiste en raison d’une dynamique positive en faveur du TICE, alors qu’une majorité écrasante de pays reconnaît que la sécurité passe par des accords juridiquement contraignants comme le TICE.  L’avenir du TICE sera un indicatif de la volonté de parvenir à l’objectif d’un monde libéré des armes nucléaires, a dit M. Ryakov, en appelant à la responsabilité des neuf États de la liste de l’annexe II qui doivent impérativement ratifier le TICE.  Il a exhorté les États-Unis à lancer le processus de ratification du TICE et a félicité l’Indonésie pour la démarche initiée.  Il a invité les États du Moyen-Orient à ratifier le TICE, en estimant que de telles ratifications garantiraient le succès de la Conférence de 2012 visant à créer un Moyen-Orient exempt d’armes nucléaires et de destruction massive. 


M. KIM BONG-HYUN, Ministre adjoint pour les affaires multilatérales au Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a réaffirmé l’importance de l’entrée en vigueur du TICE pour le régime de non-prolifération et du désarmement nucléaire à l’échelle internationale.  L’universalisation du TICE serait un pas significatif vers un monde exempt d’armes nucléaires, a déclaré le représentant, ajoutant que le consensus dont a bénéficié l’adoption de la Déclaration finale de cette Conférence, ce matin, était la preuve de la volonté politique renouvelée des États en faveur du TICE et de ses objectifs.  Dans ce contexte, il a cité les autres manifestations de soutien récentes au TICE, qui vont de la Conférence de revue du TNP en 2010 aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et aux mesures prises sur le plan national dans de nombreux pays pour promouvoir son entrée en vigueur.  Évoquant également les progrès réalisés sur le plan technique, et en particulier le Système de surveillance international du TICE, le Ministre adjoint a souligné que ce Système a d’ores et déjà fait ses preuves.  À ce titre il a mentionné son rôle dans la détection des essais nucléaires de la RPDC, ou encore pour fournir des informations objectives à la communauté internationale à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, cette année.  « Le TICE a des atouts politiques et pratiques », a-t-il souligné, regrettant que, malgré le fait qu’il ait presque obtenu un soutien universel, il ne soit toujours pas entré en vigueur.  M. Kim a saisi cette occasion pour exhorter tous les États n’ayant pas encore signé et ratifié le TICE à le faire sans plus tarder.


M. MARIO NOBILO, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne de la Croatie, a remarqué que la volonté politique de la communauté internationale en faveur de l’entrée en vigueur du TICE était « évidente ».  Il en a voulu pour preuve le fait que l’importance de ce Traité a été réaffirmée lors de la Conférence de revue du TNP en 2010, Conférence qui a insisté sur l’importance capitale de son entrée en vigueur pour le régime de non-prolifération et de désarmement nucléaire.  M. Nobilo a expliqué que, jusque là, la Croatie avait activement participé, tant au plan politique qu’à celui des experts, à faciliter cette entrée en vigueur.  Compte tenu du fait que le TICE a d’ores et déjà fait ses preuves en tant qu’instrument du désarmement et de la non-prolifération, le Ministre a exhorté tous les pays qui ne l’ont pas encore fait, à le signer et à le ratifier sans plus tarder.  Il a également rendu hommage aux activités du Secrétariat technique provisoire du TICE, et en particulier à son Système de surveillance international et à son régime de vérification.


M. PAUL SEGER (Suisse) a remarqué que l’importance du TICE a été particulièrement mise en évidence cette année après l’accident nucléaire de Fukushima.  La Suisse félicite l’OTICE pour sa collaboration avec les organisations internationales, notamment l’AIEA, ainsi que pour les différentes contributions que son réseau de vérification a apportées dans la gestion de cet accident.  La Suisse appelle une nouvelle fois tous les États figurant à l’annexe II -qui ne l’ont pas encore fait- à ratifier au plus vite le TICE.  Un tel développement permettrait de réaliser le vœu du Secrétaire général Ban Ki-moon, qui souhaite que l’année 2012 soit celle qui permette l’entrée en vigueur de ce Traité, a rappelé M. Seger.  Par ailleurs, la Suisse se réjouit de la réaffirmation par les États-Unis de leur engagement à rapidement ratifier le TICE.  En effet, la Suisse souhaite que le mouvement initié par la signature du nouveau Traité START soit suivi d’autres étapes concrètes.  Une telle ratification encouragerait en outre les autres États de l’annexe II à en faire de même, a encore estimé M. Seger.


M. EDUARDO ULIBARRI BILBAO, Costa Rica, a suggéré une reformulation du débat sur le désarmement nucléaire en passant des questions sécuritaires vers une approche humanitaire.  Dans ce contexte, le Costa Rica, en partenariat avec la Malaisie, a proposé une convention modèle sur les armes nucléaires qui interdirait l’usage, le développement, le déploiement, les tests et le transport d’armes nucléaires.  Les deux pays préconisent, dans le même temps, des étapes de destruction de ces armes sous la supervision de la communauté internationale, a dit M. Bilbao.  Le Costa Rica, a-t-il affirmé, appelle les puissances nucléaires à respecter l’esprit du Traité, car il est injustifiable et inacceptable, a-t-il noté, que des pays possédant des armes nucléaires, et qui ont signé le Traité, puissent continuer d’investir dans le développement et la modernisation de ce type d’armements.


Pour M. LIBRAN N. CABACTULAN, (Philippines), le TICE est avant tout un instrument de renforcement de la confiance mutuelle entre États.  En tant que pays signataire et qui a ratifié ce Traité, les Philippines n’ont jamais cessé de jouer un rôle actif dans les différents fora du désarmement, a affirmé le délégué.  Il a également précisé que son pays a continuellement cherché à promouvoir son entrée en vigueur, notamment auprès des pays de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE).  La délégation philippine reste fermement convaincue du fait que l’efficacité du TICE est directement liée à son universalisation.  En outre, a-t-il estimé, les moratoires volontaires sur les essais nucléaires, adoptés par certains pays, sont insuffisants.  Il est nécessaire que ces engagements soient repris dans un instrument juridiquement contraignant et permanent comme l’est le TICE.  Fort de ce constat, M. Cabactulan a lancé un appel aux puissances nucléaires pour qu’elles montrent le bon exemple en signant et ratifiant le TICE.  Les Philippines, qui accueillent trois stations du réseau du Système de surveillance international du TICE, plaident en faveur de l’utilisation de ces installations pour la surveillance des applications nucléaires pacifiques dans les domaines civils et humanitaires, notamment en tant que système d’alerte rapide pour les tsunamis.


M. JIM MCLAY, Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays était favorable à un monde débarrassé de toute arme nucléaire, et il a estimé que le TICE pourrait jouer un rôle de première importance pour atteindre cet objectif.  Il a ajouté que la Nouvelle-Zélande appréciait les progrès accomplis par le régime de vérification du Traité, particulièrement à travers le Système de surveillance international que son pays souhaite voir renforcé jusqu’à l’entrée en vigueur du Traité.  Le représentant a aussi marqué sa satisfaction face à la réaction rapide du Secrétariat de l’Organisation du Traité après le tsunami qui a eu lieu au Japon en mars dernier, et qui a provoqué un incident nucléaire dans la centrale nucléaire de Fukushima.


M. ALISTAIR BURT, Sous-Secrétaire au Foreign Office du Royaume-Uni, a parlé de perspectives encourageantes pour l’entrée en vigueur du TICE.  La ratification par tous les États dotés de l’arme nucléaire aurait une incidence positive pour l’entrée en vigueur du TICE, a dit le Sous-Secrétaire au Forein Office du Royaume-Uni.  Il s’est dit favorable au développement du régime de vérification, en précisant que le Royaume-Uni avait envoyé des experts à cette fin.  Pour renforcer les inspections sur place, nous attendons avec impatience la réunion qui se tiendra à ce sujet à Edimbourg en fin d’année, a-t-il ajouté.  Nous avons réduit le nombre d’ogives sur nos sous-marins nucléaires et limité leur nombre maximum à 14, a dit M. Burt.  Il a précisé que le Royaume-Uni organisera une réunion des experts des cinq membres permanents du Conseil de sécurité pour présenter les travaux conjoints du Royaume-Uni et de la Norvège en matière de démantèlement d’ogives nucléaires. 


DALIUS ČEKUOLIS (Lituanie) s’est félicité du soutien dont bénéficie le TICE avec 182 signatures et 155 ratifications.  En même temps, il a regretté que 9 pays parmi les 44 de la liste de l’annexe II ne l’aient toujours pas ratifié, 6 d’entre eux ne l’ayant même pas signé. 


M. MILENKO SKOKNIC (Chili) a dit que le désarmement et la non-prolifération nucléaires étaient deux composantes d’un même défi urgent.  Ce n’est qu’en avançant sur ces deux composantes que nous parviendrons à l’élimination de toutes les armes nucléaires.  Il a déclaré que la contribution du Système de surveillance international de l’OTICE en matière de prévention de catastrophes naturelles est un avantage qui pourra être partagé le plus largement possible, conformément aux dispositions du Traité.  Il a exhorté les neuf pays de la liste de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le TICE à franchir ce pas. 


M. SANTIAGO CABANAS ANSORENA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de l’Espagne, a réaffirmé l’engagement politique de son pays à soutenir le TICE, et il a rappelé que l’Espagne a été parmi les premiers à le ratifier.  Cent-quatre-vingt-deux pays ont déjà signé le Traité, a-t-il relevé, et 154 parmi eux l’on ratifié.  « Je demande aux États qui n’ont pas encore ratifié le Traité de le faire au plus vite et, j’invite les États qui ne l’ont pas encore signé à nous rejoindre par leur signature », a-t-il plaidé.  M. Cabanas Ansorena a également félicité le Secrétariat de l’Organisation du Traité pour sa prompte réaction après le tsunami qui a créé un incident nucléaire au Japon.


M. MARTIN FRICK (Liechtenstein) a rappelé que la ratification du TICE était d’une importance capitale pour les petits pays comme le Luxembourg, encourageant les États qui figurent dans l’annexe II au Traité à suivre son exemple.  L’absence de progrès vers la ratification universelle ne fait que refléter l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le désarmement multilatéral, « où les ambitions de la majorité continuent d’être contrariées par l’immobilisme d’un tout petit nombre d’États ».  Le représentant a jugé que le respect par les puissances nucléaires du moratoire sur les essais nucléaires, bien qu’appréciable, ne constituait pas un substitut à la ratification du TICE.  M. Frick a ajouté que la ratification constituait une mesure de confiance significative sur un sujet où la confiance est particulièrement requise.


M. ALMEIDA RIBEIRO (Portugal) a rappelé la détermination de son pays à promouvoir l’entrée en vigueur du TICE parce que ce Traité est, à ses yeux, l’un des piliers du régime de désarmement et de non-prolifération nucléaires.  L’engagement du Portugal en ce sens se traduit par le fait qu’il accueille trois stations du Système de surveillance international du TICE, a soutenu le délégué, avant de mettre en avant les potentielles applications civiles de ces installations.  Il est nécessaire de parvenir sans plus tarder à l’universalisation du TICE, a poursuivi M. Ribeiro qui a encouragé tous les États à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour y parvenir.


M. PAUL ROBERT TIENDREBEOGO (Burkina Faso) a rappelé que son pays avait signé le TICE en 1996 et l’avait ratifié en 2002.  « Ce Traité est un instrument majeur pour la non-prolifération nucléaire, d’où son lien intrinsèque avec le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) », a constaté le représentant.  Il a saisi cette occasion pour rappeler que tous les États africains soutenaient la non-prolifération, ce dont témoigne le fait qu’ils aient signé le TNP dans les années 1970 et mis en œuvre le Traité de Pelindaba.  Le Burkina Faso souhaite vivement l’entrée en vigueur rapide et l’universalisation du TICE, a confirmé le représentant, avant de réaffirmer les engagements de son pays à respecter ses obligations découlant de ce Traité.  Il a également exhorté tous les États à en faire de même, tout en appliquant le régime de vérification.


Mme ZAHA AL MAJALI  (Jordanie) a appuyé l’universalité du TICE en exhortant les neuf pays de l’annexe II qui n’ont pas encore ratifié le Traité, à le faire.  Elle a jugé nécessaire la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient, en appelant Israël à ratifier le TICE et le Traité sur la non-prolifération (TNP) et à soumettre ses installations nucléaires aux garanties de l’AIEA.  Elle a espéré que la Déclaration finale adoptée aujourd’hui rapprochera la communauté internationale de l’entrée en vigueur du TICE. 


M. AMR ALJOWAILY (Égypte) a rappelé que son pays avait signé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires en 1996.  Par ailleurs, l’Égypte, a-t-il dit, est engagée dans la réalisation d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.  Or, la seule façon d’y parvenir, c’est de réaliser l’universalité du Traité sur la non-prolifération nucléaire, et en veillant à ce que le seul État de la région qui n’est pas partie au TNP y adhère.  Le représentant s’est déclaré très préoccupé par le fait qu’un an après l’adoption d’un Plan d’action pour le Moyen-Orient, aucun résultat concret n’avait été obtenu concernant la sélection d’un facilitateur ou d’un pays hôte pour la Conférence prévue en 2012 sur la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient.  Aussi, toutes les parties concernées ont-elles pour responsabilité de redoubler d’efforts pour que cette Conférence ait lieu dans les délais prévus, a-t-il préconisé.


Mme SUIKKARI-KLEVEN, Conseillère au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a estimé qu’il était temps de fermer la porte aux essais nucléaires et que, pour cela, les moratoires n’étaient pas suffisants.  « Il est temps pour le TICE d’entrer en vigueur.  Gardons notre élan et rebondissons sur la volonté politique qui s’est traduite à la Conférence de revue du TNP en 2010 », a lancé la représentante aux États Membres, avant d’exhorter tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le TICE, et en particulier les pays figurant à l’annexe II du Traité.


M. ZHANG JUN’AN (Chine) a déclaré que la Chine estime que le TICE est un jalon important pour le processus de désarmement et de non-prolifération nucléaires, et qu’il est essentiel qu’il entre en vigueur au plus tôt.  La Chine, qui a signé et ratifié ce Traité tient a répéter qu’il faut maintenir l’autorité du régime de non-prolifération existant de manière à éviter les doublons et des principes discriminatoires, et qu’il faut s’en tenir aux principes fondateurs du TICE, notamment au respect du non-recours à l’arme nucléaire et de la non-menace au recours à cette arme.  Pour sa part, la Chine a toujours respecté ces principes et a toujours été favorable aux objectifs et aux buts du TICE, a affirmé le délégué.  Il a ajouté qu’en tant que puissance nucléaire, la Chine avait strictement respecté le moratoire sur les essais nucléaires et continuerait à le faire, de même qu’elle n’a pas participé à la course aux armements nucléaires.  La Chine exhorte tous les États à en faire de même et à signer et ratifier le TICE s’ils ne l’ont pas encore fait.


Intervenant au nom d’une coalition d’organisations non gouvernementales, Mme TOGZHAN KASSENOVA a rappelé que les actions étaient plus éloquentes que les mots.  Elle a déclaré que la non-signature par les États-Unis du TICE privait les autres parties de sécurité.  Elle a exhorté le Président Obama à respecter et mettre en œuvre ses promesses de 2009 et de nommer un coordonnateur de haut niveau à la Maison Blanche chargé de suivre les efforts visant à ratifier le TICE.  La représentante de la coalition des ONG a dit que la ratification par la Chine renforce la crédibilité de ce pays en tant que pilier de la non-prolifération.  Elle a jugé essentiel que l’Inde et le Pakistan ratifient le TICE avant que l’on examine la possibilité qu’ils deviennent parties du Groupe de fournisseurs nucléaires.  Elle a déclaré que la ratification du TICE par Israël serait aussi un signe qui encouragerait les autres États de la région à respecter les objectifs de non-prolifération. Elle a ajouté que la non-ratification par l’Iran du TICE laissait entretenir des doutes sur la nature de ses activités nucléaires sensibles.  Mme Kassenova a jugé urgent que l’on demande à la RPDC de geler ses essais nucléaires.  « Nous devons aussi traiter les effets et les conséquences des 2 000 essais nucléaires menés entre 1945 et 1996, et appuyer la proposition du Kazakhstan de mettre en place un fonds international pour soutenir ceux qui ont été touchés par les essais nucléaires », a-t-elle préconisé. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Commission de consolidation de la paix adopte la Déclaration d’engagements mutuels avec la Guinée

CCP/81

La Commission de consolidation de la paix adopte la Déclaration d’engagements mutuels avec la Guinée

23/09/2011
Assemblée généraleCCP/81
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Commission de consolidation de la paix

Cinquième session

Formation Guinée                                           

1re séance – matin


LA COMMISSION DE CONSOLIDATION DE LA PAIX ADOPTE LA DÉCLARATION D’ENGAGEMENTS MUTUELS AVEC LA GUINÉE


« Tout est prioritaire aujourd’hui en Guinée », déclare le Président Alpha Condé


En marge du débat général de l’Assemblée générale et en présence du Président de la Guinée, M. Alpha Condé, la Commission de consolidation de la paix (CCP) a adopté aujourd’hui la Déclaration d’engagements mutuels*, qui consacre sa coopération future avec le Gouvernement de ce pays.


« À la lumière du tableau sombre dont nous avons hérité, il va sans dire que tout est prioritaire aujourd’hui en Guinée », a déclaré M. Condé, aussitôt après l’adoption.


« Pour faire face aux défis de la fragilité de la paix, de l’unité nationale et de la reconstruction au lendemain de l’élection présidentielle du 21 décembre 2010, j’avais soumis à la CCP, le 24 janvier dernier, une demande de soutien, de conseil et d’accompagnement dans les domaines de la réconciliation et de l’unité nationales, la réforme des secteurs de défense et de sécurité ainsi que la politique d’emploi des jeunes et des femmes », a rappelé le Président de la Guinée.


« La Guinée est le premier pays à être placé sur l’agenda de la Commission à sa propre demande, sans renvoi par le Conseil de sécurité et sans qu’une mission de maintien de la paix des Nations Unies y soit déployée », s’est félicitée de son côté la Présidente de la Formation Guinée de la CCP, Mme Sylvie Lucas (Luxembourg), pour qui, ce fait témoigne de la détermination du Gouvernement guinéen à relever les défis pour la refonte du pays.


« L’ampleur et la complexité de ces défis dépassent de loin nos prévisions les plus pessimistes », a souligné le Président guinéen, qui a fait l’objet d’une tentative d’assassinat le 19 juillet 2011.  En effet, a-t-il expliqué, « depuis des décennies, les conditions socioéconomiques de la population n’ont cessé de se détériorer sous l’effet conjugué de la mauvaise gouvernance, de l’instabilité politique et institutionnelle et de l’impunité, exacerbées par une économie complètement désarticulée, avec pour corollaires la pratique généralisée de la corruption, le tout dans un contexte régional gravement affecté par les guerres civiles, la propagation de la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogues ».


Fondée sur le principe de l’appropriation et du leadership nationaux, du partenariat à l’appui des efforts nationaux et de la responsabilité mutuelle des résultats, la Déclaration identifie deux actions d’une importance particulière pour la Présidente de la Formation Guinée: « la tenue rapide d’élections législatives et le soutien international à des projets générant des gains rapides, tels que le recensement des Forces de sécurité en Guinée ou des programmes de mise en retraite ».


L’organisation d’élections législatives et locales implique pour le Gouvernement d’ouvrir un dialogue avec tous les acteurs politiques pertinents, stipule la Déclaration, qui préconise aussi le développement de mécanismes de réconciliation nationale.  C’est dans cet esprit que le Président guinéen a mis en place une « commission provisoire de réflexion sous l’égide de deux leaders religieux qui travaillent étroitement avec les sages des coordinations régionales ».  Cette commission s’efforcera d’impliquer les différentes communautés, alors qu’« un sentiment d’injustice est aujourd’hui ressenti par les différents segments de la population guinéenne », mentionne la Déclaration.


S’agissant du secteur de la sécurité, le Texte indique qu’en 2010, une évaluation a été entreprise sous les auspices de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Le rapport qui en est ressorti conclut à des « dysfonctionnements structurels » au sein de l’armée, de la police et du système judiciaire qui ont conduit à une impunité face aux violations des droits de l’homme et augmenté la méfiance entre les Forces de sécurité et la population.


En outre, note la Déclaration, le rapport souligne « la nécessité d’une démilitarisation de l’administration guinéenne et d’un renversement du rapport anormalement élevé entre officiers et soldats dans les forces armées, ainsi que d’un retour aux rôles (et tailles) appropriés pour les autres structures de sécurité par rapport à l’armée ».  M. Condé a assuré que certains membres des forces armées en font partie depuis 1952.


Aussi, la Déclaration encourage-t-elle les parties prenantes à « jeter les bases d’une armée plus petite et plus professionnelle, d’une police et d’une gendarmerie, sous contrôle civil et démocratique et d’institutions judiciaires renforcées ».  L’appui de la CCP et du système des Nations Unies pourrait s’avérer décisif à cet égard dans trois domaines spécifiques: l’élaboration de la stratégie, le contrôle civil et la cohérence des initiatives et du soutien fourni par tous les partenaires clefs, précise la Déclaration.


Une approche concertée pour s’attaquer au crime organisé est également indispensable, a souligné de son côté le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), M. Yury Fedotov, dans la mesure où la capitale guinéenne, Conakry, est devenue un centre de transit important pour le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest.  La Déclaration d’engagements ne néglige pas la question connexe de la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC).


La Sous-Secrétaire générale, Mme Judy Cheng-Hopkins, à l’appui à la consolidation de la paix a rappelé que, de 2008 à 2010, la Guinée avait bénéficié d’un soutien de la part du Fonds d’un montant de 12,5 millions de dollars qui ont été investis dans les domaines de la réforme du secteur de la sécurité (RSS), des droits de l’homme, de la promotion du dialogue politique et du soutien à la médiation.  Elle a jugé que l’engagement de la CCP arrivait à un moment opportun pour faire fructifier ces investissements et écarter les dangers multidimensionnels qui menacent la Guinée aujourd’hui.


Alors que dans ce pays, la jeunesse représente 61% de la population, la Déclaration engage notamment le Gouvernement à élaborer des politiques cohérentes sur l’emploi des jeunes et des femmes et la CCP à le conseiller à cet égard.  Au terme de la Déclaration, les autorités guinéennes sont par ailleurs encouragées à revoir le système national d’éducation et de formation professionnelle afin d’arriver à produire les compétences requises par les grands secteurs économiques nationaux, qui sont l’exploitation minière, l’agriculture et l’énergie.


Membres de la CCP, l’Union européenne, les États-Unis, la France, le Canada, la France et le Royaume-Uni se sont félicités de l’adoption de la Déclaration, ainsi que le Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité, M. Ramtane Lamamra.


* PBC/5/GUI/L.1


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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Le Président de l’Autorité palestinienne appelle les États Membres à soutenir la demande d’admission de la Palestine à l’ONU

AG/11152

Le Président de l’Autorité palestinienne appelle les États Membres à soutenir la demande d’admission de la Palestine à l’ONU

23/09/2011
Assemblée généraleAG/11152
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

19e, 20e & 21e séances plénières

Matin, après-midi & soir


LE PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE APPELLE LES ÉTATS MEMBRES À SOUTENIR LA DEMANDE D’ADMISSION

DE LA PALESTINE À L’ONU


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais

les Palestiniens veulent un État sans la paix », avertit Benjamin Netanyahu


« Le moment est venu de mettre un terme aux souffrances de millions de Palestiniens.  Le moment est venu pour établir un État palestinien indépendant. »  C’est en ces termes et sous un tonnerre d’applaudissements que le Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, a annoncé aujourd’hui à l’Assemblée générale qu’il avait présenté au Secrétaire général une demande d’admission aux Nations Unies de l’État de la Palestine.


« Mon peuple cherche à exercer son droit à mener une vie normale, comme le reste de l’humanité », a-t-il affirmé, avant de citer le poète Mahmoud Darwish.  « Debout, nous nous tenons, avec un seul et unique objectif: exister.  Et nous existerons. »


Il a indiqué que les frontières de l’État dont il demandait l’adhésion étaient celles de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a ensuite prié le Secrétaire général de transmettre sa demande, qui n’est en rien une tentative de délégitimation de l’État d’Israël, au Conseil de sécurité et a souhaité que ses membres la considèrent de manière favorable.


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais les Palestiniens veulent un État sans la paix », lui a répondu le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, qui a pris la parole peu de temps après le leader palestinien.  S’adressant directement au Président Abbas, il a déclaré: « Je ne peux pas faire la paix sans toi.  Je te tends ma main, celle de la paix ».  Puis, il a invité M. Abbas à le rencontrer dès aujourd’hui, ici même à New York, en lui demandant de ne pas négocier sur les négociations.


Les interventions des deux hommes ont mis à jour certains points d’achoppement, au premier chef la construction de colonies de peuplement par Israël sur le territoire palestinien.


Pour M. Abbas, il s’agit d’une politique de confiscation systématique des terres palestiniennes, procédant d’un véritable « apartheid ».  Il a ajouté que la puissance occupante s’était lancée dans une course contre la montre pour redessiner les frontières de la Palestine à son avantage, misant sur la politique du fait accompli et sapant de facto la viabilité d’un État palestinien.


M. Netanyahu lui a répondu que les implantations n’étaient qu’un état de fait récent dans un conflit vieux de plusieurs décennies.  Il lui a rappelé que le cœur du conflit ne résidait pas dans les colonies de peuplement mais bel et bien dans le refus des Palestiniens de reconnaître l’intangible caractère juif de l’État d’Israël.


Il est « futile », a estimé M. Abbas, de s’engager dans des négociations en l’absence de paramètres clairs et d’un calendrier défini.  Pour sa part, le Premier Ministre israélien a indiqué que la paix ne pouvait résulter de résolutions des Nations Unies mais plutôt des négociations, qui devront, pour Israël, poser comme préalable la garantie de la sécurité de l’État juif.  Lorsque ce sera fait, a assuré M. Netanyahou, « Israël sera le premier État à accueillir l’État palestinien », avant de faire observer que l’islam radical était une grande menace pour le monde.


Ce troisième jour de débat a également été marqué par le premier discours de M. Salva Kiir Mayardit, Président du Soudan du Sud, 193ème et dernier État à être admis au sein de l’ONU.  M. Kiir s’est montré lucide sur les défis qui attendent son pays âgé de seulement « deux mois et quatorze jours ».


Le chemin qui permettra au Soudan du Sud de sortir de l’abîme de pauvreté dans lequel il se trouve actuellement sera long, a-t-il ainsi affirmé, en souhaitant que le soutien et la solidarité de la communauté internationale qui ont accompagné l’indépendance du Soudan du Sud se traduisent par une assistance substantielle.  Il a ensuite exhorté le Soudan à consentir à un tracé rapide de la frontière entre les deux États et à accepter que le différend sur la souveraineté de diverses zones frontalières soit porté devant une instance d’arbitrage international.


Le Président de la Serbie, M. Boris Tadić, a salué l’indépendance du Soudan du Sud, résultat de longues négociations entre les deux parties, regrettant que le même processus ne puisse être reproduit au Kosovo.  Il a déploré que les Serbes négocient avec Pristina « avec un fusil sur la tempe, sous la constante menace de l’isolement international ». 


Le Président nouvellement élu d’Haïti, M. Michel Martelly, a, de son côté,  mis en garde contre un retrait « sans préavis » de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).


Enfin, les dirigeants de plusieurs États du Pacifique se sont interrogés sur l’avenir de leur pays, menacé de disparition en raison de la montée des eaux.  « Beaucoup d’enfants de mon pays, a déclaré le Président de Kiribati, ne veulent pas dormir la nuit parce qu’ils ont peur des grandes marées. »  Le Président de Nauru a, quant à lui, exhorté le Secrétaire général de développer les capacités de réaction de l’ONU face aux changements climatiques et de nommer un représentant spécial sur les changements climatiques.


Le débat général de l’Assemblée générale se poursuivra demain, samedi 24 septembre, à 9 heures.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite du débat général


M. JOHN EVANS ATTA MILLS, Président du Ghana, a espéré que le Soudan du Sud, nouvel État Membre de l’Organisation, connaîtra croissance et prospérité.  Il a ensuite réaffirmé l’appui de son pays aux réformes en cours entreprises aux Nations Unies dans le domaine du maintien et de la consolidation de la paix, en consultation avec les pays contributeurs de troupes et de police.  Tant que le Ghana disposera des capacités financières, matérielles et humaines au niveau national, il continuera de fournir des troupes et du personnel de police aux opérations de l’ONU.  Toutefois, le Président a souligné la nécessité de partager équitablement entre les États Membres le fardeau et les coûts que représentent pour les Nations Unies toutes ces activités.  M. Mills a estimé qu’un traité fort et efficace sur le commerce des armes est indispensable pour empêcher le flux des armes conventionnelles vers des lieux où elles sont susceptibles de semer le trouble et d’exacerber les tensions.  Pour des pays en développement tels que le Ghana, la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC) continue de menacer la sécurité nationale, mais aussi la stabilité socioéconomique et politique, compte tenu de ses liens avec le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, les drogues et la traite des personnes.


La célébration du dixième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Durban donne aux États Membres l’occasion de renforcer leur engagement politique dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale sous toutes ses formes, a poursuivi le Président.  Quant à la Réunion de haut niveau sur les maladies non transmissibles, le Ghana note qu’elle a bien fait de se concentrer sur l’impact de ces maladies sur les pays en développement qui manquent d’infrastructures sanitaires et de systèmes de protection sociale.  M. Mills a déclaré que les changements climatiques étaient l’un des défis du développement humain au XXIe siècle.  Bien que les émissions de gaz à effet de serre sur le continent africain ne représentent que 4%, les pays africains sont particulièrement vulnérables.  « Il faut une action urgente et concertée pour maximiser les opportunités que représentent les changements climatiques », a-t-il dit, en se référant aux prochaines négociations de Durban.  Si la communauté internationale et les États investissent dans les infrastructures, les institutions et la technologie, le potentiel agricole peut être démultiplié et les ressources en eau ainsi que la forêt tropicale peuvent être conservées.  Le Président du Ghana a fait remarquer que les élections présidentielle et législatives se tiendront dans un an et que la commission électorale a mis en place des mesures pour garantir le droit des Ghanéens à une élire le gouvernement de leur choix.


M. JALAL TALABANI, Président de l’Iraq, a indiqué que son pays avait parcouru un long chemin vers l’établissement d’une société apaisée, basée sur la démocratie et les droits de l’homme.  Comme l’Iraq, le changement est devenu une composante essentielle des aspirations des autres peuples arabes, a-t-il poursuivi.  Il a ajouté, qu’en raison des avancées dans le rétablissement de la sécurité, de la levée des sanctions qui frappaient l’Iraq depuis l’invasion du Koweït et d’un plan d’investissements ambitieux qui pourrait créer quatre millions d’emplois ces cinq prochaines années, son pays prenait résolument la voie du développement économique. 


Concernant le retrait des troupes américaines d’Iraq, prévu à la fin de cette année, M. Talabani a indiqué que les Forces de sécurité iraquiennes étaient prêtes à prendre le relais.  Il a néanmoins reconnu le besoin de son gouvernement de s’attacher aux services d’un certain nombre d’experts américains, afin de consolider les institutions iraquiennes.  Il a ajouté que la politique étrangère de l’Iraq était basée sur les principes de bon voisinage et de règlement pacifique des différends.  Dans ce droit fil, il a invité la Turquie et l’Iran à recourir au dialogue et à cesser les bombardements sur les territoires iraquiens de la région du Kurdistan, responsables de la mort d’un nombre important de civils innocents.


Le Président iraquien a ensuite reconnu le droit légitime de chaque État, y compris l’Iran, d’utiliser l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, avant de souhaiter que le dialogue et la diplomatie prévalent sur ce dossier.  Il a apporté son soutien à la demande d’adhésion aux Nations Unies d’un État palestinien, formulée par l’Autorité palestinienne, exhortant ensuite Israël à se retirer des territoires occupés depuis 1967 et à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), afin d’ouvrir la voie à la dénucléarisation du Moyen-Orient.  S’agissant des changements en cours dans le monde arabe, M. Talabani, en tant que président d’un pays qui a connu plus tôt cette évolution, a souhaité que les pièges des divisions ethniques et confessionnelles soient évités.  Il a ensuite indiqué que son pays continuerait de renforcer sa coopération avec les pays amis de l’Iraq, notamment les États-Unis et l’Union européenne, pays auxquels l’Iraq est lié par des mécanismes d’action ambitieux qui seront pleinement mis en mouvement dans les années à venir.  Il veillera ainsi à élargir davantage encore la coopération avec les États-Unis, basée sur l’Accord global stratégique signé en 2008, après le retrait des troupes américaines. 


M. VÁCLAV KLAUS, Président de la République tchèque, a souligné que la médiation et la résolution des conflits par le biais des moyens pacifiques forment le cœur des principes de la politique étrangère de son pays.  Il y a 15 ans, a-t-il rappelé, la dissolution de l’ancienne République de Tchécoslovaquie s’était faite sans efforts de médiation extérieure.  « Notre expérience nous enseigne que face à un conflit, la solution doit toujours venir des pays de la région concernée, autour de négociations impliquant les États en conflit, a précisé le Président.  C’est dans ce contexte qu’il a appelé Israéliens et Palestiniens à trouver, eux-mêmes, la voie de la résolution de leur conflit.  « Je partage la position du Président américain, M. Barack Obama, selon laquelle il n’existe pas de raccourci pour mettre fin à un conflit qui dure depuis des décennies », a déclaré M. Klaus.


Le Président tchèque a, par ailleurs, soutenu les pays d’Afrique du Nord, lancés dans une phase de transition vers des régimes plus démocratiques.  L’ancrage des changements souhaités dans ces pays ne pourra se faire dans le cadre d’arrangements décidés au sein de conférences internationales, a-t-il averti.  Il appartient aux pays concernés de le faire, au niveau interne.  Néanmoins, a-t-il poursuivi, la communauté internationale doit accroître ses efforts de coopération avec ces pays, notamment à travers des mesures commerciales justes et transparentes permettant de parvenir à la prospérité.  Passant ensuite à la question du nucléaire, M. Klaus a estimé que l’accident qui a eu lieu cette année, dans les centrales de Fukushima au Japon, ne remet pas en question les efforts en cours concernant l’énergie nucléaire.  Les atouts économiques de cette énergie sont à la fois très convaincants et rationnels, a-t-il défendu.  L’énergie  nucléaire est stable, légitime et pour certains pays, une source énergétique irremplaçable.


M. GURBANGULY BERDIMUHAMEDOV, Président du Turkménistan, a affirmé que la paix ne pouvait être obtenue que par le biais du développement.  Dans ce contexte, notre pays accorde une priorité à une politique étrangère pacifique, à des rapports de bon voisinage et de sécurité mutuelle, et aux processus de paix.  Au niveau régional, le Président a expliqué que son pays avait proposé un certain nombre d’initiatives pour maintenir la paix en Asie centrale et aux abords de la mer Caspienne.  Le Turkménistan a même pour projet d’organiser l’an prochain un forum sur la sécurité dans la région, avec pour finalité de créer un conseil consultatif sur le développement pacifique en Asie centrale et dans la région de la mer Caspienne.  Par ailleurs, a expliqué le Chef de l’État turkmène, son gouvernement est engagé dans la réalisation de son développement durable et dans la création de modèles d’action multilatérale capables de répondre aux défis internationaux.  Le Turkménistan prendra également part à Rio+20, a annoncé son Président, qui considère ce Sommet mondial comme une manifestation de première importance.  Dans le contexte du maintien d’une croissance économique durable, M. Berdimuhamedov a souligné l’importance de créer une infrastructure de transport moderne et adaptée aux exigences de l’espace eurasien.  Par ailleurs, il a annoncé que son pays avait l’intention d’élaborer un document stratégique ambitieux sur la lutte contre les changements climatiques au niveau national.  Il a aussi proposé la création d’une institution spécialisée des Nations Unies –un centre interrégional des Nations Unies– pour relever les défis qui se posent en ce domaine.  Le Président a, en conclusion, préconisé l’organisation d’une réunion internationale à Achgabat en 2012, afin de réunir toutes les parties prenantes pertinentes à l’examen de la question de l’octroi de la citoyenneté aux réfugiés et aux personnes apatrides, sous l’égide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.


M. CARLOS MAURICIO FUNES CARTAGENA, Président d’El Salvador, a reconnu que les peuples exigeaient des dirigeants politiques qu’ils apportent des réponses en ces temps d’incertitude et de crise sur les plans économique, social et géopolitique.  Ils leur demandent aussi de trouver un nouveau consensus international, et de « repenser la politique », afin que la planète soit plus juste, stable et sûre.  Il n’y a rien qui mine plus le moral et l’âme des peuples que la peur et le manque de confiance, a-t-il insisté.


Au cours des 30 dernières années, l’injustice a augmenté au rythme de la crise économique et financière, a poursuivi M. Funes Cartagena.  « Le combat contre la pauvreté et les inégalités est la meilleure des politiques économiques », et il faut centrer le débat politique sur les besoins des individus.  La réalité étant aussi faite de conflits, l’Assemblée générale doit s’attacher à trouver des solutions pacifiques et des stratégies de prévention face aux situations d’instabilité.  À cet égard, le Président a appuyé la reconnaissance d’un État palestinien.


M. Funes Cartagena a déclaré qu’El Salvador était confronté à un véritable phénomène de « terrorisme » avec la criminalité transnationale organisée et le trafic des drogues.  De nombreux pays latino-américains servent de couloirs pour le trafic illicite et ont des institutions corrompues.  Ils sont d’autant plus menacés qu’ils ont un taux de pauvreté élevé.  « Nous sommes les véritables victimes de la criminalité organisée.  Nos pays et nos peuples souffrent de cette violence et pleurent leurs morts », s’est-il lamenté.  Le Président a souligné que les États-Unis étaient le plus grand marché et le plus grand consommateur de drogues.  Ce sont 100 000 millions de dollars qui traversent les frontières, protégés par un arsenal d’armes, détruisant au passage le tissu social et infiltrant les organes de l’État.  C’est pourquoi, il a appelé le « grand voisin nord-américain » à prendre la tête de la bataille contre la criminalité organisée.  El Salvador, pour sa part, travaille à renforcer ses institutions.  Il partage des stratégies de lutte avec le Mexique, la Colombie et les États-Unis.


M. MAHINDA RAJAPAKSA, Président du Sri Lanka, a déclaré qu’en dépit des références répétées, par plusieurs États, au droit des Palestiniens à leur propre État, au sein de frontières sûres, la communauté internationale n’avait toujours pas fait de cet appel une réalité.  C’est une véritable déception, a-t-il dit, précisant cependant qu’il y a « maintenant une opportunité ouverte et que nous devons l’utiliser, avant qu’il ne soit trop tard ».  Il en va de la sécurité et du bien-être de la région, y compris d’Israël.  À l’heure actuelle, a poursuivi M. Rajapaksa, le défi le plus significatif au progrès et à la stabilité du monde moderne est le terrorisme.  De récents exemples dans le monde ont démontré que la mise en place de mesures discriminatoires peut être à l’origine de la mort d’innocents par le fait d’actes de terrorisme, a-t-il dit.  Ce fléau est une menace à laquelle même les plus riches et les plus puissants ne peuvent échapper.  En tant que dirigeant d’une nation qui a souffert du terrorisme durant un quart de siècle, je tiens à souligner que « nous devons fermement débarrasser le monde de cette menace », a insisté le Président du Sri Lanka.


Le Président a ensuite estimé que le combat pour la paix était aussi important et difficile que celui contre la terreur.  Après l’éradication du terrorisme au Sri Lanka, par la mise à terme des activités des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), le Gouvernement s’est attelé à construire une nouvelle nation unie, a-t-il expliqué.  La réinstallation de plus de 95% des déplacés, qui constituaient le plus grand nombre de civils emprisonnés par un groupe terroriste à une période donnée, est un accomplissement dont nous sommes fiers, a dit M. Rajapaksa.  Dans le nord du pays, a-t-il fait savoir, les forces armées sont engagées dans le développement d’infrastructures détruites par les terroristes durant trois décennies.  Contrairement à une propagande mensongère le nombre des personnels militaires dans la région est à un niveau minimum.  La croissance économique de 22% connue par la région du Nord est une claire indication des réussites accomplies par le Gouvernement.


La communauté internationale doit accompagner notre nation sur ce nouveau chemin, a ensuite estimé le Chef d’État, qui a également demandé « à ses amis distants d’abandonner les idées préconçues à l’égard du Sri Lanka ».  Après trois décennies sombres, mon pays arrive enfin à la lumière et s’engage vers un futur prometteur.  « Nous devons nous voir accorder du temps et de l’espace pour tracer notre destinée conformément aux aspirations de notre propre peuple », a-t-il souhaité.  Il a conclu en s’insurgeant contre les subventions agricoles offertes par certains gouvernements occidentaux à leurs producteurs.  Le recours à ces subventions détruit les capacités des agriculteurs des pays en développement et limite leur accès de façon égalitaire aux marchés internationaux.


M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a tout d’abord invité la communauté internationale à accorder une attention particulière à la « situation unique » des pays les moins avancés (PMA), et à les soutenir davantage en allégeant le fardeau croissant de la dette, en les assistant à améliorer leur capacité de production et en leur facilitant l’accès aux marchés mondiaux à des conditions plus favorables.  Commentant la situation qui prévaut dans la corne de l’Afrique et qui touche également son pays, il a affirmé que la crise actuelle n’était pas soudaine et que son pays avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2010 lorsque les premiers signes avant-coureurs avaient fait leur apparition.  Les mesures d’urgence ne sauraient répondre à elle seules aux défis auxquels nous sommes actuellement confrontés, a signalé M. Guelleh.  Il a estimé que compte tenu du caractère endémique des sécheresses dans la région, il fallait aller au-delà de la « gestion réactive ».  « Nos efforts doivent se concentrer sur la gestion préventive à long terme », a-t-il souligné.


Le Président de Djibouti a ensuite évoqué sa visite, le mois dernier, à Mogadiscio où, a-t-il affirmé, « la vie a repris ses droits pour la première fois depuis le début du conflit armé en 1991 ».  Il a estimé que, grâce à la situation sécuritaire maîtrisée dans la capitale, le peuple et les dirigeants de la Somalie avaient devant eux une opportunité « sans précédent » de faire renaître une paix durable, de mettre un terme à « l’interminable » processus de transition et de faire avancer le pays vers une gouvernance permanente « d’ici à l’année prochaine ».  Il a toutefois estimé que la communauté internationale ne devait pas perdre de vue « les faiblesses évidentes » du Gouvernement de transition et qu’elle devait s’efforcer de lui fournir les ressources nécessaires pour renforcer ses capacités.  S’agissant du conflit frontalier qui oppose Djibouti à l’Érythrée, M. Guelleh a signalé que le sort des 19 prisonniers de guerre djiboutiens, dont l’Érythrée « refuse de reconnaître l’existence » était un sujet de grave préoccupation.  Il a expliqué que son gouvernement était convaincu que la médiation était la seule issue pour aboutir à une paix durable, et c’est pourquoi il avait accepté le stationnement de troupes qatariennes à la frontière entre son pays et l’Érythrée.  Le Chef d’État a souligné les vertus du dialogue et de la médiation, estimant que l’exemple le plus récent d’une telle réussite était « sans conteste » la naissance de la nouvelle nation du Soudan du Sud.  Il a ensuite affirmé que l’heure était venue de reconnaître le droit de la Palestine de devenir un État à part entière.


M. HIFIKEPUNYE POHAMBA, Président de la Namibie, a reconnu la légitimité des aspirations démocratiques qui se sont exprimées dans les pays frères de la Tunisie et de l’Égypte.  Cela ne doit néanmoins pas être le prétexte à des tentatives d’ingérence dans les affaires internes des États, a-t-il poursuivi.  Déplorant que les efforts de l’Union africaine pour une solution négociée en Libye aient été largement ignorés, il a comparé l’action étrangère en Libye à la Conférence de Berlin de 1883-1884, de triste mémoire, qui avait marqué le partage de l’Afrique par les puissances impériales.  Jamais dans l’histoire des Nations Unies, le sacro-saint principe de non-intervention n’a été aussi compromis, a-t-il déclaré.


Le Président de la Namibie a ensuite plaidé pour la tenue d’un référendum impartial au Sahara occidental, avant d’apporter son soutien à la demande d’adhésion aux Nations Unies d’un État palestinien.  Puis, il a souhaité qu’un soutien financier adéquat soit apporté à Madagascar et que la communauté internationale s’implique plus activement dans la mise en œuvre de la Feuille de route.  Soulignant les défis aigus posés par les changements climatiques, notamment en Namibie, il a exhorté les États Membres à faire en sorte que la prochaine session de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques aboutisse à des résultats tangibles.  Enfin, dans le droit fil de la position africaine, M. Pohamba a appelé de ses vœux à une réforme du Conseil de sécurité, afin d’en améliorer la représentativité et la transparence.


M. SALVA KIIR, Président du Soudan du Sud, a exprimé sa profonde gratitude à la communauté internationale pour l’accueil chaleureux qui a été fait à son pays, âgé seulement, a-t-il rappelé, de deux mois et de 14 jours.  Il a tenu à remercier tous ceux qui s’étaient tenus aux côtés du Soudan du Sud dans sa longue lutte pour l’indépendance, notamment les pays de la « Troïka » et les pays amis de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).  Il a ensuite indiqué que son pays est en cours de construction, et non de reconstruction, tant les besoins sont importants.  Il a souhaité que les manifestations de soutien et de sympathie qui ont accompagné l’indépendance du Sud-Soudan trouvent leur prolongement dans une assistance tangible pour le développement du pays.  « Notre marche pour sortir de l’abysse de pauvreté dans lequel nous nous trouvons sera longue », a-t-il averti.


Le Soudan du Sud, a-t-il assuré, suivra une stratégie de diversification de son économie, afin de réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole dont le Soudan du Sud est abondamment doté.  Ces ressources pétrolières devraient servir de catalyseur afin de libérer le potentiel du pays, notamment dans le domaine agricole.  Le Président a exprimé l’ambition que son pays devienne une puissance agro-industrielle régionale, qui puisse se dispenser de l’aide des autres pays.  Il a formé le vœu que les modalités de l’assistance extérieure dont son pays pourrait bénéficier respectent les choix économiques et politiques du Soudan du Sud.  La stabilité politique sera cruciale pour parvenir à la prospérité, a-t-il poursuivi, avant de se féliciter du pluripartisme en cours dans son pays.


Le Président a ensuite affirmé que le Soudan du Sud adhérait pleinement aux principes du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les États, y compris le Soudan, dans les affaires intérieures duquel le Soudan du Sud ne s’immiscera pas.  Il a ensuite exhorté le Soudan à œuvrer à la résolution pacifique des conflits en cours dans les zones frontalières avec le Soudan du Sud.  Il a souligné, à cet égard, l’avancée positive représentée par la réhabilitation par le Gouvernement soudanais de l’Accord global d’Addis-Abeba sur la situation dans l’État du Kordofan méridional.  Il a exhorté le Soudan à consentir à un tracé rapide de la frontière entre les deux États avec l’aide de la communauté internationale.  Il a souhaité que Khartoum consente à ce que le différend concernant les souverainetés concurrentes sur diverses zones frontalières soit porté devant une instance d’arbitrage international.  Il a félicité le Soudan pour avoir ouvert la voie à une mise en œuvre complète de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei, avant d’émettre le vœu que les deux pays aboutissent à un accord sur la question d’Abyei dans le droit fil de l’Accord de paix global.  Sur le plan économique, il a appelé de ses vœux la conclusion d’un accord qui garantirait à Khartoum un revenu conséquent découlant de l’utilisation des infrastructures d’exportation du pétrole soudanais.  Avant de conclure, il s’est dit convaincu que le Soudan du Sud apportera sa pierre à la construction d’un monde de paix et de prospérité.


M. SERZH SARGSYAN, Président de l’Arménie, s’est félicité des efforts de médiation menés par des structures et organisations régionales à travers le monde, dans le but de préserver la paix et la sécurité, ainsi que pour résoudre les conflits par l’usage de moyens pacifiques.  Il a noté les avantages de ce type de médiation régionale, notamment la connaissance des acteurs en conflit, celle du terrain, et de la proximité culturelle.  La réussite de toute médiation, a-t-il souligné, exige entre autres, la définition d’un mandat clair.  L’une des priorités que doivent poursuivre les médiateurs est celle de prévenir toute reprise des hostilités entre des parties en conflit, a-t-il ajouté. 


Le Président Sargsyan a par ailleurs salué l’admission du Soudan du Sud au sein des Nations Unies, après avoir exercé son droit légitime à l’autodétermination.  Le peuple du Nagorno-Karabakh a, lui aussi, fait ce choix de l’autodétermination, il y a 20 ans, en résistant à la guerre menée contre lui par l’Azerbaïdjan.  Malheureusement, à ce jour, l’Azerbaïdjan se montre peu coopératif pour conclure les négociations entamées sous les auspices de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en vue d’apaiser les tensions entre les deux entités.  L’Azerbaïdjan a-t-il affirmé, a décidé de répandre au sein de sa population le sentiment xénophobe contre la population arménienne du Nagorno-Karabakh.  La politique d’Azerbaïdjan est de faire disparaître tous les signes de la présence arménienne au Nagorno-Karabakh.  En outre, l’Azerbaïdjan continue de refuser les propositions de la communauté internationale visant à sceller le non-recours à la force et l’instauration de mesures de confiance, avec l’Arménie, a-t-il dit. 


Hier, a rappelé M. Sargsyan, l’Assemblée générale a insisté sur la nécessité de renforcer la Déclaration et le Programme d’action de Durban contre le racisme et la discrimination.  Malheureusement, les Arméniens sont encore victimes de cette intolérance dont on a fait mention hier, a-t-il soutenu, en regrettant, à ce propos le fait que la Turquie continue, quant à elle, de nier le génocide commis contre le peuple arménien.  À la veille de « Rio+20 », la communauté internationale doit faire preuve de sa détermination à honorer ses engagements en faveur de la région du Sud-Caucase, un espace de coopération et de prospérité, a ajouté M. Sargsyan.  Les dirigeants de la région doivent, eux aussi, avancer ensemble vers la création d’un futur prospère et pacifique pour les générations à venir, a-t-il conclu.


M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’Autorité palestinienne, a rappelé l’espoir qui avait présidé à une reprise des négociations, sous les auspices notamment du Président des États-Unis, en septembre 2010.  Cet espoir a été déçu, a-t-il ajouté, en raison du refus du Gouvernement israélien de s’accorder sur les paramètres de négociation, pourtant largement agréés par la communauté internationale.  La poursuite des implantations sur le Territoire palestinien est au cœur de la politique d’occupation coloniale israélienne, avec les discriminations et la violence qui la caractérisent, a-t-il indiqué.  M. Abbas a ajouté que cette politique était la raison essentielle de l’échec des pourparlers de paix et de l’ensevelissement de l’espoir né des Accords de 1993.  Dans le droit fil de nombre de rapports des Nations Unies, ainsi que de plusieurs institutions israéliennes, M. Abbas a critiqué la construction de nouvelles implantations en Cisjordanie et à Jérusalem -dont le Gouvernement israélien n’hésite pas à se réjouir-, qui s’apparente à une confiscation systématique de terres palestiniennes.  Le Président de l’Autorité palestinienne a indiqué que la puissance occupante s’était lancée dans une course contre la montre pour redessiner les frontières de la Palestine à son avantage, misant sur la politique du fait accompli et sapant de facto la viabilité d’un État palestinien.  Dans le même temps, Israël continue son embargo sur Gaza et ses incursions dans les zones de Cisjordanie sous contrôle de l’Autorité palestinienne.  Ces actes très graves découlent d’une approche unilatérale d’Israël, a-t-il déploré, avant d’exprimer ses craintes que le conflit, en raison du contexte régional inédit, ne se transforme en conflit religieux menaçant à la fois le futur des Palestiniens chrétiens et musulmans et des citoyens israéliens. 


M. Abbas a rappelé ensuite les points essentiels de la position de l’Autorité palestinienne, notamment l’objectif de la réalisation du droit inaliénable du peuple palestinien à disposer d’un État, avec Jérusalem-Est comme capitale, qui couvrirait les territoires de la Cisjordanie et de Gaza occupés par Israël en 1967.  Le règlement juste de la question du retour des réfugiés se ferait, a-t-il souligné, dans le droit fil de la résolution 194.  Il a ensuite rappelé que l’Autorité palestinienne prônait le renoncement à la violence et se tenait prête pour un retour immédiat à la table des négociations, sur la base des paramètres agréés par la communauté internationale et de la cessation complète des activités de colonisation.  Il a ajouté que l’Autorité palestinienne ne cherchait en rien à délégitimer l État d Israël. « Construisons ensemble un futur au sein duquel nos enfants connaîtront la liberté, la prospérité et la sécurité.  Construisons des ponts plutôt que des murs de séparation », a exhorté M. Abbas, en s’adressant directement à Israël. 


Le Président de l’Autorité palestinienne a ensuite passé en revue les avancées décisives enregistrées dans l’édification d’un État palestinien viable et démocratique, avec notamment la protection des libertés publiques, la promotion de la règle de droit ainsi que la participation accrue des femmes et le raffermissement de la société civile.  Il a assuré qu’il avait œuvré à la restauration de l’unité palestinienne et à la réconciliation nationale, en choisissant la voie des élections législatives et présidentielles.  Ces résultats tangibles, reconnus par plusieurs organisations internationales comme les Nations Unies et la Banque mondiale, ouvrent la voie à l’avènement d’un État indépendant, a-t-il ajouté.  L’instauration de la paix ne peut résulter des méthodes habituellement employées et qui, de surplus, ne marchent pas, a-t-il dit.  Le statu quo n’est pas non plus tenable.  C’est pourquoi, il est futile de s’engager dans des négociations en l’absence de paramètres clairs et d’un calendrier défini », a-t-il estimé avant de parler du « moment de vérité » auquel était parvenu le peuple palestinien.  « Est-ce que le monde continuera de tolérer l’occupation israélienne, la dernière à avoir cours dans le monde?  Est-ce que le monde continuera d’accepter qu’Israël demeure au-dessus des lois? » a-t-il demandé.  « Cela suffit », a-t-il martelé.  Le moment de la fin des souffrances de millions de Palestiniens est venu, a-t-il dit.  Dans la continuité du printemps arabe, « l’heure a sonné » pour un État palestinien indépendant, a-t-il renchéri.  « Mon peuple cherche à exercer son droit à mener une vie normale, comme le reste de l’humanité ».  Citant le poète Mahmoud Darwish, il a déclaré: « nous nous maintenons dans la permanence et l’eternel avec un seul et unique objectif: exister.  Et nous existerons », a-t-il affirmé.  M. Abbas a en conséquence annoncé qu’il avait présenté au Secrétaire général une demande d’admission aux Nations Unies de l’État de la Palestine sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a ensuite prié le Secrétaire général de transmettre sa demande au Conseil de sécurité et souhaité que ses membres la considèrent de manière favorable.  « La Palestine renaît et marche vers son destin », a-t-il conclu.


M. YOSHIHIKO NODA, Premier Ministre du Japon, a fait part de son émotion profonde face aux témoignages de compassion des peuples du monde après le tremblement de terre dans son pays qui a fait 20 000 morts il y a six mois.  Les Japonais se souviendront toujours de ces liens qui unissent le Japon et la communauté internationale, a-t-il assuré, détaillant les efforts du Gouvernement pour reconstruire les zones affectées par la catastrophe et pour regagner le contrôle de la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima.  « Nous faisons des progrès réguliers sur ce dossier », a-t-il assuré.  Alors que le monde est aujourd’hui le théâtre d’énormes changements, le Japon a pris à nouveau conscience de l’importance des liens avec le reste du monde et de ce que signifie promouvoir la sécurité humaine.


Le Japon a une longue tradition dans l’assistance aux pays en développement, basée sur la conviction qu’un développement économique repose sur une classe moyenne forte.  Pour renforcer cette classe moyenne, il est nécessaire de construire une fondation sociale au sein de laquelle tous les individus peuvent développer leurs capacités à leur maximum, a expliqué le Premier Ministre, appelant à ne pas laisser les incertitudes économiques mondiales et l’instabilité financière entraver les efforts de la communauté internationale vers la croissance.  Parvenir à la croissance et à la santé financière représente le plus crucial des défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui, a-t-il estimé, avant d’annoncer que son pays allait promouvoir une société faible en émissions de carbone et une transition vers une économie verte.  Le Japon continuera d’améliorer ses excellentes technologies qui sont sûres et respectueuses de l’environnement et cherchera à construire un futur sûr et meilleur, a-t-il assuré.


M. Noda a rappelé que la vague du tsunami avait atteint 40 mètres, la plus haute jamais enregistrée dans le pays.  La première leçon de cette tragédie est l’importance de la coopération internationale dans la réduction des risques aux catastrophes, un domaine dans lequel le Japon fournit un soutien actif, notamment à l’Indonésie, la Chine, Haïti et la Nouvelle-Zélande, et auquel il souhaite consacrer une conférence internationale en 2015.  En outre, le pays entend contribuer positivement au renforcement de la sécurité de l’énergie nucléaire mondiale, en tirant les leçons de l’accident de Fukushima.  Même si certains pays, malheureusement, imposent toujours des restrictions injustifiées sur les importations japonaises, notre gouvernement continuera de fournir des informations rapides et pertinentes sur ces questions, dans la transparence, a-t-il déclaré.  Le Japon reste également engagé dans la lutte contre la piraterie au large de la Somalie, ainsi que contre le terrorisme, et continuera de contribuer aux efforts en matière de maintien de la paix des Nations Unies.  Il poursuit également les efforts visant à garantir un monde sans armes nucléaires et exhorte la République populaire démocratique de Corée, « une menace pour toute la communauté internationale », à prendre des mesures concrètes sur cette question.  Le Premier Ministre a également plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, « absolument nécessaire et urgente ».  Le Japon va d’ailleurs lancer des négociations substantives afin d’avancer, de manière tangible, sur cette réforme lors de cette session de l’Assemblée générale.  Avant de conclure, M. Noda a annoncé le soutien de son pays au Soudan du Sud et à la Mission des Nations Unies dans le pays, ainsi qu’une nouvelle donation, s’ajoutant aux 100 millions de dollars déjà affectés, à la crise humanitaire dans la corne de l’Afrique.  De même, le Japon est disposé à dégager des prêts d’un montant total de près d’un milliard de dollars pour soutenir les efforts de réforme et de démocratisation dans les pays du « printemps arabe ».


M. LYONCHOEN JIGMI YOEZER THINLEY, Premier Ministre du Bhoutan, a confié qu’en 25 ans de participation à l’Assemblée générale, il n’avait eu de raisons d’espérer qu’une seule fois, lors de la fin de la guerre froide.  Ce qui a ensuite prévalu est un sentiment de trahison et de désillusion face à un monde encore plus divisé et dangereux.  Manquant de volonté politique et en fait, de lucidité, nous récusons avec des arguments malicieux ce que nous savons être la raison de nos problèmes, a-t-il dit, et nous continuons à acquérir des armes pour prévenir la guerre, répondons aux changements climatiques avec davantage d’émissions néfastes, faisons une course à la production et à la consommation face à des ressources qui s’épuisent, et idéalisons l’individualisme alors que la famille et la communauté s’effondrent dans un contexte de dislocation sociale, de crime, de maladie mentale, de solitude et de suicide.  M. Thinley a estimé que trop longtemps, la communauté internationale a refusé de voir que les problèmes sont interconnectés et qu’il fallait quitter les rails des modèles économiques basés sur le PIB.  Les marchés réduisent l’humanité en esclavage, détruisent nos systèmes d’assistance et menacent notre survie à long terme, a-t-il dénoncé.


C’est pourquoi le Bhoutan se réjouit que l’Assemblée générale ait adopté à l’unanimité la résolution qu’il a présentée sur « le bonheur: une démarche holistique du développement ».  « Ma délégation croit fermement que le bonheur et le bien-être tels qu’ils sont promus dans mon pays permettraient une progression naturelle vers les OMD », a-t-il déclaré, annonçant la tenue d’un Groupe de discussion sur la science et l’économie du bonheur au printemps 2012, avant la Conférence Rio+20.  Le Bhoutan est pleinement engagé dans la promotion d’une civilisation humaine durable, dans un environnement pacifique et sûr, et se tient disposé à partager son expérience et ses modestes réalisations, a insisté le Premier Ministre, rappelant par exemple que la couverture forestière dans le pays était passée de 64% à 81% en 40 ans.  Le Bhoutan est d’ailleurs aujourd’hui le seul pays ayant pris l’engagement de maintenir pour toujours l’équilibre de son empreinte carbone, a-t-il ajouté.  « Nos valeurs sociales et culturelles restent vitales même si nous avons adopté la mondialisation et accepté ce que cette dernière a à offrir, et nous sommes passés avec succès et sans heurts d’une monarchie absolue à une démocratie pleine et vibrante », a-t-il assuré, avant de présenter la candidature de son pays pour un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la période 2013-2014.  Le Bhoutan pense pouvoir amener une perspective nouvelle et holistique de la paix et de la sécurité, au-delà de ces limitations étroites, et espère s’attaquer à toutes les formes de menaces à la survie au progrès et au bonheur de la société humaine.  « Oui, c’est un rêve, a enfin déclaré M. Thinley, mais nous devons oser rêver et trouver le courage et la détermination de poursuivre le plus haut des idéaux. »


M. BENJAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, a indiqué qu’il avait tendu, par le passé, une main de paix à l’Égypte, la Libye, la Turquie, la Tunisie, la Syrie, le Liban, l’Iran, ainsi qu’à d’autres peuples.  Il a ajouté qu’il présentait une main de paix au peuple palestinien.  Notre espoir pour la paix n’a jamais faibli, a-t-il dit.  Le Premier Ministre a déploré que l’Accord de paix, signé en 1980 entre l’Égypte et Israël, ait été dénoncé ici même aux Nations Unies, où il est de bon ton de systématiquement critiquer Israël, pourtant seule démocratie au Moyen-Orient.  Il a noté que le Liban, ou l’influence du Hezbollah est importante, présidait le Conseil de sécurité.  Il a également souhaité que la lumière de la vérité éclaire pour quelques minutes la salle de l’Assemblée générale, souvent bien sombre pour Israël.


« Israël veut la paix avec un État palestinien, mais les Palestiniens veulent un État sans paix », a-t-il assené, avant d’ajouter que cela ne pouvait résulter de résolutions des Nations Unies mais de négociations.  Les Palestiniens, de leur côté, veulent un État sans la paix, a-t-il déploré.  Il a souligné que le plus grand danger pour le monde était l’Islam militant, qui a notamment tué des milliers d’Américains le 11 septembre, et serait sur le point d’acquérir des armes nucléaires.  Rappelant les mots « abominables prononcés, hier, par le Président iranien dans cette même salle à propos des attaques du 11 septembre, il a exhorté la communauté internationale à empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire.  Le printemps arabe pourrait en effet devenir un hiver nucléaire, a-t-il averti.


Le Premier Ministre a déploré que certains enjoignent Israël de faire des concessions systématiques pour une résolution du conflit.  Cette théorie, séduisante, d’une offre globalisante n’a jamais marché, comme cela a été le cas en 2002 et en 2008, en dépit des retraits israéliens de Gaza et du Liban.  La tempête de l’islamisme n’a fait alors que se rapprocher, a-t-il affirmé, ajoutant que les modérés avaient été défaits par les extrémistes musulmans.  Il a indiqué avoir démantelé les colonies, déraciné des foyers et des synagogues lors de l’évacuation de Gaza avant de confier le contrôle du territoire à M. Abbas.  Cela n’a pas marché, a-t-il dit, avec l’arrivée au pouvoir du Hamas et des rivières d’armes qui se sont mises à couler en provenance de l’Iran et de la Libye.  Pourquoi ne se passerait-il pas la même chose en Cisjordanie, s’est-il interrogé, alors que les grandes villes israéliennes sont à portée de missiles.


« Les leçons amères de Gaza ont été oubliées, alors que le crocodile de l’islam fanatique est toujours affamé », a-t-il dit.  Israël, a-t-il rappelé, est un petit pays qui ne faisait que deux tiers de la longueur de Manhattan, environné au surplus de pays qui ont juré sa destruction.  Israël a, en conséquence besoin d’une plus grande profondeur stratégique, a-t-il dit, rappelant que la résolution 252 n’avait jamais demandé le retrait des territoires occupés.  Les paramètres pour une sécurité intangible d’Israël sont un préalable à toute discussion sur la paix, a-t-il affirmé.  Lorsque ce sera le cas, « Israël sera le premier pays à accueillir un État palestinien à l’ONU », a-t-il assuré.  Il a ensuite exhorté tous les États Membres à demander la libération de Gilad Shalit.  Il a insisté sur le caractère juif de l’État israélien qui, pour sa part, est déterminé à protéger les droits de la minorité arabe israélienne.  Il a exhorté les Palestiniens à renoncer à modifier le caractère juif de l’État d’Israël.


M. Netanyahu a également indiqué que les colonies n’étaient qu’un sujet de préoccupation récent dans un conflit vieux de plusieurs décennies.  « Les colonies de peuplement ne sont pas au cœur du conflit, c’est le refus des Palestiniens de reconnaître un État juif », a-t-il affirmé.  S’adressant directement au Président Abbas, il l’a exhorté à reconnaître l’État juif.  « Ne négocions pas sur les négociations, mais sur la paix.  Rencontrons-nous ici, aujourd’hui.  Qu’est ce qui nous empêche de nous parler afin d’aplanir nos divergences? » a-t-il demandé, avant de poursuivre, toujours à l’endroit de M. Abbas: « Je ne peux pas faire la paix sans toi.  Je te tends ma main, celle de la paix.  Marchons ensemble vers la lumière et que cette lumière soit celle de la paix ».


M. FREDRIK REINFELDT, Premier Ministre de la Suède, a reconnu que les huit Objectifs du Millénaire pour le développement avaient aidé la communauté internationale à mobiliser des ressources pour le développement.  Des progrès importants ont été réalisés.  La pauvreté a décliné dans de nombreux pays et la mortalité infantile a baissé, a-t-il souligné.  Il reste toutefois beaucoup de chemin à parcourir pour offrir des opportunités égales aux peuples du monde entier.  Le Premier Ministre suédois a choisi de mettre l’accent sur la situation des droits de l’homme, économiques et sociaux de 3,5 milliards de femmes et de filles, soit la moitié de la population mondiale.  « On ne leur permet pas de réaliser leur plein potentiel en tant que moteurs du développement économique et de la paix et de la sécurité », a-t-il déploré.  Alors qu’elles font 66% du travail dans le monde et produisent 50% de la nourriture, les femmes ne touchent que 10% des revenus et ne possèdent qu’1% des propriétés.  Les femmes et les filles comptent pour 70% de la population la plus pauvre.


En 2011, il y a encore des pays qui refusent aux femmes le droit de voter, s’est indigné M. Reinfeldt.  La question de l’égalité des sexes est essentielle pour garantir des droits égaux aux femmes et aux hommes.  Il s’agit de donner à tous les individus les mêmes possibilités en matière d’éducation et d’opportunités économiques.  L’égalité des sexes n’a pas que des avantages économiques immédiats.  C’est aussi un investissement pour l’avenir.  La participation des femmes à la société contribue au bien public et diminue la corruption, a-t-il fait valoir.  « Aujourd’hui, les idées de liberté et de démocratie se répandent à la vitesse du son », a poursuivi le Premier Ministre, en évoquant les évènements récents en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  La Suède et 40 autres pays partagent l’avis du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression selon lequel il doit y avoir le moins de restrictions possibles à la liberté d’expression en ligne.  « Nous voulons bâtir une alliance de la liberté sur Internet », a annoncé M. Reinfeldt.  Rappelant que le monde était également interconnecté par ses ressources naturelles, il a souligné que la Conférence Rio+20 sera très importante.


Tournant dans un premier temps son attention sur les évènements du « printemps arabe », M. PÁL SCHMITT, Président de la Hongrie, a déclaré que le renversement des régimes autoritaires n’était que le premier pas à franchir.  Comme en témoigne notre propre expérience, a-t-il indiqué, les étapes les plus difficiles du processus de transformation sont encore à venir.  Il a notamment affirmé que l’établissement de nouvelles structures de pouvoir, la rédaction d’une nouvelle constitution et l’organisation d’élections libres et démocratiques devraient être un processus interne appuyé par la communauté internationale.  Pour M. Schmitt, les idéaux du respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de la bonne gouvernance doivent être mis en œuvre tout en respectant les traditions culturelles et religieuses de chaque pays.  Il a ensuite fait savoir que la Hongrie entendait lancer plusieurs projets d’appui dans les démocraties émergeantes du Moyen-Orient.


Abordant le volet du développement durable, M. Schmitt a estimé qu’il faudrait formuler un nouveau plan d’action dans le domaine du renforcement de l’interdépendance mutuelle et de la mondialisation.  Il a constaté qu’il est de plus en plus difficile de trouver l’équilibre entre la garantie de la croissance dans toutes les régions du monde, et la protection des ressources naturelles de la planète.  Il a estimé que la Conférence Rio+20 était l’occasion de générer le plus large appui possible au concept de l’économie verte qui, a-t-il affirmé, a le potentiel de contribuer à la création d’emplois et à l’élimination de la pauvreté.  Afin d’appliquer ce concept, a-t-il ajouté, une réorganisation de l’architecture environnementale s’impose.  Le Président de la Hongrie a ensuite appelé à la mise sur pied de stratégies compréhensives sur les plans national et régional pour faire fortement baisser les taux de maladies non transmissibles en mettant notamment l’accent sur la prévention, la détection précoce et les traitements.  Il a également évoqué la candidature de son pays à un siège du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013, affirmant que la Hongrie se tenait prête à contribuer de « manière significative » à tous les efforts destinés à rehausser les capacités de l’ONU en matière de prévention de conflit et de médiation.  « Nous plaiderons pour une meilleure intégration des questions liées à la sécurité et au développement ainsi que pour une interaction améliorée entre le Conseil de sécurité et les principaux organes de l’ONU », a-t-il assuré.


M. ERNEST BAI KOROMA, Président de la Sierra Leone, a mis en exergue les fortes aspirations de son pays en matière de démocratie, de prospérité et de paix.  Tout au long de ses cinquante années d´existence, le pays a fait la démonstration de son engagement à atteindre ces idéaux, a-t-il affirmé.  Il a ensuite rappelé la contribution de la Sierra Leone aux efforts déployés par les Nations Unies dans les domaines de la décolonisation et de la paix, entre autres. 


Dès son admission à l’ONU, la Sierra Leone contribua, par l’entremise d’un petit régiment militaire, à l’Opération des Nations Unies au CONGO (ONUC).  Bien évidemment, a-t-il poursuivi, la Sierra Leone, est reconnaissante de l’impact qu’ont eu les Nations Unies dans le maintien de la paix sur son territoire, mais aussi dans sa gouvernance et son développement économique, depuis son entrée au sein de  l’Organisation.  M. Koroma a, par ailleurs, souligné l’urgence d’une reforme du Conseil de sécurité.  « Il y a un besoin croissant de voir cet organe devenir plus représentatif, inclusif et démocratique, et de voir améliorées ses méthodes de travail », a t-il expliqué.  Le statut quo est inacceptable et a le potentiel d’effriter la légitimité, l’effectivité et l’efficience du Conseil, a prévenu le Président. 


Comme bon nombre de pays, la Sierra Leone subit actuellement des contraintes budgétaires dues à la récession économique mondiale, a indiqué M. Koroma, précisant ensuite que son pays demeurait néanmoins optimiste quant à l’avenir, eut égard aux investissements faits pour développer dans l’édification de nouvelles infrastructures et la restructuration de l’industrie minière, notamment.  Des reformes ont aussi été faites en matière de droits de l’homme, d’égalité homme-femme et d’autonomisation des femmes, a par ailleurs affirmé M. Koroma.  « Je me suis engagé à faire en sorte que 30% des postes électifs soient occupés par des femmes », a-t-il annoncé.  En tant qu’État partie à divers instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, la Sierra Leone s’est engagée à mettre en œuvre les obligations découlant de ces textes, a-t-il dit.


Il a, d’autre part, exhorté la communauté internationale à soutenir son pays engagé dans un processus électoral prévu pour 2012, « afin d’assurer la tenue d’élections libres et pacifiques ».  Sur la question de la médiation, il a estimé qu’il était inévitable que tout conflit  trouve sa solution dans la négociation entre États.  Mais celle-ci doit se faire en se fondant sur les principes de la Charte de l’ONU.  La Sierra Leone est d’avis que la médiation demeure le meilleur mécanisme pour la prévention des conflits et le règlement pacifique des différends, a-t-il conclu.


M. BORIS TADIĆ, Président de la Serbie, a estimé qu’en ces temps de changements importants, le pire à faire serait de laisser la crainte et l’indécision prévaloir.  Chaque crise à laquelle nous sommes confrontés, qu’elle soit économique, politique ou environnementale, s’étend au-delà de nos frontières nationales et il n’existe aucun moyen de la résoudre sans le cadre de travail défini par des droits et règlements internationaux auxquels tous les pays doivent se conformer, a-t-il souligné.  « Notre objectif doit être de gérer les crises réelles et d’éviter d’en créer d’autres inutilement », a-t-il estimé, notant l’amélioration de la coopération régionale en Europe et un nouveau niveau de confiance établi avec la Croatie.  Tout ceci a préparé le terrain pour que la Serbie se propose à la présidence de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en 2014.


La Serbie a consacré un extraordinaire niveau de ressources à la capture de criminels de guerre, a assuré M. Tadić, estimant que le pays avait rempli ses obligations et fait la preuve de sa volonté d’avancer vers un climat de réconciliation totale dans la région.  Le Président de la Serbie a insisté également pour que tous fassent leur part et l’enquête du Conseil de l’Europe sur « Le traitement inhumain des populations et le trafic illégal d’organes humains au Kosovo » doit bénéficier des mêmes normes et du même examen par le Conseil de sécurité que les autres crimes de guerre, a-t-il dit.  Le Président serbe a salué l’accession à l’indépendance du Soudan du Sud, « un règlement trouvé après de longues et difficiles négociations entre les deux parties » et salué par le Président des États-Unis.  Il a cependant regretté que ce processus n’ait pas été respecté dans le dossier concernant la province du Kosovo et Metohija.  Le 17 février 2008, les autorités d’origine albanaise ont tenté la sécession unilatérale, en violation des principes de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d’Helsinki et de la résolution du Conseil de sécurité 1244, a-t-il dénoncé, se félicitant qu’une forte majorité d’États Membres de l’ONU n’ait pas reconnu cette indépendance.  L’appel lancé depuis ce podium pour une telle reconnaissance n’est pas un appel pour la paix, a-t-il prévenu, mais un appel pour l’unilatéralisme qui créerait un précédent profondément dérangeant et un encouragement aux parties sécessionnistes partout dans le monde.  M. Tadić a assuré que son gouvernement avait fait tout son possible pour empêcher une flambée de violence, notamment au mois de juillet lors de la tentative de placer des postes frontières entre la Serbie et la région du Nord Kosovo.


Le Président Tadić a regretté que les Serbes négocient avec Pristina « avec un fusil sur la tempe, sous la constante menace de l’isolement international ».  « Nous sommes extrêmement indignés par ce climat de menace émanant de pays que nous considérerions sans cela comme des partenaires naturels », a-t-il insisté.  Même si la Serbie n’acceptera jamais l’action unilatérale, elle n’abandonnera plus jamais le processus de négociations, a-t-il promis, détaillant plusieurs conditions sine qua non d’un accord sur la question: le statut de la population serbe dans le Nord Kosovo, la mise en œuvre de la décentralisation au Kosovo au profit de ses enclaves serbes, le statut de certains sites sacrés de l’Église orthodoxe serbe et la question plus générale de la propriété.  M. Tadić a estimé que l’échec pour avancer avec bonne volonté sur la question centrale des droits des communautés serbes du Kosovo, au cœur du problème, était extrêmement dérangeant.  La Serbie a, en outre, un deuxième objectif en parallèle à celui de cette question: accélérer le processus d’intégration à l’Union européenne.  Parvenir à atteindre ces deux objectifs est possible et dans l’intérêt de tous, a enfin déclaré M. Tadić.  La Serbie a rempli les critères pour être candidate à adhérer à l’Union européenne et a montré l’exemple en matière de réconciliation, de mise en place de l’état de droit et de lutte contre le crime organisé, a-t-il dit.


M. ALPHA CONDÉ, Président de Guinée, a déclaré que sa présence dans cette enceinte était l’illustration du retour de la Guinée sur la scène internationale.  Il a assuré les États Membres de l’engagement de son gouvernement de consolider l’unité et la concorde nationale et de bâtir une société démocratique.  Son gouvernement, a-t-il précisé, a engagé une série de mesures de redressement pour améliorer la gouvernance dans le pays.  Il a expliqué que le Gouvernement accordait une « place de choix » à l’agriculture en vue de parvenir à l’autosuffisance alimentaire.  De plus, le secteur minier est en voie d’être assaini et le système judiciaire est en cours de modernisation et de restructuration.  M. Condé a également fait savoir que la réforme en cours permettrait de juguler l’inflation et d’arrêter la « saignée financière ».  Il a cependant signalé que le « programme ambitieux » de la Guinée de lutte contre le sous-développement et la pauvreté ne pourrait être pleinement réalisé sans l’appui « constant et effectif » de la communauté internationale.


Abordant la question de la réconciliation nationale, M. Condé a évoqué la mise en place d’une Commission provisoire de réflexion et a indiqué que des réformes visent à faire de l’armée une institution véritablement républicaine.  Il a ensuite expliqué que dans le cadre des préparatifs pour les élections législatives, un fichier sécurisé et numérisé serait établi pour corriger les anomalies constatées lors de l’élection présidentielle.  Le Président de la Guinée a par ailleurs estimé qu’il fallait évaluer périodiquement le chemin parcouru dans le cadre de la lutte contre l’extrême pauvreté.  Passant à la situation humanitaire dans la corne de l’Afrique, M. Condé a estimé que l’adoption d’un plan régional intégré favorisant la sécurité et l’autosuffisance alimentaire constituerait une solution durable à la crise actuelle.  Commentant par ailleurs le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, le « Rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques », le Chef d’État guinéen a estimé que les organisations sous-régionales, régionales et internationales devaient s’approprier les mécanismes de médiation, tout en travaillant étroitement avec d’autres acteurs tels que la société civile et les organisations des jeunes et des femmes.  Il a ajouté que la priorité devrait être accordée aux mécanismes africains de médiation « dont l’action s’est révélée efficace en plusieurs occasions ».


M. ISAIAS AFWERKI, Président de l’Érythrée, a indiqué que l’espoir suscité par l’élection historique du Président des États-Unis, M. Barack Obama, avait vécu.  Il a appelé les puissances émergentes ou réémergentes -la Fédération de Russie, la Chine, le Brésil et l’Inde- à faire montre de davantage de leadership pour résoudre les problèmes systémiques qui sont ceux du monde aujourd’hui.  Il a ensuite indiqué que si le mouvement récent de contestation avait bel et bien son épicentre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il ne s’y limitait pas, les pays en développement devant faire face aux mêmes sentiments de colère et de frustration.  Il a ensuite stigmatisé la paralysie des Nations Unies qui risquent d’être totalement marginalisées si elles ne parviennent à se réformer.  Il a plaidé, à cet effet, pour un renforcement de l’Assemblée générale, qui devrait être dotée du pouvoir de prendre des décisions juridiquement contraignantes.  Une réforme du Conseil de sécurité pour en améliorer la représentativité ne serait pas suffisante, a-t-il ajouté.  M. Afwerki a ensuite exhorté les pays africains à développer les infrastructures du continent et à promouvoir leurs échanges commerciaux.


Au niveau sous-régional, M. Afwerki a indiqué que son pays œuvrerait à la revitalisation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement, avant de souligner l’urgent besoin d’une approche différente en Somalie.  Il est impératif que toutes les parties prenantes, y compris les gouvernements du Somaliland et du Puntland, se retrouvent au sein d’un processus politique qui appartiendrait à tous les Somaliens, a-t-il poursuivi.  Concernant la situation au Moyen-Orient, il a exprimé la crainte que la demande d’adhésion à l’ONU présentée par la Palestine ne se transforme en bataille symbolique, dépourvue de substance, rappelant que les Accords d’Oslo, salués lors de leur conclusion en 1993, avaient eu peu de résultats.  En conclusion, le Président érythréen a exhorté les Nations Unies à prendre les mesures nécessaires afin qu’il soit mis un terme à l’occupation par l’Éthiopie du territoire souverain érythréen.  Il a également souhaité que les sanctions illégales qui frappent son pays soient levées.


M. MARCUS STEPHEN, Président de Nauru, s’est d’abord félicité de la récente visite historique du Secrétaire général de l’ONU à Kiribati et aux Îles Salomon.  Il s’agissait de la première visite d’un Secrétaire général en fonction dans un pays des îles du Pacifique.  Il a ainsi démontré son engagement à répondre aux besoins de ces pays, aussi petits soient–ils.  Il a pu mesurer encore plus les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID).  Le mois prochain, le monde comptera sept milliards d’habitants, a-t-il annoncé.  Face à cette démographique croissante, la communauté internationale doit s’attaquer plus que jamais à la réduction de la pauvreté.


À Nauru, cette réduction de la pauvreté est fortement poursuivie par le Gouvernement.  M. Stephen a ensuite insisté sur l’importance de l’océan dans le développement des petits États insulaires en développement.  C’est dans ce contexte qu’il a estimé que le prochain Sommet de la terre « Rio+20 » devrait examiner en profondeur l’importance de l’économie bleue pour ces États.  La Conférence devrait entre autres veiller à mettre fin aux pêches illégales et destructrices, a-t-il dit.  Il a également mis l’accent sur la nécessité de s’atteler à mieux protéger les barrières de corail face aux dégâts faits par les changements climatiques.


Nauru, a-t-il soutenu, ne dispose pas de ressources terrestres, et fonde par conséquent son avenir sur la mer.  C’est ce qui explique notamment la volonté du pays d’intégrer l’autorité mondiale des fonds marins.  Le Président a ensuite exhorté les Nations Unies à développer des mécanismes encore plus ciblés au bénéfice des petits États insulaires en développement, qui subissent déjà les conséquences des changements climatiques.  Il a, à cet effet, souhaité que la communauté internationale prenne de nouveaux engagements en rapport avec le protocole de Kyoto.


Il a par ailleurs prévenu de la possibilité de voir disparaître certaines îles du Pacifique « si les grands pollueurs ne cessent pas leurs activités dévastatrices ».  Au titre des propositions, il a appelé le Secrétaire général à développer dès maintenant les capacités de réaction de l’Organisation face aux changements climatiques.  « Il est aussi temps de nommer un représentant spécial sur les changements climatiques et ses menaces sécuritaires », a-t-il suggéré.


Il a enfin abordé la question de la reforme du Conseil de sécurité, en plaidant pour sa restructuration, en vue de le rendre plus représentatif.  Il faut aussi reformer ses méthodes de travail, a-t-il ajouté, avant de conclure, en invitant les Nations Unies à accueillir l’île de Taiwan au sein des membres de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.


M. MAHAMADOU ISSOUFOU, Président du Niger, a estimé que le déficit de régulation au niveau de l’économie mondiale, la domination du capital financier, l’accroissement des inégalités constituaient autant de facteurs de désordre, de crises et de conflits qui perturbent la paix mondiale.  « Les Somaliens qui connaissent les affres de la faim ou les habitants du Sahel qui y sont confrontés de manière récurrente peuvent-ils considérer qu’ils vivent dans un monde juste et humain? » a-t-il demandé.  Aujourd’hui, 1 210 personnes disposent à elles seules d’un revenu de 4 500 milliards de dollars, soit 8% du PIB mondial, tandis que 40% de la population mondiale vit avec moins de 2 dollars par jour.  Le Président nigérien a rappelé que son pays avait beaucoup souffert des politiques d’ajustement structurel.  En outre, la promesse faite par les pays riches de porter à 0,7% de leur PIB le niveau de l’aide publique au développement n’a pas été tenue.  À cela s’ajoutent les crises récentes des institutions bancaires et des dettes souveraines ainsi que l’insuffisance des investissements directs étrangers en Afrique.  Selon M. Issoufou, la création d’une classe moyenne puissante dans toutes les régions du monde renforcera la croissance économique, la stabilité et la paix.


M. Issoufou a condamné le terrorisme et souligné que le Niger faisait face à cette menace à ses frontières, au nord avec l’Algérie, à l’ouest avec le Mali, et au sud avec le Nigéria.  Il a eu une pensée pour les otages français enlevés dans son pays.  Le Niger est également confronté à la menace des organisations criminelles de trafics des armes, de drogues et d’êtres humains.  Toutes ces menaces, a-t-il estimé, sont aujourd’hui amplifiées par la crise libyenne.  En effet, les dépôts d’armes ont été pillés en Libye et ces armes sont aujourd’hui disséminées dans toute la zone sahélo-saharienne avec le risque d’échouer entre des mains terroristes.  Jusqu’ici, le Niger, avec des moyens très limités, supporte seul le fardeau des réfugiés libyens, a poursuivi le Président.  C’est pourquoi, il a souhaité l’appui de la communauté internationale dans les domaines sécuritaire et économique.  Il souhaite aussi un retour rapide à la paix et la stabilité en Libye.  Par ailleurs, les secteurs de l’agriculture et de l’élevage, dont le peuple nigérien tire principalement ses moyens de subsistance, subissent les conséquences des changements climatiques.  Face à cette situation, le Niger a lancé l’initiative « 3N », qui signifie les « Nigériens nourrissent les Nigériens ».  Il a décidé d’augmenter les rendements en culture pluviale, de promouvoir l’irrigation, de moderniser l’élevage et de mettre en œuvre une politique de protection de l’environnement.  M. Issoufou a renouvelé son appel à la communauté internationale qui est confrontée à une crise alimentaire sévère.


M. MICHEL JOSEPH MARTELLY, Président d’Haïti, a fait remarquer qu’il avait été élu avec un mandat bien précis: celui de matérialiser le changement.  Il a remercié la communauté internationale d’avoir accompagné les élections présidentielles dans son pays.


« Je crois qu’il appartient d’abord, aux pays concernés, de rechercher et de trouver des pistes de solution; car toutes celles imposées, généreuses ou non, ne produiront à moyen terme que des effets adverses », a déclaré M. Martelly.  « C’est ce juste équilibre entre une gouvernance adulte et une assistance internationale bien pensée qu’il convient de rechercher. »


Le Président a estimé que les nombreuses missions de paix et de stabilisation des Nations Unies, « accueillies avec soulagement aux premiers jours, s’essoufflent à moyen terme ».  Dans le cas d’Haïti, toutefois, il s’est demandé à quoi aurait servi la Mission si aujourd’hui elle se retirait « sans préavis ».  La stabilisation politique passe par plusieurs étapes.  Elle ne saurait se réduire à une simple force d’interposition ou à un rôle d’observateur plus ou moins neutre.


Les quatre axes majeurs de la politique préconisée par le Gouvernement de M. Martelly sont: l’éducation, l’emploi, l’environnement et l’état de droit.  Il a exhorté les nations à s’engager franchement dans la lutte contre la déforestation et contre le réchauffement climatique.  « Il n’y aura pas de paix dans le monde tant que le cadre de vie de pays comme le mien sera aussi dégradé, rendant les catastrophes encore plus dramatiques, les inondations encore plus sévères, les sécheresses encore plus meurtrières, l’exode rural encore plus massif », a insisté le Président haïtien.


Évoquant les fonds mis à disposition des populations victimes de catastrophes, M. Martelly a souhaité que les promesses ne restent pas lettre morte et que les projets de reconstruction voient le jour.  « Dans le cas d’Haïti, il s’agira pour les nations amies de nous aider à reconstruire plus qu’un espace physique, mais des hommes et des femmes auxquels il faut rendre l’espoir. »  « Haïti est désormais debout, prête à se reconstruire, prête pour un nouveau départ », a conclu le Président. 


M. PIERRE NKURUNZIZA, Président du Burundi, a estimé que le processus de consolidation de la paix dans son pays, accompagné par les Nations Unies, avait culminé avec l’organisation réussie des élections de 2010.  L’espace démocratique existe au Burundi.  C’est la première fois, s’est-il félicité, que des institutions démocratiquement élues terminent en paix et en action le mandat confié par le peuple, même si des actes d’insécurité subsistent en raison d’une réinsertion insuffisante d’ex-combattants et d’une paupérisation momentanée de la population, conséquence des aléas climatiques.  Il a estimé que l’esprit de dialogue dans le processus de consolidation avait aussi permis au Parlement burundais de mettre en place l’institution de l’ombudsman et la Commission nationale indépendante des droits de l’homme, pour laquelle il a demandé l’appui de la communauté internationale.


Le Burundi poursuit, par ailleurs, ses efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement dans plusieurs secteurs clefs de la vie nationale, a-t-il souligné, citant la construction de 2 024 écoles, de 80 centres de santé et de plus de 2 000 bornes fontaines pour l’adduction en eau potable, en seulement trois ans.  Toutefois, le pays reste confronté à des incidents, dus essentiellement au banditisme armé, aux conflits armés et à l’existence de forces négatives dans certaines contrées de la région des Grands Lacs.  Le Président burundais s’est dit notamment consterné par la tragédie de Gatumba le 18 septembre dernier, où une quarantaine de personnes sont mortes lors d’une attaque contre un cabaret.  Le Burundi ne saurait rester sourd et aveugle vis-à-vis des préoccupations régionales et internationales, a poursuivi M. Nkurunziza, rappelant l’implication de son pays au sein de l’AMISOM, en Somalie.  Pour réussir le combat contre le terrorisme, la gouvernance mondiale doit être à la hauteur du défi, a-t-il déclaré.  À cet égard, la réforme du Conseil de sécurité ainsi que l’interaction permanente entre ce dernier et l’Assemblée générale sur toutes les questions d’intérêt mondial, deviennent une urgence, a-t-il estimé.  Il a enfin enjoint l’Assemblée à accélérer la recherche de l’équilibre entre le développement et la survie de la planète. 


M. EMANUEL MORI, Président des États fédérés de Micronésie, s’est réjoui de la déclaration du Conseil de sécurité, en juillet dernier, au sujet des changements climatiques et a rappelé qu’en tant que membre du Groupe des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEIDP), la Micronésie est menacée par les conséquences des modifications du climat, notamment l’élévation du niveau de la mer qui hypothèque l’existence même du pays.  Remerciant le Secrétaire général des Nations Unies pour la visite effectuée dans la région Pacifique dans le cadre du quarantième anniversaire du Forum des Îles du Pacifique, le Président a dit espéré que M. Ban accordera une attention encore plus particulière à la question des changements climatiques, après cette première visite d’un Secrétaire général de l’Organisation dans un pays membre des PEIDP, 66 ans après la naissance de l’ONU.  M. Mori a suggéré que la communauté internationale agisse maintenant avant que des pays vulnérables comme le sien ne disparaissent.


Le Président de la Micronésie a fait mention d’épaves de navires qui ont coulé durant les conflits armés que le Pacifique a connus, il y a une soixantaine d’années.  Il a indiqué que ces épaves contiennent 32 millions de litres de pétrole qui pourraient se déverser dans la mer et créer une marée noire plus grave que celle que le golfe du Mexique a vécu l’année dernière.  Cette sombre perspective, a noté M. Mori, pourrait avoir des effets dévastateurs sur l’environnement, la chaîne alimentaire et les récifs environnants qui sont importants pour la vie de la faune marine.  « Pour éviter un désastre environnemental majeur, j’en appelle à la communauté internationale pour un soutien immédiat », a-t-il déclaré.  En rapport avec la Conférence Rio+20 qui se tient l’année prochaine au Brésil, il a relevé que la Micronésie et les autres membres du Groupe des PEIDP avait souhaité la reconnaissance de l’expression « économie bleue » en référence à ces petites îles qui vivent grâce aux produits de la mer.  Il a ensuite décrié la pêche illégale qui détruit les ressources dont la Micronésie a besoin, et a appelé, une fois de plus, les Nations Unies à reconnaître comme groupe spécifique les petits États insulaires en développement.  Le Président a en outre suivi la voie des États-Unis au sujet du conflit israélo-palestinien en appelant les deux parties à signer des accords de paix avant que la reconnaissance formelle de l’État palestinien ne se fasse aux Nations Unies.


M. IKILILOU DHOININE, Président de l’Union des Comores, a déclaré que la paix n’a jamais été aussi menacée dans le monde.  Elle l’est par les crises politiques, les maladies, les catastrophes naturelles, le chômage, la précarité et le sous-développement.  Par ailleurs, des foyers de tensions dans diverses régions du globe continuent à faire de nombreuses victimes, a-t-il ajouté, avant d’appeler la communauté internationale à renforcer son rôle dans la recherche d’une solution rapide à toutes ces crises.  « C’est en luttant ensemble et efficacement contre ces maux que nous parviendrons à préserver les populations et à assurer une meilleure rentabilité des ressources humaines, a-t-il déclaré.  De façon générale, a-t-il dit, il convient surtout d’agir ensemble et vite pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Comme petit État insulaire en développement, les Comores, a poursuivi son Président, accorde une attention particulière à la question des changements climatiques et de l’environnement.  Malgré cette menace, « nous nous employons à améliorer le quotidien de nos populations, mais nous avons également besoin de l’appui de la communauté internationale », a-t-il dit.  Il a également exhorté la communauté internationale à apporter plus d’assistance à son pays, confronté au terrorisme, à la piraterie et autres formes de la criminalité organisée, y compris les trafics des stupéfiants et d’armes légères.  Le Chef de l’État a ensuite évoqué la question de la crise à Madagascar, estimant que les efforts engagés par la Communauté des États d’Afrique australe (SADC), appellent le soutien multiforme de la communauté des États.  Faisant référence à la question de l’île comorienne de Mayotte, la départementalisation de cette île décidée unilatéralement par la France est pour les Comores, comme pour la communauté internationale, nulle et non avenue et ne pourrait être considérée comme un fait accompli, a-t-il soutenu.  « Je tiens à réitérer notre légitime détermination à continuer à revendiquer la réintégration de l’île comorienne de Mayotte dans son ensemble naturel », a dit le Président, précisant que ceci se ferait par la voie de la négociation avec la France.


M. ANOTE TONG, Président de Kiribati, a noté que la communauté internationale dans son ensemble continuait de faire face à de nombreux défis sur le plan politique et social, ainsi que dans le domaine de la stabilité économique.  Les catastrophes résultant des activités humaines sont aujourd’hui la cause d’énormes souffrances pour les populations de nombreuses régions du monde, a-t-il indiqué.  Des pays et des peuples font en outre face aux menaces que sont le terrorisme, les conflits armés et le trafic d’êtres humains.  « Notre organisation internationale est-elle outillée pour répondre à ces défis, ou alors n’est-il pas temps de revoir la structure et l’effectivité de la gouvernance mondiale? » s’est interrogé le Président.


M. Tong a regretté l’absence de progrès accomplis dans le cadre des négociations sur les changements climatiques « qui demeureront pour longtemps la malédiction de notre planète ».  Il s’est ainsi félicité de ce que le Secrétaire général ait constaté lui-même la réalité des conséquences des changements climatiques, au cours de sa récente visite dans son pays.  Faisant référence à la Conférence Rio+20, qui se tiendra au Brésil l’année prochaine, il a émis le vœu que la communauté internationale prenne des initiatives novatrices pour s’attaquer à cette question.  M. Tong a en outre expliqué que son pays voyait son combat pour le développement durable entravé par la hausse des prix des produits alimentaires et du pétrole.  C’est pourquoi, il a appelé à un appui de la communauté internationale, a-t-il dit en conséquence.  Le Président a par ailleurs plaidé pour la cessation de l’isolation de l’île de Taiwan sur la scène internationale et appelé à son inclusion dans la lutte contre les changements climatiques.  


M. ANDRY NIRINA RAJOELINA, Président de Madagascar, a déclaré qu’après trois ans de crise politique et trois ans d’absence, son pays était aujourd’hui fier de retrouver sa place dans le concert des Nations.  Les crises qui se sont succédées à travers le monde, et tout récemment dans le Nord de l’Afrique, démontrent l’importance et l’actualité du rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques, a-t-il estimé, soulignant que son pays avait lui-même traversé une étape décisive, et que grâce au concours de la médiation internationale, les Malgaches ont pu trouver entre eux un consensus porteur d’espoir.  Toute médiation devrait recueillir les informations à leurs sources et constater, de visu, les réalités prévalant sur le terrain du conflit, avant de proposer une solution qui serait durable et acceptable par tous, a-t-il insisté.


M. Rajoelina a observé que l’histoire avait montré que des actes démesurés d’un dirigeant utilisant la force engendraient des conséquences graves qui pouvaient aboutir au chaos.  À Madagascar, le peuple s’est soulevé avec détermination pour rompre avec un passé caractérisé par une mauvaise gouvernance, le non-respect des principes démocratiques, des droits de l’homme et de l’état de droit, entraînant une paupérisation généralisée, une misère sociale insoutenable au quotidien et une frustration grandissante ressentie par une majorité, a-t-il assuré.


Saluant les efforts inlassables de l’équipe de médiation de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), des Nations Unies, de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de la Commission de l’océan indien, il a salué la patience et le courage du peuple malgache dans la résolution pacifique de la crise politique.  La grande famille politique malgache est désormais résolue à aller de l’avant, a-t-il déclaré, comme le prouve la feuille de route de sortie de crise signée par la grande majorité des parties prenantes malgaches le 17 septembre dernier. 


Toutefois, les efforts à entreprendre et qui suivent restent nombreux, a reconnu le Président malgache, lançant un appel solennel à la communauté internationale pour qu’elle apporte sa contribution individuelle et groupée à la reconstruction et au développement.  Pour sa part, M. Rajoelina a assuré qu’il ne ménagerait aucun effort et a souhaité qu’un calendrier électoral puisse être fixé dans les meilleurs délais possibles après évaluation des besoins électoraux de Madagascar par les Nations Unies.


M. JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, Premier Ministre de Fidji, a indiqué que son pays avait ouvert cette année des ambassades en Afrique du Sud et en Indonésie et le fera prochainement au Brésil.  En mai dernier, Fidji est devenu membre du Mouvement des non alignés.  Aux Nations Unies, le pays est un membre actif du groupe Asie-Pacifique, aux côtés des autres petits États insulaires en développement de la région.  Guidé par la Charte du peuple pour le changement, la paix et le progrès, Fidji développe ainsi ses relations bilatérales et multilatérales.


Le Premier Ministre a rappelé que Fidji contribuait aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies depuis 1978.  Des Casques bleus fidjiens sont actuellement stationnés en Iraq, au Soudan du Sud, à Abyei, au Darfour, au Libéria et au Timor-Leste.  Par ailleurs, en tant que membre du Comité de la décolonisation, Fidji a l’intention de suivre les progrès concernant l’Accord de Nouméa et la Nouvelle Calédonie.  M. Bainimarama a préconisé une collaboration plus étroite entre le Secrétariat de l’ONU et le Groupe mélanésiens Fers de lance.


Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) continuent d’inspirer les efforts de développement de Fidji, a poursuivi le Premier Ministre.  En vertu de la feuille de route pour la démocratie et le développement socioéconomique durable, le pays donne la priorité à l’expansion de l’électrification des zones rurales, à l’accès à l’eau, et au développement des routes.


Un large pourcentage de la population de Fidji risquant de contracter des maladies non transmissibles, dites « maladies des modes de vie », M. Bainimarama s’est félicité de la tenue de la Réunion de haut niveau sur ce sujet.  Fidji a été le premier pays à signer et ratifier la Convention-cadre sur le contrôle du tabac.  Il est également l’un des premiers pays à piloter le programme de réduction du sel.


Fidji est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et le Premier Ministre a espéré que la prochaine réunion de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban produira des résultats positifs.  Le caractère urgent de la situation et le risque réel posé par l’augmentation du niveau des mers a poussé les petits États insulaires en développement à attirer l’attention du Conseil de sécurité sur les implications sécuritaires des changements climatiques.


En tant que premier signataire de la Convention sur le droit de la mer, Fidji maintient ses obligations océaniques au cœur de sa politique étrangère, a expliqué M. Bainimarama.  Compte-tenu de l’intérêt accru pour l’exploitation minière des fonds marins, il est impératif que l’Autorité internationale des fonds marins reste vigilante pour sauvegarder l’intégrité environnementale des fonds marins du monde.  L’océan Pacifique est au cœur des moyens d’existence de Fidji, de sa sécurité alimentaire et de son économie.


Mme CISSÉ MARIAM KAIDAMA SIDIBÉ, Premier Ministre du Mali, s’est dite convaincue que la prévention des conflits et leur résolution par la médiation constituaient un gage de paix et de sécurité.  En Afrique, si des progrès remarquables ont été accomplis au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire, en République démocratique du Congo et dans la région des Grands Lacs, il n’en demeure pas moins que la situation dans la corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord, notamment en Libye, continue d’être une source de préoccupation majeure.  Les conflits fratricides qui s’y déroulent ont causé d’énormes pertes en vies humaines et des destructions massives d’infrastructures socioéconomiques, hypothéquant ainsi les efforts de développement de ces pays.


Le Premier Ministre malien a évoqué les défis sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne que le Mali partage avec plusieurs pays frères.  La sous-région est confrontée à la prolifération d’armes légères et de petit calibre (ALPC), aux trafics de drogues et d’êtres humains alimentés par des réseaux de la criminalité organisée en collision avec des groupes terroristes.  Le pays réaffirme son soutien à toutes les initiatives des États de la sous-région visant à mieux coordonner et harmoniser les efforts pour relever les défis communs.


Mme Sidibé a annoncé que l’année 2012 sera une année importante pour le Mali.  Le Président, qui n’est pas candidat à sa propre succession, a procédé à une révision de la Constitution de 1992, à l’issue de consultations nationales, afin de consolider la démocratie, la bonne gouvernance et l’État de droit.  C’est pourquoi elle a invité la communauté internationale, ainsi que les partenaires du développement, à appuyer le processus électoral en cours et à accompagner les efforts visant à relever le défi de l’organisation du référendum constitutionnel et des élections libres, transparentes et démocratiques.  Confronté au phénomène de la désertification et aux aléas pluviométriques, le Mali considère les changements climatiques comme l’un des défis majeurs qui affectent la survie et le développement de l’humanité.  Le Premier Ministre a réaffirmé l’engagement de son pays à intensifier les actions qu’il mène dans le cadre de la préservation des sols, des forêts et de la faune.  Elle a ajouté que la crise financière mondiale ne devait pas devenir un prétexte pour réduire l’aide publique au développement.


M. SIBUSISO BARNABAS DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a déclaré que la recherche de la paix et de la sécurité était essentielle pour un avenir de coexistence commune.  Les efforts internationaux pour atténuer les conflits internes doivent toutefois comprendre les sensibilités propres à chaque situation.  « Il n’y a pas de taille unique dans la recherche de la paix, car chaque époque et chaque cas sont uniques », a insisté le Premier Ministre.  M. Dlamini a félicité le Soudan du Sud pour son accession à l’indépendance et réaffirmé son attachement au concept d’une « solution africaine à un problème africain ».  Il s’est ensuite réjoui de la formation d’un gouvernement non exclusif en Jamahiriya arabe libyenne.  Le monde a besoin d’une Libye unifiée et stable qui reprendra sa place dans les relations internationales, a-t-il dit.  Évoquant la guerre en Somalie, à laquelle s’ajoute une famine redoutable, le Premier Ministre du Swaziland a estimé que la Somalie pourrait mieux gérer cette dernière catastrophe humanitaire si la communauté internationale collaborait à une solution politique durable.  « Malheureusement, le monde semble avoir oublié la Somalie », a-t-il déploré.  Si la lutte contre la piraterie a été appuyée, il n’en a pas été de même pour développer une approche globale.  « Les interventions ne doivent pas avoir lieu seulement quand certains intérêts sont menacés », a-t-il fait remarquer.


Le Swaziland se joint au reste du monde pour condamner le terrorisme et les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  La promotion et la protection des droits de l’homme sont un objectif commun à tous les pays, a ajouté M. Dlamini.  En tant que pays en développement, le Swaziland estime qu’il faut accorder une plus grande importance au développement, « pour que chacun puisse jouir des avantages de la mondialisation ».  Les droits économiques et sociaux, comme le droit à l’alimentation et le droit à la santé, sont essentiels.  En outre, a rappelé le Premier Ministre, le Swaziland a voté pour la résolution portant création du Conseil des droits de l’homme et fait partie du consensus sur l’examen du Conseil.  Le Swaziland figure sur la liste des pays dont la situation des droits de l’homme sera examinée lors de la prochaine session du Groupe de travail sur le Mécanisme d’examen périodique universel à Genève, en octobre 2011.


M. TILLMAN THOMAS, Premier Ministre de la Grenade, a mis l’accent sur la nécessité d’œuvrer de manière désintéressée à préserver la planète pour le bien des générations futures.  Un moyen sûr d’y arriver est d’éviter toute confrontation nucléaire, a-t-il souligné, saluant tous les États qui ont consacré beaucoup de temps et d’efforts dans la non-prolifération.  Le Premier Ministre a également affirmé que son pays subissait lourdement les effets de la crise économique, la population étant notamment confrontée aux prix élevés des produits alimentaires et du carburant, tandis que les revenus nationaux baissent et que la dette continue de s’accroître.  M. Thomas a en outre estimé que les efforts de la Grenade en vue de réaliser le développement durable pouvaient être appuyés à la fois par la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en décembre 2011 à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), et la Conférence « Rio+20 » sur l’environnement en juin 2012.  Le Chef du Gouvernement de la Grenade a appelé toutes les parties à négocier sérieusement et à remplir les engagements pris au cours des deux Conférences.  Il s’est dit convaincu que la question d’une réponse mondiale appropriée aux changements climatiques devait rester une priorité de l’agenda mondial.


Par ailleurs, M. Thomas a souligné l’importance d’une réforme des Nations Unies, en particulier du Conseil de sécurité, afin de le rendre plus représentatif et inclusif, faute de quoi, a-t-il ajouté, cet organe perdrait de la légitimité politique dont il a besoin pour maintenir et renforcer son leadership dans le monde et pour prendre les meilleures décisions.  Il a également plaidé en faveur d’un renforcement des relations entre les Nations Unies et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) au profit des habitants de la région. 


Enfin, le Premier Ministre a appelé les États Membres qui se sont engagés à aider Haïti à tenir leurs promesses et à soutenir les efforts du peuple haïtien, puis il a exhorté les États-Unis à lever complètement l’embargo économique imposé au peuple de Cuba.


M. KAY RALA XANANA GUSMÂO, Premier Ministre du Timor-Leste, a annoncé que son pays s’était engagé sur la voie de la stabilité.  De ce fait, a-t-il dit, la Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste devrait prendre fin l’année prochaine.  Il a relevé que son gouvernement s’était engagé à mettre fin au cycle de violence qui sévit dans le pays depuis l’an 2000, et avait mis en place des politiques orientées vers le développement du Timor-Leste.  Dans ce contexte, les principes de bonne gouvernance ont été introduits dans l’administration du Timor-Leste à travers des mesures comme la création d’une Commission anti-corruption, d’une Cour des comptes ou la diffusion quotidienne d’informations sur la gestion du budget du pays sur un site Internet interactif accessible au public. 


Le Premier Ministre s’est réjoui que ces mesures de transparence aient conduit le pays à une embellie financière comme le démontre les 8,9 milliards de dollars consécutifs à l’exploitation pétrolière dans le pays.  Il a ajouté que son pays connaissait une croissance économique à deux chiffres.  Dans ce contexte, le Timor-Leste qui vit dans la stabilité aujourd’hui, a-t-il relevé, a mis sur pied un plan de développement stratégique qui lui permettrait de passer de la catégorie des pays à moindre revenu à celle de pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2030.  Pour le moment, a-t-il souligné, le pays appartient à la catégorie des 50 États les moins avancés et est considéré comme un État fragile en vertu de certains indicateurs institutionnels, politiques, économiques et sociaux.


Le Premier Ministre a indiqué que l’année 2012 apparaissait comme une année charnière pour le Timor-Leste avec de grands rendez-vous programmés: l’organisation d’élections présidentielle et législatives, le dixième anniversaire de la restauration de l’indépendance du pays, la commémoration du centenaire de la révolte de Manufahi et le cinq-centième anniversaire de l’arrivée des Portugais dans le pays.  Il en a profité pour remercier le Portugal pour les bonnes relations de coopération entretenues avec le Timor-Leste. 


Dans la même perspective de coopération, il a indiqué la volonté de son pays à rejoindre l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), ainsi que sa volonté de renforcer la coopération avec d’autres partenaires internationaux.  Regrettant les nombreuses divisions visibles à travers le monde, le Premier Ministre a affirmé que la communauté internationale avait besoin d’un nouvel ordre mondial politique et économique, un ordre dans lequel les conflits et la discorde seraient remplacés par le dialogue, dans lequel la démocratie serait utilisée pour donner la parole aux faibles, et un ordre dans lequel l’aide au développement et la solidarité seraient utilisées pour atténuer la souffrance des populations. 


M. Gusmâo a souhaité que les populations du Sahara occidental et de la Palestine puissent trouver des moyens de résoudre leurs conflits qui sont les plus vieux du monde. 


M. STAVROS LAMBRINIDIS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce, a d’emblée affirmé que l’ONU va dans le sens où les États Membres la guide.  « Nous sommes la force qui la pousse vers ses réalisations, nous sommes la raison qui justifie ses échecs, et quand nous sommes d’accord sur un sujet, l’humanité devient plus forte », a-t-il indiqué.  Il a ensuite évoqué des enjeux majeurs de la coopération internationale, comme les changements climatiques, la désertification, les maladies non transmissibles qui freinent les efforts de développement, et les migrations illégales qui créent des problèmes à de nombreux pays tels que la Grèce.  Soulignant que les Nations Unies et le Conseil des droits de l’homme ont apporté une contribution louable au sujet des droits de l’homme, il a déclaré que la Grèce est candidate pour siéger au sein du Conseil des droits de l’homme l’année prochaine, et en a appelé au soutien des États Membres.  Le Ministre a souligné que son pays a lancé, il y a deux ans, l’« Agenda 2014 » qui a pour but d’appuyer les aspirations des pays voisins à entrer dans l’Union européenne.


M. Lambrinidis a ensuite parlé de la consolidation de la paix dans les Balkans, en estimant que le Kosovo apparaissait comme un obstacle du fait de tensions qui ont été visibles dans la région au cours des derniers mois.  Il a aussi regretté que le nom de l’ex-République yougoslave de Macédoine soit un objet de litige.  Selon ses explications, ce nom renvoi à un ensemble géographique qui va bien au-delà des frontières de cet État.  Il a ainsi regretté une tentative de modification d’une réalité historique et géographique différente.  Au sujet du printemps arabe, le Ministre a souligné que son pays a participé à des évacuations de milliers de personnes dans les pays touchés et a mis en place des structures d’accueil en Crête pour permettre de gérer la situation humanitaire en Libye.  Concernant la question palestinienne, il a affirmé que la Palestine a le droit d’exister comme État indépendant au même titre qu’Israël.  Souhaitant que les actions de déstabilisation menées par la Turquie à Chypre cessent, il a réaffirmé la volonté de la Grèce à trouver une solution pacifique et diplomatique au problème de délimitation de la frontière commune partagée avec la Turquie.  Il a également soutenu les pourparlers de paix menés sous les bons offices des Nations Unies afin de permettre une réunification de Chypre.  Évoquant la situation économique de la Grèce, M. Lambrinidis a indiqué que son gouvernement investit dans les domaines tels que l’énergie verte, le tourisme, l’agriculture et les infrastructures de haute technologie afin de renouer avec la croissance. 


M. NICKOLAY MLADENOV, Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, est revenu sur des thématiques abordées au cours des débats de ces derniers jours au Siège des Nations Unies.  Il a notamment évoqué les maladies non transmissibles qui, a-t-il révélé, sont les plus grandes causes de décès en Bulgarie.  Il est également revenu sur la sécurité nucléaire en rappelant que des accidents nucléaires ont des effets transfrontaliers, et de ce fait, un consensus international doit être trouvé afin d’assurer la sécurité des populations.  Il a aussi prôné le désarmement nucléaire et a invité l’Iran à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Au sujet du « printemps arabe », le Ministre a salué les réformes que les Rois du Maroc et de Jordanie ont mises en œuvre et a regretté les massacres de populations qui ont cours en Syrie.  Il a ainsi appelé le Président de la Syrie à mettre fin à ces violences contre son peuple.  M. Mladenov a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud dans le concert des Membres des Nations Unies, ainsi que les nouveaux représentants du peuple libyen.  Il a rappelé les exactions de l’ancien dirigeant libyen, notamment l’affaire des infirmières bulgares qui ont passé huit années en prison en Libye avant d’être libérées.  Au sujet de la coopération en Europe, le Ministre a fait remarquer que l’Union européenne avait été mise en place pour barrer la route aux conflits et a indiqué que l’Europe ne pourrait être complète sans l’intégration des pays des Balkans dans l’Union européenne.  « Afin que la guerre prenne fin dans la région des Balkans, a-t-il souligné, tous les pays qui sont nés de l’ex-Yougoslavie doivent faire partie de l’Union européenne. » 


Mon pays, a-t-il noté, est le produit de traditions chrétienne, juive et musulmane, c’est pour cette raison que nous ne pouvons rester indifférents à la situation du Moyen-Orient.  Il a rappelé que l’État d’Israël a vu le jour au sein des Nations Unies en 1947, et il a ajouté que le peuple palestinien a droit à son propre État dans les frontières de 1967.  « Je ne peux rester indifférent quand le droit d’exister n’est pas reconnu, a-t-il dit, car le refus de ce droit signifierait ne pas respecter les valeurs de notre civilisation. »  Soutenant que Palestiniens et Israéliens doivent renouer avec le dialogue, le Ministre a indiqué que la Bulgarie avait reconnu la Palestine depuis 1988 et avait maintenu de bonnes relations avec les deux parties.  Passant à la question de la réforme des Nations Unies, le Ministre a souhaité l’augmentation du nombre de membres non permanents au sein du Conseil de sécurité originaires d’Europe de l’Est car, a-t-il précisé, le nombre des pays de cette région a pratiquement doublé en deux décennies.  Il a en outre invité les Nations Unies à plus de transparence et de rigueur dans la gestion.  Le Ministre a souhaité que la communauté internationale soit plus engagée dans la voie du développement durable, et a rappelé que le monde fait face à de nombreux défis qui vont influencer l’avenir.  « Nous devons trouver des solutions à ces défis de manière synergique », a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la diplomatie préventive, thème principal du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée

CS/10392

Le Conseil de sécurité souligne l’importance de la diplomatie préventive, thème principal du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée

22/09/2011
Conseil de sécuritéCS/10392
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité                                        

6621e séance – après-midi                                  


LE CONSEIL DE SÉCURITÉ SOULIGNE L’IMPORTANCE DE LA DIPLOMATIE PRÉVENTIVE, THÈME PRINCIPAL DU DÉBAT GÉNÉRAL DE LA SOIXANTE-SIXIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE


« Prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques. »  Ces termes résument l’esprit de la Déclaration présidentielle adoptée, cet après-midi, par le Conseil de sécurité, réuni à l’initiative du Président du Liban pour un débat de haut niveau sur les mérites de la diplomatie préventive.


Aux côtés du Président Michel Sleiman, dont le pays assume la présidence du Conseil pour le mois de septembre, et du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, des chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des ministres des affaires étrangères et Représentants permanents auprès des Nations Unies, occupaient les sièges de leurs États, membres du Conseil de sécurité, l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Tous ces officiels de haut rang sont à New York pour prendre part au débat général de l’Assemblée générale, dont le thème principal est précisément cette année la médiation préventive.  Le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon a également annoncé qu’il comptait faire de cette question la priorité de son second mandat à la tête de l’Organisation.


Le texte de la Déclaration présidentielle adoptée cet après-midi vient en réponse à un rapport* du Secrétaire général, rapport dont était saisi le Conseil.  Dédié au défunt Secrétaire général Dag Hammarskjöld, qui fut le premier à élaborer le concept de diplomatie préventive et à en préciser la place et le rôle dans le système des Nations Unies, le document recommande notamment d’« investir dans les diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement sur des lieux où règnent des situations préoccupantes.


Dans le contexte de sa Déclaration présidentielle, le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant « représentants, envoyés spéciaux et médiateurs » afin de faciliter des règlements durables et globaux.  Le Secrétaire général est encouragé à user de tout l’éventail des outils diplomatiques et modalités mis à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui.


La Déclaration rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit comprendre des éléments « d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit ».


Les membres du Conseil de sécurité y reconnaissent aussi que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect ainsi que la protection des droits de l’homme.


Au cours du débat, plusieurs intervenants, dont le Président de la Colombie, M. Juan Manuel Santos Calderón, et le Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. S. M. Krishna, ont repris à leur compte le passage de la Déclaration présidentielle qui invoque le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies et « encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux ».


Plusieurs membres du Conseil ont salué la contribution importante à la diplomatie préventive, d’organisations régionales et sous-régionales telles que l’Association des pays de l'Asie de Sud-Est (ANASE), l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).


Certains se sont prévalus d’efforts de médiation réussis, le Président de la Colombie, expliquant par exemple qu’avec le concours du Venezuela, son pays avait facilité le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA), suite à la crise institutionnelle de 2009.  De son côté, le Ministre des affaires étrangères de la France a attiré l’attention des membres du Conseil sur la « dimension environnementale des crises ».  Il a précisé que, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), 40% des conflits de ces 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles.


« En l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour à l’avenir autour de ces questions risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces », a prévenu M. Alain Juppé, qui a estimé que les Nations Unies manquaient d’une instance multilatérale pertinente en ce domaine.  Il a donc proposé de réformer à cet égard la « gouvernance internationale de l’environnement » à l’occasion de la tenue de la Conférence Rio+20.


De son côté, la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice, a précisé que dans les pays sortis d’un conflit, et où le revenu médian par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu considéré comme intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était extrêmement faible.  Plusieurs intervenants, dont le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Antonio De Aguiar Patriota, ont conclu que le développement, plus que des « mesures de coercition imposées à la hâte », restait « la meilleure des préventions » s’agissant des tensions et des menaces de conflit internes ou régionaux.


* S/2011/552


MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES- PRÉVENTION DES CONFLITS


Lettre datée du 12 septembre 2011, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Liban auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/570)


Les fruits de la diplomatie préventive: rapport du Secrétaire général (S/2011/552)


Dédié à la mémoire de l’ancien Secrétaire général Dag Hammarskjöld, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en 1961, le présent rapport examine les possibilités qui s’offrent actuellement à l’Organisation des Nations Unies et à ses partenaires, ainsi que les problèmes qu’ils rencontrent, lorsqu’ils ont recours à la diplomatie préventive, alors qu’évoluent le paysage politique et le climat mondial de la sécurité.


Mettant spécifiquement l’accent sur l’action diplomatique adoptée pour prévenir ou atténuer la multiplication des conflits armés, le Secrétaire général décrit dans ce rapport les avantages de la diplomatie préventive pour promouvoir la paix, quel que soit le type de conflit et en tant qu’élément de stratégies plus larges de consolidation de la paix que pilotent les pays eux-mêmes.  M. Ban décrit comment des mesures de diplomatie préventive ont fait toute la différence sur le terrain dans de multiples contextes.  Il examine les risques et les obstacles qui continuent de s’opposer aux efforts de prévention et dégage des éléments essentiels qui, suivant l’expérience de l’ONU et de ses partenaires, se sont révélés indispensables pour assurer au maximum le succès des efforts entrepris: l’alerte rapide, la souplesse, le partenariat, la viabilité, l’évaluation et les ressources.


Dans des conclusions visant à renforcer les capacités internationales de diplomatie préventive au cours des cinq années à venir, le Secrétaire général préconise de partir des améliorations réalisées à l’ONU et dans diverses organisations régionales et sous-régionales en ce qui concerne l’élaboration de mécanismes d’alerte précoce.  L’instauration de dialogues réguliers et informels dans ce domaine entre l’ONU et les partenaires régionaux et autres permettrait de mettre en commun l’information et aiderait à anticiper ces « points de basculement » où les acteurs clefs peuvent décider d’opter pour la violence.


Toutefois, l’alerte précoce n’est utile que si elle débouche sur l’action précoce, prévient M. Ban Ki-moon, pour qui il faut envisager un large éventail d’options face à une menace qui se dessine, y compris des mesures apparemment limitées, telles que les déclarations par lesquelles plusieurs acteurs expriment collectivement leur préoccupation ou les missions d’établissement des faits, qui peuvent avoir rapidement des répercussions sur les calculs des parties sur le terrain.


Il faut aussi continuer de s’employer à investir dans les « diplomates de la prévention », ces envoyés et médiateurs hautement qualifiés pouvant être déployés rapidement vers des situations préoccupantes, propose également le Secrétaire général.  Une fois déployés, ces envoyés doivent pouvoir compter aisément et rapidement sur des compétences thématiques de pointe telles que les services, qui sont très demandés, de l’Équipe de réserves d’experts en médiation.  À plus long terme, estime le Secrétaire général, il est indispensable d’investir dans la formation des agents qui apporteront un appui aux envoyés et médiateurs de haut rang avant d’accéder éventuellement eux-mêmes à ces fonctions.


La diplomatie préventive a besoin d’un investissement financier suffisant pour produire des résultats, souligne M. Ban, qui exhorte les États Membres à apporter un appui financier prévisible en temps voulu.  Par ailleurs, pour réaliser tout le potentiel de l’ONU dans le domaine de la diplomatie préventive, nous devons renforcer ses relations avec les organisations régionales et sous-régionales, les États Membres et la société civile, souligne M. Ban Ki-moon.  « Il y a place pour un dialogue plus stratégique sur des questions potentiellement préoccupantes, ainsi que pour un échange de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel », estime-t-il.  Dans ce contexte, le Conseil de sécurité voudra peut-être, partant des efforts déployés récemment, instaurer des liens plus forts avec les organisations régionales, espère le Secrétaire général.


Il nous faut aussi reconnaître que les actions internationales de diplomatie préventive ne peuvent éviter la violence que sur le court terme, a relevé M. Ban.  « En dernière analyse, seuls les mécanismes et institutions nationaux peuvent durablement prévenir les conflits violents sur le long terme », a-t-il noté.  Aussi suggère-t-il de continuer à privilégier le soutien aux capacités nationales de médiation, de facilitation et de dialogue, et d’aider à établir des systèmes nationaux de prévention des conflits.  Il est également recommandé d’améliorer la manière dont on peut travailler avec la société civile, avec les femmes et les jeunes en particulier, qui peuvent être des agents essentiels d’un changement pacifique, assure le Secrétaire général en conclusion.


Déclarations


M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a indiqué que le coût de l’investissement dans la diplomatie préventive était largement préférable à celui d’une intervention militaire ou d’une opération de maintien de la paix.  Convaincu que les guerres et les conflits ne sont pas une fatalité, il a affirmé qu’il était toujours possible d’influer en amont sur le cours des évènements de manière à empêcher le pire.  À cette fin, il est indispensable pour les gouvernements de renforcer leurs capacités en la matière et de mettre en place des structures appropriées, a expliqué M. Sleiman.  Illustrant son propos, le Président du Liban a précisé que son propre pays avait, suite à l’adoption du Document d’entente nationale en date de 1991, établi des congrès et des comités de dialogue afin de soutenir le processus de pacification et la stabilité nationale.  Les ressources de médiation ne peuvent pas toutefois se limiter aux seules forces gouvernementales, mais doivent aussi tenir compte de la contribution de la société civile, a souligné le Président.  Au niveau régional, il a rappelé la pertinence de l’Initiative de paix arabe pour régler le conflit israélo-arabe. 


Les opérations de maintien de la paix peuvent être l’un des outils de diplomatie préventive, a par ailleurs jugé le Président du Liban.  En effet, a-t-il dit, bien que se déroulant après l’éclatement d’un conflit, elles revêtent une grande importance pour le contenir et l’empêcher de s’étendre.  « C’est ce que nous a appris notre propre expérience avec la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) qui, depuis 1978, aide le pays à étendre sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire et œuvre à transformer le Sud-Liban en une zone de sécurité et de paix », a noté M. Sleiman.  De même, a-t-il dit, l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1701 (2006), que le Liban s’est engagé à respecter, fut une mesure nécessaire pour mettre fin à la guerre destructrice qu’Israël a menée contre le Liban en 2006.  Le fait est que le conflit entre nos deux pays ne se serait pas dégradé depuis le 19 mars 1978, date de l’adoption de la résolution 425, « et la Résistance n’aurait pas eu à s’organiser et à affronter l’occupation israélienne », si la communauté internationale avait imposé à Israël la mise à exécution de cette résolution qui l’avait invité clairement à retirer immédiatement ses forces armées de tous les territoires du Liban, a noté le Président libanais.


Pour M. Sleiman, la diplomatie préventive suppose aussi de se pencher sur la cause profonde des conflits, de réaliser la justice économique et sociale, et de rendre le système économique mondial plus juste et plus transparent et moins fondé sur la spéculation.  Affirmant, en conclusion, que le dialogue et la communication avec l’autre étaient les armes les plus efficaces pour promouvoir la paix et la sécurité, M. Sleiman a encouragé la communauté internationale à unir ses efforts afin de parvenir à un monde où règnent les valeurs d’égalité, de justice et de respect de l’autre.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, s’est dit persuadé de la nécessité d’atteindre un niveau sans précédent dans la capacité des Nations Unies d’agir de manière précoce et préventive contre les menaces émergentes.  « Après avoir renforcé nos missions de maintien de la paix et les efforts de nos envoyés spéciaux et de leurs équipes, nous devons aujourd’hui fixer les priorités d’une action rapide », a insisté le Secrétaire général en regrettant que la communauté internationale se trouve trop souvent empêtrée dans la gestion de crises délicates qui auraient pu être anticipées et évitées.  « De l’Afghanistan au Moyen-Orient, de l’Afrique de l’Ouest au Soudan et à la Somalie, nos missions mettent en œuvre la diplomatie préventive tous les jours », a souligné le Secrétaire général tout en notant que les Nations Unies et leurs États Membres constataient cependant encore trop souvent les conséquences de leur incapacité à empêcher les conflits. 


Ban Ki-moon a estimé qu’il revenait à tous, États Membres, organisations régionales et Nations Unies, d’agir vite et de manière décisive.  Il a indiqué que le Conseil de sécurité pouvait faire beaucoup pour traiter des menaces émergentes avant qu’elles n’éclatent en conflits armés.  « Nous devons mieux équiper et investir dans les femmes et les hommes qui conduisent les efforts de diplomatie préventive sur le terrain », a-t-il ajouté.  Alors que la prévention est l’investissement le plus judicieux que nous puissions faire, nous avons néanmoins toujours besoin d’investissements conséquents afin d’obtenir des résultats, a ensuite estimé le Secrétaire général.  En même temps, a-t-il insisté, il nous faut maximiser l’impact des ressources dont nous disposons déjà. 


Le Secrétaire général a aussi dit la nécessité pour l’ONU et le Conseil de sécurité de renforcer les partenariats stratégiques avec les organisations régionales et sous-régionales.  En situation de crise, a dit M. Ban Ki-moon, nous devons être capables de décider vite de « qui peut faire quoi pour aider ».  Si la diplomatie préventive amène parfois la communauté internationale à parler d’une seule voix, le Conseil de sécurité a un rôle clef à jouer à cet égard, a souligné M. Ban.  Le Secrétaire général a aussi mis l’accent sur la nécessité de soutenir les institutions et mécanismes nationaux de médiation et de dialogue.  Il a jugé tout aussi essentiel d’inclure les organisations de la société civile dans les efforts de diplomatie préventive en soulignant le rôle que peuvent jouer les femmes et les jeunes pour prendre en charge les changements pacifiques.  Il a insisté que la diplomatie préventive, qui est une nécessité, sera une des priorités fondamentales de son deuxième mandat à la tête de l’ONU.   


M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a rappelé que les avantages de la médiation et des bons offices pour prévenir un conflit étaient évidents si l’on regarde les précédents historiques.  Ainsi, il a cité la médiation réussie menée par son pays et le Venezuela en vue d’assurer le retour du Honduras au sein de l’Organisation des États américains (OEA) et contribuer à résoudre la crise institutionnelle qui a secoué cet État en 2009.  Dans un contexte où ce type de processus peut s’avérer très utile, les organisations internationales, régionales et sous-régionales devraient l’encourager et le promouvoir, a poursuivi le Président colombien.  Il a déclaré qu’il partageait les conclusions du Secrétaire général pour qui la médiation a finalement suscité peu d’attention au sein du système des Nations Unies en dépit d’une efficacité prouvée.  Soulignant à son tour qu’il valait mieux prévenir que guérir, le Président de la Colombie a vanté les mérites des organisations régionales et du rôle qu’elles peuvent jouer sous l’égide du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Idéalement, a ajouté M. Santos, il ne faudrait jamais avoir à recourir au Chapitre VII et à faire usage de la force.  La Charte fournit par ailleurs tous les outils nécessaires, tels que les négociations directes, les bons offices, la médiation, l’établissement des faits, la conciliation, l’arbitrage et le règlement judiciaire, pour permettre aux parties concernées de mettre fin à leur différend par des moyens pacifiques, a relevé M. Santos.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a, dans sa déclaration, mis l’accent sur l’importance de l’article 33 de la Charte des Nations Unies qui précise que les parties à tout différend doivent en rechercher la solution, avant tout, par voie de négociation.  Il a rappelé que le Sommet mondial de 2005 a été l’occasion pour les États Membres de s’engager à édifier une « culture de la prévention » en renforçant à cet effet la capacité de l’Organisation en la matière et en prenant « des mesures collectives efficaces pour la prévention et l’élimination des menaces pour la paix ».  M. Zuma a dit que la nécessité de la diplomatie préventive a été réaffirmée à de nombreuses reprises par le Conseil de sécurité.  Il est avéré que les initiatives de diplomatie préventive sont plus rentables que le déploiement de Casques bleus une fois qu’un conflit a éclaté, a-t-il dit. 


Le Président Zuma a estimé que pour que la diplomatie préventive soit un outil efficace, elle requiert une mobilisation durable des ressources.  Il a souligné les efforts déployés à cet égard par les organisations régionales.  Il a insisté que depuis sa création en 2002, l’Union africaine a mis en place et consolidé une architecture complète en matière de paix et de sécurité qui se fonde sur le fait que la diplomatie préventive, et la reconstruction et le développement à la sortie d’un conflit, constituent la pierre angulaire de l’éradication des conflits.  Il a jugé indispensable que les efforts déployés par l’Union africaine et les organisations sous-régionales africaines œuvrant dans le sens de la diplomatie préventive soient respectés et appuyés par la communauté internationale et l’ONU.  À cet égard, M. Zuma a regretté que les efforts de l’Union africaine visant à privilégier une solution pacifique plutôt que militaire en Libye n’aient pas été respectés.  Dans l’intérêt du succès de la diplomatie préventive, M. Zuma a, par ailleurs, jugé essentielle une interaction plus cohérente des différents organismes des Nations Unies. 


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a rappelé que lorsque son pays avait organisé, en juillet 2010, lors de sa présidence du Conseil de sécurité, un débat thématique sur la diplomatie préventive, le Nigéria était motivé par une inquiétude profonde: à savoir que l’évolution des conflits à travers le monde dépassait manifestement la capacité de la communauté internationale à y répondre.  Le rapport dont le Conseil est aujourd’hui saisi souligne que le problème n’est pas tant un échec à recourir aux stratégies préventives, mais plutôt un manque de ressources et de coordination.  Au fil des années, a poursuivi le Président nigérian, l’Afrique a mis le curseur sur la valeur politique des stratégies de prévention en se dotant de mécanismes d’alerte précoce et de médiation, notamment au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au niveau régional, et au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au niveau sous-régional.  Mais il est indispensable que ces efforts soient soutenus, sur les plans financier et technique, par la communauté internationale et le système des Nations Unies dans son ensemble.  M. Jonathan a jugé encourageant à cet égard que le Secrétaire général ait établi un Comité directeur chargé d’examiner les mesures de renforcement de la coopération entre tous les acteurs de la diplomatie préventive.  Celle-ci n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle se déroule à huis clos, avant que les tensions ne débouchent sur un conflit, a estimé le Président nigérian.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a déclaré que « notre sécurité collective commandait une plus grande mobilisation de nos efforts communs ».  Il a appelé au renforcement des partenariats existants en matière de prévention des conflits en saluant l’envoi de plus en plus fréquent, de médiateurs, d’émissaires et de missions de paix conjointes ONU/Union africaine, comme cela a été le cas pour le Soudan.  M. Bongo Ondimba a estimé que ce genre de partenariats, prévus au titre du Chapitre VIII de la Charte de l’ONU, méritait d’être développé.  En effet, a-t-il ajouté, la bonne connaissance du terrain dont bénéficient les arrangements régionaux se révèle un atout non négligeable pour la réussite des actions menées dans le cadre de la diplomatie préventive.  Nous gagnerons également, a dit le Président du Gabon, à impliquer davantage la société civile, et particulièrement les organisations féminines, dans la résolution des différends.  Il a évoqué la conclusion en 2006 d’un cadre stratégique de coopération entre le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’ONU, comme un exemple de renforcement de l’architecture africaine de maintien de la paix.  En Afrique centrale, a-t-il ajouté, nous avons mis en place non seulement des canaux de concertation dans le cadre des mesures de confiance, mais également un mécanisme sous-régional de détection des signes avant-coureurs de conflit dénommé le Mécanisme d’alerte rapide de l’Afrique centrale (MARAC) dont le Gabon abrite le siège.  Nous ferons en sorte que cet outil établisse un véritable partenariat avec le Bureau régional de l’ONU pour l’Afrique centrale, principalement dans le renforcement des capacités des pays de la région dans le domaine de la prévention des conflits.  Les actions de diplomatie préventive doivent disposer de financements prévisibles si l’on veut maximiser les chances de réussite, a insisté M. Bongo Ondimba.


M. PEDRO PASSOS COELHO, Premier Ministre du Portugal, a déclaré qu’il fallait transformer en actions le consensus autour de la notion de diplomatie préventive et promouvoir une vision intégrée pour relever les défis interconnectés du XXIe siècle.  C’est ce que le Portugal s’efforce de faire en soutenant les initiatives du Conseil de sécurité allant dans ce sens, a-t-il affirmé.  La diplomatie préventive est un concept central de notre politique étrangère et nous avons toujours essayé de surmonter tous les obstacles qui peuvent se poser dans le cadre d’un conflit, comme par exemple celui qui a opposé l’Éthiopie à l’Érythrée, a dit le Premier Ministre.  M. Passos Coelho a ajouté que la Commission de consolidation de la paix a également un rôle de médiateur à jouer, en prévenant la réémergence des conflits dans des pays où la paix est encore fragile.  Comme en témoignent les expériences positives auxquelles on est parvenu dans les Balkans et au Timor-Leste, les opérations de maintien de la paix peuvent également assumer cette responsabilité, a poursuivi le Premier Ministre portugais.  Pour M. Passos Coelho, la vision intégrée mentionnée plus haut doit être menée à bien par tous les acteurs du système des Nations Unies et par les organisations régionales et sous-régionales, en partenariat avec les parties prenantes nationales.


M. WILLIAM HAGUE, Ministre des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a déclaré que les Nations Unies ont démontré qu’elles pouvaient jouer un rôle de chef de file pour sauver des vies.  Il a salué l’intervention de la communauté internationale en Libye, « qui a permis de sauver des vies » et éviter une catastrophe humanitaire en précipitant la chute du « régime de Kadhafi ».  En Côte d’Ivoire, a-t-il dit, ce sont aussi les Casques bleus qui ont permis de sauver des vies et d’éviter que la situation ne se dégénère.  Le Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni a jugé qu’une action militaire peut être nécessaire et qu’elle ne devait intervenir qu’en dernière circonstance.  Il a estimé indispensable que les actions de prévention des conflits reposent sur une base juridique solide.  « Nous devons aussi œuvrer de concert avec la société civile, et nous devons développer nos capacités d’anticipation, en utilisant nos réseaux d’ambassades comme système d’alerte rapide », a dit M. Hague.  Liant le développement et la sécurité, M. Hague a indiqué que d’ici à 2015, 30% de l’aide publique au développement du Royaume-Uni sera affecté à des pays fragiles.  Il a regretté que la réaction du Conseil de sécurité se fasse trop attendre au sujet de la Syrie et a souhaité que le Conseil de sécurité adopte une position plus ferme pour dénoncer les violences au Soudan, notamment au Kordofan méridional et au Darfour. 


M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires étrangères de la France, a salué les contributions que font les programmes de l’UNESCO, « Éducation pour le développement durable », et du PNUD, « Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) », à la diplomatie préventive.  Il a souligné l’importance de la contribution à la diplomatie préventive des organisations régionales comme l’ANASE, l’Union africaine, l’Union européenne, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ou encore la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).  M. Juppé a dit que les organisations non gouvernementales étaient très utiles pour promouvoir des sociétés pacifiques.  Le Ministre des affaires étrangères de la France a insisté tout particulièrement sur la dimension environnementale des crises, en rappelant que selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), 40% des conflits des 60 dernières années trouvent leur origine dans des questions liées au contrôle de ressources naturelles (bois, pétrole, terres fertiles, eau).  Il a estimé que les Nations Unies ne disposaient pas des outils susceptibles de prévenir les catastrophes qui s’annoncent.  M. Juppé a jugé qu’en l’absence d’une instance multilatérale forte, les tensions qui vont voir le jour dans l’avenir sur des questions liées aux ressources ou aux matières premières risquent d’être résolues bilatéralement, au détriment des plus faibles, et selon une logique de rapports de forces.  Il a déclaré qu’il faut y remédier à cette perspective en réformant la gouvernance internationale de l’environnement.  M. Juppé a donc souhaité que le prochain Sommet sur le développement durable, la Conférence Rio+20, soit l’occasion de jeter les bases d’une organisation mondiale de l’environnement.  Enfin, il a souligné que la diplomatie préventive, dans tous ses aspects, est pour la France un élément majeur d’une gouvernance juste et efficace. 


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a déclaré que, dans les pays sortis de conflit et désormais en paix, où le revenu par habitant atteint 5 000 dollars par an -revenu intermédiaire- le risque pour ces pays de rechuter dans un conflit était inférieur à 5%.  Par conséquent, le développement économique et social est source de stabilité, a constaté la représentante.  La déclaration présidentielle que le Conseil de sécurité s’apprête à adopter aujourd’hui met justement l’accent sur les liens entre sécurité et développement et esquisse une démarche globale incluant des éléments essentiels à une paix et une stabilité de long terme, a-t-elle indiqué.  Mme Rice a insisté sur l’importance revêtue par les conditions qui sont le plus souvent réunies dans une société pacifique, mais qui sont trop souvent négligeables.  Elle a considéré que les acteurs nationaux devaient identifier eux-mêmes les causes profondes du conflit, avec l’appui du système des Nations Unies, qui peut mettre en place des systèmes d’alerte rapide et prévenir ainsi une escalade dans les violences.  De son côté, l’ONU doit s’efforcer de recruter les meilleurs experts possibles en s’associant aux organisations non gouvernementales et aux universitaires, a préconisé Mme Rice.  Appuyant les missions de bons offices et de médiation du Secrétaire général, les États-Unis encouragent cependant les Nations Unies à recruter davantage de femmes pour des postes à responsabilité en matière de résolution de conflit et de reconstruction, a-t-elle dit.  Ma délégation, a indiqué Mme Rice en conclusion, refuse d’établir une distinction entre la prévention et le maintien de la paix, considérant qu’elles font partie d’une seule et même vision intégrée.


M. YANG JIECHI, Ministre des affaires étrangères de la Chine, a déclaré que l’expérience montrait qu’il est doublement encouragent d’empêcher les conflits en intervenant aux tous premiers stades des disputes et différends.  Il a jugé indispensable d’accroître les possibilités d’alerte précoce, tout en soulignant l’importance du rôle du Secrétaire général et des bureaux régionaux de l’ONU en ce domaine.  Nous devons adopter une stratégie intégrée en traitant les crises profondes des conflits, a-t-il dit en souhaitant l’avènement d’une stratégie globale et scientifique en matière de prévention des conflits.  Il a également évoqué la nécessité d’éliminer les causes économiques et sociales, qui sont sources de conflits.  Il a jugé important de renforcer la coordination en permettant à toutes les parties d’agir et de participer à la prévention des conflits.  M. Yang a ajouté que la diplomatie préventive est une tâche multidimensionnelle qui ne peut être menée sans la participation de toutes les parties concernées.  Il a déclaré que les organisations régionales et sous-régionales disposaient d’atouts moraux, géographiques et politiques, qui sont uniques en matière de prévention des conflits.  Il a invité l’ONU à coordonner les expertises de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil économique et social, et de faire appel aux moyens de la Banque mondiale dans le soutien à la prévention des conflits ou à la reconstruction.  Il a insisté que la prévention des conflits demeurait l’un des principes fondamentaux de la Charte de l’ONU. 


M. S. M. KRISHNA, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a déclaré que la diplomatie préventive pouvait devenir un élément essentiel de la réponse que la communauté internationale apporte à la plupart des risques de conflit dans le monde.  Il a jugé en effet que l’usage de la force n’était pas toujours la réponse la plus appropriée, face à la nature des conflits contemporains, qui ont beaucoup évolué et comprennent des acteurs non étatiques, des réseaux de criminalité transnationale organisée ou des menaces terroristes.  L’usage de la force provoque aussi souvent des dommages collatéraux, a déploré le Ministre, qui a donc vanté les mérites de la diplomatie préventive.  Les efforts entrepris sous l’égide de ce concept doivent l’être en complément et en appui des efforts consentis par les gouvernements des pays concernés, a souligné M. Krishna.  Toutefois, il a souligné l’importance d’un financement approprié pour permettre à ce soutien de porter ses fruits.  M. Krishna a, en conclusion, insisté sur les principes du consentement national, de l’impartialité et de l’équité, qui ont toujours guidé les actions de l’Inde dans le cadre des opérations de maintien de la paix, pour lesquelles son pays est un contributeur de troupes majeur.


M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA, Ministre des affaires étrangères du Brésil, a attiré l’attention des membres du Conseil sur les risques, dans le cadre d’un conflit, d’imposer à la hâte des mesures de coercition.  Il a dit que le développement était la meilleure des préventions, en soulignant la détermination du Brésil à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la bonne gouvernance.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à trouver les moyens de relever les défis spécifiques liés à de nombreuses crises.  Il a cité les limites des moyens militaires et d’un recours préventif à la force en jugeant que la prévention des conflits pouvait être mise en œuvre par de nombreuses autres méthodes.  Si la prévention des conflits, le maintien de la paix, et la consolidation de la paix demeurent trois outils importants, le désarmement est aussi un élément tout aussi indispensable, a-t-il dit.  Il faut éviter toute interprétation hâtive du mandat du Conseil de sécurité, a encore dit le Ministre des affaires des étrangères du Brésil.  Les vagues de révolte observées en Afrique du Nord donnent un sentiment d’urgence face aux revendications légitimes du peuple palestinien à obtenir un État.  L’exercice de la diplomatie préventive requiert du Conseil de sécurité qu’il travaille à la résolution de toutes les situations les plus déstabilisantes, ceci, sans exception, a dit M. Patriota.  Indiquant qu’il paraphrasait les termes employés hier par le Président Nicolas Sarkozy, de la France, sur la question du Moyen-Orient, le Ministre des affaires étrangères du Brésil a déclaré que les problèmes du monde ne pouvaient pas être réglés par un seul petit groupe de pays, alors que trop d’autres acteurs majeurs sont laissés de côté: « Il faut arrêter de croire qu’un seul pays, fut-il le plus grand, ou qu’un petit groupe de pays peuvent résoudre un problème d’une telle complexité.  Trop d’acteurs majeurs sont laissés de côté pour pouvoir aboutir… ». 


M. GUIDO WESTERWELLE, Ministre des affaires étrangères de l’Allemagne, a estimé que le Conseil de sécurité avait au cours des années considérablement amélioré ses outils, ceci afin de faire face à ses responsabilités en matière de paix et de sécurité.  Il a jugé essentiel de disposer d’un système d’alerte précoce dans les zones à risques, afin d’y prévenir l’escalade de violence.  Au delà des améliorations opérationnelles, M. Westerwelle a souligné l’importance de perspectives structurelles à long terme.  Mettant l’accent sur une vision de longue durée, il s’est dit persuadé de la nécessité d’une bonne compréhension des implications des changements climatiques en matière de paix et de sécurité internationales pour pouvoir prévenir les crises à venir.  Une lutte contre l’impunité peut aussi avoir un impact positif en matière de prévention, a souligné M. Westerwelle.  Il a ajouté que le Conseil de sécurité ne pouvait pas faire face seul à cette mission de prévention des conflits.  Il a indiqué qu’il est important de disposer d’arrangements régionaux en se félicitant des efforts croissants en matière de médiation déployés par l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), de l’Union africaine, de la Ligue des États arabes et de l’Union européenne.  Le Ministre a jugé que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales sera déterminante pour améliorer, encore plus, les capacités et outils de prévention  des conflits.  L’examen des capacités civiles a aussi pour objectif d’utiliser au mieux les capacités nationales de médiation, a-t-il précisé.  Il a déclaré que le développement d’une culture de prévention dépendait de la participation de tous les États et acteurs, et a souligné l’importance de la contribution des femmes en matière de prévention. 


M. SVEN ALKALAJ, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, s’est félicité de constater qu’un certain nombre d’organisations régionales et sous-régionales, comme l’Union européenne, étaient devenues des partenaires plus actifs de diplomatie préventive auprès des Nations Unies.  Il s’est donc déclaré favorable au renforcement du dialogue stratégique entre ces acteurs, même s’il a précisé que la volonté des parties prenantes sur le terrain demeurait l’élément crucial de la réussite de la diplomatie préventive.  La viabilité des accords de paix n’est possible qu’en aidant les parties au conflit à réunir les conditions nécessaires à la paix et en se penchant sur les causes profondes des conflits, a estimé le Ministre.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a jugé importante la mise en œuvre d’une stratégie de prévention des conflits prenant en compte les dangers émergents que sont le terrorisme international, la prolifération des armes de destruction massive, la criminalité transnationale et le trafic de stupéfiants.  Il a critiqué certaines tentations et pratiques, notamment l’application d’une politique du « deux poids deux mesures » lorsqu’il s’agit de mettre en place des sanctions et que l’on remarque que des membres du Conseil se mettent à agir en fonction des intérêts de telle ou telle partie.  La plupart des conflits étant des conflits interétatiques, le représentant a estimé que l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays ne pouvait être que contreproductive.  Il a mis l’accent sur la nécessité de rechercher des solutions diplomatiques et politiques au lieu de chercher de manière systématique à mettre en place des mesures coercitives.  Il a souligné l’importance des missions de maintien de la paix et des missions de bons offices du Secrétaire général.  M. Churkin a mis l’accent sur les avantages comparatifs dont jouissent les organisations régionales en matière de prévention des conflits en appuyant le projet de création de centres régionaux des Nations Unies pour la diplomatie préventive. 


Déclaration présidentielle


Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures sur la question et les déclarations de son président sur la diplomatie préventive, la prévention des conflits armés et la médiation et le règlement pacifique des différends.


Le Conseil accueille avec satisfaction le rapport du Secrétaire général intitulé « Les fruits de la diplomatie préventive » (S/2011/552) et prend acte des recommandations qui y sont formulées.


Le Conseil réaffirme qu’il assume la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales agissant conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies.  Il se dit également déterminé à renforcer l’efficacité de l’Organisation des Nations Unies s’agissant de prévenir l’éclatement des conflits armés, leur aggravation, leur propagation et leur reprise.


Le Conseil insiste sur le fait que prévenir le déclenchement, l’escalade et la reprise des conflits est un impératif politique, humanitaire et moral absolu, qui présente également des avantages économiques.


Le Conseil rappelle que la prévention des conflits demeure une responsabilité première des États, qui ont également pour responsabilité principale de respecter et de garantir les droits de l’homme de toutes les personnes qui se trouvent sur leur territoire et relèvent de leur juridiction, comme le prescrit le droit international en la matière, et réaffirme la responsabilité de chaque État de protéger sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité.


Le Conseil réaffirme que les mesures prises par l’ONU dans le cadre de la prévention des conflits devraient venir appuyer et complémenter, selon le cas, la mission dévolue aux gouvernements dans ce domaine.


Le Conseil loue les efforts entrepris par le Secrétaire général en usant de ses bons offices et en dépêchant représentants, envoyés spéciaux et médiateurs afin d’aider à faciliter des règlements durables et globaux.  Il encourage le Secrétaire général à utiliser de plus en plus et en toute efficacité tous les outils diplomatiques et modalités à sa disposition par la Charte en vue de renforcer la médiation et ses activités d’appui, et rappelle à ce sujet la résolution 65/283 de l’Assemblée générale en date du 28 juillet 2011, ainsi que le rapport du Secrétaire général en date du 8 avril 2009 (S/2009/189).  Le Conseil encourage également les parties concernées à agir de bonne foi lorsqu’elles concourent à tous efforts de prévention et de médiation, y compris ceux entrepris par l’Organisation des Nations Unies.


Le Conseil encourage le Secrétaire général à continuer d’améliorer la cohérence et la consolidation de l’action du système des Nations Unies afin d’optimiser les effets des efforts de prévention entrepris avec célérité par l’Organisation.  Il souligne l’importance des informations qu’il reçoit régulièrement à ce sujet et prie le Secrétaire général de poursuivre cette bonne pratique.


Le Conseil rappelle que toute stratégie globale de prévention des conflits doit notamment comprendre des éléments d’alerte rapide, de déploiement préventif, de médiation, de maintien de la paix, de désarmement concret et de responsabilité, ainsi que des actions de consolidation de la paix au lendemain de tout conflit, et reconnaît que ces éléments sont interdépendants, complémentaires et cumulatifs.


Le Conseil reconnaît que toute stratégie de prévention des conflits doit appréhender les causes profondes des conflits armés et des crises politiques et sociales dans leur globalité, notamment en favorisant le développement durable, l’élimination de la pauvreté, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des sexes, l’élimination de l’impunité, l’état de droit et le respect et la protection des droits de l’homme.


Le Conseil encourage le règlement pacifique des différends locaux au moyen d’arrangements régionaux, conformément au Chapitre VIII de la Charte.  Il salue les efforts déployés pour renforcer la coopération opérationnelle et institutionnelle entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales en matière de prévention des conflits, et réaffirme à cet égard qu’il importe de continuer à renforcer le dialogue stratégique et les partenariats et de promouvoir des échanges de vues et d’informations plus régulier au niveau opérationnel, afin d’accroître les capacités nationales et régionales relativement aux instruments de la diplomatie préventive, y compris la médiation, la collecte et l’analyse d’informations, l’alerte rapide, la prévention et l’instauration de la paix.


Le Conseil entend continuer à renforcer, d’un point de vue stratégique et sur le terrain, ses partenariats avec toutes les autres parties prenantes, notamment l’Assemblée générale, le Conseil économique et social, la Commission de consolidation de la paix et les institutions financières internationales comme la Banque mondiale.  Il envisage également de continuer à renforcer son partenariat avec les bureaux régionaux des Nations Unies.


Le Conseil souligne que pour être efficace, tout cadre de diplomatie préventive compte sur la participation active de la société civile, en particulier des jeunes, et d’autres parties intéressées comme les milieux universitaires et les médias.  Il réaffirme par ailleurs le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement des conflits et dans la consolidation de la paix et demande de nouveau de veiller à les voir participer pleinement à la diplomatie préventive, sur un pied d’égalité avec les hommes, et à ce qu’elles soient représentées dans les processus correspondants et y soient associées, conformément aux résolutions 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009) et 1889 (2009) et aux déclarations de son président S/PRST/2010/20 et S/PRST/2010/22.


Le Conseil estime qu’il importe de redoubler d’efforts –y compris de renforcer la coordination entre donateurs bilatéraux et multilatéraux concernés– en vue d’apporter en temps voulu un appui financier prévisible et cohérent pour permettre d’utiliser au mieux les instruments de diplomatie préventive, y compris la médiation, tout au long du cycle des conflits.


Le Conseil attend avec intérêt l’examen que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, ainsi que d’autres entités, notamment les institutions financières internationales, consacreront au rapport du Secrétaire général sur « Les fruits de la diplomatie préventive » et est favorable à l’idée de renforcer les moyens de l’Organisation des Nations Unies et de ses partenaires dans le domaine de la diplomatie préventive.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le « printemps arabe » et les questions africaines mobilisent l’attention des États Membres au deuxième jour du débat général

AG/11151

Le « printemps arabe » et les questions africaines mobilisent l’attention des États Membres au deuxième jour du débat général

22/09/2011
Assemblée généraleAG/11151
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

15e, 16e & 18e séances plénières

Matin, après-midi & soir


LE « PRINTEMPS ARABE » ET LES QUESTIONS AFRICAINES MOBILISENT L’ATTENTION

DES ÉTATS MEMBRES AU DEUXIÈME JOUR DU DÉBAT GÉNÉRAL


Les révolutions arabes ont une nouvelle fois constitué un thème dominant des interventions de la trentaine de chefs d’État et de gouvernement qui se sont succédés à la tribune de l’Assemblée générale, aujourd’hui, au deuxième jour de son débat général.  Le « printemps arabe » a montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler, a ainsi déclaré le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. David Cameron.


Les questions africaines ont également été largement débattues, à l’image de la première intervention devant l’Assemblée générale du nouveau Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouatarra.


« Mon ambition, a-t-il déclaré, est de faire de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020-2050 un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »


Nombre des dirigeants qui se sont exprimés ont également salué la « naissance » de l’État du Soudan du Sud et son adhésion à l’ONU.  « Ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes », a déclaré le Président du Kenya, M. Mwai Kibaki.


La situation en Somalie a également été commentée à plusieurs reprises, le Président du Gabon, M. Ali Bongo Ondimba, ayant notamment appelé à ce que « tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages ».


« La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film.  C’est une honte », s’est insurgé quant à lui le Premier Ministre de la Turquie, M. Recep Tayyip Erdoğan.


De son côté, le Président du Tchad, M. Idriss Déby Itno, a dénoncé la marginalisation des Africains au sein de l’ONU, plaidant pour une représentation africaine au Conseil de sécurité, avec droit de veto.  « Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent », a-t-il notamment observé.


Considéré par le Président du Conseil de l’Union européenne, M. Herman van Rompuy, comme « l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide », le « printemps arabe » représente, selon le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Cameron, « un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies ».  « Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner », a-t-il ajouté.


Le Roi de Bahreïn, M. Hamad Bin Issa Al Khalifa, dont le pays a été touché par des mouvements de protestation, a reconnu que le monde entrait « dans une nouvelle ère de changements importants », dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des « transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe ».  Il a assuré que le Bahreïn avait commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique. 


Par ailleurs, la situation à Chypre a occupé une large partie des discours du Président chypriote, M. Demetris Christofias, et du Chef du Gouvernement turc, M. Erdoğan.  Le premier a regretté que la partie chypriote turque se fût récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés.  Il a également accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée de l’île afin de pouvoir effectuer des prospections pour des gisements d’hydrocarbures dans la Zone économique exclusive de la République de Chypre. 


Le second a estimé que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, mais que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement.


Les changements climatiques ont, de même, suscité l’attention des États Membres, en particulier lors de l’allocution du Président des Palaos, M. Johnson Toribiong.  Celui-ci a fait savoir que son pays et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence un avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États.  « Il est grand temps de définir comment s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques », a affirmé M. Toribiong.


La journée aura été également marquée par l’intervention du Président de l’Iran, M. Mahmoud Ahmadinejad, qui a mis l’accent sur la nécessité d’instituer un nouvel ordre dans la gouvernance mondiale.  Ses références aux attentats du 11 septembre et à l’Holocauste ont provoqué le départ de la salle de l’Assemblée générale de plusieurs délégations, dont celles des États-Unis et de pays européens.


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 23 septembre, à partir de 9 heures.


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Suite du débat général


M. DEMETRIS CHRISTOFIAS, Président de Chypre, a fait savoir que son pays continuait de souffrir des conséquences de l’invasion militaire turque de 1974 et de la poursuite de l’occupation.  Il a notamment déploré le fait que les résolutions adoptées par l’ONU en la matière qui ne sont pas mises en œuvre à cause de « l’intransigeance turque ».  Il a rappelé qu’à la « suite de notre initiative », des négociations directes avaient été entamées en 2008 dans le but de créer une fédération bizonale et bicommunale.  « Notre objectif, a-t-il expliqué, est de trouver une solution mutuellement acceptable qui mette un terme à l’occupation et à la colonisation illégale par la Turquie des parties occupées de Chypre.  Nous voulons une solution qui réunifie le pays et sa population et qui crée les conditions pour une paix et une sécurité durables ».  Il a ensuite noté « avec regret » que la partie chypriote turque s’était récemment rétractée de la table des négociations, notamment au sujet de points de convergence déjà déterminés.  M. Christofias a affirmé que la question des personnes disparues était un aspect important du problème chypriote et qu’elle devait être résolue « quelle que soit l’évolution des négociations ».  Le Président a ensuite expliqué que la République de Chypre avait récemment lancé un processus d’exploration et d’extraction d’hydrocarbures au sein de sa Zone économique exclusive, mais que ces efforts étaient l’objet de menaces de la part de la Turquie.  Il a notamment dénoncé les manœuvres navales turques effectuées à proximité de cette Zone et qui, a-t-il affirmé, posent un réel danger pour la région.  Le Président a aussi accusé la Turquie d’avoir conclu un « accord » avec le « régime illégal » de la partie occupée afin de pouvoir effectuer ses propres prospections dans cette Zone.  « Je condamne cet acte illégal qui constitue une provocation non seulement pour la République de Chypre, mais pour l’ensemble de la communauté internationale », a lancé le Président.  Les dirigeants turcs et chypriotes turcs cherchent un fait accompli illégal, a déclaré M. Christofias avant d’appeler « le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l’ONU dans son ensemble » à faire savoir à la Turquie que la poursuite de la violation du droit international et européen ne saurait être tolérée.


Le Président de Chypre a poursuivi en rappelant que sa partie avait proposé la restitution de la ville de Famagusta -« une ville européenne dans laquelle ses habitants ne peuvent plus vivre depuis l’occupation turque de 1974 »-sous l’Administration de l’ONU.  La mise en œuvre de cette proposition, a-t-il indiqué, donnerait un élan notable aux négociations et renforcerait la confiance entre les deux communautés.  Il a ensuite regretté que la Turquie refuse de mettre en œuvre les résolutions 550 et 1984 du Conseil de sécurité qui traitent de cette proposition.  M. Christofias s’est par ailleurs félicité de ce que le Secrétaire général, lors de ses récentes réunions avec les deux parties, ait fait référence à la résolution 1251 du Conseil de sécurité.  Pour le Président de Chypre, la seule manière d’aller de l’avant est d’honorer les engagements que les deux parties ont pris devant le Secrétaire général.  Avant de conclure son intervention, le Président de Chypre a appelé à la reprise des négociations entre Israël et la Palestine.  Il a également estimé qu’un nouveau modèle de croissance s’imposait, centré sur la réduction des inégalités, l’élimination de la pauvreté et la sauvegarde des droits des travailleurs et de l’ensemble de la population.


M. JAKAYA MRISHO KIKWETE, Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé que cette année son pays célébrait le cinquantième anniversaire de son indépendance en même temps que ses 50 années en tant que Membre des Nations Unies, une indépendance consécutive à la réunification entre le Tanganyika et Zanzibar, le 26 avril 1964.  Indiquant que la Tanzanie avait toujours cru en la médiation comme base de prévention et de règlement pacifique des conflits, le Président a souligné l’engagement de son pays dans ce domaine en Afrique.  Il a en outre affirmé que la Tanzanie contribuait régulièrement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, grâce à l’octroi de troupes et de personnels civils. 


M. Kikwete a évoqué le rôle du fondateur de la nation tanzanienne, Julius Nyerere, qui a toujours été opposé à toute forme de colonialisme, d’apartheid et de discrimination raciale sur le continent africain et ailleurs.  Julius Nyerere estimait que l’indépendance de la Tanzanie ne pouvait être complète tant que d’autres peuples d’Afrique seraient encore sous le joug du colonialisme, a-t-il expliqué.  C’est dans ce contexte qu’il soutenait tous les mouvements d’émancipation sur le continent, et que la capitale du pays, Dar es-Salaam, fut le siège du Comité de libération de l’OUA.


Tout en réaffirmant le soutien à l’indépendance de tous les peuples, le Président de la Tanzanie a rappelé son soutien à celle de la Palestine.  Il a souhaité que Palestiniens et Israéliens puissent vivre en paix et en harmonie en tant qu’États voisins souverains.  Il a également appelé à la fin de l’embargo économique dont Cuba est victime. 


Concernant les réformes des organisations internationales, il a souhaité des changements au sein des institutions de Bretton Woods, des Nations Unies et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin que la voix des pays en développement soit plus entendue, notamment au sein du Conseil de sécurité, a t-il ajouté.  Les bonnes intentions des Nations Unies n’ont pas toujours été mises en œuvre, a-t-il regretté, évoquant à ce sujet le non-respect des promesses d’aides des donateurs comme principale raison de cette situation.


Le Président tanzanien a regretté que la Somalie soit toujours dans une situation conflictuelle nécessitant l’intervention des Nations Unies, de l’Union africaine et de la communauté internationale.  Il a, de ce fait, attiré l’attention des États Membres sur la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique et le phénomène de piratage des navires dans le golfe d’Aden, situation mettant a mal les économies des pays environnants, y compris la Tanzanie qui a connu 13 attaques de pirates depuis l’an dernier avec cinq cas de prise d’otages.  M. Kikwete a enfin regretté l’attaque terroriste ayant touché le Bureau des Nations Unies au Nigéria et a invité les Nations Unies à considérer le terrorisme parmi ses priorités.


M. HAMAD BIN ISSA AL KHALIFA, Roi de Bahreïn, a affirmé que le monde entrait dans une nouvelle ère de changements importants, dans laquelle les avancées des moyens modernes de communication avaient amené des transformations rapides et sans précédent, notamment dans le monde arabe.  Il y a plus d’une décennie, le Bahreïn a commencé à procéder à plus de réformes et d’améliorations pour répondre aux aspirations de sa population en matière de liberté, de démocratie et de participation politique, a assuré le Roi Hamad, affirmant qu’une approche de dialogue et de consensus avait constamment été privilégiée.  L’authenticité de notre peuple, notre culture, notre développement économique et politique libre et notre engagement en faveur des principes universels des droits de l’homme, de la coexistence pacifique et du respect des opinions des autres constituent la réelle richesse de notre pays, a-t-il dit.


Le Roi Hamad a également estimé qu’aujourd’hui, plus que jamais, la communauté internationale avait une opportunité de rendre justice au peuple palestinien en reconnaissant un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale.  En outre, il a apporté son soutien à l’Initiative du Golfe pour maintenir la sécurité, la stabilité et l’unité du Yémen, tout en répondant aux aspirations de son peuple.  Conformément à son engagement dans les actions internationales concertées, Bahreïn n’a pas hésité à contribuer et à participer au Groupe des Amis de la Libye, et il contribue également aux forces de maintien de la paix en Afghanistan.  L’humanité et la communauté internationale ont beaucoup à gagner au niveau mondial des contributions de la civilisation arabo-islamique, a déclaré le Roi de Bahreïn.  Les arabo-musulmans, les chrétiens, les juifs et les fidèles d’autres religions et croyances, ne peuvent que coexister dans un « État civil » basé sur la tolérance, a-t-il dit.  


M. ALASSANE OUATTARA, Président de la Côte d’Ivoire, a tout d’abord remercié tous « les pays amis qui ont cru en notre combat pour la démocratie tout au long de la longue crise électorale qu’a connue son pays ».  Il a notamment salué « l’engagement déterminé » du Secrétaire général en faveur de la paix dans le monde.


Commentant ensuite le thème de la session actuelle de l’Assemblée générale, il a estimé que la mise en œuvre d’une approche fondée sur l’usage et la promotion de la négociation pour la résolution des conflits exigeait l’implication « déterminée et solidaire » des États Membres à trouver des solutions négociées aux plans sous-régional, régional et international.


La paix tant recherchée, a poursuivi le Président, ne peut être possible sans un développement économique plus équilibré et plus juste du monde.  Il a estimé qu’une forte croissance économique devait être accompagnée d’un accès transparent et équitable à l’emploi, notamment celui des jeunes, ainsi qu’à la sécurité et à la justice.  Il est donc urgent, a-t-il souligné, d’adopter un nouveau modèle de développement bâti autour de la contrainte environnementale, qui assure à la population la satisfaction de ses besoins d’emplois, de sécurité et de justice.


Rappelant la gravité croissante des catastrophes naturelles, il a appelé les États Membres à combiner leurs efforts pour trouver des solutions novatrices et efficaces pour faire face à ces catastrophes qui, a-t-il affirmé, font peser une menace notable à la paix et à la sécurité internationale.  Face à ces drames, l’engagement politique de tous les États Membres est indispensable. 


Le Président de la Côte d’Ivoire a par ailleurs appelé à la mobilisation de ressources suffisantes pour financer la recherche et le développement dans les domaines de l’agriculture vivrière, des énergies renouvelables et du développement durable.  Pour ce faire, il a préconisé une réduction « substantielle » des fonds consacrés aux dépenses militaires.


M. Ouattara a ensuite fait savoir que depuis sa prise de fonctions, des discussions étaient en cours pour la signature d’accords avec les voisins de la Côte d’Ivoire pour permettre le retour volontaire et rapide des réfugiés ivoiriens et prémunir les frontières contre les mouvements d’hommes armés, les trafics de drogues, de pierres et de métaux précieux.  Il a indiqué que le « vivre ensemble » constituait la pierre angulaire de son programme de gouvernement, ajoutant qu’il avait érigé la réconciliation nationale au rang des priorités avec la création de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation. 


Il a également fait savoir que le Programme présidentiel d’urgence, lancé au mois de mars et qui entend améliorer les services sociaux de base, avait déjà produit des effets bienfaiteurs sur la vie de la population, notamment celle d’Abidjan.  Le Président a également assuré que l’organisation d’élections législatives avant la fin de l’année permettrait de renforcer la démocratie et la justice sociale en Côte d’Ivoire.  « Mon ambition, a-t-il fait savoir, est de faire de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020-2050, un pays émergent, une nation réconciliée avec elle-même, et un État moderne respectueux de l’indépendance de la justice. »


Nous sommes confrontés à un monde nouveau, a estimé M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président du Chili, insistant sur les opportunités créées par la révolution des technologies de l’information pour le développement matériel et spirituel de millions de personnes dans le monde.  Mais les crises financières, le terrorisme, le trafic de drogues ou la criminalité transnationale organisée, tout comme les changements climatiques ou les crises sanitaires vont au-delà de ce qu’un gouvernement peut faire de son côté, et réclament des actions plus concertées et plus efficaces de la communauté internationale.  « C’est pourquoi, nous devons de manière urgente nous repositionner et repenser les structures de chacune des organisations, comme les Nations Unies, la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, qui ne répondent plus aux réalités, défis, problèmes et opportunités du présent et du futur », a-t-il estimé.


Comme toutes les révolutions du passé, la révolution du XXIe siècle, basée sur les technologies de l’information, sera généreuse pour ceux qui sauront la suivre, et indifférente, voire cruelle, pour ceux qui la laisseront passer, a averti le Président du Chili, rappelant que malgré tous ses atouts, l’Amérique latine avait raté le train de la révolution industrielle et restait un continent sous-développé, profondément inégal, avec près d’un tiers de sa population vivant dans la pauvreté.  Toutefois, la communauté des Nations a pour responsabilité de garantir que les bénéfices de cette révolution atteignent toutes les régions de la planète.  Et pour cela, la liberté, comprise comme un concept intégral, est à nouveau la source inextinguible du progrès de l’humanité, a dit le Président du  Chili, assurant du soutien continu de son pays à toutes les avancées démocratiques, notamment au travers des organes de défense des droits de l’homme des Nations Unies.  Le pays a également conclu des accords de commerce libre avec 58 pays, représentant 80% de la population mondiale, et a développé la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. 


Toutefois, tout ceci ne sera pas suffisant, a-t-il dit, appelant à construire de nouveaux piliers de développement et à investir dans la science et la technologie, en particulier dans le capital humain qui est sans aucun doute la véritable ressource renouvelable que l’humanité possède.  Il est indéniable que la course pour le développement et le futur doit être remportée dans les salles de classe, a-t-il rappelé.  M. Piñera Echeñique a enfin rappelé que le Président de la Bolivie avait hier, devant l’Assemblée générale, réclamé pour son pays un accès souverain sur l’océan Pacifique à travers le territoire du Chili.  Il n’y a pas de questions territoriales en suspens entre le Chili et la Bolivie, elles ont été réglées, une bonne fois pour toutes en 1904, par la signature du Traité de paix et d’amitié, a-t-il assuré, estimant que son pays avait accordé à la Bolivie des arrangements qui allaient bien au-delà de ceux envisagés dans la Convention des Nations Unies sur les pays enclavés.


M. MAHMOUD AHMADINEJAD, Président de la République islamique d’Iran, a estimé qu’il était clair que malgré ses efforts, y compris la création des Nations Unies, l’humanité était encore loin de répondre aux aspirations des populations.  La plupart des Nations dans le monde ne sont pas satisfaites de la situation internationale actuelle, a-t-il dit, rappelant que 3 milliards de personnes vivaient avec moins de 2,5 dollars par jour et que plus d’un milliard d’entre elles n’ont pas un seul repas suffisant par jour.  « Ne pensez-vous pas que la cause profonde de ces problèmes réside dans la manière dont le monde est gouverné? s’est-il interrogé avant de dénoncer l’esclavagisme, le colonialisme, les guerres de Corée et du Viet Nam, le sionisme, les régimes militaires en Asie, en Afrique et en Amérique latine, l’utilisation de l’arme nucléaire ou encore le soutien à Saddam Hussein pendant la guerre contre l’Iran, ainsi que le surendettement de certains gouvernements qui, selon lui, dominent les travaux du Conseil de sécurité.  Comme la lumière du jour, il est également clair que les mêmes esclavagistes et puissances coloniales qui ont lancé les deux guerres mondiales continuent à contrôler les centres politiques mondiaux, a-t-il dénoncé.


Si certains pays européens utilisent encore l’Holocauste comme excuse pour céder aux sionistes, ne devrait-il pas exister une obligation pour les esclavagistes et puissances coloniales de payer réparation aux nations affectées? a poursuivi le Président iranien, en dénonçant la présence de bases américaines à travers le monde.  La question centrale est celle de la recherche des causes profondes de ces attitudes, a-t-il estimé, y voyant la patte d’un ensemble de personnes en contradiction avec les instincts humains profonds, qui n’ont plus la foi en Dieu et en ses prophètes, ni respect pour les autres, et s’autoproclament gardiens de tous les gouvernements et nations.  Ces personnes plantent la discorde entre diverses nations en utilisant l’hypocrisie et la tromperie au service d’objectifs diaboliques, a-t-il dit.


M. Ahmadinejad a rappelé que la liberté, la justice, la dignité et la sécurité durable étaient le droit de toutes les nations et a estimé que la gouvernance du monde exigeait aujourd’hui des réformes fondamentales.  L’idée de la création des Nations Unies demeure extraordinaire et leurs capacités doivent être utilisées au service de causes qui sont nobles, a-t-il dit, mais il faut y garantir la participation collective des nations et une gestion commune et partagée du monde, selon les principes inscrits dans le droit international.  C’est la seule voie vers la prospérité et le bien-être de la société humaine, a-t-il insisté.  Cette gestion commune est le droit légitime de tous les pays, et ce droit doit être défendu par les représentants des États, malgré les efforts d’« une certaine puissance » pour entraver ces efforts, a-t-il ajouté, avant de dénoncer la composition « injuste et inéquitable » du Conseil de sécurité.  Le Président iranien a réitéré la proposition qu’il avait formulée l’année dernière, de désigner la décennie à venir comme celle de la décennie de la « Gestion mondiale partagée et collective ».  La création d’une société suprême et idéale est la promesse garantie d’Allah, a-t-il assuré, en déclarant que le monde connaissait aujourd’hui un réveil en terre islamique, en Asie, en Europe et en Amérique.  Ces mouvements influencent la réalisation de la justice, de la liberté et de la création d’un avenir meilleur, a-t-il précisé. 


Mme ROZA OTUNBAEVA, Présidente du Kirghizistan, a souhaité que l’ONU soit attentive aux changements qui bouleversent l’humanité afin de les anticiper.  Elle a évoqué le « printemps arabe » qui a vu des pays d’Afrique du Nord se libérer des pouvoirs politiques tyranniques.  Elle a souligné que son propre pays est passé d’un régime présidentiel rigide à une démocratie au cours de cette même période.  En plus des élections parlementaires crédibles que le son pays a tenues à la fin de l’année dernière, le Kirghizistan tiendra une élection présidentielle à la fin 2011 et invite des observateurs internationaux à venir la suivre.  Le peuple du Kirghizistan ne doit pas se diviser au moment où le monde entier l’observe.  


La Présidente a regretté que des pays aient souffert des dictateurs qui ont pillé les richesses du peuple.  Elle a réclamé des mesures de sanctions de l’ONU afin que justice soit faite.  Évoquant l’Afghanistan, elle a noté que la paix doit être construite par la formation des forces de l’ordre nationales afin quelles prennent le relais de la coalition internationale.  Au sujet de la « médiation », thème du débat général de cette année, la Présidente a souligné que le rôle des femmes est primordial à ce propos, car « quand la paix est menacée, les hommes prennent les armes alors que les femmes adoucissent les contradictions et travaillent pour la paix », a-t-elle expliqué.  Les femmes constituent un tiers du Parlement dans mon pays, s’est-elle félicitée.  Au sujet de la situation au Moyen-Orient, la Présidente a souhaité voir la Palestine devenir un Membre à part entière des Nations Unies.  Elle a rappelé que son pays avait reconnu la Palestine comme État indépendant dans les frontières de 1967, et ce, depuis 1995.  Elle a souhaité également que son pays soit élu en tant que membre du Conseil de sécurité pour la période 2012-2013 et en a appelé au soutien des autres Membres des Nations Unies.  S’exprimant au sujet des mutations que connaît le monde, elle a souhaité que la jeunesse de la planète soit portée par les innovations scientifiques, et qu’elle soit habitée par la paix.  C’est aujourd’hui que nous construisons le monde de demain, a-t-elle conclu dans un appel au soutien de la jeunesse mondiale.


SHEIKH NASSER AL-MOHAMMAD AL-AHMAD AL-SABAH, Premier Ministre du Koweït, a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud au sein des Nations Unies et a rappelé que ce nouveau pays a reçu la reconnaissance du Koweït le premier jour de son indépendance.  Il n’y a pas de doute, a t-il affirmé, que l’importance de l’ONU va grandissant depuis sa mise en place il y a plus de 60 ans.  Citant en exemple la gestion de la crise alimentaire que connaît la corne de l’Afrique, il a insisté sur la légitimité et la crédibilité des Nations Unies, mais a reconnu que des réformes de ses différentes instances seraient opportunes afin de les rendre encore plus efficaces. 


Au sujet du Moyen-Orient, le Premier Ministre a regretté la détérioration de la stabilité de la région et a rappelé que son pays attachait une grande importance à des relations cordiales avec ses voisins.  À ce propos, il a invité la République islamique d’Iran à adhérer aux résolutions de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) afin de dissiper les doutes et les craintes qui entourent son programme nucléaire.  Le Premier Ministre a également regretté qu’après six décennies, les Nations Unies n’aient toujours pas réglé le problème israélo-palestinien.  Soulignant que la souffrance du peuple palestinien ne fait qu’augmenter, il a dit son étonnement de voir la communauté internationale spectatrice des exactions que commettent les Israéliens à l’encontre des Palestiniens, ceci en violation des instruments du droit international.  Réaffirmant son engagement en faveur de l’admission de la Palestine au sein des Nations Unies en tant qu’État Membre indépendant et installé à l’intérieur des frontières de 1967, il a souhaité qu’Israël se retire des territoires occupés, y compris le Golan syrien et cesse toute violation de la souveraineté du Liban.


Rappelant que le Koweït commémore, cette année, le cinquantième anniversaire de son indépendance, ainsi que le vingtième anniversaire de sa libération de l’invasion iraquienne, il a fait mention de la crise économique mondiale qui sape les efforts de croissance des pays du monde.  Il a invité la communauté internationale à restructurer les instances financières internationales afin de les adapter à la situation actuelle.  Le Premier Ministre a aussi exhorté les Nations Unies à jouer un plus grand rôle sur la scène internationale, notamment dans la promotion du dialogue des civilisations et de la tolérance.  Il a en outre invité les pays donateurs à respecter leur promesse de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, et a indiqué que depuis son indépendance, son pays a consacré près de 15 milliards de dollars pour assister les pays en développement et a augmenté sa contribution pour certaines institutions du système des Nations Unies. 


M. DAVID CAMERON, Premier Ministre du Royaume-Uni, a estimé que le « printemps arabe » avait montré que les Nations Unies ont besoin d’une nouvelle façon de travailler.  Il représente un défi pour nous-mêmes mais aussi pour l’Union africaine, les Israéliens et les Palestiniens, l’Iran et la Syrie, et enfin les Nations Unies, a-t-il dit.  Nous devons être unis dans l’action, et pas seulement quand il s’agit de condamner, a dit M. Cameron.  Les peuples du monde arabe ont bien fait connaître leurs aspirations, et parvenir à ces ambitions ne sera pas aisé, a-t-il averti, ce sera un long processus qui ne fait que commencer.  « Nous ne pouvons pas garantir que ce processus de réforme sera irréversible mais nous avons une responsabilité auprès de ces populations trop longtemps flouées par leurs gouvernements, tout comme nous l’avons fait en venant en aide aux pays de la révolution de 1989 », a-t-il expliqué.


Le Premier Ministre britannique a estimé que l’erreur trop souvent commise était de penser que vouloir la démocratie impliquait une aspiration aux normes occidentales.  La démocratie n’est pas un évènement mais un processus, a-t-il déclaré, notant par exemple que l’Iran, bien qu’il soit un pays où des élections sont régulièrement organisées, était aussi un pays sans liberté.  Les élections ne sont donc pas suffisantes pour dire que la démocratie est là, a-t-il insisté.  Le Premier Ministre a assuré que les Libyens s’étaient libérés eux-mêmes en faisant preuve d’une immense bravoure face à Qadhafi, et a salué le grand leadership dont le Conseil national de transition a fait preuve.  Cette révolution appartient réellement au peuple libyen et montre que les Nations Unies ne sont pas plus efficaces que les États Membres qui se réunissent pour appliquer leur volonté, a estimé M. Cameron, affirmant qu’une coalition d’États avait pu empêcher Benghazi de connaître les massacres commis au Rwanda ou à Srebrenica.


Toutefois, le Premier Ministre a insisté sur les nombreux défis qui demeurent, notamment économiques, dans les pays touchés par le « printemps arabe ».  Moins de 4% du commerce de l’Afrique du Nord se fait avec ses voisins, ce qui en fait la région la moins intégrée du monde, a-t-il par exemple expliqué, et c’est au contraire un capitalisme corrompu qui s’est mis en place.  La région doit donc s’engager dans une économie libre et 50 millions de nouveaux emplois au moins doivent être créés, uniquement pour accompagner la démographie de ces pays, ce qui représente un défi immense, a-t-il dit.  Le printemps arabe ne réussira pas si les femmes ne continuent pas d’y être associées.  « Maintenant, nous ne devons pas perdre notre détermination et le moment est venu de s’assurer que les milliards d’euros versés par l’Union européenne à cette région appuient les réformes économiques », a déclaré M. Cameron.  Le Premier Ministre a aussi appelé à des réformes au Yémen et surtout en Syrie où « le Conseil de sécurité doit agir ».  L’Afrique doit aussi assumer ses responsabilités, a-t-il dit, faisant remarquer que de nombreux pays d’Afrique australe avaient été très lents à réagir face au printemps arabe, après avoir eu à lutter eux-mêmes si durement pour leurs indépendances.  Les Palestiniens ont eux aussi le droit à un État viable, a-t-il rappelé, estimant qu’aucune résolution ne peut se substituer à la volonté politique de parvenir à la paix entre Israéliens et Palestiniens.  « Notre rôle doit être d’appuyer ces discussions », a-t-il répété, car la réforme est la base de la stabilité à long terme que menacent les régimes autoritaires au lieu de la garantir.  Le printemps arabe est aussi un moyen de vaincre le terrorisme, Al-Qaida mais aussi l’idéologie du terrorisme qui s’est bâtie sur l’oppression des peuples, a enfin conclu M. Cameron.


M. HERMAN VAN ROMPUY, Président du Conseil de l’Union européenne, a rappelé qu’il n’était pas le premier Président du Conseil à s’exprimer devant l’Assemblée générale mais qu’il était le premier à le faire en tant que Président à plein temps.  Cette innovation institutionnelle donne à l’Union européenne une plus grande continuité et cohérence, notamment vis-à-vis des dirigeants du reste du monde, a-t-il estimé.  En un an, le monde a changé et, sous certains aspects, pour le meilleur, a-t-il dit, évoquant l’espoir de millions de personnes sorties de la pauvreté en Asie, en Amérique latine et en Afrique, l’espoir pour la République du Soudan du Sud qui vient de rejoindre les Nations Unies, et surtout l’espoir en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.  Pour nous, le « printemps arabe » est l’un des développements politiques les plus marquants depuis la fin de la guerre froide, a déclaré M. Van Rompuy, assurant le monde arabe du soutien de l’Europe dans toutes les étapes de la transformation démocratique et des réformes économiques au profit des populations.  « Nous avons d’ailleurs fait davantage en Libye », a-t-il dit, saluant la mise en œuvre du principe de « responsabilité de protéger ».  Il existe maintenant une « responsabilité d’aider » la nouvelle Libye dans sa transition politique, la réconciliation et la reconstruction d’un pays uni.  Le « printemps arabe » a livré deux enseignements, a poursuivi M. Van Rompuy.  Le premier, c’est que le monde n’a pas sombré dans une ère de haine religieuse après le 11 septembre.  La population dans les rues de Tunis, du Caire ou de Benghazi aspirait à la dignité, à un emploi, à la justice sociale et à la démocratie, a-t-il assuré.  Le deuxième enseignement est qu’un système politique qui ne permet pas le changement pacifique restera profondément faible.


Toutefois, les causes de préoccupation sont nombreuses, a souligné M. Van Rompuy, évoquant notamment la Somalie, la sûreté nucléaire, les agissements des dirigeants de l’Iran et de la Corée du Nord ou encore les changements climatiques.  Face à toutes ces menaces, l’Union européenne prend ses responsabilités à la fois en matière de soutien financier, d’investissement humain et d’expertise dans la médiation.  M. Van Rompuy a notamment appelé à une reprise immédiate des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne.  Le statu quo n’est pas une option et le vent qui a soufflé à travers toute la région devrait vous aider à sortir de l’impasse, a-t-il lancé aux dirigeants des deux parties.  Le Président du Conseil européen a rappelé que dans quelques semaines, une femme quelque part sur la planète allait mettre au monde un enfant qui portera la population mondiale à 7 milliards d’individus.  Les tendances de production et de consommation actuelles ne sont pas tenables, a-t-il prévenu, appelant à des engagements renouvelés en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable lors de la Conférence Rio+20, l’année prochaine.  L’Europe y assumera ses responsabilités « avec détermination et dans un esprit de solidarité », a-t-il promis, comme elle le fait dans la crise de la dette souveraine à laquelle elle est confrontée.  « Vous pouvez être certains que nous allons continuer à faire ce qu’il faudra pour sauvegarder la stabilité financière de l’Eurozone », a assuré M. Van Rompuy, demandant aussi aux autres principales économies de prendre leurs responsabilités.  Les 500 millions d’Européens refusent le repli sur soi, la « splendide isolation », ce monde est notre monde, à nous tous, a-t-il enfin déclaré.


M. RECEP TAYYIP ERDOĞAN, Premier Ministre de la Turquie, a indiqué que le monde traversait des temps d’une mise à l’épreuve sans précédent, déplorant que l’ONU ne fasse pas preuve du leadership nécessaire.  Il a ainsi indiqué avoir été personnellement témoin des conséquences catastrophiques de l’inaction de l’ONU en Somalie qui est frappée par une terrible tragédie.  La population somalienne est en train de mourir devant les yeux du monde et la communauté internationale regarde comme s’il s’agissait d’un film.  C’est une honte, a-t-il martelé.  Il a ensuite invité à se pencher plus avant sur l’histoire honteuse, marquée par les blessures profondes de la colonisation, qui a conduit à une telle tragédie.  « La justice dans le monde n’est pas possible si l’on ne fait rien en Somalie », a-t-il dit, avant d’indiquer que la Turquie avait collecté 300 millions de dollars d’aide ces derniers mois et lancé toute une série de projets d’infrastructures en Somalie.  « Pourquoi la communauté internationale ne porte-t-elle pas la même attention que sur d’autres conflits », s’est-il interrogé.


M. Erdoğan a ensuite affirmé que la situation au Moyen-Orient constituait l’entrave la plus importante à l’instauration de la justice internationale.  Il a rappelé qu’Israël n’avait pas respecté 89 résolutions du Conseil qui sont pourtant juridiquement contraignantes.  Il a déploré que l’ONU n’ait pris aucune mesure pour mettre fin à la tragédie en Palestine, en dépit de l’indignation qu’elle suscite.  « Cette plaie sanglante doit être guérie », a-t-il soutenu.  Le Premier Ministre a mentionné les exactions perpétrées par Israël, comme les bombardements au phosphore, déplorant que ce pays ne soit pas sanctionné.  « C’est la Palestine qui est occupée par Israël, non pas l’inverse », a-t-il déclaré, ajoutant que même pour envoyer une livraison de tomates aux Palestiniens, il fallait la permission des Israéliens.  Il a ensuite appuyé sans réserves la demande d’admission de la Palestine à l’ONU et appelé à la levée du blocus illégal qui frappe Gaza.  Faisant référence à l’incident de la flottille humanitaire en direction de Gaza, il a ensuite déclaré que la Turquie ne pouvait rester passive devant les conséquences tragiques de l’attaque qui s’était produite dans les eaux internationales.  Il a exhorté Israël à présenter ses excuses et à indemniser les familles des « martyrs ».  La Turquie n’a aucune animosité vis-à-vis du peuple israélien, a-t-il affirmé, imputant les tensions actuelles aux décisions préjudiciables du Gouvernement israélien.  Aucun gouvernement ne peut plus persécuter son propre peuple, a-t-il dit.  Cette époque est révolue, a-t-il affirmé, en citant les révolutions en Tunisie, en Égypte et en Libye.  Il a ensuite exhorté -avec la franchise d’un pays ami- le Gouvernement syrien à respecter les aspirations de son peuple.


S’agissant de la situation à Chypre, M. Erdoğan a indiqué que les paramètres d’une solution diplomatique existaient, avant d’ajouter que la partie chypriote grecque n’était pas prête et que la partie chypriote turque n’était toujours pas sortie de son isolement.  Il a affirmé que la Turquie ne laisserait pas les espérances des Chypriotes turcs pâtir de l’intransigeance de l’Administration chypriote grecque, qui doit se garder de toute initiative, notamment dans les eaux territoriales, susceptible d’alimenter les tensions.  Si cela n’était pas respecté, a prévenu M. Erdoğan, « la Turquie ferait ce qui est nécessaire ».  Avant de conclure, il a annoncé que son pays était candidat pour siéger au sein du Conseil de sécurité au cours de la période 2015-2016.


M. BRONISLAW KOMOROWSKI, Président de la Pologne, s’est félicité du fait que, grâce à une transformation politique et économique profonde, son pays était devenu une démocratie stable, avec une économie dynamique, jouissant de bonnes relations avec les pays d’Europe centrale et orientale.


Évoquant la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne (UE), il s’est félicité que l’UE ait permis à l’Europe de connaître une longue période sans précédent de paix, favorisé le développement social et économique, progressé dans le domaine des droits de l’homme notamment et équilibré les niveaux de développement.  L’Union européenne, a-t-il affirmé, a introduit un nouveau degré de qualité dans la vie internationale.  Il s’est dit confiant que les difficultés que rencontrent actuellement certains membres de l’UE seront surmontées et que l’UE émergera de cette crise d’autant plus forte.  La Pologne, a-t-il assuré, n’épargnera aucun effort pour s’assurer de l’engagement de l’Europe sur les questions internationales.


M. Komorowski a ensuite évoqué le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre pour souligner que l’atmosphère de la guerre contre le terrorisme n’avait pas contribué à favoriser la confiance ni à renforcer la stabilité internationale.  Affirmant dans un deuxième temps que la solution à tout problème international notable menait toujours aux Nations Unies, il a estimé que l’objectif principal de l’Organisation se trouvait au sein de la nouvelle « axiologie » adoptée dans le Document final du Sommet mondial de 2005 et qui met l’accent sur le développement, la sécurité et les droits de l’homme.  Il a fait état de la complexité des problèmes liés au développement, lesquels, a-t-il précisé, touchent à des questions relevant du commerce, de la finance, de la croissance économique, de la protection de l’environnement et de l’aide au développement.  Il a ensuite fait allusion aux limites de l’expérience de l’ONU dans un domaine « où les instruments principaux sont aux mains d’entités privées, notamment les entreprises, les banques, les bourses et les fonds d’investissement ».


Pour le Président polonais, il est temps de s’accorder sur un nouveau paradigme d’échange économique mondial.  Il a appelé les États connaissant un important surplus d’importations par rapport aux exportations à s’orienter vers la croissance, « stimulée par la consommation à l’échelon national ».  Si on ne parvient pas à équilibrer les relations entre les économies orientées vers l’exportation et celles qui favorisent l’importation, a-t-il averti, de nouveaux troubles verront le jour.  Il a également engagé les pays en développement à assumer davantage de responsabilités dans l’économie mondiale.


M. Komorowski s’est ensuite dit inquiet de la perspective d’un retour à la course à l’armement et de l’augmentation des dépenses en armement.  Il a notamment estimé qu’une attention plus grande devait être accordée aux catégories d’armes qui provoquent la majorité de morts dans le monde, les conflits et qui sont les principaux facteurs d’instabilité.  Il a également appelé à la réforme de la Conférence sur le désarmement.


M. MWAI KIBAKI, Président du Kenya, s’est félicité de la « naissance de la nation du Soudan du Sud en juillet dernier ».  Cela est le fruit d’intenses négociations sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), sous la supervision de l’Union africaine et de la communauté internationale, a-t-il précisé, remettant ainsi ce point dans le contexte du débat actuel sur la médiation en tant qu’instrument du règlement des conflits.  Pour lui, ce succès est la preuve du potentiel réel qu’ont les organisations régionales pour venir à bout de conflits complexes.  Pour sa part, le Kenya s’engage à soutenir le Soudan et le Soudan du Sud, tant sur le plan bilatéral qu’à travers l’IGAD, pour trouver une solution aux questions toujours en suspens dans le contexte de l’Accord de paix récent.


Abordant ensuite la situation en Somalie, il s’est dit optimiste suite à l’amélioration récente de la situation sécuritaire à Mogadiscio.  Cela a été possible, selon lui, grâce aux efforts du Gouvernement fédéral de transition, avec le soutien de la Mission de l’Union africaine et de la communauté internationale.  « La sortie des Shabaab de Mogadiscio offre une opportunité unique à la communauté internationale pour se rallier derrière la Somalie en vue de consolider les acquis », a encore estimé le Président Kibaki.  Il a saisi cette occasion pour lancer un appel à l’ONU et à la communauté internationale pour qu’elles soutiennent l’IGAD et travaillent en partenariat avec le Gouvernement fédéral de transition.  Un premier pas en ce sens serait, selon lui, de renforcer le mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en la dotant des ressources nécessaires.


S’agissant de la question des changements climatiques, et notamment de leurs manifestations terribles dans la corne de l’Afrique, il a souligné que cette région connaissait la pire sécheresse en 60 ans.  Cela provoque une intense compétition pour le peu de ressources disponibles et engendre des situations de tension, voire de conflit armé entre communautés voisines, a encore précisé M. Kibaki.  Il est grand temps, selon lui, de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide au niveau régional et de penser à des réponses adéquates à de telles catastrophes.  En effet, l’ampleur des changements climatiques et de la dégradation environnementale appelle des actions résolues, a déclaré le Président, ajoutant que son pays espérait que la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), sera à la hauteur des attentes de l’Afrique dans ce domaine. 


M. MIKHAIL SAAKASHVILI, Président de la Géorgie, a rappelé que l’on commémorait cette année le vingtième anniversaire de la fin du totalitarisme ainsi que le dixième anniversaire des attentats du 11 septembre.  « Le Printemps du monde arabe nous indique que l’histoire se poursuit et qu’il n’y a pas de choc de civilisation », a lancé le Président.  Il a ensuite affirmé que la « tyrannie soviétique » continuait d’avoir des effets aujourd’hui, ajoutant qu’il n’y avait pas de complots dans les petites nations pour saper le pouvoir des plus grandes.  Un gouvernement, aussi fort qu’il soit, ne peut pas unilatéralement démembrer une nation, a-t-il dit.


M. Saakashvili a ensuite accusé la Fédération de Russie d’occuper 20% du territoire géorgien, pour s’inquiéter ensuite du sort des nombreuses personnes déplacées suite au différend.  Ces personnes ne peuvent pas rentrer chez elles car, à Moscou, un dirigeant étranger a décidé que leurs maisons n’étaient plus les leurs, s’est indigné le Chef de l’État.  Il a indiqué que la Géorgie avait renoncé, il y a un an, à recourir à la force pour retrouver son intégrité territoriale, puis il a dénoncé l’inaction de la Russie en la matière.  Il a évoqué le « trou noir » du Caucase du Nord pour souligner que la Géorgie répondait à cette « brutalité » en ouvrant ses frontières et en établissant des passerelles entre les nations, et que face aux actions militaires, elle lançait des programmes pour les enfants.


Le Président de la Géorgie a ensuite affirmé que la coopération internationale dans la lutte contre Al-Qaida demeurait essentielle.  Le terrorisme, a-t-il affirmé, ne sera pas vaincu par des moyens militaires, mais en instaurant la liberté, la démocratie et la prospérité.  Après avoir évoqué l’histoire récente de la Géorgie, il a estimé que les révolutions se faisaient non pas suite à des manifestations dans la rue, mais après un long processus de réforme.  Le succès des révolutions du monde arabe dépendra de ce qui se produira une fois que les journalistes de CNN et d’Al-Jazeera seront partis, a-t-il assuré.


M. Sakaashvili s’est ensuite félicité des progrès réalisés par son pays dans le domaine de la transparence, et que la Géorgie soit, selon la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), un des pays ayant le mieux réussi dans la région.  Pour le Président, il importe de s’interroger sur la meilleure façon d’agir suite à la chute des dictatures.  C’est un peu comme Wikipedia, un projet auquel chacun peut apporter sa contribution, a-t-il dit, pour appeler ensuite les États Membres à y apporter les leurs.


M. LEONEL FERNÁNDEZ REYNA, Président de la République dominicaine, a rappelé que, 10 ans auparavant, la ville de New York avait été frappée par des attentats, avec pour conséquence des milliers de pertes en vies humaines.  Il a ajouté que la guerre d’Afghanistan qui avait suivi avait fait plus de décès que l’événement qui l’avait provoquée.  Il a aussi évoqué l’invasion de l’Iraq qui, selon lui, a suscité de nombreuses polémiques à l’échelle internationale tout en produisant de nouvelles victimes et de nouvelles vagues de souffrances humaines tout en provoquant la destruction de richesses.  Le Président a ainsi souligné, parmi la leçon apprise de ces 10 dernières années, la nécessité d’un effort collectif pour éliminer le terrorisme comme pratique inhumaine, ainsi que ses racines économiques, sociales, politiques, culturelles, idéologiques et religieuses.


Le Président s’est ensuite attardé sur la crise financière internationale provoquée, à ses yeux, par le manque d’application de règles claires dans le système financier international.  Il s’est interrogé sur la demande surprenante des marchés de capitaux qui exigent que les gouvernements payent la dette créée par les dépenses visant à sauver le naufrage de ces mêmes institutions financières.  Les politiques de sauvetage des institutions financières, a-t-il précisé, ont conduit à la diminution de la qualité de vie des populations et ont donné lieu à un malaise social qui a généré des protestations.  Ces protestations populaires ont abouti, selon le Président, à l’effondrement de certains gouvernements dans un scénario nouveau semblable aux coups d’État, mais que M. Fernández a appelé « coups de marché ». 


Dans une esquisse de solution pour renflouer les caisses des institutions financières, le Président a suggéré la mise en place d’une taxe de 5% sur les transactions financières internationales évaluées à 4 000 milliards de dollars par jour.  Une telle mesure, a-t-il démontré, permettrait de mettre de côté 20 milliards de dollars par jour et 4 800 milliards de dollars par an; des fonds qui permettraient de résoudre la crise économique et financière qui secoue le monde.  Il a aussi décrié les paradis fiscaux qui érodent les fonds nécessaires aux divers États pour la résolution des questions de développement.


Dans une même perspective économique, il a regretté que la spéculation financière fasse monter les prix des produits alimentaires et pétroliers, et il a souligné que cette situation avait fait augmenter de 150 millions le nombre de personnes victimes de la faim à travers le monde.  Afin de résoudre ce problème de spéculation, le Président a suggéré l’établissement de mesures de portée internationale pour garantir la transparence des marchés et la stabilité des prix.  Il a indiqué enfin que « les aliments devraient servir seulement pour garantir la survie de l’espèce humaine sur la planète ».


M. OLLANTA HUMALA TASSO, Président du Pérou, qui a été élu récemment, a indiqué que son objectif était de transformer la société péruvienne afin que « l’argent se transforme en qualité de vie ».  Citant Nelson Mandela, le Président a indiqué qu’il ne peut y avoir de démocratie dans la misère.  Il a de ce fait regretté que les générations précédentes de dirigeants en Amérique latine n’aient pas œuvré amplement à la promotion de la liberté, de l’égalité et de la fraternité dans leur pays respectif.  L’État doit établir des politiques publiques pour l’intérêt des peuples.  Les citoyens ont besoin d’avoir accès à la santé, au logement et à la nutrition, a-t-il soutenu.  Ajoutant que l’État qu’il promeut est un État qui prenne en compte les besoins de sa communauté, tous les Péruviens et Péruviennes sont les citoyens de première catégorie, a-t-il soutenu.


Dans la perspective du développement de son pays, le Président a évoqué des problèmes tels que le trafic de stupéfiants qui constitue, a-t-il noté, l’une des plus grandes menaces mondiales.  Il a souhaité que se mette en place une coopération internationale et une « politique intégrale qui intègre le contrôle de l’offre et la réduction de la demande ».  Il a souligné que la culture des feuilles de coca est une activité traditionnelle et séculaire qui implique des milliers de personnes au Pérou.  Son gouvernement, a-t-il indiqué, a mis en place un programme d’appui aux producteurs de coca afin de leur proposer des alternatives à leur activité habituelle.  Le Pérou a besoin de la coopération internationale pour lutter efficacement contre les cartels de la drogue qui ont des ramifications internationales, a déclaré le Président.  Rappelant que les Nations Unies sont les garantes de la paix, et sont constituées d’États, il a regretté que des conglomérats privés soient aujourd’hui plus puissants que les États à qui ils dictent leur loi sur les marchés financiers.  Le Président du Pérou a affirmé soutenir la création d’un État palestinien.  Indiquant que son pays s’est engagé dans la valorisation des sources d’énergie propre, le Président a invité les pays développés à diminuer leur production de gaz à effet de serre.  Il a en outre souhaité la fin du blocus imposé à Cuba, avant d’appeler à une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et du Conseil économique et social.


Mme DALIA GRYBAUSKAITÉ, Présidente de la Lituanie, a rappelé que son pays était devenu Membre des Nations Unies il y a 20 ans et que, depuis, de grands progrès avaient été réalisés à tous les niveaux pour être à la hauteur des principes et valeurs des Nations Unies.  « L’Histoire nous a appris qu’un médiateur honnête est la clef pour régler presque tous les problèmes », a affirmé la Présidente.  Forte de ce propos, elle a fait état des mesures prises pour que la Lituanie devienne maintenant à son tour un médiateur au plan international et régional et notamment dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Pour Mme Grybauskaité, il ne fait pas de doute que son pays est prêt pour devenir un membre non permanent du Conseil de sécurité en 2015. 


Revenant sur la réunion récente, organisée par la Lituanie, des femmes au pouvoir de toutes les régions du monde ont noté à regret que la participation des femmes restait toujours trop faible dans les médiations pour la paix.  Cela ne va pas dans le sens de la résolution historique 1325 (2000) du Conseil de sécurité, a remarqué la Présidente, qui, pour remédier à cette situation au niveau de son pays, a rédigé son premier plan d’action national pour la mise en œuvre de cette résolution en Lituanie.


Parmi les grands défis à relever par la communauté internationale, Mme Grybauskaité a cité la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, mais elle s’est surtout attardée sur la sûreté nucléaire.  Elle a d’ailleurs salué l’engagement vigoureux du Secrétaire général en faveur de la sûreté et de la sécurité nucléaires.  « Compte tenu des besoins énergétiques croissants, l’énergie nucléaire représente un réel intérêt à condition qu’elle soit utilisée de manière responsable », a souligné la Présidente.  Pour elle, cela signifie de mettre en place des réglementations internationales strictes et de ne faire aucun compromis en matière de sureté nucléaire.  À ce titre, l’Agence internationale de l’énergie atomique doit assumer un rôle clef pour garantir le strict respect de normes nucléaires uniformes obligatoires.  « Chaque centrale nucléaire doit être soumise à des tests de résistance et de sûreté, indépendamment de l’endroit où elle se trouve »», a-t-elle encore soutenu. 


M. ROBERT GABRIEL MUGABE, Président du Zimbabwe, a regretté que les principes universels de la Charte des Nations Unies n’aient pas été respectés dans le cas de l’intervention de l’OTAN en Libye, soulignant que le processus de médiation et de négociation pacifique n’avait jamais eu l’occasion de pleinement jouer son rôle.  Au lieu de cela, « on a rapidement invoqué le Chapitre VII de la Charte, assorti d’une mauvaise interprétation flagrante du mandat initial de l’OTAN pour assurer et protéger les civils », a dénoncé M. Mugabe.  Il a insisté sur le fait que des haines et querelles bilatérales où d’autres motifs ne devraient pas pouvoir interférer avec des considérations de paix et de sécurité internationales et le principe de la responsabilité de protéger.  Pour sa part, il n’est toujours pas convaincu que l’intervention des « grandes puissances » dans les affaires libyennes n’ait pas empêché la naissance d’un processus de paix, de démocratie et de prospérité dans « cette nation africaine sœur ».  C’est à l’Union africaine d’assister le peuple libyen, a estimé M. Mugabe, assurant qu’elle ne ménagerait aucun effort pour que la paix puisse y être réalisée.


« Le principe nouvellement développé de la responsabilité de protéger ne doit pas être manipulé pour offrir une couverture à des violations du principe de non-ingérence », a poursuivi M. Mugabe, convaincu que cela équivaut à un acte d’agression et de déstabilisation d’un État souverain.  Pour lui, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont une responsabilité particulière à veiller à ce que « leur privilège historique » soit utilisé à bon escient pour défendre la Charte des Nations Unies et non pas pour l’enfreindre comme cela a été le cas en Libye avec l’intervention de l’OTAN, a fustigé le Président du Zimbabwe.  « Après les bombardements, certains pays de l’OTAN se disputent maintenant le pétrole libyen, ce qui indique bien que la motivation ultime de leur agression contre la Libye était de prendre le contrôle de ses gisements pétroliers.  Quelle honte! », a dénoncé M. Mugabe.


Faisant le parallèle avec son pays, le Président du Zimbabwe s’est indigné de la campagne de dénigrement sans précédent et des sanctions économiques pernicieuses imposées à son pays lorsque son peuple a voulu prendre le contrôle de ses propres ressources.  Le Président a ensuite fait part de ses préoccupations concernant les activités de la Cour pénale internationale (CPI) qui, selon lui, ne semble exister que pour poursuivre des coupables présumés originaires du monde en développement, et pour la plupart africains.  Allant plus loin, il a dénoncé la « procédure sélective de cette même Cour quand il s’agit de crimes internationaux commis par des dirigeants de puissances occidentales, comme Tony Blair et Georges Bush ».  Par ailleurs, M. Mugabe a réaffirmé que son pays soutenait la demande de reconnaissance de la Palestine à en tant qu’État indépendant et Membre à part entière des Nations Unies.


M. DESIRÉ DELANO BOUTERSE, Président du Suriname, a regretté que certains citoyens de pays en développement vivent dans l’opulence alors que les conditions d’un développement durable ne sont pas encore réunies dans lesdits pays.  S’exprimant au sujet des changements climatiques, il a précisé que 80% de la population de son pays vivait en zone côtière, ces côtes étant pour la plupart situées en dessous du niveau de la mer.  Il a de ce fait invité la communauté internationale à obtenir un accord rapidement lors de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques à Durban, en Afrique du Sud (COP 17), afin que l’avenir de son pays ne soit pas compromis. 


Évoquant les ambitions de développement de son pays, le Président a précisé les objectifs majeurs des programmes économiques mis en place, notamment le maintien d’une réelle croissance économique et une redistribution équitable des revenus, le développement du secteur minier et l’investissement dans le capital humain qui, selon ses termes, est la ressource la plus importante.  Il a également reconnu que les conflits armés, le terrorisme et le crime organisé représentaient quelques obstacles sur la route du développement du Suriname.


S’agissant du « rôle de la médiation dans la résolution pacifique des conflits », le Président a estimé que le fait de ne pas appliquer les principes d’équité et de justice dans les relations internationales créait des situations inacceptables et pouvait conduire à l’extrême pauvreté et augmenter la marginalisation.  À propos de la famine qui a cours dans la corne de l’Afrique, le Président s’est demandé si les architectes de la guerre sur le continent africain, sous le prétexte des droits de l’homme, ne pourraient pas plutôt utiliser ces ressources dans le cadre de la lutte contre la faim. 


Au sujet du tremblement de terre ayant eu lieu en Haïti en janvier 2010, il a regretté que la communauté internationale n’eût pas tenu ses engagements pour le soutien du peuple haïtien dans ses efforts de reconstruction.  Le Suriname, a déclaré le Président, réaffirme le droit des populations palestiniennes à l’autodétermination, y compris le droit à un État palestinien indépendant, comme convenu par les Nations Unies en décembre 2010, a-t-il par ailleurs estimé.  À ce sujet, le Président a souligné que son pays avait reconnu l’indépendance de la Palestine et a souhaité qu’elle soit intégrée au sein des Nations Unies.  Il a en outre soutenu que l’embargo contre le peuple de Cuba continuait de plomber le développement du pays.  Il a émis le vœu que l’unité et la justice puissent régner entre toutes les nations.


M. ALI BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a rappelé les liens profonds qui existent entre la paix et la sécurité d’une part, et le développement et la démocratie d’autre part.  « Et c’est parce que les Gabonais vivent en paix sur leur territoire, avec leurs voisins et avec le monde, qu’ils seront en mesure d’atteindre de nouveaux objectifs de développement », a affirmé le Président.  Depuis l’année dernière, son gouvernement est passé à l’action et a mis en place et consolidé les infrastructures stratégiques dans les domaines industriels, agricoles et de la protection de l’environnement, ainsi que dans le cadre de la préparation de la coupe d’Afrique des nations (CAN), que le Gabon organisera en 2012, conjointement avec la Guinée équatoriale.


Abordant la question de la paix et de la sécurité en Afrique, le Président a expliqué que son pays y avait apporté sa contribution dans la mesure de ses moyens.  Ainsi, il a reconnu le Conseil national de transition (CNT) en Libye et a participé à la Conférence des amis de la Libye à Paris.  S’agissant de la Somalie, le Président a estimé qu’il fallait agir de manière résolue compte tenu de la gravité de la situation.  « il importe que tout soit fait pour que l’aide humanitaire parvienne aux populations dans leurs villes et villages », a déclaré M. Bongo Ondimba.


Sur la question de Palestine, le Président a souligné les profondes implications qu’elle avait sur la paix au Moyen-Orient.  Il a formé le vœu de voir bientôt un État palestinien, vivant en paix côte à côte avec Israël, dans des frontières sûres et reconnues.  Il a ensuite abordé le point de la réforme du Conseil de sécurité à laquelle son gouvernement est favorable, soulignant que l’Afrique devrait, d’une manière qui reste à définir, y siéger de façon permanente.  Il a également fait état de l’engagement du Gabon en faveur de la protection de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique.


Le Président Bongo Ondimba a ensuite fait part de ses préoccupations relatives à l’impact de la crise économique mondiale sur les pays du Sud et surtout pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Cette crise sur les investissements publics dans les secteurs sociaux de base, tels que l’éducation, la santé et la fourniture d’eau potable et d’électricité, limite la marge de manœuvre de ces pays à promouvoir le développement, a expliqué le Président, ajoutant que l’échéance 2015 pour la réalisation des OMD demeure pour beaucoup de ces pays, dont le Gabon, un défi difficile à relever. 


Il a poursuivi en soulignant que l’aide au développement marquait le pas et a lancé un appel à la communauté internationale pour s’efforcer de répondre aux engagements souscrits à Monterey, à Doha, à Gleeneagles, à Paris et à Accra.  « Il faut un nouveau partenariat mondial en faveur du développement pour assurer une croissance économique durable dans nos pays », a exigé M. Bongo Ondimba.  « L’aide doit s’accompagner de plus d’investissements directs et de plus de commerce juste et équitable », a-t-il poursuivi.


Passant au thème du débat général de cette année, le Président gabonais a rappelé l’attachement historique de son pays à la médiation et à la résolution pacifique des différends et des conflits.  Il a assuré que le Gabon ne se départirait jamais de cette voie, en particulier au moment où l’Afrique s’efforce de réaliser son intégration politique et économique.  « Nous savons bien que la médiation peut avoir des limites, et la communauté internationale doit toujours être prête, le cas échéant, à envisager d’autres modes de prévention et de résolution des conflits », a précisé le Président Bongo Ondimba.  Dans ce contexte, il a encouragé les Nations Unies à renforcer leur coopération avec tous les acteurs intervenant dans ce domaine, soulignant qu’en Afrique, l’Union africaine continuait de renforcer ses capacités de médiation et était un acteur indispensable.


M. JOSEPH KABILA KABANGE, Président de la République démocratique du Congo (RDC), a indiqué que son pays connaissait une période charnière qui marque la confirmation d’une rupture définitive avec la spirale de violence et d’instabilité et qui, a-t-il affirmé, engage le peuple congolais dans une culture démocratique « pérenne ».  Il a assuré que la Commission électorale nationale indépendante, le peuple et le Gouvernement mettaient tout en œuvre pour l’organisation d’élections transparentes et crédibles.  Ces élections, s’est-il félicité, sont enfin la preuve d’un retour à la paix effective.  M. Kabila Kabange a ensuite estimé que la paix et la sécurité ayant été retrouvées, la présence onusienne dans son pays méritait d’être repensée.  Il a notamment appelé la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) à quitter progressivement le strict cadre des opérations de maintien de la paix pour accompagner le pays dans ses efforts de développement et de relance économique. 


Le Président a fait savoir que plusieurs défis demeuraient, évoquant notamment la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité, de l’armée et de la police ainsi que de la justice et des services pénitentiaires.  M. Kabila Kabange a également parlé du retour des personnes déplacées, de la poursuite du processus de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats ainsi que de la consolidation des relations de bons voisinages.  La République démocratique du Congo est en paix avec l’ensemble de ses voisins et le temps est à la reconstruction et au développement, s’est-il félicité.  Le Chef d’État a ensuite fait savoir qu’après une décennie de décélération, son pays connaissait actuellement un taux de croissance positif.  Il a néanmoins reconnu que des mesures d’encadrement et d’encouragement des économies fragiles d’Afrique étaient plus que nécessaires.  Il a par ailleurs estimé que le moment était venu d’envisager l’adaptation de l’ONU aux réalités actuelles afin d’améliorer son efficacité et de renforcer la confiance entre les États Membres.  Il a notamment souhaité que le Conseil de sécurité intègre les aspirations légitimes des pays en développement et, en particulier de l’Afrique.


M. JOHNSON TORIBIONG, Président des Palaos, a déclaré que des forces dépassant le contrôle de son pays, et que celui-ci n’avait aucunement provoquées, ravageaient les océans et endommageaient les terres et les récifs de corail.  Il a tout d’abord dénoncé l’industrie de la pêche, expliquant que les bateaux de pêche ne respectaient pas les frontières ni les lois ou coutumes des Palaos.  Les thons sont pêchés pour quelques centimes, et on chasse les requins pour leurs ailerons pour une fraction du montant que dépenseraient les touristes pour les voir vivants.  Les efforts de protection de la vie maritime doivent dépasser les frontières et requièrent une coopération internationale, a-t-il dit.


M. Toribiong a fait savoir que depuis qu’il avait annoncé, il y a deux ans, la création d’un sanctuaire de requins, d’autres pays s’étaient ralliés à cette initiative et qu’à l’heure actuelle, la zone de sûreté de ces animaux marins s’étendait à 2,7 millions de kilomètres carrés.  La santé de nos océans dépend des requins, a-t-il rappelé.  Le Chef de l’État a souligné que les pêcheries mondiales devaient être durables, demandant à ce que l’on mette un terme aux pratiques dangereuses, à la chasse aux ailerons de requins et au chalutage de fond.  Il a également appelé à la création d’une zone de protection du thon, précisant que cette proposition serait étudiée en décembre à l’occasion de la Conférence sur le thon des îles du Pacifique.  M. Toribiong a par ailleurs évoqué la possibilité que le territoire des Palaos fût irradié et qu’il craignait que certains poissons ne fussent plus comestibles. 


Évoquant par ailleurs les effets néfastes des changements climatiques, il a constaté avec regret qu’une solution n’était toujours pas à portée de main.  Aucun accord contraignant n’a été conclu, et l’échec de certains États à se rendre à l’évidence des implications sécuritaires des changements climatiques est pathétique.


M. Toribiong a ensuite fait savoir que les Palaos et les Îles Marshall allaient engager l’Assemblée générale à obtenir d’urgence, en vertu de l’Article 96 de la Charte, un avis consultatif de la Cour internationale de Justice relatif à la responsabilité des États de s’assurer que leurs activités émettrices de gaz à effet de serre ne soient pas nuisibles à d’autres États.  Il est grand temps de définir la façon dont s’applique le droit international dans le contexte des changements climatiques, a-t-il affirmé.


Le Président des Palaos a ensuite indiqué qu’il avait mis sur pied une équipe spéciale chargée d’acquérir un câble optique sous-marin afin de permettre au pays d’être mieux à même de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il s’est par ailleurs félicité du fait que le Conseil des droits de l’homme ait adopté à l’unanimité le rapport périodique universel des Palaos.  Il a aussi annoncé qu’à compter de cette semaine, les Palaos étaient signataires de toutes les principales conventions relatives aux droits de l’homme.


M. IDRISS DÉBY ITNO, Président du Tchad, a assuré que son pays s’était donné pour conduite le règlement de tous les conflits, internes comme externes, par la voie pacifique et la médiation, ce qu’il a prouvé notamment en soutenant les Accords de Doha entre le Gouvernement du Soudan et son opposition armée du Darfour.  Il a souhaité une solution définitive de la crise du Darfour, appelant la communauté internationale à accompagner le Soudan sur cette voie.


Concernant les mutations en cours dans les États arabes, il s’est inquiété que des mouvements pacifiques de revendications démocratiques et de liberté tournent au drame humain et aux destructions massives, appelant les Nations Unies à s’engager sans réserve aux côtés des parties en conflit pour la recherche de solutions adéquates qui permettront d’éviter des conséquences désastreuses sur les populations.  Le Tchad est en effet bien placé pour évoquer ce sujet puisque le pays accueille plus de 100 000 réfugiés centrafricains, plus de 290 000 réfugiés soudanais et 180 000 déplacés internes.


Après le retrait définitif de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), le Gouvernement tchadien a pris en main la protection de ces populations et des organisations humanitaires qui leur viennent en aide, par une force nationale appelée Détachement intégré de sécurité (DIS) qui accomplit parfaitement sa mission, a assuré M. Déby Itno.


À l’instar de nombreux pays du Sahel, le Tchad a aussi enregistré le retour de Libye de 100 000 Tchadiens contraints à la fuite, a-t-il souligné, appelant la communauté internationale à poursuivre son assistance pour aider le pays à contenir les effets dramatiques de ce mouvement massif de populations.  « Nous attirons l’attention de nos frères libyens sur le sort de nos ressortissants qui ont contribué au développement de ce pays en tant que travailleurs et qui sont qualifiés parfois, sans discernement, de mercenaires », a-t-il déclaré.  Au niveau local, il a annoncé la tenue, pour la première fois, d’élections locales avant la fin de l’année 2011.


Le Président tchadien a également évoqué les effets néfastes des crises internationales financière, énergétique et alimentaire sur l’économie de son pays, et ceux des changements climatiques sur son environnement.  Rappelant les énormes efforts et sacrifices consentis, il s’est dit conscient du long chemin restant à parcourir pour sortir de la pauvreté.  Les cadrages budgétaires exigés de nos finances publiques par les institutions financières internationales ne prennent pas en compte les gaps considérables entre les budgets nationaux et ceux requis pour tenir les engagements internationaux, s’est-il inquiété.


En outre, la situation pluviométrique du Sahel peut nous entraîner vers une catastrophe écologique et humanitaire, comme celle qui sévit actuellement dans la corne de l’Afrique, a-t-il aussi prévenu.  À cet égard, le Tchad met en œuvre un Programme national de sécurité alimentaire qui vise au cours des trois prochaines années une politique intensive en faveur de la promotion du monde rural, clef de voûte de l’indépendance économique et industrielle.  M. Déby Itno a aussi réitéré son appel à la communauté internationale pour qu’elle assiste les pays riverains du Lac Tchad à le sauver.  Le monde doit savoir que de sa survie dépend aussi le bassin forestier du Congo, a-t-il rappelé.


Enfin, M. Déby Itno a plaidé pour une réforme des Nations Unies, l’une des caractéristiques de l’Organisation étant, selon lui, la marginalisation des Africains.  Les États africains sont aujourd’hui des acteurs incontournables du système en matière de paix, de sécurité et de développement et force est de constater qu’ils ne trouvent pas encore la place qu’ils méritent, a-t-il déclaré, demandant une représentation africaine permanente au Conseil de sécurité, avec droit de veto.


M. IVO JOSIPOVIĆ, Président de la Croatie, a indiqué que son pays avait parcouru un long chemin depuis le début des années 1990 et servait maintenant d’ancre de paix et de stabilité en Europe du Sud-Est.  Il a ajouté que la Croatie espérait maintenant devenir membre de l’Union européenne en 2013, et qu’une fois cet objectif atteint, il se ferait l’avocat d’un élargissement de l’Union européenne à d’autres pays.  Il a également formé le vœu que l’Europe du Sud-Est soit reconnue comme une région où prévalent la paix et la stabilité.  À cet et égard, le Président croate a souligné la nécessité de mettre un terme, s’agissant des crimes contre l’humanité, à l’impunité et réaffirmé son soutien aux travaux de la Cour pénale internationale et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).  Il a ensuite noté les efforts en cours pour la transformation du TPIY en mécanismes résiduels, avant de rappeler l’engagement durable de son pays pour une coopération totale avec le TPIY.  Il a indiqué que les travaux du TPIY avaient permis un renforcement de la justice pénale internationale, même si des leçons pouvaient être tirées de ses faiblesses.  Il faudrait améliorer la coopération avec les États et adopter des approches plus pertinentes à l’égard des États qui ne coopèrent pas, notamment pour assurer la protection des victimes et des témoins.


M. Josipović a ensuite plaidé pour une transition politique en Libye qui évite les pièges de la vengeance et de la violence, ajoutant que le rôle de la Cour pénale internationale sera crucial pour juger les crimes commis par les membres de l’ancien régime libyen.  Il a ensuite apporté son soutien à une solution au Moyen-Orient basée sur deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, ajoutant que l’inertie sur ce dossier aurait des conséquences catastrophiques pour l’ensemble de la communauté internationale.  S’agissant de la réforme du système des Nations Unies, le Président de la Croatie a souligné la nécessité de revitaliser les travaux de l’Assemblée générale et d’œuvrer à la réforme du Conseil de sécurité afin d’assurer une meilleure représentation des États Membres.  Il a souhaité que le Groupe des États de l’Europe de l’Est, dont le nombre a presque doublé, bénéficie d’un siège de membre non permanent supplémentaire au sein du Conseil.  Il a enfin exhorté la communauté internationale à faire preuve de solidarité, de détermination et de responsabilité.  « Seul un cœur pur peut faire une bonne soupe », a-t-il dit avant de conclure.


Mme LAURA CHINCHILLA MIRANDA, Présidente du Costa Rica, a déclaré que son pays s’identifiait totalement avec la démocratie, la paix et les droits de l’homme, c’est à dire des valeurs partagées avec l’immense majorité des habitants d’Amérique centrale. 


« Nous sommes victimes en ce moment d’une nouvelle et terrible agression », a déclaré Mme Miranda, en se référant au crime transnational organisé.  Ce fléau a érodé la structure de base du tissu social et mis en péril l’existence même de la règle de droit dans certains pays de la région.


Elle a répété ce qu’elle avait dit pendant la Conférence régionale sur la sécurité en Amérique centrale, qui s’est tenue au Guatemala le 22 juin dernier: « Notre région est devenue la proie de géopolitiques malveillantes ».  La Présidente a demandé à la communauté internationale, en particulier aux plus grands consommateurs de drogues et aux fournisseurs d’armes, d’assumer la responsabilité de leurs actions.


Notant que le Secrétaire général insistait sur la diplomatie préventive, la Présidente a averti la communauté internationale qu’il était « déjà trop tard » et qu’il fallait agir vite pour éviter « une tragédie ».  Un robuste traité sur le commerce des armes est nécessaire pour contrôler la circulation de ces « engins de mort ».


Par ailleurs, Mme Miranda a rappelé que le Costa Rica avait été victime, en octobre 2010, d’une occupation de son territoire par des contingents nicaraguayens et qu’il avait fallu une intervention de la Cour internationale de Justice (CIJ) pour y mettre fin.


Le Costa Rica, devenu membre du Conseil des droits de l’homme, appelle tous les États à appuyer l’initiative concernant une déclaration des Nations Unies sur l’éducation sur les droits de l’homme.


Enfin, Mme Miranda a souligné que son pays mettait l’accent sur le développement durable.  Des mesures importantes ont été prises en faveur d’une énergie propre et d’une consommation de carbone limitée.


M. KEVIN RUDD, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, face à la crise économique mondiale et aux défis persistants de la pauvreté, de la dégradation de l’environnement, de la prolifération des armes nucléaires et du renforcement des droits de l’homme, les institutions mondiales étaient confrontées à un dilemme.  Les défis sont de plus en plus mondiaux, alors que les institutions disponibles sont toujours principalement nationales.  La crise économique continue, a-t-il noté, avec une reprise stagnante, un chômage en hausse et une confiance qui se fane.  C’est pourquoi, il faut garantir que les contribuables n’aient plus à payer pour l’attitude déraisonnable des institutions financières.  De même, toutes les principales économies doivent s’engager sur une voie crédible, sans protectionnisme, ce qui passe par une conclusion des négociations de Doha et une réévaluation de certaines monnaies.


M. Rudd a souligné que les pays asiatiques prenaient une place prépondérante dans le monde et que ce qui s’y passe avait des conséquences sur toutes les économies.  À cet égard, il s’est inquiété de l’augmentation de 150% des dépenses militaires du continent, alors que de nombreux différends territoriaux y sont toujours non résolus.  L’un des premiers acheteurs malgré sa pauvreté est la Corée du Nord, a-t-il dénoncé, ce qui représente une menace pour toute la région.  Une communauté d’Asie Pacifique doit donc être lancée, en plus de l’ONU, a-t-il proposé.


La situation dans le monde montre que l’appel pour la liberté et la démocratie est indivisible et universel, a poursuivi le Ministre, rappelant le soutien de l’Australie à la Tunisie, à l’Égypte et à la Libye.  Condamnant la brutalité actuelle en Syrie, il a appelé la communauté internationale à redoubler sa pression sur Damas.  Concernant le Moyen-Orient, l’Australie reste attachée à une solution à deux États vivant pacifiquement et côte à côte, et encourage les négociations directes à partir des frontières de 1967 avec des échanges de terre possibles.  Sans changement rapide, la situation géopolitique de la région pourrait rendre encore plus difficile la recherche d’une solution pour la région, a-t-il dit, notant la détérioration des relations entre Israël et l’Égypte, ainsi qu’avec la Turquie.


Le terrorisme est l’ennemi de tous les peuples civilisés, a aussi rappelé M. Rudd, annonçant que l’Australie resterait impliquée en Afghanistan.  Le pays est par ailleurs attaché à parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires.  En outre, il continuera à aider les pays les plus pauvres, notamment ceux touchés par la sécheresse dans la corne de l’Afrique. 


La communauté internationale doit participer à tous ces objectifs pour asseoir la sécurité alimentaire au niveau planétaire, dans un contexte d’explosion démographique.  Sur ce dossier, il a estimé que l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) n’arrivait pas à s’acquitter de son mandat et devrait se fixer de nouvelles priorités pour l’avenir, sans quoi l’Australie réexaminerait son soutien financier à cette institution. 


Il a également proposé la création d’un nouveau fonds mondial pour l’éducation qui aurait pour objectif concret de ramener 70 millions d’enfants à l’école, à l’horizon 2015.  Le pays reste aussi très attaché au niveau national à réduire les inégalités qui y persistent aux dépens des populations autochtones. 


M. ZALMAI RASSOUL, Ministre des affaires étrangères de l’Afghanistan, s’exprimant au nom du Président, M. Hamid Karzai, a rappelé que son pays faisait le deuil d’une figure nationale, l’ancien Président Burhanuddin Rabbani, qui a été assassiné il y a deux jours.  Au nom du peuple afghan, il a remercié tous ceux qui avaient envoyé des messages de condoléances. 


Faisant le bilan de l’année écoulée et de son lot de volatilité politique au Moyen-Orient, de crise économique mondiale, de flambée des prix des denrées alimentaires et de catastrophes naturelles, il a conclu « que nous vivons en des temps incertains et que c’est dans des moments pareils que la coopération internationale trouve toute sa signification et sa pertinence ».  Rappelant le dixième anniversaire des attaques terroristes du 11 septembre, il a invité les États Membres à ne pas perdre de vue les millions de vies perdues dans le monde suite à des actes de violence et de terrorisme commis avant et après cette date. 


Cette année marquera aussi les 10 ans d’une nouvelle ère politique en Afghanistan et de la fin du règne des Taliban, a rappelé le Ministre.  Estimant que son pays avait de nombreuses raisons d’être fier et en remerciant la communauté internationale pour sa générosité et sa solidarité, le Ministre a notamment cité le fait que le pays avait été réunifié et que les bases d’une jeune démocratie avaient été jetées. 


« Malheureusement notre fierté et notre gratitude sont ternies par l’absence d’un facteur clef dans le pays, à savoir la sécurité, et cela malgré la volonté sincère du peuple afghan de triompher dans sa lutte contre le terrorisme », a-t-il poursuivi.  Il est convaincu que tant que le terrorisme international et les extrémismes restent des menaces réelles, la paix de la région restera hypothéquée par la lutte contre ces fléaux.  Il est désormais impératif de s’attaquer aux endroits et causes qui sont à l’origine du terrorisme, a souligné le Ministre.


Abordant la question de la révolte des Taliban, le Ministre a estimé que l’action militaire n’était pas la seule option possible.  « Dans notre volonté de restaurer la paix, nous tendons la main de la paix et de la réconciliation à tous les Afghans qui ont eu des raisons de rester en marge du processus politique actuellement en cours dans le pays », a déclaré M. Rassoul.  Le processus de paix est un effort global qui va de la réinsertion des combattants à la dignité des conditions de vie du peuple afghan, ainsi qu’à la réconciliation avec les dirigeants taliban, a-t-il poursuivi.  Cette politique de réconciliation se fonde sur la volonté de rendre le processus politique plus inclusif et d’offrir une alternative à la violence aux Taliban, a encore expliqué le Ministre. 


Il a également évoqué le processus de transition, qui a débuté en juillet dernier et qui doit se solder par un transfert total de la responsabilité en matière de sécurité des forces internationales aux Afghans d’ici à 2014.  Son gouvernement attend également les résultats de la Conférence de Bonn sur l’Afghanistan, qui doit avoir lieu en décembre prochain.  Cette Conférence sera une opportunité de faire le point avec la communauté internationale sur ce qui a été réalisé à ce jour et en particulier sur les processus de transition et de réconciliation.


Le Gouvernement afghan a l’intention de faire appel à un soutien continu de la communauté internationale au-delà de l’échéance 2014, a précisé le Ministre.  Le pays cherche à établir un partenariat stratégique à long terme qui garantirait la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan, et qui respecterait la notion de la souveraineté et de centralité de l’État afghan, a-t-il ajouté.  Passant au rôle de l’ONU dans son pays, le Ministre a estimé qu’il fallait l’ajuster aux exigences de la souveraineté afghane.  À cet égard, il s’est félicité du fait que le mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) soit en train d’être révisé à la demande du Secrétaire général.


Pour ce qui est de la coopération régionale, le Ministre a fait état de l’étroite collaboration de son pays avec la Turquie et notamment de la Conférence régionale d’Istanbul qui doit avoir lieu le 2 novembre prochain.  Cette Conférence devrait contribuer à définir une vision commune pour la paix et la stabilité de la région, a précisé M. Rassoul. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Réunion de haut niveau: l’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

AG/11149

Réunion de haut niveau: l’Assemblée générale célèbre le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban

22/09/2011
Assemblée généraleAG/11149
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

14e & 17e séances plénières

Matin, après-midi & soir


RÉUNION DE HAUT NIVEAU: L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CÉLÈBRE LE DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN


Par une déclaration politique, les États réaffirment que ces textes fondent

la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée


L’Assemblée générale a tenu, ce matin, une Réunion de haut niveau pour la célébration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, au cours de laquelle elle a adopté sans vote la déclaration politique* intitulée « Unis contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ».


Les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États, réunis à New York à l’occasion de cette Réunion de haut niveau, qui s’est tenue en marge du débat général de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, ont adopté une déclaration politique brève et concise visant à mobiliser les volontés politiques.


Par cette déclaration, les États réaffirment « que la Déclaration et le Programme d’action de Durban, adoptés en 2001, et le document final de la Conférence d’examen de Durban, adopté en 2009, constituent l’orientation globale des Nations Unies permettant de fonder solidement la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée ».


S’ils saluent les progrès réalisés depuis 2001 dans de nombreuses régions du monde, les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États constatent néanmoins que ce fléau, « notamment dans ses nouvelles formes et manifestations, persiste encore partout dans le monde, et que d’innombrables êtres humains continuent jusqu’à ce jour d’en être les victimes ».     


Par cette déclaration, les participants proclament également leur volonté résolue de faire de leur combat ainsi que de la protection des victimes « une grande priorité » pour leur pays. 


« Nous nous réunissons aujourd’hui pour réaffirmer que les peuples et les nations du monde forment une famille, riche dans sa diversité » a déclaré, à l’ouverture de la séance plénière, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, Président de l’Assemblée générale.  Après l’adoption de la déclaration, il a exhorté les dirigeants à « parler d’une seule voix » et à intensifier leur collaboration pour combattre le racisme et les autres formes de discrimination.


« Travaillons en harmonie pour promouvoir l’harmonie », a renchéri M. Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies.  Il a regretté que, 10 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, il n’y ait toujours pas de pays qui puisse prétendre être exempt de discrimination et d’intolérance.


Pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Navanethem Pillay, a constaté un fossé entre les engagements pris et les actions concrètes des États.


Le chef d’État sud-africain, M. Jacob Zuma, a exhorté la communauté internationale à réaffirmer sa forte conviction que le racisme et la discrimination raciale sont une négation de la Charte des Nations Unies.


L’Assemblée a ensuite entendu un intervenant pour chaque groupe régional, puis la représentante d’une organisation non gouvernementale.


Tous ont pris note des efforts entrepris depuis 10 ans avant de réaffirmer leur engagement à poursuivre la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban afin de combattre les fléaux qui perdurent dans tous les pays.


Par sa résolution 65/240 du 24 décembre 2010, l’Assemblée générale avait décidé de tenir une Réunion au niveau des chefs d’État ou de gouvernement sur le thème: « Victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée: reconnaissance, justice et développement ».


Deux tables rondes portant sur ce thème général ont été organisées.  La première a été coprésidée, le matin, par M. Barnabas Sibusiso Dlamini, Premier Ministre du Swaziland et par M. Arvin Boolell, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice.


La seconde table ronde a été coprésidée, l’après-midi, par M. Mohamed Mouldi Kefi, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie et par M. Ricardo Bucio, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique.


Dans sa déclaration de clôture, le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, a remercié les cofacilitateurs, Mme Isabelle Picco, de Monaco, et M. Tommo Monthe, du Cameroun, pour leur remarquable leadership dans l’organisation de cette Réunion de haut niveau.  Il s’est dit fermement convaincu que les principes d’égalité et de non-discrimination sont essentiels pour l’harmonie sociale, la promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit, le développement durable et un partage équitable des ressources.  C’est pourquoi, a-t-il souligné, il est crucial pour la dignité et le développement de la population mondiale que nous continuions à combattre le racisme.


* A/66/L.2


RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE POUR LA CÉLÉBRATION DU DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ADOPTION DE LA DÉCLARATION ET DU PROGRAMME D’ACTION DE DURBAN


Application intégrale et suivi de la Déclaration et du Programme d’action de Durban: Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale pour la célébration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban: projet de résolution (A/66/L.2)


Déclarations liminaires


« Nous nous réunissons aujourd’hui pour réaffirmer que les peuples et les nations du monde forment une famille, riche dans sa diversité », a déclaré M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale.  C’est en célébrant cette diversité, et à travers la promotion de la tolérance, que nous pourrons construire un monde plus pacifique, basé sur les principes fondamentaux de l’égalité, de la confiance et du respect mutuel.  Cette Réunion de haut niveau est l’occasion pour les dirigeants de parler d’une seule voix sur l’un des défis majeurs du XXIe siècle: le fléau du racisme et de la xénophobie dans le monde entier, a poursuivi le Président de l’Assemblée générale.  C’est aussi l’occasion de réaffirmer leur engagement à mettre en œuvre pleinement et effectivement la Déclaration et le Programme d’action de Durban adoptés par consensus en 2001.


Malheureusement, en dépit des progrès réalisés depuis 10 ans, les cas de xénophobie, de racisme et d’intolérance ont augmenté, a déploré M. Al-Nasser.  On trouve des attitudes racistes et des discours de haine dans beaucoup de pays et Internet peut servir à les véhiculer.  Le Président de l’Assemblée générale a encouragé tous les pays à intensifier leurs efforts afin de réduire le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Il appartient aux États de prendre les mesures législatives nécessaires pour empêcher de telles pratiques discriminatoires et pour rendre justice aux victimes.  Les gouvernements, la société civile et les milieux des affaires doivent travailler en collaboration pour renforcer la prise de conscience et l’éducation et combattre les préjudices ainsi que les stéréotypes négatifs.


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a regretté que 10 ans après l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, il n’y ait toujours pas de pays qui puisse prétendre être exempt de discrimination et d’intolérance.  Certes, des progrès ont été réalisés.  « Nous sommes mieux préparés à juger les crimes graves tels que le génocide, l’apartheid, le nettoyage ethnique et les formes contemporaines de racisme », a reconnu le Secrétaire général.  « Nous sommes aussi mieux en mesure de détecter les formes insidieuses de racisme, les préjugés institutionnalisés qui peuvent être aussi destructeurs que les comportements agressifs ».  L’intolérance a toutefois augmenté dans de nombreuses parties du monde au cours de la dernière décennie, a insisté M. Ban.  La résurgence et la persistance d’attitudes aussi inhumaines indiquent que l’on n’a pas encore fait suffisamment pour endiguer cette tendance.


Le Secrétaire général a rappelé aux États Membres qu’ils étaient saisis d’un plan d’action mondial pour combattre la discrimination contre les Africains et les personnes de d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes de d’ascendance asiatique, les peuples autochtones, les migrants, les réfugiés, les minorités, les Roms et autres.  Il faut combattre l’antisémitisme, l’islamophobie ainsi que la discrimination contre les chrétiens, a-t-il souligné.  « Les partis pris basés sur l’identité religieuse n’ont pas leur place dans notre monde », a déclaré le Secrétaire général.  Il faut également lutter contre la discrimination basée sur le sexe ou l’orientation sexuelle.  L’ignorance et l’intolérance font partie des causes profondes des conflits.  Le racisme et la discrimination font obstacle au développement, a poursuivi M. Ban.  Il a dénoncé le « cercle vicieux » par lequel la discrimination entraîne la privation et la pauvreté aggrave la discrimination.  Les temps économiques difficiles ne font qu’exacerber la situation, a-t-il fait remarquer.  Le Secrétaire général a dit qu’il fallait résister aux politiciens qui jouent sur la peur des gens et utilisent les stéréotypes pour être élus.  « Travaillons en harmonie pour promouvoir l’harmonie », a-t-il conclu.


Mme NAVANETHEM PILLAY, Haut-Commissairedes Nations Unies aux droits de l’homme, a indiqué que le parcours menant à cette commémoration a été empreint de défis, en raison des questions complexes et sensibles qui y sont débattues.  Elle a réaffirmé que la Déclaration et le Programme d’action de Durban fournissent un cadre global efficace pour s’attaquer au fléau que représente le racisme.  Ces deux éléments placent la victime au centre de nos efforts contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


L’une des autres composantes de la Déclaration et du Programme d’action de Durban est que ces documents ne rappellent pas seulement aux États leurs obligations en matière de droits de l’homme, mais ils détaillent également les actions que les gouvernements, en partenariat avec les institutions et la société civile nationales, doivent mettre en en place sur leurs territoires.  Cependant, nous constatons aujourd’hui l’existence d’un fossé entre les engagements pris et les actions mises concrètement en œuvre par les États, a regretté Mme Pillay, en reconnaissant que certains pays avaient néanmoins accompli des progrès dans cette lutte, en adoptant par exemple de nouvelles lois.  C’est dans ce contexte qu’elle a d’ailleurs souligné que des cadres juridiques solides pour assurer la protection des droits et le soutien des victimes sont essentiels.  Mme Pillay a ensuite plaidé pour la revitalisation des efforts aux niveaux national, régional, et mondial afin de mettre fin au fléau du racisme.  Le chemin qui mène à un monde libre de racisme n’est pas aisé, a-t-elle fait remarquer, en soulignant que la lutte contre la discrimination demande une planification minutieuse et requiert engagement et persistance.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a estimé que cette commémoration du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban constitue le testament de la réussite de l’humanité contre le fléau qu’est le racisme et la discrimination raciale.  Il s’agit aussi du succès de la communauté internationale, a-t-il ajouté, en rappelant qu’en Afrique aujourd’hui, les signes du colonialisme, de l’occupation et de l’apartheid sont encore visibles.  La Déclaration et le Programme d’action ont été adoptés de façon unanime, a t-il rappelé, en soulignant que ces documents fournissent une évaluation générale de la situation concernant le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et demandent aux États Membres de les mettre en œuvre pour y faire face. 


Le racisme et la discrimination raciale continuent d’être une attaque brutale à la dignité humaine avec des impacts à long terne sur les victimes, a dit le Président Zuma, avant d’exhorter la communauté internationale à réaffirmer sa forte conviction que le fléau demeure une négation aux principes de la Charte des Nations Unies.  « Nous invitons le monde à ne pas garder le silence devant cette noble bataille contre le racisme », a déclaré le Chef de l’État sud-africain, en reconnaissant que « beaucoup reste encore à faire ».


M. RAHAMTALLA MOHAMED OSMAN ELNOR, Sous-Secrétairedu Ministère des affaires étrangères du Soudan, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, s’est dit encouragé par les gouvernements qui, depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, ont pris des mesures législatives et administratives pour lutter efficacement contre le racisme, la discrimination raciale, la protection des droits des migrants et des minorités raciales, nationales ou ethniques, et pour combattre l’incitation à la haine basée sur la religion ou la croyance.  En dépit des efforts réalisés par la communauté internationale, les gouvernements et les autorités locales, le fléau du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée persiste, a déploré M. Osman.  Ce fléau entraîne des violations des droits de l’homme, des souffrances, des inégalités et de la violence.  Il s’est dit préoccupé par la diminution des libertés civiles.


Le Groupe des États d’Afrique considère que cette Réunion de haut niveau offre une occasion unique pour bâtir de nouveau un consensus international ferme et renouveler l’engagement à lutter contre le racisme.  Pour faire face aux défis, il faut transformer les engagements en actions concrètes permettant de mettre en œuvre la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le Document final de la Conférence d’examen de Durban qui forment la base juridique internationale du combat contre le racisme.  Le Groupe des États d’Afrique se réjouit que les États participant à la Réunion de haut niveau adopteront, par consensus, le projet de résolution qui exprime l’unité de la communauté internationale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, a poursuivi M. Osman.  La Déclaration et le Programme d’action de Durban  abordent les problèmes du racisme avec une approche orientée sur les victimes.  Des recommandations spécifiques visent à combattre la discrimination contre les Africains et les personnes d’ascendance africaine, les Asiatiques et les personnes d’ascendance asiatique, les peuples autochtones, les migrants, les réfugiés, les minorités, les Roms et autres groupes.  M. Osman a réitéré que l’esclavage et le commerce des esclaves, y compris la traite transatlantique des esclaves, les nouvelles formes d’esclavage telles que la traite des personnes, l’apartheid et le colonialisme « ne doivent jamais être oubliés ».


M. RADEN MOHAMMAD MARTY MULIANA NATALEGAWA, Ministre des affaires étrangères d’Indonésie, s’exprimant au nom des États d’Asie et du Pacifique, a déclaré que le message adressé par la Conférence de Durban, il y a 10 ans, était clair.  « La lutte contre le racisme est une bataille pour les droits de l’homme, la dignité et l’éradication de la pauvreté », a-t-il précisé.  


Une décennie est passée et nous devons maintenant nous demander si nous avons réellement unifié nos efforts pour répondre aux victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, a poursuivi M. Natalegawa.  Il s’est dit très préoccupé par la persistance du racisme et l’émergence de nouvelles formes de discrimination.  L’histoire est remplie de maux infligés par le manque de respect du principe de l’égalité des êtres humains, comme l’ont montré le colonialisme, l’esclavage, le génocide, l’apartheid, la purification ethnique et autres atrocités.


Le Ministre indonésien des affaires étrangères s’est dit convaincu que la mobilisation de la volonté politique nécessaire, aux niveaux national, régional et international, pour mettre en œuvre effectivement la Déclaration et le Programme d’action de Durban, le Document final de la Conférence d’examen de Durban, ainsi que leurs processus de suivi, permettra de lutter contre ces fléaux dans toutes les aspects de la vie et dans toutes les parties du monde, y compris celles qui sont sous occupation étrangère.  


Mme SIMONA MIRELA MICULESCU (Roumanie), s’exprimant au nom des États d’Europe de l’Est, a fait remarquer qu’aucun pays ne connaissait de situation parfaite et qu’aucune société n’était à l’abri des critiques.  « Nos engagements à combattre le racisme ne peuvent être accomplis qu’à travers des actions concertées aux niveaux local, national, régional et international », a-t-elle rappelé. 


Mme Miculescu a fait valoir que tous les États d’Europe de l’Est restaient déterminés à soutenir la lutte mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, et à prendre les mesures qui s’imposent pour garantir le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.


Il faut agir maintenant, a-t-elle dit.  « Malgré toute notre rhétorique et nos bonnes intentions, beaucoup de personnes continuent malheureusement d’être victimes du racisme ».  « Nous avons les moyens de répondre aux actes d’incitation à la violence, à la haine et à la ségrégation ».  La représentante a noté, avec regret, que non seulement la ratification universelle de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, mais aussi sa pleine mise en œuvre, se faisaient attendre.  Mme Miculescu a rappelé le rôle primordial que jouent les gouvernements dans la lutte contre le racisme.  Elle a également salué le rôle clef du système des Nations Unies et engagé la société civile et les médias à compléter leurs efforts dans ce combat.


M. KENNETH BAUGH, Ministre délégué et Ministre de affaires étrangères de Jamaïque, au nom du Groupe d’Amérique latine et des Caraïbes, a indiqué que dans sa région, certains États avaient déjà adopté des plans nationaux et de nouvelles lois visant à garantir l’intégration de groupes vulnérables dans la société, et de façon générale, à faire respecter les droits de tous les individus.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement des États de la région à poursuivre leur action en faveur de la lutte contre le racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée.  En dépit des progrès réalisés à ce jour, la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, n’a pas été effective, a-t-il néanmoins noté, en disant espérer que la Réunion de haut niveau servira de catalyseur pour réaliser des progrès en la matière.  Les États Membres de la région ont participé activement aux travaux de Durban et continueront à être des acteurs clefs de sa concrétisation.


Le Ministre a, par ailleurs, souligné la nécessité de protéger les droits des peuples et des travailleurs migrants.  Les stéréotypes et les discriminations sur la base de la religion doivent aussi être pris en compte par la communauté internationale, a-t-il dit, en invitant les États Membres à prendre des mesures en ce sens au niveau national.  La réussite de la lutte entamée exige de prendre en compte les causes du racisme.  Mais, il nous faut aussi développer des mesures de prévention, a souhaité M. Baugh, en insistant également sur l’importance d’un financement approprié et d’une coopération internationale, indispensables pour aborder toutes les questions relatives à la discrimination raciale.  Avant de conclure, il s’est félicité de la décision de l’Assemble générale de construire un Mémorialpermanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite négrière transatlantique.


Mme ISABELLE PICCO (Monaco), s’exprimant au nom des États d’Europe occidentale et autres États, a pris note des progrès notables déjà accomplis dans le cadre de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  « Il nous incombe, à tous, la responsabilité de promouvoir la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, fléaux qui perdurent dans tous nos pays et menacent les fondements de nos sociétés démocratiques que sont l’état de droit et le respect des droits de l’homme ».  Bien que certains États du Groupe aient décidé de ne pas participer à l’événement d’aujourd’hui, et malgré le fait que certains États ne participent pas à ce processus, Mme Picco a réaffirmé l’engagement à poursuivre aux niveaux international, régional et national, la mise en œuvre des mesures efficaces pour combattre ces fléaux, mettre fin à l’impunité et intégrer la promotion de l’égalité des chances au sein de toutes les politiques gouvernementales.  La représentante a attaché la plus grande importance à l’éducation, la formation et la prévention car elles permettent une meilleure appréhension des phénomènes à combattre et promeuvent la richesse de nos différences et le respect de notre diversité.


« Aujourd’hui, je m’exprime au nom de tous ceux qui ont été marginalisés, exclus, violés et à qui leurs droits fondamentaux ont été ignorés », a déclaré Mme SARAH WHITE, du Centre pour les droits de l’homme des travailleurs du Mississipi.  « Il y a 10 ans, à la Conférence de Durban, a-t-elle rappelé, j’ai raconté l’histoire de notre lutte quotidienne pour nos droits dans l’État du Mississipi et, particulièrement, la bataille des pêcheurs des poissons-chats, face à des chefs d’entreprise peu soucieux de la santé de leurs travailleurs.  J’ai évoqué également les violences sexuelles quotidiennes vécues par les femmes sur le lieu du travail.  Nous subissions ces discriminations à cause de notre couleur de peau et de notre classe sociale, a-t-elle dit.  « Je suis ici pour vous dire que nous nous sommes levés et nous nous sommes battus pour nos droits et notre justice », a souligné Mme White.  Bien que nous ayons gagné des batailles, le combat continue, car des actes d’intimidation et des injures à caractère racial sont commis chaque jour, a-t-elle précisé, avant d’ajouter que la lutte contre le racisme et la discrimination doit être permanente et la communauté internationale doit, plus que jamais, accentuer son action.


Thème: «  victimes du racisme, de la discrimination raciale, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée: considération, justice et développement »


Table ronde 1


Cette table ronde était coprésidée par M. Barnabas Sibusiso Dlamini, Premier Ministre du Royaume du Swaziland et M. Arvin Boolell, G.O.S.K., Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice


M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, Coprésident de la table ronde, a souligné que la Déclaration et le Programme d’action de Durban, ainsi que le Document final de la Conférence d’examen de Durban, constituaient le cadre le plus complet pour lutter contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Après avoir condamné toutes les formes de racisme, il a fait notamment remarquer qu’Internet devenait « un forum pour le racisme qui vise les nouvelles générations ».  M. Dlamini a appuyé l’édification d’un mémorial permanent, au Siège des Nations Unies à New York, pour honorer les victimes de l’esclavage et du commerce transatlantique des esclaves.  Il a ensuite souligné l’importance d’éduquer et d’informer.


Également Coprésident de la table ronde, M. ARVIN BOOLELL, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice, a réitéré que la Déclaration et le Programme d’action de Durban formaient un cadre important devant inspirer les gouvernements.  « Nous sommes ici pour servir nos concitoyens et remplir nos engagements », a-t-il dit.  M. Boolell a appelé les États à ratifier ou adhérer à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale et de trouver de nouvelles pistes pour gagner ce combat.  « Il faut parler, a-t-il dit, mais il faut surtout agir ».


M. ANWAR KEMAL, Président du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, a déclaré que la Déclaration et le Programme d’action de Durban complétaient de manière positive le travail du Comité.  La Conférence d’examen de Durban a réaffirmé l’importance de la Convention et appelé à sa ratification universelle.  « Nous sommes encore loin de l’universalité », a-t-il toutefois regretté.  La discrimination existe dans nos sociétés de manière évidente et de manière occulte dans la vie quotidienne et à l’encontre de groupes vulnérables.  Une cinquantaine d’États Membres seulement ont ratifié l’article 14 de la Convention qui habilite les victimes à soumettre des communications individuelles au Comité.  « La Convention est un document vivant, un outil pour faire face aux situations nouvelles ».  La crise économique et financière risque toutefois d’aboutir à la réduction de programmes indispensables pour combattre le racisme, a averti M. Kemal.


Mme EDNA MARIA SANTOS ROLAND, membre du Groupe d’experts éminents sur la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a rappelé que ces documents avaient reconnu que l’esclavage et le commerce des esclaves constituaient un crime contre l’humanité.  Il a été reconnu que le racisme se manifestait de façons différentes et que certains groupes étaient tout particulièrement victimes de l’intolérance et de la discrimination.  Des mécanismes spéciaux ont été créés pour mettre en œuvre la Déclaration, et des réseaux ont été créés dans la société civile. « La Déclaration de Durban reconnaît le droit des habitants d’ascendance africaine à habiter dans leurs terres ancestrales, notamment en Amérique latine », a insisté Mme Roland.   L’ONU doit adopter, a-t-elle estimé, une décennie pour les peuples d’ascendance africaine.  « Il faut créer des instances nationales pour combattre le racisme et réaffirmer notre volonté de mettre en place un ordre social international dans lequel tous les droits de l’homme seraient réalisés sans discrimination », a-t-elle préconisé.


Intervenant à son tour, M. ARMANDO EMILIO GUEBEZA, Président du Mozambique, a déclaré que la protection des droits de l’homme et des victimes du racisme constituait une grande priorité pour son pays.  Le Mozambique est un État de droit démocratique fondé sur le pluralisme et les droits fondamentaux des citoyens.  En vue de mettre en œuvre la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale, le Gouvernement a créé un comité national pour aider les réfugiés.  Le Président a estimé que l’ONU devait continuer à défendre ses programmes de lutte contre la pauvreté et les changements climatique et à veiller à l’élimination des facteurs qui poussent à la migration.  Les Nations Unies sont l’instance idoine pour réaffirmer notre volonté d’éliminer toutes les politiques discriminatoires à l’encontre des migrants.  Dans le cadre des engagements en matière des droits de l’homme, le Mozambique continuera de participer activement aux travaux du Conseil des droits de l’homme.


Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des réformes institutionnelles de Belgique, M. STEVEN VANACKERE, a espéré que le dialogue entre les États permettra de surmonter les divergences.  Le racisme et l’intolérance ne connaissant pas de frontières, il a dit qu’il n’était « pas d’accord avec ceux qui veulent limiter le concept de discrimination raciale à certains continents et à des personnes de certaines origines ».  Toutes les formes de discrimination doivent être combattues.  En Europe, a souligné le Vice-Ministre, la législation sur l’égalité  hommes-femmes a mis des décennies à se mettre en place.  « Les lois belges sont les plus avancées d’Europe » pour condamner le racisme et la discrimination raciale.  Pour la Belgique, qui a joué un rôle important dans les processus de Durban en 2001 et 2009, cette lutte ne doit pas être entravée par des considérations politiques.


Pour sa part, le Vice-Premier Ministre d’Irlande, M. EAMON GILMORE, a estimé que l’ONU devait mener la voie pour créer des sociétés exemptes de racisme et de discrimination raciale.  Quant aux États, ils doivent prévoir des garanties efficaces dans leurs systèmes législatifs.  Le Ministre s’est dit préoccupé par l’antisémitisme, l’islamophobie, et l’antichristianisme.  Il a annoncé qu’un expert indépendant de l’Irlande participerait aux travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale.  L’Irlande, en tant que membre, a été l’objet d’un examen du Comité.  Elle condamne le racisme sous toutes ses formes et continue de promouvoir une société tolérante et inclusive.  Elle a créé un plan d’action qui démontre son engagement politique à cet égard et propose de mettre en commun des informations de bonne pratique pour protéger les victimes. 


Le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, M. ROBERT GABRIEL MUGABE, a déclaré quant à lui que le Zimbabwe était « un pays tolérant et épris de paix », victime du racisme depuis près d’un siècle.  Il a évoqué l’oppression du passé et du joug colonial et les obstacles au développement.


Le monde était témoin des injustices commises contre des peuples sur la base de leur race ou de leur identité, a déclaré, M. EDWARD GOMEZ, Ministre de la justice et Procureur général de la Gambie.  Les victimes aspirent à la reconnaissance pour sortir de la marginalisation et de la discrimination.  « Les conséquences du commerce transatlantique de l’esclavage sont toujours parmi nous », a dit le Ministre.  Les États doivent faire plus protéger les migrants et contribuer au développement de leurs communautés.  La Gambie mérite son surnom de « côte souriante de l’Afrique », car elle promeut l’harmonie sociale, la tolérance et le dialogue entre les religions. 


Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Botswana a noté que cette célébration coïncidait avec l’Année des populations d’ascendance africaine.  Le Botswana rejette la discrimination raciale sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  Par sa vision nationale, le pays est engagé à créer « une nation morale et tolérante marquée par la compassion ».  Le Ministre s’est félicité de l’assistance que l’ONU apporte aux États dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.


Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a déclaré que Durban avait « soldé une dette à l’égard de millions de victimes historiques de ces abominables pratiques ».  Il a déploré le manque de progrès dans l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  En Europe et en Amérique du Nord, a-t-il souligné, on voit monter le racisme et proliférer des thèses néofascistes au milieu d’une crise économique galopante.  Des lois antiterroristes facilitent l’arbitraire et Internet est de plus en plus utilisé pour inciter à la haine, à la discrimination et à la violence.  Il faut établir « un nouvel ordre économique international fondé sur l’équité, la solidarité et la justice sociale » si l’on veut combattre les causes profondes du racisme.


Le Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, M. ALIAKBAR SALEHI, a évoqué des siècles d’humiliation de souffrance et d’injustice avec l’esclavage,  le colonialisme, l’apartheid.  Il s’est par contre félicité de voir les sociétés civiles et les organisations non gouvernementales  participer activement à la lutte contre le racisme et pour la promotion des droits humains.  La responsabilité de maintenir les acquis de Durban et de combler les lacunes incombe aux États.  Le Ministre a déploré le boycott de cette Réunion et la tentative de diluer la Déclaration finale, ainsi que « le comportement hypocrite de ceux qui se déclarent les champions des droits de l’homme ».


Mme JUTTA URPILAINEN, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a appuyé pleinement le processus de Durban.  L’importance des droits de l’homme, de l’éducation et de la lutte contre l’impunité ne sera jamais assez soulignée.  La participation de la société civile est également cruciale pour agir.  Le Ministre a proposé d’améliorer la législation et l’application des normes internationales des droits de l’homme.  « Une approche fondée sur les droits de l’homme constitue le meilleur moyen d’avoir un développement durable. »


Prenant ensuite la parole, le Ministre des affaires étrangères et de l’immigration du Liban, M. SOMANAHALLI MALLAIAH KRISHNA, a défendu le principe d’égalité entre toutes les catégories de la société quelles que soient leurs différences.  La réparation des victimes est un premier pas vers l’égalité.  « Le Liban joue son rôle dans le monde arabe et le Moyen-Orient pour promouvoir la coexistence et l’harmonie entre les différentes confessions et les minorités ethniques », a dit le Ministre.  Le monde arabe aujourd’hui est confronté à de profondes transformations et recherche un avenir plus prometteur.  « L’intolérance et l’antisémitisme n’ont jamais existé dans le monde arabe », s’est-il défendu.  Par ailleurs, la question des réfugiés est centrale et il faut « mettre fin à l’intolérance historique dont souffrent les Palestiniens ».  Il s’est dit convaincu que le futur de la région est tributaire de la capacité des États à adopter des constitutions qui défendent les droits des minorités.


La division sociale et la stigmatisation restent des problèmes urgents dans le monde, a fait remarquer le Vice-Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, M. KAIRAT UMAROV.  Au Kazakhstan, les politiques sont fondées sur la paix, la confiance et la coopération; la diversité, ethnique, culturelle et sociale y constitue une richesse.  Le pays, qui a présidé en 2010 l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a mis à l’ordre du jour le dialogue entre les civilisations et la promotion du respect mutuel.  Enfin, le représentant d’Amnesty International a fait remarquer que les gouvernements qui admettent que le phénomène du racisme et de la discrimination raciale constitue un problème réel dans leur propre pays sont encore assez peu nombreux.  Il faut rendre justice aux victimes.  Lors de la prochaine réunion sur la Déclaration et le Programme d’action de Durban, la communauté internationale devrait pouvoir dire que des progrès ont été réalisés.  Ces documents ne sont pas parfaits mais ils constituent un compromis, une base sur laquelle on peut se fonder pour prendre des mesures pratiques.


Table ronde 2


Cette table ronde était coprésidée par M. Mohamed Mouldi Kefi, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie etM. Ricardo Bucio, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique.


M. MOHAMED MOULDI KEFI, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie et Coprésident de la table ronde, a estimé que, 10 ans après la Conférence de Durban, le bilan de l’action internationale est peu positif.  Il a mentionné les progrès accomplis dans certains pays, en notant que ces acquis sont inégalement partagés sur la planète.  Les causes du racisme, telles que la pauvreté, demeurent bien vivaces et génèrent le rejet, la radicalisation et la réaction extrémiste, a-t-il dit.  Pour la Tunisie, la lutte contre le racisme exige la coopération du plus grand nombre.  La commémoration, aujourd’hui, du dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban donne l’occasion de mettre l’accent sur la nécessité de bannir l’injustice et de libérer les peuples sous occupation comme le peuple palestinien.


Également Coprésident, M. RICARDO BUCIO, Président du Conseil national de prévention de la discrimination du Mexique, a noté que la discrimination contre certains peuples, et certaines catégories de personnes, comme les personnes handicapées et les migrants, s’est considérablement étendue dans le monde.  Ces victimes doivent bénéficier de réparations, a-t-il souhaité.  Le Mexique a adopté une politique publique permettant de protéger davantage ces catégories de personnes.  La garantie de ces droits exige le renforcement des mécanismes nationaux et internationaux auxquels a souscrit le pays, a-t-il dit. 


Mme VERENE SHEPHERD, Membre du Groupe de travail sur les personnes d’ascendance africaine, a regretté le boycott mené par certains pays contre la tenue de cette Réunion de haut niveau.  Elle a mis en exergue le fait que diverses catégories de personnes continuent d’être exclues et d’être victimes de xénophobie dans le monde.  Elle a, par ailleurs, rappelé que la mission de son Groupe de travail était d’assister les victimes de discrimination raciale que sont les minorités d’ascendance africaine.  Il faut aussi évoquer les tragédies accablantes de la route de l’esclavage qui, a-t-elle dit, est un crime contre l’humanité.  Les États qui sanctionnent ce type de crimes doivent assumer leurs responsabilités, a-t-elle souligné.  « Il ne peut y avoir de paix sans droit et justice », a également ajouté Mme Shepherd, en exhortant les personnes d’ascendance africaine à poursuivre leur combat pour la dignité.


M. MOHAMED-SIAD DOUALEH, Président du Groupe de travail sur la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, a reconnu que les travaux de son Groupe de travail sont « un instrument qui montre l’intérêt de la communauté internationale dans la lutte contre le fléau qu’est le racisme ».  La mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Durban est une obligation qui s’impose à tous, particulièrement au moment où l’on note de nouvelles formes de racisme.  Le Groupe de travail, a dit son Président, continue de poursuivre le mandat qui est le sien, à savoir la mise en œuvre effective de la Déclaration et du Programme d’action de Durban.  Il a enfin attiré l’attention sur la discrimination dont sont victimes les Roms en Europe. 


Le Ministre des affaires étrangères de l’Algérie, M. MOURAD MEDELCI, a estimé que les efforts faits à ce jour, au plan international, n’ont toujours pas permis de mettre à fin ces fléaux que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.  Face aux nouvelles formes de xénophobie, il est en outre devenu urgent de faire montre d’exemplarité dans l’action qui se doit d’être commune, a dit le Ministre qui a aussi plaidé pour la prise en compte de la nécessité de s’attaquer aux causes du racisme que sont la pauvreté et l’injustice. 


Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la République fédérale du Népal, M. UPENDRA YADAV, a appelé a redoubler d’efforts pour réussir la lutte contre le racisme dans le monde, afin de promouvoir une société juste et inclusive.  Le racisme s’attaque à la dignité humaine, a-t-il dit en insistant sur la nécessité de rendre justice à ceux qui ont été victimes de racisme.  La communauté internationale doit non seulement avoir des engagements, mais aussi et surtout mener des actions fortes, a-t-il ajouté, avant de détailler les mesures juridiques prises par son pays pour garantir les normes les plus élevées des droits de l’homme et des libertés fondamentales sur son territoire.


Poursuivant la discussion, Mme LUIZA BAIRROS, Ministre au Secrétariat des politiques pour la promotion et l’égalité des races du Brésil, a souligné que malgré tous les efforts déployés dans le monde, le racisme continue d’imprégner les vies de nombreuses personnes.  Le Brésil est un pays multiculturel qui a engrangé de grands résultats dans le domaine de l’égalité des personnes et des races, a-t-elle soutenu, en s’appuyant notamment sur le fait que le pays accorde une grande importance à l’Année internationale des personnes d’ascendance africaine.  Cette année ne met pas fin à notre engagement, a-t-elle assuré.  « Nous continuerons d’agir tant que des personnes seront victimes de discrimination », a dit Mme Bairros. 


Pour sa part, M. JEFF RADEBE, Ministre de la justice et du développement constitutionnel de l’Afrique du Sud, a souligné que son pays avait mis en place, depuis 1994, de nouvelles institutions pour combattre le racisme.  Le Gouvernement a également établi des politiques de soutien aux plus pauvres.  Comme tous les États du monde, l’Afrique du Sud fait face à de terribles défis nés de la discrimination.  C’est pourquoi, nous estimons que la commémoration de ce dixième anniversaire rappelle la nécessité de coordonner les efforts collectifs en vue d’atteindre les objectifs d’un monde sans racisme, a-t-il dit.  Il faut également, dans cette optique, veiller à assurer la justice et la solidarité sociale pour tous.  Il nous faut aussi assurer le développement de la jeunesse, a-t-il ajouté.


Intervenant à son tour, le Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, M. LUIS ALMAGRO, a expliqué que son pays reconnaît la diversité des groupes ethniques et met en place des actions pour veiller à l’égalité entre tous, conformément à la Déclaration et au Programme d’action de Durban.  Il a été ainsi mis en place, a-t-il expliqué, des lois sur les travailleurs ruraux, et sur l’égalité entre les hommes et les femmes.  Une direction des droits de l’homme au Ministère de la justice a aussi été créée.  La question des personnes d’ascendance africaine a été largement traitée.  La Conférence de Durban a établi de nouveaux instruments pour renforcer l’action internationale, à la fois au bénéfice des gouvernements et de la société civile.  Beaucoup a été fait, a-t-il dit, en faisant remarquer qu’il restait encore beaucoup à faire. 


Prenant également la parole, le Secrétaire d’État au développement des peuples autochtones et des personnes d’ascendance africaine du Honduras, M. LUIS FRANCISCO GREEN, a présenté les efforts déployés par son pays, dans ce domaine, notamment la création d’une Journée pour les personnes d’ascendance africaine.  Le Honduras se rallie aussi aux autres pays afin inviter l’ONU à créer une institution spécialisée sur les personnes d’ascendance africaine.


Mme MARÍA FERNANDA ESPINOZA, Ministre de l’héritage de l’Équateur, a expliqué que son gouvernement avait adopté une stratégie nationale pour lutter contre le racisme et promouvoir l’égalité entre les races.  Ainsi, des mesures de politique de discrimination positive ont été mises en place, dans plusieurs régions.  En conclusion, elle a appelé tous les États à ratifier la Déclaration et le Programme d’action de Durban, et a exhorté l’ONU à créer un forum sur la question des personnes d’ascendance africaine.  La discrimination positive a été aussi au cœur des propos de la Ministre des affaires étrangères de la Colombie, Mme MARÍA ÁNGELA HOLGUÍN CUÉLLAR, qui a fait mention des mécanismes spécifiques établis au bénéfice des plus vulnérables, notamment en matière d’emploi et d’accès à la terre.  « Sans reprise des valeurs égalitaires, nous ne pourrons pas changer en matière de lutte contre le racisme », a-t-elle prévenu.


Le Pakistan a, lui aussi, adopté une politique de discrimination positive au bénéfice des femmes, a indiqué le Ministre des affaires étrangères de ce pays, M. HINA RABBANI KHAR qui a également dénoncé la pratique du profilage religieux. Il a, par ailleurs, soutenu que le terrorisme n’avait pas de lien avec la religion.  Le Premier Ministre de la République de Fidji, M. COMMODORE JOSAIA VOREQE BAINIMARAMA, a quant à lui, rappelé l’histoire coloniale raciale que son peuple a vécue.  Des politiques avaient été établies pour diviser les populations.  Le Gouvernement actuel s’attèle à effacer ces mémoires et instaurer un nouveau climat, plus rassembleur.  Fidji est convaincu que la Déclaration adoptée, aujourd’hui, offrira l’élan nécessaire pour aller vers la mise en œuvre effective de la Déclaration de Durban, a-t-il ajouté.


Le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Argentine, M. ALBERTO PEDRO D’ALLOTO a présenté le plan national établi pour lutter contre la discrimination.  Ce plan permet également de protéger les populations marginalisées, a-t-il précisé.  La Réunion de haut niveau d’aujourd’hui est nécessaire car elle ouvre de nouvelles perspectives, a encore souligné le Vice-Ministre, ajoutant que l’adoption sans vote de la Déclaration politique donnera un nouvel élan à la lutte contre le racisme.  Intervenant également, M. MOHAMED ABDELLAHI OULD, Commissaire aux droits de l’homme de la République islamique de la Mauritanie, a assuré que son pays respectait les obligations en matière de lutte contre le racisme.  Nous avons d’ailleurs été un des acteurs actifs à Durban en 2001, a-t-il rappelé.  Aujourd’hui, nous constatons les défis qui perdurent et cela oblige la communauté internationale à redoubler son action face à ces phénomènes que sont le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


« Nous devons lutter contre le racisme où qu’il soit dès qu’il se manifeste », a dit le Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangéres de la Norvège, M. ESPEN BARTH EIDE.  Le 22 juillet, 77 personnes sont mortes dans notre pays, à la suite d’actes criminels commis par un xénophobe.  « Nous ne devons jamais accepter que des terroristes xénophobes nous dictent leur agenda », a-t-il tenu à souligner.  Il nous faut également dans nos réponses, en réaction au fléau du racisme, créer un meilleur environnement scolaire et veiller à lutter contre les préjugés.


Le Ministre de la culture des sport et de la famille de la Barbade, M. STEPHEN LASHLEY, a souhaité que 10 ans après Durban, la communauté internationale donne plus d’espoirs à ceux qui sont touchés par le racisme.  Il s’est félicité des progrès enregistrés dans la mise en œuvre de la Déclaration de Durban et, particulièrement, la décision d’ériger un Mémorial permanent en hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite négrière transatlantique.  Il a, en outre, défendu la nécessité de réparer les conséquences de la période de la traite, notamment par le financement de centres d’éducation et de formation au bénéfice des descendants des personnes victimes de la traite.


La Fédération de la Russie, a expliqué son Vice-Ministreaux affaires étrangères, M. GENNADY GATILOV, s’est prononcée contre la politisation de la Conférence de Durban en 2011.  Aujourd’hui, nous avons l’occasion de réaffirmer notre détermination à lutter contre le racisme.  En Fédération de Russie, le Gouvernement s’attache à effacer les drames causés aux Russes par le nazisme, a-t-il indiqué, avant de s’inquiéter de l’émergence d’actes de xénophobie dans certains pays qui, parfois, ont souffert du nazisme.  Ces actes sont incompréhensibles pour le peuple russe qui promeut le dialogue entre les cultures comme moyen de mettre fin au racisme.


S’exprimant au nom de l’Union africaine, le Représentant permanent de la Guinée équatoriale auprès de l’ONU, M. ANATOLIO NDONG MBA, s’est félicité des initiatives menées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en vue d’aider les pays africains à lutter contre le racisme.  Il a ensuite mis en exergue la collaboration de l’Union africaine avec d’autres entités des Nations Unies pour améliorer la situation des droits en l’homme en Afrique.  « Il nous faut non pas inventer de nouveaux droits, mais plutôt améliorer l’exercice des droits reconnus sur le continent », a-t-il précisé.  Tout comme ses prédécesseurs, le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Égypte, M. IHAB FAWZY, a indiqué que son pays était également confronté au fléau que représente le racisme, en dépit de l’adoption de certains programmes spécifiques.  Il a souligné la nécessité de distinguer le racisme des actes de terrorisme classiques.  Le représentant du Ministre des affaires étrangères de l’Inde, M. PAVAN KAPOOR a, lui, rappelé que la discrimination est constitutionnellement interdite dans le pays, avant de noter la persistance des actes de racisme dans le monde.  « Nous devons continuer notre lutte », a-t-il soutenu.


Le Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, M. RUSLAN KAZABAEV, a détaillé les mesures prises pour lutter contre les relents racistes dans son pays, notamment les formations des jeunes populations à la diversité.  Il est important de veiller à la parité entre les hommes et les femmes dans la vie publique et politique, tout comme du sort des migrants, a-t-il ajouté.  Le racisme n’est pas une fatalité » a dit le Représentant permanent de la République arabe syrienne auprès de l’ONU, M. BASHAR JA’AFARI, avant de dénoncer le « système israélien d’apartheid contre les Palestiniens ».  La communauté internationale doit être ferme dans sa lutte contre le racisme, a souligné pour sa part le Représentant permanent de la Suisse auprès de l’ONU, PAUL SEGER.  Malgré les progrès accomplis dans cette lutte, beaucoup reste à faire et les gouvernements doivent saisir cette occasion pour renforcer leur détermination, a-t-il dit.  Trinité-et-Tobago, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, M. SURUJRATTAN RAMBACHAN, s’est félicité du modèle de tolérance développé par son pays, et a invité les autres États à s’en inspirer.


Par ailleurs, les représentants du Japon, M. HIDEAKI UEDA, et du Maroc, M. OMAR HILAL, les Représentants permanents auprès de l’ONU de l’Islande, Mme GRETA GUNNARASDOTTIR, du Liechtenstein, M. CHRISTIAN WENAWESER, et de la Chine, Mme WANG MIN, ont invité tous les États à prendre des mesures internes efficaces contre le racisme, en souhaitant plus d’actions de la part de l’ensemble de la communauté internationale.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Secrétaire général fixe à l’Assemblée générale « cinq impératifs » pour « façonner le monde de demain »

AG/11147

Le Secrétaire général fixe à l’Assemblée générale « cinq impératifs » pour « façonner le monde de demain »

21/09/2011
Assemblée généraleAG/11147
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

11e, 12e & 13 séances plénières

Matin - après-midi & soir


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL FIXE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE « CINQ IMPÉRATIFS » POUR « FAÇONNER LE MONDE DE DEMAIN »


Le débat général s’ouvre avec

en toile de fond la question du statut de la Palestine aux Nations Unies


L’Assemblée générale a ouvert, aujourd’hui, le débat général de sa soixante-sixième session avec un appel que le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, a adressé aux dirigeants de la planète -dont la population atteindra bientôt sept milliards- à se plier à « cinq impératifs » pour « façonner le monde de demain ».


L’ouverture du débat général, qui correspondait à la Journée internationale de la paix, aura également été marquée par la question du statut de la Palestine à l’ONU, le Président des États-Unis, M. Barack Obama, estimant qu’« il n’y a pas de raccourci pour parvenir à la paix et qu’elle ne peut être obtenue au moyen de déclarations et de résolutions », tandis que son homologue français, M. Nicolas Sarkozy, plaidait pour une « étape intermédiaire » vers la pleine reconnaissance d’un État palestinien.


« Il y a devant nous cinq impératifs, cinq grandes choses que nous pouvons décider de faire aujourd’hui pour façonner le monde de demain », a déclaré le Secrétaire général, qui présentait son rapport* sur l’activité de l’Organisation.  La première priorité « et la plus importante, c’est le développement durable », a-t-il souligné, demandant aux État Membres de « parvenir à un accord contraignant sur les changements climatiques ». 


M. Ban a en outre appelé à investir dans l’éducation et dans la santé des femmes et des enfants, et à « redoubler d’efforts » pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et dépasser l’horizon 2015.


« La deuxième grande occasion à saisir a pour nom la prévention », a-t-il poursuivi.  Il a notamment estimé que l’ONU devait se concentrer sur la prévention des conflits, des violations des droits de l’homme et des catastrophes naturelles.  « N’oublions pas qu’en fin de compte, la meilleure prévention, c’est le développement », a-t-il dit.


« Créer un monde plus sûr » est le troisième impératif, a ajouté le Secrétaire général.  Après avoir rappelé les événements en Côte d’Ivoire, en Afghanistan, en Iraq, au Darfour, au Soudan, en République démocratique du Congo (RDC) ou au Moyen-Orient, il a souhaité que des mesures novatrices soient prises pour « tirer tout le parti possible de cette force salutaire qu’est le maintien de la paix des Nations Unies ».  Il a également supplié la communauté internationale de sauver de la famine « les enfants de la corne de l’Afrique ».


« Quatrième chose à faire: appuyer les nations en transition. »  M. Ban a ainsi retracé les « événements extraordinaires qui se sont produits cette année en Afrique du Nord et au Moyen-Orient ».  « Faisons en sorte que le printemps arabe soit vraiment la saison de l’espoir pour tous », a-t-il enchaîné, évoquant les situations en Libye et en Syrie.  Enfin, il a invité la communauté internationale à « faire beaucoup, beaucoup plus pour et avec les femmes et les jeunes ».


De son côté, le Président de l’Assemblée générale, l’Ambassadeur Nassir Abdulaziz Al-Nasser, du Qatar, qui a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, « le plus récent de nos États Membres », a expliqué le thème du débat général, « le rôle de la médiation dans le règlement des différends par des moyens pacifiques », affirmant que la nécessité de trouver une issue pacifique aux conflits se faisait plus pressante que jamais.


Première femme de l’histoire de l’ONU à ouvrir le débat général de l’Assemblée générale, la Présidente du Brésil, Mme Dilma Rousseff, a exprimé sa conviction que « ce siècle sera celui des femmes ».  De même, elle a défendu un « nouveau type de coopération » entre les pays développés et les pays émergents, qui constituerait une occasion historique pour redéfinir les engagements gouvernant les relations internationales.


Le Président Obama, qui a notamment jugé que le temps était venu pour le Conseil de sécurité de « sanctionner le régime syrien », s’est attardé sur le conflit au Moyen-Orient, estimant qu’il était prématuré de reconnaître pleinement le statut d’État Membre de l’ONU à la Palestine. « La paix est un travail difficile, et ne sera pas obtenue au moyen de déclarations et de résolutions à l’ONU », a-t-il dit.  « Il n’y a pas de raccourci possible » et « en fin de compte, ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui doivent vivre côte à côte et doivent régler leurs différends », a-t-il ajouté, qualifiant d’« inébranlable » l’attachement des États-Unis à la sécurité d’Israël.


Le Président Sarkozy a, quant à ºlui, appuyé le droit des Palestiniens à obtenir la création d’un État palestinien démocratique, viable et pacifique qui serait, pour Israël, la meilleure garantie de sa sécurité.  Notant qu’une reconnaissance du statut d’État Membre de l’ONU ne pouvait être obtenue dans l’immédiat, il a proposé une « étape intermédiaire » consistant à envisager pour la Palestine le statut d’État observateur.  « Ce serait un pas important qui permettrait de sortir de 60 ans d’immobilisme qui fait le lit des extrémistes », a-t-il observé. 


Pour leur homologue du Liban, M. Michel Sleiman, il est « grand temps », en tout cas, de « parvenir à une entente historique après des décennies marquées par des sentiments d’injustice et d’hostilité, qui ont aussi été des décennies de guerres et d’occasions manquées ».  « Les négociations doivent se poursuivre afin de régler de manière définitive les quatre questions clefs, à savoir les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les colonies de peuplement », a exhorté le Roi Abdullah de Jordanie.


Le Président du Nigéria, M. Goodluck Ebele Jonathan, a constaté que si, aujourd’hui, tous les pays africains avaient atteint l’autodétermination, il restait néanmoins encore beaucoup à faire pour construire des « États viables » sur les principes de la participation populaire, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme ».  Il a aussi préconisé une réforme du Conseil de sécurité, « seule manière de démontrer que toutes les nations sont sur un pied d’égalité aux Nations Unies ».


* A/66/1


RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION (A/66/1)


Présentation par le Secrétaire général de son rapport annuel


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général des Nations Unies, a présenté cinq impératifs qu’il a nommés « cinq opportunités générationnelles ».  La première et la plus grande est le développement durable qui est l’impératif du XXIe siècle, a-t-il dit, en espérant que « Rio+20 » soit un succès et que nous fassions des progrès déterminants en matière de changements climatiques.  Il a insisté que l’énergie est la clef de notre planète, de notre mode de vie en citant le lancement d’une nouvelle initiative pionnière: « Énergie durable pour tous ».  Il a mis l’accent sur la nécessité d’investir dans l’éducation et dans la santé des femmes et des jeunes et de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Le Secrétaire général a ensuite mis l’accent sur la prévention en rappelant que le budget annuel de maintien de la paix atteint à ce jour près de 8 milliards de dollars.  Il a estimé qu’il était essentiel de prévenir les violations des droits de l’homme, de promouvoir l’état de droit et de lutter contre l’impunité. 


Le troisième impératif est de construire un monde plus sûr, ce qui est une des responsabilités clefs des Nations Unies.  Faisant référence à la situation en Côte d’Ivoire, il a précisé qu’en collaboration avec les partenaires régionaux, l’ONU a su préserver la démocratie et les droits de l’homme pour cinq millions d’habitants.  Il a cité les interventions de l’ONU en Afghanistan, en Iraq, au Darfour, au Moyen-Orient, en République démocratique du Congo et au Libéria.  Nous devons être innovants et maximiser la force du bien que représentent les opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Aujourd’hui, nous sommes capables d’intervenir plus vite et de manière plus efficace et nous continuerons, s’est-il félicité, en rappelant que l’ONU était la première organisation de secours dans le monde, qui est intervenue en particulier au Pakistan et en Haïti.  Il a mis l’accent sur le rôle du Fonds central des Nations Unies pour les interventions d’urgence (CERF) en appelant les États Membres à répondre à l’appel des enfants de la corne de l’Afrique et de la famine qui sévit en Somalie.


La quatrième priorité est d’appuyer les pays en transition, a-t-il insisté. Nous devons faire en sorte, a-t-il dit, que le printemps arabe se traduise par un espoir pour tous.  Il a précisé que l’ONU allait créer une mission d’assistance à la Libye.  S’agissant de l’escalade de la violence en Syrie, il a regretté que le Gouvernement syrien n’ait jamais respecté ses promesses de mettre en œuvre des réformes et cesser les violences.  Il a mis l’accent sur les besoins particuliers des pays sortant des conflits, en estimant qu’il faudra aider à remettre sur pied les dispositifs judiciaires et les services publics, à organiser des élections ou écrire une nouvelle constitution.


Enfin, M. Ban a souligné qu’il était impératif de faire beaucoup plus en direction des femmes et des jeunes.  Les femmes, qui portent une moitié du ciel, représentent des opportunités immenses.  C’est pourquoi, elles doivent participer à l’administration publique et à la gestion des entreprises, a-t-il insisté, en se félicitant de l’entrée en fonctions en janvier dernier d’ONU-Femmes, un instrument de changement puissant et dynamique.  Il s’est dit particulièrement heureux de voir autant de femmes participer cette année au débat général de l’Assemblée générale.  Il a salué en particulier la présence de Mme Dilma Rousseff, Présidente du Brésil, qui sera la première femme chef d’État à ouvrir le débat général.  Nous mettrons aussi l’accent sur les jeunes qui sont notre avenir, a-t-il dit en soulignant l’importance de trouver de nouveaux moyens de créer des emplois pour les jeunes à travers le monde.


Par ailleurs, le Secrétaire général a déclaré que nous devons évoluer avec notre temps, en estimant que la transparence et la responsabilité doivent demeurer nos maîtres mots.  Il a reconnu la nécessité de rationaliser la procédure budgétaire et d’aider l’ONU à faire les choses à un prix qu’aucun pays ne pourra battre à lui seul.  « Nous devons nous efforcer, a-t-il ajouté avant de conclure, de créer un corps de fonctionnaires plus moderne et plus mobile, une ONU plus rapide et plus souple, une ONU qui innove et tire parti des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, une ONU qui aide à régler des problèmes réels en temps réels ». 


Ouverture du débat général


« 2011 est de toute évidence l’année des nouveaux horizons », a déclaré d’emblée M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale.  Il a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, « le plus récent de nos États Membres », ajoutant que la question de la Palestine serait particulièrement cruciale au cours de cette session.  Pour répondre aux questions critiques qui figurent à l’ordre du jour de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, il a appelé les États Membres à faire preuve de volonté politique, à prendre part à un dialogue ouvert et à une collaboration proche, ainsi qu’à la consolidation du consensus.  Il a indiqué accorder beaucoup de valeur à la coopération Sud-Sud et triangulaire, au dialogue entre les civilisations et à l’avancement d’une culture de paix.


M. Al-Nasser a ensuite indiqué qu’il avait identifié quatre domaines prioritaires pour cette session, à savoir le règlement pacifique des conflits, la réforme et la revitalisation de l’ONU, l’amélioration de la prévention des catastrophes, ainsi que le développement durable et la prospérité mondiale.  Il a notamment engagé les États Membres à poursuivre leurs efforts de revitalisation de l’Assemblée générale afin que l’organe puisse maintenir la place qui lui revient au cœur du processus de prise de décisions mondiales.  Il a également fait part de son engagement à faire avancer la réforme du Conseil de sécurité.  M. Al-Nasser a ensuite indiqué son intention de centrer l’attention de l’Assemblée générale sur la crise humanitaire qui prévaut actuellement en Somalie.  Faisant observer que la population mondiale comptera sept milliards de personnes le mois prochain, le Président de l’Assemblée générale a estimé que les efforts consacrés au développement durable et à la prospérité mondiale revêtaient une urgence notable.  Il a ensuite engagé les États Membres à obtenir le consensus et à adopter des « mesures urgentes » lors des différentes conférences internationales qui auront lieu cette année autour du thème du développement durable.


Passant ensuite au thème du débat général, « Le rôle de la médiation dans le règlement des différends », M. Al-Nasser a affirmé que la nécessité de trouver une issue pacifique aux conflits se faisait plus pressante que jamais.  Il a notamment évoqué l’adoption, lors de la soixante-cinquième session, de la toute première résolution de l’Assemblée générale sur la médiation.  « Il est de la plus haute importance pour les États Membres de s’engager activement dans la mise en œuvre de cette résolution et de participer aux autres activités de l’Assemblée générale dans le domaine de la médiation », a affirmé le Président, qui a ajouté qu’il accorderait une haute priorité à cette question au cours de cette session afin de la rendre effective de manière à en faire « une véritable capacité multilatérale ».  Avant de conclure, il a souligné qu’il était pertinent que les dirigeants du monde se soient réunis aujourd’hui en cette Journée internationale de la paix.


« Pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, la voix d’une femme ouvre le débat général de l’Assemblée », a déclaré ce matin Mme DILMA ROUSSEFF, Présidente du Brésil.  « La voix de la démocratie et de l’égalité résonne et c’est avec humilité, mais également avec ma fierté justifiée de femme, que je viens au rendez-vous de ce moment historique », a déclaré Mme Rousseff qui a dit être certaine « que ce siècle sera celui des femmes ».


Évoquant ensuite la situation « extrêmement délicate » que connaît le monde actuel, et notamment la crise économique, la Présidente du Brésil a engagé les États Membres à trouver des solutions « collectives, rapides et réelles », estimant que « cette crise est trop grave pour la laisser continuer à être gérée par un petit groupe d’États ».  Tous les pays souffrent des conséquences de cette crise, et tous ont le droit de participer à sa résolution, a-t-elle souligné.  Elle a fustigé les dirigeants des pays développés pour « leur manque de volonté politique, leur refus de mobiliser les ressources nécessaires, et le manque de clarté dans leurs idées », les accusant d’être « pris dans un piège qui ne leur permet pas de différencier entre leurs intérêts partisans et les intérêts légitimes de la société ». 


S’inquiétant de l’augmentation du chômage, « le visage le plus amer de la crise », elle a estimé essentiel de combattre ce fléau et de l’empêcher de se propager dans d’autres régions de la planète.  Elle a appelé à un « nouveau type de coopération » entre les pays développés et les pays émergents, une coopération qui serait une occasion historique pour redéfinir les engagements qui gouvernent les relations internationales.  Mme Rousseff a, par ailleurs, souhaité une intensification des efforts de coordination entre les États Membres de l’ONU, le G-20 et le Fonds monétaire international (FMI).  Les politiques fiscales et monétaires doivent être l’objet d’un examen approfondi, et les solutions apportées à la crise de la dette doivent aller de pair avec la croissance économique, a-t-elle notamment estimé.  De l’avis de la Présidente, la priorité de l’économie mondiale doit être de résoudre les problèmes des pays qui connaissent une crise de la dette souveraine et d’inverser ainsi « la marée récessive ».  Elle a appelé les pays ayant un important surplus à contribuer au rétablissement de la demande globale, tout en estimant par ailleurs qu’il est nécessaire de renforcer la surveillance des systèmes financiers, de faire face aux tentatives de manipulation des taux de change, et de réformer les institutions financières multilatérales tout en y acceptant une participation croissante des pays émergents.


Mme Rousseff a ensuite évoqué le « printemps arabe » et a rejeté toute « répression brutale » des populations civiles.  Elle a indiqué que la communauté internationale ne pouvait se borner à intervenir uniquement dans des situations extrêmes, et a estimé que le monde actuel souffrait des conséquences douloureuses d’interventions venues de l’extérieur qui ont très souvent aggravé des conflits déjà en cours au lieu de les calmer.  On parle beaucoup de la « responsabilité de protéger » mais très peu de la responsabilité dans la protection, et ce sont là des concepts sur lesquels nous devons être d’accord et mettre au point ensemble, a-t-elle préconisé.  La Présidente du Brésil a également estimé qu’il était urgent de résoudre la question que pose de plus en plus la perception d’un certain manque de légitimité du Conseil de sécurité.  Cette question ne peut être résolue qu’à travers la réforme du Conseil, a souligné Mme Rousseff en notant que le Conseil manque de représentativité, ce qui mine sa crédibilité et son efficacité.  Le monde a besoin d’un Conseil de sécurité dont la composition et les prérogatives soient le reflet des réalités actuelles, a affirmé Mme Rousseff avant d’indiquer que le Brésil était prêt à assumer les responsabilités de membre permanent de cet organe.


Poursuivant, la Présidente du Brésil a souhaité la bienvenue au Soudan du Sud, qui est devenu le 193e État Membre des Nations Unies, pour ensuite regretter que le cas de la Palestine tarde à être réglé.  Il est temps que la Palestine soit pleinement reconnue comme État Membre à part entière à l’ONU, a déclaré Mme Rousseff en soulignant que son pays reconnaissait déjà l’État de Palestine dans les frontières qui existaient en 1967 avant le conflit.


Mme Rousseff a ensuite indiqué que le Brésil était fermement engagé à conclure un accord « global, détaillé et ambitieux » pour lutter contre les changements climatiques.  Elle a également affirmé que la lutte contre la pauvreté était la meilleure politique de développement, et qu’une véritable politique des droits de l’homme devait se fonder sur la réduction des inégalités entre les personnes, les régions et les sexes.  Elle s’est félicitée que le Brésil ait pu progresser politiquement, économiquement et socialement sans mettre en péril une seule de ses libertés démocratiques.  Elle a déclaré être confiante que la pauvreté extrême sera éliminée au Brésil d’ici à la fin de son mandat, ajoutant que les femmes y ont joué un « rôle fondamental » pour surmonter les iniquités sociales. 


M. BARACK OBAMA, Président des États-Unis d’Amérique, a souligné la difficulté de rechercher la paix dans un monde imparfait.  Il a rendu ainsi hommage à l’ancien Président américain Franklin Delanoe Roosevelt qui savait qu’une victoire au milieu d’une guerre ne suffisait pas.  « Nous devons non seulement instaurer la paix, mais une paix durable », a-t-il déclaré.  « Une paix durable pour les nations et pour les personnes dépend d’un sentiment de justice et de possibilité de la dignité et de la liberté, de luttes et de sacrifices, de compromis et d’un sentiment d’humanité commune », a-t-il expliqué.  On ne peut pas éviter la guerre s’il y a des convulsions dans d’autres parties du monde, a-t-il ajouté.  La paix est difficile à réaliser, mais nos peuples l’exigent, a-t-il affirmé. 


Selon M. Obama, il y a encore des convulsions dans le monde qui nous mettent tous en péril.  Il a rappelé avoir pris ses fonctions alors que son pays était engagé dans deux guerres.  Nous avons établi aujourd’hui un nouveau cap, a-t-il dit, faisant état du retrait américain de l’Iraq.  De même, les États-Unis avec les forces de la coalition ont commencé une phase de transition en Afghanistan jusqu’en 2014.  La marée de la guerre se retire, a-t-il dit, indiquant qu’au moment de sa prise de fonctions, environ 180 000 soldats américains étaient actifs en Afghanistan et en Iraq.  À la fin de cette année, cet effectif sera réduit de moitié, puis continuera de diminuer, a-t-il assuré.


Évoquant le renouveau de New York, avec la construction de la nouvelle tour de Ground Zero, le Président américain a également souligné qu’Oussama Ben Laden ne mettra plus jamais en danger la paix dans le monde.  « Nous sommes maintenant au carrefour de l’Histoire avec la possibilité d’agir pour la paix », a-t-il déclaré.  « Nous devons retrouver la sagesse de ceux qui ont créé l’ONU », a-t-il ajouté. 


Le Président américain a par ailleurs observé que les 12 derniers mois avaient constitué une année de transformation extraordinaire.  Il a ainsi rappelé les situations qui ont prévalu au Soudan du Sud, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Égypte ou en Libye, rendant à chaque fois hommage aux peuples.


En Libye, la volonté de la coalition a été inébranlable et la volonté du peuple libyen a été respectée, a-t-il dit.  Aujourd’hui, la Libye est libre, a poursuivi M. Obama, en mettant l’accent sur le rôle rempli par la communauté internationale.  « Nous avons pour responsabilité de soutenir la nouvelle Libye et le Gouvernement libyen », a-t-il déclaré.


Kadhafi, Gbagbo, Ben Ali ne sont plus au pouvoir, a affirmé le Président américain.  Ben Laden est mort, emportant avec lui l’idée que le changement peut venir avec la violence, s’est-il félicité.  Les tyrans tremblent, les jeunes rejettent la dictature, les séparations entre races, religions et civilisations, a-t-il observé, relevant également le pouvoir de la technologie.


Le Président des États-Unis a également évoqué les situations en Iran et en Syrie, ce dernier pays où, a-t-il précisé, des femmes et des enfants sont torturés.  Le peuple syrien fait preuve de dignité et de courage dans la recherche de la justice, a-t-il dit, ajoutant que des personnes mouraient pour défendre les valeurs de l’ONU.  Nous devons nous exprimer à l’unisson, a-t-il déclaré.  Il n’y a pas d’excuse pour justifier l’inaction.  Le moment est venu pour le Conseil de sécurité de sanctionner le régime syrien, a ajouté M. Obama. 


Après avoir en outre évoqué les situations au Yémen et au Bahreïn, le Président américain a estimé que toutes les nations devaient choisir leurs propres caps correspondant aux aspirations de leurs peuples.  Mais, a-t-il dit, nous défendrons les droits universels adoptés par l’Assemblée générale, notamment ceux à des élections libres et honnêtes, à une justice équitable, les droits des femmes.  Les États-Unis continueront de soutenir les nations qui recherchent une transition vers la démocratie, a-t-il assuré.


M. Obama a ensuite abordé une question qu’il a qualifiée de « mise à l’épreuve de la politique américaine ».  Il a ainsi rappelé qu’il y a un an, il s’était adressé devant la même Assemblée générale, plaidant en faveur d’une Palestine indépendante.  Il s’est dit convaincu que le peuple palestinien méritait son propre État.  Mais une paix authentique ne peut être instaurée qu’entre les Palestiniens et les Israéliens eux-mêmes, a-t-il estimé. 


Un an plus tard, les parties n’ont pas surmonté leurs divergences, a-t-il constaté, notant que les États-Unis s’appuyaient sur une ligne très claire.  Les Israéliens, a-t-il expliqué, doivent savoir que tout accord doit être assorti d’une garantie de sécurité, tandis que les Palestiniens doivent connaître les limites territoriales de leur propre État. 


La question est de savoir comment atteindre cet objectif, a-t-il dit.  Il n’y a, selon lui, pas de raccourci possible.  La paix est un travail difficile, et ne sera pas obtenue au moyen de déclarations et de résolutions à l’ONU.  En fin de compte, ce sont les Israéliens et les Palestiniens qui doivent vivre côte à côte et doivent régler leurs différends, a déclaré M. Obama, rappelant l’exemple de l’Irlande du Nord et du Soudan.  Il a mis l’accent sur l’importance de rechercher un avenir où les Palestiniens vivront dans un État souverain, sans limites de possibilités.


Les États-Unis sont attachés à la sécurité d’Israël.  Cela est inébranlable.  Toute paix durable doit prendre en compte les exigences de sécurité d’Israël, a-t-il déclaré.  Chaque partie a des aspirations légitimes, voilà pourquoi la paix est si difficile à instaurer, a-t-il ajouté, estimant que l’on ne sortira de l’impasse que lorsque chaque partie se mettra à la place de l’autre.  C’est ce que nous devons promouvoir, a-t-il dit, mettant l’accent sur la nécessité pour les parties de revenir à la table des négociations.


« Nous devons lutter contre les ennemis communs de l’humanité », a également affirmé M. Obama, citant les armes nucléaires, la pauvreté, l’ignorance, les maladies.  « Ensemble, nous devons affronter ces menaces », a-t-il ajouté.  Dans le domaine nucléaire, les États-Unis, qui continueront de travailler pour l’interdiction totale des essais nucléaires, se sont engagés à s’acquitter de leurs propres obligations et à renforcer les traités.  Le Gouvernement iranien, a-t-il dit, ne s’est pas acquitté de ses obligations, tandis que la Corée du Nord n’a pas pris de mesures concrètes pour abandonner ses armes et continue ses activités belligérantes contre la Corée du Sud.  S’ils continuent, il faut isoler ces gouvernements et accroître la pression sur eux.


« Concernant la crise économique, nos sorts sont interdépendants », a-t-il poursuivi.  « Nous essayons de relever les défis liés aux conséquences de la crise », a-t-il dit, précisant que les marchés restaient fragiles.  Trop de personnes sont au chômage, trop ne font que survivre.  Le Président américain a appelé, une nouvelle fois, à prendre d’urgence des mesures coordonnées.  Les États-Unis, a-t-il affirmé, sont solidaires de leurs alliés européens alors que ceux-ci cherchent à renforcer leurs institutions et à surmonter leurs défis budgétaires.


M. Obama a en outre souligné l’importance de renforcer les systèmes de santé publique et de continuer la lutte contre le VIH/sida et le paludisme.  Il a exhorté tous les pays à atteindre l’objectif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) visant à faire en sorte que chaque pays puisse disposer des capacités de base pour garantir la santé publique.  Le Chef de l’État américain a, de même, appelé à ne pas différer les mesures pour faire face aux changements climatiques.  « Nous devons œuvrer ensemble pour transformer les sources d’énergie, a-t-il notamment estimé.  Voilà quel doit être notre engagement en faveur des générations futures », a-t-il dit.  Enfin, aucun pays ne peut se permette la corruption qui afflige le monde comme un cancer, a déclaré M. Obama, rappelant que son pays avait lancé un partenariat sur la gouvernance ouverte. 


CHEIK HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI, Émir de l’État du Qatar, a déclaré qu’il venait d’une région qui est actuellement traversée par des révoltes.  Les peuples de cette région, a-t-il poursuivi, appellent à des réformes qui leur permettront d’atteindre leurs objectifs et d’assumer leurs responsabilités.  L’Émir du Qatar a assuré qu’il encourageait la promotion du dialogue entre les cultures et les civilisations, le renforcement et la consolidation des relations entre les peuples et le rapprochement des puissances sur la base des principes du droit et de la justice et du droit international.  « Vous êtes tous conscients que le printemps arabe, avec tout ce qu’il représente pour l’histoire du monde arabe et l’histoire de l’humanité, impose des responsabilités très lourdes à l’ensemble du monde », a-t-il insisté.  L’Émir du Qatar a indiqué que son pays avait toujours adopté une politique claire concernant ses relations avec les pays arabes, les questions régionales et internationales.  Cette politique, a-t-il souligné, est fondée sur la compréhension, la réconciliation et l’harmonie entre les peuples et les nations. 


Le Qatar, a-t-il soutenu, n’a pas ignoré l’appel à l’aide lancé par les populations civiles, victimes de la répression.  Le changement doit se faire sur la base des normes et instruments de droit international régissant les relations internationales contemporaines, a-t-il rappelé.  Il est nécessaire d’évoluer d’une situation où les États agissent individuellement à une situation où la communauté internationale agit en accord avec les normes de droit international, a-t-il souligné.  Le système des Nations Unies doit également évoluer pour mieux répondre aux nouvelles réalités, a-t-il ajouté.  L’Émir du Qatar a souhaité l’avènement d’un monde qui ne se résume pas à des seuls intérêts, mais qui recherche des accords confirmant les principes régissant des « comportements civilisés », tout en préservant l’unité des intérêts.  Il a particulièrement regretté l’absence de tout progrès au Moyen-Orient en raison de l’intransigeance d’Israël.  Il a attiré l’attention sur les souffrances des Palestiniens sous occupation en exhortant les États Membres à répondre à la demande légitime du peuple palestinien d’obtenir la reconnaissance d’un État palestinien auprès de l’ONU. 


M. FELIPE CALDERÓN HINOJOSA, Président du Mexique, a tout d’abord estimé qu’il fallait « débureaucratiser » l’ONU afin qu’elle puisse être à même de relever les défis actuels.  Il s’est penché sur le sort du milliard de personnes les plus pauvres au monde, s’inquiétant de l’augmentation constante du prix des aliments qui, a-t-il constaté, pousse ces personnes à s’enfoncer encore plus dans la pauvreté.  C’est la faim qui, dans de nombreux endroits, a réveillé la conscience démocratique, a-t-il affirmé.  Le Président Calderón Hinojosa a estimé que de nouvelles technologies s’imposaient pour assurer une meilleure sécurité alimentaire, observant par ailleurs que les changements climatiques contribuaient également à l’insécurité alimentaire.  Il a également fustigé la spéculation financière sur le maïs et le blé.  Il faut imposer des limites aux marchés, a-t-il dit.


Le Président du Mexique a ensuite fait remarquer que la criminalité transnationale organisée tuait en réalité plus de personnes que tous les régimes dictatoriaux réunis.  Cette forme de criminalité est plus puissante que de nombreux gouvernements, a-t-il indiqué, évoquant ses ressources importantes découlant du trafic de stupéfiants et sa facilité d’accès aux armes et qui bénéficie, selon lui, des objectifs lucratifs de l’industrie de l’armement.  Il a estimé urgent d’établir de meilleures mesures de contrôle dans les pays producteurs et vendeurs d’armes afin de ne plus alimenter les arsenaux des réseaux criminels.  Il a également souhaité la poursuite des négociations sur un traité international sur le commerce des armes. 


Évoquant ensuite les revenus de la vente de drogues qui avoisinent, selon lui, des dizaines de milliards de dollars, le Président du Mexique a estimé qu’il était plus nécessaire que jamais pour les pays connaissant un taux important de consommation de drogues de prendre des mesures efficaces pour en réduire la demande.  Il a notamment observé qu’aux États-Unis, 30% des jeunes étaient consommateurs de drogues.  S’ils ne parviennent pas à réduire cette demande ou s’ils se résignent à ce que cette consommation continue de croître, a averti M. Calderón Hinojosa, ces pays auront l’obligation morale de réduire les bénéfices économiques actuellement illimités des criminels et à envisager des alternatives afin d’éviter que l’argent du trafic de stupéfiants continue d’être source de violence et de morts, notamment en Amérique latine, dans les pays de la région des Caraïbes et dans certaines régions d’Afrique.  Passant ensuite sur la question des changements climatiques, il a indiqué « avec fierté », que le Mexique avait beaucoup progressé pour résoudre les problèmes qui y sont liés, évoquant notamment l’issue de la Conférence de Cancún.  Il a expliqué que le Mexique avait mis sur pied un mécanisme de transfert de technologie, ainsi qu’un mécanisme de réduction des émissions liées au déboisement.  Observant que le Protocole de Kyoto prendra fin l’an prochain, il a estimé qu’il faudrait éliminer le « faux dilemme » qui veut que l’on choisisse entre croissance économique et la protection de l’environnement.  M. Caldéron Hinojosa a ensuite passé en revue les grandes lignes du programme d’élimination de la pauvreté du Mexique et a annoncé que son pays atteindrait cette année la couverture médicale universelle pour ses citoyens.  Concernant le conflit israélo-palestinien, le Président du Mexique s’est dit préoccupé par l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations entre Israël et la Palestine et a souhaité qu’une solution « politiquement viable » soit trouvée pour permettre aux Israéliens et au Palestiniens de vivre en paix.


M. NURSULTAN NAZARBAYEV, Président du Kazakhstan, a déclaré que son pays était l’un des premiers États nouvellement indépendants du monde à devenir non nucléaire.  Le Kazakhstan a en outre réussi à convoquer la Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie (CICA), à laquelle participent 29 pays qui représentent la moitié de la population mondiale.  L’année dernière, le Kazakhstan a présidé l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et organisé un sommet à Astana.  Cette année, a poursuivi M. Nazarbayev, le Kazakhstan préside l’Organisation de la coopération islamique (OCI), qui met l’accent sur le dialogue entre le monde islamique et l’Occident et combat l’islamophobie.


Le Président a enjoint les États Membres à préparer un projet de « déclaration universelle pour un monde exempt d’armes nucléaires ».  Il a salué la signature du Traité entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la réduction progressive de leurs arsenaux nucléaires.  « Nous pensons qu’il est important que tous les États qui font partie du « Club nucléaire » participent à ce processus », a-t-il insisté.  « Le Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) ne marche pas ».  Au XXIe siècle, seul un organe collégial tel que le Conseil de sécurité peut endiguer la course aux armements.


Sur le plan économique, M. Nazarbayev a estimé que la « raison d’être » des Nations Unies devrait être de prévoir les crises mondiales et d’éliminer leurs causes.  Il faut, selon lui, établir un mécanisme de gouvernance économique mondiale avec une monnaie de réserve.  Par ailleurs, le Président a fait valoir que « l’espace de l’information » était « aussi important pour l’avenir de l’humanité que les ressources minérales, l’air, l’eau ou l’espace extra-atmosphérique ».  Préoccupé notamment par la sécurité sur l’Internet, il a estimé qu’il était important de mettre au point un cadre juridique sur l’espace mondial de l’information.  Avant de conclure, M. Nazarbayev a annoncé la candidature du Kazakhstan à un poste non permanent au Conseil de sécurité pour 2017-2018 et appuyé la création d’un État palestinien.


M. NICOLAS SARKOZY, Président de la République française, a déclaré que le « printemps arabe » a levé une immense espérance de Tunis au Caire, de Tripoli à Damas, de Benghazi à Sanaa.  Décevoir cette espérance, a-t-il prévenu, donnerait raison aux fanatiques qui n’ont pas renoncé à dresser l’Islam contre l’Occident.  M. Sarkozy a dit que face à cette aspiration à la liberté et à la démocratie, que les peuples arabes ont si courageusement exprimée, nous ne pouvons pas répondre en perpétuant la tragédie de l’affrontement israélo-palestinien qui nourrit tant de souffrances et de rancœur.  Ce miraculeux printemps des peuples arabes, qui fait partout souffler un vent nouveau, nous impose plus que jamais comme une obligation morale et politique de résoudre enfin le conflit du Moyen-Orient, a insisté le Président Sarkozy.  Notant que la méthode utilisée jusqu’à présent a échoué, il a appelé à changer de méthode et de cesser de croire qu’un seul pays ou un petit groupe de pays pourra résoudre un problème d’une telle complexité.  Tout en reconnaissant que la paix ne sera faite que par les Israéliens et par les Palestiniens, M. Sarkozy a estimé que fixer des conditions préalables à la négociation, c’était se condamner à l’échec.  Tous les éléments d’une solution sont connus, a-t-il rappelé, en citant la Conférence de Madrid de 1991, le discours du Président Obama du 19 mai 2011, la Feuille de route, l’Initiative de paix arabe et les paramètres agréés par l’Union européenne.  Face à 60 ans d’immobilisme, la France propose d’accueillir, dès cet automne, une conférence des donateurs afin que les Palestiniens puissent parachever la construction de leur futur État, a dit M. Sarkozy.  Parce qu’il n’y a pas de solution parfaite, choisissons la voie du compromis, qui n’est pas un renoncement, qui n’est pas un reniement, mais qui permettra d’avancer, étape par étape, a-t-il ajouté.


Le Président de la France a appuyé le droit des Palestiniens à obtenir la création d’un État palestinien démocratique, viable et pacifique qui serait, pour Israël, la meilleure garantie de sa sécurité.  Aux Israéliens qui demandent des garanties pour cette paix, il a dit avec force que la France serait immédiatement aux côtés d’Israël, si quiconque menaçait son existence.  Notant qu’une reconnaissance pleine et entière du statut d’État Membre de l’ONU ne peut être obtenue dans l’immédiat, notamment en raison d’un manque de confiance entre les principaux acteurs, le Président Sarkozy a proposé une étape intermédiaire consistant à envisager pour la Palestine le statut d’État observateur aux Nations Unies.  Ce serait un pas important qui permettrait de sortir de 60 ans d’immobilisme qui fait le lit des extrémistes.  « Nous redonnerions un espoir aux Palestiniens en marquant des progrès vers le statut final », a-t-il assuré.  L’objectif ultime c’est bien la reconnaissance mutuelle de deux États nations pour deux peuples, établis sur la base des lignes de 1967 avec des échanges de territoires agréés et équivalents.  Il a demandé que l’Assemblée générale, qui en a le pouvoir, décide d’avancer, décide de sortir du piège mortel de la paralysie.  Il serait trop accablant que l’Assemblée générale de l’ONU ne profite pas de l’opportunité du réveil des peuples arabes au service de la démocratie pour régler un problème qui fait le malheur de ces deux peuples qui, de toutes façons, sont condamnés à vivre côte à côte.  « Rassurons Israël et donnons un espoir au peuple palestinien », a-t-il dit avant de conclure.


Mme CRISTINA FERNÁNDEZ, Présidente de l’Argentine, a souligné la nécessité de réformer les institutions financières multilatérales, notamment le Fonds monétaire international (FMI) et l’ONU.  Elle a relevé qu’en 2003, son pays était considéré comme une « brebis galeuse » par la communauté internationale, et que pendant les années 1990 l’Argentine avait servi de « cobaye » aux expérimentations menées par les institutions financières internationales.  Elle s’est félicitée du fait qu’aujourd’hui l’Argentine ait réussi à restructurer sa dette de manière à ce qu’elle représente moins de 30% de son PIB, et que le pays ait connu une baisse de son taux de chômage.


Mme Fernández s’est ensuite penchée sur les liens existant entre l’augmentation du prix des denrées alimentaires et la spéculation financière.  L’écart entre ce qui est produit et l’évaluation financière des stocks est consternant, a-t-elle observé.  C’est là la source de la volatilité qui détruit de nombreux emplois à travers le monde pendant que certains spéculateurs en tirent des profits notables, a-t-elle déploré.  Elle a appelé les organisations financières à réglementer les flux de capitaux dans le monde et à mettre un terme à l’instabilité.  À moins de cela, a-t-elle averti, les efforts consacrés à la croissance économique des pays en développement seront mis à mal.  La Présidente a estimé qu’il fallait accorder une attention particulière aux agences de notation, observant que les crises économiques finissaient toujours par avoir un impact sur les systèmes politiques.  Il est impensable que des millions de personnes perdent leur emploi et leur sécurité sociale sans que cela entraîne des changements politiques profonds qui provoqueraient à leur tour d’autres crises économique susceptibles de déboucher sur une montée des totalitarismes, a-t-elle averti.


Abordant la question de la réforme du Conseil de sécurité, Mme Fernández a estimé qu’il fallait y éliminer la catégorie de membre permanent ainsi que le droit de véto, « qui n’a de pertinence que dans un monde bipolaire ».  Elle a fait savoir que l’Argentine avait reconnu l’État de la Palestine et a estimé que l’accession de la Palestine au statut d’État Membre profiterait à Israël.  Persister à l’empêcher de devenir membre de l’Assemblée générale continuera de donner de la marge aux adeptes du terrorisme international et à la poursuite de leurs activités criminelles, a estimé la Présidente de l’Argentine pour qui l’exclusion de la Palestine provoquera davantage d’instabilité.


Mme Fernández a ensuite longuement évoqué la situation des îles Malvinas.  Elle a notamment fait savoir que plutôt qu’insister pour obtenir l’exercice de la souveraineté sur ce territoire, son pays demandait simplement le respect des 10 résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, ce à quoi, a-t-elle regretté, s’est refusé le Royaume-Uni. 


S’agissant du différend qui oppose son pays à l’Iran au sujet de l’attaque terroriste perpétrée contre une association juive en territoire argentin, Mme Fernández a rappelé que l’Argentine avait proposé qu’une cour établie dans un pays tiers et dont les membres seraient sélectionnés par accord mutuel soit chargée de mener l’enquête.  Les messages récents de l’Iran illustrent certes un changement, mais ne constituent pas une forme de justice, a-t-elle dit.  Sur cette question, tout comme pour la question des îles Malvinas, l’Argentine est ouverte au dialogue, a-t-elle ajouté.


M. MICHEL SLEIMAN, Président du Liban, a déclaré que cette session de l’Assemblée générale se tenait dans un contexte dominé par d’importantes questions arabes et par les efforts légitimes déployés pour la reconnaissance de l’État de Palestine et son admission comme membre à part entière des Nations Unies, questions qui s’ajoutent aux tensions persistantes dans la péninsule coréenne, aux évolutions positives sur le continent africain, aux efforts soutenus déployés pour contrôler les répercussions de la crise financière mondiale, aux catastrophes naturelles et à la persistance du terrorisme.


Le Liban, a souligné M. Sleiman, est engagé lui-même à respecter les principes ayant trait aux libertés civiles, en particulier celui de la liberté d’opinion et de croyance, et de la souveraineté populaire, de même que celui de l’alternance au pouvoir avec la participation active aux affaires publiques de toutes les communautés.  Il a ajouté que son pays s’était engagé à respecter les résolutions de la légalité internationale, notamment celles qui sont relatives au Tribunal spécial pour le Liban.  Le Président libanais a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de suivre les changements opérés dans le monde arabe afin que ces évolutions puissent servir ses intérêts communs, solidifier ses progrès et sa dignité tout en le préservant de tout basculement vers l’extrémisme, vers le chaos ou vers la division sur des bases sectaires ou religieuses.


Pour M. Sleiman, il est urgent d’imposer, dans le cadre d’un processus intégré, une solution juste et globale à tous les aspects du conflit au Moyen-Orient, sur la base des résolutions de la légalité internationale, des Termes de référence de Madrid, et de toutes les dispositions de l’Initiative de paix arabe.  Il est grand temps de parvenir à une entente historique après des décennies marquées par des sentiments d’injustice et d’hostilité, qui ont aussi été des décennies de guerres et d’occasions manquées, a-t-il déclaré.  M. Sleiman a ainsi mis l’accent sur l’importance des efforts palestiniens visant à faire reconnaître leur État et à le faire admettre, au sein des Nations Unies, comme État Membre à part entière.  Néanmoins, un tel aboutissement ne saurait constituer une solution définitive à la question palestinienne, a-t-il indiqué.  Il a ainsi souligné la nécessité de résoudre la question des réfugiés et celle du droit au retour.


Le Chef de l’État libanais a rappelé que son pays, il y a quelques jours, avait accueilli la deuxième Réunion des États parties à la Convention sur les armes à sous-munitions.  La Réunion s’est conclue par l’adoption de la « Déclaration de Beyrouth ».  Ces armes, a-t-il dit, continuent de menacer des civils et des enfants innocents au Sud-Liban.  Il a appelé à condamner Israël et à contraindre ce pays à dédommager le Liban pour les souffrances et les dommages importants causés par ces armes sur les populations.  Israël, doit aussi être condamné pour ses agressions répétées contre le Liban, a dit M. Sleiman. 


Le Liban, a-t-il poursuivi, réitère son engagement dans la mise en œuvre, cinq ans après son adoption, de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité, et appelle une nouvelle fois la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il en applique toutes les dispositions.  M. Sleiman a, de même, salué le rôle essentiel joué par la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) au Sud-Liban.


Pour M. Sleiman, si les Nations Unies assument un rôle sans cesse croissant depuis la fin de la guerre froide en maintenant la paix et la sécurité internationales et en intervenant pour résoudre les différends dans de nombreuses régions troublées du monde, celles-ci demeurent néanmoins incapables de prouver leur efficacité au Moyen-Orient, où de grands dangers menacent encore la paix et la sécurité internationale.  Ces menaces résultent de l’attitude d’Israël, a-t-il accusé.  Selon le Président libanais, il convient donc de faire aboutir les négociations sur la réforme du Conseil de sécurité, afin que cet organe puisse être adapté à la nouvelle situation géopolitique mondiale et être en mesure de garantir la mise en œuvre de ses résolutions contraignantes, en particulier celles liées au conflit israélo-arabe.


« Cette année marque le vingtième anniversaire de l’accession de la République de Corée aux Nations Unies, et on peut dire sans exagérer que notre République est venue au monde avec les Nations Unies et a continué à grandir avec l’Organisation », a déclaré, M. LEE MYUNG-BAK, Président de la République de Corée.  Malgré les liens historiques entre les Nations Unies et la République de Corée, il a fallu attendre 1991, plus de 40 ans après la guerre froide, pour que la République de Corée ne parvienne à être admise à l’ONU, a rappelé le Président.  Depuis cette date, la République de Corée n’a cessé de promouvoir et respecter les causes et les valeurs des Nations Unies.  Son pays, qui était sorti de la pauvreté et de la guerre, a accompli des progrès énormes tant au plan économique que de celui de la démocratie, a rappelé le Président, convaincu qu’il s’agit là d’une véritable « histoire de succès dans la communauté internationale ».  « Aujourd’hui, la République de Corée veut rendre la pareille à la communauté internationale et se tient prête pour tendre la main à ceux dans le besoin », a-t-il ajouté.


Le Président coréen a ensuite invité la communauté internationale à renforcer le régime de non-prolifération pour éviter la prolifération nucléaire ainsi que celle des armes chimiques et biologiques qui représentent toutes, selon lui, une des plus grandes menaces pour l’humanité.  À cet égard, il a mis l’accent sur les risques liés au terrorisme nucléaire dans le monde actuel, appelant à une coopération internationale plus soutenue pour en venir à bout.  Passant au printemps arabe, M. Lee a remarqué que ces évènements historiques montraient bien que la démocratie est une valeur universelle de l’humanité qui transcende les régions et les cultures.  Pour lui, la communauté internationale et les Nations Unies doivent faire leur possible pour protéger les peuples qui demandent la démocratie de la persécution et des abus des droits de l’homme.  Citant les exemples de la République du Soudan du Sud et de la Côte d’Ivoire, il a estimé qu’il s’agissait là de cas concrets où les efforts des Nations Unies ont réussi à faire avancer la démocratie en Afrique.  Il a insisté sur le lien étroit qui existe, selon lui, entre la croissance économique et la démocratisation qui « se renforcent mutuellement ».  Fort de ce constat, le Président a insisté sur le fait que l’écart croissant entre pays développés et en développement ne devrait pas uniquement être abordé sous l’angle de la pauvreté mais aussi en tant que potentiel facteur de déstabilisation pour la paix internationale.  Par conséquent, les pays développés devraient, a-t-il dit, aider ceux en développement à réaliser leur croissance économique et leur développement, ce qui suppose un environnement porteur tant sur le plan commercial, que financier et des ressources humaines.  Pour sa part, la République de Corée s’engage à respecter les engagements pris dans le cadre des OMD, et à doubler le montant de son aide publique au développement d’ici à 2015.  Le Président Lee a ensuite abordé la question de la menace nucléaire posée par la Corée du Nord.  Pendant les 20 dernières années, son pays n’a cessé de déployer des efforts diplomatiques, en coopération avec la communauté internationale, pour parvenir à la dénucléarisation de la péninsule coréenne, et continuera à le faire, a-t-il précisé.  « Au XXIe siècle, il faut d’abord travailler ensemble si nous voulons réaliser la paix et la prospérité.  C’est une tendance historique et la République populaire démocratique de Corée doit y venir », a-t-il ajouté. 


M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la République de la Guinée équatoriale, a souhaité que l’ONU redevienne une organisation au sein de laquelle les points de vue et intérêts de tous les pays du monde soient représentés de façon équitable et juste.  L’Afrique, qui est le théâtre de plusieurs conflits fratricides et dont les peuples ont été exploités durant des siècles par des puissances étrangères, se trouve face à une nouvelle forme de colonialisme sous prétexte d’interventions humanitaires qui ne servent qu’à violer davantage les droits des peuples africains, a estimé le Président Obiang Nguema Mbasogo.  L’Afrique doit faire valoir sa personnalité internationale en évitant des divisions internes liées à des intérêts non avoués, a-t-il insisté. 


Il a recommandé au Conseil national de transition libyen de mettre en place un gouvernement de transition et d’organiser des élections au plus vite.  Il a souhaité que le peuple du Soudan du Nord et celui du Soudan du Sud vivent en paix et en harmonie avec tous leurs voisins.  Face aux dangers de la mondialisation, il a souhaité que l’on encourage la coexistence des cultures et des civilisations.  Sur le plan économique, Le Président Obiang Nguema Mbasogo a souhaité que la dimension sociale de l’homme se retrouve dans les activités productives pour le bien de l’humanité.  Il a fustigé les barrières douanières, blocus et discriminations pratiqués actuellement dans les échanges commerciaux internationaux, qui ne font que perpétuer la pauvreté des uns et l’enrichissement des autres.  L’Afrique, qui ne représente qu’un pour cent de l’économie mondiale, a besoin d’un soutien économique et technologique qui lui permettra de mettre ses ressources considérables au service de son propre développement économique et social, a-t-il dit.  


Outre la crise économique, le continent africain fait face aux effets dévastateurs des changements climatiques, des catastrophes naturelles, des famines et des maladies transmissibles, a-t-il noté.  Il a souhaité que les pays industriels responsables du changement climatique soient tenus responsables des dommages et des préjudices découlant de ses effets.  Par ailleurs, le Président de la Guinée équatoriale a précisé que le sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Sipopo, en Guinée équatoriale, a adopté un programme visant à promouvoir l’emploi des jeunes et des femmes.  Grace à la paix, à la réconciliation et à la stabilité qui règnent dans notre région et pays, la Guinée équatoriale participe avec un certain optimisme à ces débats, car on prend de plus en plus conscience que l’ONU doit devenir le centre de la cohésion internationale, a conclu le Président de la Guinée équatoriale. 


M. ABDULLAH II BIN AL HUSSEIN, Roi de la Jordanie, a indiqué que des « transformations historiques » étaient actuellement en cours dans sa région.  Il a estimé que le printemps arabe était l’occasion d’institutionnaliser des changements positifs et nécessaires pour un avenir « fort, sûr et prospère ».  Il a expliqué que dans son pays, cette occasion ouvrait la porte « à une revitalisation importante de nos efforts de réforme ».  Il a souhaité que cet effort soit inclusif et national afin d’atteindre l’objectif d’un gouvernement représentatif, observant par ailleurs que ce « changement démocratique irréversible » signifiait la nécessité de « bâtir la réforme dans la réforme », notamment dans les domaines du respect de l’état de droit, de la justice et des droits et libertés découlant de la vie politique démocratique.  Il a ensuite expliqué que le Parlement jordanien finalisait actuellement la révision de la Constitution en vue de sa ratification.


M. Al Hussein a ensuite signalé que dans sa région, la plus importante source de division et d’instabilité était le conflit israélo-palestinien.  « Nous nous trouvons actuellement dans une impasse dangereuse », a-t-il averti.  Les négociations ont été suspendues, les frustrations ont atteint leur sommet et les activités liées à l’implantation de colonies de peuplement se poursuivent en Israël, en dépit du droit international.  Le Roi Abdullah s’est particulièrement inquiété de la poursuite de ces activités à Jérusalem, « une des questions clefs du statut final qui ne peut être résolue que par l’intermédiaire de négociations ».  « Je n’exagère pas la crise qui pourrait naître de la destruction de lieux sacrés ou les efforts visant à supprimer le caractère arabe de Jérusalem-Est », a-t-il dit.  Une solution à deux États ne peut être réalisée qu’avec la garantie d’une paix durable, a-t-il souligné.  Les négociations doivent se poursuivre afin de régler de manière définitive les quatre questions clefs, à savoir les frontières, Jérusalem, les réfugiés et les colonies de peuplement. 


Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a rappelé que les principes de l’Organisation des Nations Unies –véritable « G-193 »– guidaient la communauté internationale depuis des décennies, avant de saluer l’avancée représentée par la création de l’entité « ONU-Femmes ».  Se réjouissant des progrès enregistrés depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement, elle a invité la communauté internationale à respecter l’interdépendance des trois dimensions du développement, qui sont sociale, économique et écologique.  La Présidente finlandaise a également indiqué que le Groupe de haut niveau sur l’écoviabilité mondiale qu’elle préside avec le Président de l’Afrique du Sud, Jacob Zuma, devrait formuler ses recommandations pour la fin de cette année.  Redéfinir les OMD en objectifs pour le développement durable autour de l’année 2015 pourrait aider la communauté internationale dans sa lutte contre la pauvreté  et pour le développement durable, a-t-elle poursuivi.


Mme Halonen a souligné le rôle crucial que devrait jouer la médiation à chaque étape d’un conflit, avant de rappeler que l’Assemblée générale a adopté en juin dernier la première résolution portant sur le thème de la médiation, ce qui renforce, à cet égard, le rôle des Nations Unies.  Elle a ajouté que son pays, fidèle soutien de l’ONU, souhaitait assumer des responsabilités supplémentaires, au sein du Conseil de sécurité, pour la période couvrant les années 2013-2014.


Commentant l’évolution rapide en cours dans le monde arabe, Mme Halonen a tenu à souligner le rôle indispensable qui incombe aux femmes dans la marche vers la démocratie, avant de féliciter le Conseil national de transition libyen pour ses efforts pour la construction d’un système politique démocratique et inclusif, qui fera, a-t-elle espéré, toute sa place aux droits des femmes.  Enfin, s’agissant de la situation au Moyen-Orient, la Présidente de la Finlande a souligné l’urgente nécessité d’une reprise des négociations qui viseraient, au sein d’un calendrier défini, à établir un État palestinien viable, démocratique et indépendant vivant en paix et en sécurité aux côtés de l’État d’Israël.


M. JUAN MANUEL SANTOS CALDERÓN, Président de la Colombie, a affirmé que les transformations politiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient entraînaient certes la démocratie et l’état de droit, mais peuvent être aussi un facteur de stabilité mondiale.  « Notre devoir est d’accompagner ces pays dans leur quête de démocratie et de liberté », a-t-il ajouté.  Le Président colombien a mis l’accent sur la nécessité d’utiliser la médiation dans les conflits avec détermination et conviction.  La Colombie l’a fait, a-t-il dit, avec le Venezuela et l’Équateur, sur la base du dialogue direct et du respect mutuel.  M. Santos Calderón a également mis l’accent sur la nécessité de trouver une solution au conflit au Moyen-Orient.  En Haïti, les Haïtiens doivent s’approprier leurs problèmes et les solutions à ces problèmes, et doivent être accompagnés par la communauté internationale en vue d’assurer leur développement économique et social.  La Colombie s’attache également à prendre des mesures en vue d’atténuer les effets des changements climatiques et de s’y adapter, a-t-il également dit, soulignant de même l’importance de la prochaine Conférence de Rio.


Le Chef de l’État colombien s’est par ailleurs attardé sur le conflit qui a touché son pays et de la dette morale due aux victimes.  La justice, la vérité et la réparation n’ont pas besoin d’attendre, a-t-il déclaré.  Il est nécessaire, a insisté M. Santos Calderón, de répartir plus équitablement les ressources provenant du pétrole et des extractions minières afin d’en faire bénéficier les populations locales concernées qui en ont le plus besoin.  S’agissant de la lutte contre les stupéfiants, le Président a fait remarquer que la Colombie avait remporté de grands succès, mais que de grands défis subsistaient.  Les stupéfiants et le terrorisme menacent les démocraties et l’état de droit, a-t-il affirmé.  La Colombie poursuit sa lutte contre ce fléau, car, a-t-il dit, il s’agit d’un problème de sécurité nationale.  M. Santos Calderón a mis l’accent sur la coopération dans cette lutte contre un fléau qui touche sans discrimination tous les États.  Avant de conclure, le Président colombien a lancé un appel pour que la communauté internationale puisse continuer à utiliser efficacement les moyens pacifiques dont elle dispose pour que les crises d’aujourd’hui deviennent des opportunités en vue d’un avenir meilleur. 


M. GOODLUCK EBELE JONATHAN, Président du Nigéria, a déploré qu’en dépit de l’optimisme initial, le monde du XXIe siècle devienne encore plus instable, imprévisible et sans doute plus dangereux que jamais.  Le recours de plus en plus fréquent au terrorisme dans diverses régions du monde, comme forme d’action ou d’expression politique, pose une grave menace à la paix et à la sécurité internationales, a-t-il averti, évoquant la récente attaque « atroce » contre le bâtiment de l’ONU à Abuja, qui a fait plusieurs morts.  Les actes terroristes, plutôt que nous intimider, ne feront que renforcer notre détermination à développer les stratégies nationales adéquates et à collaborer encore plus étroitement avec la communauté internationale dans la lutte contre cette menace, a-t-il ajouté.  Dans cette perspective, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme des Nations Unies va lancer son premier projet à Abuja au mois de novembre autour de la prévention des conflits et de la sensibilisation de la jeunesse, a dit M. Jonathan.


Le Président nigérian a rappelé que l’année dernière, il s’était engagé devant l’Assemblée à organiser des élections libres et crédibles au Nigéria, ce qui fut le cas en avril 2011.  À travers tout le pays prévaut un sentiment renouvelé d’optimisme concernant notre capacité à créer un nouveau Nigéria sur les principes des libertés individuelles, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’état de droit, a-t-il assuré.  Il a également apporté son appui au rôle central donné dans le débat de cette année à la médiation dans la résolution pacifique des conflits, rappelant que le Nigéria, Président du Conseil de sécurité en juillet 2010, avait adopté le recours à la diplomatie préventive pour résoudre les conflits armés dans le monde.  Cultiver la paix et réaliser les objectifs du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies nécessite une identification précoce des tensions et une intervention adaptée aux situations de conflit afin de construire la confiance, a insisté M. Jonathan, rappelant que les efforts de médiation allaient requérir un redéploiement de ressources humaines et financières en faveur des institutions et mécanismes de prévention et de résolution des conflits existant dans le système des Nations Unies et au-delà.  Il a ainsi proposé la mise en place, au sein du Bureau du Secrétaire général, d’une commission de médiation des conflits, ayant pour mandat, entre autres attributions, de collecter des informations, d’identifier les acteurs et de développer des stratégies pour la résolution des conflits.


Toutefois, si l’idée de résoudre les conflits par la médiation peut être couronnée de succès, il faut aussi s’attaquer au problème posé par le trafic d’armes, a poursuivi le Président du Nigéria, en particulier parce que ces dernières tombent aisément entre les mains de groupes et de personnes qui déstabilisent et mettent en péril la sécurité de nombreux pays du monde en développement.  C’est pourquoi le Nigéria continue de soutenir toutes les initiatives qui permettront de finaliser un traité sur le commerce des armes en 2012.  De même, le Nigéria mène des consultations avec d’autres États de la sous-région pour renforcer l’initiative du Secrétaire général de déployer une mission d’évaluation sur la question de la piraterie et des autres crimes maritimes commis dans le golfe de Guinée, a souligné le Président.


M. Jonathan a aussi réaffirmé le soutien de son pays à ONU-Femmes et a annoncé que son cabinet était constitué à 30% de femmes.  En outre, il a assuré que son gouvernement intensifiait ses efforts pour améliorer son système de santé, à la fois contre les maladies non transmissibles et contre le VIH/sida.  Le Nigéria soutient également la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et la Convention sur la biodiversité, et il a récemment ratifié celle relative aux droits des personnes handicapées, entre autres instruments internationaux des droits de l’homme.


L’Afrique de l’Ouest connaît une période excitante de renaissance démocratique, a enfin déclaré M. Jonathan, saluant la tenue d’élections dans six pays avant la fin de l’année et la résolution du conflit en Côte d’Ivoire, qui marque « le début de notre voyage vers la consolidation de la culture démocratique et de la bonne gouvernance en Afrique ».  Aujourd’hui, tous les pays africains ont atteint l’autodétermination, a-t-il dit, mais il reste encore beaucoup à faire pour construire des États viables et capables en Afrique, sur les principes de la participation populaire, de l’état de droit et du respect des droits de l’homme. Le Président du Nigéria a enfin appelé à une réforme du Conseil de sécurité, « seule manière de démontrer que toutes les nations sont sur un pied d’égalité aux Nations Unies ».


M. TOOMAS HENDRIK ILVES, Président de l’Estonie, a rappelé que le vingtième anniversaire du rétablissement de l’indépendance de son pays coïncidait avec le vingtième anniversaire de son entrée aux Nations Unies comme État Membre.  S’il a salué la décision de M. Ban Ki-moon de faire porter son second mandat de Secrétaire général sur la démocratie et les droits de l’homme, M. Ilves a toutefois jugé que les résultats du mouvement démocratique initié il y a une génération étaient décevants.  En effet, selon le rapport annuel de l’organisation Freedom House, des anciennes républiques de l’empire soviétique, seules l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie peuvent aujourd’hui se prévaloir de l’état de droit, du respect des libertés fondamentales et d’élections libres et transparentes, a précisé le Président estonien.  Les révolutions en l’Afrique du Nord et au Moyen-Orient constituent de toute évidence, a-t-il dit, des soulèvements populaires contre les violations répétées de l’état de droit, la corruption et l’injustice.  Il a tout particulièrement attiré l’attention sur le sort des femmes qui, après avoir pris part aux manifestations contre des régimes autocratiques et corrompus, doivent maintenant être complètement parties prenantes des processus politiques, afin de concrétiser les objectifs arrêtés dans la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité.


M. Ilves a ensuite attiré l’attention sur la situation en Afghanistan qu’il a considérée comme l’un des défis les plus importants pour la communauté internationale.  Convaincu de la nécessité d’y restaurer l’état de droit et la bonne gouvernance, le Président estonien a expliqué que son pays restait engagé en faveur des Afghans, en particulier de l’accès des femmes et des enfants de ce pays aux soins de santé et à l’éducation.  M. Ilves a également évoqué la situation en Géorgie, « dont l’intégrité territoriale a été violée à la fin du conflit en 2008 ».  Soulignant l’importance pour tous les pays, « et non seulement les petits pays », de respecter les principes fondamentaux du droit international, M. Ilves a appuyé la poursuite des pourparlers de Genève en vue de résoudre cette question.  Le Président a en outre abordé le sujet de l’Internet, qui joue un rôle déterminant dans les processus de démocratisation et de mobilisation des mouvements populaires.  Les États devraient donc faire tout leur possible pour faciliter le plein accès de leurs populations à l’Internet.  Il a cependant souligné les dangers inhérents à cet outil, comme par exemple les « cybermenaces » qui peuvent mettre en danger des communautés entières.  L’Estonie en a fait l’expérience en 2007, lorsqu’une série d’attaques avait sensibilisé l’opinion publique à la gravité d’une telle situation.  « C’est pourquoi, notre gouvernement a tout mis en œuvre pour sécuriser au maximum l’accès à l’Internet, dans le respect le plus strict des libertés individuelles », s’est félicité le Président.


Mme MICHELINE CALMY-REY, Présidente de la Suisse, a observé que la gouvernance mondiale demeurait fragmentée et peu efficace et a estimé que des structures de gouvernement renforcées étaient nécessaires pour que l’ONU réussisse à s’imposer comme le moteur de la réorientation vers le développement durable.  Au sujet des évènements dans le monde arabe, Mme Calmy-Rey a constaté que de nombreux pays étaient confrontés à des changements difficiles et que la relation de la région avec le reste du monde devait être définie sur de nouvelles bases.  Elle a engagé les États Membres à garantir qu’une aide efficace soit apportée rapidement aux victimes d’émeutes et de violence, à veiller à ce que la sécurité et l’état de droit soient renforcés et à contribuer aux dialogues politiques inclusifs, entre autres.  Elle les a également appelés à soutenir des mesures immédiates de relance de l’économie.


La Présidente de la Suisse a ensuite regretté que le printemps arabe n’ait pas permis de relancer le processus de paix au Moyen-Orient.  « Nous constatons, amers, que l’année écoulée a été une année de plomb qui n’a pas débouché sur des progrès mais sur la stagnation et même sur un durcissement », a-t-elle dit.  Le processus de paix, a-t-elle ajouté, s’est substitué à la paix.  Mme Calmy-Rey a ensuite affirmé que l’initiative de Genève était une proposition « consolidée, détaillée et compatible ».  Affirmant par ailleurs que c’est dans une solution négociée plutôt que dans la victoire militaire que réside une solution durable à la plupart des conflits armés, la Présidente a voulu un engagement plus fort et plus durable du Conseil de sécurité dans la diplomatie préventive.  Elle l’a appelé à s’adapter aux nouvelles réalités et à être plus transparent et plus ouvert, pour ensuite plaider pour l’amélioration de ses méthodes de travail.


M. PORFIRIO LOBO SOSA, Président du Honduras, a réaffirmé la volonté de son pays de mettre en œuvre la Charte des droits de l’homme et en particulier le principe selon lequel « nous naissons tous libres et égaux en droits », qui est un principe inviolable.  Fort de ce constat, le Président hondurien a ajouté que le droit à l’autodétermination des peuples faisait partie intégrante de ces droits et que c’était dans cet esprit que le Honduras reconnaissait l’État de Palestine et son droit à devenir membre de plein droit de l’Assemblée générale, tout en veillant à garantir la sécurité d’Israël.  « Si nous voulons la paix, nous devons rappeler qu’elle se fonde sur les droits de l’homme, le droit des peuples et des nations », a souligné M. Lobo Sosa.


Revenant aux conséquences du coup d’État survenu en juin 2009 au Honduras, il a reconnu qu’il y avait eu une grave détérioration des droits de l’homme dans son pays.  Toutefois, a-t-il indiqué, depuis qu’il a lui-même assumé le pouvoir, il s’est attelé à réconcilier le peuple hondurien.  Il a saisi cette occasion pour remercier la communauté internationale pour ses efforts de médiation qui ont permis d’aboutir à l’accord de réconciliation de Cartagena.  Le Gouvernement du Honduras est déterminé à faire prévaloir une culture des droits de l’homme à travers un dialogue permanent avec tous les groupes de la société, a poursuivi M. Lobo Sosa.  À cet effet, il a dit que son gouvernement a mis en place un Secrétariat des droits de l’homme qui a pour mission de conseiller le Président.  De plus, la Commission de vérité et de réconciliation a récemment achevé son mandat en présentant au peuple hondurien son rapport et ses recommandations, recommandations que le Gouvernement s’engage à suivre, a-t-il précisé. 


Abordant les questions économiques, le Président hondurien a expliqué que, face à la crise économique mondiale, son pays avait essayé de parvenir à un accord national pour relever les défis posés par cette crise.  Ainsi, le Pacte social hondurien doit permettre de garantir une croissance économique régulière dans le contexte d’une économie équitable.  Les parties prenantes au Pacte sont également en train de définir les réformes nécessaires du système éducatif.  Pour ce qui est de la problématique des changements climatiques, le Président a expliqué que même si le Honduras contribuait très peu aux émissions de gaz à effet de serre, cela ne l’a pas empêché de signer tous les protocoles visant à lutter contre les changements climatiques.  Par ailleurs, le Honduras a pris des mesures concrètes pour protéger les droits des peuples autochtones, le but ultime étant de mener à bien la réforme constitutionnelle en cours pour en faire un pays multiethnique et multiculturel. 


Pour le Président hondurien, l’un des plus grands défis à relever dans la région d’Amérique centrale reste l’insécurité des populations.  Face à une escalade sans précédent de la violence et de la criminalité organisée au cours des 10 dernières années, il est urgent d’agir car ces maux sapent le bien-être social et la croissance économique de ces pays a-t-il affirmé.  « Tous ces problèmes trouvent leur origine dans le trafic et la consommation de drogues », a précisé M. Lobo Sosa, et même si les pays de la région investissent beaucoup dans la lutte contre le trafic des drogues, leurs efforts resteront vains tant que la demande ne baisse pas dans les pays développés.  Par conséquent, a dit M. Lobo Sosa, il faut mettre en place un plan pilote international qui s’attaque autant au volet du trafic de drogues qu’à celui de la consommation des drogues.  Le succès d’un tel plan dépendra de la volonté des pays développés, premiers consommateurs de drogues, à agir de manière déterminée pour réduire cette consommation.  .


M. VIKTOR YANUKOVYCH, Président de l’Ukraine, a assuré que la diplomatie préventive et la médiation, sur les plans régional et international, occupent une place majeure dans la diplomatie de l’Ukraine.  Il a relevé que l’Ukraine applique ces principes au sein de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies et continuera de le faire au cours de la présidence, qu’elle assumera, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en 2013.  Reconnaissant que les efforts de prévention des conflits ne sont pas toujours suffisants, le Président ukrainien a affirmé que durant les conflits armés, la première des urgences devrait être d’assurer le respect des droits de l’homme, et notamment la sécurité des civils.  C’est en respect de ce principe, a-t-il révélé, que l’Ukraine a été parmi les premiers pays à mener des missions humanitaires en Libye en début de cette année.  De même, en soutien au Programme alimentaire mondial, M. Yanukovych a annoncé que son pays vient d’accorder un don de blé pour lutter contre la famine qui sévit dans la corne de l’Afrique. 


Rappelant que l’Ukraine moderne vient de célébrer le vingtième anniversaire de son indépendance, M. Yanukovych a soutenu que son pays tient en estime le respect du dialogue et la recherche de la paix.  L’une des preuves de cet engagement, a-t-il ajouté, est l’activité que l’Ukraine a eue durant ses deux mandats au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.  Il a souhaité que son pays redevienne membre dudit Conseil en 2018.  Rappelant les attaques dont le Bureau des Nations Unies vient d’être victime au Nigéria, le Président ukrainien a assuré que son pays condamne toute forme de manifestation du terrorisme.  « Nous pensons que tout acte terroriste, quels qu’en soient l’auteur, le lieu et la justification, viole les droits fondamentaux de l’homme et constitue un crime contre l’humanité », a-t-il affirmé.


La prise de conscience du niveau des méfaits occasionnés par la catastrophe de Tchernobyl, a dit le Président, a été la raison de la tenue, en avril dernier, d’un Sommet sur l’utilisation saine et innovante de l’énergie atomique.  Poursuivant sur cette lancée, il a appelé à un désarmement nucléaire mondial graduel et irréversible dans le but de parvenir à l’élimination complète des armes nucléaires à travers le monde.  Évoquant la réforme des Nations Unies, M. Viktor Yanukovych a suggéré une plus grande implication de l’Assemblée générale sur la scène internationale et a souhaité l’octroi d’au moins un autre siège de membre non permanent au Conseil de sécurité aux États d’Europe orientale.


M. FERNANDO LUGO MENDÉZ, Président du Paraguay, a déclaré qu’il fallait avant tout replacer l’être humain au centre du développement et des préoccupations de l’univers.  « Comment peut-on se réjouir des avancées technologiques quand une partie de l’humanité doit mendier pour manger? », s’est-il interrogé.  M. Mendéz a déploré la pauvreté des régions dont les ressources naturelles font pourtant la richesse de leurs voisins.  Il s’est inquiété de la croissance démographique et du fossé des inégalités.  Au Paraguay, la population a augmenté de plus de 15% en 2010.  « La solidarité est un impératif moral mais aussi une réalité nécessaire pour le progrès et pour combattre la face obscure de l’ignorance que sont la violence et le crime », a-t-il poursuivi.  De l’avis du Président du Paraguay, la conquête du bien-être pour tous doit être le modèle de notre époque.  « Quand prendrons-nous conscience en Amérique latine que nous sommes les pays exportateurs de nature, d’oxygène, d’eau douce, d’aliments et d’énergie? », a-t-il dit.  Il n’est pas logique que ces pays continuent d’être soumis à la pauvreté.


« Le Paraguay réaffirme son engagement en faveur du multilatéralisme, avec un nouvel ordre mondial démocratique et égalitaire qui garantisse le développement intégral de nos peuples », a poursuivi M. Mendéz.  Dans cet esprit, il a salué le thème de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale sur le renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends.  Le Président a rappelé que son pays participait activement aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH).  Il a estimé que la démocratisation du Conseil de sécurité revêtait un caractère urgent et que le Conseil devait se concentrer sur le maintien de la paix et la sécurité internationales.  M. Mendéz a fermement condamné l’embargo imposé à Cuba car, a-t-il dit, il constitue une violation des principes du droit international.  Par ailleurs, il a préconisé une nouvelle architecture financière internationale qui permette d’éviter les crises cycliques ainsi que la création de mécanismes régionaux de coordination économique et financière.  Il a plaidé la cause des pays en développement sans littoral maritime.  Le Paraguay a décidé de présenter sa candidature au Conseil des droits de l’homme pour la période 2014-2017, a-t-il annoncé, avant de rappeler que son pays était à l’origine de l’initiative pour une « Journée internationale de l’amitié ».   


M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a commencé son intervention en déclarant que la plupart des conflits qui ensanglantent le monde depuis des décennies se déroulent à l’intérieur même de certains États, avec des effets déstabilisateurs sur les pays voisins et le reste du monde.  Après avoir vanté les mérites du développement et de la réalisation des OMD, qui peuvent créer des conditions propices à la création d’un monde plus stable, il a rappelé que d’après les chiffres rendus publics par l’ONU, environ 7,1 milliards de dollars seraient investis dans ses opérations de maintien de la paix alors que cet argent pourrait être consacré à améliorer les vies de millions de personnes.  « Aussi, s’il est approprié de parler de la manière dont la médiation peut contribuer à la prévention et à la résolution des conflits, nous devrions également nous demander pourquoi, après des décennies de tentatives répétées, nous ne faisons toujours pas les progrès auxquels nos aspirons en la matière », a dit le Chef d’État rwandais.  Pour M. Kagame, il est crucial de prendre en considération la question de la marginalisation des peuples, de l’absence d’état de droit et de la bonne gouvernance.  C’est une question de bon sens politique et économique que d’investir dans la prévention des conflits, a-t-il poursuivi, mais il y a un domaine qui demeure négligé, c’est celui des problèmes de la jeunesse.  Cette génération porte moins de boulets historiques et politiques, et est davantage encline à tirer le meilleur parti de la mondialisation, a plaidé le Président rwandais, pour qui la jeunesse est formée d’innovateurs et de leaders rompus aux nouvelles technologies de la communication et de l’information.


Par ailleurs, si la médiation veut être couronnée de succès, elle doit venir en appui aux efforts déployés sur le plan national du pays touché par un conflit.  « Au Rwanda, les résultats les plus tangibles ont été obtenus parce que les solutions étaient locales », a assuré le Président Kagame.  Dans ce contexte, les organisations régionales et sous-régionales doivent jouer leur rôle, a-t-il ajouté, expliquant que la question de la mise en œuvre concrète des résolutions adoptées devait être aussi prise en compte.  Jugeant limité l’impact des efforts des « experts en médiation étrangers », Paul Kagame a indiqué que l’appropriation nationale était cruciale dans le cadre de la médiation.  L’option la plus viable reste l’autonomisation des citoyens, surtout les jeunes, par leur propre gouvernement, de manière à leur donner les clefs de leur avenir.  « Les solutions les plus durables sont celles qui viennent du pays lui-même », a conclu le Président rwandais.


M. ŽELJKO KOMŠIĆ, Président de la Présidence de Bosnie-Herzégovine, a mentionné les principales conclusions du débat thématique tenu au Conseil de sécurité, à l’initiative de la Bosnie-Herzégovine, sur la mise en place d’institutions dans les situations d’après-conflit.  Parmi celles-ci, il a indiqué que la mise en place d’institutions, procédant d’objectifs communs, devait viser à progressivement réduire la dépendance du pays sortant d’un conflit vis-à-vis de la communauté internationale.  Il a ensuite indiqué que l’admission de son pays comme membre à part entière de l’Union européenne, ainsi que comme membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) était une priorité de sa politique étrangère.  Cet objectif stratégique témoigne des aspirations de la Bosnie-Herzégovine à pérenniser un modèle de société basé sur la règle de droit et le respect des droits de l’homme, a-t-il poursuivi.


M. Komšić a apporté son soutien, s’agissant du conflit au Moyen-Orient, à une solution comprenant deux États vivant côte à côte en paix, avant d’estimer que les conditions permettant de parvenir à cette solution pouvaient résulter d’une volonté politique renouvelée des parties.  Réitérant l’engagement inconditionnel de son pays dans la lutte contre le terrorisme, il a indiqué que l’adoption de la convention globale des Nations Unies sur la lutte contre le terrorisme serait à ce titre une avancée décisive.  Le Président a ensuite plaidé pour une réforme globale du système des Nations Unies, afin de s’assurer d’un fonctionnement plus efficace des différents organes onusiens et d’une meilleure affectation des ressources financières.  S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a souhaité que le Groupe des États d’Europe orientale dispose d’un membre non permanent supplémentaire, le nombre de pays de ce Groupe ayant plus que doublé en 20 ans.  Il a enfin exhorté l’ONU, et plus particulièrement le Conseil de sécurité, à s’engager plus résolument encore dans la voie de la diplomatie préventive.  


M. BHARRAT JAGDEO, Président de la République du Guyana, a rappelé qu’il intervenait pour la dernière fois cette année devant l'Assemblée générale puisque son mandat prenait fin, après 12 années à la tête de son pays.  Il a donc fait le point sur ce qu’il a perçu comme étant le rôle joué par les Nations Unies tout au long de cette période.  « Ce qui m’a particulièrement frappé c’est que même si les valeurs défendues par les Nations Unies, comme la paix, l’égalité et la justice, sont intemporelles, elles ne peuvent être utiles que si les États Membres en tirent des réponses pratiques et significatives pour faire face aux défis changeants de ce monde », a dit M. Jagdeo.  Revenant sur la nature de ces défis, le Président du Guyana a noté à quel point ils avaient changé en 12 ans.  Il a évoqué la montée en puissance de la Chine, du Brésil et de l’Inde; le fait que des milliards de personnes ne vivent plus dans la pauvreté grâce à cette réussite des pays émergents.  Il a aussi relevé qu’il y a à nouveau un débat intellectuel sur la manière d’inclure les droits de l’homme et la justice dans la structure de gouvernance mondiale.  Le monde a lui-même changé: il est devenu interconnecté et mondialisé, a constaté M. Jagdeo, avant d’ajouter qu’il fallait saisir cette réalité pour apporter des « réponses interconnectées aux problèmes d’aujourd’hui.  Malheureusement cela n’a pas souvent été le cas jusqu’à maintenant », a-t-il regretté. 


Par ailleurs la réalisation des droits de tous les peuples et individus ainsi que de la justice passe par une nouvelle interprétation des questions de sécurité, a-t-il estimé. À ce titre il a évoqué les questions de la sécurité alimentaire, compte tenu de la croissance démographique mondiale et des neuf milliards de personnes à nourrir à l’horizon 2020; de la sécurité énergétique, avec une augmentation des besoins de 36% d’ici à 2035; de la sécurité des ressources; et des défis liés aux changements climatiques.  Ces défis représentent à la fois des difficultés et des opportunités à condition de faire preuve d’innovation, et, à cet égard, les Nations Unies devraient s’atteler à développer des plateformes utiles pour réaliser les changements nécessaires, a préconisé le Président du Guyana.  La poursuite d’une réponse intégrée à nos défis communs représente une opportunité unique pour les peuples de ce monde, a dit M. Jagdeo.  Soulignant que les ressources naturelles, les terres cultivables, les forêts et les minéraux se trouvent en grande partie dans le monde en développement, il a remarqué que, par conséquent, avec l’action internationale requise, cette partie du monde pouvait parvenir au bien-être et à la sécurité de ses peuples.  Fort de ce constat, il a donné rendez-vous aux dirigeants de ce monde, l’année prochaine, à la Conférence Rio+20, pour commencer le travail nécessaire.  Il a également lancé un appel pour que les accords de Doha et de Copenhague soient pleinement respectés ce qui suppose, a-t-il estimé, un véritable leadership politique.


« Si nous devons adopter un nouvel ordre mondial et trouver les moyens pour que les nouvelles puissances émergent dans la paix, l’action individuelle des différents États ne sera pas suffisante! », a déclaré le Président guyanais.  Les Nations Unies et les autres institutions internationales doivent être rapidement modernisées, et les systèmes internationaux doivent corriger les incohérences existantes entre aide au développement, politiques commerciales et politiques climatiques.


Aujourd’hui, la communauté internationale se trouve dans une période d’incertitudes, a déclaré M. ELBEGDORJ TSAKHIA, Président de la Mongolie, notamment en raison des inégalités face à la reprise économique et de leurs répercussions sociales, ainsi que des catastrophes naturelles et des défis sans précédents causés par les changements climatiques.  Le fait que plus d’un milliard d’êtres humains continuent de souffrir de la faim est extrêmement préoccupant et la réalisation des OMD est mise en péril par la crise économique et financière mondiale, a-t-il souligné.  Dans un contexte mondialisé, ces défis requièrent des solutions collectives, a-t-il estimé, rappelant que cela passe par un renforcement du rôle et du statut des Nations Unies, y compris du Conseil économique et social (ECOSOC), et par l’établissement d’un calendrier post-2015 pour les OMD qui prenne en compte les vulnérabilités des pays enclavés, des pays les moins avancés et de ceux exposés à la désertification et aux changements climatiques.  M. Tsakhia a fait remarquer qu’un sixième des pays Membres de l’ONU étaient des pays enclavés en développement.  L’éloignement des marchés mondiaux et les coûts importants des transports sont un obstacle majeur de leur développement, a-t-il expliqué, appelant toutes les parties à signer l’accord multilatéral établissant la création d’un « think-tank » international consacré à ces pays afin de renforcer la coopération dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Almaty.  La Mongolie a les moyens de réaliser 66% des OMD à l’horizon 2015, a-t-il assuré, tout en attirant l’attention sur le fléau de l’alcoolisme qui touche le pays. 


Évoquant le « printemps arabe », le Président de la Mongolie a souligné que la révolution pour la liberté n’est pas le changement social le plus difficile à faire.  Construire et développer une société libre, ouverte, juste et civique est encore plus compliqué, a-t-il averti.  Depuis juillet cette année, la Mongolie assure la présidence de la Communauté des démocraties, forte de son expérience acquise ces 20 dernières années vers la bonne gouvernance et la liberté.  C’est à juste titre que nous sommes fiers de nos réussites, a-t-il dit, tout en reconnaissant qu’il restait beaucoup à faire avant que chaque citoyen puisse apprécier les valeurs démocratiques.  Appelant la communauté internationale à soutenir les révolutions arabes, il a néanmoins rappelé que démocratisation ne signifiait pas occidentalisation.  Il a aussi rappelé que le colonel Qadhafi avait qualifié ses compatriotes de « rats » et appelé à les chasser et à les exterminer.  Maintenant, c’est lui qui est traqué comme un rat et c’est là le destin de quiconque s’oppose à l’amour du peuple pour la liberté et son désir de vivre dans la dignité, a-t-il dit.  Il a de même appelé la communauté internationale à condamner les violations commises par le régime en Syrie.  Le Président de la Mongolie a aussi souhaité un renforcement des capacités de l’ONU en termes de médiation des conflits, appuyé par un mécanisme formel pour renforcer la coopération régionale en Asie du Nord-Est.  M. Tsakhia a enfin rappelé que la Mongolie était un pays exempt d’armes nucléaires et a averti qu’il s’opposerait à tout dépôt de déchets nucléaires sur son territoire.  Après avoir rappelé la contribution en troupes de la Mongolie à plusieurs opérations de maintien de la paix dans le monde, le Président a annoncé que son pays était candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité pour la session 2023-2024.


M. JACOB ZUMA, Président de l’Afrique du Sud, a plaidé pour une défense vigoureuse de l’impartialité et de l’indépendance des Nations Unies, notamment dans les situations de conflit, avant d’appeler à un renforcement du rôle des organisations régionales dans les processus de médiation.  En cas de conflit.  M. Zuma a déploré que les efforts déployés par l’Union africaine pour une issue pacifique de la crise en Libye n’aient jamais été en mesure d’aboutir.  Il a ensuite appelé à la cessation des combats en Libye et à l’arrêt des bombardements de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord sur ce pays, avant d’exhorter les nouvelles autorités libyennes à assurer la protection des travailleurs migrants se trouvant en Libye, dont 2,5 millions sont originaires des pays de l’Afrique subsaharienne.  « Des mesures doivent être immédiatement prises pour mettre fin aux meurtres, aux arrestations arbitraires et aux détentions abusives de travailleurs migrants subsahariens et des Libyens à la peau noire », a déclaré le Président Zuma.


Le Président de l’Afrique du Sud a ensuite dit qu’il apportait tout son soutien et celui de son pays à la demande de reconnaissance par l’Organisation des Nations Unies d’un État de Palestine, demande formulée par l’Autorité palestinienne.  Il s’agirait là d’une avancée décisive dans la voie de la paix et de la prospérité pour des millions d’habitants du Moyen-Orient, a-t-il déclaré.


Le Président sud-africain a ensuite plaidé pour que la communauté internationale reconnaisse la lutte, toujours en cours, menée par le peuple du Sahara occidental pour son droit à l’autodétermination, avant de réitérer l’appel de l’Afrique du Sud pour une levée de l’embargo qui frappe Cuba.


Passant en revue les réformes souhaitables à apporter à la gouvernance mondiale, M. Zuma a plaidé pour une réforme substantielle du Conseil de sécurité, réforme qui doterait notamment l’Afrique d’un siège de membre permanent au sein du Conseil.  Le Président de l’Afrique du Sud a ensuite exhorté la communauté internationale –les Nations Unies, mais aussi chaque État- à porter toute son attention sur les effets catastrophiques de la famine qui affecte en ce moment même la Somalie et les pays de la corne de l’Afrique environnants.


Enfin, M. Zuma a conclu son intervention en indiquant que le centenaire, qui sera célébré le 8 janvier 2012, de l’African National Congress (ANC), le plus ancien mouvement de libération en Afrique, était aussi une reconnaissance de l’immense apport des Nations Unies -qui avaient fait de l’apartheid un crime contre l’humanité-, dans la lutte contre le racisme et les discriminations.


« Les Nations Unies doivent changer et s’adapter aux nouvelles réalités pour être à même d’obtenir les meilleurs résultats et asseoir leur influence », a estimé M. ANDRIS BĒRZIŅŠ, Président de la Lettonie, appelant à une revitalisation de l’Assemblée générale et à une réforme des autres principaux organes de l’Organisation, notamment du Conseil de sécurité.  La Lettonie, qui fête cette année le vingtième anniversaire de son indépendance, est disposée à partager avec d’autres pays son expérience de transformation d’un système fermé à une économie de marché, et d’un régime totalitaire à une société démocratique, respectueuse de l’état de droit et des droits de l’homme, a-t-il souligné.  M. Bērziņš a appelé la communauté internationale à soutenir les aspirations des pays ayant connu le « printemps arabe », et a salué la réaction des Nations Unies aux évènements en Libye, ainsi que la déclaration du Président du Conseil de sécurité concernant la Syrie.  Aujourd’hui, la communauté internationale a une responsabilité historique de faire du Moyen-Orient une région plus sûre, plus prospère et plus démocratique, a-t-il déclaré, estimant qu’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens n’est possible qu’avec un accord qui prenne en compte les intérêts légitimes des deux parties.


« Nous devons aux générations futures de préserver l’environnement naturel du monde », a poursuivi le Président de la Lettonie, souhaitant une action globale conjointe concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques.  La crise économique nous a également rappelé que nous vivons dans un monde interdépendant, a-t-il ajouté, faisant part de sa profonde préoccupation face au niveau d’incertitude et de volatilité du commerce international et des marchés financiers.  La responsabilité première d’une gouvernance prudente se situe au niveau national, a-t-il déclaré, mais la communauté internationale doit agir, une fois de plus, ensemble, et trouver des mesures de stabilisation durable pour éviter une nouvelle récession.  La Lettonie, l’un des premiers pays touchés durement par la crise, s’en remet progressivement grâce à des mesures d’austérité rapides et fermes et une communication étroite avec la société, a-t-il assuré.


M. Bērziņš a ensuite évoqué la question du terrorisme, appelant à en analyser les causes.  Notre objectif en Afghanistan est d’aider à la stabilisation du pays et à y bâtir des institutions démocratiques, a-t-il dit.  Mais une solution durable ne peut être trouvée si les acteurs régionaux, notamment les pays d’Asie centrale, ne sont pas parties au processus, a-t-il estimé.  L’importance des organisations régionales grandit, aux côtés des Nations Unies, pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, et dans ce contexte, la Lettonie attache une attention particulière aux conflits qui perdurent en Europe, comme en Transnistrie, en Abkhazie, en Ossétie du Sud et au Nagorny-Karabakh, a expliqué le Président.  Il a enfin estimé que beaucoup plus aurait pu être fait lors de la session d’examen du Conseil des droits de l’homme pour lui permettre de répondre aux attentes que les pays et les populations ont placées en lui.


M. ÁLVARO COLOM CABALLEROS, Président du Guatemala, a déclaré que son gouvernement a mis l’accent sur les servies sociaux en faveur des populations les plus démunies, le renforcement de la coopération régionale, notamment à travers le système d’intégration en Amérique centrale qui permet de lutter contre les trafiquants de drogues et autres activités criminelles.  Soulignant l’importance du renforcement des relations internationales et de l’intégration régionale, le Président Caballeros a également souhaité que son pays soit élu comme membre non permanent du Conseil de sécurité pour les deux prochaines années.


Au sujet de la médiation, M. Caballeros a insisté sur le ferme engagement de son pays en faveur de la diplomatie préventive et des instruments de prévention des conflits des Nations Unies.  « Dans ce contexte, a-t-il noté, nous pouvons accepter des régimes de sanctions, quand ces mesures sont unanimement approuvées par les membres du Conseil de sécurité.  Le Guatemala, a-t-il précisé, rejette toutes les sanctions et mesures coercitives unilatérales.  À cet égard, a-t-il ajouté, nous appelons le Gouvernement des États-Unis à lever l’embargo économique imposé à Cuba. »  Le Président a également dit soutenir la création d’un État palestinien viable et prospère, vivant en paix et en harmonie aux côtés de l’État d’Israël.  Il a ensuite invité le Quatuor (Nations Unies, États-Unis, Union européenne et Fédération de Russie) à œuvrer en faveur d’une paix entre les deux parties.  Évoquant le conflit frontalier qui oppose, depuis longtemps, son pays à Belize, le Président a indiqué que des accords sont en cours de négociation.  Avant de conclure, il a déclaré qu’il intervenait pour la dernière fois devant l’Assemblée générale en tant que Président du Guatemala.


M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a estimé que le thème de la « médiation » abordé au cours des assises « renvoie à la vocation première de l’Organisation: être un centre où s’harmonisent les efforts des nations pour maintenir la paix et la sécurité internationales par des moyens pacifiques concertés ».  Si, a-t-il précisé, depuis la fin de la guerre froide, le spectre d’un conflit majeur s’est éloigné, des millions d’hommes et de femmes, à travers le monde, continuent encore de souffrir des conséquences désastreuses de conflits anciens ou nouveaux.  Il a relevé, en se félicitant, les actions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans la résolution des conflits au sein de sa région de compétence.  Il a ainsi cité le règlement de la crise interne en Guinée-Bissau, le dénouement de la crise ivoirienne et la normalisation de la situation au Niger et en Guinée-Conakry grâce à des médiations supervisées par la CEDEAO.  Il a néanmoins regretté que des conflits subsistent en ce moment dans certaines régions du monde comme en Somalie, au Darfour, le différend frontalier entre l’Érythrée et l’Éthiopie et le conflit du Moyen-Orient entre Palestiniens et Israéliens.


Au sujet de la question de Palestine, le Président du Sénégal a indiqué qu’en sa double qualité de Président de l’Organisation de la Coopération islamique et du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, il « réaffirme son soutien à la Palestine en vue de la reconnaissance internationale d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale, mais coexistant pacifiquement avec l’État d’Israël, chacun à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues ».  Soulignant qu’il assurait une médiation humanitaire pour la libération du soldat israélien Gilad Shalit détenu par le Hamas, le Président a souhaité le gel des colonies de peuplement en terre palestinienne et l’arrêt de la violence sous toutes ses formes pour le règlement définitif du conflit.  À ce sujet, il a proposé que chacun des protagonistes choisisse un trio de pays amis qui négocieront, en leur nom, dans le cadre d’un « comité de bons offices ».


Abordant la réforme du Conseil de sécurité, le Président Wade a déclaré que le statu quo sur la réforme du Conseil relève d’un paradoxe, car une organisation qui s’active à accompagner des mutations dans les États, reste elle-même fermée à l’ouverture et au changement.  Il a en outre trouvé paradoxal que l’Afrique, qui occupe en moyenne 70% de l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ne puisse pas à ce jour avoir un siège de membre permanent avec droit de veto.  Il a ajouté que ce siège octroyé à l’Afrique apparaîtra comme la « réparation d’une injustice historique qui n’a que trop duré ».  Le Président Wade a enfin évoqué la question des changements climatiques et de la faim dans le monde.  À ce propos, il a indiqué que la deuxième édition du Forum du Dakar agricole tenue en avril dernier a proposé la création d’une organisation mondiale de la gouvernance de l’agriculture avec pour missions de réguler les prix des produits agricoles et d’assurer un revenu minimum aux petits agriculteurs.


M. ARMANDO EMÍLIO GUEBUZA, Président de la République du Mozambique, a estimé nécessaire l’adoption d’une approche multilatérale pour trouver des réponses consensuelles effectives et durables aux défis que représentent, notamment, la hausse du prix des produits alimentaires et du pétrole, la résurgence des tensions et de l’instabilité politique en Afrique du Nord et dans le Moyen-Orient, et la prévalence du VIH/sida.  « L’impact négatif de ces phénomènes, particulièrement dans les pays en développement, est un facteur potentiel d’instabilité », a-t-il prévenu, en exhortant les États Membres, à toujours focaliser leur réponse sur les principes démocratiques du dialogue, de la gouvernance inclusive et de la transparence.


La présente session, a-t-il poursuivi, se tient 50 ans après la disparition de Dag Hammarskjöld, et 25 ans après celle de l’ancien Chef de l’État mozambicain, SamoraMoisésMachel.  Tous deux étaient ardents défenseurs d’une paix fondée sur la médiation et la diplomatie préventive, a ensuite rappelé le Président Guebuza.  La médiation, a-t-il dit, doit être vue comme une opportunité de réunir les parties à un conflit, de réduire leurs divergences et d’en appeler à leur conscience afin qu’ils avancent ensemble vers des solutions pacifiques acceptables.  Il a de ce fait exhorté à une prise en compte du rôle de la médiation au sein des Nations Unies et des organisations sous-régionales.  C’est dans ce contexte qu’il s’est félicité de la récente signature par les acteurs politiques malgaches, de la feuille de route visant à rétablir l’ordre constitutionnel dans leur pays.  Cette signature est le résultat du processus de médiation entamé par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en 2009, s’est réjoui le Chef de l’État mozambicain, avant de souligner l’importance des organisations régionales et sous-régionales dans la promotion et le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité par le biais de la diplomatie préventive et des mécanismes d’alerte précoce.  Le Président Guebuza a d’autre part défendu la nécessité de réformer l’ONU et, en particulier, celle de parvenir à la revitalisation du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale des Nations Unies, pour en faire un organe plus représentatif et plus légitime.  Le Conseil de sécurité doit lui également devenir un organe plus inclusif, transparent et adapté aux évolutions et aux dynamiques contemporaines a conclu M. Guebuza.


M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a déclaré que le débat général de l’Assemblée générale était pour lui l’occasion d’exprimer ses désaccords avec certains chefs d’État et de gouvernement.  « Je me suis rendu compte aujourd’hui à quel point mes vues divergent avec celles de certains de mes homologues qui se sont exprimés ce matin », a-t-il poursuivi.  La différence se situe entre d’un côté, la « culture de la vie » et de l’autre, la « culture de la mort », celle qui conduit une infime fraction de la population mondiale à mettre la main sur l’immense majorité des richesses existantes.  À cette fin, des dirigeants invoquent ainsi le communisme ou un supposé trafic illicite de drogues pour s’en prendre à nous.  « J’ai le sentiment que les Nations Unies sont désormais subordonnées au Conseil de sécurité.  Mais alors, à quoi servent-elles?  Si ce n’est à décider d’interventions militaires qui ne répondent qu’aux besoins de régimes capitalistes », a-t-il martelé.  Chaque année, l’Assemblée générale met aux voix une résolution enjoignant de lever l’embargo imposé à Cuba par les États-Unis, qui continuent de s’y opposer, au mépris du droit international.  « Nous sommes ici ce soir pour veiller à ce que les Nations Unies soient respectées par les peuples du monde », a assuré le Président bolivien.


Le Président Morales a ensuite déclaré que son pays non seulement soutient la reconnaissance de la Palestine, mais il lui a aussi souhaité la bienvenue dans le concert des nations.  « L’Empire essaie de provoquer des dissensions entre les pays qui s’opposent à l’impérialisme », a-t-il repris.  Où était le Conseil de sécurité au Honduras, en Palestine?  Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de réfléchir aux moyens de réformer les Nations Unies pour en faire l’Organisation qu’elles méritent vraiment d’être, a lancé le Président.  Il a rappelé qu’avant sa présidence, l’exploitation des hydrocarbures était entièrement gérée par des multinationales.  « Le 1er  mai 2006, nous sommes devenus les seuls propriétaires de nos propres richesses naturelles », s’est félicité M. Morales, qui a expliqué que 80% des investissements réalisés par l’État bolivien étaient financés grâce aux profits réalisés à partir des hydrocarbures.  C’est pourquoi, il a enjoint tous les pays en développement à se réapproprier les ressources naturelles sur lesquelles ils ont une souveraineté indiscutable.  En Bolivie, l’eau, l’énergie et le téléphone ne sont pas gérés par des multinationales, a-t-il dit, expliquant que l’augmentation des prix de l’eau et de l’électricité n’y existait pas.  Le Président a par ailleurs annoncé qu’il comptait saisir la justice internationale pour tenter de récupérer un accès à l’océan Pacifique que la Bolivie réclame depuis plus d’un siècle.  Le pays andin s’est en effet retrouvé enclavé après la guerre qu’il a perdue contre le Chili dans les années 1880, le privant de pêche mais aussi d’un débouché maritime commercial, a rappelé M. Morales, qui a lancé un appel aux Nations Unies, aux organismes régionaux et aux pays de la région pour que soit trouvée une issue pacifique à cette question.  Enfin, après avoir dénoncé l’« hypocrisie » des États-Unis, premier pays consommateur de drogues au monde, lorsqu’ils accusent la Bolivie d’être producteur de cocaïne, le Président s’est livré à un plaidoyer vibrant en faveur de la reconnaissance des droits de la « Terre nourricière ».


M. DANILO TÜRK, Président de la République de Slovénie, s’est dit satisfait du thème de la « médiation » qui a été placé au centre des délibérations de cette session de l’Assemblée générale.  Il a indiqué que ce thème apparaît opportun en ce moment de recherche d’une solution au conflit israélo-palestinien.  Cette médiation, a t-il ajouté, devrait avoir deux objectifs; relancer les pourparlers de paix afin d’aboutir à deux États, palestinien et israélien, vivant l’un à côté de l’autre en paix et en sécurité; et ensuite, trouver un statut adéquat à la Palestine au sein du système des Nations Unies.  Tout en souhaitant la bienvenue au Soudan du Sud au sein des Nations Unies, le Président slovène a également accueilli favorablement la décision de l’Assemblée générale de céder le siège de la Libye au Conseil national de transition.


M. Türk a souhaité que les Nations Unies s’engagent davantage dans la crise du climat par des mesures allant dans le sens du soutien au cadre de l’atténuation et de l’adaptation.  Il a dit avoir espoir que la Conférence sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Durban (Afrique du Sud) en fin d’année, se rapprochera d’un accord final.  Il a également attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation particulière des petits États insulaires en développement qui apparaissent comme les pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Évoquant la Conférence sur le développement durable, prévue à Rio de Janeiro au Brésil (Conférence Rio+20) l’an prochain, il a souligné que ce serait l’occasion de renouveler l’engagement politique en faveur du développement durable.  En ces temps difficiles où la crise économique mondiale continue de sévir dans les pays donateurs, a-t-il noté, l’augmentation de l’aide au développement est cruciale.


Le Président de la Slovénie a en outre soutenu que l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes sont essentielles pour la promotion de la paix, de la sécurité et du développement.  Il a ajouté que son pays soutient la promotion des droits des enfants et a joué un rôle prépondérant pour la ratification complète de la Convention relative aux droits de l’enfant au cours de sa présidence du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Rappelant que la Slovénie œuvre avec dévouement depuis 20 ans au sein des Nations Unies, le Président Danilo Türk a souhaité voir des réformes du Conseil de sécurité et a annoncé la candidature de son pays pour un poste de membre non permanent de cette instance.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: il est urgent de renforcer la coopération internationale pour lutter contre les maladies non transmissibles

AG/11146

Assemblée générale: il est urgent de renforcer la coopération internationale pour lutter contre les maladies non transmissibles

20/09/2011
Assemblée généraleAG/11146
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

7e, 8e & 10e séances plénières

Matin - après-midi & soir


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: IL EST URGENT DE RENFORCER LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

POUR LUTTER CONTRE LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES


La toute première Réunion de haut niveau sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (MNT), convoquée par l’Assemblée générale, s’est achevée, ce soir, en lançant un appel à la solidarité internationale et à la coopération pour réduire la mortalité, imputable notamment aux maladies cardiovasculaires, aux cancers, aux maladies respiratoires chroniques et au diabète.  Elle avait adopté, hier, à l’ouverture de ses travaux la Déclaration politique sur les MNT.


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le Ministre de la santé de l’Argentine, M. Eduardo Bustos Villar, a regretté que seulement 1% de l’aide publique au développement soit consacré à l’assistance à la santé, malgré l’impact des MNT sur les systèmes de santé.  En effet, face au manque de ressources et au poids croissant des MNT sur des systèmes de santé déjà fragiles, les pays en développement ont souvent du mal à faire face aux besoins en médicaments, en équipements et en personnel formé.


C’est notamment le cas du Tchad et de la République centrafricaine qui, s’ils disposent de programmes visant à réduire les facteurs à risque tels que la sédentarité, l’obésité, l’accès au tabac et l’alcool, ont demandé une assistance internationale pour les aider à se doter, respectivement, d’un réseau de diagnostic de santé publique et d’un mécanisme de prévention des MNT.


À l’instar de la République démocratique du Congo (RDC), plusieurs pays en développement, particulièrement africains, ont en outre réclamé la création d’un fonds mondial de lutte contre les MNT, sur le modèle de celui créé contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme qui a permis d’engranger des succès contre ces maladies.


De nombreuses interventions, comme celle de la Norvège, ont souligné que la lutte contre les MNT exigeait une implication de la société dans son ensemble, au niveau du gouvernement, du secteur privé, de la société civile et des individus.  Les succès sont possibles, a assuré la Vice-Ministre de la santé et du développement social de la Fédération de Russie, Mme Veronika Skvortsova.  En multipliant par 10 les investissements dans le domaine de la santé au cours de cette dernière décennie, la Fédération de Russie est parvenue sur une courte période à rallonger l’espérance de vie de la population de près de quatre ans et à réduire la mortalité de 9%, a-t-elle notamment assuré.


Cet après-midi, les conclusions des trois tables rondes organisées dans le cadre de la Réunion de haut niveau ont été présentées par leur Président respectif.  Ces tables rondes avaient pour thème le renforcement des capacités nationales* et la mise au point de politiques adaptées en vue de la prévention et de la maîtrise des MNT; la progression des MNT et leurs incidences économiques et sociales** et enfin la promotion de la coopération internationale*** et de la coordination face aux MNT.


Le Maire de New York, M. Michael Bloomberg, est intervenu par la suite pour présenter les avancées faites dans sa ville pour combattre les MNT, notamment en passant des réglementations restrictives sur la teneur en matières grasses des aliments, et sur le tabac interdit à la fois dans les lieux publics fermés, dans les parcs et sur les plages.  Les efforts consentis ont permis à la population de New York d’avoir une espérance de vie plus élevée que dans le reste des États-Unis, a-t-il assuré, annonçant que cette dernière a même augmenté de plus d’un an et demi entre 2000 et 2008.  M. Bloomberg a souligné que même si elle ne suffit pas, une action gouvernementale demeure essentielle.


Dans ses remarques de clôture de cette Réunion de haut niveau, le Président de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser (Qatar) a annoncé que l’Assemblée se pencherait lors de sa soixante-septième session sur les moyens de renforcer et de faciliter les actions multisectorielles pour la prévention et la maîtrise des MNT.  Il a néanmoins enjoint les délégations à ne pas se focaliser uniquement sur certaines maladies, estimant que les maladies mentales, notamment la dépression, faisaient aussi peser une menace majeure sur la santé et le bien-être de la population à travers le monde.


L’Assemblée générale entamera son débat général annuel demain, mercredi 21 septembre, à 9 heures.


 * Voir communiqué de presse AG/11141

 ** Voir communiqué de presse AG/11140

  *** Voir communiqué de presse AG/11145


RÉUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE SUR LA PRÉVENTION ET LA MAÎTRISE DES MALADIES NON TRANSMISSIBLES


Suite donnée aux textes issus du Sommet du Millénaire


Suite des déclarations


M. VICTOR MAKWENGE KAPUT, Ministre de la santé de la République démocratique du Congo, a fait part de sa préoccupation face à la charge croissante des maladies non transmissibles (MNT) sur la santé publique et a indiqué que son pays avait pris plusieurs initiatives face à ce fléau.  La RDC a notamment créé une Division en charge de la lutte contre les MNT, mis en place un programme national de lutte contre le diabète et intégré des activités de prise en charge du diabète et de l’hypertension artérielle dans certaines grandes villes, dont Kinshasa, la capitale.  Le représentant a, toutefois, reconnu que maintenir l’approvisionnement des cliniques et étendre la couverture sanitaire à toutes les provinces représentaient un défi.  Confrontée à un manque de ressources pour le contrôle des MNT, la RDC sollicite la solidarité de la communauté internationale pour le renforcement de son système de santé, et la création d’un fonds spécial.


M. SOUMANA SANDA, Ministre de la santé du Niger, a présenté certaines des mesures prises par son pays pour lutter contre les maladies non transmissibles.  Il a ainsi évoqué l’adoption d’une loi relative à la lutte contre le tabac, la gratuité des prestations liées aux cancers féminins, la prise en charge du dépistage de cancers ou la création d’un centre national de lutte contre le cancer.  La mise en œuvre de ces plans nécessite la mobilisation de ressources additionnelles, a-t-il affirmé.  Pour aboutir à une synergie d’action efficace, il convient, a-t-il ajouté, de renforcer les systèmes de santé.  Les centres de formation sanitaire doivent être dotés de personnels suffisants et qualifiés, et bénéficier des équipements adéquats.  La communauté internationale est invitée à se mobiliser pour accompagner la dynamique du Niger, en particulier sur le plan financier, a-t-il dit.   


Mme ANN PETERS, Ministre de la santé de la Grenade, a énuméré certaines des mesures mises en œuvre par son pays pour mieux lutter contre les maladies non transmissibles.  Elle a notamment indiqué qu’une Commission nationale pour les maladies chroniques avait été mise en place et qu’un passeport de santé avait été établi.  En outre, la vérification et la surveillance des personnes souffrant des maladies chroniques ont été encouragées.  Des partenariats ont été noués, comme avec la Fondation américaine du cœur pour des programmes en faveur des communautés.  Des progrès significatifs ont été réalisés, mais il reste beaucoup à faire dans la lutte contre les MNT, a-t-elle dit.  La Ministre a en particulier mis l’accent sur la nécessité de développer des efforts pour associer l’industrie alimentaire à la lutte contre les MNT.


M. ALI YACOUB MAHAMOUD, Ministre de la santé de Djibouti, a déclaré que son pays, à l’instar de la majorité des pays les moins avancés, n’échappe pas aux conséquences meurtrières de ce qu’il est convenu d’appeler « l’épidémie du XXI siècle ».  En proie à une sècheresse endémique, Djibouti est particulièrement affecté par le double fardeau de la malnutrition, c’est-à-dire la sous et la suralimentation présentes au sein de la même population.  La sous-nutrition, a-t-il expliqué, prédispose non seulement à des maladies infantiles chroniques et rend vulnérables les femmes enceintes, mais aussi peut causer des déficits au niveau cognitif et une mauvaise nutrition, et entraînent une augmentation des maladies non transmissibles, a précisé le Ministre.  L’autre aspect de la malnutrition est le phénomène du surpoids chez les hommes et les femmes, qui est lié à une mortalité plus élevée et qui semble augmenter de manière significative le risque de diabète chez les enfants.  Pour y remédier, le budget alloué à la santé est passé de 4% à plus de 15% à Djibouti, sans parler d’importants investissements réalisés hors budget.  En outre, à travers une politique de la jeunesse et des mesures incitatives, et en coopération avec la société civile, le Gouvernement de Djibouti offre des possibilités d’insertion et d’accès à un mode de vie sain à cette frange importante de la population nationale.


M. ANTOINE GAMBI, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a déclaré que les maladies non transmissibles constituaient un problème majeur de santé publique et étaient particulièrement représentées dans son pays par des pathologies cardiovasculaires, le diabète et les maladies mentales.  Elles constituent un obstacle à son développement économique et social, a-t-il poursuivi, affirmant que son gouvernement était engagé à enrayer l’impact des MNT.  Il s’est notamment doté d’un programme de lutte assorti d’objectifs stratégiques visant à réduire les facteurs à risque tels que la sédentarité, l’obésité, l’accès au tabac et l’alcool.  Le Ministre a ajouté que son pays œuvrait aussi au renforcement du soutien institutionnel, des systèmes nationaux de santé, de la prise en charge précoce, de la recherche opérationnelle et de la promotion des modes de vie sains.  Mais la République centrafricaine éprouve des difficultés en raison du manque de ressources financières et humaines.  Aussi, a-t-il lancé un appel en faveur d’une assistance internationale pour l’aider à se doter d’un mécanisme de prévention des MNT.


M. JAMIE MAXTONE-GRAHAM, Ministre de la santé et du VIH/sida de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, a souligné que l’urbanisation, la dégradation de l’environnement, des modes de consommation occidentaux, une vie sédentaire devenaient la norme dans son pays, tandis que l’économie se développe rapidement.  Les taux de maladies non transmissibles sont les plus élevés de la région pacifique, a-t-il expliqué.  Les maladies cardiovasculaires, le diabète, le cancer et les maladies respiratoires chroniques sont de plus en plus fréquentes et affectent surtout la population urbaine, tant les pauvres que les riches, a affirmé le Ministre.  Il a notamment indiqué que son pays avait, cette année, intégré la lutte contre les MNT dans une stratégie nationale pour la santé.  La Papouasie-Nouvelle-Guinée progresse dans un programme d’instruction à tous les niveaux, a-t-il dit.  Le Ministre a ainsi demandé à tous les habitants de s’approprier leur propre santé et d’adopter un style de vie sain.  Une réponse efficace face aux MNT exige que l’on mobilise toute la société, a-t-il également observé. 


M. SALOMÓN CHERTORIVSKI WOLDENBERG, Ministre de la santé du Mexique, a déclaré que les maladies cardiovasculaires et le diabète étaient la première cause de mortalité dans son pays.  Aussi, son gouvernement redouble-t-il d’efforts pour assurer la santé des générations futures et contribuer aux solutions globales à ces maladies, a déclaré le Ministre.  Son gouvernement, a-t-il précisé, déploie des efforts pour promouvoir la santé dans tous les établissements scolaires et les lieux publics.  Saluant les directives de l’OMS, le Mexique s’est dit convaincu des mérites du multilatéralisme, qui consiste non seulement à renforcer ses liens avec les différents États Membres, mais aussi avec les organisations internationales.  Avant de conclure, le Ministre a fait état de la mise en place de modèles novateurs de centres spécialisés dans tout le pays pour traiter les personnes souffrant de maladies non transmissibles.


M. VIKTOR YANUKOVYCH, Président de l’Ukraine, a fait remarquer que les maladies cardiovasculaires, entre autres, sont parmi les principales causes de mortalité prématurée en Ukraine.  « Les experts confirment que ces maladies peuvent, dans une très large mesure, être prévenues », a-t-il reconnu, avant de citer le programme mis en place par son pays dans l’objectif de créer des conditions de vie permettant à la population d’envisager avec confiance son futur, et de prendre en main son bien-être. « Notre priorité est la modernisation de notre système de santé primaire », a indiqué M. Yanukovych, en expliquant par ailleurs que l’une des autres ambitions de son gouvernement était la lutte contre le tabac.  Il a en outre mentionné le lancement du programme « Nouvelle Vie » dont l’objectif est de créer des infrastructures spécialisées en matière de prénatalité dans les quatre régions du pays où les soins maternels sont insuffisants.


M. ABDULKARIM YEHIA RASE, Ministre de la santé publique et de la population du Yémen, a affirmé que la santé constituait le point central pour un développement mondial.  La situation économique des pays en développement fait que ces MNT y sont encore plus dangereuses, a-t-il dit.  Le Ministre a ajouté que l’absence de données précises et de ressources pour mener des recherches ne faisait qu’aggraver le problème.  Il a souligné l’importance de la recherche scientifique qui, selon lui, devrait étayer des décisions souveraines dans le domaine de la santé.  Le Ministre a proposé la création d’un fonds mondial pour lutter contre les MNT, équivalent à celui existant dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida.


Mme ZAINAB HAWA BANGURA, Ministre de la santé et de l’éducation de la Sierra Leone, a déclaré que les MNT représentaient 18% des décès dans son pays, qui s’efforce de renforcer sa capacité à prévenir et à maîtriser ce type de pathologies.  Or, la Sierra Leone se heurte à des défis graves, comme le manque d’infrastructures appropriées.  C’est la raison pour laquelle de nombreux patients sont envoyés à l’étranger afin de recevoir les soins dont ils ont besoin, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement sierra-léonais a pris des mesures concrètes pour que tous les patients puissent être traités dans le pays, a assuré la Ministre.  En outre, le Gouvernement a lancé une enquête afin de déterminer les causes des MNT, et les résultats « choquants » nous ont poussés à prendre des mesures de lutte appropriées et à adhérer à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.  Il a en conclusion rendu hommage aux efforts des Gouvernements de Cuba et d’Afrique du Sud, qui ont déployé des personnels formés dans les premiers centres de traitement des MNT, établis en Sierra Leone.


Mme TOUPTA BOGUENA, Ministre de la santé du Tchad, a souligné que le problème des maladies non transmissibles dans son pays était en évolution.  Face à cette situation, a-t-elle dit, le Tchad a mis en place un cadre de prévention et de lutte contre les MNT.  Le Gouvernement du Tchad, qui a placé la lutte contre les MNT parmi ses priorités, est néanmoins confronté à de lourds défis, comme le manque d’un réseau national de diagnostic en santé publique et de personnel qualifié qui, a-t-elle dit, constitue un goulot d’étranglement.  La Ministre a souhaité que la communauté internationale, notamment les institutions spécialisées des Nations Unies, continuent, plus encore que par le passé, leur engagement aux côtés du Tchad dans la lutte contre ce fléau. 


M. RICHARD VISSER, Ministre de la santé et des sports d’Aruba, a mis l’accent sur les activités menées pour décourager les jeunes de consommer de l’alcool et de fumer.  Le Ministre s’est félicité que des stratégies accordant une attention particulière aux enfants aient pu être identifiées au cours de la Réunion de haut niveau.  M. Visser a ajouté que son gouvernement n’était pas favorable à une « approche verticale » de toutes les maladies mais plutôt à une approche intégrée qui inscrirait le traitement des MNT sur le long terme.  Le Gouvernement néerlandais est également engagé à mesurer les progrès pour réduire la prévalence de l’obésité et des facteurs de risque, a-t-il conclu.


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. EDUARDO BUSTOS VILLAR, Ministre de la santé de l’Argentine, a déclaré que les maladies non transmissibles représentaient une menace pour le développement durable et pour les chances d’atteindre les normes les plus élevées de santé mentale et physique.  Il a précisé que ces maladies étaient responsables de 60% des décès, dont 80% interviennent dans des pays en développement.  Il a ajouté que les MNT renforçaient les inégalités sociales, freinaient le développement durable et demeuraient un obstacle à la lutte contre la pauvreté.  Il a précisé que l’accès aux médicaments doit être privilégié aux intérêts commerciaux.  Il a rappelé qu’il y a 10 ans, la Déclaration de Doha sur l’accord de l’OMC sur les ADPIC et la santé publique avait confirmé le droit des pays d’utiliser tous les moyens d’assurer un accès aux médicaments.  Lutter contre les MNT et limiter leur impact passent par la nécessité de garantir un accès à un prix abordable à une médecine de qualité, a insisté le représentant du Groupe des 77.  Il a rappelé que la Déclaration de Doha sur l’accord sur les ADPIC et la santé publique soutenait la nécessité de mettre en œuvre efficacement la Stratégie mondiale et le Plan d’action sur la santé publique dans le souci de soutenir les capacités des pays en développement de promouvoir la santé publique et l’accès universel aux médicaments et soins. 


Malgré l’impact des MNT sur les systèmes de santé, seulement 1% de l’APD est consacré à l’assistance à la santé, a regretté le Ministre de la santé de l’Argentine en rappelant, par ailleurs, l’obligation pour les pays développés de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide au développement.  Le Groupe des 77 et de la Chine exhorte toutes les organisations internationales concernées et leurs partenaires à augmenter l’assistance technique et le renforcement des capacités dans le souci d’améliorer la lutte contre les MNT, mais aussi l’accès aux soins et aux médicaments, a ajouté le Ministre.  Avant de conclure, il a souligné l’importance des facilités de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce et de la Déclaration de Doha sur l’accord sur les ADPIC et la santé publique ainsi que les dispositions d’assistance technique aux fins de la recherche. 


PRINCE TURKI BIN MOHAMED BIN SAUD AL KABEER, Sous-Secrétaire aux questions multilatérales de l’Arabie saoudite, a expliqué que son pays avait mis en place, dès 2003, un directorat général pour les maladies non transmissibles chargé de mettre en place des plans et mesures pour lutter contre ces maladies.  À titre d’exemple, il a cité les programmes de lutte contre le diabète et le cancer, ainsi que le programme de détection des risques des MNT.  Dans le cadre de cette approche, des comités nationaux pour la mise en œuvre de ces plans ont été créés.  Par ailleurs, des études ont été faites, en collaboration avec l’OMS, pour suivre l’évolution des MNT en Arabie saoudite, a également précisé le Prince Turki.  Il a ajouté qu’au niveau international, son pays avait participé à différentes réunions sur la question des MNT, notamment celle des ministres de la santé des pays du Golfe.


Mme KARIN JOHANSSON, Ministre de la santé et des affaires sociales de la Suède, a fait remarquer qu’il fallait faire preuve de patience et de persévérance pour passer à la formulation de stratégies et de plans d’action dans la lutte contre les MNT.  La Réunion de haut niveau d’aujourd’hui sera importance pour la santé au niveau mondial, a-t-elle estimé, à condition que des engagements concrets soient pris, au moins sur le plan national.  Ces efforts doivent essentiellement porter sur la prévention, a-t-elle estimé.  Chaque pays doit prendre en compte ses propres contextes politiques et sociaux dans la définition de ses politiques nationales de santé, cependant, dans la mesure où de meilleures pratiques existent déjà, il lui semble judicieux de les utiliser et de les partager le plus largement possible.  À ce titre, la Ministre a estimé que l’OMS doit jouer un rôle déterminant.  « Nous avons tous l’obligation de nous entraider dans la lutte contre les maladies », a-t-elle conclu.


M. JUN BYUNG YOOL, Vice-Ministre de la santé et du bien-être de la République de Corée, a affirmé que cette Réunion serait essentielle dans la lutte contre les maladies non transmissibles.  Il a souligné que son pays avait, en mars dernier, accueilli une réunion régionale de l’Organisation mondiale de la Santé sur les MNT.  Les mesures qui y ont été décidées, a-t-il précisé, engagent les États en matière de prévention et de maîtrise des MNT.  Les MNT peuvent être évitées de manière significative si l’on peut ensemble remédier aux grands facteurs à risque, a-t-il également expliqué.  Le Vice-Ministre a déclaré que son pays avait aussi mis en œuvre des politiques de contrôle du tabac depuis 2004.  Ainsi, a-t-il dit, une augmentation du prix du tabac a contribué à faire baisser de 18% le nombre des fumeurs.  Il a en outre fait état de la mise sur pied de services de gestion de la santé en faveur de personnes vulnérables.  Son gouvernement participe activement à la coopération internationale pour lutter contre les MNT, a assuré le Ministre, avant de conclure.


Mme BEATRÍZ LONDOÑO-SOTO, Vice-Ministre de la santé et du bien-être de la Colombie, a déclaré que son gouvernement, face à l’ampleur des maladies non transmissibles, avait entrepris de promouvoir des styles de vie sains, de promulguer une loi sur la lutte contre le tabac particulièrement stricte et d’augmenter les taxes sur le tabac et l’alcool.  La Colombie est par exemple parmi les premiers pays du monde à avoir fait des lieux publics et des lieux de travail des zones totalement exemptes de tabac, s’est félicitée la Ministre.  Son gouvernement procède actuellement à la révision de la politique nationale concernant l’industrie pharmaceutique, afin de permettre aux personnes souffrant d’une maladie non transmissible d’obtenir des médicaments de qualité.  Il a en outre augmenté les ressources pour les sciences et l’innovation, dont une partie significative allouée à la recherche contre les MNT, a ajouté Mme Londoño-Soto.


M. ROBERTO SABRIDO BERMÚDEZ, Vice-Ministre de la santé de l’Espagne, a partagé les inquiétudes exprimées par la communauté internationale relatives à l’impact négatif et aux risques liés aux maladies non transmissibles.  L’Espagne souscrit à la déclaration du Secrétaire général sur cette question, et prône la promotion de meilleures habitudes de vie en tant que priorité de santé publique.  Pour sa part, l’Espagne a interdit de fumer dans les lieux publics et s’est dotée d’une politique nationale pour lutter contre l’obésité.  En janvier 2009, elle a également lancé une stratégie nationale de lutte contre les drogues, axée dans un premier temps sur la consommation d’alcool chez les jeunes.  Pour le Vice-Ministre, il ne fait pas de doute que toutes les politiques publiques doivent impérativement tenir compte de la santé de la population, ainsi que de la dimension sexospécifique.  Des mesures doivent être adoptées au plan international pour doter tous les pays de systèmes de santé qui répondent aux attentes de leurs populations.  Dans cette perspective, le Gouvernement de l’Espagne est disposé à  participer à toute initiative de coopération internationale visant à assurer une meilleure santé à tous.


M. TORPHONG CHAIYASAN, Vice-Ministre de la santé publique de la Thaïlande, a souligné que les maladies non transmissibles constituaient les trois quarts des décès dans son pays.  Aujourd’hui, les pays à revenus intermédiaires, qui ne bénéficient que de ressources limitées dans la lutte contre ces maladies, portent un lourd fardeau, a-t-il dit.  Le Ministre a fait état des mérites de la mise en place en 2001 d’une fondation financée par une taxe de 2%, qui s’ajouterait aux taxes sur le tabac et l’alcool.  À cet égard, il a demandé à ce que la Convention-cadre pour la lutte antitabac soit mise en œuvre le plus tôt possible.  Il a également plaidé en faveur de partenariats avec le secteur privé dans ce domaine.


M. ADAM FRONCZAK, Sous-Secrétaire d’État et Ministre de la santé de la Pologne, a fait remarquer que son pays, qui préside le Conseil de l’Union européenne, a inscrit la santé au rang des priorités.  L’accent est mis sur la réduction des inégalités et sur la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT).  La Pologne se concentre tout particulièrement sur les modes de vie et sur les toxicomanies, a poursuivi M. Fronczak.  Au cours des 40 dernières années, la durée de vie s’est allongée en Europe mais les MNT sont responsables de 86% des décès.  Ces décès touchent 1,5 million de personnes de moins de 60 ans.  L’Europe a en outre le taux le plus élevé de consommation d’alcool du monde, soit deux fois plus par habitant que la moyenne mondiale.  Le représentant a souligné l’importance du Plan d’action pour la Stratégie mondiale de lutte contre les maladies non transmissibles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la période 2008-2013 et la synergie entre l’Union européenne et les Nations Unies à cet égard.  Compte tenu de la prévalence des MNT en Europe, il convient d’accroître la prise de conscience du public et de reconnaître les droits des personnes handicapées, vulnérables ou victimes de l’exclusion sociale.     


Les maladies non transmissibles font peser une menace sur la santé de chacun et constituent un facteur macroéconomique et politique majeur qui affecte le développement de la société, a souligné Mme VERONIKA I. SKVORTSOVA, Vice-Ministrede la santé et du développement social de la Fédération de Russie.  Ces 10 dernières années, la Fédération de Russie a multiplié par 10 ses investissements dans le domaine de la santé, combattu le tabac et la consommation excessive d’alcool et élaboré des stratégies de promotion de régimes alimentaires équilibrés.  Ceci a permis sur une courte période d’augmenter l’espérance de vie dans le pays de près de quatre ans et de réduire la mortalité de 9%, a indiqué Mme Skvortsova, évoquant une conférence organisée avec l’OMS à Moscou en avril 2011 sur le contrôle des MNT.  La promotion de modes de vie sains nécessite des actions conjointes de l’ensemble de la société, à savoir le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les individus, a-t-elle souligné.  En outre, la Fédération de Russie soutient à hauteur de 36 millions de dollars la lutte contre les MNT dans d’autres pays.


M. SOHIBNAZAR RAHMONOV, Vice-Ministrede la santé du Tadjikistan, a rappelé que la situation économique de son pays s’était aggravée ces dernières années, engendrant des conséquences sévères sur la santé de la population.  Des réformes ont été conduites, notamment pour conformer les structures du Tadjikistan aux normes internationales, a-t-il assuré.  En outre, 22% de la population adulte sont atteints d’hypertension et le taux de tabagisme est particulièrement élevé.  C’est pourquoi, le Gouvernement a mis au point un programme de prévention et a pris des mesures sur l’utilisation du tabac.  Toutefois, le Vice-Ministre a insisté sur les problèmes de financement auxquels son pays est confronté, notamment pour affronter les dépenses liées à la santé, en particulier dans le contexte actuel de crise économique mondiale.


Mme FATIMA FRANCO, Ministre adjointe de la santé de l’Équateur, a déclaré que le concept du « bien vivre » guidait l’action de son pays.  Le bien-être des êtres humains ne doit pas être soumis aux intérêts économiques.  Défendant le droit des êtres humains à la santé et l’accès universel aux médicaments, elle a réitéré son appui à la Déclaration de Doha et à la Stratégie globale sur la santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle.  Après avoir évoqué le conflit d’intérêt entre l’industrie du tabac et la santé publique, Mme Franco a souhaité que les États Membres appliquent dans leurs politiques nationales les mesures de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac.  L’Équateur a ainsi adopté une loi organique de régulation et de contrôle du tabac.  Par ailleurs, la Ministre a appelé l’industrie alimentaire à lutter contre le diabète.


M. MUNAWAR SAEED BHATTI, Second Secrétaire du Ministère des affaires étrangères du Pakistan, a souligné que les MNT étaient les premières causes des décès dans son pays et qu’elles affectaient le budget des familles.  Cette Réunion de haut niveau est « l’occasion de faire preuve de notre volonté politique de faire face à ces défis », a-t-il dit.  Pour lutter contre les MNT, le Pakistan envisage des interventions dans tous les secteurs: sensibilisation et prévention, cartographie et évaluation des moyens existants, mise en place de normes uniformes pour les secteurs privé et public, et promotion de la recherche.  Il faudrait mettre en place des partenariats avec toutes les parties prenantes, y compris les organisations internationales, notamment pour « partager la technologie », a insisté M. Bhatti.  Les grandes entreprises pharmaceutiques, a-t-il dit, devraient assumer leur responsabilité sociale en mettant leurs médicaments à la disposition de tous à des prix abordables.


Mme ISABELLE PICCO (Monaco) a souligné que les habitants des pays en développement et les populations à faibles revenus étaient les plus durement touchés par les MNT.  Avec une somme de 300 euros par an et par habitant affectée à l’aide publique au développement, la Principauté de Monaco finance à hauteur de moitié de cette somme des actions dans les secteurs sanitaire et social, a-t-elle dit, et plusieurs partenariats hospitaliers ont été établis afin de contribuer au renforcement des capacités dans le monde en développement.  En outre, 139 enfants qui ne pouvaient être pris en charge dans leur pays ont pu être hospitalisés à Monaco dans le cadre d’un projet existant depuis 2008.  L’amélioration de la santé mondiale est un élément essentiel de la réalisation des OMD, a enfin rappelé Mme Picco, appelant à tirer profit de l’expérience acquise en matière de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme pour faire face à ce défi.


M. RUBEN DARIO MOLINA (Venezuela) a mis l’accent sur les liens qui existent entre santé et développement en exhortant les gouvernements à privilégier la responsabilité sociale aux intérêts capitalistes.  Parce que le droit à la santé est un droit de l’homme, le Gouvernement du Venezuela est fermement engagé à garantir l’exercice de ce droit par tous, a-t-il dit.  Il a indiqué que 9% du budget national sont consacrés à la santé en 2011.  Parmi les initiatives du Venezuela, il a cité la mise en place d’un programme national de lutte contre le tabac et l’adoption en 2011 d’une loi interdisant le tabac dans les lieux fermés.  Il a précisé que 80% des enfants naissant avec des maladies cardiaques bénéficient de soins gratuits.  Il a également cité la création, en août 2011, d’un institut national de lutte contre le cancer, qui aura pour but de formuler des politiques en collaboration avec les hôpitaux et services oncologiques.


M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a déclaré que les coûts des MNT oscilleront entre 30 et 47 milliards par an dans le monde d’ici à 2030.  Il a précisé que le coût croissant des services de santé représente une menace sérieuse au développement durable et, dans un futur proche, à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a indiqué que l’espérance de vie dépassait les 80 ans à Saint-Marin, très certainement à la faveur du régime alimentaire méditerranéen et d’un système de santé très efficace.  Il a estimé que la prévention, la sensibilisation des plus jeunes face aux dangers de la cigarette et de l’alcool ainsi que la promotion de l’activité physique demeuraient des outils très efficaces pour lutter contre les MNT.  Il a estimé qu’il était indispensable d’établir des partenariats entre le secteur public et le secteur privé.  Il a souligné l’importance de l’adoption, hier, de la Déclaration politique sur les MNT pour renforcer les politiques nationales en matière de santé et a mis l’accent sur l’importance de la coopération internationale pour des petits pays comme Saint-Marin et les pays en développement, en général.   


En Afrique, a déclaré M.ABDERRAHIM OULD HADRAMI(Mauritanie), la double charge des maladies transmissibles et des maladies non transmissibles est source de décès prématurés.  En Mauritanie, les principales MNT sont le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires et les maladies mentales, notamment les troubles psychiques, troubles anxieux et les changements d’humeur.  La Mauritanie s’est engagée dans la lutte contre ces maladies, en collaboration avec ses partenaires, pour créer un service de MNT et des programmes sur le tabagisme et la santé mentale.  Le représentant a ainsi mentionné la création des centres neuropsychiatrique et oncologique de Nouakchott et d’une caisse d’assurance maladie.  Le représentant a plaidé pour l’intégration de la santé dans toutes les politiques multisectorielles.  Les systèmes de santé doivent être renforcés et approvisionnés en médicaments, les infrastructures et les services de base doivent être améliorés.


M. ANASTASSIS MITSIALIS (Grèce) a déclaré que 40% des Grecs souffraient de maladies chroniques, 55% de surpoids et que 49% de la population fumaient.  Il a ajouté que les MNT représentaient 77% des maladies et 86% des décès en Europe, causant ainsi 800 000 morts prématurées par an.  Il a dit que les maladies cardiovasculaires étaient responsables de la moitié des décès en Europe et coûtaient 200 milliards d’euros à l’économie européenne.  Le représentant a assuré que la Grèce était engagée à mettre en œuvre les principes discutés à Moscou, l’an dernier.  Il a souligné l’importance de renforcer la coopération internationale, sous la direction de l’ONU et, en particulier de l’OMS.  Il a précisé que le Gouvernement de la Grèce travaillait à une réforme de son système de santé en définissant de nouvelles priorités pour faire face aux facteurs de risque des MNT.  À cet égard, il a cité la mise en place de campagnes de prévention et d’éducation soulignant l’importance de l’activité physique et d’une alimentation saine.  Il a aussi mentionné des nouvelles réglementations concernant les cantines scolaires, visant à décourager la consommation de boissons sucrées et d’aliments à haute teneur en graisses saturées ou en sel.  Il s’est réjoui de la baisse du nombre de fumeurs en Grèce.  La Grèce, a-t-il ajouté, a appuyé, lors de la Conférence ministérielle d’avril 2010 à Moscou, l’idée de renforcer la solidarité internationale pour lutter contre le tabac.  Enfin, il a indiqué que la Grèce a accepté d’installer à Athènes un bureau de l’OMS consacré aux MNT, qui aura comme objectif de soutenir les politiques de prévention de 53 pays européens.     


M. AFELEE F. PITA(Tuvalu) a déclaré que les ressources affectées à la lutte contre les MNT étaient insuffisantes.  Il a rappelé que le Forum des îles du Pacifique a conclu que les îles du Pacifique connaissaient une véritable crise des MNT.  Il a cité la mise en place d’une campagne de prévention mettant l’accent sur les dangers de l’alcool, du tabac, de l’inactivité physique et de la mauvaise alimentation.  Tuvalu, qui manque de ressources, a besoin de la coopération internationale pour assurer un accès universel aux médicaments et aux technologies afin de traiter et déceler ces maladies, a-t-il insisté.  Le représentant de Tuvalu a exhorté les États Membres à mettre en œuvre le Programme d’action pour les PMA, adopté à Istanbul en mai 2011.  Il a particulièrement remercié Taiwan, principal soutien de Tuvalu en matière de développement, en souhaitant que ce partenaire soit autorisé à participer aux débats de l’ONU. 


M. CARLOS ENRIQUE GARCIA CONZÁLEZ (El Salvador) a estimé que les maladies non transmissibles, aggravées pour les pays en développement par la transition démographique et la mondialisation des facteurs de risque, constituaient l’un des principaux défis pour le développement au XXIe siècle.  En conséquence, il est nécessaire de renforcer la coopération internationale en la matière, en complément des efforts nationaux, comme cela a été le cas pour El Salvador qui a bénéficié, entre autres, de l’aide au développement des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Espagne, du Japon, de Cuba et de Taiwan.  Sur le continent américain, les MNT sont la principale cause de mortalité et réclament des politiques publiques et des actions intersectorielles, a déclaré le représentant.  Il a exhorté l’Assemblée générale à considérer la maladie rénale chronique comme un problème prioritaire de santé publique, en raison de son coût humain, social et économique.  Il a aussi insisté sur les facteurs des risques au travail et de la contamination environnementale, qui ne figurent pas dans la Déclaration politique adoptée hier.


M. LE HOAI TRUNG (Viet Nam) s’est aligné sur les déclarations faites par l’Indonésie, au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), et par l’Argentine, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Les maladies non transmissibles ont longtemps été associées au développement économique et appelées les « maladies des riches », mais ce n’est plus le cas, a-t-il dit.  Les MNT empêchent de nombreux pays de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les MNT tuent plus de 350 000 personnes par an au Viet Nam.  Le Ministère de la santé a développé un programme de prévention des MNT pour la période 2011-2015 qui prévoit notamment de faire passer le pourcentage de personnes en phase de cancers terminaux de 80% à 40%, de réduire les accidents vasculaires cérébraux de 15% à 20% et d’améliorer la détection du diabète.  Un projet de loi sur le contrôle du tabac devrait être adopté en mai 2012.


M. EDUARDO ULIBARRI (Costa Rica) a déclaré que 8 habitants sur 10 aux Costa Rica meurent de MNT.  Il a précisé que 23% des décès liés aux MNT touchent des personnes de moins de 60 ans, avec un impact négatif sur la croissance économique et le bien-être des familles du Costa Rica.  Il a cité la mise en œuvre de politiques visant la réduction de la consommation de sel et la promotion de régimes plus équilibrés.  Le Costa Rica a mis en œuvre des programmes de coopération dans le souci de diminuer les facteurs de risque, a assuré son représentant.  Il a jugé essentiel une meilleure coopération internationale, dont la coopération Nord-Nord, Nord-Sud et triangulaire, pour améliorer la capacité des pays en développement de se doter des moyens technologiques et moyens en personnels pour lutter contre les MNT.  


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) s’est félicité de l’adoption, hier, de la Déclaration politique qui, a-t-il dit, met l’accent sur la prévention et des mesures permettant aux populations dans leur ensemble d’adopter des styles de vie plus sains.  Il a estimé que la mise en œuvre de la Déclaration nécessitera une action multisectorielle consacrée aux facteurs comportementaux, environnementaux, sociaux et économiques des MNT, mais avant tout le renforcement des systèmes de santé.  Soulignant l’importance d’objectifs et indicateurs clairs, il a déclaré que l’appel lancé à l’OMS de développer un cadre d’évaluation pour les MNT d’ici à 2012 démontrait la volonté de la communauté internationale de faire face à ce fléau.  Le représentant du Liechtenstein a mis l’accent sur les conséquences de la pollution intérieure liée aux fumées des fourneaux qui affectent trois milliards de gens et causent le décès prématuré de 1,9 million de personnes par an.  Il a précisé que le Liechtenstein était activement engagé aux côtés de l’organisation Women's Refugee Commission, d’OCHA et de l’Alliance mondiale pour des fourneaux propres pour sensibiliser l’opinion sur la question.  Par ailleurs, il a précisé que la couverture médicale était obligatoire au Liechtenstein et que les enfants de zéro à 9 ans bénéficiaient d’une série de contrôles médicaux préventifs. 


M. MILORAD ŠĆEPANOVIĆ (Monténégro) a dit que son pays s’était engagé à réaliser d’ici à 2015 l’objectif de réduire le taux de mortalité associé aux MNT chroniques.  Le Monténégro est d’avis qu’il faut une action préventive au niveau mondial, à court et moyen termes, pour réduire au minimum le nombre de fumeurs.  Il faut également promouvoir une alimentation saine, une activité physique accrue et réduire la consommation d’alcool.  « Nous sommes tous d’accord sur le fait que le coût de l’intervention est inférieur au coût de l’inaction, et que le coût de la prévention est inférieur au coût du traitement », a-t-il fait remarquer.  Pour M. Šćepanović, l’action contre les MNT est étroitement liée aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en particulier la lutte contre la pauvreté, car le taux de mortalité dépend du mode de vie et de l’alimentation.  Il a réitéré l’importance de réaliser l’ensemble des OMD malgré la crise financière mondiale qui frappe toutes les économies.  Des mesures adéquates doivent être prises pour aider les États dont les capacités sont limitées à assurer la prévention des MNT et pour garantir des médicaments de haute qualité.


M. U KYAM TIN (Républiquede l’Union du Myanmar) a soutenu que la charge et les menaces que font peser les maladies non transmissibles sont devenues l’un des défis principaux qui minent aussi bien le développement économique que la santé de millions de personnes dans le monde.  Il est alarmant de constater que les MNT sont la cause majeure de plus de 60% des décès mondiaux et que 80% de ceux-ci surviennent dans les pays en développement, s’est inquiété M. Tin.  Il a ensuite souligné que la réponse effective à ce problème mondial exigeait une action collective et une participation informée de tous les acteurs intervenants.  Le Myanmar est pleinement conscient de l’impact négatif qu’ont ces MNT sur la santé et attache une grande importance à l’intégration de la question dans ses plans de développement, encore dit M. Tin.  C’est dans ce cadre qu’il a détaillé une série de mesures prises par son gouvernement pour s’attaquer aux MNT, notamment, l’adoption en 2006, d’une loi sur le contrôle de la consommation du tabac et la lutte contre le tabagisme.  « Nous avons également mis en place un plan d’action sur les bénéfices de l’activité physique pour la santé », a ajouté le représentant.


M. KOSAL SEA, Royaume du Cambodge, a déclaré que l’étendue des maladies non transmissibles dans son pays résultait en particulier de la pauvreté, la mondialisation et l’urbanisation.  Il a précisé que les causes les plus importantes de ces maladies sont le tabagisme, l’alimentation peu saine, le manque d’activité physique et l’alcoolisme.  Le représentant a mentionné le fait que 6% d’adultes vivant en zones urbaines au Cambodge sont atteints de diabète tandis que 17% souffrent d’hypertension artérielle.  Globalement, 8 personnes sur 10 au Cambodge présentent un ou deux risques de contracter une MNT, a-t-il ajouté.  Ces maladies sont à l’origine de 46% de décès dans le pays en 2008.  Rappelant que ces maladies sont évitables, M. Sea a évoqué des mesures prises par son gouvernement pour lutter contre le fléau.  Il a notamment souligné le développement et le renforcement de politiques publiques multisectorielles pour diminuer l’impact des MNT dans le pays, l’intégration des services relatifs aux MNT dans les soins de santé de base et l’accès des populations aux soins de santé de qualité et à moindre coût.


Invité à participer à cette Réunion de haut niveau pour présenter les initiatives de la ville de New York en matière de santé publique, M. MICHAEL BLOOMBERG, Maire de New York, a déclaré que New York a fait de la réduction des maladies non transmissibles le centre de sa politique de santé publique.  « Entre 2001 et 2008, l’espérance de vie a augmenté de 1,5 an à New York grâce à des efforts inlassables », a assuré le maire de New York.  « Nous avons reconnu que les MNT, en particulier les maladies cardiovasculaires et les cancers, sont la première cause de décès.  Nous avons interdit le tabac dans les bars et restaurants et, plus récemment, dans les parcs publics de la ville », a-t-il ajouté.  M. Bloomberg s’est aussi félicité de la mise en place de campagnes par les médias, qui décrivent de façon très graphique les dangers du tabac et ses conséquences.  Il a précisé que la ville de New York a augmenté les taxes sur les cigarettes où le prix du paquet atteint désormais 11 dollars.  « Il y a aujourd’hui 450 000 fumeurs de moins qu’en 2002 à New York, ce qui représente 1 500 vies sauvées chaque année », s’est félicité M. Bloomberg en souhaitant que cette expérience et ces résultats soient reproduits dans le monde entier. 


Le maire de New York a déclaré que la lutte contre les MNT était une course contre la montre que nous ne pouvons nous permettre de perdre.  L’industrie du tabac rend les pauvres dépendants avant que les gouvernements n’aient le temps de réagir, a-t-il dit en notant qu’un milliard de personnes mourront des conséquences du tabac au XXIe siècle.  En 2008, la ville de New York est devenue la première institution américaine à imposer aux chaînes de restaurants qu’elles affichent des informations sur les calories contenues dans leurs produits, a-t-il dit.  « En 2009, nous avons mis en place les premières restrictions sur les matières grasses artificielles et le cholestérol ».  Le maire de New York a aussi cité des campagnes d’information mettant l’accent sur les dangers des boissons sucrées en relation avec l’obésité.  Il a également précisé que toutes les initiatives visant à limiter l’empreinte carbone de la ville de New York ont aussi comme conséquence de préserver la qualité de l’air et donc la santé des habitants.  Citant les limites des pouvoirs des villes, M. Bloomberg a rappelé que seuls les gouvernements disposent des moyens de mettre en œuvre des politiques saines à l’échelle du pays.  Il a insisté que le principal souci d’un gouvernement doit être la santé et la qualité de vie de ses concitoyens. 


Mme SIMA BAHOUS, Secrétaire générale adjointe de la Ligue des États arabes, a souhaité que les États arabes et l’ONU unissent leurs efforts « pour réaliser les aspirations des populations arabes quant à une vie meilleure ».  La Ligue des États arabes, qui s’attache à améliorer les soins médicaux à travers ses mécanismes propres à la santé, accorde une importance spéciale à cette Réunion et à ses résultats car les MNT constituent l’un des plus grands obstacles au développement.  Les maladies cardiovasculaires sont la première cause des décès dans les pays arabes, a poursuivi Mme Bahous.  Le taux des MNT augmente de façon régulière, surtout pour la tranche de 15 à 59 ans.  Un plan stratégique arabe a été mis au point pour améliorer les services médicaux de base d’ici à 2016 et pour organiser un dépistage rapide afin de réduire le fardeau économique et social des familles et de la société en général.  Le Groupe des États arabes a demandé l’intégration de la lutte contre les MNT aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Pour réaliser des progrès tangibles, il faut prendre en compte des effets socioéconomiques des MNT, a-t-elle estimé.


Mme ANDA FILIP, Observatrice permanente l’Union interparlementaire (UIP), a estimé que les discussions sur les MNT souffrent d’une perception erronée.  En effet, ces maladies qui avaient été taxées de « maladies des riches », touchent maintenant de plein fouet les pays à faible et moyen revenus.  La situation est particulièrement grave en Afrique, a averti Mme Filip expliquant que les taux de mortalité liés aux MNT y progressent de manière alarmante et plus rapidement que partout ailleurs dans le monde, ce qui a des conséquences négatives sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  « Par conséquent, nous devons mettre en place des mécanismes appropriés le plus rapidement possible si nous voulons garantir l’avenir de nos enfants », a-t-elle souligné.  Pour l’UIP, il ne s’agit pas uniquement d’une question de santé, mais aussi de questions politiques relatives au style de vie.  Les parlementaires sont appelés, selon la représentante, à jouer un rôle crucial pour se battre en faveur de changements d’attitude et de comportement, aider leurs concitoyens à faire des choix sains, s’opposer aux intérêts commerciaux des grandes corporations et mettre en place les législations requises.  Le message à faire passer, a-t-elle estimé, est que l’on peut sauver des vies avec l’aide de réglementations efficaces!


M. STEFAN SEEBACHER, Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ( FICR), a rappelé que les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires souffrent le plus des conséquences économiques et sociales des MNT.  Il a estimé qu’une meilleure prévention des MNT permettra aux gouvernements de gagner du temps et de l’argent, notamment pour améliorer les services de santé.  Il a mis l’accent sur l’élaboration par la Fédération d’un cadre de prévention, d’innovation, de recherche et de plaidoyer pour lutter contre les MNT.


Mme SYLVIA J. ANIE, Secrétariat du Commonwealth, a rappelé que la famille du Commonwealth comprenait 54 pays répartis sur cinq continents et représentait un tiers de la population et un quart des pays.  Elle a précisé que sur 19,5 millions de décès dans le Commonwealth en 2009, 9,3 millions étaient dus à des maladies non transmissibles.  Un tiers de ces décès résultant des MNT frappent des gens de moins de 60 ans, a-t-elle indiqué.  Les MNT représentent une pression très forte sur les systèmes de santé déjà fragiles des pays en développement.  Elle a rappelé que les chefs d’État et de gouvernement du Commonwealth avaient, dans une déclaration de 2008 consacrée à la lutte contre les MNT, noté que les plus pauvres étaient aussi les plus vulnérables et demandé au Secrétariat du Commonwealth d’établir des politiques et de mieux diffuser les connaissances sur les pratiques optimales en matière de lutte contre les MNT.  La représentante du Secrétariat du Commonwealth a mis l’accent sur la vulnérabilité des femmes et des filles aux MNT, en précisant que le thème de la réunion intergouvernementale du Commonwealth en 2011 sera « Les femmes, agents de changement ». 


M. FRANCESCO MARIA AMORUSO, Vice-Président de l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée (APM), a déclaré que la charge que font peser les maladies non transmissibles sur les services de santé des pays de la région appelle à une action immédiate et coordonnée, tant au niveau régional qu’au niveau international.  C’est pourquoi, il a exhorté la communauté internationale à mener des actions concertées, à mobiliser les ressources appropriées et à renforcer les capacités utiles pour lutter contre ces menaces à la vie et au développement économique.  M. Amoruso a en outre fait part de l’engagement de l’APM à assister le nouveau Centre méditerranéen de l’OMS pour la réduction des risques sanitaires (WMC), inauguré en juillet 2010.


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Une table ronde sur les maladies non transmissibles préconise un renforcement de la coopération internationale pour faire face aux défis posés par ces maux

AG/11145

Une table ronde sur les maladies non transmissibles préconise un renforcement de la coopération internationale pour faire face aux défis posés par ces maux

20/09/2011
Assemblée généraleAG/11145
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale

Soixante-sixième session

Table ronde 3 – matin


UNE TABLE RONDE SUR LES MALADIES NON TRANSMISSIBLES PRÉCONISE UN RENFORCEMENT DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE

POUR FAIRE FACE AUX DÉFIS POSÉS PAR CES MAUX


Dans le cadre de la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (MNT), dont les travaux ont été ouverts hier, une série de tables rondes interactives sur certains aspects de cette thématique a eu lieu depuis hier, au Siège de l’ONU, à New York.  Au cours des deux premières tables rondes d’hier, les participants avaient discuté de la progression des maladies non transmissibles et de leurs incidences socioéconomiques; puis du renforcement des capacités nationales et de la mise au point de politiques adaptées en vue de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles.  Tenue ce matin, la troisième et dernière table ronde de la série avait pour thème de discussion, « la promotion de la coopération internationale et de la coordination face aux maladies non transmissibles ».


Au cours des échanges de points de vue, la plupart des délégations ont reconnu que la situation des personnes affectées par les MNT laisse à désirer, bien souvent à cause du manque de ressources financières ou scientifiques.  Le représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a regretté que 70% des personnes affectées par des cancers dans les pays en développement n’aient pas accès à la radiothérapie et que 80% de ces patients soient à des stades avancés de la maladie quand ils sont diagnostiqués.  Le représentant de la Fondation « Livestrong » a rappelé que 17 millions de personnes vont mourir de cancer dans les années à venir si rien n’est fait pour leur venir en aide, tandis que la représentante de l’Australie a tenu à attirer l’attention de la communauté internationale sur le fait que « les compagnies de tabac vont lutter bec et ongles pour défendre leurs profits, alors que les gouvernements luttent pour sauver des vies affectées par le tabagisme ». 


Les délégations ont également souhaité une intensification de la coopération internationale pour faire face aux MNT.  Révélant que son pays est l’un des plus touchés par le cancer du col de l’utérus, la représentante de la Serbie a plaidé pour que des mesures soient prises dans le cadre de la coopération internationale pour fournir un appui au traitement des personnes affectées par ce mal.  La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a pour sa part souhaité que les secteurs de la nutrition et de la santé collaborent plus étroitement pour faire face au fléau des maladies non transmissibles, tandis que la représentante de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a appelé à une coopération internationale plus responsable que par le passé, tout en soulignant que l’OMS jouera le rôle qui lui incombe dans cette optique.


TABLE RONDE SUR LE THÈME: « PROMOTION DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE ET DE LA COORDINATION FACE AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES »


Cette table ronde était coprésidée par M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis et M. WALTER GWENIGALE, Ministre de la santé et du bien-être social du Libéria.


Discussion interactive 


Prenant la parole au début de cette table ronde, le représentant de Maurice a déclaré que le respect des brevets d’invention et le paiement des droits de propriété intellectuelle ne devraient pas devenir un obstacle qui empêche les populations les plus démunies d’avoir accès aux transferts de technologies, aux médicaments et aux soins pour faire face aux MNT ou s’en prémunir.  Abondant dans la même veine, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a regretté que les médicaments, même les plus essentiels, soient trop chers et hors de la portée des bourses de la plupart des populations des pays en développement.  La représentante de l’OMS a de son côté estimé que le manque de ressources freine l’obtention de succès face à la propagation des MNT, et elle a souhaité que l’industrie pharmaceutique fasse preuve de plus de souplesse en ce qui concerne les prix des médicaments.  Regrettant que les stratégies de marketing dictent les goûts et finalement les habitudes de consommation, même en ce qui concerne des produits comme le tabac et les boissons sucrées chez les classes les plus jeunes et les enfants, elle a appelé à une coopération internationale responsable dans ce domaine et a affirmé que son organisation jouera son rôle en ce sens.


Dans la perspective de cette coopération internationale, la représentante de l’Australie a souligné que les compagnies de tabac sont des multinationales.  De ce fait, a-t-elle relevé, il faudrait prendre des mesures coordonnées à l’échelle internationale pour lutter contre les méfaits du tabagisme.  Annonçant la mise en place, par l’Australie, d’un fonds pour lutter contre le tabagisme dans les pays en développement, elle a averti que « les compagnies de tabac allaient certainement lutter bec et ongles pour préserver leurs ventes et leurs profits ».  « Mais nous devons lutter pour sauver les vies humaines mises en danger par le tabagisme et d’autres excès », a dit la représentante.  Pour sa part, la représentante de la Serbie a révélé que son pays présente l’un des taux les plus élevés au monde de cancers du col de l’utérus.  Elle a lancé un appel pour que des mesures soient prises au niveau de la coopération internationale pour apporter une aide et un appui au traitement des personnes affectées par ce mal pernicieux.


Le représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a regretté que 70% des personnes atteintes d’un cancer dans les pays en développement n’aient pas accès à la radiothérapie et que 80% de ces patients sont généralement à des stades où la maladie est déjà très avancée quand ils sont diagnostiqués.  Il a également relevé que l’AIEA a lancé en 2004 un programme d’action pour la guérison du cancer en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Pour sa part, la représentante du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a estimé que les MNT sont un frein au développement.  Elle a souhaité que le système des Nations Unies accompagne les pays dans la mise en place d’un système efficace de gestion des MNT.  De son côté, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a souhaité que les secteurs de la nutrition et de la santé collaborent plus étroitement pour faire face au fléau des MNT.  Le représentant de l’Union internationale des télécommunications a quant à lui estimé que les télécommunications, qui ont joué un rôle majeur dans le déclenchement et le déroulement du « printemps arabe », pourraient également être un puissant catalyseur pour l’éducation des populations et pour l’amélioration des soins de santé ayant un rapport avec des MNT.  Il a également indiqué que les télécommunications permettaient de dispenser des formations à distance ainsi que la pratique de la télémédecine.


Certains États ont pris de l’avance dans le cadre de la coopération face aux MNT.  Dans ce contexte, la représentante de l’Inde a affirmé que son pays participe à la coopération internationale en formant les spécialistes du secteur médical de nombreux pays du Sud et en offrant des technologies médicales aux pays en développement.  Le représentant du Japon a réaffirmé l’engagement de son pays à poursuivre la coopération internationale dans le domaine des MNT, alors que le délégué de la Fédération de Russie a indiqué que son pays a fourni 275 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  La représentante des Maldives a assuré pour sa part que la coopération internationale avait permis à son pays d’éradiquer des fléaux de santé comme la poliomyélite, et elle a souhaité que cette collaboration devienne plus dynamique. 


Le représentant du Mexique a évoqué la coopération du Mexique avec les instances du football à l’échelle nationale et internationale tandis que le représentant du Bureau des Nations Unies pour le sport pour le développement et la paix a encouragé le rôle que joue le sport dans la promotion de la santé générale des populations.  Dans la même lancée, le représentant de l’organisation « Livestrong » a évoqué la coopération de son institution avec l’équipementier sportif Nike dans la lutte contre le cancer.  Il a fait mention de son histoire personnelle car, a-t-il indiqué, il a été diagnostiqué d’un cancer auquel il a pu survivre grâce à des soins appropriés.  Il a souhaité que toutes les personnes atteintes de cancer aient accès aux traitements, et a rappelé que 17 millions de personnes vont certainement mourir de cancer dans les années à venir. 


Certaines interventions ont mis en garde contre le risque de marginalisation de certains groupes sociaux.  Ainsi, le représentant de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a souhaité que la coopération internationale face aux MNT soit équitable, car, a-t-il affirmé, « tous les acteurs de cette coopération doivent trouver leur intérêt dans toute plateforme de collaboration de lutte contre les MNT ».  La représentante de l’Organisation internationale des migrations a estimé qu’avec près d’un milliard de migrants dans le monde, il faudrait prendre en compte les facteurs de risque auxquels les migrants sont exposés, notamment les problèmes cardiovasculaires découlant d’une exposition élevée des migrants au stress.  


Le représentant du Groupe de travail des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine a évoqué l’injustice et le désespoir dans lesquels vivent les Palestiniens face au blocage des négociations politiques pour la paix au Moyen-Orient.  Cette situation bloque les aspirations au bien-être des populations palestiniennes.  La représentante de la Ligue des États arabes a lié les MNT à la santé maternelle, et a souhaité que soit promu le partage d’expériences fructueuses entre pays pour leur permettre de mieux venir à bout des MNT.  Le représentant de l’Algérie a déclaré que « si le terrorisme tue dans le bruit et le fracas, le cancer pour sa part tue en silence ».  Il a regretté que les malades du cancer, en Afrique, souffrent du manque de structures de prise en charge.  Enfin, la représentante de l’Association internationale des consommateurs a appelé l’industrie agroalimentaire à produire des aliments plus sains, et elle a suggéré la mise en place d’un code éthique auquel les entreprises de l’agroalimentaire seraient astreintes.


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