En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dixième session,
5e & 6e séances – matin & après-midi
AG/SHC/4131

Des délégations se félicitent devant la Troisième Commission de l’adoption des « Règles Mandela » pour le traitement des détenus

L’adoption, le 22 mai dernier, des « Règles Mandela » pour le traitement des détenus a été vivement saluée aujourd’hui au début du débat général de la Troisième Commission de l’Assemblée générale, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, sur la prévention du crime et la justice pénale, d’une part, et le contrôle international de la drogue, d’autre part.

Les « Règles Mandela » pour le traitement des détenus viennent améliorer l’Ensemble des règles minima de 1955, et ont été adoptées lors de la cinquante-huitième session de la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale. 

Dans l’optique de la prochaine session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue, prévue en avril 2016, le Guatemala a émis le vœu que le processus préparatoire soit « véritablement inclusif et transparent », alors que d’autres intervenants ont établi une corrélation entre ce futur événement et le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Préparée sous l’égide de la Commission des stupéfiants, la session extraordinaire de 2016 se tiendra à mi-parcours de la mise en œuvre de la Déclaration politique et du Plan d’action de 2009 sur « la coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue ».

Ainsi, l’Union européenne a invité à « réduire la demande et faire barrage aux trafiquants », tout en se prononçant contre la peine de mort dans les cas d’infractions liées à la drogue.    

La Communauté des États de l’Amérique et les Caraïbes(CELAC), dont plusieurs membres comme la Colombie, le Mexique et le Guatemala ou encore la Jamaïque, sont aux prises avec les cartels de la drogue, a estimé que la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la contrebande d’armes à tous les niveaux devrait se conjuguer avec le combat contre le sous-développement et l’établissement d’un ordre international plus juste, démocratique et équitable.

La Turquie a alerté quant à elle sur les menaces sécuritaires que le terrorisme, la traite des migrants et la contrebande font peser sur son pays, qui fait « l’expérience directe du terrorisme », avec Daech et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Son homologue iraquien a dénoncé pour sa part les atrocités de l’organisation Daech sur son territoire, appelant la communauté internationale à fournir « un EFFORT en lettres majuscules pour, tous, faire front contre un phénomène qui n’a plus de qualificatifs tant il ne respecte ni la religion, ni les sites archéologiques, ni l’environnement, ni l’être humain ou l’état de droit ». 

De par sa proximité géographique du Triangle d’or, Singapour s’est dit particulièrement vulnérable à la circulation de la drogue et aux maux qui y sont associés.  Pour cette raison, Singapour a pris une gamme de mesures axées sur la prévention, une législation sévère et l’instauration de programmes de réhabilitation et de réintégration des toxicomanes au sein de la société.  

Situé entre deux continents, le Maroc a également signalé que la lutte contre la culture du cannabis constituait « un choix irréversible » pour les autorités marocaines, tandis que la question du développement alternatif intégré a eu pour résultat une réduction de plus de 65% des superficies cultivées en cannabis.

Des intervenants se sont également alarmés de l’apparition de nouvelles substances psychoactives, le Mexique faisant état de l’émergence de 250 nouvelles sortes non répertoriées dans les mécanismes de suivi des trois principales conventions des Nations Unies sur les drogues que sont la Convention de 1961 sur les stupéfiants, de celle de 1971 sur les substances psychotropes, et de la Convention de 1988 sur le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes. 

Israël a qualifié « d’épidémie » la prolifération des nouvelles substances psychoactives, populaires chez les jeunes. 

Plusieurs orateurs ont également exhorté à l’application de ces instruments, ainsi qu’à celle de la Convention sur la criminalité transnationale organisée et les protocoles facultatifs s’y rapportant, et de la Convention des Nations Unies contre la corruption. 

D’autres pays ont dit avoir opéré un changement d’approche, préférant désormais considérer la toxicomanie comme une question de santé publique et les toxicomanes non pas comme des délinquants mais comme des personnes nécessitant une prise en charge.

Plaidant pour un système de justice efficace, humain et transparent, le représentant des États-Unis a déclaré, à cet égard, qu’il ne servait à rien « d’avoir des prisons remplis de toxicomanes, sans opportunité de réintégration, car cela conduit à un cycle continu d’abus et de violence ». 

La Fédération de Russie s’est prononcée, quant à elle, contre toute légalisation des stupéfiants, avant d’appeler à une mobilisation internationale en vue de l’éradication de la culture des drogues en Afghanistan qui alimente le financement du terrorisme international.

Dans le contexte de l’appui à la mise en œuvre des conventions relatives à la criminalité, la Russie a invité, d’un autre côté, à une représentation « au plus haut niveau politique » à la sixième Conférence des États parties à la Convention sur la corruption, qui se déroulera à Saint-Pétersbourg. 

La Troisième Commission poursuivra demain, à partir de 10 heures, le débat général sur la prévention du crime et la justice pénale et sur le contrôle international des drogues.

Prévention du crime et justice pénale (A/70/90–E/2015/81, A/70/93, A/70/99, A/70/94, A/70/121 et A/70/407)

Contrôle international des drogues (A/70/87–E/2015/79 et A/70/98)

Débat général

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque), s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a salué la Déclaration de Doha, adoptée au Qatar en avril 2015, à l’issue du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale.  À cet égard, il a souligné l’importance de la coopération internationale pour renforcer la capacité nationale des États dans le secteur de la justice.  « Le crime transnational organisé continue d’avoir un effet délétère sur nos sociétés », a-t-il déploré.  Les activités illicites incluent le trafic des drogues, le commerce des armes légères, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la corruption.

La Caribbean Basin Initiative (Initiative pour la sécurité dans le bassin des Caraïbes) a organisé, en juin dernier à la Barbade, une conférence consacrée à la sécurité aux frontières pour examiner des questions stratégiques, y compris l’application de la résolution 2178 du Conseil de sécurité sur les combattants terroristes étrangers.  Les pays de la CARICOM s’efforcent également d’améliorer leur participation au système des renseignements préalables concernant les voyageurs (APIS) et au système d’information avancée sur les marchandises (ACIS), a expliqué le représentant.

La CARICOM se réjouit de la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue en avril 2016.  À ce sujet, M. Rattray a encouragé l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à inclure tous les États Membres dans les préparatifs.  Le problème de la drogue, a-t-il insisté, est bien un problème mondial qui requiert une action concertée de la part de la communauté internationale.  Il a également souligné l’importance de la coordination entre toutes les agences des Nations Unies, dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et ONUSIDA, pour combattre ce fléau.

M. KAREN TAN (Singapour), prenant la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a dressé le constat selon lequel la mondialisation a pour conséquence le progrès technologique et une plus grande mobilité des peuples et des ressources au-delà des frontières nationales, accroissant le crime transnational.  La menace sécuritaire que fait poser cette situation exige donc le renforcement de la coopération régionale et internationale; une réalité dont sont conscients les États membres de l’ASEAN qui se sont engagés pour mettre à mal les activités du crime organisé, a-t-il expliqué.  Il a fait savoir que cela est rendu possible par la mise en œuvre du Plan d’action élaboré par l’ASEAN pour lutter contre la criminalité transnationale.  Une stratégie qui permet d’apporter une réponse notamment au terrorisme transnational, au trafic illégal des drogues et des armes, ainsi que le blanchiment d’argent.

Au titre des efforts pour intensifier cette lutte, la Réunion ministérielle de l’ASEAN sur la criminalité transnationale a endossé la Convention relative au trafic des personnes, a affirmé M. Tan.  Par ailleurs, réaffirmant la nécessité d’éliminer le terrorisme, l’ASEAN rappelle que sa convention relative à la lutte contre le terrorisme servait de cadre pour une meilleure coordination des efforts régionaux en vue de prévenir et éradiquer ce phénomène.  Toutefois, il a exprimé ses inquiétudes au regard de la rapide prolifération des nouvelles substances psychoactives, révélant que leur nombre est passé à 541 en 2014 contre 430 en 2013.

M. CHARLES WHITELEY, Délégué de l’Union européenne, a exprimé sa profonde inquiétude face au fait que la criminalité transnationale organisée et la corruption continuaient de mettre en péril le développement humain et la démocratie, de porter atteinte à l’intégrité des secteurs public et privé, à réduire l’accès aux services publics et à affecter la transparence et la concurrence.  Il a pris note de la Déclaration de Doha issue du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, et a assuré que l’Union européenne offrirait son appui en vue de son application.

Il a souligné l’importance de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la criminalité transnationale organisée et sur les protocoles facultatifs s’y rapportant.  Concernant la sixième Conférence des États parties prévue à Saint-Pétersbourg, il a espéré qu’elle permettrait d’achever le premier cycle de la stratégie de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et de préparer le deuxième cycle.  Il a espéré que ce deuxième cycle serait transparent et efficace.

En outre, la lutte contre le trafic des armes est une priorité pour être à même de mettre fin aux activités criminelles dans ce contexte.  Il a fait état de discussions conjointes pour créer des unités de lutte contre le trafic des armes.

Passant au problème grave de la migration, il a dénoncé les réseaux de passeurs qui font fi de toute considération humaine et exploitent des situations humaines dramatiques, entassant des gens démunis dans des bateaux de fortune en Méditerranée, et renvoyé aux décisions prises lors de la conférence européenne sur les flux migratoires qui s’est tenue avec un certain nombre de pays et d’organisations concernées.

S’agissant de l’action de lutte contre la drogue, il a encouragé à réduire la demande et faire barrage aux trafiquants.  À cet égard, la session extraordinaire de l’Assemblée générale de 2016 permettra de s’attaquer aux défis qui persistent face au problème mondial des drogues.  Il a estimé que les conventions de Nations Unies contiennent toutes les dispositions nécessaires.

Le délégué a réitéré, par ailleurs, la position de l’Union européenne contre la peine de mort, déplorant que certains pays continuent d’appliquer cette sentence.  Il a invité tous les États Membres à se joindre au moratoire sur l’abolition de la peine de mort.

Il a en outre encouragé au respect de toutes les règles applicables dans les centres de détention et appelé à un engagement politique à cet égard.

En conclusion, le délégué a dit que l’Union européenne espérait soumettre, dans un an, un projet de résolution sur le trafic des espèces animales en extinction, qui est en augmentation.

M. LUIS XAVIER OÑA GARCÉS (Équateur), a rappelé, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), la Déclaration spéciale adoptée à l’issue du Sommet de la CELAC, tenu le 29 janvier dernier à Belém, par laquelle les pays de la région reconnaissaient que le problème mondial de la drogue avait des répercussions sur la santé, la sûreté publique et le bien-être de la personne, en particulier sur les enfants et les adolescents.  La drogue sape également l’état de droit, les institutions démocratiques, et la stabilité politique.  En conséquence, il convient d’aborder le problème mondial de la drogue dans le cadre du principe de la responsabilité commune et différenciée, à partir d’une approche équilibrée et multidisciplinaire reposant sur le plein respect des droits de l’homme et libertés fondamentales.  

Des politiques et mesures doivent être conçues et exécutées en vue de garantir le bien-être et la santé des individus, conformément aux trois Conventions des Nations Unies sur les stupéfiants, sur les substances psychotropes et sur le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, respectivement.  Il a souligné que la CELAC avait insisté sur l’importance de la qualité de vie et le respect des droits de l’homme, tout en plaçant l’être humain au centre des politiques liées à la drogue.

Il importe également de promouvoir des mesures administratives et législatives dans le domaine de la santé, de l’éducation et de l’inclusion sociale afin de prévenir les abus de drogue, de substances psychotropes et des nouvelles substances psychoactives, a poursuivi l’intervenant, qui a exhorté les Nations Unies à développer des politiques et actions axées sur l’être humain, qui prennent en considération les droits inaliénables de l’individu et la protection de l’environnement.

Reconnaissant également que le problème de la drogue est une question de santé publique, la CELAC a déclaré qu’il faudrait en outre que l’ONU veillât à l’adoption d’une approche intégrée, équilibrée et multidisciplinaire dans le but de réduire l’offre et la demande des drogues et de réduire les méfaits de ce phénomène socioéconomique.  Il s’agit également d’appuyer la promotion d’actions conjointes aux fins d’identifier et de combattre les groupes criminels organisés impliqués dans le trafic des stupéfiants.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan), s’exprimant au nom de la Communauté des États indépendants (CEI), a considéré que la lutte contre « la criminalité économique » constituait une priorité.  La CEI est préoccupée par le trafic d’armes classiques et de stupéfiants, notamment en provenance d’Afghanistan, a-t-il dit.  En outre, l’utilisation des technologies modernes des communications et de l’information à des fins criminelles représente « un nouvel enjeu ».  Quant à la lutte contre la corruption, elle requiert des efforts conjoints aux niveaux régional et international.

Le représentant a considéré que « l’ONU est indispensable pour aider les États dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée ».  Il a mis l’accent sur la traite des êtres humains qui, selon lui, « sape le développement durable des sociétés ».  Il a préconisé une approche systématique pour combattre l’esclavage moderne dans le cadre de la nouvelle plateforme de développement.  Un centre à Minsk, au Bélarus, forme les pays de la CEI à cette lutte. 

De même un centre pour l’échange régional d’informations en Asie centrale, basé à Almaty, au Kazakhstan, coopère étroitement avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Enfin, les États de la région renforcent leur réponse aux « situations de crises aux frontières extérieures des États membres de la CEI ».

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) s’est félicitée de la coopération de son pays avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) qui a un bureau régional au Caire.  L’Égypte a adopté une stratégie nationale d’ensemble pour le contrôle des drogues qui prend en compte la réduction de l’offre et celle de la demande et tend à renforcer sa coopération avec d’autres États Membres. 

Par ailleurs, la représentante a souhaité que des priorités soient fixées avant le prochain examen, en 2016, du Plan d’action mondial contre la traite des personnes.  Elle a également mis l’accent sur la nécessité de collaborer pour éliminer l’appui fourni aux groupes terroristes.

En outre, la lutte contre le trafic des biens culturels représente une priorité pour l’Égypte, a déclaré la représentante.  Elle a appelé à un appui renforcé de l’UNESCO et de ses partenaires internationaux pour retrouver les objets volés et réparer les monuments historiques endommagés.  

M. MIGUEL CAMILO RUIZ BLANCO (Colombie) a fait remarquer qu’alors que dans certaines régions le marché de la drogue avait diminué, il ne cessait de croître dans d’autres.  Il a assuré de l’engagement continu de la Colombie pour le démantèlement des puissants cartels de la drogue dans le pays.  Il a cependant estimé que les efforts du Gouvernement colombien à lui seul n’étaient pas suffisants.  De ce fait, une approche incluant la société dans son ensemble s’impose, environ 100 000 personnes ayant perdu la vie des suites d’une overdose et de nombreuses autres étant infectées par le VIH/sida. 

Fort de 40 ans de lutte contre les cultures illicites qui détruisent les forêts et sapent l’économie paysannes, la Colombie a mis en place une approche multidisciplinaire avec toutes les forces vives du pays.  Dans le cadre des mesures de développement alternatif, les plantations de caoutchouc, la culture du cacao et de bois ont permis de récupérer des milliers d’hectares de cultures de coca, a-t-il dit.

M. OMAR RABI (Maroc) a prévenu que la drogue pouvait devenir un fardeau pour les systèmes de santé et de justice pénale, particulièrement dans les pays à revenu moyen ou faible.  Il a souligné l’interaction entre la criminalité organisée, la production et le trafic de drogues, qui ravageaient les communautés, sapaient la sécurité et empêchaient le développement, bridant des sociétés entières.

Dans le cadre de la responsabilité commune et partagée, il a recommandé que la communauté internationale investisse dans la prévention, le traitement, le soin et le soutien aux personnes dépendantes de la drogue pour réduire les coûts des services de santé, améliorer la sécurité et contribuer à la cohésion sociale et au développement. 

Le représentant a affirmé que la lutte contre le trafic dans toutes ses dimensions devrait reposer sur une stratégie axée sur la réduction de l’offre et la demande et le développement alternatif par le biais de programmes visant à promouvoir le positionnement durable des produits de substitution au niveau du marché mondial.

Compte tenu de sa position géographique, le Maroc n’a cessé d’optimiser ses actions, dans un cadre stratégique intégré, afin de prévenir et de faire face à tous les dangers et menaces émergents, a-t-il encore déclaré, ajoutant que la lutte contre la culture du cannabis constituait « un choix irréversible » pour les autorités marocaines, tandis que la question du développement alternatif intégré est au centre des préoccupations.

Des actions de lutte progressive ont été poursuivies au niveau des zones de culture concernées, ce qui a abouti à une réduction de plus de 65% des superficies cultivées en cannabis.  Il a toutefois indiqué que le Maroc avait été confronté ces dernières années à une recrudescence d’intrusion sur son territoire d’avions légers utilisés pour le trafic international de drogues en provenance de la rive gauche de la Méditerranée.  

Des mesures importantes ont été initiées, notamment avec l’Espagne, pour lutter contre ce phénomène.  Il a aussi fait observer l’ampleur inquiétante que prend le trafic de cocaïne, devenu l’apanage d’organisations criminelles bien organisées, qui utilisent désormais l’Afrique comme plateforme centrale de transit et de trafic, dont le Maroc est l’une des principales victimes, a expliqué le représentant.

M. ABDULLAH YUSUF AL-MAAL (Qatar) s’est dit convaincu de l’importance de la coopération internationale pour faire face à la criminalité transnationale organisée, « l’un des plus grands défis auxquels fait face l’humanité ».  À cet égard, l’échange d’informations et les poursuites judiciaires communes revêtent une importance particulière.  Soulignant les lacunes juridiques et la faiblesse des institutions dans certains pays, il a salué l’entrée en vigueur de la Convention sur la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles, qui a consolidé les efforts internationaux dans ce domaine.

À l’échelon national, le Qatar a révisé les lois pertinentes pour qu’elles soient conformes à ses engagements internationaux.  Le représentant s’est félicité de l’élan international réalisé par le treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui s’est tenu à Doha en avril 2015.  

En outre, le Qatar a lancé l’initiative de la troisième conférence des donateurs qui s’est récemment tenue au Koweït au profit du peuple syrien, en matière d’éducation et de formation, « pour mettre un terme à l’extrémisme et à la criminalité ».  Enfin, le Qatar a appliqué sa stratégie 2010-2015 pour combattre les stupéfiants et protéger sa jeunesse.

M. DAVID ROET (Israël) a indiqué que son pays s’était engagé à lutter contre la drogue en se concentrant sur les raisons sous-jacentes de l’abus des stupéfiants et sur la prévention, la réhabilitation et la réintégration des  toxicomanes dans la société.  Un organe central, l’Autorité israélienne antidrogue, coordonne les efforts en la matière, avec des programmes et des traitements adaptés aux groupes vulnérables, aux jeunes et aux femmes.  Lors de la cinquante-huitième session de la Commission des stupéfiants, qui s’est tenue à Vienne cette année, « une résolution israélienne décisive » a été adoptée à l’unanimité, s’est félicité le représentant, pour garantir l’accès des enfants et des jeunes toxicomanes à des soins de santé.

De plus, a poursuivi M. Roet, l’Agence pour la coopération et le développement du Ministère des affaires étrangères israélien (MASHAV) organise des ateliers de formation professionnelle sur la prévention, le droit et la réhabilitation à l’intention des organisations gouvernementales et non gouvernementales des pays en développement. 

En 2014, MASHAV a signé un Mémorandum d’accord avec l’UNODC.  Enfin, Israël considère que l’épidémie de nouvelles substances psychoactives, populaires chez les jeunes, représentent un véritable défi et une campagne de sensibilisation nationale à ce sujet.   

M. BRUNO RÍOS SÁNCHEZ (Mexique) a formé le vœu que la stratégie internationale qui résultera de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le contrôle international de la drogue repose sur les trois piliers que sont les droits de l’homme, la sécurité et le développement, qui figurent du reste dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Il a regretté qu’en dépit de tous les efforts déployés par les pays, les régions et la communauté internationale, le contrôle international des drogues demeure un des défis majeurs à relever.  Les analyses et statistiques révèlent en effet que la consommation des stupéfiants est à la hausse, et qu’il y a 250 nouvelles substances psychoactives non répertoriées dans les mécanismes de suivi des conventions.

M. FRANCISCO TENYA HASEGAWA (Pérou) a rappelé que son pays subissait, depuis de nombreuses années, « les effets terribles du trafic illicite des drogues », notamment dans les régions les plus pauvres du pays.  Le Pérou a développé une stratégie nationale de lutte contre la drogue pour la période 2012-2016 qui s’attaque de façon intégrée à tous les aspects du problème, en mettant l’accent sur la prévention, la réduction des cultures illicites, le contrôle des précurseurs chimiques et la mise en œuvre de programmes de développement alternatifs. 

En 2014, la culture illicite de coca a ainsi pu être réduite de 14% par rapport à 2013.  De même, les saisies de cocaïne ont augmenté de 40%; 13 415 hectares de terrain ont été reboisés et plus de 20 000 familles ont été assistées dans leur transition vers des cultures licites.

Pour le représentant, le succès des politiques de lutte contre la drogue est lié à des stratégies équilibrées qui agissent à la fois sur la demande et l’offre.  Le Pérou se félicite tout particulièrement de la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue en avril 2016, une occasion de faire le point sur les objectifs fixés par la Déclaration politique et le Plan d’action sur la question et de renforcer les instruments internationaux pertinents. 

M. LUIGI MARINI (Italie) a mesuré le chemin parcouru depuis la dernière session de la Troisième Commission en soulignant qu’outre les 17 objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, la communauté internationale avait aussi tenu cette année le treizième Congrès international pour la prévention du crime et la justice pénale et le Conseil de sécurité a adopté deux résolutions sur des thèmes afférents au lien entre le terrorisme et la drogue. 

Il a aussi salué l’adoption de la plateforme commune dite Règles Nelson Mandela sur le traitement des détenus, approuvée par la Commission des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, et qui révisent l’Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus datant de 1955.  

L’Assemblée générale a aussi fait siennes des résolutions sur la protection de la faune, a déclaré le représentant, qui a appelé à resserrer les rangs pour des actions aux niveaux national, régional et international.  Les nouveaux objectifs du développement durable sont à la base même de la lutte contre la criminalité et le trafic de drogues, qui alimentent aussi les conflits, a-t-il rappelé.

M. SERGIUS WAT (Singapour) a souligné que son pays avait épousé la vision de l’Assemblée générale, à savoir, un monde débarrassé de la drogue et l’élimination de l’approvisionnement en drogues, ainsi que les abus.  Il a ainsi rappelé que du fait de la proximité de son pays du Triangle d’or, Singapour est particulièrement vulnérable à la circulation de la drogue et les maux qui y sont associés.  Le délégué a exprimé son inquiétude face à cette situation susceptible de porter un coup dur à la société, transformant très rapidement le pays en plateforme régionale ou transitent les drogues.

Son pays a donc adopté une approche globale en vue de lutter contre ce phénomène et réduire la demande et l’offre, a-t-il précisé.  Ces mesures sont axées particulièrement sur la prévention, la mise en place de lois sévères et l’instauration de programmes de réhabilitation et de réintégration des toxicomanes dans la société, a-t-il déclaré.  En matière de prévention, il a fait savoir que les parents, les acteurs du système éducatif, ainsi que la communauté étaient impliqués afin d’aider les jeunes à prendre conscience des dangers encourus en consommant de la drogue et l’addiction qui pourrait en résulter.

S’agissant de la sévérité des lois en matière de lutte contre la drogue, il a mis en avant le fait que cette approche avait le mérite de sauver des vies et de protéger la société de ce fléau.  Il s’est félicité de ce que la politique de tolérance zéro de son pays contre les drogues a permis notamment en 2014 d’enregistrer 0,1% d’arrestations liées à la drogue, et de réduire la transmission du VIH/sida par les injections.

« L’abus des drogues et la dépendance ne connaissent pas de frontières.  Que vous soyez riche ou pauvre, quelles que soient votre ethnicité ou votre religion, cela n’a pas d’importance », a fait remarquer M. LUIS E. ARREAGA (États-Unis).  Il s’agit essentiellement d’un problème de santé publique, a-t-il fait valoir, en préconisant « une approche complète » en la matière.  Le trafic des stupéfiants et leur utilisation ne sont pas extérieurs à la société, ils sont « interconnectés ».  

D’après le représentant, « avoir des prisons remplis de toxicomanes, sans opportunité de réintégration, conduit à un cycle continu d’abus et de violence ».  Il a plaidé pour un système de justice pénal juste, efficace, humain et transparent.  À cette fin, il a jugé qu’il était temps d’adopter les règles minima pour le traitement des détenus, dites « Règles Mandela » (Ensemble de règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus).  Il a également souhaité réaffirmer le rôle essentiel des conventions sur les drogues et préconisé une approche de santé publique qui traite l’héroïne, et d’autres drogues émergentes, comme des substances psychoactives.      

Mme KATHRIN NESCHER (Liechtenstein) a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaissait le besoin de l’instauration de sociétés pacifiques, justes et inclusives, lesquelles mettent un point d’honneur à garantir le respect des droits de l’homme et l’état de droit, pour le développement durable.  Elle a souligné que dans le cadre de sa coopération internationale et de ses efforts d’assistance au développement, son pays continuait à renforcer les capacités dans les domaines de la lutte anticorruption en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.

S’agissant du fléau de la drogue qui touche le monde, elle a déclaré que le crime organisé avait un effet dévastateur sur la sécurité des hommes à travers le monde.  Elle a donc rappelé à la communauté internationale sa responsabilité afin de se saisir de ce dossier de manière vigoureuse, conformément au droit international des droits de l’homme.  Mme Nescher a souligné qu’une réponse collective au fléau de la drogue devrait être plus équilibrée et globale en vue d’être durable.  Par ailleurs, le Liechtenstein a réitéré son appel en faveur d’une abolition universelle de la peine de mort, en particulier celle s’appliquant à toutes les infractions en lien avec la drogue, car ne les considérant pas comme les crimes les plus graves.

M. JUN SAITO (Japon) a déclaré que la prévention du crime et la justice pénale étaient essentielles pour une société dans laquelle chaque personne peut vivre avec le sentiment d’être en sécurité.  Le délégué a dit croire que le développement économique et social ne peut être possible que dans une société où les valeurs de justice sont prônées.  Il a donc accueilli avec satisfaction la Déclaration de Doha qui apporte un point de vue plus profond sur la prévention des crimes, la promotion d’une culture de licéité qui appuie l’état de droit.  Dans la même veine, il a salué l’intégration de la justice pénale et la prévention du crime dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Japon a également mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer au problème des drogues synthétiques à travers des discussions lors de la prochaine session spéciale de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée à la drogue dans le monde.  S’agissant du phénomène croissant du trafic des personnes et des migrants, le Japon, a-t-il dit, a élaboré un plan d’action en 2014 et mis en place un comité ministériel pour promouvoir des mesures allant dans le sens de la lutte contre ces situations.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a déclaré que son pays avait promulgué une législation sur la lutte contre la traite des personnes.  La Syrie fait face à des crimes horribles et inhumains perpétrés par des groupes appartenant à l’idéologie wahabi qui tuent et sèment la terreur sur leur passage.  Le représentant a dénoncé également l’assassinat de l’expert du patrimoine syrien, Adnan Al Asaad, et la destruction, devenue quasi systématique, de lieux religieux et architecturaux anciens et d’objets précieux, notamment à Palmyre.  

Le délégué a aussi évoqué les vagues de migration massive de personnes qui tentent de fuir l’avancée des hordes de l’État islamique d’Iraq et du Levant, de même que la tragédie des femmes exploitées comme main-d’œuvre et esclaves sexuelles.  Il a apprécié l’assistance offerte par l’Office des Nations Unies contre le crime et la drogue à tous les États qui en ont besoin.

Mme DAYLENIS MORENO GUERRA (Cuba) a déclaré que la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogues, la traite des personnes, le blanchiment d’argent et la contrebande d’armes à tous les niveaux devrait aller de pair avec le combat contre le sous-développement et l’établissement d’un ordre international plus juste, démocratique et équitable.  Elle a estimé que cette thématique ne relevait pas du mandat du Conseil de sécurité.  Elle a mis en relief la tenue du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale, qui a facilité l’échange d’informations et de bonnes pratiques entre les États et les professionnels dans cette sphère.

Cuba a mis aussi l’accent sur les dimensions dévastatrices du trafic des drogues en termes social et humain, jugeant inquiétants l’augmentation des drogues synthétiques, l’émergence de nouvelles substances psychoactives et l’accroissement du trafic illégal des stupéfiants à travers la cybertechnologie.

Pour la déléguée cubaine, les politiques de contrôle des drogues devraient inclure une perspective axée sur le bien-être de la personne et la prévention de la violence et de la commission d’infractions, parallèlement aux mesures purement pénales.

M. SOMPONG SUCHARIKUL (Thaïlande), établissant une connexion évidente entre le trafic de drogues, le crime organisé et la corruption, a déclaré que le phénomène était devenu plus divers, transnational et sophistiqué.  Il apparait clairement, a-t-il souligné, que le trafic de drogues alimente l’insécurité et l’instabilité à travers le monde.  Il est donc crucial de coordonner les efforts sur le plan mondial afin de régler ce problème de manière plus globale.  La Thaïlande salue la Déclaration de Doha adoptée au treizième Congrès des Nations Unies, laquelle a posé les jalons de l’engagement des États Membres à intégrer la prévention du crime et la justice pénale dans le vaste programme de l’ONU visant à apporter une réponse aux défis économiques et sociaux et à promouvoir l’état de droit aux niveaux national et international.

Une solution doit être apportée aux causes profondes de ce phénomène comme l’a recommandé le nouveau Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Selon la délégation, la Thaïlande considère les alternatives de développement mettant les personnes au centre des préoccupations, comme l’approche la plus durable en vue d’apporter une réponse à la pauvreté et au manque d’opportunités qui restent des causes profondes du problème de la drogue.  Il a également mis en évidence la longue et étroite coopération de son pays avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, laquelle a permis à son pays de bénéficier d’un soutien technique et d’activités de renforcement des capacités.

Mme SELMA MANSOURI (Algérie) a estimé qu’il fallait aborder de façon plus complète le crime transnational organisé en renforçant la répression et la coopération interagences.  Il faut non seulement consolider les institutions nationales pour cibler la production de drogues, mais aussi examiner les facteurs socioéconomiques sous-jacents, à travers la lutte contre la pauvreté, la promotion de l’inclusion sociale et la réhabilitation des toxicomanes.

« L’Office algérien pour la lutte contre la drogue et la toxicomanie continue de jouer un rôle clef pour traduire les politiques publiques en action », a assuré la représentante.  Il a ainsi mis en œuvre une stratégie pour la période 2010-2015 centrée sur trois piliers: prévention, traitement et répression.

Par ailleurs, la représentante a réaffirmé l’engagement de l’Algérie dans la lutte contre la traite des êtres humains à travers le renforcement des mesures législatives et institutionnelles destinées à protéger les victimes, conformément aux instruments internationaux existants.  Enfin, l’Algérie reste fortement mobilisée dans le combat international contre le terrorisme.

Mme ELENA S. MUKHAMETZYANOVA (Fédération de Russie) a indiqué que dans le contexte de la croissance sans précédent des diverses formes de criminalité transnationale organisée, le rôle de coordination de l’ONU était indispensable pour arriver à une approche qui repose sur le droit international.  Elle a invité à la ratification des différentes conventions liées à ce phénomène mais s’est opposée à « toute tentative de créer un nouveau mécanisme intrusif ou politisé ».  Elle a également exhorté à accorder la priorité à la lutte contre le trafic d’organes, avant de soutenir l’élaboration d’une stratégie mondiale de lutte contre la criminalité.  La Déclaration de Doha va dans le bon sens à cet égard, a-t-elle estimé.

La déléguée russe a ensuite invité à une représentation « au plus haut niveau politique » à la sixième Conférence des États parties à la Convention sur la corruption, qui se déroulera à Saint-Pétersbourg.  La déléguée russe s’est en revanche opposée à la légalisation des stupéfiants, appelant à une mobilisation internationale en vue de l’éradication de la culture des drogues en Afghanistan qui permettent, selon elle, le financement du terrorisme international.  Dans ce contexte, la Fédération de Russie s’active avec le BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et d’autres partenaires bilatéraux et multilatéraux, a-t-elle informé.

Mme SUSAN MWANGI (Kenya) a déclaré que son pays s’était lancé dans diverses politiques de réformes visant à garantir leur conformité aux mesures des Nations Unies dans les domaines de la prévention du crime et de la justice pénale.  En vue de se doter d’institutions fonctionnant efficacement, le Kenya a développé des cadres législatifs et des stratégies visant à assurer un suivi des performances de l’administration judiciaire, a-t-elle lancé. 

En matière de corruption, le Kenya a mis en place une commission indépendante dont le mandat est de prévenir et de lutter contre ce phénomène, a indiqué Mme Mwangi. 

À propos de l’afflux des drogues destinées à l’Europe et à l’Asie, elle a précisé qu’elles avaient un effet destructeur sur la jeunesse du pays, ainsi que sur l’économie et la stabilité du Kenya.  Son pays, a-t-elle dit, plaide en faveur d’une coopération de la communauté internationale en vue de trouver des solutions durables dans la lutte contre le trafic de drogues et l’addiction.  Parallèlement, la prolifération des armes légères et de petit calibre est préoccupante puisque continuant de profiter aux terroristes et de causer l’instabilité du Kenya, a-t-elle déploré.

Mme ANA CRISTINA RODRÍGUEZ PINEDA (Guatemala) a dit que son pays traverse une situation politique exceptionnelle qui met à mal ses institutions démocratiques.  La réponse du Gouvernement actuel et de celui qui commencera en janvier 2016 devront être à la hauteur des attentes de la population qui est descendue dans la rues durant 22 semaines pour exiger un changement et la fin d’une décennie de corruption et de faiblesse étatique chronique. 

Dans la perspective de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le contrôle international des drogues en 2016, la représentante guatémaltèque a proposé que le document final mette l’accent sur l’engagement en vue de l’application des différentes conventions contre la criminalité sur la nécessité de placer l’individu au centre des politiques relatives à la drogue; les droits de l’homme en tant que pilier de l’approche transversale à ce problème mondial; et l’inclusion des acteurs du monde de la recherche et de la société civile, notamment, en ouvrant l’espace aux institutions onusiennes comme l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et ONU-Femmes.  

Elle a espéré que le processus préparatoire conduisant à la session extraordinaire soit véritablement inclusif et transparent et a salué le processus de négociation d’ores et déjà entamé.  Elle a rappelé le mandat accordé au Président de l’Assemblée générale dans la résolution 69/201.

Mme LARYSA BELSKAYA (Bélarus) a estimé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 constituait « une bonne base » pour s’attaquer à la criminalité transnationale organisée, et, en particulier, pour lutter contre la traite des êtres humains.  Le plan d’action international en la matière doit continuer de mobiliser tous les partenaires, a-t-elle insisté.  Elle a salué les travaux de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime en ce qui concerne le Fonds d’affectation aux victimes de ce fléau et souhaité que l’on prête « une attention adéquate à la mise en œuvre complète des fonctions de l’ONUDC ».

Le Bélarus, a annoncé la représentante, présentera à la Troisième Commission un projet de résolution sur l’amélioration de la coordination des efforts dans la lutte contre la traite des êtres humains.  En juillet dernier, un séminaire international sur la question a été organisé à Minsk, avec les représentants d’organisations internationales et d’institutions d’États « amis ».  L’accent a été mis sur la traite des enfants à des fins d’exploitation sexuelle ou pour le travail et sur la pornographie sur Internet.

S’agissant du trafic des stupéfiants, elle s’est dite préoccupée par « la tendance dangereuse liée à l’augmentation de la culture de pavot servant à la production de l’opium et de drogues synthétiques ».  Le Bélarus a adopté en décembre dernier un décret pour lutter en particulier contre les nouvelles substances psychotropes et leurs précurseurs, dont une drogue intitulée « Spice ».  En conclusion, elle a recommandé de « prêter une attention particulière aux États de transit qui supportent le fardeau du trafic ».  

M. AL-KHAQANI (Iraq) a favorablement accueilli les efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, et rappelé que l’Iraq avait ratifié la plupart des instruments internationaux sur la criminalité.  Il a signalé, à cet égard, que son pays était fortement frappé par une organisation dont les crimes et les atrocités ne peuvent plus être mesurés.  Il a appelé à un « EFFORT » en lettres majuscules pour tous faire front contre un phénomène qui n’a plus de qualificatifs tant il ne respecte ni la religion, ni les sites archéologiques, ni l’environnement, ni l’être humain ou l’état de droit. 

Dans le cadre de l’assistance technique aux pays, l’ONUDC a préparé plusieurs cours de formation pour les fonctionnaires iraquiens dans la lutte contre la corruption.  Il a insisté sur les difficultés mais également sur les efforts remarquables de son gouvernement pour faire cesser le terrorisme et la menace que Daech fait peser sur le monde.  Le représentant a exhorté à l’appui de la communauté internationale.

M. MURAT UĞURLUOĞLU (Turquie) a préconisé le respect universel des conventions des Nations Unies pour améliorer la justice dans le monde.  La traite des personnes est « un crime contre la dignité et l’intégrité de l’être humain », a-t-il souligné.  Les crises dans les pays voisins touchent directement la Turquie, a-t-il ajouté, en évoquant la traite des migrants et la contrebande.  Il a appelé tous les pays à s’unir pour lutter contre ce phénomène.  D’après lui, « les mesures sécuritaires ne s’attaquant pas aux causes premières des migrations n’offrent pas de solutions pérennes ».

La Turquie, a rappelé le représentant, a offert l’asile aux Syriens qui fuient le conflit dans leur pays, et permis à des millions de personnes de bénéficier d’une assistance humanitaire.  Elle fait « l’expérience directe du terrorisme », avec Daech et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a-t-il déploré, en mentionnant les menaces sécuritaires.  Il a également estimé que le pillage et le trafic illicite de biens culturels exigeaient une action d’urgence coordonnée de la communauté internationale.

M. ISMAEL ABRAÃO GASPAR MARTINS (Angola), au nom de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), a reconnu que la réponse de la région au défi de la criminalité organisée était encore « inadéquate » en raison notamment de l’absence de plateformes d’échange d’informations et de renseignements dignes de ce nom.  Les systèmes de justice pénale dans de nombreux pays de l’Afrique australe sont encore trop faibles et n’ont pas les capacités nécessaires pour prévenir et poursuivre des crimes transnationaux tels que le terrorisme, la cybercriminalité et les crimes financiers, a-t-il expliqué.

Jugeant que la coopération internationale était cruciale pour prévenir de tels crimes, il a indiqué que les membres de la SADC œuvraient à renforcer leurs systèmes judiciaires et salué le rôle clef de l’ONU dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Puis, il a détaillé les axes du plan d’action élaboré conjointement avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour les années 2013-2016 et qui vise à combattre ce fléau en Afrique australe.  Ce plan d’action vise entre autres à renforcer les capacités nationales et régionales par le biais notamment d’un échange d’informations et à améliorer la prise en charge des toxicomanes, a-t-il affirmé. 

Enfin, M. Martins s’est félicité que l’objectif 16 du Programme de développement à l’horizon 2030 soit consacré au trafic de stupéfiants et a invité les États Membres à préparer activement la session spéciale de l’Assemblée générale sur le défi mondial des stupéfiants qui doit se tenir en 2016.

M. MAYANK JOSHI (Inde) a déclaré que son gouvernement donnait la priorité à la question du trafic de drogues, avec une initiative en trois points destinée à juguler cette menace.  Cette initiative prévoit d’augmenter les services de santé pour une meilleure réhabilitation des anciens toxicomanes, une plus grande prévention à l’école et dans les collèges contre l’utilisation des narcotiques, ainsi qu’un contrôle coercitif rigoureux à l’encontre du trafic de drogues.  Une approche fondée sur la santé publique, en conformité avec les droits de l’homme, est en cours.  « Nous sommes dans le processus de finalisation de la première politique nationale sur la question de la réduction de la drogue », a-t-il déclaré.

L’Inde est partie au Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants, ce qui montre l’implication du pays pour résoudre ces questions, a-t-il déclaré.  Le terrorisme doit être condamné dans les termes les plus forts.  La communauté internationale doit appliquer une politique de tolérance zéro envers ce fléau.  Les menaces grandissantes de la cybercriminalité, qui a un potentiel à être encore plus mortelle que les guerres conventionnelles, appellent au renforcement des capacités nationales, de l’assistance technique et de la coopération mondiale.

L’Inde est impliquée dans la coopération avec la communauté internationale à tous les niveaux, ainsi qu’avec les mécanismes permettant d’aller vers un monde sans drogue, sans transaction illégale d’armes, sans crimes contre les femmes, sans trafic de personnes et de drogues, sans corruption, sans crimes reliés aux monuments et à l’héritage culturel, et le crime transnational organisé, a-t-il dit en conclusion.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que, pour être efficaces, les stratégies de lutte contre le crime doivent être centrées sur des politiques préventives, notamment la promotion du développement économique et social, le respect des droits de l’homme et l’accès à la justice, avec la participation de la société civile.  Le Brésil salue l’adoption des règles minima révisées pour le traitement des détenus, dites « Règles Mandela », qui prennent en considération les progrès de la science correctionnelle.  Le représentant a également remercié le Secrétaire général pour son rapport sur la peine capitale.  À ce sujet, le Brésil a appelé tous les pays qui appliquent encore la peine de mort à adopter un moratoire en vue de l’abolir. 

Par ailleurs, le Brésil est activement engagé, dans le cadre de la Commission des stupéfiants, dans les préparatifs de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue qui aura lieu en avril 2016.  M. de Aguiar Patriota a espéré que la réunion aboutira à une amélioration des politiques de prévention de l’abus des drogues, à travers des programmes multidisciplinaires basés sur des preuves scientifiques et sur les besoins des groupes les plus vulnérables, « sans stigmatiser les toxicomanes ».  Il faudra également un équilibre entre les investissements dans les politiques de réduction de l’offre et de la demande.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran) a souligné que son pays, en tant que « voisin immédiat du plus gros centre de production illicite d’opium du monde », faisait face à un certain nombre de défis en matière de drogues.  Plus de 4 000 agents de la répression ont déjà trouvé la mort dans la lutte contre des trafiquants de drogues équipés d’armes sophistiquées, a-t-il précisé.  L’Iran entame son quatrième programme commun de cinq ans avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).  Sur le front de la réduction de la demande, l’Iran a étendu ses services de traitement et de réhabilitation, avec l’aide d’organisations non gouvernementales.

Le représentant a déploré le fait que la culture illicite de pavot a atteint, en 2014, ses niveaux les plus hauts depuis 1998, avec une augmentation de 7% en Afghanistan.   L’année dernière, la production d’opium a ainsi été estimée à 7 500 tonnes, contre 5 500 tonnes en 2013.  En même temps, a-t-il regretté, la communauté internationale refuse d’honorer le principe de responsabilité commune pour s’attaquer au problème mondial de la drogue.  Il a estimé en particulier qu’elle devrait aider l’Afghanistan à développer des modes de subsistance alternatifs, et assister les pays qui sont en première ligne contre des trafiquants armés.

M. DIYAR KHAN (Pakistan) s’est dit vivement préoccupé par la rapide augmentation de la culture du pavot dans le voisinage du Pakistan.  « La culture du pavot en Afghanistan a augmenté pour la quatrième année consécutive, de 7% en 2014 », a-t-il dit, ajoutant que cela représentait un défi de taille pour les pays de transit, dont le Pakistan.  Afin de remédier à ce fléau, M. Khan a jugé vital de rétablir l’autorité du Gouvernement sur les territoires de production des stupéfiants.  « Légaliser les stupéfiants est contreproductive », a-t-il affirmé.

Le représentant du Pakistan a jugé qu’il n’était pas nécessaire de réexaminer les Conventions relatives au contrôle international des stupéfiants et d’adopter, à ce stade, une nouvelle déclaration politique après celle de 2009.  Les priorités de la Session spéciale de 2016 doivent être le renforcement du consensus autour du cadre actuel et la consolidation des résultats obtenus, tout en prenant compte des nouvelles tendances sur le terrain, a-t-il poursuivi.

Enfin, M. Khan a indiqué que son pays avait procédé à des prises de plus en plus importantes de stupéfiants en raison d’une action policière renforcée.  Il a souhaité une coopération accrue avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et les autres partenaires de son pays afin de surmonter les contraintes budgétaires auxquelles le Pakistan est confronté.

Mgr BERNARDITO CLEOPAS AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a réaffirmé le rejet par le Saint-Siège de la consommation de drogues, rappelant que le pape Jean Paul II avait en son temps comparé les trafiquants de drogues à des marchands de la mort, et mis en garde les potentiels toxicomanes contre l’illusion de liberté et de faux espoirs de bonheur qu’offrait la drogue. 

Selon l’Observateur permanent du Saint-Siège, la famille doit être placée au centre des efforts visant à lutter contre ce fléau car lorsqu’un individu est accroc, c’est tous les membres de sa famille qui sont affectés

La lutte contre la drogue suppose l’adoption de lois appropriées, et leur mise en œuvre sont cruciales pour protéger la société, de même que les individus du danger du trafic des stupéfiants.  Un programme efficace de prévention doit impliquer tous les acteurs de la société y compris la famille, les enseignants, la société civile, etc.

S’agissant du trafic des êtres humains, le Saint-Siège est préoccupé de voir que des millions de personnes sont privées de liberté et vivent dans des conditions assimilables à l’esclavage.  Il appuie donc toutes les initiatives visant à mettre tout en œuvre pour lutter contre ce phénomène.

Mme SUYAPA CARIAS (Honduras) a dit que son pays avait réussi à renforcer ses institutions dans la lutte contre le narcotrafic et le crime organisé et à progresser dans la prévention.  Elle a souhaité que des accords mondiaux soient trouvés pour permettre l’édification de sociétés plus saines et prospères, dans le respect du principe de « responsabilités différenciées » des pays et avec la participation des acteurs civils concernés.  Le Honduras livre « une bataille inégale » contre ces fléaux, car les criminels disposent de ressources logistiques, financières et matérielles transnationales importantes. 

Cette semaine, a indiqué la représentante, les délégations de divers pays d’Amérique latine et des Caraïbes se trouvent réunis à San Pedro Sula, au Honduras, pour discuter de la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, sous l’égide de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.  Au niveau régional, les pays membres du Système d’intégration centraméricain (SICA) ont lancé, en 2011, la Stratégie de sécurité d’Amérique centrale avec l’aide de pays amis pour combattre les délits et prévenir la violence. 

Mme Carias a dénoncé « la situation tragique des flux migratoires enregistrés depuis le triangle Nord de l’Amérique centrale à destination des États-Unis », incluant des mineurs non accompagnés, « exclus en grande partie par la violence générée par le trafic des drogues vers le Nord ». 

Mme MILDRED GUZMAN (République dominicaine) a estimé que le problème du commerce illicite des drogues était un défi mondial dont la nature multidimensionnelle requiert une approche intégrale.  Du fait de sa situation géographique dans les Caraïbes, la République dominicaine est devenue « un point stratégique » pour le trafic des stupéfiants des pays producteurs aux pays consommateurs.  Toutefois la pratique consistant à payer en drogues les services de transport ont fait augmenter l’offre dans le pays et généré « un microtrafic » qui crée une série de problèmes sociaux.  

Le Gouvernement s’est attaqué au problème et les saisies de drogues sont en augmentation, a assuré Mme Guzman.  Conscient que la consommation de drogues est une question de santé publique, et pas seulement un délit, il s’est efforcé d’élargir l’accès aux traitements et à la réhabilitation.  La République dominicaine a lancé une vaste campagne de prévention qui implique les moyens de communication sociale, la famille et les écoles, et souligne les dangers de la toxicomanie.  D’autre part, le pays a renforcé ses institutions judiciaires.

Mme MARÍA CLARISA GOLDRICK (Nicaragua) a fait valoir le modèle national de sécurité citoyenne et humaine du Nicaragua et du système d’appropriation populaire des politiques de prévention du crime et de la violence.  Ainsi, a-t-elle expliqué, des assemblées communales siègent en permanence et agissent en coordination avec la police, l’armée et le système judiciaire dans tout le pays.  L’objectif ultime de ce modèle réside dans une consolidation des rapports entre les institutions étatiques et la population. 

Sur le plan international, la représentante a exprimé sa préoccupation face aux nouveaux types de délits commis en toute impunité, notamment émergents, comme la cybercriminalité, le trafic illégal des biens culturels ou la destruction de la flore et de la faune.  Elle a réitéré l’attachement du Nicaragua en vue de la mise en œuvre des normes et dispositions des traités internationaux qui garantissent à tous les citoyens la sécurité, l’égalité devant la justice et des garanties de réparations aux victimes.

La déléguée s’est enorgueillie, par ailleurs, du lancement en novembre prochain de la campagne mondiale « Cœur bleu », avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, en reconnaissance des résultats obtenus par le Nicaragua dans la lutte contre la traite des personnes. 

M. WU HAIWEN (Chine) a souligné l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre la corruption sur la base de la Convention de l’ONU sur la corruption.  Il a également mis en évidence le rôle très important de la Convention de l’ONU contre le crime transnational organisé, précisant qu’une mise en œuvre pragmatique du mécanisme aiderait à promouvoir la Convention contre la corruption. 

Le délégué dit avoir pris note du possible rôle de la société civile dans la mise en œuvre de cette Convention.  Toutefois, il estime que ce processus devrait être intergouvernemental.  Notant la propagation de la cybercriminalité et du cyberterrorisme, il a expliqué que son pays appuyait l’idée de la mise en place d’un instrument juridique international de lutte contre la cybercriminalité.  Concernant la menace de la drogue, il a plaidé pour l’adoption d’une stratégie globale tout en respectant le principe de responsabilité partagée.

Mme ZEBIB GEBREKIDAN (Érythrée) a déclaré que des milliers de personnes en Afrique, particulièrement des jeunes, sont de plus en plus victimes du crime organisé.  Récemment, la mer Méditerranée est devenue une tombe pour de nombreux migrants qui aspirent à atteindre les pays économiquement développés, dans le but d’avoir une vie meilleure.  En tant que pays affecté par les crimes de trafic humain et de contrebande, l’Érythrée a établi des cadres légaux, institutionnels, et administratifs pour éviter que ses ressortissants nationaux ne sombrent dans les pièges des réseaux criminels. 

L’Érythrée s’est aussi engagée de façon constructive avec les pays de destination des migrations en Europe pour qu’ils examinent certaines de leurs politiques injustifiées, consistant à donner l’asile à des nationaux érythréens, ce qui encourage nombre d’entre eux à chercher de meilleures conditions de vie dans ces pays, et ce, au risque de leur vie. 

Ces voyages n’ont jamais été faciles pour mes migrants et ils sont nombreux à continuer à s’exposer aux trafiquants humains et aux contrebandiers.  La représentante a réitéré son appel pour que les pays rectifient leurs approches politiques de cette question, afin d’atténuer la crise dans la mer Méditerranée.

Mme INGRID SABJA (Bolivie) a fait remarquer que son pays avait obtenu « une autonomie politique et économique en matière de lutte contre le narcotrafic ».  Le Gouvernement a organisé un déploiement policier sur tout le territoire national, « et pas seulement dans le tropique de Cochabamba où l’on ne criminalisait que les producteurs de coca », a-t-elle précisé. 

Des records ont été battus dans la réduction des cultures de feuilles de coca, « sans morts ni blessés, dans le respect des droits de l’homme et de l’environnement ».  C’est la politique du dialogue et de la concertation qui prévaut, à travers la délimitation de zones de production légales.  Ces résultats sont reconnus par l’ONU qui note une baisse « historique » des cultures illicites de 11%, s’est-elle félicitée.

Au cours des huit dernières années, a poursuivi la représentante, les saisies de cocaïne en Bolivie ont triplé, proportionnellement à l’augmentation des opérations menées contre les narcotrafiquants.  À cet égard, elle a regretté que les efforts de son pays soient, « pour des raisons purement politiques », réprouvés par États-Unis. 

Un plan national de réduction de la demande pour la période 2013-2017 a été élaboré en Bolivie, structuré autour de cinq thèmes: prévention, populations très vulnérables, traitement et réhabilitation, réintégration et développement institutionnel.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a relevé les dangers que fait peser la drogue sur les pays du monde entier, en particulier son pays qui, a-t-il dit, sert de transit aux trafiquants avant l’Amérique du Nord, sa destination finale.  En conséquence, il a insisté sur le fait que les mesures de lutte doivent se fonder sur le principe de la responsabilité commune. 

Par ailleurs, il a recommandé que l’assistance internationale soit suffisante, coordonnée et cohérente pour une plus grande efficacité.  Il a également proposé que dans le cadre de la lutte contre les stupéfiants soit étudiée la possibilité de prise de mesures autres que la détention.

Cette approche, a-t-il dit, pourrait être précieuse en ce sens qu’elle permettrait d’éviter aux États les dépenses liées à l’incarcération des personnes qui s’adonnent au trafic de drogues.  M. Zamora Rivas a également exhorté à éviter la stigmatisation des personnes incarcérées, laquelle rend difficile l’intégration de celles-ci au sein de la société une fois leur peine purgée.

M. MOHAMED IBRAHIM MOHAMED ELBAHI (Soudan) a relevé que la Déclaration de Doha avait recommandé que l’on continue de travailler à divers programmes de renforcement des capacités nationales dans la lutte contre le crime organisé.  À cet égard, il a souhaité « une définition internationale commune du terrorisme » et demandé une coopération accrue entre les différents pays pour aider les pays en développement à faire face à toutes les menaces.  Il a jugé indispensable de s’attaquer à la question de la dette et d’annuler les sanctions « injustes » imposées à différents pays.  Ces fléaux épuisent nos ressources, a-t-il ajouté.

Le représentant a rappelé certains progrès réalisés dans la lutte contre la corruption, « sous la supervision directe de la présidence de la République ».  Le Gouvernement a créé un système de traitement des mineurs et promulgué un Code pénal pour les enfants.  En outre, il combat la violence faite aux femmes, interdit la traite des êtres humains et lutte contre le trafic des stupéfiants.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a souligné que la gravité et la magnitude des problèmes associés à la production et au trafic illicites de drogues sont des indicateurs clairs de la menace croissante que fait peser ce fléau sur la stabilité et la sécurité mondiales.  La prévention contre ce fléau qui s’est transformé en terreau pour le terrorisme et le crime organisé exige des actions conjointes et coordonnées de la part de la communauté internationale dans son ensemble, a souligné le délégué. 

Pour le Tadjikistan, l’une des conditions en vue d’une réponse effective à ce problème est la mise en place d’un système de coopération internationale à plusieurs niveaux.  Avec les Nations Unies comme centre de coordination.  S’agissant de l’action de son pays dans la lutte contre ce fléau, il a indiqué que grâce au Président du Tadjikistan, l’Agence du contrôle de la drogue avec l’appui de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, ainsi que les pays donateurs, travaille avec succès dans le pays depuis plus de 15 ans.

M. MAYTHONG THAMMAVONGSA (République démocratique populaire lao) a dénoncé lui aussi les méfaits de la drogue et les obstacles que le trafic de stupéfiants dressés sur la voie du développement socioéconomique des nations.  Pour sa part, son pays a créé la Commission nationale pour le contrôle et la surveillance des drogues afin de coordonner les efforts déployés au niveau national, et prolongé jusqu’à 2015 le plan national prévu pour la période 2009-2013. 

Au niveau de la sous-région, la République lao a appliqué un certain nombre d’accord bilatéraux et multilatéraux avec les autres Etats membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).  En outre, cette année, les autorités laotiennes ont annoncé qu’une large quantité d’héroïne, d’opium brut, de cannabis et de morphine avait été saisie et brûlée et que plus de 2 140 trafiquants avait été arrêtés et traduits en justice. 

Enfin, le Gouvernement a ouvert depuis 1996 un Centre de formation et de réhabilitation pour les toxicomanes  qui souhaitent entamer une cure de désintoxication dans de bonnes conditions, a précisé la délégation.

M. KHAN (Sri Lanka), indiquant que l’abus et le trafic des stupéfiants sont des problèmes majeurs et persistants à travers le monde, a souligné que son pays travaille en étroite collaboration avec l’Office des Nations Unies pour la lutte contre la drogue et le crime, ainsi que d’autres entités de l’ONU pour faire face à cette situation.  Il a reconnu que son pays était un passage de transbordement utilisé par les trafiquants de drogues internationaux, et qu’une partie de ces stupéfiants atterrissaient sur le marché local.

Face à cette situation, le Sri Lanka a élaboré des stratégies visant à lutter efficacement contre la propagation de la drogue dans le pays.  Des mesures ont été également prises pour installer des centres de traitement et de réhabilitation pour les toxicomanes, a assuré le délégué.  Ces dispositions prennent également en compte les prisonniers incarcérés pour des délits liés à la drogue. 

Le représentant s’est réjoui qu’il y ait au sein de la société une prise de conscience sur les dangers de la consommation de la drogue.  Il a admis qu’au regard de la dimension internationale du problème, il est impératif que la coopération et la coordination entre les États et les organisations internationales soit effective.

M. GORGUI CISS (Sénégal) a insisté sur le caractère inclusif et participatif des consultations qui doivent continuer à réunir toutes les parties prenantes à la lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Le représentant a par ailleurs souligné l’engagement de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest dans l’élaboration d’une « véritable stratégie de lutte contre ce fléau pernicieux ». 

Soulignant à cet égard la nécessité de coordonner les actions prévues par la Déclaration politique et le Plan régional d’action de la Communauté économique des États de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le représentant sénégalais a rappelé que l’Afrique de l’Ouest était particulièrement touchée par les trafics illicites. 

Ces trafics sont l’une des principales sources d’instabilité et d’insécurité régionales, a-t-il insisté, ajoutant que son pays avait pris l’initiative en créant un comité interministériel de lutte contre la drogue et l’Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants.  Il a également invité l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime à continuer d’apporter son soutien aux États dans les domaines essentiels que sont le partage de renseignement, la formation des personnels de santé, l’analyse de données ou encore la réforme des secteurs de la sécurité et de la justice.

M. JEFFREY SALIM WAHEED (Maldives) a déclaré que tout le monde dans cette assemblée semblait d’accord pour affirmer que la lutte contre la drogue était une question qui concerne tous les pays.  Face à cela, une stratégie équilibrée et globale est nécessaire pour contrecarrer le problème de la drogue, a estimé le représentant.  L’escalade de l’abus de drogues dans la société maldivienne a été un sujet de grave préoccupation ces 10 dernières années, d’autant que la jeunesse constitue près de 46% de la population des Maldives.

Reconnaissant les défis uniques que pose le problème de la drogue, les Maldives ont collaboré avec les acteurs internationaux en charge de cette question, pour mettre en œuvre et appliquer une législation particulière, distincte de la législation criminelle.  La loi sur la drogue de 2011 prévoit la prévention et la lutte contre les trafics de drogues, ainsi que la réhabilitation des victimes et leur réintégration dans la société.  Il est prévu aussi une cour séparée pour traiter des affaires liées à la drogue. 

Le Gouvernement, par-dessus tout, cherche à trouver des solutions à travers une approche globale, en mettant un accent particulier sur la jeunesse.  Le délégué a exprimé l’espoir que ces instruments seront capables, non seulement de répondre aux questions de la drogue dans sa composante criminelle, mais aussi d’assurer un futur plus lumineux et prospère. 

M. USMAN SARKI (Nigéria) a déclaré que les conséquences de l’abus de drogues continuaient de ravager des familles, des communautés à une large échelle sur le continent africain, et mettent également à mal les efforts visant à promouvoir le développement durable.  Il a également indiqué que la consommation des stupéfiants contribuait à accroître des maladies telles que le VIH/sida et les troubles psychologiques, et exposait les toxicomanes à des crimes violents et à des décès prématurés. 

Face au préoccupant constat de l’utilisation de l’Afrique comme canal de transit des drogues illicites, le Nigéria a salué d’adoption du Plan d’action révisé de l’Union africaine sur le contrôle de la drogue.  Au niveau régional, le délégué s’est dit encouragé par la collaboration entre les états membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour lutter activement contre le trafic de drogues.

Sur le plan national, le Nigéria a lancé un plan consistant à apporter des solutions intégrées et globales, lesquelles prennent en compte la mise en œuvre de la loi, la réduction de la demande de drogues, l’accès et le contrôle des stupéfiants.

Mme THERESE RODRIGUEZ CANTADA (Philippines) a expliqué que son pays avait adopté une approche fondée sur cinq piliers pour combattre le problème de la drogue: réduction de la demande, réduction de l’offre, développement alternatif, sensibilisation du public et coopération régionale et internationale.  Elle a précisé qu’un nouveau plan d’action antidrogue avait été adopté pour la période 2015-2020, soulignant l’importance de la coopération régionale et des contrôles aux frontières pour soutenir ces politiques nationales.

« La lutte contre la drogue est en évolution constante », a-t-elle ensuite rappelé, citant notamment l’exemple des drogues de synthèses dont les formules changent en permanence, compliquant ainsi leur détection, ou celui des nouvelles plateformes de l’Internet où des drogues sont proposées à la vente. 

En conclusion, elle a souligné l’imbrication croissante du trafic de drogues, de la criminalité transnationale organisée, de la cybercriminalité, de la corruption, du blanchiment d’argent, du trafic d’êtres humains, de la piraterie, du commerce illicite d’organes, d’animaux ou d’armes, insistant sur la nécessité pour la communauté internationale d’adopter des approches globales et multidimensionnelles pour endiguer ces fléaux. 

M. ABDUL RAHMAN MOHAMMED SULAIMAN BAOMAR (Oman) a indiqué que depuis la renaissance du Sultanat en 1970, la justice, la paix et l’état de droit étaient jugés « essentiels pour réaliser un développement durable ».  La Constitution garantit la protection des droits pour tous sans discrimination, a-t-il ajouté.  Oman s’efforce de protéger ses citoyens contre la criminalité transnationale organisée.  Il faut faire plus pour la combattre, d’autant plus que la jeunesse est utilisée pour propager ce fléau, a-t-il toutefois estimé.

Oman, qui est partie à de nombreuses conventions pour lutter contre le crime, coopère avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et Interpol pour renforcer ses capacités nationales, a souligné le représentant.  Il s’est félicité des résultats du treizième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et la justice pénale qui s’est tenu à Doha, au Qatar.     

Quand il s’agit de prévention du crime et de justice pénale, M. ABDURRAHMAN MOHAMMAD FACHIR, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a défendu une approche globale et coordonnée des réponses.  Pour cette raison, il a souligné l’importance d’atteindre une ratification « universelle » de la Convention de l’ONU contre la criminalité transnationale organisée.

Le Ministre a insisté sur la lutte contre le trafic de main-d’œuvre, « une priorité » pour son gouvernement, appelant à la coopération dans quatre domaines en particulier: la prévention, la protection et l’aide aux victimes, les poursuites judiciaires et le renforcement des partenariats.  Au niveau régional, a-t-il indiqué, l’Indonésie a initié le Processus de Bali, « seul mécanisme consultatif régional à associer les pays d’origine, de transit et de destination » contre le trafic de personnes et le crime organisé.

Face au terrorisme et au radicalisme, a-t-il expliqué, l’Indonésie prône une approche « persuasive », fondée sur la promotion de la modération et de la tolérance.  Mais surtout, la collecte et le partage régulier d’informations sont essentiels pour mener une politique efficace et coordonner l’action des États Membres contre la criminalité. 

Le responsable indonésien a mis l’accent sur ce que son pays considère comme un crime émergent, auquel il est confronté: la pêche illégale.  Celle-ci constitue une entrave à la gestion d’une pêche durable, a-t-il estimé, elle affecte les stocks et menace les espèces vulnérables.  Elle est aussi souvent liée à d’autres formes de crimes comme le trafic d’êtres humains et le travail forcé.

S’agissant du contrôle mondial des drogues, le Ministre a espéré une révision du Plan d’action lors de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale sur le problème mondial de la drogue (UNGASS) prévue pour 2016.

M. YE MINN THEIN (Myanmar) a déclaré que la menace du trafic de narcotiques était globale et devait être résolue par des efforts mondiaux, avant qu’elle ne détruise les sociétés humaines.  Il est donc impératif de trouver des solutions durables à la lutte contre ce fléau, afin d’ériger un futur sans narcotiques.  Ce défi est immense, notamment parce qu’il touche les populations les plus défavorisées, et qu’il est lié au développement économique et social, à la bonne gouvernance, à l’état de droit, à l’accès à la santé.

La prévention du fléau de la drogue requiert une approche holistique.  Tous les acteurs, que ce soient les gouvernements, les sociétés civiles, les Nations Unies et les agences de développement, ainsi que les prestataires de soins, doivent travailler de conserve et dans la même direction.  À cet égard, le Myanmar a adopté une série de mesures pratiques pour éradiquer le fléau de la drogue, aux niveaux national et international.

Le Myanmar est partie à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, ainsi qu’au Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants.  Le représentant a déclaré qu’en plus de la participation active de la société, des accords bilatéraux et la coopération avec la communauté internationale, y compris les agences des Nations Unies, étaient essentiels pour combattre les problèmes de la drogue. 

Des mécanismes sont utilisés, tels que le Mémorandum d’accord sur la coopération en matière de contrôle de la production et du trafic illicites et de l’abus des stupéfiants, des substances psychotropes et des précurseurs en coopération avec les États de la région, à savoir la Chine, la République démocratique populaire lao, la Thaïlande et le Viet Nam, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, ainsi que d’autres accords bilatéraux.  Le représentant a déclaré qu’il est persuadé qu’à travers une coopération régionale et internationale forte, ainsi qu’avec une assistance financière et technique fournie pas divers partenaires, il sera possible de gagner la guerre contre cette menace pour l’humanité.  

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a affirmé que la multiplication des conflits et l’extrémisme contribuaient aux crimes transnationaux qui, a-t-il dit, sont un phénomène préoccupant ayant de graves conséquences sur le développement politique, économique et social.

Sur la problématique du trafic des personnes, il a fait état de la crise des migrants en Europe où des milliers de personnes en provenance principalement d’Afrique sont contraintes de traverser la Méditerranée.  Il a regretté les milliers de vies perdues à cause de ce trafic conduit par des personnes irresponsables.

S’agissant du trafic de drogues, il a fait part d’énormes préoccupations car le phénomène fragilise les structures sociales de la Malaisie du fait de sa proximité avec le Croissant, la principale région de production de l’opium.  Le délégué a donc préconisé des mesures incluant une assistance technique qui aidera les paysans à trouver d’autres moyens de gagner leur vie.

Mme CÉCILE MBALLA EYENGA (Cameroun) a indiqué que son pays était confronté au phénomène sans cesse croissant de production, de trafic et de consommation de drogues dont les premières victimes sont les jeunes.  Le Cameroun, de conserve avec les pays voisins et plusieurs de ses partenaires comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Union africaine, s’est résolument engagé à trouver des solutions durables, a-t-elle dit, ajoutant qu’il transmettait régulièrement à l’ONUDC et à l’Organe international de contrôle des stupéfiants des données sur la nature et l’étendue du trafic des stupéfiants sur son territoire. 

Sur le plan stratégique, des campagnes de sensibilisation et de mobilisation communautaire pour la prévention de la toxicomanie sont aussi organisées et la toxicomanie est désormais considérée comme une question de santé publique.  Parmi les mesures institutionnelles, la représentante a cité la mise en place d’un centre de prévention de la toxicomanie au sein du Comité national pour la lutte contre les stupéfiants avec pour objectif de réduire la proportion de consommation de nouvelles drogues. 

L’installation des dispositifs de contrôle des drogues dans les deux aéroports internationaux du Cameroun a également amélioré le contrôle aux frontières.  Compte tenu de l’ampleur internationale de ce phénomène, Mme Mballa Eyenga a estimé que la coopération internationale ne se présentait plus comme une option, mais bien comme une nécessité prioritaire, qui passe par l’assistance technique aux pays demandeurs.  Elle a espéré, en conclusion, que la session extraordinaire, l’année prochaine, trace la voie à suivre dans une lutte plus efficace contre ce problème mondial.

M. JUAN CARLOS MENDOZA (Costa Rica) a reconnu que le narcotrafic et la criminalité transnationale organisée menaçaient la paix, la sécurité et la stabilité internationales.  En dépit des efforts des États et de la communauté internationale, la consommation de stupéfiants demeure élevée et de nouvelles drogues synthétiques apparaissent.  « Il est évident qu’avec les stratégies habituelles nous ne parviendrons pas à vaincre ce fléau », a-t-il averti.  « Ce n’est pas en incarcérant les petits producteurs, les intermédiaires et les consommateurs que nous arriverons à défaire cet engrenage de mort. »

Au contraire, M. Mendoza a prôné des approches intégrées, fondées sur les personnes, équilibrées, multisectorielles, respectueuses de l’État de droit, qui prennent en compte les responsabilités communes mais différenciées des pays, « sans oublier les responsabilités fondamentales de tous les grands consommateurs ». 

Ainsi, les pays de destination doivent-ils appuyer la réduction de la demande et mettre l’accent sur la prévention, l’éducation, le traitement, la réhabilitation et la réinsertion sociale des consommateurs.  À cet égard, le Costa Rica se fonde sur l’évidence scientifique et le bien-être des personnes.  Les pays d’Amérique centrale étant obligés de consacrer des ressources vitales à la lutte contre la violence et la criminalité, le représentant a requis l’aide de la communauté internationale.

Mme SILVANA GARCÍA (Uruguay) a enjoint les États Membres à avoir « un débat large et ouvert » lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée, en avril 2016, au problème mondial des drogues.  La sixième Conférence des chefs d’État et de gouvernement des Amériques qui s’est tenue en 2012 à Cartagena de Indias avait proposé de réviser le modèle intitulé « guerre contre les drogues », a-t-elle rappelé.  Dans cet esprit, l’Union des nations de l’Amérique du Sud (UNASUR) présente, dans la Déclaration de Montevideo, une vision régionale partagée, « sur la base du principe de l’unité dans la diversité ». 

La représentante a souligné l’importance d’assurer l’accès aux drogues « à des fins médicales et scientifiques » et de respecter les droits de l’homme consacrés dans les instruments internationaux sur la question.  Elle a ajouté qu’il fallait garantir « le droit à la santé », qui implique la santé physique, mentale et sociale, de même que le traitement, la réhabilitation et la réinsertion.  La proportionnalité entre le mal et la sanction doit également être prise en compte.

Par ailleurs, l’Uruguay juge indispensable d’« intégrer le tabac et l’alcool dans les politiques des drogues » dans la mesure où ils créent des problèmes de santé importants.  La consommation de tabac et d’alcool est responsable de la mort d’environ cinq millions de personnes par an, a ainsi tenu à préciser la représentante.

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