En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 décembre 2015 le mandat de la force de l’ONU dans la zone d’Abyei

Conseil de sécurité,
7483e séance – matin
CS/11968

Le Conseil de sécurité proroge jusqu’au 15 décembre 2015 le mandat de la force de l’ONU dans la zone d’Abyei

Le Conseil de sécurité a prorogé, ce matin, le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) jusqu’au 15 décembre 2015, en demandant instamment aux Gouvernements du Soudan et du Soudan du Sud d’adopter des mesures visant à renforcer la confiance entre les différentes communautés concernées par cette zone frontalière qu’ils se disputent.

En adoptant à l’unanimité de ses 15 membres la résolution 2230 (2015), présentée par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, le Conseil de sécurité a suivi les recommandations du Secrétaire général figurant dans son rapport sur la situation à Abyei, qui demande de proroger le mandat de la Force pour une nouvelle période de six mois afin de permettre de maintenir la dynamique récemment créée.

Depuis le mois d’avril, la situation en matière de sécurité dans la zone d’Abyei est demeurée relativement calme mais imprévisible, souligne le rapport* du Secrétaire général sur la situation à Abyei.  Toutefois, les efforts visant à rendre pleinement opérationnel le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, qui a été créé en juin 2011 pour renforcer la confiance entre les Gouvernements soudanais et sud-soudanais, demeurent enlisés, principalement en raison de différends d’ordre politique.

Ce matin, le Conseil de sécurité a déploré cette situation d’enlisement et pris acte des recommandations formulées par le Secrétaire général, notamment que la FISNUA subordonne l’aide qu’elle apporte au Mécanisme pour qu’il atteigne sa pleine capacité opérationnelle à plusieurs conditions.  Les parties doivent notamment régler leurs différends concernant la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, reprendre les discussions au sujet de la démarcation des frontières et veiller à ce que le Mécanisme se réunisse régulièrement.

En outre, le Conseil de sécurité s’est dit profondément préoccupé par l’absence d’administration publique et d’état de droit dans la zone d’Abyei, en raison du retard répété dans la mise en place de l’Administration, du Conseil et de la police de la zone d’Abyei.

En prorogeant jusqu’au 15 décembre prochain le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA), les membres du Conseil ont ainsi décidé de maintenir les effectifs de la Force et de déployer le reste des effectifs autorisés au fur et à mesure de la réactivation de ce Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière. 

Par ailleurs, le Conseil de sécurité a exigé du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils entreprennent sans délai de mettre en place l’Administration et le Conseil de la zone d’Abyei, et qu’ils créent le service de police d’Abyei, appelé à assumer les fonctions de police dans toute la zone.

Le représentant de la République du Soudan du Sud s’est félicité de cette prorogation en estimant que, « malgré les imperfections de son rôle protecteur, la FISNUA demeurait l’unique forme de protection de la communauté ngok dinka dans la zone ».  Il a cependant considéré que les arrangements actuels, sous les auspices de la FISNUA, ne pouvaient pas se poursuivre de manière indéfinie et que le Conseil de sécurité devait maintenant trouver une solution qui soit acceptable pour les deux parties. 

Pour lui, transformer la zone en un protectorat international en vue d’assurer la sécurité et de générer des services, ainsi qu’un développement économique et social, serait la façon le plus pratique d’aller de l’avant.  Rappelant que les neuf chefferies d’Abyei ont toujours été administrées de façon autonome, il a mis en garde « contre toute administration conjointe au sein de laquelle les Misseriya, bien qu’autonomes, participeraient à l’administration de la zone des Ngok Dinka ».  Cette solution serait inacceptable et rejetée à la fois par la communauté ngok dinka et le Soudan du Sud.

De son côté, le représentant du Soudan a estimé que la résolution adoptée aujourd’hui prenait en compte toutes les préoccupations exprimées par son gouvernement.  « Nous ne parlons pas d’une seule tribu, comme l’a fait mon collègue du Soudan du Sud, mais de deux.  La solution doit donc être abordée de manière globale et prendre en compte les préoccupations de chacune des communautés », a-t-il insisté. 

Il a ensuite appelé à la mise en œuvre des différents accords conclus entre le Soudan et le Soudan du Sud et des mécanismes conjoints, notamment le Comité mixte de contrôle d’Abyei.  « Ces accords constituent un tout indivisible et doivent être mis en œuvre sur un pied d’égalité car, a-t-il précisé, chaque accord a des répercussions sur l’autre. »  La présente résolution, a-t-il ajouté, définit très clairement qu’il n’existe pas d’alternative au dialogue et qu’il faut pallier le vide administratif et sécuritaire.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Rapport du Secrétaire général sur la situation à Abyei (S/2015/439)

Texte du projet de résolution (S/2015/531)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses précédentes résolutions et déclarations présidentielles concernant la situation au Soudan et au Soudan du Sud, notamment ses résolutions 1990 (2011), 2024 (2011), 2032 (2011), 2046 (2012), 2047 (2012), 2075 (2012), 2104 (2013), 2126 (2013), 2156 (2014), 2179 (2014) et 2205 (2015), ses déclarations présidentielles S/PRST/2012/19 et S/PRST/2013/14, ainsi que ses communiqués de presse des 18 juin, 21 et 28 septembre 2012, des 6 mai et 14 juin 2013 et des 14 février, 17 mars et 11 décembre 2014,

Réaffirmant son ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale du Soudan et du Soudan du Sud, ainsi qu’aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies, et rappelant l’importance des principes de bon voisinage, de non-ingérence et de coopération régionale,

Déclarant à nouveau que les frontières territoriales des États ne sauraient être modifiées par la force et que les différends territoriaux doivent être réglés exclusivement par des moyens pacifiques, affirmant qu’il donne la priorité à la mise en œuvre intégrale et immédiate de tous les éléments de l’Accord de paix global encore en suspens et insistant à cet égard sur le fait que le statut futur d’Abyei doit être déterminé par voie de négociations entre les parties, dans le respect de l’Accord de paix global, et non par des actions unilatérales de l’une ou l’autre des parties,

Rappelant les engagements pris par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais dans l’Accord concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, conclu le 20 juin 2011 par le Gouvernement soudanais et le Mouvement populaire de libération du Soudan, dans l’Accord sur la sécurité des frontières et le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité, conclu le 29 juin 2011 par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais, dans l’Accord relatif à la Mission d’appui au contrôle de la frontière, conclu le 30 juillet 2011 par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais, ainsi que dans les accords concernant les mécanismes de coopération et de sécurité signés le 27 septembre 2012, dans la décision prise le 8 mars 2013 par le Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et dans le tableau récapitulatif des accords souscrits par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine adopté le 12 mars 2013,

Exprimant sa pleine adhésion aux efforts que déploie l’Union africaine en vue d’apaiser les tensions entre la République du Soudan et la République du Soudan du Sud et de favoriser la reprise des négociations sur les relations postsécession et la normalisation des relations, rappelant à cet égard les communiqués du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date des 24 avril et 24 octobre 2012, des 25 janvier, 7 mai, 29 juillet, 23 septembre, 26 octobre et 12 novembre 2013 et 12 septembre 2014, les déclarations à la presse du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date des 6 novembre 2013 et 24 mars 2015, la Déclaration de la Présidente de la Commission de l’Union africaine en date du 28 octobre 2013, et la Déclaration de la Commission de l’Union africaine en date du 24 juin 2015,

Réaffirmant ses résolutions 1265 (1999), 1296 (2000), 1674 (2006), 1738 (2006), 1894 (2009), 2175 (2014) et 2222 (2015) sur la protection des civils en période de conflit armé; 1612 (2005), 1882 (2009), 1998 (2011), 2068 (2012), 2143 (2014) et 2223 (2015) sur le sort des enfants en temps de conflit armé; 1502 (2003) sur la protection du personnel humanitaire et du personnel des Nations Unies; 1325 (2000), 1820 (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013) et 2122 (2013) sur les femmes et la paix et la sécurité,

Soulignant qu’il est nécessaire de s’assurer du respect des droits de l’homme, et notamment de constater toute forme de violence sexuelle ou sexiste et toute violation ou atteinte commise sur la personne de femmes ou d’enfants, notant l’absence d’avancées concernant la surveillance effective du respect des droits de l’homme dans la zone d’Abyei et se disant à nouveau préoccupé par le fait que les parties ne coopèrent pas avec le Secrétaire général dans ce domaine,

Rappelant que sa résolution 2086 (2013) réaffirme qu’il importe, lors de l’établissement et du renouvellement des mandats des missions des Nations Unies, d’y inclure des dispositions relatives à la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes au lendemain des conflits, ainsi que sur le sort des enfants touchés par les conflits armés, et soulignant que les obstacles qui continuent d’entraver l’application complète de sa résolution 1325 (2000) ne pourront être éliminés que moyennant un engagement résolu en faveur de l’autonomisation et de la participation des femmes ainsi que de l’exercice par les femmes de leurs droits fondamentaux, des initiatives concertées, des informations et des mesures cohérentes et un appui visant à accroître la participation des femmes à la prise de décisions à tous les niveaux,

Constatant avec préoccupation l’attention minimale accordée par les parties à la gestion de la zone d’Abyei et l’enlisement des efforts menés par le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais pour délimiter la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, y compris la zone dite des 14 miles, en arrêter les coordonnées et la démilitariser, et mettre pleinement en œuvre le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, conformément à sa résolution 2046 (2012) et à la Feuille de route du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en date du 24 avril 2012, dû au manque temporaire d’aéronefs, au fait que le Soudan du Sud conteste toujours l’emplacement de la ligne médiane de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée et au refus de délivrance des autorisations de vol,

Soulignant qu’il importe d’établir et de maintenir une surveillance effective et complète dans le cadre du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière dans la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, y compris dans la zone dite des 14 miles,

Conscient qu’il importe que le Président al-Bashir et le Président Salva Kiir continuent de se rencontrer pour poursuivre le dialogue, rappelant sa résolution 2046 (2012), dans laquelle il a décidé que les parties devaient reprendre immédiatement les négociations, sous les auspices du Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, en vue de parvenir à un accord sur le statut final d’Abyei, appelant toutes les parties à participer de façon constructive au processus, facilité par le Groupe de mise en œuvre et devant aboutir à un accord final sur le statut de la zone d’Abyei, et soulignant que les parties doivent mettre en œuvre immédiatement les dispositions en suspens de l’Accord du 20 juin 2011, en particulier pour régler le différend concernant l’accord sur la zone d’Abyei et le différend portant sur le Conseil de la zone d’Abyei et créer immédiatement l’Administration de la zone d’Abyei et le Service de police d’Abyei,

Soulignant que les deux pays auront beaucoup à gagner s’ils font preuve de retenue et empruntent la voie du dialogue au lieu de recourir à la violence et à la provocation,

Saluant le concours que continuent de prêter aux parties le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement, la République fédérale démocratique d’Éthiopie, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Soudan et le Soudan du Sud et la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA),

Saluant également les efforts que déploie la FISNUA pour s’acquitter de son mandat, en veillant notamment à faciliter les migrations pacifiques dans toute la zone d’Abyei et à prévenir les conflits, ainsi que par ses activités de médiation et de dissuasion, exprimant sa profonde gratitude pour le travail accompli par les pays qui fournissent des contingents, condamnant avec force les attaques perpétrées contre le personnel des Nations Unies, et demandant que ces attaques donnent lieu à des enquêtes rapides et approfondies pour amener les responsables à en répondre,

Soulignant avec préoccupation la précarité des conditions de sécurité dans la zone d’Abyei, constatant que depuis son déploiement la FISNUA a contribué à renforcer la paix et la stabilité, et déterminé à prévenir de nouveaux actes de violence contre des civils, déplacements de civils et conflits intercommunautaires,

 Se déclarant à nouveau profondément préoccupé par l’absence d’administration publique et d’état de droit dans la zone d’Abyei, due aux retards répétés dans la mise en place de l’Administration, du Conseil et de la police de la zone d’Abyei, y compris d’une unité spéciale chargée de traiter les questions relatives à la migration des populations nomades, essentielles pour le maintien de l’ordre et la prévention des conflits intercommunautaires dans cette zone, et se félicitant à cet égard de l’action que mène la FISNUA pour appuyer et renforcer les comités de protection communautaire,

 Notant avec préoccupation que la mise en place des institutions temporaires et la détermination du statut final d’Abyei sont systématiquement reportées, et que la persistance du danger de violences intercommunautaires contribue à la montée des tensions dans la zone d’Abyei, y compris les tensions qui empêchent le personnel soudanais de la FISNUA et d’autres organismes de retourner à Abyei,

Exhortant toutes les parties à s’abstenir de toute action unilatérale qui pourrait envenimer les relations intercommunautaires dans la zone d’Abyei,

Se déclarant préoccupé par les répercussions durables de ce que le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’Union africaine a qualifié dans sa déclaration à la presse du 6 novembre 2013 de « décision des Ngok Dinka d’organiser un référendum unilatéral » et, dans ce contexte, notant également que le Gouvernement soudanais a procédé à ses élections nationales d’avril 2015 à Abyei,

Conscient de la situation humanitaire actuelle, dans laquelle les organisations humanitaires continuent de fournir une assistance à environ 81 000 personnes dans la zone d’Abyei, et qu’il importe que l’assistance fournie par les organismes des Nations Unies dans la région soit cohérente, et soulignant en outre qu’il faut faciliter d’urgence la livraison de l’aide humanitaire à toutes les populations touchées,

Affirmant qu’il importe que les déplacés rentrent chez eux de leur plein gré, en toute sécurité et dans la dignité et s’y réintègrent durablement et que la paix et l’ordre règnent pendant la saison des migrations, dans le respect des parcours migratoires traditionnels qui mènent du Soudan au Soudan du Sud à travers Abyei, et exhortant la FISNUA à continuer de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité dans la zone d’Abyei, conformément à son mandat,

Rappelant sa résolution 2117 (2013), et vivement préoccupé par le fait que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisante et le détournement d’armes légères et de petit calibre menacent la paix et la sécurité à Abyei et se félicitant à cet égard des progrès accomplis par la FISNUA dans l’amélioration des infrastructures et des systèmes mis en place pour la confiscation, le stockage et la destruction des armes,

Préoccupé par la présence de mines et de restes explosifs de guerre dans la zone d’Abyei, qui limite les possibilités de retour en toute sécurité des déplacés et représente une menace pour les migrations,

Prenant note des rapports du Secrétaire général en date des 29 avril et 16 juin 2015 (S/2015/302 et S/205/439), notamment de l’analyse selon laquelle la situation politique et en matière de sécurité sur le terrain est demeurée relativement calme mais imprévisible, et un dialogue et une coopération sont nécessaires pour éviter qu’elle ne devienne encore plus conflictuelle, source de division et déstabilisatrice au cours des prochains mois, ainsi que des recommandations qu’il contient,

Constatant que la situation qui règne à Abyei et le long de la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud continue de menacer gravement la paix et la sécurité internationales,

      1.    Décide de proroger jusqu’au 15 décembre 2015 le mandat de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) établi au paragraphe 2 de la résolution 1990 (2011), tel que modifié par la résolution 2024 (2011) et le paragraphe 1 de la résolution 2075 (2012), et, agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, de proroger jusqu’au 15 décembre 2015 le mandat de la Force établi au paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011), et précise qu’aux fins du paragraphe 1 de la résolution 2024 (2011) l’appui opérationnel fourni au Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière sera étendu aux comités spéciaux, au besoin et si demande en est faite par consensus au sein des mécanismes concernés, dans les limites des moyens existants de la FISNUA et dans sa zone d’opérations;

      2.    Prend note des recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport du 16 juin 2015, et se félicite des initiatives prises par la FISNUA pour favoriser le dialogue entre les communautés et l’administration sous la supervision du Comité mixte de contrôle d’Abyei, demande aux communautés et aux Gouvernements soudanais et sud-soudanais de prendre des mesures concrètes à cette fin, et se félicite du concours que l’ONU, l’Union africaine et le Gouvernement de la République fédérale démocratique d’Éthiopie prêtent ou pourront prêter à ces efforts;

      3.    Souligne qu’une coopération constante entre le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais est essentielle pour la paix, la sécurité et la stabilité, ainsi que pour l’avenir des relations entre les deux États;

      4.    Se félicite que le Soudan et le Soudan du Sud aient relancé les travaux du Comité mixte de contrôle d’Abyei en mars 2015, exige la reprise de réunions régulières visant à assurer des progrès constants dans la mise en œuvre de l’Accord du 20 juin 2011, y compris des décisions du Comité, se félicite des initiatives prises par l’Union africaine à l’appui de cet objectif et encourage celle-ci à poursuivre son action, et prie le Secrétaire général de faire le point des progrès accomplis sur ces questions dans ses rapports périodiques;

      5.    Exige à nouveau également du Soudan et du Soudan du Sud qu’ils entreprennent sans délai de mettre en place l’Administration et le Conseil de la zone d’Abyei, notamment en sortant de l’impasse au sujet de la composition du Conseil, et créent le service de police d’Abyei, appelé à assumer les fonctions de police dans toute la zone d’Abyei, notamment à protéger les infrastructures pétrolières, conformément aux engagements qu’ils ont souscrits dans l’Accord du 20 juin 2011;

      6.    Décide de maintenir les effectifs autorisés par la résolution 2104 (2013) déjà déployés et décide que le reste des forces autorisées sera déployé au fur et à mesure de la réactivation du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière afin que la FISNUA puisse assurer la protection voulue au Mécanisme et lui apporter tout l’appui dont il a besoin pour mener dès que possible de vastes opérations dans la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et prie le Secrétaire général de le tenir pleinement informé de l’état d’avancement du déploiement dans ses rapports périodiques;

      7.    Note l’établissement de la capacité opérationnelle du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, déplore à nouveau que les efforts visant à le rendre pleinement opérationnel soient enlisés, accueille avec satisfaction l’évaluation technique du Mécanisme faite par le Secrétaire général en mai 2015, prend acte des recommandations que celui-ci y a formulées, notamment que la FISNUA subordonne l’aide qu’elle apporte au Mécanisme pour qu’il atteigne sa pleine capacité opérationnelle à plusieurs conditions, à savoir que les parties doivent régler le différend qui les oppose concernant la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, reprendre les discussions au sujet de la démarcation de la frontière, veiller à ce que le Mécanisme se réunisse régulièrement, et garantir une complète liberté de circulation, et entend examiner les recommandations finales que le Secrétaire général présentera dans son prochain rapport au sujet des activités du Mécanisme;

      8.    Invite le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais à tirer le meilleur parti du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière, du Mécanisme conjoint pour les questions politiques et la sécurité et des autres mécanismes conjoints convenus en y ayant recours en temps utile pour garantir la sécurité et la transparence de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, y compris la zone dite des 14 miles;

      9.    Invite instamment à redoubler d’efforts en vue de déterminer définitivement sur le terrain le tracé de la ligne médiane de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, et rappelle que le tracé de cette ligne ne préjuge en rien du statut juridique actuel et futur de la frontière, des négociations en cours sur le statut des zones frontalières contestées et revendiquées et de la démarcation de la frontière;

      10.   Précise que, pour s’acquitter de son mandat de protection des civils résultant du paragraphe 3 de la résolution 1990 (2011), la FISNUA prendra les mesures nécessaires pour protéger les civils sous la menace imminente d’actes de violence physique, quels qu’en soient les auteurs;

      11.   Condamne la présence intermittente de membres des services de sécurité sud-soudanais et le déploiement des unités de la police du pétrole de Diffra dans la zone d’Abyei et le fait que des milices armées soient entrées à plusieurs reprises sur le territoire, exige à nouveau du Gouvernement sud-soudanais qu’il veille immédiatement et sans condition préalable à ce que ses forces de sécurité ne pénètrent pas dans la zone d’Abyei et du Gouvernement soudanais qu’il retire la police du pétrole de Diffra de la zone d’Abyei, et réaffirme que, conformément à ses résolutions pertinentes, en particulier les résolutions 1990 (2011) et 2046 (2012), la zone d’Abyei doit être démilitarisée, toutes les forces autres que celles de la FISNUA et du Service de police d’Abyei, ainsi que les éléments armés des populations locales, devant s’en retirer;

      12.   Appuie les décisions en date du 3 mai 2013 et du 30 mars 2015 par lesquelles le Comité mixte de contrôle d’Abyei a donné à Abyei le statut de zone exempte d’armes, souligne que, dans son communiqué du 7 mai 2013, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine s’est dit préoccupé par les informations selon lesquelles plusieurs groupes de population vivant à Abyei seraient lourdement armés, rappelle qu’aux termes de l’Accord du 20 juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, celle-ci devrait être une zone exempte d’armes, la FISNUA étant seule autorisée à y posséder des armes et, à cet égard, demande instamment aux deux gouvernements de prendre toutes mesures nécessaires pour procéder à la démilitarisation effective d’Abyei, y compris en mettant en place des programmes de désarmement, si besoin est;

      13.   Réaffirme que la FISNUA, agissant dans les limites de son mandat et de ses capacités, peut procéder à la confiscation et à la destruction des armes dans la zone d’Abyei, tel qu’autorisé par la résolution 1990 (2011), en coordination avec les signataires de l’Accord de juin 2011 concernant les arrangements provisoires pour l’administration et la sécurité de la zone d’Abyei, le Comité mixte de contrôle et les tribus misseriya et ngok dinka et conformément à la décision du Comité mixte de contrôle de faire d’Abyei « une zone exempte d’armes », et demande à nouveau à la FISNUA de constater les mouvements d’armes à destination d’Abyei et la présence, la destruction et la confiscation d’armes à Abyei, de rassembler des informations à ce sujet et de lui en rendre compte dans le cadre des rapports périodiques du Secrétaire général;

      14.   Demande à la FISNUA de poursuivre le dialogue avec le Comité mixte de contrôle d’Abyei et les communautés misseriya et ngok dinka en vue de mettre en place des stratégies et mécanismes de contrôle propres à garantir pleinement le respect du statut d’Abyei comme zone exempte d’armes par l’ensemble des parties concernées, la priorité étant accordée à l’élimination sans délai des armes lourdes ou collectives, ainsi que des lance-roquettes, et engage le Gouvernement soudanais et le Gouvernement sud-soudanais, le Comité mixte de contrôle d’Abyei et les communautés misseriya et ngok dinka à collaborer pleinement avec la FISNUA à cet égard;

      15.   Demande instamment aux deux gouvernements d’adopter immédiatement des mesures visant à renforcer la confiance entre les différentes communautés concernées de la zone d’Abyei, notamment à la faveur de processus de réconciliation à l’échelon local et en aidant la FISNUA à promouvoir le dialogue, demande instamment que soit organisée, comme prévu, une réunion entre les chefs traditionnels des Ngok Dinka et des Misseriya et exhorte toutes les communautés d’Abyei à faire preuve de la plus grande retenue dans tous leurs échanges et à s’abstenir de tout acte ou discours provocateur risquant de susciter des affrontements violents ainsi que de toute nouvelle activité unilatérale;

      16.   Demande à la FISNUA de renforcer, dans la limite de ses capacités et ressources et en coordination étroite avec les communautés misseriya et ngok dinka, les capacités des comités de protection communautaire, afin de contribuer à la gestion du maintien de l’ordre dans la zone d’Abyei;

      17.   Appelle toutes les parties à donner pleinement suite aux conclusions et recommandations formulées à l’issue de l’enquête de la Commission d’enquête conjointe de la zone d’Abyei sur le meurtre d’un soldat de la paix de la FISNUA et du Chef suprême de la communauté ngok dinka, accueille avec satisfaction la déclaration à la presse du 24 mars 2015 par laquelle le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a demandé à la Commission de l’Union africaine d’avoir des échanges avec les parties au sujet des constatations et recommandations, et réaffirme la nécessité de permettre aux deux communautés de clore l’enquête sur l’assassinat du Chef suprême des Ngok Dinka, compte tenu de la nécessité de promouvoir la stabilité et la réconciliation dans la zone d’Abyei;

      18.   Entend réexaminer, selon que de besoin, le mandat de la FISNUA en vue de restructurer éventuellement la Force en fonction de la suite que le Soudan et le Soudan du Sud donneront aux prescriptions de la résolution 2046 (2012) et aux engagements qu’ils ont souscrits dans les accords des 20 et 29 juin et 30 juillet 2011 et 27 septembre 2012, notamment ceux touchant le retrait de toutes les forces de la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, la mise en œuvre opérationnelle complète du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière et des comités spéciaux ainsi que l’achèvement de la démilitarisation de la zone d’Abyei;

      19.   Demande à tous les États Membres, en particulier au Soudan et au Soudan du Sud, de garantir la libre circulation, sans entrave ni retard, à destination et en provenance d’Abyei et dans toute la zone frontalière démilitarisée et sécurisée, de l’ensemble du personnel de la FISNUA ainsi que du matériel, des vivres, des fournitures et des autres biens, y compris les véhicules, aéronefs et pièces de rechange destinés à l’usage officiel et exclusif de la FISNUA;

      20.   Demande à nouveau au Gouvernement soudanais et au Gouvernement sud-soudanais d’apporter tout leur appui aux organismes des Nations Unies, et notamment de délivrer rapidement des visas au personnel militaire, au personnel de police et au personnel civil des Nations Unies, y compris le personnel humanitaire, sans considération de nationalité, de faciliter l’installation de bases, la construction d’infrastructures dans la zone de la mission et l’octroi d’autorisations de vol et de fournir un soutien logistique, demande au Gouvernement soudanais et au Gouvernement sud-soudanais de faciliter les déplacements au Soudan et au Soudan du sud en provenance ou à destination d’Abyei, et demande également à toutes les parties de s’acquitter des obligations que leur impose l’Accord sur le statut des forces;

      21.   Constate que l’absence de projets de développement ainsi que l’incapacité de fournir des services publics de base ont eu un effet défavorable sur les populations d’Abyei et demande au Gouvernement soudanais et au Gouvernement sud-soudanais ainsi qu’aux donateurs d’appuyer les activités de reconstruction et de renforcement des capacités;

      22.   Exige du Gouvernement soudanais et du Gouvernement sud-soudanais qu’ils continuent de faciliter le déploiement du personnel du Service de la lutte antimines de l’ONU afin que le personnel du Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière puisse se déplacer librement et que les mines qui se trouvent dans la zone d’Abyei et la zone frontalière démilitarisée et sécurisée puissent être détectées et neutralisées;

      23.   Exige de toutes les parties concernées qu’elles permettent aux agents humanitaires d’accéder en toute sécurité et en toute liberté aux populations civiles qui ont besoin d’aide et qu’elles leur accordent toutes les facilités nécessaires à leurs activités, conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire applicable, et aux principes directeurs des Nations Unies concernant l’assistance humanitaire;

      24.   Demande instamment que toutes les parties mettent fin à toutes formes de violence, à toutes violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et à toutes violations et atteintes commises sur la personne des enfants en infraction au droit international applicable;

      25.   Prie le Secrétaire général de pourvoir à la surveillance effective du respect des droits de l’homme et d’en rendre compte dans les rapports qu’il lui présente, et demande de nouveau au Gouvernement soudanais et au Gouvernement sud-soudanais d’apporter au Secrétaire général leur plein concours à cette fin, notamment en délivrant des visas au personnel des Nations Unies concerné;

      26.   Prie également le Secrétaire général de prendre les dispositions nécessaires pour que la FISNUA applique pleinement la politique de tolérance zéro de l’ONU à l’égard de l’exploitation et des agressions sexuelles et de l’informer de tous actes de cette nature;

      27.   Prie en outre le Secrétaire général de continuer de l’informer de l’état de la mise en œuvre du mandat de la FISNUA en lui présentant deux rapports, l’un le 15 septembre 2015 au plus tard et l’autre le 15 novembre 2015 au plus tard, et de porter immédiatement à son attention toute violation grave des accords susmentionnés, y compris des conditions énoncées au paragraphe 7 de la présente résolution concernant le Mécanisme conjoint de vérification et de surveillance de la frontière;

      28.   Prend note de l’action que mène le Secrétaire général pour assurer une coopération étroite entre les missions des Nations Unies présentes dans la région, notamment la FISNUA, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) et l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD), et avec son Envoyé spécial pour le Soudan et le Soudan du Sud, et le prie de continuer de pourvoir à cette coopération;

      29.   Décide de rester activement saisi de la question.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

M. Martin Kobler souligne l’importance de la coopération entre la MONUSCO et les Forces armées de la RDC pour confronter les groupes armés

7484e séance – matin
CS/11969

M. Martin Kobler souligne l’importance de la coopération entre la MONUSCO et les Forces armées de la RDC pour confronter les groupes armés

Les résultats d’un partenariat entre la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) et les forces gouvernementales doivent renforcer notre engagement et notre volonté de combattre la menace que posent les groupes armés, a déclaré, ce matin devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Martin Kobler, en faisant le point sur la situation sécuritaire dans l’est de la RDC, le processus électoral, et le dialogue stratégique entre les Nations Unies et le Gouvernement congolais.

Le Conseil de sécurité a également entendu un exposé de l’Ambassadeur Dina Kawar, de la Jordanie, après sa visite en RDC, au Rwanda et en Ouganda, en mai dernier, en tant que Présidente du Comité des sanctions concernant la RDC.  Le représentant de la RDC, M. Ignace Gata Mavita, a assuré que son pays était déterminé à aller de l’avant dans le respect de ses engagements au titre de l’Accord-cadre.

M. Kobler, qui est également le Chef de la MONUSCO, a rappelé que la protection des civils était au cœur du mandat de la Mission.  « Je viens de voir ‘un rayon d’espoir’ sur une de nos lignes de front », a-t-il dit à ce propos, en signalant la mise en place d’un cordon militaire et d’opérations de recherche par les Forces armées de la RDC (FARDC), soutenues par les forces de la MONUSCO, afin de s’opposer aux Forces de résistance patriotiques de l’Ituri (FRPI).  Ce sont les opérations les plus efficaces jamais menées depuis celles contre le M23, a-t-il fait remarquer.  Il a expliqué que cette fois, il n’avait pas été possible d’éviter l’usage de la force, après trois occasions manquées des FRPI de se rendre.

Depuis le 3 juin, a poursuivi M. Kobler, les efforts conjoints de la MONUSCO et des forces congolaises ont permis de neutraliser environ un quart des FRPI.  Il a cependant insisté sur ce qu’il reste à faire pour restituer l’autorité de l’État et créer des opportunités d’emploi, en particulier pour les jeunes, ainsi que pour trouver des solutions pour les anciens combattants afin qu’ils ne soient pas attirés par de meilleures opportunités chez les FRPI.  Les opérations en cours prouvent qu’en agissant ensemble, nous pouvons protéger plus efficacement les populations, consolider la paix et restaurer l’espoir, a assuré le Représentant spécial avant de rappeler des situations tragiques qu’il a lui-même constatées sur le terrain.

« Les opérations contre les FRPI démontrent clairement ce que nous pouvons réaliser quand les Forces de la RDC et la MONUSCO travaillent ensemble, a-t-il encore exprimé, en français cette fois, en saluant le Gouvernement de la RDC pour sa coopération avec les forces de la MONUSCO et les FARDC dans ces opérations.  « Le résultat de ce partenariat renforce notre engagement et notre volonté à combattre la menace que représentent les groupes armés », a-t-il ajouté en s’adressant à l’Ambassadeur Gata Mativa, de la RDC.

Les opérations menées conjointement contre les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et au Katanga sont dans l’impasse depuis cinq mois, a cependant fait remarquer M. Kobler.

Il a souligné à nouveau les progrès importants accomplis par le Gouvernement congolais au cours des 10 dernières années pour rétablir la sécurité, tout en regrettant que la population soit toujours à la merci de groupes armés dans de nombreuses parties de l’est du pays.  Le Gouvernement de la RDC a choisi de mener ses opérations de manière unilatérale dans cette région, a-t-il dit, en indiquant que, pour sa part, la MONUSCO réfléchissait aux moyens de reprendre une collaboration avec le Gouvernement dans le cadre des engagements en matière de droits de l’homme.

« Les FARDC poursuivent seules la lutte contre les rebelles rwandais des FDLR », a confirmé le représentant de la RDC, en faisant part de résultats « encourageants ».  Il a aussi souligné la détermination de son gouvernement à mettre un terme au dossier de l’ex-rébellion du M23, lors de la réunion du 7 juillet qui visait à accélérer le rapatriement des ex-combattants.

Pourtant, M. Kobler a prévenu que, malgré certains succès des FARDC pour déloger les FDLR de leurs bastions, l’armée congolaise ne parvient pas à consolider sa position dans les zones libérées où la population continue de subir des violences.  Dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo, qui sont le théâtre d’opérations anti-FDLR, l’insécurité est de nouveau en hausse, a-t-il indiqué, en déplorant que le personnel des Nations Unies et le personnel humanitaire soient aussi la cible de violences.

Signalant le nombre de violations des droits de l’homme qui ont affecté 416 personnes au cours des six derniers mois, M. Kobler a noté une forte hausse par rapport aux 75 victimes du semestre précédent.  Il a dénoncé, en particulier, les actions des Forces démocratiques alliées (ADF) à Beni, en soulignant leur nature islamiste.  Le représentant de la RDC a assuré, à cet égard, que les FARDC, appuyées par la MONUSCO, font de leur mieux pour sécuriser Béni et ses environs.

Après avoir rappelé que 156 soldats de la MONUSCO avait contribué à la formation de près de 900 policiers congolais, M. Kobler a demandé au Gouvernement de la RDC de travailler en étroite coopération avec la Mission pour garantir le droit à la sécurité pour la population congolaise.  « Attendre n’est tout simplement pas une option », a-t-il prévenu en énumérant les souffrances de la population, notamment celle des femmes qui ont peur de se faire violer.

Passant au processus électoral en cours à Kinshasa, le Représentant spécial a prévenu que l’on risquait l’instabilité en l’absence d’élections crédibles.  Il a plaidé en faveur d’un processus électoral crédible et transparent, en demandant de surmonter quatre obstacles majeurs: un budget, un calendrier réaliste, des listes électorales mises à jour, un espace suffisant pour l’opposition et la société civile.  Il a émis l’espoir que les consultations organisées par le Gouvernement de la RDC n’entraîneraient pas un report des élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2016.

À cet égard, le représentant de la RDC a souligné l’importance du dialogue politique voulu par le Chef de l’État: « c’est une affaire des Congolais qui doivent, a-t-il dit, apprendre à se parler entre eux, sans ingérence étrangère ».  Pour illustrer la volonté de son gouvernement d’organiser des élections transparentes et crédibles, il a assuré que le calendrier électoral pour les prochaines élections était établi et que le budget nécessaire avait été présenté.  Il a néanmoins énuméré les différents obstacles sur cette voie, comme la sécurisation du processus électoral.

En ce qui concerne le dialogue lancé en mars 2015 entre le Gouvernement et la MONUSCO, M. Kobler a indiqué que son objectif était de mettre en route une stratégie de sortie consensuelle et de relancer une collaboration sincère sur les questions de la sécurité, les élections, les droits de l’homme et la communication.  Il s’est félicité de l’esprit de confiance mutuelle qui a présidé au cours de de ces négociations, permettant ainsi de réaliser des progrès.

« Nous sommes convaincus que mon gouvernement arrivera à un terrain d’entente avec les Nations Unies et qu’un accord interviendra sur les points qui font l’objet de discussions », a assuré l’Ambassadeur Gata Mavita.

M. Kobler a précisé que des équipes mixtes -MONUSCO et forces de la RDC- avaient mené, au mois de mai, des missions conjointes dans 29 territoires des 4 provinces affectées par le conflit.  Les discussions sont en cours pour évaluer les résultats de ces missions, a-t-il dit en soulignant quelques divergences de vues sur le retrait des troupes de la Mission.  Le Gouvernement de la RDC souhaite, en effet, une nouvelle réduction, tandis que la Mission préfère adopter une approche plus structurée pour cette phase de retrait, qui soit conforme à la résolution 2211.

« Nous sommes d’accord sur le fait que la MONUSCO doit quitter progressivement le Congo », a affirmé le Représentant spécial en faisant remarquer que ce retrait avait déjà commencé.  Il a précisé que 1 420 des 2 000 Casques bleus devant être rapatriés ont déjà quitté le pays.  Ces soldats ne reviendront pas en RDC, a-t-il assuré.  « Le plus vite, le Gouvernement et la MONUSCO joindront leurs forces, le plus vite les groupes armés seront éradiqués », a-t-il estimé.  « Le plus vite les groupes armés seront éradiqués et l’autorité de l’État restaurée, a-t-il estimé, le plus vite, les troupes de la MONUSCO seront réduites. »

M. Kobler a ensuite abordé la question de la violence sexuelle contre les femmes et les filles en RDC, en souhaitant que les victimes aient accès à la justice.  Il a aussi fait observer combien les perspectives économiques étaient essentielles pour la consolidation de la paix.  Or, malgré des ressources abondantes et un taux de croissance enviable en RDC, les Congolais restent une des populations les plus pauvres au monde, s’est-il indigné.

À cet égard, il s’est félicité de l’initiative de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, M. Said Djinnit, d’organiser une conférence d’investisseurs à Kinshasa en février 2016.  Il a aussi invité les partenaires nationaux et internationaux à investir dans la jeunesse qui est sérieusement touchée par le chômage.  Dans ce contexte, il a salué la visite de la Présidente du Comité des sanctions sur le terrain en mai dernier. 

Au cours de ses réunions avec la société civile et les représentants onusiens, Mme Dina Kawar a dit avoir touché du doigt le « paradoxe » qui existe entre les ressources importantes de la RDC et le chemin difficile qui doit conduire à la bonne gouvernance.  Elle a fait remarquer que le pays était incapable de s’appuyer sur ses ressources pour créer des richesses et offrir plus de chances à sa population.  Elle a aussi été alertée par le Gouvernement congolais sur la complicité de pays voisins dans les réseaux de contrebande en ce qui concerne le trafic de ressources naturelles.  La Présidente du Comité a ainsi encouragé ses interlocuteurs à présenter les noms des contrevenants principaux afin de donner l’exemple à ceux qui agissent aux niveaux inférieurs dans ce trafic.

C’était la première visite que le Comité effectue sur le terrain depuis sa création il y a 11 ans, a indiqué Mme Kawar, en expliquant que l’objectif était d’examiner les moyens d’améliorer l’efficacité des sanctions, de recueillir des informations de première main sur la situation en RDC et dans les pays voisins, y compris des noms pour la Liste, de renforcer le dialogue entre les parties prenantes et le Comité, et de recevoir des propositions concrètes sur les moyens envisagés par les États pour renforcer la mise en œuvre du régime de sanctions.

En ce qui concerne l’embargo sur les armes, Mme Kawar a rappelé qu’il ne s’appliquait plus au Gouvernement de la RDC depuis 2008 et que la procédure de notification sur le transfert d’équipement militaire n’était qu’informative.  Elle a aussi souligné l’appel du Conseil de sécurité en faveur d’une plus grande sécurité autour du stock d’armes du Gouvernement.  Pour ce qui est de la gestion des munitions, elle a appelé les membres du Comité à mieux cibler l’utilisation des fonds versés au Fonds d’affectation spéciale afin de permettre la construction de dépôts d’armes dans l’est de la RDC.

S’exprimant aussi sur la question des sanctions, le représentant de la RDC a demandé de ne pas faire d’amalgame entre le Gouvernement et les groupes armés illégaux.  Il doit être clairement établi que l’embargo sur les armes concerne uniquement les groupes armés, a-t-il insisté.

Mme Kawar a également parlé de sa visite au Rwanda où, dans l’ensemble, les rencontres étaient positives, malgré les plaintes de ce pays qui estime être le bouc émissaire de la RDC.  En Ouganda, elle a pu s’entretenir avec les autorités des allégations selon lesquelles le groupe armé des ADF aurait des liens avec des groupes terroristes comme Al-Chabab, ce que le Groupe d’experts n’a pas pu démontrer à ce jour.  Enfin, elle a indiqué que le Comité avait demandé aux États de la région de mener des enquêtes conformément aux recommandations du Groupe d’experts.

S’agissant du Burundi, le Représentant spécial a assuré qu’il avait suivi de près la situation dans ce pays qui est en proie à la violence depuis deux derniers mois.  Il a souligné que 140 000 personnes avaient fui vers les pays voisins, dont 12 800 en RDC.

« Nous sommes à un moment charnière dans l’histoire de la RDC », a indiqué M. Kobler, en assurant, avant de conclure, que « la graine d’un Congo stable, sûr et résilient avait déjà été plantée ». 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Financement du développement: les pays donateurs réaffirment leurs engagements financiers et demandent l’adoption du projet de document final « tel quel »

Troisième Conférence internationale sur le financement du développement
3ème & 4ème séances - matin & après-midi
DEV/3187

Financement du développement: les pays donateurs réaffirment leurs engagements financiers et demandent l’adoption du projet de document final « tel quel »

La deuxième journée de la Conférence sur le financement du développement qui se tient jusqu’au 16 juillet à Addis-Abeba, en Éthiopie, a été marquée par la promesse des principaux pays donateurs de l’aide publique au développement (APD) de consacrer une partie de leur produit intérieur brut (PIB) à cette aide dont le rôle « central » et « catalyseur » a été souligné par les pays récipiendaires.  La cible ambitieuse de 1% a été évoquée par plusieurs délégations.

Ces pays donateurs ont également demandé l’adoption du projet de document final « tel quel », futur « cadre global du financement du développement pour l’après-2015 » qui est toujours en négociation.  Ils ont estimé, à l’instar du représentant des États-Unis, qu’il était « équilibré » et « robuste ». « Lorsque les délégations ne sont pas unanimes, cela prouve généralement que nous avons atteint ce qui est politiquement possible », s’est résigné le Ministre des affaires étrangères de la Norvège.

L’APD, source traditionnelle du financement du développement qui s’est élevée à 135 milliards de dollars en 2014, a été au cœur des interventions de la cinquantaine de délégations à s’être exprimées aujourd’hui.  Affirmant que le Luxembourg consacrerait 1% de son PIB à l’APD, le Ministre luxembourgeois de la coopération au développement a emboîté le pas au Premier Ministre de la Suède, qui avait été applaudi hier après une annonce similaire.

Cette cible de 1% est une « preuve de solidarité » de la part des pays développés, a estimé le Ministre des affaires étrangères du Guatemala, alors que le Vice-Premier Ministre de la Turquie expliquait que le développement n’était plus « une question de charité ». Le Liechtenstein consacrera désormais 0,75% de son PIB à l’APD, tandis que l’Union européenne, qui fournit plus de la moitié de l’APD mondiale, s’est dite déterminée à atteindre, d’ici à 2030, l’objectif de 0,7%. Le Premier Ministre italien a promis que son pays deviendrait en 2017 « le champion de l’APD ».

Les petits pays et les pays à revenu intermédiaire ont également été encouragés à consacrer une partie de leur revenu à l’APD, notamment par la Vice-Premier Ministre de la Croatie, qui a indiqué que « tout le monde était gagnant » pour autant que cette APD ne soit pas perçue comme « arrogante » et qu’elle s’articule autour de véritables partenariats.  Même son de cloche du côté du Ministre des finances  du Malawi, qui a dit se souvenir des différences d’opinion entre pays récipiendaires et partenaires de développement, « les seconds se transformant en mentors et en superviseurs et provoquant un certain ressentiment chez les premiers ».  

Le Ministre du développement social de l’Équateur s’est opposé catégoriquement à l’idée que la coopération Sud-Sud et les transferts des salaires des migrants soient considérés comme un substitut de l’APD.  « C’est là un subterfuge que les pays développés peuvent employer pour échapper à leur obligation ».  Les pays ont été nombreux à souligner les caractéristiques que devait revêtir cette aide pour être efficace, à l’instar du Ministre des finances de la Sierra Leone qui a estimé que cette aide devait « être intelligente et se concentrer sur les « orphelins de l’assistance » et non pas sur les pays géopolitiquement importants « comme cela est le cas ». « L’APD est plus efficace lorsqu’elle utilisée comme levier », a expliqué le Secrétaire d’État au trésor des États-Unis, ajoutant que son pays œuvrait de plus en plus en tant que facilitateur de partenariats avec le secteur privé.

Mais les distorsions dans l’allocation des capitaux privés ont été abordées par de nombreux intervenants, dont la Vice-Premier Ministre de la Serbie, qui a dressé un parallèle entre les montants colossaux  des actifs financiers internationaux -212 mille milliards de dollars – et les taux de chômage élevés dans de nombreux pays.  Seule une fraction de cette somme est nécessaire pour financer le programme de développement, a relevé le Ministre des finances de l’Ouganda, qui a appelé de ses vœux l’adoption d’un mécanisme de financement hybride mélangeant ADP et prêts commerciaux « afin d’amener le coût du crédit à un niveau raisonnable».

D’autres propositions visant l’augmentation des ressources en faveur du financement du développement ont été avancées, en particulier par le Ministre des finances de l’Arabie saoudite qui a affirmé que le financement islamique pouvait servir cet objectif, en raison de son faible coût et par la Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein qui, se faisant l’écho de nombreuses délégations, a réclamé « une mobilisation massive des ressources domestiques ». Une proposition jugée « irréaliste » par le Vice-Premier Ministre de Tuvalu, alors que de nombreux pays, tels que la Colombie, ont demandé une plus grande coopération internationale afin de lutter contre l’évasion fiscale et le renforcement des capacités nationales de collecte de l’impôt.

Les pays donateurs de l’APD ont demandé l’adoption « tel quel » du projet de document final qui présente « tous les ingrédients essentiels » pour le Ministre du développement international du Canada. « Si l’on ouvre à nouveau la négociation sur le document, cette Conférence pourrait alors être en péril », a-t-il jugé, alors que l’Union européenne s’est dite prête, dans un esprit de compromis, « à adopter ce texte tel qu’il est ».

« Ce document doit réaffirmer l’importance de l’APD, faire la distinction entre le financement du programme de développement durable et celui de la lutte contre les changements climatiques et entériner la transformation du Comité d’experts sur la coopération en matière fiscale en un organe intergouvernemental », a demandé le Ministre des finances de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Le représentant de l’État de Palestine s’est dit étonné que le document ne mentionne pas le droit au développement des peuples vivant sous occupation.

Les délégations se sont en revanche toutes accordées sur la nécessité d’aboutir à un accord, afin que 2015 ne soit pas seulement une année historique pour le développement mais soit également, selon le souhait du Vice-Premier Ministre de la Slovaquie, comme étant « une année révolutionnaire ».

La Plénière de la Conférence internationale sur le financement du développement reprendra son débat de haut niveau demain mercredi 15 juillet à partir de 10 heures.

Déclarations

Nous sommes ici, a déclaré M. ALEXANDER DE CROO, Vice-Premier Ministre et Ministre de la coopération au développement de la Belgique, non pas pour réchauffer de vieux  plats mais pour « fon-da-men-ta-le-ment » revoir nos politiques et renouveler nos méthodes et nos instruments.  « Nous ne pouvons laisser sur la touche un milliard de personnes qui vivent dans les pays les moins avancés (PMA).  Nous devons inverser la tendance à la baisse de l’aide  publique au développement (APD). »  Le Belgique, a dit le Vice-Premier Ministre, appelle la communauté internationale à concentrer ses efforts d’abord et avant tout sur les PMA et les États fragiles.  Sans l’APD, les PMA sont pris au piège d’un cycle qui compromet les générations à venir.  L’APD a un rôle essentiel et catalytique pour ces pays mais elle n’est pas la seule source de financement du développement.  « Nous devons mobiliser un large éventail de ressources », a-t-il dit.  Les pays doivent garantir la mobilisation et l’utilisation efficace des ressources internes.  Ils doivent élargir leur assiette fiscale d’une manière juste et équitable.  Nous devons, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, investir dans la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Il faut être clair et admettre qu’il ne peut y avoir de développement durable sans transparence ni responsabilisation.  Nous ne pouvons tolérer que les gens voient le fruit de leur travail ardu confisqué par un groupe de privilégiés à la tête d’un État. 

Mais, a prévenu le Vice-Premier Ministre, les systèmes fiscaux n’auront de sens que s’ils renforcent un développement économique véritable et durable.  Sans une économie forte, le système fiscal demeure une boîte vide et un mauvais système rend impossible toute croissance économique.  Le vrai tissu économique d’un pays, ce sont les entrepreneurs locaux, les employeurs et les employés qui, en prenant des risques et en travaillant avec acharnement, génèrent de la valeur ajoutée et créent la croissance économique.  Une attention spéciale doit être accordée à la transition de l’économie informelle à l’économie formelle.  Le Vice-Premier Ministre a conclu en parlant de « l’avenir numérique », et en souhaitant que l’on transforme la révolution numérique en révolution du développement.  Aujourd’hui, le numérique est le seul moteur vraiment important de la démocratisation, a-t-il insisté.  Les pays doivent adopter des cadres juridiques de protection de la sécurité et de la vie privée.  Essayons d’éviter les intrusions généralisées comme les surveillances, a recommandé le Vice-Premier Ministre.

M. ALI BARBACAN, Vice-Premier Ministre de la Turquie, a affirmé que l’émergence économique de l’Afrique serait l’une des principales caractéristiques du XXIe siècle.  « Renforcer notre coopération avec les pays africains est l’une de nos principales priorités internationales », a-t-il dit.  « Le développement n’est plus une question de charité », a-t-il poursuivi, ajoutant que l’intégration économique des pays en développement était cruciale pour la croissance mondiale.  Il a indiqué que la question centrale était désormais relative à la création de conditions propices au financement du développement.

« L’APD demeure la plus importante source de financement des efforts de développement de bien des pays, en particulier les pays les moins avancés », a-t-il affirmé.  Appelant les États Membres à honorer leur engagement en matière d’APD, il a indiqué que l’APD fournie par son pays était passée de 1 milliard de dollars en 2010 à 3,5 milliards de dollars en 2014.  Il a également jugé capital de battre en brèche la tendance à la diminution de l’APD fournie aux pays les moins avancés.

« En tant que pays donateur émergent, nous avons acquis la conviction que l’aide apportée comme réponse à une demande produisait de meilleurs résultats », a-t-il dit, ajoutant que la relation donateur-récipiendaire devait être basée sur un partenariat.  M. Barbacan a affirmé que l’objectif à  long terme devait être la création d’un environnement qui rendrait cette aide inutile, jugeant cruciale à cet égard la mobilisation des ressources nationales.  M. Barbacan a ensuite rappelé que se tiendra en mai 2016 à Istanbul le Sommet humanitaire mondial et indiqué que son pays avait dépensé 5,6 milliards de dollars pour répondre aux crises humanitaires que connaissent les pays voisins de la Turquie.  Il a également affirmé que la lutte contre le changement climatique était non seulement bénéfique à la planète mais également à la croissance économique. En conclusion, il a cité un proverbe africain : « Si nous voulons parcourir un long chemin, nous devons le faire ensemble ».

M. MIROSLAV LAJCAK, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et des affaires européennes de la Slovaquie, a énuméré les raisons pour lesquelles son pays se préoccupe du financement du développement et parmi celles-ci, il a souligné qu’en tant que « relativement nouveau donateur », la Slovaquie connaît les opportunités et les défis d’un pays qui passe du statut de récipiendaire de l’APD à celui de donateur international.  L’APD, a-t-il insisté, demeure une source cruciale pour le développement durable, en particulier pour les PMA.  Nous devons exploiter son rôle catalyseur pour mobiliser les financements publics et privés.  La Slovaquie, a affirmé le Vice-Premier Ministre, est prête à partager son expérience dans les domaines de la gestion des finances publiques et de la décentralisation fiscale.  En matière de consolidation fiscale, la Slovaquie est en train de mettre en œuvre un agenda ambitieux pour lutter contre l’évasion et la fraude fiscales.  La Slovaquie encourage donc une coopération plus approfondie en matière fiscale et une approche inclusive qui engage l’ensemble de la communauté du développement. 

La Slovaquie, a poursuivi le Vice-Premier Ministre, appuie les partenariats public-privé et un recours accru aux financements mixtes, composés de dons et de prêts.  Mais, a prévenu le Vice-Premier Ministre, la mise en œuvre du nouveau programme de développement durable ne dépendra pas seulement des moyens financiers.  Elle dépendra aussi des moyens non financiers comme la démocratie, l’état de droit, la bonne gouvernance, les institutions efficaces, la sécurité et une société civile vibrante, autant de facteurs qui attirent les investissements du secteur privé.  Le succès du nouveau programme dépendra aussi d’un mécanisme solide, transparent et élargi de surveillance, de responsabilisation et d’examen.  « La responsabilité partagée et la responsabilisation mutuelle ne sont pas une option, c’est un must. »  L’année 2015 n’est pas seulement historique, elle est révolutionnaire parce que nous vivons des changements irréversibles de notre environnement et faisons face à de nombreux autres défis, a dit le Vice-Premier Ministre en citant le Sommet de septembre prochain qui doit adopter le programme de développement pour l’après-2015 et la Conférence de Paris sur les changements climatiques de laquelle est attendu un accord ambitieux.

M. MAATIA TOAFA, Vice-Premier Ministre de Tuvalu, a demandé que les petits États insulaires en développement (PEID) soient considérés comme des cas spécifiques en matière de développement durable, eu égard aux vulnérabilités de ces pays.  Il a souligné le danger que fait peser sur son pays le changement climatique et souhaité qu’une attention suffisante soit donnée à cet égard à la situation financière spécifique des PEID.  Puis, il a plaidé pour un partenariat mondial renforcé en matière de développement, la fourniture d’un financement adéquat et la facilitation des échanges commerciaux.  Les Orientations de Samoa doivent désormais se traduire par des actions concrètes, dynamiques et innovantes, a-t-il dit.

Soulignant le rôle crucial de l’APD, il a jugé « irréaliste » d’attendre des pays les moins avancés, tels que Tuvalu, qu’ils mettent l’accent sur la mobilisation des ressources domestiques pour financer leurs efforts de développement.  C’est pourquoi il est crucial que l’APD concerne les trois piliers du développement durable, a-t-il poursuivi.

Il a ensuite indiqué que des barrières structurelles continuaient d’entraver l’accès des PEID aux marchés internationaux, et ce, même après que ces pays quittent la catégorie des pays les moins avancés.  Le document final de la Conférence devrait inclure l’engagement des États Membres de n’épargner aucun effort pour que le Cycle de négociations de Doha soit couronné de succès, a-t-il dit, ajoutant que les besoins spécifiques des PEID devraient être reconnus. M. Toafa a également appelé de ses vœux des approches classiques et innovantes pour promouvoir la viabilité de la dette de pays en développement tels que Tuvalu.

Enfin, il a indiqué que le futur cadre d’Addis-Abeba devait être complémentaire, et non pas faire double emploi avec les moyens de mise en œuvre du futur programme de développement.  « Tuvalu reconnaît la nécessité de procéder à une division claire et effective des responsabilités entre les deux processus à ce stade de développement mais ces derniers doivent fusionner afin de viser les mêmes résultats », a-t-il conclu.

M. MATTEO RENZI, Premier Ministre de l’Italie, a parlé d’emblée des milliers de migrants qui tentent de se rendre en Europe et  de la foi de son pays dans la valeur humaine en faisant face à ce phénomène.  Le Premier Ministre a, à l’instar du Secrétaire général, estimé que 2015 est une « année séminale » durant laquelle il faudra fortifier la volonté d’aboutir à un monde meilleur, de mettre au point un agenda du développement vraiment durable et intégré qui tire les leçons des retards pris dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il faut, a plaidé le Premier Ministre, une vision plus ambitieuse du développement qui mette en commun toutes nos ressources, toute notre expérience, toute notre volonté et tout notre talent.  Le Premier Ministre s’est dit heureux d’être à Addis-Abeba, le siège de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui symbolise aujourd’hui la stratégie mondiale du développement et la vision qui sous-tend cette stratégie.  L’Italie, a-t-il dit, peut être une sorte de pont entre l’Europe et l’Afrique.  « Je suis venu ici parce que l’Italie sait ce que le mot solidarité veut dire », a expliqué le Premier Ministre, arguant que pour sauver la vie des milliers de migrants, il faut leur redonner l’espoir d’une vie meilleure, d’un emploi.  Il faut investir en Afrique et cela ne doit pas seulement être fait par les grandes sociétés mais aussi par les PME dont l’Italie est très riche. 

En attendant, a poursuivi le Premier Ministre, l’Italie a augmenté son APD et compte bien devenir en 2017, le champion de cette aide.  Elle compte aussi mettre l’accent sur les exportations et organise, dans ce cadre, une Réunion ministérielle avec les petits États insulaires en développement.  « Je suis ici parce que le monde change et que l’aide au développement doit revêtir une nouvelle dimension », a poursuivi le Premier Ministre.  Nos partenaires, s’est-il expliqué, ont besoin de nos conseils et de notre technique concernant les politiques sociales et la promotion du secteur privé, domaine dans lequel l’Italie a une grande expérience.  Le Premier Ministre a annoncé la création de la banque italienne de développement dont les contours seront présentés à cette Conférence au cours d’une manifestation parallèle.  Il n’a pas voulu oublier l’importance de la coopération culturelle dans un monde riche en potentialités.  Le Premier Ministre a conclu en attirant l’attention sur une loi italienne qui reconnaît la diversité du monde et des acteurs internationaux.  Il a enfin indiqué que le portefeuille du Ministre italien des affaires étrangères s’est enrichi de la coopération internationale, « ce qui n’est pas seulement une révolution phonétique mais bien un message envoyé à tout le monde ».  « Je suis ici pour l’avenir et envoyer un message d’espoir », a ajouté le Premier Ministre.

Mme KORI UDOVICKI, Vice-Premier Ministre de la Serbie, a indiqué que les OMD, malgré le scepticisme qu’ils avaient rencontré lors de leur mise en place, étaient un succès.  Elle a ensuite affirmé que la nouvelle structure économique mondiale avait abouti à une pénurie d’emplois, mais pas à « une pénurie de revenus ».  Mon pays est particulièrement touché, a-t-elle poursuivi, précisant que 35% de la population serbe étaient sans emploi.  Elle a rappelé dans le même temps que l’épargne mondiale et les actifs internationaux s’élevaient, respectivement, à 22 et 212 000 milliards de dollars.  « Le chômage, comme bien d’autres défis de développement, est principalement un problème de gouvernance », a-t-elle affirmé.

Elle a souligné la nécessité de lutter contre l’évasion fiscale et le « démon de la corruption » et de promouvoir la bonne gouvernance et l’équilibre budgétaire, avant de détailler les efforts de son pays dans ces domaines.  La Serbie a réduit son déficit budgétaire de 7% l’automne dernier à 3% cette année, a-t-elle dit.  Mme Udovicki a affirmé que la Serbie, pays enclavé, à revenu moyen élevé et candidat à l’Union européenne, était bien consciente des défis auxquels font face les pays en développement.  Elle a en conséquence souhaité que les pays développés consacrent 0,7% de leur revenu national brut à l’APD.  « Nous partageons cette planète, nous devons donc travailler ensemble pour promouvoir le développement durable », a-t-elle conclu.

M. NHLANHLA NENE, Ministre des finances de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a insisté sur la lutte “essentielle » contre les flux financiers illicites et sur l’aide à l’industrialisation des pays en développement.  L’assistance technique, a-t-il insisté, est « cruciale » pour l’exploitation des ressources naturelles.  Il a aussi souligné l’importance de la coopération nord-sud, première plateforme pour trouver les sources de financement du développement.  Il a appelé les États à s’approprier l’esprit de cohésion sociale pour sortir les populations du marasme de la pauvreté, du chômage et des inégalités.  M. Nene a réaffirmé la position de son Groupe selon laquelle la coopération Sud-Sud ne pourrait servir aux pays développés pour se soustraire aux engagements pris en matière d’APD.  La coopération Sud-Sud n’est pas un substitut mais un complément de la coopération nord-sud, a insisté le Ministre.  Il a appelé au respect du principe de responsabilités partagées mais différenciées pour ne pas atténuer l’importance de la coopération nord-sud. 

Le document final, a-t-il conclu, doit refléter les éléments présents dans le Consensus de Monterrey et la Déclaration de Doha.  Il doit réaffirmer l’importance de l’APD et faire la distinction entre le financement du programme de développement durable pour l’après-2015 et celui de la lutte contre le changement climatique.  Le document doit aussi entériner la transformation du Comité d’experts sur la coopération en matière fiscale en un organe intergouvernemental.

M. NEVEN NIMICA, Commissaire européen à la coopération internationale et au développement de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne fournissait plus de la moitié de l’APD mondiale et était déterminée à atteindre l’objectif de consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’APD dans le cadre du programme de développement pour l’après-2015. Il a également souligné l’engagement sans précédent de l’Union européenne de consacrer de 0,15 à 0,20% de ce même revenu à l’APD au bénéfice des pays les moins avancés. « L’Union européenne fera en sorte que 20% de ses dépenses servent à la réalisation des objectifs dans le domaine des changements climatiques », a-t-il poursuivi, ajoutant que l’Union européenne aiderait à la mobilisation de 100 milliards de dollars pour l’éradication de la pauvreté et la promotion du développement durable d’ici à 2020.

M. Nimica a indiqué que le projet de document final, s’il présentait des avancées décisives en vue de la réalisation d’objectifs communs, incluait des éléments qui n’étaient pas optimaux pour tous. « Je ne cacherai pas que certains éléments demeurent problématiques pour nous », a-t-il dit, avant d’indiquer que l’Union, dans un esprit de compromis, était prête à adopter ce texte tel qu’il est.  Ce texte ne doit pas être renégocié, dans la mesure où cela saperait le travail accompli jusqu’à présent, a-t-il dit.

M. Nimica a indiqué que le texte contenait un train de mesures robustes en faveur de la transformation économique des pays les moins avancés, y compris un appui à la mobilisation des ressources domestiques, l’apport catalyseur de l’APD et des engagements commerciaux forts.  Il a également indiqué que le nouveau partenariat international pour le développement durable était intégré – « il n’y a qu’un seul programme de développement durable » -, complet et universel. Ce partenariat postule que chaque pays apporte sa juste contribution, a-t-il dit.

« La mise en œuvre du développement durable va au-delà des engagements financiers », a-t-il poursuivi, précisant que le renforcement des capacités dans le domaine scientifique, les technologies et l’innovation étaient des éléments clefs de la réalisation des objectifs de développement durable. M. Nimica a ensuite indiqué que le futur cadre d’action d’Addis-Abeba devait promouvoir l’état de droit, la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption tout en veillant à assurer la cohérence des politiques menées à tous les niveaux. Le suivi de nos actions doit être transparent afin de rester dans les clous de cet ambitieux programme de développement, a-t-il dit. « À cette fin, nous devons viser à mettre en place un cadre de suivi et de responsabilisation globale », a dit M. Nimica qui a rappelé que les objectifs recherchés étaient l’éradication de la pauvreté extrême et la promotion d’un avenir durable pour tous. « Il s’agit de notre monde, de notre dignité, de notre avenir ».

Mme CECILIA VACA JONES, Ministre du développement social de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a jugé important de continuer à avancer et de définir des actions concrètes dans certains domaines.  La Ministre a d’abord voulu des éléments concrets pour la promotion de stratégies ciblées visant un plan d’action global pour la coopération avec les pays à revenu intermédiaire.  Il faut aussi un mécanisme de suivi qui examine et renforce de manière véritable le processus du financement du développement.  La Ministre a aussi plaidé pour le renforcement du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale pour améliorer la participation des États tout en maintenant son caractère technique.  Les sources privées et innovantes de financement doivent être volontaires et ne pas imposer un fardeau inutile aux pays en développement.  Ces sources, a insisté la Ministre, doivent être complémentaires et ne pas se substituer aux autres sources de financement du développement.  La Ministre a aussi souligné la nécessité de renforcer la transparence dans la coopération ainsi que la supervision, la régulation et la bonne gouvernance du système financier international.  Il faut également réaffirmer la nécessité de conclure le Cycle de Doha et obtenir des pays développés qu’ils respectent leur engagement à consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD.  Il faut, a conclu la Ministre, souligner l’importance de la coopération sud-sud et mettre en place une stratégie de financement holistique, multipartite et transparente qui tienne compte des besoins particuliers de tous les pays en développement, sans oublier les pays à revenu intermédiaire. 

Au nom de l’Équateur, la Ministre a rejeté l’idée selon laquelle les États ne seraient que des acteurs parmi d’autres de la mobilisation des ressources et de la lutte contre la pauvreté.  L’État, a-t-elle dit, est, par sa responsabilité inhérente, l’acteur clé du partenariat mondial puisqu’il détient les pouvoirs légitimes de planifier et de contrôler.  L’Équateur réclame aussi, a-t-elle dit, un cadre juridique contraignant sur les processus de restructuration de la dette souveraine, lequel doit être doté de mécanismes solides et justes, visant une croissance économique inclusive.  L’Équateur estime également que l’APD doit obéir au principe des responsabilités communes mais différenciées dont le champ d’application ne se limite en aucun cas au changement climatique.  L’Équateur s’oppose catégoriquement à l’idée que la coopération Sud-Sud et les transferts des salaires des migrants soient considérées comme un substitut de l’APD.  C’est là un subterfuge que les pays développés peuvent employer pour échapper à leur obligation.  Ils devraient plutôt créer des taxes sur les transactions de capitaux pour financer la lutte contre la pauvreté et les changements climatiques.  La Ministre a aussi rappelé à ces pays que dans sa région, les flux financiers illicites sont estimés à plus de 150 milliards de dollars, soit le double des transferts des salaires des migrants et 14 fois l’APD.  La Ministre a enfin insisté sur la nécessité de démocratiser les institutions financières multilatérales et de créer, au sein de l’ONU,  un forum où les tous les États pourraient faire entendre leur voix sur les questions économiques. 

M. JACOB LEW, Secrétaire du Trésor des États-Unis, a déclaré que l’APD pouvait et devait être utilisée comme un outil visant à jeter les bases d’une véritable transformation. « Mon pays est fier d’être, historiquement, le donateur bilatéral le plus généreux en matière d’APD », a-t-il dit, précisant qu’en 2014 l’APD fournie par les États-Unis avait atteint le chiffre record de 33 milliards de dollars sur une APD mondiale de 135 milliards. Il a indiqué que les États-Unis essaieraient de maintenir cet engagement. « Depuis 2009, les États-Unis ont dépensé en moyenne environ 50% de leur APD en faveur des pays moins avancés, fragiles et en proie à un conflit ». Il a aussi affirmé que son pays avait mobilisé plus de 85 milliards de dollars d’investissements privés dans les économies émergentes et en développement.

« L’APD est plus efficace lorsqu’elle est utilisée comme levier et qu’elle encourage des investissements accrus par d’autres », a-t-il dit, tout en soulignant le rôle clef que joue le secteur privé. M. Lew a rappelé que les investissements directs étrangers pour la seule Afrique subsaharienne étaient passés de 1,7 milliard de dollars en 1990 à 42,4 milliards de dollars en 2014. Il a ensuite affirmé que son pays œuvrait de plus en plus en tant que facilitateur de partenariats avec le secteur privé. « Avec le programme Power Africa, les États-Unis se sont engagés à fournir plus de 7 milliards de dollars d’appui financier, de garanties de prêts et d’assistance technique afin d’augmenter les capacités de production d’électricité », a-t-il affirmé, ajoutant qu’en moins de deux ans, cet effort avait suscité des engagements de partenaires privés à hauteur de 20 milliards de dollars.

Enfin, M. Lew a indiqué qu’après huit mois de négociations, le projet de document final de la Conférence était équilibré et robuste. Les négociations doivent s’achever, a-t-il dit, rappelant que l’étape suivante était de traduire par des actions transformatrices le cadre d’Addis-Abeba.

M. LOU JIWEI, Ministre des finances de la Chine, a estimé que pour être à la hauteur des nouveaux défis, il faut se fonder sur les OMD et mettre au point un agenda encore plus ambitieux.  Il est essentiel que les pays travaillent la main dans la main pour que le financement du développement permette de combler le fossé entre les pays développés et les pays en développement.  La Chine propose que la coopération Nord-Sud soit confirmée comme la voie principale du financement du développement, conformément au Consensus de Monterrey et à la Déclaration de Doha.  Les pays développés doivent respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD laquelle doit d’ailleurs mieux s’adapter aux besoins réels des pays en développement et cibler la lutte contre la pauvreté, le logement, l’éducation ou encore les infrastructures et donner la priorité aux PMA et aux pays en développement sans littoral. 

La coopération Sud-Sud est une composante utile du financement du développement, a poursuivi le Ministre.  Elle couvre aujourd’hui davantage de domaines et se fonde sur un respect entre États dénué de toute visée politique.  C’est un partenariat « sûr et égalitaire » qui a développé des connaissances et des pratiques et qui doit continuer sur cette voie.  La Chine, a enfin déclaré le Ministre, pense que les mécanismes novateurs de financement doivent être mis en oeuvre progressivement.  Le débat sur la taxe sur le carbone ou les transitions financières doit s’ouvrir à tous les pays.  Il est plus urgent de demander aux banques de développement de mobiliser davantage de fonds et à la communauté internationale de créer un environnement plus favorable au commerce international, par la réforme des institutions de Bretton Woods et leur ouverture aux pays en développement.  Ces institutions devraient être capables d’éviter les fluctuations qui entrainent des risques systémiques.  Le Ministre a aussi plaidé pour un meilleur accès des pays en développement aux technologies. 

M. IBRAHIM AL-ASSAF, Ministre des finances de l’Arabie saoudite, a déclaré que les questions de développement ne devaient pas être confondues avec d’autres questions débattues au sein d’entités onusiennes parallèles. « De même, le financement du développement ne doit pas recouper le financement de la lutte contre les changements climatiques », a-t-il dit, précisant que ce dernier devait procéder de ressources nouvelles et additionnelles. Plaidant pour des mécanismes de suivi et de responsabilisation distincts, il a indiqué que cela permettrait de préserver l’accent mis sur l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement durable.

Puis, il a affirmé que la définition traditionnelle de l’APD était toujours pertinente et souhaité que les engagements ayant été pris soient honorés. Soulignant le rôle important joué par d’autres ressources dans le financement du développement, il a indiqué que le financement islamique jouait un rôle toujours plus important dans les transactions financières au niveau mondial. En raison de son faible coût, le financement islamique est en mesure d’apporter des ressources additionnelles au développement, a-t-il affirmé.

Enfin, le Ministre des finances a détaillé l’appui financier de son pays aux pays en développement, précisant que ses aides financières bilatérales excédaient les cibles retenues par les Nations Unies. Les transferts de salaires émanant de l’Arabie saoudite – plus de 41 milliards de dollars en 2014 - sont les seconds les plus importants au monde et contribuent de manière significative à la réduction de la pauvreté dans les pays de destination, a-t-il conclu.

M. IMAD NAJIB FAKHOURY, Ministre du plan et de la coopération internationale de la Jordanie, a appelé les pays donateurs à consacrer non pas 0,7% mais bien 1% de leur PNB à l’APD et à se mettre d’accord sur un calendrier d’exécution.  Il faut aussi, a poursuivi le Ministre, améliorer les critères d’éligibilité des pays à revenu intermédiaire et des pays en transition vulnérables aux financements concessionnels et innovants ainsi qu’aux facilités de financement.  Conjuguer le financement du développement à des politiques fortes, à une assistance technique efficace et au renforcement des capacités est la voie à suivre. 

Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, le Moyen-Orient est confronté à des tensions politiques, économique et sociales importantes qui ont conduit à des crises humanitaires et aggravé les souffrances et la vulnérabilité des populations.  Les questions humanitaires ne peuvent être séparées des préoccupations liées au développement et à la résilience.  La crise syrienne, qui a fait de quatre millions de Syriens des réfugiés, sans compter les huit millions de personnes déplacées, n’est pas seulement une crise de réfugiés mais aussi une question de résilience, en particulier pour les pays voisins.  Les 1, 4 million de Syriens que la Jordanie a accueillis pèsent sur la position fiscale.  L’impact financier est estimé à 7,9 milliards de dollars, sans compter le coût des interventions humanitaires ou pour la résilience.  Le Plan de réponse de 2,99 milliards de dollars que la Jordanie a mis au point est extrêmement sous-financé.  À ce jour, seulement 1,9 milliard de dollars ont été reçus, a alerté le Ministre.

M. MATIA KASAIJA, Ministre des finances, de la planification et du développement économique de l’Ouganda, a affirmé que le processus de négociation ayant abouti au projet de document final avaient été « longues, exigeantes mais également enrichissantes et gratifiantes». Le chemin parcouru depuis 50 ans par l’Afrique nous autorise à embrasser les 50 prochaines années avec espoir et armés d’une connaissance plus sûre de ce qui constitue l’essence de partenariats authentiques, a-t-il dit. Il a expliqué que les Africains étaient de plus en plus progressistes sur le plan idéologique et qu’une Afrique « pleine d’espoir et confiante » commençait à bénéficier de la paix, de la sécurité, de l’intégration économique et de l’industrialisation.

Rappelant que le stock mondial d’actifs financiers s’élevait à 218 milliards de dollars, il a indiqué que seule une fraction de cette somme était nécessaire pour financer le programme de développement. Nous devons faire des choix audacieux afin de déterminer la manière dont ils peuvent se traduire par des investissements en faveur du développement durable, a-t-il dit. Il a ensuite encouragé les institutions financières internationales à adopter des mécanismes permettant de diminuer le coût du crédit. « Nous devrions sérieusement songer à l’adoption d’un mécanisme de financement hybride qui mélange APD et prêts commerciaux afin d’amener le coût du crédit à un niveau raisonnable», a-t-il conclu.

M. GOODALL EDWARD GONDWE, Ministre des finances, du plan et du développement du Malawi, a souligné l’importance de l’appropriation nationale s’agissant de l’agenda du développement.  Les pays en développement doivent pouvoir diriger les efforts.  Ils ont besoin d’une vraie marge de manœuvre et d’une véritable autonomie pour mobiliser les ressources nationales aux fins du développement.  Le Ministre a en effet dit se souvenir des différences d’opinion entre les autorités nationales et les partenaires au développement, les seconds se transformant en mentors et en superviseurs et provoquant un certain ressentiment chez les premiers.  Dans de tels cas, ce sont les pauvres qui sont les perdants.  Il faut des partenariats véritables où l’on travaille entre égaux.  Le Ministre s’est félicité de ce que la mobilisation des ressources intérieures soit au cœur du futur document final.  Il a tout de même jugé dangereux de faire du ratio 20% de taxes/PNB le seuil au-dessus duquel les pays sont considérés comme dotés de ressources suffisantes et n’ayant pas besoin d’assistance technique.  Il a demandé à la Conférence de revenir sur cette idée, ajoutant qu’il ne fait aucun doute que l’assistance technique pour améliorer le niveau des revenus nationaux sera cruciale pour le succès du programme de développement pour l’après-2015. 

Le Ministre a voulu une meilleure collaboration pour renforcer les systèmes fiscaux et une réflexion sur la manière d’élargir la base fiscale pour y inclure un secteur informel toujours plus important.  Il a conclu en appelant les pays développé à jeter les bases des arrangements financiers qu’il faudra pour lutter contre le réchauffement de la planète, un phénomène que les pays en développement subissent alors que leur empreinte carbone est insignifiante.  Le Ministre a réservé son tout dernier mot à la proposition visant à augmenter les taxes sur le tabac, une industrie qui est une ligne de survie pour des pays comme le sien.  Il a demandé que l’on reconsidère cette question.

Mme SUBAIH BARRAK AL-SUBAIH, Ministre des affaires sociales et du travail et Ministre d’État pour la planification et le développement du Koweït, a indiqué que le programme de développement de l’après-2015 était le rêve partagé de la communauté internationale. « Mon pays souhaite se rallier au futur cadre d’Addis-Abeba et au nouveau partenariat en faveur du développement durable », a-t-elle dit. Elle a rappelé que son pays avait accueilli de nombreuses conférences relatives au développement et indiqué que son pays consacrait 1,4% de son revenu national brut à l’APD. Le développement durable doit bénéficier d’un financement adéquat et prévisible, a-t-elle dit, avant de souligner que le poids de la dette est très lourd à supporter. En conclusion, elle a salué les efforts consentis par les Nations Unis pour réduire les inégalités entre les pays en vue de la réalisation des objectifs de développement durable.

M. AUN PORNMONIROTH, Ministre de l’économie et des finances du Cambodge, a jugé qu’il faut d’abord renforcer les finances publiques et la mobilisation des revenus, au niveau national, et pour ce faire, créer un environnement favorable et appuyer la mise en place de systèmes financiers nationaux robustes.  Il faut ensuite promouvoir le secteur privé pour qu’il puisse jouer son rôle de moteur de la croissance.  En la matière, les pays en développement ont besoin d’assistance financière et technique et d’une aide au renforcement de leurs capacités.  Le Ministre a aussi plaidé pour une aide constante aux pays à revenu intermédiaire et pour leur accès aux dons et aux financements concessionnels.  Il a donc voulu un calcul qui aille au-delà du revenu par habitant pour inclure le niveau de développement, la vulnérabilité, le niveau de la dette et la capacité de mobiliser les ressources intérieures et d’accéder aux autres sources de financement.  Il a enfin réclamé un appui aux initiatives contre le changement climatique, en particulier le Fonds  vert pour le climat qui devrait avoir des procédures de décaissement plus simples et plus rapides et bénéficier de contributions publiques et privées accrues.  Le Ministre a conclu sur l’APD en appelant les donateurs à réaffirmer leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à cette aide.

M. MOHAMED BOUSSAID, Ministre de l’économie et des finances du Maroc, a souligné la nécessité de consolider les gains enregistrés depuis Monterrey et Doha par l’adoption de mesures innovantes. Les objectifs du programme pour l’après-2015 ne pourront être atteints que grâce à un partenariat global basé sur la solidarité, a-t-il dit. Au regard de ses racines arabes et africaines, le Maroc souhaite que l’APD soit augmentée au bénéfice des pays les plus vulnérables, a-t-il poursuivi. Le Ministre a plaidé pour que des ressources de financement innovantes soient considérées, et ce dans le droit fil du consensus de Marrakech. Enfin, M. Boussaid a rappelé que les ressources de financement du développement, quels que soient leur nature, leur volume et leur nature, devaient respecter les spécificités et les priorités des pays récipiendaires.

M. DULCIDO DE LA GUARDIA, Ministre de l’économie et des finances du Panama, a indiqué que le dialogue Nord-Sud était remplacé progressivement par une manière beaucoup plus horizontale d’interagir et de commercer. Il a ensuite affirmé que la mise en œuvre du programme de développement devait se baser sur le principe de responsabilités communes mais différenciées. Il a indiqué que la souveraineté retrouvée de son pays sur le canal de Panama lui avait permis de se positionner sur de nouveaux secteurs économiquement porteurs, nourrissant une croissance économique de 8% par an sur les dix dernières années.

Le Ministre a ensuite regretté qu’en dépit de la coopération de son pays en matière fiscale, le Panama continuait de figurer sur des « listes discriminatoires ». « Nous devons faire face à l’approche des deux poids deux mesures prônée par ceux qui vous disent ce qu’il faut faire mais ne font pas ce qu’ils disent », a-t-il regretté. Il a appuyé le droit des pays souverains de mettre en place les mécanismes, notamment fiscaux, leur permettant d’attirer les investissements directs étrangers. Il a également apporté le soutien de son pays à la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. En conclusion, il a indiqué que la communauté internationale devrait mettre la dignité humaine eu dessus des profits en ce qui concerne le futur programme de développement.

« Nous sommes venus à Addis-Abeba pour faire ce qu’il faut afin de passer de milliards en faveur du développement durable  à des milliers de dollars», a affirmé M. BORGE BRENDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège. Il ne s’agit pas de mettre de telles sommes d’argent sur la table mais de réunir les conditions afin d’y parvenir, a-t-il poursuivi. Il a déclaré que la mobilisation des ressources domestiques et la collecte fiscale devaient être au cœur du programme de développement.

Réaffirmant l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son revenu intérieur brut à l’APD, il a déploré que certains pays aient diminué leur assistance, alors que les besoins humanitaires sont importants. Enfin, il a souligné le besoin urgent qui s’attache à l’agrément d’un document final à Addis-Abeba, tout en reconnaissant que les délégations n’étaient pas unanimement satisfaites par le projet en circulation. Cela prouve généralement que nous avons atteint ce qui est politiquement possible, a-t-il dit, avant d’exhorter les délégations à agréer ledit projet de document final.

M. SAADA MKUYA SALUM, Ministre des finances de la République-Unie de Tanzanie, a demandé que l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD et celui 0,15 à 2% du PNB pour les PMA soient confirmés comme source importante et prévisible du financement du développement. La Ministre a dit reconnaître l’importance des financements privés mais elle a estimé que les financements publics doivent toujours avoir la primauté.  Le fait que les financements privés soient par nature à but lucratif suggère que les deux concepts ne peuvent pas être mis sur un pied d’égalité.  L’équilibre entre les financements intérieurs et les financements internationaux doit aussi être maintenu.  La Ministre a encouragé ses « compatriotes » du continent à réaliser que le commerce intra-africain est bien plus diversifié que leurs échanges avec le reste du monde.  Il faut exploiter ce potentiel pour le développement du continent et utiliser l’intégration régionale comme un instrument de croissance et de développement inclusifs.  La Conférence, a encore dit la Ministre, doit reconnaître l’urgence qu’il y a accélérer le processus d’opérationnalisation du Fonds vert pour le climat avec les 100 milliards de dollars promis par an d’ici 2020.  Les flux financiers illicites, a-t-elle ajouté, font perdre à l’Afrique 50 milliards de dollars.  Il est essentiel que la Conférence s’engage à créer un mécanisme véritablement crédible pour renforcer la coopération internationale en matière fiscale.  S’agissant du suivi, la Ministre a jugé important que les données proviennent des sources statistiques des gouvernements et non de sources non officielles qui pourraient conduire à des conclusions contradictoires entre les États et l’ONU.   

M. PATRICK CHINAMASA, Ministre des finances et du développement économique du Zimbabwe, a rappelé que le principe des responsabilités communes mais différenciées doit continuer à s’appliquer à tous les trois piliers du développement durable.  Le Ministre a dit reconnaître que la responsabilité première en matière de développement incombe aux gouvernements eux-mêmes mais, a-t-il dit, cette reconnaissance ne dispense en aucun cas les partenaires au développement de leur responsabilité de compléter les efforts nationaux.  Le Forum sur les infrastructures proposé dans le projet de document final ne devrait pas se limiter à une plateforme de discussions mais devenir véritablement le catalyseur de la mobilisation des ressources et des financements concessionnels offerts par les banques de développement et autres pour appuyer l’Afrique dont les investissements nécessaires ont été estimés à 50 milliards de dollars.

Le projet de document final couvre aussi la coopération en matière fiscale, mais, a estimé le Ministre, il ne traite pas suffisamment des flux financiers illicites qui ont coûté à l’Afrique la somme de 60 milliards de dollars en 2014.  Les sanctions unilatérales, a répété la Ministre, compromettent gravement le développement économique.  Un certain nombre de pays en développement dont le Zimbabwe continuent de ployer sous le poids de ces sanctions « illégales ».  Nous espérons, a dit le Ministre, que « l’esprit d’Addis-Abeba » soufflera sur ceux qui utilisent ces méthodes brutales et les poussera au dialogue pour résoudre les différends qui pourraient exister.  L’objectif ultime de l’agenda du développement, a conclu le Ministre, est d’éradiquer la pauvreté et la faim par une croissance et un développement inclusifs.  Au fur et à mesure que nos économies se développeront, nous prendrons les mesures appropriées de protection de sociale.  Mais de grâce, a dit le Ministre, ne surchargeons pas notre agenda de questions qui n’ont aucun rapport avec le financement du développement.

M. YEMI OSINBAJO, Vice-Président du Nigéria, a mis la communauté internationale au défi de créer les filets de sécurité sociale contre la pauvreté, la faim et les maladies.  Il a appuyé la création d’une Commission de haut niveau sur le financement de l’initiative « Éducation pour tous ».  Il a souhaité que cela conduise à la création d’un Fonds pour l’éducation, à l’image du Fonds contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.  Le Ministre a poursuivi sur la question de la corruption et a appelé la communauté internationale à reconnaître plus clairement les menaces que fait peser le terrorisme sur le développement durable.  Le phénomène du terrorisme est une menace à la paix, à la stabilité et au développement économique.  Une telle menace exige des fonds, des partenariats et une collaboration entre États. Il faut identifier des mécanismes viables de financement pour traiter de tous les aspects de la sécurité humaine et relever les défis du terrorisme.  Il faut aussi des actions parallèles pour bloquer toutes les sources de financement des activités terroristes.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a annoncé que son pays avait dépensé 0,75% de son PIB au titre de l’APD, avant d’ajouter que cette aide, pour être efficace, devait être déployée au sein d’un cadre approprié. La promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance est, à ce titre, cruciale, a-t-elle dit. « Nous ne pourrons atteindre nos objectifs sans une mobilisation massive des ressources domestiques », a-t-elle poursuivi, avant d’affirmer que l’autonomisation des femmes était à cet égard capitale. Elle a expliqué que les femmes pâtissaient en effet d’une intégration socioéconomique insuffisante qui entravait le développement dans bien des pays, avant d’insister sur l’importance de promouvoir un environnement propice aux investissements étrangers directs.  En conclusion, elle a affirmé la volonté de son pays de participer pleinement au processus de suivi du programme pour l’après-2015, y compris au sein du Forum politique de haut niveau de New York.

M. ROMAIN SCHNEIDER, Ministre de la coopération au développement et des affaires humanitaires du Luxembourg, a souligné que son pays consacre 1% de son RNB à l’APD dont la moitié est destinée à des PMA, notamment en Afrique sahélienne.  L’APD, a-t-il dit, reste prioritaire comme pierre de touche programmatique et comme levier pour dégager des fonds additionnels, y compris en matière de mobilisation des ressources nationales, voire en provenance du secteur privé.  Dans ce contexte, le Ministre a souligné l’importance du volet fiscal.  Aider les pays en développement à parfaire leurs systèmes administratifs en matière d’imposition et de collecte de l’impôt a un effet d’entraînement aussi bien sur l’équité sociale que sur la facilitation du commerce et des investissements privés.  Le sentiment d’une responsabilité partagée et la mise en commun de nos efforts pour éradiquer la pauvreté, abolir la faim et préserver la planète nous motive à surpasser nos différences de vues et assurer une dignité pour tous, a estimé le Ministre.

M. ADRIANO MALEIANE, Ministre de l’économie et des finances du Mozambique, a souligné les progrès accomplis depuis l’adoption en 2000 des OMD. Des millions d’individus sont sortis de la pauvreté, a-t-il dit, avant de s’attarder sur les défis qui demeurent, en particulier en ce qui concerne le financement du développement. Il a affirmé que la présente Conférence devrait renforcer les engagements pris à Monterrey et à Doha et souhaité que les engagements contenus dans le projet de document final, en particulier s’agissant des investissements dans les infrastructures et les transferts de technologie, soient mis en œuvre par tous. Enfin, il a fait part des progrès de son pays dans la mobilisation des revenus domestiques, qui sont passés de 13% du PIB du Mozambique en 2006 à près de 25% en 2014.

M. YUN BYUNG-SE, Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, a estimé, à son tour, que l’APD doit demeurer une importante source de financement du développement, en particulier pour les pays pauvres et vulnérables aux besoins spéciaux.  Mais la mobilisation des ressources domestiques et leur utilisation efficace doivent être les toutes premières sources.  Améliorer la qualité de la coopération au développement est tout aussi importante qu’augmenter sa quantité.  La République de Corée ne cesse d’augmenter son APD, a affirmé le Ministre.  Nous savons que nous pouvons faire plus avec moins quand nous travaillons avec nos partenaires d’une manière novatrice.  La République de Corée continuera de mobiliser le secteur privé pour le développement.  Sans un partenariat inclusif entre tous les partenariats, qu’ils soient traditionnels ou nouveaux, nos objectifs ambitieux resteront lettre morte, a prévenu le Ministre.  Il a parlé de MIKTA, un partenariat interrégional nouveau et novateur avec le Mexique, l’Indonésie, la Turquie et l’Australie qui a d’ailleurs fait une déclaration dont est saisie la Conférence.

M. CARLOS RAUL MORALES, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a demandé le renforcement des administrations fiscales afin d’améliorer la collecte de l’impôt. Puis, il a appelé de ses vœux la mise en place d’une instance internationale de coopération fiscale. L’augmentation de 0,7 à 1% de la part du PIB des pays développés consacrée à l’APD serait une preuve de solidarité, a-t-il dit.  Il a demandé que les subventions aux combustibles fossiles soient éliminées. Nous devons agir maintenant, a-t-il conclu, tout en soulignant l’importance du futur programme de développement.

M. KAMAL AL-HASSI, Ministre des finances et du plan de la Libye, a souligné que la responsabilité du développement est une responsabilité collective.  Il s’est donc dit inquiet de la réduction de l’APD ces deux dernières années.  Il a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures urgentes pour inciter les pays développés à honorer leurs engagements.  Le Ministre a souligné la nécessité d’intensifier les efforts contre la désertification qu’il a liée au terrorisme.  Nous avons besoin d’une stratégie pour faire face au changement climatique, a-t-il insisté.  La lutte contre la pauvreté n’est pas un impératif humain mais une condition sine qua non pour vivre dans un monde de paix, de stabilité, de non-violence et débarrassé du terrorisme.  La recherche d’un meilleur avenir, a poursuivi le Ministre, est la raison pour laquelle des centaines d’Africains se jettent dans le cimetière de la Méditerranée.  Il faut une coopération entre les pays d’origine, de transit et de destination.  Nous nous opposons, a prévenu le Ministre, à toute solution militaire.  Il faut une conférence internationale pour réfléchir aux moyens de lutter contre l’immigration clandestine. 

La coopération Sud-Sud est très importante mais elle ne peut remplacer la coopération Nord-Sud.  La Libye rappelle les engagements des pays développés en matière de financement du développement et la nécessité de créer des partenariats qui puissent soutenir les efforts de développement tout en accordant une attention aux particularités régionales.  Le Ministre a aussi plaidé pour une représentation démocratique et juste au sein des institutions financières internationales et pour la réforme des structures des institutions de Bretton Woods, des questions qu’il faut rappeler dans le document final d’Addis-Abeba, a-t-il estimé.  Il a enfin plaidé pour un système commercial juste et non discriminatoire.  Le renforcement de la démocratie et des institutions fondées sur les constitutions, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption sont les fondements de l’agenda post-2015.  Le Ministre a insisté sur le lien étroit entre le développement et la sécurité.  La normalisation de la situation en Libye est un facteur essentiel pour le développement économique.  Le Ministre s’est aussi attardé sur les flux financiers illicites, obstacles à la mobilisation des ressources intérieures.  Ici aussi, a-t-il estimé, il faut une coopération internationale et de l’aide de la part de tous les États et des organisations régionale et internationales.  Le Ministre a souligné l’importance du secteur de l’énergie pour le développement.  La volatilité du prix du pétrole a eu un impact sur les programmes de développement dans les pays exportateurs.  La Libye comme d’autres pays espère qu’on pourra adopter des mesures collectives pour surmonter cette crise pétrolière. 

M. MATEUSZ SZCZUREK, Ministre des finances de la Pologne, a indiqué qu’il n’y avait pas de solution parfaite aux défis du développement durable.  Il s’est dit convaincu que le devoir des pays développés dépassait de loin l’aide financière et consistait en la création d’un environnement propice à la croissance et au développement de tous les pays du monde. La coopération internationale dans le domaine de la fiscalité internationale et de la lutte contre les flux illicites de capitaux est cruciale dans une économie mondialisée, a-t-il dit. Il a indiqué que les pays en développement seraient en mesure de mobiliser davantage de ressources domestiques s’ils appliquaient des politiques fiscales saines.

Il a longuement détaillé l’exemple de son pays qui, jusqu’en 2004, était encore récipiendaire de l’APD. La Pologne dépense 440 millions de dollars par an au titre de l’APD, a-t-il dit, précisant que son pays entendait consacrer 0,33% de son PIB à l’APD d’ici à 2030. Enfin, il a terminé par des mots de prudence, indiquant que sur les années 2004-2007 la Pologne avait perdu 5% de sa population. « Les aspirations progressent souvent plus rapidement que les économies ou les salaires », a-t-il conclu.

M. PAUL HERBERT OQUIST KELLEY, Ministre et Secrétaire privé pour les politiques nationales du Nicaragua, a donné un cours magistral d’économie, en s’attardant sur le néolibéralisme et les crises économiques et financières qu’il a provoquées.  On n’avancera jamais, a-t-il dit, si l’on ne cesse de renégocier des accords déjà signés comme le Consensus de Monterrey ou la Déclaration de Doha.  On ne peut pas penser que les pays en développement et les pays développés ont les mêmes responsabilités en matière de développement.  Ces responsabilités sont communes mais différenciées.  Or, aujourd’hui, seuls cinq pays dans le monde ont dépassé l’objectif de 0,7% du PNB à l’APD et ceux qui ont atteint cet objectif ne sont pas beaucoup plus nombreux.  Le Ministre a salué les nouvelles sources de financement, dont la Banque des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud).  Tous les nouveaux mécanismes constituent une nouvelle ère économique internationale.  La crise actuelle est plus importante que celles que l’on a déjà connues, a prévenu le Ministre.  Le modèle actuel génère plus de problèmes que de solutions.  La lutte contre la pauvreté est menacée par les inégalités inhérentes au capitalisme et par les changements climatiques.  La liste des milliardaires de Forbes ne cesse de s’allonger car le néolibéralisme c’est la privatisation des bénéfices et la nationalisation des pertes, a aussi prévenu le Ministre.  L’être humain est en péril et le monde continue de penser à l’argent, a-t-il conclu en paraphrasant le pape François.

Mme ZANDA KALNINA-LUKASEVICA, Ministre intérimaire pour le développement de la Lettonie, a affirmé que le nouveau partenariat pour le développement devait associer les gouvernements, les partenaires sociaux, la société civile, le secteur privé et les universités. À la lumière de la transition vécue par son pays, elle a affirmé que l’application de toute politique exigeait des institutions professionnelles, réactives et responsables. Le renforcement des capacités et l’échange des bonnes pratiques, a-t-elle souligné, sont des éléments essentiels pour le succès du programme de développement.

Elle a estimé qu’il était nécessaire de libérer le potentiel du secteur privé en lui allouant les ressources suffisantes en vue de son renforcement. Les demandes de prêt non satisfaites par les PME dans les pays en développement s’élèvent à 250 mille milliards de dollars, a-t-elle dit.  Avant de conclure, elle a plaidé pour la mise en place d’un mécanisme unique d’examen, de suivi et de redevabilité des engagements pris à Addis-Abeba.

Pour promouvoir la croissance économique, a déclaré M. MINORU KIUCHI, Ministre des affaires étrangères du Japon, le pays entend jouer un rôle de chef de file dans les investissements pour les infrastructures.  En mai dernier, le Premier Ministre japonais a annoncé une nouvelle initiative, « Partnership for Quality Infrastructure: Investment for Asia’s Future », qu’en collaboration avec la Banque asiatique de développement, le Japon va financer à hauteur de 110 milliards de dollars sur cinq ans.  Le Japon entend faire de même en Afrique dans le cadre de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD).  Il s’emploie aussi à intégrer la réduction des risques de catastrophe dans le développement.  Le Japon compte débourser 4 milliards de dollars dans le cadre de la coopération financière et formé quelque 400 000 personnes au cours des quatre prochaines années.  Le Japon, a rappelé le Ministre, propose de proclamer le 5 novembre « Journée mondiale du tsunami ».  Entre 2013 et 2014, a encore rappelé le Ministre, le Japon a fourni près de 20 milliards de dollars aux pays en développement pour leurs efforts d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. En mai, le pays et le Fonds vert pour le climat ont signé un accord confirmant une contribution du Japon de 1,5 milliard de dollars au Fonds. 

Mme JUSTINE GREENING, Secrétaire d’État du développement international du Royaume-Uni, a jugé essentiel que les jeunes, qui n’ont jamais été aussi nombreux dans le monde, aient accès à un emploi durable.  Elle a mentionné l’acuité de la question des migrations. « Les populations n’acceptent plus une condamnation à vie à la pauvreté », a-t-elle dit. Elle a encouragé les pays à imiter son pays en consacrant 0,7% de leur PIB à l’APD.  Elle a souligné la pertinence de l’inclusion économique des femmes et filles, avant de qualifier de primordiaux les investissements dans la santé et l’éducation. « Nous devons conclure l’accord autour du projet de document final », a-t-elle affirmé en conclusion.

M. VINCENT SERETSE, Ministre du commerce et de l’industrie du Botswana, a jugé remarquable que, contrairement à ce qu’elle était avant l’adoption des OMD, l’Afrique entre dans la période post-2015 comme une formidable force.  Le Ministre s’est dit encouragé par l’importance que cette Conférence accorde au sort des pays à revenu intermédiaire, comme le sien.  Les derniers chiffres montrent en effet que 75% des pauvres africains vivent dans ces pays. Il faut, a plaidé le Ministre, étudier les moyens d’aider les pays africains à revenu intermédiaire à relever les défis de la lutte contre la pauvreté, du développement des infrastructures, du renforcement des capacités, de l’industrialisation, du développement des technologies, de celui des compétences, de la lutte contre les inégalités des revenus et de l’accès limité aux services sociaux.  Il faut ouvrir à ces pays l’accès aux financements plutôt que de leur proposer des solutions à taille unique.  Ne pas le faire serait courir le risque de les voir rétrograder au rang de PMA, a prévenu le Ministre.  Le rôle de la transformation industrielle est une alternative viable pour des économies minières comme le Botswana.  La coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire devraient être promues par les puissances émergentes. 

M. NOEL NELSON MESSONE, Ministre de la forêt, de l’environnement et de la protection des ressources naturelles du Gabon, a affirmé que le projet de document final allait dans le bon sens et souhaité que soit forgé ici le consensus d’Addis-Abeba, « un consensus de confiance, de solidarité et de responsabilité commune mais différenciée ». Notre développement durable à tous est à ce prix », a-t-il dit. Puis, il a détaillé les progrès accomplis par son pays sur la voie du développement durable, avec pour objectif de faire du Gabon un pays émergent à l’horizon 2025. Estimant que son pays n’avait pas toujours eu un accès à l’APD, il a affirmé que le traitement des pays à revenu intermédiaire devait être un élément prioritaire du nouveau cadre.

Tout en affirmant que l’APD devait rester une composante centrale du financement du développement, il a jugé incontournable le rôle du secteur privé et plaidé pour la mobilisation des ressources nationales grâce à des stratégies mettant notamment l’accent sur le renforcement des administrations fiscales. Ces stratégies doivent permettre de mieux amortir les chocs découlant de la volatilité des cours des matières premières, a-t-il conclu.

M. ETIENNE SINATAMBOU, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration régionale et du commerce international de Maurice, a estimé que pour assurer le succès du programme de développement pour l’apres-2015, il faudra des mécanismes simples pour apporter de la cohérence à la multitude des actions visant le même objectif.  Il faut a-t-il insisté, des arrangements cohérents et simples mais efficaces pour suivre et examiner la coopération au développement, et partager les connaissances et les enseignements tirés.  Maurice est convaincu qu’il faut un cadre à étages, un cadre qui rationalise les nombreux mécanismes existants aux niveaux national, régional et mondial.  Le cadre devrait être en mesure de traiter des problèmes systémiques, de diffuser des informations de très bonne qualité sur les progrès réalisés dans les différends objectifs et de renforcer la cohérence en créant un cadre holistique pour un suivi efficace et l’évaluation de la coopération au développement.  Cette Conférence, a estimé le Ministre, devrait jeter les bases de trois mécanismes, pour le financement, pour le transfert des technologies et pour le renforcement des capacités, trois domaines clefs desquels dépendront l’efficacité et la bonne articulation de notre développement.

Rappelant que, d’ici à 2030, deux tiers des pauvres du monde vivront dans des pays pauvres ou en proie à un conflit, M. KAIFALA MARAH, Ministre des finances et du développement économique de la Sierra Leone, s’est félicité que le besoin d’un financement adéquat pour ces pays ait été reconnu. Puis, il a souligné la nécessité d’appuyer la mobilisation des ressources domestiques, avant d’indiquer que l’APD était l’élément catalyseur du développement.

« Mais cette aide doit être intelligente et se concentrer sur les orphelins de l’assistance et non pas sur les pays géopolitiquement importants comme cela est le cas », a-t-il dit.  Notant que la pauvreté était tout à la fois la cause et la conséquence de l’instabilité et des conflits, il a affirmé que le monde ne trouverait pas la paix et le développement sans remédier à ce phénomène. Enfin, il a détaillé les remarquables succès accomplis par son pays, indiquant que la Sierra Leone était un exemple de la manière dont un pays passe de la guerre à la paix et au développement.

M. FREDERICK MITCHELL, Ministre des affaires étrangères et de l’immigration des Bahamas, s’est dit convaincu que sa région doit trouver sa voie et ne plus dépendre de l’aide comme moteur du développement.  Mais pour ce faire, il faut que les règles du jeu soient claires et qu’elles ne changent pas chaque fois que le monde développé croit que le monde en développement a obtenu des règles commerciales trop avantageuses.  On ne peut ignorer, a dit le Ministre, la vulnérabilité des États comme le sien non seulement aux chocs climatiques et météorologiques mais aussi à la taille et à la particularité des projets économiques menés par des investisseurs étrangers ou parfois par des investisseurs locaux.  Cela fait longtemps que la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dit que le PNB ne peut plus déterminer seul la question de l’appui économique, sans tenir compte de la vulnérabilité aux chocs économiques et externes.  En effet, un seul grand investisseur peut à lui seul, quand il s’effondre, anéantir tout un pays comme le ferait un ouragan. 

Pourquoi les pays développés et les institutions financières, s’est impatienté le Ministre, alors qu’ils opinent de la tête dans des instances comme la Conférence, prétendant comprendre le problème que pose le critère du revenu par habitant, ne traduisent pas leur « approbation » en actes.  Si Robinson Crusoé vaut 1 milliard de dollars et Vendredi, 1 dollar, le revenu par habitant de leur île serait de 500 millions et  50 cents.  Or, tout le monde sait que Vendredi n’a pas cet argent.  Les chocs externes ont donné lieu dans bien des cas à des niveaux très élevés d’endettement et si le document final de cette Conférence ne traite pas de ces questions, il ne fera que compromettre la faculté des pays comme les Bahamas à le mettre en œuvre.  Le Ministre a aussi dénoncé le fait que certains pays dont le sien figurent sur une liste noire pour non-coopération en matière fiscale.  Cela est d’autant plus choquant que les pays de l’Union européenne rivalisent eux-mêmes pour attirer les riches.  « C’est tout simplement immoral », s’est énervé le Ministre.  Qui, a-t-il demandé, va réparer les dégâts infligés à notre secteur financier par une étiquette injustice qui fait fuir les investisseurs potentiels.  L’établissement des règles et des normes doit se faire dans des institutions véritablement transparentes.  La participation à de telles institutions est un droit et non un privilège.  La CARICOM, a conclu le Ministre, réaffirme le rôle important des Nations Unies dans la coopération internationale en matière fiscale.  Le caractère universel de l’ONU fait que tous les pays peuvent participer aux débats sur un pied d’égalité. C’est la raison pour laquelle les Bahamas appellent à la transformation du Comité d’experts sur la coopération internationale en matière fiscale en un organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC).

M. CHRISTIAN PARADIS, Ministre du développement international et de La Francophonie du Canada, a indiqué que le projet de document final contenait les éléments essentiels et encouragé les délégations à l’adopter tel qu’il est. « Si l’on ouvre à nouveau la négociation sur le document, cette Conférence pourrait alors être en péril », a-t-il dit. Puis, il a affirmé que l’APD ne suffira pas à couvrir les besoins découlant du financement de développement, estimant que celle-ci devait être utilisée en conjonction avec des ressources domestiques et innovantes.  Il a déclaré que l’amélioration de la santé maternelle et infantile était la priorité de son pays, ce dernier participant à  l’initiative de financement «  chaque mère, chaque enfant ». Enfin, il a souligné la détermination de son pays à diminuer les coûts afférents aux transferts de salaires, ces transferts représentant, a-t-il précisé, trois fois le montant de l’APD.

M. SETH TERKPER, Ministre des finances et de la planification économique du Ghana, a souligné que l’expérience des pays comme le sien qui sont passés du statut de pays en développement à celui de pays à revenu intermédiaire a été « brutale et dérangeante » en raison d’un calcul mathématique consistant à diviser le PNB par le nombre d’habitants et à écarter, en conséquence, tout appui aux pays dont le ratio serait supérieur à 1 000 dollars.  Ce point de vue est « cynique et pessimiste », a estimé le Ministre en racontant l’expérience du Ghana pour souligner que l’économie ghanéenne demeure vulnérable aux chocs extérieurs et pourrait ne jamais se défaire de ses caractéristiques d’économie en développement.  Ce dont le Ghana a besoin c’est d’une aide pour entrer dans l’ère modeste du gaz et mettre en œuvre son plan sur la valeur ajoutée et la diversification visant à appuyer la production électrique et industrielle et à maintenir la croissance du secteur agricole et celui des services.  Le Ministre a expliqué le point de vue de son pays sur chaque élément du projet de document final. 

Maintenant que le Ghana renoue avec une forte croissance, a dit le Ministre, il réexaminera ses cycles relativement courts qui l’ont fait passer du surendettement à l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE) et à une croissance d’environ 7% entre 2006 et 2012.  S’il est vrai que les nouvelles ressources naturelles que sont le pétrole et le gaz ont contribué au retour de  la croissance, cette  période a  été surtout tirée par un secteur des services qui a pris le dessus sur l’agriculture et qui reste à ce jour le secteur le plus important de l’économie.  Le Ghana comme beaucoup de pays africains attendent des objectifs de développement durable et du document final d’Addis-Abeba qu’ils l’aident à réduire les volatilités qui compromettent ses efforts de développement.

Mme VESNA PUSIC, Première Vice-Ministre et Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a affirmé que le projet de document final n’avait pas trait aux sommes qui seraient mises sur la table mais aux partenariats en faveur du développement durable. Se faisant le porte-parole des petits donateurs d’APD, au rang desquels figure la Croatie, elle a encouragé les pays à revenu intermédiaire et les petits pays à consacrer une part de leur revenu à l’APD. Les petits pays donateurs sont importants car ils participent à la création d’un consensus autour de l’aide et améliorent leur image tant auprès de leur population que de la population des pays récipiendaires, a-t-elle dit, pour qu’il n’y ait pas d’arrogance dans cette APD et pour qu’elle s’articule autour d’une véritable coopération et que « tout le monde soit gagnant ». « Néanmoins, l’argent n’est pas la solution à toutes les difficultés du développement durable », a-t-elle dit, indiquant qu’elle prononcerait le reste de sa déclaration lors d’une table ronde demain.

M. RATU INOKE KUBUABOLA, Ministre des affaires étrangères de Fidji, a expliqué que son pays demeure un cas spécial pour le développement durable en raison de ses vulnérabilités uniques et particulières dont sa petite taille, son éloignement, ses ressources et sa base d’exportations limitées et son exposition aux défis environnementaux comme les changements climatiques. Les effets de ce phénomène constituent un risque important pour les petits États insulaires en développement et leurs efforts de développement durable.  Ces deux dernières décennies, pas moins de 19 ouragans se sont abattus sur le pays, causant des pertes estimées à 630 millions de dollars, soit une moyenne de 33 millions de dollar par catastrophe naturelle.  Les manifestations liées au climat appellent à des investissements dans la résilience.  Fidji attend de la communauté internationale un cadre pour le financement du développement qui s’attaque aux vulnérabilités sous-jacentes et reconnaisse les risques.  Le Ministre a appelé la communauté internationale à imiter le geste de la Banque mondiale qui a décrété des mesures d’exception en faveur des petits États insulaires en développement.  Il a insisté sur les engagements pris dans les Orientations de Samoa pour renforcer la coopération internationale et créer des partenariats véritables et durables aux niveaux national, régional et international. 

M. FAAMOETAULOA TAITO FAALE TUMAALI, Ministre des ressources naturelles et de l’environnement de Samoa, a rappelé que les PEID, en raison de leurs vulnérabilités, étaient des cas spécifiques en matière de développement durable, comme l’ont reconnu les Orientations de Samoa. Cette spécificité devrait être dûment considérée dans le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il affirmé. Soulignant le rôle central de l’APD, il a indiqué que les efforts de financement consentis dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques ne devaient pas être comptabilisés au titre de l’APD.

« Nonobstant les difficultés, il serait important de mesurer, de définir et de compter, de manière séparée et précise, les fonds alloués à l’aide classique au développement et les fonds consacrés aux changements climatiques ». Il a indiqué que l’APD devait être utilisée de manière intelligente et appuyée les efforts en faveur du renforcement des capacités et des transferts de technologie. Enfin, il a souligné l’importance de remédier aux problèmes d’endettement des pays en développement.

M. JAWAD NAJI, Ministre, Conseiller du Premier Ministre de la Palestine pour les affaires arabes et islamiques, a indiqué que le projet de document final ne mentionnait pas le droit au développement des populations sous occupation, au contraire des déclarations antérieures. « Cela est curieux », a-t-il dit, avant de se dire fier de voir que le drapeau de son pays flotte à l’extérieur du bâtiment de la Conférence. Il a demandé qu’Israël respecte les résolutions relatives aux territoires occupés et souhaité que la communauté internationale continue d’appuyer le processus d’édification de l’État palestinien. Puis, il a détaillé les efforts de son gouvernement pour renforcer les capacités productives de l’économie palestinienne, avant de remercier les institutions financières régionales et internationales pour leur appui. Le développement durable commencera dès lors que l’occupation israélienne aura cessé, a-t-il conclu.

M. KOSSI ASSIMADOU, Ministre chargé de la planification du développement du Togo, a estimé que le programme de développement « ambitieux et transformatif » pour l’après-2015 nécessite, pour une réalisation efficiente du développement durable, des changements à tous les niveaux : changement de mentalité des peuples, changement dans la planification du développement, dans le partenariat et dans le financement du développement à travers des mécanismes mieux adaptés et innovants. Les pays en développement et les pays riches, a poursuivi la Ministre, ont une responsabilité commune dans la réussite du nouveau programme de développement post-2015 qui intègre « pour une fois et de façon cohérente » les aspects économiques, sociaux et environnementaux.  Le Togo est conscient des efforts que le monde a déployés ensemble au cours des négociations pour aboutir au Programme d’action d’Addis-Abeba qui doit faciliter la mise en œuvre du programme post-2015.  Le Togo estime que la mise en œuvre efficace de tous les mécanismes de financement nécessite l’instauration d’un environnement mondial de paix sans lequel la réalisation des objectifs de développement durable serait compromise quelle que soit l’importance des financements mobilisés.  C’est dans cette perspective que le Togo accueillera, en novembre 2015, un Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique. 

Mme ANNICK GIRARDIN, Secrétaire d’État française chargée du développement et de la Francophonie, a affirmé que la solidarité était une valeur au cœur de la France. « Le financement du développement, c’est l’expression même de la solidarité à l’échelle du monde », a-t-elle dit, précisant que la France, avec 8 milliards d’euros donnés en 2014 au titre de l’APD, dont près de la moitié versée aux pays africains, était le quatrième bailleur mondial.

« Pour construire un monde plus juste, nous avons besoin des entreprises », a-t-elle poursuivi, pour autant qu’elles respectent les règles du jeu. Puis, elle a déclaré que son pays visait à accroître son engagement dans l’APD en initiant de nouvelles contributions de solidarité fondées sur les produits du transport aérien et de la finance. Mentionnant l’aide apportée par son pays dans la lutte contre l’épidémie d’Ébola et son rôle dans la promotion de la paix, elle a indiqué que la France était au rendez-vous de la solidarité mondiale avec les plus pauvres et les plus vulnérables.

« Les ODD marqueront un tournant parce qu’ils sont universels et ne sacrifieront pas l’environnement à l’économie », a-t-elle dit. Puis, elle a indiqué que le marathon international qui commence à Addis-Abeba et passera par New York et Paris, devrait  permettre un changement. Si nous n’agissons pas, le climat ruinera le développement, a-t-elle poursuivi, indiquant qu’à Paris, pour la Conférence sur les changements climatiques, l’objectif sera de parvenir à un accord universel. « Le combat pour le climat est aussi un combat pour le développement à condition que le combat pour climat soit fondé sur la justice », a conclu Mme Girardin, estimant que les conditions de cette justice n’étaient pas encore réunies.

Mme NIALE KABA, Ministre chargée de l’économie et des finances de la Côte d’Ivoire, a déclaré que dans le contexte des efforts déployés par son pays, l’adoption en septembre prochain d’un nouveau cadre de développement constitue une importante échéance car il s’agira de créer les conditions de l’émergence d’un programme de développement solide et ambitieux à la fois centré sur l’homme et orienté vers la viabilité environnementale.  Notre tâche d’aujourd’hui, a dit la Ministre, est de réaffirmer cet engagement politique en mobilisant des moyens de mise en œuvre et de suivi adéquats.  « Notre responsabilité commune, a-t-elle estimé, est d’honorer les engagements pris à Monterrey et à Doha et de mobiliser tous les potentiels aussi bien financiers qu’institutionnels. »  La responsabilité première incombe en priorité aux États eux-mêmes.  Toutefois, a tempéré la Ministre, l’APD continuera de jouer un rôle majeur particulièrement important pour faire face aux vulnérabilités des États.  Les pays développés doivent dans un souci de solidarité agissante et de responsabilité collective honorer leurs engagements en la matière.  En outre, la coopération Sud-Sud devra être renforcée pour une meilleure complémentarité de la coopération triangulaire.  Par ailleurs, les problèmes de la dette souveraine, des partenariats public-privé, du financement des collectivités locales doivent demeurer une source d’attention constante.  La seule volonté des pays ne suffira pas pour faire face aux nombreux défis du développement national.  La nécessaire solidarité entre les peuples et les nations exige une action collective et coordonnée en vue de faire face aux défis multiformes et sans cesse renouvelés auxquels nous sommes confrontés.  « Nos délibérations, a conclu la Ministre, nous offrent l’opportunité historique de porter un message d’espoir et d’espérance qu’un monde meilleur pour tous est possible ».

M. ABDOU KOLLEY, Ministre des finances et des affaires économiques de la Gambie, s’est attardé sur les questions de la mobilisation des ressources domestiques, des financements privés, de l’APD, du commerce international et des flux financiers illicites.  Pour réussir les objectifs de développement durable mieux vaut renoncer à la manière habituelle de faire les choses.  Le dévouement collectif de la communauté internationale au développement doit se traduire par une augmentation des moyens de mise en œuvre dont les financements.  Nous devons travailler ensemble pour mobiliser les ressources adéquates et explorer des options novatrices pour une mise en œuvre réussie.  La Conférence doit avoir un résultat « robuste et ambitieux », un résultat qui appelle à un bon équilibre entre les diverses sources de financement et qui reflète un partenariat mondial pour le développement durable.  Le résultat doit tenir compte des réalités, des capacités et des niveaux de développement des pays et  accorder l’attention requise à la situation des pays africains, des PMA, des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement.

M. ANDRES ESCOBAR ARANGO, Vice-Ministre des finances de la Colombie, a souhaité une mobilisation de toutes les ressources de financement, avant d’insister sur l’importance des transferts de technologie. Il a indiqué qu’au cours des dernières années 4 millions de personnes étaient sorties de la pauvreté dans son pays pour rejoindre les classes moyennes. Il faut lutter contre les injustices au sein des pays, a-t-il affirmé, avant de juger capitale la lutte contre l’évasion fiscale. La coopération internationale doit venir compléter les efforts des pays à revenu intermédiaire, a-t-il dit, estimant que ladite coopération devait remédier aux carences structurelles de ces pays. Enfin, il a rappelé que la coopération Sud-Sud ne saurait remplacer la coopération Nord-Sud et appelé de ses vœux la mise en place d’un mécanisme de suivi des engagements pris lors de cette Conférence.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les dirigeants du monde se retrouvent à Addis-Abeba, “dans un pays dynamique et un continent émergent” pour mobiliser les fonds nécessaires au programme de développement pour l’après-2015

Conférence internationale sur le financement du développement
1ère et 2ème séances - matin & après-midi
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Les dirigeants du monde se retrouvent à Addis-Abeba, “dans un pays dynamique et un continent émergent” pour mobiliser les fonds nécessaires au programme de développement pour l’après-2015

Après Monterrey en 2002 et Doha en 2008, les chefs d’État et de gouvernement se retrouvent à Addis-Abeba pour, une troisième fois, affiner les moyens de mobiliser les ressources pour financer prioritairement la lutte contre l’extrême pauvreté.  La troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tient jusqu’au 16 juillet, a ouvert ses portes aujourd’hui dans la capitale économique de l’Ethiopie, “un pays dynamique niché dans un continent émergent”, selon les mots du Directeur-général adjoint du Fonds monétaire international (FMI).  Les enjeux sont de taille.  “Le cadre global de financement”, qui sortira d’Addis-Abeba, a pour vocation de financer les 17 objectifs du programme de développement durable pour 2015-2030 et ses 164 cibles, qui seront adoptés à New York en septembre prochain, pour prendre le relais des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

2015 est l’année de l’action, a commenté le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en prévenant que sans les ressources, les engagements ne seraient rien de plus que des promesses sur papier.  La Conférence d’Addis-Abeba est le point de départ d’une nouvelle ère de coopération et de partenariat mondial.  C’est une “occasion historique” de faire des investissements écologiquement, socialement et économiquement viables dans l’avenir, a souligné le Secrétaire général. 

Qu’attend-on d’Addis-Abeba?  Globalement, a répondu le Président de la 69ème session de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, nous devrions partir  d’ici avec un cadre “holistique, ambitieux et concret” en faveur du développement durable.  « Nous devons être la génération qui vaincra la pauvreté », a renchéri le Président de la Banque mondiale, M. Jim Yong Kim, en parlant des milliards de  dollars que le monde devra engager, dans un contexte tout à fait différent, un contexte où, a précisé le Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) M. Roberto Azevedo, les pays en développement connaissent une croissance qui a permis des résultats remarquables dans la réalisation des OMD. 

Un contexte où, a ajouté le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), M. Zhu Min, l’Ethiopie est devenue “ un pays dynamique » et l’Afrique, « un continent émergent.”  Le continent africain revient de loin et des changements majeurs sont en cours, s’est enorgueillie la Présidente de la Commission de l’Union africaine, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, en mentionnant l’Agenda 2063.  « Nous voulons mener l’Afrique à la prospérité », a-t-elle déclaré, promettant que l’Afrique utiliserait à bon escient les ressources qui lui seront allouées ici à Addis-Abeba.  « En définitive, notre vocation, c’est de prendre en charge le destin de nos pays », a affirmé le Président du Sénégal, M. Macky Sall.  L’Afrique s’est levée et son heure a sonné, a dit en écho son homologue de la Namibie, M. Hage Geingob.  Si l’Afrique ne recouvrait que 17% de ses ressources placées frauduleusement à l’étranger, elle pourrait rembourser sa dette et financer, sur fonds propres, ses besoins de développement.

Le financement du développement ne doit pas être perçu par le prisme réducteur de l’aide ou comme un cadeau des riches aux pauvres.  Non, a dit la Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf, c’est un mécanisme qui rassemble des ressources qui profiteront à tous.  C’est un accord universel qui vient du nord vers le sud, du monde développé vers le monde en développement car nous parlons de notre humanité à tous. 

“Le cadre global de financement du développement pour l’après-2015” est toujours en négociations.  Le Président de la “Grande Commission”, M. Tedros Adhanom Ghebreyesu, s’est dit confiant et certain de pouvoir compter sur la coopération de toutes les délégations”.  Surmontons nos intérêts égoïstes et travaillons ensemble au bien-être commun de l’humanité, a encouragé le Secrétaire général de l’ONU. “Parvenons à un résultat transformateur” ici à Addis-Abeba car le succès est crucial pour garantir un agenda du développement pour l’après-2015 “ambitieux” et un accord sur le changement climatique “global”.  « Nous ne pouvons travailler comme d’habitude si nous voulons atteindre nos objectifs », a dit, à son tour, le Premier Ministre de l’Éthiopie et Président élu de la Conférence, M. Hailemaryam Desalegn.

« Le cadre » vise à assurer la protection sociale et la prestation des services publics essentiels pour tous, à intensifier la lutte contre la faim, à mettre en place une nouvelle instance pour combler les lacunes en matière d’infrastructures, à promouvoir une industrialisation inclusive et durable, à assurer le plein emploi et à promouvoir les microentreprises et les PME, à protéger les écosystèmes et à promouvoir des sociétés pacifiques et ouvertes à tous. 

Pour ce faire, le cadre énumère les moyens de mobiliser et d’augmenter les ressources publiques intérieures, celles du secteur privé et le financement international.  « Le cadre » n’oublie pas la nécessité de faire du commerce international un vrai moteur du développement, de résoudre la question de la dette et de traiter des problèmes systémiques de la gouvernance économique mondiale.  « Le cadre » parle aussi de l’accès à la science, à la technologie et à l’innovation, du renforcement des capacités et de l’amélioration des données, du contrôle et du suivi.

La troisième Conférence internationale sur le financement du développement tient, outre ses réunions plénières, des tables rondes et des dizaines de manifestations parallèles sur les différents thèmes du « cadre global de financement ».  Elle a composé son Bureau aujourd’hui et nommé les membres de la Commission de vérification des pouvoirs.  Les précisions peuvent être obtenues auprès du Secrétariat de la Conférence. 

La Plénière poursuivra ses travaux demain, mardi 14 juillet, à partir de 10 heures. 

Déclarations liminaires

M. HAILEMARYAM DESALEGN, Premier Ministre de l’Éthiopie et Président élu de la Conférence, a déclaré que « nous ne pouvons travailler comme à l’accoutumée si nous voulons atteindre les Objectifs du développement durable ».  Le Président de la Conférence a ensuite mentionné les défis à relever lors de cette Conférence, notamment le financement des infrastructures, l’amélioration de la coopération fiscale ou bien encore le renforcement de la coopération Sud-Sud.  Il a également espéré que les pays développés réaffirmeront leurs engagements en matière d’aide publique au développement (APD). « Aujourd’hui, les pays les moins avancés (PMA) ont la ferme intention de financer leurs propres efforts de développement et d’avancer », a-t-il dit.

L’Afrique a déployé des efforts considérables pour relever les défis auxquels elle est confrontée, a-t-il poursuivi, avant de souhaiter que cette Conférence prenne dûment en compte les spécificités de l’Afrique.  Le Président a enfin indiqué que le futur programme de développement pour l’après-2015 devait avoir le pouvoir d’éradiquer la pauvreté, ajoutant qu’une action appropriée à Addis-Abeba était la condition clef du succès dudit programme.  Nous allons relever ces défis, a-t-il affirmé en concluant son intervention.

2015 est l’année de l’action mondiale, a déclaré le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), M. BAN KI-MOON.  Le Secrétaire général a évoqué la tenue de la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes au mois de mars dernier, le Sommet de New York, destiné à adopter le programme de développement pour l’après-2015, en septembre prochain et la Conférence de Paris sur le climat, au mois de décembre.  Mais, a-t-il prévenu, sans les ressources, les engagements pris à l’issue de toutes ces rencontres ne seraient rien de plus que des promesses sur papier.  Cette Conférence sur le financement du développement, a estimé le Secrétaire général, est le point de départ d’une nouvelle ère de coopération et de partenariat mondial.  Cette Conférence, a-t-il ajouté, va adopter un cadre de financement du développement qui inclut des engagements concrets dans des domaines cruciaux.  Ce cadre doit comprend un pacte social pour que personne ne soit abandonné sur le bord de la route.  Il appelle à la protection sociale et aux services essentiels pour tous.  Il appelle aussi à des investissements publics accrus dans l’agriculture durable et à des investissements dans les infrastructures.  C’est une occasion historique de faire des investissements écologiquement, socialement et économiquement viables, a souligné le Secrétaire général. 

Le cadre du financement du développement, a poursuivi le Secrétaire général, comprend aussi un train de mesures pour soutenir les pays les moins avancés.  Il innove dans la facilitation du développement, le transfert et la diffusion des technologies nécessaires au développement durable.  Il appelle à une plus grande coopération en matière fiscale.  Il intègre l’égalité entre les sexes dans l’agenda du financement du développement et il dit très clairement que toutes les actions doivent s’appuyer sur un engagement fort à protéger et à préserver notre planète, nos ressources naturelles, notre biodiversité et notre climat. 

Le vrai test sera la mise en oeuvre, a prévenu le Secrétaire général.  Un processus de suivi plus fort devrait contribuer à traduire les engagements en actes, a-t-il dit.  M. Ban a donc regretté que les États ne soient pas encore parvenus à un accord sur le cadre global du financement du développement.  Il les a donc exhortés à conclure leurs négociations et à parvenir à un accord qui soit à la hauteur de l’ambition des objectifs du développement durable.  Il faut faire preuve de souplesse et de sens du compromis.  Mettons de côté nos divergences et surmontons nos intérêts égoïstes pour travailler ensemble au bien-être commun de l’humanité, a encouragé le Secrétaire général. 

Partons de la vision commune que nous avons d’un monde viable débarrassé de la pauvreté, a déclaré M, Ban Ki-moon.  “Parvenons à un résultat transformateur” ici à Addis-Abeba.  Le succès est crucial pour garantir un agenda du développement pour l’après-2015 “ambitieux” et un accord sur le changement climatique “global”.  Envoyons un signal clair sur notre sérieux face aux enjeux du développement durable et d’une vie digne pour tous, a conclu le Secrétaire général. 

M. SAM KUTESA, Président de la 69ème session de l’Assemblée générale, a estimé que le 70ème anniversaire de l’ONU, cette année, est une occasion historique de changer notre monde.  Addis-Abeba est une étape fondamentale de notre quête commune pour éradiquer la pauvreté et sauver notre planète.  Nous avons, a rappelé le Président, progressé avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en extrayant près d’un milliard d’individus de l’extrême pauvreté.  Mais, a-t-il reconnu, la dure réalité est toujours celle d’un monde où près d’un milliard d’autres individus continueront de vivre “dans une misère noire” au-delà de 2015.  Le Président s’est attardé sur les défis liés au chômage des jeunes, à l’impact du changement climatique, au terrorisme et à l’extrémisme violent.  En septembre prochain, a-t-il poursuivi, les États Membres devraient adopter des objectifs de développement durable qui ont été élaborés dans un processus participatif “inégalé” jusqu’ici.  Ces objectifs peuvent constituer un changement s’ils sont mis en oeuvre avec efficacité.  C’est la raison pour laquelle, il ne faut épargner aucun effort pour assurer le succès de la Conférence d’Addis-Abeba, a souligné M. Kutesa. 

L’objectif est de mobiliser davantage de ressources à partir de toutes les sources possibles.  Il est aussi important de renouveler et d’améliorer les partenariats pour appuyer les efforts des pays en développement.  Le coût des investissements nécessaires dans le domaine des infrastructures est estimé à 25 milliards de dollars par an pour les seuls pays africains, a prévenu le Président.  Que serait donc un succès à Addis-Abeba?  Globalement, a répondu le Président, nous devrions partir d’ici avec un cadre “holistique, ambitieux et concret” en faveur du développement durable.  Il faut adopter des mesures qui se traduiront par une grande mobilisation des ressources et qui permettraient d’assurer l’efficacité de la mise en oeuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Addis doit générer plus de mobilisation de ressources nationales, réaffirmer les engagements pris dans le domaine de l’aide publique au développement (APD), faciliter l’accès aux prêts concessionnels, mobiliser le secteur privé, trouver des solutions aux problèmes de la dette extérieure et du commerce international, et définir un cadre participatif pour l’évaluation de ce qui se fait aux niveaux national, régional et international, a conclu le Président de l’Assemblée.

M. JIM YONG KIM, Président de la Banque mondiale, s’est dit persuadé qu’il était possible de vaincre la pauvreté.  Plus d’un milliard de personnes sont d’ores et déjà sorties de la pauvreté extrême, a-t-il dit.  Il a ensuite insisté sur l’ambition du programme de développement pour l’après-2015 et sur l’appui que fournira la Banque mondiale.  Il a affirmé que la Banque mondiale avait fourni un appui de 400 milliards de dollars pour la concrétisation des OMD.  Il a souligné la nécessité de diminuer les taux de mortalité infantile, avant d’insister sur les défis posés par le changement climatique et les pandémies.  « L’épidémie d’Ébola nous a montré que nous n’étions pas prêts », a-t-il dit.  Il a souhaité qu’un appui robuste soit apporté à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), afin qu’elle devienne une organisation forte et prête à faire face aux défis sanitaires. « Les milliards de dollars nécessaires doivent être disponibles en quelques semaines, et non pas en quelques mois, comme cela a été le cas pour l’épidémie d’Ébola », a-t-il affirmé.  Le Président a insisté sur les milliards de dollars que le monde devra engager pour financer le développement. « Nous devons être la génération qui vaincra la pauvreté », a-t-il conclu.

M. ROBERTO AZEVEDO, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé que le commerce était un moteur important du développement, en particulier lorsqu’il est associé aux efforts de financement appropriés et au renforcement des capacités.  Saluant l’accomplissement historique que constitue la diminution de moitié de la pauvreté – qui était l’un des OMD -, et ce dès 2010, il a indiqué que deux tiers environ de la réduction de cette pauvreté provenaient de la croissance économique qui a eu lieu dans les pays en développement, dont l’un des moteurs est le commerce.  La part des pays en développement dans le commerce mondial a bondi de 28 à 42% au cours des deux dernières décennies, a-t-il poursuivi.

Il a ensuite mentionné les efforts déployés par l’OMC visant à appuyer le financement du développement, citant à cet égard l’initiative « Aide pour le commerce », déployée au bénéfice des pays en développement, et l’adoption en 2013 du « Train de mesures de Bali ».  Ces mesures devraient, en rationalisant les procédures douanières, diminuer drastiquement le coût des échanges commerciaux et créer des emplois, a-t-il dit, estimant à 18 millions le nombre d’emplois qui pourraient être créés.

« Nous devons naturellement faire plus, beaucoup plus », a convenu M. Azevedo, ajoutant qu’une approche plus large et plus systémique était nécessaire.  Soulignant que le financement du commerce était un élément clef, il a rappelé que les pays en développement continuaient de pâtir des conséquences de la crise de 2008 et que les capacités de prêts n’avaient pas retrouvé leur niveau d’avant la crise.  Il a estimé à entre 110 et 120 milliards de dollars la demande non satisfaite du financement du commerce en Afrique, ajoutant qu’en y remédiant le potentiel de dizaines de milliers d’individus et de petites entreprises serait libéré.  Le Directeur général a indiqué que l’OMC, qui travaille avec les banques de développement régionales pour appuyer les programmes de facilitation du financement du commerce, allait bientôt lancer une nouvelle initiative.

« Mais nous devons changer et améliorer le système dans son ensemble », a-t-il poursuivi, avant de rappeler que la Conférence ministérielle de l’OMC se tiendra en décembre à Nairobi.  C’est la première fois qu’une telle conférence se tiendra en Afrique, a-t-il dit. Affirmant que cette Conférence sera axée sur l’amélioration du sort de l’Afrique et des pays en développement, il a indiqué que les États Membres étaient en train de négocier de nouvelles règles sur l’agriculture, les biens industriels et les services. « Un nouvel accord international sur ces questions, aux côtés des mesures de soutien aux pays les moins avancés, serait une percée majeure pour que le commerce appuie le développement », a-t-il conclu.

M. ZHU MIN, Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), a salué une Conférence qui se tient “dans un pays dynamique et un continent émergent.”  Le FMI est prêt à financer le développement, a-t-il assuré, en saluant les changements survenus dans les pays en développement qui vivent aujourd’hui “intégration et croissance”.  Le produit intérieur brut (PIB) des pays les plus fragiles a augmenté de 70% mais ces pays sont tout de même restés à la traîne s’agissant de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a regretté le Directeur général adjoint du FMI.  “L’unité fait la force, la dispersion, la faiblesse”, a souligné le Directeur-adjoint en citant un proverbe africain.  Il a donc voulu que l’on reste guidé par trois principes clefs: “le partenariat, l’engagement et la souplesse”.  Le FMI, a-t-il annoncé, s’engage à augmenter les crédits aux pays en développement de trois manières: engager 15% de ses excédents, financer les pays les plus vulnérables et maintenir un taux d’intérêt zéro pour les crédits aux pays qui ont subi une catastrophe naturelle. 

Nous avons, a dit le Directeur général adjoint, des défis énormes à relever, comme l’explosion démographique et la détérioration de l’environnement.  Nous devons être prêts à nous adapter aux autres défis qui ne manqueront pas de naître.  Le FMI, a-t-il affirmé, pense déjà à l’avenir et à son rôle face aux défis de l’autonomisation de la femme, du changement climatique ou encore de la pauvreté extrême.  Le FMI veut avancer en faisant preuve de plus de souplesse.  Ce n’est qu’en travaillant en partenariat que nous pourrons saisir “la chance unique” d’Addis-Abeba et aller de l’avant, a estimé le Directeur général adjoint.

Mme NKOSAZANA DLAMINI ZUMA, Présidente de la Commission de l’Union africaine, a cité M. Nelson Mandela, qui avait affirmé que « la pauvreté comme l’apartheid n’était pas naturelle et que la pauvreté pouvait donc être éradiquée comme l’apartheid ».  Le continent africain revient de loin, et des changements majeurs sont en cours, a-t-elle poursuivi, avant de mentionner l’Agenda 2063 adopté par l’Union africaine.  Elle a précisé que cet Agenda avait fait de sa priorité les investissements dans la jeunesse africaine.

« Si les capitaux ne sont pas toujours disponibles, l’ingéniosité humaine est, elle, une ressource infinie », a-t-elle affirmé, estimant que l’Afrique avait besoin « d’une révolution des connaissances ».  La Présidente de la Commission a affirmé que la mobilisation de ressources adéquates était une condition essentielle du succès du futur programme de développement, avant de déclarer que les pays africains avaient amélioré leurs capacités de collecte fiscale et leur environnement économique pour attirer les investissements directs étrangers.

« Il faut éliminer la pauvreté, et pas seulement la pauvreté extrême », a-t-elle dit, ajoutant que l’histoire jugera durement les participants à cette Conférence s’ils ne se montraient pas à la hauteur des défis.  Elle a également affirmé que les pays les moins avancés, dont une majorité sont en Afrique, avait besoin d’un appui international.  « Nous voulons mener l’Afrique à la prospérité », a-t-elle déclaré, promettant que l’Afrique utiliserait à bon escient les ressources qui lui seront allouées.

Déclarations

M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Président de la Grande Commission, s’est dit confiant quant au succès de la Conférence sur le financement du développement, “certain de pouvoir compter sur la coopération de toutes les délégations”.  Nous devons nous entendre pour éradiquer ensemble la pauvreté et changer la vie de centaines de millions d’êtres humains.  Envoyons le juste message de façon à faire la différence, a-t-il dit aux délégations.

M. BONI YAYI, Président du Bénin, a, en sa qualité de Président de la coordination des PMA, dit toute l’importance qu’il attache à cette Conférence.  Il a fait part des réformes internes en cours dans les PMA pour la transformation structurelle de leurs économies et la diversification de leurs sources de financement interne.  Dans ce contexte, l’APD doit jouer un rôle catalytique aux côtés du secteur privé, qui est le premier vecteur des ressources internes, a préconisé M. Yayi.  Le Président a insisté sur l’importance des questions qui seront abordées à la Conférence de Paris sur le changement climatique.  Les PMA, a-t-il dit, insistent sur la question de l’adaptation et donc du transfert des technologies.  Les PMA entendent prendre une part active à la Conférence de Paris, a-t-il prévenu.

« Malgré quelques progrès accomplis, le constat est déjà fait que nos résultats sont bien en deçà des engagements convenus », a affirmé M. MACKY SALL, Président du Sénégal.  Il a déploré que le volume de la dette reste élevé et que les subventions continuent d’entraver le commerce.  L’APD a montré ses limites, a-t-il ajouté, estimant que son efficacité même était altérée par la disparité des modalités et mécanismes d’intervention.  Il a indiqué que cette aide comptait pour 10% du PIB du Sénégal et faisait intervenir plus de 460 partenaires bilatéraux, multilatéraux et non gouvernementaux, chacun avec ses propres règles et procédures, « ce qui conduit à la dispersion des moyens, aux chevauchements et à des retards considérables dans la conception et la réalisation des projets ».  Il a rappelé les principes de la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide et a jugé nécessaire de mettre fin « au paradoxe des ressources disponibles mais non accessibles ».

Le Président du Sénégal a ensuite affirmé que les progrès les plus significatifs dans la mobilisation des ressources pour le développement résultaient plutôt des efforts locaux, y compris les transferts de la diaspora.  M. Sall a indiqué que l’Afrique était à la croisée des chemins.  « Notre continent a trop longtemps subi le poids de l’histoire pour se satisfaire d’un rôle de continent du futur », a-t-il ensuite relevé, ajoutant que le futur se conjuguait au présent.

Rappelant que les investissements massifs dans les infrastructures étaient la condition essentielle du développement, il a indiqué qu’au titre du Nouveau partenariat pour l’Afrique (NEPAD), les pays africains devaient mobiliser 360 milliards de dollars d’ici 2040.  Il a également souhaité qu’une lutte plus ferme soit menée contre les flux financiers illicites, rappelant que la corruption, la fraude et l’évasion fiscale et autres pratiques illégales faisaient perdre à l’Afrique des ressources estimées à entre 30 et 60 milliards de dollars par an.  « C’est plus que le montant de l’APD », a noté M. Sall.

Il a mentionné l’initiative CONNEX qui vise à renforcer l’aide aux pays en développement pour les négociations de contrats complexes, en particulier dans l’industrie extractive.  M. Sall a appelé de ses vœux une réforme de la gouvernance économique et financière mondiale en vue d’une représentation plus équitable de la diversité internationale et de l’assouplissement des règles d’accès au crédit.  « En définitive, notre vocation, c’est de prendre en charge le destin de nos pays », a-t-il affirmé, rappelant que si l’Afrique recevait la juste rémunération de ses ressources et recouvrait seulement 17% de ses ressources placées frauduleusement à l’étranger, elle pourrait rembourser sa dette et financer, sur ses propres ressources, ses besoins de développement.  En conclusion, le Président du Sénégal a souhaité que la Conférence mette en place un mécanisme de suivi des engagements.

M. DAVID ARTHUR GRANGER, Président du Guyana, a estimé que la communauté internationale se réunit à un moment crucial, marqué par des perspectives de croissance à la baisse et des crises humanitaires difficiles et autres dans plusieurs pays.  Mais, s’est-il réjoui, nous sommes en train de décider d’un programme ambitieux pour le développement durable.  Ici à Addis-Abeba, a-t-il poursuivi, il s’agit de renforcer notre confiance dans le multilatéralisme et de décider de l’avenir que nous voulons pour nos populations et les générations futures.  Nous devons renouveler la solidarité mondiale et notre volonté de résoudre les problèmes mondiaux de manière efficace, a dit M. Granger.  Les gouvernements doivent faire preuve de leadership et les autres parties prenantes doivent aussi comprendre que leurs efforts sont essentiels.  Le développement doit pouvoir compter sur la contribution de tous les segments de la société.  Il faut autonomiser les gens, en particulier les femmes et les jeunes.  Le progrès est toujours possible quand la communauté internationale travaille ensemble, a souligné le Président, en pointant le doigt sur les pays développés.  Il faut des investissements pour changer irréversiblement le paradigme et le mettre au service du développement durable.  Il faut terminer le travail des OMD dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire. 

Le Président guyanais a salué le projet de document final d’Addis-Abeba.  Il s’est dit heureux que ce dernier traite des problèmes qui concernent toutes les catégories de pays.  Les défis des pays à revenu intermédiaire méritent en effet l’attention de la communauté internationale.  Pour ces pays, la question de la dette est préoccupante, tout comme celle liée aux termes de l’échange.  La Conférence d’Addis-Abeba est une phase importante de notre entreprise commune d’assurer un avenir plus brillant et plus viable à l’humanité, a conclu le Président.

M. UHURU KENYATTA, Président du Kenya, a affirmé que la mise en œuvre du programme de développement durable demandera des ressources financières et non financières considérables.  Il a demandé que les pays développés honorent leurs engagements en matière d’APD et fournissent à cet égard un échéancier clair. Rappelant l’importance de la mobilisation des ressources domestiques, il a appelé de ses vœux le renforcement des systèmes de collecte fiscale et salué le lancement, en marge de cette Conférence, de l’Initiative fiscale d’Addis-Abeba.  Il a aussi salué les propositions visant à remédier à la composition et à l’efficacité du Comité d’experts de l’ONU sur la coopération fiscale internationale. Soulignant le rôle crucial du secteur privé dans la mobilisation des ressources pour le développement, M. Kenyatta  a plaidé pour l’élaboration d’un cadre juridique sur les partenariats public-privé.

Le Président du Kenya a ensuite affirmé qu’un partenariat international pour le développement devait être le moteur de la mise en œuvre du programme de développement, ajoutant que son pays accueillera en 2016 la seconde réunion de haut niveau sur un tel partenariat.  En conclusion, M. Kenyatta a souhaité qu’un mécanisme de suivi des engagements pris lors de cette Conférence soit mis en place.

Mme ELLEN JOHNSON SIRLEAF, Présidente du Libéria, a estimé que les décisions que nous allons prendre à cette Conférence permettront de préserver les acquis de ces 15 dernières années, engrangés grâce à une coopération sans précédent entre nations.  Les pays en développement ont pu réaliser des progrès énormes dans la réalisation des OMD, a-t-elle insisté, en citant les avancées dans la lutte contre le paludisme, la mortalité maternelle et infantile, et l’analphabétisme.  Le revenu moyen par habitant a augmenté dans ces pays.  Très peu de gens, a dit la Présidente, auraient pu croire en 2000 que ce type de progrès aurait pu être possible.  “Cela semble impossible jusqu’à ce que ce soit fait”, a-t-elle commenté, en citant Nelson Mandela.  Après de nombreuse années de consultations dans le monde, nous devons maintenant assumer la tâche importante de mettre en oeuvre les idéaux qui sont à l’origine de cet exercice.  Notre destinée n’est qu’une, a souligné la Présidente. 

Nous voulons mettre un terme à la pauvreté, préserver la planète et créer un ordre économique mondial favorable à tous.  La Présidente s’est réjouie qu’à la différence du passé, les États cherchent aujourd’hui à déterminer les ressources qu’il faut pour bâtir un monde de coopération où tout le monde est gagnant.  Nous avons les moyens de le faire.  Nous devons être résolus à prendre de nouvelles mesures pour faire en sorte que quelle que soit la richesse extraite du continent, elle permette d’améliorer la vie des gens.  C’est pourquoi l’Afrique insiste sur la gouvernance, la responsabilisation et la bonne répartition des richesses.  La vision africaine se fonde sur un monde économique transformateur, un programme de développement axé sur les gens, le transfert des technologies, l’égalité entre les sexes et un nouveau partenariat mondial qui tienne compte des intérêts des pays les moins avancés (PMA).

Le financement du développement ne doit pas être perçu par le prisme réducteur de l’aide ou comme un cadeau des riches aux pauvres.  Non, a dit la Présidente, c’est un mécanisme qui rassemble des ressources qui profiteront à tous.  C’est un accord universel qui vient du nord vers le sud, du monde développé vers le monde en développement car nous parlons de notre l’humanité à tous.  Beaucoup de choses ont changé.  Nous avons aujourd’hui plus de richesses et de connaissances.  Nous devons travailler ensemble car c’est la mise en oeuvre qui est essentielle.  Il est impératif que le monde ait les ressources et les capacités nécessaires pour réaliser chaque objectif de développement durable, avec les instruments de mesure adéquats.  Nous avons ici une chance, a conclu la Présidente, de faire d’Addis-Abeba un moment historique.  Dans un monde imparfait, n’insistons pas sur la perfection.  Ne cherchons pas à transformer un bon document en document excellent.  Concentrons-nous sur les ressources qui permettront des actions concrètes pour générer des changements au-delà des attentes.  

M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a souligné la nécessité de se fixer des objectifs précis s’agissant de l’élimination de la pauvreté. Nous devons renforcer les institutions, mettre fin aux conflits, promouvoir l’égalité entre les genres et fournir une éducation primaire et secondaire pour tous les enfants, a-t-il poursuivi.  « Nous devons adopter des mesures concrètes afin que nous puissions dire d’ici 2030 que nous avons atteint nos objectifs », a-t-il dit.  

Il a mentionné la mise en place d’une nouvelle donne pour le développement dans son pays en 2013 qui visait à harmoniser l’aide avec les priorités de la Somalie et à bâtir des institutions transparentes.  « Deux ans plus tard, nous discutons toujours de ce processus sans qu’un financement adéquat n’ait été apporté », a-t-il affirmé, avant de déplorer que le principe d’appropriation nationale dans le cadre de cette nouvelle donne ait été limité.

Soulignant la nécessité de ne pas répéter de telles erreurs, il a indiqué qu’un financement adéquat était un élément clef des efforts de développement. Il a mentionné l’importance cruciale des investissements dans les infrastructures afin d’atteindre les objectifs de développement.  Certains pays en situation de conflit ne possèdent pas les infrastructures de base, a-t-il dit, ajoutant qu’ils devaient donc recevoir des ressources accrues.

Il a souligné l’importance des transferts de fonds de la diaspora somalienne pour son pays.  Contraindre l’acheminement de ces fonds ne fera que porter préjudice aux plus pauvres dans mon pays, a-t-il dit, ajoutant que 40% de la population en dépendait.  Le Président a affirmé que la fermeture des banques internationales gérant les transferts de fonds somaliens n’était pas la bonne approche pour combattre le financement de la terreur et le blanchiment d’argent. Pour atteindre cet objectif, nous devons adopter des mesures de sécurité et promouvoir la transparence, tout en améliorant la gouvernance financière en Somalie, a-t-il dit.  Il s’est également dit en faveur de la réduction des coûts de transaction de tels transferts à moins de 3%.  « Si nous voulons atteindre nos objectifs, nous devons mettre en place les mesures de suivi appropriées s’agissant du financement du développement », a-t-il conclu.

Nous observons aujourd’hui l’émergence d’une nouvelle Afrique, a déclaré M. HAGE G. GEINGOB, Président de la Namibie; une Afrique qui enregistre une des deux croissances les plus rapides au monde, une Afrique qui s’est levée et dont l’heure a sonné.  Parlant en particulier de son pays, le Président a dénoncé le “fardeau” qu’est le classement de la Namibie dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire élevé.  Cette définition “fallacieuse” ne tient compte que du PNB divisé par la population.  Or, la Namibie ayant une petite population, cette approche conduit à un revenu élevé par habitant sans tenir compte de la manière dont ledit revenu est réparti et des déséquilibres structurels de l’économie.  C’est une définition “injuste” qui prive la Namibie de l’accès aux prêts concessionnels dont elle a besoin pour son développement. 

Le Président a appelé la Conférence à décider que les prêts concessionnels doivent être ouverts aux pays à revenu intermédiaire élevé.  Comme beaucoup de pays du continent, la Namibie a des ressources naturelles.  Mais son peuple ne mange pas ces ressources.  Comme tout le monde, il mange de la nourriture et comme tout le monde, il aime se faire soigner dans les hôpitaux et s’instruire dans les écoles.  Le Président a aussi plaidé pour un meilleur accès au commerce international, arguant comme Joseph Stiglitz que “la seule prospérité véritable et durable est la prospérité partagée”. 

Mme MARIA EMMA MEJIA VELEZ, Vice-Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué que le futur programme de développement devra faire face à un monde plus complexe que lors de la Conférence de Monterrey.  Les pays ont la responsabilité au premier chef de leur développement, a-t-elle dit, avant d’ajouter que la mobilisation des ressources domestiques ne pouvait se faire sans un environnement économique favorable.  Elle a estimé que le financement public international devait être concentré sur les pays qui en ont le plus besoin.  Les financements privés doivent être dirigés vers des investissements de long terme, cruciaux pour la croissance économique.  Elle a indiqué que cette Conférence devrait répondre aux défis de la mobilisation des ressources, mais aussi de la viabilité de la dette ou d’une meilleure coopération fiscale.  Un mécanisme de suivi robuste sera la clef de la réussite de nos efforts, a-t-elle dit.

Mme MEJIA VELEZ a détaillé le rôle de l’ECOSOC dans le suivi des engagements pris à cette Conférence, indiquant que le nouveau Forum pour le financement du développement, créé sous les auspices de l’ECOSOC, visait à renforcer le suivi des efforts de financement du développement.  Le Conseil est prêt à remplir ce nouveau rôle, a-t-elle conclu.

Il faut reconnaître, a déclaré M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), les changements intervenus dans le paysage économique depuis les OMD, dont le doublement de l’APD et la division par deux du nombre des gens qui vivent dans l’extrême pauvreté.  Les pays en développement sont devenus des vecteurs de la croissance mondiale, dont de nombreux PMA.  La récente croissance dans les PMA a conduit à une transformation structurelle et à la création d’emplois.  Mais pour mettre définitivement fin à la pauvreté dans ces pays, il faudra un miracle économique comme le miracle chinois, à la différence que cette fois-ci, il faudra tenir compte de l’empreinte carbone.  Il faut en effet changer d’état d’esprit et embrasser les trois piliers du développement durable.  Il y a 15 ans, personne n’imaginait que les changements écologiques pouvaient mettre en difficulté les moyens de subsistance.  Aujourd’hui, on sait qu’on ne peut plus continuer sur cette voie.  Nous avançons dans la bonne direction avec des partenariats de qualité. 

L’ambition doit certes se réaliser dans un contexte international difficile marqué par le tassement de la croissance, le fardeau de la dette publique ou encore la chute des prix des matières premières.  Ne baissons pas les bras, a encouragé le Secrétaire général, car on peut se mettre à la hauteur des défis.  Il faudra des actions concertées aux niveaux national, régional et international.  Les pays doivent pouvoir compter sur un appui au renforcement des capacités, à la promotion de l’entreprenariat, à l’attraction des investissements et à l’accès au commerce international.  Les régions peuvent améliorer la connectivité et mettre à bas les barrières commerciales, tout en prenant en compte les innovations et les technologies.  Au niveau mondial, les États doivent créer un environnement propice à la réalisation des objectifs de développement durable, a conclu le Secrétaire général, en promettant une action ferme de la CNUCED.

Mme HELEN CLARK, Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souhaité que le financement du développement devienne réalité.  Il faut aller au-delà des engagements de Monterrey, a-t-elle affirmé, précisant que les défis auxquels le monde fait face aujourd’hui étaient beaucoup plus aigus qu’en 2002.  Elle a déclaré que l’APD restait essentielle pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral ou bien encore les petits États insulaires en développement.  « Une source de financement n’en remplace pas une autre », a-t-elle dit, ajoutant que l’APD devait jouer un rôle catalyseur.  Elle a expliqué que l’émergence économique des pays était corrélée à la manière dont ils faisaient fructifier le capital humain.  Les transferts de technologies sont également cruciaux, a-t-elle ajouté.  En conclusion, elle a affirmé que les Nations Unies devaient continuer d’appuyer les pays en développement afin qu’ils avancent résolument sur la voie du développement.

Mme RAMA SALLA DIENG, Société civile, a prévenu que les défis sont nombreux et les ambitions grandes.  Elle a donc regretté que des matières aient été négligées.  La Conférence, a-t-elle voulu, doit affirmer que le processus de développement doit être mené par les pays grâce à un processus participatif.  Il est difficile d’être optimiste, a-t-elle dit, car on ne voit pas très bien les résultats auxquels la Conférence peut aboutir.  Il faut de nouveaux engagements pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  La responsabilisation politique, économique, sociale et financière doit prendre en considération le rôle des femmes et les inclure dans tous les domaines.

Poursuivant, M. STEFANO PRATO a demandé un organisme fiscal universel.  Nous avons besoin d’un forum auquel tout le monde participe et pas uniquement les pays riches.  Les politiques fiscales progressives sont nocives, a-t-il dénoncé, en demandant des engagements concrets en faveur de la protection sociale.  Dans ce cadre, il a appuyé l’idée d’une taxe sur les transactions.  Il a demandé un examen critique de tout le Cycle de Doha et du système commercial multilatéral.  Il a aussi demandé une restructuration des institutions de Bretton Woods et voulu que l’ordre du jour d’Addis-Abeba renforce le rôle de l’ONU dans la réforme du système économique et financier international. En matière de suivi, il a exhorté les États à prendre l’engagement de publier à temps l’information sur toutes les activités de développement et pour ce faire, il faut un mécanisme de suivi fort.

Mme CAROLINE ANSTEY, Secteur privé, a indiqué que le secteur privé détenait la clef de l’intégration économique des pays en développement.  Le secteur privé a besoin d’un environnement concurrentiel, a-t-elle dit, avant d’appeler acteurs privés et gouvernements à s’associer en des coalitions progressistes afin de promouvoir le développement.  Elle a rappelé que le secteur privé représentait 90% des emplois dans les pays en développement, avant de se féliciter que la coopération entre acteurs privés et publics se soit accrue au cours des deux dernières décennies.  Celle-ci doit encore être améliorée, a-t-elle dit.

Elle a affirmé que le monde des affaires annoncerait à cette Conférence, de nouvelles initiatives en faveur de nouveaux partenariats pour le développement.  Nous discuterons également de différentes actions afin d’accroitre la productivité, créer des emplois durables et promouvoir des financements mixtes, a-t-elle déclaré.  En conclusion, elle a affirmé qu’il fallait se méfier des considérations politiques à court terme en ce qui concerne les efforts de développement.  Ne gaspillons pas la chance qui nous est offerte d’aboutir à un programme de développement ambitieux.

M. IKILILOU DHOININE, Président des Comores, a rappelé que très peu de pays ont pu mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des OMD, les donateurs jugeant souvent “irréalistes” les projections budgétaires.  La Conférence vient donc à point nommé pour définir les modalités de financement du développement durable car la crédibilité des objectifs de développement durable dépend de la capacité de rénover le partenariat mondial et de proposer des mécanismes de financement innovants.  Le Président a dit attendre des instruments spécifiques pour les petits États insulaires en développement qui sont confrontés à des défis dont certains menacent leur existence physique.  A ce jour, ces États ne bénéficient pas de tout l’appui financier qu’exige l’ampleur des menaces auxquelles ils sont confrontés.  Le Président s’est en effet dit déçu devant les occasions manquées et les promesses non tenues durant la décennie 2000.  Il a dit avoir encore à l’esprit l’enthousiasme de Gleneagles.  Il a donc exhorté les États à adopter ici à Addis-Abeba des règles, des mécanismes et des codes de conduite permettant d’assurer un financement idoine et de rompre avec la tradition des promesses non tenues.

LETSIE III, Roi du Lesotho, a indiqué que l’esprit de Monterrey devait trouver son écho à cette Conférence. Le renforcement du cadre de financement du développement durable est crucial, a-t-il dit. « Le monde est sous pression », a-t-il poursuivi, en soulignant la gravité des crises contemporaines. Il a indiqué que le cadre de financement devait permettre la mobilisation de l’ensemble des ressources financières. Il faut utiliser un plus grand éventail de sources de financement, y compris l’APD qui reste essentielle, a-t-il affirmé. Il a jugé crucial que cette APD bénéficie aux pays qui en ont le plus besoin.

Il a affirmé que le défi de la dette des pays en développement était aggravé par des facteurs qui échappent à leur contrôle, dont la dégradation des termes de l’échange.  Il a en conséquence plaidé en faveur de politiques de coopération pour une gestion viable de la dette.  La coopération Sud-Sud ne peut se substituer à la coopération Nord-Sud, a-t-il insisté.  « Nonobstant l’importance des partenariats, chaque pays a la responsabilité première de son développement », a-t-il poursuivi.  Il a souhaité que le document final de la Conférence comprenne des engagements concrets qui répondent aux aspirations des peuples.  Le succès du multilatéralisme ne se mesure pas à l’aune des promesses formulées mais à l’aune de ce que nous pouvons faire pour aider les pays les moins avancés, a-t-il conclu.

M. BAKRI HASSAN SALIH, Premier Vice-Président du Soudan, a parlé d’une conjoncture internationale “délicate et compliquée”.  La Conférence est donc essentielle car elle se fonde sur l’importance qu’il y à mettre en oeuvre les objectifs de développement durable.  Il a espéré qu’Addis-Abeba permettra de renforcer les partenariats internationaux.  Il s’est attardé sur la conjoncture spéciale du Soudan avec la séparation du Soudan du Sud à l’issue d’une guerre civile qui a encore des répercussions économiques.  Le Soudan devrait de toute évidence bénéficier de l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), d’autant plus que les sanctions imposées en 1997 continuent de peser sur son économie.  Ces sanctions sont “injustes et iniques” car elles privent le pays d’une aide financière dont il a besoin et à laquelle il a droit.  Tous ces éléments minent le Soudan et l’empêchent de travailler dans le cadre d’une coopération internationale et d’un partenariat ouvert.

M. DANNY FAURE, Vice-Président des Seychelles, a affirmé que la restructuration et l’annulation de la dette de nombreux pays africains et de petits pays insulaires en développement, couplée aux politiques budgétaire et monétaire judicieuses, était un instrument essentiel du financement du développement.  Il a dit apprécié le futur objectif 14 de développement durable relatif à la préservation des ressources marines, rappelant que son pays était très dépendant des secteurs de la pêche et du tourisme.  « Pour mieux mobiliser les ressources en faveur de nos pêcheries, les Seychelles envisagent la possibilité de lancer la première émission obligataire bleue », a-t-il affirmé, ajoutant qu’une telle structure était un véhicule approprié pour la mobilisation des ressources privées à un taux raisonnable.

Il a affirmé que le changement climatique demeurait la question la plus pressante en ce qui concerne le financement du développement des pays en développement.  Il a exhorté tous les pays développés à honorer leurs engagements à mobiliser 100 milliards de dollars annuels pour l’opérationnalisation du Fonds vert pour le climat.  Il a indiqué que le PIB, qui sert au classement des pays suivant leur niveau de développement, n’était que l’élément d’un ensemble plus vaste qui devait être envisagé à travers le prisme de la viabilité.  « Nous réitérions notre appel en faveur d’un indice de vulnérabilité qui pourrait permettre à nos pays d’envisager de manière systématique les défis de développement auxquels ils sont confrontés », a-t-il dit. Il a souhaité que les négociations commerciales de Doha enregistrent des progrès.

M. MOHAMMAD SHARIATMADARI, Vice-Président de la République islamique d’Iran, a estimé que pour les pays en développement, la priorité est la stabilité du système économique international.  La crise financière de 2008 et son impact ont montré clairement que les institutions financières internationales ne prennent pas cette question au sérieux.  Le commerce, a poursuivi le Vice-Président, est un moteur de la croissance économique et une source vitale du financement du développement.  Il est donc nécessaire d’accélérer le processus d’accession des pays en développement à l’OMC.  Le Vice-Président a insisté sur le fait que les objectifs politiques ne devraient jamais mener à des sanctions “injustifiables” ou à des restrictions déguisées au commerce international.  Le Vice-Président a aussi souligné l’importance de l’investissement étranger direct et des flux financiers privés.  Il a aussi plaidé pour la création d’un organe fiscal intergouvernemental au sein des Nations Unies pour renforcer la coopération en matière fiscale et trouver les synergies entre les politiques fiscales et d’investissement et contribuer ainsi à optimiser leur impact sur le développement durable des pays en développement.

« 2015 est une occasion unique de mettre le monde sur la voie du développement durable », a affirmé M. STEFAN LOFVEN, Premier Ministre de la Suède.  Il a ajouté qu’un partenariat renouvelé entre gouvernements, secteur privé et la communauté scientifique permettra d’aboutir à de nouvelles solutions afin que la mondialisation profite à tous.  Il a demandé l’augmentation des flux financiers légitimes tout en insistant sur la lutte contre les flux illégitimes. La meilleure collecte des ressources fiscales est cruciale, a-t-il dit.

« L’APD n’est pas la réponse au programme de développement mais ce n’est pas une excuse pour ne pas honorer les engagements pris », a-t-il affirmé, jugeant important que le document final de la présente Conférence souligne le rôle unique que joue l’APD.  « La Suède continuera d’engager 1% de son revenu national brut en faveur de l’APD », a-t-il déclaré.  Le Premier Ministre a affirmé que l’égalité entre les sexes était bénéfique pour la croissance économique, avant de plaider pour l’intégration de la durabilité dans toutes les décisions d’investissement.  « Le temps est venu de joindre la parole aux actes. Dans 15 ans, j’espère que 2015 sera vue comme l’année pendant laquelle la communauté internationale aura décidé d’agir pour le bien de tous», a-t-il conclu.

M. SIBUSIDO DLAMINI, Premier Ministre du Swaziland, a souligné la nécessité de mobiliser des ressources afin que les pays en développement puissent relever les défis de la mise en œuvre des ODD.  « Mon pays appuie l’appel lancé à la communauté internationale afin de leur fournir des moyens renforcés, par le biais de cibles clairement définis et quantifiées ».  M. Dlamini a également jugé impératif que cette aide financière accrue s’accompagne de transferts de technologie, avant de demander que les intérêts des pays en développement soient placés au cœur du cycle de négociations de Doha.

Le Premier Ministre a ensuite exhorté les institutions financières multilatérales à appuyer les organisations régionales et sous-régionales.  « L’émergence continue de graves épidémies exige le renforcement des systèmes de santé nationaux », a-t-il dit, avant d’appeler les partenaires de développement de son pays à intensifier leurs efforts de financement en faveur du secteur de la santé, en particulier s’agissant des maladies non transmissibles.  Enfin, il a affirmé que la classification des pays selon leurs revenus devait prendre en compte les vulnérabilités particulières qui peuvent affecter les pays au revenu intermédiaire.  « Ces pays ont besoin de financements concessionnels spécifiques afin de mener à bien leur transition vers la catégorie des pays à revenu moyen élevé », a-t-il conclu.

M. BRIGI RAFINI, Premier Ministre du Niger, a souligné que toute recherche de solution au problème du développement durable doit nécessairement inclure une dimension sécurité.  Au-delà des actions classiques d’aide humanitaire et d’appuis ponctuels au développement, nous aspirons, s’est-il expliqué, à la mise en place de systèmes et de conditions permettant d’asseoir les bases d’un développement durable et inclusif.  La Conférence devrait répondre à la question de la prise en charge effective du financement de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, promouvoir des actions visant à atténuer les effets du changement climatique et renforcer les infrastructures écologiques et socio-éducatives.  Devant la faiblesse des ressources internes du Niger, dont une bonne partie est absorbée par les efforts consentis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, et face à la réduction drastique de l’APD découlant d’une sorte de lassitude des partenaires, très peu d’opportunités s’offrent à des pays comme le Niger pour assurer le développement des infrastructures et du capital humain, deux facteurs indispensables à une croissance inclusive et durable.  

M. GASTON BROWNE, Premier Ministre d’Antigua-et-Barbuda, a déploré que peu de Chefs d’État et de gouvernement participent à la présente Conférence.  « J’avais espéré que les hauts représentants des gouvernements rassemblés ici étaient venus avec un mandat visant à apporter une véritable plus-value », a-t-il regretté.  Il a affirmé que les conséquences d’un échec de cette Conférence obéreraient les perspectives des pays en développement et des institutions financières internationales.  Le prix de ne rien faire, de ne pas fournir les ressources appropriées, sera payé par les pays riches qui seront obligés de faire face aux déplacements forcés et à la misère humaine, a-t-il lancé.

M. Browne a ensuite affirmé que les gains enregistrés depuis Monterrey et Doha étaient inégaux, de nombreux pays, y compris les petits États insulaires en développement (PEID), ayant régressé.  Les économies des petits pays insulaires en développement restent faibles et vulnérables, a-t-il dit.  Il a aussi déploré que les institutions financières, au lieu de reconnaître la situation financière difficile de ces pays, continuaient de les exclure des financements concessionnels.

Sans solutions financières qui règlent les questions de la dette et de son service, les petits États perdront la bataille dans laquelle ils sont engagés, « à moins qu’ils n’obtiennent de l’aide ».  Il a rappelé que le PIB de son pays avait diminué de 25% depuis la crise de 2008 et que le service de la dette représentait entre 30 et 65% de son revenu, « ce qui est insoutenable ».  M. Browne a donc espéré que le document final appelle à la restructuration et à l’effacement graduel de la dette des pays en développement, y compris des PEID.  Il a aussi souhaité que les entraves qui empêchent ces pays d’accéder au financement concessionnel soient éliminées et que les pays développés honorent leurs promesses dans le domaine de l’APD.  Enfin, il a affirmé qu’il était peu judicieux pour les pays développés d’injustement qualifier les petits États de paradis fiscaux ou de pays facilitant le financement du terrorisme, alors qu’ils ne font que se conformer aux normes internationales.

La Finlande, a promis Mme LENITA TOIVAKKA, Ministre finlandaise du commerce extérieur et au développement, honorera ses engagements en matière d’APD, y compris l’objectif visant à inverser la tendance à la baisse de l’aide aux PMA.  La Finlande entend investir dans quatre domaines-clés, l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles; le bon fonctionnement démocratique; l’énergie, l’eau et la sécurité alimentaire; et le développement d’un secteur privé responsable.  La Finlande fera tout pour mettre l’APD au service de la mobilisation des autres ressources.  Le pays a décidé d’investir la somme de 100 millions d’euros par an aux prêts concessionnels à des entreprises du secteur privé et à la création d’emplois dans les pays pauvres. La Ministre a insisté sur le rôle du secteur privé et la capacité  humaine des filles et des femmes.  “L’aide c’est bien, mais le commerce c’est mieux” a-t-elle dit, en paraphrasant le Président de la Tanzanie.  Nous ne voulons pas développer n’importe quel secteur privé.  Nous voulons un secteur privé responsable, qui prend soin de ses employés et de l’environnement et paie ses impôts à l’État.  En coopération avec son secteur privé, la Finlande entend débloquer une enveloppe de 50 millions d’euros pour un programme sur l’entreprenariat au cours des quatre prochaines années.  En conclusion, la Ministre a souligné que le succès de la Finlande, pays à haut revenu, tient au fait que les femmes et les hommes sont éduqués et participent à la vie active sur un pied d’égalité et ce, grâce aux politiques publiques.

M. GERD MULLER, Ministre de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a affirmé que les pays développés avaient une responsabilité éminente dans le domaine du développement et rappelé qu’ils possédaient 90% des actifs financiers au monde.  Puis, il a souligné la nécessité de mettre fin à l’exploitation illégale des ressources naturelles et à l’évasion fiscale.  Les investissements privés doivent être plus ciblés pour favoriser le développement de long terme, a-t-il affirmé.  Il a rappelé que son pays était le troisième donateur d’APD en  valeur absolue, avant de souhaiter une intensification des efforts pour améliorer le sort des réfugiés.  Un document final ambitieux serait un bon signal envoyé à New York pour le sommet de septembre prochain, a-t-il conclu. 

M. KRISTIAN JENSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a voulu mettre résolument l’accent sur la nécessité de mobiliser le secteur privé pour financer le développement durable.  Ce développement, s’est-il expliqué, se compte en plusieurs milliards de dollars, bien loin de l’ampleur de l’aide.  Or, l’argent du secteur privé est là, sa technologie et son savoir-faire aussi.  Le Gouvernement danois, avec quelques fonds de pension et le Fonds danois d’investissement dans les pays en développement, va entrer dans le Partenariat pour les investissements dans le développement durable, créé par le Forum économique mondial et l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).  Pourquoi? Parce ça marche, a affirmé le Ministre qui a aussi souligné que pour la plupart des pays, les ressources intérieures sont la plus grande source de financement du développement.  Le Gouvernement danois promet donc d’accroitre son appui au renforcement des systèmes fiscaux dans les pays en développement et de renforcer leur voix dans les fora fiscaux internationaux.  Avec d’autres pays européens, le Danemark a renoncé à réclamer des exemptions fiscales sur les biens et services, comme partie de l’APD.  Enfin, le Ministre a estimé que l’APD devrait cibler encore plus  les pays les plus pauvres.  Il s’est dit heureux que l’Union européenne se soit mis d’accord pour accélérer la mise en œuvre de l’objectif visant à consacrer collectivement 0,15 à 0,2% du PNB européen aux PMA. 

M. ALEXANDER B. CHIKWANDA, Ministre des finances de la Zambie, a jugé impératif l’établissement d’un partenariat fort pour le financement du développement.  Les inégalités entre les pays ne cessent de se creuser, a-t-il dit, avant de reconnaître le rôle de l’APD dans le financement du développement.  Il a jugé que cette APD était nécessaire, pour autant qu’elle soit adéquate et prévisible, avant de souligner le devoir qui incombe aux États récipiendaires de parvenir à plus de transparence dans leur gouvernance financière.  L’APD ne saurait être la panacée, a-t-il dit.

Puis, il a affirmé que les entreprises et les marchés étaient les pierres angulaires du développement.  Un secteur privé dynamique permettra de se délivrer de la dépendance de l’APD, a-t-il affirmé.  Puis, il a détaillé les réformes prises par son pays pour améliorer la collecte des ressources fiscales, notamment la mise en place d’un système de paiement en ligne des impôts.  Il a également souhaité l’appui de la communauté internationale afin de relever le défi de l’évasion fiscale et demandé qu’un traitement préférentiel soit réservé aux PMA dans les négociations de Doha.  « Le succès des trois piliers du développement est ancré dans la recherche et le progrès technologique », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’ECOSOC conclut l’examen des progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement

Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
48e et 49e séances - matin et après-midi
ECOSOC/6714

L’ECOSOC conclut l’examen des progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement

Ban Ki-moon souligne le rôle clef que joueront le Forum politique de haut niveau et l’ECOSOC dans la mise en œuvre du futur programme de développement

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu, aujourd’hui, le débat de haut niveau de sa session 2015 en entendant la présentation des derniers rapports nationaux sur les progrès accomplis dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).

Cette étape importante avant l’adoption, en septembre prochain, d’un nouveau programme de développement pour l’après-2015, qui comprendra 17 objectifs de développement durable, a été marquée par de nombreux appels « à ne laisser, à l’avenir, personne de côté ».

« Les progrès accomplis dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement ont exigé un appui financier important, une direction politique forte et d’énormes efforts consentis par les populations – aussi bien de la part des gouvernements que des villageois les plus pauvres », a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, dans ses remarques de clôture.  

« Toutefois, la grande majorité des progrès réalisés a largement exclu les femmes, ceux qui figurent tout en bas de l’échelle économique, ceux qui souffrent de discriminations en raison de leur âge, de leurs capacités ou encore de leur appartenance ethnique », a-t-il ajouté.

Au cours de sa séance du matin, l’ECOSOC a entendu les Ministres du Kirghizistan, de la Mongolie, des Philippines et de la Zambie, qui ont présenté successivement leur rapport national sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des OMD.  Conformément aux décisions prises à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable en juin 2012 à Rio de Janeiro, au Brésil, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable sera à présent chargé du suivi et de l’examen de la mise en œuvre du nouveau programme de développement pour l’après-2015, sous les auspices de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale .

Malgré d’importantes différences entre les quatre rapports nationaux présentés aujourd’hui, plusieurs enseignements communs ont pu être tirés des politiques ou des programmes mis en œuvre pour atteindre les huit Objectifs du Millénaire pour le développement.

Les pays qui n’ont pas adopté une stratégie multidimensionnelle et intersectorielle, par exemple, c’est-à-dire sans résoudre les problèmes à divers degrés institutionnels et en impliquant plusieurs secteurs, ont rencontré davantage de difficultés ou n’ont pas atteint les objectifs escomptés à la date butoir. 

Par ailleurs, lorsqu’un pays n’est pas en mesure de mettre à jour, de collecter ou de diffuser de manière transparente les données et les indicateurs, cela a un effet considérable sur la mise en œuvre et la réussite des programmes, à la fois tant au niveau national qu’au niveau local.  Ce fut particulièrement le cas pour les Philippines, a reconnu son Secrétaire de la planification économique et sociale. 

Pour réaliser de nombreux OMD avant l’échéance de 2015, certains pays ont en outre misé sur des politiques de développement « vertes », à l’instar de la Mongolie, où le développement durable constitue la pierre angulaire des politiques nationales de développement depuis 1998.  Ces politiques portent, entre autres, sur la protection de l’environnement et une utilisation viable des ressources naturelles.

Prendre en compte l’environnement, cela nécessite aussi de limiter les conséquences des changements climatiques et de mettre en place des filets de sécurité efficaces, a expliqué le Secrétaire de la planification économique et sociale des Philippines.  Les pays qui restent très vulnérables à une catastrophe naturelle risquent de voir leurs efforts en faveur du développement anéantis s’ils ne prévoient pas ces « filets de sécurité ».  Aux Philippines, par exemple, la pauvreté a diminué entre 2009 et 2013 mais elle a augmenté de nouveau en 2014 en raison des conséquences du typhon Haiyan et de la hausse des prix de produits de consommation.

La coopération régionale sera également un autre facteur de succès dans la mise en œuvre des programmes de développement.  C’est notamment grâce à l’appui de ses partenaires, dont la Fédération de Russie et la Turquie, que le Kirghizistan a été en mesure d’enregistrer d’importants progrès et d’atteindre, à ce jour, 5 des 8 OMD, a assuré sa Vice-Premier Ministre.

Mais le principal enseignement de cette journée de présentation est que des objectifs de développement, en particulier la réduction de la pauvreté, ne peuvent être atteints que si tout le monde y est impliqué, y compris les plus pauvres, les plus vulnérables et les populations vivant dans les zones les plus reculées.  La Zambie, par exemple, qui est pourtant passée d’un pays fortement endetté à un pays avec un revenu intermédiaire, enregistre encore un taux de pauvreté élevé, en particulier dans les zones rurales où les populations sont exclues des activités économiques du pays en raison de stratégies nationales qui ne les ont pas suffisamment prises en compte.  

Dans l’après-midi, les discussions ont été axées sur la création d’institutions fortes, sur le renforcement des institutions qui existent déjà et sur la bonne gouvernance en vue de l’intégration des politiques après 2015.  Plusieurs intervenants ont souligné combien la mise en œuvre des 17 nouveaux objectifs exigera une vision cohérente et globale, ainsi que la participation des acteurs traditionnels et non conventionnels. 

Ici aussi, le caractère global et complet du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que son ambition sans précédent – qui vise à ne laisser personne de côté – ont été rappelés avec force.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Examen ministériel annuel (E/2015/68)

Les exposés nationaux volontaires ont démontré l’utilité de l’ECOSOC en tant que plateforme de mobilisation de la communauté internationale pour la mise en œuvre des objectifs de développement internationalement convenus, a souligné le Vice-Président de l’ECOSOC, M. OH JOON (République de Corée), en présentant cet exercice annuel.  Les expériences partagées par le biais de ce processus permettent de tirer des enseignements en matière de développement.  Ce sera à nouveau un atout au moment où l’on s’embarque dans un nouveau programme complet et universel pour le développement.

« C’est le dernier examen national volontaire avant l’adoption de l’ensemble des objectifs de développement durable », a expliqué le modérateur de la discussion, M. MICHAEL SHANK, Directeur des stratégies d’information à Climate Nexus.  Il a mis l’accent sur le fait que le développement durable est « la réponse » indispensable pour assurer la survie du monde.  Il faut donc faire connaître aux électeurs les conséquences des changements climatiques et les bénéfices d’un développement durable, a-t-il recommandé, en attirant l’attention sur le chevauchement des deux domaines.  L’intégration est la nouvelle norme, a-t-il aussi affirmé.  M. Shank s’est félicité, à cet égard, que le Vatican intègre ces sujets et ait prévu de réunir, les 21 et 22 juillet prochains, une réunion de maires du monde entier pour parler de ces questions.  Il a également indiqué que Climate Nexus travaille sur l’intégration de trois villes aux États-Unis qui ont choisi de lancer des projets pilotes de développement durable.  « Je suis sûr que l’ECOSOC sera au centre de ces efforts », a-t-il lancé.

Exposés nationaux volontaires

Kirghizistan (E/2015/62)

Mme DAMIRA NIYAZALIEVA, Vice-Première Ministre du Kirghizistan, a indiqué que les principaux progrès accomplis par son pays en termes de développement durable sont la réduction de la pauvreté extrême et la protection de l’environnement.  Elle s’est félicitée, en particulier, de l’amélioration du taux de scolarisation, de la réduction de la mortalité infantile et des progrès en matière de droits des femmes, tout en signalant les progrès insuffisants en ce qui concerne les taux de mortalité maternelle et d’infection au VIH/sida, ainsi que pour la qualité de l’eau potable.  Le Gouvernement a augmenté les allocations aux familles les plus pauvres, a-t-elle indiqué en expliquant comment son pays était parvenu à réduire le taux de pauvreté dans le pays.  Le Kirghizistan, a-t-elle rappelé, occupait la cent et unième place en 2012 selon les indicateurs de protection de l’environnement.

Expliquant la lenteur de certains progrès, la Vice-Première Ministre a indiqué qu’il avait fallu six ans pour intégrer les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans les programmes nationaux.  Le Gouvernement n’a pas adopté une approche intersectorielle, a-t-elle ajouté, avant de parler aussi des insuffisances en termes de financement.  Les trois examens menés sur la réalisation des OMD ont cependant permis de comprendre les lacunes.  Dès 2012, nous avons procédé à des consultations nationales, a-t-elle précisé.  Le Gouvernement a ensuite analysé les politiques suivies et identifié 50 programmes spécifiques qui ont des cycles différents de mise en œuvre.  Les programmes adoptés après 2013, qui vont jusqu’à 2030, tiennent compte de l’expérience des programmes précédents, a assuré la Vice-Première Ministre.  Elle a parlé des efforts dorénavant déployés pour faire travailler de concert les conseils intersectoriels et un comité de coordination.

Il a jeté les bases pour la transition entre les OMD et les objectifs de développement durable, a-t-elle indiqué.  Les efforts sont surtout axés sur la coordination aux niveaux local, national et régional.  Il faudrait encore renforcer les capacités nationales en matière de statistiques, a-t-elle reconnu.  La Vice-Première Ministre a aussi attiré l’attention sur la particularité du Kirghizistan, qui est un pays montagneux, enclavé et pauvre en ressources.  Les cibles prévues dans le programme de développement pour l’après-2015 sur les écosystèmes marins et les pêches durables pourront ainsi se traduire en objectif d’utilisation rationnelle des lacs et des espaces montagneux.

Il faudrait pouvoir assurer la coordination entre les institutions à tous les niveaux, a souligné le modérateur, en tirant les leçons de cette expérience nationale.

Engageant la discussion avec la délégation du Kirghizistan, le représentant de la Turquie a salué les efforts déployés par le Gouvernement de ce pays en faveur de la démocratie et du développement durable, en saluant la tenue des élections présidentielles en 2017.  Il a souligné qu’il était important pour les instances régionales de contribuer à la mise en œuvre du développement durable.  Saluant les progrès accomplis en matière d’environnement et de nutrition, il a encouragé le Kirghizistan à développer des solutions durables afin de relever les défis qui persistent notamment en matière de santé maternelle.  La Turquie coopère avec le Kirghizistan dans ce domaine et appuie également ses efforts dans les domaines de la justice et des droits de l’homme, a-t-il assuré.

Se félicitant des succès du Kirghizistan qui a réalisé à ce jour 5 des 8 OMD, le représentant de la Fédération de Russie a fait remarquer que cela avait été possible grâce à une bonne approche stratégique.  La Russie est prête à fournir une aide au Kirghizistan pour qu’il poursuive ses efforts, a-t-il indiqué.  La Russie, a-t-il ajouté, consacre 200 millions de dollars à la coopération pour le développement au Kirghizistan pour la période 2015-2017, et fournit, entre autres, une aide alimentaire et des livres scolaires en langue russe.

La Vice-Première Ministre du Kirghizistan a remercié la Russie pour l’aide inestimable qu’elle fournit, en particulier par le biais de l’Union économique eurasiatique.  Pour accélérer les progrès, elle a indiqué avoir adopté un Plan de réduction des risques de catastrophe ainsi qu’un programme « Santé 2020 ».

Mongolie (E/2015/61)

M. GANTSOGT KHURELBAATAR, Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie, a énuméré les différentes politiques menées depuis 20 ans pour garantir le développement durable de son pays, citant notamment l’adoption d’une politique de développement verte en 2014, à la suite de l’adoption, en 1998, d’un programme de développement durable qui constitue la pierre angulaire des politiques nationales de développement.  Celles-ci reposent sur la protection de l’environnement et l’utilisation viables des ressources naturelles, a-t-il indiqué.  En 2005, le Parlement mongolien avait approuvé les OMD en identifiant les besoins précis du pays, avant d’adopter, en 2008, une stratégie à deux volets pour la mise en œuvre.  La Mongolie a aussi renforcé sa coopération avec des organisations internationales pour qu’elles soutiennent ces efforts.  La Mongolie a reçu des subventions et des prêts concessionnels qui ont permis la mise en œuvre du plan de développement, a précisé le Secrétaire d’État.

C’est ainsi que des progrès tangibles ont été accomplis, a-t-il indiqué, en signalant notamment la forte croissance économique que connaît le pays depuis 14 ans.  Le pays a réussi à réduire la mortalité infantile, a amélioré la santé maternelle et réalisé des progrès concernant l’égalité entre les hommes et les femmes, a-t-il ajouté.  M. Khurelbaatar a rappelé que la Mongolie est un des rares pays à avoir réussi à mettre en œuvre le neuvième OMD, relatif à la gouvernance et la démocratie, grâce à des mesures visant à promouvoir la transparence et la participation citoyenne, ainsi que la lutte contre la corruption.  Le taux de pauvreté a également beaucoup diminué, a-t-il ajouté.  La lutte contre la pollution et contre le chômage des jeunes constitue  des domaines où des efforts continuent d’être déployés. 

Pour poursuivre les efforts sur la voie du développement durable, il faudrait privilégier une politique de développement basée sur les méthodes modernes, a estimé le représentant.  Son gouvernement doit également améliorer les ressources humaines chargées de l’application et du suivi des politiques publiques de développement.  La Mongolie produit des produits biologiques conformes aux normes internationales, ainsi que de l’énergie éolienne et solaire, a-t-il ajouté, en passant en revue les moyens dont dispose son pays.  La Mongolie poursuit également des politiques visant une industrialisation viable.  En outre, le secteur minier -charbon et cuivre- s’est considérablement étendu.  À l’avenir, la Mongolie veut renforcer les mécanismes de suivi et d’évaluation, pour garantir le succès des politiques et renforcer la gouvernance, a dit le Secrétaire d’État avant de conclure.

Saluant les progrès accomplis par la Mongolie au cours des 10 dernières années, le représentant de la Suisse a en même temps noté les difficultés qu’il reste à résoudre.  Si des progrès ont été réalisés grâce à l’adoption du Programme de développement durable en 1998, il a conseillé à la Mongolie de se doter de politiques à moyen et à court termes pour continuer à le mettre en œuvre.  Il s’est félicité des efforts qui ont permis de renforcer la gouvernance démocratique et le respect des droits des citoyens, tout en souhaitant que des progrès soient davantage entrepris en faveur de la participation des femmes aux processus décisionnels.  En outre, il a noté que les prix des matières premières minérales représentaient 80% des recettes d’exportation du pays.  Cette dépendance par rapport à ce secteur expose le pays à des risques de fluctuation extérieurs, a-t-il prévenu.  Le représentant a ensuite salué la transition prévue par la Mongolie entre les OMD et les objectifs de développement durable.  La Suisse est prête à partager avec la Mongolie son expérience en termes de planification du développement, a-t-il assuré.

À son tour, le représentant du Japon a salué la réalisation précoce de certains OMD en Mongolie.  Il a conseillé à ce pays de diversifier les industries, d’améliorer les services sociaux pour les pauvres et de trouver les moyens de palier le chômage des jeunes.  Le Japon contribue aux efforts visant à améliorer les infrastructures de la Mongolie, notamment pour réduire les risques de catastrophe, a-t-il dit.  Le Japon est le principal donateur de la Mongolie depuis sa démocratisation, a rappelé son représentant, avant de demander à la délégation de la Mongolie de préciser les mesures prises pour lutter contre la pollution atmosphérique liée à la combustion des énergies fossiles.

Le représentant de l’Allemagne a dit apprécier la démarche prospective adoptée par le Gouvernement de la Mongolie en faveur du développement.  Il a noté que ce pays était l’un des plus affectés par les changements climatiques, un pays qui souffre aussi d’un manque de sources de revenus pour les habitants.  La croissance urbaine non planifiée est un autre problème à résoudre, a-t-il constaté.  Le délégué a souhaité que les revenus miniers bénéficient à tous les secteurs de la population.  Estimant que la Mongolie avait mis en œuvre les OMD « sérieusement », il a fait remarquer que c’était le seul pays à avoir fixé un objectif national axé sur le renforcement des droits de l’homme et la gouvernance démocratique.  Il a encouragé la Mongolie à servir de modèle pour les autres pays dans les efforts de développement.  En vue de mettre en œuvre les objectifs de développement durable, l’Allemagne prône l’adoption d’une approche multipartite à tous les niveaux, a-t-il dit en insistant sur l’intégration de tous les objectifs.  Il a notamment recommandé de faire un lien avec les politiques fiscales et le suivi par les statistiques.

Reconnaissant la forte dépendance de l’économie de son pays par rapport au secteur minier, le Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie a souligné que cela constituait un défi majeur pour les efforts de son pays en faveur du développement durable.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, la Mongolie se montre active pour promouvoir le tourisme, l’agriculture biologique et la recherche de nouveaux secteurs pour l’industrie.  En matière de planification, il a espéré que les objectifs de développement durable permettraient d’améliorer ce processus.  Le Gouvernement espère également que des progrès seront réalisés en matière d’égalité entre les hommes et les femmes.  Pour répondre à la question sur le problème de l’urbanisation et de la pollution, il a indiqué que son gouvernement fournissait à la population du charbon qui pollue moins l’environnement et qu’il construit des infrastructures ne dépendant pas du charbon pour le chauffage.  Quant à l’inflation, qui est « importée de l’extérieur », il a dit que son pays s’était fixé pour objectif de la réduire cette année afin de passer de 14% à 9%.  M. Khurelbaatar a par ailleurs indiqué que son gouvernement allait mettre en place une nouvelle équipe pour mieux se préparer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Rapport national des Philippines sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs arrêtés sur le plan international, notamment les Objectifs du Millénaire pour le développement (E/2015/60)

M. ARSENIO BALISACAN, Secrétaire de la planification économique et sociale des Philippines, a expliqué que le contexte politique dans lequel les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ont été mis en œuvre dans son pays avait été marqué par d’importantes incertitudes et plusieurs obstacles majeurs, notamment l’absence de données mises à jour ou la survenue de catastrophes naturelles. 

La Déclaration du Millénaire avait été signée, en septembre 2000, par le Président de l’époque, M. Joseph Estrada, dont l’administration avait alors fait de la réduction de la pauvreté l’une de ses priorités.  Toutefois, après le départ du Président Estrada, en janvier 2001, plusieurs programmes, en particulier ceux ciblant l’objectif 1, ont été interrompus.  Ils ont ensuite repris sous le mandat de la Présidente Gloria Arroyo qui, à son tour, avait mis l’emphase sur la « prospérité pour tous ».  Cependant, a-t-il précisé, les Philippines n’ont pas été en mesure d’atteindre certains des objectifs, en raison d’un manque de données à jour pour alimenter certains indicateurs.

S’agissant de l’objectif 1, par exemple, qui visait à réduire l’extrême pauvreté et la faim, M. Balisacan a souligné que le taux d’incidence de la pauvreté aux Philippines était de 34,4% en 1991.  Pour atteindre cet OMD, ce taux aurait dû baisser de 0,72 point par an.  En utilisant les estimations pour le premier semestre, on constate que la pauvreté a diminué en 2009 (28.6%), en 2012 (27.9%) et en 2013 (24.9%) mais qu’elle a ensuite connu une nouvelle augmentation en 2014 (25.8%), notamment en raison de la hausse des prix à la consommation et des conséquences du typhon Haiyan, a-t-il expliqué. 

Au titre des enseignements tirés, M. Balisacan a estimé que la réussite ou l’échec des Objectifs du Millénaire pour le développement dépendait beaucoup des interventions et de la volonté politique de toutes les parties prenantes, notamment des administrations locales.  Leur engagement doit notamment se traduire par une volonté de contribuer à la réalisation des objectifs en œuvrant à la planification financière, à la budgétisation et à l’exécution des programmes.  Il faut également mettre en place un mécanisme qui apportera une bonne base de données sur les avancées réalisées.  Le manque de données à jour pour alimenter certains indicateurs demeure, a fait remarquer M. Balisacan, un obstacle à l’efficacité des mesures et des programmes.  

Par ailleurs, les Philippines restent très vulnérables à une catastrophe naturelle, ce qui freine la réalisation des OMD, a-t-il dit.  Dès lors, il faut limiter les conséquences de changements climatiques et mettre en place des filets de sécurité efficaces, a-t-il estimé.

Le représentant des États-Unis a estimé que cette présentation avait été pertinente en matière d’enseignements à tirer dans le domaine de la bonne gouvernance.  Il a pris note des différents progrès réalisés, en particulier ceux enregistrés en matière de réduction de la mortalité maternelle.  Il a ensuite voulu savoir comment les Philippines abordaient la question de la réduction des risques de catastrophe et de la résilience.  Il a aussi souhaité recevoir davantage d’explications sur les partenariats entre le secteur public et le secteur privé mis en place dans ce pays. 

Le représentant de la Malaisie a reconnu que les catastrophes naturelles avaient eu un impact considérable sur la réalisation des OMD aux Philippines et a également souhaité plus d’éclaircissements sur les partenariats entre le secteur public et le secteur privé.

Répondant à ces questions et observations, M. Balisacan a expliqué que le secteur privé représentait le principal facteur du développement national aux Philippines.  C’est donc dans ce contexte que le Gouvernement philippin a fait des partenariats entre les secteurs public et privé un élément fondamental de la stratégie visant à accélérer le développement des infrastructures d’éducation, de santé, en vue de soutenir la croissance économique.  Les Philippines ont, en outre, créé un programme national de transfert de fonds qui facilite ces partenariats.

Rapport national de la Zambie sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs convenus sur le plan international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (E/2015/63)

M. Christopher Mvunga, Vice-Ministre des finances de la Zambie, a d’abord rappelé que son pays, dont 60% de la population vivent en zone rurale, avait mis en place un certain nombre de plans de développement nationaux et qu’il poursuivait sa trajectoire, inspirée par son « Plan Horizon 2030 », visant à faire de la Zambie un pays prospère à revenu intermédiaire.

Ainsi, la Zambie a réussi à stabiliser certains de ses principaux indicateurs macroéconomiques;  l’inflation qui était de 109% en 1991 a été ramenée à un chiffre inférieur à 10 % (en dessous de 8%) et l’investissement étranger direct (IED) entre 2004 et 2014 est passé de 357 millions de dollars à 2 231 millions de dollars.  Par ailleurs, la croissance du produit intérieur brut (PIB) a été en moyenne de 6,0% par an.

La Zambie est donc passée d’un pays fortement endetté à un pays avec revenu intermédiaire, s’est félicité son Vice-Ministre des finances.  Toutefois, en dépit de cette ferme croissance économique, les niveaux de pauvreté n’ont pas sensiblement diminué pour permettre au pays d’atteindre l’OMD 1.  En 2010, par exemple, le nombre de pauvres représentait 77,9% de la population rurale, contre 27,5% de la population urbaine. 

S’agissant de l’OMD 4, le Vice-Ministre a indiqué que la mortalité des moins de 5 ans avait baissé, passant de 191 pour 1 000 naissances vivantes en 1992 à 75 pour 1 000 naissances vivantes en 2013-2014.  Toutefois, a-t-il tempéré, elle reste encore très grave dans les zones rurales.  Plusieurs succès ont cependant été obtenus.  Il a notamment cité les indicateurs relatifs au sida et au VIH, à l’enseignement primaire et à l’égalité des sexes dans l’enseignement primaire.

S’agissant des enseignements tirés des OMD, le Vice-Ministre a reconnu qu’une mauvaise coopération entre différents niveaux institutionnels et politiques, ainsi qu’une approche strictement sectorielle, avaient une incidence négative sur la réalisation des OMD, compte tenu du fait que les différents secteurs avaient fonctionné de manière cloisonnée.

À l’avenir, l’un des principaux objectifs de développement, pour la Zambie, est d’assurer une réponse nationale aux problèmes de la justice sociale et de l’égalité, a-t-il poursuivi.  Il s’agit notamment, en matière de développement, de transformer des normes et coutumes socioculturelles négatives mais profondément enracinées, comme les mariages précoces, qui empêchent la participation de tous aux processus nationaux, l’égalité des sexes et l’inclusion sociale.

Le représentant des États-Unis a estimé que la Zambie pouvait être fière des succès enregistrés en fonction de ses principaux indicateurs économiques et que le pays avait réussi à créer un environnement positif, qui permettra d’attirer les investissements étrangers.  Il a alors demandé de préciser les enseignements que le pays a tirés en ce qui concerne la collecte de données, dans la mesure où le rapport national précise que la Zambie avait défini 39 indicateurs de mesure des résultats obtenus à partir des cibles retenues pour 2015. 

Très attaché aux questions d’égalité, en particulier à l’égalité entre les hommes et les femmes, le représentant de la Suède a ensuite demandé au Vice-Ministre zambien des finances de préciser les mesures qui seraient mise en œuvre dans ce domaine lors de la transition des OMD aux ODD.

Rappelant d’abord que son pays était composé de 73 groupes ethniques, M. Mvunga a détaillé une série de mesures visant à renforcer la participation de tous aux comités locaux chargés de la mise en œuvre des ODD.  Par ailleurs, en ciblant plus particulièrement les populations qui vivent en zones rurales, la Zambie s’est engagée à réduire la pauvreté et à renforcer la participation de populations jusqu’ici exclues de l’activité économique du pays.  Des efforts vont être consentis en faveur de l’égalité des sexes, notamment à travers une stratégie nationale ciblant l’éducation des femmes et des filles.  La Zambie a décidé, en outre, de créer une « banque pour les femmes » qui devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année 2015.

À l’issue de cette présentation, la représentante des Bahamas a tenu à rappeler qu’il était nécessaire de mettre en relation différents secteurs afin qu’ils puissent partager leurs expériences et progrès en matière de développement.  Elle a aussi mis l’accent sur l’importance d’associer la communauté scientifique à ces efforts.

Avant de conclure, le modérateur, M. Michael Shank, a tenu à poser trois questions simples aux Ministres et Secrétaires d’État qui sont intervenus ce matin.  Qu’est-ce qui vous inquiète à l’idée de quitter les OMD pour vous engager sur la voie des ODD?  Quelle erreur espérez-vous ne pas répéter?  Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus sur le chemin des ODD?

La Vice-Première Ministre du Kirghizistan a expliqué que son pays axait déjà ses efforts sur la nécessité d’inclure des indicateurs plus globaux dans les programmes nationaux de développement, ce qui n’avait pas forcément été le cas dans le cadre des OMD.  Pour sa part, le Secrétaire d’État au Ministère des finances de la Mongolie a mis l’accent sur la lutte contre la pollution et la nécessité de mieux répartir les investissements entre les différents objectifs.

Ensuite, le Secrétaire de la planification socioéconomique des Philippines a expliqué que la création d’emplois de qualité continuerait de préoccuper les décideurs politiques de son pays dans leurs efforts visant à réduire l’extrême pauvreté.  Enfin, le Vice-Ministre des finances de la Zambie a souligné l’importance d’une planification, tant au niveau régional ou national qu’au niveau local.

Débat thématique (E/2015/69) sur le thème: « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 »

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président de l’ECOSOC, qui présidait cette table ronde, a souligné le rôle crucial que jouent les institutions pour traduire en pratique les objectifs de développement, grâce à l’adoption de politiques, à la coordination des activités et à la mobilisation des personnes et des ressources.  Il a plaidé en faveur d’approches cohérentes et intégrées, qui se renforcent mutuellement.  Les institutions devront s’adapter à la réalité post-2015, a-t-il prévenu, en espérant qu’elles seraient multidisciplinaires et participatives.

L’ancien Premier Ministre par intérim de la Libye, M. ABDURRAHIM EL-KEIB, qui est membre du Club de Madrid, a présenté ce réseau de chefs de gouvernement qui ont pris leurs fonctions grâce à un processus démocratique.  Il a rappelé que la levée démocratique intervenue après 40 ans de dictature en Libye ne laissait pas d’autre solution que de tenir des élections qui soient couronnées de succès.  Rappelant la période sombre qui avait été marquée par la dictature, la corruption, un système de justice quasi-inexistant et des forces armées déficientes, il a expliqué que la Libye n’avait eu que sept mois pour organiser des élections pour le congrès national en préservant l’unité de la nation.  Un organe de réconciliation nationale et un organe de réintégration des anciens combattants ont ensuite été créés, mais la sécurité en Libye reste un vrai problème, a-t-il assuré.

Si la légitimité résulte de la confiance du peuple, la confiance ne peut s’instaurer qu’à travers la transparence, a-t-il expliqué.  M. El-Keib a aussi fait remarquer que l’influence de la communauté internationale n’était pas toujours positive, car certains poursuivent leurs intérêts.  Pour garantir une bonne gouvernance, il a recommandé que les dirigeants soient tenus de faire rendre des comptes.  Pour lui, la solution du développement se trouve au croisement des processus politiques et économiques, en poursuivant en même temps les objectifs de réconciliation nationale et d’édification de sociétés inclusives.  Il a aussi attiré l’attention sur l’importance de la disponibilité des ressources consacrées au développement, plaçant beaucoup d’espoir dans la conférence qui se tiendra à ce sujet à Addis-Abeba la semaine prochaine. 

M. SABER CHOWDHURY, Président de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé que l’objectifº16 de développement durable prévoit la mise en place d’institutions fortes pour mettre en œuvre les projets de développement.  Il faudrait, a-t-il dit, que ces institutions se transforment pour être les mieux armées possibles.  Il a aussi averti que, parfois, ce sont les intérêts de certains groupes qui dominent.  À ce propos, il a imaginé tout ce qui pourrait être accompli en termes de développement si les centaines de milliards de subventions ciblées étaient consacrés à l’énergie renouvelable.  Parmi ses recommandations, M. Chowdhury a conseillé d’éviter d’adopter des approches fragmentaires, en regrettant que les organes gouvernementaux travaillent parfois sans aucune coordination.  C’est pour cela que l’UIP demande aux parlements d’examiner leurs procédures en vue d’être mieux à même de mettre en œuvre les futurs objectifs.  Il faut aussi que les parlementaires participent plus systématiquement à l’évaluation de ces objectifs, a-t-il ajouté. 

Mme ROWENA BETHEL, Directrice et Administratrice de la Caisse nationale d’assurance des Bahamas et Vice-Présidente du Comité d’experts de l’Administration publique des Nations Unies, a recommandé d’adopter des stratégies qui reprennent les trois dimensions du développement durable, en tenant compte de leur interdépendance.  Le cadre des objectifs de développement durable est transversal par nature, a-t-elle en effet remarqué, en soulignant que cela exigeait une coopération à tous les niveaux.  La prise de décisions politiques est essentielle, a-t-elle aussi estimé, en précisant que c’était un moyen de rassembler tous les acteurs.  Pour Mme Bethel, les efforts d’intégration des politiques seront couronnés de succès si les objectifs sont clairs et soutenus par la base, à savoir la société.  Elle a également prôné une discipline fiscale, une bonne collecte de données et une participation des organes locaux aux prises de décisions.  Il faut, a-t-elle ajouté, tenir compte des circonstances particulières de pays en développement. 

Pour M. THOMAS GASS, Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales (DAES), la mise en œuvre des nouveaux objectifs exigera une vision cohérente et globale avec la participation des acteurs traditionnels et non conventionnels.  Si les institutions efficaces favorisent les processus, elles peuvent être des obstacles majeurs dans le cas contraire, a-t-il prévenu pour expliquer l’importance de cette question.  Il a relevé que le caractère global et complet du programme de développement pour l’après-2015, ainsi que son ambition sans précédent -de ne laisser personne de côté-, avaient modifié les enjeux à tous les niveaux.  Il faudrait, a demandé le Sous-Secrétaire général, rassembler les compétences de toutes les institutions.  La « gouvernance réinventée », a-t-il soutenu, sera essentielle pour arriver à un changement d’attitude et pour appuyer l’innovation sur le long terme.  Les changements institutionnels devraient aussi avoir lieu au niveau international, a-t-il estimé, en se félicitant du rôle de chef de file qu’entend jouer l’UIP à cet égard.  À l’ONU, nous allons revoir le rôle de l’examen quadriennal complet, a-t-il assuré.

Au cours de la discussion interactive, la représentante de l’Afrique du Sud a estimé que les objectifs de développement durable devraient être en accord avec les plans nationaux, en rappelant aux législateurs qu’ils devraient rendre des comptes.  Elle a aussi fait remarquer que l’Afrique disposait de ses propres systèmes de coordination régionale qui ont un rôle important à jouer dans la mise en œuvre.

« Nous devons nous entraider », a résumé l’ancien Premier Ministre de la Libye en soulignant les avantages qu’il y a à travailler de concert.  La panéliste des Bahamas a, quant à elle, plaidé en faveur de la collecte des données en utilisant les bons indicateurs de résultats.  De son côté, le Sous-Secrétaire général a reconnu la nécessité de bien communiquer auprès du grand public sur le contenu des objectifs, afin qu’ils fassent partie du dialogue national.  Il faudrait, par ailleurs, que l’administration publique soit un centre de résilience et de direction politique, a-t-il répondu à la représentante de l’Allemagne, qui demandait comment garantir la pérennité entre les différents acteurs, y compris d’un gouvernement à l’autre.  L’administration publique est en pleine évolution, a conclu Mme Bethel, en mettant l’accent sur l’importance des efforts d’adaptation pour les fonctionnaires.

Clôture du débat de haut niveau

Dans ses observations finales, le Secrétaire général de l’ONU, M. BAN KI-MOON, a déclaré que la communauté internationale avait fait d’importants progrès depuis l’adoption des OMD en 2000, en soulignant une réduction de 50% de la pauvreté et de la mortalité infantile.  Il a précisé que ces succès avaient exigé un appui financier important et une direction politique forte.  « Nous savons qu’il y a encore un long chemin à faire car trop de personnes continuent de souffrir de malnutrition et de la pauvreté », a fait remarquer le Secrétaire général, en notant que les progrès excluent trop souvent les femmes et ceux qui sont discriminés en raison de leur âge, de leur handicap ou leurs origines.  « Les OMD ont montré ce qu’il est possible de faire lorsque nous travaillons de concert autour d’objectifs communs en établissant des liens aux niveaux national, régional et international », a expliqué le Secrétaire général.  Cette année marque la fin de l’examen des OMD, traçant ainsi la voie vers l’adoption des objectifs de développement durable (ODD), a-t-il souligné.  

Le Secrétaire général a indiqué que la semaine prochaine, à l’occasion de l’ouverture de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement à Addis-Abeba, il soulignera l’importance de parvenir à un cadre de financement ambitieux à l’aune de l’adoption des ODD au Siège de l’ONU à New York, en septembre prochain.  Ces ODD doivent prendre le relai des OMD.  Il a ensuite souligné l’importance du Forum politique de haut niveau qui, sous les auspices de l’ECOSOC et de l’Assemblée générale, jouera un rôle essentiel pour examiner la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  « Nous devons faire en sorte que le système de développement de l’ONU soit adapté pour répondre à vos besoins », a encore lancé le Secrétaire général aux délégations.

De son côté, le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. OH JOON (République de Corée), a déclaré que la transition des OMD vers les ODD représentait une occasion historique pour faire avancer la prospérité pour tous et protéger la planète.  Il a rappelé que les discussions de cette semaine avaient souligné la nécessité de coordonner les actions, de renforcer le multilatéralisme, de gérer l’intégration des politiques au niveau mondial.  Il a salué les travaux de l’ECOSOC qui, cette semaine, ont réaffirmé la position du Forum politique de haut niveau comme plate-forme de dialogue et permis de réfléchir aux enseignements tirés de la mise en œuvre des OMD et d’identifier les défis particuliers de l’économie mondiale, ainsi que ce que nous pourrions faire au niveau régional pour avancer.  M. Oh s’est dit heureux que l’ECOSOC se soit affirmé, dans le contexte des objectifs pour l’après-2015, comme cadre de liaison entre le Forum politique de haut niveau, les commissions régionales, les experts et les institutions spécialisées. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Débat de haut niveau de l’ECOSOC se poursuit en mettant l’accent sur le caractère intersectoriel du nouveau programme post-2015 qui exige une vue d’ensemble

Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
46e et 47e séances - matin et après-midi
ECOSOC/6713

Le Débat de haut niveau de l’ECOSOC se poursuit en mettant l’accent sur le caractère intersectoriel du nouveau programme post-2015 qui exige une vue d’ensemble

On estime que 10 à 20 millions de personnes sont aujourd’hui en vie grâce aux efforts de mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), fixés lors du Sommet mondial, au Siège de l’ONU en 2000.  C’est à partir de ce constat que les membres du Conseil économique et social (ECOSOC) ont envisagé les efforts à faire pour obtenir davantage de résultats et parvenir, d’ici à 2030, à l’éradication complète de la pauvreté et au développement durable, en particulier dans les pays les moins avancés (PMA).

En poursuivant aujourd’hui son débat de haut niveau et son examen ministériel annuel, l’ECOSOC a entendu des intervenants s’appuyer sur les progrès réalisés au cours des 15 dernières années, en particulier en matière d’éducation primaire, d’agriculture et de sécurité alimentaire pour aborder la suite à donner, c’est-à-dire l’application du programme de développement pour l’après-2015.

Les efforts à venir devront se faire dans le cadre d’une « entreprise collective » et à tous les niveaux -national, régional et international-, a averti la Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf, venue participer au débat sur les PMA.

L’expérience tirée des OMD a permis de comprendre la nécessité de couvrir tous les domaines d’action possibles, sans oublier tout effort utile à la réalisation du développement durable car chaque domaine est intrinsèquement lié.  C’est pourquoi, ont fait remarquer des panélistes, les 17 objectifs de développement durable sont plus nombreux que les huit OMD, afin d’englober des principes plus larges, comme le principe de justice.

Cette question d’intégration a été développée dans l’après-midi par la Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) qui a expliqué la nécessité de réaliser simultanément les 17 objectifs.  Il faut une vue d’ensemble et non pas sectorielle, a renchéri l’ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), M. Juan Somavía.

Une fois adopté, le programme pour l’après-2015 doit être mis en œuvre par des États « solides, robustes et compétents », a insisté la représentante de l’Afrique du Sud, en rappelant que ce sont eux qui allouent les budgets et définissent les politiques.  Pour entreprendre cette tâche importante, les pays en développement auront besoin d’une aide pour renforcer leurs capacités  nationales, ont rappelé de nombreux intervenants.

Cette aide devrait être fournie tant par des partenaires internationaux que par des acteurs de la société civile.  À cet égard, la jeune dirigeante de Women Deliver a appelé tous les gouvernements à dialoguer avec les jeunes, à tous les niveaux, afin qu’ils soient de véritables partenaires de la mise en œuvre du futur programme de développement.

Au cours de la deuxième table ronde, les délégations ont examiné les obstacles de l’économie mondiale qui entravent les efforts de développement, en particulier pour les PMA qui sont souvent laissés de côté en période d’essor économique.  C’est l’observation qu’a faite le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui a encouragé ces États à mettre davantage l’accent sur la science, la technologie et l’innovation, afin de pouvoir suivre le rythme de la croissance mondiale. 

Les PMA ont aussi été au centre de la quatrième discussion de la journée, au cours de laquelle les intervenants ont rappelé le rôle de l’ECOSOC dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul qui couvre la décennie 2011-2020.  Des appels ont été lancés pour que le système de développement des Nations Unies soit bien préparé à appuyer la mise en œuvre du nouveau programme dans les PMA.  Un des moyens possible serait de créer une banque de technologies pour les PMA, a proposé le Président de l’Institut international de la propriété intellectuelle, qui est membre du Groupe de haut niveau du Secrétaire général chargé de cette question.

Dès 2016, viendra la phase de suivi de la mise en application du nouveau programme, une question qui a été à nouveau abordée aujourd’hui par les délégations avec un intérêt soutenu.  De ce suivi dépendra en effet la réussite du futur programme.  Ce suivi reposera en partie sur les rapports nationaux qui seront présentés volontairement par les pays.

Là encore, l’expérience des OMD sera utile car l’on a constaté que les rapports nationaux d’examen présentés jusqu’à présent à l’ECOSOC avaient encouragé la transparence et une appropriation nationale.  Le PNUD fait partie de ceux qui ont aidé les pays en développement à élaborer de tels rapports dans le cadre du suivi des OMD, a indiqué son représentant.

C’est d’ailleurs demain, vendredi 10 juillet, que l’ECOSOC, qui a aujourd’hui achevé son débat général, parallèlement aux tables rondes, entendra les présentations nationales volontaires de quatre pays: Kirghizistan, Mongolie, Philippines et Zambie.  Il se réunira à partir de 9 h 30.  Dans l’après-midi, il tiendra sa dernière table ronde avant de clôturer son segment de haut niveau.

DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Examen ministériel annuel (E/2015/68)

Table ronde I: « Enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement pour le futur »

Dans une allocution liminaire, M. Zlatko Lagumdžija, ancien Premier Ministre de la Bosnie-Herzégovine et Membre du Club de Madrid, a estimé que les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient montré que des questions spécifiques, comme l’éducation ou la santé, ne pouvaient pas être abordées sans traiter d’autres causes plus profondes comme la pauvreté ou les inégalités.  Avec l’adoption de nouveaux objectifs, la communauté internationale devrait également adopter un nouveau paradigme, sur la base d’un ensemble de principes et de valeurs fondamentales, a-t-il souligné.  « Nous devons travailler ensemble, riches et pauvres, afin de mobiliser les efforts et de fonder ces nouveaux objectifs sur un ensemble de valeurs communes », a-t-il dit. 

L’ancien Premier Ministre a ensuite souligné que les objectifs de développement durable (ODD) englobent aussi le principe de justice afin de prévenir que des crimes odieux soient à nouveau commis.  Dans ce contexte, il a insisté sur la nécessité de reconnaître le génocide de Srebrenica comme un tel crime.  Il a aussi expliqué que le Club de Madrid œuvrait à promouvoir un ensemble de valeurs communes en vue de promouvoir la paix.  Pour lui, l’extrémisme est une menace à la paix et c’est pourquoi, de nouveaux objectifs de développement sont un outil essentiel pour enrayer la propagation de telles idéologies. 

La table ronde, qui était animée par M. Oh Joon, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a ensuite abordé les quatre questions clefs suivantes: quels ont été les réussites et les échecs de la mise en œuvre des OMD?  Compte tenu de la complexité accrue du programme de développement pour l’après-2015, quelles seront les difficultés auxquelles nous serions confrontés?  Quels enseignements peuvent être tirés des OMD en matière d’intégration des politiques?  Comment impliquer les différents groupes et l’ensemble des parties prenantes dans ce nouveau programme de développement?

M. Magdy Martínez-Solimán, Administrateur assistant et Directeur du Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a invité les États à prendre davantage en compte les chocs ou les risques, tels que les risques de conflits ou les risques de catastrophes.  « Un grand nombre de tragédies que nous connaissons, aujourd’hui, auraient pu être évitées avec une meilleure prévention », a-t-il souligné, en invitant à inclure ces efforts de prévention dans les stratégies de développement.  Il a ensuite mis l’accent sur le principe de transparence des mécanismes d’examen et de suivi.  Le PNUD a aidé de nombreux pays dans le cadre de la réalisation de leurs rapports nationaux d’examen et de suivi des OMD, a-t-il expliqué.  Ces rapports sont très importants, a-t-il dit, en précisant que leur large diffusion encourageait la transparence et facilitait ainsi une appropriation nationale.

M. JOHN W. MCARTHUR, Associé principal de recherche dans le domaine de l’économie mondiale et du développement à l’Institut Brookings et Associé principal de recherche à la Fondation des Nations Unies, a rappelé que l’adoption et la mise en œuvre des OMD avait été une discussion d’une décennie.  « Il a fallu un certain temps et des efforts diplomatiques énormes pour que tout le monde se mette d’accord sur la voie à suivre », a-t-il dit.  Aujourd’hui, on estime que 10 à 20 millions de personnes sont aujourd’hui en vie grâce à ces efforts et à la mise en œuvre des OMD.  Il a particulièrement insisté sur les progrès réalisés en matière d’éducation primaire, d’agriculture et de sécurité alimentaire.  Il a reconnu que la communauté internationale devrait s’acquitter pleinement de ses engagements en faveur des OMD mais, a-t-il expliqué, si l’on compare les deux discussions –celle sur les OMD et celle sur les ODD–, la communauté internationale a déjà, aujourd’hui, cinq années d’avance en matière d’examen et de suivi.

Mme Vivian Onano, jeune dirigeante pour Women Deliver, Porte-parole en matière d’éducation pour Moremi Africa et membre du Groupe consultatif pour la société civile mondiale, a expliqué qu’elle était âgée de 9 ans lorsque les OMD avaient été établis et qu’elle avait donc dû s’informer davantage sur les questions qu’ils englobait afin d’en discuter avec d’autres jeunes.  Axant sur intervention sur les questions de la jeunesse, de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la communication, elle a particulièrement souligné qu’il était nécessaire de permettre aux jeunes gens et jeunes femmes d’occuper un emploi décent.  Elle a aussi appelé tous les gouvernements à dialoguer avec les jeunes, à tous les niveaux, afin qu’ils soient de véritables partenaires de la mise en œuvre du nouveau programme de développement.

Lors de la discussion interactive, la représentante de l’Afrique du Sud a invité les États à voir le développement comme un continuum et à bâtir sur ce qui existe déjà.  Elle a mis en exergue le rôle que jouent les États dans la mise en œuvre du programme de développement.  « Il faut notamment que l’État soit solide, robuste et compétent car, a-t-elle dit, c’est lui qui alloue les budgets, définit les politiques et les stratégies. ».  Réagissant à son intervention, un responsable de l’Union interparlementaire (UIP) a précisé que le principe d’appropriation s’appliquait tant aux États et gouvernements qu’aux parlements.

Abondant dans ce sens, M. Magdy Martínez-Solimán a précisé qu’il était nécessaire de bénéficier d’institutions robustes et légitimes afin que les décisions soient prises et mises en œuvre. 

De son côté, le représentant des Palaos a, au contraire, estimé, qu’il faudrait établir des objectifs forts en matière de climat.  « Tout le monde s’accorde sur l’importance que revêt la vingt et unième session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris en décembre prochain, mais que se passera-t-il si la Conférence de Paris échoue? » s’est-il interrogé.

M. John W. McArthur et la jeune dirigeante Vivian Onano sont intervenus, une nouvelle fois, pour mettre l’accent sur le principe d’inclusion et de transparence dans l’examen de la mise en œuvre des ODD.  « Nous devons distribuer 17 médailles d’or en 2030 », a dit le premier.  Pour sa part, la jeune dirigeante a invité les États à concentrer les efforts d’abord au niveau local et en faveur des plus pauvres pour faire en sorte que tous aient accès aux ressources.

Concertation de haut niveau avec les institutions financières et commerciales internationales (E/2015/50 et E/2015/73

Table ronde II: « Les obstacles de l’économie mondiale »

À quelques semaines de l’adoption d’un nouveau programme de développement pour les 15 prochaines années, quelles sont les grandes tendances de l’économie mondiale?  Quelles sont les conditions économiques et financières dans lesquelles va s’inscrire ce nouveau programme de développement?  Quelles seront, par exemple, les incidences du commerce international et des échanges commerciaux sur le développement?

Cette table ronde était animée par M. Lenni Montiel, Sous-Secrétaire général au développement économique du Département des affaires économiques et sociales, qui a assuré que la Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba, en Éthiopie, aurait une incidence directe sur les politiques en matière de développement.  S’agissant des grandes tendances, le Département des affaires économiques et sociales, a-t-il dit, observe une croissance modeste parmi l’ensemble des pays.  Si une amélioration est attendue pour l’année prochaine, elle restera bien inférieure aux niveaux précédant la crise économique et financière de 2009.  Par ailleurs, M. Montiel s’est dit préoccupé par la fragmentation des systèmes des échanges commerciaux, en raison notamment des progrès lents enregistrés dans les négociations à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Dans ce contexte, il a demandé aux différents panélistes si les échanges commerciaux pouvaient devenir à nouveau des moteurs de la croissance mondiale.

M. Mukhisa Kituyi, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a mis en évidence le fait que de nombreux pays, en particulier les pays les moins avancés (PMA), étaient souvent laissés de côté en période d’essor économique.  Une croissance économique en pleine progression a une incidence directe sur la population, a-t-il expliqué, en citant, à cet égard, l’exemple de la Chine dont le taux de croissance exceptionnellement élevé a permis à une part plus grande de sa population de sortir de la pauvreté extrême dans les années 1990.  Malheureusement, depuis 2009, le commerce mondial a suivi le même déclin que la croissance mondiale.  Pour contrer ce rythme, il a encouragé les États à mettre davantage l’accent sur la science, la technologie et l’innovation.   

Pour le Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), M. Min Zhu, « la crise économique et financière a laissé une cicatrice bien plus profonde que ce qui était prévu ».  On constate en effet que le PIB à travers le monde peine à augmenter.  L’ensemble du monde travaille en dessous de son potentiel et la croissance demeure faible en termes d’investissements, a-t-il expliqué.  Le commerce mondial est, lui aussi, trop faible, de même que les investissements étrangers directs.  Dans ce contexte, il a estimé que les décisions politiques des États devraient se concentrer sur le maintien de la stabilité économique en stimulant la demande.  M. Min Zhu a souligné qu’il était nécessaire de renforcer la productivité, d’initier des réformes du marché du travail et d’améliorer les investissements dans le domaine des infrastructures, de l’éducation et des soins de santé.

Intervenant à son tour, le Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Yonov Frederick Agah, a estimé que « le tableau mondial est loin d’être rose » à cause, notamment, de tensions géopolitiques mondiales plus importantes, une fluctuation des taux de change et un faible taux de croissance dans les pays émergents.  En dépit de ce tableau pessimiste, il a cependant assuré que le commerce demeurait toujours un puissant instrument de croissance et que la croissance était un important levier pour réduire la pauvreté dans les pays en développement.  Il a ensuite expliqué plusieurs initiatives et régimes d’accès aux marchés pour les pays les moins avancés (PMA), notamment l’accès du marché au coton, tout en rappelant que la mise en œuvre des accords de facilitation du commerce aiderait ces pays.  Avant de conclure, il a tenu à tirer la sonnette d’alarme en mettant en garde contre la tendance actuelle qui consiste à conclure de grands accords entre partenaires régionaux.  « Ces accords doivent veiller à ce qu’il n’y ait pas d’interruption des flux commerciaux des PMA même si ces pays parviennent à changer de statut et de catégorie », a-t-il prévenu.  

M. John Panzer, Directeur de la Pratique mondiale pour les politiques macroéconomiques et fiscales du Groupe de la Banque mondiale, a dressé un constat plus modéré sur l’environnement économique mondial.  Il existe, en effet, des divergences entre les pays les plus développés, a-t-il fait remarquer.  Ainsi, la reprise est plus rapide en Europe et au Japon.  S’il est trop tôt pour anticiper si elle va être accompagnée d’une augmentation des taux d’intérêt, on constate déjà de plus faibles risques de déflation en Europe, a-t-il précisé.  Par ailleurs, M. Panzer a aussi souligné qu’une reprise fiscale avait lieu actuellement en Asie, et qu’elle reflétait les ajustements constants de l’économie chinoise.  Enfin, il s’est rallié aux autres panélistes pour plaider en faveur de la mise en œuvre, au niveau politique, de réformes structurelles qui favorisent la croissance économique.  

M. Raymond Torres, Directeur du Département de la recherche de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a mis l’accent sur le ralentissement de l’emploi dans le monde et les conséquences liées à cette « crise de l’emploi » à la fois sur les économies développées et les pays en développement.  Les jeunes et les femmes, en particulier, ne trouvent pas de travail décent alors que nous sommes peut-être à la veille d’une révolution technologique majeure dans le domaine des technologies de l’information et des communications (TIC), associée à la montée en puissance d’une économie verte et du secteur informel.  « La crise de l’emploi a un effet extrêmement négatif sur les différentes opportunités à saisir », a-t-il fait observer.  Créer des économies plus viables et résilientes permettrait ainsi d’enregistrer des gains en matière de productivité, de création d’emplois et des demandes au sein des pays.  

Suite du débat général

M. SHIN DONG-IK, Vice-Ministre des questions mondiales et multilatérales au Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, a déclaré que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) avaient amélioré la vie des millions d’individus dans le monde sans pour autant mettre fin aux inégalités sociales et à la pauvreté extrême.  Le programme de développement pour l’après-2015, qui prendra le relais des OMD, sera beaucoup plus ambitieux et plus vaste et nous aidera à réaliser le monde que nous voulons.  Pour cela, le programme doit être inclusif et centré sur l’homme, a-t-il estimé.  La République de Corée, a-t-il dit, mettra l’accent sur les droits de l’homme, la parité entre les hommes et les femmes, les groupes marginalisés, la croissance économique inclusive et stable, une gouvernance stable, la compréhension et l’entente mutuelle entre les pays et tous les acteurs pour réaliser les objectifs de développement durable.  Le Ministre a aussi souligné qu’il était nécessaire de continuer à œuvrer en faveur de ce qui constitue les trois piliers du développement et de la création d’un environnement propice au développement et à la réalisation des ODD au niveau national.  S’agissant des moyens de mise en œuvre, il a indiqué que la troisième Conférence sur le financement du développement qui aura lieu à Addis-Abeba la semaine prochaine devrait aider à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre du nouveau programme de développement.  Il faut garantir l’inclusion des recommandations de cette Conférence dans le mandat du Forum politique de haut niveau.  Le Ministre a également souligné qu’un véritable partenariat mondial pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 était important, en rappelant qu’un suivi solide et transparent était nécessaire pour en assurer le succès.

M. CHRISTOPHER M. MVUNGA, Vice-Ministre des finances de la Zambie, a mis l’accent sur l’importance de réaliser une croissance économique stable qui a été nécessaire à son pays pour atteindre les OMD.  Le programme de développement pour l’après-2015 devrait poursuivre sur cet élan, notamment dans le domaine des réformes institutionnelles, a ajouté le Ministre.  Il a indiqué que la réalisation des 17 objectifs de développement durable aidera son pays à atteindre un développement plus inclusif et centré sur l’humain.  Pour ce faire, il a souligné la nécessité d’engager une réforme des institutions afin de réaliser les ODD.  Il faudrait en outre créer un mécanisme de suivi des différentes étapes que chaque pays a franchies dans la réalisation de cet ensemble d’objectifs.  Le Ministre a évoqué les domaines prioritaires définis par son gouvernement, en citant notamment la justice sociale et la participation multisectorielle.  Il a terminé en indiquant que le Plan national de développement de la Zambie pour la période 2017-2021 prendra en compte les ODD.   

M. MARIO NÉSTOR OPORTO (Argentine) a souhaité que le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable(ODD) ne soit pas seulement assuré par des institutions privées.  Il a souligné que le Forum politique de haut niveau devrait être le pilier de ce suivi.  Il a appelé à l’avènement d’un système où « l’on ne montre pas les uns du doigt et l’on ne célèbre pas les autres ».  Il a appelé à reconnaître qu’il existe divers modèles et approches pouvant être adoptés pour assurer ce suivi et à tenir compte des spécificités nationales des uns et des autres.  Le développement durable international ne pourra être réalisé que par le biais d’une approche collective qui respecte la diversité, a insisté le parlementaire argentin avant de rappeler le rôle crucial et irremplaçable de l’aide publique au développement (APD) pour atteindre les objectifs de développement durable.  Malgré les insuffisances, le processus de mise en œuvre des OMD est un succès dans le sens où les capacités créées resteront également utiles pour la mise en œuvre des ODD.

M. ARSENIO M. BALISACAN, Secrétaire d’État à la planification socioéconomique des Philippines, a jugé essentiel que les futurs objectifs de développement durable répondent aux besoins particuliers des pays en développement et des gens les plus vulnérables.  Faisant référence aux vulnérabilités liées au climat, le Secrétaire d’État philippin a demandé que soit relancé un cadre politique pour la préparation aux catastrophes naturelles et pour faire face à leurs conséquences dévastatrices.  Il est nécessaire, a-t-il souligné, de formuler des indicateurs clairs, mesurables et cohérents avec les objectifs de Rio+20.  Avant de conclure, il a jugé essentiel que le Forum politique de haut niveau s’affirme comme l’instance de contrôle par excellence de la mise en œuvre des ODD.  

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine) a souligné l’importance du renforcement de la confiance entre les gouvernements, les institutions et les peuples dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Il faudrait aligner les plans d’action nationaux avec les besoins des communautés.  Le représentant a également mis l’accent sur l’importance du partenariat dans la réalisation les ODD.  Il a ensuite souligné qu’il était nécessaire de répondre aux besoins des personnes déplacées dans de nombreux pays, dont 1,3 million sont dans cette situation en Ukraine depuis la crise qui déchire le pays.  Aucun État ne devrait être laissé seul pour faire face à ces défis, a-t-il dit.  C’est pourquoi, il est important que le nouveau programme de développement reflète pleinement la nécessité d’assister les pays touchés par les crises humanitaires et environnementales.

M. TAREK EL-NABULSI, Directeur du développement et des politiques sociales de la Ligue des États arabes, a déclaré que malgré la situation qui prévaut au Moyen-Orient et, en particulier, l’occupation dans les territoires palestiniens et les conflits en Syrie et au Yémen, les États membres de la Ligue avaient progressé sur le plan du développement.  Il a assuré que ces États étaient disposés à participer activement aux travaux du Forum politique de haut niveau pour prendre les décisions nécessaires dans l’achèvement du programme de développement.  Le représentant a ensuite évoqué le rôle du Conseil économique social de la Ligue des États arabes qui constitue l’organe chargé d’aider les dirigeants des pays membres à prendre des décisions en matière de développement. 

Mme DOREEN BOGDAN-MARTIN, Union internationale des télécommunications, a appelé à comprendre tout le potentiel et la capacité des technologies de l’information et des communications (TIC) pour favoriser et accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD).  Elle a appelé à s’appuyer sur le développement exponentiel des TIC en précisant que le monde disposait aujourd’hui de 7,1 milliards de téléphones portables et que 43% de la population mondiale était connectée à l’Internet.  Elle a précisé que grâce à l’Internet, les enfants peuvent faire leurs devoirs, les agriculteurs mieux organiser leurs activités, et les victimes du paludisme mieux se soigner.  Elle s’est félicitée que l’ODD 17 reconnaisse les TIC comme un moyen essentiel de mise en œuvre des objectifs de développement durable.   Elle a précisé que cette contribution des TIC dépendrait aussi de notre capacité de bien comprendre les défis liés à la sécurité et la confidentialité informatiques.

M. STAN KWAIN, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a souligné l’importance d’aller au-delà d’une approche cloisonnée de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a appelé à se concentrer sur les mesures qui vont nous permettre d’accélérer la mise en œuvre des objectifs interconnectés.  « Il est plus difficile d’éliminer la pauvreté que de la réduire », a-t-il expliqué en ajoutant que l’élimination de la pauvreté revenait à éliminer les causes profondes de l’exclusion qui sont profondément enracinées dans les systèmes économiques.  Il faudrait traiter les causes profondes des causes des inégalités économiques et sociales, a-t-il dit avant de souligner que la communauté internationale n’avait jamais été obligée « de faire autant aussi vite ».  Il a rappelé que le PNUD avait appuyé la production de près de 400 rapports nationaux sur la mise en œuvre des OMD depuis 2000.

M. GETACHEW ENGIDA, Directeur général adjoint de l’UNESCO, a rappelé que les objectifs de l’UNESCO établis pour contribuer au nouveau programme de développement visaient à déterminer le potentiel de l’éducation, des sciences, de la culture et de la communication, de l’information comme moteurs de la durabilité, de l’appropriation et de l’autonomisation.  Pour cela, nous devons renforcer les capacités de tous les pays à collecter des données fiables et assurer un niveau élevé de transparence.  En outre, l’implication de toutes les parties prenantes dans le suivi doit être le fil rouge du nouveau programme.  La liberté d’expression, y compris l’accès à l’information, est aussi importante pour que le nouveau programme contribue à renforcer la bonne gouvernance, renforcer l’état de droit et promouvoir le respect de tous les droits de l’homme.

Mme EMILIA SAIZ, représentante d’United Cities And Local Governments, qui a parlé au nom du grand groupe des autorités locales, a souhaité que le Forum politique de haut niveau devienne une plateforme de suivi et de transfert de connaissances vers les autorités locales qui sont les plus proches des populations.  Elle a également parlé de la responsabilité commune dans la création des conditions propices à la mise en œuvre du programme de développement durable.

Mme TENIN TOURÉ, Présidente de l’association « Action aux familles démunies du Mali », a souligné la nécessité d’améliorer l’autonomisation économique des femmes en souhaitant que les ODD pour l’après-2015 tiennent compte des objectifs de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine (2015-2025).  

M. JEFFREY HUFFINES, représentant de l’ONG CIVICUS « Alliance mondiale pour la participation citoyenne », a appelé à améliorer la structure de gouvernance entre les neuf grands groupes pour promouvoir une participation équitable et une meilleure reddition de comptes.

M. NEERAJ MISTRY, Directeur de l’Institut de vaccins Albert B. Sabin, a jugé indispensable que la transition des OMD vers les ODD soit l’occasion de prendre en compte les 17 maladies tropicales négligées qui renforcent la pauvreté en entraînant cécité et anémie.  Il a rappelé que 1,8 milliard de personnes couraient un risque d’être touchées par ces maladies et que 400 000 personnes en décèdent chaque année.   

Mme GERTRUDE KENYANGI, représentante du grand groupe des femmes, a dit que le Forum politique de haut niveau devrait tenir compte, notamment, des résultats de la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe et de la Conférence de Beijing et de son Plan d’action en faveur des femmes.  Pour assurer le suivi de la réalisation du programme de développement pour l’après-2015, elle a déclaré que le Forum devrait prévoir la reddition de comptes et la responsabilisation des autorités gouvernementales.  Le Forum devrait également fournir des orientations claires de la participation de la société civile et en matière de mobilisation de ressources.

M. PHILIP BAILY, Président de CLIPSAS, a déclaré que le développement durable ne pouvait se réaliser que si l’on remettait en question le mode actuel de distribution des richesses dans le monde.  Il a dénoncé qu’un cinquième de la population mondiale bénéficiait du système économique actuel et que le reste vivait dans des conditions difficiles.

M. VLADIMIR VLADIMIR ĆUK, représentant d’European Disability Forum, a déploré le fait que les personnes handicapées n’aient pas participé à l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Ainsi, un milliard de personnes dans le monde ont été largement écartées des ODD.  Pour rétablir cette situation, il a recommandé que les plans nationaux de développement prévoient l’inclusion des personnes handicapées.  Ces plans devraient aussi se conformer aux normes nationales existantes pour le respect des droits des personnes handicapées.  En outre, les stratégies doivent s’inscrire dans le registre des normes internationales pour les personnes handicapées.  Il a estimé que le coût des réalisations de transformation des bâtiments publics en faveur des personnes handicapées ne représentait qu’1 à 2% du coût total. 

Mme HARRIET LAMB, Organisation internationale du commerce équitable (Fairtrade Labelling), a souligné qu’il était nécessaire de modifier la chaîne mondiale d’approvisionnement pour qu’elle profite aux pauvres.  La chaîne d’approvisionnement nous amène à l’ODD 8, a-t-elle dit avant de souligner la nécessité de prix abordables.  S’agissant de l’ODD 12.6, pour lequel le PNUE a recommandé un indicateur, elle a estimé qu’il faudrait lancer un processus de certification « commerce équitable » qui prenne en compte la pauvreté.  Réaliser les ODD c’est aussi « entendre et écouter les petits exploitants agricoles au plus haut niveau », a-t-elle conclu. 

M. CHARLES BADENOCH, de l’organisation Beyond 2015, s’est félicité que le processus de mise en œuvre des ODD ait vu une participation sans précédent.  Il a salué les efforts du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES) pour permettre un processus transparent et inclusif avec la participation de la société civile dans une architecture qui n’était pas prête à cela initialement. 

Mme CEMRE ULKER, représentante de Gazeteciler ve Yazarlar Vakfi (Fondation de journalistes et d’écrivains), a jugé insuffisante l’inclusion de l’égalité des sexes dans les ODD pour l’après-2015.  Il faudrait institutionnaliser la parité entre les sexes et remettre en cause les stéréotypes, a-t-elle dit, avant d’estimer que les ODD ne pourront pas être atteints tant que les compétences des femmes ne seront pas pleinement intégrées.  

M. MARC JOURDAN, Global Foundation for Democracy and Development, Inc., a défendu l’importance de l’économie verte pour l’inclusion de toutes les personnes dans le développement.  Il a mis l’accent sur l’importance du renforcement des capacités locales et de la participation de la société, ainsi que l’augmentation de la productivité locale dans la réalisation des ODD.

M. S.B. KARMAKAR, Président d’International Committee For Peace and Reconciliation, a dit qu’il faudrait tout faire pour parvenir à une société où la dignité de la personne humaine soit respectée, en particulier des plus pauvres.

Mme KAY FERREL, représentante d’International Council for Education of People with Visual Impairment, a estimé que les enfants mal voyants devraient bénéficier de services et d’une éducation adaptés à leur état, notamment des outils adaptés et un personnel enseignant bien formé pour tenir compte de leurs besoins particuliers.  Elle s’est dite préoccupée par l’ODD 4 qui, a-t-elle fait remarquer, ne peut être réalisé sans les autres ODD.  La représentante a recommandé une formation adéquate aux enseignants des enfants handicapés, l’accès des enfants mal voyants aux technologies de l’information et des communications, et l’accès à l’éducation pour permettre à tous les enfants mal voyants et handicapés de participer à la réalisation des ODD.

Mme MERCEDES RICHARDS, Fédération internationale de l’épanouissement de la famille, a souligné que la famille constituait le pilier pour l’édification d’une société.  Elle a rappelé le rôle essentiel de la famille pour appuyer l’éducation des enfants et au soutien des personnes âgées.  Elle a estimé que la famille était essentielle pour favoriser la mise en œuvre des ODD 1, 3, 4, 5 et 8.  Elle a ensuite souligné les activités de son organisation pour évaluer l’impact et la contribution des familles en matière de mise en œuvre des OMD.  

Mme MARGARET MINARD, Fédération internationale de femmes universitaires, s’est dite préoccupée par la lenteur des progrès en matière d’alphabétisation en Afrique subsaharienne.  Elle a jugé inadmissible que 700 millions de personnes ne savent toujours pas lire et que deux tiers d’entre elles sont des filles et des femmes.  Il est nécessaire, a-t-elle souligné, de changer les normes économiques qui relèguent les femmes à des tâches domestiques et de mener des campagnes d’éducation dans le cadre des ODD.

M. DANILO PARMIGIANI, Legiao da Boa Vontade, a estimé qu’il était important de favoriser l’éducation en tant que facteur clef de la promotion d’un développement durable pour assurer la prospérité.  Il a souligné également la nécessité d’assurer une éducation qui s’appuie sur la réalité et permette à nos enfants de combattre la pauvreté.  Il a estimé que l’altruisme était une révolution que chaque citoyen doit mener pour pouvoir réaliser les ODD.   

M. DARREL WEBBER, Secrétaire général de Roundtable on Sustainable Palm Oil, a salué l’ODD 12 sur l’instauration des modes de consommation et de production durables.  Pour sa mise en œuvre, il a invité les institutions du système des Nations Unies et les gouvernements pour assurer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 en général et de l’ODD 12 en particulier.

Mme RITA LUTHRA, Présidente de Women’s Health and Education Center, a demandé la création d’un fonds mondial pour la sélection des ONG afin qu’elles puissent participer efficacement à la réalisation des ODD.

Mme BETTE LEVY, Soroptimist International, a estimé qu’il faudrait améliorer et renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes afin d’encourager la participation des femmes aux ODD.  Elle a revendiqué des ressources spécifiques pour parvenir à la parité.  La représentante a rappelé que les ONG étaient des partenaires et non parties prenantes dans la réalisation des ODD.  Elle a défendu l’aptitude des ONG à collecter des données car, a-t-elle rappelé, elles sont proches des populations.

Mme NANCY WALLACE, Fédération mondiale pour la santé mentale, a rappelé que 80% des personnes qui souffrent de troubles mentaux avaient peu ou pas accès à des soins appropriés.  Elle a souhaité que les ODD reconnaissent les troubles mentaux en tant que questions transversales et intersectorielles.  Tout en se félicitant que l’ODD 3 aborde la question des troubles mentaux, elle a demandé que l’ONU envisage d’adopter deux indicateurs supplémentaires relatifs à ces troubles.

M. CORRADO FACCO, Confédération mondiale de la bijouterie, a mis l’accent sur les opportunités de partenariats dans les pays en développement où la bijouterie constitue une véritable opportunité d’emploi en contribuant à assurer la sécurité alimentaire ou encore la promotion de l’éducation.  « Nous travaillons aussi à ce que les membres de notre organisation respectent les meilleures normes de déontologie.  Parce que l’extraction minière peut avoir des effets dévastateurs, nous appelons aussi à l’adoption de normes environnementales, notamment en ce qui concerne l’élimination des déchets et la gestion de l’eau », a-t-il indiqué.

M. FAVID PEREZ, Corporativa de Fundaciones, a déclaré que les ODD offraient une opportunité unique pour que nous concentrions nos efforts sur de nouveaux partenariats, en rappelant que les organisations internationales ne peuvent, à elles seules, réaliser ces objectifs de développement.  Il faudrait garantir une représentation de la société civile en matière de mise en œuvre et de suivi aux niveaux national, régional et international, a-t-il insisté. 

Droit de réponse

Le représentant d’Israël a conseillé à son homologue de Bahreïn de se consacrer à la parité entre les hommes et les femmes, aux droits des travailleurs migrants et aux droits de l’homme au Bahreïn et à s’abstenir de critiquer Israël dans cette réunion qui, a-t-il rappelé, se concentre essentiellement au développement durable. 

Table ronde III: Dialogue avec les Secrétaires exécutifs des commissions régionales sur le thème « Assurer la transition vers les objectifs du développement durable: ce qui sera nécessaire au niveau régional »

Cette table ronde était présidée par M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président de l’ECOSOC, et animée par M. JUAN SOMAVÍA, Directeur de l’Académie diplomatique du Chili et ancien Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), qui a souligné l’appui et le savoir-faire qu’offrent les commissions régionales des Nations Unies aux États pour renforcer leurs capacités nationales.  Les trois thèmes retenus pour cette discussion étaient l’intégration équilibrée des trois dimensions du développement durable, la mobilisation des moyens de mise en œuvre, et le suivi efficace de cette mise en œuvre.

Abordant en particulier la question de l’intégration, Mme RIMA KHALAF, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a expliqué qu’il s’agit de la capacité à intégrer les trois dimensions du développement et à réaliser les 17 objectifs simultanément.  Elle a donc invité à faire le lien entre les différents secteurs économiques et entre les régions géographiques.  La CESAO a adopté l’approche NEXUS pour progresser sur les questions de développement, ainsi qu’un cadre de développement pour les pays et une approche régionale.  L’eau, l’énergie et l’alimentation sont des domaines sur lesquels elle travaille, ainsi que l’emploi et la protection sociale.  Mme Khalaf a parlé du Programme national de reconstruction en Syrie mené par la CESAO, qui tient compte de toutes les dimensions.  Des programmes similaires seront lancés pour la Libye et le Yémen, a-t-elle annoncé.  La Commission a aussi travaillé avec la Ligue des États arabes pour bâtir un cadre régional de développement, a-t-elle ajouté.  En outre, elle a cité le Projet 2030 pour le monde arabe qui vise à atteindre les objectifs de développement durable.

Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a regretté que les efforts ne se soient concentrés jusqu’à présent que sur les indicateurs purement économiques.  Il faudrait maintenant passer de politiques à court terme à des politiques à long terme.  Il faudrait utiliser des indicateurs qui prennent en compte les trois dimensions du développement durable, a-t-elle aussi conseillé.  L’être humain, a-t-elle estimé, doit être au cœur du développement durable.  Elle a aussi recommandé de mettre en œuvre le développement durable en même temps que des stratégies de croissance verte, comme le fait l’Asie qui est à la pointe de la technologie verte.  Cela exige des programmes nationaux bien articulés qui reposent sur une réelle volonté politique, a-t-elle cependant prévenu.  Elle a cité, à cet égard, les exemples du Kazakhstan, qui a lancé sa Stratégie 2050 pour mettre en place une économie durable, et du Pakistan qui a adopté une feuille de route 2025.  En Chine, une loi de 2012 encourage une meilleure gestion des déchets et davantage de recyclage, a-t-elle aussi indiqué.

Il faudrait avoir une vue d’ensemble et non pas sectorielle, a résumé le modérateur, avant de donner la parole à Mme ALICIA BÁRCENA, Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CELAC).  Celle-ci a appelé à faire un effort particulièrement important pour parvenir à cette intégration, en recommandant de mieux combiner les politiques et de procéder aux ajustements structurels nécessaires.  Il faudrait passer d’une culture des privilèges à celle de l’égalité, a-t-elle souhaité.  Elle a ainsi préconisé de s’engager vers une gouvernance naturelle des ressources pour arriver à la solidarité et l’égalité.  « Nous avons besoin d’établir des plans nationaux de développement et des systèmes nationaux de statistiques », a-t-elle ajouté.  À cette fin, les pays devraient s’appuyer sur les capacités et l’expérience des organes régionaux et internationaux chargés de ces questions.  Mme Bárcena a aussi souligné les avantages que présentent les forums du développement durable créés au sein des commissions régionales pour contribuer aux efforts.  Il faudrait ainsi établir un programme intersectoriel, a-t-elle conclu en soulignant la part que doivent jouer ces commissions dans la mise en œuvre post-2015.

Beaucoup a déjà été fait au niveau de l’Europe, a assuré M. CHRISTIAN FRIIS BACH, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Europe (CEE), en citant des initiatives lancées comme le Mécanisme de réduction de la pollution atmosphérique et le Comité des transports.  La santé et l’environnement sont d’autres domaines dans lesquels travaillent les pays de la région, avec notamment la mise en place de normes de construction de bâtiments et l’adoption de mesures en faveur de l’eau et des écosystèmes.  Il a fait valoir l’importance des données dans le suivi de ces mesures, ainsi que des mécanismes d’examen par les pairs.  Ces mécanismes sont très appréciés de nos États membres, a-t-il assuré.  M. Friis Bach a invité à consulter la Déclaration sur le programme de développement pour l’après-2015 et les objectifs de développement durable qui a été faite au nom de la région.

En ce qui concerne le continent africain, M. ABDALLA HAMDOK, Secrétaire exécutif adjoint pour la création de connaissances de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a mis l’accent sur les mécanismes de suivi qui seront adoptés.  Il a expliqué, à cet égard, que l’établissement de statistiques demeurait une des difficultés pour les pays de la région.  Certains pays n’ont pas procédé au recensement de leur population depuis 10 ou 20 ans, a-t-il notamment expliqué.  Il a ensuite parlé du mécanisme de coordination régionale qui est basé sur les priorités de l’Union africaine.  Par ailleurs, l’Afrique s’est dotée d’un mécanisme d’examen par les pairs, volontaire et mutuellement accepté par les pays africains, qui prévoit des normes claires.  Ce mécanisme permet un examen de haut niveau, c’est-à-dire par les chefs d’État et de gouvernement, a-t-il précisé.  Enfin, M. Hamdok a mentionné ce que fait le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui, a-t-il dit, sera utile à la mise en œuvre du nouveau programme.

Au cours de la discussion interactive, les délégations ont salué le rôle important des commissions régionales pour appuyer les efforts de développement menés par les pays, notamment la délégation du Kirghizistan qui fera demain sa présentation nationale volontaire dans le cadre de l’examen ministériel annuel.  « Sans étape régionale, il sera très difficile de passer à l’échelon mondial, a en effet fait remarquer la représentante du Mexique.

La représentante de la Fédération de Russie a salué, en particulier, la contribution des commissions régionales à la recherche de solutions collectives à des problèmes communs.  Elle a cependant souhaité que leur aide aux pays se cantonne aux aspects techniques.  Les présentations volontaires pourraient être faites devant les comités de ces commissions, avant d’être renvoyées au Forum politique de haut niveau, a-t-elle aussi suggéré.  Ceci a amené le représentant du Guatemala à dire qu’il faudrait sans doute augmenter les ressources mises à la disposition de ces commissions.  Cette question, a-t-il rappelé, intéresse en particulier la Cinquième Commission. 

Table ronde IV: « Mettre en œuvre un programme de développement pour l’après-2015 favorable aux pays les moins avancés »

En introduction à la discussion, la Présidente de la séance, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente de l’ECOSOC, a rappelé que l’ECOSOC avait été chargé par l’Assemblée générale d’examiner la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul sur les pays les moins avancés (PMA) qui couvre la décennie 2011-2020.  Elle a fait remarquer que ces pays sont ceux qui sont moins équipés pour réagir aux chocs externes, en citant notamment le cas de l’épidémie d’Ebola.  Elle a souhaité que le système de développement des Nations Unies soit bien préparé à appuyer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 dans les PMA.

Oratrice principale au cours de cette discussion, Mme ELLEN JOHNSON SIRLEAF, Présidente du Libéria, a fait remarquer que la réalisation des objectifs de développement durable sera une entreprise collective.  Indépendamment de la qualité du texte, la mise en œuvre sera la garantie du succès, a-t-elle prévenu.  Notant les difficultés qui se sont posées dans la poursuite des OMD, notamment en raison d’un manque d’indicateurs adéquats, elle a appelé à bien se préparer à cette mise en œuvre.  En 2000, le Libéria était toujours en proie à un conflit et n’avait pas participé à l’élaboration des OMD, a-t-elle rappelé, avant de faire part des progrès accomplis dans la mise en œuvre de quatre de ces objectifs, en particulier celui concernant l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes.  Le Libéria a, par exemple, adopté une loi sur la transparence de l’industrie extractive et une autre sur la liberté de la presse.

La Présidente du Libéria a ensuite parlé de l’épidémie d’Ebola qui a mis un frein à ces efforts, en signalant que, selon la Banque mondiale, l’impact financier avait dépassé 1 milliard de dollars pour 2014.  Pour cette année, on s’attend à une réduction de moitié de la croissance économique, a-t-elle regretté.  Notant que les PMA étaient particulièrement vulnérables aux catastrophes liées à la santé publique, elle a demandé d’aider ces pays à relever les défis.  Mme Johnson Sirleaf a conseillé aux partenaires des PMA de mettre l’accent en particulier sur le développement des capacités et des infrastructures, sur l’accès aux énergies modernes, ainsi que sur les capacités de gestion publique.  Il faudrait aussi appuyer les institutions financières et de statistiques, a-t-elle ajouté.  En ce qui concerne les politiques à adopter par les pays, elle a recommandé de mettre en place un meilleur système de collecte des impôts et de libéraliser le commerce pour faciliter les investissements.  Enfin, Mme Johnson Sirleaf a misé sur les résultats de la Conférence sur le financement du développement qui s’ouvrira lundi, 13 juillet, à Addis-Abeba.

L’animatrice de la discussion, Mme MICHÈLE MONTAS, Journaliste indépendante du secteur audiovisuel, ancienne Porte-parole du Secrétaire général, Ban Ki-moon, et ancienne Directrice générale de Radio Haïti Inter, a invité à faire le bilan des 15 dernières années, en examinant les résultats inégaux atteints dans la poursuite des OMD, pour mieux se préparer à atteindre les objectifs de développement durable.

S’il y a eu des progrès à l’échelle mondiale et dans certains PMA, a fait remarquer M. GYAN CHANDRA ACHARYA, Secrétaire général adjoint et Haut-Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), les PMA restent toujours à la traine.  Les intérêts de ces pays doivent donc être au cœur des préoccupations, a-t-il demandé, en faisant le lien entre le Programme d’action d’Istanbul, adopté en 2011, et les objectifs de développement durable.  Il a invité à passer à la phase suivante en renforçant les capacités de ces pays, notamment en matière de statistiques.  Ceux-ci devront, de leur côté, intégrer les objectifs dans leurs stratégies nationales.  Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, renforcer les mécanismes de suivi dans les PMA.  Il a en outre recommandé de quantifier les investissements à faire dans les différents secteurs pour optimiser la mise en œuvre.  Après avoir parlé des moyens à mettre en œuvre pour renforcer la résilience face aux catastrophes, notamment sanitaires comme l’épidémie d’Ebola, M. Acharya a souhaité que les pays développés augmentent l’aide publique au développement (APD).

M. BRUCE LEHMAN, Président de l’Institut international de la propriété intellectuelle et membre du Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur la banque de technologies pour les PMA, a illustré l’importance du transfert de compétences en citant le cas de la transmission du virus d’Ebola à deux infirmières aux États-Unis: si l’hôpital texan avait suivi le protocole suivi au Libéria, cela ne se serait pas produit, a-t-il expliqué en faisant remarquer que le transfert de compétences doit se faire aussi des pays en développement vers les pays développés.  Il a ensuite parlé du projet de création d’une banque de technologies pour les PMA qui aurait trois composantes, dont une banque de brevets.  Celle-ci existe déjà en quelque sorte puisque tous les brevets déposés dans le monde sont disponibles en ligne.  Mais cette banque de brevets aurait l’avantage de rendre les brevets disponibles pour les pays en développement.

Répondant à une question de la représentante du Royaume-Uni au cours de l’échange interactif, M. Lehman a indiqué que le rapport du Groupe de haut niveau sur la banque de technologies pour les PMA serait prêt à la mi-août.  Au représentant de la Colombie qui s’interrogeait sur le rôle du système de développement des Nations Unies pour accélérer les progrès dans les PMA, il a précisé que la banque des technologies pourrait avoir des branches régionales.  Le Haut-Représentant pour les PMA a aussi souligné le rôle important des commissions régionales.

Quels seraient les coûts d’accès aux technologies par le biais de la future banque? a demandé pour sa part le représentant de la CESAP.  M. Lehman a précisé que si les technologies sont gratuites, leur accès nécessite la participation de ceux qui en ont les droits, ce que la banque permettrait de faciliter.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: examen de la situation au Burundi, marquée par un climat de peur et des restrictions aux libertés en marge des élections du 29 juin et du 15 juillet

7482e séance – matin
CS/11963

Conseil de sécurité: examen de la situation au Burundi, marquée par un climat de peur et des restrictions aux libertés en marge des élections du 29 juin et du 15 juillet

Dix jours après les élections communales et législatives tenues le 29 juin, et à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle du 15 juillet, le Conseil de sécurité a examiné la situation au Burundi, marquée par « un climat de peur et d’angoisse », selon les termes employés par le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun, qui présentait aux membres du Conseil le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Burundi. 

Au cours de la présentation de ce document, qui traite principalement des actions de la Mission électorale des Nations Unies au Burundi (MENUB), le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques a notamment souligné les « restrictions imposées aux libertés de déplacement et de mouvement et aux autres libertés publiques qui ont marqué le déroulement de la campagne électorale », en estimant que l’environnement général qui a prévalu au cours de cette campagne ne prêtait pas à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles.  M. Zerihoun a estimé que « le Burundi est à nouveau au bord du gouffre », avant de demander au Gouvernement burundais de protéger la vie de tous les citoyens, et d’exhorter l’opposition à désavouer les actes de violence et à participer au dialogue politique. 

Intervenant dans le débat en vidéoconférence depuis Genève, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), s’est inquiété de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Burundi en indiquant que son Bureau avait documenté 300 arrestations arbitraires, des douzaines d’exécutions extrajudiciaires, la fermeture de la majorité des agences de presse, sans oublier les intimidations et les harcèlements à l’égard des militants politiques et des défenseurs de droits de l’homme qui s’opposent à la candidature du Président Nkurunziza pour l’obtention d’un troisième mandat à la tête de l’État. 

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a estimé que la crise déclenchée par la décision du Président sortant Pierre Nkurunziza de solliciter un troisième mandat à la tête du Burundi a miné des décennies de progrès constants dans la construction d’institutions démocratiques au Burundi et porte un coup aux précieux gains accumulés par le pays en matière de développement et dans l’éveil d’une conscience nationale commune.  Il a regretté que le Gouvernement burundais ait décidé d’ignorer tous les signaux d’alerte et ait maintenu la tenue des élections locales et législatives à la date du 29 juin, malgré les appels de la communauté internationale, du Secrétaire général de l’ONU, de la Communauté d’Afrique de l’Est, de l’Union africaine, et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs. 

Le Haut-Commissaire a également rappelé que depuis la suspension du dialogue politique, il n’existe plus de forum officiel de discussion entre les différents responsables et têtes de proue politiques du pays. 

En outre, la Communauté d’Afrique de l’Est a adopté quatre recommandations, dont celles ayant trait au report de l’élection présidentielle au 31 juillet, à la désignation du Président de l’Ouganda comme facilitateur du dialogue politique, à la formation d’un gouvernement d’union nationale, et à l’envoi d’observateurs internationaux et régionaux et au désarmement des groupes armés, a ensuite souligné M. Zerihoun, qui a indiqué que le Gouvernement du Burundi s’était dit prêt à examiner ces recommandations, mais que l’opposition s’est à elle déclarée déçue par la déclaration de la Communauté, dont elle a estimé la portée trop courte et les recommandations insuffisantes.

« Avec un taux de participation de 75%, le peuple burundais s’est exprimé, et l’on devrait respecter son expression », a de son côté estimé le représentant du Burundi en prenant la parole.  Il a ajouté que la participation de la population aux élections a été « massive, libre, transparente, apaisée » et qu’elle a constitué un témoignage éloquent de la volonté du peuple burundais de « renouveler les institutions du pays par la voie des urnes ».  Le représentant a également tenu à préciser que « c’est dans le respect des droits civils et politiques que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Burundi a attribué la répartition des suffrages ». 

Alors que le Haut-Commissaire aux droits de l’homme avait estimé dans sa déclaration que les flots massifs de réfugiés burundais sont le résultat de campagnes ciblées de terreur et d’intimidation menées contre certaines franges de la population, le représentant du Burundi a estimé que les déplacements de populations n’étaient dus qu’a l’impact de rumeurs infondées.  « D’ailleurs, c’est ce qu’ont compris les 40 000 réfugiés qui ont décidé de rentrer au Burundi », a-t-il argué en regrettant que ces retours de réfugiés n’aient pas été mentionnés par le Haut-Commissaire aux droits de l’homme. 

Pour illustrer son propos, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme avait noté au cours de sa présentation que des entretiens menés auprès des réfugiés burundais se trouvant aujourd’hui en République démocratique du Congo (RDC), en Tanzanie et au Kenya, montrent que ces réfugiés désignent tous les milices Imbonerakure comme étant les principales responsables des menaces et des violences qu’ont fui les populations. 

Réagissant aux propos du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, le représentant du Burundi a jugé contreproductif de « singulariser un groupe en particulier » avant d’appeler à « accélérer le désarmement de la population civile, de tous les groupes, et de tous les partis politiques sans exception ».  Il a aussi appelé à trouver des alternatives professionnelles pour les jeunes impliqués dans l’agitation politique « pour qu’ils puissent travailler, au lieu de se lancer dans la violence dans l’espoir de trouver des postes politiques ». 

 

LA SITUATION AU BURUNDI

Rapport du Secrétaire général sur la Mission électorale des Nations Unies au Burundi (S/2015/510)

Présentation du rapport et déclarations

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a déclaré que le rapport du Secrétaire général sur la Mission électorale des Nations Unies au Burundi (MENUB) donne une vue générale de la situation politique et sécuritaire qui a prévalu jusqu’aux élections législatives et communales et des activités de la MENUB et d’autres organes de l’ONU au Burundi.  La MENUB a estimé que la période qui a précédé les élections a contribué à la création d’un climat de peur et d’angoisse.  Des restrictions de mouvements et des libertés publiques ont marqué la campagne électorale.  

M. Zerihoun a ajouté que les observateurs de la MENUB ont été présents dans 145 bureaux de vote et ont ensuite indiqué que le vote a été régulier dans les bureaux de vote où étaient présents les observateurs internationaux.  Dans l’ensemble du pays, l’environnement général de la campagne électorale ne prêtait pas à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles, a ajouté le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques.  L’Union africaine et d’autres observateurs régionaux et internationaux ont exprimé les mêmes préoccupations, a-t-il précisé.

Pour sa part, a poursuivi M. Zerihoun, le Gouvernement du Burundi a assuré que les élections se sont déroulées de manière démocratique, et a estimé que le taux de participation avait été élevé, et atteint environ 75%.  Les résultats des élections législatives se répartissent comme suit, a indiqué M. Zerihoun en citant les chiffres transmis par les autorités burundaises: 77 sièges sont allés au parti CNDD-FDD, 21 sièges à la coalition de l’opposition et 2 sièges à l’UPRONA.  Vingt et un autres sièges seront répartis entre les représentants des groupes de femmes, et pour préserver l’équilibre entre les Hutu, les Tutsis et les Batwa, conformément aux Accords d’Arusha, a précisé le Sous-Secrétaire général.

Concernant l’élection présidentielle, il a rappelé la recommandation qui a été faite par la Communauté d’Afrique de l’Est de reporter sa tenue au 31 juillet, tout en indiquant que les préparatifs du scrutin se poursuivent, avec notamment le début de l’impression des bulletins de vote sur lesquels figurent les noms des huit candidats.  M. Zerihoun a mis l’accent sur la persistance des tensions politiques au Burundi avant le prochain scrutin présidentiel.  Il a évoqué la détérioration de la situation des droits de l’homme, des droits relatifs à la liberté de réunion et d’expression, et a déclaré que les actes d’intimidation étaient fréquents dans le pays. 

Il a également dit que depuis la suspension du dialogue politique, il n’existe plus de forum officiel de discussion entre les différents responsables et têtes de proue politiques du pays.  En outre, la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) a adopté quatre recommandations, dont celles ayant trait au report de l’élection présidentielle au 31 juillet, à la désignation du Président de l’Ouganda comme facilitateur du dialogue politique, à la formation d’un gouvernement d’union nationale, et à l’envoi d’observateurs internationaux et régionaux et au désarmement des groupes armés.  M. Zerihoun a indiqué que le Gouvernement du Burundi s’est dit prêt à examiner ces recommandations, mais que l’opposition s’est déclarée déçue par la déclaration dont elle estime la portée trop courte et les recommandations insuffisantes.

Le Burundi est à nouveau au bord du gouffre, a estimé M. Zerihoun qui a demandé au Gouvernement de protéger la vie de tous les citoyens, tout en exhortant l’opposition à désavouer les actes de violence et à participer au dialogue politique. 

Intervenant par vidéoconférence depuis Genève, M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), s’est inquiété de la détérioration de la situation des droits de l’homme au Burundi.  « Les violences motivées politiquement et l’histoire des atrocités qu’a connues le pays par le passé devraient nous alerter sur le potentiel qu’a la crise au Burundi de devenir extrêmement grave », a-t-il dit avant de noter que 145 000 personnes ont quitté leurs foyers à travers le pays pour se réfugier ailleurs.  Le rythme des déplacements de populations s’est accru ces derniers jours, a prévenu M. Al Hussein.  « Ce que le peuple nous dit, c’est qu’il craint que le pays soit au bord d’une violence dévastatrice », a averti le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  « Les risques qui se posent à la vie humaine, à la stabilité régionale et au développement sont immenses », a insisté M. Al Hussein, en ajoutant que la crise déclenchée par la décision du Président Pierre Nkurunziza de solliciter un troisième mandat à la tête de l’État burundais a miné des décennies de progrès constants dans la construction d’institutions démocratiques au Burundi et porte un coup aux précieux gains accumulés par le pays en matière de développement et dans l’éveil d’une conscience nationale commune.  Au cours des six derniers mois, des membres des partis d’opposition, des activistes de la société civile et des personnalités des média, qui ont appelé le Président à respecter l’Accord d’Arusha, ont été victimes d’intimidations, de harcèlement et de détentions arbitraires, a noté le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  

Il a dit que des manifestations pacifistes ont été réprimées avec une violence inadmissible, ceci en contradiction avec les obligations qui incombent au Burundi au regard du droit national et international.  Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a, à cet égard, évoqué des cas d’arrestations arbitraires, de tortures, de mauvais traitements et même d’exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu au Burundi depuis le début de la crise, et a noté que ces actes n’ont pas fait l’objet d’enquêtes, de poursuites ou de sanctions. 

Le Gouvernement burundais a décidé d’ignorer ces signaux d’alerte en maintenant la tenue des élections locales et législatives le 29 juin, malgré les appels de la communauté internationale, du Secrétaire général de l’ONU, de la Communauté d’Afrique de l’Est, de l’Union africaine, de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, qui ont exhorté les autorités burundaises à reporter ces élections pour permettre l’instauration d’un dialogue, a regretté M. Al Hussein.  Il a estimé que les élections locales et législatives qui ont été boycottées par les partis d’opposition ont eu lieu dans une atmosphère qui était loin d’être propice à la tenue d’élections libres, transparentes et équitables. 

Relatant la visite qu’il a effectuée au Burundi au mois d’avril 2015, M Zeid Ra’ad Al Hussein a dit avoir noté toute l’étendue d’un niveau de violence alarmant, attribué aux milices Imbonerakure, qui sont liées au parti du Président Nkurunziza.  S’appuyant sur les recommandations du troisième Sommet des chefs d’État de la Communauté d’Afrique de l’Est, le Chef du HCDH a exhorté le Gouvernement burundais à désarmer les Imbonerakure.  Il a exhorté le Président de la République, les partis politiques, les militaires et les policiers à placer le bien-être du Burundi et des Burundais au-dessus de leurs ambitions et intérêts particuliers. 

M. Al Hussein a indiqué que le HCDH avait documenté des douzaines d’assassinats au cours de ces deux derniers mois, la plupart d’entre eux concernant des manifestants et défenseurs des droits de l’homme, abattus par des miliciens Imbonarakure et des membres des forces de sécurité.  Il a particulièrement souligné l’assassinat, le 26 mai dernier, d’un dirigeant de l’opposition particulièrement actif, Zedi Feruzi, et il est revenu sur la tentative d’assassinat de l’épouse d’un autre militant de l’opposition.  Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a indiqué que des membres des forces de l’ordre et de la milice Imbonerakure ont aussi été tués. 

Il a déclaré que les flots massifs de réfugiés ne sont pas le résultat de la circulation de rumeurs, mais de campagnes soigneusement ciblées de terreur et d’intimidation.  Illustrant son propos, le Haut-Commissaire a dit que des entretiens menés auprès des réfugiés burundais se trouvant aujourd’hui en République démocratique du Congo (RDC), en Tanzanie et au Kenya, montrent que ces réfugiés désignent tous les milices Imbonerakure comme étant la principale source des menaces et des violences qu’ils ont fuies, même si un fait nouveau, et inquiétant, est que d’autres groupes commencent aux aussi à recourir à la violence.  

M. Zeid Ra’ad Al Hussein a dit que son Bureau avait identifié 300 cas d’arrestations arbitraires, suivies de nombreux cas de tortures ou de mauvais traitements.  Une répression sévère a conduit à la fermeture de la plupart des agences de presse et des journaux et radios privés.  Un grand nombre de journalistes et de défenseurs de droits de l’homme ont fui par peur de représailles, et depuis peu, des membres clefs du parti au pouvoir du Président Nkurunziza et de son gouvernement ont aussi fui le pays. 

De fréquentes attaques à la grenade et des campagnes d’intimidation menées par les milices Imbonerakure ont créé une ambiance de panique.  De nombreux gains institutionnels et les libertés publiques sont mis sous l’éteignoir; des écoles sont fermées, et l’impact de la crise inclut une épidémie de choléra parmi les Burundais réfugiés en Tanzanie, a dit le Haut-Commissaire. 

Depuis 1960, des cycles répétés de violence incontrôlable ont dévasté le Burundi.  Même si toutes les communautés du pays parlent la même langue et vivent ensemble depuis des siècles, ces spasmes récurrents au cours des dernières décennies ont donné naissance à un climat de méfiance, d’amertume et de réflexes basés sur la violence. 

Le Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide, M. Adama Dieng, a noté le risque qui existe de voir la crise politique dériver vers une crise marquée par l’accomplissement de crimes de masse atroces qui auraient des conséquences sur la stabilité régionale, a indiqué le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Il a dit que le peuple du Burundi espère que le Conseil de sécurité saura faire preuve d’autorité pour trouver une solution politique à cette crise.  « Je vous demande d’utiliser votre influence pour essayer de restaurer le sens des responsabilités dans le cœur et l’esprit des acteurs clefs de la scène politique et sociale du Burundi », a déclaré M. Zeid Ra’ad Al Hussein en appelant le Conseil à être clair et à faire comprendre à tous les Burundais qu’il y aura une application sans faille de l’obligation de redevabilité contre toutes les violations des droits de l’homme qui ont été commises au cours des six derniers mois.  La justice devra être rendue afin que le Burundi puisse retrouver le chemin de l’état de droit, de la démocratie, de la stabilité, de la paix et de la confiance, a-t-il insisté.  

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a dit que la délégation du Burundi désapprouvait certains passages de l’exposé de ce matin sur la situation au Burundi, avant de préciser que le rapport dont est saisi le Conseil de sécurité couvre la période précédant les élections du 29 juin.  Il a déclaré que l’accusation selon laquelle la police nationale du Burundi a usé de manière excessive de la force n’était pas valable, « car un des acteurs du putsch avorté du 15 mai 2015, un certain Ngendakumana Léonard, vient de revendiquer publiquement toutes les attaques à la grenade et toutes les violences perpétrées contre les policiers et la population civile pendant l’insurrection et après le putsch pour torpiller les élections ».  Le représentant a dit que cette revendication a été faite par l’entremise d’une chaine de télévision kényane, KTN, et a été reprise par plusieurs autres chaînes d’information occidentales comme Radio France internationale (RFI), et les télévisions TV5 et Deutsche Welle.  Dans ce contexte, il a souhaité que la communauté internationale « demande l’arrêt de ces putschistes dans les pays qui les hébergent ».

À la veille des élections législatives et communales du 29 juin, le Gouvernement du Burundi avait un choix difficile à faire entre reporter les élections en acceptant de tomber dans un vide constitutionnelle avec tous les risques que cela représente, ou alors de les maintenir, a poursuivi le représentant.  Il a expliqué que la logique adoptée par le Gouvernement était de maintenir la tenue de ces élections, dans le respect de la loi fondamentale de 2005.  Il a dit que les élections ont eu lieu dans le calme, et que tous les observateurs nationaux et régionaux, surtout ceux des pays voisins du Burundi, ont émis des rapports d’appréciation.  « Une seule mission a émis des doutes pour des raisons que tout le monde connait », a ensuite déclaré le représentant du Burundi. 

« Avec un taux de participation de 75%, le peuple burundais s’est exprimé, et l’on devrait respecter son expression », a dit le représentant du Burundi en ajoutant que la participation aux élections a été massive, libre, transparente apaisée et qu’elle a constitué un témoignage éloquent de la volonté du peuple de « renouveler les institutions du pays par la voie des urnes ».  « C’est dans le respect des droits civils et politiques que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a attribué la répartition des suffrages, a-t-il souligné.

S’agissant des résultats des législatives, le représentant a dit que, selon le rapport de la CENI rendu public mardi le 7 juillet 2015, le parti au pouvoir, le CNDD-FDD a remporté 77 des 100 sièges et l’Uprona, un parti de l’opposition en a décroché deux.  La coalition de l’opposition des Indépendants de l’Espoir, « dirigée par les opposants radicaux Agathon Rwasa et Charles Nditije », a quant à elle obtenu 21 sièges, a annoncé le représentant.  

Il a déclaré que le Burundi restait très engagé à créer des conditions favorables au retour propice des réfugiés, tout en regrettant que « le Haut-Commissaire aux droits de l’homme n’ait pas mentionné la réalité du retour de plus de 40 000 réfugiés au Burundi qui ont vite compris que les rumeurs ayant provoqué leur départ n’étaient pas fondées ».

« Nous devons accélérer le désarmement de la population civile qui se trouve dans tous les partis et tous les groupes », a poursuivi le représentant du Burundi avant d’appeler « à renforcer le secteur privé pour offrir des opportunités aux jeunes ».  « Il faut trouver des alternatives professionnelles pour les jeunes impliqués dans l’agitation politique, au lieu de se lancer dans la violence dans l’espoir de trouver des postes politiques. »  Réagissant aux propos du Haut-Commissaire aux droits de l’homme, qui, a-t-il estimé, « a stigmatisé un groupe en particulier », il a dit que « singulariser un groupe en particulier était contreproductif ». 

Pour ce qui est du dialogue interburundais, le représentant a dit que l’Union africaine était appelée à soutenir les initiatives sous-régionales en laissant la conduite des efforts aux acteurs sous-régionaux de la Communauté de l’Afrique de l’Est.  Il a insisté qu’il appartenait à la Communauté d’Afrique de l’Est de prendre la direction du dialogue interburundais, ceci conformément au dernier communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine qui invite la Présidente de la Commission de l’Union africaine à initier immédiatement des consultations pour l’opérationnalisation de la facilitation internationale, sous les auspices de la CAE. 

Avant de conclure son intervention, le représentant du Burundi a rappelé les grands défis qui attendent le prochain gouvernement issu des élections de 2015, citant notamment la poursuite du programme de désarmement de la population civile, et en particulier celui des jeunes affiliés aux partis politiques, ainsi que le renforcement du secteur privé pour qu’il puisse créer des emplois pour les jeunes.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Les débats de haut niveau de l’ECOSOC et du Forum politique s’achèvent avec la promesse d’un programme de développement post-2015 centré sur l’humain

Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
44e et 45e séances - matin et après-midi
ECOSOC/6712

Les débats de haut niveau de l’ECOSOC et du Forum politique s’achèvent avec la promesse d’un programme de développement post-2015 centré sur l’humain

L’ECOSOC lance son dernier examen ministériel annuel avant la relève du Forum politique qui assurera à l’avenir le suivi des objectifs de développement durable

En adoptant, cet après-midi, une Déclaration ministérielle, le Conseil économique et social (ECOSOC) et le Forum politique de haut niveau sur le développement durable ont achevé leurs sessions de haut niveau.  Par ce texte, ils ont exprimé leur détermination à élaborer, pour les 15 prochaines années, un programme de développement qui soit « solide, ambitieux, inclusif » et « centré sur l’humain ».  Le programme de développement pour l’après-2015, ont déclaré les ministres, « sera fondé sur les bases jetées et l’expérience acquise durant le processus des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en vue de mener à bien les tâches inachevées et de relever les nouveaux défis ».

La Déclaration ministérielle est l’aboutissement du Débat de haut niveau de la session de 2015 de l’ECOSOC et de la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, convoqué sous les auspices de l’ECOSOC.  Ces deux sessions, tenues en parallèle, avaient respectivement pour thème « Comment assurer la transition des OMD à ceux du développement durable? » et « Renforcer l’intégration, la mise en œuvre et le suivi: le Forum politique de haut niveau pour le développement durable après 2015 ».

Les OMD ont défini une « vision commune » et permis des « progrès remarquables », ont noté les ministres dans la Déclaration en se félicitant aussi des progrès accomplis dans les processus de préparation à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra la semaine prochaine à Addis-Abeba.  Il a ainsi été décidé qu’un résumé des délibérations des débats de haut niveau serait publié, à titre exceptionnel et sans créer de précédent, pour contribuer à cette Conférence.

Les ministres ont également salué les progrès accomplis dans les négociations intergouvernementales sur le programme de développement pour l’après-2015.  Ce programme, qui doit être adopté lors du sommet de l’ONU en septembre prochain, fixera 17 objectifs et 169 cibles assortis d’indicateurs précis pour mesurer les progrès dans leur réalisation.  « Ce sont de bons objectifs », a affirmé le Conseiller spécial auprès du Secrétaire général pour les OMD, M. Jeffrey Sachs, en conseillant aux gouvernements de les mémoriser pour mieux se les approprier.

À l’occasion de la clôture de la Réunion de haut niveau du Forum, l’un des cofacilitateurs des négociations sur ce programme, l’Ambassadeur Macharia Kamau, du Kenya, a souligné que les enjeux du programme étaient immenses.  C’est pourquoi, il est important de se doter des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs fixés, ce que devront prévoir les chefs d’État et de gouvernement lors du sommet de septembre prochain.  Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Mohamed Khaled Khiari, a souligné, à cet égard, la détermination des délégations à ne laisser personne de côté.

Au cours de la table ronde organisée ce matin par le Forum, les délégations ont réfléchi à ce qu’elles avaient appris de l’analyse et du suivi des progrès réalisés en faveur des OMD, en vue d’assurer une mise en œuvre efficace des futurs objectifs de développement durable.  Les intervenants ont insisté sur la responsabilisation et la transparence dans cette mise en œuvre.  Un autre message fort exprimé ce matin, et tout au long de ces trois jours de débats, a porté sur la nécessité d’inclure tous les acteurs de la société civile, ainsi que les organisations régionales et les autorités locales, dans les efforts de mise en œuvre du futur programme de développement.

Réaliser les objectifs de développement durable exigera en outre des ressources, technologies et capacités suffisantes.  C’est sur ce sujet qu’ont débattu les participants au Forum dans l’après-midi.  La collecte par les gouvernements de données vérifiées et ventilées a été perçue comme un outil fondamental de la mise en œuvre.  « Google en sait plus que vous sur vos pays », leur a lancé M. Sachs en guise de motivation.

La journée s’est achevée avec le témoignage dynamique d’une jeune chinoise ayant émigré aux États-Unis qui, malgré tous les obstacles liés à son appartenance à une minorité, a réussi à fonder une société alors qu’elle était encore étudiante.  Son message a été le suivant: pour parvenir à réaliser ses objectifs, il ne faut pas hésiter à prendre des risques et il faut savoir convaincre les futurs partenaires.

L’ECOSOC, qui a poursuivi aujourd’hui son Débat de haut niveau, a aussi ouvert son dernier examen ministériel annuel avant la relève que prendra le Forum politique qui assurera à l’avenir le suivi des objectifs de développement durable.  Cet examen, qui se déroulera au cours des deux prochains jours, permettra d’entendre les présentations du Kirghizistan, de la Mongolie, des Philippines et de la Zambie.  Il se penchera également, cette année, sur la mise en œuvre du Programme d’action pour les pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020.

L’ECOSOC poursuivra donc l’examen ministériel annuel demain, jeudi 9 juillet, à partir de 10 heures.  Il achèvera, dans l’après-midi, son débat de haut niveau.

Suite du débat général

Mme DAMIRA NIYAZALIEVA, Vice-Premier Ministre du Kirghizistan, a annoncé que son pays présentera prochainement son plan de transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) aux objectifs de développement durable (ODD) qui tiendra compte des spécificités du pays et de l’avis de toutes les parties prenantes.  C’est un instrument de responsabilisation des acteurs de développement qui n’oubliera pas les recommandations des autres conférences internationales comme celles sur la réduction des risques de catastrophe de Sendai et le financement du développement d’Addis-Abeba.  Le Gouvernement prévoit aussi un mécanisme de coordination des actions et des partenariats et juge indispensable, en la matière, de renforcer le rôle des parlements.  À cet égard, les composantes mondiales et régionales sont tout aussi importantes pour trouver des solutions communes à des problèmes communs.  La collecte des statistiques et le recours aux technologies de l’information et des communications (TIC) sont cruciaux.

Mme MARÍA LUISA NAVARRO, Vice-Ministre des affaires multilatérales et de la coopération du Panama, a souligné l’importance du renforcement des capacités, notamment pour les pays à revenu intermédiaire.  Le Panama a proposé la création de deux pôles: un pôle régional pour renforcer la coordination des agences des Nations Unies présentes dans la région et un deuxième pôle sur les moyens logistiques en vue de renforcer la réponse aux catastrophes dans des régions vulnérables comme l’Amérique latine.  La coopération internationale est « essentielle » pour une réalisation effective des ODD, a insisté la représentante.

Mme RITA SCHWARZELÜHR-SUTTER, Secrétaire d’État parlementaire auprès du Ministre fédéral de l’environnement, de la préservation de la nature, du bâtiment et de la sécurité nucléaire de l’Allemagne, a voulu que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable ait les moyens de son ambition. En septembre, l’Assemblée générale doit se mettre d’accord sur l’architecture du suivi du programme post-2015 mais elle doit en laisser les détails aux États et aux régions.  Le Forum politique devrait être l’« apex » du processus d’examen et de suivi aux niveaux national, régional et mondial.  Ces processus ne devraient pas seulement servir à s’informer sur la mise en œuvre des objectifs fixés mais aussi permettre aux États de partager leurs meilleures pratiques, les enseignements qu’ils ont tirés de leur expérience et les défis qu’ils ont identifiés.  Les gouvernements sont comptables de leurs actes, d’abord et avant tout devant leurs citoyens.  À cet égard, les processus de suivi nationaux devraient impliquer la société civile.  Les régions quant à elles devraient être autorisées à choisir le forum le plus approprié pour les échanges d’expériences et dans certains cas, les commissions régionales de l’ONU pourraient être les fora idoines.  Pour le Secrétaire d’État, les États devraient participer au moins deux fois aux processus d’examen d’ici à 2030. 

Mme KAZUYUKI NAKANE, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, a soutenu que les recommandations de la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe pourront apporter une contribution utile à la réalisation des ODD.  La Vice-Ministre est revenue sur la proposition de son pays de proclamer le 5 novembre « Journée internationale des tsunamis ».  Elle a invité les États Membres à adopter cette proposition qui sera soumise à l’Assemblée générale en novembre prochain. 

M. PEIMAN SAADAT, Directeur général pour l’environnement et le développement durable de la République islamique d’Iran, a déclaré que pour réaliser les ODD, il faut être « uni ».  Nous devrons nous focaliser sur l’élimination de l’extrême pauvreté.  Nous ne pouvons pas non plus nous contenter de traiter les symptômes du sous-développement.  Nous avons besoin d’un partenariat véritable et d’un accès équitable aux moyens de mise en œuvre.  Il a appelé à un Forum politique « fort et visionnaire » pour soutenir le programme de développement pour l’après-2015.  Il a aussi voulu que l’on laisse aux gouvernements la marge de manœuvre politique nécessaire pour adapter les ODD aux réalités nationales.

M. TONY PIPA, Coordonnateur spécial pour le programme de développement pour l’après-2015 (États-Unis), a insisté sur la transparence dans la planification de la transition des OMD aux ODD.  Jetons un regard neuf sur les discussions du Forum et demandons-nous si les tables rondes sont vraiment le meilleur moyen de parvenir à des discussions de fond.  Le Forum, a estimé le représentant, devrait se focaliser sur l’identification des meilleures pratiques, des tendances et défis nouveaux et du renforcement de l’interface politique-sciences.  L’idée que le Forum soit la plateforme d’une conversation avec la communauté scientifique est à saluer.  La société civile doit être ici avec nous, a poursuivi le représentant qui a appuyé l’idée que les rapports nationaux de mise en œuvre alimentent les analyses régionales qui, à leur tour, viendraient informer le Forum.  Il a appelé à des directives qui seraient suffisamment souples pour gérer les différentes structures gouvernementales.  Un rapport « concis et substantiel » sur le développement durable dans le monde devrait être la base des discussions du Forum où des plateformes consacrées aux données faciliteraient la prise de décisions informées.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a dit que comme nous n’avons pas terminé avec les OMD, il faut les intégrer aux ODD.  La transition vers ces ODD doit se focaliser sur la lutte contre l’extrême pauvreté, le fossé numérique, le renforcement des capacités et le financement du développement.  Il faut aider les pays en développement notamment les pays à revenu intermédiaire à accéder aux prêts concessionnels.  Il faut aussi un partenariat renforcé entre les gouvernements et le secteur privé.  La justice et l’équité seront essentielles, surtout dans les contextes postconflit. 

M. IBRAHIM OMAR DABBASHI (Libye) a mis en évidence l’importance du processus intergouvernemental et de la coopération régionale et sous-régionale dans la mise en œuvre du nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Il a tout particulièrement souligné le rôle que peut jouer la technologie, en insistant sur la nécessité d’instaurer un mécanisme de transfert des technologies afin que l’ensemble des pays, dont les pays en développement, puissent faire face aux défis.  Dans certains pays en développement, a-t-il ajouté, le retour à la stabilité et à la sécurité sont des facteurs essentiels pour remettre sur les rails les efforts en faveur du développement.  Il a émis l’espoir que les Nations Unies, à travers leur Mission d’appui en Libye (MANUL), pourront continuer à soutenir les efforts de la Libye à la fois dans le domaine de la reconstruction, du développement et de la lutte contre la corruption.

M. KELEBONE ALBERT Maope (Lesotho) a davantage insisté sur le rôle majeur que va endosser le Forum politique dans l’examen et le suivi de la mise en œuvre du nouveau programme de développement.  Il a mis en évidence la nécessité d’adopter une approche intégrée dans ce processus d’examen et de suivi et s’est, de facto, félicité du fait que la structure institutionnelle du développement durable ait été renforcée par la création du Forum.  Il a cependant estimé que le Forum devrait s’inspirer des enseignements tirés par la Commission du développement durable et concevoir des stratégies appropriées concernant son mandat.

Mme KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a également affirmé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable devait avoir une vision claire pour les 3 à 5 années à venir, c’est-à-dire à court et moyen termes.  La représentante a estimé que les travaux du Forum devaient être renforcés par les rencontres et les grands rendez-vous du Conseil économique et social (ECOSOC), de la Banque mondiale, des commissions régionales de l’ONU ou d’autres partenaires, tels que l’Union africaine ou l’Union européenne.  Elle a aussi insisté sur le fait que les différentes situations rencontrées par les pays en matière de développement exigent la collecte de statistiques adéquates et appropriées par le Bureau de l’ONU pour les statistiques.  Elle a aussi plaidé pour une participation plus élargie des populations locales, des femmes, des jeunes et des individus les plus vulnérables dans le processus d’examen et de suivi des progrès réalisés en matière de développement, et ce, afin de disposer de données les plus vastes et compréhensibles possibles.  Enfin, elle a appuyé la participation des parlements au suivi et à l’examen des objectifs de développement durable (ODD) et a invité le Forum politique à accorder une attention particulière à certains pays, tels que les pays les moins avancés (PMA), qui manquent de données et de mécanismes de suivi de qualité.  Selon elle, les commissions régionales de l’ONU peuvent fournir un appui important aux pays en développement dans la mise en place de processus d'examen et de suivi robustes.

M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) s’est plus particulièrement attardé sur le rapport du Secrétaire général axé sur la transition des OMD aux ODD.  «  Les efforts à mettre en œuvre pour préparer ces ODD sont énormes.  Nous devons dépasser le statu quo et nous assurer que le système de développement de l’ONU fonctionne de manière efficace et orientée vers des résultats », a-t-il dit.  Il s’est également félicité du rapport sur les travaux de la dix-septième session du Comité des politiques de développement qui, dans le cadre de la préparation de l’examen triennal de 2018 de la liste des pays les moins avancés, a procédé à un réexamen de l’indice du capital humain et décidé d’y ajouter le ratio de mortalité maternelle.  Avant de conclure, il a insisté sur la nécessité pour les pays développés de respecter les engagements pris à Istanbul de consacrer 0,7 % de leur revenu national brut à l’aide publique au développement.

Le but devrait être de créer un cadre qui changerait les paramètres du système économique international au service du développement, a estimé M. MOHAMED KHALIL (Égypte).  Le but devrait être de créer un environnement international qui permette à chaque pays de réaliser les objectifs de développement selon ses propres priorités et avec les politiques de son choix.  C’est ce que devrait être « l’objectif stratégique » du programme de développement durable pour l’après-2015.  C’est ce que devrait être « le changement porteur de transformations » que nous visons tous et qui devrait porter sur les questions du commerce, de la réforme du système financier international, de la gouvernance mondiale, de la dette, de la restitution des fonds illicites et de la coopération financière et technologique.  Les partenariats doivent être revitalisés, en particulier les partenariats public-privé.  Les réformes systémiques devraient être des engagements explicites du G7, G8 et autres G20, avec des calendriers précis, allant au-delà des généralités de l’OMD 8 sur le partenariat mondial.  Les gouvernements devraient assumer leurs responsabilités communes mais différenciées car sans cela, le partenariat mondial pour le développement demeurera une « rhétorique creuse ».  Le représentant a appuyé l’élaboration d’une feuille de route pour le Forum jusqu’en 2018.  Le Forum, a-t-il dit, devrait pouvoir assumer toutes ses fonctions, au-delà du suivi et de l’examen.  Après tout, il a été créé pour remplacer la Commission du développement durable et non l’examen ministérielle annuel (EMA). 

Le Forum, a dit, à son tour, M. CHARLES THEMBANI NTWAAGAE (Botswana), doit devenir le point de référence pour les directives, les recommandations et le leadership « stratégiques » dans la mise en œuvre du programme pour l’après-2015.  Il doit promouvoir l’échange de pratiques optimales et les enseignements tirés de l’expérience, tout en renforçant la cohérence des politiques de développement durable et des mécanismes de mise en œuvre.  Le dialogue entre les États, les agences de l’ONU et les organisations internationales, sans oublier les experts indépendants, est essentiel en ce qu’il faciliterait une meilleure compréhension des décisions prises et plus important encore, renforcerait l’appropriation nationale qui se traduit immanquablement par une mise en œuvre effective dans les pays.  Le Botswana, a confié le représentant, voudrait une discussion plus approfondie sur la manière dont le Forum pourrait être renforcé pour assumer son mandat de suivi et d’examen et garantir une approche participative et du bas vers le haut de la mise en œuvre du programme pour l’après-2015.

M. IB PETERSEN (Danemark) a dit que le Forum devrait être un lieu d’inspiration où les leaders partagent les meilleures pratiques et s’aident les uns les autres à franchir la ligne du développement durable.  Les liens entre les niveaux national, régional et international seront critiques pour rendre le Forum pertinent.  Il ne doit pas être le lieu où on s’accuse les uns et les autres mais où l’on trouve l’inspiration pour améliorer la mise en œuvre du programme pour l’après-2015 à tous les niveaux.  L’implication d’un large éventail de parties prenantes, y compris le secteur privé et la société civile, est essentielle.  Soulignant que l’examen par les pairs peut promouvoir la mise en œuvre, le représentant a voulu que le Forum soit le lieu où les enseignements tirés de l’expérience de « la viabilité » sont partagés.  Il a plaidé pour des thèmes transsectoriels, comme les modes de production et de consommation durables.

M. RON PROSOR (Israël) a prévenu que le programme de développement pour l’après-2015 ne peut réussir sans une pleine égalité entre les sexes et donc la participation totale de la moitié de la population mondiale.  Nous sommes tous ici pour retrousser les manches et travailler ensemble pour léguer à nos enfants un monde plus viable, plus prospère et plus pacifique, a dit le représentant.  « Mesurer c’est savoir.  Si tu ne peux pas mesurer, tu ne peux pas améliorer », a dit le représentant en citant le physicien britannique, Lord Kelvin.  Prenant, cette fois, l’exemple de « Waze » l’application de navigation israélienne, le représentant a dit: nous devons avoir les meilleurs instruments de mesure pour recalculer constamment notre trajet et arriver à bon port le plus rapidement possible.  Depuis 2012, a-t-il rappelé, Israël fait un travail de pionnier avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour lancer un programme pilote sur des moyens nouveaux et novateurs de mesurer le bien-être et la viabilité, au niveau national.  L’approche quantifie le capital humain et social, en plus des ressources économiques et naturelles.  Il s’agit pour les gouvernements d’utiliser ces données pour améliorer la vie de leurs citoyens.  Le but est de faire en sorte que les hommes et femmes politiques ne négligent pas l’impact de leurs décisions sur les générations futures.  Dieu, a conclu le représentant, a créé le monde en sept jours.  D’aucuns diront que ce n’était en rien moins compliqué que les négociations sur le nouvel agenda du développement qui, nous le savons tous, nous ont pris plus de 700 jours.  Mais, comme disait l’ancien Président israélien, Shimon Peres, « les gens qui ne fantasment pas ne font pas de choses fantastiques ». 

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a tenu à mettre en évidence la vulnérabilité de certains pays face aux changements climatiques, en insistant sur les enjeux auxquels sera confrontée la communauté internationale à la Conférence sur les changements climatiques à Paris, qui devrait aboutir à un accord universel.  Elle s’est félicitée des 17 objectifs de développement durable mais a rappelé que « nous n’en sommes qu’au début » en citant plusieurs défis « énormes » auxquels les États vont devoir faire face pour mettre en œuvre ce nouveau programme aux niveau national, local, régional et mondial.  Dans ce contexte, elle a plaidé pour une « alliance mondiale » nouvelle et robuste en faveur du développement.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) s’est félicitée de l’inclusion des océans et des changements climatiques dans les ODD sans lesquels le programme pour l’après-2015 ne saurait être « transformateur ».  On ne peut, a-t-elle poursuivi, minimiser la difficulté d’intégrer les ODD à l’ensemble du système onusien et relayer ceux-ci au sein des différentes institutions, conventions et cadres existants.  « De la définition des politiques aux actions concrètes sur le terrain, la communication devra être claire et accessible afin que chacun s’approprie ces objectifs », a-t-elle insisté.  Cette appropriation devra ensuite être relayée par la pleine mobilisation de tous les secteurs de la société.  Il s’agit là d’une condition sine qua non à la mise en œuvre des engagements que prendront les chefs d’État et de gouvernement en septembre 2015, a-t-elle ajouté.  S’agissant du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, elle a estimé qu’il fallait doter celui-ci des moyens nécessaires à l’exercice du mandat qui lui a été confié à Rio, en 2012, et d’en faire la pierre angulaire du suivi global des politiques de développement durable et des ODD.  

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a souligné combien les OMD avaient apporté des changements réels dans la vie de millions d’individus.  Elle a notamment précisé que, dans son pays, 90% des cibles avaient été atteintes et que les changements opérés avaient été perceptibles.  Expliquant que le Viet Nam possède déjà une stratégie de développement nationale qui couvre les 17 ODD et qui s’accompagne de mécanismes de suivi et d’évaluation, elle a rappelé que la mise en œuvre du nouveau programme de développement allait exiger, pour les États, une approche holistique à tous les niveaux de prise de décisions.  « Il s’agira de coordonner à la fois le soutien parlementaire, les stratégies financières nationales, la participation des communautés et des ONG », a-t-elle insisté.  Par ailleurs, ces efforts de coordination vont aussi avoir besoin d’un engagement politique fort, pas uniquement de la part des politiques, mais aussi de la part des partenaires au développement. 

Réaffirmant le rôle majeur que devra tenir le Forum politique de haut niveau en matière de gouvernance du développement durable, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a considéré que sa session 2015 devait poser les jalons de son bon fonctionnement et faire en sorte que ce Forum trouve sa place au sein du système onusien du développement car, dès 2016, celui-ci va devoir passer en revue la mise en œuvre des progrès, a-t-il insisté.  Cependant, le représentant a estimé que le Forum ne pourra pas évaluer, à lui seul, la mise en œuvre du programme et qu’il devra, par conséquent, s’appuyer sur les mécanismes existants, et les fonds et programmes en vue d’éviter une logique de silos.  Il a estimé que le « couple institutionnel » formé par le Conseil économique et social et le Forum politique devra se renforcer mutuellement et être complémentaire.  « Ce lien institutionnel est une opportunité dont il faut tirer pleinement parti », a-t-il dit, en prônant toutefois la nécessité d’une réforme du système de développement des Nations Unies.

M. ASOKE KUMAR MEKERJI (Inde) a estimé que ce qui avait été démarré à l’aube de ce Millénaire n’était encore qu’une tâche à moitié remplie étant donné que 1,3 milliard d’individus –soit 2 fois la population combinée du continent européen– vit encore dans la pauvreté.  Il a invité les États Membres à tirer les enseignements du passé et à adopter, notamment, d’autres modes de vie et de consommation.  Citant le mahatma Gandhi, qui disait que « La Terre fournit suffisamment pour satisfaire les besoins de tous les hommes, mais pas la cupidité de chaque homme », il a invité les pays développés à assurer un rôle de chef de file en la matière en combinant les notions de développement et d’harmonie avec la nature.  S’agissant du suivi et de l’examen des ODD, il a rappelé que celui-ci devait être assuré par les États avec une ambition de partager les expériences et les meilleures pratiques. 

M. GONZALO KONCKE (Uruguay) a rappelé que l’intégration est l’élément clef du programme de développement pour l’après-2015, une intégration qui inclut les droits fondamentaux de l’homme.  S’agissant du Forum politique de haut niveau, le représentant a dit qu’après l’adoption du programme de développement en septembre prochain, il est important d’avoir un Forum fort qui puisse orienter la mise en œuvre.  Il a souligné l’importance de l’aide publique au développement, en la matière, et a demandé qu’une attention particulière soit accordée à la situation des pays à revenu intermédiaire.  Il a demandé de l’on revoit les critères d’accès à l’aide, lesquels excluent aujourd’hui plus 500 millions d’individus dans le monde sous prétexte qu’ils vivent dans des pays à revenu intermédiaire. 

M. WANG MIN (Chine) a demandé quant à lui la révision du partenariat mondial pour le développement qui aujourd’hui ne met pas suffisamment l’accent sur l’éradication de la pauvreté et la gouvernance internationale.  Il faut laisser les pays formuler leur propre politique de développement.  Il faut certes promouvoir un système commercial ouvert mais respecter la voie choisie par chaque pays.  C’est en réalité l’égalité et la justice qu’il faut respecter.  Il a demandé l’augmentation de l’aide au développement et le respect par les pays donateurs de leurs engagements.  Il a aussi demandé le respect du Consensus de  Monterrey et de la Déclaration de Doha, et le renforcement de la coopération Sud-Sud.  Le Forum doit se focaliser sur le renforcement de capacités et le transfert des technologies, a-t-il conclu.

Il s’agit maintenant de bien gérer la transition des OMD aux ODD, a plaidé M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin).  Les ODD doivent être réalisables au risque de compromettre la crédibilité des plans nationaux et internationaux de développement.  Le Forum doit en toute transparence analyser les performances des pays et se montrer inclusif et fiable.

Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a déclaré que la pauvreté constitue le principal obstacle au développement durable.  Elle a aussi énuméré d’autres obstacles majeurs comme l’accès à l’aide au développement pour les pays à revenu intermédiaire, l’isolement des pays en développement sans littoral et la fracture numérique.  Le Népal est non seulement un des pays les moins avancés (PMA) mais aussi un pays postconflit.  Comme si cela ne suffisait pas, les derniers séismes ont eu des conséquences dévastatrices sur le pays.  « Mais nous comptons tout de même sortir des PMA à l’horizon 2022 », a-t-elle annoncé.  Pour cela, nous comptons sur la coopération internationale.  Le Népal attend avec espoir l’adoption et la mise en œuvre du programme de développement durable et les résultats de la troisième Conférence sur le financement du développement.

M. PETER PETERSON (Royaume-Uni) a plaidé pour la mise en place de mécanismes robustes d’examen et de suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, basés notamment sur des principes d’universalité et de participation.  « Nous ne devons oublier personne et atteindre les plus pauvres et les plus vulnérables.  Nous devons considérer qu’un objectif ou qu’une cible ne sera pas atteinte si tous les groupes concernés n’ont pas été touchés », a-t-il dit.  Il a également prôné une meilleure utilisation de données, en insistant sur la nécessité de bénéficier de données ventilées par objectif et par cible afin, a-t-il insisté, d’atteindre toutes les personnes concernées.  S’agissant du principe de participation, il a expliqué que l’implication des citoyens était vitale et que, à travers d’importants efforts en matière de communication, le programme de développement pour l’après-2015 devait être compris de tous.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a considéré que l’intégration des trois dimensions du développement durable dans ce nouveau programme est un résultat sans précédent pour la communauté internationale.  Il s’est félicité de la manière dont s’est déroulé le processus d’élaboration des ODD qui, a-t-il dit, contrairement aux critiques émises après la définition des OMD, ont pu compter sur un processus participatif.  Il a expliqué que les États de sa région avaient décidé de créer un forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable, qui sera défini après l’adoption en septembre prochain du programme de développement pour l’après-2015.  Ce forum, dans son état d’avant-projet, a d’ores et déjà reçu le soutien de principe de la part de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), s’est-il réjoui.  Il sera l’une des clefs de voute des efforts collectifs de la région en matière de suivi et d’examen du programme de développement.

Mme KIRSTIN DONALDSON (Australie) s’est dite favorable à une approche thématique du processus mondial d’examen et de suivi de la mise en œuvre du nouveau programme car une telle approche, selon elle, permettra de mieux observer combien les objectifs et les cibles sont liés les uns aux autres.  Elle a insisté sur la nécessité de reconnaître qu’il existe des diversités régionales, sous-régionales, puis nationales.  C’est la raison pour laquelle elle a estimé qu’il faudra accorder une certaine flexibilité aux États, afin que ceux-ci puissent mettre en œuvre et entreprendre des démarches pour favoriser un processus qui réponde pleinement à leur propre contexte et situation.  S’agissant des discussions sur la mise en œuvre du programme, la représentante a estimé que celles-ci peuvent avoir lieu tantôt à l’ECOSOC, tantôt à la Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières ou dans tout autre Forum, à condition que l’on évite les doublons.

M. DANIEL PETTERSSON (Suède) a rappelé que seule la mise en œuvre du nouveau programme de développement prouvera si, oui ou non, la communauté internationale a réussi dans sa tâche.  Il a insisté sur le niveau national de cette mise en œuvre et sur le rôle crucial que doit jouer le Forum de haut niveau en matière de suivi et d’examen.  Il a estimé que le Forum devait à tout prix s’appuyer sur les mécanismes d’évaluation existants afin de favoriser un regroupement des ressources.  Il s’est, par ailleurs, dit favorable à une convergence des processus de suivi du programme de développement pour l’après-2015 et du financement du développement.  « Un tel suivi combiné des ODD et de leurs moyens de mise en œuvre renforcerait leur impact », a-t-il conclu.

M. EVGENY PAVLOVICH VELIKHOV, Président de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a déclaré que la transition des OMD aux ODD doit tenir compte des obstacles actuels, dont la situation économique internationale qui est en phase d’assainissement, après la crise financière de 2008 et les menaces contre le développement que sont les violations des droits de l’homme.  Il a aussi parlé de la nécessité pour le secteur privé de s’impliquer davantage dans le développement et de l’importance qu’il y a à respecter l’équilibre entre les États qui ont des défis différents en matière de développement.  Le représentant a souligné le rôle incontournable de la société civile et a rassuré: « la transition est possible si la bonne gouvernance est là ».

Table ronde I: Analyse et suivi des progrès réalisés: qu’avons-nous appris et comment faire avancer la mise en œuvre? (E/HLPF/2015/2, E/HLPF/2015/3 et E/HLPF/2015/3/Add.3)

Orateur principal de cette table ronde, l’ancien Premier Ministre de l’Australie, Mme JULIA GILLARD, qui est actuellement Présidente du Partenariat mondial pour l’éducation, s’est félicitée de la réduction de 50% du nombre d’enfants qui n’ont pas accès à l’école primaire, et de 40% au cycle, en regrettant néanmoins que ces progrès ne concernent pas l’Afrique subsaharienne.  Le Partenariat mondial pour l’éducation, a-t-elle indiqué, compte 60 pays en développement, les donateurs, le secteur privé et les entités du système de l’ONU.  Il est financé à hauteur de 75% par des plans d’éducation et les bailleurs de fonds.  Précisant que 30% des ressources sont consacrées à des objectifs choisis par les gouvernements eux-mêmes, elle a insisté sur l’appropriation nationale.  Le Partenariat a alloué 4 milliards de dollars en quatre ans, a-t-elle signalé, regrettant cependant qu’il manque près de 30 milliards par an, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Parmi les points positifs, Mme Gillard s’est félicitée de ce que la communauté internationale ait fait de l’éducation une des priorités essentielles du développement, saluant aussi la création d’une Commission financière à Oslo qui va guider le débat international sur le développement.  Elle a donné plusieurs pistes pour accélérer les progrès, comme promouvoir davantage le secteur de l’éducation pour obtenir plus de ressources, mettre en œuvre une stratégie pour trouver d’autres donateurs et mieux coordonner l’action es donateurs.  Il faut également arriver à mobiliser plus de ressources nationales. 

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable était la plateforme principale de suivi des progrès dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, qui doit être adopté en septembre prochain.  L’Assemblée générale lui a en effet donné pour mandat d’examiner régulièrement la mise en œuvre nationale de ce programme.  Ces examens, qui commenceront en 2016, remplaceront les anciennes « présentations volontaires nationales » qui avaient lieu lors de l’examen ministériel annuel (EMA) de l’ECOSOC.  Tant les pays en développement que les pays développés pourront participer à ces examens, qui seront volontaires et menés par les États concernés.  Il sera crucial de garantir la cohérence de ce processus d’examen, a prévenu M. Drobnjak, souhaitant notamment qu’il se base sur des données vérifiées et ventilées.

Les participants ont été invités à s’interroger sur les moyens de se préparer à un suivi transparent et inclusif, et sur le rôle du système de l’ONU et des partenaires de développement.  Qu’avons-nous appris des présentations volontaires nationales, a demandé le modérateur de la discussion, M. NIKHIL SETH, Directeur de la Division du développement durable du Département des affaires économiques et sociales (DAES).

Nous avons accompli des progrès considérables au Bahreïn pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a déclaré Mme FAEEQA BINT SAEED ALSALEH, Ministre des affaires sociales de Bahreïn, en soulignant les efforts immenses déployés pour y parvenir.  S’interrogeant sur ce qu’il manque à un succès total, elle a souligné l’importance d’avoir un cadre de responsabilité.  Nous avons besoin, a-t-elle expliqué, d’un cadre institutionnel permettant aux États de planifier l’exécution du programme pour l’après-2015 de manière sectorielle.  Elle a estimé que les conseils de développement durable devaient avoir les pouvoirs nécessaires pour mettre en œuvre les législations appropriées.  Notant l’expérience mitigée des pays arabes dans le suivi des OMD, elle a précisé que 40% seulement de ces objectifs avaient fait l’objet d’un examen approprié de la part de ces pays, du fait des déficiences dans la collecte de données.  Elle a donc souligné l’importance du renforcement des capacités et recommandé l’élaboration d’indicateurs pour les pays arabes.  Cela implique l’augmentation des financements et l’intensification du transfert des technologies, a-t-elle dit.

Exposant l’expérience de son pays dans le secteur de l’éducation, M. MARIO NÉSTOR OPORTO, ancien Ministre de l’éducation et Président chargé des technologies de l’information et des communications au Congrès de l’Argentine, a mentionné une loi de son pays de 2006 qui a permis de réaliser l’objectif de l’accès universel à l’éducation primaire.  Nous voulons étendre cette universalisation à l’enseignement secondaire, a-t-il précisé, avant de parler d’une loi qui vise à améliorer la formation des enseignants.  Il s’est cependant demandé si l’éducation était un outil pour sortir les gens de la pauvreté ou pour enrichir les riches sur le dos des pauvres.  Entrer dans le système éducatif ne suffit pas, a-t-il estimé.  Il faut encore que toute la gamme de l’éducation soit couverte, jusqu’à la formation continue.  Il faut aussi s’assurer de l’égalité d’accès aux technologies de l’information et des communications (TIC), a-t-il aussi remarqué.

Faisant le lien entre l’amélioration des systèmes d’éducation et l’importance des institutions de suivi des progrès en matière de développement durable, M. JOSEF MOSER, Secrétaire général de l’Organisation internationale des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (INTOSAI), a plaidé en faveur d’institutions fortes au niveau national pour garantir un examen efficace des progrès dans la réalisation des objectifs de développement durable.  Citant les résolutions déjà adoptées par l’ECOSOC sur cette question, il a indiqué qu’un projet de résolution qui reconnait le rôle de ces institutions nationales serait présenté pour adoption ce mois-ci.  Il a également appelé à renforcer la responsabilisation des personnes chargées de ce suivi.  Nous avons besoin d’un système « indépendant fiable et objectif », basé sur des informations vérifiées, a-t-il ajouté. 

Dans le cas du Togo, a indiqué M. KODJO MENAN (Togo), des progrès tangibles ont été réalisés dans la réalisation des OMD malgré 15 ans de suspension de l’aide au développement, en particulier dans la sécurité alimentaire, l’éducation pour tous et la lutte contre le VIH/sida.  Le programme de développement en cours vise huit objectifs, a-t-il signalé, dont l’amélioration des performances des institutions nationales.  Il vise aussi à créer un système incitatif pour favoriser la participation du secteur privé et des citoyens au développement.  Il s’agit de promouvoir une gouvernance inclusive, a-t-il dit, en expliquant que le pays cherche à réduire la pauvreté en s’appuyant sur la participation des différents acteurs publics et privés.  En matière de coordination institutionnelle, c’est le premier ministre qui garantit la cohésion de tout le dispositif, a indiqué le représentant.  Enfin, pour relever les défis de financement, il a dit que son gouvernement avait développé un plaidoyer pour mobiliser davantage de ressources.

Si le processus de suivi doit, certes, être mené par les États, il doit aussi être assuré par les citoyens et toutes les parties prenantes, a exigé pour sa part M. JOHN ROMANO, TAP (Transparency, Accountability & Participation) Network (États-Unis).  Il a estimé qu’on aurait pu créer des mécanismes dans le cadre du suivi des OMD qui auraient renforcé la responsabilisation.  Il a aussi regretté que toutes les parties prenantes n’aient pas eu la possibilité de participer « activement » à l’examen ministériel annuel.  La société civile a beaucoup à offrir en matière d’examen et d’analyse, a-t-il pourtant assuré.  Si l’on veut aller de l’avant, il faut garantir la participation de la société civile dans le mécanisme de suivi.  Comment encourager les gouvernements nationaux et locaux à collaborer avec la société civile dans le processus d’examen, a interrogé M. Romano en demandant aux délégations de partager leur expérience dans ce domaine. 

La discussion interactive qui a suivi a en effet mis l’accent sur la responsabilisation dans la mise en œuvre et le suivi du futur programme, ainsi que sur l’inclusion de tous les acteurs dans cette entreprise.

Qu’est-ce qui fait qu’un examen est inclusif, a voulu savoir le représentant de l’Union européenne, en reconnaissant, à l’instar d’autres délégations, dont celle de l’Afrique du Sud, le rôle crucial de la société civile dans ce processus.  Si on a souvent assuré la participation des personnes handicapées, des femmes et des jeunes dans la mise en œuvre du développement, on n’a pas parlé de la participation des pauvres, a noté avec regret le représentant des Palaos.  Le panéliste de TAP Network a rappelé à ce propos qu’un fonds d’affectation spéciale avait permis la participation des pauvres du Sud à la Conférence de Rio+20.

Certains, comme la représentante de la Suisse, ont rappelé que la mise en œuvre commençait au niveau national.  Pour mener à bien cette mission, les mécanismes publics de suivi doivent remplir certaines conditions, ont noté de nombreux intervenants.  Les arguments en faveur de la responsabilisation et de la transparence ont été repris notamment par le représentant de l’Azerbaïdjan qui a donné l’exemple des mécanismes mis en place par son pays.  Le Ghana a aussi un système d’audit performant, a témoigné le panéliste d’INTOSAI.  Pour garantir cette transparence, la délégation de l’Union européenne a demandé à tous les pays de préparer des rapports qui incluent les vues d’acteurs non étatiques.

Des consignes ont également été données, notamment par la représentante de l’Italie, en ce qui concerne les données utilisées, qui devront être vérifiées et ventilées, ce qui exige un renforcement des capacités des pays en développement.  Le délégué de l’Union européenne a également recommandé de baser les indicateurs de suivi sur les indicateurs existants.

Le rôle du Forum politique de haut niveau, organe onusien précisément chargé du suivi de la mise en œuvre du programme pour l’après-2015, a été précisé au cours du débat: il ne devra pas se cantonner à recevoir des rapports, selon la représentante du Canada, mais devra mener des débats proactifs, comme l’a demandé la délégation de l’Union européenne.

Enfin, revenant à l’objectif de scolarisation universelle, la représentante du Burkina Faso a salué les accords de partenariats qui ont donné un coup de pouce au secteur éducatif de son pays.  Si on veut que plus de jeunes fassent des études et que les adultes complètent leur formation, il faut assumer la charge financière de ce secteur, notamment garantir un salaire adéquat aux enseignants, a remarqué pour sa part l’ancien Ministre argentin de l’éducation.

Table ronde II: Réaliser les objectifs de développement durable: à la mesure des ambitions avec des moyens de mise en œuvre suffisants–ressources, technologies et capacités (E/HLPF/2015/2)

Au cours de cette seconde table ronde, panélistes, États Membres et représentants d’institutions ont exploré plusieurs pistes de ressources et de capacités qui permettront de faciliter la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Il a notamment été question de l’aide publique au développement (APD), du financement privé, des dispositifs incitant le secteur privé à investir dans le développement durable, des accords de coopération en matière de recherche et développement, de la libre circulation des savoirs, des technologies de l’information et des communications (TIC), de la lutte contre les flux illicites de capitaux et du rôle des volontaires de la société civile.

Avant de céder le parole aux différents intervenants, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ, Vice-Présidente du Conseil économique et social, a rappelé combien le thème des ressources et des capacités était pertinent pour le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, compte tenu du fait que le principal défi de la communauté internationale sera, au cours des prochains mois, de compléter le programme de développement pour l’après-2015 de moyens et de ressources financières nécessaires à sa mise en œuvre.

Chargé d’animer les échanges, M. JOS VERBEEK, Conseiller au Bureau de l’Envoyé spécial du Président du Groupe de la Banque mondiale sur les enjeux de développement pour le programme de développement pour l’après-2015, a brièvement mis en évidence le travail de son Groupe en faveur du financement du développement, en partenariat, notamment, avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque européenne d’investissement (BEI).

Mme ENDAH MURNININGTYAS, Vice-Ministre des ressources naturelles et de l’environnement au Ministère de la planification nationale de développement de l’Indonésie, a ensuite insisté sur la nécessité de mobiliser différentes pistes de financement, y compris celles issues du secteur privé.  Elle a par ailleurs estimé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable devrait se doter d’un secrétariat solide et efficace, qui sera en mesure de cerner les subtilités et les enjeux de chacun des pays, d’aider à fixer le thème des discussions annuelles et d’appuyer un processus progressif de réalisation.  

M. SHIN DONG-IK, Vice-Ministre aux affaires multilatérales et mondiales au Ministère des affaires étrangères de la République de Corée, pour sa part, a affirmé que l’aide publique au développement (APD) conserverait un rôle important en tant qu’élément « catalyseur » pour mobiliser les ressources.  Il a cependant invité les pays à ne pas négliger les ressources du secteur privé et les ressources internes.  Il a ainsi fait part de l’expérience acquise par son pays à la suite de la guerre de Corée, peu après la mise en place de plans quinquennaux de développement auxquels a largement contribué le secteur privé, à la fois en matière de financement et en matière d’innovation.  Il a ainsi souligné l’importance vitale, selon lui, de fournir des mesures d’incitation au secteur privé afin qu’il investisse dans le programme de développement.  Enfin, le Vice-Ministre a aussi mis l’accent sur l’importance de la coopération au développement, en précisant que son gouvernement avait lancé un « programme d’échange d’expérience en matière de développement et de partenariats » qui vise à renforcer les capacités des pays récipiendaires.

M. ROLF-DIETER HEUER, Directeur général de l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire, a effectué un vibrant plaidoyer en faveur de la science et de la recherche.  « Aucun développement durable n’aura lieu dans une société qui n’est pas éduquée en matière scientifique », a-t-il lancé.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il estimé, les pays doivent mettre l’accent sur le transfert de connaissances à leur population, sur le transfert des techniques et technologies et sur la libre diffusion de l’information, a-t-il souligné.  Le professeur a également invité les États à se mettre d’accord sur des investissements dans la recherche fondamentale et dans l’éducation à la science.

Ce plaidoyer a été suivi par une illustration concrète d’un important projet de coopération scientifique entre plusieurs pays.  M. EVGENY PAVLOVICH VELIKHOV, Membre de l’Académie des sciences de Russie, Président de l’Association russe pour le soutien aux sciences et Secrétaire honorable de la Chambre civique de la Fédération de Russie, a en effet présenté le projet de « réacteur thermonucléaire expérimental international », qui réunit les pays de l’Union européenne, la Chine, la République de Corée, l’Inde, le Japon et la Fédération de Russie.  Ce projet, qui est actuellement en construction en Provence, dans le sud de la France, a été initié en 1988 et est le fruit d’un accord de coopération signé en 2006.  Il vise à produire des quantités d’énergie hors normes, par le biais de la fusion nucléaire, a-t-il précisé.

M. ALDO LALE-DEMOZ, Directeur exécutif adjoint de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, a ensuite encouragé les États à reconnaître qu’il existe un lien étroit entre les flux illicites de capitaux et la réussite de la mise en œuvre des ODD.  « Les flux illicites érodent les capacités nationales des États à produire des ressources en faveur du développement durable », a-t-il dit.  C’est pourquoi, il a invité les pays à faire preuve de courage politique pour lutter de façon urgente contre les flux illicites, contre le blanchiment et contre l’argent sale, et à renforcer les capacités des gouvernements dans ce domaine.

Mme MEGAN ARROWSMITH HADDOCK, Directrice des projets de recherche internationaux au Centre for Civil Society Studies de l’Université Johns Hopkins (États-Unis), a ensuite présenté les résultats d’études menées par son organisation sur les partenariats entre les gouvernements et la société civile dans une quarantaine de pays.  Ces travaux ont mis en évidence le puissant poids des volontaires dans les processus de mise en œuvre de ces partenariats.  « Les volontaires de la société civile jouent un rôle clef dans la mise en œuvre », a-t-elle souligné, en déplorant toutefois le fait que de nombreux pays n’aient pas une bonne compréhension du véritable rôle de la société civile et de ses réseaux de volontaires.

Lors de la discussion interactive, le représentant de l’Arménie a mis l’accent sur des programmes d’investissement mis en place par son pays en vue de développer des infrastructures de transport ferroviaires et routières.  Ces projets se concentrent sur l’axe Nord-Sud, « compte tenu du blocage des frontières avec la Turquie et l’Azerbaïdjan », a-t-il fait remarquer.  Il a considéré que les blocages constituaient un obstacle aux échanges commerciaux et qu’ils devaient donc être abolis dans le monde de l’après-2015.

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Azerbaïdjan a précisé que l’Arménie s’était isolée elle-même en raison d’une attitude hostile vis-à-vis de ses voisins.  Il a indiqué que son homologue de l’Arménie avait oublié de mentionner que son pays occupait 20% du territoire de l’Azerbaïdjan et l’a invité à mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment en engageant un dialogue constructif au sujet du Haut-Karabach.

Un représentant du grand groupe de la jeunesse a ensuite invité les pays à mobiliser davantage leurs jeunes en tant que force vive capable de catalyser la mise en œuvre des ODD, tandis qu’une responsable de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a insisté sur le fait que les technologies de l’information et des communications pouvaient aussi se révéler de puissants leviers de mise en œuvre du programme de le développement pour l’après-2015. 

Deux des panélistes ont d’ailleurs abondé dans le sens de cette dernière.  Mme Endah Murniningtyas a ainsi souligné le rôle qu’avaient joué les technologies de l’information et des communications (TIC) dans la mise en œuvre des OMD en Indonésie, et ce, en raison de la géographie et du nombre d’îles de ce pays.  Pour sa part, M. Shin Dong-ik a expliqué que la République de Corée avait récemment mis en place un centre de coopération des technologies de l’information et des communications.

Clôture du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, convoqué sous les auspices du Conseil économique et social

M. MACHARIA KAMAU (Kenya), Cofacilitateur des négociations du Programme de développement pour l’après-2015, a reconnu que les enjeux du programme de développement sont immenses.  « Nous sommes aussi conscients des menaces émergentes comme les inégalités, les changements climatiques et les menaces à la paix et la sécurité internationales », a-t-il ajouté.  Malgré tous ces obstacles, nous disposons d’une feuille de route.  La question est de savoir comment suivre cette voie.  C’est là que le Forum politique a un rôle à jouer.  C’est pourquoi il est important de se doter des moyens nécessaires pour atteindre les objectifs.  Le programme sera doté en septembre prochain de capacités importantes pour envoyer un message fort à la communauté internationale, a indiqué le cofacilitateur. 

Le Forum politique de haut niveau sera-t-il en mesure de s’acquitter de son mandat?  Est-il adapté à sa tâche?  Est-ce que tous les éléments des objectifs de développement durable peuvent être examinés par une seule instance comme le Forum?  L’ECOSOC sera-t-il en mesure de s’adapter pour intégrer les nouvelles exigences au fur à et mesure que ces objectifs sont mis en œuvre?  En outre, ce programme exige l’inclusion de la société civile, des organisations régionales et des parlements qui doivent tous se considérer comme des moteurs du financement du programme. 

Le représentant a estimé qu’il faudrait assembler tous les éléments nécessaires pour aboutir à des résultats cohérents.  Ce sera difficile mais pas impossible pour le Forum.  Il faudrait travailler d’une façon différente de celle adoptée pour la réalisation des OMD, a-t-il dit.  Il faudrait aussi atteindre un équilibre entre les moyens de mise en œuvre et les objectifs annoncés et être capable de mesurer les actions menées pour atteindre les objectifs.  Cela devrait passer notamment par des concepts transversaux.  Il faudrait en outre tenir compte des synergies des objectifs entre eux.

Quels sont les changements attendus au cours des 12 prochains mois? a continué M. Kamau.  En répondant à cette question, il a avancé cinq pistes: les objectifs nationaux, régionaux et internationaux doivent se compléter; les rapports annuels et quadriennaux devront aussi se compléter aux niveaux national, régional et international; en matière de gestion, il nous faut être capables de coopérer tous ensemble et de façon cohérente; s’agissant de l’interface science-politique, nous devons être en mesure de coopérer en matière de collecte de données avec le milieu scientifique et le Forum doit ainsi trouver des moyens pour intégrer ces outils et ces informations; enfin, nous devons travailler de façon plus prudente dans la collecte des informations.  Le programme de développement pour l’après-2015 reprendra tous ces éléments, a indiqué le représentant qui, en terminant, s’est interrogé sur la capacité des pays d’être à la hauteur de ce programme ambitieux ».

La représentante de la Turquie a répondu à son homologue de l’Arménie en lui rappelant que sa déclaration ne reflétait pas la réalité sur le terrain.  Elle a expliqué que la frontière terrestre entre les deux pays avait été fermée en 1993 après l’invasion de l’Azerbaïdjan par l’Arménie.  Par cette fermeture, a-t-elle précisé, son pays n’entendait pas imposer un blocus.  Parmi les arguments qu’elle a présentés, elle a fait remarquer qu’il y avait toujours la possibilité de transporter des marchandises par la voie maritime.

Adoption du projet de déclaration ministérielle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable(E/2015/L.19–E/HLPF/2015/L.2)

Adoption du projet de rapport du Forum politique de haut niveau sur le développement durable pour 2015 (E/HLPF/2015/L.1)

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable a adopté sa déclaration ministérielle (E/2015/L.19–E/HLPF/2015/L.2) et son rapport (E/HLPF/2015/L.1).

Dans cette déclaration, les ministres expriment leur détermination à élaborer, pour les 15 prochaines années, un programme de développement qui soit « solide, ambitieux, inclusif » et « centré sur l’humain ».  Le programme pour l’après-2015, ont déclaré les ministres, sera fondé sur les bases jetées et l’expérience acquise durant le processus des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en vue de « mener à bien les tâches inachevées et de relever les nouveaux défis ».

Les OMD ont défini une « vision commune » et permis des « progrès remarquables », ont aussi noté les ministres dans la Déclaration, en se félicitant aussi des progrès accomplis dans les processus de préparation à la prochaine troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra la semaine prochaine à Addis-Abeba.  Il a été décidé, à cet égard, qu’un résumé des délibérations des débats de haut niveau serait publié, à titre exceptionnel et sans créer de précédent, pour contribuer à cette Conférence.

Les ministres ont également salué les progrès accomplis dans les négociations intergouvernementales sur le programme de développement pour l’après-2015. 

Observations finales

Au cours de cette réunion de haut niveau du Forum, nous avons mieux compris les enjeux, a assuré M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), Vice-Président de l’ECOSOC, dans ses observations de clôture.  Il a noté la volonté des délégations de réaliser tous les objectifs et pas seulement quelques-uns.  « Nous pouvons réduire les inégalités, adopter des systèmes de production et de consommation durables », a-t-il lancé.  Se disant impressionné par la richesse des débats, il a indiqué qu’un résumé du Président serait présenté.

Sur la mise en œuvre du futur programme de développement, il a noté la détermination des délégations à ne laisser personne de côté.  Les groupes marginalisés doivent recevoir toute l’attention possible, ce qui oblige à ne pas se contenter d’analyser des moyennes, a-t-il souligné.  M. Khiari a noté l’intérêt exprimé par les États Membres pour qu’une bonne communication soit établie sur les objectifs de développement durable, en précisant que chacun voulait que les messages soient compris à tous les niveaux, du sommet à la base.

Il faudrait également permettre la participation de tous les acteurs qui contribuent au développement, en favorisant des partenariats novateurs avec la société civile, les entreprises et le monde universitaire.  Les autorités locales sont sur le devant de la scène pour mettre en œuvre le développement, a-t-il aussi constaté.  En ce qui concerne le monde des affaires, il a noté les avantages que ce secteur présente en termes de créativité.  Le cadre institutionnel a aussi été débattu en mettant l’accent sur l’architecture à mettre en place à tous les niveaux pour garantir une bonne mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Il faudrait aussi assurer une bonne cohérence à l’échelle du système des Nations Unies.

L’efficacité du mécanisme de suivi sera essentielle pour le succès du nouvel agenda, dans l’attente des directives que donnera à cet égard le sommet de septembre, a rappelé le Vice-Président de l’ECOSOC.  Le mécanisme d’examen devrait éviter de jeter la pierre mais plutôt prévoir des mesures d’incitation.  Il devrait se fonder sur des éléments concrets et s’effectuer à tous les niveaux.  Le Forum politique de haut niveau pourra jouer un rôle décisif dans ce suivi, a-t-il estimé, en précisant qu’il constitue la moelle épinière du processus d’examen.

Le Forum devrait aussi veiller à ce que les scientifiques du monde entier examinent eux aussi la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  À cet égard, M. Khiari a noté l’intérêt porté au rapport sur les objectifs de développement durable, établi par le DAES, qui contient les avis de centaines de scientifiques et d’institutions.  Il a également pris note des attentes en matière de collecte de données pour assurer un bon suivi de la mise en œuvre des objectifs, notamment pour les pays qui ont besoin de renforcer leurs capacités dans ce domaine, comme les petits États insulaires en développement (PEID).

DÉBAT DE HAUT NIVEAU

Adoption de la Déclaration ministérielle du Débat de haut niveau de la session de 2015 de l’ECOSOC (E/2015/L.19–E/HLPF/2015/L.2)

L’ECOSOC a adopté la même déclaration que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, par laquelle les ministres se disent notamment « déterminés à élaborer pour l’après-2015 un programme de développement qui soit solide, ambitieux, inclusif et centré sur l’humain, fondé sur les bases jetées et l’expérience acquise durant le processus des Objectifs du Millénaire pour le développement, qui permettra de mener à bien les tâches inachevées et de relever les nouveaux défis ».

Examen ministériel annuel

Dans ses observations liminaires, M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a invité à voir au-delà des chiffres et des mots pour se remémorer plutôt les OMD qui concernent avant tout les personnes.  Il a rappelé que les OMD avaient permis d’autonomiser les communautés locales et de réaliser de réels progrès dans la vie des citoyens.  On se souviendra à l’avenir des OMD et des objectifs de développement durable comme des changements tangibles qui ont amélioré le bien-être de la population mondiale.  En soulignant la tâche qu’il reste à accomplir, il a averti qu’il faudrait adopter des politiques fortes, mettre sur pied des institutions solides et respecter l’état de droit: telles sont les pierres angulaires d’un environnement propice au développement durable.  Il faudrait aussi un bon leadership et des populations résilientes sans oublier, a-t-il ajouté, d’investir dans les personnes.

Les débats des deux prochains jours donneront lieu à des discussions intenses sur les moyens de réaliser une bonne transition entre l’ère des OMD et celle des objectifs de développement durable.  Les fondations que nous posons aujourd’hui seront celles du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il fait remarquer.  Le rôle de l’ECOSOC dans cette transition, a-t-il expliqué, sera de fournir des directives sur le plan politique.  Le segment de haut niveau permet, notamment, d’établir un dialogue mondial sur des thèmes particuliers relatifs au développement durable.  Il a émis l’espoir qu’il sera possible de s’appuyer sur l’expérience acquise avec les examens ministériels annuels et les présentations volontaires nationales.  L’examen ministériel de cette année, a-t-il indiqué, permettra d’entendre les présentations du Kirghizstan, de la Mongolie, des Philippines et de la Zambie.  Il comportera également, cette année, la mise en œuvre du Programme d’action pour les pays les moins avancés (PMA) pour la décennie 2011-2020.

Interventions

Mme SONJA STEßL, Secrétaire d’État chargée de l’administration et de la fonction publique auprès de la Chancellerie fédérale de l’Autriche, qui a parlé au nom du M. Werner Faymann, Chancelier de l’Autriche, a déclaré que l’élimination des inégalités sera d’une importance cruciale pour assurer le succès de la mise en œuvre du futur programme de développement.  C’est après avoir appliqué les droits du travail et réalisé l’égalité des sexes et le commerce équitable que nous pourrons parvenir à un développement durable de nos sociétés.  Nous devons aussi faire de sorte que les progrès soient inclusifs pour tous les peuples à travers la promotion de sociétés ouvertes, exemptes de toute forme de discrimination et fondées sur la démocratie.

Le nouveau programme de développement est ambitieux et reprend les enjeux des pays en développement et développés.  Les ODD seront applicables à tous les pays.  Il présentera des défis qui devront être résolus comme la pauvreté, l’éducation, la santé, les inégalités des sexes, l’environnement.  Le programme doit être compris et adopté par les gouvernements, la société civile et les parlements.  La clef du succès réside dans la capacité à mobiliser des moyens de mise en œuvre.  Des ressources financières significatives des secteurs public et privé, le renforcement des capacités, l’implication du secteur privé et des politiques et des mesures d’appui seront nécessaires.

Un suivi et un examen transparents et opérationnels aux niveaux national, régional et mondial seront également nécessaires.  C’est la clef pour assurer la reddition de comptes envers les citoyens.  Pour y parvenir, des microdonnées sont nécessaires pour aider à mesurer les progrès.  Dans de nombreux pays, la disponibilité des données reste un énorme défi et il sera essentiel de renforcer les systèmes statistiques nationaux et les institutions.  Un cadre de reddition de comptes doit aussi être créé.  Il devrait constituer un processus qui va de bas en haut et repose sur l’utilisation de mécanismes nationaux de reddition de comptes.  Au niveau national, les parlements, les autorités locales et gouvernementales, la société civile, le milieu scientifique et académique ainsi que le milieu d’affaires jouent un rôle central dans ce contexte.

Les efforts régionaux pourraient stimuler l’examen par les pairs, les échanges de meilleures pratiques et en contribuant au suivi et examen global.  Les progrès des processus nationaux et régionaux convergeraient ainsi vers le Forum politique de haut niveau qui a été mandaté pour assurer un leadership politique et un examen de la mise en œuvre des engagements de développement durable. 

Mme ROZA OTUNBAYEVA, Fondatrice de l’Initiative Roza Otunbayeva, ancienne Présidente du Kirghizistan et Membre du Club de Madrid, a parlé de l’expérience de son pays en matière de développement au cours des 20 dernières années.  Le Kirghizistan a notamment pu améliorer la nutrition et réduire la mortalité infantile et maternelle.  En outre, le pays a atteint un taux d’alphabétisation de près de 100% pour les hommes et les femmes.  Les OMD n’ont cependant pas assez mis l’accent sur les inégalités au sein de ce secteur, a-t-elle dit, en expliquant que sa fondation avait pour rôle d’y remédier.  Le Gouvernement a aussi investi près de 10 millions de dollars par an dans un programme de fourniture de repas à l’école primaire.  « Nous travaillons maintenant avec le Programme alimentaire mondial (PAM) pour réduire les coûts de la nutrition tout en améliorant la qualité », a assuré Mme Otunbayeva.  Elle a ensuite invité à privilégier les échanges d’expériences nationales en matière d’éducation, avant de saluer ce qui est accompli grâce à la Fondation Bill et Melinda Gates.

L’ancienne Présidente du Kirghizistan avait également recommandé de redoubler d’efforts en faveur de l’autonomisation des femmes, a indiqué Mme Otunbayeva.  Elle a apprécié par ailleurs que la lutte contre la corruption figure dans les objectifs de développement durable, tout en souhaitant que cette question ait été envisagée de manière plus ambitieuse.  Elle a aussi souligné les besoins élevés des pays en développement en termes de renforcement des capacités.  Enfin, la question des travailleurs migrants a retenu toute son attention car, a-t-elle fait remarquer, une forte part du revenu national de son pays provient des envois de fonds de l’étranger.  Notant que les travailleurs migrants travaillent souvent dans des conditions dangereuses, elle a mis l’accent sur leurs droits et s’est félicitée de l’intégration dans le futur programme de développement d’un objectif les concernant.  Le projet de texte final de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement pour le développement contient d’ailleurs un paragraphe sur la réduction des coûts de transfert de fonds par les migrants, s’est-elle félicitée avant de conclure.

M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général pour les OMD et Directeur de l’Earth Institute à Columbia University, a fait remarquer que si la croissance économique dans le monde était en progression, l’économie de marché, malheureusement, ne prend pas en compte la situation des personnes vivant dans la pauvreté extrême.  Les affaires ne permettent pas de créer l’avenir que nous voulons.  M. Sachs en a déduit qu’il faudrait attirer l’attention sur les plus pauvres, le seul moyen de réaliser des progrès, comme on l’a fait pour réussir à réduire de 60% des cas de paludisme en Afrique.  Il est insensé de courir le risque de voir tant d’enfants ne pas finir leur scolarité, a-t-il dit en déplorant le manque de progrès dans le secteur de l’éducation.

Les objectifs de développement durable sont « de bons objectifs », a-t-il affirmé en conseillant aux délégations de les mémoriser pour mieux se les approprier.  Pour les réaliser, les pays doivent adopter des plans nationaux bien structurés.  Il a aussi misé sur les perspectives immenses qu’ouvrent les téléphones portables.  M. Sachs a en outre suggéré la création d’un ministère du développement durable aux États-Unis.  Estimant que les gouvernements ne peuvent pas faire cavaliers seuls, il leur a recommandé d’agir de concert avec les autres acteurs.  Nous avons aussi besoin d’un fonds mondial pour l’éducation, a-t-il dit, avant de demander que des données soient établies pour mesurer les progrès.  « Google en sait plus que vous sur vos pays », a-t-il ironisé.

Enfin, M. Sachs a parlé du réseau de solutions en matière de développement qu’il a créé en 2012 à la demande du Secrétaire général et qui est constitué de centres de recherches et de groupes de réflexion du monde entier.  « Nous voulons fournir des idées et des outils pour les réaliser », a-t-il expliqué, en engageant les universités à rejoindre ce réseau.

Mme NANXI LIU, Cofondatrice et Directrice générale de « Enplug, Inc. » et Cofondatrice et Membre du Conseil de Nanoly Bioscience (États-Unis), a parlé des conséquences des ODD sur les jeunes.  Elle a aussi parlé de la création de la société Nanoly Bioscience qui aide à transporter les vaccins en milieu rural et sans réfrigération grâce à une innovation technologique reposant les polymères.  Si l’on veut construire quelque chose, il faut prendre des risques; ensuite, il faut convaincre des gens intelligents pour collaborer avec eux et pour travailler ensemble sur des projets utiles à la société, a-t-elle souligné, en tirant les leçons des activités de cette entreprise.  Elle a ajouté que les gouvernements devraient trouver les moyens d’aider les jeunes dans leurs pays, comment leur donner l’argent et les bourses pour qu’ils réalisent leurs projets afin d’atteindre les objectifs qui ont été fixés.  Mme Liu a terminé en révélant que le service fourni par Nanoly Bioscience est actuellement utilisé dans 12 pays.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil débat d’une résolution relative au conflit qu’a connu la Bosnie-Herzégovine après le rejet du texte par le vote négatif d’un membre permanent

7481e séance – matin
CS/11961

Le Conseil débat d’une résolution relative au conflit qu’a connu la Bosnie-Herzégovine après le rejet du texte par le vote négatif d’un membre permanent

Faisant usage de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité et du droit de veto qui l’accompagne, la Fédération de Russie s’est opposée, aujourd’hui, à l’adoption d’un projet de résolution relatif au conflit qui a embrasé, il y a une vingtaine d’années, l’ex-Yougoslavie, notamment la Bosnie-Herzégovine et la ville de Srebrenica, lieu d’un génocide commis en juillet 1995.  La séance de travail du Conseil de sécurité a été marquée par l’observation d’une minute de silence en mémoire des victimes et par les regrets exprimés par le Vice-Secrétaire général de l’ONU, qui a déploré que l’Organisation n’ait pu empêcher ce génocide.

Un certain nombre de délégations, dont celles de la Chine, du Venezuela, du Nigéria et de l’Angola ont exercé un vote d’abstention sur une résolution dont elles ont estimé les termes partiaux, non consensuels et trop orientés contre une seule des parties au conflit qui s’est déroulé en Bosnie-Herzégovine.  Ces délégations ont regretté que les auteurs de la résolution aient refusé une poursuite des consultations et un échange plus poussé de points de vue sur le contenu du projet de texte.

La solennité de cette réunion, qui se tenait à l’occasion du vingtième anniversaire « du crime le plus grave commis en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale », selon certains intervenants –plus de 8 000 personnes avaient trouvé la mort dans la ville de Srebrenica, située aujourd’hui en Bosnie-Herzégovine–, n’a pas empêché des échanges très vifs entre représentants d’États membres du Conseil de sécurité, avant et après le déroulement de la procédure de vote du projet de résolution.  D’un côté, le représentant de la Fédération de Russie, et de l’autre, les représentants des États-Unis et du Royaume-Uni ont exprimé des vues très divergentes sur le soutien que l’ONU et la communauté internationale devraient apporter à la réconciliation entre les différentes communautés des Balkans.  

« Ce projet de résolution rejette la faute des violences survenues il y a 20 ans sur un seul peuple et laisse l’impression que tous les crimes de guerre ont été commis par une seule partie », a relevé le représentant de la Fédération de Russie, qui a demandé l’observation de la minute de silence.  Il a estimé que le texte soumis au vote du Conseil était devenu, « un sujet de polémique en Bosnie-Herzégovine, et qu’il y attisait les tensions et ne servait pas la promotion d’une paix durable ».  « En lisant ce document, on ne peut qu’y remarquer des tentatives d’imposer une pression politique sur Belgrade », a-t-il déclaré.  Estimant que l’adoption du projet de résolution serait « contreproductive », il a demandé à ses auteurs, soutenu en cela par son homologue de la Chine, de ne pas le soumettre au vote.

Ce vœu a été rejeté par le représentant du Royaume-Uni, principal auteur du projet de résolution, qui a affirmé que « le texte ne stigmatisait pas les Serbes et reconnaissait que des crimes avaient été commis par toutes les parties contre toutes les autres parties ».  Après le vote et le rejet du projet de résolution, la représentante des États-Unis a déclaré que « le veto de la Fédération de Russie brisait le cœur des familles des victimes de Srebrenica ». 

« Comment la Fédération de Russie peut-elle s’opposer à ce projet de résolution? » a-t-elle demandé, avant de souligner que le projet de résolution « ne nommait pas les responsables du génocide ».  « Si les mères des garçons tués à Srebrenica étaient présentes aujourd’hui, elles se demanderaient comment des pays peuvent s’abstenir et comment un pays peut utiliser son privilège de membre permanent pour nier ce qui s’est passé », a-t-elle dit. 

À cette critique le représentant de la Fédération de Russie a répondu en exerçant son droit de réponse.  « Pourquoi, pour le dixième anniversaire de l’ingérence et de l’invasion illégale des États-Unis en Iraq, le Conseil n’a-t-il pas adopté une résolution qui aurait désigné les choses par leur vrai nom? » a-t-il demandé.  « L’humanisme des États-Unis et du Royaume-Uni s’allume et s’éteint en fonction de leurs considérations politiques et leurs intérêts », a-t-il ajouté.

Pour sa part, le représentant de la France a souhaité que les cinq membres permanents s’engagent sur une base volontaire à renoncer à l’usage du veto lorsque des crimes de masse sont constatés et débattus par le Conseil.  « L’usage du droit de veto n’est pas un privilège, c’est une responsabilité », a-t-il déclaré.  À l’instar de nombreuses délégations, il a également souligné la part de responsabilité des Nations Unies dans le génocide de Srebrenica, « car elles ont échoué à remplir leur mission fondatrice: le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».

Cette impuissance de l’ONU et de la communauté internationale a été au cœur de l’intervention du Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, qui a ouvert la séance.  « Nous nous rassemblons aujourd’hui dans l’humilité et sommes au regret de reconnaître l’échec des Nations Unies et de la communauté internationale, qui n’ont pu empêcher que cette tragédie ne se produise », a-t-il dit.  Les Nations Unies ont reconnu avoir échoué à protéger les personnes qui avaient cherché secours et refuge à Srebrenica, a-t-il poursuivi, rappelant qu’un rapport du Secrétaire général de 1999 avait identifié les fautes commises par l’Organisation et la communauté internationale.

« Comment avons-nous pu, tous aux Nations Unies, être aussi inconséquents au point de n’avoir su anticiper le meurtre de 8 000 hommes et garçons à Srebrenica? » s’est également demandé M. Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire aux droits de l’homme (HCDH), qui s’est exprimé en visioconférence depuis Genève, en Suisse.  Retraçant les évènements clefs ayant contribué à décrédibiliser l’ONU et sa Force de protection des Nations Unies (FORPRONU) déployée à l’époque, il a expliqué que la FORPRONU craignait les Serbes de Bosnie et n’avait jamais fait en sorte que les Serbes de Bosnie la redoutent. 

LA SITUATION EN BOSNIE-HERZÉGOVINE

Déclarations

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que l’une des principales missions assignées aux Nations Unies était la prévention du génocide.  « Le génocide de Srebrenica a été l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire récente », a-t-il dit.  « Aujourd’hui, nous nous réunissons à New York pour rendre hommage à toutes les victimes et pour partager le chagrin des familles et des communautés touchées par ces atrocités.  Nous nous rassemblons aujourd’hui dans l’humilité et sommes au regret de reconnaître l’échec des Nations Unies et de la communauté internationale qui n’ont pu empêcher que cette tragédie ne se produise », a ajouté M. Eliasson.  Il a ensuite fait part de la détermination des Nations Unies à tirer les leçons de ces jours « innommables » de juillet 1995, afin, dans l’avenir, de détecter les dangers qui se posent aux populations à un stade plus précoce.  « Nous devons bâtir une Organisation qui soit mieux outillée pour empêcher que de tels crimes et atrocités ne se reproduisent », a souligné le Vice-Secrétaire général.

Les Nations Unies ont reconnu avoir échoué à protéger les personnes qui avaient cherché secours et refuge à Srebrenica, a-t-il poursuivi, rappelant qu’un rapport du Secrétaire général publié en 1999 avait identifié les fautes commises par l’Organisation et la communauté internationale.  Cette même année, une enquête indépendante sur les agissements de l’ONU pendant le génocide de 1994 au Rwanda avait identifié des déficiences similaires, a rappelé M. Eliasson.  Il a ensuite retracé les mesures prises pour mettre en œuvre les recommandations contenues dans ces rapports, la prévention des génocides étant devenu un impératif.  « Des tribunaux pénaux internationaux ont jugé les auteurs de ces crimes odieux », a-t-il dit, avant de rappeler que l’Assemblée générale avait entériné en 2005 la notion de « responsabilité de protéger », qui fait de la prévention des génocides, des crimes de guerre, des nettoyages ethniques et des crimes contre l’humanité une responsabilité étatique et internationale essentielle.  Si les Casques bleus sont désormais dotés de mandats robustes pour protéger les civils, a-t-il dit, il faut cependant souligner qu’ils continuent de faire face aux mêmes défis qui se posaient au moment où est survenue la tragédie de Srebrenica, défis en particulier caractérisés par des « divisions paralysantes » entre États Membres et entre membres du Conseil de sécurité et par un manque de soutien politique et matériel aux initiatives que pourraient prendre l’ONU.

« L’Organisation des Nations Unies et ses États Membres, de même que les organisations régionales, ont l’obligation de renforcer leurs efforts collectifs de prévention des violences et des conflits et de trouver des solutions pacifiques dans l’esprit des Chapitres VI et VII de la Charte », a souligné le Vice-Secrétaire général, avant d’insister sur le rôle central du Conseil de sécurité.  « Nous voyons comment les situations peuvent se détériorer et échapper à tout contrôle lorsque le Conseil est divisé », a-t-il poursuivi, avant de souligner que le carnage en Syrie avait indéniablement entaché la réputation et le prestige du Conseil et des Nations Unies.

M. Eliasson a rappelé que des crimes atroces étaient commis en Iraq, au Soudan du Sud et ailleurs, et que des groupes extrémistes, comme Daech, Boko Haram et Al-Chabab, rivalisent désormais d’horreur et de brutalité pour semer la peur au sein des populations.  « Comme nous l’obligent la Charte et la moralité, nous devons unir nos forces contre de tels actes et menaces.  Quand les mots manquent pour dire notre indignation, nous devons agir et nous montrer à la hauteur des valeurs et des principes élémentaires de notre humanité, inscrits dans la Charte », a-t-il conclu.

« Comment avons-nous tous, aux Nations Unies, pu être aussi inconséquents, et n’avons-nous pas su anticiper le meurtre, de sang-froid, de 8 000 hommes, adolescents et jeunes garçons à Srebrenica? » s’est demandé M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), qui intervenait par vidéoconférence depuis Genève.  « Comment avons-nous pu commettre autant d’erreurs et ne toujours pas les comprendre?  Comment n’avons-nous pas, depuis, pris depuis des mesures correctives afin d’éviter la répétition des erreurs commises dans le passé? » s’est-il inquiété après avoir rendu hommage aux mères, sœurs et filles des 8 000 hommes et garçons assassinés.  Il a indiqué qu’il y a une semaine le Hague Institue for Global Justice Institute et le Musée de l’Holocauste des États-Unis ont organisé une discussion rassemblant pour la première fois de nombreux officiels ayant une relation avec les événements qui se sont déroulés en Bosnie-Herzégovine il y a 20 ans, et en particulier à Srebrenica. 

Rappelant les évènements clefs qui ont contribué à décrédibiliser l’ONU et la Force de protection des Nations Unies (FORPRONU), il a cité l’assassinat, au début de l’année 1993, du Vice-Premier Ministre bosniaque Hakija Turajlić par des soldats serbes-bosniaques à un point de contrôle situé en dehors de Sarajevo, alors que le Vice-Premier Ministre était à bord d’un véhicule blindé de l’ONU.  Même si un semblant de crédibilité a pu être restauré lorsque le général Morillon a placé Srebrenica sous la protection de l’ONU, il a fallu attendre février 1994 pour voir l’ONU recourir à la menace d’une intervention aérienne de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) pour obliger les Serbes à mettre fin aux bombardements qu’ils menaient contre la ville de Sarajevo, a-t-il expliqué. 

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a noté que la FORPRONU avait renoncé à « faire usage du bâton » lors de la crise de Gorazde en avril 1994 parce que le Secrétaire général des Nations Unies, son représentant spécial, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et le chef de la FORPRONU avaient jugé qu’il serait contreproductif de voir des troupes de maintien de la paix recourir à la force et prendre part ainsi au conflit.  Il a rappelé que le recours à des interventions aériennes les 24 et 25 mai 1995 contre des positions des Serbes de Bosnie s’était traduit par la prise d’otages de 400 Casques bleus.  Après cela, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France avaient décidé de suspendre les interventions aériennes, ce qui a « préparé ainsi le terrain » à ce qui s’est ensuite passé à Srebrenica. 

Un peu plutôt, le 8 mars 1995, Radovan Karadzić avait approuvé sa « Directive 7 » ordonnant à l’armée serbe de Bosnie « d’écraser les enclaves orientales », dont Srebrenica, afin de créer des faits sur le terrain et une situation de non-retour.  Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a estimé que c’est la pause décidée dans la conduite des interventions aériennes qui a ouvert la voie aux actes qu’a commis Ratko Mladić.  Le 3 juin, les Serbes de Bosnie ont attaqué la zone de protection de Srebrenica en rencontrant très peu de résistance.  Le 4 juin, après une rencontre avec le chef des forces de l’ONU, le général Bernard Janvier, Ratko Mladić a eu le sentiment que l’ONU ne ferait pas appel à un appui aérien de l’OTAN tant que les Serbes de Bosnie s’abstiendraient de menacer ou de s’en prendre au personnel de l’Organisation.

Un mois plus tard, alors que l’armée serbe de Bosnie avançait sur Srebrenica par le sud-est, deux demandes d’interventions aériennes ont été respectivement refusées les 6 et 8 juillet, ceci alors qu’il était clair que la résolution 836 (1993) avait été délibérément violée.  Le 9 juillet, constatant que ses troupes rencontraient très peu de résistance, le général Mladić a décidé de prendre la ville.  Dans un télégramme daté du 10 juillet, le général Janvier a exprimé son opposition à toute intervention aérienne.  Le 11 juillet, les avions de l’OTAN ont survolé Srebrenica à partir de 6 heures du matin, prêts à frapper si la requête en était faite, mais il n’y a pas eu de demande de la part du général Janvier.  Lorsqu’une demande a été faite, elle a été exprimée après 11 heures, et elle mettait des conditions au lancement de tout raid aérien, indiquant que l’usage de l’aviation contre les forces serbes ne pourrait avoir lieu que si ces forces faisaient feu sur les positions de l’ONU.  Il était alors déjà trop tard pour sauver Srebrenica

Dans la nuit du 11 juillet, Ratko Mladić a commencé à transformer sa victoire militaire en un crime perpétré à une échelle jamais vue en Europe depuis 1945, a poursuivi M. Zeid Ra’ad Al Hussein.  « Apparemment, c’est au cours de cette nuit qu’il a pris la décision d’exécuter de manière sommaire 1 000 hommes et garçons bosniaques détenus et rassemblés à Potocari », a poursuivi le Haut-Commissaire aux droits de l’homme en précisant que les exécutions de masse ont débuté le 13 juillet et se sont ensuite poursuivies, faute d’avoir pu être détectées par l’ONU. 

Le Chef du Haut-Commissariat des droits de l’homme (HCDH) s’est étonné qu’il n’y ait jamais eu de discussions appropriées à ce sujet aux Nations Unies, au-delà d’un débat sommaire tenu à l’Assemblée générale en 1999.  Par ailleurs, il a noté que la FORPRONU craignait les Serbes de Bosnie, et que la Force onusienne n’avait jamais reçu les moyens et la possibilité de faire en sorte que les Serbes de Bosnie puissent, aux aussi, la craindre.  Il a jugé dangereuse l’attention qui avait été accordée aux prétextes invoqués par la partie serbe et à ses récriminations, alors que c’était elle l’oppresseur.  Certaines mesures ont même donné l’impression qu’on faisait preuve de sympathie à l’égard des Serbes de Bosnie.  Si toutes les parties ont commis des crimes, a dit le Haut-Commissaire aux droits de l’homme en estimant cependant que toutes les parties ne partageaient pas les mêmes responsabilités si l’on tient compte de l’échelle et de la proportion de certaines tueries.  Il a estimé qu’une des leçons de la Bosnie-Herzégovine était que les commandants des forces de l’ONU auraient dû assumer leurs tâches de commandement de troupes de combat et laisser la conduite des négociations avec les parties à d’autres responsables onusiens. 

« Tant que l’on ne respectera pas l’ONU, d’autres massacres seront commis », a conclu M. Zeid Ra’ad Al Hussein avant de préciser que si l’ONU veut respecter et assumer l’engagement qu’elle a pris concernant la protection des civils, il faut qu’elle soit indivisible, présente un front uni aux parties belligérantes et soit claire et ferme sur ses intentions.  Le concept de « zone de protection » mis en œuvre à Srebrenica aurait pu et peut fonctionner si sa mise en œuvre est correctement conduite, a relevé le Haut-Commissaire. 

Déclarations avant la procédure de vote sur le projet de résolution

Après avoir demandé une minute de silence, M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rappelé que des crimes ont été commis par toutes les parties à la crise qu’a connue la Bosnie-Herzégovine il y a 20 ans: les Bosniens, les Croates et les Serbes ont tous commis des actes répréhensibles.  « Doit-on se poser la question de savoir qui a souffert le plus, alors que des centaines de milliers de Serbes ont été chassés de leurs terres traditionnelles au cours des 10 années de conflit qui ont marqué les Balkans? » s’est demandé M. Churkin.  Le Représentant permanent de la Fédération de Russie a appelé les membres du Conseil et la communauté internationale à célébrer le vingtième anniversaire des accords de Dayton en adoptant des mesures qui rassemblent, et non pas en voulant lancer des initiatives qui divisent. 

Dans ce contexte, M. Churkin a estimé que le projet de résolution dont le Conseil de sécurité était aujourd’hui saisi allait dans une mauvaise direction et représentait un outil de confrontation politiquement motivé.  Le texte est source de confrontation et de division « en rejetant la faute de la tragédie en Bosnie-Herzégovine sur un seul peuple et en donnant l’impression que tous les crimes de guerre ont été commis par une seule partie », a relevé le diplomate russe.  « C’est pourquoi nous avons proposé une version alternative », a annoncé M. Churkin en ajoutant que le projet de résolution initialement soumis a entrainé des réactions très dures en Bosnie-Herzégovine et dans les alentours.  Il a estimé que ce projet de texte attise les tensions, car il est déjà devenu le sujet d’une vive polémique en Bosnie et est déjà la source de menaces à la stabilité du pays.  Le contenu de ce projet de résolution n’entre pas dans la ligne des documents qui peuvent être considérés comme œuvrant à l’établissement d’une paix durable entre les différentes communautés des Balkans.  Dans ce projet de texte, on remarque clairement que ses auteurs tentent d’amener le Conseil à imposer une pression politique sur Belgrade, a ajouté M. Churkin.  Étant donné qu’il y a une absence totale de consensus sur ce texte, ni le parlement ni le Présidium bosniens n’ont pu parvenir à une entente sur les questions soulevées dans le document.  Compte tenu de ces constations, a dit M. Churkin, la Fédération de Russie estime que l’adoption de ce projet de résolution serait contreproductive.  « Notre opposition aux termes de ce texte ne signifie pas que nous sommes sourds ou indifférents à la souffrance des peuples qui ont subi les évènements survenus en Bosnie-Herzégovine », a souligné le représentant en appelant le Conseil de sécurité à ne pas soumettre le texte au vote ou à l’adoption de ses membres.

M. LIU JIEYI (Chine) a estimé que les membres du Conseil de sécurité devaient poursuivre des consultations et continuer à échanger leurs vues afin de pouvoir améliorer les termes du texte, et il en a appelé les auteurs à ne pas vouloir le soumettre dans sa forme actuelle à une décision du Conseil de sécurité.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a indiqué que des délégations ont travaillé sur ce texte pendant plus d’un mois.  Il a ajouté que sa délégation reconnaissait que des crimes ont été commis par toutes les parties contre toutes les autres parties.  « Nous ne pensons pas que les termes de ce texte stigmatisent les Serbes », a-t-il estimé.  Il a précisé que le texte appelle l’ONU à tirer les enseignements douloureux de Srebrenica.  Il a regretté le fossé existant entre délégations sur le contenu du projet de résolution, et a rappelé que les verdicts rendus sur le conflit de Bosnie-Herzégovine et sur la tragédie de Srebrenica par la Cour internationale de Justice (CIJ) et le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) font état d’un génocide à Srebrenica.  « Il n’y a pas lieu aujourd’hui de revenir sur ces conclusions », a-t-il estimé.

Déclarations après la procédure de vote sur le projet de résolution

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a indiqué qu’elle se trouvait, en tant que journaliste, à Sarajevo lors de l’entrée des forces serbes à Srebrenica.  « Je ne pensais pas que les forces serbes de Bosnie puissent exécuter chaque homme et garçon musulman à Srebrenica.  Les seuls mots auxquels je pouvais penser étaient « non, non, ce n’est pas possible », a-t-elle ajouté.  Elle a expliqué que lorsqu’elle a appris que la Fédération de Russie pouvait opposer son veto à l’adoption de la résolution dont le Conseil était saisi aujourd’hui, elle a eu la même réaction: « Non. Comment la Fédération de Russie peut-elle s’opposer à ce projet de résolution? »

Mme Power a estimé que le vote d’aujourd’hui était important, et que « le veto de la Fédération de Russie brisait le cœur des familles des victimes de Srebrenica ».  « C’est une tâche de plus sur la réputation de ce Conseil », a dit la Représentante permanente des États-Unis.  Elle a ensuite expliqué qu’en 2005 elle faisait partie de la marche qui avait été organisée « pour marquer le dixième anniversaire du génocide » et qu’elle était revenue en 2010 pour le même évènement aux côtés d’adolescentes et de femmes qui avaient grandi sans leurs pères, frères et maris.  « Une mère cherchait encore la dépouille de son cinquième fils tué à Srebrenica, et c’est cette mère que la Fédération de Russie vient d’ignorer en opposant son veto », a dit Mme Power.

La représentante a ensuite rappelé que les Casques bleus censés protéger les populations à Srebrenica « avaient été humiliés par les forces serbes ».  « Il est important que tous les chefs qui ont commandité ce génocide soient jugés à La Haye », a-t-elle dit, avant d’établir un parallèle « avec le régime Assad, qui massacre son peuple et le régime de la Corée du Nord qui affame des prisonniers dans des camps ».  « Un génocide a bel et bien eu lieu à Srebrenica », a-t-elle poursuivi, avant d’estimer que « le déni de ce génocide ne saurait servir à la réconciliation entre communautés.  C’est une folie que de penser cela ».  Vingt ans après que la communauté internationale a échoué à protéger les populations de Srebrenica, elle a déploré que « la Fédération de Russie ait refusé d’appeler les évènements par leur nom, qui est celui de génocide ».  La représentante a souligné que le projet de résolution ne nommait pas les responsables du génocide.  « Si les mères des garçons tués à Srebrenica étaient présentes aujourd’hui, elles se demanderaient comment des pays peuvent s’abstenir et comment un pays peut-il user d’un privilège que lui donne son statut de membre permanent pour dénier ce qui s’est passé », a dit la représentante.  Mme Power a estimé que « la reconnaissance de la gravité de ce génocide était essentielle pour promouvoir la réconciliation entre communautés ».

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a dit que la France regrette profondément l’opposition de la Fédération de Russie à l’adoption d’une résolution dont le but était d’honorer la mémoire de toutes les victimes du génocide de Srebrenica, mais aussi celle de toutes les victimes innocentes de tous bords durant l’ensemble du conflit en Bosnie-Herzégovine, et par là même de rappeler la responsabilité particulière qui incombe au Conseil concernant la prévention des massacres de civils.  Il a estimé qu’un tel sujet méritait l’unanimité du Conseil.  « Mais en s’opposant à cette résolution, la Fédération de Russie empêche toute expression du Conseil destinée à accompagner les moments de recueillement et de mémoire organisés pour les victimes du génocide et du conflit en Bosnie-Herzégovine », a dit M. Delattre.  « Sous couvert de respect d’une mémoire particulière, la Russie s’oppose à ce que le Conseil enjoigne aux parties de dépasser les souffrances du passé et de s’engager résolument sur le chemin de la réconciliation », a ajouté le Représentant permanent de la France, avant d’insister que la réconciliation « doit passer par la reconnaissance de la réalité du génocide commis à Srebrenica il y a 20 ans », qualifié comme tel par les juridictions internationales, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et la Cour internationale de Justice.  M. Delattre a dit que la justice est la condition de la réconciliation et de la paix, et que le texte soumis avait certes un but mémoriel, mais était aussi tourné vers l’avenir.  « Il avait en effet aussi pour but de participer à la réconciliation des peuples des Balkans et de les aider à construire un avenir de paix et de sécurité », a-t-il insisté avant de dire que sa délégation regrettait profondément l’échec d’aujourd’hui.

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a expliqué que son pays s’est abstenu parce que ce projet de résolution n’était pas un texte équilibré.  Le texte faisait porter toutes les responsabilités du conflit à une seule partie sans souligner la complexité de la situation qui prévalait en Bosnie-Herzégovine et dans les Balkans, a estimé le représentant.  « Nous ne pouvons pas accuser tout un peuple pour des actes commis par un groupe agissant au nom d’un nationalisme exacerbé, et auquel incombe la responsabilité de ce qui s’est passé », a-t-il dit.  Déclarant que sa délégation est convaincue que la justice doit s’appuyer sur la seule vérité, le représentant du Venezuela a salué le travail réalisé par le TPIY.  Il a noté que le projet de résolution rejeté aujourd’hui n’a pas suscité de consensus auprès des autorités de la Bosnie-Herzégovine et de la région.  Au lieu de contribuer à la réconciliation, ce projet de texte ne faisait qu’attiser les dissensions entre les peuples de la région qui doivent bâtir un avenir commun basé sur le respect des droits de l’homme, a souligné le représentant.  Il a exhorté l’ONU à favoriser la réconciliation des peuples des Balkans et à continuer à s’appuyer sur l’accord de Dayton, qui est le fruit d’un consensus politique entre les parties.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a expliqué que sa délégation s’est abstenue lors du vote non pour nier le génocide et la gravité de cet évènement, mais parce que « nous sommes en désaccord avec un texte qui devrait tenir compte du fait que des milliers de victimes de tous bords ont péri dans toute la région », a-t-il souligné.  Il a estimé que le texte aurait dû dresser le bilan de la réconciliation entre les peuples de la région des Balkans en se tournant vers l’avenir pour panser les plaies, ceci dans l’intérêt de tous les peuples.  Tel qu’il a été soumis, ce projet de résolution n’apportait aucune contribution concrète à la promotion de la réconciliation, a déclaré le représentant en estimant qu’il fallait cependant tirer les enseignements du passé.

Déclarations

M. MAHAMAT ZENE CHERIF (Tchad) a rappelé que le génocide de Srebrenica avait été le pire massacre commis en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.  « Les victimes ont été visées en raison de leur identité, et les hommes ont été séparés des femmes pour être froidement massacrés », a-t-il ajouté.  Il a également rappelé que le génocide du Rwanda avait échappé à la vigilance de la communauté internationale, avant d’inviter celle-ci à mettre la prévention des génocides au centre de son action.  Le représentant a ensuite indiqué que la situation en Bosnie-Herzégovine restait fragile, et il a encouragé le TPIY à poursuivre l’exécution de son mandat.  « La réconciliation passe forcément par la reconnaissance de la douleur des familles des victimes du génocide de Srebrenica », a-t-il poursuivi, avant de souligner la nécessité de commémorer les horreurs du passé afin qu’elles ne se reproduisent pas.  « C’est dans cet esprit que le Tchad a voté en faveur du projet de résolution », a déclaré le représentant, avant de regretter que le veto ait été utilisé s’agissant d’une question aussi sensible que celle de crimes de masse.  En conclusion, il a estimé que le projet de résolution n’accusait personne nommément.

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a regretté que le texte soumis n’ait pas pu être adopté.  Elle a rappelé qu’à la veille du massacre, il n’y avait aucune arme à Srebrenica, mais uniquement des enfants, des vieillards et des hommes qui étaient sous la protection de l’ONU.  Elle a estimé qu’une des plus importantes leçons que l’ONU doit retenir, est celle de la nécessité de mettre au point un système d’alerte rapide et d’anticipation des massacres de civils.  La représentante a dit que les efforts du Bureau du Conseiller spécial du Secrétaire général sur la prévention du génocide n’auront d’effets que si le Conseil de sécurité agit de manière unie.  « Vingt ans après, assurer la justice en Bosnie-Herzégovine exige que tous les accusés des faits qui ont eu lieu soient traduits devant les tribunaux », a-t-elle préconisé avant d’exhorter tous les États Membres à coopérer avec le TPIY.

M. KAYODE LARO (Nigéria) a souligné les progrès accomplis en Bosnie-Herzégovine depuis 1995.  Il a encouragé le pays et ses habitants à laisser le passé derrière eux et à avancer sur la voie de la réconciliation.  Chaque État a la responsabilité de protéger ses citoyens, a-t-il poursuivi, avant de déclarer que le Nigéria était en faveur de la mise en place de points de contact institutionnels entre États, afin de promouvoir la responsabilité de protéger.  Le représentant a également appelé de ses vœux le lancement d’une campagne contre les crimes de génocide.  La lutte contre l’impunité est cruciale, a-t-il poursuivi.  Il a ensuite souhaité que les Conseillers spéciaux pour la prévention du génocide et pour la responsabilité de protéger fassent davantage d’exposés devant le Conseil.  « De tels exposés servent en effet de mécanismes d’alerte précoce », a-t-il expliqué.  Enfin, le représentant du Nigéria a dit que sa délégation appuyait la proposition de faire du 11 juillet une journée internationale de commémoration du massacre de Srebrenica.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a regretté l’opposition et les abstentions qui se sont exprimées envers le projet de résolution, qui évoque l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire contemporaine de l’Europe.  « Les victimes de Srebrenica sont nos victimes », a-t-il dit, avant de saluer le travail réalisé depuis par l’ONU en matière d’alerte précoce.  Il a salué les conclusions du Sommet de 2005 sur la responsabilité de protéger (R2P) et des avancées telles que la création du poste de Conseiller spécial du Secrétaire général sur les violences sexuelles en situation de conflit.  Il s’est félicité des progrès réalisés par les peuples de la Bosnie-Herzégovine et de la région sur la voie de la réconciliation en citant l’importance de l’accord de stabilisation avec l’Union européenne.  

M. FRANCOIS DELATTRE (France) a estimé qu’il était important que les membres du Conseil de sécurité puissent aussi commémorer le vingtième anniversaire du génocide de Srebrenica et rendre hommage à toutes les victimes innocentes, de tous bords, du conflit en Bosnie-Herzégovine.  Lorsque de tels massacres se produisent, il s’agit toujours d’un échec collectif et les Nations Unies ont leur part de responsabilité, car elles ont échoué à remplir à Srebrenica leur mission fondatrice, qui est le maintien de la paix et de la sécurité internationales, ainsi que la protection des populations civiles.

À ce titre, a poursuivi M. Delattre, la prévention doit constituer le cœur de l’action du Conseil de sécurité lorsque des vies humaines sont en jeu.  Prévenir c’est d’abord alerter, a-t-il dit, en rappelant la création du bureau conjoint pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger.  Prévenir c’est aussi agir, a-t-il ajouté, en mettant l’accent sur l’adoption en 2005, par les chefs d’État et de gouvernement, du concept de « responsabilité de protéger ».  Prévenir c’est enfin juger, a conclu le représentant en attirant l’attention sur le Statut de Rome, qui a été précédé par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). 

Malgré ces avancées, a regretté M. Delattre, force est de constater les situations tragiques où les Nations Unies restent impuissantes.  Il a cité la Syrie, « où des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre sont commis tous les jours, sous nos yeux », tandis que « le Conseil reste paralysé ».  La France, a-t-il affirmé, pousse pour que les cinq membres permanents s’engagent sur une base volontaire à renoncer à l’usage du veto lorsque des crimes de masse sont constatés.  « L’usage du droit de veto n’est pas un privilège, c’est une responsabilité. » 

« Ceux qui ne tirent pas les enseignements de l’histoire sont condamnés à la répéter », a déclaré M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie).  Il a souligné la nécessité d’envoyer un signal clair à tous ceux qui nient l’existence du génocide de Srebrenica.  Il a ensuite rappelé que sa délégation a voté en faveur du projet de résolution.  « Les Nations Unies et les États Membres sont en partie coupables de ce qui s’est passé à Srebrenica », a-t-il poursuivi, avant d’insister sur les progrès accomplis depuis dans la prévention du génocide.

« Combien de fois le monde devra-t-il constater son échec à faire respecter l’expression « plus jamais ça », a demandé M. Bin Ibrahim?  Soulignant la responsabilité de protéger les populations qui incombe aux États et à la communauté internationale, il s’est dit préoccupé par les divisions qui règnent au sein du Conseil de sécurité.  « Si nous avons échoué à prévenir le génocide de Srebrenica, nous devons au moins faire en sorte que justice soit rendue aux familles des victimes », a-t-il dit, avant de saluer les travaux du TPIY.  En conclusion, le représentant de la Malaisie a déploré le rejet du projet de résolution.  « Les dissensions politiques face aux crimes historiques nous empêchent de rendre justice aux victimes », a-t-il regretté.

M. LIU (Chine) a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à faire de manière continue des efforts pour mettre en œuvre les Accords de Dayton et à garder à l’esprit la nécessité de promouvoir le dialogue entre tous les groupes ethniques de la région des Balkans.  « Forcer un vote sur un projet de résolution portant à controverse va totalement à l’encontre de l’esprit de la promotion de la réconciliation dans la région », a souligné le représentant.  « C’est pourquoi la Chine s’est abstenue », a-t-il expliqué.  La souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine doivent être respectées et le Conseil de sécurité doit respecter les choix du Gouvernement et adopter une approche équilibrée et prudente dans le traitement des questions de la région.  

M. CRISTIÁN BARROS MELET (Chili) a dit la nécessité de reconnaitre les échecs survenus sous les yeux du système des Nations Unies.  Il a dit que toute société avait le droit à la mémoire.  « Dix ans après le débat de l’ONU sur la responsabilité de protéger (R2P), nous réaffirmons qu’il incombe aux États de poursuivre les responsables de crimes commis sur leur sol », a-t-il dit.  Pour prévenir les délits, il n’est pas inutile de rappeler l’initiative du Secrétaire général intitulée « les droits avant tout », a ensuite estimé le représentant.  Il a salué l’importance de la mission accomplie par le TPIY ainsi que celle de tous les mécanismes de prévention de l’ONU. 

M. GIMOLIELA (Angola) a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes des conflits.  « Nous fêtons cette année le dixième anniversaire du concept de « la responsabilité de protéger », qui a été entériné en 2005 par l’Assemblée générale », a-t-il rappelé, avant d’encourager les États Membres à renforcer leurs efforts de prévention des crimes de guerre et des génocides.  Il a également souhaité que les missions de maintien de la paix soient dotées de mandats robustes s’agissant de la protection des civils.  Enfin, le représentant de l’Angola a appelé la communauté internationale à renforcer ses efforts de coopération pour prévenir le crime de génocide, et à continuer de promouvoir la réconciliation en Bosnie-Herzégovine.

Mme NIDA JAKUBONE (Lituanie) a rappelé qu’aujourd’hui encore, 20 000 victimes de violences sexuelles « cruelles et préméditées » vivent dans l’ombre, dans la crainte de parler et de demander justice.  Elles ont besoin de soins, de protection et d’appui.  L’ampleur « énorme » du crime commis il y a 20 ans en Bosnie-Herzégovine contraste de manière frappante avec les quelques dizaines de coupables condamnés à ce jour.  Or, seule la vérité et la justice nourrissent la paix et la stabilité, a estimé la représentante.  L’expérience de la Bosnie a été douloureuse pour l’histoire de l’ONU, et des enseignements doivent en être tirés. 

Aujourd’hui, l’ONU est mieux équipée pour détecter les premiers signes d’éventuelles atrocités.  La « responsabilité de protéger » ne doit pas rester un concept sur le papier, et peut-être que la leçon la plus importante de ces terribles évènements est le fait qu’il faut prendre toutes les mesures possibles et afficher une volonté politique ferme face à ceux qui ont pour politique déclarée de terroriser le peuple, a dit la représentante.  Il est vrai que trop souvent, c’est la volonté politique qui manque, et que ce sont les divisions qui empêchent les actions fermes.  Soyons clairs: renoncer au droit de veto dans les situations de crimes de masse ne doit pas rester une option théorique, a-t-elle ajouté.  Nous appelons donc tous les membres permanents du Conseil de sécurité à le déclarer sans ambigüité, a conclu la représentante. 

M. WILSON (Royaume-Uni) s’est dit « indigné par le veto russe », et il a indiqué qu’il tenait à mentionner les souffrances des familles des 8 000 victimes de Srebrenica.  Il a indiqué que le projet de résolution cherchait uniquement « à assurer la reconnaissance des évènements, sans objectif politique ».  Il a dit que le génocide de Srebrenica était un « fait juridique » et non une question politique sujette à débat et à compromis.  Il a déclaré que les divisions de ces dernières semaines « montrent que tant que nous ne reconnaitrons pas les faits du passé nous n’avancerons pas ».  « C’est le déni et non le projet de résolution qui causera les divisions, car ce déni est une insulte ultime aux victimes », a-t-il insisté.  Il a regretté que « deux décennies après les horreurs, certains essayent encore de nier ce drame », alors que les familles des victimes continuent de rechercher des dépouilles et la vérité.  L’acceptation du passé est une condition d’une saine réconciliation. 

Il a repris une déclaration de M. Kofi Annan, qui a dit un jour que « la tragédie de Srebrenica hantera pour toujours les Nations Unies ».  Il s’est félicité que l’ONU dispose aujourd’hui de plus d’outils pour prévenir les crimes en saluant notamment l’adoption du nouveau cadre d’analyses pour les crimes atroces.  Parce que « Alerte rapide ne signifie pas action rapide », il a appelé « à agir et à utiliser tous les instruments qui sont à la disposition du Conseil pour éviter tout risque de génocide au Soudan du Sud, en Syrie et d’autres situations ».   

Il y a 20 ans, a rappelé M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande), des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants se sont rassemblés autour de la « zone de sécurité » de Srebrenica, croyant qu’ils seraient protégés par l’autorité de ce Conseil de sécurité et par les Casques bleus de l’ONU.  Or, ce sentiment de sécurité s’est avéré être une « illusion ».  Le représentant a rappelé que, dans son rapport de 1999 portant sur la chute de Srebrenica, l’ancien Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, se demandait ce que l’ONU peut faire pour éviter qu’aucune opération de maintien de la paix ne soit le témoin d’une catastrophe qu’elle était sensée prévenir.  Plus de 15 ans plus tard, c’est une question qui attend toujours une réponse convaincante, a estimé M. Van Bohemen.  Le Conseil de sécurité a le devoir de garder le passé à l’esprit pour éviter que l’histoire ne se répète.  Il doit faire plus qu’élaborer de meilleurs mandats et améliorer les capacités des opérations de maintien de  la paix.  Il doit être plus actif dans la prévention des conflits violents.  Mais, a ajouté le représentant, soyons honnêtes et admettons que la seule manière de prévenir les horreurs que l’on a vues à Srebrenica est d’obtenir des États qu’ils respectent les engagements qu’ils ont pris en adhérant à la Charte des Nations Unies.  Nous, les membres de l’ONU, nous devons faire nôtre cette responsabilité, quelles que soient la race, la couleur, la religion, l’histoire ou l’état de développement de la zone concernée.  « C’est fondamental pour notre humanité commune et partagée », a conclu le représentant.

Le représentant de la Fédération de Russie a exercé son droit de réponse et a tout d’abord fait une remarque de procédure, en s’étonnant que certaines délégations aient pris deux fois la parole au cours du débat.  Le représentant de la France n’a pas expliqué son vote lors de sa première prise de parole, a-t-il constaté.  Il a ensuite a accusé le Royaume-Uni et les États-Unis d’Amérique d’avoir délibérément procédé à une présentation erronée et déformée de la position de son pays.  « Les représentants de ces États auraient du mieux prêter attention et écouter notre explication de vote », a-t-il relevé.  Il s’est ensuite demandé pourquoi le Conseil n’avait-il pas tenu de réunion sur la guerre du Viet Nam et sur les bombardements au napalm commis par l’armée américaine. « Pourquoi, pour marquer le dixième anniversaire de l’ingérence et de l’invasion illégale des États-Unis en Iraq, le Conseil n’a-t-il pas adopté une résolution qui désignerait les choses par leur vrai nom? » a-t-il poursuivi.  « L’humanisme de ces pays est du genre qui s’allume et s’éteint en fonction de leurs considérations politiques et leurs intérêts », a-t-il constaté.

Exerçant à son tour son droit de réponse, la représentante des États-Unis a repris la parole et a dit que « chaque pays devrait être aux prises avec son passé ».  « C’est ce que nous avons fait aux États-Unis au lendemain de la tuerie de Charleston en nous penchant sur les fractures et les blessures raciales de notre histoire », a-t-elle dit.  Elle a déclaré que la Fédération de Russie « avait aujourd’hui cherché à soustraire à l’attention de la communauté internationale les 8 000 hommes et garçons tués à Srebrenica parce qu’ils étaient musulmans ».

Dans l’exercice de son droit de réponse, le représentant du Royaume-Uni a jugé « qu’il était vital que nous braquions les projecteurs de l’attention internationale sur l’évènement survenu à Srebrenica à quelques jours du vingtième anniversaire de cette tragédie ».

Reprenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que sa délégation n’avait aucune envie de réagir ou répondre aux attaques des représentants des États-Unis et du Royaume-Uni concernant le sujet débattu ce jour. 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

les États Membres et leurs populations devront s’approprier le programme de développement pour l’après-2015

Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
43e séance - matin et après-midi
ECOSOC/6711

les États Membres et leurs populations devront s’approprier le programme de développement pour l’après-2015

Comment assurer la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement vers le programme de développement pour l’après-2015, dans lequel seront inscrits les objectifs de développement durable?  Cette question a dominé, aujourd’hui, tant le débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) que la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

En adoptant, en septembre 2015, un programme de développement unifié et universel pour l’après-2015, dans lequel seront inscrits 17 objectifs et 169 cibles proposés par le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable, la communauté internationale « réinventera le modèle selon lequel nous concevons le développement mondial », souligne le Secrétaire général dans son rapport* sur cette question, qui a été présenté cet après-midi par le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo. 

La transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) vers les objectifs de développement durable (ODD) entraînera d’importants changements dans quatre domaines prioritaires, a expliqué M. Wu Hongbo.  Il faudrait ainsi miser sur l’intégration des politiques, procéder à des adaptations à tous les niveaux institutionnels pour mettre en œuvre le nouveau programme de développement, revitaliser le partenariat international et mettre en place un mécanisme de suivi et d’examen de la mise en œuvre qui soit à la fois global et à différents niveaux.  Pour ce faire, il a été souligné aujourd’hui que les pays et leurs populations devront s’approprier le programme de développement pour l’après-2015 afin de garantir, d’ici à 2030, ses deux objectifs essentiels et étroitement liés, à savoir l’élimination de la pauvreté et la réalisation du développement durable. 

Dans ce contexte, les engagements qui seront pris par les États Membres, en septembre prochain, auront des conséquences importantes, a rappelé le Président du Comité des politiques de développement, M. José Antonio Ocampo, qui a présenté le rapport des travaux de la dix-septième session du Comité, axés particulièrement sur la définition des responsabilités pour la mise en œuvre de ce nouveau programme pour le développement.  « Les gouvernements seront responsables devant leurs populations pour les engagements qu’ils prendront.  Ils seront également responsables devant les autres partenaires qui travaillent ensemble pour la réalisation de ces objectifs communs », a souligné M. Ocampo.

Dans la foulée, plusieurs délégations ont insisté, au cours du débat général, sur le rôle de chef de file du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, en particulier dans la formulation de recommandations et dans le suivi et l’examen de sa mise en œuvre.  Le représentant de la Fédération de Russie, par exemple, a mis en garde contre toute politisation inutile des discussions du Forum et contre l’imposition de normes qui n’auraient pas été approuvées dans le cadre du processus intergouvernemental sous l’égide de l’ONU.  Le programme de développement pour l’après-2015 devra, en outre, mettre l’accent sur les défis spécifiques auxquels sont confrontés certains États, notamment les petits États insulaires en développement (PEID), a estimé le représentant des Maldives au nom de l’Alliance des petits États insulaires.

Au cours d’une table ronde, organisée ce matin par le Forum, de nombreux intervenants se sont dits convaincus que la communication serait un élément essentiel du succès de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  S’appuyant sur des expériences nationales, panélistes et délégations d’États Membres ont assuré qu’il était important, à travers des stratégies de communication bien ciblées et claires, de mieux faire comprendre la notion de développement durable et d’encourager chacun à jouer un rôle actif dans la réalisation des objectifs définis dans ce cadre.

Une deuxième table ronde, qui s’est tenue dans l’après-midi, a surtout mis l’accent sur le fonctionnement du Forum d’ici à 2030.  Panélistes et États Membres ont ainsi souligné que le Forum devrait créer des synergies avec d’autres organes intergouvernementaux, ou fonds et programmes, comme l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement, ONU-Femmes, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ou encore les parlements nationaux.

Le Forum politique de haut niveau et l’ECOSOC poursuivront parallèlement leur réunion respective ministérielle demain, mercredi 8 juillet à partir de 10 heures.

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde I: « Communiquer et appliquer un programme universel chez soi » (A/70/75–E/2015/55 et E/HLPF/2015/2)

« Le programme en faveur du développement durable que les pays adopteront en septembre prochain sera universel mais il devra être adapté à la situation propre à chaque pays », a fait remarquer le Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), en lançant la discussion.  Il a ainsi invité les délégations à examiner comment ce programme universel pourrait être « traduit en politiques nationales tout en restant ambitieux, mondial et intégré ».  Il faudrait trouver le juste équilibre entre une « mise en œuvre différenciée » et la préservation des « éléments communs essentiels ».  De cet impératif découle l’importance des efforts de communication, afin de motiver les populations, ce qui a constitué le deuxième angle de la discussion.

L’animatrice de la table ronde, Mme LAURA TREVELYAN, Présentatrice et Correspondante à la British BroadcastingCorporation (BBC), a noté que les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), dont la portée a été jugée trop étroite, ont été transformés en 17 objectifs de développement durable assortis de 169 cibles et plus de 200 indicateurs.  Elle a invité les participants à réfléchir à la transposition de ces objectifs sur le terrain.

M. CARLOS ALVARADO QUESADA, Ministre du développement social du Costa Rica, a regretté que le discours sur la pauvreté et le développement soit limité.  Personne ne sait vraiment de quoi il s’agit, a-t-il fait remarquer en soulignant l’absence de référence culturelle et l’opacité des données.  Aussi-, a-t-il recommandé d’utiliser plusieurs indicateurs afin de connaitre les causes profondes du sous-développement.  Au Costa Rica, a-t-il expliqué, nous avons utilisé des indicateurs élaborés par l’Université d’Oxford pour mesurer dans chaque communauté cinq dimensions du développement (éducation, santé, logement, travail et protection sociale).  Il a cependant prévenu du risque d’opacité que représentent les données « moyennes ».  Il a cité l’exemple, au Costa Rica, de deux communautés éloignées de seulement un kilomètre qui ont pourtant des niveaux de développement très différents.  Il faudrait, a-t-il estimé, autonomiser les différents acteurs, en partageant les données, les objectifs et les résultats. 

M. THOMAS SILBERHORN, Secrétaire d’État parlementaire auprès du Ministre fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a parlé d’une « Charte pour l’avenir » élaborée par son ministère en vue d’impliquer les autorités fédérales, municipales et locales pour la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il faut à la fois que chacun assume ses responsabilités et que nous nous entendions sur nos responsabilités communes, a-t-il expliqué.  En Allemagne, les objectifs de développement durable seront un point de référence pour la révision de notre stratégie de développement durable, a-t-il assuré, en mettant notamment l’accent sur la promotion d’une économie à faible carbone en suivant le « virage énergétique » pris par son pays.  Reconnaissant que le « programme post-2015 » est un concept difficile à comprendre, il a prôné un discours plus compréhensible par le grand public.  M. Silberhorn a aussi parlé d’un partenariat pour les textiles durables mis en place en Allemagne, qui comprend plus de 120 membres.

Il n’y a pas de contradiction entre le programme de développement pour l’après-2015 et les politiques nationales de développement, a rassuré M. PIOTR OTAWSKI, Vice-Ministre de l’environnement de la Pologne, en soulignant le caractère universel du futur programme.  En même temps, il a reconnu qu’il faudrait faire des efforts pour faire comprendre les enjeux à la population et pour que soient prises des mesures d’application.  Il a notamment recommandé une bonne éducation sur les questions relatives aux changements climatiques, par le biais de consultations au niveau national comme l’a fait son pays.  M. Otawski a également souligné l’importance de la protection de la nature en se félicitant, en particulier, de la mise en place du réseau d’aires protégées dans les pays de l’Union européenne.  Des mesures ont été prises en Pologne pour se prémunir contre les inondations, a-t-il ensuite indiqué.  Concernant le discours à développer sur les objectifs, il a estimé que même si les mesures à prendre étaient difficiles, il faudrait en être fier.

Pour M. JIM CLARKEN, Directeur exécutif d’Oxfam (Irlande), il faudrait que les pays intègrent les futurs objectifs de manière uniforme et en mesurent leur réalisation avec des indicateurs significatifs car, a-t-il rappelé, il faudrait tenir compte de tous les problèmes nationaux.  Concernant le discours à tenir, il a estimé que les 15 prochaines années pourraient être les plus transformatives que le monde ait connues et c’est ce qu’il faut faire comprendre en investissant dans la communication à tous les niveaux.  Combattre l’inégalité extrême est l’objectif d’Oxfam, a-t-il indiqué en dénonçant la richesse disproportionnée d’une partie de la population mondiale par rapport à la situation des pauvres.  Dans la lutte contre la pauvreté, il est important de répondre efficacement aux changements climatiques qui affectent davantage les pauvres.  « Nous devons créer un monde plus juste », a-t-il rappelé, avant de miser sur la capacité des groupes de la société civile à mobiliser les personnes. 

Comme exemple de communication, M. JOŠKO KLISOVIĆ, Vice-Ministre des affaires étrangères et européennes de la Croatie, a parlé de la stratégie adoptée par son pays pour expliquer aux citoyens les intérêts de l’adhésion à l’Union européenne.  « Il faut parler aux cœurs et aux esprits », a-t-il dit en recommandant d’éviter les messages bureaucratiques.  Il a conseillé d’utiliser la créativité et de traduire les messages dans les différentes langues des communautés.  Le référendum pour l’adhésion de la Croatie à l’Union européenne a recueilli 60% de oui, a-t-il indiqué pour expliquer le succès de la stratégie de communication.  Chacun doit se sentir partie intégrante au processus, a-t-il dit. 

M. PETER DAVIES, Commissaire du Pays de Galles pour un avenir durable, a présenté la « loi sur les générations futures », adoptée en avril dernier, qui prévoit sept objectifs nationaux pour le Pays de Galles alignés sur les objectifs de développement durable.  Cette loi crée notamment un poste de commissaire aux générations futures, qui sera chargé de présenter un rapport sur cette question tous les cinq ans afin d’animer le débat électoral.  La loi en elle-même n’est pas suffisante et ne remplace pas la prise de décision, a-t-il précisé.  Comme exemple de mesure concrète, a-t-il indiqué,  un arbre est planté à chaque naissance au Pays de Galles.  Ainsi, les petits pas faits par des individus s’inscrivent dans un tableau plus vaste.  Il a assuré que la population locale comprend les enjeux mondiaux qui touchent l’avenir des générations, comme l’a révélé un sondage récent.

L’importance de la société civile dans la mise en œuvre du futur programme a été soulignée en particulier par Mme BRIGITTE JOHANNE TRAUERNICHT-JORDAN, Vice-Présidente de SOS Villages d’Enfants International (Autriche).  Elle a apprécié tout effort visant à garantir que les enfants connaissent et s’approprient ce programme.  C’est dans cet esprit que son organisation a organisé un sondage des enfants sur les nouveaux objectifs de la communauté internationale, en proposant une version en langage adaptée à leur âge.  Les enfants ont été emmenés à New York où ils ont été sondés, a-t-elle dit, en saluant cette expérience très riche en leçons.  Faites participer les enfants, a-t-elle lancé, en conseillant de leur passer la torche.

Au cours de la discussion interactive, les participants ont présenté leurs efforts visant, d’une part, à opérationnaliser les objectifs de développement durable au plan local et, d’autre part, à communiquer sur ce programme auprès du grand public pour qu’il se l’approprie.

Depuis la Conférence Rio+20 en 2012, de nombreux États ont développé des stratégies de développement durable, a remarqué la représentante de la Belgique.  Elle a apprécié le caractère transversal de ces stratégies, ainsi que le souci des pays concernés d’intégrer les défis locaux.  En Belgique, un travail de transposition des futurs objectifs de développement durable est en cours, a-t-elle signalé, en proposant de partager l’expérience de son pays en la matière.

Le Maroc a aussi commencé l’expérience de l’application des objectifs du développement durable, a indiqué sa représentante, en mentionnant la Charte nationale du développement durable de 2008 et la constitutionnalisation des objectifs en 2011.  Une loi a ensuite été adoptée pour lancer une stratégie en la matière, assortie de 56 indicateurs, dont le coût de mise en œuvre représente 2%& du PIB.

Le succès des efforts de mise en œuvre dépendra aussi de la bonne compréhension qu’en auront les populations, ont reconnu les participants.  Le représentant de l’Irlande a prôné, à cet égard une communication « concrète, compréhensible et pertinente ».  Les hommes politiques parlent parfois trop aux enfants et aux jeunes, a prévenu le représentant de ce grand groupe en les invitant aussi à écouter cette tranche de la population.

Le représentant des Palaos a interrogé les panélistes sur l’éventuel changement d’appellation de l’expression « l’après-2015 », comme le suggérait le panéliste allemand dont le pays a opté pour la formule « Charte pour l’avenir ».  Le Vice-Ministre de l’environnement de la Pologne a prévenu que parler des « 17 objectifs et 169 cibles » n’évoquerait rien à personne.  « Post-2015 », c’est en réalité « 2016 », soit l’an prochain, a fait remarquer, pour sa part, le Directeur exécutif d’Oxfam (Irlande) avant de conseiller aux différents groupes de participer à la communication pour choisir les messages qui toucheront mieux les communautés. 

Les participants à la discussion ont aussi exprimé leurs attentes pour que les progrès touchent tous les groupes vulnérables, comme les migrants, les personnes handicapées, les jeunes ou les femmes.  Le grand groupe de femmes, a déclaré sa représentante, est particulièrement intéressé par les objectifs relatifs aux femmes, à la société civile, à la communication et à l’intégration des questions sexospécifiques dans l’éducation.

« C’est dur de se rendre compte que nos pays restent encore à la traîne », malgré tous les efforts déjà déployés, a dit la représentante du Burkina Faso en écoutant tous ces groupes vulnérables exprimer leurs attentes.  C’est pour cela que tous les ministères de son pays sont impliqués dans le développement durable, a-t-elle assuré, avant de se réjouir du thème retenu pour le futur programme, à savoir « veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte ».

Mais on ne peut pas suivre des idées charitables si l’on reste toute sa vie au même endroit, a rappelé le représentant de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), en vantant les mérites du tourisme durable. 

DÉBAT DE HAUT NIVEAU

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté les deux rapports du Secrétaire général intitulés « Comment assurer la transition des objectifs du Millénaire pour le développement à ceux du développement durable » (E/2015/68) et « Création d’institutions et renforcement de celles qui existent en vue de l’intégration des politiques après 2015 » (E/2015/69).  La communauté internationale a fait des progrès importants en élaborant le programme de développement pour l’après-2015 et le temps est venu de comprendre comment ces objectifs seront mis en œuvre, a dit le Secrétaire général adjoint.

Le premier rapport concerne quatre secteurs: la réalisation de l’intégration des politiques pour un programme de développement unifié, des institutions adaptées à la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement aux ODD, des partenariats mondiaux revitalisés pour le développement durable, et un mécanisme de suivi et d’examen.  Au niveau politique, l’augmentation des défis de plus en plus complexes devrait nécessiter une politique d’intégration et de coordination à tous les niveaux appuyée par la cohérence entre les différents secteurs et acteurs.  Le renouvellement du partenariat mondial à cet égard doit être fondé sur une forte volonté politique, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  

Le deuxième rapport, a-t-il déclaré, souligne que la réalisation du programme de développement pour l’après-2015 dépendra d’institutions fortes, robustes et compétentes qui peuvent apporter des approches plus intégrées du développement durable.  Les écarts de développement devraient d’être réduits pour faire marcher la politique d’intégration dans la pratique.  Le rapport souligne notamment que l’innovation à tous les niveaux du gouvernement et l’appropriation nationale seront essentielles.  La communication et le renforcement des capacités devraient aider à assurer la mise en œuvre effective du programme post-2015.

M. JOSÉ ANTONIO OCAMPO, Président du Comité des politiques de développement, a présenté le point de vue de son Comité (E/2015/33) sur la transition des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à ceux sur le développement durable.  Nous devons savoir, avant toute chose, a-t-il dit, que les engagements que prendront les États en septembre prochain sont « volontaires par nature mais moralement contraignants » parce que les gouvernements sont comptables de leurs actes devant leur peuple et responsables les uns vis-à-vis des autres.  En conséquence, un mécanisme de suivi et de responsabilisation est nécessaire pour suivre la mise en œuvre, évaluer les progrès et tenir les États, les organisations multilatérales, la société civile, le secteur privé et les fondations privées, comptables de leurs actes.

Il faut aussi une responsabilité différente qui va au-delà de l’évaluation mécanique.  Non, a dit M. Ocampo, il faut un mécanisme de responsabilisation qui suive les progrès vers les objectifs agréés, analyse les obstacles à la mise en œuvre, identifie les approches réussies et serve de guide pour les changements nécessaires à la correction des politiques inefficaces.

Si les objectifs de développement durable sont universels, les pays doivent néanmoins pouvoir les adapter à leurs contextes nationaux.  Le Comité recommande d’ailleurs à l’ECOSOC d’inviter les États à préparer et rendre publics leurs engagements nationaux, à adapter les cibles à leur contexte national et élaborer des politiques appropriées pour atteindre les objectifs nationaux et contribuer à leur réalisation au niveau mondial. 

Le Comité ne cache pas sa préoccupation, a confié son Président, face à l’accent mis sur les objectifs « quantifiables » pour suivre la mise en œuvre.  Le suivi ne devrait pas être réduit à ce qui peut être mesuré.  Certaines des aspirations du programme de développement pour l’après-2015 ne peuvent pas être exprimées en chiffres, et une analyse qualitative des progrès, des obstacles et des défis peut aussi être nécessaire.  Sans une analyse qualitative, certaines questions cruciales, comme la gouvernance et la correction des injustices du système économique mondial seraient marginalisées dans le débat sur le développement. 

Comment créer des mécanismes de responsabilisation pour avoir des résultats et un changement constructif?  Le Comité estime, a répondu M. Ocampo, que le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre du nouveau programme doivent être un processus du bas vers le haut.  Ils doivent s’appuyer sur les mécanismes nationaux existants qui devraient inclure les autorités régionales et locales.  Le cadre national devrait néanmoins être pleinement intégré dans le cadre international de responsabilité.  Ceci est particulièrement important dans les cas où les systèmes de responsabilisation nationaux ne sont pas encore pleinement développés ou opérationnels. 

Au niveau international, la « couche régionale » du suivi et de reddition de comptes constituerait le meilleur contexte pour l’examen par les pairs et d’autres formes de responsabilisation horizontale.  Cette « couche » devrait être facilitée par les commissions régionales de l’ONU et par l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).  L’examen par les pairs ne devrait pas refléter les relations déséquilibrées entre donateurs et récipiendaires mais doit être un processus où les partenaires se voient comme « des égaux ».  Les processus nationaux et régionaux convergeraient alors vers le Forum politique de haut niveau. 

Débat général

M. JEREMIAH NYAMANE KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a voulu que l’éradication de la pauvreté soit la priorité des priorités du programme de développement durable pour l’après-2015.  Le Forum doit présenter des recommandations et assurer la cohérence des politiques.  Le représentant a également jugé crucial de renforcer les capacités des pays en développement, et ce, conformément à leurs priorités nationales.  Ces pays doivent être étroitement associés aux délibérations du Forum qui devra tenir compte, s’agissant du suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre des politiques de développement durable, des capacités limitées des pays en développement.  Le succès du Forum s’évaluera à l’aune de l’appui qu’il fournira à ces pays, a-t-il prévenu.

Mme LISEL ALAMILLA, Ministre de la foresterie, de la pêche et du développement durable du Belize, au nom de la Communauté des Caraïbes(CARICOM), a réitéré l’importance pour le Forum de travailler de manière « flexible, dynamique et axée sur les solutions ».  Le Forum doit être celui qui imprime un élan à la mise en œuvre du programme de développement durable pour l’après-2015.  Mme Alamilla a aussi réitéré l’importance du Forum pour l’évaluation et le suivi des Orientations de Samoa adoptées à la troisième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement.  Ces États, a-t-elle rappelé, ont des défis spécifiques à relever dont celui d’accéder aux financements concessionnels et aux dons, ce qu’empêche le critère du produit national brut par habitant pour définir le niveau de développement d’un pays.  Elle a aussi insisté sur le défi lié au renforcement des capacités, dont celles d’assurer le suivi et l’évaluation, au niveau national, et de collecter des statistiques pour pouvoir prendre des décisions fondées sur les faits. 

M. KARMENU VELLA, Commissaire européen chargé de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche, au nom de l’Union européenne, a estimé que les objectifs du suivi, de la redevabilité et de l’évaluation sont de mesurer les progrès accomplis, l’efficacité de la mise en œuvre et la pertinence du programme de développement pour l’après-2015, en restant ambitieux face aux défis émergents.  Il s’agit aussi d’assurer un engagement politique durable, la participation des différentes parties prenantes et la crédibilité de nos engagements.  Le Forum doit aussi assurer le suivi des résultats de la Conférence sur le financement du développement.  Cette réunion est l’occasion de fixer un ordre du jour clair pour le Forum politique, de clarifier son rôle.

M. SANA MABONEZA (Rwanda) au nom du Groupe des États d’Afrique, a estimé que le suivi et l’évaluation, au niveau international, doivent être universels et appartenir à chaque pays, conformément à ses conditions, ses besoins et ses priorités.  Le Forum doit être un processus volontaire conduit par les gouvernements, impliquant les ministres et autres participants de haut niveau.  L’évaluation doit avoir pour objectif d’évaluer les activités du système des Nations Unies et des parties prenantes.  Le suivi et l’évaluation doivent porter sur les 17 objectifs de développement durable et 169 cibles de manière équilibrée et intégrée, y compris l’objectif 17 et les cibles sur les moyens de mise en œuvre au niveau international.  Le suivi doit évaluer les résultats du mécanisme de facilitation du transfert des technologies.  Il doit être mené dans un esprit constructif et l’approche différenciée doit prévaloir.  Au niveau national, le suivi et la mise en œuvre doivent être déterminés par les gouvernements nationaux eux-mêmes.  En toutes choses, il faudra assurer la cohérence entre les niveaux national, régional et international.

M. AHMED SAREER (Maldives) a, à son tour, insisté sur l’importance qu’il y a à ce que le programme de développement pour l’après-2015 parle des défis spécifiques des petits États insulaires en développement (PEID).  Que le Forum, a-t-il poursuivi, ne devienne pas un « salon de discussion » ou « un tribunal » mais un organe qui offre un leadership, des directives et des recommandations politiques, qui assure le suivi et l’examen des progrès, qui renforce l’intégration des trois piliers du développement durable et qui traite des défis nouveaux et émergents.  Le Forum doit être l’endroit où les États apprennent les uns des autres, où les discussions sont traduites en actes, où les données sont mises à disposition et où le renforcement des capacités est au cœur des préoccupations, en particulier dans la collecte et l’analyse des données.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka), au nom du Groupe des 15, a rappelé que les Objectifs du Millénaire du développement (OMD) étaient encore sur le métier et qu’il fallait en tenir compte dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.  Nous devrons porter une attention particulière à nos échecs pour ne pas les répéter.  Le représentant a insisté sur le succès remarquable de son pays dans la réalisation des OMD.  La lutte contre la pauvreté, a-t-il dit, à son tour, doit être au cœur du futur programme.  Il a souligné le rôle essentiel que joueront les envois de fonds et le transfert des technologies.  Il a appelé les pays développés à honorer leurs engagements s’agissant de l’aide publique au développement (APD) et souhaité que les défis particuliers des pays à revenu intermédiaire, en particulier leur accès aux financements concessionnelles, soient dûment pris en compte.  Il a souhaité un suivi efficace, rigoureux et dirigé par les États, du futur programme de développement.

M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga), au nom des petits États insulaires en développement, a jugé nécessaire que le Forum consacre suffisamment de temps aux questions liées aux petits États insulaires en développement dont les résultats des dernières Conférences.  Le Forum est l’endroit idoine pour assurer le suivi des partenariats qu’ont noués ces États mais pour aussi en créer d’autres.  Le Forum, a-t-il poursuivi, doit certes assurer le suivi de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 mais il doit surtout évaluer les progrès et les défis et rechercher des solutions concrètes pour aller de l’avant.  Il doit servir de lieu de convergence des différents processus pour garantir cohérence et synergie.  Le « cas spécial » que sont les petits États insulaires en développement s’applique aussi à leurs capacités limitées dans la collecte et l’analyse des données et tout effort de renforcement de leurs capacités doit tenir compte de cet aspect de choses.

M. ALAN KELLY, TD, Ministre de l’environnement, de la collectivité et de l’administration locale de l’Irlande, a estimé que le Forum doit assurer le suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable en se servant des indicateurs fournis par les pays eux-mêmes.  Ce processus devra se fonder sur des données fiables.  À cet égard, le Forum doit renforcer son interaction avec la communauté scientifique.  Nous devons, a reconnu le Ministre, concrétiser notre engagement de doter le Forum de moyens suffisants.  L’année 2015 verra le début d’un nouveau voyage dans les trois piliers du développement durable.  Ce sera difficile et il faudra agir de façon collective.

M. NICOS KOUYIALIS, Ministre de l’agriculture, du développement rural et de l’environnement de Chypre, a insisté sur le rôle de premier plan que jouera le Forum dans le suivi des progrès accomplis dans la mise en œuvre du futur programme de développement.  Il a appelé le Forum à assurer la coordination des efforts des entités onusiennes concernées, dont les commissions techniques de l’ECOSOC et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).  Il a invité le Forum à donner une impulsion, au niveau international, à la bonne mise en œuvre dudit programme.  Il a jugé crucial le renforcement des capacités des pays en développement, s’agissant notamment de la collecte de données statistiques.  Il a également insisté sur la responsabilité éminente des États.  « Ensemble nous pouvons réussir », a-t-il déclaré, avant d’indiquer que l’éradication de la pauvreté constituait le défi le plus pressant à relever.

Mme FAEEQA BINT SAEED ALSALEH, Ministre du développement social de Bahreïn, a affirmé que son pays avait atteint les cibles de développement qu’il s’était fixées.  Les réalisations du Bahreïn en vue de la mise en œuvre des OMD sont le fruit de la vision de mon gouvernement, a-t-elle dit, rappelant que son pays avait reçu le prix Habitat en 2006.  Elle a aussi redit que son pays venait d’accueillir une réunion, au cours de laquelle les pays arabes avaient exposé leur position vis-à-vis du développement durable.  Le Document de Bahreïn, adopté à l’issue de cette réunion, insiste sur l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées et sur la nécessité de mettre un terme à l’occupation israélienne.  Elle a souhaité que les prises de position des pays arabes soient dûment prises en compte.  La Ministre a plaidé pour la mise en place de mécanismes « innovants » pour la promotion de la solidarité internationale et le règlement des conflits.

Mme GRATIELA LEOCARDIA GAVRILESCU, Ministre de l’environnement de la Roumanie, a, à son tour, appelé à l’action collective.  Tous les pays doivent être tenus responsables du développement durable et faire preuve de transparence.  Toutes les parties prenantes doivent pouvoir participer au suivi du programme d’après-2015 qu’assurera le Forum, sans double emploi avec d’autres mécanismes.  Chaque pays doit avoir un programme de mise en œuvre clair, impliquant les communautés locales et les ONG, en particulier sans le suivi, au niveau national.  En 2016, le programme de développement pour l’après-2015 aura été lancé et il ne faudra pas oublier le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans le suivi.

M. RICARDO CARDONA, Ministre du développement social du Honduras, a parlé des progrès importants de son pays dans la réalisation des OMD.  Le Gouvernement se prépare maintenant à la transition vers les objectifs de développement durable d’autant que la pauvreté extrême reste bien réelle dans le milieu rural.  Le Gouvernement a doté sa nouvelle stratégie de développement d’une enveloppe de 4 milliards de dollars pour les cinq années à venir.  La stratégie, qui vise 400 000 ménages, a pour objectif de réduire la pauvreté de 20%.  Cette stratégie ou « Plan pour une vie meilleure pour tous » poursuit une croissance économique assortie d’une véritable intégration sociale.  Le Ministre n’a pas oublié la dimension « environnement ».  Il a parlé d’une « cuisinière propre » qui sera distribuée à 500 000 familles dans les cinq années à venir.

Mme BIBIANE OUEDRAOGO-BONI, Ministre de la promotion de la femme et du genre du Burkina Faso, a tout d’abord détaillé la stratégie de son pays en faveur de la réduction de la pauvreté et de la création d’emplois pour les jeunes.  « Comme beaucoup de pays africains, mon pays ne pourra pas atteindre les OMD », a-t-elle convenu, avant d’espérer que les conférences internationales qui rythmeront la seconde moitié de cette année poseront les bases d’une croissance économique « durable et équitable ».  Elle a également plaidé pour le renforcement des capacités des pays en développement et souligné la pertinence du principe de responsabilités communes mais différenciées en matière de développement.  Enfin, la Ministre a expliqué que les transferts de technologies étaient essentiels pour éradiquer la pauvreté et assurer une vie dans la dignité pour tous.

M. GENNADY M. GATILOV, Ministre adjoint aux affaires étrangères de la Fédération de Russie, a, lui aussi, souligné l’importance du principe de responsabilités communes mais différenciées en matière de développement, avant d’appeler de ses vœux une transition sans heurt entre OMD et ODD.  Ces derniers devront également être axés sur l’élimination de la pauvreté, a-t-il précisé.  Rappelant la nécessité de répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux par une approche intégrée, il a mis en garde contre toute politisation inutile des discussions du Forum et l’imposition de normes qui n’auraient pas été approuvées dans le cadre du processus intergouvernemental mené sous l’égide de l’ONU.

Il a souhaité que les États trouvent un terrain d’entente à la Conférence sur le financement du développement s’agissant du transfert des technologies, de l’architecture de la gouvernance financière internationale et de l’aide publique au développement, laquelle est une source clef de financement extérieur pour les pays les plus vulnérables.  Il a rappelé que la mise en œuvre des ODD échoira en premier lieu aux États et a souhaité la sauvegarde de la nature intergouvernementale de leur processus de mise en œuvre.  Le suivi des ODD ne devrait pas aboutir à un classement des États, ce qui serait « inacceptable », a-t-il conclu.

Nous avons besoin de leadership, d’ambition et d’une structure efficace pour guider la transition vers le développement durable et l’éradication de la pauvreté, a déclaré Mme SILVIA VELO, Sous-Secrétaire d’État au Ministère des terres et de la mer de l’Italie.  Une telle structure devrait avoir le Forum à sa tête, a-t-elle précisé, en ajoutant que le Forum doit impliquer l’ensemble du système de l’ONU, en s’inspirant du segment intégré de l’ECOSOC et du Forum pour la coopération au développement.  Il faut, a reconnu la Sous-Secrétaire d’État, plus de travail et plus de discussions pour clarifier les détails d’une structure aussi complexe.  Elle a plaidé pour que l’on donne plus de pouvoir aux niveaux sous-national, national et régional dans l’évaluation du programme post-2015.  La Sous-Secrétaire général a insisté sur la coopération de son pays avec les petits États insulaires en développement.  En collaboration avec l’ONU, l’Italie organisera au mois d’octobre, dans le cadre de l’EXPO de Milan, une Conférence ministérielle sur les petits États insulaires en développement pour évaluer les progrès réalisés depuis la Conférence de Samoa. 

Le mois dernier, l’EXPO a accueilli une Conférence ministérielle sur les pays les moins avancés (PMA) du continent africain qui a adopté « La Charte de Milan » et en octobre, une manifestation de haut niveau sera organisée sur le rôle du financement et de l’innovation dans les secteurs agricole et agroalimentaire pour contribuer à la sécurité alimentaire et à une croissance inclusive.  La représentante a conclu en disant attendre avec intérêt que le rapport de la Commission des statistiques sur un cadre mondial d’indicateurs pour évaluer les ODD.  

M. MARTIN TLAPA, Vice-Ministre aux affaires étrangères de la République tchèque, a voulu que le cadre de suivi et d’examen du programme de développement pour l’après-2015 soit solide et permette un suivi intégré des progrès de chaque pays.  Il faut un cadre unique qui garantisse la mise en œuvre et le financement.  Le Forum doit avoir accès à des données fiables pour faire des évaluations basées sur les faits.  Il ne faut pas le surcharger de travail mais trouver un équilibre avec l’ECOSOC.  Dans le suivi, il faudra une marge de manœuvre aux structures régionales et nationales, a conclu le Vice-Ministre qui a insisté sur le partenariat international.

M. JOŠKO KLISOVIĆ, Ministre adjoint aux affaires étrangères et européennes de la Croatie, a appelé de ses vœux la création d’un nouveau partenariat mondial en faveur de l’éradication de la pauvreté.  Il a estimé que le Forum était la plateforme idéale pour assurer le suivi des progrès accomplis en vue de la mise en œuvre des ODD.  Le Forum devra identifier les nouveaux défis en matière de développement, a-t-il dit.  Il a insisté sur le « quatrième » pilier du développement durable qui est la bonne gouvernance et la promotion de l’état de droit.  Une approche fondée sur les droits de l’homme est indispensable pour atteindre les ODD, a-t-il dit, avant de souhaiter que la société civile soit étroitement associée au processus de mise en œuvre des ODD.  Il a souligné l’importance de la lutte contre l’impunité des auteurs de crimes sexuels et indiqué qu’une loi avait été récemment adoptée dans son pays.

Mme ENDAH MURNININGTYAS, Vice-Ministre des ressources naturelles et de l’environnement au Ministère de la planification nationale de développement de l’Indonésie, a voulu que le futur programme s’attache avant tout à répondre aux attentes et aux préoccupations des jeunes.  Elle a souhaité que le cadre d’examen des progrès accomplis dans la mise en œuvre des ODD soit transparent, placé sous la direction des États et soucieux de la nécessité de renforcer les capacités des pays en développement.  Elle a détaillé les efforts de son pays en matière de développement durable, qui s’articulent notamment autour de la réduction des inégalités économiques et des disparités entre les différentes régions de l’Indonésie.

Elle a aussi insisté sur le rôle de premier plan que joue le Forum, dont elle a rappelé qu’il était un organe inclusif et intergouvernemental, pour la formulation de recommandations, au plus haut niveau, en matière de développement durable.  Enfin, elle a demandé des moyens robustes pour la mise en œuvre des ODD, parmi lesquels elle a cité le transfert des technologies et une aide publique au développement efficaces.  Elle a appelé de ses vœux une « synergie » entre les discussions relatives au futur programme et celles relatives au financement du développement.

Mme RIIKKA LAATU, Directrice générale adjoint au Ministère des affaires étrangères de la Finlande, a estimé qu’en tant qu’institution, le Forum est encore en état de gestation.  Il faut opérationnaliser son mandat et discuter des directives pour son travail.  D’ici à l’année prochaine, le Forum devrait être prêt.  Il est très important que le Forum prenne rapidement sa place dans le système de suivi, de redevabilité et d’examen.  Il serait bon qu’en 2016, les États présentent leurs plans de mise en œuvre du programme post-2015 en décrivant la manière dont ils ont intégré les ODD dans leurs politiques nationales.  Après 2016, le Forum pourra alors se focaliser sur le suivi et les moyens de mise en œuvre.  Le rapport mondial sur les ODD durable devrait être présenté tous les quatre ans, a estimé l’oratrice, à temps pour le sommet des chefs d’État et de gouvernement du Forum.  Cela soulignerait l’importance politique du rapport et assurera une attention de haut niveau. 

La participation effective de toutes les parties prenantes au Forum est cruciale.  Il est important que la voix de la société civile et du secteur privé soit non seulement entendue mais également prise en compte.  C’est là l’une des plus grandes nouveautés du Forum, une nouveauté cruciale pour la faculté du Forum à renforcer les nouveaux partenariats.  Le Forum doit avoir des ressources adéquates pour mener organiser ses sessions annuelles et ses réunions intersessions.  La préparation de ces sessions et réunions doit être plus transparente et il doit y avoir un mécanisme clair pour l’implication des États Membres, des grands groupes et des autres parties prenantes.  L’oratrice s’est attardée sur « un second élément » tout aussi important que le Forum: la mise en œuvre au niveau national.  Tous les pays doivent prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre le programme post-2015.  « C’est ça l’universalité. »

Le Forum doit permettre des échanges de pratiques optimales et d’expériences, a ajouté M. MARGUS SARAPUU, Chef de délégation et Directeur du groupe de la stratégie au Bureau gouvernemental de l’Estonie.  Les résultats de la Conférence de financement du développement devront faire partie de son champ d’examen.  Nous devons veiller à sa cohésion avec les mécanismes existants pour éviter les doublons et le gaspillage des ressources.  Le partenariat avec l’ECOSOC est à cet égard important. 

Mme PORNPRAPAI GANJANARINTR, Directrice générale du Département des organisations internationales du Ministère des affaires étrangères de la Thaïlande, a souligné la nécessité de réduire les inégalités économiques régionales et de remédier aux conséquences des catastrophes naturelles.  Elle a insisté sur la nécessité d’une volonté politique forte et d’une coopération effective entre États en vue de la bonne mise en œuvre des ODD.  Elle a jugé que l’implication du secteur privé était cruciale pour assurer l’intégration des trois piliers du développement durable.  Enfin, elle a souhaité que l’ONU participe au renforcement des capacités des pays les moins développés.  Efforçons nous de parvenir à un programme qui soit véritablement universel, a-t-elle conclu.

M. PIO WENNUBST, Sous-Directeur général de la Direction suisse du développement et de la coopération du Département fédéral des affaires étrangères, a indiqué que le futur programme apportait deux changements fondamentaux: l’universalité et l’intégration entre l’éradication de la pauvreté et le développement durable.  Il a jugé essentiel d’ancrer la dimension mondiale pour le suivi de la mise en œuvre, en plaçant ce Forum au cœur de l’action de la communauté internationale.  « Nous pensons qu’il ne sera pas tout de suite possible de procéder à une revue de la mise en œuvre », a-t-il dit, avant de se dire favorable à ce que la prochaine réunion du Forum ait lieu sous les auspices de l’Assemblée générale en 2019, « ce qui l’alignerait sur l’examen quadriennal complet ».

Puis, M. Wennubst a souhaité l’adoption au plus vite d’une feuille de route indiquant les étapes clefs du Forum pour un suivi efficace des engagements en faveur du développement durable à l’horizon 2030.  Enfin, estimant que l’ONU devra appuyer les pays dans la mise en œuvre dudit programme, il a appelé de ses vœux l’élaboration d’une stratégie à l’échelle du système onusien qui soit établie au niveau de gestion le plus élevé tel que le Conseil des chefs de secrétariat des organismes de l’ONU pour la coordination.

Table ronde II:« Notre Forum politique de haut niveau sur le développement durable au cours des 15 prochaines années » (E/HLPF/2015/2)

Il reste peu de temps avant que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable commence pleinement à exercer ses fonctions, qui consisteront à assurer le suivi et l’examen de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. 

Chargé d’animer cette seconde table ronde, M. OH JOON, Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé qu’il existait effectivement un large consensus sur les différents rôles que doit jouer le Forum politique de haut niveau sur le développement durable en tant que cadre intergouvernemental chargé du suivi et de l’examen de la mise en œuvre du programme de développement.  Toutefois, plusieurs questions relatives à son fonctionnement restent en suspens, a-t-il insisté, en invitant les intervenants à tenter d’y apporter des solutions.

De quelle manière les sessions du Forum politique de haut niveau sur le développement durable permettront-elles d’assurer la mise en œuvre du programme de développement d’après-2015?  Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable doit-il fixer des priorités thématiques?  A-t-il besoin d’un programme pluriannuel?  Comment va-t-il intégrer les travaux des instances régionales?  Comment va-t-il inclure la communauté scientifique dans ses travaux?  Ce sont des questions auxquelles les panélistes devaient tenter de répondre.

Mme OYUN SANJAASUREN, Ministre de l’environnement et du développement vert de la Mongolie et Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a souligné la nécessité pour le Forum politique de haut niveau de créer des synergies avec d’autres organes intergouvernementaux et de communiquer avec l’ensemble des parties prenantes.  Elle a particulièrement mis l’accent sur le rôle joué par l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement en tant que principale autorité mondiale de l’environnement.  « Celle-ci a pour mandat de prendre des décisions stratégiques, d’apporter des orientations politiques au travail du PNUE et de promouvoir une forte interface de science-politique », a-t-elle insisté.  Elle a aussi souligné la vaste expérience acquise par le PNUE en matière de collaboration avec différents acteurs et d’appui à la conclusion d’accords multilatéraux ou, de manière plus générale, dans le domaine du droit de l’environnement.

Pour sa part, M. TUN TUN NAING, Secrétaire permanent au Ministère de la planification nationale et du développement économique du Myanmar, s’est dit convaincu du rôle majeur que les pays doivent tenir dans l’examen et le suivi de la mise en œuvre du programme de développement.  C’est la raison pour laquelle il a insisté sur la nécessité de mettre en place des processus de coordination au niveau national.  Le Myanmar, par exemple, œuvre pour faire participer à son processus d’examen et de suivi national à la fois des hauts fonctionnaires, des universitaires ou des ONG.  « Outre la coordination et le dialogue, il faut également souligner le rôle de la collecte de données afin d’assurer un bon suivi des objectifs de développement durable au plan national », a-t-il conclu.

Pour M. RIAZ HAMIDULLAH, Directeur général des affaires économiques au Ministère des affaires étrangères du Bangladesh, « il n’y a pas de modèle unique à suivre ».  « Plusieurs exemples, présentés ces derniers jours, notamment en Colombie ou au Viet Nam, nous montrent que des stratégies de coordination nationales, notamment l’établissement de commissions nationales d’examen et de suivi peuvent engendrer de bons résultats », a-t-il fait remarquer.  Il a cependant déploré le fait que, pour l’instant,  les parlements par exemple n’aient pas l’attention qu’ils méritent.   

Mme SILVANA KOCH-MEHRIN, Fondatrice et Présidente du Forum mondial des femmes parlementaires de la Belgique et ancien Membre du Parlement européen, a précisément souligné combien il était important que les parlementaires et les élus nationaux aient le sentiment qu’ils doivent « transmettre un message en matière de développement durable » à leurs citoyens.  L’une des tâches des députés au Parlement européen, par exemple, est d’expliquer en quoi leur travail est pertinent pour les citoyens car les débats et les décisions du Parlement semblent parfois bien éloignés des préoccupations de la population, a-t-elle expliqué.   Elle a proposé plusieurs recommandations au Forum, notamment d’impliquer davantage les parlementaires nationaux en amont des discussions, et en particulier les femmes parlementaires.

M. PIO WENNUBST, Sous-Directeur général de la Direction suisse du développement et de la coopération du Département fédéral des affaires étrangères, s’est d’abord interrogé sur la mise en œuvre d’un processus transparent et inclusif pour assurer le succès des sessions du Forum politique de haut niveau sur le développement durable au cours des 15 prochaines années.  Il a particulièrement insisté sur la tenue d’examens thématiques et nationaux, ainsi que sur la pertinence d’un mécanisme d’examen qui aurait lieu tous les quatre ans.  Cet examen thématique, a-t-il précisé, devrait se dérouler de manière intégrée et se baser sur des données et des cibles qui existent déjà, comme celles concernant les Objectifs du Millénaire pour le développement.  Le programme de développement pour l’après-2015, a assuré M. Wennubst, représente une occasion de modernisation du système des Nations Unies pour le développement, ainsi que de la manière dont celui-ci inclut les différentes parties prenantes en matière de développement.

Mme LAKSHMI PURI, Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et des partenariats stratégiques de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’automatisation des femmes, a estimé que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes étaient des éléments fondamentaux pour la réalisation du développement durable et que les examens nationaux et thématiques doivent intégrer ces questions.  Le suivi et l’examen des activités doivent s’aligner sur les normes mondiales les plus élevées en la matière, en particulier les travaux du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et d’autres instruments ad hoc, a-t-elle insisté.

Exprimant le point de vue du secteur privé, M. DANIEL LANG, Chef du Bureau des relations avec la clientèle au niveau mondial, Sutherland Global Services, Inc. (New York), a estimé que les entreprises seront appelées à démontrer qu’elles ont une stratégie de croissance durable.  Cela impliquera, entre autres, le respect des normes en matière de respect des droits de l’homme, de l’égalité des sexes ou de la lutte contre la corruption.  Ces différents éléments représentent des enjeux importants pour le monde des affaires, a-t-il dit, en estimant que les Nations Unies pouvaient, par leur position unique, guider et façonner des meilleures pratiques dans le secteur privé.

Mme NAIARA GARCIA DA COSTA CHAVES, Directrice pour le plaidoyer de Beyond 2015 (New York), a estimé que le Forum devrait s’engager à communiquer de manière transparente.  « Chacun doit connaître les ODD et doit savoir comment ils seront évalués », a-t-elle dit.  Il faut, pour ce faire, que les statistiques de tierce parties, notamment la société civile et les citoyens, viennent compléter les données nationales officielles.

Lors de la discussion interactive, le représentant de l’Azerbaïdjan a, de son côté, insisté sur la participation des jeunes aux futures réunions du Forum, tandis que sa collègue de l’Afrique du Sud a insisté sur le renforcement des capacités des pays en développement.  La délégation du Pérou a plaidé pour une transparence des méthodes de travail du Forum, de ses fonctions et de son thème annuel de discussion.

Une représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a, pour sa part, souligné qu’il était nécessaire pour le Forum de se doter d’un bureau indépendant, qui serait responsable de l’aspect pratique de ses travaux toute l’année durant.

La représentante du Mexique a, elle aussi, souhaité que le Forum dispose d’un secrétariat propre, tout en suggérant la mise en place d’un groupe consultatif indépendant, qui soit parallèle au Forum.  Sur les questions de fond, elle a recommandé au Forum d’encourager un dialogue actif et stratégique et de s’appuyer sur des données vérifiées.

De son côté, le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a demandé que le Forum établisse des  mécanismes pour aider des pays comme le sien à présenter leurs rapports nationaux.  Il a aussi préconisé que le suivi de la mise en œuvre soit taillé sur mesure, et non pas un système rigide.  La mise en œuvre exige aussi des partenariats solides et un dialogue permettant de partager les avantages qu’offrent ces partenariats.  À cet égard, le représentant du Canada a demandé que le Forum s’appuie sur des partenariats stratégiques, tout en suggérant qu’il tire parti de la collecte de données.  « Des données ventilées par sexe », a recommandé la représentante du grand groupe des femmes.  Elle a également demandé d’accorder la priorité, dans le suivi de la mise en œuvre, au renforcement des capacités en matière d’égalité des sexes.

Il faudra, a tranché la représentante de la Belgique, combiner l’ambition d’un nouvel instrument de suivi avec un certain pragmatisme, en répondant aux attentes de manière réaliste.  D’une part, parce que nous ne partons pas de zéro, compte tenu du nombre de mécanismes existants comme les commissions régionales, d’autre part parce qu’il reste encore beaucoup d’inconnues.  Le système de l’ECOSOC exerce déjà des fonctions de suivi et d’examen, a-t-elle aussi rappelé.  Pour la représentante de la Belgique, il faudrait canaliser l’abondance d’expérience locale et nationale pour qu’elle profite au suivi par le Forum.

Il faut que le Forum conduise à la transformation, soit ambitieux, ciblé mais pas rigide, et qu’il n’oublie personne, a fait remarquer le Vice-Président de l’ECOSOC.  Comment faire pour qu’il satisfasse tous ces critères, a-t-il demandé.  La Présidente de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a répondu qu’elle transmettrait les informations recueillies par cette assemblée au Forum, tandis que le panéliste du Bangladesh a sollicité le soutien des niveaux de base (local ou national).  Le panéliste du Myanmar a souligné, pour sa part, le rôle des bureaux de statistiques de chaque pays qui seront chargés de mesurer les progrès en fonction des indicateurs prévus.  Ces bureaux travailleront en lien avec les organes de statistiques internationaux, comme la Commission de statistiques de l’ONU.

Si l’on veut vraiment que les objectifs de développement durable soient intégrés à la politique nationale, il faut aborder tous les domaines, et pas seulement le développement et l’environnement, a conseillé la Présidente du Forum mondial des femmes parlementaires de la Belgique en appelant à créer un espace de discussion notamment au niveau local.  Tous les parlementaires doivent intervenir, a-t-elle insisté.

Reconnaissant le rôle important des gouvernements, la Sous-Secrétaire générale chargée de l’appui aux mécanismes intergouvernementaux et des partenariats stratégiques d’ONU-Femmes pour l’égalité des sexes et l’automatisation des femmes, a toutefois voulu mettre l’accent sur la nouvelle nature des partenariats, souhaitant trouver de nouveaux moyens pour les faire participer à la mise en œuvre.  Elle a ainsi proposé de réfléchir à des mécanismes parallèles au Forum. 

En concluant la discussion, le Vice-Président de l’ECOSOC a noté les appels lancés pour que le Forum promeuve une approche intégrée du développement durable.  Le Forum, a-t-il précisé, doit envisager la réduction de la pauvreté de manière globale tout en faisant le lien avec les différentes parties prenantes.  Le Forum ne sera donc efficace que s’il inclut toutes les parties prenantes, a-t-il rappelé.

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