Troisième Commission: le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Palestine défend la demande d’adhésion palestinienne à l’ONU

AG/SHC/4016

Troisième Commission: le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme en Palestine défend la demande d’adhésion palestinienne à l’ONU

20/10/2011
Assemblée généraleAG/SHC/4016
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

25e et 26e séances - matin et après-midi


TROISIÈME COMMISSION: LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LES DROITS DE L’HOMME EN PALESTINE DÉFEND LA DEMANDE D’ADHÉSION PALESTINIENNE À L’ONU


Le Rapporteur spécial sur les exécutions

extrajudiciaires critique les attaques de drones et les raids


Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, M. Richard Falk, a réaffirmé, aujourd’hui devant la Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, le droit des Palestiniens à l’autodétermination.


« Il n’y a pas de raison de remettre à plus tard l’adhésion des Palestiniens à l’ONU », a déclaré M. Falk.  Son rapport insiste sur la hausse de la violence des colons en Cisjordanie et sur la détention d’enfants palestiniens dans les territoires occupés.  Il a dénoncé, une fois de plus, les effets du blocus israélien de Gaza.


Pour sa part, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, M. Christof Heyns, qui a concentré son rapport sur l’utilisation de la force létale lors d’une arrestation par la police, a dénoncé l’utilisation accrue des assassinats ciblés, comme les attaques de drones et les raids.  Il s’est dit préoccupé, en particulier, par la situation dans laquelle la cible se trouve dans un pays étranger, et lorsque la décision est prise à l’avance de tuer une personne spécifique.


Dans le cadre de la promotion et la protection des droits de l’homme, la Commission a dialogué avec trois autres rapporteurs spéciaux et un expert indépendant.


« Ce n’est qu’au travers d’un respect strict des normes internationales relatives aux droits de l’homme que les stratégies antiterroristes peuvent véritablement réussir », a estimé le nouveau Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, M. Ben Emmerson.


Passant à l’élimination de toutes les formes d’intolérance religieuse, le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, M. Heiner Bielefeldt a plaidé pour la « communication interreligieuse », c'est-à-dire l’échange d’informations, d’expériences et d’idées entre des individus et des groupes adeptes de différentes convictions théistes, athées et non théistes ou n’ayant aucune religion ou conviction.


La Commission a ensuite entendu l’Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, M. Cephas Lumina. 


Il a invité la communauté internationale à adopter un moratoire sur le remboursement de la dette des pays les plus pauvres à l’égard des organismes de crédit à l’exportation, dont une grande partie correspond à des transactions économiquement non productives.


Autre problème affectant les droits sociaux et économiques des pays, les effets des changements climatiques ont été au cœur de la présentation du Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays, M. Chaloka Beyani.  L’ONU estime que chaque année jusqu’à 50 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays à la suite de catastrophes naturelles.


La Troisième Commission poursuivra son dialogue avec les rapporteurs spéciaux demain, à partir de 10 heures.


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/66/87)


--    Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales (A/66/310, A/66/156, A/66/285, A/66/330 et A/66/271)


--    Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux (A/66/358)


Déclarations liminaires, suivies de dialogues interactifs avec:


Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967


M. RICHARD FALK, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, a présenté son rapport (A/66/358) et commencé par souligner qu’il n’était toujours pas parvenu à obtenir le concours d’Israël dans l’accomplissement des tâches qui lui incombent en vertu de son mandat.


Une mission avait été prévue pour la période allant du 25 avril au 3 mai 2011, mais M. Falk a été contraint d’annuler sa visite à Gaza en raison des conclusions formulées par l’ONU sur la situation en matière de sécurité.  Une autre mission a été organisée pour début 2012.


Dans son rapport, M. Falk met l’accent sur deux problèmes en particulier: la maltraitance des enfants détenus, en particulier en Cisjordanie, et l’augmentation de la violence des colons et le refus de la puissance occupante de protéger les Palestiniens vivant sous administration militaire.


Les conclusions du rapport Palmer de la mission d’établissement des faits sur l’incident de la flottille humanitaire du 31 mai 2010 ont été adoptées par Israël et vivement critiquées par la Turquie.  Or, M. Falk a rappelé qu’il avait publié, avec les rapporteurs spéciaux sur le droit à l’alimentation, sur le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale et sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, un communiqué de presse conjoint critiquant la manière dont le blocus de Gaza, en vigueur depuis plus de quatre ans, avait été traité comme relevant exclusivement des questions de sécurité.  Il a jugé le rapport Palmer « très lacunaire » d’un point de vue du droit international humanitaire.  Ce rapport a, selon lui, apporté une « justification au déni persistant des droits fondamentaux du peuple de Gaza ».


Le Rapporteur spécial a considéré que la demande d’adhésion à l’ONU du Président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, relevait directement du droit des Palestiniens à l’autodétermination.


En 2011, on a observé une forte hausse du nombre d’actes de violence commis par les colons, a poursuivi M. Falk.  Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) signale ainsi une augmentation de près de 50% des incidents visant les Palestiniens en Cisjordanie.  Toutefois, ces incidents ne sont qu’une partie des problèmes.  Presque chaque jour, sont rapportés des actes de vandalisme commis par les colons contre des terres agricoles et des villages palestiniens.  Fait inquiétant, les Forces de sécurité et la police des frontières israéliennes semblent soutenir passivement les activités des colons.


Abordant les violations des droits des enfants palestiniens, M. Falk a accordé une attention particulière aux incidences de l’occupation prolongée sur les droits et le bien-être de ces enfants.  Des consultations avec des représentants de l’Autorité palestinienne, des institutions des Nations Unies et des organisations non gouvernementales ont conclu que le développement des enfants était perturbé par des privations ayant des conséquences sur la santé, l’éducation et la sécurité de manière générale.  Les spécialistes s’accordent en outre pour dire que les enfants souffrent plus des violations de leurs droits que les adultes et que la communauté internationale devrait se préoccuper d’urgence de leur protection.


Les arrestations d’enfants palestiniens font très souvent suite à des allégations les accusant d’avoir jeté des pierres aux forces de sécurité ou aux colons israéliens en Cisjordanie.  Les accusés tombent sous le coup du droit militaire israélien, qui offre aux mineurs une protection bien moindre que celle que leur accorde le droit pénal israélien, a déploré M. Falk.  Le droit militaire ne permet pas la présence d’un parent aux séances d’interrogatoire, ne réglemente pas les horaires des interrogatoires et ne garantit pas non plus le respect de la dignité de l’enfant lors de son arrestation.


En conclusion, le Rapporteur spécial a notamment recommandé au Gouvernement israélien d’adopter les directives établis par B’Tselem, la très réputée organisation israélienne des droits de l’homme, en ce qui concerne la protection des enfants vivant sous le régime d’occupation qui sont arrêtés ou détenus, afin de se conformer, sur une base minimale, au droit international humanitaire.


Dialogue interactif


L’Observatrice de la Palestine a remercié le Rapporteur spécial, au nom de son peuple, pour ses efforts inlassables et son engagement en faveur du respect du droit international et du droit international humanitaire, alors même qu’il n’a pas eu accès aux territoires arabes occupés.  L’une des conséquences majeures de cette situation sur les droits de l’homme réside dans le  non-respect, par Israël, des droits des personnes détenues.  Récemment, les prisonniers politiques ont fait une grève pour dénoncer leurs conditions de détention et parfois, les actes de torture.  Elle a voulu en savoir plus sur l’aspect juridique des Palestiniens déportés hors du territoire.


Le délégué de la Pologne, au nom de l’Union européenne, a appelé Israël à respecter pleinement le droit international et humanitaire.  Toutes les parties doivent enquêter et remédier aux violations des droits de l’homme, a indiqué l’orateur, qui a aussi rappelé aux parties au conflit que les défenseurs des droits de l’homme étaient des composantes fondamentales d’une société démocratique.  Les mouvements populaires des derniers mois dans le monde arabe illustrent le désir de démocratie, et ces exigences sont les mêmes en ce qui concerne les Palestiniens, a-t-il conclu.


La représentante de la République arabe syrienne a estimé que la politique deux poids deux mesures était appliquée par certains États pour justifier les attaques des pays développés contre les pays en développement.  Les difficultés décrites par le Rapporteur spécial découlent, toutes, du fait que les autorités israéliennes lui refusent l’accès aux territoires arabes occupés, a-t-elle dit.  Tandis que les Nations Unies annulaient la visite de M. Falk dans la bande de Gaza, apparemment pour des raisons de sécurité, ce territoire accueillait en même temps des personnalités et des réunions internationales, ce qui prouve, selon elle, la mauvaise volonté de l’ONU de régler cette question.  En dépit de tous les faits étayés par le Rapporteur, Israël poursuit la profanation des lieux sacrés, les attaques contre les familles palestiniennes, le blocus, et continue d’affamer la population civile à Gaza, a ajouté la représentante. 


Le représentant des Maldives a appuyé les conclusions de M. Falk et a dénoncé la négligence dont sont victimes les Palestiniens.  L’occupation permanente a exacerbé les problèmes et les disparités.  Il a recommandé à la communauté internationale de se concentrer en priorité sur la fourniture de biens alimentaires et d’eau.  En outre, il faudrait renouer le dialogue, a-t-il insisté.  Les possibilités d’un dialogue pacifique et d’une diplomatie efficace sont réduites par l’absence de pourparlers de paix, a déclaré le représentant, en estimant que la seule solution consistait en l’établissement d’un État palestinien souverain.  Il a espéré que l’Assemblée générale votera dans ce sens.


La déléguée du Liban a décrit la situation de destruction et de punition collective imposée par Israël à Gaza.  Ce blocus doit cesser car c’est un blocus contre les enfants, a-t-elle affirmé.  À la lumière des innombrables violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme dans les territoires arabes occupés, pourquoi l’Organisation des Nations Unies n’a-t-elle pas pu défendre les principes de la Charte dans ce conflit, a demandé la représentante libanaise en concluant que l’ONU était la mieux placée pour mettre un terme à ce conflit.   


Le représentant de la Malaisie a abondé dans le sens des conclusions du Rapporteur spécial et a réaffirmé le droit inaliénable de la Palestine à l’autodétermination.  Il a appuyé la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU sur la base d’une solution à deux États qui prendrait en compte les droits et les préoccupations des deux parties au conflit.  Les causes profondes de ce conflit, la répression des droits des Palestiniens sont une parodie de justice sans pareille dans l’histoire humaine, a-t-il dit.  La solution réside donc dans le droit à un État indépendant.  L’attention internationale doit passer par un partenariat efficace entre les pays, et la Malaisie continuera à épauler tous les efforts justes pour une solution globale et durable au conflit israélo-palestinien, a-t-il conclu.


La représentante de l’Égypte a demandé à M. Falk comment surmonter les obstacles qui l’empêchent de s’acquitter de son mandat et quel type d’appui il était nécessaire d’assurer de la part de la communauté internationale. 


Réponse


Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 a répondu que, lors de la déportation de prisonniers palestiniens hors du territoire sur lequel ils étaient arrêtés en raison de l’occupation, le principe du droit international humanitaire était le suivant: tout prisonnier ne peut être transféré hors du territoire occupé.  Quand un Palestinien arrêté en Cisjordanie est transféré dans une prison en Israël, il peut rester en détention pendant des années, sans avoir de contact avec sa famille, ce qui constitue une peine supplémentaire.  Dans le cas de la déportation forcée dans des pays voisins, comme la Turquie ou la Syrie, la situation est plus obscure, car certains disent que les prisonniers ont donné leur consentement à ce transfert.


Sur la question de savoir si les évolutions survenues dans le cadre du printemps arabe avaient une incidence sur un meilleur exercice par les Palestiniens de leurs droits de l’homme, et surtout de leur droit à l’autodétermination, M. Falk s’est dit optimiste, car les peuples arabes appuient pleinement la cause palestinienne.  Selon lui, « plus les nouveaux gouvernements de la région seront démocratiques, plus ils seront attentifs à leurs citoyens ».


Ce nouveau climat politique se concentrera sans doute au départ sur les souffrances découlant de l’occupation prolongée, du blocus et de l’isolement du peuple de Gaza, a reconnu M. Falk.


Un État palestinien est un ingrédient de l’autodétermination qui ne doit pas être lié au statut final.  « Il n’y a pas de raison de remettre à plus tard l’adhésion des Palestiniens à l’ONU », a jugé le Rapporteur spécial.


Par ailleurs, le caractère délictuel des actions d’Israël a été débattu dans rapport Goldstone dont les recommandations n’ont pas été mises en œuvre.  « Il est fâcheux qu’un pays puisse bénéficier d’une telle impunité s’agissant des normes fondamentales du droit pénal international », a dit M. Falk.


Il a noté que la question de savoir pourquoi les Nations Unies n’avaient pas pu mieux protéger les droits des Palestiniens était essentielle.  Une paix juste et durable ne sera pas atteinte tant que les droits légitimes des Palestiniens ne seront pas respectés.  Il s’agit de trouver un meilleur équilibre entre les deux parties pour des négociations plus réussies.


Pour M. Falk, c’est une question de principe: tous les États Membres de l’ONU doivent accepter de coopérer avec l’Organisation.


Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste


M. BEN EMMERSON, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, a indiqué que c’était la première fois qu’il présentait son rapport (A/66/310) à l’Assemblée générale et a rendu hommage à son prédécesseur, M. Martin Scheinin, pour les dix pratiques optimales sur lesquelles il comptait fonder son travail. 


M. Emmerson, qui a été nommé le 7 juin 2011, retient comme priorité pour son mandat l’obligation redditionnelle des États en matière de violations des droits de l’homme dans les activités antiterroristes.  La protection des droits de l’homme est trop souvent interprétée comme incompatible avec des stratégies antiterroristes efficaces, a relevé le Rapporteur spécial.  Il a souligné qu’au cours de la décennie écoulée, la communauté internationale avait fini par accepter, du moins formellement, que le contraire était vrai.  Ce n’est, a-t-il dit, qu’au travers d’un respect strict des normes internationales relatives aux droits de l’homme que les stratégies antiterroristes peuvent véritablement réussir.  M. Emmerson a déclaré cependant que, dans la pratique, les États ne respectaient pas toujours leurs engagements. 


Le Rapporteur spécial a indiqué que, dans l’exercice de son mandat, il s’attacherait à faire en sorte que les droits des personnes directement ou indirectement victimes d’actes terroristes reçoivent l’attention voulue, et que les États s’acquittent de leurs obligations envers les victimes effectives et potentielles.  Pour être solide, durable et globale, toute stratégie de lutte contre le terrorisme exige que la souffrance des victimes d’actes terroristes soit reconnue, a-t-il affirmé. 


M. Emmerson a cité la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, dans laquelle les États Membres ont souligné « la nécessité de défendre et de protéger les droits des victimes du terrorisme », et affirmé que la « déshumanisation des victimes du terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations » était l’une des « conditions propices à la propagation du terrorisme ». 


Il a expliqué que la déshumanisation des victimes du terrorisme pouvait revêtir diverses formes car des États qui bafouent les droits de l’homme étaient notamment susceptibles d’instrumentaliser ces personnes afin de justifier le durcissement de leur politique antiterroriste.  Il a ainsi jugé essentiel que la protection des droits des victimes d’actes de terrorisme soit considérée comme une obligation juridique véritable incombant, au premier chef, aux États. 


D’autre part, l’action antiterroriste ne doit pas servir de prétexte pour violer les droits fondamentaux des personnes soupçonnées d’actes terroristes, pour prendre des mesures d’urgence prévoyant l’exercice de pouvoirs exécutifs excessifs et disproportionnés ou pour se livrer à d’autres actions de nature essentiellement politique.


Selon M. Emmerson, l’obligation des États comprend, sans s’y limiter, le devoir de prévenir les actes terroristes; s’ils ont été commis, le devoir d’enquêter sérieusement, de dévoiler la vérité et de poursuivre les auteurs en justice, et d’enquêter sur toute allégation selon laquelle les autorités d’un État n’auraient pas pris, dans le cadre de l’exercice légitime et proportionné de leurs pouvoirs, des mesures raisonnables pour prévenir les actes de terrorisme.


Au niveau international, il a fait état de certaines initiatives relatives aux victimes.  Il s’agit en particulier du colloque sur l’aide aux victimes du terrorisme organisé le 9 septembre 2008, tenu sous les auspices du Secrétaire général, de l’atelier tenu à Syracuse (Italie) en 2010 pour étudier les pratiques optimales en matière d’aide aux victimes d’actes terroristes et autres infractions telles que définies dans le droit national et international, et organisé conjointement par l’Institut supérieur international des sciences criminelles et l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF).  Cette dernière a créé un groupe de travail sur le soutien aux victimes du terrorisme et la sensibilisation à leur cause.


En outre, la prévention du terrorisme est une question de fond du mandat, a indiqué le Rapporteur spécial.  Selon lui, on pourrait plus facilement en finir avec les conditions favorisant la propagation du terrorisme si l’on se penchait davantage sur le fait que la négligence des allégations, réelles ou mensongères, de violations des droits de l’homme pouvait conduire certaines personnes à faire les mauvais choix.  Il serait souhaitable de mieux examiner le lien entre le respect de tous les droits de l’homme –civils, culturels, économiques, politiques et sociaux– et la prévention du terrorisme.


Concernant les visites de pays, il a remercié le Gouvernement de transition de la Tunisie pour avoir accueilli son prédécesseur lors d’une mission de suivi en mai dernier en cette période charnière du pays.  Il a loué la transparence du Gouvernement à cet égard et pour les réformes qu’il a engagées.  Il a également remercié le Burkina Faso pour son invitation et a indiqué qu’il s’agissait du premier pays partenaire dans l’Assistance intégrée pour la lutte antiterroriste (I-ACT), une initiative de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.  Il a rendu hommage à la Thaïlande pour son invitation ouverte à toutes les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et a espéré se rendre dans ce pays prochainement.


M. Emmerson a précisé, en guise de conclusion, que si son rapport thématique portait entre autres sur les droits des victimes de terrorisme, cet aspect de son mandat ne saurait en aucun cas faire oublier l’importance du respect par les États de l’obligation qui leur incombe, au regard des droits de l’homme, d’instruire les dossiers concernant la préparation, l’instigation ou la commission d’actes de terrorisme et de poursuivre et punir les coupables. 


Dialogue interactif


La représentante de la Tunisie a reconnu la valeur ajoutée du travail du Rapporteur spécial et fait savoir que bon nombre de ses recommandations concernant son pays étaient d’ores et déjà en voie d’exécution.  Elle a cité les initiatives prises par le Gouvernement national de transition et des mesures pour enquêter sur les agressions commises contre les manifestants pacifiques lors des événements du début de l’année.  La définition vague et trop large du terrorisme explique le flou également dans la pratique, a considéré la représentante.  Elle a espéré que le dialogue se poursuivrait au niveau international pour remédier à cette situation.


Le représentant du Brésil a indiqué que, conformément à la déclaration de Brasilia de 2005 et à d’autres réunions, son pays partait de la perspective selon laquelle la lutte contre le terrorisme devait se faire dans le strict respect du droit international et du droit humanitaire international.  Le Brésil ne souhaite pas l’établissement de nouvelles normes qui entreraient en conflit avec celles de ces droits.  Le Brésil, qui fait partie du Groupe financier international, coopère dans la lutte contre le financement du terrorisme et a aussi participé aux réunions qui ont permis l’adoption de la Convention contre la corruption, a-t-il dit.


La Pologne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a demandé quels étaient les principaux défis qui se posaient au Rapporteur spécial dans l’exercice de son mandat.  Pourquoi avoir choisi les deux domaines figurant dans son rapport et qu’en attend-il, a demandé la délégation.


L’Espagne a voulu savoir quelles perspectives s’ouvraient dans le mandat du Rapporteur spécial et quels étaient les futurs domaines d’intérêt.  Son représentant a jugé que les efforts et progrès de ce mandat correspondaient à l’évolution de la situation dans le monde en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme.  Il a estimé, cependant, qu’il fallait aussi tenir compte des risques éventuels issus des dédommagements pour les victimes.  Le délégué a mis l’accent sur la perspective propre des victimes du terrorisme en tant que victimes des violations des droits de l’homme.  Le bilan de la démarche du Rapporteur permettra de prendre une décision sur la nomination d’un mandat spécial sur les victimes du terrorisme.  Le représentant a expliqué que telle était la demande des victimes et de leurs familles dans son pays.


La déléguée des États-Unis s’est déclarée en désaccord avec le contenu du paragraphe 24 du rapport, qui porte sur l’obligation d’assistance des États aux victimes et le devoir de prévention.  Elle a salué, en revanche, l’accent mis sur la promotion et la protection des victimes du terrorisme et sur la nécessité de mieux comprendre le lien entre les droits de l’homme et la lutte contre le terrorisme.


Le représentant de la Suisse a accueilli, avec intérêt, l’accent qui sera mis sur les victimes et la prévention.  La justice s’exprime notamment dans le concept d’équité, a-t-il déclaré, en expliquant que la sécurité n’était pas possible sans liberté.  Il a précisé qu’une approche axée sur la répression causait plus de mal que celui qu’elle prétendait combattre.  Il a souligné que la répression du terrorisme, la protection des victimes et les droits de l’homme n’étaient pas incompatibles.  Il a enfin demandé comment le Rapporteur comptait coopérer avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC).


Le délégué de l’Algérie a déclaré, que compte tenu du fait que son pays avait beaucoup souffert du terrorisme, il avait accueilli l’année dernière le Colloque international antiterrorisme.  Quelles sont les mesures concrètes pour protéger les victimes du terrorisme et est-ce que le paiement de rançons aux terroristes est acceptable, a-t-il demandé.


L’Égypte a souhaité savoir comment le Rapporteur prévoyait de traiter des conditions propices au terrorisme et de ses causes profondes.  Il est essentiel de veiller aux droits des victimes, mais il est tout aussi important de se pencher sur les conditions qui conduisent au terrorisme, a estimé le délégué égyptien.


Le représentant du Mexique a souligné que la situation des victimes du terrorisme était essentielle et que ce domaine n’avait pas été suffisamment examiné. 


Le délégué du Liechtenstein a demandé dans quelles mesures le Rapporteur envisageait la question des sanctions du Conseil de sécurité sous l’optique des droits de l’homme.


Réponse


Le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste a indiqué que le plus grand défi de son mandat était de mener une « démarche intégrée des droits de l’homme sur cette question épineuse », en tenant compte du fait que les actes terroristes violent les droits fondamentaux des victimes.


M. Emmerson a fait valoir que les États Membres avaient des droits et des obligations à cet égard et qu’ils pouvaient être moins efficaces dans leur lutte contre le terrorisme et « contribuer au désespoir qui est une des conditions qui mènent au terrorisme ».


En réponse aux questions posées, il est revenu plus longuement sur les droits de victimes.  « Je ne veux pas que le progrès dans ce domaine fasse l’objet d’un débat théorique », a dit M. Emmerson, en revenant sur des éléments cruciaux de son étude.


D’abord, les États Membres ont une obligation positive de prévention: ils doivent fournir un cadre juridique pour garantir la protection du droit à la vie et prendre toutes les mesures quand il y a un risque immédiat d’acte terroriste. 


Ensuite, ils ont le devoir d’enquêter, non seulement sur les auteurs de tels actes, mais aussi sur toute allégation selon laquelle leurs autorités n’auraient pas pris des mesures raisonnables pour faire face à des menaces ou s’il y a eu des lacunes dans les renseignements.  Enfin, les États ont une obligation morale de dédommager les victimes.


« L’heure est venue de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, même si rien ne peut justifier le type de crimes sur lesquels nous nous penchons », a estimé le Rapporteur spécial.


Il a indiqué que le régime des sanctions faisait bien partie de son mandat.  Se félicitant de voir des entités radiées de la liste des sanctions, M. Emmerson a ajouté qu’il avait l’opportunité d’examiner en détail les méthodes de travail de l’Ombudsman à ce sujet.


Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction


M. HEINER BIELEFELDT, Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, qui présentait son rapport (A/66/156), a rappelé qu’en 1981, l’Assemblée générale avait proclamé la Déclaration sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction.  Comment s’attaquer à cette question, a-t-il demandé, en soulignant qu’outre l’éducation, le dialogue interreligieux pourrait constituer un outil significatif dans la prévention de l’incompréhension et de la discrimination.


Le rapport thématique qu’il présente est centré sur la « communication interreligieuse », autrement dit, selon lui, les différentes formes d’échange d’informations, d’expérience et d’idées entre des individus et des groupes adeptes de différentes convictions théistes, athées et non théistes ou n’ayant aucune religion ou conviction.  M. Bielefeldt a souligné qu’une culture vigoureuse de communication et de débat public constituait un élément crucial pour la réalisation des droits de l’homme.


Le droit à la liberté de religion ou de conviction englobe différentes formes de communication librement choisies.  Il inclut le droit de communiquer au sein de son propre groupe religieux ou de conviction, de partager sa conviction avec d’autres, d’élargir son horizon en communiquant avec des personnes ayant des convictions différentes, de nourrir et de développer des contacts à travers les frontières de l’État, de recevoir et de diffuser des informations concernant les questions relatives à la religion ou la conviction, et de chercher à persuader d’autres au moyen d’une communication pacifique.


Dans ce contexte, les États gagneraient à être plus sensibles au potentiel de la communication interreligieuse dite « informelle », notamment des réunions multiculturelles au sein des communautés et quartiers, des écoles, clubs et autres services et lieux publics.  En outre, la participation substantielle des femmes dans des projets formels de dialogue interreligieux devrait devenir une priorité dans le dessein de remédier au déséquilibre actuel dans la composition des événements de dialogue de haut niveau dans lesquels les femmes sont marginalisées à l’heure actuelle, a préconisé M. Bielefeldt.


Il a expliqué que, conformément au droit international humanitaire, les États avaient l’obligation non seulement de respecter la liberté de religion ou de conviction, mais aussi de la protéger activement contre toute ingérence indue de la part de tiers. 


Si l’État est perçu comme partial à l’égard d’une religion ou d’un courant à cette religion, ses efforts de dialogue interreligieux risquent d’avoir le résultat escompté.  Les États doivent s’efforcer de faire en sorte que les principes du dialogue soient équilibrés et non discriminatoires. 


Le Rapporteur spécial a enfin salué tous ceux qui, dans des circonstances difficiles, ont lancé des projets de communication destinés à éliminer les préjudices, les stéréotypes et l’hostilité.  Il a encouragé les États à poursuivre et à renforcer leur communication interreligieuse, dans le respect de chacun.


Dialogue interactif


La représentante de la République de Moldova a indiqué que son pays avait reçu la visite du Rapporteur spécial qui a coïncidé avec d’importantes réformes entreprises au bénéfice des communautés religieuses.  « Chacun peut pratiquer sa propre religion sans ingérence de l’État ».


La déléguée de l’Union européenne a rappelé que l’Union européenne interdisait toute forme de discrimination fondée sur la religion et la croyance religieuse et que les États étaient tenus de prôner un climat de tolérance.  Que pense le Rapporteur spécial des minorités religieuses?  Comment appuyer le dialogue interconfessionnel?  Dans la perspective de l’égalité homme-femmes, peut-il développer sa coopération avec le Comité contre la discrimination à l’égard des femmes?


« Le droit à la liberté religieuse et la protection des minorités sont au centre de la compréhension mutuelle au sein de nos sociétés », a fait valoir la représentante de l’Autriche.  Comment l’État peut-il favoriser le dialogue interconfessionnel tout en restant un observateur neutre?


Pour le représentant de l’Allemagne, diverses religions peuvent coexister avec succès, mais ne le peuvent qu’à travers un dialogue ouvert.  Il a souligné le rôle des médias pour favoriser la confiance au sein de communautés multiethniques et multireligieuses.  Quels sont les exemples de meilleures pratiques en matière de protection des libertés religieuses contre toute ingérence de tiers, a-t-il demandé.


La représentante des États-Unis a partagé le respect du Rapporteur spécial pour les dialogues de haut niveau afin de lutter contre les stéréotypes ou les discriminations fondés sur la religion ou la conviction.  Comment les organisations internationales et les gouvernements peuvent-t-ils coopérer pour promouvoir un climat de tolérance?  Qu’en est-il de l’intersection entre les droits de l’homme des femmes et la liberté de religion?


La représentante du Canada a souligné que la liberté de religion revêtait un caractère essentiel pour son pays.  Elle a exprimé sa préoccupation face aux graves violations des droits des minorités religieuses en Chine, en Iran, au Pakistan et en Égypte.  Le Représentant spécial a-t-il noté des tendances positives pour ce qui est de la communication interconfessionnelle?


L’État doit jouer un rôle important dans la communication interconfessionnelle, a dit la représentante de la Norvège.  La lutte contre les stéréotypes et l’intolérance doit faire partie de l’éducation pour les droits de l’homme et la femme doit être démarginalisée.


Le représentant du Liechtenstein a demandé si la dimension des droits de l’homme devait être liée aux discussions sur la lutte contre l’intolérance.


Le représentant de l’Égypte a indiqué que son pays avait, au cours des derniers mois, créé un conseil national du dialogue avec la participation des communautés religieuses.  Il achève également un débat pour un code de construction de tous les lieux du culte et a établi un forum sur les familles avec l’appui de tous les groupes religieux en Égypte.  Il recommande des mesures législatives en se fondant sur les meilleures pratiques pour éliminer l’incitation à la haine et à la violence, notamment contre les migrants dans les pays d’accueil.  Le représentant a dit qu’il avait entendu les appels pour réduire certaines tensions en Égypte.  « Le peuple copte a récemment condamné les tentatives de certains de parler de violence sectaire », a-t-il ajouté.


Le représentant du Pakistan a indiqué que son pays avait, entre autres efforts, coparrainé le document de Manille sur le dialogue interconfessionnel.  Il s’est associé à l’Alliance des civilisations, et, au niveau national, et a créé un Ministère de l’harmonie nationale.  Il a attiré l’attention de M. Bielefeldt sur le fait qu’il n’y avait « pas de problème systémique de violation des droits de l’homme des minorités au Pakistan ».


« Aucun pays n’est parfait en matière des droits de l’homme et le Canada devrait d’abord balayer devant sa porte en matière de liberté religieuse », a insisté le représentant de la Chine.  Le Canada ne peut pas se permettre de montrer du doigt un autre pays.


Pour le représentant de l’Iraq, « il existe un lien organique entre l’intolérance religieuse et le terrorisme ».  Les attentats de ces dernières années ont été « ourdis par des groupes qui fondent leurs actes sur des haines religieuses et des croyances déviantes qui traitent l’autre de non-croyant ».  Ces groupes ciblent ceux qui ne sont pas d’accord avec leurs convictions, a déploré le représentant.  Pour sa part, le Gouvernement iraquien a pris des mesures pour assurer la protection des chrétiens et des minorités.  Quelle procédure juridique peut être entreprise à l’encontre d’un État dont la doctrine est de « considérer l’autre comme apostat » et y-a-t-il moyen de pénaliser l’intolérance religieuse?


Le délégué de la République islamique d’Iran a salué les diverses propositions du Rapporteur spécial pour que les États favorisent le dialogue et la communication interconfessionnels. 


Réponse


En réponse aux délégations, M. Bielefeldt a déclaré combien il était choqué par ses expériences de confrontation aux manifestations de haine.  Certaines minorités ne peuvent même pas faire des obsèques à leur manière sans peur ni crainte, a-t-il déploré.


La liberté de religion et de conviction comprend le droit à se convertir à une autre religion et de conduire des activités missionnaires, a précisé le Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction, qui a appelé à la promotion de la liberté de religion et de conviction par les États et les citoyens.  


Le principal réside, selon lui, dans l’ouverture du dialogue, en permettant aussi aux femmes d’y participer, ainsi que tous les individus qui n’ont pas forcément une identité religieuse très claire.  Le dialogue officieux, sans s’identifier à une religion ou à une conviction, doit aussi être permis et encouragé. 


Citant l’exemple de la République de Moldova, il a remercié le Gouvernement de ce pays pour avoir facilité sa mission d’établissement des faits.  À cette occasion, il a eu l’opportunité de voir l’initiative de réforme visant à l’entente religieuse.  Au Paraguay, où il s’est rendu en mars 2011, un forum religieux très vaste a été lancé pour conseiller le Gouvernement sur l’éducation et pour influencer les programmes scolaires. 


D’autre part, en Égypte, il a participé à un programme de collaboration entre chrétiens et musulmans à l’échelle des quartiers, ce qui s’est avéré un exemple très positif.  M. Bielefeldt a également applaudi à des initiatives de musiciens israéliens et palestiniens sous l’égide de Daniel Barenboim et du professeur Edward Said.


En outre, les femmes sont très présentes dans les forums officieux mais leur absence est flagrante dans les dialogues officiels de haut niveau, a-t-il noté.


S’agissant de la neutralité, le Rapporteur spécial a indiqué que ce principe était trop souvent mal compris car on le confondait avec le manque d’engagement.  Les États doivent fournir un cadre vaste qui ne touche pas qu’à une seule tradition religieuse.  Cette approche est certes difficile mais indispensable pour garantir une équité dans le traitement des différentes religions.


Le Rapporteur spécial a mis l’accent sur la nécessité de respecter le principe de non-discrimination et ne pas associer l’État à une religion particulière.  Selon M. Bielefeldt, la compréhension entre les religions permettra d’éviter la paranoïa et constitue une mesure nécessaire pour la prévention du terrorisme.


Le Rapporteur spécial a également fait état de nombreux exemples positifs, notamment de la réaction aux actes et appels à la haine, tant au niveau de l’État que des organisations et du simple citoyen.  Il faut aussi donner la voix aux victimes de cette incitation à la haine, a-t-il dit, précisant que la communication interreligieuse s’avérait, à cet égard, fondamentale.


Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels


M. CEPHAS LUMINA, Expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, a indiqué que son rapport (A/66/271) visait à donner un éclairage sur les effets nuisibles des activités soutenues par les organismes de crédit à l’exportation sur le développement durable et les droits de l’homme.  Il examine également la part que représentent les crédits à l’exportation dans le poids de la dette de ces pays.


Les organismes de crédit à l’exportation et de garantie des investissements, dont le fonctionnement est souvent entouré de secret, sont collectivement la principale source du financement public destinée à encourager la participation des entreprises étrangères aux projets industriels et aux travaux d’infrastructure à grande échelle dans les pays en développement et sur les marchés émergents, a-t-il expliqué.


Ces dernières années, les organismes de crédit à l’exportation ont revêtu un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale, surtout dans le contexte de la crise financière mondiale.  En avril 2009, le G-20, à Londres, et les États membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont fait des annonces d’appui supplémentaire de pas moins de 250 milliards de dollars aux crédits à l’exportation pour aider à accroître le flux du commerce international.


M. Lumina a cependant constaté qu’un nombre considérable de projets aidés par les organismes de crédit à l’exportation, en particulier les grands barrages hydrauliques, les oléoducs, les centrales électriques au charbon émettant des gaz à effet de serre et les centrales nucléaires, les projets miniers et les programmes relatifs aux forêts et aux plantations, avaient de graves conséquences sur l’environnement, les conditions sociales et les droits de l’homme.


Par ailleurs, la dette relative aux organismes de crédit à l’exportation représente la plus grosse part de l’endettement des pays en développement.  Selon la Banque mondiale, le total des crédits consentis par ces organismes aux pays en développement avait atteint un montant estimé à 500 milliards de dollars à la fin 2000, soit un quart de l’ensemble de la dette extérieure à long terme de ces pays. 


Un certain nombre doit une grande partie de cette dette aux organismes de crédit.  Ces derniers peuvent aussi contribuer à la dette souveraine des pays, a-t-il précisé.  Ce genre de dette est fréquemment absente des négociations d’allègement de la dette, notamment du Club de Paris, a remarqué l’Expert, en partageant l’avis de nombre d’experts et de la société civile qui affirment que cette dette est illégale.


Souvent, a poursuivi M. Lumina, ces organismes de crédit manquent de transparence et ne tiennent pas suffisamment compte, dans leurs décisions de financement, de certains aspects environnementaux et sociaux, ou de la question des droits de l’homme.


Néanmoins, nombre de projets financés grâce à ces organismes ont des incidences préjudiciables sur l’environnement, les conditions sociales et les droits de l’homme, et ne sont pas financièrement viables.


D’autre part, M. Lumina a cité parmi les incidences préjudiciables de ces projets sur les droits de l’homme les déplacements forcés de populations locales, les politiques répressives, des violations des droits des peuples autochtones, l’interdiction de l’accès aux services de base et la dégradation de l’environnement.


Dans de nombreux cas, les organismes de crédit à l’exportation n’offrent pas de garanties adéquates, ne respectent pas le devoir de précaution, manquent de transparence et sont impliqués dans des affaires de corruption, a dénoncé l’Expert indépendant.  Selon Transparency International, le fait de corrompre des fonctionnaires pour s’assurer des contrats dans les pays en développement constitue des pratiques généralisées de la part des organismes de crédit des pays développés, a-t-il indiqué.


Le rapporteur a invité les États à s’attaquer aux effets pernicieux des projets financés à l’aide des organismes de crédit à l’exportation et a recommandé plusieurs mesures pour faire en sorte que les activités liées à ces projets ne portent atteinte ni aux droits de l’homme ni aux autres obligations des États d’origine et des États hôtes, et qu’elles ne contribuent pas aux violations de ces droits.


L’Expert indépendant a invité la communauté internationale à adopter un moratoire sur le remboursement de la dette des pays les plus pauvres à l’égard des organismes de crédit à l’exportation, dont une grande partie correspond à des transactions économiquement non productives.  Dans le même ordre d’idées, il a proposé que les pays débiteurs effectuent, dans la transparence, des audits publics de l’ensemble des dettes relatives au crédit à l’exportation.


Selon lui, cela permettrait de déterminer si ces dettes sont légitimes au regard de la doctrine de la dette odieuse.  En dernier lieu, M. Lumina a demandé que toute dette contraire à cette doctrine soit annulée, sans conditions.  Il a plaidé pour un système beaucoup plus ferme de régulation des activités des organismes de crédit.


M. Lumina a recommandé, entre autres, que les États -en particulier ceux de l’OCDE- fassent le nécessaire pour que leurs organismes de crédit à l’exportation adoptent et appliquent des mesures plus strictes de protection environnementale et sociale, qui soient conformes aux normes internationales relatives aux droits de l’homme.  Les États doivent aussi prendre des mesures législatives pour empêcher leurs organismes de crédit à l’exportation d’appuyer des projets qui donnent lieu, ou qui contribuent, à des violations des droits de l’homme.  Il a vivement exhorté tous les États et les agences pertinentes à considérer sérieusement ses recommandations.


Dialogue interactif


La représentante de Cuba a déclaré que les activités menées par les entités de crédit ne devaient pas représenter un obstacle pour le développement durable et l’exercice des droits économiques et sociaux.  Elle a encouragé l’Expert à poursuivre ses efforts concernant un projet de lignes directrices sur les droits de l’homme et la dette extérieure.


M. Lumina a répondu que son travail sur les lignes directrices progressait.  Une réunion d’experts est prévue le mois prochain pour finaliser l’examen de ce projet.  Une consultation intergouvernementale se tiendra ensuite début 2012, et l’Expert devrait présenter le projet lors de la session de juin du Conseil des droits de l’homme.


Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires


M. CHRISTOF HEYNS, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, a présenté son rapport (A/66/330) dans lequel il analyse les normes internationales pertinentes à l’utilisation de la force létale lors d’une arrestation.  Ce document complète le rapport qu’il a présenté en juin dernier au Conseil des droits de l’homme et dans lequel il mettait l’accent sur la protection du droit à la vie et l’utilisation de la force par la police lors de manifestations.


M. Heyns a expliqué qu’il avait étudié la législation pertinente de 101 pays.  Son rapport examine la situation dans laquelle la police essaie de procéder à une arrestation pour une infraction criminelle, mais le suspect résiste à son arrestation, par exemple, en refusant de coopérer, en offrant une résistance ou en essayant de fuir.  La question la plus pertinente est de savoir si la police a des pouvoirs spéciaux qui lui permettent alors d’utiliser la force létale.


La norme est que les individus soupçonnés d’avoir commis des crimes soient, autant que possible, traduits en justice et que leur culpabilité soit établie conformément à leur droit à un procès équitable, a poursuivi le Rapporteur spécial.


Cependant, dans certains cas, l’urgence de la situation est telle que les policiers ont le pouvoir, en vertu de la loi, de prendre sur le champ des décisions de vie et de mort.  Il faut, par conséquent, de très bonnes raisons pour utiliser la force létale et des garanties sur le plan interne qui soient bien comprises des officiers de police.  « Il faut trouver le juste équilibre entre l’idéalisme et les demandes de la rue », a dit M. Heyns.


Le Rapporteur spécial a défendu ce qu’il appelle la « protection du principe de vie ».  Ce principe implique que bien que la vie ne puisse, en règle générale, être sacrifiée pour protéger d’autres valeurs, dans des circonstances étroitement définies, une vie peut être sacrifiée comme un dernier recours afin de protéger une ou plusieurs autres vies.  Cela se produit, par exemple, quand un voleur menace la vie de quelqu’un.


Les principaux éléments à prendre en considération pour déterminer si la limitation de tout droit de l’homme est justifiée sont les questions de savoir si l’atteinte à ce droit est proportionnelle et nécessaire.  M. Heyns a identifié cinq « modèles » de justification ou de défense qui peuvent être invoqués pour l’utilisation de la force: 1) tout acte délictueux grave; 2) les crimes violents; 3) les crimes violents ou le danger posé à la société; 4) le danger; 5) les crimes violents et le danger.


Le Rapporteur spécial en est venu ensuite à l’utilisation accrue des assassinats ciblés, comme les attaques de drones et les raids.  Il s’est préoccupé de la situation dans laquelle la cible se trouve dans un pays étranger et la décision est prise à l’avance de tuer une personne spécifique.  Si le ciblage survient dans le contexte de l’application de la loi, le droit international relatif aux droits de l’homme s’applique.  S’il a lieu pendant un conflit armé, ce droit et le droit international humanitaire s’appliquent.  « Sans attaque imminente, le droit à la légitime défense ne joue pas », a considéré M. Heyns. 


Dialogue interactif


La déléguée des États-Unis a rappelé que son pays avait toujours condamné les exécutions extrajudiciaires, arbitraires ou sommaires, en toutes circonstances, et s’était aussi toujours prononcé pour que leurs auteurs soient poursuivis et jugés.  L’analyse fondée sur les cinq modèles est fort utile, a-t-elle indiqué, en particulier sur la question relative à l’utilisation de la force létale dans certaines opérations policières. 


Pour les interventions en cas de conflit armé, elle s’est attardée en particulier sur la référence faite par le Rapporteur spécial, au paragraphe 65 de son rapport, à la mort d’Ossama Ben Laden.  L’analyse du Rapporteur spécial n’est pas bonne, a-t-elle dit, car, compte tenu de la personnalité de Ben Laden et du danger qu’il représentait, il s’agissait d’un objectif militaire clair et légitime.  Il y a eu utilisation de la force, a-t-elle justifié, car il y a eu résistance armée et Ben Laden n’a pas cherché à se rendre.  Les principes du droit international, en particulier celui de la souveraineté des États, présentent des limites quant à l’utilisation de la force.  Elle a souligné que son pays continuerait à utiliser la force où il faut et quand il faut, lorsqu’il le jugera nécessaire et conformément aux lois applicables, y compris à ses obligations en vertu du droit international.


La représentante du Brésil a déclaré qu’il fallait veiller à limiter l’utilisation de la force et de la violence par la police.  Elle a également appelé à faire la lumière sur les causes profondes de cette violence.


Le délégué de la Pologne, au nom de l’Union européenne, a défendu le droit à la vie en toutes circonstances.  Faisant référence aux recommandations invitant à éviter l’utilisation de force meurtrière lors d’opérations policières, il a souhaité connaître les mesures à mettre en œuvre à cet égard.  Il a aussi demandé des précisions sur les enquêtes et le principe de responsabilité des États.


Le Liechtenstein a traité de la responsabilisation en cas d’exécutions arbitraires ou sommaires et extrajudiciaires et a demandé ce qu’il convenait de faire lorsqu’il n’existait pas de mécanismes, comme dans le cas du Sri Lanka.


Réponse


Le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a répondu que le cadre juridique considéré en matière de conflit armé était celui du droit humanitaire international.  La question de la dérogation dans les constitutions nationales implique que les autres droits doivent être respectés dans les conflits armés.  « La complémentarité entre droits de l’homme et le droit humanitaire doit être reconnue », a insisté M. Heyns.


« Il ressort clairement, en termes de jurisprudence et d’interprétation du droit à la vie, que si quelque mesure inférieure à l’utilisation de la force entraînant la mort peut être utilisée, alors elle doit l’être », a fait valoir M. Heyns.  Évoquant le cas de Qadhafi, il a fait remarquer que s’il avait été tué lors d’une fusillade, dans le cadre de la guerre civile, le droit humanitaire s’appliquerait.  Mais s’il a été arrêté puis exécuté, alors il s’agirait d’une exécution sommaire.  « C’est une question difficile, car nous ne disposons pas toujours de tous les faits dans ce genre de situation », a-t-il admis.  De même dans les cas de personnes tuées par des drones, les distinctions ne sont pas toujours claires.


Le défi, dans les cas de terrorisme et de guerre asymétrique, est de savoir comment établir un cadre acceptable pour tous les États à l’avenir, a poursuivi M. Heyns.  D’après lui, le droit international doit être utilisé pour combler des lacunes.  Il a pensé que « la reddition aurait été possible dans le cas de Ben Laden ».


Par ailleurs, l’impunité est un point essentiel, a souligné le Rapporteur spécial.  Il faut éviter de donner une indépendance complète à des unités d’élite.  Dans le même esprit, la « culture de silence » qui peut exister dans la police ou entre juges d’instruction est dangereuse.  Si « la notion de guerre peut être acceptée sur le plan rhétorique », elle risque d’utiliser des raccourcis.


Il faut des procédures disciplinaires en cas de perte de vie humaine, lorsque la frontière a été franchie, a ajouté le Rapporteur spécial.  Il peut ainsi y avoir des unités d’enquête au sein de la police.  Il a reconnu que l’utilisation de technologies, telles que caméras, téléphones mobiles ou enregistrements, lors d’arrestations pouvaient empêcher des violations.


Quand l’État n’est pas en mesure de coopérer ou ne veut pas coopérer, il y a une palette de mesures.  « Nous l’avons vu pour la Libye ou le Soudan » par exemple, a noté M. Heyns.  Le Conseil de sécurité peut se tourner vers la Cour pénale internationale (CPI).  L’idée sous-tendue ici est la reddition de comptes, a-t-il conclu.


Demande de parole


La Représentante de la Syrie a assuré que son pays était engagé à respecter les conventions internationales et qu’il interdisait toute forme d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires.  Elle a exhorté le Liechtenstein à ne pas mentionner son pays dans ses interventions.


Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées dans leur propre pays


M. CHALOKA BEYANI, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, a présenté son premier rapport (A/66/285), dans lequel il examine la question des changements climatiques et les déplacements internes. 


Pour donner une idée de l’ampleur du problème, l’ONU estime que chaque année jusqu’à 50 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays à la suite de catastrophes naturelles, a-t-il expliqué.  En 2010 seulement, il y a eu au moins 42,3 millions de personnes nouvellement déplacées en raison de catastrophes soudaines, dont 90% étaient liées au climat.  On ignore ce qu’il en est des déplacements créés par la désertification et autres phénomènes dus au climat, a-t-il précisé.  Sur le continent africain, il a l’intention de promouvoir la ratification et l’application de la Convention de l’Union africaine sur les droits des personnes déplacées (Convention de Kampala) de 2009, premier instrument régional juridiquement contraignant.


Le Rapporteur spécial a proposé l’adoption d’une démarche plus large et consultative pour arriver à des solutions durables.  Les personnes déplacées à l’intérieur doivent faire des choix sur une base volontaire et informée, en toute liberté, a-t-il suggéré.


Il a invité à considérer les conséquences de l’urbanisation effrénée, de la prolifération des bidonvilles, des modifications des modes de vie traditionnels.  Relever ces défis redoutables exige des stratégies globales qui tiennent compte de toute une série de modèles de déplacement interne, a affirmé M. Beyani, en appelant à des approches humaines basées sur des normes des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Des lignes directrices ont été élaborées au niveau régional, par exemple dans la Convention de Kampala.  Il a souhaité que ces mécanismes spécifiques soient mis en place pour son application.


Concernant ses visites, M. Beyani a indiqué qu’il s’était rendu aux Maldives, du 16 au 22 juillet 2011, pour y évaluer le sort des personnes déplacées par le tsunami de 2004, ainsi que les questions relatives à d’éventuels déplacements pour cause de catastrophes naturelles et de changements climatiques.  Il a constaté que les effets des changements climatiques, tels que l’érosion côtière, la salinisation, l’élévation du niveau des mers et la fréquence accrue de tempêtes et d’inondations se faisaient ressentir dans de nombreuses îles et remettaient en cause les droits de l’homme, tels que le droit au logement, à une eau potable et à un moyen de subsistance.  M. Beyani a salué la riposte des autorités des Maldives qui ont adopté, cette année, un Plan stratégique d’action pour l’adaptation aux changements climatiques et la réduction de leurs répercussions (2010-2020).


Le Rapporteur spécial vient aussi d’effectuer une visite de dix jours au Kenya où il a examiné la situation générale des personnes déplacées par la vague de violence survenue au lendemain des élections présidentielles de 2007/2008, et dans la perspective de celles de 2012.  Il a découvert que les déplacés à l’intérieur vivaient dans des conditions épouvantables, ainsi que les déplacés par les projets de conservation écologiques comme les personnes expulsées de la forêt de Mau.


Le Rapporteur spécial a salué le travail du Gouvernement kényen pour remédier à cette situation, en particulier à travers un projet de politique relatif aux déplacés à l’intérieur, la création d’un ministère chargé des programmes spéciaux et d’un comité parlementaire spécifique sur cette question.  Il a toutefois considéré que l’absence d’un système d’enregistrement fiable et efficace demeurait un motif de préoccupation.  M. Beyani a exhorté les autorités kényennes, en coopération avec la communauté internationale et la société civile, à améliorer de tels systèmes et à veiller à ce qu’ils incluent toutes les catégories de personnes déplacées à l’intérieur.  


Dialogue interactif


Le représentant des Maldives a remercié M. Beyani pour sa visite récente et a dit qu’il attendait le rapport de 2012 sur le cas des îles et des États côtiers.  Le Tsunami de 2004, qui a détruit un quart des îles et affecté les deux tiers de la population, « nous a fait comprendre que nous n’étions pas prêts à agir en cas de catastrophes », a-t-il dit.  Ayant peu de ressources, les Maldives ne sont pas en mesure de garantir le respect des droits de l’homme de leurs citoyens si la situation se détériore davantage.  Un plan d’action stratégique national vise à prévenir et à réduire l’impact des changements climatiques.


Le représentant de l’Union européenne s’est dit prêt à travailler avec le Rapporteur spécial.  Qu’en est-il de la coordination internationale pour les mesures de protection envisagée et des lignes directrices dans les législations nationales?  M. Beyani s’est concentré sur les changements climatiques, mais il faut tenir compte des autres cas des personnes déplacées, a ajouté le représentant.  La communauté internationale ne se penche pas suffisamment sur les droits des femmes et des filles.  Existe-t-il des catégories, telles que les effets des catastrophes climatiques ou les dégradations de l’environnement, qui demandent une attention spécifique?


La représentante de la Géorgie a déclaré que le droit au retour « sûr et dans la dignité » des Géorgiens déplacés était au cœur de l’action de son gouvernement.  Pas moins de 400 000 personnes ne sont toujours pas en mesure de rentrer chez elles en Abkhazie.  Elle a invité le nouveau Rapporteur à se rendre en Géorgie.


Le représentant du Liechtenstein, reconnaissant qu’il fallait mieux incorporer une approche basée sur les droits de l’homme, a demandé comment le Rapporteur spécial collaborait avec les différentes entités onusiennes.


Réponse


Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays a déclaré qu’il donnerait suite à la demande des Maldives.  Depuis le Sommet mondial de 2005, les principes et lignes directrices sur les déplacés à l’intérieur sont utilisés par des États comme l’Angola, l’Ouganda, le Kenya, la Colombie et l’Iraq, tandis que la Géorgie y travaille, a-t-il ajouté. 


Concernant les solutions pour les déplacés se trouvant hors des camps, il a indiqué que pour bon nombre d’agences, vu leurs activités, il ne leur était pas possible d’envisager de jouer un rôle pionnier dans ce domaine.  C’est la raison pour laquelle il a proposé de lancer des analyses destinées à aboutir à de meilleures pratiques, et d’examiner celles-ci au niveau du Comité permanent interagences.


Le Rapporteur spécial a également travaillé avec le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et avec ONU-femmes pour élaborer des recommandations, comme il a eu des échanges avec des associations de femmes déplacées pour identifier les moyens de leur venir en aide.


M. Beyani a précisé que ce qui est reconnu à l’heure actuelle comme déplacement dû aux changements climatiques est caractérisé par un déplacement lent, ou subit des suites de catastrophes naturelles.  Or, il n’est pas encore clairement établi que ces déplacements soient effectivement le résultat des changements climatiques.  Les réponses doivent donc être conçues comme des mesures d’adaptation, a-t-il répondu au Liechtenstein. 


Il s’agit aussi, a-t-il dit, de voir quelles sont les causes et les conséquences humanitaires de la dégradation environnementale, surtout pour les générations à venir.  Il a, par ailleurs, affirmé que la coopération avec les Nations Unies s’articulait autour de réunions avec le Bureau des affaires humanitaires (OCHA), le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres agences.  Cette coopération fonctionne bien à titre personnel et institutionnel, a estimé M. Beyani.


La Norvège a soutenu le mandat du Rapporteur spécial et les lignes directrices sur les personnes déplacées à l’intérieur, qui remontent à 1990.  Les 27 millions de personnes déplacées cette année l’ont été à cause des violations des droits de l’homme et des catastrophes naturelles comme les inondations au Pakistan ou la sécheresse dans la corne de l’Afrique, a-t-il observé.  Le nombre des déplacés liés aux changements climatiques ira en augmentant, a-t-il remarqué en s’appuyant sur le rapport.  Il faudra voir quelles sont les capacités des sociétés à réagir et à atténuer les effets des changements climatiques, a-t-il estimé. 


L’Autriche a rappelé que les lignes directrices étaient essentielles et a demandé des exemples pratiques pour les États quant à la mise sur pied de mesures pour prévenir ou atténuer les effets des changements climatiques.


La Suisse a affirmé que la Convention de Kampala sera amenée à jouer un rôle majeur dans la résolution de la situation des déplacés.  Il a constaté qu’il manquait encore un certain nombre de ratifications pour son entrée en vigueur et s’est interrogé sur les moyens à mettre en œuvre pour encourager de telles ratifications.


Le Soudan a souligné que le régime judiciaire dans son pays était strict et reconnu pour sa probité à l’échelle internationale.  Il a fait cette déclaration en réaction à l’une des interventions du Liechtenstein.


La Serbie a fait état de la situation des déplacés de son pays.  Citant le cas particulier du Kosovo, elle a demandé ce que le Rapporteur spécial avait l’intention de faire pour ces déplacés.


Le Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays s’est déclaré bien conscient de la situation des déplacés en Géorgie et a indiqué qu’il travaillait avec tous les pays concernés.  Il a étroitement travaillé avec son prédécesseur, dans le cadre de la continuité du mandat, pour résoudre ce problème.


M. Beyani a estimé que la coordination était mieux assurée par le truchement d’OCHA et devrait être plus efficace au niveau du pays où les personnes sont déplacées.  La question de catastrophes naturelles soudaines et d’autres, plus lentes, doit être étudiée de près, a-t-il recommandé.  Dans tous les cas de figure, il y aura des mouvements de population, certains transfrontaliers, dans lesquels son mandat n’est pas impliqué car il traite des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays.  M. Beyani a recommandé cependant d’établir une distinction entre un mouvement de déplacement brusque et un mouvement à long terme, afin de savoir si des mesures d’adaptation sont nécessaires.


À chaque fois, il faut trouver des solutions durables, a-t-il dit.  Les principes directeurs concernent tous les domaines mais exigent parfois des directives spécifiques sur l’adaptation, l’atténuation, les solutions alternatives et le retour. 


Le Rapporteur spécial s’est par ailleurs réjoui de toutes les initiatives prises par l’Union africaine en vue de la ratification de la Convention de Kampala.  Il a exhorté l’Union africaine à persévérer dans ce contexte. 


Il a pris note de l’excellente coopération de son prédécesseur avec la Serbie.  Il ne s’agit pas seulement du Kosovo mais aussi de la Bosnie-Herzégovine, de la Serbie et autres pays de la région, a-t-il dit.  Le problème principal est lié à la question du statut du Kosovo et les Nations Unies sont neutres à ce sujet, a-t-il dit.  M. Beyani a affirmé avoir engagé des dialogues avec plusieurs parties prenantes afin d’envisager les moyens pour l’Union européenne de contribuer à la résolution de cette situation.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les délégations de la Deuxième Commission demandent l’intégration du Plan d’action d’Istanbul en faveur des PMA dans les programmes de développement

AG/EF/3315

Les délégations de la Deuxième Commission demandent l’intégration du Plan d’action d’Istanbul en faveur des PMA dans les programmes de développement

20/10/2011
Assemblée généraleAG/EF/3315
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

17e séance - après-midi


LES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION DEMANDENT L’INTÉGRATION DU PLAN D’ACTION D’ISTANBUL EN FAVEUR DES PMA DANS LES PROGRAMMES DE DÉVELOPPEMENT


Elles débattent du suivi des engagements de la quatrième Conférence

des Nations Unies sur les PMA et de la situation des pays sans littoral


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a débattu, cet après-midi, de la question des groupes de pays en situation particulière.  Les travaux étaient notamment axés sur le suivi de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), et sur celui de la mise en œuvre des mesures spécifiques recommandées par le Programme d’action d’Almaty pour répondre aux besoins et problèmes particuliers des pays en développement sans littoral*.


À la suite de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés qui s’est tenue à Istanbul, en Turquie, du 9 au 13 mai dernier, un Plan d’action a été adopté afin de servir de feuille de route pour le développement des PMA au cours de la prochaine décennie.  Des délégations de la Deuxième Commission se sont exprimées en faveur de l’appropriation, par tous les acteurs du développement, du contenu de ce document consacré au développement des PMA.


Le représentant du Népal, s’exprimant au nom des pays les moins avancés, a souhaité la mise en place, d’ici à 2013, et en accord avec le Plan d’action d’Istanbul, d’une banque des technologies et des sciences, ainsi qu’un mécanisme de soutien à la technologie et à l’innovation en faveur des PMA.  Il a, en outre, invité toutes les parties à mettre en œuvre, dans les délais et de manière concertée, les actions qui relèvent des domaines prioritaires identifiés par le Plan d’action d’Istanbul.


Le représentant de la Finlande, qui s’exprimait au nom des pays nordiques, a rappelé l’engagement de ces pays, qui sont les seuls à tenir leurs engagements en matière d’aide publique au développement en faveur des PMA.  Les PMA doivent cependant être les premiers responsables de la conduite de leur propre processus de développement, avant de compter sur l’assistance extérieure, a fait remarquer le représentant.  Quant au représentant d’Haïti, qui parlait au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), il a insisté sur la mise en place d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du Plan d’action d’Istanbul, aux niveaux national, régional et mondial. 


Des délégations ont également plaidé pour la reconnaissance de la vulnérabilité particulière des pays sans littoral, suggérant à la communauté internationale de mettre en place un cadre d’appui conséquent pour les accompagner dans leurs efforts d’ouverture vers les échanges commerciaux mondiaux.  S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Argentine a demandé une assistance technique et financière spécifique en faveur des pays de ce groupe de pays, majoritairement composé de nations en développement, notamment pour leur faciliter une participation plus équitable au commerce international et pour attirer des investissements sur leurs territoires.  Pour le délégué du Paraguay, qui a parlé au nom des pays en développement sans littoral, ces pays font face à de graves difficultés.  Il a plaidé pour une mise en œuvre des engagements pris à Almaty en ce qui concerne une assistance au développement du secteur des transports et de l’abaissement des coûts de transit, afin que les pays sans littoral puissent jouer un rôle plus significatif dans le commerce mondial.    


La Deuxième Commission a, en outre, entendu une déclaration du Président de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser, qui a réaffirmé le soutien de l’Assemblée aux pays les plus vulnérables.


La Commission poursuivra l’examen de ce point de son ordre du jour demain à 15 heures.  Dans la matinée, à 10 heures, la Commission organisera un évènement spécial sur le thème: « Suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les pays les moins avancés: Intégrer ses provisions dans les plans et politiques nationaux ».


*A/66/134 et A/66/66–E/2011/78


GROUPES DE PAYS EN SITUATION PARTICULIÈRE


Déclaration liminaire et présentation des rapports


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER, Président de la soixante sixième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, a relevé que cette année, la Deuxième Commission a une responsabilité particulière, dans un contexte où une crise économique et financière internationale d’une rare gravité crée des obstacles à la croissance et au développement.  M. Al-Nasser a regretté que la crise touche surtout les pays les plus vulnérables au moment où le monde s’approche de la date butoir de 2015, marquant l’échéance de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a rappelé qu’il a choisi « le développement durable et la prospérité mondiale » comme l’une des quatre thématiques majeures à débattre au cours de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale.  Il a ensuite justifié le choix qu’il a fait de venir au cours de la réunion d’aujourd’hui pour rencontrer les membres de la Deuxième Commission.  Ce choix est dû au besoin de réaffirmer le soutien de l’Assemblée aux pays les plus vulnérables, alors que la Commission aborde l’examen du point de son ordre du jour consacré au « Groupe de pays en situation particulière ». 


Rapport du Secrétaire général sur les conclusions de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (A/66/134)


La présentation de ce rapport fait suite à la résolution 65/171 de l’Assemblée générale, dans laquelle le Secrétaire général a été prié de soumettre à l’Assemblée un rapport sur les conclusions de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), tenue à Istanbul du 9 au 13 mai 2011.  La Conférence PMA IV s’est achevée par l’adoption du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 et de la Déclaration d’Istanbul.  Le rapport décrit les principaux éléments de ces documents et la manière dont le Programme d’action d’Istanbul doit être mis en œuvre.  La Conférence PMA IV a adopté le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020 et la Déclaration d’Istanbul, qui affirment la ferme volonté des États Membres de renouveler et de renforcer le partenariat mondial en faveur des pays les moins avancés, souligne M. Ban Ki-moon. 


Le Programme d’action d’Istanbul définit les grandes orientations et la stratégie relatives au développement durable des pays les moins avancés en mettant l’accent sur la capacité de production.  De nombreux acteurs devront contribuer à la mise en œuvre du Programme d’action, à savoir les pays donateurs, les pays en développement, les parlements, le secteur privé, la société civile, le système des Nations Unies et les institutions financières internationales et régionales.


L’objectif primordial du Programme d’action d’Istanbul est de surmonter les problèmes structurels qui se posent aux pays les moins avancés afin d’y éliminer la pauvreté, d’atteindre les objectifs de développement définis sur le plan international, en particulier les Objectifs du Millénaire pour le développement, l’objectif étant de faire en sorte que la moitié des pays les moins avancés répondent aux critères de reclassement.  À cet effet, il sera nécessaire de s’efforcer d’atteindre dans les pays les moins avancés une croissance économique soutenue, équitable et sans exclusive d’au moins 7% par an, ce qui suppose que les politiques et mesures d’appui énoncées dans le Programme d’action soient mises en œuvre et que toutes les parties prenantes s’emploient résolument à intégrer le Programme d’action aux stratégies de développement.


Le Programme d’action d’Istanbul énonce un certain nombre de principes concertés, le premier d’entre eux soulignant qu’il incombe aux PMA de prendre en main leur propre développement et d’en assumer la direction et la responsabilité première.  Les huit domaines d’action prioritaires du Programme d’action d’Istanbul (notamment les capacités de production, le développement rural, le commerce, les produits de base, le développement humain et social) couvrent de manière générale tous les secteurs intéressant le développement des pays les mois avancés.  Les PMA se sont engagés à adopter 126 mesures touchant aux différents domaines d’action prioritaires, les partenaires de développement ont décidé d’en prendre 102, et 16 autres seront prises conjointement, rappelle M. Ban Ki-moon.


Dans ses conclusions, le Secrétaire général souligne notamment que pour atteindre les objectifs ambitieux fixés dans le Programme d’action d’Istanbul, toutes les parties prenantes doivent contribuer à l’application des mesures prioritaires, qui doivent être envisagées de manière globale, étant donné leur interdépendance.  Le rapport indique que le Secrétaire général lui-même est prié de veiller à la mobilisation intégrale et à la coordination de toutes les composantes du système des Nations Unies afin d’assurer le suivi du Programme d’action aux niveaux national, régional et mondial.  La communauté internationale est également appelée à honorer les engagements pris en lien avec les huit domaines d’action prioritaires.


Rapport du Secrétaire général sur l’examen et évaluation décennaux de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2001-2010 (A/66/66)


Ce rapport est présenté en application de la résolutions 65/171 de l’Assemblée générale et de la résolution 2010/27 du Conseil économique et social, dans lesquelles le Secrétaire général a été prié de présenter à la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV) un rapport complet sur les 10 années d’application du Programme d’action de Bruxelles en faveur de ces pays pour la décennie 2001-2010, en y indiquant, entre autres choses, les enseignements tirés et les meilleures pratiques, les difficultés structurelles et les obstacles rencontrés, ainsi que les ressources nécessaires et manquantes pour atteindre les objectifs fixés par le Programme d’action de Bruxelles.


Ce Programme, adopté à Bruxelles le 20 mai 2001, propose un cadre indépendant et complet pour le développement durable des pays les moins avancés afin d’améliorer les conditions de vie de leurs populations, c’est à dire plusieurs millions d’habitants, et de transformer de manière radicale leur structure économique et sociale.


Ce rapport contient des recommandations faites par le Secrétaire général en vue de l’établissement d’un nouveau programme d’action en faveur des PMA.  Il est notamment relevé que malgré d’importantes différences d’un pays à l’autre, le développement socioéconomique des PMA a été plus marqué pendant la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles qu’au cours de la décennie précédente.  L’exécution des stratégies de développement s’est améliorée et les partenaires de développement y ont participé plus largement.  Ces progrès résultent en grande partie de la conjoncture économique mondiale et de la place que la communauté internationale a faite aux Objectifs du Millénaire pour le développement et à l’Afrique, estime M. Ban Ki-moon.  Toutefois, les buts et objectifs spécifiques du Programme n’ont pas encore été entièrement atteints.  La transformation structurelle qui permettrait de placer les pays les moins avancés sur la voie d’une croissance durable n’a pas eu lieu.  Les pays les plus pauvres et les plus vulnérables ont encore beaucoup à faire pour parvenir à un développement économique et social durable, éliminer la pauvreté, créer des emplois, opérer une transformation structurelle et quitter la liste des pays les moins avancés, constate le Secrétaire général.  Le Programme d’action demeure une œuvre inachevée, regrette-t-il.  Il faut donc poursuivre et renforcer les efforts entrepris grâce à un nouveau programme d’action, car les mesures habituelles ne suffiront pas, prévient-t-il.


Rapport du Secrétaire général sur l’application du Programme d’action d’Almaty: Répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays en développement sans littoral et de transit (A/66/205)


Ce rapport fait suite à la résolution 65/172 de l’Assemblée générale, dans laquelle celle-ci priait le Secrétaire général de lui présenter à sa soixante-sixième session un rapport analytique sur l’application du Programme d’action d’Almaty: « Répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et créer un nouveau cadre mondial pour la coopération en matière de transport en transit entre les pays en développement sans littoral et de transit », et sur la mise en œuvre des recommandations de la Déclaration sur l’examen à mi-parcours.  Le Programme d’action d’Almaty a été adopté en 2003 en tant que réponse des Nations Unies à la reconnaissance croissante, par la communauté internationale, des besoins spécifiques des 31 pays en développement sans littoral et des défis particuliers auxquels ils sont confrontés en matière de développement.


Le rapport donne un aperçu des progrès accomplis par les pays en développement sans littoral et leurs partenaires au développement en matière d’application du Programme d’action d’Almaty, et met en évidence les actions entreprises par les Nations Unies et d’autres organisations internationales.  Le rapport note que le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a continuellement aidé les pays en développement sans littoral en mobilisant l’aide internationale et l’appui du système des Nations Unies en leur faveur, et en menant des campagnes de sensibilisation.  


La Commission économique pour l’Afrique, la Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement et le Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement ont continué de travailler ensemble à la création d’un accord intergouvernemental visant à appuyer le réseau routier transafricain en entreprenant des études de recherche dont l’objectif est d’aider à mettre en place un cadre légal.  Les commissions régionales des Nations Unies ont aussi aidé les États Membres à mettre en œuvre le Programme d’action d’Almaty, notamment grâce à des programmes de renforcement des capacités, en leur fournissant des services consultatifs, en leur apportant une aide en matière de développement de l’infrastructure de transport, et en assurant la promotion des instruments juridiques applicables dans le domaine de la facilitation du commerce et du transport.


Le rapport recense les principaux problèmes rencontrés, comme l’enclavement, qui est un sérieux obstacle à la croissance économique et à la réalisation des objectifs de développement.   Il conclut que la communauté internationale doit aider ces pays, par un appui financier accru, prompt et durable, à accélérer leurs progrès vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et renforcer leur capacité d’atténuer les effets des changements climatiques ou de s’y adapter.  Il recommande aussi notamment que les pays en développement sans littoral et de transit resserrent leur coopération de manière effective en élaborant et en harmonisant des politiques adéquates, et en hiérarchisant les ressources allouées à l’entretien et à la réfection des infrastructures de transit et de transport.


Remarques après la présentation des rapports


Les délégations de la République-Unie de Tanzanie, de l’Argentine, de la Mongolie, du Bangladesh et de l’Afghanistan se sont exprimées après la présentation des rapports.  Elles ont, chacune, évoqué l’expérience particulière de leur pays en matière de développement, et ont parlé des mesures de développement prises à l’échelle nationale, tout en faisant part de leurs inquiétudes en ce qui concerne la mise en œuvre du Plan d’action d’Istanbul.


M. CHEICK SIDI DIARRA, Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Conseiller spécial pour l’Afrique, et Haut représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaire en développement, a indiqué qu’il avait une vision sous-régionale du développement.  Il a invité les pays à établir des infrastructures à l’échelle sous-régionale pour, a-t-il expliqué, réduire les coûts de transport des marchandises, et favoriser ainsi les échanges commerciaux.  Il a souligné que les commissions économiques régionales des Nations Unies sont des cadres de réflexion indiqués pour ces actions à l’échelle des régions.  M. Diarra a ensuite invité les gouvernements à s’approprier du Plan d’action d’Istanbul en intégrant ses recommandations dans leur programme de développement.


Débat général


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MARCELO SUAREZ SALVIA (Argentine) a souligné que les pays les moins avancés (PMA) continuent de faire face à des handicaps structurels et à des contraintes dans leurs efforts de développement, qui les rendent très vulnérables aux chocs extérieurs.  Il a exprimé l’inquiétude du Groupe des 77 et de la Chine concernant la situation des PMA, qui continue de se détériorer à la suite des multiples crises mondiales dont les effets menacent sérieusement les progrès jusqu’ici réalisés en matière de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a rappelé que le nombre de PMA était passé de 24 en 1971 à 48 aujourd’hui en dépit des programmes d’action adoptés en faveur de ces pays par les Nations Unies.  « C’est inacceptable.  Il est de notre devoir de mettre fin à cette tragédie », a-t-il déclaré.


Le représentant a exhorté toutes les parties prenantes à s’engager concrètement pour la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA sur la décennie 2011-2020.  Il a demandé également la prise de mesures supplémentaires pour alléger le fardeau de la dette des PMA, via l’annulation de celle-ci et a prié les pays développés d’honorer leurs promesses de financement.  S’exprimant sur la question des pays en développement sans littoral, il a déploré l’impact négatif qu’a la crise économique et financière sur ce groupe de pays, qui souffre déjà d’avancées trop lentes dans la réalisation des OMD.  Il a, à cet égard, demandé une assistance technique et financière spécifique en faveur de ce groupe de pays, notamment pour leur faciliter une participation au commerce international et pour attirer des investissements sur leurs territoires.  Au titre de cette aide, il a lancé un appel aux États pour qu’ils rejoignent le Centre de réflexion sur les pays en développement sans littoral, créé récemment à Oulan-Bator, en Mongolie.  Il a aussi demandé une mise en œuvre concrète du Programme d’action d’Almaty.


M. SHANKER D. BAIRAGI (Népal), qui s’exprimait au nom des pays les moins avancés (PMA), a rappelé que la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA et le Plan d’action d’Istanbul qui en a découlé, permettent de constater que les PMA représentent le groupe de pays le plus vulnérable.  Il a indiqué qu’afin de renforcer les capacités de production des PMA, les transferts de technologie sont indispensables.  Notamment, a-t-il ajouté, en ce qui concerne les technologies relatives aux questions d’environnement.  À ce propos, le représentant a souhaité la mise en place, d’ici à 2013, et en accord avec le Plan d’action d’Istanbul, d’une banque des technologies et des sciences, ainsi qu’un mécanisme de soutien à la technologie et à l’innovation en faveur des PMA. 


M. Bairagi a souligné que l’aide publique au développement demeure la plus importante source de financement du développement pour les PMA.  Il a, dans ce contexte, exhorté la communauté internationale à respecter les engagements pris en matière d’assistance aux pays en développement, dans un cadre transparent et prévisible.  Il a de nouveau rappelé que la crise économique et financière mondiale ne devrait pas servir de prétexte pour réduire les fonds alloués aux PMA.  Le représentant a poursuivi son intervention en évoquant le poids de la dette.  Il a souhaité que la dette bilatérale et multilatérale des PMA soit annulée, ou alors, a-t-il suggéré, qu’un allègement considérable et immédiat de cette dette puisse avoir lieu.  Il a, en outre, noté que les PMA ne tirent pas de bénéfices substantiels du commerce international du fait des mesures de protectionnisme prises par certains pays riches.  Il a estimé qu’étant donné que le Cycle des négociations commerciales de Doha ne semble pas trouver de conclusion positive, des mesures d’urgence doivent être mises sur pied.  Il a, à ce sujet, évoqué la création de facilités d’accès aux marchés internationaux pour des produits de l’agriculture et de la pêche des PMA en 2011, afin de soutenir les efforts de développement des PMA.


Le représentant a ensuite soutenu que l’une des mesures importantes en faveur du développement des PMA serait de renforcer la coopération Sud-Sud, qui apparaît, a-t-il expliqué, comme un complément de la coopération Nord-Sud, et non comme un substitut.  M. Bairagi a également rappelé qu’à la Conférence d’Istanbul en mai dernier, les PMA se sont engagés à mettre en place 126 mesures pour favoriser leur propre développement, alors que, dans le même temps, les partenaires au développement ont pris l’engagement d’en mettre en œuvre 102.  Les deux groupes de pays se sont également mis d’accord pour la mise en œuvre, de manière commune, de 16 actions spécifiques, a rappelé M. Bairagi.  Il a invité les parties à mettre en œuvre, dans les délais, et de manière concertée, les actions qui relèvent de ces 16 domaines prioritaires, tel que cela est indiqué dans le Plan d’action d’Istanbul.


S’exprimant au nom des pays en développement sans littoral, M. JOSÉ ANTONIO DOS SANTOS (Paraguay) a souligné « les graves difficultés » auxquelles fait face ce groupe de pays, citant les difficultés qu’ils ont pour accéder au commerce international en raison de réseaux de transport inadaptés et de coûts douaniers prohibitifs.  Il a, à ce titre, plaidé pour une aide en matière de transports et de coûts de transit, afin que les pays sans littoral puissent jouer un rôle plus significatif dans le commerce mondial.  Il a suggéré, à cet égard, de prendre comme cadre de travail l’Initiative « Aide pour le commerce ».  Le représentant a fait valoir que cette initiative est distincte de l’aide publique au développement, et que l’une ne doit pas se faire au détriment de l’autre.  Il a demandé que des efforts soient faits pour conclure le Cycle de négociations commerciales de Doha, notamment en ce qui concerne les subventions agricoles versées par les pays développés à leurs producteurs et exportateurs, et l’amélioration de l’accès au marché des produits en provenance des pays du Sud.  M. Dos Santos a, en outre, salué les initiatives visant à aider les pays enclavés, à l’instar de la création du Centre de réflexion d’Oulan-Bator.  Il a aussi insisté sur l’importance de la coopération internationale, aux niveaux technologique et financier, pour aider les pays sans littoral à s’adapter au changement climatique.


M. JEAN-WESLY CAZEAU (Haïti), s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a parlé des objectifs du Programme d’action d’Istanbul, qui vise une réduction de moitié du nombre de PMA d’ici à 2020.  Il a souligné que la réussite de la mise en œuvre de ce Programme d’action et la réalisation de ses objectifs sont conditionnées par l’application de « solutions adaptées » pour résoudre les problèmes structurels des PMA.  La réussite du Programme d’action d’Istanbul a besoin qu’il y a ait un rôle plus actif des gouvernements des PMA dans la mise en place de leur propre processus de développement, et elle a besoin de partenariats solides avec les acteurs du développement.  M. Cazeau a énuméré et approuvé les chantiers prioritaires identifiés par le Programme d’action d’Istanbul, de l’augmentation des capacités de production à la construction et au renforcement des capacités en passant par le développement social et humain.  Il a insisté sur le fait que ces objectifs ne peuvent être atteints sans la participation effective de tous les partenaires de développement, concluant qu’il est important d’avoir un mécanisme de suivi de ces engagements aux niveaux national, régional et mondial.  Le porte-parole de la CARICOM a souligné l’importance de l’aide internationale en ce qui concerne la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. 


M. YUSRA KHAN (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a indiqué que l’ANASE soutient la mise en place du Plan d’action d’Istanbul qui comprend, a-t-il noté, d’importants objectifs de développement pour les PMA.  Il a ajouté que ce Plan d’action devrait être intégrer dans les stratégies nationales de développement, ainsi que dans les programmes de développement des Nations Unies, des institutions de Bretton Woods, et de toutes les institutions financières régionales.  Au sujet des PMA sans littoral, il a affirmé que le Programme d’action d’Almaty est le cadre adéquat de coopération pour aider ces pays à sortir de leur isolement.


Le représentant a souligné que l’ANASE, en tant que groupe régional, est engagée à mettre sur pied des infrastructures de transports adéquates entre ses pays membres, d’une part, et entre les pays de l’ANASE et ceux du reste du monde, d’autre part.  Cette ambition, qui devrait se matérialiser par des infrastructures routières et ferroviaires notamment, a connu une avancée majeure avec le lancement, récemment, du Fonds d’infrastructures de l’ANASE, qui a pour objectif de lever 13 milliards de dollars pour les infrastructures de la région d’Asie du Sud-Est.  Le représentant a précisé que d’autres programmes d’intégration régionale, tels que le Programme sous-régional du Grand Mékong, ou encore le Corridor Nord-Sud et le Projet d’autoroute d’Asie, sont autant d’initiatives visant à favoriser la connectivité au sein de la région de l’Asie du Sud-Est.


M. AMERICO BEVIGLIA ZAMPETTI (Union européenne) a réaffirmé l’engagement ferme pris par l’Union européenne en mai dernier, lors de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (Conférence PMA IV), d’aider ces pays à atteindre les objectifs ambitieux qu’ils se sont fixés à Istanbul, en Turquie, notamment en ce qui concerne celui de la graduation de la moitié d’entre eux, d’ici à 2020.  « Il incombe avant tout aux PMA de tracer le chemin, mais nous sommes déterminés à prendre une part active dans ce processus, en établissant un partenariat avec eux », a souligné le représentant.  À cet égard, il a salué l’adoption du Plan d’action d’Istanbul qui élargit le partenariat au système des Nations Unies, ainsi qu’aux institutions financières, tout en privilégiant la coopération Sud-Sud, a-t-il ajouté.


Un autre point positif à mettre à l’actif du nouveau Plan d’action d’Istanbul est la volonté des pays donateurs à revoir leurs engagements concernant l’aide publique au développement (APD) en 2015 et à accroître les ressources allouées aux pays les moins avancés, a précisé le représentant.  Il a également évoqué la question de la graduation, laquelle est également prise en compte par ce Plan d’action, qui prévoit à ce sujet, la création d’un groupe de travail.  « Le groupe devrait s’appuyer sur les initiatives déjà entreprises par l’Union européenne, telles que l’extension des privilèges de la phase transitionnelle aux pays ayant récemment réussi leur graduation et étant sortis de la liste des PMA », a-t-il suggéré.  Le représentant a assuré que l’Union européenne était déterminée à faire tout son possible pour contribuer efficacement à la mise en œuvre intégrale du Plan d’action d’Istanbul.


Mme ANNA VITIE (Finlande), s’exprimant au nom des pays nordiques, a rappelé l’engagement de longue date de ce groupe de pays en faveur des PMA.  Cet engagement s’est traduit sous la forme de montants significatifs d’APD et d’un accès non taxé et sans quota aux marchés des pays nordiques pour les produits des PMA.  La représentante a fait valoir qu’il faut aujourd’hui se concentrer sur la mise en œuvre effective du Programme d’action d’Istanbul, rappelant l’engagement des pays nordiques à aider les PMA à atteindre leurs objectifs de développement, tout en aidant ces derniers à conduire leur propre processus de développement.  La représentante de la Finlande a aussi demandé à ce que la voix des PMA soit mieux entendue lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, l’an prochain à Rio de Janeiro au Brésil, et lors du quatrième Forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide, qui se tient l’an prochain à Busan, en Corée du Sud.


Mme MARINA SIROTKINA (Fédération de Russie) a indiqué que son pays, qui étend de plus en plus son potentiel en tant que donateur, est engagée à soutenir les PMA pour leur permettre de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a affirmé qu’en 2010, son pays a consacré 472 millions de dollars à l’assistance au développement, et 500 millions de dollars ont été engagés à cet effet pour l’année en cours.  La Fédération de Russie, a-t-elle ajouté, a mis en place des initiatives d’assistance dans le cadre de la sécurité alimentaire.  Elle a également relevé que la Fédération de Russie propose un régime de préférence en faveur des produits commerciaux des PMA.  La représentante a ensuite soutenu que son pays accorde une place importante à la participation des pays sans littoral au commerce international.  La Fédération de Russie peut jouer un rôle majeur pour le développement des axes routiers et des transports dans la zone eurasiatique, a-t-elle affirmé.  Elle a ainsi évoqué le potentiel de transit de la Fédération de Russie, qui relie l’Europe occidentale à la Chine.  Elle a expliqué que ce réseau a été reconnu comme un avantage majeur pour les PMA, notamment ceux sans littoral, qui pourraient l’exploiter pour leurs échanges commerciaux.


M. FIRAS HUSSEIN ABDULLAH AL-AMRI (Yémen) a noté que le monde traverse une situation critique en matière de développement économique.  Malgré les efforts déployés depuis le début de la décennie pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, la complexité et la multiplicité des crises traversées depuis ont sapé les efforts jusqu’ici entrepris.  Ce qui fait obstacle pour les pays en développement est la pénurie de ressources financières et l’échec du partenariat pour le développement, a-t-il insisté.  Les PMA doivent faire face à un certain nombre de défis pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement mais font actuellement face à des situations économiques difficiles et risquent d’être incapables d’avancer seuls vers les OMD.  C’est la raison pour laquelle il faut relancer le processus de solidarité et de coopération internationale.  Nous demandons à tous les partenaires d’aider les PMA.  Il faut que toutes les parties prenantes appliquent le Plan d’action d’Istanbul, a-t-il insisté.  Le représentant a ajouté que la coopération Sud-Sud a aussi son rôle à jouer, mais qu’elle reste un complément de la coopération Nord-Sud.


M. LOH SECK TIONG (Malaisie) a exhorté la communauté internationale à mettre en œuvre le Plan d’action d’Istanbul.  Il a précisé que le succès de ce Plan d’action résidera dans l’appropriation que les PMA en feront, en fonction de leurs spécificités nationales.  Il a ajouté que la Malaisie, pour sa part, restait engagée à aider les pays en développement à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement à l’échéance de 2015 et à les assister pour atteindre d’autres objectifs de développement après 2015.  Le représentant a souligné que depuis le lancement du Programme de coopération technique de la Malaisie en 1980, plus de 138 pays en ont tiré des bénéfices, parmi lesquels 45 sont des PMA.  Le représentant a, en outre, indiqué que le soutien apporté aux pays en développement à travers la coopération Sud-Sud, et l’implication des pays du Nord dans ces efforts, est une bonne initiative qui mérite d’être encouragée dans le cadre de la coopération triangulaire.  Il a enfin affirmé que le financement du développement des PMA est important dans la promotion de la coopération internationale, et il a souligné que l’aide technique devrait se faire dans le respect des règles de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et selon des principes de cohérence et de durabilité.


Mme VIPLOVE THAKUR (Inde) a déclaré qu’il était de temps de mettre en œuvre le Programme d’action d’Istanbul pour les pays les moins avancés.  Elle a estimé qu’une attention prioritaire devait être accordée à la mobilisation de ressources destinées à combler « l’énorme insuffisance » existant dans le financement du développement des PMA.  La représentante a aussi réclamé une action urgente pour améliorer la participation des PMA dans les réseaux commerciaux internationaux, en assurant à leurs produits un accès aux marchés en franchise de droits et hors quota.  Mme Thakur a, par ailleurs, engagé les pays développés et les institutions financières à procéder immédiatement à l’allégement de la dette des PMA et à rendre disponible un financement préférentiel afin de donner de l’élan à la croissance économique de ces pays.


La représentante a poursuivi son intervention en indiquant qu’outre l’assistance technique, le partenariat entre l’Inde et les pays les moins avancés incluait désormais des initiatives commerciales, des investissements, et de l’aide humanitaire.  Elle a expliqué que le montant du commerce entre l’Inde et les PMA était passé de 16,7 milliards de dollars en 2008-2009 à 20,5 milliards de dollars en 2009-2010, et que la balance commerciale favorisait les PMA.  Elle a également fait savoir que l’Inde avait débloqué une ligne de crédit d’1 milliard de dollars pour appuyer la mise en œuvre du Programme d’Istanbul.  Évoquant, par ailleurs, le Programme d’action d’Almaty, Mme Thakur a estimé qu’il fallait fournir des modes de communications et de transports efficaces aux pays en développement sans littoral afin de les aider à réduire leurs coûts de transports qui, a-t-elle relevé, sont deux fois plus élevés que ceux des autres pays en développement.


Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a indiqué que malgré les progrès enregistrés dans les cinq domaines prioritaires du Programme d’action d’Almaty, beaucoup restait encore à faire.  Les économies des pays en développement sans littoral demeurent particulièrement vulnérables aux chocs externes en raison de l’étroitesse de leur base de production et d’une insuffisante diversification de leurs exportations, a-t-elle expliqué.  Elle a ensuite apporté son soutien à la recommandation du Secrétaire général pour la mise en place d’indicateurs de vulnérabilité » qui feraient office de système d’alerte précoce pour la survenance des chocs économiques et financiers.


Mme Ochir a ajouté que les pays en développement sans littoral pourraient grandement bénéficier de l’expertise de l’ONU, et a cité au premier chef, la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), afin d’aboutir à un accord sur un modèle de transport de transit prenant en compte les intérêts légitimes des pays en développement sans littoral et de leurs voisins.  Mme Ochir a ensuite exhorté les États Membres à signer l’Accord multilatéral portant sur la création d’un groupe de réflexion sur les pays en développement sans littoral, avant de souligner l’importance de la coopération régionale et sous-régionale afin d’atteindre les objectifs du Programme d’action d’Almaty.  Sur le plan national, elle a indiqué que le programme d’action du Gouvernement mongol pour les années 2008-2012 visait à améliorer les infrastructures de la Mongolie, afin de faire face aux demandes croissantes d’exportation de minerais.


M. FABIO MOREIRA CARBONELL FARIAS (Brésil) a averti que la crise financière et économique risquait de mettre en péril les avancées sociales et économiques réalisées par les PMA si la communauté internationale ne parvenait pas à trouver une réponse commune à cette crise.  Une réponse, a-t-il ajouté, qui refuse les théories démodées, qui privilégie les politiques fiscales et monétaires qui n’ont pas d’impact sur les autres pays, qui évite les réactions protectionnistes et qui promeut la croissance économique et l’inclusion sociale.  M. Farias a également estimé que ce ralentissement conjoncturel de l’économie mondiale pouvait être atténué à condition non seulement de maintenir, mais d’élargir les politiques de protection sociale dans le cadre de la réponse domestique et internationale à apporter aux défis qui se posent aux pays en développement.  Le représentant a, par ailleurs, appelé les pays donateurs à honorer leurs engagements en matière d’APD, ainsi qu’envers la réalisation urgente des objectifs du Programme d’action d’Istanbul.


M. Farias a ensuite fait savoir que le Brésil mettait en œuvre l’Initiative pour l’intégration de l’infrastructure régionale en Amérique du Sud, afin de contribuer à la réalisation des objectifs du Plan d’action d’Almaty.  Il a également expliqué qu’en mai 2010, le Brésil et la Paraguay avaient conçu un projet pour créer un corridor ferroviaire interocéanique en reliant le système ferroviaire du Paraguay aux villes de Paranaguà , au Brésil, et d’Antofagasta, au Chili.


M. TAUHEDUL ISLAM (Bangladesh) a souligné que les PMA continuaient d’être confrontés à des handicaps structuraux et à des obstacles à leur développement.  La crise financière et économique, l’envolée des prix alimentaires et pétroliers, la débâcle des marchés financiers et la crise du changement climatique ont clairement miné le développement des PMA, a-t-il déclaré, avant d’estimer que les progrès économiques réalisés tant bien que mal par les PMA étaient désormais menacés par l’impact sévère et continu des multiples crises mondiales.


Le représentant s’est ensuite inquiété d’une marginalisation des PMA dans les échanges Sud-Sud, après que ces pays aient déjà subi le même type d’injustice dans les échanges Nord-Sud.  Dans ce contexte, il a salué les initiatives de certains pays en développement qui ont mis en place des systèmes de détaxes ou de suspension de quotas pour faciliter l’accès à leur marché des produits des PMA.  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale à tenir les promesses prises vis-à-vis des PMA.  Il a en particulier cité les engagements de la Conférence de Monterrey de 2002 et ceux pris par les pays industrialisés de verser 2% de leur PIB sous forme d’APD aux PMA.  Il a également appelé ces pays à ne pas utiliser les crises financière, économique, climatique, alimentaire ou énergétique comme excuses pour justifier le non-respect des engagements pris.  Il a conclu son intervention en estimant que le Programme d’action adopté à l’issu de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, qui s’est tenue en mai dernier à Istanbul, avait clairement identifié les obstacles et les contraintes existants, les initiatives et les actions à mettre en œuvre pour les surmonter, ainsi que les nouveaux défis à relever et les problèmes émergeants.  C’est un nouveau cadre pour des partenariats permettant un développement durable et une croissance économique pérenne pour les PMA, a-t-il déclaré.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Traité sur le commerce des armes, textes traitant des armes à sous-munitions, sécurité du cyberespace au cœur des débats de la Première Commission

AG/DSI/3442

Traité sur le commerce des armes, textes traitant des armes à sous-munitions, sécurité du cyberespace au cœur des débats de la Première Commission

20/10/2011
Assemblée généraleAG/DSI/3442
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

17e séance – matin


TRAITÉ SUR LE COMMERCE DES ARMES, TEXTES TRAITANT DES ARMES À SOUS-MUNITIONS, SÉCURITÉ DU CYBERESPACE

AU CŒUR DES DÉBATS DE LA PREMIÈRE COMMISSION


Les délégations poursuivent la présentation des projets de résolution


La Première Commission chargée du désarmement et de la sécurité internationale a poursuivi, ce matin, ses débats sur les armes conventionnelles, les autres mesures de désarmement et le désarmement régional.


Quatre projets de résolution et deux projets de décision ont été présentés, avant que des représentants du Bureau des affaires du désarmement et des centres régionaux de l’ONU pour la paix et le désarmement n’interviennent à la tribune afin de dresser le bilan de leurs activités au cours de l’année écoulée.


Achevant d’abord le débat thématique sur les armes conventionnelles, la Première Commission a entendu cinq délégations, qui ont toutes salué les avancées réalisées vers la création d’un traité sur les ventes d’armes.


Après avoir salué le travail du Président du Comité préparatoire à la Conférence internationale prévue sur le sujet en juillet prochain, les représentants du Panama, du Botswana et de la République de Corée ont appelé à l’élaboration d’un texte juridiquement contraignant, exhaustif, équilibré et instaurant des normes internationales les plus élevées possibles.  L’Iran a pour sa part insisté sur le respect des intérêts commerciaux des États et sur la nécessité de maintenir l’équilibre dans les négociations qui s’ouvriront en juillet prochain.  Il a également mis en avant l’importance de la participation aux discussions des grands pays exportateurs d’armes, et de la recherche d’un consensus pour permettre l’universalisation du futur traité.


La République de Corée est par ailleurs revenue sur les conventions internationales existantes sur les armes conventionnelles, appelant les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques (CCAC).  Il a souhaité que les discussions sur un sixième protocole rattaché à la Convention et traitant des armes à sous-munitions aboutissent dès la prochaine Conférence d’examen de la CCAC en novembre prochain.


Comme lors de la précédente séance consacrée aux armes conventionnelles, les pays d’Afrique, d’Amérique latine ou des Caraïbes ont réclamé une mise en œuvre plus soutenue du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre illicites.


Particulièrement affecté par les mines antipersonnel, le Cambodge a insisté sur les mesures d’assistance aux victimes, en particulier pour leur réinsertion. Le Cambodge accueillera d’ailleurs la Conférence d’examen de la Convention d’Ottawa, à Phnom Pen, à la fin du mois prochain.


Ouvrant ensuite son débat thématique consacré aux autres mesures de désarmement, la Première Commission a entendu une dizaine de délégations.


Abordant la question de la sécurité dans le cyberespace, l’Australie a souligné que le dialogue sur le développement de normes régissant le cyberespace dépassait le cadre de la Première Commission.  Il a estimé que le droit international, dont le droit humanitaire, s’appliquait dans le champ du cyberespace et pouvait servir de base de départ. Un point que la représentante des États-Unis a également défendu, ajoutant que son pays était prêt à participer au Groupe d’experts gouvernementaux qui sera constitué en 2012 sur la question. Soulignant qu’elle avait été victime de plusieurs cyberattaques, la Chine a rappelé qu’elle avait soumis à l’Assemblée générale, avec la Fédération de Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, un « Code de conduite international pour la sécurité de l’information » destiné à établir des règles pour garantir la sécurité du cyberespace. 


De son côté, la Fédération de Russie a présenté un projet de résolution soutenu par 24 États et portant sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale. Le texte clarifie le mandat du Groupe d’experts gouvernementaux qui doit se réunir en 2012.


Soulignant l’impact négatif sur la sécurité internationale que peut avoir le développement scientifique, l’Inde a présenté un projet de décision intitulé « Le rôle de la science et de la technique dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement ».


Plusieurs États Membres ont par ailleurs insisté  sur le lien entre désarmement et développement, déplorant pour certains l’envolée des dépenses militaires. Cuba a renouvelé sa proposition de créer un fonds spécial pour le développement qui serait géré par l’ONU et alimenté par la moitié des ressources consacrées à ces dépenses annuelles. 


Au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), l’Indonésie a de son côté présenté un projet de résolution qui appelle la communauté internationale à consacrer au développement économique et social une partie des ressources libérées par le désarmement, pour réduire l’écart toujours croissant entre pays industrialisés et pays en développement. 


Toujours au nom du NAM, elle a présenté deux autres projets de résolution l’un qui réaffirme que le multilatéralisme est le principe fondamental de toutes les négociations menées dans le domaine du désarmement, et ce, afin de maintenir et renforcer l’universalisation des normes qui en découlent ; l’autre qui porte sur le respect des normes relatives à l’environnement dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements.


Un troisième texte, projet de décision, recommande à l’Assemblée généraled’inscrire à l’ordre du jour de sa soixante-huitième session, la question de l’examen de l’application de la Déclaration sur le renforcement de la sécurité internationale.


La Première Commission ouvrira son débat thématique sur le désarmement régional et la sécurité vendredi, à 10 heures.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LA QUESTION DES ARMES CLASSIQUES


M. KWON HAE-RYONG (République de Corée) a rappelé l’attachement de son pays à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques (CCAC), avant d’appeler les États qui ne l’ont pas encore fait à signer et ratifier le texte en vue de faciliter son universalisation.  Soulignant ensuite le soutien de son pays au Protocole II sur les conséquences humanitaires des mines, le représentant a indiqué que la République de Corée avait contribué à différents projets de déminage et d’assistance aux victimes.  Elle soutient aussi le Protocole V relatif aux restes explosifs de guerre.


Abordant ensuite la question des conséquences humanitaires des armes à sous-munitions, il a rappelé les discussions en cours sur un nouveau protocole à la CCAC, indiquant que son pays soutient les discussions du Groupe d’experts sur la question.  Il a souhaité une issue positive à ces négociations lors de la prochaine Conférence d’examen de la Convention en novembre prochain.


Abordant ensuite la question du traité sur les ventes d’armes, il a appelé à un texte juridiquement contraignant et posant des normes internationales pour les transferts d’armes classiques.  Il a ensuite réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des objectifs poursuivis sur cette voie, avant d’appeler à une participation maximum des États Membres.


Pour conclure, il a réitéré le soutien de la République de Corée au PoA, appelant à son renforcement lors de la prochaine Conférence d’examen prévue en 2012.


M. REZA NAJAFI (République islamique d’Iran) a rappelé qu’il fallait une approche équilibrée qui respecte le droit des États à la sécurité s’agissant des négociations relatives au commerce des armes.  La négociation d’un prochain traité devra se faire sur la base d’un consensus et respecter les intérêts commerciaux des États, a affirmé le représentant.  L’universalité du texte sera vitale, a-t-il ajouté, soulignant l’importance de la participation des grands pays exportateurs d’armes.  Le représentant a ensuite rappelé que son pays avait développé une technologie propre pour se défendre contre l’Iraq, soulignant que l’Iran avait vocation à utiliser ces armes uniquement de façon défensive.   Le représentant a ensuite rappelé que son pays avait participé à la Conférence d’examen sur les armes à sous-munitions tenue au Liban, en tant qu’observateur.  Il a affirmé que le régime sioniste avait laissé tomber de très nombreuses bombes à sous-munitions au Liban.  La brutalité dans le Sud-Liban est non seulement une violation du droit international mais une violation au plan éthique, a-t-il expliqué.   


M. PABLO ANTONIO THALASSINÓS (Panama) a réitéré le soutien de son pays au processus visant à mettre au point un traité sur le commerce des armes (TCA) juridiquement contraignant et posant des normes communes pour les transferts d’armes classiques, ajoutant que c’était le point culminant des efforts déployés au niveau international pour limiter les graves conséquences humanitaires et économiques des transferts d’armes.  Revenant ensuite sur le trafic des ALPC, il a estimé que la violence qu’il générait était un fléau, soulignant que le nombre de victimes continuait de s’accroître.  Insistant sur la nécessité de veiller à contrer les détournements des ALPC, il a appelé à une mise en œuvre plus soutenue du PoA, avant de passer en revue les initiatives nationales menées par le Panama, notamment la mise en place d’une législation sur les ALPC. 


Mme TAPIWA SUE MONGWA (Botswana) a souligné qu’il était nécessaire de mettre en œuvre le Programme d’action relatif aux armes conventionnelles.  Mon pays insiste sur la nécessité du contrôle aux frontières et du marquage des armes, a-t-elle dit, insistant par ailleurs sur la nécessité du traçage.  S’agissant des négociations relatives à un traité sur le commerce des armes, le Bostwana accorde une grande importance à la conclusion d’un instrument juridiquement contraignant, exhaustif, équilibré et proposant des normes internationales les plus élevées possibles.  Mon pays félicite le Président du Comité préparatoire, M. Moritan, pour son travail accompli. 


M. NGOUN SOKVENG (Cambodge) a réitéré le soutien de son pays au Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre illicites (PoA), qu’il a qualifié de pierre angulaire dans la lutte contre la circulation illicite des ALPC.


Après avoir rappelé que son pays avait joué jusqu’ici un rôle clef dans la mise en œuvre du PoA, par l’organisation de nombreux évènements régionaux et internationaux sur le sujet, il a indiqué qu’il attendait maintenant que la Conférence d’examen du PoA, l’année prochaine, soit l’occasion de renforcer encore l’application de ce Programme.


Abordant ensuite le problème des mines antipersonnel et des explosifs rémanents de guerre, il a souligné l’impact qu’ils avaient eu et ont encore sur son pays, insistant sur les efforts du Gouvernement cambodgien pour défendre les droits des survivants et de leurs communautés, leur permettre d’accéder au développement dans un environnement sécurisé et mieux coordonner l’assistance qui leur est offerte.  Il a d’ailleurs adressé ses profonds remerciements à la communauté internationale pour son soutien dans les efforts déployés pour nettoyer le pays de ses champs de mines.


Le représentant a poursuivi en rappelant la participation de démineurs cambodgiens à de nombreuses opérations de l’ONU.  État partie à la Convention d’Ottawa, le Cambodge accueillera également la Conférence d’examen de la Convention, à Phnom Pen, à la fin du mois prochain.  Pour conclure, il a indiqué que son pays était cosignataire du projet de résolution L.4 sur la Convention d’Ottawa présenté par la Norvège et l’Albanie.


Droits de réponse


Le représentant du Royaume-Uni a souligné que les habitants des Îles Falkland n’avaient pas exprimé de problème quant à leur appartenance au Royaume-Uni.


Le représentant de l’Argentine a dénoncé l’appropriation des ressources naturelles de l’Argentine par le Royaume-Uni aux Îles Malvinas et a réitéré la souveraineté de l’Argentine sur ces Îles.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LA QUESTION DES AUTRES MESURES DE DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


M. WANG QUN (Chine) a indiqué que les moyens informatiques et télématiques de pointe ont permis un développement rapide de la productivité et ont donné une forte impulsion au développement économique et social et au progrès de la civilisation humaine.  Ces dernières années, a-t-il expliqué, la Chine a été sujette à des cyber-attaques provenant de l’étranger, provoquant des pertes énormes pour le pays.  La Chine est devenue l’une des victimes principales de ces cyberattaques.  Cela a fait prendre conscience à mon pays, a ajouté M. Qun, que l’interconnectivité de l’information et de la télématique ont renforcé l’interdépendance des pays les uns entre les autres.  L’information et la sécurité de la télématique représentent un défi majeur pour la sécurité non traditionnelle auxquelles la communauté internationale est confrontée. 


Le représentant a mis l’accent sur le principe de paix, où la communauté internationale utiliserait l’information et la télématique pour l’avancement de l’économie et du développement social et pour le bien-être des personnes, tout en maintenant la paix internationale, la stabilité et la sécurité.  Par ailleurs, M. Qun a mis l’accent sur le principe de souveraineté.  Le principe d’équilibre entre la liberté et la sécurité dans le flux d’informations doit être respecté, a-t-il ajouté.  En septembre dernier, la Chine, la Fédération de Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan ont soumis à la session actuelle de l’Assemblée générale, un « Code de conduite international pour la sécurité de l’information » (A/66/359) dans le but de développer des règles et normes pour assurer la sécurité du cyberespace. 


M. PETER WOOLCOTT (Australie) a affirmé que le nécessaire dialogue sur le développement de normes internationales régissant le cyberespace dépassait le cadre de la Première Commission.  Il a plaidé pour la tenue de discussions pragmatiques et équilibrées, permettant de dissocier, au sein du système des Nations Unies, chacun des aspects d’une régulation du cyberespace.


M. Woolcott a indiqué que le droit international positif, y compris le droit international humanitaire, s’appliquait dans le champ de la sécurité internationale du cyberespace.  Ce corpus de règles, qui ne doit pas être ignoré, constitue une base de départ, a-t-il ajouté.  Il a ensuite déploré le caractère flou des concepts et termes afférents au cyberespace, ajoutant qu’une acception commune par tous les États Membres était nécessaire pour la conduite d’un dialogue fructueux.  Le représentant a ensuite apporté son soutien à la structure actuelle de gouvernance d’Internet qui associe toutes les parties prenantes.  Les gouvernements n’ont pas vocation à contrôler Internet, a-t-il ajouté.


Enfin, M. Woolcott a rappelé l’engagement de l’Australie en faveur de la liberté d’expression.  Protégée par le droit international, cette liberté ne saurait être évaluée à l’aune des droits nationaux qu’avec la plus grande prudence, a-t-il conclu.


M. MARI AMANO (Japon) a rappelé que son pays avait été l’unique pays victime de bombes atomiques, à Hiroshima et Nagasaki.  C’est pourquoi les Hibakusha, terme désignant les survivants de ces attaques, ont été nommés « Communicateurs spéciaux pour un monde exempt d’armes nucléaires » afin de faire partager leur expérience avec le monde, en particulier avec les jeunes générations.  Un total de 39 Hibakusha ont ainsi été nommés et ont participé à 21 évènements à travers le monde.  Le Japon organisera en outre deux évènements spéciaux en parallèle de la Semaine du désarmement des Nations Unies, entre le 24 et le 30 octobre.  Afin d’élargir la diffusion des témoignages des Hibakusha, ces derniers ont été traduits, en anglais notamment, et postés sur le site Internet du Ministère des affaires étrangères du Japon.


M. Amano a également insisté sur la coopération étroite de son pays avec les Nations Unies dans le domaine de l’éducation au désarmement.  Chaque année, depuis 23 ans, le Japon a accueilli des participants au Programme de bourses d’études des Nations Unies sur le désarmement, ainsi que la Conférence annuelle des Nations Unies sur les questions du désarmement depuis 1989.  Les activités d’éducation au désarmement et à la non-prolifération ne peuvent atteindre leurs objectifs sans une implication de tous, a conclu le représentant, appelant à saisir toutes les opportunités sur le sujet, petites ou grandes.


Mme BALAGUER LABRADA (Cuba) a souligné l’importance de la promotion du multilatéralisme dans les négociations sur le désarmement.  Elle a rappelé que des progrès dans le domaine du désarmement ne pouvaient se faire dans le cadre d’accords bilatéraux ou d’actions unilatérales des États.  Elle a estimé que l’impasse au sein du seul organe onusien de négociations –la Conférence du désarmement- renforçait encore la valeur du multilatéralisme.


Elle a poursuivi en insistant sur le lien étroit entre développement économique et désarmement, qui sont selon elle les deux principaux défis auxquels l’humanité doit faire face.  Déplorant l’envolée des dépenses militaires, elle a rappelé que ces ressources pourraient permettre de combattre beaucoup plus efficacement la pauvreté.  Elle a affirmé que Cuba proposait une nouvelle fois la création d’un fonds pour le développement qui serait géré par l’ONU et alimenté par la moitié des ressources consacrées aujourd’hui aux dépenses militaires.


Pour conclure, elle a réitéré le soutien de son pays aux résolutions reconnaissant le lien entre désarmement et développement socioéconomique, avant d’insister sur la nécessité de respecter l’environnement dans les initiatives de désarmement.


Mme PRATIBHA PARKAR (Inde) a souligné la dynamique naturelle du développement scientifique et économique, ainsi que son impact sur la sécurité internationale, tout en reconnaissant ses bienfaits pour atteindre les aspirations des pays en développement.  Estimant que la communauté internationale devrait suivre de prêt les développements scientifiques et technologiques qui peuvent avoir un impact négatif sur la sécurité et sur le processus de limitation des armes et de désarmement, elle a présenté un projet de résolution, L.44 portant sur le rôle de la science et des technologies dans le contexte de la sécurité internationale et du désarmement.  Elle a appelé les États Membres à le soutenir


M. VICTOR VASILIEV (Fédération de Russie) a rappelé que les technologies informatiques et télématiques pouvaient être utilisées à des fins contraires à la paix et à la sécurité internationales.  Le représentant a indiqué que la Fédération de Russie présentait un projet de résolution soutenu par 24 États et portant sur les développements dans le domaine de l’information et des télécommunications dans le contexte de la sécurité internationale, indiquant que ce texte comportait d’importants amendements par rapport à la version précédente présentée en 2010.  Ce projet de résolution est basé sur la résolution 65/41 de l’Assemblée générale, qui date du 8 décembre 2010.  Le texte clarifie le mandat du Groupe d’experts gouvernementaux qui doit se tenir en 2012.  Le représentant a par ailleurs indiqué que son pays avait élaboré et proposé un projet de convention sur la sécurité informatique internationale à l’occasion de la seconde réunion internationale des hauts représentants sur les questions de sécurité.  Il s’agit là d’une tentative visant à repenser la sécurité informatique internationale à la lumière des apports et des avancées juridiques internationales, a expliqué le représentant.


M. FIKRY CASSIDY (Indonésie), s’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), a présenté trois projets de résolution et un de décision.  Le premier A/C.1/66/L.8, porte sur la « Promotion du multilatéralisme dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération ».  Le représentant a souligné qu’il est vital que l’Assemblée générale adopte cette résolution qui souligne les principes et mérites du multilatéralisme, et promeut la coopération internationale et le règlement pacifique des conflits.  Le second projet A/C.1/66/L.6, intitulé « Relation entre le désarmement et le développement », souligne que les ressources libérées par des mesures de désarmement pourraient être utilisées pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), et d’autres objectifs de développement arrêtés par la communauté internationale. 


Le projet de résolution A/C.1/66/L.7, porte sur « le respect des normes relatives à l’environnement dans l’élaboration et l’application des accords de désarmement et de maîtrise des armements ».  En outre, le représentant a également présenté une proposition de décision (A/C.1/66/L.12) sur l’examen de la mise en œuvre de la Déclaration sur le renforcement de la sécurité internationale.  Il a enfin appelé la communauté internationale à faire preuve de plus de volonté, en particulier les puissances nucléaires, dans l’application des engagements qu’ils ont pris dans le sens du désarmement nucléaire.  Il a ajouté que cela est capital pour les efforts internationaux dans le cadre de l’agenda sur le désarmement et la non-prolifération.


M. WALTER S. REID (États-Unis) a indiqué que la question du cyberespace est complexe.  Le droit international humanitaire est à prendre en compte dès qu’il s’agit de travailler sur l’espace cybernétique, a-t-il ajouté.  Le représentant a indiqué qu’il se tenait près à participer au Groupe d’experts gouvernementaux qui devrait être constitué en 2012 sur la question.


M. IGOR UGORICH (Bélarus) a souligné l’importance de l’élargissement de la coopération internationale dans le domaine de la téléinformatique dans le contexte de la sécurité internationale et s’est félicité des efforts entrepris dans ce domaine.  Il a appelé les États Membres à tenir compte des recommandations présentées l’année dernière dans le rapport du Groupe d’experts gouvernementaux sur cette question.


Débat thématique sur le désarmement et la sécurité au niveau régional


Mme AGNÈS MARCAILLOU, Bureau des affaires du désarmement, a rappelé d’abord le lien entre les décisions prises ou les questions soulevées au sein des organes de l’ONU et leur mise en œuvre concrète sur le terrain.


Après avoir indiqué que les questions de genre étaient omniprésentes dans les efforts de désarmement, soulignant l’importance de la participation des femmes au processus et programmes lancés, elle a résumé le rôle du Bureau des affaires du désarmement dans la mise en œuvre des décisions prises dans l’enceinte de l’ONU en général, et de la Première Commission en particulier.


Elle a poursuivi en soulignant que les défis auxquels son Bureau était confronté dans son action se résumaient en trois mots: cohérence, coordination et efficacité des actions.  Elle a souligné l’accroissement des partenariats entre le Bureau et les États ou leurs services de sécurité, insisté sur les efforts déployés pour éviter les programmes doublons qui engendrent des dépenses inutiles, et décrit les activités de formation sur les ALPC menées auprès des secteurs de la sécurité, notamment avec de l’assistance au marquage et au traçage des ALPC ou à la mise en œuvre de législations nationales adaptées.


Elle a conclu en insistant sur le fait que son Bureau privilégiait les actions qui font la différence sur le terrain, sans chercher à inventer de nouvelles activités mais en se concentrant sur le renforcement et l’élargissement de celles déjà maîtrisées.


Mme MELANIE REGIMBAL du Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et aux Caraïbes, a indiqué que 40 activités avaient été menées cette année, incluant 20 États, en étroite collaboration avec les organisations.  Le Centre régional avait assuré des formations en matière de sécurité, insistant sur la place faite aux femmes dans ces programmes de formation.  Les femmes sont essentielles pour la promotion de la paix et de la sécurité, a-t-elle expliqué.  Elle a ensuite indiqué que le Centre régional allait renforcer sa formation dans le domaine des explosifs.  S’agissant des ALPC, Mme Regimbal a rappelé l’importance de la bonne gestion des stocks, des registres, du marquage et du traçage pour éviter le détournement vers le trafic illicite.  En 2012-2013, nous allons continuer à détruire les armes qui ont été identifiées, a-t-elle ensuite fait savoir.  Cette année, nous avons aidé plusieurs pays à rédiger des projets de loi, a-t-elle expliqué, rappelant par ailleurs l’appui fourni aux États pour développer des outils afin de répondre à la sécurité privée qui est un phénomène en lien avec la prolifération des ALPC.


M. XIAOYU WANG du Centre régional pour la paix et le désarmement en Asie et le Pacifique a fait le point sur les activités menées par le Centre au cours de l’année écoulée, précisant qu’elles se sont concentrées sur deux domaines.  


Premier domaine, le renforcement des capacités des États avec l’organisation de plusieurs ateliers de formation sur la lutte contre les ALPC visant à donner aux forces de l’ordre des États des compétences pratiques sur ces armes.  Il a cité en exemple la présentation des régimes et des cadres juridiques internationaux existants pour le marquage, le traçage, la destruction ou le stockage des ALPC.  Il a ajouté que ces ateliers ont aussi permis de promouvoir les relations entre institutions au sein des pays, et entre les pays eux-mêmes, à l’instar d’un Séminaire régional sur les meilleures pratiques pour réduire les violences armées qui a rassemblé 17 pays d’Asie du Sud-Est.


Second domaine sur lequel le Centre s’est concentré, les activités de communication.  Il a indiqué qu’elles permettaient de faire la promotion du dialogue et de la coopération sur les questions les plus pressantes au niveau mondial ou régional.


M. IVOR FUNG du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, a insisté sur le renforcement de la coopération régionale.  Il a indiqué que le Centre aidait la Commission de l’Union africaine à mobiliser des efforts pour créer un document de l’Union africaine qui capture sa position concernant le traité sur le commerce des armes.  M. Fung a ensuite évoqué plusieurs directions telles que la création d’un comité permanent sur les ALPC dans l’Union africaine, la promotion de la coopération régionale et interrégionale avec la mise en commun de pratiques optimales.  Il a indiqué que le Centre régional fournissait un appui technique aux États africains.  Le Centre régional a publié un guide pour aider les États à harmoniser leurs législations et respecter la Convention de Kinshasa.  Une question importante est également celle du courtage, et certains pays ont achevé leurs travaux consistant à établir un inventaire des courtiers, a-t-il expliqué.  Enfin, le représentant a fait état des travaux entamés au Mozambique pour appuyer les académies de police de ce pays à développer des cursus de formation sur les ALPC. 


Rapport du Secrétaire général traitant du traité sur le commerce des armes (A/66/166 et Add.1)


Ce rapport contient les vues d’États sur le texte du traité.  Le texte intégral des réponses reçues peut être consulté sur le site Web du Bureau des affaires de désarmement, à l’adresse: www.un.org/disarmament/convarms/ATTPrepCom/index.htm.  Les réponses reçues par la suite seront publiées sous forme d’additifs au présent rapport.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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La Cinquième Commission débat de la situation financière de l’ONU qui s’est améliorée en dépit d’un difficile climat financier international

AG/AB/4005

La Cinquième Commission débat de la situation financière de l’ONU qui s’est améliorée en dépit d’un difficile climat financier international

20/10/2011
Assemblée généraleAG/AB/4005
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Cinquième Commission                                       

10e séance – matin                                         


LA CINQUIÈME COMMISSION DÉBAT DE L A SITUATION FINANCIÈRE DE L’ONU QUI S’EST AMÉLIORÉE EN DÉPIT

D’UN DIFFICILE CLIMAT FINANCIER INTERNATIONAL


Elle examine aussi la situation de la Caisse des pensions de l’ONU

dontla valeur du portefeuille a atteint 39 milliards de dollars au 28 septembre 2011


La Cinquième Commission (questions administratives et budgétaires) a examiné ce matin la situation financière de l’Organisation des Nations Unies (budget ordinaire, budget des opérations de maintien de la paix (OMP), plan-cadre d’équipement et tribunaux internationaux), ainsi que la situation de la Caisse des pensions du personnel de l’ONU, dont la valeur du portefeuille atteint 39 milliards de dollars au 28 septembre 2011. 


Après avoir entendu, la semaine dernière, un exposé (1) de la Secrétaire générale adjointe au Département de la gestion, Mme Angela Kane, sur la situation financière de l’ONU au 5 octobre 2010, les délégations se sont, dans l’ensemble, félicitées d’une amélioration d’ensemble en dépit d’un difficile climat financier international.  Néanmoins, elles ont regretté la persistance de niveaux élevés d’arriérés de paiement, 867 millions au titre du budget ordinaire et 3,3 milliards de dollars au titre des OMP. 


Elles ont rappelé que le versement intégral, à temps et sans conditions, des contributions dues est une obligation de la Charte de l’ONU.  Le représentant de l’Argentine, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, et celui du Chili, au nom du Groupe de Rio, ont regretté que 87,4% des arriérés au budget ordinaire soient le fait d’un seul pays.  Ils ont jugé particulièrement surprenant que la plupart des arriérés dus au titre des OMP soient le fait de membres permanents du Conseil de sécurité qui ont une responsabilité spéciale en matière de paix et de sécurité internationales. 


Le représentant du Nicaragua a fait remarquer que les arriérés de paiement sont surtout le fait de ceux qui déclarent des guerres dans différentes parties du monde.  Sur le même ton, celui de Cuba a regretté que certains souhaitent imposer des coupes budgétaires aux mandats de développement, alors qu’ils consacrent des centaines de millions de dollars au bombardement de civils.  Cuba a dénoncé le recours croissant à des contributions volontaires qui, selon lui, constituent une manière détournée d’imposer de nouvelles contraintes au Secrétariat. 


Suggérer que nous n’honorons pas nos obligations est faux et absurde, a insisté le représentant des Etats-Unis, en ajoutant que la somme « réputée due » par son pays n’était pas réaliste du fait que le cycle budgétaire des Etats-Unis est très différent de celui de l’ONU.  Il a rappelé que les États-Unis avaient contribué à hauteur de 7,5 milliards de dollars au système des Nations Unies en 2010, en contributions statutaires et contributions volontaires, ainsi que 2 milliards de dollars aux opérations de maintien de la paix et aux tribunaux internationaux en 2011, ce qui en faisait le plus gros contributeur.


Présentant le rapport du Comité mixte de la Caisse des pensions (2), sa Présidente Mme C. Nana Yaa Nikoi, a précisé que la valeur de réalisation des actifs de la Caisse était remontée, de son plus bas, à 31,3 milliards de dollars au 31 décembre 2008, à 41,4 milliards de dollars au 31 décembre 2010; mais que toutefois, en raison des tendances récentes du marché, la valeur des actifs était retombée, au 28 septembre 2011, à environ 39,1 milliards de dollars.  De son côté, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine s´est félicité de la diversification du portefeuille de la Caisse.  Il a souligné les possibilités d’investissement dans les pays en développement, et en transition mis en lumière par des études récentes, en mettant l’accent sur les opportunités offertes par les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient.  


Créée en 1949, la Caisse est administrée par un Comité mixte de 33 membres qui représentent les 23 organisations affiliées, en vue d’assurer aux fonctionnaires des organismes des Nations Unies des prestations de retraite, de décès et d’invalidité et des prestations connexes.  Pour l’examen de cette question, la Commission était aussi saisie d’un rapport du Secrétaire général sur les incidences administratives et financières des recommandations figurant dans le rapport du Comité mixte (3)–présenté par M. Lionelito Berridge, Directeur par intérim de la Division de la planification des programmes et du budget- et d’un rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) (4), présenté par son président, M. Collen V. Kelapile. 


La prochaine séance plénière de la Cinquième Commission se tiendra vendredi 21 octobre, à 10 heures, en salle de conférence 3. 


(1) publié en tant que rapport au document A/66/521;

(2) publié au document A/66/266;

(3) publié au document A/C.5/66/2;

(4) publié au document A/66/7/Add.2.


AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ( A/66/521)


Débat général


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. SEBASTIÁN DI LUCA (Argentine), relevant le chiffre des arriérés, a constaté que l’essentiel de ceux-ci soit le fait d’un petit nombre de pays et presque d’un seul.  Il a jugé particulièrement surprenant que la plupart des arriérés dues au titre des opérations de maintien de la paix (OMP) soient le fait de membres permanents du Conseil de sécurité qui ont une responsabilité spéciale en matière de paix et de sécurité internationales.  Il a rappelé que le versement intégral, à temps et sans conditions, des contributions dues est une obligation de la Charte des Nations Unies.  Il a exhorté les pays qui en avaient la capacité de verser leur contribution à temps.  Il s’est dit encouragé de constater que, d’après les projections révisées, il apparaît à présent que le montant dû par l’ONU aux États Membres qui ont fourni des contingents et du matériel aux OMP sera de l’ordre de 448 millions de dollars d’ici au 31 décembre 2011, comparé à 539 millions de dollars dû au 31 décembre 2010.  Néanmoins, il s’est dit très inquiet de cette situation d’arriérés en notant que la plupart des pays fournisseurs de contingents étaient des pays en développement qui n’avaient pas les moyens de maintenir leurs troupes sur le terrain durant de longues périodes sans être remboursés. 


Intervenant au nom du Groupe de Rio, Mme MANAHI PAKARATI (Chili) s’est réjouie de certaines améliorations de la situation financière générale de l’ONU par rapport à 2010, ainsi que des prévisions de trésorerie positives pour la fin de l’année.  Mais elle s’est inquiétée du montant élevé des arriérés de paiement pour les opérations de maintien de la paix, qui s’élève à 3,3 milliards de dollars, soit 843 millions de plus qu’en octobre 2010.  Elle a noté aussi que le montant des contributions non acquittées avait augmenté de 91 millions de dollars, cette année, pour atteindre 867 millions, bien que davantage de pays soient à jour de leurs contributions. 


La représentante du Groupe de Rio a exhorté les États Membres à régler leurs contributions dans les délais impartis et sans condition, pour le bon fonctionnement des Nations Unies et elle a déploré, que chaque année, ce soit toujours un seul et même État Membre qui soit responsable de la majeure partie des sommes impayées.  


Elle a félicité le Secrétaire général pour les progrès réalisés en matière de remboursement des pays fournisseurs de contingents, en rappelant que plusieurs pays membres du Groupe de Rio étaient des contributeurs de contingents et de matériel au prix de grands sacrifices. 


En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, elle a appelé les pays débiteurs à régler leurs dus et regretté qu’ils ne proposent pas au moins d’échéanciers de paiement.  Sur la question du budget des tribunaux internationaux, elle s’est dite préoccupée par l’augmentation de 6 millions de dollars des contributions impayées par rapport à l’an dernier.  Enfin sur le plan-cadre d’équipement de rénovation du Siège de l’ONU, elle a incité les États Membres n’ayant pas encore payé toute leur contribution à le faire pour que le plan soit mis en œuvre dans les délais.  


Intervenant au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (Groupe CANZ), Mme LEAH MARCHUK (Canada) s’est félicitée d’une certaine amélioration de la situation financière des Nations Unies en dépit de la mauvaise conjoncture économique, ainsi que de la baisse constante de la dette des Nations Unies envers les pays fournisseurs de contingents pour les opérations de maintien de la paix (OMP).  


Mme Marchuk a néanmoins constaté que le solde de trésorerie diminue depuis la fin 2010, et appelé les États Membres à honorer à temps toutes leurs contributions, se déclarant préoccupée des répercussions des arriérés de paiement sur le travail de l’Organisation. 


Elle a déploré que le montant des quotes-parts impayées ait augmenté pour toutes les catégories du budget des Nations Unies, ainsi que pour les opérations de maintien de la paix.  Elle a qualifié « d’inacceptable » le montant de plus de 3 milliards de dollars d’impayés pour ces opérations, et s’est déclarée préoccupée de la « pratique imprudente » des financements par avances internes des missions. 


Elle a exhorté tous les États Membres à remplir leurs obligations financières suivant la Charte et à payer intégralement, dans les temps et sans conditions leurs contributions, et elle a invité ceux qui y sont autorisés à présenter un échéancier de paiement pluriannuel pour remédier à leurs arriérés. 


Mme Marchuk a salué les efforts du Secrétaire général pour accroître la rigueur financière de l’Organisation et renforcer le contrôle interne, pour mieux utiliser les ressources disponibles dans l’exécution des mandats convenus. 


M. DANILO ROSALES DIAZ (Nicaragua) a dénoncé l’incohérence de la situation financière de l’ONU alors que certains États Membres accumulent des dettes considérables au budget ordinaire de l’ONU et en même temps décaissent des contributions volontaires considérables accompagnées de conditions qui, en fait, faussent les mandats législatifs.  Il a regretté que ceux qui entendent compromettre le rôle de l’ONU en réduisant ses moyens alors qu’ils ont dépensé 18 milliards de dollars pour sauver un modèle économique injuste et criminel responsable de la mort de dizaines de millions de personnes chaque année.  Il a rappelé que tous les États Membres avaient la responsabilité juridique et partagée de s’acquitter de leur contribution intégralement, à temps et sans conditions.  Il a jugé préoccupant le montant total des arriérés de contributions aux opérations de maintien de la paix, s’inquiétant encore plus de constater qu’un pourcentage élevé était dû par ceux qui déclarent des guerres dans différentes parties du monde alors que leur statut de membre permanent du Conseil de sécurité leur impose des responsabilités particulières en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales.


Il a déclaré qu’aucun pays ne devait invoquer de prétendues insuffisances de gestion s’il n’est pas en mesure de s’acquitter à temps de ses contributions.  Il a, en outre, demandé que l’on mette fin une fois pour toute aux innombrables entraves auxquelles fait face Cuba pour régler ses contributions.  Il a estimé que l’heure était venue de tourner cette page du blocus, fruit d’une guerre froide qui devrait être terminée.  Il a souhaité que l’on mette en place un compte distinct du budget ordinaire pour les missions politiques spéciales.  Il a souhaité que l’on accorde une priorité au remboursement des pays fournisseurs de contingent, en rappelant que la grande majorité d’entre eux étaient des pays en développement.  Il a précisé que malgré les difficultés, le Nicaragua s’est acquitté intégralement de sa contribution au budget ordinaire, au budget des tribunaux pénaux et au plan-cadre d’équipement. 


M. RASHID BAYAT MOKHTARI (République islamique d’Iran) a rappelé que l’année passée, les comptes bancaires de plusieurs États Membres ayant été clôturés par une banque locale, une décision sans précédent et illégale et en contradiction avec les obligations légales du pays hôte, la Mission permanente de la République islamique d’Iran avait rencontré des difficultés pour son fonctionnement quotidien et pour acquitter ses contributions aux budgets des Nations Unies.  


Bien qu’une solution ait été trouvée en juillet à ces problèmes bancaires, des difficultés subsistent et la République islamique d’Iran n’a, à ce jour, pas pu virer aux États-Unis les montants des contributions qu’elle devait aux Nations Unies, alors qu’elle a toujours pris soin auparavant de s’acquitter de ses contributions aux organisations internationales, a expliqué son représentant.  Il a indiqué que la République islamique d’Iran travaillait activement à régler ces problèmes, rappelant qu’elle n’en était pas responsable. 


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a dit que son pays s’est fait un devoir, malgré ses problèmes économiques, d’honorer la totalité de ses obligations financières concernant le budget ordinaire, le plan-cadre d’équipement et le financement des tribunaux.  S’agissant des quotes-parts aux budgets des opérations de maintien de la paix, il a indiqué que les dispositions appropriées étaient entrain d’être prises par le Gouvernement du Sénégal en vue de procéder à leur règlement.  Il a félicité le Secrétaire général pour l’amélioration notable apportée à la gestion des ressources financières et humaines de l’ONU depuis quelques années.  Il a souhaité que l’ONU continue d’être gérée selon les normes les plus élevées en matière d’efficience, de transparence et de maîtrise des coûts de fonctionnement et ce, en conformité avec la résolution 64/259 de l’Assemblée générale.  Il a mis l’accent sur la nécessité de rembourser à temps les sommes dues aux pays fournisseurs de contingents en notant qu’il apparaît à présent que ce montant sera de l’ordre de 448 millions de dollars en fin d’année.  Il a rappelé que la plupart des pays fournisseurs de contingents étaient des pays en développement et qu’il était important que ces pays aux moyens limités puissent être remboursés à temps pour renouveler leurs équipements et renforcer ainsi leurs capacités au service du maintien de la paix. 


M. MONDO YAMAMOTO (Japon), rappelant que son pays a toujours honoré ses obligations en matière de paiement, s’est félicité de ce que la trésorerie de tous les comptes de l’ONU soit positive à la fin de l’année, suivant les prévisions, du fait qu’un nombre croissant d’États Membres aient rempli leurs obligations financières, malgré le contexte financier mondial difficile, et que les dettes de l’ONU aux États Membres aient nettement diminué. 


Le Japon a réitéré sa demande au Secrétariat général d’utiliser les contributions des États Membres efficacement et suivant les mandats des organisations des Nations Unies, et il a souligné que l’Assemblée générale  regarderait avec attention les propositions du Secrétaire général pour établir un niveau de ressources réaliste pour mettre en œuvre ces mandats.  Il a appelé les États Membres à parvenir à un consensus sur les propositions budgétaires, à partir d’explications suffisantes du Secrétariat. 


M. JOSEPH YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) s’est félicité d’une amélioration d’ensemble de la situation financière de l’ONU en dépit d’un difficile climat financier international.  Néanmoins, il a noté que si la situation financière de l’ONU s’améliore de façon générale, celle des OMP semble être en sursis.  Il a regretté que 3 milliards 304 millions de dollars restaient à être recouvrés au 5 octobre 2011, soit 113 millions de plus que l’année dernière à la même date en matière de financement des OMP.  Notant qu’uniquement 53 millions de dollars devraient être disponibles au 31 décembre 2011 sur les comptes des OMP, il s’est inquiété de la capacité de financer les opérations d’ici la fin de l’année.  Il a insisté pour que les contributions dues, en particulier celles liées aux OMP, soient effectuées pleinement, à temps afin de préserver la paix et la sécurité dans le monde, renforcer le développement et contribuer au respect des droits de l’homme et l’appui aux activités humanitaires. 


Par ailleurs, il a précisé que la Côte d’Ivoire a réglé la totalité de ses contributions aux différents budgets de l’ONU au 5 octobre 2011.  Cette donne n’est pas fortuite, a précisé le représentant de la Côte d’Ivoire, car elle participe de la nouvelle politique étrangère du Président Alassane Ouattara qui a donné des instructions pour que la Côte d’Ivoire apure tous ses arriérés de contributions dans toutes les organisations internationales.  Il a dit la reconnaissance du peuple ivoirien à la communauté internationale qui n’a eu de cesse de le soutenir dans les moments difficiles qu’il a eu à traverser lors des 10 dernières années.  Il a insisté que le Président ivoirien de par ses fonctions antérieures, notamment de Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), tient à ce que la Côte d’Ivoire conserve cette tradition d’être à jour de contribution, afin de pouvoir recouvrer pleinement sa place dans la communauté des Nations Unies. 


Mme DIANA LEE (Singapour) s’est félicitée de l’amélioration des indicateurs financiers des Nations Unies en 2011 en dépit de la mauvaise conjoncture économique mondiale, notant avec satisfaction que le nombre d’États Membres qui s’étaient acquittés de toutes leurs contributions avait augmenté à 135 à ce jour, soit 15 de plus que l’année passée, et que les montants dus par les Nations Unies aux États Membres avaient diminué à 448 millions de dollars contre 539 millions de dollars.  Elle s’est inquiétée cependant de l’augmentation du niveau des contributions non payées, phénomène dû à certains États Membres. 


La représentante de Singapour a indiqué comprendre les difficultés financières de certains États Membres en raison de la crise, mais elle a rappelé, à l’instar de la Secrétaire générale adjointe, Mme Angela Kane, que les arriérés de paiement importants relevaient d’un petit nombre d’États Membres et que cette situation était bien connue.  Elle a exhorté tous les États Membres à payer intégralement, dans les temps et sans conditions, leurs contributions.  Mais elle a appelé aussi l’ONU à rechercher une efficacité accrue dans son fonctionnement, avec une culture axée sur les résultats et la performance, pour remplir ses mandats.  Elle a appelé le Secrétariat à poursuivre ses efforts de réforme pour établir une comptabilité plus transparente.  Elle a estimé que les priorités devraient être mieux définies pour l’utilisation des ressources allouées à l’ONU, notamment en faveur des actions sur le terrain. 


M. JORGE CUMBERBATCH (Cuba) a dit significatif que la grande majorité des arriérés soit le fait d’un seul État Membre qui, par ailleurs, bénéficie de la principale distorsion du barème des quotes-parts.  Il a mis l’accent sur les difficultés des pays du monde entier qui sont les victimes d’une crise financière dont ils ne sont pas responsables.  Il a jugé surprenant de noter que ceux qui invoquent la crise pour promouvoir des coupes budgétaires arbitraires sont aussi les principaux responsables du fait que les contributions volontaires constituent 59,1% des ressources mises à disposition du Secrétaire général durant l’exercice biennal 2010-2011.  Il a noté que, selon les estimations, cette proportion pourrait atteindre 61,97% lors du prochain exercice.  Il a précisé que les délibérations relatives au projet de budget 2012-2013 auront lieu à partir de la semaine prochaine, en regrettant que certaines délégations aient l’intention d’imposer des coupes budgétaires aux mandats de développement alors qu’ils consacrent et emploient des centaines de millions de dollars au bombardement de civils.  Il a fustigé le recours croissant à des contributions volontaires qui est une manière détournée d’imposer de nouvelles contraintes au Secrétariat.  Il a insisté que le pilier du développement de notre Organisation devait être renforcé si nous voulons promouvoir la paix et la sécurité dans le monde. 


Par ailleurs, le représentant de Cuba a indiqué que son pays devait effectuer ses virements et transactions par le biais d’un pays tiers en subissant constamment les fluctuations des taux de change.  Il a indiqué que des fonds cubains destinés à des organisations internationales ont été gelés à plusieurs reprises, certains libellés en euros.  Il a jugé particulièrement honteux que le Gouvernement américain se soit permis en janvier 2011 de geler 4,2 millions de dollars du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et autres maladies infectieuses devant être consacrés à des projets de coopération avec Cuba. 


Il a indiqué que les banques suisses, UBS et Crédit Suisse qui détiennent les comptes de la plupart des organisations internationales siégeant à Genève, refusaient depuis 2006 de recevoir des transferts directs d’institutions cubaines, dont le Bureau de la propriété intellectuelle cubain, ce qui est un frein à l’enregistrement ou au renouvellement des brevets et marques cubains auprès de l’OMPI.  Il a regretté que ces banques suivent les ordres du Gouvernement des États-Unis en rappelant que l’Assemblée générale a demandé à 19 reprises qu’il soit mis fin au blocus dont son pays est victime. 


M. KIM SEO JUNG (République de Corée) s’est félicité de l’amélioration de la situation financière des Nations Unies en dépit de la mauvaise conjoncture économique, ainsi que de la baisse de la dette des Nations Unies envers les États Membres.  Il a souligné qu’il était essentiel que les Nations Unies maintiennent leur santé financière pour accomplir leurs mandats, et a rappelé que son gouvernement faisait de gros efforts pour remplir ses obligations. 


Le représentant de la République de Corée a constaté que le budget des Nations Unies était en constante augmentation depuis 10 ans, et estimé que cette tendance n’était « pas tenable », compte tenu des difficultés financières des États Membres.  Il a déclaré « qu’il était temps » que les Nations Unies trouvent des solutions pour s’acquitter de ses mandats de manière plus efficace.  Il a indiqué que son pays avait versé 35 millions de dollars la semaine dernière et allait continuer ses efforts. 


M. ALEXANDER A. PANKIN (Fédération de Russie) s’est dit optimiste face à la situation financière d’ensemble de l’ONU.  Néanmoins, il s’est inquiété de l’influence négative que peuvent avoir les retards de contributions sur la capacité de l’ONU à remplir ses mandats.  Il a dit que les États Membres en mesure d’assumer leurs contributions à temps en cette période financière instable doivent exiger que l’ONU face le mieux en matière de planification budgétaire.  Alors que l’on s’attend à une diminution de 91 millions de dollars des sommes dues par l’ONU aux pays fournisseurs de contingents, et de matériel aux missions de maintien de la paix d’ici au 31 décembre 2011 par rapport aux montants dus au 31 décembre 2010, le représentant russe a espéré que cette dynamique positive sera maintenue tout en jugeant qu’il était trop tôt pour s’en réjouir.  Il a insisté qu’il était essentiel que toutes les contributions soient versées à temps, dans leur totalité et sans condition, pour permettre à l’ONU de relever ses nombreux défis et appliquer les nombreux projets et mandats décidés par les États Membres. 


M. STEPHEN L. LIEBERMAN (États-Unis) a déclaré que le Gouvernement des États-Unis prenait très au sérieux ses obligations internationales en insistant sur les efforts produits par l’administration du Président Obama pour payer entièrement et dans les délais ses contributions aux Nations Unies.  Il a estimé que la somme réputée due par les États–Unis n’était pas vraiment réaliste du fait que le cycle budgétaire des États-Unis est très différent de celui de l’ONU.  Il a rappelé que les États-Unis avaient contribué à hauteur de 7,5 milliards de dollars au système des Nations Unies en 2010, en contributions statutaires et contributions volontaires, ainsi que 2 milliards de dollars aux opérations de maintien de la paix et aux tribunaux internationaux en 2011, ce qui en faisait le plus gros contributeur.  « Suggérer que nous n’honorons pas nos obligations est faux et absurde », a insisté le représentant des États-Unis.


PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2012-2013: BUDGET DE LA CAISSE COMMUNE DES PENSIONS DU PERSONNEL DES NATIONS UNIES (A/66/266, A/66/266/CORR.1, A/C.5/66/2 ET A/66/7/ADD.2)


Débat général


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. SEBÁSTIAN DI LUCA (Argentine) a relevé qu’au 31 décembre 2010, la Caisse commune des pensions du personnel des Nations Unies comptait 23 organisations affiliées et, au total, 184 968participants actifs, retraités et autres prestataires, ce qui représentait un accroissement de 7,1% par rapport à la situation au 31 décembre 2008, et il a noté également qu’au cours des 10 dernières années, l’effectif global des participants n’avait cessé de croître, le nombre de cotisants augmentant de 63 % et celui des bénéficiaires de prestations périodiques de 33 %. 


Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a aussi constaté que la valeur de réalisation des actifs de la Caisse était remontée de son plus bas, de 31,3 milliards de dollars au 31 décembre 2008, à 41,4 milliards de dollars, au 31 décembre 2010; mais que toutefois, en raison des tendances récentes du marché, la valeur des actifs était retombée, au 28 septembre 2011, à environ 39,1 milliards de dollars. 


À l’instar du CCQAB, il s’est félicité de la diversification du portefeuille de la Caisse, soulignant les possibilités d’investissement dans les pays en développement et en transition mis en lumière par des études récentes, citant notamment les opportunités offertes par les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient.  Il a noté avec satisfaction que la part des placements en actions des marchés émergents avait augmenté et a rappelé que les décisions concernant les investissements devaient être fondées sur les quatre grands critères de sécurité, de rentabilité, de liquidité et de convertibilité, comme l’Assemblée générale en a décidé, notamment à sa soixante-troisième session. 


Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a noté avec satisfaction que le montant total des dépenses prévues de l’exercice 2010-2011 de la Caisse s’élève à environ 20 millions de dollars de moins que le budget initialement programmé pour cette période.  Faisant sienne la position du CCQAB, il a invité le Comité mixte à améliorer encore la présentation de ses prévisions établies selon les principes de la budgétisation axée sur les résultats, notamment en fournissant des mesures des résultats quantifiables pour tous les indicateurs de succès, et de faire rapport à ce sujet à l’occasion de la présentation du projet de budget pour l’exercice biennal 2014-2015. 


Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine, s’est inquiété de la perte progressive de la mémoire institutionnelle de la Caisse du fait du grand nombre de départs à la retraite et d’autres départs de fonctionnaires du Secrétariat et il s’est inquiété aussi du taux élevé de vacance des postes, notant que, la Caisse étant un organisme interinstitutions dont le personnel doit avoir des compétences très pointues, souvent acquises grâce à une longue expérience, doit s’efforcer de fonctionner dans le respect des politiques établies en matière de gestion des ressources humaines, ce qui peut poser des difficultés particulières, que ne rencontrent pas normalement d’autres entités. 


Le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a fait sienne la position du CCQAB approuvant les dispositions proposées par le Comité mixte pour faire passer la Caisse commune des pensions aux Normes comptables internationales pour le secteur public (IPSAS) à partir de janvier 2012, et a adopté pour ce faire des mesures comptables transitoires.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: la coopération régionale et la coopération internationale, clefs du succès de la lutte conte la piraterie dans le golfe de Guinée

CS/10415

Conseil de sécurité: la coopération régionale et la coopération internationale, clefs du succès de la lutte conte la piraterie dans le golfe de Guinée

19/10/2011
Conseil de sécuritéCS/10415
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil de sécurité

6633e séance – matin


CONSEIL DE SÉCURITÉ: LA COOPÉRATION RÉGIONALE ET LA COOPÉRATION INTERNATIONALE,

CLEFS DU SUCCÈS DE LA LUTTE CONTE LA PIRATERIE DANS LE GOLFE DE GUINÉE


Le Conseil de sécurité s’est penché, pour la première fois aujourd’hui, sur la menace émergente de la piraterie dans le golfe de Guinée, à l’occasion d’une séance au cours de laquelle la Présidente du Conseil pour le mois d’octobre, Mme Joy Ogwu du Nigéria, a annoncé qu’elle ferait circuler un projet de résolution.  Le Bénin, qui est intervenu au nom des États du golfe de Guinée, a apporté son soutien à l’adoption d’un tel texte.


« Bien qu’on en parle moins que de la piraterie au large des côtes somaliennes, la piraterie dans le golfe de Guinée a pris de telles proportions qu’elle est désormais devenue le problème numéro deux du continent africain dans ce domaine », note le document de réflexion* dont le Conseil était saisi.  « Ses répercussions sur la sécurité, le commerce et d’autres activités économiques des pays du golfe de Guinée, région riche en ressources énergétiques et minérales, sont profondes ».  Les plates-formes et cargos pétroliers sont les plus visés, ont observé les membres du Conseil.


La menace que fait peser la piraterie est aggravée par les capacités individuelles limitées dont disposent la plupart des États côtiers du golfe de Guinée pour assurer la sécurité maritime, la liberté de navigation et la protection des ressources, a relevé de son côté le Secrétaire général, qui prenait part à cette réunion.


Tout particulièrement concerné par ce problème, le Bénin a précisé, par la voix de son représentant, M. Jean-Francis Zinsou, que les actes de piraterie –plus d’une vingtaine depuis le début de l’année– ont sensiblement fait baisser le nombre de bateaux accostant au port autonome de Cotonou, « principale source de recettes douanières du pays ».  Ainsi, au début du mois d’août, une cinquantaine de cargos à peine étaient à quai, contre environ 150 en période normale, a précisé la représentante des États-Unis, Mme Susan Rice.


Le Bénin, qui investit massivement dans le renforcement de ses capacités navales afin de pouvoir garantir la sécurité dans ses eaux territoriales « d’ici un an », a ainsi conclu avec le Nigéria un accord de sécurité maritime qui s’est traduit, depuis six mois, par le déploiement de patrouilles conjointes au large des côtes béninoises.


Cette initiative bilatérale répond à la demande, formulée en septembre 2011 par le Président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), M. Victor Gbeho, qui avait plaidé en faveur d’une action régionale concertée contre la piraterie, par exemple en instaurant des « patrouilles navales permanentes communes », afin de prévenir que l’Afrique de l’Ouest ne devienne un « repaire de pirates ».


Mais, comme l’a rappelé la Présidente du Conseil de sécurité, l’effort à consentir pour rétablir la sécurité dans le golfe de Guinée dépasse de loin les ressources de deux États.


Dans ce contexte, le Commissaire pour les affaires politiques, la paix et la sécurité de la CEDEA0, M. Mahamane Touré, et la Secrétaire exécutive adjointe aux affaires politiques de la Commission du golfe de Guinée, Mme Florentina Adenike Ukonga, ont insisté sur le renforcement de la coopération régionale et la création de nouveaux partenariats avec des pays donateurs en vue d’assurer une assistance technique et financière aux pays de la sous-région.


En l’absence d’un « cadre régional ou sous-régional optimal indispensable pour faire régner la sécurité maritime » souhaité par la France, les membres du Conseil se sont cependant félicités, à l’instar du Secrétaire général, de la tenue prochaine, sous l’égide de la CEDEAO, d’un sommet des chefs d’État des pays du golfe de Guinée; et sous l’égide de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), d’une conférence internationale sur la piraterie.


Par ailleurs, la plupart des intervenants ont déclaré attendre avec impatience les conclusions de la mission d’évaluation que le Secrétaire général dépêchera au mois de novembre prochain, à la demande du Président du Bénin, M. Boni Yayi.  Le représentant du Portugal a espéré que celle-ci permettrait de mettre à jour les liens existant entre les actes de piraterie et les autres activités criminelles observées dans la sous-région, principalement le trafic de stupéfiants et celui des armes légères et de petit calibre.


La Présidente du Conseil a émis le vœu que toutes les initiatives futures de lutte contre la piraterie s’appuient sur les recommandations de cette mission, ainsi que sur les dispositions du projet de résolution à l’examen.


La France, qui a été saluée, au même titre que le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine et les États-Unis, pour son assistance technique et financière, a ouvert un fonds de solidarité prioritaire pour la réforme des secteurs de sécurité dans le domaine maritime au profit d’États du golfe de Guinée, a indiqué son représentant.  L’Ambassadeur Gérard Araud a toutefois souhaité que les actions entreprises au niveau international soient fondées sur le respect de la souveraineté des États de la région, l’appropriation nationale des réponses et le respect du droit de la mer et de la liberté de circulation maritime.


*     S/2011/644


PAIX ET SÉCURITÉ EN AFRIQUE


Piraterie dans le golfe de Guinée


Lettre datée du 17 octobre 2011, adressée au Secrétaire général par la Représentante permanente du Nigéria auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2011/644)


Déclarations


M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a affirmé que depuis que le Conseil de sécurité avait entendu un exposé à ce sujet du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques en août dernier, la menace posée par le phénomène de la piraterie dans le golfe de Guinée n’avait cessé de croître.  Ainsi, de nouveaux actes de piraterie le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest ont été signalés régulièrement, avec des conséquences potentielles pour le développement économique et la sécurité de la sous-région.  La menace est aggravée en raison du fait que la plupart des États côtiers du golfe de Guinée ont une capacité individuelle limitée pour assurer la sécurité maritime, la liberté de navigation, la protection des ressources marines.  Lors du débat général de l’Assemblée générale, a rappelé M. Ban, de nombreux chefs d’État ont exprimé leurs préoccupations et leurs attentes vis-à-vis d’une réponse coordonnée aux niveaux régional et international.  Le Secrétaire général a salué ces États et leurs partenaires pour leurs efforts en vue de contrecarrer l’expansion de la piraterie, notamment le Bénin et le Nigéria, qui ont lancé des patrouilles conjointes pour assurer la sécurité des zones au large des côtes béninoises.  De même, a-t-il ajouté, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe ont lancé une stratégie visant à sécuriser les intérêts vitaux des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  M. Ban s’est également dit encouragé par les initiatives prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la CEEAC pour coordonner leurs réponses au niveau régional.  En outre, a-t-il relevé, la CEDEAO a l’intention de convoquer un sommet des États du golfe de Guinée, et la CEEAC une conférence internationale sur la piraterie.  « Ces deux organisations régionales doivent œuvrer de concert pour développer une stratégie globale intégrée, en étroite coopération avec la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et Centrale - OMAOC », a préconisé le Secrétaire général.


En août dernier, l’ONU avait décidé de dépêcher, au mois de novembre, une mission d’évaluation dans la région, à la demande du Président du Bénin, M. Boni Yayi, a rappelé le Secrétaire général.  Au début du mois d’octobre, son Représentant spécial pour l’Afrique, M. Saïd Djinnit, s’était entretenu avec les autorités béninoises, qui avaient insisté sur les conséquences négatives que la piraterie pourrait avoir sur la situation économique et sociale du pays si des mesures appropriées n’étaient pas prises rapidement pour y mettre fin.  « La mission évaluera l’ampleur de la menace, ainsi que la capacité du Bénin et de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest en vue de rétablir la sûreté maritime dans le golfe de Guinée », a annoncé le Secrétaire général, en précisant qu’elle fera aussi des recommandations pour renforcer la lutte contre la piraterie, dans le contexte plus large de la criminalité transnationale organisée et du trafic de stupéfiants.  Son rapport, a ajouté M. Ban, sera transmis au Conseil de sécurité.  La piraterie, « qui transcende les frontières et les intérêts économiques nationaux », n’a pas seulement un impact négatif sur l’Afrique de l’Ouest, a noté le Secrétaire général.  « Elle touche également les principaux partenaires commerciaux de la sous-région, à savoir les Amériques, l’Asie et l’Europe.  Le récent déploiement de navires chargés de lancer des opérations antipiraterie dans le golfe de Guinée témoigne de la volonté des États de la sous-région et de leurs partenaires de relever ce défi, a-t-il ajouté.  Appelant les États Membres à se joindre à ces efforts, M. Ban a rappelé que, comme l’avait démontré l’exemple de la Somalie, seule une approche holistique mettant simultanément l’accent sur la sécurité, l’état de droit et le développement, sera en mesure de porter des fruits.  « Il est temps de se pencher sur les causes profondes du conflit, qui se trouvent à la fois sur terre et en mer », a conclu le Secrétaire général.


M. MAHAMANE TOURÉ, Commissaire pour les affaires politiques, la paix et la sécurité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a mentionné les initiatives prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour lutter contre la piraterie dans le golfe de Guinée, véritable menace à la paix et à la stabilité dans la région.  La Commission de la CEDEAO a notamment été chargée par le Conseil des ministres de la CEDEAO de trouver un moyen de lutter conte les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite détaillé les aspects procéduraux de la coopération entre tous les acteurs œuvrant à cette lutte, la CEDEAO au premier chef, mais aussi la Commission du golfe de Guinée et les pays africains concernés.  Il a ensuite rappelé que la France et le Royaume-Uni, partenaires privilégiés de la CEDEAO, s’étaient engagés à renforcer les capacités des États de la région pour lutter contre les actes de piraterie, avant de mentionner l’assistance apportée par les États-Unis.  Il faut agir immédiatement, a-t-il insisté, avant de rappeler les mesures positives établies par l’accord bilatéral entre le Bénin et le Nigéria dans la lutte contre les activités criminelles dans le golfe de Guinée, avec notamment l’organisation de patrouilles maritimes communes.  Il a appelé de ses vœux l’adoption d’accords bilatéraux entre tous les États africains concernés, invitant à engager d’autres États comme le Sénégal et le Mali.  En conclusion, M. Touré a plaidé pour l’adoption d’une résolution sur le sujet par le Conseil de sécurité.


Mme FLORENTINA ADENIKE UKONGA, Secrétaire exécutive adjointe aux affaires politiques de la Commission du golfe de Guinée, a formé le vœu que cette réunion permettrait d’envisager de nouvelles formes de coopération en vue de lutter efficacement contre la piraterie.  Parmi les objectifs de la Commission, a-t-elle rappelé, figurent le développement d’une zone économique commune, la préservation des ressources maritimes et le renforcement de la sécurité.  Depuis sa création en 2007, cette organisation s’est efforcée de mettre sur pied des mécanismes destinés à réaliser de tels objectifs, d’autant que le golfe de Guinée est une zone de transit, ainsi qu’une région dont les ressources sont importées massivement par des pays comme les États-Unis et la France, a souligné la Secrétaire exécutive adjointe.  « Nous avons également réalisé des investissements, comme des plates-formes en basse profondeur pour l’exploitation du pétrole ou des puits de forage en haute mer, que nous ne pouvons pas voir remettre en question par des actes de piraterie », a assuré Mme Ukonga.


C’est pourquoi, a-t-elle dit, il est essentiel de remédier à la situation en matière de sécurité dans la sous-région.  La multiplication des actes de piraterie et des vols à main armée au large des côtes entraîne en effet des coûts supplémentaires qui sont répercutés sur le prix final des produits, a-t-elle expliqué pour illustrer son propos.  Assurant que la Commission soutenait des pratiques optimales en matière d’exploitation des ressources, la représentante s’est félicitée des initiatives lancées au niveau régional et de la prise de conscience émergente du phénomène au niveau international, à laquelle contribue cette réunion du Conseil.  La sécurisation du golfe de Guinée va au-delà des capacités d’un seul État Membre, a-t-elle fait remarquer, en rappelant qu’aucun des États côtiers ne disposait, à lui seul, des moyens pour une telle entreprise.  « Cette guerre exige un savoir-faire technologique et des mesures de surveillance et préventives », a souligné Mme Ukonga, qui a également encouragé les États à se doter de législations adéquates.  Elle a, en conclusion, remercié les États-Unis, la France et l’Allemagne pour l’assistance technique que ces pays ont apportée à ceux du golfe de Guinée jusqu’à présent.


M. GÉRARD ARAUD (France) a partagé le constat d’une montée de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée, qui résulte de la contagion de l’insécurité du delta du Niger aux eaux territoriales voisines et du développement de trafics le long de la côte ouest-africaine, comme la drogue, les migrations clandestines ou les pêches illégales.  Les attaques dans le golfe de Guinée ont leurs spécificités et ne peuvent être comparées à la piraterie qui sévit au large des côtes somaliennes, a-t-il affirmé, en indiquant que cette insécurité affecte des États dont la souveraineté n’est pas en cause et doit être respectée.  Il a en conséquence souligné la responsabilité qui incombe en premier lieu aux États du golfe de Guinée pour assurer la sécurité dans les espaces maritimes qui sont sous leur juridiction.  M. Araud a ensuite soutenu pleinement la proposition du Président du Bénin d’organiser une réunion régionale sur ce sujet, qui devrait favoriser le dialogue entre les États concernés et contribuer à une meilleure division du travail entre les bailleurs de fonds et d’aides.  Il a ajouté que pour les États du golfe de Guinée, l’enjeu résidait dans une meilleure coordination interministérielle et une adaptation des législations et des institutions chargées de la fonction de garde-côtes.  C’est l’esprit de l’initiative « West African Coast Initiative », lancée en 2009 par les Nations Unies pour renforcer les structures locales contre les trafics sur la côte ouest-africaine, en associant les différents pôles d’expertise, policière, douanière et judiciaire, a-t-il poursuivi.


Le représentant a ensuite accueilli favorablement l’intention du Secrétariat d’envoyer, dans le golfe de Guinée, une mission d’évaluation sur la piraterie, puis souhaité que les deux bureaux des Nations Unies à Dakar et à Libreville se coordonnent pour rendre compte régulièrement au Conseil de l’évolution du phénomène de piraterie et des efforts qui auront été entrepris.  Il a ensuite passé en revue les efforts de la France et de l’Union européenne pour aider les États concernés à renforcer leurs capacités et leur coopération maritime, la France ayant par exemple mis en en place un projet de fonds de solidarité prioritaire pour la réforme des secteurs de sécurité dans le domaine maritime au profit d’États du golfe de Guinée.  En conclusion, M. Araud a plaidé pour que les actions internationales, en appui aux capacités locales et à la coordination régionale, soient fondées sur la souveraineté des États de la région, une appropriation nationale des réponses et, enfin, un respect du droit de la mer et de la liberté de circulation maritime.  La délégation de la France, a-t-il assuré, est prête à considérer avec attention, et de manière favorable, un projet de résolution qui s’inscrirait dans cette logique.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a, elle aussi, reconnu que la piraterie au large des côtes du golfe de Guinée représente une grave menace à la paix et à la sécurité internationales.  Elle a cependant rappelé que la coopération internationale, établie en la matière, doit tenir compte des intérêts souverains des États, a-t-elle souligné, avant d’estimer qu’un dialogue entre l’UNODC, l’Organisation maritime internationale et la CEDEAO contribuerait à renforcer les moyens de lutter contre le phénomène de la piraterie.  La représentante a ensuite expliqué qu’au-delà des mesures de surveillance et de répression, il faudrait s’attaquer aux causes profondes du mal, « qui se trouvent sur terre et non pas sur les mers ».  C’est pourquoi, tout effort visant à rétablir la sécurité sur les eaux du golfe de Guinée doit aller de pair avec un appui à la création d’emplois et d’opportunités économiques dans les pays côtiers, a-t-elle estimé.  Avant de conclure, Mme Ribeiro Viotti a affirmé que le Brésil était engagé auprès de ces pays dans leurs actions visant à rétablir la sécurité dans le golfe de Guinée.


M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) s’est dit très préoccupé par la recrudescence des attaques dans le golfe de Guinée, mentionnant le récent détournement d’un tanker allemand dans les eaux du Nigéria, avec à son bord un certain nombre de marins russes.  Depuis le début de l’année, il y a eu 30 incidents, a-t-il déploré, en ajoutant qu’il s’agissait d’une criminalité de plus en plus organisée, de plus en plus violente, et qui se rapprochait toujours plus des côtes des États de la région.  Les liens entre ces actes de piraterie et les trafics de stupéfiants ne peuvent être exclus, a-t-il ajouté.  Le représentant a ensuite souligné qu’il revenait en priorité aux États de la région d’assurer la sécurité sur leurs eaux territoriales, ajoutant que  la communauté internationale devait leur fournir un ferme appui.  Se félicitant des patrouilles maritimes communes entre le Nigéria et le Bénin, il s’est ainsi prononcé en faveur de la tenue d’une conférence sous-régionale sur le sujet avant de plaider pour le renforcement des mécanismes de coopération entre tous les acteurs concernés.  Avant de conclure, il a exhorté à agir pendant qu’il est encore temps.  « La situation actuelle dans le golfe de Guinée pourrait rapidement devenir incontrôlable », a-t-il averti.


M. JOÃO MARIA CABRAL (Portugal) s’est félicité du consensus croissant visant à mettre en place une stratégie commune entre les États Membres du golfe de Guinée.  Pour être efficaces, les initiatives prises dans ce cadre doivent être à la fois bien coordonnées et respectueuses des intérêts de chaque État de la sous-région.  Le rôle de la communauté internationale consiste, a-t-il dit, à encourager les efforts entrepris au niveau régional, comme en témoigne la réunion d’aujourd’hui.  Rappelant que peu de connaissances étaient disponibles sur les liens existant entre la piraterie et les autres activités criminelles, la délégation a déclaré qu’elle attendait avec impatience les conclusions de la mission d’évaluation dépêchée par le Secrétaire général, qui devrait faire la lumière à ce sujet.  Le Portugal a en outre estimé que la question de la piraterie devrait être traitée de manière plus détaillée par d’autres organisations régionales ou sous-régionales que la CEDEAO et que la CEEAC.


M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a rappelé que, selon les statistiques internationales, la piraterie et les attaques armées au large de l’Afrique de l’Ouest et, particulièrement dans le golfe de Guinée, ont connu, ces dernières années, une recrudescence qui affecte la sécurité de la navigation maritime, le commerce et les activités économiques de la région.  Selon les chiffres présentés par le Nigéria, qui préside le Conseil de sécurité et qui a initié ce débat, la piraterie coûte deux milliards de dollars par an aux pays de la région.  Face à ce problème, il est nécessaire que l’ONU adopte un compromis adéquat pour aider les États d’Afrique de l’Ouest à développer une stratégie régionale de lutte contre la piraterie, pour assurer la sécurité de la navigation dans leurs eaux territoriales comme dans les eaux internationales et éviter que ce fléau ne s’étende, a-t-il souligné.  Mais pour ce faire, la Colombie a préféré disposer d’informations précises, détaillées et vérifiées sur les attaques, leurs modalités et les zones à risque, ainsi que sur les besoins des autorités nationales et régionales pour endiguer la piraterie, en déterminant des priorités d’action.  La Charte de l’Organisation des Nations Unies et le droit international doivent former la base et le cadre juridique et conceptuel de toute initiative, a estimé le représentant de la Colombie.  Il a rappelé que la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 et la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime de 1998 précisent le cadre d’application et déterminent les mesures par lesquelles la communauté internationale peut participer au développement et à la mise en œuvre d’une stratégie de lutte. 


À cette fin, les États concernés doivent renforcer leurs capacités nationales, avec l’assistance technique et juridique de la communauté internationale et des organismes des Nations Unies pertinents, a estimé le représentant de la Colombie, citant à cet égard le Département des affaires politiques, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest, le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique centrale, le Bureau des affaires maritimes et du droit de la mer, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, en coopération avec l’Organisation maritime internationale et Interpol, afin d’assister les autorités nationales, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et la Commission pour le golfe de Guinée.  Le représentant a enfin souligné que la communauté internationale devrait prêter une attention particulière à l’échange d’informations et de renseignements, à la diffusion des meilleures pratiques, et à l’établissement de programmes d’assistance technique, conformément aux législations nationales, pour établir une stratégie de lutte efficace, et qu’elle devrait aussi étudier la possibilité d’établir des mécanismes de financement pérennes pour ces opérations.


M. WANG MIN (Chine) a appelé la communauté internationale à accorder la plus haute attention aux actes de piraterie dans le golfe de Guinée qui constituent, a-t-il dit, une menace grave à la sécurité dans la région.  Il faut tout faire pour que la situation ne se détériore pas, en s’attaquant notamment aux racines de ce phénomène, a-t-il dit.  Le représentant a plaidé pour une stratégie intégrée qui renforcerait les capacités des États côtiers dans la lutte contre la piraterie, tout en œuvrant à leur développement économique et social.  Il a ensuite souligné la nécessité d’améliorer la coordination entre tous les acteurs concernés, les organisations régionales comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Commission du golfe de Guinée et les États côtiers.  Il s’est ensuite félicité des patrouilles maritimes organisées conjointement par le Bénin et le Nigéria, avant d’engager la communauté internationale à apporter son assistance technique et à œuvrer au renforcement des capacités des États concernés.  En conclusion, il a soutenu le projet du Secrétaire général de déployer une mission d’évaluation sur les actes de piraterie dans le golfe de Guinée.  


Pour M. DUSHYANT SINGH (Inde), la piraterie au large des côtes de l’Afrique est devenue un sérieux obstacle aux aspirations de développement de la région.  L’augmentation des attaques contre les navires commerciaux au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et, en particulier dans le golfe de Guinée, affecte l’industrie pétrolière dans la région comprise entre le Nigéria, la Guinée équatoriale et l’Angola, a-t-il fait remarquer.  Ce phénomène, a-t-il dit, aggrave la situation d’une région qui doit déjà faire face à divers problèmes tels que le trafic illégal de drogues et la prolifération des armes légères.  L’Inde, qui a toujours souligné l’urgence pour la communauté internationale de travailler à une stratégie globale contre la piraterie, est préoccupée par la nouvelle vague d’actes de piraterie et d’attaques maritimes dans le golfe de Guinée, a dit M. Singh.  Bien que les deux situations soient différentes, l’inaction de la communauté internationale en Somalie a peut-être fait naître la nouvelle vague dans le golfe de Guinée, a déclaré le représentant.  « Il est temps d’accorder une véritable attention à ce problème », a-t-il insisté, en rappelant que les États de la région avaient déjà déployé des efforts collectifs pour faire face au problème.  Tout en soulignant l’importance de poursuivre ces efforts, il a invité lesdits États au partage de l’information, au renforcement de leurs systèmes judiciaires afin de poursuivre et de traduire en justice les auteurs des actes de piraterie.  La communauté internationale, sous les auspices des Nations Unies, devrait soutenir ces efforts régionaux en allouant des ressources pour le renforcement des capacités des garde-côtes et des forces navales, a-t-il souhaité avant de conclure.


M. MARC LYALL GRANT (Royaume-Uni) s’est dit préoccupé par les attaques de piraterie qui, si elles se concentrent au large des côtes du Nigéria et du Bénin, se déroulent dans une zone géographique toujours plus large.  Une attaque sur 10 est signalée, a-t-il ajouté, en faisant remarquer que la trentaine d’attaques commises depuis le début de l’année était un chiffre sous-estimé.  Il faut apporter une réponse efficace et coordonnée pour lutter contre ce phénomène qui a, en outre, des conséquences économiques néfastes comme l’augmentation des primes d’assurance des navires et la perturbation des exportations.  Il a invité à faire fond sur la coopération entre le Bénin et le Nigéria qui organisent des patrouilles maritimes communes.  Il a ensuite invité à se garder d’une comparaison avec les actes de piraterie commis au large des côtes somaliennes, avant de soutenir le projet d’intégration des fonctions de garde-côtes des États concernés sous l’égide de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre.  Le Royaume-Uni apporte un appui résolu, notamment dans la formation des garde-côtes au Nigéria, au Ghana et en Sierra Leone, a-t-il assuré.  Le représentant a enfin mentionné l’assistance prêtée par l’Union européenne, qui se traduit notamment par le renforcement des capacités de renseignement sur les actes de piraterie.  En conclusion, il a appuyé le projet de résolution dont le Conseil de sécurité est saisi.


M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a déclaré que la piraterie faisait peser une menace très grave pour l’Afrique de l’Ouest et pour la communauté internationale dans son ensemble.  Il a encouragé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour soutenir les efforts des États concernés, en leur fournissant une assistance technique et financière adéquate.  Se félicitant des efforts déployés par l’UNODC pour créer, au niveau régional, des capacités de lutte contre la piraterie, le représentant s’est également dit encouragé par la perspective de tenir un sommet des chefs d’État et de gouvernement, en émettant l’espoir qu’il aboutira à des mesures vigoureuses pour combattre ce phénomène.  Le représentant a estimé, en conclusion, que tous les États devraient adopter des lois contre la piraterie et non seulement les États côtiers d’Afrique de l’Ouest.


M. IVAN BARBALIĆ(Bosnie-Herzégovine) s’est dit très préoccupé par la recrudescence  des attaques dans le golfe de Guinée, tout en notant les efforts des États de la région et des organisations régionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), pour lutter contre ce phénomène.  Il a ensuite assuré du ferme appui de sa délégation à la tenue d’une réunion de haut niveau sur la question dans la région.  La communauté internationale doit, pour sa part, assister les États africains concernés.  Les enseignements tirés de la lutte contre les attaques au large des côtes somaliennes peuvent être mis à profit, a-t-il suggéré.  Le représentant a ensuite souligné l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ces attaques de piraterie, pointant notamment la pauvreté des jeunes de la région et le taux élevé de chômage parmi cette population.  Sa délégation, a-t-il dit, se réjouit de l’intention du Secrétaire général de dépêcher une mission d’évaluation des actes de piraterie dans le golfe de Guinée.  Avant de conclure, il a plaidé pour une coopération accrue entres les deux bureaux des Nations Unies pour l’Afrique centrale et pour l’Afrique de l’Ouest. 


M. PETER WITTIG (Allemagne) a estimé que des mesures nécessaires devraient être prises rapidement pour éviter une détérioration de la situation dans le golfe de Guinée.  Les organisations régionales et sous-régionales ont, à cet égard, un rôle déterminant à jouer, mais aussi l’Union européenne et les États Membres individuellement, a-t-il précisé.  La priorité est au renforcement de la sécurité maritime qui repose sur le déploiement de garde-côtes efficaces et en nombre suffisant, a-t-il souligné.  M. Wittig a ensuite estimé qu’il faudrait mettre au point un « concept global de sécurité maritime » qui intègre des mesures de prévention, de surveillance et de répression, et pose aussi les bases juridiques dans le cadre desquelles les États peuvent opérer aux niveaux régional et international.  Le représentant de l’Allemagne a salué, en conclusion, l’expertise des différentes institutions des Nations Unies, en particulier de l’UNODC, dans la lutte contre la piraterie.


Mme SUSAN RICE (États-Unis) a estimé que la réunion d’aujourd’hui arrivait à point nommé pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la gravité des actes de piraterie dans le golfe de Guinée, dont le nombre a dépassé la vingtaine depuis le début de l’année ».  Le trafic de biens et de marchandises qui en découle, ainsi que la traite de personnes, constitue une grave menace à la paix et à la sécurité internationales, a-t-elle assuré.  La fréquence des attaques contre le secteur de l’exploitation pétrolière, au large du Bénin en particulier, aurait provoqué, selon l’Ambassadeur Rice, la perte de deux milliards de dollars par an.  Au début du mois d’août, une cinquantaine de cargos étaient à quai dans le port de Cotonou, contre environ 150 en période normale, ce qui s’est traduit par un manque à gagner considérable pour l’économie béninoise et une augmentation des droits de douane sur les marchandises, a déploré Mme Rice.  Par ailleurs, a expliqué la représentante, dans le golfe de Guinée, les criminels opèrent près des côtes avec souvent pour principal objectif de s’approprier la cargaison plus que le navire.  Si chaque pays devrait faire de la surveillance de ses côtes une priorité, la communauté internationale devrait, quant à elle, appuyer les efforts déployés au niveau national pour renforcer la coordination entre pays de la région.  C’est dans ce cadre que les États-Unis leur fournissent des radars et des systèmes de surveillance côtière.  Seuls des partenariats permettront de renforcer la sûreté et la sécurité maritimes dans la sous-région, mais aussi dans l’ensemble de l’Afrique, a insisté la représentante.  Avant de conclure, elle s’est félicitée de la mission d’évaluation dépêchée par le Secrétaire général, dont les États-Unis attendent avec impatience les conclusions, afin de formuler des réponses adéquates, en tenant compte de toutes les dimensions du problème de la piraterie.


M. NAWAF ASSAF (Liban) s’est dit très préoccupé par la recrudescence des attaques dans le golfe de Guinée qui, a-t-il dit, déstabilisent gravement la sécurité de la région et ont des conséquences économiques particulièrement néfastes.  Il faut apporter une réponse coordonnée, a-t-il poursuivi, en plaidant pour le renforcement des capacités des pays africains concernés par ce phénomène et l’harmonisation du droit international pertinent et des droits nationaux.  Il s’est ensuite félicité des patrouilles communes organisées par le Bénin et le Nigéria, ainsi que du projet de mise en place d’une force de protection commune, sous l’égide de l’Union africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en coopération avec les deux bureaux des Nations Unies en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest.  Le représentant a ensuite soutenu le déploiement d’une mission d’évaluation des actes de piraterie dans le golfe de Guinée, avant d’appeler à s’attaquer aux raisons profondes de ce phénomène comme la pauvreté des jeunes.


M. ALFRED MOUNGARA MOUSSOTSI (Gabon) a souligné que le golfe de Guinée est une région riche en ressources pétrolières et halieutiques, tout en étant un espace géologique et géostratégique.  Les derniers évènements survenus dans le golfe de Guinée montrent à quel point la piraterie est devenue une menace à la paix et à la sécurité internationales.  C’est pourquoi, le Gabon appuie l’idée du Secrétaire général d’envoyer une mission d’évaluation dans la région afin d’explorer la possibilité d’une intervention des Nations Unies, a-t-il indiqué.  En ce qui concerne la sécurité régionale, le représentant a loué les efforts consentis par la Communauté Économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  Il a salué l’assistance militaire que les États-Unis, la France et l’Allemagne apportent aux États du golfe de Guinée dans leur lutte contre ce phénomène.  Cette coopération régionale apporte des résultats, mais elle mérite d’être renforcée dans les domaines de la formation des unités de garde-côtes, du financement des mécanismes d’information et de coopération entre les forces régionales existantes.  Concernant le renforcement des instruments juridiques et des moyens de répression, le représentant a rappelé que son pays était partie à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, à la Convention pour la répression d’actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime dite Convention de Rome et à ses Protocoles additionnels de 2005.  Le représentant a toutefois fait observer que ces instruments conventionnels ne prennent pas en compte les particularités de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée.  Pour contribuer à combler le vide juridique en la matière, le Gabon s’est engagé à renforcer les mécanismes nationaux et sous-régionaux de lutte contre la piraterie maritime et à appuyer, au plan international, l’idée d’élaborer et d’adopter une convention générale contre la piraterie maritime.


Mme JOY OGWU (Nigéria) a déclaré que les actes de piraterie de plus en plus nombreux commis dans le golfe de Guinée semblaient avant tout motivés par l’accès au pétrole brut, en précisant que les groupes criminels responsables de ces actes se livraient également aux trafics illicites de stupéfiants et d’armes légères.  L’objectif de cette réunion, a-t-elle dit, c’est de s’appuyer sur la déclaration présidentielle en date du 30 août dernier et de sensibiliser la communauté internationale à la gravité de ce phénomène, contre lequel elle doit se mobiliser.  Au niveau régional, le Nigéria et le Bénin ont conclu un accord de sécurité maritime qui s’est traduit, depuis six mois, par le déploiement de patrouilles conjointes des deux pays au large des côtes béninoises.  « Mais ce problème ne peut pas être seulement résolu par nos deux pays », a prévenu la Présidente du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi nous attendons avec impatience, a-t-elle indiqué, la tenue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la région, qui devrait déboucher sur des accords de coopération régionaux et bilatéraux.  Lançant un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne les efforts régionaux en cours, Mme Ogwu s’est félicitée des initiatives déjà lancées par la France et les États-Unis, qui fournissent une assistance technique et proposent une formation aux garde-côtes des pays de l’Afrique de l’Ouest.  « Nous sommes prêts, a-t-elle poursuivi, à établir des partenariats avec d’autres pays afin de mettre au point des systèmes de surveillance et des opérations d’interception ».  De telles initiatives devraient d’ailleurs profiter de la mission d’évaluation que le Secrétaire général dépêchera en novembre prochain.  La nécessité de consentir des efforts concertés doit enfin conduire le Conseil de sécurité à soutenir les efforts régionaux et éradiquer la piraterie dans le golfe de Guinée.  « C’est pourquoi le Nigéria fera circuler à l’issue de cette réunion un projet de résolution basé sur la déclaration en date du 30 août, qui appelle notamment à un appui technique et financier de la part de la communauté internationale », a annoncé Mme Ogwu.


M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin), s’exprimant au nom des États du golfe de Guinée, a affirmé que les actes de piraterie dans le golfe de Guinée représentaient une menace grave pour la paix et la sécurité dans la région.  La communauté internationale n’a aucun intérêt à laisser s’instaurer une zone de non-droit au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale, a-t-il poursuivi.  Le représentant a mentionné les initiatives prises par les États du golfe de Guinée pour s’attaquer à ce phénomène, comme la conduite de patrouilles maritimes communes entre le Bénin et le Nigéria.  Sa délégation, a-t-il dit, est encouragée par l’attention accrue que porte le Conseil de sécurité sur la gravité de ces actes de piraterie, ainsi que par l’intention du Secrétaire général de déployer une mission d’évaluation de la situation dans le golfe de Guinée.  Se félicitant du soutien de la communauté internationale pour le renforcement des capacités des pays africains concernés par ces actes de piraterie, M. Zinsou a invité le Conseil de sécurité à adopter une résolution sur le sujet.  Le Conseil pourrait également apporter son soutien à l’établissement d’une approche régionale plus large de la sécurité maritime, en liaison avec les organisations régionales pertinentes, a-t-il poursuivi, en mentionnant les efforts financiers et matériels qu’une telle approche nécessiterait.  Le représentant a affirmé que les actes de piraterie constituaient un défi mondial, qui devrait être relevé par la communauté internationale dans son ensemble, et non seulement par les États directement touchés.


S’exprimant ensuite en sa qualité de représentant du Bénin, M. Zinsou a indiqué que les attaques de piraterie avaient sensiblement fait baisser le nombre de bateaux accostant au Port autonome de Cotonou, principale source de recettes douanières du pays.  « Le risque de voir la jeune démocratie du Bénin étouffer sous l’impact de ces activités illicites est grand », a-t-il déclaré.  Le Bénin, qui a décidé d’investir dans le renforcement de ses capacités navales, sera bientôt en mesure de garantir la sécurité dans ses eaux territoriales d’ici une année, a-t-il indiqué.  Le processus d’intégration des unités navales et de mise en place d’un cadre régional de coopération conforme à la stratégie de l’Union africaine suivra son cours, a-t-il ajouté.  Le représentant a souhaité l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité sur la question, tout en soulignant qu’il était nécessaire pour la communauté internationale de s’engager fermement à soutenir les efforts des pays de la région.  En conclusion, il a félicité le Secrétaire général pour sa décision d’envoyer une mission technique intégrée au Bénin afin d’examiner les formes d’assistance nécessaires.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Quatrième Commission: les délégations félicitent les Centres d’information des Nations Unies qui jouent un rôle essentiel auprès des populations

CPSD/487

Quatrième Commission: les délégations félicitent les Centres d’information des Nations Unies qui jouent un rôle essentiel auprès des populations

19/10/2011
Assemblée généraleCPSD/487
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Quatrième Commission

11e séance – après-midi


QUATRIÈME COMMISSION: LES DÉLÉGATIONS FÉLICITENT LES CENTRES D’INFORMATION DES

NATIONS UNIES QUI JOUENT UN RÔLE ESSENTIEL AUPRÈS DES POPULATIONS


Elles prennent note de l’orientation en faveur des médias sociaux, mais mettent en garde

contre le coût élevé de leur intégration dans les activités du Département de l’information


La Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission) a poursuivi cet après-midi le débat général entamé hier sur les questions relatives à l’information du système de l’ONU. 


Qualifiés, par la délégation de Bahreïn, de « moyen le plus efficace et intéressant pour encourager le public à comprendre l’information en provenance de l’ONU » et loués pour leur « proximité avec les populations locales », les Centres d’information des Nations Unies (CINU) ont reçu un soutien appuyé de la part des délégations, et en particulier, de celles des pays en développement qui les accueillent.  Elles ont ainsi souligné le « rôle crucial » joué par les Centres d’information régionaux dans la diffusion du message de l’Organisation des Nations Unies dans le cadre de la poursuite des objectifs que lui assigne la Charte.  Le représentant de la Côte d’Ivoire n’a pas tari d’éloges à l’égard de la radio ONUCI-FM, soulignant qu’elle avait joué un rôle essentiel dans le règlement de la crise en Côte d’Ivoire.  Dans ce contexte, plusieurs délégations, dont celle du Brésil, ont défendu la nécessité d’appuyer par tous les moyens possibles les CINU et de leur allouer les ressources nécessaires à leur bon fonctionnement.


La question de la parité linguistique a été soulevée au cours des débats, les délégations émettant parfois des points de vue différenciés.  Certaines délégations, comme celles du Burkina Faso, se sont déclarées satisfaites et encouragées par les efforts déployés en matière de parité linguistique entre les six langues officielles des Nations Unies, notamment en ce qui concerne le caractère multilingue des publications du Département de l’information et du site Internet de l’ONU.  D’autres intervenants ont, quant à eux, déploré la faible disponibilité de documents en langues arabe, espagnole ou même parfois, française.  Ainsi, le représentant de l’Argentine a jugé « inadmissible » qu’aucun progrès visible n’ait encore été réalisé pour produire des communiqués de presse ou des documents officiels dans une langue autre que le français ou l’anglais. 


D’autres intervenants, dont les délégations de la Syrie, de l’Azerbaïdjan et du Yémen, ont mis en cause la véracité et la crédibilité de certaines informations publiées par des officiels onusiens, en se plaignant que « certaines positions officielles des Nations Unies émanent parfois d’informations glanées auprès de sources peu fiables ou très partisanes, souvent des médias occidentaux, ou des individus anonymes qui posent des vidéos sur Internet, sur des questions qui concernent des sujets graves ayant trait aux affaires intérieures et à la souveraineté des États ».


L’usage des nouveaux médias a également été jugé positif par les délégations, notamment parce qu’ils occupent une place de plus en plus importante dans la diffusion et la compréhension de l’information, en particulier, celle adressée à la jeunesse.  Pour autant, la question de la fracture numérique entre les pays qui ont accès aux nouvelles technologies et les autres, reste préoccupante, ont souligné des intervenants.  Dans ce contexte, le Burkina Faso a par exemple appelé les différents acteurs à agir de façon concertée pour favoriser un meilleur accès à ces nouvelles technologies par les pays du Sud, en particulier en Afrique.  Si l’usage des nouveaux médias semble facile à première vue, il nécessite en réalité beaucoup de ressources, a averti le représentant du Japon, avant de plaider pour un réexamen de la promotion de ces médias dans un contexte de rationalisation des moyens.


La Quatrième Commission poursuivra son débat général sur les questions relatives à l’information demain, jeudi 20 octobre, à 15 heures, et se prononcera sur deux projets de résolution.


QUESTIONS RELATIVES À L’INFORMATION (A/66/21 et A/66/261)


Suite du débat général


Mme THANAVON PAMARANON (Thaïlande) au nom des pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, (ANASE), a noté que le Centre d’actualités des Nations Unies, dans sa version anglaise, reçoit 600 000 visites et que plus d’un million de pages y sont visitées par mois.  En avril 2011, lors des événements du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ces connexions sont montées à 845 000 visites et à 1,5 million de pages, a-t-il souligné.  Le représentant a exprimé son appréciation au Département de l’information (DPI) pour fournir une information de qualité durant cette période.  Il a encouragé le DPI à diffuser l’information dans les six langues officielles.  Les documents importants des Nations Unies devraient apparaitre dans les six langues et être disponibles sur le site Internet des Nations Unies sans délai, a-t-il plaidé.  Il a en outre salué l’utilisation des outils sociaux par le Département de l’information tels que Twitter, Facebook et les blogs. 


Le représentant a réitéré son soutien au travail accompli par le Département de l’information.  Le DPI a le potentiel pour promouvoir la paix et la coopération internationale dans de nombreux domaines, ce qui inclue le dialogue interreligieux, le développement durable, l’autonomisation des femmes et des enfants, les changements climatiques et les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il conclu.


Mme AMNA BULHOON (Émirats arabes unis) a déclaré que les technologies multimédias sont un symbole fort des possibilités qu’offrent les technologies modernes quand elles sont mises au service de l’information.  Elle a cependant averti que certains pays n’ont pas les moyens de s’équiper de ces technologies à grande échelle et que, par conséquent, il est de la responsabilité des pays les plus développés de faciliter la mise à niveau dont ont besoin les pays défavorisés de manière à réduire la fracture numérique.  Elle a salué le rôle joué par l’information dans les évènements du « printemps arabe ».  En ce qui les concerne, les Émirats arabes unis ont adopté une politique nationale équilibrée qui se base sur l’usage des moyens d’information les plus modernes et une Constitution qui garantit la liberté d’expression, a-t-elle précisé, ajoutant que la censure n’existait pas dans son pays, ce qui explique que les sièges de certaines chaînes de télévision panarabes s’y sont implantés.


M. IHAB HAMED (République arabe syrienne) a déclaré que son pays accordait une grande importance à la création d’un nouveau système mondial d’information, plus juste et plus efficace, en conformité avec les objectifs des Nations Unies.  Dans ce contexte et à l’échelle nationale, le Gouvernement syrien a adopté une nouvelle loi qui assure une plus grande transparence et permet aux professionnels de l’information d’accomplir leurs tâches en toute liberté, a dit M. Hamed.  Le représentant a ensuite déploré que « les informations contenues dans les communiqués de presse quotidiens publiés par le Secrétaire général se fondent majoritairement sur ce que disent les médias occidentaux et ignorent le point de vue et les éléments d’information des autres médias qui donnent une vision différente de la réalité mondiale ».  Cela « sape la crédibilité de l’information véhiculée par les Nations Unies », a-t-il ajouté.  Dans le même ordre, il a jugé « inadmissible » que l’on se fonde sur les seules informations en provenance de médias sociaux, et notamment sur des vidéos postées par des auteurs anonymes dont la crédibilité ne peut être prouvée.  « Il est regrettable que des institutions internationales fondent leurs analyses sur ces vidéos et adoptent ensuite des positions créatrices de tension au niveau international », a-t-il ajouté

M. Hamed a également plaidé en faveur d’une plus grande diversité linguistique

qui accorderait plus de place à la langue arabe dans les produits d’information de l’ONU.  Les informations disponibles dans cette langue doivent être complétées, a-t-il ajouté, avant d’encourager le Département de l’information à continuer de mettre à jour les informations concernant la question palestinienne.


Mme MARCELLA ZAMORA (Costa Rica) a réaffirmé l’engagement de son Gouvernement en faveur de la liberté sous toutes ses formes, y compris la liberté d’expression.  Les flux d’information libres et transparents sont, selon elle, indispensables pour promouvoir la paix et la compréhension mutuelle et assurer la cohésion des sociétés démocratiques.  Il faut, selon elle, saisir les possibilités qu’offrent les nouveaux médias, sans pour autant négliger les médias traditionnels.  Pour combler le fossé numérique, il faut des ressources importantes, a dit la déléguée, tout en regrettant que certains pays allouent beaucoup de ressources à la censure.  Ainsi, elle a invité les pays concernés à plutôt utiliser ces ressources à développer les nouveaux médias.  Le système des Nations Unies doit, dans la mesure du possible, optimiser sa contribution à ces objectifs, a-t-elle soutenu, notamment en stimulant différentes alliances internationales pour favoriser le développement des infrastructures de communication à l’échelle internationale.  Par ailleurs, il est indispensable de stimuler une vision de l’Organisation fondée sur le respect de la parité des six langues officielles, notamment sur son site Web.  Parmi les options à envisager pour assurer le multilinguisme, elle est revenue sur la proposition faite hier par le Groupe de Rio qui prévoit un mécanisme de diffusion des communiqués de presse dans toutes les langues officielles par roulement.  Consciente du fait que le DPI ne dispose que de ressources limitées, elle a exhorté tous les États Membres à verser sans plus tarder leurs dus.


M. VUGAR PANAHOV (Azerbaïdjan) a déclaré que le Département de l’information devait encore améliorer son efficacité et renforcer ses efforts en matière de reddition de compte tout en continuant de diffuser une information, fiable, crédible et impartiale.  Par ailleurs toutes les questions et thématiques prioritaires aux Nations Unies doivent être véhiculées.  Tout en reconnaissant l’importance des développements technologiques, le représentant a estimé qu’il faut prendre en compte le fait que tous les pays ne disposent pas de moyens de communication viables et le Département doit veiller à ce que tous les peuples puissent avoir accès à l’information.  S’agissant de la diffusion et de la disponibilité des documents officiels, le représentant de l’Azerbaïdjan a jugé inacceptable que les positions officielles des Nations Unies émanent souvent de sources peu fiables, notamment en ce qui concerne les questions liées à la souveraineté des États.


Mme CASLYN OW (Singapour), s’associant à la déclaration de la Thaïlande au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a déclaré que son pays avait fait de nombreux efforts pour partager l’information numérique, notamment en mettant en place son programme sur 10 ans appelé « Intelligent Nation iN2015 ».  Notre but est de jeter des passerelles entre les groupes de personnes de notre communauté que sont les handicapés, les personnes âgées et les étudiants venant des milieux défavorisés, a-t-elle déclaré.  Pour la population en général, le Gouvernement a aussi mis en place des « CitizenConnect Center », des Centres de connexion des citoyens, partout sur l’île, pour ceux qui n’ont pas accès à Internet ou qui ont besoin d’aide pour les transactions en ligne avec le Gouvernement.


M. WALID ALSAIYANI (Yémen) a félicité le DPI pour ses activités visant à expliquer les rôles et les  fonctions des Nations Unies dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales.  Il a salué aussi les explications et les informations fournies sur la question de la Palestine.  Constatant que l’Internet est l’un des moyens les plus importants de communication dans le monde qui permet de rapprocher les peuples et de diffuser en un temps record des informations, le représentant a insisté sur l’importance du site internet de l’ONU pour la stratégie du DPI.  Il a cependant regretté qu’à ce jour les six langues officielles n’y sont pas représentées de manière égale, ce qui nuit à la diffusion la plus large possible de l’information de l’ONU.


M. LÉOPOLD TONGUENOMA BONKOUNGOU (Burkina Faso) a salué les efforts faits en matière de parité linguistique entre les six langues officielles des Nations Unies, ajoutant que ces efforts doivent être poursuivis.  Le représentant s’est aussi félicité des progrès pour intégrer les innovations qui permettent de toucher un plus grand public, à travers notamment l’utilisation des médias sociaux.  Les différents acteurs se doivent d’agir de façon concertée pour favoriser un meilleur accès à ces nouvelles technologies par les pays du Sud, en particulier en Afrique, a-t-il ajouté, tout en insistant sur le fait que la promotion de ces nouvelles technologies ne doit pas se faire au détriment des moyens traditionnels que sont la radio et la télévision.  M. Bonkoungou a par ailleurs réaffirmé le soutien de son pays aux Centres d’information des Nations Unies, tout en encourageant les efforts constants déployés pour renforcer leurs programmes d’information et de communication tant au niveau national que sous-régional. Pour sa part le Burkina Faso qui abrite un Centre d’information couvrant les pays du Sahel continue de s’invertir pleinement en apportant un soutien conséquent au dit Centre, a ajouté le représentant, citant l’organisation de diverses activités mises en place par les autorités du pays, en partenariat avec ce centre, dont la tenue d’un panel de discussion sur l’information en période de crise ou la signature d’un accord cadre avec la chaîne de télévision « Africable ».


Mme REGINA MARIA CORDEIRO DUNLOP (Brésil) a estimé que pour communiquer dans un monde multilingue, il est essentiel que le message de l’ONU soit diffusé dans le plus grand nombre de langues possibles.  Elle a saisi cette occasion pour saluer les efforts de l’Unité portugaise de la radio de l’ONU.  Les Centres d’information des Nations Unies (CINU), et en particulier celui de Rio, permettent de travailler dans la proximité avec les populations locales, et, par conséquent, la représentante a insisté sur la nécessité d’appuyer par tous les moyens possibles et avec les ressources nécessaires le réseau de CINU car, ils jouent un rôle indispensable de relais de l’ONU, en particulier, dans les pays en développement.  Elle a précisé que Rio de Janeiro allait accueillir la réunion de tous les directeurs des CINU en novembre prochain.  S’agissant de la stratégie de communication de l’ONU, sa délégation estime qu’il s’agit de promouvoir parallèlement les medias traditionnels et les nouveaux médias, car il existe des synergies importantes et incontestables entre ces différents canaux de communication.  Des stratégies efficaces de communication, qui se basent sur ces deux types de médias, permettront à l’ONU de mobiliser l’opinion publique mondiale autour de questions aussi importantes que le développement durable, les missions de maintien de la paix ou encore la question palestinienne.


M. NAMAKAMAE (Japon) a salué le travail accompli par le Département de l’information au lendemain des catastrophes naturelles qui ont frappé son  pays et dans le cadre des évènements du « printemps arabe ».  Le représentant a ensuite fait remarquer qu’à l’ONU, les nouveaux médias ne disposent pas de services de traduction ni d’interprétariat.  En conséquence, la direction du Département de l’information doit pleinement s’engager dans l’amélioration des contenus.  De même, l’utilisation des nouveaux médias semble facile à première vue, mais en fait, elle nécessite beaucoup de ressources, a observé M. Namakamae.  Dans un contexte de contraintes budgétaires, il est nécessaire de réexaminer la promotion de ces médias dans un contexte de rationalisation des moyens, a-t-il recommandé.


M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé que la croissance rapide des technologies de l’information et de la communication et que l’innovation dans les systèmes numériques, avaient radicalement bouleversé le mode de pensée.  Selon lui, l’accès à l’information et au savoir, indispensable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, contribuait à améliorer le niveau de vie de millions de personnes.  Toutefois, le représentant a déploré la fracture numérique entre les pays qui ont accès aux nouvelles technologies et les autres.  Le rapport du Secrétaire général sur les questions relatives à l’information fait part des importants progrès réalisés dans le développement des moyens de diffusion des nouvelles et des activités de l’ONU et ce, de manière plus efficace, a-t-il souligné. 


M. Benmehidi a souhaité que le Département de l’information poursuive ses efforts de promotion des activités de l’ONU, notamment sur la décolonisation, le développement, le désarmement, le dialogue entre les civilisations et la promotion des droits de l’homme.  Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité de respecter le multilinguisme.  Il a toutefois exprimé sa satisfaction concernant le caractère multilingue des publications du Département et du site Internet de l’ONU.  Le rôle du Département dans la diffusion des progrès accomplis en matière de réforme et de progrès dans les pays en développement est crucial, a estimé le représentant.  Enfin, M. Benmehidi a fait part de sa préoccupation concernant les ressources allouées au DPI et les conséquences négatives que cela entraîne pour les Centres d’information.


M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a déclaré avoir suivi avec intérêt les efforts visant à renforcer les capacités du réseau des Centres d’information des Nations Unies, avant d’encourager le Secrétaire général à poursuivre ces efforts, y compris en ce qui concerne le Centre d’information de l’ONU en Colombie.  L’expérience du Centre de Bogota s’est avérée positive, en ce qu’il a déployé une stratégie de communication visant à faire connaitre les questions prioritaires et les célébrations les plus importantes des Nations Unies, a souligné le représentant.  Par ailleurs la Colombie appuie l’usage des médias sociaux parce qu’elle considère qu’ils tiennent une grande importance dans la diffusion et la compréhension de l’information, en particulier en direction de la jeunesse, a dit M. Ruiz.  Le représentant a ensuite déploré que les communiqués de presse de l’ONU ne soient pas disponibles dans toutes les langues des Nations Unies, avant d’appeler au respect de l’équilibre linguistique.


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a salué le rôle essentiel du Département de l’information en tant que porte-parole des Nations Unies, se réjouissant de l’importance qu’il accordait à des questions clefs, notamment la protection des civils dans les situations de conflits armés, une question qui n’est pas étrangère à la Côte d’Ivoire en a connu.  Le représentant ivoirien a noté la couverture par le Département de l’information de plusieurs événements majeurs dans son pays, au nombre desquels, la mise en œuvre par l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) de la résolution 1975 du Conseil de sécurité ayant permis la protection effective des populations civiles contre les armes lourdes utilisées par l’ancien régime.


Autre événement ayant bénéficié d’une couverture, la visite du Secrétaire général à l’investiture du Président ivoirien, Alassane Ouattara.  Un déplacement qui, a-t-il dit, fut perçu comme la consécration des « louables et constants efforts du Secrétaire général à la recherche de la paix dans le monde ».  Sur le terrain, M. Bamba n’a pas tari d’éloges à l’égard de la radio ONUCI-FM, soulignant qu’elle avait joué un rôle dans le règlement de la crise en Côte d’Ivoire.  Évoquant les efforts entrepris par le Gouvernement ivoirien, en matière de réconciliation nationale, il a indiqué qu’il s’agissait d’actions concrètes qui gagneraient à être relayées par les radios des Nations Unies, ainsi que les Centres d’information, car a-t-il affirmé, cette problématique est intimement liée au thème de la soixante-sixième session de l’Assemblée générale de l’ONU intitulé, « Le rôle de la médiation dans le règlement pacifique des conflits ».


Mme SANTOSH CHOWDHARY (Inde), saluant les résultats positifs enregistrés par le Département de l’information (DPI), a reconnu que sa mission était essentielle à la réussite des objectifs de fond de l’ONU, laquelle devrait s’appuyer sur la mise en œuvre d’une communication stratégique des activités et préoccupations de l’Organisation, ainsi que de leur impact sur le public.  La Division des communications stratégiques de DPI a travaillé étroitement avec le Département des opérations de maintien de la paix, ainsi qu’avec le Département de l’appui aux missions, produisant notamment sur le portail Internet de l’ONU, 27 communiqués de presse et 1 206 articles en anglais sur les questions liées au maintien de la paix de juillet 2010 à février 2011, a constaté Mme Chowdhary.


L’Inde a exhorté le Département de l’information à disséminer des informations pertinentes et significatives.  À cette fin, la représentante indienne a recommandé un renforcement de la couverture des activités de l’ONU ayant un impact véritable sur la vie des personnes ordinaires, notamment, les activités réalisées par les personnels humanitaires et le travail effectué souvent dans des conditions extrêmement difficiles par les Casques bleus.  Soulevant la question de la nécessité pour DPI de recourir aux technologies de pointe, en vue de satisfaire la demande du grand public, grâce notamment aux émissions diffusées sur Internet, Mme Chowdhary a insisté sur l’importance de garder le lien avec les personnes ordinaires dans les pays en développement, lesquelles continuent de s’informer par la radio et la presse écrite.  D’un point de vue linguistique, elle a appuyé les efforts visant à favoriser l’émergence d’un monde plus équitable, où l’information est diffusée à la fois dans les langues officielles de l’ONU et dans d’autres langues.


Pour M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque), les Centres d’information des Nations Unies (CINU) continuent de jouer un rôle important dans la diffusion des informations relatives aux Nations Unies, aux priorités, activités et questions à l’ordre du jour de l’ONU comme le développement durable, les changements climatiques, la lutte contre le racisme, la promotion des droits de l’homme et autres.  Tout en appuyant les efforts du CINU régional qui siège à Trinité-et-Tobago, le représentant a néanmoins estimé que le rôle et les activités du Centre d’information de Port of Spain pourraient être renforcés par l’ouverture d’un poste de responsable de l’information à Kingston, en Jamaïque, qui s’occuperait de couvrir la partie nord des Caraïbes.  La Jamaïque appuie les efforts du DPI en vue d’avoir une stratégie de communication homogène au niveau du système sur la Conférence Rio+20, a dit M. Wolfe. 


S’agissant des efforts de communication avec les jeunes déployés par le DPI, il a estimé que l’Initiative « Impact universitaire » est un moyen efficace pour échanger avec les jeunes.  Il a cependant souhaité discuter avec le DPI pour voir dans quelle mesure il serait possible d’associer davantage les universités des Caraïbes à cette initiative.  Mettant l’accent sur l’importance de la diffusion de l’information dans la mission du DPI, M. Wolfe a notamment souligné que cela portait également sur la sensibilisation à la commémoration des différentes journées internationales de l’ONU.  La Jamaïque souhaiterait que le DPI participe, en collaboration avec les partenaires africains et la CARICOM, à la réalisation du monument à la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, a dit le représentant.  Il a également demandé au DPI de concentrer ses efforts sur la question de la prolifération des petites armes qui contribuent à l’instabilité dans le monde.  Deux événements clefs se tiendront en 2012 sur la question: la Conférence sur le traité des petites armes et la deuxième Conférence d’examen du Programme des Nations Unies pour prévenir, combattre et éliminer le commerce de ces armes, a rappelé le représentant avant d’exhorter le DPI à assurer au mieux la promotion de ces conférences et de leurs résultats.


M. FAYSAL ALZAYAENI (Bahreïn) a déclaré que le Département de l’information, lorsqu’il exerce ses fonctions, est un véritable miroir des activités des Nations Unies.  Il a souligné le rôle joué par le DPI dans le cadre de la préparation de la Conférence Rio+20, de la dernière Conférence d’Istanbul sur les pays les moins avancés, ou encore dans le cadre de la promotion du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ou de la commémoration de la Journée  internationale Nelson Mandela.  Le représentant a aussi estimé que les Centres d’information des Nations Unies sont le moyen le plus efficace et intéressant pour encourager le public à comprendre l’information onusienne.  Dans ce contexte, il faut les renforcer pour parvenir à cet objectif, tout en ne négligeant pas les moyens traditionnels que sont la presse, la radio et la télévision, a conclu le représentant.


M. FADERL BENASHUR (Libye) a appelé à redoubler d’effort pour faire mieux comprendre les principes et valeurs de l’ONU, ses actions, ainsi que sa Charte, tant sur le plan national que régional et international.  Il faut promouvoir la coopération internationale et régionale pour que les médias puissent jouer un meilleur rôle dans tous les pays, et pour encourager les flux d’information sans contrainte, tout en essayant de réduire le fossé numérique.  Les pays en développement ont besoin d’une assistance en termes de formation aux nouvelles technologies de l’information, a soutenu le délégué qui est également revenu sur le rôle prépondérant des CINU au plan national.  En vue de renforcer l’action de ce réseau, il a préconisé des ressources supplémentaires pour en garantir l’efficacité.  Il a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer la parité linguistique sur les différents supports de l’ONU.  Pour ce qui est de l’expérience récente de la Libye, il a dénoncé les tentatives de déstabilisation des médias de l’ancien régime qui n’ont cessé de diffuser des informations erronées.  Sa délégation souhaiterait que le DPI travaille plus étroitement avec les medias nationaux par le biais de séminaires et de formations et qu’il veille à renforcer le rôle des CINU.


M. GERARDO DIAZ BARTOLOME CONSEJERO (Argentine) a mis l’accent sur le rôle moteur des Centres d’information régionaux dans la diffusion du message de l’Organisation des Nations Unies.  Il a, à cet égard, appelé le Département de l’information à poursuivre ses efforts en faveur de ces Centres.  Le Centre de Buenos Aires, ouvert en 1948, est considéré comme la voix espagnole du Département, a-t-il estimé.  Le représentant a mis l’accent sur l’importance de respecter les six langues officielles des Nations Unies, notamment dans la diffusion de l’information.  Il a, à ce propos, déploré que les contenus en langue espagnole restent moindres que ceux en langue anglaise.  Aucun progrès n’a été réalisé pour produire des communiqués de presse dans une langue autre que le français ou l’anglais, a-t-il dénoncé.  C’est, selon lui, inadmissible.  La voix de l’ONU doit être reflétée dans ses six langues officielles.   


M. MOHAMMED REZA SAHRAIE (République islamique d’Iran) a réaffirmé que le rôle principal du DPI est de promouvoir la compréhension des activités de l’ONU dans le monde.  Il doit fournir des informations précises, pertinentes et transparentes pour renforcer le soutien à l’Organisation, a-t-il poursuivi.  Pour sa délégation, il est également important qu’il y ait une plus grande coordination entre le DPI et le Comité de l’information.  Revenant sur le problème du fossé numérique, il a estimé que les pays en développement souffrent du monopole injuste du monde des médias.  Il a déploré que ces médias déforment la réalité de ce qui se passe dans le monde en développement.  Il faut, selon lui, que le monde des médias devienne plus juste, plus équitable et plus impartial.  Il a également évoqué la situation humanitaire « intolérable » de la population civile palestinienne et a appelé le DPI à informer l’opinion publique mondiale sur cette situation.  Il a également dénoncé la tendance à l’islamophobie et a exhorté le DPI à veiller à la tolérance religieuse par le biais de la promotion du dialogue entre les civilisations et de trouver les moyens pour promouvoir ce concept dans les différents forums et supports des Nations Unies.  Par ailleurs, la délégation iranienne est convaincue que l’impact de la stratégie de communication du DPI est directement liée au respect de la parité linguistique, et au recours le plus souvent possible des langues nationales.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme se réjouit des « avancées prometteuses » dans certains pays

AG/SHC/4015

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme se réjouit des « avancées prometteuses » dans certains pays

19/10/2011
Assemblée généraleAG/SHC/4015
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Troisième Commission

23e et 24e séances - matin et après-midi


LA HAUT-COMMISSAIRE AUX DROITS DE L’HOMME SE RÉJOUIT DES « AVANCÉES PROMETTEUSES » DANS CERTAINS PAYS


La Troisième Commission a examiné les situations des droits

de l’homme au Myanmar, en Iran et en République populaire démocratique de Corée


Dressant le bilan d’une année marquée par d’importants mouvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, s’est félicitée, aujourd’hui, devant la Troisième Commission, des « avancées prometteuses » qui ont « réaffirmé la portée des droits de l’homme dans des régions où la répression et le déni de ces droits semblaient être immuables ».


Mme Pillay, qui, sur la base de son rapport*, a engagé un dialogue avec la Commission chargée des affaires sociales, humanitaires et culturelles, au deuxième jour de son examen des questions relatives à la promotion et à la protection des droits de l’homme, a appuyé cette « quête de jouissance des droits civils, culturels, économiques, sociaux et politiques aux niveaux national et international ».


La Haut-Commissaire a en outre souligné que les 193 États Membres de l’ONU s’étaient prêtés à l’exercice au titre du premier cycle de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme, un chiffre, a-t-elle dit, qui témoigne de leur implication.  Mme Pillay a toutefois clairement demandé un apport en ressources humaines et financières, compte tenu de la multiplication des activités et des nouveaux mandats spéciaux et commissions d’enquêtes urgentes créés pour faire face à la succession d’événements que certaines régions du monde ont connus cette année. 


« En 10 ans, le nombre d’organes est ainsi passé de cinq à dix, le nombre de semaines de session par an de 44 à 73, et le nombre d’experts de 74 à 172 », a-t-elle ajouté en parlant des organes conventionnels chargés de la bonne application des conventions et autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.


La Commission a, de même, examiné la situation des droits de l’homme au Myanmar, en entendant le Conseiller spécial du Secrétaire général, M. Vijay Nambiar, ainsi qu’en République islamique d’Iran et en République populaire démocratique de Corée (RPDC), à la lumière des derniers rapports des titulaires de mandats spéciaux au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.


M. Nambiar a affirmé que l’événement le plus significatif sur le front politique avait été l’entretien à Naypyitaw, le 19 août, entre le Président Thein Sein et Mme Daw Aung San Suu Kyi, premier à ce niveau depuis 2002.  Le Conseiller spécial a salué l’engagement du Président Thein Sein à procéder à des réformes d’envergure, à tendre la main aux forces politiques et à traiter dans la transparence des questions politiques délicates.


Le représentant du Myanmar a assuré qu’il s’agissait d’une « évolution pacifique et ordonnée », et a mis l’accent sur la participation de représentants élus et sur le train de réformes en cours concernant la bonne gouvernance, l’état de droit, la transparence, l’élimination de la corruption et de la pauvreté et la préservation de l’environnement.


Le Rapporteur spécial pour le Myanmar, M. Tomás Ojea Quintana, a néanmoins fait état de problèmes liés au fonctionnement des institutions et organes étatiques clefs, à la situation des minorités ethniques, y compris les tensions actuelles dans les régions frontalières, et au conflit armé avec plusieurs groupes ethniques.


Le nouveau Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, M. Ahmed Shaheed, a indiqué avoir appelé les autorités iraniennes à la libération immédiate des prisonniers politiques.  Il a espéré que l’Iran verrait dans l’établissement de son mandat la création d’un cadre sûr et légitime dans lequel puisse s’inscrire l’adoption de mesures lui permettant de s’acquitter de ses obligations internationales et de remédier aux problèmes soulevés lors de ses échanges avec la communauté internationale sur des questions relatives aux droits de l’homme


Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC, M. Marzuki Darusman, a attiré l’attention sur le fait que son mandat était dominé par la « grave pénurie alimentaire », qui, a-t-il affirmé, constitue le problème le plus pressant pour ce pays.  « La RPDC est l’un des pays les plus isolés au monde, dont l’accès est le plus compliqué, que ce soit par téléphone ou Internet », a-t-il déclaré, en soulignant les difficultés d’accès à tous les égards.


Le représentant de la RPDC a rejeté le rapport de M. Darusman, écrit, selon lui à grand renfort de « manipulations » et d’« intrigues politiques ».  Il a également dénoncé la résolution du Conseil des droits de l’homme aux termes de laquelle le Rapporteur spécial a été nommé.  « Toute tentative d’utiliser ce rapport entachera la dignité de son pays et sera vouée à l’échec », a-t-il déclaré.


La Troisième Commission poursuivra ses travaux demain à 10 heures pour entendre les exposés de plusieurs rapporteurs spéciaux.


* A/66/36


PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME


Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales


Exposé de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme


Mme NAVI PILLAY, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, qui présentait son rapport (A/66/36), a déclaré que cette annéeavait été marquée par d’importants mouvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, lesquels ont réaffirmé la portée des droits de l’homme dans des régions où la répression et le déni de ces droits semblaient être immuables.  Le Haut-Commissariat appuie cette quête des droits civils, culturels, économiques, sociaux et politiques aux niveaux national et international, a-t-elle dit. 


Avec l’ouverture d’un Bureau en Tunisie, a-t-elle souligné, le Haut-Commissariat dispose de 56 bureaux dans le monde, 12 présences régionales, 13 bureaux de pays, 14 composantes de missions de paix et 15 conseillers pour les droits de l’homme au sein des équipes de pays des Nations Unies.  Cette présence est soutenue par les activités au Siège et par le rôle de chef de file des missions du Haut-Commissariat.  Elle s’est ensuite employée à décrire l’évolution de la situation à la lumière des conditions « chroniques » des droits de l’homme, que son Bureau a traité sur la base des priorités thématiques qu’il s’est fixées, en collaboration avec les partenaires de l’ONU et les mécanismes des droits de l’homme. 


Mme Pillay a indiqué que depuis son dernier rapport à l’Assemblée générale, le Conseil des droits de l’homme avait tenu trois sessions spéciales sur la situation en Côte d’Ivoire (décembre 2010), en Libye (février 2011) et en République arabe syrienne (avril 2011).  Il a créé des commissions internationales d’enquête chargées de faire la lumière sur les violations du droit international, en particulier du droit international humanitaire et des droits de l’homme. 


La Haut-Commissaire a précisé que 193 États avaient fait l’objet d’un examen et l’ampleur de leur participation (100%) a montré à quel point ils étaient impliqués dans l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme.  Le premier cycle de l’examen périodique universel s’achèvera en mars 2012.  À cet égard, le Haut-Commissariat a apporté une assistance à quarante pays.


D’autre part, il existe maintenant 44 mandats au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, celui-ci ayant créé deux nouveaux mandats thématiques (Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes sur le plan juridique et dans la pratique et Rapporteur spécial sur le droit de réunion et d’association pacifiques) et deux nouveaux mandats par pays (Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, et Expert indépendant sur la Côte d’Ivoire).  En outre, un Groupe de travail sur les droits de l’homme et les entreprises transnationales a remplacé l’expert indépendant sur ce thème, et le mandat sur les déchets toxiques a été élargi pour inclure les répercussions des droits de l’homme sur la gestion rationnelle des produits et déchets toxiques.


La Haut-Commissaire a ajouté qu’en mai dernier a eu lieu la première réunion des États parties à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, entrée en vigueur le 23 décembre 2010.  À cette occasion, le dixième organe conventionnel a vu le jour.  En 10 ans, a-t-elle relevé, le nombre d’organes est ainsi passé de 5 à 10, le nombre de semaines de session par an de 44 à 73, et le nombre d’experts de 74 à 172.


À la fin juillet, le nombre des ratifications et adhésions obtenues pour les traités relatifs aux droits de l’homme et leurs protocoles (qu’ils portent sur des aspects de fond ou de forme) s’élevait à 1 905. 


Le même mois, les représentants de près de 90 États Membres se sont réunis à Sion (Suisse) à l’invitation de la Haut-Commissaire, et en présence de neuf présidents d’organes conventionnels, pour examiner le renforcement du système, notamment en ce qui concerne l’établissement des rapports, l’instauration d’un dialogue constructif, l’indépendance et l’expertise des membres des organes et la mise en œuvre au niveau national.  Les présidents ont tenu leur vingt-troisième réunion à Genève du 30 juin au 2 juillet, après la douzième réunion intercomités.


En outre, le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes sur le plan juridique et dans la pratique, a tenu sa première session en juin, tandis que le Comité des droits de l’homme a adopté son observation noº34 sur l’interprétation de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.


Le Haut-Commissariat gère également l’Index universel des droits de l’homme (www.universalhumanrightsindex.org), a indiqué Mme Pillay, en expliquant qu’il s’agissait d’un outil électronique novateur permettant une large diffusion des recommandations et observations des organes créés en vertu d’instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et des experts mandatés au titre des procédures spéciales.


Dans le cadre de la lutte contre la discrimination, Mme Pillay a continué d’attirer l’attention sur les violations des droits de l’homme, notamment la discrimination, commises contre des personnes en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelle.  Elle a cité la résolution 17/19 du Conseil des droits de l’homme, « exprimant sa grave préoccupation devant les actes de violence et de discrimination, dans toutes les régions du monde, commis contre des personnes en raison de leur orientation ou de leur identité sexuelle », dans laquelle le Conseil lui a demandé de commander une étude sur les lois et pratiques discriminatoires et les actes de violence connexes.


Le Conseil examinera les conclusions de l’étude à sa dix-neuvième session, en mars 2012.  Le Haut-Commissariat a aussi joué un rôle de premier plan dans le cadre de l’Année internationale des personnes d’ascendance africaine, célébrée en 2011, en élaborant un cadre d’action relatif à la lutte contre la discrimination à l’égard des personnes d’ascendance africaine.  Mme Pillay a aussi rappelé que cette année marquait le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Durban sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée.


Elle a présenté un aperçu des activités du Haut-Commissariat dans différents domaines, en particulier la lutte contre l’inégalité entre les sexes, les causes sous-jacentes à la violence à l’égard des femmes, la protection des personnes handicapées et des personnes âgées.


Rappelant que le droit au développement était un droit de l’homme de toutes les personnes, Mme Pillay a souligné que cette année marquait le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration des Nations Unies sur le développement et que son Bureau avait pris part à la Conférence d’Istanbul sur les pays les moins avancés (mai 2011).  Elle a salué le fait que lors de la réunion de haut niveau d’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les États Membres avaient conclu un accord historique sur l’importance des droits de l’homme dans les efforts en vue de la réalisation des OMD, avec huit engagements spécifiques formulés à ce propos dans le Document final.


La Haut-Commissaire a aussi rapidement abordé les efforts en cours, notamment de plaidoyer et d’assistance technique, pour lutter contre l’impunité, en faveur des droits économiques, sociaux et culturels, dans la promotion des droits de l’homme dans le contexte des migrations, dans les situations de conflit armé et d’insécurité, et en matière d’éducation et d’apprentissage des droits de l’homme.


En conclusion, et après avoir fait observer la multiplication des activités, des nouveaux mandats et des attentes, Mme Pillay a souligné la difficulté croissante à s’acquitter de toutes ces tâches et a salué la décision de l’Assemblée générale d’envisager des moyens de fournir rapidement les ressources essentielles pour répondre aux mandats urgents et décisifs du point de vue temporal créés par le Conseil des droits de l’homme. 


Elle a affirmé aux États que le programme relatif aux droits de l’homme était « leur programme » et a invité instamment la communauté internationale à renforcer son soutien au programme de l’ONU en matière de droits de l’homme, afin que ce programme puisse véritablement être le « troisième pilier » de l’Organisation et puisse répondre aux « demandes légitimes de toutes les personnes qui, dans toutes les régions du monde, veulent jouir également et intégralement de ces droits ».


Dialogue interactif


Le représentant du Kenya, s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, après avoir réaffirmé son appui à la Haut-Commissaire, s’est inquiété du fait que le Haut-Commissariat se concentrait surtout sur les droits civils et politiques, sans accorder une attention égale aux droits économiques, sociaux et culturels.  Le Groupe des États d’Afrique aimerait voir des propositions pour un engagement plus vigoureux sur ces droits qui sont interdépendants.  Les droits de l’homme ne peuvent être assurés dans un climat de pauvreté extrême, de maladie et de désespoir social, a-t-il dit.  Le Haut-Commissariat doit renforcer ses capacités pour fournir une assistance technique aux États Membres qui le demandent.


En outre, a poursuivi le représentant du Kenya, la composition du bureau doit refléter la diversité géographique des peuples, car la non-discrimination et l’égalité sont des composantes essentielles du concept des droits de l’homme.  Par ailleurs, « on ne peut pas imposer des notions qui touchent à des questions sociales allant au-delà des droits de l’homme », a-t-il poursuivi.  Le Haut-Commissariat doit trouver une définition pour ces notions.  Aucune région au monde ne peut déclarer exercer tous les droits de l’homme, mais une démarche trop politisée peut détourner l’attention de leur exercice.


Le représentant du Suriname a souligné l’importance de la réaction rapide de la Haut-Commissaire face aux situations des droits de l’homme partout dans le monde.  Le Suriname, qui a récemment présenté son rapport, a remercié la Haut-Commissaire pour ses conseils en mai dernier à Genève; certaines recommandations ont été déjà été appliquées et d’autres passeront par des débats plus approfondis.  Il a demandé à Mme Pillay de poursuivre ses activités pour combattre la discrimination à l’encontre des personnes d’ascendance africaine.  Ensuite, il a souhaité savoir si le Haut-Commissariat aidera les États à réaliser le troisième Objectif du Millénaire pour le développement sur la parité.  Enfin, il a soulevé la question de la responsabilité des Casques bleus qui violent les droits de l’homme pendant des missions de la paix.


La représentante du Mexique a rappelé que la Haut-Commissaire avait visité son pays en juin dernier, dans le cadre d’un dialogue entamé il y a une dizaine d’années.  Elle a demandé à Mme Pillay quelles mesures étaient entreprises pour prévenir les violations des droits des migrants.


La représentante de la Norvège a salué le « rôle de chef de file » du Haut-Commissariat dans la réponse aux défis du « printemps arabe » et a souhaité savoir comment il avait travaillé avec d’autres instances des Nations Unies pour coordonner les efforts sur l’état de droit.  Saluant le fait que Mme Pillay mettait l’accent sur les discriminations et les violences perpétrées sur la base de l’orientation sexuelle, elle a demandé comment l’aider à avancer sur ce point.  En outre, elle a jugé impératif de protéger l’intégrité et l’indépendance du Bureau du Haut-Commissariat, qui doit « demeurer une voix forte pour dénoncer les violations des droits de l’homme où qu’elles aient lieu » et être doté de ressources suffisantes pour s’acquitter de son mandat.


La représentante du Maroc s’est dite convaincue de l’universalité des droits de l’homme et consciente de la mission cruciale confiée à l’ONU en ce domaine.  Soulignant l’importance accordée au droit au développement, dans le cadre des droits économiques, sociaux et culturels, le Maroc aimerait être informé des activités entreprises pour célébrer le dixième anniversaire de l’adoption de la Déclaration sur le droit au développement.  Par ailleurs, il estime que le Conseil était un bon cadre pour renforcer la protection des droits de l’homme, et participe à l’examen du Conseil en tant que cofacilitateur avec le Liechtenstein.  « Une réforme institutionnelle profonde n’est pas nécessaire pour le moment », a dit la représentante.  En outre le mécanisme de l’Examen périodique universel (EPU) revêt une importance cruciale.


Le Maroc loue l’assistance technique fournie aux pays les moins avancés (PMA) par le Haut-Commissariat.  Rappelant qu’en septembre 2009, Mme Pillay avait appelé les États parties et les membres des organes de surveillance de l’application des traités, ainsi que les autres parties prenantes, à rationnaliser le système des organes, la représentante a indiqué que son pays apportait son concours à ce processus de réflexion.  La Haut-Commissaire devrait traiter de cette question à l’Assemblée générale par des séances d’information officieuses.


Le représentant de l’Algérie a demandé quel rôle pourrait jouer le Haut-Commissariat, de telle sorte que les procédures spéciales respectent leur mandat et leur Code de conduite pour établir des relations de confiance avec les États parties, à l’abri de toute politisation.  Par ailleurs, les plans d’action des bureaux régionaux prévoient-ils une répartition géographique équitable des effectifs?  Ensuite, quels efforts sont faits pour promouvoir la ratification universelle de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille?


La représentante de la Fédération de Russie a reconnu que les évènements dans les pays arabes avaient donné beaucoup de travail au Haut-Commissariat, dont la mise sur pied d’une Commission d’enquête pour la Syrie.  Évoquant la question des ressources financières, elle s’est demandée comment le Haut-Commissariat comptait régler le problème.  De même, l’ouverture d’une nouvelle représentation en Tunisie n’était pas prévue dans le plan stratégique biennal.  S’agissant du processus de réflexion sur les organes des traités, elle a constaté que les États parties aux accords internationaux des droits de l’homme s’intéressaient surtout à certains processus.  Selon elle, une seule réunion n’est pas suffisante pour améliorer la situation de ces organes.


Par ailleurs, la représentante de la Russie a souhaité que Mme Pillay parle plus en détail du projet de liste de recommandations électroniques pour l’EPU.  Enfin, elle a jugé « inacceptable que des actions de force internationale qui doivent protéger les droits de l’homme mènent à des violations graves, dont des pertes en vies humaines dans la population civile ».


Le délégué de l’Union européenne a salué l’approche globale adoptée par Mme Pillay dans l’exécution de son mandat et le travail effectué dans le cadre du « printemps arabe ».  Il a espéré que les autorités syriennes entendront l’appel qui leur est lancé de coopérer avec la Commission d’enquête indépendante.  L’Union européenne souhaite en outre des informations sur la création d’un bureau régional pour l’Afrique du Nord.  Elle attend aussi des informations sur la situation au Yémen et à Bahreïn, et compte sur des efforts de réconciliation au Sri Lanka.  Elle espère voir renforcer le pilier paix et sécurité aux Nations Unies et demande comment Mme Pillay envisage l’avenir du processus de réflexion sur les organes des traités lancé en 2009.


La représentante de la Chine a souligné que le développement était un droit fondamental et a espéré voir s’intensifier la contribution dans ce domaine qui préoccupe tous les pays en développement.  Le Haut-Commissariat devrait instaurer un dialogue constructif avec les gouvernements.  La Chine souhaite que la Haut-Commissaire prenne des mesures concrètes à l’écoute des préoccupations de tous les États.  Notant que des situations d’instabilité s’étaient produites cette

année dans un certain nombre de pays, et qu’il était question d’enquêter sur ces situations, la représentante a fait valoir que le Haut-Commissariat « devrait s’en tenir aux autorisations strictes du Conseil des droits de l’homme et respecter les principes d’impartialité, de neutralité et d’objectivité ainsi que la souveraineté et l’indépendance des pays concernés ».


La représentante du Royaume-Uni a demandé au Haut-Commissariat de faire face à toutes les violations des droits de l’homme en Syrie.  Il doit pouvoir faire face à des situations préoccupantes sur le terrain.  Le Royaume-Uni compte ainsi sur l’ouverture prochaine d’un bureau régional en Afrique du Nord.  Par ailleurs, elle s’est félicitée de l’évolution dans le domaine de la liberté de religion et de croyance.  Elle a demandé à l’Iran de faciliter la venue d’un rapporteur spécial.  Le Royaume-Uni attache beaucoup d’importance au suivi et au renforcement du système des organes des traités, qui fait l’objet d’une surcharge de travail, et se demande comment la situation peut être gérée sans demander un surcroît de ressources dans des circonstances économiques difficiles.


Le représentant des Émirats arabes unis, s’exprimant au nom du Groupe des pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a estimé que le Conseil des droits de l’homme devait redoubler d’efforts pour protéger les droits de l’homme dans les zones de conflit, ou sous occupation étrangère.  Abordant un autre sujet, il s’est dit « perturbé par la notion d’orientation sexuelle ».  D’après l’OCI, les Nations Unies n’ont pas à faire état de notions qui n’ont pas de fondement juridique et aucun lien avec les instruments des droits de l’homme.  Par ailleurs, le représentant a tenu à souligner que les personnes devenaient vulnérables en raison de leurs conditions de vie économiques et sociales, notamment quand elles vivent dans une pauvreté extrême.


La représentante de l’Australie s’est félicitée de la réaction du Haut-Commissariat à la suite des évènements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.  Elle a souhaité savoir ce que Mme Pillay attendait de la deuxième période des Examens périodiques universels.


Le représentant du Chili s’est félicité de la coopération internationale entreprise et de l’ouverture de bureaux nationaux ou régionaux.  Il est essentiel de disposer d’un bureau du Haut-Commissariat et d’être aidé dans l’application des mesures prises en toute indépendance.  Sur un autre front, la lutte contre le racisme reste un pilier de la politique chilienne.  Le Chili est également préoccupé par la question des travailleurs migrants.  Quel lien se dessinera à l’avenir entre le Haut-Commissariat et les autres institutions des Nations Unies?


La représentante de la Nouvelle-Zélande a appuyé l’effort d’intégration des droits de l’homme dans tous les travaux des Nations Unies, dont la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a souhaité connaître les recommandations de Mme Pillay sur les systèmes de surveillance des instruments internationaux en matière de droits de l’homme.


Le représentant du Liechtenstein a reconnu que le Haut-Commissariat avait été « à la hauteur » de la tâche difficile de mettre en œuvre des décisions du Conseil des droits de l’homme à sa session extraordinaire sans être doté des ressources suffisantes.  Quelles implications ces ressources limitées ont-elles pour l’application de son mandat?  Il a ensuite indiqué que la réforme des organes des traités devait se faire par les organes eux-mêmes, en consultation avec les États parties et en se concentrant sur des mesures concrètes.


La représentante du Canada s’est inquiétée de l’état des droits de l’homme dans de nombreuses régions du monde, notamment en Iran et en République populaire démocratique de Corée (RPDC).  En matière de liberté de religion et de conscience, il faut davantage d’apprentissage sur les droits de l’homme.  Par ailleurs, la deuxième phase d’EPU doit trouver un équilibre entre les recommandations et l’état de la situation des droits de l’homme.  Déplorant les progrès réduits dans la lutte contre la discrimination basée sur la religion, elle s’est interrogée sur le rôle de la communauté internationale « pour changer la donne » à cet égard.


La représentante de l’Irlande a demandé quelle était la prochaine étape dans le processus de réflexion sur les organes conventionnels.


Le représentant de l’Afrique du Sud a appuyé les efforts déployés par le Haut-Commissariat, dont l’ouverture d’un Bureau en Tunisie, mais il s’est inquiété du manque de ressources pour se déployer dans des zones critiques.  Évoquant la deuxième phase de l’EPU, qui commencera en 2012, il a assuré que son pays participerait à la réforme des instruments internationaux des droits de l’homme.  En outre, il a souhaité obtenir plus d’informations sur le fonctionnement de l’index de l’EPU et sur l’avancement du programme de bourses pour les personnes d’ascendance africaine, et connaître les plans du Haut-Commissariat pour accélérer la réalisation des OMD.  Après la célébration du dixième anniversaire de la Déclaration de Durban et de son plan d’action, il faut redoubler d’efforts pour luter contre le racisme qui va croissant dans nombre de pays.


Mme Pillay a salué la richesse des arguments des États Membres et assuré que le dialogue se poursuivrait de manière informelle avec eux et avec tous les groupes d’États.  Se félicitant du niveau d’engagement avec le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme, M. Ivan Šimonović, et avec les délégations à New York, elle a souligné que son objectif consistait à travailler dans la transparence. 


Se disant entourée d’une « équipe exceptionnelle déterminée à mettre en œuvre le troisième pilier », la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a indiqué qu’au cours des dernières années, et contrairement à ce que l’on prétend, elle avait tenté d’accorder davantage de priorité aux droits économiques, sociaux et culturels.  Le travail sur les droits de l’homme conduit inéluctablement à des confrontations avec les États mais dans un esprit de coopération constructive.  Elle a cité à cet égard ses expériences avec la Côte d’Ivoire, le Yémen, la Tunisie et la Libye. 


Sur la question de la diversité et de la répartition géographique au sein de son Bureau, elle a rappelé qu’elle était originaire d’Afrique du Sud et qu’elle s’attachait sérieusement à assurer un équilibre.  Un suivi des performances a permis de faire en sorte que 50% du recrutement fût effectué au sein de pays non représentés, selon les profils requis pour un emploi donné.  Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité de récompenser la fidélité et la compétence de ses effectifs.  Avec l’aide des ressources humaines, un examen a été réalisé à l’attention des candidats d’États non représentés.  Le concours 2010 a également débouché sur un très bon groupe de candidats, et la résolution de l’Assemblée générale à cet égard a facilité la tâche.


Mme Pillay a dit avoir apprécié au plus haut point l’appui donné à l’indépendance de son Bureau qui doit demeurer impartial et non sélectif.  Le Bureau est un département du Secrétariat des Nations Unies et a obligation de rapport à l’Assemblée générale, a-t-elle rappelé.  Le Conseil des droits de l’homme, pour sa part, a soutenu son mandat et lui a demandé de présenter le chapitre 19 du Cadre stratégique biennal de l’Assemblée générale, relatif aux droits de l’homme.  À la session de septembre 2011 du Conseil des droits de l’homme, une déclaration présidentielle l’a priée également de fournir des informations détaillées et ventilées de son budget biennal.


S’agissant de la question du financement, elle a expliqué que les nouveaux mandats avaient été approuvés avec une augmentation de 12,6 millions de dollars alors qu’elle ne disposait pas de la moitié de cette somme.  Mme Pillay a précisé que son Bureau ne pouvait continuer ainsi, surtout au vu du nombre de commissions d’enquêtes urgentes à mener. 


La Haut-Commissaire a déclaré à l’Algérie qu’elle appelait régulièrement à la ratification de tous les instruments, notamment de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.  Il reste qu’à ce jour, 250 rapports sont en retard d’examen par les organes conventionnels.  Les membres de ces organes doivent accomplir leur travail certes, mais la responsabilité du financement de leur mandat incombe aux États Membres. 


Mme Pillay a plaidé en faveur de propositions sur la manière de nouer un dialogue avec les présidents des organes conventionnels, à New York, comme ce fut le cas à Sion, en Suisse, en mai dernier.  L’Examen périodique universel dans son premier cycle a permis d’abattre un travail remarquable, les 193 pays ayant été examinés.  La Haut-Commissaire s’est réjouie de l’Index universel des droits de l’homme, seul outil répertoriant en ligne tous les mécanismes relatifs aux droits de l’homme.


Pour ce qui est des droits économiques, sociaux et culturels, il faut développer l’assistance technique.  Le Haut-Commissariat continue de se fonder sur le plaidoyer, la recherche, les relations entre les Nations Unies et les acteurs externes.  Les révolutions arabes ont montré que l’élimination de la pauvreté, les discriminations et l’injustice sociale étaient des domaines cruciaux dans toutes les sociétés.  Plusieurs ateliers ont été organisés sur le droit à la terre et sur les processus d’accès équitable à la justice, a-t-elle encore dit, en ajoutant que les demandes d’assistance adressées à son Bureau avaient été multipliées par 7 ces dernières années.


Les hauts responsables de l’ONU désirent mettre en place une démarche fondée sur les droits de l’homme dans les programmes de pays, a-t-elle également expliqué.  Le rôle central des droits de l’homme sera aussi au cœur d’une retraite des fonctionnaires cette année avec le Secrétaire général.  Par ailleurs, la Haut-Commissaire a annoncé qu’en mars prochain, une réunion aurait lieu au sein de son Bureau sur la question de l’identité et de l’orientation sexuelles.  Elle a rappelé que par une résolution adoptée en juin, le Conseil des droits de l’homme l’avait invitée à mener une étude sur ce sujet.      


D’autres délégations se sont intéressées aux commissions d’enquête relatives aux droits de l’homme dans certains pays, à l’égalité dans la répartition géographique des fonctionnaires du Haut-Commissariat et aux questions budgétaires.  Certains ont soulevé le problème lié à l’importance accordée par Mme Pillay dans son rapport et sa présentation à la notion d’orientation et d’identité sexuelles, soulignant que celles-ci n’étaient pas internationalement agréées ni contenues dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme.


Les États-Unis ont mis l’accent sur la crise en Libye et fait remarquer que celle-ci n’était pas terminée.  Leur représentante a demandé que la Commission d’enquête sur les droits de l’homme dans ce pays poursuive son mandat.  Au sujet de la République arabe syrienne, elle a rappelé que sa délégation avait exprimé sa profonde préoccupation sur les rapports de la mission d’établissement des faits.  Les États-Unis ont en outre assuré la Haut-Commissaire de leur plein appui quant à l’indépendance de son Bureau et lui ont demandé ce qui pourrait être fait dans les cas de non-coopération et de refus d’accès. 


Le Gabon, à l’instar du Kenya, a souligné qu’il fallait prendre en compte la nécessité de considérer sur un pied d’égalité les droits civils et politiques, et les droits économiques, sociaux et culturels.  Il a plaidé pour une répartition équitable des fonctionnaires travaillant dans le Bureau de Mme Pillay.  Il a appelé à plus d’efforts concernant l’Afrique centrale qui reste confrontée à des défis sécuritaires en particulier.  Le Centre sous-régional du Haut-Commissariat a une utilité et une crédibilité établies depuis son ouverture, il y a une dizaine d’années.  Le délégué a demandé davantage de ressources humaines et financières pour que ce Centre puisse répondre aux besoins croissants.


La République démocratique du Congo (RDC) s’est réjouie que Mme Pillay l’ait citée comme exemple dans son rapport.  Le délégué l’a assurée de la franche collaboration de la RDC.  Bien que la Troisième Commission ne soit plus compétente concernant la RDC, il a précisé que les violations des droits de l’homme étaient concentrées dans des régions spécifiques et étaient le fait des groupes armés étrangers dans l’est du pays.  Il a sollicité l’appui et la collaboration du Bureau du Haut-Commissariat.  


Le Bénin a regretté les tentatives d’escamotage des droits existants ou d’introduire des nouvelles notions qui ne sont pas agréées au niveau international.  Les bases des discriminations ne sont même pas citées dans le discours de Mme Pillay, qui a préféré s’attarder sur des concepts qui ne figurent pas dans la Déclaration des droits de l’homme, a-t-il soutenu.  Pour les pays en développement, les droits de l’homme consistent d’abord à assurer la santé, l’éducation, l’alimentation et le développement pour tous, a-t-il souligné.  Sans nier l’importance de la liberté sexuelle, il a estimé néanmoins qu’elle ne constituait pas une urgence pour tous.  Il a proposé d’expérimenter de nouvelles approches, comme celle de l’apprentissage des droits de l’homme.  Pourquoi le Bureau du Haut-Commissariat a-t-il choisi d’ignorer un certain nombre de résolutions du Conseil des droits de l’homme sur certaines questions, a demandé le délégué béninois avant de prier Mme Pillay de réparer ce tort et de rééquilibrer son approche.


Le Cameroun a remercié le Haut-Commissariat pour son soutien au Centre sous-régional pour les droits de l’homme, qu’il accueille et dont le mandat consiste, entre autres, à contribuer à la formation du personnel chargé des droits de l’homme et la démocratie.  La représentante a salué le travail de la Directrice de ce Centre pour la vulgarisation des droits de l’homme.  Concernant le rapport sur les activités de ce centre, elle a noté que la Haut-Commissaire soulignait les défaillances et les lacunes, mais pas assez le travail positif en faveur de la réalisation de l’idéal d’une culture de la paix à laquelle la sous-région a toujours aspiré.   


Cuba a exhorté à œuvrer davantage à la réalisation du droit au développement et à ne pas se contenter de célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration sur le droit au développement.


L’Égypte a reconnu les efforts du Haut-Commissariat, mais a demandé un renforcement des outils de l’assistance technique.  Son représentant s’est demandé s’il y avait suffisamment de ressources pour ces outils.  Concernant les organes conventionnels, il a salué les propositions de réformes et attend d’autres mesures concrètes pour aboutir à un cadre agréé pour permettre aux comités des traités de fonctionner plus efficacement en évitant les doublons, en particulier avec l’examen périodique universel.  À l’avenir, de nouvelles initiatives seront élaborées pour la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels.  Il a indiqué que son pays poursuivait ses efforts s’agissant de l’ouverture d’un bureau du Haut-Commissariat en Égypte.


La République arabe syrienne a souligné qu’elle avait été la cible de crimes perpétrés par des groupes terroristes armés, accompagnés de campagnes médiatiques sans précédent et d’allégations selon lesquelles la sécurité nationale était menacée; des campagnes, a-t-il précisé, appuyées par certains pays occidentaux pour tenter de saper la souveraineté syrienne.  Le Gouvernement a affirmé qu’il était prêt à accueillir une commission d’enquête sur les droits de l’homme en Syrie une fois ses propres enquêtes nationales conclues.  La Syrie a soumis, en juillet 2011, son rapport au Conseil des droits de l’homme, acceptant plus de 100 recommandations, alors que d’autres sont en attente d’examen.  Elle a prié certains pays de s’abstenir d’allégations offensantes et a déploré que la Haut-Commissaire n’ait pas du tout mentionné les violations flagrantes des droits de l’homme commises par Israël dans tous les territoires arabes occupés.


Enfin, la République islamique d’Iran a dit mettre tous ses espoirs dans la coopération avec la Haut-Commissaire et a invité celle-ci et de nombreux titulaires de mandats.  Le délégué iranien a prié Mme Pillay de rester indépendante.


Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux


Exposé du Conseiller spécial du Secrétaire général


M. VIJAY NAMBIAR, Conseiller spécial du Secrétaire général, a présenté le dernier rapport sur les bons offices de M. Ban Ki-moon au Myanmar (A/66/267).  Le document, qui porte sur la période allant du 2 août 2010 au 4 août 2011, traite de la poursuite des entretiens sur la situation des droits de l’homme, la transition vers la démocratie et le processus de réconciliation nationale avec le Gouvernement et la population du Myanmar.  M. Nambiar a indiqué que des rapports distincts du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar avaient été publiés en septembre 2010 et en mars 2011.  Il a mis l’accent sur le fait que le Secrétaire général est resté personnellement impliqué, y compris au cours de la présente session de l’Assemblée générale.


Outre le fait d’avoir accueilli le Ministre des affaires étrangères du Myanmar, M. Wunna Maung Lwin, le 18 septembre, il a également pris l’initiative de convoquer, le 27 septembre, le Groupe des amis du Myanmar, au niveau ministériel.  Il a affirmé que l’événement le plus significatif sur le front politique depuis la fin de la période mentionnée dans le rapport avait été l’entretien à Naypyitaw, le 19 août, entre le Président Thein Sein et Mme Daw Aung San Suu Kyi, premier à ce niveau depuis 2002.  D’autres entretiens ont suivi à l’issue desquels Mme Daw Aung San Suu Kyi a fait des déclarations publiques où elle exprimait sa confiance quant aux intentions de réforme du Président. 


Ces événements ont lieu dans le contexte d’une activité politique dans l’ensemble du pays, jamais connue depuis plus de deux décennies, a-t-il commenté, en remarquant que le 22 août dernier, le Parlement avait ouvert sa deuxième session ordinaire, sous l’œil vigilant des médias.  À cette occasion, le Président Thein Sein a réitéré l’engagement de son gouvernement, annoncé en mars, à procéder à des réformes d’envergure, à tendre la main aux forces politiques et à traiter dans la transparence des questions politiques délicates. 


M. Nambiar a relevé l’importance significative de l’accord du Parlement, le 5 octobre, sur l’amendement de la loi d’enregistrement des partis politiques, à la présente session.  Ce mois a également vu la promulgation d’une nouvelle loi sur l’emploi, incluant l’autorisation d’établir des syndicats, et le droit de grève, interdit depuis 50 années.  Une loi sur la presse a aussi été approuvée.


Le Myanmar a également renouvelé ses engagements et renforcé sa coopération avec la communauté internationale, y compris à travers une série de visites bilatérales au pays.


Au vu de tels changements et de la persévérance du nouveau Gouvernement, M. Nambiar a déclaré qu’il y avait toute raison de croire aux perspectives de changement au Myanmar.  Toutes les parties doivent redoubler d’efforts en vue du renforcement de l’unité nationale et de mettre en œuvre les réformes promises, a-t-il dit.  La réalisation d’une transition crédible de quasi 60 ans de régime militaire à un système civil et démocratique pouvant pleinement intégrer le Myanmar dans l’économie régionale et mondiale exigera du Gouvernement et d’autres parties prenantes d’éviter les lacunes et d’optimiser les opportunités qui accompagnent une transformation d’une telle magnitude et complexité, a conclu M. Nambiar, en indiquant que la communauté internationale devait demeurer vigilante et appuyer le changement en cours au Myanmar. 


Déclaration du pays concerné


Le représentant du Myanmar a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général sur la situation au Myanmar avait été publié à une période où le pays traversait de grands changements, grâce à son adhésion aux valeurs démocratiques.  Il s’agit d’une « évolution pacifique et ordonnée », a-t-il indiqué, en soulignant la participation de représentants élus.  Le Gouvernement a entrepris une série de réformes en matière de droits de l’homme.


« Tout citoyen peut prendre librement part au processus démocratique », a poursuivi le représentant du Myanmar.  Depuis son arrivée au pouvoir, le Gouvernement a entamé des réformes économiques et sociales, les priorités étant d’assurer, en autres, la bonne gouvernance, l’état de droit, la transparence, l’élimination de la corruption et de la pauvreté, et préservation de l’environnement.  Un programme de réforme législative en 10 points inclut des dispositions sur les salaires de la fonction publique, la retraite et la sécurité sociale.


Le Myanmar continuera de renforcer sa coopération avec les Nations Unies.  « Le programme par pays pourra reprendre dans un avenir proche », a ainsi assuré le représentant.  Il a cité la libération de détenus, la reprise du dialogue avec Mme Daw Aung San Suu Kyi, l’octroi d’une nouvelle amnistie et la signature d’accords de paix avec certains groupes armés.  Le Myanmar ayant déjà entrepris des initiatives concrètes et irréversibles, « le processus de réforme démocratique avancera de façon dynamique et durable avec la coopération internationale », a-t-il conclu.


Exposé du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en la République islamique d’Iran


M. AHMED SHAHEED, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en la République islamique d’Iran, qui s’exprimait pour la première fois devant la Troisième Commission depuis sa nomination par le Conseil des droits de l’homme le 1er août 2011, a présenté son rapport intérimaire (A/66/374) axé sur la méthodologie qu’il entend utiliser et a fait siennes les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran (A/66/361).


Rappelant que c’est la première fois que le Conseil des droits de l’homme établissait un mandat concernant expressément ce pays depuis que le mandat précédent, établi par la Commission des droits de l’homme, avait expiré en 2002, il a indiqué que, dès sa nomination, il s’était efforcé de jeter les bases de la coopération avec les autorités iraniennes.  Il a souligné qu’il avait envoyé un avant-projet de son rapport aux autorités pour commentaires.


Présentant sa méthodologie dans l’exercice de son mandat, le Rapporteur spécial a indiqué qu’il mènerait ses travaux selon les principes d’impartialité, d’indépendance et de transparence, avec pour objectif d’obtenir des éclaircissements, de vérifier que l’Iran s’acquitte de ses obligations en matière de droits de l’homme et d’obtenir la coopération du pays dans ce domaine.  Il a estimé que l’établissement de son mandat tenait au manque de coopération des autorités iraniennes avec la communauté internationale, aux lacunes flagrantes dans le système judiciaire et aux harcèlements dont faisaient l’objet les défenseurs des droits de l’hommes, les femmes, les étudiants, les membres de la presse et artistes, les avocats et les minorités ethniques et religieuses.


M. Shaheed a déclaré avoir été contacté par un certain nombre d’Iraniens militant pour les droits de l’homme ou de représentants réputés de la société civile, ainsi que par des organisations internationales, au sujet de questions touchant la situation des droits de l’homme en Iran, et d’affaires relatives aux atteintes des droits de l’homme qu’il a estimé à 53.  M. Shaheed a souligné qu’il chercherait à obtenir la coopération des autorités iraniennes pour l’examen de ces dossiers et rendrait compte du résultat de ses démarches dans son prochain rapport.


De nombreux cas de violations des droits de l’homme appellent une action immédiate de la communauté internationale, a-t-il dit, en exhortant les autorités à fournir des traitements médicaux aux personnes détenues et à libérer immédiatement tous les détenus politiques.


Le Rapporteur spécial a renvoyé à la liste des détenus figurant dans son rapport, en appelant notamment à la libération de l’Ayatollah Kazemeini-Boroudjerdi, de Mir-Hossein Mousavi et Mehdi Karroubi, ainsi que de l’avocate des droits de l’homme Nasrin Sotoudeh, l’étudiante et militante des droits de la femme Baraheh Hedayat, de l’étudiant Abdollah Momeni et du Pasteur Yousef Nadarkhani.  Il a aussi signalé que pas moins de 42 avocats avaient été arrêtés et jugés pour avoir fourni des conseils juridiques à plusieurs acteurs de la société civile.  M. Shaheed s’est inquiété, par ailleurs, que plusieurs appels faits par les rapporteurs spéciaux n’aient reçu aucune réponse des autorités iraniennes.


Il a signalé que, dans ce rapport initial, il ne formulait aucune conclusion ni recommandation mais a espéré que son mandat fournira à la République islamique d’Iran l’occasion de répondre aux recommandations qui lui ont été faites par de nombreuses instances internationales.  Il a demandé aux autorités iraniennes de faciliter les deux visites qu’il prévoit d’effectuer dans le pays, faute de quoi, il devra continuer à solliciter des informations par d’autres voies, notamment avec les Iraniens à l’étranger, les organisations non gouvernementales et d’autres parties au sein du système des Nations Unies.


La coopération du pays avec le titulaire du mandat qui le concerne ne pourra que réduire le risque de politisation au sujet duquel l’Iran a déjà exprimé son inquiétude à plusieurs reprises, a encore opiné M. Shaheed.


Le Rapporteur spécial a reconnu certains pas positifs comme la décision récente de libération de 60 à 100 prisonniers, arrêtés lors des incidents qui ont suivi de l’élection présidentielle de 2009.


Comme il l’a déclaré aux membres du Conseil des droits de l’homme, tant ceux qui ont appuyé son mandat que ceux qui y étaient opposés, M. Shaheed a conclu qu’il espérait que l’Iran verrait dans l’établissement de son mandat la création d’un cadre sûr et légitime dans lequel puisse s’inscrire l’adoption de mesures lui permettant de s’acquitter de ses obligations internationales et de remédier aux problèmes soulevés lors de ses échanges avec la communauté internationale sur des questions relatives aux droits de l’homme.        


Dialogue interactif


Le représentant de l’Allemagne a constaté que la situation en Iran continuait de se dégrader et que ce pays continuait de ne pas se plier à ses obligations internationales.  Les exécutions, y compris de mineurs, ont atteint des chiffres sans précédent cette année, s’est-il indigné.  Le Gouvernement persécute les militants des droits de l’homme, les journalistes, les dirigeants de l’opposition et les artistes pour des raisons purement politiques.  L’Union européenne, en ajoutant l’Iran sur la liste des pays qui violent des droits de l’homme, a montré qu’elle était attentive à cette situation.  Le Rapporteur spécial doit être autorisé à entrer dans le pays.  Le représentant a demandé à celui-ci s’il allait également aborder avec les autorités iraniennes les questions des violations individuelles, notamment la discrimination à l’égard des femmes dans les familles via les droits de succession et s’il voyait des instruments plus efficaces que d’autres pour lutter contre les violations des droits de l’homme en Iran.


La représentante des Maldives a indiqué que son pays avait été coauteur de la résolution du Conseil des droits de l’homme portant création du nouveau mandat du Rapporteur spécial.  En tant que pays musulman, elle a pu dire que « ce n’est pas une sanction mais une occasion de dialoguer ».  Elle a fait part de son inquiétude face à l’application massive de la peine de mort sans procès équitable.  « La responsabilité d’un État si grand envers son propre peuple n’est pas à sous-estimer. »


Le représentant des États-Unis a exhorté l’Iran à permettre la visite du Rapporteur spécial et des sept autres titulaires de mandats spéciaux.  L’administration de la justice, la torture, la peine de mort, le statut des femmes, la persécution des minorités ethniques et religieuse et le déni des droits politiques et civils, sont des sujets graves de préoccupation.  Il est revenu sur le cas du pasteur condamné pour ses convictions religieuses et des 34 journalistes détenus depuis fin 2010.  Quels sont les moyens immédiats que peuvent employer la communauté internationale et la société civile pour protéger les Iraniens?  M. Shaheed peut-il faire part de sa conversation avec les militants des droits de l’homme iraniens?


Inquiète de tous les cas de violations, la déléguée de l’Union européenne a demandé au Rapporteur spécial de parler des signaux qui laisseraient croire qu’il y aurait plus d’efforts de coopération de la part de l’Iran.  Qu’en est-il, en outre, des perspectives d’ici le prochain Conseil des droits de l’homme?  Si l’Examen périodique universel laisse quelque espace de coopération, comment aider l’Iran à mettre en œuvre les recommandations?  Qu’en est-il également de la ratification des traités internationaux par l’Iran?


La représentante du Royaume-Uni a déclaré que la détérioration des droits de l’homme en Iran devait être abordée par la communauté internationale.  Préoccupée par les déclarations de l’Iran, qui ne veut pas tolérer la visite du Rapporteur spécial, elle a estimé que ce dernier devait se concentrer sur les recommandations liées aux procédures spéciales.  A-t-il l’intention de se concentrer sur des sujets spécifiques dans les mois à venir, comme l’absence de procès équitable?  Qu’en est-il du projet de loi concernant la société civile?


Le représentant de l’Australie a cité la peine de mort, les intimidations, les arrestations, l’oppression des minorités ethniques et religieuses et autres violations des droits de l’homme en Iran.  Que peut faire la communauté internationale pour aider M. Shaheed à mener à bien son mandat?


La représentante du Canada a, elle aussi, lancé un appel aux autorités iraniennes pour qu’elles coopèrent pleinement avec le Rapporteur spécial, compte tenu des cas de tortures et de punitions inhumaines, des restrictions à la liberté d’expression, d’opinion et de rassemblement.  Que pense M. Shaheed des élections à venir?


Le représentant de la Norvège a déploré la tendance à l’augmentation des violations des droits de l’homme.  Il a demandé à M. Shaheed de faire part de ses perspectives quant à des possibilités de contact avec le Gouvernement iranien sur des questions de fond.


La représentante de la République tchèque a estimé que les cas individuels mentionnés dans le rapport montrent qu’il y a des harcèlements systématiques contre les étudiants, les journalistes, les juristes.  Quelles sont les pratiques recommandées pour améliorer la situation sur place?  Sachant qu’il existe des exécutions publiques, mais aussi secrètes, pour quels délits la peine de mort est-elle imposée?  Aucun rapporteur spécial ne s’étant rendu sur place depuis août 2005, qu’envisage M. shaheed pour mettre fin à la situation?


La représentante de la Suisse a noté l’approche constructive adoptée par le Rapporteur spécial et a espéré que l’Iran fera preuve d’ouverture.  Elle a déploré le fait que les Bahai, Sunnites, Chrétiens et Kurdes vivent sous la menace d’une oppression durable.  Comment améliorer la situation?  Comment M. Shaheed juge-t-il la probabilité qu’une visite en Iran sera possible cette année?


La représentante de la Nouvelle-Zélande, évoquant les multiples restrictions imposées aux minorités ethniques et religieuses ainsi que l’augmentation de la peine capitale, y compris à l’encontre de mineurs, a posé la question suivante: comment le Gouvernement iranien réagit-il quand on lui fait part de ces inquiétudes?


Le représentant de la République islamique d’Iran a attiré l’attention des délégués sur le fait que la résolution 16/9 du conseil des droits de l’homme désignant un Rapporteur spécial avait été adoptée « sur la base d’une approche unilatérale et attitude ambigüe des États-Unis, principal ennemi de l’Iran, et de ses alliés de l’Union européenne ».  D’après lui, les États-Unis « feraient mieux de se pencher sur leur propre histoire sombre liée à la violation des droits de l’homme dans le monde ».  Quant au Royaume-Uni, il est aussi « derrière ses manipulations et ferait mieux de s’occuper des droits de ses propres citoyens ».


Selon le représentant, « le rapport n’est pas le reflet fidèle de la situation en Iran mais un catalogue d’informations exagérées et obsolètes », dont le contenu est « injustifiable et inacceptable » pour son pays.  Ce rapport devait être bref et ne pas rentrer dans les détails.  Il s’est cependant dit prêt à fournir toutes les informations pertinentes au Rapporteur spécial s’il veut en venir à un rapport équilibré et bien documenté, non politisé.  L’Iran, a-t-il conclu, est un « pays fondateur des Nations Unies, qui respecte pleinement ses engagements internationaux ».  En 2010, l’Iran a présenté son rapport dans le cadre de l’Examen périodique universel et a réagi à plus de 123 recommandations.  Le représentant a espéré que le Haut-Commissariat éliminera les allégations fausses reprises dans le rapport.


Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran a assuré le représentant iranien que son rapport serait équilibré et a témoigné de l’engagement des autorités du pays.  Il a néanmoins souligné que les cas évoqués demeuraient en suspens.  M. Shaheed a, de même, fait part de son plein engagement en vue de s’acquitter de son mandat et affirmé qu’il travaillerait avec les rapporteurs chargés des questions thématiques.  Les États Membres des Nations Unies doivent comprendre que lorsqu’on crée un mandat de pays, ce n’est pas pour stigmatiser ce dernier mais pour coopérer avec lui dans la résolution des problèmes. 


Il a indiqué qu’il avait rencontré de nombreux acteurs civils.  M. Shaheed a rappelé à l’Iran qu’il avait ratifié un certain nombre d’instruments relatifs à la parité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes.  Concernant l’amélioration des recours pour les victimes, il a souligné que l’Iran avait demandé à maintes reprises que ses moyens spécifiques de recours soient mentionnés dans les rapports.  Si les cas sont rapportés en détail, il serait plus aisé pour les autorités iraniennes d’y donner suite et de faire la lumière sur ces affaires, a-t-il expliqué. 


Par ailleurs, il a déclaré que des statistiques récentes avaient montré que la peine capitale était appliquée dans 70% des cas dans des affaires de trafics de stupéfiants.  Dans certains cas, cette sentence a été appliquée dans des affaires de blasphème, a-t-il noté.  Il a aussi observé que de nombreux mineurs étaient condamnés à mort et exécutés. 


M. Shaheed a exprimé son intention de discuter avec les autorités iraniennes sur les mesures immédiates à mettre en œuvre pour que l’Iran puisse honorer ses obligations internationales et adhérer à de nouveaux instruments relatifs aux droits de l’homme.  Il a recommandé la mise en place d’un mécanisme national de garantie des droits de l’homme, ainsi que la ratification de protocoles facultatifs d’instruments relatifs aux droits de l’homme. 


Exposé du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar


M. TOMÁS OJEA QUINTANA, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, qui présentait son rapport (A/66/365), a déclaré que ce pays se trouvait à un tournant de son histoire et que les possibilités d’évolution positive et concrète vers une amélioration de la situation des droits de l’homme et une transition démocratique plus marquée étaient réelles, depuis les élections législatives de novembre 2010 et la formation du nouveau Gouvernement le 1er  avril 2011.  Ces événements et les changements qui s’ensuivirent seraient susceptibles d’améliorer la situation des droits de l’homme au Myanmar et d’approfondir la transition vers la démocratie, a-t-il affirmé, en se disant encouragé par l’engagement de réforme et les priorités fixées par le Président Thein Sein, qui incluent la protection des droits et libertés fondamentales, le respect de l’état de droit ainsi que l’indépendance et la transparence de l’appareil judiciaire.


Il a vivement salué la décision du Président Thein Sein d’accorder une amnistie à un nombre significatif de prisonniers, y compris quelque 200 prisonniers de conscience.  Il s’est aussi félicité de l’adoption, le 13 octobre, d’une loi sur les organisations de travailleurs, facilitant la création de syndicats, ainsi que le droit de grève, de même que d’une loi sur l’enregistrement des partis politiques.


Néanmoins, M. Ojea Quintana a fait état de nombre de problèmes graves qui subsistent en matière de droits de l’homme en ce qui concerne l’ensemble des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, soulignant la nécessité de les résoudre.


Le Rapporteur spécial a en particulier mis le doigt sur les problèmes dans le fonctionnement des institutions et organes étatiques clefs, sur la situation des minorités ethniques, y compris les tensions actuelles dans les régions frontalières et le conflit armé avec plusieurs groupes ethniques, ou sur la protection des civils.


M. Ojea Quintana a invité le nouveau Gouvernement à intensifier ses efforts pour qu’il tienne ses engagements et s’acquitte de ses obligations internationales dans le domaine des droits de l’homme.  Le fonctionnement efficace et l’intégrité des institutions étatiques sont au cœur de la transition démocratique, a insisté le Rapporteur spécial, en rappelant le rôle important de ces entités dans la participation, l’autonomisation, la transparence, la reddition de compte et la non-discrimination.


Il a salué l’entrée en fonctions du nouveau Parlement national dans le cadre de la nouvelle Constitution et le fait que celui-ci a d’ores et déjà débattu de questions délicates relevant des droits de l’homme au cours de ses deux premières sessions ordinaires.  Il a toutefois mis en exergue la nécessité cruciale de clarifier les pratiques du Parlement, ses règles et procédures, notamment l’immunité pour que les parlementaires soient en mesure de s’exprimer en toute liberté dans l’exercice de leurs fonctions.  Il faudrait également, selon lui, nettement améliorer la capacité et le fonctionnement même de cette nouvelle institution.  M. Ojea Quintana s’est alarmé du fait que, comme le système judiciaire est loin d’être indépendant ou impartial, des affaires pénales étaient encore traitées à huis clos et que des avocats de prisonniers de conscience avaient eu leurs licences révoquées.


Le Rapporteur spécial a souligné que la situation des minorités ethniques et les tensions aux frontières étaient des sujets d’inquiétude, ainsi que les attaques contre les populations civiles, la violence sexuelle, les arrestations et détentions arbitraires, les déplacements internes, la confiscation des terres, le recrutement d’enfants soldats et le travail forcé.  Il a salué l’engagement du Président Thein Sein en vue d’inviter les groupes armés à des pourparlers de paix.


M. Ojea Quintana a aussi demandé une révision de la législation de sorte à l’aligner avec les instruments internationaux.  Il a souhaité que le Gouvernement considère préalablement l’impact de ses projets d’infrastructure sur les communautés locales et sollicite leur consentement, en s’abstenant de les déplacer.  Il a toutefois noté la création d’une Commission nationale des droits de l’homme au Myanmar et formé le vœu de rencontrer ses membres à l’occasion de sa prochaine visite dans le pays.


En conclusion, le Rapporteur spécial a exprimé ses remerciements au Myanmar pour son engagement et sa coopération, et a relevé que le Gouvernement avait devant lui une tâche écrasante, depuis la nécessité urgente d’améliorer la situation socioéconomique jusqu’à celle de mettre fin au conflit armé et d’assurer la protection des civils, en passant par la mise en place d’institutions démocratiques qui garantissent une paix durable à travers la réconciliation nationale.  Après avoir attendu cette transition pendant tant d’années, a-t-il déclaré, le peuple du Myanmar mérite l’appui et l’engagement continus de la communauté internationale pour que cette transition prenne racine.


Dialogue interactif


Le représentant du Myanmar a réaffirmé que son pays connaissait une nouvelle ère avec les réformes entreprises pour changer des mesures obsolètes.  Les membres du Parlement ont le droit de faire des propositions et de débattre sur tous les sujets.  Avec la création d’organes législatifs élus, le Myanmar est devenu membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) et se prépare à adhérer à l’Union interparlementaire.  Le nouveau Président a pour objectif la réconciliation nationale, en demandant à tous les citoyens d’œuvrer ensemble.  Il a fait une offre de paix, le 18 août dernier, à tous les groupes armés et a instauré un système multipartite démocratique.


Le représentant a apprécié la reconnaissance de ces avancées par le Rapporteur spécial, qui a reconnu que le Myanmar avait accepté la majorité des recommandations formulées dans le cadre de l’Examen périodique universel.  En effet, le Gouvernement a pris une série de mesures pour promouvoir et protéger les droits de l’homme.  Il a créé en septembre une Commission des droits de l’homme, auprès de laquelle les citoyens peuvent porter plainte s’ils estiment qu’ils ont été victimes de violations des droits de l’homme.  Le Myanmar a également l’intention de devenir partie à un certain nombre de conventions relatives aux droits de l’homme.  La question de la libération des prisonniers a revêtu un caractère prioritaire.  Le 16 mai 2011, le Président a proclamé une amnistie et une nouvelle vague de prisonniers ont été libérés ce mois-ci.


Le représentant a regretté qu’il reste des allégations non fondées dans le rapport, qui viennent des rapports précédents.  Il faut mettre un terme à la pratique visant à adopter des résolutions sur le Myanmar.  Le pays souhaite une « reconnaissance positive » de la part de la communauté internationale.


Le représentant des États-Unis a dit que la situation au Myanmar restait inquiétante malgré l’amnistie, et il a plaidé pour la libération inconditionnelle des prisonniers.  Des questions restent également en suspens en ce qui concerne les minorités ethniques.  Qu’en est-il de ce qu’il se passe à la frontière?  Que peut faire la communauté internationale pour que la nouvelle Commission nationale des droits de l’homme respecte les Principes de Paris?


La déléguée de l’Union européenne a reconnu les changements qui se produisaient au Myanmar.  Néanmoins, les domaines où des améliorations sont nécessaires devront faire l’objet d’une résolution.  Elle a demandé à M. Quintana comment cette Commission nationale des droits de l’homme pourra jouer son rôle et protéger la liberté de la presse, notamment sur Internet.  Dans quels autres secteurs, le Myanmar tirerait-il profit de sa collaboration avec la communauté internationale?


Le représentant du Japon a commenté qu’il restait nombre de défis pour améliorer la situation des droits de l’homme au Myanmar.  Il a espéré que les prochaines sélections seront libres et équitables.  Insistant sur l’assistance technique pour améliorer la situation, il a dit que la communauté internationale devait encourager les avancées pour en arriver à un « cercle vertueux ».


La représentante du Canada s’est félicitée de la visite réalisée par M. Quintana en 2011.  Elle a encouragé le Gouvernement à poursuivre son dialogue avec Mme Daw Aung San Suu Kyi.  En outre, certains points des rapports précédents n’ont pas été pris en considération, comme les cas de violations mentionnés dans l’est du pays et d’abus commis par les forces de police et militaires.  Que pense M. Quintana de la situation de la liberté de religion dans ce pays?


Le représentant du Liechtenstein a interrogé M. Quintana sur le rôle de la communauté internationale pour aider à « ancrer les avancées positives »?


La représentante de la Malaisie a estimé que la communauté internationale devait soutenir le Myanmar pour développer ses capacités sur la voie des réformes démocratiques.


Le représentant de la République de Corée a dit qu’il fallait renforcer le mouvement démocratique au Myanmar.  Toutefois, certains engagements du Gouvernement doivent se traduire concrètement; ce sera le cas des élections à venir qui devront être libres.  La libération des prisonniers de conscience est positive, mais malheureusement tous les prisonniers n’ont pas été libérés.


Les huit États Membres intervenus dans le dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar ont tous salué le travail de M. Tomás Ojea Quintana et ses efforts de coopération avec les autorités du pays concerné.  Les intervenants se sont félicités des pas positifs franchis par le nouveau Gouvernement du Myanmar au cours de l’année écoulée et ont pris bonne note de l’engagement du Président Thein Sein dans la voie des réformes politiques et économiques, ainsi que vers la transition démocratique et la paix nationale. 


La Suisse et la République tchèque ont également salué la libération d’un nombre significatif de prisonniers politiques, tout en lançant des appels pour la libération immédiate et sans conditions préalables de tous les prisonniers de conscience.  La République tchèque reste tout de même préoccupée par la situation des droits de l’homme, surtout dans les domaines de la liberté d’expression et d’association, la situation des minorités ethniques et les atrocités encore commises dans certains États.  La Suisse a encouragé le Gouvernement à mettre un terme aux conflits ethniques par la voie de la négociation et non par un recours à des moyens militaires. 


La représentante des Maldives a indiqué que dans la transition vers la démocratie au Myanmar, toutes les nations devaient se joindre aux efforts du nouveau Gouvernement et favoriser la protection universelle des droits de l’homme.  Des élections ont eu lieu pour la première fois depuis des décennies et la création d’un Parlement élu et celle d’une Commission nationale des droits de l’homme sont des événements remarquables, s’est-elle félicitée.


La déléguée du Royaume-Uni a plaidé en faveur de la reprise de l’engagement de la Croix-Rouge au Myanmar et s’est inquiétée du non-respect du cessez-le-feu dans les régions de conflit armé.  La Commission nationale des droits de l’homme doit agir conformément aux normes internationales et se pencher sur toutes les questions de violations des droits de l’homme, notamment ceux des minorités ethniques, a-t-elle dit.


La Chine a estimé que depuis l’entrée en fonctions du nouveau Gouvernement, des progrès avaient été accomplis, ce qui est de bon augure pour l’avenir de ce pays.  Sa représentante a encouragé le Rapporteur spécial à renforcer son dialogue avec le Gouvernement du Myanmar.  La déléguée a exprimé son mécontentement à l’égard des critiques formulées à l’encontre de son pays, indiquant que son gouvernement intimait aux entreprises chinoises au Myanmar de se plier aux normes internationales commerciales.  Pendant ces dernières années, la Chine a exécuté des projets au Myanmar, ce qui a profité au bien-être et au progrès économique de la population, a-t-elle indiqué.


La Thaïlande s’est déclarée satisfaite des événements historiques et positifs survenus au Myanmar.  Applaudissant ces efforts tangibles et concrets, la délégation a félicité le Myanmar pour les projets avec la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et a encouragé la communauté internationale à favoriser cet élan sans pareil, à lever les sanctions et à renforcer le développement des ressources humaines, et l’exécution des projets de développement de l’équipe de pays, sans restriction de la part du Conseil d’administration du PNUD.


L’Indonésie a mis l’accent sur les mesures prises au Myanmar depuis mars dernier mais a noté que certains États Membres demeuraient sceptiques quant à la capacité de ce pays à progresser sur la voie de la démocratie.  Il faut garder à l’esprit que les progrès ne peuvent être immédiats et qu’il faut du temps pour assurer des changements dans le domaine des droits de l’homme, a-t-elle dit.  


Le Président du Myanmar a pris des décisions qui vont dans le bon sens, a commencé par reconnaître le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar.  S’il a pris une décision d’amnistie à deux reprises, le Président doit encore libérer un bon nombre de prisonniers.  « La majorité d’entre eux ont été des acteurs de l’histoire du pays et méritent d’être libérés pour être maintenant des acteurs du changement. »  Les prisonniers ne doivent pas être otages des décisions de la communauté internationale, a insisté M. Quintana.  À cet égard, Mme Daw Aung San Suu Kyi a montré l’exemple de façon manifeste en se tournant amicalement vers le Gouvernement pour comprendre le processus en cours.


S’agissant de la situation aux frontières dans les régions ethniques où des conflits existent depuis des décennies, le Rapporteur spécial a rappelé qu’il avait parlé de violations systématiques et massives dans ses précédents rapports.  Or, ces violations se poursuivent et le Gouvernement doit assumer sa responsabilité en matière de justice.  Il doit agir pour renforcer la réconciliation nationale avec les groupes armés ethniques et éviter de militariser ces zones.


Répondant ensuite aux nombreuses questions sur la nouvelle Commission nationale des droits de l’homme, M. Quintana a estimé qu’elle pourrait jouer un rôle rapidement, « à partir du moment où les Principes de Paris seront respectés, à commencer par un niveau d’indépendance suffisant ».


Plusieurs délégations ayant évoqué la coopération internationale, il a dit que le pouvoir judiciaire n’était toujours pas indépendant.  « Cela demande une décision politique des autorités et une assistance de la part de la communauté internationale. »  Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme est justement en train d’envisager une coopération avec le Myanmar pour améliorer le nouveau Parlement.


M. Quintana a dit par ailleurs qu’il avait respecté son mandat mais qu’il avait dû examiner des cas de violations des droits de l’homme dans des projets d’infrastructure.


« Le Myanmar a une occasion unique, historique, de se transformer politiquement pour en venir à une démocratie », a conclu le Rapporteur spécial, dont le rôle est de rappeler au Gouvernement que tout processus démocratique passe par la promotion et la protection des droits de l’homme.


Exposé du Rapporteur spécial sur la situation relative aux droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC)


M. MARZUKI DARUSMAN, Rapporteur spécial sur la situation relative aux droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée (RPDC), a présenté son rapport (A/66/322) qui couvre la période de mars à octobre 2011 et tient compte de sa visite en Thaïlande du 13 au 17 juin dernier.


M. Darusman a dit qu’il était très préoccupé par la situation des demandeurs d’asile originaires de la RPDC et par la traite des êtres humains.  Il est difficile d’estimer le nombre de personnes qui quittent ce pays dans la mesure où il leur faut des mois, voire des années, pour parvenir à un pays où il existe des statistiques adéquates ou à une destination finale telle que la République de Corée.  Toutefois, de janvier à avril 2011, près de 870 demandeurs d’asile sont passés en Thaïlande; en 2004 on en comptait 40.


La plupart des demandeurs d’asile sont exploités par des trafiquants, mais ce sont les femmes et les enfants qui sont particulièrement vulnérables, a insisté le Rapporteur spécial.  La plupart des pays d’Asie du Sud-Est ont recours à la détention pour gérer la migration et s’en servent à l’encontre des réfugiés et des demandeurs d’asile.  Il a appelé les États de la région qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.


Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ont souligné que la grave pénurie d’aliments constituait le problème le plus pressant pour la RPDC.  Le Rapporteur spécial a craint que le système public de distribution nr dispose plus de nourriture depuis le début de la saison maigre, en mai dernier.


Ensuite, M. Darusman s’est dit préoccupé par le fait que la RPDC était le seul pays de la région Asie-Pacifique à ne pas être en passe d’atteindre les Objectifs 4, 5 et 6 du Millénaire pour le développement relatifs à la mortalité infantile, la santé maternelle et la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies.


La négociation d’un « espace humanitaire » pour les entités de l’ONU et les organisations non gouvernementales a été un processus long et difficile, a poursuivi le Rapporteur spécial, même si des négociations récentes entre le PAM et la RPDC ont permis d’améliorer la situation.  En outre, la RPDC est l’un des pays les plus isolés du monde, dont l’accès est le plus compliqué, que ce soit par téléphone ou Internet.


M. Darusman a voulu attirer l’attention de la Commission sur le fait qu’il manquait en RPDC une législation spécifique traitant de toutes les formes de violence contre les femmes.  Enfin, il a fait remarquer que depuis son dernier rapport, des groupes de défense des droits de l’homme avaient publié des images satellitaires de ce qui serait des prisons politiques.  Il a appelé les autorités à libérer d’urgence les prisonniers politiques.


Dialogue interactif


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a rejeté le rapport sur la situation des droits de l’homme dans son pays écrit, a-t-il dit, à grand renfort de manipulations et d’intrigues.  Il a également dénoncé la résolution du Conseil des droits de l’homme aux termes de laquelle le Rapporteur a été nommé.  Toute tentative d’utiliser ce rapport entachera la dignité de son pays et sera vouée à l’échec.


Une dizaine d’États ont participé au dialogue avec le Rapporteur spécial et se sont principalement préoccupés de la situation humanitaire et de la grave pénurie alimentaire en RPDC.  Ils ont exhorté le Gouvernement nord-coréen à ouvrir l’accès, sans entrave, aux agences humanitaires, comme il l’a fait dans le cas de le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM).


L’Australie a décrit la situation des droits de l’homme en RPDC comme une des pires au monde.  Il a salué les recommandations du Rapporteur spécial visant à introduire une politique d’aide, à lutter contre l’insécurité alimentaire et à remédier à la pénurie d’eau.  


Le représentant du Japon a exhorté le Gouvernement du pays à prendre des mesures immédiates pour protéger la population, notamment les femmes et les enfants contre la pénurie alimentaire.  Il a soulevé le problème de cas d’enlèvements de citoyens japonais en RPDC et déploré que le Gouvernement nord-coréen n’ait pas donné suite aux demandes du Japon.  Il a prié le Rapporteur spécial de se pencher sur ce problème.


Les États-Unis ont dénoncé l’interdiction d’accès du Rapporteur spécial à la RPDC, saluant toutefois la décision du Gouvernement d’inviter le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés à se rendre dans le pays.  Le délégué a déclaré être préoccupé par la situation des demandeurs d’asile.


Le Canada a plaidé pour le droit d’expression, d’assemblée et d’association de la population.  La Pologne, au nom de l’Union européenne, a dénoncé la poursuite des violations systématiques des droits de l’homme en RPDC et a regretté l’attitude du Gouvernement.  La délégation a toutefois salué la coopération avec l’UNICEF et le PAM, demandant si le Gouvernement pouvait accorder des facilités similaires à d’autres agences humanitaires et de quelle manière.  Le refus de la liberté d’expression, d’assemblée et d’association est contraire à la Constitution, a-t-elle noté.


La République de Corée, faisant référence aux Coréens du Sud retenus malgré eux en RPDC, a affirmé que des familles entières avaient perdu des êtres chers et ne connaissaient pas leur sort.  Il a exigé une réponse claire sur ces cas et leur libération immédiate. 


Le Royaume-Uni reste préoccupé par les rapports constants faisant état de violations systématiques des droits civils, politiques, économiques et sociaux de la population de la RPDC.  Le délégué a plaidé en faveur de l’assistance aux populations civiles de la RPDC et a voulu savoir quel était le pourcentage de la population dépendant de l’aide.  Il a aussi demandé quels étaient les moyens à mettre en œuvre pour s’assurer que les réfugiés aux frontières jouissaient des dispositions prévues par la Convention sur les réfugiés.


La Suisse a déclaré qu’outre la situation inquiétante du système sanitaire et de l’alimentation, le Gouvernement devait aussi accorder une plus grande place aux journalistes et faciliter l’accès et l’utilisation de l’Internet.  Le Gouvernement doit immédiatement libérer les prisonniers politiques.  Les femmes et les filles qui subissent des violences domestiques doivent bénéficier de recours, et la violence à l’égard des femmes doit cesser.  La représentante a encouragé le pays à donner suite à toutes les recommandations du Rapporteur spécial.


Les Maldives ont aussi appuyé les recommandations du Rapporteur spécial et exhorté la RPDC à les mettre en œuvre dans les plus brefs délais.  Le représentant s’est profondément inquiété de la traite des femmes et des enfants, ainsi que de la situation dramatique en matière d’accès à l’eau et à l’alimentation. 


La République tchèque a rappelé que le prédécesseur du Rapporteur spécial avait mentionné la possibilité de mettre en place une commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en RPDC et a voulu savoir si cette proposition avait été appuyée et dans quelle mesure.


Le Rapporteur spécial sur la situation relative aux droits de l’homme en RPDC a répondu que son mandat était dominé par la situation de pénurie alimentaire dans ce pays.  La population dépend du système de distribution publique pour se nourrir.


M. Darusman a précisé que son travail devait se concentrer sur l’élargissement de l’espace humanitaire afin d’assurer que l’aide parvienne bien aux bénéficiaires.  La situation alimentaire est prioritaire, a-t-il insisté.


Il a espéré que les autres sujets préoccupant la communauté internationale seraient examinés pour faire évoluer le processus au-delà de ce qui a été réalisé jusqu’à présent.


S’agissant de la commission d’enquête proposée par son prédécesseur, M. Darusman a dit qu’il s’interrogeait sur sa base juridique, notamment en ce qui concerne les enlèvements, et qu’il espérait offrir prochainement un rapport à ce sujet.


En conclusion, après la publication, au cours des sept dernières années, de 25 rapports du Secrétaire général et du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en RPDC, M. Darusman a invité la Commission à s’interroger sur la façon de procéder à l’avenir.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

La Deuxième Commission examine la question de la mondialisation et de l’interdépendance dans le contexte actuel, marqué par des crises multiples

AG/EF/3314

La Deuxième Commission examine la question de la mondialisation et de l’interdépendance dans le contexte actuel, marqué par des crises multiples

19/10/2011
Assemblée généraleAG/EF/3314
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission                                       

15e et 16e séances – matin & après-midi                     


LA DEUXIÈME COMMISSION EXAMINE LA QUESTION DE LA MONDIALISATION ET DE L’INTERDÉPENDANCE DANS LE CONTEXTE ACTUEL, MARQUÉ PAR DES CRISES MULTIPLES


Les délégations débattent de la coopération, des technologies et

de la culture au service d’une croissance et d’un développement durables


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a discuté aujourd’hui de la question de la mondialisation et de l’interdépendance dans le contexte de l’accroissement des incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale.  Cette question a fait ressortir l’urgence d’une assistance au monde en développement pour lui permettre de traverser cette crise, devenue une crise mondiale du financement, de l’emploi et de la pauvreté.  Les débats se sont appuyés sur quatre rapports dont était saisie la Commission: « Mondialisation et interdépendance » (A/66/187); « Rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance » (A/66/223); « Science et technique au service du développement » (A/66/208); et « Coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire » (A/66/220).


La plupart des intervenants ont débattu du sens à attribuer au phénomène de la mondialisation en pleine crise économique et financière, sur fond de changements climatiques dont les effets aggravent la situation des pays aux économies déjà vulnérables.  Quelles politiques peuvent rendre la croissance durable, équitable et inclusive?  À ces questions, les délégations de l’Argentine, parlant au nom du Groupe des 77 et de la Chine; du Saint-Siège et du Brésil ont estimé que la mondialisation peut être un atout pour la coopération et pour la promotion d’un partage équitable des fruits du développement, mais elle peut aussi devenir une menace si les pays en développement sont exclus d’une croissance dont les fruits seraient accaparés par les seules économies développées.


À cet égard, le Népal, s’exprimant au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a averti que dans les PMA, mondialisation et marginalisation sont allées de pair.  Soulignant l’accroissement du fossé entre riches et pauvres non seulement au niveau mondial, mais aussi à l’intérieur des PMA, et l’incapacité des PMA à tirer profit de l’expansion du commerce international, il a demandé à la communauté internationale de prendre plusieurs mesures, dont l’annulation de la dette des pays pauvres et une aide dans l’élaboration de politiques de croissance durable.


Prolongement de l’aide promise par les pays industrialisés au monde en développement, le rôle clef des Nations Unies en matière de coordination des politiques de promotion d’un développement durable a été exigé par de nombreuses délégations.  Le système des Nations Unies doit veiller à la diffusion des outils permettant une mondialisation équitable et inclusive, ont-elles souligné.  Plusieurs mesures ont été encouragées: meilleur contrôle de l’effectivité de l’aide publique au développement (APD), coopération accrue entre organismes internationaux, aide à la diffusion des connaissances et au renforcement des capacités, des ressources humaines et de la maîtrise des technologies, et soutien à l’élaboration de politiques favorables à la création d’emplois. 


L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) a estimé que l’emploi devrait être le chantier prioritaire et a demandé aux Nations Unies de jouer un rôle proactif en soutenant et disséminant le « Pacte mondial pour l’emploi » comme cadre de travail.  Ces propos ont été relayés par l’Organisation internationale du Travail (OIT), selon qui les politiques de création d’emplois produisent une vraie croissance, une vraie demande et offrent une protection sociale aux personnes et familles tout en créant des recettes susceptibles de financer les programmes de développement.


Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur la situation des pays à revenu intermédiaire, groupe aux réalités diverses, souvent inégales, et très vulnérable aux chocs exogènes comme les crises financières et les impacts des changements climatiques.  Ces pays abritent toujours 75% des personnes pauvres vivant avec moins de 1,25 dollar américain par jour, avec de grandes disparités de revenus entre habitants.  Les pays développés ont été exhortés à respecter les engagements pris en matière d’APD.


À l’instar des PMA, des pays de l’ANASE et du CARICOM (Communauté des Caraïbes), les intervenants ont rappelé l’importance du commerce international pour inclure le monde en développement dans une croissance durable.  Le Groupe des 77 et la Chine a plaidé pour un renforcement de la coopération internationale en matière de commerce, ce dernier étant un moteur essentiel pour parvenir à la réalisation, dans les temps impartis, des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  L’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a évoqué la nécessité de promouvoir des aides à la compétitivité pour le monde en développement, via des programmes de développement du commerce.  Une meilleure représentation des pays en développement à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a aussi été demandée, ainsi que la conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha, dont on avait promis qu’il serait le « Cycle du développement ».


Le domaine de la culture a également été évoqué, sous l’angle de savoir comment mieux l’intégrer dans les politiques de développement.  Il a été souligné notamment par la voix du Bélarus, du Groupe des 77 et de la Chine, ou encore de l’Uruguay, que dans le contexte de mondialisation, il faut respecter et protéger les cultures et l’identité des différents peuples.  Le Pérou a souligné que la culture était « une fontaine intarissable » de création d’emplois et de revenus, notamment dans le domaine du tourisme.  Le rôle de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a aussi été mis en exergue, des délégations soutenant la proposition de la tenue d’une conférence de haut niveau sur la culture et le développement en 2012 sous l’égide de l’UNESCO et de la Banque mondiale.


La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi 20 octobre, à 15 heures, en séance plénière. 


MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE


Rapport de la Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (A/66/187)


Ce rapport a été établi par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).  Il rend compte de l’application de la résolution 65/166 de l’Assemblée générale intitulée « Culture et développement ».  L’évolution du concept de développement, d’un modèle universel unique à un processus plus large empruntant des voies multiples et diverses, a produit une approche du développement centrée sur l’élément humain.  Cet élargissement du paradigme du développement a préparé le terrain de la reconnaissance progressive du rôle indispensable de la culture dans le développement durable.  Une vision du développement durable qui reflète mieux la complexité des sociétés et ses implications contextuelles a ainsi pu émerger.


Le rapport propose une évaluation de l’utilité et de l’opportunité d’organiser une conférence des Nations Unies sur la culture et le développement.  Il récapitule à cette fin les activités de 18 entités des Nations Unies qui démontrent l’apport de la culture au développement.  Il expose aussi les paramètres de l’organisation d’une telle conférence, dont il évalue l’objectif, la portée, le moment, le format et les incidences financières.


Dans ce rapport, la Directrice général de l’UNESCO recommande, par ailleurs, plusieurs mesures à prendre en compte pour mieux intégrer la culture dans les politiques et pratiques de développement: appuyer les efforts constants déployés par toutes les entités des Nations Unies pour mieux comprendre l’articulation entre culture et développement durable en recourant à des indicateurs, à des données statistiques et aux meilleures pratiques pour définir les politiques de développement; encourager les études qui montrent l’impact qualitatif de la culture sur le bien-être des sociétés et font apparaître le potentiel des approches culturelles centrées sur les droits de l’homme au service de la paix durable; poursuivre les efforts engagés pour assurer la mise en œuvre opérationnelle de la démarche associant culture et développement inaugurée dans les projets financés par le Fonds pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD); inviter l’UNESCO à envisager d’organiser la conférence proposée et étudier les modalités possibles, en collaboration étroite avec toutes les entités des Nations Unies concernées, afin de mieux appréhender les contributions quantitatives et qualitatives de la culture au développement équitable et durable, au profit de tous.


a) Rapport du Secrétaire général sur une croissance soutenue, équitable et sans exclusive pour une mondialisation plus juste et plus équitable pour tous, notamment par la création d’emplois ( A/66/223)


Le présent rapport a été établi par le Secrétaire général en application de la résolution 65/168 de l’Assemblée générale.  Il y passe en revue la mondialisation au lendemain de la crise financière et économique mondiale.  Il y examine la croissance économique et les politiques tendant à rendre cette croissance plus soutenue, plus équitable et sans exclusive dans le contexte général de la mondialisation.  Le rapport montre les liens entre ces questions et les objectifs du plein emploi et du travail décent, et examine les questions de croissance économique soutenue, équitable et sans exclusive, et de création d’emplois dans le contexte plus large d’une mondialisation plus juste et plus équitable pour tous.


Le rapport relève que la mondialisation a été diversement définie au fil des ans.  De façon générale, précise le rapport, elle concerne l’intégration économique – c’est-à-dire la diffusion des politiques à travers les frontières et la transmission des connaissances.  L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit la mondialisation comme « un phénomène d’interdépendance croissante des marchés et de la production dans différents pays par le commerce des biens et des marchandises, les flux de capitaux transfrontières et l’échange de technologie. »


La mondialisation, indique le Secrétaire général, mesurée par les échanges de marchandises et de services, notamment financiers, s’est intensifiée au cours des dernières décennies.  L’essor des communications, entraîné surtout par l’informatique, et le progrès technologique en général a accompagné et parfois approfondi ces tendances économiques.  Cela a ouvert de vastes perspectives nouvelles et entraîné des avantages nouveaux appréciables.  Mais l’interdépendance accrue qui a accompagné ces échanges laisse les pays et les populations dans une situation plus vulnérable aux chocs extérieurs et à l’insécurité économique, constate M. Ban Ki-moon.  La mondialisation s’est également accompagnée d’une aggravation de l’inégalité entre pays et dans les pays eux-mêmes, ajoute M. Ban.


Le rapport indique que l’expérience des 20 dernières années fait gravement douter de la réalité des avantages présumés de la mondialisation financière, car l’on constate des sorties nettes de capitaux des pays en développement vers les pays développés et une fréquence plus grande des crises financières, dont l’intensité s’est aggravée, tandis que l’abaissement du coût du capital ne peut être attribué sans réserves à la mondialisation financière.  


La diminution appréciable de la croissance économique mondiale, déclenchée par la crise et la récession financière et économique mondiales récentes, peut également être attribuée à la mondialisation financière, constate le Secrétaire général.  Il précise que la propagation rapide de la récession économique depuis l’épicentre vers la périphérie, rappelle dramatiquement la vulnérabilité des pays en raison de l’intégration économique toujours plus poussée causée par la mondialisation.


Le Secrétaire général estime qu’un environnement international systématiquement favorable à une croissance économique soutenue, équitable et sans exclusive, à la création d’emplois, au travail décent et à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est essentiel si l’on veut éliminer les inégalités résultant de la mondialisation.  Il ajoute qu’un tel environnement favorable doit inclure aussi une cohérence et une coordination accrues des politiques de gestion de la mondialisation et un élargissement de la marge de décision des pays en développement.


b) Rapport du Secrétaire général sur la mondialisation et l’interdépendance: science et technique au service du développement ( A/66/208 )


Présenté en application de la résolution 64/212 de l’Assemblée générale, ce rapport dresse le bilan des activités menées par la Commission de la science et de la technologie au service du développement dans les domaines de l’agriculture, du développement rural, des technologies de l’information et des communications et de la gestion de l’environnement, ainsi que par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et les autres organisations compétentes en vue d’aider les pays en développement à intégrer leurs politiques concernant la science, la technologie et l’innovation dans leurs plans et stratégies de développement.


Ce rapport consacre un chapitre aux activités de la Commission de la science et de la technique au service du développement dans les domaines de l’agriculture, du développement rural, des technologies de l’information et des communications et de la gestion de l’environnement.  Le rapport détaille ainsi les grandes lignes de la treizième session de la Commission, qui s’est tenue à Genève du 17 au 21 mai 2010; de la quatorzième session, qui a eu lieu à Genève du 23 au 27 mai 2011, et aborde aussi les progrès accomplis depuis 5 ans dans la mise en œuvre des textes issus du Sommet mondial sur la société de l’information.


Le Secrétaire général consacre un autre chapitre de ce document aux activités de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation.  Il aborde la question de la recherche et du renforcement des capacités dans le domaine de la science, de la technologie et de l’innovation pour le développement durable.  Il évoque aussi des réunions d’experts sur les politiques de développement des entreprises et le renforcement des capacités pour la science, la technologie et l’innovation, et une réunion d’experts en écotechnologies et technologies des énergies renouvelables en tant que solutions énergétiques pour le développement rural.  Il se penche aussi, dans ce rapport, sur le réseau de centres d’excellence, et fait un examen des politiques relatives à la science, à la technologie et à l’innovation.


c) Rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire (A/66/220)


Le Secrétaire général présente ce rapport suite à une demande de l’Assemblée générale dans sa résolution 64/208.  Il s’agit d’un rapport complet en matière de coopération pour le développement avec les pays à revenu intermédiaire portant sur les stratégies et les mesures que le système des Nations Unies met en œuvre en matière de coopération pour le développement avec ces pays, en tenant compte des activités d’autres organisations internationales pertinentes, dont les institutions financières internationales.


Le rapport identifie les pays à revenu intermédiaire comme ceux dont le revenu national brut (RNB) par tête d’habitant est compris entre 996 et 12 195 dollars US, d’après la classification de la Banque mondiale.  En 2011, 104 pays relèvent de cette catégorie, dont 56 sont dans la tranche inférieure, avec un RNB par habitant inférieur à 3 945 dollars US.  En tant que groupe, les pays à revenu intermédiaire représentent plus de 70% de la population mondiale et près de 43% du produit intérieur brut mondial, mesuré en fonction de la parité du pouvoir d’achat.


Au cours de ces dernières décennies, les pays à revenu intermédiaire ont enregistré de remarquables avancées économiques et sociales dans maints domaines.  Toutefois, les progrès ont été inégaux et divers, et des problèmes colossaux restent encore à surmonter, relève le Secrétaire général dans ce document.  En dépit des améliorations considérables dans la lutte contre la pauvreté, les pays à revenu intermédiaire comptent encore près de 75% des personnes les plus pauvres au monde vivant avec moins de 1,25 dollar US.  Les inégalités des revenus tendent à être plus élevées au sein des pays à revenu intermédiaire que dans ceux à revenu élevé.  Parvenir à une croissance plus soutenue et sans exclusive tient du défi pour les pays qui ne sont pas parvenus à diversifier leurs économies et à les préserver de la volatilité des marchés, indique M. Ban Ki-moon.


Le système des Nations Unies et les institutions financières multilatérales ont été des partenaires et des facilitateurs majeurs de la coopération au développement internationale avec les pays à revenu intermédiaire.  Tout en reconnaissant qu’il appartient à chacun de trouver sa voie, la nécessité d’une meilleure coopération internationale se fait vivement ressentir afin d’aider les pays à revenu intermédiaire à faire face à leurs problèmes de développement, en particulier en ce qui concerne l’appui fourni par le système des Nations Unies, constate le Secrétaire général.


Débat général


Mme NATALIA HANDRUJOVICZ (Argentine), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que la mondialisation peut être une force dynamique pour le renforcement de la coopération et l’accélération de la croissance et du développement.  Néanmoins, a-t-elle regretté, la mondialisation présente de nombreux risques et défis pour les pays en développement.  Elle a ensuite noté que les Nations Unies devraient jouer un rôle fondamental dans la promotion et le renforcement de la coopération internationale, ainsi que pour la coordination et la mise en œuvre des objectifs de développement agréés au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Elle a précisé que cette coordination devrait se faire en collaboration avec toutes les institutions financières, commerciales, et de développement à l’échelle internationale.


Mme Handrujovicz a, en outre, relevé que le Groupe des 77 et de la Chine soutient que chaque pays est responsable, au premier chef, de son développement.  Elle a expliqué que les spécificités des pays en développement, sur les plans politique, économique et environnemental, devraient être prises en considération dans le contexte de la mondialisation.  Elle a insisté, par la suite, sur le fait que les activités de développement des Nations Unies devraient être menées dans le respect des principes de prévisibilité et d’universalité, et selon les besoins spécifiques des pays qui sont dans le besoin, y compris les pays les moins avancés (PMA) et les pays à revenu intermédiaire.  Elle a ensuite expliqué que les critères de classement, tel que le revenu par habitant, ne reflètent pas forcément la réalité et les besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire.  


La représentante a, en outre, soutenu que si la mondialisation doit renforcer les valeurs communes de l’humanité, elle doit aussi protéger et renforcer les traditions, les cultures et l’identité des différents peuples.  Elle a exhorté la communauté internationale à promouvoir l’apport, qualitatif et quantitatif, de la culture sur le développement.  Elle a, dans ce contexte, soutenu l’idée de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), d’organiser une conférence de haut niveau sur la culture et le développement.  La représentante a également indiqué que l’accès à la technologie permet de constater une inégalité manifeste entre pays développés et pays en développement.  Elle a affirmé que la science et la technologie devraient permettre aux pays en développement de parvenir à des succès dans les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’énergie, du commerce et de la protection de l’environnement.


M. SHANKER BAIRAGI (Népal), s’exprimant au nom des pays les moins avancés (PMA), a souligné que la mondialisation n’a pas bénéficié à tout le monde et que les PMA continuent d’être marginalisés dans l’économie mondiale, ce qui accroît encore plus les écarts entre pays riches et pays pauvres.  Il a évoqué les incertitudes actuelles concernant l’évolution de l’économie mondiale, et a notamment évoqué la menace que représente la possibilité d’une double récession dans les pays développés et la crise de la dette souveraine qui frappe l’Europe.  Dans un tel contexte, les performances économiques actuelles des PMA ne sont pas durables et n’ont par ailleurs pas porté leurs fruits en termes de création d’emplois et de réduction de la pauvreté dans plusieurs de ces pays, a noté M. Bairagi.  Il s’est dit fortement préoccupé par la question de l’aide publique au développement (APD) que les pays développés ne versent pas au niveau convenu, et des implications sérieuses que cela aura sur les efforts de développement des PMA.  Ces derniers risquent de subir une pression accrue quant à leur endettement et d’être exposés à une insécurité alimentaire aggravée.


Le représentant a plaidé pour une mondialisation plus inclusive, qui aide les pays pauvres à élaborer des politiques économiques leur permettant d’avoir une croissance durable, tout en reconnaissant qu’au niveau national, les gouvernements des PMA doivent favoriser des politiques macroéconomiques favorables à la création d’emplois.  Revenant sur l’aide de la communauté internationale, il a cité la nécessité de l’orienter vers un certain nombre de priorités comme l’aide au renforcement des capacités, l’aide à la création d’emplois décents, l’annulation de la dette des PMA, l’établissement de règles de commerce international inclusives, la promotion du transfert de technologie ou encore la protection des migrants.  Il a insisté sur l’importance pour les PMA de bénéficier, comme les pays riches, des fruits de l’innovation scientifique et des nouvelles technologies.  Il a demandé qu’un soutien financier et technique accru soit fourni dans ce domaine aux PMA et a salué, à ce titre, les travaux de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).


M. YUSRA KHAN (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est dit confiant que la croissance de cette zone géographique se situera cette année entre 5,4% et 6,4%.  Mais il a estimé que des risques et des défis doivent néanmoins y être relevés, à commencer par la question de la création d’emplois dans un contexte de crise économique mondiale qui est aussi une crise mondiale de l’emploi, des prévisions montrant que jusqu’à 205 millions de personnes pourraient être sans emplois à l’horizon 2020.  Il a prôné la promotion de politiques qui soient en faveur de la création d’emplois et favorables aux pauvres, citant un certain nombre d’urgences, comme le développement du commerce international, l’accroissement des investissements dans le secteur agricole, la construction de meilleures infrastructures et la promotion du développement rural. 


M. Khan a souligné le rôle plus proactif que doivent jouer les Nations Unies sur cette question et a qualifié le Pacte mondial pour l’emploi de « cadre de travail cohérent ».  Concernant le rapport sur les sciences et les technologies, il a indiqué que l’ANASE était favorable à la promotion de technologies « vertes » peu coûteuses dans les pays en développement.  Il s’est aussi dit préoccupé par le rapport sur la coopération à destination des pays à revenu intermédiaire, car on y constate une baisse constante de l’aide financière et technique dont ont besoin ces pays.  Le représentant a demandé que plus de considération soit accordée à des politiques favorisant la croissance et la prospérité de ces pays.


M. CAMILLO M. GONSALVES (Saint-Vincent-et-les Grenadines), prenant la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a relevé la vulnérabilité de ses États membres à la crise économique et financière mondiale, qui les affecte durement, même s’ils ne sont pas responsables des actes et décisions imprudents qui en sont à l’origine.  Des fautes commises ailleurs obligent les pays de la CARICOM à adhérer à des plans de rigueur imposés par le Fonds monétaire international (FMI), a déploré M. Gonsalves.


Dénonçant le rôle de la mondialisation dans la situation de récession que connaissent des pays de la CARICOM, M. Gonsalves a interpellé l’Assemblée générale, l’exhortant à jouer un rôle « robuste » en vue de rendre concrètes les promesses de la mondialisation, tout en minimisant les impacts négatifs qu’elle a sur les pays en développement.  « La CARICOM estime que le point de départ approprié pour un engagement de l’Assemblée générale, serait pour elle de procéder à un véritable suivi des recommandations avancées par la session de haut niveau des États Membres des Nations Unies sur la crise économique et financière mondiale et son impact sur le développement, qui a eu lieu en 2009 », a indiqué le représentant.  « Tout en se félicitant de l’orientation donnée à la coopération en matière de développement avec les pays à revenu intermédiaire, la CARICOM appelle la communauté internationale à reconnaitre la spécificité des petits États insulaires en développement et autres pays à revenu intermédiaire de la CARICOM, qui sont lourdement endettés », a souligné M. Gonsalves.


Mme EKATERINA FOTINA (Fédération de Russie) a indiqué qu’aucune société ne peut se développer si son capital humain et l’amélioration du mode de vie de sa population ne sont pas au centre de ses politiques.  Elle a annoncé que la Fédération de Russie va organiser, en 2012, une conférence internationale de haut niveau sur le travail décent.  S’exprimant sur la question des pays à revenu intermédiaire, elle a félicité les pays qui ont pu sortir de cette catégorie pour devenir aujourd’hui des bailleurs de fonds.  Elle a souhaité que les Nations Unies apportent leur assistance aux pays qui continuent de faire partie de ce groupe particulier.  La représentante a précisé qu’à eux seuls, les financements ne suffisent pas pour aider ces pays, mais qu’il serait également important d’envisager des réformes structurelles en mettant l’accent par exemple sur la promotion d’infrastructures et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.  Elle a souligné, par la suite, que l’aide doit être fournie en accord avec les besoins des pays qui en sont récipiendaires et dans le respect des points de vue des gouvernements.  La représentante a, en outre, reconnu le rôle de la culture dans le développement à l’échelle national et sur le plan mondial, et elle a souhaité avoir plus d’informations en ce qui concerne la proposition de l’UNESCO d’organiser une conférence sur la culture et le développement en 2012.


M. AMAR DAOUD (Soudan) a souligné que la mondialisation a transformé l’économie mondiale, mais que ses fruits restent encore à être partagés par tous.  Il faut pour cela établir un ensemble de politiques bénéficiant à tous les pays et notamment mettre en place un système commercial multilatéral inclusif et allant dans le sens du soutien à apporter aux Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il préconisé.  Le représentant a cité de nombreux défis à relever pour y parvenir, alors que la crise économique, énergétique et alimentaire aggrave la situation.  Il a parlé des efforts déployés par le Soudan pour lutter contre la pauvreté et a mentionné le secteur agricole national, où des investissements publics ont encore été faits cette année.  L’agriculture est un chantier prioritaire, a-t-il indiqué.  Il a plaidé pour « une révolution verte » au Soudan, mais a dit que malgré les efforts déployés par son pays, celui-ci n’arrivait toujours pas à devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il a demandé que l’accès à l’OMC soit facilité pour les pays en développement, et a demandé plus de transparence dans le processus d’accession.


M. WIRA HAJI IDRIS BIN HAJI HARON (Malaisie) a indiqué que son pays est une économie de taille moyenne qui a bénéficié de la mondialisation de l’économie.  Il a relevé que l’expérience de la Malaisie permet de comprendre qu’une croissance économique inclusive, équitable et durable, est la précondition nécessaire aux efforts à déployer pour faire face aux effets négatifs de la mondialisation, et pour réduire la pauvreté et atteindre un niveau de développement qui permette d’améliorer le niveau de vie des populations.  Le représentant a rappelé qu’en 2009, le Premier Ministre de la Malaisie a lancé une nouvelle politique, le « Nouveau modèle économique » (NME), qui sert de base à une feuille de route dont l’application doit mener la Malaisie au statut de pays développé à l’horizon 2020. 


M. Haron a également estimé que trois facteurs majeurs pourraient aider les pays en développement à mieux faire face aux impacts négatifs de la mondialisation.  Il a ainsi évoqué le renforcement des capacités et le transfert technologique en faveur des pays en développement.  Il a ensuite suggéré la réforme du système commercial multilatéral actuellement en vigueur à l’échelle mondiale, et a souhaité la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha, qui devrait créer un environnement commercial plus équitable entre les différentes régions du monde.  Il a enfin souligné le besoin de réformer l’architecture financière internationale, afin de mettre sur pied un environnement international qui permette d’aller vers une croissance inclusive, équitable et durable.


M. JOÃO LUCAS QUENTAL NOVAES DE ALMEIDA (Brésil) a souligné que les défis posés par les changements climatiques affectent l’équilibre des bénéfices de la mondialisation.  L’accroissement des flux commerciaux, financiers et de personnes fait partie de l’évolution de notre civilisation, a estimé M. De Almeida.  Nous n’allons pas revenir en arrière, mais il faut nous assurer de faire de la mondialisation un processus équitable et juste qui n’exacerbe pas les inégalités.  Cette mondialisation représente à la fois un potentiel et des risques inouïs.  La communauté internationale peut et doit contribuer de manière positive à faire de la mondialisation un facteur de retour à une croissance durable pour tous, a-t-il dit.  À ce titre, le représentant a demandé que des efforts accrus et concertés soient faits par les institutions de Bretton Woods.


Au niveau national, il a plaidé pour la mise en place de politiques sociales actives luttant contre les inégalités, et favorisant la création d’emplois, la protection sociale et l’aide aux plus pauvres.  Il faut s’assurer que les pays en développement disposent d’un espace fiscal nécessaire pour élaborer de telles politiques sociales, a dit M. De Almeida.  Concernant les pays à revenu intermédiaire, il a mentionné le niveau actuellement très élevé des inégalités sociales dans les pays en développement et leur vulnérabilité aux chocs et aux crises.  L’aide internationale leur est nécessaire, a-t-il souligné.  Il faut les aider à renforcer leurs politiques de développement au niveau national, a dit M. De Almeida.  Il a aussi reconnu la contribution de la culture au développement, estimant que d’avantage doit encore être fait à ce niveau.  Il faut pouvoir intégrer de façon plus systématique la culture dans les politiques nationales de développement, en s’appuyant sur des politiques et des outils internationaux, a-t-il estimé.


M. ABDOURAHMANE TRAORÉ (Sénégal) a rappelé que le monde est devenu un village planétaire.  Il a indiqué que la mondialisation devrait, à plusieurs égards, être réformée.  Il a évoqué notamment les dysfonctionnements de l’économie mondiale qui devraient être corrigés, afin de permettre aux pays en développement de s’engager sur la voie du développement.  Le représentant a souligné qu’une croissance économique durable, inclusive et équitable, ne peut être atteinte que si on fait preuve d’une volonté politique ferme.  Il a ensuite relevé que le Sénégal, à travers son expérience, démontre que la culture a une grande incidence sur l’emploi, le tourisme et l’industrie.  Le représentant a ainsi soutenu que la culture est étroitement liée aux trois piliers du développement durable, qui sont ses aspects sociaux, économiques et environnementaux.


Mme TATIANA LESHKOVA (Bélarus) s’est exprimée sur la situation des pays à revenu intermédiaire, rappelant que son pays soutient « depuis le début » les propositions d’aide à ce groupe de pays, qui souffrent de nombreuses disparités dans les conditions qui y prévalent au niveau national.  Le succès des Objectifs du Millénaire pour le développement devra, en grande partie, être mesuré à l’aune de la réalisation ou non de ces objectifs au sein de ce groupe de pays, a-t-elle estimé.  La situation de ces États constitue l’indicateur du niveau des égalités qui existent dans l’ensemble du monde, estimé la représentante.  Elle a souligné la vulnérabilité de ces pays, où l’impact de la crise se traduit notamment par un fossé accru entre riches et pauvres, une crise alimentaire, la marginalisation de leurs produits dans le commerce international et une baisse des investissements.  La représentante du Bélarus a, à ce titre, plaidé pour l’apport d’une aide urgente et importante aux pays à revenu intermédiaire et a demandé entre autres la création d’un groupe de haut niveau chargé de la question de la coopération avec ce groupe de pays.


M. TAUHEDUL ISLAM (Bangladesh) a indiqué que les bénéfices de la mondialisation ont été inégalement répartis, alors qu’aujourd’hui ce sont les plus pauvres qui paient le prix le plus élevé des crises causées par les principaux acteurs et bénéficiaires de ce phénomène.  Dans ce contexte, il a souhaité que les efforts nationaux en faveur du développement soient complétés par un soutien substantiel de la communauté internationale.  Le représentant a ensuite souligné qu’étant donné que l’Organisation des Nations Unies a une légitimité internationale avérée en ce qui concerne les problèmes globaux, elle devrait jouer un rôle majeur dans la coordination de l’assistance internationale en faveur du développement.  M. Islam a, en outre, rappelé que chaque pays ayant des spécificités et des priorités qui lui sont propres, les règles des institutions soutenant la mondialisation ne devraient pas être imposées à un pays pour le pousser à changer ses priorités économiques.  À cet égard, a-t-il dit, nous devons respecter les recommandations du Programme d’action d’Accra relatif à l’efficacité de l’aide au développement.  Le représentant a également souhaité, dans le contexte de la mondialisation, que les différences culturelles soient prises en considération, et que la force de dissémination qu’est la mondialisation serve aussi à vulgariser la technologie et l’innovation scientifique.


M. XIE XIAOWU (Chine) a rappelé que diverses résolutions adoptées par les Nations Unies invitent la Commission de la science et de la technique au service du développementà assister le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) dans la mise en œuvre des décisions du Sommet mondial sur la société de l’information.  Elles l’invitent également à répondre aux besoins particuliers des États, particulièrement les pays en développement, notamment dans les domaines des technologies de l’information et de la communication.  Il y a au sein de la communauté internationale, a-t-il dit, un consensus de plus en plus croissant sur la nécessité de tirer pleinement partie du pouvoir de la science et de la technologie pour lutter contre la pauvreté, améliorer les niveaux de vie des populations, assurer la sécurité alimentaire et atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.  À 4 ans de la date butoir fixée pour la réalisation des OMD, nous devons accorder à la science un rôle clef dans la réponse à apporter aux changements climatiques et pour sortir des crises financières et économiques mondiales, a par ailleurs indiqué M. Xie.


La communauté internationale, et particulièrement les pays développés, doivent à la fois accroître leur assistance aux États en développement, et assurer le transfert de technologie au bénéfice de ces derniers, « afin de les aider à développer leurs ressources humaines », a soutenu M. Xie.  Il a d’autre part insisté sur l’importance de la coopération entre États dans le cadre de projet de recherches scientifiques majeurs, avant de souligner que la stratégie de développement de la Chine était fondée sur l’innovation et la promotion de la science et de la technologie.  Cette philosophie a été marquée ces dernières années par la création d’une variété de riz de qualité hautement supérieure, le lancement de vols spéciaux habités, des recherches sur le génome humain, et le lancement d’activités d’exploration des fonds marins les plus profonds, a-t-il conclu.


M. ALFREDO CHUQUIHUARA (Pérou) a rappelé le rôle de catalyseurs joué par les pays à revenu intermédiaire dans la coopération Sud-Sud et le soutien à une croissance équitable et durable de l’économie mondiale.  Malgré les progrès économiques et sociaux enregistrés ces deux dernières décennies, ces pays restent confrontés à de graves défis en termes de pauvreté, de santé et d’éducation, et en ce qui concerne les changements climatiques, a-t-il relevé.  Il est par conséquent nécessaire d’intensifier la coopération internationale, et d’augmenter l’aide publique au développement fournie par les pays développés, a-t-il préconisé. 


Le représentant a jugé fondamental de garantir la prévisibilité, la progressivité et l’universalité de la présence et de l’appui du système des Nations Unies aux pays en développement.  À cet égard, il a rappelé que 64% des personnes vivant en état d’extrême pauvreté se trouvent dans des pays à revenu intermédiaire, et que l’Amérique latine est le continent le plus inégalitaire du monde.  Il a déploré le fait que le système des Nations Unies continue d’utiliser le PIB par habitant comme donnée centrale pour calculer le niveau de développement d’un pays, sans tenir compte d’autres facteurs, comme la distribution géographique des revenus, ou les besoins spécifiques des pays en matière de développement.  Enfin, M. Chuquihuara a souligné que la culture était « une fontaine intarissable » de création d’emplois et de revenus, notamment pour le tourisme.  Il a donc estimé fondamental de mettre l’accent sur son impact, afin de renforcer l’autonomisation nationale pour établir un secteur culturel dynamique et innovant, dans un esprit de coopération, et de volonté de préservation des savoirs traditionnels locaux et autochtones.


M. DAVID GOVRIN (Israël) a souligné l’importance des progrès scientifiques et technologiques dans les avancées humaines, citant les contributions faites au cours des dernières décennies par son pays en ce qui concerne les nouvelles technologies et la médecine.  Israël est aujourd’hui membre du Centre européen pour la recherche nucléaire (CERN), a-t-il relevé.  Le représentant a plaidé pour la coopération dans le domaine des capacités techniques et scientifiques qui peuvent être mises au service du développement économique et de l’amélioration des conditions de vie.  Les technologies permettent aujourd’hui de répondre aux problèmes posés par le manque d’eau et par la désertification en améliorant les méthodes agricoles, a dit le représentant.  Il a cité notamment en exemple les initiatives de coopération prises par Israël dans le secteur des techniques d’irrigation, d’aquaculture, et des programmes de santé.  Pour qu’une coopération fonctionne, le seul transfert de technologie n’est pas suffisant.  Il faut aussi se concentrer sur les outils essentiels que sont l’apport des connaissances et la formation des ressources humaines.


Mme MARIANNE NUJOMA (Namibie) a noté que la mondialisation ouvre de nouvelles opportunités pour une croissance économique durable et le développement de l’économie mondiale, particulièrement dans les pays en développement.  Elle a cependant regretté que les gains et bénéfices de la mondialisation n’ont pas à ce jour été partagés équitablement entre les pays et les peuples.  En fait, la majorité des habitants de la planète n’ont pas bénéficié des fruits de ce phénomène, a-t-elle ajouté.  La représentante a rappelé que le Secrétaire général, dans un des ses rapports, identifie les pays à revenu intermédiaire comme ceux dans lesquels le revenu par habitant varie entre 996 et 12 195 dollars par an.  Ella a regretté que ce critère de classement ne soit pas juste car il ne tient pas compte des spécificités propres à chaque pays.  Mme Nujoma a également souhaité que la communauté internationale soutienne les pays qui passent du statut de pays à faible revenu à celui de pays à revenu intermédiaire, afin qu’ils ne retombent pas dans la catégorie précédente.  Elle a exhorté la communauté internationale à soutenir les efforts des pays à revenu intermédiaire en leur apportant un appui technologique et financier, et en y effectuant des investissements dans les secteurs des infrastructures et de l’énergie.


Mme ADENIKE OSOBA (Nigéria) a vu dans la mondialisation un moteur puissant pour accélérer la croissance et le développement.  Mais c’est aussi un processus qui peut être inégal et générateur de marginalisation, a-t-elle noté.  Les pays en développement doivent tout faire pour développer des stratégies et des politiques qui préservent leur droit au développement, a poursuivi la représentante.  Elle a plaidé en faveur d’un rôle accru des Nations Unies pour promouvoir le développement au moyen de la coordination et de la coopération entre États Membres.  Elle a notamment cité là cet égard la coopération juridique et l’intégration des pays en développement dans le commerce mondial.  La mondialisation doit tenter de renforcer des valeurs communes et tenir compte des disparités culturelles existant entre nations, différences qui sont le patrimoine mondial de l’humanité.


L’héritage culturel peut servir d’outil de prospérité pour les pays en développement, a estimé la représentante.  Elle a, à ce titre, parlé d’une initiative régionale lancée en 2008 et destinée à promouvoir la richesse culturelle de l’Afrique.  Elle a, en outre, souligné les obstacles au commerce que rencontrent les pays en développement et a fait remarquer que ce sont les pays développés qui ont profité de la libéralisation du commerce mondial.  Le Nigéria a réalisé des efforts immenses pour s’intégrer dans l’économie mondiale, a-t-elle souligné, afin de réduire la pauvreté, et une lutte y a été engagée contre la corruption.  Elle a aussi fait un plaidoyer pour la coopération dans le domaine des technologies et a exhorté la CNUCED à continuer de mettre en œuvre une évaluation des compétences scientifiques et technologiques dont disposent les pays en développement.  


M. FRANCESCO BANDARIN, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a répondu à une interpellation de la représentante de la Fédération de Russie concernant la proposition faite par l’UNESCO d’organiser une conférence internationale sur la culture et le développement en 2012.  M. Bandarin a justifié la tenue d’une conférence de ce genre, qui aurait lieu 30 ans après la Conférence mondiale sur les politiques culturelles, qui a eu lieu au Mexique en 1982.  Il a ajouté que l’idée de cette conférence est pertinente, car elle permettrait de mettre l’accent sur la dimension culturelle du développement. 


M. Bandarin a indiqué que la culture est de plus en plus présente dans divers programmes mis en œuvre par les agences des Nations Unies.  Il a ainsi souligné que la Banque mondiale a investi un montant de 2 milliards de dollars dans des programmes ayant un rapport avec la promotion culturelle.  L’UNESCO coordonne l’usage de 95% de ces fonds, a noté M. Bandarin.  L’une des contributions de la conférence proposée, que la Banque mondiale veut organiser en 2012, a expliqué le délégué, sera de permettre que les objectifs de développement qui seraient arrêtés après la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, prennent en compte le volet culturel du développement.  Il a précisé que cette conférence devrait impliquer les secteurs public et privé, et qu’elle devrait durer deux ou trois jours, avec l’organisation d’ateliers et de manifestations parallèles. 


M. PRAKASH JAVDEKAR (Inde) a déclaré que la mondialisation, en tant que système socioéconomique, a procuré une destinée commune aux différents pays et peuples du monde.  Mais, a-t-il précisé, il faudrait revisiter la mondialisation et ses mécanismes, afin de créer plus d’opportunités dans un cadre caractérisé par l’équité.  Le représentant a estimé que la libéralisation de l’économie doit être accompagnée par des mesures prises par les gouvernements permettant aux plus faibles et aux marginalisés de pouvoir également bénéficier des fruits de la croissance économique.  Il a ajouté que son pays a, dans cette perspective, mis en place de vastes mesures de protection des populations, afin de combiner l’équité à la croissance.  Il a ensuite invité les Nations Unies à s’engager à promouvoir cette équité au niveau mondial.


M. Javdekar a, en outre, regretté que les pays les plus touchés par les effets de la crise économique mondiale soient ceux qui n’en sont pas à l’origine.  Il a affirmé que cette injustice, de même que l’inégalité du partage des retombées de la mondialisation, devraient être réparées par la réforme des institutions financières internationales.  Il a noté que l’Inde, en partenariat avec des pays amis, travaille au renforcement de la participation des pays en développement au fonctionnement de ces institutions.  Le représentant a estimé qu’afin que l’environnement international soit favorable à l’essor des pays en développement, il serait utile de renforcer l’aide qui leur est accordée.  Il a ensuite exhorté la communauté internationale à conclure, dans des délais les plus brefs, le Cycle des négociations commerciales de Doha.  M. Javdekar a également suggéré le transfert de technologie dans les secteurs de la santé et des changements climatiques.  Ceci, afin de permettre aux pays en développement qui n’y ont pas accès, de pouvoir en bénéficier, sans se heurter à l’obstacle des droits de propriété intellectuelle.


M. JOSÉ LUIS CANCELA (Uruguay) a déclaré que les plans et stratégies nationales destinés à l’éradication de la pauvreté et à la réduction des inégalités économiques et sociales requièrent un appui continu de la communauté internationale, et en particulier du système des Nations Unies.  Cet appui est essentiel pour accroître l’efficacité des stratégies nationales, en tenant compte de facteurs comme la haute vulnérabilité de certains pays aux multiples crises internationales, a-t-il ajouté.  L’Uruguay attache une grande importance au renforcement des capacités institutionnelles nationales, en particulier dans le secteur public, pour la planification et l’évaluation des politiques adoptées ou mises en œuvre.


M. Cancela a rappelé que son pays est très engagé dans le processus de réforme des Nations Unies en ce qui concerne la coordination et la cohérence des politiques de développement.  Il a indiqué que l’Uruguay a activement participé au projet « Unis dans l’action ».  Cependant l’Uruguay traverse actuellement une situation qui menace la présence du système des Nations Unies sur son territoire, à cause de la graduation de l’Uruguay par le Programme des Nations Unies pour le développement, qui estime que le pays n’a plus besoin de certaines aides.  Dans ce contexte, le représentant s’est déclaré préoccupé par cette classification basée sur le seul critère de revenu par habitant, qui ne reflète pas les multiples dimensions du développement d’un pays.  En conséquence, M. Cancela a plaidé pour une approche holistique, tout en soulignant la nécessité d’envisager de nouvelles modalités et de nouveaux schémas de coopération qui tiennent compte des besoins spécifiques des pays à revenu moyen en matière de développement.


M. SAUL WEISLEDER (Costa Rica) a commencé par se féliciter des récentes évolutions doctrinales en matière de coopération en faveur du développement, avant de souligner que dans le même temps, les pays à revenu intermédiaire, comme le Costa Rica, ont expérimenté la réduction drastique de l’appui financier et technique que leur octroyaient les pays donateurs.  Dans ce contexte le Costa Rica pense qu’il faut concevoir la coopération internationale comme un système intégral d’appui aux efforts de progrès économique et social des pays à revenu intermédiaire, et ceci, tout au long du processus de développement.  De même un processus d’analyse et de discussion est nécessaire, en particulier s’agissant des mécanismes et modalités de l’aide, tout en préservant les principes d’appropriation, d’harmonisation, de reddition de comptes ou de responsabilité, a ajouté le représentant.


M. Weisleder a ensuite estimé que la graduation de l’aide doit se faire en conformité avec les besoins des pays récipiendaires et pas seulement se baser sur des indicateurs économiques comme seuls critères pour la coopération en faveur du développement.  Il a aussi estimé que le temps est venu de dynamiser la coopération Sud-Sud, en tenant compte des acquis et expériences des agences internationales de coopération, comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui détiennent des exemples de bonnes pratiques, notamment pour des problèmes qui sont communs à de nombreux pays.  « Usons de ressources et outils disponibles.  Adaptons les technologies qui ont fait leur preuve.  Nous serons les premiers responsables de notre développement », a conclu le représentant.


Mme JOSÉPHINE PATRICIA NTYAM-EHYA (Gabon) a expliqué que son pays s’était doté de hautes technologies afin d’améliorer l’efficacité de son développement.  Le Gabon, a-t-elle ajouté, s’est également intéressé à la gouvernance applicable à ces outils technologiques, à travers la mise en place d’un Ministère de l’innovation technologique ayant pour mission de veiller, entre autres, à la promotion de la science et de la technologie comme outils de développement.  Par ailleurs, un centre national de recherche pour la science et la technologie, qui traduit en produits brevetables des projets techniques issus de la créativité, a vu le jour au Gabon, a dit Mme Ntyam-Ehya.  En 2010, a-t-elle poursuivi, il a été créé une agence d’étude et d’observation spatiales dont le rôle est de procéder à la surveillance environnementale assistée par satellite.  La libéralisation de la communication sans fil a également permis de faire des avancées significatives dans l’amélioration de la prévention et du traitement des maladies, a d’autre part indiqué la déléguée.


M. FERNÁNDEZ-ARIAS MINUESA (Espagne) a évoqué le thème de la culture et son apport à la promotion d’un développement humain durable.  Il a souligné la valeur ajoutée que représente la culture dans le développement et a prôné à cet égard le dialogue interculturel.  Il a vanté les travaux de l’UNESCO dans ce domaine.  Concernant les pays à revenu intermédiaire, le représentant s’est dit conscient que ce groupe de pays fait face à un nombre croissant de défis, entre chocs exogènes et poches de pauvreté extrême.  Ces pays risquent d’être rétrogradés dans une catégorie inférieure s’ils ne bénéficient pas d’une aide soutenue, a prévenu le représentant.  Ces pays ont un rôle à jouer dans leur propre développement et celui de l’économie mondiale et peuvent devenir de véritables moteurs de croissance dans leurs régions respectives, a souligné le représentant de l’Espagne, qui a vanté les bienfaits de la coopération Sud-Sud et son impact sur la croissance économique régionale.


Mme SARA LUNA (Mexique) a relevé que l’Agence mexicaine de coopération pour le développement a lancé ses activités le 28 septembre dernier.  Elle a précisé que cette agence a pour objectif de soutenir les efforts du Mexique dans la voie du développement durable.  Elle a également estimé qu’il faudrait améliorer la manière avec laquelle les projets et les activités de développement des Nations Unies sont déployés sur le terrain.  Elle a, de ce fait, souhaité une plus grande prise en compte des priorités spécifiques de chaque pays, et a lancé un appel au renforcement de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire.


M. JOSEPH-MARIE FOUDA NDI (Cameroun) a noté que le rapport du Secrétaire général a repris la classification retenue par la Banque mondiale en ce qui concerne les pays à revenu intermédiaire.  M. Fouda Ndi a estimé que cela démontre que les Nations Unies n’ont pas encore accordé une attention adéquate à la situation et à la réalité de ces pays.  Le représentant a rappelé que les pays à revenu intermédiaire représentent 70% de la population mondiale, et comptent 75% des pauvres de la planète.  Il a, ensuite, souhaité que les Nations Unies accordent un niveau de ressources suffisant et adéquat aux efforts de développement des pays à revenu intermédiaire, dans un cadre stable et prévisible.  Il a insisté sur le fait que ces ressources doivent être adaptées aux besoins spécifiques des Nations en développement.  M. Fouda Ndi a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, et il a également souhaité que les Nations Unies jouent un rôle plus visible dans le renforcement de la coopération internationale pour le développement.


M. FEODOR STARCEVIC (Serbie) a noté le besoin de continuer à travailler sur des réformes permettant l’avènement de sociétés démocratiques partout dans le monde.  Il a souligné que les pays à revenu intermédiaire continuent de faire face à des difficultés majeures dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en raison de l’environnement économique actuel.  Il a évoqué l’Indice de développement humain (IDH) pour souligner que la prise en compte de l’IDH peut se heurter à des limites dans l’évaluation des critères d’avancement d’un pays.  Il a aussi abordé la question de l’emploi, et a indiqué que la Serbie souffrait d’un taux élevé de chômage, dû en partie au phénomène de désindustrialisation de la région des Balkans.  Le représentant s’est, en outre, réjoui que la Serbie ait été récemment reconnue comme candidate à l’intégration dans l’Union européenne et que le pays accède bientôt l’OMC.


M. ALI A. ALI KURER (Libye) a déclare qu’il fallait mettre en place des politiques internationales justes et cohérentes qui permettent aux pays en développement de restructurer leur économie sur une base durable.  Il a aussi souhaité que les pays en développement puissent diversifier la base de leurs économies en élargissant leurs assises, notamment en ce qui concerne les produits de bases agricoles et miniers, afin de ne pas dépendre des fluctuations des marchés extérieurs.  Il a estimé que ces pays doivent trouver le bon équilibre entre leurs priorités nationales et les réalités de l’économie mondiale.  Le représentant a également souligné le rôle important que la science et la technologie pourraient jouer dans la promotion du développement.  Il a, dans ce contexte, appelé au renforcement des transferts de technologie pour faire face aux défis que rencontrent les pays en développement, notamment les changements climatiques et la désertification.  Il a souhaité que les droits de la propriété intellectuelle ne soient pas un obstacle à ces transferts.


M. RAYMOND OSBOURNE WOLFE (Jamaïque) a centré son intervention sur les problèmes qui se posent aux pays à revenu intermédiaire, s’interrogeant sur la définition des particularités qui s’appliquent à ce groupe de pays, alors qu’ils ont chacun des réalités très diverses.  Il a jugé nécessaire de reconnaître que plus d’un tiers des pauvres du monde vivent dans ces pays, et que la réduction de la pauvreté y a été moins significative que dans d’autres groupes de pays.  Les pays à revenu intermédiaire derniers souffrent d’une extrême vulnérabilité aux chocs extérieurs, a relevé le représentant, ajoutant que des États comme la Jamaïque et les autres pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), sont aussi des petits États insulaires en développements exposés aux conséquences du changement climatique.  Il a donc évoqué les besoins spécifiques qu’ont ces pays, et a demandé à ce que la définition de « pays à revenu intermédiaire » soit revue.  Il a appelé les institutions financières à revoir leur démarche concernant l’aide à fournir à ces pays, qu’il s’agisse d’un allègement de la dette ou de l’octroi de financements à des taux préférentiels.


M. ELYES LAKHAL (Tunisie) a relevé que la mondialisation a aggravé les inégalités entre pays et à l’intérieur des pays.  Il a relevé que le taux de chômage des jeunes est de 31% en Tunisie.  Cette situation, a-t-il expliqué, est l’une des causes des soulèvements populaires que la Tunisie a connus en janvier 2011.  Il a estimé que la communauté internationale doit travailler à la mise en place d’un environnement favorable à une croissance durable, inclusive et équitable pour éviter d’autres revendications sociales.  Le représentant a noté que les phénomènes culturels n’échappent pas à la mondialisation.  Il a affirmé que la mondialisation se doit de respecter les traditions et les identités culturelles de tous les peuples, et il a dit que la Tunisie soutenait l’organisation d’une conférence internationale sur la culture et le développement par l’UNESCO en 2012.  Le représentant a exhorté les pays développés à promouvoir le transfert de technologie en faveur des pays en développement, et il a souhaité que les produits des petits pays puissent avoir pleinement accès aux marchés internationaux.


M. MARCELO SUAREZ SALVIA (Argentine) s’est exprimé sur la situation des pays à revenu intermédiaire.  Il a souligné l’importance des difficultés auxquelles se heurtent ces pays, citant notamment la crise financière, la volatilité des prix des matières premières et la question de la lutte contre la pauvreté.  Il est difficile d’évaluer de façon exacte la situation dans laquelle se trouvent les pays à revenu intermédiaire, a-t-il souligné.  Il a demandé que d’avantage de critères et d’éléments d’analyse soient arrêtés pour pouvoir évaluer la situation des pays de ce groupe.


M. MOHAMED HAMZA (République-Unie de Tanzanie) a relevé que la mondialisation offre de nombreuses opportunités, mais qu’elle crée également des défis nouveaux pour les pays en développement, dont la République-Unie de Tanzanie.  Il a estimé qu’il fallait se concentrer sur l’aspect social de la mondialisation.  M. Hamza a précisé que la dimension sociale de la mondiale devrait inciter les décideurs à mettre l’accent sur les emplois, la santé et l’éducation, c’est-à-dire sur le vécu quotidien de centaines de millions de personnes à travers le monde.  En Afrique, la dette est un fardeau insupportable, a regretté M. Hamza.  Il a souhaité que les fonds alloués à la cause du développement ne soient pas de ressources déjà comptabilisés dans les programmes de remise de dettes.  Il a ensuite indiqué que la structure et les règles actuelles du commerce international ne sont pas favorables au développement de l’Afrique.  Il a en effet expliqué que le continent est à la merci de la fluctuation des prix des matières de base et vulnérable à l’ouverture forcée de ses marchés.  Il a, par la suite, reconnu que l’ouverture des marchés pouvait être la meilleure option commerciale si elle est faite de manière équilibrée, et a précisé que ce modèle libéral devrait être conçu pour pouvoir améliorer la vie des populations.


Mgr FRANCIS ASSISICHULLIKATT, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, a noté les avantages et vulnérabilités du système de la mondialisation.  La crise financière mondiale continue d’ébranler les sociétés, les gouvernements, les entreprises et les familles dans le monde entier, a dit l’Observateur permanent du Saint-Siège, qui a souligné les obligations qui incombent au monde développé par rapport au monde en développement.  Il faut en ce sens assurer la dignité de chaque personne, éviter que les différences de richesses entre pays continuent de se creuser, et pouvoir garantir des emplois à chacun, a-t-il indiqué.  Il a souligné la convergence qui doit exister entre l’application des politiques et des principes économiques et la promotion d’un développement à visage humain, ainsi que la nécessité d’appliquer un principe de justice dans la redistribution des richesses, ceci dans la perspective d’une paix entre les nations.


Mme AMBER BARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a relevé que 40% des personnes actives du monde vivent avec moins de 2 dollars par jour pour prendre soin de leur famille.  Elle a reconnu que les succès ne doivent pas être mesurés seulement en termes de croissance économique, mais aussi à travers la création d’emplois aux niveaux international et national.  Elle a souhaité que les politiques de création d’emplois produisent la vraie croissance, la vraie demande, et offrent la protection sociale de base dont ont besoin les populations tout en créant de substantielles ressources fiscales susceptibles de financer les programmes de développement.


M. GEORGE ASSAF, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a indiqué que la mondialisation continue d’être le grand défi et la principale source d’opportunités au XXIe  siècle.  Il a noté que la réduction des barrières commerciales avait permis d’accroître les échanges, même si beaucoup reste encore à faire pour inclure les petites économies dans les échanges mondiaux.  Tous les pays doivent pouvoir trouver leur place dans les activités génératrices de croissance, a-t-il dit, citant les pays les plus vulnérables et les populations qui sont les plus défavorisées face à des défis comme le changement climatique, la crise alimentaire et énergétique, ou encore les migrations de population.  Les pays en développement doivent pouvoir diversifier leur production pour devenir compétitifs, a aussi souligné le représentant.


M. JOSÉ DALLO, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a estimé que le progrès humain doit se faire dans un cadre de stabilité sociale.  Il a évoqué un ensemble de programmes mis en place par le PNUD à travers le monde, notamment la formulation de plans de développement dans les pays qui tiennent compte de l’aspect genre.  Il a également relevé que le PNUD a intégré la culture dans tous ses nouveaux programmes, et il a dit que le PNUD soutenait l’organisation, par l’UNESCO, d’une conférence internationale sur la culture et le développement.


Mme NEIMA CHEIKH, Banque mondiale (BM), a réaffirmé que la culture était un paramètre clef à inclure dans le développement pour une croissance durable.  Elle a notamment évoqué des projets d’aide menés par la Banque mondiale dans le développement urbain et le tourisme, ainsi qu’un programme d’accord avec l’UNESCO sur la conservation du patrimoine des peuples de pays en développement.


M. KAZI RAHMAN, Organisation mondiale du tourisme (OMT), a relevé que l’OMT collabore avec l’UNESCO dans le cadre de la promotion culturelle à l’échelle internationale.  Il a souligné que le code éthique mondial pour le tourisme a noté l’importance de la culture pour le développement durable.  Il a noté que le tourisme est un puissant facteur de création d’emplois dans les pays en développement.  Il a indiqué que le tourisme a émergé comme l’un des secteurs qui croît le plus, avec 919 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2010.  Le délégué a noté que le nombre de touristes augmente de plus de 3% par an, et le monde devrait connaître le chiffre historique d’1 milliard de touristes en 2012.  Il a estimé qu’il est urgent d’intégrer aujourd’hui le facteur durabilité dans le tourisme.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Première Commission: les regards sont tournés vers 2012 avec l’espoir de progresser pour réguler le transfert des armes et lutter contre le commerce illicite des ALPC

AG/DSI/3441

Première Commission: les regards sont tournés vers 2012 avec l’espoir de progresser pour réguler le transfert des armes et lutter contre le commerce illicite des ALPC

19/10/2011
Assemblée généraleAG/DSI/3441
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Première Commission

16e séance – matin


PREMIÈRE COMMISSION: LES REGARDS SONT TOURNÉS VERS 2012 AVEC L’ESPOIR DE PROGRESSER POUR RÉGULER

LE TRANSFERT DES ARMES ET LUTTER CONTRE LE COMMERCE ILLICITE DES ALPC


Un projet de décision et deux projets de résolution adoptés aujourd’hui


À l’approche d’une année 2012 jugée très importante pour la régulation du transfert d’armes classiques, la Première Commission, chargée du désarmement et de la sécurité internationale, a entendu, ce matin, les États affirmer tous les espoirs qu’ils plaçaient dans la tenue des deux Conférences prévues, celle concernant le traité sur le commerce des armes et celle chargée d’examiner le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects.


De nombreuses délégations se sont félicitées du travail du Comité préparatoire à la Conférence de 2012 sur l’élaboration d’un traité sur le commerce des armes.  À ce titre, le Royaume-Uni a souhaité que le Président du Comité préparatoire, M. Roberto Garcia Moritan, soit élu pour présider la Conférence programmée en juillet 2012.  La Finlande s’est-elle aussi félicitée des avancées sur le texte, rappelant qu’elle était l’un des États coauteurs de la résolution initiale sur le traité.  Plusieurs États dont la Suisse, la Slovénie et le Royaume-Uni ont souhaité l’adoption d’un texte robuste et juridiquement contraignant.  Tout en estimant que les travaux du Comité préparatoire constituaient une base solide pour le futur traité, la délégation britannique a relevé la persistance d’un certain nombre de problèmes et souligné la nécessité d’utiliser le temps restant avant la tenue de la Conférence pour dépasser les dissensions.  Dans cette optique, le Royaume-Uni a présenté un projet de décision fixant la date de la dernière réunion du Comité préparatoire au mois de février prochain, et proposant d’allonger sa durée de 3 à 5 jours.  Pour sa part, la Côte d’Ivoire a insisté sur la nécessité de déterminer la véritable quantité d’armes produites et vendues afin de lutter contre tous les abus dans le texte du traité de 2012.  Invoquant le droit des États à la légitime défense, l’Inde et l’Indonésie, au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), ont rappelé que le commerce des armes relevait de la responsabilité des États.


La plupart des délégations ont par ailleurs réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le commerce illicite des ALPC.  À cet égard, le Mali a présenté, au nom des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le projet de la résolution annuelle intitulée « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre (ALPC) ».  S’agissant du Programme d’action relatif aux ALPC, la Slovénie a demandé à ce que des discussions sérieuses s’ouvrent sur l’élargissement des domaines d’application du texte, tandis que le représentant de l’Inde a insisté sur les obligations contenues dans le Programme d’action relatif aux ALPC liées au contrôle de la production nationale, aux procédures de marquages adéquates, à la coopération internationale sur le traçage, à la gestion efficace des stocks et au contrôle des exportations.  L’Espagne a affirmé son soutien aux outils crées à partir du Programme d’action relatif aux ALPC, notamment l’Instrument de marquage et de traçage.  De son coté, l’Uruguay a proposé l’adoption d’instruments juridiquement contraignants d’identification, de traçage et de courtage illicites dans le cadre de ce Programme.


Enfin, l’Albanie a présenté un projet de résolution de « Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » (A/C.1/66/L.4), dont elle est coauteur avec la Norvège et le Cambodge.


La Première Commission poursuivra ses discussions thématiques demain à 10 heures en salle 1.


DÉBAT THÉMATIQUE SUR LES ARMES CLASSIQUES, AINSI QUE SUR LA QUESTION DES AUTRES MESURES DE DÉSARMEMENT ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE


M. NARONG SILPATHAMTADA (Thaïlande), enjoignant la communauté internationale d’intensifier ses efforts contre la prolifération des armes classiques, légères et de petit calibre, a estimé que le Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects constituait un cadre clef de travail multilatéral.  Il a indiqué que son pays avait, au niveau national, renforcé ses lois et ses procédures dans ce domaine, et a souligné l’importance de la coopération régionale et internationale pour l’échange d’informations et de savoir-faire.


En matière de contrôle des armes classiques, le représentant thaïlandais a estimé que le Registre des armes classiques permettait de bâtir une confiance mutuelle et il a indiqué que son pays soumettait régulièrement ses données.  Il a souhaité que les négociations du traité sur le commerce des armes en 2012 soient conduites sous l’égide des Nations Unies pour leur donner une portée universelle.


Regardant la Convention d’Ottawa les mines antipersonnel, ratifiée par la Thaïlande en 1998, M. SILPATHAMTADA a indiqué que son pays accueillait favorablement toute offre d’assistance technique et financière, pour lui permettre de remplir ses engagements.


Bien que n’ayant pas encore rejoint la Convention sur les armes à sous-munitions, la Thaïlande en soutient les principes humanitaires, a déclaré son représentant, et poursuit ses efforts d’assistance sur le terrain aux victimes et à l’éducation. 


M. EUGEN MIHUT (Roumanie) a rappelé que son pays était coauteur d’un projet de résolution L.35 sur la réduction des budgets militaires et l’information objective sur les questions militaires.  Il a rappelé que cette année marquait le trente et unième anniversaire de la Résolution 35/142B sur la « Réduction des budgets militaires ».  Grâce à cette décision, l’Instrument international normalisé de publication de l’information relative aux dépenses militaires a été mis en œuvre, un Instrument toujours aussi pertinent dans les circonstances internationales actuelles, a expliqué le représentant.  Le projet de résolution a été inspiré par les recommandations du Groupe d’experts gouvernementaux, a-t-il conclu.  


Après avoir indiqué que son pays avait détruit l’intégralité de ses stocks d’armes à sous-munitions, M. BOSTAN JERMAN (Slovénie) a souhaité que la prochaine Conférence des États parties à la Convention d’Oslo programmée en septembre prochain soit l’occasion d’établir un secrétariat fonctionnel au sein de l’Unité de soutien à la mise en œuvre de la Convention, basé à Genève.


Rappelant ensuite le soutien de la Slovénie à la Convention d’Ottawa, il a salué la ratification de Tuvalu, devenu récemment le 157 État partie à cet instrument, ainsi que le soutien au texte exprimé par le Conseil national de transition libyen (CNT).


Poursuivant son intervention en abordant le traité sur le commerce des armes, le représentant slovène a souhaité que la Conférence qui lui sera consacrée en juillet prochain, permette d’aboutir à un texte robuste, juridiquement contraignant, posant des normes internationales communes les plus élevées possibles, incluant le respect des droits de l’homme, pour les transferts d’armes conventionnelles.  Il a également défendu la présence dans le texte de mesures de transparence, de suivi et d’assistance.


Pour conclure, le représentant a appelé les États Membres à renforcer la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux ALPC lors de la prochaine Conférence d’examen en 2012 et à commencer des discussions sérieuses sur l’élargissement de ses domaines d’application.


Mme SILAS MWANIKI KIRAGU (Kenya) a souligné les menaces posées par le trafic des ALPC.  Elle a rappelé que son pays appuyait le Programme d’action relatif aux ALPC et était prêt à s’engager plus en avant lors de la prochaine Conférence d’examen pour renforcer sa mise en œuvre.


Elle a ensuite indiqué le soutien de son pays aux négociations qui seront lancées en juillet prochain lors de la Conférence internationale sur un traité sur le commerce des armes.  Elle a souhaité que le texte contribue directement à la paix et la sécurité internationales.


Mme JO ADMASON (Royaume-Uni) a consacré l’essentiel de son intervention au projet de traité sur le commerce des armes, dont son pays a été l’un des principaux instigateurs, après le vote d’une résolution introduite en 2006 et cosignée avec l’Argentine, l’Australie, le Costa Rica, la Finlande, le Japon et le Kenya.


Après s’être félicitée de la participation de plus de 150 États aux discussions qui ont démarré en 2009, elle a salué le travail du Président du Comité préparatoire, M. Moritan, souhaitant qu’il soit élu pour présider la Conférence programmée en juillet 2012.


Revenant sur les travaux du Comité préparatoire au cours de ces deux dernières années et sur le texte esquissé, la représentante a estimé qu’il constituait une base solide pour lancer les négociations en juillet prochain, soulignant la largeur du spectre des activités qu’il couvre autant que les critères qu’il instaure pour les transferts d’armes qu’elle a qualifiés de pertinents et d’adéquats.  Le Royaume-Uni reste totalement engagé dans la mise en place d’un traité robuste, efficace et juridiquement contraignant, a-t-elle insisté.


Rappelant toutefois la persistance d’un certain nombre de problèmes, elle a insisté sur la nécessité d’utiliser le temps qu’il reste avant la Conférence de juillet pour dépasser ces dissensions.  C’est dans cette optique que le Royaume-Uni a présenté un projet de décision fixant la date de la dernière réunion du Comité préparatoire au mois de février prochain et proposant d’allonger sa durée de 3 à 5 jours.


Rappelant que son pays est signataire de la Convention d’Ottawa, la représentante a indiqué que le Royaume-Uni avait cessé d’utiliser, d’accumuler, de produire, et de transférer les mines antipersonnel.  Le pays participe à des programmes de déminage en Afghanistan et en Lybie, a-t-elle indiqué, ajoutant qu’en janvier 2012, il lancerait la phase II d’un projet pilote de déminage aux Îles Falkland.


M. ALEXANDER KMENTT (Autriche) a dit l’importance de parvenir à un traité sur le commerce des armes juridiquement contraignant.  S’agissant des ALPC, il a souhaité que la Conférence d’examen 2012 soit l’occasion d’améliorer le Programme d’action de l’ONU notamment dans les domaines du traçage et du marquage.  Il s’est félicité des progrès constants vers l’universalisation de la Convention sur l’interdiction de l’emploi des mines antipersonnel qu’il a qualifiée de réalisation clef de ces dernières années en matière de désarmement, ainsi qu’un développement important en matière de droit international.  Il a dit l’importance de la Convention sur les armes à sous-munitions, en se félicitant de l’adoption de la Déclaration de Beyrouth lors de la Réunion des États parties en septembre 2011.  En outre, il a déclaré que la quatrième Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques qui se tiendra à Genève en novembre 2011, permettra de clarifier et de renforcer toutes les obligations des États parties.  S’agissant de la possibilité de parvenir à un protocole à la Convention sur les armes classiques consacré aux armes à sous-munitions, M. Kmentt a dit que l’Autriche s’opposera à tout texte de nature à proposer des normes inférieures à celles imposées par la Convention sur les armes à sous-munitions.  Enfin, il a jugé très importante la résolution 1894 du Conseil de sécurité, portant sur la protection des civils.     


M. DILAFERA BEKELE (Éthiopie) a indiqué que les progrès réalisés pour atteindre les objectifs de la Convention d’Ottawa étaient loin d’être satisfaisants.  Ces mines continuent de menacer des vies humaines, a-t-il ajouté, relevant également les conséquences psychologiques de ce fléau.  La plupart des mines antipersonnel et des engins explosifs sont enterrés et peuvent causer des souffrances et des pertes longtemps après avoir été posés.  De toute évidence, les pays touchés par ce fléau doivent être aidés, a expliqué le représentant.  L’Éthiopie déploie des efforts importants pour lutter contre ces mines.  Mon pays a adopté un plan national sur les mines, a expliqué le représentant, indiquant que 59 kilomètres carré de terrain avaient été déminés et 55 000 types différents de mines antipersonnel avaient été détruites.  Les personnes qui ont survécu aux mines et qui ont des handicaps liés à celles-ci ont besoin d’obtenir plus de soutien pour satisfaire leurs besoins primaires, a conclu le représentant. 


Mme IMELDA SMOLCIC (Uruguay), qui s’est exprimée au nom du MERCOSUR et des États associés, a estimé que la pleine mise en œuvre du Programme d’action en vue de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects constituait une priorité et une urgence majeure.  Plusieurs étapes sont indispensables pour favoriser l’application de ce Programme, a-t-elle dit.  Elle a proposé l’adoption d’instruments juridiquement contraignants d’identification, de traçage et de courtage illicite; l’établissement d’un système de vérification efficace d’usagers finaux; la mise au point d’un cadre international pour leur authentification; la promotion et le renforcement de la coopération internationale et des capacités nationales dans la lutte contre les armes légères.  Le rôle central de ce Programme nécessite qu’il y ait un suivi continu et structuré de la part de la communauté internationale, a estimé Mme Smolcic.


Considérant la responsabilité première de prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects à travers les frontières, le MERCOSUR a créé en 2001 un groupe de travail sur les armes à feu et munitions, a-t-elle expliqué.  L’objectif de ce groupe est de partager les expériences nationales, de travailler à l’harmonisation des législations nationales ainsi que de coordonner les politiques dans ce domaine, a-t-elle précisé.  Ce forum est devenu un outil indispensable pour la coordination des positions des États parties et associés.  Par ailleurs, la représentante a indiqué que les Ministres des affaires étrangères et de la défense du MERCOSUR ont décidé de renforcer les mesures de confiance et de sécurité et notamment de développer et d’améliorer les systèmes nationaux de marquage ou de traçage comme une solution aux problèmes de détournement, de contrebande et d’utilisation illégale de ces armes.  La représentante a réaffirmé l’appui du MERCOSUR au projet de résolution présenté, chaque année, par la Colombie, l’Afrique du Sud et le Japon, et traitant du commerce illicite des armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects.  Le MERCOSUR et les États associés réaffirment l’importance de continuer à promouvoir un environnement favorable pour le contrôle et la limitation des armes classiques, permettant à chacun des États de consacrer davantage de ressources pour le développement économique et social.


Mme MARIA CARIDAD BALAGUER (Cuba) a déclaré que son pays appuie la Convention sur certaines armes classiques et envisage d’adhérer au Protocole V.  En ce qui concerne les mines antipersonnel, la représentante a souligné que de nombreux pays avaient besoin d’une aide financière pour procéder au déminage.  Elle a ensuite rappelé le droit légitime des États à produire et à exporter des ALPC.  Cuba continue de soutenir le Programme d’action relatif aux ALPC et tient à souligner que la coopération internationale est indispensable pour aller vers le plein respect de ce Programme.  S’agissant d’un traité sur le commerce des armes, le texte devra faire l’objet d’un consensus, et ne saurait être adopté à la hâte, a estimé la représentante.  Il faudra établir des normes pour que l’importation, l’exportation, et le transfert d’armes soient possibles, a-t-elle poursuivi, rappelant le droit des États à défendre leurs intérêts et demandant à ce que les avis de tous les États soient dûment pris en compte dans l’élaboration de ce texte.  


M. DELL HIGGIE (Nouvelle-Zélande) a indiqué que l’attention portée sur les armes de destruction massive a depuis trop longtemps obstrué les efforts menés au niveau global pour s’attaquer aux problèmes très pressants tels que le commerce illicite des ALPC.  Il ne fait aucun doute qu’un traité sur le commerce des armes et la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux armes légères seraient un grand bénéfice pour la sécurité humaine et le développement durable dans de nombreuses régions du monde, a-t-il poursuivi.  Le représentant a ensuite rappelé que la Convention sur les armes à sous-munitions continuait à offrir un modèle d’excellence pour répondre à la souffrance causée par ce type d’armes.  Il a ensuite indiqué que son pays continuait d’assurer son rôle de Coordonnateur de la Convention sur les mesures de mise en œuvre au niveau national.  À ce titre, la Nouvelle-Zélande a proposé un ensemble de lois et de mesures qui pourraient être examinées par les États pour assurer une compatibilité avec les obligations de la Convention.


Un important travail d’évaluation concernant les armes à sous-munitions sera mené lors de la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes conventionnelles.  Il faudra trancher la question de savoir si l’adoption d’un Protocole VI à la Convention apporterait une contribution importante sur le plan humanitaire.  Évoquant le Programme d’action relatif aux ALPC, il a indiqué que les mesures de mise en œuvre étaient insuffisantes à ce jour.  S’agissant de l’adoption d’un traité sur le commerce des armes, la Nouvelle-Zélande a insisté sur l’importance du cadre de la mise en œuvre.  La Nouvelle-Zélande se félicite du travail accompli par le Comité préparatoire présidé par M. Moritan. 


M. SATPAL SINGH RAWAT (Inde) a rappelé que son pays était un État partie à la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques (CCAC) et à ses cinq Protocoles.  Soulignant l’importance attachée par l’Inde au renforcement de la Convention qu’elle considère comme le seul texte pour avancer progressivement vers un contrôle de certaines catégories d’armes, le représentant a défendu la mise en place dans ce cadre d’un nouveau protocole pour traiter des armes à sous-munitions, appelant au lancement de discussions dès la prochaine Conférence d’examen, en novembre. 


Rappelant ensuite que l’Inde a été touché par la circulation illicite d’ALPC et d’explosifs, et que ce trafic était une cause majeure de la violence armée d’organisations criminelles ou terroristes, le représentant à réclamé un renforcement de la mise en œuvre du Programme d’action par les États.  Il a en particulier souligné les obligations liées au contrôle de la production nationale, aux procédures de marquage adéquates, à la coopération internationale sur le traçage, à la gestion efficace des stocks et au contrôle des exportations.


Abordant enfin le traité sur les ventes d’armes, il a rappelé la participation de l’Inde aux discussions préparatoires sur le texte, avant de défendre la mise en place d’un instrument international juridiquement contraignant, établissant les normes les plus élevées pour l’importation, l’exportation et le transfert d’armes conventionnelles.  Soulignant ensuite le droit des États à la légitime défense reconnu par la Charte de l’ONU, le représentant a estimé que le contrôle du commerce des armes relevait de la responsabilité nationale des États.


Pour conclure, le représentant a souligné que l’Inde reconnaissait la légitimité de l’utilisation des armes à sous-munitions, sous réserve qu’elle se fasse dans le respect du droit international humanitaire.  Il a précisé que l’Inde soutenait donc les négociations sur un protocole supplémentaire au sein de la CCAC, qui fasse la synthèse des préoccupations militaires et humanitaires.


M. OUMAR DAOU (Mali) a présenté au nom des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un projet de la résolution annuelle intitulée « Assistance aux États pour l’arrêt de la circulation illicite et la collecte des armes légères et de petit calibre ».  Ce projet de résolution, qui est une expression de la volonté politique de nos États de créer les conditions d’une réelle sécurité au sein de notre espace, a toujours été adopté sans vote, a expliqué le représentant.  Il a précisé que le projet invite la communauté internationale d’une part à fournir un appui technique et financier aux organisations de la société civile, dans la lutte contre le trafic illicite et la collecte d’ALPC; d’autre part à appuyer la Convention de la CEDEAO sur le sujet. 


M. YOUSSOUFOU BAMBA (Côte d’Ivoire) a dit que la question du contrôle des armes conventionnelles était au cœur de la sécurité des personnes et des biens en Afrique de l’Ouest.  Il a cité le cas de la Côte d’Ivoire et des 3 000 morts de la crise postélectorale.  En raison des dimensions sous-régionales de la situation en Côte d’Ivoire, notamment la question sécuritaire à la frontière ouest avec le Libéria, la Côte d’Ivoire envisage des solutions dans le cadre d’un système de sécurité collective.  Il a cité le Sommet de l’Association du fleuve Mano, tenu le 17 juillet 2011 au cours duquel les chefs d’État de la Côte d’Ivoire, du Libéria et de la Guinée ont réaffirmé leur volonté de coopérer plus étroitement en vue de renforcer leur sécurité collective.  C’est dans la même logique que s’est tenu le minisommet d’Abudja, le 10 septembre 2011, entre les chefs d’État de la Côte d’Ivoire, du Libéria, du Burkina Faso, du Ghana, du Nigéria et du Sénégal pour faire échec aux activités des groupes armés non étatiques et éradiquer la circulation illicite des ALPC.  Il n’échappe à personne, a dit le représentant, que nous avons besoin de mesures coordonnées pour déterminer la véritable quantité d’armes produites et vendues afin de lutter contre tous les abus.  C’est pourquoi, il a jugé déterminant le succès final des négociations visant à aboutir en 2012, à un traité sur le commerce des armes.


M. AAPO POLHO (Finlande) a salué le travail de M. ROBERTO GARCIA MORITAN, le Président du Comité préparatoire qui a mené les discussions du traité sur le commerce des armes depuis 2009.  Après avoir rappelé que la Finlande était l’un des États coauteurs de la résolution sur le traité, ayant activement participé aux discussions préparatoires, il a souhaité que le projet de texte soit soumis à la Conférence internationale prévue en juillet prochain sur ce thème.


Soulignant ensuite l’impact humanitaire des conflits alimentés par le commerce illicite et l’accumulation des ALPC, le représentant a réitéré le soutien de son pays au Programme d’action, souhaitant que la prochaine Conférence d’examen en 2012 soit l’occasion de trouver des manières d’intensifier sa mise en œuvre.


Pour conclure, il a rappelé l’engagement pris par la Finlande de devenir État partie à la Convention d’Ottawa en 2012, précisant que le processus législatif était déjà lancé.


M. PETRIKIA JORGJI (Albanie) a salué les progrès accomplis dans la préparation d’un traité sur le commerce des armes, souhaitant l’établissement d’un instrument juridiquement contraignant établissant les meilleures normes possibles pour le transfert des armes classiques.  Le représentant a ensuite rappelé la menace sur la sécurité internationale que fait peser la circulation illicite des ALPC.  Enfin, le représentant a présenté au nom de son pays et de deux autres États auteurs, la Norvège et le Cambodge, un projet de résolution intitule «  Mise en œuvre de la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction » (A/C.1/66/L.4).


M. ALEXANDRE FASEL (Suisse), soulignant que les États Membres doivent accorder autant d’importance aux armes classiques qu’aux armes nucléaires et de destruction massive pour réduire les conflits et la violence, a souhaité que les rencontres internationales à venir marquent des avancées significatives.


Il a souhaité que la Conférence des Nations Unies sur le traité sur le commerce des armes l’an prochain débouche sur la conclusion d’un traité robuste et complet, juridiquement contraignant, et il a souligné que les projets de texte présentés par le Président du Comité préparatoire, l’Ambassadeur Roberto Garcia Moritan, formaient une excellente base de départ.  Ce futur instrument devra englober toutes les armes classiques, y compris les armes légères et de petit calibre, et les licences d’exportation devront être soumises au droit international, y compris le droit international humanitaire, a-t-il souligné.


Le représentant suisse a vivement souhaité que la Conférence d’examen du Programme d’action relatif aux armes légères et de petit calibre en 2012, aboutisse à un document final traitant des questions de fond, après l’échec de 2006, pour accélérer la mise en œuvre de ce Programme d’action.


Concernant le Registre des armes classiques, mis en place il y a 20 ans, le représentant suisse a salué la création d’une nouvelle plateforme Internet qui renforcera la transparence et la pertinence de cet instrument.  Il a demandé au Groupe d’experts gouvernementaux qui se réunira à partir de 2012 d’examiner la question de la baisse de participation au Registre pour y remédier, et a appelé les États Membres à communiquer leurs vues sur la question au Secrétaire général.


Concernant la Conférence d’examen de la Convention sur certaines armes classiques le mois prochain, le Représentant suisse a estimé que le Protocole sur les armes à sous-munitions qui sera discuté est insuffisant en matière de contrôle et de garantie humanitaire, et qu’il devrait avoir des effets immédiats sur le terrain pour protéger les populations.  Il a souhaité que les États utilisateurs et producteurs de ces armes améliorent la transparence de la négociation en fournissant des renseignements sur l’impact du projet de protocole sur leurs stocks.


L’universalisation de la Convention sur les armes à sous-munitions est en bonne voie, a indiqué le représentant suisse, précisant que son pays était en train de la ratifier et que la création d’une unité d’appui légère et performante était en cours au Centre international de déminage de Genève avec l’accord des États parties.


La Suisse a condamné tout recours aux mines antipersonnel et appelé tous les États Membres à reconnaître les règles de la Convention sur l’interdiction de ces armes, demandant également l’intensification des efforts de déminage.


M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a rappelé les ravages causés par la circulation illicite des ALPC et les menaces qu’elles constituent pour la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de nombreux pays, en premier lieu ceux d’Afrique.


Dans ce contexte, il s’est félicité des progrès engrangés dans la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux ALPC depuis son adoption par consensus en 2001, estimant qu’il constituait un excellent cadre pour renforcer la coopération internationale et les efforts concertés des États Membres.


Il a ensuite indiqué que son pays avait par ailleurs adopté son propre programme national visant à diminuer les risques posés par les ALPC et à renforcer leur contrôle.  Ce programme fait partie de notre agenda de développement et implique des stratégies prévoyant des activités à court, moyen et long termes, destinées à réduire l’impact négatif des crimes perpétrés avec des ALPC, a-t-il déclaré, avant d’insister sur le rôle que la société civile devait aussi jouer.  Elle joue un rôle important dans l’éducation civique pour renforcer la sensibilisation des communautés locales du Mozambique sur les risques de la détention des ALPC.


Pour conclure, le représentant a encore indiqué que le Mozambique avait mis en place un système informatisé de contrôle des armes et des munitions possédées tant par les services de l’État que par des individus. 


S’exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés (NAM), M. FIKRY CASSIDY (Indonésie) a d’abord réaffirmé le droit des États d’acquérir, de produire, d’exporter, d’importer et de détenir des armes classiques pour répondre à leurs besoins de légitime défense ou de sécurité.  Le Mouvement exprime ses préoccupations face à toute mesure coercitive unilatérale et souligne qu’aucune restriction injustifiée ne devrait être placée sur les transferts d’armes, a-t-il poursuivi.


Dénonçant ensuite le déséquilibre significatif dans la production, la possession et le commerce des armes conventionnelles entre les États industrialisés et les États membres du NAM, le représentant a appelé à une réduction significative de la production, de la possession et du commerce des armes par les États industrialisés.


Faisant part ensuite de la profonde préoccupation des États du NAM quant à la circulation illicite des ALPC, il a appelé tous les États, et notamment les États qui sont des producteurs majeurs de ces armes, à s’assurer que ces armes ne sont transférées qu’à des gouvernements ou des organes autorisées par des gouvernements et que toutes les restrictions sont appliquées quant il s’agit d’acteurs non étatiques.  Il a également appelé au renforcement de la mise en œuvre du Programme d’action relatif aux ALPC, notamment en ce qui concerne les mesures d’assistance et de soutien financier prévues.


Évoquant ensuite les mines antipersonnel, il a indiqué que le NAM continuait de déplorer l’usage de telles armes, contraires aux conventions internationales.  Le NAM appelle tous les États producteurs de ces armes à offrir l’assistance financière, technique et humanitaire nécessaires aux opérations de nettoyages des champs de mines et à la réhabilitation économique et sociale des victimes, a-t-il déclaré, avant d’appeler tous les États qui ne l’ont pas encore fait à devenir parties à la Convention d’Ottawa.


Il a ensuite appelé les États à adhérer à la CCAC et à ses cinq Protocoles additionnels.  Évoquant le problème des armes à sous-munitions, il a demandé aux États qui en possèdent de prendre en considération leur participation aux opérations de nettoyages des armes à sous-munitions n’ayant pas explosé et à la réhabilitation des victimes, en fournissant une assistance technique, financière et humanitaire.


Pour conclure, le représentant indonésien est revenu sur le traité sur le commerce des armes, pour insister sur le partage des responsabilités entre exportateurs et importateurs d’armes classiques et sur la nécessité d’adopter une démarche par étapes, fondée sur le consensus.


M. LAWRENCE OLUFEMI OBISAKIN (Nigéria) a attiré l’attention sur les ravages dus aux petites armes et sur l’ampleur des efforts continus de l’Afrique Subsaharienne pour maintenir la paix et la sécurité, et faciliter le développement.  Les ALPC ont un impact négatif direct sur la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, et c’est pour cette raison que le Nigéria a dépensé plus de 10 milliards de dollars au cours des 20 dernières années pour stopper la vague de conflits alimentés par la circulation des ALPC, a poursuivi le représentant.  Il a ensuite rappelé que son pays avait accédé au Protocole de 2005 sur les armes à feu et au Programme d’action relatif aux ALPC en 2001.  La délégation du Nigéria est encouragée par le succès de la réunion gouvernementale d’experts qui s’est tenue en mai 2011 et attend avec intérêt la Conférence d’examen de 2012.  S’agissant d’un traité sur le commerce des armes, nous attendons un texte qui fournisse une base légale pour le commerce international des armes classiques, a expliqué le représentant.


M. MAHADHI JUMA MAALIM (République-Unie de Tanzanie) a mis l’accent sur les terribles conséquences de la prolifération des armes classiques, dont les ALPC, sur les populations en Afrique et en particulier dans la région des Grands Lacs.  Il a dit que les conflits, la criminalité transnationale, le terrorisme et la piraterie sont exacerbés par la prolifération de ces armes.  Il a exhorté l’ONU, l’Afrique et ses organisations sous-régionales à consacrer les moyens nécessaires à la lutte contre ces fléaux.  Il a jugé indispensable d’inclure les ALPC dans les négociations concernant le traité sur le commerce des armes.


Il a exhorté la Première Commission et la communauté internationale dans son ensemble à apporter plein soutien au Nigéria qui accueillera en 2012 la Conférence d’examen du Programme d’action relatif aux ALPC.  Il a également salué les résultats des Conférences préparatoires sur un traité sur le commerce des armes qui se sont tenues sous la présidence de l’Ambassadeur argentin Moritan, ainsi que les contributions du Groupe d’experts gouvernementaux sur la question présidé par l’Ambassadeur de la Nouvelle-Zélande, M. Jim McLay.


Mme GONZALEZ-ROMAN (Espagne) salue les efforts menés dans le cadre du Protocole V, traitant des restes explosifs de guerre se rapportant à la Convention sur l’utilisation de certaines armes.  Nous souhaitons que la prochaine Conférence des États parties à la Convention permettra de renforcer l’application de ce Protocole, a dit la représentante.  S’agissant de l’élaboration d’un traité sur le commerce des armes, notre délégation a salué les efforts de M. Moritan à la tête du Comité préparatoire.  L’Espagne appuie les outils crées à partir du Programme d’action relatif aux ALPC, notamment l’Instrument de marquage et de traçage.  L’Espagne promeut toutes les mesures concernant les informations sur les dépenses militaires pour développer la confiance nécessaire en vue de réduire les tensions entre les États.  L’Espagne est fermement attachée aux Conventions d’Ottawa et d’Oslo, a affirmé la représentante. 


M. ALEXANDER DEYNEKO (Fédération de Russie) a souligné l’importance de la Conférence d’examen du Programme d’action relatif aux ALPC et celle destinée aux négociations du traité sur le commerce des armes qui se dérouleront l’année prochaine.


À propos du Programme d’action relatif aux ALPC, il a demandé un renforcement de sa mise en œuvre, notamment pour les obligations imposées aux États.  Il a souhaité que la Conférence d’examen soit l’occasion d’ajouter des mesures concrètes pour endiguer la propagation de ces armes et éviter qu’elles ne tombent aux mains d’acteurs malveillants.


Évoquant ensuite le futur traité sur le commerce des armes, il a indiqué que la Russie partageait l’intérêt des autres délégations qui souhaitent que le document final de la Conférence internationale de juillet 2012 reflète un consensus et permette de régler le problème de la prolifération des armes classiques.  Il a en particulier insisté sur la question de la transparence, rappelant l’utilité du Registre de l’ONU sur les armes classiques qui existe actuellement mais devrait être mieux mis à jour selon lui, pour refléter les accumulations d’armes qui peuvent avoir un effet déstabilisant ou constituer une menace à la stabilité des États.  Il a également défendu un élargissement de la catégorisation des armes classiques dans ce Registre.


Rappelant en conclusion que les résultats des conférences de 2012 dépendront des efforts des États Membres, il a indiqué que la Russie appuyait tous les projets de résolution connexes visant à consolider les efforts internationaux dans le domaine du contrôle des transferts d’armes.


M. ERAN YUVAN (Israël) a expliqué qu’une norme claire interdisant le transfert d’armes aux terroristes doit être adoptée.  Il a noté que la définition du terrorisme posait des questions.  Israël estime que les négociations sur un traité sur le commerce des armes pouvaient conduire à un texte juridiquement contraignant l’année prochaine.  Il a fait remarquer d’autre part, qu’après plus de quatre années, les négociations n’ont pas encore débouché s’agissant de l’adoption d’un VIe protocole à la Convention sur certaines armes classiques.  Israël exprime enfin sa préoccupation face à la prolifération de systèmes portatifs de défense aérienne, particulièrement dangereux lorsqu’ils tombent entre les mains de terroristes. 


Droits de réponse


Exerçant son droit de réponse, la représentante de l’Argentine est revenue sur ce qu’a dit le Royaume-Uni.  Nous rappelons qu’il existe un différend avec ce pays s’agissant des îles Malvinas, qui font partie du territoire de l’Argentine, a expliqué la représentante, dénonçant l’occupation illégale de l’île par le Royaume-Uni. 


Rapport


Le rapport du Secrétaire général A/66/166 contient les vues des gouvernements sur le traité sur le commerce des armes, transmises au Secrétaire général en application de la résolution 6448.


Les réponses reçues par la suite sont publiées sous forme d’additif.  Le texte intégral des réponses reçues par les gouvernements sont disponibles sur le site à l’adresse suivante: http://www.un.org/disarmament/convarms/ATTPrepCom/index.htm


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Assemblée générale: des propositions sont formulées par les délégations pour renforcer l’efficacité de l’ECOSOC

AG/11159

Assemblée générale: des propositions sont formulées par les délégations pour renforcer l’efficacité de l’ECOSOC

19/10/2011
Assemblée généraleAG/11159
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Assemblée générale                                         

Soixante-sixième session                                   

36e séance plénière – matin


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE: DES PROPOSITIONS SONT FORMULÉES PAR LES DÉLÉGATIONS

POUR RENFORCER L’EFFICACITÉ DE L’ECOSOC


L’examen du rapport annuel du Conseil économique et social par l’Assemblée générale a été, ce matin, l’occasion pour les délégations de formuler des propositions pour renforcer l’efficacité de cet organe.


« L’ECOSOC ne joue en réalité qu’un rôle limité dans la conduite des activités de développement économique et social », a regretté d’emblée le représentant du Sénégal.


Pour y remédier, il faudrait, a-t-il recommandé, renforcer les pouvoirs de l’ECOSOC et améliorer ses relations avec les autres organes de l’ONU afin de lui permettre de jouer un « véritable rôle d’impulsion ».


Le représentant du Brésil a estimé, pour sa part, que le Forum de l’ECOSOC pour la coopération en matière de développement avait la capacité de jouer un rôle clef, en particulier dans les domaines de l’aide publique au développement, de la coopération Sud-Sud et de la philanthropie, et a souhaité que celui-ci se réunisse tous les ans et non plus tous les deux ans comme il est actuellement d’usage.


Le représentant du Bélarus a plaidé, de son côté, pour le renforcement du rôle de coordination de l’ECOSOC concernant tous les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tandis que son homologue de la Fédération de Russie a estimé important de créer un mécanisme de contrôle qui permette aux États Membres d’évaluer le travail de cet organe.


L’Examen ministériel annuel (EMA) a également été commenté à plusieurs reprises par les délégations, le représentant du Sénégal ayant notamment suggéré qu’il conviendrait d’envisager d’y faire participer les organes subsidiaires de l’ONU.


Le Vice-Président de l’ECOSOC, qui était venu présenter le rapport annuel de cet organe, a profité de son passage à la tribune pour annoncer que le prochain Examen ministériel annuel de l’ECOSOC serait consacré à la question de l’emploi.  « Les Examens ministériels antérieurs ont noté qu’aucun progrès véritable n’est possible sur le plan du développement sans des mesures vigoureuses dans le domaine de l’emploi », a-t-il rappelé. 


Le Maroc se félicite de la décision de l’ECOSOC d’inclure dans son Examen ministériel annuel de 2015 la question du suivi de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020, a indiqué son représentant. 


L’Assemblée générale se réunira le vendredi 21 octobre, à partir de 10 heures, pour procéder à l’élection de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité.


RAPPORT DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


Rapport du Conseil économique et social (A/66/3)


Note du Secrétaire général (A/66/263


Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes: Rapports du Secrétaire général(A/66/160)


Débat commun


M. MILOŠ KOTEREC, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), intervenant au nom du Président de l’ECOSOC, a présenté l’édition 2011 du rapport de l’entité.  Il a fait savoir que l’Examen ministériel annuel de l’ECOSOC avait été consacré cette année à l’éducation, en la présence notamment du Premier Ministre britannique, M. Gordon Brown, et qu’une attention particulière avait été accordée aux initiatives de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en la matière.  La nécessité d’améliorer l’accès à l’éducation ainsi que la qualité des programmes de formation avaient été notamment soulignées à cette occasion, a ajouté M. Koterec.  Il a aussi fait savoir que la proposition de création d’un fonds pour l’éducation avait été examinée, de même que la question de l’égalité entre les sexes.  Le Vice-Président s’est ensuite félicité de la manière rapide dont l’ECOSOC agit sur le plan humanitaire.  Il a également évoqué la résolution de l’ECOSOC relative au Soudan du Sud et son engagement à suivre l’évolution de ce nouvel État.  Un groupe spécial pour la gestion des informations a par ailleurs été approuvé, a-t-il aussi fait savoir.  Le représentant a également indiqué que l’ECOSOC avait étudié le rapport de son Groupe consultatif spécial sur Haïti.  L’ECOSOC a réalisé des progrès notables sur des questions clefs de l’économie, a poursuivi M. Koterec, avant d’annoncer que le prochain Examen ministériel de l’ECOSOC serait consacré à la question de l’emploi.  Les Examens ministériels antérieurs avaient permis de noter qu’aucun progrès véritable n’est possible sur le plan du développement, notamment sans des mesures vigoureuses dans le domaine de l’emploi, a-t-il indiqué.


Mme VIPLOVE THAKUR (Inde) a estimé que l’ECOSOC avait un rôle à jouer en tant qu’entité principale chargée de la coordination, du dialogue et des recommandations sur les questions de développement économique et social.  Par l’intermédiaire de l’Examen ministériel annuel et du Forum pour la coopération en matière de développement (FCD), l’ECOSOC a pu examiner les efforts entrepris pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015.  Chaque année, l’Examen ministériel annuel se concentre sur l’un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), encourageant ainsi les mesures prises en vue d’améliorer la réalisation des OMD, a-t-elle souligné.  La bonne gouvernance économique mondiale nécessite une plus grande participation des pays en développement.  Ces derniers, a-t-elle plaidé, doivent avoir leur place au sein des institutions de Bretton Woods et l’ECOSOC est la seule entité en mesure de les aider à atteindre cet objectif.  Il ne peut y avoir un monde juste et équitable tant que la prospérité ne profitera pas à tous, a-t-elle rappelé.


La crise économique mondiale a représenté une menace pour la réalisation des OMD, a déploré Mme Thakur.  Cette crise pourrait avoir des conséquences irréversibles sur la réduction de la pauvreté et les autres objectifs de développement.  La représentante a souhaité que des actions rapides et efficaces soient adoptées pour neutraliser la régression.  Par ailleurs, les suivis de la Conférence de Monterrey et de la Conférence d’examen de Doha sur le financement du développement sont fondamentaux pour aider les pays en développement, a-t-elle estimé.  À cet égard, elle a appelé les pays développés à respecter leurs engagements concernant l’aide publique au développement (APD).  Le transfert des technologies et le renforcement des capacités des pays en développement doivent être assurés de manière équitable, a-t-elle conclu.


Mme MARY ELISABETH FLORES (Honduras) a salué le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) dont ont bénéficié 50 pays, y compris le Honduras, dans la préparation d’élections et la reconstruction après des catastrophes.  L’économie du Honduras a connu une croissance dans la moyenne de l’Amérique latine mais va de crise en crise, à la fois pour des raisons internes et externes au pays, a-t-elle dit.  Il est difficile de faire des prévisions pour le futur immédiat quand on est dépassé par les urgences actuelles, a-t-elle fait remarquer, en rappelant les conséquences dramatiques de récentes inondations dans son pays sur la population et les infrastructures.  Dans ce contexte, aggravé par une importante dette sociale, il est aisé de comprendre pourquoi plus de la moitié de la population du Honduras vit toujours dans des conditions précaires, a poursuivi la représentante, en regrettant l’absence de progrès significatifs dans la lutte contre la pauvreté, malgré une baisse de 7,5% du nombre de Honduriens vivant dans l’extrême pauvreté depuis 2001. 


Mme Flores a néanmoins assuré que son gouvernement ne désarmait pas et avait adopté un Plan pour la nation pour la période 2010-2022 avec comme priorité la réduction de la pauvreté et des inégalités dans le pays.  Dans notre combat pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il faudrait établir des politiques qui permettent la création rapide d’emplois et le renforcement des sources de revenus des ménages, si l’on souhaite connaître à nouveau des migrations avec des conséquences tragiques.  Compte tenu de la vulnérabilité du Honduras aux changements climatiques, la représentante a insisté sur la nécessité d’encourager les progrès en matière d’agriculture.  Des progrès ont été faits en matière de gouvernance démocratique, de réconciliation nationale, des droits de l’homme et de la sécurité dans son pays, a-t-elle rappelé.  Le Gouvernement, a-t-elle assuré, poursuivra les réformes pour lever les barrières qui entravent la participation des femmes à la politique et à l’économie. 


M. DMITRY I. MAKSIMCHEV (Fédération de Russie) a indiqué que son pays accordait une grande importante aux activités menées par l’ECOSOC, notamment dans les préparatifs du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement et de la Conférence sur la crise économique et financière mondiale.  S’agissant de l’Examen ministériel annuel (EMA), le représentant a annoncé que son pays présentera son examen volontaire en 2012.  Concernant la Conférence sur la crise économique et financière, il a salué le rôle joué par l’ECOSOC pour définir des programmes fondamentaux, notamment par la création d’un nouvel organe consultatif.  En 2011, l’ECOSOC a confirmé son rôle clef dans le cadre du suivi des conférences internationales sur le développement.  Le représentant de la Fédération de Russie a plaidé pour un renforcement des liens entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods.  Il est important de créer un mécanisme de contrôle qui permettra aux États Membres d’évaluer le travail du Conseil et des principales conférences des Nations Unies dans les domaines économique et social.  Concluant son propos, il a précisé que son pays appuyait les recommandations contenues dans la résolution 61/16 sur le renforcement de l’ECOSOC et a regretté que les questions liées à une meilleure coordination et à l’amélioration de l’ordre du jour du Conseil n’aient toujours pas été améliorées. 


M. ZOYA KOLONTAI (Bélarus) a assuré que son pays prenait des mesures concrètes pour améliorer l’intégration de son système d’éducation dans le système mondial, comme il l’avait montré dans le cadre des présentations volontaires des pays devant l’ECOSOC lors d’une session consacrée à la mise en œuvre des objectifs et engagements en matière d’éducation.  Le Bélarus plaide pour un renforcement du rôle de coordination de l’ECOSOC autour de tous les Objectifs du Millénaire pour le développement et souhaite une nouvelle architecture dans le domaine de l’énergie.  Il est nécessaire de prendre en considération les conséquences des changements climatiques dans les stratégies de financement du développement à long terme et d’œuvrer pour une économie verte, a souligné le représentant.  Enfin, il a salué la pratique d’examens périodiques des activités opérationnelles de développement poursuivies sous les auspices de l’ECOSOC, et a rappelé la volonté de son pays de contribuer aux activités de ce dernier, s’il est élu au sein de cette entité vitale des Nations Unies. 


M. TARIK IZIRAREN (Maroc) a estimé que l’ECOSOC contribuait de manière significative à stimuler le débat sur la coopération internationale en vue d’identifier les meilleures approches et politiques pour faire avancer l’Agenda des Nations Unies pour le développement.  Son rôle en matière de suivi des résultats des grandes conférences et réunions au sommet sur le sujet ne fait que se consolider, notamment dans le cadre de ses nouvelles fonctions, l’Examen ministériel annuel et le Forum pour la coopération en matière de développement, a-t-il estimé.  Le représentant a, en outre, rappelé l’importance de l’implication de la société civile, ainsi que des représentants du secteur privé et des milieux académique et scientifique, au sein de l’ECOSOC.  Les sessions de fond du Conseil sont des moments privilégiés pour procéder à un examen intégré des problèmes économiques et sociaux auxquels est confrontée la communauté internationale, a-t-il dit, en rappelant que celle de cette année était axée sur l’éducation.  Le représentant a rappelé que la conjonction des crises financière, économique et alimentaire, alliée à l’exacerbation des changements climatiques, avait commencé à remettre en cause plusieurs des acquis obtenus en matière de développement.  À cet égard, les pays les plus touchés sont les pays africains et les pays les moins avancés (PMA), a fait remarquer le représentant.  Le Maroc se réjouit que l’ECOSOC ait décidé d’inclure dans son Examen ministériel annuel de 2015 la question du suivi de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des PMA pour la décennie 2011-2010, a-t-il dit.  Dans le cadre d’un débat constructif sur la gouvernance mondiale, l’ECOSOC peut apporter la cohérence et l’efficacité dans les processus de prise de décisions et dans la mise en œuvre de ces dernières, a estimé M. Iziraren, en rappelant que le Maroc avait, au niveau national, créé un Conseil économique, social et environnemental, érigé en instance constitutionnelle. 


M. JOÃO LUCAS QUENTAL NOVAES DE ALMEIDA (Brésil) a souligné l’importance de renforcer l’ECOSOC afin de lui permettre de contribuer pleinement aux délibérations relatives aux questions clefs du développement.  Il a estimé que son Forum pour la coopération en matière de développement avait la capacité de devenir le principal forum pour la coopération en matière de développement, notamment en matière d’aide publique au développement, de coopération Sud-Sud et de philanthropie.  Le représentant a appelé au renforcement de ce Forum, en estimant que celui-ci devrait se réunir chaque année et non plus tous les deux ans, conformément à la pratique actuelle.  Il a par ailleurs estimé que la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, prévue en 2013, devrait accorder une attention particulière au cadre institutionnel du financement du développement afin de répondre aux défaillances actuelles.  Évoquant ensuite la tenue, l’année prochaine, de la Conférence Rio+20, le représentant a engagé les États Membres à réaffirmer leur engagement commun, à adopter de mesures concrètes pour réaliser le développement durable, et à établir des bases solides pour la coopération à venir.


M. ABDOU SALAM DIALLO (Sénégal) a tout d’abord souligné que l’Examen ministériel annuel offrait la possibilité de mesurer l’impact de l’application des décisions et recommandations de l’ECOSOC dans le développement des États.  Il a également appelé les États Membres à « rendre vivant » le Forum pour la coopération en matière de développement de l’ECOSOC.  Le représentant a ensuite regretté que l’ECOSOC ne joue « en réalité » qu’un rôle limité dans la conduite des activités de développement économique et social.  Des stratégies de développement, qui contribueraient effectivement à atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté, gagneraient à être appliquées au sein d’institutions économiques et sociales efficaces, a-t-il estimé.  M. Diallo a recommandé de mettre l’accent sur le renforcement des pouvoirs de l’ECOSOC, l’amélioration de ses relations avec les autres organes de l’ONU et la « clarification de leurs divers mandats », notamment pour lui permettre de jouer un « véritable rôle d’impulsion ».  Le représentant du Sénégal a également estimé qu’il conviendrait d’envisager de faire participer les organes subsidiaires de l’ONU à l’Examen ministériel annuel de l’ECOSOC et assurer une implication plus poussée de l’ECOSOC dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.  Il a ensuite appelé l’ECOSOC à envisager une session de suivi du Sommet de 2010 sur les OMD.  Le représentant a par ailleurs estimé que pour instaurer un système « performant, équilibré et cohérent », les liens entre l’ECOSOC et les divers fonds et programmes de l’ONU devraient être réexaminés.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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