En cours au Siège de l'ONU

Le Conseil de sécurité est saisi de la situation en Afrique de l’Ouest, marquée par les actes de Boko Haram et les risques posés par le virus Ebola et les élections à venir

7480e séance – après-midi
CS/11960

Le Conseil de sécurité est saisi de la situation en Afrique de l’Ouest, marquée par les actes de Boko Haram et les risques posés par le virus Ebola et les élections à venir

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, qui faisait cet après-midi une présentation de l’état de la situation dans la région de l’Afrique de l’Ouest, s’est dit préoccupé par la persistance des attaques perpétrées par le secte Boko Haram et par leurs effets déstabilisateurs sur la situation humanitaire, les droits de l’homme et la sécurité dans la région du bassin du lac Tchad.

Présentant le quinzième rapport* du Secrétaire général sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest durant la période allant du 1er janvier au 30 juin 2015, ainsi que les tendances qui s’y dessinent, M. Mohamed Ibn Chambas, s’est aussi inquiété des risques liés à la préparation de plusieurs élections présidentielles qui vont avoir lieu dans des pays d’Afrique de l’Ouest, et à la persistance de la présence du virus Ebola dans certaines zones de la région. 

M. Chambas a par ailleurs déclaré que la criminalité transnationale et l’épidémie à virus Ebola restaient des sources de grandes inquiétudes en dépit d’efforts continus menés aux niveaux national, régional et international pour faire face à ces menaces.  Il a précisé que ces domaines continueront à guider les efforts de diplomatie préventive que déploie le Bureau qu’il dirige dans les mois à venir. 

M. Chambas a indiqué que l’image d’ensemble de l’Afrique de l’Ouest se résumait à des inquiétudes persistantes relatives à la situation sécuritaire dans le bassin de lac Tchad et sur son impact humanitaire, malgré les progrès réalisés par les pays limitrophes du Tchad dans la lutte contre Boko Haram.  Des risques persistants d’instabilité continuent aussi à être visibles dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, et ils sont liés à l’organisation et à la conduite de scrutins électoraux présidentiels à venir, ceci après le succès retentissant qu’a connu le processus électoral au Nigéria. 

« Depuis le mois de mai, Boko Haram a intensifié ses attaques dans le bassin du lac Tchad en prenant notamment pour cible des civils, ce qui a abouti à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire de la zone.  Même si les capacités opérationnelles de ce groupe terroriste ont été sapées par l’action des armées des États de la région, Boko Haram continue de mener des attaques au Nigéria, au Niger au Tchad et au Cameroun », a noté M. Chambas avant de souligner la nécessité de mesures coordonnées au niveau régional.  Il a salué la solidarité sans précédent démontrée par les opérations militaires conjointes menées contre Boko Haram par le Nigéria, le Niger, le Tchad et le Cameroun depuis janvier avec l’appui de la communauté internationale. 

Il a relevé que le nouveau Président Muhammadu Buhari, du Nigéria, a, immédiatement après sa prise de pouvoir, visité le Niger et le Tchad les 3 et 4 juin derniers afin de lancer des consultations régionales de haut niveau et galvaniser le soutien dans la lutte contre Boko Haram.  Le 11 juin, un Sommet de haut niveau des chefs d’État et de gouvernement des membres de la Commission du bassin du lac Tchad, auquel s’est ajouté le Bénin, a eu lieu à Abuja et s’est traduit par la prise de décisions pour accélérer l’opérationnalisation de la Force spéciale mixte multinationale (MNJTF), a indiqué M. Chambas.  

Au-delà des efforts de guerre, le Chef du Bureau de l’ONU en Afrique de l’Ouest a ajouté que la nécessité, sur le long terme, est de s’attaquer aux racines de l’insurrection de Boko Haram.  M. Chambas a déclaré qu’il est indispensable que l’on mette sur pied une stratégie postconflit coordonnée pour restaurer des conditions de vie normales dans les zones affectées par les violences de Boko Haram et organiser le retour des réfugiés et des personnes déplacées. 

Alors que l’insécurité liée aux activités de Boko Haram a empêché que des activités d’évaluation de terrain soient menées dans le nord du Nigéria, M. Chambas s’est dit heureux d’annoncer que dans le contexte des activités de la Commission mixte Cameroun-Nigéria –qu’il préside au nom de l’ONU– les deux pays ont continué à faire des efforts pour la démarcation de leur frontière.  Il a précisé que la Commission s’apprêtait à initier des projets de renforcement de la confiance au bénéfice des populations touchées de manière négative par cette nouvelle démarcation des frontières entre les deux États. 

Parlant de la situation en Guinée, M. Chambas a dit aux membres du Conseil de sécurité que le dialogue politique interguinéen a commencé le 19 juin.  Il a indiqué que le représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et lui-même ont tenu un rôle officieux de facilitateur.  « Il convient de souligner que la question difficile du séquençage des élections a été résolue, et qu’il a été décidé que l’élection présidentielle aurait lieu avant les élections municipales et locales », a-t-il précisé.  Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les capacités techniques de la CENI, de parvenir à des listes électorales crédibles, et d’évaluer les préparatifs de ces élections avec le soutien de l’ONU de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’OIF et des partenaires bi- et multilatéraux.  Il a souligné la nécessité de combler les lacunes financières affectant le processus et le savoir-faire électoral à quatre mois de l’élection. 

S’agissant du Burkina Faso, M. Chambas a indiqué que le Groupe international de suivi et d’appui à la transition au Burkina Faso s’est réuni le 12 juin 2015 en marge du vingt-cinquième Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine réuni à Johannesburg.  Le Groupe a noté des progrès dans la préparation des élections, notamment avec l’examen des listes électorales, qui a été achevé.  « Des préoccupations demeurent, notamment au vu de l’équilibre fragile de la transition et des tensions existant entre le Premier Ministre Zida et le Régiment de la sécurité présidentielle, a noté M. Chambas.

Il a néanmoins salué les efforts louables déployés par le Président Michel Kafando pour apaiser la situation et préserver la transition afin que l’élection présidentielle puisse se tenir le 10 octobre 2015 comme prévu.  M. Chambas a indiqué qu’il se rendrait à Ouagadougou en compagnie du Président de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Commissaire de l’Union africaine à la paix et à la sécurité en leur qualité de coprésidents du Groupe international de suivi et d’appui à la transition. 

Dans ses conclusions, le Chef du Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest a particulièrement souligné les défis à relever en raison de la persistance du virus Ebola dans la région.  À cet égard, il a rappelé que son Bureau a facilité, le 24 juin dernier, une conférence téléphonique entre le secrétariat de l’Union du fleuve Mano et les différentes missions de maintien de la paix de la région qui a été l’occasion de souligner les difficultés rencontrées dans les zones frontalières en raison des restrictions liées à l’épidémie à virus Ebola, dont les conséquences continuent d’affecter les conditions de vie des populations locales. 

Malgré des acquis déterminants dans la lutte contre Ebola, nous ne sommes pas encore parvenus à éradiquer le virus en Guinée et Sierra Leone, a prévenu M. Chambas.  Il s’est particulièrement inquiété que bien que l’épidémie ait été déclarée éradiquée le 9 mai dernier au Libéria, trois nouveaux cas aient été détectés depuis cette date.  Alors que l’épidémie est toujours active dans un contexte politique sensible en Guinée, les ressources en place depuis 2014, dont la Mission des Nations Unies pour l'action d'urgence contre l'Ebola (MINUAUCE), restent déterminantes pour atteindre l’objectif « zéro cas Ebola » a-t-il souligné. 

 

*     S/2015/472

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique de haut niveau sur le développement durable: prêts à s’attaquer à l’extrême pauvreté avec un nouveau programme, les États lancent « quand on veut, on peut »

Conseil économique et social - Débat de haut niveau,
42e séance - matin
ECOSOC/6708

Forum politique de haut niveau sur le développement durable: prêts à s’attaquer à l’extrême pauvreté avec un nouveau programme, les États lancent « quand on veut, on peut »

« Quand on veut, on peut. »  Ce mot d’ordre a été lancé aujourd’hui par plusieurs intervenants au lancement du débat de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) et de la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, chargé de suivre la mise en œuvre du successeur des Objectifs du Millénaire pour le développement pour le développement (OMD) dont la date butoir est cette année-même.  Le Secrétaire général de l’ONU, le Président du Rwanda et le Premier Ministre de la Norvège ont participé à cette réunion, en vidéoconférence depuis Oslo, pour lancer officiellement la dernière édition du Rapport sur les (OMD).

Si les êtres humains sont capables du pire, ils sont aussi capables de se dépasser en choisissant le bien pour prendre un nouveau départ.  Cet extrait de l’encyclique sur l’environnement du pape François a été repris par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Oh Joon, qui a estimé que le nouveau départ incombait aux Nations Unies.  Cela implique un « changement d’état d’esprit », a-t-il averti, en ajoutant: « Nous avons la responsabilité de tracer la voie pour les 15 années à venir ».

Les OMD ont déjà permis de sortir plus d’un milliard de personnes de la pauvreté, a indiqué le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, en dressant le bilan de ces 15 dernières années.  La réduction de la mortalité maternelle et infantile, et les progrès dans la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et autres maladies ont été parmi les avancées les plus significatives de toute l’histoire de l’humanité.

Mais les progrès n’ont pas touché tout le monde, a reconnu le Secrétaire général dont le Conseiller pour les OMD et professeur à l’Université de Columbia, M. Jeffrey Sachs, a dénoncé les intérêts égoïstes et l’avidité du monde.  Sommes-nous suffisamment soucieux des pauvres? a-t-il demandé à un monde « incroyablement riche » et techniquement « très perfectionné ».  Le Premier Ministre de la Norvège, Mme Erna Solberg, a appelé à une « volonté politique suffisante » et le Président du Rwanda, M. Paul Kagame, à un travail collectif « mus par l’idée que des millions de personnes sont encore menacées par la pauvreté absolue et des conditions de vie indignes ».

Les États Membres ont entre les mains 17 objectifs « transformateurs » de développement durable, a indiqué le Vice-Secrétaire général de l’ONU, M. Jan Eliasson, en parlant du programme de développement durable pour l’après-2015 qui est encore en négociation, selon le Président de l’Assemblée générale, M. am Kutesa.  Le Vice-Secrétaire général a estimé que « ces objectifs visent haut ».  « Pris ensemble, ils forment une vision holistique d’un développement centré sur l’homme ».  « Ils ont pour objectif ultime l’éradication de la pauvreté et pour moteur, le développement durable.  Ils sont interconnectés, le progrès dans l’un entraînant les progrès dans les autres. » 

Le Vice-Secrétaire général n’a pas caché que le test se trouvera dans la mise en œuvre.  L’une des leçons apprises de la mise en œuvre des OMD, a-t-il estimé, est qu’on ne peut plus travailler en silos et se concentrer sur un objectif en oubliant son lien avec les autres.  Les silos ne sont pas en soi intrinsèquement mauvais, a estimé le représentant de la Jamaïque, puisque chaque secteur et chaque partie prenante viennent avec une sphère différente d’influence.  Le représentant faisait le résumé des discussions que le Forum politique de haut niveau a tenues la semaine dernière sur le futur programme de développement d’après-2015.  Ce qu’il faut, c’est faire en sorte que les silos fonctionnent ensemble comme les pistons d’un moteur pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

Cette mise en œuvre serait « impossible » sans l’engagement d’une multitude de parties prenantes, a prévenu le représentant jamaïcain en insistant sur l’importance des gouvernements locaux, des parlements mais aussi du secteur privé qui « héberge » la créativité et le capital humain nécessaires.  Les partenariats public-privé peuvent être un instrument déterminant, des partenariats fondés sur la confiance mutuelle et le dialogue constant pour éviter la privatisation des profits et la nationalisation des pertes.

Il faudra, a poursuivi le représentant de la Suisse, créer un mécanisme d’examen et de suivi efficace qui serait volontaire et dirigé par les États, examinerait les progrès et les moyens de mise en œuvre, aiderait les pays à faire des choix politiques informés, serait ouvert à toutes les parties prenantes, s’inspirerait des organes, plateformes et fora existants et appuierait les efforts de renforcement des capacités des pays en développement.  La mise en œuvre et le suivi ne peuvent être considérés séparément, a noté, à son tour, Mme Rima Khalaf, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).  C’est par la mobilisation et l’affectation de ressources adéquates, y compris financières et technologiques, que les choses avanceront.  Plusieurs délégations ont à ce propos souhaité le succès de la troisième Conférence internationale du financement qui se tiendra du 13 au 16 juillet à Addis-Abeba. 

La Secrétaire exécutive a insisté sur la dimension régionale et la nécessité d’exploiter les mécanismes existants comme les commissions régionales qui, compte tenu, de leur expertise multidisciplinaire et de leur capacité d’analyse transsectorielle, peuvent suggérer la forme d’une approche intégrée, donner des conseils pour adapter les objectifs de développement durable aux plans et programmes nationaux, contribuer à augmenter les moyens de mise en œuvre et appuyer le suivi.

La semaine de haut niveau de l’ECOSOC et la Réunion ministérielle du Forum politique de haut niveau sur le développement durable se poursuivront demain, mardi 7 juillet, à partir de 10 heures.

OUVERTURE DU DÉBAT DE HAUT NIVEAU DE LA SESSION DE 2015 DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DE LA RÉUNION MINISTÉRIELLE DE TROIS JOURS DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a commencé son intervention en citant le pape François.  Dans son encyclique sur l’environnement, le pape a en effet dit que les êtres humains, tout en étant capables du pire, sont capables de se dépasser en choisissant le bien et en prenant un nouveau départ.  C’est à nous qu’a été confiée la tâche de prendre ce nouveau départ, a estimé M. Oh, afin d’éradiquer la pauvreté extrême sans oublier personne.  Le Vice-Président a appelé à un « changement d’état d’esprit ».  Nous avons la responsabilité, a-t-il averti, de tracer la voie pour les 15 années à venir.

Rappelant que les négociations sur le programme de développement pour l’après-2015 et son financement se poursuivent, il a souhaité que soit mise en place une ossature solide pour parvenir au développement durable et à l’éradication de la pauvreté.  Il a rappelé qu’un débat utile et intéressant avait eu lieu à ce sujet pendant la deuxième session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable la semaine dernière, dont les principaux messages seront présentés ce matin.  Il a lui-même présenté le programme du débat de haut niveau de l’ECOSOC, qui comprend une réunion ministérielle et l’examen ministériel annuel (EMA).

Le Vice-Président a espéré qu’on pourrait identifier les questions émergentes et qu’on arriverait à constituer l’ossature voulue.  Nous devons aussi réfléchir aux rôles des autres institutions pour intégrer les efforts de tous, a-t-il demandé.  Nous devons partir des expériences nationales, régionales et mondiales.  Il faut, a-t-il ajouté, que le Forum de haut niveau fonctionne et montre qu’il est une nouvelle plateforme vibrante et capable d’établir des liens forts entre la science et la politique.  Le Forum doit être le chef de file et injecter un nouveau dynamisme.  Il doit pouvoir suivre les progrès dans la mise en œuvre des engagements.

M. Oh a jugé important que le Forum politique se base sur les enseignements tirés de l’EMA.  Il a dit attendre avec intérêt les exposés nationaux qui seront faits pendant cette semaine.  Il a souhaité que l’ECOSOC fasse preuve de leadership pour mobiliser tout le système de l’ONU et faire en sorte chaque élément dudit système complète les activités du Forum.  Il a appelé à la participation de tous les autres acteurs du secteur privé, de la société civile, des parlements, du milieu universitaire et du monde philanthropique.  Utilisons tout le système des Nations Unies pour nous concentrer sur des politiques qui permettront la mise en œuvre du programme ambitieux qui sera adopté par les dirigeants du monde en septembre prochain.

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a affirmé que l’heure était extrêmement importante pour toute l’histoire de l’humanité, ainsi que pour les Nations Unies.  Les États Membres et toutes les parties prenantes ont une responsabilité collective face au programme de développement pour l’après-2015, qui devra être adopté en septembre, a-t-il souligné, en rappelant que ce programme devra être ambitieux, inclusif et à la hauteur des défis à relever.  « C’est la raison pour laquelle, d’ici à septembre, nous devons redoubler d’efforts pour parvenir à une conclusion positive des négociations et nous devons également mobiliser suffisamment de ressources pour assurer la mise en œuvre du programme », a-t-il ajouté.  

Dans ce contexte, M. Kutesa a émis l’espoir que la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Addis-Abeba, en Éthiopie, du 13 au 26 juillet 2015, soit couronnée de succès.  Pour accroître les ressources en faveur du nouveau programme de développement, il a également souligné la nécessité de renouveler les nouveaux partenariats pour développement, en particulier vis-à-vis des États qui se trouvent dans une situation particulière, tels que les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement, les petits États insulaires en développement ou les pays en développement sans littoral.  En vue d’assurer le bien-être des individus tout en assurant la protection de notre environnement, le Président a également mis l’accent sur la nécessité d’assurer le succès des négociations de la Conférence des Parties (COP-21) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se déroulera à Paris, en décembre 2015.

« Il est évident qu’une issue positive à l’ensemble de ces rendez-vous est essentielle pour baser le nouveau programme de développement sur des processus durables et viables », a-t-il dit.  Il a également insisté sur la nécessité d’assurer la cohérence entre tous ces forums.  Il a rappelé que pendant cette session, il avait convoqué une série de débats et de manifestations thématiques sur les différentes questions liées au nouveau programme de développement.

M. JAN ELIASSON, Vice-Secrétaire général de l’ONU, a estimé que nous allions dans la bonne direction.  Les États Membres ont entre les mains 17 objectifs « transformateurs » de développement durable.  « Ces objectifs visent haut.  Ils reflètent les défis et la complexité de notre monde.  Pris ensemble, ils forment une vision holistique d’un développement centré sur l’homme.  Ils militent pour le progrès socioéconomique et la santé de la planète.  Ils reconnaissent l’importance de la paix et le rôle crucial des institutions.  Ils ont pour objectif ultime l’éradication de la pauvreté et pour moteur, le développement durable.  Ils sont interconnectés, le progrès dans l’un entraînant les progrès dans les autres. »  Le Vice-Secrétaire général n’a pas caché que le test se trouvera dans la mise en œuvre.  L’une des leçons apprises de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il estimé, est qu’on ne peut plus travailler en silos et se concentrer sur un objectif en oubliant son lien avec les autres.  Pour illustrer ses propos, le Vice—Secrétaire général a expliqué qu’on peut s’attaquer à la mortalité infantile et maternelle, et au manque d’accès des filles à l’éducation par la mise à disposition de systèmes d’assainissement décent.  C’est la raison pour laquelle, il nous faut une vision intégrée de la mise en œuvre, dans laquelle les liens sont bien compris et bien exploités.  

« Nous devons innover », s’est résumé le Vice-Secrétaire général, institutionnaliser les approches participatives et multisectorielles, ce qui a d’ailleurs caractérisé le travail sur le programme de développement pour l’après-2015.  Le nouvel agenda nécessitera le renforcement des capacités nationales, la mobilisation des financements et l’accès aux technologies à une échelle nouvelle et plus grande.  Il a espéré que la Conférence sur le financement du développement répondra à ces exigences.  Le Forum politique de haut niveau, a-t-il poursuivi, doit être mû par la même ambition pour pouvoir servir les besoins des générations futures.  « Il doit être équipé pour apporter les corrections nécessaires en cours de route, identifier les questions nouvelles et façonner les réponses nouvelles », a insisté le Vice-Secrétaire général. 

« Le changement ne doit pas être confiné à ce nouveau Forum », a-t-il prévenu.  Le Forum peut contribuer au renouveau du système de l’ONU, encourager de nouvelles manières de travailler et exploiter le travail de chaque plateforme.  Nous avons renforcé l’ECOSOC et nous devons pleinement exploiter ce pouvoir pour aller plus dans l’intégration et mobiliser un éventail d’acteurs au sein et en dehors du système de l’ONU.  Nous devons orchestrer les examens et dessiner dans les moindres détails les mécanismes de suivi du programme de développement pour l’après-2015.

M. VLADIMIR CUK, Directeur exécutif de la liaison newyorkaise d’« International Disability Alliance - IDA », a rappelé qu’en 2000, les négociations sur la Convention relative aux droits des personnes handicapées avaient été la première occasion pour la société civile de participer à des négociations de l’ONU, créant ainsi un précédent.  Le cadre de développement pour l’après-2015 doit permettre de relever les défis, a-t-il dit, avant de demander au Forum de s’appuyer sur les points forts des processus nationaux et régionaux et de faire fond des processus existants comme la Convention relative aux droits des personnes handicapées et l’expertise des différents segments de la société.  Quant aux progrès réalisés dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, il a recommandé qu’une session thématique sur les droits des personnes handicapées.  Il faudrait, a-t-il insisté, créer un groupe thématique permanent qui donnerait au Forum des conseils techniques sur les personnes handicapées.  M. Cuk a espéré que le Forum serait le garant de la participation de la société civile aux efforts de développement durable.  Les personnes handicapées doivent être reconnues comme bénéficiaires du programme d’après-2015 mais aussi comme partenaires, a-t-il dit en appréciant d’ailleurs l’absence de discrimination dans ce processus.

LANCEMENT DU RAPPORT SUR LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT

En vidéo conférence à partir d’Oslo, le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a officiellement lancé la dernière édition du Rapport sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui confirme que leur mise en œuvre a sauvé des millions de vies et amélioré les conditions de vie de millions de gens à travers le monde.  Les OMD, dont la date butoir est cette année-même, ont sorti plus d’un milliard de personnes de la pauvreté et permis à plus de 6 milliards d’individus d’avoir accès à l’eau ou à l’éducation.  La réduction de la mortalité maternelle et infantile, et les progrès dans la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et autres maladies ont été parmi les avancées les plus significatives de toute l’histoire de l’humanité.  En 2014, 13,6 millions de personnes ont reçu des traitements antirétroviraux, ce qui est une augmentation énorme par rapport aux 800 000 personnes en 2003.  Plus de 6,8 millions de morts dues au paludisme ont été évitées, surtout chez les enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne.  Dans les pays développés, l’objectif visant à éliminer les disparités entre les hommes et les femmes dans l’éducation primaire, secondaire et tertiaire a été atteint.  Les femmes se sont installées dans les parlements, doublant leur nombre, au cours de ces 20 dernières années. 

Mais, a reconnu le Secrétaire général, les progrès n’ont pas touché tout le monde, en particulier parmi les plus pauvres et les plus vulnérables.  Trop de femmes et d’enfants continuent de mourir pendant la grossesse ou à cause des complications dues à l’accouchement.  Trop d’individus vivent encore sans assainissement, notamment dans les zones rurales.  Les conflits ont poussé 60 millions de personnes sur les routes, soit le nombre le plus élevé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.  Le changement climatique est devenu « un danger existentiel » et avec la dégradation de l’environnement, il affecte surtout les pauvres.

Les enseignements tirés des OMD peuvent propulser les progrès, a rassuré le Secrétaire général.  « Les OMD ont montré que l’action collective, ça marche, qu’établir des liens, ça marche.  Nous avons su apprécier la valeur de la bonne gouvernance et des institutions.  Nous avons mesuré l’importance fondamentale de l’appropriation nationale et nous avons vu l’immense apport des partenariats. »  Les OMD ont fonctionné à tous les niveaux -mondial, national et local- réunissant non seulement les diplomates et les technocrates dans les salles de conférence mais aussi les communautés dans les places du village.

À l’avenir, a estimé le Secrétaire général, nous devons faire plus pour toucher les plus vulnérables, les laissés-pour-compte et ceux qui n’ont pas ressenti les améliorations au cours de ces 15 dernières années.  Nous devons travailler ensemble pour finir le travail qui a commencé avec les OMD et partir des succès pour prendre un nouvel élan.

Par vidéoconférence à partir d’Oslo, Mme ERNA SOLBERG, Premier Ministre de la Norvège, a jugé crucial de mettre en place une bonne communication sur les objectifs de développement durable, visant en particulier les dirigeants.  Ces objectifs doivent être promus de manière à mobiliser tous les acteurs.  Nous devons, a-t-elle ajouté, utiliser les synergies entre tous les secteurs, notamment ceux de l’éducation et de la santé.  Le Premier Ministre a demandé aux gouvernements une volonté politique suffisante, les objectifs de développement durable devant s’appuyer sur des politiques et des stratégies nationales adéquates, et les renforcer.  Le Premier Ministre a demandé à la communauté internationale d’aider les régions touchées par les crises et les conflits à avancer.

Toujours depuis Oslo, en Norvège, M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, s’est félicité des progrès « sans précédent » présentés dans le Rapport sur les OMD.  Il a cependant déploré le fait que des objectifs n’aient pu être atteints dans certains pays, notamment ceux qui ont connu un conflit ou qui en sortent.  « Nous avons appris ce qui est possible.  Nous savons que la mobilisation des dirigeants est indispensable.  Nous savons qu’il faut se concentrer sur les ressources et leur utilisation pour un effet optimal.  Nous savons l’importance des partenariats entre les pays et la nécessité de renforcer ceux avec le secteur privé », a-t-il résumé.  Le Président rwandais a invité les États à continuer de travailler ensemble « mus par l’idée que des millions de personnes sont encore menacées par la pauvreté absolue et des conditions de vie indignes ».

M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Objectifs du Millénaire et Directeur du « Earth Institute » de l’Université Columbia de New York, a rappelé que les OMD avaient eu le mérite d’attirer l’attention du monde sur les plus pauvres, se félicitant que cet effort ait duré jusqu’à présent.  Le monde, a-t-il estimé, est « incroyablement riche » et pourtant, beaucoup de gens vivent dans une grande pauvreté.  Le monde est très perfectionné sur le plan technique et, franchement, il n’y a rien que nous ne puissions faire, a fait observer M. Sachs.  Il a dit apprécier que les OMD aient porté l’attention sur « le possible » car le problème n’est pas le manque de capacités mais l’absence d’efforts.  Il a dénoncé les intérêts égoïstes et l’avidité.  Sommes-nous, s’est-il demandé, suffisamment soucieux des pauvres?  Quelque 6 millions d’enfants sont morts l’année dernière de cause évitable.  Aujourd’hui, nous avons une catastrophe environnementale à éviter.  Le monde est-il prêt à faire quelque chose?  Tirons la leçon des OMD, a-t-il recommandé: si nous essayons, nous réussissons.  Il faut regarder les problèmes en face si nous voulons les résoudre. 

MESSAGES ÉMANANT DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a présenté l’aperçu des discussions que le Forum a tenues la semaine dernière, en s’attardant d’abord sur le domaine de la communication qui, aux yeux de tous, sera un élément essentiel du succès de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Cette mise en œuvre, a-t-il dit, commence dès le moment où nous remettons le Forum politique à « nous les peuples des Nations Unies » et passons de la planification à l’action concrète.  La mise en œuvre, a-t-il insisté, est vraiment là quand elle devient « virale », pour employer un terme des médias sociaux.  Quand les objectifs de développement durable seront adoptés, en septembre prochain, nous voulons que tout le monde se sente partie prenante.  Pour ce faire, le message doit être compréhensible: « nous devons parler l’humain ».  En soi, les silos ne sont pas intrinsèquement mauvais puisque chaque secteur et chaque partie prenante vient avec une sphère différente d’influence.  Non, a dit le représentant, ce qu’il faut, c’est faire en sorte que les silos fonctionnent ensemble comme les pistons d’un moteur pour accélérer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

La communication doit se faire dans tous les pays et à tous les niveaux, a insisté le représentant.  Les techniques classiques de mobilisation de la société civile devront être conjuguées aux nouveaux médias sociaux.  Les histoires et les contenus utilisables seront importants pour faire en sorte que le programme et ses objectifs soient diffusés sous une forme que les gens comprennent, à laquelle ils s’identifient et qu’ils peuvent exploiter.

Quant à la mise en œuvre proprement dite, il faut que les pays s’approprient le programme de développement pour l’après-2015.  Il faut aussi de la transparence et de la responsabilité et, en l’occurrence, le Forum pourrait jouer un rôle important mais aussi donner les directives pour l’établissement des liens entre les différentes éléments du programme.

S’agissant du cadre institutionnel, tous ont reconnu la nécessité d’une cohérence au niveau du système de l’ONU et d’une complémentarité entre le Forum et les autres institutions et organes existants.  Il sera nécessaire, dans ce contexte, de créer une architecture à étages pour appuyer la mise en œuvre du programme.  Certains ont suggéré le recours à des forums régionaux pour identifier les spécificités régionales et soumettre des recommandations au Forum. 

Les participants aux discussions ont aussi reconnu que la mise en œuvre du programme d’après-2015 serait « impossible » sans l’engagement d’une multitude de parties prenantes.  Des partenariats novateurs avec le secteur privé, les entreprises publiques, la société civile et les universités, aux niveaux local, national et mondial, seront vitaux pour assurer le succès.  Ici aussi le Forum pourrait donner des directives.  Le représentant a insisté sur l’importance des gouvernements locaux, des parlements mais aussi du secteur privé qui « héberge » la créativité et le capital humain nécessaires à une bonne mise en œuvre du programme post-2015.  Les partenariats public-privé peuvent être un instrument déterminant.  Des partenariats fondés sur la confiance mutuelle et le dialogue constant sont importants pour éviter que « les profits soient privatisés et les pertes nationalisées ».

Le principe selon lequel « personne ne doit être abandonné sur le bord de la route » doit guider toute la mise en œuvre du nouveau programme.  Cela exigera l’utilisation de données ventilées pour compter tout le monde et le réexamen de l’impact de toutes les politiques sur les différents sous-groupes de la population.

Si le représentant de la Jamaïque a parlé de la « mise en œuvre », M. PAUL SEGER (Suisse) s’est attardé sur le « suivi ».  La semaine dernière, les participants au Forum ont jugé nécessaire de créer un mécanisme d’examen et de suivi efficace qui serait volontaire et dirigé par les États, examinerait les progrès et les moyens de mise en œuvre, aiderait les pays à faire des choix politiques informés, serait ouvert à toutes les parties prenantes, s’inspirerait des organes, plateformes et fora existants et appuierait les efforts de renforcement des capacités des pays en développement. 

Un tel mécanisme ne serait pas là pour accuser tel ou tel pays mais pour promouvoir le changement, le partage d’expériences et les discussions sur les solutions à apporter à tel ou tel problème.  Il créerait une culture d’ouverture et fonderait ses discussions sur des preuves.  Le suivi devrait se faire à tous les niveaux, du local au mondial, le point de départ étant les pays.  Au niveau mondial, le Forum devrait jouer un rôle décisif et ses examens thématiques devraient s’inspirer de ceux qui ont lieu ailleurs comme à l’ECOSOC.  Il faudrait aussi une approche multisectorielle pour éviter les silos. 

Mais des questions subsistent.  Comment organiser l’examen des progrès nationaux et les lier aux différents niveaux?  Comment organiser les examens thématiques?  Quelle serait l’ampleur et la méthodologie du Rapport mondial sur le développement durable?  Quelle serait la place du Forum dans le système de développement de l’ONU?

Les participants aux discussions se sont aussi attardés sur l’interface sciences-politiques et ont estimé que le Forum pourrait servir de plateforme pour un dialogue constant entre ces deux milieux.  Il ne s’agirait pas seulement de la « science occidentale » mais aussi du savoir traditionnel et des autres perspectives.  Le Forum pourrait ainsi faire en sorte que les éléments du programme de développement pour l’après-2015 soient dans l’agenda de la recherche scientifique à travers le monde. 

S’attardant, pour sa part, sur la dimension « intégration », Mme RIMA KHALAF, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a souligné que cette intégration sera nécessaire à tous les niveaux –géographique, institutionnel et sectoriel– et à travers une grande diversité d’acteurs et de sphères d’activités.  Les 17 futurs objectifs de développement durable sont indivisibles par nature et doivent être appliqués aux spécificités nationales et régionales.  L’intégration est une question de cohérence politique, d’inclusion et de participation.  L’intégration, c’est aussi créer une interface adéquate entre les niveaux local, national, régional et international.

La mise en œuvre et le suivi ne peuvent être considérés séparément, a-t-elle poursuivi.  C’est par la mobilisation et l’affectation de ressources adéquates, y compris financières et technologiques, que les choses avanceront.  C’est par les approches inclusives et participatives que personne ne sera abandonné sur le bord de la route, et c’est par des mécanismes et des capacités institutionnels adéquats que le suivi aura lieu.  La semaine dernière, les participants ont souligné le rôle crucial de la collecte et de l’analyse des données pour la planification, la mise en œuvre et la prise de décisions fondées sur des preuves.  Les participants ont aussi souligné l’importance de la dimension régionale et la nécessité d’exploiter les mécanismes existants comme les commissions régionales qui, compte tenu, de leur expertise multidisciplinaire et de leur capacité d’analyse transsectorielle, peuvent suggérer la forme d’une approche intégrée, donner des conseils pour adapter les objectifs de développement durable aux plans et programmes nationaux, contribuer à augmenter les moyens de mise en œuvre et appuyer le suivi.

Table ronde 1: Un agenda intégré porteur de changement: comment les gouvernements, les sociétés et l’ONU peuvent-ils être à la hauteur du défi?

Avant de lancer la table ronde, le Vice-Président de l’ECOSOC a rappelé les espoirs de voir adopter un programme de développement de l’après-2015 véritablement transformateur.  Il a souligné combien les gens aspirent à des sociétés dans lesquelles tout le monde vit dans la dignité et en bonne santé.  Cela exige, a-t-il prévenu, des sociétés démocratiques et respectueuses de l’état de droit, des institutions efficaces, des partenariats innovants et des entreprises citoyennes.

Coordonnons nos efforts dans l’économique, le social et l’environnemental, à savoir les trois piliers du développement durable, a encouragé M. KARMENU VELLA, Commissaire en charge de l’environnement, des affaires maritimes et de la pêche de la Commission européenne.  Tous les pays auront la responsabilité de parvenir aux objectifs et aux cibles au plan national, tout en les faisant progresser au niveau international, a-t-il ajouté, rejetant toute approche isolée.  Le Commissaire européen a assuré que l’Union européenne était prête à garantir une politique cohérente entre les objectifs de protection de l’environnement et les politiques pour la croissance et l’emploi.  Il a appelé à la transparence et à la redevabilité, des conditions nécessaires aux progrès.

Toute question de développement durable passe par les réponses aux défis auxquels fait face la frange la plus importante de la population dans les pays en développement, à savoir les jeunes.  Tel est le message qu’a fait passer M. SALIFOU DEMBÉLÉ, Ministre de la jeunesse, de la formation professionnelle et de l’emploi du Burkina Faso, pays doté d’une population à majorité jeune qui semble de plus en plus désemparée au regard du déficit d’emplois.  Le Burkina Faso met l’accent sur la formation professionnelle, a-t-il dit en parlant de sa politique de « créneau porteur » qui vise à adapter la formation aux exigences du marché de l’emploi.  Le Burkina Faso, qui s’attache à encourager l’entreprenariat chez les jeunes, a besoin de fonds pour évaluer et suivre les projets.  Le Ministre a plaidé pour que le programme de développement pour l’après-2015 s’inscrive dans une dynamique qui tranche avec le passé.  Tirons parti des espaces communautaires, comme l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), a-t-il dit, sans oublier d’appeler à une réaction à la menace terroriste pour éviter le pire aux jeunes.  M. Dembélé s’est voulu « ambassadeur » du développement durable en portant aujourd’hui un costume tissé par des femmes et des jeunes du milieu rural.

Représentant un pays dont les efforts de développement portent des fruits, Mme LISEL ALAMILLA, Ministre de la foresterie, des pêches et du développement durable du Belize, a parlé de la stratégie de la croissance et de l’élimination de la pauvreté adoptée il y a deux semaines, considérée comme un projet pilote par le Département des affaires économiques et sociales de l’ONU (DAES).  Nous avons abordé toutes les composantes du développement durable, en tenant dûment compte du patrimoine culturel et environnemental de la société, a-t-elle expliqué en mettant l’accent sur la biodiversité qui fait partie de l’identité nationale du Belize.  Étant entouré de pays aux besoins importants, le Belize a aussi tenu compte de la question de l’immigration dans sa stratégie de développement.  La Ministre a fait remarquer que des petits pays comme le sien ont des ressources humaines limitées, ce qui pousse au réalisme sur ce qu’il est possible d’accomplir.

Comment les gouvernements, les sociétés et l’ONU peuvent-ils se montrer à la hauteur et adopter un « agenda intégré transformateur »?  C’est la question à laquelle M. JOSEPH SEVERE, Union des Amis socioculturels d’Action en développement d’Haïti (UNASCAD), a répondu en appelant à des idées novatrices pour assurer « l’oxygénation » du Forum politique.  Je vous invite à déployer toutes vos compétences, vos talents et vos savoirs pour que ce débat soit « surprenant », a-t-il lancé.  Si nous faisons bien les choses aujourd’hui, nous garantissons un avenir meilleur, prospère et durable aux générations futures, même au-delà des 15 prochaines années.  M. Severe a aussi souligné l’importance du cadre d’action sur la réduction des risques de catastrophe adopté à Sendai en mars dernier.

Si les objectifs de développement durable sont importants, ils ne seront pas suffisants car il faut des outils pour leur mise en œuvre, a prévenu le Commissaire européen.  Le Ministre burkinabé a en effet mis l’accent sur les difficultés des États pour budgétiser les ressources nécessaires.  Il a pointé le doigt sur la faiblesse des recettes fiscales dans des pays comme le sien, due au fait que seuls les salariés et les entreprises sont assujettis à l’impôt.  Les agriculteurs burkinabé, par exemple, ne payent aucun impôt.  Son homologue Belize a insisté sur la communication.  Mon gouvernement, a-t-elle donné pour exemple, ne parle toujours pas des objectifs de développement durable au cours de ses réunions ministérielles.

La discussion s’est ensuite engagée sur le rôle que doivent jouer chacun des acteurs du développement durable et sur la coordination des actions.  Les gouvernements doivent attirer les investissements privés grâce à des politiques claires et en faveur de la stabilité macroéconomique, a prôné le Commissaire européen.  Il a aussi recommandé au secteur privé de faire des investissements viables et durables, avant que le Ministre burkinabé n’insiste sur le rôle moteur du secteur privé.  Le Modérateur de la discussion, Président de l’Institut international pour le développement durable, et ancien Commissaire canadien pour l’environnement et le développement durable, M. Scott Vaughan a insisté sur la cohérence entre toutes les mesures prises.

S’il y a un consensus politique autour du développement durable, ce concept ne peut prospérer que s’il recueille l’adhésion de la population, a remarqué le représentant de la Côte d’Ivoire.  Cela exige une volonté politique des pouvoirs publics, a-t-il dit en mentionnant, dans le cas de son pays, le Ministère du développement durable et l’adoption des Codes électrique, forestier et minier qui intègrent des mesures favorables au développement durable.

La Côte d’Ivoire a aussi créé un Comité du développement durable pour vulgariser le concept et faire en sorte que chaque citoyen se sente concerné.  Il est vrai que le jargon ne fait pas partie du quotidien, a noté le représentant du Brésil, avant de mentionner la Commission nationale brésilienne pour le développement durable qui regroupe 27 institutions nationales.  La Ministre du Belize n’a pas été en reste.  Elle a aussi énuméré les différents comités mis en place dans son pays.

Quant au pilier « environnement » du développement durable, le Commissaire européen a appelé à une utilisation plus rationnelle des ressources, prônant « une économie circulaire ».  Il a parlé, à cet égard, du réseau Natura 2000, un ensemble de sites naturels européens.  En ce qui concerne le droit fondamental à l’eau et à l’assainissement, le représentant des Palaos a dit avoir constaté une certaine réticence à le reconnaitre comme droit de l’homme à part entière.  Les objectifs de développement durable en tiennent-ils compte?

Les mesures visant à faire face à l’explosion de la population urbaine dans le monde ont été au cœur des préoccupations du représentant du Bangladesh, tandis que son collègue du Bahreïn a plutôt parlé du transfert des technologies.  La représentante de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a précisément attiré l’attention sur le rôle crucial des technologies de l’information et des communications (TIC) comme moteur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Pour Israël, pays qui n’a pas de ressources naturelles, le transfert des connaissances est un élément « essentiel » du développement.

Le délégué du Nigéria, suivi de son collègue de l’Ouganda, est revenu sur les ressources financières et humaines.  Leur homologue du Burkina Faso, dont le pays est très engagé dans l’entreprenariat des femmes, a demandé une « enveloppe » spéciale pour l’autonomisation des femmes.  Inclure les femmes comme agents de transformation est essentiel pour la mise en œuvre du programme d’après-2015, a confirmé le grand groupe des femmes.

« Nous sommes là pour participer à l’élaboration et à la mise en œuvre du programme, a assuré à son tour le représentant du grand groupe des jeunes et des enfants avant de demander comment leur participation se ferait au niveau européen.  Le délégué de l’Azerbaïdjan, pays qui a reçu un prix de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour ses résultats dans la réduction de la pauvreté, a souligné les obstacles nés de l’occupation de 20% de son territoire par l’Arménie, qui a causé de nombreux déplacements de population et la destruction des infrastructures de santé.

Table ronde 2: Penser prospectivement: les nouveaux problèmes qui auront de l’importance dans le futur (E/HLPF/2015/2)

Quelles sont les nouveaux problèmes auxquels les dirigeants de ce monde seront bientôt confrontés en matière de développement durable?  Comment le Forum politique de haut niveau sur le développement durable va-t-il traiter ces nouveaux problèmes et les inscrire à son ordre du jour?  Ces deux questions ont dominé cette table ronde animée par la Directrice générale de l’Organisation internationale de droit du développement, Mme IRENE KHAN.

M. Kazuyuki Nakane, Vice-Ministre parlementaire des affaires étrangères du Japon, est d’abord venu rappeler que les questions internationales urgentes comme le développement, les changements climatiques, l’environnement et les risques de catastrophe étaient à la fois intimement liées entre elles, complexes et diversifiées.  Il est ensuite revenu sur la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, réunie à Sendai, au Japon, en mars 2015, à l’issue de laquelle les représentants de 187 États Membres ont adopté un nouveau cadre visant à réduire considérablement les pertes en vies humaines et les dommages matériels causés par les catastrophes naturelles d’ici à 2030.  

Il a particulièrement mis en évidence trois éléments de ce cadre, à savoir la nécessité d’investir dans la réduction des risques de catastrophe; celle de renforcer la résilience aux catastrophes; et celle d’impliquer l’ensemble des parties prenantes dans la gestion des risques, en particulier les gouvernements locaux, le secteur privé, les femmes ou encore les personnes qui souffrent d’un handicap.  

« L’heure est venue de passer à l’action », a-t-il dit, en appelant les États Membres à la mise en place d’une coopération à la fois internationale et régionale.  Il a également réitéré le souhait du Japon de voir l’ONU proclamer le 5 novembre « Journée internationale de la sensibilisation aux tsunamis ».  Il a aussi émis l’espoir que le Forum politique de haut niveau devienne une plateforme de discussions de ces nouveaux problèmes, ainsi que le lieu où s’exprime un « leadership politique fort » en matière de développement durable, de changements climatiques et de gestion des catastrophes. Mme Risnawati Utami, de l’organisation Christian Blind Mission (CBM) (Indonésie), a mis en évidence l’effet des catastrophes naturelles sur les personnes âgées et les personnes handicapées.  C’est la raison pour laquelle le principe de la participation de ces personnes doit être inscrit dans les processus de suivi et d’examen du programme de développement durable pour l’après-2015, a-t-elle insisté.

Chaque nouvelle découverte scientifique nous montre à quel point le comportement humain peut être destructeur, a commenté Mme Rita Schwarzelhür-Sutter, Secrétaire d’État à l’environnement du Ministère fédéral allemand de l’environnement, de la préservation de la nature, du bâtiment et de la sécurité nucléaire.  Elle a estimé que les recherches menées sur les « limites planétaires » -c’est-à-dire les limites à ne pas dépasser si l’humanité veut se développer dans un écosystème sûr-, ainsi que les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), étaient tout à fait pertinentes en la matière.  Selon elle, le Forum devra s’imposer comme le lieu où les dirigeants du monde, et cela, au plus haut niveau politique, pourront examiner les meilleures options possibles face à ces nouveaux problèmes.  Le Forum doit aussi devenir la plateforme qui leur permet de mettre en commun les enseignements tirés en matière de développement, a-t-elle insisté.

Comment préserver la biodiversité et les services écosystémiques?  Ces deux questions « fondamentales » pour que l’humanité ait des moyens de subsistances viables, ont été posées par M. Abdul Hamid Zakri, Conseiller scientifique auprès du Premier Ministre de la Malaisie.  Il a conseillé d’investir massivement dans la recherche et dans l’éducation et modifier l’actuel paradigme énergétique afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre.  Dans ces différents efforts, « la communauté scientifique doit figurer aux côtés des décideurs politiques car nous devons nous appuyer sur des données scientifiques pointues », a-t-il insisté.  Il a souhaité que les scientifiques participent de façon plus officielle au Forum politique et non en tant que « simples conseillers ».

À chaque jour, son lot d’incertitudes, a déclaré le Directeur adjoint du Département du Moyen-Orient et de l’Asie centrale du Fonds monétaire international, M. Alfred Kammer.  Le monde assiste, par exemple, à l’émergence de nouveaux marchés dans les pays en développement ou à l’apparition de nouveaux acteurs non étatiques et de nouveaux groupes d’individus qui exercent une influence plus forte sur les gouvernements.  Tout cela rend la conduite des processus politiques plus complexe.  Les liens économiques et financiers entre les pays ont cru de manière exponentielle grâce à un plus grand accès aux technologies de l’information et des communications (TIC).  La nature des échanges a changé.  La diffusion et le traitement de l’information ont été profondément modifiés.  « Nous pouvons à la fois en tirer parti mais nous devons aussi, dans le même temps, faire en sorte de contenir les effets, les coûts et les risques de crise dans ce nouvel environnement interconnecté. ».  Le Directeur adjoint a ajouté à cela d’autres facteurs d’incertitude, tels que les questions de démographie, d’accès aux ressources naturelles ou de leur viabilité.

  Comment faire quand 7 millions de personnes sont affectées par la mauvaise qualité de l’air, que 2 millions d’enfants souffrent de la mauvaise qualité de l’eau et que le nombre des cas de violence extrême et des conflits continuent d’augmenter? a demandé M. Ibrahim Thiaw, Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement.  Il a particulièrement mis l’accent sur les défis auxquels sera confronté le continent africain qui comptera 4 milliards d’individus d’ici à la fin du siècle.  Il a invité le Forum à jouer un rôle fondamental dans cet environnement.  Il a aussi insisté sur la nécessité pour les gouvernements de faire de ce Forum une plateforme d’échanges et de résultats concrets.  

Le Ministre de l’environnement de l’Irlande a reconnu, lors de la discussion qui a suivi, combien l’élaboration de pratiques viables demeurait un défi pour les pays industrialisés.  L’Irlande, par exemple, est un important exportateur agricole.  Sa production a intégré la protection de l’environnement, dont une faible consommation d’eau.  Malgré d’importantes mesures, l’agriculture représente encore 20% des émissions de gaz à effet de serre du pays, a-t-il expliqué.  Le Ministre s’est dit prêt à partager l’expérience de son pays.  Plusieurs intervenants, dont la représentante de l’Italie, ont insisté sur la nécessité d’un dialogue renforcé et constant avec la communauté scientifique.  Les défis comme la sécheresse, la rareté de l’eau, la dégradation de l’environnement n’ont pas encore de solutions.  « De nouveaux défis se présentent parce qu’il n’y a pas eu un travail efficace sur des questions sur des problèmes anciens, a-t-elle conclu.  Parmi ces problèmes, la représentante du grand groupe des enfants et des jeunes a cité la migration qui ne figure nulle part dans les 17 futurs objectifs de développement durable.  Son homologue du grand groupe des femmes a ajouté: les changements climatiques ne sont pas un problème nouveau.  Elle a réclamé une « justice climatique » étant donné que leurs conséquences pèsent plus sur les femmes que les hommes.

Le représentant du Nigéria a quant à lui cité les conflits qui font obstacle aux efforts de développement.  Ce sont ces conflits qui entrainent les déplacés et les migrants.  C’est la circulation des armes légères et de petit calibre qui alimente ces conflits.  Comment inclure ces questions dans le futur programme de développement pour l’après-2015?  Son homologue de l’Azerbaïdjan a particulièrement insisté sur la situation de pays sans littoral et celui des Palaos sur la nécessité d’inclure dans le nouveau programme l’approche visant « le bien-être psychosocial des populations ».

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

L’Assemblée générale adopte la Déclaration de Rome sur la nutrition et réaffirme son engagement politique en faveur de l’Alliance des civilisations des Nations Unies

Assemblée générale,
98e séance plénière – matin
AG/11661

L’Assemblée générale adopte la Déclaration de Rome sur la nutrition et réaffirme son engagement politique en faveur de l’Alliance des civilisations des Nations Unies

L’Assemblée générale a adopté ce matin une résolution sur le « Suivi de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition ».  Elle a en outre adopté deux autres résolutions portant respectivement sur l’« Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies » et sur la « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Communauté des pays de langue portugaise ». 

C’est par consensus que les États Membres de l’Assemblée générale ont adopté la résolution* relative au suivi de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition.  Aux termes de ce texte, l’Assemblée accueille favorablement la Déclaration de Rome sur la nutrition, ainsi que son cadre d’action qui propose un ensemble d’orientations et de stratégies auxquelles les gouvernements pourront avoir recours.  L’Assemblée invite par cette résolution les gouvernements, les organismes, fonds et programmes des Nations Unies ainsi que tous les autres intervenants intéressés à mettre en œuvre le cadre d’action de manière coordonnée, selon qu’il conviendra, conformément aux plans nationaux visant à améliorer la nutrition pour tous.

L’Assemblée générale a aussi adopté, par consensus, et sans vote, la résolution** portant sur la « Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Communauté des pays de langue portugaise ».  Elle a pris note avec satisfaction de la déclaration finale de la dixième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des pays de langue portugaise, tenue à Dili, au Timor-Leste, le 23 juillet 2014 sur le thème: « La Communauté des pays de langue portugaise face à la mondialisation ».

Dans cette déclaration, les chefs d’État et de gouvernement ont constaté qu’il leur fallait mieux coordonner les activités qu’ils menaient dans les domaines économique et commercial. 

Aux termes de la résolution adoptée, l’Assemblée générale a pris note du fait qu’à la dixième Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des pays de langue portugaise, la Guinée équatoriale est devenue le neuvième État membre de la Communauté, et la Géorgie, le Japon, la Namibie et la Turquie ont été admis en qualité de membres associés.

Par ce texte, l’Assemblée générale s’est félicitée du rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau et a rendu hommage au peuple bissau-guinéen pour avoir tenu des élections pacifiques, libres et justes, ainsi qu’aux autorités élues démocratiquement pour ce qu’elles ont accompli. 

Aux termes de la résolution, l’Assemblée a pris note des efforts déployés par le Secrétaire général et son Représentant spécial pour la Guinée-Bissau, ainsi que par les partenaires bilatéraux et multilatéraux, en particulier l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté des pays de langue portugaise et l’Union européenne, en vue d’aider les autorités nationales à consolider l’ordre constitutionnel, à mettre en œuvre une refonte du secteur de la sécurité et des réformes politiques et économiques, à lutter contre le trafic de stupéfiants et à combattre l’impunité, et apprécie le rôle que jouent à cet effet la Commission de consolidation de la paix et le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau.

Ce matin, les États Membres ont également permis l’adoption par consensus par l’Assemblée du projet de résolution*** dont elle était saisie, et qui portait sur l’Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies.  En adoptant ce texte, l’Assemblée constate que l’augmentation des rapports d’activités et financiers contribue à renforcer l’Alliance des civilisations tout comme les consultations avec le Groupe des Amis. 

Aux termes de la résolution, l’Assemblée générale réaffirme son engagement politique en faveur des quatre domaines d’action de l’Alliance des civilisations, c’est-à-dire les jeunes, l’éducation, les médias et la migration.  Par ce texte, l’Assemblée met l’accent sur le rôle constructif que l’Alliance a joué dans la promotion de valeurs telles que la prévention des conflits, la médiation et la réconciliation.  Elle encourage l’Alliance à poursuivre ses travaux en entreprenant un certain nombre de projets, en collaboration avec les gouvernements, les organisations internationales, des fondations et des groupes de la société civile, ainsi qu’avec les médias.  

Prenant la parole après l’adoption du texte, le représentant d’Israël a déclaré que sa délégation s’est ralliée au consensus, mais a indiqué que l’État d’Israël estime qu’aucune contrainte ne peut lui être imposée par un recours aux termes de la résolution adoptée aujourd’hui sur l’Alliance des civilisations et la culture de la paix.

Intervenant après cette déclaration, le représentant de l’Arménie a dit que sa délégation était profondément préoccupée par la propagation des fléaux du racisme et de la haine dans la région entourant son pays et par l’incitation à la haine et à l’intolérance à laquelle se livre l’Azerbaïdjan, pays hôte des prochains forums mondiaux de l’Alliance des civilisations, dont le septième Forum mondial.  Il a exhorté la délégation azerbaïdjanaise à garantir que tous les États pourront participer à ces rencontres sans que le moindre obstacle soit posé à leur droit d’y être représentés. 

Le représentant de l’Azerbaïdjan a répondu à cette intervention de son homologue arménien en félicitant d’avance la participation de tous les pays aux forums de l’Alliance des civilisations prévus en 2016 en Azerbaïdjan. 

Le représentant de l’Union européenne a déclaré que l’adoption de la résolution tombe au moment où les Nations Unies, les États Membres et la communauté internationale dans son ensemble, plus que jamais ont besoin de faire des efforts supplémentaires dans la promotion de la compréhension et du respect entre les civilisations, les cultures, les religions et les croyances sur la base du respect des droits de l’homme de toutes les personnes et sur celle de la prévalence des valeurs universelles au cœur de l’Organisation.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum de haut niveau débat des modes de production et de consommation durables, du financement du développement et des mécanismes de suivi du programme pour l’après-2015

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
Session de 2015, matin & après-midi
ECOSOC/6707

Le Forum de haut niveau débat des modes de production et de consommation durables, du financement du développement et des mécanismes de suivi du programme pour l’après-2015

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, qui était réuni depuis le 29 juin, sous les auspices du Conseil économique et social, a achevé, aujourd’hui, la première partie de sa session annuelle avec la tenue de trois tables rondes axées sur les modes de production et de consommation durables, les mécanismes de suivi du programme de développement pour l’après-2015 et les moyens de financement du développement. Cette dernière question revêt une importance particulière avec la tenue dans quelques jours à Addis-Abeba, en Éthiopie, de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.

Lançant la discussion au cours d’une des deux tables rondes de la matinée, M. Mohamed Khaled Khiari, Vice-Président de l’ECOSOC, a rappelé que la communauté internationale devrait consacrer au futur programme de développement les ressources nécessaires à sa mise en œuvre effective.

L’un des intervenants, le représentant de la Société internationale pour le développement, a ainsi souligné le décalage qui existe entre les attentes en matière de développement et les réalités en termes de financement, tandis que la Conseillère principale auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a reconnu que les pays développés ne consacraient pas 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), comme ils s’y étaient engagés.

Lors de la discussion interactive qui a suivi, le représentant de  l’Afrique du Sud a d’ailleurs mis en garde contre toute tentative de redéfinition de l’APD qui aurait pour effet de délivrer les pays développés des engagements qu’ils ont formulés par le passé.  « Notre engagement de consacrer 0,7% de notre PIB à l’APD reste intact », a assuré le représentant de la Suède, tandis que son homologue du Canada a estimé que l’APD ne suffira pas à répondre aux besoins de financement.

Au cours de l’autre table ronde de la matinée, les participants ont discuté de la promotion de modes de consommation et de production durables qui constituent, comme l’a rappelé la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme María Emma Mejía Vélez, l’un des 17 objectifs de développement durable.

Ils se sont appuyés pour cela sur le rapport d’activité, transmis par le Secrétaire général, du Cadre décennal de programmation concernant ces modes de production et de consommation établi par le Programme des Nations Unies pour l’environnemen.

Ce Cadre, qui vise notamment à identifier et diffuser les meilleures pratiques, répond aux besoins et priorités des pays, a estimé le Président de son conseil d’administration.  À l’instar de nombreuses délégations, dont celles de la Suisse et de la Finlande, il a souhaité, compte tenu de son succès, que le Cadre fasse office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Les participants à la dernière table ronde de la journée ont prolongé cette discussion examinant les différents mécanismes de rapport et de suivi existants qui peuvent aider le Forum politique de haut niveau à mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015.

Un membre du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York a ainsi mis l’accent sur le mécanisme d’Examen périodique universel (EPU), « processus unique mené par les États Membres de l’ONU sous les auspices du Conseil des droits de l’homme », alors qu’une parlementaire autrichienne a rappelé que des mécanismes de mise en œuvre nationaux devraient inclure des groupes de travail au niveau des parlements.

« Dans quelques semaines, nous aurons un nouveau programme de développement pour l’après-2015 et il est fondamental que le Forum politique de haut niveau accompagne sa mise en œuvre, son examen et son suivi », a résumé le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik, dans ses remarques de clôture.  Il s’est félicité que les échanges d’aujourd’hui et des jours passés aient mis l’accent sur un rôle accru du Forum politique de haut niveau et l’attention qu’il peut susciter auprès des décideurs politiques de haut niveau.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde: Modes de production et de consommation durables (A/70/75–E/2015/55, E/2015/56 et E/HLPF/2015/2)

Animatrice de la table ronde, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a rappelé que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable (ODD) avait inclus un objectif distinct, l’objectif 12, relatif à l’établissement de modes de production et de consommation durables.

« Il ne fait toutefois aucun doute que la question dépasse le cadre des objectifs de développement durable et qu’elle devrait être prise en compte dans l’ensemble des objectifs », a-t-elle dit.  Mme Mejía Vélez a également souligné l’importance des systèmes de transport durables, l’objectif 11 sur les villes et les établissements humains consacrant à ce sujet une cible à atteindre d’ici à 2030.

M. ULF JAECKEL, Chef de Division au Ministère fédéral de l’environnement, de la sécurité nucléaire et de la conservation de la nature de l’Allemagne, et Président du Conseil d’administration du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, a indiqué que le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables fonctionnait de manière satisfaisante.  Il vise notamment à identifier et diffuser les meilleures pratiques en la matière et à encourager l’adoption de programmes dans des secteurs particuliers, a-t-il dit, en citant le lancement d’un programme pour des marchés publics durables.  Il a également évoqué le programme sur le tourisme durable et le programme pour une construction verte.

Ce cadre répond aux besoins et priorités des pays, a-t-il dit, en précisant que 118 pays avaient nommé leur interlocuteur national.  Il a néanmoins regretté que les efforts financiers pour la mise en place de modes de consommation et de production durables restent en deçà des efforts financiers consentis dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.  Compte tenu du succès du Cadre, il a estimé qu’il serait logique que le Cadre fasse office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Mme CAROLINA TOHA, maire de Santiago (Chili), a rappelé que les villes accueillaient plus de 54% de la population mondiale, une proportion qui, a-t-elle fait remarquer, passera à 66% en 2030.  Les villes constituent des laboratoires pour l’élaboration de politiques du développement durable innovantes, a-t-elle assuré.  Les difficultés écologiques posées par les transports, a-t-elle fait observer, représentent 23% des émissions de gaz à effet de serre.  La mobilité sera l’un des plus grands défis à relever à l’avenir, a-t-elle dit, rappelant que l’objectif prôné par les publicités commerciales d’un individu disposant de sa propre voiture était « insensé ».

Elle a ainsi souligné la nécessité de mettre l’accent sur les transports publics, afin de parvenir à une véritable « révolution » dans la manière dont les gens utilisent les moyens de transport.  La maire de Santiago a ensuite indiqué que les autorités locales étaient des maillons essentiels dans la mise en œuvre des stratégies de développement durable.  Enfin, elle a souligné la nécessité d’appuyer les autorités des pays en développement dans la promotion de modes de consommation et de production durables.

Pour M. LASZLO BORBELY, Président du Comité pour la politique étrangère du Parlement roumain, les ODD sont pourvus de bases solides.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est important que les jeunes soient sensibilisés aux enjeux de ces ODD. L’éducation des citoyens est un élément clef, a-t-il souligné.  Les parlementaires doivent être étroitement associés à la mise en œuvre des ODD.

Mme SWATI SHRESTH, Centre de développement communautaire et de la Coalition mondiale des forêts (Inde), s’est exprimée au nom du grand groupe des femmes. Elle a insisté sur la nécessité de promouvoir des modes de consommation durables et le recours aux connaissances traditionnelles des communautés nomades.  Il y a un malentendu à propos de la relation entre les communautés nomades et leur environnement, a-t-elle dit, en déplorant que ces communautés soient souvent marginalisées.  Elle a souhaité que les publicités contribuent à promouvoir les modes de consommation biologiques.

Discussion interactive

Plusieurs délégations se sont ensuite exprimées.  Le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi expliqué que le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pourrait faire office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Ce point de vue a été partagé par les représentants de la Suisse, de la Finlande, tandis que celui de la Fédération de Russie a indiqué que la transition vers des modes de consommation et de production durables sera une condition essentielle de la réussite du programme de développement pour l’après-2015.

De leur côté, les délégués de l’Arabie saoudite et de l’Union européenne ont souhaité qu’il soit dûment pris compte du Cadre lors des négociations de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement qui se tiendra dans quelques jours. 

S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires, la représentante des Maldives a souligné les difficultés spécifiques rencontrées par les petits pays insulaires en développement (PEID) dans leurs efforts pour promouvoir des modes de production et de consommation durables.  Il est nécessaire, a-t-il dit, d’établir des partenariats pour appuyer les pays dans leurs efforts.

La déléguée du Royaume-Uni s’est interrogée sur le rôle du Forum de haut niveau dans la transition vers des modes de consommation et de production durables, tandis que son homologue de la Suède a souhaité que ce Forum soit doté d’un mandat fort pour assurer le suivi du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.

« Comment promouvoir ces modes de consommation sans provoquer la colère de la population? » a demandé la représentante du Togo, qui a cité l’exemple des taxis motos dans son pays.  Ce moyen de transport, a-t-elle fait remarquer, n’est pas durable.

Le délégué du Brésil, appuyé en ce sens par le représentant de l’Union interparlementaire, a reconnu la nécessité de produire des véhicules qui produisent un faible taux de gaz à effet de serre.  Ce point de vue a été partagé par M. JAECKEL et par Mme TOHA, cette dernière ayant affirmé que, plutôt que construire davantage de routes, il faudrait construire davantage de trottoirs dans les villes.  Enfin, à l’instar de M. Jaeckel, M. BORBELY a souhaité que le Forum de haut niveau joue un rôle de premier plan dans le suivi du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.

Table ronde: Investir dans l’avenir que nous voulons: que faudra-t-il faire? (E/HLPF/2015/2)

Ouvrant la table ronde, M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé que la communauté internationale devra consacrer au programme de développement des ressources nécessaires à sa mise en œuvre effective.

L’animateur de la table ronde, M. JAMES ZHAN, Directeur de la Division de l’investissement et des entreprises à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a tenu à inscrire la discussion dans le cadre de la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba dans quelques jours.

M. HAZEM FAHMY, Secrétaire général de l’Agence égyptienne, a souligné qu’il était très important d’établir des partenariats pour la bonne mise en œuvre des politiques de développement durable.  Les gouvernements et le secteur privé n’ont pas toujours les ressources nécessaires, a-t-il fait remarquer.  M. Fahmy a ainsi  cité l’exemple du partenariat créé par un hôpital égyptien spécialisé avec l’Université Harvard pour traiter les enfants atteints de cancer.  Il a indiqué que le fonds mis en place dans son pays pour réduire la pauvreté fonctionnait de manière satisfaisante.  « Nous essayons de transmettre nos compétences en la matière à des pays africains qui sortent d’un conflit », a-t-il assuré.

Mme HILDEGARD LINGNAU, Conseillère principale auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a reconnu que les pays de l’OCDE ne consacraient pas 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), mais seulement 0,29%.  Elle a ensuite insisté sur la complexité croissante des mécanismes de financement du développement.  L’APD, même si elle a un effet catalyseur, est un de ces mécanismes, a-t-elle dit.  Mme Lingnau a estimé qu’il faudrait dépasser la question du montant de l’APD pour axer davantage les efforts sur l’évaluation de la qualité de cette aide, ainsi que des partenariats.  « Nous avons les connaissances pour nous montrer à la hauteur du défi des ODD », a-t-elle assuré, en ajoutant que ces connaissances devraient désormais être mobilisées.

Pour M. STEFANO PRATO, Société internationale pour le développement (Italie), il existe un décalage entre les attentes en matière de développement et les réalités en termes de financement.  « Il faut briser le mythe selon lequel il manquerait 1 000 milliards de dollars pour répondre aux besoins de financement », a-t-il dit, en insistant sur la dimension politique des choix de développement qui sont faits.  M. Prato a souhaité un déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale et a demandé que des investissements accrus soient entrepris dans les économies « locales, dynamiques et diversifiées ».

Il s’est dit très inquiet, en particulier, par le manque de progrès accomplis en vue de la mise en place d’un organe intergouvernemental en matière de coopération fiscale intergouvernementale.  Il a ensuite souligné l’asymétrie qui existe entre le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans l’élaboration du programme de développement et leur rôle réduit dans les discussions sur le financement du développement.  Les États doivent assumer un rôle moteur dans les partenariats en faveur du développement, a-t-il estimé, en ajoutant que les acteurs privés devraient être soumis à des règles strictes afin d’éviter les conflits d’intérêt.

Discussion interactive

Lors de la discussion interactive qui a suivi, le représentant de l’Afrique du Sud a mis en garde contre toute tentative de redéfinition de l’APD qui aurait, selon lui, pour effet de délivrer les pays développés des engagements qu’ils ont formulés par le passé.  « Notre engagement de consacrer 0,7% de notre PIB à l’APD reste intact », a assuré le représentant de la Suède, qui a tenu à saluer la pertinence de l’APD.

De son côté, la représentante du Canada a estimé que l’APD ne suffira pas à répondre aux besoins de financement.  Cette aide devrait être centrée sur les plus pauvres et les plus vulnérables quel que soit le lieu où ils se trouvent, a-t-elle préconisé.  Son homologue de l’Arabie saoudite a, pour sa part, rappelé que la coopération Sud-Sud ne saurait remplacer la coopération Nord-Sud.

Enfin, Mme LINGNAU a brièvement repris la parole pour expliquer qu’il existait d’ores et déjà un Forum, placé sous les auspices de l’OCDE, qui débattait des questions fiscales internationales, alors que M. FAHMY a souligné le rôle de premier plan que doit jouer le Forum de haut niveau pour assurer un suivi des questions du développement, en particulier celle des partenariats.

Table ronde: Faire le suivi des progrès par l’entremise de mécanismes existants (E/HLPF/2015/2)

Cette table ronde, qui était animée par le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, M. THOMAS GASS, s’est penchée sur les différents mécanismes de rapport et de suivi qui existent, aujourd’hui, et qui peuvent aider le Forum politique de haut niveau à mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015 et à atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Plusieurs exemples de succès, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système des Nations Unies, ont été évoqués.

Mme GERDA VERBURG, Présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et Représentante permanente des Pays-Bas auprès des institutions des Nations Unies basées à Rome, a d’abord précisé que le Comité de sécurité alimentaire mondiale, créé en 1974, sert de tribune pour l’examen et le suivi des politiques relatives à la sécurité alimentaire.  Cette plateforme réunit de multiples parties prenantes et permet de tenir compte de tous les points de vue au moment où il faut prendre des décisions concrètes pour passer à l’action et faire face à la crise économique ou à une demande alimentaire croissante qui ont une incidence sur la sécurité alimentaire et la nutrition.  « Cette plateforme travaille de façon inclusive et transparente avec des représentants des gouvernements, des responsables de la société civile, des experts, des chercheurs ou des fondations », a-t-elle expliqué.  Ce mécanisme serait particulièrement important dans le cadre de la mise en œuvre et du suivi du second objectif de développement durable qui a trait à l’élimination de la faim, à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à l’agriculture durable, a-t-elle insisté.

M. CHARLES RADCLIFFE, du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, a ensuite mis l’accent sur le mécanisme d’Examen périodique universel (EPU), qui est un processus unique mené par les États Membres de l’ONU sous les auspices du Conseil des droits de l’homme.  « Il s’agit d’un processus d’examen par les pairs, établi sur une base volontaire, transparente et objective.  Il est, par ailleurs, renforcé par des contributions d’experts indépendants, les rapports du Secrétaire général, ainsi que les rapports des institutions des droits de l’homme », a-t-il souligné.  Avant de conclure, il a tenu à réaffirmer qu’il existe un lien étroit entre les droits de l’homme universels, le développement durable et les mécanismes de responsabilisation du respect de ces droits.  

M. ADAM BOULOUKOS, Directeur du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, est alors revenu sur la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, qui s’était tenue à Sendai, au Japon, en mars 2015.  Cette dernière a adopté un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe qui vise à réduire considérablement les pertes en vies humaines et les dommages matériels causés par les catastrophes naturelles d’ici à 2030, a-t-il rappelé.  M. Bouloukos a souligné combien cette conférence avait connu une large mobilisation des parties prenantes.  « Beaucoup de groupes se sont déjà impliqués dans la gestion et la réduction des risques de catastrophe, et ce, sans forcément avoir été guidés dans leurs efforts par la famille des Nations Unies », a-t-il dit.  Rappelant que les 17 objectifs de développement durable comportaient huit cibles en matière de réduction des catastrophes, il a émis le souhait que le Cadre de Sendai soit inclus dans l’ensemble des processus de suivi.  « C’est indispensable à l’heure où les pauvres sont disproportionnément touchés par les risques de catastrophe », a-t-il dit.

Pour sa part, Mme PETRA BAYR, Membre du Parlement de l’Autriche, a axé sa présentation sur le suivi et la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national, en rappelant que des mécanismes de mise en œuvre nationaux devraient être mis en place par les États Membres et devraient inclure des groupes de travail au niveau des parlements.  Elle a brièvement illustré son propos en s’adressant directement à la salle: « Qui parmi vous connaît personnellement un parlementaire? » a-t-elle demandé.  Devant le peu de mains levées, elle a invité chaque citoyen et chaque citoyenne à prendre contact avec ses députés et à les convaincre de prendre part au processus de suivi et d’examen des ODD.

M. CALEB OTTO, Représentant permanent des Palaos auprès de l’Organisation des Nations Unies et Président du Forum des îles du Pacifique, a ensuite présenté un mécanisme qui existe dans la région du Pacifique et qui pourrait, selon lui, inspirer d’autres acteurs.  En 2011, a-t-il expliqué, les dirigeants des îles du Pacifique ont revu leurs plans de développement afin de mettre davantage l’accent sur les priorités régionales.  Ils ont ainsi adopté un pacte de renforcement de la coopération, ainsi qu’un processus de mécanisme d’examen par les pairs qui passe en revue les planifications politiques et budgétaires nationales.  Ce mécanisme, a-t-il précisé, permet ensuite de fournir un appui et une assistance aux pays de la région qui en ont besoin, et cette aide découle alors de l’aide publique au développement.   

Par la suite, Mme LOUISE KANTROW, de la Chambre de commerce internationale (États-Unis), une organisation qui représente plus de 5 millions d’entreprises dans environ 130 pays, a insisté sur la nécessité de coopérer avec le secteur privé dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Jusqu’ici, a-t-elle souligné, la voix du secteur privé a pu se faire entendre et a pu être entendue auprès de différents mécanismes et de processus, tels que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ou la Conférence de Sendai.  Elle a toutefois reconnu que son organisation s’interrogeait encore sur la meilleure façon d’assurer sa participation au Forum politique de haut niveau.

Discussion interactive

À l’issue de ces présentations, plusieurs délégations ont abondé dans le sens des panélistes.  Ainsi, le représentant du Chili a rappelé l’extrême vulnérabilité de son pays aux risques de tremblements de terre, tandis que le représentant de Fidji a mis en exergue les risques de séismes dans l’océan Pacifique, alors qu’il n’existe pas de mécanisme ciblant particulièrement les océans, a-t-il estimé.  La délégation de la Norvège a ensuite invité les participants à s’interroger sur la manière dont le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ou le Conseil des droits de l’homme pourraient régulièrement faire rapport au Forum politique de haut niveau.  De son côté, la représentante du Mexique a plutôt insisté sur la nécessité de ne pas « compartimenter » le processus de suivi des ODD mais plutôt d’aborder ces objectifs de façon transversale, en particulier lorsqu’il s’agit des questions liées à l’égalité des sexes.

Partageant cet avis, une représentante du Grand groupe des femmes a ensuite réaffirmé la nécessité d’adopter une approche transversale, et non verticale, dans le suivi et l’examen des ODD.  De son côté, un représentant du Grand groupe des jeunes a insisté sur la qualité des rapports parallèles à l’Examen périodique universel (EPU) et a plaidé pour la prise en compte de rapports provenant de citoyens afin, a-t-il dit, que toutes les parties prenantes fassent partie du processus.  En écho à la présentation faite par la représentante de la Chambre de commerce internationale, un responsable de l’organisation Amnesty international a ensuite considéré que les droits de l’homme devraient être placés avant les profits et qu’il était indispensable que le secteur privé intègre ce concept.

Session de clôture

À l’issue de la discussion interactive, M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a tenu à saluer la qualité des échanges de cette journée et, de manière générale, la richesse des débats qui ont marqué la première partie de la session annuelle du Forum politique de haut niveau.  « Dans quelques semaines, nous aurons un nouveau programme de développement pour l’après-2015 et il est fondamental que le Forum politique de haut niveau accompagne sa mise en œuvre, son examen et son suivi », a-t-il rappelé dans ses remarques de clôture.  « Grâce à nos discussions, nous avons approfondi nos connaissances sur la manière dont nous pouvons couronner de succès ce nouveau programme de développement et le mettre en œuvre. »  Rappelant que ces débats avaient lieu alors que les négociations sur le programme de développement entraient dans leur dernière ligne droite pour culminer en septembre avec le Sommet spécial sur le développement, il a souligné combien ces échanges avaient à la fois fait progresser ces négociations et avaient renforcé le Forum politique de haut niveau, ainsi que l’attention qu’il peut susciter auprès des décideurs politiques de haut niveau.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Forum politique de haut niveau se penche sur la mise en œuvre des « orientations de Samoa » et sur les moyens de sensibiliser le grand public au programme de développement pour l’après-2015

Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
Session de 2015, matin & après-midi
ECOSOC/6706

Le Forum politique de haut niveau se penche sur la mise en œuvre des « orientations de Samoa » et sur les moyens de sensibiliser le grand public au programme de développement pour l’après-2015

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, convoqué sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a poursuivi, aujourd’hui, les débats de sa session 2015 en examinant la mise en œuvre du programme d’action en faveur des petits États insulaires en développement et les moyens de sensibiliser le grand public, les jeunes en particulier, au programme de développement pour l’après-2015.

Ces thématiques ont été débattues dans le cadre de trois tables rondes qui avaient réuni panélistes, représentants d’États Membres, responsables politiques, scientifiques et experts en développement.

Ouvrant la première table ronde, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, a rappelé que les Orientations de Samoa –le programme d’action pour le développement des petits États insulaires en développement (PEID) adopté à Samoa en septembre 2014- reconnaissaient l’importance de partenariats authentiques et durables pour le développement durable de ces États qui, a-t-il rappelé, présentent des vulnérabilités uniques et particulières.

« Qu’est-il advenu des plus de 300 partenariats annoncés lors de la Conférence de Samoa », a interrogé l’animateur du débat, l’Ambassadeur des Seychelles chargé des changements climatiques et questions intéressant les PEID.  C’est une question à laquelle les intervenants ont apporté des éléments de réponse.  Le représentant des Samoa a ainsi indiqué que grâce à cette Conférence, « les PEID s’étaient sentis connectés au reste du monde comme jamais auparavant ».

Il a également souhaité que toutes les entités pertinentes des Nations Unies, notamment les commissions régionales, participent davantage aux efforts visant le développement des PEID, avant de suggérer la proclamation d’une « journée des PEID ».

De son côté, le Gouverneur de l’Autorité monétaire des Maldives a expliqué que le financement des projets d’infrastructure était une condition essentielle du développement durable d’un pays comme le sien, du fait de la grande dispersion géographique de la population et de leur économie basée sur le tourisme. 

D’autres intervenants ont mis l’accent sur le rôle important de suivi que doit jouer le Forum politique de haut niveau, à l’instar du représentant des Maldives qui, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a demandé au Forum politique de se transformer en « forum d’action ».

Les participants aux deux tables rondes de l’après-midi se sont, quant à eux, penchés sur les moyens de sensibiliser le grand public et de former les jeunes au futur programme de développement, qui doit être adopté en septembre prochain.

« Le programme de développement pour l’après-2015 ne pourra être couronné de succès que s’il est compris et activement appuyé par les acteurs gouvernementaux comme non gouvernementaux », a ainsi déclaré le Vice-Président du Conseil, en lançant la discussion au sein de la première table ronde de l’après-midi.

Animée par la Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information, Mme Cristina Gallach, cette table ronde a permis de faire le point sur les stratégies de communication à mettre en place autour du futur programme de développement.

L’Ambassadeur Francis Lorenzo, de la République dominicaine, qui est également Président honoraire de South-South News, a ainsi souligné la nécessité de créer un programme qui soit compris par tous.  « On ne peut demander aux journalistes d’écrire des articles sur des choses qu’ils n’assimilent pas eux-mêmes », a-t-il dit.

Pour sa part, le Coordonnateur des initiatives contribuant au développement écologiquement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Italie, M. Grammenos Mastrojeni, a avancé l’idée selon laquelle la stratégie de communication devrait être axée sur une corrélation vertueuse entre les individus et la planète.  « Ce qui est bon pour ma planète est bon pour moi, et ce qui est bon pour moi est bon pour ma planète », a-t-il résumé.

La dernière table ronde de la journée, qui était animée par le Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie), s’est concentrée sur la thématique de l’éducation et la formation au développement durable et sur la manière dont les institutions d’enseignement ou de formation peuvent contribuer audit programme de développement.

Le Forum politique de haut niveau tiendra demain, jeudi 2 juillet à partir de 10 heures, les trois dernières tables rondes de la première partie de cette session.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement (Orientations de Samoa): concrétiser la vision par des actes (E/HLPF/2015/2)

Introduisant la discussion de la matinée, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MARTIN SAJDIK (Autriche), a rappelé que les Orientations de Samoa, programme d’action adopté à Samoa en septembre 2014, posent les jalons du développement durable des petits États insulaires en développement (PEID) pour la décennie à venir.  Ce programme a reconnu que les partenariats authentiques et durables sont essentiels au développement durable de ces États, a-t-il souligné, avant d’expliquer le rôle important du Forum politique de haut niveau dans le suivi de la mise en œuvre des Orientations de Samoa.

Qu’est-il advenu des plus de 300 partenariats annoncés lors de la Conférence de Samoa, a interrogé l’animateur du débat, M. RONALD JEAN JUMEAU, Ambassadeur des Seychelles chargé des changements climatiques et questions intéressant les PEID.

Reconnaissant l’écart qui existe entre les engagements pris à la table des négociations et les mesures mises en œuvre sur le terrain, Mme AZEEMA ADAM, Gouverneur de l’Autorité monétaire des Maldives, a appelé à le combler.  Elle a expliqué que le financement des projets d’infrastructure était une condition essentielle du développement durable de pays comme le sien, du fait de la grande dispersion géographique de la population et de leur économie basée sur le tourisme.  L’obligation pour l’État de fournir des moyens de transport et des services de base dans chaque île des archipels pèse lourd sur le budget national, a-t-elle fait remarquer.  Mme Adam a aussi expliqué qu’un petit pays avait intérêt à diversifier son économie, alors que les occasions sont limitées et qu’on les accuse facilement de devenir des paradis fiscaux.  Elle a donc plaidé en faveur de partenariats forts fondés sur le respect et les bénéfices mutuels, tels que ceux prévus dans les Orientations de Samoa, afin de mettre en œuvre les projets d’infrastructures.  Mme Adam a aussi demandé qu’une aide soit accordée aux PEID pour leur permettre de renforcer leurs capacités d’analyse des données.

Faisant référence au legs de la dernière Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID), M. ALIIOAIGA FETURI ELISAIA, Représentant permanent des Samoa auprès des Nations Unies, a remarqué que l’accent avait été mis sur les PEID en tant que pays qui ont besoin d’une attention spéciale et de partenariats authentiques.  « Les PEID se sont sentis connectés au reste du monde comme jamais auparavant », s’est-il réjoui.  Au moment où sont examinés les cadres du développement durable des 15 prochaines années, les PEID ont demandé que leurs vulnérabilités et leurs besoins particuliers soient intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015.  Ils ont aussi insisté sur la nécessité de trouver des solutions novatrices à leurs problèmes de financement.

M. Elisaia a souhaité que toutes les entités pertinentes des Nations Unies, notamment les commissions régionales, participent davantage aux efforts visant le développement des PEID.  Il a aussi suggéré de proclamer une « journée des PEID » pour informer la communauté de l’ONU sur les enseignements tirés des partenariats mis en œuvre.  Il faut éviter les écueils du passé, a-t-il demandé en rappelant que les PEID se limitaient à établir des échanges entre eux.  Rappelant que la Conférence de Samoa avait adopté des « Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement », il a lancé un appel pour que l’on mette l’accent précisément sur l’accélération des progrès.

M. ANDREW DOWNES, Pro-Vice-Chancelier du Bureau de l’Université de la planification et du développement de l’Université des Antilles, Campus de Cave Hills (La Barbade), s’est concentré, pour sa part, sur les efforts à renforcer dans le secteur de l’éducation, en estimant que les institutions universitaires jouaient un rôle essentiel pour faire avancer ces pays.  Il a parlé des sept universités des Caraïbes qui participent au transfert de connaissances et de capacités.  « Nous avons aussi des instituts et des centres spécialisés sur la question du développement durable », a-t-il indiqué en insistant sur la qualité de la formation dispensée.  Cependant, a-t-il tempéré, nous sommes en deçà des 20% d’inscriptions nécessaires pour garantir un bond en matière de développement.  Il a misé sur le nouveau Réseau des Caraïbes pour la recherche, lancé en mai dernier, pour que des progrès soient réalisés dans la région sur les questions environnementales et l’innovation.

M. BEN GLASS, Président-Directeur général d’Altaeros Energies, Boston (États-Unis), a expliqué que son entreprise fournit des services de télécommunication à bas coût qui sont basés sur l’énergie renouvelable, à 1,3 milliard de personnes n’ayant pas accès à l’électricité, ainsi qu’à des industries à travers le monde.  Les petites et moyennes entreprises (PME) sont mieux à même d’aider les PEID, a-t-il estimé, tout en relevant les difficultés qu’elles rencontrent en termes de connectivité.  En outre, ces PME ne bénéficient pas de la reconnaissance mondiale dont jouissent les grandes sociétés.  M. Glass a donné un exemple de ce que peuvent cependant accomplir les PME en faveur des PEID: pour aider ces pays à lutter contre la pêche illégale, son entreprise a développé une application pour la surveillance des côtes.  C’est en nous rendant sur place que nous avons compris les besoins, a-t-il fait remarquer.  Ce qui est ressorti de la Conférence de Samoa, a-t-il estimé, c’est qu’il faut un réseau d’entreprises pour aider les PEID.

M. GUSTAVO FONSECA, Directeur des programmes au Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a expliqué que ce mécanisme de financement permet aux pays en développement de respecter les engagements qu’ils ont pris en vertu de conventions internationales.  Nous essayons d’harmoniser nos stratégies avec le programme de développement pour l’après-2015, en proposant des « paquets d’assistance », a-t-il dit, en précisant que les efforts visaient aussi le renforcement des capacités pour contribuer à la mise en œuvre des Orientations de Samoa.  Un fonds a été établi aux Îles Cook, par exemple, pour promouvoir l’énergie renouvelable dans ce pays.  Nous avons aussi offert un financement à Samoa pour aider les communautés à réduire leur vulnérabilité face aux changements climatiques. 

Mme FLORENCE PIGNOLET-TARDAN, du Réseau des gouvernements régionaux pour le développement durable, La Réunion (France), a parlé de la coopération mise en place par le Conseil régional de la Réunion, en vantant les mérites de la coopération Sud-Sud entre La Réunion et celles qui l’entourent (Seychelles, Comores et Madagascar).  Elle s’est félicitée de la tenue récente de l’« Évènement Climat Énergie », le plus grand débat citoyen sur ce sujet qui a rassemblé 12 PEID.  Elle a espéré que ce débat créerait une forte synergie avec la COP21, car 86% de la population des PEID se disent très concernés par les effets des changements climatiques.  La représentante a aussi parlé des possibilités qu’offre le Fonds européen de développement pour mettre en œuvre des projets de pêche durable dans les pays de l’océan Indien.  Un « hub énergie » dans l’océan Indien a en outre été créé. 

Un autre projet a été mentionné par Mme Pignolet-Tardan: « Agrienergie Farm », qui met en place des serres photovoltaïques à l’épreuve des cyclones, en vue d’une agriculture durable.  La représentante a également donné l’exemple de La Réunion qui, depuis qu’elle est devenue un département français en 1946, s’est vue imposer un modèle européen non conforme aux exigences de l’île: on y a par exemple construit des maisons en béton, alors que le bois et les matériaux naturels étaient utilisés auparavant.  Elle a donc exprimé le souci actuel de l’île de faire marche arrière pour revenir aux ressources locales naturelles.  Elle a conclu en appelant à ne pas oublier de placer l’homme au centre de tous les efforts de développement.

Discussion interactive

L’échange avec les délégations et représentants de grandes groupes a été l’occasion, pour le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires, d’insister sur les vulnérabilités uniques et particulières des PEID, notamment face aux fluctuations des marchés internationaux et aux chocs économiques extrêmes.  Les PEID sont en outre exclus des processus prise de décisions, a-t-il noté.  Le représentant a aussi souligné les ressources limitées que ces îles doivent consacrer aux infrastructures.  La dispersion des habitants sur plusieurs îles entraîne en outre des coûts élevés pour les services et le transport.  Les conséquences des changements climatiques, a-t-il averti, peuvent menacer l’existence même de ces pays.  C’est pourquoi, il a demandé au Forum politique de haut niveau de se transformer en « forum d’action ».  Il faut aussi, a-t-il ajouté, qu’il évalue les impacts des partenariats, en assurant une analyse régulière de ces projets.

Un mécanisme est essentiel pour garantir la mise en œuvre des programmes d’action adoptés en faveur du développement des PEID, a estimé le représentant de Vanuatu, au nom des 12 petits États insulaires du Pacifique.  Rappelant que l’ancienne Commission du développement durable était la seule instance chargée d’examiner cette mise en œuvre, il a insisté sur le suivi que doit faire le Forum politique de haut niveau.  Il a en même temps rappelé la nécessité d’éviter les doublons dans cet examen aux Nations Unies, comme l’a souligné le Corps commun d’inspection.

Le représentant de Vanuatu a en outre accordé une importance cruciale au cadre de partenariats en faveur des PEID, soutenu en ce sens par le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui s’est dit favorable à des engagements forts pour mettre en œuvre les Orientations de Samoa.  Il faut, a-t-il insisté, que tous les programmes d’action sur les PEID, adoptés tour à tour à La Barbade, Maurice et Samoa, se traduisent en mesures concrètes.

Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), la représentante de La Barbade a signalé le problème qu’entraîne pour ces pays le critère retenu pour donner accès à des financements basés uniquement sur le PNB par habitant.  Cela présente de sérieux inconvénients pour de nombreux PEID qui sont souvent des pays à revenu moyen, a-t-elle expliqué.  En ce qui concerne le suivi de la mise en œuvre des Orientations de Samoa, elle a plaidé en faveur du renforcement des capacités des pays en matière de statistiques, afin de leur permettre de prendre des décisions basées sur des données vérifiées.

L’objectif aujourd’hui est de passer de la théorie à la pratique, a souligné le représentant de la délégation de l’Union européenne, en citant l’exemple du Programme de l’Union européenne pour la région pacifique.  Celui-ci s’ajoute aux programmes bilatéraux que les pays membres de l’Union européenne établissent avec les PEID.  Des programmes thématiques sont également mis en place pour les zones Caraïbes et Afrique, a-t-il indiqué.  En outre, l’Union européenne consacre 20% de son budget à la coopération internationale pour la lutte contre les changements climatiques, sans compter son soutien au développement de l’énergie renouvelable.  L’Union européenne s’engage aussi dans le domaine de la gestion durable des pêches.  En ce qui concerne les PEID, il a souligné l’importance de l’appropriation nationale des programmes d’aide et la nécessité de tenir des dialogues régionaux.

Les nombreuses délégations qui ont participé à la discussion ont chacune mis l’accent sur les domaines d’action qui leur paraissent les plus importants.  Ainsi, le représentant de la Norvège a insisté sur l’aspect « paix et sécurité » des changements climatiques, tandis que son homologue de la Fédération de Russie a jugé crucial d’aider les PEID à renforcer leurs capacités, comme le fait son pays.  Ce sont par ailleurs la fiabilité énergétique et l’économie verte qui recueillent toute l’attention du Kazakhstan.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a, pour sa part, parlé du Forum sur l’énergie pour le développement inclusif qui vient de se tenir à Vienne.  Un des messages de cette conférence a été d’encourager une synergie, qui fait actuellement défaut, entre les efforts nationaux et régionaux dans ce domaine.  Le modérateur de la discussion, représentant lui-même un de ces pays -les Seychelles-, a estimé à cet égard qu’on devrait renforcer la coopération PEID-PEID dont on ne parle pas assez selon lui. 

Les questions de financement ont été évoquées à plusieurs reprises.  L’accès aux fonds reste très difficile, a ainsi souligné la représentante du Réseau des gouvernements régionaux pour le développement durable, avant de reprendre à son compte les exigences des jeunes concernant leurs besoins de formation et de participation pour mieux faire face aux enjeux de la planète.  La représentante du groupe des jeunes et des enfants a en effet demandé de reconnaître comme des partenaires égaux les jeunes insulaires qui accumulent les vulnérabilités, comme les jeunes handicapés.  « Nous avons un climat, un futur et une dernière chance.  Alors, travaillons de concert », a-t-elle lancé.  Il ne faut pas perdre la dynamique lancée à Apia (Samoa), a également demandé le représentant des États-Unis.

Table ronde 2: S’ouvrir vers le monde: communiquer sur l’agenda (E/HLPF/2015/2)

Ouvrant la table ronde, M. OH JOON (République de Corée), Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé que le programme de développement pour l’après-2015 ne pourra être couronné de succès que s’il est compris et activement appuyé par les acteurs gouvernementaux comme non gouvernementaux.  Il a ainsi souligné la nécessité d’entreprendre des efforts de communication autour de ce programme, qu’il a souhaités « créatifs » et innovants.

Ce point de vue a été partagé par l’animatrice de la table ronde, Mme CRISTINA GALLACH, Secrétaire générale adjointe à la communication et à l’information de l’Organisation des Nations Unies, qui a détaillé les efforts du Département de l’information visant à promouvoir les objectifs de développement durable.

Elle a notamment évoqué la conduite de campagnes de sensibilisation, dans plusieurs langues, ainsi que l’implication de figures connues du grand public.

M. FRANCIS LORENZO, Ambassadeur et Président honoraire de South-South News (République dominicaine), a souligné la nécessité de créer un programme qui soit compris par tous.  Il a appelé à établir un partenariat mondial entre les ONG, les célébrités et les experts afin de diffuser ce programme auprès du grand public.  « On ne peut demander aux journalistes d’écrire des articles sur des choses qu’ils ne comprennent pas », a-t-il dit, en insistant sur l’importance pour les journalistes d’être mieux informés sur les ODD.  Il faut diffuser ce programme le plus largement possible par le biais d’articles, mais aussi de films, a-t-il poursuivi.  Il est également nécessaire de raconter « davantage d’histoires et de donner un visage humain à notre travail ».  Enfin, il a suggéré que les journalistes écrivent des articles sur les négociations relatives au programme de développement et que les Nations Unies usent du « pouvoir transformateur de l’art » pour diffuser leur message.

M. GRAMMENOS MASTROJENI, Coordonnateur des initiatives contribuant au développement écologiquement durable au Ministère des affaires étrangères de l’Italie, a estimé que les êtres humains devraient se sentir concernés par le futur programme de développement, qui promeut « une nouvelle compréhension de la planète ».  La communication reste difficile en raison des partis pris, d’une réflexion trop partielle et du sentiment d’impuissance répandu parmi le grand public », a-t-il affirmé.

Afin d’y remédier, il a suggéré plusieurs pistes dont celle consistant à susciter un sentiment d’empathie.  « Mais ce sentiment est de courte durée et varie suivant les évènements », a-t-il dit, en expliquant qu’un ours polaire émouvra moins que les phytoplanctons, même si le sort de l’un et des autres sont liés.

La peur est un autre moyen de communication, a fait remarquer M. Mastrojeni, avant de mettre l’accent sur l’idée d’une corrélation vertueuse entre les individus et la planète.  « Ce qui est bon pour ma planète est bon pour moi, et ce qui est bon pour moi est bon pour ma planète », a-t-il résumé.  L’alimentation saine d’un individu, a-t-il expliqué, est bonne pour la planète.

M. MITCHELL TOOMEY, Directeur de la Campagne Objectifs du Millénaire, est revenu sur la campagne sur les OMD, qui est entrée dans sa dernière ligne droite dans les années 2013-2015.  Les réseaux sociaux, a-t-il dit, sont cruciaux pour propager le message clef de la campagne.  Quelque 7 millions de personnes ont ainsi été mobilisées.  Il a aussi indiqué que 3 000 bénévoles avaient fait du porte à porte dans la ville de Mexico pour savoir ce que ses habitants attendaient des OMD.  Il a souligné qu’il était donc important d’associer étroitement les acteurs de la société civile aux efforts de communication.

M. DAVID DROGA, Directeur publicitaire et fondateur de Droga5, New York, a détaillé les stratégies de communication les plus efficaces.  « Ce que vous voulez dire n’est pas forcément ce que votre interlocuteur veut entendre », a-t-il averti, tout en insistant sur la complexité des ODD.  Les efforts de communication doivent aboutir à un message suscitant l’émotion du grand public. « Il faut créer l’émotion pour susciter l’intérêt », a-t-il dit, en citant l’exemple d’une campagne autour de la loi d’assurance santé lancée par l’administration Obama qui avait donné la parole aux mères de célébrités.  

Mme EDITH LEDERER, Journaliste aux Nations Unies, a jugé que les ODD n’étaient pas très « vendeurs » et estimé qu’il serait difficile pour les journalistes d’écrire des articles sur ce sujet.  Elle a souhaité que 4 ou 5 objectifs principaux soient choisis parmi les 17 car ce nombre, a-t-elle fait remarquer, est trop élevé.

Mme MARIA MELINDA ANDO, Directrice du programme relatif aux technologies de l’information et des communications du Centre de l’Asie et du Pacifique des ressources et de la recherche pour les femmes (Philippines), a souligné l’importance de la liberté des médias et de l’accès à Internet.  Elle a aussi souligné l’acuité de la fracture numérique, qui pourrait entraver les efforts de communication autour du futur programme.  Les voix des plus marginalisés devraient être entendues, a estimé Mme Ando.  Un simple clic sur un réseau social, a-t-elle soutenu, peut contribuer à la promotion du changement social, comme l’ont fait de nombreux internautes au lendemain de la décision de la Cour suprême américaine sur le mariage homosexuel.

« Tous les êtres humains de la planète, en particulier les jeunes, doivent se sentir concernés par le programme de développement », a affirmé Mme MARY-JANE NCUBE, Directrice exécutive de Transparency International (Zimbabwe).  Elle a souligné la nécessité de sensibiliser également les enfants aux ODD.  Les efforts de communication doivent mettre l’accent sur l’universalité du programme pour être fructueux, a-t-elle ajouté.

Discussion interactive

La représentante du Mexique a indiqué que les ODD, à la différence des OMD, avaient été élaborés dans la plus grande transparence et bénéficié de l’apport d’acteurs de la société civile.  La communication permet également de rendre des comptes, a-t-elle dit, avant de souligner les efforts de son gouvernement en vue de mieux sensibiliser le public.  L’individu doit s’approprier ce programme, a-t-elle estimé avant de conclure.

La représentante de l’Allemagne, qui a rejeté l’idée de choisir 4 ou 5 objectifs, a demandé à M. Droga de présenter ses idées pour une stratégie de communication réussie concernant le programme de développement pour l’après-2015. « Il faut une campagne positive et inspirante », lui a répondu M. DROGA.

De son côté, la déléguée de la France a insisté sur la nécessité de diffuser le programme dans les langues appropriées.  La dimension politique des ODD, a-t-elle fait remarquer, est souvent occultée, alors qu’il s’agit d’une dimension essentielle.

Le représentant de la Norvège s’est dit surpris que le mot pauvreté n’ait pas été davantage mentionné cet après-midi.  S’il a estimé qu’il n’était pas nécessaire de faire connaître les 17 objectifs, son homologue du Libéria a déclaré que les citoyens du monde voulaient simplement que le développement devienne une réalité.  Les Nations Unies doivent convaincre les plus nantis de l’urgence qui s’attache à vaincre la pauvreté, a-t-il affirmé. 

Table ronde 3: S’ouvrir vers le monde: se former et apprendre pour le développement durable (E/HLPF/2015/2)

Cette troisième table ronde, qui était animée par M. JAFAR JAVAN, Directeur de l’École des cadres du système des Nations Unies à Turin (Italie), s’est concentrée sur une thématique clef, à savoir l’éducation et la formation au développement durable.

Comment les institutions d’enseignement ou de formation peuvent-elles apporter leur contribution au programme de développement pour l’après-2015?  Doivent-elles, par exemple, adapter leurs programmes scolaires ou universitaires?  Doivent-elles cibler certains groupes d’élèves ou d’étudiants?  Enfin, doivent-elles, d’emblée, offrir certaines matières incontournables?

Pour M. HANS WINKLER, Directeur de l’Académie diplomatique de Vienne (Autriche), il faudrait sans cesse garder à l’esprit que les institutions d’enseignement ou de formation ont la tâche de former les décideurs politiques de demain.  Au sein de l’Académie diplomatique de Vienne, il a été décidé d’adapter les programmes afin de cibler les futurs hommes politiques mais aussi le monde de l’entreprise, étant donné que de nombreux anciens étudiants de l’Académie rejoignent le secteur privé et celui des affaires.  S’agissant des matières à proposer, il a insisté sur la nécessité d’adopter une approche multidisciplinaire, qui inclurait à la fois des cours d’économie, de sciences politiques et d’histoire.  Il faut également trouver un équilibre entre des cours dispensés par du personnel académique et des cours données par des praticiens.

De son côté, M. ROMAIN MURENZI, ancien Ministre des sciences du Rwanda et Directeur exécutif de l’Académie des sciences du tiers monde (Italie), a tenu à rappeler que de nombreux pays, dont des pays en développement et des pays moins avancés, n’étaient pas prêts à mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  « Nombre d’entre eux se sont engagés à renforcer les capacités de leurs instituts ou de leurs universités mais ils manquent de doctorants et de professeurs.  Les infrastructures scientifiques et les laboratoires font également défaut », a-t-il souligné.

Mme MARIANNE BEISHEIM, Chercheuse principale à la Division des questions mondiales, au sein de l’institution « Stiftung Wissenschaft und Politik » (Allemagne), a alors axé sa présentation sur la mise en œuvre de partenariats locaux d’apprentissage ou de formation, notamment dans les pays en développement.  Dans le cadre de projets de recherche menés sur ces partenariats, son institution a notamment constaté que plusieurs facteurs contribuaient à leur succès, comme la consultation des communautés locales, le suivi et l’évaluation de leur fonctionnement, le partage des connaissances et la création de bases de données issues des expériences tirées de ces partenariats.  Tous ces éléments, a-t-elle souligné, peuvent être riches d’enseignements et apporter la formation nécessaire au personnel des Nations Unies.  

Discussion interactive

Au cours de la discussion interactive qui a suivi, le représentant du Libéria a rappelé qu’il existait une tradition ancienne d’échanges de professeurs entre les pays développés et les pays en développement.  « Des enseignants à la retraite de pays développés pouvaient s’installer dans des pays en développement pour y enseigner.  La formule a connu de nombreux succès et nous souhaiterions la voir renaître pour promouvoir le programme de développement durable », a-t-il dit.

Le représentant du Kazakhstan a, pour sa part, insisté sur la nécessité de créer un dialogue permanent avec les hauts responsables et directeurs des institutions d’enseignements des pays développés, telles que l’Académie de Vienne.  Rappelant que nombreux étudiants avaient été formés dans sa région, il a souligné que son pays était disposé à renouveler la coopération avec les régions du Sud en vue d’accueillir et de former des étudiants.  

Il est important d’encourager la mobilité des étudiants, a recommandé le représentant de l’Afrique du Sud, qui a toutefois insisté sur la nécessité d’offrir une formation qui débouche sur des emplois, en particulier des emplois qui contribuent au développement durable de leur pays.

Avant la conclusion des échanges, M. MURENZIA a repris la parole pour illustrer brièvement combien la mobilité internationale et la coopération étaient importantes pour les étudiants. « Un doctorat aux États-Unis coûte plus de 50 000 dollars par an.  Les sommes d’argent nécessaires pour suivre ou assurer une telle formation sont considérables », a-t-il fait observer.  L’Académie des sciences du tiers monde (Italie) qu’il dirige, a-t-il indiqué, peut compter sur des bourses, qui sont offertes notamment par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Ces bourses, a-t-il précisé, aident quelque 500 étudiants à devenir les experts du développement de demain.

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Forum politique de haut niveau: deux tables rondes soulignent le rôle des politiques nationales et le soutien régional aux politiques de développement

Conseil économique et social - Session de 2015,
matin & après-midi
ECOSOC/6705

Forum politique de haut niveau: deux tables rondes soulignent le rôle des politiques nationales et le soutien régional aux politiques de développement

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, convoqué sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC), a poursuivi, aujourd’hui, les débats de sa session 2015 en se penchant sur le rôle des politiques nationales en matière de développement et sur le soutien régional à apporter aux actions nationales.

Deux tables rondes ont réuni une douzaine de panélistes, représentants d’États Membres, responsables politiques, scientifiques ou experts en développement, autour de deux questions: Quels effets auront les objectifs de développement durable (ODD) sur l’élaboration de politiques nationales?  Comment renforcer la mise en œuvre des politiques nationales par l’entremise du palier régional?

Les objectifs de développement durable vont servir de catalyseurs et c’est pourquoi, il faudrait travailler ensemble pour les mettre en œuvre.  Cette idée a dominé, dans la matinée, la première table ronde, qui était animée par M. Debapriya Bhattacharya, membre éminent du Centre de dialogue sur les mesures à prendre, Dhaka (Bangladesh) et Président de la Voix du Sud sur les objectifs internationaux en matière de développement pour l’après-2015.

En lançant les discussions, le Vice-Président du Conseil économique et social a tenu à rappeler la corrélation très forte qui existe entre les 17 objectifs de développement durable (ODD).  Il a par ailleurs reconnu que leur mise en œuvre, d’ici à 2030, allait incontestablement exiger l’adoption de nouvelles approches intégrées.

      Plusieurs représentants des grands groupes ont insisté sur le caractère inclusif que devraient revêtir ces approches intégrées, à travers un travail de consultation et d’implication à la fois des jeunes, des femmes, des scientifiques ou des peuples autochtones.  Ils ont également mis l’accent sur la nécessité de disposer de statistiques et de données, d’assurer une évaluation transparente des indicateurs, ou encore de disposer d’un mécanisme de coordination ou de communication adéquat pour examiner ces indicateurs.

La délégation de la Colombie, par exemple, a fait part de son expérience à travers l’intégration dans son plan national de 180 indicateurs destinés à évaluer la mise en œuvre des ODD.  Toutefois, a précisé sa représentante, chaque État doit rester libre de décider comment il souhaite déterminer ces indicateurs.  Pour la Colombie, dire qu’on vit avec moins de 25 dollars par jour ne permet pas de mesurer de manière complète la pauvreté car, a précisé sa représentante, cela ne prend pas en compte, par exemple, d’autre indicateurs liés à l’éducation ou au bien-être.

Animée par Mme Ximena Ponce, membre du Parlement et ancienne Ministre de l’intégration économique et sociale de l’Équateur, la seconde table a permis de faire le point sur l’apport des cadres régionaux à l’application concrète des politiques de développement durable au niveau national.

M. Mohamed Ashraf Rashed, Ambassadeur et membre du Groupe de personnalités éminentes du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, a fait part des succès enregistrés par ce Mécanisme créé en 2003 pour évaluer les progrès accomplis en matière de gouvernance démocratique, de gouvernance économique, de gouvernance d’entreprise et de développement socioéconomique.  L’Afrique est la seule région au monde à s’être dotée d’un tel mécanisme d’évaluation volontaire qui réunit 35 pays, a-t-il expliqué, en exprimant le souhait que cet instrument puisse inspirer d’autres régions du monde.

Plusieurs panélistes et intervenants ont ensuite souligné combien l’action au niveau régional était primordiale pour appuyer les politiques de développement durable au niveau national.  C’est notamment le cas pour les pays les moins avancés (PMA) qui auront besoin d’un soutien technique pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, a indiqué M. Paul Ladd, Conseiller principal en matière de politiques, Bureau des politiques et de l’appui aux programmes du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à New York.

Dans ce contexte, le rôle des commissions régionales, à travers leurs mécanismes régionaux de coordination -qui visent à renforcer la coordination entre les institutions du système des Nations Unies et autres acteurs au niveau régional– a été largement souligné par Mme Roula Majdalani, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO).  Les commissions régionales peuvent appuyer efficacement les États Membres dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, a-t-elle expliqué, tout en plaidant pour de plus fortes interactions entre les forums régionaux de développement durable et le Forum politique de haut niveau.

Le Forum politique de haut niveau sur le développement a été créé à la suite de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable « Rio+20 », en juin 2012, en vue de bâtir « L’avenir que nous voulons » comme le stipule le Document final de la Conférence.  Il a pour mission d’appuyer les initiatives, les directives, les recommandations, ainsi qu’un examen des engagements relatifs au développement durable, y compris les objectifs de développement durable.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde 1: Modifier les approches d’élaboration de politiques: le rôle des objectifs de développement durable (A/70/75–E/2015/55, E/HLPF/2015/2, E/HLPF/2015/3 et E/HLPF/2015/3/Add.2)

Les objectifs de développement durable (ODD) vont-ils engendrer des changements de politiques ou, à l’inverse, faudra-t-il changer de politiques pour mettre en œuvre ces objectifs?  Cette question a dominé, ce matin, la première table ronde du Forum politique de haut niveau sur le développement durable convoqué sous les auspices du Conseil économique et social.

Avant de céder la parole aux différents panélistes et intervenants, M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie), Vice-Président du Conseil économique et social, a tenu à rappeler la corrélation très forte qui existe entre les 17 objectifs de développement durable (ODD).  Il a par ailleurs reconnu que leur mise en œuvre, d’ici à 2030, allait incontestablement exiger de nouvelles approches intégrées.

Partageant cet avis, M. DEBAPRIYA BHATTACHARYA, membre éminent du Centre de dialogue sur les mesures à prendre, Dhaka (Bangladesh), et Président de la Voix du Sud sur les objectifs internationaux en matière de développement pour l’après-2015, a animé les échanges en insistant sur le fait qu’il ne suffisait pas de fixer des objectifs.  Il faudrait qu’ils soient accompagnés de réformes institutionnelles et qu’ils prennent en compte quatre dimensions pour un avenir commun, à savoir l’universalité du programme de développement, l’inclusion sociale, la participation de tous, ainsi qu’une réelle transformation de nos approches et de nos politiques.  

Pour sa part, M. KAREL J.G. VAN OOSTEROM, Représentant permanent des Pays-Bas auprès des Nations Unies, a insisté sur la nécessité de réaliser de nouveaux partenariats en faveur du développement.  Cette tâche n’incombe pas exclusivement aux gouvernements, elle concerne également les citoyens et la société civile, a-t-il estimé.  Les Pays-Bas, a-t-il précisé, gardent à l’esprit une approche à la fois européenne et caribéenne, compte tenu de leurs liens avec Aruba, Curaçao et Saint-Martin.  Aujourd’hui, le défi pour les Pays-Bas consiste à poursuivre ses efforts en matière de coopération au développement, d’assurer la cohérence des politiques et de travailler à faire en sorte que les ODD soient intégrés au niveau politique.  Il s’agit, par exemple, de s’assurer que les informations et les indicateurs soient prêts et de veiller à ce que les organisations, la société civile, les jeunes, par exemple, contribuent à leur préparation.  Il a particulièrement mis l’accent sur le rôle des jeunes dans ce processus car, a-t-il rappelé, « ce sont eux les adultes de 2030 ».

De son côté, M. PATRICK BIRUNGI, Directeur de National Planning Authority, a regretté le fait que la planification nationale ne soit pas en adéquation avec les réalités du terrain et celles des communautés ou des foyers.  Dans ce contexte, il a estimé que les discussions relatives aux ODD aux niveaux international et régional représentaient une occasion unique de transformer et de repenser ce qui se fait ou a été fait en matière de politiques nationales.  « Aujourd’hui, la différence par rapport à l’an 2000 est que nous comprenons mieux la manière dont le programme de développement peut être conçu », a-t-il souligné, avant de plaider pour la mise en place de mécanismes d’évaluation intégrés au niveau national et a également insisté sur la nécessité de disposer de données transparentes.

Mme JAROSLAVA JERMANOVÁ, Vice-Présidente du Parlement de la République tchèque, a, quant à elle, souligné la nécessité de créer un consensus social durable autour des ODD entre les électeurs et les responsables politiques.  Elle a estimé que certains pays n’étaient pas prêts lors de l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2000, et qu’il faudrait donc tenir compte des différentes circonstances propres à chaque pays.  Elle a aussi mis en exergue l’importance de la présence des femmes dans les processus politiques car celles-ci, a-t-elle dit, restent trop souvent à l’écart, soit par manque de confiance en elles, soit par manque de solidarité.

M. Y.W. JUNARDY, Président commissionnaire de PT Rajawali Corpora et Président du Réseau local du Pacte mondial (Indonésie), a exprimé le souhait de voir son pays mettre en place un centre de données publiques.  Il est par exemple très compliqué, a-t-il dit, de disposer d’informations sur le rôle et la place des entreprises dans la mise en œuvre des ODD.  M. Junardy s’est également déclaré en faveur de la création d’une instance de haut niveau qui serait chargée d’assurer la coordination et la cohérence des politiques au niveau national.

Mme GALINA ANGAROVA, Tebtebba (États-Unis), qui s’exprimait au nom du grand groupe des peuples autochtones, a souligné combien les réalités sur le terrain pouvaient être très différentes des salles de réunion et de discussion.  « De nombreuses personnes souffrent de discriminations fondées sur leur âge, leur sexe ou leur condition », a-t-elle rappelé.  Estimant que les objectifs de développement durable représentent une amélioration considérable, elle a toutefois déploré l’absence de feuille de route et d’objectif global de vie durable.

Lors de la discussion interactive, une représentante du grand groupe des femmes a estimé qu’outre des changements politiques et des changements institutionnels, les objectifs de développement durable allaient aussi nécessiter l’adoption d’un ensemble de lois.  Pour sa part, un responsable du grand groupe des jeunes a souligné que l’éducation était l’instrument de changement le plus précieux pour réaliser les objectifs de développement durable et le programme de développement pour l’après-2015

Le représentant du Brésil a ensuite mis l’accent sur la nécessité d’appuyer une mobilisation de tous à tous les niveaux, tandis que son collègue de l’Afrique du Sud a plaidé pour la mise en place d’un véritable changement économique à travers nos modes de consommation et de production.

« Allons-nous donner un poids égal à chacun des trois piliers du développement durable?  Ou est-ce que chaque volet va évoluer au fil du temps?  Comment faire cet exercice d’équilibrage? » a alors lancé aux participants le modérateur, M. BHATTACHARYA.

Répondant à cette question, M. VAN OOSTEROM a recommandé une meilleure gestion des politiques de mise en œuvre de la part des pouvoirs publics en recommandant de ne pas détruire les initiatives, tandis que M. BIRUNGI a suggéré la mise en place d’un mécanisme institutionnel fort qui réunisse tous les acteurs.  Mme JERMANOVÁ a mis l’accent pour sa part sur le respect des différences culturelles, en souhaitant éviter des malentendus au niveau national qui auraient un impact au niveau international.

La délégation de la Colombie a ensuite fait part de son expérience à travers l’intégration dans son plan national de 180 indicateurs destinés à évaluer la mise en œuvre des ODD.  Toutefois, a précisé sa représentante, chaque État doit rester libre de décider comment il souhaite déterminer ces indicateurs.  Pour la Colombie dire par exemple qu’on vit avec moins de 25 dollars par jour ne permet pas de mesurer de manière complète la pauvreté car, a précisé sa représentante, cela ne prend pas en compte, par exemple, d’autres indicateurs liés à l’éducation ou au bien-être.

En conclusion, M. Bhattacharya a reconnu qu’il n’était pas simple de prévoir si, oui ou non, les objectifs de développement durable allaient engendrer des changements de politiques.  Ce qui est certain, a-t-il dit, c’est que les ODD vont agir comme des catalyseurs et que tous les intervenants, aujourd’hui, ont insisté sur la nécessité de travailler ensemble pour les mettre en œuvre.

Table ronde 2: Soutien régional à l’action nationale: comment renforcer la mise en œuvre et l’examen nationaux par l’entremise du palier régional? (E/HLPF/2015/2, E/HLPF/2015/3, E/HLPF/2015/3/Add.1, E/HLPF/2015/3/Add.2, E/HLPF/2015/3/Add.3, E/HLPF/2015/3/Add.4 et E/HLPF/2015/Add.5)

Animée par Mme XIMENA PONCE, membre du Parlement et ancienne Ministre de l’intégration économique et sociale de l’Équateur, cette table ronde a permis de faire le point sur l’apport des cadres régionaux à l’application concrète des politiques de développement durable au niveau national.

Lançant la discussion, M. VAJRA NARAMPANAWA, Secrétaire du Ministère d’État de l’environnement de Sri Lanka, et Vice-Président du Forum Asie-Pacifique sur le développement durable, a rappelé que le Forum Asie-Pacifique sur le développement durable s’était tenu à Bangkok en mai dernier.  Toutes les parties prenantes ont réitéré l’importance d’une approche globale en faveur du développement durable, en faisant fond sur un équilibre entre ses trois piliers, a-t-il affirmé.

Le Forum avait lancé un appel en faveur de la justice sociale et d’une gestion durable de l’environnement comme constituant des objectifs fondamentaux, a-t-il ajouté.  Les régions doivent commencer à parler des modalités de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé, avant de plaider pour une association étroite du secteur privé avec ces efforts de mise en œuvre.  Les États membres avaient convenu qu’il était nécessaire de renforcer les mécanismes régionaux pour le suivi de la mise en œuvre du futur programme de développement.  Le Forum va adopter une feuille de route régionale pour guider les États dans l’application de ce programme, a-t-il assuré.

M. Narampanawa a ensuite mentionné les multiples défis auxquels la région est confrontée, ce qui exige une coopération régionale et internationale pour y faire face.  Il a déclaré que la région Asie-Pacifique avait accompli des progrès considérables en vue de la réalisation des OMD, même si les progrès étaient inégaux entre les pays.  Enfin, il a fait remarquer que la transition vers des sentiers de croissance plus durables dépassait les capacités des pays concernés et devrait donc être appuyée.

M. MOHAMED ASHRAF RASHED, Ambassadeur et membre du Groupe de personnalités éminentes du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, a expliqué que ce Mécanisme avait été conçu en 2003 afin d’évaluer les progrès accomplis en matière de gouvernance démocratique, de gouvernance économique, de gouvernance  d’entreprise et de développement socioéconomique. L’Afrique est la seule région au monde à s’être dotée d’un tel mécanisme volontaire, a-t-il affirmé.  M. Rashed a mentionné les principaux principes directeurs de ce Mécanisme, citant notamment les principes d’appropriation nationale et de transparence.  Le Mécanisme compte 35 pays, a-t-il précisé.  Le Mécanisme appuie les pays pour relever les défis du développement durable et ses objectifs sont cohérents avec les ODD, a assuré M. Rashed.  Il a estimé qu’il était nécessaire d’évaluer les progrès dans la mise en œuvre des ODD, en soulignant que le Mécanisme était plus ambitieux que celui de l’OCDE.  Enfin, M. Rashed a indiqué que le Forum de haut niveau pourrait s’inspirer de ce Mécanisme pour d’autres régions du monde.

M. CHRISTOPHE BRODHAG, Expert principal à l’Organisation internationale de la Francophonie et Directeur de la recherche à l’École des mines (France), a détaillé le processus de revue par les pairs suivi par son organisation, en ajoutant que 10 pays avaient fait l’objet d’un tel processus, dont la France, le Niger, la Côte d’Ivoire ou bien encore la Belgique.  Il a indiqué que le processus impliquait les plus hautes autorités des États, ainsi que les acteurs clefs de la société civile, et aboutissait à la rédaction d’un rapport de contexte.  Ce rapport est ensuite analysé par les pairs, a-t-il dit, avant d’expliquer que ces derniers tenaient ensuite un atelier de travail, au cours duquel ils communiquaient leurs observations « à chaud » au pays concerné.

M. Brodhag a ensuite souligné les avantages d’un tel processus, en précisant qu’un point de vue extérieur permettait de mieux cerner les défis auxquels un pays est confronté.  Ce processus est un partage d’expériences et non pas une évaluation ou une sanction, a-t-il affirmé.  L’échelle régionale d’un tel processus par les pairs est la plus pertinente, a-t-il dit, en suggérant que des pairs puissent être originaires de régions différentes.

M. PAUL LADD, Conseiller principal en matière de politiques, Bureau des politiques et de l’appui aux programmes, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que les efforts entrepris au niveau régional étaient essentiels pour appuyer les politiques de développement durable au niveau national.  Il a souligné que les PMA auraient besoin d’un soutien technique pour mettre en œuvre les objectifs de développement durable, comme cela avait été le cas pour les OMD.  Il a ensuite mis l’accent sur le rôle que pourraient jouer les commissions économiques régionales pour appuyer les pays, en rappelant que ces commissions étaient dotées de l’expertise technique nécessaire.  Enfin, il a indiqué que le niveau régional était un espace de discussion de défis communs pour les pays, permettant d’aboutir à des solutions communes et de faire advenir les « biens publics régionaux ».

Mme ROULA MAJDALANI, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale, a affirmé que les commissions économiques régionales pouvaient appuyer efficacement les États Membres dans la mise en œuvre des ODD.  « Les mécanismes régionaux de coordination, assurés par les commissions régionales et qui visent à renforcer la coordination entre les institutions des Nations Unies et autres acteurs au niveau régional, sont des moyens efficaces pour améliorer la cohérence des politiques suivies par les pays dans le domaine du développement durable », a-t-elle assuré.

Les commissions régionales jouent un rôle clef dans les consultations régionales sur les questions relatives au programme de développement durable, a souligné Mme Majdalani, qui a également souhaité une interaction accrue entre les forums régionaux de développement durable et le Forum de haut niveau.

Discussion interactive

Le représentant du Burkina Faso a indiqué que son pays avait été l’objet d’un processus par les pairs qui avait débouché sur l’adoption d’une stratégie de croissance accélérée pour les années 2011-2015.  Un tel processus nécessite un engagement politique fort, a-t-il affirmé.

Le représentant de l’Afrique du Sud a souligné l’ambition de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  La question des ressources est cruciale pour la bonne mise en œuvre des ODD, a-t-il insisté, avant de souhaiter que de nouvelles ressources soient identifiées.

Pour le représentant de l’Union européenne, la responsabilisation au niveau national est un élément clef du futur programme de développement.  Tous les pays devraient faire rapport sur les progrès accomplis dans l’application de ce programme, a-t-il affirmé, avant de souligner qu’une étroite association du secteur privé aux efforts nationaux de développement était essentielle.

Les pays des Caraïbes  et de l’Amérique latine vont lancer un Forum régional pour le développement durable, a indiqué le représentant du Brésil, avant d’évoquer les défis auxquels la région est confrontée, en particulier l’élimination de la pauvreté.

Le représentant du Zimbabwe a souligné qu’il était nécessaire de renforcer les capacités de collecte statistique des pays en développement en vue de la mise en œuvre des ODD.  Enfin, il a souhaité la mobilisation de nouvelles ressources techniques et financières en faveur des pays en développement.

La représentante de la Fédération de Russie a mis l’accent sur l’importance de l’appui fourni par les commissions régionales dans l’application des politiques nationales de développement.  Elle a aussi estimé que les processus d’évaluation des pays ne devraient pas déboucher sur un classement de ces États.

Il est nécessaire de renforcer les capacités de collecte statistique des pays en développement en vue de la mise en œuvre des ODD, a préconisé le représentant de l’Égypte, qui a également parlé de la question importance des moyens visant à mettre en œuvre le futur programme de développement.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil de sécurité dresse le bilan d’un mois de juin « productif mais difficile », comme en témoigne la situation au Burundi

7479e séance – après-midi
CS/11956

Le Conseil de sécurité dresse le bilan d’un mois de juin « productif mais difficile », comme en témoigne la situation au Burundi

Les membres du Conseil de sécurité ont dressé aujourd’hui le bilan de leurs travaux mensuels et constaté un mois « productif », avec pas moins de 26 réunions et de 22 textes adoptés, mais aussi un mois « difficile » au vu des évènements récents auxquels il a fallu réagir, comme la situation au Burundi.  

Le Représentant permanent de la Malaisie, M. Ramlan Bin Ibrahim, qui présidait le Conseil de sécurité ce mois-ci, a expliqué que sa délégation avait voulu se concentrer sur trois questions: le maintien de la paix, la consolidation de la paix et les enfants en temps de conflit armé.  Il a rappelé que l’examen de cette dernière question a abouti à la résolution 2225 (2015) qui inclut l’enlèvement au nombre des violations graves entraînant l’inscription sur la Liste en annexe du rapport du Secrétaire général, dite la « Liste de la honte ».

Comme l’ensemble de ses homologues, le Président du Conseil a regretté la dégradation de la situation au Burundi, au Soudan, au Soudan du Sud, en Ukraine ou encore au Yémen.  Il a exprimé sa préoccupation face à la situation des migrants dans la Méditerranée.  La protection des civils contre l’extrémisme violent reste aussi une tâche très importante du Conseil, a-t-il souligné, avant de saluer l’initiative de la Lituanie et de l’Espagne de convoquer, le mois prochain à Madrid, une réunion sur le Comité créé en vertu de la résolution 1373 (2001) relative à la lutte contre le terrorisme.

Au moment où l’ONU célèbre son soixante-dixième anniversaire, le Président du Conseil a salué le fait que les Nations Unies et le Conseil de sécurité aient été aux avant-postes du maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, enregistrant de nombreux succès depuis leur création.  Il a toutefois regretté que certains défis semblent difficiles à relever, plaçant en haut de la liste la question de Palestine et ses crises à répétition pendant presque toute l’existence de l’ONU.  L’ONU est restée trop longtemps inefficace, s’est-il impatienté, refusant le statu quo.  Il a dès lors demandé à toutes les parties de se réengager dans le règlement d’un conflit qui n’a que trop duré, encourageant aussi le règlement des autres conflits dans la région. 

Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, devrait organiser des débats sur le Moyen-Orient pour examiner la situation des pays qui supportent le fardeau des réfugiés.  Le Conseil devrait aussi s’attarder sur les implications futures des conflits en Afrique, dont l’émigration clandestine.  Le Mali et le Burundi, a cité le représentant français.  Si le premier dossier est porteur d’espoir, le second ne cesse d’inquiéter la France.  Il faut rester vigilant sur le dossier burundais, a concédé le représentant de la Malaisie qui a rappelé que, le 26 juin, le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’urgence pour demander aux parties d’engager un dialogue axé sur les mesures à prendre pour créer les conditions propices à la tenue d’élections libres, régulières, transparentes et crédibles. 

Pourtant ce 28 juin et malgré les réticences de l’Union africaine et du Secrétaire général, le Burundi a tenu ses élections, a relevé la délégation des États-Unis en prévenant du risque de conflit car les consultations ne se sont déroulées « ni dans la transparence ni dans la régularité ».  Mais, a plaidé le représentant de la Fédération de Russie, un nouveau report des élections aurait mené à un vide constitutionnel et au chaos.

Le chaos est également craint par plusieurs délégations au Darfour, comme cela a été mentionné hier lors du renouvellement du mandat de l’Opération hybride Union africaine-ONU au Darfour (MINUAD).  Le représentant du Chili a insisté sur la coopération avec la Cour pénale internationale dont la Procureure a réaffirmé hier la validité du mandat d’arrêt contre le Président soudanais.  Pour ce qui est du Soudan du Sud, plusieurs délégations ont exprimé leur vive inquiétude quant aux graves violations des droits de l’homme qui y sont commises, la Mission des Nations Unies (MINUSS) signalant notamment des cas de personnes brûlées vives, comme l’a rappelé le représentant des États-Unis.  Ce dernier a aussi parlé de la situation au Yémen en demandant aux membres du Conseil de sécurité d’utiliser leur influence pour faire avancer le processus de Genève et obtenir une pause humanitaire.

Le délégué américain a aussi dénoncé le nombre de victimes en Syrie et a appelé à l’action.  Le Conseil peut et doit agir pour protéger les civils en Syrie, a exigé son homologue de la Malaisie.  Rappelant que les groupes terroristes, Daech et le Front el-Nosra, continuent de progresser et que ce mois-ci a été endeuillé par de terribles attentats terroristes en France et ailleurs, le représentant français a estimé que, plus que jamais, l’unité du Conseil de sécurité était nécessaire « pour faire barrage aux fanatiques ».  Les membres du Conseil de sécurité ont tous exprimé leurs craintes face à la montée du terrorisme, notamment Daech qui s’approche de l’Asie centrale, a noté avec inquiétude le représentant russe.  Il a profité du débat pour parler de la situation en Ukraine, accuser cette dernière de ralentir la mise en œuvre de l’Accord de Minsk et appeler les membres du Conseil de sécurité « qui répètent la propagande » à réfléchir à leur responsabilité et à éviter de dégrader l’atmosphère.

Le Président du Conseil pour le mois de juin a encouragé ses homologues à progresser dans les discussions sur le prochain Secrétaire général.  Les membres du Conseil devraient être en mesure de dialoguer avec les candidats, a suggéré le représentant de l’Espagne et plaidant pour plus de transparence, son homologue britannique a souligné qu’il était plus que temps qu’une femme dirige l’ONU.  Le représentant russe s’est tout de même étonné que cette question soit inscrite à l’ordre du jour, en juin et en juillet, alors que le mandat du Secrétaire général actuel n’expire qu’en 2016.  À propos de mandat, son homologue de la Lituanie a dit craindre un vide après le départ de la médiatrice du régime des sanctions contre Al-Qaida.

Au mois de juillet, le Conseil de sécurité sera présidé par la Nouvelle-Zélande.  Le représentant du Venezuela a souligné l’importance des échanges avec les organisations internationales, alors que son homologue russe plaidait pour une interaction constructive avec les pays hôtes des opérations de maintien de la paix dont la souveraineté a été défendue par le représentant de la Chine.  Son homologue de la Lituanie a jugé malheureux que le Conseil s’écarte de sa pratique en refusant la participation des États non membres à l’examen des trois organes subsidiaires chargés des mesures antiterroristes.

Le délégué de l’Espagne a d’emblée indiqué qu’il travaille avec l’Angola à l’organisation d’un débat sur les méthodes de travail du Conseil, lequel aurait lieu au mois d’octobre, pendant la présidence espagnole du Conseil.  L’Espagne entend aussi organiser un débat de haut niveau sur la résolution 1325 relative aux femmes et aux conflits armés.  Le représentant du Royaume-Uni a souhaité des débats plus interactifs et plus conviviaux, conseillant même aux représentants permanents de s’appeler par leur prénom.  Les membres du Conseil devraient avoir davantage de contacts officieux, a ajouté son homologue de la Nouvelle-Zélande.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Soulignant qu’un accord est indispensable à Paris, l’Assemblée générale conclut le débat de haut niveau qu’elle a tenu pendant deux jours sur les changements climatiques

Manifestation de haut niveau sur les changements climatiques,
Soixante-neuvième session, matin
AG/11660

Soulignant qu’un accord est indispensable à Paris, l’Assemblée générale conclut le débat de haut niveau qu’elle a tenu pendant deux jours sur les changements climatiques

L’Assemblée générale a conclu aujourd’hui la manifestation de haut niveau sur les changements climatiques qu’elle avait entamée hier en présence d’une trentaine de ministres de l’environnement et des affaires étrangères.  

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa, a remercié aujourd’hui l’ensemble des intervenants dont beaucoup se sont accordés sur la nécessité de lancer immédiatement une action concertée pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et promouvoir la croissance verte. 

Des représentants de plus de 60 pays, ainsi que des experts d’organisations internationales, de la société civile et des secteurs privé et public se sont succédés à la tribune au cours des deux derniers jours dans l’espoir de donner une vigoureuse impulsion aux négociations qui sont en cours sur la question climatique et favoriser l’adoption d’un accord ambitieux à l’issue des travaux de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21) qui se tiendra à Paris, en France, du 30 novembre au 11 décembre 2015*.

À l’instar des recommandations entendues lors du débat d’hier, la plupart des intervenants ont de nouveau aujourd’hui souligné la nécessité de parvenir à la conclusion et à l’adoption, à Paris, d’un accord juridiquement contraignant s’appuyant sur le respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée, ceci, en rappelant que les pays en développement ont peu contribué à l’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, mais qu’ils sont cependant ceux qui, aujourd’hui, souffrent le plus des effets des changements climatiques.  D’aucuns ont rappelé la responsabilité particulière qui incombe aux pays développés, et notamment à ceux d’entre eux qui sont historiquement les principaux émetteurs de gaz à effet de serre responsables du réchauffement du climat de la planète.  Ces pays riches et développés ont été vivement exhortés à soutenir, appuyer et financer les efforts d’atténuation et d’adaptabilité que mènent les pays en développement et qui doivent être renforcés. 

Parmi les délégations qui ont présenté leurs efforts et leurs objectifs de réduction des émissions de carbone, le représentant du Costa Rica a indiqué que son pays a été le premier du monde en développement, à mettre en place il y a 20 ans une taxe sur les produits fossiles destinée à financer la préservation de son environnement.  « Nous avons comme objectif de parvenir à la neutralité en carbone d’ici à 2021 », a souligné le représentant du Costa Rica, tandis que celui de l’Uruguay citait la mise en place dans son pays d’un programme de renforcement de la résilience des écosystèmes des 660 000 kilomètres de côtes dont dispose l’Uruguay. 

Mme Lakshmi Puri, Directrice adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a relevé que le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a mis l’accent sur la surmortalité des femmes, liée aux effets des changements climatiques.  « Parce que ce sont elles qui sont chargées d’aller chercher l’eau et de trouver la nourriture pour la subsistance de la famille, ce sont les femmes qui souffrent d’avantage que toute autre personne des conséquences du réchauffement et des aléas climatiques », a déploré Mme Puri, avant de juger indispensable que soient intégrés les objectifs d’autonomisation des femmes à tous les niveaux et dans tous les accords relatifs à la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

M. Martin Frick, Directeur de la Division du climat de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a appelé les États Membres à aller vers un accord en gardant à l’esprit les questions de sécurité alimentaire et de productivité agricole.  Il faut s’attaquer simultanément à la lutte contre la pauvreté et aux changements climatiques, a-t-il recommandé.

 

*Voir le communiqué AG/11658

MANIFESTATION DE HAUT NIVEAU SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Déclarations

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a indiqué que son pays veillait à réduire ses émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir une économie verte.  Plus de 7 000 projets menés sous l’égide du Roi ont été mis en œuvre à cette fin, a-t-il affirmé.  Il a ensuite estimé que la coopération entre États et les partenariats public-privé étaient des éléments clefs de la lutte contre les changements climatiques.

Mme LOURDES O. YPARRAGUIRRE (Philippines) a rappelé que les Philippines étaient dans le monde le troisième pays le plus vulnérable aux effets et aux conséquences des changements climatiques.  Elle a souligné la nécessité de mettre en place des partenariats réellement actifs entre pays développés et pays en développement, ainsi qu’entre les pays en développement, pour lutter contre les changements climatiques.  Puis, elle a mentionné l’appel de Manille, lancé par la France et les Philippines, dans lequel il a notamment été souligné que les pays en développement sont en première ligne de la lutte contre ce phénomène.  Enfin, elle a indiqué que l’objectif de limiter le niveau du réchauffement climatique à 2 degrés Celsius devait être revu à la baisse et fixé à 1,5 degré.  « Lors de la prochaine Conférence de Paris, nous aurons une occasion unique de conclure un accord ambitieux », a-t-elle dit.

M. OH JOON (République de Corée) a déclaré que toutes les parties devront formuler des propositions ambitieuses à Paris au mois de décembre prochain.  Il a souhaité qu’un nouvel élan soit imprimé afin d’honorer la promesse qui a été faite de mobiliser 100 milliards de dollars par an pour atténuer les conséquences des changements climatiques.  Le Fonds vert devra être mieux doté en ressources, a d’autre part préconisé le représentant avant d’indiquer que la République de Corée allait renforcer ses projets de coopération, ainsi que sa contribution au Fonds vert, pour lutter contre les changements climatiques.

M. SILVIANA GARCÍA (Uruguay) a dit que l’adaptation au changement climatique est une priorité pour son pays, avant d’ajouter que l’Uruguay était conscient que le changement climatique est une menace pour le développement durable.  Elle a déclaré que la production agricole de l’Uruguay, qui est un petit pays de 3 millions d’habitants, contribuait aux besoins alimentaires de millions de personnes en dehors du pays.  Elle a souligné l’importance de la conservation des terres et estimant que c’est un élément de la lutte contre le changement climatique.  Elle a dit qu’il fallait mettre l’accent sur les efforts d’adaptation des pays, dont le sien, au changement climatique.  Évoquant les efforts de l’Uruguay en la matière, elle a cité la mise en œuvre d’un programme d’amélioration de la résistance des écosystèmes côtiers pour préserver les 660 000 km de côtes dont dispose le pays des conséquences néfastes des changements climatiques. 

Mme TANIERIS DIEGUEZ LAO (Cuba) a déclaré que le changement climatique est un des plus grands défis du XXIe siècle pour l’humanité.  Elle a estimé que la réponse à apporter à ce défi exigeait la mise en place d’un environnement international adéquat et le respect par les pays industrialisés des engagements qui leur incombent au titre de la CCNUCC.  Elle a jugé contreproductif d’imposer aux pays des mesures de gestion sans tenir compte des impératifs économiques et sociaux de leurs populations.  Elle a souhaité que l’on facilite aux pays en développement l’accès au Fonds vert pour le climat, et a insisté que les ressources du Fonds ne devaient pas être perçues comme étant parties de celles de l’aide publique au développement (APD).   

M. NICHOLAS EMILIOU (Chypre) a déclaré que la communauté internationale ne peut se permettre d’échouer à la COP 21 à Paris, et il a rappelé que l’existence de l’humanité était menacée.  Il a indiqué que son pays s’est engagé à réduire de 80 à 90% ses émissions de carbone d’ici à 2050 et il a invité tous les autres pays à en faire autant.  Il a jugé indispensable que l’on parvienne à adopter un accord juridiquement contraignant, ambitieux, et équilibré qui garantisse que globalement on pourra rester en dessous du seuil de 2 degrés d’augmentation des températures de la planète d’ici à 2100.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentina) a indiqué que l’augmentation de la température mondiale et les effets qui en découlent atteindront bientôt un seuil irréversible si la communauté internationale n’agit pas maintenant.  Ce sont les pays développés qui doivent jouer un rôle de chef de file dans la lutte à mener contre la détérioration du climat, a-t-elle dit, avant d’affirmer que le prochain accord que l’on espère conclure à Paris devra respecter le principe de la responsabilité commune mais différenciée et celui de l’équité.  Elle a aussi déclaré que les engagements financiers devront répondre aux attentes des pays en développement.  Puis, elle a détaillé les efforts que mène l’Argentine contre les effets du changement climatique, en misant notamment sur le transport ferroviaire pour l’acheminement de marchandises.  En conclusion, elle a appelé les pays à assumer leurs responsabilités, qui sont communes mais différenciées, afin de répondre au défi capital que pose le changement climatique.

M. OMAR HILALE (Maroc) a invité la communauté internationale à agir collectivement, sur la base de la responsabilité commune mais différenciée, en vue d’établir un nouveau partenariat en mesure de relever les défis posés par le changement climatique.  Puis, il a détaillé les efforts de son pays dans la lutte contre le réchauffement du climat, mentionnant notamment l’élaboration d’un plan d’investissement vert.  La lutte contre la sécheresse et la désertification occupe une place importante dans l’action du Gouvernement du Maroc, a-t-il poursuivi, avant de rappeler que la Constitution adoptée en 2011 avait consacré le droit de toute la population à disposer d’un environnement sain.  En conclusion, le représentant a jugé nécessaire d’octroyer des aides financières aux pays en développement en tenant les engagements qui ont été formulés en 2009 concernant le versement de 100 milliards de dollars d’aide annuelle d’ici à 2020.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a jugé essentiel de revoir les pratiques de gestion de l’eau en Asie centrale dans le contexte des efforts d’adaptabilité au changement climatique et dans le cadre de la mise en œuvre d’un développement économique et social durable.  Il s’est félicité que son pays ne soit que cent-cinquantième sur la liste des émetteurs de carbone en précisant que le niveau moyen d’émission de carbone par habitant au Tadjikistan est 10 fois plus bas que la moyenne mondiale.  Il a indiqué que 90% de l’énergie utilisée par les habitants du Tadjikistan était d’origine renouvelable et notamment hydroélectrique. 

À deux semaines de la Conférence internationale d’Addis-Abeba sur le financement du développement, M. DO HUNG VIET (Viet Nam) a, pour sa part, jugé cruciale la question du financement de l’atténuation et de l’adaptabilité au changement climatique.  Il a exhorté les pays en développement à être ambitieux en matière de lutte contre le changement climatique et les pays développés à soutenir les efforts des premiers cités, notamment par le biais d’une assistance appropriée à leurs besoins.

M. MUHAMMAD ANSHOR (Indonésie) a appelé de ses vœux la conclusion et l’adoption un accord « solide » sur le climat à Paris.  Cet accord devra être basé sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée.  L’objectif mondial en termes d’atténuation des effets du changement climatique devra être ambitieux, a-t-il dit.  Puis, il a indiqué que le principe de la responsabilité commune mais différenciée devra également régir les efforts de financement des programmes à mener.  Enfin, il a souhaité que la Conférence de Paris, prévue au mois de décembre 2015, « se déroule de manière transparente ».

M. AKAN RAKHMETULLIN (Kazakhstan) a rappelé les engagements pris par son pays pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et promouvoir une économie verte.  « Mon gouvernement offre des aides aux entreprises afin qu’elles parient sur les énergies renouvelables », a-t-il notamment déclaré.  Puis, il a affirmé que son pays restait engagé aux côtés de la communauté internationale afin d’étudier les moyens de créer un modèle économique plus respectueux de l’environnement.  Enfin, il a indiqué que l’Exposition internationale de l’année 2017, qui doit se tenir à Astana à la date indiquée, mettra l’accent sur les enjeux de la lutte contre le changement climatique.

M. CASTRO (Costa Rica) a dit que son pays était le premier pays en développement à avoir mis en place, au début des années 1990, une taxe sur les produits fossiles et un mécanisme financier novateur reconnaissant que les services écosystémiques étaient essentiels pour réaliser les objectifs de développement humain.  Il a dit que cette taxe a permis d’affecter 200 millions de dollars à la protection d’un million d’hectares de terres.  Il a dit que le Costa Rica souhaitait atteindre la neutralité carbone en 2021.  Nous devons aller au-delà de l’atténuation et de l’adaptation en imposant un objectif d’émission par habitant ambitieux, préconisé le représentant.  Il a souligné la nécessité pour l’Amérique centrale de parvenir à une position conjointe en vue de la COP 21 à Paris.  

M. BARLOCHER (Suisse) a déclaré qu’il est nécessaire pour les pays de définir et d’annoncer leurs contributions au niveau national (CPDN) à la lutte contre le changement climatique, ceci bien avant la tenue de la COP 21 de Paris.  Il a invité les États à mettre en place une politique nationale en matière de changement climatique en se fixant des objectifs d’émission de carbone.  Il a souligné l’importance d’introduire de nouvelles technologies favorisant l’efficacité énergétique et de permettre aux États ayant besoin d’une aide d’accéder à des moyens de mise en œuvre de leurs programmes.  Il est important de parvenir à une neutralité carbone favorisant le développement durable, a indiqué le représentant.  Il a ajouté que la Suisse est devenue, le 27 février 2015, le premier État partie de la CCNUCC à soumettre son nouveau plan d’action sur le climat.  Il a précisé que la Suisse s’est fixée comme objectif de réduire ses émissions de carbone de 50% d’ici à 2030, par rapport à leur niveau de 1990.    

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivia) a indiqué que les pays en développement avaient redoublé d’efforts pour lutter contre le changement climatique depuis le Sommet de Copenhague.  Il a déploré le manque de volonté politique des pays développés dans cette lutte, avant d’appeler ces derniers à respecter leurs engagements financiers en faveur de l’atténuation des effets du changement climatique.  Puis, il a appelé à la mise en place d’un « mécanisme international » qui permettrait aux pays en développement de lutter contre les effets du changement climatique tout en combattant la pauvreté.

M. KHALID M. OSMAN SID AHMED MOHAMMED ALI (Soudan) a assuré la communauté internationale de l’engagement de son pays en faveur de l’atténuation des effets du changement climatique.  Il a appelé les pays développés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à prêter main forte aux pays en développement, afin que l’engagement qu’ont pris tous les États de contenir le réchauffement climatique à 2 degrés d’ici à 2020 soit respecté.  Il a indiqué que le Soudan souffrait des effets du changement climatique, dont la désertification et la dégradation des sols.  En conclusion, le représentant a souligné la nécessité que la promesse qu’ont faite les pays développés qu’ils engageraient 100 milliards de dollars par an dans le financement des efforts d’atténuation des effets du changement climatique soit honorée.

M. ILDAR SHIGABUTDINOV (Ouzbékistan) a jugé inacceptable de promouvoir la construction de grands barrages ayant des impacts transnationaux sans que le projet ait été examiné par un groupe international indépendant.  Il a mis l’accent sur les dangers potentiels que peuvent constituer d’immenses barrages hydroélectriques construits dans des zones sismiques à risques, avant d’appeler à la construction d’unités de retenue d’eau plus petites.   

M. ANDALIB ELIAS (Bangladesh) s’est particulièrement inquiété de la menace que constitue la montée du niveau des eaux pour le Bangladesh qui est un des pays les plus densément peuplés du monde.  Il a indiqué que 3,2 millions de maisons utilisent l’énergie solaire au Bangladesh, avant d’appeler à une aide internationale pour promouvoir la production et la consommation d’énergies renouvelables dans son pays.  

M. KAI SAUER (Finlande) a indiqué que la transition vers une économie verte était une nécessité.  Il a demandé que les subventions à l’exploitation et la consommation des énergies fossiles soient supprimées.  Soulignant que les femmes étaient les premières touchées par les effets du changement climatique, il a souhaité que ces dernières puissent faire davantage entendre leur voix au cours de la prise des décisions concernant la lutte contre le changement climatique.  Il a rappelé que la Finlande avait, depuis 2008, contribué à hauteur de 9 millions de  dollars au Fonds en faveur de l’égalité entre les genres.  La parité devra être reflétée lors de la Conférence de Paris, a-t-il déclaré.

M. MEHMET EMIN BIRPINAR (Turquie) a souhaité que l’accord qui doit être agréé à Paris, au mois de décembre prochain, soit basé sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée et parvienne à un équilibre entre atténuation et adaptation.  Puis, il a mentionné les différents points qui devront être agréés à Paris, citant notamment le niveau de l’apport financier des pays développés aux efforts à mener, la question des transferts de technologie, ou bien encore la nature juridique de l’accord.  « Nous ne devons pas nous retrouver dans la même situation qu’à Copenhague en 2009 », a-t-il averti.  En conclusion, il a souhaité que le futur accord soit suffisamment souple pour être adaptable selon les réalités de chaque État.

M. ALEXANDER SVIRIDOV (Fédération de Russie) a dit que son pays continuera d’assumer, au-delà de la COP 21, ses responsabilités dans le cadre du deuxième Protocole de Kyoto.  Il a indiqué que la Fédération de Russie a atteint les objectifs qu’elle s’était fixée pour la période 2008-2013, au regard du deuxième Protocole de Kyoto.  Il a déclaré que les émissions de carbone de la Fédération de Russie étaient en 2015 inférieures de 32% au niveau qu’elles atteignaient en 1990 et que son pays visait l’objectif de 70% de réduction d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990.  « Notre pays est l’un des trois centres mondiaux de suivi du changement climatique », a dit le représentant russe avant d’appeler à la conclusion et l’adoption d’un accord qui s’appuie sur les intérêts et les responsabilités des uns et des autres.

M. PINTO DAMIANI (Venezuela) a souligné l’importance du Protocole de Kyoto comme référence pour les négociations à venir.  Il a dit que le principe de la responsabilité commune mais différenciée devait être un pilier des négociations de la COP 21.  Il a regretté que le débat soit parfois limité à la question de la « décarbonisation » et à celle de la création de marchés de carbone, alors que cette approche est insuffisante pour lutter contre le changement climatique.  « Pour pouvoir avancer sur la voie de solutions concrètes, nous n’avons pas à réinventer la roue, a-t-il dit en appelant à promouvoir les modèles qui ont fait leurs preuves et à condamner les modèles de consommation non-pérennes qui menacent notre planète.

M. NARINDER KAKAR, de l’Union internationale pour la conservation de la nature, a souhaité l’adoption à Paris d’un accord climatique ambitieux qui permettrait de limiter le réchauffement climatique à 2 degrés Celsius.  Il faut réduire l’utilisation des énergies fossiles, a-t-il poursuivi, avant d’insister sur les enjeux cruciaux du déboisement, qui représente 12% des émissions totales de gaz à effet de serre.  Il a notamment souhaité que la voix des communautés vivant dans les forêts soit davantage entendue.  « Il faut s’attaquer aux défis des changements climatiques maintenant », a-t-il préconisé.

M. CHRIS RICHTER, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a insisté sur la question des liens qui existent entre la mobilité humaine et le changement climatique.  « Il faut donner un visage humain au changement climatique », a-t-il dit.  Soulignant l’importance du phénomène des migrants fuyant les conséquences du changement climatique, il a déclaré que des migrations bien gérées devaient faire partie des stratégies d’adaptation face au changement climatique.  Il a déclaré que l’OIM avait des compétences considérables s’agissant des liens entre migrations et changement climatique. « La migration n’est pas une stratégie de survie de dernier recours, mais une stratégie d’adaptation murement réfléchie », a-t-il conclu.

Mme LAKSHMI PURI, Directrice adjointe de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes), a rappelé que des millions de femmes sont en première ligne des effets du changement climatique dans le monde.  Elle a dit qu’elles sont affectées de manière disproportionnée par le changement climatique.  L’augmentation des températures et les catastrophes métrologiques affectent particulièrement les femmes lorsqu’elles sont chargées de trouver de l’eau et de répondre aux besoins de subsistance de la famille, a-t-elle dit.  Elle a déclaré que le cinquième rapport d’évaluation du GIEC confirme une augmentation de la mortalité des femmes en relation avec le changement climatique.  Elle a jugé indispensable d’intégrer les objectifs de parité entre les sexes et d’autonomisation des femmes dans tous les processus liés à la mise en œuvre de la CCNUCC.  Elle a demandé aux États Membres que cette génération d’accords sur le climat accorde une priorité à tous les niveaux aux objectifs d’autonomisation des femmes.   

Le représentant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a dit que plus de 70 pays ne disposent toujours pas des moyens de mesures et de prévisions des événements météorologiques.  Il a indiqué que l’OMM et ses 191 États Membres ont décidé de développer un cadre mondial pour fournir les meilleurs services de prévisions aux gouvernements.

Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué que la question de l’agriculture et de la nutrition se retrouvait dans tous les objectifs de développement durable. Il a affirmé que le changement climatique affectait d’ores et déjà la production des denrées alimentaires.  « L’agriculture est à la convergence de la lutte contre la pauvreté et de la lutte contre le changement climatique », a-t-il dit, avant de mentionner l’appui qu’apporte la FAO aux agriculteurs.  Enfin, il a appelé au renforcement de la résilience des communautés agricoles face aux changements climatiques et a souligné la nécessité de conjuguer adaptation et atténuation.

La représentante de Global Call Connections for Women a souligné les conséquences du changement climatique auxquelles les femmes vivant dans les zones rurales en Afrique doivent faire face.  « Elles doivent laisser leurs filles parcourir des trajets toujours plus longs pour aller chercher du bois, ce qui les expose aux prédateurs sexuels », a-t-elle dit.  Elle a enfin demandé une protection accrue pour les 3 milliards de femmes qui font la cuisine à travers le monde avec des poêles à feu, un mode de cuisson qui s’est avéré préjudiciable à leur santé.

 

 

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Le Conseil économique et social adopte sans vote une résolution sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement

Conseil économique et social - Session de 2015,
matin & après-midi
ECOSOC/6704

Le Conseil économique et social adopte sans vote une résolution sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement

Devant le Forum de haut niveau, panélistes et États Membres réaffirment la nécessité de renforcer les capacités nationales au service du développement durable

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a conclu, aujourd’hui, son débat sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement en adoptant, sans vote, une résolution sur la question.  Par ailleurs, le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, réuni sous les auspices de l’ECOSOC, a tenu trois tables rondes pour discuter des différents moyens d’adopter des approches intégrées du développement et de renforcer les capacités nationales des pays en développement.  Il a entendu, dans ce cadre, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, qui a présenté le rapport mondial sur le développement durable.

Aux termes de la résolution* adoptée ce matin, le Conseil économique et social a réaffirmé qu’il importe d’appliquer pleinement, dans les délais requis, les grandes orientations arrêtées à l’échelle du système par l’Assemblée générale dans sa résolution 67/226 sur l’examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.

À cet effet, l’ECOSOC demande notamment aux fonds et programmes des Nations Unies d’améliorer les méthodes de suivi et de collecte de données et prie instamment les entités des Nations Unies menant des activités opérationnelles de développement qui ne l’ont pas encore fait de synchroniser leurs cycles de planification et de budgétisation stratégiques avec le cycle d’examen quadriennal complet.

Le Conseil économique et social engage également les fonds et programmes du système des Nations Unies pour le développement à examiner les observations relatives à l’insuffisance des moyens nationaux régulièrement soulignée par les pays de programme et à laquelle les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies pourraient remédier, « y compris grâce au renforcement et à l’utilisation des capacités nationales ».

Ensuite, le Forum politique de haut niveau s’est réuni pour la deuxième journée de sa session 2015, sous les auspices du Conseil économique et social.

Avant l’adoption de cette résolution, le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, avait appelé le système des Nations Unies à prendre en compte les expertises nationales et à mettre à la disposition de ces pays toute une série de services dont il dispose pour renforcer les capacités nationales, notamment à travers les commissions régionales.

Au cours de sa première table ronde, intitulée « Soutenir une action au niveau national par l’intermédiaire des décisions du Forum politique de haut niveau », panélistes et États Membres ont mis l’accent sur les succès qui peuvent être enregistrés lorsqu’on adopte une dimension nationale, voire locale, du développement.  Cet échange a été animé par Mme Aisa Kirabo Kacyira, Directrice générale adjointe du Programme des Nations Unies pour les établissements humains et ancien maire de Kigali (Rwanda).

Plusieurs exemples de planification du développement ont été évoqués, notamment celui du Costa Rica, qui ambitionne de devenir le premier pays neutre en carbone d’ici à 2021 grâce à une politique de gestion des ressources locales et des forêts; ou encore celui de la ville de New York, qui a initié un processus de planification du développement incluant la participation de 25 agences municipales.

Des intervenants ont également souligné le rôle de cohésion et le climat de confiance que peut instaurer le Forum politique de haut niveau, créé par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), en juin 2012, pour appuyer les initiatives de développement durable.

Le thème de la seconde table ronde portait sur la question de « Maintenir l’implication de la science dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».  Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a présenté le rapport mondial sur le développement durable, qui recommande de renforcer les interactions entre décideurs politiques et scientifiques dans le domaine du développement à travers un véritable dialogue entre les deux communautés.

Quelque 500 scientifiques ont contribué à la rédaction de ce rapport, ce qui illustre à la fois la nécessité de recherches interdisciplinaires dans le domaine du développement durable, ainsi que l’engagement de la communauté scientifique à appuyer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Une troisième table ronde était d’ailleurs davantage axée sur le rapport mondial sur le développement durable que les participants ont qualifié de passerelle entre les objectifs de développement durable et les communautés scientifiques.

La prochaine réunion du Conseil économique et social sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

* (E/2015/L.16)

Activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement

Déclarations avant l’adoption

Le représentant de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a exhorté le système de développement des Nations à étoffer et à renforcer de manière significative son rôle, et ce, en vue d’appuyer les pays en développement et de les aider au mieux à atteindre les objectifs de développement.  Pour renforcer ce rôle, a-t-il expliqué, il faut entreprendre des efforts continus en matière d’efficacité, de cohérence et d’impact. D’importants efforts doivent aussi être consentis en vue d’accroître les ressources essentielles, a-t-il précisé.  Le représentant a également souligné que, pour de nombreux pays en développement, atteindre les objectifs de développement signifie qu’ils doivent se concentrer sur le renforcement de leurs capacités nationales.  À cet égard, le représentant a appelé le système des Nations Unies à prendre en compte les expertises nationales et à mettre à la disposition de ces pays toute une série de services dont il dispose, notamment à travers les commissions régionales.  Avant de conclure, il a rappelé que l’éradication de la pauvreté devrait demeurer l’objectif prioritaire et fondamental du système des Nations Unies et a estimé que la nature multidimensionnelle de la lutte contre la pauvreté devrait être davantage reflétée dans le programme de développement pour l’après-2015.

Table ronde 1: « Soutenir une action au niveau national par l’intermédiaire des décisions du Forum politique de haut niveau » (A/70/75-E/2015/55, E/HLPF/2015/2, E/HLPF/2015/3 et E/HLPF/2015/3/Add.1)

Cette table ronde était animée par Mme AISA KIRABO Kacyira, Directrice générale adjointe du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et ancien maire de Kigali (Rwanda).  Avant d’entrer dans le vif du sujet, Mme Kacyira a d’abord fait part de sa précédente expérience en tant que maire de la capitale rwandaise, Kigali, une ville qui a connu l’une des plus fortes dynamiques d’urbanisation à travers le monde au cours de ces dernières années.  « Les succès qui ont été enregistrés par Kigali face à cette explosion urbaine n’auraient jamais pu être réalisés sans une approche à la fois nationale, régionale et internationale », a-t-elle insisté.  Cette intervention a donné le ton des différentes présentations des panélistes, puis des échanges interactifs.

Le principe de subsidiarité –qui est un principe de développement durable qui vise à déléguer les responsabilités aux échelons inférieurs– a toujours un effet plus large, a expliqué M. PIO Wennubst, Sous-Directeur général de l’Agence de coopération pour le développement de la Suisse au Département fédéral des affaires étrangères.  Tout en reconnaissant qu’il faudrait se concentrer sur la mise en œuvre d’une action au niveau national, il a estimé que cette action, ainsi que les connaissances et les succès enregistrés par les pays au niveau national, auront en définitive une influence sur leur région, puis au niveau mondial.

M. Wennubst a également insisté sur le rôle que doit, selon lui, jouer le Forum politique de haut niveau.  « Il est là pour encourager une cohésion plus forte et créer un climat de confiance », a-t-il dit.  Le Forum politique de haut niveau, a-t-il rappelé, avait été créé par la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), qui s’est tenue en juin 2012, au Brésil.  Il a pour vocation d’appuyer les initiatives, les directives, les recommandations ainsi qu’un examen des engagements relatifs au développement durable, y compris les objectifs de développement durable, a-t-il précisé.  Le Sous-Directeur général de l’Agence de coopération pour le développement de la Suisse a illustré son propos par le fonctionnement du mécanisme interne d’une montre où deux roues (une grande et une petite) permettent de donner l’heure exacte.  « La petite roue est un symbole d’intégration et de cohésion au sein du boitier de la montre suisse », a-t-il dit. 

M. GUSTAVO ADOLFO MEZA-CUADRA Velásquez, Représentant permanent du Pérou auprès des Nations Unies et Président du Comité plénier de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes, a expliqué que son pays avait été l’un des plus actifs sur la question du mécanisme de suivi et d’examen de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), puis pour le programme de développement pour l’après-2015.  Il a présenté, à titre d’exemple, la pratique mise en place au Pérou à travers une large participation de la société civile et des milieux universitaires.  Cette approche, a-t-il assuré, permet de répondre aux différentes attentes et d’aborder les dimensions nationales et régionales du développement.  Dans le même ordre d’idée, il a aussi expliqué qu’il était important que les plans nationaux et les rapports d’examen soient élaborés par les États avec les contributions de la société civile et des agences des Nations Unies.

M. MANISH Bapna, Vice-Président exécutif et Directeur général de l’Institut des ressources mondiales à Washington, a présenté son organisation comment étant une cellule de réflexion qui identifie notamment des bonnes pratiques aidant à lutter contre la pauvreté et à promouvoir le développent durable.  Il a cité trois exemples d’actions nationale ou locale ayant été étudiés par son organisation, à savoir le Bangladesh, le Costa Rica et la ville de New York, aux États-Unis.

Le Bangladesh a entrepris, ces dernières années, d’importants efforts en matière de réduction et de gestion des risques, tels que les risques de cyclones.  La ville de New York a pris des mesures novatrices en matière de gestion des déchets ou de création d’espaces verts à travers un processus de planification initié par l’ancien maire Michael Bloomberg, PlanNYC, qui inclut la participation de 25 agences municipales.  Enfin, le Costa Rica ambitionne de devenir le premier pays neutre en carbone d’ici à 2021 grâce à une politique innovante qui intègre ses ressources naturelles et notamment ses forêts.  Dans ces trois exemples, nous constatons qu’il y a eu une ferme détermination politique, une intégration des initiatives aux niveaux national, local et municipal.  Ces efforts de planification n’auraient jamais pu voir le jour sans la participation active des autorités locales et des populations, a-t-il fait remarquer.

De son côté, Mme EVELYN Ugbe, Women Environmental Programme (Nigéria), a décrit plusieurs difficultés rencontrées au niveau local par les femmes du Nigéria.  Elle a rappelé que les femmes, partout dans le monde, devraient être intégrées aux actions au niveau national, et ce, dans une dynamique de transparence et dans le respect du principe de responsabilisation.  Elle a ensuite invité la salle à frapper dans les mains.  « Essayez à présent d’applaudir d’une seule main », a-t-elle lancé, en insistant sur la nécessité d’inclure dans les efforts de développement la participation des deux sexes sur un pied d’égalité.

Les présentations des panélistes ont ensuite été suivies d’une discussion interactive, au cours de laquelle le rôle des parlementaires dans la mise en œuvre des plans nationaux de développement a été rappelé, notamment, par un représentant de l’Union interparlementaire.  Ce dernier a particulièrement insisté sur la nécessité d’établir une corrélation étroite entre le Forum politique de haut niveau et les parlementaires.  La place des femmes et des parlementaires a également été mise en exergue par la représentante du Rwanda, tandis qu’une responsable du grand groupe des femmes a rappelé la nécessité de disposer de données statistiques par sexe.  Enfin, un jeune représentant de « Children and Youth » a souligné combien les jeunes devraient faire partie intégrante de la responsabilisation et de l’action, à tous les niveaux.

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport mondial sur le développement durable.  Ce rapport recommande de renforcer les interactions entre décideurs politiques et scientifiques dans le domaine du développement en créant un véritable dialogue entre les deux communautés, a-t-il dit, en précisant que quelque 500 scientifiques avaient contribué à la rédaction de ce document.

Le Secrétaire général adjoint a ensuite affirmé que ce rapport était publié à un moment critique, avec la tenue cette année de plusieurs conférences internationales qui façonneront l’avenir.  Les défis qui attendent la communauté internationale sont complexes, a-t-il prévenu, en ajoutant que la science était cruciale pour prendre des décisions éclairées.

Le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessité de recherches interdisciplinaires dans le champ du développement durable.  Il a ensuite passé en revue les différents thèmes de ce rapport, en mettant notamment l’accent sur l’état de préparation de la communauté scientifique pour appuyer la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Table ronde 2: « Maintenir l’implication de la science dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable » (E/HLPF/2015/2)

Les participants de cette table ronde, animée par M. PAUL SHRIVASTAVA, Directeur exécutif, Future Earth Secretariat, Canada, ont plaidé pour une implication renforcée de la science dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et pour un dialogue accru entre décideurs politiques et scientifiques.

Lançant la discussion, M. GABRIEL VALLEJO LÓPEZ, Ministre de l’environnement et du développement durable de la Colombie, a reconnu que la science avait été longtemps maintenue à l’écart de la vie politique dans son pays.  Les scientifiques doivent être plus impliqués dans la vie de la cité, a-t-il dit, avant de mentionner les efforts de son pays visant à renforcer la communauté scientifique colombienne.  La communauté scientifique a souvent une position bien arrêtée par rapport au monde politique, a-t-il reconnu, avant d’appeler à un changement de cet état de fait.  « La meilleure façon de prendre des décisions éclairées est de se baser sur les données que les scientifiques nous fournissent », a rappelé le Ministre.  Il est important, a-t-il estimé, de renforcer l’interaction entre les scientifiques et les décideurs politiques.

Mme LUCILLA SPINI, Directrice des programmes scientifiques au Conseil international pour la science (France), a indiqué que le dialogue entre les différents secteurs de la société civile, mais aussi le dialogue entre ces secteurs et les décideurs politiques, étaient cruciaux pour les efforts de développement durable.  Elle a ensuite plaidé pour une interaction renforcée entre décideurs politiques et scientifiques et souligné le rôle que le Forum de haut niveau pouvait jouer à cette fin.  Mme Spini a précisé que le Conseil international pour la science appuyait les programmes scientifiques de prévention des risques de catastrophes.  Les efforts de développement, auxquels les scientifiques doivent être pleinement associés, n’abandonnent personne sur le bord de la route, a-t-elle rappelé.

M. LUIZ AUGUSTO GALVÃO, Chef du programme spécial sur le développement durable et l’équité sanitaire de l’Organisation panaméricaine de la santé à Washington, a souligné l’importance de la science dans la lutte contre les maladies non transmissibles.  Il a insisté sur les déterminants économiques et sociaux de la santé, tels que la pollution.  En ce qui concerne les inégalités, la promotion de la santé publique, par le biais notamment de campagnes de vaccination, a-t-il souligné, est une bonne manière pour réduire les inégalités.  Nous devons mieux mesurer l’incidence des interventions sanitaires sur la réduction des inégalités, a-t-il affirmé, avant de plaider pour des objectifs de développement qui soient réalisables.

Mme MARIA IVANOVA, professeur associé, Université du Massachusetts à Boston, et membre du Conseil consultatif scientifique du Secrétaire général, a indiqué que les scientifiques étaient en mesure d’évaluer le niveau de mise en œuvre des ODD.  Elle a ainsi expliqué que l’Université du Massachusetts avait procédé à l’évaluation de la mise en œuvre de six conventions de protection de l’environnement, relatives notamment aux marécages, aux espèces migratoires ou encore aux déchets toxiques.  « Cela peut surprendre mais les résultats sont positifs », a-t-elle dit, en précisant que les pays remettaient en général les rapports de mise en œuvre prévus par les conventions.  Elle a ainsi expliqué que 90% des rapports prévus par la convention sur les marécages avaient été remis.

Contrairement aux idées reçues, les pays en développement font souvent mieux que les pays en développement en ce qui concerne la mise en œuvre des conventions environnementales, a-t-elle assuré.  Ainsi, sur les 10 pays les plus performants en ce qui concerne la mise en œuvre de la convention sur les marécages, 7 sont des pays en développement, a-t-elle expliqué.  Pour Mme Ivanova, la communauté scientifique pourrait jouer un rôle essentiel dans la mise en œuvre des ODD.

Discussion interactive

Le représentant de la Fédération de Russie a appuyé l’idée de créer un groupe d’experts au sein du système des Nations Unies afin d’évaluer la mise en œuvre des ODD, ce qu’a soutenu Mme Ivanova qui a affirmé que les scientifiques devraient être des conseillers et non pas de simples observateurs dans la mise en œuvre de ces ODD.

Répondant à une question du délégué du Brésil qui demandait des précisions sur la façon dont pourrait être structurée l’interface entre décideurs politiques et scientifiques, elle a préconisé la tenue d’une conférence scientifique dans le cadre de ce Forum de haut niveau.

La déléguée du Mexique a souligné la nécessité que les décisions diplomatiques soient basées sur des données scientifiques.  De son côté, Mme Spini s’est félicitée de l’organisation de ce dialogue aujourd’hui.  Répondant à une question de la déléguée de la Colombie, elle a expliqué que les scientifiques étaient prêts à aider à la mise en œuvre des ODD.

Les ODD seront l’esperanto de l’humanité, a pour sa part affirmé M. Galvão. Il s’est rallié à la position exprimée par la représentante d’une ONG de promotion des droits des femmes, selon laquelle la promotion de l’éducation sexuelle est un élément clef pour la bonne santé procréative des femmes.

Table ronde 3: « Le rapport mondial sur le développement durable en tant que passerelle entre les objectifs de développement durable et les communautés scientifiques » (E/HLPF/2015/2)

Animée par M. PATRICK PAUL WALSH, Président d’Études internationales sur le développement, University College Dublin, en Irlande, et chercheur invité, Réseau des solutions pour le développement durable de l’Earth Institute de l’Université Columbia, New York, cette table ronde a insisté sur la complexité des défis de développement durable et sur l’incertitude qui entoure les éléments scientifiques permettant de les relever.

M. WILLIAM COLGLAZIER, chercheur invité au Centre de la diplomatie scientifique de l’Association américaine pour le progrès de la science à Washington, a indiqué que la science avait son mot à dire sur la nature des défis du développement durable et sur les manières de les relever, par le biais notamment de solutions innovantes.  Il a noté les réels progrès accomplis en vue d’établir un dialogue entre décideurs politiques et scientifiques sur les efforts de développement durable.

Il a espéré que ce rapport facilitera la mise en œuvre d’un processus d’échanges d’informations entre scientifiques et décideurs politiques.  Il est difficile pour un conseiller scientifique, a-t-il fait remarquer, de développer un point de vue nuancé auprès d’un responsable politique. M. Colglazier a appelé chaque pays à produire son propre rapport sur le développement durable, avant de juger utile d’analyser dans les prochaines éditions du rapport la contribution de la science pour la mise en œuvre de chacun des ODD.

Enfin, il a affirmé que le futur programme de développement permettra de renforcer la société de la connaissance dans tous les pays et plaidé pour la mise en œuvre d’un « écosystème consultatif scientifique » afin de faciliter la prise de décisions par les décideurs politiques.

Mme LUCILLA SPINI, Directrice des programmes scientifiques au Conseil international pour la science (France), a indiqué que ce programme était un outil précieux pour la communauté scientifique mais aussi pour les décideurs politiques.  Ce rapport sert en outre de passerelle entre les différentes communautés scientifiques en ce qui concerne les défis du développement durable, a-t-elle affirmé.  Mme Spini a plaidé pour un partenariat entre les différentes entités scientifiques et les entités du système des Nations Unies qui ont concouru à l’élaboration du rapport.  Enfin, elle a insisté sur l’importance d’une harmonisation des pratiques des décideurs politiques et des scientifiques dans le domaine du développement durable.  Ce rapport est crucial pour les objectifs de développement durable, a-t-elle conclu.

Plusieurs délégations ont pris la parole pour faire part de leurs observations, dont celle de la Suisse a qui a insisté sur l’importance de mieux faire comprendre ce rapport par le grand public.

Les représentants de l’Allemagne, de la Finlande et de l’Union européenne ont souhaité que ce rapport soit publié tous les quatre ans, en prévision du Forum de haut niveau, et ce, afin d’éviter les doublons.  La déléguée de la Finlande a souhaité que des efforts de communication soient faits autour de ce rapport auprès du grand public, afin qu’il devienne un « rapport étendard » sur le développement durable.  Son homologue de l’Union européenne a déploré que les objectifs concernant l’enseignement n’aient pas été évalués dans ce rapport.  Pour sa part, la représentante de la Norvège a souhaité que les entités pertinentes de l’ONU soient associées étroitement à la rédaction de ce rapport, tandis que le délégué de l’Afrique du Sud a souhaité qu’une place soit accordée aux enjeux environnementaux en Afrique.  Enfin, le délégué de la Chine a souligné qu’il était nécessaire pour la communauté scientifique de mieux faire entendre sa voix dans la mise en œuvre des ODD.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.

Conseil de sécurité: habitée par « une détermination inchangée » s’agissant du Darfour, la Procureure de la CPI réaffirme la validité du mandat d’arrêt contre le Président soudanais

7478e séance – après-midi
CS/11954

Conseil de sécurité: habitée par « une détermination inchangée » s’agissant du Darfour, la Procureure de la CPI réaffirme la validité du mandat d’arrêt contre le Président soudanais

Le départ précipité du Président Omar Al-Bachir d’Afrique du Sud montre bien que le mandat d’arrêt contre lui est aussi valable aujourd’hui qu’il ne l’était, il y a six ans, a tranché aujourd’hui devant le Conseil de sécurité, la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI).  Mme Fatou Bensouda, qui présentait son vingt et unième rapport sur la situation au Darfour, s’est voulue claire: la détermination de mon Bureau à rendre une justice indépendante et impartiale au peuple du Soudan reste inchangée.  Le représentant soudanais a pris note de la « plaisanterie incroyable » d’une « ennemie ouverte du Soudan ».

La Procureure s’est attardée sur le fait que le 15 juin dernier, le Président soudanais a quitté l’Afrique du Sud avant la fin du Sommet de l’Union africaine.  Ce départ précipité démontre que le mandat d’arrêt est toujours aussi valable, et la décision rapide des tribunaux sud-africains, s’est-elle réjouie, est un précédent « frappant » que les autres États devraient imiter.  La décision de la Cour suprême sud-africaine a souligné la reconnaissance grandissante par les tribunaux nationaux des obligations que les États doivent honorer en vertu du Statut de Rome, a insisté la Procureure. 

Le Président Al-Bachir, a rétorqué le représentant du Soudan, a quitté l’Afrique du Sud comme prévu à la fin de sa mission.  Le représentant a peu goûté la « plaisanterie incroyable » de la Procureure de la CPI qui est devenue une « ennemie ouverte du Soudan ».  Il s’est interrogé sur l’impartialité d’une Cour qui n’a jusqu’ici exercé sa compétence qu’en Afrique.

Les critiques de certains États africains sont très mauvaises pour le Conseil de sécurité, la CPI, la paix et la justice, a estimé le représentant de la Nouvelle-Zélande qui a pris la parole avec ses 14 autres homologues du Conseil de sécurité.  Le Conseil de sécurité, a-t-il dit, doit mesurer à quel point le renvoi à la CPI de la situation au Darfour a conduit à une chaîne d’événements qui a réduit l’autorité de la Cour en Afrique et ailleurs.  Le Conseil doit réfléchir soigneusement avant d’user de son pouvoir de saisine et s’il ne s’engage pas véritablement à appuyer la mise en œuvre de ses saisines, il doit savoir que les conséquences à long terme pourraient être négatives.

Le Conseil, a conseillé le représentant, doit penser à la manière de changer le paradigme avec Khartoum et ce dernier doit réfléchir à la relation qu’il veut avec la communauté internationale, en commençant par le Conseil.  Arrêter les personnes les plus responsables des atrocités et qui sont déjà celles contre lesquelles des mandats d’arrêt ont été délivrés est la seule manière de stopper les crimes, a insisté la Procureure de la CPI.  Mme Bensouda a affirmé que les enquêtes de son Bureau sur les crimes commis au Darfour se poursuivent, certes pas au même rythme et avec la même intensité, mais elles se poursuivent. 

Une équipe d’avocats et d’enquêteurs continue son travail mais à cause des contraintes financières, du manque d’accès au Soudan et d’un appui inadéquat du Conseil de sécurité, elle se contente de suivre et de documenter les incidents, et d’interroger les témoins quand c’est nécessaire et possible.  La Procureure a demandé une nouvelle fois au Conseil d’assurer le respect par le Soudan de la résolution 1593 du Conseil de sécurité.  Elle a invité les parties au Statut de Rome à évaluer la meilleure façon d’arrêter les personnes incriminées et de les transférer à la Cour.  Ce dialogue aurait dû avoir lieu depuis longtemps et mon Bureau souhaite qu’on lui accorde la priorité, a insisté la Procureure.

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Déclarations

Mme FATOU BENSOUDA, Procureure de la Cour pénale internationale (CPI), a commencé par rappeler que le premier mandat d’arrêt à l’encontre du Président soudanais Omar Al-Bachir avait été délivré il y a 6 ans.  À ceux qui choisissent délibérément d’oublier les faits ou de les tordre en prétendant que la CPI s’est imposée au Soudan, la Procureure a répondu que l’Union africaine avait, le 29 octobre 2009, endossé le rapport et les recommandations de son Groupe de haut niveau sur le Darfour, dirigé par l’ancien Président sud-africain, M. Thabo Mbeki.  La Procureure a aussi rappelé que lors de sa dernière intervention sur le Darfour, elle avait dit que, compte tenu de l’échec du Conseil à agir, de manière décisive, contre un certain mépris du Gouvernement du Soudan à l’égard de ses résolutions, et compte tenu des ressources limitées, elle n’avait d’autre choix que de réduire les enquêtes « actives ».  Le but, s’est-elle expliquée, était d’encourager le Conseil à exercer son pouvoir de rendre justice aux victimes des atrocités commises au Soudan.  Mais comme d’habitude, a poursuivi la Procureure, les détracteurs de la Cour et leurs communicants ont délibérément déformé cet appel pour en faire la victoire de M. Al-Bachir et des autres suspects.  Je serai claire, a martelé la Procureure: la détermination de mon Bureau à rendre une justice indépendante et impartiale au peuple du Soudan reste inchangée.

Le départ précipité de M. Al-Bachir d’Afrique du Sud démontre que les mandats d’arrêt contre lui sont toujours aussi valables qu’ils ne l’étaient quand ils ont été émis, a-t-elle poursuivi.  La décision rapide des tribunaux sud-africains est un précédent « frappant » que les autres États devraient imiter, a-t-elle ajouté.  La décision de la Cour suprême sud-africaine a souligné la reconnaissance grandissante par les tribunaux nationaux des obligations que les États doivent honorer en vertu du Statut de Rome. 

Le projet de justice pénale internationale, qui a en son cœur la CPI, exige un appui ferme et constant pour réussir et contribuer à l’édification d’un monde plus juste et plus pacifique, a prévenu la Procureure.  Ne laissons pas, a-t-elle dit, cette entreprise vertueuse se faire éroder voire sacrifier sur l’autel de la politique.  Il est plus que temps que le Conseil et les États joignent leurs forces à celles de la CPI et de la société civile pour forger des stratégies efficaces et concrètes pour l’arrestation des personnes poursuivies.

La détérioration de la situation au Darfour est toujours un sujet de grave préoccupation, a dit la Procureure, pas seulement pour mon Bureau mais aussi pour la communauté internationale, et en tout état de cause, pour le Conseil de sécurité.  Arrêter les personnes les plus responsables des atrocités et qui sont déjà celles contre lesquelles des mandats d’arrêt ont été délivrés est la seule manière de stopper les crimes, a insisté la Procureure. 

Elle a affirmé que les enquêtes de son Bureau sur les crimes commis au Darfour se poursuivent, certes pas au même rythme et avec la même intensité, mais elles se poursuivent.  Le fait est, a-t-elle alerté, que le Bureau a des ressources limitées et une lourde charge de travail.  Mais que l’on ne déforme pas la réalité et que l’on ne conclut surtout pas que les enquêtes ont été arrêtées ou que la Cour a abandonné les victimes des atrocités.  Loin de là, a assuré la Procureure: une équipe d’avocats et d’enquêteurs continue son travail mais à cause des contraintes financières, du manque d’accès au Soudan et d’un appui inadéquat du Conseil de sécurité, elle se contente de suivre et de documenter les incidents, et d’interroger les témoins quand c’est nécessaire et possible.

Le 26 juin 2015, la chambre préliminaire de la Cour a constaté que le Gouvernement du Soudan ne coopérait pas à l’arrestation de M. Adbel Raheem Mohammed Hussein, a poursuivi Mme Bensouda, indiquant que la même décision avait été rendue le 9 mars 2015 en ce qui concerne M. Al-Bachir.  Ces dernières décisions judiciaires ont porté à 10 le nombre de communications au Conseil de sécurité, a rappelé la Procureure.  Elle a donc demandé encore une fois au Conseil d’assurer le respect par le Soudan de sa résolution 1593 et a invité les parties au Statut de Rome à coopérer avec la Cour et à arrêter les individus concernés.  Ces États doivent jouer un rôle de chef de file pour évaluer la meilleure façon d’arrêter ces personnes et de les transférer à la Cour.  Ce dialogue aurait dû avoir lieu depuis longtemps et mon Bureau souhaite qu’on lui accorde la priorité, a encore dit la Procureure.

M. CARLOS OLGUÍN CIGARROA (Chili) a déclaré que le Conseil de sécurité devrait se montrer plus actif s’agissant de la situation au Darfour.  Le Conseil doit renforcer le dialogue avec le Bureau de la Procureure, a ajouté le représentant qui a appelé tous les États à faire de même.  Il a insisté sur l’importance du travail de la CPI qui est de mettre fin à l’impunité au Darfour.  

M. TANGUY STEHELIN (France) s’est dit vivement préoccupé par l’intensification des combats entre les Forces armées soudanaises et les groupes rebelles dans le Djebel Marra et le Nord-Darfour, en particulier la campagne de bombardements aériens qui frappe de manière indiscriminée les civils.  Les populations civiles continuent d’être les premières victimes d’une forme de punition collective, comme le montrent les quelque 121 000 personnes déplacées dans le Djebel Marra depuis janvier 2015, a-t-il souligné.

Il a également fait remarquer que les formes de violence continuaient de se diversifier et que les violences sexuelles se poursuivaient en toute impunité, tandis que cinq individus inculpés de crime de guerre, de crimes contre l’humanité et, pour l’un d’eux de génocide, continuent de se soustraire à la juridiction de la Cour pénale internationale et à occuper les plus hautes fonctions au sein de l’appareil d’État soudanais.  « Comment ne pas constater que cette impunité encourage la poursuite et le regain des exactions? » a lancé le représentant. 

Dans ce contexte, et alors que l’année 2015 pourrait atteindre un seuil de gravité supérieur à 2014 sur le plan humanitaire, il a reconnu que la MINUAD s’efforce d’accomplir son mandat dans des conditions difficiles.  L’Opération doit toutefois développer une planification à long terme qui lui permette d’avoir une vision stratégique de son action, a-t-il souligné, en ajoutant que « l’amélioration de la situation des populations civiles doit rester sa boussole ».

Après avoir rappelé les faits nombreux qui pourraient tomber sous le coup du Statut de Rome, Mme NIDA JAKUBONĖ (Lituanie) a exhorté la Procureure à continuer de suivre étroitement la situation au Darfour.  Il s’agit d’une situation complexe et multiforme, mais une chose est sûre: les attaques contre les civils sont facilitées par le climat d’impunité et le fait que la violence entraîne la violence.  Cela ne peut continuer et tous les auteurs des violations du droit international et du droit international humanitaire doivent être traduits en justice, s’est impatientée la représentante.  Le Gouvernement du Soudan, a-t-elle dit, devrait faire plus pour mettre fin aux attaques contre les civils, veiller à l’établissement des responsabilités et rendre justice aux victimes.  Il est important que le Gouvernement du Soudan et les autres parties respectent les obligations qui sont les leurs en vertu de la résolution 1593 (2005), dont celle de coopérer avec la Cour, y compris d’exécuter les mandats d’arrêt.  La représentante a ajouté que la dernière décision de la Cour sur la non-coopération du Soudan rappelle au Conseil qu’il doit assurer le suivi de ses saisines.  Le Conseil a un engagement particulier en ce qui concerne la situation au Darfour et il doit agir vigoureusement pour faire en sorte que ses propres résolutions soient pleinement mises en œuvre.     

M. DAVID PRESSMAN (États-Unis) a rappelé que la discussion était plus large et qu’il fallait mettre l’accent sur la situation des femmes et des enfants victimes de la violence au Darfour.  Il a exprimé sa préoccupation face au défaut de coopération du Soudan.  Les mandats d’arrêt restent pourtant d’actualité, a-t-il fait remarquer estimant que leur non-exécution était un affront fait aux victimes.  Il vaut mieux, a-t-il estimé, mettre l’accent sur une situation qui ne cesse de se détériorer plutôt que de parler du futur retrait de la MINUAD.  Le représentant a parlé des viols collectifs sur lesquels l’enquête reste au point mort.  Des communautés ont été détruites, a-t-il déploré, signalant que 573 000 personnes ont quitté leurs villages depuis 2014.  La MINUAD doit pouvoir exercer son mandat de protection des civils et de facilitation de l’acheminement de l’aide humanitaire, tout en continuant de rassembler les preuves des abus commis, a-t-il souhaité.

Notant que les membres de la communauté internationale ne sont pas toujours d’accord sur les questions relatives au Darfour, il a cependant relevé que ceux du Conseil de sécurité sont d’accord pour appliquer les décisions qu’ils ont adoptées et dont le Gouvernement du Soudan fait fi.  Le Conseil, a poursuivi le représentant, doit aussi continuer de se concentrer sur le soutien et la protection dus aux Casques bleus et à cet égard, exiger que le Gouvernement du Soudan rende compte de ses actes.  Le représentant s’est en effet attardé sur le refus du Gouvernement d’autoriser un vol, lequel refus a empêché l’évacuation d’un soldat blessé.  Il a, une nouvelle fois, dénoncé les invitations et les déplacements des personnes sous le coup d’un mandat d’arrêt.

M. XU ZHONGSHENG (Chine) a estimé que la lenteur du processus politique est le principal problème au Darfour.  Il a salué les efforts du Gouvernement soudanais pour mettre en œuvre le Document de Doha, insistant sur le règlement politique de la situation.  La communauté internationale devrait aussi réunir les conditions favorables à un tel règlement, a-t-il dit. 

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) s’est dit déçu du contenu du rapport de la Procureure, en expliquant qu’après 21 rapports, 9 mandats d’arrêt et 10 années d’efforts constants, la situation empire et la moitié des victimes continue d’être des civils.  Le climat d’impunité est d’autant plus inacceptable qu’il se développe alors que le monde dispose d’un instrument créé précisément pour lutter contre l’impunité.  Le Conseil de sécurité doit apporter son appui à la Cour, s’agissant en particulier de l’exécution des mandats d’arrêt.  Le Conseil de sécurité doit répondre à cette situation, a insisté le représentant qui a souligné l’importance de la coopération des États avec la CPI.

M. JULIO HELDER MOURA LUCAS (Angola) a demandé à la communauté internationale de prendre position sur les crimes commis et a invité les parties à mettre un terme aux hostilités par des négociations politiques.  Il faut panser les plaies et œuvrer à la réconciliation, a-t-il recommandé, afin d’établir une paix durable au Darfour.  Le représentant a demandé à la CPI de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale du Soudan, tout en s’alignant sur la position de l’Union africaine (UA).  Il a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu’il examine la demande de l’Union européenne de voir s’instaurer des relations plus constructives entre l’Union africaine et la CPI.  Il a lui-même demandé un dialogue et des négociations pour régler le différend sur le Darfour.  Aux parties soudanaises, il a demandé de faire des concessions et de négocier un accord de paix.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a déclaré que le débat d’aujourd’hui montre à quel point l’une des décisions du Conseil, à savoir le renvoi à la CPI de la situation au Darfour, est bafouée par les principaux inculpés et par des États qui ont des engagements vis-à-vis du Statut de Rome.  Le représentant a noté les critiques de certains États africains, une situation qui est très mauvaise pour le Conseil de sécurité, la CPI, la paix et la justice, a-t-il dit.  Le Conseil de sécurité, mais aussi la CPI et l’Union africaine doivent réfléchir aux implications à long terme de cette division entre la Cour et des États africains qui étaient pourtant les premiers et les plus fervents partisans de la CPI.

La question est tout aussi importante pour l’Assemblée des États parties qui doit analyser, au-delà du Darfour, l’état de ces relations.  Le Conseil de sécurité doit mesurer à quel point sa saisine a conduit à une chaîne d’événements qui a réduit l’autorité de la Cour en Afrique mais aussi ailleurs.  C’est une situation très troublante, a confié le représentant qui a conseillé au Conseil de réfléchir soigneusement avant d’user de son pouvoir de saisine.  S’il ne s’engage pas véritablement à appuyer la mise en œuvre de son renvoi, le Conseil doit savoir que les conséquences à long terme pourraient  être négatives.

Le non-respect par le Soudan de la décision de renvoi n’est pas un acte isolé, a martelé le représentant, en pointant l’éventail des interventions du Conseil au Darfour, et même au Soudan, où le non-respect de Khartoum ou, au mieux, son approbation sporadique, a été un défi systémique. S’il a espéré que la prorogation faite ce matin du mandat de l’Opération au Darfour ouvrira une nouvelle ère dans les relations entre ladite Opération et le Gouvernement du Soudan, le représentant s’est rendu à l’évidence: les dix dernières années ont raconté la triste histoire de la non-coopération, une histoire qui se raconte aussi, et de manière plus vivace encore, dans le livre des sanctions imposées au Soudan.  Après tous ces échecs, c’est la relation avec Khartoum qui doit passer au-devant de la scène.  Le Conseil doit penser à la manière de changer le paradigme avec Khartoum et ce dernier doit réfléchir à la relation qu’il veut avec la communauté internationale, en commençant par le Conseil, a conclu le représentant.    

Mme DINA KAWAR (Jordanie) a souligné l’importance de la CPI qui joue un rôle central pour rendre la justice pénale et éviter l’impunité.  Préoccupée par la dégradation de la situation humanitaire au Darfour et par la poursuite des attaques, elle a réitéré l’importance de la coopération avec la CPI et de l’application des résolutions du Conseil de sécurité.  La situation au Darfour ne peut être traitée sans un programme de développement durable, a-t-elle aussi remarqué, plaidant pour le retour des réfugiés.  Elle a enfin souhaité l’établissement d’une paix durable, grâce à la coopération et la coordination de toutes les parties concernées.

M. PETR V. ILIICHEV (Fédération de Russie) a déploré le refus de l’opposition armée de participer au processus de Doha et a expliqué qu’il fallait appliquer la décision de 2013 sur l’octroi d’une aide financière au Darfour, plaidant aussi en faveur de la levée de l’embargo américain.  Favorable à la participation des rebelles du Darfour au processus de paix, il a souhaité que l’on mette fin à l’appui extérieur.  Le représentant a demandé à la CPI de jeter un regard impartial sur les parties.  Il a dénoncé « une guerre de l’information dont les histoires de violence sexuelle à grande échelle » qui, selon lui, sont terminées.  Rappelant le pouvoir de la rumeur, il a attiré l’attention sur les résultats de l’enquête détaillée qui a été entreprise.

M. TCHOULI GOMBO (Tchad) a condamné toutes les formes de violences contre les civils, en particulier contre les femmes et les enfants au Darfour.  Les attaques contre les agents humanitaires et la MINUAD sont intolérables et leurs auteurs doivent être traduits en justice, a ajouté le représentant qui a réitéré l’appel de l’Union africaine à la communauté internationale pour qu’elle travaille au rétablissement de la paix et de la justice au Darfour.  Il a parlé de la nécessité de soutenir le dialogue et la réconciliation et souligné qu’il n’y a pas de solution militaire au Darfour.  La communauté internationale doit tout mettre en œuvre pour barrer la route à l’impunité, a aussi déclaré le représentant.

Mme HELEN MULVEIN (Royaume-Uni) a appelé à un accès humanitaire immédiat et sans entrave aux populations et a souligné la nécessité d’une réaction non ambiguë de la communauté internationale.  Il faut mettre un terme aux abus contre les droits de l’homme et au droit international humanitaire et traduire en justice les auteurs des violations.  La représentante a regretté que la Procureure de la CPI ne puisse pas mener des enquêtes au Darfour en raison de la non-coopération du Soudan.   Elle a dénoncé le fait que le Président Al-Bachir continue de voyager, soulignant que l’obligation faite aux États parties est claire.  L’appui des États africains à la CPI est « essentiel » pour l’exécution des mandats d’arrêt, a insisté la représentante en demandant au Conseil de sécurité de prendre les mesures contre les États qui ne coopèrent pas avec la Cour.

M. MARTIN S. ADAMU (Nigéria) s’est dit préoccupé par la montée de la violence au Darfour, souhaitant que les troupes fassent tampon pour éviter les attaques.  Il a appuyé les suggestions faites en faveur d’une paix durable et dénoncé les crimes commis contre les femmes et les agents humanitaires.  Il a appelé le Soudan à garantir un accès sans entrave à l’aide humanitaire et prôné un dialogue entre la CPI et l’Union africaine pour dissiper les différends.  Il a souligné que, comme l’expérience le démontre, il n’y a pas de solution militaire au conflit et a prévenu que le développement ne peut se faire sans paix.

M. WILMER MÉNDEZ (Venezuela) s’est dit préoccupé par la politisation des travaux de la CPI qu’il a imputée à certains membres du Conseil de sécurité.  Cette politisation affaiblit le caractère institutionnel de la Cour, a-t-il prévenu.  Il a d’ailleurs estimé que le mandat d’arrêt contre le Président Al-Bachir constitue une violation du droit international car son immunité est garantie par la Constitution.  En l’occurrence, le Conseil de sécurité et la CPI ont outrepassé leur droit, a déclaré le représentant pour qui les mandats d’arrêt sont « nuls et non avenus ».  En revanche, il a exhorté les autorités nationales à arrêter les personnes qui ne jouissent pas de l’immunité et qui font l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour.  La coopération, a-t-il insisté, doit se fonder sur le respect mutuel et le droit international.  Il s’est dit favorable à une solution négociée, dont un dialogue sans condition préalable.  Il faut promouvoir une atmosphère favorable au dialogue, a-t-il dit en lançant aux parties un appel à mettre en œuvre l’Accord de cessation des hostilités qui pourrait constituer la base du dialogue.

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) s’est dite profondément préoccupée par la situation sécuritaire au Darfour, en particulier l’escalade de la violence, les conflits intercommunautaires, les actes de banditisme et la criminalité.  La prolifération des armes légères et de petit calibre contribue grandement à la déstabilisation dans la région, a-t-elle constaté.  Elle a appelé les parties à mettre fin sans plus tarder aux attaques contre les civils, le personnel humanitaire et du maintien de la paix.

Se disant convaincue qu’aucune solution militaire ne résoudra le conflit, la représentante a exhorté les parties à rester animés par les principes du Document de Doha et a encouragé le Gouvernement du Soudan à reprendre des négociations directes avec les parties.  Elle a également estimé que le déploiement, par le Gouvernement du Soudan, d’efforts visant à respecter les résolutions du Conseil de sécurité, ainsi qu’un engagement à traduire en justice les responsables des violations des droits de l’homme et des violations internationales, permettraient de rétablir la confiance.   

M. HASSAN HAMID HASSAN (Soudan) a qualifié de « plaisanterie incroyable » les propos de la Procureure sur le Président Al-Bachir qui, a-t-il expliqué, n’a quitté l’Afrique du Sud que lorsqu’il a eu terminé sa mission comme que prévue.  La Procureure parle du Président élu d’un État, a-t-il rappelé, considérant que ces propos étaient une attaque contre son pays.  La Procureure est devenue une « ennemie ouverte du Soudan », a-t-il tranché.

Pour éviter tout doute sur sa participation à la réunion du Conseil de sécurité aujourd’hui, le représentant a souligné qu’il est venu dire le rapport de la Procureure pêche par manque d’objectivité.  Le Soudan n’est pas partie au Statut de Rome et n’est donc pas concerné par ses processus.  La Cour n’a aucune compétence au Soudan, a-t-il insisté.  Il a accusé la Procureure d’un « parti pris » qui ne fait que confirmer la politisation de la Cour.  Il a dénoncé une présentation des faits fallacieuse basée sur des sources inconnues.  Nous parlons de choses qui relèvent du mandat d’autres organisations internationales comme celles chargées des questions de droits de l’homme et de droit humanitaire.  Est-ce que la Cour veut désormais assumer des compétences qui sont du ressort d’autres organes?

Le rapport, a encore accusé le représentant, se fonde sur des éléments erronés, alors que nous avons la preuve qu’il n’y a pas eu de génocide ou d’autres crimes graves qui tombent sous la Cour.  L’État soudanais, a-t-il expliqué, a élargi son autorité sur le plan de la sécurité afin de faire face à toutes les difficultés que connait son pays.  Le Gouvernement soudanais est soucieux de la justice et le représentant a voulu pour preuve le Document de Doha qui contient un paragraphe sur la justice et la réconciliation.  En vertu de ce Document, un tribunal spécial a été créé, prononçant même dans certains cas la peine capitale.  Personne, a martelé le représentant, ne peut remettre en cause la compétence du pouvoir judiciaire soudanais. 

Les affaires africaines doivent être traitées par les organes africains, a-t-il aussi affirmé.  La tentative du Bureau de la Procureure de critiquer les États est, selon lui, une ingérence dans les affaires des organisations régionales qui rejettent d’ailleurs la compétence de la CPI au Darfour.  Ce sont là des décisions prises par des États qui représentent les deux tiers de la communauté internationale, a-t-il souligné.  Tous les États épris de paix, a-t-il prédit, continueront à recevoir le Président soudanais, un président que l’on retiendra dans l’histoire comme celui qui a réussi à signer le Document de Doha pour la paix au Darfour.  Toutes les enceintes internationales devraient le recevoir, a-t-il estimé.

En ce qui concerne les déclarations de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni sur la situation qui aurait empiré au Darfour en 2014, le représentant s’est demandé s’ils parlaient bien de la même région.  80% du Document de Doha a été appliqué, a-t-il avancé, avant de rappeler que l’ancien Président Bush était lui-même opposé à la CPI au motif qu’elle empiète sur la souveraineté nationale et que de nombreuses réserves avaient été exprimées quant aux compétences du Procureur depuis 1998.  Il s’est interrogé sur l’impartialité d’une Cour qui n’a jusqu’ici exercé sa compétence qu’en Afrique, et à ce propos, pourquoi la Procureure ne mentionne pas les mouvements rebelles dans son rapport?

 

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